Chapitre10 L
(Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité) |
la bible – Images, mythes et traditions |
Centre de recherche sur l’imaginaire |
Edition
Dervy |
1995 |
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la bible
et l’Égypte |
Patrick
Négrier |
Edition
Ivoire-Clair |
2002 |
Patrick Négrier montre dans cet
ouvrage, exemples à l'appui, comment les rédacteurs de la Bible empruntèrent
des matériaux à la symbolique de l'antique culture égyptienne pour codifier
leur propre tradition. Cependant ce livre n'est pas seulement un traité
d'herméneutique appliquée des symboles communs des deux cultures égyptienne
et biblique. C'est aussi un essai sur l'histoire de la culture qui atteste
l'existence d'une authentique filiation historique entre les deux cultures
égyptienne et biblique, filiation historique qui nous empêche de croire à
l'identité spécifique du judéo-christianisme, lequel fut et demeure une
reformulation simplifiée des noyaux philosophiques de la tradition
primordiale codifiée par les anciens égyptiens dès la fin du Mme millénaire
avant notre ère. Enfin, par les résultats spéculatifs de son herméneutique
symbolique, ce livre apporte une contribution déterminante à la philosophie L’Égypte,
célèbre pour ses pyramides et pour son fleuve, le Nil, fut la première
puissance mondiale dans l’histoire biblique. C’est à son ombre que la nation
d’Israël a vu le jour et c’est sur son sol que Moïse, rédacteur des cinq
premiers livres de la Bible, est né et a été instruit. L’histoire profane et
l’archéologie corroborent-elles sa narration relative à cette puissance
antique ? Considérons quelques exemples. L’exactitude
historique transparaît souvent dans des détails concernant les coutumes, les
convenances, les noms, les titres de fonctionnaires, etc. Qu’en est-il
sous ce rapport des deux premiers livres de la Bible, la Genèse et
l’Exode ? À propos de ce que relate la Genèse sur Joseph, un fils du
patriarche Jacob, ainsi que du livre de l’Exode, J. Duncan déclare dans
son ouvrage Nouvel éclairage sur les origines des Hébreux (angl.) :
“ [Le rédacteur de la Bible] connaissait extrêmement bien la langue, les
coutumes, les croyances, la vie à la cour, l’étiquette et le fonctionnariat
égyptiens. ” Il poursuit : “ [Le rédacteur] fait un emploi
exact des titres en usage à l’époque dont il parle [...]. En réalité,
rien ne prouve de façon plus convaincante l’intime connaissance de l’Égypte
dans l’Ancien Testament et la fiabilité des rédacteurs que l’emploi du terme
Pharaon à différentes périodes. ” J. Duncan dit encore :
“ Quand [le rédacteur] met ses personnages en présence de Pharaon, il
leur fait observer la bonne étiquette de cour et utiliser le langage qui
convient. ” Dans
l’Antiquité, les Hébreux portaient la barbe. La Bible nous apprend pourtant
que, avant de se présenter devant Pharaon, Joseph s’est rasé (Genèse 41-14).
Pourquoi cela ? Pour respecter la coutume et l’étiquette égyptiennes,
selon lesquelles les poils du visage dénotaient la malpropreté. Les Égyptiens
“ mettaient un point d’honneur à être bien rasés ”, affirme La
vie quotidienne dans l’Égypte antique (angl.). D’ailleurs, on a retrouvé
dans des tombes des nécessaires de toilette constitués de rasoirs, de pinces
à épiler et de miroirs, ainsi que leurs étuis. De toute évidence, Moïse était
un chroniqueur méticuleux. On peut en dire autant des autres rédacteurs
bibliques qui ont rapporté des événements relatifs à l’Égypte antique. Jérémie,
qui a écrit les deux livres des Rois, fournit des détails précis au sujet du
commerce de chars et de chevaux que pratiquait le roi Salomon avec les
Égyptiens et les Hittites. Il explique qu’un char coûtait “ six cents
pièces d’argent, et un cheval [...] cent cinquante ”, soit le quart du
prix d’un char. — 1 Rois 10-29. D’après Archéologie et religion
israélite (angl.), autant l’historien grec Hérodote que des
découvertes archéologiques confirment l’existence d’un commerce actif de
chevaux et de chars pendant la royauté de Salomon. “ D’ordinaire, quatre
chevaux [...] s’échangeaient contre un char égyptien ”, souligne
d’ailleurs l’auteur, rapport de valeurs qui correspond à l’indication
biblique. Jérémie et Ezra mentionnent également l’invasion de Juda par le
pharaon Shishaq, précisant qu’elle a eu lieu “ dans la cinquième année
du roi [judéen] Rehabam ”, soit en 993 avant notre ère (1 Rois 14-25
– 2 Chroniques 12 - 1).
La Bible a longtemps été la seule à relater cet événement, jusqu’à ce qu’à
Karnak (l’ancienne Thèbes), sur le mur d’un temple égyptien, on découvre un
relief. La
sculpture représente Shishaq devant le dieu Amon, le bras levé pour frapper
des captifs. On y lit aussi les noms de villes israélites vaincues, dont
beaucoup ont été identifiées à des sites bibliques. Il y est également
question du “ champ d’Abram ”, ce qui constitue la plus ancienne
référence au patriarche biblique Abraham dans les annales égyptiennes. —
Genèse 25-7. Sans conteste, les rédacteurs bibliques n’ont rien
inventé. Conscients qu’ils avaient des comptes à rendre à Dieu, ils ont écrit
la vérité, même lorsqu’elle leur était peu flatteuse, comme dans l’épisode de
la défaite de Juda face à Shishaq. Une telle franchise contraste vivement
avec les chroniques embellies, exagérées des scribes égyptiens, qui s’interdisaient
de consigner quoi que ce soit de peu élogieux concernant leurs souverains ou
leur peuple. Seul
Jéhovah Dieu, l’Auteur de la Bible, est capable de prédire l’avenir sans se
tromper. Notez par exemple ce qu’il avait annoncé par l’intermédiaire de Jérémie
au sujet des villes égyptiennes Memphis et Thèbes. Memphis, ou Noph, était
jadis un important centre religieux, politique et commercial. Pourtant, Dieu
avait prédit : “ Noph deviendra un objet de stupéfaction et sera
bel et bien incendiée, de sorte qu’elle sera sans habitant. ” (Jérémie
46-19). Et c’est ce qui s’est produit. Le livre Sur les traces de Moïse le
législateur (angl.) révèle que “ les ruines colossales de
Memphis ” ont été pillées par les conquérants arabes, qui s’en sont
servis comme d’une carrière. Il ajoute que, aujourd’hui, “ sur les
[kilomètres carrés] qu’occupait la ville antique plus une seule pierre ne
dépasse de la terre noire ”. Thèbes,
autrefois No-Amon, ou No, a connu un sort similaire, de même que ses dieux
impuissants. À propos de celle qui fut la capitale de l’Égypte et le
principal centre du culte d’Amon, Jéhovah a dit : “ Voici que je
m’occupe d’Amon [...] de Pharaon et de l’Égypte, de ses dieux [...].
Oui, je les livrerai en la main de [...] Neboukadretsar le roi de
Babylone. ” (Jérémie 46-25). Comme prophétisé, le monarque babylonien a
conquis l’Égypte et la glorieuse No-Amon. Puis en 525 avant notre ère,
le dirigeant perse Cambyse II a porté un nouveau coup à cette ville, qui a
peu à peu décliné avant d’être complètement dévastée par les Romains. Sans
conteste, l’exactitude prophétique de la Bible en fait un livre hors du
commun et donne confiance en ce qu’elle enseigne sur l’avenir. La
toute première prophétie biblique *
a été rédigée par Moïse du temps de la puissance mondiale égyptienne.
Consignée en Genèse 3-15, elle annonce que Dieu suscitera une
“ semence ”, ou descendance, qui écrasera Satan et sa
“ semence ”, c’est-à-dire ceux qui adoptent ses voies
mauvaises (Jean 8-44 et Jean 3-8). La “ semence ” principale de
Dieu s’est révélée être le Messie, Jésus Christ. — Luc 2-9. La domination de
Jésus s’exercera sur la terre entière, qu’il débarrassera de toute méchanceté
et des gouvernements humains oppressifs. Plus jamais ‘ l’homme ne
dominera l’homme à son détriment ’. (Ecclésiaste 8-9.) De plus, comme
Josué, qui jadis a conduit Israël en Terre promise, Jésus fera entrer
“ une grande foule ” d’humains craignant Dieu dans une “ terre
promise ” autrement plus grandiose, une terre purifiée qui sera
transformée en un paradis universel. — Cette
précieuse espérance rappelle une autre prophétie, également rédigée du temps
de l’Égypte antique. Job 33-24 déclare en effet que Dieu délivrera les
humains de “ la fosse ”, ou de la tombe, grâce à la résurrection.
Oui, aux foules épargnées lors de la destruction future des méchants s’ajouteront
les millions de personnes actuellement dans la tombe que Dieu ressuscitera.
Leur perspective sera de vivre éternellement dans un paradis terrestre (Actes
24-15). “ La tente de Dieu est avec les humains, lit-on en
Révélation 21-3. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera
plus ; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. ” En
1896, dans un temple funéraire égyptien, des archéologues ont découvert ce
qui a été appelé la stèle de Merneptah. Ce monument de granit noir vante les
exploits du roi égyptien Merneptah, qui, pense-t-on, a régné à la fin
du XIIIe siècle avant notre ère. Il comporte un hymne
dont voici un extrait : “ Israël est anéanti, sa semence n’existe
plus. ” Il s’agit du seul texte égyptien antique connu à faire allusion
à Israël. C’est également la plus ancienne référence non biblique à cette
nation. La stèle a été fabriquée à l’ère biblique des Juges, époque dépeinte
dans le livre du même nom. Toutefois, à la différence des chroniques
fanfaronnes des pharaons, le livre des Juges expose tant les exploits que les
échecs d’Israël. Concernant les échecs, Juges 2-11 déclare :
“ Les fils d’Israël se mirent à faire ce qui est mauvais aux yeux de
Jéhovah et à servir les Baals [des dieux cananéens]. Ainsi ils abandonnèrent
Jéhovah [...] qui les avait fait sortir du pays d’Égypte. ” Une telle
franchise caractérise l’ensemble des Écritures. Au sommaire : Dissertation sur le symbolisme des lettres hébraïques -- Les
passeurs Abraham, joseph, et moise -- Les quatre vents du ciel -- Le symbolisme
traditionnel de la coupe -- La symbolique du mastaba dans la bible -- De la
pyramide égyptienne à la croix de jésus -- Les pyramides des Maccabées -- La
symbolique du complexe funéraire des pyramides dans la bible -- le symbolisme
traditionnel de la porte -- Les origines égyptiennes de la version matthéenne
du pater -- Le roi : corps ontologique et corps social -- Le ka comme notion
globale du divin. |
LA CHAIR ET LE REGARD DE L’ANGE |
Jean Pataut |
Editions Traditionnelles |
2003 |
Ce livre pourrait avoir comme titre « L’élève sur le chemin initiatique » et correspondrait peut être mieux à son contenu. L’auteur nous mène en effet au long des trois œuvres alchimiques, noir, blanc et rouge, à visiter à partir du diagramme kabbalistique, l’Arbre de Vie, qu’il met en parallèle avec la caverne de Platon. A propos de l’œuvre au noir et du rejet des certitudes qu’il nécessite, l’auteur propose une approche souvent contestatrice de notre vision du temps et de l’espace. Il en va de même de ses propos sur la nature ontologique des symboles, si reliés à la langue universelle, notamment en astrologie et dans le Tarot. La purification psychique qu’implique l’œuvre au Blanc amène à s’interroger sur l’origine et la nature de la Chute et sur celle de l’orgueil, comme sur leur domaine. Ce dernier ne dépasse t-il pas très largement le domaine de l’humain, s’il concerne aussi les esprits inférieurs et les mondes infernaux ? A propos de l’œuvre au rouge, le lecteur aborde les mystères chrétiens. Comment spécifier le Fils de l’Homme ? Et le Fils de Dieu ? Ou le Corps de Résurrection ? Quelle peut être l’origine de l’Immaculée Conception ? Pourquoi la vision islamique de la Crucifixion peut être compatible avec une compréhension ésotérique chrétienne ? Et que dire de l’antique querelle du filioque ? Quelles peuvent être, au sein de l’Arbre de Vie, les Sephiroth respectives de Jésus, du Christ et du Logos ? Ce livre est une alchimie intérieure, le parcours des aspects apparents et des aspects subtils de la pensée traditionnelle à travers ses aspects exotériques et ésotériques et ses degrés ou niveaux de réalités. On sent bien que ces textes sont le résultat d’une vie méditative, d’un approfondissement ressenti des thèmes soulevés où l’éclairement de la sagesse et des questions de l’être ne font qu’un. Le sang est aussi bien physiologique que spirituel, il porte son flux vibratoire pour la vie de chacun tout en conservant dans chacune de ses molécules une mémoire et une conscience. Le sacrifice du sang est aussi bien chair de l’esprit, que l’esprit qui se fait chair. C’est pourquoi l’homme est créé dans sa chair et incréé dans son esprit et sa conscience. La sève du temps et les pulsations de l’espace irriguent toutes les parties de la Création et toutes les particules de l’Homme. Ce qui conduit Jean Pataut à soulever parmi tant d’autres mystères, celui du corps glorieux, du Corps de Lumière, le Corps de Résurrection qui se manifestera à la fin des temps dans sa totale plénitude. Une vision qui échappe – comme l’image de l’infini- à l’analyse objective, si ce n’est que l’infini comme le temps échappent à la temporalité sensorielle que nous voudrions leur attribuer. Au sommaire de cet ouvrage : L’Arbre de Vie : Signification - Synthèse des voies initiatiques - Les Sephiroth et la place du psychisme - L’œuvre au noir : Le mythe de la caverne de Platon - La prière - l’honneur et la propriété - l’amour et la guérison - le hasard et le temps - l’espace, la Science et l’individu - La révolution française - la rétribution karmique - eschatologie et égalité - Aperçus sur la liberté : La liberté du siècle des « Lumières » - Liberté d’autonomie ou liberté programmée ? - la liberté de soumission - Une société sacralisé et qui se désacralise - De la nature du Symbole : Fondement du sens ésotérique - la multiplicité des significations - La contemplation - Du symbole dans les Ecritures - Aperçus sur les fondements ésotériques de l’astrologie : La nature est bien vivante - Les dieux grecs sont toujours vivants - Le zodiaque - Mandalas, numérologie et archétypes - A propos du Tarot : Son histoire - son utilisation - le secret du Tarot - De la lecture transversale : Exemples des transversales - L’initiation préalable - Avant les temps modernes et depuis - La purification psychique ou l’œuvre au blanc : Quelques données psychologiques et sociales - L’ego et sa chute - le lieu de l’orgueil et ses dérivés - Le pardon : Pardon de l’homme et de Dieu - Karma de l’homme - pardon collectif - une parole du Christ - L’élève et l’initiateur : « De mon âme à ton âme » - Le Maître invisible - la Maîtrise - Vers son pôle céleste - les devoirs de l’élève et les devoirs du Maître - les droits du Maître et de l’élève - La Gnose ou l’œuvre au rouge : Réflexions sur le prologue de St Jean - Le Logos - les Ténèbres - Jean-Baptiste - L’incarnation - Il faut naître d’en haut : Nicomède - Si Dieu n’est pas avec lui - Le royaume de Dieu - Naître d’en-haut - Naître d’eau - Naître d’esprit - Tu es Maître en Israël - Le « Fils de l’homme, Fils de Dieu » - Elever le serpent - Il a donné son fils - Le jugement - Au nom du Fils - Celui qui fait la Vérité - Du Corps glorieux : Trois visions à la gloire de la Transcendance - Krishna et Jésus transfigurés - Séraphim de Sarov - La victoire sur la mort - La mort d’Œdipe, d’Hénok, et de Moïse - L’Ascension de Jésus et d’Elie - La victoire sur la naissance - L’apparition de Mamré - Melchisédek - Jésus en corps apparitionnel - |
la critique et la conviction |
Paul
ricœur |
Edition
Hachette |
2001 |
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Pour
Ricœur, on ne peut donc opposer platement la critique et la conviction :
la philosophie la plus critique comporte des convictions fortes, et la
conviction religieuse abrite aujourd’hui un sens critique qui a souvent
déserté nos sociétés. Car
si on accepte que l’on puisse tout dire et tout prouver, la seule chose qui
reste c’est d’être le plus fort, et d’affirmer ses opinions avec assez
d’aplomb pour rassurer et entraîner les indécis. La fascination exercée par
les Hitler vient de là — et il y a souvent d’autant plus de véhémence et de
fanatisme qu’au fond l’on ne croit pas à ce qu’on dit. Aujourd’hui encore,
nous avons sans cesse besoin d’être rassurés par des preuves indiscutables,
ou par des vérités magiques qui donneraient enfin à notre monde trop complexe
une solidité, une simplicité démagogique. Ici les rôles de la critique et de
la conviction s’inversent. Des convictions bien pesées peuvent ensemble
refonder, co-fonder un débat plus intelligent, et rendre à tous le sentiment
qu’on peut s’orienter dans le monde pour y parler et y agir ensemble. La
conviction, qui a analysé avec soin toutes les données pour aller chercher
une petite information qui manque encore, sait que le monde n’est pas fini.
Elle ne se contente pas d’informer, elle interroge, elle ouvre d’autres
questions possibles, elle s’arrache aux présuppositions qui enferment les
discussions dans des bornes fermées. Un témoin crédible, que ce soit dans les
confrontations de la justice, de l’histoire, de la politique ou de la
religion, sait laisser la place aux autres témoignages, parce qu’il ne se met
pas lui-même en avant, ne prétend pas à lui seul tout comprendre. Mais un
témoin crédible accepte courageusement d’avoir une voix, et pas seulement un
discours interchangeable, et de vouloir ce qu’il dit — c’est tellement plus
facile de ne pas prendre sa propre parole au sérieux ! Et parce qu’il
ose donner son interprétation, la confier sans l’imposer aux autres, il donne à ceux
qui l’entendent confiance dans leur propre voix. |
LA GENḔSE – VOLUME DE LA CONNAISSANCE SACRḖE |
Jean
Claude Mondet |
Ed.
Numerilivre |
2017 |
Si, pour
les croyants, la Bible et en particulier son premier livre, la Genèse, sont
censés véhiculer la parole divine, de plus en plus d'entre eux admettent,
comme le font les spiritualistes, qu'il s'agirait plutôt d'un recueil de
traditions orales, exprimant la façon dont les anciens, peut-être « inspirés
», avaient répondu à leurs questions existentielles : D'où venons-nous ? Où
allons-nous ? Quel est le sens de la vie ? En ces temps reculés, le langage
étant peu adapté à la réflexion abstraite, ils ont procédé par analogie,
transposant à des exemples concrets les idées qu'ils voulaient faire passer,
ainsi sont nés les symboles et les mythes. Dans le monde antique, l'auditeur,
était invités à s'identifier aux héros présentés et de la sorte, à vivre en
esprit les aventures que ceux-ci étaient réputés avoir vécues réellement et
donc à recevoir le message transmis, relatif à sa propre destinée. La
Genèse fourmille d'épisodes célébrissimes, preuve s'il en était besoin
qu'elle reste d'actualité. Qui ne connaît ceux concernant la Création de
l'homme, la côte d'Adam, le fruit défendu, le déluge, la tour de Babel,
Abraham et Isaac, Sodome et Gomorrhe, Loth et ses filles, Jacob et le plat de
lentilles, sa lutte contre l'ange, Joseph et la femme de Putiphar, les vaches
grasses et les vaches maigres, etc. etc. ? Derrière l'histoire racontée, ce
sont chaque fois de nouvelles connaissances sur nous-mêmes que nous sommes
appelés à découvrir. L'auteur présente ici le résultat de sa propre lecture,
à la fois symbolique, allégorique et mythique de ce texte, il invite le
lecteur à le suivre dans le voyage qu'il raconte, celui de l'humain dans sa
quête spirituelle, et à s'en forger sa propre interprétation. Interprétation
Esotérique de La Genèse (1,21-22) : 21.- Étant donné que Kether et Hochmah sont UN, que Père et Fils sont UN (exprimé en termes christiques),
nous comprenons, ainsi, qu'en ce 6 ème Jour, la Divinité Travaille
simultanément à deux niveaux distincts. Nous avons vu le premier, voyons à
présent le deuxième, c'est-à-dire celui de la création d'Adam. Fabre donne à
ce mot la signification de genre humain
ou, plus précisément celle de Règne
Hominal. Moïse nous dit que Dieu a fait Adam homme et femme en même
temps, c'est-à-dire hermaphrodite. Et il en fut ainsi tel que nous l'avons
prouvé dans certains de nos textes, (Le Grand Livre de Cabale Magique, Une
Vie Changée... etc.) Et, c'est
dans ce 6 ème Jour que nous pourrons récupérer l'Unité perdue au début de notre parcours humain, épisode qui
nous sera explicité par Moïse, dans le Deuxième Chapitre, lorsqu'il décrira
les Travaux réels, effectifs, réalisés par la divinité. Car, dans ce Premier
Chapitre il est en train de nous exposer ce que Dieu a fait en puissance, sur plans pourrions-nous dire, et
qui était appelé à se déployer dans son Oeuvre. L'Adam, auquel Moïse fait
référence, est l'Adam du 6 ème Jour, le Règne Hominal selon la manière
de s'exprimer de Fabre. Il n'est pas l'homme primitif, le sauvage, mais celui
qui, après une très longue évolution, est arrivé à constituer le Règne
Humain. C’est l’Homme-Roi,
à qui Dieu a donné pouvoir sur tout ce qui est sur Terre ; sur la Terre
Emotive et sur la Terre Mentale qui sera notre Terre lors du 6 ème
Jour, car c'est la plus inférieure des Terres de ce 6 ème
Jour (voir La Cosmogonie des Rose+Croix de Max Heindel). Oui, dans le
Chapitre suivant, nous seront racontés les Travaux de ce 4 ème Jour dans lequel
nous nous trouvons, et nous assisterons à la formation d'Adam avec de
l'argile de la terre, selon les traducteurs conventionnels de la Bible.
Au 6 ème Jour l'Oeuvre s'achève, bien qu'en réalité le pouvoir de
Kether n'aurait dû nous être transmis (disions-nous) que le 7 ème Jour. Tout
s'accélère. Et cette accélération de l'histoire nous devons la comprendre
comme un don fait par Hochmah, un don d'Amour. Dans le 6 ème Jour le
Corps Mental, dont la graine fut plantée lors du 3 ème Jour, atteindra
la phase 2°Hé et sera en état de régner sur tout ce qui a été créé, mais la
fécondité créative ne sera atteinte que le 7 ème Jour, de la même
manière que le Corps du Désir n'aura atteint son pouvoir Créateur que le 6
ème Jour. Au 7 ème Jour, tel que nous l'avons déjà signalé, nous
assisterons à une sorte de répétition
générale de ce que sera notre propre Création dans le prochain Grand Jour de Manifestation. Nous serons, en effet, en état de
créer, mais nous ne disposerons pas d'un espace qui nous appartienne
véritablement. Nous effectuerons nos créations sur des structures
super-organisées, et nous serons un peu comme ces enfants qui apprennent à
dessiner sur des schémas déjà tracés, dans lesquels ils ne doivent qu'ajouter
la couleur et quelques traits. Nous savons que nos cobayes dans ce 7 ème
Jour, seront les composants de la Vague de Vie aujourd'hui minérale et
qui, alors, sera humaine, Ce seront eux qui nous fourniront les matériaux pour cette Grande Répétition. Nous arrivons à la fin d'un sujet où rien
n'a été encore dit. Tel que nous l'avons progressivement observé, les traductions
dont nous disposons de ce Premier Chapitre du Livre de la Genèse, ne traduisent pas la pensée
de Moise, inspirée par Jéhovah. Fabre d'Olivet nous indique qu'il existe trois
façons de lire le texte de Moïse, mais il s'intéresse rarement au sens
symbolique et même lorsqu'il s'y intéresse, Fabre d'Olivet ne possède pas de
manière suffisante, la connaissance cabalistico-astrologique pour pouvoir
interpréter convenablement ce que Jéhovah a voulu nous dire au travers du
médiateur Moïse. Le schéma de la Création que Max Heindel présente dans sa Cosmogonie nous permet de suivre le
fil des Travaux, de façon plus convaincante. Cependant, là aussi des écarts
se font jour, concernant l'inéluctable raisonnement logique offert par
l'étude de l'Arbre Cabalistique ; écarts que nous ne voulons pas mettre en
évidence mais que le Lecteur remarquera sans aucun doute. Disons, pour finir, que certains énoncés
pourront se trouver en contradiction avec ce que nous avions consigné dans
d'autres textes (ouvrages de Haziel et de Kabaleb). Certes, nous pourrions
rectifier les points qui ne sont pas concordants, pour les faire coïncider
avec nos observations passées (tout au moins avec les plus récentes), mais ce
travail de rectification devrait être permanent. Et, d'autre part, si notre
itinéraire nous a conduit à ces évidences de plus en plus claires et
précises, un tel parcours devra donc également être utile à tous ceux qui
nous suivent. La capacité de capter la Vérité augmente au fur et à mesure que
nous la captons et ceci étant, nous sommes constamment obligés de mettre en
question ce que, précédemment, nous considérions vrai et immuable. Dans un Univers vivant et lancé vers une
toujours plus grande perfection, la Vérité immuable n'existe pas. |
la foi d’un hÉrÉtique |
J.M. van hille |
Edition
DU PRIEURÉ |
1997 |
Ce
petit livre s’adresse à tous ceux qui, à un moment de leur vie, s’aperçoivent
qu’il leur est devenu impossible de croire en la résurrection des morts, aux
miracles, à l’ascension, au jugement dernier etc. et qui souvent en
ressentent un peu d’effroi quand ce n’est pas la honte…
|
l’agir et l’Être initiatique |
Alain pozarnik |
Edition
Dervy |
2003 |
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Dans
ses Essais (1588), l’humaniste français proposait déjà des pratiques propres
à éveiller l’intérêt des enfants, par le goût de l’observation et
l’utilisation de jeux. Le philosophe genevois souhaitait que le maître ait
une attention toujours en éveil pour offrir à l’élève des activités qui
puissent susciter curiosité, réflexion, voire émotion.
|
l’alchimie du rÉel |
Lee lozowick |
Edition
DU RELIE |
2000 |
Introduit
au public francophone par l’ouvrage de Gilles Farcet « l’Homme se lève à
l’Ouest », Lee Lozowick est capable de passer sans transition de
l’austérité à l’extravagance. Il incarne sous des apparences relativement
détendues, voire farfelues, ce que la voie a de plus rigoureux et
exigeant pratique, discipline, intégrité, persévérance.
|
la mÉtaphysique religieuse de simone
weil |
Miklos
vetö |
Edition
l’Harmattan |
1997 |
Un
livre sur la pensée religieuse de Simone WEIL qui de juive a évoluée vers le
christianisme après une activité syndicale et une expérience ouvrière très
riche et très active. On y parle de la notion de décréation, du désir,
d’énergie, du vide, l’expérience du beau, le temps et le moi, l’action non
agissante. Alain,
qui fût son maître, l’appelait la « martienne », ses camarades de
Normale « la vierge rouge », la philosophe Marie-Madeleine Davy la
qualifie de « prophète ». Quant à Simone de Beauvoir, elle dit
d’elle dans ses Mémoires « J’enviais un cœur capable de battre
à travers l’univers entier ». Syndicaliste, chrétienne, mystique,
pour tous ses contemporains, Simone Weil demeure un être à part,
« archangélique » et mystérieux, sorte de cerveau monté directement
sur cœur, d’une capacité intellectuelle hors du commun, dénuée de tout
cynisme et vouée sans conditions à une seule cause : la vérité. L’Enracinement, son œuvre la plus
achevée, essai politique d’une lucidité vertigineuse, est republié chez
Gallimard, dans le cadre d’une parution des œuvres complètes entamée en 1988.
Terminé en 1943, quelques semaines avant sa mort, on le considère comme son
« testament spirituel ». C’est aussi un des écrits politiques les
plus saisissants du XXème siècle, dimension que s’attache à mettre en valeur
l’édition admirablement annotée par Patrice Rolland et Robert Chenavier. Dans
cet essai écrit dans une langue lumineuse, illustré par un art de la
métaphore limpide, Simone Weil met le doigt dans la plaie de notre
époque : le déracinement, cause principale selon elle, de la débâcle de
40. Mais, n’en déplaise aux néo-barrésiens adeptes de théories remplacistes,
ici les racines ne sont pas celles de l’arbre de Monsieur Taine, où se mélangent
la terre et le sang, mais plutôt des racines spirituelles et culturelles. Et
le déracinement est moins dû à des logiques de métissage qu’à la
technicisation progressive du monde et la bureaucratisation jacobine du
« monstre froid » étatique. L’histoire
pour Simone Weil, loin d’être linéaire, est plutôt un océan de mensonges
écrits par les vainqueurs où surnagent de temps à autres des « ilots de
vérités », trésors égarés de l’âme humaine qu’il s’agit de retrouver.
Guérie du patriotisme par le Traité de Versailles (« les humiliations
infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu’il peut
subir »), Simone Weil y sera ramené par le danger et se rangera de
tout son cœur du côté du « pouvoir spirituel » de la France
libre. Dès lors, pas question de jeter le bébé du patriotisme avec l’eau sale
du pétainisme. La défaite nous oblige à « changer notre manière
d’aimer la patrie ». Il ne s’agira plus d’un amour nationaliste,
maurrassien, pour une France éternelle fondée sur une fausse grandeur, mais
d’un « sentiment de tendresse pour une chose belle, fragile et
périssable ». Il faut aimer la France, non pas avec le goût
nostalgique des splendeurs révolues, mais avec la tendre sollicitude qu’on a
pour ce qui est en danger. La patrie, loin d’être un absolu fantasmé, est une
chose temporelle et terrestre, un moyen parmi d’autres (le syndicat, la
corporation, la région) qui permet d’atteindre ce « besoin le
plus important et le plus méconnu de l’âme humaine » qu’est
l’enracinement. Chez
cette penseuse systémique, la critique politique ne fait qu’un avec la
critique sociale. Ainsi, si l’enracinement passe par l’attachement à la
patrie, c’est le travail qui sera le lieu fondamental de notre participation
au monde. Dans sa critique d’un cycle travailler-manger, propre aux
temps modernes où l’accroissement est la seule finalité reconnue par le
libéralisme, Simone Weil veut redonner toute sa valeur au travail et pense
que la grande vocation de notre époque, et son unique rédemption, doit être « la
constitution d’une civilisation fondée sur la spiritualité du travail ». Chrétienne
refusant l’Eglise, syndicaliste opposée à la révolution, antimoderne sans
être réactionnaire, Simone Weil est une véritable funambule de la pensée, qui
nous déroute et nous émerveille à chaque ligne. Une pensée intransigeante et
fulgurante qui doit transpercer notre modernité comme un glaive plongé dans
un cadavre vérifie s’il est bien mort, pour préparer sa résurrection. Camus
lui-même écrivait: « Il paraît impossible d’imaginer pour l’Europe
une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a
définies ». Comme
le décrit subtilement Robert Chenavier dans l’avant-propos qu’il consacre à
l’ouvrage, L’Enracinement est le Timée de notre temps, le
« livre du philosophe qui retourne dans la caverne », et vient
distribuer le pain de la vérité aux mortels. On connaît le sort qu’il advint
au philosophe qui est retourné parler aux hommes dans le mythe de Platon
« ceux-ci, incapables d’imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront
très mal et refuseront de le croire : ne le tueront-ils pas ? ».
Simone Weil, elle, mourra- ou se laissera mourir- de cette indifférence des
hommes à la vérité. On peut lire dans son dernier cahier ses derniers mots
poignants, pleine d’une amère lucidité dont seul sont capables les
authentiques génies : « Silence de la petite fille dans Grimm qui
sauve les 7 cygnes ses frères. Silence du juste d’Isaïe « Injurié, maltraité,
il n’ouvrait pas la bouche ». Silence du Christ. Une sorte de
convention divine, un pacte de Dieu avec lui-même condamne ici-bas la vérité
au silence ». |
L’AMOUR TRANSPERSONNEL |
M.M DAVY, M.A. DESCAMPS, THARTCHIN, VITRAY-MEYROVITCH |
EDITIONS
TRISMEGISTE |
1989 |
Ce
que l’on appelle « amour » n’est souvent qu’une forme de narcissisme
égotique du Moi. L’amour transpersonnel, dépassant ce Moi, prend ses racines
dans le Soi (Jung) et rayonne aussi bien dans la relation privilégiée du
couple, que dans l’amour universel de tous les êtres et dans l’expérience
mystique. Dans ce livre l’amour est donc abordé à la fois du point de vue
psychologique et du point de vue spirituel : -
La psychologie de l’amour afin d’apprendre à aimer, par M.A. Descamps -
L’amour chrétien avec en particulier l’école rhénane et sa préparation par
le courant féminin des Béguines, par Marie
Madeleine Davy -
L’amour dans le monde musulman avec la voie des soufis, par Vitray-Viremouneix -
L’amour
aux Indes en liaison avec les Ecritures et le Yoga, par M.A. Descamps -
L’amour universel dans la Bouddhisme, par Jampa
Thartchin. Ce
livre ne se limite pas à décrire des états d’amour mais permet de mieux se
connaître et donne des outils pratiques de développement personnel de ses
capacités d’amour. Il s’adresse au grand public tout, tout comme aux
« psy », mais surtout aux personnes intéressées par des voies
spirituelles. |
la mystique du silence |
Dr
Jacques vigne |
Edition
ALBIN MICHEL |
2003 |
L’auteur
interprète le silence de l’Himalaya (lieu où il vit la plupart du temps) et le
confronte aux traditions de l’Inde, du soufisme, du bouddhisme zen, à la
Kabbale et à l’orphisme. Il interprète le silence comme une libération « car
si l’homme moderne a de temps en temps du temps libre, le silencieux, lui,
devient de plus en plus libre du temps ».
Le
docteur Jacques Vigne, éminent psychiatre et auteur de nombreux ouvrages de
psychologie spirituelle, nous offre depuis son ermitage himalayen un précieux
support de réflexion sur la signification du silence. Tâche paradoxale, mais
assumée ici dans un itinéraire qui embrasse toutes les traditions, de l'Inde
au soufisme et du bouddhisme zen à la kabbale et à l'orphisme, que l'auteur
confronte à la mécanique ondulatoire ou la physiologie acoustique. Cette
écoute du silence à travers l'histoire, les sciences et les civilisations
sonne ici comme une libération, car si " l'homme ordinaire a parfois du
temps libre, le silencieux, lui, devient de plus en plus libre du temps
". Dans ce silence où tout fait sens, se rejoignent Aristote, Rûmî,
saint Jean de la Croix et Baudelaire, et une mélodie harmonieuse s'élève, que
l'auteur nomme " la résonance de l'Unité ". Il nous invite à tendre
l'oreille vers notre propre silence intérieur, à reconnaître dans toutes ces
paroles la basse continue de la vérité. Le propre d'un grand texte est de se
poursuivre même quand on en a achevé la lecture : tel est le trésor que
recèle La Mystique du silence. |
L’ÂNE D’OR - INTERPRÉTATION DU
CONTE D’APULÉE |
MARIE
LOUISE VON FRANZ |
ÉDITION
LA FONTAINE DE PIERRE |
1978 |
||
Nous trouvons au sommaire de cet ouvrage : La vie d’Apulée et ses vues philosophiques, Les deux
compagnons et le conte d’Aristomène, Lucius rencontre Byrrhéna, Photis et les
outres en peaux de chèvres, L’âne, Amour et Psyché, Suite du conte d’Amour et
Psyché, Les travaux de Psyché, Tlépolème et l’ombre chtonienne, L’âne au
service de plusieurs maîtres, Lucius redevient lui-même, La déesse Isis,
L’initiation de Lucius, La matière et le vase mystique. |
l’Âne d’or
autrement dit les mÉtamorphoses |
apulee |
Edition
J. de Bonnot |
1991 |
Ce philosophe né en 125 après J.C. s’initia
en Grèce à la philosophie de Platon. D’une éloquence rare, il fut partout couvert
d’honneur. L’Âne d’or est son meilleur ouvrage. Ce livre raconte l’histoire
d’un jeune homme voulant devenir oiseau par la magie d’une drogue. Une erreur de manipulation le fit devenir
âne. C’est donc l’histoire et les pérégrinations de cet âne qui nous sont
comptés. Ce récit est plein de symboles qui nous font
découvrir la force cachée des hommes. |
L’ÂNE D’OR OU LES MÉTAMORPHOSES |
Apulée |
Edition Gallimard |
2010 |
Il était une fois un dénommé Lucius, plutôt brave et gentil, chez qui la bonne volonté l’emportait sur la malice, malgré cela il avait la cervelle vagabonde. Notre Lucius curieux de pénétrer les mystères de la magie, assista à certains tours de passe-passe, si maladroitement qu’il se retrouva dans la peau d’un âne et ne put retrouver sa condition humaine qu’après bien des vicissitudes. L’âne a toujours été un symbole d’ignorance, de têtu aux grandes oreilles, de bêtise et d’ignorance qui fait pensée à l’obscurité dans la pensée, la nuit dans la tête, les ténèbres intérieures, ce qui nous amène aux divers symboles évoluant dans cette obscurité intérieure, dont Satan et son cortège diabolique. Notre Lucius qui s’est conduit comme un âne en mêlant la curiosité intellectuelle à des satisfactions non intellectuelles aura toutes les difficultés pour revenir à son état normal, mais il y arrivera lorsque l’homme en lui, occulté comme la belle princesse de Perrault, sera l’objet d’une résurrection intérieure, c'est-à-dire lorsque Lucius sera passé des voluptés médiocres à des félicités quasi surnaturelles et supraterrestres, c’est à dire lorsque il aura atteint son point maximum de la métamorphose spirituelle. L’auteur, Apulée né vers 125, il part en Grèce faire ses études, et ramène à Carthage un brevet d’avocat et toute la panoplie grecque de philosophie, des mythes, des penseurs tel que Pythagore et Platon, et toutes les rhétoriques qui lui serviront non pas comme avocat mais comme conférencier, mélangeant adroitement la magie et la philosophie, il a la verve gaie et la galéjade permanente, il fait rire, ce qui plait à tout le monde. Son livre sur l’âne d’or raconte la conversion du héros (Lucius) à la religion d’Isis, divinité salvatrice et providentielle cachée dans la couronne de roses, il brode sur le surnaturel qui n’est que du naturel encore inconnu, car, et il le dit dans son livre « Rien n’est impossible », le problème est qu’il faut pour lui, dépasser le niveau de l’intelligence et aller comme lui vers les mystères, vers le mystère et vers un appétit mystique. Lucius changer en âne va aller vers les mystères d’Isis qui l’entraineront d’épreuves en épreuves dans la voie de la purification et du salut en Isis. Cette voie, Apulée nous en donne la clé, c’est la péripétie de la psyché avec Eros, la curiosité, l’amour, et au final la rédemption pour Lucius qui broutera des roses, ainsi se terminera cette aventure pleine d’injustices et de souffrances mais riches dans l’expérience et la sagesse. Apulée justifiera ce conte par la recherche de l’amour sous un ton plaisant et libre, s’y mêle le fabliau, l’anecdote libertine, le crime monstrueux, l’histoire de brigands, le conte bleu, l’idylle amoureuse et périlleuse, des dénouements sanglants, de la bouffonnerie graveleuse, un vrai pot-pourri, auquel on peut y accoler le vocable de mascarade et de caricature irrespectueuse impliquant la satire. C’est une rhapsodie de légendaire et de comique, d’érotisme galant et de pornographie gaillarde. Les métamorphoses émeuvent, évoquent la dévotion et l’irrévérence, la frivolité et le mysticisme, l’amour et le libertinage, le tragique et la gaudriole, le tout nappé du réalisme solide en vogue à l’époque, et qui plaisait beaucoup. Le décousu de la composition s’accorde à la diversité des péripéties. Rapts, viols, naufrages, incestes, assassinats, baisers fougueux, en sont la trame, ainsi une foule de personnages venus de tous les milieux : riches marchands de Corinthe et les brigands des montagnes, côtoient les mégères imprudentes, les vierges souillées, les prêtres retors ou imbéciles, les matrones goulues, les puceaux ingénus, les pirates et les sorcières qui peuplent ce conte et en font une sorte de roman balzacien avec la mystique en plus. Un magnifique conte initiatique. |
LANZA DEL VASTO - APPROCHES DE LA VIE INTÉRIEURE |
Lanza
Del Vasto |
Edition
DU ROCHER |
1992 |
La
vie de Lanza del Vasto, à l’image de sa pensée, relie entre eux des univers
très différents. Poésie, métaphysique, sculpture, musique médiévale, vie
communautaire, travail manuel, action non-violente, rien ne lui est
étranger ! Tentons de résumer en quelques lignes cette trajectoire
exceptionnelle. Issu
d’une famille aristocratique du sud de l’Italie, le jeune homme étudie à
Paris, puis à Florence et à Pise où il soutient en 1928 une thèse de doctorat
en philosophie. Porté par un immense appétit intellectuel, mais aussi par un
intense goût de vivre, il hésite entre une carrière universitaire et une vie
d’artiste. Il fréquente les écrivains du temps, noue une amitié puissante
avec Luc Dietrich, voyage en Italie, en Allemagne et en Grèce… Mais
bientôt le désir de « regarder le monde dans les yeux » le lance
vers des horizons plus lointains. En Inde, qu’il traverse de Ceylan jusqu’à
l’Himalaya, le poète philosophe se fait vagabond et pèlerin. Au centre de ce
voyage, la rencontre décisive avec Gandhi, qui lui donne un nouveau
nom : Shantidas, serviteur de paix. Toute sa vie, désormais, est
marquée par la non-violence, non comme un simple idéal moral, mais comme un
levier de transformation spirituelle et sociale. Une
vie exceptionnelle : De retour en France, Lanza publie en 1943 le
Pèlerinage aux sources, qui relate son voyage et le rend célèbre. Il a le
grand projet de fonder un « ordre gandhien d’Occident »
d’inspiration chrétienne, ouvert à tout homme de bonne volonté. Mais les
années de guerre l’obligent à patienter. En 1948, il fonde la Communauté de
l’Arche, à laquelle il se dévouera pendant trente-trois ans, délivrant dans
le monde entier un message de sagesse et de paix. Il meurt en Espagne, le 5
janvier 1981, dans sa quatre-vingtième année. Chaque étape de ce parcours est
étonnamment riche et mérite d’être regardée de près. Poète, pèlerin,
patriarche, prophète, Lanza del Vasto semble avoir vécu plusieurs vies en une ! Ce
livre est le cœur d’un message de L. Del Vasto. Il nous parle
de la non-violence et nous donne |
LANZA DEL VASTO - LA TRINITÉ SPIRITUELLE |
LANZA
DEL VASTO |
Edition
Du ROCHER |
1994 |
||
Pour une compréhension de la philosophie de
Lanza del Vasto dans son intégralité, s’avère fondamentale la distinction
établie et exposée par le professeur G. Reale entre la métaphysique
ontologique, caractéristique de l’Occident (soit qu’il en ait fait le
fondement de la philosophie, soit qu’il lui ait refusé toute valeur), et
l’hénologie ou métaphysique de l’Un, typique de l’antiquité grecque, mais
qu’Aristote a assujetti à l’ontologie, qui seule a survécu dans la mentalité
des modernes. Les néo-plotiniens seulement ont donné suite (par moments) à la
tradition hénologique, ce qui explique que Lanza del Vasto ait considéré
Nicolas de Cuse comme son précurseur. Ainsi donc, la conception trinitaire de
Lanza del Vasto relève d’une orientation philosophique différente de la
conception trinitaire traditionnelle. Notre auteur a une position originale dans
le giron de la pensée trinitaire (D. Bertini, F. Vermorel, P. Pellegrino),
parce que sa préoccupation dominante est celle de la conciliation de l’Un de
l’hénologie et du Trois de la trinité. C’est ici qu’intervient la dialectique, dont
Lanza del Vasto, dès son mémoire de maîtrise, où il s’était montré
extrêmement critique à l’égard de la philosophie occidentale, en particulier
à l’égard de Descartes, de Kant, de Hegel (A. Fabris), avait compris à quel
point elle constitue un terrain semé d’embûches. Il a considéré le dernier
des philosophes cités comme son «ennemi intime» car, d’un côté, il admettait
qu’il représente «une pierre angulaire dans l’histoire de la philosophie» et
que «l’on ne peut éviter de se rapporter à lui»; mais, d’autre côté, il
réduisait sa philosophie à une «critique de la raison impure», dans la mesure
où il lui semblait que l’auteur eût traité de la dialectique d’une façon
fallacieuse et déroutante. Cette définition, certes, est une boutade, mais
elle rend bien compte de l’embarras dans lequel sombrent tous ceux qui
s’efforcent de comprendre et de faire avancer la dialectique de Hegel. Lanza
del Vasto est de l’avis, lui, qu’il faille remonter au «divin maître de
Cuse», dont il veut éclaircir et améliorer la méthode de telle façon qu’à partir
du multiple on parvienne à l’Un, de la duplicité à l’unité, de la variété à
l’union. Son programme est celui de la «philosophie de la conciliation». Comme on le voit, à partir de la vie pratique
et de l’enseignement de la non-violence aux disciples dans sa communauté
ainsi qu’aux gens des divers pays du monde, l’engagement de Lanza del Vasto
s’est élevé jusqu’à un niveau théorique, où il a mis à jour la question qu’il
considère essentielle de toute philosophie: celle de la dialectique
trinitaire. Et c’est à ce niveau qu’il a placé le point de convergence entre
la philosophie de l’Occident et celle de l’Orient. Il est vrai qu’il n’a pas
parachevé sa dialectique; il n’est parvenu qu’à proposer des formules
d’amélioration de la méthode de Nicolas de Cuse. Mais à une période où Lanza
del Vasto devait s’atteler à de tout autres tâches, on peut bien dire que son
énergie intellectuelle a accompli un travail remarquable, ne fût-ce qu’en
renouant avec les grands problèmes et en attirant l’attention sur ce qui peut
permettre à la philosophie occidentale, après la grave et très longue crise
qui a été la sienne, de redevenir «amour de la sagesse». |
LANZA DEL VASTO - le
grand retour |
Lanza
del vasto |
Edition
DU ROCHER |
1993 |
On
ne peut agir véritablement dans la non-violence sans qu’elle soit
profondément ancrée en soi. Pour la vivre pleinement, pour que « le dehors
soit comme le dedans », il est essentiel d’atteindre l’unité intérieure. Dans
ce but, Lanza del Vasto propose un certain nombre d’exercices – la maîtrise
de la respiration, la prière et la méditation – qui se révèlent autant
d’étapes sur le chemin de la connaissance de soi. Il expose les dispositions
nécessaires à leur pratique.
|
LANZA DEL VASTO - LES 4 PILIERS DE LA PAIX de LANZA DEL
VASTO |
LANZA
DEL VASTO |
Edition
Du ROCHER |
1992 |
||
Dans son ouvrage majeur d’analyse politique et économique, intitulé
Les quatre fléaux, Lanza del Vasto cherche à identifier l’origine des
quatre calamités que l’homme s’inflige à lui-même : la misère, la
servitude, la guerre et la sédition. Et il pense pouvoir la discerner dans ce
qu’il appelle « le Péché Originel », c’est-à-dire « l’esprit
de profit, de lucre et de domination ». C’est pourquoi les
communautés de l’Arche excluent de leurs structures mêmes toute accumulation
de biens et toute exploitation de l’homme par l’homme, et cultivent à loisir
la sobriété et l’esprit de service. C’est ce qui fait de Lanza del Vasto l’un
des plus éminents précurseurs de la décroissance. |
lanza del vasto
– sa vie – son œuvre – son message |
Arnaud
de mareuil |
Edition
DANGLES |
1998 |
Lanza
del VASTO…
le nom est aujourd’hui célèbre et pourtant, l’homme resta trop méconnu de son
vivant. Disciple occidental du Mahatma GANDHI, comme lui convaincu – avant
que cela ne devienne évident pour tous – de l’urgence à militer pour le
dialogue interreligieux et le réveil spirituel, mais aussi pour l’action
écologique et, surtout, la non-violence. La non-violence, comme respect de la
vie, mais aussi la non-violence érigée en méthode de combat public, arme
véritablement spirituelle et universelle dont la pertinence ne cesse de se
faire sentir et qui doit être proposée au monde de demain. En
paraissant pour le cinquantenaire de la mort du Mahatma Gandhi, cet ouvrage
prend toute sa dimension. |
la parole |
phÈne |
Edition
LES 2 OCÉANS |
2000 |
L’intuition
de la sagesse, c’est voir ce que l’on dit et non plus dire ce que l’on voit.
C’est être sensible à la parole du cœur. La parole
est une faculté profondément mystérieuse, dont les lois, mieux connues,
élucideraient bien des énigmes et permettraient de résoudre bien des
problèmes. L'Essence universelle de la parole se rattache aux mystères
les plus occultes de la création, dont le Verbe divin fut
l'indescriptible agent. Pénétré de notre inaptitude à la concevoir comme à
l'exprimer, cet ouvrage étudie seulement, ici, quelques aspects de sa
fonction particulière dans l'être individuel.
Il est courant de définir la parole : l'instrument par lequel l'homme exprime
ses pensées. On peut ajouter qu'elle exprime non seulement des pensées, mais
encore des sensations et des sentiments, conformément à la division ternaire
de l'homme .Le but de la parole est de propager au dehors une impression
intérieure, de faire partager une conviction, d'insuffler un enthousiasme, en
somme, d'imprimer à la matière un ébranlement spécial, dont les modalités
soient les signes sensibles de notre émotion intime. Cette
activité est le reflet de l'activité créatrice du Verbe, dont chaque type
créaturel exprime un aspect.
La totalité de la création est donc bien, comme le soutenaient les anciens,
le livre des livres, le poème du Verbe, le texte formidable dont l'homme
déchu ânonne péniblement l'alphabet. Mais, de même que nos paroles tirent de
nous leur être et leur dynamisme, sans être nous pour cela, de même la
création exprime le Verbe, sans que celui-ci se confonde avec son oeuvre.
Ainsi, la parole, image du Verbe, s'inscrit en faux contre toute
interprétation panthéistique de la genèse des mondes. Autre
remarque, la bouche, organe de la parole, est placée entre le cerveau,
instrument de la pensée et les poumons, réservoirs du souffle ; entre la
pensée et la matière. De l'air, plasme passif, indifférent en soi mais apte à
revêtir toutes formes, la volonté humaine fait jaillir le son.
Ici encore, nous observons la loi universelle du ternaire, et, fait digne
d'attention, c'est dans l'élément intermédiaire de cette triplicité que se
résout en manifestation créatrice le conflit des deux éléments extrêmes,
comme l'ont signalé, entre autres, Malfatti de Montereggio et Papus. Or, de
même que le son est de l'air spécialisé et animé par la volonté humaine, de
même l'univers est substance, animée et spécialisée par le Créateur. Par
analogie, nous pouvons conclure que l'acte de création est le résultat du
concours de deux principes primordiaux, irréductibles, quoique
complémentaires, que l'on pourrait définir ainsi : L'Un sans second, le
Principe même, ou le Diviseur ; La Cause seconde, le Principe autre, ou le
Divisible. Et, remarquons ici en passant, que les divergences de tous
les systèmes cosmogoniques traditionnels, proviennent d'un désaccord
fondamental au sujet des relations mutuelles et de la prééminence respective
de ces deux principes. Nous nous proposons de revenir un jour sur ce sujet
important, car cette divergence métaphysique a eu (et a encore), les plus
formidables conséquences psychologiques, morales et historiques. Revenons à
la parole. Il serait curieux d'étudier les rapports ésotériques des termes
qui ont servi à la typifier dans les langues antiques. Mais nos
langues modernes, nos langues vivantes, recèlent également bien des
arcanes que nous négligeons, car nous négligeons presque toujours ce qui est
à notre portée, pour nous enquérir de cc qui est lointain et nébuleux. Ne
sont-elles pas d'ailleurs les filles et les héritières des idiomes qui les
ont précédées ? Le principe de la parole est divin, or il n'y a pas de bâtard
ni de déshérité parmi les enfants de Dieu !
Que nous examinions le tudesque Word, le gaëlique Lafar, le
français Verbe, ou le latin Vox (analogue au sanscrit Vatch),
nous y retrouverons toujours la même idée d'énergie virile et créatrice,
exprimée par le mot Parole. Le radical de ce mot P'R, se
rattache de près à l'hébreu Berua, qui signifie créer et que nous
retrouvons dans le composé Dabar, signifiant parole et Verbe.
Enfin, nous avons le signe même du Verbe, d'après Fabre d'Olivet, O, U, qui
vient animer et illuminer, pour ainsi dire, ces éléments sensibles, afin d'en
faire jaillir la parole créatrice, dont nos pauvres paroles terrestres,
empoisonnées par la calomnie et stérilisées par le mensonge, ne sont que de
lointaines, très lointaines images. C'est ainsi que les mystères
de la parole divine, sont accessibles à ceux-là seuls dont la parole humaine
s'applique à exprimer et non à déformer ou à trahir la vérité. C'est ainsi
que le Verbe ne nous révèle les arcanes du Royaume divin, que dans la mesure
où nous réalisons, dans notre sphère la loi d'amour, qu'il est venu nous enseigner
lui - même, voici deux mille ans. |
la pesanteur et la grÂce |
Simone
weil |
Edition
Plon |
2002 |
Animée
d’une soif d’absolu elle rend compte dans ses écrits de cette aventure exceptionnelle.
Ce livre est le recueil de ses pensées, de ses réflexions et témoigne de
cette exigence et de son destin. Dieu est
tout le bien possible. Il n’a donc pu créer que moins bien que lui : il n’a
pu créer que le mal. C’est le paradoxe de la création : « La création est de
la part de Dieu un acte non pas d’expansion de soi, mais de retrait, de
renoncement. Dieu et toutes les créatures, cela est moins que Dieu seul. » Le monde
n’existe que parce que Dieu s’en est retiré. C’est en quoi « l’existence du
mal ici-bas, loin d’être une preuve contre la réalité de dieu, est ce qui
nous la révèle dans sa vérité. » Car la vérité de Dieu, dans le monde, c’est
son absence. Ceux qui adorent quoi que ce soit ici-bas – le pouvoir,
l’argent, l’humanité – sont des idolâtres. La
“décréation” C’est
s’anéantir en Dieu : « Faire passer du créé dans l’incréé » ; remonter vers
la source, mais qui serait l’Océan. C’est l’équivalent, chez Simone Weil, de
ce que les mystiques appellent « mourir à soi-même ». Mais c’est pour vivre
davantage. « Dieu m’a donné l’être, écrit-elle, pour que je le lui rende. » A
la fin, il n’y a plus que Dieu : « Dieu renonce, en un sens, à être tout.
Nous devons renoncer à être quelque chose. Dieu s’est vidé de sa divinité.
Nous devons nous vider de la fausse divinité avec laquelle nous sommes nés.
Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien. A mesure que je deviens rien, Dieu
s’aime à travers moi. » |
la philosophie Éternelle |
Akdous huxley |
Edition
PLON |
1948 |
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Philosophia Perrenis, la formule a été créée
par Leibniz ; mais la chose – la métaphysique qui reconnaît une Réalité
divine substantielle au monde des choses, des vies et des esprits ; la
psychologie qui trouve dans l’âme quelque chose d’analogue, ou même
d’identique, à la Réalité divine, l’éthique qui place la fin dernière de
l’homme dans la connaissance du Fondement immanent et transcendant de tout ce
qui est – la chose est immémoriale et universelle. On trouve des rudiments de la Philosophia
Perrenis parmi le savoir traditionnel des peuples primitifs, dans toutes
les régions de la terre, et, sous ses formes les plus pleinement développées. On
y parle :
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LA PROVIDENCE |
Selon : Robert Amadou – Epictète – Marc-Aurèle |
Arcadia |
2012 |
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Le bien serait alors de changer entièrement le monde pour qu’il corresponde à ses besoins et désirs. Dans la plupart des traditions religieuses, la souffrance, les obstacles, par les questions qu’ils suscitent, sont autant de signes qui invitent à la prise de conscience d’une réalité divine située au-delà. Pour le stoïcisme, la Providence œuvre toujours en fonction du bien total de l’univers. Toutes les parties de l’univers doivent donc coopérer à cet ordre cosmique et l’homme en tant que partie du tout, doit soumettre ses intérêts particuliers à l’intérêt général, ce qui aboutit pour lui-même au dépassement que prônent les voies religieuses. « Tu es ici-bas pour obéir aux dieux, pour prendre en bonne part tout ce qui t’arrive et pour y acquiescer volontairement et de tout ton cœur, comme à des choses qui viennent d’une providence très sage et très bonne. Je désire toujours ce qui arrive, car je regarde ce que Dieu veut comme meilleur que ce que je veux, je m’attacherais à Lui comme un serviteur, comme son suivant ; mes propensions sont les siennes, mes désirs, les siens ; en un mot, sa volonté est la mienne » Epictète – Epictète cite également cette phrase de Chrysippe : « Si je savais vraiment que la maladie a été décrétée pour moi maintenant par la destinée, c’est même avec ferveur que le l’accepterais ». Un témoignage récent montre que l’acceptation peut être spontanément redécouverte en tant qu’attitude évidente face à Dieu. Cette notion de Providence divine qui fait partie intégrante du stoïcisme – et que l’on retrouve au cœur des religions – n’est pas indispensable pour étayer la philosophie stoïcienne. Même sans l’idée d’une providence, le raisonnement d’Epictète n’est pas remis en cause en ce qui concerne l’acceptation des événements qui jalonnent notre vie de chaque instant, nul n’étant à l’abri des deuils, de la pauvreté et de la maladie qui sont le lot habituel de l’homme, un bonheur permanent implique une impassibilité à l’égard des événements. Que l’on croit ou non à une action divine sur le monde, l’acceptation de ce qui est, demeure une attitude logique et cohérente. «Les œuvres des dieux sont pleines de providence, les événements fortuits ne sont pas en dehors de la nature, c'est-à-dire de cet ordre dont la Providence règle l’enchainement et le concert ; c’est de la Providence que découlent toutes choses. A ce principe se rattachent et la nécessité et ce qui est utile à l’harmonie de l’univers dont tu es une partie. Le bien pour chaque partie de la nature, c’est ce qui est conforme au plan de tout l’ensemble et ce qui tend à la conservation de ce plan. C’est pour un bien que la nature est forcée d’agir comme elle le fait, car tout ce qui arrive, arrive justement. Abandonne toi sans résistance à la Parque, et laisse la filer ta vie avec les événements qu’il lui plaira. Accommode-toi aux événements que le sort te destine. Aime uniquement ce qui t’arrive, le sort que t’a fait la destinée, qu’y a-t-il en effet de plus convenable ? Ce ne sont pas les objets qui viennent à toi, quand tu es troublé par le désir ou la crainte ; c’est toi en quelque sorte qui t’avances vers eux : mets donc en paix ton esprit à leur sujet et les objets resteront en repos eux-mêmes, et l’on ne te verra plus ni les désirer ni les craindre. L’homme a un bien grand pouvoir, celui de ne rien faire d’autre que ce que Dieu doit approuver et de recevoir avec résignation tout ce que Dieu lui envoie ». Marc Aurèle. Selon Robert Amadou dans son « Anthologie de l’occultisme » l’homme est entre deux puissances, le destin et la providence. En dessous de lui est « le destin », nature nécessitée et naturée ; au-dessus de lui est « la Providence » nature libre et naturante, l’homme étant dans le règne hominal, la volonté médiatrice, la force efficiente qui unit et réunit ces deux puissances, forme avec elles une action très forte qui domine l’univers. Mais revenons à ce Destin, nature nécessité et naturée, son action est appelé fatalité et sa manifestation se nomme nécessité, c’est elle qui lie la cause à l’effet ; les trois règnes de la nature, minéral, végétal et animal sont le domaine du Destin, cat tout s’y passe d’une manière fatale et forcée selon les lois déterminées d’avance. Au moment où l’homme arrive sur terre, il appartient au Destin qui l’entraine souvent dans le tourbillon de la fatalité, mais quoique plongé dans ce tourbillon, il porte en lui un germe divin qui ne saurait jamais se confondre entièrement avec lui. Ce germe, réactionné par le Destin lui-même, se développe pour s’y opposer. C’est une étincelle de la volonté divine qui, participant à la vie universelle, vient dans la nature élémentaire pour y ramener l’harmonie. La Providence est la partie supérieure et intelligente de la Nature universelle que Robert Amadou appelle « nature naturante ». Cette Providence est une loi vivante, émanée de la divinité, au moyen de laquelle toutes les choses se déterminent en puissance d’être. Le but de la Providence est la perfection de tous les êtres, et pour cela elle est aidé par le temps, or le temps n’existe pas pour elle, elle le conçoit comme un mouvement d’éternité. L’homme est un germe divin que la Providence sème dans la fatalité du Destin, afin de donner à l’homme une volonté qui sera libre et s’exercera aussi bien sur l’action de la Providence que sur celle du Destin ; mais avec cette différence que si elle change réellement l’événement du Destin qui est fixe et nécessaire, elle ne peut rien contre l’événement providentiel, parce que la Providence quoiqu’on fasse parviendra toujours à son but. Seul le temps et la forme varient, mais la Providence n’est enchainée ni à l’un ni à l’autre. |
LA PUISSANCE DES PHILOSOPHES
ANTIQUES
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Brigitte Boudon
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Edition Ancrages
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2017
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Les philosophes
antiques offrent une pensée toujours neuve, et leur route croise sans cesse
la nôtre. Rien n'est plus d'actualité que la vision du monde en devenir que
l'on trouve chez le philosophe présocratique Héraclite. De nombreux livres
vantent les bienfaits de la morale stoïcienne en temps de crise. Sans oublier
Socrate qui continue de faire la une des magazines, comme s'il était le
dernier maître à penser. Cela signifie-t-il que l'on n'invente jamais rien ?
Nullement. Mais il n'en est pas moins vrai que tout est en germe dans les
commencements, dans la puissance des origines. Penser, c'est s'éveiller,
c'est être toujours neuf. Les philosophes antiques sont les plus jeunes de
nos sages occidentaux, les premiers à avoir voulu vivre éveillés. La philosophie antique comprend la naissance de la
philosophie au 6ème siècle avant J-C. sur les côtes ioniennes, puis
l’élaboration de la pensée des grands philosophes classiques, Platon,
Aristote, les Stoïciens, les Epicuriens, les Sceptiques, les Cyniques et les
philosophes néoplatoniciens ( à partir de Plotin aux débuts de l'ère
chrétienne). Elle s'arrête pour certains à la fermeture de l’Ecole d’Athènes
en 529, ou à l'œuvre de Saint Augustin au 5ème siècle. Elle a duré plus d'un millénaire.
Grâce à sa fécondité, elle a servi de source d’inspiration et de référence à
tous les philosophes ultérieurs, mais aussi à tous les penseurs politiques,
scientifiques, métaphysiciens, religieux etc. Son cadre géographique est celui de la Méditerranée. Née sur
les rivages d'Asie Mineure (Ephèse, Milet), elle s'est déplacée vers la
Sicile, avant de se fixer à Athènes. Ensuite, Rome et Alexandrie seront de
grands carrefours des divers courants de la philosophie antique. Tous les domaines philosophiques se sont
constitués à cette époque : la métaphysique, la physique, l’éthique,
la logique, la théorie de la connaissance, la philosophie du langage, la
philosophie de l’esprit, l’anthropologie et la cosmologie, la philosophie
politique, l’esthétique ou la philosophie des sciences. Tous ces domaines
étaient considérés comme interdépendants, et la philosophie antique a élaboré
une grande variété d’approches, de théories et de stratégies d’argumentation
qui constituent encore de nos jours des points de référence incontournables
de la réflexion philosophique. Le terme grec logos
a de nombreuses significations. Il vient du grec legein, qui veut dire rassembler,
unir, recueillir. Par extension, il renvoie à la raison, au discours, au langage, qui
lient les choses entre elles et font apparaître leurs relations. Pour les
Anciens, vivre selon le Logos
ou selon la raison voulait dire vivre dans l'harmonie, pas seulement
l'harmonie cosmique ou l'harmonie sociale, mais vivre dans l'harmonie
créée à la suite d'une prise de conscience de sa vie. Cette vie selon la
raison prend le nom de philosophie, "amour de la sagesse". Le logos implique le rassemblement sur
soi, l'union avec soi-même. Comme le dit Héraclite, l'homme qui n'est pas
éveillé vit replié dans son monde. L'homme éveillé vit au contraire ouvert au
monde commun des hommes. Cette ouverture, il la doit au logos. D'où vient ce concept de logos ? La philosophie n'est pas
née de rien. Avant elle, existait le monde
du mythe, le mythos. La philosophie
est issue du mythe. Un mythe, nous dit Mircéa Eliade, le grand
historien des religions, est un récit qui nous raconte comment les choses se
sont passées à l'origine. Avec des mots humains, le mythe décrit ce qui s'est
passé avant que l'homme ne soit là. Le mythe est tourné vers ce qui dépasse
l'homme. C'est la raison pour laquelle il s'exprime par des images et des
symboles. Seuls les images et les symboles permettent d'avoir accès au monde
du mythe, en nous donnant des comparaisons que nous pouvons comprendre. Les mythes grecs mettent en scène une force divine, le Theos, qui organise le monde. Les
Grecs décrivent les manifestations de cette force à travers la mythologie qui
raconte l'histoire des dieux. Un dieu est une manifestation particulière de
la force divine universelle organisant toute chose. Dire qu'il y a des dieux
voulait dire que cette force est présente partout, dans la terre, dans la
mer, dans le feu ainsi que dans toutes les activités humaines. Le divin
faisait partie de la vie quotidienne. Il était présent dans chaque geste. Le Theos organise le monde, il ne le crée
pas, il est ce qui permet de passer du Chaos au Cosmos, l'univers
organisé, intelligent et intelligible. Aussi étonnant que cela puisse
paraître, c'est la présence du mythe qui explique la naissance de la raison,
du logos. En fait, le logos
est la continuité du mythe et c'est pourquoi mythe et logos vont coexister.
L'œuvre de Platon en est un exemple parfait. Pourquoi ? Le mythe dit que tout
a du sens. Il invite l'esprit à faire attention à tout. C'est de cette
attention donnée à tout que la raison est née. Hegel a bien résumé cette naissance en disant que la
raison est née le jour où l'esprit humain a donné du sens au fait de donner
du sens, en essayant de comprendre cette activité au lieu de simplement la
vivre inconsciemment. Au lieu d'être traversé passivement par des images, des
rêves, l'homme se met à produire activement des significations. Il pense. Il
sait ce qu'il fait, ce qu'il vit, ce qu'il perçoit. La raison permet de comprendre le mythe. Le cosmos grec est
pensé comme une création divine. C'est un univers organisé selon certaines
lois qu'il est possible de connaître et de comprendre. Le cosmos est un
univers intelligible. Les notions de
cosmos et de logos sont donc reliées entre elles. La conscience de soi : Connais-toi toi-même
! Réaliser que la vie est pleine de
sens et se mettre à vivre de façon mesurée et responsable. Sur le temple
d'Apollon à Delphes, on pouvait lire cette sentence : Gnoti seauton. Connais-toi toi-même ! Socrate a repris cette
exhortation et fait de l'homme le cœur de son enseignement. Sommes-nous sûrs
de savoir qui nous sommes ? Etre conscient, se connaître soi-même, ce n'est
pas se replier sur soi, afin de se regarder et s'analyser, mais s'ouvrir sur
soi, et à partir de cette ouverture, s'ouvrir sur le monde. Il ne s'agit pas
d'exalter le moi, mais avant tout sortir de la complaisance vis-à-vis de soi,
afin de vivre une réelle expérience d'ouverture. Pour Socrate, l'homme
véritable est celui qui sait ce qu'il fait, qui est conscient de ce qu'il est
et fait. Accéder à cette conscience ne va pas de soi. Pour y parvenir, il
faut accepter que son identité provienne d'une présence profonde et secrète
en soi. Elle est plus invisible qu'on ne le pense. D'où la nécessité de faire
le deuil d'une image évidente de soi pour renaître sur un autre plan. Il
convient d'accoucher de soi-même. C'est l'apport essentiel de Socrate à la
philosophie de l'Occident, la maïeutique. Il a cherché à accoucher les âmes
de son temps, en les éveillant par des questions. Conscience de soi. L'homme
devient conscient grâce à une présence en lui qui l'inspire. La question du destin, de la
responsabilité, de la vertu. L'invention de l'éthique, reliée à la logique et
à la physique. De même que la philosophie est
issue du mythe, elle est aussi issue de la tragédie. Les tragédies grecques
de Sophocle, Eschyle, Euripide montrent les hommes face aux dieux. Ces
tragédies avaient pour objectif une catharsis,
dont le spectateur ressortait lavé et purifié. La tragédie était l'occasion
d'apprendre que l'homme ne doit pas céder à la démesure, à l'hubris, par exemple en voulant faire
sa loi, en se prenant pour un dieu. Alors, il devient ivre de lui-même, se
comporte comme un tyran et sombre dans le délire. On connaît le destin
d'Icare qui a chuté dans la mer après avoir voulu voler près du soleil avec
ses ailes en cire. La volonté d'être responsable et mesuré dans ses actes est
l'exigence que l'on trouve dans la philosophie. L'homme s'affranchit de la
fatalité du destin en le prenant en main. Par la pensée, la philosophie
antique invite les hommes à la responsabilité au lieu de rester dans une
irresponsabilité inconsciente. L'homme est guidé par un principe de justice,
comme l'univers et la Cité. L'homme est un microcosme, un univers miniature. 4. La philosophie du doute, avec le
scepticisme. La suspension du jugement. La question posée par Socrate sur l'homme a eu d'immenses
conséquences. Et notamment, celle du doute. En se demandant qui nous sommes
vraiment, Socrate a fait apparaître que l'image que nous nous faisons de
nous-mêmes ne correspond pas vraiment à ce que nous sommes. Il peut y avoir
de l'ignorance, des illusions de la conscience, des fausses images que nous
véhiculons à propos de nous-mêmes. D'où la nécessité de critiquer et de
remettre en question les idées-images que nous pouvons nous faire de nous. En
ce sens, Socrate, par ses questions, a ouvert la porte à une critique
possible de la conscience et des idées. C'est tout du moins ainsi que
l'a interprété Pyrrhon, au 3ème siècle avant J.-C., le fondateur du
scepticisme antique. Comme le fait remarquer Pierre Hadot, on ne comprend rien
à la pensée antique si l'on n'a pas à l'esprit que les Anciens ont vécu pour
savoir parce qu'ils ont en fait voulu savoir
pour vivre. Pas un savoir abstrait, mais un savoir qui aide à vivre.
Comme l'écrit Platon, "une vie
sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue". La connaissance
de soi n'est donc pas une connaissance abstraite, mais un acte pratique.
Inversement, la pratique n'est pas l'absence de toute pensée, mais la pensée
même. Un mot le symbolise très bien, celui de theoria, qui signifie contemplation. Aujourd'hui, la théorie
signifie un discours abstrait qui produit une sorte de modèle idéal de la
réalité. Pour les Anciens, la théorie signifiait la contemplation, une
perception active des choses, voir, exercer son regard, vivre autrement selon
ce nouveau regard. Avec toujours en ligne de mire, obtenir l'harmonie
intérieure. Prenons l’exemple de la physique
des Stoïciens. Pour eux, l’étude de la physique –
en tant que connaissance du système de la nature - avait pour unique fonction
de fonder la possibilité d’un choix existentiel. Selon les stoïciens, le
monde ou cosmos était conçu à l’image d’un grand être vivant comme un
agencement bien réglé au sein duquel tout a rapport avec tout, tout est dans
tout, tout a besoin de tout. Harmonieux, le monde des stoïciens était
également juste et bon. Mettre en pratique la physique consistait alors, dans
une première étape, à s’ouvrir à la dimension cosmique : se replacer soi-même
et replacer chaque événement dans la perspective de l’univers tout entier.
Dans une seconde étape, l’homme devait apprendre à accepter et à aimer le
monde tel qu’il est : dire « oui » à l’univers dans sa totalité, vouloir ce
qui arrive, même si ce qui arrive semble contraire à ses désirs. Le
consentement à l’univers représentait l’aspect essentiel de la physique
vécue. La vie bonne, pour les stoïciens, c’était la vie réconciliée avec ce
qui est. Le premier devoir est de
revenir à soi, de s’appliquer à soi-même, d’avoir souci de sa propre vie.
C’est un tel souci que revendique Socrate
dans son Apologie lorsqu’il rappelle à ses juges qu’il a consacré
toute sa vie à la pratique de l’examen, c’est à dire à la mise en question de
soi-même. Avant de chercher à acquérir richesse, réputation ou honneurs, il
convient de s’occuper de soi-même, c’est à dire de son perfectionnement moral
et intellectuel. Seules une telle vigilance et une telle attention à l’égard
de soi-même peuvent donner un sens à la vie.
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LE COMBAT DES PHILOSOPHES DU
MOYEN-ÂGE ET DE LA RENAISSANCE
|
Brigitte Boudon
|
Edition Ancrages
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2017
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On définit souvent l’unité de la scolastique médiévale à
partir de la méthode davantage que d’un contenu doctrinal propre (les
propositions de foi sur lesquelles les scolastiques s’accordent sont trop
générales pour ne pas englober parmi eux Descartes ou Pascal). C’est le grand
adage scolastique « croire pour comprendre » qui en définit
l’unité : la scolastique met la raison au service de la foi et exige le
déploiement d’une argumentation rationnelle qui rende compte aussi loin qu’il
est possible des vérités de la révélation. Fondé sur ce principe et cette
exigence de déploiement rationnel des vérités de la foi, le commentaire (lectio) qui occupait une place
privilégiée dans l’enseignement universitaire donnera naissance à la disputatio. La dispute permet de
dépasser la compréhension du texte pour traiter les problèmes qu’il soulève.
La lectio se développe en quaestio : une problématique
remplace l’exégèse. les deux personnages <opponens-respondens>? constituent une équipe dialectique
dont le but est de mettre en œuvre la méthode du sic et non en vue d’une meilleure compréhension des
implications, des nuances et des conséquences du problème soulevé. La disputatio scolastique est en somme
la méthode de réconciliation des textes faisant autorité et, plus généralement,
la méthode pour concilier autorité et argumentation. L’origine de la disputatio dans la lectio implique que cette manière
de questionner apparaisse d’abord à l’occasion de la lecture des textes et
plus précisément à l’occasion du scandale qui s’élève lorsqu’il y a conflit
entre deux autorités ou entre deux passages d’un même auteur, car la vérité
paraît alors entrer en lutte avec elle-même. On peut prendre Pierre Abélard
comme point de repère majeur dans l’histoire de la dispute scolastique :
il en a théorisé les bases dans son Sic
et Non souvent comparé à une sorte de discours de la méthode de la
dialectique scolastique : il faut amener une thèse comme solution d’une
difficulté née de la contradiction entre les opinions autorisées. La méthode
fonctionne comme une véritable dialectique au sens hégélien : les
différents points de vue, apparemment irréconciliables, sont subsumés dans un
troisième, l’ad tertium, qui
les englobe et les dépasse. La Somme
théologique est l’illustration parfaite de cette méthode : en
retournant au conflit d’autorité initial, dont il dégage deux aspects, Thomas
d’Aquin fait ressortir que chacune des positions contradictoires correspond
en réalité à un aspect particulier de la quaestio qu’on peut dépasser en les conciliant dans une perspective
plus générale. Abélard rattache cette procédure de confrontation des
points de vue à l’autorité d’Aristote en matière de logique : La
première clef de la sagesse, c’est une interrogation continuelle ; Aristote a
dit qu’il n’est pas inutile de douter de chaque chose. En effet qui doute est
conduit à chercher ; qui cherche saisit la vérité .Un témoignage
de Cicéron permet de voir que c’est sous l’aspect d’un art de douter qui
oppose le pour et le contre que la « méthode » d’Aristote va passer
à la postérité :J’ai toujours aimé la méthode des Péripatéticiens […],
qui consiste à traiter de tout sujet en examinant le pour et le contre […]
Aristote fut le premier à la pratiquer et ses successeurs la reprirent .La
dispute scolastique s’inspire donc d’un style attribué à Aristote et centré
sur deux éléments : i) la philosophie procède à partir d’une
interrogation qui ouvre une option entre l’affirmation et la négation (ainsi
la question « le monde est-il éternel ? » est une prémisse
dialectique alors que la question « qu’est-ce que le monde ? »
ne l’est pas). ii) La dialectique ne part pas de prémisses certaines, comme
la science, mais de prémisses qu’Aristote appelle des endoxa et qu’il définit dans les Topiques comme des opinions partagées par tous les hommes ou
par presque tous ou par ceux qui représentent l’opinion éclairée, et pour ces
derniers soit par tous, soit par presque tous ou par les plus connus et les
mieux admis |
LE DḖSENCHANTEMENT DES
PHILOSOPHES CONTEMPORAINS
|
Brigitte Boudon
|
Edition Ancrages
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2017
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Peut-on encore parler
de philosophie après Hiroshima ? Cette question résume à elle seule le désarroi,
l'angoisse ou le désenchantement des philosophes de la seconde moitié du XXe
siècle après les atrocités des deux guerres mondiales. Mais ce désarroi était
en gestation dès le XIXe siècle, suscité notamment par ceux qu'on appelle les
« philosophes du soupçon », qui remettent en cause l'optimisme et la
confiance dans la raison caractéristiques des Lumières. Nous n'avons pas
beaucoup de recul certes, mais nous allons nous demander ce qui fait la
spécificité de la philosophie contemporaine et en quoi consiste le
désenchantement de ses philosophes Mais qui sont ces philosophes désenchantés : Il
s’agit de ceux dont le regard est tourné vers la science et la technique.
Souvent scientifiques eux-mêmes, ils ont mesuré par leur propre expérience
combien la science qui se fait est loin de suivre une méthode scientifique,
combien la notion de rationalité est vague, et combien les facteurs humains
et sociaux sont décisifs en matière de recherche. Ils sont allés dans la
cuisine et voient différemment ce qu’on mange dans la salle du restaurant.
Ils observent l’impact de la technique sur le monde et sur l’homme. Les
comparaisons classiques avec le passé sont pour eux à relativiser à cause des
vitesses de transformation et des ordres de grandeur. Leur objet d’étude, la
technoscience, leur semble surtout aveugle et irresponsable Les intellectuels de type 1 considèrent en général que les
idées philosophiques qui sous-tendent ces travaux sont des postures proches
du postmodernisme et du relativisme. Ils ne disent pas que ce sont des
« philosophies spontanées de savants », on n’emploie plus ce
vocabulaire, mais ils admettent que ces idées appartiennent aux réactions
subjectives que la science a toujours suscitées chez les personnes dont les
principes éthiques sont bousculés par les possibilités offertes par
l’innovation technique. En retour, les intellectuels de type 2 considèrent
que les premiers sont des conformistes qui continuent à penser le progrès
avec bienveillance, sans plus, comme le faisaient Renan, Claude Bernard ou
même Bachelard, et qu’à cause de cela, ils entretiennent « la cuisine du
mangeur d’homme », pour reprendre une expression utilisée en d’autres
circonstances. Le mangeur d’homme est ici le nouveau courant eugéniste, dont
les accents triomphalistes qui s’affichent aux États-Unis n’ont pas l’air
d’émouvoir les intellectuels de type 1. Si on pousse la symétrie, dans la région qu’observent les intellectuels
de type 1, les croyances, on peut craindre que la grande masse des individus
concernés ne changeront ni de foi religieuse, ni de références éthiques, ni
de comportement par les seuls propos de ces intellectuels. Mais dans la
région que considèrent les intellectuels de type 2 non plus. Les chercheurs,
dans leur nette majorité, sont des producteurs qui semblent se soucier comme
d’une guigne des intellectuels et de leur glose sur la technoscience. Un
point devrait tout de même faire une différence entre ces deux populations
« à inertie », c’est que les scientifiques, en principe, sont des
gens qui réfléchissent… La science n’est pas faite que de constats. Aller voir
suppose une interprétation préalable dont on veut examiner la rencontre avec
d’autres interprétations, ou comment se combinent ses prolongements. Elles
sont plus que des analogies, des métaphores, elles ressemblent à des
divinations profanes, toujours dans toute la complexité d’un langage en
formation. Clarifier leur mystère, trouver leur place légitime dans une
pensée qui serait elle-même compréhensible est le grand apaisement que tout
le monde recherche, mais, hélas, toutes les tentatives globales en ce
registre du sens se figent, elles visent trop haut et ne savent généralement
pas s’effacer sans violence. La seule issue n’est-elle pas que les
scientifiques assument les sources de leur talent ? Ils sont ancrés
socialement et, pour leur imagination créative, culturellement dépendants.
D’autant plus que voici venir l’époque où les anthropotechniques font voler
en éclats tout référentiel éthique. Dès lors qu’on modifie l’homme, si on
reprend la distinction de Karl Jaspers, l’entendement de chacun continue à
fonctionner, mais la raison se brouille. La modification génétique de l’homme nous projette
brutalement dans une zone de flottement moral pour l’humanité tout entière
et, à cette échelle, c’est assurément une perte immense que de se vouer à
l’une des nombreuses idéologies candidates à l’hégémonie. Le seul substitut à
la sagesse collective qui manque est le pluralisme, comme la démocratie l’a
éprouvé en politique. Mais, dès qu’on parle de pluralisme en matière de
connaissance, c’est la levée de boucliers. On sort la vieille machine de
guerre, qui date d’Aristote, qui consiste à confondre pluralisme et
relativisme. Il n’y aurait que trois possibilités : (i) une
ontologie ; (ii) pas d’ontologie du tout (nihilisme, pragmatisme) ;
Pourtant, les interprétations, dès lors qu’on exige un certain niveau de
cohérence, ne sont pléthore ni en mathématiques ni en politique. En trouver
une nouvelle est chose assez rare et difficile. Prenons un exemple. Lorsqu’une crise financière conduit à
la variation brusque d’une devise par rapport aux autres, elle peut faire
l’objet de deux principales interprétations économiques. D’abord, celle des
entreprises productrices ou commerciales qui font leur bilan dans ladite
devise. Considérant que la qualité de leur gestion n’est pas en cause,
puisqu’elle était bonne avant la crise et qu’elle n’est pas modifiée, elles
estimeront qu’il s’agit d’un mouvement spéculatif qui a attaqué leur devise.
Ensuite, celle des observateurs financiers des autres puissances, qui
jugeront qu’il s’agit là d’un réajustement salutaire, la situation antérieure
étant peu transparente ou mal informée. Chacune de ces deux interprétations
peut se décliner dans tous les rouages de la description économique. Dans ces
conditions, si l’on pense, d’une part, que les mouvements spéculatifs de
capitaux existent de temps à autre, d’autre part, que des réajustements
salutaires existent aussi parfois et, enfin, que dans tous les cas deux
interprétations principales seront possibles, est-on relativiste pour
autant ? Cela signifierait qu’on admet autant d’interprétations
économiques cohérentes possibles de la crise qu’il y a d’agents économiques –
ce n’est pourtant pas la thèse avancée. Pourquoi veut-on absolument confondre pluralisme et
relativisme ? Pour une raison très profonde, délicate à extirper de la
pensée occidentale : le préjugé de supériorité analytique. Il consiste
en l’argument suivant : si ce que je crois est vrai, alors les autres
croyances sont n’importe quoi. Non seulement elles sont fausses, mais je ne
leur donne même pas le droit d’une charpente logique cohérente. Le « ex
falso sequitur quodlibet » de la logique aristotélicienne imprègne
intimement notre vision de la connaissance. Il faut insister ici sur quelques
points logiques fondamentaux : cette règle analytique (du faux suit
n’importe quoi), qui donne aux théorèmes toute leur valeur (énoncés
démontrés), vaut à l’intérieur d’une théorie (syntaxe) mais non pour ce qui
est des diverses interprétations entre elles (sémantique). Il y a plusieurs
interprétations des mathématiques, mais, en pratique, on n’en utilise que
quelques-unes, dont l’interprétation non standard d’Abraham Robinson, qui,
faut-il insister, n’est pas du tout n’importe quoi. De même, plus localement,
on peut donner trois ou quatre interprétations de la théorie du potentiel,
mais guère plus. Nous arrivons donc au point suivant : comme, à chaque
instant, la science est constituée, pour chaque chercheur, non seulement de
faits mais d’interprétations qui projettent des enjeux sur les expériences à
faire, ces interprétations se regroupent forcément, comme en politique, en quelques
grandes familles qui sont parfaitement légitimes. Le chercheur doit prendre
conscience de son rôle déterminant sur l’avenir par ses choix d’investigation
ainsi que de la légitimité des valeurs qu’il défend, même si elles sont, pour
une bonne part, socialement construites. Il y a une balance : plus son
discours est spécialisé, plus il doit le justifier politiquement. De toute
façon, il doit favoriser toutes les formes de mise en place d’instances
institutionnelles permettant de discuter les avancées au sein d’une pluralité
de positions éthiques. |
L’AUDACE DES PHILOSOPHES MODERNES
|
Brigitte Boudon
|
Edition Ancrages
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2017
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Les principales valeurs et
combats des philosophes : Au XVIII° siècle, les valeurs suivantes
étaient assez répandues parmi les philosophes: La quête du bonheur, le respect de la nature, le travail, la
bienfaisance et l'utilité. Ils menaient aussi de nombreux combats contre
les "injustices du monde, de la société", la violence et
plusieurs autres choses qu'ils n'approuvaient pas, comme l'intolérance
et le fanatisme, la barbarie de la guerre. Ils rejetaient l'absolutisme
et prônaient donc la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et
judiciaire) mais étaient généralement favorables au régime monarchique,
sauf Rousseau qui était pour la démocratie. Lutter pour la démocratie
impliquait aussi de lutter contre les discriminations, et pour le
respect de l'individu et des libertés (citation de l'Encyclopédie:
"Les hommes naissent tous libres. C'est le plus précieux de tous
les biens que l'homme puisse posséder. Il ne peut ni se vendre ni se
perdre") dont la liberté d'expression, limitée par la censure. Ils
prônaient la tolérance qui, d'après voltaire, doit respecter les
libertés (sociales, politiques, religieuses...) et l'égalité: nous
pouvons citer Rousseau, "Les hommes naissent égaux». Ils
faisaient l'apologie de la raison qui, pour eux, était le moyen d'acquérir
des connaissances et se battaient aussi contre l'obscurantisme qui
s'opposait au progrès et à l'innovation qu'ils recherchaient. |
LA QUÊTE DU SENS |
Divers Auteurs, sous la direction de Marc de Smedt |
Edition Albin Michel |
2000 |
La
modernité remplit notre quotidien d’informations et elle a élevé l’individu à
sa plus grande dignité, mais elle a multiplié les solitudes. La condition
humaine reste déterminée par ces deux pôles : une venue au monde qu’on
n’a pas demandée, une mort dont on ne connait pas l’heure. Comment
transformer aujourd’hui cet entre-deux en une existence pleine et entière,
qui fasse sens par-delà nous-mêmes ? Des
penseurs de tous horizons – soufis, moines zen ou tibétain, médecin, prêtre,
écrivains…- explorent ici les voies et les étapes de cette quête intérieure
qui nous dépasse. Un dialogue qui résonne comme une invitation à ne pas
passer à côté de la vie. Lorsqu’on
lui parlait de la quête du sens, le Maître zen Taisen Deshimaru répondait
avec force : « A chacun de
négocier la Voie », celle qui mène à l’éveil et à la
résolution de cette question : « Quel sens a donc mon action
au monde, quel est vraiment le sens de mon existence, où se trouve le sens de
la vie ? » Au sommaire de cet ouvrage on y trouve l’analyse des penseurs
suivants : Claude Baumel : La quête du sens dans notre existence. Pour lui cette quête est d’abord un travail d’intériorisation afin d’arriver à ce lâcher-prise qui va permettre la libéralisation. Stan Rougier - Educateur : Des jeunes à la recherche du sens de leur vie. Un proverbe portugais dit : « Dieu écrit droit avec des lignes courbes ou torves », c’est ainsi qu’est expliqué les itinéraires sauvages et les trajectoires farfelus et bizarres de certains. L’auteur spécialiste-éducateur de jeunes raconte les problèmes et les questions que les jeunes se posent. Roland Rech – Moine Zen - : Zen, retour à l’origine du sens de la quête. Après de nombreux questionnements, l’auteur s’est mis en quête d’une révolution spirituelle mais sans système de croyances, dépouillé de tous dogmes. Il trouve le zazen au Japon et en même temps trouve la réponse au sens de sa vie. La pratique du zazen, permet de mettre au repos ce mouvement du cerveau gauche qui sépare moi et les autres, moi et la nature, la pratique et le but, la créature et le créateur, l’être que je suis et Dieu, la vie et la mort… Lama Puntso : Les outils de la sagesse. Où en sommes-nous ? Nous sommes sérieusement préoccupés par nous-mêmes, centrés sur nous-mêmes, le matin, le midi et le soir. Notre égo est omniprésent et il nous amène là où il veut, certainement pas dans mon intérêt. L’orgueil, les émotions, les addictions, les tentations, les défauts, c’est comme un grand filet et moi je suis le poisson. Alors que faire ? Nous avons un potentiel de sagesse mais nous ne savons pas nous en servir, mais au fond le voulons-nous ? Swâmi Devanath Saraswati : La voie du yoga : transformation et évolution. La pratique du yoga est une discipline qui peut donner du sens à sa vie, par la pratique de la respiration, de la méditation, la recherche d’une autre vie intérieure, la relaxation, la prise de conscience que le yoga peut être une voie de réalisation spirituelle. L’éveil est important. Jean Paul Guetny – Journaliste- : Le goût de l’Orient chez les chrétiens occidentaux. Cela fait plusieurs siècles que l’occident est fasciné par la spiritualité orientale, mais l’inverse est aussi vrai, les orientaux viennent chercher en Occident les technologies et une certaine culture. Tout comme les diverses décapitations en Europe, les penseurs ont séparé les êtres et les idées, le scientisme a fait des dégâts, et l’homme est devenu individualiste et solitaire. Cheikh Khaled Bentounès est un des maîtres spirituel de la confrérie soufi Alawiya : Le sens chez l’homme intérieur. La tradition soufie considère qu’il y a deux façons de répondre à la question du sens de la vie. La première est celle d’attendre que les réponses viennent d’autrui, il peut s’agir de maître d’école, d’iman, de philosophes, de maîtres à penser, ou tout simplement de livres sacrés ou non. La deuxième façon est de chercher en soi-même, profondément avec volonté, pas à pas, cette quête que nous portons en nous. Richard Moss : Oui à la quête de la vie, la voie du laisser-être. L’auteur développe son exposé sur le combat que chacun de nous devrait avoir contre les défauts, les tentations, nos impulsions… et qui souvent nous aveuglent et posent problèmes dans notre vie de tous les jours. Est6on à l’écoute de notre spiritualité ? de notre devenir ? du sens de notre vie ? Marie de Hennezel –Précurseur des soins palliatifs en France- : Une vie menacée, une vie créative. L’auteur a côtoyé très longtemps des personnes porteuses du virus VIH, elle a découvert chez eux, à côté de leurs souffrances et de leurs solitudes, la force et les ressources dans l’accomplissement de leur difficile chemin, elles ont découverts en eux la mort et la vulnérabilité, ce qui pour certains les a amener vers plus de spiritualité et de retour vers les autres. Christiane Singer. Elève d’un centre Graf Durkheim : Les sens nous livrent le sens. L’auteur fait le parallèle entre la perte de sens et la perte de sang, les deux s’écoulent par la même plaie si on ne colmate pas. Toutes les souffrances du monde arrivent à nous déstabiliser, les tueries d’enfants aux USA ou ailleurs, les guerres, les accidents, les tsunamis et autres incidents atomiques, tout cela concourt à nous enlever notre sérénité et notre ligne droite. Et que dire des atrocités de la Shoa et des pogroms. La compassion, l’auto culpabilité, les dons et les messages de solidarité ne suffisent ils pas à effacer de notre cerveau cette émotivité qui arrive à nous déstabiliser. |
LA QUÊTE SPIRITUELLE |
Philippe
ROY |
Edition
DU COSMOGONE |
2007 |
||
La
recherche n’exclut pas de participer à la vie du monde en jouant un rôle
social parce qu’on y trouve de l’expérience et une légitimité mais le retournement
dissout la sphère des apparences et toutes les répétitions qui la
contingentent. Le jeu social ne constitue plus une référence existentielle. Le Chercheur est passant. La dissolution
du monde en soi est une notion classique de la spiritualité qui touche au
détachement préconisé par les voies. C’est un temps fort du retournement
et lorsqu’ elle est plus qu’une simple idée et plus qu’un ébranlement
émotionnel c’est un des états de conscience, une étape initiatique dans
laquelle la différenciation s’affirme. Au sommaire de cet ouvrage : La fonction et l’intention éthique :
- les puissances de la vertu - le modèle
cathartique - la liberté
- le principe d’unité et le dessein individuel
- L’exploration du monde intérieur :
L’héritage spirituel - de l’Absolu - le fait
religieux - le problème moderne - la
transmission et la pratique spirituelle - les modules
actifs - la méditation - la concentration
- le symbole - L’expérience spirituelle : L’être
- le transnaissant - Enstase et
extase - Le temps de l’éternité - |
l’arbre de la connaissance |
érik sablÉ |
Edition
DERVY |
2000 |
Nos
racines culturelles nous habitent beaucoup plus profondément que nous le
pensons. Nous sommes imprégnés, modelés, bien au-delà du masque superficiel,
dans les profondeurs invisibles de notre psyché, par nos ancêtres et les
idées collectives dans lesquelles nous baignons. Des archétypes fortement
chargés émotionnellement demeurent dans les soubassements de notre être.
|
l’arc & la flÈche |
Annick
de souzenelle |
Edition
LE RELIÉ |
2001 |
||
Plus tard, il échangea son arc et son
carquois contre d'autres en or... Cupidon se montre dans l'air, le feu, sur
la terre et la mer. " Il conduit des chars, touche la lyre, ou monte des
lions, des panthères et quelquefois un dauphin, pour indiquer qu'il n'y a
point de créature qui échappe au pouvoir de l'Amour."
|
la recherche de la vÉritÉ |
Michel
barat |
Edition
DERVY |
2005 |
Ces
quelques pages sont celles d’un Franc-maçon qui est professeur de philosophie
pour ne pas dire philosophe. Elles ne sont en rien un morceau de littérature
maçonnique. On n’y trouvera aucune révélation sur l’organisation de la Grande
Loge de France, l’obédience à laquelle j’appartiens, et où j’ai exercé et
exerce des fonctions importantes. Ces lignes sont d’abord philosophiques.
Elles sont une réflexion libre à travers la philosophie sur ce que la
philosophie et la Franc-maçonnerie ont en commun : la recherche de la vérité.
Mais
en philosophie comme en Franc-maçonnerie, l’institution peut étouffer la
recherche dans un système, qui risque de s’achever en pensée totalitaire pour
la première, qui défigure la tradition en un hideux traditionalisme qui
risque la coupure avec le siècle et la perversion du délire illuminé par la
seconde. Ces risques, celui qui entre en philosophie et celui qui entre en
Franc-maçonnerie les partagent. Pour l’un et pour l’autre, il en va de ce qui
est la condition même de toute recherche de la vérité : la liberté de penser,
l’absolue liberté de conscience. Le philosophe se doit de ne jamais tenir
pour vrai que ce qu’il a par lui-même reconnue comme tel. Or cette
formulation très cartésienne est aussi celle d’une déclaration des principes
maçonniques. Le Franc-maçon, du jour où il est entré dans le cabinet de réflexion, fait sienne la devise du temps de Delphes, de manière à ce que la connaissance de soi devienne aussi celle du monde et des Dieux. Mais aucune pensée authentique et forte ne va sans danger. Oui, la pensée philosophique est dangereuse, oui, l’initiation maçonnique est périlleuse car elle engage à conquérir l’endurance nécessaire pour une recherche qui se sait sans fin. Le
philosophe et le maçon s’y aventurent en s’armant de l’instruction
protectrice que leur délivrent deux personnages mythiques Socrate et Hiram,
le premier des philosophes que ses concitoyens athéniens condamnèrent à mort
pour leur avait fait accéder à la pensée sans entrave et au sens de la
vérité, le premier des maçons, l’architecte du Temple que trois mauvais
compagnons assassinèrent pour lui arracher les secrets qu’ils ne comprenaient
pas parce qu’ambitieux, ignorants et fanatiques. |
la rencontre |
phÈne |
Edition
LES 2 OCÉANS |
1999 |
Savoir
se rencontrer c’est savoir entendre l’appel de soi-même afin de retrouver ce
Dieu unique, ce cœur où rayonne la quiétude. Se rencontrer, c’est tout
simplement être soi-même. Les expériences par lesquelles nous
passons conduisent à nous rencontrer. Elles orientent le chercheur de vérité
– le fidèle d'amour – qu'est tout être humain vers la rencontre. Savoir se
rencontrer, c'est savoir entendre l'appel de soi-même à soi-même afin de
retrouver le lieu unique, ce cœur où rayonne la quiétude. Se rencontrer,
c'est tout simplement être soi. On est formé
de deux aspects principaux appelés le moi humain et le Moi universel.
Chacun de ces aspects possède son ADN propre, vous avez donc un ADN humain et
un ADN divin ou universel. Pour vous incarner sur Terre dans un corps
physique, vous naissez dans une famille. Vous avez des parents et
possiblement des frères et des sœurs, ainsi qu’une famille plus étendue
comprenant les grands-parents et autres ancêtres, les oncles, tantes, cousins
et cousines. Petite ou grande, que vous la connaissiez ou pas, cette
famille demeure la vôtre durant toute votre vie terrestre. Il en va de
même pour votre Moi universel. Lorsqu’on a été originellement créés, on
a été créés avec certaines composantes qui définissent votre type d’être : la
masse de votre conscience, votre lignée spirituelle ainsi que votre
forme. Chaque type d’être occupe une fonction bien précise dans
l’organisation de l’univers et la notion d’hiérarchie n’existe pas; c’est un
concept humain de créer des inégalités en croyant que quelque chose ou
quelqu’un est plus important qu’un autre. Par exemple, certains êtres
de lumière sont créés avec une conscience universelle et n’ont pas besoin de
s’incarner dans un corps physique pour que leur conscience puisse
grandir. D’autres êtres, tels les êtres évolutionnaires que sont les
humains, ont été créés selon une formule qui dit qu’ils doivent s’incarner
dans un corps physique pour parfaire leur évolution afin de parvenir à
élargir leur conscience au niveau universel. Il y a d’innombrables
types d’êtres et chacun joue un rôle essentiel dans la création. |
la rÉvÉlation du feu
& de l’ocÉan |
O.M.
aïvanhov |
Edition
PROSUETA |
2002 |
Idées, impressions, sensations, images, tout s’enregistre et laisse des traces en nous. Chaque jour, notre vie psychique est modelée par les forces que nous laissons nous habiter, les influences dont nous acceptons l’imprégnation. C’est
pourquoi il est essentiel de trouver des images vers lesquelles nous pouvons
revenir souvent, des images qui nous accompagneront jour et nuit afin que
notre pensée soit liée à tout ce qui est le plus élevé, le plus pur, le plus
sacré. Et quoi de plus beau, de plus poétique, de plus rempli de sens que
l’eau et le feu, et les différentes formes sous lesquelles ils nous
apparaissent ? Toute
notre vie peut être remplie de ces images. Même si désormais nous n’avions
plus rien d’autre que la présence du feu et de l’eau pour alimenter notre vie
spirituelle, ce serait suffisant… « En nous concentrant chaque jour sur
ces images, nous serons vivifiés, purifiés, illuminés. » |
la rose
est sans pourquoi |
Angelus silesius |
Edition
ALBIN MICHEL |
2003 |
La rose sans pourquoi est composée d’extraits du Pèlerin
chérubinique d’Angelus Silesius, chef d’œuvre de la littérature allemande du
XVIIème siècle. Médecin
de profession, protestant converti au catholicisme, puis ordonné prêtre,
Silesius fut très tôt passionné de poésie mystique. Dans ses maximes dont la
portée est universelle, s’exprime toute l’âme amoureuse du Silésien, et son
ardeur à franchir les limites de l’inconnaissable et de l’ineffable.
Mêlant
l’esprit traditionnel de la lettre à des compositions contemporaines, il
souligne la profondeur d’un art requérant souffle, virtuosité et lumière. |
la sagesse des oiseaux |
Erik
SABLÉ |
Edition
Zulma |
2001 |
La vie des oiseaux
ressemble parfois étrangement à celle des humains, c’est ce que montre ce
livre qui est avant tout poétique et empreint de sagesse. On y parle de
migrations, de parades, de chants de combats, de nidifications, de l’œuf et
de bien d’autres mystères de la Nature. L’oiseau pourrait-il sans le savoir
aider l’homme à trouver son chemin ? Dans beaucoup de mythologies, l’âme est un oiseau. Si le corps appartient à la terre, l’âme se lie au ciel... Et l’homme ne cesse de vouloir s’affranchir de son corps, et d’envier le vol des oiseaux. Bien sûr Erik Sablé a lu Rémy Chauvin et Konrad Lorenz. Mais il a aussi beaucoup observé les oiseaux, dont la vie ressemble parfois étrangement à celle des humains et peut lui servir de miroir. Ainsi les migrations, les parades, les chants, les combats, la nidification, l’œuf, etc. sont tour à tour l’objet de pensées où se mêle aussi le rêve et l’humour. Sans oublier l’oiseau Rokh des Mille et une nuits ou bien le mythique Simorgh des contes persans. Finalement, sa réflexion s’étend à tout ce qui porte une aile : l’âme, l’ange, saint François, les chamans de la préhistoire ou les « immortels » taoïstes qui se mêlaient aux nuages... Zeus
avait pour emblème un aigle. Athéna était souvent représentée en compagnie
d'une chouette (c'était une chouette chevêche Athéna noctua). La
sagesse de l'oiseau était celle de la civilisation grecque triomphante.
Cléopâtre, jamais sans ses faucons Horus et Râ. Râ qui porte le disque
solaire, pouvoir de l'astre sur cette terre et du pharaon sur l'Egypte.
|
L’ASCENSION VERS LA LUMIÈRE Douce
illuminance des Anges |
Christiama
NIMOSUS |
Edition
EDIRU |
1994 |
85
Pages de grande spiritualité. Comprendre
les harmonieuses relations de la lumière spirituelle avec la hiérarchie
céleste et le silence mystique. Un
livre dense et lumineux qui ne peut laisser indifférent le lecteur épris de
lumière et solidaire du divin. L’auteur
a écrit entre autre un livre lumineux sur le symbolisme des croix et le
symbolisme des nombres. |
LA SCOLASTIQUE – ARISTOTE ET LE MOYEN-ÂGE |
Divers Auteurs |
ARCADIA |
2003 |
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La deuxième période appelée - haute scholastique – (XIIe-XIIIe siècle) – elle voit l’opposition entre les Franciscains et les Dominicains au sujet de la pensée aristotélicienne (le film au nom de la rose l’explique bien). Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Ramon Lulle, Roger Bacon et saint Bonaventure, en sont les figures emblématiques. La troisième période est appelée - la scholastique tardive –
(XIVe siècle)
– Guillaume d’Ockham impose la critique des systèmes métaphysiques des
anciennes écoles, la nouvelle voie (nominalisme) va de pair avec un
épanouissement des sciences naturelles (Nicolas d’Oresme et Jean Buridan) Albert
le Grand (1206-1280)
fut le premier docteur dominicain et maître de Thomas d’Aquin, il eut une
grande influence sur les théologiens, il écrivit une œuvre immense dont –Commentaire du livre de la théologie mystique de Denys
l’Aréopagite- il fut un artisan de la scholastique et disciple de
St Augustin. Le choix mystique d’Albert le Grand fut d’établir une solide
relation entre une expérience philosophique et théologique de type
aristotélicien et une vision mystique de tendance platonicienne. Thomas
d’Aquin (1225-1274)
rencontre son maître Albert le Grand vers 1245, il devient alors philosophe,
alchimiste, exégète et mystique, très tôt sa doctrine se distingue de son
Maître pour s’orienter vers un primat de l’intelligence sur la volonté.
D’Aristote il hérite une confiance en la possibilité de l’intellection
humaine, il fondera son œuvre sur la Parole divine et s’attachera à l’exégèse
afin d’enraciner sa pensée philosophique au sein même de l’Ecriture. Son
vocabulaire est très simple : Béatitude, Contemplation et Amour. Il
universalisera la connaissance de Dieu et s’opposera à la Gnose. Gérard
Reynaud
dans un très long article, développe la méthode de raisonnement spirituel
dans la scolastique à travers certains aspects de la métaphysique de l’Ecole,
comme philosophie de l’Être. Erwin
Panofsky
à travers son excellent ouvrage « Architecte
gothique et pensée scholastique » nous parle de l’Abbé
Suger de Saint Denis qui fut le premier promoteur des cathédrales
gothiques en France, il avait comme ambition de renforcer le pouvoir royal,
dont il était l’ami et le conseiller, il se donna aussi corps et âme dans la
construction de sa cathédrale de saint Denis. L’autre
grande figure est Saint Bernard qui tout en prêchant les croisades, fustigea
la richesse, et construisit de très nombreux monastères, il fut le conseiller
du Pape et régna sur l’Europe spirituelle. Alors
quels sont les liens entre pensée scholastique et architecture
gothique ? L’auteur explique qu’une concordance existe, dans ces deux
domaines. Il y a depuis le IXe siècle avec Scot Erigène un renouveau
philosophique et théologique, courants quelquefois divergeant mais souvent
complémentaires. Un nouveau style de pensée philosophique et architectural se met en place et c’est Suger et Bernard qui en seront les premiers concepteurs, constructeurs et diffuseurs, l’un par la construction gothique, l’autre par sa puissance spirituelle, les deux styles se marieront et donneront naissance à ces constructions spirituelles exceptionnelles que sont les cathédrales, les abbayes et les monastères. |
LA SIGNIFICATION DES RITES |
L’Alliance
mondiale des religions (Fondé par Maryse Choisy) |
Edition
DÉSIRIS |
1993 |
Philosophes,
métaphysiciens, théologiens, chacun des intervenants explique à l’intérieur
de sa Certains
rites sont encore pratiqués à l’extérieur : la conduite (cortège
organisé pour le départ d’un compagnon), la guilbrette (accolade au cours de
laquelle les compagnons boivent bras dessus bras dessous), la chaîne
d’alliance (à minuit, à l’issue de la fête patronale, ou autour du cercueil
d’un compagnon décédé). D’autres sont pratiqués uniquement entre compagnons,
dans leurs sièges : rites d’entrée de chambre précédant une réunion,
rites de réception. Le pèlerinage à la Sainte-Baume, en Provence, constitue
également une étape spirituelle pour les compagnons du Devoir. Dans
tous les cas, leur fonction est de transmettre une morale, d’affirmer la
fraternité du groupe, d’éduquer, de conférer de la dignité, d’élever
l’ouvrier au-dessus de ses actes quotidiens. L’exécution stricte d’un rite
pousse à la maîtrise de soi, ce qui, au sein d’un groupe de jeunes gens jadis
turbulents, n’était pas inutile pour les intégrer plus tard au sein de la
société. Tout comme les rites, les symboles du Compagnonnage sont un langage
qui n’est plus composé de gestes mais d’images. Sa fonction renforce la
cohésion du groupe car il est d’abord transmis et compris par ses membres. Le
symbole suscite les questions, excite l’imagination et la recherche, plus
qu’une parole ou un écrit. Le florilège des symboles compagnonniques est
important et il a évolué selon les époques et les corps de métiers. Il en
existe qui sont liés aux couleurs (le rouge pourra signifier la force ou le
courage, le blanc la lumière, la pureté). Les
outils aussi sont des symboles : le compas évoquera les notions de
précision, de juste mesure, de pensée ou de divin. L’équerre, celles de
droiture, de conformité à la règle, ou encore de matière. Le niveau symbolisera
l’égalité, la balance, la justice. Certains symboles sont issus de
l’Antiquité gréco-romaine et de la Bible : le labyrinthe suggèrera le
parcours difficile du candidat à la réception, la tour de Babel, l’échec
inévitable d’un parcours inspiré par l’orgueil. Enfin,
la vie et les vertus de fondateurs légendaires ont donné aux compagnons le
sentiment d’être issu d’un passé glorieux, souvent associé à la construction
du temple de Salomon. Les légendes de Maître Jacques, du Père Soubise, du roi
Salomon et de son architecte Hiram s’élaborent en réalité assez tard, aux
XVIIIe et XIXe siècles. Les épisodes de leur vie et de leur mort servent de
modèles pour guider le nouveau compagnon sur les valeurs de son Devoir. |
LA SOLITUDE INITIATIQUE - Préface
de Jean-Yves Leloup - |
Alain Delourme |
Edition Accarias |
2016 |
||
« Une
solitude libre et reliée, propice à l'éveil de la transcendance intérieure. La
solitude sera explorée à l'attention de ceux qui y sont confrontés
(c'est-à-dire nous tous) et qui souvent en souffrent ou n'en perçoivent pas
les portées initiatique et thérapeutique. La solitude sera appréciée dans ce
qu'elle a de plus apaisant, de plus intériorisant, de plus spiritualisant.
Afin que cette recherche leur profite. Afin que sa dimension initiatique, au
sens de «s'initier à», engendre une capacité accrue de reprendre
l'initiative, d'être «initiateur de», d'une vie plus sensée, plus haute,
davantage reliée à ce qui la permet et la transcende.
Alain Delourme a suivi des
formations initiales de psychologue clinicien, de psychanalyste freudien et
de psychothérapeute intégratif auxquelles se sont ajoutés un Doctorat en
psychologie, un troisième cycle en philosophie éthique, les thérapies
transpersonnelles, la fréquentation d'un Maître spirituel indien, la pratique
quotidienne de la solitude, de la méditation et du silence, quantité de
lectures pluri et transdisciplinaires et l'écriture d'une dizaine d'ouvrages
sur les différentes formes de relation d'aide. Au sommaire : Solitude et libre arbitre - personne ne peut vivre à votre place -
solitudes multiples - la peur d’être seul, peur de la mort,
peur de l’exil - une solitude initiatique -
la complexité - l’affectivité -
l’amour comme antidote de l’angoisse
- se faire du bien -
vivre un voyage spirituel
- générer des pensées
neuves - la solitude transpersonnelle -
niveaux de reliance - relié à soi, à l’humanité, à la nature, au
cosmos et au sacré - le silence
- la respiration - la
méditation - la marche
- savoir se ressourcer -
les moments numineux - conte initiatique peul -
prendre soin de l’être solitaire
- aides les solitaires en
souffrance - le groupe thérapeute -
élargissement de la conscience par la respiration amplifiée -
la solitude dans le couple - |
LA SOPHIA ET SES DIVINS
MYSTÈRES |
JEAN
MARC VIVENZA |
ARMA
ARTIS |
2009 |
||
Sophia est la figure centrale du
Gnosticisme, un mouvement philosophique et mystique chrétien originaire de
Rome et de la Perse, qui a pour but la réalisation individuelle de l’être
divin grâce à l’expérience extatique. La nature de Sophia y est présentée
comme la connaissance intérieure plutôt que la connaissance acquise par le
monde extérieur. D’après les mythes gnostiques, Sophia est née du silence et
a donné naissance à son tour au Féminin et Masculin qui, ensemble, ont créé
les éléments de notre monde matériel. Le Féminin Divin a ensuite donné
naissance à deux entités : Jéhovah (le Dieu des Chrétiens) et le Fils des
Ténèbres, Ildabaoth. Lorsque les humains furent créés, Sophia tomba en amour
avec eux (et c’est ce passage qui m’a fasciné). Son affection envers les
humains éveilla une jalousie chez Ildabaoth et Jéhovah. Espérant garder les
humains faibles et ignorants, les frères les interdirent de manger le fruit
de l’arbre de connaissance. Leur mère, le Féminin Divin, décida alors de
descendre sur terre sous la forme d’un serpent pour apprendre aux humains
comment désobéir aux deux dieux envieux. Sophia fut si désespérément
amoureuse des humains qu’elle décida de vivre parmi eux. À sa surprise, ils
l’ignorèrent. Elle tenta de leur parler mais l’ignorèrent toujours. Elle cria
du haut des plus grands sommets, et l’ignorèrent encore. Dans son angoisse,
Sophia quitta les humains en leur disant : « vous m’avez nié et ignoré, je
ferai donc de même lorsque vous serez en détresse. Seulement ceux qui seront
à ma recherche avec de la sincérité au cœur mériteront mon amour et ma
bienveillance. » Certains croient que, sous la forme d’une colombe, Sophia est
à l’origine de l’immaculée conception et que sous la forme de Jésus, elle
tente de s’unir avec les mortels qu’elle adore. Judéo-christianisme : Dans l’Ancien Testament, Sophia est l’origine de tout,
la source de sagesse, la mère de tout, l’aspect féminin de Dieu et gardienne
de la connaissance. Les Chrétiens perçoivent deux aspects chez Sophia: la
Sophia des cieux, représentée comme une vierge pure et immaculée et la Sophia
déchue, représentée comme une prostituée, une âme tombée sur Terre et
incarnée, perdue dans le monde et en besoin d’élévation spirituelle. Dans les
Évangiles, les deux Marie sont son incarnation terrestre : la Sophia des
cieux est représentée par la Vierge Marie et la Sophia déchue est représentée
par Marie-Madeleine qui est « sauvée » par Jésus. Le Graal : Sophia est aussi considérée comme la déesse du
Graal. Elle est souvent représentée en Dame Noire qui protège le Graal (note
intéressante : le Graal était d’abord représenté par un chaudron !) pour le
bien-être des habitants de la Terre. C’est ainsi qu’elle fut associée aux
Vierges Noires et à Marie-Madeleine. Une de ses prêtresses (source perdue) a
déjà affirmé que Sophia était la gardienne du féminin sacré, étant associée au
Graal. Sophia serait responsable du retour de la Déesse en cette période de
l’humanité. Cette même prêtresse représente Sophia comme une fleur : plus les
humains entretiennent une relation avec le féminin divin, plus la fleur
reprend et si nous ignorons le féminin divin, cette fleur fane. Ses origines et attributs : Sa véritable origine est impossible à retracer.
Elle est présente dans plusieurs cultures et époques. Elle est associée à
Isis, Ishtar, Shekinah, Marie, Hécate, Marie-Madeleine, Anath, Eve, Déméter,
Perséphone et Héra. Sa fête est le 28 novembre et on lui associe les couleurs
rouge et blanc. Son sanctuaire sacré se situe à Istanbul, Hagia Sophia
(désormais un musée) et un temple gnostique a été construit à Los Angeles en
son honneur par l’église orthodoxe. Ses symboles sont la colombe, le
croissant de lune, l’étoile, la coupe et l’arbre. Sophia est toujours vénérée
en Russie, où une forme de syncrétisme de croyances païennes et de croyances
chrétiennes vit toujours, surtout à la cathédrale de Sainte-Sophia à Kiev. Sophia est une déesse de justice,
de sagesse, de bienveillance, de connaissance et d’honnêteté. Elle est
grande, créative, initiatrice et enseignante. Une femme dévouée à Sophia n’a
aucune peur de la vérité. On dit que Sophia a trois filles : Foi, Espoir et
Charité. Ce sont ses cadeaux à l’humanité, des outils bien précieux pour
affronter les épreuves de la vie humaine qui peut apporter désespoir,
confusion et souffrance. Elle donne un sens à l’expérience humaine et donne
la capacité de comprendre son destin. Elle permet de prendre une distance
face à nos émotions qui nous paralysent nous empêchent de comprendre que
mêmes les expériences les plus traumatisantes sont sources de grandes leçons.
Sophia est la source du sens donné à sa vie. |
la spiritualitÉ au quotidien |
Pascal
MICHEL |
Edition
DU ROCHER |
2004 |
Le
but de ce livre est de permettre au lecteur de découvrir et de vivre la spiritualité
au quotidien en se construisant lui-même. Pour l’auteur, il n’existe pas de spiritualité authentique si
elle n’est pas quotidienne, vécue dans le bureau ou à l’usine, le supermarché
ou la cuisine, les conflits… et aussi ses joies. Partant d’une expérience
spirituelle personnelle, l’auteur souligne l’existence de lois spirituelles
sur lesquelles chacun peut totalement se reposer et dont la plus élevée est
l’amour inconditionnel, qu’il importe de pratiquer à l’égard de soi autant
que des autres.
Il
y est développé les sujets suivants : écouter,
choisir, agir, se taire, ressentir, apprendre, mentir, souffrir, mourir,
consommer, voyager, changer, travailler, penser, rire, prier, être. |
la tradition & la connaissance dans
la spiritualitÉ de l’occident |
Paul naudon |
Edition
DERVY |
1973 |
Nos
ouvrages antérieurs nous ont conduit à cette constatation que le problème
essentiel, voire unique, de la philosophie, au sens transcendantal de ce mot,
est celui de la Connaissance. Il implique en effet tous les autres grands
problèmes métaphysiques : au premier chef celui de Dieu, qui s’identifie à
celui de l’Absolu, objet même de la Connaissance ; ceux de la vie et de la
matière ; du monde extérieur et de l’expérience sensible ; de l’âme et des
facultés rationnelles et spirituelles ; de la liberté enfin car le monde de
la Connaissance est par définition dégagé de toute contingence, de tout
déterminisme.
Un
courant de renouveau spirituel et matériel traverse la planète. Une vision
renouvelée de l’homme et du monde est en train de naître, grâce aux
recherches effectuées durant ces vingt dernières années, dans les Sciences
Humaines et Physiques, par des hommes comme Mircéa Eliade, Edgar Morin,
Frithjof Capra ou Gilbert Durand. Encore peu connus du grand public, ces
chercheurs réintroduisent le sens du global, la vision systémique,
l’Imaginaire et le Sacré dans les sociétés humaines. Paradoxalement, leurs
travaux permettent de redécouvrir, par de nouvelles voies, la logique du
Vivant dont parle la Tradition depuis plusieurs millénaires. Ce
livre ne propose pas une doctrine personnelle, ni une nouvelle idéologie, ni
une nouvelle mystique. Il s’agit plutôt d’inviter le lecteur à emprunter les
Voies de la Connaissance d’hier et d’aujourd’hui, à sortir de l’oubli, afin
de récupérer la mémoire de ses Origines. Ce "retour au Sacré"
apparaît comme une démarche nécessaire à l’homme contemporain qui veut
participer des mutations spirituelles et matérielles de son époque et qui
veut devenir capable de comprendre, et pas seulement de connaître. Il permet
de poser les fondements d’une vision renouvelée, bien qu’éternelle, du monde. |
la tradition primordiale
dans les religions |
j. duchaussoy |
Edition
DERVY |
1993 |
C’est
de la Tradition Primordiale que sont issues toutes les croyances des civilisations
passées ou présentes. Et nombreux sont les mythes, particuliers à divers
pays, notamment ceux qui bordent la méditerranée, qui s’y rattachent.
L’auteur nous fait découvrir, entre autres, ce que furent les croyances et
les rites des Sémites primitifs, au début du quaternaire. Il nous montre
aussi comment les vestiges d’une antique révélation, faite sans doute aux
habitants de continents disparus à l’époque où les dieux parlaient aux hommes
et conservés dans les mystères des temples du Yucatán, de l’Égypte ou du
Tibet, ont été retrouvés, assimilés, perpétués et mis en application en
Occident soit par un ordre religieux comme les Bénédictins, soit par ces
célèbres moines soldats que furent les Templiers dont l’esprit a perduré
jusqu’à nos jours. Il existe
une tradition primordiale, c'est-à-dire un enseignement
purement spirituel, qui n'a été conçue par aucune intelligence humaine
aussi brillante soit-elle, dont s'est inspiré tous les
grands maîtres spirituels à travers l'histoire comme
Zoroastre, Mani, Bouddha, Moïse, Jésus, Mahomet, etc. Cet
enseignement suprahumain est présent dans tout l'univers. Il existe sous
une forme vibratoire ou ondulatoire. Au moment que vous lisez ces
lignes, il est présent tout autour de vous et il attend que vous soyez
réceptif pour y puiser les principes fondamentaux de l'univers, de la Terre,
de l'être humain et de l'existence. La
tradition primordiale est la source originelle de toutes les
religions. Après la disparition des prophètes, les prêtres qui leur
ont succédé l'ont tous plus ou moins déformés à défaut d'une
interprétation claire et juste, afin de s'en servir à des fins
socio-politiques. Un facteur important d'altération du message
originel consiste en ce que chaque religion est adaptée à la
culture à laquelle elle appartient. Chacune utilise ses propres termes, ses
propres interprétations. La tradition primordiale doit être considérée
comme une religion universelle dont les préceptes n'obéissent à aucune
détermination d'ordre culturel. Elle s'adresse sans exception à tous les
êtres humains honnêtes et sincères qui désirent s'instruire avec un
esprit suffisamment ouvert, c'est-à-dire qui n'est assujetti à
aucun préjugé ou dogme. Le but de cette section est de restituer à la
tradition primordiale, avec le plus d'objectivité possible, sa signification
originelle. Comment
les anciens prophètes sont-ils parvenus à puiser des éléments
d'information à partir de la source originelle ? Comment nos sens de la vue
et de l'ouïe perçoivent-ils les stimuli environnants ? L'œil capte la
lumière que l'on définit comme un rayonnement (une onde) que l'on nomme
spectre visible. L'œil peut capter une longueur d'onde se situant entre
380 et 780 nanomètres. En conséquence, l'œil ne peut capter ni les
rayonnements ultraviolets (inférieurs à 380 nm) ni les rayonnements
infrarouges (supérieurs à 780 nm). L'oreille capte les sons que l'on définit
comme une fréquence (une onde). L'oreille peut capter une fréquence se
situant entre 20 et 20 000 hertz. En conséquence, l'oreille ne peut
capter ni les infrasons (inférieurs à 20 hz) ni les ultrasons (supérieurs à
20 000 hz). Dans les deux cas, l'œil et l'oreille humaine ne peuvent
pas capter toutes les nuances de la lumière et du son
qui se manifestent autour de nous. Ce
qu'il est essentiel de retenir, c'est que les ondes environnantes,
d'abord captées par les organes des sens, sont ensuite décodées par le
cerveau. Si nous pouvons voir des formes et des couleurs et
entendre des sons, c'est que le cerveau parvient à convertir ces
ondes en formes, en couleurs et en sons. Sans les
organes sensoriels et le cerveau, la lumière et le
son seraient imperceptibles. Ce n'est donc pas avec les yeux que nous
voyons ni avec les oreilles que nous entendons, mais bien avec le
cerveau. Le principe est le même pour les ondes radiophoniques. À l'état
d'ondes, ni l'oreille humaine ni le cerveau ne peuvent les capter.
Cependant, grâce à une antenne et à un convertisseur (poste de
radio) qui convertissent ces ondes en sons, il est possible de capter une
émission de radio. Sans
ces deux éléments indispensables, les ondes radiophoniques demeurent
imperceptibles, mais cela ne les empêchent pas d'être partout autour de nous
de façon permanente. Ce principe est le même pour l'esprit, car
n'oublions pas que les lois spirituelles ne s'écartent pas des lois
physiques. L'esprit est pourvu d' ''organes'' que l'on nomme les chakras. Le
chakra qui nous intéresse est le chakra se situant entre les deux yeux que
l'on nomme le troisième œil. Le troisième œil est en mesure de percevoir
des ondes éthériques et télépathiques que ni les organes des sens ni le
cerveau charnel ne peuvent décoder. Il existe dans l'univers un champ
informationnel mieux connu sous le nom d'annales akashiques qui capte et
enregistre en permanence toutes les pensées émises de toute l'humanité,
incluant celles des êtres désincarnés. Lorsque
nous pensons à une idée, elle semble d'abord surgir du néant. En
réalité, elle surgit de notre esprit. Dès qu'elle a traversé notre
conscience, elle semble s'évaporer ou parfois elle subsiste durant un
certain temps dans notre mémoire avant de s'en retourner dans
les annales akashiques. Lorsque Dieu pense, ce qu'il pense demeure
éternellement sous forme vibratoire dans l'univers. Le champ informationnel est
en quelque sorte la ''mémoire de Dieu'' dans laquelle nous pouvons aller
puiser un savoir pour notre évolution spirituelle. Mais pour puiser des
informations dans les annales akashiques, il faut d'abord être réceptif,
c'est-à-dire qu'il faut disposer notre esprit à les capter, un peu comme
lorsque nous cherchons une fréquence particulière avec un poste
de radio. Un
individu qui ne croit ni en Dieu ni en la possibilité de communiquer avec
lui ferme son esprit à toute réceptivité. Un individu qui, sans y croire
dur comme fer, admet la possibilité que Dieu existe et qu'il est possible de
communiquer avec lui, est plus réceptif que le sceptique inébranlable. Celui
qui a la foi en Dieu est tout à fait disposé à recevoir son enseignement.
L'incarné disposé à s'instruire devient une véritable antenne
émettrice-réceptrice. Son esprit est capable de convertir les ondes
du champ informationnel en un enseignement d'ordre supérieur.
Les anciens prophètes, que beaucoup admirent comme des hommes saints,
étaient-ils des élus de Dieu ? La réponse est évidemment non.
L'explication est plutôt celle-ci: ils étaient des hommes ordinaires,
profondément pieux, donc plus réceptifs à recevoir cet enseignement
suprahumain. |
la vie & l’œuvre de renÉ
schwaller de lubicz |
érik sablé |
Edition
DERVY |
2003 |
||
Dans
une deuxième partie, l’auteur donne une synthèse de la pensée de René
Schwaller de Lubicz à travers les trois thèmes principaux autour desquels
s’articule sa doctrine : l’intelligence du cœur, le symbolisme et la loi de
genèse. Enfin,
il expose de manière précise les polémiques que provoqua l’œuvre de Schwaller
de Lubicz avec certains tenants de l’égyptologie officielle. Voir les autres livres
de Schwaller de Lubicz au chapitre 19
S |
la voie de l’homme reliÉ
-
PrÉsentation PAR JEAN MOUTTAPA - |
Divers auteurs |
Edition
Albin Michel |
1997 |
Dans
sa présentation Jean Mouttapa explique : « Il est des paroles qui
vous restent fichées dans le cœur comme un aiguillon à jamais impossible à
extraire, tels sont pour moi ces mots écrits un jour par Daniel Pons, et qui
résument certainement tout ce que j’ai pu apprendre de lui : Tu n’es que par ce que tu transmets et non par ce que tu
crois être Etant
entendu que, dans l’esprit du poète, le don implique l’écoute – nulle
générosité sans réceptivité : transmettre, c’est restituer ce qui a été
reçu en partage- encore faut-il être capable de recevoir. L’homme est peut
être « un être pour la mort » mais il est avant tout un « être
pour transmettre », creuset d’échanges multiples qu’il lui appartient de
ciseler, de peaufiner et d’améliorer, jusqu’à la transparence afin que le
message transmit soit d’une grande qualité Voilà
ce que j’ai appris au contact de ce grand poète : une tension toujours
renouvelée vers l’archétype de l’homme relié. Relié et conscient qu’il n’est
que relation, que tout n’est que relations. Or, il me semble que cet
archétype rejoint l’esprit mutant de notre temps, il me semble qu’à l’ère de
la physique quantique, de la psychologie des profondeurs et de la pensée
écologique, « la relation de qualité » devient un paradigme
de plus en plus fécond. J’en veux pour preuves les quelques textes réunis
dans cet ouvrage et qui sont encore très loin de couvrir le champ des
harmoniques possibles d’une telle intuition. Par
définition l’homme relié est l’homme non violent qui comme l’arc en ciel
essaie de relié la terre au ciel, l’homme au divin » - Jean
Mouttapa Au sommaire de cet ouvrage : La
« poétique » de Daniel Pons ou la voie de l’homme relié par Jean
Mouttapa Lhomme
relié à lui-même :
Il nous faut chanter par Serge Wilfart Entrer
dans la danse par Simone Jacquemard Retrouver
le rire essentiel par Annick de Souzenelle Le
corps, centre de la relation par Jacques Breton De
la relation intérieure comme exercice par Ysé
Tardan-Masquelier L’homme
relié au cosmos :
Le symbole, relation au mystère par Julien Riès L’homme
foyer de relations cosmiques par Jean-Marc Kespi Le
vrai silence est relation par Jacques Brosse De
l’interdépendance comme loi universelle par Lama Denis
Teundroup Le
langage des fleurs par Michel Cazenave L’Homme
relié à l’autre :
Du tangentiel au radial dans la relation humaine par Jean
Onimus Mort-Renaissance
dans la relation éducative par René Barbier De
l’Eros à l’amour de l’amour par Christiane Singer A
la frontière du visage, le vertige de l’ouverture par Gabriel
Ringlet La
puissance du pardon par Alphonse Goettmann |
la voie de l’individuation dans les contes de fÉes |
M.
Louise von franz |
Edition
LA FONTAINE DE PIERRE |
1978 |
||
L'individuation
n'est-ce pas quitter un peu notre personnalité construite dans le monde, par le
monde, pour le monde ? L'ôter comme une peau épaisse, pour tâcher de se
reconnecter avec l'originelle source, qui "sait". Y puiser notre
part numineuse, qui manque à toute complétude. Et pour cela être comme le
héros du conte, accepter l'aide des êtres de l'invisible, qui sont ces
fameuses images de l'inconscient, les personnifications de nos forces
insoupçonnées, car divines ? je crois que le conte ne parle que
d'individuation. Ou en tout cas des divers chemins de cet art incontournable
pour qui veut s'accomplir. Au sommaire de cet ouvrage : Préface
d’Etienne Perrot - Contes, rêves et synchronicités -
le perroquet blanc (conte espagnol) - le bain de Badguerd
(conte persan) - le prince Hassan Pacha (conte du
Turkestan) - L’oiseau aux trilles de fleurs (conte
persan) - le rossignol de Gisar (conte
albanais) - l’oiseau de Wehmus (conte
autrichien) - le symbolisme de l’oiseau
- |
LA VOIE LIBRE DE L’INTḖRIORITḖ |
Jean Lavoué |
Edition
Salvador |
2012 |
Journal,
méditation, prière, poème, ces carnets, ancrés dans l'expérience de
l'écriture parole de Jean Sullivan, explorent les voies d'un christianisme
d'Exode et d'intériorité, d'un Evangile en dialogue avec la culture et la
modernité, ouvert au souffle des grandes sagesses d'Asie, surtout chinoises.
Il ne s'agit aucunement de syncrétisme, mais d'un dialogue méditatif vivant,
enraciné dans l'Évangile mais sans peurs de l'étranger. C'est aussi un livre
d'exercice où l'écriture s'ordonne peu à peu autour d'un vide, d'un silence
qui la constitue : ouvrage de filiation et de transmission qui creuse le
sillon d'un humanisme évangélique, rendu nécessaire du fait de
l'envahissement de nos existences par les rationalités instrumentales de la
science et du marché. Voilà
un livre qui bouscule bien des convictions sur la foi, sur Dieu et sur le
christianisme. Il ne s’adresse pas qu’aux « croyants ». Il
intéressera, aussi, ceux qui font « confession » d’athéisme,
d’agnosticisme, ou, tout simplement, d’indifférence par rapport aux
religions. Et qu’une approche nouvelle – et décapante – du christianisme peut
concerner. Son
auteur, Jean Lavoué (57 ans), est Breton. Il a écrit sur des auteurs
bretons : Lamennais, Perros, Sulivan, Grall, dont il apprécie le
parcours « dans les marges ». Jean Lavoué dirige une
association d’action sociale dans le Morbihan. Sa pensée se nourrit du
message des Évangiles et aussi de tous ceux qui ont exploré les voies d’un
christianisme dépoussiéré – de rupture, « d’exode » – loin
de l’état de chrétienté, comme l’ont fait, en leur temps, Jean Sulivan,
Dietrich Bonhoeffer ou les plus grands mystiques à l’image de Maître Eckhart.
Sa pensée se nourrit aussi des apports de la psychanalyse ainsi que des
spiritualités d’Orient, notamment de Chine, en particulier dans leurs
expressions corporelles. Que
nous dit au fond Jean Lavoué ? Qu’il faut en finir avec la métaphysique
du dualisme et du rationalisme (hérités de la pensée grecque et du
droit romain), qui font de Dieu un être extérieur à notre être le plus profond.
C’est en nous, estime l’auteur, que Dieu se révèle. À travers ce que Jean
Lavoué appelle « le souffle ». Il invite donc chacun à cultiver son
intériorité, autrement dit cette flamme spirituelle qui l’habite. Car cette
intériorité est, selon lui, la voie royale d’accès au désir, au mieux-être, à
l’amour, à la vie révélée dans son intensité. En soi et avec les autres. Une
voie de l’intériorité que « le Christ était venu manifester et que
l’Occident n’a cessé de refouler, tandis que l’Orient s’est toujours déployé
de plain-pied avec elle ». Pas
question, pour autant, de faire du syncrétisme. « Dans le grand
orchestre des sagesses, des spiritualités, il revient à chacun de trouver son
instrument », écrit Jean Lavoué. Pour sa part, il puise
inlassablement dans le creuset évangélique (à la manière de Bernard Feillet,
Maurice Bellet et beaucoup d’autres…) même s’il ne néglige pas, loin s’en
faut, les sagesses d’Orient, comme l’avait fait en son temps Jean Sulivan
dans l’ashram indien du Breton Henri Le Saux. Jean
Lavoué nous parle donc d’un Dieu qui « se laisse sourdre du
dedans » ou d’un « Christ toujours à naître », d’un
Dieu « qui n’est pas à chercher au-dehors » car « il
est au-dedans, dans ce vaste puits des silences qui nous alimentent en eau
pure ». D’où son appel à laisser croître en soi le germe d’un tel
silence. « Chrétien ayant renoncé, une bonne fois pour
toutes, à rester là à regarder le ciel », Jean Lavoué mise sur
la pertinence des « petits groupes nomades, éphémères et
fidèles », prêts à « avancer dans les brèches »,
pour faire émerger une nouvelle intelligence du christianisme, loin de « la
classe sacerdotale » dont « Jésus annonçait la dispersion
avec la destruction du Temple ». Au point de parler, à la suite de
Etty Hillesum, d’un « Dieu, non pas venu pour nous sauver, mais à
sauver au plus intime de soi ». Car « Dieu, c’est l’homme
qui le fait advenir », dit Jean Lavoué. Une voie royale, selon lui
(c’est bien le sens du « Royaume » annoncé), à emprunter à la
suite des enseignements d’un Christ qui renvoyait chacun vers lui-même, « dans
la joie d’être transformé, apaisé, réconcilié ». |
LE CHANT DU SERVITEUR |
Mathieu Yon |
Edition Arma Artis |
2011 |
Toutes
les Ecritures sont des textes nés de la Parole et qui, pour ne pas déchoir au
rang des pauvres textes, de mots moribonds cloués sur pages, ont besoin
d’être ravivés par un regard frais, des yeux d’enfants. C’est
particulièrement vrai des Evangiles, usés par deux mille ans de lectures
pesantes, chargées d’arrière-pensées, d’enjeux inavouables et de noirs
desseins pavés de bonnes intentions. Le miracle de ce texte, l’Evangile,
c’est qu’il est toujours prêt à ressusciter, à jaillir du tombeau édifié par
tant d’appropriations. Il suffit encore une fois, d’un seul regard frais,
d’une seule innocence. L’auteur
chante ici son soulèvement intime au contact de la Parole, il est un poète
amoureux du verbe qu’il sait manier pour ouvrir sue des paysages clairs,
balayés par un vent porteur d’esprit. Certaines de ses phrases résonnent
longuement comme des aphorismes, d’autres claquent et s’évanouissent comme
une présence invisible. Quelques
chose a eu lieu, il y a deux millénaires, et ce quelque chose était si
puissant qu’un jeune homme s’en trouve aujourd’hui fécondé, obligé d’entonner
son chant du serviteur et de témoigner de son amour et attachement à ces
textes. Un chant respectueux, sobre et posé, pas d’interprétations
arrogantes, juste un chant et quelques fulgurances, telles celles à propos de
Judas, l’homme aux 30 deniers. L’auteur nous parle avec passion et poésie de : L’Annonciation - Le calame - Les impôts - Bête de somme - Une nuit - Le levain - L’Ivraie - Le souffle brisé - Traduction - Pierres - Feuilles d’herbe - Petites fleurs - Jérusalem - Silences - Résurrection |
l’Échelle de jacob ou la dernière
croisade |
J.
P. corria |
Edition M.C.O.R |
2003 |
||
« Elle (l’échelle) était
« debout, dressée sur la terre », désigne le monde terrestre, le monde
des perceptions et de l’expérience d’où émane toute connaissance. « Et
son sommet atteignait le ciel », nous enseigne que la connaissance
progresse à partir du monde sensible vers le monde des êtres saints et des
sphères supérieures. « Et voici, les anges de Dieu montaient et
descendaient », fait allusion au monde supra-sensible des anges, où la
connaissance pénètre plus avant ; et enfin, le quatrième et dernier
échelon de l’évolution (spirituelle), représente le but de la connaissance et
de la prière en même temps : « Et voici, Dieu se tenait
au-dessus » (Guide des Egarés). Les
quatre échelons successifs franchis par la connaissance naturelle,
correspondent en tous points au processus par lequel la nature nous instruit.
A partir de l’expérience qui se déroule dans le monde des phénomènes
sensibles, la raison parvient à la loi immanente de la « forme »
des choses. La question des causes actives qui se pose ensuite, nous conduit
logiquement au « monde des forces », jusqu’à ce que l’enchaînement
de la pensée aboutisse à la raison suprême qui n’est rien d’autre que
« le monde transcendant de l’esprit pur ». C’est ainsi que l’esprit
spéculatif doit s’élever sur l’échelle de la connaissance jusqu’à ce qu’il
accède au Créateur de l’Univers ; c’est ainsi que l’homme en prières
doit d’abord traverser ces quatre mondes, afin de pouvoir, comme Jacob,
trouver, au sommet de l’échelle, le Dieu que son intelligence et son cœur
recherchent |
L’ḖCHELLE DE JACOB REVISITḔE |
Marie Paule Gandemer |
Edition le temps Présent |
2016 |
Dans cet ouvrage, l'Echelle de
Jacob (celle de la Bible bien entendu) est «revisitée», c'est à dire mise en
relation avec l'homme zodiacal (dont on dit parfois qu'il n'a plus de sens)
et avec l'Arbre des Sephirot de la tradition hébraïque qui est aussi en
relation avec le corps humain. Cette double analogie permet de décrire un
cheminement extérieur correspondant à notre «descente» (nous naissons par la
tête et partons «les pieds devant») mais également à un cheminement intérieur
«montant» des pieds vers la tête, que nous gravissons... ou pas. Cette
dimension intérieure, propre à l'homme mais aussi à l'humanité dans son
ensemble, peut également se lire sur une «Echelle» construite sur la base de
la succession des êtres, formant ainsi la «Grande Année Christique». L'auteur
s'approprie ainsi la tradition kabbalistique mais aussi l'astrologie et
l'échelle de Jacob, revisitée donc, devient le fil conducteur d'un postulat
selon lequel l'Homme serait en constante évolution vers une perfection divine
dont il se veut un des éléments constitutifs. --. « L'Échelle de Jacob revisitée » présente
les liens analogiques reliant L'Arbre des Sephirot de la tradition hébraïque,
le jeu de la marelle, l'homme zodiacal et, bien entendu, l'Échelle que Jacob
a vue en rêve dans le texte biblique. Ce travail s'est construit au fil des
années, à partir d'un questionnement quasi permanent. Il décrit une structure
préexistante de notre potentiel d'évolution individuelle. Ce potentiel est
propre à chaque être humain, mais il peut également correspondre à
l'évolution de l'humanité dans sa globalité. La descente de l'Échelle
correspond alors à notre évolution extérieure, dont nous verrons tous la fin,
alors que la montée de l'Échelle correspond à notre évolution intérieure,
qui, elle, est beaucoup plus aléatoire. Le propos de ce livre repose
essentiellement sur une quarantaine de citations bibliques, sur les écrits d'Annick de Souzenelle, de Pierre
Teilhard de Chardin, de Karlfried Graf Dürckheim, de Shanti Jeannot, et de
Beat Imhof. Toutes les grandes traditions religieuses sont reliées dans
cette démarche universaliste qui devient de la sorte une synergie
constructive Dans le récit de la Bible on ne
peut pas être plus bas et plus dénué de tout que ce Jacob cette nuit-là et
pourtant il est au pied d’une échelle qui le relie au ciel. Cette échelle est
sans échelons, et le texte nous dit que Dieu est à la fois au sommet de
l’échelle et en même temps avec lui, Jacob, qui est à terre. De sorte que
Jacob lui-même est cette échelle. Et Dieu n’est pas au sommet d’une échelle
qu’il faudrait gravir par notre sagesse et notre spiritualité, mais Dieu,
littéralement, est à la tête de l’échelle, ce qui peut se traduire également
en hébreu à l’origine de l’échelle. Dieu n’est donc pas loin au-dessus de
Jacob à l’autre bout d’une haute échelle, mais il est à l’origine de cette
échelle sans barreaux qu’est Jacob, qu’est l’homme. Et le dénuement de Jacob,
sa faiblesse, ainsi que le fait qu’il n’ait rien fait pour étudier et prier,
qu’il n’ait rien demandé à Dieu ni cherché. Tout cela montre que tout homme
est capable de Dieu par nature. Tout homme, même totalement abattu comme
l’est ici David, n’est jamais si bas que Dieu ne puisse le rejoindre. Et être
au-dessus de lui, juste au-dessus, tout contre lui, pour lui, avec lui. De
sorte que Dieu fait de nous cette échelle, ce conducteur entre ces deux pôles
que sont la terre et le ciel. Cet être debout, réconcilié, c’est
l’humain, chaque être humain. Et c’est une vision de l’humanité, pas
seulement de l’église, bien entendu, c’est explicitement une vision de toutes
les familles de la terre, dans l’espérance de Dieu. Et ces messagers qui
montent et descendent ne sont pas des légions d’anges sur une échelle nous
reliant à un Dieu lointain. Ces messagers représentent ainsi la circulation
de la grâce en nous, c’est Dieu lui-même travaillant par sa Parole à unifier
notre être dans ses différentes dimensions, faisant circuler de vrais
échanges en nous-mêmes et avec lui, permettant l’expression des rêves et des
besoins, le passé et les projets, les attachements et les craintes, les
doutes. Et c’est alors que nous ne sommes plus seulement une âme, une vie
spirituelle qui aurait été versée dans un corps animal, mais que nous sommes
une échelle dressée, puis un espace de dialogues multiples entre Dieu et
nous, notre tête, notre cœur, nos jambes et nos mains, notre passé et notre
avenir, nos espérances et nos peurs… Et c’est alors, quand nous avons un
peu avancé dans ce travail que nous pouvons accepter d’être également Jacob
et Ésaü. Et cesser de considérer la vie en ce monde comme une charge, cesser
de vouloir sortir de cette tension entre la terre et le ciel en éliminant un
des deux pôles, faisant exploser l’échelle, perdant les deux, comme le craint
Rébecca, invitant Jacob à ce temps de retraite, en expliquant : « Pourquoi
serais-je privée de vous deux en un même jour ? »(27:45)
Rébecca est prophète, perdre un des deux c’est perdre l’échelle, c’est perdre
les deux. Il y a là une différence radicale, déjà polémiques à l’époque, avec
certaines pensées orientales qui visent à résoudre cette tension entre le
spirituel et l’animal en tentant d’éliminer au maximum le désir et le
sentiment d’avoir soi-même, en tant que personne individuelle, une importance
essentielle. La Bible oui, conseille de mettre le spirituel au-dessus, Dieu,
au-dessus, mais collé. Dieu à l’origine, le spirituel comme source de notre
échelle, et en tension féconde, assumée, pacifiée avec nos pieds sur terre. |
LE CHEMIN DE THÉOPHILE et ANTHOLOGIE DU PÈLERIN |
Roland van Rijckevorsel |
Edition du Miroir d’Isis |
2011 |
||
La 2e partie, dénommée Anthologie du Pèlerin est faite de phrases ou réflexions sur des sujets divers par des Ecrits sacrés comme la Bible, le nouveau testament ou le Tao te King et des Maîtres à penser comme Platon, Plutarque, Scott Erigène, Lao Tseu, Homère, Krishna, Hermès, Empédocle, Héraclite, Xénophon, Pindare, Virgile, Ovide, les Evangiles, l’Ancien testament, les évangiles apocryphes et les canoniques, St Paul, Dante, Lulle, Don Pernetty, Pic de la Mirandole, Rabelais, Sohrawardi, Origène, Anselme de Cantorbéry, Emmanuel d’Hooghvorst, le Coran, Blaise Pascal, Louis Cattiaux, et d’autres… |
l’Éclectisme maçonnique |
Patrick nÉgrier |
Edition
Ivoire- Clair |
2003 |
L’herméneutique
maçonnique et la philosophie biblique sont à l’origine de la Franc-maçonnerie
anglaise vers 1356 date à laquelle elle était catholique avant de devenir
anglicane en 1534. Le contenu biblique des textes fondateurs atteste
l’essence originellement biblique de cette maçonnerie. Ce
livre retrace cette recherche à travers les époques et à partir de 1356.
On visite les calvinistes, les grands courants écossais et
anglais. On y parle des constitutions d’Anderson, des illuminés d’Avignon, de
la naissance de l’Étoile Flamboyante, les cathédrales gothiques et les
programmes philosophiques des courants maçonniques européens. |
LE CODE SECRET DE BENJAMIN FRANKLIN, Franc-maçon exemplaire - N° 51 - |
Jean-Paul de Lagrave |
Edition Maison de Vie |
2012 |
||
Voici
donc un personnage qu’on peut classer sans hésitation au nombre des
bienfaiteurs de l’humanité. Ne fut-t-il pas l’un des grands savants de son
époque, un homme politique et premier plan et le plus célèbre des
imprimeurs ? Ses connaissances, acquises par lui-même, il les mit au
service de la Liberté et du respect de la vie. L’invention du paratonnerre et
la libération de l’Amérique sont les deux points de sa biographie. Mais son activité va au-delà, car sur le plan éthique et moral son combat contre toute forme de tyrannies fur exemplaire. Mais où puisait-il cette force, cette certitude de la justesse de sa mission ? Selon son biographe, Franklin s’est façonné une vision originale du monde divin, vision qui se rapprochait de celle des scientifiques de son époque, cat toute sa vie fut marqué par une quête de la Vérité « Chercher la nature de Dieu était le problème fondamental de sa philosophie Mais quelle fut la religion de Franklin ? La Franc-maçonnerie ?, la Gnose ? le déisme ? Son credo qui ne correspondait à aucun de ceux des religions du Livre, fut trouvé sur son cœur, il en gardait le texte depuis plusieurs années. Dans ses correspondances il affirme que le Dieu qu’il adore est le « Dieu Soleil », rappel certainement du grade de « Chevalier du Soleil », qui développe la Gnose, le système planétaire et les vertus et qui correspondrait davantage à sa vision. Si tel est le cas, cela prouverait son amour pour la Franc-maçonnerie et son enseignement. Franklin adhéra en 1731 à Philadelphie à un mouvement maçonnique qui dans ses constitutions prônaient non seulement la Paix et la Liberté, mais le Dieu du Soleil |
le corps, le cœur de l’homme et
l’esprit |
Dr
Marc haven |
Edition
PAUL DERAIN |
1961 |
Un
petit livre de 70 pages écrit par un grand ésotériste du début du 20ème
siècle. Une
très bonne étude sur ce cryptique : corps, cœur et esprit. Le
docteur Haven était le gendre de Monsieur Philippe également ésotériste et
occultiste. |
le discernement spirituel |
J.C. futrell |
Edition
CERF |
1994 |
||
Notre
conscience est aussi appelée à s'exercer, et si possible chrétiennement,
lorsqu'elle se trouve affrontée à une situation inattendue. Ainsi lorsque
nous rencontrons des personnes qui ont fait d'autres choix de vie que le
nôtre : un concubinage plutôt qu'un mariage, … ; ou que nous sommes agressés
par des modes de vie incompatible avec le nôtre : pratique raciste sur le
lieu du travail, … ; enfin lorsque tel ou tel nous appelle à une
responsabilité que nous n'avions pas envisagée pour nous-mêmes, tel service
dans une association caritative, telle nouvelle mission confiée par l'évêque,
… . Dans tous ces cas, une situation nouvelle met en crise notre perception
du monde, notre inscription dans ce monde qui est le nôtre et dans lequel
nous avions réussi plus ou moins facilement à faire notre trou, à trouver
notre rythme.
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le divin commerce |
Philippe
bouet |
Edition
J. CURUTCHET |
1995 |
Le
monde moderne allant de l’intelligence à la crédulité, l’auteur se propose de
revenir avec des mots très accessibles à tous, de la croyance à
l’intelligence et pour cela il nous propose par notre propre réflexion et à
l’aide des Évangiles de retrouver notre finalité divine et notre propre place
dans l’Univers. Le côté obscur et cependant merveilleux de la technologie
moderne ne parvient pas à masquer ni à corriger le désordre évident du monde
actuel dans les domaines sociaux politiques et même religieux les
interrogations sur le sens de la vie de la société de la destination de
l’homme n’ont reçu de réponses satisfaisantes ni des philosophes ni des
églises ni même des sociétés secrètes contrairement à l’idée dominante de
progrès la civilisation occidentale est en effet passée de l’intelligence a
la crédulité en une langue accessible à tous et sans user de mots savants
l’auteur nous propose de parcourir le chemin inverse de la croyance a
l’intelligence en examinant tout simplement le nombre croissant des superstitions
qui nous aveuglent au plus fort du modernisme rationaliste il nous aide à
retrouver par notre propre réflexion et à l’aide des évangiles notre origine
et notre finalité divines et donc notre vraie place dans l’univers |
le festin d’immortalitÉ, le banquet cÉleste |
par
j. bonnet |
Edition
Dervy |
1997 |
||
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le fil de pÉnÉlope -Tome 1 - |
Emmanuel d’hooghvorst |
Edition
LA TABLE D’ÉMERAUDE |
1996 |
Les Éditions Beya présentent à leurs lecteurs
la réédition du premier tome du Fil de Pénélope, d’Emmanuel d’Hooghvorst.
Cette nouvelle édition a été revue, corrigée, et augmentée de plus de
cinquante pages. En outre, elle a été enrichie d’un nouveau chapitre intitulé
« Les aphorismes du Nouveau-Monde », le dernier écrit que l’auteur laissa peu
avant de quitter ce monde. Il constitue la forme la plus condensée de sa
pensée. «
Certains s’étonneront peut-être en lisant le sommaire de ce recueil où
voisinent les Contes de Perrault et l’Odyssée, la Cabale judaïque et
l’Énéide, les Tarots et l’Alchymie ; mais la diversité des thèmes n’est pas
nécessairement dispersion. Depuis les origines, les Maîtres de la grande
famille de la Gnose de l’Homme se sont transmis, en la révélant à l’humanité
exilée, l’identique message prophétique d’Hermès… Le tome 2 se trouve dans le chapitre Alchimie |
l’ÉgrÉgore de la colombe ou le rÉgne de la paix |
O.
Mickaël AIVANHOV |
Edition
PROSUETA |
1982 |
«
Combien de gens travaillent actuellement pour la paix dans le monde ! Mais en
réalité ils ne font rien pour que cette paix s’installe vraiment. Ils n’ont
jamais pensé que c’est d’abord toutes les cellules de leur corps, toutes les
particules de leur être physique et psychique qui doivent vivre d’après les
lois de la paix et de l’harmonie afin d’émaner cette paix pour laquelle ils
prétendent travailler. Pendant
qu’ils écrivent sur la paix, qu’ils se réunissent pour parler de la paix, ils
continuent à alimenter la guerre en eux, car ils sont sans cesse en train de
lutter contre une chose ou une autre. Alors,
quelle paix peuvent-ils apporter ? La paix, l’homme doit d’abord l’installer
en lui-même, dans ses actes, ses sentiments, ses pensées. C’est
à ce moment-là seulement qu’il travaille véritablement pour la paix ». |
leibniz |
R.
bouveresse |
Edition
PUF |
|
||
Il
s'engageait dans l'alchimie, cherchant ce qui est secret, ce qui est rare, ce
qui mène peut-être, par des chemins inaccessibles au commun des mortels, vers
l'explication des apparences. Il voyagea, vit les villes allemandes, la
France, l'Angleterre, la Hollande, l'Italie, visita les musées, fréquenta les
compagnies savantes, enrichit son esprit par mille contacts, faisant de sa
vie une perpétuelle acquisition. Il consentit à être bibliothécaire, prêtant
l'oreille aux appels incessants de toutes les pensées humaines ;
l'historiographe pour embrasser le plus possible du passé, du présent ; correspondant
universel ; conseiller des princes ; encyclopédie toujours prête à se laisser
consulter. Il
voudrait unir entre eux les savants : car d'où vient que la science progresse
avec tant de lenteur, sinon de l'isolement de ceux qui la pratiquent ? Qu'on
crée dans chaque pays des Académies, que celles-ci communiquent de nation à
nation. Bien plus, Leibniz voudrait instituer une langue universelle. En
vérité, le monde offre un douloureux spectacle de mésentente ou de discorde :
partout des barrières, des demandes qui demeurent sans réponse, des élans
vers la vérité, qui sont condamnés à retomber dans le vide : confusion qui
dure depuis des siècles. Ne serait-il pas possible de supprimer quelques-uns
au moins des obstacles dont la seule vue choque la raison ; et, pour
commencer, de s'entendre sur le sens des mots ? On créerait une langue qui
vaudrait pour tous, et qui non seulement faciliterait des relations
internationales, mais porterait dans son être de tels caractères de netteté,
de précision, de souplesse, de richesse, qu'elle serait évidence rationnelle
et sensible. On s'en servirait pour toutes opérations de l'esprit, comme les
mathématiciens se servent de l'algèbre. |
LE LÂCHER PRISE
Collection
OASIS |
JR
ROBERT |
Edition
BERGES Poche – Canada |
2000 |
Des
moments de fatigues, de doutes, de questionnement. Vous avez voulu prendre
la vie, alors que c’était la vie qui voulait vous prendre. Laissez-vous
prendre. Le lâcher prise peut
s’expliquer et s’appliquer de bien des façons. Une manière très simple de
l’apprivoiser consiste à l’opposer à son contraire: le contrôle. Tous, à des
degrés divers, nous aimons bien avoir le contrôle, que ce soit sur notre
travail ou des parties de celui-ci, sur notre vie personnelle, sur nos émotions,
sur les autres peut-être. Nous aimerions bien parfois avoir le contrôle sur
des événements qui, justement, sont hors de notre contrôle. Lorsque nous
réalisons que nous ne pouvons changer ni les événements ni les autres et que
nous pouvons seulement changer notre façon de percevoir, nous sommes dans le
lâcher prise. Nous nous donnons alors une chance de vivre moins de stress. De
la même façon, lorsque nous modifions notre action pour arriver à un
résultat, nous faisons preuve de flexibilité et de notre habileté à décrocher
d’une conduite stérile. Dans tous les événements qui nous arrivent, il est
important de faire la différence entre ce que nous pouvons contrôler, ce que
nous pouvons influencer et ce que nous ne pouvons ni contrôler, ni
influencer.
On raconte que, dans
la forêt équatoriale, un homme chassait le singe. Comme il connaissait bien
un de ses travers, il pouvait l’attraper vivant et sans la moindre blessure.
Après avoir vidé une courge qu’il remplissait ensuite de riz, il la fixait
solidement à un arbre. Le singe, attiré par la nourriture, s’approchait et
insérait ses doigts par l’ouverture. S’emparant d’une poignée de riz, il ne
pouvait plus retirer sa main pleine maintenant trop grosse pour passer par
l’orifice. Pendant qu’il s’acharnait, le chasseur s’approchait et attrapait
le singe ainsi retenu. Vous pensez sans doute que l’animal n’avait qu’à
abandonner le riz pour retrouver aisément sa liberté. Bien sûr, mais pour y arriver,
il aurait dû renoncer à quelque chose d’important et même de vital pour lui:
sa nourriture. Est-ce à dire que lâcher prise implique de renoncer
à nos buts, à nos objectifs ? Pas nécessairement. Lâcher prise, dans
l’immédiat, peut être parfaitement compatible avec l’action, mais impliquera
parfois une action différente ou différée. Prenons un exemple simple qui
permettra de mieux comprendre. Il vous est sans doute déjà arrivé d’avoir un
nom sur le bout de la langue et de vous acharner pendant de longues minutes
pour le retrouver, mais en vain. On dirait que plus vous faites des efforts,
moins vous vous en souvenez. Puis, vous passez à autre chose, vous lâchez
prise sur votre recherche. Soudain, le nom recherché arrive de lui-même et
sans aucun effort. Penser de façon obsessionnelle à un problème est la
plupart du temps complètement inefficace et ne le règle surtout pas. On
appelle cela de la résistance. Au contraire, s’en détacher provisoirement
peut permettre à notre cerveau de faire émerger certaines solutions et
surtout de laisser la place à l’originalité et la créativité. Pourquoi
trouvons-nous si difficile de laisser aller notre besoin de contrôle? Parce
que nous nions ou parce que nous sommes très peu conscients des peurs liées à
l’absence de contrôle. Par exemple, on peut craindre des autres qu’ils nous
dominent, avoir peur de se tromper, peur de ne pas être adéquat, peur de
manquer de quelque chose. Plus on cherche à contrôler, que ce soit les
collègues, le conjoint, ses enfants, une manière de faire les choses,
l’opinion des autres ou même son apparence, plus cela est signe d’insécurité
et moins on lâche prise. Lâcher prise est un acte de confiance. Cela
nécessite l’acceptation de nos limites, la reconnaissance des autres dans
leurs différences et la capacité de faire avec ce qui est dans le présent
(voir encadré). La tentation est grande toutefois de refuser ce qui n’est pas
conforme à nos désirs, de résister à ce qui est. Le besoin de contrôle nous
fait nous acharner sur ce qui aurait pu être ou ce qui devrait être et
oublier ce qui est présentement. Comment peut-on s’y prendre pour développer la
capacité à lâcher prise? De plusieurs façons. Mais la première et la plus
importante n’en demeure pas moins la prise de conscience. Devenir conscient
de nos émotions face à ce qui arrive et pouvoir l’exprimer sont une
importante étape. Devenir également conscient de l’absurdité du contrôle sur
ce qu’on ne peut ni changer ni influencer. Devenir conscient de toute la
perte d’énergie et de bien-être que représentent le perfectionnisme et
l’acharnement. Par exemple, vous partez en voyage à l’étranger
dans l’intention bien précise d’en profiter pour faire de la photographie,
une de vos passions. Dès votre arrivée, votre appareil ne fonctionne plus. Il
est impossible de le faire réparer sur place ou de s’en procurer un autre.
Entretenir en vous la frustration, la colère, le dépit par rapport à cette
contrariété peut gaspiller vos vacances et ne corrigera en rien la situation.
Alors, ne vaut-il pas mieux recadrer cette situation ? Vous dire, par
exemple, que vous pouvez peut-être profiter autrement des belles images qui
s’offrent à vous ? Peut-être serez-vous plus sensible aux brochures, aux
cartes postales, aux vidéos que vous pourrez vous procurer ? Peut-être ne pas
être embarrassé d’un attirail de photographe vous permettra-t-il de faire des
activités différentes ? Peut-être que de couper court à ces pensées moroses
vous permettra-t-il de ne pas rater vos vacances et, la prochaine fois, de
partir avec un plan B : une deuxième caméra ou, tout simplement, un appareil
photo jetable ? |
le livre des sagesses |
F.
LENOIR & Yse TARDAN – MASQUELIER |
Edition
BAYARD |
2002 |
Qui sont ces maîtres de
vie, ces sages, ces mystiques qui ont façonné l’aventure spirituelle de
l’humanité ? Quels sont les grands textes qu’ils ont écrits ou suscités,
quelles sont les sources de leur inspiration ? Du Bouddha à Thérèse d’Avila.
De Sénèque à Gandhi, d’Ibn’Arabi à Simone Weil, des sages égyptiens aux lamas
tibétains contemporains, des maîtres du hassidisme aux gurus de l’Inde
moderne… ce livre évoque d’abord l’expérience transformante des plus grandes
figures spirituelles de l’histoire de l’humanité. S’ensuit une anthologie de
textes du monde entier, le plus souvent dans des traductions originales, dont
les thèmes scandent cette aventure singulière et universelle : le scandale de
la souffrance et l’aspiration au bonheur, le chemin spirituel, la prière et
la méditation, l’amour et la compassion, la liberté et la mort et l’au-delà…
Une superbe fresque des quêtes spirituelles de l’humanité. Cet
ouvrage est une somme anthologique documentée et pédagogique sur tout ce que
l’humanité a pu créer en matière de sagesses. Cette fresque embrasse cinq
mille ans d’histoire et dans toutes les contrées de notre planète – des
sages égyptiens à Gandhi et Simone Weil, en passant par Homère, Moïse,
Mahomet, Bouddha, Jésus et Saint Paul… Un usage raisonnable et
équilibré de l’éclectisme, Il fallait au moins 2 000 pages de papier bible
pour prétendre compiler de manière exhaustive l’ensemble des sagesses
produites par l’humanité depuis l’invention de l’écriture. Les codirecteurs
de ce pavé ont tenu le pari… C’est
un monument d’érudition auquel ont collaboré quelque cinquante spécialistes.
Il privilégie la lisibilité des récits biographiques et l’accessibilité
des textes avant de se clore sur une série de panoramas historiques, c’est un
immense travail de mémoire qu’ont effectué les auteurs avec d’autres
spécialistes. Voilà une œuvre magistrale qui répond aux aspirations bien
actuelles de ceux qui cherchent un sens à leur vie. |
l’Éloge de la folie |
Érasme |
Edition
Maisonneuve |
1989 |
||
Mais
encore, il n’a pas hésité à attaquer par les mots tout ce qui lui semblait
absurde dans son monde. Il a pourtant eu l’habileté de toujours rester en
deçà de certaines limites, notamment en ce qui concerne l’Église, pour éviter
de graves ennuis. Alors,
Érasme, reflet de Moria, la « folie », en grec, de son éloge ?
Oui, parce que le texte de l’humaniste, probablement d’abord difficile pour
ses contemporains et pairs, parce que truffé de citations, de jeux de mots en
latin, d’un mélange de grec et de latin, est aussi un texte éminemment
ironique, voire facétieux et parfois féroce. Le créateur de Moria est aussi,
quoiqu’il soit amené à s’en défendre en usant de rhétorique dans le texte,
son alter ego, lui pourtant le plus sage des hommes. Et c’est ce qui fait que
l’Eloge est un texte passionnant et déroutant tout à la fois. Nous y
reviendrons. De
1499 à 1514, Érasme parcourt donc le continent. En 1499, lors d’un séjour en
Angleterre, il se liera d’une amitié indéfectible, presque paternelle pour
son cadet Thomas More. Conseiller de Charles Quint de 1517 à 1521 il
continuera ses voyages pour son propre compte (il sera reçu dans plusieurs
universités célèbres) et pour le compte du prince. Comme More, ce catholique
imprégné d’évangélisme combattra les thèses de Luther à partir de 1524. Mais
là où More se situera sur le terrain de l’action politique, en un mot, de la
répression, avant la sécession fatale de son souverain d’avec l’autorité
pontificale, Érasme restera toujours un homme des mots. Et ses combats, il
les mènera avec l’arme de la langue. Luther ne s’en laissera pas compter, qui
le combattra aussi à travers ses écrits. Catholique convaincu, il s’oppose
aussi bien au faste de la papauté (point qu’il a en commun avec son ennemi
allemand), qu’à l’ignorance crasse du clergé et à la corruption générale de
l’Eglise depuis le Saint-Siège jusqu’aux moines réguliers. Son
évangélisme n’est pas un évangélisme d’affrontement (cela, c’est ce qu’il
pense de Luther), mais un retour au message des textes sacrés, Ancien et
Nouveau Testaments, épîtres de Paul, imprégnés de charité, de tolérance
(n’oublions pas que Paul a préconisé d’abandonner les interdits des juifs
orthodoxes de son époque pour s’ouvrir aux « gentils », par
exemple, en abandonnant la « cashrout » dans le domaine
alimentaire). S’il stigmatise ce qu’il pense être le fanatisme luthérien, il
tourne en dérision (particulièrement à la fin de l’Éloge) les « fous en
Dieu » du catholicisme qui, à son sens, ne comprennent pas le message du
Christ et des Apôtres, ou du moins le subvertissent en prenant la folie de la
pensée du Messie au pied de la lettre. Enfin, il moque avec une ironie
mordante et parfois avec cynisme, la bigoterie, les superstitions, en bref,
l’hypocrisie généralisée du monde auquel il appartient. Mais
ses combats se situent malgré tout aussi, sur un plan politique. Érasme est
un chrétien qui croit au rassemblement (ecclesia) des Européens. Il est,
comme Machiavel et More, spectateur des luttes entres puissances, et des
guerres d’Italie, théâtre de ces opérations absurdes et coûteuses. Cependant,
s’il fut au service de l’Empereur, il n’eut aucune fonction politique dans
aucun état : son engagement restera fort, sincère, parfois périlleux,
mais son action sera celle du pèlerin de la paix. Les multiples facettes du
miroir de Moria, la folie, réunies en Érasme vont lui attirer durant sa
longue carrière aussi bien les admirations les plus enthousiastes, que les
haines les plus féroces. |
LELOUP - ARS MORIENDI– LES LIVRES DES MORTS TIBḖTAIN - ḖGYPTIEN & CHRḖTIEN |
Jean-Yves LELOUP |
Edition ALBIN MICHEL |
1997 |
Les
rites et les coutumes liés à la mort sont multiples de par le monde, mais
toujours riches en enseignements sur les différentes conceptions de
l’après-vie. Parmi toutes ces traditions, certaines ont laissé des textes
majeurs qui constituent les fondements d’un véritable accompagnement des
mourants. Jean-Yves Leloup nous en présente trois dans des traductions
qui font autorité : le Bardo Thödol ou Livre tibétain des morts, trésor de
spiritualité qui remonte à l’époque de Padmasambhava (VIIIème siècle), le Livre
des morts des anciens Égyptiens, textes vieux de plus de vingt siècles avant
Jésus-Christ, et l’Ars Moriendi chrétien dont la publication d’origine date
de 1492, à Paris.
Un thème de rencontres s’impose :
celui de « l’art de mourir » : les grands textes : le Bardo-Thödol, tibétain,
le Livre des morts des anciens égyptiens et l’Ars moriendi chrétien, sont
présentés ici. La mort, c’est ce que nous avons irrémédiablement en commun et
nous avons les façons les plus diverses de la célébrer, de l’accompagner, de
l’attendre ou de la redouter. C’est le thème de nos plus simples convergences
et de nos plus flagrantes oppositions.
|
LELOUP - DE NIETZSCHE A MAÎTRE ECKHART |
Jean-Yves Leloup |
Edition Almora |
2014 |
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Jean Yves Leloup nous propose une lecture d’ecce homo version Nietzsche, qu’il appelle recto et sa version décodée chrétienne et humaine qu’il appelle verso. Au sommaire de cet ouvrage : « Ecce Homo » et son double - Un lecture de Nietzsche - L’erreur c’est l’oubli de la vérité contraire Armand Robin - Un poème indésirable - De l’homme libre de tout - Une lecture du sermon 52 de Maître Eckhart - |
LELOUP - DÉsert, dÉserts |
J. Yves LELOUP |
Edition Albin Michel |
2001 |
Qu’évoque pour nous le mot désert ? Silence, vastitude, vent brûlant ? Mais aussi mirages, soif, scorpions… et la rencontre du plus simple de soi-même dans le regard étonné de l’homme ou de l’enfant jailli d’on ne sait où entre les dunes ? Il y a les déserts de pierre et de sables, du Hoggar, de l’Assekrem, du Ténéré, du Sinaï et d’ailleurs – le désert est toujours l’ailleurs, un ailleurs qui nous conduit au plus proche de nous-mêmes. Il y a les déserts à la mode où l’on se retrouve en peuple bavard dans des espaces choisis où nous seront épargnées les brûlures du vent et les soifs radicales ; on en revient bronzé comme d’un séjour à la plage mais avec en plus des prétentions à la « grande expérience » qui ferait de nous pour toujours de « grands nomades »… Enfin il y a les déserts intérieurs ; c’est de ceux-là qu’il nous faut parler, sachant reconnaître ce qu’ils ont de douloureux et de torride, mais en essayant aussi d’y découvrir la Source cachée, l’oasis, la Présence inattendue qui nous accueille sous un palmier de sourires, autour d’un feu où la dans des « passants » se joint à celle des étoiles. Car le désert n’est pas un but, il est un lieu de passage, il est une traversée, chacun a sa terre promise, son attente à décevoir, son espérance à éclairer. Certains vivent cette expérience du désert dans leur corps ; que cela s’appelle vieillir, être malade, subir les conséquences d’un accident. Ce désert-là est parfois long à traverser. D’autres vivent le désert au cœur de leurs relations, désert du désir ou désert de l’amour, des sécheresses et des ennuis qu’on n’a pas appris à partager. Il y a aussi les déserts de l’intelligence, où le plus savant se heurte à l’incompréhensible, le plus conscient à l’impensable. Connaître le monde et ses matières, se connaître soi-même et ses mémoires ne va pas sans déserts à traverser. Il y a enfin les déserts de la foi, le crépuscule des idées et des idoles dont on avait fait des dieux ou un Dieu pour rassurer nos impuissances et opprimer nos plus vives questions. Chacun a son désert à traverser, il s’agira à chaque fois d’en démasquer les mirages mais aussi d’envisager ses miracles : l’instant, l’alliance, la docte ignorance et la féconde vacuité. De pierres ou de sable, du Hoggar, de l’Assekrem ou du Sinaï, le désert est toujours l’ailleurs. Un ailleurs qui nous conduit au plus proche de nous-même, au centre de notre être. Mais il y a aussi les déserts intérieurs, douloureux et torrides, certains vivent cette expérience parfois longue à traverser, dans leur corps : vieillesse, maladie, infirmité… D’autres, au cœur de leurs relations ; désert du désir, de l’amour ou de la solitude. Dans les déserts de l’intelligence, le plus souvent se heurte à l’incompréhensible, le plus conscient à l’impensable. Connaitre le monde et ses manières, se connaitre soi-même, ne va pas sans déserts à parcourir. Il y a enfin les déserts de la foi, le crépuscule des idées et des idoles inventées par l’homme pour fuir ses questions les plus vives. Evoquant toutes ces expériences, Jean-Yves Leloup nous invite à démasquer en chacune les mirages, mais aussi à découvrir les miracles de la vie : l’instant, l’alliance, le « docte ignorance » et la féconde vacuité. Un lien incontournable et une invitation à la méditation. Au sommaire de cet ouvrage de réflexion : Chacun a son désert à traverser - Le désert du Sinaï - Le désert dans la tradition chrétienne - Poèmes du désert - Le désert, n’est-il pas Dieu lui-même tombé en poussière ? L’homme essayera vainement d’en recoller les grains, pour édifier ses idoles, alors qu’il fallait accepter d’aller au-delà de Dieu, dans la transparence nue de la Déité, là ou plus rien ne fait obstacle à la Lumière. |
LELOUP – DICTIONNAIRE AMOUREUX DE JÉRUSALEM |
Jean Yves Leloup |
Edition Plon |
2010 |
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Ainsi ce dictionnaire pourrait nous conduire à travers informations, éruditions, mais aussi intuitions, prophéties, vers une vision plus haute de l'unité qui n'est pas abolition mais exaltation et respect des différences et, à une autre vision de la paix qui n'est pas consensus mou, concorde hypocrite, mais affrontement cordial et généreux de pensées contraires ? Une issue en quelque sorte à toute forme de totalitarisme, politique, idéologique ou religieux. " Sainte ? C’est-à-dire Autre irréductible, inassimilable telle est Jérusalem, telle est ma Bien-Aimée..." La série à succès des Dictionnaires amoureux des éditions Plon entraîne naturellement ses auteurs aux vagabondages et autres pas de côté. Cela peut dérouter le lecteur, qui a peut-être un jour ouvert l’un de ces ouvrages dans l’espoir d’y trouver des réponses claires à des questions précises et s’est trouvé fort dépourvu en tombant sur un article trop personnel pour être simplement informatif. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de cette collection qui ne se veut pas vraiment encyclopédique, laisse à chaque auteur une grande liberté et réserve bien des surprises. Consacrer l’un de ces Dictionnaires amoureux à Jérusalem était une affaire compliquée. D’abord, pour des raisons politiques – on peut le déplorer mais rien de ce qui se dit sur la Ville trois fois sainte n’est neutre dans le contexte actuel du conflit israélo-arabe. Ensuite, pour des raisons proprement religieuses : Jérusalem est de ce point de vue un lieu on ne peut plus chargé où chacun s’efforce de défendre son pré carré face aux concurrents. Pour nous en tenir aux chrétiens, on peut penser au Saint Sépulcre – l’Anastasis – dont la garde est confiée à six Églises différentes qui sont loin de cohabiter dans une parfaite paix évangélique sur le lieu même où la tradition situe la Résurrection… Il fallait donc trouver un auteur capable à la fois de s’extraire de ces lourdes contingences et de comprendre de l’intérieur ce qu’elles signifient et comment elles peuvent de fait être dépassées. Le choix du théologien, philosophe et écrivain Jean-Yves Leloup pour rédiger ce volume est habile. Spécialiste de la pensée chrétienne des origines, traducteur et penseur chrétien original, cet auteur connaît son sujet et n’est pas spontanément rattaché à telle ou telle institution religieuse. Libre et intéressé par tout ce qu’il voit et entend, il sait donner à son dictionnaire un ton à la fois concret et profondément spirituel. Celui d’un amoureux, comme il se doit. Il l’écrit lui-même dans la préface : « L’amour ne rend pas aveugle – les amoureux n’ignorent pas qu’ici c’est la guerre, mais les amoureux de Jérusalem savent que celle-ci n’est supportable pour eux, que parce qu’ils pensent à “autre chose”… » Avec plus de 900 pages et plusieurs centaines d’entrées, le parcours est forcément riche. On trouvera bien sûr des articles sur les « incontournables » du lieu : Pèlerinage, Saint Sépulcre, Gethsémani, Mont des Oliviers, David, Paix, Yad Vashem… Mais aussi quelques entrées inattendues : Epictète – mais que vient faire ici ce vieux philosophe stoïcien ? –, Mickey – oui, la souris de Disney… –, Éthique, Tapis de prière… Beaucoup de petites notices rappellent aussi les liens rattachant de grandes personnalités – le traducteur André Chouraqui, l’orientaliste Louis Massignon, le philosophe et rabbin André Néher, le poète Lamartine… – à cette ville que d’aucuns présentaient parfois comme le centre du monde. |
LELOUP - ÉCRITS SUR L’HÉSYCHASME - Une tradition contemplative oubliée |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
1990 |
L'hésychasme est la tradition millénaire qui nous enseigne cet "art des arts" que sont la méditation et la prière dans le christianisme, des pères du désert à nos jours. Jean-Yves Leloup, connu comme "père Jean Séraphin" dans l'orthodoxie, nous transmet ce qu'il a lui-même reçu au mont Athos et durant ses séjours dans les ermitages d'Orient et d'Occident. Les différentes approches de ces écrits, historique, théologique, leur ouverture sur l'anthropologie comparée et l'apport des témoignages contemporains font de ce livre une introduction sérieuse et vivante à l'esprit et à la pratique de l'hésychasme, tradition encore trop mal connue en Occident, source toujours vive du christianisme, trésor du patrimoine spirituel de l'humanité. L'hésychasme est un mouvement spirituel de l'Église d'Orient, marqué principalement par la répétition du nom de Jésus ; il remonte aux premiers siècles du christianisme, où il concernait principalement les provinces orientales de l'empire byzantin : Égypte, Palestine, Syrie. Il connut un renouveau spectaculaire au XIVe siècle, au cœur de l'empire byzantin et au mont Athos, suscitant une polémique autour de sa légitimité théologique, et finit par être adopté comme doctrine officielle de l'orthodoxie. Après la chute de l'Empire byzantin, il eut une existence souterraine, en pays d'islam puis dans les monastères slaves. La publication d'un recueil de textes hésychastes, la Philocalie, à la fin du XVIIIe siècle, provoqua un nouvel essor de ce mouvement spirituel, qui de nos jours déborde sur les Églises d'Occident Le mot hésychasme a un double sens dans l'Église byzantine. Il désigne soit une vie solitaire, hésychaste est alors synonyme d'ermite, soit une forme de prière intérieure, continuelle, qui mène l'orant à prendre conscience de la présence du Christ en lui. Ces deux sens cohabitent dans les sources. Ainsi, au VIe siècle, Jean Climaque, abbé du monastère du Sinaï, l'actuel monastère Sainte-Catherine, écrit dans son Échelle : « Mieux vaut un cénobite pauvre qu'un hésychaste distrait » (Échelle, degré 27, 59), où l'hésychaste s'oppose au cénobite, le moine menant la vie commune dans un monastère ; mais il écrit aussi : « Hésychaste est celui qui dit : je dors mais mon cœur veille » (degré 27, 18), qui évoque la prière continuelle. Plus généralement, on appelle hésychasme le mouvement spirituel qui remonte aux origines du monachisme et qui, par la prière intérieure, recherche la présence sensible de Dieu et la déification de l'orant. D'abord réservé aux ermites, il s'est répandu peu à peu dans les monastères, pour se diffuser dans le monde à partir du XIVe siècle. Hésychasme vient du grec hèsychia qui évoque le silence et la tranquillité. Jean Climaque écrit : « Le commencement de l'hèsychia est d'éloigner tout bruit, parce que le bruit trouble les profondeurs de l'âme. Et sa perfection est de ne craindre aucun trouble et d'y demeurer insensible. » Pour atteindre cet état, il faut se garder de toute pensée. La pensée – ou raisonnement – distrait de Dieu, et le démon utilise les pensées pour troubler le moine ; le moine mène donc le combat contre ces pensées pour acquérir la paix du cœur. Selon Jean Climaque, « l'ami de l'hèsychia est celui dont la pensée, toujours en éveil, se tient avec courage et intransigeance à la porte du cœur pour détruire ou repousser les pensées qui surviennent. » La route vers l'hèsychia passe par la prière de Jésus. Il s'agit d'une prière monologique, c'est-à-dire composée d'une phrase courte, indéfiniment répétée, qui unifie alors que l'abondance de paroles disperse. Abba Macaire, un moine du désert de Scété au IVe siècle, disait déjà : « Point n'est besoin de se perdre en paroles ; il suffit d'étendre les mains et de dire : "Seigneur, comme il vous plaît et comme vous savez, ayez pitié." » (Apophtegmes des Pères du désert). Très tôt, le nom de Jésus devient le centre de cette invocation. Diadoque, évêque de Photicé en Grèce au Ve siècle, écrit : « L'esprit réclame de nous, lorsque nous fermons toutes ses issues par le souvenir de Dieu, une œuvre qui satisfasse pleinement sa capacité d'exercice. Il faut donc lui donner le "Seigneur Jésus" comme la seule occupation pour arriver entièrement à ce but. » . Dès le VIe siècle, la prière de Jésus fait partie de l'équipement du moine. « Arme-toi de la prière, écrit Jean Climaque, flagelle tes ennemis [les démons] avec le nom de Jésus ». Elle devient progressivement la caractéristique de l'hésychasme. Hésychius, moine au monastère de Batos, près du Sinaï, écrit : « Ne cessons de faire tournoyer le nom de Jésus dans les espaces de notre cœur comme l'éclair tournoie au firmament quand s'annonce la pluie. » À l'expérience de la garde du cœur et de la prière de Jésus se joint une mystique de lumière. Bien qu'on en trouve des traces dès les Pères du désert, cette mystique se développe surtout au Ve siècle, dans un corpus de textes que les historiens restituent à un certain Syméon de Mésopotamie, mais qui fut lu par les moines byzantins comme une œuvre de Macaire – on l'appelle aussi, de ce fait, le Pseudo-Macaire. Dans ses Homélies spirituelles, cet auteur décrit des expériences de vision de Dieu et d'extases lumineuses. L'homme gratifié de ces visions devient lui-même lumineux, tel Moïse descendant… du Sinaï précisément. Dès le IVe siècle, l'effort spirituel des moines du désert égyptien se partage entre la prière intérieure et l'ascèse, cherchant une harmonie entre les deux. Et pourtant déjà une déviation menace, qui portera sur l'hésychasme la suspicion des théologiens : certains moines qu'on appelle euchites, les « prieurs », prétendent ne rien vouloir faire d'autre que prier. Contre cette tentation, les Pères recommandent rigoureusement le travail manuel, qui accompagne la prière tout en permettant d'aider de plus pauvres que soi. L'expérience spirituelle des Pères du désert est théorisée à la fin du IVe siècle par l'un d'entre eux, Évagre le Pontique, qui expose de manière synthétique la démarche de l'hésychaste : celui-ci doit passer par les étapes de l'ascèse corporelle – jeûne, veille – puis de l'ascèse des pensées – lutte contre l'orgueil, la colère, l'envie – pour parvenir à la prière pure, « relation intime avec Dieu » qui doit être sans figure ni imagination. Au Ve siècle, la déviation « euchite » devient menaçante : tout un courant sectaire, celui des messaliens – traduction syriaque du grec euchites – se répand dans les provinces orientales de l'empire. Leur doctrine, qui exclut tout ce qui n'est pas la prière et donc les sacrements et la vie ecclésiale, consiste à dire que le baptême est inutile et que seule la prière continuelle peut expulser le démon qui habite en tout homme dès sa naissance ; le départ du démon provoque une expérience sensible de l'Esprit Saint, seule garante du salut. Ce mouvement sera condamné par le concile d'Ephèse en 431. En fait, le messalianisme n'est que la frange sectaire d'un mouvement spirituel plus vaste, celui que représente le Pseudo-Macaire. Ce mouvement, qui plonge ses racines en Syrie et en Mésopotamie, s'oppose à la tentation d'intellectualisme désincarné qui était en germe dans la théorisation d'Évagre ; à côté de la prière pure, sans figures, d'Évagre, Syméon-Macaire redonne une place à l'affectivité, au « goûter Dieu » dans la plénitude du cœur. |
LELOUP
- IL N’Y A QU’UN SEUL DIEU, LEQUEL ?
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Jean-Yves Leloup
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Edition Philippe Rey
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2018
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Sous la plume du Second Isaïe, Dieu parle
haut et fort. Il affirme qu'il est l'unique, le premier et le dernier. Dieu
se manifeste comme unique et universel. Néant tous les autres dieux ! À nous qui
avons hérité d’une Bible bien constituée, il est difficile de se représenter
la lente genèse du Livre et la progressive image de Dieu qui s’y dessine.
L'une des richesses du livret du Second Isaïe est de marquer une étape
fondamentale dans la lente révélation de Dieu à son peuple. En effet le Dieu
du Second Isaïe est toujours celui de l’Exode, mais il se pare d’attributs
nouveaux, dont l’importance et les conséquences sont considérables. À chaque Dieu son sol : Avant l’exil, au temps où les Israélites vivaient derrière
leur roi, autour de leur Temple, Yahvé, leur Dieu, partageait sa divinité
avec d’autres dieux. Tout d’abord, les Israélites, comme leurs voisins,
croyaient qu’un dieu ne régnait que sur son pays : Yahvé n’était Dieu
que sur sa terre. À l'étranger il ne parlait donc pas, et les croyances des
autres peuples étaient légitimes, puisqu’ils avaient leurs dieux :
“ Si tous les peuples marchent chacun au nom de son dieu, nous, nous
marchons au nom du Seigneur ” (Mi 4,5). Du moins c’était la théorie,
car, en pratique, les prophètes dénonçaient fréquemment la persistance de
cultes païens; par exemple la reine Jézabel, au temple, entretenait un corps
de prophètes de Baal et le roi Manassé, au VIIe siècle, faisait dresser des
idoles dans le Temple. Dans un tel contexte, l'exil est pour le peuple non
seulement un traumatisme physique et affectif, mais il oblige à une vraie
révolution mentale. La question de l’existence de Dieu se pose de façon
radicale : fallait-il que les exilés se tournent vers les dieux des vainqueurs,
puisqu’on était sur leur sol ? Yahvé était mis au défi : était-il
capable de suivre son peuple, loin de sa terre ? Un coup de force : Le prophète anonyme de l’exil aborde ce terrible désarroi
de plusieurs manières. Il reconnaît d’abord, presque sous forme de
concession, que le Dieu d’Israël est un Dieu caché : « En réalité, tu es
un dieu qui se cache » (45,15).1 Il invite en même temps ses auditeurs à
intérioriser davantage leur conception de Dieu. Il suscite leur aptitude
spirituelle à voir et leur expérience. Cela s’observe dans le texte à la
fréquence des questions qu’il pose : « Ne le saviez-vous pas ? Ne
l’entendiez-vous pas dire ? N’aviez-vous pas compris ? » (40,21)
« Qui est comme moi ? » (44,7). Enfin, le Second Isaïe s’attelle au
fond de la question. Il sait que son Dieu, qui a autrefois fait traverser la
mer, est toujours présent à son peuple. Cette foi est son seul bagage. Il va
donc au bout de son savoir. Si Dieu est avec son peuple, ici, à Babylone,
c’est qu’il est aussi Dieu en Babylonie, donc le Dieu unique, le Dieu
universel. C'est un vrai coup de force : Yahvé prend le pouvoir sur les
autres dieux. Mais d’une façon absolue. Les autres grands dieux, Mardouk,
Ishtar et les autres, ne sont même plus des « petits dieux » subordonnés
: ils ne sont rien. Une victoire contre la pensée
magique : Pour conduire son argument contre
les idoles dressées en l’honneur des autres dieux, le prophète se place sur
le terrain de l’efficacité : « Au moins, faites bien ou faites mal, que
nous éprouvions de l’émoi ou de la crainte. Voici, vous êtes moins que rien,
et votre œuvre, c’est moins que néant, vous choisir est abominable »
(41,23~24). En contrepoint, Yahvé est celui qui crée, qui fait toute chose
neuve : « C’est moi, Yahvé qui ai fait toutes choses, qui seul ai
déployé les cieux, affermi la terre sans personne avec moi » (44,24). Il
est aussi derrière chaque main humaine. Ce n’est pas un dieu mécanicien, mais
celui qui fait faire. Dieu est créateur du monde entier parce qu’il est
intérieur à toute force. Ces diatribes contre les idoles sont une victoire
pour tout homme parce qu’elles le libèrent d’une pensée magique. « Îles, écoutez-moi… » La seconde affirmation essentielle du livre, conséquente à
la première, est que Dieu est universel. Il est non seulement le Dieu
d’Israël, mais celui des autres nations, que le Second Isaïe appelle parfois
« les Iles ». Il expose l’universalisme de Yahvé sur plusieurs
plans. Il annonce d’abord une sorte de revanche d’Israël sur ses vainqueurs
d’hier : « Élargis l’espace de ta tente, déploie sans lésiner les
toiles qui t’abritent... ta race va déposséder les nations » (54,2-3).
Puis, son projet s’approfondit de façon pacifique. Ce sont les nations qui
viendront vers Jérusalem, ville sanctuaire de Yahvé. Mais comme cette
découverte semblait s’opposer à l’idée qu’Israël soit un peuple élu, choisi,
particulier, ses conséquences ont été lentes à se traduire dans les faits.
Les textes ultérieurs de la Bible évoquent un pèlerinage des peuples vers
Jérusalem, mais seulement à la fin des temps. C’est le christianisme qui
réalisera, sans Jérusalem, cet universalisme de Dieu découvert en exil. Au sommaire de cet ouvrage : 6 points sur
une feuille blanche - de quel Dieu parlons-nous ? -
les noms de Dieu - Dieu est-il une personne ? Peut-on
parler de spiritualité sans Dieu ?
- Dieu est amour -
évolution de la conscience et représentation de Dieu - à
propos des échelles de l’amour et de la conscience -
l’œil du chérubin - Job, ou le problème du mal -
« Tuer Dieu » ou en prendre soin ? de Friedrich -
de Nietzsche à Etty Hillesum
- les malentendus de la
foi -
Il n’y a qu’un seul Dieu lequel ? - |
LELOUP - HOMÉLIES DE JEAN CHRYSOSTOME SUR L’INCOMPRÉHENSIBILITÉ DE DIEU |
Jean-Yves Leloup |
Edition du Cerf |
1998 |
Entre 344 et 350, à l'époque où l'Eglise reçut de la munificence de Dieu Ambroise, Jérôme et Augustin, naquit à Antioche de Syrie un enfant dont la renommée égalerait leur gloire. Derrière lui, nul passé. Il serait de ceux qui n'ont, dit La Bruyère, ni aïeuls ni descendants : ils composent seuls toute leur race. Le long des siècles, la postérité continuera de l'appeler Chrysostome, la bouche d'or. Son père, Secundus, brillant officier romain, entrevit à peine ses premiers sourires. Avec une petite sœur qui décèderait bientôt, il le laissa, par sa mort, à la responsabilité d'une mère grecque de vingt ans. Fière de son prestige de capitale d'Orient, car le légat impérial y résidait ; toujours ensoleillée, au bord de ses quatre rivières et sur le flanc de son coteau ; ceinturée de faubourgs, dont le célèbre Daphné ; opulente en statues et monuments, fresques et collections d'art ; gardienne des ruines majestueuses des temples de Jupiter, Junon et Apollon ; parée d'avenues, parmi lesquelles une enfilade de portiques qui se déployaient parallèlement à l'Oronte, sur un parcours de sept kilomètres, Antioche comptait alors plus de deux cent mille habitants, pêle-mêle, Romains, Grecs, Perses, Arméniens, Arabes et Juifs, riches et pauvres à l'extrême, tous volontiers turbulents. Mais elle était si abondamment éclairée que les fauteurs de désordre et les amateurs de frasques nocturnes étaient repérés aussitôt et, fussent-ils princes ou dignitaires, guéris de récidive. Cette grande cité lettrée, voluptueuse et non moins commerçante, se considérait d'autant mieux l'égal d'Alexandrie et de Constantinople, sinon de Rome, que les empereurs, plus attentifs, en ses murs, aux frontières inquiétantes de la Perse, aimaient son séjour, la comblaient de faveur. C'est à Antioche que naquit la première communauté chrétienne issue du paganisme, celle pour qui fut forgé le nom de Chrétiens, et d'où partirent Paul et Barnabé, Marc et Luc. Saint Pierre, avant de partir à Rome, avait occupé le siège d'Antioche. Saint Jean Chrysostome appellera, dans un de ses sermons, l'Eglise d'Antioche : Mère de toutes les églises. L'évêque d'Antioche, depuis 325, avait la préséance sur ses quelques cent cinquante collègues de l'éparchie d'Orient dont il présidait chaque année, à la mi-octobre, la réunion. Sa mère se réserva son éducation religieuse. Mais, quoique citée parmi les plus grandes chrétiennes qui honorèrent cette époque, elle attendit pour le faire baptiser. Car l'usage retardait la cérémonie à la maturité, à la vieillesse, même aux approches de la mort. Le prétexte d'une préparation sérieuse, la crainte de l'apostasie en temps de persécution, coloraient souvent un calcul moins surnaturel : on escomptait que, avec la grâce de l'onction baptismale, qui efface les fautes et supprime leur pénalité, le bonheur éternel succéderait ainsi sans intervalle aux délices de la terre. L'Eglise réprouvait la pratique de ce baptême intéressé, de la dernière heure, capable de procurer la gloire céleste en dehors de tout mérite. Jean venait d'atteindre sa dix-septième année quand le nouvel empereur, Julien, secoua rudement la souriante mollesse de l'Eglise d'Antioche où l'on pratiquait un arianisme modéré sans vouloir aller jusqu'au schisme. Euzoius, l'évêque en place, un arien radical, avait succédé à Mélèce déposé en 361 pour être trop orthodoxe, tandis qu'exerçait aussi Paulin, arien modéré ; Julien, pour mieux diviser les Chrétiens qui représentaient plus de la moitié des habitants de la ville, permit à tous les évêques de résider à Antioche : l'Eglise d'Antioche, déjà fort divisée, éclata en trois ou quatre églises (arienne radicale, arienne modérée, orthodoxe radicale, orthodoxe modérée). Ce bel esprit de Julien se targuait d'abattre en se jouant le christianisme par ses sarcasmes. Il lança maints pamphlets contre le Sauveur, interdit l'enseignement aux chrétiens, les surchargea d'impôts, les chassa des fonctions publiques et les priva d'avancement dans l'armée. Mais, pas plus que son persiflage cavalier, ne triompha sa tyrannie. Jean garda seulement l'horreur d'avoir vu massacrer de vertueux personnages qui préférèrent le martyre à l'abjuration. L'avènement de Valentinien pacifia la province et permit aux lettres et aux arts de reprendre leur vogue. Jean fréquenta l'école du philosophe Andragathius. Entre les rhéteurs et les philosophes réputés primait Libanius, plus habile phraseur qu'homme de savoir et de goût. Il avait collaboré aux libelles impies de Julien l'Apostat, et c'était, selon Chrysostome, le plus superstitieux des païens. Anthuse n'osa toutefois détourner son fils de ses cours, tant la louange, à la ronde, illustrait sa chaire. N'entendait-elle pas les bateliers, en ramant, les ouvriers, à leur travail, scander leur effort au rythme harmonieux d'un de ses exordes ? Libanius, qui discerna vite le talent de son élève, ne put lui insuffler son admiration poétique du paganisme ; mais sa luxuriance de couleurs et d'images envoûta le jeune auditeur et prolongera sa fascination. Chrysostome aura beau refuser à la littérature la touchante fidélité de saint Basile et de saint Grégoire de Nanzianze, et ne voir dédaigneusement en elle qu'une fumée d'orgueil ; il aura beau raconter avec facétie de menues anecdotes de la vie de Socrate, d'Aristote et de Diogène, ou bracarder telle de leurs sentences, son éloquence gardera l'empreinte des souvenirs classiques. Platon traversera ses homélies, les amplifications fastueuses ou le cliquetis verbal de Libanius résonneront parfois en ses périodes. A vingt ans, distingué, ardent et subtil, Jean s'inscrivit au barreau comme, en leurs cités respectives, saint Ambroise, saint Paulin et Sulpice Sévère. Mais, après des débuts prometteurs, sans tendresse pour les avocats et les juges, il s'éloigna d'un milieu qui ne lui avait révélé que petites chicanes et grandes injustices. Anthuse le mit en relation avec l'évêque d'Antioche, Mélèce, prélat de haute vertu, glorifié par l'exil, et si bon que saint Basile lui écrivait : Quand je reçois une de vos lettres, je l'aime d'abord à proportion du nombre de ses lignes, et mon bonheur s'accroît durant toute la lecture. Cet homme dont le regard prêchait, gagna la confiance de Jean. Secondé par Flavien, futur évêque d'Antioche, et Diodore, le futur évêque de Tarse, il lui expliqua les saints Livres et le prépara au baptême. Jean fut baptisé dans la nuit de Pâques 368, puis continua d'étudier les saintes Ecritures sous Diodore et après qu'il eut accédé au lectorat (371), Mélèce se l'attacha pour secrétaire. Brève collaboration, car le frère de Valentinien, Valens, avait hérité Antioche, et cet Arien fanatique reprit avec fougue la persécution. Mélèce fut banni, sans que la séparation ni le temps affaiblissent la vénération de ses diocésains. L'astuce et la violence sévirent. De louches individus dénoncèrent un prétendu complot de maléfices contre Valens. On décapita, brûla ; des familles périrent ; Antioche, terrorisée, ruissela de sang. Jean faillit être victime. Comme je me promenais, avec un ami, en ces jardins amènes qui bordent l'Oronte, il aperçut, glissant au fil de l'eau, un livre dont il s'empara. C'était un formulaire de philtres inachevé, qu'un rédacteur, poursuivi, avait lancé dans le fleuve. Je contestai en riant la propriété du butin, et, pendant notre dispute, un soldat nous rejoignit. Mon compagnon put à peine dissimuler le volume. Qui eût admis notre bonne foi lorsque nous aurions allégué le hasard ? Cette angoisse décida le jeune clerc à la vie solitaire et ascétique. Sa conscience, ennoblie par le désir de Dieu, lui signalait le clinquant des espérances mondaines. Sous les palmeraies du désert ou dans une grotte de quelque roche escarpée, il disciplinerait la sève de ses passions. L'amour maternel d'Anthuse protesta. Me prenant par la main, elle me conduisit à sa chambre, me fit asseoir près du lit où elle m'avait mis au monde, pleura et m'attendrit plus encore par ses plaintes : " Ne me rends pas veuve une seconde fois ; ne ranime pas ma douleur assoupie. Quand tu m'auras prochainement, dans le tombeau, réunie à ton père, rien ne t'empêchera d'entreprendre de longs voyages. Mais, de grâce, mon enfant, supporte la présence de ta mère ; ne t'ennuie pas de vivre avec moi. " Elle sut avec souplesse consolider sa victoire. Ménageant à son fils, dans sa maison, une impression d'isolement, elle feignit d'ignorer ses veilles et ses jeûnes. Non qu'il eût à expier quelque défaillance. Un examen rigoureux de sa jeunesse lui dévoilera seulement l'attrait du théâtre. Il pourra écrire sur la virginité en familier de la vertu. Sa répulsion du vice l'invitera même aux exagérations, quand l'éloge de la continence lui fera réduire la condition du mariage à une émulation d'antipathie et de querelles, et avancer avec candeur ce paradoxe contraire à l'humanité et à l'Evangile : Puisque l'union conjugale ôte la libre disposition de soi-même, qui ne regimberait devant cette loi tyrannique ? Quand sa mère fut morte, Jean se retira dans le désert, loin de la ville, du forum et de leur tumulte, pour se mettre pendant quatre ans à l'école d'un vieux moine, puis, pendant deux ans, il se retira en solitaire dans une caverne (372-378). La santé fort altérée par le jeûne, l'abstinence perpétuelle et des mortifications trop fortes, Jean dut quitter le désert et la vie pénitentielle pour retourner à Antioche. De retour à Antioche, il fut ordonné diacre par Mélèce (381) qui allait partir au concile de Constantinople, et servit dès lors dans ce ministère jusqu'à ce que Flavien, successeur de Mélèce, l'ordonnât prêtre, apparemment vers la fin de 385 ou au tout début du carême de 386 qu'il prêcha. Presque tous les traités et homélies que l'on a de lui datent de son époque diaconale. Prêtre, Jean Chrysostome fut surtout chargé de prédication et la plupart de ses homélies datent de cette époque. |
LELOUP - INTRODUCTION AUX VRAIS PHILOSOPHES – Les Pères grecs, un continent oublié de la pensée occidentale |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2014 |
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On désigne par Pères apologistes les pères de l'Eglise qui à partir du 2èmè siècle vont porter témoignage de leur foi devant les païens et les empereurs de cette époque. Ils vont sans cesse débattre de toutes sortes de questions relatives à la foi chrétienne et notamment des "hérésies". Les plus connus d'entre eux sont : Justin Martyr (milieu du 2ème siècle) - Clément d'Alexandrie (fin du 2ème siècle) - Théophile d'Antioche (milieu du 2ème siècle) - Tertullien (fin du 2ème siècle) - Minucius Félix (milieu du 2ème siècle) - Tatien (milieu du 2ème siècle) - Athenagoras d'Athènes – Irénée - et d’autres… Tous ces philosophes/apologistes vont s'efforcer de réfuter les nombreuses calomnies dont le christianisme fait alors l'objet et de montrer que celui-ci est une philosophie qui peut rivaliser d'égale à égale avec la philosophie grecque. En fait les apologistes vont procéder en quelque sorte au mariage entre la philosophie grecque néo platonicienne et le judaïsme revu et complété par le christianisme. Les concepts de "verbe" ou "logos" vont s'associer à celui de fils de Dieu. Il est surprenant de voir comment les Pères utilisent abondamment ces concepts abstraits pour convaincre les païens en lieu et place de témoignages historiques remontant au personnage fondateur du Christianisme c'est à dire à Jésus de Nazareth. Hormis Justin les autres Pères du milieu du 2ème siècle dont il est question ici n'utilisent jamais de référence à Jésus de Nazareth dans leurs Apologies. L'interprétation chrétienne classique veut que le phénomène historique associé à Jésus soit quelque peu masqué pour ne pas choquer les païens plus enclins à entendre un discours philosophique général qu'une histoire invraisemblable. Il faut attendre la fin du 2ème siècle avec Tertullien et Clément d'Alexandrie pour voir Jésus placé au centre de l'apologie. En fait selon l'interprétation mythique l'histoire en question qui s'élabore tout doucement au fil du temps commence seulement à être acceptée comme mythe fondateur par certains Pères tout en restant à l'écart du corps de doctrine principal, un peu comme une illustration que l'on ajoute à un texte pour mieux éclairer celui-ci et qui joue au demeurant un rôle secondaire. Les philosophies grecques étaient d'ailleurs elles-mêmes accompagnées de mythes populaires avec leur lot de personnages extraordinaires et de surnaturel. On peut comprendre que la nouvelle philosophie chrétienne naissante qui comme on l'a dit plus haut représente une symbiose entre un certain platonisme et la tradition judaïque ait peu à peu intégré le mythe issu des évangiles. L'intégration du courant paulinien d'inspiration apocalyptique viendra compléter le tout pour donner naissance à la religion chrétienne telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'œuvre d'Athénagoras est une apologie intitulée "Une Plaie pour les chrétiens" et destinée à l'Empereur Marc Aurèle. Il y est question une fois de plus du Logos et du fils de Dieu mais pas de son incarnation en la personne de Jésus de Nazareth. Jésus Christ n'est d'ailleurs jamais mentionné. Il parle de philosophie platonicienne et des mythes grecs mais pas de la vie terrestre de celui qui est au centre de la religion naissante. Quelques maximes chrétiennes semblables à celles du Sermon sur la Montagne sont citées mais sans référence aucune à leur auteur présumé. Les trois pères apologistes certainement les plus importants de cette époque partagent avec les autres pères le goût pour la philosophie grecque (ils vivent tous dans un monde imprégné de culture hellénistique) et vont donc continuer dans la ligne du mariage de cette philosophie avec la théologie chrétienne naissante. Il s’agit de Tertullien, Clément d’Alexandrie et d’Irénée. A la différence des autres pères ils semblent avoir complètement intégré le récit des évangiles qui devient de ce fait le "canon" des écritures chrétiennes. On peut dire qu'avec eux commence la période "classique" du dogme. Irénée, évêque de Lyon qui a connu Polycarpe fait explicitement référence à l'évangile selon Saint Jean mais n'est pas très bavard sur son contenu. S'il est vrai que les évangiles semblent être définitivement admis vers la fin du deuxième siècle leur contenu pourtant si riche (vie de Jésus, miracles, paraboles …) est rarement commenté. Dans son combat contre les hérésies (Gnosticisme et Docétisme) Irénée ne s'appuie jamais sur ces récits pourtant si fondamentaux. Il est cependant à l'origine de la constitution du "canon" biblique. Clément d'Alexandrie ainsi appelé parce qu'il passa une grande partie de sa vie dans cette ville part en lutte contre le paganisme et fait l'apologie d'un christianisme synthèse de la philosophie grecque et des traditions religieuses de son époque (Judaïsme) mais sans références directes à Jésus de Nazareth. Le Christ est pour lui "La Raison incarnée". Le Christianisme est ici dépeint comme une nouvelle philosophie. La vie et les enseignements du fondateur de cette nouvelle religion sont complètement passés sous silence. Cette attitude commune à la plupart des premiers Pères de l'Eglise est tout simplement incompréhensible selon les points de vue chrétien et rationaliste. Indépendamment des textes évangéliques Tertullien dans son Apologie prétend que Tibère a pris la défense de Jésus devant le Sénat romain ce qui aux yeux de certains historiens constituerait une confirmation indépendante de l'existence de Jésus. Cependant l'authenticité du texte est discutable dans la mesure où aucun commentateur contemporain ne cite ce passage et également à cause du fait bien connu celui-là de l'intolérance de cet empereur envers les cultes étrangers. Il est extrêmement improbable en effet qu'un empereur romain quel qu'il soit ait d'ailleurs pu prendre la défense d'un personnage qu'il ne pouvait connaître que par des témoignages chrétiens indirects. |
LELOUP - JÉSUS, MARIE- MADELEINE ET L’INCARNATION |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2008 |
Quelle
fut la nature des relations entre Jésus de Nazareth et la grande figure
féminine que la tradition chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si " le
Verbe s'est fait chair ", s'il faut prendre au sérieux le mystère de
l'Incarnation, peut-on imaginer que le Christ se soit interdit tout amour
charnel ? L'histoire, les Evangiles canoniques, les apocryphes et la
théologie ont-ils quelque enseignement à nous livrer à ce sujet ? L'auteur
d'Une femme innombrable, spécialiste de ces questions et traducteur notamment
des Evangiles de Marie, de Philippe et de Thomas, aborde la relation "
amoureuse " de Jésus et de Marie-Madeleine à la lumière de la parole de
Paul : " Tout est pur pour celui qui est pur. " Son propos précis
et sans tabou n'entend pas scandaliser, mais stimuler notre étonnement face
au " réalisme de l'Incarnation ". Ce livre est paru en grand format
sous le titre Tout est pur pour celui qui est pur. Marie
de Magdala ou Marie-Madeleine est, selon le Nouveau Testament, une disciple
de Jésus de Nazareth. Marie-Madeleine serait née en l’an 3 de notre ère et
aurait été la fille de l'archiprêtre Syrus le Yaïrite, prêtre de David. Son
père officiait dans la synagogue de Capharnaüm. Eucharie, sa mère, aurait
appartenu à la lignée royale d'Israël mais non davidique. Connue sous le nom
de Marie-Madeleine, Marie de Magdala, c’est-à-dire originaire de la ville de
Magdala (de l'hébreu migdal, tour) sur la rive occidentale du lac de
Tibériade, était une femme qui, selon le Nouveau Testament a été délivrée de
sept démons par Jésus (Lc 8, 2). Elle devint une de ses disciples — peut-être
la disciple la plus importante du Christ — et l'a suivi jusqu'à sa mort (Mc
15, 40-41). Elle est également la femme la plus présente du Nouveau
Testament. Elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus (Mc 16,
1s), ce qui lui donne une importance considérable, mais elle ne le reconnaît
pas tout de suite et essaie de le toucher, ce qui lui vaudra la phrase Noli
me tangere (« Ne me touche pas »). La théorie faisant de Marie-Madeleine l’incarnation du « féminin sacré » est un thème récurrent des ouvrages féministes néo-gnostiques. Leurs auteurs essaient de réécrire l’histoire des débuts de l’Église en se fondant sur des écrits gnostiques qui datent, au plus tôt, du IIIe siècle de l'ère chrétienne. Un certain nombre de textes apocryphes, notamment l’Évangile de Marie, l'Évangile selon Thomas et l’Évangile selon Philippe, sont utilisés pour accréditer la thèse du mariage de Marie Madeleine et de Jésus ainsi que l’importance primordiale accordée aux femmes par l'Évangile. Au Moyen Âge, la Légende dorée fait de Marie-Madeleine l'épouse de Saint Jean l'Évangéliste. Le tombeau de Marie-Madeleine à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (France), gardé par les Franciscains, est considéré comme le 3e tombeau de la chrétienté. |
LELOUP - KARL GRAF DURKHEIM – TEXTES ET TÉMOIGNAGES |
Jean-Yves
Leloup et Castermane |
Edition du Relié |
2012 |
Karlfried Graf Durckheim (1896-1988) fut l’un des grands passeurs du XXe siècle entre l’Orient et l’Occident. L’un des premiers à transmettre le concept et la pratique d’une méditation laïque en Europe à partir de son célèbre centre de Todmoos Rütte en Forêt Noire allemande. Ce recueil, publié dans la revue Question de et plusieurs fois réédité, nous restitue l’enseignement de ce maître d’éveil à travers les témoignages de personnalités qui l’ont bien connu : Jean-Yves Leloup, Jacques Castermane, Henri Hartung, Bernard Rérolle, Jacques Breton, Alphonse et Rachel Goettmann, le Dr Jean Marchal… Ils nous parlent des méthodes et de l’esprit de K. G. Durckheim qui faisait vivre à autrui une véritable expérience initiatique, en déclenchant chez lui un itinéraire de transformation personnelle. Des textes inédits, extraits de ses leçons et conférences, concluent cet ouvrage remarquable où toute la force spirituelle et intellectuelle de ce personnage hors norme se trouve revivifiée. Jean-Yves Leloup qui fut pendant plus de dix ans l’élève et l’ami de Graf Durckheim, nous introduit à la grande Thérapie Initiatique de Durckheim : « Toute thérapie s’appuie sur une conception de l’homme, de son Être essentiel et de sa destinée. « On fait depuis quelque temps une différence entre petite et grande thérapie. Par petite thérapie, on entend les traitements s’adressant aux névroses et visant à rétablir la santé psychique. Son but est de rendre un sujet apte à faire son chemin dans la société, à y travailler, à s’y créer des contacts. La première condition est de le libérer de son angoisse, de sa culpabilité, de son isolement… c’est une thérapie purement pragmatique. (Mais parfois) la souffrance humaine, physique ou psychique, s’enracine si loin au-delà du psychologiquement accessible, elle atteint le noyau de l’être métaphysique, se situant donc à une profondeur de l’inconscient dont les manifestations ont un caractère numineux : la vie spirituelle est alors en jeu. La « guérison » n’est alors possible que si le « malade » apprend à se percevoir à ce niveau. Il lui faut comprendre son échec dans le monde comme le blocage d’une réalisation de soi-même à travers laquelle son Être transcendant lui-même devrait percer. Une telle thérapie… tend au témoignage de l’Être essentiel dans le moi profane et, en ce sens, à la réalisation du Soi véritable : on l’appelle la grande thérapie… Elle doit avoir un sens initiatique ». De
noblesse allemande, le comte Durckheim est né en 1896 à Munich dans une
famille chrétienne. Très jeune, il est fasciné par le mystère. Dans l'église
du village natal, ses parents possèdent une « loge » du haut de laquelle le
jeune Karlfried peut voir la sacristie et suivre le rite sacerdotal, sans en
comprendre le sens intellectuellement, mais en le ressentant avec son cœur.
Cela l'amènera à dire un jour : « Ce ne sont ni les images, ni les pensées
qui comptent au cours d'une liturgie, mais l'attitude. Il faut être là, dans
une attitude de don et d'abandon ; alors seulement quelque chose peut naître
et se développer en nous. » Après
une enfance riche d'expériences mystiques, son adolescence est marquée par la
guerre de 1914-1918. Soldat, c'est au front, face au spectacle macabre, qu'il
découvre en lui cette fascination et cette répulsion devant la mort. Durant
toute la guerre, elle restera sa compagne quotidienne, surtout lors de la
bataille de Verdun. Il affirmera plus tard qu'il n'a jamais été un héros,
qu'il a toujours eu peur lorsqu'il était seul. En tant qu'officier, il n'a
jamais eu de mal à faire son devoir lorsqu'il avait la responsabilité de ses
hommes. Pendant quarante-six mois, il lui sera toujours épargné d'être en
face de quelqu'un pour le tuer. Après
la guerre, à 24 ans, alors qu'il se trouve dans l'atelier du peintre Willi
Geiger à Munich, il entend sa future épouse, Enja von Hattingen, lire à haute
voix le onzième verset du Tao te King de Lao-Tseu. À cet instant, le voile se
déchire, il s'éveille à une autre réalité. II se sent empli d'une grâce
extraordinaire qui le comble de joie et le plonge dans un grand silence. Cet
événement passé, il entame des études philosophiques à Munich et émigre à
Kiel avec ses amis. Avec eux, il forme un petit groupe de recherche, le
Quator, destiné à mettre en oeuvre une certaine pratique spirituelle comme
des exercices en silence et d'assise méditative. À
cette époque, il vit en communauté et suit les cours de l'université où il
abandonne la philosophie pour se consacrer à la psychologie. C'est durant
cette période qu'il découvre les écrits de maître Eckart et l'Évangile de
saint Jean. Après l'obtention d'un doctorat en 1923 et son mariage avec Enja,
il effectue un séjour en Italie, au cours duquel il travaille sur la
philosophie de l'Unité, fasciné par un problème « Ressentir qu'il
existe une Unité qui étreint tout et, dans une ordonnance intérieure, donne
naissance à des formes. » Puis il est nommé professeur à l'institut de
psychologie de Leipzig en 1925, puis à l'Académie de Breslau en 1931. Chargé de mission culturelle au Japon pour étudier l'arrière-plan spirituel de l'éducation japonaise, il y séjourne de 1937 à 1947. Il profite de ce long séjour pour vérifier ses intuitions en s'initiant au zen rinzaï, par la pratique de la méditation et du tir à l'arc conçu comme exercice spirituel. Rentré en 1948 en Allemagne, il fonde avec une analyste jungienne, Maria Hippius, le centre de méditation et de psychologie initiatique de Todtmos-Rütte, en Forêt Noire. Son oeuvre pratique et intellectuelle vise à opérer une synthèse harmonieuse des pensées et des pratiques orientales et occidentales qui permettent à l'homme de s'ouvrir à la transcendance qui est en lui et à partir de là se transformer. Ce qui a toujours préoccupé Graf Durckheim c'est l'Homme dans sa profondeur, c'est-à-dire ce qui en l'homme est en deçà ou au-delà de toutes différences. Et cela en acceptant chacun dans sa différence. Selon lui : « L'homme est prédisposé à l'expérience de l'Être, non parce qu'il est chrétien ou bouddhiste, mais parce qu'il est un Homme. C'est en cette qualité qu'il a part à l'Être surnaturel par son Être essentiel. » Ce qu'il propose « ne concerne pas tel ou tel aspect de l'individu. Il s'adresse à l'homme entier. Tant à celui pour qui Dieu, au sens chrétien, existe qu'à celui qui a grandi dans une famille incroyante. Pour l'un comme pour l'autre pourra s'accomplir la vraie transformation, celle qui conduit à la conscience absolue, à la sérénité et à l'harmonie intérieure ». |
LELOUP – LA MONTAGNE DANS L’OCÉAN – Méditation et compassion dans le Bouddhisme et le Christianisme |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2007 |
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LELOUP - L’APOCALYPSE DE JEAN |
Jean-Yves LELOUP |
Edition ALBIN MICHEL |
2011 |
Dans notre monde soumis à des bouleversements intenses, les nombreuses prédictions « apocalyptiques » sont à la mode, celle de Jean, que les prophètes de malheurs aiment à solliciter, a-t-elle pour visée de nourrir nos angoisses et nos phobies ? Pour Jean-Yves Leloup, la révélation de ce qui arrive, de ce qui vient, peut être vue dans différentes lumières, et c’est à un regard ni résigné ni effrayé devant les événements que nous invite l’Apocalypse de Jean. Elle situe la réalité actuelle et future du monde dans la lumière de Dieu et dans la lumière de l’agneau, vision à la fois de justice et de miséricorde. Plutôt que de faire de l’Apocalypse l’annonce d’une destruction nihiliste, il est possible et souhaitable de lire à travers sa symbolique si riche la « révélation » de l’ultime réalité : Tout s’effondre sauf la Vie. A travers une traduction inédite et un commentaire abondant de ce texte fondamental de la spiritualité universelle, l’auteur à qui l’on doit une remarquable traduction de l’Evangile de Jean et des Evangiles apocryphes de Thomas, Philippe et Marie, nous fait porter un autre regard sur le monde présent et à venir. Le rôle d’une apocalypse et particulièrement celle de Jean, n’est pas de nourrir nos phobies, ni même d’éveiller une peur ou une angoisse (Tchernobyl –Fukushima) qui face à ces situations pourrait s’éprouver comme salutaire ; c’est davantage la révélation d’une issue, l’exercice d’une lucidité non désespérée. La révélation de ce qui arrive, de ce qui vient, peut être vu sous différentes lumières, et c’est à ce regard ni résigné ni effrayé devant les événements que nous invite l’Apocalypse de Jean. Il y a deux révélations dans le livre de l’Apocalypse : celle du diabolique et celle du symbolique. Révélation du dia-bolos, de ce qui « ce qui se jette entre, qui sépare, qui divise, détruit, déchire, consomme, consume et épuise. Révélation de ce qui oppose les hommes entre eux, les sépare de l’univers et de son origine. A côté de cette révélation, il y a une révélation du symbolon « ce qui tient les deux, qui rassemble » archétype de la synthèse. Dans cet ouvrage, l’auteur nous parle de : L’Apocalypse aujourd’hui – Une phénoménologie de l’Esprit – Yohanan – les lectures de l’Apocalypse – Une interprétation de l’Apocalypse – Un messianisme de l’instant – Première révélation : Ne craignez rien ! Je suis ! Je serais – Lettres aux sept appelés – Les personnages de l’Apocalypse – L’Apocalypse comme révélation d’un inconscient – YHVH, l’Abîme – Satan – L’Agneau – Le Dragon – Les quatre vivants – Les quatre cavaliers – La colère de l’Agneau – Les sept chofars – Les sept coupes – La femme, l’enfant et la prostituée – La bête – Les ailes – Les pierres de la nouvelle Jérusalem – Les derniers mots – Les deux Jérusalem et la fiancée – Les couleurs et la symbolique des nombres – |
LELOUP – LA SAGESSE QUI GUÉRIT |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2015 |
Dans
la continuité de Prendre soin de l’être et de Manque et Plénitude, Jean-Yves
Leloup approfondit ici l’histoire et la pratique de Philon d’ Alexandrie et
des Thérapeutes, fondateurs d’une école philosophique et spirituelle qui joua
un rôle majeur dans l’élaboration du christianisme primitif. Leur sagesse,
héritière des quatre grandes écoles grecques (platonisme, aristotélisme,
épicurisme et stoïcisme) est aussi en lien avec la pratique et l’enseignement
des Pères du désert. L’auteur nous montre les richesses que recèle son
dialogue avec les différentes traditions spirituelles et les pratiques
analytiques d’aujourd’hui.
Jean-Yves
Leloup (Père Jean-Séraphim), est Docteur en philosophie, psychologie et
théologie, écrivain, conférencier, dominicain puis prêtre orthodoxe. Athée
dans sa jeunesse, il se convertit à Istanbul au christianisme oriental suite
à une expérience le laissant pour cliniquement mort. Plus tard, il recherche
ses racines occidentales et devient moine dominicain catholique à la
Sainte-Baume. Au sein de cet ordre, il peut se consacrer à une quête
intellectuelle rigoureuse qu'il met au service de sa foi. Il s’intéresse
notamment à Maître Eckhart. Après quinze ans de vie monastique catholique, il
revient à l’orthodoxie qu’il considère comme le patrimoine commun des
Églises. Il offre à travers ses livres, conférences et séminaires un
approfondissement des textes sacrés, ainsi qu'une approche et une réflexion
d'une grande richesse sur la spiritualité au quotidien grâce à une formation
pluridisciplinaire d'une rare complémentarité. Membre de l'Organisation des
Traditions unies, docteur honoris causa es sciences à l'Université de Colombo
(Sri Lanka), Jean-Yves Leloup enseigne en Europe, aux États-Unis et en
Amérique du Sud dans différentes universités et instituts de recherche en
anthropologie fondamentale. « J’ai
vécu à l’âge de dix-neuf ans une « mort clinique ». Mourir au moins
une fois dans sa vie, effectivement cela change la vie ! Ce que beaucoup
prennent pour le réel s’est révélé être une illusion, ce que beaucoup
prennent pour une illusion s’est révélé être le Réel. Après cela, il s’agit
de voir toutes choses dans la clarté de ce Réel, sans illusion. Épiphanie
d’une lumière qui se tient toujours cachée dans sa manifestation même. On ne
voit pas le regard avec lequel on voit. Le monde actuel, comme le monde passé
ou le monde futur, est une illusion qui n’est pas faite pour durer.
Nous sommes tous embarqués – cela est sûr ! Compagnons de voyage, nous avons à le devenir. Pour cela, il est nécessaire de s’entendre sur le sens et le but du voyage. Si nous venons de la lumière et retournons à la lumière, il n’y a pas de problème. Si, comme le moindre de nos souffles, nous venons de l’infini et retournons à l’infini, non seulement il n’y a pas de problème, mais il est bon de respirer et de vivre ensemble, consciemment. Si nous venons de Dieu et retournons à Dieu, alors non seulement nous sommes compagnons de voyage, mais nous sommes consanguins, du même âge, frères et sœurs d’une même terre et d’un même ciel ; nous partageons l’orage et l’éclaircie... Athée dans sa jeunesse, il se convertit à Istanbul au christianisme oriental suite à une expérience le laissant pour cliniquement mort. Plus tard, il recherche ses racines occidentales et devient moine dominicain catholique à la Sainte-Baume. Au sein de cet ordre, il peut se consacrer à une quête intellectuelle rigoureuse qu'il met au service de sa foi. Il s’intéresse notamment à Maître Eckhart. Après quinze ans de vie monastique catholique, il revient à l’orthodoxie qu’il considère comme le patrimoine commun des Églises. Il offre à travers ses livres, conférences et séminaires un approfondissement des textes sacrés, ainsi qu'une approche et une réflexion d'une grande richesse sur la spiritualité au quotidien grâce à une formation pluridisciplinaire d'une rare complémentarité. Membre de l'Organisation des Traditions unies, docteur honoris causa es sciences à l'Université de Colombo (Sri Lanka), Jean-Yves Leloup enseigne en Europe, aux États-Unis et en Amérique du Sud dans différentes universités et instituts de recherche en anthropologie fondamentale. |
LELOUP - L’ASSISE ET LA MARCHE |
Jean-Yves LELOUP |
Edition Albin Michel |
2011 |
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Aller où
notre cœur nous mène est un risque, qui nous conduit parfois dans des
impasses, ces « chemins qui ne conduisent nulle part» dont parle le
philosophe Heidegger. Ne confondons pas le cœur boussole et le cœur
girouette. Sachons quelle est notre boussole et quelle est notre girouette. Dans nos vies, le plus difficile,
c'est de savoir ce que l'on désire vraiment. Une multitude de désirs nous
assaillent et nous désorientent. Quel est notre désir profond? Celui qui nous
conduit justement à l'Orient, à la Lumière? Se tenir proche de ce désir,
c'est se tenir proche de son propre chemin. « Mieux vaut mourir dans sa
propre loi que sous la loi d'autrui», enseigne la Bhagavad-Gîtâ. Mieux vaut
mourir selon sa propre loi, sa propre voie et voix - qui nous parle de
l'intérieur -, que d'écouter même parfaitement la voix d'un autre. Suivre sa
propre voie, même imparfaitement, plutôt que de suivre parfaitement la voie
d'un autre, la loi d'un autre. |
LELOUP
- L’ÉLÉGANCE DU SOI – PETIT
TRAITÉ DE L’HOMME NOBLE
|
Jean-Yves Leloup
|
Presse du Châtelet
|
2020
|
Cette
élégance et cette noblesse ne sont jamais perdues, elles demandent seulement
notre attention et l'exercice nécessaire à leur dévoilement. Cette "
révolution " de l'élégance et de la noblesse est la seule que nous
n'ayons pas encore essayée, révolution-révélation de la conscience et de
l'amour incarnés. Jean-Yves Leloup, comme maître Eckhart en son temps, nous
invite à cette aventure, guidant chaque être humain dans ses métamorphoses
vers le meilleur des possibles. Il
faut d’abord que l’on sache, et la Révélation nous l’apprend d’ailleurs,
qu’il y a dans l’homme deux natures : le corps et l’esprit. C’est pourquoi il
est dit dans l’Ecriture : qui se connaît lui-même connaît toutes les
créatures ; car toutes les créatures sont ou corps ou esprit. Aussi
l’Ecriture dit-elle en parlant de l’homme, qu’il est en nous un homme
extérieur et un autre, l’homme intérieur. Fait partie de l’homme extérieur
tout ce qui, bien qu’inhérent à l’âme, est lié et mêlé à la chair et agit en
coopération corporelle avec chaque membre, œil, oreille, langue, main, etc.
Et c’est tout cela que l’Ecriture appel le vieil homme, l’homme terrestre,
l’homme extérieur, l’homme ennemi, l’homme esclave. L’autre homme qui est en
nous, c’est l’homme intérieur ; celui-là, l’Ecriture l’appelle un nouvel
homme, un homme céleste, un homme jeune, un ami, un homme noble. Et c’est de
celui-là que parle Notre Seigneur, disant qu’un homme noble s’en fut en un pays
étranger, se conquit un royaume et s’en revint chez lui. C’est encore à cela
qu’il nous faut penser, quand saint Jérôme rapporte l’enseignement commun des
maîtres selon que tout homme, du fait même qu’il est homme, a un bon esprit,
un ange, et un mauvais esprit, un démon. Le bon ange nous conseille et nous
attire sans cesse vers ce qui est bon et divin, ce qui est vertueux, céleste,
éternel. Le mauvais esprit conseille et attire sans cesse l’homme vers ce qui
est temporel et périssable, ce qui est pécheur, mauvais et diabolique. Ce
mauvais esprit est toujours en coquetterie avec l’homme extérieur, par
l’intermédiaire duquel il guette constamment l’homme, Adam. L’homme
intérieur, c’est Adam, l’homme dans l’âme. C’est lui le bon arbre dont Notre
Seigneur parle, qui toujours et sans cesse produit de bons fruits ; il est
également le champ où Dieu a planté son image et sa ressemblance et où il
jette la bonne semence, la racine de toute sagesse, de tout art, de toute
vertu, de toute bonté, semence de nature divine. Cette semence, c’est le Fils
de Dieu, le Verbe de Dieu ! L’homme
extérieur lui est hostile et il y a semé et jeté méchamment l’ivraie. C’est
de lui que saint Paul dit : « Je trouve en moi quelque chose qui m’entrave et
contrarie ce que Dieu commande et conseille », ce que Dieu a commandé, ce
qu’il a dit et dit encore dans ce qu’il y a de plus noble, au fond de mon
âme. Ailleurs il se lamente et dit encore : « Malheur à moi, infortuné ! Qui
me délivrera de mon corps qui m’apporte la mort ? ». Et dans un autre passage
il écrit que l’esprit et la chair de l’homme sont toujours en lutte l’un
contre l’autre. La chair conseille le vice et le mal, l’esprit de Dieu
conseille l’amour de Dieu, la paix, la joie et toutes les vertus. Celui qui
obéit à l’esprit et vit selon ses conseils appartient à la vie éternelle ;
mais celui qui obéit à la chair, celui-là meurt. L’homme intérieur est celui
dont Notre Seigneur dit qu’un homme noble s’en fut en un pays lointain ; il
est également le bon arbre dont Dieu dit qu’il porte toujours de bons fruits
et jamais de mauvais ; car il veut le bien et recherche le bien et est
suspendu dans le bien même, insensible à ceci ou à cela. L’homme extérieur
est le mauvais arbre qui ne peut jamais donner de bons fruits. A
propos de la noblesse de l’homme intérieur et spirituel et de la vulgarité de
l’homme extérieur et charnel, les maîtres païens Cicéron et Sénèque disent
aussi qu’aucune âme rationnelle n’est privée de Dieu. La semence de Dieu est
en nous. Si elle trouvait toujours un cultivateur habile et un jardinier
diligent, elle croîtrait d’autant mieux et monterait vers Dieu, dont elle est
la semence, et son fruit deviendrait pareillement une nature de Dieu. La
graine du poirier croît et devient poirier, la graine du noyer croît et devient
noyer ; c’est la semence de Dieu qui monte vers Dieu ! Mais si la semence
rencontre un semeur et un cultivateur fous et méchants, l’ivraie s’y mêle,
qui couvre et étouffe la bonne semence, si bien que celle-ci ne peut voir le
jour ni parvenir à maturité. Mais Origène, un grand docteur, nous dit : «
Comme c’est Dieu lui-même qui a semé en nous cette semence, qui l’a imprimée
en nous et nous l’a rendue connaturelle, on peut bien la couvrir et la
cacher, mais jamais on ne pourra la détruire totalement ni l’éteindre ; elle
continue sans arrêt de brûler et de briller, de luire et de resplendir, et
sans cesse elle tend à s’élever vers Dieu. » Le
premier degré de l’homme intérieur, de l’homme nouveau, comme dit saint
Augustin, c’est que l’homme vit à l’imitation d’hommes bons et saints, mais
qu’il marche encore en se tenant aux chaises et aux murs et se nourrit encore
de lait. Le second degré, c’est qu’au lieu d’avoir les yeux fixés uniquement
sur ses modèles ou encore sur des hommes bons, il court et se hâte maintenant
vers les enseignements et les conseils de Dieu et de la Sagesse divine, qu’il
tourne le dos aux hommes et la face vers Dieu, quitte le giron de sa mère et
sourit à son Père céleste. Au troisième degré, l’homme se soustrait de plus
en plus à l’influence de sa mère et s’éloigne de plus en plus du sein
maternel, échappe à la sollicitude et rejette toute crainte. Quand bien même
il aurait la possibilité de faire le mal ou de porter tort à quelqu’un, sans
en recevoir pour autant aucun dommage, il n’en aurait pourtant aucune envie ;
par l’Amour il est, en effet, lié et confié à Dieu dans un zèle constant,
jusqu’à ce que Dieu l’ait placé et établi dans la joie et la douceur, là où
il répugne tout ce qui est dissemblable et étranger, tout ce qui ne convient
pas à Dieu. Au quatrième degré, l’homme croît de plus en plus et s’enracine
dans l’amour de Dieu, au point d’être toujours prêt à assurer, de bon gré et
de bon cœur, avidement et avec joie, toutes sortes de tribulations et
d’épreuves, d’ennuis et de peines. Au cinquième degré, l’homme vit partout et
spontanément dans la paix, calme et tranquille dans la richesse et la
jouissance de la plus haute et indicible Sagesse. Au sixième degré, l’homme
est dépouillé de lui-même et revêtu de l’éternité de Dieu, parvenu à la
perfection complète ; il a oublié la vie temporelle avec tout ce qu’elle a de
périssable ; il a été entraîné et transformé en une image divine ; il est
devenu un enfant de Dieu. Il n’y a pas d’autre degré, de degré supérieur ; là
est le repos éternel, la béatitude. Car le but dernier de l’homme intérieur,
de l’homme nouveau est la vie éternelle. Au
sujet de cet homme intérieur, de cet homme noble, en qui est imprimée l’image
de Dieu et semée la semence de Dieu, comment cette semence et cette image de
la nature divine et de l’essence divine qui sont le Fils même de Dieu, s’y
révèlent et comment on en prend conscience ; comment il arrive parfois qu’ils
soient cachés, tout cela, le grand maître Origène nous l’expose dans une
parabole : le Fils de Dieu, dit-il, image de Dieu, est au fond de l’âme comme
une source d’eau vive. Quand on y jette de la terre, c’est-à-dire des désirs
terrestres, elle est recouverte et cachée au point qu’on ne la connaît et
qu’on ne l’aperçoit plus. Mais, en elle-même, elle reste vive ; dès qu’on
enlève la terre qui la recouvre à sa surface, elle réapparaît et on la
revoit. Et il dit encore que cette vérité se trouve indiquée au premier livre
de Moïse, où il est écrit qu’Abraham avait creusé dans son champ des puits
d’eau vive, mais que des gens mal intentionnés les avaient comblés de terre ;
mais quand on en eut sorti la terre, les sources redevinrent vives. Quand
l’âme de l’homme, dit saint Augustin se tourne complètement vers l’éternité,
là-haut, vers Dieu seul, l’image de Dieu paraît en elle et devient brillante,
mais quand l’âme se tourne vers l’extérieur, fût-ce en des exercices
extérieurs de vertu, l’image est entièrement cachée. C’est ainsi que, selon
la doctrine de saint Paul, les femmes doivent avoir la tête couverte et les
hommes la tête nue ; car cette partie de l’âme, qui tend vers le bas,
recherche l’objet vers quoi elle se tourne : un voile, un mouchoir de tête ;
mais cette autre partie de l’âme qui s’élève, se dénude afin de recevoir
l’image de Dieu et que Dieu naisse en elle ; Dieu est sans voile et sans
contrainte dans l’âme pure de l’homme noble. De même l’image de Dieu, le Fils
de Dieu, la semence de la nature divine, n’est jamais détruite en nous, bien
qu’elle puisse être cachée. David dit dans un de ses psaumes : « bien qu’il
tombe sur l’homme beaucoup de néant sous forme de douleur et de désolation,
il demeure dans l’image de Dieu et l’image en lui ». La vraie lumière brille
dans les ténèbres, bien qu’on ne s’en aperçoive pas. Dieu
dit : « Je suis le Premier et de Dernier ». Aucune différence n’existe ni
dans la nature de Dieu ni dans les personnes divines, considérées dans
l’unité de leur nature. La nature divine est Unité, et chaque personne est
également Unité, cette même Unité qui est leur nature. La distinction entre
essence et existence est résorbée ici dans l’Unité : elles sont unité et
identité. C’est seulement quand l’Unité cesse de se reposer en elle-même
qu’elle possède une distinction et que par cette destruction elle opère.
Aussi bien dans l’Unité on trouve Dieu, et celui-là doit devenir unité qui
doit trouver Dieu. Notre Seigneur dit : « Un homme s’en fut ». Dans ce qui
comporte destruction, on ne trouve ni Unité, ni Être, ni Dieu, cesse, ni
bonheur, ni satisfaction. Sois unité, afin de pouvoir trouver Dieu ! En
vérité, si tu étais entièrement unité, tu resterais également unité dans la
distinction, les distinctions deviendraient unité pour toi et cesseraient de
te faire obstacle. L’Unité reste aussi bien unité, dans des milliers et
milliers de pierres aussi bien que dans quatre pierres, et mille fois mille
est en vérité un nombre aussi simple que quatre. Un maître païen dit que
l’Unité est née du Dieu suprême. Sa propriété est d’être unité dans l’unité.
Celui qui cherche cette unité au-dessous de Dieu, celui-là se leurre
lui-même. Le même maître (à qui je puis ici me référer pour la quatrième
fois) souligne aussi que cette Unité n’est vraiment liée d’amitié qu’avec des
esprits vierges et chastes. Saint Paul dit d’ailleurs : « C’est en vierges chastes
que je vous ai fiancées à l’Un ». Et c’est de la même façon que l’homme
devrait être uni à l’Un, qui ne peut être que Dieu. «
Un homme s’en fut », dit Notre Seigneur. Un « homme » ! Si nous prenons le
sens propre du mot latin, ce terme désigne, du moins d’après une certaine
interprétation, quelqu’un qui se soumet entièrement à Dieu, avec tout ce
qu’il a, qui lève les yeux vers Dieu, au lieu de les abaisser vers ce qui est
à lui et qu’il sait être derrière lui et au-dessous de lui ; voilà la parfaite,
la véritable humilité. Son nom lui vient de la terre (je n’en dirai pas
davantage ici). Mais le mot « homme » signifie également quelque chose qui
est au-dessus de la nature et du temps, de toute ce qui est espace ou
matière, de toute ce qui est soumis au temps et porte la saveur de
l’instabilité, en tant que spatial et corporel. Mais, lorsqu’il a progressé
davantage encore, l’homme n’a plus rien de commun avec le néant. D’abord en
ce sens qu’il n’est pas formé d’après tel ou tel modèle, qu’il n’y ressemble
pas, qu’au total, il ne sait plus rien du néant, est périssable, qu’en lui on
ne trouve plus la moindre trace du néant, qu’il est si totalement dépouillé
du néant qu’on ne remarque plus en lui qu’être pur, vérité, bonté. Et celui
qui est ainsi fait, lui seul, est un homme noble, et personne d’autre que
lui. Il
est encore une autre façon de comprendre et d’enseigner ce que Notre Seigneur
entend par « homme noble ». On doit savoir, en effet, que ceux qui
connaissent Dieu sans voile, connaissent en même temps la créature. Si la
connaissance est la lumière de l’âme, vers quoi tous les hommes tendent
naturellement, il est sûr qu’il n’est rien de meilleur. La connaissance est
un bien. Or les maîtres nous enseignent ceci : quand on connaît les créatures
telles qu’elles sont en elles-mêmes - ce que j’appellerai une connaissance du
soir - on ne voit la création que dans des images distinctes. Mais quand on
connaît les créatures en Dieu - ce que j’appellerai une connaissance du matin
- on voit la créature sans la moindre distinction, sans aucune des images qui
la représentaient et sans ressemblance avec quoi que ce soit, dans l’Unité
qui est Dieu même. Et c’est bien ce que Notre Seigneur entend quand il dit
qu’un homme noble s’en fut. Noble, parce qu’il est un et que dans l’Unité il
connaît également Dieu et la créature. |
LELOUP – L’ENRACINEMENT ET L’OUVERTURE |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
1995 |
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En 1295, quand les fouilles conduites par Charles II d’Anjou à Saint-Maximin mirent à jour son tombeau, le pèlerinage à la Grotte connut un nouvel essor. Les dominicains prirent alors le relais d’une longue lignée de moines établis en ces lieux depuis le Vème siècle comme gardiens de la tradition magdaléenne. Aux siècles de foi, le mouvement des pèlerins ne cessa de s’amplifier jusqu’à la Révolution. En 1859, ému par l’abandon du site, le Père Lacordaire entreprit la restauration des lieux saints de Provence et la construction de l’Hostellerie de la Sainte-Baume. Aujourd’hui, la communauté des frères et sœurs dominicains continue cette mission d’accueil des croyants comme des incrédules, tous pèlerins sur les pas de Marie-Madeleine. |
LELOUP - LES COLLATIONS DE JEAN CASSIEN OU L’UNITÉ DES SOURCES |
Jean-Yves Leloup |
Edition
du Cerf |
1992 |
Jean
Cassien était considéré au Ve siècle comme l'une des principales figures de
l'Eglise avec saint Augustin et comme un représentant autorisé de la
Tradition, qu'il avait recueillie à Constantinople le auprès de saint Jean
Chrysostome ("Bouche d'Or"), et en Egypte et Syrie auprès des
premiers moines du désert. C'est à l'âge de dix-huit ans qu'il part, avec son
grand ami Germain, pour un long pèlerinage aux sources de l'Orient chrétien,
au cours duquel les deux vagabonds de Dieu vont s'entretenir avec les maîtres
les plus réputés du monachisme naissant. Jean-Yves Leloup nous présente ici ces Collations, entretiens passionnants sur des thèmes comme l'amitié, la pureté de cœur, la prière, l'ascèse et la contemplation, qui constitueront le fondement spirituel des monastères que Cassien développera ensuite en Gaule, méritant ainsi le nom de "Père de l'Eglise de France". Malgré les très nombreuses études qui lui ont été consacrées, Cassien est mal connu. On ne sait si le nom de Jean lui fut donné à son baptême ou quand il devint moine, ni s'il naquit en Dobroudja (Roumanie) ou en Provence. Il est certain que, très jeune, il fut moine à Bethléem. Vers 385 — il devait avoir environ trente-cinq ans —, il partit pour l'Égypte avec un fidèle compagnon, le prêtre Germain, et il y passa une quinzaine d'années à visiter les monastères, alors à leur apogée. Vers 400, il se rendit à Constantinople, où Jean Chrysostome l'ordonna diacre. Durant les persécutions que subit ce grand saint, Cassien se montra son disciple fidèle et reçut de son maître une mission à Rome. Il semble que Cassien revint en Orient et que, vers 415, après une seconde mission à Rome, il s'établit à Marseille. Dans cette ville, il fonda deux monastères, Saint-Victor pour les hommes et Saint-Sauveur pour les femmes. À la demande de Castor, évêque d'Apt, il composa vers 417 les Institutions cénobitiques, où il exposait son expérience des usages monastiques. Il écrivit ensuite ses célèbres Conférences ou Collationes. Il adressa les dix premières à Léonce, évêque de Fréjus, et à un certain Hellade, les sept suivantes à Honorat, abbé de Lérins ; les sept dernières parurent alors qu'Honorat était évêque d'Arles. Sur les instances du futur pape saint Léon Ier, Cassien composa un traité sur l'Incarnation, contre Nestorius, patriarche de Constantinople. Il mourut vers 435. On le fête à Marseille le 23 juillet. En théologie, Cassien adopta des positions qui le rangèrent parmi les tenants du semi-pélagianisme et lui attirèrent de violentes critiques de la part du fidèle disciple de saint Augustin, Prosper d'Aquitaine. Mais il fit connaître en Occident la vie monastique orientale. Tout en prétendant raconter ses souvenirs d'Égypte, il y a mêlé des réminiscences des moines de Palestine et il a adapté le tout aux possibilités de l'Occident. Par les Institutions et les Conférences, dont le succès fut immense et durable, Cassien tient une place essentielle dans la tradition monastique. La règle de saint Benoît en cite de longs passages, parfois en s'en écartant, le plus souvent en les suivant. Les Conférences ont été lues par toutes les générations de moines depuis le ve siècle. Au Moyen Âge, on avait l'habitude de les lire pendant le repas du soir, qui en reçut le nom de « collation ». |
LELOUP - LE PHILOSOPHE ET LE DJIHADISTE |
Jean-Yves Leloup |
Presses du Chatelet |
2016 |
Le Philosophe et le
Djihadiste de Jean-Yves Leloup
est paru en mai 2016. Inspiré de de faits réels, le lecteur remonte le temps
jusqu’en 2004. Cette année-là, un jeune marocain s’appelant Mohammed planifie
sa mort destructrice au cœur de la chapelle Sixtine dans la salle du
« Jugement dernier »… au nom d’Allah. Mis au parfum de ce sombre
dessein, Jean-Yves Leloup se rend à Rome afin de désamorcer une bombe humaine
doublée d’une bombe idéologique. La composition du Philosophe et le Djihadiste
retient notre attention. Sur le même modèle qu’une projection débat,
l’ouvrage se décompose en deux parties. La première relate la rencontre entre
les deux hommes sur fond de confrontations de deux lectures et
interprétations théologique des textes islamiques. Le fil de l’action,
mettant en scène une course contre la montre, entrecroise un fil bien plus
profond et complexe que la trame initiale. Le factuel rencontre les lignes coraniques, l’intrigue se
suspend durant deux chapitres pour laisser place à une exposition du concept
de Djihad « Majeur » et « Mineur »… Ouvrir une fenêtre
sur ces hommes et leurs réflexions, c’est ouvrir une fenêtre sur le conflit
actuel et les tensions que rencontrent non seulement les croyants mais aussi
la société face à l’Islam. L’intérêt réside également dans l’introspection
de Jean-Yves Leloup, qui dans son combat intellectuel en vient à faire
évoluer sa propre pensée et nous invite à prendre encore plus de hauteur.
La fin du Philosophe et le Djihadiste tombe comme un couperet, dont la
morale n’est autre que l’éternelle instrumentalisation de toute forme de
spiritualité et de croyance, au service d’un instinct animé par le désir de
reconnaissance dans la mort et le néant. La seconde partie est organisée en 15 questions adressées à
Jean-Yves Leloup et permettent d’approfondir les éléments de la narration qui
précède, voire même de les dépasser. Qu’implique le processus de paix,
comment accepter à part égale le bien et le mal, comment l’auteur a-t-il vécu
les attentats de Charlie Hebdo ou encore existe-t-il un équilibre entre
idolâtrie et iconoclasme… Autant de questions dont l’approche philosophique
au-delà de la spécificité théologique est plus qu’enrichissante. |
LELOUP - LES ÉPÎTRES DE JEAN |
Traduites
et commentées par Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2014 |
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Dieu, le Fils de Dieu, les enfants de Dieu, la foi, l'amour de Dieu et des frères se confondent aux yeux de l'auteur en un tout qu'il considère avec un cœur profondément pénétré des besoins spirituels de son Eglise... Jean se meut en un cercle autour de l'unique objet de sa contemplation, et les mêmes choses se présentent plus d'une fois à ses regards sous le même aspect. Ces répétitions qui semblent, au premier abord, une grande imperfection, ne sont donc peut-être qu'une perfection d'un ordre supérieur. Rempli des enseignements de son Maître, le disciple est transporté par eux à une hauteur d'où la vie en Dieu lui apparaît dans un contraste absolu avec la vie du monde. L'homme est dans la lumière ou dans les ténèbres ; dans la vérité ou dans le mensonge ; il aime ou il hait ; il est dominé tout entier par l'amour du monde ou par l'amour du Père ; il est enfant de Dieu ou enfant du diable, dans la vie ou dans la mort. Les mêmes antithèses absolues se retrouvent dans l'Evangile. Dans les deux écrits, elles s'expriment en des termes qui ne se trouvent pas ailleurs : vie, vie éternelle ; lumière, vérité, synonymes de sainteté ; faire le péché, l'iniquité, la justice ; être de Dieu, du monde ; être né de Dieu, demeurer en lui, garder sa parole, ses commandements ; voir Dieu. Ce qui leur est commun également, ce sont certaines habitudes de style, celle, par exemple, qui consiste à exprimer une pensée tour à tour par l'affirmative et par la négative : Il déclara et ne nia point (Jean 1.20) ; nous mentons et nous ne pratiquons point la vérité. (1Jean 1.6) |
LELOUP - LES PROFONDEURS OUBLIÉES DU CHRISTIANISME |
Jean-Yves Leloup |
Edition du Relié |
2007 |
À la suite des découvertes de Nag Hammadi, l'intérêt croissant pour les Évangiles apocryphes, les personnages qui s'y manifestent (Marie- Madeleine, Judas, Thomas...) et les informations qu'ils véhiculent sur les premières années du christianisme, entraîne beaucoup de confusions et d'approximations. Karin Andrea de Guise (de l'université de Sao Paulo) interroge ici Jean-Yves Leloup, dont l'approche philosophique transdisciplinaire, faite de rigueur et d'ouverture, est reconnue par un vaste public en Europe et outre-Atlantique. Dans la continuité de ses précédents ouvrages, il nous invite à explorer, avec force et clarté, Les Profondeurs oubliées du christianisme : les questions du féminin, le problème du mal, la connaissance rationnelle et contemplative, la place de la gnose... et autres thèmes essentiels, y sont abordés. Jean-Yves Leloup ne nous dit pas ce qu'il faut penser, il nous rappelle simplement « qu'il faut penser ». Certains
diront que le christianisme, inspiré par l’Esprit Saint est resté fidèle à
celui des origines, et que l’Eglise catholique, gardienne vigilante et
sourcilleuse de la parole évangélique transmet fidèlement la pensée de Jésus.
Ceux-là se détourneront de ce livre, et peut-être même ne manqueront-ils pas
de prier pour l’âme de l’auteur. Et pourtant, chacun sait que la doctrine
chrétienne a été élaborée plusieurs siècles après la mort de Jésus, lors du
concile de Nicée. Faute de documents irréfutables, il est extrêmement
difficile de se faire une idée de ce qu’était le christianisme pré-nicéen. Ce
constat n’a pas rebuté le prêtre orthodoxe Jean-Yves Leloup qui entreprend
dans ce petit bouquin passionnant de retourner aux sources afin de comprendre
quel était le message original de Jésus, en s’appuyant sur les évangiles
apocryphes et les textes canoniques. |
LELOUP – LETTRES A UN AMI ATHÉE |
Jean-Yves Leloup |
Edition Philippe Rey |
2008 |
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Si j’étais le cynique que tu imagines, je te dirais : oui, pourquoi pas ? Est-ce être lâche que d’aimer la beauté, le calme, et la compagnie de ceux qui les apprécient ? N’est-ce pas toi, le fou ou le malade ? Continuer à vivre dans un monde que tu considères, tu me l’as dit, de plus en plus laid, lourd, invivable ? Qu’est-ce qui te fait courir ainsi ? T’épuiser non seulement dans le travail, mais aussi dans toutes sortes de rencontres ou relations que tu juges de plus en plus vaines ? Tu me disais un jour que la médiocrité te semblait insupportable et que pourtant « il fallait y consentir… Désirant ce qu’il n’a pas ou ayant ce qu’il désire, dans un cas comme dans l’autre, l’homme est malheureux… » Ne pense pas que j’ai vendu ma lucidité pour un peu d’« eau de vie » (ouzo) et quelques loukoums ? Avant d’arriver ici, j’ai pris le soin et le temps de me suicider… La « grâce » pour un athée fervent et dogmatique comme toi, ne pouvait prendre que des allures fatales… Mais, rassure-toi, rien ne m’est tombé sur la tête, c’est le corps simplement qui s’est écroulé ! De fatigue, de poisons… j’ai eu peur ! Comment ai-je eu peur, moi qui disais : « On ne peut pas avoir peur de “rien” »… puisque j’étais persuadé qu’il n’y avait rien, ni avant la mort ni après la mort. Mais ce « rien » n’était qu’une pensée, une représentation, sans ressemblance avec la réalité, celle à laquelle on n’y pense plus, mais où simplement on « est ». C’est la réalité qui nous intéresse, n’est-ce pas ? Alors allons-y : que reste-t-il quand il ne reste plus rien ? C’est difficile à dire, puisque justement il ne reste plus personne pour le dire. Et pourtant je dois t’avouer ce qui s’est passé, à ma grande surprise et bien indépendamment de ma volonté… J’ai déjà fait le récit de cette aventure, je ne vais rien y ajouter : Arrivé à Istanbul, je tombai gravement malade. On m’a dit par la suite que j’avais dû être empoisonné mais je ne trouve personne à accuser sinon moi-même qui, dans mon indifférence, pouvait manger ce qui restait dans les rues après un marché et boire des eaux qui ne coulaient pas toutes de source. Je mangeais si peu qu’à mon avis c’est dans les eaux sales du Bosphore qu’il faut chercher le microbe fatal. On me trouva dans la rue sans connaissance. Voyant que j’étais européen, on me conduisit dans un hôpital où vivaient encore des médecins et des infirmiers français. Après les examens d’usage, dont un électro-encéphalogramme, on me déclara « mort ». Je n’étais pas le premier de ces jeunes Européens qu’on retrouvait ainsi. Drogue, misère, empoisonnement, peu importe, on les déclarait vite morts et, s’ils n’avaient pas de papiers, ce qui était mon cas, on ne tardait pas à les enterrer, ce qui allait être mon cas. On décida néanmoins d’attendre un peu et de m’installer dans une chambre fraiche, à l’écart. Raconter ce que j’ai vécu alors me semble bien difficile ; d’abord parce que, avec un électro-encéphalogramme plat, on ne pense plus, ensuite parce que mon expérience n’a rien de très original lorsqu’on connaît les nombreux récits de near death experience dont on parle aujourd’hui. Je suis toujours étonné de l’abondance d’images et de lumière dont témoignent ces rescapés de la mort. Pour moi ce fut plutôt le vide. Rien, mais j’avoue n’avoir jamais connu un état de plénitude semblable à ce vide, à ce Rien. Je vais essayer d’être le plus honnête possible et te décrire avec des mots ce que je sais hors d’atteinte des mots. Les concepts en effet appartiennent à l’espace-temps, et font toujours référence à un « quelque chose » ou au monde. Or cette expérience ne s’est pas vécue dans notre espace-temps et demeure donc hors d’atteinte des instruments qui y sont forgés. D’abord, « je ne voulais pas mourir » ! J’avais souhaité la mort, je m’y étais préparé de toutes sortes de façons, conscientes et inconscientes, et, au moment où « cela » arrivait, je disais, non ! J’ai peur, et plus je dis non, plus je souffre… quelque chose d’intolérable, une révolte de tout mon corps, de tout mon psychisme, non ! Puis, devant l’inéluctable, l’intolérable surtout de la souffrance, quelque chose en moi craque, sombre, et en même temps acquiesce. À quoi bon lutter ? Oui. J’accepte… À l’instant même de ce « oui », toute douleur s’évanouit. Je ne sentais plus rien, ou quelque chose de très léger. Je comprenais le symbole de l’oiseau dont on se sert pour représenter l’âme. J’étais toujours dans ma petite boîte ou dans ma cage, mais l’oiseau déjà étendait ses ailes, prenait son vol. Sensation d’espace, « horizon non empêché », mais toujours conscience, extrêmement vive, lumineuse, que je percevais à la fois dans mon corps et hors de mon corps. Puis, pour reprendre l’image (inadéquate), « l’oiseau sortit de sa cage », sortit du corps et du monde qui l’entourait, mais l’oiseau avait encore sa conscience d’oiseau, autonome et bien différenciée de sa cage… L’« âme » existe bien en dehors du corps qu’elle informe ou qu’elle anime, cela a été rapporté par d’autres témoins. Puis… comment dire, comme si le vol sortait de l’oiseau, un vol qui continue sans l’oiseau et qui s’unit à l’Espace… Il n’y eut plus de conscience, plus de « conscience de quelque chose », corps, âme ou oiseau : rien… Mais ce rien, ce nothing (pas une chose, disent mieux les Anglais), c’était l’Espace qui contenait le vol, la cage et l’oiseau, cette vastitude contenait la conscience, l’âme et le corps, ce n’était rien de particulier, de déterminé, d’informé. Cela n’est Rien, cela Est… c’est tout ce que je peux dire. Pendant ce « temps-là », ou plutôt pendant cette « sortie de ce temps-là », on préparait mon enterrement… Que s’est-il passé ? Je me souviens seulement d’un homme qui a crié en français : « Il n’est pas mort ! » et on entreprit alors des choses désagréables pour me réanimer. Le vol revint dans l’oiseau, l’oiseau redescendit dans sa cage, l’oiseau suffoquait, il n’arrivait pas à respirer, on lui mit dans les poumons « un air qui n’était pas le sien », on lui transfusa dans les veines toutes sortes de liquides qui n’étaient pas son sang… Quand il commença à gémir, tout le monde fut rassuré : « Il sort du coma. » |
LELOUP - FAIRE LA PAIX |
Jean-Yves
Leloup |
Edition Albin Michel |
2016 |
Jean-Yves Leloup nous pose une question
radicale : qui est l’autre, qui est mon prochain et comment l’aimer
plutôt que le haïr ? Il nous rappelle que pour faire la paix, que cela
soit en couple, en famille, en société, entre ethnies, entre religions... donner
ce que l’on a de meilleur à l’autre n’est pas donner si cela ne répond pas au
désir de l’autre. Le problème de la violence demande une approche
transdisciplinaire : la sociologie, la philosophie, la spiritualité
peuvent éclairer nos comportements et nous préparer à des actes
« ajustés » aux situations particulières. Mais l’essentiel est
ailleurs. Tout comme le dit saint Séraphim de Sarov : « Trouve la paix
intérieure et une multitude sera sauvée à tes côtés. » La paix intérieure
est une expérience commune au corps et à l'esprit. Le profond repos physique
expérimenté durant la pratique de la Méditation Transcendantale permet de
dissoudre le stress et la fatigue accumulés. Un système nerveux détendu
permet de faire face aux différentes situations de la vie avec plus de calme. En ajoutant
l'expérience du calme de la Méditation
à votre routine quotidienne, la paix intérieure grandit. La tendance
naturelle de l'esprit est de se diriger vers davantage de bonheur et de paix.
Avec la pratique de la Méditation, ce processus prend place naturellement et
automatiquement. Les recherches scientifiques ont montré que la Méditation
diminue l'anxiété, la dépression ainsi que les symptômes de stress
post-traumatique. La paix intérieure est
l'état de calme et de recentrage qui est nécessaire pour être pleinement
efficace. Chez les sportifs, on dit : " être dans la zone ". Pour
les athlètes, cela signifie être à l'apogée de ses possibilités tout en
maintenant un point de vue global calme. Vous n'avez pas besoin de deux fois par jour. En ajoutant
l'expérience apaisante de la Méditation
à votre routine quotidienne, la paix intérieure se développe. Tout
comme un tissu qui serait alternativement plongé dans la teinture, puis
exposé au soleil qui le décolorera, jusqu'à ce qu'il garde totalement la
couleur désirée. De la même façon, l'alternance de la méditation et de
l'activité produit rapidement un état de calme intérieur qui vous permet de
n'être jamais dépassé par les expériences stressantes de la vie. Peu importe
les difficultés qui surviennent, vous y faites face avec un état d'esprit de
plus en plus fort et stable. |
LELOUP - LE CANTIQUE DES CANTIQUES |
Jean-Yves Leloup |
Ed. Presses du châtelet |
2017 |
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Ce jardin éveille et excite tous les sens. On aspire la
senteur des parfums qu’exhalent la myrrhe, le nard, ainsi que la fragrance du
pommier en fleur. On regarde les bondissements des gazelles sur les
montagnes. On savoure des gâteaux de raisins et de dates et on déguste le
meilleur des vins et des liqueurs. On entend les roucoulements de la
tourterelle et de la colombe. On cueille des lis et caresse le poil doux d’un
faon. La bien-aimée invite son amour à entrer dans son jardin pour manger de
ses fruits exquis (4.16). Il y vient pour recueillir sa myrrhe avec ses
aromates, manger son miel et boire son vin (5.1). Il y descend, comme une
gazelle, pour paître parmi les lis (6.2-3,11). Ce jardin, comme le vignoble,
le verger ou le champ, symbolise le corps, plus précisément, la sexualité. Voilà pourquoi ce Cantique est « Le Cantique des
cantiques » au sens superlatif. C’est le chant incomparable, le poème le
plus beau, le cantique sublime1.
Entrer dans ce paradis (Pardès, 4.13) des amoureux, dans lequel sentir
ces fragrances et savourer ces délices symbolisent le désir et le plaisir,
c’est évidemment franchir le seuil du monde de la métaphore. Les métaphores
du Cantique éveillent les sens, d’où la conscience de la sensualité. Aspirer
des parfums, c’est l’appréciation mutuelle de leurs attraits et
l’anticipation de l’amour de l’autre. Cueillir des fruits ou paître parmi les
fleurs, c’est jouir des intimités: embrasser, étreindre, caresser, manger ou
boire les délices, voire s’enivrer, c’est la jouissance sublime mutuelle,
l’extase sexuelle (4.16-5.1). Si le désir est gourmand, l’assouvissement du
désir, le plaisir, est gastronomique. Il ne manque pas de mets Dans le monde de ces amants, le bien-aimé
n’est pas seulement un berger ou un jardinier. Pour elle, lui, c’est aussi un
« roi », et même un « Salomon » Quant à la bien-aimée, si
elle est bergère ou jardinière, elle est aussi, pour lui, une
« Salomonesse » (shulamit, 7.1), une « fille d’un
prince » (7.2). Tous les mets succulents, les festins et banquets, la
litière somptueuse sont dignes de ce couple « royal » au jour de
leurs noces (3.11) et de leur lune de miel Contrairement à nos usages de la métaphore, qui renvoient
souvent à la forme ou à la qualité d’une chose comparée, dans le Cantique, la
métaphore, mettant en rapport deux choses différentes, véhicule un effet ou
un état. Ainsi, en entendant « tes caresses sont meilleures que du
vin », on ne cherche pas le rapport entre les caresses, ou plus
précisément la jouissance sexuelle et
la substance liquide du vin, que ce soit son aspect, son goût ou son odeur,
mais l’effet ou l’état que celui-ci produit: l’allégresse, l’exaltation,
l’ivresse (5.1). La mise en rapport métaphorique du vin (le donneur de sens)
et de l’amour (le récepteur de sens) vise à dynamiser la jouissance suprême.
Et voici le fondement (le point de comparaison) de la métaphore: cette
jouissance dépasse la réjouissance produite par le vin, le plaisir sexuel est
plus exaltant que l’effet enivrant du vin. En effet, la vigne dans le Cantique est une métaphore très
appropriée de la sexualité de la bien-aimée (1.6, 8.12). La vigne est la
source du vin, tout comme le corps de l’un est la source du plaisir de
l’autre. C’est dans les vignobles que la bien-aimée souhaite donner son amour
à son amant. Pour que le vignoble donne son fruit à la personne pour laquelle
il est cultivé, il faut, comme elle le fait, bien le garder. Le vignoble est
entouré d’un mur et, en son sein, il y a des tours. Face à la question de sa
chasteté avant le mariage, elle déclare: « Je suis un rempart et mes
seins sont des tours ». Le gardiennage du vignoble consiste aussi à
chasser les « renards », ces « creuseurs de trous » en
hébreu, qui ravagent les « vignes » (2.15), métaphore ici, comme
dans des poèmes d’amour du Proche-Orient ancien, des coureurs de jupons.
Ravager est le même mot (habal), traduit plus loin par
« concevoir, devenir enceinte »: elle veut éveiller son bien-aimé
sous un pommier, « le même où ta mère t’a conçu » (8.5). Dans ce
monde des amoureux, où le désir risque de frôler le plaisir « avant
l’heure », elle ressent la grande responsabilité que représente le
gardiennage de cette « vigne à moi dont je dispose » |
LELOUP - L’ECCLḖSIASTE -
QÔHELET - LA SAGESSE DE LA LUCIDITḖ |
Jean - Yves Leloup |
Ed. Presses du Châtelet |
2016 |
Peut-on
être lucide sans être désespéré ? La Sagesse, c’est l’expérience de “laisser
Dieu être Dieu”. Ne pas lui créer d’obstacle et s’abandonner au mouvement de
la Vie qui se donne. Première étape sur le chemin de la sagesse et de l’amour
proposé par les livres bibliques attribués à Salomon (l’archétype du Sage),
L’Ecclésiaste est le plus décapant : la lucidité est essentielle car, sans
elle, contemplation et amour ne sont que vanité. Mais, si « tout est
évanescence et poursuite du vent », ne nous reste-t-il pas encore le miracle
et la joie de l’instant ? Telles sont les questions que le Qohélet nous pose.
Dans cette nouvelle traduction, enrichie d’une interprétation originale,
Jean-Yves Leloup montre l’actualité de ce « grand grognard » dont les
paradoxes sont aussi ceux de notre temps. Le sens de Qohéleth serait
la prédication personnifiée. Mais qui est ce prédicateur ? Le
titre semble dire que c'est Salomon, ce que paraissent au premier coup d'oeil
confirmer la parole 1.1 : « Moi, l'Ecclésiaste, j'ai été roi à Jérusalem, »
et la description de la magnificence, des jouissances de toute sorte, de la
vie luxueuse que s'est accordées l'auteur (chapitres 1 et 2), aussi bien que
de la sagesse qu'il a cultivée avec tant de soin (1.16-17). Mais l'expression
même : « J'ai été roi, » ne permet guère de penser à Salomon lui-même ;
car Salomon ayant été roi jusqu'à sa mort, il ne pouvait lui-même parler de
son règne comme d'une chose passée. L'auteur dit encore, 2.9 : « Je devins
grand, toujours plus grand, plus que tous ceux qui ont été avant moi à
Jérusalem. » Or, Salomon n'avait eu qu'un prédécesseur à Jérusalem, David.
Cet unique exemple ne pourrait justifier l'expression « tous ceux. » De plus,
l'état de désordre social dont ce livre offre le tableau ne peut s'appliquer
aux quarante années du règne de Salomon, qui ont été une époque d'ordre et de
prospérité sans pareille. La situation supposée dans tout le livre est bien
plutôt le triste état du peuple sous la domination persane, tel qu'il ressort
des livres d'Esdras et de Néhémie. Enfin, le livre abonde en termes
qui n'appartiennent qu'à une époque bien postérieure au temps de Salomon et
dont on ne retrouve des analogues que dans les tout derniers écrits de
l'Ancien Testament, ceux qui sont postérieurs à l'exil, comme Esdras, Néhémie
et en particulier le prophète Malachie. A tous égards, pour le fond comme
pour la langue, l'Ecclésiaste n'a son pareil que dans l'écrit de Malachie :
culte cérémonial fidèlement pratiqué extérieurement, mais sans piété
intérieure ni vraie crainte de Dieu ; argumentation par voie d'interrogations
humiliantes et poignantes. « De tous les livres de la Bible, dit le savant
Ewald, c'est celui de Malachie qui ressemble le plus à l'Ecclésiaste. » Il
n'y a pas jusqu'au terme d'ange de l'Eternel, pour désigner le souverain
sacrificateur, qui ne soit commun à ces deux écrits, et à eux seuls
(Ecclésiaste 5.6 et Malachie 2.7). Ces indices sont suffisants pour prouver
que ce ne peut être le roi Salomon qui a écrit cet ouvrage. D'où
vient donc qu'il lui soit attribué dans le livre ? Salomon, tenu pour l'auteur
des Proverbes, était envisagé comme le représentant de la Sagesse, dont il
avait tracé l'admirable tableau (Proverbes chapitre 8). Les sages qui
écrivaient après lui n'étaient que les continuateurs de son oeuvre. L'un
d'eux, l'auteur anonyme de l'Ecclésiaste, voulant faire ressortir avec force
la vanité des biens de la terre, met ses méditations dans la bouche de
l'homme qui, ayant possédé ces biens au plus haut degré, avait pu faire,
comme aucun autre, l'expérience de leur insuffisance pour procurer le
bonheur, d'autant qu'à la jouissance de tous les plaisirs et de tous les
divertissements, de la richesse et de la gloire, il avait joint la possession
d'une science, d'une sagesse et d'un génie incomparables. Mais, tout en
mettant dans sa bouche ce qu'il veut dire au monde qui l'entoure, le
prédicateur a soin de faire entendre, par les paroles que nous avons citées,
que ce n'est là qu'une forme littéraire et qu'il n'a nullement voulu se faire
passer pour le vrai Salomon. Cette
manière de voir, qui est maintenant généralement admise, n'a point été, nous
le reconnaissons sans peine, celle de l'antiquité juive. Alors, sans doute,
on était loin de s'entendre sur la valeur spirituelle et morale de
l'Ecclésiaste. Bien des docteurs, l'école de Schammaï en particulier, se
demandaient si ce livre, qui, à ce que l'on pensait, avait été reçu au nombre
des écrits canoniques par les mêmes gens d'Ezéchias qui s'étaient occupés de
compléter le livre des Proverbes (Proverbes 25.1), méritait bien cet honneur,
et s'il ne convenait pas de le reléguer parmi les Apocryphes. On lui
reprochait de renfermer des contradictions, d'exprimer des sentiments
dangereux, propres à scandaliser les faibles et à miner les croyances en
l'immortalité de l'âme et en la vie à venir. Ce ne fut que grâce à sa
conclusion, où est fermement proclamée, en fin de compte, la nécessité
absolue de la crainte de Dieu, que les soixante et douze rabbins qui
composaient le synode de Jabné, l'an 90 de notre ère, le déclarèrent
solennellement digne de figurer parmi les écrits sacrés. Mais
personne, dans ces temps-là, ni l'école de Schammaï, ni celle de Hillel, ne
doutait aucunement qu'il eût Salomon pour auteur. Le Cantique des cantiques
passait sans contestation pour être un fruit de la jeunesse, les Proverbes de
l'âge mûr, l'Ecclésiaste de la vieillesse de Salomon. On s'était laissé
prendre par la fiction, assez transparente cependant, que nous avons
signalée, et d'ailleurs on n'avait, à cette époque, absolument aucun sens
pour l'étude comparée des monuments littéraires qu'un peuple a pu élever dans
les diverses périodes de son histoire. Il faut descendre jusqu'à Luther pour
trouver un pressentiment de la vérité. Dans ses « Propos de table, » il
déclare que l'Ecclésiaste est l'un des plus jeunes livres de l'Ancien
Testament et qu'il est peut-être de Jésus, fils de Sirach, l'auteur de la
Sapience. |
LELOUP - LA
SAGESSE DE SALOMON
|
Jean-Yves Leloup
|
Edition Albin Michel
|
2018
|
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Dieu n'épargnera pas la multitude de
ceux qui sont impies envers le Christ. Mais Dieu. veille sur un seul juste
qui a mis sa confiance dans le Christ, même lorsqu'il meurt jeune« Ce n'est
pas le long espace du temps qui fait une vieillesse vénérable. » (IV, 8.)
L'impie méprise la mort de celui qui croit dans le Christ, mais celui-ci est
discerné par le Christ lui-même. Les impies seront livrés à une ruine
ignominieuse et ceux-là sont réservés à un jugement sévère et à la
condamnation, qui auront persécuté les serviteurs du Christ, car ils verront
la gloire du Christ et de ses disciples, tandis qu'eux-mêmes seront livrés au
supplice. La richesse amène à sa suite l'orgueil.
Quelle est la colère de Dieu contre ceux qui se (564) sont montrés impies
envers le Christ. Exhortation aux princes d'Israël pour qu'ils croient au
Christ, ou plutôt exhortation aux chefs de l'Eglise catholique sur la manière
de gouverner après qu'il aura quitté le monde. Quelle est la Sagesse,
c'est-à-dire le Fils de Dieu. Comment le Verbe s'est fait chair et a habité
parmi nous. Car, dit-il, j'ai souffert les mêmes choses que vous, étant homme
et soumis à la loi par l'ordre de Dieu. Concernant le Christ : c'est par la
sagesse de Dieu que j'ai la connaissance de toutes choses; « nous sommes
entre ses mains, nous et nos discours. » (VIII, 16.) Quelle est la
sagesse et comment elle est venue parmi les hommes; « elle est unique et elle
peut tout, elle demeure en elle-même et elle renouvelle toutes choses. »
(Ibid. XXVII.)J'ai aimé la sagesse dès ma jeunesse, dit-il, et j'ai reçu
d'elle tous les biens de la chair et de l'esprit. Ayant connu la grandeur de
la sagesse, j'ai prié le Seigneur de me donner son Esprit-Saint qui me la
ferait connaître. Et il m'a été envoyé de sorte qu'il m'est venu en aide dans
mes œuvres. Car, « les pensées des mortels sont sans force. » Quelles sont les œuvres de la sagesse.
Comment elle a gardé le premier homme; de quels maux Dieu délivre ceux qui
croient en lui et quels grands biens il leur accorde, ainsi qu'il arriva à
Noé, Abraham , Lot, Jacob, Joseph, aux Israélites qu'il délivra des mains des
Egyptiens par la main de Moïse et qu'il rassasia de l'eau sortie du rocher.
Comment il envoya les guêpes à sept nations et ensuite, usant de longanimité,
il leur donna le temps du repentir, enseignant par-là à son peuple à se
montrer miséricordieux. Contre les adorateurs des éléments, des grenouilles,
des moucherons, des rats, des sauterelles, des guêpes, des serpents. Contre
les adorateurs des idoles d'or ou d'argent, de bois ou de pierre. Que par le
bois le salut sera accordé à ceux qui croient. De ceux qui fabriquent les
idoles ou qui en font la représentation. De tous les maux qui résultent de
l'idolâtrie. Des mauvaises religions et combien de maux en découlent. De la
céramique et des idoles de terre cuite. De toutes les idoles qu'adorent les
nations, les animaux ennemis de l'homme, les serpents, les chats et autres
semblables. Que Dieu accorda un bienfait au peuple
d'Israël, envoyant des cailles au lieu des grenouilles. Que contre la morsure
des serpents le salut fut donné au peuple par le serpent d'airain suspendu à
la croix; mais les ennemis d'Israël furent mis à mort par les serpents et
parles rats. Que Dieu nourrit son peuple de la nourriture des anges,
accommodée au goût de chacun et renfermant toutes les saveurs. Qu'il envoya
la grêle et le tonnerre pour détruire les richesses des Egyptiens. Qu'il
envoya aux Egyptiens les ténèbres palpables et les maux qui les
accompagnaient, mais qu'il envoya à ses saints la lumière en Egypte et la
comme de feu dans le désert. En punition de la mort des enfants hébreux, il
envoya la mort aux premiers-nés des Egyptiens et il engloutit l'armée dans
les ondes, et tandis que les premiers-nés étaient frappés de mort, le salut
était accordé à Israël par le sang de l'agneau. Pour les justes menacés de
mort dans le désert, Aaron fléchit le Seigneur en priant et offrant de
l'encens; pour la mort des Egyptiens submergés dans la mer Rouge, la colère
de Dieu fut sans miséricorde, et le passage du peuple s'accomplit d'une
manière admirable: Que les Egyptiens soutinrent ces maux à cause de leur
inhumanité envers des étrangers, de même que les habitants de Sodome. Que
tous les éléments sont soumis à la volonté divine du Christ, prêts à obéir à
son commandement, comme les cordes de la cithare obéissent aux doigts de
celui qui tient l'instrument. Dans ces choses est toute la substance du livre
de la Sagesse de Salomon, qui mérite le nom de Panarétique. |
LELOUP - LE LIVRE DE SALOMON – LA SAGESSE DE LA
CONTEMPLATION
|
Jean-Yves Leloup |
Ed. Presses du Châtelet |
2017 |
D’un style et d’un contenu bien différents de L’Ecclésiaste (Qohélet),
le Livre de Salomon s’enracine pourtant dans la même lucidité
décapante : tout est illusion, buée, impermanence. Devant toute parole,
il s’agit de savoir « qui » parle, d’où vient cette parole ou cette
écriture, quelle est la source de son inspiration ? Proposant une nouvelle
traduction et une interprétation originale de ce livre essentiel (à la
charnière entre la philosophie et la Révélation, mais aussi entre le
Premier et le Second Testament), Jean-Yves Leloup montre l’importance de
ce texte, dont Paul de Tarse et Jean d’Éphèse se sont largement
inspirés. À la suite de Salomon, archétype du sage, l’auteur nous
invite à découvrir la Sagesse de la contemplation : rigueur (justice)
et tendresse (miséricorde). Ce livre est appelé la Sagesse de Salomon, parce
que Salomon, dit-on, écrivit aussi ce livre. Il contient l'enseignement de la
justice et apprend à discerner les hommes méchants de ceux que le zèle du
bien anime; il prophétise touchant le Christ. Il apprend qu'il est besoin
d'un long travail et d'un vif désir pour obtenir la sagesse. Il décrit
certaines parties de la nature; il s'élève contre les idoles, contre ceux qui
les font, contre ceux qui mettent en elles leur espérance et qui les adorent.
Hymne et actions de grâces pour toutes les choses admirables survenues aux
Israélites en présence de leurs ennemis et qui furent l'oeuvre de Dieu. Tel
est le contenu de tout ce livre; mais la récapitulation selon l'ordre des
chapitres est celle-ci Au commencement, exhortation du juste à la piété
et blâme infligé à l'impie blasphémateur. « N'imitez pas les antéchrists, car
ils sont fils de la mort.» Ainsi, les impies en sont venus au point de
crucifier le Dieu de gloire, en mettant au-dessus de lui le siècle présent.
Ils ont poursuivi de même et mis à mort les Apôtres. Il arrivera que
plusieurs, mépriseront la loi de Dieu et que d'autres la pratiqueront. Dieu
n'épargnera pas la multitude de ceux qui sont impies envers le Christ. Mais
Dieu. veille sur un seul juste qui a mis sa confiance dans le Christ, même
lorsqu'il meurt jeune « Ce n'est pas le long espace du temps qui fait une
vieillesse vénérable. » (IV, 8.) L'impie méprise la mort de celui qui croit
dans le Christ, mais celui-ci est discerné par le Christ lui-même. Les impies
seront livrés à une ruine ignominieuse et ceux-là sont réservés à un jugement
sévère et à la condamnation, qui auront persécuté les serviteurs du Christ,
car ils verront la gloire du Christ et de ses disciples, tandis qu'eux-mêmes
seront livrés au supplice. La richesse amène à sa suite l'orgueil. Quelle
est la colère de Dieu contre ceux qui se (564) sont montrés impies envers le
Christ. Exhortation aux princes d'Israël pour qu'ils croient au Christ, ou
plutôt exhortation aux chefs de l'Eglise catholique sur la manière de
gouverner après qu'il aura quitté le monde. Quelle est la Sagesse,
c'est-à-dire le Fils de Dieu. Comment le Verbe s'est fait chair et a habité
parmi nous. Car, dit-il, j'ai souffert les mêmes choses que vous, étant homme
et soumis à la loi par l'ordre de Dieu. Concernant le Christ : c'est par la
sagesse de Dieu que j'ai la connaissance de toutes choses; « nous sommes
entre ses mains, nous et nos discours. » (VIII, 16.) Quelle est la
sagesse et comment elle est venue parmi les hommes; « elle est unique et elle
peut tout, elle demeure en elle-même et elle renouvelle toutes choses. » J'ai
aimé la sagesse dès ma jeunesse, dit-il, et j'ai reçu d'elle tous les biens
de la chair et de l'esprit. Ayant connu la grandeur de la sagesse, j'ai prié
le Seigneur de me donner son Esprit-Saint qui me la ferait connaître. Et il
m'a été envoyé de sorte qu'il m'est venu en aide dans mes oeuvres. Car, « les
pensées des mortels sont sans force. » (IX, 14.) Quelles sont les oeuvres de la sagesse. Comment
elle a gardé le premier homme; de quels maux Dieu délivre ceux qui croient en
lui et quels grands biens il leur accorde, ainsi qu'il arriva à Noé, Abraham
, Lot, Jacob, Joseph, aux Israélites qu'il délivra des mains des Egyptiens
par la main de Moïse et qu'il rassasia de l'eau sortie du rocher. Comment il
envoya les guêpes à sept nations et ensuite, usant de longanimité, il leur donna
le temps du repentir, enseignant par-là à son peuple à se montrer
miséricordieux. Contre les adorateurs des éléments, des grenouilles, des
moucherons, des rats, des sauterelles, des guêpes, des serpents. Contre les
adorateurs des idoles d'or ou d'argent, de bois ou de pierre. Que par le bois
le salut sera accordé à ceux qui croient. De ceux qui fabriquent les idoles
ou qui en font la représentation. De tous les maux qui résultent de
l'idolâtrie. Des mauvaises religions et combien de maux en découlent. De la
céramique et des idoles de terre cuite. De toutes les idoles qu'adorent les
nations, les animaux ennemis de l'homme, les serpents, les chats et autres
semblables. Que Dieu accorda un bienfait au peuple d'Israël, envoyant des
cailles au lieu des grenouilles. Que contre la morsure des serpents le salut fut
donné au peuple par le serpent d'airain suspendu à la croix; mais les ennemis
d'Israël furent mis à mort par les serpents et parles rats. Que Dieu nourrit
son peuple de la nourriture des anges, accommodée au goût de chacun et
renfermant toutes les saveurs. Qu'il envoya la grêle et le tonnerre pour
détruire les richesses des Egyptiens. Qu'il envoya aux Egyptiens les ténèbres
palpables et les maux qui les accompagnaient, mais qu'il envoya à ses saints la
lumière en Egypte et la comme de feu dans le désert. En punition de la mort
des enfants hébreux, il envoya la mort aux premiers-nés des Egyptiens et il
engloutit l'armée dans les ondes, et tandis que les premiers-nés étaient
frappés de mort, le salut était accordé à Israël par le sang de l'agneau.
Pour les justes menacés de mort dans le désert, Aaron fléchit le Seigneur en
priant et offrant de l'encens; pour la mort des Egyptiens submergés dans la
mer Rouge, la colère de Dieu fut sans miséricorde, et le passage du peuple
s'accomplit d'une manière admirable: Que les Egyptiens soutinrent ces maux à
cause de leur inhumanité envers des étrangers, de même que les habitants de
Sodome. Que tous les éléments sont soumis à la volonté divine du Christ,
prêts à obéir à son commandement, comme les cordes de la cithare obéissent
aux doigts de celui qui tient l'instrument. Dans ces choses est toute la
substance du livre de la Sagesse de Salomon, qui mérite le nom de
Panarétique. |
LELOUP - l’Évangile de jean |
Jean Yves LELOUP |
Edition ALBIN MICHEL |
1989 |
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Après avoir rappelé quelques interprétations de ce Tétragramme, il importe donc de savoir dans quels contextes Yeshoua « s’approprie » ainsi le Nom Divin, et comment ce « Je Suis » semble structurer et dessiner le « mandala » de l’Evangile de saint Jean. Nous pourrons ensuite nous interroger sur le caractère particulier de la Révélation contenue dans le « Je Suis » du Christ, en le mettant en résonance plus qu’en le comparant avec les « Je Suis » absolus de saints et de Sages appartenant à d’autres Traditions Dieu est
l’Être – l’Être est Dieu. » « Ce qui est au-dessus de tout nom n’exclut aucun
nom. Il inclut au contraire dans une indistinction d’égalité toutes sortes de
noms. Aucun d’eux, par conséquent, n’est propre à Dieu, à l’exception de
Celui qui est au-dessus de tout nom, en raison de sa commune immanence à tous
les noms. Or, l’Être est commun tant à l’universalité des noms qu’à
l’universalité des Êtres. “Être” est donc le Nom Propre de Dieu seul. » Ainsi, pour Maître Eckhart, la Transcendance de Celui qui Est se manifeste pour ainsi dire dans sa Présence à tout ce qui est. De là, il tirera une conclusion importante pour l’expérience mystique : du simple fait d’être, nous « sommes en Dieu ». Il ira même plus loin, en disant : « Nous sommes Dieu. » « Qu’est-ce que Dieu ? Celui sans lequel rien n’est. Il est autant impossible que quelque chose soit sans lui que lui, sans lui-même. Il est l’Être de lui-même et de toutes choses et ainsi, en quelque façon, lui seul EST, qui est son propre Être et l’Être de toutes choses. » Eckhart reprend ici les passages augustiniens du De Consideratione de Saint Bernard. Il cite également la Bible : « Si lui n’est pas, qui donc est ? » (Job 14, 4) Peut-on penser alors au Christ ou à Hallaj qui, au moment de leur effacement suprême, laissent monter jusqu’à leurs lèvres d’homme le « Je Suis » de « Celui-là seul qui Est » ? Le nom, pour un Sémite, c’est l’essence d’un être. C’est sa présence même. Ainsi, le Nom de Dieu est redoutable, car c’est Dieu lui-même se manifestant. A l’époque de la rédaction des Evangiles, le Nom était entouré d’un tel respect qu’il ne pouvait être prononcé que dans des cas très particuliers (par le Grand Prêtre, au Temple, le Jour des Expiations). Le désir de connaître le Nom de Dieu est néanmoins légitime. Ce fut le désir de Moïse et de son peuple. Le problème commence lorsqu’il s’agit de traduire ou d’interpréter ce Nom, source d’innombrables spéculations ; autant dire tout de suite qu’il est intraduisible : « Moïse dit à Dieu : “Je vais trouver les enfants d’Israël et je leur dis : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous ! Mais s’ils demandent quel est son Nom, que leur répondrai-je ?” Dieu dit alors à Moïse : “Ehyèh asher Ehyèh.” Et il ajouta : “Voici en quels termes tu t’adresseras aux enfants d’Israël : ‛Ehyèh’ m’a envoyé vers vous”. » (Ex. 3, 13/14). Dans « Ehyèh », nous retrouvons la racine du verbe « être » (hyh). Ce verbe, en hébreu, signifie « une existence, une présence active », d’où la traduction la plus courante : « Je Suis ». La Bible grecque des Septante va traduire « Ehyèh asher Ehyèh » par « Ego Eimi ho ôn », et la Vulgate « Ego Sum qui Sum », d’où les traductions françaises qui s’en inspirent : « Je Suis Celui qui Est » – « Je Suis Celui qui Suis » – « Je Suis qui Je Suis ». Le livre de l’Apocalypse propose une version développée de ce même Nom, « Ho ôn kai ho ên kai o erkhomenos » – Celui qui est et qui Etait et qui Vient, rappelant ainsi que le « Je Suis » divin embrasse tous les temps. Certains interprètent le « Je Suis qui Je Suis » comme un refus de la part de Dieu de se nommer. « Tu verras bien Qui je suis – Marche en ma Présence et tu découvriras mon Être … » Thomas Merton va jusqu’à traduire : « Je suis Celui qui n’existe pas » pour rappeler que Dieu n’est pas un « existant » comme les autres, sinon il serait mortel comme tout ce qui existe. « Je n’existe pas – JE SUIS. » Il rejoint là une des tendances de l’exégèse contemporaine qui tient à montrer que la signification du verbe hébreu « hayah » ne correspond pas à celle de son homologue indo-européen. La racine « es- » : se rapporte à ce qui est « authentique, consistant, vrai », à ce qui est immuable ; en revanche, le verbe hébreu signifie plutôt un devenir, « une existence se manifestant par une activité. » « Je Suis qui je serai » – « Je Suis ce que je ferai avec toi ». Pour E. Jacob, YHWH est Celui qui Est, mais en un sens relationnel et non métaphysique. « Dieu est Celui qui est « avec » quelqu’un. » Il rejoint ainsi l’interprétation talmudique et midrashique : « Je suis (Ehyèh) “avec” eux dans cette détresse » et je suis « avec » eux dans les autres détresses. Moïse dit devant lui : Maître du monde, à chaque moment suffit sa peine ! Dieu lui répondit : Tu l’as bien dit = ainsi, tu parleras aux fils d’Israël : « Ehyèh » m’envoie vers vous… C’est ainsi que Rashi résume l’enseignement des Anciens. En disant cela, les Anciens voulaient insinuer que par cette question « s’ils me disent : quel est son Nom ? » Moïse chercha que Dieu leur transmette le Nom qui apporte un enseignement complet concernant l’existence et la providence. Le Saint, béni soit-il, leur répondit : Pourquoi demandent-ils mon Nom ? Ils n’ont pas besoin d’autre preuve, sinon que Je Suis avec eux en toutes leurs détresses. « Qu’ils m’invoquent, et je les exaucerais. » Faut-il le rappeler : un des Noms de Yeshoua retenu par la tradition chrétienne est « l’Emmanuel », littéralement : « Dieu avec nous. » Un autre respect qu’incarnera Jésus et qui est aussi contenu dans le mystère du Nom, c’est la Miséricorde : «Sache que l’action du Nom Suprême, qui est EHYEH, est l’action de la Miséricorde Parfaite. C’est le Nom qui fait du bien et qui accorde le don gratuit. Il exerce la Miséricorde, car il n’est pas du côté du jugement, mais du côté de la Miséricorde Parfaite. Comme il est dit (Ex. 33, 19) : devant toi, je prononcerai le Nom de YHWH, je ferai grâce à qui je ferai grâce et j’exercerai la miséricorde avec qui j’exercerai la miséricorde ; le tout selon la volonté qu’aucun être créé ne peut connaître. Grâce à la mesure séphirotique du Nom Ehyèh, qui est entièrement Miséricorde, les Israélites sortirent d’Egypte. » « Dieu avec », « Miséricorde » : le christianisme ancien reprendra ces thèmes, en précisant que le Nom Divin nous dit que « Dieu EST », mais ne nous dit pas « ce qu’il est ». Il demeure dans son « JE », « Au-delà de tout » (Grégoire de Naziance), au-delà même de l’Être (le Pseudo-Denys). Pourtant « ÊTRE » est le Nom qui lui convient le mieux. Pour Maître Eckhart et d’autres auteurs du Moyen Âge : » Dieu est l’Être – l’Être est Dieu « |
LELOUP - L'ÉVANGILE DE MARIE |
Jean-Yves LELOUP |
Edition ALBIN MICHEL |
2000 |
En 1945 à Nag Hammadi en Égypte, furent découverts des manuscrits fascinants, parmi eux l’Évangile de Marie « Myriam de Magdala » Évangile écrit vers 150 après J.C. Cet Évangile commenté et traduit par J.Y. Leloup, nous permet d’approcher Marie Madeleine, amie intime de Jésus, et détentrice d’une parole cachée. L’Evangile de Marie est l’évangile attribué à Myriam de Magdala. Cet évangile transmet les paroles de Jésus, celles de Marie et celles des apôtres, mais également les échanges entre Marie et les disciples après la mort du Maître. L’évangile de Marie est sans conteste, un évangile gnostique, c'est-à-dire qu’il enseigne la connaissance des choses cachées. Antérieur aux quatre évangiles officiels, dits synoptiques (qui embrasse l’ensemble) de l’Eglise catholique triomphante, il fut, avec bien d’autres dits apocryphes (suspect, douteux, tenu secret), considéré comme hérétique. Rome s’est acharnée contre les textes gnostiques et s’est efforcée de les détruire, mais peu à peu ils sont retrouvés. C’est le cas du Codex de Londres, de Berlin et de Nag Hammadi. La pistis sophia reprend forme et les textes reprennent vie et donnent à cette époque et aux dits de Jésus une autre coloration et des niveaux de lecture plus proche de la vérité. Cet évangile ô combien précieux (écrit vers +150), nous permet d’approcher Myriam de Magdala, cette Marie Madeleine qui fut le premier témoin de la Résurrection, et qui nous transmet ici les enseignements secrets qu’elle a reçus en vision. La pécheresse des Evangiles canoniques se révèle alors comme l’amie intime de Jésus, détentrice d’une parole cachée, même aux apôtres. Ce texte est divisé en deux parties, la première est constituée par la révélation du Sauveur, la deuxième, par la révélation de Marie. Malgré l’absence des pages 1 à 6, on peut présumer que la révélation du Sauveur occupait entièrement ou presque la première partie du texte. Le Sauveur y répond aux questions de ses disciples notamment sur le destin final de la matière. Le Sauveur répond à cette question et à une autre relative à Pierre (7,10) concernant la nature du péché du monde, en expliquant qu’il n’y a pas de péché inhérent au monde ou à la matière, mais que le péché pénètre le monde grâce son association impropre avec l’esprit, et que le rôle du Bien est de séparer ces éléments. Le Sauveur quitte ses disciples après ces explications et une dernière exhortation (8,14-9,5). Après son départ, les disciples sont affligés et irrésolus. Marie intervient alors et, se référant à l’enseignement du Sauveur, les console et les encourage. Pierre demande ensuite à Marie de leur rapporter d’autres paroles qu’eux, les disciples du Seigneur, n’auraient pas entendues. La réponse de Marie est un discours de révélation, discours qui est déterminé par une vision du Sauveur (10,7). L’enseignement de Marie, qui débute avec la description de cette vision, est également incomplet, il manque les pages 10 à 15. Le discours reprend avec l’explication sur des différentes fonctions des trois éléments de l’Âme dans l’accès à la vision (pneuma, noûs, psyché), et se poursuit avec le récit des différents stades de l’ascension de l’Âme et les réponses de chacune des puissances gardiennes des quatre Cieux. Le récit se termine par la victoire de l’âme et son accession au repos dans le Silence. La révélation de Marie suscite une réaction assez violente de la part d’André et surtout de Pierre, qui refuse cette fois de croire que le Sauveur ait pu transmettre son enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples (17, 10-18, 5-21). Lévi intervient à son tour pour réprimander Pierre et témoigner de la préférence que le Sauveur accordait à Marie. Reprenant quelques-unes des paroles de l’exhortation finale du Sauveur, il invite enfin les disciples à proclamer l’Évangile. Finalement, ceux-ci se mettent en route pour annoncer et prêcher Dans son introduction et son commentaire, Jean-Yves Leloup décrit le texte comme un exemple de la pensée gnostique et comme un révélateur des tensions existant entre les différentes communautés chrétiennes dans les premiers temps du christianisme. L’auteur établit un lien entre, d’une part, les thèmes principaux abordés par Marie Madeleine dans son discours, notamment l’ascension de l’âme dans les quatre cieux et la description des quatre puissances gardiennes de ces cieux et, d’autre part, les différents écrits gnostiques ainsi que des sources se trouvant dans le Nouveau Testament et particulièrement l’Épître aux Romains. Traçant également la tradition du conflit entre Pierre et Marie à travers les autres écrits gnostiques, l’auteur démontre que les deux figures représentent deux traditions ecclésiastiques différentes : la première, incarnée par Pierre, est la tradition orthodoxe ou celle qui tend à le devenir. Cette tradition dénigrera l’autorité des révélations reçues lors de visions et interdira aux femmes toute participation active à l’intérieur de l’Église. L’autre, dont Marie est ici la figure symbolique, est légitimée avant tout par des révélations secrètes ou des visions et par une possible égalité entre les hommes et les femmes. Ces traditions ont aussi des approches théologiques différentes, notamment sur le thème de l’androgynie de Dieu qu’Anne Pasquier présente comme une des importantes croyances de certaines communautés gnostiques, et qui est mis en évidence dans l’Évangile selon Marie. |
LELOUP - LES PORTES DE LA
TRANSFIGURATION |
Jean-Yves Leloup |
Ed. Albin Michel |
2018 |
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Peuvent ainsi être considérés comme des "systèmes": une société, une économie, un réseau d'ordinateurs, une machine, une entreprise, une cellule, un organisme, un cerveau, un individu, un écosystème…Les ordinateurs et toutes les machines intelligentes que nous connaissons aujourd'hui sont des applications de la cybernétique. La cybernétique a aussi fourni des méthodes puissantes
pour le contrôle de deux systèmes importants: la société et l'économie. Un
système cybernétique peut être défini comme un ensemble d'éléments en
interaction, les interactions entre les éléments peuvent consister en des
échanges de matière, d'énergie, ou d'information. La révolution cybernétique
déclenchée par les travaux de Norbert Wiener se situe sur trois plans
distincts: le plan de la machine, le plan de la nature, Le plan de la pensée. Révolution
sur le plan de la machine/ Si l’on se penche sur l’histoire de la
technique, on voit que la notion de machine a subi une évolution qui l’a
conduite du stade de la machine statique, simple transformatrice de
mouvements, à celui de la machine dynamique, qui transforme des énergies de
manière à les rendre utilisables pour des buts déterminés (se déplacer,
comprimer de l’air, etc.). Ces machines, au début, devaient être conduites
par l’homme. Avec le développement des techniques d’automatisme, cette
conduite a progressivement pu être abandonnée aux machines elles-mêmes,
celles-ci travaillant alors suivant des programmes établis par l’homme et y
incorporés. Les machines cybernétiques, elles, sont des machines qui ne
travaillent plus selon des programmes rigides mais qui peuvent s’adapter,
dans certaines conditions, à des situations non prévues par leur
constructeur. Elles imitent, en cela, certains comportements des êtres
vivants. La notion de machine
cybernétique élargit le concept classique de machine dans des proportions
telles que l’on ne peut plus, actuellement, lui assigner de limite. Le point
de départ de cette évolution fut marqué bien avant Wiener par l’apparition de
la régulation dans l’industrie. Cela date de l’époque où le régulateur de
Watt, inventé dès 1788, fut monté sur des machines à vapeur. Lorsqu’une
machine ainsi équipée voit sa charge diminuer et se met donc à accélérer, des
masses tournantes, soulevées par l’action de la force centrifuge accrue
résultant de l’augmentation de la vitesse, agissent sur un levier
interrompant en partie l’admission de la vapeur. Et inversement. Un réglage
approprié permet d’obtenir une vitesse constante de la machine (aux
fluctuations près, qui sont nécessaires au fonctionnement du dispositif).Mais
le progrès va consister à rendre de plus en plus souple l’autoguidage des
machines, qui deviendront d’autant plus « cybernétiques » qu’elles se
dégageront davantage des sujétions des programmes. Cette révolution de
la machine cybernétique conduit à une libération, pour l’homme, des tâches
serviles, et à l’automation des usines qui se fait peu à peu dans les pays
les plus industrialisés. Les conséquences de ce phénomène sont considérables.
Elles peuvent avoir des incidences dangereuses si on n’arrive pas à les
prévoir. A des stades encore plus évolués, la machine cybernétique peut être
mise en interaction avec l’homme. Citons, pour fixer les idées, l’anesthésie
cybernétique et la prothèse électronique, où l’on utilise directement des
manifestations électriques de la pensée pour commander le sommeil ou bien le
mouvement de certaines prothèses, une main artificielle par exemple. Par une
extrapolation hardie, le Dr Page, des Laboratoires de Recherches de la Marine
américaine, à Washington, envisage même la possibilité d’établir des
relations directes entre l’homme et les machines les plus complexes au moyen
d’une sorte de transmission électronique de la pensée même. Toutes les
ressources d’un puissant cerveau électronique pourraient ainsi être mises
directement au service du cerveau sur lequel il serait branché,
provisoirement ou définitivement On pourrait même dire alors qu’il ferait
partie du cerveau de l’homme, cette combinaison homme-machine étant de très
loin supérieure à n’importe quel surhomme imaginable. Tels sont, avec
d’autres, quelques développements auxquels Wiener a ouvert la voie. Il n’est pas
exagéré de parler de révolution à ce sujet. Peut-on aller jusqu’à envisager
l’existence de machines capables de se reproduire, ce qui conduirait à la
notion de machines non construites par l’homme ?Bien que se situant, pour le
moment, sur un plan quasi théorique, de telles machines sont parfaitement
concevables. Examinons le raisonnement par lequel le mathématicien John Von
Neumann a montré la possibilité d’une auto reproduction de machines. Il
commence par axiomatiser, d’après Turing, la notion d’automate. Un automate
calculateur est essentiellement un appareil capable, si on lui donne une
instruction et une suite finie de nombres, de poursuivre indéfiniment le
développement de cette suite selon la loi fournie par l’instruction. C’est
ainsi qu’un calculateur peut exister, qui reçoit comme instruction n’importe
quelle loi de fonctionnement caractéristique d’un automate particulier.
D’après Von Neumann, on peut étendre cette notion d’automate universel et
l’appliquer à des machines capables de produire, sur instruction, des
séquences et des agrégats constitués, cette fois, non plus par des nombres
imprimés sur un ruban, mais par des éléments de machines. Le problème de
l’autoreproduction peut alors être énoncé comme suit: peut-on construire un
agrégat fait de pareils éléments de machines, de telle manière que si l’on
place cet agrégat dans un réservoir où flottent d’autres éléments en grand
nombre, ce premier agrégat commencera à en construire d’autres, dont chacun,
à la fin, sera un automate semblable à l’original ? C’est réalisable, a dit
Neumann. Le généticien
britannique Penrose a perfectionné la notion de machine reproductrice, en
fabriquant des modèles présentant de nombreuses analogies, mais cette fois
sur les plans de la chimie et de la biologie, avec les organismes vivants.
Ces modèles sont rudimentaires, mais on peut aller plus loin. C’est ainsi que
le Dr Edward Moore, des Bell Telephone Laboratories, pense que, dans quelques
décennies, on pourra construire des machines auto-reproductrices économiquement
utiles. Ce seraient, par exemple, des machines minières ou des moissonneuses
amphibies, qui nous ramèneraient du minerai du sous-sol marin ou des moissons
de l’océan. Ces machines seraient autonomes en ce sens qu’elles utiliseraient
de l’énergie solaire, ou encore celle de carburants ou d’aliments qu’elles
trouveraient au cours de leur travail, en même temps qu’elles fabriqueraient,
quand la nécessité s’en ferait sentir, d’autres machines de leur espèce. De
tels esclaves mécaniques nous enrichiraient, non seulement en travaillant,
mais aussi en se reproduisant. Pour la plupart des tâches, cependant, il ne
sera pas nécessaire que les machines se reproduisent au sens strict. On
pourra leur demander seulement d’établir les projets de machines plus perfectionnées
ou de se perfectionner elles-mêmes. On a déjà utilisé des cerveaux
électroniques pour collaborer à l’invention d’autres cerveaux électroniques.
Les implications sont évidentes et stupéfiantes. Révolution sur le
plan de la nature/L’histoire
de la pensée nous conduit à envisager, dans le passé, deux attitudes face à
la nature: l’attitude réaliste et l’attitude idéaliste. Les humanismes
anciens étaient tous fondés sur l’idée de nature. C’est évident pour la Grèce
ou pour l’Europe de la Renaissance mais il en alla semblablement à toutes les
époques et sous toutes les latitudes. Si le Médiéval, le Byzantin,
l’Égyptien, le Chinois n’ont pas le même souci que le Grec ou l’homme de la
Renaissance de reproduire les formes extérieures et d’étudier les rapports
quantitatifs, ce n’est pas qu’ils méprisent la nature, mais bien qu’ils la
conçoivent d’une autre manière, qui est qualitative et symbolique. Ainsi, en
s’entendant sur le sens des mots, on peut dire qu’une constante demeure: les
humanistes d’autrefois furent tous des réalistes. A leurs yeux, la vérité, la
beauté, la bonté sont là, devant et avant l’homme, qui n’a qu’à les
reconnaître. Ces notions peuvent être conçues fort différemment par
l’empirisme aristotélicien, qui les poursuit dans les faits sensibles, ou par
le rationalisme platonicien ou cartésien, qui les situent dans un monde
spirituel. Elles peuvent être immanentes ou transcendantes, cela n’a pas
d’importance à notre point de vue. Le fait et l’idée ont en commun d’être
donnés, de devoir être reconnus. D’où la sécurité en face du monde, qui
caractérise l’homme traditionnel: immobiliste comme Parménide, mobiliste
comme Héraclite ou conceptualiste comme Socrate; il se repère et s’assure
dans un monde préétabli. La mentalité
idéaliste, qui se fait jour dans le courant du XVIIIe siècle, se
place à un point de vue tout différent. Sa caractéristique fondamentale est
d’insister, dans tous les domaines, sur l’initiative du sujet connaissant,
sentant, agissant. C’est ainsi que pour Rousseau, par exemple, l’action
morale n’est pas l’accomplissement d’une loi préalable. Elle se mesure à
l’intensité vécue de l’intention. Le beau, pour Hugo, au lieu d’accomplir
l’ordre, se révèle dans l’originalité et la vitalité du créateur. La vérité,
pour Kant et Hegel, n’est plus à abstraire ou à « intuitionner », elle
procède de l’esprit qui constitue, sinon crée, le réel. Les orientations
actuelles inspirées de la cybernétique inaugurent un troisième moment de la
connaissance du monde, qui dépasse simultanément le réalisme et l’idéalisme.
L’art, qui est toujours précurseur, ne croit plus à l’objectivité toute faite
d’une nature qu’il n’y aurait qu’à exprimer. Mais il refuse avec la même
force le simple cri de la subjectivité, pour tenter de construire un monde où
l’homme et la nature se compléteraient, comme dans les réalisations de
Nicolas Schoffer. L’itinéraire de la science est similaire. Après être passée
du réalisme de Meyerson à l’idéalisme de Bachelard, elle découvre une voie à
mi-chemin de la nature et de l’esprit avec l’idonéisme de Gonseth. Mais c’est dans
l’aménagement technique du monde que la transformation est la plus grande. On
y trouve un double mouvement de technicisation de la nature et de
naturalisation de la technique. Le monde technique, tout en se naturalisant,
technicise désormais la nature en la recouvrant de son extension en
l’annexant comme organe et comme moment, transmutant sa matière même dans sa
substance à lui. Le monde technique d’aujourd’hui n’est plus un troisième
règne entre l’homme et la nature, un métacrisme selon Dessaouer, car il ne
vient plus s’ajouter aux deux autres en les laissant intacts. C’est plutôt un
nouveau règne unique qui inclut en lui les deux autres, se substituant à eux
en les mettant dans des rapports qui les réinterprètent. C’est ce que l’on
peut appeler, d’une expression impropre mais utile, une réalité médiane. A la
limite de la concrétude, il n’y a plus ni nature ni artifice, mais une
synthèse originale et mouvante que l’on peut appeler une nature artificielle
ou un artifice naturel. Le monde est de plus en plus dominé par les objets
techniques. Et comme cette technicisation s’étend indéfiniment dans l’espace
et dans le temps, on peut dire que la technique concrète de la cybernétique
formera demain non seulement notre paysage, mais encore notre horizon, comme
l’avait entrevu Teilhard de Chardin. Révolution sur le
plan de la pensée : La cybernétique apporte une troisième révolution,
qui se situe sur un plan purement intellectuel: la cybernétique est
essentiellement un mode de pensée par analogie. Elle utilise largement la
méthode des modèles et des simulateurs. Dans son livre classique, La
théorie physique, le savant français Pierre Duhem oppose aux modèles
mécaniques qu’utilisent les Anglais (Maxwell, Lord Kelvin, et d’autres) la
logique française. Mais il ne s’agissait guère là que de modèles empiriques,
qui étaient considérés comme des expédients interchangeables. C’est avec
Wiener, et plus tard avec Louis Couffignal, que le raisonnement analogique et
l’emploi systématique des modèles allaient être codifiés.L’expérimentation
sur le réel n’étant pas toujours possible (êtres vivants, sociétés, cas
unique), un modèle ou un simulateur peut constituer un bon instrument
d’étude. Il matérialise l’influence des grandeurs en jeu les unes sur les
autres. Les cas déjà observés servent d’étalonnage et cela permet d’étudier
ensuite des cas différents. Remarquons que le
modèle se distingue du simulateur. La différence apparaît clairement si l’on
considère d’une part la logique d’un système, qui s’exprime dans son principe
de fonctionnement, et d’autre part la technologie du système, qui caractérise
sa nature physique (forme, matière, etc.). On peut alors dire qu’un système
physique et son modèle ont les mêmes logiques mais des technologies
différentes, tandis qu’un système physique et son simulateur ont des logiques
différentes et n’ont en commun que les données et les résultats.Ces méthodes
d’investigation qu’apporte la cybernétique tendent à devenir universelles,
ainsi qu’en témoignent les emplois chaque jour plus nombreux qui en sont
faits. Citons, pour fixer les idées et en nous limitant à la France, leur
utilisation en linguistique par Mandelbrot, Guiraud et Métais, en biologie
par Meyer et Cahn, en ethnologie par Lévi Strauss, en esthétique par Moles,
en psychanalyse par Lacan, en droit par Simone Lévy et Aure! David, dans les
sciences humaines par Moles et Palmade, en épistémologie par Simondon, en
théologie par le Pasteur Morel. Et l’on pourrait allonger la liste. Au sommaire de cet
ouvrage : L’ouverture des portes de la perception - la
vue et l’écoute - de l’ouverture de la main : de la
griffe à la caresse - l’ouverture des narines -
l’ouverture de la pulsion au désir d’une sexualité non arrêtée par les
objets de sa libido - l’art de bien mourir - du néo cortex et de ses frémissements
synaptiques - le système limbique et ses affects -
l’imagination créatrice et la foi non arrêtée -
au-delà du principe de plaisir et de la pulsion de mort -
les chemins de la Transfiguration
- la Transfiguration du Christ
chez saint Jean - La Lumière luit dans les Ténèbres et les
Ténèbres ne peuvent l’atteindre
- Il n’est pas la Lumière mais
le témoin de la Lumière - Le Logos est la Lumière véritable qui
éclaire tout homme - L’Epitre de Pierre -
les Evangiles synoptiques
- Pierre, Jacques et Jean - Au
sommet de la montagne - Moise et Elie -
le délire de Pierre : de la tente à la nuée -
Regarde, écoute - Viens, vois, écoute, va -
l’éclatement ou l’envol ?
- |
LELOUP - LE TESTAMENT DE MYRIAM DE MAGDALA –
SI JE ME TAIS…LES PIERRES CRIERONT
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Jean-Yves Leloup
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Edition Lazare et Capucine
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2018
|
Marie-Madeleine, ou Myriam de Magdala, la pécheresse
flamboyante libérée des sept démons chez les catholiques romains, l'apôtre
des apôtres chez les orthodoxes, est un immense personnage du christianisme.
Celle qui a reçu la meilleure part de l'enseignement de Jésus, la première à
l'avoir vu ressuscité, nous offre une méditation universelle sur notre
spiritualité qu'il convient de redécouvrir. À travers elle, c'est notamment
le questionnement sur la place de la femme dans l'Eglise qui s'impose peu à
peu. Cette pièce de théâtre nous présente une femme bien vivante aujourd'hui
et qui ne veut plus se taire. Elle vient nous révéler un message : le message
de Celui qu'elle aimait, Celui dont elle a épousé la Parole. Dans les Évangiles et la tradition patristique, trois
femmes ont été identifiées avec Marie-Madeleine : Marie de Magdala,
Marie de Béthanie, et la pécheresse anonyme. Il existe un débat parmi les
exégètes sur l’assimilation de ces trois femmes à Marie-Madeleine. Mais
l’enseignement de l’Église sur cette belle figure unifiée reste d’actualité :
Marie-Madeleine est la grande repentie, contemplative et apôtre. Les
démons de Marie de Magdala : Marie
de Magdala est la femme guérie de sept démons que nous présente saint Luc (Luc
8, 2). Les quatre évangiles la nomment ensuite au tombeau, le matin de la
Résurrection. C’est saint Jean qui en fait la première à recevoir
l’apparition de Jésus ressuscité le matin de Pâques (Jean 20, 15-18).
Marie de Magdala évolue dans le même cercle que la femme de l’intendant du
roi Hérode : c’est une femme d’un haut niveau social, qui assiste de ses
deniers les femmes et les disciples qui suivent Jésus. Que retenir de cette
possession démoniaque ? Les sept démons ont suscité des interprétations diverses.
La Tradition les associe au péché. Une certaine exégèse féministe a récemment
souligné l’ambivalence des figures de possédées féminines, arguant du
caractère de fuite que pouvait offrir la maladie aux femmes en résistance
face aux contraintes sociales de leur temps. L’onction
par le parfum : La deuxième
femme que l’on associe à Marie-Madeleine est une anonyme que l’on rencontre
chez saint Luc (Luc 7, 36-50). Il s’agit de la femme venue oindre les
pieds du Seigneur avec du parfum. Elle approche Jésus en larmes et répand le
parfum à ses pieds en signe de repentir profond. Ses péchés sont pardonnés
parce qu’elle a « montré beaucoup d’amour ». Mais l’histoire se corse. Une
deuxième onction par le parfum est en effet rapportée par saint Jean qui
l’attribue à Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare (Jean,
12, 1). Cependant cette onction diffère du geste de la femme pécheresse :
Marie de Béthanie oint les pieds de son Seigneur par amour, en une sorte de
préfiguration des parfums utilisés pour la sépulture de Jésus. La scène
se déroule d’ailleurs quelques jours avant la Passion. Marie ne pleure pas et
le Christ ne la pardonne pas : il loue son geste comme une glorification de
son corps encore vivant parmi les hommes. Marie
de Magdala et Marie de Béthanie : La
superposition de ces trois femmes n’est pas absurde. Il importe de souligner
que les Pères de l’Église et la Tradition ont exprimé des vues différentes et
que la question est encore débattue. Dans la Tradition patristique
occidentale, ces trois personnages des évangiles n’en sont qu’un. La
similarité des deux onctions laisse penser qu’elles ont été réalisées par une
seule femme. La pécheresse anonyme qui, chez saint Luc, oint les pieds du
Christ de ses larmes, serait Marie de Béthanie, qui répète ensuite chez saint
Jean le même geste d’onction des pieds de Jésus en souvenir de sa conversion
avant la Passion. La présence de Marie-Madeleine lors de l’ensevelissement du
Christ et son association aux parfums pour embaumer le corps mort rendent
séduisante l’assimilation de ces femmes oignant le Christ de parfum à
Marie-Madeleine. Cette tradition est particulièrement vivace à la
Sainte-Baume en Provence : le sanctuaire y est consacré à Madeleine, venue,
nous dit-on, en ce lieu, avec Lazare et Marthe, son frère et sa sœur. Cette
tradition identifie donc fermement Marie de Béthanie à Marie-Madeleine. La
grotte où la sainte aurait passé les trente dernières années de sa vie,
aujourd’hui encore gardée par les Dominicains, est un haut lieu de la
dévotion à Marie-Madeleine. De récentes découvertes de reliques témoignent en
la faveur de l’ensevelissement d’une femme du Ier siècle dans la
grotte de la Sainte-Baume. Un
débat qui dure : Mais une autre
branche de la Tradition, proche de la liturgie des églises orientales et
soutenue par l’exégèse contemporaine, hésite à assimiler Marie, sœur de
Marthe, à Marie de Magdala. Les tenants de cette tradition mettent en avant
le fait que les noms différencient ces femmes : la première est
originaire de Magdala, petite bourgade près de Tibériade, quand la seconde
vient de Béthanie, en Judée, à 100 km de là. Qui plus est, Marie de
Béthanie apparaît dans une famille visiblement proche de Jésus,
puisqu’il s’arrête chez eux sur la route vers Jérusalem : elle ne joue pas le
rôle de la femme pécheresse. La liturgie de l’Église catholique, enfin,
distingue ces deux femmes, puisque sainte Marie-Madeleine est fêtée le 22
juillet et sainte Marie de Béthanie, le 29, avec Marthe et Lazare. Notons que
l’identité de ce personnage n’engage pas de dogme de foi, et fait jouer des
autorités différentes ! C’est à Grégoire le Grand, pape du VIe
siècle, que l’on doit la fusion de ces trois femmes en une. La superposition
peut s’expliquer par un contexte de fortes divisions au sein de l’Église, qui
trouvait en cette nouvelle Marie-Madeleine, amie de Jésus, une figure de
pardon et de repentance. Mais le succès de cette figure dans la foi populaire
n’a pas empêché certains pères de l’Église d’être prudents. Origène et
Jérôme, aux IIIe et IVe siècles, ne faisaient pas
l’assimilation. Au XVIe siècle, les humanistes proto-réformateurs
français s’emparent du « cas Marie-Madeleine ». Jean Lefebvre d’Etaples, un
des précurseurs de la réforme protestante resté fidèle à l’Église, est une
des grandes figures de cette affaire. Réconcilier, ou opposer ? Peut-être
qu’il ne s’agit pas de cela ici. Distinguer les différentes Marie n’est pas
un handicap pour notre foi. L’Église nous donne à méditer, avec
Marie-Madeleine, une repentie, une contemplative et une grande évangélisatrice
: avec ou sans Marie de Béthanie, Marie de Magdala reste une grande figure de
foi. Marie-Madeleine
grandit dans la Tradition. La progression de son culte est un cas
intéressant d’hagiographie, c'est-à-dire de formation d’une tradition autour
de la vie d’une sainte. La femme de Magdala rencontre un succès foudroyant
auprès, successivement, des moines, des nobles et des pauvres. L’histoire de
la sainte rencontre d’abord un franc succès dans les milieux monastiques.
Une Vie écrite au VIe siècle assimile
Marie-Madeleine à une autre Marie appelée « Marie l’Égyptienne ».
Le personnage est fictif mais son destin devient intéressant parce qu’il
rejoint le fil de la vie de la sainte. Marie se retrouve ainsi envoyée au
désert après la résurrection du Seigneur. Elle y est nourrie par des anges,
ses cheveux poussent pour couvrir sa nudité et un prêtre vient la voir pour
lui donner la communion. Ce récit lègue à la légende de Marie-Madeleine ses
éléments les plus colorés ; il associe également, et de manière très
forte, la sainte à l’ascétisme, à l’Eucharistie et à la pénitence. Autour de
l’an mil, le destin de Marie-Madeleine va croiser celui des élites
européennes. C’est la découverte de la vie de Marie l’Égyptienne par
Geoffrey, abbé de Vézelay, qui est à l’origine de l’enthousiasme foudroyant
de la noblesse guerrière française pour la figure de la sainte. Geoffrey
développe la dévotion pour les reliques de la sainte : les miracles se
multiplient et la réputation du sanctuaire associé à Marie-Madeleine ne cesse
de grandir. Vézelay, étape du chemin de Saint-Jacques, devient un point de
rendez-vous des chevaliers au départ de la croisade. Troisième
et dernier chapitre de la formation de cette tradition : la découverte
des reliques de la sainte, au XIIIe-XIVe siècle, près
de la Sainte-Baume. Le site provençal faisait déjà l’objet d’une dévotion à
la sainte : la légende voulait que Marthe, Lazare et Marie de Béthanie y
aient accosté au Ier siècle de notre ère. Lazare aurait été le
premier évêque de Marseille, Marthe aurait affronté la monstrueuse Tarasque,
et Marie de Béthanie/Magdala se serait retirée dans une grotte à la
Sainte-Baume. Au tournant du XVe siècle, le sanctuaire est confié
aux dominicains et les miracles fleurissent là aussi. Trait caractéristique :
ce sont des miracles populaires et très semblables à ceux que la Vierge
opèrera au XIXe siècle. Patronne des accouchées, des femmes
perdues ou forcées, des enfants abandonnés, Marie-Madeleine acquiert en effet
une aura populaire que la Vierge Marie n’a pas encore, en cette fin de Moyen
Âge. Moines, nobles, pauvres, et… Français. De Vézelay à la Sainte-Baume,
Marie-Madeleine devient une sainte française. Non que son culte ne franchisse
pas l’Hexagone ! Mais bien parce qu’une dévotion particulière envers
cette figure s’enracine en France. Il n’est que d’y voir les nombreuses
chapelles, églises et sanctuaires consacrés à sainte Marie-Madeleine :
la dévotion provençale est devenue une dévotion française. |
LELOUP - L'ḖVANGILE DE PHILIPPE |
Jean-Yves LELOUP |
Edition Albin Michel |
2003 |
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La notion de mésattribution est encore abordée dans d'autres passages de l'Evangile de Philippe. Le passage 56 présente une discussion peu claire au sujet des noms “Jésus”, “Christ” et “le Nazaréen”. Les deux premiers termes, comme d'habitude, sont indiqués en Copte sous forme de code. L'affirmation selon laquelle “Jésus n'est pas propre à un langage particulier” est étonnante parce qu'elle souligne que le terme Jésus est communément adopté dans tout le monde. Est-ce dû à une perception spirituelle universelle du personnage du sauveur, Jésus? Les Gnostiques diraient que non. Cela vient plutôt du fait que quelque chose est toujours appelée par ce nom même lorsque ceux qui l'utilisent ne sont pas conscients de la nature de cette chose. L'universalité de ce nom signifie que les gens ne savent pas de ce dont ils parlent. Ils pensent qu'ils s'adressent à Jésus mais “Jésus est un nom caché”. Ce passage fait allusion à l'enseignement Gnostique relatif au Mesote le guide. Contrairement à Jésus, “Christos est un nom révélé”.
Le terme “résurrection” fait partie des termes mésattribués communément trouvés dans l'idéologie Judéo-chrétienne. L'Evangile de Philippe contient de nombreux passages remarquables (et de nouveau non séquentiels) à ce sujet. Ce texte est implicitement anti-juif et anti-Chrétien dans le sens qu'il démolit et inverse la conception littérale de la résurrection promue par ces religions. Nous devons souligner que le courant principal du Judaïsme ne croit pas en la résurrection du corps physique au contraire de l'idéologie Zaddikim de la secte de la Mer Morte. Ce fut contre les doctrines rédemptrices des Zaddikim, (“le complexe du rédempteur palestinien”) que les Gnostiques protestèrent avec le plus de véhémence. Cet Evangile décodé et commenté par J. Yves Leloup, nous parle de : L’invention des Evangiles L’évangile de Philippe et qui était Philippe Les grands thèmes abordés dans cet Evangile L’étreinte sacrée, conception et naissance Le souffle qui unit. Le baiser de Yeshoua et de Myriam La chambre nuptiale et le Saint des Saints. |
leloup - l’Évangile de thomas |
Jean-Yves LELOUP |
Edition ALBIN – MICHEL |
1986 |
L’Évangile de Thomas, découvert en 1945 à Nag Hammadi, est sans doute le plus célèbre des évangiles apocryphes. Le plus singulier aussi, puisqu’au lieu de raconter la vie et les miracles de Jésus, il nous livre le cœur de son enseignement en cent quatorze logia ou aphorismes. Certains sont communs avec les évangiles canoniques, mais la plupart jettent une lumière nouvelle sur la figure du Christ, qui y apparaît comme un maître spirituel aux accents gnostiques, dont la voix appelle à la méditation autant qu’à l’action. Cette traduction permet à chacun de mettre en œuvre sa parole : « Celui qui cherche trouvera – à celui qui frappe de l’intérieur, on ouvrira. » Logion 42 Jésus disait : Soyez passant. Le thème du passage ou de la Pâque est important dans le christianisme (Peschar, la Pâque, veut dire passage en hébreu). Nous sommes des pèlerins et des passagers sur la terre. Nous sommes de passage… on ne construit pas sa maison sur un chemin ou sur un pont. Il faut passer. Les années passent. Tout passe. Qu’est-ce qui ne passe pas ? Psychologiquement, c’est déjà un signe de santé que de se considérer comme « passant » : c’est la Réalité. Savoir que cette souffrance intolérable, elle « passera », la rend déjà plus supportable. Savoir que ce plaisir fascinant, il « passera », nous rend plus libre à son égard et moins triste lorsqu’il s’éloigne. On connaît l’histoire de ce roi qui, une nuit, rêva qu’il possédait un anneau merveilleux. Lorsqu’il était déprimé, malheureux, et qu’il le regardait, un grand calme se faisait en lui. Lorsqu’il était enthousiaste ou se laissait aller à une jubilation intempestive, s’il regardait l’anneau, un grand calme de nouveau se faisait en lui, sa joie devenait paisible. Le matin, au réveil, le roi demanda à ses serviteurs de réaliser pour lui un tel anneau ou d’en trouver un semblable quelque part dans son royaume… Après bien des recherches, les serviteurs trouvèrent enfin cet anneau au doigt d’une vieille femme qui extérieurement n’apparaissait pas comme « extraordinaire ». Elle était simplement sereine. Bien volontiers, elle donna son anneau au roi. L’effet magique ou merveilleux fut immédiat. Après quelques jours, le roi semblait sorti de ces manies maniaco-dépressives, de cette suite sans fin d’exaltations et de dépressions. Au-delà du rire et des larmes, il découvrait la grandeur et la beauté du sourire. Empêcher le flux et le reflux de la vie de passer, c’est cela qui cause la souffrance. Laisser passer ce qui passe. Demeurer dans ce qui demeure. « Soyez passant » ! C’est aussi être en chemin vers l’autre rive, des ténèbres vers la lumière, de ce « monde » vers le Père, disait Jésus. Passer de ce qui passe à ce qui ne passe pas, s’éveiller à la vie non née, ressuscitée, à l’autre rive de soi-même. On disait de saint Bernard qu’il avait le visage de quelqu’un qui va vers Jérusalem, le visage d’un passant, au regard terriblement attentif. Un passant voit toutes choses pour la première et la dernière fois. Il ne se retournera pas en arrière. Il goûte chaque instant comme le lieu même du passage vers l’Éternel présent. Découverte au début du siècle, sculptée en caractère arabes sur le porche de l’ancienne ville Fateh-pu-Sikri, construite au sud de Delhi par le Grand Mogol Akbar le Juste, on peut lire cet écho de notre logion : « Jésus, la Paix soit sur Lui, a dit : le monde est un pont – passe dessus mais n’y établis pas ta demeure. » |
LELOUP - L’ḖVIDENCE
DE L’INVISIBLE : ANAMNḔSE ESSENTIELLE
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Jean Yves Leloup
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Edition Actes Sud
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2018
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"L'anamnèse, qu'on
traduit généralement par souvenir ou par remémoration, est une pratique qu'on
retrouve différents domaines. En médecine, il s'agit de retracer l'histoire
d'une maladie. En psychanalyse, c'est l'histoire même du sujet, des
traumatismes des symptômes et de leur résolution aléatoire inaccomplie. Dans
la liturgie chrétienne, il s'agit du moment où l'on fait mémoire de la
passion, de la mort et de la résurrection du Christ, et de sa présence réelle
et vivante." Dans ce texte, Jean-Yves Leloup nous invite à comprendre comment
l'anamnèse peut s'avérer une voie thérapeutique. Il ne s'agit pas de se
remémorer seulement les chocs émotionnels ou les troubles de notre petite
enfance ou de notre vie d'adulte, mais plutôt les moments numineux où nous
avons été touchés par une autre dimension, une aube conscience, un tout autre
Amour. Un amnésique n’a pas de mémoire. Or, le Seigneur a dit à
ses disciples au soir de la Cène : « Vous ferez cela en mémoire de
moi ». Faire mémoire, c’est empêcher l’amnésie, l’oubli du don que
le Seigneur Jésus nous fait de sa vie. Le chrétien ne saurait être un
oublieux des merveilles de Dieu. Déjà présent dans livre de l’Exode,
particulièrement à propos de l’institution de la fête de la Pâque :
« Ce jour-là sera pour vous un mémorial » (Ex 12, 14), faire
mémoire est un acte de culte dans lequel on s’appuie sur un fait passé (le
buisson ardent, la sortie d’Égypte, l’institution de l’Eucharistie) pour en
célébrer l’actualisation, tout en annonçant son avenir. Et saint Paul
l’exprime parfaitement : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que
vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il
vienne » (1 Co 11, 26). Ainsi l’anamnèse eucharistique
s’appuie-t-elle sur un fait passé (la mort et la résurrection du Seigneur),
en célèbre l’actualité (le Seigneur est vraiment vivant et présent) et en
annonce l’avenir (la venue du Seigneur dans la gloire à la fin des temps). Une acclamation paradoxale : Le Seigneur vient de se rendre présent à l’assemblée sous
la forme du pain et du vin consacrés, et la liturgie nous fait aussitôt
demander : « Viens, Seigneur Jésus ! » Si nous croyons qu’il
est vraiment là, pourquoi lui demander de venir ? Parce que la foi est une
dynamique, une dynamique de l’attente active du Seigneur, de la vigilance :
« Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées » (Luc
12, 35). Le croyant est habité par un désir fort : celui de la plénitude de
la présence du Seigneur qu’il a déjà dans l’Eucharistie, mais de façon
mystérieuse et cachée. Se contenter de cette présence nierait la promesse du
Seigneur qu’il « viendra dans la gloire » et réduirait
l’objet de notre foi à ses seuls prémices. La dynamique de la foi fait de notre
vie une marche à la suite du Christ, dans laquelle l’Eucharistie est le pain
pour la route. C’est ce que l’anamnèse annonce et célèbre. Quelle anamnèse proclamer ? Il s’agit pour nous, par fidélité à la mémoire du
Seigneur, de proclamer avec exactitude le mystère de la foi. Quelques
critères simples aideront à bien choisir. Tout d’abord, l’anamnèse s’adresse
au Christ de manière directe : « Gloire à toi… Nous rappelons ta
mort, Seigneur ressuscité ». En effet, l’anamnèse ne parle pas du
Christ, n’en raconte pas l’histoire ; elle s’adresse à Lui, elle Lui parle.
« Christ est venu, Christ est né » n’est donc pas une anamnèse
puisqu’elle ne s’adresse pas au Christ et, qui plus est, s’achève par « Christ
est là ! », nous ramenant au présent immédiat au lieu de nous ouvrir
au désir de la venue à l’avenir et donc à l’espérance. Ensuite, les trois composantes de l’anamnèse ont une
raison d’être. Ainsi on entend parfois chanter : « Que tes œuvres
sont belles » ou « Souviens-toi de Jésus Christ ».
Si louables et si beaux soient ces refrains ou d’autres, ils n’ont pas leur
place à l’anamnèse parce qu’ils effacent toute la dynamique de la foi qui
s’appuie sur la mémoire du passé (« Gloire à toi qui étais
mort » ) pour affirmer le présent (« Gloire à toi qui est vivant »)
et nous ouvrir à l’espérance (« Viens, Seigneur Jésus »). Et
puis, pourquoi vouloir écrire, bricoler le plus beau cri d’amour qu’offre la
liturgie : « Viens, Seigneur Jésus » ? Il nous faut donc avoir le courage, sans pour autant
culpabiliser, de supprimer de nos répertoires toutes ces anamnèses qui ne
respectent ni l’adresse du Christ, ni le triple contenu. C’est la foi de nos
assemblées qui est en jeu, la foi de l’Église. Cependant, d’autres anamnèses
que les trois proposées par le missel existent. Si elles respectent bien les
critères énoncés, elles sont acceptables. Ainsi par exemple : « Mort
sur la croix… Ta mort, Seigneur… Aujourd’hui, nous te proclamons… ».
Il s’agit donc de choisir avec un minimum de discernement en évitant de se
jeter sur toute nouvelle proposition. Reste enfin une question. Comment se
fait-il qu’un certain nombre d’anamnèses ne comportent pas l’invitatoire du
célébrant : « Il est grand le mystère de la foi » ou « Proclamons
le mystère de la foi » ? Il conviendrait d’y remédier parce que
l’anamnèse est l’axe autour duquel tournent les différentes composantes de l’Eucharistie,
et même de toute la vie de foi. Nous risquerions, à l’oublier, de devenir des
oublieux de notre foi et donc des amnésiques. |
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LELOUP- L’ICÔNE, UNE ÉCOLE DU REGARD |
Jean-Yves Leloup |
Edition du Pommier |
2012 |
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Pour l'Église orthodoxe l’image, aussi bien que la parole, est un langage exprimant ses dogmes et son enseignement. C’est une théologie inspirée, présentée sous une forme visuelle. Elle est le miroir reflétant la vie spirituelle de l'Église, permettant de juger des luttes dogmatiques de telle ou telle époque. Les époques de la floraison de l’art liturgique correspondent toujours à un essor de la vie spirituelle : ce fut le cas de Byzance, des autres pays orthodoxes et de l’Occident à l’époque romane. À ces moments, la vie liturgique est réalisée pleinement dans son ensemble harmonieux, ainsi que dans chacun de ses domaines particuliers. Toutefois, l’image ne se borne pas à exprimer la vie dogmatique et spirituelle de l'Église, sa vie intérieure. À travers l'Église, l’image reflète également la civilisation qui l’entoure. Lié par ceux qui le créent au monde d’ici-bas, cet art est aussi un miroir de la vie du peuple, de l’époque, du milieu et même de la vie personnelle de l’artiste. Il est aussi en quelque sorte l’histoire du pays et du peuple. Ainsi, une icône russe, tout en ayant la même iconographie qu’une icône byzantine, diffère de celle-ci par ses types et son caractère national, une icône de Novgorod ne ressemble pas à une icône de Moscou etc... C’est précisément cet aspect extérieur de l’art sacré qui forme l’objet de la grande majorité des études actuelles. Le contenu liturgique de l’image sacré fut perdu en Occident au XIIIe siècle et dans le monde orthodoxe, suivant les pays, aux XVe, XVIe et XVIIe siècles. Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que les connaisseurs, les savants, les esthètes découvrirent l’icône. Ce qui semblait auparavant une tache sombre, engoncée d’un riche revêtement d’or, apparut soudain en sa miraculeuse beauté. Nos ancêtres iconographes se révélèrent non seulement des peintres de génie, mais des maîtres de la vie spirituelle, ayant su donner des formes à la parole du Seigneur : Mon Royaume n’est pas de ce monde (Jn). Or, l’incompréhension du contenu de cet art n’est pas due à notre supériorité, ni à une perte de sa force vitale ou de son importance, mais à notre décadence spirituelle profonde. Sans parler des personnes qui sont complètement en dehors de l'Église, nous sommes en présence, même chez les croyants, d’un péché essentiel de notre époque : la sécularisation de notre esprit, la déformation complète de l’idée même de l'Église et de la Liturgie. On peut dire qu’en général on ne voit plus de la vie spirituelle que son côté moral. Son fond dogmatique, devenu le domaine des " savants théologiens ", est considéré comme une science abstraite et n’a plus aucun rapport avec la réalité de notre vie quotidienne. Quant à la Liturgie, guide infaillible de notre chemin spirituel, profession de notre foi, elle n’est plus pour beaucoup qu’un rite traditionnel ou bien un usage pieux et touchant. L’unité organique du dogme et de la loi morale dans la Liturgie s’est brisée, désagrégée. Cette absence d’unité intérieure détruit la plénitude liturgique de nos services divins. Les éléments qui les composent et dont nous ne saisissons plus le but commun - la parole, le chant, l’image, l’architecture, l’éclairage etc... - s’en vont, chacun dans sa propre voie, à la recherche de son sens et de ses effets particuliers. Ils ne sont plus unis les uns aux autres que par la mode de telle ou telle époque (baroque, classicisme etc...) ou par le goût personnel. Ainsi, l’art de l'Église ne vit plus de la révélation du Saint-Esprit, de la vie dogmatique de l'Église, mais se nourrit de la civilisation de tel ou tel moment historique. Il n’enseigne plus ; il cherche et tâtonne avec le monde. L’icône montre l’invisible dans une « intentionnalité inversée », où ce n’est plus l’homme qui regarde le divin, mais Dieu qui contemple l’homme. L’idole, au contraire, réduit Dieu à la mesure du regard de l’homme. L’icône ne dit rien, elle ‘’montre’’. Elle exprime les limites du langage en le transcendant dans une expérience vécue. L’icône ne représente pas, au sens où une toile ou une photographie peuvent être l’image d’un personnage absent, elle rend le divin réellement présent à l’homme. L’icône est liturgique. On a beaucoup parlé de la perspective inversée dans l’icône sans en comprendre toujours la signification Le renversement du regard est une invitation à l’intériorité. « Le Royaume des cieux est en vous », dit le Christ. L’icône fait voir le ciel en nous ! La perspective qui triomphe dans la peinture religieuse est celle de la domination technique du monde et de la séparation du sujet et de l’objet. L’icône est le signe visible d’une réalité invisible, ce qui est définition même du sacrement. L’art religieux, au contraire, donne à voir en circonscrivant la vision aux limites du regard. Elle possède donc, selon moi, un caractère idolâtrique. L’icône n’est pas faite pour être « regardée » mais pour être priée. Comme l’écrit saint Grégoire de Nysse, dans l’expérience spirituelle authentique, « voir consiste à ne pas voir ». L’icône nous invite à dépasser le stade de la vision pour nous introduire dans les ténèbres lumineuses. La voie apophatique s’applique à l’icône de manière éminente. Avec elle nous passons de la vision au « contact » mystique, qui peut être aussi charnel. Je vous rappelle qu’en Orient les icônes sont vénérées, c’est-à-dire embrassées. L’icône est l’expression picturale d’une définition dogmatique Une icône peut être fausse, jamais une œuvre d’art. L’art religieux en occident témoigne d’un éloignement progressif de la foi en la divinité du Christ. La nature divine du Christ est peu à peu occultée au profit de la nature humaine. Nous constatons que l’Esprit saint est occulté dans la conscience de l’occident de la même manière que dans l’art religieux. Ce dernier témoigne en effet d’une pneumatologie « essoufflée » qui est l’aboutissement de la conception latine de la grâce comme effet créé. Cet « essoufflement » théologique de la peinture religieuse occidentale provient du fait dans celle-ci se sont dissociées les trois dimensions fondamentales qui caractérisent l’icône aussi bien que la liturgie byzantine : liturgique, théologique et mystique. L’art religieux ressemble souvent plus à une exaltation des passions qu’à leur transfiguration Au contraire, l’icône orthodoxe montre un visage apaisé et apaisant, transfiguré par la grâce. « L’icône ne montre pas seulement Dieu qui se fait homme, écrit Olivier Clément, mais aussi l’homme qui se fait Dieu » La spiritualité s’exprime donc dans l’icône. « Les icônes sont tristes », disent certains. En réalité, elles ne sont ni tristes ni gaies, elles n’entrent pas dans les catégories affectives de l’homme déchue parce qu’elle exprime l’antinomie pascale de la croix et de la résurrection, la douloureuse joie. |
LELOUP – MANQUE DE PLÉNITUDE |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2001 |
A
la lumière de la psychologie contemporaine, Jean-Yves Leloup relit ici ce
qu'écrivait à l'aube de notre ère le philosophe juif Philon d'Alexandrie au
sujet d'une étonnante communauté spirituelle, celle des
"thérapeutes". Ceux-ci entendaient prendre soin de l'homme dans sa
globalité - corps, âme, esprit -, et Jean-Yves Leloup réactualise ce grand
projet en s'inspirant des recherches de Karlfried Graf Durckheim, mais aussi
d'autres écoles contemporaines d'investigation de l'inconscient (Freud, Jung,
Reich, Lacan). Il nous invite à pratiquer "l'anamnèse essentielle",
que l'on peut définir comme une remémoration, par les moments privilégiés ou
"numineux" qui nous ont touchés, de l'Origine qui sans cesse nous
fonde. Une telle expérience n'est pas ressassement du passé : elle est
ouverture de l'intelligence du cœur et du corps, par un véritable travail de
recentrage sur le Soi.
Le
parcours de Jean-Yves Leloup est, d'abord, celui d'un thérapeute de l'âme et
il cite souvent ses cours aux infirmières des hôpitaux comme faisant partie
de l'essentiel de son action - car donner des conseils pour apprendre aux
autres à vivre et à mourir reste le don majeur. Sur cette expérience face à
la souffrance, il publie un ouvrage fondamental :’’Manque et plénitude’’. En
voici l'un des premiers chapitres, qui pose le problème. Ce qui ne va pas, c'est justement ce
qu'on a du mal à dire ou ce qu'on dit trop vite - c'est toujours ce qu'on ne
dit pas... Le thérapeute, normalement, est celui qui écoute ce qui ne se dit
pas, ce qu'on ne peut pas dire, ce qui nous a fait perdre “l'allant”, que
cela soit à chercher du côté de la phobie, de l'angoisse, de la violence ou
du désir, que cela se somatise du côté du sexe, de la vésicule ou de
l'estomac... Des pieds à la tête, il y a toutes sortes de bleus et de
blessures qui saignent et signent la perte de “l'aller-bien”. Mais qu'est-il,
cet “allant” (ce talent) perdu ? Suffit-il de savoir que “ça n'a jamais été”,
qu'il n'y a nulle part où aller, que la vie, la mort, “ça va, ça vient”...
pour que ça aille mieux ? Parfois sans doute, mais il arrive aussi au
thérapeute d'écouter sinon d'entendre un sens qui appelle au cœur de la
détresse, un objet perdu dont la blessure fait trace, un être oublié dont la
nostalgie creuse dans l'homme un abîme. Clinique oblige, le thérapeute doit
d'abord observer le symptôme, que cette observation le conduise ou non à
l'appréhension d'une “cause” supposée de la souffrance, du malheur ou du
mal-être de celui qu'il accompagne. Il peut remarquer alors derrière les
symptômes physiques, affectifs, mentaux, trois grandes “pertes subies” que le
travail thérapeutique aura à transformer en “manques acceptés sinon choisis”
: ces trois grandes pertes n'en sont en réalité qu'une : la perte de
l'illusion ou plutôt, la perte des facultés de l'illusion - la possibilité de
s'illusionner si ce n'est de vivre dans l'illusoire. La perte de l'illusion de la santé et d'une pérennité relative de la vie humaine, engendre les détresses de l'être souffrant et mortel. La volonté d'“avoir” quelques biens, d'“avoir” un corps ou, plus radicalement, d'“avoir” à vivre, peut en être touchée. La perte du corps qui dure atteint l'identité et sa représentation, elle conduit à cette perte de l'illusion d'être, qui est sans doute la plus “affolante” dans ses manifestations. Découvrir sa non-identité, le sans-nom que nous sommes, conduit bien au-delà des blessures narcissiques qui ne faisaient que relativiser notre situation dans le monde. Ce qui est touché ici, ce n'est pas une situation mais une essence : le pur fait d'exister. Naît alors la détresse de ne pas être, de n'avoir jamais été que comme illusion. Cette illusion s'appelle bien “je”, “moi”. La nier, c'est encore l'entretenir ; si on arrive à en rire, il y aura sans doute trace d'un autre exister, d'un sans-forme dans la forme |
LELOUP – MARIE- MADELEINE A LA SAINTE BAUME : LA VIE DE CETTE FEMME, ERMITE, SAUVAGE ET ANGÉLIQUE |
Jean-Yves
Leloup |
Edition du Relié |
2012 |
Du temps où il était frère dominicain, Jean-Yves Leloup a vécu plus de dix années à la Sainte Baume comme directeur spirituel du monastère du même nom. Il était en contact permanent avec la forêt relique et la grotte où Marie-Madeleine, premier témoin de la résurrection de Jésus Christ, avait terminé sa vie en ermitage. Il évoque au contact des antiques récits, l'archétype de la " femme sauvage angélique ", particulièrement important pour les hommes et les femmes de notre temps qui ayant souffert de trop de dualismes s'appliquent à rechercher l'unité du monde de la nature et du monde de l'esprit... Plus de trente ans en effet, Myriam de Magdala aurait été immergée au sein de cette nature. Comment a-t-elle pu survivre à la faim, aux loups, aux sangliers et aux hivers rigoureux ? Mais comment a-t-elle aussi traversé sa solitude, ses tentations, ses visons, ses joies et ses peurs ? Ce sont des questions très concrètes que tous ceux qui passent à la Sainte Baume ne peuvent pas s'empêcher de se poser... Pour celui ou celle qui a faim que pèse toute la philosophie, la spiritualité, la poésie, devant un plat de lentilles ? Rien… Que nous font les beaux discours, sur la vérité, sur l’amour, la patience, l’impermanence de toutes choses, etc. quand on a le ventre creux et que le ventre prend toute la place et nous dévore le cœur et le reste ? Myriam ne pensait à rien d’autre, ne vivait pour rien d’autre que pour un plat de lentilles. Les arbres de la St Baume pouvaient bien lui donner toutes sortes de fleurs et de parfums, cela ne faisait que l’énerver et la creuser davantage. « J’ai faim » – est-ce une prière que Dieu n’entendrait pas ? Ce jour - là toutes les paroles de Yeshoua lui semblèrent vaines, insultantes plutôt : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. » Est-ce que Yeshoua n’avait jamais eu faim ? Est-ce que il n’avait jamais marché nu en plein hiver dans une forêt hostile pour parler ainsi ? Myriam avait faim, elle était nue, elle était inquiète pour sa vie, elle était prête à renier tout l’Evangile qu’elle avait entendu pour un plat de lentilles… Que celui qui n’a jamais eu le ventre creux ; que celui qui n’a jamais eu faim lui jette la première pierre… Tous les écrits de Sagesse n’ont été écrits que pour des ventres pleins, pensait elle, pour ceux qui peuvent s’offrir le luxe d’avoir un esprit ou une grande âme, parce qu’ils n’ont pas de ventre qui leur fait mal. Myriam comprit qu’elle n’était qu’une bête, elle qu’on prenait pour la fiancée d’un Dieu, elle qu’on prenait déjà comme une incarnation de la Sophia… Non, une bête, une femme sauvage, qui ne savait pas chasser mais qui sentait pousser en elle toutes sortes de griffes, elle était prête à bondir sur n’importe quoi, n’importe qui, elle en oublia le plat de lentilles, c’était une image, une pensée de trop, un souvenir, qui la coupait de son instinct, de son impulsion à faire ce qui est juste dans le moment présent. Elle se jeta à terre et c’est en rampant, le nez dans les feuilles mortes qu’elle trouva sa nourriture, mais était-ce encore un nez, plutôt un mufle, un groin, comme ceux des sangliers, ses frères de la forêt – ce n’était pas un plat de lentilles qu’elle découvrait, ni rien de ce qu’elle avait connu, cela avait un goût et une odeur indescriptibles, c’était sans doute ce qu’on appellera plus tard des truffes… Elle se nourrit encore d’un peu de terre et d’herbes et bu à la source. Elle comprit alors ce que Yeshoua voulait dire par « ne pas s’inquiéter ». Cela voulait dire « ne pas en rajouter », ne pas rajouter sa faim future à sa faim présente, sa douleur à venir à sa douleur présente – cela suffit. Ce qui nous est donné dans l’instant présent, c’est l’unique nécessaire. Myriam observa davantage les bêtes de la forêt, effectivement elles ne s’inquiétaient pas du lendemain, elles ne semblaient s’inquiéter que lorsqu’elles avaient faim, mais non, elles ne s’inquiétaient pas, elles se réveillaient, elles avaient faim et c’est leur faim qui leur dictait les actes nécessaires pour trouver la nourriture dont elles avaient besoin, avant de retourner à leur repos, à leur tranquillité qui semblait être leur nature essentielle. « La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? » Comment la Vie peut-elle être une nourriture ? Les disciples en lui indiquant la forêt de la Sainte Baume comme refuge imaginaient sans doute qu’elle se nourrirait « d’amour et d’eau fraîche ». Savaient-ils vraiment ce qu’était la faim ? Mais elle, savait-elle ce que c’est « se nourrir de la Vie » ? Elle venait ici pour l’apprendre… Il lui fallut plusieurs mois pour comprendre que « l’homme ne vit pas seulement de pain », de lentilles, de truffes montées de terre ou de cailles tombées du ciel ; mais aussi d’air et de souffle… Elle apprenait à respirer profondément, il y avait là une nourriture subtile, elle ne l’avait jamais pensée ou imaginé, pourtant elle se souvint que Yeshoua mangeait si peu, sauf lorsqu’Il était avec des amis, les viandes grasses et le bon vin, Il savait alors les apprécier… Quand les disciples s’inquiétaient à propos de sa faim, il répondait : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas… Ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père. » Autant de paroles étranges qu’ici elle comprenait mieux. « Abba » – ce n’était pas pour Lui seulement un mot, mais une Présence, la Présence qui l’accompagnait et cette Présence Lui remplissait non seulement le cœur et l’esprit, mais aussi le ventre, Il se tenait tout entier en Sa Présence… Elle se souvenait encore d’une autre parole : « Je suis » est le pain de vie. Celui qui me mange n’aura jamais faim » – cette parole avait fait fuir beaucoup de disciples. « Comment nous donnerait-Il son corps à manger ? » Les effets ne se firent pas attendre – Yeshoua, « Je Suis » demeurait vraiment en elle, calmait toutes ses faims, toutes ses inquiétudes. Elle affrontait chaque épreuve, en Sa Présence, une épreuve à la fois, une souffrance à la fois, un plaisir à la fois… Sans se soucier de ce qui allait venir – ce qui allait venir, c’était encore du présent, une occasion d’Être avec « Je Suis », en Sa Présence… Demain n’existe pas, n’a jamais existé, comme hier n’existe pas, n’a jamais existé. Il n’y a jamais eu qu’aujourd’hui, hier lorsque je l’ai connu, c’était comme « aujourd’hui », demain, je ne pourrai le connaître que comme « aujourd’hui ». On ne peut aimer qu’au présent. Dire : j’ai aimé, c’est ne plus aimer ; dire : j’aimerai, ce n’est pas aimer encore. On ne peut vivre qu’au présent. Dire : j’ai vécu, c’est ne plus vivre ; dire : je vivrai, ce n’est pas vivre encore. Réfléchissant à cela, elle sentit sa vie se simplifier considérablement. L’unique nécessaire, c’était de considérer le présent comme l’unique nécessité « Qui d’entre vous d’ailleurs peut, en s’en inquiétant, ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie ? Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Observez les lys des champs, comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Que si Dieu habille de la sorte l’herbe des champs, qui est aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ! Ne vous inquiétez donc pas en disant : Qu’allons-nous manger ? Qu’allons-nous boire ? De quoi allons-nous nous vêtir ? Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s’inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. » À chaque jour suffit sa faim… Vivre sa faim, ne pas en rajouter avec de faux appétits, ne pas s’inquiéter – c’était la loi de la forêt, des animaux et des plantes qui l’entouraient. Elle souriait à la pensée du Roi Salomon, là il y avait sans doute une erreur, si les lys des champs sont en effet très bien vêtus, une femme comme elle, de quoi Dieu pouvait-il bien la vêtir ? Elle avait froid et n’aurait pas supporté de se revêtir de peau de bêtes comme Jean-Baptiste ou de plumes d’anges comme dans ses rêves. C’est alors qu’elle remarqua que sa chevelure depuis son arrivée à la St Baume s’était beaucoup allongée et épaissie et que son corps revêtu de cette toison n’avait rien à envier à la fourrure des louves. Elle avait aussi appris à lutter contre le froid avec sa respiration et l’invocation du Nom de Yeshoua était parfois en elle comme un feu, plusieurs merles peuvent en témoigner, on voyait en hiver, la neige fondre à l’approche de son corps et de ses cheveux. Mais là n’est pas la question, les magiciens de toutes les contrées connaissent bien tous ces phénomènes qui naissent de notre intimité avec la nature. L’important pour elle c’était de « chercher d’abord le Royaume de Dieu et Sa Justice sachant que tout le reste lui serait donné par surcroît. » La plupart des hommes cherchent d’abord le surcroît : « la richesse, la santé, la beauté, la réussite, la paix, la connaissance etc., tout ce qu’il peut y avoir de désirable… » Ils cherchent le désirable avant de connaître quel est leur plus profond désir, et leur énergie se disperse dans cette quête sans fin d’une infinité de désirables… Qu’est-ce qui règne sur moi ? pensait-elle. Quel est véritablement le Maître de mon désir ? et aussitôt elle se joignait à la prière de « Yeshoua – Je Suis » présent en elle : « Que ton Règne vienne », c’est-à-dire, que Ton Esprit, Ton Souffle de liberté m’anime, que je ne sois l’esclave, ni de moi-même (de mes pensées, de mon passé) ni de personne. Que je n’obéisse qu’à l’Amour, que ce soit la volonté de la Vie qui se fasse, qui se réalise en moi… Et de nouveau, elle invoquait le Nom, elle « s’ajustait » à la Présence de « Je Suis » en elle, afin qu’il établisse son règne dans toutes les dimensions de son être : charnelles, affectives, mentales et spirituelles. Elle cherchait d’abord cela, qui est partout et toujours présent ; en Sa Présence, dans Sa lumière et Son Amour, tout lui était donné par surcroît. Elle comprenait enfin dans cette solitude que d’autres auraient trouvée atroce et insupportable, une des paroles de l’Enseigneur qui lui avait semblé tellement injuste : « À celui qui a on donnera, à celui qui n’a pas on prendra même ce qu’il a. » À celui qui a l’amour en lui, tout lui apparaîtra comme un don, tout lui sera donné comme par surcroît, gratuitement, gracieusement, « grâce sur grâce »… Marie Madeleine, femme sauvage et angélique ! Dans un essai éblouissant, Jean-Yves Leloup évoque la vie de Marie Madeleine à la St Baume, immergée en pleine nature. Il nous offre une lecture éclairante d’une Myriam de Magdala lumineuse de modernité pour toutes les femmes d’aujourd’hui |
LELOUP - « Notre pÈre » |
Jean-Yves leloup |
Edition ALBIN MICHEL |
2007 |
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Quel est le Nom de l’Être qui est ? du Je Suis que Je Suis ? Comment discerner ce Nom, le différencier de tous les noms, l’honorer ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, que ton Nom soit sanctifié » ? Qui est le Maître de mon désir ? Qu’est-ce qui règne sur moi ? Qui me délivrera de toutes formes de tyrannies extérieures ou intérieures ? À qui puis-je remettre mon désir, être en confiance, m’abandonner ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, que ton Règne vienne » ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? Qu’est-ce qui veut en moi ? Qu’est-ce que la vie et l’Amour veulent en moi ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, que ta volonté soit faite » ? Qu’est-ce qui me nourrit vraiment ? Quelle est la nourriture de mon être essentiel ? Quelle est l’unique et le plus « nécessaire » pour vivre ? « On devient ce qu’on mange » – qu’est-ce que je deviens ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, donne-nous aujourd’hui la nourriture nécessaire à notre Vie » ? Qu’est-ce que je dois ? Qu’est-ce qu’on me doit ? Quelles sont mes dettes et mes débiteurs ? Qu’est-ce qu’on ne me pardonne pas ? Quels sont mes torts, mes offenses, mes manquements ? Qu’est-ce que je ne pardonne pas aux autres ? Qu’est-ce que je ne me pardonne pas ? Qu’est-ce qui pardonne en moi ? Peut-on pardonner l’impardonnable ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, libère-nous de nos dettes, comme nous-mêmes libérons nos débiteurs » ? ou « Abba, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » ? Qu’est-ce qui me tente ? Qu’est-ce qui me détourne de la voie que je ressens comme juste ? Qu’est-ce qui m’éloigne et me fait oublier ce que « Je Suis » ? Comment suis-je « éprouvé » ? Quelle est ma plus grande épreuve ? Celle qui me conduit à désespérer ? à ne plus croire ? à ne plus aimer ? Qu’est-ce qui en moi est plus fort que la tentation et me permet de ne pas être emporté par l’épreuve et de m’identifier à mon expérience ? Qu’est-ce qui m’empêche de sombrer ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, ne nous laisse pas emporter par l’épreuve » ? Qu’est-ce que m’empêche d’être en paix ? d’être heureux et libre ? Qu’est-ce qui fait « obstacle en moi » à l’Amour, à la vérité, à la Vie ? Qu’est-ce que j’ai de plus mauvais, de plus sombre, de plus pervers en moi ? Qu’est-ce qui peut être pire que le pire de moi-même ? Qu’est-ce que me rendra libre de mes fonctionnements pervers ? Qu’est-ce que me permettra d’accepter mon ombre et d’être libre à son égard ? Qu’est-ce que je dis quand je dis : « Abba, délivre-nous du pervers » ? Qu’est-ce que je dis quand je dis enfin : « YHWH, à Toi appartiennent le Règne, la Puissance et la Gloire » Quand je signe par ce « oui », cet « amen », mon adhésion à l’Être qui Aime et ma liberté à l’égard de tout autre règne, puissance et gloire. Yeshoua de Nazareth n’a jamais transmis de « Loi » à ses disciples (Thora, charia ou dharma), Il leur a transmis une prière, c’est-à-dire, un art de vivre en relation instant après instant avec ce qui nous fonde et nous donne d’être vivant. Ce fondement, cette Source de Vie il l’a appelé « Abba », ce qui ne veut rien dire ou dire simplement que nous ne sommes pas ici par hasard ou par nécessité, mais que nous sommes « aimés », appelés à être et à être libre « avec » les autres êtres et que le mieux et le meilleur que nous ayons à faire si nous ne voulons pas disparaître c’est de nous aimer.Il nous a transmis, un désir, une orientation du cœur et de l’intelligence vers le Libre, le Beau, le Vrai et le Bien. Le désir d’un autre règne que ce qui domine parmi les hommes, une autre puissance que les pouvoirs qui ont cours dans nos cités, une autre gloire que celle qui brille sur nos écrans… mais ce n’est pas « un autre monde », c’est sans doute le même, mais aimé et vécu « autrement ». Il nous a transmis une qualité d’attention, de Souffle qui nous relie à tout ce qui vit et respire. Demeurer dans ce souffle et cette vigilance, ce n’est plus réciter sa prière, c’est « être » sa prière, c’est « être avec lui jusqu’à la fin du monde ». « Lui (Je Suis) en nous – et nous en Lui » |
LELOUP - PAROLES DE JÉSUS |
Textes présentés par Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
1994 |
Les
paroles de Jésus sont des semences, du grain jeté en terre, elles doivent
traverser l’hiver, celui de nos doutes ou de nos explications inutiles. Puis
un jour « la Parole se fait chair ». On comprend parce qu’on a vécu, parce
qu’on a mis en pratique. Comme si l’Intelligence de l’Amour ne se révélait
qu’aux actes. Des actes précis, tendres ou fiers, avec un je-ne-sais-quoi de
« gratuit ». On comprend alors que le Dieu de Jésus est en nous.
Nos limites sont des berceaux d’infini. Son
enseignement est là pour faire fleurir le meilleur du meilleur de nous-même
et encore quelque chose de plus. Ce plaisir-là ne tient pas boutique dans les
rues, il n’est ni à acheter ni à vendre. Paix et joie étranges, purs échos
d’une Présence inconnue. Jésus
a prononcé de nombreuses paroles et toutes n'ont pas été écrites, mais les
auteurs des Evangiles ont été inspirés afin d'écrire celles qui sont
nécessaires à notre foi. Mais ces choses ont
été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. Jean 20:31 Déjà,
ce passage nous montre combien il est important de lire et connaitre Ses
paroles fondement de la vraie foi en Lui qui est la source de la vie
éternelle. Les paroles du Seigneur Jésus-Christ, sont précieuses pour nous
instruire et nous encourager, nous avertir et nous mettre en garde. Il a
voulu qu'elles nous soient fidèlement rapportées et il a confié cette tâche à
ses premiers disciples. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout
ce que je vous ai prescrit. Matthieu 28.19. Ce qui était dès le commencement,
ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous
avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie,
- car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue et nous lui rendons
témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père
et qui nous a été manifestée, - ce que nous avons vu et entendu, nous vous
l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec
nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils
Jésus-Christ. Et nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit
parfaite. 1 Jean 1.1-4 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie
en son nom. Jean 20:31 Les quatre Evangiles nous rapportent de nombreuses paroles de Jésus. Chacun peut en prendre connaissance et je trouve que nous ne les lisons ou relisons pas assez souvent. Lorsque nous prenons le temps de les lire, de les méditer, d'y réfléchir, nous découvrons que le Seigneur nous a laissé des paroles lumineuses, simples et claires, qui apportent des encouragements, des instructions et aussi des avertissements. Nous pouvons dire des paroles de Jésus, ce que le psalmiste disait des paroles de Dieu qu'il connaissait : |
LELOUP - PAROLES DU MONT ATHOS |
Jean Yves LELOUP |
Edition Albin Michel |
1991 |
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Peut-être faut-il trouver un compromis entre les deux, entre l’art de l’icône et celui de la caricature, c’est à dire parler de l’art du portrait. Ces paroles de moines écrites dans ce livre sont un essai de synthèse de nombreux entretiens que l’auteur a eu avec divers moines et higoumènes du Mont Athos. La parole n’est pas seulement dans la bouche de celui qui parle, elle est aussi dans l’oreille de celui qui écoute. Le résultat de ces paroles est aussi le résultat d’une lente maturation que l’auteur a eu pour restituer ces paroles. Il nous restitue également le fruit de ses réflexions sur de nombreuses questions qu’il s’est posées sur la finalité des moines, sa vie, son but, ses moyens pour réaliser cette fin, sur le jeûne, le silence, la pauvreté, les veilles, l’obéissance, savoir ce qu’est l’hesychia, l’apathéia, la grâce, comment acquérir le saint esprit, la prière du cœur, comment prier, comment connaitre la volonté de Dieu, comment discerner les pensées, quel est le rôle du Père spirituel, comment prier pour tous les homme ? L’auteur nous donne les réponses des moines et des Pères à toutes ces questions, avec de très nombreuses références aux Ecritures, aux apothèmes et aux Pères de l’Eglise, ce qui donne un écho vivant de la Tradition, car l’auteur a remarqué que les moines de l’Athos avaient une véritable envie de transmettre ce qu’ils avaient eux -même reçu de leurs Pères, ceci avec également l’envie de partager une expérience personnelle, afin que chacun puisse y trouver des réponses de joie et de bonheur. |
LELOUP - PHILON D’ALEXANDRIE – PRENDRE SOIN DE L’ÊTRE – LES THÉRAPEUTES |
Jean-Yves LELOUP |
Edition ALBIN MICHEL |
1993 |
Philon et les Thérapeutes d’Alexandrie. Juif de culture hellénistique, Philon d’Alexandrie, (-20/ +40) contemporain du Christ, est très représentatif des mouvements spirituels d’un milieu où se côtoient les syncrétismes les plus audacieux et les sectarismes les plus violents. Précurseur d’Origène, il est surtout connu pour son art de l’interprétation des rêves et des textes sacrés, qui n’est pas sans rappeler celui de la psychologie des profondeurs au XXe siècle. Dans son livre les Thérapeutes, présenté et commenté ici par J.Y. Leloup, Philon se fait le chantre d’une communauté dont on connaît mal la nature, mais qui se caractérise par son hospitalité et son attention à l’Être dans toutes ses dimensions : Corps, Âme et Esprit. Les Thérapeutes, par cette vision globale de l’homme, enracinée dans l’anthropologie biblique, préfigure déjà les psychologies contemporaines ouvertes aux domaines du corps et de la spiritualité. Autre sujets d’intéressements : Les Thérapeutes vivent aux environs d’Alexandrie, véritable bouillon de culture de l’époque, lieu de rencontre des civilisations d’Orient et d’Occident, où les syncrétismes les plus délirants entrainent leurs corollaires de sectarismes obtus et parfois violents. Il y a aussi rencontre de l’anthropologie et des concepts sémites et grecs. La façon de lire les textes et les Ecritures posent aussi problèmes selon la culture de chacun. Du temps de Philon, le thérapeute est un tisserand, un cuisinier, mais aussi un sage, un intercesseur et un psychologue. Il prend soin du corps, il prend soin aussi des images qui habitent son âme, il prend soin des dieux et des logoï (paroles) que les dieux disent à son âme, c’est un psychologue qui s’occupe aussi de son éthique de vie débouchant sur la sagesse. Le thérapeute sait prier pour la santé de l’autre (comme le chaman) en appelant sur lui la présence et l’énergie du Vivant, qui seul peut guérir, le thérapeute ne guérit pas, il prend soin et coopère afin de mettre le malade en condition de guérir. Rentrer chez les Thérapeutes, c’est d’abord changer d’habits, se revêtir de « lin ». Changer d’habit, c’est changer de climat, de temps, c’est entrer en spiritualité, en tous cas c’est changer de psychisme. Le thérapeute doit se tisser symboliquement un habit de contemplation de l’Eternité, les moines par la suite suivront l’exemple de ce symbolisme (robe, scapulaire, ceinture…). Chez les thérapeutes la cuisine était très importante, la viande était bannie et le repas était frugal. Ils disaient : « Ne plus se nourrir de cadavres – Laissez les bêtes manger les bêtes – On devient ce que l’on mange – Ce qu’il y a dans notre assiette est notre meilleur médecin » Les Thérapeutes prenaient soin du désir, c'est-à-dire de leur égo, leur fantasme, leur matérialité refoulée. Ce désir était l’objet de toute leur attention, il ne s’agissait pas de le stimuler ou de le détruire mais de le « réorienter quand il est perdu ». Nous sommes là aux racines de ce qu’on appellera plus tard l’Ethique ou encore la Morale. Le péché (du grec hamartia= manquer la cible) est avant tout une maladie du désir, une perversion ou une désorientation. Le but des thérapeutes et le premier effet de leur enseignement sera de redire à l’homme le but et la finalité de son désir. Ce qu’actuellement en métaphysique on peut appeler, lutter contre son égo et ses vices, non pas en le tuant mais en le maîtrisant. Les Thérapeutes tout comme leurs frères Esséniens de Galilée prônaient et pratiquaient cette ascèse du corps et de l’esprit. |
LELOUP - PRAXIS ET GNOSIS D’EVAGRE LE PONTIQUE, OU, LA GUÉRISON DE L’ESPRIT |
Jean-Yves
Leloup |
Edition du Cerf |
1992 |
Né
en 345 dans la province romaine du Pont en Cappadoce, Evagre fut longtemps
l'élève du célèbre théologien et poète Grégoire de Nazianze, avant de
s'illustrer à Constantinople puis à Jérusalem par son intelligence, son
habileté dialectique... et sa vie personnelle mouvementée. Puis il se retire
dans le désert d'Egypte où il demeurera quatorze ans, jusqu'à sa mort.
Dans son
travail intitulé Le traité pratique Evagre le Pontique, l’un des pères de l’église
du IVème siècle définit une praxis par laquelle l’Homme peut entièrement être
orienté et dynamisé par l’esprit, et ainsi laisser libre cours à la capacité
de dépassement qui le caractérise.
Gastrimargia (toutes les formes de pathologies orale : boulimie, anorexie, bavardage, gourmandise, alcoolisme…), la philarguria (avarice), la pornéia (obsession sexuelle), l’orgé (la colère), la lupé (la tristesse), l’acédia (la dépression à tendance suicidaire), la kénodoxia (la vaine gloire, l’inflation de l’égo), et l’upérèphania (le délire schizophrénique). La philarguria : La philarguria est une sorte d’attachement irrationnel à un bien quelconque (livre, vêtement, voiture…) mais également à l’égard d’une idée pratique ou d’une posture particulière. On peut ici nouer des liens avec la psychologie contemporaine, et utiliser la notion de stade anal chez Freud : Un enfant peut éprouver une peur indescriptible à la vue de ses excréments, pour lui c’est son corps qui se décompose, et si sa mère n’est pas là pour le rassurer et le remercier de ce cadeau, il va éprouver une certaine crainte qui peut le conduire à se retenir, ou au contraire à se vautrer dans ses excréments. Ainsi on peut avoir deux modes de manifestation de la philarguria; une rétention forte ou à l’inverse un excès, une théâtralisation, voire une parodie. La pornéia : La pornéïa noue des liens très étroits avec la philarguria. Chez Evagre le pontique il s’agit d’un mauvais équilibre psychologique qui concentre toute l’énergie et l’attention au niveau génital. Pour libérer cette énergie, il y a une véritable pulsion sexuelle qui en son point culminant arrive à la masturbation. On peut aussi évoquer le fait que son propre corps, mais aussi le corps de l’autre, n’est considéré ici que comme une chose, une matière sans âme, un simple objet de plaisir. La kénodoxia : C’est une combinaison de la philarguria et de la pornéïa. C’est une inflation démesurée de l’égo. On peut évoquer l’image de la grenouille qui veut être plus gros que le bœuf. Le moi exige une reconnaissance, une admiration de tous, il faut que l’individu soit au centre des attentions et que tous les regards soient dirigés sur lui. Plus le sentiment d’insécurité est grand, plus on aura besoin d’exploits ou de relationsrelevant de l’importance illusoire. L’orgé : Comme la colère nous met hors de nous on comprend bien comment l’orgé peut nous éloigner de notre humanité. Evagre le pontique la définit comme « notre difficulté d’accepter l’autre en tant qu’autre, s’il ne correspond pas à l’image qu’on se fait de lui notre esprit s’irrite et le ressentiment nous ronge ». Il écrit même qu’ « aucun vice ne fait devenir l’intellect démon autant que la colère ». La colère est une forme d’immaturité, c’est un enfant qui veut tout toute de suite par exemple. Evagre remarque d’ailleurs que lorsque l’être est en colère il est à bout de souffle, il perd son souffle, son spiritus capable de donner du volume à notre être. La lupé : Elle vient souvent du fait de penser la vie en termes de besoins, ici l’être confond les désirs et les besoins, ce qui amène une frustration. Ainsi une relation déçue à l’autre peut conduire à de la tristesse. La lupé est l’épreuve du vide que l’on fait et que l’on n’est pas prêt à faire, et le premier manque propre à l’Homme et qu’aucun ne peut jamais combler est la mort, cette peur irréfragable de l’inconnu et du vide. Il est sain d’être insatisfait, mais il faut comprendre pourquoi. Plus on va remplir notre vie et notre être pour combler ce vide, plus on va être confronté au vide et plus il faudra remplir. L’acédia : C’est la forme ultime de la lupé, c’est une pulsion de mort, un « a-quoi-bonisme » qui peut donner naissance à des tendances suicidaires. L’acédia se rapproche fortement de la mélancolie, mais aujourd’hui on utilise plutôt le terme de dépression. L’upérèphania : C’est le summum de la kénodoxia, de l’égologie. Ici on est dans une satisfaction égologique proche de l’autisme. C’est prendre ses rêves pour la réalité et ne plus se référer au jugement des autres, de la société et du monde. Etre dans l’upérèphania c’est perdre la conscience que l’altérité est validante, et que personne n’y échappe. C’est se déployer et vivre dans son propre monde, avec sa seule personne pour instance validante. Le lien avec l’altérité est ici complètement coupé. |
LELOUP - QUI EST ‘’JE SUIS’’ ? - Connaissance de soi et connaissance de Soi |
Jean-Yves Leloup |
Edition Le Relié |
2009 |
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Pourtant le sens de cette affirmation est bien mystérieux, déjà elle est traduite de bien des manières différents : « je suis qui je suis », ou « je suis qui je serai», ou « je suis l’être»... A l’inverse, on peut faire une interprétation forte de notre verset, une interprétation ontologique, parce que le verbe « être », quand il est utilisé en hébreu l’est toujours au sens fort. Et on peut donc penser que ce n’est pas de la part de Dieu une fin de non-recevoir, mais au contraire, une réponse : « je suis l’être » (comme l’a compris la traduction grecque des Septante : « ego eimi o ôn »). Cela, c’est l’onto-théologie représentée en particulier par Thomas d’Aquin au XIIIe siècle. Pour simplifier, l’idée, c’est que dans le monde, il y a des choses qui sont : ce bulletin est, moi je suis, or tout ce qui « est » participe à quelque chose de commun qui est l’être. Cet être, c’est ce qu’a en commun tout ce qui est. Mais qu’est-ce que l’être en tant qu’être ? Puis-je imaginer l’être pur sans quelque chose qui soit ? C’est la question de la métaphysique, ou de l’ontologie, et la théologie médiévale a dit que cet être auquel participe toute chose, c’est Dieu. Dieu est ainsi l’être en soi, ce qui est et ce qui fait être chaque chose, ce qui donne l’être à tout ce qui est. Plus près de nous, des théologiens modernes ont dit que Dieu était « la puissance d’être », ce qui pousse toute chose à être et à plus être, à mieux être. Alors une lecture plus hébraïque est de se demander à quel temps il faut le traduire : Dieu dit-il : « je suis qui je suis », ou « je suis qui je serai ? ». C’est compliqué, parce qu’en Hébreu, il n’y a pas de temps comme en français, il y a juste un accompli pour les actions passées, et un inaccompli pour une action qui se prolonge dans le futur, qu’elle soit passée présente ou future. Donc le « Eheyé » hébreu peut se traduire par « je suis », « j’étais », ou «je serai », et en fait c’est les trois à la fois. Dieu dit donc : « je suis celui qui était, qui est, et qui sera ». C’est ce qu’a compris l’Apocalypse, qui appelle Dieu ainsi. L’idée est bonne : tout dans ce monde est passager, un jour n’était pas et un jour ne sera plus. Mais tout ne peut pas être passager, qu’est-ce qui est l’intemporel, ce qui demeure, la structure du monde, l’absolu, la transcendance ? C’est cet absolu que nous appelons Dieu. C’est d’ailleurs de là que vient le nom de YHWH (Yahweh, ou Yéhova) que les protestants ont eu l’idée de traduire par: «l’Eternel ». C’était une très bonne idée : Dieu, c’est l’intemporel par définition, ce qui est hors du temps, hors de tout processus de genèse et de corruption. Et croire en Dieu, c’est s’attacher à l’éternel, fonder sa vie sur l’intemporel, sur l’absolu et le transcendant. Et puis, il y a ceux qui donnent un sens plus faible au verbe «être », comme les existentialistes. Pour eux, il y a deux choses différentes : être et exister. Exister, c’est pour les choses, les objets, ce qui est matériel et visible. Et pour eux : Dieu n’existe pas, il est. Dieu, en effet, n’est pas un objet, pas une chose, il n’a pas d’existence comme vous ou moi ou quelque chose. Mais il est. La théologie apophatique : Alors il est quoi ? C’est une fausse question, il est, tout court, il est, sans «quoi». Je reconnais que c’est difficile à imaginer, voire même impossible. Et peut-être est-ce là l’essentiel : Dieu, c’est difficile à penser, c’est compliqué, et dire brutalement : « je crois en Dieu », « Dieu existe », ou « Dieu n’existe pas » ne peut se faire qu’à partir d’images souvent enfantines et préconçues de Dieu. Donc finalement, ma première idée du « va te faire cuire un œuf » n’était pas si bête et mes professeurs avaient tort, d’une certaine façon, Dieu refuse de répondre : on ne peut pas donner un nom à Dieu, ni dire exactement ce qu’il est. Le nommer, c’est l’enfermer dans images humaines, or Dieu est ce qui dépasse tout, il est l’indicible, l’au-delà de tout, le « tout autre ». Pour les juifs, son nom est même imprononçable et inconnaissable. Dieu, c’est l’indicible. Cette idée, c’est ce qu’on a appelé la « théologie apophatique », et elle a raison : dire quelque chose de Dieu, c’est forcément dire quelque chose de faux. L’important, c’est comment l’idée que l’on en a nous fait vivre, et ce qu’elle génère en nous d’amour, de générosité et d’action positive dans ce monde. Donc Dieu est, parce qu’il y a du bien à accomplir dans ce monde, quand à dire ce qu’il est vraiment, je ne saurais le dire. |
LELOUP
- REQUIEM
|
Jean-Yves Leloup
|
Edition Le Relié
|
2018
|
Dans
cet ouvrage majeur, Jean-Yves Leloup s'interroge sur l'attitude à avoir
devant la souffrance, la maladie et la mort, la nôtre comme celle de nos
proches. Il se livre à un vaste questionnement sur le sens de la vie en
s'aidant des diverses traditions chrétiennes, mais aussi bouddhiste, taoïste,
soufie ou indienne. Il nourrit sa réflexion avec la psychologie
transpersonnelle mais aussi avec des penseurs humanistes tels Dürckheim,
Sartre, Brecht, Freud, Jung, Goethe, Dostoïevski ou Elisabeth Kübler-Ross et
Marie de Hennezel... Il pose la question de la réincarnation et de la
résurrection, celle du suicide et de l'euthanasie, des soins palliatifs et de
l'art subtil de naître " d'en haut ". Il trace une radicale
anthropologie de l'inévitable fin qui attend tout être, et de l'énigme
qu'elle recèle. Ce livre a aussi un côté pratique car l'auteur propose des
rituels et des façons de se comporter face au mourant comme face au décès. Il
nous conduit sur les chemins de la quiétude, vrai sens du mot Requiem, afin
d'élargir notre espace intérieur et vital ! Cette réflexion est accompagnée
d'un CD audio avec un Requiem original de Jean-Paul Dessy Actuellement, la violence physique
faite au corps et la pieuse comptabilité des mérites et des rachats par la
souffrance relèvent d’un passé révolu et font place à une conception où
l’amour seul peut réparer les fautes et diminuer les peines entraînées par le
péché. La douleur fait partie de la condition humaine depuis le péché
originel, elle transforme l’âme et la rapproche de Dieu : « ...
dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche
intérieurement l’homme du Christ, une grâce spéciale » écrit Jean-Paul
II dans « Le sens chrétien de la souffrance ». La douleur garde une
dimension expiatoire dont la religion ne parvient pas à se défaire
complètement, mais qui se transforme : l’accent n’est plus mis sur
l’identification à la passion de la croix mais sur l’amour qui jaillit de la
croix, c’est à dire la capacité de l’homme à maintenir en lui sa force d’âme :
la souffrance de Jésus ne serait rien sans l’amour dispensé par son
sacrifice. Mère Teresa suggérait de faire bon usage de la lèpre pour
apprendre à aimer ceux que personne n’aime. L’offrande de douleur jadis
valorisée perd son sens, de même que l’idée d’une douleur envoyée par Dieu en
punition des péchés ou comme moyen d’acquérir des mérites en vue de la vie
future ou encore comme signe d’élection. Ainsi la tradition catholique s’est
ouverte aux valeurs contemporaines, l’Eglise admet aujourd’hui la lutte
contre la douleur, l’anesthésie ou la péridurale. Mais les
« hérésies » médicales nourries du climat catholique n’ont vraiment
disparu que depuis peu, telles que la délivrance plus que parcimonieuse
d’antidouleurs de crainte de provoquer une dépendance ou l’affirmation de
l’inutilité des analgésiques chez les enfants sous prétexte que leur cerveau
n’est pas assez développé pour percevoir la douleur. Le christianisme a toujours
accordé beaucoup d’importance au corps. Il l’a libéré des injonctions de
pureté en vigueur dans les autres monothéismes, telles que la purification du
cadavre ou de la femme ou les interdits alimentaires. Il a détruit la
barrière entre le sacré, identifié au pur, et le profane, identifié à
l’impur. La parabole du lépreux annonce que la lèpre n’est pas une
condamnation ou une expiation et que la pureté ne peut être un élément de
discrimination. Mais la société moderne réintroduit ces notions sous la forme
d’idéalisation du corps : impératifs d’hygiène sociale, contradictions
entre la valorisation du désir roi et les injonctions santé culpabilisantes
ou promettant des enfers, idéal de beauté formatée, jeunisme. Le
christianisme juge outrancière cette valorisation : le corps est mortel,
fragile, il faut lui témoigner de l’attention, mais sans lui accorder un soin
idolâtrique et obsessionnel qui méconnaît sa précarité. L’Eglise critique le libertarisme
ambiant qui privilégie le bien individuel, l’attente subjective,
l’insouciance du bien commun. Ainsi la liberté sexuelle demeure un point de
conflit. La sexualité garde pour l’Eglise sa finalité procréatrice et n’est
valorisée que dans ce cadre, même si, toujours dans ce cadre, on reconnaît
qu’elle apporte un certain épanouissement. L’Eglise redoute surtout la
banalisation de l’acte sexuel, ce qui le détournerait de son but. Elle se
méfie aussi de l’ambiguïté du plaisir : même si le lien ancien entre
jouissance et péché s’est défait, la jouissance amène un risque d’enfermement
en soi. Pour l’Eglise, revendiquer une égalité « anthropologique »
entre couples homo et hétérosexuels ne parait pas marqué par le souci du bien
commun : le refus des exclusions ne doit pas conduire à des dérèglements
dont les générations futures paieront le prix. On ne peut pas faire
l’économie de la différence sexuelle, une société de l’indifférenciation
sociale ou sexuelle est génératrice de perte d’identité des personnes et donc
source d’angoisse existentielle. La question n’est en fait pas individuelle,
niveau où le dialogue au cas par cas peut se maintenir, mais sociale. De même, le respect du corps
pousse le magistère à n’accepter que les méthodes dites naturelles de
contraception (Ogino) mais de très nombreux fidèles et prêtres prônent la
largesse d’esprit : il faut à la fois éviter de banaliser l’acte sexuel
et éviter le risque mortel, ce qui revient à permettre d’employer un
préservatif... si on ne peut s’empêcher d’avoir une relation. Le corps doit
être respecté et entouré et l’importance qui lui est donnée justifie (entre
autres arguments) le refus de l’euthanasie. Décider d’avoir un droit de vie
sur soi-même, c’est instituer avec soi-même, avec son corps, un rapport
d’instrumentalisation. L’interdit de donner la mort ne peut être transgressé
et la mort ne peut être banalisée. D’où aussi certaines réserves vis à vis de
la crémation... et du corps médical qui identifie le patient à ses organes,
alors que l’Eglise écoute le patient. Au sommaire de cet ouvrage : Quies et Requiem chez Maître Eckhart - Présupposés anthropologiques -
Rencontre avec l’inévitable
- Mort et résurrection ou la loi ontogénétique fondamentale -
le rituel de la Dormition - L’énigme
- « Naître au ciel »
et « naître d’en haut » - Résonnance au requiem de Michel
Onfray - Du Dies irae au Dies
misericordioe - Notes préparatoires au Requiem de
Jean-Michel Dessy - Requiem, nouvelle genèse . Oratorio - |
LELOUP – SECTES, ÉGLISES ET RELIGIONS – Eléments pour un discernement spirituel |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
1998 |
Je suis un individu qui parle à d’autres individus, un individu qui, heureusement, sait un peu de quoi il parle. En matière de sectes, il m’a été donné de visiter et de demeurer auprès d’un certain nombre de leurs membres — qui ne se présentent d’ailleurs jamais comme étant une secte. En matière d’églises, il m’a été donné de m’engager dans l’église orthodoxe, d’abord comme baptisé, puis comme prêtre ; j’ai également bien connu l’église catholique romaine, puisque après ma formation philosophique et théologique, j’y suis resté comme père dominicain pendant plus de quinze ans, et c’est dans ce contexte que me furent données un certain nombre de missions auprès des sectes dites “dangereuses”. En matière de religions, bien qu’enraciné dans le christianisme, je me suis toujours intéressé à ce qui pourrait alléger ou délivrer l’homme de sa souffrance et donner du sens à sa vie. Dans ce domaine, les religions orientales me semblèrent utiles et fécondes. Ces dernières années, de nombreux voyages en Israël-Palestine me permirent d’approfondir mes connaissances du Judaïsme et de l’Islam, et des conflits qui en découlent. La diversité de ces expériences et de ces rencontres m’autorise et m’invite à aborder ce thème avec circonspection, respect et esprit critique. » Dans quel état est leur esprit à eux ? Parfois les entités se nomment, et les « véhicules », « canaux » ou « channels » diront : « Attention, ce n’est plus moi qui parle, c’est Untel. C’est l’ange, c’est la Vierge Marie, c’est le Christ ou bien Dieu lui-même », conférant ainsi à ce qui est dit une autorité spirituelle, angélique ou divine… Ces paroles transmises avec foi et conviction rencontreront l’étonnement, l’émerveillement et l’adhésion d’un certain nombre d’auditeurs, comme elles rencontreront parfois le jugement et la condamnation d’autres auditeurs qui ne verront dans tout cela que des manifestations dangereuses, inutiles, voire démoniaques. Ces messages venus d’ailleurs rencontreront également le scepticisme et seront considérés comme des « remontées d’un inconscient » plus ou moins encombré ou mal exploré ; on parlera alors de « bouffées délirantes », symptômes de mal-être dans une histoire particulière ou plus largement de « malaise dans la civilisation ». Reste à trouver une attitude qui ne soit ni adhésion aveugle, ni condamnation tout aussi aveugle, ni encore l’ironie facile et humiliante des clercs psychanalystes ou théologiens. « La voie du milieu », de l’entre-trois-dires (là où précisément se trouve le sujet qui écoute, entre le dire du conscient et celui de l’inconscient ; ce troisième demeure l’inconnu dont les deux premiers dires tentent d’être les témoins), cet entre-trois ne pourra être que le centre d’une interrogation honnête ou d’une foi qui cherche à comprendre, une foi incrédule qui n’est pas prête à croire n’importe qui ou n’importe quoi sans examen, mais qui ne fait pas non plus du doute incessant son absolu. Il y a des choses qu’on ne peut pas comprendre que parce que d’abord on y croit, il faut aimer ce qu’on cherche à comprendre. L’interrogation, cela suppose en premier lieu la reconnaissance des faits sur lesquels on s’interroge et la reconnaissance que ces faits ne sont pas si nouveaux et se manifestent régulièrement dans l’histoire. Il s’agira de considérer ensuite l’interprétation que l’on donne de ces faits, parce que là est sans doute le problème, interpréter ou ne pas interpréter, « là et la question », là est aussi notre liberté. L’examen des faits et de leurs interprétations ne dit pas encore s’il s’agit de vrais ou de faux prophètes, de vrais ou de faux mystiques, d’authentiques médiums ou d’authentiques charlatans. Il n’est pas dit non plus si ces « enseignements » sont de réels messages et signes pour notre temps, espérance d’un monde meilleur, d’une nouvelle vie, ou illusions, fantasmes, messages et signes d’un triste temps, d’une époque malade, d’un cycle qui touche à sa fin. Pour trouver quelques éléments de discernement, il ne sera pas vain de faire appel aux recherches de la psychologie contemporaine et à la sagesse des grandes traditions spirituelles de l’humanité. Depuis les temps les plus reculés, des hommes et des femmes disent recevoir des signes ou des messages de puissances transcendantes. En Inde, on les appelle des rishis, des voyants. Dans les traditions sémitiques, on les appelle des nabis, des inspirés ou des prophètes. Les uns et les autres disent que ce qu’ils savent, ils ne l’ont pas acquis ; il ne s’agit pas d’une connaissance, fruit de leurs études et de leurs investigations ; cette connaissance leur est venue d’en haut ou de la profondeur, ils l’ont reçue d’une plus haute conscience ; elle leur a été donnée gratuitement, révélée. On parlera effectivement alors de Révélation. Qu’est-ce à dire ? Selon Tresmontant, le mot français révélation est un simple décalque du latin revelatio, qui se rattache au verbe revelo, revelare, lequel signifie : ôter le voile, le velum, découvrir. Ce mot latin revelatio traduit le grec apokalypsis qui signifie : action de découvrir, et se rattache au verbe apokalyptô qui signifie : découvrir, dévoiler. En grec, le kalymma, c’est ce qui sert à couvrir, le voile, l’écorce. Kalyptô signifie couvrir, envelopper, cacher. |
LELOUP - SUR LES CHEMINS DE L’INFINI, |
Jean-Yves LELOUP et Ferrante FERRANTI |
Edition Philippe Rey |
2007 |
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Parmi les icônes du Mont Athos, il
n'en est pas de plus répandu, de plus vénérées que celles de la Vierge. Le culte
des saintes icônes étant devenu, depuis la querelle iconoclaste, un moyen
d'élévation spirituelle et un témoignage de foi, il est naturel que la
dévotion mariale se manifeste surtout envers les icônes qui glorifient Marie,
le chef-d'œuvre de Dieu. Sur l'iconostase de chaque église, une place
rituelle est réservée à l'image de la Théotokos, à gauche des portes royales,
alors que le Sauveur occupe, comme il se doit, le panneau de droite.
Nombreuses sont également les icônes mariales qui reproduisent les divers
types de l'iconographie byzantine et nous permettent ainsi de refaire par la
pensée tout l'itinéraire terrestre de la Vierge. Mais, au Mont Athos, outre
ces icônes qui nous permettent de saisir la nuance particulière de la piété
et de la théologie mariales byzantines, il en existe d'autres qui sont plus
vénérées et devant lesquelles brûlent un plus grand nombre de cierges, de
veilleuses. Ce sont les icônes anciennes dites miraculeuses. Il serait
fastidieux d'en dresser une liste. Bornons-nous à retracer brièvement
l'histoire de quelques-unes d'entre elles. Notre-Dame de l'« Axion Estin ». — Cette icône se trouve actuellement à l'église de Karyès,
au-dessus du trône épiscopal. L'histoire de l'icône, que nous empruntons aux
tropaires de la fête se résume ainsi: Un soir, un vieil ermite inconnu vint
frapper à la porte de l'ermitage d'un jeune moine pour lui demander
l'hospitalité. Pendant l'office de nuit, l'hôte mystérieux, au lieu de suivre
les indications du livre liturgique se met à chanter un verset mariai d'une
beauté exceptionnelle. Surpris, le jeune moine demande à son hôte les paroles
de cette hymne, que celui-ci trace sur une tablette à écrire: «Il est
vraiment juste (= Axion Estin) de vous glorifier, ô Vierge bienheureuse et
immaculée, Mère de Dieu. Vous êtes plus digne d'honneur que les chérubins, et
incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, vous qui, restant pure,
avez mis au monde Dieu le Verbe: nous vous exaltons ». Après quoi, il
disparut. Ce mystérieux « mélode » était l'archange Gabriel. L'icône devant
laquelle l'hymne fut chantée pour la première fois reçut de nom d'Axion
Estin, et l'antienne mariale est récitée actuellement à la messe et à
certains offices. Un superbe livre de 220 pages grand format, des photos superbes, et des explications sur la vie de ces 20 monastères du Mont Athos, qu’Yves Leloup a pu parcourir durant plusieurs mois, il nous en restitue ici, non seulement le journalier des moines, mais la vie spirituelle, la fabrication des icônes, et de nombreux détails sur cette communautés très indépendante vis-à-vis des autorités politiques de Grèce, mais aussi des autorités religieuses orthodoxes et même entre les monastères ils gardent jalousement leurs droits et prérogatives. |
LELOUP - tout est pur pour celui qui est pur |
Jean-Yves Leloup |
Edition ALBIN MICHEL |
2005 |
Quelle fut la nature des relations entre Jésus de Nazareth et la grande figure féminine que la tradition chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si « le Verbe s’est fait chair », s’il faut prendre au sérieux le mystère de l’Incarnation, peut-on imaginer que le Christ se soit interdit tout amour charnel ? L’histoire, les Évangiles canoniques, les apocryphes et la théologie ont-ils quelque enseignement à nous livrer à ce sujet ? L’auteur
d’Une femme innombrable, spécialiste de ces questions et traducteur notamment
des Évangiles de Marie, de Philippe et de Thomas, aborde la relation «
amoureuse » de Jésus et de Marie-Madeleine à la lumière de la parole de Paul
: « Tout est pur pour celui qui est pur ». Son propos précis et sans tabou
n’entend pas scandaliser, mais stimuler notre étonnement face « au réalisme
de l’Incarnation ». Le succès fulgurant du " Da Vinci Code " a rendu toute son actualité à la sulfureuse question de la vie sexuelle de Jésus, en contradiction avec la perception que l'Eglise se fait de la sexualité. Pour autant, en prenant le dogme à la lettre, si le Verbe s'est vraiment totalement fait chair, il n'y a aucune raison de penser que le Christ ait ignoré cet aspect primordial de la vie humaine. Jean-Yves Leloup, qui travaille depuis fort longtemps sur cette question, nous livre ici la synthèse de ses travaux. En juillet 2003 après la publication de sa traduction des Evangiles apocryphes de Philippe, de Marie et de Thomas, cet auteur, ordonné prêtre orthodoxe, avait écrit, à la demande des hiérarques de son Eglise, une confession de foi assurant notamment : "Rien ne me permet d'affirmer que Jésus ait exercé la plénitude de sa sexualité (celle-ci n'étant évidemment pas réduite à la génitalité) avec Marie-Madeleine ou avec toute autre femme. Dans le respect de la plus stricte orthodoxie et du dogme de l'incarnation, rien ne me permet non plus de le nier." Il revient donc ici sur ce sujet hautement sensible de l'incarnation humaine de Jésus et de ce qui l'unissait à Marie-Madeleine. A partir de l’évangile de Jean : « Et le Verbe s’est fait chair », le monde chrétien s’est déchiré, alors pourquoi l'Église attache-t-elle tant de prix à garder intacte la foi des premiers conciles, sinon dans ses formules, solidaire, de la culture d'alors, du moins dans sa visée centrale ? Pour elle, Jésus est réellement le Fils de Dieu, et il est réellement homme. Tenir fermement cette affirmation, qu'est-ce que cela change ? Disons qu'il y va d'une vision nouvelle de toutes choses ; davantage, d'une vie nouvelle qui nous est offerte à nous, les hommes. Pourquoi avons-nous tant de mal à entrer dans le mystère de l'Incarnation ? On nous dit que Jésus est réellement Dieu et réellement homme. Mais qu'est-ce que Dieu ? Qu'est-ce que l'homme ? Nous prétendons le savoir d'avance. Notre seul souci sera alors de vérifier que nos conceptions spontanées de Dieu et de l'homme s'appliquent bien à Jésus. Or, ici, la foi demande un renversement radical. Il nous faut apprendre à découvrir Dieu et à découvrir l'homme à partir de Jésus-Christ. Rares sont, parmi les chrétiens, et même parmi les théologiens, ceux qui s'y essaient. Pascal l'a dit magnifiquement : "Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ ; nous ne connaissons la vie, la mort que par Jésus-Christ. Hors de Jésus-Christ nous ne savons ce que c'est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes". A la lumière du Verbe incarné, nous sommes appelés à voir Dieu autrement, à voir l'homme autrement. |
LELOUP - UN ART DE L’ATTENTION |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2000 |
Dans un monde survolté, pressé ou le stress nous fait croire à la performance alors qu’il empêche de goûter la vie, Jean-Yves Leloup propose un remède : l’attention. Pour lui, elle nous fait revenir de l’enfer qui est absence de miséricorde, oubli de nous-même, oubli de l’Etre. Un livre pour être attentif à soi-même pour redécouvrir le vrai sens de l’écoute et de la communication. Etre attentif aux autres et aux choses c’est leur donner la capacité d’évoluer, de se transformer, de changer. L’introduction du cœur dans l’attention évite au regard de « s’arrêter » en ce qui qu’il voit. Il devient sensible au sacré là où il risquait de faire de sa perception une idole. Au moment de t’engager sur une voie, demande-toi si cette voie a un cœur », disait Don Juan, l’initiateur de Carlos Castaneda. Il ne s’agit pas ici du cœur physique, ni même du cœur affectif et émotionnel, mais du cœur comme centre d’intégration de toutes les facultés de la personne, ce cœur – « centre » de l’homme – dont témoignent à peu près toutes les grandes traditions de l’humanité. Un des drames de l’homme contemporain, c’est qu’il a perdu son cœur. Entre le cerveau et le sexe, il n’y a rien ; quelquefois, quand même, une immense nostalgie… mais souvent on passe des analyses les plus froides aux débordements pulsionnels le plus inconsidérés. L’homme devient ainsi de plus en plus schizophrène, ayant perdu le centre d’intégration, de « personnalisation » de son être : le cœur. Une intelligence sans cœur n’est pas vraiment humaine. Un ordinateur, lorsque sont décuplés ses banques de mémoires, est plus « intelligent » que l’homme. L’intelligence sans cœur, « la science sans conscience », éclaire nos sociétés d’une lumière froide où l’homme « se gèle », s’analyse et s’ennuie. Une sexualité sans cœur n’est pas une sexualité vraiment humaine, quelle que soit la quantité de nos intensités pulsionnelles, ce n’est que dans une relation de personne à personne que le plaisir bref peut se transformer en bonheur durable. « Dans le véritable amour », disait Nietzsche, « c’est l’âme qui enveloppe le corps ». C’est le cœur qui donne du sens à nos étreintes, comme c’est le cœur qui peut orienter les découvertes de l’intelligence (cf. la physique nucléaire) dans un sens positif à la vie de l’humanité. Nous sommes à l’époque des néons et des couvertures électriques, des lumières froides et des chaleurs opaques. On ne se réchauffe pas auprès d’un néon électrique, on ne s’éclaire pas auprès d’une couverture chauffante. Nous avons perdu la flamme qui est à la fois lumière et chaleur. « Redire ad cor » – « retourne à ton cœur », la parole du prophète est plus que jamais d’actualité. |
LELOUP - UNE DANSE IMMOBILE |
Jean-Yves Leloup |
Edition Le Relié |
2015 |
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Le juste équilibre ou La voie du milieu est un terme bouddhique qui comporte de nombreuses connotations. Pour simplifier, il suggère une approche équilibrée de la vie et la régulation des instincts et du comportement de chacun. Ce concept se rapproche de l’idée de « juste milieu » d’Aristote, selon laquelle « chaque vertu se situe à égale distance des deux extrêmes, chacun de ces extrêmes étant par conséquent un vice ». Toutefois, bien que le terme « milieu » suggère un équilibre, il ne faut pas confondre la voie du milieu avec la passivité ou une forme de compromis modéré. S’engager dans la voie du milieu demande au contraire des efforts permanents. Au sens le plus large, la voie du milieu désigne la réalité de la vie, ainsi que les actions en adéquation avec cette réalité - actions créatrices de valeurs pour soi et pour les autres. Ainsi, le bouddhisme lui-même est parfois désigné comme la voie du milieu, ce qui indique une transcendance et la réconciliation de points de vue divergents. Toutes ces idées sont illustrées par la vie de Shakyamuni lui-même, telle que nous l’a rapporté la légende. Né prince, Shakyamuni a été élevé dans la joie et le confort matériel. Mais, ne pouvant se satisfaire de la poursuite de plaisirs éphémères, il quitte sa famille à la recherche d’une vérité plus profonde et plus durable. Il entre dans une période de pratique ascétique extrême, se privant de sommeil et de nourriture, ce qui l’amène au bord de l’effondrement physique. Ressentant la futilité de cette voie, il commence à méditer, profondément déterminé à comprendre la vérité de l’existence humaine, qui lui a échappé autant dans sa période d’ascétisme que dans sa période d’opulence. C’est à ce moment-là que Shakyamuni s’éveille à la véritable nature de la vie, à son éternité, à sa source profonde de vitalité et de sagesse infinies. Par la suite, dans le but de guider ses disciples vers la même voie du milieu, il enseigne l’octuple voie : huit principes, tels que l’action juste, la parole juste, etc., en vertu desquels chacun peut déterminer son comportement et développer la vraie connaissance de soi. Depuis, à différentes périodes de l’histoire du Bouddhisme, les érudits bouddhistes ont tenté de clarifier et de définir la vraie nature de la vie. Aux alentours du 3e siècle, la théorie de Nagarjuna sur la nature non-substantielle de l’univers expliquait qu’il n’existe aucun « objet » permanent derrière le phénomène en constante évolution de la vie, que la réalité ne s’appuie sur rien de fixe. Pour Nagarjuna, cette conception était la voie du milieu, le point de vue fondamental sur la vie. Les idées de Nagarjuna ont ensuite été développées par Tiantai (Zhiyi) dans la Chine du 6e siècle. D’après lui, tous les phénomènes sont la manifestation d’une seule entité, la vie elle-même. Cette entité de vie, que Tiantai appelait la vérité de la voie du milieu, présente deux aspects : un aspect physique et un aspect non-substantiel. Le fait d’ignorer ou de privilégier l’un d’entre eux nous donne une image erronée de la vie. Par exemple, nous ne pouvons pas conceptualiser de façon réaliste une personne à laquelle il manquerait un aspect physique ou un aspect mental ou spirituel. Tiantai a ainsi clarifié l’interrelation indivisible entre le physique et le spirituel. C’est de là que proviennent les principes bouddhiques de l’inséparabilité du corps et de l’esprit et de l’inséparabilité de soi et de l’environnement. De ce point de vue, la vie, la sagesse et l'énergie vitale qui pénètrent le cosmos et se manifestent à travers tous les phénomènes, est une entité qui transcende et harmonise les contradictions apparentes entre le physique et le mental, et même entre la vie et la mort. Les individus et les sociétés dans leur ensemble s’orientent souvent vers une conception de la vie à dominante matérielle ou à dominante spirituelle. Les effets négatifs du matérialisme qui envahit le monde industrialisé moderne sont visibles à tous les niveaux de la société, de la destruction de l’environnement à l’appauvrissement de la spiritualité. Toutefois, repousser d’emblée le matérialisme équivaut à l’idéalisme ou à l’évasion et compromet notre capacité à répondre de manière constructive aux défis posés par la vie. |
LELOUP - UNE FEMME INNOMBRABLE – LE ROMAN DE MARIE MADELEINE |
Jean-Yves LELOUP |
Edition Albin Michel |
2002 |
Qui
était Marie-Madeleine, la Myriam de Magdala des Evangiles ? Une provocante et
innocente beauté ? Une femme paradoxale, initiée et prostituée ? Une amoureuse
et une mystique ? Rien de tout cela et tout à la fois, car Myriam de Magdala
est la femme archétype, dans toutes ses dimensions, des plus charnelles aux
plus spirituelles : elle est la femme éternelle.
L’auteur philosophe et théologien nous livre ici une belle histoire, celle de Marie-Madeleine, celle des Évangiles, une femme paradoxale, initiée, prostituée amoureuse et mystique, peut-être que oui, peut-être que non, en tout cas une femme Éternelle. Philosophe et théologien, Au sommaire de cet ouvrage : Une icône à Venise - Sarah-Lazare - la princesse - Salomé- Yohanan le baptiseur - la possédée - la pécheresse - la contemplative - l’angélique - sa voix - son chant - ses larmes - Jean-Judas - Mourir - ressusciter - Vingt siècles plus tard - Myriam de Magdala ou les métamorphoses du désir |
LELOUP – UN HOMME TRAHI – LE ROMAN DE JUDAS |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2006 |
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Car Judas faisait partie des zélotes, c’est à dire de ce courant judaïque ultranationaliste ("sioniste", dirait-on aujourd’hui), et pourrait-on dire, jusqu’au-boutiste car prêt à défendre sa terre d’Israël les armes à la main (il portait le "sicaire", c’est à dire le poignard, d’où son nom de Judas "l’Iscariote") contre l’occupant romain. Et les zélotes attendaient le messie qu’ils imaginaient comme un redoutable guerrier qui les délivrerait du joug romain. Las, le Christ fut tout le contraire d’où l’immense déception de Judas. Et pourtant, contrairement aux pharisiens, c’est à dire à ce courant ’universaliste’, ’pacifiste’ et qui ’collaborait’ avec le pouvoir romain (tiens, tiens voilà qui fait penser à une autre période bien plus récente de notre histoire liée, elle aussi, à une période de "collaboration"...), Jésus n’a jamais, à aucun moment, eu de phrases de condamnation envers Judas qu’il appelait même ’mon ami’. Judas, le violent, l’extrémiste, le "traître", bref en un mot, la figure incarnée du "Méchant" en opposition avec la figure de l’homme "Bon" qu’était Jésus aura été le "livreur de lumière". Voilà qui remet formidablement en question les schémas binaires que nous avons peut-être en tête sur la notion de ’Bien et de Mal’. Extrait du livre de Leloup : " Judas regarda Yonahan (Jean) en souriant : ’- Qui est le créateur de Satan ? Satan n’a-t-il pas une fonction, une mission pour le bien de tous ? Relis les Ecritures, Yonahan, souviens-toi : dans le livre de Job, Satan est un fils de Dieu, sa fonction est de tester les justes, de sonder ce qu’ils ont dans le ventre, dans le cœur, dans la tête...Sa fonction, c’est d’éprouver la vérité, le poids de chacun. Son nom ne vaut-il pas dire ’obstacles’ ? Sans obstacles, sans épreuves, comment pourrions-nous nous connaître nous-mêmes et grandir ? Satan, c’est Dieu lui-même, ajouta Judas. Arrête, tu blasphèmes !’ crièrent ensemble Simon Pierre et Yonahan. ’-Décidément vous ne connaissez pas les Ecritures’ reprit Judas. ’Relis le livre des Nombres : ’un ange de Dieu sortit en chemin (Vayityatzev Malak Hachem border) pour lui faire obstacle (Le-satanne lo)’ ne faut-il pas traduire : ’un ange de Dieu sortit en chemin pour être Satan ? Judas se mit à rire : ’ Voyez, il ne faut pas avoir peur. Dieu, le diable, ce sont des noms que l’on donne à une unique réalité celle qui nous fait rire, qui nous fait pleurer, qui nous fait fleurir, qui nous fait faner. Si votre Dieu n’est que lumière, c’est un faux Dieu, car que devient la réalité de l’ombre ? Si votre Dieu n’est que du Bien, alors pourquoi le Mal ? Ne vous faites pas un Dieu à l’image de vos plus grandes qualités, n’oubliez pas toutes les horreurs dont vous êtes capables - Dieu n’est-il pas là aussi ? Il ajouta à voix basse, pour que personne ne puisse l’entendre : ’ Un messie qui ne serait que lumière et bonté ne peut être qu’une illusion, il incarnerait un Dieu incomplet...un Dieu qui n’est pas tout. Moi Judas, je l’aiderai à s’accomplir et, s’il n’y a pas de péché en lui, il lui manque ce qui justement fait de l’homme un humain. Je serai tout le mal qui lui manque pour être Dieu, pour être tout...Oui mon lumineux Yeshoua, ma belle moitié, tu ne seras pas Dieu sans ton sombre Judas...’ " "Satan, c’est Dieu !" Voilà qui fait sursauter ! Et si le Mal, l’épreuve n’avaient d’autre but que de nous délivrer in fine de toutes nos fausses illusions et nos fausses attentes pour que ne survive que ce qui est purement humain et éternel en nous ? |
LELOUP - UN OBSCUR ET LUMINEUX SILENCE – LA THÉOLOGIE MYSTIQUE DE DENYS L’ARÉOPAGITE |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2013 |
La théologie mystique est l’œuvre d’un auteur anonyme connu sous le nom de Denys l’Aréopagite ou Denys le théologien. Ce court traité datant du 6e siècle fut le texte le plus lu et médité par les penseurs orientaux et occidentaux du Moyen Âge. Son influence, déterminante pour les différents courants de la mystique rhénane et flamande, continue de se faire sentir jusqu’à aujourd’hui. Jean Yves Leloup nous offre ici une traduction intégrale, augmentée des 7 lettres de Denys qui en prolongent la réflexion. Il propose un commentaire faisant suite au texte, et poursuit la réflexion par une mise en résonnance de la théologie apophatique du Corpus dyonisiacum avec différents auteurs et traditions issus du christianisme mais aussi du judaïsme, de l’islam et des mystiques orientales et occidentales. Dans son parcours, Denys va devenir l’archétype du philosophe converti au christianisme, et que la tradition appelle « un vrai philosophe ». Son goût de L’Ultime Inconnu l’ayant éveillé, la triple sensibilité au mystère, à la recherche des causes de la Vie, du mouvement et de l’être, et celle du Christ ressuscité, sera le leitmotiv de sa théologie patristique en écho avec la « Ténèbre supra-lumineuse » ou « l’obscur et lumineux silence ». Dans sa lettre à Dorothée, Denys écrit : L’obscur et lumineux silence, la ténèbre divine est cette « lumière inaccessible » où il est dit que « Dieu habite ». C’est l’excès de sa clarté qui la rend invisible, le débordement de ses manifestations lumineuses et suressentielles qui la dérobe à tous les regards, c’est dans cet obscur et lumineux silence que naît quiconque digne de connaitre et de comprendre qu’il s’élève vraiment dans ce qui est au-delà de la vue et de la connaissance. Ne sachant rien de lui, sinon qu’il transcende le sensible et l’intelligible, il s’écrit avec le prophète « savoir prodigieux, qui me dépasse, hauteur que je ne puis atteindre ». C’est en ce sens qu’on a pu dire de Paul (celui de Damas) qu’il a vu Dieu, parce qu’il a vu que Dieu transcende tout acte de l’intelligence et tout mode de connaissance, ainsi peut-il affirmer que « ses voies sont impénétrables et ses décrets insondables et que sa paix surpasse toute intelligence, car il a découvert Celui qui est au-delà de Tout, et il a su, selon un mode qui dépasse toute connaissance, que Celui qui est à l’origine de toutes choses n’est lui-même aucune de ces choses » Au sommaire de cet ouvrage l’auteur décrit : La théologie mystique et les 7 lettres de Denys La prière inaugurale et la vie de Moïse De l’adequatio à l’aletheia, de quelle vérité parlons-nous ? L’exercice proposé à Timothée – explication de l’apophase et cataphase Petit résumé de la voie dionysienne – Résonnances et variations Une béguine anonyme : Hadewijch d’Anvers et le nuage d’inconnaissance Denys – Eckhart - Jean de la Croix, trois témoins de l’avant et de l’au-delà de Dieu L’infini (Ein Sof) et sa réception (Shekhina) dans la tradition juive. Ni ceci, ni cela : l’Apophatisme par Denys et Çankara, théologie mystique et advaïta vedanta Denys et Nagarjuna : autour du tétralemme Une traduction « dionysienne » de la Prajnaparamita ou le sutra du cœur. Taologie mystique. Et Xinxin Ming |
LELOUP - ZEN ET CHRISTIANISME |
Evelyn de Smedt |
Edition Albin Michel |
1990 |
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La liste de différences qu'on peut trouver est
encore longue, et il ne sera pas ici question de la poursuivre. Il s'agira au
contraire de trouver un terrain commun sur lequel ces deux religions peuvent
s'entendre. Il apparaîtra en procédant de cette manière que les
contradictions que l'on peut établir entre elles sont pour la plupart de
l'ordre des apparences et des représentations superficielles, et qu'en
pénétrant profondément au sein de ces deux doctrines, des ressemblances
frappantes se feront jour. L'un des aspects communs qu'il est possible de
mettre en évidence entre ces deux religions est l'évocation d'une dimension
de la réalité supérieure à ce qu'on pourrait appeler la dimension
phénoménale, c'est-à-dire celle dans laquelle tous les êtres humains évoluent
naturellement, et qui comporte les besoins matériels, sociaux, affectifs, et
intellectuels. L'accès à cette dimension cachée semble être une expérience si
singulière qu'il serait impossible d'en rendre compte de façon complète avec
le langage. Le seul moyen d'en communiquer quelque chose serait de permettre
à quelqu'un de vivre lui-même l'expérience de cette dimension. C'est la
raison pour laquelle bon nombre de rationalistes sont insatisfaits des
enseignements religieux qui, contrairement aux disciplines scientifiques,
sont incapables de définir avec précision leur objet et de le mettre en
évidence simplement grâce à des axiomes et à des démonstrations. On imagine que si l'on pouvait donner une
définition complète et immédiatement compréhensible de termes tels que
"Dieu", "Royaume de Dieu", "Esprit Saint",
"Bouddha", "Nirvana", "Dharma", etc. une
grande partie des réserves des rationalistes seraient levées car l'analyse
logique de ces notions permettrait d'en juger la valeur effective. Mais si
ceux-ci désignent des aspects de cette dimension ineffable dont il est
question dans les enseignements, alors il est clair que toutes les
explications qu'on pourrait en donner par une approche discursive ne
sauraient en épuiser la signification, et l'attente d'une "preuve"
rationnelle se trouvera toujours déçue Il convient ici de faire une mise au point sur la
théologie et le rôle qu'elle joue dans la doctrine religieuse. La comparaison
du bouddhisme et du christianisme, si elle s'effectue au niveau de leurs
théologies respectives, aboutit très vite, on l'a vu, au constat de grandes
différences. Ce serait aller trop vite en besogne que d'en conclure une
radicale et définitive altérité entre les deux religions, de même qu'il
serait incorrect d'établir des correspondances bijectives entre les termes
des deux théologies pour forcer la ressemblance entre elles, ce qui aurait
pour effet de nier leurs spécificités propres et de tomber dans un syncrétisme
de bas étage. Bien que certaines similitudes s'imposent toutefois
d'elles-mêmes par leur évidence, et que certains rapprochements peuvent se
révéler tentants, ce n'est pas cette approche qui sera préconisée
ici. En effet, ces deux démarches comparatives participent de la même
confusion, qui consiste à faire des signifiés concernés par la théologie des
concepts, des notions, des choses. Si en effet la théologie est un discours
sur une dimension indicible de la réalité qui ne peut qu'être expérimentée,
alors il est évident que tout attachement à un concept représente une impasse
dans le sens où cela tend à circonscrire par le langage quelque chose qui
appartient au domaine de l'inexprimable. Il n'est cependant pas question de
faire fi de la théologie et de l'outrepasser comme bon nous semble lorsque
celle-ci se révèle être un obstacle au dialogue entre religions. Il doit être
bien clair que la théologie, quelle que soit la religion à laquelle elle se
rattache, permet au pratiquant d'évoluer au sein d'un cadre et de repérer les
impasses dans lesquelles il est susceptible de tomber. La réserve sur laquelle il est important d'insister
concerne l'attachement exclusif à l'aspect spéculatif de la théologie. En
tant que discipline intellectuelle, celle-ci ne peut que donner une
explication intellectuelle du sens des enseignements. Aussi profonde que
puisse être cette interprétation, elle sera toujours accompagnée d'un
sentiment d'insatisfaction car elle ne pourra en aucun cas produire la
conversion (métanoïa) dont il est question dans les textes. Par
conséquent, un pratiquant uniquement attelé à l'étude de la théologie, aussi
haut qu'il parvienne dans cette discipline, ne manifestera qu'une pratique
religieuse vidée de sa sève vitale. Nous comprenons donc mieux pourquoi
introduire le dialogue entre bouddhisme et christianisme, en terme de
compétition théologique aveugle peut s'avérer désastreux et source de
profonde incompréhension. Il doit donc être bien clair, d'une part, que les
termes qu'ils utilisent procèdent de constructions sémantiques différentes,
et d'autre part que la dimension de l'expérience spirituelle vécue lors de la
pratique doit avoir un rôle de premier plan. Comme nous l'avons dit, cette expérience revêt un
caractère inexprimable. Cet aspect tient apparemment au fait que la dimension
à laquelle le pratiquant accède est non-duale. Le vocabulaire employé par
ceux qui y accèdent se rapporte en effet à l'unité, à l'union avec Dieu, à
l'indifférenciation, à l'intuition que toutes les choses sont une. La
dimension phénoménale étant marquée par la dualité et la logique du tiers
exclu (B ne peut être à la fois A et non-A), les moyens qu'elle propose pour
communiquer sur la dimension spirituelle demeurent considérablement inadaptés
et insuffisants. Tout au plus, il est possible grâce à eux d'indiquer une
direction à prendre, ou alors de mettre en évidence les limites de cette
manière de penser (par l'usage de paradoxes, par exemple), mais ils ne
permettront jamais de faire vivre l'expérience à une personne si celle-ci se
contente d'une attitude d'attente passive. Voilà pourquoi les enseignements
religieux prennent souvent une forme autoritaire et dérangeante. La plupart des maîtres spirituels, tels que Jésus
ou les patriarches du zen, ne procèdent pas à une explication rationnelle de
leur enseignement, mais s'expriment souvent de manière à déconcerter leur
interlocuteur, lui faisant prendre conscience d'un manque qu'il ne peut
combler s'il s'en tient à un mode d'intellection ordinaire, dual. Dans les
Evangiles, la non-dualité apparaît à plusieurs reprises, en particulier lors
des épisodes où Jésus est interrogé par les pharisiens, qui tentent de le
piéger. Ceux-ci viennent en effet présenter une situation avec une vision
dualiste des choses : soit Jésus respecte la loi mosaïque, soit il agit
en conformité avec son message d'amour universel, mais dans l'esprit des
pharisiens, il est obligé d'opter pour l'une ou l'autre de ces options qui
semblent s'exclure mutuellement. Jésus répond d'une manière qui laisse pantois
et insatisfaits ses interrogateurs, car il déjoue leur piège en restant
fidèle à la fois à la loi et à l'amour. Autrement dit il répond à la vision
dualiste des pharisiens par des paroles non-dualistes. Le bouddhisme comprend
également un nombre très important de sentences non-duales, qui peuvent
passer pour des absurdités ou des mauvaises plaisanteries pour un public
non-averti. La non-dualité semble donc être une clef commune à
ces deux spiritualités, bien qu'elle ne soit pas couramment considérée comme
un élément central de la théologie catholique, dont le langage est
principalement celui de la philosophie duale grecque. Le bagage non-dual de
la théologie chrétienne n'est néanmoins pas à négliger. On le trouve chez les
mystiques rhénans et leurs héritiers (notamment Nicolas de Cues, dont la
"convergence des opposés" est une traduction possible), mais aussi
chez des docteurs de l'Eglise revêtus d'une grande autorité comme Saint
Thomas d'Aquin ou Saint Bernard de Clairvaux. Certaines citations des chrétiens
antiques indiquent clairement que ceux-ci aussi avaient saisi intuitivement
la non-dualité qui se trouve dans l'expérience de Dieu. Il y a par conséquent
fort à parier que revisiter la pensée non-duale au sein de la théologie
occidentale permettra un rapprochement fécond du christianisme vers le
bouddhisme. L'une des spécificités du christianisme est le
dogme de la résurrection : après être mort sur la croix, Jésus apparaît
à ses disciples, qui ne le reconnaissent pas au premier coup d'œil. Les Ecritures
indiquent donc l'existence d'un corps de résurrection, qui diffère du corps
physique. Les récits bouddhistes ne relatent pas que le Bouddha ait
ressuscité et soit apparu à ses disciples après sa mort, mais ils signalent
malgré tout l'existence d'un "corps de Dharma" (Dharmakaya)
("Dharma" signifiant "enseignement" ou
"vérité"), qui est le corps du Bouddha subsistant après la mort
physique de celui-ci. Le bouddhisme tibétain prétend qu'il est possible
d'avoir la vision de maîtres du passé dans leur corps de sambhogakaya, un
autre des trois corps que recense la doctrine bouddhiste. Les "trois
refuges" du bouddhiste sont le Bouddha, le Dharma, et la Sangha
(assemblée des fidèles), ce qui indique que le bouddhisme accorde une
importance particulière à la dimension collective de la pratique religieuse,
de même que la quasi-totalité des mouvements chrétiens affirme que la
participation à la vie de la communauté est un complément indispensable au
cheminement spirituel personnel et aux oeuvres individuelles. Une mention particulière mérite enfin d'être faite
sur les pratiques méditatives et contemplatives du bouddhisme et du
christianisme. C'est en effet sur ce point que l'entente entre les deux
religions peut être la plus complète. Puisqu'en effet ce sujet ne concerne
nullement des points de doctrine, mais des mécanismes spirituels (s'il est
permis de s'exprimer ainsi) mis en oeuvre dans la pratique, la comparaison ne
risque pas d'être parasitée par des différences de vocabulaire. Il est
remarquable que ce sont le bouddhisme et le christianisme qui ont le plus
développé le monachisme, qui existe assez peu dans la plupart des autres
religions. Les règles monastiques du bouddhisme et du christianisme frappent
par leurs ressemblances : importance donnée au travail manuel, à la
contemplation et à la méditation, à la psalmodie et la prière en commun, au
silence et à la sobriété dans les activités quotidiennes. Dans certains
ordres, la vie des moines ne se conçoit pas comme un retrait total et
perpétuel du monde, mais a une utilité sociale, par les travaux d'intérêt
généraux auxquels ils sont astreints. Il est difficile de ne pas voir que les
pratiques contemplatives des deux religions sont également extrêmement
proches. Il s'agit dans les deux cas d'atteindre un silence intérieur absolu,
par la suppression des représentations mentales qui entretiennent
l'attachement au monde, ou qui empêchent de recevoir Dieu tel qu'il est en
l'enfermant dans une image personnelle finie et forcément réductrice. Même si la méditation chez les chrétiens tient une place moins importante que le zazen chez les bouddhistes, la tradition chrétienne est riche de pratiques de ce genre. La prière hésychaste, la récitation du chapelet ou la prière du cœur sont des équivalents forts valables de la méditation zen, de la pratique du nembutsu ou de la méditation transcendantale. Une remarque mérite également d'être faite sur le parallèle entre les retraites spirituelles des deux religions. Les sesshin du zen évoquent sous de nombreux aspects les retraites effectuées pour la pratique des exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola : coupés du monde pendant plusieurs semaines, dans un petit espace, les pratiquants s'adonnent à la pratique intensive de la méditation, de la prière, et des travaux manuels, ce qui est l'occasion pour eux d'une plongée en eux-mêmes et d'un progrès spirituel considérable. Ces éléments, en plus de ceux qui sont évoqués dans les paragraphes précédents, autorisent à conclure qu'il existe, malgré des différences certaines, une proximité très profonde entre bouddhisme et christianisme. La question est cependant immensément vaste, et d'autres aspects pourraient être traités, comme les dimensions eschatologique et cosmologique des deux traditions, ou l'importance du maître spirituel. Cependant cet article ne prétend pas à l'exhaustivité. |
LE MAÎTRE CACHÉ. DU MOI AU SOI AVEC VIMALAJI |
Christine
townend |
Edition
LE LOTUS D’OR |
2005 |
Partageant
son temps entre l’Inde et son Australie natale, l’auteur nous entraîne ici
dans l’aventure intérieure qui l’a conduite vers les plus hauts sommets de la
spiritualité. Sa recherche est inspirée, par celle qu’elle appelle Vimalaji
(Vimala Thakar), le « Maître Caché », un de ces « êtres vraiment réalisés qui
jamais ne se proclamaient comme tels, qui fuyaient la publicité et qui
souvent même, voilaient leur personnalité pour dissimuler leur rayonnement. » |
le mAÎtre intÉrieur |
Erik sablÉ |
Edition
DERVY |
2007 |
Nous
savons tous ce qu’est un maître extérieur. C’est un personnage, en principe
plein de Sagesse, qui peut nous guider sur le chemin spirituel comme dans
notre existence quotidienne. Mais il existe un autre maître, lui aussi
susceptible de nous éclairer sur notre vie. Il est beaucoup plus proche de
nous, puisqu’il demeure dans le secret de notre cœur.
Car
l’homme est beaucoup plus vaste que le croit la pensée matérialiste
contemporaine. Il est non seulement constitué par le subconscient qu’étudie
la psychanalyse, mais aussi par cet « être de lumière ».
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le mal |
Divers
Auteurs |
Edition
ALBIN MICHEL |
1996 |
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Pour cela, il suffit de s’asseoir, d’écouter
sa respiration et de se regarder soi-même. La contemplation du mouvement
perpétuel de notre conscience, ce cheval fou, nous en apprendra non seulement
plus sur nous-mêmes que toutes les analyses, mais nous permettra d’aller
au-delà du constat premier que le délire et le chaos nous habitent. Et ce, en
nous permettant d’épurer, de par ce regard attentif sur nous-mêmes et sur
notre respir (clé de toutes les pratiques de méditation, vent qui chassera
les nuages), tout le contenu de notre mental qui, ainsi, d’obscur devient
clair. Ce travail (au sens que Gurdjieff donnait à ce mot) est évidemment à recommencer sans cesse, quotidiennement. Car chaque journée entraîne son lot de pollutions – celles venues de l’extérieur et celles suscitées par notre propre être intérieur. Un texte traditionnel zen, le Sandokaï, nous dit que : « Dans l’obscurité existe la lumière. » Cette dualité, qui est la nôtre, ne doit pas faire peur. Elle est. Par contre, il nous faut apprendre à en prendre conscience pour la transcender. En cette époque où tout semble aller de travers, cela semble être une tâche urgente, à la portée de tous puisqu’elle concerne chacun.
|
LE
MANUSCRIT D’HÉLIOTROPE |
HENRI
LA CROIX-HAUTE |
Edition
LE MERCURE DAUPHINOIS |
2008 |
Le
manuscrit d’Héliotrope est une version développé par l’hermétiste Coton-Alvart
et mis en forme pour édition par Henri la Croix-Haute.
2/
La seconde partie est un texte concernant l’Âme et la Conscience. Il y
est question de la descente du Saint Esprit,
des différentes étapes de l’âme, de l’évolutionnisme de Darwin, de la
substance de l’âme, le culte de la tête, de la sérénité de la
conscience et de son illumination par la grâce. 3/
La troisième partie parle de la croix grecque, qui conjugue l’art et
la philosophie sur un des plus anciens signes dessinés par l’homme et donne à
méditer la juste mesure pour atteindre l’équilibre idéal de la vie. Cette
croix qui est un des quatre symboles fondamentaux avec le cercle, le point et
le carré. On y trouve la croix chaldéenne à 8 pointes, la croix
grecque à 4 croisillons, la croix celtique, la croix de fer,
le Tau ou croix de Saint Antoine, la croix mystique, la
croix de Jérusalem, la croix latine, la croix du Temple, la
croix de Saint André, la croix de Lorraine, la croix
gammée ou le swastika, la croix janséniste, la croix orthodoxe
etc. Pour info : |
Le meurtre fondamental
abel – hiram
– jÉsus |
A.
D. GRAD |
Edition
A. LEFEUVRE |
1981 |
L’histoire
de l’humanité commence par un meurtre. Le meurtre d’Abel par son frère Caïn.
|
LELOUP - LES
DITS DE LA FEMME QUI BRÛLE - MARGUERITE
PORETE |
Jean – Yves Leloup |
Edition Almora |
2018 |
Marguerite Porete est née entre 1250 et 1260, sans
doute à Valenciennes. La date et le lieu de sa mort sont plus précis :
Marguerite fut brûlée vive le 1er juin 1310 à Paris, place de Grève, par la
" Sainte inquisition ". Marguerite Porete
fait partie des grandes mystiques de l’Histoire mais ce n’est pas à ce titre
qu’elle m’a touchée. Il y a d’abord eu ce titre, Le Miroir des simples
âmes anéanties, puis des coïncidences : l’héroïne de mon
prochain roman publié s’appelle Marguerite, et Porète est si proche de
poète. Mais quand je l’ai découverte, j’ai compris que c’était quelqu’un
d’extraordinaire, une de ces personnes qu’il faut sortir du cercle
confidentiel dans lequel elles sont maintenues. Elle nous vient du Moyen Age
et on ne sait quasiment rien d’elle sinon que c’était une béguine des
Flandres, mais son livre a traversé les siècles comme une onde de choc dont
beaucoup de mystiques s’imprègnent encore. Marguerite Porète
était la reine de la transgression. Elle décrit son approche de
Dieu et son expérience mystique dans ce livre incandescent, étonnant
mélange de poésie lyrique et de subtilité théologique, elle qui n’est pas
religieuse et qui n’appartient pas au monde universitaire, pire : elle
l’écrit en langue vernaculaire et non en latin ! Autant dire qu’elle
accumule toutes les preuves d’indépendance d’esprit. Elle n’a pas utilisé le
latin obligatoire pour tout texte religieux et elle écrit en langue d’oïl de
manière à toucher le peuple. C’est une réussite car le succès est immense dès
la parution du Miroir. De plus Marguerite
est une femme qui n’a pas prononcé de vœux religieux et qui appartient à une
communauté s’autorisant à penser par elle-même. Marguerite dérange et elle le
sait. Sa façon de vivre en marge de l’ordre féodal chez les béguines,
d’écrire un livre qui ose, c’est multiplier les affronts à l’ordre
établi. Le scandale est à la mesure du succès et dès la parution du Miroir,
aux alentours de 1290, les ennuis commencent. Le livre est très vite condamné
pour hérésie en 1300 puis brûlé sur la place de Valenciennes en 1306 sur
ordre de l’évêque de Cambrai. Marguerite refuse de retirer son livre et
continue de le laisser diffuser. Elle a peut-être le sentiment que son texte
répond à un besoin, que la spiritualité vivante ne se transmet pas en
latin : He ! Ame lassee, come tu yes encombree ! Marguerite, elle, a
fait le vide. Brûlée par l’amour divin, son âme transformée par l’expérience
mystique comme l’œuvre au noir transforme le plomb en or, elle n’est plus
dans le temporel, portée par son âme anéantie elle ne peut accepter de
compromis. Dieu m’a créée comme du non être qui a l’air d’exister, afin
qu’en renonçant par amour à cette existence apparente, la plénitude de l’être
m’anéantisse. On ne sait pas très bien quelles sont les propositions de
son livre qui ont été condamnées par le tribunal de l’Inquisition, car très
peu nous sont parvenues. Par contre on sait que sa doctrine elle-même n’était
pas mise en cause et que rien ne justifiait de la brûler en place de Grève le
lundi de Pentecôte premier juin 1310. En ce temps-là on avait, il est vrai,
le bûcher facile : trois semaines avant Marguerite les Parisiens avaient
assisté à l’autodafé de 53 templiers condamnés après leur procès. Marguerite
dérangeait : trop de force, d’intelligence, de lyrisme, une femme ne
doit pas être comme cela, c’est péché d’orgueil. Condamnée par l’Inquisition
Marguerite meurt sur le bûcher, mais son courage et sa sérénité impressionnent
la foule, un compte-rendu de l’événement a traversé les siècles. Comme les
Hindous l’ont vu, la grande difficulté pour chercher Dieu, c’est que nous le
portons au centre de nous-mêmes. Comment aller vers moi ? Chaque pas que
je fais me mène hors de moi. C’est pourquoi on ne peut pas chercher Dieu. Le
seul procédé, c’est de sortir hors de soi et de se contempler du dehors.
Alors, du dehors, on voit au centre de soi Dieu tel qu’il est. Sortir de soi,
c’est la renonciation totale à être quelqu’un, le consentement complet à être
seulement quelque chose. Stupéfiant,
non ? Je vous rappelle que ce texte a plus de sept cents ans. L’ouvrage
de Marguerite fut pourchassé, ses exemplaires traqués, brûlés, mais il
continua sa vie souterraine. En Angleterre, en Allemagne et en Italie
l’ouvrage fut recopié dans des monastères de Chartreux et de
Bénédictins qui reconnaissaient sa valeur mystique. En France ce livre écrit
pour les laïcs chemina par les laïcs, raison sans doute pour laquelle on ne
trouve pas de traces écrites du Miroir des âmes simples et anéanties
et qui seulement demeurent en vouloir et désir d’amour, titre complet de
l’ouvrage, avant le XVIème siècle. |
le miroir des Âmes simples &
anÉanties |
Marguerite
porEte |
Edition
ALBIN MICHEL |
1997 |
||
Excommuniée, Marguerite Porete refusera de se renier, portant
témoignage de la liberté à l'œuvre dans son livre. C'est accompagnée de
celui-ci qu'elle sera brûlée vive à Paris en 1310. Elle nous vient du
Moyen Age et on ne sait quasiment rien d’elle sinon que c’était une béguine
des Flandres, mais son livre a traversé les siècles comme une onde de choc
dont beaucoup de mystiques s’imprègnent encore. Marguerite Porète était la
reine de la transgression. Elle décrit son approche de Dieu et
son expérience mystique dans ce livre incandescent, étonnant mélange de
poésie lyrique et de subtilité théologique, elle qui n’est pas religieuse et
qui n’appartient pas au monde universitaire, pire : elle l’écrit en
langue vernaculaire et non en latin ! Autant dire qu’elle
accumule toutes les preuves d’indépendance d’esprit. Elle n’a pas utilisé le
latin obligatoire pour tout texte religieux et elle écrit en langue d’oïl de
manière à toucher le peuple. C’est une réussite car le succès est immense dès
la parution du Miroir. De plus Marguerite est une femme qui n’a pas
prononcé de vœux religieux et qui appartient à une communauté s’autorisant à
penser par elle-même. Marguerite dérange et elle le sait. Sa façon de vivre
en marge de l’ordre féodal chez les béguines, d’écrire un livre qui
ose, c’est multiplier les affronts à l’ordre établi. Le scandale est
à la mesure du succès et dès la parution du Miroir, aux alentours de
1290, les ennuis commencent. Le livre est très vite condamné pour hérésie en
1300 puis brûlé sur la place de Valenciennes en 1306 sur ordre de l’évêque de
Cambrai. Marguerite refuse de retirer son livre et continue de le laisser
diffuser. Elle a peut-être le sentiment que son texte répond à un besoin, que
la spiritualité vivante ne se transmet pas en latin : He ! Ame
lassee, come tu yes encombree! elle, a fait le vide. brûlée par
l’amour divin, son âme transformée par l’expérience mystique comme l’œuvre au
noir transforme le plomb en or, elle n’est plus dans le temporel, portée par
son âme anéantie elle ne peut accepter de compromis. Dieu m’a créée
comme du non être qui a l’air d’exister, afin qu’en renonçant par amour à
cette existence apparente, la plénitude de l’être m’anéantisse. On ne sait pas très
bien quelles sont les propositions de son livre qui ont été condamnées par le
tribunal de l’Inquisition, car très peu nous sont parvenues. Par contre on
sait que sa doctrine elle-même n’était pas mise en cause et que rien ne
justifiait de la brûler en place de Grève le lundi de Pentecôte premier juin
1310. En ce temps-là on avait, il est vrai, le bûcher facile : trois
semaines avant Marguerite les Parisiens avaient assisté à l’autodafé de 53
templiers condamnés après leur procès. Marguerite dérangeait : trop de
force, d’intelligence, de lyrisme, une femme ne doit pas être comme cela,
c’est péché d’orgueil. Condamnée par l’Inquisition Marguerite meurt sur le
bûcher, mais son courage et sa sérénité impressionnent la foule, un
compte-rendu de l’événement a traversé les siècles. Elle dit aussi dans
son livre : « Comme les Hindous l’ont vu, la grande difficulté
pour chercher Dieu, c’est que nous le portons au centre de nous-mêmes.
Comment aller vers moi ? Chaque pas que je fais me mène hors de moi.
C’est pourquoi on ne peut pas chercher Dieu. Le seul procédé, c’est de sortir
hors de soi et de se contempler du dehors. Alors, du dehors, on voit au
centre de soi Dieu tel qu’il est. Sortir de soi, c’est la renonciation totale
à être quelqu’un, le consentement complet à être seulement quelque chose. » L’ouvrage de Marguerite
fut pourchassé, ses exemplaires traqués, brûlés, mais il continua sa vie
souterraine. En Angleterre, en Allemagne et en Italie l’ouvrage fut recopié
dans des monastères de Chartreux et de Bénédictins qui reconnaissaient
sa valeur mystique. En France ce livre écrit pour les laïcs chemina par les
laïcs, raison sans doute pour laquelle on ne trouve pas de traces écrites
du Miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent
en vouloir et désir d’amour, titre complet de l’ouvrage, avant le XVIème
siècle. |
le moine
& le philosophe |
J.F. revel
& m. ricard |
Edition
NIL |
1998 |
En
quoi consiste exactement le bouddhisme ? Pourquoi fait-il aujourd’hui tant d’adeptes
en Occident ? Comment expliquer le succès d’une forme de sagesse à la fois si
ancienne et si nouvelle ?
Mais
les deux hommes n’ont jamais cessé de se voir et, en 1996, dans la solitude
du Népal, ils décident de confronter leurs interrogations et leurs curiosités
réciproques au cours d’entretiens spontanés d’une lumineuse intelligence. |
le panthÉisme maçonnique |
Régis
blanchet |
Edition
Du Prieuré |
1994 |
Qu’est-ce
que le panthéisme ? Franc-maçonnerie et Église catholique au XVIIIème siècle,
position du Vatican face au panthéisme, les constitutions d’Anderson et
l’article Ier John Toland – Platon et aux néo-platoniciens. De l’Antiquité à nos jours, au-delà des religions officielles et
sous toutes les latitudes, une conception spirituelle et unitaire de Dieu et
de l’Univers a fait un chemin particulier jusqu’à nos jours, à savoir le
panthéisme (gr. pan, tout, et theos, dieu). En Europe, ce
sentier fut parcouru, tout au long des siècles, par de grands penseurs
comme : Thalès de Milet, Xénophane de Colophon, Parménide d’Élée, Zénon
de Citium, Diogène de Laerce, Cléanthe, Cicéron, Marc Aurèle (Empereur
Romain), Plotin, Proclus Diadochus, David de Dinan, Giordano Bruno, Spinoza,
John Toland (inventeur du mot panthéisme), Dom Deschamps, Hegel (panlogisme),
Schelling, Bergson, Albert Einstein, Carl Sagan, etc., etc. En fonction de la
liste de ces quelques auteurs, on peut déjà dire que le panthéisme est aussi
ancien que la philosophie. Tous les systèmes métaphysiques ou religieux qui
réunissent Dieu et le monde, pour n'en former qu'un être unique, se
rattachent à cette doctrine. Extrêmement nombreux et de formes très
différentes, ces systèmes ne sauraient être ramenés à un seul type ; ils ont
toutefois ceci de commun qu'ils considèrent Dieu comme identique à l'ensemble
des réalités et n'admettent pas la distinction, chère au théisme
traditionnel, entre Dieu et l'univers. En un concept de synthèse on peut déjà oser avancer que le
panthéisme est la doctrine philosophique qui assimile Dieu à l’Univers et à
tous les univers éventuels et possibles. Dieu ne serait pas créateur et
extérieur à l’Univers ; Il serait et est simplement toutes les choses de
l’univers ainsi que son âme. Tout ce qui existe est en Dieu et
réciproquement. Selon la pensée panthéiste Indoue (panthéisme acosmique ou
panenthéisme de Sankara), l’âme n’est pas une chose dont on puisse dire
qu’elle a été ou qu’elle sera ; elle est sans naissance, constante,
éternelle, incorruptible, inépuisable, indestructible, universelle,
permanente, immuable, inaltérable. Dans notre dimension elle prend corps
autant de fois qu’il est nécessaire à sa mission (réincarnation). En un premier temps, et pour simplifier, on peut soutenir qu’un
certain nombre de penseurs/chercheurs, au cours des siècles, ont avancé qu’il
s’agit d’une doctrine philosophique selon laquelle tout ce qui existe est en
Dieu qui est lui-même le Tout, l’Univers/conception, la divinité et la nature
étant confondue. À l’encontre du monothéisme, le panthéisme, pense donc un
Dieu immanent, ni extérieur ni supérieur au monde. Ni créateur, ni personnel,
le Dieu du panthéisme tend à s'identifier avec la nature (Spinoza, Éthique,
IV, Préface). Si on peut reconnaître des formes ou des tendances panthéistes
dans le stoïcisme, le néo-platonisme et dans certaines religions (hindouisme,
mais aussi chrétienté), la théorie de Spinoza s'est imposée comme archétype
pour penser le panthéisme. Faire de celui-ci un athéisme ou un matérialisme
caché est un contre-sens polémique sur la pensée de Spinoza ;
contre-sens plus ou moins volontairement commis au XVIIIe siècle par les
adversaires et les défenseurs du monothéisme traditionnel. Plus une
philosophie religieuse qu'une religion, le panthéisme met en exergue une
difficulté du monothéisme : individuer (lui donner une forme
individuelle) Dieu est le limiter (fût-ce pour lui donner une infinité
d'attributs), et le séparer du monde supprime son infinité. On distingue un panthéisme naturaliste (ou matérialiste), qui
identifie Dieu au monde (Diderot, d'Holbach) et un panthéisme qui identifie
le monde à Dieu (Spinoza). La première version étant accusée à juste titre de
n'être qu'un athéisme déguisé. On pourra constater, au travers des pensées
des auteurs ci-après que le panthéisme n’est pas seulement un système
unitaire du monde, mais il parvient à une sorte de conscience de soi ;
c’est aussi une sorte de voie philosophique devant conduire à une expérience.
Il s’agit de la modalité vécue selon laquelle la conscience exaltée éprouve
cette unité du monde, unité passionnante à la fois par la force des liaisons
rationnelles qu’elle dévoile et par la splendeur du contenu cosmique avec
lequel la conscience se trouve concrètement unifiée. Cette voie rationnelle
menant à l’expérience quasi mystique, notamment chez Plotin et sur un
registre nettement supérieur chez Spinoza. Si la philosophie n’est rien d’autre, aux yeux des panthéistes,
que la connaissance de l’unité, ce n’est pas seulement en raison de
l’exigence d’intelligibilité rationnelle que comporte l’idée de philosophie,
c’est aussi parce que la philosophie est en réalité à la recherche d’un
accord profond avec soi-même et le monde ; or seuls les systèmes
monistes peuvent accéder au sentiment d’un tel accord et à l’expérience d’une
certaine joie d’être. On peut déjà avancer que le monisme panthéiste est une
des expressions les plus hautes de l’entreprise philosophique elle-même, en
tant qu’elle tente de délivrer l’homme des arrières mondes introspectifs et
de l’angoisse qu’ils entraînent. En toute honnêteté intellectuelle on devrait
réserver le terme de panthéisme (créé pendant le Renaissance) à un petit
nombre de philosophes chez lesquels apparaît explicitement l’affirmation de
l’identité de Dieu avec le tout de l’être, celui-ci englobant la nature ou se
réduisant à elle. L’affirmation principielle du panthéisme porte donc sur
l’Unité de l’Être, c’est-à-dire sur l’unité homogène et dynamique de la
Totalité. Nous passons, ci-après, en revue ce que nous estimons êtres les
principaux acteurs correspondants à cette pensée panthéiste au travers des
siècles : |
le pÉlerinage à compostelle
– une quÊte spirituelle |
Michel Armengaud |
Diffusion Rosicrucienne |
2002 |
||
« Il y a de ces voyages qu’on
dirait faits pour illustrer la vie même et qui peuvent servir de symboles à
l’existence », écrivait Joseph Conrad. Le voyage à
Compostelle est un chemin initiatique jalonné de signes et de rencontres,
d’épreuves et de joies, c’est aussi une traversée ponctuée, au cours des
étapes, par des rituels de purification et d’enrichissement autour
de l’eau, de la terre et du feu. « Quitter », … Yahvé dit à Abraham :
« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que
je t’indiquerai … ». Genèse XII, 1. De tout temps le chrétien – à
l’image d’Abraham qui a quitté sa terre et des apôtres qui ont tout abandonné
pour suivre Jésus – s’est défini comme un homme de passage, un étranger sur
terre, un voyageur en marche vers la Jérusalem Éternelle. La pérégrination
traduit cette adhésion de la cité terrestre, le croyant s’achemine vers la
cité céleste. « Quitter », c’est à la fois
rompre avec le quotidien, se détacher, voir ailleurs, se perdre peut-être
pour se retrouver. C’est aussi, s’enrichir de l’autre différent, changer de
vie pour la comprendre et mieux l’habiter. C’est finalement faire confiance
et cheminer, parfois dans la souffrance, mais toujours dans l’espérance. Si
marcher vers Compostelle, c’est retrouver en soi la trace d’un chemin perdu
quelque part dans les méandres de la vie, de sa vie, le pèlerinage reste
malgré tout une énigme qui se résout en avançant. L’expérience
montre que c’est le fait de marcher, c’est la longueur du trajet (une dizaine
de semaines), c’est l’effort demandé au corps et au mental, c’est le grand
spectacle de la nature douze heures par jour, ce sont les rencontres avec les
autres marcheurs, qui font la spécificité et la beauté du chemin de
Compostelle. Les chemins ne manquent pas, chacun peut les parcourir,
selon ses possibilités physiques et mentales, en entier ou en partie, en une
seule fois ou par étapes. L’important est de se mettre en route et de marcher
vers Sa Compostelle. Il n’y a pas de bon chemin, en
revanche, il y a toujours, quand on marche sur Le Chemin,
détachement, patience, humilité, amitié, partage et tolérance. Un voyage spirituel
hors du temps |
le petit livre de la vie & de la
mort |
Douglas e. harding |
Edition
DERVY |
2003 |
Le
petit livre de la vie et de la mort est un régal. Il résonne de l’écho du rire
cosmique. L’humour et la simplicité de son style sont à la hauteur de la
tâche qu’il s’est fixée, c’est-à-dire affronter les démons conceptuels de la
mortalité et dénoncer le mensonge de la mort. Je suis stupéfait de constater
qu’un si petit livre puisse anéantir aussi totalement des croyances bien
ancrées sur des sujets allant de la naissance à la vieillesse et jusqu’à
l’Au-delà, et ce sans douleur et même dans la joie. C’est le signe de la
vraie compassion qui émane du Vide.
Avec
la même obstination intransigeante qu’un Ramana MAHARSHI, il nous fait pénétrer
de plus en plus profondément dans le pays de la non-personne, le pays de «
Neti, Neti » (Pas ça, pas ça !), jusqu’à ce nous atteignions le point où nous
sommes… Notre voyage nous conduit à travers la science occidentale
(expériences proches de la mort et quarks) et les traditions mystiques
d’Orient et d’Occident. Inlassablement, D.E.H. rejette les lentes ascensions
que proposent les doctrines telles la réincarnation et le Karma, en faveur de
la voie Zen abrupte et sans garde-fou. Après
ce livre, je prédis que la littérature relative à la mort ne sera plus jamais
la même. |
LE PONT DES ÂMES - De Zoroastre à l’imaginaire médiéval |
Xavier-Laurent Salvador |
Edition Signatura |
2012 |
||
Que
représente cette fresque ? Il s’agit d’un pont, d’un pont que traversent
des âmes et qui ferait office d’épreuves. Alors comment lire cette
fresque ? Les âmes nues arrivent par le côté droit dans un défilé et se
faufilent dans le monde des morts en passant entre deux lions, dont l’un a le
pelage tacheté. Immédiatement après, les âmes traversent un pont qui présente
une singularité : il rétrécit au milieu. Les âmes injustes en tombent
tandis que d’autres, plus fortunées, parviennent sur l’autre rive. Les
pécheurs sont engloutis dans un fleuve sombre qui charrie d’autres âmes dont
il ne fait aucun doute qu’elles sont destinées aux enfers De
part et d’autre de l’âme traversant, on remarquera que deux démons à moitié
effacés tirent les âmes vers le bas. L’âme qui a traversée le pont subit
alors une deuxième épreuve : la pesée – Rappel certainement de la pesée de l’âme lors de la
Psychostasie en Egypte – l’arbitre est un archange, remplaçant
Anubis et Thot. A l’issue de ce jugement, les âmes médiocres sont astreintes
à rester dans un jardin, privée de la contemplation divine. Les âmes
parfaites sont autorisées à subir une troisième épreuve : L’élévation
dans une Tour où les figures tutélaires de l’Eglise les attendent pour les
revêtir du manteau rouge du martyre et les autoriser à contempler le Christ
rayonnant et à baigner dans la lumière irradiant de la mandorle, l’auréole
corporelle lumineuse qui entoure le Sauveur. Une
fresque qui donne lieu à pèlerinage pour plusieurs raisons que l’auteur nous
explique, d’autre part des analogies sont faites avec d’autres traditions,
d’autres civilisations, et des textes sacrés, eschatologiques et religieux
dans beaucoup de pays. Au sommaire de cet excellent ouvrage : Le pont dans la tradition canonique - Le mystère de la fresque Loreto - Des exemples de récits populaires - Le même récit avec l’absence du pont - L’Arc en ciel - Le pont dans les sources populaires - Grégoire, Job et Ezéchiel - Le pont de l’épreuve - Çinvat, pont des iraniens - Les Arabes - Le corpus iranien - La piste d’Esdras et de l’Apocalypse de Paul - La piste d’Isaïe - Bois du pont, bois de la croix - L’initiation chrétienne et la Baptême - La légende dorée - Grégoire - La bataille - La reine de Saba - La forme chrétienne du pont :le purgatoire - St Patrick dans l’histoire et ses vies fabuleuses - La traversée du pont des enfers - Dante et le pont-enfer - De Nerval à Spielberg en passant par Goethe et son serpent vert - Le funambule trompe la mort |
le pouvoir du moment prÉsent |
Eckhart
tollÉ |
Edition
ARIANE |
2000 |
Pour
entreprendre ce périple vers le pouvoir du moment présent, il nous faut
laisser derrière nous notre esprit analytique et le faux moi qu’il a créé,
c’est-à-dire l’ego. Dès le début du premier chapitre, nous nous élevons
rapidement vers des hauteurs où nous pourrons respirer un air plus léger
propre à la spiritualité. Même
si le périple où Eckhart Tollé nous emmène présente des défis, le langage
qu’il emploie est simple et le format question-réponse qu’il a choisi
constitue un guide rassurant. Les mots ne sont eux-mêmes que des panneaux
indicateurs.
Mais
n’essayez pas de le comprendre avec votre mental. Vous ne pouvez le saisir que
lorsque votre mental s’est tu et que vous êtes pleinement et intensément
présent. Retrouver la conscience de l’Être et se maintenir dans cet état de
réalisation c’est cela l’illumination.» |
le procÉs de l’homme qui disait qu’il
Était dieu |
Douglas harding |
Edition DU RELIÉ |
2002 |
||
Rien ne pourrait être moins anti-Christ ni plus
pro-Christ. L'apôtre avait sa manière de le dire. Moi, j'ai ma façon de le
dessiner, comme vous allez le voir sur le schéma. Lorsque j'ai vu que cette
troisième personne, là-bas dans le miroir, est le vieil homme
centré-sur-lui-même, ou Adam, et la Première Personne ici, en face de lui,
l'homme nouveau centré-sur-Dieu, ou le Christ, les paroles de St. Paul (si
usées et rebattues) sont soudain redevenues vivantes, elles m'éblouissent, me
bouleversent, C'est lorsque ma vision et mon vécu démentent ces paroles de
St. Paul que je suis anti-Christ. Lorsqu'ils les proclament, je ne suis pas
seulement pro-Christ, je suis totalement en lui, je deviens Christ.
Je ne
parlerai pas de la souffrance, mais de ce suprême exemple du renversement de
valeurs que nous venons de remarquer. Mesdames et Messieurs les jurés,
regardez simplement ceci. Voyez ce que l'homme a fait à Dieu sous le coup de
la haine, et ce que Dieu a fait pour l'homme par amour. Que la Puissance et
la Gloire derrière l'univers puissent être ce genre de Puissance et ce genre
de Gloire qui transmuent le pire en le meilleur - vous pourriez être tentés
de dire que c'est si beau et si bon que cela doit être vrai. Ou si l'on pose
la question : quel genre d'univers est-ce ? Vous pourriez répondre avec moi :
c'est celui qui produit cette idée-là de Dieu, une idée qui a façonné deux
mille ans de l'histoire humaine ! Oui, c'est cette sorte d'univers-là. La
sorte d'univers qui produit, quand les temps sont venus, ce qu'il avait dans
sa manche depuis toujours. J'irai encore beaucoup plus loin et dirai de notre
vie, que toute vie est faite sur le modèle du Golgotha. La crucifixion de la
Première Personne est inhérente à notre nature. C'est le prix que nous devons
payer pour un monde. Le monde ne peut pas exister à moindres frais. Oh oui !
La souffrance et la cruelle humiliation sont là, à tout jamais. On ne nous
laissera pas l'oublier longtemps. Mais c'est aussi à tout jamais que rayonne
l'amour alchimique de Dieu, qui transmue ce plomb empoisonné en or de
vingt-deux carats. Quel renversement de valeurs radical, et comme Il le paie
cher. (...) Je soutiens
que, de fait, le même schéma est valable pour Jésus Christ en tant que
Première Personne sur la croix et pour moi en tant que Première Personne à
chaque instant. Et je m'empresse d'ajouter : pour tous les êtres humains.
Aucun d'entre eux - ni le plus mauvais, ni le plus stupide, ni le moins
chrétien - n'est différent selon sa propre expérience de lui-même. Evidemment
! Comment pourrait-il en être autrement ? Tous, tant qu'ils sont, vivent le
drame du Calvaire dans leur corps (je répète : dans leur corps). C'est avec
tous et en tant que tous que Jésus Christ pouvait souffrir et mourir pour
tous. Il n'était pas question de souffrir et mourir pour des êtres étrangers.
St. Paul a toutes les raisons d'affirmer que nous portons tous dans notre
corps le Seigneur Jésus vivant et mourant. Au sens le
plus profond, il n'y a qu'une seule Première Personne la Première Personne du
Singulier ; un seul Fils de Dieu, Son Fils unique, éternel, non-créé,
incompréhensible, né avant le monde. « Toute l'humanité est un seul
homme en Christ», a dit saint-Augustin. Mais ceci ne veut pas dire qu'à un
autre niveau et dans un autre sens il n'y ait pas autant de Premières Personnes
que de troisièmes personnes. Chaque troisième personne est équipée de son
aspect de Première Personne, et vice versa. De sorte que Dieu a un nombre
infini de Fils et de Filles. Ecoutez ce passage incomparable du Quatrième
Evangile : Veuillez
regarder notre Schéma. Ces petites troisièmes personnes debout, pourvues
d'une tête, d'épaules étroites et de petits bras, sont toutes nées et vont
toutes mourir. Cette grande Première Personne qui est à l'envers, sans tête,
avec de larges épaules et des bras immenses n'est jamais née et ne mourra
jamais. En termes crus, sa taille et sa forme sont tellement hors normes
qu'aucune sage-femme ni aucun entrepreneur de pompes funèbres ne pourraient
la manipuler. Il est le Christ Eternel, né du Père avant le monde, réellement
Dieu, Lumière des Lumières, et pourtant il renaît toujours, dans toutes les
créatures, en tant que Christ crucifié. |
le roi salomon - mythographie d’un prophÈte
paradigmatique |
Zaïm
KHENCHELAOUI |
Edition
Cema |
2001 |
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Le
grand monarque saluait un à un les animaux, et chacun d'eux se faisait un
devoir de lui répondre. Tous étaient présents, à l'exception de la bécasse
qu'on ne trouvait nulle part. « Qu'elle paraisse à l'instant devant moi !
ordonna le roi Salomon ; elle a désobéi, elle aura le châtiment qu'elle
mérite. » La bécasse parut devant son maître : – O roi !
S’exclama-t-elle, daignez prêter l'oreille à mes humbles paroles et votre
courroux cédera la place à la satisfaction. Voici trois mois qu'à tire-d'aile
je parcours l'espace à la recherche d'un royaume que n'aient pas atteint les
échos de votre gloire. Et je l'ai trouvé. Loin, bien loin du côté du Levant
existe un beau pays, le plus beau que j'aie vu. Ses sables sont d'or et l'argent
y est si abondant qu'il n'a pas de prix. Je n'ai jamais vu ailleurs des
arbres aussi hauts ni aussi droits. Les pures eaux du puits du Jardin d'Éden
en arrosent les terres dont la fertilité et la richesse sont incomparables.
Les rues de ce royaume sont pleines de soldats étincelants dans leurs
majestueux uniformes, mais ils sont incapables d'entreprendre une guerre et
même de manier une arme. Sur cet étrange pays règne une femme nommée la Reine
de Saba. Les
présents écoutaient dans le ravissement le merveilleux récit de la bécasse
et, quand elle l'eut achevé, ils se demandèrent avec curiosité quelle serait
la réaction du roi Salomon. Elle ne se fit pas attendre. Le monarque fit
venir ses scribes et leur dicta une missive pour la fameuse Reine de Saba. La
missive terminée, il l'attacha à l'une des ailes de la bécasse qui prit
aussitôt son vol, suivie de près par tous les autres oiseaux. Bientôt, les
voyageurs disparurent à l'horizon, dans la direction des terres lointaines où
régnait la Reine de Saba. Chaque
matin, la Reine de Saba sortait pour adorer son dieu, le soleil. Ce matin-là,
elle sortit comme à son habitude. Le spectacle insolite qu'elle vit alors lui
causa une très grande frayeur. Une obscurité épaisse emplissait le ciel. En
proie à une grande détresse, la reine lacera ses habits. Le soleil, son dieu,
était devenu invisible. Qu'était-il donc arrivé ? Et un malheur plus
grand était-il concevable ? Mais ce n'était pas, comme elle l'avait
pensé, l'effet d'un pouvoir étrange ou surnaturel. Ce qui masquait le soleil
n'était autre que les nuées d'oiseaux qui escortaient la bécasse le long de
son voyage vers le royaume de Saba. Soudain, le ciel s'éclaircit à nouveau.
Les bandes d'oiseaux innombrables s'étaient dispersées. La bécasse plongea
vers la reine et se posa à ses pieds. Apercevant la missive, cette dernière
s'empressa d'en libérer le volatile. Et c'est avec beaucoup d'étonnement
qu'elle y lut : « Salomon, roi du peuple d'Israël, vous envoie ses
vœux de paix et sa bénédiction. Il vous convie à lui rendre visite dans son
palais et l'assurer de votre fidélité. Tous les rois et les princes sont
venus lui rendre hommage. Même les bêtes des champs, les oiseaux, les fées et
les esprits sont ses sujets. Si vous venez à mon palais, je vous conférerai plus
d'honneurs que je n'en ai jamais accordés à un monarque quel qu'il soit. Mais
si vous refusez mon invitation, je lancerai contre votre peuple une puissante
armée. Savez-vous qui sont mes guerriers? Les bêtes des champs sont mes
serviteurs et mes messagers, les oiseaux sont mes conducteurs de chars, les
fées et les esprits sont mes légions. Ils vous tourmenteront tous, ils vous
harcèleront jusque dans vos maisons si vous refusez d'obéir à mon ordre.
J'attends votre arrivée. » À
mesure que la Reine de Saba lisait cette missive, son cœur battait de plus en
plus fort. Son visage exprimait à la fois l'émerveillement et la terreur.
Quelle aventure passionnante ce serait de rencontrer face à face cet étrange
monarque d'Israël ! Le voyage serait fort long, mais elle n'eut pas un
instant d'hésitation. Elle réunit ses capitaines de vaisseaux et leur
dit : « Nous mettons les voiles à la destination de la terre
d'Israël. Chargez vos bagages d'or et d'argent, de bois de cèdre et de
parfums, de pierres précieuses et de soieries, et levons l'ancre
immédiatement après. » Munie de tous ces cadeaux, la Reine de Saba
entama le très long voyage qui allait lui permettre de rencontrer l'homme le
plus sage qui ait jamais vécu sur terre… |
LE SACERDOCE |
Le
jardin des dragons |
Edition
DU PRIEURÉ |
1991 |
Ce
numéro 1 du Jardin des dragons explique le côté sacerdotal dans plusieurs
ésotérismes. Il y a un passage principal traitant du sacerdoce de tous les
croyants. Ce passage dit : " et vous-mêmes, comme des pierres vivantes,
édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin
d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ ...
Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui
vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière "(1 Pierre 2:5-9). Les sacrificateurs de l'Ancien Testament étaient choisis par
Dieu et non auto proclamés ; ils étaient choisis pour un but : servir Dieu
avec leurs vies en offrant des sacrifices. Le sacerdoce était une image ou un
"exemple" du ministère à venir de Jésus-Christ… une image qui
n'était plus nécessaire dès que son sacrifice sur la croix a été accompli.
Lorsque le voile épais du temple qui recouvrait l'entrée du lieu très saint a
été déchiré en deux par Dieu à la mort de Christ (Matthieu 27:51), Dieu
indiquait que le sacerdoce de l'Ancien Testament n'était plus nécessaire.
Tous pouvaient désormais venir directement à Dieu à travers le grand
Souverain Sacrificateur, Jésus-Christ (Hébreux 4:14-16). Il n'y a maintenant
plus de médiateur terrestre entre Dieu et l'homme comme cela était le cas
dans le sacerdoce de l'Ancien Testament (1 Timothée 2:5). Christ notre Souverain Sacrificateur a offert un sacrifice pour
le péché une fois pour toutes (Hébreux 10:12), et il n'y a plus de sacrifice
à faire pour le péché (Hébreux 10:26). Mais, tout comme les sacrificateurs
offraient, par le passé, d'autres sortes de sacrifices dans le temple, il est
dit clairement dans 1 Pierre 2:5,9 que Dieu a choisi les chrétiens "afin
d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ."
1 Pierre 2:5-9 parle de deux aspects du sacerdoce du croyant. Le premier est
que les croyants sont privilégiés. C'est un privilège que d'être choisi par
Dieu pour être sacrificateur. Tous les croyants ont été choisis par Dieu :
"vous êtes une race élue … un peuple acquis" (vers 9). Dans le
tabernacle et le temple de l'ancien Testament, il y avait des endroits
accessibles uniquement aux prêtres. Seul le Souverain Sacrificateur pouvait entrer dans le lieu très
saint, derrière le voile épais, seulement une fois par an le Jour de
l'Expiation où il offrait un sacrifice pour les péchés de tout le peuple.
Mais, comme mentionné ci-dessus, à cause de la mort de Jésus sur la croix du
Calvaire, tous les croyants ont maintenant directement accès au trône de Dieu
par Jésus-Christ notre grand Souverain Sacrificateur (Hébreux 4:14-16). Quel
privilège que d'avoir un accès direct au trône de Dieu, sans passer par un
prêtre terrestre. Lorsque Christ reviendra et que la Nouvelle Jérusalem
descendra sur la terre (Apocalypse 21), les croyants verront Dieu face à face
et le serviront en ce lieu (Apocalypse 22:3-4). Encore une fois, quel
privilège spécial avons-nous qui n'étions autrefois "pas un
peuple"… étions "sans espoir"… destinés à la destruction à
cause de nos péchés. Le deuxième aspect du sacerdoce du croyant est que nous avons
été choisis pour un but : offrir des sacrifices spirituels (voir Hébreux
13:15-16), et proclamer les louanges de Celui qui nous a appelés de
l'obscurité à son admirable lumière. Ainsi, aussi bien par notre vie (1
Pierre 2:5 ; Tite 2:11-14 ; Ephésiens 2:10) que par la parole (1 Pierre 2:9 ;
3:15), notre but est de servir Dieu. Le corps du croyant étant le temple du
Saint-Esprit (1 Corinthiens 6:19-20), Dieu nous a appelés à le servir de tout
notre cœur, premièrement en offrant nos vie comme des sacrifices vivants
(Romains 12:1-2). Un jour, nous servirons Dieu dans l'éternité (Apocalypse 22:3-4),
mais pas dans n'importe quel temple, car "le Seigneur Dieu tout-puissant
est Son temple, ainsi que l’Agneau" (Apocalypse 21:22). Tout comme le
sacerdoce de l'Ancien Testament devait être exempt de toute souillure, comme
symbolisé par sa propreté cérémonielle, Christ aussi nous a donné une
position sainte devant le Père. Il nous appelle à vivre une vie sainte afin
de pouvoir être aussi "un saint sacerdoce" (1 Pierre 2:5). En résumé, les croyants sont appelés "rois et
sacrificateurs" et un "sacerdoce royal" comme un reflet de
leur statut privilégié d'héritiers du royaume du Dieu Tout-puissant et de
l'Agneau. En raison de cette proximité privilégiée avec Dieu, aucun autre
médiateur terrestre n'est nécessaire. En second lieu, les croyants sont appelés
sacrificateurs car le salut n'est pas une simple
"assurance-incendie", être simplement sauvé de l'enfer. Au
contraire, les croyants sont appelés par Dieu à Le servir en Lui offrant des
sacrifices spirituels, c'est-à-dire en étant un peuple zélé pour les bonnes
œuvres. En tant que sacrificateurs du Dieu vivant, nous devons tous donner
gloire à Celui qui nous a fait le don immense du sacrifice de Son Fils pour
nous et, en retour, partager cette grâce merveilleuse avec d'autres
personnes. On y parle de verveine, de Druide, de maçonnerie, de prêtres,
de trappistes, de Melchitsedek, de l’arbre inversé, de Martinez de Pasqually,
du Védanta, du Tarot et de l’Alliance mondiale des religions, la tentation de
Saint Dragon. Archives : le chevalier du dragon. Sciences : cristallographie,
conte anachronique de G. Caramaro, Jean Tourniac : prières juives. |
LE SACRÉ AUJOURD’HUI, précédé de : Hommage à Michel CAMUS |
BASARAB
NICOLESCU |
Edition
DU ROCHER |
2003 |
Le
sacré a aujourd’hui le visage de l’universel. Cet ouvrage se veut être une
contribution au débat qui s’instaure actuellement en France et dans le monde,
sur le rôle du sacré dans la société moderne, mondialisée et dominée par la
techno-science.
|
le sacrifice fondateur de
civilisation & d’individualisation |
Pierre
soliÉ |
Edition
ALBIN MICHEL |
1988 |
||
Pasah - les Bouphonies
athéniennes - la fête de Magnésie - Les sacrifices
appelés holocaustes - l’holocauste grec chez
Homère - Hécatombes et potlatch
aujourd’hui - Libido Eros et
Thanatos - l’amour oral - Aux
sources de la cuisine sacrificielle grecque et
hébraïque - retour à
Dionysos - le Zagreus crétois et le Zeus
indo-européen - le retour du cannibalisme
sauvage - sacrifices où la victime est en partie mangé et
en totalité - la Thysia grecque et le Zevach hébreu
archaïque - le sacrifice fondateur en Grèce d’après Hésiode
- l’individuation de la deuxième partie de la
vie - le sacrifice aztèque ou la régression
esclavagiste et cannibalique - sacrifices
en Inde - les jeux pré-sacrificiels
- la mise à mort - rites de
sortie, le partage du corps et les agapes cannibales
- histoire du sacrifice ancien en Inde -
Intériorisation du sacrifice l’exo et l’endo-sacrifice -
les Upanishad - la Bhakti -
Retour aux sources sacrificielles judéo-chrétiennes -
la baalisme et le jahwisme - le mythe
d’Anat-Baal - Elohisme, et judaïsme, la lettre contre
l’image - Refoulement et forclusion
- les dossiers du forclos chez les grecs et les
hébreux - Quand la masculin règne au ciel et le
féminin règne sur la terre - Temple et
synagogues - Sacrifice et écriture - les
sectes porteuses du forclos de la Loi - les
écrits apocryphes - |
LES CAHIERS DE L’AILLEURS - Etudes et Histoires - |
Dominique Dubois |
Edition JOUVE |
2012 |
Après
avoir fondé et dirigé de 2008 à 2011 la revue ésotérique Historia occultae,
Dominique Dubois dont le dévouement à la cause ne faillit pas, lance
aujourd’hui (Sept.2012) les cahiers de
l’ailleurs. Matériellement
impeccable, d’une remarquable qualité d’impression et d’un format agréable,
ce premier numéro inaugure à l’évidence une revue dont la ligne
éditoriale séduit. Ces cahiers sont conçus dans un esprit libre et
indépendant et s’adressent aux scrutateurs d’un ailleurs, terme au premier
abord vague mais qui prend tout son sens lorsque les différents auteurs
écrivant dans ce cahier évoquent par le biais d’une recherche historique ou
d’une réflexion métaphysique, un absolu, une spiritualité, un hermétisme, une
gnose, une magie ou un occultisme, une poésie du verbe ou une œuvre
illustrée. L’objectif
culturel et œcuménique qui sous-tend ces cahiers se propose pour un temps ou
une durée qui ne lui appartient pas, d’être l’écho vivant d’une minorité de
cherchants. Dans
cet esprit D. Dubois a su rassembler pour ce premier numéro des
collaborateurs de tous horizons, y compris géographiques, qui témoignent
d’une belle ouverture sur le monde et sur l’ailleurs. Clément Rosereau
diserte magistralement sur l’ailleurs qui est notre lieu perdu ;
Catherine de Laveleye nous invite à la découverte de la négritude, chantée
par Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor. D. Dubois nous offre une
découverte : les notes d’un élève du cours du Dr Fernand Rozier –Ecole
des sciences hermétiques- d’après le manuscrit du professeur aujourd’hui
conservé à la B.M. de Lyon. Remi Boyer nous parle de Lima de Freitas, peintre
hermétiste et Franc maçon. D’autre écrivains nous régalent de leur
papier sur la métaphysique, l’histoire mystique et sur ces réflexions
magiques qui éveillent en nous des interrogations et de la curiosité. Ce numéro 1 comporte les articles et auteurs
suivants : Ailleurs par Clément Rosereau Sagesse d’ailleurs et négrité par Catherine de Laveleye Cours du Dr Fernand Rozier – Ecole des sciences hermétiques – prise de notes d’un élève de 1900 par Dominique Dubois Lima de Freitas, Peintre, Hermétiste et Franc maçon par Rémi Boyer Quelques éléments d’anthropologie Paulinienne par Oreste Teodorescu Louis Claude de Saint Martin vu par les degrés monomères par Deneb Adige La Bhâgavad Gîta et le Mahabharata par Homa Sayar Du spiritisme à l’occultisme. La revue de l’antimatérialisme dans les années 1880 par Denis Andro Le
gothique alchimique (1e partie) par Walter
Grosse Les
hommes de désir –Entretiens sur le martinisme – par Serge Caillet et Xavier Cuvelier-Roy Le N° 2 de ces cahiers de l’ailleurs, qui est paru en Mars 2013, s’inscrit dans la même verve
ésotérique que le premier. Il
nous invite à voyager sur un tapis volant mélangeant l’histoire, la
métaphysique et la poésie. Au
sommaire de ce N°2 nous pouvons lire les articles suivants : Le
vide s’observe
par Shahla Moazzezzi Le
symbole de la Rose+Croix, au sein de l’OKRC, d’après un manuscrit de
Stanislas de Guaita
par Steve Fayadas La
langue des oiseaux, Georges Perec, de l’alchimie du verbe à la permutation
des mots,
par Richard Khaitzine Le
voyage initiatique chez François Rabelais par Remi
Boyer L’Eglise
gnostique- Histoire et révélations par Pascal
Cazottes Le
Renouveau gnostique- vers un World Gnostic Council, en 2015 ? par Tau Sendivogius (Mgr Paul Sanda) Libres
études (1909-1910) La revue d’Edmond Bailly par Denis Andro Le
gothique alchimique (2e partie) par Walter
Grosse Chapitre
de la poésie par
Xavier Cuvelier-Roy et Marc de Moulins La
page des livres anciens, des dédicaces et des ex-libris Les
revues et les collections La
rubrique des événements Les
livres qui interpellent In
memoriam Le N° 3 des cahiers de l’ailleurs, est sorti en Septembre
2013, il comporte les articles suivants : Un
homme de son temps et de tous les temps, Rumî,
le grand mystique du XIIIe siècle par Homa Sayar Aspects
mythologiques – la petite Fadette, par Marion
Dubois La
loge Corto Maltese – Une performance initiatique par Luis Cella L’unité
divine selon Maître Eckhart par Marc
de Moulins Eugene
Canseliet et le mystère alchimique de Fulcanelli par Jean Artero L’encyclopédie
alchimique d’Albert Poisson par Nicodème La
danse des ex-libris –Jean Laplace et le tampon dit de Canseliet par Steve Fayadas Han
Ryner et l’hexagramme par Denis
Andro Le
miroir d’Enée par Catherine de
Laveleye Chapitre
de la poésie par Rémy Boyer et Eric
Petit-Jean-Boret Portrait
du passé Les
revues, ex-libris et collections La
rubrique des événements Le N° 4 des cahiers de l’ailleurs, est sorti en Février 2014,
il comporte les articles suivants : L’Alchimie…pour
en finir avec les idées reçues. par : Richard
Khaitzine Il
y a 40 ans disparaissait l’alchimiste Armand Barbault par : Xavier Cuvelier-Roy Le
judaïsme et la Kabbale par : Simon
Goulnik Dossier
Stanislas de Guaïta/D. A. Courmes avec des lettres inédites
par : Dominique Dubois et Steve Fayadas Quelques
liens entre le fouriérisme et le spiritualisme par : Denis Andro Notes
sur l’œuvre de Grillot de Givry par : Uways B. Quelques
considérations sur le Régime Ecossais Rectifié par : Rémi Boyer Les
revues, les livres et les mouvements spiritualistes actuels Le N° 5 des cahiers de l’ailleurs est sorti en Septembre 2014,
il comporte les articles suivants : Maïeur
commentateur de Lulle. par : Hans van Kasteel
Pseudognosis
ad nauseam par Adon Qatan Les
non-dits de Nag Hammadi par Adon Qatan Il
y a 40 ans disparaissait l’alchimiste Armand Barbault par Xavier Cuvelier-Roy L’Alchimiste
d’aujourd’hui par François Trojani La
« Fûtuwa » ou compagnonnage arabo-musulman par Gérard Galtier Bibliothèque
« Guaita » par Nicodème La
page des livres anciens, des dédicaces et des ex-libris Les
revues, les collections et les livres ésotériques La
rubrique des événements -
|
le chemin du labyrinthe |
Alain
DANIÉLOU |
Edition
Du Rocher |
1993 |
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À ses yeux, les rites et les croyances
du monde occidental ancien étaient très proches du shivaïsme et très aisément
expliqués à l’aide des textes et des rites préservés en Inde. Dans un
entretien accordé au journal Paris Match en 1985, il précisa ainsi sa
pensée : « L’Inde et l’Occident ne sont pas des mondes séparés.
L’Inde est seulement un endroit privilégié qui a conservé une certaine forme
de savoir que nous avons presque totalement perdue. Il est normal, si nous voulons
récupérer notre savoir, que nous puissions être aidés par celui de
l’Inde. » Très hostile au libéralisme et au marxisme, soucieux du
respect des races et des cultures, il militait pour une société de castes
harmonieuse et cohérente et refusait la démocratie égalitaire nivelatrice,
optait pour la liberté, les différences et le pluralisme, toutes choses
allant à contre-courant des modes et idéologies actuelles. Dans le même entretien de 1985, il
explique ainsi sa position : « L’Inde est peut-être la seule
société multiraciale qui a su trouver son équilibre. Il y a toujours eu en
Inde des populations très diverses, des tribus primitives apparentées aux
indigènes d’Australie, des Dravidiens dont la civilisation est apparentées à
celle des Sumériens, des Aryens, des Scythes, des Parthes, des Chinois, des
Mongols. Afin de faire coexister tous ces gens, il faut, selon les principes
indiens, deux choses essentielles : d’abord éviter les mélanges, car une
communauté ne peut survivre avec sa culture, sa langue et sa religion que si
elle reste autonome. D’autre part, il faut trouver des fonctions pour les
gens selon leurs aptitudes. Il faut leur trouver un métier. Cela donne une
société extraordinaire, très accueillante, où l’on voit des communautés vivre
côte à côte dans la même ville et qui n’ont pas le même statut légal, le même
système d’héritage, qui ne croient pas aux mêmes dieux, qui n’ont pas les
mêmes coutumes et qui, souvent, ne parlent pas la même langue. Et au fond,
tout cela marche très bien. » Cela étant posé, nombre d’Occidentaux
se sont rattachés à l’hindouisme et ils l’ont quasiment toujours fait de la
manière la plus anti-traditionnelle qui soit. Cela pour une raison
simple : leur orgueil et leur imprégnation totale par les idées de
l’Occident, leur fait refuser le système des castes. Or, nous dit Daniélou,
« dans le monde hindou, tout le monde a sa place à condition de ne pas
prétendre être autre chose que ce que l’on est par le hasard de la
naissance ». D’où son rattachement humble à l’hindouisme par la caste
des artisans, celle des musiciens, lui qui était issu de la grande
bourgeoisie française. Il l’a relaté de cette manière : « On peut
assez facilement pénétrer dans l’hindouisme par les castes artisanales. Il
faut, je crois, toujours entrer par la voie des humbles. (…) J’étais un
shoudra, un artisan. Étant né hors de l’Inde et ayant pratiqué les rites et
les purifications qui permettent d’étudier auprès des brahmanes, ce que tout
le monde peut faire, y compris les occidentaux, je suis devenu un shoudra pur.
Parfois même, on dit un shoudra-brahmane, c’est-à-dire un shoudra qui
pratique les rites des brahmanes. » Cela explique les critiques très vives d’Alain Daniélou sur les Occidentaux allant en Inde à la recherche de gourous et prétendument convertis à l’hindouisme : « Tout ceux que j’ai connus en Inde, qui y vivaient, ne se sont jamais vraiment intégrés. Ils se déguisaient en Indiens, ils créaient des ashrams, mais ils ne s’intégraient pas dans la société. Il leur manquait l’humilité. Ils ne voulaient pas renoncer à leur façon de penser » Et Daniélou percevait clairement le danger pour la Tradition constitué par l’industrie touristique des ashrams et des gourous pour riches étrangers, en dénonçant : « le faux hindouisme des Indiens anglicisés qui prétendent adapter les doctrines traditionnelles (…) les soi-disant ashrams qui exploitent la crédulité des gens, le théosophisme, Aurobindo, les adeptes de Ramakhrisna, Ramana Maharishi, et bien d’autres. » Un
très grand philosophe et humaniste ! |
les dix commandements intÉrieurs |
Yvan
amar |
Edition
ALBIN MICHEL |
2004 |
Comment
décrypter le sens profond des Dix Commandements et donner une valeur actuelle
à leur message ? Yvan Amar, penseur humaniste, renouvelle ici le pacte
d’origine passé par Moïse dans le désert du Sinaï. « Il m’a fallu un peu plus
de vingt ans pour réaliser l’importance de la morale sur le chemin spirituel,
la valeur irremplaçable de ces vertus que l’on écarte volontiers d’un revers
de main… Ce n’est pas par hasard que tous les grands enseignements mettent
ces valeurs morales en avant. Elles sont la seule base solide sur laquelle
peut se construire la vraie transformation de l’homme. Elles sont tout aussi
indispensables que les pratiques d’évolution et d’ouverture de notre esprit ».
Car pour Yvan Amar, Dieu réside dans la relation entre les êtres : « Dieu
n’est pas dans le ciel, il est dans le regard de ceux qui aiment.» Comment
décrypter le sens profond des Dix Commandements et donner une valeur actuelle
à leur message ? Yvan Amar, penseur humaniste, renouvelle ici le pacte
d'origine passé par Moïse dans le désert du Sinaï. « Il m'a fallu un peu plus
de vingt ans pour réaliser l'importance de la morale sur le chemin spirituel,
la valeur irremplaçable de ces vertus que l'on écarte volontiers d'un revers
de main... Ce n'est pas par hasard que tous les grands enseignements mettent
ces valeurs morales en avant. Elles sont la seule base solide sur laquelle
peut se construire la vraie transformation de l'homme. Elles sont tout aussi
indispensables que les pratiques d'évolution et d'ouverture de notre esprit.
» On
prête le flanc à toutes les accusations, parce que nous-mêmes ne nous
comportons pas de la façon digne et impeccable dont ce principe doit
témoigner dans le monde. Cela est important et doit être dit, surtout dans le
cadre d’un journal d’annonces où tant est proposé. Et il est important qu’il
y ait là, plus que n’importe où, une immense rigueur. Nous
sommes sur un chemin de transformation, tout notre itinéraire, c’est la
transmutation du plomb en or. Il y a une chose que la pierre philosophale
nous fait découvrir, dès qu’on entre en contact avec elle : c’est que le
plomb, c’est de l’or. Devenir de l’or ; le plomb révèle l’or qu’il est déjà.
L’or, c’est le plomb qui a grandi. Ce n’est pas du plomb qui a changé de
nature. C’est du plomb qui a déployé sa nature d’origine. Le plomb est un
moment du grandir de l’or. Le plomb c’est de l’or “premier âge », et en
fait, quand on rencontre la pierre philosophale, elle nous fait reconnaître
que l’on est de l’or, même si, apparemment, on en témoigne qu’au niveau du
plomb. C’est là que commence ce que j’évoquais précédemment : la nature même
du chemin est liberté. Quand on reconnaît, grâce à la pierre philosophale, qu’on
est déjà de l’or, cette reconnaissance-là apporte une très grande liberté.
Mais y sont associées aussitôt deux choses : la première, une responsabilité.
Suis-je prêt à assumer cette vision : je suis de l’or qui doit grandir ?
Vais-je faire ce qu’il faut pour faire grandir cet or-là, et non pas
simplement dire : « le plomb c’est déjà de l’or », et vivre au niveau du
plomb que je suis. La pierre philosophale, la “poudre de projection” est jetée dans le feu, dans le creuset, en même temps que le plomb. Le maître de compassion vient avec nous dans la souffrance. Il vient souffrir avec nous pour pouvoir nous réconcilier avec l’état du grandir que l’on est ; la souffrance dans laquelle on se trouve, parce que cette souffrance-là, seule, est notre porte d’accès à la réalité. Notre plomb est notre seule porte d’accès à l’or. Cela
est le deuxième aspect de renseignement : c’est d’être réconcilié avec sa
propre souffrance, d’être réconcilié avec son propre mensonge, parce que le
chemin de la vérité passe par notre mensonge conscient. C’est donc de
travailler sur ce que l’on est, mais avec le principe de cohérence et la
rigueur issus du témoignage ultime. |
les enseignements secrets de martinès
de pasqually |
F.
von baader |
Edition Télètes |
2004 |
Au
moment même où PAPUS créait l’Ordre Martiniste et publiait ses ouvrages sur
Martinés de Pasqually… (1895) et Louis-Claude de SAINT-MARTIN… (1902)
(réédités dans la même collection), un autre courant souché sur la loge
Arc-en-ciel du rite de Misraïm offrait au public deux textes fondamentaux
pour l’étude et la compréhension du Martinisme : Le traité de la
Réintégration des Êtres… (1899) et Les Enseignements Secrets de
Martinés de Pasqually… (1900). Comme le rapporte P. Vulliaud « le groupe
de Misraïm se prétendait d’un Martinisme plus orthodoxe que celui de Papus »,
plus opératif et donc plus proche de Martinés de Pasqually que de la voie
mystique de Louis-Claude de Saint-Martin prônée et réinventée par Papus.
Il
trace un historique de la Franc-maçonnerie, de la Stricte Observance Templière
et surtout de l’Ordre des Élus–Coëns en s’appuyant sur des documents
originaux inédits qui seront, écrit-il « la meilleure réponse à des critiques
aussi inconsidérées qu’inutiles ». |
LES GRANDS INITIÉS |
Edouard
Schuré |
Edition Académie Perrin |
1983 |
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Au sommaire : Avant-propos : Etat présent de l’esprit humain - Conflit de la religion et de la science - La théosophie antique et la science moderne - Antiquité et la continuité, unité de la doctrine des Mystères - Nécessité de réconciliation de la Science et de la religion sur le terrain ésotérique - Rama : Le cycle aryen - Les races humaines - la mission de Rama - L’exode et la conquête - La religion védique et le testament du grand Ancêtre - Krishna - L’Inde et l’initiation brahmanique - Les fils du soleil et les fils de la lune - Le roi de Madoura - La vierge de Dévaki - La doctrine des initiés - Le triomphe et la mort - Hermès : Les Mystères d l’Egypte - Le Sphinx - Hermès - Isis et Osiris - La mort et la résurrection - La vision d’Hermès - Les épreuves et les initiations - Moïse : La tradition monothéiste et les Patriarches du désert - Initiation de Moise - Sa fuite chez Jethro - Le Sepher Béréshit - Le Sinaï - L’Exode et le désert - Magie et théurgie - La mort de Moïse - Orphée : La Grèce préhistorique - les Bacchantes et apparition d’Orphée - Le temple de Jupiter - Fête Dionysiaque dans la vallée de Tempé - La mort d’Orphée - Pythagore : La Grèce au Vie siècle - Samos, Memphis, Babylone - Le temple de Delphes - La science apollinienne - La divination - La Pythonisse Théocléa - L’institut pythagoricien - Purification (Catharsis) - Théogonie des nombres sacrés - La préparation (Paraskéié) - Perfection (Téléiothes) - La science de l’âme - L’histoire terrestre et céleste de Psyché - Epiphania - Mariage de Pythagore - Révolution de Crotone - La fin du Maître - La dispersion de l’école - Platon : Les Mystères d’Eleusis - La jeunesse de Platon et la mort de Socrate - L’initiation de Platon et la philosophie platonicienne - Jésus : La mission du Christ - Etat du monde à la naissance de Jésus - Marie - Les Esséniens - Jean Baptiste - la Tentation - La carrière publique et l’enseignement intime - les guérisons - Les apôtres et les femmes - Lutte avec les pharisiens - la fuite à Césarée - la Transfiguration - Dernier voyage à Jérusalem - La Cène - Le procès, la mort et la Résurrection - L’accomplissement de la promesse - Le Temple - |
LES GRANDS INITIÉS DU XXème Siècle. |
JEAN
BIÈS Collection |
Edition
Philippe LEBAUD |
1998 |
Il
y a eu les fondateurs : Krishna, Moïse, Bouddha, Zoroastre, Jésus, Mohammed…
Et dans les siècles qui ont suivi, d’autres hommes ont pris le relais. Des
chercheurs de vérité, des porteurs d’Esprit, capables d’indiquer une voie
pour nourrir notre part la plus secrète, celle qui nous relie à l’invisible.
Dans notre siècle matérialiste, ils sont plus présents que jamais. Mystiques
ou prophètes, philosophes ou clairvoyants, sages ou éveilleurs d’âmes, ils
appartiennent à des religions différentes, à des civilisations différentes. Ils
nous invitent à autre chose et parlent toujours de nous-mêmes. Avec eux,
faisons de la spiritualité la grande aventure de l’homme. Vivons celle-ci
dans le judaïsme avec martin Buber, dans le catholicisme avec Teilhard de
Chardin, dans le christianisme orthodoxe avec Berdiaev, dans le soufisme avec
Idries Shah. Allons plus loin dans l’hindouisme avec Krishnamurti, dans le
bouddhisme avec le Dalaï-Lama. Explorons
d’autres voies : celles d’Arnaud Desjardin, de René Guénon, de Rudolf Steiner,
de Gurdjieff, de Jung… Hampaté Bâ nous initiera à l’animisme africain, Héhaka
Sapa au chamanisme nord-américain. Issus de notre siècle, trente initiés -
dont Jean Biès analyse la vie et le message - répondent à notre quête. Pour
mieux vivre le siècle prochain. Jean Biès est l’auteur de récits de voyages,
de recueils poétiques, d’essais philosophiques traitant des sagesses
traditionnelles. Il a consacré à la littérature française et la pensée
hindoue sa thèse de doctorat d’Etat. R.
GUENON, GURDJIEFF, le DALAI-LAMA, BERDIAEV, Arnaud DESJARDIN, JUNG,
KRISHNAMURTI, Henri le SAULX, NIGASARDATTA, Teilhard de CHARDIN, Simone WEIL
etc… |
LES MḖDECINS DE L’ÂME – ZOROASTRE,
MOÏSE, LAO-TSEU, BOUDDHA, JḖSUS,
MAHOMET |
Christophe Queruau Lamerie |
Edition Dervy |
2016 |
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Lao Tseu médecin de l’âme :
Dans sa pensée, n'oublions pas que le sage reste en retrait, comme debout
dans la pénombre. En suivant cette logique, on serait en droit d'estimer que,
il aurait pu changer de nom à plusieurs reprises, dans l'objectif délibéré de
jeter une confusion permanente sur son existence. Selon l'endroit où il se
trouvait, il pouvait y être connu sous un ou plusieurs noms différents. Ce
qui, actuellement, évidemment, met un voile d'obscurité sur l'historicité du
personnage, les sources citant diverses appellations pour, certainement sans
le savoir, la même personne. L'usage de plusieurs noms pour une même
personne, en Chine, étant à l'époque une pratique généralisée et même
respectant les traditions. Il y a le nom à l'apparition, le prénom social, le
«Hao», l'interdiction d'appeler un aîné par son prénom à l'apparition.
L'introduction de particule devant le nom, par exemple, si quelqu'un semble
être plus âgé que quarante ans, on doit placer «Lao» soit devant le nom de
famille, soit devant le prénom social ou encore le «Hao». En admettant que le
prénom social de Lao Tseu soit Dan, et qu'il semblait à l'époque avoir plus
de quarante ans, on devrait par conséquent dire «Lao Dan», et il pourrait
s'agir du même personnage dont le nom personnel, qui à cause de son âge
devenu tabou, soit effectivement Li Er, et les noms «Laolaizi» et «Lao Zi»
(possiblement un diminutif de Laolaizi) aurait pu être le nom que lui
affublaient ses disciples directs. Comme prononcer le nom personnel d'un aîné
était tabou, on peut convenir ignorer comment le nom Li Er est venu aux
«oreilles» de Sima Qian. En effet, soit réel ou fictif, le
personnage Lao Tseu a réellement existé, même s'il n'a pas existé réellement
sous nom ou sous un nom d'emprunt comme c'était d'usage à l'époque. Puisque
c'est certainement un nom en lien avec un personnage de légende, ayant eu
cours au temps de Printemps et Automnes que le personnage ayant inspiré le
pseudonyme a existé ou non, n'a que peu d'importance. En effet, si le
personnage n'a pas existé, mais que l'œuvre qui lui est attribuée existe
bien, alors on se retrouve en plein paradoxe. Premièrement, il est
envisageable qu'il ait écrit l'œuvre lui-même (Lao Tseu). Deuxièmement, il est envisageable
que le Daodejing ait été écrit à titre posthume par un disciple direct.
Troisièmement, l'auteur voulant valoriser son œuvre décide de prendre un
pseudonyme en lien avec un personnage dont la sagesse faisait autorité. Dans
cette troisième alternative, on est renvoyé à la notion même de paradoxe.
Puisque, l'auteur (anonyme) a pris le pseudonyme du sage reclus, et ce même
s'il n'a pas vécu, ayant pris son nom, il devient par conséquent faux de dire
qu'il n'a pas vécu. Quatrièmement, il est envisageable qu'il ait écrit
l'œuvre lui-même et que, dans une époque où les auteurs ne signaient pas
leurs œuvres de leurs propres noms, il l'ait fait dans l'objectif de jeter un
doute dans l'esprit des générations futures. Cette quatrième hypothèse, nous
ramène toujours à la notion de paradoxe. Dans la mesure où, il signe son
propre nom, dans l'objectif qu'on anticipe qu'il n'est pas l'auteur,
quoiqu'il soit l'auteur. Enfin, dans le Daodejing, le concept de paradoxe
revient souvent, alors on ne doit pas se surprendre de nager en plein
paradoxe. |
LES HÉROS DE LA SAGESSE |
ROGER-POL
DROIT |
EDITION
PLON |
2009 |
Disparus
depuis longtemps, les sages nous fascinent toujours. Nous rêvons de leur sérénité,
car nous sommes inquiets, de leur silence, car nous sommes saturés de
paroles, de leur bonheur parfait, parce que nous doutons du lendemain. En
écrivain, Roger-Pol Droit dessine leurs visages réels ou légendaires,
restitue leur allégresse et leurs gestes. D’Athènes aux montagnes de Chine,
de Jérusalem à l’Himalaya, il nous fait rencontrer Diogène, Confucius,
Hillel, Bouddha et bien d’autres. Ces héros se révèlent ignorants mais
savants, doux mais brutaux, pauvres mais riches, cachés mais visibles, près
mais lointain. En
philosophe, Roger-Pol Droit éclaire cette fascinante étrangeté et ses
paradoxes. Il montre que le sage n’existe pas, sauf comme un rêve antique que
Montaigne, Spinoza ou Nietzsche tentent de faire survivre. Serons-nous
capables, à notre tour de lui donner un avenir ? Les
sages sont de grandes figures antiques, qui ont marqué l’évolution de
l’humanité –êtres exceptionnels, modèles de
perfection, exemples d’accomplissement, ouvreurs de chemins à suivre-. Bouddha, Socrate, Confucius, Lao
Tseu, Salomon et bien d’autres sont parvenus jusqu’à la sagesse, ils
l’ont incarnée et vécue, mais pour y parvenir, ce fut pour chacun une
succession d’épreuves et de combats où le principal adversaire, finalement,
n’était que leur propre existence. Ces héros se sont vaincus eux-mêmes, ils
ont traversé et surmonté les doutes, les désespoirs, les erreurs et les
pièges du corps et de l’âme. La
notion de sage est pour nous devenue floue, elle nous interpelle encore, mais
nous ne savons plus très bien ce qui nous porte à tendre l’oreille. Nous
savons qu’ils sont différents de nous et cela nous inquiète et nous attire à
la fois, en réalité ils nous impressionnent, car ils paraissent avoir échappé
à l’horizon commun. Pour la même raison, ils nous rassurent, car leur
comportement est le contraire du notre. Sages
et communautés de Sages développés dans cet ouvrage : Milarépa. Himalaya et Tibet, début du XIIe siècle ap. J.C. Diogène. Athènes, vers 330 av. J.C Lao-Tseu Chine de l’Ouest. VIe siècle av. JC. Shammai et Hillel.
Jérusalem, an 10 ap. J.C. Bouddha. Vallée du Gange en Inde. Ve siècle av. J.C Les gymnosophistes. Taxila en Inde, vers 326 av. J.C. As-Sulamï. Nichapur en Iran, an 1010 ap. J.C Tchouang-Tseu. Chine, vers 300 av. J.C. Epicure. Athènes, vers 280 av. J.C. Shankara. Inde, vers 800 ap. J.C. Confucius. Chine, vers 485 av. J.C. Dôgen. Chine, vers 1227 ap. J.C. Ashoka. Pataliputra en Inde, vers 230 ap. J.C. Montaigne, Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche, Wittgenstein. |
les identitÉs remarquables |
Rafael
mathieu |
Edition
LE MOULIN DE L’ÉTOILE |
2007 |
Loin
des sentiers battus, Rafael Mathieu nous entraîne dans l’univers passionnant
d’artistes au sens noble du terme : peintres, écrivains, hermétistes ou tout
à la fois, cette galerie de portraits nous fait découvrir des personnalités
non encore soumises à la dictature de l’opinion. De
Jodorowsky à Frederik Tristan, de Jean Biès à Cyrille Javary, chacun apporte
sa pierre à l’édifice de la pensée d’un siècle moins profane que l’on croit.
Alejandro JODOROWSKY, Robert de GOULAINE, Gabriel MATZNEFF,
Muriel CERF, Christian JAMBET, Cyrille JAVARY, Sayed Haider RAZA, Michel
RANDOM, Jean BIES, Nicolas BERDIAEV, Abdollah KIAIE, Poumi LESCAUT,
Jean-François BONHOMME, Fernand POUILLON, Jean JANSEM, Jean-Pascal
DEBAILLEUL, Gérard de SORVAL, Louis MONIER, Claude LOUIS-COMBET, SHAH,
Francis BARDOT, Olivier CLEMENT , Gérard LECLERC, Marcel SCHNEIDER, Marcel
MOREAU, Frédéric MUSSO, Frederik TRISTAN. |
VERGELY - LE SILENCE DE DIEU FACE AUX MALHEURS DU MONDE |
Bertrand Vergely |
Edition Presse de la Renaissance |
2006 |
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Ce livre
est une réponse à l’athéisme et, plus précisément, à l’athéologie contemporaine,
à cette volonté perverse d’établir, non pas que Dieu n’est pas, mais qu’il
n’a pas le droit d’être. Bertrand
Vergely part de la très classique accusation : des innocents souffrent. Si
Dieu existait, il ne le permettrait pas. Il n’a pas le droit de le permettre.
Donc il n’existe pas. À quoi il oppose la célèbre réplique que Dostoïevski
met dans la bouche d’Ivan Karamazov : « Si Dieu n’existe pas, tout
est permis. » Comment dénouer la contradiction entre ces deux
propositions, qui semblent pourtant justes toutes les deux ? Vergely
oppose deux conceptions de Dieu : l’une extérieure, celle des athées,
des théistes et des fanatiques ; l’autre intérieure, celle de la foi. À
partir de là, il déroule la logique de l’athéisme : comment il divinise
l’homme à son corps défendant ; comment, pour diviniser l’homme, il doit
éradiquer le mal ; comment, pour éradiquer le mal, il doit tuer les
hommes qui ne cessent de le faire. C’est ainsi que l’athéisme conduit tout
droit à l’infanticide, à la terreur, au génocide, à la tuerie. Incidemment,
le théiste radical tombe dans la même logique. S’il faut défendre Dieu, s’il
faut chasser le mal, les moyens sont les mêmes. Pour le
montrer, Vergely retrace la généalogie de l’athéisme, celui théorique qui va
de Sade à Nietzsche à Sartre et à Onfray, et celui pratique du nazisme et du
communisme, pour en dénoncer l’horreur. Cet exposé fort clair est
parfaitement convainquant. Maintenant,
quelle est la solution ? Pour la montrer, c’est sur Camus et son
« homme révolté » que Vergely s’appuie. Il le suit un temps pour
ensuite le réfuter sévèrement. Ce qui importe, c’est de se révolter face au
mal et d’être une conscience. D’où l’importance de dire ce qui est mal, de
dire ce qui est bien, de ne jamais définir le bien par rapport au mal — le
bien est par lui-même — et de voir que le mal, c’est l’absence du bien. Mais
ce n’est pas assez. Camus en reste là, dans sa posture héroïque, tragique et
finalement intellectuelle. Il ne répond pas à la souffrance concrète. Ce
qu’il faut savoir, et qu’il manque, c’est que Dieu souffre avec nous, en
nous ; Dieu est ce qui nous fait tenir dans l’être. « C’est vivre
qui est la réponse au mal et non comprendre le mal. […] La vie se trouve dans
la vie et non dans la mort et dans le crime » Vergely s’en tient à la
théologie naturelle. Il ne touche qu’à peine à la théologie chrétienne. Il se
situe sur le même plan philosophique que l’athéologie, pour lui répondre. Sa
réponse vaut pour tout homme, religieux ou non. C’est la première force de ce
livre. D’autre part, sa démonstration est subtile autant que rigoureuse. Il
est particulièrement habile à montrer les sophismes de la mise en accusation
de Dieu et à redresser les arguments dévoyés des penseurs athées. Pour ne
rien gâcher, Vergely tourne bien ses formules, et de nombreux développements
sont tout à fait brillants et pertinents. S’il faut
vraiment appeler mal ce qui est mal et bien ce qui est bien, s’y tenir coûte
que coûte, et ne jamais se résigner à ce qui ne va pas, la conséquence pour
l’homme est d’accepter d’en mourir, d’être prêt au martyre. Vergely effleure
à peine cette vérité qui s’impose pourtant si on le lit sincèrement. La
révolte face au mal, le refus d’en faire le point focal du monde, le choix
inconditionnel du bien, peuvent conduire à en devenir la victime consentante.
Ici, le Christ est le modèle par excellence.
Les limites du désespoir - Camus ou l’invention du désespoir actif - La face cachée du désespoir - misère de l’athéisme et de l’athéologie - la frénésie humanitaire - le suicide de Primo Levi - une maladie appelée nihilisme - les logiques invisibles - il était une fois l’intériorité - la personne en exil - la vérité de l’enfant, de l’homme et de l’innocence - le mimodrame divin - Dostoïevski, le prophète - le monde et la vie, et du monde à la vie - |
VERGELY – PRIER
– UNE PHILOSOPHIE
|
Bertrand Vergely
|
Edition Carnet Nord
|
2017
|
" Prier, une
philosophie ? Parlez-en à un philosophe. Il vous dira que quand on est
philosophe, on ne prie pas. On philosophe. Parlez-en à un homme ou à une
femme de prière. Ils vous diront que, quand on prie, on ne philosophe pas. On
prie. En quoi ils ont raison et tort à la fois. " Dans ce texte,
Bertrand Vergely écrit au fil de sa pensée les réflexions que lui inspirent
l'association de ces deux activités : philosopher, qui lui est quotidienne,
et prier, une autre passion personnelle. Les deux lui sont donc essentielles,
et elles ne sont pas incompatibles comme il va en faire la démonstration en
parcourant le monde des philosophes (Socrate, Novalis, Ricœur...) et celui de
la prière, de toutes sortes de prières. Comment la prière est-elle
perçue par nos contemporains ? Est-elle une activité à part pour une
catégorie de gens pieux ? La prière est-elle un recours en dernier
ressort ou peut-elle accompagner notre action ? Prière et
réflexion sont-elles des modes de penser complètement différents ? Si certains philosophes pensent que la philosophie et la
prière sont des domaines complètement différents, en est-il vraiment
ainsi ? Dans son livre : « Prier, une
philosophie », Bertrand Vergely nous aide à répondre à ces questions
en élargissant notre conception de la prière et de sa mise en œuvre.
« Et, par exemple, dès le départ, il décrit la prière de trois
façons : « La première réside dans le fait de demander. La
seconde dans celui de remercier et de louer. Et, la troisième dans le fait de
vivre en aimant, aimer consistant à vivre en désirant et donc en priant pour
ce que l’on aime vivre. Quand ces trois éléments sont ensemble, la prière ne
pose aucun problème. Heureuse, elle rend heureux Si aux yeux de certains, la prière et la philosophie sont
deux domaines séparés, Bertrand Vergely met au contraire en évidence les
interrelations. Ainsi met-il en exergue une pensée de Wittgenstein : « La prière est la pensée du sens de la vie ». « Quand
on considère les relations entre philosophie et religion, celles-ci
s’opposent. Si on envisage philosophie et religion de l’intérieur, il en va
autrement. Au sommet, tout se
rejoint ». Et, de même, Bertrand Vergely montre qu’il n’est pas
bon, de séparer l’action et la prière. Il ouvre des portes par rapport au
déficit engendré par un exercice de la pensée autosuffisant et coupé de la
réalité existentielle. « La modernité, qui poursuit un idéal de
rationalité et de laïcité, divise la réalité en deux, avec d’un côté,
l’action, et, de l’autre, la prière. Les choses sont-elles aussi
simples ? » . De fait, « il y a quelque chose que nous avons tous expérimenté, à savoir la
présence. Devenir présent à ce que nous sommes éveillant la présence en nous,
on fait advenir la présence de ce qui vit autour de nous » Mettons
nous à vivre dans le présent, on rentre dans la présence. En restant
dans la présence, on rencontre ce qui demeure stable à travers le changement
et le multiple… Présence emmenant loin au-delà de soi vers le supra-personnel, le supra-conscient
comme le dit Nicolas Berdiaeff.
« Nul ne sait ce que peut le
corps » dit Spinoza.
La présence est en relation avec une présence qui dépasse tout, la divine
présence… . D’où l’erreur de penser que la condition humaine est fermée.
Quand on prie en allant de toutes ses forces dans son être profond, ce qui semble impossible devient
possible ». Bertrand Vergely nous parle à la fois en philosophe et en
chrétien de confession et de culture orthodoxe. Ce livre nous emmène
loin : « Prier ? Prier les dieux, Prier Dieu ? ; Quand la
prière humanise ; Quand la philosophie spiritualise ; Quand la
prière divinise ». Il témoigne d’une immense culture. Certes, nous
pouvons parfois nous sentir dépassé par le langage philosophique. Mais
l’auteur recherche l’accessibilité, notamment en découpant le livre en de
courts chapitres. Il n’est pas nécessaire de le lire en continu. Et, dans
cette présentation, nous ne couvrirons pas l’ensemble de l’ouvrage ;
nous nous centrerons sur une démarche de l’auteur qui rejoint quelques
autres, celles de Jürgen Moltmann et de Richard Rohr. Dans son approche, à de
nombreuses reprises, Bertrand Vergely appelle à la conscience de la vie dans
tout ce qu’elle requiert et tout ce qu’elle entraine. C’est ainsi qu’on
débouche sur une démarche spirituelle et sur la prière. Et, pour cela, on doit aussi se démarquer d’un monde
dominé par notre intellect prédateur et sa rationalité morbide ».
« Transformer son intelligence. Laisser
passer le Vivant, l’Unique en soi. On y parvient par la métanoïa, la
sur-intelligence. Quand on vit, il n’y a pas que nous qui vivons. Il y a la Vie qui se vit en nous et qui
nous veut vivant. Il y a
quelque chose à la base de l’existence. Un principe agissant, une
force, un premier moteur, comme le dit Aristote, une lumière qui fait vivre.
Quand nous rentrons en nous-mêmes afin de savoir qui nous sommes, ce n’est
pas un moi bavard que nous découvrons, mais un moi profond porté par la Vie avec un grand V. d’où la
justesse de Saint Augustin
quand, parlant de Dieu, il a
cette formule : « la vie de
ma vie ».Répondons-nous oui à la vie ? Vivons-nous
vraiment ? Ou bien sommes-nous prisonniers de principes auxquels nous
nous assujettissons ? La morale et la religion peuvent ainsi s’imposer
comme un esclavage. Au contraire, « la morale et la religion sont en
nous et non à l’extérieur… C’est ce que le Christ rappelle. L’enfant, qui est la vie même, est le
modèle de la morale et de la religion. Ce que n’est pas le pharisien
qui ne se laisse plus porter par la vie qui est en lui… » « Chaque fois
qu’un sujet se met à être le monde au lieu d’être en face de lui, apparaît
une expérience lumineuse,
étincelante, faisant tout exister et quelque chose de plus. Une liberté
supérieure, divine » .On peut s’interroger sur les raisons de croire en
Dieu en terme de réponse à une recherche de cause. « Quand la raison cherche
à démontrer l’existence de Dieu par la raison banale, elle ne convainc
personne… Quand une cause a été démontrée rationnellement, nul besoin d’y
croire… » . La relation à Dieu est d’un autre ordre. Elle implique notre
être profond. « Il faut exister
pour comprendre quelque chose à l’existence de Dieu. Quand on est dans
la raison objective qui aborde le monde à distance, il est normal qu’il
n’existe pas » Ainsi la foi
implique et requiert une intensité de vie. « Le monde occidental ne croit plus aujourd’hui que
Dieu est la cause du monde. En revanche, quand Dieu est pensé comme sur-existence, il en va autrement. Il
se pourrait que nous ne soyons qu’au début de la vie de Dieu et que son temps
ne soit nullement passé. La preuve : quand on pense Dieu, on pense toujours celui-ci sur un mode théiste.
Jamais ou presque sur un mode trinitaire. D’où deux approches de Dieu pour le
moins radicalement différentes. Posons Dieu en termes théistes.
Celui-ci est un principe abstrait sous la forme d’une entité dans un ciel
vide. Il est comme la raison objective. Unique, mais à quel prix ! A
part lui, table rase… Posons à l’inverse Dieu en termes trinitaires. Dieu
n’est plus Dieu, mais Père, source ineffable de toute chose. Il n’est plus
seul, mais Fils, c’est à dire passage du non manifesté au manifesté… Dans le
visible et non dans l’invisible. Dans
le théisme, on a affaire à un Dieu, froid, glacial même. Avec le Dieu
trinitaire, on a affaire à une cascade de lumière, d’amour et de vie…
Importance du passage. Des Hébreux au
Christ, une continuité, un même souffle : diffuser la vie et non la
mort, et, par ce geste, glorifier le Père, la source de vie, source ineffable.
On est loin du Dieu qui ne fait qu’exister, du Dieu cause. Le Dieu qui cause
le monde ne le transforme pas. Le
Dieu qui sur-existe le transforme. Il fait vivre en appelant l’homme à la vie
afin qu’il sur-existe en devenant comme lui hyper-vivant » |
VERGELY – LA DESTRUCTION DU RḖEL
|
Bertrand Vergely
|
Edition Le Passeur
|
2018
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Que
signifie le projet du devenir-machine de l'humanité : le robot, un homme
comme un autre ? La volonté de maîtrise
totale, triomphe du mécanisme et de la rationalité totalitaire, est un vieux
fantasme de notre culture, qui s'actualise de plus en plus, avec le
post-humanisme. On veut en finir avec l'homme, le dépasser et le maîtriser
totalement. C'est le pouvoir infini de l'homme, et en même temps la
disparition de l'homme. Rêver de sauver l'homme en le rendant tout-puissant,
ce n'est pas le sauver mais le détruire. "Rêver de sauver l'homme
en le rendant tout-puissant, ce n'est pas le sauver mais le détruire",
avertit le philosophe Bertrand Vergely Cette
rationalisation du réel peut-elle faire disparaître l'homme ? Expliquer l'homme, le comprendre par un aspect
purement physique, biologique ou matériel, c'est le réduire au non-humain, à
un amas d'atomes ou de cellules. Triomphe de la rationalité et disparition de
l'homme vont de pair : élimination de l'homme sur le plan théorique - la
science remplace la conscience, qui est un obstacle - et sur le plan pratique
- l'homme, on va le fabriquer. Pourtant, tout commence de façon sympathique,
les sciences humaines servent l'homme, en révélant les mécanismes qui le
déterminent, afin de le libérer. Mais, au final, expliquer et dominer le
monde par la raison, c'est conduire à la mort de l'homme, qui n'est plus
qu'un dérivé du non-humain. Cela laisse perplexe ! Quelles
sont les conséquences sur notre société des modifications récentes concernant
le sexe, le genre, la famille ou la naissance ? Il n'y a plus besoin du couple homme-femme ou père-mère,
pour faire un enfant. On assiste à la disparition du principe généalogique :
le monde commence avec moi et n'existe pas avant moi. Je m'auto-origine.
Faire disparaître la barrière des sexes, c'est refuser l'altérité et la
différence. Avec les essais de grossesse masculine et d'autofécondation
féminine, c'est le projet à long terme d'en finir avec la reproduction
naturelle de l'être humain, par un utérus artificiel qui s'exprime. Je
dénonce la violence de ce rêve infantile d'une technoscience toute-puissance.
Mais pas de résignation ou de pessimisme inactif : si l'humanité joue avec sa
propre destruction, elle trouvera en elle des ressources spirituelles que
nous ne connaissons pas encore, pour dépasser sa folie. |
VERGELY
– ENTRETIENS AU BORD DE LA MORT |
Bertrand
Vergely |
Edition
Bartillat |
2015 |
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Entretiens : La quête de l’immortalité a-t-elle
toujours jalonné l’histoire de l’homme ?
Pourquoi ? B. V. : Parce que cela signerait, d’une part, la fin
de la morale, d’autre part, la fin du risque et du courage. Comme le rappelle
le philosophe Vladimir Jankélévitch, l’irréversibilité de la mort est l’un
des garants de la morale. Je ne vous tue pas parce que mon geste aurait une
conséquence irréversible. Le jour où l’on ne meurt plus, où l’on peut
réparer le corps à l’infini, il n’y a plus d’obstacle à la violence, c’est la
porte ouverte à la barbarie totale. En outre – c’est le second
aspect –, le propre de la vie, c’est le risque, l’incertitude. Ainsi,
l’action, la prise de décision n’ont de sens que parce que tout n’est pas
écrit. Imaginez une course sportive dans laquelle on connaîtrait le palmarès
à l’avance. Quel intérêt y aurait-il à s’engager dans l’épreuve ?
Aucun ! Si la mort est vaincue, il n’y a plus de prise de risque, donc
plus de victoire, plus d’échec, plus de surprise, c’est une forme
d’anéantissement. Autrement dit, pour créer un homme qui ne meurt pas, on
crée un homme qui ne vit plus. Comment se fait-il
que cette imposture ne semble plus visible aujourd’hui ? B. V. : Nous vivons dans une société
matérialiste, fascinée par la technologie toute puissante. Remettre en
question la promesse d’immortalité, c’est apparaître comme opposé au progrès
technique. En réalité, les projections transhumanistes prospèrent sur un
impensé philosophique et sont intellectuellement très frustes. À quoi
bon vivre indéfiniment si toute vie réelle m’échappe ? Ce qui compte
n’est pas de perpétuer le corps à l’infini, mais bien de vivre « une
éternité de vie ». Or celle-ci ne trouve pas sa source dans le temps qui
s’étire indéfiniment mais dans ce que l’on expérimente d’unique et
d’inoubliable. Le sentiment d’éternité se forge dans l’intensité de la vie Cette vision du
monde peut-elle l’emporter face à la tentation transhumaniste ? B. V. : Oui, j’en suis convaincu. La première chose, c’est de poser un regard critique sur les promesses transhumanistes, donner à voir leurs contradictions et leur absurdité. Vivre perpétuellement ? Mais qui cela concernerait-il ? Voudrait-on d’une « humanité à deux vitesses » ? Car ne nous leurrons pas, seuls les plus fortunés auront accès à la longévité. La deuxième chose, c’est de partager des expériences de vie très profondes. Pour cela, il est important que des personnes inspirées témoignent de la puissance de la vie, de la lumière qu’elle recèle, de la beauté, de la grâce. C’est notamment le rôle des poètes, des écrivains, des philosophes, des cinéastes. Partageons ce que nous vivons, ce que nous sentons. Ce sera d’autant plus aisé qu’il y aura une fatigue d’homo technicus, une lassitude vis-à-vis de cette frénésie technique désincarnée, bien pâle à côté de la vie elle-même, si imparfaite soit-elle ! |
VERGELY
- DEVIENS
QUI TU ES – QUAND LES SAGES GRECS NOUS AIDENT A VIVRE |
Bertrand
Vergely |
Ed.
Albin Michel |
2014 |
Les anciens Grecs sont toujours parmi
nous. Tout comme ils ont eu leurs dieux, leurs mythes et leurs héros, nous
avons les nôtres. Aspirant à l’idéal sans pour autant négliger la réalité,
nous sommes comme eux en quête d’équilibre. Ils le trouvaient dans une
acceptation de la vie et du monde mêlant sens du corps et de l’âme, de la
vertu et du bonheur, de la République et de la démocratie, de la raison et de
l’initiation, du désir et de l’amitié, de la sagesse et de la philosophie.
Malgré notre individualisme apparent, nous aimons nous penser comme faisant
partie d’un univers où existent malgré tout la beauté et l’harmonie. Nous
admirons les êtres humains qui se distinguent par une noblesse d’âme ou bien
encore les vies qui sonnent justes. Si nous devons aux Anciens la part idéale
qui vit en nous comme une secrète nostalgie, nous leur devons aussi la part
réaliste de nous-mêmes.
La
fameuse citation "deviens ce que tu es" est celle d'un poète
lyrique du Ve siècle avant JC qui s'appelle Pindare. Il s'adresse
à Hiéron, tyran de Syracuse, pour l'exhorter à réaliser sa véritable
personnalité. On oublie souvent la suite de cette citation qui est pourtant
très éclairante: "quand tu l'auras appris". Epicure, pour qui se
changer soi-même est le principal devoir, reprendra la première partie de
cette citation, tandis que Socrate appuiera sur la deuxième avec son fameux
"connais-toi toi-même", gravé sur le fronton du temple de
Delphes. Repris
par Saint Augustin qui exhorte les chrétiens à se rapprocher le plus possible
de ce qu'ils sont vraiment, c'est-à-dire des enfants de Dieu, "deviens
ce que tu es" a résonné d'une manière toute particulière dans la bouche
de Nietzsche qui invite l'homme à quitter sa "médiocrité" pour
devenir "surhomme". Qui ne s'interroge pas devant cet
aphorisme? Comment peut-on devenir ce que l'on est déjà? Pourquoi ce ton si
péremptoire nous obligerait-il à changer? Ce que l'on est, n'est-il pas par
définition inchangeable? N'est-ce pas précisément ce que l'on reste au-delà
de ce que l'on devient? Ne serions-nous qu'un brouillon de nous-même? Si
nous prenons cette injonction au niveau métaphysique, nous ne pouvons- nous
en servir pour changer. Si nous nous considérons au contraire comme des êtres
vivants et libres, il en est tout autrement. Car ce que nous sommes
aujourd'hui est le fruit d'un devenir complexe, où nous avons été mis en
situation d'être et de faire, tout au long duquel s'est formé -ou déformé-
une image de nous-même qui risque toujours de se figer. Influencé
dès notre enfance par ce que les autres pensent et disent de nous, le regard
que nous portons sur nous-même ne peut être à la hauteur de ce que nous sommes
vraiment en puissance. Une partie de nous-même nous est cachée car elle ne
nous a pas encore été révélée: celle de nos talents, de notre potentiel.
Devenir ce que je suis, c'est devenir tout ce que je peux être. C'est me
libérer d'une idée de moi-même, non par un volontarisme qui me ferait
chercher à devenir ce que je ne suis pas -car qui veut faire l'ange fait la
bête-, mais par l'envie de me dépasser pour aller au bout de mes
envies. Mieux
me connaître, c'est connaître mes goûts et mes envies, c'est reconnaître ce
qui me rend triste et heureux, c'est me surprendre en réalisant des choses
que je ne me sentais pas capable de faire, c'est penser à moi et garder à
coeur ce qui m'est important, c'est me réjouir de mes succès et apprendre de
mes échecs, c'est prendre le risque de faire différemment de mes habitudes,
de penser au-delà de mes croyances. Nul ne peut savoir qui il sera demain car
la personne se découvre au fur et à mesure de la vie dans ce qu'elle
entreprend, aime, découvre, ressent, crée et réalise. Devenir tout ce
que je peux être, c'est donc me considérer comme un être en devenir qui se
découvre progressivement au cours de son existence. Pareil à une plante qui
grandit en partant de l'état de graine, je suis fait pour me développer dans
la ligne de ce que je suis en profondeur et ce développement de ma personne
nécessite plusieurs conditions: un environnement dans lequel je me sens bien,
où je peux prendre racine dans une terre qui me nourrit; des encouragements
et une attention à moi-même qui m'arrosent aux bons moments et m'empêchent de
m'épuiser; une lucidité qui, pareille au soleil, me permet de rester centré
sur l'objectif que je poursuis en restant attentif aux risques et aux
opportunités; une ambiance qui m’oxygène, me permet de respirer, de souffler,
de reprendre mon souffle quand l'effort a été intense. Autre point de divergence: nous avons besoin des autres pour nous dépasser nous-mêmes. Nous devenons d'autant plus que nous nous tournons vers les autres, l'interaction actuelle avec cet autre étant ce qui nous rend heureux. Si le surhomme est un gonflement de l'égo qui se positionne "au-dessus" dans le but de posséder, l'homme qui grandit s'implique modestement "avec" les autres dans la réalisation d'un projet qui le dépasse et le finalise. Quand le "je" de la personne s'enferme dans l'"ego", il se positionne en contre et réduit le "nous" collectif en "on" impersonnel et anonyme. Quant au contraire, il se nourrit de l'extérieur, il contribue au développement du monde par son énergie et son rayonnement. |
les maÎtres spirituels |
Jacques
brosse |
Edition
ALBIN MICHEL - Bordas (1993) |
2005 |
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Un Mahatma est un être qui, par
une éducation et un entraînement spéciaux, a développé ses facultés
supérieures et a atteint cette connaissance spirituelle que l'humanité
ordinaire n'acquerra qu'après avoir passé par d'innombrables séries de
réincarnations, au cours de l'évolution cyclique, pourvu qu'elle n'aille pas à
l'encontre des buts de la Nature et ne provoque pas son annihilation. Ce
processus d'évolution du Mahatma, grâce à ses propres efforts, s'étend sur un
certain nombre d' « incarnations », bien que d'une façon relative
ce nombre soit assez restreint. Ils ont toujours constitué une
confrérie, se connaissant mutuellement quelle que soit la partie du monde où
ils se trouvent, et œuvrant tous par différents moyens pour le bien de la
race. A certaines époques, ces frères aînés sont bien connus des hommes et se
déplacent parmi eux quand l'organisation sociale, la vertu et le
développement des nations le permettent. S'ils devaient se montrer de nos
jours ouvertement et si tout le monde parlait d'eux, les uns les adoreraient
comme des dieux et les autres les pourchasseraient comme des démons. Aux
époques de leur apparition, certains d'entre eux sont des souverains,
d'autres des instructeurs, quelques-uns de grands philosophes, tandis que
d'autres demeurent inconnus sauf des membres les plus avancés du groupe. Il y a de nombreux Adeptes qui
vivent dans le monde, et tous se connaissent entre eux. Ils ont des moyens de
communication inconnus de la civilisation moderne, grâce auxquels ils
peuvent, entre eux, transmettre et recevoir des messages à n'importe quel
moment et à d'énormes distances, sans employer aucun moyen mécanique. Nous
pourrions dire qu'il existe une Société d'Adeptes, à condition de ne pas
attacher à ce mot le sens ordinaire qu'on lui donne. C'est en fait une
Société qui n'a pas de lieu de réunion, qui n'exige aucune cotisation, qui
n'a ni constitution ni statuts autres que les lois éternelles de la Nature;
elle ne possède ni police, ni espions à son service, et on n'y présente ni ne
reçoit aucune plainte, pour la bonne raison que tout délinquant se trouve
puni par l'action de la loi, laquelle échappe entièrement à son contrôle, car
il perd sa maîtrise de la loi dès l'instant où il la viole. Les Maîtres ne désirent empêcher
personne d'entrer sur le Sentier. Ils savent bien, cependant, à la suite de
tentatives répétées, et par des annales remontant à des siècles (ainsi que
par leur connaissance de nos difficultés raciales), combien peu nombreux sont
ceux qui ont une idée quelconque de la nature réelle de leur personnalité,
qui est l'adversaire qu'ils doivent tenter de vaincre dès qu'ils deviennent
des disciples en Occultisme. Aussi s'efforcent-ils, autant que karma le
permet, de tenir les individus qui ne sont pas prêts à l'écart d'entreprises
téméraires dont les résultats retomberaient sur leurs vies déséquilibrées et
les conduiraient au désespoir. Les Adeptes n'œuvrent pas pour
être loués des hommes, pour acquérir la maîtrise passagère d'un jour, mais
pour les races futures et pour le meilleur et le bien le plus élevé de
l'humanité. Ils
ne briguent aucun honneur, ne recherchent aucune publicité et n'exigent
aucune reconnaissance. Leur
principal souci vise le bien le plus haut de l'humanité collective, car ils
se sont identifiés à l'Ame Universelle qui anime l'Humanité, et celui qui
désire attirer leur attention doit le faire par l'intermédiaire de cette Ame
immanente. Au
fil de l'Histoire, la voix des grands Maîtres-Initiés s'est élevée pour
éveiller l'homme à sa dimension spirituelle et lui montrer la voie permettant
d'échapper aux malédictions d'un destin dont il est pourtant le seul maître.
En apportant la "Bonne Nouvelle" des grandes promesses que
l'humanité porte en elle, et le fil d'Ariane de la Connaissance permettant de
sortir des tourments du labyrinthe, ces Maîtres sont de véritables Sauveurs :
ils aident leurs frères à se sauver eux-mêmes, en leur prouvant qu'ils en ont
les moyens et en les entraînant sur le Sentier, par la parole et l'exemple. Les pouvoirs exercés par les
Maîtres ne sont que le développement de ceux qui existent à l'état latent en chaque
homme et en chaque femme ; pouvoirs que même la science officielle
commence à reconnaître. Au sommaire de cet ouvrage, on y trouve : Éleusis,
Orphée, Zarathoustra, Empédocle, Bouddha, Confucius, Socrate, Platon,
Épicure, les Stoïciens, la Bhâgavad-Gîtâ, les Esséniens, Philon, Jésus, les
apôtres, la gnose, Hermès, Origène, Plotin, Mani, les pères du désert, Denys
l’Aréopagite, l’hésychasme, les soufis, Cluny, Avicenne, Hildegarde de
Bingen, Sohrawardi, St Bernard, Joachim de Flore, Maimonide, St François, les
Béguines, Rumi, les Cathares, St Thomas d’Aquin, Maître Eckhart, Tauler, le
Dalaï-lama, Calvin, Luther, les Jésuites, Böhme,, Angélus Silesius, la
rose-croix, Swedenborg, Ramakrishna, Steiner, Gurdjieff, Guénon, Gandhi,
Teilhard de Chardin, Simone Weil, Jung etc… |
les mÉcanismes du moi & le
silence intÉrieur |
érik sablÉ |
Edition
DERVY |
2003 |
Le
silence intérieur est la condition pour que naisse une réalité spirituelle. Aussi
beaucoup d’enseignants préconisent une « maîtrise de la pensée ». Il s’agit
de la fixer, de la concentrer, par un effort de volonté. Mais rejeter le
mental ne conduit pas au véritable silence. Il est avant tout nécessaire de
le comprendre, de savoir ce qu’il est. Alors seulement pourra naître un
silence qui n’est pas le produit d’une tension, mais qui vient naturellement
de l’intérieur, comme une « grâce ».
|
les missions spiRituelles |
judith henry |
Edition
J. HENRY |
1984 |
Il
est un fait certain, l’évolution de tous ceux qui cherchent avec ardeur à progresser
spirituellement, est intimement liée à l’Amour qu’ils peuvent porter à
autrui. « Marchez sur le Chemin de l’Amour ! », tel est leur souhait
profond. Souhait qui fait naître en leur cœur le désir bien normal d’aider
leur prochain.
Au
sommaire de cet ouvrage : L’Oiseau-chevalier avec des dessins de
Marie-Odile Willig - Les missions spirituelles : nos deux
natures - au temps de l’âge d’or - les deux
vies - notre nature humaine et notre nature
divine - le et les matérialistes - L’Amour : Marcher sur le chemin de
l’amour - le croyant qui veut éclairer un
incroyant - L’accueil : Les sphères d’accueil
- Une arrivée sur un de ces mondes d’accueil Du souvenir : Pourquoi ne nous
souvenons nous pas ? - un danger,
l’orgueil - un autre piège : les pensées
morbides - Du caractère de certaines missions
- du danger des habitudes - la sphère
brunâtre - les initiations et le souvenir
- l’auteur et le souvenir - A travers des enseignements - les
palais de la sagesse - Qu’enseignent-ils ?
- les premières prémisses de l’âge d’or -
l’inconscient collectif - Des indices - la
voix - notre nom sacré - les cadeaux
- |
LES MYSTIQUES ALLEMANDS DU 13e au 19e Siècle. |
|
Edition
Grasset |
1935 |
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Ce phénomène vient du Sud, mais le Nord (Flandre,
Brabant, Pays-Bas, Allemagne du nord) va également être témoin d'une forme de
vie inédite, relevant de la mouvance apostolique : les béguines, dont
l'origine demeure, à ce jour, sujette à hypothèses. Ces femmes
ne sont pas des religieuses, mais elles vivent pieusement, dans de petites
communautés, travaillant de leurs mains pour gagner leur pain, et soignant
les malades. Comme il ne s'aligne pas sur les cadres reconnus par l'Église,
ce mode d'existence et la culture spécifique qui l'accompagne, vont attirer
la suspicion des autorités. Les cisterciens et les prémontrés s'étant
récusés, les béguines trouveront parmi le personnel des ordres mendiants des
directeurs spirituels avertis. Arrivés à Cologne en 1221, les Dominicains
rencontrent un énorme succès en Rhénanie : nantis de leur prestige
intellectuel, ce sont eux qui guideront la plupart des béguines de la région,
mais aussi les moniales dominicaines et même les cisterciennes[4];
étant donné qu'ils s'expriment en moyen allemand, leur prédication va
également toucher des groupes dévots ("les Amis de Dieu") et le
petit peuple. Au mouvement
béguinal du XIIIe siècle
appartiennent, d'ouest en est, des personnalités comme Hadewijch d’Anvers,
Marguerite Porete, sainte Lutgarde d'Aywières, Marie d’Oignies, Julienne de
Cornillon et Mechtilde de Magdebourg, laquelle finira ses jours dans le
fameux monastère de Helfta. Cette communauté cistercienne fondée par Gertrude
de Hackeborn, compte, à cette époque, deux illustres mystiques :
Mechtilde de Hackeborn et Gertrude de Helfta. Du côté belge, il convient de
citer une autre moniale : Béatrice de Nazareth. Le XIVe siècle
assiste à l'émergence de la mystique spéculative dans le milieu rhénan. En
1314, Maître Eckhart a une cinquantaine d'années, lorsqu'il est chargé du studium
(centre de formation universitaire) dominicain de Cologne, où il recevra
comme élèves ceux qui deviendront ses principaux disciples : Henri Suso
et Jean Tauler. Tous trois vont s'attacher à une double mission : d'une
part, jeter des passerelles entre l'expérience des béguines et moniales, et
les concepts de la théologie scolastique; d'autre part, se démarquer de
cercles voisins, considérés comme hérétiques (secte du Libre Esprit), et ce
dans le contexte délicat de la condamnation du mouvement béguinal, prononcé
par le concile de Vienne (1311-1312). Pour y parvenir, ils se basent
essentiellement, à la suite d'Albert le Grand (dominicain de Cologne), sur la
théologie du Pseudo-Denys, un philosophe néoplatonicien du Ve siècle, converti au christianisme,
ainsi que sur l'œuvre d'un autre néoplatonicien, Proclus, qui venait d'être
traduit. Cependant, contrairement à son aîné, Thierry de Freiberg, Eckhart
cherche également à réaliser une synthèse entre ce néoplatonicisme et
l'aristotélisme de son maître, Thomas d’Aquin. Par ailleurs, en contexte
brabançon, le chanoine Jan van Rusbroec opère le lien entre pôle flamand et
pôle rhénan. Cependant, sa réévaluation critique de l'œuvre d'Eckhart, après
la condamnation posthume de celle-ci en 1329, et sa réhabilitation de
l'engagement actif par rapport à la contemplation, prépare la Devotio moderna
qui, apparue en Hollande vers la fin XIVe siècle,
répandra, dans la zone d'influence de la Mystique rhénane, une certaine
méfiance à l'égard des constructions intellectuelles et des phénomènes
surnaturels. Entre 1400 et 1430 paraît la Theologia Deutsch,
un ouvrage anonyme qui reprend certains thèmes eckhartiens, en insistant surtout
sur la vie du Christ. Même si Luther appréciait cette œuvre, ainsi que
certains textes de Tauler, il n'en reste pas moins que le réformateur n'a pas
voulu fonder sa spiritualité sur l'héritage médiéval, et que la Réforme fera
fermer, au cours du XVIe siècle,
toutes les maisons religieuses d'Allemagne. Du côté catholique, Erasme se
situe dans la perspective de la Devotio moderna de ses maîtres
hollandais : c'est un moraliste, pas du tout un mystique. Parmi les
humanistes du XVe siècle, le
néoplatonicien Nicolas de Cues est le seul à prendre en compte la théologie
négative d'Eckhart. Toutefois, à la même époque, le franciscain Harphius
compile, adapte et diffuse la doctrine de Rusbroec, à la faveur de
l'invention de l'imprimerie. C'est essentiellement par son intermédiaire que
certains aspects de la Mystique rhénane vont passer, au XVIe siècle,
des Pays-Bas méridionaux en Espagne et en France. Sans vouloir rigidifier les oppositions, on distingue
habituellement dans la Mystique rhénane une tendance affective et une
tendance spéculative. Chacune se fonde sur un texte biblique emblématique,
assorti d'une herméneutique précise. La tendance affective se base sur une
exégèse spirituelle du Cantique des cantiques, tandis que la tendance
spéculative se base sur une interprétation métaphysique du Prologue de l'évangile
de Jean. L'exégèse spirituelle poursuit une tradition qui débute avec
Bernard de Clairvaux, marquée par l'enseignement patristique et la lyrique
courtoise, alors que l'interprétation métaphysique constitue une reprise
critique de la théologie négative du Pseudo-Denys, marquée par un souci de
traduire en termes néoplatoniciens l'approche chrétienne du divin. Le point
de départ est évidemment toujours le donné révélé, et sa mise en relation
avec l'expérience vécue. Cependant, la tendance affective théorise cette mise
en relation au moyen d'un héritage platonicien légué par Augustin
d’Hippone : dans cette forme d'exemplarisme, il s'agit d'être attentif à
l'empreinte trinitaire au cœur des réalités sensibles (particulièrement
l'humanité du Christ), en vue d'une élévation progressive vers le Créateur.
En revanche, la tendance spéculative insiste essentiellement sur le
détachement vis-à-vis du sensible (y compris l'humanité du Christ), considéré
comme un néant, ontologiquement parlant : dans cette forme
d'intellectualisme, seul le fond de l'âme (intellective) est déiforme, étant
donné que la transcendance du Dieu Un réside ultimement dans un pur acte de
connaissance, antérieur à l'Être. La contemplation tend à l'union avec le divin.
Trouvant son origine dans un chant d'amour biblique, la spiritualité peut
envisager cette union sur le modèle du mariage : l'Époux du texte sacré,
c'est Jésus, et l'Épouse c'est l'âme, choisie pour entrer, par la médiation du
Christ, parfaite image de Dieu, dans les secrets de la Trinité. Cette
mystique dite "sponsale" est donc christocentrique. Elle va
développer une écriture, souvent collective, qui exprime l'expérience
spirituelle pas le biais de visions et de révélations particulières, qui,
sans avoir le caractère cosmique des ouvrages d'Hildegarde von Bingen, ne
sont jamais séparées d'un contexte liturgique et sacramentel, où l'image a
valeur de symbole. Ce faisant, elle constitue un patrimoine de dévotions qui
connaîtra de multiples prolongements ultérieurs (pas toujours dans le sens
originel) : principalement le Sacré-Cœur, la Vierge médiatrice et
l'intercession pour les âmes du Purgatoire. Les œuvres les plus
représentatives de cette tendance sont celles rédigées par la moniale
Gertrude la Grande, au XIIIe siècle,
à Helfta. Toutefois, la mystique sponsale ne se limite pas aux
cisterciennes : béguines, Hadewijch développe un lyrisme courtois,
Lutgarde initie le culte du Sacré-Cœur et Mechtilde de Magdebourg s'intéresse
au Purgatoire. Elle ne concerne pas seulement les femmes, comme en témoigne
la biographie d'Hermann Joseph de Steinfeld. Elle dépasse largement le XIIIe siècle, avec L'ornement des
noces spirituelles de Jan van Ruusbroec, par exemple. L'union avec le divin trouve ici sa
justification intellectuelle, par l'intermédiaire de l'aristotélisme :
la nature a doté l'intellect humain d'une capacité de contempler le Premier
Moteur; et du néoplatonisme : dans son irrésistible remontée vers l'Un,
l'âme individuelle réfléchit, comme un miroir (speculum, d'où
spéculatif), les perfections de celui-ci. Plus radicalement encore, selon
Eckhart, l'âme contient une étincelle de l'Intellect divin, qui lui permet de
s'unir intimement à celui-ci. Cependant, cette union ne doit pas être envisagée
comme une réalisation personnelle, indépendamment des sacrements (ce qui
était la thèse du mouvement du Libre Esprit). En effet, le baptême octroie le
don de la grâce créée, et le chrétien peut alors, de surcroît, aspirer à la
grâce incréée : l'Esprit-Saint venant habiter l'âme du croyant. Cette
inhabitation trinitaire est le sommet d'un processus de déification de
l'humain, lequel processus a été rendu possible par l'incarnation du Verbe
(prologue de l'évangile de Jean), et doit prendre modèle sur le comportement
vertueux du Christ, nouvel Adam : humilité, pauvreté, noblesse et
surtout détachement, c'est-à-dire liberté profonde de l'âme. En dépit de ce
christocentrisme, des difficultés surgissent, du latin au moyen-allemand,
d'un discours universitaire à une prédication pour les laïcs, dans la
formulation des étapes spirituelles : le détachement par rapport au créé
ne doit pas aboutir à un quelconque quiétisme; la saisie de la Déité (fond
commun aux personnes trinitaires) dans un au-delà de l'Être, relève de la
théologie négative et non du panthéisme; l'union finale, dite
"transformante", s'opère sans confusion ni suppression des natures
humaine et divine. |
le soleil rouge de la rÉalité
– essai sur le chemin spirituel |
Erik
sablÉ |
Edition
Arma Artis |
2003 |
Un
très bon livre (50 pages) sur le pèlerinage, ce voyage symbolique vers le
centre. On
y évoque l’errance, la concentration, l’introspection, l’œuvre au noir,
l’œuvre au blanc et l’œuvre au rouge. Alors
notre monde-habitude craque. Nos attaches se dévoilent transitoires,
impermanentes. Tout ce à quoi je m'accrochais semble se disperser, se
dissiper, fuir. Seul demeure un état de disponibilité faisant table rase de
toutes lectures-références, de tout dogme. Me défaisant des autres qui
parlent à travers moi, je reviens à des actes et des pensées simples. Je peux
m'interroger " en vérité "...Et, surgit de la nudité, du vide de
croyance, une soif d'autre chose, une soif d'absolu, se précise et grandit.
Seule cette soif de dépassement est vraie. Car elle est l'aspiration à la vie
réelle. Elle est l'appel du feu en nous. Elle nous montre l'issue. Alors peut
commencer le pèlerinage, le voyage symbolique vers le centre. |
le solitaire |
phÈne |
Edition Les 2 Océans |
2000 |
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Hormis sa forme physique, la présence d’autrui, est
essentiellement question de qualité plutôt que matérialité. La solitude et la
présence sont dans la perception plutôt que dans les faits. Car une présence
qui dégrade mon humeur alors que ma solitude pouvait être considérée neutre,
sans grande joie, ni grave ennui, est déconseillée car elle diminue la somme
de mon bien-être. La présence d'autrui ne nous évite pas automatiquement
la solitude. Dans certains cas, l'autre aggrave ma solitude par sa négativité
qui dévore la neutralité de ma solitude où je peux mentalement me mettre en
présence de Dieu, nourrir mes idées et l'inspiration spirituelle,
intellectuelle, artistique. Au stade métaphysique, l'Homme n'est jamais seul.
Il est fréquenté par l'Hôte qu'il attire. De toute façon si la solitude d'un
humain est vide et qu'en lui, sévit le néant et ses affres, il ne peut jouir
même de la plus précieuse compagnie d'autrui qu'il risque plutôt, d'envahir
de son vide. Ainsi en est-il de la vérité de l'Homme! La
solitude est la lumière féconde des pieux, des méditants spirituels, un
espace privilégié pour l'Esprit vivant la puissance et la pureté mystique de
sa foi en son éveil intérieur. C'est aussi pour les créateurs voguant dans
l'abstraction, un socle à l'inspiration intense, puissante et prolifique.
Toutes les grandes révélations, toutes les grandes conquêtes sont intérieures
et donc solitaires par rapport à la compagnie humaine, quoique toujours
fortement guidées par l’Hôte intangible qui habite et opère, avec et en
l’Homme conscient, toute œuvre d’esprit. La vie spirituelle est donc une
plongée dans le temple intérieur où nous attend Dieu, Hôte de l’esprit. Seule
présence permanente qui vit avec l’Homme spirituel conscient de sa vérité
intérieure, toute l’intimité inaccessible au sens et à autrui. La
solitude de la conscience créatrice en philosophie ou en art, est celle de
l’extase esthétique. Quant à la philosophie, elle est en elle-même une
synthèse de la sagesse et de la littérature, mélange paroxystique d'art et
savoir qui s’expriment au-delà du solipsisme méditatif, réflexif et cognitif
du philosophe-penseur, dont les idées ne sont que l’expression de
l’entendement mystique et rationnel de son Esprit en contact interrogateur et
observateur avec les vérités métaphysiques et concrètes des étants. La
solitude à deux, de l’Homme et de la Femme, est comme une sorte de mystique
des corps en échange de fluides, un véritable partage somatique par les jets,
les hormones, la sueur, le sang dans les microtraumatismes de cette liaison
particulière, et tout ce qui fait la beauté de l’intimité érotique et
sexuelle. Et, quand, fait rarissime, le véritable amour y intervient, selon que
les amoureux-amants en aient le niveau, en soient dignes, c’est la plus belle
illustration corporelle de la fusion spirituelle de l’Esprit de l’Homme avec
l’ESPRIT Divin. En spiritualité, la solitude contemplative, adorative est
l’univers de l’extase sacrée, univers divin, en dehors de l’univers de la
matière. La solitude spirituelle de l’Esprit rencontrant Dieu dans son
intériorité par la foi et son énergie sentimentale, son éros métaphysique,
est le monde de la Présence Parfaite que ne connaît que l’Esprit, loin des
perceptions sensorielles des présences immédiates dites réelles, aux moments
forts de l’extase sacrée. |
LE SOUFFLE SOUS LE SCEAU DU SECRET – Ruah, Pneuma, Spiritus, Chi, Ki, Prâna, Ruh |
Michel Chiambretto |
Edition du Mercure Dauphinois |
2013 |
Le « souffle » mystère des mystères que l’on retrouve dans toutes les traditions d’Orient, d’Extrême-Orient et d’Occident, qu’elles soient juives, chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, taôistes, brahmaniques ou sikhs. Il est exprimé sous les vocables ruah en hébreu, pneuma en grec, spiritus en latin, ruh en arabe, chi(Qi) en chinois, Ki en japonais ou prâna en sanskrit. L’auteur a parcouru la quasi-totalité d’une voie de Réalisation Traditionnelle, il nous livre les clés de cette démarche sans faux-semblants et sans voiles, en définissant parfaitement chaque étape. Certes le travail est infiniment plus difficile qu’une prétendue recherche sans guide ou la parodie d’une forme méditative, mais cette recherche donne le cap et le but pour se dépouiller de l’habit du « vieil homme » pour accoucher et revêtir les nouveaux habits de Lumière ; car le but est d’accoucher de cet homme nouveau, le fameux « Inshan al Khamil » dont parle Ibn Arabi. La notion même de « souffle », qu’il ne faut pas confondre avec la simple respiration, est aujourd’hui pratiquement oubliée. Etrangement, les voies mystiques d’Orient et d’Occident l’ont cependant parfaitement connue, mais elle s’est peu à peu diluée jusqu’à une quasi disparition. Le souffle n’est pas une notion abstraite, comme on pourrait le supposer, mais bien une « matière » qui n’est pas sans rapport avec cette « force forte de toute force » dont parle la table d’Emeraude, matière qui peut seule produire les métamorphoses « car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide » Ce « souffle » ne se maitrise pas, il prend possession peu à peu de celui qui chemine sur la Voie, surgissant du Centre de l’être, que l’auteur appelle « le profond » pour s’épanouir et transformer l’individu, changeant radicalement ses rapports avec la Nature toute entière. Un sujet comme « le souffle » ne peut intéresser qu’un homme en quête : quête de vérité, d’authenticité, de relation autre et nouvelle, de découverte d’un absolu qui dépasse l’entendement ; il faut ne pas suivre la masse de ceux qui affirment, mais écouter les éveilleurs de spiritualité ; il faut ne pas rechercher les pouvoirs de l’argent, la paraitre, les possessions mais vouloir la simplicité dans une métanoïa voulue et bien comprise. Cet ouvrage propose une trace à suivre, en fournissant des indications sur le chemin à prendre, les étapes à franchir, le combat à mener ; il apporte des éléments qui permettront au lecteur d’affiner son discernement en étant informé des dangers, des erreurs ou des illusions qui peuvent baliser ce chemin. Des portes s’ouvrent, des illusions tombent, des déchirures s’opèrent et de la Chrysalide s’échappe le papillon… Au sommaire de cet ouvrage : Nature du « souffle » - Nature du « moi » - Influence du subjectif - Religions statiques ou religions dynamiques - les textes ésotériques - Excursion sur les chemins de traverse - L’état vers lequel on doit tendre pour œuvrer - Les outils : « être conduit au centre » - « la prière » - « le son » - « l’art du geste » - « la respiration » - Diversité et unité des outils - de cherchant à cheminant - |
les pÉladan |
J.P.
laurent |
Edition
LES DOSSIERS H |
1990 |
||
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les pÉladan
– qui suis-je ? |
Arnaud
de l’estoile |
Edition
PARDÈS |
2007 |
Issu d’un milieu catholique, traditionnaliste et rosicrucien, initié à l’occultisme par son frère, Joséphin Péladan s’intéresse autant à l’art qu’aux arcanes des sciences maudites. À
26 ans, il connaît une célébrité immédiate avec la publication de son premier
roman, Le Vice suprême. « Artiste, tu es prêtre, l’Art est le grand mystère,
Artiste, tu es roi, l’Art est le grand miracle, il prouve seul notre
immortalité. »
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LES PÉLADAN - JOSEPHIN
PḖLADAN ET LA ROSE+CROIX - |
ARNAUD
DE L’ESTOILE |
ÉDITION
ARQA |
2010 |
L’initié
et génial visionnaire que fut Josephin Péladan (1858-1918), fondateur
de l’ordre de la Rose+Croix Catholique du
Temple et du Graal et fondateur des célèbres salons de la
Rose+Croix, connut, à l’âge de 26 ans, une célébrité immédiate avec la
publication de son premier livre, « le vice suprême ».
Sa vie romanesque s’inscrivit paradoxalement entre occultisme, symbolisme,
décadentisme, catholicisme et son action hautement singulière au sein des
milieux littéraires, artistiques et initiatiques de la Belle Epoque, reste
encore aujourd’hui, au regard de la critique contemporaine, tout à fait
déterminante. Pour
certains aspects de sa personnalité complexe, demeurent encore bien mal
compris. Contre toute attente, dans une lettre datée du 7 Février 1888,
retrouvée récemment en archives privées, le Sâr Péladan se définit lui-même
comme un « kabbaliste chrétien », autant dire que l’approche
biographique et contextuelle de cette étude historique sur les courants
initiatiques rosicruciens autour du Sâr Péladan, menée avec assurance par
Arnaud de l’Estoile, écrivain reconnu et fin connaisseur de cette période
qu’il dépeint maintenant, ouvrage après ouvrage, avec la précision historique
et la qualité d’un chercheur attentif, mérite une attention toute
particulière. Présenter
Josephin Péladan en quelques lignes, fut-ce en de nombreuses pages,
relève de la gageure…, nous confie dans sa post-face à l’ouvrage, Jean Pierre
Bonnerot, Président de la société Josephin Péladan, c’est néanmoins ce que
réussit parfaitement l’auteur, à travers ce voyage extraordinaire dans une
époque où l’on retrouvera, entre autre, la fameuse « guerre des deux roses »
qui vit une opposition farouche entre Stanislas de Guaita et Josephin
Péladan, notamment. A
l’aurore de son parcours, l’œuvre de Péladan tomba dans un oubli immérité,
c’est ce que rappelle ce livre d’Arnaud de l’Estoile, qui tend patiemment,
avec une érudition sans faille et avec la présentation en fac-similé de 24 lettres
inédites de Josephin Péladan, à retisser les fils d’une Rose+Croix éternelle
et parfaitement vivante.La singularité d’un Josephin Péladan, en son temps
fut tout à fait déterminante et son talent littéraire parfaitement reconnu.
Dandy avant l’heure, son attrait pour les mondanités, les dorures des palais,
les chevaleries d’opérettes, le desservirent plus que ne le servirent, c’est
certain, mais ses amitiés sincères, son indéniable curiosité dans tous les
domaines des Arts et des Lettres, ses salons de la Rose+Croix, son œuvre
visionnaire, sa culture encyclopédique, sa sensibilité exacerbée font, au
bout du compte, de Péladan un initié majeur de l’Occultisme du XIXe siècle. Écrivain
français, Joseph-Aymé Péladan, dit Joséphin Péladan, est né à Lyon le 28 mars
1858. Issu d'un milieu de militants légitimistes et catholiques méridionaux
hauts en couleur, il s'installe à Paris en 1881 et s'attaque violemment dès
ses premiers articles à la peinture réaliste et académique. Promouvoir l'«art
idéaliste et mystique» d'un Gustave Moreau, d'un Puvis de Chavannes, lui
semble le meilleur moyen de lutter contre la «décadence»: si Dieu parle par
la beauté des chefs-d'œuvre, si l'Église n'est plus administrée que par des
prélats républicains, l'artiste sera le prêtre de l'avenir, le musée
deviendra temple… Son
premier roman, Le Vice suprême (1884), que préface Jules Barbey
d'Aurevilly, inaugure la vaste série de La Décadence latine, vingt et
un volumes où Joséphin Péladan prétend égaler La Comédie humaine
d'Honoré de Balzac dans une vaste fresque épico-romanesque des mœurs
contemporaines. On y trouve déjà les éléments autour desquels s'organisera sa
carrière: goût prononcé pour l'«autoglorification» qui le fait se magnifier
dans ses héros, obsessions érotiques, occultisme, enfin la verve lyrique et
l'humour très particulier qui caractérisent son style. Participant au
«renouveau occultiste» de la fin du XIXe siècle, il fonde en 1888
avec Stanislas de Guaita un ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Mais à
dater de 1890 son militantisme personnel s'intensifie: il prétend descendre
de mages chaldéens, prend le titre de Sar, «excommunie» dans ses «mandements»
aussi bien Émile Zola que Mme de Rothschild, allant jusqu'à sermonner le
cardinal Rampolla, premier secrétaire du Vatican… Ces
excentricités amusent Paris mais ne sont pas du goût de Guaita: exclu de la
Rose-Croix kabbalistique, Joséphin Péladan fonde alors la Rose-Croix
catholique, fondée pour lutter par l'art contre le matérialisme. Il poursuit
sa bruyante campagne, organisant de 1892 à 1897 des expositions d'art
wagnéro-symboliste et prêchant dans ses traités de L'Amphithéâtre des
sciences mortes (six volumes) une philosophie originale. Dans Comment
on devient fée, érotique (1893), qui fait suite aux enseignements altiers
de Comment on devient mage, éthique (1892), il assigne à la femme le
rôle « providentiel» de prostituée sacrée au service des «œuvres de
lumière»…Incompris, déjà déçu, il épouse en 1895 une aristocrate, se range ;
mais divorce en 1900, se remarie l'année suivante plus modestement, devient
un critique d'art nostalgique du préraphaélisme et fermé à toute innovation:
il s'en prend dans ses chroniques au Salon d'automne, à Henri Matisse, à
Pablo Picasso, à Georges Rouault comme jadis à Gustave Courbet. Sa haine pour
la civilisation contemporaine englobe aussi bien les cafés, les grands
magasins, l'armée, l'université, le clergé, … Les remèdes qu'il propose sont
la religion romaine et l'aristocratie de l'intelligence. L'occultisme occupe une place privilégiée dans son esprit. La magie pratique fournit à ses livres des embellissements (scènes de magnétisme, de sortie de corps astral, etc…) et l'ésotérisme inspire la plupart de ses concepts (théorie de l'androgyne, constitution ternaire de l'homme, genèse de l'aristocratie humaine, de la femme et de l'amour, etc…). D'une manière générale, le sens de son oeuvre apparaît comme le fruit de sa vision mystico-occultiste du monde, agrémenté de certains traits de sensibilité «fin-de-siècle» et de scènes érotiques traversées par l'obsession du vice. En 1904, sa belle tragédie, Sémiramis, est représentée avec succès aux arènes de Nîmes. Ses contemporains l'oublient pourtant. Au long des derniers romans de La Décadence latine, ses héros ne cessent d'exprimer sa propre amertume: Un regain d'exaltation le précipite à partir d'août 1914 dans une littérature «antiboche» et lui dicte un «catéchisme» du «surhomme chrétien» ainsi qu'une Grande prière médiévale aux anges, aux trônes et aux dominations pour la victoire de la France…Joséphin Péladan meurt à Neuilly-sur-Seine le 27 juin 1918, victime d'une intoxication alimentaire, à l'âge de soixante ans. |
les pensÉes |
Marc
aurÈle antonin |
Edition
J. de Bonnot |
1983 |
Cet
empereur stoïcien nous a laissé de belles maximes et des pensées à méditer. Les
Pensées,
de Marc Aurèle sont des réflexions écrites en grec au jour le jour, par un
prince qui, toute sa vie, même au milieu des préoccupations du pouvoir,
trouva de la douceur à cultiver la philosophie. Le recueil qu'il intitula :
Pour lui-même comprend 12 livres : le 1er est une énumération
touchante, dictée par la reconnaissance, des leçons que Marc-Aurèle devait
aux différents membres de sa famille ou à ses maîtres, et des biens que lui
avaient accordés les dieux; les onze autres ressemblent à un journal où cet
empereur, dans ses moments de loisir, se plut à déposer, sans beaucoup
d'ordre, les pensées que lui suggéraient les événements de son règne et ses
méditations assidues. On est saisi de surprise et comme de vénération,
lorsqu'on parcourt ces entretiens d'une âme d'élite avec elle-même, et l'on
ne sait qui le plus admirer, de l'homme, du philosophe, ou du prince. L'homme se
tient en garde contre la haine, la colère, l'impatience même, et se rappelle
à la mansuétude envers tous ses semblables, qu'il nomme des amis naturels. Le
philosophe parle en stoïcien et, d'une certaine façon en chrétien : stoïcien
il se promet de ressembler au promontoire contre lequel se brisent les vagues
impuissantes, ou, quand les objets extérieurs l'ont un instant troublé malgré
qu'il en eût, de revenir promptement à lui-même et de rétablir l'harmonie
dans son âne; en présence des ténèbres, du néant, du flux éternel de la
matière et du temps, il se soutient par sa propre vertu, et attend sans
impatience le terme marqué à sa vie, car il sait que rien n'arrive qui ne
soit dans les convenances de la nature universelle; Il se défend du
découragement et de la plainte dans les épreuves; il les accueille avec
complaisance, parce qu'elles servent au bien général, et que ce qui sert à
l'essaim sert aussi à l'abeille. Marc Aurèle
ne se contente pas d'être stoïcien, il veut aussi que l'accomplissement du
bien soit désintéressé; pour lui, tout ce qui tient du corps est un fleuve
qui s'écoule tout ce qui tient de l'âme n'est une songe et fumée, la vie est
un combat et un exil, et la gloire posthume un oubli; la justice, les actions
utiles au genre humain, voilà ce qui a du prix; l'injustice, le mensonge, la
recherche des voluptés, la crainte des épreuves, autant d'impiétés. Empereur,
il se recommande la modération et la clémence, la persévérance dans les
desseins mûrement étudiés, le mépris de la fausse gloire et l'amour du
travail, la simplicité de cœur avec ses amis, la haine de la flatterie et des
délations, l'équité, le respect du mérite, la modestie et la docilité de
quelque part que viennent les bons avis, la pratique des mœurs anciennes sans
ostentation ni apparat, l'épargne des deniers publics, le dévouement
infatigable à la prospérité de tout l'État. |
l’esprit de l’athÉisme |
André comte - sponville |
Edition
ALBIN MICHEL |
2007 |
Peut-on
se passer de religion ? Dieu existe-t-il ? Les athées sont-ils condamnés à
vivre sans spiritualité ?
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les rÉvÉlations du feu
& de l’eau |
O.
Mickael aivanhov |
Edition PROSUETA |
2003 |
«
Idées, impressions, sensations, images, tout s’enregistre et laisse des
traces en nous. Chaque jour, notre vie psychique est modelée par les forces que
nous laissons nous habiter, les influences dont nous acceptons
l’imprégnation. C’est
pourquoi il est essentiel de trouver des images vers lesquelles nous pouvons
revenir souvent, des images qui nous accompagneront jour et nuit afin que
notre pensée soit liée à tout ce qui est le plus élevé, le plus pur, le plus
sacré. Et
quoi de plus beau, de plus poétique, de plus rempli de sens que l’eau et le
feu, et les différentes formes sous lesquelles ils nous apparaissent ? Toute
notre vie peut être remplie de ces images. Même si désormais nous n’avions
plus rien d’autre que la présence du feu et de l’eau pour alimenter notre vie
spirituelle, ce serait suffisant… En
nous concentrant chaque jour sur ces images, nous serons vivifiés, purifiés,
illuminés. |
les visions de swedenborg |
Jean prieur |
Edition
SORLOT |
1984 |
L’œuvre
de Swedenborg, écrivain suédois de langue latine, est immense : elle égale en
abondance celle de Voltaire, son contemporain. Ce que le visionnaire dit de
l’autre monde se trouve noyé dans un flot de considérations
philosophico-théologiques et disséminé dans une trentaine d’ouvrages compacts
de lecture difficile.
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les voies de la lumiÈre |
trinh xuan thuan |
Edition
FAYARD |
2007 |
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Il
a désiré explorer non seulement les dimensions scientifiques et
technologiques de la lumière, mais aussi ses dimensions esthétiques,
artistiques et spirituelles. Son souhait a été d'étudier non seulement la physique
de la lumière, mais aussi sa métaphysique. Son dessein a été de savoir
comment la lumière nous permet d'être humain. Dans cet ouvrage, l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan
s'est emparé de la lumière comme scalpel, et cet instrument apparaît particulièrement
bien choisi. Pointu, il permet au néophyte d'accéder sans douleur aux
dernières avancées de la science, de l'astronomie à la biologie en passant
par la physique quantique. Effilé, il s'enfonce très profondément dans la
diversité de notre Univers et dans la richesse qu'en tire le cerveau humain,
pour révéler les couches de la technique, de l'art et de la spiritualité. Trinh Xuan Thuan manie l'outil avec une dextérité
qu'il a affûtée lors de ses précédentes dissections célèbres, suivies par des
milliers de lecteurs. De La mélodie secrète à Origines, la
nostalgie des commencements, l'auteur a fouillé, chaque fois plus précisément,
les liens qui unissent l'inanimé des phénomènes cosmiques à la vie qui est
apparue dans notre petit coin de système solaire. Dans Les Voies de la
lumière, les habitués reconnaîtront quelques morceaux de bravoure des
ouvrages précédents, comme la description de la mort inéluctable de notre
Soleil ou le récit des premiers instants du cosmos. Ils
renoueront aussi avec le plaisir des phrases qui donnent le vertige. "L'Univers
observable par l'homme a un rayon qui est deux millions de milliards de milliards
de fois inférieur au rayon de l'Univers entier. Si ce dernier était ramené à
la taille de la Terre, sa partie observable serait d'une dimension deux
millions de fois inférieure à celle d'un proton." Astrophysicien
américain, de culture française, Trinh Xuan Thuan sait, en bon vulgarisateur,
que les nombres précis ne disent rien au grand public, qui préférera toujours
la magie enfantine du "milliard de milliards" et la force
d'évocation d'une comparaison. Il n'oublie pas que, pour s'adresser au non-initié,
les formules mathématiques doivent s'effacer devant celles du langage. Ce
bonheur d'expression permet de répondre avec pédagogie à des questions
faussement simples : Pourquoi le ciel est-il bleu ? Comment apparaît un
arc-en-ciel ? Comment fonctionne un laser ? Dans ce genre d'ouvrage, il y a aussi des passages
imposés, comme le long début consacré à l'histoire des sciences. L'auteur
rend passionnants ces chapitres, où la lumière s'avère un guide
particulièrement pertinent. Elle jette un nouveau jour sur des génies
reconnus, comme Isaac Newton ou James Clerck Maxwell. Elle sort de l'ombre
des figures moins familières au grand public, comme l'Arabe Alhazen, le
Hollandais Christiaan Huygens ou le Britannique Thomas Young. D'un personnage
à l'autre, d'une avancée à la suivante, dans toutes sortes de disciplines,
l'histoire de la lumière est aussi une autre facette de ce grand mouvement de
la connaissance qui a bousculé l'homme du centre de l'Univers. Après avoir
longtemps cru que c'était l'œil qui éclairait le monde, en y projetant son
feu, les savants ont démontré que cet organe si perfectionné n'était pas un
émetteur, mais un récepteur. Et que le voyage devait être poursuivi jusque
dans le cerveau qui décrypte les signaux lumineux. Dans ce parcours, on croisera nombre d'astronomes
éminents, comme Johannes Kepler. Le volumineux ouvrage de Trinh Xuan Thuan
est aussi un hommage aux bienfaits que leur dispense la lumière, en leur
permettant d'accéder à l'histoire de l'Univers, de comprendre le mouvement
des galaxies, de décrypter la composition des astres. "La lumière est
ma compagne", écrit l'astrophysicien, qui ne cache pas son approche
bouddhiste de la nature. De cette fréquentation quotidienne des rayons
lumineux, il tire ainsi la sagesse d'un assentiment au monde, qui n'étouffe
pas un sentiment de colère contre ce que l'homme est en train de faire du
sien. |
les voies de la mystique ou l’accÉs au non-accÉs |
Lilian Silburn |
Edition LES DEUX OCÉANS |
1993. |
Ce
qui est nommé « Dieu » dans ces textes peut aussi bien tromper le croyant que
celui qui se veut « athée ». Au seuil de ce royaume toute croyance – positive
ou négative – est comme le pont aux ânes qu’il faut d’abord franchir et qui
pourrait s’appeler justement l’« idolâtrie ».
Car
si l’Expérience, à son aube, n’est pas reconnue comme telle, elle risque
d’être rejetée dans les ténèbres extérieures d’interprétations
réductionnistes, comme la pousse d’un arbre merveilleux qui s’étiole et
étouffe sous les taillis stériles du parc où le jardinier n’a pas su la
reconnaître. Lilian
Silburn (1908-1993), élève de Sylvain Lévi, Louis Renou, Paul Masson-Oursel,
etc., fit sa carrière au CNRS et fut à plusieurs reprises, chargée de mission
en Inde et au Cachemire. Sa thèse de doctorat ès lettres, soutenue en 1948 et
intitulée : Instant et Cause. Le discontinu dans la pensée philosophique de
l'Inde, mène une enquête singulière et affinée sur un fonds d'une vaste
ampleur : Veda, Brâhmana, Upanishads, bouddhisme…Grâce à cette exploration
elle avait déjà découvert une branche peu connue de l'hindouisme, le
shivaïsme non-dualiste du Cachemire, qui enseigne une métaphysique subtile,
reposant sur une expérience spirituelle de toute intensité, et elle allait
désormais en traduire et en commenter les œuvres majeures : dix ouvrages,
comportant pour la plupart tout un ensemble de textes, parurent ainsi peu à
peu dans les Publications de l'Institut de Civilisation Indienne. Il faut
leur ajouter un livre sur La Kundalini ou l'Énergie des profondeurs, paru aux
éditions Les Deux Océans en 1983 (réimp. 1996), qui devait être traduit en
anglais. Ne signalant ici que l'essentiel, notons la direction d'ouvrages
collectifs, l'un sur le bouddhisme – Réed. : Aux Sources du Bouddhisme,
Fayard, 1997 –, les autres étant les volumes de la série Hermès. Recherches
sur l'expérience spirituelle, dont L. Silburn accepta d'assumer la direction
à la mort de Jacques Masui en 1975.
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le territoire du vide l’occident
& le dÉsir du rivage |
Alain Corbin |
Edition Aubier |
1988 |
À
l’aube du XVIIIème siècle, les colères imprévisibles de l’océan terrible,
trace chaotique des catastrophes enfouies dans le passé des hommes, accentuent
la répulsion inspirée par les grèves désertes et lugubres.
Dans
le saisissement de l’immersion, qui mêle le plaisir et la douleur de la
suffocation, s’élabore une façon neuve d’écouter et d’éprouver son corps… |
L’ḖTONNEMENT
PHILOSOPHIQUE – UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE - |
Jeanne Hersch |
Edition Gallimard |
1993 |
||
Ce livre s'oppose à d'autres qui
attendent toujours sur ma table de chevet. Ici, on traite des philosophes et de
leur pensée et on en lâche un pour passer au suivant qu'au moment où ses
idées ont été épuisées. Une démarche bien différente de l'"Anti-manuel
de Philosophie" de Michel Onfray qui propose plutôt un zapping des
philosophes sur base de sujets de société. |
l’Être-temps |
A.
COMTE – SPONVILLE |
Edition
PUF |
1999 |
Qu’est-ce
que le temps ? La succession du passé, du présent et de l’avenir. Mais le
passé n’est pas, puisqu’il n’est plus. Ni l’avenir, puisqu’il n’est pas
encore. Il ne reste donc que le présent, qui est l’unique temps réel.
|
le xxième siÈcle a
commencÉ |
Divers
Auteurs |
Edition
ALBIN MICHEL |
1995 |
Nous
avons voulu réunir nos amis écrivains. Ils ne sont certes pas tous là, mais
nous avons toutefois reçu une quarantaine de réponses inspirées par le thème
proposé qui n’était somme toute pas simple : il s’agissait de méditer sur la
fin d’un temps et d’un millénaire, sur la métamorphose explosive de
l’humanité, sur son devenir et aussi, bien sûr, sur la fameuse assertion de
MALRAUX au sujet du XXIème siècle qui devrait être spirituel ou n’être pas.
Évitant les généralités, chacun a donné le meilleur de sa vision et de sa
réflexion. Vous en jugerez : le résultat nous semble être une contribution
utile pour penser et vivre cette fin de siècle. Propos de : Marc
de SMEDT, Michel FOURNIER, Jacques LACARRIÈRE, Jean-Paul CLÉBERT, Pierre
CRÉPON, Gilles FARCET, Robert KEMPENICH, Olympia ALBERTI, Alain MAMOU-MANI,
Christian BOIRON, Jacques SALOMÉ, Maud SAJOURNANT, Jacques CASTERMANE,
Marie-Madeleine DAVY, Edgar MORIN, Bernard LEBLANC-HALMOS, Bernard MONTAUD,
Jacqueline KELEN, Kenneth WHITE, Daniel GIRAUD, Patrice Van EERSEL, Jean-Paul
GUETNY, Annick de SOUZENELLE, Maurice GLOTON, Jacques VIGNE, Paule SALOMON,
Yvan AMAR, Ariane BUISSET, Jean-Marie PELT, Alessandro JODOROWSKI, Michel
RANDOM, Michel CAZENAVE, Oliver GERMAIN-THOMAS, Rémy CHAUVIN, Zéno BIANU,
Jean-Yves LE-LOUP, Serge SAUTREAU, Patrick CARRÉ, André VELTER, Louis
PAUWELS. |
L’ÉTERNEL RIRE DES DIEUX – Une histoire de fou |
Ange Duino |
Edition Signatura |
2010 |
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Pour
rencontrer la vraie vie, il est nécessaire de mourir pour renaître, de
s’affranchir des illusions terrestres afin d’entrer en contact avec notre
dimension cosmique et éternelle. Le dialogue de Jésus avec Nicomède dans
l’Evangile de saint Jean est édifiant. Voilà les raisons pour lesquelles le
rite de mort et de Renaissance est si répandu sur terre depuis la nuit des
temps, et qu’il continue de représenter le cœur de la Tradition. Mais ce que
l’on connaît moins dans ce rite universel, c’est la place du rire et de la
joie qui apparaît comme étant, dès l’origine, intimement lié à la naissance
du monde. L’auteur nous propose donc un grand voyage dans le temps, les
mythes et les référents mythiques pour nous offrir un moments de bonheur en
circulant parmi ces époques et personnages, tout en riant et en s’amusant, et
cela fait du bien d’allier la bonne humeur à l’érudition. Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous parle de : Le rire et l’origine du monde – Zarathoustra – Amaterasu – Le
papyrus de Leyde – Baubô et le sein maternel – Le rire des dieux homériques –
Héphaïstos et ses difformités – Le rire d’Héraklès – L’oracle Trophonios et
le rire de Luperques – Les Saturnales –Epiphanie et galette des rois –
Origine des personnages qui provoquent le rire – Momos le fou de l’Olympe
–Ulysse et Thersite – Début de la comédie en France – des Atellanes aux fous
du Roi – Les Parasites – Les bouffons – Les Léchies chatouilleurs – Les fous,
d’où viennent t-ils ? Bouffon, Fou du Roi et rire initiatique – Les
confréries des fous – La fête des fous, ses couleurs, rouge et verte – les
grelots et le sacré, sceptre ou marotte ? – Les rois temporaires et de
substitutions – Le carnaval avec ses folies – Liens entre le carnaval et les
Saturnales – Le rire d’Abraham et de Sarah – Le rire d’Isaac – Le rire pascal
– Saint Augustin condamne la fête des fous – Sainte Nitouche, saint Pansard
et d’autres saints pour rire – Le rire de Merlin – Saint Hilaire, l’hilare –
La satanisation du rire – Les breuvages magiques – Le rire sardonique – La
mort de Socrate – Moïse et l’écorce d’acacia – Les Haloà – Le rire de Déméter
– La danse sacrée et païenne – les trois pas – Les fées et la danse – La
réclusion – Le feu – Les déguisements et la nudité rituelle – Le dieu Bès,
initiateur et bouffon – Pourquoi le roi Dagobert mettait sa culotte à
l’envers ? – Chasses sauvages dans la forêt de la
Sainte-Baume –Ronsard et La Mesnie Hellequin – Le rire libérateur
d’énergie et harmonisateur de tensions – Le rire comme prise de distance –
Mourir de rire – Rire ou sourire aux anges – Rire comme un bossu et fou-rire
–Le rire libérateur –Rire jaune ou noir – Le fou dans le Tarot de Marseille
–La pétanque provençale – La Vieille dans les rites agraires –Ricanements
mortifères – Le rire rituel et l’origine des Fous par Pierre Gordon – Un livre de bonheur à avoir dans sa biblio. |
l’Étincelle du divin |
Bernard feillet |
Edition
DESCLÉE DE BROUWER |
2005 |
Si
nous voulons comprendre l’évolution du monde contemporain sur la question de
Dieu, il nous faut chercher en nous-mêmes les éléments de réponse en nous
posant aussi la question de manière singulière. Laisser surgir nos
interrogations en les confrontant non pas à ce que nous avons appris, mais à
notre expérience. Et même plus radicalement ne pas vouloir répondre à la
question « Qui es Dieu ? », mais nous mettre en cause dans la formulation de
la question « Qui suis-je devant Dieu ? »
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l’exÉcuteur sacrÉ |
Hyam
MACCOBY |
Edition
Du Cerf |
1999 |
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Elle nous permet aussi de mieux comprendre le phénomène du bouc émissaire, dont l'antisémitisme à travers lequel le monde moderne perpétue des types de sentiments nés de rituels antiques. On y trouve également
Jésus, Romulus, Seth et bien d’autres. Le phénomène du bouc émissaire
y est développé. Un très bon livre sur
un sujet difficile et occulté par l’histoire officielle et manipulé par les
autorités successives. |
l’homme- dieu |
Luc
ferry |
Edition Grasset |
1996 |
Ce philosophe nous parle des problèmes
actuels, la laïcisation de la société et l’émergence d’une nouvelle
philosophie de l’homme. Le religieux perd du terrain et l’homme perd ses
repères. Pour lui il y a deux solutions pour reprendre du terrain. L’humanisation
du Divin et la divinisation de l’humain. Très bon livre. |
L’HOMME ENTRE CIEL ET TERRE |
Josette M. Abel |
Edition Persée |
2016 |
L’auteur reprend la célèbre triade Homme–Terre–Ciel sur laquelle
travaillait déjà Confucius, en montrant comment l’être humain peut
transcender la conscience collective fondée sur le matérialisme sans cesser
pour autant d’assumer son rôle existentiel. Partant d’une conscience
vibratoire de l’univers et des mécanismes humains, des lois d’évolution et de
cause à effet, le lecteur retrouvera, avec sa dimension cosmique, le désir
profond de conquérir sa verticalité sur les pas de quelques grands sages
d’Orient et d’Occident, dans le respect de toutes les voies conduisant au
Divin. À l’image de l’arbre également tendu entre Terre et Ciel, qui porte
des fruits ou des fleurs, des feuilles ou seulement une ombre, l’Homme qui
lui est souvent comparé à une nature profonde, une maturité, un niveau de
conscience et des qualités énergétiques, lui permettant de préserver, voire
de favoriser son épanouissement naturel. Relativement peu explorée sur le plan scientifique, cette
représentation du monde tient pourtant une place importante dans toutes les
traditions philosophiques et spirituelles. Et la question se pose plus que
jamais de savoir pourquoi, dans un univers fondé sur la bipolarité, il
n’existerait pas une science initiatique et spirituelle comme il existe une
science rationnelle et didactique… Une science permettant à l’Homme du XXIe
siècle en mal de renouveau de participer à l’élaboration du futur plutôt que
de la subir. Sur la Voie depuis près de 60 ans, Josette M. Abel s’est
efforcée de transmettre cet éclairage à travers d’autres ouvrages, des
articles, séminaires et entretiens individuels. Elle est aujourd’hui
convaincue que, philosophiques ou religieuses, les différentes approches
conduisent toutes à ce que certains auteurs ont joliment qualifié de « Ciel
du ciel ». TERRE HOMME
CIEL : La notion de Qi est à l’origine de la Médecine
Traditionnelle Chinoise. Toute forme d’énergie capable de manifester de la
puissance ou de la force est appelée « Qi ». Cela peut être l’électricité, le
magnétisme, la chaleur ou bien encore la lumière. Le Qi ne se limite donc pas
à l’énergie qui circule dans le corps humain, mais peut être aussi utilisé
pour désigner toute forme d’énergie, d’action ou d’état énergétique. Le terme
Qi évoque donc un phénomène certes invisible, mais reposant sur une réalité
matérielle qui n’a rien d’ésotérique aux yeux des Chinois. Le Qi est
l’énergie, le souffle, la force naturelle qui emplit l’univers et relie les
êtres entre eux. Depuis l’origine du Qi Gong, ses pratiquants se sont
intéressés aux relations qui existent entre ces 3 forces et plus
particulièrement des liens étroits qu’elles entretiennent avec sa santé et sa
longévité. L’homme d’après la tradition
Chinoise est placé entre Ciel et Terre. Debout les bras dressés, il se trouve
entre les 2 pôles d’un aimant. Ces courants traversant le corps de bas en
haut et de haut en bas, devant et derrière ne sont rien d’autres que les
méridiens d’acupuncture. Cette conception magnétique est fondamentale et de
très grande importance pour la Médecine Chinoise et donc pour le Qi Gong.
L’homme est en permanence traversé par des courants telluriques émanant de la
Terre, de nature Yin. Il est constamment traversé par des courants cosmiques
émanant du Ciel, de nature Yang. L’homme dispose donc d’une énergie
inépuisable autour de lui qui vient renforcer sa propre énergie interne. L’énergie de la Terre,
est influencée et contrôlée par le Qi du Ciel. Ainsi par exemple trop de
pluie fait déborder les rivières ou modifie leur cours. A l’inverse si elle
vient à manquer, cela entraine alors la mort des végétaux. Là encore ces
énergies doivent être équilibrées, sans quoi les éléments comme les
tremblements de terre ou les éruptions volcaniques dont elle dispose, sont
mis en œuvre pour rétablir l’équilibre de ses forces. Capter l’énergie de la Terre …
quelle étrange idée… Et pourtant nous reconnaissons bien volontiers les
bienfaits de marcher pieds nus. Cela nous permet inconsciemment de décharger
l’électricité statique et de se nourrir de l’énergie de la Terre. Le point
d’acupuncture qui capte cette énergie se situe sous la plante de pied, et se
nomme le point « Yong Quan ». Un autre point d’acupuncture permet également
de capter cette énergie, il se nomme le point « Hui Yin » et se situe au
périnée. Les 2 points Yong Quan et le point Hui Yin vont donc permettre à
l’homme de se nourrir de l’énergie de la Terre. L’énergie du Ciel,
correspond à l’énergie céleste, elle est la plus importante des trois car
elle représente les forces que les corps célestes exercent sur la Terre comme
les rayonnements du soleil, la lumière de la lune et son champ de gravité
ainsi que l’énergie qui émane des étoiles, aussi lointaines soient-elles.
Lorsque l’énergie du Ciel se trouve perturbée au point de perdre son
harmonie, elle dispose de différents éléments tels que la pluie, le vent,
voire même tornades et tempêtes pour rétablir un équilibre harmonieux de ses
énergies. L’énergie du Ciel est captée par un point se situant au sommet de
notre tête. C’est le point « Bai Hui » qui veut dire « les 100 réunions » car
l’ensemble des méridiens Yang se croisent à cet endroit tout comme tous les
méridiens Yin se croisent au point Hui Yin. L’énergie de l’homme : L’énergie de l’homme circule à l’intérieur du corps par
des méridiens. Le long de ces méridiens se trouvent des points importants
« Portes » qui, une fois ouvertes, peuvent capter des flux
importants d’énergie, ce sont les points d’acupuncture. L’énergie circulant
dans ses méridiens se recoupent tous dans un centre énergétique appelé « Dan
Tien ». Le Dan Tien est un symbole très puissant en Qi Gong il est le
carrefour du Qi et se situe dans le ventre à environ 3 cm sous le nombril.
L’être humain fait corps avec l’Univers : c’est un Microcosme au sein du
Macrocosme : il est une parcelle de l’Univers et porte en lui les mêmes caractéristiques.
L’être humain doit donc se conformer aux lois de l’Univers. L’Univers est en
évolution permanente, et cette évolution se fait par cycles. Dans la Nature,
seul le changement est permanent : tout n’est que recommencement sans fin… D’après la philosophie chinoise la
vie a vu son origine dans le vide absolu : Le Wu Ji. Ce vide est la base de
toute chose car tout y est possible. Dans ce vide absolu, coexiste un
principe inhérent à ce vide : le Taï Ji, symbole du Yin et du Yang, le
symbole phare de la civilisation chinoise. Toute vie provient de
l’interaction entre ces 2 forces complémentaires mais opposées qu’est le Yin
et le Yang. On dit qu’ils s’opposent mais cette opposition est relative
puisque rien n’est totalement Yin ou totalement Yang. Toute chose n’est Yin
ou Yang que par rapport à autre chose. Ying et Yang sont interdépendants :
l’un ne peut exister sans l’autre Ils s’équilibrent mutuellement, se
transforment. On ne peut par exemple définir la nuit sans faire référence au
jour : le jour se transforme en nuit, et la nuit en jour, dans un processus
constant de métamorphose. Le symbole du Yin et du Yang illustre bien
l’interdépendance et l’interaction entre ces deux opposés complémentaires. |
l’homme face au fantastique |
r. emmanuel |
Edition
DERVY |
1990 |
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L’HOMME – INITIATIQUE |
Roger Begey |
Edition du Rocher |
1992 |
L’initiation est la clef de la vie. Comme elle, elle est intemporelle par son essence même. Elle est aussi une chose beaucoup trop sérieuse pour être pris à la légère. Si dans une vision globale, le chemin initiatique est, essentiellement toujours le même, la modalité de son parcours doit être évolutif en fonction du pays, de la tradition et du modernisme actuel, l’adaptation doit en faire partie. Le temps du caché, du secret pour le secret est révolu, à tous ceux qui ont soif de spiritualité vraie, il est temps de les aider en leur proposant un chemin fait d’humilité, de recherche, donner une méthodologie pour pouvoir accéder à sa propre réalisation. Au sommaire de cet ouvrage : L’appel - l’éveil - la rencontre du monde réel - la vie - retour aux sources - le Un et le multiple - L’union des polarités masculine et féminine - L’initiation - son intemporalité - le voyage sans fin - des obstacles et des épreuves - L’individualité et l’unité créatrice - la vanité - le pouvoir - la paresse - la sécheresse du cœur - la lâcheté - la volonté de perfection - Elitisme et prédestination - une voie pour tous les hommes et femmes qui ont le désir initiatique - les expériences historiques et le changement des formes - Vouloir en conscience - L’ère du Verseau - Ne pas détruire mais créer - Rassembler les énergies - vers une nouvelle forme initiatique - la conscience de la conscience de l’Univers - L’amour de la vie et aimer la vie - l’amour des autres - le respect de soi - la parcelle divine - le feu intérieur - l’équilibre et le centre énergétique - L’homme initiatique - |
l’homme qui devint dieu |
Gérald messadie |
Edition
R. LAFFONT |
1988 |
Un
écrivain, catholique et croyant, relit les Évangiles canoniques. Il s’étonne
de lacunes, de contradictions, d’invraisemblances. Il cherche plus
d’informations dans ces Évangiles dits apocryphes, qui furent les égaux des
canoniques jusqu’au Vème siècle. Puis dans l’Évangile retrouvé de Thomas.
Puis encore dans les Manuscrits de la mer Morte, les travaux récents
d’archéologie… Au fil des ans, il reconstitue une histoire de Jésus qui n’a
été écrite nulle part, et c’est alors qu’il décide de l’écrire lui-même.
|
l’homme tridimensionnel corps
– Âme - esprit |
Divers Auteurs |
Edition
Albin Michel |
1996 |
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Matthieu 26 v 41 dit :
« l’esprit est bien disposé mais la chair est faible ». Pour montrer
l’importance de l’Esprit, la Bible déclare dans Ecclésiaste 10 v 9 que
« l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné », et selon Jean 19 v 30
« Jésus rendit l’esprit ». C’est donc l’esprit qui retourne à Dieu. De
même, Job. 32 v 8 dit : « En réalité c’est l’esprit, le souffle du
tout puissant qui donne l’intelligence à l’homme ». La seule chose que
l’homme a d’important c’est l’esprit, c’est pourquoi la Bible déclare dans
Gen.1 v 2 : « au commencement l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des
eaux ». Et selon Romains 8 v 16, « l’Esprit lui-même rend témoignage à
notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Ce dont l’Eglise de Dieu a besoin c’est
d’un enseignement par révélation, en touchant les trois niveaux de l’homme
pour qu’il soit complet. L’apôtre Paul a prêché aux Corinthiens des choses
spirituelles, et il leur a dit « ajoutez à ce que je vous dis, la
connaissance », et étant allé à Rome, il leur a aussi dit : « vous
avez la connaissance mais à cela il faut ajouter l’Esprit ». Il n’est donc
pas convenable d’enseigner la lettre sans l’Esprit, au risque de voir
l’Eglise tomber dans la tiédeur. Les hommes vivent dans la loi parce qu’ils
ne connaissent rien de l’Esprit. C’est dans l’Eglise qu’on trouve encore les
sorciers, les pauvres, les gens qui ont peur, parce que l’Esprit ne les a pas
encore touchés. C’est ainsi que les chrétiens attribuent tout au diable et le
voient partout, alors qu’en vérité, le diable n’a rien créé et il n’a jamais
été omniprésent. |
LILIAN
SILBURN - UNE VIE MYSTIQUE
|
Jacqueline Chambron
|
Edition Almora
|
2015
|
Ce livre présente la vie et l′oeuvre de Lilian
Silburn (1908- 1993), une des plus grandes indianistes françaises,
spécialiste du shivaïsme du Cachemire, du tantrisme et du bouddhisme.
Philosophe de formation, directeur de recherches au CNRS, Lilian Silburn s′est
très tôt tournée vers les philosophies orientales. Elle fut une des premières
à faire connaître en Occident les écrits des philosophes mystiques
cachemiriens. Elle fut aussi disciple d′un grand maître soufi indien,
Radha Mohan Lal Adhauliya, auprès de qui elle fera de nombreux et longs
séjours jusqu′à sa mort en 1966. Composé d′un grand nombre
d′écrits personnels jamais publiés à ce jour, le livre nous présente le
témoignage d′une expérience spirituelle et philosophique exceptionnelle.
Il évoque aussi l′atmosphère de la vie qu′elle mena au Vésinet
après la mort de son maître, vie simple, active, adonnée à ses travaux
scientifiques. Entourée d′amis qu′attiraient sa personnalité et
son efficience, Lilian Silburn s′attachait à leur faire découvrir, au
sein du silence et des formes les plus variées de la vie ordinaire, la voie
qui lui avait été révélée par son maître. Illustré par des photographies,
l′ouvrage comporte des témoignages variés qui complètent le regard
porté sur cette personnalité hors du commun, à la fois grand savant et grande
mystique. On peut dire que ceux qui s’intéressent à l’Inde
– civilisation à bien des égards fascinante – sont de deux sortes.
Les spécialistes du sous-continent (indianistes, sanskritistes,
anthropologues, etc.) qui en font un objet d’étude scientifique et dont
l’approche est objective, détachée. Et ceux, bien plus nombreux, qu’attire
l’Inde spirituelle, qui espèrent y trouver une réponse à leur quête, et le
maître, le guru, qui leur ouvrira les portes de la Vérité ultime. Ces deux
catégories différentes (même s’il y a des « zones grises ») ne se
mêlent pas. Or le cas de Lilian Silburn, dont le récit de la vie fait l’objet
du livre de Jacqueline Chambron est précisément celui d’une personne qui a
su, semble-t-il, mener de front, vivre, « exister » les deux
approches de l’Inde que nous avons distinguées, avec autant de succès et de
facilité, sans les mêler, mais en les faisant s’enrichir mutuellement. Elle a
en outre donné à l’une d’elles, la « mystique », une présence
sociale. En effet, chercheur indianiste ayant fait toute sa carrière au CNRS,
elle a aussi cherché puis trouvé en Inde un maître spirituel qui lui a fait
connaître une expérience mystique d’une intensité et profondeur
exceptionnelles qui a complètement transformé sa vie sans qu’elle cesse pour
autant d’être une indianiste de qualité généralement reconnue comme telle par
ses pairs. Son cas mérite donc d’être présenté ici, car, outre son intérêt
propre, il pose un double problème. Celui de la coexistence chez un même être
de deux natures, pourrait-on dire, celle de chercheur et celle de mystique.
Et celui que peut poser le fait que cette mystique exceptionnelle (dont
plusieurs des collaborateurs des Archives ont connu l’existence ou
l’ont approchée) resta ignorée de la plupart de ceux qui l’ont connue et même
de ceux qui lui ont été longuement proches. Car ce double aspect de sa
personnalité se retrouvait dans la vie courante, où elle était pour ceux qui
la connaissaient une personne très gaie, ouverte, soucieuse des autres, prête
à les aider, dont on savait qu’elle avait un accent spirituel important, mais
sans avoir idée de la nature exceptionnelle de ce qu’elle avait connu et
« vivait ». Pour eux, le livre de Chambron fut à cet égard une
vraie découverte, un choc, même. Ce livre – pour en venir à lui – est un document. Il
décrit la vie de Lilian Silburn de son enfance à ses derniers jours (en
1993), mais aussi et principalement la relation spirituelle d’une nature
existentielle profonde qui la lia toute sa vie à son guru, lui-même d’une
sorte peu courante. C’est à la description de ce lien et à ce qu’il
impliquait existentiellement qu’est pour l’essentiel consacré cet ouvrage
qui, tout en décrivant sa vie, donne des extraits du journal qu’elle tenait à
la demande de son guru, comme de leur correspondance, des notes personnelles
et autres documents ainsi que des témoignages de diverses sortes. Lilian Silburn est née à Paris en 1908 d’une mère
française et d’un père britannique : elle avait les deux nationalités.
Elle eut dès son enfance le sentiment de la grâce divine et des sortes
d’extases, mais ce fut une enfant puis une adolescente active, enjouée, déjà
bonne nageuse, bien intégrée dans le monde. Elle était aussi très
indépendante, ayant le goût des grands espaces et de la solitude. Elle aurait
voulu entrer en religion, mais ses parents s’y opposant, elle opta pour des
études de philosophie (suivies de 1938 à 1948), pensant qu’elles l’aideraient
à approcher la Vérité ultime à laquelle elle aspirait. Étudiante brillante, elle
fut, à la Sorbonne, assez proche de Gaston Bachelard, mais elle s’orienta tôt
vers la pensée de l’Inde, apprenant le sanskrit, le pâli (et même
l’avestique) suivant l’enseignement de Louis Renou, de Paul Fouché et de Paul
Masson-Oursel. Elle s’intéressa alors particulièrement au śivaïsme du
Cachemire – et dès lors au tantrisme – choix original à cette
époque où ces deux sujets étaient pratiquement ignorés de l’Université. Elle
acheva ses études avec un diplôme de l’École Pratique des Hautes Études qui était
une traduction annotée de la Śivarūtravimarśinī de
Kṣemarāja, texte śivaite tantrique. En 1947, paraissait son
étude sur le śivaisme du Cachemire et le tantrisme dans le premier
volume de L’Inde classique. Elle rédigeait alors aussi, dans un
domaine tout différent, sa thèse de doctorat, Instant et Cause, Le
discontinu dans la pensée philosophique de l’Inde (parue seulement en
1955). Elle entra alors au CNRS où elle fit toute sa carrière d’indianiste.
Qu’elle se soit attachée à l’étude du śivaisme cachemirien apparaît
comme grandement justifié, car l’ensemble de ces textes (élaborés entre le viiie et le xive siècles de notre
ère), représente certainement ce que l’Inde a produit de plus remarquable, de
plus brillamment intelligent : on le sait maintenant depuis que,
notamment sous l’impulsion d’Alexis Sanderson, professeur à Oxford, cette
tradition dans ses diverses formes a été systématiquement étudiée. Ses
travaux furent pionniers à cet égard. Il faut ajouter ici que Lilian Silburn, qui semble avoir eu
un talent inné de graphologue, avait élaboré avec son amie Anne-Marie Esnoul,
collaboratrice de Louis Renou et enseignante de sanskrit à la Sorbonne, une
étude des « types » fondée sur l’observation de la morphologie en
liaison avec le caractère. Elle accumulait les observations dans ce domaine.
On a pu la voir ainsi saisir intuitivement le caractère, la nature, d’une
personne par la vue de ses traits, de son écriture, d’un de ses gestes, même.
Noter cela ici n’est pas sans intérêt, car c’est un trait profond de sa
nature et qui explique certains aspects ou moments de son comportement, dans
ce cas, à la fois observateur et mystique. Désirant approfondir sa
connaissance de cet ensemble de traditions qui allait être le sujet/l’objet
de sa recherche pendant toute sa vie, Lilian Silburn part en mission d’étude
en Inde en 1949 pour y travailler avec le swami Lakshman Joo (1907-1993), le
dernier représentant de la tradition śivaite du Trika qu’exposa
notamment ce maître exceptionnel que fut Abhinavagupta (fin xe - début xie s.). Elle se
rendit auprès de ce swami, habitant dans des conditions difficiles non loin
de son ashram. Elle devait par la suite y passer à divers moments de longs
mois jusqu’en 1961 en étudiant avec lui notamment le Tantrāloka,
d’Abhinavagupta, grand traité sanskrit qui est un texte de base pour la
connaissance du śivaisme tantrique. Elle le traduisit entièrement. Mais
elle espérait aussi, plus fondamentalement, trouver en Inde un maître
spirituel qui lui ouvrirait une voie vers Dieu, au-delà de toute forme
religieuse constituée. Elle la trouva dans la ville de Kanpur où elle alla
sans aucune intention préméditée et même « à l’encontre de (ma) volonté »
auprès d’un maître soufi Radha Mohan Lal Adhauliya – un Kayasth, un hindou,
donc, pas un musulman (mais les Kayasth étaient traditionnellement au service
de Moghols), initié dans une branche régionale de la lignée soufie
Naksbandhiya par son père et par un « Grand Soufi », dont elle
reconnut immédiatement la nature exceptionnelle et par qui elle allait vivre
une expérience mystique transformante faisant d’elle désormais un être
nouveau. Détail caractéristique, elle dit que ce qui la frappa alors, ce fut
« l’extraordinaire écriture du Guru et de son frère et celle,
merveilleuse du Soufi ». Auprès de ces maîtres, elle tomba, dit-elle, dans
« une simplicité de silence dont [elle] n’avait jamais rêvé »,
« toutes les structures sont tombées ». Mais, toute transformée qu’elle
se sentît alors, elle n’en perdit pas son bon sens de chercheur et, en dépit
de la confiance totale qu’elle avait dans le Guru, elle le mit pendant
plusieurs jours à l’épreuve en le taquinant, plaisantant, épreuve dont il
triompha grâce à son « profond sens de l’humour ». Mais, en même
temps, elle vivait intérieurement ce que le guru lui avait donné. Le quittant
après quelques jours, elle partit pour le Kumbh Mela, grand pèlerinage
hindou qui se tenait alors à Hardwar, au bord du Gange ; elle y prit part.
Mais, le troisième jour, perdue dans la forêt, elle ne voyait plus rien du
Mela, car « une nouvelle vie commençait... ce jour, le vrai jour de [sa]
naissance ». Ce matin-là, elle nagea au milieu du Gange dans le courant
puissant irrésistible d’un torrent de montagne débouchant sur la plaine. Puis
elle se laissa emporter par le courant étant dans un état mystique profond.
Avec peine, elle sortit du fleuve à demi consciente. Pendant quinze jours et
quinze nuits elle parcourut la forêt, dormant sous les arbres, mangeant ce
qu’un sannyasi (un ascète) nu lui donnait, oubliant tout :
« j’étais complètement ivre et à moitié perdue ». On ne peut pas
rapporter ici le récit qu’elle fit de ces jours (et d’ailleurs de sa vie
jusqu’alors) dans une conférence (p. 43-54) qu’elle fit peu après à la
demande du guru devant un groupe de ses disciples. Elle y décrit – dans
la mesure où cela peut se faire – les caractéristiques de l’état
mystique où elle se trouve alors : une douceur délicieuse à la fois spirituelle
et corporelle « mais qui n’est pas un état du monde », des coups au
cœur « comme si les cavernes du cœur (hr̥dguha) étaient
creuses et qu’une immense puissance les remplissait », « une
félicité si excessive que je ne pouvais supporter plus d’une seconde ».
À cette époque elle vivait parfois des états de « sommeil yogique »
(yoganidra) où on ne dort pas, mais où on est sans conscience du
monde. De tels états (et d’autres) sont décrits dans des extraits de son
journal et dans sa correspondance avec le guru et avec quelques proches. Elle
revint vers le guru qui lui fit vivre avec force et profondeur des états
mystiques intenses, jours d’autant plus épuisants que ses conditions de vie à
Kanpur étaient sommaires et très inconfortables. Elle rentra épuisée en
France en juin 1951. Elle y rentra toutefois sans perdre contact avec le
Guru, car elle conservait un lien spirituel constant avec lui : ils
« communiquaient » même quand elle était en France, cela jusqu’à la
mort du Guru en 1966. Ce lien existentiel permanent avec son guru – qu’elle
« vivait », « existait » –, trait caractéristique de sa
vie, est le thème même de ce livre et peut en faire l’intérêt dans le cadre
de nos Archives. Le guru, quant à lui, considérait Lilian comme la plus
importante de ses disciples (la plus proche, peut-être) dont le rôle était
désormais, à ses yeux, de faire connaître en France son enseignement. C’est
un point sur lequel il revient souvent dans sa correspondance avec elle, de
1951 à 1966 dont des extraits sont donnés dans la section « Lilian et le
guru 1950-1966 » (p. 69-198), qui en est la portion la plus
intéressante. Elle l’est moins par ce qui nous est donné de la correspondance
du guru (l’essentiel entre eux ne passait pas par lettres) qui est
spirituellement assez conventionnel et mentionne beaucoup ses difficultés
matérielles et ses graves problèmes de santé. Mais avant tout par la
contribution de Lilian, faite d’extraits de sa correspondance avec le guru,
avec des (spirituellement) proches ou des amis, mais surtout de son journal et
de notes personnelles : cela forme un ensemble remarquablement
intéressant sur les expériences comme sur la vie du mystique, qui a des
moments de lumière incomparable, mais aussi de nuit et de désespoir. On a là,
à mon sens – je ne suis pas mystique –, sur ce domaine un document d’une
qualité rare, car rares sont, je crois, les mystiques capables de se voir
vivre en tant que tels – et de le décrire lucidement. Signe parmi d’autres de
cette attitude : sollicitée, en 1971 par deux chercheurs neurologues, Henrotte,
du CNRS et Etéveneu, de l’INSERM, de laisser enregistrer ses ondes cérébrales
dans un état mystique profond, elle s’y prêta, curieuse et amusée. Les
résultats de l’expérience furent publiés dans La Recherche (« Les
états de conscience modifiés volontairement ») en décembre 1972. Ces traits se retrouvent, différemment, dans la section
suivante du livre, « La vie au Vésinet ». Revenue en France en 1951
après son expérience transformante d’octobre 1950, Lilian Silburn s’attacha à
réaliser la tâche que lui avait confiée son guru : faire connaître en
France son enseignement. Elle donna l’initiation à quelques (rares) personnes
qui en étaient « capables » – dont Chambron – et, sur un plan moins
élevé, en réunissait d’autres, un petit groupe, chez elle, au Vésinet, une ou
deux après-midi par semaine, avec en outre des rassemblements annuels (les bandhara)
consacrés au guru dont la présence spirituelle est censée être alors
spécialement présente, rassemblant un grand nombre de participants celui-ci
croissant jusqu’à plusieurs douzaines (certains venant de province, de
Marseille notamment où un petit groupe s’était formé autour d’un disciple de
Lilian). Aux réunions de l’après-midi, des personnalités étrangères
(Durkheim, Mgr Scrima...) participaient parfois. Cela jusqu’à son décès
en 1993 (la pratique étant alors reprise jusqu’à nos jours, chez elle au
Vésinet, par Chambron). Ainsi s’est créé, prenant une dimension sociale, en
région parisienne, mais (avec quelques participants de province) non pas une
secte, un mouvement spirituel assurant la présence en France de
l’enseignement du guru de Kanpur avec ce que Lilian Siburn a pu lui apporter
spirituellement. Cette transmission s’y fait « de cœur à cœur » par
la présence spirituelle, silencieuse du maître, sans aucun rite, selon la
tradition soufie. Voie directe d’accès à Dieu, celle-ci n’implique aucune
référence, textuelle ou autre, à l’Inde, que certains participants actuels ne
doivent d’ailleurs pas connaître. Tout cela est décrit, avec divers
documents, dans cette section qui est illustrée de nombre de photographies,
certaines en couleur montrant Lilian et ses proches au Vésinet ou ailleurs. À partir de son retour en France, Lilian Silburn poursuit
parallèlement son travail de chercheur au CNRS en rédigeant et publiant la
traduction abondamment présentée et commentée de neuf textes sanskrits du
śivaisme du Cachemire, allant du Paramārthasāra, de
Abhinavagupta (1959) aux Spandakārikā (1990), avec un volume
(Hymnes aux Kālī. La roue des Énergies divines) sur l’école
« séquentielle » peu connue du Krama, tous parus dans la
collection des « Publications de l’Institut de Civilisation Indienne de
l’Université de Paris ». À la fin de sa vie, elle voulut faire paraître
la traduction qu’elle avait faite avec le swami Lakshman Joo des chapitres 2
à 5 du Tantrāloka, sur les voies de la libération ; j’avais
pour ma part traduit le chapitre et devais par la suite rédiger
l’introduction et mettre au point l’ouvrage paru en 1995. Elle y travailla
jusqu’à ses dernières semaines. Elle était alors toujours intellectuellement
active, en même temps que d’une puissance spirituelle intense, mais on
sentait, parfois vivement qu’elle était aussi, essentiellement,
« ailleurs ». C’est en ce même état qu’elle fut présente trois
semaines avant son décès à la grande réunion annuelle, le bhandara, de
cette année-là recevant individuellement tous les participants – une action
courageuse montrant sa fidélité à la mission que lui avait confiée son guru. Pour ses traductions commentées, où le « commentaire »
occupait généralement plus de place que le texte traduit, Lilian Silburn
agissait évidemment en indianiste, sa maîtrise du sanskrit – dont le
vocabulaire métaphysique et mystique est beaucoup plus riche que le
nôtre – lui permettant de déchiffrer des textes souvent difficiles. Elle
y utilisait toujours la terminologie même de ces textes en sanskrit,
terminologie qui en était venue à être le mode d’expression de sa pensée
scientifique – cela notamment pour décrire des états mystiques inévitablement
présents dans des textes visant à acheminer les adeptes vers le salut. Mais
pour ces états-là, c’est ce qu’elle devait à ce que son guru lui avait fait
connaître qui nourrissait sa pensée et sa pénétration de la visée profonde du
texte. Cela apparaît dans tout ce qu’elle a écrit, mais peut-être plus
particulièrement dans sa présentation du Vijjñānabhairava parue
en 1961. Cet extraordinaire texte du viiie siècle,
typiquement tantrique par le recours à tout ce qui de l’être humain relève du
corps et de ses pulsions, expose 112 moyens, pour un yogin expert,
d’atteindre directement l’Absolu notamment en laissant la place à une pulsion
puis en la transcendant. Lilian Silburn les explique tous, puis, dans une
longue « Postface », « Les cycles de la progression
mystique », elle s’attache à montrer que ce texte laisse apparaître onze
cycles. Cet ouvrage est la plus connue de ses œuvres. Plusieurs fois réédité,
il a un certain impact : on le trouve utilisé par des hypnothérapeutes.
Il a amené plusieurs personnes à Silburn. Il est actuellement traduit en
Argentine où il est parfois utilisé dans des réunions spirituelles, les
organisateurs étant en rapport avec Chambron. Un groupe d’une dizaine
d’adeptes s’est également formé au Canada, à Ottawa : autres cas de la
présence sociale de Silburn. Le livre s’achève par un chapitre, « La
dimension mystique », composé de textes rédigés par Lilian Silburn sur
divers thèmes, notamment sur le rôle du guru : une sorte de petit traité
de la vie mystique. On a dans cet ouvrage, à l’occasion de la découverte
d’une personnalité à bien des égards, exceptionnelle, un ensemble
documentaire intéressant tant sur le phénomène mystique que sur la façon dont
celui-ci peut être vécu et être socialement présent. |
l’imagination symbolique |
Gilbert durand |
Edition
PUF |
1998 |
La
symbolique se confond avec la démarche de la culture humaine tout entière.
Dans l’irrémédiable déchirure entre la fugacité de l’image et la pérennité du
sens que constitue le symbole, s’engouffre la totalité de la culture humaine,
comme une médiation perpétuelle entre l’Espérance des hommes et leur
condition temporelle. L’humanisme de demain, après Freud et Bachelard, ne
peut plus se refermer sur une exclusive iconoclaste. Gilbert
Durand est l’un des précurseurs des recherches sur l’imaginaire. Il a forgé des
outils pour étudier les configurations d’images propres à des créateurs
individuels, des agents sociaux ou des catégories culturelles. Son œuvre sur
les mythes et les symboles, qui convoquent de nombreuses disciplines, peut se
lire comme une vaste entreprise de réhabilitation de l’imaginaire. « Folle
du logis » pour Blaise Pascal, « maîtresse d’erreur et de
fausseté » pour René Descartes…, la liste est longue des anathèmes
lancés contre l’imagination. Gilbert Durand est parti du constat
suivant : depuis ses origines, la civilisation occidentale dévalorise
l’image. Une longue tradition philosophique, pédagogique et scientifique
s’est voulue iconoclaste (qui « détruit » les images, ou tout au
moins s’en méfie). Très tôt, la procédure efficace de recherche de la vérité
se fonde sur une logique binaire : la dialectique (Socrate, Platon puis
Aristote). Ne pouvant se réduire à un argument « vrai » ou
« faux », l’image, au nom de la raison, est dévalorisée comme
incertaine et ambiguë. La scolastique médiévale (Thomas d’Aquin), les débuts
de la physique moderne (Galilée, Descartes) et le rationalisme classique,
l’empirisme factuel (David Hume, Isaac Newton), etc. excluent progressivement
l’imaginaire des procédures intellectuelles, pour le confondre avec le fantasme,
le rêve, l’irrationnel ou le délire. Scientisme, positivisme, historicisme
dévaluent totalement la pensée symbolique, le raisonnement par similitude. Pour
G. Durand, l’imaginaire est le substrat de la vie mentale, une dimension
constitutive de l’humanité. La puissance du rêve, la force du symbole, la
maternité de l’image composent une espèce de « fantastique
transcendantale » dont l’homme ne peut se passer sans se mutiler. Le
philosophe grenoblois a insisté sur l’importance des perceptions physiques dans
la formation des images mentales. Celles-ci ont deux pôles : un pôle
biologique et un pôle incarné dans une culture, une langue, une civilisation.
Le « trajet anthropologique », c’est le va-et-vient entre ces deux
pôles, par lequel l’imaginaire existe. Il y a de l’imaginaire partout. Dans
le rêve, la rêverie, les visions, les hallucinations. Sous des formes plus
abouties dans les mythes, dans les diverses formes de création artistique. Il
est présent dans les situations de la banalité quotidienne, de même que dans
les opérations les plus rationnelles. Car
G. Durand estime que toute raison, quelle qu’elle soit, s’élabore toujours à partir
du terreau de l’imaginaire… Il se distingue d’ailleurs ici de son maître et
inspirateur Gaston Bachelard, le « philosophe de la rêverie », pour
qui imaginaire et rationalité sont deux domaines antagonistes. Les images
sont « le moule affectif représentatif des idées », c’est-à-dire
qu’elles sont antérieures aux idées et non le contraire. G. Durand renforce
le soupçon de Friedrich Nietzsche sur l’autonomie de la rationalité. Il
conforte aussi l’intuition d’Emmanuel Kant pour qui la racine des activités
cognitives de la sensibilité et de l’entendement pouvait déjà être nommée
imagination créatrice. Des travaux n’ont-ils pas montré que l’imaginaire des
savants détermine leur représentation de l’objet d’étude, donc leur méthode
et leurs résultats? Par ailleurs, les sciences expérimentales, confrontées à
de nouveaux objets insaisissables, n’ont-elles pas changé radicalement
d’épistémologie, et inventé de nouveaux modèles qui n’hésitent pas à recourir
au symbole, voire à se référer à certaines conceptions métaphysiques. |
l’immensitÉ intÉrieure redÉcouvrir notre
nature originelle |
Douglas
E. HARDING |
Edition
L’ORIGINEL |
2002 |
Nous
ne sommes pas ce petit moi limité auquel la plupart du temps nous nous
identifions. Nous sommes Espace Infini.
Celui
que nous sommes vraiment, vraiment. Ce visage est absolument immaculé,
immortel. Il est impersonnel. Il ne porte aucune étiquette. » |
l’individu – la mort – l’amour Dans la GrḔce
Antique |
Jean-Pierre
vernant |
Edition
GALLIMARD |
1996 |
||
Le point central, c’est qu’il y a
un paradoxe dans le monde grec. Il y a un paradoxe parce que c’est une
société où l’individu apparaît, et apparaît assez vite, à la fois dans les
formes politiques, dans le droit, dans le fait qu’il y a une vie privé, et
que nous nous sentons, sur ce plan, en résonance avec eux. Mais, en même
temps, c’est une culture tout à fait différente de la nôtre. C’est-à-dire,
qu’il n’y a aucun sens du péché, il n’y a pas, non plus, le sentiment, de ce
qu’on appelle, d’un moi intérieur, d’un sujet intime, d’un secret de la
conscience de soi. Et, par conséquent, ce qui est fondamental, pour définir
l’individu, c’est certainement son corps. Il n’y a pas d’individu sans un corps, sans
un visage qui dit ce qu’il est, c’est son nom, ce sont ses différents statuts
sociaux qui sont fondamentaux. Quand un héros se présente dans l’Iliade, il
dit non seulement son nom mais il dit toute sa généalogie, donc on est tous
là, et on est, d’une certaine façon, tous les statuts sociaux dans lesquels
on est engagé. Mais comme c’est une culture qu’on a appelée culture de la
honte et de l’honneur, c’est-à-dire où l’on est ce que l’autre voit de
soi-même, pense de soi-même, où ce qui compte c’est de ne pas perdre la face,
où l’on existe dans la mesure où autrui vous reconnaît et vous met à une
certaine place et où, par conséquent, l’élément fondamental n’est pas
d’accomplir son devoir, la notion de devoir n’est pas une notion qui est
importante, mais d’acquérir du renom et de la gloire. On est donc, toujours,
soit l’écho que vous renvoi la société de vous-même, soit ce que vous lisez
de vous-même dans le regard de l’autre. Je m’étais intéressé à ce problème de
l’autre, des formes que l’altérité avait revêtues en Grèce. J’ai publié un
petit livre qui s’appelle « Figure de l’autre, en Grèce
ancienne » et par conséquent je me suis aperçu que tous ces
cheminements, que j’avais suivis, venaient converger dans ce problème
de : qu’est-ce qu’être soi-même ? Qu’est-ce que l’identité ?
Qu’est-ce qui fait qu’un Grec peut dire : Je suis celui-là, et non un
autre ? Et s’il ne peut le dire qu’à travers le regard de l’autre, alors
il est intéressant de voir comment, ce qui pour les Grecs constituent l’autre
de l’homme, l’autre de l’homme sous la forme des Dieux, des visages des
Dieux. Ces Dieux qui sont aussi des individus mais qui ont une singularité
contrairement à notre conception de Dieu ? Ce n’est pas un Dieu qui est
tout, qui est un absolu, ce sont des Dieux qui sont individualisés par leur
nom et leur fonction. Comment se joue le rapport entre
l’individu humain et l’individu divin, d’une part ? Et d’autre part, la
mort, les Grecs ont pensé la mort, ont réfléchi sur la mort, ont essayé de la
figurer. La mort est un retour au chaos, pour eux. C’est l’horreur absolue,
d’une certaine façon, donc, l’abolition de la singularité. On n’a plus de
figure dans la mort. Eh bien, comment est-ce que le Grec peut affronter cela,
dans le cadre d’une religion qui n’a pas élaboré l’idée que chaque individu a
son âme immortelle qui est lui-même et qui par conséquent lui survivra ?
Ça n’existe pas. Alors comment peut-on traverser cette espèce d’espace de
chaos qui doit nous engloutir tous et qui distingue l’homme des Dieux ?
Comment est-ce qu’on peut le traverser et tout de même avoir le sentiment que
l’individualité va jouer son rôle ? Et, troisième point, l’Amour :
toute une série de textes qui ont essayé de problématiser l’amour, comme
aurait pu dire Foucault, comme il l’a dit, c’est-à-dire non seulement de le vivre
mais d’essayer de réfléchir sur ce problème, ont insisté sur le fait que dans
l’autre c’est soi-même qu’on aime, mais qu’on ne peut s’aimer, se chercher et
tenter de se retrouver qu’à travers l’élan qui vous entraîne vers l’autre.
Alors, là, toute une série de problèmes. Si je ne peux m’atteindre, dans ce
qui fait mon individualité qu’à travers le désir que j’ai de l’autre et un
désir qui ne peut jamais, ici-bas, être comblé, ça veut dire que je ne peux
pas me retrouver moi-même et que par conséquent s’ouvre une espèce de fissure
où viendra s’introduire, plus tard, l’idée que ça n’est pas dans l’autre,
c’est ce qu’on ferra Plotin, c’est pas en recherchant mon image dans l’autre
mais en recherchant à l’intérieur de moi-même par une ascèse spirituelle qui
va être un souci de soi, comme disait encore Foucault, c’est par là, que je
vais essayer de me retrouver. Les hommes pensent, ou imaginent
leurs Dieux à partir de leur propre expérience. Ce qui m’a paru intéressant,
c’est que quand nous disons le corps, nous, nous avons toujours, par
derrière, l’idée qu’il y a le corps et puis qu’il y a autre chose, qu’il y a
l’âme. Et pour nous le divin est du côté de ce qu’on appellerait, entre
guillemets, le spirituel. Mais précisément, au moins pour toute la période archaïque,
pour tous les textes épiques, et au fond, je crois, on peut dire la première
apparition dans nos textes poétiques d’un changement c’est chez Pindare
lorsqu’il parle de la psuké en disant qu’elle n’est pas – la psuké
c’est l’âme, nous la traduisons par l’âme - et bien entendu chez Homère ce
n’est pas l’âme, les hommes n’en ont pas, ils deviennent des psukés,
ils deviennent des fantômes. Ce que nous appelons âme c’est le fantôme, le
simulacre du corps une fois qu’on est mort. Un simulacre qui est tout à fait
semblable et qui en même temps est complètement vide. Alors, à partir de là,
s’il n’y a pas d’opposition entre l’âme et le corps, qu’est-ce que c’est que
le corps ? Qu’est-ce que c’est que le corps d’un héros Grec ?
Qu’est-ce que c’est que le corps pour un Grec du Ve siècle ? Et en quoi
les Dieux pourraient-ils exister s’ils n’avaient pas de corps ? Exister,
et exister individuellement c’est avoir un corps et un nom. Sa singularité,
son corps est impensable. Alors, le problème était d’essayer de cerner, je
dis bien d’essayer, pourquoi ? Parce qu’évidemment il y a un paradoxe.
Les Dieux ont un corps mais ce corps, et j’ai employé cette formule, j’ai dit
qu’ils ont un sur-corps et nous un sous-corps. C’est-à-dire que le corps ce
n’est pas seulement une planche anatomique ou des circuits physiologiques. Le corps pour les Grecs c’est une espèce à
la fois de blason de ce que l’on est et en même temps, sous forme concrète,
toutes les pulsions, toutes les forces et toutes les valeurs de beauté, de
jeunesse, ou au contraire de décrépitude qui font qu’on est ce qu’on est.
Alors, l’opposition est, sur ce plan, radicale entre le corps des Dieux qui
est invisible mais qui est invisible parce qu’il est trop lumineux, par excès
de splendeur, parce qu’il rayonne à ce point qu’on ne peut pas le regarder en
face. Donc, le corps qui est le plus corps, par son rayonnement, sa
juvénilité, la constance de ses valeurs, sa non- mortalité, ce corps-là vous
ne pouvez pas le voir. Et le corps des humains, il est un sous corps, il est
un reflet pâle et défraîchi et surtout soumis à toute sorte de vicissitudes
au cours de la journée où l’on se fatigue, jamais on ne fait quelque chose
sans éprouver la nécessité de réparer ses forces, c’est un corps qui s’use
quotidiennement, et qui a travers la vie passe de la beauté, de la jeunesse,
de la grâce à la décrépitude et à la faiblesse. Alors, l’opposition, c’est
celle d’un sous-corps humain qui n’est pas vraiment corps et ce qu’il
faudrait essayer d’obtenir ce que d’une certaine façon le héros essaye à
travers sa vie d’obtenir grâce à la gloire c’est précisément quelque chose
qui est semblable à ce sur-corps divin, à un rayonnement qui va continuer de
génération en génération. Une identité qui ne serait pas soumise à la
décrépitude, ni aux vicissitudes du temps. Voilà, ce que j’ai essayé de
monter. Les Dieux sont immortels mais, là
aussi, avec peut-être quelques restrictions. D’abord, il y a un paradoxe de
ce sur-corps. Dans la mesure où il est un sur-corps et où le seul corps que
nous connaissions est le nôtre et que lui est au-dessus, il pointe, il se
dirige vers quelque chose qui serait le non-corporel, l’au-delà du corporel,
une espèce de corps qui n’en serait pas un. Autrement dit, on dit à la fois
que les Dieux n’ont pas de sang, que les Dieux ne mangent pas, ne dorment pas
mais toutes les descriptions, et Giulia Sissa le montre bien, chaque fois
qu’on parle des Dieux ils sont à table comme les hommes, ils leur arrivent de
saigner bien qu’ils n’aient pas de sang et ils ont quelquefois un appétit
féroce bien qu’ils n’aient pas à manger parce que si on mange c’est justement
parce que les forces s’épuisent. Il y a, donc, tous ces paradoxes. Et en
particuliers, ce qui fait la valeur divine d’un certain corps, du corps
divin, c’est l’intensité de son action. Les Dieux sont des puissances et des
puissances qui dans le domaine précis où elles s’exercent sont parfaites.
C’est l’accomplissement. Alors, il peut arriver que des Dieux soient mis, par
d’autres Dieux ou en raison de fautes qu’ils ont pu commettre, dans un état
qui les réduit à une sorte de statut de quasi mort. C’est-à-dire qu’ils ne
vont plus se repaître d’ambroisie, ils ne vont plus festoyer dans le bonheur
et la lumière avec les autres Dieux, on les met à part, à l’écart. Ils sont
mis sur les marges. Et, dans cette espèce d’état, alors, ils sont comme s’ils
étaient morts, ils ne peuvent plus agir. Ce qu’on exprimera en disant qu’ils
sont enchaînés où qu’ils dorment. Les Dieux qui sont détrônés, quand ils ne
sont pas envoyés dans le monde souterrain. Chronos est souvent représenté
dormant et renflant. Ces Dieux qui en quelque sorte sont assoupis ne sont pas
morts mais cette étonnante vitalité qui définit les corps divins est, chez
eux, en quelque sorte mise entre parenthèses. Le terme kalos thanatos, c’est un
terme qui est employé. Oui. Il y a d’abord, les jeux. Les jeux comme les jeux
olympiques. Dans ces jeux, le corps de l’athlète, c’est dit, aussi, dans les
hymnes homériques, qui voit ces jeunes Grecs s’exercer, ou ces jeunes filles
Grecques danser ne peut pas ne pas penser qu’ils sont beaux comme des
immortels. Il y a des cas, les jeux, où le corps humains, dans sa jeunesse,
dans sa fleur, on ne peut pas le voir sans justement être orienter au-delà
même de ce qu’on voit, sans penser que cette lumière qui émane du corps du
jeune, cette grâce est un rayon que les Dieux envoient. Le corps humain est
comme le miroir qui reflète des valeurs et que ces valeurs ne s’incarnent que
dans le sur-corps divin. De sorte que j’ai pu dire, eh ben non, pas du tout,
les Grecs n’ont pas pensé que les Dieux avaient un corps comme les hommes,
ils ont pensé, d’une certaine façon, l’inverse, à savoir que les hommes
avaient un corps qui était une pâle imitation de celui des Dieux, pas le
reflet de celui des Dieux. D’ailleurs il y a un cas, très particulier, de
celui qui périt à la guerre, qui périt en affrontant l’adversaire au combat,
comme dirait Achille, il y a deux choses : il y a le fait que ce qu’il a
mis en jeu, c’est sa propre vie, sa psuké. Quelque chose qui, quand
c’est perdu ne se retrouve pas et qui par la même est incommensurable au
reste. Les richesses, le rang social, tout ça on peut le perdre et le
retrouver, même la liberté, on peut être fait esclave et puis finalement
redevenir un homme libre. Mais ça, c’est quelque chose de complètement
différent. C’est soi-même, c’est son identité en tant qu’être vivant
singulier, et vous le jouer, au cours de l’affrontement. Vous jouez tout,
tout. Et, vous perdez tout quand vous périssez. Ou, plus exactement, en
perdant tout, vous gagnez quelque chose qui est le fait que même pour
l’adversaire, quand il voit le jeune guerrier qui a affronté la mort et qui
était tombé sur le champ de bataille, alors il dit qu’en lui, panta cala
tout est beau, tout sied, tout convient, tout est lumière sur le corps du
guerrier qui est mort en pleine jeunesse. Et, ça, alors, c’est une façon pour
ces hommes, qui sont peu de chose, qui sont des ondes, des feuilles, des
songes qui passent, c’est une façon d’inscrire dans la mémoire collective,
dans la pensée du groupe un nom, une carrière de vie, un exploit. Et cet
exploit va briller exactement comme le corps divin. Ça, c’est la même mort. Elle a cette face qu’est la belle mort.
C’est-à-dire, le fait que si je peux l’affronter, de façon délibérée sur le
champ de bataille, si je choisi cela, d’une certaine façon, une certaine
beauté est déposée sur moi, à travers mon beau corps, à travers un certain
type de funérailles, un traitement du cadavre que j’essaye aussi d’analyser.
Mais en même temps qu’il y a cela, en même temps qu’il y a cette espèce
-comment dire ?- de socialisation et même de glorification de la mort,
la mort est digérée, la mort devient un moyen d’entrer dans un monde où la
mort ne peut plus atteindre. En même temps qu’il y a ça, il y a aussi le
contraire. C’est-à-dire, il y a le fait que la mort est perçue comme une
chose absolument répugnante, épouvantable, comme un retour au chaos, à la
décomposition du cadavre. Ça, c’est ce qu’en opposition à la belle mort du
guerrier, dont les funérailles vont être célébrées, ce qu’on appelle
l’outrage au cadavre. Il s’agit de priver l’adversaire de la belle mort en
réduisant son corps et lui-même à être moins que rien, à n’être plus rien, ni
personne, être défiguré, mangé par les bêtes ou se décomposer en grouillant
de verres. Tout cela se trouve dans les textes, aussi. Alors, cette image-là,
eh ben les Grecs la connaissent. Et, je crois, s’il n’y avait pas ce
sentiment que, d’une certaine façon, la mort est la mise en cause de tout ce
qui pour eux est beauté, éclat, appelant ça divin, ce que disais, tout à
l’heure Veyne, s’ils n’avaient pas le sentiment que la mort est la négation
de tout cela, eh bien, le système ne fonctionnerait pas. C’est parce que la
mort est tout ça qu’il faut aussi qu’on arrive, y compris dans sa vie
individuelle, à dépasser ce stade et inventer une belle mort. Les deux choses
ne sont pas contradictoires, elles sont complémentaires. Et cette mort-là, cette
mort horrible, sur le plan de la figuration, c’est évidemment la tête de
Méduse, c’est la tête de Gorgones, c’est la monstruosité à l’état pur, c’est
une face chaotique, une face d’horreur, et une face que si vous la regarder,
et vous ne pouvez pas ne pas la regarder lorsqu’elle se trouve à proximité,
vous l’aborder toujours de face, c’est une face qui vous réduit vous-même à
être monstrueux et chaotique, à n’être plus rien. Oui. Il s’agit bien d’un système
d’éducation mais d’éducation conçue comme une série d’épreuves imposées aux
jeunes, jusqu’au moment où il a atteint l’âge adulte, pour le, écoutez, il y
a un terme qui serait très bon en français, c’est dresser. Puisque dresser
c’est à la fois vous flanquer les racler, chaque fois que nécessaire, et vous
faire tenir droit. Or, tout ce culte, toute cette série d’épreuves, est
organisé autour d’une divinité qui est Artémis Orthia. Sa fonction est de
faire tenir les gens, de les faire pousser droit. Alors, dressage, dressage
institutionnaliser, et dressage qui a pour but de faire qu’entre la honte et
la gloire, dans une période probatoire, où il est plutôt du côté de la honte,
le jeune soit tout entier orienté vers une inspiration à être non seulement
le meilleur, que tous ceux qui sont avec lui, que cette classe d’âge, mais
même à l’emporter sur ceux qui lui font subir toute cette série
d’humiliations qui sont absolument nécessaires dans cette période d’épreuves.
Alors, entre la honte et la gloire, ici, le corps intervient, encore, parce
que le jeune, sur son corps, doit en quelque sorte non seulement porter les
marques de son indignité mais ces marques doivent faire partie de lui-même.
Ses cheveux qui sont rasés, sa tête qui est rasée, alors que l’adulte
Spartiate à de beaux cheveux long. Et dès qu’il a atteint l’éphébie il doit
les laisser pousser long. Ses costumes, il n’a pas le droit de porter certain
type de vêtements. Il doit être crasseux, il doit être sale, ou cméros
( ?), c’est le terme qui est employé. Il doit aller pieds nus. Il a tout
une série non seulement de conduite mais de façon d’être corporelle qui vont
le démarquer de l’homme adulte et qui vont le rapprocher de ces personnages
que sont les Ilotes, qui sont des formes d’esclaves, ce ne sont pas des
esclaves qu’on achète, ce sont des esclaves attachés à la terre et qui eux
vont avoir les mêmes marques mais, si je peux dire, vont les porter
congénitalement. C’est la nature de leur vilénie qui est, en quelque sorte,
inscrite sur leur corps. Et tout le problème de ce dressage c’est de pousser les
jeunes Lacédomiens qui vont constituer les véritables égos, les semblables,
les citoyens, de se démarquer progressivement des Ilotes pour rentrer dans le
chant où ils auront les cheveux longs, une tunique qui sera propre et ils
auront aussi des armes qui sont des armes de l’Opite ( ?). C’est ça que
j’ai voulu montrer. Cette tension entre l’honneur et gloire, cette période
probatoire, cette humiliation qui est nécessaire à l’obtention des honneurs.
Et, en même temps, comment tout ça s’inscrit sous le regard de l’autre ?
Puisque c’est sur votre corps, sur votre visage, dans votre démarche, dans
votre façon d’être habillé ou de porter des armes que vous indiquez ce que
vous êtes. Ce n’est pas une évolution. Je
dirais que c’est ambiguïté, une sorte de tension. Et, cette tension, cette
ambiguïté, est ou bien un Éros primordial ou bien une Éros qui est l’enfant
d’Aphrodite qui par conséquent vient plus tard, ça a des enjeux. Des enjeux
théologiques, entre guillemets, métaphysiques et anthropologiques. Si on a un
Éros primordial, ça veut dire, et c’est la conception des Orphiques, que ce
qui est le plus important c’est ce qu’il y a eu au début, un Éros qui, en
lui-même, unifiait toutes les contradictions. C’est-à-dire que c’est le tout
qui était donné au début. Et qu’ensuite lorsqu’apparaissent des individus
singuliers, des Dieux singuliers, et puis ensuite les hommes, on a quelque
chose qui est au contraire un mouvement de déclin. Autrement dit,
l’individualité n’est pas une perfection, elle est un défaut. Elle est le
fait qu’à un moment donné on est arraché à la totalité de l’un. Au contraire,
dans la conception, qui est la conception traditionnelle, hésiodique, on part
d’un état qui n’est pas Éros, qui est Chaos, qui est un état où rien n’est
distinct et l’ordre, la beauté, la force, la puissance, vont apparaître au
fur et à mesure que des divinités particulières, singulières, ayant des
fonctions qui leur appartiennent en propre vont se dessiner. A ce moment-là,
c’est l’individualité, le particularisme des puissances divines qui fait leur
valeur. Ça a des conséquences considérables parce que ces deux courants n’ont
jamais cessés d’exister. Est-ce que ce qu’il faut faire, comme le pense les
Orphies, c’est le retour à l’un ? C’est-à-dire se perdre en se retrouvant
par Dionysos, retrouver l’unité perdue ou, au contraire, est-ce que le monde
tel qu’il est, est un monde où il y a des individus avec ce qu’ils ont de
particuliers et c’est ça qui doit être maintenu ? C’est les enjeux.
Alors, les problèmes de l’amour, et en particulier là où je l’ai pris, c’est
le problème qui se joue entre ces deux termes. Qu’est-ce que c’est que
l’amour ? Qu’est-ce que c’est qu’aimer ? Alors, là, j’ai pris,
surtout, chez Platon, parce que c’est chez lui que c’est le plus claire,
parce qu’il a essayé de théoriser ça. En montrant à la fois, à travers
l’histoire d’Aristophane, qui paraît très platonicienne, qui ne l’est pas, je
crois, à savoir que nous étions d’abord des êtres très complets, un petit peu
comme le Éros primordial, nous étions des êtres tout en rond, soit que nous
avions un sexe masculin d’un côté et un autre de l’autre, nous avions quatre
jambes, quatre bras, deux têtes, deux sexes et on nous a coupés en deux. Et
alors, puisque nous sommes coupés en deux, nous vivons avec un effort pour
rejoindre l’autre moitié qui nous correspond. Et, aimer c’est cela. C’est
essayer de se retrouver, de retrouver la moitié qui faisait, à l’origine, de
vous, un tout complet. Alors, je crois que Platon rejette tout à fait cette
idée. Et que ce qu’il veut montrer c’est que d’abord, le thème
aristophanesque est un faux retour l’unité, c’est purement corporel. Pour
Platon l’affaire est un problème différent. Il s’agit à travers les yeux de
l’autre, en s’y mirant, d’établir avec lui une espèce de flux érotique qui va
dans les deux sens, et qui font que chez l’aimé, chez l’amant, d’ailleurs
l’amant devient l’aimé dans ce jeu réciproque en miroir, les ailes poussent
et que ce qu’on veut apercevoir, de soi-même et de l’aimé c’est en quelque
sorte l’image divine qui est la sienne. C’est-à-dire ce qu’on cherche ça
n’est pas de rejoindre sur un plan horizontal un autre soi-même comme dans un
miroir, son double, c’est en regardant dans le miroir de l’autre ce qui fait
qu’on est soi-même, c’est-à-dire qu’on a une âme, qui est une âme immortelle,
qu’on a en nous quelque chose de divin. Le visage qui fait qu’on me mirant
dans les yeux de l’autre je me retrouve c’est le visage en quelque sorte de
la beauté divine. Et tout amour est cela. Ce papier, qui est le dernier de
ce recueil, qui, je crois, ramasse un peu les fils. D’abord je dirais que je
ne l’aurais jamais écrit s’il n’y avait pas eu les trois volumes de Michel
Foucault. C’est tout à fait claire, j’ai, là, une dette, je dois la dire,
d’ailleurs, elle est évidente. Et, me posant le problème de l’individu et le
posant un peu dans les termes où Louis Dumont avait abordé le problème
lorsqu’il avait distingué deux façons, pour l’individu, de surgir dans une
communauté humaine, dans un groupe humain, dans une culture. D’une part, un
individu qui surgit en se retirant de tout ce qui est la vie mondaine, la vie
ici-bas, la vie dans les relations sociales pour accéder à un autre plan
qu’il appelait : l’individu hors du monde, et d’autre part ce qui me
frappait c’est qu’en Grèce ce qu’on voyait surgir c’était un individu dans le
monde. C’était, qu’il s’agisse des activités sacrificielles, des activités
politiques, de la famille, qu’il s’agisse du droit, qu’il s’agisse des formes
des transmissions des biens avec des formes d’héritages, des testaments, ce
qu’on voit apparaître à un moment donné c’est quelque chose qui est un
espace, une marge où l’individu, si je peux dire, n’est plus téléguidé,
télécommandé par ses statuts sociaux, une marge d’initiative. Ça, c’est l’individu
sur le plan, en quelque sorte, social. Comment se fait-il qu’en Grèce il y a
eu ces espaces qui se soient dégagés ? Et, comment les définir ? Et
puis, reprenant et, peut-être modifiant, en raison de la nature de ma
recherche, ce que Foucault avait fait, quand il distinguait sens, j’ai
indiqué qu’il y avait deux éléments. Le « sujet », ce que j’ai
appelé le « sujet » et, ici, des problèmes de vocabulaires se
posent, certainement, et d’autres part ce que j’ai appelé le « moi ».
Alors, pourquoi le sujet ? Le « sujet » parce que ce qui m’a
paru intéressant c’est la forme particulière que prend en Grèce l’énonciation
du « e ». C’est-à-dire, au moment où nous avons des textes, des
discours qui s’adressent en disant : « Je ». C’est la poésie
lyrique. C’est ce problème de la poésie
lyrique et il m’a semblé qu’il était intéressant de voir après l’épopée qui
chante la gloire du héros, jeune, mort, de voir apparaître une forme de
poésie où ce qu’on chante ce sont ses émotions, ses désirs amoureux, ses
regrets, et, après bien d’autres, j’ai indiqué le fait que ce
« Je », ce sujet, était un sujet tout à fait différent de cette
espèce d’effort de contrôle de soi. C’est un sujet qui est, en quelque sorte,
livré aux vicissitudes du temps qui passe. Le temps est vu comme quelque
chose qui vous conduit de façon inéluctable à la mort et on éprouve une
espèce de sentiment douloureux, qu’on est dispersé sur les flots de ce temps
et on exprime ça poétiquement. C’est-à-dire qu’on fait de son expérience
subjective, un Topos littéraire, un modèle littéraire qui va être transmis,
qu’on communique avec autrui en faisant de ce qui est subjectif, passif,
douloureux, ou des espoirs qu’on peut avoir, ou du plaisir de l’amour, ou du
regret de ce qu’on a perdu, un élément qui doit être transmis à autrui. Ça,
c’est le « Je ». Et puis alors, il y a ce que j’ai appelé le
« moi » et que j’ai appelé, aussi, la personne et peut-être ai-je
eu tort, parce que la personne c’est à la fois les trois et les façons très
différentes dont ces choses se construisent. Le « moi » c’est
quoi ? C’est toutes les procédures à travers lesquelles on dirige son
attention sur la façon dont on est soi-même non seulement pour
s’auto-analyser mais pour se contrôler et pour se modifier. Cette façon d’avoir
souci de soi et de se fabriquer soi-même par une série de techniques mentales
qui apparaissent et qui peuvent être aussi bien l’examen de conscience que la
remémoration de tous les faits de la journée, ou l’examen, par exemple de ses
rêves nocturnes. Il y avait chez Foucault, une analyse tout à
fait pertinente l’onirocritique grec. C’est-à-dire de ce travail qui a été
fait dans une série de traités pour classer les différents rêves qu’on
pouvait faire et voir leur signification. Cette signification est sociale,
dans l’onirocritique, et elle a une vertu prémonitoire. Elle vous indique ce
qui va vous arriver et si vous allez réussir ou échouer, si vous allez, dans
une traversée que vous faites, gagner beaucoup d’argent ou n’en pas gagner
etc. Or, ce qui est très intéressant, c’est de voir que, dans le moment qui
représente le terme ultime de mon analyse, la différence, le moment où, dans
des monastères, les jeunes moines viennent raconter leurs rêves à celui qui a
leur responsabilité et la façon dont ce rêve est interprété. Il n’a plus ni
signification sociale, ni signification prémonitoire. Le problème est de
savoir si vous avez rêvé de cela est-ce que vous êtes pur ou non. Par
exemple, vous avez fait un rêve, vous avez fait une émission nocturne,
qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça veut dire qu’il y a une
partie de vous qui n’est pas encore transparente à la présence divine ou
pas ? Et alors, il y a toute une casuistique qui n’a plus aucun rapport
avec ce que faisait l’onirocritique grec. Casuistique pour savoir dans quelle
mesure ce que vous avez vécu dans votre sommeil, intérieurement, sous forme
d’images, de désir ou même de satisfaction érotique, ça signifie quelque
chose pour ce que vous êtes, vous-même. Alors, là, il y a un changement qui
m’apparaît comme un des révélateurs du dégagement de quelque chose qui est le
moi intérieur, l’idée qu’il y a un monde, qui est le monde de la conscience
de soi, et qu’il s’agit d’explorer intérieurement ou en parlant avec des
directeurs de conscience et de mettre au point toutes le techniques à travers
lesquelles ces replis de l’intériorité peuvent tout d’un coup être éclairés. |
L’INFINI DANS LA PAUME DE LA MAIN |
Mathieu
RICARD et TRINH XUAN THUAN |
Edition
FAYARD/NIL |
2000 |
Du
big-bang à l’éveil. Foi et raison peuvent-ils se réconciliés ? Le
dialogue d'un scientifique français devenu bouddhiste et d'un bouddhiste
vietnamien devenu scientifique... La science et la spiritualité éclairent
chacune à leur façon la vie des hommes : pourquoi, à défaut de se rejoindre,
ne seraient-elles pas complémentaires ? Las, nous dit-on, la connaissance
scientifique et la connaissance spirituelle sont trop étrangères l'une à
l'autre pour que leur confrontation puisse être autre chose qu'un dialogue de
sourds... C'est précisément à faire mentir cet antagonisme que s'attachent
ici Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan. Le champ des interrogations est
vaste : Quelle est la nature du monde ? de l'Univers ? de la matière? du
temps ? de la conscience ? Comment mener notre existence ? Comment vivre en
société ? Comment marier science et éthique ? Quant aux réponses, le lecteur
jugera si elles sont conformes aux idées qu'il se faisait par avance. Car au
fil de ce dialogue passionné, animé par un sincère désir de compréhension
réciproque, se produit l'inattendu : les oppositions s'estompent, les
convergences se font jour, et l'on se prend à rêver d'un avenir où foi et
raison seraient, enfin, durablement réconciliées.
Le
cheminement dans le livre est orienté par l'énoncé, au début des dix-neuf
chapitres et dans la table des matières, par des questions qui sous-tendent
la pensée. Autres outils fort utiles au profane : un glossaire des mots
scientifiques et un autre des termes bouddhistes. L'ensemble répond à une
double intention : montrer comment le bouddhisme peut "offrir un cadre
de pensée et d'action cohérent pour notre temps", et "situer la
place de la science dans une conception plus vaste de la vie". |
l’instant et l’ÉternitÉ et autres textes
sur la tradition |
Guido
de giorgio |
Edition
Archè - Milan |
1987 |
Ce
grand métaphysicien fut contemporain de R. Guénon et d’Evola, il vécut
solitaire et entretint de solides amitiés avec R. Guénon, il collabora avec
de nombreux journaux traitant de métaphysique et fut à la fois poète,
pédagogue voyant (dans le sens intuition intellectuelle) et n’eut qu’un seul
but : La cible suprême, l’inexprimable, le zéro métaphysique. Né
à San Lupo (province de Bénévent) en 1890, Guido de Giorgio fait des études
de philosophie et présente un mémoire d’inspiration “orientaliste” à
l’université de Naples. Très jeune encore, il part enseigner l’italien en
Tunisie juste avant la Première Guerre mondiale. Sa rencontre avec des
représentants de l’ésotérisme islamique, et notamment avec le soufi
Kheireddine, sera décisive pour la suite de son itinéraire intellectuel et
spirituel. Quelques années après la fin de la Grande Guerre, De Giorgio fait la
connaissance de René Guénon à Paris, et plus précisément au Musée
Guimet. Des liens d’amitié profonds et durables vont dès lors unir les deux
hommes (De Giorgio sera reçu à Blois chez Guénon et celui-ci, dans leur
correspondance qui se poursuivra jusqu’à la mort de Guénon, l’appelle « Cher
monsieur et ami » ; cf. à ce sujet les 23 lettres de Guénon adressées à De
Giorgio entre 1925 et 1930, lettres publiées dans le recueil L’Instant et l’éternité). Vers
la fin des années 20, De Giorgio collabore très occasionnellement aux revues Ur et Krur, dirigées par Evola,
sans pour autant appartenir au “Groupe d’Ur”. Selon le témoignage d’Evola
lui-même, il sera « l’animateur invisible » de la revue La Torre (10 numéros parus
de janvier à juin 1930). Plus tard, De Giorgio donnera des articles au Diorama filosofico,
feuille spéciale, dirigée par Evola, du quotidien Il Regime Fascista. Rebelle à la vie citadine
et désireux de mener une existence ascétique et relativement solitaire, De
Giorgio se retire vers le milieu des années 30 dans un presbytère abandonné
des Alpes piémontaises, qu’il transforme en une espèce d'ermitage. C’est,
semble-t-il, durant la Deuxième Guerre mondiale qu'il écrit son principal
ouvrage, La Tradizione
romana, parcouru d'un souffle peu commun et en qui certains ont
vu un « extraordinaire essai d’apologétique contemporaine » (ce manuscrit,
comme les autres manuscrits de De Giorgio — à l'exception de ceux restés
totalement inédits ou perdus —, sera publié à titre posthume) . En
1946, au lendemain de la défaite du fascisme, il compose un pamphlet contre
le nouveau régime, La
repubblica dei cialtroni (La république des goujats), qui ne
trouvera pas d'éditeur. Enfin. en 1955. Mettant à profit son expérience
d’enseignant (De Giorgio avait été professeur de lettres), il publie une
étude sur La Fonction de
l’école dans une perspective traditionnelle (L’instant et
l’éternité). Guido de Giorgio meurt en 1957 près de Mondovi, dans le Piémont.
Catholique assez singulier, qualifié par Piero Di Vona de « meilleur disciple
italien de René Guénon », De Giorgio recourt souvent à une formulation
typiquement soufie pour exprimer des vérités très chrétiennes. Il n’est sans
doute pas exagéré de dire que c’est avec lui « que, par l’intermédiaire de
Guénon, la vision islamique de l'absolu a fait sa première apparition en
Italie » (Di Vona). Son
« fascisme sacré » largement utopique, appuyé sur une étude approfondie du
symbolisme du faisceau et de la hache bipenne, doit mener au rétablissement
de la Norme traditionnelle, « de l’équilibre hiérarchique entre la
contemplation et l’action, l’intellect et la raison, l’esprit et le sentiment
» (Di Vona) [2], sur la base de la primauté absolue de la contemplation et de
la connaissance (De Giorgio étant, sur ce point précis, comme sur presque
tous les autres, beaucoup plus proche de Guénon que d’Evola). Pour lui, les
deux grandes déviations politiques sont le despotisme et le démocratisme, et
il est évident que la simple comparaison de son « fascisme sacré » avec le
fascisme mussolinien dévoile, par contraste, le caractère parodique de ce
dernier. Selon De Giorgio, la seule chance de salut qui s’offre encore à
l’Europe, c’est le retour conscient à l’universalité romaine, synthèse
vivante de la tradition païenne et de la tradition chrétienne dont Dante
a exprimé et transmis dans le poème sacré les valeurs et les significations
initiatiques. |
L’INTUITION
- Collection
OASIS |
JR.
ROBERT |
Edition
BERGER Poche- Canada |
2000 |
||
Définition de l’intuition : Pour comprendre ce qui se cache derrière ce mot
mystérieux, ouvrons le dictionnaire. Etymologiquement, l’intuition vient des
mots latins in (en, dans) et tueri (regarder attentivement, contempler).
Intueri signifie donc l’acte de regarder attentivement à l’intérieur de soi,
voir de l’intérieur. Dans le dictionnaire, l’intuition est définie comme une
« connaissance soudaine, spontanée, indubitable », une « connaissance
directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à l’expérience
». Elle désigne le pressentiment de ce qui est ou doit être, l’acte de
percevoir ce qui nous est inconnu, sans pouvoir l’expliquer ou l’argumenter. Que nous apprend cette définition ? D’après sa définition, l’intuition est un mode de
connaissance indépendant de la raison. Elle ne provient pas d’un processus
rationnel ou logique et n’est donc pas issue d’une réflexion, d’une analyse
ou d’une déduction. L’intuition procède de façon immédiate et représente une
forme de compréhension directe et spontanée, qui ne s’appuie ni sur
l’expérience, ni sur des indices sensoriels. Il s’agit d’accéder à une
connaissance qui provient de l’intérieur de nous, et non de l’extérieur. Les
racines latines du mot prennent alors tout leur sens.
Peut-on se fier à l’intuition ? Cette définition nous fournit également la réponse
à une question que la plupart des gens se posent : Peut-on se fier à
l’intuition ? La réponse est oui ! Par définition, une intuition est
toujours juste. Elle est « indubitable » et atteint la vérité directement.
Si votre intuition n’est pas juste, c’est que ce n’en est pas une. Il arrive
généralement que nos émotions, nos jugements, nos interprétations entrent en
jeu et se mêlent à nos perceptions intuitives. Ce que nous prenons alors pour
des intuitions ne sont en fait que l’expression de nos peurs, de nos désirs,
de nos a priori… Pour pouvoir se fier à notre intuition, nous devons donc la
distinguer des perceptions provenant de nos émotions et de notre intellect. La recherche scientifique, ainsi que le
vécu que chacun peut avoir à un moment ou un autre, nous révèlent que
l’intuition est une capacité que nous possédons tous, que nous pouvons
en développer son usage par la pratique, et qu’elle nous permet d’accéder à
une perception, à une connaissance plus directe. L’intuition ne serait-elle
pas au fond une formidable voie d’exploration de nous-mêmes, et du monde |
l’invention du monothÉisme aux
origines du dieu unique |
Jean
SOLER |
Edition
De Fallois |
2002 |
Une première partie qui
démontre comment les Hébreux sont passés du polythéisme à la conviction d’un
Dieu unique. La seconde partie souligne les anomalies du monothéisme et ses
contradictions dans le concept d’un Dieu universel et celui d’une ethnie ou
d’un peuple dont il constituerait la principale marque identitaire. Le monothéisme tel
que nous le concevons, avec un Dieu unique qui était originellement celui
d’Israël, est né tardivement, vers les VIe-Ve siècles avant notre ère, au
sein du peuple hébreu. Cette évolution religieuse s’inscrit dans un contexte
historique particulier : en 587 avant notre ère, le temple de Jérusalem
est détruit par les troupes du roi babylonien Nabuchodonosor II. Certains
Judéens* se trouvent en exil à Babylone, d’autres en Égypte, d’autres encore
sont restés au pays. Il y a donc une grande dispersion territoriale, et on a
pu se dire que le dieu d’Israël risquait de disparaître, tout comme la
royauté de ce pays avait été anéantie. Mais curieusement, c’est de ce
désastre que va jaillir l’idée monothéiste. En effet, les scribes exilés à
Babylone vont réécrire l’histoire. Non, disent-ils, le peuple d’Israël n’a
pas été anéanti par les armées des conquérants. C’est Yahvé lui-même qui a
fait venir les Babyloniens en Judée – et qui les a donc instrumentalisés –
pour sanctionner son peuple et surtout ses rois, lesquels n’ont pas respecté
la vénération exclusive qui lui était due. Car juste avant ces
événements tragiques, sous le règne du roi Josias, vers 620 avant notre ère,
on était passé du polythéisme à la monolâtrie : tout en admettant
l’existence d’autres dieux que Yahvé, seule la vénération de ce dernier était
jugée légitime. Il faut bien garder à l’esprit que de nombreux textes de la
Bible ne nient pas l’existence d’autres dieux, comme le montre le Deutéronome
(6, 14-15) : « Vous n’irez pas à la suite d’autres dieux, dieux
des peuples qui seront autour de vous, car Yahvé, ton Seigneur, au milieu de
toi, est un Dieu jaloux. » Yahvé devient alors le dieu Un, avant de
devenir le Dieu unique, et le temple de Jérusalem est nettoyé des symboles
d’autres divinités qui s’y trouvaient. Par conséquent, lorsque
l’exil et la destruction de Jérusalem se produisent, les scribes défendent
l’idée qu’il s’agit d’une punition divine. Si Yahvé est capable d’infliger
cette punition, d’utiliser les Babyloniens pour châtier son peuple, c’est
qu’il est plus fort que les dieux des voisins. Des textes, par exemple dans
la deuxième partie du livre d’Ésaïe (Deutero-Ésaïe*), se moquent d’eux :
les divinités babyloniennes ne sont que des dieux faits de main d’homme, qui
ne peuvent ni parler ni interférer dans le cours des événements, qui se
brisent lorsqu’on les renverse, alors que Yahvé, lui, est un dieu invisible,
transcendant, que l’on ne peut représenter. Peu à peu s’impose l’idée, pour
les Israélites, que les dieux des autres nations sont de faux dieux, puisque
Yahvé les surpasse en puissance : « Ils sacrifiaient à des démons
qui ne sont pas Dieu », indique le Deutéronome (32, 17). C’est par là
que la pensée a basculé vers le monothéisme : les autres dieux ne sont
pas de vrais dieux mais des imposteurs, tandis que Yahvé est incomparable et,
en ce sens, unique. Ce monothéisme devient en quelque sorte l’origine même du
judaïsme – avant, on ne peut parler de judaïsme mais de religion israélite ou
judéenne. Le monothéisme est
donc né en réaction à une catastrophe. Tout comme le christianisme,
d’ailleurs, qui s’est constitué en réaction à la mort incompréhensible de
Jésus : de cette mort, on fait une victoire, avec la Résurrection. Le
monothéisme fut définitivement adopté par les israélites avant les IIIe-IIe
siècles avant notre ère ! Ainsi, une communauté judéenne d’Éléphantine
(une île dans le Nil au sud de l’Égypte), jusqu’au début du IVe siècle
avant notre ère, vénérait Yahvé avec une déesse, Anat, et un troisième dieu,
Ashim Béthel – un peu comme une triade divine. Ces gens n’avaient cure de la
réforme religieuse en cours à Babylone et à Jérusalem : il y a toujours
un décalage entre les réflexions des élites et la pratique religieuse du
peuple. Au moment de la traduction de la Torah en grec (Pentateuque) au IIIe
ou IIe siècle avant notre ère, on peut néanmoins dire que le judaïsme trouve
son identité dans le monothéisme. |
l’œil de la loi – histoire d’une
mÉtaphore |
Mickael
stolleis |
Edition
MILLE ET UNE NUITS |
2006 |
«
L’Œil de la Loi veille ».
|
LOURDES: VILLE INITIATIQUE |
Étude
Hiérologique par ÉMILE
GRILLOT DE GIVRY |
Edition
ARCHÉ MILAN |
2009 |
||
Le
domaine simplement chrétien est toujours replacé dans une perspective de l’unité
transcendante des Traditions, sans que le contenu théologique chrétien ne
soit jamais ni nié ni contredit. D’où résulte la reconnaissance implicite
d’un ésotérisme chrétien, dont Louis Charbonneau-Lassay sera le
premier à en faire état dans ses études de la revue Regnabit, environ 25 ans
plus tard. En annexe du texte sur Lourdes ville sacrée et de pèlerinage,
on y trouve : Deux
articles sur la Foi et sur l’Esthétique, Marcel Clavelle parle des
« Nobles voyageurs et de l’Hermite », René Guénon argumente
sur les pèlerinages et les divers pérégrins qui y vont, dont les compagnons
du Tour de France et autres qui se disent passant pour certains et voyageurs
pour d’autres, il fait ainsi le parallèle avec la franc-maçonnerie et les
voyages du compagnon. Grillot de Givry nous parle de ces pèlerinages,
foyer de mysticisme populaire, enfin Jean Reyor fait le compte rendu
de ces pèlerinages et de Lourdes dans les deux revues : Les Etudes Traditionnelles et le Symbolisme |
LULLE - la lÉgende de raymond lulle |
Jean
ryeul |
Edition
CHAMPS ÉLYSÉES |
1965 |
Très
belle biographie du docteur illuminé.
L’exemple
de Raymond Lulle montre à quel point, vers la fin du XIIIe siècle, la philosophie
pouvait être considérée non pas comme un hors-d’œuvre, mais comme une
exigence impérative de la vie chrétienne. Raymond Lulle appartenait par sa
naissance (il est né à Majorque en 1235) à cette partie du monde
méditerranéen qui était en perpétuel contact avec le monde arabe ; il écrit
en langue vulgaire des livres par centaines, et il est l’auteur de poèmes et
d’ouvrages mystiques non moins que de l’Ars generalis. A partir de
1265, année où il eut une vision, le but unique de sa vie et de ses œuvres
fut la conversion des infidèles. S’il entreprit ce vaste travail logique,
connu sous le nom d’Ars generalis, s’il essaya de le répandre, de le
rendre populaire, d’en faciliter le maniement au point de le réduire à un
mécanisme, c’est que, comme autrefois les hommes du XIIe siècle, il utilisait
le raisonnement à la défense de la foi. C’est pourquoi aussi, comme autrefois
saint Anselme, il donne grande place à la raison, et « il entend prouver les
articles de foi par des raisons nécessaires », soumettant d’ailleurs
entièrement la philosophie aux buts de la théologie. C’est donc un pur
dialecticien, et, bien qu’il ait les mêmes ambitions que Roger Bacon, il est
tout à fait en dehors du courant des sciences de la nature. En
revanche, comme lui, il insiste sur la nécessité, pour les missionnaires,
d’apprendre les langues orientales ; possédant lui-même la connaissance de la
langue arabe, il réussit au Concile de Vienne, en 1311, à faire adopter la
décision d’enseigner l’arabe et l’hébreu à la curie romaine et dans les
grandes universités. Lui-même, il passe ses années à parcourir la chrétienté
pour répandre ses idées ; en 1288, il enseigne à Paris son Ars generalis ;
plus tard, en 1294, il soumet un plan de croisade au pape Célestin V, puis à
Boniface VIII en 1295, à Philippe le Bel en 1298, à Clément V en 1302. En
1298 et en 1310, il séjourne à Paris pour combattre l’influence qu’y avait
l’averroïsme. Plusieurs fois, il va en pays mahométan, en 1296 à Tunis, en
1306 à Bougie, où il retourna et où il est assassiné en 1315. Dans
ces conditions, on comprend le caractère pratique qu’il prétendit donner à
son Ars generalis. Le problème qu’il veut résoudre est né d’Aristote.
Celui-ci distingue les principes communs à toute science et les principes
propres à chacune. Il s’agit de trouver « une science générale pour toutes
les sciences, et telle que, dans ses principes généraux, soient contenus les
principes de toutes les sciences particulières, comme le particulier dans
l’universel ». Le Grand Art est donc la science suprême, d’où dépendent
toutes les autres. Ce qui le distingue entièrement de la logique, c’est qu’il
est un art d’invention et de découverte. Chez Aristote (chapitre final des Analytiques),
les principes n’étaient pas fondés en démonstration, mais ils reposaient sur
l’expérience et l’induction. D’autre
part, toute démonstration suppose que l’on a découvert le moyen terme, et il
faut reconnaître que les préceptes donnés par Aristote pour cette découverte
restent assez vagues. Raymond Lulle se vante de résoudre du même coup ces
deux problèmes. Il part de cette idée que toute proposition se réduit à des
termes, et que tous les termes complexes sont composés de termes simples. Si
l’on suppose que l’on a dressé la liste de tous les termes simples ou
principes, on obtiendra, en les combinant de toutes les manières possibles,
toutes les vérités possibles. Ce principe de la combinaison, ébauchée par
Aristote, est l’idée originale et essentielle apportée par Lulle. Les
difficultés étaient de deux sortes : découvrir les termes simples et trouver
une règle pour en déterminer les combinaisons. Lulle
a bien vu que ces termes devaient comprendre, outre des termes absolus, tels
que bonté, sagesse, etc., des relations (telles que différence, contrariété)
qui fussent comme les cadres des combinaisons, des questions qui sont comme
les cadres de l’invention du moyen terme, des sujets desquels peuvent se dire
les autres termes ; mais il y a beaucoup d’arbitraire dans le choix des neuf
prédicats absolus, qui sont neuf attributs de Dieu, des neuf relations, des
neuf questions, des neuf sujets, à quoi s’ajoutent neuf vertus et neuf vices.
Sur le second point, il manque à Lulle le calcul des combinaisons, dont
Leibniz devait se servir dans son De Arte combinatoria, pour résoudre
le même problème. |
LULLE – LE LIVRE DE L’AMI ET DE L’AIMḖE |
Traduction
Patrick Gifreu |
Edition
Orphée |
1994 |
Raymond
LULLE (1232 -316). Noble, dissipé dans sa jeunesse, poète, théosophe,
prédicateur et « bienheureux », le Catalan Ramon LLULL fut, en Europe, le
premier à user de la langue vulgaire pour traiter de l’âme et des sciences,
ou, comme dans ce livre incomparable – sinon aux grands poèmes religieux
orientaux –, de Dieu et de sa créature en quête d’accomplissement. Le Livre
de l’Ami et de l’Aimé élève ses 366 versets (au cœur d’un roman, Blanquerne),
à la manière d’un escalier mystique, d’une pure et superbe architecture. Les
aphorismes du Livre de l’ami
et de l’aimé ne suivent aucune organisation thématique et
présentent divers cours littéraires : dialogue, questionnement,
description, définition, narration. Le thème central est la relation de
l’homme religieux, l’ami, avec l’être transcendant, l’aimé, à la lumière du
lien qui les unit, c’est-à-dire, l’amour. .L’art de Raymond, qui est
inventive, démonstrative, contemplative et aussi ‘amative’, explique comment
le processus de recherche de Dieu fonctionne techniquement : c’est
pourquoi, une part importante du Livre
de l’ami et de l’aimé est destinée à gloser le comportement des
trois puissances de l’âme rationnelle (entendement, mémoire et volonté)
durant le saut amoureux de la créature créateur. Une autre section des
versets propose des réflexions sur l’essence divine : les dignités, la
Trinité, l’Incarnation, en se basant toujours sur la précision du langage de
l’Art lullienne. L’opuscule présente donc, derrière une apparente dispersion
de ses motifs littéraires, une solide structure de pensée et une stricte
cohérence en ce qui concerne le sens de l’union mystique : l’intellect
ouvre le chemin menant à la compréhension de Dieu, mais c’est la volonté
aimante qui conduit l’ami, pour autant que sa mémoire soit bien fidèle à
l’aimé. Les aspects les plus connus du Livre de l’ami et de l’aimé sont ceux qui
décrivent le rôle (toujours secondaire) des créatures (le soleil, les
étoiles, les nuages, les oiseaux, les chemins...) dans l’encouragement de
l’amour envers Dieu, et l’état émotif de l’âme amoureuse, tourmentée par le
désir, l’oubli, la peine, la recherche, la nostalgie et les pleurs. C’est ici
que l’œuvre de Lulle se fait l’écho de thèmes appartenant à la poésie
amoureuse universelle, depuis le Cantique
des cantiques jusqu’aux troubadours occitans, en suivant toujours
la perspective particulière de l’élan vers ce qui est transcendant. Il n’est
pas aisé de préciser les parallélismes avec la grande littérature mystique
soufie ; de même, les possibles emprunts à la tradition judéo-chrétienne
restent peu clairement définis. Les formulations que Raymond propose pour les
anciens motifs de portée universelle sont de nature très personnelle. |
lulle –
le livre des mille proverbes |
Ramon
lulle |
Edition
DE LA MERCI |
2008 |
Le
bienheureux Ramon Lulle naît à Majorque en 1232. Sa famille, de noblesse
barcelonaise, a participé aux côtés du roi Jacques 1er à la reconquête de
l’Isle où elle s’est installée définitivement. Il mène une vie dissipée
jusqu’à l’âge de trente ans où il commence d’avoir des visions, se convertit
et réforme sa vie.
|
LULLE - raymond lulle |
Hugues didier |
Edition
DESCLÉE DE BROUWER |
2001 |
||
Considéré comme l'un des inventeurs du
catalan littéraire, il est le premier à utiliser une langue néo-latine pour
exprimer des connaissances philosophiques, scientifiques et techniques. Son
œuvre en prose a constitué un important référent pour la fixation du catalan
écrit standard. Malgré un certain hermétisme typique de son époque, Lulle
nous reste proche par sa poésie qui fait de lui un des plus grands écrivains
catalans. Son œuvre en vers répond au même projet didactique que son œuvre en
prose. Connu en son temps sous les noms d'«
Arabicus Christianus » (« Arabe chrétien »), de « Doctor Inspiratus » («
docteur inspiré »), « Doctor Illuminatus » (« docteur illuminé »), Lulle est
entre autres, écrivain, missionnaire et théologien franciscain. C'est l'une
des personnalités les plus importantes du Moyen Âge en théologie et en
littérature. Il laisse une œuvre immense et variée, écrite en catalan, mais
aussi en arabe et en latin. Certains de ses travaux, tels l'Artificium
electionis personarum (1247-1283) ou De arte electionis (1299), décrivent des
systèmes de vote redécouverts au xviiie siècle par Condorcet. |
l’univers est un rÊve |
érik sablÉ |
Edition
ZULMA |
2005 |
«
Un jour Tcheou rêva qu’il était un papillon. Mais était-il Tcheou rêvant
qu’il était un papillon ou bien un papillon rêvait qu’il était Tcheou…»
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