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Chapitre10   P - Z  (Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité)

 

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10 P

 

PANIKKAR - dieu, yaweh, allah, shiva : l’inÉvitable dialogue

Raimon panikkar

Edition Le Relié

 2002

Parce que la liberté a besoin de savoir. Parce que le savoir véritable, étonne, renforce et vivifie, il faut redire comme les lumières : ose savoir.


Ce petit ouvrage est l’expérience des inévitables rencontres des cultures et des religions qui enrichissent l’homme.  Nous devons entrer en résonance avec la terre sous nos pieds, les humains à nos côtés et le ciel au-dessus de nous. Ce petit texte nous offre les clefs pour y parvenir.

 

D’autre part M. Bielawsky vient d’écrire une biographie sur Raimon Panikkar, (sa sortie en français est prévue pour 2016),  la critique Augusti Nicolau Coll décortique cet ouvrage de la façon suivante :

 

Raimon Panikkar (1918-2010), philosophe, théologien et prêtre catholique est né à Barcelone d’une mère catalane et catholique et d’un père indien et hindou, une origine peu courante à l’époque. Il est reconnu comme l’un des penseurs les plus originaux et les plus profonds du XXe siècle. Le dialogue interculturel et interreligieux a été l’axe sur lequel s’est construite et s’est articulée sa pensée au fil de ses pèlerinages en Inde et de ses séjours en Europe et en Amérique du Nord.

Sa biographie et sa pensée sont si inextricablement liées que l’on ne peut pas comprendre l’une sans l’autre. L’auteur a fait le pari, risqué et difficile, d’écrire une biographie qui rende compte de l’influence des évènements de sa vie dans le développement de sa pensée et vice-versa. Pour justifier cette approche, Maciej Bielawski mentionne dans son introduction, avec raison, que Panikkar, bien qu’il fût un auteur très prolifique, était un philosophe dont la biographie comptait autant que sa bibliographie. C’était le pari que comme biographe il devait relever. Il l'a fait en mettant l'accent sur les écrits inspirés par les événements de sa vie. C’est pour cette raison que nous pourrions présenter sa biographie, comme une « biographie intellectuelle ».

Pour réussir un tel pari, il fallait rentrer vraiment dans la vie et les écrits de Panikkar, ce qui était particulièrement ardu : car il a laissé plus de cinquante livres, traduits dans plusieurs langues et trois cents articles académiques, ce qui imposait au biographe la tâche de faire un choix éclairé des ouvrages les plus importants. Par ailleurs, l’auteur n’a pas connu Panikkar et surtout n’a pas eu la possibilité de consulter, même partiellement, les archives le concernant qui sont jalousement protégées par la fondation Vivarium qu’il a créé et à qui il les a léguées. Il a donc dû se fier aux évènements connus et aux informations qui lui ont été fournies par différentes personnes qui ont connu Panikkar. Le livre est divisé en sept chapitres qui parcourent chronologiquement la vie et la pensée de Panikkar, chacun précédé d’un épilogue qui résume de façon originale la pensée complexe du philosophe et du théologien.

Dans le premier chapitre, l’auteur nous fait part de l’importance de la relation de Raimon Panikkar avec sa mère, une femme d’une grande sensibilité artistique, qui jouait du piano et qui participait aux rencontres philosophiques, littéraires et culturelles qui avaient lieu à Barcelone avant la Guerre Civile. Cette relation contraste avec celle qu’il a eue avec son père, plutôt froide et distante. On s’étonne d’apprendre que son père ne l’initia nullement à l’hindouisme et qu’il se limita, occasionnellement, à lire à haute voix des fragments de la Bhagavad-Gita. Lors de la Guerre Civile espagnole (1936-1939), par crainte d’être victime des excès révolutionnaires, la famille se réfugia en Allemagne où des amis du père les accueillirent. Le jeune Panikkar fut donc témoin du régime nazi alors à son apogée dans cette période de l’avant-guerre qui se préparait. C’est pendant son séjour en Allemagne qu’il commença des études universitaires en sciences pour se préparer à prendre en main l’entreprise familiale de traitement du cuir que son père avait créée. Toutefois il s’intéressait déjà à la philosophie et à la théologie, selon le témoignage d’un membre de la famille, sa sœur Merçè, qui partagea l’exil familial en Allemagne.

Revenu à Barcelone pour les vacances d’été en 1939, l’éclatement de la deuxième Guerre mondiale l’empêcha de retourner poursuivre ses études en Allemagne; il dut les reprendre à zéro à l’Université de Barcelone. Ce qui ne l’empêchera pas de suivre discrètement des cours de philosophie. Le deuxième chapitre aborde la période où Panikkar fut un membre actif de l’Opus Dei (1940-1953), une réalité qui a toujours étonné ceux qui se sont intéressés à son oeuvre et à sa vie. Il faut prendre en compte le fait que l’Opus Dei, en 1940, en était à ses premiers balbutiements et que sa mission : évangéliser le monde et prôner la sanctification de la vie quotidienne, était tout à fait valable et orthodoxe. Autre chose sont les dérives sectaires et les procédés douteux en tant qu’organisation qui ont pu se développer au fil des ans.

Cette entrée dans l’Opus Dei marquera indélébilement pendant longtemps la vie de Panikkar, et cela pour deux raisons : d’abord parce que c’est à l’intérieur de cette organisation qu’il devint d’abord prêtre catholique, une dimension fondamentale de sa vie; et ensuite parce que c’est là qu’il commença à développer sa pensée philosophique ce qui, paradoxalement, suscitera des tensions et des problèmes tels qu’ils seront la cause de sa sortie de l’Opus Dei en 1966. ’auteur explique en détail les différents moments de tension entre Panikkar et l’Opus Dei, ainsi que les mesures qui ont été prises contre lui, tel « l’exil » à Salamanque pour l’éloigner de Madrid, où il était responsable d’exercices spirituels très prisés par les étudiants universitaires. Cet éloignement et cette réclusion à Salamanque lui permirent d’écrire trois textes majeurs, qui à plusieurs égards, marqueront l’orientation de sa pensée ultérieure.

Il écrivit en premier lieu un long article qui deviendra ultérieurement un livre : F.H. Jacobi y la filosofia del pensamiento2 (F.H. Jacobi et la philosophie de la pensée), dans lequel il analyse l’aspect anthropologique du sentiment chez Jacobi. Bielawski attire l’attention sur le fait qu’on retrouve chez ce philosophe allemand des idées qui font écho à celles que Panikkar mûrira au cours de sa vie. Par exemple, l’idée que le Dieu qu’on croit connaître en le réduisant à des paramètres religieux n’est pas le vrai Dieu. Ou encore, que l’existence d’un Créateur ne peut pas être démontrée rationnellement, mais seulement par l’intuition que « tout ce qui est » correspond à la réalité de « tout ce qui est »; une affirmation de la primauté du « Réel », très importante chez Panikkar. Selon Bielawski on peut aussi y voir l’influence des critiques par Jacobi du panthéisme de Spinoza et de Lessing, allant dans le sens de l’
advaita  hindoue comme dépassement de la tension entre immanence et transcendance. Le deuxième livre El concepto de naturaleza. Análisis histórico y metafísico de un concepto  (Analyse historique et métaphysique du concept de nature), qui était en fait sa thèse de doctorat, est une tentative pour répondre à la question « Que sont les choses? ». Pour Bielawski ce qui fait l’intérêt de cet ouvrage, c’est la critique que fait Panikkar du réductionnisme physico-mathématique de la notion de nature que la science moderne a opéré, la vidant de toute dimension métaphysique et théologique et la réduisant aux paramètres mécaniques d’un rationalisme étroit. On y voit apparaître déjà sa critique de la science moderne qui occupera ultérieurement une part importante de sa réflexion et de ses écrits.

 

Le troisième texte écrit à cette époque est une préface  à l’édition en espagnol du livre de Jean Guitton, La Vierge Marie, publié dans une collection de spiritualité de la maison d’édition Patmos (appartenant à l’Opus Dei) que Panikkar lui-même dirigeait. Cette préface lui attirera des problèmes du fait que le livre en question, dans sa première édition en français (1949) et en espagnol (1952), fut condamné par le Saint Office. Le livre parut dans une nouvelle édition expurgée de certains passages, mais la préface de Panikkar avait été faite dans la traduction en espagnol de l’édition originale en français. Il est évident que des phrases telles qu’on les trouve dans la préface « Au ciel, c’est-à-dire, en Dieu, il y a un corps d’homme et un corps de femme»; ou encore « Marie ne suit pas une doctrine, elle vit et agit. Elle attire et stimule, tout en nous poussant », n’étaient pas admissibles par l’orthodoxie catholique et les dirigeants de l’Opus Dei en 1952. Cette préface eut comme conséquence qu’il fut démis de ses fonctions à Patmos et envoyé à Rome, suite à la dénonciation du Cardinal Segura, qui ameuta le fondateur de l’Opus Dei, Escrivà de Balaguer. Mde Bielawski souligne qu’on trouve en germe dans ce texte la notion même de cosmothéandrisme, qu’il développera ultérieurement; Marie dans sa corporalité, représenterait la dimension cosmique. Alors que le Christ serait théandrique (theos Dieu et ander homme). L’union du Christ et de Marie constituerait dans les faits un cosmothéandrisme.

Le troisième chapitre traite de ses séjours à Rome (1953-1954) et en Inde (1954-1958). À Rome, Panikkar put parachever sa formation théologique jusqu’alors limitée par celle nécessaire pour être ordonné prêtre. Quant au séjour en Inde, il semble qu’il fut également motivé par des tensions avec l’Opus Dei, qui utilisa ce moyen pour l’éloigner de toute possibilité d’influence dans le cadre ecclésiastique et théologique européen. Mais comme Panikkar l’affirma lui-même à plusieurs reprises, cet exil indien fut le chemin de son salut. Grâce à la rencontre de trois pionniers du dialogue hindou-chrétien : Henri Le Saux, Jules Monchanin et Bede Griffiths, il s’imprégna de la culture millénaire de l’Inde et s’initia à l’hindouisme, lequel nécessitera une lente maturation pour donner ses fruits. En témoigne le fait que le seul écrit qu’il publie à ce moment-là est le livre
La India. Gente, culturas y creencias  (L’Inde. Gens, cultures et croyances), et qui est destiné à un large public. Dans ce livre, qui connut un grand succès, Panikkar réussira à transmettre l’essentiel de la réalité indienne en dehors de toute thèse proprement philosophique ou théologique. C’est pendant cette période qu’il approfondit la figure de Melchisédech  à partir de l’Inde et grâce à ses relations avec des prêtres hindous qu’il côtoie quotidiennement, à l’inverse d’autres auteurs qui l’étudieront à partir de l’Occident et d’un point de vue surtout historique. Le livre résultant de cette réflexion théologique sera publié en 1959 en allemand Méditation sur Melquitsedeq. Le christianisme y est présenté comme la religion qui permet la conversion et la perfection de toutes les autres religions. Elle est encore inclusive, une position dont Panikkar s’éloignera ultérieurement, mais représente un changement avec la vision exclusive «hors du christianisme, point de salut». La dimension interreligieuse commence lentement à faire son chemin chez Panikkar.

Le quatrième chapitre traite de son deuxième séjour à Rome (1958-1963), qui coïncidera avec les travaux du Concile Vatican II. Il sera en contact avec des cercles conciliaires plutôt progressistes, mais sans participer activement à la préparation du Concile. Antérieurement, il se sera arrêté à Madrid pour y défendre sa thèse de doctorat en sciences intitulée Ontonomia de la ciencia. Sobre el sentido de la ciencia y sus relacions con la filosofía (Sur le sens de la science et ses relations avec la philosophie), dont Bielawski considère que c’est un grand exercice d’analyse logico.

 

PANIKKAR - Éloge du simple

Raimon panikkar

Edition  Albin Michel

 1995

« Personne qui aspire de tout son être à atteindre le but ultime de la vie en renonçant à tout ce qui n’est pas indispensable ». C’est la quête d’une bienheureuse simplicité à travers le monachisme. Mais ce livre est bien plus que cela, il définit en 9 sutras ou principes fondateurs le « canon du disciple » soit

1. s’ouvrir à l’aspiration primordiale
2. la primauté de l’être sur l’avoir et le faire
3. le silence passe avant la parole
4. la terre même avant la compagnie des hommes
5. dépassement du spatio-temporel
6. conscience trans-historique
7. la plénitude de la personne
8. la primauté du sacré
9. la mémoire de l’absolu et le souvenir constant de sa présence

 

PANIKKAR - entre dieu et le cosmos

Raimon panikkar

Edition Albin Michel

 1998

Ce maître spirituel né d’un père hindou et d’une mère chrétienne, a toute sa vie prôner le rassemblement inter religieux, il a recherché l’unité et la simplicité, il invite en permanence à découvrir la nature non dualiste du réel. Dans cet ouvrage qui est un entretien avec G. Jarczyk, il nous livre sa vision trinitaire de la réalité entre l’homme, Dieu et le Cosmos. Il nous parle d’Orient et d’Occident, de la Bible, des Vedas, du Christ, de Bouddha, de l’injustice, de la Foi, de l’éthique de la science et de l’expérience mystique.

 

A l'homme, créé à son image et à sa ressemblance, Dieu a confié la mission d'unifier le cosmos. Et comme le Christ a unifié en lui-même l'être humain, en l'homme le Créateur a unifié le cosmos. Il nous a montré comment unifier dans la communion du Christ le cosmos et arriver ainsi réellement à un monde racheté. A cette puissante vision salvifique fait référence l'un des plus grands théologiens du vingtième siècle, Hans Urs von Balthasar, qui - "relançant" la figure de Maxime - définit sa pensée par l'expression emblématique de Kosmische Liturgie, "liturgie cosmique". Au centre de cette solennelle "liturgie" se trouve toujours Jésus Christ, unique Sauveur du monde. L'efficacité de son action salvifique, qui a définitivement unifié le cosmos, est garantie par le fait que, bien qu'étant Dieu en tout, il est aussi intégralement homme - étant également comprise l'"énergie" et la volonté de l'homme.

 

La vie et la pensée de Maxime restent puissamment  illuminées  par  un  immense courage dans le témoignage de la réalité intégrale du Christ, sans aucune réduction ou compromis. Et ainsi nous apparaît qui est vraiment l'homme, comment nous devons vivre pour répondre à notre vocation. Nous devons vivre unis à Dieu, pour être ainsi unis à nous-mêmes et au cosmos, en donnant au cosmos lui-même et à l'humanité la juste forme. Le "oui" universel du Christ, nous montre également avec clarté comment donner leur juste place à toutes les autres valeurs.

 

Nous pensons à des valeurs qui sont aujourd'hui à juste titre défendues, comme la tolérance, la liberté, le dialogue. Mais une tolérance qui ne saurait plus distinguer entre le bien et le mal deviendrait chaotique et autodestructrice. De même: une liberté qui ne respecterait pas la liberté des autres et ne trouverait pas la commune mesure de nos libertés respectives, deviendrait anarchie et détruirait l'autorité. Le dialogue qui ne sait plus sur quoi dialoguer devient un vain bavardage.

 

Toutes ces valeurs sont grandes et fondamentales, mais elles ne peuvent demeurer de vraies valeurs que si elles ont un point de référence qui les unit et leur donne leur véritable authenticité. Ce point de référence est la synthèse entre Dieu et le cosmos, c'est la figure du Christ dans laquelle nous apprenons la vérité sur  nous-mêmes  et  nous  apprenons ainsi où placer toutes les autres valeurs. Tel est le point d'arrivée du témoignage de ce grand Confesseur. Et ainsi, en fin de compte, le Christ nous indique que le cosmos doit devenir liturgie, gloire de Dieu et que l'adoration est le commencement de la vraie transformation, du vrai renouveau du monde.  

 

PANIKKAR - initiations aux vedaS

Raimon panikkar

Edition  ACTES SUD

 2003

Raimon Panikkar, prêtre et philosophe considéré comme l’un des grands penseurs du siècle, présente ici une initiation aux Vedas, ces textes religieux et poétiques qui forment les premiers documents littéraires de l’Inde.

 

Une des plus belles manifestations de l’esprit est indubitablement celle qui nous est parvenue sous le nom générique de Veda. Le mot Veda, qui en sanskrit signifie « connaissance suprême, révélation », désigne un corpus de littérature religieuse parmi les plus anciens de l’humanité, il apparait au nord de l’Inde 2000 ans avant J.C.

 

Les Veda contiennent les quatre grands recueils que sont : Rigveda, Samaveda, Yajurveda et Atharvaveda, ainsi que les Upanishad et la Bhagavad Gita ; ils furent au début chantés et récités, puis écrits dans l’ancienne langue indo-aryenne : le védique, antérieure au sanscrit classique.

 

Au sommaire de ce petit livre :


Les Vedas, Aurore et naissance germination et croissance, floraison et plénitude, crépuscule et déclin, mort et résurrection, vie nouvelle et liberté.

 

panikkar – la plÉnitude de l’homme

Raimon panikkar

Edition ACTES SUD

 2007

Comme l’auteur lui-même l’indique au début de ce livre, ces pages sont une réflexion sur la condition humaine dans sa dimension la plus profonde et la moins soumise aux vicissitudes historiques : son désir de plénitude et de vie, de félicité et d’infini, de vérité et de beauté, au-delà des contingences religieuses et culturelles.


La Plénitude de l’homme concentre en peu de pages la passion et la quête de toute une vie. La première partie de l’ouvrage propose une réflexion sur la figure centrale de la conscience chrétienne et un approfondissement de la christologie classique. La seconde déchiffre, de manière personnelle, l’expérience mystique de Jésus de Nazareth. La troisième définit en neuf courtes sentences (ou sûtra) une nouvelle formulation du mystère christique.

 

Raimon PANIKKAR, un des grands penseurs de notre temps au carrefour de l’Orient et de l’Occident, nous fait partager sa conviction. Le monde, nous dit-il, se trouve devant un dilemme de dimension planétaire : soit l’homme accepte de vivre un changement radical de « civilisation », soit il va au-devant d’une catastrophe de proportions cosmiques.

La rencontre des cultures n’est pas une option facultative mais une nécessité vitale de notre temps.

Raimon PANIKKAR (né à Barcelone en 1918), titulaire de trois doctorats en chimie, philosophie et théologie, penseur de renommée mondiale, est professeur dans les plus prestigieuses universités d’Europe, d’Inde et d’Amérique.

Il a écrit plus de quarante livres en de nombreuses langues, parmi lesquels l’Expérience de Dieu (Albin Michel, 2002), La Trinité, une expérience humaine primordiale (Le Cerf, 2003) et, chez Actes Sud : Une christophanie pour notre temps (2001), Initiation aux Veda (2003), Le Silence du Bouddha (2006).


Raimon PANIKKAR vit maintenant retiré dans les montagnes de Catalogne, où il continue de mener une vie à la fois active et contemplative.

 

PANIKKAR - la trinitÉ – une expÉrience humaine primordiale

Raimon panikkar

Edition du CERF

 2003

On croit que la Trinité est une exclusivité de la théologie chrétienne, en réalité elle se trouve exprimée sous d’autres symboles dans la plupart des cultures humaines. La trinité ne nous parle pas seulement de la profondeur de ce qui est transcendant, mais aussi de la hauteur de ce qui est humain et de la réalité de ce qui est terrestre. Toutes les traditions se retrouvent dans cette intuition trinitaire qui cherche à atteindre les racines de toute réalité.

 

Les chrétiens sont baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Quand ils commencent leur prière, ils se marquent du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules en invoquant Dieu : Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : c’est la Trinité.

 

L’homme n’est pas capable d’imaginer un Dieu unique qui existe en trois personnes. C’est Dieu qui nous a révélé ce mystère de son amour par l’envoi de son Fils et du Saint-Esprit. Jésus nous a révélé que Dieu est « Père », en nous montrant d’une façon unique et originale, que Lui-même n’existe que par son Père. Jésus est un seul Dieu avec le Père. Jésus a promis à ses apôtres – les douze hommes qu’Il a choisis et envoyés – le don de l’Esprit Saint. Il sera avec eux et en eux pour les instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13). Ainsi, Jésus nous le fait connaître comme une autre personne divine.

 

La Trinité est Une : nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre commune des trois personnes et toute notre vie de chrétiens est une communion avec chacune des trois personnes.

 

panikkar – le silence de bouddha

Raymond panikkar

Edition  ACTES SUD

 2006

Lorsqu’on lui pose les questions ultimes de la religion, Bouddha se tait. Pourquoi ? Le bouddhisme est-il une religion athée ? Peut-on dire que l’athéisme moderne est une nouvelle religion ?


Le silence du Bouddha interroge la conscience occidentale : le monothéisme est-il essentiel au christianisme ? En quoi la modernité occidentale est-elle pétrie de christianisme ?


Nous ne pouvons de nos jours rester sourds à la voix d’autres peuples et d’autres cultures. Mais pour entendre, sans faire d’erreurs d’interprétation, il faut prêter attentivement l’oreille. Le silence du Bouddha pourrait peut-être devenir éloquent pour tous ceux qui sont saturés de verbiages tant scientifiques que religieux.


Ce livre, fruit de plusieurs décennies d’étude et d’expérience, tente de surmonter le mur que la culture occidentale a dressé trop souvent entre soi-disant athées et soi-disant croyants ; car la sagesse de Bouddha transcende cette distinction.


Le Silence du Bouddha n’est une apologie ni du bouddhisme, ni du christianisme ni de l’athéisme, mais il tente plutôt, sans esprit partisan, de trouver un fil conducteur capable de nos guider à travers ces trois grandes sagesses multiséculaires. Cette bonne introduction au bouddhisme qui reproduit quelques-uns de ses textes essentiels nous permet de réfléchir sur la situation spirituelle de l’homme contemporain.

 

PANIKKAR - lettre sur l’inde

Raimon panikkar

Edition  Casterman

 1963

Parmi les pays du Tiers-monde, l’Inde tient une place éminente par son poids démographique, par sa position politique, par sa culture ancienne, par son spiritualisme traditionnel. Son évolution actuelle peut avoir pour l’avenir de notre planète une importance considérable.


Mais lorsque nous voulons nous initier à la situation de ce pays immense et complexe, à la sensibilité parfois si différente de la nôtre, nous risquons de nous égarer parmi d’innombrables volumes, excellents certes mais qui se situent à un niveau de spécialisation qui dépasse nos besoins.

 

D’autres sont des reportages, souvent bien faits, mais qui restent trop à la surface des choses pour nous permettre de pénétrer au-delà des apparences et des impressions premières.

Raimon Panikkar a le grand avantage de connaître intimement à la fois l’Inde et l’Occident. En nous adressant, comme à un ami, avec sa Lettre sur l’Inde, il peut donc choisir ce qu’il est important de nous faire découvrir et la manière la plus adéquate de nous le faire vraiment comprendre. Son livre ne prétend pas tout dire ; il nous ouvre un chemin qui nous permettra d’aborder les choses indiennes avec intelligence.

 

PANIKKAR - l’expÉrience de dieu

Raimon panikkar

Edition  Albin Michel

 2002

L’auteur nous entraîne dans ses réflexions et développé ses idées sur Dieu, le silence intérieur et son approche mystique et métaphysique.

 

Nous devons apprendre à être silencieux. Trouver le silence est simple. Il n’est pas nécessaire de chercher à s’isoler dans une montagne, un désert ou une forêt. Il n’est pas nécessaire de fuir le bruit et de devenir grincheux dès qu’une porte claque. Il suffit de faire silence en soi pour, aussitôt, trouver le silence. Le silence est un compagnon éternel.

 

A peine avons-nous dit qu’il fallait apprendre à être silencieux que la possibilité d’une fausse interprétation se dresse. Être silencieux ne veut pas dire se forcer au silence, s’imposer le silence. Si nous faisons cela, nous prenons les mots pour des réalités. Si nous faisons cela, nous nous imposons une contrainte disciplinaire et notre silence ne sera qu’un certain mode de crispation, de censure toute superficielle. Il ne s’agit pas de jouer au silence ou de faire semblant. Il n’est pas question de plaquer, sur notre babillage ou notre tumulte intérieur, la carapace d’une attitude artificielle qui serait le fruit d’un effort.

 

Il faut trouver le silence. C’est quelque chose de beaucoup plus simple et de beaucoup plus profond. S’imposer une contenance ou une contrainte n’a aucun intérêt. Ce qui en a, c’est de s’éveiller à la présence du silence. Le silence est toujours en nous, éternellement. Il faut prendre conscience du silence qui perdure derrière le petit et décevant tourbillon de nos pensées, s’entrecroisant et se bousculant comme des insectes aveugles. Derrière, juste derrière les formulations mentales, immédiatement perceptible, l’étonnant silence étend son rivage. Pour le percevoir, il faut être attentif, réaliser une forme d’attention particulière. Il faut écouter, prêter l’oreille au silence. Il se peut qu’au début notre prétentieuse cacophonie intérieure nous en empêche. Mais celui qui cherche à la dépasser et à écouter derrière finit par trouver le silence.

 

Une espèce de déclic intérieur se produit et le silence nous est perceptible. Les bruits du monde continuent à frapper nos oreilles, mais ils ne nous importunent pas, car, venant de beaucoup plus loin, nous sentons le silence déferler sur nous. Un silence imperceptible pour l’oreille humaine et que seul l’esprit peut percevoir. Alors, bercés dans le sein de cet immense silence, nous acquérons un nouveau regard qui est un Éveil. La vie, en son inexprimable simplicité originelle, nous apparaît. L’existence revêt une saveur spéciale, accompagnée d’étranges résonances. Nous réalisons que l'existence humaine n'est qu'une onde colorée traversant la surface d’un silence sans fond. Dès lors, lorsque, ayant négligé la profondeur des réalités intérieures, nous nous serons perdus et oubliés dans le tourbillon des apparences superficielles du monde extérieur, nous saurons que, pour remettre les choses à leur place, il nous suffit d’écouter le silence, d’évoquer cet éternel compagnon. Lorsque le silence intérieur est présent, le monde extérieur cesse d’être un enfer d’insouciance accaparante, pour devenir un paisible éden. Paradis et enfer sont dans notre regard.

 

Sur celui qui connaît le silence et reste en sa présence, les déchaînements du monde extérieur n’ont pas de prise. Ils glissent telle l’eau sur les plumes de l’oiseau. Apprenez donc à être silencieux. Dans votre vie quotidienne, faites une place au silence, ce grand instructeur. Au sein de vos activités, sans rien interrompre, ouvrez l’oreille de votre esprit et, derrière les bruits, en l’absence de cogitation, écoutez le silence... Penser à la présence du silence, c’est commencer à le percevoir, car la pensée est une évocation. Une évocation qui, au sens magique de ce terme, appelle et provoque la manifestation de ce qui est invoqué. Dans le silence, la pensée se dissout et l’Être véritable apparaît.

 

Au sommaire Panikkar parle de DIEU, du silence intérieur, de la Foi, un discours sur un symbole et non sur un concept, DIEU n’est pas l’unique symbole du divin, la croyance, le Yin, la conception chrétienne du divin, distinction entre Jésus et le Christ, l’Amour, la Joie, la Souffrance, le Mal, le Pardon, la Nature.

 

PANIKKAR - PAIX ET DÉSARMEMENT CULTUREL

Raimon Panikkar

Edition Actes Sud

 2008

A la poursuite de la paix dans le monde, nous dit Raimon Panikkar, l’homme devrait commencer par se remettre en quête de sa propre humanité. Toute attitude qui suppose un rapport de forces, comme l’idée de vaincre ou de convaincre l’autre, est intrinsèquement contraire à la paix. Et de fait, même victorieuse, dit le Maha¯bha¯rata, ce type d’attitude porte en elle la défaite, la défaite de la paix car elle prépare la revanche, et nourrit le cycle sans fin de la violence.

Nous devons procéder à un désarmement culturel. Sous couvert d’universalisme des droits de l’homme et de la démocratie, une certaine culture dominante dans ce que nous appelons le “premier monde” veut l’hégémonie mondiale : elle est pétrie d’arrogance technologique, de soif de pouvoir, d’intérêts économiques et de complexes de supériorité.

Pour que règne la paix sur la terre, nous devons accomplir une révolution intérieure, vaincre notre inertie et accepter de regarder la réalité à partir du point de vue de l’autre.

Raimon Panikkar (né à Barcelone en 1918), titulaire de trois doctorats en chimie, philosophie et théologie, penseur de renommée mondiale, est professeur dans les plus prestigieuses universités d’Europe, d’Inde et d’Amérique.

Il a écrit plus de quarante livres en de nombreuses langues, parmi lesquels L’Expérience de Dieu (Albin Michel, 2002), La Trinité, une expérience humaine primordiale (Le Cerf, 2003) et, chez Actes Sud : Une christophanie pour notre temps (2001), Initiation aux Veda (2003), Le Silence du Bouddha (2006), La Plénitude de l’homme (2007). Raimon Panikkar nous a quitté en 2010.

Celui qui vainc engendre la haine, celui qui est vaincu souffre ; on vit dans la sérénité et la joie si l’on surmonte la victoire et la défaite’’

Au sommaire de cet ouvrage :

Première partie : Préliminaires sur la paix - Le mythe de la paix - Herméneutique du geste - la paix comme don - Vers la « Philosophia pacis » - sociologie de la connaissance - politique, religion, paix politique et religieuse -

Deuxième partie : La dimension religieuse de la paix politique - La guerre comme problème religieux - la paix comme affaire politique - la dimension religieuse et le désarmement culturel - la démystification - La transformation religieuse de la paix politique - la tradition - la technocratie - la sécularité - le mythe de l’histoire -

Troisième partie : Le désarmement culturel comme condition de paix - Qu’est – ce que la paix ? - le mythe unifiant - un emblème de la paix - Harmonie, liberté et justice - complexité et obstacles de la paix - l’idéal militaire - l’échelle humaine et la science moderne - la cosmologie évolutionniste - les chemins pour la paix - la réconciliation et le dialogue -

 

PANIKKARPÈLERINAGE AU KAILASH

Raimon Panikkar et Milena Carrara

Edition du Cerf 

 2011

En 1994, Raimon Panikkar et Milena Carrara partent pour le mont tibétain du Kailash. Ils en rapportent ce journal à deux voix qui relatent un double pèlerinage, à la fois intérieur et extérieur. L'enjeu est de vivre, à chaque pas, la Vie. Ce voyage vers la montagne sacrée devient ainsi un parcours initiatique d'ouverture du troisième œil et du cœur. S'y noue aussi une délicate et profonde relation de disciple à maître, qui conduit Milena à s'abandonner avec confiance au Mystère.

En août 2010, Raimon, revenu dans sa Catalogne natale, meurt. Milena est à ses côtés. Ce récit s'achève ainsi sur le retour à la Source : Milena disperse les cendres de Raimon dans le Gange, là où, quelques années plus tôt, elle fut plongée par Raimon pour recevoir le baptême de la renaissance. 

 

PANIKKAR - PLURIVERSUM - POUR UNE DÉMOCRATIE DES CULTURES

Raimon Panikkar 

Edition Cerf

 2013

La pensée de Raimon Panikkar est, au moins en France, à la fois célèbre et méconnue. C'est pourquoi Serge Latouche propose, pour la première fois, une anthologie de textes particulièrement représentatifs de la philosophie politique et culturelle du théologien et philosophe indo-catalan.

A partir de la notion de pluriversum, monde à la fois pluriel et pluraliste, ce recueil aborde successivement : la diversité des cultures et de la relativité culturelle ; la question du temps et les possibilités de construction d'une société juste ; la critique du technocentrisme et l'après-développement.

 

Ordonné prêtre en 1946, il enseigne en Inde à partir de 1954, puis, en 1966, devient professeur de philosophie orientale à Harvard et à Santa Barbara en Californie. Après sa retraite en 1987, il rejoint l'Espagne pour s'installer définitivement à Tavertet, petit village de montagne situé dans la province de Barcelone où il a créé la Fondation catalane Vivarium, chargée de promouvoir la tolérance et le dialogue entre les religions à travers le monde. Il fut un des promoteurs du dialogue interreligieux hindou-chrétien. Il en avait fait sa recherche et son enseignement tant en Inde (où il put rencontrer le père Henri Le Saux avec qui il fit le pèlerinage aux sources du Gange) qu'aux États-Unis.

Auteur de plus 80 ouvrages et 900 articles sur la philosophie des sciences et les religions comparées, notamment "El concepto de la Naturaleza" (Le concept de la Nature), "La trinidad y las religiones del mundo" (La trinité et les religions du monde) et "El dialogo interreligioso" (Le dialogue interreligieux).

Raimon Panikkar est titulaire, entre autres, du Prix National de Littérature et du Prix international d'essai Antonio Machado. En 1999 il reçoit la Croix de San Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne. Il décède en 2010.


Au sommaire de cet ouvrage :


Introduction au pluriversalisme de Raimon Panikkar par Serge Latouche - Relativité culturelle - Equivalents homéomorphiques - Dialogie dialogal - tolérance - tempiternité - la notion des droits de l’homme - herméneutique diatopique - Critique transculturelle -

La dialectique de la raison armée - le défi métaphysique - en dernière analyse toutes les religions sont vraies, mais sont également fausses - les religions sont des affaires privées et des produits historiques - Méditations européennes sur 500 ans de colonisation - le choc de l’Amérique - les Lumières et les guerres de religion - les guerres mondiales -

Réflexions religieuses et philosophiques - l’obsession de l’universalité - la conscience historique - l’individualisme - métanoïa obligatoire - dépassement de l’isolement - désoccidentalisation du monde - alternatives à la culture moderne - l’American way of life - l’ordre transitoire est séculier et pluraliste - le défi de la modernité -

La tempiternité : temporalité des cultures - approximation phénoménologique - le temps de l’attente - le temps perdu et accéléré - le caractère circulaire du temps - la circonférence est indéfinie - le centre est indistinct - le cercle est limité - la question Théo-sociologique -

Temps et histoire dans la tradition de l’Inde : Kâla et Karman - le temps comme pouvoir cosmique - le Destin - le temps pouvoir de Dieu - l’herméneutique linguistique - intériorisation et dépassement du temps - mythe et histoire : itihâsa et purâna - Aperception empirique du temps par Bettina Baumer - le temps dans la grammaire sanscrite, dans le calendrier, l’astrologie, les fêtes - temps mythique et âges du monde -

Temps et sacrifice - le temps sacrifié - la tension permanente entre l’éternel et le temporel - le sacrifice comme moyen universel de traiter la tension - conception védique et chrétienne du sacrifice - phénoménologie du sacrifice - la nature intemporelle de l’acte temporel de conscience - la sacralité du travail séculier -

Le technocentrisme - l’émancipation de la technologie - le bien être des peuples et ses symboles - les divers développements des technologies - Différences entre la technique traditionnelle et la technique contemporaine - Tolérance, idéologie et mythe - la loi de la tolérance et ses quatre moments -

 

PANIKKAR - une christophanie pour notre temps

Raimon panikkar

Edition  Actes Sud

 2001

Dans un texte d’une grande concision Raimon  Panikkar nous donne sa vision du christianisme, dont l’universalité est antérieure à l’enseignement du Christ lui-même, il met en perspective le message du Christ tel qu’il peut être vécu dans une « christophanie pour notre temps ».

 

Christ est la manifestation directe de Dieu à la conscience humaine et, comme le dit le titre d’un des derniers livres de Raimon Panière, c’est la «plénitude de l’homme» et la manifestation visible et publique de la vérité du Christ, qui n’atteint pas seulement le christianisme:

 

«Christ est la plénitude de la vie, cette Plénitude, qui a tant de nom, dans la tradition chrétienne est appelé Jésus, le Christ… Il dépasse le kairos chrétien du troisième millénaire… le monothéisme abrahamique sans remettre en question la légitimité et la validité de la religion monothéiste. Ce dépassement… ne veut pas signifier la négation du divin mais plutôt l’ouverture à la grande intuition de la Trinité.

 

Christophanie est, pour cela, plus que Christologie. Plutôt que de tenter d’élaborer une réflexion sur Christ et l’être humain avec une nette référence à la Trinité, il est conscient du fait que la Christologie est d’habitude un produit occidental lié à une culture concrète et qui a agi seulement à l’intérieur de cette ambiance.

 

La Christologie d’aujourd’hui «n’est pas catholique, ou bien universelle», et peut l’être, à vrai dire, seulement en s’ouvrant aux autres cultures et religions.

Christophanie désigne la révélation du Christ à la conscience humaine et la réflexion critique à son sujet. Elle ne s'écarte pas de la christologie si ce n'est qu'elle souligne. Une réception plus passive de l'impact du Christ  en regard d'une recherche plus combative, par la raison humaine, pour son intelligibilité. Une réintégration de la figure du Christ dans une vision cosmologique,  tende à être une sagesse qui révèle la signification de quelque chose ayant la prétention d'être la Voie, la Vérité et la Vie. Une intégration des équivalents homéomorphiques de ce que les chrétiens appellent le Christ afin que la christophanie, englobe toute épiphanie sacrée ou divine et s'engage dans un discernement critique. Elle étudie comment les autres traditions ont interprété la compréhension chrétienne du Christ et les interprétations respectives des équivalents homéomorphiques correspondants.

 

La christophanie est le fruit du dialogue avec les autres religions autant qu'une interprétation de sa propre tradition, peut-être en contraste avec le contexte moderne. Les autres religions ne sont pas non plus considérées comme adversaires ou païennes mais sont reconnues dans leur propre compréhension de l'équivalent homéomorphique de la problématique chrétienne du Christ. La visée principale n'est pas de mieux comprendre les autres traditions, moins encore de les convertir ou de les réfuter, mais de mieux et plus profondément entrer dans le mystère du Christ. Le dialogue se fixe pour but de mieux nous comprendre nous-mêmes et d'intégrer, parmi d'autres choses, comment les autres nous interprètent.  Les autres religions du monde - non pas comme les chrétiens les ont interprétées, mais comme elles se définissent elles-mêmes - sont des locii theologici pour la christophanie que nous proposons. .

 

PAR LES CHEMINS DE VIE ET D’ŒUVRE      -      ENTRETIENS AVEC MIREYA de ALSÓN

Jean BIÈS

Edition  Les deux Océans

 2001

Loin des tapages médiatiques, l’œuvre inspirée et foisonnante de Jean Biès révèle lentement son unité diverse aux chercheurs de vérité. En l’espace de 6 entretiens, un homme individué s’exprime en toute liberté, il nous raconte ses années de jeunesse et de formation, ses initiations de vie, les étapes de sa réflexion et de sa quête intérieure.

 

Le témoin qu’il est de son temps, nous parle de politique et de la crise des valeurs ; l’enseignant qu’il a été, de son métier et de ses idées pédagogiques ; l’écrivain prolifique nous fait partager ses conceptions littéraires, et le philosophe aux champs nous confie son amour de la nature et de la musique.

 

L’aventurier de l’âme souligne l’importance du féminin et de la psychologie des profondeurs, et celui de l’esprit,  analyse les notions d’ésotérisme et d’enseignement traditionnels. Le visiteur de l’Inde évoque les apports de l’Hindouisme, et le pèlerin de l’Athos, les dimensions de l’Orthodoxie et sa beauté.

 

Cette ouverture à tant de domaines ne fait pas de Jean Biès un esprit éclectique et dispersé, tout se retrouve au contraire, dans sa vie comme dans son œuvre, concentré, unifié dans la lumière de l’Être, lieu de la conciliation des contraires mais aussi lieu de transformation.

 

C’est ce que montrent ces entretiens, marqués de gravité et teintés d’humour, où s’harmonisent humanisme et spiritualité, Occident et Orient, théorie et pratique, parole et silence. Ils sont une récapitulation des conclusions auxquelles l’auteur est parvenu au terme de 50 années de recherches, de voyages et d’expériences ; bilan d’une expérience et d’une existence, synthèse d’une pensée qu’une biographie en fin de l’ouvrage complète.

 

parlez-moi de solitude & de silence

h. exley

Edition  EXLEY

 1999

Prendre du temps pour soi dans ce monde de bruit et d’agitation, voici à quoi vous invite ce magnifique livre. Ayez le toujours à portée de main, il vous aidera à vous accorder à vos vraies valeurs intérieures, il vous procurera un extraordinaire sentiment de paix profonde.

Je n’ai jamais trouvé de compagnon qui ne soit plus agréable que la solitude et le silence. Nous sommes la plupart du temps plus isolés quand nous sommes parmi les hommes que quand nous restons dans nos chambres.” Vous n’avez pas besoin d’être un moine pour trouver la solitude, tout comme vous n’avez pas besoin d’être un ermite pour l’apprécier.

La solitude/silence est un art perdu en ces jours d’ultra-connexion, et bien que j’apprécie la beauté de cette communauté globale, je pense que nous avons besoin de nous en éloigner de manière régulière. Quelques-unes de mes activités favorites incluent de s’assoir devant l’océan, dans le moment présent, le contemplant… marcher, seul avec mes pensées… me déconnecter et juste écrire… trouver le calme dans un bon roman, j’aime être avec mes proches, et marcher avec un ami ou regarder le coucher du soleil avec ma femme ou lire un livre avec mes enfants font également partie des choses que j’aime le plus au monde.

Mais la solitude et son silence, en ces jours plus que jamais, est une nécessité absolue. Les plus belles créations naissent dans la solitude, pour de bonnes raisons: c’est seulement quand nous sommes seuls que nous pouvons chercher en nous-mêmes et trouver la vérité, la beauté, l’âme. Quelques-uns des philosophes les plus célèbres faisaient des promenades quotidiennes, et c’était pendant ces promenades qu’ils ont trouvé leurs pensées les plus profondes.

Voici juste quelques-uns des bénéfices de cette solitude et de son silence: Du temps pour penser en étant seul, nous apprenons à apprendre qui nous sommes nous faisons face à nos démons, et nous nous arrangeons avec eux -  de l’espace pour créer de l’espace pour se reposer, et trouver la paix - du temps pour réfléchir à ce que nous avons fait, et en apprendre quelque chose - l’isolation des influences des autres nous aide à trouver notre propre voix - le calme nous aide à apprécier les petites choses que nous perdons dans les problèmes quotidiens –

Un des meilleurs moyens pour trouver la solitude, est de sortir et apprécier la pleine nature. Marcher, trouver un parc ou une plage ou une montagne, trouver un café calme, trouver un endroit ombragé pour se  reposer. Observer les gens, ou observer la nature. -  Essayez de prendre un bain calme et relaxant de temps en temps. - Pelotonnez-vous avec un bon livre. - Faites une promenade chaque jour.-  Prenez une bonne tasse de thé.- Essayez de vous assoir en pleine conscience, et de vous concentrer sur votre respiration alors qu’elle entre et qu’elle sort. Quand votre esprit s’égare vers des pensées du passé ou du futur, prenez-en patiemment conscience, et retournez calmement à votre respiration.

“Je vis dans une solitude qui est douloureuse dans la jeunesse, mais délicieuse dans les années de la maturité.” ~Albert Einstein

 

paroles des deux mondes

Richard moss

Edition  LE RELIE

 1997

Ce recueil de réflexions de sagesse pour aujourd’hui est organisé autour de huit thèmes : la méditation, l’attention, le mystère, l’amour inconditionnel, la guérison, la conscience corporelle, l’alchimie de la relation, l’éveil de l’âme.

Ainsi que le dit Marie de Hennie dans sa préface : « à quoi Richard Moss nous invite-t-il ? S’il parle de l’Éveil, il ne s’agit pas d’une expérience exceptionnelle ou extraordinaire.

 

Il s’agit d’accepter la vie que nous avons dans ce qu’elle a de quotidien et d’ordinaire, de « tout simplement humain ». Pour cela un seul chemin, aussi simple qu’exigeant, celui de devenir « disciple de la Vie », de la servir avec présence et attention.

 

« Quand j’enseigne,  les mots jaillissent spontanément, portés par un courant d’énergie ou de présence. Ils s’écoulent d’eux-mêmes, s’organisant en des voies inattendues, parfois d’une étonnante acuité, et qui bien souvent viennent stimuler chez les auditeurs comme en moi des espaces profondément ressentis. Oui, ce sont bien là paroles des deux mondes – nous faisant entrer dans une relation plus profonde avec nous-même qui en même temps devient une perception nouvelle de notre univers. »

 

pÉlerin de l’absolu

Marc Alain descamps

Edition  TRISMEGISTE

 2007

Le livre Pèlerin de l’Absolu est un livre transpersonnel qui relate une recherche de l’absolu. Un livre transpersonnel ne parle jamais de soi, mais du Soi, donc il emploie la troisième personne à la place des « je, me, moi, mon ». Tout l’individuel est sacrifié aux péripéties de cette quête permanente de l’Absolu et de l’Universel.

 

Ce n’est donc pas une biographie et il n’y a aucune confidence personnelle sur des détails comme les goûts alimentaires ou vestimentaires.


Ceux qui n’ont pas de vie intérieure se demandent toujours « mais il parle de quoi ? Mais c’est quoi cet absolu ? », Ils réclament des « j » et veulent rabaisser un pèlerinage en une autobiographie. Alors que tout est sacrifié à l’Idéal du Parfait, Infini, Éternel. La recherche de l’Universel dans l’intime et la vie intérieure est à l’opposé de la complaisance dans les particularités de la personne. La grande confusion est de voir dans ce livre une autobiographie personnelle alors que c’est une recherche transpersonnelle.

C’est de plus un livre miroir. Chacun n’y voit que ce qu’il est ou le niveau qu’il a atteint. Ceux qui n’ont pas eu cette recherche intime de l’absolu n’y voient que l’anecdote, le guide touristique ou la biographie….Un miroir est aussi un objet sacrifié, qui n’existe pas car il est invisible. Un miroir doit s’effacer et ne pas être vu et surtout pas regardé. Le miroir réfléchit sans être vu. On ne regarde jamais un miroir, on ne voit que le reflet. On se voit, on se regarde, on se contemple en lui. Mais le miroir on ne le voit pas. Si on le regarde pour l’étudier ou le nettoyer, on ne voit plus ce qu’il renvoie. Comme un pur renvoi vers quelque chose d’autre, le personnage s’efface complètement devant la mission, le pèlerin dans le Pèlerinage.


Ce livre met en route. Il a été écrit pour tous : il prend chacun à son niveau pour le conduire au degré supérieur. Le message du livre au lecteur est : « c’est vous le miroir, que montrez-vous ? ».

 

Le but de ce livre est d’amener le lecteur à se dire « mais moi aussi je suis un pèlerin, je le savais déjà ou je le découvre à sa lecture » ou bien « désormais je deviens un pèlerin de l’absolu, par une conversion soudaine, car il n’y a rien de plus important dans ma vie ».

 

PENSÉES SUR LA MORT

A. COMTE – SPONVILLE

Edition  ALBIN MICHEL

 2000

Platon a dit « Philosopher c’est apprendre à mourir »

 

l’auteur nous entraîne chez les partisans du néant et chez ceux qui prônent une autre vie après la mort.

 

PENSÉES SUR LA SAGESSE

A. COMTE – SPONVILLE

Edition ALBIN MICHEL

 2000

Diverses étymologies nous parlent de la sagesse – SOPHIA, Philosophia, Sapienta, mais qu’est-elle ? Est-elle ce savoir lié à l’intelligence, la pensée, la connaissance.


L’auteur nous donne sa version très proche finalement de nos anciens.

 

PENSÉES SUR L’HOMME

A. COMTE – SPONVILLE

Edition  ALBIN MICHEL

2000

L’auteur philosophe reconnut essaie de définir l’homme à travers son histoire et sa complexité.

 

petite mÉditation sur le mystÈre de l’amitiÉ

Anselm grün

Edition  ALBIN MICHEL

 2004

Dans un monde où le tissu familial se déchire si souvent, où la situation des individus est soumise à tant de changements parfois brutaux et traumatisants, l’amitié prend de plus en plus de place dans les relations humaines. L’Ami demeure un repère dans le tourbillon d’une vie sujette à la précarité affective et sociale.

 

L’Ami partage nos plaisirs et nos joies, nous aide à aller au fond des choses, à devenir vraiment nous-mêmes.


Se fondant sur une longue expérience d’écoute thérapeutique, citant des paroles fortes de philosophes antiques, de personnages de l’histoire chrétienne et de poètes contemporains, Anselm GRÜN nous invite à explorer le territoire de l’amitié.

 

Sans revendiquer une quelconque exhaustivité, sans esprit de système, il nous offre plutôt une suite de courtes méditations inspirées par un vécu et par une solide culture spirituelle.

 

petit manuel d’Émerveillement

Erik sablḖ

Edition DERVY

 2004

Ce petit manuel nous propose d’oublier tous les systèmes, de nous dépouiller de tous les savoirs, de toutes les habitudes, pour nous ouvrir à ce regard constamment neuf qui émerveille le monde. En redevenant simple, nous pourrons aborder le Grand Mystère Originel.

L’univers devient alors un miracle de chaque instant, une surprise toujours renouvelée.

L’émerveillement est aussi un véritable chemin spirituel. Le « sentiment de doute », qui est au cœur du bouddhisme Tchan, est une approche de l’émerveillement au même titre que ces méditations pratiquées par certains courants du hassidisme ou certaines branches du soufisme.

  

PETIT TRAITÉ DE LA CONNAISSANCE DE SOI

José Le Roy

Edition Almora

 2013

« Connais-toi toi-même » pouvait-on lire sur le Temple de Delphes. Qui suis-je en effet ? C’est là une question essentielle de notre existence, mais comment y répondre ? Peut-on même y répondre ?

A travers un vaste panorama des philosophies d’Orient et d’Occident, en s’appuyant sur des textes des maîtres spirituels des principales traditions ; José le Roy montre que ce que nous sommes vraiment, n’est pas ce que nous paraissons être.

Ce livre nous invite à un voyage vers le centre de nous-même où de profondes et étonnantes découvertes nous attendent, pour notre plus grand plaisir.

Au sommaire et en résumé de cet ouvrage :

Pourquoi chercher à se connaitre ? - La connaissance de soi conduit à la Sagesse - Découverte de l’Absolu -

Savons-nous qui nous sommes ? - L’homme est ignorant de soi - Pour se connaitre, il faut se préparer -

Pourquoi semble-t-il difficile de se connaitre ? - Difficile d’être objectif avec soi-même - Le chercheur est le cherché, d’où la difficulté de la connaissance de soi -

Suis-je conscient d’être conscient ? - La conscience est sa propre lumière - La conscience de soi n’est pas divisée en sujet et objet - La conscience de soi est non-duelle -

Comment se connaitre dans l’Advaita vedanta indien ? - La connaissance de soi est essentielle - L’ignorance masque le Soi - C’est en ôtant les voiles que le soi s’automanifeste -

Qui suis-je ? ou que suis-je ? - La connaissance de soi est une autorévélation - La connaissance de soi se donne dans une intuition non-duelle - Pour se connaitre, il faut se séparer de ce que nous ne sommes pas -

Suffit-il de lire sa carte d’identité pour se connaitre ? - Identification aux caractéristiques sociales - La personnalité sociale est un masque - Il ne s’agit pas de nier ces masques mais de s’en libérer -

Suffit-il de se regarder dans un miroir pour se connaitre ? - Narcisse - Le corps change, pas le « je » - Le corps est divisible, pas la conscience - Notre véritable identité n’est pas le corps -

La connaissance de soi est-elle une connaissance morale ? - La connaissance morale nous apprend nos défauts et qualités, mais ne dit pas ce que je suis - Au-delà de la morale nous devons chercher l’essence du « je » -

Suis-je mes pensées ? - Nous sommes identifiés à nos pensées ce qui génère stress et instabilité - les pensées changent, le sujet non - Nous sommes le témoin de nos pensées - La découverte que nous pouvons dépasser nos pensées, nous donne la paix et la liberté -

Suis-je ce dont je me souviens ? - La mémoire - Nous nous identifions à nos souvenirs - Nous ne sommes que le témoin de nos souvenirs - Ce que nous sommes, existe au présent -Le « je suis » n’a pas d’âge -

Qu’est-ce que je suis ? - Nous sommes la conscience au-delà de la mémoire, des pensées, du caractère, du personnage social et du corps - Notre véritable nature est la conscience pure, le « je suis » -

Soi ou non-soi ? - Les bouddhistes considèrent que le moi est vacuité - Nous sommes rien et tout à la fois - Les manières d’exprimer la connaissance de soi sont diverses et variées selon les traditions et les philosophies, mais l’expérience est unique -

Que veut dire se connaitre ? - Exercices d’éveil - Découvrir sa vraie nature est une expérience d’expansion de la conscience - La conscience est non-duelle -

La connaissance de soi n’est-elle pas une ignorance de soi ? - La connaissance de soi est paradoxale - La connaissance de soi est aussi une ignorance de soi -

 

PETIT TRAITÉ DE LA JOIE

Erik Sablé

Edition Dervy

 2015

Le sens commun réduit souvent la joie au sentiment de bien-être. Elle est cela. Mais pas simplement. Elle se révèle beaucoup plus riche et profonde, toute une dimension oubliée qu’Erik Sablé nous rappelle. Il existe de nombreuses formes de joie, plus ou moins subtiles. Lorsque certaines vérités ont été comprises, nous sommes apaisés, sereins, ouverts au mouvement de la vie, ouverts à la joie. Mais cette joie n’appartient pas réellement à notre univers émotionnel habituel. Elle est d’un autre ordre. Elle est toujours un peu « magique ». Elle bouscule notre vie et amène une petite révolution dans notre façon d’être. Ce petit ouvrage dense et poétique décrit les différents visages de cette joie, comment la reconnaître, la cultiver, la développer en soi.

Cherchez « joie » dans un dictionnaire de philosophie basique, vous ne trouverez rien. Tapotez sur votre clavier, les petites mains invisibles qui opèrent sur le Net tendent à vous renvoyer inexorablement à « bonheur ». Aucune joie dans la philo ? La plupart des penseurs se méfient d’elle : trop paroxystique, trop inquiétante. Perte de contrôle de soi pour Platon, elle jouxte carrément la folie – mania en grec. Les philosophes stoïciens en quête d’ataraxie, état intérieur de calme plat, la jugent trop bruyante, trop physique.

Leurs cousins les épicuriens sont à la recherche du bonheur – bonheur qui se résume pour eux à l’absence de souffrance : pas de quoi se réjouir et encore moins éclater de rire. Épicure, ami de la vie simple et ennemi du luxe, guide tout à fait acceptable pour les ennemis du trop de consommation, ne porte pas à l’enthousiasme.

Enquêtons du côté de Leucippe, un penseur de la Grèce antique qui semble tenir la joie comme le but de la vie. En fait, il nous parle surtout de cette jubilation esthétisante particulière, éprouvée face au spectacle des belles et des bonnes choses. Sans doute les Anciens étaient-ils trop contemplatifs, le regard braqué vers le ciel des belles idées et des idéaux élevés, pour apprécier le dynamisme du sentiment de joie.

Pourtant, la joie est essentielle pour Spinoza ou Nietzsche qui voient en elle un synonyme d’existence, ou pour Bergson qui la fait rimer avec « élan créateur ». Robert Misrahi, longtemps titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne, nous apprend à la faire jaillir en ce XXIe siècle qualifié par lui de « temps de l’exaspération  ». Et c’est à la joie que notre collaborateur Alexandre Jollien consacre son dernier essai. Les trop rares philosophes à s’être penchés sur la question l’affirment : l’homme n’est vraiment homme que dans la joie !

Au moment où Spinoza (1632-1677) entame son Traité pour la réforme de l’entendement, il est en quête d’une éthique – d’une façon de vivre et de penser – en accord avec notre nature humaine, totalité âme-corps sujette aux émotions et au désir. Le philosophe hollandais déteste les passions, qui nous rendent esclaves (passifs) – la tristesse paralysante, le désespoir, la colère, tellement obsédante, la crainte et la superstition. La joie suprême ne réside pas dans le passage à l’acte compulsif, dans l’assouvissement de nos fantasmes, mais dans l’action éclairée par la connaissance.

Plus nous connaissons, plus nous comprenons, plus la joie croît en nous et plus, simultanément, nous devenons meilleurs et plus forts. Pour cet homme qui se bat contre l’obscurantisme, dont les écrits seront censurés, la joie est étroitement liée au dépassement progressif des habitudes et des normes imposées par la pensée dominante. La joie spinozienne est celle de l’homme avide de liberté. Elle nous assure que si nous continuons à penser, nous serons libres et puissants, même enchaînés.

 

PETIT TRAITÉ DES GRANDES VERTUS

A. COMTE – SPONVILLE

Edition  PUF

 1995

Des vertus, on ne parle plus guère. Cela ne signifie pas que nous n’en ayons plus besoin, ni ne nous autorise à y renoncer. Mieux vaut enseigner les vertus, disait SPINOZA, que condamner les vices : mieux vaut la joie que la tristesse, mieux vaut l’admiration que le mépris, mieux l’exemple que la honte.


Il ne s’agit pas de donner des leçons de morale, mais d’aider chacun à devenir son propre maître, comme il convient, et son unique juge. Dans quel but ? Pour être plus humain, plus fort, plus doux. Vertu c’est puissance, c’est excellence, c’est exigence. Les vertus sont nos valeurs morales, mais incarnées, autant que nous le pouvons, mais vécues, mais en acte : toujours singulières, comme chacun d’entre nous, toujours plurielles, comme les faiblesses qu’elles combattent ou redressent.

 

Il n’y a pas de Bien en soi : le bien n’existe pas, il est à faire et c’est ce qu’on appelle les vertus. Ce sont elles que je me suis données ici pour objet  de la politesse à l’amour, dix-huit chapitres sur ces vertus qui nous manquent (mais point totalement : comment pourrions-nous autrement les penser ?), et qui nous éclairent.

 

PHILOSOPHIE DE L’INITIATION

 Bruno Pinchard

Edition Dervy

2016

Professeur de philosophie spécialisé dans l’histoire de la philosophie, élève, entre autres de Lévinas et Derrida, familier de Dante, Bruno Pinchard explore les rapports, amoureux ou tumultueux, entre philosophie et initiation à travers certains thèmes centraux de la Franc-maçonnerie : liberté de croyance, laïcité éclairée, fraternité élective et universalité réelle. Les thèmes retenus pourraient faire craindre une réduction de l’initiation à sa dimension sociétale, il n’en est rien.

 

La démarche maçonnique est, on ne s’en rend pas forcément assez compte, un processus d’apprentissage de la philosophie (Un ouvrage vient de paraître pour doter le FM des outils philosophiques nécessaires, non pas seulement celle qui consiste à manier des concepts abstraits, bien qu’il soit nécessaire de les connaître, mais plus surement un apprentissage de la philosophie envisagée comme « manière de vivre », c’est-à-dire comme manière d’envisager notre rapport aux autres, au monde, à la vie et à son sens.

 

C’est là un retour aux sources de la philosophie, telle qu’elle était enseignée par les philosophes de l’antiquité grecque. La Franc-maçonnerie fait appel en permanence à eux, ne serait-ce que par l’adage : « connais-toi toi-même ».

 

Le premier intérêt de l’ouvrage de Bruno Pinchard est là : nous faire comprendre qu’à la base de la démarche maçonnique comme de la démarche philosophique, il y a le même  « questionnement », questionnement qui, en philosophie comme en maçonnerie, nous fait entrer dans une démarche « initiatique » ; questionnement sans fin où apprendre à se poser correctement les bonnes questions est plus important que nos réponses toutes faites.


A fréquenter les grands penseurs qui ont marqué l’histoire de la philosophie et dont les portraits jalonnent l’ouvrage, on se rend compte que, comme le proclame la Franc-Maçonnerie qui est à la « recherche de la vérité », celle-ci, si elle est « une », n’en présente pas moins plusieurs facettes. Cela permet de se poser, correctement, la question de « l’un et du multiple », cœur même de la pensée maçonnique et base de sa tolérance bien comprise.

 

Apprentissage de la philosophie par le questionnement logique et l’exercice de la raison, donc. Mais la franc-maçonnerie ne se contente pas de cette démarche de la rationalité logique car elle connait, par ses rites, ses mythes, ses symboles, le rôle éminent que tient la pensée analogique dans la pensée humaine. Elle sait, comme Blaise Pascal, que « le cœur a ses raisons que la raison ne connait point », ce qui n’est pas une façon de disqualifier cette forme de pensée là, comme ont voulu le faire les « croyants » du « rationalisme » du 19è siècle, renvoyant l’inconscient et l’imaginaire du côté de l’irrationnel. Bruno Pinchard, qui est l’un des spécialistes européens du Grand Poète Dante, sait, lui aussi que l’imagination peut être créatrice. Il sait aussi que la franc-maçonnerie est l’un des lieux où on peut s’y exercer tant la pensée et la symbolique de cette dernière puisent aux sources mêmes de toutes les traditions la civilisation occidentale.

 

C’est pourquoi, par ses références à Dante bien sûr, mais aussi à Bachelard, à Jung, au Zarathoustra de Nietzsche, et à Nerval, il montre qu’à coté de cette tentative de répondre au questionnement par l’apprentissage du « philosopher », la démarche maçonnique invite, aussi, et au même niveau, à répondre à l’étonnement que pose le monde et à l’émerveillement face au miracle de la vie. Cette alliance du questionnement, de l’étonnement, de l’émerveillement, cette prise de conscience du tragique de la vie face à la finitude, pour accéder à la « joie d’être »,  c’est finalement cela la « philosophie de l’initiation », démarche ô combien « humaine, plus qu’humaine », loin très loin des pseudo-adhésions à quelques idéologies qui se parent, de manière désincarnée, de tous les « ismes possibles, y compris celui d’un humanisme d’autant plus invoqué qu’il n’est pas vécu.

 

Se mettre en chemin dans le processus maçonnique, c’est se mettre, pour paraphraser le poète Hölderlin, à habiter philosophiquement et poétiquement le monde : être dans ce monde sans lui appartenir. Ce qui est l’apprentissage de « l’art de vivre » que distillent, sans les imposer, tous les rites, mythes et symboles de la Franc-Maçonnerie. Lire l’ouvrage de Bruno Pinchard, c’est se plonger dans les profondeurs de la pensée maçonnique, c’est revenir à ses sources mêmes, qui sont toujours et encore vivifiantes, pour transformer une vie quelconque en destinée, en aventure. Merci donc à Bruno Pinchard de ce salutaire bain de jouvence.

 

PHILOSOPHIE -  MḖTHODE ET PRATIQUE INITIATIQUE

Alain Pozarnik

Edition Dervy

 2018

L'homme n'est pas né pour mourir mais pour, dans l'espace-temps de sa vie, achever son humanisation, créer son Etre et accroître sa conscience jusqu'à l'infini. La raison n'étant jamais bannie des chemins initiatiques, l'auteur expose avec une rare clarté les difficiles points philosophiques à connaître pour adhérer librement à notre devenir possible et nous orienter vers la Sagesse, la Connaissance et la Vérité. L'exceptionnel intérêt de cet ouvrage est de décrypter dans les rituels maçonniques les propositions d'ascèse et de suggérer toute une gamme d'exercices pratiques tenus jusqu'à ce jour sous le boisseau de la confidentialité pour ne pas dire du secret le mieux gardé.

 

Après soixante ans de recherches initiatiques dont cinquante sur la Voie Royale maçonnique, l'auteur révèle les grands secrets logiques, analogiques et intuitifs qui conduisent à la sagesse et sauvegardent la liberté de conscience dans le bonheur de vivre au quotidien. Un livre indispensable à toute personne, profane ou initiée, désirant sincèrement poursuivre l'évolution darwinienne de l'homme

 

 

philosophes et philosophie

 

Edition  Nathan

 1999

Ce sont deux livres importants où l’on trouve tous les grands philosophes de Platon à nos jours. Y est expliqué également le mécanisme des diverses philosophies qui ont influencé le monde.

Un philosophe est une personne ayant laissé des écrits philosophiques, vivant de manière philosophique, ou faisant de la philosophie une activité centrale dans sa vie. Au sens populaire, est « philosophe » celui qui, face aux petits ou grands événements de l'existence, fait preuve de patience, de courage, de sérénité, et cherche une existence paisible, à la façon des anciens stoïciens ou épicuriens ; en ce sens, on parle de « vivre en philosophe », de « se montrer philosophe ». Dans cette acception, c'est souvent l'adjectif qui est employé. Dans une deuxième acception, un philosophe est un auteur ou du moins une personne dont certaines conceptions ont été consignées par écrit.

En un sens large, on appelle alors philosophe celui qui pense de façon conceptuelle, radicale, critique, systématique les grands principes et valeurs de la vie et de la connaissance La signification du mot varie avec les époques, les contextes socio-historiques, et en fonction du rapport entre la « philosophie » comme traditions, corpus de textes, discipline, institutions, et d'autres institutions ou disciplines (sciences, théologie, sociologie, économie, psychologie, ethnologie, esthétique…). Au sens antique, est « philosophe » la personne qui « cherche la vérité et cultive la sagesse »,  Au sens « professionnel », est « philosophe » un enseignant ou un chercheur en philosophie. Certains philosophes-auteurs étaient ou sont également philosophes-enseignants ; c'est particulièrement fréquent depuis deux siècles, mais c'était également le cas, dans des contextes évidemment très différents, de Platon ou d'Aristote.

Ouvrage de référence.

 

portrait du pÈre lagrange

Jean guitton

Edition Robert LAFFONT

 1991

Tout au long d’un siècle de vie, Jean Guitton a été hanté par le malentendu qui oppose l’Église et le monde de la science, « la raison et la foi qui avancent chacune dans leur voie, pour le malheur de l’une et de l’autre ». L’auteur de Dieu et la Science s’est vu confier par le pape la mission de consacrer un livre biographique au Père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem.


À l’origine de cette initiative, la décision prise par Jean-Paul II de canoniser celui qui, sous Pie X, avait été « bâillonné » pendant dix ans. Au début du siècle, on enseignait encore que la création du monde remontait à 6 000 ans… Contre ce refus de la critique, le Père Lagrange a dressé une œuvre immense à la recherche de la vérité scientifique.

 

Mais, dominicain fidèle à son Église, il est alors entré dans le silence tout en sachant – et en le disant à son supérieur – que la vérité était de son côté.

Le dominicain Marie-Joseph Lagrange a 35 ans lorsqu’il arrive en Terre sainte pour fonder, en 1890, l’École biblique de Jérusalem et, en 1892, la Revue biblique. Le pape Léon XIII lit ses travaux avec attention et soutient ce novateur dans sa tâche de réévaluation des Textes et de réconciliation de la science et de la foi. Le pape a l’intention de lui confier la création d’un Institut biblique à Rome. Tout sera suspendu en 1903 à la mort de Léon XIII.

 

Son remplaçant, Pie X, promeut un mot nouveau : intégrisme...

 

A la fin du XIXème siècle, une crise grave secouait l’Église. L’avancée des sciences humaines, en différents domaines, interdisait de lire la Bible d’une manière trop naïve. Il fallait harmoniser les exigences de la science et celles de la foi. Un dominicain voua sa vie à l’interprétation de la Bible dans l’Église, le Père Marie-Joseph Lagrange, qui sut joindre aux rigueurs du labeur scientifique une profonde expérience spirituelle.

Comme les juifs, comme les musulmans, les chrétiens croient que Dieu s’est révélé aux hommes et qu’il leur a parlé. Pour les disciples du Christ, cette parole de Dieu se découvre dans la Bible, un livre, ou plutôt un ensemble de livres en trois langues, hébreu, araméen et grec, dont la composition s’étale sur des siècles, les plus récents datant de la fin du Ier siècle de notre ère. Près de deux millénaires nous séparent de la littérature biblique que l’Église a pour mission d’interpréter, d’actualiser, et de rendre vivante et compréhensible pour l’homme d’aujourd’hui. Elle est assistée dans cette tâche par des savants qui, à la lumière de la foi, et sous son autorité, passent leur vie à scruter les saintes Écritures afin d’y découvrir le visage de Dieu et ce qu’il veut nous dire. On appelle ces chercheurs "exégètes", nom dérivé d’un mot grec qui signifie "explication". Il y en a toujours eu dans l’Église. Dès les premiers siècles de notre ère, des chrétiens ont entrepris d’établir un texte sûr à la lumière des meilleurs manuscrits, de le traduire dans les diverses langues modernes et de le commenter pour nourrir la foi des fidèles.

Albert Lagrange, Marie-Joseph sera son nom de religieux, est né le 7 mars 1855, à Bourg-en-Bresse, où son père exerçait l’office de notaire. Son père était "chrétien jusqu’aux moelles", sa mère, très douce, artiste, et femme de prière. A trois ans, l’enfant est présenté au curé d’Ars qui aurait dit en le voyant : "Cet enfant deviendra une lumière de l’Église". Pensionnaire au petit séminaire d’Autun, Albert fit d’excellentes études secondaires. On apprenait alors, par cœur, l’Évangile de Luc en grec, on lisait les grands classiques en grec et en latin. Admissible à Saint-Cyr, le jeune étudiant préfère le droit, il se destine à la carrière d’avocat. Il passera le doctorat à la faculté catholique de Paris, s’inscrit au barreau et plaide quelques fois. Mais un jour où il priait dans l’église Saint-Sulpice, il avait éprouvé une émotion intense. "En sortant, écrira-t-il, je n’étais plus le même". Il songe alors à la vie religieuse dominicaine, et pour se préparer aux austérités de l’ordre des prêcheurs, il entre au séminaire d’Issy-les-Moulineaux où il nouera de solides amitiés et rencontrera des maîtres spirituels qui lui donneront le goût des Écritures. Le 6 octobre 1879, il prend l’habit au couvent des dominicains de Saint-Maximin, dans le Var. Un an plus tard, des décrets d’expulsion obligent les religieux à émigrer en Espagne. Le frère Marie-Joseph Lagrange part à Salamanque où il va étudier la théologie et les langues orientales. Ordonné prêtre le 22 décembre 1883, il enseigne à la maison d’études des dominicains de Salamanque puis à Toulouse où il arrive en 1886. A Vienne, où il avait été envoyé pour parfaire sa connaissance des langues anciennes, le Père Lagrange reçoit, le 5 février 1889, l’ordre de son prieur provincial de se rendre au couvent de Jérusalem pour y fonder une École d’Écriture Sainte. Cette école s’ouvrira le 15 novembre 1890, dans un ancien abattoir turc.

L’étude de la Bible posait alors bien des problèmes à l’Église catholique. L’avancée des sciences humaines ne risquait-elle pas de mettre en question les données fondamentales de la Bible ? Pouvait-on se livrer à une étude scientifique de textes sacrés que les croyants considéraient comme Parole de Dieu ? Persuadé que la recherche de la vérité ne doit jamais avoir peur de ce qu’elle va découvrir, le Père Lagrange s’engagera dans la bataille afin de concilier la foi et la raison, la science et la conscience, le dogme et la critique. Toutes les sciences humaines devaient être mises au service de l’étude de la Bible, Parole de Dieu en langage d’homme. La méthode historico-critique, indispensable pour l’étude scientifique du sens des textes anciens, s’appliquait aussi à la Bible. L’exégèse catholique devait donc étudier les processus historiques de production des textes bibliques, suivre leur cheminement progressif, et mettre en œuvre pour y parvenir des critères scientifiques aussi objectifs que possible. Elle devait tenir compte des genres littéraires, de la provenance géographique et de l’origine historique des écrits. L’entreprise n’alla pas sans difficultés. Injustement dénoncé, Lagrange, longtemps suspect aux yeux des autorités romaines, fut accusé de sacrifier la lettre de la Bible aux exigences de la critique. Jamais lâche, toujours docile, travailleur acharné, théologien sans failles, il cherchait avant tout à servir l’Église et son honneur. Il se souciait du salut des âmes, à une époque qui les exposait aux dérives nombreuses. Il consacra sa vie au service de la Parole de Dieu par l’enseignement oral ou par les livres. Il fut tout autant savant qu’homme de prière et contemplatif. Dans la célébration commune de la liturgie, dans la récitation personnelle du rosaire, il puisait une force intérieure et une sérénité que rien ne parvenait à ébranler.

Son œuvre, immense, remplit d’admiration celui qui la parcourt, une trentaine de livres dont la plupart fort épais, plus de 250 articles savants, et de multiples recensions, soit, au total, à peu près 16 000 pages de science biblique selon une estimation vraisemblable. Le Père Lagrange a commenté les quatre Évangiles, les lettres de saint Paul aux Romains et aux Galates. Il a consacré deux ouvrages au judaïsme ancien, trois gros volumes d’introduction à l’étude du Nouveau Testament, un sur les religions sémitiques, il a écrit une vie de saint Justin, etc. Dans toutes ses œuvres, on retrouve la mise en pratique d’une méthode, neuve à l’époque dans l’Église, mais qui allait faire école, appuyée sur quelques principes essentiels. Il vérifiait tout ce qu’il avançait. Il comprenait les textes dans leur cadre historique et géographique. Il identifiait leurs genres littéraires. Disciple de saint Thomas d’Aquin, il raisonnait avec rigueur pour tirer des conclusions qui ne devaient rien au hasard ou à la passion. Il demeurait fermement convaincu qu’il ne peut y avoir d’opposition entre la science et la foi de l’Église.

Sauf une interruption d’une année scolaire en 1912-1913, et de quatre ans durant la guerre 1914-1918, le Père Lagrange a toujours vécu à Jérusalem où, durant quarante-cinq ans, il n’a jamais cessé d’animer le travail de l’École Biblique et Archéologique Française. Pour des raisons de santé, il dut se retirer, en octobre 1935, au couvent de Saint-Maximin où il mourut, le 10 mars 1938, entouré par l’affection et l’admiration de ses frères qui l’avaient accueilli avec vénération. Sa dépouille, transférée à Jérusalem en 1967, repose maintenant dans le chœur de la basilique du couvent Saint-Étienne. Sur la pierre tombale, on peut lire cette inscription, rédigée en latin :
"Ici repose le frère Marie-Joseph Lagrange, de l’Ordre des Prêcheurs, fondateur de l’École Biblique de Jérusalem, infatigable interprète des Saintes Lettres. (En paix. 7 mars 1855 - 10 mars 1938)".

De ce grand savant et de ce fils de l’Église, loyal et affectueux, il reste aujourd’hui une méthode et un esprit dont lui-même n’avait pu qu’entrevoir le succès que de loin. Ce qu’il avait semé, dans les larmes parfois, d’autres devaient le moissonner dans la joie. Le 30 septembre 1943, l’encyclique « Divino afflante Spiritus » rend hommage au travail de l’École Biblique. La constitution dogmatique Dei Verbum du deuxième concile du Vatican, promulguée le 18 novembre 1965, reconnaissait la nécessité d’appliquer à l’interprétation de la Bible les principes de la méthode historico-critique. L’ouverture du procès de canonisation du Père Lagrange invite à reconnaître la sainteté exemplaire de sa vie. L’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem poursuit le travail de son fondateur en s’appuyant sur les mêmes exigences de compétence scientifique et de service de l’Église. La méthode historico-critique a, certes, des limites, mais elle reste indispensable. Avec l’aide d’autres méthodes, elle ouvre au lecteur moderne l’accès à la signification du texte de la Bible, tel que nous l’avons.

Les nécessités du temps ont confiné le Père Lagrange dans le domaine ardu de l’exégèse historique, mais il aurait aussi voulu faire goûter les fruits savoureux de l’exégèse spirituelle et de la tradition des Pères de l’Église. Il sut toujours garder le souci de dégager la signification théologique des textes qu’il commentait. Sa critique n’a jamais la froideur du scalpel. Sa recherche de la vérité a libéré la foi de tous les enfantillages qui n’en font pas partie, de toute lecture naïvement fondamentaliste et de toute tentative qui voudrait privilégier une fausse piété aux dépens de la science.

Dans cet immense océan qu’est la Bible, "dont on ne peut suivre les rives sans que le regard demeure attiré vers les profondeurs de l’infini", Dieu a donné "un travail interminable à l’intelligence humaine". "Il lui a ouvert un champ indéfini de progrès dans la vérité". Cette réflexion que le Père Lagrange livrait à ses auditeurs il y a plus d’un siècle, lors de sa leçon inaugurale, reste toujours d’actualité. L’exégèse de la Bible est un travail sans fin, toujours à reprendre. Le fondateur de l’École Biblique a donné à ce labeur austère une méthode et un esprit dont la fécondité est loin d’être épuisée. Il savait qu’une exégèse et une critique vraiment scientifiques ne pouvaient être en désaccord avec la foi. Il a cru qu’on pouvait avoir confiance dans la force de la vérité.

    

principes & mÉthode de l’art sacrÉ

Titus burckhardt

Edition DERVY

 1995

Titus Burckhardt, Suisse allemand, est né à Florence en 1908 et décédé à Lausanne en 1984.  Il a consacré toute sa vie à l'étude et à l'exposition des différents aspects de la Sagesse et de la Tradition.    A l'âge de la science moderne et de la technocratie, Titus Burckhardt fut l'un des plus subtils et puissants interprètes de la vérité universelle, dans le domaine de la métaphysique aussi bien que dans celui de la cosmologie et de l'art traditionnel.  Dans un monde où règnent l’existentialisme, la psychanalyse et la sociologie, il fut l'un des plus grands porte-parole de la philosophia perennis, cette “sagesse incréée” qui s'exprime dans le Platonisme, le Vedanta, le Soufisme, le Taoïsme et d'autres authentiques enseignements ésotériques et sapientiels.  En termes de littérature et de philosophie, il fut un membre éminent de l’école traditionaliste” du vingtième siècle.

 

Les historiens de l’art, qui appliquent le terme d’« Art Sacré » à n’importe quelle œuvre artistique à sujet religieux, oublient que l’art est essentiellement forme ; pour qu’un art puisse être appelé « sacré », il ne suffit pas que ses sujets dérivent d’une vérité spirituelle, il faut aussi que son langage formel témoigne de la même source.


Tel n’est nullement le cas d’un art religieux comme celui de la Renaissance ou du Baroque, qui ne se distingue en rien, au point de vue du style, de l’art foncièrement profane de cette époque ; ni les sujets qu’il emprunte d’une manière toute extérieure et en quelque sorte littéraire, à la religion, ni les sentiments dévotionnels dont il l’imprègne, le cas échéant, ni même la noblesse d’âme qui s’y exprime parfois, ne suffisent pour lui conférer un caractère sacré.


Seul un art dont les formes mêmes reflètent la vision spirituelle propre à une religion donnée, mérite cet épithète.

10 Q

quelle langue parlaient nos ancÊtres prÉhistoriques ?

Marcel LOCQUIN

Edition  Albin. Michel

 2002

Les premiers langages articulés seraient apparus il y a environ 500 000 ans, grâce à ce que les linguistes et paléontologues appellent la « double articulation du langage » : c’est-à-dire l’assemblage de phonèmes pour faire des mots et assemblages de mots pour faire des phrases.

 

L’auteur remonte le temps et nous explique comment l’homme a quatre pattes, s’exprimant par signes et onomatopées en se redressant s’est exprimé par la parole.

Un des meilleurs livres sur le sujet.

  

QUESTION DE…   Revue bi-annuelle de  Méditation, l’aventure incontournable

Revue dirigée par Marc de Smedt

Edition Albin Michel

 2015 

S’intéressant au vaste sujet de la méditation, l’équipe de Question de a voulu montré combien ce concept recouvre des pratiques et des états de conscience très divers. Ce phénomène de fond grandissant répond à un besoin essentiel de notre société : celui de retrouver du sens et du calme, au sein d’une course qui s’accélère et semble ne plus avoir d’avenir cohérent.


Des spécialistes de tous les horizons témoignent donc, dans ce premier numéro, de leur vécu méditatif !

Les différentes méthodes proposées prouvent, de manière concrète, qu’il existe en chaque être humain, une zone de paix et de tranquillité que l’on peut convoquer à tout moment. En cela un grand adage zen dit : « la méditation n’a rien à voir avec la position couchée, assise ou debout »

Cette formule qui peut sembler bizarre à tous ceux qui pratiquent des formes immobiles de méditation, comme le zazen ou le vipassana, ou des formes en mouvement comme le tai-chi ou le yoga, signifie en fait une seule chose : bien qu’il s’appuie sur des techniques précises de respiration consciente, sur des gestuelles particulières et sur un lâcher prise, l’art de méditer est avant tout une façon d’être et de vivre, une philosophie et une recherche de bien-être et d’équilibre.

Dès que je suis perdu dans mon cinéma intérieur, dès que je suis absent du monde

C’est ce va et vient entre agitation et calme intérieur qui fonde tout le processus de la méditation. Je peux méditer partout, n’importe quand ainsi cela peut devenir un jeu intéressant et salvateur ; se rendre compte de notre folie ordinaire en la contemplant de façon non impliquée est la base de la méditation, car selon l’adage chinois « un fou qui sait qu’il est fou n’est pas si fou que ça ! »

Ce constat lucide ouvre la porte des possibles, ainsi nous nous libérons sans cesse de notre emprisonnement mental, ce qui nous permet à la fois d’être et d’agir différemment. La méditation ne peut en rien être un remède total et définitif à nos problèmes de mal être ; c’est juste un outil facile à utiliser pour essayer d’y voir plus clair dans son journalier, d’y trouver un équilibre et une philosophie de vie.

Au sommaire de cette revue bi-annuelle  N°  1 :

La grande aventure de la méditation, une révolution de civilisation en Occident, par : Fabrice Midal - Huit semaines en pleine conscience, une expérience vécue dans un stage de mindfulness par : Elizabeth Marshall-Hannart - La méditation face à la science, des résultats surprenants en laboratoire par : Aurélie Godefroy - méditer à l’hôpital Sainte-Anne, comment soigner les psychoses par : Christophe André - Je suis un cobaye par Matthieu Ricard - Le Zen et l’ego par : Roland Rech -

Le Yoga à l’école, initier les enfants au silence par : Brigitte Anne Neveux - Danser la vie grâce au qi gong, un ressourcement au quotidien par : Thierry Janssen - La force du recueillement, l’initiation à la profondeur par Gilles Farcet - Le cerveau droit, l’évolution de la conscience à travers l’histoire par : Philippe Nassif - Vivre la voie du Tao par Catherine Despeux - Le théâtre comme méditation par : Olivier Py -

Tenzin Palmo, méditer pour sauver le monde, le parcours d’une nonne aujourd’hui par : Jacques Vigne - La voie des cendres, sur les traces d’un maître du Xe siècle en Indonésie par : Elisabeth D. Inandiak - Pétrir le monde au fond de soi et plonger dans la pâte primordiale par : Jean-Philippe de Tonnac - La vie est un rêve lucide, méditer en dormant par : Isabelle Soriente - Une nuit dans la forêt, avoir la nature comme temple par : Christine Kristof-Lardet -

Une sexualité de la présence par : Daniel Odier - Aristophane déjà par Serge Valletti - La méditation du soir, s’apaiser avant le sommeil par Yvan Amar - Irisations par Zéno Bianu - Entrer dans le milieu, une réflexion biblique sur le centre de l’être par : Annick de Souzenelle - Portraits des grandes figures de la méditation –

 

Au sommaire du N° 2-  Octobre  2015

La terre est vivante de Patrice van Eersel  -  la musique des arbres de Jacques Lacarrière  -   la nature et nous d’André Comte-Sponville  -   l’art de vivre en chine de Cyrille Javary   -   L’impermanence de la beauté au Japon  par Gilles Mathiot  -  Wakan Tanka, le cercle sacré par Patrick Cicognani   -   le langage de la forêt primaire par Dominique Godrèche et Dan Everett  -   L’âme de l’Univers par Rupert Sheldrake  -   la nature sauve d’Ilios Kotsou  -   Qui observe le monde est le monde  par Erik Pigani  -   Sagesse de la Nature par Jacqueline Kelen   -   Hidegarde de Bingen  par Pascale d’Erm   -   La poésie persane déjà… par Leili Anvar   -   La robe rouge par Christian Bobin   -   Dans la tête d’un éléphant par Philippe Jost   -   L’Oeil qui me regarde par Jean-Yves Leloup   -   Les dimensions multiples du mont Tamalpais par Etel Adnan  -   Et si on plantait des arbres…  par Aurélie Godefroy et Tristan Lecomte   -   L’agriculture comme art   par Henri de Pazzis   -     Merci donc par François Cheng  

Entretiens avec Michel Onfray (le cosmos et le Vivant)  -  Hubert Rives (se souvenir d’où l’on vient)   -  Cheikh Bentounés (quand la terre parle)   -   Jean Marie Pelt (désherber l’âme)   -   Jean-Louis Etienne, Isabelle Autissier et Lionel Daudet (L’appel du large)   -   Pierre Rabhi (la dynamique du vivant)   -  

 

10 R

  

regards sur les mondes anciens

     Frithjof schuon

Editions  TRADITIONNELLES

 1972

Un regard sur les mondes anciens par le grand philosophe Schuon qui explique que toute l’existence des peuples anciens et des peuples traditionnels en général fut organisée et dominée par deux idées-clefs, celle de notion du Centre et celle de la notion de l’origine.

 

Dans ce monde spatial où nous vivons, toute valeur se réfère en quelque manière à un centre sacré qui est le lieu où le ciel a touché la terre ; dans tout monde humain, il y a un lieu où Dieu s’est manifesté pour y répandre ses grâces, ses bienfaits et sa bénédiction. Il en est de même pour l’Origine, laquelle est le moment quasi intemporel où le ciel était proche et où les choses terrestres étaient encore mi-célestes ; mais c’est aussi, pour les civilisations ayant un fondateur historique, la période où Dieu a parlé, renouvelant ainsi pour l’humanité l’alliance Primordiale.

 

Au sommaire de cet excellent livre :

 

Regards sur les mondes anciens   -   Chute et déchéance   -    Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens   -   Chamanisme peau-rouge   -   Sur les traces de Mâyâ   -   Propos sur la naïveté   -   L’homme dans l’univers   -   Universalité et actualité du monachisme   -   Clefs de la Bible   -   Religio Perennis   - 

 

RENCONTRES AVEC DOUZE FEMMES REMARQUABLES

Marc Alain descamps

Edition ALPHÉE

 2006

Les femmes aussi peuvent être remarquables. Elles peuvent être inspiratrices et si elles n’ont pas encore fondé de religion, elles ont été à la source d’importants mouvements et de courants qui ont transformé leur siècle.

Douze femmes remarquables nous livrent ici le secret de leur vie et de leur œuvre. Leur parcours constitue un voyage initiatique, à la rencontre de l’Orient et de l’Occident.

H.P. Blavatsky a lutté toute sa vie pour faire connaître les sagesses orientales en fondant la Société Théosophique.
Alice Bailey a fondé l’École Arcane et a contribué à développer la bonne volonté sur la terre.
Mirra Alfassa, « Mère » dans le Yoga intégral d’Aurobindo, a fondé Auroville, la Cité de l’Aurore, et a exploré l’inconscient cellulaire.
Alexandra David-Neel a été la première femme à pénétrer en 1924 à Lhassa la capitale du Tibet interdit, puis à devenir une inlassable initiatrice au Bouddhisme.
Maryse Choisy a été un précurseur en tout : spiritualité, psychanalyse et yoga.
Jeanne Guesné a été la première à pratiquer des sorties hors du corps dès 1938.
Élisabeth Kübler-Ross est à la source de la nouvelle science occidentale de la mort et des soins palliatifs.
Marie-Magdeleine Davy obtenait des conversions instantanées dans la recherche intérieure vers le secret qui nous habite et nous dépasse.
Lilian Silburn faisait vivre tout ce qui est décrit dans les textes sur le Shivaïsme du Cachemire et sur l’éveil de la Kundalini.
Mâ Anandâ Moyî était la Joie incarnée et sa rencontre reste une bénédiction.
Mère Meera (Mira) transmet l’énergie de la Lumière et l’expérience suprême.
Amma (Swami Amritanandamayï) est sur terre l’incarnation de l’Amour divin et le fait ressentir.

Leur transmission nous est ouverte, à nous de la saisir. Voulez-vous partager leur secret ?

 

RENCONTRES SOLAIRES

Marianne DUBOIS

Edition  J.M. GARNIER

 1997

Ce livre raconte l’expérience mystique et extatique de l’auteur lorsqu‘elle entend l’appel de Jésus. C’est une souffrance mais également un passage vers la joie, cette transformation est portée dans ses débuts par cette rencontre avec une image de Jésus vécue dans un état de détente profonde, ainsi cette image s’intériorise de plus en plus pour devenir la substance même de la félicité et de la vie. L’auteur  détaille les dialogues et les états d’âme qu’elle ressentie, et pourquoi et comment cette rencontre solaire à changée à jamais sa vie.

Ecoutons ce que nous dit Marianne Dubois : « Vivre à fleur de soi, c'est la découverte progressive que les cinq sens sont des éléments d'une ouverture spirituelle. Héritière du catholicisme, j'étais au départ dans une pensée où le fait d'entretenir une ascèse sur les sens donnait accès à la spiritualité. J'ai découvert l'inverse. Plus je permettais aux différents sens de s'épanouir en moi, plus je leurs donnais de l'importance et de la profondeur, et plus je me libérais.
Vivre à fleur de soi c'est cultiver le paradoxe qui fait que l'apparence conduit à la profondeur. Devenir toujours plus sensible et plus frémissant. L'attention à l'ouverture de la conscience en chacun d'entre nous permet de se vivre comme des instruments de musique de plus en plus raffinés qui peuvent jouer avec d'autres d'une manière plus harmonieuse. Vivre à fleur de soi c'est devenir un être de vibration. La transformation est tout d'abord psychologique, puis elle devient énergétique et vibratoire. L'ouverture d'un être consiste à se comprendre, se connaître mais aussi, à partir d'un certain moment, à devenir une sorte d'antenne frémissante dans l'univers.

La conscience et la spiritualité ne sont pas limitées à une croyance intellectuelle ou à une façon de penser mais se traduisent par un état du corps et un état d'être. A ce moment-là on n'est plus ni réceptif, ni émetteur, mais un troisième terme qui concerne la plénitude de l'être, que j'appelle parfois l'état de "l'enfant-soleil". On n'a pas beaucoup de mots car il s'agit d'une démarche laïque qui n'a pas été répertoriée, qui n'est pas un instrument de pouvoir. C'est un chemin de communication et de partage avec une composante extatique. On ne quitte jamais vraiment le fusionnel. Je trouve que c'est une sorte "d'erreur psychologique" que de diaboliser ce "fusionnel" de façon un peu indifférenciée en répétant : "Il ne faut pas être fusionnel !" Les gens qui s'aiment, se disent : "Mon Dieu, il ne faut pas que je sois trop fusionnel !". Le fusionnel est quelque chose que nous recherchons toute notre vie et je crois même que l'évolution conduit à oser de plus en plus le fusionnel.

La conscience, en se creusant, a tendance à intérioriser l'ombre. Dire : "le problème est chez moi" demande de faire attention à ce que ce processus ne devienne pas une auto-accusation permanente et une façon de se détruire subrepticement au goutte à goutte. Le voyage dans l'inconscient peut être une source d'affaiblissement, de dépression et de tourments. Tous les tourmentés romantiques faisaient le va-et-vient entre la révolte et l'intériorisation. Dans l'identité masculine, un homme évolué qui ose passer par la féminité d'être, peut aussi affronter les enfers de son inconscient représentés par le démembrement d'Osiris. Le trajet de la femme dans la quête d'identité passe par la mise en route de l'actif, le rassemblement des morceaux et l'érection d'un nouveau pénis qui est aussi le sien ».

10 S

sagesse chrÉtienne et mystique orientale

François chenique

Edition  Dervy

 1996

Catholique de naissance, de formation littéraire et philosophique, François Chenique s’est aussi doté d’une formation en logique, en théologie et en histoire des religions, en même temps qu’il étendait ses connaissances linguistiques à l’hébreu, au sanskrit et au tibétain. Pourtant derrière cette diversité intellectuelle se cache une préoccupation majeure : l’unité des formes de l’esprit et de la Tradition.

 

Evidemment, la notion de cette unité pose de redoutables problèmes théoriques et pratiques : tous ne sont pas abordés ici, mais il en est un auquel la formation philosophique et logique que François Chenique ne pouvait manquer de le rendre sensible : celui de la langue de référence dans laquelle cette unité pourra se formuler.

 

Et si l’on répond que cette langue, c’est la doctrine guénonienne, ou le vedanta shankarien, ou la philosophie scolastique, ou le madlyamaka nagarjunien, ou la kabbale des Sephiroth, encore faut-il justifier ce choix et rendre compte du privilège ainsi accordé à une langue sur une autre.

 

C’est sans doute ce problème qui a conduit l’auteur à mener une comparaison minutieuse entre Orient et Occident pour remettre en cause la vision guénonienne d’une mystique uniquement occidentale. Le titre de cet ouvrage est  une référence au livre d’Henri le Saux : Sagesse hindoue et mystique chrétienne. Mais ce « journal métaphysique », tel que le nomme Jean Borella, est aussi un livre de voyage : voyage à travers les époques, et les mondes religieux, pour qui ne redoute pas les longues distances et les changements de décors. L’itinéraire n’est pas imposé, l’ordre de lecture peut être celui de la curiosité et le vagabondage n’est pas interdit, gageons cependant que plus d’un lecteur aimera revenir sur ses pas et s’attarder aux paysages déjà reconnu, alors à notre tour apprenons à cheminer de la sagesse chrétienne aux mystiques orientales.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 650 pages :

 

Intérêt et limites du Yoga : Origine fabuleuse  -  arrivée du yoga en France  -  Aryens et Dravidiens  - les 6 points de vue orthodoxes de l’Hindouisme   -  les 6 darsana  -  définition du yoga  -  le yoga royal  -  les 8 étapes du raja-yoga  -  méditation et contemplation  -  Samadhi et isolement   -  les pouvoirs du yoga  - le yoga de l’action, de la dévotion, de la connaissance et des formules sacrées   -   les origines du tantra-yoga  -  la pratique du Tcheu   -

 

Un yoga chrétien est-il possible ? : le yoga dans diverses religions  -  le Pèlerin russe  -  le cœur et les chakras  -  le pèlerinage aux sources de Lanza del Vasto  -  le Père Déchanet et le Père Lambert  -   Jacques Maritain et Olivier Lacombe  -   Jacques-Albert Cuttat    -  les pratiques du yoga chrétien  -  la méditation    -

 

Yoga et ascèse chrétienne

 

Les dangers qui menacent la pratique du yoga : le Yoga gymnastique  -  le commerce du yoga  (l’abandon de la morale et le sexe omniprésent  -   vrais et faux gourous    -   la confusion du psychique et du spirituel   -  la pseudo-tradition   -  le mépris de la contemplation  -

 

Unité des religions et actualité et métaphysique de l’unité transcendante des religions : Le livre  -  Frithjof Schuon   -  Philosophie et métaphysique  -   les limites de l’exotérisme religieux  -  la tradition chrétienne   -  l’ésotérisme chrétien et l’initiation christique  -  le rétrécissement de la planète   -  la déclaration Nostra aetate du concile de Vatican II   -  Hindouisme et bouddhisme  -  Islam  -  Judaïsme  -  Dieu, Père de tous les hommes   -  Métaphysique de l’unité transcendante des religions  -  les diverses révélations  -   les révélations avatâriques   -   le verbe divin, médiateur universel   -  L’avis du grand Lama tibétain   -  l’expérience de Kabîr et de Râmakrishna   -

 

Révélation primordiale et convergence des religions dans l’œuvre de René Guénon : René Guénon et la religion, la mystique, la scolastique,   -  le Sanâtana Dharma  -  la Philosophia perennis  -  la loi de Manu   -  la Tradition Primordiale et son rattachement   -   le cas du bouddhisme  -  

 

Moralité de l’action dans le monde moderne : Les apories de la morale occidentale  -  le cas particulier du Christianisme  -  la charité  -   le bien commun  -  la propriété privée  -  la morale du guerrier et de l’homme d’action  -   les scrupules d’Arjuna sur le champs de bataille  -  l’action désintéressée   -  le Moi, le Soi avec leur différence   -   les écoles védantiques et leur influences  -   la doctrine du « non-soi »   - la non-substantialité du soi   -   de quel « soi » s’agit-il ?   -  Shankara était-il bouddhiste ?   -  Accords avec la tradition occidentale   -  importance du Gyud Lama  -  compassion, bienveillance et charité   -  la désinflation du moi  -

 

Les vertus transcendantes et les dons du Saint Esprit : Origine scripturaire des dons  -  le texte d’Isaïe   -   Vue d’ensemble sur les 7 dons  -   les dons et les vertus antiques   - les 5 vertus intellectuelles selon Aristote   -  Aristote et Philon d’Alexandrie  -   les dons et les vertus chrétiennes   -  le don d’intelligence, de science, de sagesse, de conseil, de piété, de force et de crainte de Dieu  -   les fruits et les charismes  - les fruits du saint Esprit dans les listes grecques et latines  -   les charismes   -  les vertus transcendantes  -  les 10 vertus transcendantes  -  étymologie du mot paramita  -   une ascèse de haut niveau  -   formules mnémoniques  -  étude des paramita   -  les offrandes et les dons charitables  -  l’éthique ou la discipline  -  la patience  -  l’énergie ou la persévérance  -  la concentration méditative   -   la sagesse transcendante  -  la prajna-paramita   - 

 

Une Bodhisattva des temps modernes : sainte Thérèse de Lisieux  -  le soleil d’Amitâbha   -   Samata et vipasyana, les premières expériences de méditation   -   les extases du Belvédére   -  l’Asparsa-yoga et la fusion avec le bien-aimé   -  Svadhyaya et la lecture spirituelle  -   Dhyana et la méditation contemplative  -   les techniques de visualisation   -  Bhakti et jnana, amour et connaissance   -   prapatti, amour et abandon  -   Balya, l’enfance spirituelle   -  Sarva-duhkham, tout est douleur   -  Théôsis, la déification   -   Sarva-sunyata, l’expérience de la vacuité   -   Nairatmya, le non-soi   -  

 

Târâ et le culte de la vierge Marie :  Maria  -  ce que disent les évangiles   -   l’interprétation des Ecritures   -  la conception virginale et la virginité de Marie  -   L’Immaculée Conception  -  L’Assomption de Marie  -  Etoile du matin   -  Médiatrice de toutes grâces  -  Mère de l’église   -  L’enseignement de l’Abbé Stéphane  -   Saint Maximilien Kolbe  -  les 21 Tara, son culte et son rituel   - 

 

La théologie de l’incarnation   -   le Logos ou Verbe divin   -  pas de docétisme  -  l’exégèse juive et chrétienne  -  les symboles, les mythes et les mystères   -  Rites, sacrements et sacramentaux   -   les icones   -  Miscellanées  -    logos humain et divin  -   le don des langues  -  les trois formes du corps du Christ   - 

 

L’unité transcendante des religions et le bouddhisme tibétain : les divergences théoriques  -  salut et délivrance  -  niveau doctrinal   -  non-ego, non-soi et abnégation   -   moyens spirituels   -  compassion et charité   -

 

Rites chrétiens et rites tibétains : les sons et les paroles  -  les formules liturgiques  -  la musique et la silence  -  les formes et les couleurs  -  les canons iconographiques  -  les attributs symboliques  -  yantra et mandala  -  l’encens et sa signification  -   les rois mages et les femmes myrrhophores  -  les offrandes d’aliments et d’eau pure  -   la nourriture d’immortalité   -  la transsubstantiation  -  l’ouverture des chakras  -  les sacrements chrétiens  -  les gestes de posture, les prosternations  -  les processions et les circumambulations   -   les mudra ou geste des mains  -   les instruments du culte  - le pouvoir sanctificateur des images  -  les visualisations et la contemplation  -  le silence des images  -  hésychasme et vacuité  -  l’apathéia et la transmutation des passions   -  la mystique nuptiale du Tantra-yoga   -

 

Initiations, visualisations et méditations dans le Bouddhisme tibétain : Le refuge  -  les initiations monastiques et tantriques   -  l’union de la sagesse et des moyens habiles  -  une alchimie spirituelle   -  Visualisation de Chenrézi, le Boddhisattva de la compassion   -  Visualisation de Tara la déesse qui délivre et de Sangyé Menla le bouddha de la médecine  - visualisation de Manjusri, le Boddhisattva de l’intelligence  -  le rosaire ou mala  -  les tsok-puja  -  les mantras  -  déroulement d’une méditation  -  l’esprit d’éveil  -  la longue prière du Guélong Péma Karpo  -   courte prière pour renaitre en Déwachen   - 

 

Vacuité de Dieu et néant des créatures : Les théologiens de la vacuité divine  -  Saint Denys l’Aréopagite  -  la voie négative  -  la théologie mystique  -  Saint Maxime le Confesseur  -  Jean Scot Erigène  -  Saint Thomas d’Aquin  -  Maître Eckhart  -  le néant de Dieu  -  Dieu et Déité  -  Dieu créateur  -  connaitre et aimer Dieu  -   Nicolas de Cues  -  Martin Heidegger  -  le panthéisme  -  l’illusion de l’ego  -   le Soi  -   Vedanta, christianisme et bouddhisme   -  sagesse et compassion  -  Néant et vacuité  -   la philosophie grecque  -  Platon et Aristote  -  la scolastique  -   les néants de la scolastique  -  Bergson  -  Heidegger et Sartre  -   le Création ex-nihilo   -   sens des mots : créer et rien   -   Sankara   -   le bouddhisme grand et petit véhicule   -   l’Ecclésiaste   -    5 propositions sur l’essence divine   -   le Rangtong et le Shentong   -   rappels sur la Trinité   -  Métaphysique de la Trinité   -  les branches horizontales et verticales   -  Maya et Maria  -   Trinité et Trikaya  -

 

Controverses, Les possibilités de non-manifestation et les purs possibles : Frithjof Schuon  -  la division des scolastiques  et d’Aristote   -   les théologiens du Moyen Âge  -  Saint Thomas d’Aquin  -  Jean Duns Scot  -  Saint Bonaventure  -  ce que dit René Guénon  -  les états multiples de l’être  -

 

Le cas Teilhard de Chardin : L’Abbé Heckenroth  -    l’œuvre scientifique de Teilhard  -   sa pensée religieuse et sa formation  -   les condamnations du Concile  -  une apologétique  -  Une physique et une métaphysique  -  une spiritualité intégrant tout l’effort humain  -   une nouvelle ontologie du devenir  -   la présence inchoative  -  l’esprit-matière  -  les deux Omégas  - 

 

A propos des Etats multiples de l’être et des degrés du savoir : Deux frères ennemis  -  les limites de René Guénon  -  Olivier Lacombe et la panthéisme  -  la notion d’infini et de l’Absolu   -    L’Infini selon Scot   -   Création et manifestation   -  l’irréalité du monde   -  être et non-être  -    Dieu impersonnel et Dieu personnel  -    interprétation métaphysique de la Trinité  -   les limites de la Scolastique    -  l’intuition intellectuelle  - Brahma  -

 

Voies et expériences mystiques : les phénomènes mystiques   -   Foi théologales et foi mystique   -   les principes de la contemplation  -  Dons et béatitudes   -  connaissance et amour   -  la contemplation infuse cachée selon Saint Jean de la Croix   -     la contemplation « isangélique »    -  Guénon et Maritain parle de la mystique  -  l’humanité du Christ  - le Cantique des cantiques  -  la mystique orthodoxe  -  les théologiens grecs et latins  -  Poulain  -  Duns Scot  - Evagre le Pontique  -  

 

La vie simple d’un prêtre guénonien – Cœur et Sacré cœur dans l’Occident catholique : Les apparitions de Paray-le-Monial  -   Jésus-Christ est-il apparu en personne à Marguerite-Marie ?  -  le règne intellectuel du Sacré-Cœur  -  les plaies du Christ  - le cœur, organe de la connaissance  -  le rituel de Tcheu  -  les mystères de la Rédemption  -  la croix, la messe et Saint Jean de la Croix  -

 

Initiation et transmission initiatique : la nature et les résultats de l’initiation  -  l’initiation chrétienne  -  la chaine initiatique (paramparya)  -  les organisations régulières  -

 

Logique indienne, d’Orient et d’Occident : les notions de Daarsana  -  la doctrine de Sankaracarya  -  les Upanishad  -  vue d’ensemble sur la doctrine indienne  -  les Nyayasutra  -  les instruments critères de la connaissance  -  les Ramana  -  Socrate et la montagne en feu  -   le Barbara indien  -   le Tétralemme  -  la colère d’Aristote  -  le dictionnaire de Chandra Das  -  la logique de la Voie du Milieu  -   la réalité translogique  -  Essence et existence  -  Ontologie et consistance ontologique  - 

 

La lignée spirituelle des trois joyaux : une analyse du rGyud bLama  -  l’expérience spirituelle d’Asanga  -  les traductions chinoises et tibétaines  -   Ethique et métaphysique  -  la tradition indo-tibétaine  -   le grand Madhyamaka   -  usage du mot vacuité  -   Soi et non-soi  -  l’importance de la Foi  - 

 

Résumé du rGyud bLama : Le Bouddha  -  le Dharma  -  la vérité du chemin  -  le Noble Samgha  -  l’essence du Bouddha  -  les 10 points de vue sur l’analyse de la nature du Bouddha  -   la phase pure des Bodhisattva   -   le Bouddha dans le lotus flétri  -  le miel et les abeilles  -   -  les pièces d’or et le trésor enfoui    -  le germe de l’arbre dans le fruit  -  la statue dans son moule  -  la triple nature de l’essence  -   le Dharmakaya  -  la Tathata  -  le Tathagatagotra  -  L’éveil dans la réalité non souillée   -  Nirmala Tathata  -  les 32 qualités de libération  -  la permanence ou réalité  -  les 32 qualités de maturation  -  l’action des Bouddhas  -   les mérites de la foi et les bienfaits de cet exposé   -  le corps essentiel – le corps des béatitudes et le corps de manifestation  -    conclusion de Jean-Pierre Schnetzler   - 

 

SAGESSES SANS FRONTIÈRES - LES PLUS GRANDS SAGES ET MYSTIQUES DU MONDE

Alain Delaye

Edition Almora

 2014

Alain Delaye nous propose à travers cet ouvrage une véritable somme de la spiritualité universelle à travers ses principaux courants : hindouisme, bouddhisme, judaïsme, christianisme, islam, auxquels il ajoute les sages et mystiques hors traditions comme Socrate, Spinoza, Krisnamurti ou Etty Hillesum, il nous nombre également qu’au-delà des différences d’expression, liées aux contextes culturels qui les ont vu naitre, les expériences spirituelles se rapprochent par bien des aspects, et nous parlent finalement du même mystère.

Nous vivons une époque de mondialisation et d’interpénétration culturelle. Les grandes religions qui jusque-là avaient fonctionné de manière autarcique, se trouvent confrontées à de redoutables défis quant aux croyances et aux valeurs sur lesquelles se fonde leur identité.

Chacune d’entre elles, qui se concevait jusque-là comme la seule vraie, voit cette prétention battue en brèche.

Certes, à côté d’attitudes fondamentalistes figées ou désespérément triomphantes, surgissent des tentatives d’ouverture de dialogue, mais la prise en compte du pluralisme religieux laisse perplexes les esprits les plus ouverts qui se demandent jusqu’où aller et de ne pas aller dans cette ouverture.

Les idéologies bien rodées, quand des penseurs et chefs religieux de tous bords y succombent, sentent la province et la boutique, d’autant plus que l’athéisme et l’agnosticisme réclament leur part dans ce concert dissonant des vérités ultimes.

L’étude proposée ici voudrait se situer en amont de ces questions en deçà des frontières des religions instituées et des idéologies philosophiques, à la source même du fait spirituel. Elle fait appel pour cela au témoignage de sages qui ont échappé de système et de mystiques qui n’ont pas surinvesti les expressions dogmatiques et morales des discours religieux qui les ont nourris, mais se sont surtout attachés à l’expérience d’où ces propos procèdent.

Certes, ces sages ne sont pas sans pensée et ces mystiques ne sont pas sans langage, mais leur parole est plus poétique que dogmatique, plus évocatrice qu’affirmative, plus invitante que moralisante. Ce qu’elles laissent entendre n’en est que plus précieux, car à s’y confronter, des accords se dégagent où l’on croyait voir des divergences, des passerelles se tendent où l’on voyait des fossés infranchissables.

Ce qui fait le prix des sages et des mystiques dans la conjoncture actuelle, c’est qu’ils sont pour la plupart des aventuriers de l’esprit et, dans le meilleur de leur témoignage, des êtres sans frontières. C’est pourquoi, ils peuvent nous aider à franchir nos propres frontières et autres blocages.

Au sommaire de cet ouvrage important de 680 pages :

Première partie : Sages et mystiques dans les religions : La libération hindoue : Les voyants védiques - les sages des Upanishads - les relais de la tradition - la mystique vishnouiste - la mystique shivaïstes - les traditions tantriques - le vedanta - le Sâmkhya - le yoga - sages et mystiques de l’Inde moderne - La Bhagavad Gita - Shakti - Shiva - l’intuition du soi - le hâta yoga - le karma yoga - les chakras - la Kundalini - le raja yoga - Vivekânanda - Aurobindo - Râmana Mahârshi - Mâ Anandamoyi - Swâmi Prajnânpad - Vimala Thakar - Poonja - Nisargadatta -

L’éveil bouddhiste : L’expérience du Bouddha - les docteurs du Mahâyâna - les voies du tantrisme - mystiques tibétains - écoles et maîtres chinois - Dôgen et le zen - Maîtres bouddhistes modernes - Nagarjuna - Asanga et Vasubandhu - Çandrakîrti - Shantideva - Saraha - Kanhâ - Lozang Gyatso - Milarepa - Houei-Neng - Houang-Po - Lin-Tsi - Shunryu Suzuki -

La mystique juive : Les sages d’Israël - les prophètes - Philon d’Alexandrie - les Maîtres du Talmud - les Kabbalistes - le Hassidisme - Ben Sira - le livre de Job - Qohéleth - le livre de la sagesse - Moïse - Samuel - Elie - Amos - Osée - Isaïe - Jérémie - Ezéchiel - Jésus - Hillel - Yohanan ben Zakkaï - Rabbi Aqiba - Hehuda le hassid - Abraham Aboulafia - Moise de Léon - Isaac Luria - le Baal Shem Tov -

L’illumination chrétienne : L’esprit qui animait Jésus - L’expérience de Paul - la mystique des Pères de l’église - la spiritualité monastique - les mystiques dans les ordres mendiants - Ruysbroeck et la dévotion moderne - la mystique orthodoxe de la Lumière - les mystiques anglais - les femmes visionnaires - Jacob Böhme et Angélus Silesius - Saint Ignace et les Jésuites - Spirituels chrétiens modernes - Clément d’Alexandrie - Origène - Basile de Césarée - Grégoire de Nazianze - Grégoire de Nysse - Denys l’Aréopagite - saint Augustin - saint François d’Assise - Maître Eckhart - Henri Suso - Jean Tauler - Jean de la Croix - Frère Laurent - Ruysbroeck - Gérard Groote - Thomas a Kempis - Siméon le nouveau théologien - Nicéphore l’Hésychaste - Grégoire le Sinaïte - Grégoire Palamas - Séraphin de Sarov - Richard Rolle - Walter Hilton - Julienne de Norwich - Benoit de Canfield - Augustin Baker - Thomas Traherne - William Blake - Cardinal Newman - Hildegarde de Bingen - Mechtilde de Magdebourg - Gertrude la grande - Marie d’Oignies - Hadewijch d’Anvers - Béatrice de Nazareth - Marguerite Porete - Margery Kempe - Brigitte de Suède - Catherine de Sienne - Catherine de Gênes - Marie Guyard - Jeanne Guyon - Ignace de Loyola - Charles de Foucauld - Dietrich Bonhoeffer - Thomas Merton - Henri le Saux -

Le Tawhid musulman: Mahomet - Hallâj - Ibn Arabî - Rûmi -

Deuxième partie: Sages et mystiques hors religions: Les pré-socratiques - Anaximandre - Héraclite - Parménide - Lao Tseu et Tchouang Tseu - Socrate, Platon et Plotin - Marc-Aurèle - Boèce - Spinoza - Kabîr - Rilke - Krisnamurti - Simone Weil - Etty Hillesum - Douglas Harding - André Comte Sponville - Sauvages et anonymes - Christiane Singer -

Troisième partie : Convergences : La confiance fondamentale - l’éveil du libérateur - la vision d’immensité - le sentiment d’éternité - l’expérience indicible - Le détachement des choses et de soi - le quotidien rehabité - l’amour compassionnel - la joie imprenable -

 

saint-Yves d’alveydre – une philosophie secrÈte

Y.F. boisset

Edition  DUALPHA

 2005

D’où vient la méfiance dans laquelle se trouve confiné le Marquis Saintyves d’Alveydre, ésotériste dont le rôle, dans le monde des sociétés secrètes et des rites initiatiques, fut prépondérant ? Il faut dire que les deux grands thèmes auxquels il a consacré la majeure partie de son œuvre – la synarchie et l’archéométrie – ne pouvaient que lui attirer plus d’hostilités que de lauriers.


S’il existe un « politiquement correct », c’est un terrible « philosophiquement correct » qui sévit en cette fin de XIXème siècle. Yves-Fred Boisset réhabilite cet auteur habituellement dénigré dont la « philosophie secrète » n’a été, elle, que trop inlassablement dénaturée par des détracteurs sectaires, empêtrés dans la recherche de fantasmagoriques complots.


Dans la première partie du présent volume, l’auteur dégage une synthèse de la pensée historique et sociétale de Saintyves d’Alveydre, centrée comme l’on sait autour de la synarchie, système original qui a pour vocation d’établir une alliance et une harmonie entre « l’homme social » et « l’homme spirituel » en effaçant les contradictions habituelles qui sont nées du matérialisme brut. Pour cela, il s’appuie pour l’essentiel sur les Missions et sur quelques autres travaux moins connus de l’auteur.


Dans la deuxième partie, il présente successivement la philosophie archéométrique et les différentes parties symboliques qui composent l’archéomètre avant de conclure sur quelques-unes de ses applications pratiques.


Dans une troisième partie, il présente l’ouvrage alveydrien qu’il considère comme un pur joyau d’ésotérisme et de poésie : Clefs de l’Orient.


En annexes, est reproduit le très intéressant discours que Saintyves d’Alveydre prononça à Bruxelles en octobre 1882 devant les membres du Congrès International d’Arbitrage et de Fédération de la Paix ainsi que le brevet d’invention concernant « l’archéomètre » qu’il déposa en 1903.

 

simone weil – le grand passage

   Divers auteurs

Edition Albin Michel

 1994

Dans « la pesanteur et la grâce », livre essentiel parce qu’elle s’y révèle la plus proche, être à nu, Simone Weil écrit : « L’imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures par où passerait la grâce ».

Phrase qui fait réfléchir si l’on considère que nous sommes en permanence en train de rêver le monde.

 

Notre pensée fantasmatique filtre la réalité, transforme par ses prismes notre regard, détourne notre attention de la vérité nue de l’instant, notre pollution psychique pollue notre vision et notre ouverture à cette plénitude que l’on peut appeler « grâce ».

 

Simone Weil fut de ceux et celles qui au XXe siècle déchiffrèrent le champ d’une nouvelle éthique, celle de la Présence à soi, au monde, aux autres, aux contraires, et à l’Absolu.

Cet ouvrage se révèle donc à la fois un hommage et une incursion dans l’univers douloureux et splendide d’une philosophe majeure

 

Au sommaire de ce livre, des articles et des entretiens des philosophes suivants :

 

Préface et avant-propos de Marc de Smedt

Chronologie  et Le petit mot « et » de François L’Yvonnet

Misse « non »  de Marc-Edouard Nabe

La sherpa du Thabor  de  François Angelier

Imaginaires et symbolisme  de Rolf Kuhn

Le passage de la personne à l’impersonnel  de M. Broc-Lapeyre

Simone Weil et Samuel-Hugo Bergman  de Dominique Bourel

Ontologie de la méditation d’Emmanuel Gabellieri

L’essence métaphysique du pouvoir  d’Adriano Marchetti

De la méditation comme « metaxu » et passage  de Michel Sourisse

De Platon à la quatrième république  de David McLellan

Franchir un seuil sans changer de direction  de Robert Chenavier

Le pont, le seuil et la porte  de Patricia Little

Simone Weil et Hannah Arendt  de Florence de Lussy

Les abeilles de Delphes  de Pierre Boutang

L’église catholique romaine et le Christ  de  Marcel Moré

La grande disciple,   rencontre avec André Comte-Sponville

Le secret du Roi  rencontre avec Marie-Madeleine Davy

Simone Weil en Slovénie,  rencontre avec Andrej Capuder

La chronique  de Marie-Madeleine Davy

 

sophia & l’Âme du monde

Cahiers de l’Hermétisme

Edition  DERVY

 1983

La notion d’Âme du Monde a une longue histoire en Occident : elle est liée à une conception de la matière comme vivante, à une relation entre Dieu et le monde partout présente, elle correspond à une forme d’organisation de l’univers selon un modèle vivant, un intermédiaire indispensable pour passer de l’Un au multiple.


Ses périodes de gloire furent l’Antiquité, puis la Renaissance, enfin le Romantisme allemand. Quant à Sophia, elle est l’Âme du Monde personnifiée, envisagée dans ses rapports personnels avec Dieu et avec la création particulièrement avec l’homme, avec l’histoire et la métahistoire de l’humanité. La théosophie judéo-chrétienne est imprégnée de sophiologie, qu’il s’agisse de Boehme, de Gichtel, d’Arnold ou de St Martin : elle nourrit les spéculations des « Philosophes de la Nature » comme Baader, et la pensée russe orthodoxe lui a fait une place dont les œuvres de Boulgakov et de Berdiaef attestent la permanence et l’actualité.


Concept et vision de l’Âme du Monde comme Sophia, c’est, rappelait Henry Corbin, un thème par excellence de la recherche spirituelle comparée, thème dont le champ est vaste, tant il est vrai que le « Combat pour l’Âme du Monde » se livre sur le quadruple front de la théologie, de la philosophie et de la cosmologie, enfin de l’anthropologie : « Si la perte de la sophiologie entraîne un retrait définitif de Dieu hors de ce monde, elle entraîne symétriquement une fixation définitive de l’homme en ce monde, livré désormais à toutes les instances agnostiques…

Mort de Dieu et mort de l’homme sont concomitantes d’un monde qui a perdu son âme. »

Sainte Sophie de Constantinople fut érigée en son honneur.  Qui est-elle cette mystérieuse Sainte Sophie qui hante les rêves d’Orient et d’Occident ? Certainement pas une humaine devenue sainte à l’image d’une Thérèse d’Avila ou d’une Catherine de Sienne.  Non.  Cette Sophia-là est tout simplement la Sagesse.  La Sagesse ? Celle que recherche les philosophes depuis l’Antiquité ? Celle, vulgaire, que croient posséder les penseurs actuels lorsqu’ils servent des banalités politiquement corrects et assaisonnées de l’air relativiste du temps ?  Certainement pas.

 

La Sophia est plutôt un lieu ou un état se situant entre Dieu absolument transcendant et le monde matériel immanent.  C’est en Sophia que se déroule toutes les théophanies, toutes les extases, toutes les visions mystiques, c’est en Sophia que prennent corps les noms divins, les anges, les archanges et toutes les réalités spirituelles.  Sophia est l’âme du monde, vibrante et pleine d’une vie spirituelle et divine.  Sophia est le lieu où réside toutes les connaissances où se noue le lien indéfectible entre le l’Univers matériel (phénoménal) et le monde spirituel, la Sophia est ce qui unit toutes les dimensions crées et incréées, visibles et invisibles.

Dans le Livre Saint, la Sagesse se présente elle-même : « Le Seigneur m'a engendrée, prémisse de son activité, prélude à ses œuvres anciennes. J'ai été sacrée depuis toujours, dès les origines, dès les premiers temps de la terre. Quand les abîmes n'étaient pas, j'ai été enfantée, quand n'étaient pas les sources profondes des eaux. Avant que n'aient surgi les montagnes, avant les collines, j'ai été enfantée, alors qu'Il n'avait pas encore fait la terre et les espaces ni l'ensemble des molécules du monde.  Quand Il affermit les cieux, moi, j'étais là, quand Il grava un cercle face à l'abîme, quand Il condensa les masses nuageuses en haut, et quand les sources de l'abîme montraient leur violence ; quand Il assigna son décret à la mer - et les eaux n'y contreviennent pas - quand Il traça les fondements de la terre. Je fus maître d'œuvre à son côté, objet de ses délices chaque jour, jouant en sa présence en tout temps, jouant dans son univers terrestre ; et je trouve mes délices parmi les hommes. » (Pr 8 ; 22 – 31)

L’enjeu d’une réflexion sophiologique est primordial dans le monde désenchanté dans lequel nous vivons.   Peu avant de passer à la Lumière Eternelle, Henri Corbin avait insisté sur la nécessité de « reconquérir une vision perdue qui permette la médiation entre la théologie négative et la théologie affirmative par la présence de Sophia, intermédiaire essentielle entre l’homme et Dieu, permettant un monothéisme pluridimensionnel capable de dissoudre les dualismes et de déterminer un monde médian à la fois corporel et spirituel, l’Ame du monde comme médiatrice entre le transcendant et l’immanent.   

 

SOUZENELLE - ALLIANCE  DE  FEU - 2 Tomes -

Annick DE SOUZENELLE

Edition ALBIN MICHEL

 1995 

C’est à une lecture chrétienne du texte hébreu de la Genèse que nous invite l’auteur. 2 volumes pour interpréter tous les versets de la Genèse à travers la Kabbale et l’ésotérisme chrétien.

Sommaire du volume 1 :

L’actualité du récit de la Genèse n’est pas affaire d’histoire, mais d’être : le mythe fondateur de notre civilisation nous parle en réalité de notre vie profonde, de notre rapport à l’Origine et à nos fons dernières. Encore faut-il pouvoir lire le premier livre de la Bible au-delà du moralisme et de l’étroitesse d’esprit des interprétations classiques.

Pour Annick de Souzenelle, seul le regard de l’homme intérieur, pénétrant le caractère fondamentalement hébreu du texte biblique, permet une telle libération qui nous ouvre à l’esprit la parole de Dieu. Verset par verset, mot à mot, lettre par lettre, Annick de Souzenelle nous invite à une nouvelle lecture du récit de la création – les deux premiers chapitres de la Genèse – Mêlant érudition et ferveur spirituelle, elle nous introduit dans une véritable « danse du sens », où s’allient la logique quasi mathématique de la langue hébraïque et la grâce d’une inspiration enracinée dans la tradition chrétienne.

Sommaire du volume 2 :

Dans le premier volume d’Alliance de feu, l’auteur, se fondant à la fois sur la tradition chrétienne la plus pure et sur une reconnaissance du caractère hébreu du texte biblique, nous invitait à pénétrer au cœur du récit de la création. Dans ce 2e volume, elle poursuit son chemin d’interprétation à travers la suite du Livre de la Genèse qui regroupe les récits de la Chute, de l’expulsion de l’Homme hors du jardin d’Eden et de l’avènement du crime dans l’histoire de l’humanité, textes cruciaux qui ont profondément marqué toute la pensée occidentale.

Tant de sermons moralistes se sont accumulés depuis des siècles sur ces mythes fondateurs qu’il nous faut bien, pour en redécouvrir aujourd’hui le sens vivant et ô combien actuel, s’atteler à ce lent travail de décryptage. Lecture exigeante mais riche de promesse : le texte ainsi mis à nu ne nous parle nullement de faute héréditaire et d’absurde malédiction, mais au contraire d’Amour divin, d’appel « Où es-tu ? » et d’une rédemption présente depuis toujours en chaque instant de l’histoire et dans chaque homme.

 

SOUZENELLE - CHEMINER  AVEC L’ANGE 

ANNICK DE SOUZENELLE  et PIERRE-Yves  ALBRECHT

ÉDITION DU RELIÉ 

 2011 

Le monde dans lequel nous vivons est devenu « une chose » que nous consommons, où la dimension subtile de notre existence est douloureusement absente. Pourtant l’appel de l’Ange est là, comme un autre réel caché derrière le voile de notre existence.


Par cette relecture inouïe des Ecritures, par cette rencontre avec la figure de l’Ange, nous voilà conviés à notre tour sur ce même chemin initiatique. Il s’agit de s’abandonner dans la confiance et de plonger dans nos profondeurs, passant du « dehors » au « dedans », de l’inaccompli à l’accompli, du grossier au subtil, pour enfin nous élever et atteindre la plénitude de notre être.


Annick de Souzenelle nous révèlent la profondeur secrète des textes sacrés et des grands courants spirituels, de la Grèce antique ai judéo-christianisme en passant par les védas hindous, l’islam soufi et bien d’autres traditions. De toutes ressortent la même essence, les mêmes structures alchimiques qui appellent l’homme à se transformer vers la dimension la plus haute de son âme.


Qu’il s’agisse d’une vision, d’une voix, d’un compagnon ou d’un adversaire, les Anges, apparaissent aux prophètes et héros mythiques ainsi qu’à nous-mêmes comme des signaux, des guides qui exaltent l’âme humaine et l’incitent à déployer ses ailes vers la beauté et la sagesse, et à rejoindre sa source unitaire.

Le livre développe les sujets suivants :

L’Ange dans la tradition judéo-chrétienne avec les premières hiérarchies, les Anges dans la vie d’Abraham et de Sarah, Ismaël et la Pâque d’Abraham, le songe de Jacob et sa lutte avec l’Ange, Isaac, présence de l’ange dans l’enfance de Moïse, la marche dans le désert, la vision d’Ezechiel et les quatre vivants, Samson, l’ânesse de Bilam, Daniel, Tobie et l’Ange Raphael, l’enfance de Jésus, son baptême, Satan, la matrice du feu et du crâne, L’Ange de la Perse antique et le soufisme, angélologie néo-platonicienne de Plotin, Avicenne et l’itinéraire angélique, l’alchimie spirituelle, l’ambigüité de l’âme, la source de vie et l’eau permanente, le corps angélique et son secret, l’Ange du Zoroastrisme mazdéen, l’or hermétique et l’Ange de la terre, les puissances mazdéennes, les 7 métaux de Gayômart, l’écologie imaginale, dialogue autour de l’Ange…

 

SOUZENELLE - JOB, SUR LE CHEMIN DE LA LUMIÈRE

Annick de SOUZENELLE

Edition Albin Michel 

 1994

L’histoire de Job a toujours posé problème. L’auteur essaie d’expliquer et de dépoussiérer l’histoire de Job. Racines des mots hébraïques, lecture symbolique et mythologique, et théologie chrétienne sont ses outils. La descente aux enfers de Job, un juste accablé par Satan avec la permission Divine, pose problème et fait scandale. Cette histoire devient alors un chemin initiatique et nous découvrons les étapes successives qui conduisent Job à la mort du « Vieil homme » et son élévation vers la lumière.

Le Livre de Job se trouve parmi les Écrits (Kerouvim), la troisième partie de la Bible hébraïque, et pour les Chrétiens parmi les livres poétiques et sapientiaux de l’Ancien Testament. Le livre de Job est souvent présenté comme une explication du mal et de la souffrance. Il n’en est rien : le livre n’explique pas mais il constate que le mal existe (appelé « l’Adversaire »). Même si l’homme est vraiment juste, il ressentira la souffrance comme les autres.

Si l’on met à part l’épouse de Job, (elle fait une apparition au chapitre 2), le livre met en scène cinq personnages sous le regard de Dieu : Job et ses trois amis (Elifaz, Bildad et Sophar) auxquels se joint ensuite un jeune homme (Elihu). Job est un homme juste, intègre et droit, qui respecte Dieu et fait le bien. Tout lui souriait : une belle et grande famille, de grandes richesses en immeubles et en troupeaux.

Pour ne pas risquer de déplaire à Dieu et peut être aussi pour être sûr de conserver tout ce bonheur, Job offrait régulièrement des sacrifices d’expiation. Un jour, Dieu réunit ses anges et Satan se glisse parmi eux. Sur l’interpellation de Dieu, Satan prétend que la justice de Job n’était due qu’à ses bonnes conditions de vie. Satan lance un défi à Dieu : s’il l’autorisait à lui nuire, Job maudirait bien vite son Créateur !

Dieu relève le défi et remet entre les mains de Satan tous les biens de Job, à condition que Satan ne touche pas à la personne de Job. Aussitôt tous les malheurs s’abattent sur la famille et les biens de Job : mort de tous ses enfants, perte de tous ses biens ! Mais Job continue à faire confiance à Dieu. Alors, dans une autre réunion des anges, Satan provoque de nouveau Dieu en lui disant : « Étends la main, touche à ses os et à sa chair, je te jure qu’il te maudira en face » (Job 2, 5). Relevant de nouveau le défi, Dieu, confiant dans son serviteur Job, autorise Satan à altérer la santé de Job, pourvu qu’il lui laisse la vie sauve.

A l’instant même, Satan infligea un ulcère au pauvre Job, « depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête » (Job 2, 7). Mais à sa femme qui l’exhorte à maudire Dieu, Job répond : « Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Job 2, 10).

Avertis de ces évènements, trois amis de Job, Elifaz, Bildad et Sofar, viennent des confins de l’Arabie et du pays d’Edom, pour le visiter, le plaindre et le consoler. Mais Job est dans un tel état que ses amis ne le reconnaissent pas ! Ils commencent donc par compatir en silence pendant une semaine, à l’issue de laquelle c’est Job qui prend la parole pour maudire le jour qui l’a vu naître.

Commence alors la deuxième partie du livre (ch. 4-31) sous la forme d’un grand dialogue poétique, en trois cycles de discours entre Job et chacun de ses amis, chacun exposant ce qu’il pense de la justice divine. Les arguments des trois amis convergent vers l’idée que si Job souffre, c’est qu’il a péché, défendant ainsi la thèse traditionnelle de l’époque : la rétribution terrestre. Il est impossible que le juste souffre et que la souffrance soit autre chose qu’une punition divine.

Job continue envers et contre tous à soutenir qu’il n’a pas péché, que son expérience douloureuse prouve qu’il existe des injustices et que le monde en est d’ailleurs rempli. Intervient alors avec colère un quatrième personnage, un jeune homme du nom d’Elihu (ch. 32-37). Jusque-là resté sur la réserve par égard pour les trois amis de Job, il ne peut accepter tout ce qu’il vient d’entendre. Il marque d’abord son indignation contre Job qui n’a su se justifier qu’en accusant Dieu et contre ses amis qui n’ont su défendre Dieu qu’en accusant Job.

Enfin, Dieu clôt les débats en deux discours (38-42,6) par lesquels il fait comprendre à Job en même temps son erreur et sa suffisance : «Quel est celui-là qui obscurcit mes plans par des propos dénués de sens ?…Où étais-tu quand je fondais la terre ?» (Job 38, 2. 4). Et Job de prendre conscience de la toute-puissance de son Dieu en même temps que de sa condition de créature : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu. Aussi je me rétracte et m’afflige sur la poussière et sur la cendre ». (Job 42, 5.6).

L’énigme du mal demeure, mais Job est revenu à Dieu. Enfin, en guise de « happy end », Dieu réprimande les trois amis de Job, restaure Job dans tous ses biens, et lui rend fils et filles. « Après cela, Job vécut encore cent quarante ans et il vit ses fils et les fils de ses fil.

 

SOUZENELLE - LA LETTRE CHEMIN DE VIE. LE SYMBOLISME DES LETTRES HÉBRAÏQUES

Annick de SOUZENELLE

Edition Albin Michel

 1998

Avec sa foi chrétienne, l’auteur nous fait pénétrer dans le monde de l’alphabet hébraïque, qui pour elle est un chemin de vie extraordinaire. Car chaque lettre contient sa propre énergie signifiante.

Un chapitre est consacré à chaque lettre, avec son symbolisme, sa signification et ses ramifications avec la Bible et la Vie. Ce livre n’a pour but que de quitter Babel pour aller à Jérusalem en passant par le Sinaï, il n’a d’autre intention que de contribuer à faire de nous des « pierres vivantes » avec Celui qui « n’a pas aboli mais accompli la Loi », parce qu’il est le Verbe, le Nom. Il propose pour cela de retrouver le feu du buisson ardent du Sinaï, que chaque lettre a enfermé dans son cœur, et de nous laisser buriner tranquillement par lui.

Le mot Pesha actuellement veut dire « une marche, une progression ». Et lorsque ce pas se fait dans les conditions que nous venons de dire, la progression doit passer par la transgression. Le mythe de la chute est une transgression non juste qui a fait le drame de l’humanité en la remettant à zéro pour qu’elle reprenne le chemin. Lorsqu’elle est juste, c’est aussi le mot Pesha. L’Apôtre Paul l’emploie lorsqu’il parle de la Loi. Quand il n’y a plus de loi, il n’y a plus de transgression. C’est la situation dans laquelle nous sommes actuellement. Nous sommes dans un monde de lois morales, sociales, car nous vivons dans une jungle qu’il faut bien ménager ; mais cette loi est faite pour un monde infantile. Quand on prend conscience de cela, un jour vient où on est bien obligé de transgresser en sachant que c’est juste. Sans cela nous sommes dans le Pesha.

C’est l’histoire du Christ lorsqu’il transgresse le jour du Shabbat, quand, passant avec ses disciples le long d’un champ il voit un homme qui y travaille. C’est le jour du Shabbat. Les disciples sont scandalisés. Mais le Christ s’adresse à cet homme en lui disant : « Homme, si tu sais ce que tu fais, tu es béni par mon Père. Mais si tu ne sais pas ce que tu fais, tu es transgresseur de la Loi et tu es maudit de mon Père ! ». Ce texte est tellement immense qu’il a été supprimé des Évangiles ! On ne transgresse pas impunément, voilà en quoi le Phé est aussi une barrière.

Pah est un mot qui vaut 88, il veut dire « filet ou le piège ». Avec ces deux 8 nous sommes saisis dans le piège ou alors au contraire, nous passons, nous traversons. Mais nous ne pouvons passer que dans un dépassement des contradictions qui sont en nous. Et quand nous avons au milieu de ce mot le Tav qui veut dire « signe » et précisément « signe de la Croix » dans toutes les traditions, cela donne le mot Patom qui signifie « ouvrir » et aussi « la porte », nous trouvons le symbole de l’incarnation qui est essentiellement la Croix, puisque nous sommes crucifiés entre le chemin vers le Divin, et toutes les énergies dont nous sommes faits à chaque niveau de réalité. L’homme est au centre de la croix. Et le mot Patoh, ainsi formé et qui signifie « ouvrir » et aussi la « porte », nous ramène au Daleth qui a pour valeur 4 et qui aussi veut dire la « porte ». Le 4 est toujours un arrêt, une porte qui est proposée et qu’il faut ouvrir.

Le mot Pessah qui est la Pâque avec un Samek qui a pour valeur 60, c’est le soutien, c’est l’arbre, c’est la hampe du drapeau, le mât du navire. Nous trouvons dans Pessah un peu la même idée que dans Petar qui est « le passage ». L’Égypte pour les Hébreux était un piège. Or il y a un moment où Moïse se dresse, la personne pensante qui est le pôle d’évolution que nous avons tous en nous à partir du moment où nous cherchons la libération. Nous avons tous un Moïse en nous et aussi un Pharaon qui s’oppose. Mais nous sortons de cette servitude, de ce piège et c’est la Pâque. La pâque chrétienne, c’est la même idée, mais à un autre niveau.

Nous passons au mot Pélé, le miracle, la chose merveilleuse qui rend compte de notre vraie nature. Nous pourrions le traduire mot à mot par « la bouche de l’impossible », Lo étant la négation du mot divin retourné. El. C’est l’ouverture au niveau du Divin, le dévoilement des mystères. Mais Lo est aussi la négation « pas ». Dans la profondeur le oui et le non sont la même réalité au niveau de ce nom divin qui est au-delà de toutes les contradictions, au-delà de l’être et du non-être. Ce sont les mêmes lettres, donc les mêmes énergies. Lorsque Dieu se révèle à Moïse dans le Buisson Ardent en tant qu’Il Est, Il se limite, car nous ne pouvons l’appréhender que dans une limite. IL EST et IL N’EST PAS, si bien que ces deux mots El et Lo sont une même réalité. Alors Pélé c’est l’ouverture du Divin, de l’impossible, ouverture du « non », « non ce n’est pas cela, c’est bien au-delà de cela ». Et ce miracle, cette chose merveilleuse, c’est tout simplement l’ouverture à notre vraie nature. Le Phé y préside.

Peterom, c’est Pierre, l’Apôtre, celui qui ouvre la lignée. C’est celui qui a été choisi le tout premier avec son frère André. Il y a autour de ce mot un immense malentendu. Lorsque l’Apôtre Pierre répond à la question du Christ : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » — « Tu es le Christ, fils du Dieu vivant ». Le Christ lui dit : « Ce n’est pas par ton intelligence que tu as répondu cela, mais par une lumière de l’esprit en toi. Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Les mots sont « Tu es Eben, pierre ». Tu es Eben, tu es une pierre dure, parce que tu participes à la construction du Royaume et sur cette pierre (qui est encore un autre mot : Sela avec un Samek qui nous fait retrouver « le trône divin ») donc sur cette Séla, c’est-à-dire le fondement : « Tu es Eben et sur cette Sela je bâtirai mon Église ». Ce n’est qu’en français, autour de l’an 1000 que ce jeu de mot a été fait et qui a eu pour résultat que l’Apôtre Pierre et ses successeurs ont été considérés comme la base de l’Église. Ce fut une des causes en 1054, de la séparation de l’Église d’Orient et de l’Église de Rome.

La lettre Tsadé que nous approchons maintenant est l’initiale d’un mot qui s’écrit : Tsadé-Daleth-Yod. Ce mot rend surtout compte d’une racine Tsad que nous allons retrouver dans beaucoup de mots et qui veut dire : « le côté ». Nous la trouvons dans Tsoud, Tsadoh, Tsoded qui signifient épier, pécher, dresser des embuscades, chasser. C’est la notion de harponner, d’aller chercher une proie, d’aller piéger quelque chose. En général lorsque nous considérons ces significations nous y voyons de la malice, tandis que là nous sommes devant une réalité qui dépasse absolument notre plan de conscience, car il s’agit du harpon divin. Et je pense particulièrement à cette phrase que nous trouvons, je crois, chez Isaï, lorsque Dieu dit en parlant de l’humanité, sa future épouse qu’Il va l’emmener au désert, il va l’épier, la saisir, pour qu’Il mette en Lui son plaisir et qu’elle devienne Son épouse. C’est cela qui est la racine de cette idée fondamentale du Tsadé. C’est vraiment le harponnage de nos derniers éléments dans la profondeur. Dieu va se harponner en nous. Ce n’est pas par hasard que le Christ a cherché ses premiers apôtres parmi les pécheurs, afin qu’ils aillent chercher dans l’homme le divin qui est en lui.

Le discours qui s’engage entre la lettre et le Saint-Béni-Soit-Il est très signifiant. La lettre vient se présenter en se réclamant de commencer le mot Tsadoch, c’est le mot qui veut dire : le Juste. Melchitsédech est le Roi de la Justice, c’est-à-dire de la « justesse », de l’harmonie entre les deux opposés. Job est Tsedech, Noé est Tsedech, tous ces êtres qui sont justes. Et Dieu renvoie la lettre en lui disant : « Il ne me convient pas de me servir de toi pour opérer la création du monde, attendu que tu dois être cachée pour ne pas donner prise à l’erreur. Car ta forme primitive est un Noun oblique, principe femelle, sur lequel vient s’ajouter un Yod, principe mâle. » Voilà la forme initiale du Tsadé et tel est le mystère de la création du premier homme : il fut créé à double face, deux figures tournées en sens inverse, dos contre dos. Et c’est pourquoi le Yod est présenté de dos et non de face. « Toi aussi, dit Dieu, tu seras un jour divisé en deux, mais tu vas autre part.

Ce qui est à retenir, c’est que le Tsadé est fait de cette rencontre du Noun et du Yod, principe féminin et masculin. Ces deux lettres sont absolument inséparables et constituent ce fameux masculin et féminin d’Adam qui est Yod et Isha (qui n’est appelée Ava qu’après la chute) qui est son Noun, son poisson, sa profondeur et en même temps, le germe du Yod. C’est le mystère de l’ombre que représente le féminin par rapport à l’homme et de l’ombre qui est la Création toute entière par rapport à Dieu. Notre travail c’est d’amener le Noun au Yod pour réaliser la totalité de la Création.

Le Tsadé c’est cette lettre au niveau du 80 qui réalise une totalité accomplie, à l’exception de ce dernier germe divin que nous avons à amener au Yod. C’est cette ultime pêche. Rien d’étonnant alors que Tsadé préside à des mots, non seulement comme Tsad qui veut dire « un côté » (qui appelle l’autre côté), mais aussi à la racine Tsel qui veut dire l’« ombre », c’est-à-dire l’ombre à sa source qui est précisément le Noun par rapport au Yod. L’homme, c’est-à-dire homme et femme, est l’ombre de Dieu. Nous sommes comme l’ombre d’un Dieu qui est parfait, mais qui est encore — on peut presque dire — inachevé, tant que nous ne sommes pas retournés à Lui. Dieu se fait mâle, le mot souvenir c’est le mot mâle, pour descendre dans son ombre, principe féminin.

 

SOUZENELLE - L'ALLIANCE OUBLIÉE -  LA BIBLE REVISITÉE

Annick de Souzenelle

Edition ALBIN MICHEL

 2005

La Bible peut-elle encore nous parler aujourd’hui ? Existe-t-il d’autres lectures que le littéralisme qui conduit au fondamentalisme et la critique historique qui enlève toute verticalité au texte ?

 

Depuis plus de quarante ans, Annick de Souzenelle tente de sortir de cette impasse en renouvelant l’interprétation du texte biblique par un retour aux sources des lettres hébraïques. À travers une approche symbolique, qui fait aussi appel à la psychologie des profondeurs et à la tradition chrétienne orthodoxe, elle scrute ici le livre de la Genèse jusque dans la moindre de ses lettres.

Elle y perçoit la révélation des « lois ontologiques » qui nous fondent en profondeur, et déconstruit les lectures hâtives qui ont justifié, entre autres, la soumission des femmes. Après avoir brossé le tableau des autres interprétations possibles, le philosophe Frédéric Lenoir, directeur de la rédaction du Monde des religions, interroge cette approche singulière et la soumet au crible de la rationalité moderne.

Un dialogue passionné et passionnant, qui nous fait pénétrer dans le récit fondateur de notre civilisation.

Lu comme un récit historique des origines de l’homme et du monde, la Bible et surtout la Genèse apparaît comme totalement absurde au regard de nos connaissances scientifiques et historiques actuelles.

Et ce récit qui fait naître Eve de la côte d’Adam, même s’il est symbolique, ne sert-il pas à légitimer la supériorité et la domination de l’homme sur la femme, typiques des sociétés patriarcales ? Non crédible sur le terrain de l’histoire, discutable sur le plan moral, sans signification spirituelle explicite susceptible de nourrir la foi des croyants, quel intérêt peut-on encore trouver à lire ces premiers chapitres de la Genèse ?

C’est précisément à cette question que tente de répondre ce livre. Annick de Souzenelle, bibliste d’origine catholique convertie à l’orthodoxie, travaille depuis plus de quarante ans à traduire et interpréter le texte biblique à partir de la langue hébraïque. Il s’agit maintenant de reprendre les seuls trois premiers chapitres et d’expliciter plus profondément la vision de l’homme et les enseignements spirituels qu’ils véhiculent, d’en dégager ce que l’auteur appelle les "lois ontologiques".

Lorsqu’elle fût traduite de l’hébreu en grec à partir du IIIe siècle avant J.C. par des juifs vivant à Alexandrie, la Bible hébraïque - qui prit le nom de "Septante" selon la légende qui veut que la traduction en ait été assurée par soixante-douze savants - comprenait au 1er siècle d’autres écrits (Tobie, Judith, Sagesse de Salomon, Maccabées, etc. ) qui ne seront pas retenus dans le canon rabbinique. Cela ne sera pas sans incidence, puisque les premières communautés chrétiennes intégreront la traduction grecque des Septante à laquelle ils adjoindront au cours des quatre premiers siècles de l’ère chrétienne leurs propres Ecritures saintes : vie et paroles de Jésus (quatre Evangiles), Actes des apôtres, Lettres de Paul et des apôtres, Apocalypse.

Les cinq Livres de la Torah transmettent non seulement les Dix Commandements, socle de la morale juive et chrétienne, mais aussi de nombreuses prescriptions rituelles, le récit de la création de l’homme et du monde ainsi que l’histoire ancienne du peuple juif, des premiers Hébreux nomades jusqu’à l’arrivée aux portes de la Terre promise, après la sortie miraculeuse d’Egypte et la longue pérégrination du peuple hébreu dans le désert. Ces récits ont été pris au pied de la lettre pendant de siècles et continuent de l’être par un certain nombre de juifs et de chrétiens pieux. Pourtant, cette lecture fondamentaliste est aujourd’hui insoutenable.

Depuis la Renaissance, l’essor de l’esprit critique et des connaissances historiques, linguistiques, archéologiques, sociologiques, astronomiques, géologiques, a profondément ébranlé bon nombre de certitudes tirées d’une lecture littérale de la Bible. La révolution copernicienne, puis la théorie darwinienne de l’évolution ont rendu obsolète la vision d’un cosmos dont la terre et l’homme seraient le centre, comme celle de la création par Dieu du premier couple humain un peu moins de quatre mille ans avant J.C. selon la chronologie biblique. Les connaissances historiques et archéologiques ont également mis à mal toute l’histoire du peuple hébreu telle qu’elle est racontée dans la Torah. On sait même aujourd’hui que cette terre d’Israël était en fait sous domination égyptienne à l’époque de la fameuse conquête mentionnée par la Bible et on voit mal comment la "superpuissance" de l’époque aurait pu non seulement laisser s’échapper un peuple entier d’esclaves, mais aussi le laisser semer la terreur à travers l’une de ses principales provinces. Certains récits bibliques hauts en couleur, comme la chute des murs de Jéricho, sont décrédibilisés par des découvertes archéologiques révélant que les villes de l’époque n’avaient pas de murailles.

Ce délire interprétatif, qui est parfois issu de certains cercles occultistes se réclamant de la Kabbale, dissimule l’essentiel : il existe assurément plusieurs niveaux de lecture du texte biblique (comme de tout texte d’ailleurs). Cela est d’autant plus manifeste pour la Bible hébraïque - et c’est la deuxième raison pour laquelle la lecture historico-critique ne peut de toute façon épuiser le sens du texte. Car ce Livre est avant tout une oeuvre hébraïque, c’est essentiel. Entre une lecture de type fondamentaliste et une lecture de type scientifique qui, dans les deux cas, matérialise le texte, il existe donc d’autres espaces d’interprétation possibles de la Bible.

Y sont développés :

Béréshit et les 6 jours de la création, le Shabbat, le désir, le fleuve de feu, Adam, Ève, le Serpent, l’exil, l’arbre de vie, les 3 discours divins et le pardon.

 

SOUZENELLE - LA PAROLE AU COEUR DU CORPS

Annick de SOUZENELLE

Edition ALBIN MICHEL

 1983

Des mathématiques supérieures à l’étude approfondie de l’hébreu biblique et des sciences humaines, de la profession d’infirmière à l’exercice de la psychothérapie et à l’enseignement, l’expérience d’Annick de Souzenelle est d’une richesse hors du commun qui fait toute la densité de son oeuvre.

 

Partant de cette expérience et des questions cruciales dont dépend le sens de l’existence humaine – l’amour, l’enfantement, la maladie, le « mal », le corps et la souffrance, la mort et l’espérance –, Jean Mouttapa interroge ici l’auteur du Symbolisme du corps humain. Passionnant dialogue au cours duquel la foi fervente d’Annick de Souzenelle, orthodoxe puisant aux sources hébraïques du christianisme, éclaire d’un sens nouveau tous les domaines de la vie.

Ses réponses sans cesse étayées par une lecture symbolique de la Bible, nous invitent à nous mettre à l’écoute de notre corps, « lieu de notre accomplissement intérieur », pour entendre la Parole. Ces entretiens, réalisés au début des années 1990, n'ont rien perdu de leur pertinence spirituelle. Jean Mouttapa, éditeur, a par la suite publié chez Albin Michel de très nombreux ouvrages d'Annick de Souzenelle, femme et auteur d'exception.

 

SOUZENELLE - L'ARC ET LA FLÊCHE

Annick de Souzenelle

Edition LE RELIÉ

 2001

On ne parle pas de l’éros à mots domptés. C’est un fleuve de feu qu’Annick de Souzenelle laisse dévaler vers nous. Un fleuve de vie, cette puissance de l’éros dont la pulsion sexuelle est le principal partenaire, et que symbolisent l’arc et la flèche.

Si la flèche manque sa cible et s’investit dans le monde extérieur au lieu d’atteindre directement son but au-dedans de l’être, elle peut devenir meurtrière. C’est tout le jeu de l’éros, avec ses merveilles et ses tragédies. Également l’auteur nous donne une signification pour l’Amour et les trois termes grecs pour expliquer AGAPÉ, ÉROS et FILIA.

On raconte donc que Cupidon naquit de Jupiter et de Vénus. Dès sa naissance, Jupiter, reconnut à sa physionomie tous les troubles qu'il causerait, (!!) alors drame >.il voulut obliger Vénus à s'en défaire. Pour le dérober à la colère de Jupiter, elle le cacha dans les bois. Aussitôt qu'il put manier l'arc, il en fabriqua un en frêne, et des flèches de cyprès et essaya sur les animaux les coups qu'il destinait aux hommes.

Plus tard, il échangea son arc et son carquois contre d'autres en or... Cupidon se montre dans l'air, le feu, sur la terre et la mer. " Il conduit des chars, touche la lyre, ou monte des lions, des panthères et quelquefois un dauphin, pour indiquer qu'il n'y a point de créature qui échappe au pouvoir de l'Amour." "S'il porte le casque, la pique et le bouclier, il affecte de prendre une attitude, une démarche guerrières, montrant ainsi qu'il est partout victorieux, et que Mars lui-même se laisse désarmer par l'Amour "

La flèche en tant qu'éclair est le trait de lumière qui perce les ténèbres de l'ignorance : symbole de la connaissance. Les flèches font une ligne continue de l'arc à la cible impliquant une notion de continuité et l'efficacité du rapport qu'établit le roi en tirant des flèches vers le ciel, la chaîne de flèches s'identifiant à l'axe du monde. Ce qu'atteint la flèche c'est le centre de l'être, c'est le soi.


L'arc est la tension d'où jaillissent nos désirs liés à notre inconscient. L'arc avec ses flèches est symbole et attribut de l'amour. Il est aussi le symbole du destin. En maniant l'arc, Dieu, l'amour et le soleil exercent un rôle de fécondation. La flèche ayant toujours un sens mâle, pénètre

 

SOUZENELLE - LE BAISER DE DIEU OU L’ALLIANCE RETROUVÉE

Annick de Souzenelle 

Edition Albin Michel

 2007

Au long de décennies passées à interroger le texte biblique et les mystères de sa langue, Annick de Souzenelle a construit une lecture originale et vivante de la tradition prophétique, qui atteint ici sa pleine maturité. Se fondant sur une profonde intuition de la spiritualité chrétienne originelle, et sur le caractère fondamentalement hébraïque de sa littérature sacrée, elle dégage ce patrimoine universel de sa gangue moralisatrice pour en restituer la vitalité. De la matière de ses précédents ouvrages (Alliance de feu, Job sur le chemin de la Lumière…), elle a extrait la quintessence du message qu’elle décline selon des thématiques intemporelles : l’exil de Dieu, la liberté, la connaissance, le désir, le mal et la mort, la renaissance.

Autant de sujets qui sont au cœur de tout savoir spirituel authentique. « La Torah est un baiser de Dieu ! », proclame-t-elle : par une attention amoureuse à la richesse du verbe hébraïque, elle en restitue le souffle. La Torah est un baiser de Dieu ! De Dieu « Moïse la reçut bouche à bouche », Verbe à verbe ; elle est le Verbe. Les « petites lettres d'en bas » qui écrivent le Livre sont lourdes des « grandes lettres d'en haut », leur source, mais aussi leur devenir si nous savons les reconduire à l'origine. Car c'est à l'Homme qu'il revient d'œuvrer à ces noces que le baiser promettait. Chaque lettre danse le Verbe qu'elle est ; chaque mot chante le message qu'il délivre si nous nous offrons à lui.

Cette appréhension de la Torah nous est bien étran­gère, à nous Occidentaux, qui scrutons les textes en manipulant des mots figés comme objets de discours ; entre nos mains, ils deviennent des outils de pensée alors qu'ils en sont les maîtres. En vérité, le mot vient vers nous, comme une icône ; il scrute nos cœurs et les appelle à l'ouverture sur un univers infini. De cet univers les lettres sont les vibrations, car l'intériorité de l'Homme et la Torah sont sculptées du même ciseau, celui de la voix divine que « voyaient » les Hébreux au pied du Sinaï lorsque Dieu parlait à Moïse.

La Torah n'est écrite que de consonnes, le Verbe ; leur musique est une voyellisation non écrite, un souf­fle, l'Esprit. L'Esprit est une onde qui voyage à l'in­fini, qu'on ne peut saisir, mais qui saisit les lettres dans une ronde ; et la ronde nous encercle à son tour et fait valser toutes nos certitudes ; elle fait se retourner, s'éloigner puis se rassembler les mots qui, soudain, prennent une couleur, un sens, mais un sens toujours ouvert sur d'autres horizons. L'hébreu, plus que toute langue, est propre à chanter les récits mythiques qui rendent compte de l'intériorité de l'Homme. Cette intériorité resterait muette si le mythe ne l'exprimait pas.

C'est ainsi que le mot Bereshit qui ouvre la Torah et dont la Tradition juive assure qu'il la contient tout entière, ce mot est massacré et la Torah l'est aussi s'il est traduit par « au commencement » ; ce « commencement », introduit les temps historiques, nos temps d'exil, il y a des milliards d'années, et il nous concerne alors bien peu ! Si nous le traduisons par « dans le Principe », ce Principe est présent en nous ; il est le Noyau fondateur de l'être de l'Adam — l'humanité ; nous sommes alors saisis par ce Principe dans notre être le plus profond, dans notre « chair », Bassar, que « Dieu scelle dans les profondeurs de l'autre côté de l'Adam », son côté encore inaccompli, notre côté encore inconnu. Bassar, que l'on peut aussi traduire par « dans le prince », contracte en un ballet nouveau le mot Bereshit, «dans le Principe» ; prononcé Bosser, il est alors le verbe « informer » : ce Noyau fondateur est Semence de notre être. Semence qui contient la totale information de notre devenir. Comme le gland conduit au chêne, ce Bereshit nous conduit à la totalité de nous-mêmes, dont nous n'avons encore aucune idée !

D'autre part, si nous nous penchons sur un mythe, le mythe biblique de Noé par exemple, il nous donne à voir que l'humanité, le collectif en situation d'exil, se débat et se noie dans ce que symbolise le Déluge — inconscience, violences, destructions, tragédies..., qui stérilisent la Semence et mènent l'Homme à la mort. Au cœur de ce drame, le patriarche Noé, homme juste, entend la voix divine et s'extrait du Déluge, que nous verrons être pour lui « matrice d'eau » et non plus tombeau, afin de construire son « arche », la Tébah en hébreu ; proche du nom de Thèbes, ville sainte chez les Grecs, la Tébah est le nouvel espace intérieur du patriarche, qui sera pour lui « matrice de feu » ; en elle il s'accomplira et deviendra le fruit promis de sa Semence, le fruit de l'Arbre de la Connaissance.

Ce fruit, symbolisé en ce mythe par celui de la vigne, fait de Noé un homme ivre et nu : ivresse, jubilation de la connaissance acquise par le travail accompli dans l'arche ; et nudité, dépouillement des savoirs que le monde lui a fait revêtir. Dans la tente Noé, devenu Gloire d'Elohim, resplendit et diffuse une lumière insoutenable aux yeux de ceux qui n'ont pas atteint à cette qualité d'être. Deux de ses fils, Shem et Yaphet, le suivent ; ils marchent à reculons en revoilant leur père. Mais Ham, le troisième fils, regarde à l'intérieur de la tente où Noé a pénétré ; il voit et, certain de ce qu'il a vu, il va le raconter à ses frères à l'extérieur. Il y aura toujours dans le monde ces deux démarches de connaissance. Celle de Ham, le voyeur, dont le nom signifie la « chaleur », la « puissance », et qui forge ses concepts, les érige en certitudes qui deviennent idoles et objets de puissance ; son interprétation du mystère est pour lui vérité et celle-ci, ramenée au niveau des valeurs de l'exil, construit un dogmatisme stérilisant. Celle de Shem, le « Nom », et de Yaphet, l'« étendue de beauté », qui, eux, savent qu'ils ne savent pas, est apophatique, car c'est par une voie négative — à reculons — qu'ils atteignent à une vérité dont ils savent qu'elle en cache une autre, plus proche de la vérité ultime, cachée, incluse dans le mystère de la tente ; aussi ils cherchent, interrogent, contemplent dans une quête amoureuse portée en eux-mêmes : ils se verticalisent.

Au temps de Noé et des patriarches, l'essence de la Torah était encore toute nue ; elle n'était point encore habillée dans les vêtements du monde ; elle ne portait pas encore une robe de juge et n'était pas munie du bâton du gendarme. Les lois de Moïse forment la gaine protectrice de la Torah dont la lumière originelle est trop forte pour le monde ; elle risque de l'aveugler et de le brûler. Mais la Tradition nous apprend qu'aux temps messianiques, le Saint-Béni-Soit-Il sortira le Soleil de sa gaine, c'est-à-dire que la lumière de la Torah brillera de tout son éclat, qu'on pourra la percevoir dans son essence sans revêtements pour le monde et la société, c'est-à-dire sans les lois de Moïse qui sont nécessaires actuellement car sans elles le monde ne pourrait supporter l'éclat naturel de la Torah, qui est trop fort pour la plupart des esprits.»

Le Verbe inclus dans la Torah est en train d'accomplir de son feu la dernière part de l'arc-en-ciel qui relie le ciel à la terre. L'arc-en-ciel établi par Dieu avec Noé est signe de l'Alliance oubliée des hommes mais que Dieu, se souvenant d'elle, confirme et rend tangible au cœur de leur exil. Cet arc, comme le fil écarlate, trace l'histoire des hommes dont nous semblons vivre aujour­d'hui la fin d'un temps ; nous vivons une dernière part du signe de l'Alliance avant que le signe s'efface devant l'Alliance recouvrée. En ce vide mutilé pénètre aujourd'hui le Saint Nom qui, de l'Epée à deux tranchants, de l'Epée flamboyante qu'il est, tue les idoles et invite l'Homme à recouvrer ses normes premières.

 

SOUZENELLE - LE FÉMININ DE L'ÊTRE POUR EN FINIR AVΕC LA CÔTE D’ADAM

Annick de Souzenelle 

Edition Albin Michel

 2000

Après le temps du féminisme, mouvement social dont Annick de Souzenelle note à la fois la nécessité historique et les limites, et après le temps d'une féminité artificielle exploitée par la publicité, l'heure est venue d'explorer le sens du féminin. À partir d'une lecture du texte biblique en hébreu, l'auteur du Symbolisme du corps humain nous introduit dans cette dimension essentielle.

Scrutant la Genèse, elle s'inscrit en faux contre l'image d'une Eve « sortie de la côte d'Adam », pour mettre en évidence Isha, « l'autre côté d'Adam », la réalité féminine présente en chacune de nous. Elle réinterprète ensuite d'autres grandes figures de la Bible - Marie, Marie-Madeleine, Lot ou Lazare - pour les replacer dans une perspective mystique dans laquelle l'âme de l'homme est une « fiancée » promise aux noces divines

Dire que, depuis des millénaires, on enferme, on bâillonne, on méprise les femmes sous le prétexte biblique d'une "Eve sortie de la côte d'Adam" ! C'est quand même extraordinaire, cette histoire ! Et d'abord, pourquoi la côte ? Pourquoi pas un autre os ? Pourquoi pas, par exemple, un cubitus, un fémur ou autre radius ? Ou même une petite rotule toute ronde ? Qu'est-ce qu'elle a de plus ou de moins que les autres os, cette côte ? Je ne sais pas vous, mais moi je me suis toujours posé cette question essentielle ! D'ailleurs, il m'est arrivé de me sentir un peu schizophrène en décortiquant à belle dent une savoureuse côte de bœuf... comme un bout de... moi... en quelque sorte !

Et puis, enfin, quelle côte, hein ? On en a pas mal, des côtes, du haut en bas, de gauche à droite de la colonne vertébrale ! Alors, laquelle ? Est-ce que, enfin, quelqu'un peut me le dire ?
Et pourtant, à poser des questions, il arrive toujours un moment où l'on trouve la réponse, alors que n'en pas poser ne met pas en situation d'en trouver... Cette réponse se trouve dans un livre extraordinaire d'Annick de Souzenelle : "Le Féminin de l'Etre - Pour en finir avec la côte d'Adam". L'auteur nous explique que cette fameuse côte provient d'une "petite" erreur de traduction, et même d'un simple oubli d'accent aigu. A quoi ça tient quand même...

Oui, donc, mesdames, vous n'êtes pas issues de la côte d'Adam mais de son côté ! C'est-à- dire bien côte, mais avec un accent aigu à la fin ! Alors, j'en entends qui persiflent : "Oui, bon, ça fait un peu plus qu'une côte mais ça ne fait néanmoins qu'un côté ! Jamais un tout, nous les femmes ?" Savez-vous que, même si on le claironne moins,  les textes bibliques appellent aussi Adam "le glaiseux" ? Est-ce que ça vous plairait à vous d'être ce boueux-là ? Bon, c'est vrai que vous l'êtes aussi si vous en êtes un côté, mais on ne vous l'envoie pas à la figure à tout bout de champ...

Messieurs et mesdames, cette image symbolique du côté d'Adam n'est là que pour mettre en évidence la dualité en chacun de nous, masculin et féminin, lumière et ténèbres, conscient et inconscient, corps et âme, yin et yang, animus et anima etc... A chacun sa côte, en quelque sorte ! Ou plutôt son côté, donc, qu'il s'agit d'unifier pour ne pas toujours être en manque de...

A ce point de lecture, certains vont peut-être se dire que cette (bonne) nouvelle est au moins aussi importante que celle de la terre qui est ronde et non pas plate ! Et qu'à tous les coups, elle va se trouver en Une de tous les journaux, de tous les médias, du monde tout entier, y compris de la Chine ! Certains vont même se demander comment, à ce point de la journée, ils ont pu passer à côté d'une telle nouvelle révolutionnaire ! Et les prêtres vont refaire toutes leurs homélies !

 

SOUZENELLE - L’ÉGYPTE INTÉRIEURE OU LES 10 PLAIES DE L’ÂME

Annick de Souzenelle

Edition Albin Michel

 1991

A la lumière de la psychologie des profondeurs, de la tradition chrétienne et de la merveilleuse richesse de la langue hébraïque, le livre de l'Exode, qui n'était pour beaucoup que le récit légendaire de la sortie d'Egypte du peuple hébreu, se révèle ici un véritable livre de la vie.

 

Les chiffres deviennent symboles, les mots et les noms déploient des trésors de sens, et les dix plaies qui s'abattent successivement sur le pays de Pharaon, pour l'obliger à laisser partir le peuple juif, sont autant d'épreuves proposées à l'homme sur le chemin de sa libération, de sa Pâque intérieure. A travers cette lecture vivante d'un livre de la Bible, débarrassée des interprétations banalisantes, moralisatrices ou historicistes, Annick de Souzenelle nous invite à redécouvrir notre patrimoine sacré.

 

Je cite A. de Souzenelle : « J'ai été très frappée par un dialogue que j'ai lu entre l'archevêque de Rennes et un médecin. Le premier affirmait qu'il ne fallait pas toucher aux cellules souches, parce qu'on touchait au sacré, et le second que ces recherches pouvaient permettre de sauver de vies et qu'il fallait s'en servir. C'est un débat absolument sans issue, parce qu'il méconnait des lois beaucoup plus profondes qui touchent le réel, et qui se rapprochent de la physique quantique.

Ce réel voilé a ses lois que nous ne connaissons pas. Ne les connaissant pas, on y contrevient, et en y contrevenant, on déclenche des conséquences tragiques, comme les maladies. Ce qu'il faut comprendre, c'est que toute chose n'a de valeur que dans sa relation au Verbe (c'est-à-dire à Dieu) qui la fonde.

 

Lorsque l'on coupe ce lien entre la chose et le Verbe, on la chosifie. Or, aujourd'hui nous chosifions tout, nous désacralisons tout, y compris l'homme. On traite la terre comme une chose, d'où les drames. Pour en revenir aux cellules souches, ces cellules sont déjà l'homme. Donc, en les manipulant, on touche au Verbe, à l'image du Verbe et on déclenche des catastrophes terribles, des maladies que la cinquième plaie d'Égypte symbolise. La conscience de l'homme n'a pas grandi dans les mêmes proportions que son intelligence scientifique. Mais attention, la conscience dont je parle n'est pas une conscience morale; c'est une conscience d'éveil, de la profondeur des choses, du réel voilé.

La Bible et toutes les traditions parlent, dans leur forme mystique, de ce réel voilé. L'homme est très en retard dans son éveil de conscience par rapport aux découvertes scientifiques qu'il fait. Et nous subissons les conséquences de cet écart. Selon moi, nous sommes à la veille d'une Pâques des nations. Nous allons passer d'une vision du monde extérieur à une vision du monde intérieur. Seulement, cela débute par des bouleversements énormes, et nous sommes aujourd'hui dans ces bouleversements. Toutes les structures sont en train de s'effondrer parce qu'il va y avoir de nouvelles structures. Un monde nouveau est en train de naître.

C’est ce que j'ai développé dans mon livre, ‘’L'Égypte intérieure ou les dix plaies de l'âme’’. Les dix plaies d'Égypte, et surtout la cinquième, donnent des indications sur les événements à venir. Il faut pénétrer la chair des choses, et plus on explore en profondeur les textes, plus on découvre des lois subtiles. La recherche sur les cellules souches n'est qu'un symptôme de toute cette technique qui touche le divin sans aucun respect des lois profondes. On manipule ce divin n'importe comment. C'est tragique. Si l'on connaissait les lois profondes, il n'y aurait pas toutes ces maladies, et on n'aurait donc pas besoin de les soigner.

 

SOUZENELLE - LE LIVRE DES GUḖRISONS – LES ḖVANGILES EN EAUX PROFONDES

Annick de Souzenelle

Edition Albin Michel

 2017

Depuis son maître-livre Le Symbolisme du corps humain, Annick de Souzenelle a toujours placé le Christ au centre de son oeuvre : son décryptage des grands textes de la Bible, comme sa vision du corps de l'homme, de la souffrance, du cheminement spirituel auquel tous sont appelés, ont toujours été inspirées et alimentées par une foi orthodoxe fervente, puisant aux racines hébraïques du christianisme. Mais elle ne nous avait encore jamais offert un ouvrage intégralement dédié aux Evangiles. Trente ans après Alliance de feu, sa monumentale lecture du livre de la Genèse, elle nous livre ici une interprétation très originale de la vie et des paroles de Jésus, revisitées à travers le prisme de la langue hébraïque et de sa symbolique. En choisissant de se concentrer sur la thématique des guérisons miraculeuses (l'aveugle, le paralytique, la fille de Jaïre, le possédé, etc., jusqu'à la résurrection de Lazare), Annick de Souzenelle nous invite à comprendre la racine de nos maux intérieurs. Profondément ancrée dans la Tradition, mais mue aussi par une sagesse visionnaire, elle nous montre comment nous pouvons, en nous reliant à la transcendance, apporter un remède à notre monde malade.

 

Dans ce nouveau livre, Annick de Souzenelle se penche sur les guérisons du Christ pour nous en livrer une approche symbolique : qu’il s’agisse de la guérison du lépreux, de celle de l’aveugle ou du paralytique, tous ces récits, nous dit-elle, parlent en fait de nos propres maux intérieurs. Elle se propose donc d’analyser ici les guérisons du Christ en établissant un parallèle avec nos propres tourments intérieurs : coupés de nos racines divines, nous devenons en effet les victimes de nos constructions mentales et de nos idéologies. Que ce soit au niveau individuel ou collectif, si nous voulons, tel le paralytique, être debout, il nous faut accéder à une nouvelle sagesse, une nouvelle intelligence. Ceci ne peut se faire que par un questionnement sur nous-mêmes et sur notre relation à Dieu. Notre guérison et celle du monde dépendra des réponses qui jailliront de cette réflexion.

 

Au sommaire de cet ouvrage : 

 

L'homme à la main sèche  -  Un lépreux     -     La femme courbée     -      La femme qui perd son sang et la fille de Jaïre      -      L'homme né aveugle et l'aveugle de Beit Tsaidah Le paralytique et la fille de la femme cananéenne       -     Le démoniaque « frappé de lune » et Ie serviteur du centenier romain       -      A la piscine de Beit Hassidah      -     L'homme muet     -     La résurrection du fils de la veuve de Naïm et la résurrection de Lazare     -     Se nourrir de Dieu     -    Qui est l'Homme ? Que sommes-nous ?

 

SOUZENELLE - LE MANDALA, MIROIR DE SOIPensée jungienne et révélation de l’âme

Elizabeth Leblanc-Coret – Préface d’Annick de Souzenelle

Edition DERVY

 2014

Evoquer, définir, rencontrer, apprendre et vivre le mandala... La qualité et l'originalité de cet ouvrage se révèlent via la mise en visibilité particulière et unique de la connaissance du mandala. Nous le découvrons de son origine à nos jours... De son émergence à son utilisation... Cette image, antérieure à l'apparition de l'homme et liée à la création du monde, recèle un trésor : un centre porteur d'unité et de sens vers lequel la Totalité puise et converge. Pour Jung, le mandala est image du Soi, de cette Totalité de l'être dans sa représentation humaine et divine. Le profane s'unit au sacré pour faire naître et créer.

Dans une pratique thérapeutique, dont Jung nous dit qu'il s'agit de "l'initiation de l'homme moderne", le mandala a pour effet de ramener au cœur de soi-même, à l'essentiel, alliance et quête permanentes d'Unité et de Sacralité. Grâce à ses connaissances et la richesse de son propos, l'auteur nous invite à une exploration en images afin de révéler l'image profonde de l'Etre. Les illustrations proposées accompagnent ce voyage.

Elizabeth Leblanc - Coret développe dans cet ouvrage l’idée que «dans un Mandala se représentent beaucoup plus de choses qu’on ne croyait y avoir mis ! Et que c’est en cela qu’il est actif et procède à une profonde transformation intérieure; il  (le mandala) va au-delà du connu en favorisant l’expression de l’inconscient», le mandala constitue un arrêt sur image du moment, qu’est en train de vivre la personne » , «L’auteur peux proposer la réalisation d’un Mandala dans ces moments où le patient bute sur une problématique conflictuelle- confrontation d’opposés- dont il n’arrive pas à sortir. Les connaissances qu’il a du problème posé ne lui apportent aucun soulagement et ne l’amènent à aucune résolution».

Comme le dit l’auteur, faire un Mandala, c’est «donner à l’inconscient la meilleure chance de révéler ses contenus »..«C’est une sorte de réponse symbolique qui se fait jour par rapport au désordre intérieur. Le Mandala est porteur des énergies inconscientes et permet à la conscience de les intégrer». L’un des apports théoriques les plus importants de cet ouvrage concerne les conceptions psychologiques qui opèrent dans le Mandala. «Tout Mandala présente symboliquement par sa structure les conditions nécessaires à la construction et à la restauration de la personne».

Oui, le Mandala est contenant et organisé : les éléments psychiques travaillés par celui qui le réalise ne sont plus éparpillés, ils sont rassemblés, prennent place et se structurent. Rassembler, délimiter et contenir étant  des «notions fondamentales et essentielles dans la constitution du moi qui font allusion aux fonctions parentales- à distinguer des personnes papa, maman – dont la complémentarité constitue la base essentielle de l’accession de l’enfant à son état de personne».

Comme il devient précieux, le travail avec le Mandala, quand l’auteur nous explique que ce dernier sera porteur des éléments de construction de la personnalité ! Contenant comparable à la mission de la fonction maternelle, mais aussi aboutissement de tout un effort de classement entre le « dehors et le dedans », organisateur du chaos, et facilitateur de contact avec le monde, tels les outils dispensés par  la fonction paternelle, que l’enfant s’approprie pour prendre sa place dans le monde.

Le Mandala indique également l’emplacement du centre, (sans centre délimité, ne serait-ce que par un point,  un dessin, fut-il géométrique et en cercle n’est pas un mandala) et permet d’y accéder. Centre de la conscience, le moi n’est pas le centre du Mandala jungien. Réaliser un Mandala dans le cadre d’un travail jungien nous invite à réserver au Soi l’espace central de notre travail. Par un dessin, un symbole, une couleur, un mot, posés à la fin et au cœur du cheminement labyrinthique, c’est à notre totalité psychique que nous sommes invités à donner une place au centre du Mandala.

«Passer du moi au soi, c’est accepter que le moi n’est pas le centre du psychisme, mais s’inscrit dans ce contexte qui fait de l’auteur du Mandala,un être total, comportant toutes sortes de constituants inconscients avec lesquels il va devoir composer, en acceptant à certains moments de se laisser bouleverser  par leurs surgissements, tout en restant dans le souci de sa cohérence».

J’ajouterais pour ma part que l’efficacité du travail avec le Mandala est inscrite dans ces lignes ;  car «s’il va devoir composer avec toutes sortes de constituants inconscients déposés dans le Mandala», son auteur va également pouvoir en disposer, comme d’autant de matériaux, d’outils et de propositions nouvelles pour affronter ce qui le tourmente et le limite, pour trouver le chemin qui lui permettra d’accéder à plus d’autonomie et de joie.  Accompagner une personne dans son « chemin vers soi » à l’aide de l’outil Mandala est à chaque fois un bonheur et un émerveillement en ce qui me concerne.

Pour toutes les raisons évoquées, je vous recommande vraiment la lecture de cet ouvrage ; pour terminer, je vous en donne deux supplémentaires, s’il en est besoin : - L’ouvrage est préfacé par Annick de Souzenelle, dont l’érudition et la profondeur de pensée ne sont plus  à démontrer. - Il est édité dans la collection « La quête du soi », chez Dervy, dont la Directrice,  Carole Sédillot, accomplit, par ses propres ouvrages, ses formations, et le choix de ses auteurs, un travail gigantesque pour faire connaître Jung et tous les trésors de sa pensée, ainsi que les arcanes du Tarot et son chemin spirituel. Ces 3 femmes réunies nous emmènent dans des contrées de l’esprit d’une grande richesse.

 

SOUZENELLE - LE MATIN DU 7e JOUR

Annick de Souzenelle

Edition Alice Liège

 2002

Cet ouvrage est un entretien qu'’Annick de Souzenelle eut avec Edmond Blattchen en 2002, au sujet de la Genèse, du 7e jour et du rôle que l’homme doit assumer dans son futur. L’homme est au départ un être créé qui est loin d’être achevé, c’est à nous de l’achever. Nous sommes co-créateurs nous sommes les collaborateurs du divin. De l’arbre de la connaissance en passant par l’arbre de la Croix, nous devons arriver à l’arbre de la résurrection.

 

En refusant de chercher dans la foi qui l'anime une réponse en kit, un système de certitudes toutes faites, construites en prêt-à-penser, qui rendrait compte de tout et de son contraire y compris de l'absurde, Annick de Souzenelle n'a pas choisi la voie de la facilité, mais celle du travail. Du travail intérieur, qui investit tout l'être, corps et âme, cœur et conscience. Ceux et celles - de plus en plus nombreux - qui suivent son enseignement, centré à la fois sur le message évangélique, la kabbale hébraïque, et la psychologie des profondeurs, ceux-là ont certes du pain sur la planche ! Mais il s'agit, à n'en pas douter, d'un pain nourrissant. A les voir et à les entendre, il alimente leur quotidien, en projetant sur chaque élément de la vie la lumière d'un Sens qu'avec l'aide de l'ex-infirmière devenue. psychothérapeute, ils auront su deviner et entrevoir.


Si Annick de Souzenelle fait partie de ces êtres au verbe généreux capables de vous concerner, vous étonner, voire de vous bouleverser quand ils vous parlent de ce qui les passionne, elle devient beaucoup moins prolixe lorsqu'il s'agit de parIer d'elle, et ne s'attarde jamais sur sa propre personne.

Mais... c'était justement ce qui nous intriguait ! Comment passe-t-on des études de mathématiques supérieures au soin des malades, du catholicisme le plus conformiste - celui d'avant la guerre - à l'orthodoxie, de la kabbale hébraïque au symbolisme du corps humain ?

Comment, surtout, peut-on retrouver une unité au milieu de ces multiples expériences ? La réponse réside dans un itinéraire hors du commun, fait de multiples ruptures et d'une unique fidélité.

Je cite Annick de Souzenelle : « L'Homme d'aujourd'hui n'est pas l'Homme définitif. Pour l'instant l 'Homme est très identifié à son inconscient... Mais une lente montée de conscience se fait depuis le début des temps et se fera jusqu'à la fin des temps. L'Homme est comparable à un arbre qui grandit et dont la sève monte. Le thème de la fécondité est donc essentiel. Mais on a trop longtemps confondu le fruit de cet arbre, et donc l'objet même de la fécondité, avec l'enfant qu'un couple met au monde. L'enfant est béni, mais il n'est pas le but, il n'est pas le fruit. Dans mes ouvrages, j'ai souvent mis l'accent sur ce qui est dit de la création de l'Homme - de l'Adam - dans la Genèse: "A l'image de Dieu" et" mâle et femelle il est créé". Il est bien entendu qu'à un tout premier niveau, celui du sixième jour qui voit aussi l'apparition des animaux de Terre, Adam est comme ces derniers, "mâle et femelle", dans les catégories biologiques, et voué à la procréation. Mais à un autre niveau qui fera l'objet du septième jour, l'Homme en tant qu'image de Dieu est appelé à faire un passage essentiel dans la réalisation de cette image, et le vocable "mâle et femelle" prend alors une tout autre signification: est "mâle" celui (ou cela) qui "se souvient" de cet autre "côté" de lui-même (et non d'une "côte" !) lourd de l'image divine; il s'agit dans ce pôle "femelle", d'un féminin intérieur à tout être humain, côté voilé de lui parce qu'encore inconscient mais riche d'un potentiel inouï.

 

Epouser ce féminin-là pour faire grandir "l'image" - comme grandit en effet un enfant dans un ventre maternel - pour atteindre à la "Ressemblance à Dieu", est alors la vocation réelle de l'Homme (hommes et femmes). Nous pouvons prolonger l'analogie et dire que l'état de "Ressemblance" est celui d'un enfant intérieur prêt à naître au neuvième mois d'une gestation essentielle. A ce terme, ce qui n'était que potentiel est réalisé, l'inconscient est transmuté en conscience. L'arbre a donné son fruit : l'Homme déifié. Là est la vraie fécondité.



En l'Homme, cette sève est la puissance de l'Eros, de source et de finalité divine, mais dont une partie dessert, si j'ose dire, les étages intermédiaires: la vie génitale et l'ordre affectif s'en nourrissent, mais se voient transformés par un appel plus puissant encore, celui des épousailles divines. En profondeur, la vie de l'Homme n'est que nous ! Mais lorsque les ordres intermédiaires captent toute la sève et qu'ils s'octroient la dimension d'Absolu, qui n'est qu'en Dieu, les lendemains sont désenchanteurs, pour ne pas dire parfois très douloureux ; chacun des deux partenaires, coupé de lui-même - étranger à cet autre "côté" de lui-même - exige de l'autre un absolu et s'irrite de ce qu'il ne le lui apporte pas. Il s'agit là d'un jeu hélas inconscient !


Mais lorsque l'Homme devient conscient, cette magie de l'amour de deux êtres peut admirablement contribuer à la transformation intérieure de chacun. Lorsqu’ils replacent cette poussée de sève dans le souffle de l'appel divin, ils ne vivent pas là des forces contraires, mais des étapes différentes d'une même force, dont l'une illumine l'autre. Une transcendance nous habite, qui transforme tout ; je dirais que nous devons nous laisser envahir par elle. En ce sens, le mariage n'est pas une moins grande ascèse que les autres formes de vie, celle du moine ou du célibataire; toutes ont le même but. Mais le mariage en est une icône directe. Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de replacer toutes ces valeurs dans leur vraie lumière. Il nous faut une exigence autre...

 

Dans la Bible au 2ème chapitre de la Genèse. "Dieu dit: il n'est pas bon qu'Adafi soit seul, faisons une aide semblable à lui". Cette traduction est mauvaise sous bien des aspects, mais surtout en ce qu'elle qualifie l'aide ; il n'est pas possible de traduire par "semblable à", il serait plus juste de parler d'une "aide capable de communiquer avec lui", ou encore "d'être son face à face". C'est alors que Dieu fait découvrir à Adam cet autre "coté" de lui-même - et non sa "côte", cette part de lui qu'il devra épouser, son féminin intérieur. Adam - chacun de nous - ne peut que trouver aide en lui-même, en entrant en communication avec lui-même, avec cette part sacrée de ses profondeurs.

 

Le poète Novalis, amoureux de l'amour, dit : "Il n’y a qu'un temple au monde et c'est le corps humain.." mais le cosmos aussi est un temple - la Maison que j'habite... Tout peut être temple si j'y contemple la présence divine. Le corps ne doit pas être idolâtré; il sera transformé en corps spirituel avec la déification de l'Homme intérieur; il inscrit dans la moindre de ses cellules toute transformation de l'être ; il est un témoin. La voie du milieu, celle qui chemine entre les interdits et la déification, est le "chemin qui a un cœur" dont parle l'autre poète, Daniel Pons : "Le chemin des profondeurs où chaque chose est reliée au Verbe divin qui la fonde." Si nous ne voyons pas derrière le moindre brin d'herbe sa relation à l'archétype divin dont il procède, nous sommes dans un non-sens absolu. Avant tout, il nous faut retrouver la respiration qui unit la terre au ciel et l'Homme à Dieu. Parce que nous ne sommes plus dans ce souffle, nous sommes dans une effroyable confusion. Coupés du monde divin, nous sommes dans la même situation que celle du déluge. "Maboul" est le déluge en hébreu. Nous sommes tellement concernés que nous en avons gardé le mot français! Il signifie l'anarchie la plus totale - l'Homes coupé des archétypes. Celui qui rentre dans l'arche, Noé - et nous sommes tous appelés à devenir des Noé, rentre dans le souffle, dans la respiration exaltante de la vie divine, et il s'accomplit.


Dans l'arche (notre arche intérieure), toute chose reprend sa vraie place, y compris le corps de l'Homme.

 

SOUZENELLE - LE SEIGNEUR ET LE SATAN – AU-DELA DU BIEN ET DU MAL  -

   Annick de Souzenelle

Edition Albin Michel

 2016

De tout temps les hommes se sont demandé pourquoi le mal et le malheur sont si présents en ce monde, pourquoi " il pleut sur les justes et il fait soleil pour les méchants " - mystère encore plus grand dans le monothéisme, puisque Dieu y est censé être le Tout-Puissant. Depuis Le Symbolisme du corps humain jusqu'à " Va vers toi ! ", Annick de Souzenelle n'a cessé d'explorer le texte biblique en écho à cette interrogation.

 

Elle ose ici l'aborder de front, par-delà tout moralisme, en questionnant le personnage du Satan : comment se fait-il que celui qui est perçu comme le Maître des Ténèbres soit mis en scène, dans le livre de Job, comme un interlocuteur du Seigneur, passant même un pacte avec Lui ? Se pourrait-il qu'il ait une fonction dans le processus de la Rédemption, et que ses apparitions comme le grand Tentateur - face à Adam et Eve ou à Jésus - soient autant d'épreuves incontournables sur le chemin initiatique ? Le serpent qui le symbolise est peut-être la réponse à cette énigme... Un livre de grande maturité qui place le lecteur face à lui-même, au-delà du bien et du mal.

 

Apocalypse 12 décrit trois occasions où Satan nous a déclaré la guerre :

 

1/. Il a d'abord déclaré la guerre contre le Dieu Tout Puissant lui-même. Jean écrit : « Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. » (Apocalypse 12 :7-9) Ce passage rappelle le moment où dans le ciel Satan se rebella contre l'autorité suprême de Dieu. En ce temps-là, il était connu en tant que Lucifer, un ange possédant une grande autorité. Mais Lucifer voulait aussi être comme Dieu. Alors, enrôlant un tiers des anges, il s'éleva contre le Tout Puissant. Mais Dieu chassa Lucifer hors du paradis, ainsi que tous les autres anges rebelles. Les cieux se réjouirent de la victoire. Le diable avait perdu la guerre, ainsi que sa place dans le ciel.

 

2/. Satan vaincu déclara alors sa deuxième guerre : celle-ci contre le Fils de Dieu, Jésus-Christ. Jean écrit : « Un grand signe apparut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de l'enfantement.

 

Un autre signe parut encore dans le ciel ; et voici, c'était le grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu'elle aurait enfanté. » (Apocalypse 12 :1-4)

 

Satan savait qu'une incroyable église était sur le point de jaillir des vestiges de l'Ancien Testament. Ce serait un corps glorieux, revêtu du soleil de la justice. Alors le diable déclara la guerre à nouveau, prétextant que maintenant il pourrait combattre sur son propre territoire, la terre.

 

Ce passage suggère que Satan savait qu'il ne pourrait atteindre l'enfant dans le sein de Marie. Alors il détermina de détruire Christ dès sa naissance. Il rassembla toutes ses forces démoniaques autour de Bethléhem, envoyant des esprits trompeurs pour aveugler les scribes, les sacrificateurs et les Pharisiens. Ensuite, son propre esprit entra dans le roi Hérode, le possédant ainsi. Si Satan ne pouvait pas lui-même tuer Christ, il avait un homme prêt à le faire pour lui.

 

Mais les armées du Seigneur composées d'anges célestes montaient la garde auprès de l'enfant, afin que Satan ne puisse l'atteindre. Le diable dut attendre trente ans pour essayer de dévorer Christ. Il vit sa chance suivante au début du ministère de Jésus, quand le Saint Esprit déclara qu'Il était le Messie. A ce moment-là, Satan conduisit Christ dans le désert pour être tenté. Cependant, Jésus l'a à nouveau battu. Dieu protégea encore une fois son fils, envoyant des anges pour le servir dans ce temps de faiblesse physique.

 

Le diable essaya une dernière fois de dévorer Christ. Cette fois-ci, il rassembla ses forces pour tenter de tuer Jésus par la crucifixion et de le chasser dans la tombe. Il envoya des esprits démoniaques pour susciter une émeute, entrant dans le corps de sacrificateurs, de soldats, de responsables politiques et de faux témoins ; Finalement, Satan pensa qu'il avait atteint son heure de gloire. Il allait maintenant entamer une guerre totale.

 

Cependant, vous connaissez le reste de l'histoire : le jour de la résurrection fut pour Satan celui de sa défaite la plus humiliante. Quand Jésus fut élevé au ciel, Il devint à jamais hors d'atteinte du diable. « Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône. » (Apocalypse 12 :5) Tout l'enfer trembla parce que Satan avait encore perdu. Même en utilisant tout son pouvoir, il ne pouvait toujours pas vaincre le fils de Dieu.

 

3/. Le diable déclara sa troisième et dernière guerre contre la postérité de Christ. Cela signifie qu'il est en guerre contre tout véritable croyant sur terre. Jean écrit : « Quand le dragon vit qu'il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l'enfant mâle. » (verset 13) « Et le dragon fut irrité contre la femme, et il s'en alla faire la guerre aux restes de sa postérité, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus Christ. » (verset 17)

 

Satan retourna sa colère contre l'église de Jésus Christ. Et il réserva le plus fort de sa rage contre les croyants qui gardent les commandements de Dieu et qui Lui font confiance. Le diable sait que cette guerre est sa dernière chance, parce qu'il ne reste qu'un temps assez court avant que Christ ne vienne rechercher Son épouse. « …sachant qu'il a peu de temps. » (verset 12). La guerre de Satan contre l'église est donc la plus intense de toutes. Il veut regagner le terrain qu'il a perdu contre Christ. Il n'arrêtera devant rien pour détruire la foi de l'épouse. Cela veut dire qu'il va utiliser toutes ses armes contre nous, toutes ses subtilités, ses tromperies et ses moyens.

 

Annick de Souzenelle occupe une place à part pour ceux qui s'intéressent à la rencontre entre foi et développement personnel. Mieux vaut être bien réveillé si vous la rencontrez. A 93 ans, elle est pleinement présente à son interlocuteur et les réponses fusent avec une étonnante vitalité. Elle reçoit et donne des interviews pour La vie au sein du prieuré saint Augustin à Angers où elle a créé l'institut d'anthropologie spirituelle. Après des études de mathématiques, Annick de Souzenelle a été infirmière anesthésiste, puis psychothérapeute. Née dans une famille catholique, elle a poursuivi à l'âge adulte son chemin spirituel dans la tradition chrétienne orthodoxe, elle anime régulièrement des stages au centre Sainte-Croix, en Dordogne. Elle fonde sa recherche sur son excellente connaissance de l'hébreu qui lui permet de lire l'Ancien et le Nouveau Testament. Grâce à elle, le lecteur redécouvre la richesse et la complexité de ces grands textes. Elle n'hésite pas à l'occasion à dénoncer les contresens qui demeurent présents dans certaines traductions contemporaines. Plutôt que de parler de mort et de résurrection, elle préfère évoquer le terme de mutation présent dans le texte en hébreu. La résurrection est un travail de chaque instant où nous luttons avec nous-mêmes pour intégrer nos forces de vie intérieure

 

Au sommaire de cet ouvrage : Du bien et du mal   -  Le mariage Tob-Ra, le mythe de Tobie   -   Rupture dans le créé. Intimité des deux de la rupture   -   Approche de la fonction ontologique du Satan   -   L’Adam et la Satan, auteur de l’exil    -   Le Satan diabolique  et le mal   -   Le symbole du serpent   -   Le Fils de l’homme et le Satan   -   Le soleil et la lune réunifiés   -   

 

SOUZENELLE -LE SYMBOLISME DU CORPS HUMAIN

Annick de Souzenelle

Edition Dangles

 1984

Si on a dit des cathédrales qu’elles sont des « livres de pierres », on peut dire que le corps humain – dont la structure s’ordonne sur le même schéma – est un « livre de chair ».


Apprendre à le lire, c’est être attentif à son dessin, à la toponymie de sa géographie anatomique; c’est entendre ce que nous disent les grands mythes de l’humanité de chacun des organes du corps et de leur fonction subtile ; c’est aussi découvrir l’Arbre des Kabbalistes, Arbre du « corps divin » à l’image duquel est créé le corps humain.


Nous découvrons alors ceci ; Notre corps est un langage et nous propose un programme à réaliser ; il est, entre les mains de l’ouvrier que nous sommes, tout à la fois matière première à partir de laquelle nous œuvrons, ainsi qu’outil et creuset dans lequel nous opérons. S’il est en soi un langage, le corps aussi s’exprime : il a un langage, celui de la jouissance et, le plus souvent, de la souffrance ! Décrypter celui-là, c’est entrer en communication avec nous-mêmes, et proposer à nos sciences humaines et médicales une profonde remise en question.

 

Nous n’avons plus à leur donner tout pouvoir ; elles n’ont plus à le prendre, mais nous avons à cheminer ensemble, et dans nos rôles respectifs, pour écouter le message du corps. Écouter, comprendre et obéir à ce message, c’est entrer dans la grande geste de l’Homme et du Dieu que chacun de nous est en devenir.

Le Symbolisme du corps humain représente le versant pratique du discours mythologique et historiosophique d’Annick de Souzenelle. La théologienne orthodoxe s’inscrit bien dans la tradition des pères de l’Église pour qui comme l’a écrit saint Maxime le Confesseur « une théologie sans action est la théologie des démons’. Il faut redécouvrir avec elle certains passages énigmatiques ou que l’on croyait comprendre des écritures saintes, du lavement des pieds des apôtres par le Christ le soir de la sainte Cène à l’apparition de la femme vêtue de soleil dans l’Apocalypse, la tête couronnée de douze étoiles… Disons pour résumer que le corps de l’homme, temple du Saint-Esprit pour saint Paul, est selon Annick de Souzenelle l’arbre des Séphiroth de la mystique juive, le lieu par excellence de la révélation progressive de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu. « Le corps, écrit Annick de Souzenelle, est à la fois notre outil, notre laboratoire et notre ouvrage pour atteindre à notre vraie stature qui est divine ».

L’anthropologie judéo-chrétienne d’Annick de Souzenelle ouvre par ailleurs des perspectives passionnantes dans trois domaines : la médecine, la rencontre des religions et l’exégèse biblique. Les conséquences thérapeutiques des analyses anthropologiques d’Annick de Souzenelle trouvent leur source dans une expérience vécue du dépassement de l’antinomie entre les pôles féminin et masculin de l’humanité. Elle écrit : « Ces deux pôles sont constitutifs de l’Adam créé mâle et femelle (Gn 1, 27). Mâle – Zakhor – est celui qui « se souvient’ (c’est le même mot en hébreu) de sa réserve d’énergie Nqévah (« femelle’), « contenant » qui recèle la puissance du NOM. Est mâle celui qui se souvient de son féminin inaccompli et qui prend le chemin de la conquête de son NOM. Là est la vocation fondamentale de chaque Adam, homme ou femme. L’Adam et son féminin s’inscrivent dans la même dialectique que Tov veRA Le féminin, notre « ombre » à chacun, contient le secret de notre NOM.’

Annick de Souzenelle inverse ici dans une perspective anthropologique l’adage des pères cité par le père Paul Florensky : « Se souvenant Dieu crée ». Ainsi le dépassement de l’antinomie est eschatologique. La déification pour l’homme est avant tout une œuvre de mémoire. On retrouve certains accents sophrologiques chez Annick de Souzenelle : « L’homme déifié, en ses noces divines, participe de la Sagesse et de celle qui lui est comme une épouse, Intelligence. » Cela a bien entendu des conséquences déterminantes en particulier sur un plan psychanalytique. Comme le jeune prince du conte nous devons accepter de défricher la forêt de notre mémoire pour aller au fond de nous-mêmes, réveiller d’un baiser la Belle et toute la nature autour d’elle endormie de fatigue et de dépression.

 Cinq siècles avant Jésus Christ, les acuponcteurs chinois avaient remarqué que l’oreille humaine symbolisait de façon fractale l’ensemble du corps humain. Dans le Lévitique, il est conseillé au sacrificateur de mettre un peu d’huile dans sa main et de l’appliquer « sur le lobe de l’oreille droite de celui qui se purifie » (Le 14, 17). Selon Annick de Souzenelle ; c’est pour tendre l’oreille à l’écoute du NOM (le fameux Shema juif : Écoute Israël !) que le corps se verticalise et trouve son équilibre… Ceci explique pourquoi le Christ fit entendre les sourds et parler les muets tout en prévenant de la fonction symbolique de l’oreille (Éphéta, ouvre-toi (Mc 7, 32-37).

On passe facilement aujourd’hui dans les milieux orthodoxes bien-pensants de l’interrogation sur les médecines douces au rejet du « fatras ésotérique » et finalement à la condamnation du New-Age. En revanche, on construit des sépulcres à la spiritualité philocalique des Pères de l’Église et on décore les tombeaux des principaux acteurs de l’école de Paris. Il est salutaire dans ce contexte de rappeler avec l’un des héritiers de cette école, Paul Evdokimov, que les starets « lisaient les pensées sans rien demander, savaient le contenu d’une lettre sans l’ouvrir ». Le théologien russe rapporte l’adage d’un Père du désert, l’abbé Joseph : « si tu veux être parfait, deviens tout feu. » Et lorsqu’il tendait ses mains vers le ciel, « ses mains devenaient comme dix cierges allumés. »

De la rencontre des religions et les analyses de Annick de Souzenelle, on trouve de profondes similarités entre le bouddhisme, le judaïsme et le christianisme dès lors qu’on accepte de sortir pour un temps de la problématique traditionnelle, – nécessairement close sur elle-même car héritée de l’antiquité grecque et néo-platonicienne –, fondée sur les concepts de procession, d’autorité et de grâce. La mythologie judéo-chrétienne a été réinterprétée aux XVe-XVIe siècles dans les textes de l’alchimie chrétienne par de grands savants comme Pic de la Mirandolle. La « voie » qui permet de suivre le Christ (qui est lui-même la voie, hodos en grec) est marquée par le passage de « l’œuvre au noir » puis de « l’œuvre au blanc » enfin de « l’œuvre au rouge ». On trouve selon Olivier Clément dans ce cheminement, dans cette « méta-hodos-logie », de nouvelles clefs pour l’interprétation non seulement des mythes les plus importants de la culture occidentale mais aussi des récits fondateurs des religions orientales. L’œuvre au noir écrit-il, est « une mort, un mariage, et une descente aux enfers ». L’œuvre au blanc est la découverte de « la luminosité subtile » de la materia. L’œuvre au rouge est le flamboiement de l’Esprit. « Et l’or apparaît, conscience solaire de la toute présence… »

Pour rester sur l’exemple du symbolisme de l’oreille, Annick de Souzenelle voit une profonde similitude entre les petits personnages sculptés sur le linteau du tympan de la cathédrale de Vézelay et l’iconographie hindoue de Ganesha le fils de Shiva. Si les petits hommes de Vézelay sont munis d’énormes oreilles et se tiennent le pied, c’est, explique l’auteur du Symbolisme du corps humain, parce qu’ils ont « entendu’, pris conscience que leur pied est blessé, et marchent à cloche-pied vers leur verticalisation pour leur accomplissement divin. Ganesha quant à lui est représenté traditionnellement avec une tête d’éléphant, un corps d’homme et montant un rat. Car sa force spirituelle est symbolisée par l’amplitude de la tête avec ses larges oreilles et sa trompe. Et pénétré de la lumière divine, Ganesha est sans poids et n’écrase pas le rat, animal rusé qui sait pénétrer dans les endroits difficiles et symbolise l’intelligence apte à pénétrer les problèmes les plus ardus. Il n’y a là nul syncrétisme car il ne s’agit pas de transformer l’hindouisme en religion de l’incarnation. Dans les deux cas en revanche, on retrouve l’idée d’obéissance et d’ouverture à l’esprit que traduit le terme d’oreille en hébreu, ozen. On ne trouve pas non plus chez Annick de Souzenelle de relativisme quant aux fondements de la dogmatique chrétienne. On retrouve plutôt en elle une inspiration philocalique : « Le cœur, écrit-elle, n’est entendu que par celui qui, tel l’apôtre Jean, “au secret divin”, y place son oreille. Car le cœur du labyrinthe c’est aussi le Christ, le Verbe. » 

On y trouve : l’Épée – l’Arbre de vie – le Bien et le Mal – les Séphiroth – Malkut – les Genoux – les Jambes – la Circoncision – le Déluge – le Labyrinthe – la Porte des hommes – Jacob – le Christ – la Porte des Dieux – les Reins – les Os – le Sang – le Feu – le Cœur – les Poumons – l’Estomac – l’Œuvre au noir – les Enfers – la Souffrance – l’Aigle – Dante – Prométhée – l’Œuvre au blanc – l’Oreille – la Langue – le Rouge – la Salive – Tobie – l’Émeraude – les Cheveux – la Mandorle – les Larmes – les Yeux.

 

SOUZENELLE - L’INITIATION, Ouvrir les portes de notre cité intérieure

Annick de Souzenelle et Pierre-Yves Albrecht

Edition Le Relié

 2013

Dans les sociétés traditionnelles, les différents âges de la vie étaient règles par des rituels d’initiation. Les auteurs de cet ouvrage nous proposent de réfléchir à nouveau sur ce concept et ces pratiques.

En ces temps de crise profonde, il est en effet précieux de savoir trouver les racines fondamentales de nos êtres ainsi que nos énergies essentielles. Il est clair que le manque de sens qui caractérise nos sociétés actuelles est le vrai fléau qui nous conduit à la confusion généralisée. Il ne s’agit pas d’instituer de nouvelles religions mais de se poser la question : comment renouer avec cette dimension de l’être qui dépasse infiniment les petits jeux pervers et sclérosants de l’ego ? Car si les forces passionnelles prennent l’avantage, le chaos s’installera.

On ne saurait parler d’initiation dans le sens retenu ici sans évoquer le ou les chemins spirituels, se pose alors la question du langage, car les réalités dont on traite ne sont pas d’abord matérielles. Les descriptions de la vie spirituelle ressemblent à des cartes géographiques, celle-ci peuvent être météorologiques, politiques, en relief ou autres choses, mais l’accent sera mis sur les types de renseignements que l’on cherche.

Les cartes de la vie spirituelles sont nombreuses, aussi lorsqu’on rentre en spiritualité il importe d’avoir la bonne carte et de savoir la lire ; dans cet ouvrage Annick de Souzenelle présente les trois matrices du corps selon une vue possible de l’arbre séphirotique et y mêle la danse des lettres et des mots hébraïques dont elle est amoureuse depuis longtemps. Au fil de cet ouvrage novateur, Annick de Souzenelle et P. Albrecht nous invitent donc à reconsidérer les valeurs de l’initiation sous des formes renouvelées.

Au sommaire :

Première partie : Retour au jardin d’Eden :
Les initiations - rupture de la coque - l’éveil - qui est ce Seigneur ? - essai de Physiologie du Yod dans le corps subtil de l’Homme - la matrice d’eau - la matrice de feu - la matrice du crâne -

Deuxième partie : Le Grand-Œuvre :
L’initiation et la désymbolisation du cosmos - stratégies de symbolisation - les rites de passage - les rites pubertaires liés à l’adolescence - les initiations trifonctionnelles liées au temps de l’adulte - initiations chamano-hermétiques -In igne usserit : Héroïsation, immortalisation et divination - les fondamentaux de l’alchimie - le prodigieux lié au monde imaginal - l’imagination créatrice de l’alchimiste et la production de mixtes - le nectar du cœur - le symbolisme de « l’œuvre hermétique » - le Grand-Oeuvre et ses feux et ses différentes couleurs et phases au noir, au rouge et au blanc - les lettres magiques des trois rituels - la bouilloire et le nûn - le serpent et le redressement de l’alif - le four et la réalisation du nûn invisible - les trois matières et les trois feux - la parole ressuscitée et le récit initiatique - la parole de l’archer - physiologie hermétiques des lettres sacrées - la parole d’amour et l’enfant alchimique - échanges sur l’initiation
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SOUZENELLE - MANIFESTE POUR UNE MUTATION INTÉRIEURE

Annick de Souzenelle

Edition Le Relié

 2003

L’homme peut-il se réconcilier avec la nature sans se réconcilier d’abord avec lui-même ? Ne doit-il pas plutôt se réconcilier avec sa « terre intérieure ». Car si la nature est dégradée c’est peut-être que l’homme l’est aussi.

L’auteur revisite les textes fondateurs et préconise un retour urgent et indispensable vers l’essentiel. Si, comme l’affirment les éveillés eux-mêmes, l’Éveil est ce que nous sommes, notre nature intime et notre réalité ultime, alors il n’est nul besoin de recourir à des techniques complexes ou des initiations exotiques ou ésotériques, pour retrouver la mémoire de notre identité véritable. Nul besoin en effet de discipline sévère, de pratiques rigoureuses ou de connaissances secrètes pour être soi-même, mais simplement le désir sincère de connaître et comprendre ce qui se passe en soi.

Or, dans notre monde, tout semble fait pour qu’à aucun moment, il ne soit possible de se livrer à cette exploration intérieure, l’esprit étant constamment occupé par de multiples activités et les rares moments de repos, meublés par le son de la radio, de la télévision ou de l’ordinateur. Même les instants consacrés à la méditation sont le plus souvent employés à se conformer à des techniques, protocoles ou systèmes, consistant à se focaliser sur un son, un objet, un symbole, une idée, un endroit du corps. Or, pour que l’être intérieur ou le moi profond puisse se manifester, encore faut-il lui en laisser la possibilité et, pour cela, se tourner vers l’intérieur et s’ouvrir à ce qui survient spontanément en soi.

Lorsque l’on entreprend de se connaître et que l’on porte son attention sur son monde intérieur, on est d’abord frappé par sa richesse et son foisonnement : sensations, pulsions, émotions, pensées, désirs, sentiments se succèdent continuellement et (apparemment) sans ordre, ni logique, faisant penser à une jungle grouillante de vie. Si l’on accepte son monde intérieur tel qu’il est, en se contentant de le percevoir avec intérêt, bienveillance et neutralité, alors il reprendra forme et sens : les pensées, dès lors qu’elles sont écoutées, honorées et prises en compte, peuvent s’approfondir, quitter le plan superficiel des réactions émotionnelles et réflexes conformistes, pour donner lieu à des prises de conscience émanant de la sagesse intérieure, s’avérant être source de compréhensions, révélations et inspirations appropriées ; les émotions perçues, acceptées et libérées, se transmutent alors en paix, joie et plénitude ; quant aux désirs, si leur substrat émotionnel se transmute, ils s’approfondissent également et deviennent des intuitions justes et pertinentes, provenant des couches profondes de la conscience.

Ainsi ce que l’on pourrait appeler la méditation libre, naturelle ou spontanée, au lieu d’imposer un ordre arbitraire et artificiel à ses pensées, désirs et sentiments, consiste simplement à les accepter, les laisser être et suivre leur cours naturel, que l’on ne peut déterminer par avance, mais qui aboutit toujours à une réorganisation, réharmonisation et clarification de l’esprit. Méditer ne consiste donc pas à adopter le look, la posture et les manières du méditant, à singer un modèle ou à devenir une statue vivante, mais au contraire à perdre ou déconstruire les déguisements sociaux, repères et croyances obsolètes, pour laisser resplendir la magnificence du moi véritable. C’est ainsi que, couche après couche, strate après strate, la méditation authentique permet de se libérer de ces vieux vêtements usés et inutiles, qui recouvrent et masquent le soleil intérieur. 

On y parle de retournement, de sacrifice. Du passage du 6 au 7, des mythes grecs, juifs, chinois et chrétiens.

 

souzenelle – nous sommes coupÉs en deux

Annick de souzenelle

Edition  DU RELIE

 2008

Annick de Souzenelle analyse pour la première fois le mythe de Jonas dans la Bible, à sa manière habituelle, en revenant aux racines hébraïques du texte pour découvrir le sens caché des mots, et en se servant de la psychologie jungienne. Ce faisant, elle nous donne une fulgurante méditation sur nous-mêmes, sur notre temps, avec ses peurs, ses espoirs et ses dangers. Dans nos sociétés modernes, l’être se trouve de plus en plus fragmenté, déchiqueté et véritablement coupé en deux par ses besoins, ses désirs et ses obligations existentielles, face à ses aspirations spirituelles. On trouvera avec ce livre un CD audio où Annick de Souzenelle développe sa pensée au fil des questions de Marc de Smedt face à la grave crise que traverse l’humanité : ses réponses se révèlent passionnantes.

« Prêtre, roi et prophète, nous le sommes tous ; la Tradition l’affirme ; nous le sommes dans une inlassable conquête de nous-mêmes. Étant tous les Adam, des Hommes, nous portons dans une des composantes de notre nom, en hébreu, la présence d’une vocation de maternité. Em est la « mère » ; la lettre médiane, Daleth signifie la « porte » ; elle nous indique que nous avons des portes à passer, c’est-à-dire que nous avons à naître en nous-mêmes à des états de conscience différents. J’ai montré dans tous mes ouvrages, et tout particulièrement dans le dernier, que cette vocation fondamentale est inscrite en nous, son déroulement programmé dans le noyau divin de notre être et qu’y contrevenir fait le drame de nos vies ; y obéir, la somptueuse réalisation de notre être. Y obéir implique que nous mettions un point d’arrêt à notre esclavage au monde extérieur où nous nous trouvons exilés de nous-mêmes, et que nous nous retournions vers notre intériorité.

 

Nous y découvrons alors le responsable de notre aliénation, l’inconscient en tant qu’il n’est plus visité d’un être conscient ; l’inconscient est le « non accompli », selon le vocabulaire hébreu, un espace infini, voilé, peuplé d’énergies potentielles qui gravitent autour du boyau fondateur de l’être ; il est le pôle féminin de l’être ; abandonné à lui-même, non visité du pôle mâle, « accompli » de l’être, le conscient, il est une jungle destructrice qui s’objective dans le monde extérieur auquel l’homme se prostitue.

 

Mais si nous nous retournons vers lui, de prison, voire d’éventuel tombeau qu’il était, il sera matrice ; matrice d’eau tout d’abord, elle est d’ordre énergétique et se situe dans notre corps biologie au niveau du ventre chez l’homme comme chez la femme ; elle assure la gestation du « Fils » divin, Bar, en hébreux, qui ouvre nos textes sacrés dans le mot Béréshit ; ce mot, Béréshit, signifie « dans le principe » ; il peut aussi être lu Bereshit, « un fils je pose ». le Fils se révèle être le « principe », la « Semence » divine déposée en notre être (cette qualité de « Semence » lui sera donnée en Genèse 3, 15 et 4, 25. le Fils est, avec l’Esprit, le noyau fondateur de l’être dont je viens de parler, l’image de Dieu en nous. L’Esprit est une puissance d’amour infini qui nous est données pour faire croître le Fils.

Si l’homme se retourne en lui-même et entre en résonance avec ce noyau de vie, s’il commence d’œuvrer en son Esprit avec l’Esprit-Saint de Dieu, alors sa véritable identité, celle de « Fils », grandira et habitera des champs de conscience de plus en plus larges, des terres (intérieures) nouvelles, un autre réel, puis un autre encore !...Il s’accomplira. Il s’appuie pour cela sur un paradigme totalement différent de celui du monde, tout en assumant bien sûr ce monde de l’exil où patauge le collectif, mais avec les valeurs qui se seront ouvertes à lui, qu’il aura acquises et qui donneront sens. Ce sera une première naissance ; elle le revêtira de la dimension de prophète. Le prophète est « celui qui voit les cieux ouverts » et, dans ce sens, ses propres « cieux » au-dedans de lui, comme l’assure le Christ, c’est-à-dire cet immense potentiel dont je viens de parler, son inconscient (les talents des Évangiles) qui attend de lui sa réalisation.

 

SOUZENELLE - ŒDIPE INTÉRIEUR – LA PŖÉSENCE DU VERBE DANS LE MYTHE GREC

Annick de SOUZENELLE

Edition ALBIN MICHEL

 1999

Annick de Souzenelle s’était surtout consacrée, jusqu’à présent, à développer une lecture symbolique et spirituelle tout à fait originale des textes bibliques. Mais dès Le Symbolisme du corps humain, son œuvre maîtresse, elle affirmait que toutes les grandes mythologies du monde sont porteuses du Verbe divin.


Forte de cette conviction, elle ose s’avancer ici au cœur des mythes grecs, et d’abord de celui qui présida la révolution psychanalytique: Œdipe.

 

Sans renier les acquis fondamentaux du freudisme, elle reprend bien plus en amont le récit mythologique et en suit le prolongement jusque dans l’œuvre de Sophocle.

Laïos et Jocaste, Roi et Reine de Thèbes, veulent désespérément un enfant et vont consulter l'oracle de Delphes. Ce dernier leur prédit la naissance d'un fils qui tuera son père et épousera sa mère. Conformément à la prédiction un fils est né. Œdipe est livré à un serviteur chargé de le faire disparaître. Suspendu à un arbre par un talon, il est offert en pâture aux bêtes sauvages. Sauvé par des bergers de passage, il est confié au couple royal de la ville de Corinthe qui ne pouvait avoir d'enfant.

Œdipe grandit et, conscient d'être un étranger dans la ville, décide un jour de partir sur les traces du secret de sa naissance. À son tour, il se rend à Delphes où l'oracle lui apprend son fatal destin. Refusant cette malédiction, il ne reprend pas la route de Corinthe, mais celle de Thèbes. En chemin, il croise Laïos qui ne veut pas lui céder le passage et le tue. Sans le savoir, Œdipe a tué son père. Parvenu aux portes de Thèbes, il apprend la mort du Roi. La Reine Jocaste promet la couronne et sa main à celui qui délivrera la ville du monstre qui se tient à l'entrée. Ce monstre redoutable est une Sphinge, un être tétramorphe avec des pieds de taureau, un corps de lion, des ailes d'aigle et un visage de femme.

Elle dévore les êtres qui se présentent à l'entrée de la ville et se montrent incapables de résoudre l'énigme qu'elle pose. Œdipe décide d'affronter la Sphinge et de répondre à la question essentielle:

Quel est l'animal qui marche sur quatre pieds le matin, sur deux pieds à midi et sur trois pieds le soir ? - L'homme répond Œdipe sans hésitation.”

La Sphinge transmet ses pouvoirs à Œdipe. Il entre triomphalement dans Thèbes et épouse la Reine Jocaste. Sans le savoir, Œdipe a épousé sa mère. De leur union naîtront quatre enfants, deux fils (Étéocle et Polynice) et deux filles (Ismène et Antigone). Un terrible fléau s'abat sur la ville entretemps. Tous les êtres vivants (humains, animaux et plantes) sont frappés de stérilité. Œdipe part à la recherche de la cause de ce désastre. Il apprend de l'oracle qu'elle est liée au meurtre du Roi Laïos. Pour en découvrir l'auteur, Œdipe va consulter Tirésias, le devin aveugle. Tirésias refuse de lui révéler le terrible secret. Œdipe le presse de dire la vérité. Le sage finit par lui dire qu'il a tué le Roi, son père et épousé sa mère. Jocaste se pend en apprenant la nouvelle. Œdipe s'arrache les yeux. Guidé par sa fille Antigone, il commence un long voyage dans les ténèbres avant d'être admis dans le séjour des dieux. Ici commence l'histoire.

Le destin d’Œdipe, loin de toute fatalité et de toute interprétation déterministe, s’éclaire alors d’une lumière mystique, dans laquelle l’homme est appelé à épouser sa « sœur-mère », symbole de son « féminin intérieur », et à franchir les étapes successives de son initiation ultime. Pour préciser le sens de cette lecture totalement novatrice du mythe œdipien, Annick de Souzenelle nous invite à revisiter aussi l’histoire de Thésée – ce «héros» trop pressé dont les nombreux exploits cachent une fuite de toute exploration intérieure – et celle d’Europe, symbole d’une civilisation dont la vocation première est de se mettre en route vers son Orient. À l’heure d’une «construction de l’Europe» dont la finalité semble si obscure à beaucoup, Annick de Souzenelle signe là l’un de ses livres les plus engagés, et nous appelle à retrouver le sens profond de notre double héritage, celui d’Athènes comme celui de Jérusalem.

 

SOUZENELLE - RAISONNANCES BIBLIQUES

Annick de SOUZENELLE 

Edition Albin MICHEL 

 2001

A l’heure où commence à s’instaurer un véritable dialogue entre juifs et chrétiens, comment peut-on comprendre le lien qui unit le « Nouveau Testament » à « l’Ancien Testament » ?

Pour Annick de Souzenelle, le mystère de cette relation est à entendre comme celui d’une unique Parole de Dieu, dans laquelle le « Bonne nouvelle » résonne en pleine harmonie avec la Première Alliance : elle accomplit ses promesses et dévoile son secret, et son message, à son tour, s’éclaire des mille corrélations subtiles qui la lient à la Torah.

Une telle vision, étayée par la Tradition et par l’extraordinaire symbolique des lettres hébraïques, était déjà présente dans toute l’œuvre d’Annick de Souzenelle, depuis « le symbolisme du corps humain » jusqu’au « Féminin de l’être ». Elle est ici développée de façon lumineuse, à travers un parcours qui va du Prologue de Jean au récit de la Pentecôte.

Les correspondances très précises que l’auteur établit à propos de la circoncision de Jésus, des Béatitudes ou du Notre Père, nous invitent à changer radicalement notre regard sur ces textes, et par la grâce de leur enseignement, notre regard sur nous-même.


Au sommaire de cet ouvrage :


Béréshit - Naissance et enfance du Christ - Le Baptême d’eau du Christ - La tentation au désert - Le Baptême de feu - Le sermon sur la montagne - Les Béatitudes au regard des Sephiroth - Quelques enseignements de Jésus - Pâque juive et Pâques chrétienne - La matrice du crâne - Descente de l’Esprit-Saint -

 

SOUZENELLE - VA VERS TOI - LA VOCATION DIVINE DE L’HOMME

Annick de Souzenelle 

Edition Albin Michel

 2013

Depuis une trentaine d’années, Annick de Souzenelle a construit une œuvre forte où se rencontrent foi chrétienne orthodoxe, lecture de la Bible à partir de la symbolique des lettres hébraïques, et décryptage des symboles qui habitent l’homme.

Ce livre est la synthèse du travail de toute une vie, synthèse en forme d’appel, en écho au « Va vers toi » qu’entendit Abraham et qui le fit se mettre en marche.

Annick de Souzenelle s’attache ici à formuler ce qu’elle appelle les « lois ontologiques » dont la Bible, à travers la Loi, les Prophètes et le Christ, nous rappellent la nécessité vitale : « L’homme est un et chacun est unique » ; « L’homme est essentiellement un mutant » ; « Toute relation humaine est en puissance le signe de l’Alliance offerte par Dieu aux hommes » ; « Sans la bénédiction divine, l’Homme ne peut s’accomplir »…

Autant de vérités fondamentales qui convergent dans la vocation ultime de l’humanité, qui est une vocation divine, comme l’avait annoncé au 2e siècle saint Irénée : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

Dans son introduction A. de Souzenelle écrit : Moïse est au sommet du Sinaï ; la montagne fume comme une fournaise et tremble avec violence. Le Seigneur descend dans le feu et parle à Moïse.

Tout le peuple, au pied de la montagne voit les voix et les éclairs, et la voix du shofar, et la montagne fumante, il est effrayé et se tient à l’écart. Dans ce bouleversement cosmique, le Seigneur prononce les dix commandements, et le ciseau de son Verbe grave ses lumières dans la pierre pour éveiller celles qui sont inscrites au cœur des Hommes depuis le commencement du monde. Ainsi le peuple voit, il voit le secret du Verbe derrière le voile des mots, il s’ouvre à cette épiphanie céleste en son propre cœur, en celui qui bat dans la montagne fumante intérieure, au centre de sa matrice de feu.

Ce peuple avait quitté l’Egypte, pays de servitude qui était sa matrice d’eau, or là il voit un monde nouveau, terrifiant et sublime, celui de « l’imaginal », celui des anges. A travers cette fournaise de ce monde minéral, il va repartir vers la terre promise, car son chemin est dorénavant balisé par des lois qu’incarnent ces hiérophantes de Dieu, qui les invitent à fêter ce nouvel état et ces nouvelles lois qui n’ont plus l’amertume de la servitude mais la saveur de miel de l’amour fou de Dieu.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’Homme est UN et chacun est unique   -     L’homme est un mutant     -       L’Alliance et la communication     -       La bénédiction et les mondes angéliques       -       Les limites et les 12 fils de Jacob       -       Le bouclier devant l’Epée       -        « Va ver toi » et le départ d’Abraham       -      La Pâque et la 9e plaie d’Egypte       -       Le miracle et la situation d’exil

 

spinoza

Steven nadler

Edition  BAYARD

 2003

Si l’on s’accorde aujourd’hui à voir en Baruch Spinoza l’un des philosophes les plus importants de tous les temps, on ne saurait oublier qu’il fut de son vivant l’un des penseurs les plus révolutionnaires et les plus controversés. Né dans une famille de négociants juifs portugais installée à Amsterdam, Spinoza fut banni, jeune homme, de la communauté séfarade, semble-t-il pour ses opinions jugées hérétiques. Il consacra alors sa vie à la recherche de la vérité, du bien-être moral et de la liberté. Il s’efforça également de définir sa conception de la « vraie religion » et sa vision d’un État laïque et tolérant.

Avec cet ouvrage, fruit d’une étude scrupuleuse des archives et des travaux les plus récents, Steven Nadler, professeur à l’université du Wisconsin (Madison) nous donne la première grande biographie de Spinoza. Plus qu’un simple récit de la vie du philosophe, il s’agit là en fait d’un voyage au cœur de la communauté juive d’Amsterdam au XVIIème siècle et d’une plongée dans le tumulte, le bruit et la fureur du monde politique, social, intellectuel et religieux de la jeune République hollandaise.

 

Spinoza est un homme du XVIIe siècle. Etre polisseur de lentilles à cette époque n’est pas un métier banal : c’est être engagé dans l’aventure scientifique de son temps ; et c’est d’abord avoir surmonté l’obstacle épistémologique précédent. En effet, comme le rappelle l’historien de la lumière V. Ronchi, les lentilles de verre ont été inventées par hasard entre 1280 et 1285 ; la première lunette d’approche date de 1590 ; il aura donc fallu plus de trois siècles pour mettre une lentille derrière l’autre.

 

La raison de cet aveuglement n’est autre que la défiance envers les sens, redoublée par l’usage de l’artefact, dictant la sentence suivante : « Le but de la vue est de connaître la vérité ; or, lorsque quelqu’un regarde à travers des lentilles de verre il voit des images plus proches ou plus lointaines, quelquefois renversées, irisées et déformées. Donc les lentilles ne font pas voir la vérité, elles trompent et ne doivent pas être adoptées ». On ne saurait mieux dire que les lentilles sont les instruments mêmes de l’erreur et de l’illusion.

 

Le premier texte à leur être consacré se trouve ainsi en marge du monde savant, dans la Magia naturalis de Della Porta (édition de 1589, livre XVII, ch. X, De crystallinae lentis effectibus) : « Avec les lentilles concaves, tu vois les choses lointaines petites mais claires, avec les lentilles convexes, les choses voisines plus grandes mais peu nettes. Si tu sais assembler avec justesse les unes et les autres, tu verras, agrandies et claires, les choses proches et les choses lointaines ». Il s’agit donc de savoir combiner sans perte deux critères : l’agrandissement et la clarté, l’étendue et la qualité de la vue. Même si l’on ne possédait pas encore en tant que telles les lois de la réfraction à travers une surface plane, une surface courbe, ou deux surfaces courbes successives, cette « recette » peut être prise à juste titre comme le point de départ d’une véritable révolution de la vision. « Toute la conduite de notre vie dépend de nos sens, entre lesquels celui de la vue étant le plus utilisé

 

Ce n’est pourtant qu’au début du XVIIe siècle, avec Galilée braquant sa lunette vers les satellites de Jupiter (Sidereus Nuncius, 1610), que les lentilles de verre acquièrent leur dignité scientifique. Même avec l’appui de Kepler qui, le premier, se rallie à la thèse de Galilée, le problème de l’artefact reste longtemps vivace : faut-il croire ce qu’on voit dans la lunette ? Les images des lentilles sont-elles de l’ordre de l’illusion, d’un manque à être, ou bien de l’ordre du réel, voire d’un plus d’être ? Ainsi le privilège de la vision est-il ambigu, car ses dangers intrinsèques sont proportionnels à sa puissance : la vue est le plus subtil et le plus étendu de tous les sens ; mais sa puissance de tromper est d’autant plus subtile et étendue. Or l’invention de la lunette vient redoubler cette ambiguïté : la médiation de l’instrument technique apparaît soudainement comme permettant à la fois d’accroître la puissance extrinsèque de la vue et sa puissance intrinsèque d’illusion.

 

Mais bientôt, avec Descartes notamment, dont on sait en quels termes il introduit sa Dioptrique, la situation se renverse : loin d’être sources d’illusions, lentilles et lunettes deviennent le meilleur moyen de lutter contre elles. Nous voyons techniquement le vrai, que nous ne voyions pas naturellement. Avec les progrès de l’optique au siècle classique, l’invisible recule, le visible avance, dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit, vers les satellites de Jupiter comme vers les araignées et les mouches... Il s’agit bien à l’époque d’une véritable transformation de la perception de l’espace, qui fait trembler la frontière entre visible et invisible, et renvoie au grand passage « du monde clos à l’univers infini » : la révolution de la vision est aussi la révolution de la vision du monde. Et polir des verres à cette époque, c’est participer à sa manière à ce vaste mouvement d’ensemble.

 

Si ce livre constitue un outil précieux pour les philosophes, les historiens et les chercheurs qui étudient la pensée juive, il est aussi destiné à tous ceux qui, sans être spécialistes, s’intéressent à la philosophie, à l’histoire juive, à l’Europe au XVIIIème siècle et à ce qu’il est convenu d’appeler l’âge d’or des Pays-Bas.

 

spinoza œuvres complÈtes

La Bibliothèque de la Pléiade

Edition  GALLIMARD

 1954

On a trop longtemps donné de Spinoza une image romantique. On le représentait solitaire et inspiré, coupé de tout contact avec le monde de l’histoire. Il n’en est rien. De récents travaux – ceux de Wolfson au tout premier plan – ont montré que, sous l’aspect d’un développement « more geometrico » sans autre référence qu’à ses propres prémisses, on trouve une autre œuvre implicite qui est une discussion patiente de toutes les problèmes de la scolastique juive, chrétienne et même arabe. Spinoza est aussi un érudit, il est pour le moins dangereux de ne voir en lui qu’un poète métaphysicien. Cependant la complexité retrouvée de cette œuvre ne doit pas en masquer l’unité. On a trop parlé d’intuition fondamentale, pas assez de la construction rationnelle systématique. Spinoza est un penseur, la satisfaction que peut procurer son œuvre est de l’ordre de la vérité. C’est le seul but que ce soit proposé son aride discours.

On trouve dans ce livre les œuvres suivantes :

Court traité
• Traité de la réforme de l’entendement
• Les principes de la philosophie de Descartes
• Pensées métaphysiques
• L’éthique
• Traité des autorités théologiques et politique
• Traité de l’autorité politique
• Correspondance

 

SPINOZA  -  PHILOSOPHIE PRATIQUE 

Gille DELEUZE

Edition  De MINUIT

 1981

On méconnaît la variété de la communauté juive, et le devenir d’un philosophe, quand on croit nécessaire d’invoquer des influences chrétiennes libérales pour expliquer, comme du dehors, la rupture de Spinoza. Sans doute avait-il déjà à Amsterdam, du vivant de son père, suivi des cours à l’école de Van den Ende, fréquentée par beaucoup de jeunes juifs qui y apprenaient le latin, les éléments de la philosophie et de la science cartésiennes, mathématiques et physique (…).

Sans doute aussi Spinoza fréquenta-t-il des chrétiens libéraux et anticléricaux, collégiants et mennonites, inspirés d’un certain panthéisme et d’un communisme pacifiste.  Toutefois, il semble bien que Van den Ende resta attaché à une forme de catholicisme, malgré toutes les difficultés de ce culte en Hollande.

Quant à la philosophie des mennonites et collégiants, elle est fort dépassée par celle de Spinoza, dans la critique religieuse comme dans la conception éthique et le souci politique. Plus qu’à une influence des mennonites ou même des cartésiens, on pensera que Spinoza s’est naturellement tourné vers les milieux les plus tolérants, les plus aptes à recevoir un excommunié juif qui refusait le christianisme autant que le judaïsme d’où il était issu, et qui ne devait sa rupture qu’à lui-même.

A Rijnsburg, Spinoza expose à ses amis, en latin, ce qui deviendra le Court traité. Ceux-ci prennent des notes, Jelles traduit en hollandais, peut-être Spinoza dicte-t-il certains textes qu’il avait déjà écrits précédemment. Vers 1661, il rédige le Traité de la réforme de l’entendement, qui s’ouvre sur une sorte d’itinéraire spirituel, à la manière mennonite, centré sur une dénonciation de la richesse. Ce Traité, splendide exposé de la méthode spinoziste, reste inachevé.

Vers 1663, pour un jeune homme qui vivait avec lui, et qui à la fois lui donnait des espoirs et l’agaçait beaucoup, il présente les Principes de la philosophie de Descartes, en y joignant un examen critique des notions scolastiques (Pensées métaphysiques) : Rieuwertz publie le livre, Jelles fournit les fonds, Halling le traduira en hollandais. Louis Meyer, médecin, poète, organisateur d’un nouveau théâtre à Amsterdam, fit la préface. Avec les Principes se termine l’œuvre « professorale » de Spinoza. Peu de penseurs échappent à la brève tentation d’être professeurs de leurs propres découvertes, tentation séminaire d’un enseignement spirituel privé. Mais le projet et le commencement de l’Ethique, dès 1661, font passer Spinoza dans une autre dimension, dans un autre élément qui, nous le verrons, ne peut plus être celui d’un « exposé », même méthodique. Peut-être est-ce pour cette raison que Spinoza laisse inachevé le Traité de la réforme, et malgré ses intentions ultérieures n’arrivera pas à le reprendre.

En 1663, Spinoza s’installe à Voorsburg, banlieue de La Haye. Il s’établira plus tard dans la capitale. Ce qui définit Spinoza voyageur, ce ne sont pas les distances qu’il parcourt mais son aptitude à hanter des pensions meublées, son absence d’attachement, de possessions et de propriétés, après son renoncement à la succession du père. Il continue l’Ethique; dès 1661, les lettres de Spinoza et de ses amis montrent que ceux-ci sont au courant des thèmes du premier livre, et Simon de Vries, en 1663, fait état d’un collège dont les membres lisent et commentent les textes envoyés par Spinoza. Mais, en même temps qu’il se confie à un groupe d’amis, il les prie de garder ses idées secrètes, de se méfier des étrangers, comme il le fera encore à l’égard de Leibniz, en 1675. La raison de son installation près de La Haye est vraisemblablement politique : le voisinage de la capitale lui est nécessaire pour se rapprocher des milieux libéraux actifs et sortir de l’indifférence politique du groupe collégiant. Entre les deux grands partis, calviniste et républicain, la situation est la suivante : le premier reste attaché aux thèmes de la lutte pour l’indépendance, à une politique de guerre, aux ambitions de la maison d’Orange, à la formation d’un Etat centralisé. Le parti républicain, à une politique de paix, à une organisation provinciale et au développement d’une économie libérale. A la conduite passionnelle et belliqueuse de la monarchie, Jean de Witt oppose la conduite rationnelle de la république appuyée d’une méthode naturelle et géométrique. Or le mystère semble celui-ci : que le peuple reste fidèle au calvinisme, à la maison d’Orange, à l’intolérance et aux thèmes bellicistes.

Il n’est donc pas étonnant que Spinoza, en 1665, interrompe provisoirement l’Ethique et entreprenne la rédaction du Traité théologico-politique, dont une des questions principales est : pourquoi le peuple est-il si profondément irrationnel? pourquoi se fait-il honneur de son propre esclavage? pourquoi les hommes se battent-ils « pour » leur esclavage comme si c’était leur liberté? pourquoi est-il si difficile non seulement de conquérir mais de supporter la liberté? pourquoi une religion qui se réclame de l’amour et de la joie inspire-t-elle la guerre, l’intolérance, la malveillance, la haine, la tristesse et le remords? En 1670 paraît le Traité théologicopolitique, sans nom d’auteur et sous une fausse édition allemande. Mais l’auteur fut vite identifié; peu de livres suscitèrent autant de réfutations, d’anathèmes, d’insultes et malédictions : juifs, catholiques, calvinistes et luthériens, tous les milieux, bien-pensants, les cartésiens eux-mêmes, rivalisent en dénonciations.

C’est là que les termes « spinozisme », « spinoziste » deviennent des injures et des menaces. Et même les critiques de Spinoza qui sont soupçonnés de ne pas être assez durs sont dénoncés. Sans doute en effet y a-t-il parmi ces critiques des libéraux et cartésiens embarrassés, mais qui, participant à l’attaque, donnent des gages de leur orthodoxie. Un livre explosif garde pour toujours sa charge explosive : aujourd’hui encore on ne peut pas lire le Traité sans y découvrir la fonction de la philosophie comme entreprise radicale de démystification, ou comme science des « effets ». Un commentateur récent peut dire que la véritable originalité du Traité est de considérer la religion comme un effet. Non seulement au sens causal mais en un sens optique, effet dont il faut chercher le procès de production en le rattachant à ses causes rationnelles nécessaires telles qu’elles jouent sur des hommes qui ne les comprennent pas (par exemple, comment les lois de la nature sont nécessairement appréhendées comme des « signes » par ceux qui ont l’imagination forte et l’entendement faible). Même avec la religion Spinoza polit des lunettes, lunettes spéculatives qui font voir l’effet produit et les lois de sa production.

 Quand les frères De Witt, en 1672, eurent été assassinés, et que le parti orangiste eut repris le pouvoir, il ne pouvait plus être question pour Spinoza de publier l’Ethique: une courte tentative à Amsterdam, en 1675, le persuade vite d’y renoncer. « Des théologiens en prirent occasion pour déposer ouvertement une plainte contre moi auprès du prince et des magistrats; de sots cartésiens en outre, pour écarter le soupçon de m’être favorables, ne cessaient pas et continuent d’afficher l’horreur de mes opinions et de mes écrits. » Pour Spinoza, il n’est pas question de quitter le pays. Mais il est de plus en plus solitaire et malade. Le seul milieu où il aurait pu vivre en paix lui fait défaut. Il reçoit pourtant des visites d’hommes éclairés qui veulent connaître l’Ethique, quitte ensuite à se joindre aux critiques, ou même à nier ces visites qu’ils lui firent (ainsi Leibniz, en 1676). La chaire de philosophie que l’Electeur palatin lui offre à Heidelberg, en 1673, ne peut pas le tenter : Spinoza fait partie de cette lignée de « penseurs privés » qui renversent les valeurs et font de la philosophie à coups de marteau, et non pas des « professeurs publics » (ceux qui, suivant l’éloge de Leibniz, ne touchent pas aux sentiments établis, à l’ordre de la Morale et de la Police). « N’ayant jamais été tenté par l’enseignement public, je n’ai pu me déterminer, bien que j’y aie longuement réfléchi, à saisir cette magnifique occasion. »

La pensée de Spinoza se trouve maintenant occupée par le problème le plus récent: quelles sont les chances, d’une aristocratie commerciale? pourquoi la république libérale a-t-elle fait faillite? d’où vient l’échec de la démocratie? est-il possible de faire avec la multitude une collectivité d’hommes libres au lieu d’un rassemblement d’esclaves? Toutes ces questions animent le Traité politique, qui reste inachevé, symboliquement, au début du chapitre sur la démocratie. En février 1677, Spinoza meurt, sans doute d’une affection pulmonaire, en présence de son ami Meyer, qui emporte les manuscrits. Dès la fin de l’année, les Opera posthuma paraissent sur don anonyme.

         

SPINOZA - LE MIRACLE SPINOZA – UNE PHILOSOPHIE POUR ECLAIRER NOTRE VIE

 Frédéric Lenoir

 Edition Fayard

2017

Banni de la communauté juive à 23 ans pour hérésie, Baruch Spinoza décide de consacrer sa vie à la philosophie. Son objectif : Découvrir  un bien véritable qui lui  « procurerait pour l’éternité la jouissance d’une joie suprême et incessante. » Au cours des vingt années qui lui restent à vivre, Spinoza édifie une œuvre révolutionnaire. Comment cet homme a-t-il pu, en plein XVIIe siècle, être le précurseur des Lumières et de nos démocraties modernes? Le pionnier d’une lecture historique et critique de la Bible? Le fondateur de la psychologie des profondeurs? L’initiateur de la philologie, de la sociologie, et de l’éthologie? Et surtout, l’inventeur d’une philosophie fondée sur le désir et la joie, qui bouleverse notre conception de Dieu, de la morale et du bonheur?  A bien des égards, Spinoza est non seulement très en avance sur son temps, mais aussi sur le nôtre.  C’est ce que j’appelle le «  miracle  » Spinoza

Baruch Spinoza naquit le 24 novembre 1632. Il appartenait à une famille de Juifs portugais. Ses parents voulurent faire de lui un rabbin; aussi fit-il de fortes études ; il apprit l'hébreu et le latin ; en même temps il étudia la géométrie et la physique. La lecture des œuvres de Descartes l'amena à la philosophie.

 

Sa vie fut celle d'un sage. Il voulut, afin de penser librement, vivre du travail de ses mains, et passa une partie de son temps à polir des lentilles pour les instruments d'optique. L'Électeur palatin lui fit offrir une chaire de philosophie à l'Université de Heidelberg. Il répondit en ces termes : " Je me dis, d'abord, que je devrai renoncer à faire avancer la philosophie, si je veux m'occuper d'instruire la jeunesse. Je me dis, ensuite, que je ne sais pas quelles limites je devrai apporter à cette liberté de la pensée dont vous me parlez, si je ne veux pas paraître inquiéter la Religion établie ; car les schismes ne viennent pas tant d'un ardent amour pour la Religion que des diverses passions qui agitent les hommes et de leur goût pour la contradiction, qui leur font d'ordinaire déformer et tourner à mal les choses les plus nettement dites. Et, comme je l'ai déjà éprouvé, alors que je vis seul et à l'écart, j'aurais bien plus à le redouter si je m'élevais jusqu'à la dignité que vous m'offrez. " Il est probable qu'il refusa aussi, et sans doute pour des raisons du même ordre, une pension que Condé voulait lui faire donner par Louis XIV. On voit que sa vie retirée n'avait pas empêché sa réputation de s'étendre fort loin. Leibniz, revenant d'Angleterre, lui fit visite. Un des frères de Witt s'honora d'être son élève et son ami.

 

Nous savons, par ses biographes, qu'il était simple et bon, qu'il vivait de fort peu de chose, et que, malgré sa mauvaise santé, il était heureux. Nous savons aussi, notamment par son Traité théologico-politique, qu'il était profondément attaché à la République hollandaise, et qu'il mettait la liberté de conscience et la liberté politique au nombre des biens les plus précieux. Comme il cherchait les principes de la véritable Religion, et qu'il prétendait remplacer la révélation par les lumières naturelles de la raison, il fut accusé d'athéisme. Le moyen de supporter un homme qui écrivait, en parlant des Turcs et des Gentils : " S'ils offrent en prière à Dieu le culte de la justice et l'amour de leur prochain, je crois qu'ils ont en eux l’esprit du Christ, et qu'ils sont sauvés, quoi qu'ils puissent croire de Mahomet et des oracles " ! À ces accusations il répondait simplement ceci : " Si l'on me connaissait, on ne croirait pas si facilement que j'enseigne l'athéisme. Car les athées ont coutume de rechercher par-dessus tout, les honneurs et l'argent, choses que je méprise, comme tous ceux qui me connaissent le savent. " On voit qu'il donnait lui-même, comme une preuve de sa Religion, une vie simple et frugale, détachée de tout ce qui n'était pas la Vérité. Et il faut avouer que, sans cette preuve-là, les autres ne valent rien. Comment croire qu'un homme connaît, comprend et aime Dieu lorsqu'il poursuit encore les honneurs et l'argent ? Nul ne peut servir deux maîtres.

 

Il mourut à quarante-cinq ans, le 23 février 1677, d'une maladie de poitrine qu'il avait supportée pendant de longues années avec égalité d'âme. Il avait publié les Principes de la Philosophie cartésienne suivis de Pensées métaphysiques, et un Traité théologico-politique, dans lequel il s'efforçait d'interpréter la Bible selon les lumières de la Raison. On devine aisément qu'il eut à regretter de s'être ainsi exposé à des critiques violentes et injustes; aussi ne donna-t-il au public aucun autre ouvrage. L'année même de sa mort, deux de ses amis firent paraître les ouvrages qu'il laissait. Ce sont un Traité politique inachevé, véritable manuel de politique rationnelle, où sont développés les principes posés dans le Traité théologico-politique. Il y est traité de la monarchie et de l'aristocratie; les conditions d'existence de ces deux formes de gouvernement sont analysées avec une précision et un souci du détail qui révèlent une profonde connaissance des hommes. Le chapitre XII et dernier n'est que l’introduction d'une étude sur la démocratie. Un autre traité, inachevé aussi, a pour titre : De la Réforme de l'intellect. C'est là, semble-t-il, qu'il faut chercher la clef du système tout entier : c'est comme une préface de l'Éthique, et il n'existe sans doute pas au monde un autre modèle aussi parfait de l'analyse philosophique.

 

Le lecteur pourra s'en faire quelque idée en lisant notre premier chapitre. Enfin l'Éthique elle-même, l'œuvre maîtresse dont tout le monde connaît la forme géométrique. L'Éthique est divisée en cinq parties qui portent les titres suivants : de Dieu, de l'âme, des passions, de l'esclavage humain, de la liberté humaine. Les deux premières correspondent à peu près à notre deuxième chapitre la troisième, à notre chapitre troisième la quatrième, à nos chapitres quatrième et cinquième, et la cinquième à notre chapitre sixième. Un Traité de Dieu et de l'homme, qui est comme une ébauche de l'Éthique, a été traduit du hollandais et publié en 1862 par Van Vloten. Un certain nombre de Lettres sont pour nous un précieux commentaire de l'Éthique. Les plus intéressantes sont la célèbre lettre XXIX, sur l'Infini ; la lettre XLII, sur la Distinction de l'essence et de l'existence ; la lettre XLV, sur la Démonstration de l'existence de Dieu ; la lettre XLIX sur Dieu, les destins et le salut, et la lettre LXXIV, contre la Religion catholique. Citons pour mémoire un Abrégé de la Grammaire hébraïque. Tous ces ouvrages, à l'exception du Traité de Dieu et de l'homme, sont écrits en latin.

 

Au sommaire de cet ouvrage : Conversion philosophique   -   un homme meurtri  -   un penseur libre   -   une lecture critique de la Bible  -  Spinoza et le Christ  -   une trahison du judaïsme  -  le précurseur des Lumières  -   le maitre de sagesse   -  L’éthique, un guide vers la joie parfaite  -  le Dieu e Spinoza  -   Grandir en puissance, en perfection et en joie   -  Comprendre ces sentiments qui nous gouvernent   -  cultivons le désir  -   Par-delà le Bien et le mal   -   Liberté, éternité et amour   -  Grandeur et limite du spinozisme   -  un échange avec Robert Misrahi   -  

 

SPINOZA  - LE RATIONALISME DE  SPINOZA

Ferdinand ALQUIE

Edition  Epiméthée

 1991

Qu'est-ce que comprendre un philosophe? Est-ce découvrir la cohérence logique de ses affirmations? Est-ce retrouver l'expérience métaphysique qui fut la sienne? Comment parvenir à la connaissance du troisième genre ? Quel sens donner à l'idée d'un Dieu-Nature? Voilà des questions auxquelles ce livre essaie de répondre.

 

Spinoza est un des plus grands philosophe de l’histoire. Né le 24 novembre 1632 dans l’actuelle capitale des Pays-Bas, Amsterdam, il reçut à la naissance le prénom de Baruch qui signifie en hébreux “ béni”. En effet, Spinoza naquit dans la communauté juive portugaise de la ville qui en sa grande majorité était constituée de Marranes.

 

Ces derniers sont des juifs qui vivaient dans la péninsule ibérique. Pour échapper à l’inquisition, ils se convertirent au catholicisme. Toutefois, ils n’hésitaient pas à revenir à leur religion d’origine lorsque les conditions le permettaient. Bien que parlant le néerlandais au quotidien, ils considéraient le portugais comme leur langue maternelle et l’employaient en famille. Quant au latin, il faisait office de langue universelle.

 

Spinoza entre à l’école rabbinique en 1639. Ses professeurs furent Saül Morteira et Menasseh Ben Israël. Un des évènements marquants de la vie du jeune fut le châtiment d’Uriel da Costa auquel il assista en 1647. Ce dernier après avoir nié l’immortalité de l’âme et s’être fait excommunié, décida de se repentir. Le châtiment des rabbins fut d’une sévérité rare. Flagellé en public, il se suicida quelques temps plus tard, après avoir à nouveau, et cette fois par écrit, renié l’immortalité de l’âme. Son oeuvre est intitulée Exemplar vitæ humanæ. Le jeune Spinoza achève les études rabbiniques en 1650 et entre à l’université de Leyde.

Tout comme ses contemporains, il se met à l’étude du latin et du grec, mais également des sciences, de la physique et des mathématiques. Il découvre, durant la même période, la philosophie. À la mort de son père en 1654, Spinoza et son frère prennent la tête de la maison commerce familiale. Quelques temps plus tard, il rencontre Daniel de Prado lors de  tertulias. Les tertulias sont des rencontres de juifs libéraux. En 1656, Spinoza est excommunié quelques temps après qu’il ait été victime, selon ses dires, d’une tentative d’assassinat. Il dira par ailleurs conserver le manteau qu’il portait ce jour-là, avec la trace de la lame du couteau, afin de se souvenir de l’influence néfaste que peuvent avoir les religions. Son ami, Daniel de Prado sera également excommunié. L’excomunion étant rarement pratiquée dans la communauté juive de l’époque, il semble logique de s’interroger sur les raisons qui ont été à l’origine de cette action punitive. En se référant au contexte prévalant, il est facile de comprendre que pour ce groupe qui avait du pendant longtemps vivre secrètement sa foi, Spinoza et ses idées représentaient un danger réel. En s’en prenant aussi violemment aux dogmes du judaïsme, il pouvait ébranler la foi des membres d’un groupe déjà assez restreint et fragile. En outre, ses positions sur le christianisme constituaient un danger pour la survie de sa communauté.

 

La démarche des rabbins pouvait donc revêtir un aspect purement théologique, politique ou un mélange des deux. Spinoza continue à travailler dans l’entreprise familiale. Spécialiste dans la taille des verres optiques, il parvient même à se faire un nom. Toutefois, il se trouve bientôt enlisé dans les disputes familiales. Il est au prise avec son frère pour des questions d’héritage. Il gagnera le procès, mais finira malgré tout par tout lui céder volontairement. Il quitte Amsterdam pour Ouwerkerk. En 1660, il élit domicile à Rinjsburg, un village situé non loin de Leyde. Il n’est toujours pas célèbre en tant que philosophe, mais jouit déjà d’une renommée certaine dans celle de la taille des verres optiques. La même année, il devient membre d’un cercle d’études, composé de personnes de différentes confessions religieuses. Ces derniers, les Collégiants, estiment que la foi en Dieu n’a pas besoin de dogme et que le véritable culte ne peut être qu’intérieur. Il s’y fait de nombreux amis, notamment Simon de Vries, Louis Meyer, Jan Rieuwertz, Jarig Jelles, Peter Balling et bien d’autres. Il se lie également d’amitié avec Henry Oldenburg qui deviendra, en 1663, premier secrétaire de l’Académie royale des sciences du Royaume Uni. Il aura une correspondance particulièrement riche avec ce dernier.

 

Spinoza ne se fait véritablement connaître comme philosophe que dans les années 60 du XVIIe siècle. Il présente sa première oeuvre à ses amis. Elle entrera dans l’histoire sous le nom de “Court Traité”. En 1661, il se lance dans la rédaction d’un “Traité de la réforme de l’entendement” qu’il n’achèvera jamais. En 1663, il s’installe à Voorburg. À cette époque, sa réputation de philosophe est déjà faite. Sa pensée attire vers lui de nombreux admirateurs dont Jean de Witt qui lui accorde une pension, mais encore plus d’ennemis. Il est de plus en plus traité d’athée. Ces œuvres ne sont pas officiellement interdites, c’est uniquement parce qu’il les rédige non pas en néerlandais, mais en latin. En 1665, il commence la rédaction du “ Traité théologico-politique”. Ses détracteurs s’emploient à lui créer des problèmes. En 1668 un de ses disciples  Adriaan Koerbagh est arrêté pour avoir rédigé une oeuvre critiquant le christianisme. Il refuse, bien que cela lui soit imposé de dénoncer Spinoza comme source d’inspiration. Cela lui vaudra une condamnation de 10 ans de prison qu’il n’achèvera jamais. Il mourut un an plus tard. En 1670, comprenant les conséquences désastreuses qu’aurait la sortie de son livre, Spinoza décida de le publier anonymement, en mentant même sur le lieu d’édition, qui devint Hambourg plutôt qu’Amsterdam. Ce livre fit l’effet d’une bombe, car non seulement il critiquait le clergé, mais il s’attaquait également au bien-fondé de l’existence des monarchies. Un an plus tard, il se résout de faire suspendre sa traduction en néerlandais. Malgré toutes les précautions prises, il est rapidement soupçonné d’être l’auteur.

 

En 1671, Spinoza déménage une fois de plus pour s’installer chez un ami, Hendrick Van der Spyck, à la Haye. Dans les années 70 du XVIIe siècle, la vie du philosophe, dont la réputation est des plus sulfureuses, se complique à la suite d’évènements politiques importants. L’Angleterre et la France entre en guerre et cette dernière annexe les Provinces-Unies. Son ami et protecteur Jean de Witt démissionne et quelques temps plus tard, est assassiné avec son frère. En 1673, on lui offre une place d’enseignant à l’Académie d’Heidelberg qu’il refuse. Un an plus tard, il décide de se rendre à Amsterdam pour y faire publier un de ses ouvrages “l’Éthique”. Toutefois, la véhémence des attaques dont il est la cible le pousse à renoncer. La même année, son Traité théologico-politique est officiellement condamné. Étant donné que le livre fut publié de façon anonyme, une enquête officielle est lancée en 1676 pour identifier formellement l’auteur. Elle n’y parviendra pas. Spinoza, déjà malade, s’éteint le 21 février 1677.

 

Contrairement à ce qui fut longtemps la version officielle, Spinoza ne fut pas si solitaire. Il eut un réseau assez important d’amis auquel on doit la publication de la majorité de ses œuvres à titre posthume. Il s’agit notamment de l’Éthique, le Traité de la réforme de l’entendement, l’Abrégé de grammaire Hébraïque, les Lettres et réponses, ainsi que le Traité politique. L’oeuvre de Spinoza est certainement l’une des plus marquantes qui puisse être et malgré le temps, elle demeure incroyablement actuelle. Les idées qu’il véhicule, pour son époque, sont tout simplement hérétiques. Il s’attaque à la fois à la vision chrétienne et judaïque de cette entité. Dans le christianisme, il critique le fait que l’on ait “personnifié” Dieu, car en lui donnant visage “humain”, on se sera également employé à dévaloriser la Nature. L’histoire du péché originel en est la démonstration. Quant au Dieu judaïque, c’est une personnalité particulièrement colérique et violente qui se comporte en juge sévère avec ses créatures et ne leur permet pas de jouir de la liberté qu’il leur a pourtant accordée.

 

Pour remédier à cet état de choses, le philosophe prive cette entité de personnalité. Il rejette définitivement l’hypothèse d’un Dieu transcendant le monde. Il ne nie pas son existence, mais l’associe à la Nature. Aucune tractation n’est désormais plus possible avec lui, contrairement à la vision judaïque. Dans le même ordre d’idées, l’être humain se trouve lavé du péché originel pour reprendre la conception chrétienne, car il ne peut avoir commis de “péché” vis-à-vis de la Nature. Spinoza s’oppose clairement au “Dieu des religions” qui, à son avis, n’a contribué qu’à asservir les êtres humains en les privant de leur individualité, tout en leur cultivant des passions pour le moins néfastes. Dans le domaine politique, le philosophe  s’avère avoir une bonne longueur d’avance sur ces contemporains. D’après lui, il ne saurait exister de gouvernement idéal pour une humanité parfaite. Cela s’explique simplement par la nature de l’être humain elle-même qui est bien loin d’être parfaite. L’homme étant de tout temps en proie à ses passions, il est important que le gouvernement qui le guide en soit un de raison. À l’idée d’obéissance introduite par Hobbes, Spinoza oppose une notion de consensus. L’État d’après lui se doit de protéger les citoyens sans pour autant les priver de leur liberté.

 

Certaines personnes estiment que Spinoza a énoncé les bases de la démocratie telle qu’elle est vécue aujourd’hui. C’est un leurre. La vision de Spinoza dépasse largement ce que nous vivons de nos jours. Sa vision s’apparenterait plutôt à une forme de démocratie absolue qui pour l’instant n’est pas encore sur le point de voir le jour et n’a même que peu de chances d’être expérimentée dans un futur proche. Parlant de Spinoza, il est une chose que l’on peut affirmer avec certitude : cet homme était largement en avance sur son époque. Il n’est pas surprenant qu’il ait eu autant de soucis avec ses contemporains. Par ailleurs, lorsqu’on prête un regard attentif et critique sur la société contemporaine, force est de remarquer que même de nos jours, ses points de vue restent encore assez révolutionnaires tant dans les dictatures que les sociétés dites civilisées. 

 

spiritualitÉs & mondialisation

Divers Auteurs

Edition  ALBIN MICHEL

 2004

Il est des mots dont l’impact  sur les esprits outrepasse d’emblée le sens exact qu’on est en mesure de leur donner. Mondialisation et spiritualité sont de ceux-là. L’a-t-on assez ressassé depuis quelques décennies, que le XXIe siècle serait »spirituel » ou ne serait pas !

 

Mais quant à savoir vers quelle spiritualité s’achemine de gré ou de force le siècle naissant, les paris restent plus que jamais ouverts et les surenchères prophétiques continuent à aller bon train : si  renouveau spirituel il y a, les formes seules en seront-elles novatrices, ou bien aussi les fins dernières et les motivations premières ?

 

Pour nous parler de cette immense mutation sont invités les philosophes suivants :

 

Unus mundis, unité du monde et quête de l’universel par : Philippe Faure

Le monde, selon la pensée médiévale -  Extraits de textes choisis par Philippe Faure

Barthélémy l’anglais, le livre des propriétés des choses – Livre VIII

Universalité et mondialisation par : Jean Biès

Tradition et images de la modernité par : Paul Ballanfat

Mondialisation et retour des sciences traditionnelles par : Jean-Claude Dubois

Réflexions sur la religion et l’Europe par : Raimon Panikkar

Pour une civilisation de l’Holos au XXIe siècle (les attendus de la modernité dans l’histoire culturelle et religieuse) par : Constantin Von Barloewen

Un mandala pour le monde  par : Françoise Bonardel

Postmodernisme, mondialisme et « New Âge »  par : Charles Lipton

Cosmopolitisme et individuation – entretien avec Françoise Bonardel et Daryus Shayegan

Nostalgie de l’unité et uniformisation de la nostalgie par : Christian Rangdreuil

Mondialisation et religions par : Jean-Baptiste de Foucauld

Le poème du monde par : Fabrice Midal

   

ST EXUPERY  -  LA PHILOSOPHIE DU PETIT PRINCE OU LE RETOUR A L’ESSENTIEL

Paul MEUNIER 

Edition Carte Blanche

 2003

La philosophie du petit prince de St Exupery pourrait se résumer par le secret du Renard : « on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. Aimer c’est regarder dans la même direction ».

 

A travers le petit prince, St Exupery nous a laissé une éthique et un art de vivre.

 

Paul Meunier vient de lancer sa troisième oeuvre, un ouvrage qui permet de mieux connaître l'oeuvre de St-Exupery ou de se servir du Petit Prince pour mieux vivre. Son livre, intitulé La philosophie du Petit Prince ou le retour à l'essentiel, peut se résumer par le secret du renard, qui est : " On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux. " Paul Meunier part donc du livre de St-Exupery pour aller chercher plus de profondeur, voir des choses moins apparentes, évidentes. " Je fais, en plus, des liens avec ses autres œuvres et on en extrait un autre art de vivre au quotidien ".

 

Son livre ne se veut pas un ouvrage philosophique. Malgré qu'il soit un professeur de philosophie, Paul Meunier précise que son livre se veut des plus terre à terre.

"C'est rien de fixe, c'est très incarné au quotidien. La philosophie, c'était, à l'origine, mieux penser pour mieux vivre. Pour Socrate, la philosophie était la médecine de l'âme et les philosophes, les guérisseurs de l'âme ", souligne M. Meunier.

 

À 17 ans, Paul Meunier tombe en amour avec le roman de St-Exupery. " Je n'ai jamais cessé de le découvrir depuis et d'approfondir sa pensée. J'ai ensuite lu le reste de son oeuvre, ce qui n'est pas évident. C'est plus compliqué que Le Petit Prince ", pense-t-il. Pourquoi devrait-on lire votre ouvrage ? " D'abord, tout le monde connaît Le Petit Prince. Dans mon livre, je parle de l'art de vivre et ça, ça touche tout le monde. C'est facile de vivre quand on est heureux, mais quand on est confronté à l'obstacle, comment réagit-on ? Il y a un art de vivre quand ça va bien et aussi quand ça va mal. On peut s'arranger pour que les choses aillent bien dans notre vie, on peut agir sur des choses que l'on peut contrôler, mais il arrive que des événements se produisent indépendamment de notre volonté, qui viennent briser une harmonie ", explique l'auteur. Dans son livre, on retrouve peu de théorie et beaucoup d'exemples. " C'est une pensée, mais simple au niveau du langage. C'est donc accessible à un large public ",

 

L’auteur nous parle du pilote, du désert, des baobabs, du Roi, de l’allumeur de réverbères, du serpent, du puits et nous dissèque la philosophie et la spiritualité de ce chef d’œuvre symbolique, ésotérique et merveilleux.

 

st exupéry

collectif

EDITION  GÉNIES & RÉALITÉS

 1968

Est ici retracée la vie de St Exupery accompagnée de photos. On y trouve de superbes témoignages.

 

Si l'on veut se représenter Antoine de Saint-Exupéry enfant, il faut l'imaginer à travers Le Petit Prince, blond et bouclé, découvrant le monde avec émerveillement, heureux d'explorer le domaine que possède sa famille à Saint-Maurice-de-Remens, dans l'Ain. Un garçon turbulent, malicieux, plein de vie, intelligent, sensible, pas toujours réfléchi, mais sérieux quand il parle de ses recherches et de ses projets d'avenir, rêveur et fantaisiste, épris d'une liberté qui admet la contrainte de l'éducation et du travail. Dès l'âge de raison, il écrit ses premiers poèmes, se créant un univers à sa mesure, et il consacre déjà une partie de ses loisirs à inventer de nouveaux moyens de locomotion, telle une bicyclette à voiles. Il est doué d'une singulière puissance de concentration qui lui sera d'un grand secours dans sa carrière de pilote. Aucun détail ne lui échappe: il sait établir des relations entre ce qu'il voit et ce qu'il ressent, et leur donner un sens humain profondément élevé.

Passionné dans tout ce qu'il commencé d'entreprendre, exalté dans ses sentiments, il a besoin de tendresse -- cette tendresse dont une mère admirable n'a jamais cessé de l'entourer -- mais il n'est pas sans apprécier une certaine austérité qui s'appuie sur le respect de l'autorité. Plus tard, lorsqu'il sera pensionnaire chez les Maristes, à Fribourg, il prendra conscience de sa responsabilité personnelle en s'interrogeant sur le problème de Dieu et de la religion. S'il n'échappe pas à l'angoisse métaphysique, à la crainte du néant, du moins n'est-il pas atteint par le scepticisme des jeunes, sa vie intérieure le portant plus à croire qu'à nier, avec ce désir de se convaincre lui-même de la beauté d'une existence qui est de source divine. Poète dans l'âme, magicien, diplomate, il est l'apôtre, le chevalier du monde moderne, et surtout le conquérant de l'homme.

Adulte, il apparaît non pas comme une "grande personne" jalouse de ses mérites et assurée de son importance, mais comme un adolescent qui a atteint avant l'âge une parfaite maturité de pensée, à la fois enthousiaste et songeur, véhément et généreux. Sa stature impressionne (1m84). De larges épaules au milieu desquelles trône une tête massive, presque ronde, font évoquer quelque rocher de la côte bretonne, défiant les tempêtes. Son regard perçant, parfois amusé ou ironique, qu'éclaire la flamme d'une intelligence toujours en éveil, et où l'on devine une franchise assez brutale, mais affectueuse, inspire aussitôt à ceux qui l'approchent une confiance sans limite. Peu expansif quand on essaie de le faire parler de lui -- il ne se livrait à des confidences qu'avec les rares amis dont il était sûr -- il se montre au contraire fort communicatif lorsqu'on l'interroge sur ses camarades, sur l'aviation, sur les mille questions auxquelles il s'intéresse (musique, philosophie, sciences physiques et mathématiques, biologie, astronomie, etc...). Entier dans ses jugements, il n'aime pas qu'on le contredise, même si les objections qu'on lui oppose sont fondées. Il veut avoir le privilège de résoudre lui-même les contradictions décelées dans un raisonnement qu il a pourtant longuement médité. Mais il n'y a pas d'être qui ait une noblesse de coeur comparable à la sienne. Sa fidélité en amitié, sa bonté, sa probité sont vraiment exemplaires. Tous ceux qui ont entretenu des rapports avec lui, aussi brefs qu'ils aient été, savent le pouvoir de séduction qu'il exerçait sur son entourage.

Ses qualités d'homme sont donc exceptionnelles. Quelle était sa valeur en tant que pilote ? Quelques biographes rappellent ses distractions et son audacieuse fantaisie lors de certains atterrissages ou décollages, mais ses camarades aviateurs ont toujours reconnu son habileté, sa ténacité, la précision et la rapidité de ses réflexes, et sa remarquable présence d'esprit dans les "coups durs". Le docteur Georges Pélissier a interrogé sur ce point le lieutenant-colonel Gavoille qui fut pendant les années 1943-1944 Ie chef de l'escadrille à laquelle appartenait Saint-Exupéry, et celui-ci lui a répondu: "Saint-Ex était un excellent pilote, très adroit, ii faisait bien quelques petites fautes, non par distraction en vol (il était au contraire, là-haut, très méticuleux, et il avait une telle expérience !) mais par distraction au sol, au moment où nous lui donnions des explications !". Ce témoignage convaincra les plus sceptiques.

Quelle image nous reste-t-il de cet homme qui lutta pour le ciel et pour la terre ? S'il est entré dans l'histoire en guerrier vainqueur de tout litige, n'appartient-il pas déjà à la légende, tel un infatigable messager de paix voguant sur le navire qui "ramène au vrai ceux que le faux repoussa" ? Sans doute, mais la permanence de son oeuvre fait surtout qu'il est de notre temps, plus présent que jamais, aussi jeune qu'il y a vingt ans, bien qu'il n'ait jamais cessé de croître, et l'héritage qu'il laisse aux hommes est en soi plus précieux que la somme des souvenirs qui s'y rattachent directement.

 

ST EXUPERY - le petit prince

St exupéry

EDITION  Gallimard

 2001

Enrichi des très belles aquarelles de St Exupery, ce best-seller mondial est toujours d’actualité.

 

A en croire Saint-Exupéry, Le Petit Prince est un livre pour enfants écrit à l’intention des grandes personnes. Ses niveaux de lecture offrent du plaisir et des sujets de réflexion aux lecteurs de tous les âges.

 

L’auteur, aviateur, tombe avec son avion en plein désert du Sahara. Pendant qu’il s’efforce de réparer son appareil, apparaît un petit garçon qui lui demande de lui dessiner un mouton. L’auteur apprend aussi que ce « Petit Prince » vient de l’astéroïde B 612 où il a laissé trois volcans et une rose.

 

Avant d’arriver sur la Terre, il a visité d’autres planètes et rencontré des gens bizarres : un roi, un vaniteux, un buveur, un allumeur de réverbères, un géographe… Sur la Terre, il a pu parler avec un renard qui lui a appris que pour connaître il faut « apprivoiser », et que cela rend les choses et les hommes uniques. « L’essentiel est invisible pour les yeux », dit-il.

 

Pour retrouver sa rose, Le Petit Prince repart chez lui en se faisant mordre par un serpent venimeux : c’est trop loin, il ne peut pas emporter son « écorce ». L’aviateur, qui a fini de réparer son avion, quitte lui aussi le désert. Il espère toujours le retour du Petit Prince et nous prie de le prévenir si jamais nous le rencontrons.

 

Chaque planète que visite le Petit Prince peut être perçue comme une allégorie de la nature humaine. A vous qui avez déjà lu le Petit Prince une fois, je vous invite, à travers cet ouvrage à revisiter ces planètes d’une nouvelle manière.

 

st exupery  -  l’ÉsotÉrisme du petit prince de st exupéry

Yves MONIN

Auto - Édition

 1999

Le monde entier est captivé par la lecture du « petit prince », le chef d'oeuvre de Saint-Exupéry, car ce texte évoque des thèmes éternels et universels comme l'amour, l'amitié,...

 

Mais que dissimulent les images de la Rose, du Désert, du Puits ? Que sont véritablement Le renard, Le Pilote, Le Serpent ? Que signifie le mythe du Petit Prince ? « Puis-je espérer d'autres vérités que symboliques ? » se demande Saint-Exupéry.

 

L'ésotérisme est cet enseignement qui, transmit par des symboles, est invisible pour les yeux. Ce conte pour lecteurs de tous âges est ici décrypté à partir des messages similaires véhiculés par les spiritualités de tous les peuples, se transformant ainsi en message éternel et universel, accessible à tous, véritable promesse de la « joie d'être. La lecture de l’œuvre de St Exupery que l’on destine naturellement à la jeunesse peut surprendre et même choquer. Le petit prince prépare sa mort avec le serpent, complot orchestré dès la première page du chapitre 26.

Le suicide se comprend toujours comme un acte de désespoir, quand la vie a cessé d’avoir un sens. C’est aussi une décision qui se prend dans la solitude. Le petit prince  s’écarte du pilote afin que le serpent, enfoui sournoisement dans le sable, puisse le mordre comme convenu. La mort le frappe comme un “éclair jaune près de sa cheville”. Il tombe en silence sur le sable mou qui étouffe sa chute. On pense bien sûr au suicide de Cléopâtre mordue par le serpent libéré de son panier. Le reptile porteur de mort fut à diverses époques un agent actif du suicide chez les grands de ce monde.

 

 Dans l’illustration originale, le serpent portait la croix gammée, signe ésotérique connu depuis très longtemps par diverses civilisations, mais qui au moment de l’écriture du récit est irrémédiablement associé au nazisme du 3ème Reich. Il symbolise alors l’ennemi outre-Rhin qui séduit ses victimes ignorantes, qui tue le rêve de paix et de liberté, qui sacrifie la jeunesse envoyée sur le front. Le serpent mord au cœur même des idéaux et de l’avenir incarné par les générations montantes. 

 

 La Terre n’est pas un endroit pour l’enfance et l’innocence. Pour survivre à la folie humaine qui débite les cadavres sur les champs de bataille comme une machine débite des boulons, il faut tuer une partie de soi-même, la partie la plus vulnérable, celle incarnée par le petit prince. L’œuvre est rédigée en 1942. La guerre mondiale fait rage et la présence permanente de la mort mine peut-être le moral de St Exupery. Le suicide devient la porte de sortie que se réservent des officiers, des résistants et des civils pendant cette époque troublée qui incite parfois à fuir jusque dans la mort ou tout simplement à sauver l’honneur. L’inadaptation du poète écrivain, du pilote téméraire et de l’enfant ignorant de la réalité de la mort, véritable trinité de la quête de l’immortalité, semble légitimer le suicide comme négation des contraintes et revendication de la liberté suprême.

 

 Le pilote lui-même défie la mort à chaque mission. Après son accident dans le désert, il doit affronter l’isolement et la dépression, sources inhérentes du suicide. Le petit prince fait ainsi l’expérience d’un enchaînement de faits qui le conduit à sa fin inéluctable. Les portraits de solitude, comme nous le rappelle Eugen Drewermann dans Discovering the Royal Child Within, prennent tout leur sens au cœur du désert, symbole même de l’isolement, de l’absence de vie dans cette “vallée de la mort” (p45). Pour retrouver sa rose et l’harmonie de son monde, le petit prince doit renoncer à sa vie. Sa présence sur terre est devenue inutile et obsolète. “La mort est une nécessité et ne saurait effrayer personne”, souligne Yves Monin dans L’ésotérisme du Petit Prince. Mais le désert de la vie est comme celui du géographe. Il n’est qu’une apparence laissée par le goût amer du vide intérieur. En profondeur, la vie et l’espoir existent.

 Et le renard du récit ne manque pas de le répéter au petit prince au terme du chapitre 21: “on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux”. Le départ est impératif. Il requiert l’abandon physique, celui du corps terrestre, cette “écorce” trop pesante comme le déclare le personnage enfantin de l’histoire, pour retrouver le corps astral et permettre ainsi l’accession aux étoiles comme le pilote s’élevant dans le ciel pur. Le petit prince ne met pas fin à ses jours de lui-même. Ignorant et naïf, il se laisse séduire par le serpent menteur “mince comme un doigt” mais “plus puissant que le doigt d’un roi” (chapitre 17). La mort qu’il redoute – “j’aurais bien plus peur ce soir” (chapitre 26) – signe que le suicide cesse d’être d’actualité, lui rendra ce qu’il a perdu: son monde, sa petite planète, sa rose, un univers qu’il comprend mieux à présent qu’il a fait l’expérience de ses rencontres et de ses découvertes au gré de son périple initiatique.

 

Ce n’est pas un suicide puisque, comme le confie l’auteur lui-même, “la mort n’équivaut pas à l’arrêt définitif: ce n’est qu’un passage vers une autre planète”. Les convictions religieuses de St Exupery ressurgissent au détour des symboles et des références bibliques. Le suicide n’est pas une option enviable dans l’idéologie chrétienne qui condamne l’acte et excommunie ceux qui y succombent. De plus, l’enfant intègre souvent la mort dans ses jeux de simulation, qu’il soit prince, guerrier ou tout autre héros dont il est l’acteur. Le venin du serpent rappelle le mercure philosophique de l’alchimiste, ingrédient indispensable dans la recherche de la connaissance. Le petit prince renonce à ses chaînes humaines pour reprendre ses ailes angéliques. C’est le mythe accompli d’Icare, l’ascension du Christ après sa crucifixion. La similitude avec la passion du Christ et la mort symbolique du petit prince révèle les convictions de St Ex., le saint du X, le X de la croix. Le pilote n’enterre pas la dépouille inerte. Il n’est donc pas mort, il n’en a que l’apparence. Il aura “l’air d’avoir mal”, et “un peu l’air de mourir” seulement. Il aura “l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai” (fin du chapitre 26). Le mythe est renouvelé.

 

Comme Jésus, le petit prince se sacrifie pour sauver le monde. Son retour espéré dans l’épilogue sera le signe que l’homme n’est pas perdu.

Afin de poursuivre son chemin, il a accepté de laisser disparaître cette partie de lui-même qu’il lui fallait intégrer à sa personnalité sans pour autant lui laisser les commandes. L’être humain est un tout. Oublier son passé, aussi lointain soit-il, c’est cesser d’apprécier la vie à sa juste valeur. Le pilote reprend son vol après la réparation miraculeuse de l’appareil, accède de nouveau aux cieux limpides. Vue du ciel, la “terre des hommes” semble si paisible, presque paradisiaque…

Antoine de Saint-Exupéry, représente l'homme en général, perdu dans le "désert" de son ignorance. Prenez de ces trois mots les deux premières lettres : AN-SA-EX, c'est l'anagramme de : EX SANA, "en dehors de ce qui est sain."

En avion, il est "tombé du Ciel ", parce que l'homme est une Semence Céleste. A lui de sortir du "désert stérile, des apparences de la Matière à l'aide de son cœur et de sa raison. Le Petit Prince. Lui aussi tombé du Ciel, prince et petit, donc fils de famille Princière ou Royale. Symbole important, il est jeune et naïf mais d'essence "royale ". Il va représenter l'âme de l'homme, parcelle de Dieu. Il est l'amour, le cœur, la spontanéité des sentiments, fraîcheur et naïveté.

Le Renard, Autre "personnage important". Mais c'est un animal, le Rusé Renard, le malin ! Il est la pensée qui va "animer " le cœur. Il est la froide Raison qui sait mais qui est subjective, mais qui n'est pas manifestée. Elle sait, mais ne possède pas le moyen de faire.  Bien comprise cette individualité de l'homme, il s'agit pour lui de marier cœur et raison pour : Savoir faire ! Autrement dit, pour Être.

Le Petit Prince sent très bien tout ce qui lui manque : "J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaitre !" Amis, parce qu'il Aime, lui ; il lui faut absolument des objets à son Amour, alors il cherche, fait les Sept Planètes (les 7 péchés capitaux, les tendances qui influencent l'homme soumis à l'attraction Terrestre), Il ne comprend pas tout. surtout les apparences, les surfaces, tout ce qui est superficiel.

Le Renard, lui. sait, il sait surtout ce qui lui manque, le sentiment et l'amour. il n'a que l'appétit : les poules ! Mais il sait parfaitement le processus qu'il faudrait à ce qu'il ne possède pas pour être séduit aux yeux des réalités Invisibles de l'amour qui laissent néanmoins ses traces dans le symbole des objets. Pour cela : il veut être Aimé, apprivoisé ! Et il répond justement au Petit Prince sur ses ambitions de connaitre: "On ne connaît que les choses que l'on apprivoise". Autrement dit : que l'on Aime et dont on se fait aimer. C'est pourquoi il connaît toute la valeur des astuces, des "rites". Car l'intelligence va pouvoir amplifier par des subtilités les valeurs frustes de l'Amour... De même, l'intelligence, "apprivoisée" par l'Amour, va prendre une ampleur qui va dépasser la Matière et vivre Ce qui est important et ne se voyait pas pour les yeux de l'intelligence seule, sera lumineux par celle du cœur.

" Les étoiles sont belles à cause d'une fleur que l'on ne voit pas ". " Adieu, dit le Renard, voici mon secret, on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est Invisible pour les yeux." Ce qui est intéressant, c'est que le Renard sait cela sans jamais l'avoir éprouvé, de même le Petit Prince l'a éprouvé mais sans le savoir !

Une fois le Renard apprivoisé et Aimé, il sait et sent, en regardant seulement les blés d'or, son Petit Prince parti. que ces blés sont sa présence dorée et que l'Amour est partout puisque ressenti, donc Vivant, mais il fallait le faire naître, mais il fallait aussi le faire apprécier et comprendre au Petit Prince. Aussi le Renard pleurera pour la première fois de sa vie à leur séparation. Les pleurs symbolisent toute la sensibilité du cœur éveillé. Mais ces pleurs sont de Tendresse !

Rien n'est responsable de rien tant qu'un lien ne réunit pas deux éléments. Le Petit Prince est responsable de sa rose parce que l'Amour les réunit à travers le temps l'espace. Celui qui offre l'Amour est responsable de son objet. Faut-il que l'objet se laisse apprivoiser. sinon aucun lien n'implique alors une responsabilité. "Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé..."

Tout autre intelligence qui n'est pas liée à l'Amour est inéluctablement faussée, incomplète et dangereuse. "Le Renard" ne reste alors à l'affût que de "ripailles". Le Petit Prince dans son Amour naïf fait deux miracles : la réparation du moteur de l'avion et le puits dans le désert. En l'homme, dès que la bonne volonté du cœur se met en oeuvre, les éléments obéissent à l'amour. Le Petit Prince est l'âme. il se fait mourir dans l'apparence par le serpent pour se déplacer à travers l'Espace : "J'aurai l'air d'avoir mal - j'aurai l'air de mourir - J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai. Je ne peux pas emporter ce corps-là !

 Le Renard n'est que de la matière programmée, instinctive, intelligente mais fruste, alors que le Petit Prince est le Germe de Vie qui va ensemencer cette Matière... De la pensée mécanique doit naître la Vie à l'aide de l'Amour, Ainsi est "exhumé, l'Homme de la poussière de son désert et " périt " pour d'autres Cieux comme l'indique les symboles de Saint-Exupéry.

 

ST EXUPERY  - donner un sens à l’existence ou pourquoi le petit prince est le plus grand traitÉ de mÉtaphysique du xxème siècle

J.P. ravoux

Edition Robert Laffont

 2008

Le Petit Prince, traduit dans plus d’une centaine de langues, est après la Bible le livre le plus vendu au monde. Quel est le secret de son universalité ? Un enfant, un aviateur, une rose, un renard, un mouton, un serpent… Parce qu’il a été considéré un peu vite comme un conte pour enfants, les critiques littéraires et les philosophes n’ont jamais pris la peine d’étudier en profondeur le texte de Saint-Exupéry. Pour la première fois, un philosophe se penche sur cette œuvre si mince mais d’un si grand poids afin de la décrypter et de nous en transmettre les clés.


Le Petit Prince est une allégorie où l’on discerne la volonté de faire comprendre aux enfants qu’ils peuvent atteindre la vraie dignité de l’homme s’ils savent continuer à regarder les choses avec la simplicité de leur cœur et non avec la vanité du vaniteux, la morgue de celui qui détient le pouvoir, l’avidité du businessman ou l’orgueil du rationaliste qui croit pouvoir saisir la vérité des choses.

 

Il manifeste les qualités qui distinguent les livres pour enfants : il est profondément vrai, ne donne aucune explication et propose une morale, et l’on pourrait ajouter que le texte est accompagné de dessins qui suggèrent plus qu’ils ne représentent, ce qui laisse une place à l’imagination poétique.

 

Mais c’est aussi, à l’évidence, un livre pour adultes puisqu’à travers l’odyssée du petit prince, ils sont invités, par un retour à l’esprit d’enfance, à une conversion au terme de laquelle ils auront acquis les moyens de comprendre le monde, la volonté de s’engager dans une existence partagée avec les autres, pour en déterminer le sens.

Un livre lumineux et profond, qui est aussi une philosophie de vie.

 

st exupéry    -

Jules roy

EDITION LA MANUFACTURE

 1990

L’auteur nous présente ici la passion et la mort de St Exupery. De très belles photos d’époque accompagnent l’ouvrage.

 

Saint-Exupéry n'est pas un auteur à thèse. Sa pensée n'est jamais altérée par ce souci de la démonstration si chère aux logiciens. Pour lui, la vérité d'une chose ne se prouve pas: elle échappe au premier contrôle du raisonnement, et n'est saisie qu'à l'aide d'un jeu d'approximations successives et de ressemblances de plus en plus proches.

Non qu'il n'y ait de vérités que comparées, mais plutôt parce que chaque chose dépend d'une autre, obéit à des lois d'ensemble, participe à une organisation de structures qu'il faut considérer in globo, et n'a d'efficacité que si elle s'impose à nous dans toute son unité. Ainsi, ce que Saint-Exupéry retiendra de nombreuses propositions philosophiques sur la soumission du particulier à l'universel, sur la transcendance et le devenir de l'être, sur tout ce qui peut donner un sens au bien et au mal, à l'existence et à son contraire, prendra aussitôt la forme d'une évidence (l'évidence impliquant ici la certitude).

C'est pourquoi l'on ne doit pas s'étonner si cet écrivain procède presque uniquement par affirmations. D'ailleurs, sa vie n'a-t-elle pas été l'illustration d'une de ses plus belles assertions: la primauté de l'homme sur l'individu ? "Je combattrai pour l'Homme. Contre ses ennemis. Mais aussi contre moi-même"  écrit-il au cours d'une sorte de profession de foi émouvante par la simplicité et la générosité des sentiments qui l'inspirent. Ce besoin d'affirmer, de construire, ce désir d'aller droit au but, de rendre clair ce qui semble le plus complexe et le plus obscur, était devenu pour Saint-Exupéry une règle de conduite et de travail. Et l'on retrouve dans l'homme, comme dans le créateur, la même intelligence, la même rigueur, la même recherche du noeud essentiel d'actes divers qui ne se découvre qu'à travers l'évidence de sa nécessité.

Saint-Exupéry se méfiait des prétextes à faire de la littérature. Il a toujours lutté contre cette maladie de l'écrivain qui s'efforce d'enjoliver un récit par de savantes évocations stimulant l'imagination du lecteur, mais trahissant l'authenticité des faits sous le couvert d'histoires vraisemblables. Ainsi, dans un des passages de Pilote de Guerre  il compare le nuage de condensation qui s'étire derrière son avion en plein vol à une robe à traîne d'étoiles de glace. L'image est valable en soi puisqu'il l'a inventée sans dégoût. Mais aussitôt il se reprend, mortifié d'avoir cédé a la tentation d'une poésie de pacotille. C'était faux à vomir. Voilà comment il dénonce la pose. Il éprouve une véritable aversion pour tout ce qui est attitude. Lui qui a si souvent côtoyé la mort ne se demande pas comment on doit se comporter devant elle. Chaque fois qu'il la rencontrera sur son chemin, il ne pensera pas à elle, mais à la nouvelle expérience qui peut l'enrichir et à la signification existentielle qu il faut lui donner. C'est cet attachement à la vie qui étonne chez un être qui a choisi de ne s'en soucier que dans la mesure où elle est partage et amour, grandeur et misère.

Qu'il se penche sur le mystère du monde, qu'il médité sur la corruption d'un peuple, qu'il veuille bousculer les événements en y prenant une part active, et forcer l'histoire en lui appliquant des lois qu elle ignore, il poursuit la même conquête de l'homme dans l'universalité de sa conscience, l'homme étant celui qui porte en soi plus grand que lui. La figure de Saint-Exupéry semble correspondre étrangement à sa définition de l'homme. Et c'est justement cette présence en lui de quelque chose de supérieur à sa personne qui lui a permis de concevoir une éthique fondée sur le respect et la ferveur. Faire un choix dans l'oeuvre de Saint-Exupéry est bien arbitraire. Quoique chacun de ses ouvrages ait sa signification propre, les thèmes qui y sont développés sont liés entre eux avec tant de force qu'il semble impossible, au premier abord, de les analyser séparément. Mais ce serait une erreur de ne pas les considérer dans le cadre d'une évolution spirituelle où l'on observe les différents moments d'une progression ascendante vers un but déterminé.

Chez Saint-Exupéry chaque idée correspond à un besoin d'élévation comparable à cette faim de lumière. Son outil sera l'avion, son arme l'amour. Avant d'agir efficacement, il est normal qu'il se penche sur son outil et sur son arme pour savoir comment il convient de s'en servir. Et bientôt il s'aperçoit que leur usaçe conduit à un métier, à un style de vie, tout en lui apprenant à justifier le sens de son aventure. Saint-Exupéry, dans la plupart de ses écrits, ne fera que nous rendre compte de ce double apprentissage essentiel à la connaissance des êtres et des choses. C'est pourquoi nous serons amenés a distinguer dans son oeuvre deux thèmes prédominants: l'action comme moyen de se surpasser soi-même, et la foi conçue comme une passion qui bouleverse les données de la conscience. Indiquons toutefois que Saint-Exupéry ne sépare pas la pensée de l'action, et que la volonté d'agir n'est que la réalisation du désir de croire.

Si Saint-Exupéry a délibérément opté pour l'action, c'est qu'il avait la ferme conviction que l'homme, pour s'affirmer, devait livrer un combat dont l'issue pouvait lui être fatale. Dans l'homme il y a toujours l'individu qui domine, cette part de soi-même qui refuse d'adhérer à la communauté, et qui se rebelle quand on lui impose des règles lésant ses intérêts et limitant ses ambitions. Saint-Exupéry rejette le culte de l'individu, car il ne mène qu'à la déchéance, la branche étant incapable de vivre une fois détachée de l'arbre ou privée de sa sève. L'homme est constamment menacé de dégénérescence s'il ne se délivre pas de ce double encombrant et nuisible. Notre première tâche sera donc d'anéantir en nous tout ce qui favorise notre prédisposition à l'égoisme. Le mal est en nous, et il ne se déclare pas toujours au moment où il est encore temps de le guérir. Il faut le prévenir. Saint-Exupéry nous propose comme remède infaillible l'action qui poussera l'individu à régner sur soi-même. La valeur de chacune de nos démarches sera proportionnelle à l'effort que nous aurons à faire pour sortir de nous-memes. Ainsi agir, c'est aller au- devant de quelque chose, lutter contre des forces adverses, vaincre une résistance, mais c'est également s'oublier, s'offrir sans restriction, s'engager du meilleur coeur dans une quete de pureté que rien ne pourra ternir. On devient alors invulnérable, comme cet équipage de vainqueurs que Saint-Exupéry ramena au-dessus de la défaite, et dont il nous retrace l'épopée dans Pilote de Guerre.

Courrier-Sud annonce déjà cette conception de l'action, mais elle n'y figure qu'à l'état d'ébauche. Bien que l'auteur ait adopté pour ce livre la forme romancée, l'expérience qui y est relatée ne sert pas de noeud à une intrigue. C'est le contact de l'homme avec sa terre qui importe ici. La découverte d'un monde nouveau, fait d'espoir et de solitude. L'aviateur reconnaît son monde, lancé dans un espace dont il meuble les dimensions de sa présence. De là-haut, la terre semble nue et morte, mais lorsque l'avion descend elle s'habille, et le cours des choses s'accélère. Les points de repère ne sont plus les mêmes. Certes, il y a la mer, les montagnes, les villes, les fleuves, les instruments de bord qui renseignent le pilote sur sa position. Mais comment se fier à des chiffres, à des calculs, à l'enseignement de la géographie ? Au sol, tout n'est que pensée figée, représentation abstraite. Mieux vaut observer sur son chemin la fermière qui vaque à ses occupations, les moutons qui rentrent au bercail, trois orangers, un ruisseau, autant de signes vivants qui vous guident, car là où ils sont, on devine les refuges et les pièges que n'indique aucune carte. Jacques Bernis, le héros du roman, commence ainsi son aventure. Il recherche la trace de l'homme. Il se fait. Pilote de ligne, il transporte le courrier. Courrier plus précieux que la vie. De quoi faire vivre trente mille amants. En vol il ne s'appartient plus: il a le sentiment d'être responsable des autres. Il est momentanément le centre des relations humaines. Que de joies, que de drames aussi dépendent de lui ! Il ne réfléchit pas sur le pouvoir qui lui est donné. Le courrier arrivera; il s'en persuade. C'est sa raison de ne pas mourir. Mais quand le pilote part accomplir sa mission, il laisse derrière lui plus qu'un rivage de souvenirs, et, pendant son absence, des vagues imprévues en changeront le contour. Lorsqu'il sera revenu à son port d'attache, les gens, les objets, tout aura évolué sans qu'il comprenne pourquoi. Bernis retrouve ainsi son amie d'enfance Geneviève, épouse malheureuse qui perd un enfant adoré. Il l'aime, désespéré de ne jamais atteindre cette femme dans son âme et dans sa chair. Une épaisseur les empêchait de se rejoindre. Que cachait cette épaisseur ? Bernis n'aura pas le temps de le savoir. Geneviève meurt, et lui-même disparaît dans le désert. Mais le courrier est bien arrivé.

Le type d'homme décrit dans Courrier-Sud est encore vulnérable. Sa tendresse, ses épanchements, sa nostalgie, son indulgence, son échec en amour ont une résonance individuelle. Dans Vol de Nuit, second roman de Saint-Exupéry, le modèle d’homme est mieux défini en la personne de Rivière. Quel motif invoquer pour légitimer ce défi au bonheur terrestre ? Il y a l'éternité, la conquête de l'absolu, la victoire sur la peur de la mort, la recherche d'une divinité, réponses qui ne satisferont pas entièrement Saint-Exupéry. Indifférent à la justice ou a l'injustice, Rivière donne une âme a la matière humaine; il façonne des volontés, il enracine. Don bien inutile s'il n'était accueilli avec reconnaissance. Fabien, deuxième héros du livre, est pilote de la Ligne, un de ceux qui reçoivent et exécutent l'autre aspect du modèle. Fabien, dès qu'il entre dans la nuit, sait qu'il s'agit de défendre la cause des vols de nuit. S'il y a trop de pertes dans les équipages, ce sera la défaite. Son devoir est de remettre coûte que coûte le courrier à sa destination. Lui-même n'existe pas. Lourd des consignes qui lui ont été transmises, il décolle. Le voilà lancé hors de lui-même. S'étant découvert solidement assis dans le ciel, il commence cette profonde méditation du vol, où l'on savoure une espérance inexplicable. S'il n'éprouve ni vertige, ni ivresse, il sent le travail mystérieux d'une chair vivante. Il est prêt à s'accomplir, et s'installe dans une paix qu'il n'a pas encore méritée. Le danger ne l'effraie pas; pour l'instant il n'est que spéculation. Le temps est limité aux quelques heures de carburant contenu dans le réservoir de son avion. Où est sa liberté puisqu'il est soumis aux exigences de son outil ? Il n'a pas le loisir d'y réfléchir. Il surveille ses cadrans. Un orage s'annonce. Les lumières des villages, ou de maisons isolées, s'effacent sous lui. Au-dessus de sa tête, le champ de clarté se rétrécit. Le voilà prisonnier d'un gouffre noir. Tendu, il affronte les éléments. Il souhaiterait se nourrir de lueurs, aussi vacillantes fussent-elles. Il s'enfonce dans la tempête, il plonge dans une boue d'ombre. Il est en face de la nature. Il n'est plus qu'un jouet, écrasé par la pluie, la neige, le vent. Il ne sait plus rien.

C'est Le moment où les fautes vous attirent comme un vertige. Il faut descendre, s'approcher de la terre. Mais le ciel se déchire soudain. La première étoile est un phare, une sorte d'appel de l'Au-delà qui vous invite à monter toujours plus haut. Fabien ne résiste pas à la tentation. Il prend de la hauteur. Il quitte le cyclone. Maintenant il n'a plus d'obstacles à vaincre. Il s'est abandonné à la beauté d'un spectacle qui rassure le naufragé, mais qui l'épuise et le condamne. Tel est le drame qui attend le pilote. Quand celui-ci parvient à se sauver de la mort, il devine qu'il n'a bénéficié que d'un sursis. Toute son existence est fondée sur ce délai. Vol de Nuit est le récit d'un échec, mais cet echec ne diminue en rien la qualité du renoncement de Fabien.

Saint-Exupéry, dans Terre des Hommes, raconte que Guillaumet, ayant eu un accident dans les Andes avait décidé de descendre des hauts sommets où son appareil s'était abîmé pour qu'on retrouvât son corps, car sa femme n'aurait pu toucher le montant de l'assurance que si l'on avait des preuves formelles de sa mort. Pendant cinq jours et cinq nuits il bravera le froid, luttera contre le sommeil, l'engourdissement et la faim. En cours de route, il ne cessera de penser: je suis un salaud si je ne marche pas, car sa femme, ses camarades, tous ceux qui ont confiance en lui croient qu il marche s'il est encore en vie. Son devoir était de ne pas trahir cette confiance. Lorsqu'il sera en présence de son ami Saint-Ex, il lui confiera: Ce que j'ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait. Et Saint-Exupéry d'affirmer: Cette phrase, la plus noble que je connaisse, cette phrase qui situe l'homme... qui rétablit les hiérarchies vraies. Guillaumet avait défini l'homme avec un admirable orgueil. Rivière, Fabien, deux êtres qui instituent une hiérarchie. Guillaumet, Saint-Exupéry, et quelques autres pilotes de la même trempe ont été l'expression vivante de cette hiérarchie.

Revendiquer l'action comme moyen de se dépasser soi-même conduit donc à créer un ordre de valeurs. Pour les pilotes, le vol n'est qu'une initiation à un rite sacré. Ce rite, chacun de nous l'accomplit quand il exerce sa profession en ayant conscience de sa responsabilité individuelle dans le jeu des forces qui contribuent à donner une unité au monde. La signification du geste du semeur serait nulle si elle ne traduisait pas une intention plus secrète que celle de faire pousser du blé. De même, le poète qui élabore son poème, le forgeron qui martèle son morceau de fer, le médecin qui soigne ses malades trahit son espèce s'il agit seulement dans un but de satisfaction personnelle. Car au-dessus de tous les métiers, il y a le métier d'homme (peut-être est-ce une vocation ?) qui consiste à la fois à découvrir ce que l'on est et à respecter ce dont on est. En d'autres termes, l'action, telle qu'elle apparaît dans l'oeuvre de Saint-Exupéry, est le trait d'union entre deux aventures, l'une qui est tout intérieure, l'autre qui correspond à un besoin d'émancipation, à un état d'affranchissement.

Courrier-Sud et Vol de Nuit nous apportent un témoignage. Aussi achevés que soient ces livres, leur portée ne manquera pas de paraître restreinte, à tort d'ailleurs. Ils ont l'intérêt de documents, mais ils ne convainquent pas toujours. Qu'ils exaltent notre imagination, qu'ils nous émeuvent, qu'ils nous arrachent à notre ennui du quotidien, nul ne le contestera (c'est d'ordinaire ce que l'on exige d'un bon romancier, en plus de la qualité du style). Ils nous montrent que le serviteur est forcé d'obéir au maître pour ne pas perdre sa place, et que, malgré son manque d'autonomie, il est aussi grand, aussi victorieux que son chef. C'est le rôle du soldat en temps de guerre. C'est le jeu auquel consent le militant. Comme chez Rousseau, c'est la volonté particulière, qui se soumet à la volonté générale, celle-ci étant incarnée par le chef. Conclusion à en dégager: la liberté n'est pas l'indépendance, mais bien le contraire. Elle est l'adhésion totale à une contrainte, toutefois, pour qu'il y ait contrainte il est indispensable que le sujet puisse refuser de se comporter comme on le lui ordonne. Et c'est reposer le problème de la liberté sous une autre forme. Avec Terre des Hommes, Pilote de Guerre et Citadelle, Saint-Exupéry transformera cette conception de la liberté par la contrainte en partant de nouvelles bases. Il semble avoir remarqué que toute contrainte extérieure ou organisée, si elle ne s'appuie pas sur des règles générales, prend vite un caractère systématique: elle justifie l'autocratie, l'impérialisme, la dictature, le pouvoir absolu. On objectera que chacun est libre de se faire esclave. Pour Saint-Exupéry l'argument n'est pas valable, car ce serait se renier soi-même, l'équivalent d'un suicide.

 

ST EXUPERY  -  ALBUM ST EXUPERY  COLLECTION DE LA PLḖIADE

 Frédéric d’agay et Jean Daniel Pariset

Edition Gallimard

1994

«Né avec le siècle, Antoine de Saint-Exupéry est un des rares auteurs à ne pas vieillir, le seul peut-être ; son immortel Petit Prince continue sa vie dans les rêves des enfants et des parents du monde entier. Pour d'autres, il reste le pilote décrivant avec une grande pureté de langue l'épopée de l'aviation naissante ; et cet aviateur défricheur de ligne, chef d'escale, côtoie dans le panthéon des pilotes Mermoz ou Guillaumet.


Homme de conviction, son engagement contre le fascisme est évident : Terre des Hommes porte la marque de son humanisme, comme ses articles et ses reportages, car l'ensemble de cette œuvre reste le témoin exigeant de ses expériences, à la recherche de l'autre dans sa dignité d'homme, avec, ce contrepoint de l'enfance, les Lettres à sa mère qui enracinent l'affection filiale.


Sa volonté de servir dans la reconnaissance durant la guerre, malgré ses amis, fit de lui l'un des rares à pouvoir écrire sur la défaite de 1940 sans en rougir. Pilote de guerre est sa mémoire, celle de son unité, le 2/33, des camarades qu'il retrouve à Alger, puis, en Corse, lors de son dernier vol le 31 juillet 1944.


Mais "Saint-Ex" était plus que cela : un inventeur passionné de sciences, un bon vivant connu pour ses belles histoires et ses jeux. Il était aussi un penseur chaleureux, dont les Carnets montrent l'intérêt qu'il a pour tout ce qui est humain. Quant à Citadelle, nul ne sait s'il s'agit d'un long poème, d'un conte philosophique, d'une sourde prière née dans le désert de Juby...»

 

ST EXUPERY  -    OEUVRES   -   COLLECTION DE LA PLḖIADE

Préface de Roger Caillois

 Edition Gallimard

 1959

Écrire avec son corps, « n’écrire que ce que l’on a risqué », telle devait être, selon Saint-Exupéry (1900-1944), la littérature ou l’incarnation en littérature. Pilote de l’Aéropostale (Vol de nuit, 1931), habitué des solitudes et du désert (Terre des hommes, 1939), volant à bord d’un avion de reconnaissance en 1939-1940 (Pilote de guerre), et de nouveau en 1943-1944, il disparut en mission après avoir publié la simple mais mystérieuse fable du Petit Prince, traduite dans le monde entier, et laissé un précieux manuscrit de ses méditations : Citadelle.

 

Cet ouvrage comporte les oeuvres suivantes :

 

Indications biographique   -  Courrier Sud   -  Vol de nuit   -  Terre des hommes   -   Pilote de guerre    -    Lettre à un otage   -   Le Petit Prince   -   Citadelle   -

 

St exupéry l’homme du silence

R.P. guillot

EDITION  Dervy

 2002

C’est une nouvelle facette de St éxupery que nous propose l’auteur. C’est la recherche d’un homme qui, toute sa vie, aura les yeux et le cœur  fixé sur le beau, le vrai, le plus, le mieux, le parfait et l’infini. Y sont détaillés :  le Roi, le Soleil, le Rêve d’Icare. Le silence du désert. Terre des Hommes. Le petit Prince. Le Vétéran. La Citadelle et le partage de la Vie.

 

Son époque était celle des divisions, et c'est un peu le sort de toutes les époques. Les hommes sont-ils donc nés pour se combattre et s'entre-dévorer ? Éternelle question à laquelle chacun aimerait répondre par la négative. Pour lui, cependant, il n'y a qu'un problème: "Découvrir une vie de l'esprit... la seule qui satisfasse l'homme".

Politiquement, Saint-Exupéry semblait pencher vers un socialisme-chrétien: il était contre les bourgeois capitalistes, mais il était également contre l'État qui gère le capital de la collectivité. Il n'était ni de gauche, ni de droite. Il eût vraisemblablement tenté de convertir les deux tendances en une autre qui leur eût été supérieure, tout en conservant ce qu'il y a de légitime en elles. Sur ce point, toutefois, Saint-Exupéry ne nous a guère laissé que des notes de travail, ou des "réflexions", que son éditeur a réunies en livre sous le titre de Carnets.

Pour pénétrantes que soient ces réflexions, qui portent sur des sujets extrêmement divers (de l'entropie aux Assurances sociales, en passant par la psychanalyse et le communisme) elles ne nous autorisent pas à conclure sur la nature précise de ses opinions politiques. D’ailleurs Saint-Exupéry est toujours resté en dehors de la politique proprement dite, et, chez lui, il convient de respecter ce détachement. Comme le dit Pierre Reverdy: "l'homme dégagé permet au poète de s'engager".

Saint-Exupéry a soutenu une certaine position de l'humanisme moderne, bien différente de celle de Malraux. Malraux déclare que l'humanisme, ce n'est pas affirmer: "Ce que j'ai fait, aucun animal ne l'aurait fait" répond Saint-Exupéry. Il arrive cependant qu'une nation ne sache pas préserver son patrimoine, et ses voisines s'en emparent. C'est la guerre, puis la défaite. Mais une défaite est un bienfait, puisqu'elle réveille un peuple (c'est la conclusion de Pilote de Guerre). C'est pourquoi le chef de Citadelle exhorte ses guerriers à aimer leurs ennemis, car ils les révèlent à eux-mêmes. Ne nous méprenons pas. S'il nous laisse croire qu'un peuple peut trouver une occasion de grandeur dans la guerre, Saint-Exupéry n'a jamais songé à préconiser le militarisme. Il se moquait des généraux pour qui le patriotisme était une sorte d'esprit d'équipe. Mais, ne l'oublions pas, ce qui le préoccupait au plus haut point, c'était l'unité spirituelle des hommes sur la Terre, cette merveilleuse demeure qu'ils n'ont pas su rendre habitable, faute d'une éducation de l'esprit.

Héritier de Pascal et de Nietzsche, Saint-Exupéry a réussi à dépasser le christianisme de l'un, et l'athéisme de l'autre. A la formule de Nietzsche: "Dieu est mort", il oppose une autre formule: "Dieu est silence". Si Pascal soutient que la force de l'homme est de savoir qu'il est faible, il affirme, lui, que la force de l'homme est de pouvoir surmonter sa faiblesse. C'est en partant de ces deux principes qu'il s'est attaqué aux problèmes contemporains qui mettent en jeu la grandeur de l'homme, et sa servitude, problèmes qui se ramènent tous a cette question: comment vivre ? celle-ci en appelant une autre: quelle est la meilleure et la plus juste des manières de vivre ? Mais cette question, qui la pose ? L'intellectuel. Saint-Exupéry y a répondu en homme d'action. Agissez dans le domaine qui vous est propre, en vous astreignant a bien taire votre métier, et le plan de votre vie prendra forme. Mais il s'est aussitôt aperçu que ce conseil se transformait en ordre, et qu'un tel ordre ne serait jamais accepté sans l'intervention d'un chef. D'où, la nécessité de fonder une mystique qui supporte une morale disciplinaire, et d'imaginer un personnage qui ait suffisamment d'expérience pour apprendre à vivre aux autres, et instituer une hiérarchie.

Ce sont les guerres, les révolutions, les coups d'État qui, dans la pratique, permettent à ceux qui pensent être dans le vrai d'accéder au pouvoir et d'imposer leur loi. Politiquement, le plus fort a toujours raison. Cependant, si l'on suit Saint-Exupéry, une politique n'a de sens que si elle sert une évidence spirituelle. Alors, quel chef assumera-t-il le rôle de bon tyran. Le chef est celui qui a besoin des autres; mais s'il ne se suffit pas à lui-même, dans quelle mesure est-il capable de découvrir une évidence spirituelle. Ce sont les autres qui préparent le terrain sur lequel il établira cette évidence. Ainsi, pour Saint-Exupéry, tous les hommes doivent se situer dans une action, de quelque nature qu'elle soit. De leur situation dépend la liberté qu'ils revendiquent. En d'autres termes, ils sont obligés de se choisir, de naître. Une fois ce choix opéré, le chef apparaîtra avec son arbitraire, et deviendra nécessite naturelle. Il pratiquera alors une politique de l'homme pour l'homme, et sa devise sera: amour et fidélité.

Saint-Exupéry préférait donc les vertus de l'amour qui ouvrent le chemin de la foi, à celles de l'intelligence qui conduisent au doute. Aimer, c'est aimanter, créer un champ de forces. Saint-Exupéry s'est proposé d'éduquer les hommes dans la perfection aussi a-t-il été amené à construire une échelle de valeurs fondée sur le sacrifice et l'échange comme si chacun de nous était apte à engendrer la vérité. L'essentiel était que cette vérité, à laquelle notre amour donne naissance, fût commune à tous. Pour cela, il lui était nécessaire de se fixer un but hors de soi, d'inventer un visage à aimer. D'où dans son oeuvre, cette recherche d'une identité de l'Homme et de Dieu correspondant à l'identité de vie et de conscience qui confère à un être sa qualité d'existant.

Philosophique, la pensée de Saint-Exupéry l'est assurément, mais elle s'est si bien soumise à la rigueur de la forme poétique, qu'elle échappe à tout système, et présidé a cette difficile opération qui consiste à associer vie et connaissance dans un même acte de création. Saint-Exupéry a pensé le monde moderne, à l'encontre d'autres écrivains contemporains qui le subissent ou l'ont subi. C'est à ce titre qu'il s'est élevé au niveau intellectuel des philosophes les plus marquants de ce demi-siècle, en même temps qu'il pénétrait avec la même aisance que les plus grands poètes dans cet univers où le sensible déborde l'intelligible.

 

ST  EXUPERY - LE CHEMIN INITIATIQUE DU PETIT PRINCE

Hervé  Priëls

Edition  Oxus

 2014

En rédigeant « Le Petit Prince », Antoine de Saint Exupéry est parti à la recherche de l'enfant qu'il avait été. L'ouvrage est une introspection, un testament philosophique. Ce petit livre, qui sort du cadre de la littérature ordinaire, a su plaire à tous les âges et toucher le lecteur profane comme le plus érudit. On peut distinguer quatre niveaux de lecture, chacun offrant des sujets de discussion infinie.  Tout d'abord, primauté à l'enfance. Ce conte a été écrit pour elle. Qui peut croire que les humains parlent aux roses ?  Pour les grandes personnes : c'est une leçon de vie et une critique sociale. Saint Exupéry aborda une réflexion sur les comportements humains, les notions de hiérarchie et d'autorité, le vivre ensemble, la raison  Pour le sage : il s'agit plutôt d'une évocation avec une approche plus spirituelle, une suite d'allégories sur la nature humaine.

 

L'auteur fait le siège de la vigilance, du « Connais-toi toi-même », de l'Eveil. C'est une porte ouverte vers la maîtrise et le devoir jusqu'au sacrifice. 4. Enfin, une lecture anagogique nous entraîne vers le modèle parfait d'une quête qui conduit la réflexion vers le divin. La complexité de ces approches nourrit l'inconscient collectif. Nous sortons des voies traditionnelles et devons découvrir les sens cachés. Ce livre grand public n'étant ni un début ni une fin, à chacun d'y trouver sa vérité.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Saint Exupery, l’aviateur  -   les étapes initiatiques   -  un lumineux chemin vers la mort   -  les personnages clefs  -  les globes célestes  -  l’arbre dit « pain de singe »  -  porteur de lumière  -   du microcosme au macrocosme  -  la Terre, clef d’ivoire  -   le potentat  -  le fat  -  le poivrot  -    la traversée du désert   -  la fleur à trois pétales   -  l’ascension et la fleur d’Eden   -   Goupil   -   le contrôleur   -   le camelot  -   les éditions   -   le petit Prince dans les affaires  -   l’Edition new-yorkaise   -  la quête de la source   -   la mort   -  derrière la mort  -   L’avenir  -

 

ST EXUPERY - LA SAGESSE DU PETIT PRINCE A la recherche de l’enfant perdu avec Saint-Exupéry

Pierre Lassus

Edition Albin Michel

 2014

Qui n’a pas lu et relu Le Petit Prince, le livre le plus vendu au monde ? Pourtant, malgré notre tendresse pour le personnage, qui a vraiment pris au sérieux son message ?

Pierre Lassus ose ici une telle démarche : en relisant cette histoire unique à la lumière du parcours tourmenté de son auteur, il y a reconnu un véritable « Evangile selon Saint-Exupéry ». L’expression n’est pas trop forte, car l’écrivain, qui peinait alors à terminer le volumineux « citadelle », qu’il désignait lui-même comme sa « bible », est parvenu en quelques pages à nous livrer son testament spirituel.  L’auteur a étudié en profondeur la biographie quelque peu erratique de Saint-Exupéry, de la mort de son père lorsqu’il n’a que quatre ans jusqu’au mystère de sa propre mort en Méditerranée, et il met en lumière le génie d’un homme déchiré, qui a su transmuter ses difficultés personnelles pour transmettre un message universel.

N’est-il pas abusif de résumer, de restreindre Le Petit Prince à cet enseignement unique de devoir retrouver son enfance pour accéder à la plénitude, retrouver l’harmonie de son être ? En partie, oui, mais telle est bien la leçon essentielle du conte, et les autres enseignements à portée philosophique ou morale, soit en découlent, soit l’étayent ou apparaissent comme secondaire.

Ainsi l’énoncé célèbre : « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », ce secret que le renard offre au petit Prince, n’est-il pas compréhensible qu’à partir du moment où il est possible de s’identifier à l’enfant qui a la capacité de saisir l’essence des choses parce qu’il n’a pas encore muselé ses émotions, et c’est bien ce qu’il se passe dans ce récit : c’est immédiatement après qu’il a, pour la première fois, pu évoquer son enfance, car cette maison qui cache un trésor, l’aviateur soudain, comprend que ce qui fait la beauté des choses est invisible.

Au sommaire de cet ouvrage :

La fin du commencement - une drôle de petite histoire - Une énigme - une planète à peine plus grande qu’une maison - D’un astre à l’autre - la voix qui crie dans le désert - sur la terre comme au ciel - Tribulations - et verbum caro factum est - tu es mon fils bien-aimé - Eli,Eli, lema sabaqthani - Dessines- moi un mouton - L’annonciation - L’ascension - le découvrement - la rose et le mouton - la sortie d’Eden -

 

ST EXUPERY  - RḖFLEXION SUR LE  PETIT PRINCE ET L’INITIATION PAR LE CONTE

Walter Boralis

 Arcadia

 2005

Conte initiatique et humaniste, qui interroge notre être profond et notre civilisation. Texte littéraire reconnu dans le monde entier comme un joli conte pour enfant, il est aussi porteur d’une critique forte et engagée de l’homme contemporain et du monde qui l’entoure. Il réaffirme la nécessité de solidarité, d’amour, d’ouverture à l’autre. C’est aussi une invitation d’Antoine de Saint-Exupéry à retrouver l’enfant en soi, conte philosophique tout en tendresse et poésie. Le roi, le vaniteux, le buveur, le businessman, l’allumeur de réverbère, le géographe, le serpent, l’écho, le renard etc… tous seront sur la route du Petit Prince, petit bonhomme à l’écharpe dorée, au regard candide, neuf.

 

Le Petit Prince est sans aucun doute un des plus beaux plaidoyers jamais écrits contre le nihilisme et pour le réenchantement de la vie. C'est un chef-d'œuvre, une consolation, un puits dans le désert du monde, une promesse... "

Lorsqu’en 1942 Curtice Hitchcock, l’éditeur américain de Saint-Exupéry, lui demande de rédiger un « conte de Noël », il cherche à exploiter sa notoriété immense aux États-Unis pour réaliser une opération commerciale. Saint-Exupéry s’attelle à la tâche, mais, préoccupé par d’autres questions d’ordre existentiel, il va alors faire évoluer l’idée initiale vers un projet autrement plus ambitieux : Le Petit Prince dépasse le cadre du conte pour devenir un mythe. 

 

La reprise de la structure du conte philosophique : Le Petit Prince reprend le schéma du conte philosophique tel que Voltaire a pu l’inventer, avec « Candide » ou « Micromégas » par exemple : comment ne pas voir en effet dans le voyage intersidéral du petit prince une réécriture de la visite de la terre par un extraterrestre venu d’une planète proche de l’étoile Sirius, conte qui s’inspirait lui-même de la mode des voyages extraordinaires ? Les visites successives des six planètes puis de la terre par le petit prince, où chaque planète constitue une étape dans la formation du petit prince, donne ainsi au récit une dimension clairement initiatique qui l’enracine dans le genre du conte philosophique. 

 

La reprise des codes du conte philosophique : Mais surtout Le Petit Prince s’inscrit dans la dimension satirique propre au conte philosophique. En effet, Saint-Exupéry reprend également la technique du regard étranger, inaugurée par Montesquieu dans ses Lettres persanes, où le regard perçant des Persans rend soudain visible les bizarreries du mode de vie français que les Français, anesthésiés par l’habitude, n’arrivent plus à déceler : le regard étranger par sa naïveté feinte porte une critique de la société et Voltaire exploitera ce procédé du regard candide et ingénu dans… Candide et L’ingénu. Le point de vue naïf et innocent, typique du regard enfantin que porte le petit prince, se manifeste dans la conclusion de la visite de chaque planète : « Les grandes personnes sont décidément très bizarres » et permet de dénoncer aussi bien le comportement du roi que du vaniteux, du buveur, du businessman ou du géographe – personnages croqués qui ne sont pas sans rappeler les portraits de La Bruyère dans Les caractères (d’où leur absence de nom).

 

Une parodie de conte philosophique : Saint-Exupéry dépasse cependant le simple cadre du conte philosophique et le réécrit parfois de façon parodique : « [Un astronome turc] avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un congrès international d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement, pour la réputation de l’astéroïde B 612, un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s’habiller à l’européenne. L’astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis ». Cet épisode constitue une réécriture du célèbre « Comment peut-on être Persan ? » de Montesquieu, mais sur un mode dégradé : peut-être peut-on voir Mustapha Kemal Attatürk dans la figure du dictateur turc mais c’est surtout l’antiphrase “ heureusement ” qui donne tout son caractère ironique à ce passage… 

 

Un conte à la frontière du mythe : Mais à partir de la rencontre avec le renard le texte change de dimension et quitte le conte pour entrer dans le mythe. Le petit prince ne rencontre plus des personnages humains mais des animaux symboliques (le renard et le serpent), qui vont lui dévoiler des vérités éternelles – à la différence du conte où le parcours initiatique dévoile des vérités personnelles sur le héros : « l’essentiel est invisible pour les yeux » (qui reprend la théorie de Platon sur le monde des Idées qu’illustre l’éléphant caché dans le boa) et « on ne voit bien qu’avec le cœur » (qui reprend la distinction de Pascal sur les vérités sensibles au cœur, c’est-à-dire à l’intuition, par opposition aux vérités que l’on peut atteindre par la déduction et la raison). 

 

Paradoxalement, c’est ce petit livre, tant décrié à sa parution en 1943 et que l’on taxa de futilité en temps de guerre, qui assure aujourd’hui la notoriété de l’auteur ; peut-être parce que – plutôt que de chercher à être immédiatement utile – il s’est intéressé à ce que l’amitié, l’amour et la mort peuvent avoir d’universel. Évidemment Saint-Exupéry a bien choisi les titres de ses livres ! ...

"Vol de nuit", "Courrier sud"... Les mots et les images évoqués ainsi concourent tous à exprimer cette direction unique et essentielle de son message, la ligne de force de toute son œuvre : la découverte, le maintien conscient et le partage du Mouvement bien ordonné...

 

Quel message intégral, rappelant le symbole du "Serpent Ouroboros" de l'alchimie! Ne pouvons-nous pas résumer ainsi : la ligne de force de son œuvre, c'est le rappel des Lignes de Forces de la Vie...Le voici déjà, lui qui, pionnier de l'aéronautique ouvre des terrains et des lignes d'aviation, de l'aéropostal "la ligne" et autres itinéraires aériens à travers le monde..., comme si ses conceptions, ses intimes pulsions de vie s'incarnaient ainsi dans la matière. Préoccupation naturelle se "somatisant" pourrait-on dire, en occupation contraire: un couple intérieur-extérieur si souvent antagoniste chez les êtres qui n'ont pas su, ou accepté de, relier déjà leur cœur et leur tête... et dont le métier est douloureusement sans rapport avec leur idéal et leurs souhaits !

 

Saint-Exupéry a constaté cette nécessité d'incarnation; il l'explique très nettement ainsi : "Tu ne trouveras point la paix si tu ne te fais véhicule, voie et charroi". Mouvement vers... la "Terre des Hommes"; vers la découverte, le maintien conscient et le partage d'"un sens à la vie", comme ses autres ouvrages nous le font de nouveau découvrir par leurs titres.

 

Mais attention! "Vol de Nuit", "Pilote de Guerre": tant de difficultés dans ce cheminement obscur et violent de l'existence! Il faudra prendre ses distances, voir les choses "d'en haut" : Le cheminement devient alors épreuve initiatique, Cheminement initiatique; dans le cas contraire le résultat est terrible : "myope et le nez contre, je n'ai rien vu jamais que lâcheté, sottise et lucre. Mais de la montagne où je m'assieds, voici que j’aperçois l'ascension d'un temple dans la lumière".

 

Ayant pris ses distances vis-à-vis des relativités terrestres, grâce à son avion comme par l'intermédiaire du désert, Saint-Exupéry, comme tous les guides dignes de ce nom, les "voyants", les connaissant de quoi que ce soit, a "vu quelquefois ce que l'homme cru voir" (Rimbaud); il peut le révéler pour ses lecteurs, pour ses "amis" au sens phonétiquement cabalistique du mot, pour ceux dont l'âme est déjà proche de la sienne...

 

Qui n'a jamais connu, au lycée ou dans "les chemins de grand vagabondage", une telle rencontre, un tel lien intellectuel et affectif, de "cœur", avec un auteur qui expose pour lui les lignes de force de l'existence, est fort à plaindre! Qui n'a jamais perçu ainsi, comme Dante: Béatrice et Virgile, comme tant de troubadours: la "Dame" comme tant d'autres : des "stars"- modèles, "une étoile pour guider sa marche", aura beaucoup à peiner, à se fourvoyer pour redécouvrir, solitaire, "ce champ de force qui seul l'anime", qui est " direction et tendance vers". "tout le monde n'a pas eu un ami" constate Saint-Exupéry dans le "Petit Prince".

 

Lui, tout comme il lançait des lignes à travers le désert pour transporter les messages des hommes (l'Aéropostale), le voici qui lance, dans tous ses ouvrages, ces "lignes de force", ces "structures" essentielles pour aider dans la traversée d'un désert tant intérieur ("On ne voit rien. On entend rien" (P.P) "le désert c'est moi" (Terre des Hommes) qu'extérieur ("à mille milles de toute terre habitée"... "Où sont les hommes" (P.P). C'est bien là ce que tente de faire tout ouvrage initiatique, toute voie initiatique, diamétralement opposée en cela aux romans "à l'eau de rose", aux récits de cas psychanalytiques et autres ouvrages ("créations" ou conseils ) concluant à la faiblesse inhérente à l'être humain ou à l'ineptie, à l'absurdité de l'existence ; à l'aliénation (alien?)...

 

Saint-Exupéry affirme bien clairement, lui l'existence de liens : "Comptent pour l'homme d'abord et avant tout la tension des lignes de force dans lesquelles il trempe". Pas les impulsions des désirs personnels! Les pulsions sous-tendant celles-ci : il ne s'agit pas "de cultiver tes désirs. Car si rien ne s'y meut, il n'est point de lignes de force"...

 

Ainsi, comprenons-le bien, pas de mouvements vers "le repos du 7ème jour", les "diamants en vrac", "les femmes (qui) se vendent", "l'île heureuse" qui rendraient l'être semblable au "bétail morne"... Non! Le mouvement est en direction des hauteurs de soi-même, de l'origine de soi-même (sens véritable d'"initiation"), vers la "connaissance du nœud divin qui noue les choses", vers le Maître du champ des forces, ce point mystérieux que Saint-Exupéry nomme tout-à-tour "Seigneur", "Dieu", "Eau, Désert", etc...

 

Il s'explique plus catégoriquement à ce sujet : "Les lignes de force créées doivent te dominer de plus haut pour que tu y trouves tes pentes et tes tensions et tes démarches (...) et (pour te) rassembler à quelque chose qu'il n'est point de toi de comprendre". Heureux ceux qui le réalisent et vivent ainsi! Les autres sont en "exil" - et Saint-Exupéry, exilé en Angleterre, incompris de ses amis, calomnié par d'autres sait de quoi il parle! La terre est alors pour eux, comme pour le Petit Prince, un véritable désert... "les grandes personnes (elles), s'imaginent tenir beaucoup de place" (P.P); mais celui qui n'est ni mégalomane, comme le roi rencontré par le Petit Prince, ni un vaniteux schizoïde, ni un drogué s'auto-justifiant toujours, ni un "responsable" de futilités, ni un obsédé de travaux inutiles, ni un... "mouton", sera bien vite amené à "ne voir personne" (P.P passim) sur la terre...Il ne rencontrera que ce qu'il cherche véritablement, même si inconsciemment: un sage renard pour le guider, un Petit Prince qui "réveille" ou un Aviateur en quête, comme lui, de cet "essentiel (...) invisible pour les yeux" (P.P); le Maître n'arrive-t-il pas, comme le révèlent aussi bien le Bouddhisme que la théorie des champs morphogénétiques, lorsque l'élève est prêt ?

 

Les "lignes de force" qui sous-tendent l'existence ne sont-elles pas toujours présentes, actives et utilisables pour l'être qui ne s'enfourne pas, pour les éviter ou les contrer, dans les "trains" où il va "bailler", "dormir", pour l'être qui ne cherche pas à faire "des économies de temps" ? (P.P). Et ne sont-elles pas données à l'être dès sa naissance? Les familiers du "Petit Prince" ou des héros de " l'Oiseau Bleu" de Maeterlinck iront plus loin dans ce constat: ils réaliseront vraiment que l'on puisse "profiter d'une migration d'oiseaux sauvages", de lignes de forces naturelles pour changer de planète!

 

Ce sont de solides champs de forces que révèlent toutes les aventures- devenant ainsi épreuves-aides "initiatiques" - relatées par l'auteur, " des lignes de force dans lesquelles il trempe" lui, comme tous les êtres humains ou les animaux... Leur solidité de base, leur inné consciemment perçu! Voilà bien alors pourquoi le Pilote de ligne s'exclame : "J'ai toujours connu comme tristes les émigrés"... Aujourd'hui, ajoute-t-il, "les hommes manquent de racines" (P.P) car ils les ont quittées pour les "remous contradictoires" de leurs "pentes naturelles", c'est-à-dire de leurs désirs égotiques de leurs "fausses structures (qu'ils) inventent par jeu"..."Ils ont tout désaimanté" (Et le mot, ambigu dans son double-entendement, maintenu par la langue des Oiseaux sacrée, est fort parlant) "en défaisant ce nœud divin qui noue les choses".

 

Les retrouver, les maintenir, ces coutumes, ces traditions, ces fêtes, ces lois et ce langage de l'"empire" c'est sauver la "citadelle", la "demeure" et ses habitants "des projets de sable", de "l'effritement des choses", de l'existence ou l'on vit "seul, sans personne avec qui véritablement parler" et "tellement triste"  "Je t'ai dit qu'il fallait des objets reliés", lance Saint-Exupéry... 

 

Reliés avec le passé... liens par là, avec ce que Saint-Exupéry nomme "Dieu", "Rose", "Renard", "Petit Prince", c'est-à-dire lien avec un état édénique que l'on a connu imagé par des êtres, des choses, des mots "imagerie", "symboles", "concepts", qui rappellent, comme "le blé qui est doré" fera "souvenir (...) des cheveux couleur d'or" du Petit Prince et ("Ce sera merveilleux" !) de lui, par conséquent, de son amitié...

 

L'existence est ainsi ritualisée... et Saint-Exupéry est formel : "il faut des rites. un rite c'est quelque chose de trop oublié". C'est un cérémonial "à la façon d'un conte de fées pour ceux qui comprennent la vie", ou, comme tous les "livres de l'enfance, (...) notant tout le long les prières, les concepts charriés par cette imagerie" réitération de légendes au sens étymologique de "liens", une ligne de force qui "charrie" partout et toujours des "vérités" symboliques", des " concepts strictement religieux" (étymologiquement encore : qui relient !), " l'amour, les trésors invisibles, le sacrifice, l'universel".

 

Nous trouvons ainsi : le Puits du Village, le Désert, le Serpent, le Baobab, la Rose, le Volcan, le Petit Prince, l'Avion, les Etoiles, la Maison, l'Eau, dans "le petit prince" et, ailleurs, la Sentinelle, la Jeune Femme criminelle, le Père, les Courtisanes, la Panne, le Berger, le Forgeron...Tous sont, dans le cheminement initiatique, "souvenirs d'étapes et d'efforts et de sacrifices", objets qui rayonnent, comme le "puits dans le désert" d'une "invisible (...) beauté", de cet "essentiel (...) invisible pour les yeux" mais qui touche "le cœur", "embellit", chante, révèle en fin de compte " le nœud" entre les choses. Il y a en effet, conclut Saint-Exupéry, "ta présence au travers qui me permet d'y déchiffrer" une construction future, car "les objets sont vides et morts s'ils ne sont point d'un royaume spirituel".

 

Ainsi, on l'aura compris par ces exemples, "les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l'espace" : des images éternelles qui, comme des fils invisibles, me relient éternellement à ma "vérité (qui) se creuse comme un puits", à ce qui "rassemble", à la "semence" qui fait espérer les moissons et "se réjouir de la croissance des moissons", aux "assises de la citadelle", à cette Terre que "la corde du puits accouche" et qui "redonne le goût des victoires"..

On demeure ainsi, par ces vecteurs, ces lignes de force entre la réalité profonde originelle et le présent, dans l'intimité et la plénitude, chez soi, dans la sérénité, dans la conscience cependant de la nécessité de maintenir et cette connaissance, et le processus de création pour les générations futures. Oui! "tout s'ouvre sur plus vaste que soi" : "la manivelle rouillée est cantique", "un puits porte loin... comme l'amour" (Terre des Hommes), et tout objet ainsi re-sacralisé, relié par cette conscience des Rites fera le même.

 

Mais ce sont là, bien entendu, des liens ainsi et aussi entre les hommes : liens entre le Pilote et le Petit Prince, entre le Petit Prince et le serpent ou le Renard (très humanisés !), entre Saint-Exupéry et ses lecteurs à qui il s'adresse personnellement, les priant de lui écrire...C'est ce qu'il veut établir car si les hommes "ne savent plus ce qu'ils cherchent", lui, Saint-Exupéry, sait que ce qu'ils cherchent "pourrait se trouver dans un peu d'eau ou dans une rose" : "soyez mes amis", crie le Petit Prince ! "Créez des liens" conseille le Renard, car "il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis" (P.P)! Il faut donc apprendre à "apprivoiser" : "cela signifie créer des liens"... mais cela peut-il se faire avec des "gens sérieux" qui ne parlent que de "bridge, de golfe, de politique et de cravates"?

 

Non! Il faut "organiser", "opposer son arbitraire à cet effritement des choses et n'écouter point ceux qui parlent des pentes naturelles" : " je les sollicite de m'aider" conclut Saint-Exupéry, comme le renard avait prié le Petit Prince de suivre le rituel de l'approche, des horaires..."Seuls sont frères les hommes qui collaborent" explique Saint-Exupéry ; aussi va-t-il inventer "un empire ou tout soit fervent", soutendu par les forces vives des êtres humains qui doivent s'en ressentir "dominés". Il les invite à la soumission, ainsi, à leurs intimes moteurs; non à la passivité! "les sédentaires de cœur (...) qui n'échangent rien ne deviennent rien" affirme-t-il, tout comme Nietzsche ("tout n'est que passages que Dieu emprunte") ou Teilhard de Chardin, un de ses auteurs favoris ("arrière les immobilistes! La vie n'est que perpétuelle découverte"!)...

 

Éternel message des enseignements initiatiques : Yin et Yang de l'androgynat, Détachement et "extinction de l'extinction": "Il faut se soumettre pour survivre" mais "il faut lutter pour continuer de vivre». Nous le constatons, si nous résumons ainsi son œuvre par cette phrase synthétique, Saint-Exupéry prône en fait le seul : 

 

LIEN AVEC SOI...Lien avec ses racines, car l'être "vaut, dans le désert, ce que valent (ses) divinités" Lien avec son monde extérieur auquel il confie des images utiles ("s'ils voyagent un jour ca pourra leur servir") (P.P) des mots d'ordre "urgents" "pour avertir ses amis d'un danger qu'ils frôlaient depuis longtemps sans le connaître", des conseils ("Ne vous pressez pas, attendez un peu sous l'étoile"), de justes catalyseurs ("ma maison cachait un secret au fond de son coeur") (P.P).Voilà bien une nourriture vitale sous forme d'aliments des sens physiques, émotionnels et mental pour qu'elle "se fasse aliment pour le coeur") (P.P). Lien avec le monde intérieur, avec ce "cœur" pour qui l'eau trouvée dans le désert, la Source de la Vie, est bonne; avec ce cœur pour qui cette "eau-là" doit être cherchée (P.P), cette eau merveilleuse, cette "bonne eau" de Byron, transfigurée par le don ("la différence réside dans le don (...) acte de baigner de son amour") : dans le lien d'amour au-delà des formes, cet "amour exprimé", seulement là... Car " quel serait ton bonheur si tu n’avais pas ceux que tu éclaires? ", questionne Nietzsche ; l'essentiel du cierge n'est point la cire qui laisse des traces mais la lumière" explique Saint-Exupéry.

 

LIEN AVEC L'ESSENTIEL... "Quiconque demeure logique tue en lui la vie"... et c'est pourquoi Saint-Exupéry nous avertit que ce lien d'Amour est "mystérieux" : il relie à l'unité ontologique de tout, dans la source initiale où l'Initiation est censée faire pénétrer; il est ligne de force entre l'homme et le terre-Mère ("Celui qui épouse le puits épouse la terre" ), entre la terre et "dieu" ("la marche vers Dieu"), Dieu étant dit également "Citadelle, Épanouissement, Mystérieux Rayonnement", le nœud divin qui noue les choses, le Centre des "liens avec le monde" : "je te conduirais à l'épanouissement de toi-même" à la "drôle de petite voix qui réveille et qui sait" (P.P) écrit l'auteur...Évidemment ce nœud octroie la toute conscience et la toute connaissance : Comment le Petit Prince connaîtrait-il autrement l'existence des moutons, absents de sa planète? Comment devinerait-il que la panne est réparée ("Comment sais-tu?" questionne le pilote) ou que l'heure de quitter la terre est arrivée? "On ne voit bien qu'avec les yeux du cœur" : mais ce "Cœur", Saint-Exupéry ne cesse de la rappeler, n'est pas le cœur des désirs! En cette source même la faim et la soif n'existent pas : le Pilote le remarque bien au sujet du Petit prince qui, de plus, " ne mesure pas le danger" et ne craint pas la mort.

 

Ainsi tout le cheminement de l'existence, consciemment vécu, donc en état de "bonheur" ("démarche d'obtenir") se perçoit comme une remontée par des filières, des lignes de force, des images, des symboles, des héros reliés entre eux par des mythes, des légendes, vers l'ouverture "sur plus vaste que soi", sur la délivrance qui permet la seule vraie création. Ces lignes, ces fils lumineux, ces "émanations" Don Juan les a évoqués pour Castaneda au cours du cheminement initiatique de ce dernier; n'est-ce pas une image similaire que le Christ, à ce que rapportent les Évangiles, utilise pour envoyer ses disciples pêcher les âmes? "Les Noces Chymiques" de Christian Rosencreutz ne parlent-elles pas de même d'une pêche à l'homme au moyen d'une corde lancée du sommet de la grotte où il attend ?...

 

Saint-Exupéry, en révélant aussi vigoureusement leur présence, réveille et révèle leur souvenir dans la pensée du lecteur, leur présence au coeur des choses les plus anodines ou dégénérées. En leur exposant les lignes de force dont sont issues les "pierres avec lesquelles ils bâtissent la haine", peut-être s'en serviront ils pour "bâtir l'amour", pour suivre les souhaits réels, les pulsions non égocentriques et non les impulsions individuelles; au-delà, donc, "des biens en grand nombre (où) il est offert aux hommes plus de chances de se tromper sur la nature de leurs joies" ? Car "il ne s'agit point de nous; nous sommes ensemble passage pour Dieu qui emprunte un instant notre génération et l'use"...Ils atteindront alors à la "perfection de l'état de l'homme", à cette créativité de la Nature naturante en eux; de même, "le cèdre se nourrit de la boue du sol, mais la change en épais feuillage qui se nourrit, lui de soleil"...

 

Ainsi replacé en sa juste filière originelle, "l'orgueil (des hommes) devient tour et temple et rempart" de la "citadelle"; "leur cruauté devient grandeur et rigueur dans sa discipline. Et voilà qu'ils servent une ville née d'eux-mêmes et contre laquelle ils se sont échangés dans leur cœur". La Voie initiatique, c'est donc faire "germer et croître" l'être humain, mais lui accorder, de plus, la conscience de son action: telle est la plénitude à laquelle l'homme peut atteindre si un maître du désert peut le nouer à ces lignes de vie, l'apprivoiser, le faire "collaborer" ("tous à travers tous et à travers chacun" à l'"œuvre" et le rendre "responsable d'un empire qui n'est pas des choses mais du sens des choses 

 

L'appel de ce maître : " Je suis la clé de voûte d'un certain goût des choses et je te noue. Et s'en est fini de ta solitude". C'en est fini alors du "Mozart assassiné", de la "belle promesse de la vie" en l'homme "marquée par la machine à emboutir de la civilisation"... C'en est fini alors "des fourmis pour la vie de la fourmilière", des feux "sans emploi ni règle" (toujours prêts à éclater comme des volcans longtemps réprimés). "Bien ramonés de leurs connaissances mortes", de leur ironie de cancre", de leurs liens avec les biens matériels, de leur mensonge et délation, de leur racornissement hors échange, les êtres humains brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions"... "grand miracle de la mue et du changement de soi-même". Ultime épreuve du Cheminement initiatique, si l'expression "soi-même" est justement comprise, non comme entité profonde mais comme entité globale! Ultime épreuve à laquelle Saint-Exupéry nous convie par chacune de ses lignes dont nous avons tenté de dégager, en quelques lignes, les grandes lignes! De là, tout commence alors de la vraie Vie où "tous les pas ont un sens" et qui se synthétise ainsi : "je protège celui qui de son aïeul le chanteur hérite le poème anonyme et, le redisant à son tour, y ajoute son suc, son usure, sa marque. Car je suis d'abord celui qui habite (...) et les sollicite (tous ses semblables) de m'aider"... 

 

Cheminement initiatique, pour Saint-Exupéry comme pour son lecteur, à travers les lignes qui sous-tendent et rassemblent les images-clefs de tout quotidien; lignes de parcours "aérien" pour lui comme pour le lecteur; seulement en densités différentes pour l'un et pour l'autre, suivant le degré d'incarnation ou de simple constat intellectuel de chacun... Voie opérative ou spéculative de l'Alchimie... Préhension ou compréhension pour la future conjonction des deux; respectivement volatilisation du fixe (solve) ou fixation du volatil (coagula)... réseau de lignes d'aviation ou immense réseau international de tous les passionnés, de tous ceux qui offrent à leurs amis leur livre de chevet, ce "Petit Prince" l'un des ouvrages les plus traduits au monde...

 

 

Nous le percevons bien: toute l'œuvre de Saint-Exupéry est ésotérique, c'est-à-dire qu'elle contient non un enseignement "caché" mais l'Enseignement de ce qui est caché sous les formes de la nature. Enseignement, donc, initiatique, c'est-à-dire aidant à la découverte, sous ces formes, de "l'essentiel invisible pour les yeux", de l'importance des choses au-delà de leurs beautés "vides", ce que les aveugles, les "sans-cœur" nient, ne l'ayant point perçu et qui, par conséquent, n'est pas un enseignement généralisé..."C'est pourquoi tu ne sauras point, si nul ne descend vers toi de sa montagne et ne t'éclaire, quelle route à suivre te sauvera. De même que tu ne croiras point aussi savamment que l'on te raisonne, quel homme naîtra de toi ou s'y éveillera puisqu'il n'y est point encore. C'est pourquoi ma contrainte est puissance de l'arbre et par elle, libération de la rocaille"...

 

En cette fin de XXème siècle, beaucoup préfèrent suivre la pente de leurs désirs personnels, refusant "le chef, le maître, le responsable" : et cela se comprend! Les jeunes, notamment éprouvent une immense soif de liberté individuelle, traumatisés, castrés, ou voyant les autres l'être, par de fausses structures" dont "faible et pitoyable est la joie que l'on tire, par la machine à emboutir...Observons : à ceux qui posent des questions sur les "énigmes", la réponse des "marchands de pilules perfectionnées", des "gens sérieux", des gens qui se disent "qualifiés", n'est jamais : "Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé", "On ne voit bien qu'avec le cœur", "les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent"

 

Non! Avec "opportunisme", créateurs de "faux litiges", de clans, de sectes, de partis, et de factions, comme des chiens qui tournent autour de l'auge" qu'ils convoitent, car "n'ayant point encore compris, ils s'indignent ; et ils exposent "leurs mauvaises raisons", les matériaux de leur vaine justice...Ne sont-ils pas, eux, "soumis aux illusions de leur langage", inconscients du "seul patrimoine à sauver", agglutinés qu'ils sont aux "temples auxquels ils tiennent" ? Ils condamnent alors l'attitude "élitiste", voire la "mégalomanie" de celui qui a des réponses simples à tout. D'autres que Saint-Exupéry avaient déjà transmis de telles réponses; d'autres de ces porteurs de lumière, de solutions aux questions humaines vitales; il fut suivi également d'autres personnages à fonction d'"ami «-qui-prend-par-la-main, "car le véritable enseignement n'est point de te parler mais de te conduire". Certains les nommeraient sans nul doute aujourd'hui, avec dédain, des "gourous", si un phénomène de mode... ou de conscience faisait redécouvrir "en grand" les Gide, les Rimbaud, Georges Sand, etc... qui avaient tenté de véhiculer certaines vérités de base... Et les calomnieraient, leur lançant des traits, des flèches -lignes de tir en contre-offensive de ceux à qui leurs lignes de conduite ou leurs lignes "inspirées" déplaisaient!

 

Les calomnies dont il est l'objet... Ses ennemis... notent les éditeurs de Citadelle : ce sont d'autres lignes de force, celles de "celui qui cherche à connaître"...Celles de Saint-Exupéry sont celles de celui qui "sait que l'esprit seul gouverne les hommes et qu'il les gouverne absolument" et voit "l'arrangement". Lui, il demeure serein, éternel, rappelant éternellement : "Je t'ai dit qu'il fallait des objets reliés ( ), pour te faire communiquer avec des trésors de plus en plus vastes". Les autres "s'écorchent aux ronces, luttent contre le fouet des rafales" ; "leur liberté, c'est la liberté de n'être point"; On n'est "plus que partage de provisions dans une réalité haineuse", "dans la hargne de son voisin, la jalousie de son égal, l'égalité avec la brute".

 

Non! Crie Saint-Exupéry à longueur de page, à toutes les lignes : "J'espère, moi, que l'on me donne le meilleur. Car, alors seulement, vous voilà grands". Que l'on crée le meilleur! "Il s'agit de la soumission, non de chacun à tous mais de chacun à l'œuvre et chacun force les autres de grandir". Pas pour paraître, pas pour gagner de l'argent, de la considération, du pouvoir; pas pour être mieux dans sa société "fourmilière"! Non! Pour la seule plénitude, la seule force manifestée pour "inventer un empire où tout simplement tout soit fervent", où tout soit lié par "le nœud divin qui noue les choses" : Au-delà du psychologique, du personnel, de la personnalité, de l'"humain"!  La perfection tout simplement! Et "la perfection", c'est l'échange en Dieu... et c'est l'initiation au sens véritable du mot et du concept

 

 

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TEILHARD DE CHARDIN ET L’INDE

Maryse Choisy

Editions Universitaires

 1963

Maryse Choisy rencontra Teilhard de Chardin en 1939, et eut une sorte de coup de foudre pour ce Jésuite. Plutôt agnostique, elle va à son contact totalement changé et va se mettre à étudier toutes les facettes de la spiritualité. Le Père Teilhard de Chardin entretiendra avec elle une correspondance importante et suivra pas à pas les progrès de sa protégée.

 

Teilhard n’aimait pas trop l’Inde, M. Choisy au contraire se plongea dans la culture hindouiste avec le Yoga, la Kundalini et les textes sacrés. Teilhard pensait que l’hindouisme était une voie substituée avec ses karmas, ses réincarnations, ses samsara, alors que sa formation de jésuite y était opposé.

 

Maryse Choisy défendra sa position pro-Inde et à travers sa correspondance essaiera de lui prouver le bienfondé de cette tradition qui, ne contredit nullement le « développement par réflexion et surconscience » du phénomène humain.En 1947 Teilhard reconnut que un dialogue interreligieux entre hindouisme et christianisme était une bonne chose, et donc fit machine arrière sur de nombreux points et par la suite accomplit cette synthèse, cette convergence entre Orient et Occident, c’est ce qu’il écrira en 1947 :

« En tout domaine de réflexion aussi bien religieuse que scientifique, c’est seulement en union avec tous les hommes de toutes les traditions que l’on peut espérer atteindre le fond de soi-même, non pour nous initier à une forme supérieure d’esprit, mais plutôt grossir et enrichir par double effet de résonnance, la nouvelle note mystique montant de l’Orient, tel me parait en définitive le rôle indispensable et la fonction essentielle de l’Extrême-Orient ».

 

Ce texte, Teilhard l’écrivit en octobre 1918. Le souffle de la Grande Guerre y passe en filigrane, mais aussi tout le drame de la condition humaine qui se prolonge dans le rêve de la Grande Monade. «

 

Et moi, j’ai eu peur, et le vertige s’est emparé de moi-même, quand mesurant les limites étroites où s’enfermait le globe radieux, j’ai pris soudain conscience de l’isolement irrémédiable où se trouve perdue la gloire de l’Humanité…Les hommes, jusqu’ici, ont toujours vécu à l’ombre des réalités humaines plus grandes qu’eux-mêmes… Pour la première fois, ce soir, en remarquant le bloc unique où nous sommes, tous, à la veille de nous trouver pris, j’ai eu l’impression d’émerger hors de notre race et de dominer un ensemble fermé; et j’ai senti comme si, tous, accrochés les uns aux autres, nous flottions ensemble dans le vide »

 

Dans une lettre datée du 12 octobre 1926, de Tien-Tsin, Teilhard avoue à l’abbé Gaudefroy :« Je rêve d’une espèce de « Livre de la Terre », où je me laisserais parler, non comme Français, ni comme élément d’un compartiment quelconque, mais comme homme, ou comme « terrestre » simplement. Je voudrais dire la confiance, les ambitions, la plénitude, et aussi les déceptions, les inquiétudes, l’espèce de vertige, de celui qui prend conscience des destinées et des intérêts de la Terre (Humanité) tout entière. Dans ces pages, où je ne chercherais à m’accorder avec aucun des courants d’idées reçues, mais seulement à traduire ce que je sens, je voudrais faire passer l’expression de ma foi en l’œuvre humaine et l’unité humaine, — de ma colère contre les cloisons et les plafonds qui compartimentent encore des fragments spirituels destinés à se joindre, — de notre déception en nous voyant emprisonnés sur une boule dont l’intérêt limité s’épuise, de notre angoisse en nous voyant seuls, tous ensemble, au milieu de l’espace sidéral… »

 

Cette conscience planétaire, si proche déjà de la sensibilité indienne, est dans le style du prophète. Indienne aussi, la manière de dépasser l’angoisse de la mort. Il n’y a qu’une seule issue vers la plus grande Vie, — et c’est la Mort. La seule vraie mort, la bonne mort, est un paroxysme de vie : elle s’obtient par l’effort acharné des vivants pour être plus purs, plus unis, plus tendus hors de la zone où ils sont confinés.

 

Son propre salut ne suffit pas à Teilhard. Dès 1923, il est tout entier dans son désir d’achever l’Univers avec Dieu. « Puisque, une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l’Aisne, mais dans les steppes d’Asie, je n’ai ni pain, ni vin, ni autel, je m’élèverai par-dessus les symboles jusqu’à la pure majesté du Réel, et je vous offrirai, moi, votre prêtre, sur l’autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde, Jadis, on traînait dans votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux. L’offrande que vous attendez vraiment, celle dont vous avez mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser votre faim, pour étancher votre soif, ce n’est rien moins que l’accroissement du Monde emporté par l’universel devenir. »

 

Teilhard veut « psychiser » la matière, car la forme supérieure d’existence et l’état final d’équilibre pour l’étoffe cosmique est d’être pensée. Il veut donc sauver la pensée du monde et par là donner un sens nouveau au monde. Il veut rapporter la terre à Dieu et ainsi donner une valeur à la terre. Dans ce dépassement, sans le savoir, il rencontre les Upanishads. Cet amour de la terre émet un son unique dans la spiritualité chrétienne. Rome l’a reproché à Teilhard. L’Osservatore Romano du 30 juin-1er juillet 1962 parait scandalisé par ces lignes.

 

Oui les mythes ont toujours raison. Teilhard de Chardin éternellement présent nous aide à vivre, et nous savons déjà que nous ne mourrons pas…

 

TEILHARD  DE  CHARDIN -  introduction à la pensÉe de teilhard de chardin

Claude tresmontant

Edition Du Seuil

 1956

Il convient de distinguer dans l’œuvre de Teilhard de Chardin plusieurs plans ou niveaux différents.

 

D’abord l’œuvre technique du paléontologiste puis la synthèse scientifique qui s’est imposée durant 40 ans à ce savant, ce que l’on pourrait appeler « phénoménologie » de T. de Chardin. Enfin sa pensée théologique, sa christologie, sa spiritualité et sa mystique.

 

Avec ce troisième ouvrage paru en 1956, Tresmontant s’offre l’occasion d’approcher l’évolution biologique par le biais des travaux de Teilhard de Chardin, célèbre paléontologue et géologue avec qui il a pu correspondre en le considérant comme un de ses maîtres ; le grand projet de ce biologiste de formation entend associer l’ordre physique à l’ordre métaphysique, ce qui laisse suggérer d’emblée que le physique n’est pas de la « matière brute » dépourvue de signification tel que le présentait Kant.

 

Cette étude porte son attention aux écrits de maturité de Teilhard, soucieux d'un effort de synthèse ; il s’agit de mettre en lumière sa vision scientifique, son plan ; Tresmontant se veut scrupuleux : "Aucun concordisme : mais un effort de cohérence, la quête de l’unité, respectueuse de la diversité des démarches de la connaissance."  "On a accusé Teilhard de concordisme pour avoir tenté cette synthèse entre l'enseignement du réel et l'enseignement de la Révélation.

Le concordisme est un essai illégitime de rechercher dans l'Ecriture sainte des connaissances qui ne sont pas de son ressort, puisqu'elles doivent être fournies normalement par une enquête scientifique. La démarche du Père Teilhard n'a rien de commun avec le concordisme. Parler de concordisme dans son cas, c'est caser paresseusement un problème nouveau dans un tiroir ancien. La démarche de Teilhard ne consiste pas à rechercher dans l'Ecriture des vérités scientifiques – il en est loin ! – mais à laisser se rejoindre en lui les sources du savoir, comme inévitablement l'esprit est amené à le faire, s'il ne veut pas construire artificiellement des cloisons étanches, à l'intérieur de lui-même, entre sa foi et sa science."  

 

L’évolution nous a appris ce qu’était le temps. La grande découverte de Teilhard est que l’univers n’est pas cosmos mais cosmogénèse. Dans un autre sens, l’univers n’est pas clos sur lui-même, il se fait sans cesse et reste à faire, ce qui est l’occasion pour Tresmontant de critiquer ce qu’il appelait "la philosophie tentante", à la mode : La désertion de la question du réel par la philosophie a relégué celle-ci au rang d'une science humaine ; or, la philosophie est bien plus qu’une science portant sur l’humain… Dans son refus du fixisme, Teilhard remarque que l’évolution est orientée selon une loi de récurrence dont l'Omega demeure le phénomène humain. "L'homme n'apparaît  plus, comme dans l'ancien anthropocentrisme naïf, au centre spatial de l'Univers, - mais il se découvre réellement situé au sommet du Temps, à la flèche d'une Evolution orientée vers les hauts Complexes."

 

C’est donc un fait : dans l’histoire de l’univers, nous passons du plus simple au plus complexe : "la biologie ne serait pas autre chose que la Physique du très grand complexe."  Toutefois, le reproche que l’on continue à faire dans ce cas de figure est que le simple n’est pas aussi simple que cela. Le professeur connaît ce reproche. C’est pourquoi il écrit, à la suite de Teilhard :"Assemblés dans l’ordre, les 360 types de noyaux atomiques aujourd’hui reconnus par la Physique, de l’hydrogène à l’Uranium, constituent une hétérogénéité, non une complexité. En ce sens, une Planète est hétérogène elle n’est pas complexe. La complexité est une hétérogénéité organisée." 

 

En effet, par le biais des travaux de Teilhard, Tresmontant constate que nous allons des formes les plus simples aux plus complexes, des monocellulaires jusqu’à l’homme capable de dire "Je". "Avec l'apparition de la Pensée, tout change : la Noosphère [l’ordre de la conscience réfléchie] tend à constituer une unité biologique réelle"   De fait, avec la venue de la conscience réfléchie dans l’univers, la conception traditionnelle du temps éclate : "Contrairement au temps cyclique des mythologies panthéistes, le temps de l'Univers est orienté d'une manière irréversible." (p. 71)

 

Devant ce constat, Teilhard remarque que l’anthropogenèse continue la biogenèse, laquelle poursuivait l’œuvre de la cosmogénèse. La vision de Teilhard est unitive : le terme du monde est l’Unité réelle des êtres dans la diversité de leurs personnes. "L’évolution cosmique poursuit une œuvre de nature personnelle" rapporte Tresmontant. L’être humain aussi est inachevé. Le point dit "Omega" désigne cette personnalisation visée, laquelle a pour axe le Christ, Pantocrator. Le dessein est l’ultra-humain : non pas vers le mieux-être mais vers le plus-être, soit l’accomplissement de la plénitude de l’Homme dans son être 

 

TEILHARD  DE  CHARDIN  LA  MESSE  SUR  LE  MONDE

TEILHARD  DE  CHARDIN

Edition ARQA

 2009

Au centre de la pierre bat un cœur rouge d’étamine. Telle une plaie vive, saisie à chaud par un fer métaphysique dans l’ordonnancement des mots choisis, ce texte fulgure, assurément incandescent, à l’ombilic même du Verbe fait chair. Le retournement transmis opère et cramoisis le discours du pèlerin sauvé. Une parole brûlante comme un bâton d’encens posé au vent des temps, à la cime de la montagne escarpée. Un coin de lumière vive levé à l’aube, par un autre que nous- même et pourtant si semblable aussi. Un livre d’abord, une lecture ensuite, dont on revient marqué, comme après un séjour aux confins des mondes, après la Tour de Babel. Ecrit sous une première forme en 1918, ce texte fut remanié en 1923, en plein désert des Ordos, au cours d’une expédition scientifique et devant l’impossibilité où l’auteur se trouvait alors de célébrer la messe, le jour de la Transfiguration :

 

Puisque, une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l'Aisne, mais dans les steppes d'Asie, je n'ai ni pain, ni vin, ni autel, je m'élèverai par-dessus les symboles jusqu'à la pure majesté du Réel, et je Vous offrirai, moi Votre prêtre, sur l'autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde. Le soleil vient d'illuminer, là-bas, la frange extrême du premier Orient. Une fois de plus, sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la Terre s'éveille, frémit, et recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma patène, ô mon Dieu, la moisson attendue de ce nouvel effort. Je verserai dans mon calice la sève de tous les fruits qui seront aujourd'hui broyés. Mon calice et ma patène, ce sont les profondeurs d'une âme largement ouverte à toutes les forces qui, dans un instant, vont s'élever de tous les points du Globe et converger vers l'Esprit. Qu'ils viennent donc à moi, le souvenir et la mystique présence de ceux que la lumière éveille pour une nouvelle journée ! Un à un, Seigneur, je les vois et les aime, ceux que Vous m'avez donnés comme soutien et comme charme naturel de mon existence.

 Un à un, aussi, je les compte, les membres de cette autre et si chère famille qu'on rassemblée peu à peu, autour de moi, à partir des éléments les plus disparates, les affinités du cœur, de la recherche scientifique et de la pensée. Plus confusément, mais tous sans exception, je les évoque, ceux dont la troupe anonyme forme la masse innombrable des vivants : ceux qui viennent et ceux qui s'en vont ; ceux-là surtout qui, dans la vérité ou à travers l'erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à l'usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément aujourd'hui la lumière. Cette multitude agitée, trouble ou distincte, dont l'immensité nous épouvante, cet Océan humain, dont les lentes et monotones oscillations jettent le trouble dans les cœurs les plus croyants, je veux qu'en ce moment mon être résonne à son murmure profond. Tout ce qui va augmenter dans le Monde au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, tout ce qui va mourir aussi, voilà, Seigneur, ce que je m'efforce de ramasser en moi pour Vous le tendre ; voilà la matière de mon sacrifice, le seul dont Vous ayez envie. Jadis, on traînait dans Votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux. L'offrande que Vous attendez vraiment, celle dont Vous avez mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser Votre faim, pour étancher Votre soif, ce n'est rien moins que l'accroissement du Monde emporté par l'universel devenir. Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par Votre attrait, Vous présente à l'aube nouvelle. Ce pain, notre effort, il n'est de lui-même, je le sais, qu'une désagrégation immense. Ce vin, notre douleur, il n'est encore, hélas, qu'un dissolvant breuvage. Mais, au fond de cette masse informe, Vous avez mis - j'en suis sûr, parce que je le sens - un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l'impie jusqu'au fidèle : « Seigneur, faites-nous un ! ». Parce que, à défaut du zèle spirituel et de la sublime pureté de vos Saints, Vous m'avez donné, mon Dieu, une sympathie irrésistible pour tout ce qui se meut dans la matière obscure, - parce que, irrémédiablement, je reconnais en moi, bien plus qu'un enfant du Ciel, un fils de la Terre - je monterai, ce matin, en pensée, sur les hauts lieux, chargé des espérances et des misères de ma mère ; et là, - fort d'un sacerdoce que Vous seul, je le crois, m'avez donné - sur tout ce qui, dans la Chair humaine, s'apprête à naître ou à périr sous le soleil qui monte, j'appellerai le Feu. Amen. »


Ce texte reprend, ici, les parties essentielles de l’office en une merveilleuse prière lyrique et inspirée (ci-dessus), que la seule manducation des mots permet de savourer intensément.

 

TEILHARD  DE  CHARDIN  le milieu divin

P. teilhard de chardin

Edition DU SEUIL

 1957

Chaque période dans l’histoire de l’Église voit surgir un nouveau type de chrétien, une nouvelle concrétisation et incarnation de l’esprit évangélique. La spiritualité du « Milieu divin » ne nous mène-t-elle pas à découvrir cette forme de vie chrétienne, qui sera celle des chrétiens des temps nouveaux  après le chrétien rendant témoignage de sa foi jusqu’au martyre, illustrant les premiers siècles de l’Église ; après le chrétien ambitionnant l’honneur de servir en chevalier courageux et fidèle le suprême suzerain de l’époque féodale ; après le chrétien préoccupé avant tout de son salut personnel des derniers siècles, - voici le chrétien des temps nouveaux, soucieux avant tout de construire le monde dans le Christ et de contribuer par son effort et son travail à l’édification de son Corps mystique.

Teilhard de Chardin s’est efforcé de dégager les grandes lignes d’une spiritualité chrétienne, fidèle à sa source première, mais toute ordonnée vers la Parousie que tout chrétien attend dans la foi et l’espérance.

Dans cette perspective, le travail, la science, la technique, l’art, toute la culture humaine, prennent leur place dans une conception chrétienne de la vie. « Chacune de nos œuvres, lisons-nous dans le beau livre qu’est Le Milieu divin et qui prend figure d’une nouvelle Imitation pour les siècles à venir, - chacune de nos œuvres, par la répercussion plus ou moins lointaine et directe qu’elle a sur le Monde spirituel, concourt à parfaire le Christ dans sa totalité mystique. »

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La divinisation des activités  -  le problème chrétien de la sanctification de l’action  -  une solution incomplète : la sanctification par la seule intention   -  la solution définitive : l’achèvement du monde « in christo Jesu »   -    La communion par l’action     -   la perfection de l’effort humain    -   l’humanisation de l’effort chrétien   - 

La divinisation des activités : Extension, profondeur et formes des passivités humaines   -  Passivités de croissance, les deux mains de Dieu  -   passivités de diminution   -  la lutte avec Dieu contre le mal  -  notre défaite apparente et sa transfiguration  -  la communion  -  la vraie résignation    - Vues d’ensemble sur l’ascétique chrétienne   -  attachement et détachement  -   le sens de la croix   -  la puissance spirituelle de la Matière  -

Le milieu Divin : Les attributs du milieu divin  -  la nature de ce milieu  -  le Christ Universel et la Grande Communion  -    le gout de l’être et la Diaphanie  de Dieu  -    la pureté, la foi et la fidélité qui opèrent  -   la communion des saints et la charité  - remarques et intensification sur la valeur de ce milieu divin   -   les ténèbres extérieures et les ames perdues  -  L’attente de la Parousie   -

 

TEILHARD de CHARDIN  L’EXPÉRIENCE DE DIEU

 Ph. GAGNON

Edition  FIDES

 2001

Fascinant personnage que celui de Teilhard de Chardin ! Né en 1881, mort en 1955, il demeure d’une étonnante actualité. En réponse à un monde en quête de sens bouleversé par les atrocités de la Première guerre mondiale, il élabore peu à peu la vision saisissante d’un monde entièrement unifié par un centre au-delà de lui. Cette perception est au cœur d’une démarche intellectuelle dans laquelle foi et raison, foi et science s’interpellent, nouant un dialogue d’une grande fécondité.

 

Des ouvrages comme « le phénomène humain ; le milieu divin ; les écrits du temps de la guerre ; ou encore le cœur de la matière », témoignent éloquemment de son intuition : la « mystique vraie » et le mouvement de la science qui spiritualise la terre coïncident et ne font qu’un. En plus d’introduire à la vie et à l’œuvre de Teilhard de Chardin, cet ouvrage se veut un recueil de ses grands textes où il livre ses intuitions mystiques.

 

Quelques citations de Teilhard de Chardin :

 

Ce n'est ni d'un tête-à-tête, ni d'un corps à corps que nous avons besoin, mais d'un cœur à cœur.

 

Ce qui est passé est mort et ne m'intéresse plus.

 

Dans le monde, l'homme est entré sans bruit.

 

En son fourmillement d'âmes, dont chacune résume un monde, l'humanité est... l'amorce d'un esprit supérieur.

 

Il n'existe qu'un seul Mal : la désunion.

 

Il n'y a pas, concrètement, de la Matière et de l'Esprit : mais il existe seulement de la Matière devenant Esprit.

 

L'âme humaine est faite pour n'être pas seule.

 

L'amour est la plus universelle, la plus formidable et la plus mystérieuse des énergies cosmiques.

 

L'Évolution, en découvrant un sommet au Monde, rend le Christ possible, tout comme le Christ, en donnant un sens au Monde, rend possible l'Évolution.

 

L'Homme non plus seulement « un être qui sait » mais un être « qui sait qu'il sait ».

 

La foi a besoin de toute la vérité.

 

La moindre chose qui se forme au monde est toujours le produit d'une formidable coïncidence.

 

Le monde, je le sens de plus en plus, est une grande et terrible chose.

 

Nous ne saisissons positivement qu'une seule intériorité au Monde : la nôtre directement ; et du même coup, par une équivalence immédiate, grâce au langage, celle des autres hommes.

 

Pour continuer à vivre, il faut muer.

 

Rien dans l'univers ne peut résister à l'ardeur convergente d'un nombre suffisamment grand d'intelligences groupées et organisées.

 

Rien ne vaut la peine d'être trouvé que ce qui n'a jamais existé encore.

 

Si nous ne croyons pas, les vagues nous engloutissent, le vent souffle en tempête, la nourriture vient à manquer, la maladie nous terrasse ou nous tue, la puissance divine demeure impuissante et lointaine. Si au contraire, nous croyons, les eaux nous sont accueillantes et douces, le pain est multiplié, nous recouvrons la vue, les morts se lèvent, la puissance de Dieu est comme tirée par LUI par sa force et se répand à travers la nature.

 

Tout ce qui monte converge.

 

Tous ceux qui veulent dire une vérité avant son heure risquent de se retrouver hérétiques.

 

Vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer. Mais vous m'avez interdit de penser, avec absolue certitude, d'un seul homme, qu'il était damné

 

TEILHARD  DE  CHARDINSUR LE BONHEUR,  SUR  L’AMOUR

TEILHARD  DE  CHARDIN

ÉDITION  DU SEUIL

 1997

Comme tous les autres êtres animés, l’Homme désire essentiellement être heureux, mais cette exigence fondamentale, chez lui, prend une forme compliquée et nouvelle. De par son « hominisation » il est devenu un vivant réfléchi et critique. Or ce don de la réflexion entraîne avec soi deux propriétés redoutables, qui sont : la perception du possible et la perception de l’avenir, double pouvoir dont l’apparition suffit à jeter le trouble et la dispersion dans la montée jusqu’alors si cohérente et si limpide de la Vie. Perception du possible et perception de l’avenir, l’une et l’autre se conjuguant pour rendre inexhaustibles et pour disperser en tous sens nos craintes aussi bien que nos espérances… Là où l’animal ne paraît pas trouver de difficultés à avancer, infailliblement, vers ce qui le satisfait, l’Homme, lui, voit, à chaque pas et dans chaque direction, un problème, auquel il n’a pas cessé, depuis qu’il est Homme, de chercher, sans succès, une solution définitive et universelle.

 

Ce petit livre de  90 pages donne la définition de l’amour et du bonheur par ce grand philosophe.

 

Sur le Bonheur : Ajouter un seul point, si petit soit-il, à la magnifique broderie de la Vie ; discerner l’Immense qui se fait et qui nous attire au cœur et au terme de nos activités infimes ; le discerner et y adhérer : tel est au bout du compte, le grand secret du bonheur.

 

Sur l’Amour : L’Amour est la plus universelle, la plus formidable et la plus mystérieuse des énergies cosmiques. A la suite de tâtonnements séculaires, les institutions sociales l’ont extérieurement endigué et canalisé. Socialement, on feint de l’ignorer, dans la science, dans les affaires, dans les assemblées, dans certains comportements – alors que subrepticement il est partout-. Est-il vraiment possible à l’humanité de continuer à vivre et à grandir sans s’interroger franchement sur ce qu’elle laisse perdre de vérité et de force dans son incroyable puissance d’aimer.

 

teilhard de chardin  UN AVENTURIER DE LA MÉTAPHYSIQUE

Claude cuenot

Edition  DU SEUIL

 1962

Novice jésuite en pleine jeunesse, à 18 ans, Pierre Teilhard est, durant la seconde moitié de sa vie et au titre de la science, un transhumant de la planète. Dix fois au moins l’Europe le vit partir pour la Chine, sa patrie forcée d’adoption. Dix fois il en revient, soit directement par Suez, soit par le pourtour océanique de la terre. C’est ainsi qu’il traverse au moins cinq fois le Pacifique de la Chine à San Francisco, et autant de fois l’Atlantique, de New York à Paris ou en sens inverse.

 

En 1931, membre de la Croisière jaune, il s’enfonce avec elle au cœur de la Mongolie méridionale et dans le désert de Gobi, ce qui ne l’avait pas dispensé auparavant de prendre deux fois le Transsibérien dans lequel il frôla le nord de l’Eurasie. Plus tard, il verra encore les Indes, la Birmanie, Java et, à la fin de sa vie, l’Afrique du Sud où le convoquent, en raison de sa compétence de géologue, attestée par plus de cent communications scientifiques, de grands savants ses amis. Sur les bateaux qui lui ouvrent les routes de la mer et du monde, on peut le voir lui-même, comme il le dit de Dieu, «penché sur le Miroir de la Terre pour y découvrir les traits de sa beauté »Cette terre, il la voit d’abord en géologue.

 

Né au pied du Puy-de-Dôme, dans une maison dominée par l’horizon assagi des volcans du Primaire, il ne s’est pas livré comme Pascal à des mesures barométriques, mais il a été un enfant fasciné par la « solidité » et par la « consistance » (XIII, 26). Le « fer » en fut pour lui le premier des symboles. 

 

La guerre de 1914-1918 transforma en déluge de mort ce « fer » qu’il tenait comme enfant dans sa main. Bientôt, ce ne seront plus les tranchées où les hommes agonisent qui lui donneront à penser, mais les grands sites quaternaires, où notre humanité naissante a laissé des crânes et des membres fortuitement fossilisés.

 

En Chine, à Chou-Kou-Tien, Teilhard se trouve à l’heure du rendez-vous préhistorique avec le Sinanthrope. Nous sommes en 1929. Dans les environs de Pékin, se trouvent confirmées à quelque 600 000 ans de nous, les enfances asiatiques de l’humanité et la trace de ses premiers foyers allumés dans l’histoire. Loin de relativiser l’importance de l’homme dans la nature, de telles découvertes sont pour Teilhard le signe de l’enracinement de l’humanité dans l’histoire de l’univers et de la vie.

 

Et puisque nous nous trouvons nous-mêmes en pleine évolution culturelle, et que nous sommes aussi parfois tellement déroutés par elle, pourquoi ne pas voir en Teilhard non pas celui qui a réponse à tout, mais celui qui est allé si loin dans sa réflexion sur l’homme, sur l’évolution et sur le Christ, qu’il peut nous apporter encore énormément par son inspiration ? Teilhard est l’un des premiers à avoir proposé une synthèse de l’Histoire de l’Univers telle qu’elle nous est généralement expliquée aujourd’hui par la communauté scientifique. Sa vision, présentée entre autre dans Le Phénomène Humain, est conçue autour du thème central de l’évolution. Il a notamment développé le concept de « noosphère », enveloppe pensante autour de la terre, et explicité le phénomène de planétisation auquel nous assistons. Il est resté tout au long de sa carrière scientifique internationale en contact avec le Muséum National d’Histoire Naturelle qui accueille sa Fondation.

 

 « Depuis Galilée, écrit-il, il pouvait sembler que l’homme eût perdu toute position privilégiée dans l’Univers, sous l’influence grandissante des forces combinées d’invention et de socialisation. Le voilà en train de reprendre la tête, non plus dans la stabilité mais dans le mouvement, non plus en qualité de centre mais sous forme de flèche du monde en croissance. Néo-anthropocentrisme non plus de position, mais de direction de l’évolution. ». Rappelons à quel titre et avec quelle conséquence. Dans son dernier livre Le genou de Lucie, Coppens  rappelle qu’il y a une « histoire naturelle de l’humanité » : pas seulement culturelle, mais aussi naturelle. De son côté, comme astrophysicien, Reeves a pu dire que « nous sommes de la poussière d’étoiles ». Pas seulement cela, mais cela aussi et d’abord il n’en reste pas moins que l’homme ainsi compris est celui qui a franchi le Rubicon de la pensée, grâce au « pas de la réflexion », c’est-à-dire, commente Teilhard, « au pouvoir qu’il a de se replier sur soi, et de prendre possession de soi-même comme d’un objet doué de consistance et de valeur particulière. Non plus seulement connaître mais se connaître, non plus seulement savoir mais savoir que l’on sait. »  Il n’est donc pas possible pour Teilhard qu’une telle grandeur finisse dans la disparition pure et simple de son bénéficiaire, ce qui serait le cas dans l’hypothèse d’un « univers qui continuerait à agir laborieusement dans l’attente consciente de la mort absolue. Ce serait un monde stupide, un monstre d’esprit, autant dire une chimère. Donc le monde porte en soi [doit porter en soi] les garanties d’un succès final dès lors qu’il admet en lui de la pensée. Un univers ne saurait plus être simplement temporaire, ni à évolution limitée. Il lui faut par structure émerger dans l’absolu. »

 

Il faut en effet pour Teilhard « refonder » ou même plus simplement fonder la dynamique de l’évolution. Elle le conduit, pour sa part, à la redécouverte d’un Dieu au toucher créateur qui soit d’évolution. Capable de désirer, de soutenir, d’accompagner de l’intérieur les effets cosmiques et planétaires des atomes, des cellules, des vivants et finalement des hommes, ce Dieu, Teilhard l’appelle Oméga, ultime lettre de l’alphabet grec. Il veut signaler ainsi l’originalité entièrement singulière d’un type de présence, de fonction et de divine identité, qui relève d’un Dieu dont les chrétiens confessent qu’il s’est incarné. Par son Incarnation, le Christ ne se rapporte donc pas seulement au péché pour le détruire, mais d’abord à l’identité de l’homme dans l’Univers que Dieu veut s’affilier (saint Paul, Ephésiens 1, 2-6). C’est pourquoi, tout en étant « le Rédempteur, [le Christ, pour Teilhard,] n’a pu pénétrer l’étoffe du Cosmos, s’infuser dans le sang de l’univers, qu’en se fondant d’abord dans la matière pour en renaître ensuite. La petitesse du Christ dans son berceau et les petitesses bien plus grandes qui ont précédé son apparition parmi les hommes n’est pas seulement une leçon morale d’humilité. Elles sont d’abord l’application d’une loi de naissance et consécutivement le signe d’une emprise définitive de Jésus sur le monde. C’est parce que le Christ s’est inoculé dans le monde comme un élément du monde qu’il n’est plus séparable de la croissance du monde, tellement incrusté dans le monde visible qu’on ne saurait plus l’en arracher désormais qu’en ébranlant les fondements mêmes de l’univers. » (IX, 89). L’incarnation est donc d’abord une incorporation de Dieu à la réalité du monde qui commande celle de l’homme, pour assurer à l’homme et au monde la signification dont ni l’un ni l’autre, vu l’amour qu’est dieu, ne peuvent finalement se passer. 

 

 « La Résurrection, pense Teilhard, nous cherchons beaucoup trop à la regarder comme un événement apologétique et momentané, comme une petite revanche individuelle du Christ sur le tombeau. Elle est bien autre chose et bien plus que cela. Elle est un événement cosmique. Elle marque la prise de possession effective par le Christ de ses fonctions de Centre universel. Il s’est étendu jusqu’aux cieux après avoir touché les profondeurs de la terre. Ceci suppose donc un déplacement de la réflexion sur l’incarnation, du seul péché à détruire, vers une finitude à transfigurer. Non pas que ce déplacement évacue le péché. Mais ce péché est à comprendre de l’intérieur d’une condition humaine qui cherche dans le monde le pôle absolu dont il ne peut se dispenser… Le message chrétien le lui révèle et c’est ce message qui commande, pour Teilhard, ce qu’on peut appeler sa mystique. 

 

La mystique de Teilhard comporte un programme que l’on peut résumer dans trois verbes qui lui sont chers et par lesquels il définit les conditions du bonheur : se centrer, se décentrer, se surcentrer. »Se centrer » sur soi, afin d’exister dans le monde comme un individu, et non s’y disperser comme une vapeur d’eau. « Se décentrer », pour devenir soi-même grâce à l’amour de l’autre, donné et reçu. « Se surcentrer » sur un plus grand que soi, pour accomplir en nous l’Humanité. Pascal, parlant à mots couverts de l’infini de l’homme, a dit dans une sobriété littérairement géniale que « l’homme passe l’homme ». Or, celui qui passe l’homme sans le détruire, c’est évidemment le Christ.

 

Tel était pour Teilhard « le secret de la Terre ». Tel fut le secret de sa vie. Tel devrait être, à ses yeux, le secret de l’Église à laquelle il demeura fidèle sa vie entière, malgré des incompréhensions cruelles, injustes et continues. Celles-ci auraient pu aigrir à tout jamais un cœur moins généreux que le sien et démobiliser un esprit moins assuré que lui. Mais à ses veux, « il suffit, pour la Vérité, d’apparaître une seule fois, dans un seul esprit, pour que rien ne puisse jamais l’empêcher de tout envahir et de tout enflammer. » (XIII, 117). Ces lignes sont du 15 mars 1955, un mois à peine avant sa mort. De tels propos éclairent ce que fut la vraie mystique de Teilhard qui peut fonder la nôtre. Ils nous disent ce qu’a pu être, à New York, la mort du Père Teilhard le 10 avril 1955, jour de Pâques, fête de la Résurrection.

 

TEILHARD DE CHARDIN  -  LE PHḖNOMḔNE HUMAIN

Teilhard de Chardin

Edition du seuil

2004

« Le choix même du titre l’indique. Rien que le Phénomène. Mais aussi tout le Phénomène. Rien que le Phénomène, d’abord. Qu’on ne cherche donc point dans ces pages une explication, mais seulement une Introduction à une explication du Monde. Établir autour de l’Homme, choisi pour centre, un ordre cohérent entre conséquents et antécédents ; découvrir, entre éléments de l’Univers, non point un système de relations ontologiques et causales, mais une loi expérimentale de récurrence exprimant leur apparition successive au cours du Temps, Mais tout le Phénomène, aussi.  Comme il arrive aux méridiens à l’approche du pôle, Science, Philosophie et Religion convergent nécessairement au voisinage du Tout. Elles convergent, je dis bien ; mais sans se confondre, et sans cesser, jusqu’au bout, d’attaquer le Réel sous des angles et à des plans différents. »

 

Teilhard de Chardin, s’adresse à tous ceux, croyants et non-croyants, qui cherchent un sens à l’aventure humaine. Faut-il rappeler les nombreux témoignages perçus lors de la célébration du centenaire de
naissance de Teilhard, en 1981 à l’UNESCO ? Nous découvrions alors que l’ouvrage était enseigné dans certaines universités de l’Union Soviétique et des Etats-Unis, pays aux idéologies diamétralement opposées. A partir du moment où une oeuvre trouve un écho multiple, les différentes approches reflètent forcément des sensibilités différentes, sans pour autant trahir la pensée de l’auteur. Un juif et un chrétien n’ont pas la même position face à la Bible. Les chrétiens eux-mêmes se sont déchirés, parce qu’ils étaient en désaccord sur l’interprétation des textes fondateurs. De même, un libéral abordera la pensée marxiste d’une autre façon qu’un marxiste convaincu et vis versa. Si un juif entre dans les subtilités d’un chrétien et un libéral dans celles d’un marxiste, il sera lui-même chrétien ou marxiste.
D’une manière générale, l’analyse de la pensée d’un chercheur ne peut pas être réservée aux seuls initiés. Ce serait l’enfermer dans un cocon dont l’enveloppe serait imperméable à la curiosité des autres.
Il est courant de dire que nous vivons une époque où les Hommes ne croient plus en rien. Qu’en est-il réellement?


Si les idéologies du XXe siècle se sont effondrées, si les religions historiques s’essoufflent, d’innombrables croyances sauvages nourrissent l’irrationnel et connaissent un essor considérable. Elles débouchent sur deux extrêmes : le fanatisme ou la crédulité. Les kamikazes qui se jettent dans la foule en se faisant exploser, ne sont nullement des nihilistes l’image des révolutionnaires russes du XIXe siècle. Ils sont animés d’un “trop plein” de croyance qui pousse à tuer ceux qu’ils considèrent comme des impies. Ils sacrifient leur propre vie, pour accéder félicité suprême auprès d’Allah. Cette croyance poussée au paroxysme, forme également l’ossature sectes dures dont certaines conduisent leurs adeptes au sacrifice de leur vie. A l’opposé de ce “trop plein “ de croyance, apparaît un vide sidéral où évolue l’incroyance qui résulte d’une insatisfaction véhiculée par les religions traditionnelles que Teilhard stigmatise “Autour nous, un certain pessimisme s’en va répétant que notre monde sombre dans l’athéisme. Ne faudrait-il pas plutôt dire que ce dont il souffre, c’est de théisme insatisfait?

 

Comment se présente la “ non-croyance “ aujourd’hui ? Elle n’a pas forcément quitté l’irrationnel. sociétés démocratiques sont à l’origine d’une liberté que les Hommes n’avaient jamais connue et en l’absence de tout repère débouche le plus souvent sur un individualisme exacerbé. Pour un grand nombre, la croyance est devenue crédulité et le religieux a basculé dans la superstition et l’ésotérisme. Pour eux, le gourou, le chaman et l’astrologue ont pris la relève du prêtre, du pasteur ou du rabbin. Les horoscopes apportent les réponses à l’angoisse existentielle de ceux qui veulent savoir mais ne savent qu’ils ne font que croire. Le retour à un monde de croyance gouverné par un pouvoir religieux développant des valeurs supérieures “, n’est plus accepté par les démocraties. Par contre, ce retour se manifeste sur le terreau l’intégrisme. Les théocraties modernes offrent un exemple sinistre de ces résurgences qui rappellent temps archaïques, que l’on croyait à jamais révolus.

 

Le passage du XXe au XXIe siècle est marqué par l’abandon des croyances dogmatiques qui ne se diluent pas dans la “ non-croyance “, mais s’éparpillent dans une nébuleuse de croyances. Les vérités définies jadis, par les religions révélées et par les grandes philosophies, ne sont plus perceptibles. Un doute profond s’est généralisé et devant ce désarroi, une anarchie s’est installée qui consiste à croire tout et n’importe quoi. Les ouvrages ésotériques sont en constante augmentation dans les librairies. Ils dépassent largement le nombre d’ouvrages classés sous la rubrique “ Religion” et “ Philosophie “. S’imaginant émancipés, nouveaux croyants butinent de tous côtés et certains, déçus de ne pas trouver de réponses à leur angoisse, finissent par se réfugier à l’abri d’une secte ou d’une communauté intégriste. échoué, parce qu’elles allaient à l’encontre de la notion de transcendance qui pousse l’Homme à se dépasser lui-même. “ L’Homme passe infiniment l’Homme “ s’exclamait Pascal. Les religions historiques ont-elles pris suffisamment en compte ce vide qui taraude l’être humain? Ont-elles situé Dieu au-delà de tout concept, comme “étant” et non comme” existant “, selon le message de Yahvé à Moïse “Je suis celui qui suis” ?

 

Le savoir a permis au croire de situer la transcendance au cœur de l’évolution dans la direction d’une complexité toujours croissante. Cette complexité ne peut s’abîmer dans l’absurde, à moins de rendre absurde le processus de complexification qui, partie de la matière la plus inorganisée est devenue vivante, puis pensante. Répondant à Sartre pour qui “l’homme est une passion inutile “, Jean Guitton s’écria “Entre l’absurde et le mystère, j’ai choisi le mystère à cause de l’absurdité de l’absurde “. Ce que recherchent les Hommes au fond d’eux-mêmes, sans en être toujours conscients, c’est la vérité par rapport à leur propre réalité, mais aussi par rapport au monde. Une vérité qui donne sens à leur vie. Aujourd’hui, la vérité ne se présente plus sous une forme intangible et définitive, mais au contraire, comme un ordre à créer par l’Homme en vue, non seulement de son plus grand épanouissement, mais surtout de son plus grand accomplissement. Cette démarche est à l’opposé des croyances sauvages qui, par leur incohérence, donnent des arguments à l’agnosticisme et au nihilisme. Une relation étroite doit s’instaurer entre la recherche de la vérité et la découverte d’une désillusion qui accompagne Souvent le progrès Or, le progrès n’est au service de l’être humain que s’il induit une augmentation de conscience, donc de responsabilité qui est le corollaire de la liberté.

 

Teilhard de Chardin définit clairement le progrès comme une “montée de conscience “. Il restera un des grands visionnaires de cette quête toujours recommencée, jamais achevée qui ne peut enrichir l’Homme qu’à travers un équilibre subtil entre croire et savoir, le rôle du savoir étant de décaper le croire de ses archaïsmes: “La marque spécifique de la Vérité est de pouvoir se développer indéfiniment, non seulement sans jamais développer de contradiction interne, mais encore en formant un ensemble positivement construit, où les parties se supportent et se complémentent toujours mieux mutuellement. Dans ce cheminement, l’être humain est appelé à renoncer à deux tentations : s’isoler ou devenir le rouage passif d’une communauté. Pour éviter ces deux pièges : l’individualisme et le communautarisme, il importe que chacun prenne conscience que le “je “ne deviens “ moi “qu’à travers l’autre “. Teilhard nous rappelle que “Pour être pleinement nous-mêmes, c’est dans le sens d’une convergence avec tout le reste, c’est en direction de l’Autre qu’il nous faut avancer.”

 

teilhard de chardin  UNE GRANDE ET SPLENDIDE AVENTURE

Claude CuENOT

Edition ÉCRIVAINS DE TOUJOURS

 1990

Pierre Teilhard de Chardin. Né en 1881. Après des études philosophies, scientifiques et théologiques, entre au laboratoire de Paléontologie du Muséum et passe sa thèse de doctorat ès sciences. Il effectue d’incessants voyages en Égypte, Chine, Indes, Ceylan et aux Etats-Unis. Il participe à la découverte du premier crâne du Sinanthrope puis prend part à la Croisière jaune (1931 – 1932). Il meurt en 1955 aux Etats-Unis.

 

La meilleure façon d’entrer dans la pensée de Teilhard de Chardin est de parcourir l’itinéraire de vie du religieux. L’auteur explique comment le jésuite né au 19e siècle est passé par trois étapes décisives de compréhension du monde, qui l’ont mené à établir sa spiritualité évolutionniste.

 

Dans son enfance, Pierre Teilhard de Chardin était déjà fasciné par la nature, mais dans ce qu’il concevait comme sa «consistance», la pierre, le métal etc. Plus tard, sa constatation que même la matière la plus solide était éphémère et sa découverte de l’évolution organique décrite par le philosophe français Henri Bergson, l’amèneront à considérer que le vivant est la «vraie consistance», en ce qu’il contient la promesse de l’accomplissement, à travers l’évolution. Fort de cette vision, il va tenter de comprendre la finalité de ce mouvement, dans lequel il voit Dieu comme une force qui anime le monde de l’intérieur. Après le vivant, Pierre Teilhard de Chardin décrira «l’humain» comme une étape décisive vers le «point Oméga», le rassemblement universel ultime. A ce stade clé, l’évolution n’est plus poussée simplement par le hasard et la nécessité mais prend conscience d’elle-même. 

 

Le jésuite et scientifique percevait ces tendances vers l’unification comme étant perpétuellement à l’œuvre dans le monde. Il estimait en particulier qu’il existe une aspiration profonde de l’être humain à réaliser son unité, à travers l’amour, qu’il considérait comme une force cosmique. Il voyait dans la venue du Christ sur terre la plus importante manifestation de cette dynamique vers la communion universelle. Pour Pierre Teilhard de Chardin, la Résurrection réalise la victoire de la vie sur la mort, des forces d’organisation sur celles de dispersion et préfigure le «point Oméga».

 

C’est là, un aspect important de la pensée du théologien, pour qui le christianisme n’est pas une «religion de l’évasion». La foi de Pierre Teilhard de Chardin est ainsi «incarnée». Le salut n’est pas dans la soustraction à un monde destiné à la déchéance, mais dans la participation à l’accomplissement de ce dernier. Le jésuite a toute sa vie regretté que le christianisme ait de tout temps tenté de «se dégager de l’humanité». Pour cette raison, le philosophe a toujours soutenu l’action concrète dans le monde, aussi bien à travers l’engagement social que le progrès technique et scientifique.

 

Mais Pierre Teilhard de Chardin a été confronté, dans sa vie, à des événements contredisant à priori sa théorie d’une évolution vers l’unité. Il a notamment vécu l’horreur de la Première guerre mondiale, où il a officié en tant que brancardier, au plus près de la ligne de front. Cette expérience l’a mis devant un choix décisif: admettre l’absurdité du destin et du travail humain, ou tenter de trouver un sens à ce brutal et profond épisode de division de l’humanité. Des expériences parallèles à la violence et la haine des combats le persuaderont que loin de signifier un échec du mouvement vers l’unité, la guerre peut être une étape nécessaire vers l’unification. Il vivra notamment la puissante fraternité entre les camarades de combat, qu’il verra comme la montée d’une force de rassemblement. Il remarquera également que la guerre peut faire éclater le carcan de conventions qui emprisonnent les consciences individuelles. Ces découvertes le mèneront à considérer les événements tragiques dans une théorie de la «montée de complexité», de l’organisation, concomitante à un accroissement de la conscience.

 

Basée sur ces concepts, la pensée de Pierre Teilhard de Chardin adopte une approche quelque peu originale des principaux éléments de la théologie chrétienne. Ainsi, le péché originel n’est pas considéré comme une «perversion de l’histoire du monde», mais comme la révélation de la présence du mal dans le monde. La vision «non académique» du jésuite a provoqué des controverses et une certaine animosité à son égard au sein de l’Eglise. Il a ainsi été, à cause d’un texte sur le péché originel, démis de ses fonctions de professeur de géologie à l’Institut catholique de Paris, et quelque temps «exilé» en Chine par sa hiérarchie, qui craignait les répercussions de ses idées. Pierre Teilhard de Chardin avait le sentiment d’être incompris par les chrétiens de son temps. D’autant plus que son but n’était pas de réviser l’exégèse biblique traditionnelle, mais de juste y apporter une vision contemporaine. François Euvé note que cette prudence vis-à-vis de son confrère jésuite est encore présente dans certains milieux d’Eglise, même si de nombreux prêtres, prélats et même le pape Benoît XVI se réfèrent, souvent implicitement, à sa pensée*. Pour le directeur de revue, cela résulte principalement d’une difficulté d’accepter une vision évolutive de l’histoire et du christianisme. Quoiqu’il en soit, depuis les années 1980, les idées de Pierre Teilhard de Chardin sont de plus en plus admises et étudiées au sein de l’Eglise.

 

« Celui qui aimera passionnément Jésus caché dans les forces qui font grandir la Terre, la Terre, maternellement, le soulèvera dans ses bras géants, et elle lui fera contempler le visage de Dieu ».

 

TEILHARD DE CHARDIN – SA VIE – SON ŒUVRE – SA RḖFLEXION

Patrice Boudignon

Edition du Cerf

 2008

Pierre Teilhard de Chardin né le 1er mai 1881 à Orcines (France) et mort le 10 avril 1955 à New York (États-Unis), est un prêtre jésuite français, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe. Scientifique de renommée internationale, considéré comme l'un des théoriciens de l'évolution les plus remarquables de son temps, Pierre Teilhard de Chardin est à la fois un géologue spécialiste du Pléistocène et un paléontologue spécialiste des vertébrés du Cénozoïque. L'étendue de ses connaissances lui permet de comparer les premiers hominidés, tout juste découvert, aux autres mammifères, en constatant l'encéphalisation propre à la lignée des primates anthropoïdes.

 

Que retenir de cette nouvelle exploration du cas Teilhard, qui fit couler tellement d’encre dans le catholicisme français (et états-unien) d’après la Seconde guerre mondiale ? Plusieurs points, simplement, en insistant sur des dimensions plus théologico-spirituelles qu’historiennes. C’est qu’en effet, face à cette biographie plus que classique dans sa construction et sa psychologisation du personnage (c’est un itinéraire intérieur qui est construit), l’historien ne peut qu’être dépité. Aussi passera-t-on vite sur l’absence de mise en perspective historique, tant en ce qui concerne le catholicisme que la paléontologie ou la Chine, sur la non insertion de Teilhard au sein du milieu intellectuel du premier vingtième siècle, et bien d’autres points encore.

 

On retiendra plutôt la mise en avant de paradoxes teilhardiens qui paraissent fondamentaux. D’abord, le Jésuite eut de très fortes amours féminines successives ou contemporaines (avec Ida Treat, Lucile Swan, Rhoda de Terra, toutes trois mariées ou récemment divorcées, sans oublier sa cousine Marguerite Teilhard de Chardin et sa légataire Jeanne Mortier), sans que jamais il ne violât la chasteté sacerdotale. Ces amours lui servirent en fait à construire sa pensée, puisque c’est souvent par le biais de la correspondance qu’il entretenait avec ses amantes frustrées qu’il teste et formule ses idées. Ensuite, dans la logique de cette chasteté conservée en acte et sublimée dans une correspondance intellectuelle et amicale (qui fit souffrir en particulier Lucile Swan), une obéissance à ses supérieurs qui lui interdisent toute publication – tout en contournant l’interdiction par la diffusion volontaire et bientôt organisée de textes ronéotypés. Bref, un paradoxe vivant, un funambule finalement.

 

Un point cependant, une mention qu’il faudrait sans doute creuser, et dont la seule présence peut justifier le livre. Soit p. 177 une lettre à l’abbé Gaudefroy (de juillet 1932 peut-être, à suivre le développement des pages précédentes) : « Il m’a semblé que, dans l’Église actuelle, il y a trois pierres périssables dangereusement engagées dans les fondations : la première est un gouvernement qui exclut la démocratie ; la deuxième est un sacerdoce qui exclut et minimise la femme ; la troisième est une révélation qui exclut, pour l’avenir, la Prophétie… » Comment ne pas reconnaître ici une des formes du messianisme humaniste du XIXe siècle, lointainement inspiré de Joachim de Flore et étudié notamment par le P. Henri de Lubac dans La postérité spirituelle de Joachim de Flore (1978, 1980) ? Car s’y retrouvent les trois éléments du socialisme ou de l’humanisme romantico-religieux : démocratie, femme, renouvellement à venir de la vérité. Teilhard serait alors à comprendre comme une expression, au sein du catholicisme du XXe siècle, d’une pensée messianique : une relecture spiritualiste de l’évolution matérielle, à partir de textes de l’Écriture plus particulièrement privilégiés (les doxologies des épitres pauliniennes). On comprend mieux alors la dimension gnostique de son expression (« Point Omega, Ultra Humain, Matière amorisée, Être participé de pléromisation et de convergence »…), la rigueur scientifique du vocabulaire paléontologique étant paradoxalement sans influence sur l’expression poétique de la pensée religieuse teilhardienne, affirmée telle et qui revendique pourtant en même temps sa validité métaphysique. Si cette hypothèse est bonne, le succès de Teilhard dans les années 1950-1960, outre les tensions intellectuelles à l’œuvre dans le catholicisme qu’elles révèlent, est à relier au développement de tendances gnostiques parmi les professions intellectuelles et d’encadrement supérieur, qui en France, s’exprimèrent dans Le Matin des magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, puis dans la revue Planète.

 

En tout cas, on est bien loin de la réduction finale de Teilhard par l’auteur à « une extraordinaire leçon d’espérance » (p. 12), à un appel à construire « une société solidaire » qui nous révèlera à nous-mêmes en correspondant à « un désir déjà présent au fond de nous » (p. 384), « cette disposition inscrite au fond de chacun de pour œuvrer ensemble à l’achèvement d’une humanité unifiée » (p. 12). Bref, une sécularisation qui, quoiqu’elle entende prendre au sérieux la pensée teilhardienne, et ce au passage contre l’Église catholique (p. 177-179), ne rend pas justice à l’ampleur de vue du Jésuite, quand bien même celle-ci, d’un pur point de vue théologique assumant l’hypothèse de l’évolution, souffre de graves déficiences, spécialement en ce qui concerne l’historicité du Christ. L’incarnation (avec ce qu’elle implique : la rédemption du péché originel) se manifeste alors bien comme l’originalité absolue du christianisme, et demeure un scandale pour les Juifs et une folie pour les païens. Indirectement, et sans doute involontairement, ce livre en témoigne à sa manière.

 

teilhard de chardin UN MYSTIQUE DE LA TRAVERSÉE

E. de la héronnière

Edition Pygmalion

 2003

Teilhard de Chardin est l’un des grands pionniers de la pensée chrétienne de notre temps. Il a consacré sa vie à définir la place de l’homme dans l’Univers. Eloigné par l’église, ce jésuite a passé plus de 20 ans à explorer la Chine, y menant à bien, ses recherches géologiques et paléontologiques sur les origines de l’homme.

Il a mis au point sa théorie de l’évolution de l’humanité vers une spiritualisation progressive de la matière centrée sur la personne du Christ. Edith de la Héronnière est partie jusqu’en Chine sur les traces de cet homme profondément humain et chrétien, grand voyageur, chercheur insatiable, habité par une curiosité dévorante et doué de talents multiples : car, on l’oublie souvent, il fut aussi un poète de la terre et un écrivain fécond.

L’auteur nous révèle également l’existence d’une grande et bouleversante amitié avec une artiste américaine, elle dégage et met en exergue les grandes lignes de la mystique chrétienne inscrite au cœur de la pensée de Teilhard de Chardin, mystique qu’il mettra toujours en avant, notamment avec sa « Messe au bout du monde »

Prêtre jésuite, géologue et  paléontologue, Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) a été avant tout un inlassable chercheur. Il est l'un des premiers à avoir proposé une synthèse évolutive de l'Histoire de l'Univers et de la Vie telle qu'elle nous est expliquée aujourd'hui par la communauté scientifique, et de l'avoir étendue à une dimension religieuse chrétienne. Sa vision du monde, présentée entre autre dans son ouvrage posthume "Le Phénomène Humain", est conçue autour du thème central de l'évolution : évolution comme montée de la complexité qui supporte la conscience avec l’hypothèse d’une convergence en un point ‘Oméga’, le Christ Universel ou Christ Cosmique de St Paul. Il a notamment développé le concept de "noosphère", enveloppe pensante de la Terre, et explicité le phénomène de planétisation en cours.

Tout au long de sa carrière scientifique internationale il est resté en contact avec le Muséum National d'Histoire Naturelle qui accueille actuellement sa Fondation. Sa vision du monde Teilhard porte sur la matière un regard nouveau. Darwin vient de présenter sa théorie : "… l’homme descendrait du singe !...". L’Eglise, mais pas seulement elle, proteste ! Mais très vite, Teilhard comprend que l’évolution des espèces s’inscrit dans la réalité des découvertes en cours de l’anthropologie. A partir de là, à la place de la représentation ancienne du monde, qui était celle d’un monde figé où l’action de l’Homme, apparu d’un coup et ‘tout fait’ dans la nature, s’inscrivait de façon immuable entre les pôles du bien et du mal, il propose une représentation anthropologique nouvelle dégagée d’une vision du monde compris comme une montée de complexité et de conscience. La conscience émergeant progressivement des profondeurs de la matière au fur et à mesure qu’elle s’organise. Emergence procédant par création d’entités organiquement liées de plus en plus complexes et conscientes comme le montre la vie animale. Et cela jusqu’au niveau de l’humain.

Mais cheminement opérant par grandes ruptures séparées par des phases d’évolution lente préparant ces sauts : saut de la Vie, puis saut de l’Homme, c'est-à-dire d'apparition d’une conscience réfléchie ou conscience de soi. L’Homme est la créature la plus complexe. Si l'Humanité n’est plus le centre du monde, depuis Galilée, elle en est le sommet de complexité - la flèche - qui vise Dieu, pas moins, au point ultime de la trajectoire du Monde. Ce point Oméga Ω, ne pouvant être que celui de la rencontre plénifiante attendue depuis les origines, Alpha α, par les entrailles du Monde. L’Homme n’est donc pas le fruit d’un hasard. Il est voulu pour sa conscience et son pouvoir d’action. Pour sa conscience réfléchie qui a maintenant les mains sur les leviers de l’évolution

Pour Teilhard l’enfance de l’humanité s’achève. Une ultra-humanité, unie, adulte et responsable, est en train d'éclore; et nous assistons, dans les difficultés de la mondialisation, à l’accouchement de cette noosphère, couche de pensée humaine unifiée entourant la Terre (Internet en serait un exemple). C’est "la mise à feu de l’étage suivant de la fusée  Evolution", qui précipite les évènements sous la poussée active de la conscience humaine.

Religieusement, Teilhard s’inscrit dans la christologie cosmique de St Paul et St Jean («. Je suis l’α et l’Ω..») qu’il traduit ainsi : « …le rédempteur n’a pu pénétrer l’étoffe du cosmos, s’infuser dans le sang de l’univers (phase α), qu’en se fondant d’abord dans la matière pour renaître ensuite (phase Ω)». Teilhard propose donc une lecture chrétienne modernisée de l’univers qui intègre la connaissance scientifique intime de la matière à la vision paulinienne du Corps du Christ Universel : un corps cosmique en phase de sublimation sous l’action transformatrice des énergies de l’amour. Il n’y a pas de place dans cette vision paulinienne de l’Incarnation pour un dualisme (= séparation âme/corps des philosophes grecs où l’âme est créée spécialement par Dieu, tandis que le corps n’est qu’une forme de la matière, lieu de la souffrance et du mal) car pour Pierre Teilhard, il n’y a pas de corps possible séparée de l’âme, celle-ci en maintenant unies toutes les parties. De ce point de vue il est indéniable que Teilhard irrite encore chez les chrétiens des résidus de dualisme hérités des grecques et du modèle manichéen du mal identifié à la matière. Philosophiquement, Teilhard réduit le vieil antagonisme Esprit/matière dans une vision unifiée du réel : matière et esprit sont les deux faces d'un même réel : un Esprit-Matière.

Au sommaire de cet ouvrage :

La sainte Matière   -  un baptême dans le réel  -   Dans les Ordos   -   Exil illimité    -   Chou-Kou-Tien   -   la croisière jaune  -   le tournant  -   l’énergie humaine   -  L’éternel féminin   -   L’homme est entré sans bruit  -    le cœur de la matière    -  Bien finir   - 

 

teilhard de chardin visionnaire du monde nouveau

A. DANZIN & J. MASUREL

Edition ROCHER

 2005

Pierre Teilhard de Chardin est né en 1881 en Auvergne. Très jeune, il se passionne pour les insectes, les fossiles et les belles pierres. Il doit son goût pour la nature à son père. Sa mère, arrière petite-nièce de Voltaire, est une femme très pieuse qui lui transmet sa vocation religieuse. En 1899, il entre au noviciat jésuite d’Aix-en-Provence.

 

En 1911, il est ordonné prêtre après quatre ans de séminaire théologique en Angleterre. L’année suivante, il parfait sa formation au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Quand la guerre éclate, il est mobilisé comme brancardier et obtiendra la médaille militaire et la légion d’honneur pour son comportement au front, notamment à Verdun. La guerre agit sur lui comme un révélateur : ses idées comprimées jusqu’alors peuvent désormais éclore. Il  élabore une esquisse de sa pensée via son journal et sa correspondance avec sa cousine.

 

Pour Teilhard de Chardin, l’univers évolue dans un sens bien précis, à savoir qu’il existe une constante qui mène vers une complexité croissante. L’assemblage de particules, de molécules, d’atomes a entraîné l’apparition improbable de la vie. Au fil du temps, l’homme a appris à utiliser son cerveau – formidable machine composée de dizaines de milliards de cellules – et à atteindre le seuil de la pensée réfléchie et de la conscience.

Il a fallu atteindre un seuil de complexité pour aboutir à cette pensée réfléchie. La complexité est donc une autre dimension de l’univers. « Nous sommes l’axe et la flèche de l’évolution » écrit-il. Nous sommes l’aboutissement de 14 milliards d’années de Création, après divers tâtonnements de la Nature. En somme, nous ne descendons pas su singe, nous montons du singe et de toutes les espèces qui ont précédé. A l’instar de toutes les molécules qui composent l’univers, l’humanité tend à s’organiser de mieux en mieux.

Annonçant la planétisation que nous connaissons aujourd’hui, Teilhard de Chardin développe le concept de « noosphère » (du mot grec, « noos », esprit), une couche pensante formée des communications humaines qui entoure le globe. Si l’on veut maintenir un ordre, il faut créer des liens entre nous, des liens de nature spirituelle, de confiance, d’amitié. D’amour. Par une démarche scientifique, Pierre Teilhard de Chardin démontre que l’évolution de l’homme ne peut se faire que par la spiritualité et en développant des forces d’amour.

 

Devenu paléontologue après la Première guerre mondiale, il effectue plusieurs recherches en Chine où il réside de nombreuses années.  Jusqu’à son installation à New York en 1951, il  poursuit une carrière de scientifique ponctué de nombreux voyages d’étude à travers le monde. Il meurt à New York le jour de Pâques 1955 d’une hémorragie cérébrale. Ses écrits ne seront publiés qu’après sa mort. Son œuvre inclut les deux ouvrages rédigés pour être édités, dont Le Phénomène humain, sorti six mois après sa mort. Sujet de différentes controverses avec l’Eglise de son vivant, il n’y a plus d’opposition frontale entre le Vatican et Teilhard de Chardin. Nous l’avons vu, Teilhard de Chardin admet la théorie de l’évolution. Nous sommes le produit d’une histoire, le fruit d’une construction progressive. Le Créateur poursuit son œuvre au travers de ses créatures et c’est à nous, fort de notre état de conscience, de prendre en main notre destinée. L’humanité entre dans l’Age adulte et c’est à elle de trouver des solutions pour poursuivre l’espèce. Tous ensembles, nous avons une responsabilité sur notre avenir.

 

Nous ne pouvons pas procéder par la seule raison. Nous devons procéder par tâtonnement, comme cela s’est toujours fait depuis le début de l’Evolution. Il faut partir d’une hypothèse de travail, faire un essai, et le généraliser si cela fonctionne. Pour ce faire, il faut être habité par le doute, vérifier que l’essai est valable, le mettre en concurrence avec d’autres. Il faut savoir s’adapter au monde qui change, savoir créer l’avenir. Teilhard de Chardin nous dit que toute la société, et pas seulement les dirigeants politiques, est responsable de ce que nous allons devenir. Nous sommes responsables de la biosphère (économies d’énergie, d’eau, moins de pollution…), responsable des avancées scientifiques… En ce siècle nouveau, il faut que nous fassions une étude prospective de notre avenir prochain. Selon Teilhard de Chardin, pour accroître une sphère de connaissances et l’esprit d’amour, l’homme crée une planétisation, qui permet d’augmenter les inter- réactions entre êtres humains. Nous y sommes. Cette nécessité de ne plus être seul nous engage dans l’aide à la personne.

 

Nous avons des choses tellement positives à faire qu’il ne faut pas craindre l’avenir. Malgré la période troublée que nous traversons, il faut rester positif. Nous allons vers la maturité. Il faut que chacun comprenne, quelle que soit sa foi et ses convictions personnelles, que le monde ne peut être que multipolaire, diversifié et que personne ne détient LA vérité.

   

THḖATRES ET INITIATIONS suivi de : LE LIEU D’OỦ L’ON REGARDE

Christian de Caluwe - Michel Langinieux

Edition de la Tarente

 2018

Quel que soit le lieu d'où l'on regarde, le théâtre a toujours été étroitement lié aux initiations les plus antiques. Au Moyen Âge, il connait une renaissance en Europe occidentale où le mystère se joue dans les églises, pour passer, dans la seconde partie de cette période, sur les parvis puis dans la rue. C'est ce que nous content Michel Langinieux et Christian de Caluwe chacun dans une approche personnelle.

 

Les deux textes qui sont rassemblés dans ce livre, tout à la fois exigeants et pertinents, renouent avec la fonction primitive du Théâtre, exaltée tant en Inde ancienne qu’en Grèce antique, mais présente en toutes les cultures traditionnelles, quand le Théâtre demeurait le tout premier des arts initiatiques, avec la grammaire. Il rappelle, à celui qui n’est pas encore l’un de ses cadavres ajournés que désigne Fernando Pessoa, la liberté immédiate de la conscience et le devoir de liberté de l’individu, celui qui refuse de se constituer esclave volontaire.

 

Le théâtre, en libérant les corps, désigne la liberté intrinsèque de l’esprit. L’usage, tant traditionnel qu’avant-gardiste, du masque, peut régler la problématique de la forme à donner aux visages tout en évoquant « l’homme sans tête » de Douglas Harding ou encore l’acéphalité explorée par Georges Bataille. Cependant, le masque suscite aussi l’imagination, le masque de l’acteur, fut-il visage, étant miroir du masque, souriant, neutre ou grimaçant, du monde. Entre les deux, la dimension de l’imaginaire offre l’opportunité de l’instant présent. Le théâtre décloisonne les arts. En stupéfiant, il rend « idiot », soit, selon une étymologie grecque ancienne, « éveillé ». Le théâtre, même dit « de boulevard », demeure éminemment subversif par nature. Il éveille. Il peut rassurer jusqu’au vertige et, par renversement, mettre en évidence nos mascarades. Il éclaire la profonde spiritualité (la vie de l’esprit) de la banalité. De la même manière que nous parlerons d’une esthétique du grotesque, nous évoquerons une transcendance du commun, geste, parole et sentiment…

 

Le théâtre met d’abord en scène la puissance poétique du vivant, celle qui fait et défait la réalité, ouvrant l’intervalle où l’esprit libre peut s’immerger et se déployer. Au théâtre de l’illusion du monde, des voies se découvrent, accès au Grand Réel. Toutes conduisent sur les rives de l’imaginal, selon Henry Corbin, au bout du bout de l’imaginaire, selon Gilbert Durand, là où l’autonomie est possible afin de se donner à soi-même sa propre loi, selon Cornélius Castoriadis. Le théâtre est rituel par excellence. Il est aussi l’île des métamorphoses, souvenir d’un âge d’or ou reconnaissance d’une réalité autre, inclusive de toutes les réalités particulières tout en les transcendant. Le théâtre s’estompe dans sa mise en scène pour laisser vivre l’écrit mais, il est bien le feu qui permet d’inscrire l’écrit, le mot, le sens dans la parole et la mémoire du vivant. La sacralité du théâtre, portée d’abord par l’acteur, est confiée au spectateur comme révélateur de sa propre sacralité, de l’archaïque au sublime. Face au monde prométhéen de la rentabilité et de la quantité, le théâtre demeure voix d’Orphée et voie de Psyché, porteur de la fonction imaginale et opérateur de changements créatifs au cœur même de la psyché. Le théâtre, ce monde éminemment magique, s’adresse à la dimension mystérique de l’être, celle qui se saisit sans besoin d’explicitation ou de commentaire, celle qui traverse la personne et ses codes, émanation de la part indivisible de l’être, celle qui demeure.

 

Michel Langinieux, éveilleur et lanceur d’alertes, a fait le tour du monde avec un spectacle intitulé Le Fou de Rien, destiné à faire saisir au passant pressé de ce monde qu’il était tout à la fois, l’unique spectateur, l’unique créateur, l’unique réalisateur et l’unique acteur de son propre spectacle. Solipsisme désespéré ? Bien au contraire, félicité de l’Un. Ce spectacle qui n’en était pas un, heureusement décalé, voie d’Eveil en soi, qui non seulement ne pouvait laisser indifférent, mais rendait différent, avait pour fonction de créer, dans l’opaque et terne dualité, une brèche, un intervalle, pour laisser passer la lumière. « Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière» nous disait Michel Audiard qui, sans le savoir peut-être, invitait ainsi à la folie créatrice et libertaire. Cette brèche, cet intervalle, cet entracte, cette pause inattendue et spontanée dans la fuite du monde vers l’accident de vitesse, Michel Langinieux n’aura eu de cesse que de l’agrandir, la répéter, l’indiquer, mettant en perspective nos contradictions, nos lâchetés, voire nos aberrations.

 

C’est bien la même attention au Soi et la même intention originelle qui se sont manifestées dans son combat mano a mano contre l’Etat-tueur, l’Etat-assassin, quand il dénonça le scandale de l’amiante. Imaginez ! Un homme seul, de théâtre, et un homme du Théâtre de l’Eveil sur les scènes grises et poussiéreuses de nos tribunaux, bousculant les règles et montrant du doigt les criminels assis dans leurs fauteuils ministériels. Combat inégal d’un David artiste contre un Goliath qui se serait fait lui-même Golem afin de ne pas penser. Arpenter les tribunaux endormis pour y chercher en vain la justice et n’y trouver pas même la loi ! Eveilleur et lanceur d’alertes. Les deux temps d’un même mouvement salutaire, destiné à nous extraire de la torpeur, nous extirper de nos médiocres rêveries pour choisir le Songe. Michel Langinieux revendique, pour tous ceux qui ont renoncé, le droit de rêver si cher à Gaston Bachelard. Il demande à l’homme ordinaire de croire en ses rêves extraordinaires. Et de les réaliser. Michel Langinieux invoque, sur la scène du monde tel qu’il est, la liberté et la beauté de l’être en soi.

 

Christian de Caluwe aborde lui aussi le thème de l’identité entre le spectateur et le spectacle, sous d’autres rapports, celui des mythes, celui de l’imaginaire, celui des neurosciences. Il nous rappelle que « lorsqu’on va voir une pièce de théâtre, on va se « voir ».Replongeant le lecteur dans les racines du théâtre, de l’Inde à la Catalogne, passant par la Grèce, la Chine, le Japon, parmi d’autres contrées, il identifie les composants dynamiques d’une « culture secrète » qui sous-tend le théâtre rituel et sacré, serpente à travers les cultures communes et officielles tout en les nourrissant. En interrogeant « le théâtre et son double », il renouvelle la problématique, finalement faustienne, du doppelgänger. Sur la scène de théâtre, ce qui est caché peut sortir de l’ombre, le non encore conscient peut apparaître et se laisser traverser. Symboles, métaphores et autres procès thérapeutiques, c’est-à-dire qui réconcilient avec soi-même, l’autre et le monde, s’ordonnancent opérativement selon les principes de l’alchimie. Il n’est pas anodin de retrouver le personnage du fou, mis en scène si brillamment par Michel Langinieux dans les analyses et les explorations subtiles de Christian de Caluwe. La folie orientée « à plus haut sens » libère des multiples masques de la farce du monde, seul lieu de l’entendement, et permet l’émergence d’une connaissance ésotérique de soi-même.

 

C’est une chance de découvrir conjointement ces deux arpenteurs, l’un de l’acte à la pensée, l’autre de la pensée à l’acte, sur la double scène du livre et du monde. Si le théâtre est un regard, il veut embrasser toutes les directions et inclure les dimensions cachées. Avec l’un et l’autre, nous métamorphosons la triste farce de ce monde en Théâtre vivant de l’Eveil.

 

thÉisme – dÉisme – athÉisme – agnosticisme & autres ismes

Divers Auteurs

ARCADIA

 2008

Dossier important sur les divers mots, souvent employés, difficilement explicables car compliqués. Divers travaux expliquant le théisme dans le monde religieux et spirituel, profane et traditionnel.

 

Le Déisme de Voltaire jusqu’à son expression moderne, l’Empirisme de Locke, l’Illuminisme de Böhme et de Swedenborg, le Jansénisme de Pascal et de Racine, la Pansophie de Comenius, le Piétisme de Spener, le Cartésianisme de Descartes et de Spinoza, le Quiétisme de Fénelon, Ramsay et Mme Guyon, le Socinisme de Socinius, la Théosophie de Eckartshausen, Boehme, et Von Bader, le Rosicrucianisme de C. Rosencreutz, le Scientisme de Auguste Comte, le Gnosticisme des premiers chrétiens, l’Agnosticisme mot inventé par T.H. Huxley, le Positivisme, le Panthéisme et sa religion de la nature prônée par J.J. Rousseau, le Polythéisme, le Dualisme, le Syncrétisme. Leibniz personnage central de la Rose+Croix, l’Anthroposophie, le Méthodisme.

 

Comme théologie, théisme est un terme formé à partir de theos (le mot grec qu’on traduit par Dieu). Si on définit l'athéisme comme la négation de Dieu, le théisme en est le contraire; il désigne l'affirmation de Dieu.

 

En fait, il s'agit d'un mot qui provoque beaucoup de confusions et de malentendus, car on lui donne des sens très différents. Au dix-huitième siècle, on appelle "théisme" une religion raisonnable et naturelle, qui implique un lien personnel et vivant avec la divinité, qui comporte une forme de culte et de prière, qui se manifeste par des sentiments religieux.

 

On distingue le "théisme" du christianisme, parce que le théisme n'admet pas une révélation surnaturelle et exclusive. Il ne veut pas accorder un privilège à la Bible. Dieu se manifeste de diverses manières, principalement dans l'âme et dans la nature. Certains théistes sont très sévères pour l'idée d'une révélation scripturaire qui, selon eux, corrompt, la révélation, et entraîne toutes sortes de malheurs (intolérance, dogmatisme, etc..). D'autres discernent dans la Bible une révélation à côté et parmi d'autres.

 

On distingue également le théisme du déisme. Le déisme est une opinion, ou une théorie purement intellectuelle, qui affirme qu'à l'origine du monde se trouve un être suprême qui l'a créé et qui lui donne des lois. "Pour le déisme, écrit Henri Arvon, "Dieu est l'horloger qui a composé et mis en marche le mouvement de l'univers, mais il n'exerce plus aucune influence sur son œuvre qui a acquis une entière autonomie". Le déisme n'entraîne aucune religiosité. Il correspond à une conception purement objective de Dieu, sans élément existentiel. Voltaire représente assez bien le déisme (il estime le monde inexplicable sans Dieu, mais il ne cultive aucune piété), alors que Rousseau donne un assez bon exemple de théisme (il prie, il médite, il adore Dieu, il a des sentiments religieux). Comme l’écrit Kant, « le déisme croit en un Dieu, mais le théiste en un Dieu vivant »

 

En philosophie, très souvent "théisme" désigne une certaine manière, parmi d'autres possibles de concevoir les relations de Dieu avec le monde. En ce sens, le théisme s'oppose au polythéisme, au panthéisme et au panenthéisme. Le polythéisme admet l'existence de plusieurs dieux, alors que pour le théisme il y a un seul dieu.

 

Le panthéisme pense que Dieu est présent en toutes choses, qu'il est, en quelque sorte l'âme du monde, et que le monde est son corps, voire que Dieu se confond avec l'univers. On peut représenter le panthéisme par le schéma suivant : Le panthéisme souligne la présence et l'incarnation de Dieu dans le monde. Par contre, il supprime son altérité. Il aboutit donc à poser une autonomie du monde, qui ne se réfère à rien qui lui soit extérieur et ne dépend de rien d'autre que de lui-même. Finalement, il rend inutile de parler de Dieu; il suffit de dire "l'Univers", la "Nature" (Deus sive natura selon une formule de Spinoza) ou la "Réalité". On a parfois de la peine à le distinguer de l’athéisme.

 

Le panenthéisme pense que tout s'enracine en Dieu et que Dieu agit en toutes choses. Panenthéisme vient de trois mots grecs pan (tout), theos (Dieu), en (en). Pour le panenthéisme, il y a à la fois extériorité et intériorité entre Dieu et le monde. Dieu est en tout, tout est en Dieu sans qu'il y ait confusion. De même, la plante est dans la terre, et la terre entre dans la plante en la nourrissant sans qu'il y ait identification de l'une et de l'autre. Le théisme voit en Dieu une personne qui a en face d'elle des choses et des êtres: « Le théisme affirme la distinction de Dieu et du monde en faisant du premier une personne et en accordant au second la substantialité, qui devient dans le cas de l'homme la personnalité. »  De même Paul Tillich définit ainsi le théisme : « Le Dieu du théisme théologique est un être à côté des autres, et comme tel une partie de l'ensemble de la réalité. On le considère certes comme la partie la plus importante, mais néanmoins comme une partie soumise à la structure de la totalité ... On le considère comme un "soi qui a un monde, comme un "je" en rapport avec un "tu", comme une cause séparée de ses effets, comme possédant un espace ... et un temps... »

 

Le néo théisme critique vivement ce théisme. Il lui reproche de proposer une conception de Dieu qui n’est ni vraisemblable philosophiquement ni conforme à la Bible et qui serait en partie responsable du développement de l’athéisme. Chez les théologiens de tendance luthérienne, "théisme" caractérise tout discours sur Dieu qui lit l’être de Dieu et qui discerne son action ailleurs que dans la Croix, autre part que dans le Christ crucifié. Selon Luther la croix, et la croix seule, révèle qui est, ce qu'est, ce que fait Dieu. Il oppose la "théologie de la croix", la sienne, à ce qu'il nomme une "théologie de la gloire" qui parle de Dieu en dehors de la Croix, en le qualifiant, par exemple, d'infini, d'omnipotent, d'omniscient, etc. Pour les luthériens, Dieu ne se limite certes pas à la Croix, mais nous ne savons de Dieu que ce que la crucifixion nous en révèle. Ainsi, certains luthériens considèrent la théologie de Calvin comme un théisme, parce que pour Calvin, Dieu révèle son être également dans la création, dans la providence, dans la nature et dans l'histoire.

 

Les néo calvinistes appellent "théisme" une théorie qui affirme qu'il n'y a nulle contradiction ou incompatibilité entre la toute-puissance de Dieu et la liberté humaine. Dieu a une puissance telle qu'il nous fait faire librement ce qu'il veut que nous fassions. Les néo calvinistes l'opposent au déisme qui désigne, chez eux, toute pensée qui oppose, et met en concurrence la puissance de Dieu et la liberté humaine. Le déisme, ainsi défini, estime que Dieu doit renoncer à exercer sa souveraineté et qu'il lui faut refuser de déterminer l'univers, pour que ses créatures soient libres.

 

 Pour le théisme classique, Dieu réside ailleurs, en dehors du monde. Il est transcendant, ce qui veut dire deux choses. D'abord, qu'il se tient à distance, il habite, même s'il lui arrive d'en sortir, dans un lieu qui nous est inaccessible. La terre n'est pas sa demeure; il la visite, certes, mais y est étranger. Ensuite qu'il est différent; son être n'est soumis à aucune des catégories qui façonnent et conditionnent notre existence. Il n'est pas soumis par exemple au temps et à l'espace (il peut se trouver au même moment dans plusieurs endroits, ce qu'on appelle l'ubiquité); il peut être à la fois un et trois; il peut agir sans tenir compte des lois de la causalité, etc.

 

On reproche à cette conception de n’être pas biblique. Le Dieu de la Bible n'habite pas dans une sorte d'Olympe métaphysique; il se trouve au milieu de nous. Nous sommes appelés non pas à sortir des réalités quotidiennes, de ce qui préoccupe notre monde pour le rencontrer, mais à discerner sa présence et son action dans notre monde. Au Dieu lointain et tout autre du théisme s'oppose le Dieu proche de la Bible. Il est Emmanuel (Dieu avec nous) et nous pouvons lui dire "tu", entrer en dialogue avec lui.  Selon le théisme classique, de même qu'il se situe en dehors de l'espace, Dieu ne relève pas du temps. Il est intemporel. On le déclare "Éternel. L'éternité que lui attribue le théisme classique ne signifie pas seulement qu'il a toujours existé et qu'il existera toujours, mais qu'il n'est pas soumis à l'écoulement du temps. Il n'y a pas pour lui d'avant et d'après, ni par conséquent de changement. Il est immuable. Il reste toujours le même. Il n'a pas à proprement d'histoire.

 

Au contraire, le dynamisme et l'espérance caractérisent le Dieu biblique. Selon une expression empruntée à Bergson, il est élan créateur. Il est tendu vers un but qu'il veut réaliser, vers un avenir qu'il prépare. "Mon Père travaille jusqu'à présent" dit Jésus*, et l'Apocalypse* affirme qu'il était, qu'il est et qu'il vient, ce qui implique bien qu'il y a en lui un mouvement, une progression. Ses relations avec sa créature le marquent. A un certain moment il devient le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, plus tard le Dieu de Jésus-Christ, ce qu'il n'était pas auparavant. Il y a donc bien une histoire de Dieu, et pas seulement une histoire humaine.

 

Le théisme classique soutient, en général, la thèse de l'impassibilité et de l'invulnérabilité de Dieu. Ce qui veut dire qu'il ne peut pas souffrir. Rien ne le blesse, ne le touche, ni ne l'émeut. Ce qui se passe dans le monde ne l'affecte pas; il se situe au-dessus des événements qui ne l'atteignent pas, qui ne troublent pas sa sérénité, qui ne diminuent ni n'augmentent sa béatitude. Les scolastiques du Moyen Age, Anselme de Cantorbéry au onzième siècle, Thomas d'Aquin au treizième expliquent qu'il n'y a aucun rapport, aucune ressemblance entre l'amour que connaissent les êtres humains, et celui de Dieu. L'amour humain est une passion; il nous affecte, nous fait souffrir ou nous rend heureux; il ne nous laisse pas intact. L'amour de Dieu, au contraire, désigne ce qui sort de lui et vient vers nous, donc un acte, et nullement ce que Dieu éprouve en lui-même, ce qu'il ressent dans son être.

 

Sur ce point également, le théisme classique se trouve en opposition avec la Bible qui parle d'un Dieu qui se réjouit ou s'attriste, qui éprouve des sentiments. Ce qui se passe dans le monde l'affecte. La Croix permet même de parler de la souffrance de Dieu. Pour la théologie classique, pour Calvin, par exemple, à Golgotha, seule la nature humaine de Jésus est torturée et crucifiée, pas sa nature divine. Jésus souffre en tant qu'homme, pas en tant que Dieu. Au contraire le néo-théisme (mais déjà Luther allait dans ce sens), parle beaucoup du Dieu humilié, crucifié, douloureux et vulnérable.

 

Le théisme classique affirme très fortement la toute-puissance de Dieu, ce qui veut dire non pas seulement qu'il peut tout, que rien ne lui est impossible (omnipotentia), mais qu'il exerce en fait une souveraineté totale, un pouvoir absolu (potestas absoluta) sur l'ensemble de l'univers. Il ne se contente pas de permettre que tel événement se produise; il décide qu'il se produira. Il détermine chaque détail de ce qui se passe dans le monde. Rien n'arrive ni n'existe sans sa volonté.

 

Cette thèse se heurte à trois objections : - D'abord, elle rend Dieu directement responsable de toutes les catastrophes et malheurs du monde. Elle fait de lui un bourreau et un criminel. Il aurait voulu Hitler et les camps de concentrations, les massacres du Ruanda, le sida, la malnutrition qui tue des millions d'êtres humains. - Ensuite, elle enlève toute liberté et toute autonomie aux humains et aux autres êtres du monde qui deviennent de simples marionnettes, que Dieu manipulerait à sa guise. Nous croyons décider, choisir; en fait ce serait Dieu qui nous déterminerait. Les théologiens du Process soutiennent qu'en réalité le Dieu de la Bible n'oblige jamais. Il agit non pas en contraignant, mais en persuadant, en convaincant (d'où l'importance donnée dans le judéo-christianisme à la parole de Dieu).

 

Ensuite, elle s'oppose aux textes bibliques qui parlent de la désobéissance des humains, et des échecs de Dieu. On pourrait rétorquer que la Bible parle de la toute-puissance de Dieu. En fait, souvent ce sont les traducteurs qui ont introduit cette idée dans les textes. Ils l'ont fait en toute bonne foi, sans s'en apercevoir, tellement elle leur paraissait évidente. Ainsi, ils ont rendu l'hébreu El Shaddaï, et le grec Pantocrator par tout-puissant; or le premier mot veut dire celui qui agit avec force, qui a de la puissance, et le second celui qui guide, qui oriente. Quand Jésus déclare qu'il ne tombe pas un moineau à terre sans votre Père (traduction littérale)*, les versions anciennes, et encore aujourd'hui certaines écrivent : "sans la volonté de votre Père", alors que l'on pourrait aussi bien comprendre : "sans que votre Père soit là, sans sa présence". Il ne va pas de soi que la Bible affirme la toute-puissance de Dieu; elle dit qu'il est la puissance qui finira pas l'emporter sur toutes les autres, mais pas celle qui décide de tout actuellement.

 

Pour le théisme classique, Dieu garantit l'ordre du monde, l'ordre cosmique, mais aussi l'ordre social et politique. Il l'a établi, et le maintien. Il appuie les autorités en place et les lois existantes. Il nous demande d'accepter ce qui est, de nous soumettre, et de nous résigner, puisqu'il a voulu et veut le monde tel qu'il est. Essayer de le transformer relève de l'impiété et du blasphème.  

 

Tous les courants de pensée sont ici disséqués et expliqués ce qui permet d’en avoir une meilleure idée.

 

thÉodicEe – essai

g.m. leibniz

Edition  FLAMMARION

 1969

Inventeur du mot « théodicée » Leibniz nous offre ici sa vision de la justice de Dieu en 1680.

Dans la question de la « théodicée » il s’agit de la « justification de Dieu » : comment un Dieu prétendument « tout-puissant » et en même temps « totalement bon » peut-il admettre tant de maux et de malice ? Pour beaucoup cette question de la théodicée représente l’objection la plus difficile à la foi. Même la plupart des théologiens considèrent le problème de la théodicée comme insoluble ; selon eux, ce n’est que dans l’au-delà que la réponse sera fournie.


Il est étonnant en réalité, que le christianisme se batte encore après deux mille ans avec cette question. Car la pointe du message chrétien consiste à sortir cette question de ces gonds et à la rendre sans objet. Il le remplace par cette autre question : en quoi la foi nous aide-t-elle à « faire avec » la souffrance ? Grâce à elle, on ne doit plus désespérer ; on peut gagner une certitude plus forte que toute crainte pour soi-même.


En revanche la question habituelle de la théodicée part de deux présupposés faux. Premièrement que la toute-puissance de Dieu consisterait à pouvoir intervenir en toute circonstance. Déjà cette idée d’intervention divine présuppose à tort que, autrement, le monde irait à son propre cours indépendamment de Dieu. De plus, si la toute-puissance de Dieu consistait dans le fait de pouvoir faire n’importe quoi, on ne saurait pas ailleurs jamais s’il va le faire réellement. Dieu serait alors un « facteur » incalculable, avec lequel on devrait cependant compter. Dans cette compréhension des choses, la confiance en la toute-puissance divine aboutirait au fond à jouer à colin-maillard.
Deuxièmement la bonté de Dieu devrait consister à veiller à ce que tout aille toujours bien. Lorsqu’on réussit et se trouve sain et sauf, on se sait aimer de Dieu.

 

Mais dès le moment où l’on est malade ou dans la misère, Dieu serait lointain. Quelle opinion peut être plus funeste ? Si nous avons besoin d’être délivrés et rédimés de quelque chose, ce serait de cette opinion qui, vu notre condition mortelle, ne peut conduire qu’au désespoir. Il est vrai qu’il ne peut pas y avoir en principe de réponse à la théodicée. Cela ne tient toutefois pas aux limites de notre faculté de penser. La question de la théodicée part plutôt de présuppositions logiquement contradictoires : Dieu y est pensé comme un élément de système du monde, dont on peut déduire la réalité concrète du monde.


Le message chrétien entraîne une autre compréhension de Dieu. Selon la vision de la Bible, d’emblée tout ce qui existe est tel qu’il ne peut exister dans Lui. Cela vaut aussi pour la souffrance, le mal et la mort. De Dieu, il n’est question qu’en reconnaissant que tout a effectivement à voir avec Lui. L’univers est créé du rien, c’est-à-dire : si l’on pouvait éliminer son être créé, rien ne subsisterait de Lui. Mais Dieu lui-même ne tombe pas sous nos concepts. Nous ne comprenons de Lui que ce qui est différent de Lui et renvoie à Lui. On ne peut par conséquent parler de Dieu que de manière « indicative » (analogique). Dieu est « sans qui rien n’est ».

 

Tout ce qui existe dans l’univers n’est que relation unilatérale à Dieu. De cette façon, la tentative de déduire dans la direction inverse quelque chose de Dieu manque de tout fondement dans le réel. Naturellement, il est logique de chercher par exemple les causes d’un crash d’avion, afin de les prévenir à l’avenir. Mais si au lieu de se poser cette question, on spécule sur la question de savoir pourquoi Dieu n’empêche pas le crash, on part de ces deux présupposés logiquement incohérents qu’il serait possible de déduire quelque chose de Dieu, et que l’on pourrait, pour ainsi dire, se placer encore au-dessus de Dieu pour le juger. Si c’est seulement à partir du monde encore réel et vrai que nous pouvons parler de Dieu, on ne peut pas faire ensuite valoir cette réalité du monde contre Dieu. Dieu n’est pas non plus « tout-puissant » dans le sens seulement potentiel qu’il pourrait faire n’importe quoi, tout le possible ; il est « puissant en tout », en tout ce qui arrive de fait.


Quelle est alors la signification de l’amour de Dieu ? Dans la Parole de Dieu qui nous vient par Jésus, il nous est dit que Dieu se tourne vers nous dans un amour qui ne trouve pas sa mesure dans quelque chose de créé ; le monde n’est pas un « thermomètre » qui mesurerait la bonté de Dieu. Celui-ci est plutôt l’amour de Dieu à Dieu, du Père au Fils, dans lequel nous sommes accueillis. Il s’agit d’une communion avec Dieu qui subsiste dans la vie et la mort. Elle nous libère du pouvoir de la crainte pour nous-mêmes, parce que Dieu est celui qui est puissant en tout. Alors aucun pouvoir au monde ne peut plus avoir le dessus contre le fait que nous restons sauvés dans la communion avec Lui.


Cela ne signifie pas que la mort nous est épargnée, mais que même la mort ne peut pas nous séparer de la communion avec Dieu dans laquelle nous restons pour toujours.
Parce que tout ce qui arrive, est d’emblée dans la main de Dieu, le message chrétien ne connaît pas d’autre « intervention particulière » de Dieu dans le monde que son auto communication dans la Parole humaine qui veut nous rendre possible une foi communautaire et un amour désintéressé.

 

THÉOLOGIENS   ET  MYSTIQUES  AU  MOYEN - ÂGE

ALAIN  MICHEL

ÉDITION   GALLIMARD

 1997

Mille ans de littérature européenne, dans la seule langue commune, le latin, tel est le gigantesque massif dont ce livre veut donner l’idée, sans frontières ni barrières culturelles.
Ce qu’a eu de plus beau la pensée médiévale, c’est sa réflexion sur Dieu, sur l’absolu, sur l’infini, tel que l’ont menée théologiens et mystique à la suite de saint Augustin, puis elle conduira à Pascal.

 

Passant de l’enseignement chrétien à la poétique du Saint-Esprit, de la beauté de l’amour aux divisions de la philosophie, de la rhétorique à la poésie religieuse, de la sagesse au nom de Dieu, de la douleur à la joie, à travers Anselme, Boèce, Bonaventure, Thomas d’Aquin, Maître Eckhart, les hymnes les plus célèbres, tel Veni Creator, ce recueil d’extrait, qui est aussi un commentaire, un essai, une histoire, apporte l’essence de la sagesse médiévale.

 

Est développé :  

Platon, Aristote, Cicéron, Virgile, Philon d’Alexandrie, la parole scolastique au Moyen Âge, saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure, le prologue de Jean, le pseudo Denys l’Aréopagite, saint Augustin et les arts libéraux,  Boèce, saint Grégoire le grand, Jean Scot Erigène, saint Anselme de Cantorbéry, saint Bernard de Clairvaux, Guillaume de Saint-Thierry, sainte Hildegarde de Bingen, Hugues de Saint Victor et la méditation, Richard de Saint Victor, le nominalisme d’Abélard, Jean de Salisbury, Thierry de Chartres, Mathieu de Vendôme, la querelle des universaux, saint Thomas d’Aquin, son enseignement et sa rhétorique, saint Bonaventure et ses sermons, Angèle de Foligno, Maître Eckhart et ses sermons, Thomas a Kempis et son soliloque de l’âme, Henri Suso, Jean Gerson, Henry de Hesse, de Dante à Pétrarque et Boccace . Un livre de référence et de recherche sur ces mystiques et théologiens qui ont fait l’histoire.

 

TOLLE  -  L’ART DU CALME INTḖRIEUR – UN LIVRE DE SAGESSE QUI NOUS RAMḔNE A L’ESSENTIEL

  Eckhart  Tolle

 Edition  j’ai lu

 2011

Pour Eckhart Tolle, le calme ne consiste pas en une simple absence de bruit. "Il est l'essence de toutes les galaxies et de tous les brins d'herbe; de toutes les fleurs, de tous les arbres, de tous les oiseaux et de toutes les autres formes." En accédant à ce calme intérieur, nous nous alignons sur le pouvoir et l'intelligence de la vie elle-même. Dans cet état, il n'y a ni souffrance, ni peur, juste une source d'amour, de joie et de paix intensément vivante. Ecrit sous une forme propice à la méditation, L'art du calme intérieur nous connecte, quel que soit le moment de la journée, à notre essence en nous rappelant qui nous sommes et ce qui compte réellement.

 

 L’écoute du silence éveille la dimension de calme. Lorsque vous prenez conscience du silence, cette vigilance intérieure est immédiate. Vous voilà présent : • Le silence est utile, mais non indispensable pour trouver la quiétude. Même dans le bruit vous pouvez porter attention au calme de fond, à l’espace dans lequel survient ce bruit. Cet espace intérieur de pure vigilance, c’est la conscience même. Tout bruit dérangeant peut-être aussi utile que le silence. Comment? Si vous abandonnez votre résistance intérieure au bruit, si vous laissez celui-ci être comme il est, cette acceptation vous amène à ce domaine de paix intérieure que le calme. • L’intelligence véritable agit dans le silence. Le calme est l’espace de la créativité et des solutions.

 

Au-delà du mental -  La prochaine étape de l’évolution humaine consistera à transcender la pensée.-  En vous identifiant ou mental, vous tomberez très facilement dans l’ennui et l’agitation. L’ennui signifie que le mental a faim de de stimulation intellectuelle. Lorsque vous vous ennuyez, vous pouvez satisfaire la faim du mental en ouvrant un magazine, en faisant un appel téléphonique, en consultant votre messagerie. Prendre conscience de ce sentiment d’ennui et d’impatience, l’entoure soudainement d’espace et de calme.

 

Le soi égotique : Savoir que l’on est la conscience derrière la voix, c’est être libre.  Le «je» est fugace, une formation temporaire semblable à des vagues à la surface de l’eau. En vivant selon l’égo, vous réduisez l’instant présent à un moyen. Vous vivez pour l’avenir.  Les plaintes et la réactivité sont les schémas mentaux par lesquels l’égo se renforce le plus volontiers. Le sentiment de soi égotique a besoin de conflit. L’égo tire sa force de la lutte et vit de comparaisons. Dans vos rapports avec les gens, décelez-vous en vous-même de subtil sentiment de supériorité ou d’infériorité à leur égard?  L’envie est un sous-produit de l’égo qui se sent diminué si quelque chose de bon arrive à un autre. Le malheur ne vient pas de votre condition de vie, mais du conditionnement de votre esprit. Établissez des buts, mais sachez qu’ils n’ont pas tellement d’importance. Tout résulte de la présence.

 

La présence : • «J’ai tellement de choses à faire !» Oui, sans doute, mais quelle est la qualité de vos gestes? En vous rendant au travail, en parlant à des clients, en travaillant un ordinateur, êtes-vous pleinement de ce que vous faites?  Vos agissements sont-ils marqués par le lâcher-prise par la rigidité? C’est cela qui détermine votre succès dans la vie et non la quantité de vos efforts. L’effort implique le stress et la tension, le besoin d’atteindre un stade futur ou d’accomplir un certain résultat. Une chose à la fois, c’est ainsi qu’un maître zen défini le sens du zen. Faire une chose à la fois, c’est vous plonger entièrement dans ce que vous faites à l’instant, y accorder toute votre attention. C’est agir dans le lâcher-prise, la maîtrise. Abandonner la résistance intérieure, accepter l’inacceptable est la plus grande source de grâces en ce monde. Parfois lâcher-prise signifie se sentir à l’aise dans le fait de ne pas y savoir. Lâcher prise est la transition intérieure de la résistance à l’acceptation.

 

La nature : Nous avons oublié ce que les pierres, les plantes et les animaux savent encore. Nous avons oublié comment être calme, nous-mêmes, être là, là où se trouve la vie : ici et maintenant. Pour vous relier à l’être, vous devez suivre les enseignements de la nature. Vous avez besoin d’elle mais elle a aussi besoin de vous.

 

Les relations : Nous sommes souvent prompt à juger une personne car nous ne voyons pas le sens de cette personne mais son apparence. Nous confondons sa nature avec ses schémas mentaux conditionnés. La clé, c’est l’attention, la quiétude éveillée. Si son passé était le vôtre, sa douleur la vôtre, son niveau de conscience le vôtre, vous penseriez et agiriez exactement comme lui. Avec cette prise de conscience vient le pardon, la compassion et la paix. L’écoute véritable est un autre moyen d’apporter le calme dans la relation. Lorsque vous écoutez vraiment, la dimension de calme émerge. L’écoute véritable dépasse largement la perception auditive, c’est l’action éveillée, un espace de présence dans lequel les paroles sont reçues. En définitive, il n’y a bien entendu personne d’autre, c’est toujours vous-même que vous rencontrez.

 

Tollé  -  quiÉtude – Â l’Écoute de sa nature essentielle

Eckhart tolle

Edition  ARIANE

 2003

La quiétude est votre nature essentielle. Quelle est-elle, en fait ? C’est l’espace intérieur, ou la conscience dans laquelle les mots de cette page sont perçus et deviennent des pensées. Sans cette conscience, il n’y aurait ni perception, ni pensées, ni monde.

 

Vous êtes cette conscience dissimulée sous l’apparence d’une personne. En perdant contact avec sa quiétude intérieure, c’est avec soi-même que l’on perd contact. En perdant contact avec soi-même, on se perd dans le monde. Le sentiment le plus intime de soi, de son essence, est inséparable du calme intérieur. C’est le ‘’Je Suis’’, plus profond que le nom et la forme.

 

Lecture méditative :   " L'Etre n'existe cependant pas seulement au-delà mais aussi au cœur de toute forme ; il constitue l'essence invisible et indestructible la plus profonde. Mais ne cherchez pas à le saisir avec votre mental ni à le comprendre. Vous pouvez l'appréhender seulement lorsque votre " mental " s'est tu. Quand vous êtes présent, quand votre attention est totalement et intensément dans le présent, vous pouvez sentir l'être. Mais vous ne pouvez jamais le comprendre mentalement. "Retrouver cette présence à l'être et se maintenir dans cet état de " sensation de réalisation ", c'est cela l'illumination.  Le terme évoque l'idée d'un accomplissement surhumain, et l'ego aime s'en tenir à cela. Mais l'illumination est tout simplement votre état naturel, la sensation de ne faire qu'un avec l'Etre.

 

L'Illumination, c’est trouver votre vraie nature au-delà de tout nom et de toute forme : C'est l'identification au " mental ", car celle-ci amène la pensée à devenir compulsive. L'incapacité à s'arrêter de penser est une épouvantable affliction. Nous ne nous en rendons pas compte parce que presque tout le monde en est atteint : nous en venons à la considérer comme normale.

Cet incessant bruit mental vous empêche de trouver ce royaume de calme intérieur qui est indissociable de l'Etre ". Ce bruit crée également un faux moi érigé par l'ego qui projette une ombre de peur et de souffrance sur tout. L'identification au mental crée chez vous un écran opaque de concepts, d'étiquettes, d'images, de mots, de jugements et de définitions qui empêchent toute vraie relation. Cet écran s’interpose entre vous et vous-même, entre vous et votre prochain, entre vous et la nature, entre vous et le divin. C'est cet écran de pensées qui amène cette illusion de divisions, l'illusion qu'il y a vous et un " autre ", totalement séparé de vous. Vous oubliez un fait essentiel : derrière le plan des apparences physiques et de la diversité des formes, vous ne faites qu'un avec tout ce qui est.
Le mental est un magnifique outil si l'on s'en sert à bon escient. Dans le cas contraire, il devient très destructeur. Plus précisément, ce n'est pas tant que vous utilisez mal votre " mental " ; c'est plutôt qu'en général vous ne vous en servez pas du tout car c'est lui qui se sert de vous. Et c'est cela la maladie, puisque vous croyez être votre mental. C'est cela l'illusion. L'outil a pris possession de vous. "

 

Exercice pour se libérer du mental : Ecoutez aussi souvent que possible cette voix dans votre tête. Prêtez particulièrement attention aux schémas de pensée répétitifs, à ces vieux disques qui jouent et rejouent les mêmes chansons peut-être depuis des années. C'est ce que j'entends quand je vous suggère " d'observer le penseur ". C'est une autre façon de vous dire d'écouter cette voix dans votre tête, d'être la présence qui joue le rôle de témoin. Lorsque vous écoutez cette voix, faites-le objectivement, c'est à dire sans juger. Ne condamnez pas ce que vous entendez, car si vous le faites, cela signifie que cette même voix est revenue par la porte de service. Vous prendrez bientôt conscience qu'il y a la voix et qu'il y a quelqu'un qui l'écoute et qui l'observe. Cette prise de conscience que quelqu'un surveille, ce sens de votre propre présence, n'est pas une pensée. Cette réalisation trouve son origine au-delà du " mental ".

Y sont développés : le silence, le mental, le soi égoïste, le présent, le lâcher prise, la nature, la mort et l’éternel, la souffrance et l’ego.

 

TOPOLOGIE DE L’IMAGINAL

Divers Intervenants

Edition du Cosmogone

 2020

 Ce volume rassemble les contributions des intervenants au colloque transdisciplinaire tenu à Epinal en mai 2019 dans le cadre des Imaginales d’Epinal, riche événement culturel que nous ne saurions trop vous conseiller de découvrir. Sur les traces d’Henri Corbin et Gilbert Durand, à la croisée des sciences humaines et des traditions, les diverses interventions permettent d’approcher, en théorie et en pratique, ce qui caractérise l’imaginal, le mundus imaginalis, l’entre deux mers de Sohrawardi.

 

Au sommaire :

 

Perspectives théoriques : Jean-Jacques Wunenburger : L’imaginal chez Henri Corbin, d’un concept contextuel à une catégorie universelle – Daniel Proulx : De l’imaginal corbinien vers la question de l’art – Véronique Liard : Le Livre Rouge de C.G. Jung, imagination active et mundus imaginalis.

 

Imaginal et textes sacrés : Chao Ying Durand : La topologie de l’imaginal dans le Yijing, le Livre des Transformations – Georges Bertin : L'Apocalypse de Jean, topos de l'Imaginal.

 

Perspectives sociétales : Céline Bryon-Portet : La dimension imaginale du temple maçonnique – Gregory Moigne : Du hiérophante au druidiste – Frédéric Vincent : L’imaginal et l’inconscient aux rencontres d’Eranos : vers une psychanalyse spiritualisée.

 

Perspectives littéraires : Florence Dravet et Gustavo de Castro : Le Sertão du Brésil : quid de l’Imaginal chez João Guimarães Rosa ? –  Lauric Guillaud : De l’imaginal gothique à l’imaginal maçonnique – Rémi Boyer : Du roi caché au Cinquième Empire – Fabienne Leloup : De l’expérience cataphile dans la littérature fantastique : « émergence, résurgence » du monde imaginal ?

 

Un extrait de l’introduction de Georges Bertin nous permet de saisir l’intérêt de la démarche mise en œuvre dans ces rencontres :

 

« Cet ouvrage explore diverses traditions et situations sociales et culturelles pour rendre compte de la fascination pour l’Imaginal et son caractère opératoire que nous constatons aujourd’hui. Il s’est donc agi, pour nos auteurs, d’étudier ces ponts suprêmes situés entre un hic et nunc prosaïque et un illud tempus mythique, en fait, un véritable inter-monde, la fonction du mundus imaginalis et des formes imaginales se définissant par leur situation médiane et médiatrice entre le sensible et l’intelligible. Pluridisciplinaire, il revêt donc un grand intérêt dans les situations de tensions sociales et culturelles que nous vivons, il nous invite à renouer des liens avec les sagesses traditionnelles. Il est, résolument, transculturel. »

 

En insistant sur la dimension opérative de l’Imaginal, Georges Bertin éclaire un point fondamental. Il ne s’agit pas d’une construction intellectuelle et une cascade de concepts ne permet pas de l’approcher. Il est question d’une mise en œuvre au quotidien et d’un art de l’être. Il poursuit : « Nous nous sommes intéressés à divers lieux transitionnels, là où des hommes et des groupes sociaux ont pu ou peuvent dépasser leurs limites dans le sentiment de reliance au Monde et à l’Autre, lieux intermédiaires que nul ne pourrait répertorier sur aucune carte géographique ni intégrer à aucune frise chronologique. Ce sont autant d'espace-temps fabuleux, d’espaces initiatiques ; tour à tour domaines de la peur ou des enchantements, de l’initiation philosophique, de la satire politique ou de l’utopie. »

 

« Le contact entre Dieu et l’homme se fait « entre Ciel et Terre », dans un monde médian et médiateur » - Selon le mot du philosophe Christian Jambet, Henry Corbin a ressuscité « la métaphysique de l’imaginal en terre d’islam ». Et l’on peut tenir cette « résurrection » comme un apport les plus significatifs de son œuvre. Dans son ouvrage, Corps spirituel et Terre céleste, le Prélude à la deuxième édition (1978) s’intitule « Pour une charte de l’Imaginal ». On y lit ceci : « La fonction du mundus imaginalis et des Formes imaginales se définit par leur situation médiane et médiatrice entre le monde intelligible et le monde sensible. D’une part, elle immatérialise les Formes sensibles, d’autre part, elle « imaginalise » les formes intelligibles auxquelles elle donne figure et dimension. Le monde imaginal symbolise d’une part avec les Formes sensibles, d’autre part avec les Formes intelligibles. C’est cette situation médiane qui d’emblée impose à la puissance imaginative une discipline impensable là où elle s’est dégradée en « fantaisie », ne secrétant que de l’imaginaire, de l’irréel, et capable de tous les dévergondages. »

 

L’apport le plus remarquable chez Henry Corbin est donc d’avoir « revivifié » pour l’Occident ce mundus imaginalis, « qui n’est ni le monde empirique des sens ni le monde abstrait de l’intellect » – dont la notion – et donc la réalité – s’était éclipsée depuis plusieurs siècles de pieux agnosticisme et de Lumières. On conviendra qu’il s’agit de quelque chose qui éclaire considérablement le sens de notre pèlerinage vers nos origines, vers l’Orient, cette nostalgie du « paradis perdu », qui aiguise notre sentiment d’exil en ce monde et avive, pour les uns, le désir eschatologique du monde à venir, pour les autres, l’attente de leur délivrance. « Que l’on entende pas le mot « images » au sens où de nos jours on parle à tort et à travers d’une civilisation de l’image ; il ne s’agit jamais là que d’images restant au niveau des perceptions sensibles, nullement de perceptions visionnaires. Le mundus imaginalis de la théosophie mystique visionnaire est un monde qui n’est plus le monde empirique de la perception sensible, tout en n’étant pas encore le monde de l’intuition intellective des purs intelligibles. Monde entre-deux, monde médian et médiateur, sans lequel tous les événements de l’histoire sacrale et prophétique deviennent de l’irréel, parce que c’est en ce monde-là que ces événements ont lieu, ont leur « lieu ».

 

traitÉ d’athÉologie

Michel onfray

Edition  GRASSET

 2005

« Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions.

 

En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère, l’âme et l’esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré… »


En philosophie, il y eut jadis une époque « Mort de Dieu ». La nôtre, ajoute Michel Onfray, serait plutôt celle de son retour. D’où l’urgence, selon lui, d’un athéisme argumenté, construit, solide et militant.

 

traitÉ de la rÉintÉgration des Êtres

Martinez de PASQUALLY

Editions Traditionnelles

 1988

Ce traité est la doctrine de base de Martinez de Pasqually. Il est le livre de chevet de nombreuses sociétés philosophiques. L’auteur fut Franc-maçon en 1760, il ouvrit des loges et créa l’ordre des Élus Coëns qui est une branche très orthodoxe de la Franc-maçonnerie. En 1772 il part pour les Antilles et Louis Claude de St Martin reprend ce qu’avait créé Martinez de Pasqually. Il n’en reste pas moins que ce traité resta le socle de ses successeurs.

 

Le Traité sur la réintégration, écrit à la veille de la révolution française, constitue le texte fondateur du martinisme. Écrit à la manière d’un Midrach judéo-chrétien, il pose un regard ésotérique sur les grands épisodes rapportés par la Bible : la création de l’univers, l’exil d’Adam loin du Paradis, Moïse, le Christ… Il témoigne de la nécessité d’un retour vers le divin : la réintégration, dont il s’efforce de présenter les étapes à travers l’histoire de l’humanité. On peut dire que le Traité de Martinès de Pasqually est l’un des textes fondamentaux de l’ésotérisme occidental, et plus particulièrement de l’illuminisme et de la théurgie.

 

Cette publication du Traité est la première édition authentique du célèbre texte de Martinès de Pasqually. Elle est basée sur le manuscrit autographe de Louis-Claude de Saint-Martin. Établie et présentée par Robert Amadou, elle propose de nombreux outils de lecture permettant de rendre enfin abordable l’un des textes les plus riches et les plus énigmatiques de l’ésotérisme judéo-chrétien.

 

Tous les êtres proviennent de Dieu, nous dit Martinès de Pasqually : directement, les esprits ; par le ministère des anges, les corps matériels. La matière manque donc de réalité, quoiqu’elle se prête, dans l’état présent du monde, aussi bien à un bon qu’à un mauvais usage ; mais le lieu normal des esprits est la cour divine. Or, maints esprits, dont l’homme originel, se sont laissés aveugler par la gloire de leurs dons divins, au point d’en vouloir oublier la gloire de Dieu. À chaque homme, à certains particulièrement, d’opérer, en compagnie des anges fidèles, avec la grâce de Dieu et selon ses instructions, afin d’être réconciliés et d’aider à la réconciliation du genre humain. En fin de compte, la matière éclatera dans le néant, et tous les esprits seront réintégrés.

 

Comment cette réconciliation et cette réintégration sont-elles devenues nécessaires ? Un très rare maître d’initiation, Martines de Pasqually y répond dans cet ouvrage.

 

TRAITÉ  DU  DÉTACHEMENT

JACQUES  ROLLAND

ÉDITION  MAISON DE VIE

 2009

Détachement…Un mot étrange, dans un monde où l’homme semble entravé par mille et un liens contraignants. S’inspirant de son expérience initiatique, l’auteur montre pourtant l’immense étendue de ce concept et la nécessité de le mettre en œuvre.

 

En se détachant de « l’avoir » sous toutes ses formes, en luttant contre les passivités, en chassant les fantômes, et même en osant penser qu’il est possible de dépasser la souffrance, le désespoir et la mort, l’homme n’atteindrait il pas une nouvelle forme d’existence, nourrie d’une anthropologie et d’une économie spirituelle ?

 

Certes, le détachement ne suffit pas, et l’auteur indique qu’un certain type d’action permet à la conscience de s’ouvrir à l’universel.

 

Cette notion du détachement a toujours était préconisé par les grands mystiques comme Maître Eckhart, St Thérèse d’Avila, St Jean de la croix et plus près de nous par les maîtres spirituels contemporains (M.M. Davy, Desjardins, Tollé, Durkheim, etc.). Cette notion du détachement n’est qu’une étape de la réalisation spirituelle, mais de ce détachement va découler la notion de liberté ou plutôt de libération mentale qui ouvre la porte à la notion de dualité et à la façon de la résoudre, avant d’attaquer l’étape suivante.

 

L’auteur apporte ses visions et solutions aux questions suivantes :

 

Les passivités, une anthropologie spirituelle, le détachement de l’avoir, du savoir et de la connaissance, qu’est-ce que la théologie de l’inhabitation, le détachement de la prière, de la souffrance, de la mort, le principe anthropique, le traité du désespoir et le sans -pourquoi, la chasse aux fantômes, l’électron et le détachement, les vibrations cosmiques et l’homme, le détachement dans l’univers et le principe d’incertitude, quelles sont les limites, pourquoi le détachement est-il proche de la virginité, se détacher vis-à-vis de quoi, quelle est la part indestructible de l’esprit dans l’univers etc.

 

TRANSCENDANCE   et  IMMANENCE

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2004

Selon Raymond Abellio «  La transcendance est l’absence de contact et présence de relation. L’immanence est absence de relation et présence de contact. La transcendance n’apparaît qu’avec la conscience d’un sujet.

 

L’immanence apparaît comme un état, la transcendance comme une action ». La Transcendance est au-delà de toute connaissance ordinaire et humaine. Le symbole de la croix en est la représentation avec son axe horizontal symbole de l’Immanence et sa verticalité représentant la Transcendance. Cette immanence qui comporte en elle l’hypostase du Principe Créateur, et que nous avons en nous-même, caché dans le très fond de notre Être, mais qui ne demande qu’à être redécouverte, telle une fleur qui ne demande à éclore que pour notre plus grand bien.

 

Dieu est transcendant. Je crois que nous l'avons suffisamment démontré. Mais Dieu est aussi immanent au monde. Le monde n'est pas Dieu et Dieu n'est pas le monde. Mais cela ne veut pas dire que Dieu soit totalement hors du monde. Le monde (l’effet) doit se distinguer de sa cause (Dieu), parce qu'aucune cause ne peut communiquer son identité. Si Dieu communiquait tout ce qu'il est au monde, le monde serait pour ainsi dire le «jumeau» de Dieu, ce qui est impossible, pour la raison que nous venons de donner. L'effet n'égale donc jamais la cause, et en ce sens, l'effet est forcément dans un état de dissemblance par rapport à sa cause.

Par contre, chaque être agit selon sa nature. Par conséquent, il se trouve dans la chose produite, dans tous les êtres dans l'univers, quelque chose ressemblant à sa cause. Il y a donc dans la création, quelque chose qui ressemble à Dieu, auteur de toutes choses. Mais, aussi quelque chose de différent. Tout effet ressemble à sa cause d'une certaine façon. Tout effet diffère de sa cause d'une autre façon.

 

L'idée d'un sculpteur est réalisée dans la statue qui est en train de prendre forme dans son atelier. Le sculpteur réalise la statue dans le marbre, mais il n'est pas celui qui a produit le marbre. Cela est aussi vrai de la création. Le monde que nous connaissons a été tiré du néant et il porte les marques de son Auteur. L'univers si merveilleux dans lequel nous vivons ressemblera de quelque façon à l'Être qui l'a fait sortir du néant, mais dans une similitude d'existence, parce qu'il existera toujours  une relation entre LUI et sa créature.

 

L'esprit humain ne se contente pas d'affirmer que Dieu est l'Auteur du monde. Il cherche à saisir s'il y a des liens entre Dieu et le monde qui est son chef-d’œuvre. Dieu est-Il uniquement l'architecte qui a conçu et fait les plans de l'édifice et qui l'a abandonné à son sort, ou est-il indispensable pour son existence ? Dieu se désintéresse-t-il de son oeuvre après l'avoir créé, tout comme le sculpteur se désintéresse-t-il de sa sculpture après l'avoir fait surgir du marbre ?

 

La question est donc: Dieu est-il présent dans l'univers qu'il a créé ? De quelle manière  Dieu peut-Il être présent dans le monde ? Y a-t-il une relation entre son oeuvre et lui-même ? Les réponses sont multiples, mais nous allons les réduire à trois: les deux extrêmes et celle du milieu, c'est-à-dire le déisme, le panthéisme d'une part, et l'immanence, d'autre part. Le déisme enseigne que Dieu est détaché de l'univers et donc, qu'il est totalement transcendant. Le panthéisme enseigne que Dieu est identifié à l'univers, donc totalement immanent. La doctrine traditionnelle de l'immanence enseigne que Dieu est à la fois transcendant et immanent au monde. Les Latins disaient: Intra cunta, nec inclusus; Extra cunta, nec exclusus. « Dieu est dans l'univers, mais non enfermé en lui; Dieu est extérieur à l'univers, mais non exclu de lui.»

 

Le déisme proclame la transcendance de Dieu. Son erreur cependant est de supposer que Dieu, cause première, ou cause suprême, se désintéresse du produit de sa Causalité. Cela ne semble pas logique. La seule raison pour laquelle une cause agit c'est la bonté. La cause ne peut donc pas être indifférente à son oeuvre. Dieu crée donc le monde par pure Bonté et il ne peut pas abandonner ou oublier l'oeuvre du monde à qui  il a donné l'existence. Né de l'amour, le monde doit et sera toujours aimé par Celui qui lui a donné d'exister. Le déisme est donc impossible.

 

Le panthéisme, en revanche, rend impossible l'amour de Dieu en l'identifiant au monde. Si Dieu n'est pas distinct du monde, alors aimer Dieu signifie aimer le monde. Pire encore, le monde s'aimant lui-même. Sans possibilité d'amour, toute morale doit cesser d'exister. Un Dieu qui est la totalité de l'univers ne peut être éthique ou moral. Ce Dieu n'est ni bon ni mauvais. Tout simplement parce que le «TOUT » qu'est Dieu comprend le bien et le mal. On le voit bien: lorsqu'on veut rendre Dieu organique avec l'univers  et évoluant avec lui, complique bien les choses.... L'espace-temps devient la matière originelle de Dieu et de l'univers. Ce qui est tout à fait contradictoire comme nous l'avons montré lors de textes précédents. Logiquement, les philosophes ou les professeurs de philosophie qui professent la thèse du panthéisme, devraient ou démissionner ou cesse d'enseigner l'éthique. Ils sont en contradiction avec leur propre discipline.

 

La solution à ce problème se trouve dans l'immanence de Dieu. Dieu n'est pas uniquement transcendant au monde. Dieu n'est pas uniquement immanent au monde. Dieu est à la fois transcendant et immanent au monde. L'immanence de Dieu peut s'exprimer de trois façons dans l'univers. 1) d'abord substantiellement: dans ce cas, la substance de Dieu ne fait qu'un  avec le monde. C'est le panthéisme que nous avons rejeté. 2) Personnellement: union hypostatique dans laquelle la nature de Dieu et la nature de l'homme seraient unies dans l'unité du Christ Sauveur. C'est le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu auquel les catholiques adhèrent. Ce problème relève plus des théologiens. 3) Causalement: à cause de son Acte créateur, par lequel Dieu donna naissance au monde et reste la base omniprésente de toute existence finie et de toute activité. Voilà la vraie notion de l'immanence de Dieu pour un philosophe.

 

L'immanence de Dieu présuppose d'abord que l'existence de Dieu est déjà prouvée. Ceci étant fait, on peut se demander si le Créateur a laissé sa marque dans la Création, un peu comme l'artiste qui signe son oeuvre. Les oeuvres de Rembrandt n'ont pas besoin d'être signé: on les reconnaît tous aux jeux d'ombres et de lumière. L'Artiste divin est-il tout aussi présent dans Son oeuvre et à quels signes peut-on le reconnaître? La réponse est dans la Causalité avec laquelle Dieu créa l'univers. L'existence dans lequel nous vivons et le monde qui nous entoure est le seul effet de l'Acte divin de la Création auquel toute chose peut être ramenée.

 

Ces trois causes, faut-il le rappeler, préexistent dans une seule Substance. Elles proviennent de la même Substance, sous trois aspects différents. La Cause formelle est l'intellect de la substance dont découle l'idée. La Cause finale est la volonté de la substance dont provient la fin. La Cause efficiente est la puissance de la substance dont découle l'action.  Le sculpteur, avant de réaliser une statue, vérifie si trois conditions peuvent être remplies. D'abord, il doit y avoir une idée ou un modèle et ensuite le désir de le reproduire, c'est-à-dire qu'il doit aimer son idée. Troisièmement, il doit avoir la capacité de réaliser son désir, c'est-à-dire la force de l'exécuter. Si une de ces trois conditions manquent, la statue ne pourra jamais être réalisée.

 

Quand la sculpture est réalisée, celle-ci révèle non seulement le degré de coopération  des trois causes mentionnées plus haut, mais aussi leur degré de perfection chez l'artiste. Plus son idée est noble, plus son amour pour elle est intense, et plus son oeuvre sera parfaite, car l'artiste lui-même est immanent à ces trois causes. Dieu est l'Auteur et le Créateur de l'Univers. Nous l'avons montré antérieurement. Dieu créa l'univers par une triple causalité fondée sur l'unité de sa nature ou de Sa substance,  et puisque operatur sequiter esse (l'oeuvre suit l'Être), il s'ensuit que Dieu est présent et immanent au monde de trois façons, comme l'artiste l'est dans sa statue: Dieu est présent comme la Sagesse qui conçoit le monde; Dieu est présent par la Volonté qui ordonne le monde; Dieu est présent par Sa Puissance qui gouverne le monde.

 

Une autre précision. Dieu n'est pas la cause statique de l'univers, c'est à -dire la  Cause qui aurait conçu le monde, lui aurait donné des lois, l'aurait créé puis... l'aurait abandonné. Dieu est plus que l'architecte d'une maison qui fait les plans de la demeure et l'exécute. Si l'architecte meurt, la maison reste debout, sans lui, parce qu'il n'en est que la cause statique, la raison de son devenir. Au contraire, Dieu est la cause dynamique aussi bien que statique de l'univers. Il est non seulement la cause de sa création (causa in fieri) mais aussi la cause de son existence (causa in esse). Les artistes nous démontrent chaque jour que rien se fait sans plan et sans ébauche. Avant de construire l'édifice, on prend la peine de consulter un architecte, de suivre ensuite ses plans.

 

Toute chose en ce monde a été créée d'après les idées existant de toute éternité dans l'esprit de Dieu. Dieu étant l'Intelligence parfaite, il possède les idées et les images des êtres auxquels il désire et donne le jour. Chaque être en ce monde (plante, oiseau, fleur, arbre, être humain, etc.) a eu son modèle spirituel dans l'Esprit divin. Les idées d'un artiste,- un sculpteur par exemple - sont imitables ad extra. Les idées de Dieu, grand architecte du monde le sont également. De ces idées archétypales on peut tirer trois conclusions:

 

1) Dieu est présent dans l'univers d'une façon semblable à l'artiste. Les idées que Michel-Ange se faisait de la création se retrouvent dans ses   tableaux de la Chapelle Sixtine. Les idées archétypales de Dieu se retrouvent aussi dans l'univers.


 
2) Dieu est présent dans le monde par sa Sagesse créatrice, mais aussi par richesse et la variété de Sa Sagesse. La Sagesse de Dieu étant infinie, elle retrouve partout. Aucune chose créée ne peut exprimer parfaitement la profondeur et la Connaissance de Dieu. La multiplicité des choses créées montrent bien la Grandeur et la Majesté du Créateur. Son action n'est pas limitée, répétitive. Son action est infinie dans la multiplicité des êtres à qui Il donne la vie.

 

3) Finalement, la Sagesse de Dieu présente dans les choses n'est pas uniquement la raison de leur existence et de leur richesse. La Sagesse de Dieu explique notre propre intelligibilité. L'intelligence fournie par le Créateur nous donne d'entrer en contact avec les choses et d'en tirer la forme ou l'idée. La connaissance que nous avons des êtres est avant tout spirituelle. L'intellect actif a le pouvoir de saisir l'essence des choses, la forme qui en fait ce qu'elles sont. La forme ou l'idée que nous tirons du monde sensible est la participation en quelque sorte de l'Idée archétypale de cette chose à l'Esprit divin. Tout comme la cathédrale ou le musée est la participation de l'idée à l'esprit de l'architecte.

 

Il s'ensuit qu'en connaissant l'essence ou la nature des choses, l'esprit connaît leur ressemblance aux idées divines. La Sagesse de Dieu devient ainsi immanente à nos esprits par l'intermédiaire des choses que nous connaissons. Comme la vérité est la conformité de l'esprit aux choses, chaque fois que nous l'atteignons par l'idée que nous nous faisons de Dieu, nous faisons éclater la Sagesse de Dieu dans le monde. Ceci explique pourquoi les Grecs mettaient tant d'importance sans doute sur la contemplation, en regard de l'action.

 

Jean Staune nous explique pourquoi la Science est arrivée au XXe siècle à s’interroger et à accepté l’hypothèse d’une transcendance, grâce surtout aux travaux de la physique quantique, des nouvelles découvertes de l’astrophysique et de la biologie.

 

Le docteur Duvshani expose sa théorie à travers les textes judaïques et en parlant du sacré et des saints fait un rapprochement avec l’immanence et la transcendance, en parlant du Mont Sinaï, ou ces deux concepts vont fusionnés pour donner naissance à la Loi Divine, laquelle inventera un service particulier (les lévites) et une nation séparée, c'est-à-dire au service de Dieu (Israël).

 

Pierre Benzaquen et Luc Ferry dialoguent sur la philosophie de la transcendance et de son éthique. Pour eux c’est la transcendance que nous découvrons à l’intérieur de nous-mêmes, à partir de nos propres expériences vécues, tout en sachant qu’il y aura toujours une part d’invisible en nous. Part qu’il faut accepter.

 

Le miroir et la Transcendance au 3e degré nous invitent à une réflexion sur les fins dernières de l’homme et du monde et l’invite à passer des chemins de la Connaissance à celui de la Lumière, car le miroir et la mort sont intimement associés, évoquant l’au-delà invisible mais inéluctable.

 

Régis Blanchet à travers les rites, les rituels et le sacré sous l’angle du panthéisme nous explique ces notions d’immanence et de transcendance.

 

Paul-André Chaptal dans un article remarquable –Apport de l’Alchimie chinoise à la pensée initiatique- nous explique pourquoi et comment dans la transcendance monothéiste, l’absolu est au-delà des catégories et des dimensions de l’intelligible et même s’il est ressenti particulièrement immanent, cela est dû à un bienfait de Sa Transcendante Bonté.

 

TRESMONTANT -   APOCALYPSE  DE  JEAN  - 

Claude tresmontant

Edition F. X. de Guibert

12005

L'Apocalypse est une grande lettre adressée aux communautés chrétiennes de l'Asie mineure et, peut-être, à d'autres communautés. C'est un livre simple et clair. Il annonce, quelque vingt ans avant la catastrophe, la prise et la destruction de Jérusalem, la Ville sainte, qui a eu lieu durant l'été 70. Il commande à la petite communauté chrétienne qui se trouvait à Jérusalem de quitter la Ville sainte pendant qu'il est encore temps. Nous savons par des documents anciens que, de fait, la petite communauté chrétienne de Jérusalem a quitté la Ville sainte vers l'année 66 et s'est réfugiée à Pella.

 

L'Apocalypse annonce et décrit la descente de la Nouvelle Jérusalem, qui est l'Epouse du Christ, l'Eglise, l'Ensemble des hommes, des femmes et des enfants qui constituent la nouvelle humanité, l'humanité créée nouvelle. Le livre est obscur pour nous aujourd'hui, parce qu'il est écrit dans un langage symbolique qui est constamment celui du Temple de Jérusalem - lequel était encore debout lorsque l'Apocalypse a été composée - celui de sa liturgie, et de tous ses objets symboliques. Il est obscur aussi pour nous parce qu'il est écrit dans un langage chiffré, compréhensible pour celui qui écrivait l'Apocalypse et pour les destinataires. Il est écrit dans un langage chiffré et secret parce que, lorsque l'Apocalypse a été composée, la communauté chrétienne de Jérusalem et les communautés chrétiennes du bassin de la Méditerranée subissent, depuis des années, des persécutions sanglantes, de la part des hautes autorités politiques et religieuses de Jérusalem.

 

Nous avons du mal à déchiffrer le code dans certains cas. Non seulement les communautés chrétiennes sont persécutées à mort, à Jérusalem et ailleurs, par les rois de la dynastie judéenne et par les représentants du Haut Sacerdoce, mais de plus nous sommes sous l'occupation romaine. Des soulèvements divers, depuis des années, suscitent de la part des procurateurs romains des répressions, sanglantes elles aussi. Bientôt l'insurrection générale va provoquer la catastrophe de l'année 70.Tout devient obscur, tout devient même incompréhensible, si l'on tire, si l'on sort l'Apocalypse de son contexte historique, en renvoyant sa composition aux dernières années du Ier siècle de notre ère ou même aux premières années du IIe siècle.

 

Alors on cherche dans l'avenir, par rapport à cette date supposée et arbitraire de composition, les événements auxquels il est fait allusion dans l'Apocalypse. Depuis bientôt dix-neuf siècles, de génération en génération, on cherche à appliquer aux événements et aux hommes des siècles suivants ce qui, en réalité, se rapporte aux événements et aux hommes des années 50-70.

 

TRESMONTANT -  ENQUÊTE SUR L’APOCALYPSE

Claude TRESMONTANT

Edition FX de GUIBERT

 1994

L’Apocalypse est un livre très obscur pour nous en ce début du XXIe siècle, comme il l’était déjà devenu pour Denys, évêque d’Alexandrie vers la fin du 3e siècle, selon lequel « plusieurs qui vivaient avant lui ont rejeté l’Apocalypse parce qu’ils estimaient que le livre est incompréhensible, qu’il n’est pas une « révélation » et qu’il est recouvert d’un voile épais qui en rend le contenu inintelligible ». Denys ne rejette pas l’Apocalypse, mais reconnait qu’il dépasse son entendement eu qu’il n’y comprend rien.

 

Claude Tresmontant a travaillé pendant plus de 20 ans sur les correspondances entre l’hébreu de la Bible hébraïque des Evangiles et de l’Apocalypse et la date très proche des événements, de leur composition, ainsi il en a donné une traduction entièrement renouvelée.

 

Pour lui, si l’Apocalypse est un texte obscur, c’est parce qu’il a été écrit dans un langage codé, en pleine terreur, au cours des années 50, quand la petite communauté chrétienne naissante était persécutée à mort par la dynastie des Hérode et par les hautes autorités sacerdotale de Jérusalem.

 

L’auteur de l’Apocalypse, qui s’appelait Iohannan, fait allusion constamment à des événements –aujourd’hui oublié – mais bien connus des frères et des sœurs des communautés judéennes auxquelles il s’adresse.

Il connait les Saintes Ecritures hébraïques par cœur et procède par allusions dans un langage parfaitement clair pour ses destinataires. La destruction en 70 de Jérusalem, berceau du christianisme, enlève tout mystère et toute ambigüité sur le fait que ce texte soit devenu très vite incompréhensible.

 

Pour nous permettre de retrouver le sens de ces oracles de l’Apocalypse, C. Tresmontant met sous nos yeux les textes de deux historiens contemporains des événements, Flavius Josèphe et Philon d’Alexandrie qui traduisent les faits et les textes de la Sainte Ecriture permettant ainsi de comprendre le langage d’Iohannan et dégageant les allusions aux faits et aux événements de cette époque. Iohannan, l’auteur de l’Apocalypse, était lui-même kohen, prêtre du Temple de Jérusalem, il a été kohen gadol, grand prêtre en 36-37. C’est le même Iohannan qui a fourni le dossier de notes, dont nous avons la traduction en langue grecque : l’évangile de Jean.

 

Il annonce, dans les années 50, c'est-à-dire quelques 20 ans plus tard, la prise et la destruction de Jérusalem, qui aura bien lieu en 70 et il demande aux frères et aux sœurs de la petite communauté chrétienne de Jérusalem de se sauver avant qu’il ne soit trop tard ; ce qu’elles firent avant l’année 66, commencement de la grande guerre entre les judéens et les romains. Iohannan annonce la naissance de la nouvelle Jérusalem, qui est la Communauté (L’église) elle-même, l’Epousée, la Chérie, non pas faite de pierres, mais avec des êtres vivants, il fait appel à une interprétation ésotérique du Cantique des cantiques et du rouleau d’Esther. Philosophie de l’histoire qui annonce l’inéluctable destruction des empires, philosophie politique qui traite des rapports entre l’église et l’état, l’Apocalypse est une prophétie déjà réalisée qui porte aussi sur l’avenir de la création

 

Au sommaire de cet ouvrage de 460 pages :

 

Les antécédents : le livre de Daniel  -  le premier livre des Maccabées  -  Joseph ben Mattit-iahou ha-kôhen  -  Epictète  -

Le contexte historique et politique – A l’origine ou la source du pouvoir  -  les empereurs romains  -  Jules César  -  Auguste  -  Tibère  -  Caius  -  Caligula  -  Claude  -  Néron  -  Galba  -  Othon  -  Vitellius   -  Vespasien  -   les gouverneurs romains entre 6 et 68  - Pontius Pilatus  - Cuspius Fadus  -  Tiberius Alexander  -  Ventidius Cumanus  -  Félix  -  Porcius Festus  -  la mise à mort de Iaaqôb  -  Albinus  -  Gessius Florus  -  les rois judéens  -  Hérode dit le grand  -  Philippe  -  Hérode Antipas  -   Archélaus  -  Hérode Agrippa  -  l’affaire de la statue  -  Philon d’Alexandrie  -  Paul  -  Joseph  -   l’avènement de l’empereur Claude  -   Hérode de Chalcis  -  les grands prêtres du Temple de Salomon  -  le vêtement  -  les tentures et le rideau  -  la draperie  -  le manteau de l’éphod  -  le petalon   -  la tunique du grand prêtre  -  le Sepher ben Sira  -  la lettre d’Aristée à Philocrate  - 

Mais qui est donc Iohanan de l’Apocalypse ?  -  Iohanan surnommé Marcus  -  Celui dont in ne veut pas dire le nom  -  l’affaire du calendrier  -   la maison du kohen ha-gadôl  -   le tombeau  -  et si je veux qu’il reste…  - 

La prise et la destruction de Jérusalem  -  Ceux qui se disent eux même envoyés  -  Nikolaos  -   les judéens  -  les jours d’Antipas  -  la femme Iezabel  -  langage codé  -  Sardes  -  le Amen  -  Le Temple de Jérusalem livré aux païens  - Jérusalem piétiné  -  les deux témoins  -  la femme qui enfante  -  la bête qui monte de la mer, de la terre et du pays  -  la chute de Jérusalem    -   la vigne  -  l’Euphrate  -  les grêlons  -  la prostituée  -  la datation  -  Sortez mon peuple au milieu d’elle  -  prévisions et prophéties  - 

La nouvelle Jérusalem  -   Schir ha schirim  -   le rouleau d’Esther   -  l’affaire du Temple  -  la question des sacrifices  -  la lettre aux hébreux  - .

 

TRESMONTANT -  essai sur la pensÉe hḖbraïque

Claude tresmontant

Edition du Cerf

1956

C’est avec la grande pensée, celle des philosophes de la Grèce, que l’auteur compare la pensée biblique et révélée. Ce dialogue est au cœur de notre civilisation et se poursuit avec le christianisme.

 

L’auteur nous fait participer à ces réflexions et nous baignons dans le dogme chrétien, la théologie chrétienne, la Révélation, la Grèce antique et ses philosophes et la pensée biblique.

 

Au sommaire de cet excellent livre :

 

Chapitre 1 : La création et le crée   -  le temps   -   le temps et l’éternité   -   Création et fabrication, l’idée de matière   -   Le sensible, le symbolisme des éléments, le particulier   -   le Mâshal   -

Chapitre 2 : Schéma de l’anthropologie biblique   -   L’absence du dualisme  âme et corps   -   La dimension nouvelle ; le pneuma   -

Chapitre 3 : L’intelligence   -   le cœur de l’homme   -   la pensée et l’action   -   l’intelligence spirituelle qui est la foi   -   Le renouvellement de l’intellect et la philosophie chrétienne   -  

Chapitre 4 : Le néo-platonisme de Bergson   -   le souci   -   La pensée hébraïque et l’Eglise  

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TRESMONTANTḖtude DE mḖtaphysique BIBLIQUE  

Claude tresmontant

Edition  F. X. de Guibert

1998

La métaphysique biblique, parmi les autres métaphysiques, celles de l'Inde, de la Grèce ou de l'occident non chrétien, occupe une situation exceptionnelle. C'est une métaphysique à part, avec sa structure propre, son point de départ et ses tendances personnelles. Elle a, pourrait-on dire, une nature essentiellement différente des autres métaphysiques, les métaphysiques des nations... Le philosophe peut-il, doit-il, aujourd'hui encore, tenir compte de l'apport métaphysique des Livres inspirés, sans porter préjudice aux droits légitimes, aux exigences irrépressibles de la raison, ni aux connaissances positives accumulées par des siècles de recherche ? En un mot, la métaphysique biblique, est-elle vraie... ? "

 

Deuxième ouvrage de Claude Tresmontant qui a obtenu l’Imprimatur, Etudes de métaphysique biblique  entend mettre en évidence la cohérence et l’originalité de la métaphysique chrétienne, laquelle mérite autant d’attention que toutes les autres, qu’elles soient de l’Inde, de la Grèce ou d’ailleurs.  

 

D’emblée, Tresmontant se refuse à tout concordisme ; il n’est pas question d’appliquer au réel, coûte que coûte, ce qui est écrit dans les Ecritures ; celles-ci n’ont jamais eu d’autre vocation que de proposer un message spirituel ; elles ne sont pas un traité de physique. Sans se limiter à une présentation détaillée, Tresmontant compare la métaphysique biblique avec les autres qui lui sont opposées, en prenant soin de suivre ce que les sciences expérimentales nous révèlent du monde de manière certaine.

L’enjeu est exigeant : "La métaphysique biblique est-elle vraie ?"  Pour répondre à cette importante question, Tresmontant effectue un véritable déblaiement. La métaphysique biblique est une philosophie, dans la mesure où elle traite de l’être intégralement mais "n’est pas repliée sur soi, ni suffisante». A-t-elle une spécificité ? Oui, comme les autres métaphysiques… mais elle n’est absolument pas comparable avec aucune d’entre elles ; elle est strictement originale et, surtout, ouverte au réel. Par exemple, Tresmontant fait très simplement observer que l’idée de création "n'est pas une idée naturelle à la pensée humaine. C'est une idée qui remonte une pente et rencontre, quand elle se présente, une résistance. Elle ne vient pas naturellement à l'esprit des métaphysiciens." 

 

Il rappelle qu’aucune métaphysique de la création n’a été présentée ailleurs que dans le milieu hébraïque ; loin d’être achevée, la création est en train de se faire.  De plus, l’eschatologie est une idée biblique qui traduit un refus du schéma cyclique propre à la plupart des métaphysiques humaines. Le temps est ici vectoriel ; pas d’éternel retour, ce qui lui permet d’affirmer : "Les prophètes hébreux ont été les fondateurs et les promoteurs d'une science de l'histoire." 

 

La loi d'entropie : Tresmontant en profite pour s’arrêter sur le second principe de thermodynamique de Carnot-Clausius qui démontre l’entropie"la plus métaphysique des lois de la physique" selon Bergson, stipulant que l’univers entier se modifie dans le temps, dans une direction constante. Chose amusante, par le biais d’Emile Meyerson, chimiste de formation et épistémologue, on constate que cette loi de l’entropie a eu beaucoup de difficulté pour être acceptée dans le milieu scientifique. L’exemple le plus célèbre est celui de Haeckel, le biologiste partisan de la théorie moniste selon laquelle l’Univers est la seule Substance : "Si cette théorie de l’entropie était exacte, il faudrait qu’à cette fin du monde qu’on admet correspondît aussi un commencement… Ces deux idées, d’après notre conception moniste et rigoureusement logique du processus cosmogénétique éternel, sont aussi inadmissibles l’une que l’autre ; toutes deux sont en contradiction avec la loi de la substance… La seconde proposition de la théorie mécanique de la chaleur contredit la première et doit être sacrifiée."

 

Il faut le relire pour le croire : selon Haeckel, il faut sacrifier un fait d’expérience pour préférer nos ‘’a priori’’ métaphysiques !  Haeckel va jusqu’à déformer le principe de Carnot en minimisant son champ d’application ; ainsi, à ses yeux, l’entropie ne viserait que des "processus particuliers", alors que "dans le grand Tout du Cosmos, les choses se passent bien autrement." 

 

Selon Arrenius, si cette loi était exacte, "cette mort calorique devrait déjà s’être établie depuis les temps infinis que le monde existe."  Or, c’est bien ce qui fait question : est-ce que le monde existe depuis une éternité comme s’accordent à le penser, selon un réflexe éminemment psychologique, la plupart des savants ? La réponse est non puisque, de fait, l’entropie est un phénomène spatio-temporel. La dégradation rejoint ainsi l’évolution, ce qui pousse Tresmontant à écrire : "L'évolution biologique, découverte au siècle dernier, a enseigné à la philosophie ce que signifiait le temps." 

 

L’ouvrage est important. Il révèle qu’en opposition à la cohérence de la métaphysique biblique, spirituelle, il existe une métaphysique psychologique qui continue d’être ignorée et que l’on peut pratiquer comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : c’est la gnose. Il s’agit d’un déisme qui enseigne l’existence d’un Dieu impersonnel ; la divinisation de l’univers, lui conférant son éternité, est emblématique de cette préférence psychologique. La grande conclusion du sondage effectué est éclairante. La métaphysique biblique n’est pas seulement originale, elle est en avance sur son temps. Mieux : rien dans le réel ne contredit ce qu’elle propose. Bien au contraire, les sciences expérimentales ne font que confirmer ce qu’elle dit au sujet du temps, de l’espace, de l’anthropologie, du réel tout entier.  En somme, le lecteur découvre une analyse comparée minutieuse qui préfigure Les métaphysiques principales élaborées selon un crescendo.

 

Introduction

Chapitre I : La métaphysique biblique et le réel.

Chapitre II : La création du monde

Chapitre III : La temporalité du monde

Chapitre IV : La temporalité de la Genèse

Chapitre V : De la métaphysique à la théologie biblique

Chapitre VI : Eléments pour une philosophie biblique de l'histoire

Epilogue

Excursus I : La notion de miracle

Excursus II : Notes sur la permanence de la gnose dans la philosophie occidentale

Excursus III : Traduction de Genèse III

 

Quelques citations :

 

"Lève la tête, ô Jérusalem, et vois ceux qui t'opprimaient, te reprochant sans cesse de léser les droits de la raison et d'importer des mythes irrationnels dans l'ordre hellénique. Que reste-t-il des arguments dont ils te fatiguaient ? Regarde, toi qui as conservé la foi : c'est le réel maintenant qui te donne raison." (p. 34)

 

"Si l'on nous avait demandé, voici quelques milliards d'années, si la vie animale, l'existence d'êtres aussi complexes et perfectionnés que l'homme, étaient possibles, nous aurions certainement répondu, devant l'univers physique, les galaxies gazeuses, la pauvreté des corps chimiques alors en présence, la terre déserte et vide : non." (p. 226)

 

"Les chrétiens du temps des Césars ont été condamnés à mort comme « athées ». Saint Justin répliquait : 'On nous appelle athée ; oui certes nous reconnaissons que nous sommes athées de ces soi-disant dieux'." (Apo, VI) (p. 37)

 

"La métaphysique biblique a été, dans l'histoire des philosophies, en un sens la moins religieuse, puisqu'elle a été la plus libre de toute mythologie, de toute irrationnelle et affective, la plus pure de toute idolâtrie." 

 

TRESMONTANTLES Ḗvangiles DE JEAN, MATTHIEU, MARC & LUC

Claude tresmontant

Edition F. X. de Guibert

1991

Claude Tresmontant a laissé une œuvre profondément originale et puissante, interdisciplinaire, dans laquelle il s'est efforcé de repenser toute la tradition chrétienne face au développement scientifique et aux grands courants de la pensée contemporaine. Philosophe des sciences, métaphysicien et théologien, il était aussi et en même temps un immense hébraïsant. La connaissance intime de la langue de la Bible a fécondé et éclairé toute son œuvre. Le grand rabbin Kaplan a pu dire un jour de lui: Ce juste parmi les nations est l'homme au monde qui sait l'hébreu. Nous, nous savons de l'hébreu, lui il sait l'hébreu.


Au carrefour de ses études sur la crise moderniste et de ses travaux sur l'hébreu biblique et le grec de la Septante, il fut conduit à reconsidérer de fond en comble les bases de l'exégèse dominante concernant la connaissance que nous avons aujourd'hui des Evangiles. Contrairement à beaucoup de traductions récentes qui privilégient l'improvisation ou même la fantaisie, il n'entreprit cette traduction littérale qu'après plusieurs dizaines d'années passées à construire un dictionnaire hébreu-grec, indispensable pour reconstituer le texte hébreu sous-jacent à la version grecque des Evangiles. Avec l'abbé Carmignac, il partageait, en effet, la conviction qu'une version en langue hébraïque des Evangiles avait précédé le texte grec qui nous est resté. De même qu'il partageait avec lui et Mgr Robinson les mêmes certitudes concernant la date de leur rédaction et la primauté de l'Évangile de Jean.

 

TRESMONTANT   -    introduction à la pensÉe de teilhard de chardin

Claude tresmontant

Edition Du Seuil

 1956

Il convient de distinguer dans l’œuvre de Teilhard de Chardin plusieurs plans ou niveaux différents. D’abord l’œuvre technique du paléontologiste puis la synthèse scientifique qui s’est imposée durant 40 ans à ce savant, ce que l’on pourrait appeler « phénoménologie » de T. de Chardin. Enfin sa pensée théologique, sa christologie, sa spiritualité et sa mystique.

 

Avec ce troisième ouvrage paru en 1956, Tresmontant s’offre l’occasion d’approcher l’évolution biologique par le biais des travaux de Teilhard de Chardin, célèbre paléontologue et géologue avec qui il a pu correspondre en le considérant comme un de ses maîtres ; le grand projet de ce biologiste de formation entend associer l’ordre physique à l’ordre métaphysique, ce qui laisse suggérer d’emblée que le physique n’est pas de la « matière brute » dépourvue de signification tel que le présentait Kant.

 

Cette étude porte son attention aux écrits de maturité de Teilhard, soucieux d'un effort de synthèse ; il s’agit de mettre en lumière sa vision scientifique, son plan ; Tresmontant se veut scrupuleux : "Aucun concordisme : mais un effort de cohérence, la quête de l’unité, respectueuse de la diversité des démarches de la connaissance."  "On a accusé Teilhard de concordisme pour avoir tenté cette synthèse entre l'enseignement du réel et l'enseignement de la Révélation. Le concordisme est un essai illégitime de rechercher dans l'Ecriture sainte des connaissances qui ne sont pas de son ressort, puisqu'elles doivent être fournies normalement par une enquête scientifique. La démarche du Père Teilhard n'a rien de commun avec le concordisme. Parler de concordisme dans son cas, c'est caser paresseusement un problème nouveau dans un tiroir ancien. La démarche de Teilhard ne consiste pas à rechercher dans l'Ecriture des vérités scientifiques – il en est loin ! – mais à laisser se rejoindre en lui les sources du savoir, comme inévitablement l'esprit est amené à le faire, s'il ne veut pas construire artificiellement des cloisons étanches, à l'intérieur de lui-même, entre sa foi et sa science."  

 

L’évolution nous a appris ce qu’était le temps. La grande découverte de Teilhard est que l’univers n’est pas cosmos mais cosmogénèse. Dans un autre sens, l’univers n’est pas clos sur lui-même, il se fait sans cesse et reste à faire, ce qui est l’occasion pour Tresmontant de critiquer ce qu’il appelait "la philosophie tentante", à la mode : La désertion de la question du réel par la philosophie a relégué celle-ci au rang d'une science humaine ; or, la philosophie est bien plus qu’une science portant sur l’humain… Dans son refus du fixisme, Teilhard remarque que l’évolution est orientée selon une loi de récurrence dont l'Omega demeure le phénomène humain. "L'homme n'apparaît  plus, comme dans l'ancien anthropocentrisme naïf, au centre spatial de l'Univers, - mais il se découvre réellement situé au sommet du Temps, à la flèche d'une Evolution orientée vers les hauts Complexes."

 

C’est donc un fait : dans l’histoire de l’univers, nous passons du plus simple au plus complexe : "la biologie ne serait pas autre chose que la Physique du très grand complexe."  Toutefois, le reproche que l’on continue à faire dans ce cas de figure est que le simple n’est pas aussi simple que cela. Le professeur connaît ce reproche. C’est pourquoi il écrit, à la suite de Teilhard :"Assemblés dans l’ordre, les 360 types de noyaux atomiques aujourd’hui reconnus par la Physique, de l’hydrogène à l’Uranium, constituent une hétérogénéité, non une complexité. En ce sens, une Planète est hétérogène elle n’est pas complexe. La complexité est une hétérogénéité organisée." 

 

En effet, par le biais des travaux de Teilhard, Tresmontant constate que nous allons des formes les plus simples aux plus complexes, des monocellulaires jusqu’à l’homme capable de dire "Je". "Avec l'apparition de la Pensée, tout change : la Noosphère [l’ordre de la conscience réfléchie] tend à constituer une unité biologique réelle"   De fait, avec la venue de la conscience réfléchie dans l’univers, la conception traditionnelle du temps éclate : "Contrairement au temps cyclique des mythologies panthéistes, le temps de l'Univers est orienté d'une manière irréversible." 

 

Devant ce constat, Teilhard remarque que l’anthropogenèse continue la biogenèse, laquelle poursuivait l’œuvre de la cosmogénèse. La vision de Teilhard est unitive : le terme du monde est l’Unité réelle des êtres dans la diversité de leurs personnes. "L’évolution cosmique poursuit une œuvre de nature personnelle" rapporte Tresmontant. L’être humain aussi est inachevé. Le point dit "Omega" désigne cette personnalisation visée, laquelle a pour axe le Christ, Pantocrator. Le dessein est l’ultra-humain : non pas vers le mieux-être mais vers le plus-être, soit l’accomplissement de la plénitude de l’Homme dans son être 

 

TRESMONTANT  -  le christ hÉbreu

Claude tresmontant

Edition  O.E.I.L.

 1984

Le problème de la langue originelle et de la date de composition des Évangiles est ancien. Il fait toujours l’objet de recherches. C’est ce problème tout d’abord technique et historique qui est abordé ici par Claude Tresmontant.


Et pourtant cet ouvrage s’adresse à tous les chrétiens car cette question qui peut paraître sans grande importance à la fin du XX° siècle est en réalité capitale pour la foi. En effet, si les Évangiles sont les produits tardifs d’une longue transmission orale dans les premières communautés chrétiennes, il y a bel et bien un problème de fidélité et d’exactitude de ces textes par rapport à l’enseignement réel et à la vraie vie du Christ.

 

C’est pourquoi, sur la double thèse dominante aujourd’hui selon laquelle les Évangiles auraient été écrits tardivement et en grec, une critique exégétique s’est développée débouchant sur le doute et sur un affaissement profond de la loi.

Comment pourrait-il en être autrement si celle-ci n’est plus soutenue que par des textes incertains dont le son est coupé de leur langue originelle.

 

On comprendra à l’inverse à quel point les Évangiles écrits pour leur essentiel au cœur des événements, dans cette langue hébraïque porteuse d’une dynamique spirituelle unique, peuvent être pour les hommes de bonne volonté de tous les temps une « Nouvelle » vraiment bouleversante.

Le bibliste Claude Tresmontant publie en 1983 Le Christ hébreu ; en 1984, l’Evangile de Jean ; et en 1985 L’Apocalypse de Jean. Il pensait que nos quatre évangiles étaient la traduction en grec de notes prises au jour le jour en hébreu par des auditeurs de Jésus … donc pratiquement, au contact des faits. En ce qui concernait l’évangile de Jean, dès 28-30, des notes avaient été prises en hébreu, par le disciple que Jésus aimait, et plus tard traduites en grec.


A propos de ce Disciple, pour lui auteur de l’évangile de Jean, il écrivait ceci en 1984, en s’appuyant sur la lettre de Polycrate à Victor, précédemment citée : « Ce document de Polycrate, évêque d’Ephèse, nous fournit un point de vue autour duquel s’ordonnent parfaitement tous les renseignements dont nous disposons, sur l’auteur du quatrième Evangile. Il a probablement été disciple de Jean-Baptiste. Il a une maison à Jérusalem. C’est chez lui que le Seigneur a mangé la dernière Pâque. Il a cependant un calendrier qui n’est pas celui du groupe des Galiléens réunis autour du Seigneur. Son Evangile est centré sur Jérusalem. Il connaît le grand prêtre de cette année-là. Il peut entrer dans la maison du grand prêtre. Il peut donner des ordres à la servante qui garde la porte. Elle ne le met pas dehors, elle lui obéit. Il se cache, il cache son nom lorsque son Evangile est traduit de l’hébreu en grec, parce qu’il est menacé de mort. Il prend Mariam [ndlr : Marie, mère de Jésus] chez lui après la mort et la résurrection du Seigneur.

 

C’est de Mariam qu’il tient plusieurs renseignements, par exemple ce que le Seigneur a dit lors du festin de Qanah en Galilée. Il était le disciple préféré du Seigneur, parce qu’il était théologiquement le plus savant, et le plus apte à comprendre l’enseignement théologique de haute portée du Seigneur. Lui seul a conservé et transmis cet enseignement de haute portée donné lors de la dernière nuit. Il hésite à entrer dans le tombeau, parce que cela est interdit à un prêtre. Il entre dans le tombeau, lorsqu’il comprend qu’il n’y a plus de mort dans le tombeau, parce que le Seigneur est vivant. Tous les renseignements dont nous disposons par le texte lui-même du quatrième Evangile confirment ce que nous dit Polycrate d'Ephèse dans sa lettre au pape Victor [ndlr. évêque de Rome, car le titre de pape sera postérieur] : Jean, l’auteur du document hébreux que nous appelons le quatrième Evangile, était prêtre. Ce n’était pas un Galiléen analphabète. C’était un Judéen savant, et même très savant. »

  

TRESMONTANT - LE PROBLÈME DE L’ÂME

Claude Tresmontant

Edition du Seuil

 1971

La notion d’âme est-elle périmée, et relève-t-elle du musée des antiquités ? Si le problème que soulève cette notion semble aujourd’hui si confus, c’est qu’il est lié à une quantité de traditions et de doctrines qui se sont mêlées à travers l’histoire de la culture, depuis l’orphisme, le platonisme, le néo-platonisme et les spéculations gnostiques.

L’anthropologie cartésienne a pris le relais de l’anthropologie platonicienne, l’analyse aristotélicienne n’a guère été comprise pendant de longs siècles, sauf par les aristotéliciens chrétiens du XIIIe siècle. La pensée biblique et néo-testamentaire concernant la chair et l’esprit a été souvent mal comprise et mal interprétée.

Dans une première partie, Tresmontant rappelle brièvement la structure et le contenu de ces différentes traditions de pensées, en ce qui concerne l’âme et le problème des rapports entre l’âme et l’esprit et le corps.

Dans une seconde partie, il aborde le problème pour lui-même : cette notion d’âme correspond-elle à quelque chose de réel, que l’analyse positive retrouve, si elle procède à partir de ce que nous savons aujourd’hui de l’organisme ? Si l’âme est bien quelque chose, une substance, peut-on espérer qu’elle a un avenir ? Qu’en est-il du problème de l’immortalité, et du problème de la résurrection ?

Pour les hindous, en se délivrant de l’illusion de l’existence individuelle, en se séparant, par l’ascèse, des liens du corps, on retourne à L’Absolu. De même que les rivières perdent leur individualité en parvenait dans l’océan, ainsi en est-il des ames : « comme les rivières qui coulent disparaissent dans l’océan, perdant nom et forme, de même, celui qui sait, affranchi du nom et de la forme, accède à l’Être divin… »

Déjà en Grèce antique Aristote déclarait : « Si l’âme peut exercer quelque fonction sans le corps, alors elle pourra subsister sans le corps, sinon, il n’y a pas de subsistance de l’âme séparée du corps ». Pour Aristote donc, c’est clair, l’âme n’est pas immortelle.

Tresmontant rappelle que pour réaliser d’une manière correcte, le développement nécessaire de ces notions, l’exégèse scientifique des textes bibliques et antiques est la première condition, mais comme elle n’est pas suffisante, il faut aller plus loin.

Manipuler des notions comme « âme » « chair » mort » « vie » « corps » est un exercice délicat, pour cela il faut savoir de quoi on parle et avoir fait l’analyse de ces notions, c'est-à-dire qu’en plus de l’exégèse, il faut faire aussi de la philosophie.

Ce sont ces problèmes que Tresmontant aborde ici, d’une manière qui, sans aucun doute, dérange des habitudes intellectuelles, mais apporte beaucoup au débat et à cette notion de l’âme. Débat et interrogations toujours d’actualité et qui sans doute n’aura jamais une réponse définitive avérée sauf pour les croyants pur et dur. 

10 U

ULTREÏA       -       REVUE TRIMESTRIELLE   -  Sur les chemins de la Sagesse

Divers auteurs

Edition et diffusion du Groupe Bayard

 2014

ULTREÏA ! SUSEÏA ! « Plus loin ! Plus haut ! ». Ces vigoureuses injonctions des pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques, nous invitent à l’aventure spirituelle et à la réflexion métaphysique.

Se lancer dans une nouvelle aventure éditoriale relève, plus encore aujourd’hui, de l’audace ; surtout si elle se fixe pour orient d’embarquer le lecteur dans un voyage terrestre et spirituel, les deux étant souvent étroitement tissés ensemble comme l’ont montré Ibn Arabi ou Isabelle Eberhardt tout autant que Bruce Chatwin dans sa métaphysique du nomadisme.

Le voyage formant la jeunesse et l’âme, cette revue ouvre, avec ce premier numéro, un nouvel espace de parole, de pérégrination et de méditation à l’attention de ceux et celles qui cheminent de par le monde, et qui sans préjugés ni frontières intérieures, embrassent l’inconnu, tout en cherchant une spiritualité d’équilibre et de liberté.

En saisissant de la thématique du voyage réel, mystique ou initiatique, le lecteur trouvera ici un cheminement de chroniques, de rubriques et de travaux, offrant plusieurs niveaux de lecture. Ultreïa s’affirme comme magazine-livre de passion et de conviction, porté par de nombreux auteurs et photographes de renom, il s’adresse à tous ceux qui refusent l’étouffoir d’un monde uniformisé, sans une âme de poésie, à ceux qui estiment que la spiritualité dans son ensemble et son unité essentielle, mérite mieux qu’un regard distancié et froid, enfin à ceux qui pensent que la philosophie et la métaphysique ont encore beaucoup à nous dire et que l’école de la nature est une formidable source d’inspiration.

C’est cet état d’esprit d’ouverture qui présida au « voyage italien » d’une Simone Weil, bouleversée par la lumière transalpine à travers laquelle elle s’éveilla au plus sacré d’elle-même. On part au Tibet avec le photographe Frédéric Lemalet dont le portfolio nous offre une vision renouvelée et authentique à travers des images inédites de ces monastères du vertige traversées par des moines et des nones qui ont renoncés au monde.

On visite les temples shintoïstes d’Isé au Japon qui célèbrent l’impermanence de toute chose comme l’éternel cycle de la nature, des rites immémoriaux qui reprennent aujourd’hui vigueur dans l’archipel à la suite d’une prise de conscience post-Fukushima, on se perd dans les jardins des temples qui sont représentatifs d’une symbolique très forte.

Ce dossier se pose également la question de la Sagesse intemporelle, universelle et pour tenter d’y répondre de nombreux auteurs donnent leur version. « Connaitre les autres c’est sagesse, se connaitre soi-même c’est sagesse supérieure » disait Lao Tseu. Pierre Rhabi fait sienne cette définition et au cours d’un long entretien nous explique, son rôle, sa vie et sa vision du monde.

Cette nouvelle revue qui mélange agréablement les textes de métaphysiciens et de philosophes avec des reportages photos couleurs en Inde, au Mali, au Tibet ou dans d’autres lieux, se veut une revue de spiritualité, de métaphysique, de philosophie, d’ethnologie et de symbolisme. Superbe

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Au sommaire de cet ouvrage N° 1 de Novembre 2014 :

René Guénon ou la redécouverte du symbolisme par Jean-Marc Vivenza

René Guénon, esquisse d’une biographie par Bernard Chevillat

Dans les pas des voyageurs de l’absolu. L’illumination italienne de Simone Weil par Christiane Rancé

L’esprit des lieux – Isé, les sanctuaires de l’éternel renouveau. Le génie du shinto – racines contre racines. Par Olivier Germain-Thomas et Florence Quentin.

La vie est un chemin initiatique par Pierre Rabhi

Les Kilims, un langage symbolique d’avant la lettre. Rencontre avec Jean-Michel Testard

Le Tibet secret du photographe Frédéric Lemalet

La quête soufie d’Isabelle Eberhardt par Delacour et J.M. Huleu

Gilbert Durant, un chevalier à la noble figure part Françoise Bonardel

Bharata Natyam. Une leçon de danse avec Malavika par Nicolas Cornet

Le chant de la terre – Enlacer les arbres par John Baird Calliott

Viatiques pour la traversée du désert. Aux quatre angles du monde. Les Dogons par Pascal Dible

Du son primordial au mystère des notes musicales. Entretien avec Jacques Viret

Les philosophies du marcheur par Frédéric Gros

Pérégrinus, l’étranger « et on t’appellera réparateur des brèches » portrait de Gilles Rebêche

Bivouac en Turquie. La montagne des serviteurs de Dieu par Sébastien de Courtois

Chroniques de : Eric Geoffroy - Olivier Germain-Thomas - Cyrille J. D. Javary - Frank Lalou - Fabrice Midal - Jean Moncelon - Christiane Rancé - Pascal Ruffenach - Bertrand Vergely - Patrick Laude –

 

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Au sommaire du N° 2 – Janvier/ Février-Mars 2015

 

Sur les traces du Père Henri le Saux par : Dom Jean-Gabriel Gelineau

Chroniques d’Olivier Germain-Thomas et de Fabrice Midal –Bertrand Vergely –Christiane Rancé -

Les voyages d’Ibn ‘Arabi  par : Denis Gril

Lalibela, l’Epiphanie éthiopienne par Christophe Boisvieux,  Stéphane Ledoux et Eric Lafforgue

Les religions ont-elles une conscience écologique ? par : Seyyed Hossein Nasr – Satish Kumar – Ali Lakhani – Michel Egger – Mohammed Taleb et Dominique Lang –

Portraits du Fayoum  par Florence Quentin –

La magie de l’Inde  par : Roland et Sabrina Michaud

De l’Amazonie à la ferme du Bec Hallouin, ferme modèle de la permaculture – entretien avec Charles Hervé-Gruyer  par : Bernard Chevilliat  -

Henry Corbin, un « fils des prophètes »  par : Michel Cazenave –

Le retour d’Ulysse par : Titus Burckhart   -    La pensée du soir  par : Jean Biès

Un autre regard sur le karma et la filiation spirituelle  par : Françoise Bonardel

Le karaté, voie du guerrier pacifique  par : François Chevilliat

Viatiques pour la traversée du désert et aux quatre angles du monde  par : Claire Cécile Mitrate et Claude Albanese

John Bradburne, le vagabond céleste ami des abeilles  par Didier Rance 

Bivouac en Egypte, vers l’oasis. De Siwa à Bahreïn  par : Blanche de Richemont

Le dogme du péché originel est le fruit toxique du jardin d’Eden -  Rencontre avec Lytta Basset  par : Florence Quentin

 

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Au sommaire du N° 3  - -Avril – Mai- Juin 2015

 

L’Islam contre l’islam, un dossier important avec des articles d’Antoine Sfeir, de Myriam Benraad, d’Éric Geoffroy, d’Elie-Marie Maurel, et de Bernard Chevilliat

Le monde de Tchouang-Tseu par Jean Levi

Mâ Ananda Moyî, que sa joie demeure par Florence Quentin

Vers Assise, l’esprit d’un chemin par Bernard Rancé

La vraie vie poétique, c’est l’exaltation du je dans le nous – Rencontre avec Edgar Morin

Gustave Thibon. Retrouver l’éternité par Olivier Germain-Thomas

Vandana Shiva. Reconnaitre le sacré par Lionel Astruc

Cha no yu, la cérémonie du thé par Elodie Laleuf

La roue du temps – le mandala de Kalachakra par Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou

Dans les cahiers métaphysiques : Le chemin de la méditation chrétienne de John Main et l’expérience de la forme ou le sens du rite d’Alexis Lavis

Contempler au jardin par Hervé Brunon

L’âme corse : le cantu in paghjella par Michèle Glinatsis

Abalimi Berekhaya, les jardins de l’émancipation par Claude Albanese

Matsuo Bashô- Le maître du haïku – un manga de Naho Mizuki

Diverses chroniques par Eric Geoffroy – Olivier Germain-Thomas – Cyrille Javary – Frank Lalou – Patrick Laude – Fabrice Midal – Jean Moncelon – Christiane Rancé – Pascal Ruffenach et Bertrand Vergely

 

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Au sommaire du N° 4 – Juillet-Août-Septembre  2015 :

 

Dans les pas des pèlerins de l’absolu – Black Elk, la grande vision d’un prophète sioux  par Bernard Chevillat

Signes et traces  -  Phares : Les voyages de sainte Thérèse d’Avila par Christiane Rancé

L’esprit des lieux : Arunâchala, la montagne rouge par Xavier Accart et : Vers Arunâchala, carnet de route au Tamil Nadu par Patrick Laude

A la croisée des chemins -  La rencontre : par Pierre Rabhi et Paul Watson

Rites et repères Méditation et cheminements vers où allons-nous ? avec les entretiens suivants :

Assieds-toi et va par Jean-Yves Leloup

La nostalgie de l’absolu par Michel Jourdan

Les pèlerinages circulaires- Tro Breiz, le tour d’une Bretagne intérieure par Gaële de la Brosse

Le chemin sacré de Shikoku par Marie-Edith Laval

Les 88 temples de la sagesse par Léo Gantelet

Mes pieds par Eric de Kermel

Hamish  Fulton – Quand l’art traduit la quintessence de la marche par Marie-Joséphine Grojean –

Nobles voyageurs- Portfolio, la douceur birmane par Christophe Boisvieux

Portrait de Jacques Lacarrière passeur d’horizons par Florence M. Forsythe

Cahiers métaphysiques – Le chant de la terre – L’écologie spirituelle du monastère de Solan par Anne et Fabian da Costa

Viatique pour la traversée du désert

Aux quatre angles du monde : Gardiens de Saba – les moines chrétiens éthiopiens de Jérusalem par Bénédicte Jeandeaud et Neal Badache

Récits graphiques – Matsuo Basho – le maitre du Haïku – un manga de Naho Mizuki

Chroniques d’Olivier Weber – de Jean Moncelon – de Cyrille Javary – de Patrick Laude -  de Franck Lalou – d’Éric Geoffroy -  de Christiane Rancé – de Bertrand Vergely  - de Fabrice Midal et d’Olivier Germain-Thomas –

 

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Au sommaire du N° 5  -  Octobre  2015

 

Ce N° d’Automne 2015  est dédié à exalter le féminin…pour sortir de l’impasse -  Sur les traces de Gandhi  par Nicolas Cornet   -   Le voyage intérieur ‘’marcher sans chemin’’ de Maître Eckhart et la parole inexprimée  par Eric Mangin   -    Songgwangsa ‘’le temple du vaste pin’’  par Alexandre Sattler  -    Rencontre avec le rabbin Steinsaltz   -   Sacralisation  du corps féminin dans l’art de l’Inde par Amina Taha-Hussein Okada   -    L’Islam mystique d’Eva de Vitray  par Marie-Odile Delacour   -   La médecine chinoise et l’équilibre corps—esprit  par François Lehn   -   La sagesse des abeilles  par Bernard Chevilliat   -   Marcher pour disparaitre et s’ouvrir au monde  par David le Breton   -   Augustin Brutus et la raison du plus faible par  Béatrice Lecerf   -    La perte des repères  par Corine Sombrun   -  La sérénité de la lumière par Olivier Follmi   - Sur les chemins de la marche du sel  par Nicolas Cornet   - Les cahiers Métaphysiques : Métaphysique du féminin par Patrick Laude   -   La Franc-maçonnerie spirituelle aujourd’hui  par Jean-Luc Maxence   -  

Les chroniques de : Erik Geoffroy   -   Olivier Germain-Thomas   -   Cyrille J. D. Javary   -    Frank Lalou   -    Patrick Laude   -  Fabrice Midal   -   Jean Moncelon   -    Christiane Rancé    -    Pascal Ruffenach    -  Bertrand  Vergely  et Olivier Follmi    - 

 

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Au sommaire du N° 6 -  Hiver 2016 :

 

Dans les pas des pèlerins de l’absolu : Thomas Merton, le faiseur de paix par Benjamin Coste   -  Signes et traces  -    Le Cheikh Ahmad Al- Alâwï ou la souveraineté de l’expérience spirituelle  par Eric Geoffroy  -   L’esprit des lieux : Athos, Voyage à la Sainte Montagne par Ferrante Ferranti  -  A la croisée des chemins : Dès l’origine, L’Univers portait en germe la conscience. Rencontre avec l’astrophysicien Trinh  Xuan Thuan   -     La Puissance des invocations sacrées : L’appel du cœur par Patrick Laude – L’invocation dans la prière chrétienne par J. M. Gueullette  -  Dhikr-les ailes de l’esprit   -  La puissance du nom de Jésus par M. M. Egger  -   OM aux sources de l’univers et de la vie par Colette Poggi   -   Kyrie eleison est le grand mantra chrétien par Iegor Reznikoff   -   Le tambour chamanique, arc d’alliance par Claire Eggermont   -   Nobles voyageurs : la beauté des origines par Olivier Grunewald  -  René Daumal à l’épreuve de la montagne par Jean-Philippe de Tonnac  -     Oasis, le jardin Zen d’Erik Borja  par Anne et Fabian da Costa  -  Le chant de la terre : Tarahumaras, les indiens aux pieds légers par Aurélie Sécheret   -  Viatique pour la traversée du désert   -   De temple en Temple, les Jaïns  par Olivier Germain-Thomas   -   Récit graphique : Matsuo Bashô, le maître du Haïku  -  la sente étroite du bout du monde  -  Un manga de Naho Mizuki   -    Le billet vagabond de Gilbert Sinoué   -

 

Les chroniques de : Olivier Germain-Thomas   -  Fabrice Midal   -  Bertrand Vergely   -  Christiane Rancé   -  Erik Geoffroy  -   Patrick Laude   -  Franck Lalou   -   Pascal Ruffenach   -  Cyrille J. D. Javary   -  Jean Moncelon  Les cahiers métaphysiques : La  Poésie, une expérience spirituelle par Fabrice Midal   -   Miettes de zen transportées par le vent par J. C. et J. M. Michaud 

 

                                                                                                                                                    ♫♫♫♫♫♫

 

Au sommaire de cet ouvrage N° 7 –Avril 2016 - consacré à l’ésotérisme, une voie pour notre temps :

 

La Mongolie chamanique  -  L’art de la jubilation  -  René Girard, mettre la Vérité au-dessus de l’ordre social  -  Viatiques pour la traversée du désert   -   Penser à l’ai livre  -   soyons des nomades contemplatifs  par Florian Rochet  -   Peregrinus l’étranger  -   En Bolivie sur les pas de Charles de Foucault   -    Au bivouac chez Cheik Hussein, le pèlerinage extatique d’Abyssinie par Georges Courrèges   -   le billet vagabond de Salah Stétié  -    Chroniques de Moncelon   -  Dans les pas des pèlerins de l’absolu  -  Lanza del Vasto prophète de la sobriété  -  Frithjof Schuon ou le regard de l’aigle   -  L’esprit des lieux : Philae, l’île d’Isis   -   A la croisée des chemins, rencontre avec Mathieu Ricard  -  la beauté suprême, c’est la beauté de l’éveil. L’harmonie du cœur, la force de la compassion   -   Peindre le rêve ; Art et culture des aborigènes australiens  -   la kabbale  -  ésotérisme chrétien ou christianisme ésotérique ?   -  La gnose  -  l’alchimie   -

 

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Au sommaire de cette revue N° 8 - Juillet 2016,  consacré au chamanisme :

 

Le chamanisme une nouvelle médecine de l’âme  -  Aller au cœur des quatre vents   -   Le tourisme chamanique : thérapie, voie spirituelle ou développement spirituel ?   -   Le renouveau du chamanisme mongol   -   Les sikereis ou l’âmes des hommes-fleurs  -    Ayahuasca et chamanisme, une expérience en Amazonie        Désignée par les esprits   -    Chroniques et reportages chamaniques par : Patrick Cicognani – David Dupuis   -  Laetitia Merli  -  Anne Pastor   -    Audrey Mouge et Corine Sombrun    -     Arnaud Desjardins, la passeur entre deux mondes   par Bernard Chevillat et Christophe Boisvieux   -    Kabîr, maître et poète universaliste  par J. C. Perrier   -    Fès, ville de l’esprit par Brice Gruet   -   Souvenirs de Fès – Hommage à Titus Burckhardt  par Roland Michaud   -  Rencontre avec l’écrivain Sylvie Germain   -    Charles de Foucauld ou le grand retournement par Christiane Rancé   -   Francis Hallé, pour l’amour des arbres par Claude Albanese   -  Le feu d’amour, souffle de vie par Muriel Chemouny   -   L’acupuncture est d’origine visionnaire par J. Marc Kespi   -   La cité interdite, sous le signe de yin-yang  par Cyrille Javary   -    Les Derviches tourneurs, une mystique de la danse  par Alberto Fabio Ambrosio   -   Multiples sont les chemins des hommes  par Jacqueline Kelen   - 

 

 

                                                                                                                                                   ♫♫♫♫♫♫

 

Au sommaire de cette revue magnifique  N° 9 – Octobre 2016 qui est consacrée au Bouddhisme Occidental :

 

Du bouddhisme au mindfulness  -  Thich Nath Hanh, les fleurs ne savent pas haïr   -  Zen en occident, s’asseoir et oublier    -   Le bouddhisme américain est magnifiquement créatif et varié   -   Swami Ramdas, le pèlerin de la joie    -    Rumi et le règne de l’amour   -  Kyoto. Promenade dans la capitale de 1000 ans   -   Rencontre avec Abdennour Bidar   -  Bâmiyân, la pierre et le vide   -   Les fils des aigles par Tuul et Bruno Morandi   -    Jawdat Saïd, penseur de la non-violence en islam   -    Ayurveda et thérapeutes d’Alexandrie  par Pascale Léger   -   Cahiers métaphysiques   -  Le Nembutsu et la doctrine de Hônen   -  Cinéma et spiritualité : une relation complexe   -   Un royaume africain en terre de coca   par Bénédicte Jeandeaud   -    Le grand champ de l’esprit par Kennet White   -   Jean Vanier et ses ‘’maitres en humanité’’ par Anne-Sophie Constant  -     La grande vision de Black Elk   -   Saint Exupery : une certaine idée du voyage    - 

 

                                                                                                                                                         ♫♫♫♫♫♫

 

Au sommaire de cette revue  -  N° 10 – Hiver 2017 qui est consacré à la méditation, les neurosciences, la philo et l’écologie :

 

Les enfants ont une grande capacité à questionner le monde par Frédéric Lenoir  -  Le yoga de l’éducation par Philippe Filliot  -   Education du cœur  -  Adolescence et méditation de pleine conscience   -   Enseignement trappeur et Maître qui sourit   -   Avoir un rapport heureux à l'école par Yvan Nemo   -   Le récit, cocher du grand voyage   -    L’école du domaine du possible par Florence Quentin   -    Dans les pas des pèlerins de l’Absolu   -     Padre Pio, stigmates et sainteté   -   Empédocle d’Agrigente par Françoise Bonardel   -     L’esprit des lieux, Patmos, l’île de la révélation par Fabian Da Costa   -   A la croisée des chemins   -   Excursus, Sari et l’art du drapé par Christophe Boisvieux  -    Nobles Voyageurs, le Vietnam enchanteur    -   Portrait de Pallis Marco, un fils du Tibet   -     JMG Le Clézio, la quête du secret et de l’origine   -    Cahiers métaphysiques   -    Le taoïsme Fengliu, une voie de liberté spirituelle  par Antoine Marcel   -    Viatique pour la traversée du désert   -    Penser à l’air libre : Lettre d’un jeune alpiniste par P. L. Pétrone   -   Pérégrinus, les pâtes au beurre    -    La Méditerranée comme mer en partage  par Olivier Weber    -    Le billet du vagabond d’André Tuboeuf   -   Diverses chroniques    -

 

                                                                                                                                                        ♫♫♫♫♫♫ 

 

Au sommaire de ce N° 11 –Printemps 2017 qui est consacré  aux signes des temps :

 

Vers la métamorphose par Florence Quentin   -  Vivons- nous le dernier tiers de la nuit ? par Eric Geoffroy   -   Perspective traditionnelle et signes des temps par Bernard Chevillat    -   Traverser l’océan, imperturbable en soi-même par Laurent Deshayes   -    Aux sources de la barbarie par Vincent Aucante   -   Comment tout peut s’effondre par Servigne et Stevens   -   Quand une dette en cache une autre par Renaud Duterme   -  Le nihilisme, face cachée du transhumanisme par Bertrand Vergely     -   Le Dalaï-lama, océan de sagesse et artisan de paix par Laurent Deshayes   -   Dante, poète de la Divine Lumière  par Eric Vinson   -   L’Or bleu de Samarkand par F. Beaupertuis  -  Rencontre avec Patrick Viveret    -   Très beau reportage sur le Kurdistan, au carrefour de la foi par Reza      -       Christian de Chergé, l’espérance et le dialogue par Nicolas Ballet    -    Les mystères antiques par Françoise Bonardel   -   Qu'es ce que le fanatisme par Michel Clermont   -  Le Bhoutan ‘’vers la sobriété heureuse’’ par Eric Tariant   -  Pologne, sur la route des tserkvas  par Nicolas Cornet   -     L’émancipation du sacré par François Cassegena-Trévedy     -    L’appel du large par Thierry Beguelin   -    Vagabondages par Marion Muller-Colard   -    Diverses chroniques  -   

 

                                                                                                                                                        ♫♫♫♫♫♫

Au sommaire de ce N° 12 – Eté  2017 qui est consacré  au corps et au sacré :

 

Dans les pas des pèlerins de l’absolu – Emir Abd el Kader par Ahmed Bouyerdene  -  Shankara, le Maître de la non-dualité par Michel Hulin  -   L’esprit des lieu, d’Al Andalous à Tombouctou, le fabuleux voyage des manuscrits Kati  par Florance Quentin   -   A la croisée des chemins, rencontre avec François Cheng  -   Le corps et le sacré  -    le salut par la beauté par Françoise Spiekermeier   -  Le ciel dans le corps, nudité sacrée et pudeur par Bernard Chevilliat   -   La voie indienne par Patrick Cicognani  -  Corps invisible et corps de gloire par Florence Quentin   -  Chakras : la roue des énergies par Florence Quentin  -  Ces gestes qui nous relient au sacré par Aurélie Godefroy -  Excursus, écrire le sacré, la calligraphie hébraïque par Franck Lalou   -   Nobles voyageurs, beautés d’Afrique par Eric Lafforgue  -   Etty Hillesum, l’indestructible joie de vivre par Audrey Fella   -   Cahiers métaphysiques   -   Viatique pour la traversée du désert   -   Aux quatre angles di monde des calebasses pour contenir le monde par Georges Courrèges  -   Penser à l’air libre : De Thoreau aux écrivains français contemporains par Aliette Armel  -  Pérégrinus, Mongolie, le nouveau destin des enfants des rues par Florence Leray  -  Bivouac : Denis Brihat et l’Inde de 1955  -  et toujours les chroniques de Bertrand Vergely, Eric Geoffroy, Fabrice Midal, Patrick Laude, Javary, Fabrice Rancé et Olivier Germain-Thomas  -

                                                                                                                                                        ♫♫♫♫♫♫

Au sommaire de ce N° 13 -  Automne 2017 qui est consacré  aux mythes :

 

La parole mythique par Françoise Bonardel  -  A quoi sert la mythologie hindoue ? par Dominique Wohlschlag  -  Le jour de la première fois par Florence Quentin  -  L’épopée de Gilgamesh par Nicole Vray  -  La Bible, récit fondateur par Rabbin Pauline Bebe   -   Mythes grecs et quête d’immortalité par Jacqueline Kelen   -  Mythes celtiques par Sylvie Merle   -  La dégradation des mythes par Michel Clermont  -   La sagesse d’Hildegarde de Bingen par Audrey Fella   -  A Bénarès bénie par le Gange par Christophe Boisvieux   -    De feu de d’eau par Patrick Laude  -  Rencontre avec le frère John Martin  par Aliette Armal  -  Portfolio – Les gardiens de la forêt des ombres, L’Amazonie indienne par Serge Guiraud  -   Louis Massignon, le passeur mystique par  Jean Moncelon  -   Cahiers métaphysiques  -  Variation sur le voyage de François Cassingena-Trévedy   -  La Vierge noire de Czestochowa  par Mateus Soares de Azevedo   -   Georges Bernanos ou le courage de la liberté par Michel Viegnes   -   Le Kalarippayat. Un art de la connaissance de soi  par Cécile Gordon et François Lehn   -   Vivre et sourire à Bantar Gebang par Alex. Sattler et Florence Quentin  -  Autour du mont Kailash par Olivier Föllmi et Jean Maie Hullot  -   Chroniques de Bertrand Vergely et d’autres  - 

 

                                                                                                                                                        ♫♫♫♫♫♫

 

Au sommaire de ce N° 14 -  Hiver 2018 qui est consacré à la solitude, au désert et au silence :

 

Quatre lettres de la forêt par Christian Bobin  -  L’exil et la sagesse confucéenne de Chusa par Christine Jordis   -   Marie-Madeleine Davy  par Jean Moncelon  -  Le désert est une fenêtre par Blanche de Richemont   -   Mystique chrétienne au désert par Jacques Kervell   -  Renoncement au monde et Vedanta par Gabriel Arnou-Laujeac   -   Hésychia et solitude par Michel Jourdan   -  Lavé par le désert, dénudé…  par Ismaël Diadé Haïdara   -  L’offrande monacale  par Gilles Baudry   -   Bodhidharma, à l’origine du chan/zen par Bernard Faure   -  A Sienne, sur les traces de Catherine par Christiane Rancé  -   Rencontre avec Cosey par Isabelle Dillmann   -   Le Sahara d’Almain et Bernard Sèbe   -   Théodore Monod, l’intransigeant absolu par Jean-Philippe de Tonnac  -   Djinns et hommes en terre d’Islam par Mariangela Kleiser   -   Hermès Trismégiste : une voix de sagesse par Anna van den Kerchove   -  Chez les Crows, le jour où le soleil couvre la lune par Sylvie Brieu   -  Wat Tham : des grottes de naissance et d’initiation en Thaïlande par Pascal Meunier   -  Splendeur du paysage chinois par Roland Michaud   - 

 

                                                                                                                                                        ♫♫♫♫♫♫

 

Au sommaire du N° 15 – Printemps 2018  qui est consacré à la noblesse, la nature vierge, les terres sacrées et la nostalgie indienne :

 

A la découverte du nouveau monde par Elise Blanchard  -  Le face à face des mondes par M. H. Fraïssé  -  Carnet de voyage en terre indienne par Frithjof Schuon  -  Squaw Power par Patrick Deval   -  Heyokas, les clowns sacrés par Patrick Cicognani  -  Vers la terre mère des Hopis par Bérengère Cournut  -  Nature vierge sans sauvage par Françoise Perriot  -  Zarathoustra, prophète de la joie et de la lumière par Leili Anvar  -  Mont Saint Michel, l’archange en son royaume par Florence Quentin  -  Rencontre avec Fabienne Verdier par Aliette Armel  -  Dossier important sur l’Afghanistan par Roland et Sabrina Michaud  -  Hélène Grimaud, une âme insurgée par Christiane Rancé  -  Qu'’est ce que l’Absolu ? par Patrick Laude  -  Il y a en moi plus grand que moi par Maurice Zundel  -  Yi Jing (ou Yi King) le grand livre du Yin Yang par Cyrille Javary  -  Amérique latine, la survivance du chamanisme par Enrico Martino  -  Lucien Jerphagnon et l’éducation métaphysique par Christiane Rancé  -  Edward S. Curtis l’aventureux attrapeur d’ombres par Bernard Chevillat -  On voyage toujours vers soi-même par J. C. Guillebaud  -

 

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Au sommaire de ce N° 16 – été 2018,  consacré à la Beauté comme chemin de vie :

 

Milarepa, le vagabond nu  -   Signes et traces  -  L’esprit des lieux : le Mandala de pierre du Borobudur   -  A la croisée des chemins, rencontre avec Jean Ziegler  -   Rites et repères   -  Philocalia, cultiver l’amour de la beauté   -  Le culte de la Beauté dans l’art japonais ; une esthétique de l’impermanence   -  Rien que du blanc à songer  -  Vincent Munier sous le regard de Maxence Fermine   -   Ivresses mystique et audition spirituelle en Islam   -   Beauté et perfection morale dans l’Egypte ancienne   -   La Beauté d’un geste   -  Excursus : Wayana, la symbolique du ciel de case   -   Nobles voyageurs   -  L’appel du froid   -  Alexandra David Néel, ses explorations et sa quête spirituelle   -   T. S. Eliot ou la musique des idées   -   Cahiers métaphysiques   -   Oasis, le chemin du Yoga, une spiritualité pas à pas   -   Viatique pour la traversée du désert   -  Aux quatre angles du monde   -   La saga des manuscrits de Qumrâm   -    Anquetil-Duperron, découvreur des livres sacrés de l’Inde  -  Au siècle des Lumières   -   Mégalithes bretons aux aurores de l’humanité   -   Bifurcations et empreintes   -  Le billet vagabond d’Annick de Souzenelle   -  Diverses chroniques   -

 

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Au sommaire de ce N° 17 – été  2019- consacré aux Bêtes, Hommes et Dieux

 

De l’animal mécanique au bestiaire sacré – Inde, animaux sacrés, hôtes indésirables ?  - Les animaux dans la tradition islamique – Le bestiaire de Louis Charbonneau-Lassay

Saint Augustin, le berbère  - Pauvre Yunus Emre  -  Jérusalem, des hommes et des lieux  - Rencontre avec Alain Corbin  - Jean Servier, l’Ethnologue de l’invisible  -  La bienveillance et la douceur selon Alexandre Sattler  - Sacralité des éléments et symbolisme de l’eau  -   A la confluence des deux mers : imaginaire de l’eau, et symbolisme d’El-Khidr dans le coran  -   Un veilleur éveillé, un éveilleur éveillé et un éveillé éveilleur  -  Satish Kumar ou l’écologie spirituelle en acte  - Mille jours de pèlerinage au mont Hiei  -  « Yin-Yang » l’art du penser par deux  -  La Mahâbhârata   -   Entre deux trop plein  - 

 

                                                                                                                                                            

                                                                                                                                                         ♫♫♫♫♫♫

 

 

Au sommaire de ce N° 18  -  Hiver  2020  -  consacré à la symbolique universelle de la Beauté de l’artisanat traditionnel :

 

Les Maîtres du Tantra shivaïte du Cachemire par Collette Poggi  -  Signes et traces – Dans les pas des pèlerins de l’absolu par Giordano Furioso -  La sagesse des volcans par Sébastien Galland – l’esprit des lieux, Ispahan ou l’empire du beau par Mateus Soares de Azevedo  Rites et repères  - Artisanat Touareg, la symbolique des hommes libres par Georges Courrèges – les maisons peintes du Rajasthan par Carise Beaune-Busquet  -  Aperçu sur l’art populaire en Suisse et ses origines par Titus Burkhardt  -    Les mille métamorphoses du Kimono par Elodie Laleuf  -   Elégie pour une antilope pronghorn, l’artisanat sacré de cheyenne river par Patrick Cicognani   -  Nobles voyageurs, l’Iran aux mille visages par Kares le Roy  -    Panaït Istrati ou la passion de l’humain par Linda Lê   -   Ananda K. Coomaraswamy, le guerrier du Dharma  par Harry Oldmeadow  -    le chant de la terre, les hommes et les arbres, vers une nouvelle alliance  par Aliette Armel   -   viatique pour la traversée du désert  -    Pagodes et sanctuaires du Vietnam  par  Nicolas Cornet  -  La puissance spirituelle de la musique par Gérard Kurkdjian   -   La nature est un temple par Olivier Germain-Thomas   -   Peregrinus, un musée sur le toit du monde – l’ambitieux projet d’une française au Ladakh  par Michel Cavalier  -  Le pèlerinage à la Mecque, histoire et symbolique par Bernard Chevilliat      -  

 

                                                                                                 ♪♪♪♪♪

 

UN GRAIN  DE SAGESSE  DANS  LA NUIT DE  LA  MODERNITÉ. Suivi de : L’ÉVEIL EST L’HUMILITÉ PARFAITE

ÉRIK SABLÉ

Edition  ARMA  ARTIS

 2009

Certains oiseaux savent compter jusqu’à dix et ont la notion du zéro. Or, beaucoup de peuples dits « primitifs » ne savent pas compter au-delà de trois. En revanche, partout et toujours, avant l’apparition de la « Modernité », l’homme a vécu dans un univers sacré. L’être humain n’est donc pas un « animal raisonnable », comme on tente de nous le faire croire depuis l’école, mais un « animal spirituel ».

 

En fait, tous les peuples anciens étaient religieux, même les chinois…car ce sont les missionnaires chrétiens qui réussirent à faire croire que la Chine était un pays sans religion, sans dieux, donc laïque, or cela est complètement faux, le pays était parsemé de temples taoïste et chaque maison avait son autel, et chaque village son lieu de culte. C’était une religion populaire hors des structures de l’état.

 

Le spirituel est la « Pierre d’angle » de l’édifice humain. Lorsqu’il est absent, tout s’effondre en l’homme et dans la société, comme un château de cartes qui s’écroule lorsqu’on en retire une carte. Un monde profane, laïque, comme le nôtre, qui n’est plus irrigué par la source de toute sagesse, par la présence des « Grands transparents », des Saints, des Sages, des Initiés, des maîtres à penser, finit par produire de l’entropie, construit des cités monstrueuses et inhumaines, s’enlaidit et s’autodétruit, car il est dirigé par des âmes mortes qui dégagent des effluves négatives et deviennent destructrices.


A partir de cette constatation, l’auteur montre l’erreur profonde de la société actuelle. Nous habitons une « civilisation » contraire à l’essence de l’être humain, et les catastrophes écologiques ne sont qu’une conséquence secondaire d’une erreur beaucoup plus essentielle, et d’une vision faussée au départ.


Cet ouvrage a pour but de nous permettre d’échapper à la pensée dominante qui tente par tous les moyens de nous faire croire que la société où nous vivons est la meilleure et le matérialisme la seule réalité. Une deuxième partie montre les erreurs commises par l’Occident dans sa compréhension des doctrines orientales et notamment « L’éveil ». En fait, l’éveil véritable peut-être défini comme « l’humilité parfaite ».

 

UN HUMANISTE ET SON MONDE : HERCULE FLORUS ALEXICACOS

Olivier Rimbault

Edition du joglar

2016

Cet ouvrage a été conçu comme un complément de l’édition des œuvres complètes d’Hercule Florus (à paraître en deux volumes en 2017 aux Presses Universitaires de Perpignan). C’est à cette édition, la première édition scientifique de cet humaniste oublié, que nous renvoyons tout au long du présent ouvrage. Cela signifie que celui-ci est le premier paru sur cet humaniste d’origine chypriote, exproprié avec sa famille par les Vénitiens, formé en Italie du Nord (vraisemblablement à Padoue), et exilé dans le royaume d’Aragon à partir de 1498, sans doute jusqu’à la fin de sa vie. Il enseigne le latin à l’université de Perpignan de 1498 à 1501, avant d’aller chercher meilleure fortune à Barcelone, où il ne trouve pas le mécène et le poste espérés, puis à Saragosse, où une chaire de poésie et d’art oratoire fut créée pour lui. Auteur du premier livre imprimé par Johan Rosembach à Perpignan en 1500 (son cours de grammaire, le Compendiolum ou Breve documentum), et des deux premières pièces de théâtre néolatin écrites et jouées sur les territoires des Rois Catholiques (Galathea et Zaphira), Hercule Florus nous montre concrètement, par sa vie et son œuvre, comment le goût et la culture humanistes se sont répandus dans toute l’Europe à partir de l’Italie du Nord à la fin du XVe siècle.

 

Le présent ouvrage ne donne certes pas autant de renseignements que les introductions à l’édition de la grammaire et du théâtre d’Hercule Florus. Mais ce livre en est un complément indispensable par l’importance des documents souvent inédits et des commentaires qu’on y trouve. Il intéressera tout particulièrement les historiens de Chypre, de l’humanisme néolatin, de la Catalogne et du Roussillon.

 

Au sommaire de cet ouvrage

 

 Hercule Florus le Méditerranéen  -   Les auteurs au programme à la faculté des arts de Perpignan (vers 1390) - Rubriques 19 et 51 du règlement de l’université (texte latin, traduction, commentaire : l’institution universitaire, le cursus et les textes au programme, la pédagogie).   -    Joan Maler, recteur de l’université de Perpignan (1506)   -     Extrait de l’Itinerarium de Monetarius - Témoignage d’un voyageur allemand passant par le Roussillon en 1494 (texte latin, traduction, commentaire : l’auteur du texte et ses voyages à travers l’Europe, ce que le texte dit du Roussillon et de Perpignan à la fin du XVe siècle, De terra Ruscilionis an sit in Hispania - « Le territoire du Roussillon est-il en Espagne ? »).  -  Première lettre dédicatoire du Mons Carmeli (1518), d’Arnaldus Avedelis dit Sonis, adressée à Francesc et Joan Maler, notables de Perpignan (texte latin, traduction, notice sur l’auteur, ses œuvres et son style).     -     Vie de Johan Rosembach, l’imprimeur du Compendiolum (notice biographique de F. J. Norton) -  Notice sur l’orthographe du prénom et du nom de Johan Rosembach.   -     Titres imprimés par Rosembach à Perpignan    -      . Contrat entre l’imprimeur Johan Luschner et l’éditeur Luís Palou, pour l’impression d’un livre contenant deux « œuvres poétiques », Zaphira et Galathea - fait à Barcelone, le 4 mars 1502 (texte catalan, traduction, commentaire).  -   Vie et titres de l’imprimeur Johan Luschner (biographie, ouvrages imprimés par Luschner entre 1501 et 1505, commentaire de cette liste).   -    Les usages orthographiques vers 1500 - principes d’édition de notre édition des œuvres d’Hercule Florus  (la ponctuation et les majuscules, la graphie des mots, les abréviations, la transcription des caractères grecs, la mise en forme de notre édition).    -       Lexique amoureux et sexuel (Galathea, Zaphira)    -    Des termes latins désignant les habitants d’une ville vers 1500 (Habitatores, habitantes, cives, alienae personae)    -    petite histoire du mot "Celtiberia"

 

UN PÉLERINAGE INTÉRIEUR

Paule AMBLARD

Edition  Albin Michel

2008

Il y a plus de 15 ans, j’ai  ouvert le manuscrit d’un moine du Moyen- Âge « Le pèlerinage de Vie Humaine », et ma vie a pris un cours inconnu et magique. L’univers des enluminures, dont j’ai cherché à percer les symboles, m’a révélé un monde oublié qui transmet une connaissance essentielle  celle de soi-même.

 

Cette aventure a fait de moi un être différent, elle m’a conduite à écarter le sable qui encombre le passage de la vie pour trouver les poussières d’or de mon humanité. Le moine en prévient chaque lecteur qui ouvre son livre : « lecteur, fais attention, toi qui vas lire ce livre, à la fin de l’ouvrage, tu ne seras plus le même. »

 

Cette histoire est bien trop importante pour la garder secrète, elle concerne chacun de nous,  je suis juste le lien entre le moine et vous. Tous les petits secrets et les grands, les sourires du pèlerin,  ses clartés et ses dons du ciel, je vous les offre pour votre usage car chacun  de ses pas, s’il devient le vôtre, sera une clef de vie.

 

Une quinzaine d’enluminures de ce  pèlerinage agrémente ce livre et lui donne une dimension humaine et surnaturelle à la fois.

10 V 

Philippe  -  VIE  DE  MAÎTRE PHILIPPE DE  LYON- LE CHIEN DU BERGER – DVD

BERNARD  BONNAMOUR

Edition LE  MERCURE DAUPHINOIS

 2006

DVD de 1H50. Ce film retrace la vie extraordinaire de Maître Philippe (de son vrai nom Nizier Anthelme Philippe), qui vécu à Lyon de 1863 à 1905, et qui fut une des personnalités les plus remarquables du XIXe siècle.

 

C’est au 35 de la rue Tête d’Or, à Lyon, que Monsieur Philippe faisait des guérisons miraculeuses, juste avec des prières. Il recevait gratuitement dans son hôtel particulier de la rue Tête d’Or plus d’une centaine de personnes et cela quotidiennement pendant plus de 20 ans. Des assistants notaient les événements surnaturels qui se déroulaient sous leurs yeux ainsi que les paroles prononcées et les actes de guérisons.

 

Ainsi furent recueillis les actes et les nombreuses paroles, profondes et pleines de sagesse chrétienne que Monsieur Philippe prononçait alors. Son rayonnement s’étendait, à l’époque, dans toutes les cours d’Europe. Monsieur Philippe fut aussi bien le médecin des rois que celui des pauvres.

 

Ce film documentaire réalisé à l’occasion du centenaire de sa mort, retrace respectueusement les actes et la vie de l’un des plus grands  « Homme de Dieu » que l’Occident n’ait jamais connu. C’est lui qui, vers 1898, reçu Papus chez lui et qui lui fit abandonner tout une partie de la théurgie qu’il avait insérer dans ses rituels martinistes, pour les remplacer par une pratique spirituelle et plus de prières.

 

Philippe de Lyon  -   ALBUM SOUVENIR DE MONSIEUR PHILIPPE DE LYON

PHILIPPE  COLLIN

EDITION  LE  MERCURE  DAUPHINOIS

 2007

Nizier Anthelme Philippe est né le 25 Avril 1849 à Loisieux en Savoie, il est mort à Lyon en 1905. Sa vie extrêmement riche en événements merveilleux, fut ponctuée par des connaissances et des rencontres très riches. Ce petit livre retrace brièvement sa vie, et surtout nous dévoile des  cotés passés inaperçus.

 

De très nombreuses photos agrémentent ce livre, photos avec des personnages comme Papus, Phaneg, Lalande, Jean Chapas etc.

 

En fin de livre est rappelé avec texte et photos quelques amis qu’il rencontra : Papus, Phaneg, Claude Laurent, Benoit Ogier, jean Chapas, Benoit Grandjean, le docteur Emmanuel Lalande plus connu sous le nom de Marc Haven qui épousa la fille de Monsieur Philippe et qui deviendra un ésotériste réputé, etc.

 

Philippe de Lyon -  ENSEIGNEMENT DE JEAN CHAPAS. Le disciple de Maître Philippe de Lyon

Philippe  COLLIN

EDITION LE MERCURE DAUPHINOIS

 2006

« Moi je connais un saint, c’est Chapas de l’Arbresle ! » dit un jour une personne dans le train qui reliait l’Arbresle à Lyon.

 

Jean Chapas est né le 12 Février 1863 à Lyon dans un milieu modeste. A l’âge de 7 ans, atteint d’une méningite, il fut reconnu mort par deux médecins à son chevet qui signèrent l’acte de décès. Il fut ramené à la vie par Maître Philippe. Celui-ci avait déjà guéri son père, et à sa mère qui, à l’époque, lui demandait combien elle lui devait pour la guérison de son mari, Monsieur Philippe lui avait répondu : « Tu ne me doit rien du tout, mais tu me donneras ton fils quand je te le demanderais. » C’est ainsi que Jean Chapas devint le disciple bien-aimé du Maître. Jean Chapas mourut une seconde fois en 1899 de la fièvre typhoïde et fut également sauvé par son maître, toujours après que l’acte de décès ait été établi. Il disait de lui-même : « Je suis un mort en congé ».

 

En 1894, Maître Philippe le présenta à ses malades au 35 rue Tête d’or à Lyon et leur dit : « Maintenant Monsieur Chapas est chargé de faire ce que je faisais autrefois…Nous sommes les pêcheurs venus pour pêcher ceux qui voudraient s’échapper. » En 1895 il leur annonça que « de grands pouvoirs sont dès aujourd’hui donnés à Monsieur Chapas ». C’est ce qui se passa. Jean Chapas se mit à soigner, à guérir miraculeusement et à donner un enseignement dans la continuité de son cher Maître.

 

Celui-ci avait dit en février 1903, deux ans avant sa mort : « Vous ne me verrez plus, je m’en vais où j’ai à faire. Je vous laisse Jean Chapas…Il prendra sur lui de vous accorder, ces choses que moi-même je vous refuserais… » Le 2 septembre 1932, Monsieur Chapas était allé pêcher dans le Rhône. Au moment de plier les cannes, il s’effondra et en soirée rendit son dernier soupir. Maître Philippe lui avait dit : « Jean, quand tu partiras, tu auras tout juste le temps de prendre ton manteau et ta canne pour me suivre ».

 

Cet ouvrage contient en première partie la vie de Jean Chapas et ses rapports avec Maître Philippe et son successeur : Auguste Gauthier, puis des anecdotes sur Monsieur Philippe et Jean Chapas, en dernière partie des lettres de Jean Chapas et son enseignement

 

 Philippe de Lyon   -  MONSIEUR PHILIPPE L’AMI DE DIEU

 Serge  Caillet

 Edition Dervy

     2013

Nizier Anthelme Philippe (1849-1905) vécut à Lyon où, sans le moindre titre officiel, il soigna les âmes et les corps de nombreux malades désespérés qui se présentaient chaque jour par dizaine. Faute de comprendre ses dons hors du commun, la médecine officielle chercha en vain à le discréditer et à lui interdire d’exercer. A la suite du Dr Encausse (Papus), Sédir, Marc Haven, beaucoup l’ont pris pour Maître spirituel et son influence sur le milieu occultiste de la Belle Epoque a été considérable.

 

Monsieur Philippe entretint aussi des relations privilégiées avec certains souverains d’Europe, et particulièrement avec le Tsar Nicolas II et les grands ducs russes, ce qui inquiéta la police politique russe et les autorités françaises, incapables d’appréhender la vocation spirituelle de cet « homme ordinaire » conscient d’être à sa façon un « ami de Dieu ».

 

Cette seconde édition, revue, corrigée et considérablement augmentée permet à Serge Caillet d’exploiter toutes les ressources et sources disponibles et de nombreux documents inédits, notamment son dossier de surveillance policière. Il retrace ainsi la carrière de cet homme hors du commun qui, paradoxalement, pouvait confier à un journaliste : «

J’ignore tout de moi, je n’ai jamais compris ni cherché à m’expliquer mon mystère », alors qu’il affirmait à ses disciples : « Ne craignez pas de me perdre, j’ai un pied au fond de la mer, un sur terre, une main vers vous et l’autre vers le Ciel ».

 

Deux documents publiés in extenso viennent fort utilement illustrer cette biographie ; le carnet personnel du Dr Gérard Encausse, dans lequel il a relevé et classé des propos de Monsieur Philippe et un journal anonyme de comptes rendus des extraordinaires séances de guérisons et d’enseignement données par Monsieur Philippe à Lyon.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 360 pages :

 

Chapitre 1 : Son enfance

Chapitre 2 : Le Père des pauvres, ses débuts de guérisseurs et la rue Tête d’or

Chapitre3 : Le Maître inconnu, Papus, l’école de magnétisme de Lyon, du magnétisme animal au magnétisme spirituel

Chapitre 4 : Le premier pas du Tsar, confident des souverains, chez les grands ducs, St Pétersbourg, Paul Brouardel mène l’enquête, la rencontre avec le couple impérial.

Chapitre 5 : Le suspect de la République : L’affaire Ratchkovsky, l’aristocratie russe, sous surveillance policière

Chapitre 6 : Les soldats de l’ami, Jean Chapas dit « le caporal », Marc Haven le fidèle, la voie de l’Evangile, les messagers martinistes, l’héritage et les héritiers de Monsieur Philippe

Dans la dernière partie est consigné une centaine de mots dont Maître Philippe a expliqué sa signification et sa vision

 

 

Philippe de Lyon  -  L’HÉRITAGE SPIRITUEL DE JEAN CHAPASMAÎTRE Philippe DE LYON

 Jouffroy-Grandjean

 Edition Le Mercure Dauphinois

     2011

Ce livre retrace mon désir et les pensées qui m’ont incitée à l’écrire en hommage à mon grand oncle Jean Chapas que je n’ai pas eu la chance et la joie de connaitre. Cet oncle est mort en 1932, j’avais 8 ans

 

En écrivant ce texte, j’ai voulu réhabiliter dans mon esprit ces deux hommes de Dieu qu’étaient Monsieur Philippe et Jean Chapas. J’ai trop souvent entendu dire : « Monsieur Philippe était contre les curés. » Ce qui est faux comme l’atteste de nombreux témoignages. Pour moi, les prêtres sont une relation entre les paroles du Christ et les hommes.

 

Puisse ce témoignage aider la transmission de la réelle volonté de Dieu qui passe par l’amour capable de réunir tous les êtres humains et par l’humilité et le don de soi de certains hommes

 

 

Philippe DE LYON  - LUMIḔRE BLANCHE – ḖVOCATION D’UN PASSḖ  

Marie Emmanuelle Lalande

Edition le Mercure Dauphinois

 2010

La lumière blanche annoncée dans le titre de cet ouvrage est celle perçue par Marie Lalande auprès de son Maître, Monsieur Philippe de Lyon, qu’elle eut le privilège et l’honneur de connaitre dans l’intimité. Elle a été poussée à écrire cet ouvrage et ce témoignage après la publication d’un livre polémique et très critique sur Monsieur Philippe. Cet ouvrage l’avait blessé ainsi qu’à tous ceux qui ont connu et aimé Mr Philippe.

Ce livre donne avec les dates, les adresses et les noms, les guérisons qu’à faites Maître Philippe, et prouve ainsi le don de thaumaturge et de bienfaiteur que le Maître a pratiqué durant sa courte vie.

L’auteur : Marie Lalande (1877-1952) est née Marie Olga Chestakoff à Moscou, liée par sa mère à l’aristocratie russe. A 21 ans, elle sombre dans un mal de vivre intense causé, en grande partie par l’exil, loin de sa culture et des siens. C’est avec l’espoir de soulager sa souffrance qu’elle s’adresse à Monsieur Philippe qui l’a guérit totalement. A partir de ce moment, elle ne s’éloigne plus de celui qu’elle a reconnu comme son Maître de vie.

Elle épousa en mars 1913 – en secondes noces – le docteur Emmanuel Lalande (qui écrivit sous son nom de plume mystique : Marc Haven) qui fut le mari de Victoire Philippe (la fille du Maître) qui décéda prématurément en 1904.

 

Philippe de Lyon   -   CARNETS DE VICTOIRE PHILIPPE - Fille de Maître Philippe de Lyon

Victoire Philippe

Edition le Mercure Dauphinois

 2012

Cet ouvrage est composé des écrits provenant de deux carnets laissés par Victoire Philippe, la fille bien-aimée et trop tôt disparue (à l’âge de 25 ans) de Maître Philippe de Lyon.

Les notes du premier carnet ont été prises lors des séances du 35 rue Tête d’Or à Lyon où Anthelme-Nizier Philippe guérissait et prodiguait un enseignement en tout point conforme aux Evangiles.

Les notes du 2e carnet ont été relevées dans l’intimité de Monsieur Philippe ; il y est question du Christ, de l’âme, de l’esprit et du corps, de la guérison, de la mort, de la réincarnation, du futur, des animaux, des autres planètes, de la préparation de certains remèdes, et bien d’autres choses encore.

L’enseignement repose sur deux piliers : les épreuves et l’Amour du prochain. Certains penseront qu’endurer des épreuves comme voie de rédemption est doloriste et dépassée, ils se trompent, car c’est dans le malheur que nous prenons conscience, que nous nous réveillons, commençons à nous interroger et pouvons-nous mettre à la place de l’autre. Quant à l’amour du prochain, il consiste déjà à ne pas nuire, à pardonner et à aider les autres du mieux que nous pouvons.

Au sommaire de ces carnets environ 350 mots, concepts ou phrases dont Maître Philippe donne une explication, une définition, ou on mode d’emploi

 

PHILIPPE DE LYON  -  ENSEIGNEMENTS ORAUX DE MONSIEUR PHILIPPE DE LYON  - Textes choisis de Jean Bricaud, Sédir, Papus, Victoire Lalande et Marc Haven

Manuscrit d’un canut lyonnais. Préface et présentation de Gil Alonso-Mier

Edition ARQA  

 2013

Ce long manuscrit entièrement consacré à l’enseignement oral de Monsieur Philippe de Lyon, enseignement donné durant quatre années de 1893 à 1897, est attribué à l’origine à un canut lyonnais resté totalement anonyme.

La transcription manuscrite restituée ici dans son intégralité et dans sa continuité chronologique en fut attribuée par la suite à François Galland (1883-1969) qui fut un ami de Jean, Chapas (1863-1932), fidèle disciple du célèbre guérisseur lyonnais.

On retrouvera dans ce document exceptionnel l’essentiel de l’enseignement de Philippe de Lyon, à travers toute la mystique chrétienne, que le thaumaturge abordait quasi quotidiennement et approfondissait sans cesse avec une simplicité et une humilité qui forçait son auditoire au plus grand respect.

Il y est question de la création, de la nature cachée des quatre évangiles à travers une exégèse personnalisée, des parties distinctives de l’Être, de la réincarnation, de la progression de l’âme mais aussi de l’apprentissage du magnétisme, de l’esprit de la prière, du Bien et du Mal, du règne de Dieu, de l’angélologie, de la mort, ou plus exactement de la vie après la mort.

Certaines « paroles » issues de ce document apologique étaient destinées à des personnes bien précises ayant une demande particulière ou nécessitant un soin spécifique et ne doivent pas être généralisées, d’autres sont vraiment utilisables pour tout le monde, le lecteur aguerri saura donc faire preuve de discernement.

Dans le cadre de cette présente édition, il est également apparu profitable pour le lecteur, d’enrichir cet enseignement oral de Monsieur Philippe de Lyon avec d’autres « paroles » et certains textes majeurs des familiers du Maître, on y trouvera donc de nombreux documents d’archives dont une lettre inconnue de Philippe de Lyon portant son sceau en tant que médecin russe, deux portraits inédits de Monsieur Philippe, 11 correspondances concernant le Maître à la cour de Russie, des lettres du Tsar Nicolas II à la Tsarine, ainsi que des pages présentées pour la première fois d’un carnet de Monsieur Philippe de Lyon rédigé en écritures secrètes.

 

PHILIPPE DE LYON   -   LUEURS SPIRITUELLES. Notes de mystique pratique par un disciple de Maître Philippe de Lyon

Jules-Antonin Ravier

Edition Le Mercure Dauphinois

 2015 

Jules-Antonin Ravier est le fils d’Henri Ravier (1842-1911) et Jeannette Lilla-Palletaz (1890-1907). C’est en 1870 qu’Henri Ravier fit la connaissance de Maître Philippe qu’il accompagnera jusqu’en 1905, date de la disparition de Philippe. De 1894 à 1903, Henri Ravier prit des notes pendant les célèbres séances organisées par Maître Philippe, avec l’autorisation de ce dernier.

 

Jules-Antoine Ravier fut baigné depuis l’enfance par la spiritualité de Maître Philippe. Il passa par l’Ecole pratique de magnétisme et de massage de Lyon avant de rejoindre les Amitiés Spirituelles de Sédir.

 

Les réflexions rassemblées dans ce livre rendent compte de ce que Jules-Antoine Ravier a saisi de l’enseignement de Maître Philippe ou de ses actes. Il souhaite aussi «exposer les principes de la Religion du Verbe» avec distance et modestie.

 

La première partie s’intitule «Notes de mystique appliquée». Elle évoque les composants d’un enseignement chrétien dégagé des complications humaines, simple, direct, radical comme l’entendait Maître Philippe.

 

« La science du Christ, dit Jules-Antonin Ravier, n’a pas pour but de faire des savants discuteurs de formules abstraites, ou des ambitieux qui n’hésitent pas à bousculer tout le monde pour s’élever et obtenir les meilleurs places. C’est, au contraire, l’Initiation du Cœur. Son objet est de rendre l’être meilleur, de le faire aider ses frères, pour que la Vie qui est en eux puisse se développer, afin qu’elle atteigne ce plein épanouissement en vue duquel ils ont été créés. En étant serviteur de l’Amour, on sert la Vie. »

 

Au cœur de ce procès spirituel exigeant se trouve le don, le don sans réserve qui accompagne un total détachement. L’attention aux « petites choses » ouvre aux « grandes choses ». C’est un christianisme du quotidien qu’a laissé Maître Philippe, de l’ajustement permanent aux choses de Dieu, petites et grandes, attention qui conduit à la connaissance de soi-même, à l’accueil de l’autre et se constitue en véritable initiation spirituelle. Il s’agit bien de se dépouiller du vieil homme pour laisser toute la place au Christ.

 

La seconde partie traite des « Notes de mystique pratique ». Elle étudie les principes d’une alchimie des énergies à l’œuvre dans la vie quotidienne et dessine une métaphysique du quotidien. Un exemple avec ce que l’auteur intitule « formule magistrale » : « Si tu veux produire un grand mouvement, une grande chose, sache réunir les éléments, les forces, les idées les plus disparates… et mets-les en opposition !

 

Exemple : Si tu mets du feu avec du feu, tout continue à briller. Mais si tu mets du feu avec de l’eau, tu produits l’ébullition, le feu et l’eau se changeront en vapeur, etc. Oppose l’air au feu, tu produiras la flamme. Oppose le feu à la terre, tu libéreras les principes vitaux qui amèneront des désordres psychiques. Oppose l’eau à la terre, tu obtiendras l’activité des principes qu’elle renferme, etc. Mais que tout ceci soit fait en parties égales et en proportion de forces. Conclusions : Si tu veux produire un mouvement, ne crains pas l’opposition franche, car l’opposition simulée n’est que charlatanisme. Un adversaire sincère et franc est un ami. »

 

Ce livre, profond et rigoureux, permet de comprendre comment l’enseignement de Maître Philippe a pu bouleverser les martinistes rassemblés autour de Papus. Bien des aspects déclinés dans ces pages font écho à la théosophie de Louis-Claude de Saint-Martin telle qu’elle était entendue à la Belle Epoque

 

Philippe DE Lyon  -  VIE & PAROLES DU MAÎTRE PHILIPPE

Alfred haehl

Edition DERVY

 2005

- 25 avril 1849 : naissance d’Anthelme, Nizier, Philippe en Savoie. Alors qu’elle était enceinte, sa mère fait une visite au curé d’Ars qui lui révèle que son fils sera un être très élevé.

- 1874-75 : Il est inscrit comme officier de santé à Lyon. Mais ses dons exceptionnels lui causèrent quelques inimitiés après avoir guéri mystérieusement des malades à l’Hôtel-Dieu.

- 1895 : Il ouvre à Lyon une École de Magnétisme spécial : « Pour traiter par le magnétisme ordinaire, il faut être très fort ; pour pratiquer notre magnétisme, il faut être faible, c’est-à-dire charitable et humble de cœur ».

- Sa réputation de thaumaturge devient internationale et il reçoit de nombreuses distinctions et titres de docteur : aux États-Unis, en Italie et en Russie, pour les guérisons et miracles qu’il y opère.

- 2 août 1905 : mort de Monsieur Philippe dans sa maison de l’Arbresle près de Lyon.


C’est afin de conserver son enseignement que ce livre a été écrit, à partir des témoignages de ses proches.


«Père des pauvres » ou « ami de Dieu », Mr Philippe était un être rayonnant de générosité, de courage et d’énergie.
Cette générosité, cet ouvrage et cette énergie, les lecteurs de Vie et Paroles les découvriront par l’intermédiaire de directives offrant, avec une grande simplicité, les moyens de se réaliser dans leur vie quotidienne comme dans leur vie spirituelle.

 

PHILIPPE  DE  LYON  - LES CARNETS DE L’ARBRESLE - SUR LES TRACES DE Mr PHILIPPE DE LYON

Thierry Emmanuel Garnier 

Edition Arqa

 2013

Collection en 12 fascicules ou carnets. Cette collection se veut « Revue de mystique chrétienne », sur les traces des guérisseurs spirituels et des « marcheurs de Dieu ».

Autour de Mr Philippe de Lyon, les éditions Arqa proposent cette collection, pour tous ceux qui aiment porter leurs pas sur les traces des mystiques chrétiens, des « marcheurs de Dieu » et des «  guérisseurs spirituels » qui ouvrent la voie, à leur manière en soulageant ou en guérissant les pauvres, les plus humbles, les plus déshérités.

Ces cahiers d’environ 20 pages couleur, sur papier glacé, nous font découvrir de près, tant en documents d’époque, gravures et cartes postales anciennes, mais aussi des prises de vues actuelles, des aspects oubliés ou encore ignorés des lieux de mémoire où gravitèrent ces personnages hors du commun, évoqués au cours de différents voyages dans toutes les régions françaises. Une solide érudition explique le fonctionnement de ces êtres exceptionnels qui vouèrent leur vie à soulager les misères et les traumatismes des plus faibles, mais aussi surent soigner les plus grands. Des photos anciennes et récentes occupent la moitié de chaque fascicule, ce qui leur donne une réalité et une nostalgie sympathique et parlante.

Carnet N°1 : L’Arbresle et le Clos Landar : Sur les traces de Mr Philippe de Lyon.

« Vous ne me verrez plus, je m’en vais où j’ai à faire ; quelques-uns d’entre vous me verront encore de temps en temps, puis je disparaitrai …» Mr Philippe de Lyon- Février 1903

Le 2 Aout 1905, est décédé à L’Arbresle, muni des sacrements, Monsieur Nizier Anthelme Philippe à l’âge de 56 ans. Il était connu comme un guérisseur extraordinaire. Son disciple et successeur, Jean Chapas, continua l’œuvre de son Maître et lui aussi soigna avec dévouement.

Le centre de la vie de Monsieur Philippe fut « Le clos Landar » à l’Arbresle, près de Lyon, c’est là qu’il venait se ressourcer, et c’est là que l’association actuelle essaie de racheter la maison pour en faire un lieu de pèlerinage et un musée.

Carnet N°2 : Schlatter à Ebersheim : Sur les traces de François Schlatter.

Né à Ebersheim, François Schlatter est le 9e enfant d’une grande fratrie, il fera des « rêves guidés » et se définira comme un prophète. Avant tout, il était un « marcheur divin » et un « guérisseur mystique », il partit aux Etats Unis en 1884 et après un parcours de 9000 kms et un jeune de 40 jours dans le désert, il soigna près de 200.000 personnes à Denver (Colorado) en 58 jours, puis disparaitra définitivement. - Gil Alonso-Mier en a fait un livre sur ce personnage exceptionnel – Edition Arqa – détails au chapitre 10 F –

Carnet N° 3 : Cyprien de Vialas : Sur les traces de Cyprien Vignes.

Vialas, petit village « parpaillot » de Lozère, fut en cette fin de siècle, un lieu d’accueil pour toutes les personnes en souffrance, surtout les protestants français, suisses et allemands, mais aussi les catholiques, qui sont venus dans ce village voir et se faire soigner par « le juste » «  le Père Vigne » «  le guérisseur au secret », cet homme grand guérisseur spirituel était fin connaisseur de toutes choses du Livre de la Vie, permettant de soigner hommes et bêtes à l’aide de prières convenues dont lui seul détenait le secret.

C’est dans ce coin de Lozère qui n’échappa pas aux « dragonnades » de Louis XIV que naquit en 1824 et vécut Cyprien Vignes de Vialas qui soigna avec dévouement et abnégation les malheureux, il fut un thaumaturge d’exception, inclassable, mais une haute personnalité de Lumière, à la façon de Mr Philippe de Lyon. Ce qui semble certain est que ses dons se développèrent très tôt et qu’une révélation d’importance, auditive, sonore ou visuelle, eut lieu dans son enfance.

CARNET N° 4 : Loisieux-les-Rubathiers - Sur les traces de Mr Philippe de Lyon.

Ce N° 4 des carnets nous propose une excursion en Savoie, d’abord à Loisieux puis à Rubathiers sur les terres natales de Mr Philippe, avec un rappel de son enfance, puis son voyage à Lyon la croix-rousse, chez son oncle, boucher de son état. C’est à Loisieux à l’hôtel des tilleuls que se retrouvaient quelques dames de la bourgeoisie lyonnaise. C’est dans cet hôtel que vers 1960 séjournèrent André Savoret, Eugene Canseliet et quelques autres amis épris de traditions hermétiques et fins kabbalistes et c’est dans ce village que le petit Philippe vécut et exerça ses premiers prodiges.

Un voyage hors du temps qui nous fait méditer sur ces lieux, chapelles et statues, qui ont marqués la vie du jeune Philippe Nizier.

Carnet N° 5 : Le curé d’Ars et Philippe de Lyon : Sur les traces de J.M. Vianney, curé d’Ars.

Jean-Marie Vianney (1786-1859) naquit à Dardilly, dans l’Ain au sein d’une famille pauvre qui essayait de vivre de l’agriculture. Plus tard il se fit curé et là va commencer une extraordinaire aventure spirituelle. Avec Philippe de Lyon, les ressemblances sont frappantes, tous deux furent bergers et développèrent très jeunes des dons pour guérir les autres.

Lorsque meurt le curé d’Ars en 1859, Philippe de Lyon n’a que 10 ans, mais le curé d’Ars reconnu comme un saint de son vivant était connu de partout, aussi la mère de Philippe alors enceinte de son fils rendit visite au curé d’Ars, lequel lui révéla que son fils serait « un être très élevé ». Ces mots furent ceux de Benoit-Joseph Labre lorsqu’il rendit visite aux parents du futur curé d’Ars. Comme quoi, la chaine de transmission métaphysique possède au sein de la matrice quelques intersignes efficaces qui permettent parfois de signaler, à l’avance, la venue d’un Elu exceptionnel.

Ce carnet nous dévoile quelques-uns des miracles effectués par le curé d’Ars, ainsi que les grands moments de sa vie. Mr Philippe de Lyon avait une adoration pour ce curé et toute sa vie il le cita.

Carnet N° 6 : Pauline Jaricot Amour et foiSur les traces de Pauline Jaricot.

Elle née à Lyon en 1799, vers l’âge de 17 ans, elle décide de vouer sa vie à Dieu. Elle vécut longtemps à St Nizier, c’est là d’ailleurs que 50 ans plus tard s’installera Mr Philippe.

Elle fonda L’œuvre de la propagation de la Foi, dans le but de soutenir l’action missionnaire de l’église. Un peu plus tard elle créa le « Rosaire vivant » qui eut un immense succès. Toute sa vie elle s’occupa des pauvres, des déshérités, de la condition misérable des travailleurs de la soie, les canuts, dont la révolte de 1830 fut réprimée dans le sang. En 1832 elle achète une grande maison à Fourvière sur les hauteurs de Lyon, elle en fit une résidence religieuse sous le nom de Notre Dame de Lorette et y consacra sa vie à l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement.

Carnet N° 7 : Les guérisons du curé d’ArsSur les traces du curé d’Ars.

Carnet N° 8 : Mr Philippe de Lyon à la Tête d’OrSur les traces du Maître Philippe de Lyon.

Carnet N° 9 : Benoit Joseph Labre – Le vagabondSur les traces de B. Joseph Labre.

Carnet N°10 : Saint Jean François Régis – Mission EvangileSur les traces de B. François Régis.

Carnet N°11 : St Vincent de Paul – Apôtre de la charitéSur les traces de Vincent de Paul.

Carnet N° 12 : Bruno Groening  - Miracles et guérisonsSur les traces de Bruno Groening.

Association Maître Philippe de Lyon: www.maitrephilippe.asso.fr – tel. 06 36 90 50 28 –

Edition Arqa – arqa@editions-arqa.com - 29, Bd de la Lise Marseille 13000 -

 

virgile – maÎtre de sagesse

Yves  albert dauge

 EPIGNOSIS

 

Virgile, maître de sagesse : c’est une conviction après dix ans de recherches virgiliennes, recherches fondées sur les inépuisables ressources de l’ésotérisme comparé. On a repéré que Virgile était universel : expliquons-le donc dans le cadre de la Gnose universelle, de l’énergétique fondamentale de la métamorphose. L’ésotérisme est comparé, ou il n’est pas. Tous les champs de la connaissance sont étroitement complémentaires et constituent en fait les éléments inséparables d’un savoir unique (telle est la réelle interdisciplinarité).

 

La même lumière initiatique se révèle partout, sous le voile changeant des symboles, par-delà les déterminations psychiques ou sociologiques. D’où la notion, capitale, de totalité transhistorique, et la faculté de diversifier largement, sans renoncer ni à la rigueur ni à la cohérence, les clefs et les éclairages de l’herméneutique.

 

Ce nouveau Virgile est une tentative d'interprétation qui se veut approfondie et originale de poèmes pourtant connus et fort commentés, grâce à une "polyexégèse" longuement élaborée et vérifiée. Mais on peut dire aussi que c'est un travail de symbolique essentielle centré sur l'œuvre, exemplaire, de Virgile. Ainsi son intérêt dépasse-t-il la seule Antiquité : par son appel à la totalité de la Gnose, par une constante utilisation des éléments les plus divers de l'ésotérisme, il vise à un renouvellement de l'herméneutique, tant virgilienne que générale.

L’Enéide de Virgile est l’histoire d’un passage : à la fois une initiation et une fondation, celle du Troyen Énée qui, sur les routes de l’exil, trouve les forces de s’orienter et de construire, avec ses compagnons, son propre espace, en même temps que l’espace géographique qui l’entoure : ainsi va naître la cité romaine, comme nouvelle Troie identifiant le futur au passé, la Terre Promise au Paradis perdu. Pour guider Énée dans ce passage périlleux, le récit met en œuvre une série de passeurs, qui l’aident à aller d’une rive à l’autre, d’une ville à l’autre, et l’accompagnent dans sa mutation ontologique. Leur nature, les formes qu’ils prennent, sont très variables.

On peut être étonné de voir figurer là les saisons : c’est oublier que le monde antique est animiste, et que, par exemple, la notion de l’automne comme « saison mentale » chère à Baudelaire prend toute sa force. Apollinaire lui aussi nous évoque un « Automne malade » qui est saison de latence, de déclin et de passage. En ceci l’automne, saison des déclins, s’oppose à l’hiver, période d’immobilité et de germination potentielle, et encore plus au printemps, saison des renouveaux et de l’élan vital, et à l’été, moment de l’assomption et de la récolte, « gloire » de la nature. Pour saisir l’intérêt du rapprochement, il faut se souvenir de ce que l’Énéide est construite comme un parcours solaire dans les douze signes du zodiaque, correspondant aux douze livres de l’épopée virgilienne. Si l’on accepte l’hypothèse que j’avais formulée, et les arguments socio-historiques qui rendent crédible une telle exégèse, dans le contexte de l’imaginaire de la période, on en arrive à la conclusion que l’axe Bélier-Balance correspondrait à l’axe, la saison de l’automne se situe donc au moment des voyages et de l’errance (Sagittaire à Capricorne, livres I à III): ce sont bien les mois de l’automne, comme « passeur » et transformateur, comme préparation aussi, dans une ambiance de déclin et de mort potentielle, de vieillissement non encore maîtrisé, depuis une Troie « malade » et mourante jusqu’à Rome en germination, sur le site de laquelle Énée arrivera précisément au printemps, à l’époque du renouveau, après les révélations dans le silence de la Descente sous terre, au moment de l’hiver, et avant de connaître l’assomption solaire et royale des combats triomphants de l’été

 

vitriolvoyage vers une folie raisonnable

Thierry charrier

Edition THELES

 2007

Vous ressentez une soif de liberté, un besoin de changement, un désir d’évoluer ? Alors... osez entreprendre ce voyage. Votre environnement et votre passé vous guideront du hall de départ vers la salle d’embarquement. Les connaissances psychologiques, religieuses et scientifiques actuelles jalonneront votre périple dont la destination finale se situera aux confins de passages secrets dont vous seul aurez l’accès. Avant de décoller, sachez que la découverte de votre monde intérieur sera le résultat de votre investissement, que votre foi vous servira de passeport et votre authenticité de visa : aussi, reliez votre intellect à votre émotionnel, et... bon vol ! Vitriol ou Voyage vers une folie raisonnable surprendra par l’association simple et astucieuse de valeurs apparemment éloignées. Il amènera le lecteur à découvrir des contrées inexplorées pour lui offrir de nouvelles alternatives. Mais c’est surtout l’engagement de l’auteur et son souci permanent de relier concept et réalité qui rendent le livre captivant.

 

Thierry Charrier est psychiatre, criminologue et psychothérapeute. Il exerce à Lorient. Après 25 ans de psychiatrie, il a rassemblé dans un livre ses connaissances destinées à guider le lecteur vers un équilibre. « Vitriol ou voyage vers une folie raisonnable » est voulu par son auteur comme un embarquement vers une liberté intérieure. Votre livre est empreint d'admiration à l'égard de Carl Gustave Jung. Pourquoi une telle adhésion à ses thèses ? La réponse de Freud quand un patient est malade, c'est de lui donner des médicaments et de lui dire de passer à autre chose. Chez Jung, la grande différence, c'est que derrière le symptôme, le patient a un capital à découvrir. Un inné. C'est d'ailleurs souvent dans la deuxième partie de la vie, ce moment clé où les valeurs familiales et culturelles s'estompent.

 

L'originalité de Jung est de faire comprendre que dans la deuxième partie de notre vie, on est face à une crise existentielle qui n'est que l'expression de notre monde intérieur qui pousse. C'est la grande différence avec la psychiatrie classique, le symptôme est optimiste. C'est le voyage vers une folie raisonnable de « Vitriol » ? Vitriol, c'est l'acronyme d'une phrase latine, qui veut dire, en gros : va à l'intérieur de toi, il y a le secret. Ce livre n'est pas un mode d'emploi, mais une réflexion qui propose un voyage intérieur, des voies d'accès. Seul le lecteur peut les franchir. Cette découverte de son monde intérieur ne peut pas être consciente. Elle s'effectue par le biais des projections et des rêves. Des projections ? Qu'est-ce que c'est ? C'est attribuer à l'autre quelque chose qui nous appartient. C'est le reflet de nous-même. Exemple : quelqu'un de très sérieux, qui a fait de longues et difficiles études et côtoie des gens qui s'amusent, qui jouent beaucoup, au bowling, par exemple. S'il est coincé dans son rôle sérieux, il va y avoir une dualité et il va souffrir.

 

Cette souffrance peut l'amener à la solution : l'alchimie. C'est-à-dire, accepter d'être l'enfant qui joue. Il a le deuil d'un ego à faire. Celui du mec hyper sérieux, qui est sa représentation, au bénéfice d'un monde intérieur, qui lui permet de ne pas être dépendant du monde extérieur. Donc d'être libre. Ouf ! Le chemin pour arriver à cette liberté a l'air bien douloureux ? Il y a souffrance car en vivant ce qu'on a à l'intérieur on prend un risque. Mais cette souffrance est constructive. On a peur d'être seul, peur de l'image parentale, sociale sur nous. Le but est de découvrir notre monde intérieur, constitué d'archétypes. Ça peut être le côté joueur enfant, le côté masculin, féminin... Le tout coloré d'une façon différente en chacun de nous, selon notre passé. C'est notre inné, complètement inconscient, qui doit nous aider à construire notre avenir.

 

vivre et transmettre la tradition

Connaissance des religions

Edition  Dervy

 2003

La transmission est au cœur de la notion de tradition, qui signifie d’abord : remettre, confier, à transmettre. Il n’y a pas de question plus décisive aujourd’hui pour les grandes voies spirituelles, aussi cet ouvrage nous offre l’opportunité d’étudier et de lire divers auteurs  sur ce thème.

 

Un premier enjeu consiste à se démarquer des idées reçues et des confusions qui règnent dans notre société contemporaine, où l’on confond volontiers transmission et communication, ou encore information et savoir…

 

Nous sommes saturés de communications, mais y-a-t-il pour autant transmission ? Rien n’est moins sûr ! Quant aux « autoroutes de l’information », dont on nous vante chaque jour les bienfaits, elles sont loin de se confondre avec les voies de la connaissance et de la transmission spirituelle.

 

On assiste aujourd’hui à une crise générale de la transmission, qui dépasse le cadre des grandes religions : toutes les institutions sont concernées, à commencer par la famille et l’école. La révolution technologique s’accompagne même de phénomènes de transmission inversée, dans la mesure où le savoir et la compétence technique acquis par les générations nouvelles se transmettent aux plus anciennes.

 

La crise touche les traditions religieuses elles-mêmes, à des degrés divers, elles sont toutes confrontées au défi de la transmission, rien n’est assuré ici-bas, et la tradition la plus solide n’est pas à l’abri des secousses de l’histoire, il n’y a pas de tradition sans histoire.

 

Pour prendre comme exemple le christianisme, cette crise concerne à la fois, les acteurs de la transmission, et là c’est le rôle de la faille, du clergé, des institutions religieuses et autres associations spirituelles, mais aussi les contenus, les modes de transmission et les conditions de réception.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Paradosis et paradisos  par Jean Biès

Mettre en œuvre la Tradition par Françoise Bonardel

De l’Art du trait à l’art de la musique – Pratiquer et transmettre le métier de luthier par Philippe Faure et Luc Breton

De quelques apories du néo-bouddhisme : Dieu unique, suprême transcendant  –  Dieu créateur – Maître Eckhart : un Boddhisattva pour l’occident   –   comment désigner la Réalité Suprême  -  Conscience de base et Embryon de Bouddha  - le Non-Soi des Bouddhistes -  Réflexion sur l’incontournable Vacuité   -    par  François Chenique

Les rites d’initiation dans le soufisme par : Michel Dubois

Les treize saints de la médecine chinoise, art de guérir et art de la guerre  - Un tableau de Su Ren-shan -   le loup de Gubbio  -  transmission ou médiatisation -   par : Jean-Claude Dubois

Les médias de la Transmission – A propos de la transmission de la Tradition chrétienne au Moyen Âge  par Philippe Faure

Statuts et hiérarchie des médias, réception et réappropriation de la Tradition par Christophe Ibach

L’esprit du signe par Françoise Bonardel

Livres de et sur la Transmission par Jean Canteins

La Franc-maçonnerie contre elle-même par Patrick Geay

Tradition et transmission – Guénon face à la critique historique  par Jean-Pierre Laurent

Présence et vérité : l’héritage spirituel chez Massignon et Schuon  par Patrick Laude

La Tradition et sa transmission dans les compagnonnages : aperçus en forme de mise au point- le problème des sources  par Jean-Michel Mathonière

Transmission orale, transmission écrite : le chant chrétien antique-  le sens d’une référence orale et écrite, le chant chrétien, la leçon de l’oralité par : Iegor Reznikoff

Philip Sherrard – le cosmos comme théophanie  par : Matthias Korger

Bibliographie des œuvres de Philip Sherrard

 

VOYAGES EN PAYS D’ḖVEIL ET DE SAINTETḖ

Michele Mickaël

Edition Trédaniel

2017

Quelle convergence existe-t-il entre le cheminement spirituel du maître théravadin Ajahn Mun et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne encore méconnue ? Entre Gerta Ital, qui emprunta la voie de l'école Rinzaï du bouddhisme zen, et Swami Ramdas, qui pratiqua le bhakti-yoga, le chemin de la dévotion ? Quels sont les dénominateurs communs à ces êtres hors de l'ordinaire qui, de façon apparemment tellement différente, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s'agit-il pas d'une question de la plus haute importance pour un chercheur en quête de Vérité ? Cela ne revient-il pas à s'interroger sur ce qu'est le coeur d'une pratique spirituelle, au-delà des facteurs propres à une culture, à une époque, à une religion ? Trouver l'universel derrière le particulier, c'est la démarche de la science, c'est aussi la démarche nécessaire pour dégager l'essence de la spiritualité de contextes culturels et historiques. Cinq femmes, cinq hommes, bouddhistes, chrétiens, hindous, dix parcours différents, dix chemins différents : ce sont les vies de ces êtres inspirants qui sont retracées ici, d'une part pour montrer qu'il y a et qu'il y aura toujours, quelle que soit l'époque, des personnes qui s'engagent totalement pour répondre à l'appel intérieur, et d'autre part pour mettre en lumière ce qu'elles ont en commun, de sorte non pas à définir un seul chemin possible, mais à repérer les passages obligés, les étapes nécessaires si l'on veut espérer aborder un jour, comme elles, en des pays d'éveil et de sainteté.

 

Michèle Michaël cherche les constantes et universaux des expériences de réalisation, libération, réintégration, éveil quelles que soient les traditions et les cultures. Plutôt que de passer par l’étude comparée des textes, elle fait le choix, très pertinent, de s’intéresser aux femmes, aux hommes ayant vécu cette expérience d’exception, des individus plus proches de nous le temps et qui partagent ainsi nos difficultés et préoccupations.

 

Cinq femmes, cinq hommes, bouddhistes, chrétiens, hindous. Dix vies différentes, dix parcours spirituels originaux : Ajahn Mun Buridatta Thera, Purifier l’esprit des souillures mentales – Ayya Khema, Impermanence et lâcher prise – Gerta Ital, Devenir le Koan – Jetsunna Tenzin Palmo, Nonne dans le bouddhisme tibétain – Mère Yvonne Aimée, Je veux être une grande sainte – Madame Guyon, Le chemin de l’oraison – Le Père Le Saux, Un sannyasin occidental – Ramana Maharshi, Sui suis-je ? – Swami Ramdas, Ram est Tout en tout – Edouard Salim Michael, S’éveiller et rester éveiller. Si certains nous sont très connus, d’autres sont à découvrir. Toutes portent une intention inébranlable.

Pour chacun d’entre eux, Michèle Michaël retrace le parcours spirituel, souvent accidenté, jusqu’à une expérience fondatrice qui libère, les principes de son enseignement et des extraits choisis. Elle consacre deux chapitres aux questions de la réincarnation et du karma et de la Grâce divine.

 

« Comme elles croient, nous dit-elle, que tout ce qui leur arrive est l’œuvre de la volonté Divine, Madame Guyon et Mère Yvonne Aimée traversent les épreuves avec une attitude intérieure d’acceptation qui leur permet de les transcender ; en se reliant au Divin en elles, elles transforment la causalité en Grâce. Grâce et karma ne sont pas incompatibles, ils sont au contraire indissociables, ils sont les deux faces d’une même réalité. La loi e la causalité se déploie dans le monde de la dualité, où chacun se sent séparé de l’autre, alors que, quand on rejoint la conscience Ultime qui est Une, éternelle, au-delà du temps et de l’espace, on est, comme le démontrent nos pèlerins mystiques, relié à la Grâce, et libéré de la causalité, même si ce n’est que temporairement. N’est-ce pas là justement notre espoir ? »

 

Au bout de cette exploration de ces dix vies spirituelles, Michèle Michaël dégage huit lois qui apparaissent comme des constantes de la vie spirituelle comme le vide et le silence, la nécessité de la concentration, l’état d’abandon, l’inscription dans le présent, une détermination puissante… Ces clés partagées par tous fondent une vie spirituelle. Cet ouvrage sera particulièrement utile au lecteur qui ne se perd pas dans les comparaisons pour s’intéresser à ce vers quoi pointent les différences.

10 W

WILLIAM BLAKE OU L’INFINI

Christine Jordis

Edition Albin Michel

 2013

Né au-dessus d’une échoppe de bonnetier, à Londres, William Blake (1757-1827) affirmait que, pour retrouver la joie que nous portons en nous, il suffit de nettoyer les fenêtres de la perception.

Après avoir vu Dieu à huit ans, puis un arbre rempli d’anges, il dessina, peignit, grava, écrivit de longs poèmes prophétiques, ainsi que des ouvrages de très grande spiritualité.

Anticlérical, antimonarchiste, pacifiste, révolté par la misère et l’injustice sociale, il voulut changer l’homme et le monde. A l’argent-roi, il opposa l’esprit, c'est-à-dire la poésie et l’art. Rejeté par son époque, condamné à la solitude et à la pauvreté, il n’en continua pas moins de poursuivre son chemin jusqu’à la mort.

Il pensait que l’état suprême était le bonheur et que l’homme ici-bas, en renonçant à son « moi trompeur » pouvait y parvenir, il avait en lui l’esprit de révolte et nul avant Nietzsche, n’avait pourfendu avec tant de violence les faux dieux, la loi et les institutions, la morale et les masques, la religion établie et les systèmes en place, ceux qui justement font tout pour que le système pervers et injuste continu.

Orthodoxie, pesanteurs, traditions, il dénonça tout cela sans relâche ; tout ce qui rend à emprisonner l’homme, à le perdre et le tromper, à réduire son pouvoir.

Moins en procédant à une réflexion sur les moyens de changer une société oppressante et injuste, qu’il ne se lassa pas d’accuser, qu’en démêlant les conditions spirituelles propres à rendre possible l’avènement d’un autre monde.

A la soumission il préféra la révolte, à la raison l’énergie ; il en avait en lui une si grande charge –énergie et créativité- à laquelle s’ajoutait un don de vision qu’il sut l’opposer victorieusement à l’ennemi, c'est-à-dire à l’indifférence, à l’hostilité, à la pauvreté, aux difficultés, à l’obscurité, aux guerres, soulèvements, disettes et révoltes qu’il côtoya : a tout ce qui menaçait cette joie intérieure.

Parce qu’il refusait d’être l’esclave des autres, de leur pensée étroite et normative, il élabora son propre système, une cosmologie complexe qui rend compte des mythes de la Création et de la Chute et du malheur présent de l’homme, comme de son accession possible à l’état d’éternité, cette éternité ici et maintenant une fois reconquis « l’homme véritable », assez distant, précisons-le de l’homme selon sa nature.

Avoir créé un monde poétique d’une si grande ampleur, malgré l’isolement, le manque, le mépris de ses contemporains, n’y a-t-il pas là de quoi s’étonner, autant que devant la force et la joie qui lui permirent de mourir en chantant ? Il a fasciné nombre de penseurs et d’écrivains comme Bachelard, Gide, Bataille ou Yeats, il a fait couler beaucoup d’encre universitaire et inspiré des études assez précises et complètes, mais toutes ne conclurent à une solution au sujet du mystère de son être et de son œuvre.

Au sommaire de cet important ouvrage sur Blake :

William Blake ou la liberté infinie - Le désir infini - la matière et l’esprit sont un - l’homme emprisonné - le mal et la poésie - une ouverture indéfinie - l’homme véritable - un homme peut-il être Dieu ? - l’homme naturel - un monde illuminé - origine et portrait - la terre nourricière - le pouvoir de vision - sur la folie - Blake révolutionnaire - la liberté mais à quel prix ? - la lecture - un mariage, une mort, une invention - une île sur le lune - Marier le ciel et les enfers - les pharisiens - la Création est une chute - le livre d’Urizen - la création de l’homme - au sujet de la naissance de la femme et de l’enfant, du couple et de l’amour - Mr Blake, graveur, Hercules Building - Satan et la science - Felpham, un intermède - retour à Londres - une illumination - Vala ou les quatre Zoas - l’exposition et son catalogue - deux nouveaux livres prophétiques - tout bouge, tout change - les revenants - Fountain Court - l’histoire de Job - trop souffrir pour penser - le Nouvel Âge - tout homme est né poète - Blake, l’Orient et l’époque contemporaine -

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