Chapitre10 E - K (Philosophie
- Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité) |
10 E
ÉGYPTE : LE PASSAGE - LE CHEMIN DE LA LIBÉRATION ET L’ALLIANCE AVEC DIEU |
Carole Aliya |
Edition Rafael de Surtis |
2014 |
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Carole
Aliya invite à une nudité permanente conduisant à la non-séparation, à
l’accueil de ce qui se présente. Dépouillement, guérison, amour, liberté,
rayonnement constituent quelques-unes des étapes de ce chemin très christique
mais qui transcende les formes, les identifications, les nominalisations et
les attributs. Tout peut être traversé pour une toujours plus grande clarté
pour un éveil sans fin. A chaque pas, la place se fait plus vaste pour
l’être. La respiration se fait offrande et abandon. Le regard se fait
étonnement. La conscience est émerveillement. « Le
souffle de Dieu, insiste-t-elle, est cette force qui balaie tout sur son
passage. Néanmoins,
au lieu d’aller vers cet infini, nous stigmatisons notre passé. Nous le
travaillons, retravaillons, « thérapeutons » dans
tous les sens, avec une multitude d’outils. La vie nous invite pourtant à
balayer tout ce qui n’est plus, à être présents à ce qui est et à aller vers
nous : va. C’est l’enseignement du christ, cette puissance qui se révèle en
nous et nous rend plus conscients et plus libres. Si au lieu de nous
concentrer sur nos souffrances, nos épreuves, nous nous tournions
véritablement vers Dieu, nous nous laisserions habiter par Lui, nous
grandirions et nous serions lavés de notre passé. » Cette
libération passe par une réconciliation avec la chair, une chair allégée qui
puisse, dans la lumière, accueillir l’Esprit. « Quoique nous fassions,
l’important est de chercher à s’incarner encore et encore. Nous qui cherchons
l’Esprit, la Sagesse, dans le ciel, c’est sur terre qu’elle est en réalité.
Plus nous allons vers la matière avec des valeurs humaines et une conscience
de la vie, plus nous nous élevons en vérité. Plus nous cherchons à nous
élever, et plus nous risquons de nous déséquilibrer. Il est très important de
vivre ce que nous avons à vivre et de ne pas essayer de le fuir ou essayer
d’aller en haut avant même d’y être prêt, de toucher à des outils de «
pouvoir » ou de l’irréel. C’est dans l’événement que tout se joue. C’est
au creux même de la vague que le Christ peut se manifester. Laissez-Le vous
fissurer, ou laissez-vous fissurer par la vie, c’est le seul moyen pour qu’Il
pénètre dans votre cœur. Si vous ne vous laissez pas ébranler, vous ne pourrez vous sacrifier et vous rendre humble. Si vous
restez droits, ce sera une droiture de l’ego, de l’orgueil. Laissez-vous
faire et emporter par le silence des profondeurs. Vous en reviendrez éveillés
à vous-même. » Ce
texte, d’une grande exigence, est aussi d’une grande bienveillance. La
justesse du propos conduit le lecteur à sauter dans le vide et à déployer ses
ailes. Au
sommaire de cet ouvrage : Le contrat divin - le dépouillement - la guérison - le désert - l’amour - la purification - la Verbe - la Vérité - le mariage - les pièges - la divinité - le rayonnement - la transformation - la liberté - la manne - le veau d’or - le temple - le Christ - la foi - l’engagement - la conscience - le dépassement - |
ḖLOGE DU
VERTIGE - LE JEU DES SEPT QUESTIONS ESSENTIELLES |
Marc Favero |
Colonna Edition |
2016 |
Juriste expert du droit
bancaire, Marc Favero est aussi un grand lecteur
d’écrits de philosophes en tout genre, cherchant « systématiquement à
comprendre, à analyser le raisonnement » et ayant « besoin de
trouver des réponses ». Et c’est justement parce qu’il n’en trouvait pas
qu’il décida d’écrire son propre ouvrage de philosophie. Eloge du vertige se présente comme un catalogue
d’interrogations portant sur les concepts philosophiques « d’existence,
de divinité, d’esprit, de liberté, de morale, d’origine, de gouvernements
». L’auteur ayant dégagé des questions fondamentales se posant de manière
duale, des sortes de « briques binaires » qui, plus ou moins
consciemment, forment le socle de notre vision du monde et conditionnent nos
convictions dans de nombreux domaines, tente pour chacune d’elles de
démontrer l’une et l’autre de leurs réponses possibles. Sous-titré Jeu des
sept questions, cet essai qui évoque ainsi malicieusement les sept
piliers bibliques de la sagesse tout en adressant un clin d’œil à Aristote,
n’a rien pour autant de véritablement récréatif, s’affirmant plutôt comme un
exercice pour dérouiller l’esprit nous offrant l’occasion de sortir de notre
paresse intellectuelle. Sous cet habillage
ludique et un bandeau rouge reprenant sous le mode exclamatif le commentaire
de sa préfacière Françoise Thibaut, le présentant comme « le livre qui
rend fou », ce livre au questionnement très sérieux nous conduit même à
un vertige profondément angoissant. Car l’auteur ébranle les piliers de la
connaissance sur lesquels reposent toutes nos certitudes, libérant notre
esprit « des rigidités destructrices et mortifères du penser simple
» pour nous renvoyer à notre ignorance et nous confronter à notre propre liberté.
Mais le vertige sur lequel il débouche peut s’avérer réjouissant s’il nous
mène à prendre conscience de nos limites et de notre responsabilité, et si on
y entend comme Marc Favero un puissant appel à
l’altérité. Le livre se veut
didactique et clair dans sa présentation – ne se privant pas d’appuyer un peu
scolairement (avec des caractères gras ou en soulignant) sur les points
importants – et il est agrémenté de multiples citations scientifiques,
philosophiques ou littéraires et de schémas ou d’illustrations. Pour ceux qui
veulent creuser un peu plus, de nombreux approfondissements sont
judicieusement présentés dans des tableaux que l’on peut sauter sans dommage
si on les juge trop complexes (ce qui peut être le cas de certaines analyses
mathématiques), sans compter les nombreuses notes en fin d’ouvrage et
l’impressionnante bibliographie… La délimitation des
questions donnant matière aux sept premières parties manque toutefois de
netteté (les questions se recoupant parfois ou étant du moins fortement
dépendantes). De plus, elles sont d’emblée présentées comme des axiomes – des
propositions dont on ne peut ni prouver ni réfuter la véracité – alors que
cette constatation ne devrait surgir qu’à l’issue du parcours, de la riche
tentative de démonstration mise en œuvre par l’auteur. Mais à vrai dire tout
le monde sait bien que personne n’a jamais pu valider de manière rigoureuse
et universelle ces réponses qui ne reposent que sur la croyance ou sur une
appréhension temporellement ou spatialement restreinte… Et l’important est
moins le résultat que la manière par laquelle l’auteur y arrive. Car Marc Favero, s’appuyant sur la raison et l’expérience, explore
de manière passionnante et souvent pointue de très nombreux domaines pour
étayer sa démonstration et dissocier les croyances des connaissances :
la philosophie, la métaphysique et la théologie, comme les données les plus
actuelles de la science, des mathématiques et de la physique mais aussi
l’histoire et la préhistoire, l’art et la littérature, s’aventurant dans
toutes les aires géographiques. Quant à la
percutante partie finale éponyme de cet essai, elle résonne comme un vrai
coup de théâtre puisque l’auteur y remet en cause le fonctionnement de sa
propre pensée, sa référence aux « objets philosophiques » comme
la détermination des propositions binaires étudiées, montrant combien la
physique quantique a ébranlé la logique aristotélicienne sur laquelle a si
longtemps reposé – et repose encore largement – toute la pensée occidentale. Et pour avancer dans
ce « monde mouvant sans souci de vérité absolue », il
devient « nécessaire de suspendre son jugement », d’accepter
pleinement l’incertitude pour « transformer [notre] angoisse en
expérience de liberté ». D’accepter une pensée elle aussi en mouvement
qui « s’enrichit, se remet en cause, s’infléchit grâce à l’autre
». « L’Autre » qui dans ce « monde flottant sans réalité
fixe », devient alors le seul repère. En cette période de
montée des fanatismes et des extrémismes, où beaucoup « opposent
“nous” et les “autres” » de manière inquiétante, cherchant à se rassurer
en se positionnant dans des affrontements binaires et manichéens confortés
par des justifications non exemptes d’hypocrisie, cet ouvrage philosophique
sans précédent semble particulièrement bienvenu. Il s’attaque en effet au
règne de la bêtise et de l’intolérance, « ces deux faces d’une même
impuissance à penser la complexité des êtres et des choses ». |
ENCYCLOPÉDIE DES MYSTIQUES - EN 4 TOMES |
SOUS
LA DIRECTION DE M.M DAVY |
EDITION
PAYOT |
1995 |
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Tome 2 : La mystique byzantine (suite) avec le christianisme à Byzance, Grégoire Palamas, les moines de la Sainte Russie, Nicolas Cabasilas, le Mont Athos, Nicodème l’Hagiorite. Les mystiques monastiques occidentales avec les Bénédictins et St Benoit, Anselme de Cantorbéry, les Camaldules, les chartreux et la mystique, Guigues du Pont, l’Ordre de Cîteaux et ses célèbres cisterciens comme Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Le Graal. La mystique Cathare, les bogomiles et le bucher de Montségur. Les Victorins avec Hugues de Saint Victor, Richard de Saint Victor, les ordres mendiants, les franciscains, Raymond Lulle, les Dominicains, Albert le Grand, Catherine de Sienne, le Carmel, St Jean de la Croix, Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Thérèse de Lisieux. La mystique Rhénane, Jean Tauler, Suso, Jacob Boehme, Bonaventure, Ruysbroeck, la mystique visionnaire d’Hildegarde de Bingen, Maître Eckhart, Hadewijch d’Anvers, Joachim de Flore, Béatrice de Nazareth, Nicolas de Cues. La mystique de la Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola. Le Jansénisme, St Vincent de Paul, Pascal, Fénelon, Madame Guyon, St François de Sales. Les poètes mystiques comme Angelus Silesius le mystique de l’intériorité et son magnifique Pèlerin Chérubinique. Novalis, Corberon, Cagliostro, Eckartshausen, Fournié, Haugwitz, Hessen-Kassel, Lavater, Kirchberger, Joseph de Maistre, Martinez de Pasqually, Oberlin, Oetinger, Pernety, Marsais, Salzmann, L.C. de Saint- Martin, Swedenborg, Werner, Willermoz. La mystique Rosicrucienne et la Fama Fraternitatis. La Franc-Maçonnerie. La mystique musulmane avec H. Corbin, Rumi, Massignon. Mystique pour un nouveau monde avec Kierkegaard, Nicolas Berdiaev, Simone Weil. Tome 3 : La mystique de l’ancienne Egypte, avec Hérodote, le livre des morts, les papyrus égyptiens, le culte d’Amon et d’Aton, la religion égyptienne, le culte d’Horus à Edfou, le jugement des âmes, le message spirituel de l’Egypte ancienne. Les Sumériens et les Hittites, Babylone, Sumer, l’Assyrie et les religions du proche Orient. La mystique de l’Iran ancien, le soufisme et la musique, le Zend-Avesta. L’Hindouisme des textes sacrés avec le Kali-Yuga, le Rig-Véda, les Brâhmanas, les Upanishad, le Yoga Tantrique, les darshanas, la Bhakti, Gandhi, et l’histoire du bouddhisme indien, Coomaraswamy, le Zen, la vie de Bouddha et la mystique bouddhiste. Tome 4 : Le mysticisme Tibétain avec l’histoire du
Tibet, le XIVe Dalaï Lama, le concile de Lhassa, le Bardo Thödol :
livre des morts tibétain, Milarépa le poète. La
mystique du Yi-King avec ses 64 hexagrammes. La
mystique de Confucius et la pensée chinoise. La mystique Taoïste
et les commentaires du Tao-Te-King de Lao Tseu. La mystique des Maîtres du
Tch’an. La mystique du Japon ancien et nouveau avec le Zen et ses
arts martiaux, Herrigel et son livre sur l’art
chevaleresque du tir à l’arc, le bouddhisme Zen au Japon, le Shinto, le rôle
des religions. La mystique au Vietnam, culte du génie tutélaire, ses
fêtes, ses rites, ses coutumes, le Tonkin, l’Annam, le dinh,
le culte des arbres. |
enquÊte au cœur de l’Être |
G.E.
hourant |
Edition
ALBIN – MICHEL |
2005 |
dix-sept
témoignages qui sont de nature à éclairer les discussions actuelles autour
des religions et des spiritualités, des fanatismes et des sectes, ainsi que
les justes questions que l’on se pose sur le besoin de sacré à l’intérieur de
nous-mêmes. La quête de sagesse n’appartient en effet à aucun dogme
religieux, elle est inhérente à la nature humaine.
|
enquÊte sur la rÉincarnation |
Divers auteurs |
Edition
ALBIN MICHEL |
2001 |
Nous
savons que la réincarnation est un principe éthique et métaphysique central
de l’hindouisme et du bouddhisme. Il en va de même pour la plupart des
cultures chamaniques. Mais qu’en est-il des autres religions, en particulier
juive, chrétienne et musulmane ? De la philosophie ? Et de la psychanalyse ?
Une dizaine d’auteurs et de journalistes ont mené une enquête en France et à
l’étranger sur ce sujet. Ils en ont rapporté une matière qui s’organise
autour de trois pôles : spirituel, historique et psychologique. Il
en ressort que la réincarnation ou la «transmigration des âmes» est
omniprésent dans la quasi-majorité des traditions philosophiques et
culturelles, posant à l’esprit moderne de troublantes et pertinentes
questions.
Bruno ABRAHAM-KREMER, Yvan AMAR, Catherine BARRY, Fayad BASSEM, Cheikh BENTOUNÈS, Marie-Thérèse de BROSSES,
Jacques BROSSE, François BRUNE, Martine CASTELLO, Michel CAZENAVE, Dagpo RINPOCHÉ, Arnaud DESJARDINS, Denise DESJARDINS,
Maurice de GANDILLAC, Dominique GODRÈCHE, Henri GOUGAUD, Marie JOCHER,
Jacques LACARRIÈRE, Jean-Yves LELOUP, Jean-Pierre LENTIN, François L’YVONNET,
Sylvain MICHELET, Mélik NGUÉDAR, Albert PALMA,
Jean-Marie PELT, Bernard PERNEL, Matthieu RICARD, Jean-Pierre SCHNETZLER,
Jean-Louis SIEMONS, Bruno SOLT, Annick de SOUZENELLE, Marie STANLEY, Rabbin Addin STEINSALTZ, Lama Denys TEUNDROUP, Alain VALADE,
Didier VAN CAUWELAERT, Patrice VAN EERSEL, Dr Jacques VIGNE, François
VILLIERS. |
ENTRETIENS SPIRITUELS ET ḖCRITS MḖTAPHYSIQUES |
Jean-Marc Vivenza |
Ed. Le Mercure Dauphinois |
2017 |
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Ce livre qui rassemble plusieurs études
de Jean-Marc Vivenza couvrant les années 2001 à 2016, rendent compte du
parcours de l’auteur et permettent de mieux discerner ce qui le caractérise
que les études érudites très ciblées auxquelles il nous a habitués. Au cœur
de la démarche de Jean-Marc Vivenza, au cœur de toute démarche initiatique
réelle, se trouve la question ontologique du réel et du réel au-delà du réel.
Jean-Marc Vivenza que l’on connaît surtout pour ses travaux sur l’illuminisme
en général n’a pas oublié sa thèse sur l’œuvre de Nagarjuna ni ses
explorations de la musique expérimentale. L’une des entrées les plus
intéressantes de ce livre est celle du futurisme et en conséquence des
relations entre traditions et avant-gardes, Julius Evola étant un cas
exemplaire. Il convient de le signaler tant l’alliance entre les unes et les
autres, alliance à la fois naturelle et logique, continue à surprendre. Les questionnements
de Jean-Marc Vivenza, qui prennent appui aussi bien sur Maître Eckhart, Jacob
Boehme, Joseph de Maistre que Martin Heidegger ou René Guénon, tracent un
chemin, inévitablement incertain, mais un chemin tout de même, de la dualité
à la non-dualité. « Il ne s’agissait plus nous dit-il d’espérer en un
quelconque régime ou éventuel système capable de résoudre les questions qui se
posent, puisque l’origine du problème pour l’homme, mais aussi pour les
civilisations et l’Univers lui-même, est un problème de l’« origine » ; la
question, fondamentalement, participe d’une nature purement méta-ontologique.
Voilà pourquoi, la seule attitude authentique, c’est-à-dire authentiquement
en rupture, la seule position radicale qui nous apparut prendre le problème à
sa source réelle, à sa « racine » effective, fut donc, uniquement d’ordre
supérieur, elle relevait du spirituel et du transcendant, décidant dès lors
de regarder d’où provenait l’essence de la détermination existentielle, en se
confrontant à la cause première de la vocation destinale de toutes choses
créées, au « nihil ». Approcher la
non-dualité à partir de la dualité, inscrite en premier lieu dans le langage,
constitue un défi et comporte un paradoxe, que l’approche négative permet de
réduire, tout au moins en partie. « Le propre de la tradition occidentale
dans laquelle nous nous inscrivons qui ne se distingue en rien sur la finalité
du cheminement spirituel d’avec les voies orientales – mais qui, évidemment,
s’exprime en climat chrétien, et donc emprunte son vocabulaire théorique au
patrimoine littéraire de la religion qui s’impose en Europe, participe de la
perspective métaphysique qui dépasse, et de très loin, les formes et les
cadres étroits avec lesquels sont tentés les rapports avec l’Invisible,
puisque son but est d’entrer, par et dans le « non-être », en une négativité
paradoxale qui nous révèle que la nuit est en réalité « lumière » à l’égard
du monde, et qu’en elle s’effectue la génération transcendante, en un mode
silencieux d’anéantissement, où la dimension, impensable, de « l’au-delà de
l’Être et du non-être », aboutit au Rien suressentiel » qui est l’unique et
véritable « vie éternelle ». Il y a, en filigrane ou en surexposition, la
possibilité d’une voie directe, d’une immédiateté de cette « vie «éternelle »
à la fois déjà et pas encore. La première partie de
l’ouvrage est formée d’entretiens spirituels sur « Voie spirituelle et pensée
de l’Être », « Traditionalisme et doctrine de l’Illuminisme », « Esotérisme,
initiation et ontologie ».La deuxième partie traite d’ontologie fondamentale
et notamment de la question de « L’Être éternel et infini, selon l’ontologie
du Régime Ecossais Rectifié », également de « L’Infini métaphysique et la
nature du « Principe unique » La troisième partie est consacrée à
l’Illuminisme mystique et la pensée de Joseph de Maistre y est déterminante. En annexe, le lecteur
trouvera deux contributions très intéressantes, la première sur « Julius
Evola et les avant-gardes, nihilisme héroïque et métaphysique de l’Eveil »,
la deuxième sur « Mise en lumière par Joseph de Maistre, de la nature du
projet « religieux » révolutionnaire d’instauration d’une « contre-église »,
la dernière sur « L’origine de l’idée d’Infini en métaphysique chez René
Guénon ». L’ensemble, à la fois multiple et cohérent », donne à penser, c’est
bien là sa finalité, et permet de mieux comprendre l’idée de cheminement
initiatique dont la nature n’est jamais linéaire dans l’apparaître. |
ÉPIGNÔSIS -aspects de la
splendeur - Cahier
N° 21 |
épignôsis – Directeur Yves Dauge |
Edition
DERVY |
1990 |
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Enfin,
les méditations ésotériques de Jean Biès et l’étude symbolique de Mathilde
Danel nous plongent dans la vivante multiplicité, dans l’irradiation aussi
bien quotidienne que métaphysique de cette qualité du Divin La gloire veut dire la splendeur, l'éclat,
la magnificence, le poids, la majesté, la condition la plus élevé d'une chose
ou encore d'une personne. La gloire de Dieu c'est l'éclat, la splendeur, la
magnificence, la condition la plus élevé de Dieu. Et quand on dit que Dieu
manifeste sa gloire ça veut dire qu'il rend visible son éclat, sa splendeur,
sa magnificence par ce qu'il est et par ce qu'il fait. C'est lorsque Dieu
devient visible au travers de sa nature, de sa puissance et de ses œuvres.
Par exemple on dit que toute la création témoigne de sa gloire. Ça veut dire
qu'en regardant la création on peut Dieu dans sa sagesse, dans son
intelligence et même dans sa puissance. Quand tu regardes comment Dieu a créé
l'univers et comment il a créé l'homme tu te dis juste ‘’Quelle beauté’’. Tu
vois toute sa splendeur, sa sagesse, son éclat, sa grandeur. Tu vois sa
gloire, tu vois Dieu. Dans Exode 33:18 quand Moïse a dit : Seigneur
fais- moi voir ta gloire Dieu lui a montré son caractère, sa nature. Et dans
Jean 1:14- Jean dit : nous avons contemplé sa gloire comme la gloire du Fils
unique venu du père en d'autres termes ce que Jean voulait dire c'est qu'au
travers de Jésus-Christ nous avons vus la gloire de Dieu, Dieu s'est rendu
visible par Jésus-Christ au travers de son caractère, de sa puissance et de
ses œuvres. Et c'est pourquoi vers la fin de son passage sur la terre Jésus
dit : J'ai glorifié ton nom sur la terre. Jésus a manifesté la gloire de
Dieu, et nous, nous avons contemplé sa gloire. Donc quand on dit que tu vas voir la gloire
de Dieu ça veut dire que tu vas expérimenter, voir Dieu manifester : 1) Sa
nature - c’est à dire son caractère : son amour, sa bonté, sa fidélité, sa
puissance, ses compassions, sa miséricorde, sa patience, sa grâce et tous ses
autres attributs dans ta vie. 2) Ça veut dire aussi que tu vas expérimenter
et voir Dieu manifester ses bonnes œuvres, ses projets de paix et non de
malheur et ses promesses dans ta vie. La gloire de Dieu c'est Dieu lui-même.
Quand on dit que tu vas voir la gloire de Dieu ça veut dire que Dieu va se
manifester dans ta vie sous ses différentes facettes. Au sommaire : Vers le regard divin par : Yves
Dauge Le thème de la splendeur dans la spiritualité et la culture
occidentale par : Joël Thomas Louis Cattiaux, le méconnu, présenté par Charles
d’Hooghvorst Les bûchers de la sagesse, par : Jean
Biès Soif de l’un ; faim de l’autre par : Henri
Raynal Le Dôme et la coupe par : Mathilde
Danel |
ÉPIGNÔSIS - avec
ou sans maÎtre ? Cahier N° 17 - |
épignosis – Yves Dauge |
Edition
DERVY |
1987 |
Nous
vivons un « tournant des temps », caractérisé à la fois par la recherche
ardente et par la confusion des esprits. Dans ce contexte s’impose un
problème capital, celui des maîtres.
Un
article solidement documenté et éminemment pratique, qui permettra d’éviter
bien des erreurs et de travailler fructueusement. Des aspects
particulièrement intéressants de ce même problème sont exposés par Jean
Chevalier (« Le Maître spirituel dans la tradition soufie »), par Henri
Blanquart (« Le Maître intérieur dans les Dialogues avec l’Ange »), et
par Michel Camus (Qu’est-ce que l’auto-initiation ?).
Quant
à Raymond Abellio, il fut certes un maître inimitable, un puissant
éveilleur. J.P. Osmont nous donne ici une
très riche étude sur la destinée de cette personnalité hors du commun, en
utilisant toutes les ressources de l’astrologie américaine et tous les
matériaux autobiographiques laissés par cet auteur : leur confrontation est
vraiment passionnante. Au sommaire de cet ouvrage : Les quatre Maîtres. Typologie du Maître spirituel par Yves Dauge Le Maître spirituel dans la Tradition soufie par Jean
Chevalier Le Maître intérieur dans les Dialogues avec l’Ange par Henri
Blanquart Qui initie qui ? par Michel
Camus Marie-Madeleine Davy, Femme du Huitième jour, un entretien
avec Jean Biès Raymond Abellio le Noble voyageur par Yves Dauge Raymond Abellio, Guerrier de la Connaissance, son étude
astrologique par Jean-Pierre Osmont L’interaction humaine : Nourriture de la conscience, clef
de l’équilibre, de la Paix et de la Vie. par : Peter
Roche de Coppens Quand un théologien parle aussi d’ésotérisme par Pierre Erny L’ésotérisme, pourquoi faire ? un livre d’Yves Dauge,
commenté par Pierre Avel-Mor Annick de Souzenelle ou l’exégèse transmutatrice
par Yves Dauge Pleins feux sur le Vivant par Jacqueline
Bousquet |
ÉPIGNÔSIS – LE CHRISTIANISME COMME ALCHIMIE – CAHIER N° 18 |
Epignôsis - Yves DAUGE |
Edition DERVY |
1987 |
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On retrouvera également dans ce Cahier un essai de Jean Prieur qui dévoile d’étonnantes similitudes entre le tantrisme et le judéo-christianisme, ainsi que la fin de la belle étude de Jean-Pierre Osmont sur Raymond Abellio, Guerrier de la Connaissance », fondée sur l’astrologie américaine.
Yves Dauge : Suite sur le yoga du cœur et ésotérisme du Christ Jean Biès : Le symbole de la Croix, essai de métaphysique chrétienne Joël Thomas : Alchimie de la Lumière, la croix de Lothaire Epignôsis et le travail Annick de Souzenelle : Le vivant dans l’histoire Jean Prieur et Lionel Jackel : Les Chakras et les Nâdis. Physiologie du corps subtil Jean-Pierre Osmont : Raymond Abellio, guerrier de la connaissance. Etude astrologique. |
ÉPIGNÔSIS - L’ÉSOTÉRISME, POURQUOI FAIRE ? |
Epignôsis - Yves Albert Dauge |
Edition Dervy |
1986 |
Le titre de ce livre est plus provocateur qu’autre chose car ce n’est pas un traité d’ésotérisme; c’est un livre de voyage, celui qui le mène au cœur des choses et des êtres, de nous même et du divin, il a pour but de guider les esprits vers l’essentiel, de les habituer a un langage aussi transparent que possible, de leur faire éviter les pièges des pseudos-maîtres et des doctrines incomplètes et de mettre en lumière la vérité et les exigences de la démarche ésotérique, tel est le but de cet ouvrage. Répondant aux grands problèmes de notre époque, il a été conçu comme un instrument fondamental de travail, de recherche personnelle, de réflexion et de méditation. Comment utiliser la totalité de notre puissance intérieure, percevoir le réel dans sa globalité, comprendre la texture du Vivant, nous insérer dans le circuit des énergies créatrices ? Comment vaincre la pesanteur, la psyché, la mort, par le yoga du cœur ? Voilà quelques uns des thèmes traites dans cette sorte de vade-mecum de métamorphose, où le lecteur trouvera un itinéraire soigneusement balisé pour la joie de la découverte. Le tétramorphe qui illustre la couverture de cet ouvrage est l’emblème du mouvement Epignôsis, fondé par l’auteur pour promouvoir une anthropologie de la création. Ce tétramorphe dans sa complexe unité, symbolise la totalité harmonieuse, l’équilibre des énergies, la souveraineté artiste, la fonction axiale propre à l’homme de Feu-Lumière : C’est une clé majeure de déchiffrement du Vivant et d’efficacité transfiguratrice. Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages : 1e partie : Une école de sagesse et de mutation : Le défi actuel : l’enchevêtrement, la subversion et l’urgence - Prolifération des offres de salut - confusion de compétence, de pertinence, doctrinale et des niveaux de l’être - la caricature du Roi du monde - Fin de signe ou inter-règne - la conquête du temps - les armes de l’ésotérisme - les clefs de la véritable vie - Intériorité et intériorisation - tout est en nous - tout dépende l’homme intérieur - le yoga du cœur - la dualité de Dieu et le Nom Divin - Esotérisme et monachisme - la maitrise de la dialectique - Maât, l’Âme, et la dialectique - La connaissance transmutatrice et l’anthropologie maximale - Méprises et authenticité - connaissance essentielle, école d’éveil et de profondeur - l’opposition des mentalités - l’Essentialisme - Ecole de discernement et d’évolution - les lois de la juste perception - la Connaissance comme processus indéfini - La Connaissance transmutatrice et l’anthropologie globale - Connaissance libératrice - S’affranchir des limites de l’ego - Réduire le champs du mal - la conquête de la cohérence - Vers la perception divine - Texture du Vivant - L’anthropologie créative - le principe-germe de l’immortalité - La connaissance pacificatrice, école de sérénité - 2e partie : Texture et métamorphoses du Vivant : L’énergétique générale - la modification et l’insuffisance du regard - le concept d’énergie - la Réalité Suprême - Existe-t-il des noyaux d’êtres indestructibles ? - la circulation des Energies - le circuit énergétique universel - les risques de la Création et le problème du mal - L’Homme en tant que « lieu privilégié » des Energies Universelles - les plans ontologiques ou niveaux d’être-conscience-énergie - Le problème de l’ego - la signature de Dieu - Le Cœur : point de jonction des champs énergétiques constitutifs de l’homme - Le feu artiste et les fonctions du cœur - La faculté Thêta - Les 7 modalités de la faculté ø dans le cœur : 1/ La mémoire et l’éveil du cœur – 2/ la volonté et l’orientation du cœur – 3/ la Kénose et la libération du cœur - 4/ l’intellect et l’émerveillement du cœur – 5/ l’amour et l’expansion du cœur – 6/ la Créativité et l’art du cœur – 7/ la Synergie-fusion et l’harmonie du cœur - Divers tableaux et synopsis de l’entité humaine, des référentiels et des champs énergétiques - |
ÉPIGNÔSIS - LES VEILLEURS DU SILENCE CAHIER N°19 |
Un groupe de recherche, directeur Yves Albert Dauge |
Edition Épignôsis |
1988 |
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« Comment obtenir en nous ce précieux silence qui nous permettra de percevoir le rythme de la vie, la musique du cosmos, le travail de la Création, et la voix divine ? Non pas en nous concentrant sur le vide (entreprise vouée à l’échec), ni en essayant de supprimer tous les bruits l’un après l’autre. Il faut appeler et faire descendre en nous une « Présence » d’une intensité, d’une attractivité telle que tout ce qui n’est pas elle s’efface immédiatement. Cette descente est liée à l’éveil de notre être essentiel et à la médiation de l’Amour unificateur. Cette présence divine doit être complétée par celle de l’ange ou de son maître secret, et c’est ce dialogue à trois qui va nous sublimer et nous faire avancer sur le chemin ». Yves Dauge M.M. Davy fait défiler devant nous les divers « visages du silence », afin de focaliser notre attention sur l’ensemble essentiel –solitude – secret- silence – qui est à la fois le laboratoire de notre réussite et le fondement de notre relation avec Dieu et les êtres. – « L’homme silencieux passe par le mystère de la solitude, comprenant le vide, l’abandon des signes, des images, des systèmes et même des voies. Le silencieux peut seulement murmurer avec le prophète Isaïe (24,16) : Mon secret est à moi. Pourquoi mon secret ? Simplement parce qu’aucun langage ne peut en exprimer l’ampleur, situé au-delà du passage du temps et de l’espace, le silence s’implante dans l’éternité. Seul les enfants de l’éternité sont appelés à s’y abreuver » M.M. Davy Deux thèmes sur l’Alchimie, science de la Vie, viennent compléter cet ouvrage, car l’Alchimie n’est pas une science à part, mais elle est la mise en œuvre du silence, tout comme le silence engendre l’œuvre alchimique. Pascal Bernuau apporte à ce sujet la richesse transparente de son expérience et nous livre les éléments d’une éthique alchimique. Puis Jacques Pialoux nous parle de la tradition égyptienne en tant que révélatrice de la structure de l’homme : vision alchimique de l’homme. Au sommaire de cet ouvrage : L’autre coté de la parole par : Jean Biès Les centres silencieux de rayonnement par : Yves Albert Dauge Proverbes du silence par : Michel Camus Visages du silence par : Marie-Madeleine Davy Le vivant et la transparence du réel par : Pascal Bernuau Egypte, terre d’alchimie par : Jacques Pialoux Divers ateliers sur Paris |
ÉPIGNÔSIS - pour
l’Émerveillement Cahier
N° 20 |
EpignÔsis - Yves DAUGE |
Edition
DERVY |
1989 |
Deux
parties en ce cahier. L’une, comportant de beaux
textes de Jean Biès, de Henri Raynal, de Roger Munier, d’Alphonse Goettmann,
d’Oguz Unat, tente
d’expliquer la nature de cet état d’esprit, l’Émerveillement, indispensable à
qui veut pénétrer au cœur des êtres et des choses, entrer en contact avec le
Divin partout disséminé et partout présent.
Dans
un bel article, Oguz Unat
nous décrit le processus et la finalité des Derviches tourneurs. Cette danse
est appelée Semâ
qui signifie Ciel et désigne la ronde des astres, ce qui a fait dire à Rumî : » Ô jour, lève toi,
les atomes dansent, les ames éperdues d’extase
dansent, la voûte céleste, à cause de cet Etre, danse ». Le Semâ exprime ainsi
le tournoiement, le devenir incessant des atomes, des astres et des âmes.
Lorsque les Derviches entrent dans la salle, ils sont habillés d’un ample
manteau noir représentant la mort, la tombe, la lourdeur terrestre, le
matérialisme et l’enveloppe charnelle. Ils sont coiffés d’une haute toque de
feutre qui est l’image de la pierre tombale ; leur robe blanche
symbolise le linceul et la résurrection, la couleur blanche symbolise la vie
et la renaissance attendue. Au sommaire : Une merveille nommée Jésus par Yves
Albert Dauge L’Eclair, le sourire et l’Abîme par Jean Biès Qu’en faire, de ma merveille ? par Henri
Raynal L’inexplicable beauté par Roger
Minier Poème de Michel Camus La méditation : explosion de l’Amour par Alphonse
Goettmann Le réseau, âme du monde et la mémoire de l’Amen par Yves Dauge La danse des Derviches tourneurs et son symbolisme par Oguz Unat |
ÉPIGNÔSIS - vaincre
la mort ? Cahier N° 16 |
EPIGNÔSIS
- Yves dauge |
Edition
ÉPIGNOSIS |
1986 |
Qu’est-ce
que la mort ? : Une réalité complexe, qui ne concerne pas seulement
l’homme physique. Un enchaînement de processus dont la source se situe au
plan spirituel, et qui désorganise complètement notre système énergétique, du
plus subtil au plus dense.
Au sommaire : La victoire sur la triple mort par Yves Albert
Dauge Miroirs de la mort, suivie du poème « le seul
Vivant » par Jean Biès Morts et résurrections par Marie-Madeleine
Davy Le message de prière par les moines du Mont Athos par Michel
Bertrand Seule est la vie – Extraits des Révélations de l’invisible Pâques : l’archétype de la Résurrection ; ses
mystères et ses applications pratiques par Peter
Roche de Coppens Les ondes d’esprit, extrait du livre de Jeanne Morrannier. La totalité du réel Frithjof Schuon : un visage de la sagesse éternelle
par Jean Biès Le Tryptique alchimique de la
Justice, la Tempérance et l’Etoile dans le Tarot par Claudius
Barbat |
ÉPIGNÔSIS - yoga du
cœur et du feu - Cahier
N° 15 |
Yves dauge – epignÔsis |
Edition DERVY |
1986 |
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La nature et le processus de la mutation personnelle
- Le rôle du Cœur dans la dynamique de l’être humain
- L’importance du Nom Divin dans notre évolution
- Le triple appel constitutif de la démarche
ésotérique - Un seul appel mais à triple
tonalité - les trois modalités du « labeur du
cœur » - Les appel du Père, du Fils et de
l’Esprit - comment passer par Dieu, ou le travail de Tipheret - le buisson ardent et
l’homme de feu - le texte de l’exode
- la découverte de soi - le thème e l’homme de
feu - Dans la Genèse - A
travers l’Ancien Testament - Le Christ et les
« moines flamboyants » - Le Feu du
Cœur - le témoignage des Dialogues avec
l’ange - le laboratoire de l’homme de
demain - les fonctions du cœur avec les Chakras et
les Sephiroth - Parcours en 13 jours de la voie du
cœur - Divers tableaux des lettres mères et des lettres nombres de
l’alphabet hébraïque - |
ESSAI
D’AUTOBIOGRAPHIE SPIRITUELLE |
Nicolas
BERDIAEV |
Edition
BUCHET CHASTEL |
1992 |
On
pourrait qualifier cet extraordinaire ouvrage posthume de véritable testament
spirituel. Le grand écrivain russe après avoir parlé de ses sources, de ses
parents, de son enfance, retrace sa première conversion, sa première
recherche du sens de la vie et de ses bonheurs. Il
fait revivre pour nous le monde révolutionnaire russe du début du XXe siècle
et la renaissance culturelle qu’il a suscité. Puis c’est la révolution de
1917 et le communisme vu, si l’on peut dire, de l’intérieur. Enfin les années
d’exil, en Allemagne, puis à Paris où Berdiaev trace des portraits
saisissants de ses rencontres. En
même temps ou plutôt parallèlement à l’évolution des événements, Berdiaev nous
fait assister à sa propre conquête spirituelle, depuis la tentative du
christianisme, l’expérience de l’extase créatrice jusqu’à sa philosophie
définitive et l’ultime connaissance de soi. Cette autobiographie est l’écrit
le plus significatif de Berdiaef. Berdiaev
est
né à Kiev en 1874, il est mort en France en 1948, il appartenait par sa
famille à l’aristocratie militaire russe et essaya lorsqu’il était étudiant
de militer pour une meilleure justice, emprisonné, il fut ensuite exilé en
Sibérie puis en Allemagne. D’un tempérament prophétique, ce philosophe de la
liberté et de l’acte créateur inaugure un nouveau type de mystique
correspondant à l’homme pourvu d’une supra-conscience. Il
considère que la « venue du Christ a une importance cosmique et cosmogonique ».
Sa pensée relève à la fois de Maître Eckhart, de Grégoire de Nysse et de
Jacob Boehme, il pense que la présence de l’image divine oriente l’homme vers
sa déification, cette image de Dieu en l’homme signifie à la fois la personne
et la liberté. Il part du principe que l’homme ne peut concevoir la
profondeur de l’esprit que d’une façon existentielle, en vivant le destin
tragique et en traversant la souffrance, l’angoisse, la mort, l’amour et la
création. Le
drame de l’homme, selon Berdiaev, est de se trouver dans l’obligation
d’assumer sa temporalité qui le jette dans le fini et le limité, tout en
éprouvant en lui l’infini et l’illimité, le paradoxe est à la fois rupture et
déchirement. Ce paradoxe sera vécu à son sommet grâce à l’expérience mystique.
C’est en partant de l’élément divin que l’homme possède en lui, qu’il lui
devient possible d’accéder au mystère : « Le
mystique n’a pas à sortir de lui-même, mais a
pénétrer son moi profond, la personne humaine est un être théandrique ».
« La mystique est une victoire sur
l’état de créature, seul y participe l’homme spirituel, grâce au principe
spirituel qui est en lui, l’expérience mystique est l’aboutissement normal de
la rencontre de Dieu et de l’homme, le transcendant est immanent à cette
expérience car la différence même entre la transcendance et l’immanence
s’efface puisque tout vient de la profondeur et de l’intérieur et non pas
d’en haut et de l’extérieur ». Il
fut un grand ami de M.M. Davy, avec qui il partagea des conférences et les
mêmes idées. Au sommaire de cet ouvrage de 430 pages : Sources et origines - L’univers et moi
- le monde aristocratique - solitude -
nostalgie - liberté - révolte -
pitié - doutes - luttes spirituelles -
méditations sur l’éros - la première conversion - A
la recherche du sens de la vie - le monde de la connaissance
philosophique - vers la révolution et le socialisme -
marxisme et idéalisme - Renaissance culturelle russe du début du
XXe siècle - Vers le christianisme et drames religieux
- Rencontres spirituelles - le monde de la Création
- le sens de l’acte créateur et l’expérience de l’extase
créatrice - la révolution russe et le monde communiste
- la Russie et le monde occidental - ma philosophie
définitive et ma profession de foi - le monde
eschatologique - Temps et Eternité - la connaissance
de soi et ses limites - |
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et le divin dans tout ça ? |
Jean
charon |
Edition Albin Michel |
1998 |
Ce
livre est le testament spirituel d’un grand chercheur. À la fois physicien,
auteur d’une Théorie de la relativité complexe, et philosophe en quête de la
nature réelle de la conscience, Jean CHARON a tissé pendant quarante
ans une toile originale et audacieuse entre l’étude de la matière et celle de
l’esprit.
|
Être simplement
– questions et rÉponses en quÊte du soi |
bernard |
Edition
LES DEUX OCEANS |
2003 |
BERNARD,
comme il le dit en toute simplicité, a trouvé ce qu’il cherchait. Pour en témoigner
il se réfère volontiers à Ramana MARHARSHI et à NISARGADATTA MAHARAJ sans
prétendre exprimer quoi que ce soit de nouveau. Mais son témoignage est
particulièrement éloquent pour les chercheurs d’aujourd’hui. Il est la preuve
vivante de ce que son propre Maître lui avait dit alors qu’il doutait de
pouvoir atteindre son but : « Ramana MAHARSHI est exceptionnel mais la
réalisation n’est pas exceptionnelle ».
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EXOTÉRISME ET ÉSOTÉRISME DANS LA TRADITION PRIMORDIALE |
David Frapet |
Edition du Cosmogone |
2014 |
Ce livre est un voyage exotérique et ésotérique dans le monde qui nous habite et à l’intérieur du monde que nous habitons. Ce voyage va nous amener à travers le christianisme et l’islam, à rechercher les fonctions ésotériques et exoteriques dans cette Tradition Primordiale, porteuse de toutes les réponses, de tous les archetypes, de tous les mythes et légendes qui traversent toutes les traditions et toutes les religions. La force génératrice est cette graine de vie du miracle de la création »soit » et « il devient ». Il y a des êtres dans l’intelligence de la foi qui sont capables de voyager dans l’humanité, puis reviennent plus humains, après avoir touché le Graal et s’être abreuvés au Bassin du mystère. Ce voyage initiatique que chacun d’entre nous se doit de faire, nous permet de rejoindre l’être qui est en nous, afin d’accéder au cercle des justes puis d’entrer en communion avec l’âme universelle. Cet ouvrage nous offre toutes les traditions qui se retrouvent et se découvrent, puisant à la même source, c'est-à-dire dans la Tradition Primordiale que tous les initiés appellent de leurs vœux et veulent s’abreuver en se soumettant aux lois de la nature et de Dieu. La recherche de l’Unicité en dehors de la dualité est une priorité voire le but final. Au sommaire de cet ouvrage nous trouvons : Le Christianisme : Prolégomènes - Manifestation et Essence de Dieu - Appréhender le temps cosmique - divers concepts de la Tradition - Les trois séquences du monothéisme adamique - Le christianisme, religion de la Manifestation - Nature et fonction du christianisme sur les plans providentiels et historiques - L’Araméen n’est pas une langue sacrée - Fonction transitionnelle du Christianisme - L’Ordre du Temple, ultime présence de la Tradition Primordiale dans l’Occident chrétien - le concept du Temple - le Temple Arche de Paix, symbole de l’Ordre du monde - L’Ordre du Temple exotérique : une institution internationalisée dans l’Occident médiéval - L’Ordre du Temple ésotérique : une fonction de restauration, d’un juste équilibre entre l’autorité et le Pouvoir - La Voie de l’Esprit Saint dans la christianisme - le Rosaire des Catholiques - L’imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis - le Christianisme d’Orient - L’Islam : La religion de l’Essence - la Charia - origine et importance de la prière - la prière musulmane, comme lieu de la rencontre entre l’exotérisme et l’ésotérisme - le Dhikr, cœur de l’adoration - le christianisme, une voie de l’islam intégral - la jonction entre l’islam et le christianisme - la croix symbole universel - le Savoir, un préalable à la connaissance - l’apparent et le subtil dans la Sunna du prophète - la guerre sainte - l’islam orthodoxe - |
10 F
faust et
le second faust |
goethe |
Edition
J. de Bonnot |
1981 |
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Si Méphistophélès fera tout pour
détourner Faust de la transcendance, Dieu compte sur la liberté qu’il a placée
en l’homme pour que Faust se sauve de lui-même. La pièce s’ouvre sur un Faust tourmenté
et paradoxal : « Philosophie, hélas ! jurisprudence, médecine,
et toi aussi, triste théologie !… je vous ai donc étudiées à fond avec
ardeur et patience : et maintenant me voici là, pauvre fou, tout aussi
sage que devant. Je m’intitule, il est vrai, maître, docteur, et, depuis dix
ans, je promène çà et là mes élèves par le nez. – Et je vois bien que nous ne
pouvons rien connaître !… Voilà ce qui me brûle le sang ! »
Faust a épuisé la raison. Il a repoussé les limites de cette faculté que
l’homme « emploie
à se gouverner plus bêtement que les bêtes » (dixit
Méphistophélès). La raison est un outil qui révèle
l’impuissance fondamentale de l’homme. Elle renvoie Faust au vieil adage
socratique : « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ».
Mais Faust ne consent pas à cet état de fait. Il éprouve le besoin
d’embrasser l’ensemble des savoirs, de comprendre la totalité du monde, de
faire sien le « macrocosme ». Sa soif de connaissance
l’oblige à renoncer à la rationalité, incapable de saisir la « nature
infinie » qui caractérise l’esprit créateur. L’infirmité du
docteur fait de lui le spectateur de l’œuvre divine auprès de laquelle il « languit
vainement ». Ce sentiment de frustration va détourner Faust
de la transcendance. Pourtant, jusqu’alors il n’avait « rien de
terrestre, pas même le boire et le manger. Toujours son esprit chevauchait
dans les espaces », explique Méphistophélès. C’est l’orgueil de Faust qui est à
l’origine de son mal. En n’acceptant pas les limites que lui impose sa
condition, en voulant les dépasser dans une « nature surhumaine »,
en cherchant à se faire l’égal de Dieu, le misérable docteur ménage en son
sein une place pour le mal. « Suis-je moi-même un dieu ? »,
s’interroge-t-il. Ce questionnement est problématique et renvoie à une
thématique qui traverse l’ensemble de la littérature romantique : le
Surhomme. En effet, Faust cède à la tentation de l’homme-Dieu. Créature
arrogante, il veut être l’égal de ce dont il provient. Il a pour ambition de
contenir en lui-même l’univers entier, de le porter et de le féconder. Déçu
par le silence que lui impose l’esprit du macrocosme, il va s’incliner vers
l’esprit de la terre. En se détournant de la positivité de la transcendance,
Faust va se complaire dans la négativité de l’immanence. Mais avant même le malin contrat signé
de son sang avec Méphistophélès, Faust a conscience du péril qui le
guette : « Moi, l’image de Dieu, qui me croyais déjà parvenu au miroir de
l’éternelle vérité […] et créateur aussi, jouir de la vie d’un Dieu, ai-je pu
mesurer mes pressentiments à une telle élévation ! Et combien de fois
expier tant d’audace ! […] N’ai-je pas prétendu t’égaler ?… »
Il oscille dangereusement, entre la vaniteuse conscience de sa supériorité et
un pessimisme qui humilie l’homme et la rationalité. « Je n’égale
pas Dieu ! Je le sens trop profondément : je ne ressemble qu’au
ver, habitant de la poussière […] », s’exclame-t-il dans un
moment de désenchantement. D’un côté, les astres, l’éther et le
mystère du grand Tout, de l’autre la matérialité la plus servile et la
dépendance sensuelle. Faust arpente une étroite parcelle de terre barrée par
deux abysses. Il y marche en funambule. Méphistophélès se chargera simplement
de pousser ce qui tombe. « Voici le temps de prouver par des actions que la
dignité de l’homme ne le cède point à la grandeur d’un Dieu ! Il ne faut
pas trembler devant ce gouffre obscur où l’imagination semble se condamner à
ses propres tourments, devant cette étroite avenue où tout l’enfer
étincelle ! Ose d’un pas hardi aborder ce passage, au risque même d’y
rencontrer le néant ! », proclame Faust. Voici le point de rupture. Le moment où
Faust se détourne de Dieu et plonge malgré lui dans les bras traîtres de
Méphistophélès, « l’esprit qui toujours nie ». Goethe, comme
Dostoïevski plus tard dans les ‘’démons’ identifie clairement la prétention à
la surhumanité à la chute dans le nihilisme. L’abandon de la transcendance
fait déchoir l’homme dans l’immanence la plus vile, celle que Méphistophélès
loue pour ses vertus trompeuses, celle qui détruit l’innocence de Marguerite
(encore un point commun avec Les Démons : Stavroguine
commet le pire des crimes en violant une enfant) et qui condamne Faust à
vivre dès lors sans la lumière de Dieu. Petit à petit, l’influence de
Méphistophélès va se faire plus grande sur le docteur – bien que celui-ci
montre des signes de résistance, rabrouant à plusieurs reprises l’esprit de
la terre. C’est d’abord sa propre destruction que
Faust semble appeler de ses vœux : « Le dieu qui réside en mon sein peut émouvoir
profondément tout mon être ; mais lui, qui gouverne toutes mes forces,
ne peut rien déranger autour de moi. Et voilà pourquoi la vie m’est un
fardeau, pourquoi je désire la mort et j’abhorre l’existence »,
explique-t-il. Vouloir sa propre mort, c’est nier Dieu en soi. Voilà pourquoi
le suicide est un péché mortel pour le christianisme. Mais Faust ne s’arrête
pas à sa seule personne. Il invite Méphistophélès : « Le dessous ne
m’inquiète guère ; mets d’abord en pièces ce monde-ci,
et l’autre peut arriver ensuite. » L’esprit du néant
contamine le docteur. L’entreprise de Méphistophélès est claire. Il cherche à
tuer Dieu en Faust, à le faire douter de sa « ressemblance divine »,
à le « dépouiller
entièrement » de tout ce qu’il a « d’humain ». L’emprise du malin est à son
apogée lorsque Faust dit à Marguerite : « Ma bien-aimée, qui oserait
dire : Je crois en Dieu ? Demande-le aux prêtres ou aux sages, et
leur réponse semblera une raillerie de la demande » Négation
de la vie, négation de la raison, négation du monde, négation de Dieu, telle
est l’ampleur des ravages de Méphistophélès sur l’esprit de Faust. La
prétention à la surhumanité implique nécessairement le renoncement à Dieu.
Vouloir être un homme-Dieu, ne pas consentir à l’infirmité de la condition
humaine, c’est prendre le risque de se perdre dans le néant. Les arrogants
auront toujours un Méphistophélès pour les écouter. « Le Diable,
c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout », écrit
Bernanos dans M. Ouine. Synthèse parfaite de
ce qu’on est en droit d’appeler « méphistophélisme ». |
faust – Cahiers
de l’HermÉtisme |
J.W.von Goethe |
Edition
Albin Michel |
1977 |
Un
des grands mythes du monde occidental, sa naissance, son apogée, sa
transformation et sa disparition. Voilà
les thèmes qui sont développés dans cet ouvrage. Goethe, Marlowe, Thomas Mann, Lessing, Paul Valery et d’autres ont écrits sur cet homme de la Renaissance qui est toujours d’actualité. La
magie, l’ésotérisme, l’alchimie et le religieux y sont présents. |
FAIRE FACE A
LA PERVERSION – DES RESSOURCES SPIRITUELLES INATENDUES
|
Lytta Basset
|
Edition Albin Michel
|
2019
|
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fÉlix ou le livre
des merveilles |
Raymond lulle |
Edition Du Rocher |
2000 |
Ce
roman philosophique traduit et préfacé par Patrick GIFREU, nous conte l’histoire
de FELIX qui est envoyé en voyage à travers le monde par son père, afin
d’évaluer la distance qui sépare la doctrine reçue lors de son éducation avec
la réalité du monde. Il
sera confronté à toute une cosmogonie céleste mais également à l’injustice. C’est
un voyage initiatique. |
FEMMES EN QUÊTE D’ABSOLU - ANTHOLOGIE DE
LA MYSTIQUE AU FḖMININ |
Audrey
Fella |
Edition Albin Michel |
2016 |
||
Audrey
Fella pose également la question d’une écriture mystique au féminin. Il
existe une transmission féminine, orale ou/et écrite. « On peut parler
aujourd’hui, nous dit-elle, d’une tradition de l’écriture féminine
spirituelle. » Elle remarque que si certaine tradition ont privilégié
l’oralité, ou si les femmes ont été parfois interdites d’enseigner et
condamnées au silence, « la mystique affective au Moyen Âge est allée de pair
avec un développement de l’écrit, souvent commandé et supervisé par un
directeur de conscience ou un confesseur. » En
effet, l’influence ou le contrôle masculin est souvent présent. Parfois
souhaité par les femmes elles-mêmes, parfois pesant et contraignant.
Cependant, souvent, le processus d’écriture, supervisé ou non, apparaît
nécessaire pour la personne qui vit ces expériences bouleversantes : «La
relation autobiographique, unifiante, permet à l’évidence une relecture
apaisante d’une destinée personnelle déstabilisée par l’irruption du Tout
Autre. L’écriture prend ici la place d’un exercice d’auto discernement et de
connaissance de soi, quelle que soit la nature du contrôle exercé par la
suite.» Récits
autobiographiques, journaux intimes, correspondances, poésies, traités,
commentaires, participent d’un vaste corpus mystique féminin. Les textes sans
être forcément « littéraires » sont très souvent beaux et profonds. Audrey
Fella dresse un portrait très synthétique de chacune de ces femmes
exceptionnelles pour nous introduire à une sélection particulièrement choisie
et significative de leurs textes. Ce
voyage en féminin sacré est aussi un magnifique périple vers la liberté. Au sommaire de cet ouvrage, l’auteur nous
parle des femmes suivantes : Diotime de Mantinée - Macrine la jeune - Rabi’a al-Adawiyya - Yeshé Tsogyal - Cao Daochong - Machik Labdrön - Hidegarde de Bingen - Sun Bu’er - Elisabeth de Schonau - Akha Mahâbiyya - Hadewijch d’Anvers - Mechtilde de Magdebourg - Aisha al-Mannubiyya - Angèle de Foligno - Marguerite Porete - Lallâ - Julienne de Norwich - Catherine de Sienne - Camilla da Varano - Mirâ Bâi - Thérèse d’Avila - Rose de Lima - Marie des Vallées - Marie Guyart de l’Incarnation - Jeanne Deléloë - Claudine Moine - Jacqueline Pascal - Marguerite-Marie Alacoque - Madame Guyon - Véronique Giuliani - Marie de la Nativité - l’abandon à la Providence Divine - Caroline Von Günderode - Thérèse Couderc - Marie-Véronique du cœur de Jésus - Emily Dickinson - Bernadette Soubirous - Elisabeth Leseur - Louise-Marguerite Claret de la Touche - Thérèse de Lisieux - Isabelle Eberhardt - Lilian Staveley - Elizabeth de la Trinité - Catherine Pozzi - Raïssa Maritain - Marie Noel - Mireille Dupouey - Edith Stein - Mâ Ananda Moyi - Marie Skobtsov - Jeanne Schmitz - Rouly - Catherine d’Hueck Doherty - Dina Bélanger - Maria Valtorta - Camille C. - Adrienne Von Speyr - Maryse Choisy - Marie de la Trinité - Madeleine Delbrel - Marie Faustine - Malek Jân Ne’mati - Gitta Mallasz - Irina Tweedie - Lilian Silburn - Simone Weil - Mère Teresa de Calcutta - Etty Hillesum - Bernadette Roberts - Christiane Singer - Carolyn Carlson - Tatiana Goritchéva - Lydie Dattas - |
FIN MARS. LES HIRONDELLES |
LUC-OLIVIER
D’ALGANGE |
Edition
ARMA ARTIS |
2009 |
Luc-Olivier d’Algange est écrivain, poète
et essayiste français, il est né en Mai 1955 à Göttingen en Allemagne. Son
œuvre est marquée par la Tradition au sens guénonien, la gnose, le
christianisme et le paganisme. « Toute
œuvre digne que l’on s’y attarde, ressemble à la part immergée de
l’iceberg : ce qu’elle dit n’est que le signe de ce qu’elle ne dit
point. L’implicite est, plus généralement, le propre de la haute littérature,
ce qui la distingue de l’information, des sciences humaines et du bavardage
où ce qui n’est pas dit, vaut encore moins que ce qui est dit. Lorsque
l’écrit s’élève au rang de la Parole, lorsque les pages sont comme la
réverbération du Logos-Roi, le moindre scintillement témoigne du gouffre
lumineux du Ciel. Ce qui est dit est comme soulevé par la puissance de ce qui
n’est pas dit, comme le roulement de la vague accordée au magnétisme des
marées ». Luc. Olivier d’Algange Cet
ouvrage comporte des commentaires de l’auteur sur les 12 thèmes
suivants : 1 / Joseph Joubert : Fin Mars. Les hirondelles 2/ Ce Printemps d’Aquitaine. Notes sur l’œuvre d’Henry
Montaigu 3/ René Guénon, écrivain et métaphysicien français. L’œuvre de
R.G parait décisive dès lors que l’on comprend enfin l’interdépendance du
symbole et de la métaphysique. 4/ Hommage à Gustave Thibon. 5/ Le songe impérial de Dominique de Roux. 6/ Nicolas Gomez Davila ou les
« droits de l’âme ». « Les deux ailes de l’intelligence sont
l’érudition et l’amour » N.G.D 7/ André Suarez, une vision paraclétique. Lucere
et ardere, perfectum est. 8/ Cicindèles. Notes sur l’œuvre d’Ernst Jünger. 9/ « Clavis hermeneutica ». Notes sur Henry Corbin. 10/ « Le voyage en Dieu ». Notes sur le livre de
l’Homme Parfait d’Azîzoddîn Nasafî. 11/ L’envers de la vague. Notes sur l’œuvre de Julien Gracq. 12/ Le voyage intérieur. Voyage herméneutique et ses
différentes étapes. |
FRANCIS BACON – LA
NOUVELLE ATLANTIDE |
FRANCIS
BACON |
EDITION
FLAMMARION |
1995 |
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FRANCIS BACON, L’HUMANISTE, LE MAGICIEN ET
L’INGÉNIEUR |
MICKAEL
POPELARD |
EDITION
PUF |
2010 |
On
a parfois décrit Francis Bacon (1560-1626) comme un
« attardé », comme un penseur d’arrière garde
qui n’aurait pas pris la pleine mesure de la révolution scientifique qui se
jouait sous ses yeux. En réalité, en puisant dans l’héritage intellectuel de
la Renaissance anglaise, et en réalisant la synthèse du courant humaniste, de
la tradition magique et du débat autour des « arts mécaniques », Bacon
propose une idée nouvelle de la science et de son rôle pour l’homme. Si
l’ensemble de son œuvre philosophique vise à ouvrir la voie à une science
nouvelle qui ne se perde plus en vaines conjectures mais permette de
découvrir les lois véritables de la nature et de produire des œuvres qui
profitent à l’humanité tout entière, c’est peut-être dans la Nouvelle
Atlantide que l’idée baconienne de la science trouve son expression la
plus efficace et la plus originale. Car F. Bacon ne se contente
pas d’y reprendre les thèmes qui traversent toute son œuvre : véritable
appel à l’action, la Nouvelle Atlantide donne à voir ce que pourrait
être cette science féconde, utile et salvatrice qu’il entend fonder. Au sommaire de ce livre, est développé : Pourquoi F. Bacon est il un
humaniste, un magicien, un alchimiste et un ingénieur, avec une explication
sur la Science et l’Humanisme en Angleterre vers les années 1550. Deux
exemples de savants humanistes : Thomas Linacre
et Thomas Harriot. Francis Bacon mécanicien avec la science, la pratique et
la théorie en Angleterre avant 1550 et après 1550. Le monde des métiers, les
savants et les magiciens à l’époque de la révolution scientifique. La place
de la magie dans la culture élisabéthaine et jacobéenne. Le rôle et le statut
de Francis Bacon en tant que savant, alchimiste et ésotériste. Le voyage de
sa Nouvelle Atlantide, avec ses expériences, son utopie et sa place dans la
science. Michael Popelard est maître de
conférences en études anglophones à l’Université de Caen. |
FRANCOIS MALAVAL ET LA CONTEMPLATION DE LA « DIVINE TÉNÈBRE » |
J.M.
VIVENZA |
Edition
ARMA ARTIS |
2003 |
Ecrivain,
poète et ésotériste, François Malaval naquit à Marseille en 1627. Jeune Aveugle, il apprit
à développer ses sens et ses dons intellectuels ; il médita les écrits
anciens et toucha à la contemplation mystique. Entraîné dans la querelle
Quiétiste, il en tira de l’amertume et se réfugia dans son obscurité
intérieure au plus profond de la lumineuse nuit de la « divine Ténèbre ». Il
nous parle de sa Mission transcendante, de l’indicible mystère, du crée et de
l’incréé et surtout des techniques de contemplation. La
ténèbre divine est cette lumière inaccessible où il est dit que Dieu habite.
Bien qu’elle soit invisible, en raison de ses splendeurs éblouissantes, et
inabordable, à cause de l’abondance de sa surnaturelle clarté, néanmoins
quiconque a mérité de voir et de connaître Dieu repose en elle, et par cela
même qu’il ne voit ni ne connaît, il est véritablement en Celui qui surpasse
toute vue et toute connaissance ; il sait seulement que ce Dieu s’élève
par-delà le monde matériel et intelligible, et il répète avec le
prophète : « Votre science est trop merveilleuse pour moi, et elle
dépasse tant mes forces que je n’y saurais atteindre » ( Ps 138,6 ).
C’est en ce sens qu’on dit du divin Paul qu’il a connu Dieu, parce qu’il a su
que Dieu échappe à toute pensée et à toute science. C’est pourquoi il
proclame que ses voies sont impénétrables et ses jugements incompréhensibles
que ses dons sont ineffables et que sa paix surpasse tout entendement (cf.
Phil 4, 7) ; car il avait trouvé celui qui est supérieur à tout et il
savait d’une science transcendante que Dieu, auteur de toutes choses, est aussi
pardessus toutes choses. |
françois schlatter
– l’homme aux 100 000 guÉrisons |
Gil alonso |
Edition
ARQA |
2006 |
Après
plus de trois années de recherches en France et aux USA, Gil Alonso-Mier nous
propose la première biographie en langue française consacrée à François
Schlatter, le plus grand thaumaturge de son temps. Monsieur
Philippe de Lyon
connaissait certainement l’existence de François Schlatter aux USA et Papus,
entre autres, consacra au guérisseur un article de référence sur François
Schlatter dans le journal « L’Initiation ». Gil
Alonso-Mier en chercheur consciencieux et érudit nous livre là une somme
considérable, un livre absolument remarquable de justesse avec des dizaines
de documents inédits publiés pour la première fois, textes et correspondances
de témoins directs retrouvés par l’auteur, de très nombreuses images
d’archives inédites provenant du fonds personnel de l’auteur, plusieurs
centaines de notes biobibliographiques en annexes du livre et plus de 60
photographies dans le texte pour illustrer cet ouvrage exceptionnel, qui
restera comme un livre en deux tomes indispensable pour tous ceux qui
s’intéressent à la Mystique Chrétienne et à ses Bergers. |
FREITAS - 515 - LE LIEU DU MIROIR - Art et numérologie |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
1993 |
En
partant du mystérieux « 515 »,
nombre de l’envoyé de Dieu, que Dante fait dire à Béatrice dans
la Divine Comédie, l’auteur engage une enquête fascinante à travers les
traditions pythagoriciennes et kabbalistiques dans l’art et dans la pensée
traditionnelle. Il nous fait découvrir les traces secrètes de ce nombre
pentagonal, tant dans l’iconographie égyptienne que dans les vitraux et
gravures du Moyen Âge chrétien, certains chefs d’œuvre célèbres tels que
« la mélancolia » d’Albrecht Dürer ou les précieux panneaux du
triptyque du Maître portugais du XVe siècle, Nuno Gonçalves. Dans
sa préface, Gilbert Durand écrit de ce « maître livre »
qu’il n’est pourtant pas seulement une étude savante sur un mystère
artistique et littéraire, circonscrit quoique passionnant, mais
une « minutieuse analyse » se plaçant à la tête d’une triple
« avant-garde » : celle d’une science de pointe, celle d’une
réflexion métaphysique et théophanique et celle, enfin, d’une sérieuse
reprise en mains, de savoirs traditionnels tels que la numérologie,
l’alchimie, l’astrologie etc. La
triple rigueur de ce livre contribuera sans doute à cette démystification au
deuxième degré, »cœur de notre modernité la plus urgente »… tant il
est vrai, pour reprendre le mot de Mircea Eliade, que la mystification a,
elle aussi, radicalement changé de sens, et qu’il faut maintenant se méfier
des démystifications si mystifiantes des modernismes du siècle passé. Le
titre du présent ouvrage est inspiré d’une citation d’Henry Corbin,
placé en point d’orgue, et précédé curieusement d’un chiffre 515 et
d’un titre littéral : le lieu du miroir, ce titre ne révèle sa
cohérence rigoureuse que si l’on suit, ligne par ligne, la passionnante
progression de cette recherche, partie du chiffre
515, attribué au Messo di Dio par Dante,
au dernier chant du Purgatoire et parvenant à l’ultime citation d’Henry
Corbin : « La divinité est dans
l’humanité comme l’image dans un miroir. Le lieu de cette présence est la
conscience de l’individu croyant, ou plus exactement l’imagination
théophanique investie en lui » Les
14 chapitres de cette quête fascinante, déploient avec une rare érudition et
une sureté d’information, la progression herméneutique qui, partie d’une
date : 1515, va se rapprocher du fameux chiffre du Messo
di Dio : 515. Tout cela passera par des considérations méthodologiques
où sont étudiés et hiérarchisés le langage littéral et celui du chiffre
numérologique, se référent alors à la kabbale juive, à son correctif par
Raymond Abellio, Ananda K. Coomaraswamy et d’autres. Après
avoir dégagé la symbologie du 5 et des pentagrammes, s’appuyant sur des
travaux de M. L. Von Franz, l’auteur décrypte le 515 et son rapport avec les
mensurations angulaires du triangle lumineux (108° et 2 x 36°), du triangle
de Pythagore et la vision d’Ezéchiel. Dans
le chapitre 8, l’auteur revient sur le sens donné par les traditions – rosicrucienne,
juive, hellénique, indienne, shiite, portugaise etc. – de cet archétype du
reflet dans les eaux inférieures. Dans le chapitre suivant, on nous montre
comment le mystérieux Veltro (le lévrier) de
l’Enfer de Dante est lié sémantiquement à la constellation du chien, à
l’étoile Sirius, ainsi qu’au sixième ciel, celui de Jupiter, du Paradis où
Dante élucide le mystère du Messo di Dio. Le
chapitre 11 est consacré aux apparitions du Christ à la Vierge avec des
analogies sémantiques entre le chiffre 515 et les diverses phases de ces
apparitions. Il y est question du prophète Elie, du Paraclet et de ses
symboles que l’on retrouve dans l’histoire du Portugal et diverses œuvres
attribuées à Nuno Gonçalves. Le
dernier chapitre « le cristal impossible », relie les symétries
pentagonales, qui fondent la numérologie du 515, aux découvertes les plus
récentes de la science de la matière et de la cristallographie. Les fractals
sont invitées avec les diverses théories de Penrose sur la structure
pentagonale de l’univers. Lima de Freitas fut un découvreur et un précurseur
dans beaucoup de domaines ésotériques, ses talents de peintre lui ont fait
mettre dans ses toiles ses idées métaphysiques et mythiques confirmant sa
triple démarche : Une science de pointe, en aval de la mécanique
quantique, une réflexion métaphysique et théophanique rejoignant les théories
d’Henry Corbin, enfin une réaffirmation forte des savoirs traditionnels
souvent oubliés ou mis à l’écart, comme l’astronomie, l’astrologie,
l’alchimie, l’herméneutique, les tarots, la numérologie et bien d’autres. Au sommaire de cet important ouvrage : La date de 1515 sur un tableau de Madre-de-Deus. Le Messo di Dio Langage, chiffre et hermétisme. Le reflet dans les eaux Le DVX selon Benini et la filiation templière de Dante Approches de la symbolique du 5. Géométrie et numérologie du 515. Le triangle de Pythagore et la vision d’Ezéchiel. Le Veltro Le polyèdre de la Mélancolia. Un vol de mille colombes. Le thème de l’apparition du Christ à la Vierge. La face du Paraclet et le cristal impossible, l’ordre et le chaos |
FREITAS - ÉGLISES, ARTS, ÉSOTÉRISME |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2011 |
Lima
de Freitas s’appuie sur des réflexions de Jung sur Dieu, sur l’extase chez
Saint Bonaventure, en glosant Ezéchiel et les commentaires cabalistiques sur
le « chariot » ou Merkaba. Il s’interroge sur le sens du mot
religion, en rappelant des définitions du philosophe contemporain Michel
Cazenave, et les travaux sur le sacré de Schleiermacher et Rudolf Otto, avant
de s’appuyer sur Mircea Eliade et son livre fondateur « le sacré et
le profane ». Lima de Freitas recourt aussi aux croyances des tribus
amérindiennes et au chamanisme, phénomène quasi planétaire. Il
insiste sur la nécessité « de ne pas oublier le coté
ésotérique des choses » des religions et des diverses voies initiatiques
ou de réflexions. Pour cela il ne fait que reprendre les paroles de Clément d’Alexandrie,
saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem. Le peintre qu’il est, n’oublie pas les Arts et se fonde sur Ouspensky et Andrei Tarkovsky, non sans rappeler l’importance des travaux de notre regretté frère Gilbert Durant touchant à l’imaginaire. |
FREITAS - LE BUISSON ARDENT |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2011 |
||
Dès
lors, il possède le feu, tel Prométhée. L’analogie avec le Buisson ardent de
la Bible est ainsi établie, très poétiquement par l’auteur. Dans la préface
qu’a faite Rémi Boyer, il a repris un article qui est paru dans Historia Occultae N° 2, où il raconte sa rencontre avec Lima de
Freitas juste avant sa mort. Il y insiste sur sa conviction qu’il existe au
Portugal un « dépôt traditionnel de première importance » dont
témoignerait le « triangle prophétique » constitué par trois
écrivains que sont : Lima de Freitas, Fernando Pessoa et Agostino de
Silva. On trouve dans cette préface des commentaires sur les
mots « initiatio et telete »,
également sur le « renoncement à l’imitatio et
l’inventio ». 2 tableaux du peintre qu’était
Lima, agrémentent cet ouvrage. Lima de Freitas est une grande figure de la peinture et de l’hermétisme de la seconde partie du XXe siècle, mais son œuvre, universelle, imaginale, libertaire et prophétique, est révélatrice d’un futur toujours présent, ancré dans la tradition lusitanienne, qui trouvera toute sa place dans le monde qui approche. Son message, à l’intemporalité certaine, sait s’habiller des vêtements du temps pour conduire à l’essentiel. |
FREITAS - LE FEU DU CIEL |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2012 |
Le feu du ciel est un texte fondamental qui vient renforcer
et étendre la portée initiale, déjà d’une grande puissance, de son ouvrage
essentiel « 515, le lieu du miroir ».
Il reprend notamment nombre de points clés identifiés lors de ses échanges
épistolaires avec Gilbert Durand. De
cette « correspondance imaginale » vont en effet jaillir des
révélations aux portées cosmogoniques et alchimiques considérables. Plus
encore, le Feu du ciel, porte des
clés hermétistes nombreuses, universelles, qui font lien entre les
enseignements traditionnels que nous avons connus ces 20 dernières années,
particulièrement dans le domaine des alchimies internes, que celles-ci
empruntent les habits de l’Occident ou ceux de l’Orient. Au sommaire de ce puissant petit livre : Chapitre 1 : Le nombre et le sens. « Le dieu Agni a gravi les cimes du ciel et en s’affranchissant du péché il nous a affranchis de la malédiction » (Atharva Veda 12,2) Chapitre 2 : Eros, le héros et le cinq « Le feu de l’enfer est la lumière divine telle que la ressentent ceux qui la refusent » (Ste Catherine de Sienne) Chapitre 3 : Le mystère du 515. « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit, ne t’étonne pas que je te dise : Vous devez naître d’en haut (Evangile selon Jean III, 6-7) Chapitre 4 : Le nombre du feu céleste. « Brahma est identique au feu (Bhagavad-Gita, 4,25) Chapitre 5 : L’Unus Mundus. « La coopération du raisonnement conscient avec les données de l’inconscient s’appelle la « fonction transcendantale ». Cette fonction réunit progressivement les opposés. La psychothérapie s’en sert pour guérir les dissociations névrotiques, mais cette fonction servait déjà comme base à la méthode de la philosophie hermétique depuis 17 siècles. (C.G. Jung) Chapitre 6 : Le triangle de feu. « ces modèles techniques du rythme circulaire, structurés par l’engramme du geste sexuel, vont peu à peu se libérer du schème de l’éternel recommencement pour rejoindre une signification messianique : celle de la production du Fils, dont le feu est un prototype. (Gilbert Durand) Chapitre 7 : La lettre perdue. « Ô flamme d’amour, vive flamme, qui me blesses si tendrement au plus profond centre de l’âme ! Tu n’es plus amère à présent, achève donc, si tu veux : rompt enfin le tissu de cet assaut si doux ! Ô cautère vraiment suave ! Ô plaie toute délicieuse ! Ô douce main… (St Jean de la Croix) Chapitre 8 : Le feu dans le Buisson. «Il entre en tous les êtres, l’oiseau migrateur, et se fait présent en eux, tel le feu dans le bois que l’on frotte…Il est l’oiseau suprême, resplendissant de la lumière de dix millions de soleils et par qui toutes choses ont été pénétrées… Savoir cela, c’est vaincre la mort. (Hamsha Upanishad) Chapitre 9 : Le double cinq et le doigt de Dieu. « L’homme est feu. Sa loi, comme celle de tous les feux est de dissoudre son enveloppe et de s’unir à la source dont il est séparé (Louis Claude de Saint Martin) |
FRITHJOF SCHUON - CASTES & RACES |
Frithjof Schuon |
Edition ARCHÉ |
1979 |
Ce
métaphysicien contemporain de R. Guénon, nous donne ici sa version sur le
sens des castes et des races, surtout en Inde, mais explique également cette
noblesse en Occident. Voici la définition du sacré d’après F. Schuon : « Le sacré est l’interférence de l’incréé dans le créé, de l’éternel dans le temps, de l’infini dans l’espace ; c’est l’introduction mystérieuse, dans un domaine d’existence, d’une présence qui en réalité contient et dépasse ce domaine et pourrait le faire éclater par une sorte d’explosion divine. Le sacré est l’incommensurable, le transcendant, caché dans une forme fragile de ce monde ; il a ses règles précises, ses aspects terribles, et ses vertus de miséricorde ; aussi la violation du sacré, et ne serait-ce que dans l’art, a-t-elle des répercutions incalculables. Le sacré est intrinsèquement inviolable. » Comme toutes les institutions sacrées, le système des castes repose sur la nature des choses ou sur un aspect de celle-ci, donc sur une réalité qui ne peut pas ne point se manifester dans certaines conditions ; la même remarque vaut pour l’aspect opposé, celui de l’égalité des hommes devant Dieu. En somme, pour justifier le système des castes, il suffit de poser la question suivante : la diversité des qualifications et l’hérédité existent-elles ? Si oui le système des castes est possible et légitime. Il en est de même pour l’absence des castes, là où elle s’impose traditionnellement : les hommes sont-ils égaux, non seulement du point de vue de l’animalité, qui n’est pas en cause, mais au point de vue de leurs fins dernières ? C’est certain, car tout homme a une âme immortelle ; cette considération peut donc l’emporter sur celle de la diversité des qualifications. L’immortalité de l’âme est le postulat de « l’égalitarisme » religieux, comme le caractère quasi divin de l’intellect et partant de l’élite intellectuelle est le postulat du système des castes. |
FRITHJOF SCHUON - FORME ET SUBSTANCE DANS LES RELIGIONS |
Frithjof Schuon |
Edition Dervy |
1975 |
Cet ouvrage offre au lecteur une doctrine essentielle, intégrale, homogène et suffisante, une philosophie ou une théosophie. L’auteur y expose sa vue et sa vérité et sur la Philosophia Perrenis. A priori ou exotériquement, l’élément Vérité dans le Christianisme, est l’axiome que le Christ est Dieu, et que seul le Christ est Dieu, mais a postériori ou ésotériquement, la Vérité christique signifie d’une part que toute manifestation de l’Absolu est identique à l’Absolu, et d’autre part que cette manifestation est à la fois transcendante et immanente. Transcendante par le fait que le Christ est au dessus de nous, Immanente par le fait que nous acceptons l’idée que le Christ est en nous, ainsi elle est le cœur qui est à la fois intellect et Amour, entrer dans le cœur c’est entrer dans le Christ et inversement. Au sommaire de cet ouvrage : Vérité et Présence - Forme et substance dans les religions - Atmâ-Mâyâ - Les cinq présences divines - La croix « temps espace » dans l’onomatologie coranique - Quelques aperçus sur le phénomène mahammédien - la message coranique de Seyyidnâ Aïssâ - la doctrine virginale - Synthèse des Pâramitâs - Note sur l’élément féminin dans le Mahâyâna - le mystère des deux natures - la question des théodicées - quelques difficultés des textes sacrés - Paradoxes de l’expression spirituelle - la marge humaine - Remarques sur le problème eschatologique - les deux Paradis - |
FRITHJOF SCHUON. LES
DOSSIERS H |
Divers
intervenants |
Edition
L’âge d’homme - Lausanne |
2002 |
L’œuvre
de Frithjof Schuon demeure relativement mal connu en Europe. Né en 1907,
à l’aube d’un siècle marqué par la fin de ce qui pouvait encore demeurer du
vieil ordre européen, Frithjof Schuon élabora son œuvre en marge des
courants de pensée dominants de la modernité. Il s’est éteint en 1998, au
terme d’un siècle, qui vit l’alternance d’une solidification matérialiste
sans égale et d’une exagération et exaspération de la dissolution psychique
d’un monde désorienté. L’œuvre de F. Schuon est l’expression du développement
et de l’affinement conceptuel d’une conscience métaphysique qui ne doit rien
aux conditionnements historiques de la modernité et qui constitue le
« génie » propre d’un grand Maître de sagesse. L’œuvre
de Schuon est presque immanquablement situé dans le sillage de celle de René
Guénon, elle s’abreuve aux mêmes principes fondamentaux que sont : la primauté épistémologique de l’intellect
transrationnel, l’universalité de l’ésotérisme et du symbolisme, l’intégrité
traditionnelle et la critique du monde moderne. Pourtant
s’écartant de certains aspects de l’œuvre de René Guénon, Schuon évite
de toujours durcir les oppositions de principe et se garde de fournir des
applications par trop unilatérales de la sapience et de la tradition. L’objectif
de cet ouvrage important est de contribuer à faire mieux connaitre la pensée
de ce Maître de métaphysique et de ce grand écrivain ; la diversité des
contributions ici rassemblées suffit à suggérer l’ampleur de son œuvre, son
œuvre beaucoup plus connu en Amérique et en Asie, est également ici racontée. Au sommaire de cet ouvrage : Etudes : J. B.
Aymard : Un portrait spirituel Martin Lings :
Frithjof Schuon et René Guénon Jean Biès : F. Schuon et la primordialité
hindoue Jean Hanni :
Hommage à F. Schuon James Cutsinger :
La Vierge Patrick Laude : L’esthétique
métaphysique et spirituelle de Frithjof Schuon Michel Clermont : Frithjof Schuon et la
métaphysique du langage Jean Marc Vivenza : Logique et métaphysique
dans la pensée de Frithjof Schuon Seyyed Hossein
Nasr : Quelques aspects de l’œuvre de F. Schuon Jean Moncelon : Louis Massignon et
Frithjof Schuon, une rencontre posthume Reza Shah-Kazemi :
Frithjof Schuon et la prière Jeanne-Marie Gervy :
A propos de Trésors du Bouddhisme Mark Perry : La compassion intellective Agustin Lopez Tobajas : Quelques traits
distinctifs de l’œuvre de F. Schuon dans le contexte de « l’école
traditionnelle » Mateus d’Azevedo : Frithjof Schuon et les
grandes figures spirituelles du XXe siècle Jean-Paul Lippi : Le seing de Dieu au
corps de l’autre Olivier Dard : Paradoxes et masques de
la misosophie François Chenique : Actualité et
métaphysique de l’unité transcendante des religions Prolongements : Harry
Oldmeadow : Mélodies de l’au-delà Huston Smith : Deux traditions et la
philosophie William Stoddart :
Le palamitisme de Vladimir Lossky à la lumière de
Frithjof Schuon Algis Uzdavinys : Approches de la
philosophie, de la théologie et de la métaphysique : F. Schuon et la
tradition néo-platonicienne Christian J. Guyonvarc’h :
Castes, classes et fonction Lynna Dhanani : La voie de connaissance
jaïn Témoignages : Catherine Schuon :
souvenirs et anecdotes de F. Schuon Hans Kury :
Les jeunes gens dans la caverne : première rencontre John Murray : Le Maître de
primordialité Mahmoud Bina : Le sceau des sages Thomas Yellowtail :
Hommage d’un ami indien Jean-Louis Michon : Témoignage d’un
disciple Inédits et correspondances diverses et variées :
Des lettres de René Guénon, de Titus Burckhardt, de Martin Lings et de J. Pierre Laurent Sa
vie, son œuvre, sa démarche, sa philosophie, et ses amitiés sont ici
racontées et |
FRITHJOF SCHUON - L’ŒIL DU CŒUR |
Frithjof Schuon |
Edition Dervy |
1974 |
||
L’homme puisqu’il pense, doit consacrer cette faculté à la seule chose nécessaire, comme du reste tout autre facultés, car tout doit s’intégrer dans le spirituel ; qui pense pour le monde doit aussi penser pour Dieu, et cela est vrai pour toute activité fondamentale de l’être humain, puisque nous devons aller vers Dieu avec tout ce que nous sommes. Au sommaire de cet ouvrage : 1e partie : Métaphysique et cosmologie - L’œil du cœur - de la connaissance - En-Nur - Nirvana - des états posthumes - 2e partie : Formes de l’esprit - Christianisme et bouddhisme - le mystère du Bodhisattva - remarques élémentaires sur l’énigme du Koan - Aman, islam et Ihsân - Intellectualité et civilisation - 3e partie : Vie spirituelle - Des modes de la Réalisation spirituelle - microcosme et symbolisme - de l’oraison et de l’intégration des éléments psychiques - Transgression et purification - du sacrifice - le double écueil - de la méditation - |
FRITHJOF SCHUON - PERSPECTIVES SPIRITUELLES ET FAITS HUMAINS |
Frithjof Schuon |
Edition Cahiers du sud |
1953 |
Une chose est la connaissance métaphysique, autre chose est son actualisation dans le mental. Toute la science que le cerveau peut contenir n’est rien au regard de la Vérité, bien que cette science soit une richesse incommensurable au point de vue humain. La connaissance métaphysique, elle, est comme un germe divin dans le cœur ; les pensées n’en sont que des lueurs infimes. L’empreinte de la Lumière divine dans les ténèbres humaines, le passage de l’Infini au fini, le contact entre l’Absolu et le contingent, c’est tout le mystère de l’intellection, de la Révélation, de l’avatâra. « Une doctrine métaphysique, est l’incarnation mentale d’une vérité universelle » L’homme peut avoir la certitude métaphysique sans avoir la « foi », c'est-à-dire sans que cette certitude soit dans l’âme comme une présence toujours agissante. La certitude métaphysique, si elle suffit sur le terrain doctrinal, est loin de suffire sur le plan spirituel, où elle doit être complétée et vivifiée par la foi. La foi n’est pas autre chose que l’adhésion de tout notre être à la Vérité, que nous ayons de celle-ci une intuition directe ou une notion indirecte. C’est un abus de langage que de réduire la « foi » à la « croyance » ; c’est l’inverse qui est juste ; il faut faire de la croyance, ou de la connaissance théorique, une « foi » qui déplace les montagnes. Pour les apôtres il n’y avait pratiquement pas de différence entre l’idée et sa mise en valeur spirituelle ; ils ne séparaient pas la théorie de sa réalisation, d’où le terme « amour » pour partager et désigner toute conformité à la Vérité divine. Trois
grandes vertus sont fondamentales dans le cheminement spirituel : Véracité,
Charité et Humilité. Ces vertus doivent pénétrer jusqu’à notre pensée,
puisque celle-ci est un acte et quand la Vérité se manifeste elle ne peut le
faire sans ces vertus. L’humilité, c’est se regarder soi-même dans l’état
limitatif d’individuation ; c’est jeter son regard sur l’égo, la limite,
le néant. La charité c’est regarder autour de soi : c’est voir Dieu dans
le prochain, et s’y voir soi-même, non comme une limite, mais comme une
créature de Dieu faite à son image, se soumettre et s’attacher à elle et se
pénétrer de sa lumière implacable. Chacune de ces trois vertus doit se
retrouver dans chaque autre vertu ; elles sont les critères les unes des
autres. L’auteur
donne sa vision sur la quête spirituelle, ses vertus, l’Amour, la
Connaissance, les obstacles à Schuon
va reprendre la notion guénonienne de « tradition primordiale »,
principalement dans ses livres des années 1940-1950, marqués par les thèmes
et le vocabulaire de Guénon [1], tout en recourant régulièrement à l’adjectif
« primordial » pour évoquer une réalité spirituelle originelle. À partir du
début des années 1960, il va néanmoins délaisser l’expression de « tradition
primordiale », pour préférer celle de « philosophia
perennis », qu’il délaissera également par la suite, puis principalement
celles de sophia perennis et de religio perennis, qu’il
emploiera jusque dans ses derniers livres. Pour Schuon, ces dernières
expressions sont synonymes de gnose et d’ésotérisme C’est
donc en dépassant l’Être, en atteignant le Sur-Être,
que l’Intellect peut percevoir l’unité ultime des religions, et une unité qui
transcende la différenciation des archétypes des religions dans le Verbe.
Schuon ne place pas seulement les divergences religieuses – doctrinales,
rituelles, symboliques, etc. – sur le plan de la manifestation terrestre et
historique des religions, mais affirme que ces divergences sont également
préfigurées dans l’Intelligence divine. Il s’agit de sa thèse de la « marge
humaine », par laquelle il veut rendre compte des facteurs humains, ethniques
et culturels, qui affectent certains aspects plus ou moins secondaires de la
religion donnée par Dieu, et qui accentuent encore les oppositions entre les
religions. Or cette marge humaine, n’est pas seulement une problématique
strictement humaine, elle trouve son origine profonde dans le Verbe divin.
Pour Guénon, la tradition primordiale est la source aujourd’hui cachée et
inexprimable des traditions historiques : elle se laisse percevoir à travers
la convergence des symboles et des doctrines de toutes les traditions
historiques, mais la tradition primordiale elle-même ne peut faire l’objet
d’aucune reconstitution, laquelle aboutirait forcément, selon Guénon, à un
syncrétisme artificiel. Schuon, en revanche, fait de la religio perennis
une doctrine et une spiritualité précise et « opératoires ». Dès ses premiers
livres, Schuon tendait à vouloir condenser en chacun un ensemble identique de
thèmes métaphysiques et spirituels, mais exprimés chaque fois différemment.
Or, à partir du début des années 1960 et de Comprendre l’Islam (1961),
il a régulièrement repris l’idée d’une doctrine universelle et ésotérique,
exprimable par deux principes : la distinction de l’Absolu et du relatif
d’une part, l’attachement opératif et méthodique à l’Absolu d’autre part. Le
premier principe fonde selon Schuon une métaphysique explicitant le rapport entre
l’Absolu et l’existence, le second détermine une spiritualité essentielle qui
réalise méthodiquement la vérité de l’Absolu.
Au sommaire de cet ouvrage : Pensées et civilisation - Esthétique et symbolisme dans l’art et la nature - Contours de l’esprit - Vedanta - Connaissance et amour - Des vertus spirituelles - |
FRITHJOF SCHUON – REGARDS SUR LES MONDES ANCIENS |
Frithjof Schuon |
Edition Traditionnelles |
1972 |
Sur le plan extérieur, la religio perennis se trouve en rapport avec la nature vierge et du même coup avec la nudité primordiale, celle de la création, de la naissance, de la résurrection, ou celle du grand prêtre dans la saint des saints, de l’ermite au désert, du sanyasi hindou, du peau-rouge en prière silencieuse sur une montagne. La nature inviolée est à la fois un vestige du Paradis terrestre et une préfiguration du Paradis Céleste ; les sanctuaires et les costumes différent, mais la nature vierge et le corps humain restent fidèles à l’unité première. L’art sacré qui semble s’écarter de cette unité, ne fait au fond que restituer aux phénomènes naturels leurs messages divins, auxquels les hommes sont devenus insensibles ; dans l’art, la perspective d’amour tend vers le débordement, la profusion, tandis que la perspective de gnose tend vers la nature, la simplicité et le silence ; c’est l’opposition entre la richesse gothique et le dépouillement zen. Mais ceci ne doit pas nous faire perdre de vue que les cadres ou modes extérieurs sont toujours choses contingentes, et que toutes les combinaisons et toutes les compensations sont possibles, d’autant que, dans la spiritualité, toutes les possibilités peuvent se refléter les unes dans les autres, suivant les modalités appropriées. Une civilisation est intégrale et saine dans la mesure où elle se fonde sur le « religion invisible » ou « sous-jacente » la religio perennis ; c'est-à-dire qu’elle l’est dans la mesure où ses expressions ou ses formes laissent transparaitre l’informel et tendent vers l’ origine, véhiculant ainsi le souvenir d’un Paradis perdu, mais aussi, et à plus forte raison, le pressentiment d’une Béatitude intemporelle, car l’origine est à la fois en nous-même et devant nous ; le temps n’est qu’un mouvement spiroïdal autour d’un Centre immuable. Au sommaire de cet ouvrage : Regards sur les mondes anciens - Chute et déchéance - Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens - Chamanisme peau-rouge - Sur les traces de Mâyâ - Propos sur la naïveté - L’homme dans l’univers - Universalité et actualité du monachisme - Clefs de la Bible - Religio Perennis |
FROMAGET - DE L’ENFER INTROUVABLE A L’IMMORTALITḖ
RETROUVḖE – LES FINS DERNIḔRES SELON LE CHRISTIANISME ORIGINEL
|
Michel Fromaget
|
Edition L’Harmattan
|
2017
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"La meilleure traduction,
explique Michel Fromaget, est quelque chose de définitif." Ainsi, quand
on parle de feu éternel, qui est l'image de l'enfer, "c'est un feu qui
n'est pas éternel en existence, ce qui serait absolument hallucinant, on
imagine Dieu éternellement en train de châtier, mais c'est grotesque !"
L'anthropologue nous dit que "c'est un feu qui est éternel dans ses
conséquences, c'est-à-dire définitif, on ne s'en relèvera pas." "Le
dogme de l'enfer a pris consistance à la faveur de la croyance que l'âme
humaine est immortelle par essence", explique Michel Fromaget. Or, ni le
Christ, ni les premiers Pères de l'Église ne disent que l'homme est immortel
par essence. Ils disent même que l'immortalité est conditionnelle, elle est à
choisir. Comment en est-on arrivé au dogme de l'enfer éternel? C'est surtout à
saint Augustin que l'on doit cette idée. Grand penseur chrétien
particulièrement influencé par la philosophie grecque, Augustin d'Hippone
(354-430) "ignorait tout de ce qu'ont dit les Pères avant lui" - ce
dont est certain Michel Fromaget. Or chez les Grecs l'âme est par essence
immortelle et la notion d'enfer très présente. L’Homme ne naît pas immortel, il le devient- "Loué sois-tu,
mon Seigneur, pour notre mort corporelle, à laquelle nul homme vivant ne peut
échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels." Comme
l'exprime saint François d'Assise dans son Cantique des créatures, il y
existe dans la conception chrétienne deux types de mort, la mort biologique
et la mort spirituelle. L'anthropologue rappelle qu'aujourd'hui cette mort spirituelle
paraît à nos contemporains symbolique, "mais autrefois il n'en allait
pas du tout ainsi : c'est pour cela que Jésus insiste sans arrêt sur le thème
de la mort qui nous guette et la nécessité de la métanoïa, de la
transformation". Tout au long de son enseignement, en effet le Christ ne
cesse de nous inviter à "renaître de l'eau et de l'Esprit" et à
choisir la vie. "Qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé,
obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la
mort à la vie." (Jn 5, 24) "Il n'est pas question d'enfer"
dans les paroles de Jésus, observe Michel Fromaget. Et "il ne dit
absolument pas que tout homme est immortel". Jésus soumet l'immortalité
à une condition : "qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé"...
"Il s'agit d'une immortalité conditionnelle." "L'être humain en son corps et en
son âme a la possibilité, ça lui est offert par Dieu, de devenir immortel :
c'est la naissance spirituelle", explique Michel Fromaget. Avant sa
seconde naissance, "l'homme n'est pas immortel par nature". Avec le
théologien et mystique Maurice Zundel on comprend que "s'ouvrir à
l'esprit, dire oui à la vie, dire oui à l'amour, dire oui à la vérité, et
s'immortaliser : tout cela c'est la même chose". Dans la Bible, on lit :
"La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est
donnée selon leur choix." (Si 15, 16) Pour Michel Fromaget, "ça
veut dire que l'homme est complètement libre de choisir la vie que lui
propose Dieu, ou la mort, c'est-à-dire un anéantissement définitif : nous est
proposée cette vie éternelle mais nous avons la possibilité de la
refuser". Il est nécessaire de bien comprendre
que l'âme et l'esprit n'ont pas le même sens qu'on leur donne aujourd'hui.
Chez saint Paul par exemple, ce que l'on a traduit par "âme" -
anima en latin, psyché en grec - désigne l'intelligence, la pensée, le
sentiment, le souvenir, l'imagination, la volonté, etc. Au fil du temps le
mot "âme" a pris un sens religieux qu'il n'avait pas au début. À
l'inverse, on a donné au mot "esprit" une connotation psychique.
C'est notamment Descartes qui l'a vidé de son sens spirituel. Or l'esprit,
selon la tradition chrétienne, et d'après les mystiques, c'est cette
dimension de notre être la plus difficile à signifier. L'esprit c'est ce que
les chrétiens appellent le royaume de Dieu. Ainsi l'homme naît avec un corps
et une âme : le sens de sa vie est de développer son esprit. L'anthropologue
parle de seconde naissance. Un thème qui revient sans cesse dans les paroles
du Christ. "Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut
entrer dans le royaume de Dieu." (Jn 3, 5) Comme l'explique Michel
Fromaget, "l'esprit, dans la tradition biblique n'est que potentiel,
pour exister il a à être mis en acte". Le sens de l'humanité c'est de
devenir spirituel. Justin de Naplouse, philosophe chrétien du IIe siècle,
écrit : "L'âme humaine ne doit pas être confondue avec la vie, elle
participe de la vie mais elle devient véritablement vivante que grâce au
souffle divin." |
fromaget –
dix essais sur la conception anthropologique « corps,
Âme, esprit » |
Michel
Fromaget |
Edition
L’HARMATTAN |
2006 |
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Parmi
ces conceptions anthropologiques non dualiste, pour des raisons tenant à
l’anthropologie et à l’histoire, mais aussi, parce que, face au dualisme, il
constitue sans doute pour l’homme moderne la seule et unique alternative, le
paradigme tripartite « corps, âme, esprit » requiert une extrême attention.
|
fromaget –
LA DRACHME PERDUE – L’ANTHROPOLOGIE « CORPS,
ÂME, ESPRIT » EXPLIQUÉE. |
MICHEL
FROMAGET |
ÉDITIONS
GRÉGORIENNES |
2010 |
Michel
Fromaget
reprend ici et enrichit considérablement une précédente version d’un ouvrage
témoignant d’une compréhension très profonde de l’émerveillement et de
l’amour, du vieillissement et de la mort et dont le contenu appartient en
propre à l’anthropologie ternaire qui était le sujet de son précédent ouvrage
« Corps, Âme et Esprit ». La
drachme perdue présente et explique avec la plus grande clarté qu’il se peut,
à un large public, les principales affirmations de l’anthropologie « Corps, Âme, Esprit », qui aboutissent à
une compréhension de l’être humain essentielle et vivante, quoique tombée en
désuétude en raison des choix actuels de notre civilisation. Le
fait de refuser ou de consentir à cette conception de l’homme, et donc de
nous-mêmes, conditionne en profondeur, sans que nous en ayons nulle
conscience, jusqu’aux plus modestes pensées, paroles et gestes de notre vie
quotidienne. Le lecteur pourra apercevoir l’immensité de l’enjeu
psychologique et existentiel inhérent à cette anthropologie, ainsi que le
poids de l’espérance qui l’habite afin de retrouver la drachme perdue et tout
ce qu’elle véhicule. Trois
grands chapitres structurent cet ouvrage : 1/ Le dualisme « corps et âme » 2/ Qu’est-ce-que la trilogie « corps, âme,
esprit » ? Avec les images, symboles et paraboles expliquant la
naissance de l’esprit, et les analogies, allégories et mythes qui expliquent
l’esprit, la mort et la vie, sur le Je et le Moi. 3/ L’Homme et sa métamorphose. La leçon de la nature. Ce que
disent les grenouilles, les salamandres, les cigales, les libellules et les
papillons. Pour mieux comprendre les manifestations psychiques et physiques
de la « métanoïa ». Enfin les trois amours humaines, ainsi que la
vieillesse inéluctable qui nous guette. |
FROMAGET
- LA VOCATION SPIRITUELLE DE L’HOMME
|
Michel Fromaget
|
Edition U.P.P.R.
|
2016
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En Occident, l'homme est défini
selon un modèle limité à deux dimensions : il est corps et âme. Michel Fromaget
montre ici, conformément aux enseignements du Nouveau Testament, de
l'hindouisme, du bouddhisme, du taoïsme et à la suite des anciens égyptiens,
des Présocratiques, de la tradition philosophique antique, des Pères de
l'Église et, plus récemment de Nicolas Berdiaev et de Maurice Zundel, que
l'esprit est une composante oubliée, et pourtant essentielle, de cette
conception de l'être humain. Et c'est précisément la conception dualiste de
l'homme comme seulement corps et âme qui, en tant que présupposé qui
conditionne et limite notre façon de vivre et de penser, nous empêche de
concevoir l'homme en trois dimensions comme « corps, âme, esprit ». Dans cet essai, Michel Fromaget,
nous invite à (re)découvrir cette dimension spirituelle en nous : il nous guide
progressivement vers l'actualisation de cette «seconde naissance», naissance
à la totalité de soi-même qui scelle la vocation de l'homme achevé. Un tel
ouvrage n'est pas anodin : sa portée et son enjeu sont d'une gravité extrême
puisqu'ils renvoient à la question de l'acceptation ou non des conditions de
notre vie et de notre mort ou de notre éternité. Pour ma part je préfère à cet
ouvrage, « La drachme perdue » et « Corps, âme et esprit »,
ces livres ont une puissance que n’a pas la « vocation
spirituelle » qui est une re-dite des
précédents. Biographie de l'auteur : Michel Fromaget, anthropologue social, est Maître de
Conférence honoraire à l'Université de Caen Basse-Normandie. En 1981, il
soutient à la Sorbonne une thèse de Doctorat ès Lettres et Sciences humaines
intitulée : Individuation et idée de mort. Essai d'anthropologie de
l'imaginaire. Auteur de nombreuses études de thanatologie et d'anthropologie
spirituelle et en particulier de Corps, Âme, Esprit. Introduction à
l'anthropologie ternaire (Albin Michel, 1991), il consacre l'essentiel de ses
recherches à l'anthropologie du christianisme ancien, ainsi qu'à celles de
Nicolas Berdiaev et Maurice Zundel. Il est, entre autres ouvrages, l'auteur
de : Majestas Domini (Brépols, 2003), Naître et Mourir. Anthropologie
spirituelle et accompagnement des mourants (F.X. de Guibert, 2007), Eros,
Philia, Agape. Nouveaux essais d'anthropologie spirituelle (Éditions
Romaines, 2008), La drachme perdue. Anthropologie « Corps, Âme, Esprit »
expliquée (Éditions Grégoriennes, 2010), Mort et émerveillement dans la
pensée de Maurice Zundel (Lethielleux, 2011), Un joyaux dans la nuit.
Introduction à la vie spirituelle d'Etty Hillesum |
FROMAGET - LES 3 VISAGES DE L’AMOUR – EROS, PHILIA, AGAPE
|
Michel Fromaget
|
Edition
le Mercure Dauphinois
|
2018
|
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L’amour « Éros » est fondé sur une relation sensuelle, charnelle,
sexuelle, éventuellement amoureuse et passionnelle. Ce peut être l’ivresse
d’un « coup de foudre » qui induit un fort désir de l’autre. Cela peut être
délicieux et… ravageur. Il y a un risque de vivre une illusion, d’aimer
l’image de l’autre basée sur des fantasmes et l’imaginaire. Le partenaire
peut être vécu comme un objet d’amour conditionnel où l’ego possessif prend
toute la place. Si l’attachement à une personne est uniquement conditionné par
une passion érotique, le risque de perdition est présent et le Malin peut en
faire un terrain de prédilection dévastateur. Cependant l’amour Éros peut
initier une relation qui évoluera vers l’amour Philia ou Agapè afin de se
vivre harmonieusement au long cours. L’amour « Philia » est l’attachement lié à un sentiment d’amitié,
associé à des valeurs, des centres d’intérêts et des objectifs communs. Il prend
appui sur des plaisirs partagés, des échanges, du jeu, de la solidarité et de
la complicité. La relation est chaleureuse et affective, chacun ayant le
souci de l’autre. Cependant, il est conditionnel car fondé sur des activités
ou des vécus partagés. L’amour « Agapè » est un amour fraternel, universel, altruiste,
spirituel. Il se donne « gratuitement », de manière désintéressée, sans
attendre de retour. Il est inconditionnel, accepte l’autre tel qu’il est,
avec ses qualités et ses défauts. Il souhaite son bien-être sans profit
personnel. Il a de la compassion pour l’autre et l’aime… même s’il n’est pas
aimé de lui. C’est un amour affranchi de l'ego qui se situe au-delà de
l’émotionnel. Aimer l'autre, c'est cultiver des sentiments de bienveillance
et de compassion à son égard, reconnaître ses blessures à l'origine
d'agissements déviants, cultiver le non-jugement. Aimer l'autre, c'est
respecter nos différences et accepter que nous sommes tous en chemin avec des
degrés de maturité et d'évolution propres à chacun. Aimer l'autre, c'est
écarter tout à priori à son égard, garder le cœur ouvert et reconnaître le
Christ qui l'habite au-delà des ombres qui peuvent l'animer. C'est avoir un
regard altruiste qui l'aidera à grandir. |
FROMAGET - LE SYMBOLISME DES QUATRE VIVANTS – Ézéchiel, Saint Jean et la Tradition |
Michel Fromaget |
Edition du Félin |
1992 |
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Ces
quatre Vivants ou animaux symboliques ne sont jamais sculptés seuls, sur les
tympans des églises ou autre édifices religieux, un cinquième est presque
toujours présent, et presque toujours il s’agissait du Christ en gloire ou
pas, entouré de sa mandorle lumineuse, scène qui renvoyait à la scène de la
Transfiguration sur le Mont Thabor, figure qui attire l’attention sur l’une
des plus hautes significations du message délivré par les Vivants. Dans sa
Transfiguration, le Christ manifeste en effet aux apôtres Pierre, Jean et
Jacques cette faculté appartenant au Fils de l’Homme, et donc à tout homme
accompli, de se transformer, de se métamorphoser en un être de condition
divine ou humano-divine. Le
corps de cet être disposerait de facultés entièrement nouvelles, symbolisées
par la mandorle lumineuse. C’est celui que saint Paul appelle « corps spirituel ou corps glorieux »
et qui rejoint les explications métaphysiques de certaines traditions
initiatiques et alchimiques qui parlent de retrouver le
« corps de gloire »,
allusion à l’Adam Kadmon, le premier Adam d’avant la chute, et qui représente
cette perfection que tout cherchant a comme but. Au sommaire de cet ouvrage : Les Vivants sur l’église –présence architecturale Les Vivants sur les objets – présence liturgique Les Vivants dans la messe – présence eucharistique Les Vivants dans le baptême – présence sacramentelle Le Mystère des Vivants au Moyen Âge : L’herméneutique des Pères de l’Eglise - Période apologiste avec saint Irénée, Origène, Eusèbe de Césarée - La période homélitique avec saint Jérôme, saint Ambroise, et saint Augustin - La dernière période avec le Pseudo-Denys et saint Grégoire le Grand - Les animaux mystiques au second Moyen Âge : La perfection carolingienne et romane - Le mystère des Vivants et le Saint Graal - Les Quatre Veilleurs et la loi des « trois Etats » - Les Vivants et le régime de la grâce - Les Quatre Animaux et notre temps : Les âges du tétramorphe à partir du XIIIe siècle - Le retrait des Quatre Animaux célestes - La mystique de la merkaba et la Kabbale - Les Vivants alchimiques - L’Hermétisme des Tarots et la lame XXI - Quatre effloraisons : Swedenborg et l’occultisme -Rudolf Steiner et l’ésotérisme actuel - Le tétramorphe comme « modèle anthropologique » : - Archétypes, correspondances, signature et homologie - Aperçu sur les Vivants et l’ontologie humaine - Les Vivants et le corps - Les Vivants et l’âme - Les Quatre Vivants et le sens de la vie - La dynamique des vivants : Le nom divin et les énergies spirituelles - L’esprit saint et la coïncidentia Oppositorum - Les quatre animaux et la Vierge Marie - La conversion des énergies - Textes bibliques fondamentaux : Isaïe (6) - Ézéchiel (1, 10, 11, et 43) - Saint Jean : (Apocalypse 4) - Commentaires des textes bibliques - Références et index des noms cités - |
FROMAGET - MODERNITÉ ET DÉSARROI ou L’ÂME PRIVÉE D’ESPRIT |
Michel Fromaget |
Edition Le Mercure Dauphinois |
2007 |
« Soulignant
ce fait, j’en vient à cette remarque d’apparence bénigne, mais que je crois capitale.
Est-il vrai que la conception anthropologique moderne, prive l’homme de sa
dimension spirituelle, qui le prive de l’esprit, et le condamne par là à
n’être que physique et psychique, que corps et âme, est-il vrai que cette
conception marche. Est-il vrai qu’elle marche si bien que cela ? Le
contraire n’est-il pas bien plus évident ? Et si l’essentiel des maux
qui accablent l’homme actuel : maladies, angoisses, solitudes,
dépressions, suicide, drogues…, si l’essentiel des maux qui atterrent les
sociétés modernes : chômage, inégalité, pauvreté, racisme, délinquance,
criminalité, terrorisme, guerres… si l’essentiel des maux qui maintenant
exténuent la terre : extinction des espèces animales, réchauffement
climatique, marées noires, désertification, épuisement des ressources,
déforestation éhontée… Si
cet essentiel venait, précisément de ce que l’homme se conçoit, se construit
et se vit sur la base d’une représentation de lui-même qui soit fausse et ne
rende pas justice à la réalité de son être ? D’une représentation de
lui-même qui, parce qu’elle déforme tout ce qu’il voit et tout ce qu’il
touche, ne lui donne pas accès au monde tel qu’il est et le plonge dan un immense désarroi ? » Dans
ce livre, l’auteur emploie le mot « âme »
et « esprit » dans un sens
particulier, qui n’est autre que leur sens natif, originel, or ce sens est
quasiment à l’inverse du sens courant actuel. Aujourd’hui, en effet, le mot âme appartient principalement au vocabulaire
religieux, où il désigne la part spirituelle et immortelle de l’être humain.
Tel n’est pas le cas dans l’anthropologie ternaire lorsqu’on la présente sous
sa forme la plus courante. Dans
cette forme, le mot âme, comme ses équivalents latin et grec –anima et psyché - désigne tout simplement
le système psychique, ce système dont l’existence est évidente chez tout être
animé. En ce sens, l’animal, c'est-à-dire l’être doté d’une anima, a une âme. Depuis
Descartes au moins, on entend par « esprit »
« l’âme en tant qu’elle pense ». Nous, nous lui conférons un
tout autre sens qui est celui fondamental, hérité de la Bible, où il signifie
l’ouverture à Dieu et à la Sagesse divine, où il signifie l’intuition de
l’Incréé et des vérités ultimes. L’esprit, non pas comme organe intellectuel,
non pas comme organe d’intellection, mais de contemplation.
Voila le sens qui sera retenu dans cet ouvrage. Quant
aux mots : « tripartition, trichotomie et ternaire »,
faisons attention et ne leur donnons pas un sens grossier qui désigneraient
une combinaison de trois entités séparées des autres, le fractionnement de
ces entités est une erreur. Les
représentations « corps et âmes » ou « corps, âme et
esprit » de l’humain, sont des « paradigmes
anthropologiques ». Le fait de le savoir apporte deux choses.
Le propre d’un paradigme est d’être une représentation mentale qui se donne
hypocritement à la conscience sous le jour d’une image imparfaite et vraie,
qui plus est, neutre et inerte, dans le sens où elle n’agirait pas sur son
objet. Or ceci est faux. L’épistémologie et la philosophie des sciences
l’expliquent : un paradigme n’est jamais qu’un système fait de
présupposés. Système viable, fiable et parfaitement utilisable par la culture
qui l’adopte, mais qui n’en ai pas pour autant nullement démontrer. Au sommaire de cet ouvrage : Le vocabulaire de l’histoire de l’anthropologie ternaire : Âme, esprit, dualisme et tripartition - La notion de Paradigme anthropologique - L’anthropologie du christianisme originel - Homme psychique, homme spirituel - L’Anthropologie « Corps, Âme et Esprit » telle qu’en elle-même : Du corps et de l’âme - De l’Esprit - La Métanoïa - Une métamorphose et deux morts - L’expérience de l’esprit - Au Principe, à l’origine et aujourd’hui. Modernité et Avènement de l’homme « domestique » : L’étouffement de l’esprit par la Psyché - Une inversion de la norme - Domesticité de l’homme - L’Âme, signifiant maternel - Une aliénation intellectuelle - Pouvoir scientifique et économique et domestication : Prévenir et guérie l’esprit - Scientisme et intellectualisme - Retour à un dualisme platonicien - Confusion de l’âme et de l’esprit - Feuerbach - Marx et Freud - L’arbre de vie - Le pouvoir économique - L’homme de désir et le prix de la libération - Le devenir actuel de l’anthropologie tripartite : L’Eglise romaine - L’apport des Pères orthodoxes - Les grands ésotéristes modernes - C. G. Jung, du moi au Soi - Desoille, Dabrovski, Godel, Jean Guitton, Frankl, Jean Borella, Maine de Biran, Berdiaev, - La braise et les cendres - Psychologie existentielle et psychologie transpersonnelle - Notes sur quelques aberrations de notre temps : L’essentiel et l’accessoire - Inversion et illusion - Fuite et marginalisation - L’homme mondain et l’homme spirituel - |
10 G
GIRARD - DES
CHOSES CACHḖES DEPUIS LA FONDATION DU MONDE |
René
Girard |
Edition
Grasset |
1978 |
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René Girard, cette fois, approche du
but, de cette anthropologie générale qui est, de son propre aveu, le projet
ultime de son œuvre : c’est pourquoi il nous donne là peut-être un des livres
clés pour comprendre les mystères de notre monde et de ses plus lointaines,
de ses plus archaïques généalogies. Depuis le
début des années 1960, sa place intellectuelle fut singulière et sa pensée
originale. C'est pourquoi son œuvre, pour avoir été rejeté pendant longtemps,
restera comme l'une des plus importantes de l'époque. Il était mondialement
reconnu mais ne le fut jamais vraiment en France - même s'il était membre de
l'Académie Française. Il était trop archaïque pour les modernes, trop
littéraire pour les philosophes, pas assez à la mode pour l'intelligentsia
dominante et même trop chrétien pour un grand nombre - y compris certaines
instances catholiques. S'il est reconnu (l'est et le sera de plus en plus),
il l'a été contre l'époque, contre les pensées dominantes, contre les
institutions en place, contre les médias. En France, il fut un marginal, un
intellectuel qualifié «d'original» pour mieux le laisser en dehors de
l'université quand, en elle, le règne des structures et du marxisme écrasait
tout le reste. Et pourtant, il compte et comptera de plus en plus. Pour avoir
fait toute sa carrière universitaire aux Etats-Unis, à Stanford en particulier
; pour ne s'être rangé sous le drapeau d'aucunes des modes intellectuelles
germanopratines, qu'elle soit structuraliste, sartrienne, foucaldienne,
maoïste, deleuzienne ou autres ; Pour s'être intéressé, trente ans avant
Régis Debray, au «fait religieux» quand il était encore classé dans l'enfer
de la superstition ; pour avoir osé se dire «chrétien» - crime de lèse
modernité - ce qui, aux yeux de nos maîtres à penser (et donc à excommunier),
lui retirait toute légitimité scientifique ; pour n'avoir pas, ou peu, de
relais en France (même s'il était devenu, sur le tard, membre de l'Académie
française) alors qu'il est traduit en plus de vingt-cinq langues ; Pour
toutes ces raisons et bien d'autres, René Girard fut à part dans le paysage
intellectuel hexagonal. En 1961,
avec Mensonge romantique et vérité romanesque, Il s'intéresse à la
littérature pour ce qu'elle dit de l'homme ; En 1972, avec La violence et le sacré,
il décortique les mécanismes religieux pour mieux comprendre la violence ; En
1978, avec Des choses cachées depuis la fondation du monde, il considère le
christianisme comme une sorte de «sur-religion» qui vient abolir les autres,
les rendant inefficaces et presque obsolètes. Sa pensée s'inscrit mal dans
une lignée clairement définie. Pour être ailleurs, certains la mette nulle
part. Voilà qui est plus commode pour ronronner entre soi! Anthropologue Il
critique l'anthropologie quand, avec Lévi-Strauss, elle condamne le sacrifice
en le dépouillant de toute signification ; critique littéraire, il rejette
ceux qui, comme Georges Poulet, pensent que la littérature, devenue un monde
en soi, ne se réfère qu'à elle seule, n'a rien à révéler des vérités humaines
radicales - comme le mimétisme ; chrétien, il critique les catholiques trop
immergés dans le monde et peu conscients des enjeux de l'Apocalypse. Tout débute
par la rivalité. Cette rivalité appelle en retour la vengeance et la
vengeance le meurtre et le meurtre la vengeance. L'humanité entre ainsi dans
un cercle sans fin. René Girard, un Durkheim pascalien… Alors qui est-il?
D'où sort-il? Sorte de guelfe chez les gibelins et de gibelin chez les
guelfes, selon la posture d'un Erasme, soucieux de ne rien céder à personne,
il était à la fois disciple de Durkheim et s'inscrit dans la lignée de
Pascal. Posture intenable s'il en est. Dans le camp des religieux il est trop
durkheimien ; dans le camp des sociologues, trop religieux. Et quand il est
question de ces «maîtres du soupçon» qui depuis la fin du XIX ème siècle,
tendent à renvoyer l'homme vers des forces qui, en coulisse, le domineraient,
comme s'il était marionnette plutôt qu'acteur, René Girard, lui aussi, se
réclame de cette tradition qui disqualifie l'autonomie moderne. Il ne met pas
en exergue des forces sociales, des pulsions inconscientes ou des généalogies
insoupçonnées, mais, dans un même effet de déplacement, une rivalité
mimétique au fondement de tout. L'individu n'est jamais seul. La conscience
s'acquiert non par la raison mais le désir. Alors il est
un Durkheim pascalien - ce qui équivaut à un oxymore intellectuel. Unique
membre de cette singulière catégorie, il retient de l'auteur des Formes
élémentaires de la vie religieuse, une approche qui fait de la religion un
effet de coagulation sociale et une manière collective de réguler la
violence. De Pascal il garde le souci d'une apologie chrétienne pleine de
raison. «Tous mes livres», dit-il «sont des apologies plus ou moins
explicites du christianisme.» Le Christ, première victime innocente, qui dit
son innocence à la face du monde, dénude, par-là même, tous les mécanismes du
religieux archaïque. Alors, aujourd'hui, nous ne pouvons qu'être chrétiens,
même si le christianisme n'a pas été pleinement reçu. René Girard en appelle
à une «éthique nouvelle» qui ne peut naître, selon lui, «qu'au sein du
mimétisme libéré - libéré par le christianisme». Qu'il soit
du côté de Durkheim ou de celui de Pascal, il privilégie l'analyse et
délaisse les a priori idéologiques. Ni rationalisme ni fidéisme. Il faut dire
qu'aujourd'hui la situation est inédite. La violence est déchaînée. Plus rien
ne la tient. Le religieux ne fait plus son office. Tenir les deux termes de
l'équation: à la fois l'analyse du religieux, selon les méthodes
durkheimiennes et l'horizon chrétien, dans la lignée d'un prophétisme
pascalien. C'est ce que fit René Girard, laissant, dans son sillage, beaucoup
de mécontentements, d'incompréhensions, d'incertitudes et de points
d'interrogations. Comment sortir de la nature violente de l'homme? René Girard, lui,
insiste sur une histoire par nature tragique et une violence en dehors de
toute maîtrise. Contrairement aux «modernes» qui pensent pouvoir contrôler
les réactions en chaîne de la violence, comme on contrôle une fusion
nucléaire, il met l'accent sur un processus qui finit par ne plus être tenu.
Il échappe à tout le monde. Telle fut la leçon du siècle passé: cette «montée
aux extrêmes», selon la formule de Clausewitz, stratège prussien mort en 1831
auquel il confronte sa pensée dans Achever Clausewitz (2007), ne conduit pas,
après coup, à la réconciliation des hommes entre eux. Cette formule d'une
«montée» de la violence lui parait pertinente. René Girard, lui, sorte
d'écologiste de la violence, met l'accent sur un processus d'imitation qui
oppose les hommes entre eux. Tout débute par la rivalité. Cette rivalité
appelle en retour la vengeance et la vengeance le meurtre et le meurtre la
vengeance. L'humanité entre ainsi dans un cercle sans fin. Notons que pour
lui la violence vient toujours répondre à une offense - que cette offense
soit réelle, imaginaire ou symbolique. La violence est une réponse. Elle
n'est pas première. La rivalité, elle, est première. Le désir de ce que
l'autre possède est à l'origine de tout. Le violent, lui, est d'abord un
offensé. Du moins le croit-il. Toute vengeance est une revanche. Un retour.
Un second temps. Une réponse. Comment
alors briser ce cercle, interrompre ce jeu à l'infini de renvoi? Seul, nous
dit René Girard, le religieux, par l'instauration du sacrifice, rompt cette
circularité de la vengeance et du meurtre. De toute évidence le sacrifice
archaïque est arbitraire. La victime est chargée de «tous les péchés du
monde». Son meurtre réconcilie la communauté avec les puissances divine et
surtout avec elle-même. Dans toutes les sociétés, fussent-elles des plus
primitives, on retrouve ce mécanisme du «bouc émissaire». Il permet d'évacuer
la violence, d'apaiser les consciences et de mettre un terme, provisoire, aux
rivalités en cascade. D'une certaine façon le sacrifice brise le miroir des
rivalités. Elles ne se voient plus, ne se répondent plus l'une l'autre. La
réconciliation s'opère donc sur le dos d'un autre. Ce meurtre fondateur,
instaure des rites qui eux-mêmes font naître les institutions. Et c'est ainsi
que naît la culture et toutes les institutions qui la mettent en forme. Or, le
christianisme, dans un souci de vérité, retire à l'homme ses «béquilles
sacrificielles» en reconnaissant la pleine et entière innocence de la
victime. Le Christ, dit et reconnu innocent, n'endosse plus la culpabilité
sociale bien commode pour justifier des sacrifices. «Le religieux» dit rené
Girard «invente le sacrifice ; le christianisme l'en prive». Cette privation
est un pari éthique, une invitation à sortir du cycle de la violence par le
haut (les Béatitudes). Et si les hommes s'accordaient entre eux au diapason
de la bienveillance! Telle est le sens de l'invitation chrétienne. L'avantage
des intuitions creusées et explorées de bien des manières, comme celle de
René Girard autour des rivalités mimétiques, est qu'elles prennent le risque
de devenirs obsessionnels. Au début, il rêvait d'un savoir sur la violence
qui, une fois connu, permettrait de la maîtriser. Cette prétention l'a
quitté. La réconciliation des hommes entre eux, conçue, au début, comme
quasiment automatique est devenue, au fil des années, incertaine pour ne pas
dire problématique. Reste une certitude: le religieux empêche la société de
se détruire. Certitude d'autant plus vitale que nous assistons à une montée
planétaire de la violence religieuse avec le risque d'une déflagration
totale. Sur ce versant-là de nos inquiétudes qui se profilent à l'horizon,
René Girard peut nous aider à avancer. Il reste un appui sérieux pour nous
éviter de mourir. Mourir par cet actuel jeu de miroir à l'infini des
rivalités mimétiques - autre nom de la démocratie-égalitariste. Mourir par ce
retour au fondamentalisme religieux, loin de l'intelligence des textes et de
la compréhension du vrai mécanisme de la violence. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Le mécanisme victimaire : fondement du
religieux - Mimésis d’appropriation et rivalité
mimétique - Fonction de l’interdit et du rite -
Sacrifice et mécanisme victimaire - Théorie du religieux
- Chapitre 2 : Genèse de la culture et des institutions -
Variantes rituelles - La royauté sacrée et le pouvoir
central - Domestication animale et chasse rituelle -
Les interdits sexuels et le principe de l’échange - La mort et
les funérailles - Chapitre 3 : Le processus d’hominisation -
Ethologie et ethnologie - Le signifiant transcendantal - Chapitre 4 : Les mythes : le lynchage fondateur
camouflé
- Elimination - Connotation radicale, négative et
positive - Signes physique de la victime émissaire -
Comment reproduite un triangle - Mimésis et représentation
- La double genèse œdipienne - Pourquoi la
bisexualité ? - Le narcissisme et le désir de Freud
- les métaphores du désir - Chapitre 5 : Au-delà du scandale -
La conversion proustienne - Sacrifices et
psychothérapie - Au-delà du principe du plaisir et psychanalyse
structurale - Instinct de mort et culture moderne -
Le skandalon - |
GIRARD -
LA VIOLENCE ET LE SACRḖ - |
René
Girard |
Edition
Hachette |
1999 |
Après
son ouvrage « mensonge romantique et vérité romanesque », René
Girard a entrepris dans cet ouvrage de remonter aux origines de l’édifice culturel
et social qui est au cœur de notre civilisation. S’appuyant à la fois sur une
relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée
des principaux systèmes d’explication, en particulier la psychanalyse. L’enquête
originale que mène l’auteur, met l’accent sur le rôle fondamental de la
violence fondatrice et de la victime émissaire ; le religieux,
secrètement fondé sur l’unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans
cet essai majeur une définition inédite mais réelle. Dans
de nombreux rituels, le sacrifice se présente de deux façons opposés, tantôt
comme « une chose très sainte » dont on ne saurait s’abstenir sans
négligence grave, tantôt au contraire comme une espèce de crime qu’on ne
saurait commettre sans s’exposer à des risques également très grave. Pour
rendre compte de ce double aspect, légitime et illégitime, public et presque
furtif, du sacrifice rituel, l’auteur invoque le caractère sacré de la
victime. Il est criminel de tuer la victime parce qu’elle est sacrée… mais la
victime ne serait pas sacrée si on ne la tuait pas. Il y a là un cercle
bizarre qui s’appellera ambivalence. Au sommaire de cet ouvrage de 480 pages : Le sacrifice - la crise sacrificielle - Œdipe et la victime émissaire - la genèse des mythes et des rituels - Dionysos - Du désir mimétique au double monstrueux - Freud et le complexe d’Œdipe - Totem et tabou et les interdits de l’inceste - Lévi-Strauss, le structuralisme et les règles du mariage - les dieux, les morts, la sacré, et la substitution sacrificielle - L’unité de tous les rites - |
GIRARD - LE
BOUC Ḗmissaire |
René
Girard |
Edition
Grasset |
1982 |
||
L’action
concrète des Evangiles sur ces problèmes commence visiblement avec les
violences contre ceux que les chrétiens appellent leurs « martyrs ».
Nous voyons en eux des innocents persécutés, car pour avoir du sacré au sens
mythologique il faut que la glorification de la victime s’effectue sur la
base même de la persécution. L’innocence du martyr n’est jamais remise en
cause. « Ils m’ont haï sans cause »
et aussi « Père, pardonne leur, ils ne
savent pas ce qu’ils font » En grec, de même, martyr signifie témoin et c’est l’influence chrétienne qui fait évoluer le mot vers le sens actuel d’innocent persécuté, de victime héroïque d’une violence injuste, et lorsque nous écrivons « la victime est un bouc émissaire », nous recourons à une expression biblique, mais qui n’a plus le sens profond qu’elle avait. Autrefois, son sens était celui de la brebis innocente dans Isaïe ou de l’agneau de Dieu dans les évangiles. Les
Evangiles nous affirmant que le Christ est à la place de toutes les victimes,
sous le rapport épistémologique c’est vrai, les hommes n’ont appris à
identifier leurs victimes innocentes qu’en les mettant à la place du Christ.
La vision mondiale du bouc émissaire va changer avec l’avènement de
Constantin en 325, avec le christianisme triomphant, mais, de persécutés, les
chrétiens se feront persécuteurs, non seulement en occident avec
l’Inquisition mais par la conquête de terres en Amérique, en Afrique ou en
Asie, sous la bannière religieuse des rois très chrétiens, et au nom de Dieu. Il
faut se demander pourquoi Jérôme, ce formidable traducteur qui généralement
ne manque pas d’audace, a reculé devant la traduction du mot « parakleitos », il ne voit pas la
pertinence du mot et va opter pour « paracletus » ;
son exemple est suivie par d’autres interprètes aussi inintelligent que
possible, et qui traduiront paracletus, par Paraclet.
Sur le Paraclet beaucoup d’œuvres ont été écrites, mais aucunes n’est satisfaisante car sa définition n’est que
théologique. Pour
les interprètes chrétiens, le Paraclet est l’avocat des disciples auprès du
Père. Cette solution invoque un passage de la première épitre de Jean « Mais
si quelqu’un vient de pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus
Christ, le juste »… Parakleitos. Le texte de Jean fait de Jésus un
Paraclet. De
tous les textes sur le Paraclet, voici finalement le plus extraordinaire. Il
parait fait de pièces et de fragments hétérogènes, comme s’il était le fruit
incohérent d’une espèce de schizophrénie culturelle qui le fait paraître
ainsi. On ne voit rien en lui tant qu’on pense l’éclairer à partir de
principes et de méthodes qui forcement relèvent du monde et ne peuvent ni
voir, ni connaître le Paraclet. Jean nous assène des vérités extraordinaires
à un rythme tel que nous ne pouvons ni ne voulons les absorber. Le risque est
grand de projeter sur lui la confusion et la violence dont nous sommes
toujours un peu possédés. « Quand viendra le Paraclet, dit Jésus, il me rendra
témoignage, il révélera le sens de ma mort innocente et de toute mort
innocente depuis le commencement jusqu’à la fin du monde ».
Ceux qui viennent après le Christ vont donc témoigner comme lui, moins par
leurs paroles ou croyances mais en devenant des martyrs comme Jésus. Ces
martyrs seront les premiers chrétiens et tous ceux qui mourront pour la
défense et la croyance en Jésus. Au sommaire de ce livre : Guillaume de Machaud et les
juifs - Les stéréotypes de la persécution
- Qu’est-ce qu’un mythe ? - Violence et
magie - Teotihuacan - Ases, Kouretes
et Titans - Les crimes des dieux - La
science des mythes - Les maîtres mots de la passion
évangélique - Qu’un seul homme meure
- La décollation de saint Jean-Baptiste
- Le reniement de Pierre - Les
démons de Gérasa - Satan
divisé contre lui-même - L’histoire et le Paraclet |
GIRARD -
CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE - |
René
Girard |
Edition
Desclée de Brouwer |
2001 |
Cette
relecture de la Bible à travers la théorie mimétique est certes discutable et
discutée. Je n'ai ici donné que les grandes lignes de ce qui j'ai compris et
retiré de cette lecture. Ce qui me gêne un peu dans Girard, c'est l'affirmation
d'une spécificité de la tradition judéo-chrétienne. C'est le croyant qui
parle, et l'Académie française ne s'y est pas trompée, en l'élisant au
fauteuil 37, traditionnellement occupé par un ecclésiastique, où Girard
succède au RP Carré. A quand une interprétation d'un tel niveau intellectuel
par un non croyant ? Recueil
de trois essais inédits, suivis d'un long entretien avec Maria Stella Barberi, le présent ouvrage s'élève contre le relativisme
qui mine les contemporains, incapables de saisir la violence à la racine de
tout ordre symbolique. René Girard revient sur sa conviction que seuls les
Evangiles et "L'Apocalypse" de Jean, prophétisés par la Bible, sont
à même de dévoiler l'origine cachée de toute institution. Il révèle par là-même
les grandes lignes de son travail en cours : un darwinisme revisité, une
anthropologie résolument corrélée à une théologie. Une
autre découverte d'un auteur, par le biais d'un livre d'entretiens et de
courts textes: René Girard, philosophe français, récent académicien. Ce petit
opuscule "celui par qui le scandale arrive" est paru en 2001 et
reprend bien la théorie mimétique, centre de l'oeuvre de René Girard. En
résumé, cette théorie pose que le moteur de l'action humaine, c'est
l'imitation, le désir mimétique. On désire une chose, non pour elle-même,
mais parce qu'un autre la désire aussi. On se trouve de ce fait en permanence
dans des relations humaines basées sur le conflit et la violence, qui mettent
en péril l'équilibre des sociétés humaines. Pour
Girard, les sociétés humaines ont trouvé la solution à cette instabilité avec
la pratique du bouc émissaire. Une victime innocente est régulièrement
désignée comme coupable des désordres et de la violence, ce qui permet à la
communauté de se refaire une unité et de donner ainsi un exécutoire à la
violence collective, qui peut se déchaîner sans risque pour la survie de la
société. Cette position, illustrée notamment par l'étude des mythes grecs,
est intéressante et mérite discussion, mais ce n'est pas là ce qui m'a le
plus intéressé chez René Girard. A
côté du philosophe, somme toute classique, il y a un chrétien, qui analyse les
évangiles et apporte des interprétations personnelles aux écritures. Cette
démarche est pour moi appréciable et brise heureusement le monopole des
religieux sur l'interprétation de haut niveau des textes sacrés du
christianisme. Bien que s'affirmant clairement catholique, Girard est un
laïc, qui n'est en rien tenu par une quelconque hiérarchie religieuse, qui a
le don, aujourd'hui encore, d'étouffer les recherches qui ne sont pas dans la
ligne du Vatican. D'ailleurs, les recherches théologiques les plus vivantes
et novatrices sont actuellement le fait des protestants, signe qui ne trompe
pas. Dans
le cadre de sa théorie mimétique, Girard interprète la Bible comme le refus
de cette logique d'imitation, qui prévalait depuis la fondation du monde. La
loi de Moïse est sur ce point explicite "tu ne désireras pas la femme de
ton prochain". Il va plus loin encore dans l'analyse, avec sa lecture
des évangiles. Le Christ serait venu détruire le système du bouc émissaire,
en rompant l'unanimité autour du sacrifice de la victime innocente. En effet,
pour que l'alchimie opère, il ne faut qu'aucune voix discordante ne
viennent s'interroger sur la culpabilité ou l'innocence de la victime. Jésus,
d'abord bouc émissaire, fait la preuve de son innocence par sa résurrection,
signe de son caractère divin. Ses disciples proclament alors la nouvelle,
rompant l'unanimité de la communauté, qui se déchire autour de la question de
l'innocence ou de la culpabilité de la victime. Cela inverse même le
processus puisque c'est la victime qui est innocente, et la violence
collective envers elle, et donc la société, qui sont coupables. D'où les
phrases de l'évangile où Jésus annonce qu'il est venu apporter le glaive, la
guerre et non la paix. Au sommaire de cet ouvrage : Violence et réciprocité - Les bons sauvages et les autres - le don et l’échange - Echanges de cadeaux dans les iles du Pacifique - Jésus et la violence - la violence dans les sociétés primitives - Mythes et bouc émissaire - La vérité du judéo-chrétien - Le jugement de Salomon - Les héros infirmes - le chant du serviteur souffrant - L’expression des minorités - Satan et Rédemption - religions archaïques et mensonges révélés - judaïsme, islâm et christianisme - « Soi » comme persécuteur - Paradoxe de la croix et division du monde - L’évangile de Marc - L’Apocalypse - Il n’y a pas de 3e voie - De nouvelles couches de l’histoire - L4Inquisition et la Conscience de l’histoire - Le christianisme comme dernier rempart et dernière barrière - Le propre de l’homme et la violence - Ordre et désordre de Satan - Les païens qui se sont mal convertis - Jumeaux et identité - Violence, désordre et perte des différences - Individualisme et différences des jumeaux - Genèse du bouc émissaire - Le handicapé, l’étranger - Elever des tombeaux aux prophètes - Rôle des interdits - L’Apocalypse, révélation de la Vérité - Un monde sans églises - |
goethe – CAHIER DE L'HERMÉTISME. |
Divers
auteurs et intervenants |
Edition
Albin Michel |
1979 |
Ce
cahier d’étude consacré à Goethe se veut être une contribution à ce chapitre important
de la pensée symbolique qu’est l’hermétisme goethéen. Il s’ouvre sur le récit
intitulé Das Märchen (Le Conte), plus connu en
français sous le titre « Le Serpent
vert ». Chantal
Nessler en donne une nouvelle traduction, tandis
que Gonthier Fink fait le bilan d’une critique obsédée depuis prés de deux siècles par ce récit énigmatique, et
qu’Yvette Centeno nous en livre une lecture
alchimique. Un autre conte, La Nouvelle Mélusine, dans une traduction
nouvelle due à Chantal Nessler, fait également
l’objet d’une étude neuve et approfondie de G. L. Fink. Goethe
est aussi l’auteur d’une monumentale œuvre scientifique. L’étude qu’il a
consacrée à la spirale paraît assez caractéristique de la pente hermétisante de sa pensée pour faire l’objet d’une
première traduction du fragment du roman
épistolaire, témoignage précieux sur la genèse d’une des
orientations majeures du jeune Goethe. L’ouvrage
se termine par deux études historiques : l’une par Rolf Christian
Zimmermann sur Agrippa et Goethe, l’autre par Roger Godard sur Macarié, le personnage peut-être le plus mystérieux de
l’œuvre de Goethe – l’Initié dont l’esprit « éveillé » se mouvait
parmi les espaces interstellaires, et qui est présenté ici, à l’intention des
hommes d’aujourd’hui, comme la médiatrice des sources vives de l’imagination
créatrice. Au sommaire de cet ouvrage : Avant propos de
Frédérick Tristan et Antoine Faivre Le Conte –Le Serpent vert de Johann Wolfgang Goethe Les mille et une lectures du Serpent vert, bilan de la
critique – De l’hermétisme à l’ésotérisme politique par :
Gonthier Louis Fink – Le Serpent vert : Essai d’interprétation par :
Yvette K. Centeno La nouvelle Mélusine par J. W. Goethe La nouvelle Mélusine. Goethe à la recherche d’un nouveau
langage ésotérique par : Gonthier Louis Fink – De la tendance spirale par : J. W. Goethe Goethe et la tendance spirale – Le fragment de roman
épistolaire de Goethe par : Antoinette Fink-Langlois – Les quatre « furores »
d’Agrippa Von Nettesheim et le « Wanderers Sturmlied » de Goethe par : Christian
Zimmermann Macarie ou
l’anti-Grand Cophte par : Roger Godard - |
GORDON - CE QUE FUT LE DÉLUGE |
Pierre Gordon |
Edition Signature |
2006 |
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Des lors, l’histoire humaine se présente comme une lente dégradation de la connaissance ontologique dont il était, dans l’univers de la radiance, nanti à l’origine. Conséquence de la chute qui l’a plongé dans l’opacité d’un cosmos matériel, il s’est « dessoudé de l’Être » et cherche désespérément à retrouver ce pouvoir mental supérieur qui fut le sien. « L’homo sapiens adamique », comme l’appelle Pierre Gordon, aurait connu la plénitude dans un univers de radiance dynamique, d’où sa nostalgie inextinguible du Paradis perdu. Dans cette étude, l’auteur déclare qu’il ne lui eut été d’aucune utilité de réunir tous les textes connus mentionnant le Déluge, ceux-ci présentant peu ou prou le même type de scenario. La démarche mentale, spéculative donc, lui est apparue beaucoup plus pertinente. Cependant, il pose comme un a priori que c’est l’Esprit et son essence dynamique qui créent et ordonnent le monde phénoménal et non pas l’inverse, que c’est l’homme, cet être aux pouvoirs entachés d’une paralysante limitation mentale, qui aurait inventé les dieux et leur demeure olympienne. Au sommaire de cet ouvrage : Les traditions diluviennes en Amérique - Récits des diluviens et leurs significations dans tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud - Les traditions diluviennes en Océanie - les traditions diluviennes dans l’archipel indien - les rites agraires - l’ancêtre initiateur - comment le Déluge devint un fait planétaire - Ancienneté des récits diluviens - Birmanie, Cochinchine, l’Assam - Polynésie - Nouvelle Zélande - Micronésie - Mélanésie - Australie - Iles de la sonde - Provenance néolithique des récits diluviens - les Karans de Birmanie - les Tchingphô - les Ba-nhars - les Bhils - Deucalion et Ogiges - Dardanos - la Grèce - Merops - Phaéton - les récits diluviens en Chaldée - Bérose - les Héliques - Ninive et le mont Nisir - Le drame sacré du Déluge - La tradition diluvienne dans la Bible - Les deux récits diluviens de la Genèse - le récit élohiste et le récit yahviste - La mission salvatrice et l’ivresse sacré de Noé - la culture de la vigne - le vin sacré de la montagne - l’attitude des trois noachides - le scénario sacré de la tour de Babel - Suréminence de la Montagne diluvienne - Les deux montagnes diluviennes de la Bible - la montagne sainte de Moise - les monts Ararat - l’Urartu en Inde - le Mont Baris - masion - Koufah - Apamée - Elvend - Demavend - Kouner - Dagh - Yima - La montagne en Egypte - la sainte montagne d’Abydos et le rituel osirien - les temps primordiaux - Thèbes et Coptos - rituel abydénien - ce que nous enseigne le rituel osirien - scenario diluvien en Egypte - La Tradition diluvienne en Afrique - les Pygmées et les tribus nègres - les montagnes artificielles - la Montagne comme notion religieuse rectrice - Hiérapolis en Syrie - le fente par où s’écoula l’eau diluviale - les deux colonnes - primauté de la Pierre Sacrée - Où la Montagne Primordiale se situait-elle ? les montagnes d’Ararat - le Paradis terrestre - les données égyptiennes et chaldéennes - les Enfers - voyage des morts - l’obole des morts - le Caucase - la sacralisation de la mer noire - les Ases - l’empire de Tanasis - Mardouk - les traditions iraniennes et autres - les traditions hindoues et tibétaines - Reste-il- des traces de la Grande Montagne diluvienne ? - Selon Homère - théocratie préhistorique - le rituel de mort et de renaissance - l’Agarttha - Universalité du Déluge - le Déluge comme cataclysme géographique - Phaéton - le Déluge de l’Atlantide - Hracan - la disparition de l’Atlantide - Platon - Multiplicité des iles Saintes - La Montagne diluvienne et le Dieu de la Montagne - la Dame et le Seigneur de la Montagne - Pourquoi la Montagne est devenu l’habitat de Dieu - El- Shaddaï, Yahvé et la montagne diluvienne - |
GORDON – DIEUX PAÏENS ET SAINTS CHRÉTIENS |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2013 |
Ne devrait-on pas s’étonner de trouver dans nos églises autant de saints céphalophores, dont certains n’ont même jamais existé ? Tous, nous montrent Pierre Gordon, sont bien à la suite des dieux païens, les héritiers de personnages sacrés et grands initiateurs des premières théocraties paléolithiques et néolithiques. S’appuyant sur une solide érudition, l’auteur analyse un grand nombre de rites qui ont perduré à travers le monde et seraient, selon lui, à l’origine des mythes, et non l’inverse, comme on le pense bien souvent, car, nous dit-il, « les traditions ne mentent pas, fixées depuis des millénaires sur le roc de la liturgie ». Le grand rite de mort et de résurrection serait ainsi l’apanage de cette grande Eglise théocratique de l’Âge d’Or qui transmit la Tradition Primordiale. En cela, ce nouvel inédit de Pierre Gordon, s’inscrit bien dans l’ensemble de l’œuvre de ce grand préhistorien des religions, grâce à laquelle « une voie possible vers la Vérité nous est ouverte » Les innombrables saints par exemple qui, une fois décapité, se baissent pour ramasser leur tête et courent la porter dans un endroit sacré, ne relèvent en rien de la crédulité humaine. Leur geste traduit de très vieux rites initiatiques qui datent du néolithique, et que le Christianisme a longtemps pratiqués dans les campagnes, en marge de ses rites spécifiques. Ce qui explique, on le verra dans cet ouvrage, les survivances païennes dans le christianisme, c’est avant tout, que le paganisme, dans sa substance profonde, était aussi bien que le christianisme, une initiation au monde de radiance, et y conduisait par une liturgie analogue. La christianisation n’a donc pas marqué, en beaucoup de cas, surtout dans les milieux rustiques, où se perpétuaient de très vénérables coutumes, une brisure avec la religion antécédente, elles en ont été plutôt la renaissance et l’épanouissement. Les saints chrétiens ont tout naturellement pris la place des dieux païens, parce que, dans le fond, ils étaient comme eux, des canaux du sacré et des initiateurs. S’étonner que nombre des saints n’aient jamais existé en tant que personnages chrétiens, et transposer simplement des divinités païennes, c’est méconnaître à la fois la nature et la fonction des uns et des autres ; c’est ne pas se rendre compte que les dieux, comme les saints, se référent à une seule et unique réalité : l’être dynamique du surhomme, pivot de toutes les religions humaines. Au sommaire de cet ouvrage : Première partie : Le paganisme et le Christianisme, stade d’une religion unique - Importance et principe du matriarcat - le fond religieux primitif - les caractères du rituel diluvien - l’église néolithique - Paganisme et christianisme, leurs dieux - l’unité religieuse dans l’humanité et de l’Être dans le surhomme - la croix chrétienne et la croix païenne - Deuxième partie : L’enceinte sacrée néolithique et ses survivances - la ceinturation sacrée et ses anneaux - les couronnes - le rite de la circumambulation - Troisième partie : Pierres et objets sacrés venus du ciel : Les pierres bizarres venus du ciel - autres objets sacrés tombés du ciel - Quatrième partie : Le rite de la décapitation et les personnages qui portent leur tètes à la main - Le sectionnement de la tête et les usages funéraires - Dyades et Triades matriarcales - le sens et l’importance de la tête coupée dans la religion hellénique - Athéna et la tête de Méduse - le poulpe comme tête coupée - le poulpe et Aphrodite - le rite initiatique de la tête coupée - la céphalophorie de saint Denis et son explication - Octobre, mois des saints céphalophores - les saints céphalophores, les emplacements sacrés du paganisme et les monastères bénédictins - la transition du paganisme au christianisme - les saints céphalophores et la traversée des cours d’eau - Cinquième partie : Les passeurs géants du paganisme et saint Christophe : - Orion - les dieux et héros grecs, porteurs du sacré - Bran, Thor, Wade, Grettir - Rôle des passeurs géants, le sacré et ses modalités de transport - les héritiers des passeurs initiatiques - la saint Christophe oriental, ou saint Christophe à tête de chien - le saint Christophe occidental et les survivances folkloriques - |
GORDON – LA MAGIE DANS L’AGRICULTURE, ORIGINE ET SENS DES RITES AGRAIRES |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2009 |
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Il montre la grandeur de nos ancêtres et la puissance spirituelle et mentale dont ils ont imprégné l’humanité jusqu’à nos jours. Il met en exergue la notion de « mana » partagée universellement par tous les peuples de la terre sous des noms divers, il nous plonge aux racines mêmes de la compréhension de cette énergie dynamique, source de toute manifestation et paradis perdu auquel l’homme tache de se reconnecter depuis la nuit des temps. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Rires agraires et initiatiques - Définition et méthodes à suivre pour l’étude des rites agraires - Le rituel de mort et de résurrection - l’influence du matriarcat - les rites initiatiques essentiels - Chapitre 2 : Le champ de céréale comme sanctuaire - Le champ et la montagne sacrée - le roi laboureur - le labour rituel dans les fêtes d’Osiris et en Inde - Chapitre 3 : Les rites agraires et le matriarcat - La Mère Divine et le champ de céréales - la femme et le travail des champs - le labour comme rite de sexualité - ce qu’est la mère des céréales - Chapitre 4 : Les rites agraires et les éléments de la liturgie initiatique - L’arbre - la pierre et le feu - les hommes-animaux et les animaux porteurs du feu - les Brandons - L’eau - l’air, le vannage, le bernement - la montagne sacrée - la caverne sacrée et ses succédanés - les morts - la fête des mânes comme fête agraire - le vêtement neuf - Chapitre 5 : Les rites agraires et l’offrande des prémices - Fondement de l’offrande des prémices et la fête du nouvel an - désécration et consécration - offrandes lors des semailles, de la moisson et lors du battage - l’engrangement - Chapitre 6 : Les rites agraires et l’âme des plantes - l’âme des céréales - la céréale comme saint-sacrement - Dumuzi-Tammouz - Nisaba, Ezinu - l’âme du vin - Sinis - l’alcoolisme sacro-saint - Adonis - l’âme de la céréale et la gerbe - Chapitre 7 : La première et la dernière gerbe comme centre des rites - D’où vient le privilège attribué à la première et à la dernière gerbe ? - personnification animale - Le grand chasseur et l’Ogre - Chapitre 8 : Les rites agraires de deuil - Pourquoi les rites agraires comportent des rites de deuil - le Maneros égyptien - les plaintes d’Isis - les lamentations babyloniennes sur la mort de Tammouz - Kostrubonko - les jeux, la lutte et les danses - Hymne homérique à Déméter - les deux déesses agraires - Chapitre 9 : Les sacrifices pour les récoltes - Les sacrifices humains - le dépeçage de pélops - les 100 enfants immolés en Equateur - les sacrifices mexicains pour la moisson - l’immolation printanière chez les indiens Pawnee - les sacrifices animaux pour les récoltes - Chapitre 10 : Les rites agraires et les étrangers - Pourquoi les étrangers furent considérés comme pourvus d’un mana spécial - le mythe de Lityersès - Rôle réservé aux étrangers - Chapitre 11 : Liens des rites agraires avec les rites nuptiaux et royaux - La résurrection initiatique - la dernière gerbe comme la « vierge, la fiancée, la jeune-fille, la mariée, la vierge, la reine, le berceau d’enfant, Kirn » - le sens des mots Kirn et corn - ce que révèle le mot « blé » - Chapitre 12 : La nudité et les orgies dans les rites agraires - Orgies et mariages - les orgies religieuses ne furent point des rites bassement magiques - les figurations phalliques comme instrument de fertilité - Chapitre 13 : Autres rites agraires - Les jardins d’Adonis - Le flottement de la chevelure et le balancement du sac de grains comme rites agraires - la procession comme rite de fertilité - le tir à l’arc - la danse et le bruit sacré comme rite agraire - les arts graphiques et les jardins d’Adonis - Chapitre 14 : Conclusion - Place des rites agraires et de chasse dans l’ensemble des rites - rites de passage - unité des rituels humains - |
GORDON - LA MAISON HUMAINE ET SON ORIGINE SACRÉE - |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2012 |
Cet
essai inédit de Pierre Gordon, nous offre un angle de vue tout à fait
novateur et éclairant sur l’origine de la maison humaine. L’auteur nous
apporte la preuve, en s’appuyant sur de solides travaux ethnologiques, que
pas un détail de sa genèse n’échappe aux conceptions les plus anciennes du
sacré et que c’est au sein du domaine rituel qu’elle fut inaugurée, sous
forme de « résidence surnaturelle ». La pose de la première pierre, l’inauguration d’un édifice, le seuil sous lequel on enterrait une hache de pierre ou bien encore des feuillages déposés sur une toiture que l’on vient de terminer, prennent alors tout leur sens. A
ce jour, il n’est pas de nouvelles découvertes archéologiques,
ethnographiques, paléontologiques, qui ne viennent s’inscrire dans l’œuvre de
Pierre Gordon comme une pièce manquante d’un puzzle dont il a donné le cadre,
faisant de cet auteur, non seulement un grand chercheur dans le domaine de la
Tradition, mais également un visionnaire. Etant
donné le caractère initiatique des premières constructions élevées dans les
cavernes et les enceintes divines des hauteurs, il est hors de doute que le
temple divin eut très exactement la même origine que la maison humaine. La
demeure où s’abritait ces êtres saints qui étaient des néophytes ou des
initiés, pouvait-elle différer de celle où résidait l’ancêtre initiateur,
prototype des dieux locaux ? Pour tous, le mana transcendant
était identique, et la vie, pendant longtemps, fut commune. D’autre part, les
objets utilisés pour les rites – objets sacrosaints dont l’énergie surnaturelle
se personnifia très souvent, par la suite, en déités spéciale – étaient, eux
aussi, logés dans les mêmes conditions et abrités de la même manière. Au sommaire de cet ouvrage Ouranos et les cavernes sacrées de l’ère paléolithique - Le rituel de mort et de résurrection - Réaction de la terre-mère et des « filles des hommes » - La théocratie néolithique - Avènement de rites nouveaux - La lutte des dieux contre la Mère Divine - Participation progressive de l’homme au travail agricole - Les formes primitives de la maison humaine - Les architectures - Les enceintes sacrées anciennes et actuelles - Les cavernes - Les abris de feuillages - Les demeures quadrangulaires - Les maisons rondes - La tente - L’arbre sacré - La hauteur sacrée comme principe d’architecture - Mes monuments mégalithiques - Les montagnes sanctuaires transformées en œuvre d’art - La Ziggurat, les truddhi, les sesi, les talayots, les nuraghes, les brochs ou duns - Les veems et les cases - Colombiers et Moulins à vent - La maison d’Akitu - Les monticules sacrés - Le Temple du dieu identique à la maison humaine - Les Temples de l’antiquité classique - La colonne et l’obélisque - Le portique - Les sanctuaires portatifs et flottants - Les agglomérations humaines comme lieux sacrés, Rome et Paris - Les monastères - les camp militaires - La maison et le feu sacré - La maison troglodyte - Le bois comme matériau noble - L’entrée de la maison comme gueule du monstre - La maison et les arbres sacrés - L’eau sacrée - Epoque propice à la construction de la maison - Les fêtes de la maison - Les emplacements initiatiques - Les cimetières - La nécrolâtrie et la nécrophobie - Maisons groupées et maisons dispersées |
GORDON – LA NUIT DES NOCES |
Pierre Gordon |
Edition Dervy |
1951 |
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Les différentes modalités, et l’extension de la prostitution prénuptiale - Le mulierisme - le centaurisme - l’accouplement bestial - la hiérodulie - le sacerdotisme - le sénisme - le principisme - le nasamonisme - l’arkisme - le pérégrinisme - la prostitution babylonienne - le cadéberisme - le talisme - l’échangisme - la prostitution rituelle des femmes mariées - sens du primanoxisme - Le lieu et le salaire de la prostitution nuptiale - Le sanctuaire - le harem - le don afférent à la défloration et à la prostitution sacrée - la dot de la femme et l’union hiérogamique - le don en argent - le mariage par achat - Sens profond de la liturgie de sexualité et des conceptions phalliques - Le sacrement de sexualité d’après les vues anciennes - l’hermaphrodisme initial - la liturgie de sexualité et la notion du domaine rituel - la dégradation des rites sexuels - les « messes noires » - |
GORDON - LA RÉVÉLATION PRIMITIVE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2008 |
L’on
nomme Révélation Primitive, la communication
spéciale qui s’est établie, tout au début de l’histoire humaine, entre
l’homme et la préternature. Par préternature nous entendons l’univers transcendant
ou dynamique qui forme le substrat des choses accessibles à nos sens. L’on
peut concevoir cette communication de deux manières : La
première consiste
à admettre que l’être humain fut jeté, dès le principe, dans le cosmos que
nous avons sous les yeux, autrement dit dans le monde saisi comme physique,
par l’intermédiaire des sensations, et que Dieu lui dévoila alors des notions
plus hautes, propres à l’univers de la transcendance. Le péché originel mit
fin à ces contacts, et notre espèce en fut, désormais réduite aux modalités
empirique de la connaissance. La difficulté est de discerner par quelle voie,
dans cette hypothèse, se communiquaient primitivement à l’homme, les idées
qui l’exhaussaient au dessus du monde appréhendé
comme physique ou spatio-temporel, et le renseignaient sur le royaume
divin, était-ce par l’intermédiaire des sensations ? ou au moyen
d’intuitions mystiques, qui soustrayaient momentanément la pensée à l’emprise
des perceptions sensibles ? La seconde conjecture est, de toute évidence, seule acceptable. Mais autant dire alors que le milieu intuitif, caractéristique de l’état édénique primordial, différait de l’ambiance physique au sein de laquelle nous nous mouvons. Nous retombons ainsi dans cette 2e conception, d’après laquelle l’homme fut primitivement placé dans le cosmos de la matière saisie directement comme radiante, en d’autres termes dans l’univers, extraspacial et extratemporel, de l’énergie pure, où la pensée n’est pas arrêtée par les impressions des sens et accède au dynamisme des l’être. Le milieu primitif de l’homme était donc, suivant cette seconde notion, à tous égards transcendant et divin. L’initiation
chez les « Primitifs » consiste essentiellement à révéler
l’existence d’un monde réel, d’un univers divin, et à mettre en contact avec
lui, les novices, après les avoir dépouillés de leur personnalité ancienne (c’est
la mort du vieil homme dans les rites modernes). Chez
ces peuplades primitives d’Afrique ou d’Australie, les jeunes gens sont rassemblés,
puis les surveillants se saisissent d’eux et les élèvent à bout de bras vers
le ciel comme pour les confier à l’Être Suprême ; les gardiens sont
ensuite eux-mêmes soulevés, le visage tourné du côté de leurs pays
respectifs. Pendant ce temps tous les assistants tiennent le bras tendu vers
la lumière du ciel ; il s’agit là de rattacher les jeunes novices à
l’Être Souverain. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Etat primordial d’illumination, occultation primitive et révélation - Importance du premier ancêtre - L’existence de la tradition prouve que la pensée humaine ne relève point de l’animalité - La substance de la tradition primitive - Inconsistance présente de l’histoire et de l’homme - Chapitre 2 : Conséquence générales de l’occultation primitive - Rupture de l’être avec l’unité - Isolement du JE humain - Le travail comme condition de la vie du corps - Transformations organiques - La mentalité ontologique - Pourquoi la mentalité empirique actuelle ne fut point primitive - Chapitre 3 : Les Initiations et les mystères, comme suite de la Révélation Primitive - Le rituel initiatique ou rituel de mort et de résurrection - Les diverses initiations, chez les primitifs, dans l’Antiquité, dans la chrétienté et dans divers courants spiritualistes - L’hermétisme - La tradition initiatique et son support rituel - La théocratie ancienne propagatrice des initiations et des mystères - Chapitre 4 : Le signe cruciforme comme symbole de l’occultation et de la révélation - La croix préhistorique à branches égales - Les symboles cruciformes - Survivances astrologiques - Le signe cruciforme païen et chrétien - L’illumination primordiale et le symbole du cœur - Chapitre 5 : La voyance - Les prophétesses sacrées - Pourquoi les Normes et les Moires l’emportaient sur les dieux - La voyance comme facteur d’unité religieuse - Chapitre 6 : La Religion, fruit de la Révélation primitive - Le sacré et les notions connexes - La religion et la science - La religion et la magie - Chapitre 7 : Le culte des ancêtres - La place du premier ancêtre dans les diverses civilisations - Le premier ancêtre et le diable - Le culte des morts - Chapitre 8 : L’univers rituel comme survivance de l’illumination primitive - L’île sacrée - La montagne sacrée - Les monts Atlas - La Rome primitive et le nombre 12 - Le monde souterrain ou les enfers - L’Autre monde et l’ici-bas |
GORDON - LE GÉANT GARGANTUA |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2012 |
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Au sommaire de cet ouvrage : 1e Partie : Les ancêtres de Gargantua : Chapitre 1 : Le géant qui mange les hommes – le vampirisme divin dans l’antiquité – Cronos – le vampirisme comme digesteur divinisant – les labyrinthes – régressions folkloriques – les carnavals – les incubes et les succubes – les lamies et les lémures – Hécate – Karkô – Krakos – Calchas – origine du mot « ogre » - l’île Gorgona – Chapitre 2 : Les grees et les gorgones – les îles gorgates – la descendance de Méduse et de Poséidon – le sang dragon – la valeur salvatrice du sang – la hiérogamie de la Gorgone – la mère divine dans le christianisme et dans le paganisme – Chapitre 3 : Où est né la Gorgone – le problème de l’Atlantide - Tula et Ogygie – le rituel diluvien – qui étaient les Atlantes ? – les 10 rois de l’Atlantide – l’empire des Atlantes – les courses de chevaux dans l’île sainte – Chapitre 4 : Les êtres et objets initiatiques désignés par le thème verbal G.R.G. – en Mésopotamie – les Kourganes russes – Le Mont Gargan – le Gargantua d’Angleterre – le galgan germanique – Gergovie, gargarius et galgerius – le mot gurges – la gorge initiatique – Grandgousier et Gargamelle – Grantgosier et Galemelle – la femme sacrée qui apporte des pierres dans son tablier –pourquoi le diable bat sa femme – Chapitre 5 : Saint Gorgon – Rivières et mont sacrés désignés par le thème verbal G.R.G. – Saint Georges et son histoire – Chapitre 6 : Ce que signifie les noms donnés au dragon – la fée Greg – la gargouille – le coquatrix et la cocadrille – crokos et crocodile – les monstres des sculptures romanes – la Tarasque – la Tarane – Dragon et cerf-volant – la tête coupée du dragon – Chapitre 7 : L’épée d’or et le cheval divin – Les enfants du Dragon – le meurtre de la Gorgone comme rite de libération – le géant anguipède – le cheval Malet - le cheval Gauvin – la blanque jument – le cheval Bayard et les divers chevaux – 2e Partie : Belen, « Père » de Gargantua Etymologie – Belen-Baleine – Belen et Belisame – Belen dans les pays européens – le Bel et les Baals de l’Orient – Belen-Bel – les avatars de Vishnou – L’île de Bali, Balinac et Bolotoo – Abellio – Belen et Gargantua – D’où vient le mot Bal – La tombe de la Roque Balan – les grands chasseurs initiatiques – Les Ballachrades d’Argos – La boulé, le bain, la bulle – les jeux qui se rattachent à Belen-Bel – 3e Partie : Gargantua : Chapitre 1 et 2 : Gargan et Gargantua – Evolution sémantique du mot Gargantua – Gargantua comme rameau de rosier sauvage – Chapitre 3 : Naissance et enfance de Gargantua – la Grande montagne – Merlin démiurge – Gargantua fils de vache – Gargantua et les mutilations initiatiques – Gargantua teint la terre de son sang, rituel de sacralisation – Chapitre 4 : Gargantua grand chasseur avec le roi Arthur – la « pierre gante » - Sainte Macrine – La reine Guenièvre – La Mesnie Hellequin – Caliburnus le glaive du roi Arthur – l’île où repose le roi Arthur – Arthur, enfant adultérin – le mythe d’Amphitryon – Gargantua croquemitaines – Saint Nicolas – Saint Leu – Loup garou – Chapitre 5 : Gargantua, Digesteur divinisant – les tombes de Gargantua – Gargantua et les dragons –les os de baleine – Gargantua et la peste – 50 paires de bœufs portent Gargantua en terre – Descente de Gargantua aux enfers – Chapitre 6 : Gargantua Libérateur et les rites terminaux des initiations – Gargantua et le soleil – Gargantua et les repas communiels – les festins du roi Luern - L’universalité de la personnalité de Gargantua – Chapitre 7 : Gargantua et son rôle d’initiateur – les empreintes et traces de Gargantua – la chaise du géant – les fesses de Gargantua – les culottes – l’écuelle – le lit – la barbe – les reliques – l’affiloire – l’ornière du chariot – Chapitre 8 : Gargantua et la sacralisation des montagnes – les rites scatologiques de création – les vomissements – la hotte – les étrennes – le Mont St Michel - les colonnes et les tours – les clochers et les cloches – Chapitre 9 : Gargantua et les pierres sacrées – les jeux – les palets et les gravois – les pierres d’autel apportées au Mont St Michel par Galemelle et Grantgosier – Marie-Madeleine – Chapitre 10 : Gargantua et les eaux sacrées – La traversée d’une rivière – le dragon maître des eaux – la sacralisation de l’eau par Gargantua – le Marais poitevin – les bateaux et les mariniers avalés par Gargantua – Construction de ponts – Chapitre 11 : Gargantua et les rites agraires – les végétaux – Esus – Sucellus et Taranis – la fondation de Bourges – les dieux bûcherons – Donar-Thor et les géants nordiques – Gargantua berger et personnalité lunaire – la femme de Gargantua – Chapitre 12 : Absence de connexion avec le feu sacré – rareté des danses et des rondes – Chapitre 13 : Résumé de la légende de Gargantua – « les Grands Dieux » - les dieux ancestraux – les Saints successeurs des dieux – |
GORDON - LE MYTHE D’HERMÈS |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1985 |
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D’autres vols ont été attribués à Hermès, tel le vol du trident de Poséidon, l’épée d’Ares, la ceinture d’Aphrodite et les flèches d’Apollon. Il tranche la tête du géant Argus chargé par Héra de surveiller la génisse Io, amante de Zeus. Son dada est le bétail, il est d’ailleurs souvent représenté avec une brebis dans les bras ou sur les épaules. Telle sont les principales informations fournies par un hymne homérique fameux sur l’enfance d’Hermès. Cela peut paraître étrange que ce récit ai pu être récité lors de cérémonies initiatiques, mais à cette époque le merveilleux faisait parti des cérémonies. Hermès est souvent représenté avec un double visage, précédent ainsi le Janus romain, on le symbolise également comme le dieu de la fécondité animale et de la fertilité, l’analogue du dieu Pan, lequel était du reste tenu pour son fils ou son frère. . Il est également le conducteur des hommes aux enfers, il est la divinité des chemins et le protecteur des voyageurs, il est le gardien des portes – comme le Janus romain – Alors comment expliquer que ce dieu espiègle aux exploits disparates et chaotique soit devenu à la longue l’Hermès Trismégiste, le Maître des pensées transcendantes, le dispensateur de la lumière cachée, le révélateur des secrets initiatiques ? Les exégètes qui ont travaillé sur Hermès sont très partagé, certain tiennent Hermès pour une divinité solaire ou pour l’incarnation de l’aurore, d’autres y voit un dieu du vent, le crépuscule ou l’hypostase de l’obscur, mais la majorité se sont rallier à la phrase de Cicéron : « Hermès a des origines multiples. » L’auteur démontre qu’Hermès malgré cette multiplicité de visages se ramène à l’unité, lorsqu’on pose comme essence première de ce dieu l’ensemble des rites initiatiques, dont il fut considéré comme l’instaurateur. Au sommaire de cet ouvrage : Le rituel de mort et de résurrection – sens premier du mot Hermès – l’essence transcendante des hermai – Hermès bicéphale et tricéphale – Hermès tétracéphale – L’hermaphrodite et l’androgyne initial – les travestissements initiatiques – Le caducée et les deux serpents enlacés – le trident d’Hermès – Hermès phallos è les hermai et leur culte – les fêtes d’Hermès – Hermès et le coq – l’éphèbe – la lyre , les vols de bétail – les chiffres de 100 et 50 – les vaches femmes et Io – les vaches d’Apollon – le vieillard d’Anchestos – Hermès inventeur du feu sacré – les Thries – hermès et le rire initiatique – les pléiades et la fille d’Atlas – Hermès psychopompe – Hermès dieu des voyageurs, messager de Zeus, dieu des marchands et des affaires –Hermès logios et logos – Hermès Thot – L’hermétisme –le mercure gaulois – |
GORDON – LE SACERDOCE A TRAVERS LES ÂGES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1993 |
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Chapitre deuxième : les rois-prêtres - les Jukuns - les rois de France et leurs pouvoirs de guérir - L’investiture royale et la théocratie - Le roi-prêtre dans ses rapports avec le roi de substitution - Chapitre troisième : Sacerdoce masculin et féminin - le sacerdoce des eunuques et des efféminés - les travestissements sacrés de l’homosexualité - la fonction sexuelle du sacerdoce - l’investiture par hiérogamie - l’investiture royale dans l’ancienne Chaldée - survivances sacerdotale dans le matriarcat - Chapitre quatre : L’aptitude à la prêtrise, son principe, le vêtement sacerdotal - les clochettes et les grenades sacerdotales - les personnes aptes au sacerdoce dans l’antiquité - comment et pourquoi avaient t-elle du prestige - Chapitre cinq : Les fonctions du sacerdoce ; La fonction initiatique - Le chamanisme - la fonction prophétique - la fonction cosmique et médicinale - la fonction funéraire - L’œil d’Horus - L’œil de Râ - la fonction phallique - Chapitre six : Les fonctions du sacerdoce, sacrificielle et apparentées - La prêtrise du feu - les sacrifices sanglants - les habitudes alimentaires - le prêtre boucher et cuisinier - le prêtre laboureur et boulanger - la fonction de désécration - la chasse et la pèche comme sacerdoce - l’élevage des animaux - les bovidés, la lait, le fromage, le beurre et le prêtre laitier - la cheval et le porc - la poule, le chie,, le ver à soie, les abeilles, le prêtre apiculteur - le prêtre cannibale - comment se procurer des victimes humaines - les sacrifices humains comme rites initiatiques - déviation des idées sacerdotales relatives aux offrandes et aux sacrifices - les deux grandes étapes de la fonction sacrificielle - Chapitre sept : Les dégradations de la fonction sacrificielle dans le sacerdoce antique - évolution du vocabulaire liturgique chaldéen - la fonction sacrificielle chez les hébreux - L’holocauste primitif - le sacerdoce en Inde, en Egypte, à Rome, au Japon et dans le Mexique précolombien - les sacrifices de substitution - Comment fut mangé Pélops - l’emploi des figurines - Origine des sacrifices humains et du passage par le feu - Préparation et lieu des sacrifices - comment choisir les victimes - les rites des Thesmophories - le soma - la grande fête des Pygmées - les mystères d’Eleusis - le costume des sacrifiants - le sacerdoce dans le bouddhisme et chez les Jaïns - les castes sacerdotales - la chaine initiatique - classification des rites et des mythes - Chapitre huit : Bref aperçu sur la fonction royale et sacerdotale - le roi des Shillouks - la fonction liturgique du sacerdoce - le prêtre sacristain, administrateur, économe et banquier - le Potlatch - Les territoires sacro-saints dans le monde - le prêtre juriste, casuiste, magicien et exorciste - le sacerdoce dans le christianisme - |
GORDON – LES FÊTES A TRAVERS LES ÂGES – LEUR UNITÉ – L’ORIGINE DU CALENDRIER |
Pierre Gordon |
Edition SIGNATURA |
2004 |
Pendant
des millénaires, le Sacré et l’expérience liturgique ont été le support de
l’élaboration du calendrier.
Tous les calendriers, grecs, romain
maçonnique, chaldéen, égyptien, copte, hébraïque, musulman, indou, chrétien,
chinois etc… les fêtes et les chiffres sacrés, l’influence de la lune et du
soleil sur la vie traditionnelle et les conséquences initiatiques et
religieuses.
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GORDON – LES ORIGINES DE ROME, VALEUR HISTORIQUE DE LA LÉGENDE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2004 |
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C’est sur le mont Germal que vint s’installer la colonie albaine qui fonda la Roma Quadrata, et c’est sur cette colline que l’on trouva la célèbre grotte de Lupercal, repaire de la Louve divine et le sacro-saint figuier Ruminal, Acca Larentia et son sépulcre. Rumus ou ruma désignait anciennement la mamelle, le Tibre lui-même se nommait Rumon en sa qualité de nourricier, de son coté Jupiter portera l’épithète de Ruminus. La Louve nourricière figure d’autre part dans les Indigitamenta avec le qualificatif de Diva Rumina, elle possédait une petite chapelle au flanc du Germal : il est dès lors extrêmement vraisemblable que le nom de Rome provienne de l’allaitement divin qui s’y pratiquait. Un superbe ouvrage sur la naissance de Rome avec sa sémantique, ses légendes, ses mythes et tout ce qui tourne autour de cette ville qui fut très longtemps le centre du monde et exporta sa culture dans le monde entier. |
GORDON – LES RACINES SACRÉES DE PARIS ET LES TRADITIONS DE- L’ILE- DE- FRANCE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1992 |
Afin de mieux connaitre l’origine de Paris, l’auteur a eu recours aux traditions populaires. C’est à travers celle-ci que nous comprendrons mieux pourquoi et comment les données folkloriques se rapportent toujours à des rites qui furent propagés depuis le début et que l’Antiquité appelle des dieux ou fils de dieux. Pour découvrir la source de ces thèmes, c’est vers les récits religieux qu’il faut se tourner ; l’on entrevoit ainsi la grandeur initiale et les précieux enseignements de ces récits. Par exemple si nous voulons connaitre pourquoi le méchant loup mange le petit chaperon rouge, il n’y a pas d’autre moyen que de se reporter à Cronos-Saturne, cet ogre divin qui mangeait tous ses enfants dès leur naissance. Pour étudier l’origine de Paris, l’auteur remonte à une date assez éloignée de l’archéologie gallo-romaine et nous explique ce qui était à son sens Paris à la période préhistorique. Cette recherche s’accompagne par l’étude sémantique des noms de rues, de places, de lieux-dits, sur les langues parlées en Gaule avant l’arrivée des Gaulois, les noms des montagnes sont également riches en enseignements. En étudiant l’image que les générations se formaient de l’univers, on constate que les éléments fondamentaux de leur représentation se ramenaient à trois visions : L’Océan, l’Île, et la Montagne. De ces trois éléments qui surgissaient de la mer, s’irradiait vers les quatre directions de l’espace le mana divin ; telle était pour eux la vision primordiale, avec ce monde souterrain s’ouvrant par la caverne et dont le point central était les enfers, Ouranos y enfermait ses enfants et Cronos digérait les siens, ce qui signifiait une période ascétique nécessaire à une métamorphose de l’être et à une transmutation de l’homme par une mort-renaissance. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’île de la cité - Lutèce - la nef de Lutèce - Paris - Ce que fut l’île primitive de Lutèce - Chapitre 2 : La colline sainte du Nord : Montmartre du haut et du bas - le rite de la tête coupée et Montmartre - les personnages sans tête - Fusion ultérieure de l’initiateur païen et de l’évangélisateur chrétien - unité profonde du paganisme et du christianisme - la présence du Dionysos sur le mont Mercure - Chapitre 3 : La montagne sante-Geneviève et le château d’Hautefeuille - le mont Lucotecius - le sommet du mont Lucotecius - Comment entendre sainte Geneviève - légendes diverses concernant l’origine de la civilisation française et de Paris - Chapitre 4 : Le Montsouris et le
tombeau des Géants - la tombe d’Isoris
- les tombeaux des géants - appellations diverses du géant - les processions
- leur sens et leur origine Chapitre 6 : Saint Marcel et le dragon de la Bièvre, les Gobelins - Le bourg saint Marcel, premier emplacement chrétien de Paris - saint Marcel et le dragon - signification du rite - le monstre de la Bièvre et géant de la tombe d’Issoire - les Gobelins et les Gabales - Chapitre 7 : Le diable Vauvert - la rue d’enfer - le diable vert - sa provenance et son domaine - l’expulsion du diable vert - comment expliquer qu’un domaine parisien ait appartenu au diable en plein XIIIe siècle chrétien - ce que révèle le diable Vauvert - Chapitre 8 : Carrières et hauteurs, L’origine du Louvre - Ce que fut d’après diverses survivances Paris durant les derniers millénaires de la préhistoire - Transformation des cavernes en carrières - cavernes et hauteurs parisiennes - Chapitre 9 : Feux, Géants, Ours, Moine bourru, Grand serpent et quelques corporations - Les feux de la Saint Jean - les géants de la rue aux ours - l’ours de la chandeleur - les survivances du grand chasseur - le grand serpent de la cité la corporation parisienne des bouchers - la noblesse parisienne - la corporation des « marchands d’eau » - les institutions municipales de Paris - les vignerons de la région parisienne - la saint Vincent - les jardiniers de la région parisienne : saint Fiacre et saint Ortaire - Chapitre 10 : Fêtes de Paris et de l’île de France - Le jour de l’an à Paris - la fête des rois - la chandeleur - le carnaval parisien - le fête des fous - le fête des innocents - les sots et les soties - la mi-carême - les fêtes de Pâques - les rites de la sexualité - leur épuration par le christianisme - les rites du 1e Avril - la grande fête du 1e Mai - la fête de la moisson - le 1e Novembre - les vieux saints médiévaux de Paris - les 12 nuits - les jours alcyoniens - l’interdiction de la pomme - Notre Dame de l’O et les vierges noires de Paris - la fête de Noel - Conclusion : La sacralisation antique par l’eau - La préhistoire et l’ogre - Caractère de la seconde théocratie - les trois personnalités fondamentales des initiations - Les îles de femmes - le rôle des arbres dans l’ancienne justice française - les rites slaves de Koupala - le région parisienne de Verrières - |
GORDON - LES RELIGIONS DES PRIMITIFS |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2004 |
Au-delà de ce qui semble être un simple traité d’ethnologie au demeurant extrêmement fouillé et documenté, l’on perçoit très vite les idées typiquement gordiennes, en particulier la mise en lumière de certains archétypes communs aux religions primitives : les rites de création (ou diluviens » les rites de mort et de résurrection, les rites d’initiation, le repas communiel, le totémisme, les tabous etc…, idées qui ne sont rien de moins que celles qui ont trait à la Grande Tradition Primordiale, formant la trame unique de toutes les manifestations religieuses. L’œuvre abondante de Pierre Gordon qui refait surface grâce à la passion de quelques dévots, conjugue une connaissance précise de l’ethnologie et des sciences religieuses avec une conception très structurée sur le plan philosophique et métaphysique. A cet égard l’ensemble de ces travaux pourraient s’intituler « A la recherche de la radiance perdue ». Qu’est-ce à dire. Pierre Gordon qui fut haut fonctionnaire de la marine marchande, était hanté par une certitude simple : notre monde a été précédé d’un monde spirituel lequel, à l’issu d’une catastrophe métaphysique – ce mot voulant précise au-delà de la matière – a donné naissance à ce monde actuel. Ce monde présent est le produit de la matérialisation et de l’opacification des lumières du premier monde de la création, deux processus qui furent à l’origine des déterminismes physiques et de la mortalité biologique. Rejoignant les intuitions de Nicolas Berdiaev et d’Henry Corbin, la pensée de Pierre Gordon repose sur un questionnement d type ésotérique qui n’est pas sans rappeler la Tradition de la Gnose. Pierre Gordon fut un savant pour qui la connaissance de l’histoire des religions, la foi en Dieu et en la permanence du monde divin ne formaient qu’une seule et même réalité spirituelle. Elève de Durkheim, il fut un acteur engagé religieusement dans l’histoire des religions qui pour lui ne faisaient qu’illustrer la vérité de son action centrale, selon laquelle toute forme d’organisation sociale des peuples premiers, qu’elle soit politique, religieuse ou autre, ne fait qu’exprimer une nostalgie douloureuse de la création dans son état originel qui se traduit par des tentatives inlassables pour rétablir la continuité du fondement ontologique du monde. Les formes religieuses que l’auteur passe en revue dans cet ouvrage sont aimantées non seulement par la certitude de l’immortalité mais par une volonté constante de montrer comment les hommes ont cherché à restaurer l’état primordial de leur condition. La recherche de la radiance perdue forme la trame unique de toutes les manifestations religieuses car pour l’auteur, l’unité des religions est dans cette mémoire du monde divin maintenue et entretenue par les différents groupes humains. Cet ouvrage n’est pas seulement s’intéresser aux religions des peuples premiers dans les années cinquante, mais c’est aussi au-delà du foisonnement des exemples, l’amorce d’une quête vers le retour à nos origines. Au sommaire de cet ouvrage : 1 - Ce qu’il faut entendre par peuple primitif 2 – Les négrilles de l’Afrique équatoriale - les rites - le système religieux – 3 – Les peuplades archaïques de l’Afrique australe - les Damaras ou Bergdamas - les Bochimans ou Bushmen - les Hottentots - la religion khoisane - les Héréros - 4 – Autres peuplades africaines - les Bantous - civilisations africaines diverses - les Touaregs - 5 – Religions archaïques de l’Asie - Les Semang de Malacca - les Aeta des Philippines - les Andamans - les Todas de l’Inde méridionale - le Tibet - le nord de l’Asie - les éléments de la religion archaïque - 6 – Les religions archaïques du continent américain - le système religieux - les initiations et les rituels - la vie après la mort - le totémisme chez les amérindiens - le cannibalisme rituel - les indiens cultivateurs de la forêt amazonienne - l’Antiquité du groupe Tupi-Arawak-Caraïbe - ses migrations - le sacerdoce chez les peuplades primitives - les anciens emplacements sacrés - |
GORDON – LES VIERGES NOIRES – L’ORIGINE ET LE SENS DES CONTES DE FÉES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2003 |
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7/ Bien que les autorités religieuses et royales luttèrent
pour abolir ce culte des Vierges noires, le peuple eut le dernier mot et par
exemple à Chartres, la Vierge noire fut l’objet d’un culte au même titre que
les autres 8/ Le clergé essaya de déplacer ces vierges noires, mais elles
revenaient aussitôt à leur endroit initial, c'est-à-dire souvent dans des
endroits souterrains. De plus lorsqu’on sortait la statue de son contexte
habituel, elle perdait ses pouvoirs merveilleux, et donc on les remit
vite à leur place.
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GORDON - l’image du monde
dans l’antiquitÉ |
Pierre
Gordon |
Edition
ARMA ARTIS |
2005 |
Le
but de ce livre est de marquer les traits principaux de la représentation que
les anciens se sont formée de l’univers et d’en établir si possible les
origines. Le
problème est loin d’être simple, ce qui a contribué à l’embrouiller, c’est
que l’on a toujours situé au point de départ une recherche mentale analogue à
la nôtre ; les hommes se seraient posé, en des temps anciens, les
questions que nous nous posons aujourd’hui, et ils les auraient résolu par
des hypothèses. Ils se seraient demandé par exemple, d’où provenaient les
choses physiques, de quelle manière elles avaient débuté et comment elles
avaient revêtu l’aspect que nous leur voyons, ils auraient en tâtonnant
dégagé quelques images et quelques idées, qui leur auraient paru
explicatives, les générations postérieures auraient poursuivi ce travail, en
t introduisant progressivement plus de précisions, et en éliminant la
gangue religieuse initiale ? La théogonie aurait ainsi évolué en
cosmogonie, puis en cosmologie et en physique. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Considérations préliminaires - La
hiérogamie néolithique et le rite de séparation comme origine du cosmos
- Les cycles de culture - L’ascèse de l’Île sainte
- Le rituel de mort et de résurrection - la Grande
Montagne - la croix spatiale et les quatre régions de
l’étendue - la sacralisation des animaux et le revêtement
de peux de bêtes - le serpent et
l’oiseau - le Grand Chasseur - Chapitre 2 : Conséquences pour l’image antique du monde - Les
traditions lointaines sur l’origine des choses - Le Hara-Berezaiti - le Mérou - les autres
montagnes saintes antiques - le Temple-montagne - les
hypostases du sacré contenu dans la montagne - Chapitre 3 : Les éléments principaux de l’image antique du
Monde
- Le feu - L’océan - la sainteté -
la descendance de la mer d’après Hésiode - L’océan et l’eau
douce - la conception chaldéenne de l’apsu
- L’Île de l’ouest et de l’Est - les deux cornes de la
montagne - la caverne initiatique et l’œuf cosmique -
la noix cosmique - Chapitre 4 : L’image du monde dans l’Inde - Le
jaïnisme - le bouddhisme - Le brahmanisme
- Chapitre 5 : La chute progressive de l’humanité - Prédilection
de l’Inde pour les chiffres astronomiques - Chapitre 6 : La notion du retour éternel -
L’ascension après la chute - Origine de la conception du retour
éternel - Chapitre 7 : Le pommier et les pommes d’or -
Héraklès et les pommes d’or - Les pommes initiatiques
- la place de l’Inde - Chapitre 8 : Les trois étages cosmiques, les Enfers et le
Ciel
- Enfer et Ciel d’après le Jainisme, le bouddhisme et divers cultes
Hindoues - Les ciels primitifs reposent sur une conception
exactes et une réalité rituelle - La descente du Christ aux
enfers et sa montée au Ciel - les volcans comme mondes
souterrains - les paradis et les enfers astraux - Chapitre 9 : Les visites à l’autre monde -
Pourquoi toutes les descriptions sont fautives - L’univers
phénoménal comme création de l’homme - Chapitre 10 : L’origine des dieux et des démons -
Identité première des dieux et des démons - Chapitre 11 : Origine de la croyance à la survie - Chapitre 12 : L’Essence de l’Homme et de l’univers - L’idée
platonicienne - La philosophie des sauvages - Le yoga
de l’Inde - la taoïsme chinois - Le çaktisme - Chapitre 13 : Le Karma - Les divers Karma de
l’Inde à travers le bouddhisme, le Jaïnisme, le Brahmanisme -
Comment l’Inde a faussé les conceptions initiatiques primordiales
- Transmigration et métempsychose - Chapitre 14 : Les applications du Karma -
Liaison avec le système des castes - Ce qui oriente les
réincarnations - L’enfer des renaissances sans fin -
La voie du salut - Chapitre 15 : L’harmonisation rituelle de l’homme et du
cosmos
- La détermination de l’omphalos et l’orientation rituelle
- le rite de Circumambulation - Chapitre 16 : Passage à la cosmologie - Sens profond des rites néolithiques de création - Les cosmogonies créationnistes - les cosmogonies démiurgiques - les cosmogonies émanationnistes, philosophiques et scientifiques - Valeur pérenne du rituel ancien et de l’image antique de monde - |
GORDON - L’INITIATION PRIMORDIALE ET L’ORIGINE DES RELIGIONS - Introduction à l’œuvre de Pierre Gordon |
Roger Parisot |
Edition Arma Artis |
1993 |
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Il est vrai que les Dieux ont vécu sur la terre, et il est vrai que jadis les bêtes parlèrent, il est vrai que les morts peuvent ressusciter et que les décapités peuvent ramasser leur tête, il est vrai que des « ogres » mangeaient les « petits enfants » et que la baleine avala Jonas, vrai qu’Apollon vint d’Hyperborée accompagné de cygnes, et que Lohengrin parti, emporté par eux, vrai que Siegfried combattit le serpent et que Mélusine disparut, transformée en Wouivre, vrai que le prophète Elie fit descendre le feu du ciel sur les autels et que le Verbe, qui est la lumière illuminant les hommes, s’est fait chair, et qu’il a habité parmi nous. Le grand mérite de Gordon est d’avoir su établir l’existence, au fondement et à l’origine du phénomène religieux de faits socio-historiques réels et d’avoir ainsi pu reconstituer la pré-histoire des religions et du sacerdoce, en montrant la véritable Genèse, du péché d’Adam à la résurrection de Jésus de Nazareth. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre I : Pierre Gordon et la méthode sociologique - Chapitre II : Le feu sacré et l’univers de la radiance Chapitre II : Le péché originel et le Paradis perdu Chapitre IV : L’Âge d’or, le mythe du Déluge et Noé – Chapitre V : L’île sainte et la montagne sacrée Chapitre VI : L’initiation : mort et résurrection - Chapitre VII : Le grand veneur, le digesteur et le libérateur Chapitre VIII : Le serpent et l’oiseau Chapitre IX : Le combat initiatique Chapitre X : Initiation et sexualité Chapitre XI : Christianisme et initiatisme |
GORDON - L’INITIATION SEXUELLE ET L’ÉVOLUTION RELIGIEUSE |
Pierre Gordon |
Edition Presse Universitaire de France |
1945 |
L’on rencontre dans l’histoire religieuse, et dans le folklore qui la prolonge, nombre de faits déroutants, dont aucune explication satisfaisante n’a encore été trouvée à ce jour. D’où viennent par exemple ces sacrifices au dragon et qui ont partout pour corolaire une lutte contre un dragon ? Pourquoi d’autres animaux remplacent-ils souvent le dragon ou le serpent ? Pourquoi les victimes exigées par ces personnages mythiques sont elles presque toujours des jeunes filles de préférence vierges ? D’autre part, d’où vient le fait que dans beaucoup de civilisations autrefois, les jeunes filles avant le mariage devaient se prostituer ou du moins coucher avec un homme autre que son mari ? D’où vient l’institution de la hiérodulie, ou prostitution sacrée ? Comment expliquer les accouplements avec des animaux ? Dans les rites matrimoniaux comment entendre l’origine du mariage par rapt ? Comment se fait-il également que tant de cas de mariages se soient accompagnés de luttes ? Il y a là, se rapportant à l’union sexuelle, un ensemble de questions, dont la solution sinon l’explication doit être cherchée au cœur même des croyances et des pratiques religieuses, et l’auteur dans cet ouvrage va aller au plus loin et plus profond possible dans ses recherches, il nous offre donc des solutions, des explications, des idées de pistes qui donnent une base de réflexion logique et satisfaisante, tout en laissant la porte ouverte sur d’autres explications. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’initiation sexuelle du Néolithique et ses conséquences sociales - Aperçu d’ensemble - L’amazonisme - La prostitution rituelle avant le mariage - Mythes grecs relatifs à l’union sexuelle pratiquée dans les temples - Le sacrifice humain d’origine initiatique et l’accouplement bestial - Les réactions contre la défloration rituelle - la prostitution sacrée ou hiérodulie - la prostitution des mâles - Le monachisme païen - Le rôle de l’exogamie - Chapitre 2 : L’initiation sexuelle et la Bible - le meurtre des Sichémites - La circoncision de Moïse - la guerre contre les Benjaminites - La fille de Jephté - Samson et Amaterasu - la saga de Samson - Chapitre 3 : L’initiation sexuelle et la notion de paternité - Vue générale des initiations néolithiques - La Teoknonymie - L’évolution économique à la fin du néolithique - Chapitre 4 : L’initiation sexuelle et la prohibition de l’inceste - Théories diverses concernant l’origine de la prohibition de l’inceste - l’inceste rituel primitif - Conséquences sociologiques de l’inceste, rituel primordial - l’exogamie dualiste - Corollaires de l’exogamie - Déduction des règles matrimoniales - Privilège de familiarités et avoidances - Récits anciens se rapportant à l’exogamie - Comment expliquer l’amazonisme, c'est-à-dire la formation de communautés exclusivement féminines ? - Le système dualiste dans l’Antiquité et chez les personnages divins - ses rapports avec l’eau - L’ethnographie et la préhistoire - |
GORDON - L’ORIGINE DE L’HUMANITÉ D’APRÈS LES TRADITIONS ANCIENNES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2001 |
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Seule l’initiation, prélude à une nouvelle naissance spirituelle, peut sauver l’homme ; c’est ce qui ressort des rites religieux pratiqués et axés sur les mythes de l’Ile Sainte au milieu des eaux, de la grande Montagne avec sa caverne initiatique et liturgique et bien d’autres. Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages : Ce qu’est l’homme - Origine de la religion et du sacerdoce - la théocratie paléolithique et le matriarcat - la Déluge - L’Âge d’argent - La mère Divine, les rites de sang, les rites phalliques. - le revêtement de peaux animales - La décadence religieuse post néolithique - Les traditions égyptiennes - la tradition d’Hermopolis - La tradition d’Héliopolis - Amon-Min ou Amon Ithyphallique - les éléments de l’Ennéade héliopolitainne et leur provenance rituelle - la tradition Memphite - Les traditions Chaldéennes et Assyriennes - Cosmogonies de Nippur - le monstre Tiamat - la création d’après Bérose - le Déluge - Les 7 âges - le Khidhr - la caverne des 7 dormants comme caverne cosmique - L’arbre de vie dans la Chaldée ancienne et sa place dans l’origine du monde - L’eau de vie - les deux montagnes, l’Arallu comme pays d’or - Les traditions Hindoues - le Mérou - la Scythie - Les quatre couleurs et les quatre castes - les quatre métaux et les quatre âges - les quatre animaux - Les traditions iraniennes et asiatiques - L’Airyana Vaedja - Migration des noms désignant le fleuve sacré et la Montagne Sainte - le Lanpolo - L’Oudyana (Eden) - le Khotan et le dieu Kuverâ - La montagne Sainte des juifs : le mont Moriyah - L’Ouschidarena - L’Arparcin - Le sens primitif du mot Paradis - le Paradis de Yima - L’enfer et la cosmogonie iranienne - Les origines et la fin des choses d’après les traditions nordiques - Le rôle de l’arbre dans les traditions relatives aux origines - Le pilier cosmique - L’arbre, chemin du Ciel - Les créations celtiques par l’arbre de vie - Les traditions chinoises - La montagne de jade et le pêcher d’immortalité - Les notions fondamentales de l’Orphisme - Phanès, ou le premier Dionysos - Zagreus ou le second Dionysos - Bacchus ou le troisième Dionysos - L’œuf cosmique - Survivances diverses des vues traditionnelles relatives aux origines - Le Temple-Montagne et les constructions qui en relèvent - Origine des jardins zoologiques et botaniques - La montagne et la colonne - Les pierres dressées - les Yorubas - Le centre du monde et les traditions relatives aux origines - la notion d’Omphalos et sa localisation - Le Templum - L’amphidromie - Les deux chemins - Rahû le grand Dragon - La transmigration et ma métempsychose expliquent-elles les origines humaines ? - La création par la pierre, le végétal, le bois - le rituel phallique - Création des animaux par l’homme ou l’homme par les animaux ? - Formation de l’homme à partir d’un œuf - Le proto-rituel de création et ses déviances - Les deux rituels de création d’après la Bible - Comment la théocratie néolithique a déterminé les traditions relatives aux origines - Le rôle du surhomme et celui de la femme - L’eschatologie - La noyade comme mort initiatique - la mort des Niobides - le dépeçage de Pélops - Le monde des morts initiatiques identifié à celui des Mânes - Remus et Romulus - Les hiérogamies - Rituel de sexualité et les initiations - La caverne - les animaux cosmiques - |
GORDON - ORIGINE ET SENS DES FÊTES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2006 |
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Au sommaire de cet ouvrage : La fête d’origine : Insuffisance des théories naturistes - Le rituel de mort et de Résurrection comme principe des fêtes - La fête unique qui commémorait la création du monde, en même temps qu’elle en marquait la rénovation - la fête unique et universelle - la civilisation pastorale - les trois fonctions initiatiques - Les cortèges des fêtes ou processions : la bateau et le maquillage initiatique - comment est né la fête des défunts - les mascarades sacrées - les déguisements sexuels - Les fêtes et les initiations, l’Initiation royale - Le renouvellement des pouvoirs royaux - le roi temporaire et de substitution - l’intronisation royale - le Chalngo de Lhassa et le roi de l’impureté - le roi-dieu - le sceptre - La mise à mort du roi lors des fêtes anciennes - le roi et les rites babyloniens du nouvel an - Les sacées - Sémiramis - le roi jardinier - Enlil-Bani - le monarque de remplacement - le roi était-il immolé de façon sanglante ? - sévices annuels contre le roi véritable - les sacrifices humains en Assyrie - les victimes humaines volontaires lors d’un décès - Les fêtes et les représentations rituelles : Amenuisement des rites en scénarios liturgiques - Origine du théâtre - le rire rituel - Nietzsche et l’origine de la tragédie - la danse -Transcription des scénarios sacrés en hymnes - Les fêtes, le feu sacré et les astres : L’enceinte sacrée, centre des fêtes - L’origine surnaturelle du feu - Le feu sacré et le roi - L’allumage et l’extinction des feux sacrés - la création initiatique par le feu - la marche sur le feu - le soleil et le feu initiatique - la lune et le rituel initiatique - la mère lune et ses deux enfants célestes - la lune et le mana - influence solaire et lunaire - identification de l’homme avec les astres - Les fêtes et les rites de l’eau : L’eau sacrée comme véhicule du feu transcendant - le lien de l’eau avec le rituel de mort et de résurrection - L’eau comme breuvage d’immortalité - l’eau changé en vin lors des fêtes - L’eau celtique créatrice - survivances folkloriques - les eaux captives - la marche sur l’eau - le Déluge - Les rites de l’Air : L’air en tant qu’espace et en tant que vent - les rois ou les seigneurs du vent - Les fêtes et l’arbre cosmique ; la lutte contre le dragon, les sources du mana chez les végétaux : L’arbre cosmique inversé - l’arbre de jouvence et de tous les biens - l’arbre de la connaissance du bien et du mal - Divinités émergeant des arbres - leur habitat - les animaux et l’arbre sacré - l’arbre et la pierre - L’arbre et l’air - La cueillette des fleurs et des herbes, la mère divine et les végétaux : fleurs d’or et plantes d’or - L’arbre initiateur et créateur : L’arbre, père des hommes - origine des berceaux - L’homme arbre comme initiateur et père - Dégradations des vues anciennes, les arbres et les rites de fécondité - Identité de l’être humain initié et du végétal sacré : Le mariage des arbres - mariage d’un être humain avec un arbre - l’arbre femme et les fleurs enfants - arbres plantés lors d’initiation et lors d’une naissance - l’arbre clanique - les arbres comme hommes vivants - Les feuillages initiatiques, le transport de l’arbre sacré et le rituel royal : Huttes de feuillages - la légende de Midas - Les dendrophores - la poursuite de la décapitation du roi en Bohème - Le roi silésien et le fou de la Pentecôte - Rites divers accomplis autour de l’arbre sacré durant les fêtes : Arbres à résine - Plantes à propriété stimulantes ou stupéfiantes - Fonctions des végétaux sacrés au cours des fêtes - culte rendu aux arbres - Les fêtes et les rites relatifs aux pierres : la pierre et l’arbre - l’omphalos - la pierre créatrice - Jet de pierres (lithobolie) - Les monticules de pierres - la croix néolithique - les dolmens et les mégalithes mortuaires - Les fêtes et les mégalithes : Origine des mégalithes mortuaires - la montagne sacrée - les menhirs masculin et féminins - les dolmens et les cromlechs - les cairns ou monticules sacrés - les alignements - Le rôle des pierres sacrées lors des fêtes : Les pierres oraculaires - les pierres de fécondité et d’accouchement - les pierres d’amour, guérisseuses, percées, gardiennes, de pluie, - les pierres venues du ciel - les météorites - les pierres qui volent - les pierres qui parlent et qui déplacent toutes seules - les pierres noires - Pierres de prospérité, de jugement, à ordalie, les pierres-dieu, les pierres témoins, les pierres commémoratives, les pierres-serment, les pierres limites - Les luttes rituelles aux cours des fêtes : Les avatars du dragon - carnaval - la mort - l’hiver - la grand-mère - les sorcières - le jeu de la soule - origine des jeux - Autres rites de fête : Rite de deuil - rite agraires, de chasse et de pêche - rites de métiers - mutilations initiatiques - sacrifices humain et d’animaux - Nom nouveau et vêtement nouveau - les couleurs initiatiques - banquet communiel - Mariage et rites de sexualité - les cadeaux de noce et de nouvel an - Danse et nudité rituelle - le bruit sacré et la musique - les fêtes et les arts du dessin - le rire rituel - la fraternité initiatique - L’effervescence des fêtes : la fête comme folie - Echelonnement des fêtes dans ses rapports avec les éléments - Fêtes patronales et individuelles - Les Panathénées - Les arrhephores - Les Thesmophories - Les Dionysies - |
GORDON - ORIGINE ET SENS DES MYTHES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2006 |
Cet ouvrage de Pierre Gordon, montre que toute mythologie est un recueil de documents, d’une nature particulière, mais irremplaçable. Contrairement à ce que l’on admet, le mythe n’est jamais un produit de la fantaisie, sans rien définir ici, on indiquera que rien n’est moins inventif que l’imagination dite mythique ; elle se calque toujours étroitement sur une réalité, qu’elle décrit avec scrupule, seuls sont parfois façonnés à une date plus tardive, les raccords entre les éléments mythiques ; l’on aboutit ainsi à des interprétations qui dénaturent le sens primitif du récit ; néanmoins, grâce aux détails traditionnels qui surnagent, il est possible, le plus souvent d’entrevoir le sens. Est analyser longuement les différentes méthodes d’exégèse mythologique proposées au cours des siècles : naturisme, mânisme et autre magisme. Concernant chacune d’elles, il est fourni des informations suffisamment détaillées pour qu’on puisse s’en former une notion exacte ou poursuivre des investigations personnelles. L’on a longtemps supposé que les mythes décrivaient des phénomènes naturels, ce qui leur ôtait toute connexion avec l’histoire. Cette théorie, que l’on peut nommer naturiste ou naturaliste a été en vogue dès l’antiquité grecque, puisque les penseurs Ioniens assimilaient déjà Poséidon à l’eau, Héra à l’air etc… et que les Néoplatoniciens identifiaient quantité de dieux au soleil. Aux temps modernes, tous les grands phénomènes cosmiques ont été considérés à tour de rôle comme le foyer cristallisateur de la mythologie. D’après Renan, le grand mythe néolithique de la Vierge Mère serait la transposition de l’Aurore Virginale, de l’Aurore aux doigts de rose, qui chaque matin tire du néant la nature. Autre exemple : la lutte d’Œdipe contre le sphinx qui signifierait le combat d’un génie lumineux contre les nuages chargés de pluie. De même la légende d’Achille serait un drame mythique de l’orage. Au sommaire de cet ouvrage : Le naturisme - L’évhémérisme - Le mânisme - Le symbolisme - Les mythes sont des phénomènes sociaux - Le magisme - Le cyclo-culturalisme - L’initiatisme - L’essence des mythes - |
GORDON – ORIGINE LOINTAINE DE LA FRANC-MAÇONNERIE ET DU COMPAGNONNAGE |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2013 |
La maison humaine primitive fut une construction sacrée, et, en
tant que telle, elle fit, à toutes les étapes e son édification, l’objet de
rites précis. Bâtir une maison, fut durant des millénaires une œuvre
liturgique, ressortissant au rituel de mort et de résurrection. La maison elle même n’avait
d’ailleurs pour but, à l’origine, que de dispenser le mana surnaturel et d’en
imprégner la pensée humaine ; si bien que la construction d’une demeure
ou d’un temple équivalait à une véritable initiation. Suivant la règle générale, admise par la théocratie ancienne,
tous les instruments et tous les matériaux qui intervenaient dans le travail
rituel, possédaient le caractère sacré et une valeur symbolique. Chez beaucoup de peuples, ce lien étroit du travail et de
l’initiation a subsisté jusqu’à nos jours. C’est le cas notamment chez de
très nombreuses tribus de guerriers, de chasseurs, de pécheurs,
d’agriculteurs et d’artisans. En Occident l’alchimie qui était nettement une survivance des
rites préhistoriques, a maintenu les vues du paganisme initiatique. Obtenir
l’or pur, fabriquer du métal or, n’est pas un travail de recherche de la
richesse, bien au contraire, l’alchimiste recherche à accéder à la radiance
de l’univers cosmique et dynamique, il cherche à résoudre le cosmos comme
phénoménal en sa substance énergétique immortelle. Le travail de laboratoire
et le feu de l’Athanor, n’ont constitué pour les vrais alchimistes que le coté superficiel du Grand Œuvre, celui-ci n’étant rien
d’autre que la métamorphose de l’esprit humain en lumière pure. La franc-maçonnerie, qui a pris la suite de la
franc-maçonnerie opérative, peut de son coté,
revendiquer très légitimement une filiation directe à l’égard des initiations
préhistoriques, en tant que celles-ci se trouvaient liées à l’art de bâtir la
maison humaine et les temples. Ce n’est pas par hasard que la franc-maçonnerie utilise dans
ses rites le maillet, le ciseau, le compas, l’équerre, la règle, le levier,
la truelle et autre niveau, elle se conforme à l’usage théocratique des
anciennes traditions. De plus elle utilise le rituel de mort et de résurrection,
fondement de sa doctrine, surtout au grade de Maitre, où Hiram est tué, puis
placé dans le monde souterrain, une branche d’acacia planté sur le tumulus et
représentant la puissance de l’univers invisible, préfigurant la résurrection
d’Hiram, qui sera relevé et ressuscité par trois frères. L’auteur fait de très nombreux parallèles entre la franc-maçonnerie et le compagnonnage, il fait ressortir le caractère sacré de ces rites et justifie leurs attachements aux traditions anciennes. |
GRASSET
D’ORCET - Œuvres
dÉcryptÉes -TOME I - |
GRASSET
D’ORCET |
Edition EDITE |
2002 |
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Enfin
Grasset d’Orcet avait la réputation d’être solidement attaché aux principes
conservateurs et serait mort en chrétien, à Cusset, dans l’Allier, le 2
décembre 1900. On sait aussi qu’il prit le pseudonyme d’Hiram Hull pour
publier sa nouvelle La Comtesse Schylock, chez Plon. La liste de ses articles montre l’éclectisme
de ses préoccupations, mais plus que les problèmes de politique et de
diplomatie sur Chypre ou la route des Indes, il faut retenir que Grasset
d’Orcet a été un précurseur et fervent utilisateur de la langue des dieux ou
langue des oiseaux. Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de
sa biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des
pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses
secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail
sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires
et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes,
archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer. Depuis
quelques décennies, venus d’horizons variés, des chercheurs se sont mis à
découvrir les articles épars de La Revue Britannique ou de La Nouvelle Revue mais, vingt ans après, ces chercheurs n’avancent pas
trop et nous plongent dans l’ignorance sur des points essentiels et «
incontournables ». Pas une biographie classique dans le domaine de l’histoire
des idées : quelles sont les influences subies par Grasset ? Les sources
utilisées ? L’audience exercée ? Les réseaux fréquentés ? Loin de l’histoire
officielle enseignée dans les collèges, les lycées et les universités de la
République, loin aussi de l’histoire pratiquée dans les séminaires
catholiques et les académies, Grasset d’Orcet a construit son propre système de
références, en apparence prolem sine matre creatam. À mon
avis, la question essentielle est de retrouver dans la production littéraire
du XIXe siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un
large courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la
difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon
Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la
tradition antérieure. En un
mot, le problème des sources utilisées par Grasset d’Orcet peut et doit
mobiliser les énergies de la recherche future. Il faudrait un énorme livre
rempli de gloses, de commentaires et d’interprétations pour rendre compte des
très nombreux articles de Grasset d’Orcet. Déjà en 1997, « Limousin Espalier
» (in L’Art Royal, trahison des clercs. Les Brisées de Grasset d’Orcet) y a consacré 299 pages avec 831 notes infra-marginales
érudites : c’est un bon début. D’autres étudient les collaborateurs et le
contenu des revues où écrivait Grasset d’Orcet ; quelles furent les relations
entre ces revues et les autres grandes revues de la vie intellectuelle
parisienne : La Revue historique, La Revue des Questions
historiques, La Revue des Deux Mondes, etc. ? Au sommaire de ce 1e
tome nous y trouvons : Les empires de la lune et du soleil - Les quatre premiers livres de Pantagruel - Le 5e livre de Pantagruel - Le premier livre de Rabelais - La préface et le songe de Poliphile - Claudius Popelin et son œuvre - Le musée rétrospectif du Trocadéro - Le rire sardonique - Vêpres siciliennes - Les sectes musulmanes du Nord de l’Afrique et la conférence du capitaine Ney - Les prophéties de Dante - La Corse et Cosme de Médicis - L’encyclique « immortale Dei » et la sépulture de Fra Angelico. Un musée byzantin à Ravenne - La Bulgarie et les boulgres - La béatification de Jeanne d’Arc - les guelfes et l’ogive en Italie - Giordano Bruno - L’évolution pontificale - Un discours du commandeur Negri - Les sacrifices rituels en Orient et les juifs d’Orient - La Rose d’Or et son histoire - Un vers de Dante et L’école dantesque - le coran des cordeliers, Virgile gaulois - France et Turquie, alliance et relations séculaire - |
GRASSET
D’ORCET - Œuvres
dÉcryptÉes - tome II - |
GRASSET d’orcet |
Edition Edite |
2003 |
Ce
second tome de Grasset D’Orcet nous transporte dans un univers ésotérique et
occulte : Au sommaire de ce tome 2 et avant la Révolution française de
1789, l’auteur nous emmène : De l’androgyne dans l’art ancien et moderne
- Le noble savoir - Un blason
- Les rapports des Druzes avec les Grands Ducs de
Toscane - L’aiguille de Cléopâtre et le commandant Gorringe - les derniers instants de
Lusignan - John Gilpin,
héros solaire - La Côte d’Or - Le
Ku-Klux-Klan - Anecdotes à propos de
Cavour - A propos de la devise de Savoie
- Un nouveau Stemma - Pie IX
était-il Franc-maçon ? - Le 4e
centenaire de Christophe Colomb - Les juifs et
Christophe Colomb - Les Bonaparte
- Publication du codex Atlanticus
de Léonard de Vinci - Les juifs dans
l’Europe Orientale, les Karaïtes, Askénazim, et Sépharadim - La
lettre de protestation du Pape - Une page
d’histoire - Les Stratiotes
- La Reine Victoria et l’Arioste -
Les origines musulmanes de la Reine Victoria - Les
collaborateurs de Shakespeare - Un portrait
pseudo-divin - Souvenirs historique de
l’Albanie et des albanais - Au Vatican autrefois et
aujourd’hui
- |
GRASSET D’ORCET -
souvenirs de GRASSET D’ORCET |
grasset d’orcet |
Edition
ÉDITE |
2004 |
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Il fit ses études
au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly. Licencié en droit à
Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de
1843 de la Revue Britannique.
Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la
Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à
Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et
de la littérature. Il collabora, avant
1870, à La Cloche,
au Figaro, fit du reportage
pour l’agence Havas sous la Commune et publia ensuite des études sur l’art,
la politique, des nouvelles, des notes de voyage dans les journaux et revues
de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil,
L’Orient, Le Monde illustré.
Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La
revue Britannique plus de 160 articles de
1873 à 1900. Il donna aussi des articles à La
Nouvelle Revue à partir de 1883. À mon avis, la
question essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe
siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large
courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la
difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon
Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la
tradition antérieure. Au sommaire de cet
ouvrage : De l’alcoolisme en littérature - Tragodes et moirologues - Chypre - La Bulgarie - Vieux types bretons - Idalie et ses sacrifices humains - Monsieur Renan en Phénicie - Mouzoura - Le vieux dictionnaire - Alfred de Musset au café de la Régence - Manuscrits inédits - Correspondances inédites - 420 pages et de très nombreuses illustrations pour illustrer les
souvenirs de ce grand occultiste de la fin du XIXème siècle qui fut un témoin
de son temps. Au
chapitre 10 O, il y a 2 tomes de Grasset d’Orcet : Œuvres
décryptées -
|
GRASSET D’ORCET - VOYAGE A LA
LḖGENDAIRE UTIQUE |
Grasset D’Orcet |
Edition L’Oeil du sphinx |
2017 |
Claude-Sosthène
Grasset d’Orcet (1828 – 1900) est un personnage étonnant, aux multiples
facettes. L’une de ses grandes passions fut l’archéologie. Les Editions
L’Oeil du Sphinx, qui se sont spécialisées entre autres dans la publication
des œuvres très diverses de Grasset d’Orcet, nous propose un ouvrage
original, parfois étrange qui rend compte des fouilles archéologiques qu’il a
menées en Tunisie, un épisode méconnu de sa vie aventureuse. L’ouvrage fut publié
sous le nom de Comte d’Hérisson mais le style si caractéristique de Grasset
d’Orcet ne laisse aucun doute sur l’identité réelle de l’auteur. Michel Aulonne, dans
une précieuse introduction, clarifie les circonstances de ces recherches
archéologiques et de la rédaction de ce rapport. Nous y apprenons que Maurice
d’Irisson (1839 – 1898), après une belle carrière
devient comte romain d’Hérission, il acheta en 1873
le château d’Hérisson dans le Bourbonnais. Il se lia d’amitié avec Grasset
d’Orcet. Le contexte politique et culturel de l’époque conduisit les deux
amis à envisager une expédition dans des contrées peu explorées de Tunisie
qui fut financée par un groupe de commanditaires rassemblés par le comte. Ces
recherches en Utique couvrirent une période allant du 31 janvier 1881 au 31
mars de la même année, trois mois d’aventures fructueuses sur le plan
archéologique sans pour autant que des pièces exceptionnelles ne soient mises
à jour. A la suite de l’expédition une exposition et une
« Relation », compte-rendu des fouilles, furent organisées par le
comte et son ami Grasset d’Orcet. L’exposition souleva
des polémiques. Les étiquetages et interprétations de Grasset d’Orcet furent
contestés par les spécialistes de l’époque, non sans raison. L’affaire devint
même publique et politique. Nos deux compères sauront retourner la situation
à leur avantage par, déjà, leur maîtrise des médias. Parmi les erreurs de
Grasset d’Orcet, il y a l’élaboration d’un panthéon uticéen
quelque peu fantaisiste, un ensemble aussi fascinant qu’il est
scientifiquement faux. L'erreur vient de l’application irréfléchie de sa
théorie cryptographique. « Il est
convaincu maintenant, nous dit Michel Aulonne, que la technique du blason, ou
du grimoire, s’est pratiquée dans presque toutes les langues, tant anciennes
que modernes. Sa théorie s’est révélée inexacte, le grimoire ne peut
s’appliquer à toutes les écritures, ses limites se circonscrivent au
français, voire au latin et au grec. » Grasset d’Orcet dut admettre son
erreur. Ce livre n’en est pas
moins intéressant. Il est un témoignage de la vision de l’auteur sur les
civilisations antiques et il contribue à mieux cerner cette personnalité
aussi attachante qu’originale. |
GRASSET D’ORCET - LE DOUBLE LANGAGE DE Rabelais |
Sosthène
Grasset D’Orcet |
Edition
L’Oeil du Sphinx |
2015 |
Cette
réédition est d’importance. La contribution apportée par Claude Sosthène
Grasset d’Orcet (1828 – 1900) à l’exégèse rabelaisienne est fondamentale et
trop méconnue alors qu’elle permet de saisir toute la subtilité de
l’enseignement de Rabelais et notamment sa dimension hermétiste mise en
évidence par les remarquables travaux de Claude Gaignebet. Dans
une belle préface, Michel Aulonne nous rappelle l’apport de cet aventurier
globe-trotter d’une grande lucidité. Passionné d’archéologie, spécialiste du
déchiffrement des écritures, connaissant parfaitement le vieux français, le
latin, le grec, ancien et moderne, l’anglais, l’italien, l’occitan, mais
ayant de bonnes notions de bien d’autres langues, il fait dialoguer mythèmes
et métaphores et maîtrise de manière originale et pertinente la symbolique
comme l’héraldique. Comme
le remarque Michel Aulonne, les méthodologies choisies ou créées par Grasset
d’Orcet ne sont guère scientifiques. Il reconnaît lui-même des erreurs.
Cependant il nous propose selon Limousin Espalier, « une heuristique
véritable et féconde ». C’est cette heuristique qui nous permet de saisir,
dans l’absurde de l’apparence rabelaisienne, la profondeur d’un enseignement
traditionnel et hermétiste en même temps qu’une critique libertaire très objective
de la société du temps de François Rabelais. Le
livre rassemble cinq longs articles de Grasset d’Orcet sur l’œuvre de
Rabelais : Rabelais et les quatre premiers livres de Pantagruel – Les
Gouliards – Les ménestrels de Morvan et de Murcie – Le cinquième livre de
Pantagruel – Le premier livre de Rabelais. Ils sont complétés par deux
textes de Joséphin Péladan (1858 – 1918) qui s’est largement inspiré des
travaux de Grasset d’Orcet tout en les esthétisant : Les songes
drolatiques de Rabelais – La clé de Rabelais. Grasset
d’Orcet fait souvent le lien entre Rabelais et les sociétés de métier ou les
corporations de son époque, gardiennes d’un enseignement à la fois technique
et spirituel dans lequel, symboles et mythes s’organisent en un langage
subtile et particulièrement riche. Cette dimension de l’œuvre rabelaisienne
vaut à François Rabelais d’être un peu abusivement considéré comme un père de
la Franc-maçonnerie. L’important est de ne pas perdre tout un art de la
langue sans lequel les connaissances hermétistes, et particulièrement
l’alchimie, deviennent inaccessibles. Le symbolisme à l’œuvre chez Rabelais
est vivant et créatif quand celui de notre monde contemporain, réduit à une
simple représentation, est devenu stérile. |
GRASSET D’ORCET - ARCHḖOLOGIE
MYSTḖRIEUSE - TOME 1 |
Sosthène Grasset dOrcet |
Edition E-dite |
2000 |
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De quoi faire
grincer les dents de tout rationaliste, et d'agacer l'historien de profession
préoccupé surtout d'accumuler des matériaux. Grasset d'Orcet n'a que faire
des archives ou témoignages: il prétend s'abreuver à la source même. Non pas
en faisant appel à de mystérieux initiés (initié, il le fut certainement: son
savoir l'atteste) mais à ce qui subsiste de ce savoir, d'une connaissance
dont le fond et la forme ne font qu'un, c'est-à-dire aux vestiges toujours
vivants, et donc parlants, du passé: les oeuvres d'art et, plus
particulièrement, celles que l'on peut rencontrer quotidiennement en visitant
églises et cathédrales. Un art religieux
qui, en réalité, exprime la réalité de l'art populaire, la vérité des
constructeurs, des tailleurs de pierres, des maçons et autres maîtres
d'oeuvres appartenant à toutes les corporations de métiers. Ces grands livres
de pierres, dont il faut lire la statuaire à la manière des rébus, charades
et autres jeux de mots, contiennent leur part de vérités éternelles. De même, les
productions à vocation strictement artistiques destinées à l'aristocratie,
véhiculent sous la même forme cryptée différents messages de même nature,
politiques, historiques, philosophiques ou métaphysiques. Selon une
cryptographie identique, il est permis aussi d'appréhender bien des oeuvres
littéraires ou picturales (les tableaux ayant eu la part belle dans la
diplomatie occulte car ils permettaient de transmettre différents messages
connus des seuls initiés. L'exemple le plus considérable étant l'utilisation
du thème de l'Arcadie, et les variations de Poussin, du Guerchin, ...). Un
des grands mérites de Grasset d'Orcet est d'avoir déchiffré cette
"langue diplomatique", qui, jusqu'au XIXème siècle fut couramment
utilisée pour véhiculer des informations réservées. Malheureusement, s'il
nous en livre ici et là les principales clefs, il ne nous cache pas non plus
que ce grimoire secret, fondé sur des calembours, des amphibologies et des
à-peu-près en vieille langue d'oïl, est très difficile à démêler pour un
lecteur moderne. L'idée de secret
irrite l'historien qui se refuse à considérer que le fondement même de
l'Histoire, la politique, ne peut que relever du confidentiel; et que, selon
cette perspective, la véritable histoire ne peut être que dissimulée. Critère
apparemment incompatible avec l'idée même de démocratie impliquant une
transparence que, par ailleurs, les régimes démocratiques n'appliquent guère.
Il suffit pour s'en persuader de réfléchir quelque peu à l'histoire des deux
derniers siècles... La démarche de Grasset d'Orcet est donc une véritable provocation à
l'encontre de nos dogmes et croyances issues de la logique et du rationalisme
chers à l'homme occidental depuis les Lumières (la véritable étant mise sous
le boisseau, si tant est qu'il en existe une). Nul doute qu'aujourd’hui, son
oeuvre ne se heurte au spectre du politiquement correct, dont l'ambition est
de devenir le prêt-à-porter de la pensée, tout en instiguant une manière de
fascisme ordinaire reposant sur l'autocensure et le totalitarisme mou du
social libéralisme ambiant. Ce sont des textes,
inédits depuis plus de cent ans, qui sont livrés ici à la sagacité du
lecteur. Au
sommaire de cet ouvrage: Préface
: énigmes antiques - Note Liminaire - Pathos, ses monastères et la fête de
Vénus - Les origines de la Race Grecque - Les Incendies - Troie - Les fouilles de Tanagra et l’hiéroglyphie grecque - Les cabires et la Vénus mutilée |
GRASSET D’ORCET - ARCHḖOLOGIE MYSTḖRIEUSE -
TOME 2 |
Sosthène Grasset D’Orcet |
Edition E-dite |
2001 |
Les éditions e-dite poursuivent avec ce second volume de l'Archéologie
mystérieuse la publication des oeuvres de Claude-Sosthène Grasset d'Orcet
(1828-1900), une des figures érudites les plus surprenantes de son siècle.
Cet amateur d'art éclairé, grand connaisseur de l'antiquité méditerranéenne,
est à l'origine de la collection cypriote du Louvre, à une époque où
l'archéologie était encore balbutiante. Chercheur pluridisciplinaire et
atypique, il a en trente années de journalisme produit un certain nombre
d'études sur l'histoire ancienne. Il y émet des théories novatrices et
dérangeantes sur les courants politiques et philosophiques, l'art, la
mythologie et la religion des peuples antiques. Le lecteur découvrira ici une
nouvelle série de textes inédits depuis plus d'un siècle, où Grasset d'Orcet
livre ses analyses sur des thèmes variés : entre autres, l'invention du
bronze et de l'alphabet et leurs immenses conséquences, la rédaction des
poèmes homériques, l'histoire et l'archéologie carthaginoise, ou encore la
destinée de grands capitaines, comme Annibal et Mithridate. Au
sommaire de ce 2e
tome :
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GRASSET D’ORCET - LE CHEVAL A TRAVERS L’HISTOIRE DE L’HUMANITḖ |
Sosthène Grasset d’Orcet |
Edition E-dite |
2012 |
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Aux
observations sur les diverses races chevalines et leur évolution en fonction
des pays se mêle une analyse des conséquences historiques, politiques et
économiques de l'élevage du cheval. Dans la préface, Michel Aulonne précise
combien cette initiative fut, à l'époque, nouvelle et innovante :
« Seulement deux synthèses ont été tentées sur ce sujet avant
lui. » Ce
livre regroupe une vingtaine d'articles publiés entre septembre 1888 et
novembre 1895 dans la Revue de la Société nationale d'acclimatation,
devenue entre-temps Revue des sciences naturelles appliquées. S'il est permis
et même souhaitable de douter d'un certain nombre d'affirmations et théories
présentes dans cet ouvrage, dont les recherches se basent essentiellement sur
la philologie et l'archéologie, bon nombre restent pertinentes. Pour ne citer
qu'un exemple, la domestication initiale du cheval reste entourée de
mystères. « La date comme la localisation en sont toujours très
controversées, écrit Michel Aulonne, spécialiste de cet auteur, dans la
préface. Malgré plus de cent cinquante ans de fouilles et de réflexions
(…), nous ne sommes guère plus avancés sur le problème qu'à l'époque de
Grasset d'Orcet. » Au
sommaire de cet ouvrage : - Le cheval préhistorique ; |
10 H
HADOT - ÉLOGE DE SOCRATE - Suivi de l’ÉLOGE DE LA PHILOSOPHIE ANTIQUE |
Pierre Hadot |
Edition Allia |
2014 |
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Tout d’abord Socrate a une laideur physique qui est attesté par de nombreux témoignages, tout en lui est excessif, laid, bouffon, caricatural. Zopyre à l’époque disait de Socrate qu’il était un monstre et qu’il cachait en lui les pires vices, ce à quoi Socrate lui répondit « que tu me connait bien ». Selon Platon Socrate ressemblait à un Silène, ce qui en ce temps là n’était pas un compliment puisque les silènes et les satyres étaient la représentation populaire des démons hybrides, moitié animaux, moitié humains, et qui formaient le cortège de Dionysos. Derrière cette laideur Socrate cache sa véritable nature, il en joue comme dans le théâtre grec, il porte un masque, il feint l’ignorance et l’impudence, il joue au naïf, il a l’art de dissimuler sa véritable nature, et son génie lui sert à mettre un masque sur les autres. Il était le prosopon, le masque de personnalités qui ont eu besoin de se dissimuler derrière lui, il leur a donné l’idée de se masquer et de prendre le masque de l’ironie socratique. Socrate n’a rien écrit, mais a en permanence questionner les autres, ainsi il leur faisait prendre conscience de leur ignorance. Après sa mort, le souvenir de ses conversations a inspiré un genre littéraire, les « logoi sokratikoi », qui imite les discussions orales, Socrate devient donc un proposon, c'est-à-dire un interlocuteur, un personnage, un masque comme dans le théâtre antique L’interlocuteur de Socrate et même le lecteur actuel, se trouve dans la situation où il ne sait pas où va le mener les questions de Socrate, il jette le trouble dans l’âme du lecteur et le conduit à une prise de conscience qui peut aller jusqu’à la conversion philosophique. Le trouble occasionné peut déstabiliser le lecteur qui est invité à venir se réfugier derrière le masque socratique, car il y a dans le récit de Platon de très nombreux moments où intervient le trouble, la crise qui risque de déboucher sur la rupture. Alors Socrate intervient et prend sur lui le doute, l’angoisse des autres, il renverse ainsi les rôles et assume un éventuel échec. Il présente ainsi à ses interlocuteurs une projection de leurs propres moi ; les interlocuteurs peuvent ainsi transférer à Socrate leur trouble personnel et retrouver la confiance dans la recherche dialectique, dans le logos lui-même. Au sujet de la maïeutique de Socrate, on sait que dans le Théétète, Socrate raconte qu’il a le même métier que sa mère qui est sage-femme et assistait donc aux naissances corporelles, Socrate de son coté est l’accoucheur des esprits, il les assiste dans leur naissance. Lui même n’engendre rien, puisqu’il ne sait rien, il aide seulement les autres à s’engendrer eux-mêmes. Cette maïeutique socratique renverse totalement les rapports entre maitre et disciple, comme l’a bien vu Kierkegaard : « Etre maître, ce n’est pas trancher à coups d’affirmations, ni donner des leçons à apprendre, être maître c’est vraiment être disciple, et c’est que fit Socrate tout au long de sa vie. Dans l’Eloge de la philosophie antique, Hadot nous propose de commencer notre histoire de la philosophie antique avec un événement hautement symbolique qui est l’expédition d’Alexandre et avec l’apparition du monde que l’on appelle hellénistique, c'est-à-dire l’apparition de cette forme nouvelle que prend la civilisation grecque à partir du moment où, grâce aux conquêtes d’Alexandre, puis à l’essor des royaumes qui s’ensuit, cette civilisation se répand dans le monde barbare, de l’Egypte aux frontières de l’Inde, et entre alors en contact avec les nations et les civilisations les plus diverses. Ainsi s’établit une sorte de distance et d’éloignement historique entre la pensée hellénistique et la tradition grecque qui l’a précédée. Notre histoire voit alors l’essor de Rome, qui provoquera la destruction des royaumes hellénistiques, achevée en l’an 30 avant J.C., avec la mort de Cléopâtre ; ce sera ensuite l’expansion de l’empire romain, la montée et le triomphe du christianisme, les invasions barbares et la fin de l’empire d’Occident. |
HADOT - EXERCICES SPIRITUELS ET PHILOSOPHIE ANTIQUE |
Pierre Hadot |
Edition Albin Michel |
2002 |
« Exercices spirituels ». Non pas les pieuses et rigides méditations de Loyola, qui ne sont qu’un lointain écho, très déformé, de la tradition antique, mais ce travail de soi sur soi, qui s’esquive déjà chez les premiers philosophes grecs, et prend toute son ampleur avec le dialogue socratique et platonicien, les Lettres d’Epicure ou e Sénèque, le Manuel d’Epictète, les pensées de Marc Aurèle, les traités de Plotin, et que certains modernes, comme Montaigne, Descartes, Kant, Michelet, Bergson, Friedmann et Foucault, ont continué à pratiquer. L’essence de la philosophie ne serait-elle pas alors cette perpétuelle remise en question de notre rapport à nous-même, à autrui et au monde ? Cette nouvelle édition du grand classique de Pierre Hadot est augmentée de plusieurs études parues depuis la publication des exercices spirituels en 1981. Pour comprendre la radicalité et la profondeur de l’idée des exercices spirituels dans la conception de Pierre Hadot, il faut prendre conscience de la distinction essentielle qu’il opère entre le discours philosophique et la philosophie elle-même. C’est une distinction qui, au fond, fait ressortir la dimension pratique et existentielle des exercices spirituels. Partant de la distinction stoïcienne entre le discours selon la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot, montre que l’on peut utiliser cette distinction « d’une manière plus générale pour décrire le phénomène de la philosophie dans l’Antiquité ». Selon les Stoïciens, le discours philosophique se divise en trois parties – la logique, la physique et l’éthique – lorsqu’il s’agit d’enseigner la philosophie, on expose une théorie de la logique, une théorie de la physique et une théorie de l’éthique. Mais pour les Stoïciens, ce discours, ce discours philosophique n’était pas la philosophie elle-même, car elle n’est point une théorie divisée en trois partie mais « un acte unique qui consiste à vivre la logique, la physique et l’éthique ». On ne fait plus la théorie de la logique bien parlante, au contraire on pense et on parle bien, on ne fait plus la théorie du monde physique mais on contemple le cosmos ; on ne fait plus la théorie de l’action morale mais on agit d’une manière droite eu juste ; autrement dit la « philosophie » est l’exercice effectif, concret, vécu de la pratique de la logique, de l’éthique et de la physique. Pierre Hadot résume cela de la façon suivante : « Les théories de la philosophie sont au service de la vie philosophique…A l’époque hellénistique et romaine, la philosophie se présentait comme un mode de vie, comme un art de vivre, comme une manière d’être, en fait depuis Socrate, la philosophie antique avait un caractère, elle proposait à l’homme un art de vivre contrairement à la philosophie moderne qui se présente comme la construction d’un langage technique réservé à des spécialistes ». Au sommaire de cet ouvrage : Exercices spirituels antiques et philosophie chrétienne - La figure de Socrate - La physique comme exercice spirituel ou pessimisme et optimisme chez Marc Aurèle - Une clefs des pensées de Marc Aurèle - Les trois topoi philosophiques selon Epictète - Michelet et Marc Aurèle - Conversion - Théologie négative - Apophatisme et théologie négative - La leçon de la philosophie antique - L’histoire de la pensée hellénistique et romaine - la philosophie comme manière de vivre - Un dialogue interrompu avec Michel Foucault - Le loi et le monde - Réflexions sur la notion de « culture de soi » - Il y a de nos jours des professeurs de philosophie mais pas de philosophes - Le sage et le monde - La philosophie est-elle un luxe ? - Mes livres et mes recherches - Qu’est-ce que l’éthique ? - Nombreuses citations de Nietzsche et de Kierkegaard - |
HADOT - INTRODUCTION AUX PENSÉES DE MARC AURÈLE – La citadelle intérieure |
Pierre Hadot |
Edition Fayard |
1992 |
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Premiers aperçus sur les Pensées : Destin d’un texte - le titre - Hypothèses sur le genre littéraire de l’ouvrage - un étrange ouvrage - les Pensées comme notes personnelles - Les Pensées comme exercices spirituels : La pratique et la théorie - les dogmes et leur formulation - Les trois règles de vie ou disciplines - Les exercices de l’imagination - L’écriture comme exercice spirituel - des exercices grecs - L’esclave-philosophe et l’empereur-philosophe ; Epictète et les Pensées : Souvenirs de lectures philosophiques - l’enseignement d’Epictète - les citations d’Epictète dans les Pensées - les trois règles de vie ou discipline selon Epictète - Influence d’Ariston - Le stoïcisme d’Epictète : Caractéristiques générales du stoïcisme - les parties de la philosophie selon les stoïciens - les trois actes de l’âme et les trois thèmes d’exercice selon Epictète - la cohérence du tout - Le stoïcisme des Pensées. : La citadelle intérieure ou la discipline de l’assentiment - Explications sur l’assentiment et la citadelle - Le stoïcisme des Pensées et la discipline du désir (l’amor fati) - : L’impulsion - circonscrire le présent - le présent, événement et conscience cosmique - Amor fati - la providence et les atomes - pessimisme ? - les niveaux de la conscience cosmique - Le stoïcisme des Pensées. La discipline de l’action ou l’action au service des hommes - le sérieux de l’action - les actions appropriées (kathékonta) - l’incertitude et le souci - la liberté intérieure à l’égard des actions : pureté et simplicité de l’intention - la « clause de réserve » et les exercices pour se préparer à affronter les difficultés - Résignation et altruisme - justice et impartialité - Pitié, douceur et bienveillance - l’amour d’autrui - Le stoïcisme des Pensées, les vertus et la joie : les trois vertus et les trois disciplines - la joie - Marc Aurèle dans ses Pensées : L’auteur et son œuvre - les limites de la psychologie historique - la recherche stylistique - repaires chronologiques - le souvenir des disparus - les « confessions » de Marc Aurèle - Verus ou fictus, sincère ou affecté - la solitude de l’empereur et celle du philosophe - N’espère pas la République de Platon - |
HADOT - LA PHILOSOPHIE COMME MANIÈRE DE VIVRE |
Pierre Hadot |
Edition Albin Michel |
2001 |
Qu’ils traitent de Marc Aurèle ou de Plotin, du stoïcisme ou de la mystique, les ouvrages de Pierre Hadot, avec une érudition toujours limpide, montrent que pour les Anciens, la philosophie n’est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécues visant à produire un effet de formation, bref un exercice sur le chemin de la sagesse. En suivant Pierre Hadot, nous comprenons en quoi les philosophies des Anciens, et la pensée de Marc Aurèle en particulier, peuvent nous aider à mieux vivre. Et si « philosopher, c’est apprendre à mourir », il faut aussi apprendre à « vivre dans le moment présent, vivre comme si l’on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois ». Un des thèmes qui a souvent fait réfléchir Hadot est le thème de la méditation sur la mort. Il raconte avoir toujours été étonné du fait que la pensée de la mort aide à mieux vivre ; vivre comme si l’on vivait son dernier jour, sa dernière heure. Une telle attitude exige une totale conversion de l’attention ; ne plus se projeter dans l’avenir, mais considérer en elle-même et pour elle-même, l’action que l’on fait. Cette attitude est à la fois une valeur existentielle et une valeur éthique ; elle permet tout d’abord de prendre conscience de la valeur infinie du moment présent, de la valeur infinie des moments d’aujourd’hui, mais aussi d la valeur infinie des moments de demain, que l’on accueillera avec gratitude comme une chance inespérée, elle permet également de prendre conscience du sérieux de chaque moment de la vie. Au sommaire de cet ouvrage : Introduction par Jeannie Carlier - Dans les jupes de l’église - Chercheur, enseignant et philosophes - le discours philosophique - Interprétation, objectivité et contresens - expérience unitive et vie philosophique - le discours philosophique comme exercice spirituel - la philosophie comme vie et comme quête de sagesse - de Socrate à Foucault ; une longue tradition - le présent seul est notre bonheur - |
HADOT - le voile
d’isis |
Pierre
hadot |
Edition GALLIMARD |
2005 |
||
|
HADOT - PLOTIN ou la SIMPLICITÉ DU
REGARD |
Pierre
HADOT |
Folio |
1997 |
Ce
livre présente l’expérience personnelle de Plotin. Homme mystique qui
a su écrire et décrire quelques unes des plus
belles pages de la littérature mystique universelle. Il a su allié son
expérience de philosophe mystique avec ses responsabilités de la vie quotidienne. Plotin
n'aimait guère les biographies. Ce qui comptait à ses yeux était la pensée,
aussi ne nous livra-t-il que peu de choses sur sa vie. Ce que nous savons se
trouve, pour l'essentiel, dans la biographie écrite par son disciple,
Porphyre.
Un
livre lumineux de clarté sur la philosophie et la métaphysique de ce grand
penseur. A
avoir dans sa biblio sur cette époque et pour bien comprendre Plotin |
HADOT - QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE
ANTIQUE ? |
PIERRE
HADOT |
ÉDITION
GALLIMARD |
1995 |
||
Des
érudits tels que Neophytos Vamvas,
Theophilos Kairis et Vrailas Armenis contribuèrent à
cette tentative. La reconnaissance de la contribution de la pensée grecque
antique comme facteur central de la continuité et de l’identité culturelle de
la nation grecque était au cœur de l’idéologie de l’État grec moderne. Il
faut également remarquer ici que c’est à cette époque que l’Église orthodoxe
grecque déclara son indépendance à l’égard du Patriarcat de Constantinople :
alors que ce dernier était œcuménique, l’Église orthodoxe grecque était
désormais l’Église de la nation grecque et de l’État grec nouvellement
institué. De plus, l’influence de l’idéalisme allemand fournit les outils conceptuels
permettant l’émergence d’une nouvelle idéologie de l’État grec moderne. Selon
cette idéologie, l’esprit de la nation grecque (Volksgeist),
exprimé à travers la langue et l’histoire communes, résultait d’une synthèse
de la tradition antique et de la tradition chrétienne orthodoxe –
c’est-à-dire que la culture grecque moderne en vint à être considérée comme
le produit d’un développement ininterrompu sur plus de trois mille ans
d’histoire. On relevait dans ce cadre un intérêt croissant pour la philosophie
de la Grèce antique. Depuis
les dernières décennies du xixe siècle, la vie intellectuelle en
Grèce est dominée par des tendances idéalistes. L’idéologie politique de
l’État grec moderne, les institutions sociales et surtout les institutions
éducatives ont promu les idéaux de ce qu’elles présentaient comme la
civilisation gréco-chrétienne, ce qui entraîna parfois des positions
politiques conservatrices, voire réactionnaires. Mais dans le même temps, les
idées socialistes parvenaient peu à peu en Grèce. La vie intellectuelle en
Grèce – surtout dans la période allant de 1920 à 1967 – fut caractérisée par
le conflit entre les idéalistes et la gauche marxiste, hostile aux idées
nationalistes ainsi qu’à la tradition chrétienne, mais intéressée par la philosophie
et la littérature de la Grèce antique. De nombreux intellectuels de gauche
traduisirent des auteurs antiques et, pour des raisons évidentes, leur
préférence allait aux Présocratiques, à Aristote et à Épicure. Par
conséquent, du moins depuis la fondation de l’État grec moderne au début du
xixe siècle, la philosophie de la Grèce antique a toujours été
considérée comme une partie essentielle de notre héritage national. Cette
conception a motivé et facilité l’étude de la philosophie antique en Grèce,
au point de susciter une longue tradition ininterrompue d’érudits qui
lisaient et commentaient assidûment les textes philosophiques de l’Antiquité.
Mais jusqu’à quel point cette tradition a-t-elle réellement aidé à nous faire
comprendre les textes philosophiques de l’Antiquité ? Je veux seulement
mentionner trois points, chacun éclairant les problèmes résultant de la
conception de la philosophie grecque de l’Antiquité en particulier, comme la
sagesse de nos ancêtres à cette époque. – Puisque la philosophie antique est
considérée comme faisant partie de notre héritage national, il semble n’être
en Grèce nullement besoin de tenter de convaincre le public de l’importance
de la philosophie antique. La philosophie antique n’est donc pas un système, elle est un
exercice préparatoire à la sagesse, elle est un exercice spirituel. |
HARMONIES DES STRUCTURES GÉOMÉTRIQUE – LES TRACÉS DE LUMIÈRE |
Georges Darmon |
Edition de la Hutte |
2012 |
Tout
tend à prouver qu’une structure universelle, cosmique, existe bel et bien.
Les plus grands penseurs des siècles passés l’ont pressenti. Les penseurs
contemporains et les scientifiques le disent. Ces lois semblent bien régir
notre monde, même si la brisure de symétrie intervient partout dans la
nature, tout « con-spire » vers une
harmonie parfaite, géométrique, voire symétrique. Nous
ne pouvons que constater l’évidence des lois d’harmonie naturelle, et des
justes proportions contenues dans ces schémas et ces grilles. Il ne reste que
très peu de place au hasard. La recherche d’un idéal de perfection innée chez
l’homme, sans cesse renouvelée, est liée à ce manque de perfection en
lui-même et sur cette terre, c'est-à-dire l’absence de preuves matérielles,
tangibles, de l’existence de Dieu. Ce qui se dégage de la démarche proposée,
qui est d’ailleurs l’un des buts importants des premiers pas de l’initiation,
c’est « d’acquérir l’esprit de géométrie » afin de mieux
vivre la collectivité, de mieux comprendre que notre comportement est
indéniablement relié au tout. Nos habitudes devenues séparatrice, sélectives,
nous aveuglent et nous empêchent d’observer la totalité des paramètres face à
nos problèmes Les
travaux présentés ici sont autant de nature exotérique qu’ésotérique, ce qui
fait qu’il sera nécessaire d’approfondir le sujet, si l’on veut seulement
comprendre mais surtout intégrer l’objet de ces recherches. L’observation,
l’attention, la concentration, et bien sur la science analogique seront de
mise. Le sujet n’a aucune prétention géométrique ou mathématique mais il peut
être utile de se reporter à certaines œuvres magistrales, traitant de ces
matières qui sont tout à fait superposables. Par une observation attentive,
des formes tout à fait reconnaissables et familières apparaissent au travers
d’une géométrie basique. On a si longtemps supposé la géométrie inerte, alors
qu’elle est bien vivante, comme la matière. En
outre, n’est-il pas important de comprendre les lois qui régissent notre
Univers ? N’est il pas important de découvrir
que notre Temple Intérieur est structuré, à l’image des lois qui gouvernent
le grand Tout ou que le centre de chacun de nous, universellement, est le
même ? N’êtes vous pas tenté d’explorer le cœur de cette matière, de comprendre comment naissent les formes ou comment sont élaborées les œuvres d’art anciennes et contemporaines ou encore comment développer votre créativité ? Ces
pages vous proposent un regard différent sur la science des nombres et celle
du sacré. Certains disent ne pas vouloir être enfermé dans une prison, mais
c’est tout le contraire que nous propose l’auteur. Ces révélations pourraient
servir à toutes les sciences y compris celles, totalement embryonnaires, de
notre psychisme, elle pourrait servir aussi aux cherchants en spiritualité,
en symbolisme mystique ou en alchimie. Dans les voies initiatiques, le vieil
homme doit mourir pour laisser la place à l’homme nouveau et à toutes les
sciences qui sont à sa disposition pour pouvoir se transmuter. Georges Darmon, à travers ses travaux sur la géométrie sacrée est un spécialiste d’exploration de la notion de schéma universel de la connaissance |
HEIDEGGHER, QUI SUIS-JE ? |
JEAN-
PAUL BLANCHARD |
Edition
PARDES |
2000 |
Il
n’est pas possible, pour un philosophe, de dire que tout ce qui touche au
domaine de la vie ne puisse pas intéresser sa pensée. S’il prétendait ce
genre de chose, il ne ferait que construire sur du sable, sa pensée ne serait
qu’un rêve. Or bien souvent, tout ce qui touche à la pensée de certains
philosophes, les préceptes qu’ils ont énoncés, débordent sur le champ du
politique, on le voit notamment chez Platon qui est le philosophe par
excellence de l’Idée, et qui, pour autant, dans sa République, s’est
intéressé au champ du politique. En
est-il de même pour Heidegger ? Au premier abord, il peut sembler que tout,
dans son travail de recherche philosophique, se situe en dehors de tout
examen pratique ou métaphysique concernant l’être présent au monde, tel qu’il
a voulu l’aborder dans sa philosophie. Pour certains, Heidegger aurait
engendré une philosophie qui se trouverait hors du champ du quotidien et de
l’empirique, et, on ne peut pas, à partir de là, porter un jugement sur ce
qu’a été sa vie, notamment cette période très contestée : celle qui a vu
le national-socialisme apparaître en Allemagne. Etant acteur de l’histoire
comme tous les hommes, il ne pouvait pas ne pas tenir compte de cette
réalité. Et
tout le fruit de ce travail sera de voir, au-delà de la polémique, au- delà
des parts pris, quelle est la position la plus juste concernant l’approche
d’un point de vue empirique et politique du monde allemand dans la première
moitié du XXe siècle, tel qu’a pu l’aborder Heidegger à travers son
œuvre et sa vie. Alors faut-il pour autant, pour rejoindre certains disciples
de Heidegger, éluder cette question embarrassante, enlever de l’œuvre du
philosophe toute dimension qui s’incarne dans le temps et ne voir qu’une
quête au-delà du temps, une quête au bout du compte qui ne laisserait que
désincarnés ? Oui,
la vie de l’homme est faite de choix et ces choix peuvent être bons ou
mauvais, mais ces choix engagent toute son existence, l’on ne vit pas dans un
monde désincarné, dans un monde purement de l’esprit, mais dans un monde où
s’entrechoquent des forces, des forces qui nous interpénètrent et dont nous
devons, à un moment ou à un autre, quel que soit notre désir, tenir compte et
avec lesquelles nous devons composer. Pour autant, il faut souligner le
danger réducteur de toute interprétation historiciste de la philosophie. Nous
savons que tout système est le reflet du monde dans lequel vit le
philosophe, pourtant, le problème de la philosophie est de se dégager du
factuel pour essayer d’englober la dimension de la temporalité qui s’inscrit
dans la durée. Toute
la démarche du philosophe s’inscrit entre ces deux pôles, l’incarnation de sa
pensée dans l’histoire et le désir de s’en dégager, du moins, de se dégager
du conjoncturel pour aborder l’essentiel. |
hermann hesse
– lecture minute |
Hermann hesse |
Edition
JOSE CORTI |
1992 |
||
À
quinze ans, lorsque ses parents décident de faire de lui un théologien, il
s'enfuit du couvent de Maulbron où on l'a placé,
échappe à toutes les tentatives faites par sa famille pour l'y ramener.
Dépressif et suicidaire, il fréquente plusieurs établissements scolaires et
maisons de santé. Il interrompt ses études en 1892, travaille quelque temps
comme apprenti horloger puis finit par trouver un emploi à la librairie Heckenhauer de Tübingen, ville universitaire où il peut
fréquenter un milieu intellectuel et commencer sérieusement, en autodidacte,
ses études: devenir poète, c'est la seule occupation qu'il désire. Il lit
Goethe, Lessing, Schiller, Novalis et tous les romantiques allemands. En 1899, à vingt-deux ans,
Hermann Hesse s'établit à Bâle et publie sans aucun succès son premier livre,
un recueil de poèmes intitulé Chants romantiques, suivi d'un recueil
de textes en prose, Une heure après minuit, également un échec. Il
voyage en Italie, publie divers textes dans des revues. Il lui faudra
attendre 1904 pour connaître la notoriété avec la publication chez Fischer Verlag de Peter Camenzind,
un roman d'éducation, et de Sous la roue (1905), deux protestations
contre les enfances brimées par l'autorité des parents et des maîtres. En 1904, il épouse Maria
Bernoulli et s'installe dans une ferme proche du lac de Constance, espérant y
mener une vie d'écriture en communion avec la nature. Trois fils naissent:
Bruno, Heiner et Martin. Son deuxième roman, L'Ornière, où il raconte
les péripéties de son enfance et de son adolescence, est publié en 1906. Il
s'est définitivement libéré de sa famille, mais souffre encore de la pression
sociale. Tourmenté par le sens de la vie, il se sent incapable de s'habituer
aux conventions de la société comme au bonheur conjugal. Son mariage ne sera
qu'une malheureuse tentative opprimant, sans parvenir à la vaincre, sa
vocation esthétique qui ne trouvera finalement de salut que dans l'évasion.
Le roman Gertrude, daté de 1910, évoque cette crise morale. En 1911, Hermann Hesse fait un
voyage aux Indes, pays où avaient résidé les parents de Marie Gundert, sa mère, mais qui devient aussi pour lui, selon
une symbolique goethéenne, le pays des "Mères", qui imprégnera
fortement la suite de son oeuvre. De retour à Berne, il est profondément
bouleversé par la guerre. Il tente de s'engager comme soldat mais il est déclaré
inapte et est affecté au service des prisonniers de guerre auprès de
l'ambassade d'Allemagne. Il publie des textes pacifistes qui lui font perdre
son public et la plupart de ses amis intellectuels, hormis quelques soutiens
comme le français Romain Rolland. Une nouvelle crise dépressive, si grave
qu'il doit être hospitalisé, le décide, la paix revenue, à quitter sa femme
et sa famille. Entre-temps, il a rencontré Carl-Gustav Jung, entamé une
psychanalyse et rédigé en trois semaines l'un de ses chefs-d’œuvre, Demian,
qui sera publié en 1919 sous le pseudonyme d'Emil Sinclair. Demian oppose
à la vie bourgeoise le puissant appel d'une religion nouvelle où se
réconcilieraient les contraires. C'est bien encore cet équilibre difficile du
moi profond que poursuit l'écrivain dans la transposition hindoue de Siddharta
(1922), et plus encore dans Le Loup des steppes en 1927,
représentation encore symbolique de l'homme d'après guerre,
du civilisé qui a vu soudain réapparaître en lui l'animal, l'homme-loup. La
spiritualité et l'animalité sont-elles vraiment inconciliables ? L'animalité
n'est-elle pas aussi une nourriture pour le dynamisme spirituel ? Nous retrouvons encore ce
dialogue intérieur dans Narcisse et Goldmund,
où Goldmund, l'artiste proche de la nature, de la
terre, en communion avec le monde originel des Mères, propose déjà l'esquisse
d'une conciliation. Désormais, dans l'oeuvre de Hermann Hesse -- réfugié dans
le Tessin depuis 1919, naturalisé Suisse, marié à Ruth Wenger en 1924, puis à
Ninon Dolbin --, le déchirement caractéristique des
ouvrages de l'après-guerre s'efface progressivement. Opposant au Nazisme, ses
écrits sont censurés en Allemagne durant les années '30 et jusqu'à la fin de
la Seconde Guerre mondiale. L'effort de l'écrivain, jusqu'au Jeu des
perles de verre (1943), aboutit au rêve, ou à la nostalgie, d'une classe
supérieure, d'une aristocratie de l'esprit capable de recueillir le double
héritage de l'Asie et de l'Europe, et de faire la synthèse de l'apollinien et
du dionysiaque rêvée par Nietzsche. Récompensé en 1946 par le Prix Nobel de
Littérature, Hermann Hesse meurt le 9 août 1962 à Montagnola
(près de Lugano, Suisse), à l'âge de 85 ans.
|
HERMḔS N° 2 - LE VIDE -
EXPḖRIENCE SPIRITUELLE EN OCCIDENT ET EN ORIENT |
Collectif – Nouvelle série N° 2 |
Edition les Deux océans |
2016 |
Un ensemble de textes, études
et témoignages sur les principaux aspects de l'expérience du vide en Orient
et en Occident, dans la pensée, la science, la vie spirituelle et l'art, en
Occident et en Orient, de l'Apophatisme et du Rien de Maître Eckhart ou de St
Jean de la Croix à la shunyata (vide) dans le
bouddhisme, le shivaïsme, le taoïsme ou à « l'entre-deux cosmique » dans la
peinture de Mi Fou et à des analyses de Cioran , Beckett, Durckheim... La question du Vide, ou de son corollaire le Silence, est
centrale à toute tradition initiatique et à toute philosophie de l’éveil.
Elle anime également l’art, du classicisme aux avant-gardes. Plus encore
qu’en 1969, nous sommes ensevelis sous la technologie et le factice, et plus encore,
Vide et Silence constituent l’antidote naturel à la torpeur qui en résulte.
Les enjeux de 1969 demeurent, l’urgence semble plus grande. Si un certain
nombre de positions avancées en 1969 ne sont plus recevables aujourd’hui,
l’ensemble de ces contributions restent une référence sur le sujet. « Loin de nous l’intention d’esquisser une synthèse ou de
ramener à quelques communs dénominateurs les différentes formes prises par
l’expérience du vide dans les principales traditions. Il existe, certes, un
monde de différence entre l’apophatisme chrétien, par exemple, et la vacuité
bouddhique. Tous deux émanent cependant d’une expérience, mais leurs
prémisses, comme d’ailleurs les conclusions, sont diamétralement
opposées : l’une affirme l’ineffabilité de l’Etre, l’autre nie
catégoriquement cet Être comme d’ailleurs l’âme individuelle ; tout est
absolument vide de substance. » Cet extrait de l’introduction présente une vision très réductrice
et erronée. Il est fait référence ici à certaines formes de bouddhisme mais
les grandes métaphysiques non-dualistes, notamment la doctrine de la
Reconnaissance portée par Abhinavagupta, qui s’est opposé à certains penseurs
bouddhistes sur ce point, ne nient pas radicalement l’Être. Elles véhiculent
l’expérience de la non-séparation et de l’inclusivité absolue. Le rapport au
Vide détermine parfois une absence alors qu’il conduit à une plénitude. Il
est d’autant plus curieux d’introduire ainsi l’ouvrage quand la première
contribution, majeure, est signée de Lilian Silburn, grande spécialiste du
shivaïsme du Cachemire et traductrice d’Abhinavagupta. « Ainsi, dit-elle, le vide donne relief et intensité aux
êtres et aux choses qu’il enveloppe, il les situe à leur juste place et
permet leur vivante interpénétration. Vide ou énergie vacuitante,
pénétration et plénitude dépendent donc les uns des autres et engendrent une
manière nouvelle d’éprouver et de comprendre. Dès que les cavernes de
l’entendement et de l’imagination sont vacantes, l’essence divine se
révèle : mais on pourrait aussi bien dire qu’une chose indicible
s’infuse constamment dans l’intime de l’être et le vide de son contenu ;
trop subtile pour être appréhendée, elle produit l’impression d’une étrange
vacuité ; reconnue ensuite, elle devient plénitude ; trop
puissante, elle cause ivresse, extase et ravissement. Mais à leur tour, des
états qui ont d’abord fulguré comme plénitude apparaissent comme vide une
fois dépassés. En fait le vide mystique est d’une richesse
inépuisable… » L’approche de l’ouvrage ne tend pas vers l’étude comparée
mais vers une exploration de chemins qui invitent à emprunter, ou créer,
d’autres chemins tant cette intimité fondamentale est absolument créatrice.
Outre Lilian Silburn, nous retrouvons dans ces pages de nombreux auteurs, de
Beckett à Susuki en passant par Tauler, Heidegger, Alexandra David-Neel ou
Cioran. Nous croisons dans ces pages Boehme Nicolas de Cuse,
saint Jean de la Croix, Bouddha, Daumal, Milosz ou Hadewijch d’Anvers ou les
maîtres-architectes de l’Islam. A l’infinie richesse du Vide correspond une
infinité d’expériences réalisatrices et une grande fécondité des auteurs qui
laissent perdurer ainsi un écho de l’ineffable. |
HILDEGARDE DE BINGEN – UNE VIE UNE OEUVRE |
ELLEN
BREINDL |
Edition
DANGLES |
1992 |
Une
vie, une œuvre, un art de guérir en âme et en corps. Cette sainte et mystique
du 12° siècle étonne par sa personnalité et sa vie. Elle rappelle un peu
saint Bernard, car elle eu une vie publique
incroyable et une vie scientifique stupéfiante. Elle rédigea des traités sur
l’art de guérir, qui rencontre encore aujourd’hui un intérêt croissant pour
ses applications thérapeutiques des plantes. Dixième
enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès
l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante
dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses
parents la confient très tôt – à huit ans – au couvent dépendant du
monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près
de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses
parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au
couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de
son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est
élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui
ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude
et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si
elle se dit volontiers ignare. Au
cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise
!), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris
ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes
résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même
qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine
Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le
Scivias(Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail
monumental traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations.
Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande
son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves,
devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis,
Eugène III prend un des écrits d’ Hildegarde, le lit à voix haute et conclut
à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous inspire». Mais
qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions
étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire
sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant
par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et l’édification de
l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne
son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les
codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y
ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend
que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il
composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la
langue italienne naissante. Pendant
toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre
à l’ombre du monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le
couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à
cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde,
logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose.
Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le
père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses propres
ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à
quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa
longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de
fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère
d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche.
Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de
l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de
quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie. Mais
Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne.
Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont
aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à
nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum
(L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au
monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant,
sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard. Hildegarde
n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des
préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige,
commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses
et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui
n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi,
de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg,
Trèves et Cologne. Mais
surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne
ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des
œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un
livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les
deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle.
Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit
beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au
souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la
théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à
jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes
enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de
Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé
au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur
s’élever vers Lui. Telle
est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande
mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans
dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée
est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été
commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins,
elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de
toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines
parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même |
HILDEGARDE DE BINGEN - Corps et âme en Dieu |
Audrey Fella, |
Editions
Points |
2015 |
||
Créature préférée de Dieu, l’homme occupe une place centrale et déterminante dans le monde. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le sens de sa destinée : parachever l’œuvre divine en participant à sa création. » L’ouvrage, rigoureux et très pédagogique d’Audrey Fella rend compte de la cohérence de l’œuvre : Dimension visionnaire – vision unifiée de l’homme et de l’univers – prophétie comme révélation du salut – du salut de l’homme au salut de l’humanité – la symphonie des harmonies célestes – l’art de guérir… Une métahistoire permet de saisir comment les événements servent l’entendement et font sens dans l’actuel de celui qui s’engage dans le chemin spirituel. Trinitaire, Hildegarde a une approche assez classique du chemin vers le salut mais elle l’inscrit dans une verticalité. C’est par une actualisation constante, dans l’instant présent, que la prophétie se fait éveil. Elle définit ainsi une ascèse atemporelle dans laquelle la musique mais aussi l’alphabet secret de sa lingua ignota font signe ou accord, sans passer par l’interprétation temporelle. En nous introduisant à l’œuvre somptueuse d’Hildegarde de Bingen, Audrey Fella pose les jalons d’une spiritualité chrétienne affranchie des limites dogmatiques, d’une célébration de la vie, de l’inscription co-créatrice de l’être humain dans l’univers. Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare. Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias (Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous inspire». Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante. Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie. Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard. Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne. Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui. Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même. |
HILDEGARDE DE BINGEN, LA SENTINELLE
INVISIBLE |
AUDREY
FELLA |
Edition
LE COURRIER DU LIVRE |
2009 |
Comment
expliquer l’extraordinaire réputation d’Hildegarde
de Bingen, la large diffusion de son œuvre et la permanence de son
culte ? Certains
personnages historiques sont plus ou moins appréciés selon qu’ils entrent ou
non en résonnance avec les aspirations d’une époque. Hildegarde est l’exemple
vivant d’un statut élevé de la femme au Moyen-âge et d’une liberté d’action
sans égale. En outre, elle accorde un sens hautement spirituel à la vie. Elle
reconnaît qu’un lien mystérieux unit toutes les créatures entre elles, qu’une
unité régit tout le cosmos. Dans sa vision, la nature et l’homme, l’âme et le
corps, sont interdépendants. Ce
sens de l’harmonie, indispensable à l’équilibre du monde, l’a conduite à
entrevoir la relation entre le désordre de l’Univers et celui de notre
conscience. Hildegarde de Bingen est plus proche de nous qu’il n’y parait.
Son œuvre diverse et variée constitue un héritage précieux pouvant servir de
base au renouveau spirituel et au ressourcement du monde. En cela, elle est
toute désignée pour ouvrir ce nouveau millénaire et nous conduire sur des
chemins intemporels, où il ne s’agit plus de consacrer tous nos efforts à ce
que nous souhaitons devenir, mais bien d’habiter présentement ce que nous
sommes. Ce livre développe les sujets suivants : La vie d’Hildegarde de Bingen entre contemplation et action,
l’éloge de l’audace, l’enseignement bénédictin, le monastère, une nouvelle
fondation, ses œuvres d’amour, son combat au sein de la vie religieuse,
l’abbesse et le philosophe, l’hérésie cathare, l’heure du chien de feu, ses
voyages, son œuvre : voie d’accès au divin, mystique et mysticisme, ses
visions, ses prophéties, du Scivias au livre des heures divines, son œuvre
scientifique, médicale, musicale et littéraire, Hildegarde gardienne de la
tradition, le nouvel Adam, l’homme au centre de l’Univers, l’éternel retour,
ses visions apocalyptiques, la Jérusalem céleste, le Temple de l’Homme, la
roue cosmique ou l’achèvement de l’œuvre, du magistère spirituel, initiation
royale et sacerdotale, les étapes du salut, les états multiples de l’être,
l’expérience intérieure. |
hildegarde de bingen
– scivias |
H.
de bingen |
Edition
ARBRE D’OR |
2006 |
||
Quand
le Pape Eugène III vint à Trêves avec Saint Bernard, il entendit certainement
parler de la sainte abbesse, dont la renommée grandissait chaque jour, et il
n’est pas improbable que les premières parties du Scivias lui aient été
présentées pour être soumises à son approbation. Je dis les premières
parties, car l’ouvrage ne fut achevé qu’en 1151 et la visite du Pape Eugène
date de 1147. |
histoire de la philosophie occulte |
alexandrian |
Edition
PAYOT |
1994 |
La
philosophie occulte, unit l’ésotérisme, transmission de la Tradition qui
est au cœur secret des grandes religions, et l’occultisme, théorie générale
des vertus secrètes des choses. Cette quête sans cesse recommencée a pris des
formes diverses selon les lieux et les époques –gnose, kabbale, alchimie,
médecine universelle – mais elle se fonde toujours sur les mêmes bases et
transmet ses secrets de génération en génération. L’auteur,
Alexandrian, s’attache à rendre compte de la
variété et de la richesse de ces traditions ; des temps antiques au
monde moderne, il en propose un panorama complet, fondé sur une documentation
de première main avec des anciens manuscrits de magie, des traités
métaphasiques, des manuels de l’Inquisition, les minutes de procès en
sorcellerie. Il offre ainsi une boussole sûre pour s’orienter dans cet immense
labyrinthe de ces doctrines mystérieuses et souvent difficile à comprendre. Au sommaire de cet ouvrage de 400 pages : Prologue : Les origines de la magie occidentale - la
recherche du secret des secrets - l’enseignement
initiatique, la Rose+Croix et le Franc-maçonnerie -
Triomphe des valeurs occultes - La
grande Tradition et la Gnose : La gnose
simonienne - les Pères du système gnostique - Hermès Trismégiste,
les sept archontes - la recette d’immortalité -
Sophia et les femmes gnostiques - Le serpent Ouroboros et l’orgie
rituelle - l’héritage du trésor de lumière - Les
mystères de la Kabbale : Le Zohar
- les débuts de la kabbale philosophique - la
doctrine du siècle doré - les alphabets célestes et
terrestres - le dogme de la Haute Magie -
l’Ordre kabbalistique de la Rose+Croix - L’Arithmosophie : La mathèse et les lois du
calcul métaphysique - la géométrie occulte
- la stéganographie - Les nombres arithmiques de l’histoire - la
philosophie de l’absolu - L’Alchimie
triomphante : Le Grand Œuvre et la Pierre philosophale
- les alchimistes malgré eux - les
classiques de la littérature alchimique - l’hyperchimie et l’hylozoïsme -
l’alchimie au XXe siècle - La
conquête de l’avenir par les arts divinatoires :
La pronostication et les prophéties - l’astrologie
- la géomancie - la physiognomonie - la
chiromancie - la métoposcopie - l’oniromancie
- la divination par les miroirs et la boule de cristal
- la cartomancie et les tarots - la rabdomancie
- La
médecine hermétique et la thaumaturgie : La révolte
médicale de la Renaissance - la médecine spagyrique et Paracelse - le médecin des 3 S
contre le médecin de l’archée -
Théorie et application du magnétisme animal et Mesmer - la
thaumaturgie et ses techniques - Médecine occulte mixte et métiatrie - Les
communications avec l’invisible : La goëtrie
- les duos médiumniques - l’illuminisme
- les voyages extatiques - la poursuite de la
« chose » - La voie interne du martinisme ave L.
C. de Saint Martin, Willermoz et Martinez de Pasqually - la
théodoxie universelle - l’occultisme
contre le spiritisme - Allan Kardec - les
expériences du dédoublement - la synthèse du visible et de
l’invisible - La
magie sexuelle : Ontologie de l’acte sexuel -
l’érotisme diabolique - le sabbat -
l’ensorcellement et la possession - la messe
noire - les unions immatérielles
- la sanctification du sexe - la
hiérogamie dans les temps modernes - Index
des Maîtres de l’Occulte (prés
de 200 noms) -
|
histoire de l’imagination |
Dom
Pierre miquel |
Edition Le Léopard d’or |
1994 |
On part de l’imaginaire dans la Bible en
passant par l’antiquité et le Moyen-Âge pour arriver aux temps
modernes. Une belle histoire. « Folle du logis » selon
Malebranche, « reine des facultés » selon Baudelaire, l’imagination
a connu suivant les époques la faveur et la disgrâce. Après avoir parcouru
brièvement cette histoire de l’imagination, on peut s’interroger sur son rôle
dans le Révélation et dans la théologie. Pour se manifester aux hommes, Dieu
a-t-il recours à l’imagination ou bien est-ce l’homme qui, pour franchir les
limites où sa raison se heurte, fait appel à l’imagination ? L’au delà est le
domaine privilégié de l’imagination : l’enfer, le purgatoire, le ciel
sont-ils des lieux de rêve, peuplés d’êtres fictifs, les démons et les anges,
ou bien les descriptions qu’on en donne répondent-elles, non seulement à un
besoin, mais à une réalité ? Les descriptions de l’au-delà et des êtres
intermédiaires sont très semblables dans toutes les religions. La révélation
biblique est sobre sur ce point, mais certains théologiens, beaucoup de
prédicateurs et quelques mystiques ont comblé ce qui leur paraissait une
lacune. On peut comprendre ce souci : l’homme ne peut penser sans
image ; elle lui sert de support, mais le risque est qu’elle devienne un
écran au lieu de rester une étape. Par ailleurs, une abstraction ne peut
mobiliser le dynamisme de la volonté : l’image seule entraîne. Ainsi la
fonction de l’imagination se révèle à la fois indispensable- même en
théologie- malgré les dérives que peut occasionner son emploi. Au sommaire de cet ouvrage : L’imaginaire et l’imagination
- Situation de l’imagination - la nature et la
politique - le commerce et le jeu - L’art
figuratif et l’art abstrait - la littérature et la science fiction - la mythologie
et la liturgie - L’invisible au-delà - La
Bible et l’imaginaire biblique - les récits d’origine et les
événements fondateurs - les théophanies - les récits
de visions - les Apocalypses - La
Cantique des cantiques - L’inspiration créatrice dans le livre de
Job - Les récits eschatologiques dans les synoptiques
- L’Apocalypse johannique - les apocryphes - le
midrash - la kabbale - les contes hassidiques - L’Antiquité et le Moyen Âge :
Les philosophes grecs : Platon – Aristote –
Plotin – Proclus -- les spirituels bouddhistes -
L’illusion universelle - La pratique des mandalas et des
mantras - Les mystiques musulmans : Ibn Arabi et Ibn al Faridh - Rumi et l’imagination maitresse
d’illusion qui engendre la peur, l’imagination peut rendre fou, l’imagination
est cause de souffrance, imagination et réalité, imagination et
spiritualité - Attar -
l’imagination facteur d’unité ou de dispersion ? - Les
Pères grecs : L’inspiration biblique selon Origène -
Le refus du docétisme - saint Basile et saint Cyrille de
Jérusalem - Rien n’est beau que le réel par Grégoire de
Nysse - Le monde symbolique de l’imagination chez le Pseudo
Denys - Rôle positif de l’imagination chez Synésios
de Cyrène - Dangers de l’imagination d’après la
Philocalie - Calliste et Ignace Xanthopouloi
- Les Pères latins : Saint Augustin -
Saint Grégoire le Grand et le dépassement des images - Scot
Erigène et Théophania et phantasia
- saint Bernard et l’imagination protectrice -
Thomas de Cîteaux et les deux excès - Guillaume de Saint-Thierry,
Dieu est inimaginable - Pierre le Vénérable :
L’au-delà est inimaginable - Abélard et l’imagination inspiratrice
de l’artiste - Guigues le
chartreux et le renoncement aux images - Hugues de saint
Victor : imagination, raison et contemplation - Saint
Pierre Damien : l’incarnation en vérité - Les
philosophes médiévaux - L’Âge classique : Les
philosophes des 16e et 17e siècle :
Léonard de Vinci : l’imagination et l’expérience -
Montaigne : l’imagination et l’expérience - Ambroise Paré et
l’imagination psycho-somatique -
Giordano Bruno : l’imagination, faculté de synthèse -
Cyrano de Bergerac et l’imagination extravagante -
Spinoza et l’imagination prophétique - Jacob Boehme et les deux
faces de l’imagination - Malebranche et l’imagination
« folle du logis » - Pascal et l’imagination
ennemi de la raison - Les saints des 16e
et 17 siècles - Les réformateurs Luther -
Calvin et Viret - Sainte Thérèse d’Avila et
l’imagination source de distraction - Saint Robert
Bellarmin et les images de la Trinité - Saint Jean de
la Croix : l’imagination n’est qu’un moyen - Saint Ignace de
Loyola et l’imagination utile à la composition du lieu
- Saint François de Sales : l’imagination faculté
ambigüe - Saint Vincent de Paul : l’imagination utile
en spiritualité mais dangereuse en théologie - Marie
de l’Incarnation : l’imagination, une puissance à surmonter
- Les temps modernes : Le
romantisme : Caracciolo : l’imagination, remède contre la
tristesse et l’ennui - Kant : l’imagination, le
sensible et l’invisible - Schleiermacher :
l’imagination, la foi et l’intériorité -
Baudelaire : l’imagination inspiratrice des arts
- L’existentialisme - Imagination et
croyance - magie de l’imagination
- l’imagination dépassement du réel - le
surréalisme - la psychanalyse -
illusions utiles ou sans avenir ? - Les paradis
artificiels - Sainte Thérèse de Lisieux
- le mythe, voie d’accès à l’invisible et à la
connaissance - Déviations théologiques dues à l’imagination
- |
histoire de mes malheurs |
Pierre
abelard |
Edition
MILLE ET UNE NUITS |
2001 |
||
Et
là, c'est une histoire vraie. Si vraie qu'elle se déroule en partie près de
Nogent-sur-Seine, au Paraclet - en grec, le consolateur -, nom que donna
Pierre Abélard à l'oratoire métamorphosé ensuite par et pour Héloïse, en une
prospère abbaye. Si vraie qu'elle est connue grâce aux écrits des deux amants
: l'autobiographie d'Abélard et l'échange épistolaire avec Héloïse, datée des
années 1132-1133. Les lettres originales ont disparu mais la copie qui passe
pour être la plus ancienne, est conservée à la médiathèque du Grand Troyes :
c'est le fameux manuscrit 802. « Il aurait été copié entre 1231 et 1238, dans
l'entourage de l'évêque de Paris Guillaume d'Auvergne, à partir de documents
issus de l'abbaye du Paraclet », précise Pierre Gandil,
directeur adjoint, avant de rappeler : « Le manuscrit renferme huit lettres
explicitement attribuées à Abélard et Héloïse. » Ces textes, régulièrement
réédités, méritent d'être lus et relus pour leur richesse et leur force.
Finalement, elle a
cédé pour ne pas contrarier Abélard…Mais tous deux ont tout fait pour que
leur mariage reste ignoré. Héloïse en aurait subi les foudres de sa famille. |
HISTOIRE DES IDÉES DES HOMMES SUR DIEU |
Marc-Alain Descamps |
Edition de la Hutte |
2012 |
Aucun
peuple n’a jamais existé sans une croyance en un ou plusieurs dieux. Chaque
siècle a modifié le regard des hommes sur le Divin. Notre exploration du
système solaire et, au-delà du Cosmos, change nos idées sur Dieu dans une
colossale mutation spirituelle Grâce à cette histoire, nous allons croiser Dieu dans le cœur des hommes, dans les systèmes de morale des sociétés, et dans notre vision de l’Univers infini et indéfini. Qu’est-ce
que Dieu ?
Un mot, un nom, une croyance ou un vécut ? Dieu
est devenu dans l’histoire de l’humanité un sujet passionné, source de
conflits et de guerre. Pourquoi ? Parce que Dieu est un des mots auquel
on a donné le plus de sens différents. Finalement il ne veut plus rien dire
et chacun donne à ce mot des sens opposés. Le pire est quand certains veulent
donner un nom à Dieu, alors reconstruisant la Tour de Babel, ils ne se
comprennent plus et s’entretuent. Dieu,
« une ténébreuse affaire », écrivait déjà le philosophe
anglais Hume au XVIIIe siècle. L’affaire est si compliquée que l’on ne sait
même pas comment poser la question : « Qui est Dieu ? »
ou « Qu’est ce que Dieu ? ».
Dans le second cas on préjuge que Dieu est une personne, comme un humain, et
l’on tombe dans l’anthropomorphisme, qui est la tentation majeure et le
défaut universel : on ne sort pas de l’homme et l’on pense Dieu comme
s’il était un homme. Pour
éviter de retomber dans les guerres de religion, la première découverte à
faire est de reconnaître que Dieu n’est jamais apparu de façon divine à tout
un groupe d’hommes et ne leur a jamais parlé tout haut collectivement,
pourquoi ? Ainsi
Dieu est-il pour beaucoup un objet de croyance et surtout un acte de foi.
Pour beaucoup Dieu est une affaire de religion et l’on ne doit pas en parler
en dehors. Chaque religion est un groupe d’hommes et de femmes qui s’arroge
le droit exclusif de parler de Dieu. Les religions ont confisqué l’idée de
Dieu et en ont dégouté les autres. Au sommaire de cet ouvrage sur l’interprétation du mot Dieu : Chapitre 1 : Dieu est il un animal ? -le Totémisme et l’animisme - Fétichisme et chamanisme - Les bêtes ont été les mères de l’humanité - L’homme s’extrait et se sépare de l’animal - L’homme asservit et extermine les animaux - L’homme protège les animaux - Chapitre 2 : Dieu est il une femme ? - la déesse Terre-Mère - Les civilisations patriarcales et le retour du féminin - le sexe de Dieu - les plaidoyers féministes - Chapitre 3 : Dieu est il méchant ? - Conjurer les menaces de la nature - Les dieux des volcans - Les dieux cannibales - le dieu du mal ou le dualisme - L’invention du « bon Dieu » par les philosophes grecs - le dieu de la guerre chez les juifs - Excision et circoncision - Jésus et le christianisme - Mystiques, Sacré-Cœur et Béguines - le dieu d’Amour des E. M. I. (expérience de mort imminente) - Chapitre 4 : Dieu est-il unique ? ou l’invention du monothéisme - le premier monothéisme égyptien - La découverte du dieu unique par les grecs - Le passage du « vrai dieu » au « dieu universel » - Les drames de la Trinité et des hérésiarques - le monothéisme musulman - L’hénothéisme et le refus de l’intolérance - Chapitre 5 : Dieu est il rationnel ? - Les premiers penseurs de Dieu - La raison dans la foi - De la théodicée à la théosophie - les contradictions et les apories - Les mystiques et la théologie apophatique - Le Dieu intérieur ou Dieu est en vous - Chapitre 6 : Dieu est il mort ? - La mort de Dieu - Les athées célèbres et individuels - Les nouvelles idoles - Les preuves de l’existence de Dieu - Le Sacré cosmique - Chapitre
7 :
Dieu est il le Créateur ? - Le
Dieu émanateur ou l’Univers corps de Dieu - Le Dieu
Providence - Bibliographie des ouvrages sur le sujet - |
10 I
IMAGINAIRE
ET PENSḖE – DḖSIRḖE
ERASME, MARTIN LUTHER, NICOLAS DE CUES – Trois imaginaires, trois
modèles de pensées - |
Olivier
Rimbault |
Presses
Universitaires de Perpignan |
2016 |
||
Si
l’on devait résumer l’ouvrage d’après un thème botanique, la Folie serait le
tronc commun de l’Humanité. Nos attitudes à répétition qui se suivent sans
s’apprendre en seraient son écorce ou scories. Enfin, la philosophie, dans le
droit-fil de la pensée des pères de l’Antiquité, en serait la sève. Avec
son Eloge de la folie, celui qui cherche à pincer « plutôt
qu’à mordre » signe un coup de maître. Il n’y a qu’à voir le nombre de
contempteurs de l’ouvrage pour s’en rendre compte ! Du vivant de
l’auteur déjà, son Eloge est condamné à Paris et à Oxford. Ses
prises de position du style « des subtilités plus subtiles encore
encombrent les voies où vous conduisent les innombrables scolastiques »
ne lui valent pas une franche amitié de la part des instances d’autorité
susnommées… En pleine Contre-Réforme, Erasme préférera, choisira un
profil-bas et ira jusqu’à présenter ses excuses à ceux que ses paroles
auraient blessés. Entre
Spinoza et Rabelais, se tient Erasme, prince des mots et chantre d’un
utilitarisme humanitaire que beaucoup lui envieront, sans parvenir à son
génie du sous-entendu critique. Le château mental d’Erasme est vaste. Ses
étages sont ceux d’un roi mais ses oubliettes sont d’un juge. D’une langue
sapide (puissamment retranscrite ici dans la traduction de Claude Blum), il dégorge
nos travers (dé)raisonnables, passés ou actuels. Si la folie est sœur de
l’imagination (cette dernière surnommée « la folle du logis »),
alors l’esthétique Renaissance du propos saute aux yeux. Personne ne s’y
trompe, et malgré un mea culpa hypocrite nonobstant la
tranquillité de son auteur, l’Eloge de la folie est le bestselling book européen de son
temps ! Rapidement traduit en langues vulgaires, le livre et son aura de
brûlot anticlérical se répandent rapidement. L’Eloge, c’est aussi l’un
des livres les plus pourchassés de tous les temps. Le parlement de Paris, la
Sorbonne, les théologiens de Louvain, condamneront sa sortie. En 1559, c’est
la Bibliothèque apostolique vaticane qui l’inscrit sur sa prestigieuse (et
sinistre) liste des livres mis à l’Index, que tout bon chrétien doit se
garder d’ouvrir sous peine de rôtir dans les flammes de l’Enfer ! Comme
si une telle « publicité » ne suffisait pas, tous les écrits
d’Erasme seront interdits par le Vatican jusqu’en… 1930. En
cinq années, l’Eloge en était déjà à sa troisième réédition latine.
C’est à cette occasion qu’en 1516 Hans Holbein se voit proposer d’apporter
une touche picturale à l’édifice humaniste. Ses 82 saynètes successives,
réalisées à la plume et à l’encre, ne servent pas tant à illustrer
littéralement le texte qu’à l’enrichir sur la base de l’imagier populaire de
l’époque. 17 ans avant son célèbre portrait des Ambassadeurs, Holbein
s’essaie peut-être déjà au jeu des anamorphoses… spirituelles, celles-là…Des
dessins originaux tenus au secret dans les profondeurs capitonnées du Cabinet
des estampes du Kunstmuseum de Bâle. Très altérés
par le temps, presque illisibles pour certains, ces derniers ont nécessité le
recours à un scanner rotatif, le procédé le plus fin en matière de
photogravure qui a permis de nettoyer les traits, du fond coloré de la page.
Agrandis à 300%, scannés, puis débarrassés de leurs taches après cinq siècles
d’humidité et d’oxydation du papier, l’intégralité des 82 dessins d’Holbein a
trouvé sa logique au sein de cette édition flambant neuve. Soit à leur place
exacte, conformément à l’ouvrage d’origine. Un travail exceptionnel auquel
les éditions Diane de Selliers sont rompues par le poids de l’expérience.
Depuis plus de 20 ans, cette recherche de la perfection prodigue aux grandes
œuvres littéraires une vitalité nouvelle. De
fait, la pointe sèche d’Holbein le Jeune n’est pas la seule à se prêter à
merveille à l’exercice. Les contemporains d’Erasme (Hans Holbein, Albrecht
Dürer, Quentin Metsys) et leurs héritiers directs sont pour la première fois
réunis au cœur rouge du coffret. Un Eloge à la folie de la
peinture qui regroupe près de 200 pièces de la production artistique du Nord,
dont bon nombre d’œuvres rarissimes ou inédites, soustraites au monde et
cachées dans l’obscurité de collection privées… Telle cette version du Portrait
du vieil homme grotesque (page 139), moins connue que « sa
jumelle » conservée au musée Jacquemart-André, à Paris. Comme à son
habitude, l’éditeur justifie avec intelligence son choix : « le
diptyque qu’il forme avec le Portrait de la vieille femme grotesque,
conservé à la National Gallery de Londres, est rarement reproduit. Ils ont
été exposés ensemble pour la dernière fois à la National Gallery en 2008,
après 150 ans de séparation ! »Cinq siècles après la parution de l’Eloge,
lesquels de nos littérateurs/penseurs/philosophes se revendiquent avec
authenticité de l’esprit d’Erasme ? Il y aurait pourtant à dire… |
introduction à origÈne suivie d’une
anthologie |
Philippe
henne |
Edition
du CERF |
2004 |
Sans
Origène, il n’y aurait pas de théologie. Tout commence avec lui parce que,
grâce à lui, la réflexion pénètre dans le christianisme.
La
vie mystique elle-même n’échappa pas à sa sagacité. Le commentaire et les
homélies sur le Cantique des Cantiques sont l’œuvre d’un homme mûri par la
réflexion et par l’épreuve. Et pourtant, cet auteur fécond est inconnu du
grand public. Ce qui explique cette méconnaissance, c’est certainement le
soupçon d’hérésie qui accable le maître d’Alexandrie.
|
10 J
jean pic de la mirandole |
Christine
sagnier |
Edition
De Vecchi |
2000 |
||
Exalté par la
découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui ont
fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la
connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en
passant par d’autres universités européennes. Pic de la
Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus
réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent
d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le
Magnifique, le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie
d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la
philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant
pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et
chaldéens. À 23 ans, il
publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques,
et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome,
quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative
déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à
plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale.
L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais
il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa
libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique
et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence. Mais le savant est
fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à
Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité
impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la
tête de ses troupes. C'est le début des longues guerres d’Italie qui vont
révéler la Renaissance aux Français... Analyse de l’oeuvre de Pic de la Mirandole : Cette
transcendance divine par laquelle s’affirme la supériorité de Dieu sur
l’homme en tant qu’homme, me semble soulignée avec justesse dans
l’interprétation qu’offre Pic de la Mirandole, dans son fort célèbre De dignitate hominis. Naturellement, Pic a aperçu le
fond ontologique du passage de la Genèse, et souligne le caractère
divin de l’homme ; mais il ne conçoit celui-ci que sur un mode
dynamique, c’est-à-dire que le « lieu de passage » constitué
par l’endroit où dort Jacob se réalise pleinement dans le symbolisme de
l’échelle, symbolisme qui désigne indubitablement une montée vers les cieux,
c’est-à-dire un dynamisme, dynamisme qui n’est possible que parce qu’il repose
sur l’identité ontologique du bas et du haut, de l’humain et du divin ;
mais encore faut-il actualiser cette identité. L’humanisme
de Pic de la Mirandole ne consiste pas en une apologie de l’homme en tant que
tel ; nulle trace dans ses écrits d’une admiration béate d’une humanité
unifiée ou de droits inaliénables. L’homme de Pic de la Mirandole est digne
d’admiration parce qu’il est capable de se projeter au-delà de lui-même,
parce qu’il est capable précisément de se projeter en Dieu ; ce n’est pas
un humanisme intrinsèque qu’il décrit, mais un humanisme qui tire sa
légitimité d’un possible, d’un potentiel inscrit en l’homme, qui n’est autre
que celui de devenir Dieu. Or, rien n’est plus significatif à cet égard que
l’interprétation qu’il donne de l’échelle de Jacob dans le De dignitate hominis. Après
avoir loué les théologiens chrétiens, voici le dessein qu’il assigne à
l’humanité : « Et sans nous contenter des nôtres, consultons
le patriarche Jacob, dont la figure resplendit, sculptée sur le siège de la
gloire. Ce père très sage (saptientissimus)
nous instruira, lui qui dort dans le monde inférieur (in inferno dormiens) et qui
veille dans le monde supérieur (mundo in superno vigilans). Mais il
nous instruira en figure (per figuram) (car
c’est en figure que tout leur arrivait), disant qu’il y avait une échelle
dressée des tréfonds de la terre jusqu’aux sommets du ciel, répartie en une
longue série de multiples degrés : au sommet siège le Seigneur, les
anges contemplateurs y montent et descendent tour à tour. C’est ce que
nous devons faire, nous qui voulons imiter la vie angélique. » Deux
enseignements sont ici fondamentaux. D’une part, l’échelle de Jacob est
conçue comme cela même qui établit un lien de continuité entre le
monde sublunaire et le monde céleste, autrement dit entre le divin et
l’humain. Le fond ontologique qui structure les interprétations majeures de
ce texte demeure inchangé : il y a continuité ou identité entre le divin
et l’humain, et non rupture ou dissemblance. Sur ce point, Pic ne fait que
reprendre l’interprétation magistrale qu’en avait donnée Philon d’Alexandrie.
Mais il convient d’autre part de considérer cette continuité sur le mode
dynamique : il nous faut emprunter l’échelle pour nous convertir, au
sens néoplatonicien du terme, pour retrouver notre essence divine. Autrement
dit, ce mouvement de retour où se ressaisit l’essence divine de l’homme n’est
possible que sur fond de l’identité de l’essence divine et de l’essence
humaine. Grâce à cette identité ontologique, il nous est possible de gravir
progressivement les échelons jusqu’à Dieu. « Il
faut d’abord, écrit Pic, que nous soyons instruits et entraînés à nous
mouvoir comme il faut de degré en degré, sans jamais dévier de l’axe de
l’échelle ni faire obstacle au cheminement des autres. » Il est vrai que
Pic insiste davantage sur la progressivité du retour en Dieu, et ne
procède pas à la violence métaphysique de Maître Eckhart ; ou plutôt, si
le résultat est identique, il n’en est pas moins plus progressif, plus lent à
venir. Avant que l’homme ne se découvre Dieu, il lui faut avoir gravi chaque
échelon, être passé par le stade angélique, et avoir reçu des anges,
eux-mêmes descendus de l’échelle pour annoncer la bonne nouvelle, l’appel à
la divinisation. « Appelés
avec tant de douceur (blande), invités avec
tant de bonté, les pieds ailés comme des Mercures terrestres, nous volerons
vers l’étreinte de cette bienheureuse mère, et nous jouirons de la paix
désirée – paix très sainte, indissoluble union, amitié unanime, grâce à laquelle
toutes les âmes non seulement s’accordent en un unique esprit qui est
au-dessus de tout esprit, mais d’une manière ineffable, se fondent
complètement dans l’un. Voici l’amitié que les Pythagoriciens disent
être la fin de toute philosophie ; voici la paix que Dieu établit dans
les lieux élevés, et que les anges sont descendus sur terre annoncer aux
hommes de bonne volonté, afin que les hommes, montant par elle au ciel,
deviennent eux aussi des anges. » Malgré
l’apparente quiétude de ce mouvement, il ne faut guère sombrer dans une
interprétation trop prudente des propos de Pic ; il est indubitable que
le résultat est tout à fait similaire à celui qu’obtient Maître
Eckhart ; de la même manière que celui-ci voyait dans le songe de Jacob
une allégorie par laquelle l’âme se reposait en la déité, et inversement par
laquelle Dieu se reposait dans la petite étincelle de l’âme, l’issue de
l’ascension chez Pic n’est autre que le repos de l’âme dans la déité, et
celui de la déité dans l’âme. Pic écrit ainsi sans équivoque que le dessein
final de l’ascension de l’échelle n’est autre que cet « unique
esprit » dans lequel se réconcilient l’homme et Dieu qui ne font plus
qu’un, afin que « notre âme devienne elle aussi la demeure de Dieu (Dei
domus), afin qu’après s’être dépouillée de
toutes ses impuretés par la morale et la dialectique, elle s’one de la
multiple philosophie comme d’une beauté princière, qu’elle festonne le sommet
des portes par la théologie, que descende le Roi de gloire et qu’il vienne
avec le Père établir en elle sa demeure. »[
Nulle
équivoque n’est ici possible. Dès lors que Dieu est en mesure de venir
établir sa demeure dans l’âme, cela signifie l’actualisation de celle-ci en
tant qu’elle a mis au jour son identité ontologique avec celui-là. La continuité
de l’univers divin avec l’univers humain est ainsi à la fois la condition
de possibilité de cette réconciliation finale, et l’effet de
l’identité originaire. Condition de possibilité parce que sans elle
l’élévation graduelle de l’échelle ne serait guère possible, mais aussi effet
car s’il n’y avait plus cette identité du divin et de l’humain à
reconstituer, il n’y aurait plus de raison que Dieu vienne annoncer par ses
anges l’appel à la réunification Pic
de la Mirandole ne fonde pas l’autonomie du sujet, il fonde au contraire sa
dignité dans la potentialité d’un devenir divin, qu’il lui faut toutefois
actualiser, lorsque surgit l’appel. Il ne s’agit donc pas d’une
dimension d’affranchissement toute faustienne du divin, mais d’un retour à
celui-ci sur fond d’identité ontologique, héritée de toute une tradition
néoplatonicienne et ésotérique. On partage ainsi pleinement l’interprétation
de Louis Valcke pour lequel « l’intérêt de
l’œuvre et de l’évolution intellectuelle de Pic ne réside donc pas dans quelque
non-conformisme qui l’aurait conduit à ébaucher ou à anticiper, même
inconsciemment, certains traits de la modernité. Sa pensée et sa réflexion se
meuvent tout entières à l’intérieur du cadre philosophique et théologique
qu’il avait reçu en héritage. Exalté par
la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui
ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la
connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en
passant par d’autres universités européennes. Pic de la
Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus
réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent
d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le Magnifique,
le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie d'amitié
avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la
philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant
pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et
chaldéens. À 23 ans, il
publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques,
et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome,
quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative
déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à
plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale.
L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais
il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa
libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique
et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence. Mais le savant est
fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à
Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité
impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la
tête de ses troupes. C'est le début des longues guerres d’Italie qui vont
révéler la Renaissance aux Français... |
JEAN TAULER – LA NAISSANCE DE
DIEU EN TOI |
Gérard ESCHBACH |
Edition O.E.I.L. |
1986 |
Jean
Tauler (1300-1361) est avec Maître Eckhart et Henri Suso, un des trois grands
frères dominicains et penseurs de la « Mystique Rhénane ». C’est
avec des mots forts et puissants qu’il affirme notre condition divine. L’auteur
nous fait pénétrer dans la mystique Tauler. Jean
Tauler est né probablement né vers 1300, ou peu avant 1300, à Strasbourg.
Était-il fils d’un échevin, ou d’un bourgeois ? D’après une phrase
échappée pendant un sermon, il semble issu d’une famille qui ne connaissait
pas l’indigence : « Si j’avais su ce
que je sais maintenant, quand j’étais le fils de mon père, j’aurais choisi de
vivre de son héritage, et non pas d’aumônes ». Cette
petite phrase supporte plusieurs niveaux de lecture. Premier
niveau,
celui de la recherche de Jean Tauler : recherche de pauvreté, de
simplicité. Jean Tauler nous parle ici de son désir de vivre en pauvre du
Christ, et ce thème lui est cher. Second
niveau,
celui des rapports entre l’ordre dominicain et la société strasbourgeoise au
XIVe siècle. Ceci
sous-entend l’examen des conditions dans lesquelles est née la mystique
rhénane. Ainsi que le rappelle P. Dollinger : « il est vrai que les
désordres, les scandales pouvaient inciter les âmes éprises d'idéal à se
réfugier dans la contemplation. Il n'est pas douteux que mainte vocation
mystique ait été affermie par la vue des laideurs du monde. (…) D'une façon
générale, on a souvent exprimé l'opinion que le succès de la mystique
[rhénane] s'explique, pour une large part, par le retentissement des
catastrophes du XIVe siècle. Outre les querelles dans l'Église, on
ne manque pas de rappeler la peste noire, les massacres des Juifs, les
processions de flagellants, et pour l'Alsace, les invasions de routiers de la
guerre de Cent Ans, qualifiés d’« Anglais » en 1365 et 1375. Il
faut cependant noter que les plus dramatiques de ces événements propres à
agir fortement sur la sensibilité des contemporains se sont produits au
milieu du XIVe siècle, à l'époque où le mouvement mystique se
trouvait à son apogée, voire même sur son déclin. Si l'on se place à la
période décisive de l'éclosion du mouvement, c'est-à-dire au premier quart du
XIVe siècle, on peut dire que les malheurs de l'Église et du monde
n'étaient ni plus ni moins grands qu'à d'autres époques du Moyen Age. Les
troubles du temps ont pu porter certains individus au mysticisme : ils
n'expliquent en aucune façon que le XIVe siècle ait été un sommet
dans l'histoire de la mystique ». Le
troisième niveau
concerne la famille de Jean Tauler : il y avait un héritage… Il ne
venait donc pas d'une famille pauvre. Vers
1315, Jean Tauler entre au couvent des dominicains de Strasbourg. Il a
environ 15 ans, ce qui n’est, pour l’époque, ni trop jeune ni trop âgé… Selon
le cursus alors en vigueur, il aurait dû étudier à Strasbourg jusqu’en 1323,
puis ensuite jusqu’en 1327 à Cologne. Il n’a pas suivi cette longue
formation, puisqu’on sait qu’il a pu commencer sa prédication à Strasbourg en
1323, l’année de la canonisation de Thomas d’Aquin. Sa formation a pu être
écourtée en raison de sa santé fragile : il ne reçut jamais en effet le
titre de Maître ou de Docteur en théologie. Ce qui l’amena d’emblée à être un
Lebemeister (c'est-à-dire littéralement un maître
de vie, en opposition à un Lesemeister, un maître
en lectures, selon la terminologie des mystiques rhénans qui privilégie le
premier, sans dénigrer le second) sa culture est solide. Il « cite
Proclus, Thomas d’Aquin, Augustin, Bernard de Clairvaux, Hugues de S.
Victor » et la qualité de ses sermons est certaine « même si,
parfois, on a préféré voir en lui, un homme frustre, n’ayant jamais étudié
comme “ceux de Paris”, le réduisant fallacieusement par là à un prédicateur
de province, inspiré, mais peu instruit ». Un séjour à Cologne entre
1325 et 1330 est possible, mais rien ne le prouve. On pense donc sans savoir
quand qu’il a dû séjourner à Cologne, y écouter Maître Eckhart, et peut-être
rencontrer Henri Suso. Mais il a découvert Maître Eckhart lorsque celui-ci
était à Strasbourg. Dans son couvent strasbourgeois, Albert le Grand, Vincensinus, et Eckhart avaient séjourné : leurs écrits
étaient donc à la disposition des frères y résidant. Mais Tauler, Lebenmeister, ne fait pas étalage de ses savoirs : il les
adapte pour un public parfois peu instruit. L’une de ces premières
adaptations est de traduire ces autorités du latin en moyen-haut allemand,
langue parlée alors à Strasbourg. En
ce premier quart du XIVe siècle, le mouvement des « Frères du Libre
Esprit », contre lequel s’était dépensé Maître Eckhart a disparu. Une
autre tendance, qui dans ses excès verse dans l’hétérodoxie, se manifeste à
travers les béguinages. Les historiens en comptent entre 70 et 80 à
Strasbourg. Pour saisir l’ampleur de ces chiffres, précisons que la ville
comptait au début du XIVe siècle un peu plus de 15 000 habitants, qu’il
y avait sept couvents de dominicaines (dont celui de Saint-Nicolas in Undis, où réside la sœur de Jean Tauler). À ces couvents
s’ajoutaient les couvents des ordres franciscains, les monastères de l’ordre
de Saint-Benoît, les Ordres militaires, les couvents pour les « dames
repentantes », hors de l’enceinte de la ville et les paroisses. Les
membres des clergés séculier et régulier regroupent presque 10 % de la
population. Les
béguinages existent depuis la fin du XIIe siècle. Perçus dans un premier
temps comme des maisons où des veuves, principalement, ou des célibataires
vivent en petites communautés, sans règle, mais avec beaucoup de dévotion,
ils sont de plus en plus suspects. Or, en 1300, Guy de Colmieu,
évêque de Cambrai, ordonne l’autodafé du Miroir des âmes simples de
Marguerite Porète. Cette dernière est une béguine,
qui sera arrêtée en 1309, jugée et brûlée en 1310 à Paris. Eckhart était
alors à Paris. En son couvent logeait aussi l’inquisiteur instruisant le
procès de Marguerite Porète. La mystique rhénane a
beaucoup de points communs avec les écrits béghards.
Ceux-ci vont initier un courant de spiritualité très vif au XIVe siècle. Beaucoup
sont très réservés quant à l’autorité de l’église visible, lui préférant la
communauté, parfois invisible, de ceux qui se veulent amis de Dieu, au sens
de ceux qui aiment vraiment et sont vraiment aimés de Dieu. Les erreurs des
bégards sont dénoncées en 1317 au concile de Vienne, et condamnées par bulle
en 1318 et 1320. Tauler
commence ainsi à prêcher lorsque des personnes éprises de perfection doivent
choisir entre se maintenir dans le béguinage ou bien s’inscrire dans une
forme de vie reconnue par l’Église, c’est-à-dire un couvent, qui à Strasbourg
est le plus souvent d’obédience dominicaine. « L’exécution à Cologne, en
1322, du Hollandais Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé
l’existence de la communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre
eux, Jean de Brünn, pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à
1335 ». [10] Tauler, par sa prédication, aura la charge d’inciter les
bégards à se maintenir dans l’orthodoxie, comme Eckhart le fit pour le
mouvement du Libre-Esprit. L’autre
évènement qui marque le début de la prédication de Jean Tauler est le conflit
entre Jean XXII et l’empereur Louis IV de Bavière. En Avignon, le pape
Jean XXII excommunie l’Empereur germanique en 1324 pour sa politique
italienne. Il le déclare privé d’Empire. Les villes de l’Empire soutiennent
Louis IV. Le conflit dure, et le pape jette l’interdit sur l’Empire en 1329.
Aucun sacrement ne doit plus y être célébré. L’interdit durera 15 ans. Les
habitants sont appelés à choisir entre le Pape et l’Empereur. Jusqu’alors,
Strasbourg était restée neutre. Dans les couvents des mendiants, les prises
de position en faveur de l’un ou l’autre camp sont variées. Finalement, les
dominicains se soumettent aux ordres pontificaux. En réponse, en 1339, la
ville les chasse. Ils resteront « bannis » pendant 4 ans. Tauler se
retrouve ainsi tout d’abord à Cologne, puis à Bâle. Durant ce séjour, il
rencontre deux personnalités marquantes de la spiritualité rhénane du XIVe
siècle : Henri de Nördlingen et Marguerite Ebner,
tous deux parfois trop vite associés aux bégards, alors qu’ils semblent
beaucoup plus appartenir à cette mouvance « des Amis de Dieu ».
Revenu à Strasbourg en 1348, Tauler ne repartira plus, sauf, peut-être pour
un hypothétique voyage à Paris, en 1350, voyage où il aurait rencontré
Ruysbroeck. Il meurt à Strasbourg le 16 juin 1361. Sa
spiritualité est traversée par deux thèmes centraux : le détachement, et
la naissance déifiante de Dieu dans l’âme qui est
abordée dès le premier de ses sermons, celui pour la Nativité. Parmi
les mystiques rhénans, il se distingue par son sens du concret et son
apologie des vertus. Un bref texte anonyme de la fin du XIVe siècle explique
pourquoi il dut passer plusieurs longues années au purgatoire : en
particulier pour son caractère entêté ! De fait, à la différence de
Suso, il n’a jamais été proclamé Bienheureux et à la différence d’Eckhart, il
ne fut jamais inquiété pour sa doctrine. Martin Luther lui rendit hommage en
disant de lui qu'il était "l'un des plus solides et des plus corrects
des mystiques". C’est pourtant bien de Maître Eckhart dont il se
réclame, à mots couverts, nous donnant même la clef de lecture de son oeuvre
: « Il parlait depuis l’éternité, et vous l’avez compris depuis le
temps ». |
JOACHIM DE FLORE (1132-1202) |
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA |
2009 |
||
Le thème central de ces œuvres est celui de L’accord entre les
divers livres des Ecritures, lus selon une exégèse traditionnelle,
typologique et arithmologique. C’est pourquoi on parle de « L’Evangile Eternel » de Joachim de Flore André
Vauchez,
nous explique pourquoi Joachim ne se considérait pas comme un prophète, mais
estimait avoir reçu le don d’interpréter les Ecritures, et comment à partir
de 1250, il y eut des remous chez les franciscains et du coté
de l’Eglise. G. Huril nous explique
l’enseignement de Joachim, qui repose sur la relecture des Evangiles et des
textes de l’ancien Testament, avec en toile de fond l’avènement de
l’Esprit-Saint, une Eglise plus spirituelle et une humanité de nouveau
éclairer par la grâce divine. Emmanuel
Delorme,
brosse un superbe tableau de Joachim de Flore, chantre du Troisième Temps et
la fin des Templiers. Il développe le monachisme spirituel de Joachim, qui
soutenu par l’Ordre du Temple, inspira des mouvements mystiques populaires
basés sur la pauvreté et l’action dans le monde, les franciscains, le libre
esprit, les Turlupins etc. L’Eglise en fut ébranlée. La répression de ces
mouvements éclaire la fin des pauvres chevaliers du Temple. Jean
Boulier-Fraissinet,
dans un remarquable essai, explique l’enseignement de Joachim et notre avenir
spirituel. Il développe plusieurs leçons à retenir, la première étant
celle de « L’appel à l’unité intérieure »,
c'est-à-dire l’appel à l’ensemble focalisé des ressources intérieures. L’œuvre magnifique de Joachim nous enseigne l’Amour de Dieu
pour l’homme et l’amour que doit avoir l’homme pour Dieu, en ayant toujours à
l’esprit que cette divinité que nous croyons lointaine est en réalité en
nous. Les
œuvres de Joachim de Flore font l’objet d’une réimpression, qui est
sorti en 2010 aux éditions du Cerf |
JOHANN FRIEDRICH Von MEYER – Un Maître de la Tradition Hermétique |
Jacques Fabry |
Edition Signatura |
2014 |
Johann Friedrich Von Meyer (1772-1849) est l’un des représentants les plus éminents de la pensée ésotérique chrétienne en Allemagne au 19e siècle. Dans le système théosophique de ce Naturphilosoph, contemporain de Goethe, la Bible et la Nature constituent les deux colonnes essentielles d’un temple sur lequel trône le delta lumineux de l’Esprit divin. La première partie de cet ouvrage, évoque la vie et l’œuvre de l’auteur. La partie centrale est consacrée à la Franc-maçonnerie telle que la concevait Meyer (il fut initié au Rite Rectifié dans le courant de Willermoz), et à laquelle il a appartenu presque toute sa vie. La dernière partie développe la théosophie de l’auteur, son système symbolique et ésotérique, ses interprétations alchimiques et kabbalistiques qui s’ouvrent sur une perspective hermésienne et font de Von Meyer un théosophe et un alchimiste au système complet et achevé. Par ailleurs, la découverte de la mystique indienne et des religions de l’Inde au 18e siècle grâce à Herder et Friedrich Schlegel, sera l’amorce chez Meyer, de l’idée d’une Révélation universelle, il adoptera donc ce « syncrétisme idéaliste » quand celui-ci ne sera pas en opposition avec sa foi et le dogme chrétien. Meyer est ici assez proche de Jacob Böhme ; pour lui, Dieu « s’épanouit » progressivement dans la nature envisagée comme Sensorium Dei, afin de parvenir, à la fin des temps, à la pleine conscience de lui-même. Dans cette optique très ésotérique, la création n’est pas seulement une auto-révélation progressive, elle est aussi une manifestation corporelle, une sorte d’incarnation ou de corporéification constante de l’Esprit absolu. On devine facilement que l’auto-manifestation de Dieu implique son intervention et même son insertion permanente dans l’univers, dans la mesure et dans l’histoire, mais cette idée de développement progressif de l’Unité Primordiale dans la multiplicité du monde et des mondes, implique celle d’un devenir, d’une métamorphose ou d’une palingénésie au sens à la fois corporel et spirituel du terme. En bref, une telle conception a le mérite d’opposer à la philosophie rationaliste une interprétation de l’Être qui, récusant l’idéalisme abstrait hérité des philosophes grecs, réconcilie esprit et matière dans une science intuitive universelle dans laquelle non seulement foi et savoir, mais encore transcendance et immanence sont indissolublement liés. Cet ouvrage, résultat de nombreuses années de recherche, n’intéressera pas seulement les philosophes, les germanistes, les alchimistes, les maçonnologues, les historiens des religions, mais aussi les « hommes de désir », lesquels pourront trouver là, beaucoup de sujets de réflexions et d’inspiration. Au sommaire de cet ouvrage : Les années de formation : Kallias, l’unique roman de Meyer - Goethe et Meyer - La maturité : Meyer, intendant du théâtre de Francfort - la kabbale - Meyer, alchimiste opératif - Le messager du Lumière - les débuts de la carrière juridique - le monde intermédiaire - les interprétations bibliques - Meyer sénateur - Les écrits majeurs : Un travail gigantesque : la traduction de la Bible - Un juriste, docteur en théologie - la société biblique de Francfort - Johann Georg Hamann et Meyer - le mouvement du Réveil - la revue périodique pour une vérité supérieure - le précis de la doctrine chrétienne - Le Livre de la Création (Sepher Jezira) - Les clés pour la révélation johannique - Johann Friedrich Von Meyer et la Franc-maçonnerie : L’attitude de Meyer avant son initiation - Meyer Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte en 1827 - les loges Francfortoises et l’Alliance Eclectique - Meyer et Charles de Hesse. Critique du système de Gotthorp - Meyer et le prince de Hesse-Darmstadt - six exposés symboliques - Le précis de l’histoire de la Franc-maçonnerie - La loge de Charles exclue de l’Alliance Eclectique - Johann Friedrich Von Meyer Théosophe : Une pensée symbolique et ésotérique : Affinités et influences - De la philosophie à la théosophie - Des lignes directrices de la pensée de Meyer - La logique du contradictoire - La création et la chute - L’unité primordiale - Les métamorphoses de la Lumière - La prévarication de Lucifer - La seconde création et l’homme primordial - La cosmosophie meyerienne - L’homme actuel et le problème du mal - la réintégration promise - L’espace et le temps - De la triplicité des mondes et de l’homme - L’âme de l’homme - Intelligence et raison - Le gouvernement du monde et la providence divine - L’Art d’Hermès : Affinités et influences - La magie du monde sensible - Apologie de l’Alchimie - Les rudiments de l’alchimie - La Genèse de la Table d’Emeraude - Les étapes de l’œuvre - Considérations sur le Grand Œuvre - La Kabbale : Kabbale théosophique et kabbale magique - Le Sepher Jetzira - L’étymologie kabbalistique - Une pensée et une œuvre riche d’enseignements - Conclusion : Portrait de Johann Friedrich Von Meyer - Notices d’Antoine Faivre et de Jacques Fabry - |
john locke
& la raison raisonnable |
S.
GOYARD – FABRE |
Edition
VRIN |
1986 |
||
En 1683, Locke estima préférable de se retirer en Hollande, bien
que l'on ne sache pas exactement si c'était sa santé physique ou sa santé
politique qui l'exigeait. En 1688, il revint en Angleterre en partisan du
nouveau régime, et Guillaume d'Orange souhaita même lui offrir le poste
d'ambassadeur auprès de l'Electeur de Brandebourg, honneur qu'il refusa.
Néanmoins, il fut nommé à d'autres fonctions publiques puisqu'il exerça les
charges de commissaire d'appel et de membre du nouveau Conseil du commerce
(Conseil of Trade). Mais si les années 1690 furent importantes, c'est moins
parce que Locke y participa à la vie politique que parce qu'il lui fut
désormais possible de publier ses principaux ouvrages, certains en chantier
depuis de nombreuses années. On citera les Lettres sur la tolérance
(1689), l'Essai philosophique concernant l'entendement humain (1690),
les Deux traités sur le gouvernement (1690) et l'ouvrage sur lequel
repose essentiellement sa réputation de pédagogue, Quelques pensées sur
l'éducation, publié pour la première fois en 1693 (dénommé Pensées
ci-après).
|
JOSEPH DE MAISTRE – PROPHÈTE DU CHRISTIANISME TRANSCENDANT |
Présenté par Jean-Marc Vivenza |
Edition Signatura |
2015 |
||
La Révolution française commençait à remuer le monde. En 1793 l’invasion de nos armées en Savoie le força de se retirer en Piémont. De Maistre fut fidèle à son roi fugitif. Il le suivit en Sardaigne. Ce fut un asile protégé par les mers. Il y fut nommé régent de la grande-chancellerie. Pendant
cette première période de la révolution de France, de Maistre, dont l’esprit
s’était déjà fortifié à la rude épreuve des calamités et des douleurs publiques,
publia plusieurs écrits politiques. Le plus remarquable (1796) est celui qui
a pour titre Considérations sur la France, ouvrage où le génie du philosophe
et du publiciste jeta soudainement toutes ses clartés. À cette époque il
n’avait pas encore vu la France. Il ne la connaissait que par le fracas de
ses ébranlements, et pourtant il la jugeait comme s’il avait vécu dans
l’intimité de ses factions; il lui pronostiquait la fin de ses ravages, et
osait lui montrer dans l’avenir la restauration du trône, dont les débris
servaient de jouet à mille tyrans. |
JOSEPH
DE MAISTRE. QUI SUIS–JE ? |
J.M
VIVENZA |
Edition
PARDES |
2003 |
Joseph
de Maistre est marqué par le caractère profondément déchu de la créature,
« l’homme entier, affirme-t-il, n’est qu’une maladie » (Soirée, IIe
Entretien). Cependant, cette noire vision est compensée, équilibrée, par une
quête ardente et immense de « l’Unité » perdue, c’est là
tout le sens de la perspective doctrinale maistrienne. Cette quête ne peut toutefois se concevoir,
du moins avec la spécifique vigueur que lui conféra Maistre, si elle n’est
pas préalablement fondée sur une conscience aiguë de la rupture originelle,
de la fracture primitive ayant plongé l’homme dans cette »vallée »
de larmes et de déréliction où, depuis lors, il erre en pleurs dans les
ténèbres et l’obscurité, en espérant contre toute espérance trouver un chemin
de retour, une voie assurée vers la « Réintégration » qui le
délivrera enfin et pour toujours de son sac de chair, de son pesant fardeau le
rivant tragiquement à la matière. Toute l’œuvre de Maistre est situé au
centre de cette dramatique tension, sa doctrine n’étant que l’expression
achevée, certes brillante mais néanmoins extrêmement lucide et rigoureuse, de
cet état de corruption résultant d’une dégradation qui, plus que tout autre,
est la condition véritable de l’humanité actuelle. On sait que, lorsqu’on aborde la pensée de
Joseph de Maistre, deux points de vue s’expriment le plus souvent. Pour les
uns, nous sommes en présence d’une fin politique, habité par une seule idée,
celle d’œuvrer à la restauration des structures traditionnelles de l’édifice
politique européen. Pour les autres, Maistre est un « mystique »,
ou plus exactement un « illuminé », influencé par ses
attaches maçonniques et théosophiques, en attente d’un
« avènement » ou d’une imprévisible parousie. En réalité, la
question ne se pose absolument pas de cette manière, et ceci pour la simple
raison qu’ordre temporel et spirituel, sont, chez Maistre, intrinsèquement
liés. Le Ciel, pour lui, se manifeste en intervenant directement dans le
cours des choses et, réciproquement, rien de ce qui existe ici-bas ne
subsiste sans posséder de puissantes attaches dans l’invisible. Ordre
temporel et ordre spirituel ne s’opposent donc pas, ils sont profondément
imbriqués l’un dans l’autre. De la sorte, la pensée de Maistre ne peut et,
surtout, ne doit pas, être fragmentée ; elle s’appuie incontestablement
sur les bases doctrinales de l’illuminisme maçonnique, source aisément
décelable dans ses divers écrits, mais s’exprime toujours par un souci
constant de l’exemple concret. Vérité immédiate et Vérité «éternelle forment
donc une totalité qu’il importe de déceler sous le voile qui, depuis la
« Chute », nous plonge dans une tragique cécité. Ce fut là
ce que servit de fil conducteur à Maistre tout au long de son existence, ce
fut là également le principal souci qui l’anima dans l’écriture de ses
ouvrages qui possèdent, encore de nos jours, la rare vertu de plonger le
lecteur dans de profondes interrogations métaphysiques. A ce sujet, nous devons reconnaître que c’est
sans aucun doute Mgr Antonio De Angelis, de
l’Université de Teramo, qui a résumé le plus justement l’impérative exigence
qui doit s’imposer à ceux qui désirent sérieusement approcher l’œuvre de
Joseph de Maistre : « Il convient de s’engager, dit-il
sans réserves, dans l’étude critique de la naissance de la pensée maistrienne, avec une particulière référence non
seulement au contexte historique, familial, social de son temps, mais surtout
aux doctrines illuminées des diverses « confrérie »
maçonniques. » Ces lignes, auxquelles nous souscrivons
entièrement, nous expliquent en réalité pourquoi se dégage toujours comme une
nette impression d’extériorité dans la plupart des textes des commentateurs
de Maistre, et ce, même chez les plus avisés d’entre eux ; il leur
manque en réalité cette intimité avec les sources qui fait que leurs analyses
semblent le plus souvent incapables de pénétrer réellement au cœur du système
maistrien. En effet, aucune compréhension véritable de
la vision de Joseph de Maistre sur le monde, l’histoire et la religion, ne
peut s’effectuer sans une connaissance des enjeux doctrinaux de la maçonnerie
spiritualiste en France et en Europe du XVIIIe siècle. Il pourra bien
évidemment paraître surprenant, pour certains, que ce partisan déclaré du
trône et de l’autel, ce catholique intransigeant ardent avocat de
l’infaillibilité pontificale, ultramontain fervent, défenseur convaincu de la
monarchie de droit divin, ait été également et au même titre, un franc-maçon
initié aux plus hauts degrés de son Ordre, un lecteur assidu des auteurs
ésotériques, un admirateur déclaré des écrits de Louis-Claude de
Saint-Martin, dit le « Philosophe Inconnu », avec lequel il
entretiendra, à plusieurs reprises, des relations non seulement épistolaires,
mais aussi directes, puisqu’il lui offrira de séjourner en 1787 chez lui à
Chambéry, non sans l’avoir préalablement rencontré à Lyon par l’intermédiaire
de Jean-Baptiste Willermoz, par ailleurs maître d’œuvre de la réforme de la
« Stricte Observance Templière », réforme qui aboutira, par le
Convent des Gaules en 1778, et le Convent de Wilhelmsbad en 1782, à la
création du « Régime Ecossais Rectifié ». Cet aspect des choses ne doit donc jamais
être oublié lorsqu’on aborde la pensée de l’auteur des Soirées de
Saint-Pétersbourg. Paul Vulliaud, dans son ouvrage « Joseph de Maistre Franc-maçon »,
avait déjà signalé qu’un certain Bernard, qui publia en 1822 une série
intitulée Opuscule théosophiques, qu’il signait du nom d’« Un ami de la
Sagesse et de la Vérité », posa clairement dans ces textes, selon ses
propos, que « la solution de toutes les questions importantes traitées
dans les Soirées se Saint-Pétersbourg, est puisée dans les principes ou les
écrits de M. Saint-Martin ». L’analyse, incontestablement, ne peut
que nous conduire à soutenir cette affirmation, tout nous montrant clairement
que les références de Maistre qui prennent largement leurs racines aussi bien
chez les Pères grecs de l’Eglise, en passant par la théologie médiévale et le
droit d’Ancien Régime, ont été réunis et constituées en un ensemble cohérent
et précis de par un contact étroit entretenu avec les thèmes fondamentaux de
l’illuminisme maçonnique. Il nous faut donc admettre, à l’évidence, que
rien de ce qu’écris Joseph de Maistre ne peut être réellement dissocié de
cette influence spécifique et, plus encore, être compris sans recourir aux
lumières de sa doctrine originale : c’est là la source principale de la
magistrale œuvre maistrienne, c’est là aussi la
véritable clé de son « mystère ». |
JOURDAN -
VIVRE EN SOLITUDE |
Michel Jourdan |
Ed. Le Relié |
2013 |
La plupart des
grands sages ont vécu une partie de leur vie en ermites : la solitude et le
silence les ont éveillés à la réalité essentielle, trame et source de toute
existence. Mais l'expérience érémitique accompagne aussi l'humble cheminement
de simples moines qui se sont retirés loin du monde pour être plus proches de
leur intériorité et de la nature. Michel Jourdan est de ceux-là. Après de
multiples voyages en Orient, il mène depuis plusieurs années en France une
vie d'ermite toute tournée vers l'ascèse, la méditation et la " présence
". Passionnant témoignage de sa propre expérience, son livre se fait
aussi l'écho de tous les précurseurs qui, des déserts d'Egypte aux sommets de
la Chine et du Tibet en passant par les innombrables ermitages d'Occident,
ont manifesté leur foi en l'Absolu et nous expliquent pourquoi ils ont fait
ce choix hors du temps. Poète ou ascète ? Philosophe intemporel ou
donneur de leçons contemporain ? Michel Jourdan poursuit, dans ce
nouveau livre, son œuvre littéraire, qu’il consacre depuis des années à la
compréhension de sa vie monastique et nomade. Si, dans la plupart de ses
précédents ouvrages, il avait choisi de décrire de manière poétique, parfois
en vers, la tranquillité de son esprit solitaire plongé au cœur des paysages
de Corse, des Antilles ou du Népal, il livre cette fois-ci une analyse
philosophique de son choix d’existence. Cette dernière, dénuée de tout, se
trouve à mille lieues de la société contemporaine, plus agitée et connectée
que jamais. L’essai bâtit son argumentation sur les citations de nombreuses
personnalités spirituelles, des Pères du désert aux moines bouddhistes. Il
évolue entre de sévères condamnations énoncées contre une humanité imbue
d’elle-même, et d’humbles hommages rendus aux ermites de tous les pays. Né en
1947 à Marseille, voyageur planétaire après 1968, Michel Jourdan semble, pour
sa retraite d’ermite, avoir élu les terres pyrénéennes, où il vit sans rien,
à l’abri d’une mansarde. Il y goûte la tranquillité de l’âme et la poésie des
gestes quotidiens, ceux du menu jardinage ou des longues marches, sans
toutefois diviniser la nature qu’il contemple. Seule la paix que l’homme
trouve en lui permet d’observer l’instabilité du monde. |
JOURDAN
– LA VIE D’ERMITE |
Michel
Jourdan |
Ed.
Albin Michel |
2013 |
||
En
tout cas, dans ce terme qui signifie paix, silence, repos, il faut faire
attention de ne pas déformer le sens de la traduction. Par exemple, si nous
faisons appel au mot " repos ", il ne s'agit pas d'un
repos qui évoquerait le sommeil. Il n'est pas du tout question de sommeiller,
dans la tradition hésychaste. Nous le verrons un peu plus tard, c'est au
contraire une tradition active et de vigilance. Je ne veux pas faire un cours
d'histoire sur les origines de l'hésychasme, mais je voudrais simplement
rappeler rapidement comment s'est développée l'hésychia. Comment et où
est-elle née? Eh bien, je dirais que nous l'avons reçue, comme nous avons
reçu beaucoup d'autres choses, nous avons reçu l'hésychia de la part
du Christ. Nous pouvons saisir quelle est l'attitude du Christ dans le
Nouveau Testament : un court passage de l’Évangile qui montre l'attitude
du Christ nous fera comprendre ce qu'est l'hésychia. Dans
cet épisode, l'entrée de Jésus dans la synagogue de Nazareth, son pays
d'origine, est évoquée. Il parle et il est mal reçu, mal entendu. La fin du
récit nous dit ceci : " Ils furent tous remplis de colère dans la
synagogue, lorsqu'ils entendirent ces choses, et s'étant levés, ils le
chassèrent de la ville et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur
laquelle leur ville était bâtie, afin de le précipiter en bas. Mais Jésus,
passant au milieu d'eux, s'en alla " (Lc 4, 28-30). La dernière
phrase de ce texte est significative. L'hésychaste, celui qui cherche à vivre
dans la paix du coeur, dans la quiétude, trouve son modèle dans l'attitude du
Christ. lui qui, agressé, contesté, violenté, a pu passer au travers de cette
foule sans rien dire, sans montrer aucune agressivité parce qu'il avait,
évidemment à la perfection, un coeur rempli de paix. Seul son coeur silencieux,
baigné d'hésychia, était la réponse à l'agressivité de l'entourage. À partir de l'étude et de la méditation de la manière
d'être du Christ pendant sa vie, les chrétiens, et surtout les premiers
moines, ont cherché à acquérir cette hésychia, cette paix silencieuse,
cette tranquillité du coeur. Et l'on peut dire que le mouvement monastique,
l'idéal monastique, est totalement lié à la tradition hésychaste. Peut-être
entend-on dire parmi les chrétiens orthodoxes qu'il y a des moines
hésychastes et des moines non hésychastes. Je n'aime pas trop faire cette
différence. Le moine, qui est fondamentalement un chercheur de Dieu, comme
d'autres cherchent de l'or, le moine doit obligatoirement passer par cette
quête de paix, de silence, d'abandon, qui entraînent d'autres vertus, nous le
verrons plus tard. Donc, je ne fais pas de différence entre moines
hésychastes et moines non hésychastes. Je pense qu'ils sont tous
fondamentalement hésychastes. Les premiers moines, les premiers ermites, -
puisque, on le sait, le monachisme est né au IVe siècle lorsque des hommes et
des femmes, dont saint Antoine est le plus célèbre, sont partis dans le
désert pour chercher Dieu. Et nous voyons tout de suite qu'il y a un but à
l'hésychia. Ce but est la découverte de Dieu. Je dirais plutôt,
c'est le désir de rencontrer Dieu. L'hésychaste est un homme de désir, son
coeur est rempli du désir de Dieu, et, à cause de cela, il va chercher
comment pouvoir libérer son coeur de ses passions pour rencontrer son Dieu.
Les premiers moines partent dans le désert, et cela est significatif. Le
désert, nous le savons, c'est le lieu du retrait, le lieu du silence. il est
opposé, d'une certaine manière, à la cité turbulente. Cette solitude, cet
isolement sont voulus et vont être un des terrains de l'hésychaste, du moine,
pour rencontrer Dieu. Nous ne pouvons pas rencontrer Dieu dans l'agitation. Dieu
lui-même, dans certains textes de l'Ancien Testament, nous le dit. Il
explique au prophète Élie : " Je ne suis pas dans la tempête,
je ne suis pas dans les éclairs, je ne suis pas dans le tourbillon du vent
violent, mais je suis dans cette brise légère que tu entends " (cf.
1 Rois 19,11-13). Dieu ne peut être rencontré que dans le silence et il faut
que le moine hésychaste parte dans le désert ou qu'il recherche la solitude
intérieure. Si je parle du moine c'est parce que tout ceci est venu de la
tradition monastique, mais il est bien évident que chacun peut vivre de cette
tradition hésychaste, s'il désire rencontrer Dieu. Un laïc peut être un
hésychaste et certains laïcs ont été canonisés et reconnus saints par
l'Église. À ses débuts, le mouvement monastique a été essentiellement
érémitique et les premiers moines étaient surtout des solitaires. Il y a eu
ensuite une évolution qui s'est faite assez rapidement, privilégiant la vie
en communauté. Cela s'est précisé notamment autour de saint Basile, au lVe siècle, de saint Théodore Studite
au IXe siècle et d'autres. Ils ont organisé le monachisme et proposé des
règles de conduite concernant la manière de vivre ensemble dans cette quête
de Dieu. Ceci a donné naissance aux monastères que nous connaissons et qui
poursuivent cette tradition aujourd'hui. Donc nous voyons deux courants : les ermites qui se
retirent vraiment à l'écart et dans la solitude totale ou presque totale, et
les moines qui vivent en communauté. Les deux ont une recherche identique et
les deux passent par la tradition de l'hésychia, et non seulement par
la méthode. Je suis réticent à utiliser le terme
" méthode " parce qu'il faut faire attention. L'hésychia
ne peut pas être une méthode, au sens de technique, où nous risquons de
la comprendre aujourd'hui, et qui est ambigu. L'homme d'aujourd'hui est comme
perdu, il cherche - mais nous cherchons tous depuis que nous existons sur
cette terre -, il cherche comment se retrouver lui-même. Il oublie que c'est
en se tournant vers celui qui l'a fait, à savoir Dieu, son Créateur, qu'il
pourra se retrouver lui-même. Mais il vit cette recherche dans une telle
agitation, dans un tel désordre, qu'il cherche à expérimenter n'importe quel
moyen pour parvenir à se retrouver. L'hésychia n'est pas une méthode comme il y a une
méthode pour apprendre l'anglais, et comme existent toutes ces méthodes
conduisant nécessairement à un résultat si elles sont bien appliquées. Non,
l'hésychia n’est pas du tout de cet ordre-là. L'hésychia est
une attitude, et ce n'est pas parce que le moine va se retirer dans le
désert, ce n'est pas parce que le moine va fuir le monde, ce n'est pas parce
que le moine va chercher le silence, qu'il va trouver Dieu. La méthode n'est
pas magique. Elle est un support, mais elle nécessite une tension d'amour, un
désir profond de la rencontre avec Dieu, et alors la méthode se mettra en
place au moment qui convient et le moine cherchera à vivre de cette hésychia.
Il va vivre dans le silence, comme je l'ai dit, vivre dans un certain
retrait, et il va prier. Il va utiliser ce que nous appelons la prière du
coeur ou la prière de Jésus. Cette forme de prière est totalement liée à la
tradition hésychaste. Quelle est cette prière? Nous répétons sur un chapelet,
que nous avons toujours à portée de la main, nous répétons :
"Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous pécheurs".
Voilà la formule la plus complète. Elle peut se simplifier en disant simplement
" Seigneur " ou " Jésus ". Les Grecs disent Kyrie eleison,
" Seigneur, aie pitié ". C'est la même chose, c'est la
même formule, plus ou moins développée. Cette prière répétitive, que le moine
utilise, elle non plus n'est pas un moyen qui, au bout de 200 ou 300
répétitions, nous permettrait de rencontrer Dieu. Elle est simplement un cri
d'amour, car lorsque l'on s'aime, on aime à s'appeler par son nom ou par son
prénom. L'amour, nous le savons bien, passe par la parole, mais la parole la
plus dépouillée. Lorsqu'un couple se rencontre et décide de se marier, nous
savons bien que l'effet amoureux leur donne une possibilité de rencontre qui
passe par les mots. Chacun voudrait dire sans cesse à l'autre qu'il l'aime,
mais lorsque nous retrouvons ce couple à la fin de la vie, ils ne disent plus
rien, ils se regardent l'un l'autre. Le simple regard suffit pour manifester
cet amour, qui se vit là dans le silence, dans la paix, dans un coeur
totalement dépouillé de ce qui le gênait au début, probablement à cause de la
passion. Le moine vit cela, à sa manière bien sûr, en transposant
cette expérience. Il faut qu'il se taise, il faut qu'il aille vers le silence
et il faut qu'il répète ce nom d'amour : Jésus. " Seigneur
Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous ": il s'agit d'une
déclaration d'amour. Nous reconnaissons notre Dieu, et nous lui disons :
" Aie pitié de moi ", non pas dans une attitude
misérabiliste où l'on serait comme piétiné par Dieu. Il ne s'agit pas de
cela, en aucun cas. Simplement, nous reconnaissons, dans l'humilité, que nous
ne savons pas aimer. C'est à cause de cela : nous ne savons pas aimer,
mais nous voulons aimer, à cause de cela, que nous disons :
" Aie pitié, aie pitié de nous. Aide-nous à aimer ". Car
si nous voulons être des amants de Dieu, il faut que lui, qui nous a créés et
qui est Amour, nous montre cet Amour, nous en fasse part, et nous accueille
en lui. Il n'a pas d'autre source. Alors le moine hésychaste s'efforce tout
au long de sa vie de prier le Christ, le Christ qui a dit : " Priez
sans cesse " (Cf. Lc 18,1). Nous pourrions lui répondre :
" Mais comment, Seigneur, prier sans cesse ? " Que signifie donc cette invitation à la prière
perpétuelle ? Il ne s'agit pas pour le Christ de nous dire :
" Sans arrêt parlez-moi ", car il a averti :
" Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils
s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter" (Mt
6,7). Vous savez, nous lui parlons beaucoup trop souvent pour lui demander,
demander et encore demander. À certains moments il doit se mettre des cotons
dans les oreilles, en disant : " Qu'il s'arrête, qu'il
s'arrête de me demander toujours quelque chose ! " Il me
semble que le Christ, notre Dieu, quand il nous dit de prier sans cesse, nous
invite à le contempler, à le désirer : c'est cela, la prière. Ce n'est
pas forcément une formulation extérieure. Il faut aussi une formulation
extérieure, mais c'est surtout, et je reviens à ce que je disais au début,
une attitude du coeur : il faut désirer le Seigneur. C'est dans ce désir
que s'installe cette prière perpétuelle. La prière de Jésus, la prière du
coeur que nous utilisons, nous aide à cela car elle est très dépouillée. Elle
devient, il est vrai, une habitude, un appel intérieur auquel il nous faut
répondre. Très souvent, lorsque de jeunes moines viennent dans mon
monastère, ces novices me disent : " Voilà, apprends-moi à
prier ". Ils ne savent pas bien prier, alors je leur donne toujours
un chapelet de prière. D'ailleurs ils le reçoivent, je dirais,
liturgiquement, lors de la prise d'habit et je leur dis : Maintenant
commence cette prière! Comme ce sont de jeunes moines pleins de désir,
d'énergie et de fougue, ils veulent une règle de prière forte, dense, en dire
le plus possible. Alors je les laisse faire et je dis oui. Et puis, quinze
jours ou trois semaines plus tard, ils viennent frapper à la porte de ma
cellule et ils disent : Je n'y arrive pas. Ils n'ont pas compris que ce n'est
pas une méthode. Ils se fatiguent, et cela peut être même dangereux, de
répéter cette invocation obstinément. Cela n'a aucun intérêt sur le plan
spirituel et peut présenter un danger, sur le plan physique même. Ils ne
comprennent pas qu'il faut commencer tout doucement, mais en ayant une
attitude de désir de Dieu. En fait, il faut peut-être tout simplement dire le Nom de
Jésus. Vous savez combien, dans les traditions spirituelles, le Nom a de
l'importance. Voilà, il faut tout simplement dire ce Nom et se couler dedans,
tout doucement, sans désir d'exploit. Il faut que notre prière soit humble si
elle veut être vraie et hésychaste. L'humilité est absolument indispensable.
Il faut que, pas à pas, nous apprenions à être humbles. Il est bien évident
qu'aucun de nous sur cette terre n'est parfaitement humble, aucun. Nous
sommes des apprentis de l'amour et de l'humilité. Et il faut accepter cela,
mais il faut lutter aussi pour acquérir le plus possible cette humilité qui
nous permet alors la vraie rencontre avec Dieu. C'est une des autres
attitudes indispensables au moine hésychaste que de chercher l'humilité, que
de demander l'humilité à son Dieu. Nous aimons beaucoup un saint russe du siècle dernier,
saint Séraphin de Sarov, un homme extrêmement
humble. Un jour il a expliqué à quelqu'un qui était venu le trouver comment
vivre l'hésychia, comment vivre cette quiétude en Dieu. Et il lui a dit cette
phrase : " Si tu as la paix dans ton coeur ",
c'est-à-dire " si tu es hésychaste ", alors tu sauveras
des milliers d'âmes autour de toi ". Que signifie cette phrase? il
faut bien la comprendre. Si saint Séraphin dit : " Si tu as la paix
dans ton coeur, tu sauveras des milliers d'âmes ", c'est parce
qu'il est passé par tout un chemin qui est pour nous un exemple. Il nous a
montré par toute sa vie qu'il fallait être humble, qu'il fallait accepter
d'être petit, de ne pas savoir, de ne pas connaître Dieu, surtout de ne pas
posséder Dieu, de ne pas chercher à le posséder, ce qui serait une erreur
fondamentale. Il faut passer par l'humilité, et saint Séraphin est passé par
là. il faut passer par l'abandon. Qu'est-ce que l'humilité sinon la découverte objective de
ce que nous sommes : pauvres, démunis, non aimants ? Cela peut nous
conduire au désespoir, ce qui n'est pas la bonne vole. Il faut que cette
découverte dans l'humilité nous conduise à la paix. Et la seule voie possible
est l'abandon entre les mains de Dieu. SI je découvre que je suis pauvre, je
ne dois pas me désespérer, je ne dois pas me révolter; ce n'est pas la bonne
solution. Car lorsque je me désespère et me révolte, je fais référence à qui
? À moi, mais pas à mon Créateur ! Mais si je sais voir ma faiblesse
humblement, si je sais ne pas me révolter, si je sais véritablement me
tourner vers Dieu, dans la confiance, en lui disant : " Je suis
petit et pauvre, mais toi, tu peux tout, prends-moi dans le creux de ta main
et guide moi... ", alors cet abandon, qui est la deuxième étape -
humilité, puis abandon - cet abandon va me conduire à la quiétude, à la paix
du coeur, parce que le serai enfin entre les mains du Seul, du Seul qui peut
me donner cette paix, celui qui est l'amour, notre Dieu. Voilà donc par
l'exemple de saint Séraphin de Sarov comment la
tradition hésychaste peut se vivre. |
JOURDAN – MARCHER - MḖDITER |
Michel
Jourdan et Jacques Vigne |
Edition
Albin Michel |
2007 |
Le
docteur Jacques Vigne, psychiatre, vit en Inde où il médite et écrit. Michel
Jourdan se définit comme un ermite voyageur, se retirant dans des îles
lointaines ou des coins de montagne encore préservés. Ensemble, ils ont déjà
écrit Marcher, méditer, dont le succès inattendu prouve que nous sommes
nombreux à vouloir retrouver un sens à nos activités quotidiennes et accéder
à une véritable transformation de l'être. Le présent ouvrage approfondit le
cheminement tracé alors, selon une double parole : " Cheminer dans la
contemplation ", où Michel Jourdan nous fait partager ses réflexions,
lectures et conversations ; et " La contemplation au fil du yoga ",
où Jacques Vigne éduque notre regard à percevoir la nature authentique de
notre réalité. Car il s'agit en fait, à l'aide de tout exercice pratiqué avec
attention, à travers la marche comme par le yoga, de se relier à un état de
clarté primordiale, à ce silence essentiel qui nous fonde. Marcher,
c’est lâcher prise. Méditer, c’est rompre son activité dans son quotidien.
Marcher lentement, c’est remettre en question le sens de sa vie et la façon
dont je marche à travers elle. Méditer, c’est créer en soi une présence
totale à son être essentiel, au monde et au sacré. Marcher sur la terre qui
nous accueille, c’est faire l’expérience du don de soi. Méditer, c’est
prendre le risque de mettre en relation notre être existentiel avec notre
être essentiel. Marcher jusqu’au sommet de la montagne, c’est découvrir la
lumière, c’est aussi faire l’expérience de l’humilité quand, d’en haut, nous
apercevons le paysage infiniment petit, tout en bas. Méditer, c’est trouver
la lumière au plus profond de son être. Marcher, c’est vivre un temps de
passage entre l’aller et le retour. Méditer, c’est faire silence. Méditer et
marcher, c’est mettre en mouvement sa capacité à se » transformer
» en se rafraîchissant, en se lavant la tête, le corps et le cœur.
C’est faire monter le meilleur de soi-même pour le partager dans la rencontre
avec l’autre. Ces deux voies sont liées et l’auteur vous montre leur
cohérence. Marcher et méditer, c’est aussi ce que vous en ferez. Ce livre
vous ouvre une piste pour aller vers vous-même, vers l’autre et vers la vie…
et vous invite à faire le premier pas. |
JULIUS EVOLA – LA MḖTAPHYSIQUE
DU SEXE |
Edition Trédaniel – L’âge d’Homme |
Julius Evola |
1990 |
||
« Que dans toute expérience intense de l'éros un
rythme différent s'établisse, qu'un courant différent investisse et
transporte, ou bien suspende, les facultés ordinaires de l'individu humain,
que se produisent des ouvertures sur un monde autre ̶
c'est ce qu'on a su ou pressenti depuis toujours. (...) Lorsque
nous indiquerons les significations les plus profondes qui se cachent dans
l'amour en général et même dans l'acte brutal qui l'exprime et
l'accomplit ̶ cet acte où « se forme un être multiple et
monstrueux », où l'on dirait qu'homme et femme « cherchent à humilier, à
sacrifier tout ce qu'il y a de beau en eux » (Barbusse), la plupart des
lecteurs, peut-être, ne se reconnaîtra pas dans tout cela et pensera qu'il ne
s'agit là que d'interprétations toutes personnelles, imaginaires et
arbitraires, abstruses et "hermétiques". »
Le
caractère "fluidique", "magique" de l'attraction des
sexes est comme la lettre volée d'Edgar Poe : invisible parce qu'évident.
Evola reprend l'image de la "cristallisation" formulée par Stendhal
: comme les branches des arbres se couvrent de cristaux dans les régions
salines de Salzbourg, le désir de l'amant cristallise autour de l'aimée comme
un halo immatériel, propre à induire chez lui l'émotion pré-requise au « traumatisme
de l'étreinte ». C'est ainsi qu'en toute inconscience, les amants mettent
en œuvre des techniques spirituelles. Dans son Liber de arte amandi, daté du XIIème siècle, le clerc André Le
Chapelain a défini l'amour comme une « agonie due à une méditation extrême
sur une personne de sexe opposé ».
|
JULIUS ÉVOLA
LES DOSSIERS H |
LES DOSSIERS H |
Edition
L’Âge d’Homme |
1997 |
Il
est avec René Guénon, le grand maître de la pensée traditionnelle du XXème
siècle. Sa vie fut entachée par la fréquentation des fascistes de Mussolini
et des propos teintés de racisme. C’est pour cela que les oubliettes lui
furent ouvertes. Aujourd’hui on s’aperçoit que sa pensée moderne, son analyse
et ses prophéties sont d’actualité, son influence intellectuelle et
spirituelle fait autorité. Giulio
(Julius) Evola
était un aristocrate, un artiste dadaïste et un ésotériste d’extrême droite,
né à Rome en 1898 et mort en 1974. Adepte d’un néopaganisme romain, la
« religion italique », sa pensée est construite en réaction à
l’aristocratie catholique dont il est issu, à la tradition chrétienne et au
« monde moderne ». Politiquement, Evola se plaçait dans une optique
antimoderne, aristocratique, inégalitaire et européiste : il était un
réactionnaire radical. Sa critique intransigeante du monde moderne fut conçue
après sa lecture des premiers livres de l’ésotériste réactionnaire français
René Guénon. À l’instar de Guénon, Evola devint une figure importante du
traditionalisme, c’est-à-dire d’un ésotérisme postulant l’existence d’une
« tradition primordiale », de nature supra-humaine
et transcendante. Evola
s’engagea donc, dans un premier temps, dans une voie artistique. Peu avant la
guerre, il se lia avec les futuristes, en particulier avec Marinetti. Comme
eux, il souhaitait la guerre. Il participa donc à la Grande Guerre comme
officier d’artillerie, en qualité d’engagé volontaire. Si la guerre lui
sembla nécessaire, c’est seulement en tant que fait révolutionnaire. Dès la
fin du conflit, ses sympathies allèrent à ce qui restait des empires
centraux. Après la première guerre mondiale, il se rapprocha du dadaïsme. Ses
peintures firent de lui l’un des premiers dadaïstes italiens. Il commença
alors à élaborer sa pensée, fondée sur un supposé réveil de forces
spirituellement aristocratiques, dirigées contre l’hégémonie bourgeoise et
ses valeurs (le matérialisme et l’utilitarisme) qu’il condamna jusqu’à sa
mort. Il fut profondément influencé par la critique nietzschéenne de la
modernité. En ce sens, il s’inscrivit dans le courant pessimiste de la
« Révolution Conservatrice » allemande. Evola
connut, vers 1920-25, une crise intérieure provoquée par le matérialisme des
activités humaines. Il ne retrouva le goût à la vie que grâce à la découverte
de textes hindouistes et bouddhiques. Cette rupture psychologique fit qu’il
se mit à s’intéresser aux questions ésotériques et occultistes. Fort
logiquement, il se rapprocha des milieux ésotériques et francs-maçons
italiens, avant de critiquer violemment la franc-maçonnerie comme agent de la
contre-initiation moderne. Petit à petit, il se rapprocha aussi des milieux
extrémistes de droite, assez présents dans la mouvance ésotérique italienne
de son époque, avec Arturo Réghini et Guido De Giorgio notamment. Ses
contacts avec des membres de la « Révolution Conservatrice »
allemande firent qu’il fut lu en Allemagne dans les années 1930. La parution
en 1934 de son livre Révolte contre le monde moderne lui ouvrit les
portes de l’Allemagne nazie. Evola ne fut jamais national-socialiste même
s’il collabora à des publications officielles nationales-socialistes. En
effet, il participa, pendant la guerre, à une revue européiste financée par
les services de Joachim von Ribbentrop, La Jeune Europe, et entretint
des contacts avec une certaine sphère dirigeante de la SS. En fait, les
relations entre Evola et le national-socialisme sont complexes et plutôt
houleuses. Il critiqua les thèses de Rosenberg et le dévoiement nazi de la
« Tradition nordique ». En outre, il perçut la
« culture » nazie comme une manifestation de l’esprit
petit-bourgeois conservateur qu’il haïssait. Ce mépris fut d’ailleurs
réciproque : il était fiché par les SS en tant qu’aristocrate
réactionnaire. Mais paradoxalement, il fut apprécié par Wiligut,
le fameux supposé « Raspoutine » de Himmler, qui l’invita à faire
des conférences dans les châteaux de l’ordre en 1938 et collabora avec l’Ahnenerbe. Toutefois, il se peut aussi qu’Evola fût un
agent du SD, le service de renseignement et de contre-espionnage de la SS,
mais la question reste à éclaircir : selon Christophe Boutin,
« Evola va travailler pour la SS à trois titres : en tant que
conférencier invité ; en dépouillant, en liaison avec le SD et l’Ahnenerbe, des documents maçonniques à vienne ;
et collaborant directement et pratiquement avec le SD ». Evola se
serait montré « d’autant plus sensible à cette reconnaissance qu’il
reste un auteur marginal dans son propre pays. Cela l’amène à être plus
conciliant à l’égard de la politique national-socialiste. Deux paramètres,
l’un intellectuel, l’autre historique, contribuent par ailleurs à infléchir
son jugement. Au plan intellectuel, Evola voit dans la constitution de la
S.S. les germes d’une nouvelle élite de type aristocratique, capable de
concilier l’esprit spartiate et la discipline prussienne. À terme, cet ordre
d’initié pourrait se substituer au parti de masse pour devenir le noyau
central d’un État organique et non plus totalitaire. » Malgré tout,
favorable au paganisme, il fréquenta des figures importantes des milieux völkisch qui rejoignirent le régime nazi, en
particulier l’archéologue Hermann Wirth, le fondateur de l’Ahnenerbe, dont il diffusa les idées en Italie, et le
raciologue nordiciste Hans F. K. Günther. Mais
Evola s’aperçut rapidement que sa conception du paganisme était très
différente de celles de Wirth et de Günther : le paganisme évolien était une métaphysique, au contraire des völkisch qui le concevaient comme un programme
politique, raciste et nationaliste. Il considéra donc le néo-paganisme
völkisch comme une manifestation de l’antitradition moderne honnie. Néanmoins, il continua de
défendre ultérieurement les thèses de Günther : dans les années
soixante-dix, il le fit en particulier au travers d’un article, publié le 15
août 1970 dans Il Conciliatore. Selon Evola,
Günther soutenait une vision non raciste de la race, une position qui est
loin d’être convaincante. Evola resta
aussi un marginal en Italie fasciste, malgré ce qu’a pu écrire Marie-Anne Matard-Bonucci. En 1930, il écrivit la chose suivante
dans La Torre, un bimensuel cofondé avec Guido De Giorgio, et interdit
par le régime au bout de six mois de publication : Nous ne sommes ni
“fascistes”, ni “antifascistes”. L’“antifascisme” est nul. Mais pour
ennemis irréductibles de toute idéologie plébéienne, de toute idéologie
“nationaliste”, de toute intrigue et esprit de “parti” le fascisme est
trop peu. Nous voudrions un fascisme radical, plus intrépide, un fascisme
vraiment absolu, fait de force pure, inaccessible à tout compromis ». Il
développa son concept de « surfascisme »
dans un ouvrage, Impérialisme païen, paru en 1928, qui jetait les
bases d’un mouvement plus fasciste que le fascisme. Il explicita son « surfascisme » lors de son procès de 1951 :
« J’ai défendu, et je défends, des “idées fascistes”, non en tant
qu’elles étaient “fascistes”, mais dans la mesure où elles reprenaient une
tradition supérieure et antérieure au fascisme, où elles appartenaient à l’héritage
de la conception hiérarchique, aristocratique et traditionnelle de l’État –
conception ayant un caractère universel et qui s’est maintenue en Europe
jusqu’à la Révolution française. En réalité, les positions que j’ai défendues
et que je défends en qu’homme – car je n’ai jamais été inscrit à aucun parti,
pas plus au P.N.F. qu’au M.S.I ne doivent pas être dites “fascistes”, mais
traditionnelles et contre-révolutionnaires. » De fait, il n’accéda à une
sorte de reconnaissance officielle de la part du régime qu’en 1941, peu de
temps avant la crise de celui-ci, lorsque Mussolini approuva publiquement sa Synthèse
de doctrine de la race, pour démarquer ce qui fait la romanité du racisme
biologique nazi. Toujours en 1941, Evola soutint dans son manifeste racialiste
Éléments pour une éducation raciale, l’origine « occidentale et nordico-occidentale » de la civilisation
indo-européenne. Toutefois, selon Marie-Anne Matard-Bonucci,
l’engagement fasciste d’Evola serait à réévaluer. Selon Philippe Baillet l’un
des meilleurs connaisseurs de sa pensée, « Evola n’a jamais été
fasciste ; pourtant, il a reçu l’appui de quelques
unes des personnalités les plus “dures” du régime mussolinien.
Evola est toujours resté un “marginal” du fascisme ; pourtant, jusqu’au
bout, il ne lui a ménagé ni son soutien, ni sa fidélité. Evola n’a
jamais été national-socialiste ; pourtant, il a collaboré à des
publications nationales-socialistes tout à fait officielles et a entretenu
des contacts avec certaines sphères dirigeantes de la S.S. 4) Dans ces
conditions, Pourquoi Evola a-t-il estimé nécessaire d’apporter son soutien,
fût-ce de manière parfois très critique, au régime fasciste et au régime
national-socialiste ? » La question reste en suspend…
Néanmoins, lors du renversement de Mussolini, il le soutint et adhéra
idéologiquement ensuite à la République Sociale Italienne de Saló. Evola fut
blessé à Vienne en 1945, à la toute fin de la guerre. Cette blessure le
paralysa des membres inférieurs le forçant, lui le « guerrier » à
se diriger vers la contemplation. Malgré cette paralysie, Julius Evola réarma
moralement, dès la fin de la guerre, l’extrême droite italienne, avec
notamment un ouvrage, Orientations, paru en 1950. Par la suite, il
fournit des éléments doctrinaux à une partie de l’extrême droite européenne.
Il fit ainsi partie du groupuscule Nation Europa qui édita une revue éponyme,
de tendance nationale-européenne, qui était l’organe le plus représentatif du
néofascisme européen. Nation Europa fut fondé par un ancien officier SS, Arthur
Ehrhardt, auquel s’associèrent de nombreux ex-nazis qui cherchaient à
réorganiser les activités nazies à travers l’Europe. Evola, ainsi que le nazi
Hans Grimm et le fasciste Maurice Bardèche, firent
partie des premiers collaborateurs de cette revue. Il fut même arrêté en 1951
pour avoir impulsé une organisation clandestine, « les faisceaux
d’action révolutionnaire ». Il publia après guerre
deux ouvrages politiques importants : Les Hommes au milieu des ruines
en 1953, et Chevaucher le tigre en 1961. Jusqu’à sa mort, il affina et
radicalisa son discours. Malgré tout,
comme le reconnaît Anthony James Gregor, il est impossible de considérer
Evola comme un fasciste, ni même comme un néofasciste, même s’il eut le
soutien de quelques-unes des personnalités les plus dures du régime
mussolinien. Il doit plutôt être vu comme un réactionnaire radical, un point
de vue reconnu à l’extrême droite. Ses modèles étaient davantage les anciens
ordres de chevalerie, ainsi que les mouvements spiritualo-politiques, en
particulier par la Légion de l’archange Saint Michel, plus connu sous le nom
de la Garde de Fer. Evola vouait en effet une admiration sans faille au chef
de la Garde de Fer roumaine, Corneliu Codreanu, qu’il avait rencontré à la fin
des années 1930 via l’entregent de Mircea Eliade, mais il est vrai qu’il est
difficilement tenable de soutenir le « fascisme » de la Garde de
Fer : certains observateurs consciencieux ont en effet estimé que la
Garde de Fer relèverait plus de la structure religieuse que du mouvement
politique, qu’il s’agirait d’un « nationalisme
spirituel-religieux » selon l’expression de Pierre-André Taguieff, voire d’un « faux fascisme ». Ainsi,
une icône de Saint Michel, le saint préféré de Codreanu, était « veillée
en permanence par une garde d’honneur ». La Garde de Fer était marqué
par le millénarisme orthodoxe : « Dans le fascisme roumain,
l’héroïsme et la camaraderie du front étaient remplacés par le culte d’un
héroïsme “chrétien” associé à la valorisation presque obsessionnelle de la
souffrance, du martyre et de la “mort légionnaire”. » Cependant, la
vision légionnaire de l’engagement a permis à Ernst Nolte d’écrire que la
Garde Fer était le « mouvement fasciste le plus intéressant et le plus
complexe » de l’Europe des années trente. Le débat reste donc ouvert.
Quoiqu’il en soit, Evola était fasciné par le mouvement légionnaire,
ouvertement antisémite, le numéro deux du mouvement, Ion Mota, ayant traduit
en roumain Les Protocoles des Sages de Sion : « Dans un
premier article [sur le mouvement légionnaire], Evola met dans la bouche du
chef de la Garde de Fer une description des valeurs quasi religieuses du
mouvement qui, par sa longueur et sa cohérence, ne rappelle point les moyens
d’expression assez limités et le style rocailleux et laconique du Capitaine.
C’est un discours élaboré qui a été manifestement “travaillé” par Evola et
l’on peut se demander si Eliade lui-même n’est pas intervenu pour détailler à
l’hôte italien la nature “spirituelle” du mouvement légionnaire. » L’ésotérisme
évolien : Après Guénon, Evola
fut l’un des grands représentants de la « Tradition primordiale »,
de la « tradition » avec un « T » majuscule, c’est-à-dire
au sens ésotérique du terme, théorisée par René Guénon au début du XIXe
siècle. Cette « Tradition » a une origine an-historique
et non humaine. En effet, celle-ci est la conséquence d’une Révélation. La
métaphysique évolienne n’est pas selon lui
« la sienne », elle n’exprime nullement sa subjectivité singulière
et l’évolution de celle-ci, au contraire « elle se confond avec “la”
métaphysique, comme mode de réalisation (de soi), auto-réalisation à la fois
contemplative (connaissance des principes) et active (voie héroïque). La
métaphysique que Julius Evola ne prétend qu’exposer, et qu’il définit
volontiers comme un “réalisme transcendant” (réalisme des idées et/ou des
principes supérieurs, de type platonicien), comprend (ou enveloppe) une
philosophie involutionniste de l’histoire fondée
sur l’axiome double que l’histoire est processus de déclin. Cette
métaphysique et cette philosophie de l’histoire peuvent s’identifier à la
pensée de la Tradition ». Le traditionalisme radical d’Evola implique
aussi une métaphysique de la politique, une métapolitique, fondée sur l’idée
de décadence et conceptualisée après la lecture de La Crise du monde
moderne de Guénon. Contrairement
à Guénon qui fut successivement catholique et musulman, Evola ne se raccrocha
pas à une tradition religieuse précise. Il est en quelque sorte un
« traditionaliste sans tradition », adepte d’une forme d’anarchisme
nihiliste. En effet, Evola, à la fin de sa vie, théorisait l’« homme
différencié ». Or, cet « homme différencié » n’est pas
seulement un homme qui peut ne pas croire, c’est aussi un homme qui ne veut
pas croire. La radicalité antimoderne d’Evola apparaît pour la première fois
dans son livre le plus important, traduit en français sous le titre Révolte
contre le monde moderne. Evola y expose sa « métaphysique de
l’histoire » fondée sur la critique et le refus du monde moderne
occidental et sur le postulat de la nature décadente de la modernité. Il fut
influencé par Nietzsche, par Spengler et par Guénon. De ce dernier, il reprit
la théorie traditionnelle et involutive des quatre âges. Chez Evola, cette
radicalité antimoderne se manifeste par une intransigeance métapolitique,
expliquant d’une part son engagement politique au sein de manifestations
modernes (fascisme, national-socialisme) et d’autre part son désengagement
aristocratique (juger et orienter par référence aux principes de la
Tradition). Cette position paradoxale est l’expression du concept évolien de ‘’ l’homme différencié’’, sorte
d’anarque, qui est à la fois dans le monde et hors du monde. Evola est de
fait le théoricien du traditionalisme-révolutionnaire. Le décadentisme
d’Evola était influencé par celui théorisé au XIXe siècle par
Arthur Joseph de Gobineau. À l’instar de Gobineau, Evola était nostalgique
d’un âge d’or, définitivement perdu, de la race nordique. Toutefois, le
système gobinien, s’il est un système décadentiste,
est, contrairement au système évolien, dépourvu
totalement de sotériologie : l’humanité est définitivement condamnée par
le métissage. En effet, Gobineau voyait dans les peuples germaniques les
ancêtres de la noblesse européenne dont il était issu. Une idée qui était
assez partagée à l’époque, on doit bien le reconnaître. Cette thèse fut en
effet élaborée au XVIIIe siècle pour légitimer les pouvoirs
politiques de la noblesse face à l’absolutisme royal. Elle faisait des nobles
les descendants des conquérants Francs. Elle établit aussi un lien entre
hiérarchisation sociale et race. Au XXe siècle, cette idée fut
notamment reprise par Evola, qui en fit l’une de ses références : comme
le comte Gobineau, le baron Evola était obsédé par les notions de décadence
et de dégénérescence. Celles-ci structuraient sa pensée anti-darwinienne. |
JULIUS ḖVOLA -
le chemin du cinabre |
Julius
Évola |
Edition
ARCHÉ |
1983 |
Contemporain
de R. Guénon, il échangea avec lui une correspondance intéressante,
métaphysicien italien, il influença son époque. Il nous parle du
dadaïsme, du mythe païen, du groupe « d’UR », de la tradition, de
l’hermétisme, du graal, de la doctrine de l’éveil, de la race, de la
métaphysique du sexe, de la « voie de la main gauche ». Evola
est de ces auteurs, à vrai dire peu nombreux, qui ont pris soin d’expliquer
leurs intentions, se défiant peut-être des interprétations erronées des
commentateurs leurs héritiers, mais qui ont eu aussi l’honnêteté, en se
relisant, d’apporter à leurs ouvres certains rectificatifs. Le
Chemin du Cinabre
rend compte de cette double démarche. On voit Evola renier les influences
nocives, dans ses premiers ouvrages, des théosophes et anthroposophes,
condamner sa propre exaltation nietzschéenne dans sa vision de la vie, juger
extrémistes ses thèses d’impérialisme païen. Il aurait pu sur sa lancée
revoir certaines autres de ses positions, par exemple, à propos d’une égalité
qu’il soutient, au profit de la première, entre la royauté-action et le
sacerdoce-contemplation, nuancer son jugement sur Jung, son refus de
l’Inconscient et du «séjour des Mères», atténuer son mépris du christianisme,
dont il semble reléguer le fondateur au-dessous des Avâtara. Il
y a chez lui un nationalisme «aryo-romain» affirmé,
un contentement de soi qui rappelle Cicéron, («J’ai dû m’ouvrir la voie
seul»), quelque chose d’indomptable, de hautain, qui exprime adéquatement la
mentalité olympienne dont il se réclame, un volontarisme chevaleresque et
solaire étranger aux débordements dionysiaques, aux mystiques
dégénérescences, à la grâce miséricordieuse. Mais tout cela dissimule une
blessure profonde, celle de vivre solitaire, incompris, au sein d’un univers
ignorant et vulgaire, celui des marchands cyniques et des esclaves
prétentieux; la blessure de conclure à l’inanité des efforts, à l’absence des
disciples: la vertu évolienne a quelque chose de
désespéré… Mais qu’importe à une pensée non-conformiste et provocante d’être
frappée d’ostracisme par les suppôts d’un monde crépusculaire qui n’en sont
pas dignes? Demeurent comme exemple et référence un permanent souci de
ramener toutes choses à leur plus haute origine, d’opérer les ruptures de
niveau qui s’imposent, d’atteindre par ses propres moyens à une liberté
supérieure qui, comme le reste, se mérite. Telle
doit nous apparaître cette œuvre puissante, d’une intransigeante lucidité,
qui très lentement commence à trouver justification, cependant que s’effondre
tout ce qu’elle dénonçait. Tel doit nous apparaître son auteur, ce
«visionnaire foudroyé», dont les cendres reposent à 4200 mètres, au-dessus
des bassesses humaines, dans les glaces du Monte Rosa. |
JULIUS EVOLA - chevaucher le tigre |
Julius
evola |
Edition
Trédaniel |
2002 |
||
Le monde moderne et les hommes de la Tradition -
Fin d’un cycle - Chevaucher le tigre - Le nihilisme
européen, dissolution de la morale - Des précurseurs à la
jeunesse perdue - Nietzsche - Etre soi-même
- La dimension de la transparence - Au-delà des théismes,
des athéistes et des déismes - Invulnérabilité. Apollon et
Dionysos - L’action sans désir - La loi causale
- L’impasse de l’existentialisme - Sartre et la prison sans
vie - Heidegger : la fuite en avant et « être pour la
mort » - Double aspect de l’anonymat -
Destructions et libérations dans le nouveau réalisme - L’idéal
animal - Dissolution de la conscience - La
phénoménologie - Le domaine de l’art de la musique aux
stupéfiants - Musique moderne et jazz - Parenthèse
sur les drogues - La dissolution du domaine social -
L’apoliteia - Mariage et famille
- Les relations entre les sexes - Le problème
spirituel - La deuxième religiosité - La mort et le
droit sur la vie - |
julius Évola
- l’homme et son œuvre |
Adriana
romualdi |
Edition
Trédaniel |
1985 |
L’auteur
nous entraîne sur les pas de ce grand philosophe qu’était Julius Evola Il
nous parle de sa jeunesse, de ses périodes poétiques et philosophiques, de la
doctrine de l’éveil, du livre central d’Evola qui est « révolte contre le
monde moderne », du fascisme, du mythe de la race et des considérations
générales de l’œuvre d’Evola et sur son livre phare « chevaucher le tigre ». Julius
Evola, après avoir publié en 1936 Le Mythe du Sang, une histoire du racialisme depuis l'Antiquité, un examen objectif des
principales théories raciales du XVIIIe siècle à son époque, n'allait pas en
rester là : Synthèse de doctrine de la race, édité en 1941, se veut le
prolongement "à la fois critique et constructif' du Mythe du Sang. Si
l'un et l'autre parurent chez le même éditeur, il est bon de souligner que le
premier est un ouvrage de commande, tandis que l'idée du second vient d'Evola
lui-même. Pour justifier son initiative, il invoque deux raisons majeures,
qui sont liées à la situation du racialisme en
Italie : d'une part, l'intégration officielle de la doctrine de la race
à l'idéologie fasciste, et, d'autre part, l'atomisation du concept de race en
une multitude de doctrines, toutes d'orientation plus on moins biologique,
qui, en prêtant le flanc aux critiques des adversaires, discréditent le racialisme et, donc, le Fascisme, puisque, pour Evola, il
est clair que le racialisme constitue un
"instrument", une "puissance" du Fascisme. D'où
l'impérieuse nécessité d'une formulation "complète et cohérente" de
la doctrine de la race. Il en trouve les principes dans l'enseignement
traditionnel, dont il avait pris connaissance une dizaine d'années plus tôt à
la lecture de l’œuvre de René Guénon. Selon cet enseignement, l'homme est un
être tripartite : corps, âme et esprit, sachant que l'élément corporel
comprend, outre la partie matérielle de l'être humain, l'hérédité et que
l'élément spirituel, loin d'être l'intellect abstrait et analytique des
modernes, constitue ce que Guénon appelle l' "intuition
intellectuelle", principe supra-rationnel de la connaissance
métaphysique. C'est donc, pour ainsi dire, tout naturellement qu'a dû
s'imposer à Evola la doctrine des trois degrés de la race. ... |
JULIUS ÉVOLA. GUIDE
DES CITATIONS. |
A.
DECTOT DE CHRISTEN |
Edition
PARDES |
2007 |
L’œuvre
immense, complexe et étonnamment cohérente que nous a léguée Julius Evola (1898-1974)
se caractérise par le paradoxe suivant, qui en fait toute la valeur et
l’importance : « elle est à la fois intemporelle et d’une
brûlante actualité ». Les principes traditionnels qu’elle expose et sur
lesquels elle est bâtie sont des principes essentiellement métaphysiques et
normatifs. Par
conséquent, bien qu’ils aient été reconnus partout et respectés par tous en
des temps meilleurs, ces principes n’appartiennent pas au courant de
l’histoire, parce qu’ils sont au-delà de l’histoire, et il est donc possible
de s’y référer à n’importe quel moment de l’histoire. Ce
guide des « citations d’Evola », tente de restituer l’essentiel de cette œuvre,
aussi bien de sa partie intemporelle que de celle concernant le monde moderne
et les voies pour le combattre et/ ou s’y soustraire. |
JULIUS ḖVOLA - les hommes au milieu des ruines |
Julius
evola |
Edition
PARDÈS |
2005 |
En
partant des principes du « traditionalisme intégral », Julius Evola trace,
dans ce livre, les lignes essentielles d’une doctrine de l’État et d’une
vision générale de la vie de caractère « révolutionnaire-conservateur » :
révolutionnaire, par sa négation des idéologies et des mythes qui dominent
dans le monde de l’actuelle décadence européenne (démocratie, marxisme,
communisme) ; conservateur, comme reprise, en tous les domaines, de l’idée
aristocratique, hiérarchique et qualitative qui a constitué, dans le passé,
le fondement d’une tradition supérieure de l’Occident.
|
JULIUS ÉVOLA, QUI SUIS-JE ? |
J.P
LIPPI |
Edition
PARDES |
1999 |
||
De son milieu d’origine, rien ou presque,
ainsi que l’affirme son autobiographie spirituelle parue en 1963 et intitulée
Le chemin du Cinabre, ne devait jouer un rôle sur la
formation de la personnalité du jeune Evola : « Je ne peux
rapporter les dispositions dont j’ai parlé à des influences du milieu, ni à
des facteurs héréditaires (au sens courant, biologique). Je dois très peu au milieu, à l’éducation, à
la lignée de mon sang. Dans une large mesure, je me suis trouvé en opposition
tant avec la tradition prédominante en Occident – le christianisme et le
catholicisme – qu’avec la civilisation actuelle, avec le « monde
moderne » démocratique et matérialiste, pour ne pas parler de la
culture et de la mentalité dominantes dans la nation où je suis né, l’Italie,
et enfin, de mon milieu familial. Tout au plus l’influence de tout cela
a-t-elle été indirecte, négative : elle n’a favorisé en moi que de réactions.» |
JULIUS ḖVOLA -
HIÉRARCHIE ET DÉMOCRATIE |
RENÉ
GUÉNON ET JULIUS EVOLA |
ÉDITION
DE L’HOMME LIBRE |
2003 |
L’évolutionnisme
repose totalement sur une impossibilité logique, à savoir qu’il est
impossible que le plus puisse provenir du moins, pas plus que le supérieur ne
le pourrait de l’inférieur. La réponse qu’on peut donner à une telle
interrogation, dans laquelle se résume le sens même du « problème de la
décadence », est que l’unique cause déterminante, dans le processus de
destruction spirituelle, consiste en une « décision
métaphysique » de révolte contre le principe hiérarchique inhérent
à la nature humaine : La
négation de la hiérarchie en soi représente un stade préliminaire à la négation de
la hiérarchie dans l’ordre politique. La démocratie, comme les autres formes
historiques dans lesquelles apparaît l’esprit anti traditionnel, se révèle
une conséquence directe de ce « meurtre de la hiérarchie ». Ceci se
rapporte donc à un complet renversement de l’ordre normal, c'est-à-dire à la
suprématie du nombre, laquelle n’existe que dans le seul monde de la
quantité. Une opposition radicale à la mentalité démocratique ne peut faire
abstraction d’un retour de l’esprit aristocratique, dont la substance «
Olympienne » caractérisait l’authenticité par rapport aux contrefaçons
bourgeoises de l’élitisme. « Ascèse de la puissance » : Telle est la formule
qui exprime les effets de l’esprit aristocratique dans le domaine politique. Je cite : «
…Ainsi se pourrait créer un nouveau groupement dirigeant, anti-intellectuel, ascétique
et héroïque, quasi féodal et barbare dans sa dureté et intransigeant quant à
sa forme, silencieux, clos hermétiquement et impersonnel comme un ordre… »
|
JULIUS EVOLA - la tradition hermÉtique
– les symboles & la doctrine – l’art royal hermÉtique |
Julius
evola |
Editions
TRADITIONNELLES |
2000 |
Dans
cet ouvrage, nous prendrons le terme « tradition hermétique », dans un sens
spécial qui est en grande partie celui le Moyen-Âge et la Renaissance lui ont
donné. Il ne s’agit pas de l’ancien culte égyptien et hellénique d’Hermès, ni
seulement des doctrines des textes alexandrins réunions dans le Corpus
Hermeticum. Au
sens particulier où nous l’envisageons, l’hermétisme a d’étroites relations
avec la tradition alchimique. La tradition hermético-alchimique occidentale
sera l’objet spécial de notre étude qui tend à préciser le sens réel et
l’esprit d’un enseignement secret, de nature à la fois doctrinale, pratique
et opérative qui, avec de grands caractères d’uniformité, s’est transmis des
Grecs à travers les Arabes, avec des textes et des auteurs qui nous conduisent
jusqu’au seuil des temps modernes.
|
JULIUS EVOLA - le yoga tantrique |
Julius
Évola |
Edition Fayard |
1998 |
Issu
des principaux courants spirituels et religieux de l’Inde, le tantrisme, apparu
au 1er millénaire de notre ère, est une synthèse d’enseignements
traditionnels contenus à l’origine dans les Védas, mais plus adaptés à ces
siècles où se développe la grande civilisation indo-aryenne. Sans rejeter
l’ancienne sagesse, les Tantras réagissent contre les spéculations et le
ritualisme vides. À
la voie de la contemplation, ils opposent celle de l’action, de la
réalisation pratique, de l’expérience directe. « Ce qui importe, c’est
d’accomplir des actes surhumains et divins par la force de ses paroles de
puissance (mantra) », dit un texte tantrique. Et un autre : « La
particularité du tantra réside dans le caractère de son sâdhava
(pratique) qui s’accomplit par le réveil des forces dans le corps. » |
JUNG C.G. - DICTIONNAIRE COMPARATIF
– JUNG et la
FRANC-MAÇONNERIE |
Jean-Luc Maxence |
|
2012 |
||
D’évidence grâce à l’éclairage jungien de l’inconscient, une clinique polyphonique ne cesse de s’affirmer quand il s’agit d’explorer et d’orienter l’âme humaine en quête de sens. Sous le signe du maître du Zurich, de nouvelles thérapies se construisent, lèvent et se peaufinent. Chemin
d’individuation et parcours initiatiques apparaissent de plus en plus, ainsi
que des tracés, sur bien des points parallèles. En
France surtout, la Franc-maçonnerie base sa pratique en loge sur le langage
des symboles et leur mise en situation commune, implique une graduelle
transformation de l’être humain. Ainsi, l’apprenti qui, si tout se passe
bien, deviendra un maître participe à cette logique. Quand le profane frappe
à la porte du Temple, ne vient il pas réclamer un
supplément de lumière en vue d’être plus libre et plus heureux ? On
le sait la Maçonnerie étudie de plus en plus la
psychologie des profondeurs et se découvre de multiples
connivences avec cette notion. Celle-ci aide aussi l’individu à mieux se
connaître et s’accepter. Ce dictionnaire comparatif précise toutes les
données prônant un rapprochement judicieux et audacieux entre les apports de
Jung et ceux de l’ordre maçonnique. En
mariant harmonieusement et subtilement l’inspiration jungienne qui tourne
sans cesse autour du processus d’individuation, l’individu en recherche de
l’aventure initiatique maçonnique ou de sa propre problématique
thérapeutique trouvera dans l’un et l’autre des outils et des méthodes
différentes tout en étant les mêmes, qui le conduira à une praxis
inédite. Ce manuel est appelé comme toute invention utile, à être contredit, rectifié et amélioré au fil du temps et de la pratique thérapeutique d’aujourd’hui. La voie comparative complémentaire que nous adoptons est à peine esquissée. C.G. Jung et la Franc-maçonnerie ne peuvent plus, en effet se tourner le dos par crainte ou par homéostasie. C’est en cela que ce dictionnaire cherche à expliquer d’une définition à l’autre, d’un symbole à l’autre. |
jung C.G. est
l’avenir de la franc-maçonnerie |
Jean-Luc
maxence |
Edition
DERVY |
2004 |
Préfacé
par Bruno Etienne, ce livre a le mérite de nous parler avec des mots simples,
des rapports, de la psychanalyse avec la Franc-maçonnerie. Si effectivement
les thèses de JUNG sont proches de l’enseignement maçonnique, l’auteur fait
sortir la psychanalyse de son cabinet médical et la maçonnerie de sa loge
discrète, il essaie de faire cohabiter le tout et tire l’initiation vers le
haut. L'œuvre polyphonique de Carl
Gustav Jung, incitation à une dynamique transcendante de progressive
transformation de soi, prouve qu'un tel cheminement n'est possible que par
l'étude des symboles psychiques de l'homme contemporain. Avec hardiesse l'auteur compare
ce " processus d'individuation " de Jung à la démarche initiatique
qui ne peut se comprendre que par la connaissance intégrée des symboles de
toujours. Rappelant que ni la Franc-maçonnerie ni même Jung n'ont inventé le
symbolisme, l'auteur montre, dans un langage accessible à tous, que le nouvel
ordre de la psychologie analytique et l'ordre maçonnique ont hérité du code
des traditions comme langage universel. Ce livre, relecture de l'œuvre de C.G. Jung à la lumière de
son rapport à la symbolique alchimique et maçonnique, est surtout un étonnant
voyage permettant de comprendre les liens qui unissent la Franc-maçonnerie de
l'avenir et la psychologie des profondeurs. Jean-Luc Maxence avance enfin
l'hypothèse qu'en même temps que Jung fait prendre l'air à la "
psychologie du cabinet médical ", il fait également sortir le
Franc-maçon de sa loge discrète et recommande pour tous la méthode
initiatique. En cela, ose conclure l'auteur, " Jung est l'avenir de la
Franc-maçonnerie ". |
JUNG – CARL GUSTAV JUNG – LA VOIE DES
CONTRAIRES |
Brigitte Boudon |
Edition Ancrages |
2017 |
||
Il
réserve donc ici la désignation d’archétype à "une donnée psychique
encore immédiate", telle qu’elle surgit dans les rêves et les
visions et qui est "beaucoup plus individuelle, plus incompréhensible ou
plus naïve que, par exemple, dans le mythe". Puis, considérant que cette
donnée psychique immédiate est "un contenu inconscient modifié en
devenant conscient et perçu, et cela dans le sens de la conscience
individuelle où il émerge", il finit par établir, dans la note relative
à ce passage qu’« on doit, pour
être exact, distinguer entre "archétype" et "représentation
archétypique". L’archétype en soi est un modèle hypothétique, non
manifeste, comme le "pattern of behaviour"
des biologistes ». Dans
Dialectique du moi et de l’inconscient, Jung parle des archétypes
comme d’images virtuelles : "La forme et la nature du monde dans
lequel l’être naît et grandit sont innées et préfigurées en lui sous forme d’images
virtuelles". Ainsi les parents, la femme, les enfants, la naissance
et la mort sont innés en lui sous forme de disponibilités psychiques
préexistantes, sous forme d’images virtuelles, qui "sont comme le
sédiment de toutes les expériences vécues par la lignée ancestrale ;
elles en sont le résidu structurel, non les expériences elles-mêmes".
"Tant que ces images … ne sont pas meublées de contenus déterminés par
le vécu, il faut les penser comme des cadres vides ; à cause de cela
elles demeurent invisibles et inconscientes. Elles n’acquièrent teneur et par
conséquent influence sur le sujet ... qu’en tombant en concordance avec une
donnée vécue" L’être
en soi des archétypes nous reste donc inconnu, mais leur existence se déduit
de l’expérience des images archétypiques. L’image archétypique "n’est
pas seulement image en soi, mais en même temps aussi dynamisme" Elle a
un caractère numineux, c’est-à-dire un pouvoir de fascination (ibid.), le
"pouvoir de saisir et d’émouvoir l’individu" On pourrait définir
l’archétype comme un esprit ou un sens inhérent à l’instinct, et qui se
manifeste, selon l’attitude du conscient humain, soit comme instinct, soit
comme esprit (ce qu’il faut entendre non comme intellect, mais comme facteur
spirituel) |
JUNG CARL GUSTAV
–
ANIMUS ANIMA |
Emma
Jung |
Ed.
La fontaine de pierre |
2017 |
Les recherches de C.G. Jung ont
mis en évidence l'existence d'images ou de figures caractéristiques qui
émergent en tout temps et en tout lieu, rappelle Emma Jung dans son
introduction : le héros, le monstre, le magicien, la sorcière, l'enfant, etc.
Jung nomme ces figures des « images primordiales ou archétypes », car ce sont
des représentations tout à fait universelles et intemporelles. « Parmi ces
archétypes, dit-elle, il en est surtout deux auxquels on accorde une
importance particulière, car ils font partie de la personnalité tout en
prenant racine dans l'inconscient collectif ; ils forment une sorte de lien
ou de passerelle entre le personnel et l'impersonnel, entre le conscient et
l'inconscient. Jung a nommé ces deux figures - l'une masculine et l'autre
féminine - l'animus et l'anima. » L'animus est la composante masculine de
l'inconscient de la femme, et l'anima la composante féminine de l'inconscient
de l'homme. À l'aide de contes et de légendes, grâce aussi à son propre vécu
de femme, à son expérience d'analyste, l'auteure entre dans les subtilités de
la relation entre l'homme et la femme ; et elle montre que cette relation
dépend aussi du lien qui se crée, à l'intérieur de soi, entre le masculin et
le féminin. Sous la plume d'Emma Jung, la rencontre avec l'animus (pour une
femme) et avec l'anima (pour un homme) semble être un processus naturel. Dans ma manière un
peu "impressionniste", par nombreuses petites touches, je comptais
aborder l'"anima" et l'"animus" junguiens après d'autres
thèmes tels que l'"ombre" ou les «fonctions". Cela aurait pu
aider à la compréhension d'un sujet d'apparence facile mais en réalité très
complexe. Mais, depuis que je me promène sur les blogs, je vois que parler de
l'anima et de l'animus pourrait apporter certaines réponses à ceux qui
s'interrogent sur leurs motivations et leurs comportements. Quand on rencontre
dans les textes de C.G.Jung, en particulier ses
interprétations de rêves, les termes anima et animus, une explication très
simple peut leur être donnée : s'il s'agit d'un homme, l'anima est une
personnification des tendances féminines de sa psyché ; s'il s'agit d'une
femme, l'animus est une personnification de ses tendances masculines. Anima
et animus sont des facteurs de relation entre l'inconscient et le Moi et
entre les pôles opposés masculin-féminin ce qui, dans le cadre d'une sorte
d'"érotique" junguienne, trace une voie allant du biologique le
plus élémentaire à la complexité des rapports entre Eros (amour, relation) et
Logos (organisation logique de la pensée et du langage). L'anima (ce que je
dis de l'anima est aussi valable pour l'animus) est ainsi nommée par Jung
parce qu'elle émane d'une image intérieure, une image dans l'"âme",
différente de la persona qui est une image extérieure. Jung, dans Les racines
de la conscience, donne une explication biologique au fait qu'il y ait chez
l'homme une sorte de résidu de caractères féminins : "L'image du sexe
opposé réside, jusqu'à un certain point, dans chaque sexe, puisque
biologiquement c'est seulement le plus grand nombre de gènes mâles qui fait
pencher la balance dans le choix du sexe masculin. Le nombre moins grand de
gènes féminins parait constituer un caractère féminin qui, cependant, demeure
d'ordinaire inconscient par suite de son infériorité quantitative." C'est sur cette
présence des deux éléments masculin et féminin que Jung fonde son idée de
l'androgynie de l'être humain, une idée enracinée dans le biologique qu'il
prolonge jusqu'au niveau psychique. Mais, comment rendre accessible à
l'expérience, les manifestations de l'archétype du sexe opposé présentes en
nous ? C'est très difficile car ces représentations archétypiques émergent d'un
niveau profond de la totalité psychique. L'ombre, qui fait partie de
l'inconscient personnel est plus visible. Elle est représentée dans les rêves
ou phantasmes par des personnages du même sexe que le rêveur. C'est le côté
refoulé, parce que peu présentable de la "persona". Les
représentations de l'anima et de l'animus sont beaucoup plus difficilement
perçues en tant que telles et concernent le sexe opposé. Non seulement anima
et animus sont très difficiles à discerner mais du fait que ce sont des
"personnalités" de l’inconscient, ils se présentent, dans la vie
courante, toujours projetés sur l'entourage car "tout ce qui est
inconscient est projeté". Le premier réceptacle de l'"image de
l'âme" sera la mère pour le fils et le père, ou un substitut, pour la
fille. Une véritable infirmité psychique peut se rencontrer quand l'anima est
"en jachère" ce qui signifie qu'aucune relation n'a été établie ou
que la relation a été complètement rompue ou occultée. Jung a longtemps
observé les manifestations de l'anima et s'il a décidé d'employer ce terme
c'est parce que l'expression "âme" lui semblait trop générale et
trop vague pour désigner une «réalité spécifique". Il écrit (Dialectique
du moi et de l'inconscient) : "L'élément empirique compris sous le
concept d'anima est un contenu extrêmement dramatique de l'inconscient ; si
on peut le décrire en langage rationnel, scientifique, on ne parvient pas, et
de loin, à en exprimer la nature vivante." C'est pour cette
raison qu'il a choisi une vision et un mode d'expression mythologique pour
parler de l'anima. cela lui semblait plus expressif et plus exact qu'un
langage scientifique abstrait. La notion d'animus est apparue plus tard chez
Jung. Il lui a semblé qu'il devait exister chez la femme un équivalent de la
représentation archétypique masculine. Il ne s'agit cependant pas d'une
déduction abstraite car des expériences "nombreuses et minutieuses"
lui ont été nécessaires pour mettre en évidence la nature de cet animus. Biographie
de l'auteur : Emma Jung-Rauschenbach
(1882-1955), la femme de C.G. Jung, a su partager sa vie entre sa famille
(cinq enfants sont nés de leur union) et son travail. Très vite elle s’est
trouvée associée aux recherches de Jung, à ses activités. Elle devint
analyste, puis, quand l’institut C.G. Jung de Zurich s’est créé, elle y donna
de nombreux cours et en fut la vice-présidente jusqu’à sa mort. |
JUNG CARL GUSTAV – MA VIE, SOUVENIRS, RÊVES ET
PENSḖES |
Carl
Gustav Jung – Traduction Aniéla
Jaffé |
Edition Galimard |
1991 |
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JUNG ANIMISTE ? PSYCHḖ
ET NATURE |
Antoine Fratini |
Ed. Entrelacs |
2016 |
Parmi les pères de la
psychanalyse, C.G. Jung fut le seul à faire pont entre les traditions et une
démarche clinique moderne. Antoine Fratini,
psychanalyste, anime un blog sur le psycho-animisme et explore les alliances
possibles entre animisme et psychanalyse. Considérant l’animisme, entendu
selon Edward Burnett Tylor comme « une conception du monde basée sur la
croyance en l’existence d’un principe vital animant toute chose », telle la
matrice des systèmes religieux et traditionnels, Antoine Fratini,
dans les pas de Jung, réinvestit le monde perçu. « L’approche psycho
animiste précise-t-il, se fonde sur certains principes fondateurs. Le premier
affirme que l’inconscient fonctionne selon des modalités proprement
animistes. Le second soutient que les deux mécanismes inconscients
primordiaux isolés par la psychanalyse, la projection et l’identification, ne
représentent pas des accidents liés aux stades de développement psycho-sexuel
ou à certaines situations particulières de l’existence, mais de véritables
capacités de se mettre en lien avec le Soi profond et avec le monde. » Nous voyons tout
l’intérêt de cette démarche qui écarte les poncifs freudiens réducteurs qui
ont tant nuit à une véritable exploration de la psyché telle que les courants
traditionnels le proposent depuis l’Antiquité. Antoine Fratini
introduit deux concepts pertinents, ceux d’inconscient animiste et de
participation animiste. « Le premier, dit-il, se rapporte à la nature la plus
profonde, originelle, de l’inconscient comme sédimentation culturelle,
au-delà duquel il est possible d’avancer uniquement par des raisonnements
spéculatifs. Ce que l’on constate en observant l’humanité ce sont des
comportements et des formes de pensées qui renvoient directement et
clairement à l’animisme, tandis que la notion d’archétype, par ailleurs
extrêmement importante tant en psychanalyse qu’en anthropologie et
sociologie, naît par inférence, de la comparaison de mythologèmes
(structures symboliques sous-jacentes aux mythes). Le second concept définit
un type particulier d’attitude psychologique basé sur l’intime
interpénétration réalisée entre les mondes intérieurs et extérieur, attitude
particulièrement stimulée par le rapport étroit et constant avec
l’environnement naturel. » L’ouvrage est
composé de deux parties. Dans la première partie, Théorie et pratique de
la psychanalyse animiste, l’auteur développe le modèle théorique psycho
animiste en l’illustrant par des vignettes cliniques. La seconde partie traite
des relations entre psycho animisme et écologie. En effet, comment explorer
l’intimité entre la psyché et la nature sans aborder la question de
l’écologie, individuelle, locale, planétaire. Il s’agit de renouveler ou
restaurer, totalement ou partiellement, une ancienne alliance, peut-être
originelle. « Il faut bien
comprendre conclut Antoine Fratini, que l’homme des
origines n’a pas trouvé dans la nature uniquement de quoi assouvir ses
exigences de survie. Il y a également découvert la source intarissable de son
énergie spirituelle, c’est-à-dire de son inconscient le plus profond. Ainsi,
la figure de l’animal sauvage devrait être, à mon avis, interprétée
préférentiellement, non pas comme représentation d’une quantité de libido ou
d’une partie inférieure de la personnalité, mais plutôt comme le symbole
d’une partie inconsciente intimement ancrée dans la nature et renvoyant à des
capacités supérieures qui nous demeurent encore et grande partie
mystérieuses. Il paraît même souhaitable de s’interroger sur la véritable
possibilité d’une quelconque réalisation du Soi en l’absence d’un rapport
intense et approfondit avec la nature. Pour la culture animiste comme pour
Jung, c’est donc avant tout par une imagination de la nature que la
conscience peut se mettre en relation avec l’inconscient. » Toute réalisation
du Soi, ou Eveil, peu importe le mot utilisé, ne saurait en effet tolérer une
exclusion quelconque, l’expérience est totalement inclusive et intègre de
manière privilégiée la nature. Quelle place occupe
votre "ressenti personnel" dans votre vie quotidienne ? La
perception intervient-elle chez vous avant la fonction mentale, ou bien
est-ce l’inverse ? L’une des caractéristiques de notre civilisation, c’est
qu’elle a placé sur un piédestal la fonction du "penser" au
détriment de toutes les autres, notamment les perceptions. Sous couvert de se
draper des clinquant oripeaux de la "rationalité" et du "je
pense donc je suis", ce mental s’est trouvé choyé, invité à grossir de
plus en plus au point de s’autoalimenter quitte à devenir incontrôlable.
Cette boursouflure que nombre d’entre nous refusons de constater, porte
toutes les caractéristiques d’une tumeur maligne. Certes, elle est
invisible et relativement indolore, mais elle nous écarte de toute simplicité
et authenticité. Du "Principe" dirait un métaphysicien, dans son
système d’expression directement issu de son cerveau gauche. Le monde de
l’homme moderne est un monde abstrait, technique, dénué de tout ressenti, et
où l’observation est devenue une option inutile…. Jung a assez peu écrit sur "l’animisme", cette
matrice qui a enfanté nombre de religions qui lui sont ultérieures. Pour
certains psychiatres, l’inconscient universel/collectif réside dans la
Nature, dans ses lieux les plus magiques, dans ses entités aux pouvoirs
irrationnels. La Nature remplit, depuis la nuit des temps, la fonction de
contenant de l’inconscient et de ses archétypes. Un "lieu" que les
médecins -men, ou chamans, ont l’habitude de fréquenter… Antoine Fratini, essaie d’effectuer ce "retour aux
sources" et décrypter les enseignements de Dame Nature ? Chemin faisant,
vous comprendrez que notre vraie intelligence devrait plutôt nous servir à
objectiver cette Nature : au lieu d’y plaquer des considérations
anthropocentriques, nous devrions plutôt en extraire ses grands principes
universels. Des principes qui embrasseraient d’ailleurs tout aussi bien les
autres règnes : animaux, végétaux que minéraux… |
jung
C.G. et la question du sacrÉ |
Ysé TARDAN MASQUELIER |
Edition
Albin Michel |
1998 |
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Avec
grande clarté, elle nous guide jusqu'au cœur de cette oeuvre capitale, plus
que jamais actuelle à l'heure où les religions sont souvent remises en
question en tant qu'institutions au profit d'une relation plus immédiate avec
le divin. A la fin de sa vie, Carl Gustav Jung,
au terme d’une profonde exploration des tréfonds de la psyché humaine
entrevit, avec le physicien et prix Nobel Wolfgang Pauli, qu’il existait un
niveau de « réalité profonde » où conscience et matière ne
faisaient plus qu’un ? Ainsi avait-il établi ce que Christine Hardy, qui a
consacré plusieurs livres sur le grand psychologue dont un récent sur ce
sujet, appelle des prédictions sur l’évolution de l’humanité :
« Jung a prédit pour ce début de siècle un véritable bond dans la conscience
humaine qui sera déclenché par une double harmonisation Masculin-Féminin et
Ciel-Terre. Avec le physicien quantique Pauli, Jung cherchait à rendre compte
de la conscience en tant qu’énergie organisatrice. Ainsi la conscience, en
tant qu’énergie sémantique, infuse tous les niveaux de l’esprit-corps-psyché
et les organise. A l’échelle collective, un véritable réseau pensant se
construit, en co-évolution avec la planète Terre,
et qui progressivement s’harmonise à l’échelle planétaire. » Selon ce qui en est dit sur son ouvrage*,
après vingt ans de recherches en sciences cognitives et en pensée systémique,
Christine Hardy poursuit les découvertes de Jung et s’avance dans les
domaines de la réalité profonde, où aucune théorie – cognitive ou
physique – n’a osé pénétrer. Dans la théorie des champs sémantiques,
toute matière et tout système, jardin ou musée, est une constellation de
sens. Ainsi nous baignons dans un gigantesque champ de conscience planétaire
en création permanente, au sein duquel l’humanité et la Terre co-évoluent.
Nous sommes actuellement à un seuil où l’humanité entière va passer à un
autre rythme, un autre plan de conscience : nous avons déjà enclenché le
processus de métamorphose ! On peut faire le résumé de la
prédiction ainsi : A partir de l’an 2000, et pour un cycle de deux
millénaires se réalise une triple conjonction (ou harmonisation, dans le sens
de mariage mystique) : 1.
Avec la première, le principe féminin, symbolisé par la Sophia (la
sagesse) retrouve sa place dans le monde spirituel et se conjoint au principe
masculin. Alors le principe divin masculin, harmonisé au féminin, s’incarne à
nouveau sur Terre, mais cette fois-ci dans le cœur de chaque être,
accomplissant l’œuvre d’harmonisation intérieure entre la personnalité et le
Soi, le conscient et l’inconscient, le féminin et le masculin en nous. 2. Cette deuxième conjonction verticale
du Moi et du Soi a été le but très difficile à atteindre de tous les chemins
de connaissance dans le cycle passé : c’est le mariage du roi et de la reine
dans l’alchimie, l’état de libération dans les religions orientales, la
réalisation dans le mysticisme, la perte de l’ego et le silence intérieur
chez les shamans amérindiens. Mais, nous prédit Jung, ce cycle verra
l’atteinte de cet état par un grand nombre d’êtres. 3. Enfin, alors que l’Esprit s’incarne
ainsi dans les êtres, par une alchimie de l’énergie du Verbe, il spiritualise
à la fois le corps de la matière, de la Terre, et de l’Humain : c’est
l’avènement du Nouvel Adam. Du fait que les Soi revivifiés communiquent entre
eux, nous entrons donc dans un cycle d’harmonisation collective des
consciences et d’harmonisation avec la planète : nous tissons et créons
ensemble le champ planétaire, nous nous approchons du Point Oméga de Teilhard
de Chardin. C’est le cycle de la réconciliation Homme-Terre. |
JUNG - LA VOIE DE LA TRANSFORMATION, D’APRÈS C.G. JUNG ET L’ALCHIMIE |
ETIENNE PERROT |
EDITION LA FONTAINE DE PIERRE |
2000 |
Ce
livre fondamental constitue une remarquable présentation théorique et
pratique de la voie alchimique restaurée par C.G. Jung. Il comprend
deux parties distinctes qui s’enchaînent harmonieusement. La première est formée de six conférences ayant pour
thèmes les aspects essentiels de l’œuvre de transformation et de réalisation
décrite dans la psychologie des profondeurs de Jung. Ces exposés
introduisent tout naturellement ceux de la
deuxième partie, qui reproduit le contenu du premier séminaire alchimique
public, ouvert à Paris le 16 Octobre 1969. L’auteur y parle le langage direct
de l’alchimie traditionnelle, qui est celui du symbole transformant.
Ces textes, intitulés « La Pierre des
Transmutations », inaugurent l’enseignement de la « Nouvelle Alchimie » dispensée par
Etienne Perrot et recueilli dans ses ouvrages dont la plupart sont publié aux
« Editions La Fontaine de Pierre ». 1e Partie : Le passage au centre ou transformation dans la psychologie des profondeurs, et titre des six conférences : La voie jungienne et le temps présent La voie de connaissance et de transformation intérieure par les songes De la transformation Le passage au centre Le transfert psychologique illustré par l’amitié spirituelle de Madame Guyon et de Fénelon. C.G. Jung, l’alchimie et le sens de l’Homme. 2e Partie : La Pierre des transmutations ou la
transformation dans l’alchimie L’entrée dans la mer des sages ou la rencontre avec l’alchimie Le Yi King premier livre des transmutations La vendange des raisons. L’athanor, fourneau hermétique. Les visions de Zozime L’Arbre merle, l’Ouroboros, le zodiaque et l4homme, les deux ferments Du Feu sacré des sages. Naissance et triomphe de la Pierre Pierre Perrot a traduit et écrits les ouvrages suivants : Les trois pommes d’Or. Yi King, le livre des transformations. L’Atalante fugitive. Le Rosaire des philosophes et de nombreux textes de Carl Gustav Jung et de Marie-Louise von Franz. |
JUNG C.G. LE LIVRE ROUGE de CARL GUSTAV JUNG |
C. G. JUNG |
Edition ICONOCLASTE |
2011 |
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Comme
il l’explique dans son livre rouge, son activité visionnaire ou ses rêves
sont la manifestation de son inconscient, par exemple lorsqu’il décrit ce
vieillard qui lui apparaît d’abord sous la forme du prophète Elie,
puis va se transformer en Philémon. Jung raconte que souvent,
lorsqu’il se promène dans son jardin, Philémon est à coté
de lui. Il n’est pas psychotique, il sait très bien que matériellement
Philémon n’est pas à coté de lui, mais en même
temps il est à ses cotés. C’est comme pour l’anima (dimension féminine de l’homme), il
la comparera à Salomé et l’interrogera sous ce nom au fond de
lui-même. Par ce coté Jung reconnaissait
psychiquement que quelque chose existe qui n’est pas matériel. Dans son livre rouge, Jung, rapporte ses expériences, il y dessine ses visions pour accumuler tout son matériau intérieur et pour pouvoir le travailler à sa façon. Jung voit dans sa démarche une quête mystique et religieuse, Dieu n’est plus à chercher dans le ciel mais dans un cosmos intérieur, il existe une transcendance mais qui est immanente dans notre cœur. Il découvrira ces expériences dans les Upanishads indiennes. Il réfute l’idée de religion –religare (relié à Dieu), il parle de religere, qui est un processus « d’évaluation, d’explication avec » car pour lui le religieux est de l’ordre du rationnel, non pas selon les lois de la logique mais selon les procédés d’évaluation. Jung
est
très proche de la pensée indienne, est-ce que le monde à
été construit par une volonté bonne ? Est ce
que l’humain n’est pas en permanence dans l’ignorance ? N’est il pas mené tout le temps par les puissances de
l’Ego ? Ce qui mène inéluctablement à des résultats catastrophiques. Son
livre s’arrête en 1930, c’est à ce moment là qu’il
se lance véritablement dans la quête et dans l’essai de compréhension de
l’Alchimie. Alchimie qu’il prendra comme une sorte de grand théâtre de
l’inconscient avec cette transformation intérieure menant à la divinité.
C’est ce qu’il dit dans son livre Mysterium « Ce que j’appelle inconscient collectif, c’est ce que
les Anciens appelaient l’âme du monde ». Une
des grandes qualités de Jung est qu’il doute de ceux qui disent détenir la
vérité. Il disait « J’ai fréquenté
beaucoup de milieux d’ésotéristes et ce qui me gène,
c’est qu’ils ont toujours la vérité » Pour lui le problème
n’est pas de savoir si c’est la vérité, mais de savoir comment est-ce que ça
travaille en moi, si j’ai des relations avec Dieu et est-ce que ce Dieu est
vivant ? Comment est-ce que je peux recevoir une volonté qui me dépasse
et la retranscrire dans ma vie ? Dès 1930 il parle de l’individuation, c'est-à-dire de trouver
cette relation avec « le divin en moi ». Pour lui le vrai problème
est le Soi en tant que présence qui nous dépasse. Une somptueuse calligraphie et des dessins merveilleux, tout cela de la main de Jung, en font un livre remarquable. |
JUNG CARL GUSTAV - LA
SYNCHRONICITḖ : L’ÂME ET LA SCIENCE |
Divers auteurs |
Ed. Albin Michel |
1995 |
Théorie
des événements porteurs de sens et conception d'un ordre sous-jacent de
l'Univers qui échapperait aux lois physiques de la causalité, la
synchronicité représente l'une des hypothèses les plus audacieuses de C. G.
Jung, tant par la définition de l'inconscient qu'elle induit que par les
liens qu'elle crée entre les différentes disciplines scientifiques. Visions,
clairvoyance, phénomènes de coincidence - faits
auxquels Jung fut confronté dans son expérience clinique - sont des notions
dont il tente de rendre raison en les inscrivant dans un ordre universel a-causal, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives qui
permettent de confronter ses travaux aux interrogations et aux formulations
les plus récentes de l'activité scientifique. C'est donc cette recherche sur
l'organisation du monde et sur la réalité de l'âme que les co-auteurs de cet
ouvrage : Hubert Reeves, Michel Cazenave, Pierre Solié,
Karl Pribram, Hansueli Etter et Marie-Louise von Franz, ont ici poursuivi avec
des points de vue multidisciplinaires et une totale liberté de pensée. L’exemple classique présenté par le père du concept de
synchronicité (1946), Carl Gustav Jung, est celui d’une patiente ayant
tendance à trop rationaliser ce qui lui arrive, rendant ainsi son analyse
inefficace. Un jour elle raconte un rêve à Jung dans lequel elle reçoit un
scarabée d’or. Au même moment, elle entend un bruit à la fenêtre et Jung va
l'ouvrir puis saisit l'insecte qui s'y trouve et le montre à sa patiente: «
Le voilà votre scarabée » dit-il, attrapant l’insecte qui vient de se cogner
contre la vitre. Le choc ressenti par elle à cette vue eu alors pour effet de
générer chez elle un déblocage mental qui aida grandement à la poursuite de
sa thérapie. Ce ne sont cependant pas ces évènements plus ou moins
imputables au hasard et relativement subjectifs qui justifient à nos yeux la
nécessité de rechercher une théorie physique de la synchronicité. Ce sont des
évènements encore plus puissants dans leur improbabilité et dans leurs
conséquences, par exemple des cascades de coïncidences significatives qui
changent une vie profondément, que différents auteurs ont relaté dans de
nombreux ouvrages et qu'il serait trop long de résumer ici. L'un des aspects
du caractère le plus intriguant des synchronicités est qu'il semble aujourd'hui
de plus en plus admis qu'il soit possible de les provoquer, ce qui en ferait
ainsi un phénomène reproductible qui ouvre la porte à une possible approche
scientifique et expérimentale. Il semblerait toutefois que les synchronicités les plus
improbables tendent à se produire dans certaines circonstances particulières
de la vie où une transformation à la fois psychique et matérielle est à
l'oeuvre, cette situation instable pouvant conduire le sujet à changer
radicalement sa vie. La synchronicité semble alors jouer un rôle de guidage
dans ce processus de changement. Au contraire, les personnes ayant une vie
bien réglée par des habitudes ont très peu de chances d'en vivre. C'est
pourquoi il s'agit d'un phénomène difficile à contrôler et qui se prète mal à une investigation rationnelle. La pensée rationnelle dominante ne sait d'ailleurs y
répondre qu'en invoquant le hasard ou la subjectivité de l'observateur, mais
cela n'explique pas la caractéristique essentielle de ces phénomènes qui
provient moins de leur subjectivité que de leur forte improbabilité. Le fait
de mettre systématiquement cette improbabilité sur le compte du hasard
lui-même en prétendant qu'il n'y a aucune autre explication à rechercher
provient au mieux d'une méconnaissance des lois de la statistique, au pire
d'une foi aveugle dans le caractère abouti d'une science qui reposerait
exclusivement sur la causalité. Bien qu'il soit juste et sain d'invoquer en
première hypothèse le hasard face à de tels phénomènes, il devient
obscurantiste de maintenir envers et contre tout cette hypothèse en présence
de cas où elle ne résiste pas au calcul des probabilités. Depuis des décennies, de nombreux auteurs ont cherché à trouver
d'autres explications et ont proposé différentes théories alternatives au
hasard. Elles s'interessent toutes à la
compréhension de l'ordre sous-jacent au réel qui semble présider à ces
manifestations: 1 / Théorie de l'Acausalité :
Carl Gustav Jung a étudié le
phénomène de synchronicité conjointement avec le physicien Wolfgang Pauli,
l'un des pères de la physique quantique qui a reçu le prix Nobel en 1945 pour
la découverte du "principe d'exclusion de Pauli", un principe
fondamentalement acausal. L'acausalité étant un
concept émergeant de la mécanique quantique, la collaboration entre Jung et
Pauli les a conduit a rattacher ce phénomène à un
"synchronisme acausal " dans lequel les deux événements sont liés
par un principe de correspondance dénué de causes. Autrement dit l'Acausalité est l'absence de lien causal entre deux
événements corrélés. Pauli a ainsi eu une participation décisive pour la
préparation finale de la théorie de l'inconscient collectif de Jung (Théorie
de l'Unus Mundus) dans laquelle il introduit la
notion d'archétype comme provenant de la tendance humaine à utiliser une même
« forme de représentation psychique donnée a priori ». L'archétype peut ainsi
être considéré comme une "forme pensée" qui existe déjà dans un
collectif humain et qui est même un principe fondateur de sa tradition. Si
l'on essaie de se rapprocher de la physique on pourrait dire que l'archétype
agit en tant qu'attracteur de toute autre "forme pensée" qui s'en
rapproche. L'Acausalité peut alors se concevoir
comme recouvrant le mécanisme encore inconnu qui tend à synchroniser des
évènements reliés par le sens (similarité archétypale) et non par la cause. Ce n'est qu'en 1992 qu'a été publiée la correspondance
entre Jung et Pauli. Il s’agit surtout de discussions entre eux sur la
relation entre la psyché et la matière, où l'on découvre qu'ils sont parvenus
avec un accord remarquable à la supposition de l’existence d’un seul monde
dans lequel la psyché et la matière seraient une seule et même chose. Nous
verrons que cette absence de distinction entre matière et psyché, somme toute
très objective dans une vision matérialiste, a des implications fortes sur
une théorie de la synchronicité qui centre son approche sur le temps. 2/ Théorie de l'Ordre Implicite de David Bohm: La théorie de l'Ordre Implicite (ou encore implié, caché...) suppose que le comportement des
particules élémentaires est à tout instant déterminé par une description d'un
ordre supérieur, non observable dans notre espace temps
ordinaire à 4 dimensions. En ce sens elle rejoint la théorie des cordes qui
fait appel à des dimensions supplémentaires de l'espace, qualifiées de
dimensions invisibles, car extrèmement petites ou
encore repliées sur elles-mêmes. Le
problème de cette hypothèse est qu'elle est à priori en contradiction avec
les conclusions de la mécanique quantique, vérifiées depuis 1982 par
l'expérience d'Alain Aspect, suivie de bien d'autres, selon lesquelles il ne
peut exister de variables cachées qui détermineraient le comportement
apparemment aléatoire des particules. Cependant, en unifiant la mécanique quantique et la
relativité générale d'Einstein, la théorie des cordes nous propose un modèle
cohérent de l'univers dans lequel il existerait bien un ordre supérieur
caché, qui serait contenu dans des dimensions supplémentaires de l'espace
embobinées dans un espace de Calabi-Yau, décrivant
les propriétés de vibration des cordes et notamment leurs formes
géométriques. Le comportement des particules ne serait donc pas déterminé par
des variables cachées faisant partie de notre espace-temps ordinaire mais par
des informations extérieures à cet espace-temps, qui seraient contenues dans
des dimensions spatiales supplémentaires, au nombre de 7 selon la théorie M. |
JUNG ET LA GNOSE |
Françoise Bonardel |
Edition Pierre- Guillaume . de
Roux |
2017 |
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Je cite Jung : « De 1918 à 1926, je me suis sérieusement plongé
dans l'étude des gnostiques.
je me suis intéressé à eux, car les gnostiques, eux aussi, avaient rencontré,
à leur façon, le monde originel de l'inconscient. Ils s'étaient confrontés
avec ses images et ses contenus qui, manifestement, étaient contaminés par le
monde des instincts. De quelle façon comprenaient-ils ces images ? Cela est
difficile à dire en raison de l'indigence des informations qui nous sont
parvenues à ce propos, d'autant plus que ce qui nous en a été transmis
provient le plus souvent de leurs adversaires, les Pères de l'Eglise. Que les
gnostiques en aient eu une conception psychologique n'est, en aucun cas
probable. De plus, ils étaient trop éloignés dans le temps pour pouvoir
servir de point de départ à ma façon d'envisager les choses. la tradition
entre la gnose et le présent me semblait rompue et, pendant longtemps il ne
me fut pas possible de trouver le pont entre la gnose -ou le
néoplatonisme- et le présent. Ce n'est que lorsque je commençai à comprendre
l'alchimie qu'il m'apparut
qu'elle constitue un lien historique avec la gnose, et qu'ainsi, à travers
l'alchimie, se trouve rétablie la continuité entre le passé et le présent. L'alchimie, comme philosophie de la nature
en honneur au Moyen Age, jette un pont aussi bien vers le passé, la gnose,
que vers l'avenir, la psychologie moderne de l'inconscient." La Gnose
est une mystique qui renvoie à une Connaissance, transcendante et
universelle. A l’instar de l’injonction, devenue célèbre, du temple d’Apollon
(Delphes, VIème siècle av. J.-C.), « Homme, connais-toi
toi-même et tu découvriras l’univers et les Dieux », la Gnose nous invite
à plonger au plus profond de nous, amorcer un dialogue intérieur avec le
tréfonds de notre âme, et par ce processus de descente, entr'apercevoir une
étincelle de Dieu. Etincelle préfigurant l’embrasement d’un feu intérieur,
ardent et durable, nourri par cette Connaissance. Cette Gnose, dont la proximité avec les cultes à mystères
antiques (Eleusis, Mithra…) sont évidents tant sur un plan idéologique
qu'historique, fut par la suite souvent déconsidérée par le christianisme,
voire même, parfois, persécutée. En effet, si cette voie de salut individuel
qui privilégie « la connaissance à
la foi », « le savoir
plutôt que le croire » étanche une soif de liberté, cette liberté
prend les traits d’une menace pour tout clergé autoritaire. « Les gnostiques étaient les premiers psychologues
deux mille ans avant que cette science ne voit le jour ».Carl
Gustav Jung (1875-1961) était
un médecin de l’âme. Il voua sa vie entière à identifier, soigner, les
tourments psychotiques de ses patients. Pourquoi Jung s’est-il donc tant intéressé à la Gnose ? En quoi les mythes et symboles de cette sagesse
pouvaient-ils représenter un quelconque intérêt thérapeutique pour ses patients ?
Ces images, que le temps n’altère pas, portaient
encore, selon Jung, concrètement, le pouvoir de soigner l’homme du XXème
siècle…Françoise Bonardel, dans son
dernier ouvrage « Jung et la Gnose »
(revient sur la complicité amoureuse que Jung entretint avec la Gnose.
Comment, grâce à cette Connaissance éternelle, et par la fulgurance de son
intuition (précisons que Jung écrivit ses textes trente années avant les
découvertes de Qumrân et de Nag Hammadi), il comprit que ces grandes images
archétypiques, véhiculées depuis l'aube des temps par les gnostiques,
permettaient à l’homme de recouvrer du Sens dans ce monde désorienté… |
JUNG CARL GUSTAV - Les cahiers de l’Herne |
Directeur Michel Cazenave |
Edition de L’Herne |
1984 |
515 pages pour expliquer et développer la vie et l’œuvre de ce grand psy et penseur mystique. En dehors du désaccord fondamental avec Freud, désaccord qu’il va exposer au grand jour en 1912, Jung et Freud vont établir une correspondance importante faite de malentendus qu’ils ne voudront pas reconnaitre, mais qui les conduira inexorablement à une rupture dramatique pour les deux, et qui sera également lourde de conséquences pour leurs travaux futurs. Ont participé à l’élaboration de cet ouvrage : Jef Dehing _ Suzanne Kacirek-Delord - Rosemary Gordon- Montagnon - Geneviève Guy-Gillet - Denyse Lyard - Helene Wiart-Téboul - Gilles Quispel - Françoise Bonardel - Luigi Aurigemma - Magda Kerényi - John Freeman - Ernsr Benz - Helene Kiener - Henri Corbin - David Miller - Marie Louise Von Franz - José Zavala - Claude Maillard - Andréi Plesu - Gilbert Durant - Daryush Shayegan - Christian Gaillard - Marcel Schneider - James Hillman - Roland Cahen - 7 grands chapitres structurent cet ouvrage : 1/Les textes de Carl Gustav Jung - 2/ Les prémisses - 3/ Jung et l’analyse - 4/ La voie de Jung - 5/ Jung et la divinité - 6/ L’univers psychophysique - 7/ Aujourd’hui et demain - Un ouvrage très important pour débroussailler la jungle métaphysique de Jung, pour connaitre son oeuvre, sa vie, autrement dit, sa bio-bibliographie. |
JUNG C. G. - L’HOMME A LA DÉCOUVERTE DE SON ÂME – STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DE L’INCONSCIENT |
Carl Gustav Jung |
Edition Albin Michel |
1998 |
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Le livre est articulé selon trois axes distincts et complémentaires : Partie 1 Jung fait état de l'homme face à ses angoisses intérieures, son rapport à la magie et la spiritualité, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, où les institutions religieuses et autres mouvements n'arrivent plus à combler chez lui un besoin de sens qui doit se construire par une quête éminemment personnelle. Il y définit ce qu'il entend par l'âme et pose la question qui jalonne toute son oeuvre "où cela me mène t'il ?". "elle
a la dignité d'une entité à laquelle il est donné d'être consciente d'une
relation avec la divinité" Voici le moment de découvrir les complexes, ces personnalités parcellaires qui se construisent en même temps que le moi...un long et passionnant chapitre traite notamment du fameux test d'association et, c'est ici que se situe le plus palpitant, la manière dont ce sont établies les modalités d'interprétation. Ici, nous sommes dans la zone liminale entre conscient et inconscient ! Partie 3 Enfin, nous entrons de plein pied dans l'ombre de l'inconscient avec les rêves...nous retrouverons ici les notions déjà établies par Freud mais surtout, les spécificités de l'approche jungienne, avec sa fonction prospective. Quelques extraits du livre: "nous sommes éternellement inachevés, nous croissons et changeons. La personnalité future que nous serons est déjà là, mais encore cachée dans l'ombre. Le moi, dans un certain sens, est comme une fente mobile qui se déplace sur un film, progressivement. Les potentialités futures du moi relèvent de son ombre présente. Nous savons ce que nous avons été, mais nous ignorons ce que nous serons." "La fonction prospective forme à mon avis un attribut essentiel du rêve; l'on fera cependant bien de ne pas la surestimer; sinon l'on serait facilement tenté de voir dans le rêve une espèce de psychopompe qui, douée de sagesse supérieure, serait capable d'engager l'existence dans des voies infaillibles. Autant l'on sous-estime, d'une part, la portée psychologique du rêve, autant, d'autre part, le danger est grand, pour quiconque étudie les songes et pratique leur interprétation, de surestimer la validité de l'inconscient pour la vie réelle." "L'inconscient n'est pas un monstre démoniaque; c'est un organisme naturel, indifférent au point de vue moral, esthétique et intellectuel, qui ne devient réellement dangereux que lorsque notre attitude consciente à son égard est désespérément fausse." "Nous comprenons toujours autrui comme nous nous comprenons nous-mêmes ou du moins comme nous cherchons à nous comprendre. Ce que nous ne comprenons pas en nous-mêmes nous ne le comprenons pas chez les autres et inversement. Ainsi, pour des raisons dont on n'a que l'embarras du choix, l'image d'autrui que nous portons en nous est en général hautement subjective. Comme l'on sait, même une connaissance intime ne saurait impliquer une appréciation d'autrui à son exacte valeur." Au sommaire : L’angoisse de l’âme contemporaine - A la conquête de la conscience - Du conscient et de l’inconscient - L’expérience des associations - Des complexes - Les rêves - Richesse individuelle du rêve - Du rêve au mythe - |
jung C.G. –
l’œuvre – vie |
Antony stevens |
Edition Du Félin |
1994 |
||
La
biographie d’Anthony Stevens est reconnue actuellement comme la plus
importante, la plus significative mais aussi la plus attrayante pour un
public non spécialisé dans la psychologie des profondeurs. Il faut noter à
cet égard, dans une presse particulièrement louangeuse, ce commentaire du
Guardian : « Un livre remarquable, plus provocant qu’une simple biographie.
Pour la première fois, la vie et l’œuvre de Jung sont si étroitement liées
que sa pensée devient accessible à tous. » Lorsque, après s'être séparé de
Freud sur le statut du religieux et du mythe dans la psychanalyse, Jung a peu
à peu établi sa conception d'une réalité de l'âme, puis, comme il le
dira dans Psychologie et alchimie, de la réalité d'un monde propre à cette
âme, il ne reviendra plus jamais sur cette conquête décisive où se jouait
pour lui, semble-t-il, un élément déterminant de vérité. Encore faut-il s'entendre sur ce
qu'on appelle le religieux : loin d'en faire un irrationalisme devant lequel
on s'inclinerait - contresens répandu mais qu'il est urgent aujourd'hui
de dissiper enfin -, Jung l'a toujours conçu selon la leçon de son étymologie
latine, c'est-à-dire une attitude et une volonté très soigneuses de prise en
considération, d'examen, d'évaluation. En bref, il s'agit pour lui,
précisément, d'une démarche rationnelle qui, loin de nous incliner à nous
laisser emporter par le sacré, tend au contraire à le mettre à distance, à
s'expliquer avec lui et, en bout de course, à en rendre raison.Tout le
travail d'une psychologie pratique est alors un travail de différenciation,
où l'homme se recouvre dans son intégrité : l'individuation, telle qu'elle
était déjà annoncée dans les Sept Sermons aux morts, n'est rien d'autre que
ce processus où l'âme se découvre dans son entièreté, c'est-à-dire
dans sa vérité singulière, vérité qui ne s'exprime que sous la
puissance du symbole. De ce rapport de Jung au
religieux, La vie symbolique traitait déjà, dans le domaine particulier du
christianisme et de ses hétérodoxies. Le présent volume est surtout centré
sur l'accès que nous avons à la vie de cette âme, sur les étapes successives
du processus d'individuation, sur la fonction d'ordre psychique qui s'y
révèle et qui garantit à la fois qu'elle organise les relations du moi
et du soi, du conscient et de l'inconscient. D'une
certaine façon, tout homme est comme l'objet d'un autre sujet que lui-même.
C'est cet autre sujet qu'il doit pouvoir considérer dans sa pleine lumière,
et en le reconnaissant, le mettre du même coup en rapport avec sa
subjectivité initiale. L'inconscient lui-même, selon Jung, est rempli
d'"étincelles" comme autant de conscience qui réclame à advenir, et
ces étincelles "correspondent aux particules lumineuses prisonnières
dans la physis obscure, dont la réunion était la préoccupation
essentielle du gnosticisme et du manichéisme". |
JUNG C. G.
- MḖTAMORPHOSES DE L’ÂME ET SES SYMBOLES |
Carl Gustav Jung |
Livre de poche |
2004 |
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Ce
dernier se demandait dans une de ses publications si dans la schizophrénie,
il fallait incomber à la perte de l’intérêt en général, la disparition de la
réalité, ou bien s’il fallait l’incomber à la perte de l’intérêt érotique.
Finalement Freud a choisi d’incomber la perte du réel à la libido seule. En
clair, pour Freud, le schizophrène a perdu tout contact avec le monde
extérieur parce que sa libido a disparu, c’est-à-dire qu’elle s’est retirée
dans le moi. Pour Jung, il ne peut pas en être ainsi. En ce sens où
"la libido ne peut pas expliquer toute la perte de relation avec
le monde extérieur". Dans une telle éventualité, il faudrait en conclure
que toutes nos relations au monde sont marquées par la libido, donc par de
l’érotisme. Jung rappelle encore, que la libido ne peut pas être une fonction
sexuelle, car si elle l’était alors dans la névrose, l’introversion de la
libido déboucherait sur la schizophrénie ; Or dans les faits, ce n’est pas du
tout ce que l’on observe : le névrosé ne présente pas de disparition de la
fonction du réel. Le
premier ouvrage intitulé "Métamorphoses et symboles de la libido"
paru en 1912."Métamorphose de l'âme et ses symboles" est un
remaniement important de la première version et eut lieu vers 1950. L'idée
fondamentale sur laquelle repose toute l'ouvre est celle d'inconscient. Non
pas des forces inertes et passives, mais des forces vives et agissantes qui nous
font ce que nous sommes, sans que nous puissions connaître directement et
clairement leur existence. Elles plongent dans l'obscurité de notre être.
Elles touchent son fond biologique... Une chose est certaine: elles sont là,
ces forces obscures, teintant à tout moment notre comportement, nos
réactions, nos idées, parfois accaparant notre être et l'aliénant au monde
normal. Le conscient ne serait qu'une émergence de ces forces, une clarté
partielle dont nous prenons conscience, point lumineux au-dessus d'un océan
dont on ne perçoit ni la profondeur ni l'étendue, quoique nous sachions
qu'elles existent. Rappelons que dans la
conception freudienne, l'inconscient semble être surtout une puissance
malfaisante en nous, née du refoulement des tendances insatisfaites qui
continuent à mener malgré nous une activité perturbatrice ; ces
manifestations sont surtout morbides et troublent le plus souvent +/-
profondément le cours normal de la vie. Pour Jung, sans méconnaître ce qu'il
peut y avoir de morbide, il considère l'inconscient présent chez
tout être humain ; et il peut être malfaisant aussi bien que bienfaisant.
Toute vie psychique se compose nécessairement d'un conscient et d'un
inconscient se compensant l'un l'autre. Cet ensemble constitue la totalité psychique
dont nul élément ne peut disparaître sans dommage pour l'individu : la perte
de la conscience est aliénation, la perte de l'inconscient est
appauvrissement et désordre. Chacun de nous possède un
inconscient individuel et "au-dessous" de cet inconscient
individuel se trouvent des couches profondes et plus difficilement
accessibles : ce sont les couches de l'inconscient archaïque. Sa
particularité est qu'il n'est pas la propriété du seul individu ; ses traits
sont ceux de l'espèce et se retrouvent chez tous les représentants de la race
humaine. Appelé archaïque, à cause du caractère primitif de ces
manifestations, il est aussi appelé collectif pour bien marquer qu'il n'est
pas la propriété d'un individu mais celle d'une collectivité. Tel le corps,
la psyché, en dépit de tout ce qui peut l'individualiser, de faire chacune
quelque chose d'unique et de jamais vu, conserve des traits d'appartenance à
l'espèce, par lesquelles elle rapproche jusqu'à les confondre les
représentants de cette même espèce. La différenciation tient
uniquement au moyen d'expression. Les réactions aux éternels problèmes
humains, une fois dépouillé des nuances personnelles par lesquelles elles
s'expriment, se révèlent étonnamment semblables. Le langage diffère; l'objet
reste le même. La pensée de l'homme d'aujourd'hui répète et continue celle de
jadis... la raison est une méthode de réflexion et non une transformation de
la nature; elle découvre l'enchaînement des phénomènes: elle ne le fait. Nous
portons inscrites en nous les traces héritées des réactions ancestrales. Si
nous créons ou croyons créer au cours des âges de nouveaux modes de penser,
cela ne veut pas dire que les anciens modes disparaissent; nous les
submergeons seulement. De la pensée purement émotive,
l'humanité est passée à la pensée rationnelle ... Les formes primitives n'ont
pas disparu pour cela et nous ne sommes pas uniquement des êtres de raison.
Ces formes anciennes sont maintenues parce qu'inscrites dans notre nature.
Elles vivent en nous, se manifestent souvent à notre insu parce que nous ne
sommes habitués à connaître de nous-mêmes que la conscience. Sous-jacentes à toute psyché
qu'elles sous-tendent à l'insu de l'individu qui en est porteur, elles
apparaissent au cours du traitement d'une individualité. Tôt ou tard et d'une
manière quelconque elles prendront place dans la vie comme elles l'ont fait
au cours du développement historique de l'humanité. On a souvent prétendu que tout
homme qui réfléchit sur le monde, sur l'humanité et sur lui-même fait de la
philosophie. Jung écrit dans "Guérison psychologique"... "que
nous sommes au fond, ou devrions être des philosophes..."; ainsi
que" La dominante suprême de la psyché est toujours de nature philosophico-religieuse." Tout ce qui vie est
sexualité, c'est-à-dire tendant à la reproduction, à la conservation de
l'espèce. À cette tendance, la plante et l'animal obéissent... Ils subissent
la poussée implacable de cette loi de la nature. Il n'y a pas pour eux de
problèmes sexuels. Le problème apparaît avec l'homme, parce qu'il réfléchit,
pèse et juge, et que sa nature n'est pas seulement de subir la loi
biologique, mais de l'accepter ou de la refuser, donc de la juger et de la
dominer. La mise au point entre la poussée instinctuelle et la volonté n'est
pas toujours facile...La sexualité est et il ne sert à rien de vouloir la
supprimer. Au cours de l'analyse, on doit donc la rencontrer parce qu'il est
impossible qu'un être humain puisse échapper à cet instinct puissant et
autoritaire. Il n'y en nous rien qui soit inacceptable, sinon le jugement
maladroit et mal informé que nous portons sur notre nature. Le problème religieux
: Il forme le ciment de la vie sociale parce qu'il retentit en chacun de ses
membres et qu'il se réalise en des manifestations de caractère social.
Qu'est-ce qu'une religion et comment se présente-t-elle à qui l'observe de
l'extérieur ? Nous avons les gestes cultuels et rituels; les dogmes; les
éléments psychologiques individuels conscients et en partie inconscients et
enfin elle renferme un contenu transcendant. -L'expression en symboles et en
images: C'est utiliser la forme de pensée la plus spontanée et la plus
primitive. Cette forme spontanée, c'est l'image inaccessible à autrui,
incommunicable, rebut mystérieux fait d'analogie reposant sur des fondements
individuels. Formes élémentaires de la pensée, qui naissent d'elles-mêmes en
nous et que nous retrouvons dans la rêverie à laquelle nous nous abandonnons,
et dans le rêve, ne sauraient être considérées comme un produit de notre
volonté. : Il n'est pas question de mettre la
psychologie analytique au service d'une quelconque confession ni de
l'utiliser pour inculquer une foi. Le consultant reste le maître de sa
destinée et c'est lui qui guide le médecin qui de son côté doit être dépourvu
de tout sectarisme. Le travail de l'analyste doit rester absolument sans
rapport avec toute question de confession ou d'appartenance à une église. La
liberté est respectée au maximum; il s'agit de remettre l'individu dans le
milieu spirituel qui est le sien et de l'aider à se comprendre entièrement.
Jung ne traite jamais charme du problème de l'existence ou de la non existence
de Dieu. Il se propose de sonder le phénomène psychologique religieux, la
fonction religieuse, telle qu'il apparaît en chacun de nous, sans autre
prétention que de constater ce qui est... Les manifestations religieuses ont
un caractère essentiellement humain. Toutes les religions reposent sur une
base psychologique analogue chez tous les humains et à toutes les époques.
Toutes reposent sur des pensés qui exaltent l'individu ou le troublent, des
sentiments de dépendance, de petitesse, de dépassement, d'admiration ou de
crainte, qu'il vit malgré lui ..."Anima naturaliter
religiosa" (l'âme totalitaire est par nature
religieuse) .Telle est l'indéniable réalité psychologique à laquelle
s'intéresse Jung. Tout nouveau perçu à quoi nous
nous heurtons est, par nous, immédiatement et en premier lieu saisi dans les
analogies qu'il présente avec le connu. Le rapprochement analogique est la
forme première de la pensée dont il forme le fond naturel. Il nous aide
efficacement dans notre comportement... sans lui il n'y aurait pas de poésie.
Elle présente une infinité de degrés depuis la ressemblance vague, jusqu'à la
presqu'identité, ... elle est aussi le lieu où s'exerce l’imagination. elle
est créatrice... Nos goûts, nos désirs, nos préférences prennent ainsi un sens
plus précis parce qu'ils se dévoilent comme l'expression consciente d'une
assimilation analogique inconsciente. -Déterminisme psychologique: C’est
la liaison causale rigoureuse entre les différentes manifestations
psychologiques. Le but est de "comprendre pour guérir". Or
comprendre, c'est rattacher le non-connu au connu ; c'est le tirer de
l'isolement où il se trouverait si nul moyen n'apparaissait de le rattacher à
quelque chose. Ce rattachement ne consiste pas à une opération mentale
quelconque. Nous ne sommes pas dans le domaine de la magie, mais dans celui
des faits et ce sont eux qui nous indiquent, si nous savons les observer et
les rapprochements possibles. Le fait est compris une fois établi le lien qui
le tire de son isolement premier et montre en quoi il est conditionné par
d'autres qui l'ont précédé. Pour Jung tout phénomène psychique se présente
comme un maillon d'une chaîne illimitée ; il doit de quelque manière se
rattacher à quelque chose, il est la résultante d'une activité. La méthode des associations
spontanées prend au sérieux la causalité dans le domaine psychique. La
personnalité n'est pas une mosaïque de faits sans liens ; elle est un tout
dont les parties sont étroitement intriquées les unes dans les autres. Et ce
tout est en outre intriqué dans l'unité psychique universelle dont les fils
conducteurs courent à travers les générations. |
JUNG C.G. - prÉsent & avenir |
C.
G. jung |
LIVRE
DE POCHE |
2002 |
La
connaissance de soi est au cœur de cet essai, écrit par JUNG vers la fin de
sa vie, il résume sa pensée morale et sociale et peut à bon droit passer pour
son testament spirituel. Malgré leurs divergences, JUNG et FREUD s’accordent
pour penser que l’épanouissement de l’individu est menacé par le
développement de la civilisation.
|
JUNG C.G. - psychologie & alchimie |
C.G. jung |
Edition
BUCHET - CHASTEL |
1970 |
Avec
Psychologie et Alchimie, nous pénétrons dans un domaine où le génie de Jung
éclate avec une entière originalité. Jamais livre éclairant une énigme
séculaire n’a été aussi clair et aussi lumineux. Son volume et son ampleur
mêmes sont nécessaires à la limpidité. Les merveilleuses illustrations font
le reste.
Cet
ouvrage nous montre que dans l’alchimie, l’homme, en affrontant les énigmes de
la matière, affrontait le plus souvent, et à l’époque sans guère le savoir
les énigmes les plus brûlantes et les plus solennelles de son esprit et de sa
vie. Les
archétypes qui se sont exprimés entre autres dans l’alchimie étant la matière
première potentielle de toutes les structures mentales, cet ouvrage va
irradier et jeter des lumières dans tous les domaines, scientifiques,
philosophiques, psychologiques, voire métaphysiques et religieux. |
JUNG C.G. - SA VIE ET SON ŒUVRE |
Barbara Hannah |
Edition la Fontaine de Pierre |
1e édition 1981- Réed. 2005 |
||
Selon Barbara Hannah : « Ce livre n’est pas une
biographie de Jung, il s’offre simplement comme des mémoires biographiques,
décrivant la vie de C.G. Jung telle qu’elle m’est apparue. Ayant donné
ce livre à lire aux enfants de C.G. Jung, ils l’ont désapprouvé. Il n’y a là
rien d’étonnant ni de surprenant si l’on songe à quel point leur père
nous est apparu sous un angle différent du leur. Je ne connais que peu de
choses de la vie de famille de Jung, si ce n’est qu’elle était heureuse et
comptait beaucoup pour lui. Dans
le livre « Ma Vie », Jung parle essentiellement de sa vie
intérieure, qui revêtait pour lui une importance beaucoup plus grande que
n’importe quel événement extérieur. C’est aussi cette vie intérieure qu’il
évoquait la plupart du temps lorsque nous parlions ensemble. J’ai essayé de
suivre sa vie chronologiquement pour montrer comment il a vécut
sa psychologie avant de la mettre en mots, bien plus tard. Jung
disait souvent que notre point de rencontre à lui et à moi, c’était mon
profond intérêt pour la totalité de la psyché
et pour le processus d’individuation.
Je me suis donc efforcé dans ce livre, de mettre en lumière le développement
de ce processus chez Jung. J’ai aussi essayé de retranscrire des informations
qui autrement disparaitraient avec moi. Ces faits inconnus des enfants de
Jung, ne leur ont pas plu, ce qui a motivé le rejet de cet ouvrage, mais à
tort, car les faits que je raconte sur Jung, ne font que le servir et
augmenter son aura. D’autre
part je me suis donné pour tache, d’entrer dans la
rumeur (fausse, mais persistante) qui fait de Jung un nazi. Les premiers
jours de la montée du nazisme, jusqu’à sa chute finale, je les ai vécus à Kusnacht où je voyais Jung fréquemment. C’était un des
rares sujets portant sur des événements extérieur qui revenait souvent dans
nos discussions, je suis donc bien placée pour en parler et rendre
témoignage. On
trouvera dans mon livre des choses et événements rapportés dans d’autres
ouvrages, mais, je les ai entendu et vécut tant de fois que je me devais de
les répéter. Si j’ai repris ces éléments, j’ai aussi essayé d’adopter un
point de vue légèrement différent et j’ai toujours indiqué pour plus amples
détails, mes sources. Cet ouvrage reste et restera le témoignage le plus
profond et le plus authentique de la vie de C.G. Jung. Je
suis très reconnaissante à Marie Louise Von Franz de son soutien et de
m’avoir fourni un excellent résumé de l’article de Jung sur la synchronicité,
et de son soutien à l’écriture de ce livre. Merci aussi à Vernon Brooks
qui après avoir lu 2 fois ce livre, s’est lancé dans l’énorme travail
de le corriger d’un bout à l’autre, il a le don d’améliorer la forme sans en
altérer le sens ». Au sommaire de cet important ouvrage de 480 pages : La terre suisse et les premières impressions (1875-1886) Le collège de Bâle (1886-1895) et l’université de Bâle (1895-1900) L’Hôpital Psychiatrique du Burgholzli (1900-1909) Les premières années à Kusnacht (1909-1914) La première guerre mondiale, les frontières s’ouvrent à partir de 1919 Divers voyages (1919-1925) et retour en Europe (1926-1933) Les nuages menaçants sur l’Europe et l’intermède indien (1937-1938) Sombres nuages et la seconde guerre mondiale (1939 Le temps des moissons (1945-1952) Le mystérieux Conjunctionis et les dernières années (1952-1959) Retour au Rhizome (1960-1961) Barbara Hannah (1891-1986) était d’origine britannique, elle a été peintre avant de se consacrer entièrement à la psychologie jungienne. Analyste, chargée de cours à l’institut C.G. Jung de Zurich, conférencière internationale, elle a écrit de nombreux ouvrages et articles. |
jung C.G. son
mythe en notre temps |
M.
Louise Von franz |
Edition
BUCHET - CHASTEL |
1975 |
Marie-Louise
Von FRANZ,
qui fut pendant près de trente ans la plus intime collaboratrice de Carl
Gustav Jung, définit clairement le but de son ouvrage dans le sous-titre
qu’elle lui a donné : C.G. Jung. Son mythe en notre temps. Il s’agit moins
pour elle d’inventorier une pensée aux multiples facettes que de montrer
celle-ci comme le produit d’une aventure vitale, remplie de péripéties et de
dangers, à laquelle elle fut étroitement associée.
Elle
nous aide à descendre dans nos profondeurs pour extraire, du sein de nos
ténèbres et de nos angoisses, la clarté Renée de la conscience « divine » du
Soi. |
jung C.G. UN CHEMIN VERS L’INCONSCIENT, Psychologie jungienne et images du tarot |
Carole Sédillot |
Edition Dervy |
1998 |
||
Pour
tout individu, à partir du moment où son être se dégage des simples
préoccupations matérielles, l’esprit s’éveille et se tourna vers la nécessité
de donner sens à sa propre existence, il se met alors à participer activement
à sa propre évolution, sa conscience s’élargit, il se différencie de plus en
plus du monde environnant. Le mouvement qui en découle le relie de plus en
plus à cette source comportementale d’énergie que constitue l’inconscient
collectif et en même temps l’amène à s’en différencier. Loin d’être un
déterminisme, la reliance consciente et active à l’inconscient collectif,
donne à l’individu toute sa liberté de choix. Cette
quête de sens propre à l’humain, Jung l’a nommé Processus
d’Individuation, archétype principal, qui guide le cheminement
humain de l’état d’indifférenciation (l’inconscience), à un état de totalité
psychique où toutes les instances se placent et fonctionnent en parfaite
complémentarité (le Soi), à travers un élargissement de conscience incessant.
Chacun, afin de s’accomplir, doit s’approprier les connaissances acquises par
l’humanité au cours des âges. Plusieurs outils existent pour cette quête
d’individuation, le Tarot en est une, lequel propose à travers des
arcanes où tous les éléments ont potentiellement une portée symbolique, un
support susceptible de recevoir ces Traditions. Le
Tarot, œuvre d’essence individuelle ou collective due à un auteur anonyme du
Moyen-âge, se pose en instrument dans la quête de soi, sa fonction est
d’offrir à celui qui veut s’en servir, un « contenant archétypal »
issu de l’inconscient collectif à travers une symbolique qu’il doit faire
sienne, avec ses propres images, représentations et ses propres mots. En
favorisant ce recours à une référence commune, l’étude du Tarot est comme la
trame d’un canevas sur lequel nous allons pouvoir tisser et laisser fleurir
notre propre broderie. Pas à pas nous allons découvrir ce que nous avons
d’unique et d’original, à la fois force et faiblesse, facteur d’espoir et de
destruction, selon le choix de chacun. Les cartes ou arcanes étudiées sont le
reflet de l’âme de chacun et c’est ainsi que petit à petit nous allons mettre
en route et étudié le « Connais-toi
toi-même » Au sommaire de ce livre l’auteur nous parle de : De la Taromancie à la Tarologie, Carl Gustav Jung, L’inconscient collectif, diverses approches du Tarot avec l’inconscient collectif, les archétypes et les arcanes du Tarot, la Grand-mère et la Papesse, le Vieux sage et l’Hermite, le processus d’individuation, la Psyché , le Moi et les arcanes, la persona et les arcanes, l’anima et l’animus, les couples dans le Tarot, Quaternité et mandala, les quatre éléments, Introversion et extraversion, le Feu, la Synchronicité et le phénomène divinatoire, L’alchimie, Hermès Trismégiste, la Pierre philosophale, les trois phases alchimiques, l’œuvre au noir, au rouge et au blanc, le Rosarium, la mort, l’ascension de l’âme, la purification, le retour de l’âme et la nouvelle naissance, le Mutus Liber, le réveil de l’homme endormi, le Tarot dans les pratiques analytiques et Thérapeutiques, un glossaire très intéressant clôt cet ouvrage superbe. |
JÜNGER QUI SUIS-JE ? |
I. GRAZIOLI-
ROZET |
Edition
PARDES |
2007 |
L’itinéraire
d’Ernst Jünger, figure saillante du monde politique et intellectuel, témoigne
en huit décennies d’œuvre littéraire, des controverses idéologiques de son
temps. Si les audaces de sa réflexion et la beauté de son écriture ont
concouru à nimber cet auteur d’une aura particulière, il a été tout autant
disqualifié aux yeux des thuriféraires du politiquement conforme. Ce
livre sur Jünger se distingue par l’ampleur des perspectives et la hauteur
des points de vue. Certes dépendant du cadre de son siècle, il a su se
rendre « maître des hommes et des faits » ; convaincu de
vivre un âge d’interrègne, il n’eut de cesse de répondre aux questions posées
par les bouleversements de son époque. Il a traqué les lézardes qui menacent
l’ordre des cités, les hiérarchies séculaires, comme ces failles qui
fissurent l’intelligence rationnelle du discours, en consignant expériences
intimes (rêves, drogues et ivresse) et interrogations sur la mort. Ernst
Jünger a combattu le monde moderne, inquiet, amnésique, déraciné, avec le patrimoine
mythologique et avec l’histoire dont il entendait tirer les leçons pour
éclairer le présent et découvrir un futur possible. Son
souci était l’homme, exilé dans un monde désenchanté, malade de sa
civilisation ; qu’il soit cœur aventureux, rebelle, énarque,
il doit échapper au désert du nihilisme, s’enfoncer dans la solitude du monde
abandonné par les valeurs de la tradition. L’originalité
de Jünger est d’affirmer « Un monde libre
ne peut être qu’un monde spirituel » de maintenir, envers et
contre toute l’époque pourfendeuse des mystères, la puissance de
l’imagination poétique, et de s’aventurer en direction du monde des dieux. |
10 K
KANT – L’ART DE LA PENSḖE |
Brigitte
Boudon |
Edition Maison de la philosophie |
2016 |
||
Mais à partir de 1770, sa pensée
vit un tournant décisif, début de la période dite "critique"
(examen des pouvoirs de la raison), où il va construire la philosophie qui
lui est propre. Kant y aborde notamment la question de l'origine et des
limites de la connaissance (raison théorique) et les possibilités de l'action
(raison pratique). Dans son ouvrage le plus célèbre,
"Critique de la raison pure" (1781), Kant réalise ce qu'il dénomme
"une révolution copernicienne" (la Terre tourne sur elle-même et
non le ciel autour de la Terre), considérant dans une vision idéaliste que
c'est le sujet qui construit l'objet de sa connaissance et non les objets qui
définissent la connaissance. Il définit la "raison pure" comme la
faculté de connaître a priori (sans recours à l'expérience) la nature des
objets, par la sensibilité et l'entendement. Kant démontre en particulier
l'impossibilité pour la métaphysique d'être une science en raison de
l'absence d'objet réel pouvant lui apporter du contenu. Pour lui, l'homme ne
connaît pas les choses "en soi", mais "telles qu'elles lui
apparaissent d'après les principes de son organisation comme être sentant et
pensant". Dit autrement, les connaissances de l'homme sont celles des
phénomènes et il ne lui est donc pas possible, à partir de la "raison
pure" de connaître Dieu, l'immortalité de l'âme, le monde, la liberté,
le moi... qui ne sont que des concepts et n'appartiennent pas au domaine
sensible. La métaphysique, qui en fait des objets, est donc une illusion. C'est dans la partie
"idéal" (traitant de Dieu) de la "Critique de la raison
pure" que Kant réfute les trois "preuves" métaphysiciennes de
l'existence de Dieu : la preuve ontologique (à partir de l'idée de
Dieu); la preuve cosmologique (nécessité d'un être suprême
pour expliquer toute existence); la preuve physico-téléologique (sur la finalité
du monde). Dieu, aussi indémontrable
qu'irréfutable, est considéré par l'auteur comme un idéal exempt de défauts.
Quelques années plus tard, Kant publie "Critique de la raison
pratique" (1788), où il soutient qu'une action est moralement bonne si
elle s'accomplit par pur respect du devoir sans considération pour un intérêt
ou une satisfaction espérée. La moralité se mesure donc dans l'intention qui
conduit à l'action et non sur son aspect extérieur. La loi morale s'exprime
sous forme d'un devoir impératif ("tu dois") tel qu'il puisse être
érigé en règle universelle. Dieu, la liberté de la volonté et l'immortalité
de l'âme ne sont pas du domaine de la connaissance, mais des postulats
nécessaires à la raison pratique en tant qu'exigence rationnelle de la
morale. Pour le philosophe allemand, l'existence de Dieu est donc une
nécessité morale. Sa morale, cependant, ne se fonde pas sur la religion mais
sur l'autonomie de la volonté. |
KELEN -
AMOUR, INVINCIBLE AMOUR |
J. Kelen |
Edition Points |
2016 |
Sur l’amour, on croit que tout a été
dit, cependant, il demeure insaisissable et mystérieux. Seule la parole
poétique peut effleurer sa beauté, et le paradoxe rendre sa puissance
d’éveil. Jacqueline Kelen propose un chemin où se rencontrent philosophie,
littérature et méditation personnelle. Dans la lignée des troubadours, des
dames courtoises et des soufis, elle célèbre l’amour comme un chant d’altière
liberté. |
KELEN - BRÉVIAIRE
DU COLIMAÇON - Sur la vie spirituelle - |
Jacqueline
Kelen |
Edition
Desclée de Brouwer |
2015 |
|
|||
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Dans un premier temps, Jacqueline Kelen
nous met en garde contre le dualisme ambiant, hérité de la culture grecque,
et qui nous fait confondre âme et esprit tout en nous coupant en deux, l'âme
ou l'esprit d'un côté, le corps de l'autre : « L’homme est corps, âme et esprit et ces
trois dimensions – physique, psychique et spirituelle – ne s'excluent pas
[…]. Il est capital de discerner en soi ce qui appartient au domaine
psychique et ce qui relève du spirituel ». Voilà qui vient à l'appui de la récente
inquiétude manifestée par Mgr Michel Santier devant
les évêques de France sur les dangers de confusion des genres lors de
retraites « psycho-spirituelles » et la nécessaire
distinction entre les domaines psychologique et spirituel : « La
vie spirituelle ne peut être le résultat d’un mieux-être psychologique ».
Et Jacqueline Kelen poursuit en dénonçant certaines dérives : « La
confusion continue d'être entretenue entre âme et esprit, en particulier par
des thérapeutes qui se font passer pour des maîtres spirituels ». Et malheureusement les églises en général ont une
responsabilité dans cette confusion des esprits en ayant remplacé leur
vocation spirituelle par la seule démarche cultuelle et dogmatique : « Si
la vie intérieure éveille l'individu à son irréductible liberté, on comprend
que, dans toute religion qui tient à s'établir, on insiste davantage sur le
culte et la doctrine que sur l’intériorité qui prend déjà l'allure d'un
chemin buissonnier [...]. Assurément, une religion a pour rôle d'inviter et
d'éveiller à la vie intérieure, mais par ses attaches terrestres elle se
contente souvent de la pratique extérieure, de la croyance et de la dévotion
de ses fidèles. » Jacqueline Kelen insiste : un être
spirituel ne se sent pas exempté des préoccupations terrestres, les grands
saints nous l'ont montré. La vie spirituelle n'est pas une forme de mépris
des autres hommes, ni un désintérêt de la vie quotidienne, mais la conscience
que l'intériorité est personnelle et singulière. Pour la vie éternelle (au
sens où l'entend Saint-Jean de vie en Dieu) il n'est programmé aucun
voyage de groupe… Un être
spirituel est éminemment libre, il n'exerce aucun pouvoir et répugne à
devenir courtisan, mais le monde actuel fournit toutes sortes d'obstacles à
cette liberté. L'un de ces pièges est la dictature de l'ensemble, la
toute-puissance du groupe, du parti, de l'association – de la
paroisse ? – dans lesquels on se sent rassuré : en voulant
tromper sa solitude, on se débarrasse en même temps de sa liberté. Et le
groupe permet de se fabriquer à peu de frais une bonne conscience à
l'opposé d'une conscience éveillée. La vraie grandeur de l'homme est d'ordre spirituel
et, pour l'auteur, les prédicateurs chrétiens insistent beaucoup trop sur la
misère de l'homme déchu, faible et pécheur en proposant comme remède le
repentir et la contrition, sources potentielles de culpabilité. Tout ce qui
réduit l'homme à ses déterminismes l'exempte de sa responsabilité :
c'est l’homme charnel, l'homme extérieur, alors que l'homme intérieur se
libère du joug, se met en marche pour quitter la maison de servitude.
Jacqueline Kelen convoque Thomas d'Aquin : « Plus l'homme est
grand et plus Dieu l'est aussi ». L'auteur insiste par ailleurs sur l'importance du
désir dans une démarche spirituelle, désir qu'il ne faut pas confondre avec
la convoitise ou l'avidité, encore moins avec la pulsion : « Le
désir, c'est le feu de la vie, c'est l'énergie de la quête ». Et ce n’est pas un hasard si notre époque de
narcissisme exacerbé est une époque de convoitise généralisée mais d'absence
de désir vrai. La vie spirituelle est d'abord une
expérience ; loin de toute théorie et de toute abstraction, elle est le
sentiment à la fois d'une présence et d'une transcendance, l’expérience de La
Présence et de La Transcendance. Mais aussi présence à soi, à ce qu'on vit, présence
au monde qui nous entoure, présence à ceux que l'on rencontre : on est
loin de l'image stéréotypée du mystique détaché du monde. Aller vers l'intériorité c'est aller autant vers la
profondeur que vers la transcendance. Jacqueline Kelen rappelle la célèbre
phrase de saint Augustin : « Tu étais plus intérieur à moi que
mon être le plus intime et plus élevé que ce qui est le plus haut en moi ». La vie spirituelle n'est pas un savoir
mais une connaissance – une naissance avec – et d'abord une
connaissance de soi, grâce à l'étude, à la méditation des saintes Écritures
et des textes des Pères de l’Église ou des mystiques. Il y faut du temps et
du silence et nul ne peut entreprendre cette démarche pour un autre. Mais ne confondons pas cette connaissance de soi
avec la recherche du moi dévorant, avec l'exaltation de l'ego
si répandu chez nos contemporains. « La connaissance de soi aboutit à
l'oubli du moi ». On est loin d'une certaine psychologie
utilitaire et l'auteur nous met en garde contre les formules magiques
largement répandues chez certains praticiens de la psychologie, de la
psychanalyse ou du développement personnel : « s’aimer soi-même »,
« s'affirmer », « prendre soin de soi », etc. Autant de
formules qui n'ont rien à voir avec le domaine spirituel. Jacqueline Kelen
juge sévèrement certaines pratiques d’aujourd’hui : « Tant qu'un
individu ne s’intéresse qu'à soigner, engraisser ou lustrer son cher petit
moi, il se trouve coupé de toute possibilité d'évolution spirituelle ». Dans cette aventure, chacun est seul avec lui-même,
« terrible responsabilité de la solitude » selon
l’expression de Kierkegaard. Point besoin de directeur de conscience ou de « coach ».
Nul autre humain ne peut diriger l'embarcation à notre place. Mais si la route est singulière, elle
n'interdit pas d'accepter quelques nourritures : elles sont même
recommandées à qui sait que l'histoire ne commence pas avec lui-même. Pour Jacqueline
Kelen, qu'il s'agisse de poèmes mystiques, de traités de théologie, ou
d'essais d'auteurs spirituels, les livres occupent une grande place dans une
quête spirituelle car ils s'adressent à la liberté de chacun. L'auteur
s'étonne - et on ne peut qu'aller dans son sens – de l'inculture religieuse
de nombreux catholiques qui ne semblent pas avoir beaucoup ouvert la Bible et
en sont restés au petit catéchisme de leur enfance. Charles Péguy est cité pour son trait
d'humour : « Le juif est un homme qui lit depuis toujours, le
protestant est un homme qui lit depuis Calvin, le catholique est un homme qui
lit depuis Jules Ferry. » La finalité de la vie spirituelle n'est
pas la dévotion, mais la vie en Dieu, la vie éternelle. Jacqueline Kelen nous
invite à distinguer religion et spiritualité. Si la religion
est le support de la spiritualité, elle n'en est pas l'aboutissement. La
religion re-lie, elle retient et contraint également ;
la vie spirituelle dé-lie et libère de tout. En guise de conclusion, Jacqueline Kelen nous livre
cette méditation de Nicolas Berdiaev : « Pour être homme tout à
fait, pleinement, il faut ressembler à Dieu. Pour avoir une image humaine, il
faut avoir une image divine. L'homme comme tel est très peu humain, il est
même inhumain. Ce n'est pas l'homme qui est humain, mais Dieu. C'est Dieu qui
exige que l'homme soit humain. » Le petit livre de Jacqueline Kelen est certainement critiquable par certains aspects mais il est traversé par un souffle et on ne peut lui retirer un mérite, celui de poser de vraies questions : la révélation chrétienne n'est-elle qu'un humanisme ? Sans sa dimension verticale, que devient la foi chrétienne ? Qu'avons-nous fait du combat de Jacob avec…, avec qui, au fait ? |
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KELEN
- DIVINE BLESSURE |
J. KELEN |
Edition ALBIN MICHEL |
2005 |
Guérir, se sentir « bien dans sa peau », refermer toutes nos failles et se débarrasser de tous nos maux pour accéder au but suprême de la quiétude et du bonheur, telles sont les obsessions du jour. Nous vivons désormais sous le règne d’une idéologie thérapeutique, régressive et consumériste, qui nous infantilise en cherchant à nous détourner de tout risque. Jacqueline Kelen combat cette tyrannie du confort, qui voudrait faire l’impasse sur la vocation spirituelle de l’humain. Spécialiste des mythes, elle convoque ici ces héros, dieux et saints qui nous rappellent, par leurs blessures et leurs épreuves, que l’homme n’accède pas à sa plénitude dans la facilité : Achille et Ulysse, Lancelot et Tristan, Osiris dépecé et le Christ crucifié, tous nous disent, ainsi que le Jacob de la Bible ou les mystiques chrétiens et soufis, que la déchirure est aussi ouverture. Il n’est pas de blessure qui ne renvoie à la blessure d’Amour. On part de la faille et de l’éveil, on navigue entre terre et ciel, on y rencontre Philoctète et la Dame à l’onguent, et on y étudie l’humilité, l’amour, la compassion, la bénédiction et l’illumination du cœur. Dans les Évangiles officiels, Marie de Magdala garde le silence, mais dans les Évangiles secrets, elle transmet une parole prophétique, c’est-à-dire impérissable, toujours verdoyante, une parole qui fait danser les montagnes. Marie Madeleine a le rôle difficile, sans cesse contesté, d’éveiller le cœur de l’homme et c’est, pour moi, la nature profonde de la femme. Inlassablement, celle-ci doit parler et témoigner dans sa chair de l’amour. De cet amour qui se rit du temps et de la dégradation, qui est connaissance et ouverture à l’infini. Dans cet
ouvrage, Divine Blessure, l’auteur fait un éloge de la blessure qui rend
vivant : « Beaucoup d’auteurs ou de conférenciers parlent de
réconcilier le masculin et le féminin. Les mythes me proposent autre chose,
d’ordre vertical : l’union entre ma nature mortelle, humaine ; et
ma nature immortelle, divine. Cette tâche qui nous est impartie ouvre une
blessure en nous, nous rappelant une blessure ancienne, ontologique. Or,
précisément, profondément, cette blessure est ce par quoi le fini peut
s’ouvrir à l’infini. Aussi, je trouve beau de se sentir blessé, c’est-à-dire
imparfait, en marche, empli de soif. Aujourd’hui, par crainte d’être accusés
de dolorisme, nous refusons tout sens à la souffrance et toute valeur à
l’épreuve. Nous voulons être indemnes, protégés de tout. Nous oublions que
nous sommes mortels, limités. Vivre est un risque permanent et passionnant,
une aventure pleine d’imprévus. Tous les héros des mythes naviguent sur des
mers déchaînées, traversent des forêts peuplées de brigands et de monstres,
découvrent des territoires inconnus, hostiles... La vie nous demande confiance, ardeur et humilité. Il n’y a pas de chemin de maturité sans épreuves. Celles-ci sont autant de portes, autant de rencontres qui nous forgent et nous enseignent. Pour moi, une “belle vie” ne consiste pas en une succession de bonheurs, de plaisirs ou de gratifications. C’est une vie remplie de toutes sortes d’expériences, de souffrances comme d’espérances, c’est une vie intense, entière. Avoir une “bonne vie”, c’est tout embrasser, ne rien rejeter, c’est avoir envie de tout bénir, de tout serrer sur son cœur. |
KELEN
- DU SOMMEIL ET AUTRES JOIES DÉRAISONABLES |
Jacqueline KELEN |
Edition La Renaissance du Livre |
2003 |
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Cela peut dépendre de l’intérêt de chacun pour le monde onirique, ou tout simplement d’une différence dans les capacités à mémoriser. Certains possèdent une mémoire d’éléphant dans la vie de tous les jours, d’autres pas... et bien c’est pareil pour la mémorisation des rêves ! Le sommeil se divise en plusieurs stades successifs. L'analyse de ces différents stades permet de mieux comprendre comment, et à quel moment l'on rêve... > Stade 1 : L’endormissement dure quelques minutes. Les mouvements du corps diminuent, et l’esprit plonge dans un état de semi-conscience. > Stade 2 : Le sommeil léger représente environ la moitié du sommeil total. Le corps est immobile, mais l’individu reste réceptif aux stimuli extérieurs (il peut se réveiller facilement). > Stade 3 : Le sommeil profond représente environ un quart du sommeil total. Le rythme cardiaque est ralenti et la respiration est régulière. > Stade 4 : Le sommeil paradoxal est la période durant laquelle on observe de rapides mouvements oculaires, et une activité cérébrale très importante. Tout le reste du corps est quasiment immobile, d'où ce terme de sommeil paradoxal. C’est durant cette phase qui dure à peu près un quart d’heure, que beaucoup des rêves surviennent et peuvent être mémorisés. Toutes les 90 minutes environ, le cycle se répète, plusieurs fois dans la nuit, jusqu’au réveil. La phase paradoxale représente à peu près 2 heures de la durée totale du sommeil. Célébrer le sommeil peut paraître inattendu mais l’auteur nous entraîne sur ce sentier peu exploré et nous fait partager les témoignages de bonheur des grands dormeurs : La Belle aux Bois Dormant – Endymion – Ulysse – Le Roi Arthur – Boaz – Jesse – Les Gisants médiévaux – Bouddha et bien d’autres philosophes comme Bergson et Kierkegaard. C’est un livre passionnant car ici le sommeil se révèle le lieu de repos de l’insondable. |
KELEN- HISTOIRE DE CELUI QUI DEPENSA TOUT ET NE PERDIT RIEN
|
Jacqueline Kelen
|
Edition du Cerf
|
2019
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Un homme avait deux fils. On connaît cette parabole du fils
prodigue mais pour la première fois, Jacqueline Kelen prolonge le récit et donne
la parole à tous ses acteurs. Une fable sur la générosité, le don et le
pardon. Et si la parabole du fils prodigue n'était pas qu'un message biblique
mais une leçon universelle ? Et si en plus d'être l'histoire d'un fils ingrat
et pécheur, elle constituait une injonction à la liberté qui nous concerne
tous ? Et si elle n'était pas seulement une leçon pour les fils mais aussi
pour les pères ? Dans cette variation littéraire et philosophique, Jacqueline
Kelen file le mythe et ajoute des personnages qui, tour à tour, prennent la
parole. Il y a le père, pieux et bon, la mère, inquiète et tendre, le frère
aîné, sérieux et travailleur, un vieux serviteur compatissant, et bien sûr le
fils prodigue, rebelle et rêveur, qui part pour explorer le monde et éprouver
sa liberté avec ce que cela implique de joies et de risques. Un conte
d'aujourd'hui sur l'amour humain et divin, l'absence et l'attente, les
épreuves et la grâce, la justice et la réconciliation. Dans cette parabole
du fils prodigue, peu d’entre nous saisissent les dimensions initiatiques de
ce message biblique, s’arrêtant à l’aspect éthique premier. Jacqueline
Kelen nous permet de revisiter la célèbre parabole pour en explorer les
subtilités et possibilités tant philosophiques que spirituelles en donnant la
parole aux principaux protagonistes à chacune des étapes de cette histoire,
fils, frère, père, mère et quelques autres. En campant ainsi chacun des
personnages, en leurs complexités respectives, en leurs faiblesses et en
leurs forces, Jacqueline Kelen leur donne une épaisseur supplémentaire,
échappant au jeu familial et sociétal pour pointer vers des archétypes à
l’œuvre dans le voyage initiatique. Le lecteur s’aperçoit rapidement que ce
n’est pas seulement le fils qui voyage mais bien tous les acteurs de ce drame
qui vivent une forme d’exil et de retour à eux-mêmes, à la fois douloureux et
lumineux. L’écriture magnifique de Jacqueline Kelen se met au service des
tableaux multiples de la psyché humaine. La littérature a toujours précédé la
psychologie dans la compréhension des êtres humains, à la fois temporellement
et dans la justesse. Jacqueline Kelen le démontre une fois encore en
décrivant ce qui anime les êtres. Exemple avec le Vieux
Serviteur : « Avec l’âge on perd les mots, mais la sensibilité s’accroît.
A la moindre émotion les yeux s’embuent de larmes et si les mains tremblent,
c’est de ne plus vouloir prendre ni retenir. On effleure les êtres et les
choses, on les regrette déjà, et tel un fleuve parvenant à l’estuaire on
s’abandonne sans réticence à ce qui va advenir. Je ne sais pas si la
vieillesse est le temps de la sagesse, mais elle creuse le silence qui tantôt
semble un linceul, tantôt un manteau de lumière. » Ou la Mère :
« L’amour d’une mère est incompris ou moqué par beaucoup, on le dit trop
indulgent, trop protecteur. Et pourtant, c’est une lame enfoncée dans le
cœur, une sollicitude inapaisée. Une mère ne supporte pas même l’idée que son
enfant puisse souffrir, être houspillé, elle refuse d’imaginer que le malheur
puisse s’abattre sur ses jeunes épaules, elle veut le prémunir contre
l’insulte et le chagrin, contre l’injustice et la trahison. Tout enfant,
ressent-elle, a un destin de roi, rien ne devrait l’en priver. Et voici la
blessure quand j’ai réalisé combien inutile, affreusement vain, était mon
amour puisqu’il ne peut rien contre la mort vilaine. » Jacqueline Kelen fait
intervenir deux acteurs inattendus, invisibles et essentiels, pourtant si
évidents. Le premier est l'ange de l'écriture, qui anime chaque page de ce
livre : « Ma mission requiert une certaine adresse ainsi qu’une
oreille musicale. Toutes les voix qui montent des passants de la Terre, je
les recueille et les assemble : il y a beaucoup de cris, de pleurs et
d’injures, des chants aussi et des prières, je perçois les diverses nuances
des soupirs et me plais à attraper au vol les louanges, les rires et les
déclarations d’amour. J’harmonise l’ensemble afin d’en composer une belle
symphonie que je dépose ensuite au pied du Trône, espérant que mon Maître se
réjouira. » Le second est
tellement actuel, l’ange du retournement, qui était si cher à Jean
Canteins : « Moi, on ne me voit jamais, on ne me croit guère ou
bien on rit quand j’annonce des choses à venir. Oh, ce n’est pas moi qui
décide d’apporter une bonne nouvelle, de prévenir d’un danger, mais c’est
avec bon cœur que je remplis scrupuleusement ma mission. Ce faisant, je porte
secours aux hommes tout en obéissant au Seigneur. » Il est bien à
l’œuvre cet ange, voyageur comme tous les anges, au côté du Fils, toujours disponible
chaque fois que le Fils s’arrête pour saisir ce qui s’offre à lui en
l’instant présent. La présence appelle la Présence. Avec Jacqueline Kelen, la
parabole se fait conte initiatique, affranchi des époques, pour délivrer un
enseignement et déchirer quelques voiles opaques qui nous dissimulent le
Réel.
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KELEN - IMPATIENCE DE L’ABSOLU, FACE AU GENRE INHUMAIN |
Jacqueline Kelen |
Edition de la Table Ronde |
2012 |
« Ma
thèse est sans équivoque, au risque de soulever des protestations
indignées : l’humanisme actuel, qui n’a même pas le courage de se dire
athée, engendre un genre inhumain dont nous constatons aujourd’hui
l’amplitude. Et le monde sensible, auquel une propagande dite laïque veut
assigner l’être humain comme seule résidence, devient irréversiblement un
monde insensible, froid et cruel ». J. K. C’est l’histoire d’un roi qui a lu dans les étoiles que tous les hommes qui mangeraient de la prochaine récolte seraient frappés de folie. Son conseiller le rassure, disant qu’il reste suffisamment de la précédente récolte pour les nourrir tous les deux et ainsi avoir la vie sauve. Mais le souverain, touché de compassion pour son peuple, refuse cette solution : il tient à partager le destin de la communauté et accepte de vivre dans la démence. Seulement,
afin de ne jamais oublier qui ils furent, le roi et son conseiller décident
de graver sur leur front le signe de la folie : ainsi, plus tard, aux
heures sombres, chaque fois que l’un regarderait l’autre, il saurait qu’ils
sont devenus fous. Cet apologue poignant que racontait Rabbi Nahman de Bratzlav à ses contemporains fait retentit son cri parmi nous, modernes satisfait. Plus de deux siècles ont passé, et la nourriture empoisonnée qu’absorbent les citoyens des pays riches ne semble ni amère ni d’aspect rebutant, bien au contraire : elle est étrangement lénifiante, elle s’appelle loisirs, bien être, jeux, achats permanents sur internet, réseaux virtuels, drogues diverses, images et bruits à profusion, alcoolisation collective, télé hypnotisante, téléphonite généralisée et délirante etc. Toutes ces facilitées vide les regards autant que les cerveaux, on court tout droit vers la catastrophe mais en s’amusant. Nos
contemporains pris de frénésie, de fièvre, d’égoïsme, de folie de convoitise,
ne savent plus voir ni entendre les paroles prophétiques de nos divers
maîtres, tel Bloy, Péguy, Berdiaev, Durkheim, M.M. Davy, Guénon,
Desjardins, Bernanos, Suarès, de Lubac et bien d’autres. Les
deux mamelles de la France actuelle ont pour nom « bonheur et
humanisme » et elles semblent inépuisables. Leur lait tiède
réconforte et endort les braves citoyens. Le bonheur est érigé en finalité
suprême, lui qui n’est ni une valeur morale ni une vertu spirituelle et qui,
de plus, s’avère un état précaire et relatif. J. Kelen tire la sonnette d’alarme sur cette dérive qui mène l’homme à sa perte si rien ni personne remet les choses en place, elle donne des solutions, mais seront-elles écoutées ? |
KELEN - LA NUIT |
Jacqueline KELEN |
Edition RENAISSANCE DU LIVRE |
2005 |
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L’objectif de la nuit n’est pas d’apporter une description factuelle de ces épisodes célèbres, mais plutôt de réfléchir sur les processus (matériels, « environnementaux » ou psychiques) qui permettent d’affirmer que la nuit infléchit bien les événements. Alors que le jour se « lève », la nuit « tombe » et amène avec elle des menaces tapies dans l’ombre. Encore de nos jours, beaucoup d’enfants s’endorment comme leurs ancêtres en ayant peur du loup, alors qu’il est absent depuis des siècles de notre biotope. Véronique Nahoum-Grappe remarquait à juste titre que « le fait que la nuit soit liée à la peur relève donc autant de la phénoménologie de sa perception récurrente que de son interprétation héritée dans une culture donnée ». La nuit s’impose dans notre imaginaire et dans notre quotidien comme le moment où tout peut arriver. Pourtant, l’obscurité ne procure-t-elle pas le plaisir intense d’un repos bien mérité ? Médecins, spiritualistes et philosophes depuis l’Antiquité ont démontré que la nuit était faite pour dormir et c’est pour cela qu’elle porte conseil. Certains personnages importants, saints, prophètes… peuvent même concilier nuit et spiritualité s’ils repoussent les limites du sommeil. Dans la tradition chrétienne, mais aussi dans d’autres religions, nous découvrons une figure ambivalente de la nuit. C’est de nuit que Judas a trahi. La Bible révèle la nuit comme un temps privilégié. Les ténèbres c’est l’absence de Dieu : les promesses faites à Abraham, la libération d’Egypte, la Nativité et la Passion qui commence par l’agonie nocturne au jardin des Oliviers et s’achève sous un ciel enténébré en plein milieu du jour. Pourtant, comme nous l’avons déjà remarqué, la Chrétienté ne tente pas de dissimuler les dangers de la nuit, et comme pour Abraham, elle peut être un temps de souffrance qu’il faut savoir surpasser. Dans le silence de la nuit, pendant le sommeil, l’individu peut être amené à souffrir, et à ce moment-là, seule la foi pourra le sauver. Ce foisonnement des représentations et des vécus de la nuit des sociétés passées a bien entendu intéressé les historiens des différentes périodes L’historiographie de la nuit a trouvé son existence dans une histoire des mentalités qui cherchait à comprendre les représentations et les sensibilités collectives. Parmi ces dernières, ce sont les peurs nocturnes qui ont retenu en premier l’attention des historiens. Au royaume des nuits, on rencontre Shéhérazade, la sage et inlassable conteuse de Bagdad, la Belle au bois dormant, la déesse Séléné amoureuse d’Endymion, Éros rejoignant Psyché à la tombée du jour, Jacob ou Joseph visités par de grands songes, Roméo et Juliette éternels amants voués au ciel étoilé… |
KELEN - LA PUISSANCE DU CŒUR |
Jacqueline Kelen |
Edition LA TABLE RONDE |
2009 |
Dans le domaine de la connaissance spirituelle, qu’on appelle aussi connaissance du cœur, il existe des affinités évidentes entre le silence, le secret et le désir. En effet, pour user de métaphores, voici comment on approche de la maison du cœur : le désir ouvre la porte, le silence permet d’y demeurer ; le secret protège l’habitation intérieure. Méconnues ou méprisées par une société de pouvoir et d’apparence, ces trois dimensions représentent – et ce n’est pas leur moindre valeur- les clés de la liberté pour tout être humain. Se tenir dans la lumière impalpable du secret, dans la profondeur paisible du silence, et dans le feu vivant du désir désiré, c’est déjà, savourer l’infini. Le désir de Dieu se cultive par une vigilance du cœur, une application à chercher Dieu. Il mobilise tout notre être. Chercher Dieu c’est être attentif à tout signe qui le révèle dans nos vies. Et en premier lieu, la Création. Elle est un don originel de Dieu, elle conduit à Lui. « La création manifeste l’art divin… Les créatures sont comme des paroles exprimant l’unique Verbe divin ». « Les créatures ne détournent pas de Dieu mais y conduisent Les mystères invisibles de Dieu sont saisis par l’intelligence au moyen des créatures. Et si les créatures détournent de Dieu c’est par la faute de ceux qui en usent comme des insensés ». La création est la parole première dans laquelle Dieu se révèle. La connaissance de Jésus passe par l’expérience et ne peut se transmettre par les seuls mots. C’est venir à lui dans la foi et en suivant ses commandements, goûter sa douceur divine, approfondir notre intelligence de son mystère. L’attitude fondamentale de la foi invite à accueillir, prêter l’oreille, écouter la parole d’un Autre. En s’approchant davantage de Dieu, on devient plus humain. L’amour est l’achèvement de l’être humain. Des trois formes d’amour vécus par l’homme, le 3e est le seul véritable. L’amour pour un motif d’utilité, il s’évanouit quand s’évanouit l’utilité qu’il apportait. Pour un motif de plaisir, il disparaît quand disparaît le plaisir. Le 3e est amour de bienveillance qui a pour motif le bien de l’autre. Dieu nous rend capable de l’aimer ainsi pour lui-même. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu ; non c’est lui qui nous a aimé le premier. » La prière est faite de désir et de parole. « Si la prière pour obtenir quelque chose de Dieu est nécessaire à celui qui prie, c’est pour qu’il prenne conscience de ses manques et qu’il s’amène à désirer avec ferveur et piété ce qu’en priant il espère obtenir : de cette façon, il se dispose à recevoir le bien demandé ». « Dieu se doit de remplir le désir de la créature raisonnable dans la mesure où celle-ci est proche de lui. Or ce rapprochement est dû à la contemplation, à un amour plein de dévotion et à une intention humble et forte. Une prière qui ne monte pas ainsi vers Dieu ne mérite pas d’être entendue de lui. D’où ce mot : il regarde la prière des humbles ». La vie du
cherchant mystique est un long exercice du désir, visant à libérer le
cœur de tout ce qui l’empêche de chercher et de trouver Dieu, et à l’ouvrir
au don ineffable de l’amour de Dieu. Ce qui dispose à la charité c’est
l’écoute de la parole et la méditation des bienfaits du Seigneur. Ce qui la
fait grandir en nous c’est la mise à l’écart des choses terrestres et la
patience dans l’adversité. D’autre part, on ne connaît vraiment Dieu que si
l’on comprend qu’il est toujours au-delà de ce qui peut être pensé. Nous
progressons dans la connaissance de Dieu en apprenant ce qu’il n’est pas, en
écartant les représentations que nous avons de lui. |
KELEN - LE BONHEUR |
Jacqueline Kelen |
Edition Oxus |
2003 |
Ce pourrait être une paire d’escarpins abandonnés au seuil de la chambre ou des bulles de savon qu’on lance à la volée, qu’on suit des yeux, ce pourrait être un panier de cerises, un café pris à l’aube en regardant partir les bateaux, ou encore une immense bibliothèque où l’on puise la sagesse ; l’odeur du pain chaud, l’écume des confitures, une conversation sans fin sur une terrasse en plein été, des rires d’enfants, des grappes de baisers, des bruits d’eau claire… Le bonheur est imprévisible, il ne se plie pas aux idées reçues et ne se laisse pas enfermer, mais chaque jour il recèle des moments délicieux, d’infimes parcelles de paradis. Peut être le filet des mots est-il capable d’attraper quelques bribes de bonheur : c’est ce que l’auteur a tenté de faire dans cet ouvrage, ce libre inventaire, avec un lexique rêveur, vagabond parfois indiscret. Il
est aussi cocasse de voir un être humain chercher le bonheur que de voir un
poisson chercher l’eau. Tout le monde cherche le bonheur. Nous le cherchons,
car nous l’avons perdu. Nous portons en nous les stigmates de notre
séparation, d’une rupture avec notre essence. Sans trop savoir ce que nous
cherchons, et sans même savoir que nous cherchons, nous nous affolons dans
tous les sens pour fuir ce sentiment de manque ou d'insatisfaction qui nous
hante. Faute de trouver ce que nous cherchons, nous trouvons des
compensations dans le succès, l’argent, le pouvoir, le sexe, l’alcool, les
stupéfiants, l’activisme, la connaissance, les relations, etc. ou peut-être
dans la recherche de l’éveil ? Thèmes abordés par J. Kelen dans cet ouvrage : L’amitié - amour - anges - arbres - attentes - bain - baiser - barque et beauté - champagne - chanter - chat - cochon - commencer - contemplation - conversation - corps - danse - désir - Dieu - dormir - écrire - émerveillement - enfance - étoile - festin - feu - fleurs - gâteaux - gestes - gratitude - gratuité - hamac - ile - imaginaire - jardin - jeu - jeunesse - légèreté - liberté - livres - loisir - luciole - lumière - maison - marcher - mots - musique - mystère - neige - nounours - nuit - oiseaux - ombre - oranger - paix - paradis - passion - plage - porte-bonheur - rencontre - rêver - rire - rose - rosée - rouge - saisons - secret - sens - silence - soleil - toujours - unique - unité - vie - vin - voyage - yeux - Zéphyr - |
KELEN
- LE DÉSIR OU LA BRÛLURE DU COEUR |
Jacqueline KELEN |
Edition La Table Ronde |
2003 |
Du désir charnel au désir de Dieu l’auteur nous fait vivre les divers stades de cet élan qui du charnel passe au mystique. Souvent, on croit n'avoir de choix qu'entre congédier le désir ou bien y céder. Comme s'il s'avouait manque, convoitise ou souffrance. Pourtant, il se révèle soif de connaître et de s'aventurer, élan amoureux et créateur, il signe la liberté joyeuse de l'être et ouvre à l'illimité. Aussi peut-il être chanté pour lui-même, dans ses excès souverains. Ce désir inapaisé, juvénile, court à travers plusieurs mythes d'Occident et divers récits bibliques. Il enflamme la réflexion philosophique de Platon, de Nietzsche, de Spinoza. Il est, «long désir», à la source de l'amour courtois : approche infinie de l'autre, enchantement plus que conquête. Et les mystiques de toutes traditions célèbrent l'Ardent Désir, feu d'amour qui mène au total abandon de soi et se mue en une perte éblouie. Spiritualité, désir : voilà deux mots dont l'association peut paraître étrange. En effet, depuis bien longtemps (peut-être des millénaires), l'idée de voie spirituelle évoque dans l'esprit des hommes, des images de monastères, de grottes et d'ermitages, lieux où, pour se rapprocher de Dieu, l'on se retirait du monde et l'on renonçait à ses tentations et à ses plaisirs. Cette conception dualiste, opposant recherche spirituelle et poursuite des plaisirs de la vie, a prévalu aussi bien en occident (on sait à quel point le christianisme est imprégné de notions de sacrifice et de culpabilité notamment en matière de sexualité) qu'en orient (dans l'hindouisme les pratiques ascétiques et de renoncement sont toujours très valorisées, et le bouddhisme vise à l'extinction des désirs et présente le monde comme source fondamentale de souffrance et d'illusion). Les courants prônant une spiritualisation du désir et du plaisir, ont toujours été très minoritaires et spécifiques, et même en leur sein la satisfaction des désirs était notablement encadrée et limitée : ainsi dans le tantrisme (et seulement dans certaines branches) l'accès au plaisir était extrêmement ritualisé et contrôlé ; les philosophes grecs comme Épicure valorisant le plaisir recherchaient plutôt la modération et la simplicité, assez proches de la voie moyenne bouddhique ; quant à l'amour courtois médiéval, il s'agissait essentiellement d'un mode littéraire aboutissant rarement à une satisfaction concrète du désir, les « parfaits » cathares inspirateurs de cet art, recherchant avant tout la pureté ; enfin, on pourrait dire la même chose des poèmes d'amour exaltés de certains soufis, qui sont essentiellement des métaphores de leur relation avec le divin. Bref, partout et depuis si longtemps, l'on s'est méfié du désir, et lorsque l'on a bien voulu lui accorder une place dans le processus de développement de l'homme, c'est pour ainsi dire « avec des pincettes » en le codifiant à l'extrême (pour contrôler ce qu'il peut avoir d'imprévisible et d'inconnu) et en laissant la satisfaction spontanée et naturelle des désirs, au vulgaire, au peuple et au profane. À l'autre bout de l'histoire si l'on peut dire, se situe l'époque actuelle qui a vu le retour et même l'institutionnalisation du désir comme pilier de la vie de nos contemporains : en effet, la « société de consommation » qui est le système de base de notre fonctionnement économique et culturel, consiste à créer et exacerber des désirs matériels plus ou moins artificiels et factices, sans satisfaire les véritables désirs de l'âme, affectifs et spirituels, qui sont tout simplement niés et ignorés. Une économie toute entière est née de la systématisation de la dépendance et des comportements d'addiction, envers des produits sans grand rapport avec les besoins réels de l'être humain, quand ils ne sont pas franchement nocifs (tabac, alcool, drogues diverses, presse et films démagogiques, modes éphémères, alimentation malsaine, etc.). On le voit, la situation actuelle n'est pas tellement plus réjouissante. |
KELEN - LE
DIABLE PREFḔRE LES SAINTS |
Jacqueline Kelen |
Edition du Cerf |
2016 |
||
Peu de risques qu’il s’attaque directement au tout-venant. Son
« artillerie lourde », il la réserve aux grandes âmes :
menaces, insultes, coups et morsures, rugissements de bête féroce, bruits et
chahuts, etc. D’Antoine le Grand à Padre Pio, de François d’Assise à Thérèse
d’Avila, de Catherine de Sienne au Curé d’Ars, tous en ont fait les frais.
Non sans moquerie à l’égard du « grappin ». Leurs armes ?
Prière, courage et humilité. Avec beaucoup d’exemples concrets et de clarté,
cet essai lumineux, loin d’effrayer, ravive en nous le goût du Ciel. |
KELEN – LE JARDIN DES VERTUS
|
Jacqueline Kelen
|
Edition Salvator
|
2019
|
À une
époque qui parle largement de bien-être, de méditation, de développement
personnel et autres recettes de bonheur, où les psychologies et les thérapies
ont évacué la morale et où politiciens et citoyens invoquent des « valeurs »
sans les préciser davantage, il est urgent de rappeler que la pratique des
vertus est indispensable à l'édification de l'être humain. Avec clarté,
Jacqueline Kelen revisite les quatre vertus morales léguées par la
philosophie grecque, puis reprises par le christianisme, qui les nomme «
vertus cardinales » : la force, la prudence, la tempérance et la justice. Le
livre s'appuie sur la philosophie antique, les mythes et de grandes figures
du christianisme. À rebours de la confusion actuelle des pseudo-spiritualités,
l'auteur rappelle qu'il n'est pas de vie spirituelle authentique sans
fondement moral. À nous de savoir cultiver le jardin des vertus, en toute
liberté. Une vertu est une qualité
morale qu’une personne peut posséder, telle que l’honnêteté, la générosité,
la justice, etc. Chaque école philosophique affiliée à l’éthique des vertus
choisit quelles qualités morales sont importantes et comment définir le
concept général de vertu. Néanmoins, il y a des traits que toutes ces écoles
sont susceptibles d’attribuer aux vertus. Ainsi, une vertu se manifeste à
travers l’action d’un agent. Ce dernier doit posséder une disposition de
caractère pour agir vertueusement à une certaine fréquence. Sans fréquence et
sans manifestations, il est difficile, voire impossible, de dire d’une
personne qu’elle possède telle ou telle vertu. Par exemple, si votre voisin
ne vous rend votre salutation qu’une fois sur deux, vous ne direz sans doute
pas qu’il est attentionné, poli ou encore, ce qui n’impliquerait alors pas
ses qualités morales, bien-entendant. Mais une vertu ne dépend pas de l’avis
et du jugement des autres pour en être une. Une vertu est une disposition
objective du caractère. De plus, elle est bien plus qu’une simple habitude,
car elle ne se contente pas d’être une série d’opérations machinales et
régulières. L’éducation morale, comprenant une série de techniques telles
que l’influence d’un modèle et l’entraînement par des exercices pratiques, permet de
sculpter ses dispositions de caractère en des vertus. Durant son éducation
morale, l’aspirant à la vertu se forge un répertoire d’expériences visant,
dans les situations concrètes qu’il rencontre, l’application immédiate et
adaptative des préceptes appris et des exercices avec lesquels il s’est
familiarisé. Pour reprendre une formulation, la vertu est un type de
disposition qui permet à son possesseur d’accomplir, dans une situation
donnée, la bonne action pour la bonne raison et de la bonne manière. La
sagesse pratique n’est rien d’autre que la compétence d’accomplir de bonnes
actions, c’est-à-dire des actions accomplies pour une bonne raison et de la
bonne manière. Pour comprendre ce qu’est la sagesse pratique, il nous
faut comprendre ce qu’on entend par «bonne action», «bonne raison» et «bonne
manière». Une action est bonne,
dans le cadre de l’éthique des vertus, si, et seulement si, elle est
accomplie pour une bonne raison d’agir et de la bonne manière. La
compréhension de la nature d’une bonne action, selon cette théorie morale,
dépend donc de la compréhension de la nature d’une bonne raison d’agir et de
la nature d’une bonne manière d’agir. Un agent a une bonne raison d’accomplir
une action s’il utilise correctement le raisonnement pratique. Je reviendrai
plus bas sur la nature d’une bonne raison d’agir, car la sagesse pratique
demande le raisonnement pratique le plus performant, c’est-à-dire le
raisonnement qui permet, en tout temps et en fonction des circonstances,
d’identifier la bonne raison d’agir pour une bonne action donnée. Mais avant
cela il faut distinguer la bonne manière d’agir de la bonne raison d’agir. Alors, qu’est-ce donc
qu’une bonne manière d’agir? Pour les théoriciens de l’éthique des vertus,
l’attitude compte pour déterminer la valeur morale d’une action. Si vous
rendez à un ami un parapluie qu’il vous avait prêté lorsque vous en aviez
besoin, mais le rendez à contre-cœur, il ne sera pas pertinent de dire que
vous êtes honnête de manière exemplaire, et ceci même si vous avez une bonne
raison de le faire du type «je ne souhaite pas que mon ami soit trempé par ma
faute». L’exemplarité de l’attitude d’un agent est déterminante pour décider
si cet agent possède véritablement une vertu donnée. Agir de la bonne manière
signifie agir avec une attitude exemplaire, c’est-à-dire une attitude qui
manifeste au degré le plus élevé les qualités humaines de l’agent impliquées
dans l’action. Un passant n’est pleinement généreux, par exemple, que
s’il donne de tout cœur de l’argent à un mendiant. On comprend donc qu’il est
rare de posséder véritablement une vertu. Une bonne manière d’agir correspond
à un engagement émotionnel entier de l’agent pour son action, sans regrets,
sans aucune opposition interne. Pour le dire
autrement, l’agent vertueux a le désir et la motivation d’agir de la bonne
manière et c’est ce qui lui permet justement de choisir l’attitude
appropriée. Manifester une bonne manière d’agir, fondée sur une acceptation
émotionnelle entière de cette action, est déjà particulièrement exigeant.
Mais comme nous l’avons vu, pour accomplir une bonne action, il faut encore
une bonne raison d’agir: la bonne manière agir est nécessaire à la bonne
action mais non suffisante, car la bonne manière d’agir et la bonne raison
d’agir sont ensemble nécessaire et suffisantes pour la bonne action. Alors, qu’est-ce donc qu’une bonne raison d’agir?
Un agent qui accomplit une bonne action sans comprendre qu’il existe au moins
une bonne raison d’accomplir cette action, n’agit pas par vertu mais par
accident. C’est pourquoi Aristote considère qu’un penchant naturel, basé sur
des préférences purement émotionnelles, même pour le bien, n’atteint pas la perfection
de la sagesse pratique, basé sur des raisonnements conscients de tous les
enjeux moraux des actions. L’individu vertueux est celui qui possède la
sagesse pratique, c’est-à-dire qu’il a la capacité d’évaluer la situation
dans laquelle il se trouve, de sélectionner la bonne chose à faire et la
bonne manière de le faire, dans son répertoire d’expériences, et de
comprendre qu’il accomplit la bonne action pour la bonne raison. Dans ce cadre, une
bonne raison d’agir est dépendante de la situation dans laquelle l’agent se
trouve. Ainsi, selon Aristote une personne vertueuse devra choisir entre dire
une vérité désagréable à un interlocuteur ou le préserver de la souffrance,
en pondérant quels bénéfices moraux seront les mieux acquis et par quelle
action. La personne vertueuse ne suit donc pas simplement une règle du type
«je ne dois pas mentir», car elle a conscience de devoir choisir entre
l’honnêteté et la bienveillance et qu’elle a la possibilité, en agissant
véritablement en faveur de son interlocuteur, de composer une action à
travers laquelle ses propres qualités morales et le bien-être de l’autre
seront ensemble préservés, plutôt que de respecter l’intégrité d’une règle
extérieure aux enjeux de la situation concrète. C’est pourquoi, contrairement
aux deux autres théories éthiques dites classiques, l’éthique des vertus ne
possède pas de «théorie de l’action bonne», c’est à dire une théorie qui nous
indique une liste d’actions nécessairement, partout et toujours bonnes sous
forme de règles utilisables par n’importe quel agent à n’importe quel stade
de développement moral. Pour un défenseur de l’éthique des vertus, il est
simplement invraisemblable qu’une telle théorie puisse exister, car, à ses
yeux, la nature d’une bonne action est un composé complexe aux
caractéristiques mouvantes. Ainsi, une bonne action dépend d’une bonne raison
d’agir corrélative à la situation donnée évaluée par l’agent et au désir de
ce dernier de préserver au mieux les bénéfices moraux pour lui-même et les
autres. Une bonne raison d’agir est donc le résultat d’un raisonnement
pratique d’un agent qui y évalue la situation, fait appel à son expérience
pratique et mobilise sa motivation d’être une bonne personne. L’agent
qui parvient en tout temps à sélectionner la bonne raison et la bonne manière
d’agir, bref qui réussit toujours à choisir la bonne action à accomplir,
possède la sagesse pratique. Du point de vue de
l’éthique des vertus, dans sa version dominante (néo-) aristotélicienne du
moins, celui qui sait agir pour la bonne raison et de la bonne manière, peut
atteindre la vie heureuse. Autrement dit, une vie vertueuse est une vie
heureuse. Ce bonheur se trouve être l’objectif final de nos actions. Alors,
qu’est-ce que le bonheur? Un sage comprend ce qu’est une bonne raison d’agir,
parce qu’il comprend ce qui possède une vraie valeur, ce qui est vraiment
avantageux dans la vie, et comment bien vivre. Ceci s’explique par le fait
que, dans le cadre de l’éthique des vertus (néo-) aristotélicienne, une vie
vécue vertueusement est nécessaire pour atteindre le bonheur. Il n’est pas
envisageable de posséder le bonheur véritable sans agir, avec régularité et
engagement, vertueusement. Les écoles gréco-romaines emploient toutes un
vocabulaire et une base conceptuelle semblable pour parler du bonheur. Le
bonheur y est dépeint comme un état stable et permanent de joie sans
agitation, où la maîtrise des émotions est complète, la clarté de l’esprit
parfaite et la perfection humaine accomplie. Bien sûr, la conception de ce
qu’est, dans le détail, le bonheur véritable, que chaque école définit à sa
manière, de la contemplation intellectuelle d’Aristote au calme sans trouble
des stoïciens, dépend étroitement de la conception du rôle que jouent les
vertus dans une vie. Autrement dit, vous ne reconnaissez cette conception du
bonheur que si vous reconnaissez que les vertus sont déterminantes pour mener
la vie que vous souhaitez mener lorsque vous vous posez la question «quelle
sorte de personne être?». Mais aucun argument ne peut être produit pour
convaincre un adepte des plaisirs purs que le seul vrai bonheur est celui
donné à travers une vie vertueuse. Tout ce que les défenseurs de l’éthique
des vertus peuvent faire, c’est tenter de convaincre que la seule bonne
manière de penser la morale est de penser les vertus et leurs relations à nos
vies concrètes. Au
sommaire de cet ouvrage : Au
magasin de farces et attrapes - Quelle est la mesure de l’homme -
Verdoyantes vertus - La Force
- la Prudence - La
Tempérance - La Justice
- Quatuor pour le temps
présent - |
KELEN
- - LE LIVRE DES LOUANGES |
Jacqueline KELEN |
Edition ALBIN-MICHEL |
2007 |
«
La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie
la douleur et l’incompréhension, surmonte le désespoir et le sentiment
d’injustice. Telle une voix de pure grâce, elle acclame, remercie et bénit
sans rien demander pour soi. N’attendant nulle réponse, elle est plus qu’une
prière. Inexplicable, ailée, elle révèle en chacun la musique de l’être.
»
La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie la douleur,
le désespoir, le sentiment d’injustice et l’incompréhension. Elle relie
l’homme à la lumière. Elle est le chant d’une soif infinie qu’aucun homme n’étanchera
jamais. Toujours à contre-courant de l’esprit du temps, Jacqueline Kelen,
auteur de nombreux essais spirituels, fait l’éloge de la louange, seule façon
pour elle de se hisser vers l’absolu, même face au silence de Dieu. En demeurant dans les reproches, l’homme se voue à la mort,
estime Jacqueline Kelen, qui a revisité à maintes reprises les mythes anciens
et les textes bibliques. Elle fustige l’homme moderne qui répugne à dire
merci, ignore la bénédiction parce qu’il croit que tout lui est dû, mais
étouffe dans la cacophonie assourdissante du monde, n’écoutant plus sa petite
musique intérieure et se privant de sa capacité d’émerveillement devant tout
ce qui l’entoure. |
KELEN - LE MANTEAU DE
MAGNIFICENCE |
Jacqueline KELEN |
EDITION RENAISSANCE |
2004 |
||
Portés
par un désir plus grand qu’eux, ils se rencontrent ou s’éloignent sans se
perdre jamais. Ces personnages sont une dame pensive, un chevalier errant à
la noble ardeur, un vieil homme penché sur son écritoire, un jeune garçon
qu’on croit idiot, et un chien aux yeux bleus. Quelqu’un
les observe, de près, de loin, du haut des siècles, un petit être mystérieux,
assez volubile, qui entreprend de tisser un vêtement de pourpre et
d’écarlate. Mais destiné à qui ? L’histoire se situe en France à la fin du XIII° siècle, portant l’écho des croisades, des blanches églises et des bûchers cathares, et marquée de la figure miséricordieuse de la Vierge au manteau. Mais elle se déroule tout autant sur l’échiquier de l’invisible. Ce récit s’inscrit dans la tradition médiévale du Songe. Il est à découvrir comme un cantique fragile et précieux. |
KELEN - LE PROVISOIRE ET…L’ḖTERNEL - LES QUESTIONS INḖVITABLES |
Jacqueline Kelen |
Ed. Le Relié |
2017 |
Nos contemporains sont, pour la plupart, cernés par
des écrans et emportés dans un tourbillon d'activités, de bruits et d'images
qui multiplient leurs angoisses. Ils se retrouvent décentrés, dépouillés de
leur vie intérieure autant que d'une réflexion personnelle. Le silence et la
lecture permettent de prendre du recul et quelque hauteur, afin de
s'interroger et d'exercer son esprit critique. Mais surtout de renouer avec
la culture et la philosophie en méditant sur des thèmes intemporels :
l'amour, l'au-delà, l'âme, le mal, la beauté, la mort... Voici de petites
pensées qui sont une façon de s'approcher de celle qui, selon une expression
biblique, " est née avant les collines ", c'est-à-dire la Sagesse. La révolution
intérieure apporte la liberté et la seule façon de faire en sorte que l'on
passe à travers cette révolution intérieure est de s'ouvrir à la méditation.
Méditation veut simplement dire apprendre à oublier tout ce que vous avez
appris. C'est un processus de déconditionnement. La société a
surchargé tout le monde avec les milliers de pensées. La méditation vous aide
simplement à vous sortir de ce monde de pensées, à entrer dans un état de
silence. C'est un procédé de nettoyage complet de votre ardoise, il vide tout
ce qui a été forcé, bourré en vous. Une fois que vous
êtes vide, spacieux, silencieux, propre, la révolution est faite, le soleil
s'est levé, alors vous vivez dans sa lumière ! Et vivre dans la lumière de
votre soleil intérieur signifie vraiment vivre. En fait c'est la seule façon
de vivre. Les autres meurent seulement, meurent simplement lentement, se
déplaçant dans une file d'attente qui devient de plus en plus courte à chaque
moment et à n'importe quel moment vous pouvez être le premier dans la file.
En fait tout le monde essaie d'être le premier de la file, un grand désir
d'être le premier partout. La vie ordinaire est
seulement appelée vie, en fait elle n´est pas la vie. C'est seulement
soi-disant la vie. C'est un processus de mort graduelle ou être plus précis,
un processus de suicide graduel. Dès l'instant ou vous devenez silencieux,
conscient et clair et que votre ciel intérieur est plein de délices, vous
connaissez le premier goût de la vraie vie. On peut appeler cela dieu, on
peut appeler cela illumination, on peut appeler cela libération, expérience
de la vérité, amour, liberté, félicité, différents noms mais le phénomène est
le même. |
KELEN - LES AMITIÉS CÉLESTES |
JACQUELINE KELEN |
ÉDITION ALBIN MICHEL |
2009 |
Héritière de la philosophie grecque qui place la philia au sommet des vertus, l’amitié spirituelle qui se développe dès les premiers temps du christianisme est à l’origine de fondations d’ordres, de missions, d’une riche correspondance et de textes magnifiques. C’est une émulation sur le chemin du ciel en même temps qu’une tendresse partagée et une indéfectible fidélité. Jacqueline Kelen nous convie ici à un voyage à travers
l’Europe chrétienne, depuis les ermites du IVe siècle jusqu’à nos jours, en
racontant de belles amitiés, qu’elles soient passionnées ou plus sages,
paisibles ou contrariées. Certains amis sont célèbres et auréolés de
sainteté ; d’autres vivent des ambiguïtés et les risques d’un lien qui
cherche à se hisser au dessus du simple attachement
sentimental. Les amitiés célestes sont aussi une invitation à s’interroger
sur ce qui nourrit et illumine toute relation terrestre. Jacqueline Kelen nous raconte les amitiés entre : Paul de Thèbes et Antoine le Grand (228-351) - Grégoire de Naziance et Basile de Césarée (330-379) - Guillaume de Saint-Thierry et Bernard de Clairvaux (1085-1153) - Erasme et Thomas More (1469-1535) - Ignace de Loyola et François Xavier (1491-1552) - Charles Péguy et Alain Fournier (1873-1914) Geneviève et Clotilde (422-502) - Hidegarde de Bingen et Richardis von Stade (1098-1179) - Claire d’Assise et Agnès de Pragues (1205-1300) - Hans Urs von Balthasar et Adrienne von Speyr (1925-1980) Gertrude d’Helfta et Mechtilde de Hackeborn (1256-1301) - J. de vitry et Marie d’Oignies (1177-1240) – François d’Assise et Claire (1182-1226) - Jourdain de Saxe et Diane de d’Andalo (1190- 1237) - Angèle de Foligno et frère Arnaud (1248-1309) – Maître Eckhart et sœur Catherine de Strasbourg (1260-1328) Catherine de Sienne et Raymond de Capoue (1347-1380) - Thérèse d’Avila et Jean de la Croix (1515-1582) - François de Sales et Jeanne de Chantal (1572-1622) – Pierre de Bérulle et Madame Acarie (1575-1641) - Vincent de Paul et Louise de Marillac (1581-1660) - Fénelon et Madame Guyon (1651-1715) - Marguerite Alacoque et Claude La Colombière (1647-1690)- Le curé d’Ars et Catherine Lassagne (1806-1883) Anne Catherine Emmerich et Clemens Brentado (1774-1824) - Simone Weil et J. Marie Perrin (1909-2002) – Pierre Teilhard de Chardin et Lucile Swan (1881-1955) - Jerôme et Paule (347-420) |
KELEN - LE SECRET |
Jacqueline KELEN |
Edition de la Table Ronde |
1997 |
||
Dans
cette même catégorie de secrets accessoires et non essentiels, on doit ranger
aussi un autre genre de secret qui existe très généralement dans les
organisations initiatiques, et qui est celui qui occasionne le plus
communément , chez les profanes, cette méprise sur laquelle nous avons
précédemment appelé l’attention : ce secret est celui qui porte, soit
sur l’ensemble des rites et des symboles en usage dans une telle
organisation, soit, plus particulièrement encore, et aussi d’une manière plus
stricte d’ordinaire, sur certains mots et certains signes employés par elle
comme « moyens de reconnaissance », pour permettre à ses membres de
se distinguer des profanes, aussi doit-on insister sur ceci, que non
seulement ce secret ne peut en aucune façon être confondu avec le véritable
secret initiatique, sauf de ceux qui n’ont pas la moindre idée de la nature
de celui-ci, mais que même il n’a rien d’essentiel, si bien que sa présence
ou son absence ne saurait être invoquée pour définir une organisation comme
possédant un caractère initiatique ou comme en étant dépourvue. » Le silence doit être rapportée ici aux choses qui, en raison de leur nature même, sont inexprimables, tout au moins directement et par le langage ordinaire ; une des fonctions générales du symbolisme est effectivement de suggérer l’inexprimable, de la faire pressentir, ou mieux « assentir », par les transpositions qu’il permet d’effectuer d’un ordre à un autre, de l’inférieur au supérieur, de ce qui est le plus immédiatement saisissable à ce qui ne l’est que beaucoup plus difficilement. L’enseignement concernant l’inexprimable ne peut évidemment que le suggérer à l’aide d’images appropriées, qui seront comme les supports de la contemplation ; d’après ce que nous avons expliqué, cela revient à dire qu’un tel enseignement prend nécessairement la forme symbolique. En résumé, on peut retenir, que : Le « secret initiatique » désigne la Connaissance Suprême Le secret initiatique n’est accessible que par la connaissance effective, conséquence de l’initiation L’accès effectif au secret initiatique peut être gradué, comme l’est la connaissance initiatique ; il est la conséquence d’un processus actif et personnel, comme l’est la connaissance initiatique Le secret initiatique est théoriquement accessible à chacun, par la réalisation initiatique, c’est-à-dire la connaissance effective. Le secret initiatique ne peut être dévoilé Il peut exister des secrets secondaires (concernant les sciences, les arts traditionnels et les signes de reconnaissance) qui n’ont rien de commun avec la nature du secret initiatique le plus intérieur Le secret étant par nature inexprimable et incommunicable, il est intransmissible en tant que tel, mais peut être faire l’objet d’un dépôt en mode virtuel « dans l’intellect de l’initié », qui devra faire le Travail personnel nécessaire pour accéder à une connaissance effective Au sommaire de ce petit ouvrage : L’éclat des choses - l’ambassade de l’amour - le silence de la rose - le manteau étincelant - |
KELEN - LE SENS DE L’HOSPITALITḖ |
Jacqueline Kelen |
Edition Trédaniel |
2017 |
L'hospitalité
n'a rien d'une notion abstraite. C'est un élan du coeur, un devoir moral, un
rite sacré, ou encore une décision mûrement réfléchie. En tout cas, loin
d'être l'affaire de politiciens statuant sur "l'accueil des
migrants", elle interroge chacun personnellement, et à travers la figure
de l'étranger, de l'exilé, elle rappelle aussi notre condition humaine
fragile et incertaine. La philosophie antique, les récits bibliques, les
Tragiques grecs, les mythes et les contes offrent de nombreux exemples d'une
hospitalité heureuse ou périlleuse dont on peut tirer des leçons pour
aujourd'hui : Abraham, Ulysse, Sindbad, le Cheval
de Troie, Lucrèce... Rien n'est résolu d'avance, l'équilibre demeure subtil
entre confiance et discernement, entre générosité et justice. Un essai
éclairant et profond. L'hospitalité consiste à laisser entrer
l'autre chez soi, ou à entrer à son tour dans sa maison. La communication se
fait plutôt par des gestes que par des paroles (bien sûr les gestes peuvent
être accompagnés de paroles mais l'essentiel est dans les gestes) : offrir à
boire et à manger, héberger chez soi, en Orient laver les pieds de celui qui
arrive, en Afrique "demander la nouvelle"… L'hospitalité est du
domaine de l'ethos, de la manière d'être, de la manière de vivre ; c'est une
expérience existentielle. L'hospitalité dérange, elle prend du temps ;
il y a en elle quelque chose de la gratuité et de
la surprise (sinon, c'est de l'hôtellerie !). Cette dimension de surprise est
évoquée dans l'épître aux Hébreux (13,2) : "N'oubliez pas l'hospitalité,
car c'est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des
anges". Mais l'hospitalité ne se vit pas seulement à
notre insu Elle consiste aussi par exemple à accueillir ce que vit l'autre.
Un verset de Paul dans l'épître aux Romains (12,15) dit :
"Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui
pleure". Il s'agit là d'accueillir en soi ce que vit l'autre,
d'accueillir sa joie, ou sa souffrance, et de la faire nôtre. Donc de pouvoir
élargir notre coeur, de sortir de nos intérêts propres et immédiats, pour
faire place en nous à ce que vit l'autre. Je cite un passage d'une lettre de
prison du pasteur Dietrich Bonhoeffer (29 mai 1944), pasteur allemand engagé
dans la lutte contre Hitler et emprisonné à Berlin pendant les derniers mois
de la seconde guerre mondiale. Les avions bombardent la ville, et ses co-détenus ne peuvent héberger en eux que la peur. Le pasteur Bonhoeffer écrit ensuite à son ami
: "J'observe ici régulièrement qu'il y a peu d'hommes capables
d'héberger en eux simultanément beaucoup de choses ; quand les avions
approchent, ils ne sont que peur ; quand ils ont quelque chose de bon à
manger, leur avidité triomphe ; lorsqu'un désir reste inassouvi, ils ne sont
que désespérés, et lorsque quelque chose réussit, ils ne voient plus rien
d'autre. Ils passent à côté de la plénitude de la vie et de l'intégralité
d'une existence propre ; la réalité tant objective que subjective se
désagrège pour eux en morceaux". "En comparaison avec cette attitude, le
christianisme nous place simultanément dans maints domaines de la vie très
différents ; nous hébergeons en nous pour ainsi dire Dieu et le monde entier,
continue le pasteur. Nous pleurons avec ceux qui pleurent, et nous nous
réjouissons avec ceux qui sont dans la joie ; nous craignons pour notre vie,
et en même temps nous pensons à ce qui importe plus que notre vie. Dès que,
pendant une alerte, nos pensées se tournent vers autre chose que notre propre
sécurité, si par exemple nous songeons à notre devoir de répandre le calme
autour de nous, la situation devient tout autre ; la vie n'est pas repoussée
dans une dimension unique, mais reste à plusieurs dimensions,
polyphonique." L'hospitalité, au sens large d'accueillir en
soi la joie ou la souffrance de l'autre, nous fait vivre la vie comme
polyphonique, à plusieurs dimensions. En accueillant les joies et les
souffrances d'autrui, n'est-ce pas le christ que nous accueillons, lui qui
vient vers nous à Noël comme chaque jour ? |
KELEN - LES FEMMES DE LA BIBLE |
Jacqueline KELEN |
Edition La Renaissance du Livre |
2002 |
De quoi est tissée la mémoire des femmes ? Du parfum des fleurs et du goût de l’eau fraîche, de la couleur vive des étoffes et de la profondeur du ciel étoilée, des éblouissements amoureux, des joies passagères, des révoltes, des attentes, du rire des enfants, des gestes inlassables et fidèles qui font le fil des jours. Lorsqu’on évoque la Bible, on cite le plus souvent des noms d’hommes : Moïse, Abraham, David, Salomon, Isaïe… Pourtant, les femmes ne sont pas moins présentes et précieuses dans l’épopée de Dieu. A coté des Patriarches, des rois et des législateurs, elles rappellent, avec force ou discrétion, l’importance du cœur, du corps, du chant et de l’esprit nomade. On trouvera dans ce livre une quarantaine de portraits pleins de vie : des jeunes filles rêveuses et fragiles, des mères tendres ou possessives, des guerrières, des séductrices, des épouses délaissées ou stériles, des prophétesses qui dansent… Ces femmes qui passent dans la Bible, n’appartiennent pas à une religion particulière, elles ont, plus largement façonné la culture et la sensibilité de l’Occident et de l’Histoire. Au sommaire de ce livre on trouve les femmes suivantes : Les séductrices et les prostituées : Eve - les filles de Loth - Tamar - la femme de Potiphar - Rahab - Dalila - Gomer - Ohola - Oholiba - Les trop belles : Bethsabée - Suzanne - Les vierges : Dina - la fille de Jephté - Tamar, sœur d’Amnon - Abishag de Shunem - Les épouses : les bonnes et les mauvaises - Saraï et Agar - Rébecca - Rachel et Léa - Mikal et Abigayil - les concubines - Les veuves : La veuve de Sarepta - Ruth - Sarra - Les redoutables et les rebelles : Judith - Yaël - Esther - Jézabel - Athalie - la femme de Job - Les inspirées, les prophétesses : L’ânesse de Balaam - Miryam - Débora - Anne - la sorcière d’en-Dor - Hulda - Les mystérieuses, les introuvables : Lilith - la femme de Noé - la reine de Saba - la fiancée du Cantique des cantiques - l’épouse de l’Eternel – |
KELEN - LES FLORAISONS INTÉRIEURES - MÉDITATIONS SUR LA DAME À LA LICORNE |
Jacqueline Kelen |
Edition La Table Ronde |
2015 |
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« Elle est une même femme en six apparitions,
avertit Jacqueline Kelen, une seule femme derrière les apparences fragiles :
sa silhouette juvénile, les traits de son visage sur lequel glissent les ans,
et la grâce inaltérée de son maintien manifestent la percée de l’éternel sous
la tapisserie du temps. Elle est tout entière: printemps, fraîcheur de
l’âme, jouvence du cœur. Et, sans jamais l’identifier, elle qui demeure
lointaine, plus étrangère que la prêtresse de Mantinée dont Socrate reçut
l’enseignement d’amour, chacune la rencontrant murmurera : voici la Beauté,
ou encore : ainsi s’avance la Sagesse. » Silence, solitude, immobilité, présence,
immuabilité, la Dame incarne l’axialité couronnée. Souvent liée à l’Île,
autre mythe qui évoque le centre, elle est à la fois inaccessible et
inévitable. Elle rappelle que tout désir pointe l’Absolu, que tout désir est
Désir de l’Un. Jacqueline Kelen rend la parole aux symboles qui
deviennent vivants. La poésie recouvre sa fonction prophétique, non une
prophétie qui contraint mais une prophétie qui libère en indiquant le chemin
du retour à sa nature originelle et ultime. Ce chemin, qui se parcourt sans
personne, échappe à la morsure de chronos. Non seulement la Dame indique
l’intervalle qui conduit hors temps mais elle se constitue en intervalle
suprême. « Embrasée d’amour divin, nous confie Jacqueline
Kelen, la Dame entre dans la Lumière. Elle n’abandonne pas sur la rive des
mortels ceux qui, un jour, répondant à son appel, sont venus en son jardin.
Elle offre à discrétion la terre fertile, les couleurs et les parfums,
l’ancolie et le myosotis, les gemmes étincelantes, les oiseaux qui chantent
et ceux qui parlent, la caresse du vent, les arbres majestueux, les animaux tendres,
ceux qu’on croit féroces et ceux qui, dit-on, n’existent pas… Comme tout cela
est beau ! Comme l’intelligence est riche, et l’amour empli de merveilles ! Avons-nous oublié que nous avions part à tant de
splendeur, à tant de douceur ? Et que certains soirs notre âme chantait ? »
Ici, le chemin se fait Férie. L’opérativité ne réside plus dans quelque
procédé mais dans la contemplation de la spontanéité du vivant.
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KELEN - LES NUAGES ET LEUR SYMBOLIQUE |
direction J. KELEN |
Edition Albin Michel |
1995 |
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Au sommaire de ce livre : Jacqueline Kelen : Nuages, mon beau désir Christian Jacq : La route fertile, la symbolique des nuages selon l’Egypte ancienne Catherine Despeux : Célestes randonnées, la symbolique du nuage dans la culture chinoise. Jacques Bonnet : Les troupeaux du ciel ; le nuage dans la tradition hindoue et dans le soufisme islamique. Salah Stétié : Théâtre des nuées. Charles Mopsik : Les parures du roi ; expériences et symbolique du nuage dans la Bible, la mystique juive et la cabale médiévale. M. M. Davy : La douceur de la Présence ; la nuée et les nuages dans le judéo-christianisme. Claude Lecouteux : Le radeau des vents ; pour une mythologie des nuages au Moyen Âge. Jean Markale : L’entrée ouverte au palais fermé du roi. Denys Riout : La couleur des nuages ; notes sur les nuages dans la peinture occidentale. Françoise Bonardel : Eloge de la nébulosité. |
KELEN
- LES NUITS DE SCHÉHÉRAZADE |
Jacqueline KELEN |
EDITION ALBIN MICHEL |
1986 |
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Shéhérazade, au fil des nuits et des contes, présente à Shariar une image du monde hallucinante par on étendue et sa variété, et procède sur lui aux divers degrés de l’initiation : elle en faisait à la fois un roi, un artiste, un lettré, un amant, un féministe, un sage et un philosophe… c’est-à-dire ce qu’elle est en droit d’appeler : un homme. Or cette initiation est bien passée inaperçue du plus grand nombre qui a préféré voir, dans ces contes de Mille et une nuits, des histoires coquines ou graveleuses… et qui n’a pas compris la puissance subversive* de la parole féminine, ni la force de transmutation de l’étreinte charnelle. Face au pouvoir violent du sultan, Shéhérazade déploie sa puissance féminine : celle qui éveille les forces de vie et de lumière. Aux fantasmes grossiers, aux idées vengeresses d’un mâle désappointé et blessé, elle réplique par une superbe leçon d’amour. Au bout du conte, ce n’est pas Shéhérazade qui évite la mort à laquelle elle ne croit pas, c’est Shariar qui est sauvé. Sauvé parce qu’il a su reconnaitre, aimer et épouser la femme en lui, son Orient. Il est désormais hors du temps puisqu’il a accepté ce présent qu’est la Vie. Experte dans l’art de capter les âmes, elle ne cherche pas à divertir le roi, à ruser au plus fin et à gagner chaque nuit un nouveau jour. Son but est plus noble : entrant par la porte de la curiosité, qu’elle découvre chez Shariar, ce qu’elle poursuit par le moyen des contes (d’abord enfantins pour préluder… jusqu’aux grands récits descriptifs), c’est l’éducation totale de celui qu’elle espère pouvoir considérer au terme de l’effort comme son époux. L’ayant pris dans son ignorance et sa rudesse, elle le crée une seconde fois : elle le fait monter de l’instinct à la conscience, du réflexe automatique à la décision volontaire. Mais en suivant cette instruction du roi, elle n’oublie pas qu’elle œuvre pour la cause des femmes : non point seulement pour sauver de la mort ses sœurs menacées, mais pour les réhabiliter devant le Khalifat et devant les Siècles. |
KELEN - L’ESPRIT DE SOLITUDE |
J. KELEN |
Edition La Renaissance du Livre |
2002 |
On confond souvent solitude avec isolement, enfermement, abandon. Or c’est tout le contraire, la solitude doit nous faire passer à un état de plénitude heureuse, comme le furent beaucoup de philosophes, d’artistes, de saints, et de grands initiés. Pour
devenir soi-même, il faut marcher seul » Avec “L’Esprit de solitude”,
l’écrivain Jacqueline Kelen publie un vibrant plaidoyer en faveur de
l’autonomie.
L’auteur nous invite à découvrir en chacun de nous cette liberté personnelle et inaliénable qui passe par la solitude. |
KELEN
- LES REINES NOIRES : DIDON, SALOMÉ, ET LA
REINE DE SABA |
Jacqueline KELEN |
Edition Albin Michel |
1987 |
Ces Reines qui ont vécu à Carthage en Arabie et en Palestine, ont des points communs. Elles sont conquérantes et insolentes, elles dérangent et transgressent mais elles sont des initiatrices telles qu’il en existait dans les plus anciennes religions. La grande civilisation de Méroé au sud de l’Égypte, s’étendait au sud de la cataracte du Nil en Nubie (Soudan). À partir de -300 avant JC et jusqu’au au 2e siècle de notre ère, il y avait beaucoup de femmes leaders, tant que l’on croyait qu’il n’y avait pas de dirigeants masculins du tout. Le troisième grand règne est celui reine Bartare 284 à 275 avant notre ère, dont le tombeau en forme de pyramide a été trouvé. Le royaume de Koush est l’appellation que les égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire égyptien. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne. Les reines noires ou candaces (sœurs), ont régné durant sept siècles, à partir du IIIe siècle av. J-C. Au centre de la famille, les femmes possédaient les biens et choisissaient leur époux. Elles régnaient sur le foyer et le troupeau, les hommes étant chargés des travaux pénibles. Les reines noires ont vécu en paix avec les pharaons. Les deux pays ont entretenu des relations diplomatiques et commerciales, jusqu’à ce que l’Égypte décide d’annexer la Nubie qui se défendit avec une force et une volonté qui surprit les assaillants. L’auteur spécialiste des mythes nous fait vivre les vies flamboyantes de ces Reines noires qui ont vécu à l’époque des gnostiques. Abraham,
Moïse, Jésus, Mahomet, Râmakrishna… Apparemment la
Divinité choisit toujours des hommes pour parler ou pour s’incarner. De là à
conclure que la Divinité est masculine, il y a un pas aisé à franchir. À
moins qu’on ne fasse la différence entre religion établie (du fait des
hommes, des chefs, le plus souvent) et voie spirituelle, intérieure, qui,
elle, ouvre vers le Féminin : c’est la voie de la Gnose, de la connaissance
personnelle, intuitive, qui ne dépend ni d’une Église ni d’un clergé, qui
recherche la libération personnelle et non le pouvoir. Et là, au cœur de la
Gnose, on retrouve la Femme, occultée ou oubliée dans les religions, la Femme
qui apparaît comme le chemin et la fin du chemin. La
Femme de la Gnose, on l’appelle Sophia, ou l’Âme du monde ; c’est la
Marie-Madeleine des Évangiles secrets, la Ruah
(vent, esprit saint) des Hébreux et la Shekhina
(présence divine) de la Kabbale juive ; c’est encore la Shakti, et la Grande
Déesse de l’hindouisme ; c’est la Sîmorgh (manifestation divine sous forme
d’oiseau) du soufisme ; c’est Dame Alchimie et la pierre philosophale…Elle
est le chemin et la fin du chemin, la Femme, seulement on ne voit et on ne
parle que des hommes – apprentis, sages, ou adeptes – en quête de la
Féminité, et on finit par confondre ceux qui cherchent avec ce qui est
cherché : c’est toujours l’histoire du montreur de lune : on regarde le doigt
pointé vers la lune au lieu de regarder la lumière indiquée… On
connaît la pensée, la vie et les écrits des Gnostiques grâce (ô ironie !) à
leurs détracteurs : les Irénée, Épiphane, Tertullien, des Pères de l’Église
caractérisés par une misogynie radicale ; et grâce au hasard récent, qui fit
renaître le phénix de ses cendres, par la découverte, en 1945, en
Haute-Égypte, d’une cinquantaine d’écrits gnostiques datant du IIe siècle de
notre ère, dont l’Évangile selon Thomas fut le premier traduit et commenté.Aujourd’hui, on sait que les Gnostiques des
premiers temps du christianisme vivaient librement et en égalité de
communauté avec les femmes ; celles-ci n’étaient pas exclues, mais surtout
avaient le même rôle : guérison des malades, enseignement spirituel,
prophétisme… C’est surtout cette place de la femme que les Pères de l’Église
et l’apôtre Paul ont critiquée et jugée intolérable ; ce sont eux qui ont
chassé la femme de l’Église, tout en continuant à répéter la belle métaphore
de l’Église épouse du Christ, alors que l’Église n’était qu’une assemblée
d’hommes. Or,
si les femmes étaient dans les sectes gnostiques respectées et écoutées,
c’est parce que la Gnose met au premier plan la Féminité. La Divinité
créatrice est pour la plupart des Gnostiques ressentie comme féminine ou
androgyne : elle s’appelle Sagesse, ou Esprit saint, ou encore Silence,
Grâce, Vierge de lumière, ou Mère des Vivants. Elle est Connaissance et Amour
De certains de ces qualificatifs, les « bons » Pères de l’Église et autres
théologiens ont su tirer des conclusions pour des siècles : à partir de cette
Puissance féminine originelle, qui est invisible et silencieuse, ils ont
tracé une ligne de conduite pour les femmes (c’est-à-dire contre les femmes),
à savoir : cache-toi (ou sois laide) et tais-toi.
Avec les Pères de l’Église, la Mère divine s’est d’un coup fossilisée, ou est
partie d’un grand coup d’ailes ; et désormais le Verbe a remplacé la Parole.
Les femmes n’avaient plus qu’à écouter, à se repentir, à balayer l’église ou
à être bonnes de curé… Oui,
ils étaient gênants et révolutionnaires, les Gnostiques du christianisme
primitif. Ils exaltaient, en leurs écrits, le personnage de Marie-Madeleine,
comme Initiée, Bienheureuse, pure lumière, disciple préférée de Jésus : « La
compagne du Sauveur est Marie-Madeleine. Mais le Christ l’aimait plus que
tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. Le reste des
disciples s’en offensaient. Ils lui dirent : « pourquoi l’aimes-tu, elle,
plus que nous tous ? » Le Sauveur leur répondit en disant : « Pourquoi ne
vous aimé-je pas comme elle je l’aime ? » (Évangile de Philippe) Marie-Madeleine
symbolise la Sagesse et la Connaissance (le baiser sur la bouche est, outre
un geste amoureux, signe de transmission de la Parole). Elle n’est pas cette
prostituée en pleurs dont le catholicisme chérit l’image, elle n’est pas une
« pécheresse » repentie. Elle figure, pour les Gnostiques, l’Âme du monde qui
a chu et s’est éparpillée ici-bas, la Lumière aux prises avec les ténèbres du
monde, avec les pièges de l’incarnation, avant de remonter dans la sphère
céleste, le Plérôme. De même, Simon le Magicien, gnostique dont parlent les
Actes des Apôtres, est accompagné d’une femme, qui avait été prostituée, et
qu’il appela Hélène (la Lune) en la considérant comme son « Ennoïa » (Pensée, Esprit saint) : ce n’était pas là acte
de charité envers une prostituée, mais affirmation d’une croyance gnostique,
à savoir que la Femme (la féminité) est l’âme et la profondeur de l’homme.
Dire que « la femme est l’avenir de l’homme » (Aragon) est rejeter la femme à
demain, plus tard, bien loin. Les Gnostiques diraient : la femme est
l’éternel présent, le ciel intérieur et l’aurore de l’homme. Mais cette
femme, cette âme, est bien malmenée, emprisonnée ou dilapidée par l’homme ;
elle échappe à qui veut la saisir, la posséder, elle demeure ambiguë et
énigmatique pour ceux qui n’ont pas une vision unitive : On pourrait donc énoncer que la Gnose est féminine, dans la mesure où elle échappe, où elle est nomade ; elle est le vent qui souffle où il veut, et qui bouscule les édifices. Elle est la connaissance cachée par rapport au savoir officiel, à l’Église canonique, comme le sexe féminin, intérieur, apparemment clos et vide, est au sexe masculin bien visible. La Gnose requiert des qualités féminines telles que l’intuition, la compréhension par le corps et le cœur ; elle est de l’ordre de l’expérience, au lieu de reposer sur des dogmes ou concepts d’une raison masculine. On a oublié que si la religion établie peut être une base vers la spiritualité, elle demeure à la base du triangle dont la Gnose est le sommet. L’édifice temporel ne parviendra jamais à contenir ni à remplacer la joie spirituelle. |
KELEN - LES SEPT VISAGES DE MARIE-MADELEINE |
Jacqueline KELEN |
Edition DU RELIÉ |
2006 |
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Lazare et Marthe n’étaient pas présents avec les apôtres à Jérusalem car depuis sa résurrection Lazare devait se cacher de peur d’être arrêté. Les disciples de Jésus se cachaient aussi et la mort du Christ les avait anéantis. En qui avaient-ils cru ? Où était celui qui devait relever le monde par sa royauté ? Ils ne voyaient que mort et désolation. Le paradoxe de la croix est de faire éclater la Vérité à tous, au moment même ou les mensonges amenant à la crucifixion semblent triompher. Il fallut cependant le témoignage de Marie Madeleine, l’apparition aux témoins d’Emmaüs, la présence du Christ ressuscité parmi les apôtres jusqu’à l’ascension pour leur redonner courage et affermir leur foi. Il fallut aussi toutes les grâces de l’Esprit-Saint à Pentecôte afin de les confirmer dans leur mission et leur donner la force de l’accomplir. Les apôtres et disciples organisaient peu à peu leurs rencontres et la première Eglise chrétienne, tout en se méfiant de ne pas se faire arrêter. Etienne, diacre, fut lapidé; ce fut le premier martyr chrétien (Actes 7, 54-60). Devant les miracles qu’ils accomplissaient au nom de Jésus Christ, Fils de Dieu et devant le monde qu’ils amenaient à la Foi chrétienne par leurs prédications, le roi Hérode Agrippa mis en place à Jérusalem par ses amis les empereurs Caligula et Claude recommença à persécuter les chrétiens pour plaire aux responsables juifs. Il fit emprisonner Pierre et décapiter Jacques (Actes 12;1-5). C’est certainement devant cette nouvelle vague de persécution que Marie-Jacobée et Marie-Salomé (mère des apôtres Jacques et Jean), Marthe, Parménas, Marcelle leur servante, Marie Madeleine, Maximin (jeune disciple de Jésus), Sidoine (l’aveugle né) décidèrent de s’exiler par un navire qui faisait la liaison entre la Palestine et Narbonne. Ce devait être en l’année 43. Le débarquement de ce petit groupe se fit à l’embouchure du Rhône et fut recueilli par une troupe de gitans qui devinrent les premiers convertis à la nouvelle religion. Sarah la gitane, Marie-Jacobée et Marie-Salomé restèrent au bord de la mer dans ce village qui allait devenir les Saintes Maries de la Mer. Le reste du groupe poursuivit sur Arles où il retrouva des hommes et femmes s’étant déjà convertis à Jésus, partageant leurs biens, priant et annonçant la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité. Les voies maritimes reliaient déjà les pays entre eux et les nouvelles allaient avec. Dans le sud de la France par les marins, les événements de Palestine étaient connus et certains avaient déjà adopté cette nouvelle religion. Le groupe continua sur Marseille où il séjourna chez des personnes rencontrées en Palestine, avant de s’installer sur la ville pour travailler et prêcher. Marie Madeleine connaissait les plantes, l’art de confectionner des encens et des parfums ce qui lui permit d’aider au temple. Sa position sociale en Palestine lui permit de rencontrer sur Marseille des personnes de la diaspora juive qui les aidèrent à s’établir. Sidoine se fit embaucher comme pêcheur. Grâce à tous, à leur travail et à cet environnement d’amitié, leur évangélisation touchait toutes les couches sociales de la ville. Ils y restèrent 2 ou 3 ans avant d’être rejoint par Lazare, arrivant de Chypre, qui prit la responsabilité de la communauté chrétienne de Marseille dont il devint l’Evêque. Par sa présence et son autorité, il réunifia certaines dissidences naissantes. Maximin et Sidoine se déplacèrent sur Aix en Provence pour continuer leur chemin d’évangélisation.... tandis que Marie Madeleine se retirait en la grotte de la Sainte Baume pour terminer sa vie en prières. Ce fut lors d’une promenade dans cette belle forêt au-dessus de Marseille, en regardant la falaise, que Marie Madeleine découvrit le visage de son "Rabbouni" inscrit dans la roche. Pour elle, c’est une révélation. Elle restera ici dans la grotte jouxtant cette falaise proche de Celui qui fut sa raison de vivre. Ses allers et retours sur le plateau de la Sainte Baume ne lui servirent qu’à porter les teintures qu’elle confectionnait grâce aux plantes trouvées dans la forêt et à remonter, avec l’aide de son ânesse ce qui lui était nécessaire pour vivre. De première Apôtre Marie Madeleine devenait première Ermite de l’Eglise et ouvrait la voie à la vie contemplative. La solitude ne la rebutait pas, elle y voyait même un grand attrait, celui de vivre enfin âme contre âme avec le Christ et l’univers céleste, en prières avec Dieu et les anges. De nombreux phénomènes miraculeux accompagnèrent ses prières selon les contes provençaux: elle aurait été transportée dans les airs par les anges jusqu’à plusieurs fois par jour. Elle serait restée ainsi plus d’une dizaine d’années entre la vie contemplative en sa grotte, ses allées et venues sur le plateau de la sainte Baume, les visites de ses amis Maximin, Sidoine et de quelques uns de Marseille. Ils se retrouvaient aussi pour célébrer l’eucharistie. |
KELEN – LES SOLEILS DE LA NUIT – Et la nuit comme le jour illumine |
Jacqueline Kelen |
Edition de la Table Ronde |
2008 |
Jacqueline Kelen nous emmène loin, sur le chemin de nos origines, à travers contes ancestraux et réflexions aussi lucides que poétiques. Un vrai bonheur de lecture… à nous faire aimer les nuits au moins autant que les jours. Qu’elle évoque l’esprit de solitude, l’amitié ou des héros mythiques, Jacqueline Kelen a l’art de nous ensorceler. Ses livres sont autant de voyages pour l’âme et l’esprit, qui nous emmènent bien plus loin que peut porter notre regard. Dans ses pas, on apprend à percevoir l’invisible. Son dernier livre nous convie à une véritable consécration de la nuit. Une nuit habitée, lumineuse, qui fait éclater les limites du jour. Au moment où les journées raccourcissent, alors qu’il nous faut apprendre à composer avec le manque de soleil, avec le soir qui tombe de plus en plus tôt, Les soleils de la nuit sont comme une invitation à considérer différemment les saisons plus sombres à venir. «La sérénité vient avec le soir. Même si on ne dort pas, la paix, la majesté du ciel nocturne invite à adopter un autre rythme, plus ample et plus recueilli. C’est le temps de la méditation, de la douceur, des confidences.» Souvent, la nuit engendre la peur. Pour Jacqueline Kelen, elle est au contraire un refuge, un monde fait d’immensité, porteur de notre part divine. «Ainsi, la nuit paraît claire ou sombre selon celui qui la contemple: elle est un gouffre, elle est une arche; elle mène à la perdition, elle invite à l’élévation; son immensité emplit l’homme d’effroi ou le pousse à le prosterner.» J. Kelen s’appuie sur des contes et des mythes, parmi les plus célèbres, pour nous ouvrir aux différentes significations de la nuit. Nuits de prières, d’amour ou de débauche… «Toute l’existence humaine ressemble à un voyage nocturne où les meilleurs persistent jusqu’à l’aurore. Sans renoncer. Sans se laisser piéger par les fausses lueurs diurnes. Pour échapper au rêve, au mensonge d’ici-bas, l’âme chaque nuit doit se dévêtir de sa tunique de peau.» Jacqueline Kelen insiste sur la sérénité liée à la nuit, sur le soir qui clôt une journée… ou une vie. «Le soir est serein: ainsi le désigne l’origine du mot en latin, serenus. Cette tranquillité particulière ne vient pas d’une absence de bruits extérieurs, ni de l’arrêt des activités, elle est la qualité d’un état intérieur où tout paraît se décanter et se mettre à sa juste place. (…) Aussi est-elle belle l’expression qui évoque le soir de la vie. Il n’en émane rien de triste, mais c’est toute la noblesse d’une vie d’homme accomplie, avec ses pertes et ses richesses, ses faux pas, ses joies intenses, sans rien renier.» Elle nous offre ainsi la nuit comme une renaissance. «Chaque nuit incite à revenir à ce qui nous précéda, elle propose ce bond en-deçà du temps qui rafraîchit et qui apaise, un printemps incroyablement jeune.» Celles et ceux d’entre nous qui parfois veillent, lisent, travaillent ou méditent au cœur de la nuit comprendront bien cette atmosphère si particulière, sur laquelle Jacqueline Kelen a su mettre des mots pour nous la faire savourer mieux que jamais. |
KELEN - L’ÉTERNEL MASCULIN – TRAITÉ DE CHEVALERIE A L'USAGE DES HOMMES D'AUJOURD'HUI |
Jacqueline KELEN |
Edition LAFFONT |
2005 |
À
une époque où l’identité masculine paraît vacillante, noyée dans l’uniformisation
générale, réduite à des faits biologiques ou à des concepts psychanalytiques,
Jacqueline Kelen ose s’interroger sur l’éternel masculin.
Un livre de grande culture, traversé par plus de soixante dix mythes masculins, dont Jacqueline Kelen propose une nouvelle lecture, parfois surprenante et toujours passionnée. Les hommes féminins – Les ravages du terminisme – Le temps des semailles – Mythes et stéréotypes – Le blason masculin – La solitude, la liberté – L’admiration, miroir de beauté – Le premier héros – De la marionnette à l’homme relié – Virilité, « viridité » - L’éros du héros – Vif-Désir – Simbad l’infatigable – L’errance – Aller à la rencontre - Le goût de l’épreuve – Ulysse ou le voyage énamouré – Énée, Jason – Thésée et ses monstres - Navigations celtiques – Le cœur volant – La noblesse de l’échec – Icare ou le ciel qui s’ouvre – Le premier pas – Une morale guerrière – Les armes et les lettres – Le temps de la ferveur – Le guerrier spirituel - Jacob le fort – Tête d’or – Samson – Cuchullainn le flamboyant – La mort en face – Mourir en beauté – La gloire – La paix du guerrier – Les combats de l’esprit – Le tranchant de l’épée – Éloge de la fureur – La femme et le guerrier – Petit Poucet le futé – L’œil ouvert – Naïveté, nativité – Les faux enfants – Peter Pan le verdoyant – Aladin, le fervent d’amour – Jouvence du mythe – Prométhée, le voleur de feu – L’esprit titanesque – Asclépios le guérisseur – Les tourments de Faust – Pygmalion ou le geste qui donne vie – Vive l’homme occidental – La menace de Frankenstein – La sapience – Le mythe dédaigne le mariage – Narcisse ou l’impossible beauté – Les déserteurs de l’amour – Nuits cruelles, secrets égorgés – Don Juan et les intermittents de l’amour – Le donjuanisme – Tristan ou la douleur d’aimer – L’irrésistible passion – Hamlet, l’amant célestiel – Roméo, fou d’amour – L’invention des troubadours – Le désir continent – Le goût du secret – Le « Joy » amoureux – L’éducation chevaleresque – La Dame mystérieuse – Le cœur et l’épée – Dieu, le Roi, la Dame – Lancelot, chevalier courtois – Perceval, Galaad – La véritable chasteté – La mission cosmique – Don Quichotte l’admirable – La lignée chevaleresque – De la fraternité – La danse avec le danger – Pourvoir à la beauté – La mesure de l’élégance – L’horreur de la médiocrité – L’espace de la conversation – L’homme de concorde – Le jeu, la joie – La cité, la forêt – États d’arbre – L’ire d’amour – La hache et le houx – Pépinière de rebelles – Tarzan, gentleman de la jungle – Mémoire de chaman – La lampe et les fièvres – Noé, Väinämöinen : deux hommes dans un bateau – L’homme réconcilié – Le fou du roi – Dionysos le déchaîné – Zarathoustra le léger – Le fou d’amour – L’analphabète, l’idiot – Zorba, la volupté de vivre – La parole du jasmin – Vivre dans la splendeur – Pour en finir avec la pensée laïque/laide –L’homme ouroborique – Le roi Salomon – De ce côté-ci du Paradis. |
KELEN - MARIE - MADELEINE OU LA BEAUTÉ DE DIEU |
Jacqueline KELEN |
Edition LA RENAISSANCE |
2004 |
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Bien-sûr
il faut se souvenir qu'au temps de Jésus, la maladie, la fièvre, la
possession diabolique, étaient autant d'aspects, comme le péché, de la
rupture avec le monde de Dieu. On ne parlerait plus ainsi aujourd'hui. Aussi
demeurons-nous avec nos questions sur ce que pouvaient signifier ces sept
démons. Le rapprochement dès lors avec la femme pécheresse qui intervient
chez Simon le pharisien, dans le même évangile de Luc (Luc 7, 36-38), est
tentant. Jésus est à table chez Simon le pharisien. Entre une femme, qui se
jette aux pieds de Jésus et pleure, puis essuie les pieds de Jésus de ses
cheveux, avant de verser sur eux un flacon de parfum rare. Cette femme n'est
pas nommée et demeure ainsi - pour toujours - anonyme. Mais il était tentant
d'y voir Marie-Madeleine, qui devient dès lors la prostituée que beaucoup
imaginent. Et ses sept démons sont identifiés ! Mais tout repose sur
l'imagination. Peu à peu, d'autres figures de femmes demeurées elles aussi anonymes dans les évangiles, et que rien n'autorise véritablement à identifier, rejoignent et enrichissent le portrait de Marie-Madeleine. On rapproche ainsi la pécheresse qui versa du parfum sur les pieds de Jésus chez Simon le pharisien, de celle qui en versa sur la tête de Jésus… chez Simon le lépreux, et dont nous parle Marc, soulignant l'exception de ce geste, qui préfigure la mort de Jésus, Jean parle d'un même geste à Béthanie. Il s'agit alors de Marie sœur de Lazare (Jean 12, 2-3). Serait-ce la même ? Et un même geste suffit-il à les identifier toutes en une ? L'analyse sur ces textes, en effet, ne permet pas d'en dire entièrement l'histoire, ni le chemin qu'emprunta la transmission de la mémoire initiale. S'agissait-il d'un même geste ou de plusieurs ? D'une ou plusieurs Marie. La liberté de Jésus dans ses paroles, et sa proximité de tous, la proximité qu'il eut également à l'égard de plusieurs femmes qui le suivaient - verbe qui désigne le disciple -, la considération qu'il leur porta, le geste qui libéra Marie-Madeleine de sept démons, cela explique peut-être l'attachement qu'elle ou plusieurs, purent avoir envers lui. |
KELEN
- MARIE - MADELEINE UN AMOUR INFINI |
Jacqueline KELEN |
Edition Albin Michel |
1982 |
Qui est cette mystérieuse Marie de Magdala dont les chrétiens en ont fait une des figures majeures proches de Jésus et les gnostiques une grande initiée. Ici elle parle et se souvient : de sa vie en Palestine, de son exil en Provence et surtout de sa rencontre éblouissante avec Jésus dont elle partagea l’enseignement, la Passion et la Résurrection. Le privilège de Magdeleine – et son immortalité – est d’avoir une légende et non une histoire. Les quatre évangélistes ont laissé témoignage d’une femme « possédée par sept démons » et guérie par Jésus ; d’une pécheresse repentante répandant du parfum ; d’une femme riche, originaire de Magdala, faisant partie de l’entourage de Jésus ; d’une Marie, vivant à Béthanie avec sa sœur Marthe et son frère Lazare, tous trois aimés du Christ. Marie (ou la Magdaléenne, ou la pécheresse) est citée dans les épisodes de la résurrection de Lazare, et de l’onction à Béthanie ; du Calvaire et de la mise au tombeau (elle se trouve au nombre des « saintes femmes ») ; enfin, celui de l’apparition du ressuscité. Il y aurait donc, au moins, une double figure : Marie la pure, la douce, menant une vie simple, emplie de foi ; et la pécheresse, possédée, prostituée, la Magdaléenne. C’est l’apôtre Jean qui suggère la liaison entre ces personnages apparemment contradictoires (Jean XI 1-2). Et même si certains théologiens persistent à refuser l’assimilation, la tradition conserve, avec le nom double de Marie-Magdeleine, l’image d’une femme au grand cœur, compatissante et désolée, dont les attributs remarquables sont une longue chevelure et un pot de parfums. La douleur, la beauté : deux faces de l’amour, et Magdeleine apparaît comme le miroir ardent de Jésus, lumineux et crucifié. Elle s’appelle Marie, comme tant d’autres en Palestine ; de même Jésus est un nom répandu. Mais de ces « Miriam » ou « Yeshoua », très peu resteront dans l’Histoire et les cœurs. Elle se nomme Marie, on l’appellera la Magdaléenne ; comme Jésus, dit le Nazaréen ; est-ce là un terme dépréciatif ou un constat de notoriété ? Est-ce une habitante ordinaire, ou la Dame de Magdala ? Sa conduite est-elle inqualifiable ou ineffable. On pense au personnage de Judith (c’est-à-dire « la Juive ») de l’Ancien Testament : elle est, comme Magdeleine, riche, et veuve (c’est-à-dire, seule, sans joug marital, autonome) ; elle habite, et sauve, la citadelle de Béthulie (une ville qui n’existe pas, inconnue comme le fameux « parfum » répandu par la pécheresse) ; or on fait dériver le nom de Magdala de l’hébreu « migdol » : « tour ». Judith, Magdeleine : femmes-forteresses, images de la Grande Déesse Cybèle au front ceint de remparts. Rahab la prostituée habite dans les fortifications de Jéricho. « J’étais une muraille », chante la superbe épouse du Cantique des Cantiques, nommée sans plus de précision « la Sulamite » (« la Pacifiée »). Autre femme sans visage, plus belle, plus affolante, de demeurer sans identité. Femme noire et inquiétante, femme-sortilège, qui se définit aussi – si l’on peut dire, puisque ce sont choses mouvantes, choses fuyantes – par ses cheveux, et l’abondance de ses parfums (dont le fameux « nard ») : l’essence même de la féminité. Le chant d’amour de l’Époux et de l’Épouse est repris, quatre siècles plus tard, par Jésus et Magdeleine. Avant de décroître, de laisser la place à Jésus, Jean le Précurseur, le chaste, l’ascète solitaire, se définit, non comme l’époux (« qui a l’épouse est l’époux »), mais « l’ami de l’époux » (Jean III, 27). Dès lors, comment ne pas reconnaître en Marie-Magdeleine l’épouse, aux côtés de Jésus ? Dans l’entourage féminin de Jésus, c’est elle qui est citée de la façon la plus marquante. D’autres indices et coïncidences abondent : « Femme publique », Magdeleine suit Jésus de Galilée en Judée, pendant son enseignement aux foules, sa Passion, et au-delà. Non seulement elle est témoin mais participe aux événements majeurs de la vie de Jésus : elle suscite, par ses larmes, sa confiance et sa tendresse, le miracle de la résurrection de Lazare ; elle héberge Jésus, avant sa Passion, dans la maison de Béthanie ; elle le voit et l’entend sur la croix ; et surtout elle est la première (la seule, selon l’évangéliste Jean) à voir et entendre le Christ ressuscité : le dialogue déchirant entre la femme éplorée et le faux jardinier (« Marie ! » – « Rabbouni ! » et cette étrange phrase « ne me touche pas ! » affirment leur union par-delà les corps et le temps, et « l’amour plus fort que la mort ». Tendresse de Jésus pour Marie, mais aussi respect et admiration pour la « pécheresse » : lors de l’onction à Béthanie, il prend sa défense, la cite en exemple et la loue pour les siècles futurs. Bien sûr, on n’a pas attendu ce jour pour affirmer d’équivoques relations entre Jésus et la Prostituée, pour vouloir éclaircir ou préciser la vie sexuelle et sentimentale de l’homme-dieu. Il ne s’agit pas de cela, ni expériences sexuelles ; il s’agit d’amour ; d’amour incarné, comme Jésus lui-même. Magdeleine et Jésus représentent deux voies de l’amour qui se retrouvent et s’enlacent : lorsque deux figures de l’Absolu s’étreignent, c’est sans référence humaine, sociale ou morale, c’est au-delà du bien et du mal ; comme la rencontre du Jour et de la Nuit : qu’en sait-on et qu’en reste-t-il, et pourtant tout se joue à cette seconde-là. Si « tout est pur aux purs », l’union de Jésus et Magdeleine, charnelle et spirituelle, demeure sans commentaires, sans points de référence : évidente et inexplicable ; humaine et incomparable ; rien n’a eu lieu, ou tout en même temps : c’est le propre de l’extase, de l’union accomplie, et seuls le savent ceux qui l’ont partagée. |
KELEN - MÉLUSINE OU LE JARDIN SECRET |
J. KELEN |
PRESSE DE LA RENAISSANCE |
2007 |
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Ainsi, une fois le héros réalisé, libre à lui d’être ermite, marié ou en communauté. De même, les notions de maternité et de paternité sont rarement évoquées. La femme-fée Mélusine illumine l’existence de son époux, Raymond de Lusignan. Elle lui a promis de le rendre heureux et prospère, riche et respecté de tous, mais le mariage repose sur un pacte : elle demande une journée pour elle seule, le samedi. Cette condition est judicieuse : l’amour n’est ni la confusion ni la promiscuité, et la vie conjugale doit respecter, et même révérer, le secret et la solitude de chacun des époux. Notre époque se déroule sous le signe de la collectivité, mais l’aventure de conscience, de la quête spirituelle, ne peut se vivre que sous le signe de la singularité. Un jour, assailli par le doute, le seigneur Raymond de Lusignan rompt l’interdit du samedi et cherche à surprendre le secret de Mélusine. Un peu plus tard, il tiendra des propos insultants à son égard. Mélusine, qui veillait sur cette distance d’étrangeté, d’émerveillement entre eux, va déployer ses ailes et quitter Raymond pour toujours. Leurs adieux, inépuisables, me font toujours monter les larmes aux yeux. Ils ne se combattent pas l’un l’autre ni ne se déprécient, comme on a tendance à le faire lors d’une séparation, mais, au contraire, ils se chantent et se remercient pour tout ce qu’ils se sont apportés l’un à l’autre. Les êtres nobles se séparent sans renier l’amour, ils se quittent mais l’amour ne les quitte pas.... Au sommaire de cet ouvrage : Le droit de féerie - les très riches heures de Lusignan - Lignée terrestre, lignée céleste - Le destin, les épreuves et la grâce - Précieux désir - Faire alliance - La richesse d’aimer - La féminité souveraine - Heureuse solitude - Veiller sur le secret - L’affligeante infidélité humaine - La noblesse des adieux - Réparer et bénir - Retour à l’Eden - Sources - |
KELEN - MISE AU TOMBEAU
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Jacqueline Kelen
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Edition Salvator
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2021
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Il était inévitable et
surtout nécessaire que Jacqueline Kelen approche pour nous les mythèmes
fondamentaux qui sont rassemblés dans la mise au tombeau du Christ. Son art à
rendre vivant ce que nous figeons dans les concepts ou les dogmes restitue à
ce moment, qui nous est commun, toute sa force et sa portée, considérable. Ils sont sept, rassemblés autour d'un
corps allongé, inerte et très beau. Ils semblent silencieux et pourtant, de
leur douleur, de leur effarement, s'élèvent une clameur de pitié et d'amour,
un flot de souvenirs et de questionnements, un chant de consolation et
d'espérance. On reconnaît Marie la Mère, Marie-Madeleine l'amoureuse, le
jeune disciple Jean, deux saintes femmes, ainsi que Nicodème le docte
pharisien et Joseph d'Arimathie qui offre sépulture au Crucifié. Ils se sont
réunis autour de celui qui se déclarait Fils de Dieu et qui vient de mourir.
S'appuyant sur la statuaire des Mises au tombeau qui prit son essor en France
au xive siècle et se développa dans toute l'Europe, ce livre propose une
méditation fervente sur la mort et l'ensevelissement du Christ, tel un
linceul tissé de paroles humaines Son récit s’intéresse tout d’abord aux quatre cent cinquante
« Mises au tombeau du Christ » encore présentes dans la statuaire
européenne, témoignages de la permanence de cet épisode charnière de la vie
du Christ, offerts à la méditation, à la prière et à la contemplation.
Chacun, chrétien ou non, est touché par ces représentations qui interrogent
notre rapport à la mort, à la souffrance et à l’éternité. Cependant, remarque
Jacqueline Kelen, la composition nous conduit au-delà du memento mori
par sa symbolique, notamment numérique, ce un plus sept, nombre essentiel
dans les divers récits de la Bible. Huit personnages
sculptés composent l’ensemble. Autour du Christ dans son linceul, quatre
femmes, Marie la Mère, Marie-Madeleine, l’amoureuse, Marie Cléophas et Marie
Salomé, trois hommes, Jean, le disciple bien-aimé, Joseph d’Arimathie, qui
deviendra un personnage essentiel de la queste du Graal, et Nicodème.
Jacqueline Kelen donne la parole aux sept personnages rassemblés par la mort
du Christ et bientôt sa résurrection. La parole de chacun est à la fois
située, dans une époque conflictuelle et dangereuse et dans l’intimité que
chacun a développé au quotidien avec le Christ. Outre la beauté et la poésie
de cette parole septuple, sa justesse, humaine, réveille en chacun le Vivant,
faisant de la matière du quotidien un creuset pour l’épanouissement de
l’Esprit. Magdeleine : « Embrouillée dans mes robes et mes rêves,
je vous ai tant cherché. En cet instant où en un ultime sacrifice vous
semblez abandonner vos proches, vos amis, où vous êtes déjà si loin, je me
retiens de toucher votre front, d’appuyer ma joue contre votre poitrine, je
me retiens, même si tout mon être frémit et s’élance : vous n’êtes pas à
moi, non, vous n’êtes pas à moi mais à tous. » Jean :
« Désormais je ne succomberai plus à la torpeur ni à la négligence.
J’apprendrai à vous aimer. Déjà ma poitrine bouillonne de ferveur et de joie,
et ma honte se dissipe. Je donnerai à mon tour de la force à vos futurs
disciples, je parlerai de vous, je transmettrai vos précieuses paroles. Je
verrai votre gloire. Pour le moment, ce que je sais, c’est que la lumière est
venue en ce monde, et le monde ne l’a pas reçue. » Jacqueline Kelen
introduit le lecteur, devenu auditeur, à la voie (et voix) du cœur, déclinée
à travers sept regards édifiants qui passent outre les clivages de la
dualité. Nicodème : « Très tôt, je vous ai reconnu. Comme l’Envoyé,
le Sauveur. Si tout à l’heure je suis arrivé chargé de myrrhe et d’aloès en
abondance, ce n’était pas pour surenchérir sur Magdeleine avec son vase de
nard. Elle, elle verse amoureusement le parfum précieux sur le front et les
pieds de son Bien-Aimé. Moi, c’est une huile sacrée que j’apporte, en vue de
l’onction réservée au Roi. Je vous ai reconnu et je vous rends hommage très
humblement. Vous n’êtes pas le « Roi des Juifs » dont la foule se
gaussait, vous êtes la Porte qui conduit au Royaume éternel. » Le
chemin de la parole va du déchirement, de l’intranquillité, à la lumière et à
la quiétude par une sagesse qui naît du détachement érigé par un amour
inconditionnel, libéré des contingences. C’est une lente éclosion par
l’alchimie du Verbe. Le polyptique peint par Jacqueline Kelen, dont les
couleurs sont paroles, paroles inspirées, trouve son unité dans le seul sujet
qui est le Christ en nous et le Christ par nous Dernière nouvelle sur
le tombeau du Christ :Le mystère se lève un peu plus sur le tombeau
supposé du Christ, situé dans l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. C'est
là, selon la tradition chrétienne, que se situerait la sépulture de Jésus de
Nazareth, crucifié au Ier siècle sur ordre des Romains, avant sa résurrection
trois jours plus tard. Le tombeau se trouve sous un édicule, un sanctuaire
bâti au sein de l'église, maintes fois restauré. Pour l'instant, les preuves
archéologiques autour de ce tombeau remontaient seulement à la fin du XIe
siècle, date des premières croisades. Mais les scientifiques sont parvenus à
analyser des échantillons de mortier qui indiquent des aménagements du
tombeau au IVe siècle après Jésus-Christ, soit un gain de 700 ans
dans l'histoire ! Selon le National Geographic, qui fait part de cette
découverte, Quand Constantin décide d'édifier une église
sur le tombeau du Christ, à partir de l'an 325, il envoie une délégation à
Jérusalem pour enquêter précisément sur l'endroit sacré. La tradition et les
témoignages indiquent alors un temple, construit par l'empereur Hadrien deux
cents ans plus tôt, en 135, soit un siècle après la crucifixion de Jésus.
Hadrien – qui lui n'était pas chrétien – a fait combler un ancien cimetière
juif du Ier siècle, situé dans une carrière toute proche du Golgotha, à
l'époque hors des murs de Jérusalem. En rasant le temple romain, les ouvriers
de Constantin mettent alors à jour une tombe taillée dans la roche, dont
toute la partie supérieure a été cisaillée, comme pour permettre d'exposer à
tous la dalle funéraire. Convaincus d'avoir touché au but, c'est donc autour
de cette sépulture que sera bâtie l'église de l'empereur converti, un édifice
rasé au début de l'an mille par les musulmans puis reconstruit par les
croisés environ cent ans plus tard. |
KELEN - - PARLEZ-MOI JE VOUS PRIE DU ROYAUME DES CIEUX |
Jacqueline Kelen |
Edition François Bourin |
2013 |
« Ils croient en l’avenir, j’ai foi en la vie éternelle, ils se disent humanistes, solidaires, citoyens, j’espère ne pas démériter de l’image de Dieu. Ils invoquent des valeurs, j’ai soif de vérité, ils veulent l’amour de soi, j’aime la discrétion et l’effacement propres aux mystiques, ils attendent les vacances, et moi j’attend la Parousie » A trop se vouloir de leur temps, bien des chrétiens ne se soucient plus que de choses matérielles et temporelles, négligeant la vie spirituelle. Ils réduisent trop souvent la religion à une morale consensuelle, à des dogmes plus ou moins acceptés et quelquefois contestés, ils pensent que le clergé ne sert à rien, mais ils sont contents de l’avoir, leur pratique religieuse est minimale et sans l’avouer la tradition chrétienne leur sert de thérapie parmi d’autres. Le message transcendant du Christ a été dénaturé et affadi, déplore Jacqueline Kelen, dès lors, que faire pour que le christianisme dans un monde matérialiste et largement athée, affirme sa verticalité, sa transcendance, et redonne envie aux chrétiens d’explorer leur intériorité et surtout le message de Jésus afin qu’ils renouent avec sa dimension mystique ? Au sujet de l’intériorité J. Kelen écrit : « L’intériorité ressemble à l’amande ou à la noix que le chercheur découvre et savoure après en avoir brisé les écorces successives et en avoir ôté la peau. Révélant le lien d’intimité entre l’homme et Dieu, elle désigne la qualité et l’intensité d’une vie spirituelle. Si elle fait défaut, celui qui se dit chrétien se contente des formes extérieures de la religion, d’une pratique conventionnelle et d’une docilité qui oblitère toute expérience vivante, le formalisme ou le moralisme tiennent alors lieu de transformation personnelle. Jésus rappelle en permanence la distinction entre l’extériorité et l’intériorité, entre la lettre et l’esprit, entre l’apparence mensongère et la vérité immuable, entre les simagrées et la piété. « Le royaume est à l’intérieur », assure t-il, autant dire qu’il est en tout lieu et que nul ne peut s’en saisir, nul ne peut s’en prévaloir. Par cette parole révolutionnaire, révoltante pour beaucoup, Jésus fait trembler les structures établies, les pouvoirs que s’arrogent les Eglises, et indique la voie intérieure de salut offerte à chacun, pour peu qu’on veuille adhérer, car malheureusement le monde moderne non seulement désacralise de partout mais aussi combat le Beau, le Bien et la spiritualité. On refait 1789 mais avec des outils idéologiques, ainsi les athées et les libres penseurs s’en donnent-ils à cœur joie dans la démolition. Avec l’institution des ordres monastiques chrétiens, on pourrait croire à une spéculation : les moines prient, les séculiers agissent. D’un coté il y a ceux qui gardent le silence, font oraison, se vouent à la contemplation, et de l’autre ceux qui, aux prises avec le monde, s’empressent auprès de leurs frères, or, c’est bien dans la même personne que s’accordent les deux dimensions de la vie spirituelle : l’action se médite, s’éclaire et se nourrit à la lumière de Dieu, et l’intériorité rayonne et porte des fruits dans le monde. » Au sommaire de cet ouvrage : Un léger décalage - les masques de l’athéisme - les quatre grandes tentations - Propositions pressantes - L’étude - l’intériorité - la quête mystique - la mission des laïcs - les ailes de l’aurore - |
KELEN - PSYCHÉ OU LA CHAMBRE DE CRISTAL |
Jacqueline KELEN |
EDITION PARDES |
1988 |
Je
vais vous faire un aveu : les dieux qui ne vieillissent pas, les héros
immortels, les monuments destinés à franchir les siècles, les paroles
historiques et les bustes de marbre m’ennuient un peu. J’ai un faible pour
tout ce qui passe et qui s’efface : la buée, le sourire, le givre et les
déclarations d’amour, l’insecte transparent qui ne connaît de toute sa vie
qu’un lever et un coucher de soleil, les soupirs, la rougeur d’un visage
timide, le parfum d’une violette froissée, les larmes de désespoir, les
bonnes résolutions, les fleurs de mimosées… Rien de tout cela n’encombre la
création.
La psyché humaine est composée de deux principales parties : le conscient et l’inconscient. L’inconscient est une zone de notre esprit où nous stockons tout ce que nous avons vécu depuis notre naissance, tous nos souvenirs oubliés. Ces souvenirs sont stockés sous forme d’images, comme des photos. Chaque rêve est un ensemble d’images de souvenirs, ces souvenirs font écho avec une situation que nous vivons dans notre vie actuelle. Nos rêves sont des aides pour prendre conscience de certains de nos comportements et de nos réactions, que nous reproduisons en boucle depuis l’enfance. Les rêves sont donc un bon outil pour apprendre à s’analyser et à évoluer, ils révèlent également nos peurs et nos désirs inconscients. Il faut préciser que les désirs inconscients n’ont rien à voir avec les envies conscientes. L’inconscient et le conscient ne sont pas forcément reliés dans notre esprit, ils ne communiquent pas, ce sont comme deux personnes différentes qui veulent des choses différentes. Analyser ses rêves permet de rétablir le dialogue entre ces deux parties et de prendre en compte notre inconscient, de reconnaître et accepter cette partie de notre personnalité. |
KELEN – SOIS COMME UN ROI DANS TON CŒUR |
Jacqueline Kelen |
Edition Labor et Fides |
2015 |
Qui donc a décrété que la religion était une voie austère ?
Qui a dit que la sagesse et la sainteté excluaient nécessairement le rire, la
danse, les bons mots, l’exubérance ? A travers ses propos d’insoumise sur sa
quête du divin, Jacqueline Kelen renverse gentiment les tables pour révéler
l’essentiel. Dans une époque morose ou tragiquement soumise aux modes, elle
présente des figures toniques, irrévérencieuses ou joyeuses permettant de
s’abstraire des bonheurs et vérités obligatoires. Avec notamment Bernanos, Plotin, Catherine de Sienne ou
Dietrich Bonhoeffer, cet auteur de plus de trente livres esquisse une
aventure spirituelle de la liberté dans laquelle elle s’est embarquée depuis
l’enfance et dont elle nous dit ici les étapes significatives. Sur la saveur
des gestes simples et des émotions sans fioritures, sur la recherche du vrai
indépendamment des chapelles, Jacqueline Kelen entraîne vers des contrées où
le cœur est roi, où l’humilité joyeuse au fond de soi permet toutes les audaces Jacqueline Kelen nous parle de sa passion et de sa vision du monde : « Je suis une femme de passion et de liberté. Les trois termes sont d’égale importance et ils sont à mes yeux indissociables. La biographie en tant que telle (état civil, péripéties de l’existence...) ne me semble pas intéressante, du moins pas primordiale : elle concerne le moi social et historique, et ce qui me requiert est ce qui ne passe pas. La plupart des contemporains, même s’ils appartiennent à une religion et professent une foi, paraissent ne s’intéresser qu’à ce monde et à leur parcours terrestre alors que, depuis longtemps, je m’interroge sur le voyage de l’âme après le trépas. L’expérience
première et cruelle, impossible à dater selon le temps terrestre, est celle
de l’exil en ce monde. Mon âme a toujours su où était son royaume, en quel
climat elle respirait.
Les valeurs sont humaines, autant dire fluctuantes, périssables, qu’elles relèvent du domaine politique, financier ou moral. Il en est des « valeurs » comme du « sens de la vie » : tel individu peut placer la réussite matérielle et sociale en haut de son échelle de valeurs, tel autre verra dans son couple et ses enfants l’accomplissement de sa vie. L’homme intérieur, lui, se réfère aux vertus. Vertus philosophiques que sont la Force, la Justice, la Prudence et la Tempérance, à quoi se sont ajoutées les vertus typiquement chrétiennes de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Un être humain conscient de sa dignité spirituelle et de sa dimension éternelle se conforme à ces vertus, il les met en pratique et les fait rayonner autour de lui. Mais il n’y a pas de mode d’emploi : c’est un long chemin de patience et de discrétion qui dure toute la vie. Pour ma part, je n’ai la prétention de « transmettre » ni un message, ni, a fortiori, un enseignement ; et, par ailleurs, je doute que l’on puisse transmettre sa soif d’Absolu. Mais l’on peut donner le goût de se mettre en route, de s’aventurer et de prendre le large. Pour moi, le plus précieux consiste à témoigner, pendant mon passage sur terre, de l’immense liberté créatrice impartie à l’être humain. La quête de la sagesse n’est pas une aventure collective, mais une démarche singulière et solitaire. Je me méfie toujours des formules englobantes qui noient les individualités et qui déclarent, comme dans les publicités, « nous aimons tous ceci », « nous faisons tous cela ». Chaque être est unique, telle est la merveille, du moins s’il en est conscient. |
KELEN - UNE ROBE DE LA COULEUR DU TEMPS - LE SENS SPIRITUEL DES CONTES DE FÉES |
Jacqueline Kelen |
Edition Albin Michel |
2014 |
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La petite fille aux allumettes (Andersen) - Se souvenir de l’autre monde - Le Roi-Grenouille (Grimm) - Un pacte nécessaire - La Barbe-Bleu (Perrault) - Le palais des illusions - Les musiciens de la fanfare de Brême (Grimm) - Un petit bout du long chemin - Le Vaillant Petit Tailleur (Grimm) - Prendre la mesure de l’homme - La Princesse aux petits pois (Andersen) - L’inespérée - Le Petit Poucet (Perrault) - Par delà la forêt - Le Petit Chaperon Rouge (Perrault) - Le voyage périlleux - Les habits neufs de l’Empereur (Andersen) - Dans l’atelier des magiciens - Le Rossignol (Andersen) - Nocturne - Histoire d’un qui s’en alla pour apprendre le tremblement (Grimm) - L’éveil du cœur - La petite Sirène (Andersen) - Bienheureuse blessure - La Belle au bois dormant (Perrault) - Une si longue patience - Cendrillon (Perrault) - Poussière et lumière - Blanche-Neige (Grimm) - Nostalgie de la beauté - Peau d’âne (Perrault) - Le cercle d’or - La parole scintillante -(épilogue) |
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