Chapitre10 A - D
(Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité) |
10 A
ABELLIO - APPROCHES DE LA NOUVELLE GNOSE |
Raymond ABELLIO |
Edition Gallimard |
1981 |
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Autour de l’œuvre d’Abellio, des mathématiciens, des chercheurs, des philosophes se sont rassemblés. Ardente, secrète minorité. La « structure absolue » n’est pas, pour eux, un système ou une idéologie parmi d’autres, mais un outil que chacun peut employer à la mesure de ses moyens dans le domaine particulier de sa compétence.
Abellio le baptiste Gnose et philosophie : le problème de la transfiguration – Malcom de Chazal – L’homme et la connaissance – L’esthétique de la fin des temps – Marxisme et Phénoménologie – les aventures de la dialectique – La littérature de la Gnose : Gustav Meyrink, la nuit de Walpurgis – Balzac, la recherche de l’absolu et Louis Lambert – L’adolescent et l’idiot par Dostoïevski – Les Arts sacrés : L’or du millième matin par Armand Barbault – Ne brulez pas la sorcière par Elizabeth Tessier – Quand l’astrologie rencontre la science par Jean Barets – Retour au zodiaque des étoiles par Jean Dorsan – Histoire, structure et symbolisme du Tarot – L’histoire invisible : Le cinquième empire par Dominique de Roux – Trotski et la guerre – La généalogie de l’Occident et le destin des juifs – Montségur - |
ABELLIO - COLLOQUE DE CERISY : RAYMOND ABELLIO |
Divers Auteurs |
Edition Dervy |
2004 |
Le polytechnicien Raymond Abellio (1907-1986) est sans doute le plus grand écrivain « gnostique » français de la seconde moitié du XXe siècle. A l’instar de René Guénon, dont il diffère dépendant sur bien des points, il a joué pour nombre de ses lecteurs un rôle d’éveilleur. La rencontre d’un maître spirituel en 1943 l’a détourné d’un engagement politique intense, qui l’a conduit à se perdre et, par réaction, à se trouver. Il s’est alors consacré à l’expérience intérieure et à l’écriture, cultivant des genres variés (quatre romans, de nombreux essais, trois tomes de mémoires) et traitant de divers domaines : l’amour, la politique, la science, la philosophie et ce faisant il a exploré maintes traditions de la pensée ésotérique comme la kabbale, l’astrologie, l’astronomie et les symbolique des nombres. Le présent ouvrage porte sur tous ces aspects. Il présente l’homme et l’œuvre, et fait apparaitre la fécondité d celle-ci dans le contexte de la réflexion contemporaine. Ce colloque de Cerisy a été conçu pour mieux connaitre Abellio, en le situant dans le contexte de l’époque et de pouvoir s’interroger sans concessions sur l’actualité des divers enjeux et controverses qu’ils ont soulevés et soulèvent toujours au sein du paysage culturel français L’histoire des engagements d’Abellio dans la cité, son œuvre de romancier et de mémorialiste, enfin les divers aspects de sa philosophie, tels sont les thèmes majeurs autour desquels s’articulent les diverses parties de cet ouvrage collectif, lesquelles, comme il est naturel et inévitable, se recoupent sur bien des points. Au sommaire de cet ouvrage important de 430 pages : Politique : Jean-Claude Drouin : Lecture historique du tome III de la dernière mémoire, Sol Invictus Christine Tochon-Danguy : Le rôle de Soulès-Abellio dans la France de Vichy Jérôme Rousse-Lacordaire : Abellio et la théologie de la Libération : un moment du communisme sacerdotal. Actualité de Raymond Abellio : Jean-Baptiste de Foucauld : Raymond Abellio entre totalité et totalitarisme Anne Biadi- Imhof : La question du sens en science humaine : « structure absolue » et relation thérapeutique. Jean-Loup Herbert : Lecture musulmane de Raymond Abellio. Littérature et Imaginaire : Nicolas Robert-Serebriakov : Le fantasme comme support de réalisation chez Raymond Abellio Viviane Barry : L’image de la femme dans l’œuvre romanesque d’Abellio Philosophie et Science : Michel Camus : Abellio et la phénoménologie transcendantale de Husserl Bernard Guibert : La « structure absolue » chez Abellio et chez Marx. Basarab Nicolescu : Raymond Abellio et la conversion de la Science. Gnose, Esotérisme : Eric Coulon : Eléments d’introduction à la gnose abellienne Jean-Louis Schlegel : Esotérisme : l’ère de la désoccultation selon R. Abellio Daniel Verney : Abellio et l’astrologie comme laboratoire d’une connaissance future. Marie-Reine Renard : Pierre de Combas. Jean-Pierre Brach : Entre Bible et Kabbale : Abellio et la symbolique des nombres. Antoine Faivre : R. Abellio en contexte : De quelques structures absolues, liées aux courants ésotériques occidentaux modernes. Nicolas Roberti-Serebriakov : Bibliographie, présentation des auteurs et index des noms. |
ABBELIO - LA FIN DE L'ÉSOTÉRISME |
Raymond Abellio |
Edition FLAMMARION |
1973 |
Cet
ouvrage contient cinq exposés consacrés à l’ésotérisme, à ses doctrines
d’abord, apparemment disparates, à ses applications ensuite, souvent réputées
aventureuses, sinon fantaisistes. Un sujet immense qui concerne toutes les
civilisations, depuis soixante siècles, leurs mythes, leurs symboles, leurs
religions, leurs philosophies et aussi certaines de leurs activités plus ou
moins souterraines, telles que l’alchimie, la magie, l’astrologie, etc. |
ABELLIO - Œuvre de RAYMOND ABELLIO - L’HERNE |
Divers auteurs |
Edition de L’Herne |
1979 |
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Au sommaire de cet important ouvrage sur l’œuvre d’Abellio : Approches : Le postulat de l’interdépendance universelle par R. Abellio La mort ou la provocation absolue par Michel Camus La voie héroïque et gnostique vers le Soi, par Yves Dauge L’accomplissement de l’homme selon R. Abellio par Pierre Borgue Les yeux d’Ezéchiel, refus et fascination de l’histoire par Monique Rousselle Réflexions sur la structure absolue par Louis Bolle Le phénomène Abellio vu des Etats-Unis par Branko A. Lenski Positions et Ethique : Considérations théoriques sur la phénoménologie d’Abellio par Jean-Pierre Lombard Fondements d’éthique par Raymond Abellio : De la dialectique du Maitre et du disciple à celle du Père et du fils – note sur le libre arbitre et la liberté – De l’éthique sartrienne à la praxis marxiste – Les limites de l’enseignement initiatique – Enseignements, exemples et influences – Morale naturelle et éthique transcendantale – Esthétique : Que faut-il entendre par « transfiguration », fascination et communion par Raymond Abellio La chute d’Icare, de Bruegel, et une pédagogie du ‘’Je transcendantal’’ par Jean-Pierre Dautun L’écriture et la conscience intime du temps par Henry Zipper Abellio et la tache aveugle par Christian Noorbergen La genèse de l’œuvre par Guy Gervais Devant la fosse de Babel par Louis Bolle Un quaternion pour Abellio par Pierre Schaeffer Erotique : Eléments d’érotique transcendantale par Michel Lafond Les femmes d’Abellio par Geneviève Armleder – Lettre de Miche Lafond et lettre de Jacqueline Capelle Logique : Préambule à la logique de la double contradiction par Charles Hirsch La science par le haut par Robert Gouiran Un fil d’Ariane entre Abellio et Lupasco par Marc Beigbeder Prophétique : Les tours de Salem par Jean Parvulesco Un témoin prémonitoire par Geoges Laffly Sur l’Europe de Raymond Abellio, étoile polaire de la constellation du monde par Alain de Benoist Témoignages : Journal de Suisse - Correspondance avec Antoine Faivre - Le cercle d’étude métaphysique - |
A LA RENCONTRE DE
MYSTIQUES EXTRAORDINAIRES |
Christian
Pujalte |
Ed. Trédaniel |
2017 |
Gemma Galgani, Anna Schäffer, Yvonne-Aimée
de Malestroit et
bien d’autres femmes et hommes. Peu
connues du grand public, ces hommes et ces femmes font pourtant partie des
mystiques du XXe siècle canonisés ou béatifiés ou dont les causes sont en
cours d’études. Les mystiques sont de
retour ! Et avec eux certains phénomènes qualifiés d'extraordinaires, de
surnaturels, de prodigieux... Plus exactement, ils n'avaient jamais été
éradiqués. Ce n'est pourtant pas faute de les avoir combattus. Mais tel le
phénix qui ressuscite éternellement de ses cendres, ils sont toujours parmi
nous. Et, bien que cachés, volontairement occultés, ils n'en demeurent pas
moins étonnamment vivants et lumineux. Dans une société toujours plus vide de
spiritualité et de sacralité, un nombre croissant de ses membres est plus que
jamais en quête de divin. Face à des questions existentielles qui peuvent
conduire à l'angoisse, la mort étant la plus incontournable d'entre elles,
l'existence de Dieu, si l'on y adhère, est la réponse la plus satisfaisante.
Partons donc à la découverte de ces trésors inestimables, trop souvent
méconnus, qui constituent autant de signes tangibles et fiables de la
présence du monde invisible. Pour Arthur Rimbaud la "vraie vie"
était absente, elle ne le sera plus si, grâce aux clés précieuses que nous
donnent les mystiques présentées dans ce livre, nous apprenons à ouvrir les
portes qui conduisent, dès à présent, vers ces lieux où la lumière qui ne
décline jamais éclaire ainsi le "verso" de toute chose, et nous
donne comme un avant-goût de l'aurore nouvelle qui nous est promise, celle du
"Ciel". Etats extatiques, faculté de clairvoyance, rêves
prémonitoires, stigmates de crucifixion, attaques dites
« démoniaques », xénoglossie, bilocation... Des événements
totalement invraisemblables ont émaillé la vie d’Yvonne-Aimée de Malestroit.
Des phénomènes dont la réalité a pourtant été attestée par une multitude de
traces tangibles et de nombreux témoins dignes de confiance : les sœurs
du monastère de Malestroit dont elle fut la Mère supérieure, des prêtres -
son ami l’Abbé La Butte, et l’Abbé Laurentin - mais aussi un médecin, Patrick
Mahéo, qui s’est intéressé de près à son dossier médical. Difficile de croire
à ces phénomènes étranges, pourtant Yvonne-Aimée de Malestroit n’est pas un
cas isolé. Dans l’histoire du christianisme, de nombreux autres personnages
religieux ont vécu des expériences similaires, défiant les lois de la nature
et du simple bon sens. Comme Padre Pio, Sainte Elisabeth de la Trinité,
Sainte Thérèse de Lisieux, Sainte Agnès de Langeac ou encore Marthe Robin.
Cette dernière - dont le dossier, comme celui d’Yvonne-Aimée, a été déposé
auprès des autorités diocésaines en vue d’une éventuelle béatification - a
vécu près de cinquante ans sans manger ni quitter son lit, souffrant chaque
jour la Passion. Qui sont réellement ces personnages religieux au destin
fascinant ?
Dans l’expérience
mystique, le corps est à la fois l’intime et l’étranger. Le corps se trouve
comme « exproprié » de lui-même et situé dans un lieu Autre.
Reprenant les approches de Jacques Lacan et de Michel de Certeau, Jean-Daniel
Causse montre d’abord que la mystique peut verser dans la folie, le sujet
étant alors livré à un Autre sans limites et sans règles. Il ne faut pourtant
pas faire une lecture trop rapide de certaines attitudes mystiques qui, par
le biais de symptômes, cherchent à faire entendre une vérité subjective. De
façon centrale, la mystique est un dispositif de dépouillement du moi,
c’est-à-dire un dénuement radical de tout ce qui constitue les attributs
imaginaires de l’être, cela afin de donner un nouveau statut au manque auquel
il s’agit de rester fidèle. Le manque donne alors naissance, de manière
productive, à des compositions du corps. À partir de ce second temps du
développement, l’article s’attache enfin à montrer que le discours mystique
est à l’image du corps : sans cesse manquant, il quête un impossible à
dire et, par-là, produit un langage tout autant inventif que foisonnant. La question du corps
est au cœur de l’expérience mystique, en tout cas de la mystique chrétienne
que je vais ici évoquer. La mystique est un rapport tout à fait particulier
au corps. Dans sa grande tradition, la mystique représente une façon
singulière de faire du corps le lieu d’une énigme. Elle place le corps dans
un rapport d’étrangeté à lui-même, marquant, à sa manière, la place centrale
d’un Autre en soi. Il y a ici ce qui intéresse la psychanalyse : le
corps qui est l’intime – ce que nous avons en propre – devient tout
à coup notre étranger. Il fait l’objet d’une « expropriation » dans
le sens où le propre se trouve délogé de son lieu. Il est l’intime de
l’intime et en même temps, en devenant le lieu d’habitation d’un Autre, il se
trouve dans une extériorité à soi. La mystique fait ainsi du corps le lieu de
l’Autre. C’est pourquoi, l’expérience mystique rend exemplaire ce que Lacan
appelle l’extime, qu’on peut
ici comprendre comme situant hors de soi l’intime de soi ou comme faisant
– en un point de pure extériorité – du dedans un dehors |
aLBRECHT DURER - MÉLANCOLIE(s) d’Albrecht Dürer et Lucas Cranach |
Claude
Makowski |
Edition
d’Art Samogy |
2012 |
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Plus près de lui, un angelot assis sur une pierre de meule.
Lui est absorbé par un travail d’écriture. Le personnage principal est assis
devant une construction à laquelle sont accrochés divers instruments de
mesure : balance, sablier, cloche et un carré magique qui a particulièrement
intrigué les commentateurs. Le temps semble s’être arrêté. L’ange porte sur tout ce qui l’entoure, un regard fatigué et dubitatif. S’il s’agit dans un premier temps de décoder le symbolisme médiéval et renaissant utilisé par l’artiste, ce n’est que pour mieux tenter de comprendre le sens de cette gravure. Dürer s’interroge sur les limites des actions et du savoir humains. Doute d’un artiste perpétuellement inquiet qui écrivit : “il n’appartient qu’à Dieu de soumettre à la mesure la beauté absolue”. Lucidité, scepticisme ou pessimisme de Dürer dans un temps qui affirme au contraire un humanisme triomphant ; ou plus généralement leçon de philosophie sur l’inutilité et la vanité de toute entreprise humaine. Il va sans dire que Melencolia I (1514) est un tournant dans l'évolution d'une idée qui, depuis son apparition, avait subi pas mal de transformations. Avec la gravure de Dürer, elle gagne en mystère et devient ce qu'elle est encore aujourd'hui : quelque chose d'énigmatique et de profond qui concerne la substance intime de l'être. Car il n'est pas facile d'expliquer l'attitude désœuvrée du personnage ailé, entouré d'objets épars, abandonnés comme par découragement. Rien qu'à eux seuls, ces objets signifient l'art et la science : ce sont des instruments qui permettent de mesurer, de tracer, de polir des surfaces, mais aussi de créer ce que se représente la faculté imaginative. Dans l'état d'abandon où ils se trouvent, il y a comme un manque d'unité et de cohérence, une absence quasiment totale de sens ; on dirait qu'ils ne servent plus à rien. Mais ce qui fait l'énigme ne relève pas de la dispersion dans laquelle ils gisent. Leur éparpillement, leur état de fragments déchus d'un ordre utilitaire en dit long sur la mélancolie. Pourtant, l'énigme n'est pas là.
Elle
n'est pas non plus du côté de l'angelot en train de scribouiller, de la
sphère dont pourtant on a du mal à s'expliquer la présence, du polyèdre qui
introduit une idée de géométrie minérale échappant au savoir du maître, du
phénomène astral semblable à un soleil dont le rayonnement obscurcit plutôt
qu'il n'illumine, et surtout de ce grand personnage ailé aux traits de femme,
qui conserve toutefois quelque chose de masculin (membres gros, attitude
manifestement virile) et qui serait, au sens restreint du terme, l'allégorie
de la mélancolie. Les nombreuses analyses consacrées à cette gravure ont
relevé les principaux éléments qui rattachent la création de Dürer à la
représentation traditionnelle de la mélancolie. Ce sont des raisons
strictement artistiques, ainsi que des points de doctrine concernant la
mélancolie elle–même qui ont déterminé Dürer à introduire dans son oeuvre
toute une série de détails dont certains justifient leur présence selon des
critères purement historiques. C'est dans cette catégorie que rentrent le putto
en train d'écrire, la sphère et la plupart des objets épars, dépourvus
d'utilité immédiate si on les rapporte à l'indifférence du personnage ailé,
pourtant courants dans les beaux-arts au XVe siècle et dans
l'oeuvre de Dürer. Parmi
les antécédents de Melencolia I, il faut compter également toute
une tradition iconographique, notamment médiévale, qui avait popularisé la
figure du mélancolique à travers les siècles, mais en lui imprimant, comme
nous l'avons vu, une tonalité négative, conservée telle quelle dans
l'imaginaire collectif jusqu'au début de la Renaissance. Ce sont probablement
les représentations médiévales du péché de paresse (acedia) qui
se trouvent à l'origine de cette valorisation négative. Il faudrait sans
doute chercher le « prototype du mélancolique » précisément du côté
des publications illustrées qui « traitaient du thème des vertus et des
vices », où l'acédie était synonyme de paresse et ennui « de bien
faire ». Notons par ailleurs que vers la fin du Moyen-Age l'acédie était
devenue l'équivalent de la mélancolie Une autre variante de ce type d'illustration est l'une des sources possibles de la Mélancolie de Dürer. Il s'agit d'une xylographie des vertus et des vices, datant de 1490 environ, où l'acédie est représentée sous les traits d'une fileuse endormie ou indifférente au travail. L'attitude du personnage féminin, dont la tête penchée s'appuie sur le bras gauche, est sans doute d'une importance décisive pour l'établissement de cette filiation. Le sommeil ou l'ennui « coupable » de cette femme a à voir avec le désœuvrement du génie ailé, dont inactivité procède d'un mal profond, qui fait perdre le sens de la vie et des choses. Pourtant, les sources de la Mélancolie de Dürer ne se limitent pas à l'image populaire de l'acédie. Les nombreuses analyses consacrées à cette gravure célèbre ont relevé la présence de plusieurs motifs, communs à toute une série d'ouvrages, dont le sujet est le typus melancholicus. A peu près chaque objet ou phénomène représenté chez Dürer est emprunté soit aux productions artistiques du Moyen-Age finissant, soit à l'art du début de la Renaissance, ce qui ne veut nullement dire que Melencolia I soit le résultat d'un mélange de motifs censés suggérer un état d'esprit. Il s'agit au contraire de l'unité de chaque motif avec l'ensemble, qui n'est pas donnée par l'observation des différentes théories sur la mélancolie, mais par ce qu'il y a en elle de nouveau et de surprenant. En d'autres termes, cette gravure est par rapport à l'époque antérieure une synthèse dont l'originalité la situe précisément au–delà de l'horizon physiologique et médical de l'art médiéval. Il est vrai que celui–ci, en représentant souvent une femme endormie près de sa quenouille pour illustrer le péché de paresse, en a fourni le modèle La
différence entre l'oeuvre de Dürer et la tradition iconographique concernant
la mélancolie est par conséquent importante. Illustrer la paresse ou le type
du mélancolique en en appelant à chaque fois à une attitude considérée comme
spécifique est évidemment autre chose que représenter la Mélancolie elle–même
sous les traits d'une femme ailée, entourée d'objets qui évoquent tantôt le
métier d'architecte, tantôt la menuiserie ou la géométrie. Y ajouter des
phénomènes comme l'arc–en–ciel, une étendue d'eau qui n'est pas la mer, mais
plutôt une inondation, et un astre rayonnant qui est plutôt l'explosion d'une
comète, voilà qui rend les choses moins claires ; mais la présence de
plusieurs instruments de mesure (balance, sablier, cadran solaire), d'un
carré où figurent des nombres, et d'un putto en train d'écrire
finira par déconcerter complètement le spectateur qui n'a reçu aucune
initiation dans les méandres symboliques de cette oeuvre. Tout cela est dû, comme
nous le disions tout à l'heure, moins à la diversité des sources, qu'au fait
que « la gravure de Dürer est le résultat d'une synthèse, celle de
certaines images allégoriques de la mélancolie et des arts, dont le contenu
spéculatif, non moins que le pouvoir expressif, a pu changer, sans doute,
mais ne pouvait guère se perdre entièrement. Aussi est-il essentiellement
probable que les motifs caractéristiques de la gravure doivent s'expliquer
soit comme symboles de Saturne (ou de la Mélancolie), soit comme symboles de
la Géométrie ». En
d'autres termes, les sources de Melencolia I sont elles–mêmes
multiples : à côté du typus melancholicus et des croyances
concernant Saturne, on peut compter un autre type essentiel, celui de la
Géométrie, qui forme une tradition à part dans le système traditionnel des
beaux–arts « Du point de vue de l'histoire des types, la
gravure de Dürer se compose, en ses détails, de certains motifs mélancoliques
ou saturniens traditionnels (clés et bourse, tête dans la main, visage sombre,
poing serré) ; mais, prise comme un ensemble, on ne peut la comprendre
qu'en la regardant comme une synthèse symbolique du ”typus Acediae”
(l'exemple popularisé de l'inaction mélancolique) et du ”typus Geometriae”
(la personnification scolastique d'un des ”Arts libéraux”) ». En
effet, la représentation de la géométrie sous les traits d'une femme était
chose courante. Une illustration de l'ouvrage Margarita philosophica
de Gregor Reich (1504) fournit un exemple éloquent à ce sujet :
« Geometria », assise devant une table couverte de figures et
d'instruments, mesure une sphère avec un compas ; en bas et à droite,
des personnages de taille réduite exécutent des opérations qui représentent
la mise en pratique des acquis théoriques dus à la géométrie. L'équerre et la
règle n'y manquent pas non plus. Dans une autre gravure de Dürer, Le Songe
du docteur (vers 1498), qui représente le sommeil coupable de
l'acédie, en bas des figures principales il y a une sphère et un angelot qui
essaie de monter sur des échasses à sa taille. Il
y a par conséquent, à part la sphère, toute une série d'objets qui évoquent
l'univers de la géométrie : compas, règle, équerre, rabot, marteau,
tenailles etc. sont les outils qui servent à mesurer ou à mettre en pratique
l'art des proportions. Ils se divisent en plusieurs catégories de valeurs
symboliques particulières :« Dans la main de Melencolia, le compas
symbolise le projet intellectuel unificateur qui gouverne la grande
diversité d'outils et d'objets dont elle est entourée ; et si nous
voulons subdiviser, nous pouvons dire que le compas, et avec lui la sphère et
le nécessaire à écrire, signifient la géométrie pure ; que l'édifice en
construction, le rabot à moulures, l'équerre et le marteau signifient la
géométrie appliquée à l'artisanat et au bâtiment ; que le phénomène
astral fait supposer la géométrie au service de l'astronomie et de la
météorologie ; et enfin que le polyèdre représente la géométrie
descriptive ». Même le livre que la Mélancolie garde fermé sur ses
genoux est ici destiné à amplifier le symbolisme du compas parce qu'il
« met l'accent sur la théorie plutôt que sur l'application de la
géométrie ». Quant aux instruments à mesurer le poids et le temps
(balance, sablier, cadran solaire, clochette), ils relèvent du même type
puisque, dans le système des arts libéraux, le rôle qui revenait à la
Géométrie était celui de peser. D'ailleurs, « Dürer
lui–même tenait l'activité purement manuelle des arts mineurs pour de la
géométrie appliquée ». En
plus de tous les motifs se rattachant à la géométrie et à ses activités
spécifiques dont il a été question jusqu'à présent, il y en a d'autres qui
ont trait de manière plus ou moins évidente à la mélancolie. Même cette
dernière série d'objets ne fait pas exception par la manière dont ils sont
représentés : la balance est en parfait équilibre ; dans la partie
supérieure du sablier, il y a autant de sable que dans la partie
inférieure ; le battant de la petite cloche est parfaitement
immobile ; enfin, « l'aiguille du cadran solaire n'engendre aucune
ombre, alors qu'en revanche le sablier en projette une importante sur le
mur ». Il est peut-être midi, heure favorite du démon méridien, moment à
partir duquel les moines du désert sont tentés par le sentiment de
l'inutilité de toute prière et de toute activité qu'ils sont censés effectuer
dans leur communauté. La présence d'une « brune », ou
« lumière intermédiaire », nous empêche de dire exactement l'heure
qu'il est, bien qu'il y ait des objets qui font de l'ombre. Mais ce twilight
« qui plonge l'image dans l'extrême du fantastique, ne tient pas
tellement aux conditions naturelles d'une certaine heure du jour : elle
indique la brune inquiétante de l'esprit qui ne peut ni rejeter ses pensées
dans l'ombre, ni les ”amener à la lumière” ». De toute façon, l'une des
obsessions majeures du mélancolique est relative à l'écoulement du
temps ; il n'arrive pas à saisir autre chose qu'un éternel présent, d'où
l'impression puissante d'être exclu du monde ou, du moins, d'une profonde
inadéquation entre celui–ci et soi–même. Dans la gravure de Dürer, « le
temps paraît suspendu, ”temps entre les temps”, qui lui aussi peut participer
de la mélancolie ». Parmi
les autres motifs spécifiquement mélancoliques, il faut rappeler le chien,
dont l'organisme est dominé, selon une tradition très ancienne, par la rate.
« Si cet organe, décrit comme particulièrement sensible, dégénère, le
chien est supposé perdre sa vivacité et devenir la proie de la rage. C'est
dans cette mesure qu'il symbolise l'aspect sombre de cette complexion. Par
ailleurs on se fondait sur le flair et l'endurance de cet animal pour
reconnaître en lui l'image du chercheur et du penseur infatigable. (...) Sur
la gravure de Dürer l'ambivalence de ce symbole est enrichie surtout par le
fait que l'animal est représenté en train de dormir : si la rate est à
l'origine des cauchemars, les songes divinatoires sont l'apanage du
mélancolique ». Pour les auteurs de Saturne et la mélancolie,
le chien est une figure auxiliaire souvent représentée dans les portraits des
savants, qui rehausse l'impression de tragédie essentiellement humaine se
dégageant du personnage allégorique principal ; il signifie également la
« morne tristesse d'une créature qui s'abandonne entièrement à son ...
malaise ». Par ailleurs, le chien « se trouve mentionné dans les
sources astrologiques comme animal typique de Saturne ». Dans la
traduction d'un texte grec portant sur les Mystères de l'alphabet
égyptien, faite par Pirckheimer (à laquelle Dürer avait contribué
en réalisant les illustrations), il est écrit que « le hiéroglyphe d'un
chien signifie, entre autres, la rate, les prophètes et les écritures
sacrées, : toutes notions que, depuis les jours d'Aristote, l'on avait
étroitement associées au mélancolique ; que le chien, plus doué et plus
sensible que les autres animaux, est très sérieux de nature et peut être
victime de la folie ; et que, pareil aux profonds penseurs, il est porté
à être toujours en chasse, à flairer les choses et à ne plus les lâcher. Le
meilleur chien est par conséquent celui ”qui montre une tête, comme on dit
couramment, plus mélancolique”. On peut le dire en toute justice du chien
gravé ici par Dürer ». La
chauve–souris, dont le déploiement des ailes soutient le titre de la gravure,
est un motif indépendant des autres images. Elle était considérée comme
« l'animal symbolique des mélancoliques. De même elle est
mentionnée comme un signe d'homme malade et incontinent. En outre les
humanistes de la Renaissance l'ont employée (pour le meilleur et pour le
pire) comme un exemple de la veille de nuit ou du travail nocturne. Selon
Agrippa de Nettesheim, sa caractéristique dominante est l'habitude de
veiller, la ”vigilantia” ; selon Ficin, c'est un exemple et semonce des
effets ruineux et destructeurs de l'étude nocturne ». Et
les exemples pourraient se multiplier avec les attributs du personnage
central : la bourse et les clefs signifient, selon une explication
donnée par Dürer lui–même, la richesse et la puissance ; le poing serré
« est un signe d'avarice, typique du tempérament mélancolique, aussi
bien qu'un symptôme médical spécifique de certains fantasmes
mélancoliques » ; le visage sombre de Melencolia est la réminiscence
d'une croyance ancienne, mais très en vogue au Moyen-Age, selon laquelle les
mélancoliques ont le teint terreux. En revanche, cette facies nigra
est en contraste avec le regard ”suréveillé” de la Mélancolie. Par ailleurs,
les yeux lumineux de celle–ci marquent une opposition nette avec le chien et
l'angelot ; en effet, les yeux du premier sont fermés, ceux du second
cachés par la position du corps. Le
motif de la tête penchée est très ancien : on le rencontre même sur les
sarcophages égyptiens. Sa signification première c'est le chagrin,
« mais ce peut être aussi la fatigue ou la pensée créatrice ». La
tête penchée soutenue notamment par la main gauche est devenue par la suite
l'une des attitudes typiques du mélancolique. Une explication possible de ce
phénomène est le symptôme du sifflement dans l'oreille gauche, lui aussi
considéré comme spécifique de la mélancolie, dans la tradition médicale
antique. « C'est vraisemblablement à ce symptôme (et non à la somnolence
de l'acedia, apparemment mise en cause par Panofsky mais
démentie par l'autorité d'Aristote qui affirmait que les mélancoliques ne
désirent pas le sommeil) qu'il faut attribuer le geste de la main gauche
soutenant la tête, caractéristique des représentations du tempérament
mélancolique. Selon toute probabilité, cette posture a été par la suite
interprétée à tort comme un indice de somnolence et rapprochée de l'acedia;
par le truchement peut–être de la théorie médicale des effets nocifs de somnus
meridianus, mis en relation avec le démon de midi propre à l'acedia ».
En
effet, dans les traités médicaux du Moyen-Age, le type du mélancolique est
assez souvent représenté se comprimant l'oreille gauche avec la main, même
s'il se tient debout. Pourtant, ce détail n'est pas nécessairement le seul
qui puisse se trouver à l'origine de la tête penchée, soutenue par la main
gauche, posture fréquemment utilisée dans la représentation des
mélancoliques. Il se peut que les images concernant l'acedia
aient pu elles aussi participer à la naissance de ce motif puisque, de toute
façon, l'acédie signifie non seulement sommeil (coupable ou pas), mais aussi
paresse, donc inactivité. Et les mélancoliques sont éminemment inactifs. Il
ne s'agit pas de faire l'arbitre entre Panofsky et Agamben et de donner
raison à deux autorités en matière de mélancolie pour éviter à l'un ou à
l'autre la honte d'avoir tort. Sincèrement, et cela arrive souvent dans
l'interprétation des oeuvres artistiques qui manifestent un certain degré de
complexité, nous croyons que ce motif peut avoir des origines
épistémologiques doubles. Les deux critiques se situent sur des niveaux
d'interprétation différents, mais en réalité elles sont complémentaires.
D'ailleurs, pour reprendre le mot de Nietzsche, « la vérité commence à
deux ». Nous
n'allons pas insister sur d'autres détails importants pour l'analyse de cette
gravure, dont nous mentionnons le carré magique et la couronne de cresson et
de renoncule d'eau que porte la femme ailée. Leur influence était considérée
comme bénéfique dans le combat contre la mélancolie : le carré était «
magique » au sens propre du terme, parce qu'il était censé attirer
l'influence curative de Jupiter, dont il était le substitut
mathématique ; d'autre part, la couronne qui signifie les puissances
intellectuelles de Melencolia (traditionnellement, c'est l'ornement que
portait l'homo literatus) est aussi un antidote à la mélancolie,
puisque les deux plantes nommées plus haut étaient censées avoir, de par leur
nature aquatique, des effets opposés à la sécheresse terreuse du tempérament
mélancolique. Enfin, la présence affairée de l'angelot à côté de la
Mélancolie, apparemment difficile à expliquer, est porteuse d'une
signification particulière :« l'industrie du putto écrivant
signifie l'insouciante équanimité d'un être qui vient tout juste d'apprendre
le contentement d'être actif, même si l'on est improductif, et qui ne sait
rien encore du tourment de la pensée, même quand elle est productive ;
d'un être qui n'est pas encore capable de tristesse, parce qu'il n'a pas
encore atteint la stature humaine ». C'est
donc en opposition avec la Mélancolie même qu'il faut entendre la présence de
l'angelot en train de travailler ; mais, d'autre part, l'ombre dans
laquelle il est plongé donne lieu à des ambiguïtés qu'il est difficile
d’expliquer : par exemple, ce qu'il tient dans sa main est un crayon, un
sextant ou un burin ? Certains sont même allés jusqu'à lui attribuer un
air méchant, et ont vu en lui un démon à cause de ses yeux sans éclat et du
fait qu'il a l'air de dissimuler ce qu'il écrit avec la main. Malgré cette
ambivalence, l’angelot n'en reste pas moins complémentaire du personnage
central, précisément parce qu'il est actif et que son activité s'oppose à
l'abandon auquel se livre, malgré son regard vigilant, la femme ailée.
D'ailleurs, si la gravure de Dürer représente une certaine idée de la
Mélancolie, le personnage du putto est également censé avoir une certaine
valeur symbolique « L'enfant signifie la ”pratique”. Cet enfant est
assis dans une attitude quasi semblable à celle de la femme, et pourtant - la
chose va presque jusqu'à la limite de la parodie - il en renverse la
présentation dans tout le détail : le regard ne se lève pas, n'est pas
fixe, n'est pas sans but ; les mains ne sont ni oisives ni fermées, mais
au contraire très affairées. Il se peut bien que le putto (ailé, lui aussi,
mais malgré cela petit adjoint sans plus, n'offrant qu'activité manuelle en
échange de la puissance de l'esprit) ne soit un exemple d'activité sans
pensée, tout comme Melencolia, elle, est un exemple de pensée sans activité.
Il ne prend aucune part à la création intellectuelle, mais il ne participe
pas non plus à l'angoisse inséparable de cette création. Si Art a le
sentiment de s'être heurtée à des bornes infranchissables, l'aveugle Pratique
ne s'aperçoit d'aucune limitation. Même en ce moment, dans la plus fâcheuse
des heures de Saturne, où ”Ars” et ”Usus” se sont séparés, et même en ces
instants où Art est vaincue par le découragement, Pratique peut encore se
laisser aller à une activité qui ne rime à rien ni ne raisonne
rien ». Cette
longue présentation des motifs qui réfèrent aux types de la Mélancolie et de
la Géométrie dans la gravure de Dürer est destinée à mettre en évidence un
fait incontestable : les attributs qui accompagnent le personnage
allégorique de la Mélancolie deviennent à un certain moment de l'analyse
indissociables non pas des deux types, mais du personnage lui–même, qui
parvient à incarner à la fois la Mélancolie et la Géométrie. Mais la fusion
de ces deux types entraîne un échange mutuel d'attributs, qui prête à la
représentation de la Mélancolie une valeur symbolique entièrement
nouvelle « L'idée
que recouvre la gravure de Dürer, définie aux termes de l'histoire des types,
pourrait être celle de Geometria s'abandonnant à la mélancolie, ou de la
Mélancolie s'adonnant à la géométrie. Or cette union des deux figures en
gravure, incarnant l'une l'idéal allégorisé d'une faculté mentale créatrice,
l'autre l'image terrifiante d'un état d'esprit destructeur, signifie plus
qu'une simple fusion de deux types ; en fait, elle établit une
signification entièrement nouvelle, une signification qui, si l'on tient
compte des deux points de départ, équivaut presque à une double inversion du
sens. Quand Dürer fondit le portrait d’un ”ars geometrica” avec celui d'un
”homo melancholicus” (...) il dota l'un d'une âme, l'autre d'un esprit. Il
eut assez de hardiesse pour faire descendre le savoir et la méthode
intemporels d'un art libéral dans la sphère de la lutte et de l'échec
humains ; assez de hardiesse aussi pour élever la lourdeur animale d'un
tempérament ”triste, terre à terre”, à la hauteur d'une lutte avec des
problèmes intellectuels. L'atelier de Geometria, cosmos d'outils nettement
disposés et employés à bonne fin, s'est changé en un chaos d'objets
inutilisés ; leur dispersion toute fortuite reflète une indifférence
psychologique. la notion d'une ”Mélancolie” dans la nature de laquelle
la distinction intellectuelle d'un art libéral se combinait avec cette
capacité de souffrir que possède l'âme humaine ne pouvait prendre qu'une
seule forme, celle d'un génie ailé ». |
aLBRECHT DÜRER - AQUARELLES § DESSINS |
Friedrich Piel |
Edition
Bibliothèque de l’image |
1994 |
||
Dürer professait une vraie passion pour
la nature et les animaux, ainsi qu’en témoignent "Le lièvre" et
"La touffe d’Herbes", dont le procédé est proche de
l’hyper-réalisme. Ses aquarelles furent d’abord considérées comme inférieures
à ses dessins et gravures qui lui apportèrent la notoriété et qui sont une
oeuvre considérable. Lorsque l’aquarelle fut enfin reconnue comme un procédé
en soi, les oeuvres de Dürer fascinèrent les artistes par la vie qui se
dégage de leur couleur. Son oeuvre fut variée et appréciée de son vivant,
tant en Allemagne qu’en dehors de son pays ; la France et l’Italie le
connaissaient bien, l’Italie surtout qui l’honorait comme un maître
incontestable. Venu dans ce pays pour apprendre, il y fut accueilli à bras
ouverts et entretint des relations personnelles avec des artistes comme
Bellini et Raphaël. Son besoin de nouveauté, son élan créateur le poussaient
vers le monde et c’est là que l’Italie trouvera toute son importance. Les relations qu’Albrecht Dürer entretint avec ses
amis humanistes, ainsi que les expériences acquises au cours de ses voyages,
ont révélé ce que l’artiste avait au plus profond de lui : couleur et
dessin, sensualité et spiritualité, expression créatrice et classicisme. Tout
comme son contemporain, Leonard de Vinci, Dürer fut un chercheur, un
sceptique tentant de traduire l’existence en images. Sa vie fut longue et
créatrice, ses chefs d’oeuvre se déploient au fil des supports de son
art : craie, fusain, plume, pinceau, offrant tous une totale fusion avec
le papier. Friedrich Piel met énormément l’accent sur la personnalité de cet artiste, sur le contexte de son époque et sur la personnalité intellectuelle et spirituelle de cet artiste, laissant un peu de côté les détails de la vie privée, finalement secondaires. |
ALETHEIA
- ÉTUDES, INITIATIONS et TRADITIONS |
Divers Auteurs |
Edition UBIK |
2010 – 2014 |
Aletheia, par ce mot les anciens grecs désignaient la
« Vérité dévoilée ». Cette
réalité que traque le cherchant qui ne se reconnaît ni comme philosophe, ni
comme sophiste, ni comme chercheur, mais comme femme ou homme de corps, d’âme
et d’esprit. Cette aspiration non seulement vaut d’être vécue mais nous vaut
de vivre, et pas seulement d’exister. Telle est la raison première d’Aletheia, né d’un
projet collectif nourri de la conscience que ses artisans ont de l’importance
de partager les voies initiatiques, de commenter sans tabou ni œillères les
textes que la Tradition nous transmet, de scruter attentivement et le cœur
aux aguets, ce que disent et ce qu’écrivent celles et ceux qui sont animés
d’une conscience exigeante, même lorsque nous pouvons estimer qu’ils
pourraient se tromper. C’est une initiative de cherchants qui ne se fixent, effectivement,
aucune limite à la recherche de la Vérité, et qui veulent témoigner et
transmettre ce qu’ils ont reçu. Le cherchant curieux et avisé trouvera dans
Aletheia des textes anciens, plus ou moins récents, oubliés ou mal connus,
des extraits commentés susceptibles d’ouvrir des perspectives à la réflexion,
et somme toute, de pratiquer un certain art de la mémoire vivante. Les rédacteurs s’autorisent les rapprochements les plus inattendus comme les plus évidents, pourvu qu’ils leur semblent propices à nourrir une pratique spirituelle effective. Cahier d’études, d’Initiations et de Traditions, Aletheia veut s’inscrire dans la conviction que l’héritage des traditions ne se reçoit pas mais se conquiert, individuellement. Cette revue s’est arrêtée avec le N° 8 -
Au sommaire du N° 1 (Décembre 2010) on y trouve: Le Temple et l’Art de la mémoire par Phil Savoye Introduction à la géométrie sacrée par François Marchiani René Guénon et l’arrivée de l’Orient bouddhique en Occident par J. P. Schnetzler De la création du monde à la construction du Temple intérieur par Rachel Franco Fondement initiatique à la non mixité dans la Franc-maçonnerie du rite Ecossais Ancien et Accepté. Texte rédigé en 2009 et encore non diffusé par Jean François Rebiffé. Un peu de lumière sur les illuminés de Bavière par Katia Sadoun, suivi de Spartacus Weishaupt, fondateur des illuminés de Bavière par l’Abbé Augustin Barruel. Découvrir l’Alchimie par Hervé Philippe Babin Nouvelle assemblée des philosophes chymiques avec des aperçus sur le Grand Œuvre des Alchimistes. Par Claude d’Ygé, Eugène Canseliet, Dom Pernety et Patrick Rivière La guerre sainte par René Daumal Au sommaire du N° 2 (Avril 2011) on y trouve : Retraverser le Lêthê (fleuve de l’oubli) De la création du monde et les ailes de l’aigle par Rachel Franco La voie de l’Art divin selon Maître Eckhart et Abhinavagupta par Colette Poggi Ce que le Yoga peut apporter à l’Occident par Axel de Saboulin Le Mutus Liber. Tableaux pour Nicolas Flamel par André Ughetto La confusion du psychique et du spirituel par J. P. Schnetzler La femme dans la tradition occidentale par Serge Caillet La Raison tonne en son cratère ! par Michel Lecour Enseignement et tradition par Eric Unger Dante, Maître secret, une étude du chant 1 de l’enfer par François Marchiani Au sommaire du N° 3 (Décembre 2011) on y trouve : Aller vers l’Un par le deux puis le trois De la création du monde à la construction du Temple intérieur de l’Homme par Rachel Franco De Qohélét à Gargantua ou l’Ecclésiaste lu par Frère Jean des Entommeurs par Lanzo Famora Alchimie et surréalisme. Des poèmes hermétiques aux « hermétiques poètes ». « Je cherche l’Or du temps » disait André Breton. Article écrit par Patrick Rivière. La Vierge au buisson ardent, une œuvre johannique ? Contexte historique d’un tryptique énigmatique à Aix en Provence par Henri Berron La licorne dans les marques typographiques d’imprimeurs et libraires par Ph. Subrini Le silence de la psychanalyse à la méditation par Jean-Pierre Schnetzler Le rire initiatique par Ange Duino De l’injustice du sort à la justesse du sens par Alain Lekern Esprit saint et intellect transcendant par Elie Lemoine Le Tarot de Marseille et l’Initiation par Wilfried Houdouin
Au sommaire du N° 4 (Avril 2012) on y trouve; Poursuivre l'oeuvre commencée Des marranes à Spinoza par Francis Laget De la création du monde à la construction du temple intérieur par Rachel Franco Peuple primitif ou peuples primordiaux, esquisse d'une approche du monde intermédiaire par Hervé Philippe Babin Les voies insolites de l'initiation soufie par Rachel Bouvet Dans l'ombre chaude de l'Islam par Isabelle Eberhardt Le bouddhisme et l'illusion par Jean Pierre Schnetzler Stanislas de Guaita par Steve
Fayadas Au sommaire du N° 5 (Octobre 2012) on y trouve : L’ascension
vers les profondeurs La
bouche totalitaire de Babel par Rachel
Franco Des
initiations de métiers à la Franc-maçonnerie par Francis Laget avec des illustrations et des
commentaires de Jean-Michel Mathonière Les
agapes, une forme de transmission par Georges
Rela René
Guénon et le dépassement du monde moderne Par Léopold
Ziegler René
Guénon précurseur par
Mario Meunier Comment
situer l’œuvre de René Guénon ? par Jean
Thamar Le
symbolisme et la voie de l’unification dans le tantrisme par J. P. Schnetzler Basilique
et cathédrale, deux modes d’expression du pouvoir religieux dans la région
d’Aix-en-Provence du XIIe au XVIe siècle) par Myriam Jacquemier De ceci et de cela Divers salons et rencontres Aletheia Le sommaire du N° 6 (Juin 2013) comporte : Passeurs
et passages par
Hermès Pierre
Gordon : présence de la Tradition Primordiale par Ange Duino L’homme
et son ange d’Henry Corbin par Aurélie
Ferrand Le
noble état de pauvreté par Eric Unger Préface
du livre de la pauvreté et de la mort par Arthur Adamov Le
livre de la pauvreté et de la mort par Rainer Maria
Rilke Une
expérience fondamentale par René Daumal La
voie de René Daumal du Grand Jeu au mont Analogue par Hermès La
vie simple de René Guénon par Pietro
Nutrizio Références
islamique relatives au Labyrinthe de Chartres par Michel Gimbert Les
agapes, une forme de transmission par Georges Rela Le
siècle et sa culture par Henri Medioni Discours
à la Grande Loge de Colombie par Salvador
Allende Une
œuvre initiatique exemplaire : De Harmonia Mundi de F. Zorzi Veneto par M. Jacquemier Diverses lectures et rencontres, salons du livre Livres reçus et des libraires Le sommaire du N° 7 (Décembre 2013) comporte : Hommage
à Simone Weil par Michel Lecour Les
symboles du Verbe par Matgioi Le
Verbe architecte de la Mère Suprême d’après le Zohar par Patrick Geay Du
psychologisme moderniste à la méditation maçonnique par Jean-Pierre Schnetzler Ephèse
et Anne-Catherine Emmerich par Aurélie Ferrand La
montagne des prophètes par Anne-Catherine
Emmerich Les
sept dormants d’Ephese, réflexions sur la caverne, seuil de la troisième
naissance par Aurélie Ferrand René
Guénon, ou la voie métaphysique par Gérard de
Sorval De
Harmonia Mundi par Philippe Subrini René
Alleau, étoile scellée par Frédérick
Tristan Un
musicien de l’âme par David Bisson L’hermétisme
et les cycles cosmiques par Gauthier
Pierozak Diverses lectures, des rencontres comme P. Gordon et Ange
Duino aux éditions Signature, etc. Le sommaire du N° 8 (Juillet 2014) comporte : Pierres
et tailleurs de pierre par Francis Laget Epitre
à Storge par Oscar Vladislas de
Lubicz-Milosz Aspects
ésotériques de l’œuvre de Milosz par Francis
Laget Une
expérience extatique fondamentale par Jean
Cocteau Que
faut-il dire aux hommes ? par Antoine de
saint Exupery L’enracinement
par Simone Weil Le
symbolisme de la rose par Louis
Charbonneau-Lassay Notice
introductive sur Louis Charbonneau-Lassay par Georges Tamos Chroniques
d’art par Ivan aguéli Fraternité
et voies initiatiques à la lumière de la thora par Atha vé-Pô Regard
sur l’œuvre de Jean Hani par Jean
Borella Jean
Borella et le christianisme retrouvé par Jean
Hani De
ceci et de cela… Avec des recensions de Aurélie Ferrand, Frédérick Tristan, Denise Alleau et David Bisson |
ALPHABET DES DIEUX |
Jean Haab |
Edition Les Textes Essentiels |
1979 |
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Ce fut le temps de la grande Atlantide, de l’Egypte éternelle, des écoles de Mystères d’Orient et d’Occident, de Cakyas Muni enseignant ses disciples, et du Sage de Samos établissant à Crotone un nouvel ordre social. Ce fut le temps où, dans les forêts profondes, les Druides révélaient la Trinité issue de l’Unique, où, sur les bords de l’Ilyssos, les paroles sacrées jaillissaient de la bouche de Platon, puis enfin les heures bénies de Palestine, quand le Nazaréen, Fils de Dieu en vérité, s’efforçait de répandre dans toute l’humanité une connaissance jusqu’alors réservée à un petit nombre. Selon une loi traditionnelle fondamentale, un mythe, un égrégore, une divinité, sont d’autant plus puissant qu’ils sont plus anciens. C’est ainsi que les anciens Grecs manifestaient d’autant plus le respect aux dieux, qu’ils appartenaient à une génération plus reculée. Les puissances cosmiques ne meurent jamais sinon dans la frêle mémoire humaine. Selon notre conception, elles dorment tout au plus, attendant pour se manifester qu’un mage plus savant ou plus puissant opère pour leur grand retour un téméraire rituel. Le
monde antique, par conséquent, détient un fabuleux héritage, plus précieux à
coup sûr que les trésors d’Alaric ou des Templiers. Formé de la chair même des dieux, inaccessible à la grande masse des hommes au cours de l’ère des poissons, étranger aux Eglises, ce céleste patrimoine abandonna la terre avec l’empereur Julien, lorsque ce dernier rendit son âme au soleil. Sous une forme à peine différente, c’est le mythe du Graal enlevé au ciel par les anges lorsque les péchés de l’humanité rendirent impossible la présence sur terre de la Coupe Sacrée. L’intolérance,
mère de tous les crimes, s’est d’abord faite religieuse et l’on alluma des
bûchers avec la croix de Jésus-Christ. Cette intolérance gagna enfin le monde
scientifique et l’on persécuta les libres chercheurs au nom d’un
pseudo-rationalisme tissé d’intérêt ou au nom de dogmes établis par
d’antiques fossiles. Comme
toute chose, les civilisations sont mortelles et finissent rarement en
beauté, souvent leur agonie s’accompagne de dégagements nauséabonds provenant
d’une sorte de putréfaction spirituelle. Or nous vivons actuellement la fin
d’un cycle, la fin du Kali-Yuga et nous étouffons sous ces résidus,
sous des cadavres psychiques accumulés par les générations disparues.
Emergeant à peine de ce bourbier, rares sont ceux à qui les dieux délivrent
encore leur céleste message, leur enseignement et leur lumière. De plus nous
sommes souvent devenus sourd et aveugle, nous sommes comme Dante dans sa Divine Comédie « car
j’avais perdu la voie droite », nous sommes incapable de comprendre
et d’entendre la harpe d’Apollon, la sagesse d’Athéna ou la Science
d’Hermès Trismégiste. Lorsque
Constantin décida de faire du christianisme la religion officielle de
l’Empire, il s’attacha en premier lieu à réaliser son unité doctrinale. Ce
fut la raison d’être du concile de Nicée qu’il mit 12 ans à préparer.
L’importance de ce concile fut immense car c’est véritablement à partir de
lui que le christianisme tel que nous le connaissons a pris son essor et que
l’Eglise réalisa une certaine unité doctrinale. Ce concile marque la fin du
paganisme et surtout la fin de tout sacerdoce éclairé par la Lumière des
Mystères. Dans l’Antiquité tous les Alphabets étaient
sacrés et chaque lettre était et est encore un symbole graphique dans le
plein sens du terme et constitue de par sa forme « la demeure d’une divinité ». Chaque
lettre disait Jacob Boehme, a une
origine au centre de la nature. Cette origine est merveilleuse et les sens ne
la peuvent saisir qu’à la clarté de l’intelligence. Socrate estimait déjà qu’étudier la
signification des lettres, est le meilleur moyen pour acquérir la
connaissance. Les 100 premières pages nous proposent un voyage dans l’Alchimie,
la Magie, la Kabbale, l’Astrologie et la Mythologie. Les 500 autres pages
nous font circuler dans l’arbre séphirotique avec les lettres centrales, les
lettres hors de l’arbre, les lettres matricielles, les lettres joviennes, les
lettres ignées et les lettres ultimes. On y parle aussi de : Apollon, dieu du Soleil et de l’intelligence. - Neptune.- Orcus – Cupidon – Janus dieu des portes et grand initiateur, détenant les clefs des portes de l’enfer et du ciel - Diane - Poséidon, dieu de la mer - Saturne - Jupiter - Uranus - Hypnos – Apophis (Je suis le dieu UN mais trois dieux sont en moi) - Géa – Pallas - Héra - Cérès - Zeus - Cybèle – Déméter – Perséphone – Héraclès - Athéna – Bacchus - Dionysos – les bacchanales – Artémis – Aphrodite – Isis – Osiris – Hipta - Hermès - Ares - Latone - Thémis - Fortune - Vénus - Ishtar - Mercure - Vulcain - Héphaïstos - Estias - Pluton - Hécate - Zagreus – Ecce Homo – L’Immaculée Conception – Lucifer et l’antéchrist
De très nombreuses illustrations couleur du grand ésotériste Johfra, sur son fameux Tryptique Séfirotique, illuminent ce livre et lui donne un air de fête |
altÉritÉ & transcendance |
Emmanuel
levinas |
Edition
FATA MORGANA |
1995 |
«
Altérité et transcendance » : le titre
qu’Emmanuel Lévinas a choisi pour le présent livre qui rassemble douze
textes allant de 1967 à 1989, nous conduit droit à cette idée que la
transcendance est « vivante dans le rapport à l’autre homme » (p. 131).
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anthologie de la non-dualitÉ |
V.
loiseleur |
Edition
LA TABLE RONDE |
1988 |
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Elle
bouleverse définitivement la vision de celui qui l'expérimente. Elle peut
survenir aussi à la suite d'une pratique spirituelle, guidée par un maître
réalisé. Mais ceci n'est nullement indispensable, à la différence de voies
techniques yogiques et autres pratiques d'éveil de kundalini. Et, ce qui est
plus intéressant, cette expérience peut survenir à la simple lecture de
textes non-dualistes. *Et même le terme "expérience" ne rend pas
compte de ce que l'on peut dire de la non-dualité, qui est Ce qui sous-tend
toute expérience et toute manifestation, et qui ne change jamais.
Gardons-nous d'en sécréter la moindre image !! Ajoutons à
cela que la non-dualité ne s'oppose pas à la dualité : elle la couronne. Il
ne s'agit pas de dépasser la dualité, mais de l'accepter tout à fait, en tant
que dualité, dans ses paires d'opposés enfin mis en relation paires par
paires duelles, alors que souvent nous avons tendance à aspirer à un des
opposés en fuyant l'autre : vouloir l'amour et fuir la haine, aspirer à la
lumière et fuir l'ombre, par ex. Nous accueillons alors la manifestation dans
toutes ses dimensions, et c'est cet accueil inconditionnel qui ouvre à la
non-dualité. Autrement dit, accueillir la dualité, c'est trouver la
non-dualité. Et pour cause! Où pourrait bien être la
"non-dualité" ailleurs qu'ici et maintenant, incluant toutes ces
limites qui vibrent sous nos yeux? La Non-Dualité n'est pas quelque chose
d'autre que ce que nous avons sous les yeux, que ce qui voit ces objets
actuels... C'est plutôt un regard différent sur ce-qui-est. Et comme le
"moi", l'ego, se nourrit justement de "j'aime ceci et je
n’aime pas cela", accepter la dualité, c'est aussi accepter de dépasser
cette représentation limitante du "moi-je", celle de se croire
séparé du monde et des autres. Les traditions spirituelles culminent parfois
dans l'expérience de non-dualité, surtout en Orient, où la vision
impersonnelle de la Déité aide à dépasser les concepts réducteurs qui
séparent le pratiquant de Dieu, dans les traditions occidentales, trop
souvent. Alors qu'au fond, même en Occident, des maîtres comme Eckhart ont
goûté clairement à cette unité sans nom et sans pensée, mais n'ont pas
toujours osé en parler publiquement. Si l'on
devait situer dans l'espace-temps la non-dualité, nous pourrions dire que
c'est en Asie centrale qu'elle fût pour la première fois exprimée le plus
simplement. La tradition Dzogchen Bön, Yungdreung Beun, qui se dit remonter à
18000 ans, en rend compte encore aujourd'hui. Ensuite, en Chine, par le Ch'an
et Hui Neng, elle fut exprimée de façon plus lapidaire et aussi profonde.
Mais nous allons voir que toutes les traditions, peu ou prou, mènent à
l'essence non-duelle, pourvu qu'elles soient basées sur l'expérience
intérieure, et non pas seulement sur des lettres mortes... La
non-dualité répond à la question : « Qui suis-je? ». Question que
nous nous sommes tous posé un jour. Ramana Maharshi en a fait l'interrogation
essentielle et guide de la quête de Soi. Se poser cette question ouvre un
chemin dont on imagine rarement l'issue, si l'on ne se contente pas des
réponses habituelles « je suis Untel », « je suis
moi »... Et cette issue peut être la réalisation ici et maintenant de
l'état non-duel, si nous sommes mûrs pour abandonner les représentations
dans lesquelles nous nous sommes emprisonnés. C'est ainsi que nous pouvons
passer de « je suis moi » à « (je suis) On y trouve les sujets suivants :
LA NON-DUALITÉ MÉTAPHYSIQUE |
anthologie sur l’illumination
spirituelle |
Erik sablÉ |
Edition
DERVY |
2006 |
Certains
êtres vivent, à un instant donné de leur existence, une « ouverture sur un
autre état de conscience ».
L’individu
pénètre une autre réalité que d’aucuns appellent Satori, Nirvana, Éveil et
d’où notre monde apparaît comme une ombre illusoire.
|
APERÇUS
SUR L’OPÉRATION INTELLECTUELLE ET LA CONNAISSANCE INITIATIQUE |
Jacques
Thomas |
Edition
ARCHE MILAN |
1998 |
La
philosophie pérenne affirme que l’âme humaine est d’une certaine manière
toutes choses du fait que sa nature la destine précisément à connaitre toutes
choses. En
faisant acte de connaissance, l’homme, cependant, ne saisit pas selon leur
essence les objets qu’il connait, mais selon le mode de sa propre faculté
cognitive. En cela, dans la mesure du possible, il participe à la
connaissance de l’Omniscient et s’assimile à Celui qui Se connait Soi-même
par Soi-même. C’est
dans un tel cadre que le présent ouvrage examine les modalités de
l’appréhension des réalités, depuis les sensibles extérieurs jusqu’aux formes
universelles. A cette fin sont analysées les fonctions de l’intellect, ainsi
que les natures hiérarchisées des species ou similitudes conçues comme moyens
de connaissance intellectuelle. Ces
aperçus sur l’opération intellectuelle sont complétés par deux exemples, de
caractère typiquement initiatique, empruntés aux écrits des Fidèles d’Amour
de la Toscane des années 1300, principalement ceux de Dante et de Francesco
Barberino. Au sommaire de cet ouvrage : Le paradigme divin de la connaissance
- Connaissance de l’image par l’homme -
Connaissance des réalités extérieures et des sensibles
- Intellect possible et intellect actif -
Le rôle de la mémoire - Espèces et
symboles - Connaissance humaine et connaissance
divine - Amore e cor gentil sono una cosa
- Dunque io son ella - Les Fidèles
d’amour et Dante - |
APERÇUS
SUR LA CONNAISSANCE SACRÉE |
Titus
Burckhardt |
Edition
ARCHE MILAN |
1987 |
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APOPHATISME- UN OBSCUR ET LUMINEUX SILENCE – LA THÉOLOGIE MYSTIQUE DE DENYS L’ARÉOPAGITE |
Jean-Yves Leloup |
Edition Albin Michel |
2013 |
La théologie mystique est l’œuvre d’un auteur anonyme connu sous le nom de Denys l’Aréopagite ou Denys le théologien. Ce court traité datant du 6e siècle fut le texte le plus lu et médité par les penseurs orientaux et occidentaux du Moyen Âge. Son influence, déterminante pour les différents courants de la mystique rhénane et flamande, continue de se faire sentir jusqu’à aujourd’hui. Jean Yves Leloup nous offre ici une traduction intégrale, augmentée des 7 lettres de Denys qui en prolongent la réflexion. Il propose un commentaire faisant suite au texte, et poursuit la réflexion par une mise en résonnance de la théologie apophatique du Corpus dyonisiacum avec différents auteurs et traditions issus du christianisme mais aussi du judaïsme, de l’islam et des mystiques orientales et occidentales. Dans son parcours, Denys va devenir l’archétype du philosophe converti au christianisme, et que la tradition appelle « un vrai philosophe ». Son goût de L’Ultime Inconnu l’ayant éveillé, la triple sensibilité au mystère, à la recherche des causes de la Vie, du mouvement et de l’être, et celle du Christ ressuscité, sera le leitmotiv de sa théologie patristique en écho avec la « Ténèbre supra-lumineuse » ou « l’obscur et lumineux silence ». Dans sa lettre à Dorothée, Denys écrit : L’obscur et lumineux silence, la ténèbre divine est cette « lumière inaccessible » où il est dit que « Dieu habite ». C’est l’excès de sa clarté qui la rend invisible, le débordement de ses manifestations lumineuses et suressentielles qui la dérobe à tous les regards, c’est dans cet obscur et lumineux silence que naît quiconque digne de connaitre et de comprendre qu’il s’élève vraiment dans ce qui est au-delà de la vue et de la connaissance. Ne sachant rien de lui, sinon qu’il transcende le sensible et l’intelligible, il s’écrit avec le prophète « savoir prodigieux, qui me dépasse, hauteur que je ne puis atteindre ». C’est en ce sens qu’on a pu dire de Paul (celui de Damas) qu’il a vu Dieu, parce qu’il a vu que Dieu transcende tout acte de l’intelligence et tout mode de connaissance, ainsi peut-il affirmer que « ses voies sont impénétrables et ses décrets insondables et que sa paix surpasse toute intelligence, car il a découvert Celui qui est au-delà de Tout, et il a su, selon un mode qui dépasse toute connaissance, que Celui qui est à l’origine de toutes choses n’est lui-même aucune de ces choses » Au sommaire de cet ouvrage l’auteur décrit : La théologie mystique et les 7 lettres de Denys La prière inaugurale et la vie de Moïse De l’adequatio à l’aletheia, de quelle vérité parlons-nous ? L’exercice proposé à Timothée – explication de l’apophase et cataphase Petit résumé de la voie dionysienne – Résonnances et variations Une béguine anonyme : Hadewijch d’Anvers et le nuage d’inconnaissance Denys – Eckhart - Jean de la Croix, trois témoins de l’avant et de l’au-delà de Dieu L’infini (Ein Sof) et sa réception (Shekhina) dans la tradition juive. Ni ceci, ni cela : l’Apophatisme par Denys et Çankara, théologie mystique et advaïta vedanta Denys et Nagarjuna : autour du tétralemme Une traduction « dionysienne » de la Prajnaparamita ou le sutra du cœur. Taologie mystique. Et Xinxin Ming |
ATLAS DE LA PHILOSOPHIE |
Kuzmann,
Burkard, Wiedmann |
ENCYCLOPÉDIE
D'AUJOURD'HUI |
1993 |
|
Véritable
manuel d’initiation, cet atlas est aussi une façon nouvelle d’aborder
l’univers de la pensée. Il y est expliqué la philosophie orientale, antique,
du Moyen-Âge, de la Renaissance, du 17é, 18é, 19é, 20é. Siècle. Un excellent
livre de base sur la philosophie de l’Univers.
|
au-delà de la parole perdue -
V.I.T.R.I.O.L. |
José
bonifacio |
Edition Telete |
2002 |
C’est
à travers 11 chapitres que l’auteur nous invite à découvrir l’homme immanent
et sa quête. Dans ce troisième et dernier volet de son étude sur la Kabbale
Initiatique, José Bonifacio nous propose d'élargir notre quête et notre
conscience au-delà de la Parole Perdue. Cette quête est résumée dans le
mot-clef "v.i.t.r.i.o.l." qui peut se traduire par « Descends en
toi-même et, en rectifiant, tu trouveras la Pierre Cachée ». Elle permet à
l'Homme véritable de devenir Celui qui est : L'Homme immanent, pour qui Dieu
n'est plus un dogme mais un concept logique, fusionné en un univers
multidimensionnel. À travers onze chapitres, nombre qui justement exprime
l'infini, Ain Soph, union du Macrocosme et du Microcosme, José Bonifacio nous
fait vivre cette quête de l'Immanence, ce qui est, ici, et maintenant, l'Or
de l'alchimiste AIN
SOPH union de macrocosme et du microcosme les voiles d’Isis, du Zéro à Un, le
mystère Adam, Dieu concept logique ou dogme ? L’expression géométrique de
DIEU, l’Univers, à la gloire de SHADDAÏ, au commencement était le Verbe et
que la lumière soit. Du
Profane au Sacré : Ainsi le mot "Parole " recouvre
t’il plusieurs acceptions dont nous devons tenir compte et dont la
principale, en ce qui nous concerne, est avant tout la Transmission d'une
certaine Connaissance au travers de certains Mythes et de certains Rites, le
REAA en particulier. La Parole est donc à la fois le véhicule et le moteur de
cette transmission, le Rituel en est le Gardien. Mais au fil du temps le
langage évolue et les mots déforment le sens des idées; la pensée peut
s'égarer, le sens disparaître ... c'est le revers de toute Tradition, orale
ou écrite : le Sens de la Parole se dilue, s'étire, se transforme, .... et se
perd. Il
peut également disparaître parce qu'il n'est plus accessible à une
compréhension qui aurait elle aussi évolué ou dégénéré en " Zizanie
" ... Or, la Tradition nous donne la Langue, le Mythe nous fait
réfléchir au Sens et le Rite nous fait passer du monde Profane au Sacré. Pour
nous Francs-maçons, il demeure un langage d'initié qui nous permet une Quête,
celle de la Parole perdue. Tout
d'abord l'adjectif "Perdue "ne saurait s'appliquer à quelque chose
qui a été égaré. La Parole est perdue parce que jusqu'à ce jour nous n'avons
pas pu ou su la Recueillir. Elle est sans doute toute proche, mais pour le
moment Inaccessible: "Aures habent et non audirent " (ils auront
des oreilles mais n'entendrons point) dit Ecclésiaste; ce à quoi il convient
d'ajouter: "Oculus habens et non vidèrent" (ils auront des yeux
mais ne verront point) compte tenu de l'espace pris par l'image au détriment
de la parole dans la communication. L'expression "Parole Perdue "apparaît
pour la première fois dans le Rituel d'Initiation au 4° degré. On notera
qu'elle n'est jamais employée seule et qu'elle accompagne les mots: Vérité et
Lumière. La
notion du Sacré : Selon la Légende, Dieu voulant punir les
hommes de leur prétention à monter jusqu'à Lui (la Tour de Babel!) leur fit
parler au lieu d'une langue accessible à tous, une multitude de langages,
créant la Zizanie ... A s'en tenir au monde profane, c'est peut-être aussi
cela, la Parole Perdue ! Une parole accessible à tous, quel que soit la
langue dès lors qu'elle s'adresse à l’Ame et cherche à toucher les Cœurs.
Mais il arrive que cette parole "commune "soit investie d'une
mission particulière: permettre à l'Homme de communiquer avec le Sacré. Il
faut entendre ici par " Sacré " tout ce qui présente un caractère
Transcendantal, religieux ou laïque. Pour cela, selon le vers de Stéphane
Mallarmé, il convient de " Donner un sens plus pur aux mots de la Tribu
"; la Parole va être magnifiée, le Mot glorifié. Mais
la Parole n'est pas uniquement une prière qui monte de l'Homme vers le Sacré;
elle est aussi un moyen pour le " Sacré " de s'adresser à l'Homme.
L'aspect est alors essentiellement Religieux, c'est le Verbe: " Car le
mot c'est le Verbe et le Verbe c'est Dieu ", écrit Victor Hugo. Cela
suppose que l'on soit disposé à Croire à une existence divine susceptible de
s'adresser directement aux hommes et dans ce cas, ce message peut prendre
l'aspect de la Parole. De
tous temps, l'Homme a cherché à communiquer avec le Sacré (Mircea Eliade),
parfois dans l'attente d'une Réponse à ses angoisses ou à ses incertitudes,
souvent à la recherche de l'apaisement ou de la réparation (faute ou dette).
Cette recherche a pris et prend encore les formes les plus diverses et pas
seulement vocales (gestuel, chant, prière, extase, isolement, dépouillement,
arts ... etc.) ; nous autres Francs-maçons utilisons gestes et paroles mais
aussi les symboles et la Parole que nous cherchons ne saurait être assimilée
au Verbe Créateur, même si d'aucuns pensent qu'elle doit nous venir "
d'en haut «. |
10 B
blaise pascal
– l’ordre du cœur – philosophie, thÉologie & mystique dans les pensÉes de
pascal |
H.
michon |
Edition
CHAMPION CLASSIQUE |
2007 |
||
|
BONARDEL - PRENDRE SOIN DE SOI
|
Françoise Bonardel |
Edition
Almora |
2016 |
Héritée des Grecs, puis remise à l’ordre du
jour par des philosophes contemporains comme Pierre Hadot (1922-2010) et
Michel Foucault (1926-1984), l’idée que tout être humain ait à prendre soin
de lui-même est devenue centrale aujourd’hui, en témoigne la pensée
américaine du «care». Mais que signifie «prendre soin de soi-même» ?
Retrouver le calme, se sentir en sécurité, redécouvrir son corps, développer
sa créativité et pourquoi pas renouer avec le sacré ? Le but de l’ouvrage est
de donner une assise philosophique, psychologique et spirituelle à ce besoin
de «soin». Françoise Bonardel nous rappelle que ce soin à soi-même était déjà
présent dans la philosophie antique et elle nous dresse le développement de
la notion jusqu’à l’époque moderne. Elle se demande aussi si cet intérêt à soi ne
cache pas finalement un égoïsme voire une forme de dandysme ; elle s’attache
donc à nous montrer comment entretenir ce réel souci de soi dans le quotidien
et notamment dans les périodes de crise. L’auteur ouvre enfin la question du
soin de soi à la dimension religieuse et sacrée ; pour les mystiques cette
expression de soin de soi-même revient à inscrire son devenir dans un
processus de transformation et de maturation jusqu’à une ouverture vers la
splendeur du Grand Soi. Ce livre nous présente pour la première fois en
français une perspective complète et pratique sur le soin de soi-même. On assimile souvent à tort l’épicurisme avec la
recherche des plaisirs charnels : la fête, la bonne chère, le vin et le
sexe… L’épicurien ne serait rien d’autre qu’un « bon vivant », qui
ne pense qu’à se faire plaisir. Pourtant Épicure (341-270 av. J.-C.) n’était
pas un partisan de la débauche. Le philosophe soutient que, pour atteindre le
bonheur personnel, il faut savoir tempérer ses envies, repousser les plaisirs
futiles et factices comme le luxe, le pouvoir et la gloire, fuir les
passions. La passion amoureuse elle-même est pour lui une source de
souffrance plus que de satisfaction. Le bonheur se trouve donc dans la
sagesse. C’est en tout cas sur ce modèle qu’Épicure a copié sa vie. À Athènes
où il s’était établi, il est resté en marge de l’agitation de son temps.
Ayant acheté un bout de terrain, il y fonde une école philosophique :
« l’école du jardin ». À l’écart de la vie agitée de la Cité, de
ses ambitions démesurées, de ses troubles, il a mené une existence simple,
cultivant l’amitié, l’art et les sciences. Son école fut une sorte de
confrérie, ouverte à tous, hommes et femmes, jeunes ou vieux, Athéniens ou
étrangers.
L’épicurisme est un refus de la course effrénée des
plaisirs. Il se démarque d’un hédonisme uniquement préoccupé par les plaisirs
immédiats, tel les préceptes enseignés actuellement. Il se démarque aussi de
l’ascétisme, qui est un renoncement total aux plaisirs de ce monde. Être
heureux, pour Épicure et les siens, c’est choisir entre l’essentiel et
l’accessoire, entre les ambitions futiles et celles qui comptent vraiment.
Le stoïcisme désigne un vaste courant de
pensée qui eut une très grande influence dans l’Antiquité gréco-romaine.
Comme l’épicurisme, le stoïcisme est entré dans le vocabulaire courant, mais
le sens initial en a été déformé. Être « stoïque », au sens
courant, c’est garder son sang-froid, résister à la souffrance et au malheur
qui peuvent nous affecter. Il y a bien de cela dans le stoïcisme, mais la
philosophie stoïcienne était une doctrine beaucoup large qui comportait aussi
une théorie physique, une conception de la nature humaine, une morale et un
style de vie. Le stoïcisme ne peut être attribué à un seul auteur mais à
toute une école qui s’est déployée durant cinq siècles. On lui associe des
penseurs grecs (Zénon de Citium, Antipater de Tarse) et romains (Sénèque,
Épictète et l’empereur Marc-Aurèle).
Pour les stoïciens, le monde est uniquement un
monde matériel gouverné par des lois et non le caprice des dieux (c’est
aujourd’hui une évidence, mais ne l’était pas à l’époque.) En matière morale,
la doctrine stoïcienne prônait les vertus d’une « vie simple » et
naturelle. Bien vivre, c’est vivre en harmonie avec la nature et avec
soi-même. Et pour cela, il faut maîtriser ses passions, repousser les
fantasmes et illusions qui nous égarent.
Le bonheur repose donc sur la tempérance,
c’est-à-dire la limitation des désirs. Il vise à atteindre l’ataraxie, un
état de quiétude marqué par l’absence de désir et de troubles, une sérénité
et une paix intérieure qui s’apparentent à celles du repos tranquille (voir
encadré).
Épictète, un ancien esclave devenu philosophe, fut
l’un des illustres représentants de l’école stoïcienne. Né esclave, Épictète
était au service d’un certain Epaphrodite qui, bien que parfois brutal à son
égard, lui donna une éducation philosophique et l’affranchit (c’est-à-dire lui
redonna sa liberté) à l’âge adulte. Devenu homme libre, Épictète partit pour
Rome et y ouvrit son école philosophique. À l’époque, on pouvait en effet
« s’installer » comme philosophe, comme aujourd’hui on ouvrirait un
cours privé. Une « école » philosophique désignait à la fois un
lieu d’enseignement (où on apprenait toutes sortes de disciplines) et un
courant de pensée (car chaque fondateur d’école y professait une doctrine
particulière). Menacé par la politique répressive à l’encontre des
philosophes, en particulier les stoïciens, que connut Rome au temps de
l’empereur Domitien, Épictète se réfugia à Nicopolis et y refit sa vie à
l’âge de quarante-trois ans.
D’Épictète, on a surtout retenu la distinction
célèbre entre « les choses qui dépendent de nous et celle qui n’en
dépendent pas ». Les choses qui dépendent de nous – la pensée, le désir,
les amours et haines – nous pouvons les contrôler, les diriger par la
volonté. Là est notre liberté et nous devons l’employer pleinement. Les
choses qui ne dépendent pas de nous – la chance, la maladie, la mort, le
monde extérieur – il faut les prendre comme elles viennent puisque
« elles ne sont pas notre œuvre propre. Pourquoi donc s’émouvoir de ce
qui est inévitable ? Pourquoi s’attrister de la mort, de la maladie,
voire de la disparition d’un être cher puisqu’on n’y peut rien ? »
La doctrine d’Épictète est stoïcienne
en ce qu’elle enseigne à renoncer aux désirs factices. Mais ce n’est pas
qu’une école de renoncement. C’est aussi une philosophie de la liberté intérieure
et de la volonté. En se déprenant de ses illusions et aspirations
déraisonnables, on conquiert une certaine liberté.
Épictète nous dit que la sagesse et la maîtrise de
soi, dont doit faire preuve le philosophe, ne peuvent survenir d’un seul
coup. L’exercice de la sagesse suppose un apprentissage et un entraînement
régulier. « On devient philosophe comme on devient athlète », écrit
Épictète, en commençant par des « petites choses » c’est-à-dire des
petites épreuves personnelles.
Ce faisant Épictète ne fait que reprendre une idée
centrale dans la philosophie grecque : vivre est un art et comme tout
art, cela s’apprend. De même qu’il existe un art du combat, un art culinaire,
un art de la chasse, un art du jardin…, il existerait donc aussi un art de
vivre. Apprendre à vivre suppose un enseignement (par un maître), un
entraînement régulier, une expérience et une discipline de vie.
En Grèce, le philosophe n’était pas qu’un penseur
dont le but ultime était la recherche de la vérité.
Le philosophe est un « ami de la
sagesse » et la philosophie un art de vivre. Le sage s’employait donc à
mener une « bonne vie ». Cette bonne vie impliquait non seulement
l’étude mais comprenait d’abord une certaine « éthique » impliquant
une discipline, une maîtrise de ses pensées et de ses passions.
Le sage devait adopter un modèle de
vie pouvant servir d’exemple à tous et livrait ses enseignements à qui
voulait l’entendre. (Une pensée pour Bernard Stiegler, grand philosophe). Au sommaire de cet
ouvrage : Où commence la
négligence ? - se témoigner de l’amitié -
Religiosité de soin - les ambigüités du ‘’care’’ -
le prix e l’autonomie - pour une réhabilitation du souci -
une tradition thérapeutique - Guérison et initiation -
la vie intemporelle de l’âme
- Souci et connaissance de
soi -
le salut par la gnose - Vertus du clair-obscur -
Egoïsme ou altruisme - Indépendance et autosuffisance -
amour de soi et amour-propre - Prendre soin de l’impersonnel -
Individualisme, narcissisme et dandysme -
du paramédical au religieux
- Eloge de la sobriété -
Vers un sacré sans sacrifice
- une voie de
réintégration - le soin de l’épreuve au quotidien -
Hic et nunc - s’asseoir et méditer -
et si le soi n’existait pas ?
- |
BONARDEL -
la voie hermÉtique |
Françoise
bonardel |
Edition
Dervy |
1985 |
Qu’est-ce qu’une Voie, sinon l’ouverture
propice au cheminement, l’orientation nécessaire à la transformation ?
Parler de Voie hermétique a donc de quoi surprendre, si l’on s’en tient à
l’usage courant du terme, suggérant le repli plus que le déploiement,
l’obscurité plus que la lumière inhérente à toute authentique Révélation. Or, c’est bien en terme de Révélation que
s’est imposé, depuis l’Antiquité gréco-romaine-égyptienne et pour de nombreux
siècle, le message spirituel attribué à Hermès Trismégiste, prophète païen en
qui certains hommes de la Renaissance croiront
reconnaitre le Père d’une sagesse primordiale et immémoriale bien
antérieure au Christianisme. C’est à reconstituer l’identité polymorphe
d’Hermès le messager divin, et à « comprendre » comme le préconise
le Trismégiste –le jeu incessant du clos et de l’ouvert que s’emploie ici
l’auteur- ; décryptant pour cela quelques-unes des figures les plus
significatives de l’hermétisme occidental, tour à tour doctrine de salut
(gnose), voie de transmutation (alchimie), herméneutique, toutes à des
titres divers placées sous le patronage d’Hermès, de sa doctrine. Le caractère composite de la doctrine
hermétique, et la richesse multiforme de sa postérité semblent dus autant à
la personnalité protéiforme d’Hermès qu’à la nature de l’enseignement
consigné. Dans le Corpus Hermeticum, c’est bien de révélation qu’il s’agit,
écrite sous sa forme philosophique et religieuse. Rapporté à l’hermétisme, le mot tradition
doit être pris dans son acceptation originelle de transmission ; non pas
d’us et coutumes accréditant une vision passéiste et conservatrice des idées
et des mœurs ; mais pérennité d’un savoir de type initiatique d’abord
transmis par le Verbe d’Hermès à quelques rares disciples en quête de
régénération spirituelle, puis au cours des siècles à ceux des mages, adeptes
et artistes qui en ont ensuite perpétué l’esprit par leur pratique en matière
de philosophie occulte et d’alchimie. Fondée sur les Hermetica,
et condensée dans la fameuse Table d’Emeraude
(Tabula Smaragdina), la tradition hermétique peut en effet se
prévaloir –comme toutes les traditions- d’un fondateur mythico-religieux doté
d’une personnalité charismatique, de Livres quasi sacrés, et d’un mode de
transmission d’inspiration « gnostique » dont la continuité est
avérée tant d’un point de vue historique qu’initiatique. La question se pose
par ailleurs de savoir si l’hermétisme n’est qu’une tradition parmi d’autres,
ou si le rôle de « Père des sages »(selon
Henri Corbin), et d’herméneute spirituel reconnu à Hermès, autorise à voir
dans son enseignement le noyau ésotérique commun à la plupart des grandes
traditions religieuses et initiatiques. Au sommaire de cet
ouvrage : Première partie : Origines
mythiques et historiques - les métamorphoses
d’Hermès - les témoignages antiques - le
creuset alexandrin - la Révélation
Hermétique - au cœur du monde ; révélation et
occultation - Cosmos et anthropogonies
- la création des âmes - les paradoxes de
l’agnosia-gnosis - la « compréhension »
hermésienne - L’éternité vivante du lien
- la méditation solaire et le culte des images
- l’astrologie hermétique - Art et
musique - le dépôt des livres qui est une gnose
herméneutique - Deuxième partie : La tradition
hermétique et la Renaissance hermétiste - Unité
et diversité - les grands conciliateurs
- le chaîne d’or du triple monde -
Sagesse et magie - L’Art d’Hermès -
Une tradition aux origines mythiques - le labyrinthe
hermétique - la vase d’Hermès -
Naturphilosophie et théosophie - L’équivoque
occulto-hermétiste - D’étranges
hybrides - L’hermétisme populaire
- Hermès inconnu -
Transitions et ambigüités - Hermétisme et
Herméneutiques - Hermès messager de
l’être - C.G. Jung et l’esprit Mercure
- Herméneutique spirituelle, phénoménologie et
alchimie - Récurrence hermésienne et
anthropologie - L’hermétisme fertile et la
synchronicité magique - |
BONARDEL
- philosopher par le feu |
Françoise
bonardel |
Edition Du Seuil |
1995 |
||
Que l’amateur de choses divines sache bien
que notre voie n’est ni historique, ni païenne ; mais que nous nous
dirigeons vers la lumière de la nature extérieure, pour nous luisent les deux
soleils » - proclamait le théosophe Jakob Boehme (1575-1624), en cela
fidele à l’esprit alchimique et à cette double source de luminosité dont se
recommandait avant lui Paracelse (1493-1541) – s’émerveillant de ce que le
feu ‘a puissance de dévoiler ce qui est caché et de le rendre
manifeste », et concluant : « C’est de cette vision que
nait la science des remèdes qui en sont le témoignage ». L’auteur nous offre des textes
anthologiques de : Abraham - Julius Africanus - Albert le
Grand - Aristote - Aros - Artéphius
- Avicenne - Roger Bacon - Beauvais
- Jacob Boehme - Petrus Bonus - Calid
- François Cambriel - Eugene Canseliet - Claude
Chevalier - Coenders - Le Cosmopolite -
Oswald Crollius - Crosset de la Haumerie - Démocrite
- Espagnet - Marcil Ficin - Nicolas
Flamel - Fulcanelli - Geber -
Glauber - Grasseus - Grosparmy - Hermès
Trismégiste - Kirchweger - lambsprick -
Bruno de Lansac - Lavinius de Moravie - le
Breton - Le Pelletier - Etienne Libois -
Limojon de Saint-Didier - Nicolas Locques - Raymond
Lulle - William Salmon - Michael Scot -
Petrus de Silento - Stéphanus d’Alexandrie - Michael
Mayer - Marie la juive - Montador -
Philippe Muller - Samuel Norton - Olympiodore
- Ostanès - Pantheus - Paracelse (
Pontanus - Dom Pernetty - Jean Perreal -
Philalèthe Eyrénée - Philothaume - Planis
Campis - Albert Poisson - Psellus -
Richard l’anglais - George Ripley - Philippe
Rouillac - Martin Ruland - Stolcius
- Chevalier de Stuart - Synésius -
Tauladanus - Jacques Tesson - Bernard le
Trévisan - Salomon Trismosin - Philippe Ulstad
- Basile Valentin - Nicolas Valois -
Laurent Ventura - Arnaud de Villeneuve - Denis
Zachaire - Zozime de Panopolis - Au sommaire de cet
ouvrage : L’alchimie peinte par
elle-même - Dialogue entre Ciel et Terre :
Hermès Trismégiste - Le mortier mystique
égyptien - L’art d’Hermès -
L’esprit du Monde : alchimie et cosmologie -
Grand Œuvre, Genèse et embryologie - Dialogue de
l’artiste avec la Nature - la déontologie
opérative : ora et labora - énigmes et
paraboles - Fables, songes et visions
- les ingrédients de l’œuvre : Eléments et
Principes - Clôture du Vase et couleurs du
Temps - la matière aux mille noms -
L’œuvre du Lion vert - Clefs du Magistère
- Feux croisés - Le Feu secret des
Sages - Nigrum nigrius nigro ( œuvre au
noir) - une gestualité opérative (solve et
coagula) - le Ciel chymique : teindre et quintessencier
- une royauté métallique : l’Or
Philosophal - un souveraineté bénéfique : la
Pierre des Sages - une charité
prolifique : la médecine universelle et sa révélation
cabalistique - En fin d’ouvrage l’auteur nous
donne 16 pages de glossaire sur les mots alchimiques |
BONARDEL -
l’irrationnel |
Françoise bonardel |
Edition
PUF |
2005 |
L’irrationnel
est-il l’Autre de la Raison ou son ombre portée ? Souvent employé de façon
incantatoire, ce terme paraît regrouper toutes les extravagantes de l’errance
et les divagations de l’erreur. Ces irrationalités proposent en fait une
autre histoire de la rationalité, écrite en filigrane des discours officiels
sur le rôle civilisateur de la raison. Cet ouvrage expose les différents
aspects de l’irrationnel, de la philosophie grecque aux turbulences de la
pensée scientifique contemporaine, des pratiques magiques aux constructions
de la foi, du sens inné du mystère aux élans mystiques. L'irrationnel de Françoise
Bonardel, philosophe agrégée et professeur à Paris I, connue déjà par ses
remarquables travaux sur «les raisons hermétistes» et cette anthologie des
textes alchimiques occidentaux, Philosophies par le Feu, Seuil, éd.
1995) nous livre ici en six brefs chapitres l'inventaire précis de cette
notion «erratique» que fut celle d'irrationnel, contrepoint et marge
inséparable, durant trente siècles de la litanie occidentale, de la
toute-puissante «déesse Raison». De la «Grèce de l'ombre» (chap. 2)
redécouverte timidement par Schelling, délibérément par Nietzsche «inventant»
déjà «l'Ombre de Dionysos» (M. Maffesoli), jusqu'aux «turbulences» de la
rationalité dans «les effervescences scientifiques actuelles» posant les
fondements d'une très post-moderne «pensée sauvage» occidentale (chap. VI),
en passant par tous les mouvements de cette longue «fugue» civilisationnelle
qui ne cesse d'orner, de divertir - et quelquefois de pervertir! - la Raison
sacralisée par les «enragés» de 1793... C'est
d'abord, face à un rationalisme redoutable hérité de la patristique et de la
scolastique s'installant dans les universités naissantes, face à une pensée
où Descartes et Spinoza prennent le relais de St-Augustin puis de St-Thomas,
qu'émergent peu à peu les inquiétudes d'un docteur Faust, ou le «scepticisme»
de Montaigne, ou la «démesure» de Shakespeare... et finalement la découverte
«à côté» du rationnel d'un «je ne sais quoi de terrible, de grand et
d'obscur» (Diderot), le «sublime» introduit avec effraction dans la
raisonnable «beauté» classique Ce
pas «romantique» étant franchi, et la «raison du plus fort» n'étant plus la
meilleure, c'est-à-dire la seule, Françoise Bonardel peut aborder les
fondements du procès «d'obscurantisme» (ch. IV) fait au pluriel par la langue
- de bois! - d'une «raison» totalitaire naïvement identifiée - depuis le
XVIIIe siècle - à la science de la matière. Sans se douter que ce
matérialisme naïf allait lui-même se pluraliser au cours des deux derniers
siècles et ainsi démentir ses prémisses «d'identité» et de «tiers exclu»...
La fracture romantique étant effectuée malgré les «limites de la simple
raison» kantienne, les dénonciations attardées «d'infantilisme» par Freud, de
toxicomanie par Marx, on peut examiner alors sans être excommunié les
«trans-rationalités» dont témoignent les «logiques» du mysticisme, de
l'apophatique, des «savoirs initiatiques», des «ésotérismes», de la «magie»,
des «techniques de l'invisible» (J. Servier)... Dès lors bien des
«irrationalités» se résolvent en une «trans-rationalité» -
«hyper-rationalité» disait Fourier - possédant ses lois, ses postulats, ses
axiomes propres, et englobant comme simple cas particulier feu la raison
«classique». Le
chapitre V est consacré à une brève étude «monographique» - et génétique:
l'auteure reprend ici les «racines» historiques de cette émergence - où du
prolongement de l'illuminisme romantique, de la «Natur-philosophie», émergent
Schopenhauer, Schelling, Kierkegaard, le Nietzsche «chantre du dionysiaque»,
Dilthey, et aussi Wagner, Dostoïevski, Bergson, Chestov, Berdiaev, etc., et
enfin Heidegger. Dans
l'ultime chapitre de ce brillant petit livre (ch. VI), l'auteure s'installe
au cœur de ces victoires historiques des «transrationalités». Et d'abord dans
ce retournement véritablement éthique, ces «critiques de la raison mythique»
où des auteurs comme de Diegez, Ortega, Gasset, Cioran, Unamuno, J. Grenier -
le maître de Camus - renversent les perspectives de Comte, de Renan ou plus
proches de nous, d'Adorno ou d'Horkheimer, en dressant le constat réduisant
le rationalisme «classique» (pur et dur) à un «mythe aveugle»; aveugle parce
qu'aveuglant de façon terroriste et totalitaire (intégriste!) toute la
vivante liberté du Découvrir. Mythe gigantesque, orné des plumes de la
démystification, qui s'enfle peu à peu du pragmatisme industriel, du culte de
l'avenir de la science et du diktat positiviste, de la dictature du
prolétariat, et finalement - dans la lucidité d'E. Jünger - du Moloch du
«Travailleur» fondement de tous les Auschwitz et de tous les «goulags», le
mythe des «Temps Modernes» qui sous sa raison de fer est «l'irrationnel et,
de ce fait l'immoral par excellence...» (E. Jünger). Telle
est bien la «Tragédie» de notre culture (G. Simmel)! Cette «démystification à
l'envers», qu'appelait de ses vœux Mircea Eliade, est confortée par toute la
«poétique» contemporaine issue de Rimbaud, de Rilke, de Breton, par les
découvertes des mondes nouveaux des ethnologues (Cl. Lévi-Strauss, J.
Servier, R. Bastide...) et des «historiens» des religions (M. Eliade, R.
Otto, H. Corbin, J. Ries...), par l'exploration des états de conscience -
ignorés par la raison classique! - (Freud, Jung, etc.), par toutes les
«réflexions» philosophiques qui, déjà, structurent l'horizon «post-moderne»:
Th. Mann, D. H. Lawrence, Caillois, J. Bousquet, R. Daumal - courant qui nous
porte et porte toute notre mouvance de «Recherche sur l'imaginaire» |
boehme
– qui suis-je ? |
Marc
vivenza |
Edition Pardès |
2005 |
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Boehme
est né en 1575, près de Görlitz, une ville proche de la frontière qui sépare
l'Allemagne de la Pologne. Après avoir fréquenté l'école de son village, il
apprend le métier de cordonnier. Dès l'enfance, sa vie est ponctuée de signes
étranges, annonçant une destinée exceptionnelle. Un jour, tandis qu'il
gardait la boutique de son maître qui s'était absenté, un étranger entra.
L'homme s'approcha de lui et le regarda comme s'il pénétrait jusqu'au fond de
son âme. « Jacob, tu es peu de chose, lui dit-il, mais tu seras grand et tu
deviendras un autre homme, tellement que tu seras pour le monde un sujet
d'étonnement. C'est pourquoi sois pieux, crains Dieu, et révère sa parole,
surtout lis soigneusement les Saintes Écritures, dans lesquelles tu trouveras
des consolations et des instructions, car tu auras beaucoup à souffrir ; tu
auras à supporter la pauvreté, la misère et des persécutions ; mais sois
courageux et persévérant, car Dieu t'aime et t'est propice. » Celui qu'on surnommera « le Philosophe Teutonique »
devient maître cordonnier. En 1599, il épouse Catharina Kuntzchmann qui lui
donnera quatre enfants. Il se lie avec Martin Möller, pasteur de son village,
et participe aux activités d'un petit groupe de chercheurs que cet
ecclésiastique réunit autour de lui pour étudier les idées de Paracelse et de
Valentin Weigel. Dans ce groupe, parfois présenté comme un cercle
rosicrucien, Boehme recevra les germes d'une formation dont il saura tirer
des fruits par ses propres méditations. « Jacob Boehme est bon époux et
excellent père, il s'applique à sa profession d'une manière si laborieuse et
si honnête que dix ans plus tard, il devient propriétaire d'une maison à
l'intérieur de la ville », nous dit son biographe Abraham Franckenberg. L'existence du jeune homme prend un tournant
décisif en 1600, année pendant laquelle il connaît une expérience marquante.
Il est tout à coup saisi par la vision d'un vase d'étain, ce qui l'entraîne
dans une profonde extase mystique, une communion universelle. « J'ai vu,
dit-il, et compris plus en un quart d'heure que je n'eusse appris en de
longues années dans les écoles et les universités ». Quelques années plus tard,
en 1610, il écrit l'Aurore naissante ou la racine de la philosophie, de
l'astrologie, et de la théologie, un texte dans lequel sont consignés les
enseignements qu'il a retirés de cette expérience. En 1612, le nouveau pasteur de Görlitz, Gregorius
Richter, est informé des révélations dont Boehme est le bénéficiaire. A
partir de cette époque, il n'aura de cesse de persécuter le cordonnier.
Malgré ce harcèlement, celui-ci tente de rester serein, se réfugiant dans la
prière et le recueillement. Dans les années qui suivent, il connaît plusieurs
expériences mystiques marquantes qui le conduisent à braver les foudres du
pasteur pour prendre à nouveau la plume. C'est ainsi qu'en 1619, il écrit Des
Trois Principes de l'essence divine, ouvrage dans lequel il tente de
comprendre les fondements du mal en se penchant sur la question de l'origine
et de la Création. D'autres ouvrages suivront, comme De la triple vie de
l'homme selon le mystère des trois principes de la manifestation divine,
écrit au cours de l'hiver 1619. Ses textes circulent sous forme de
manuscrits, et ses lecteurs, souvent des personnages illustres, viennent
l'interroger ou lui écrivent pour obtenir des éclaircissements sur les
mystères divins. C'est pour répondre à l'un de ses amis, Balthazar Walter,
qu'il écrit Quarante questions sur l'origine, l'essence, l'être, la nature et
la propriété de l'âme et sur ce qu'elle est d'éternité en éternité. Parmi les ouvrages les plus connus du Philosophe
Teutonique, figure De la signature des choses, texte datant de 1621.
Ce livre reprend la théorie des « signatures », une notion clé de la médecine
paracelsienne qui veut que les corps ne soient que des figures extérieures
dont les caractéristiques révèlent les aspects de l'âme. Ce livre est
probablement l'un des plus complexes que Jacob Boehme ait écrit. Parmi ses
textes majeurs, il convient de signaler également le Mysterium Magnum,
écrit en 1623. Il s'agit d'une œuvre volumineuse qui porte comme sous-titre :
« Commentaire explicatif du 1e livre de Moïse ». Son auteur s'y efforce de
dévoiler le sens secret du texte de la Genèse. Il propose une réflexion
particulièrement originale sur le néant – qu'il désigne sous le nom d'Ungrund
–, qui précède la Création. Ses observations, qui sont proches de celles des
kabbalistes à propos de l'Aïn-sof, auront une grande influence sur des
générations de penseurs, notamment sur Nicolas Berdiaeff. La philosophie de Jacob Boehme repose sur une
cosmogonie d'une grande complexité, celle de « l'Éternelle nature » et des
sept sources-esprits. Ses théories sur la Sofia, l'épouse céleste du premier
Adam, sont empreintes d'une grande profondeur. Dans ses œuvres, il insiste
sur l'androgynat primitif de l'homme en présentant une théorie qui aura un
retentissement important dans l'ésotérisme occidental. Il utilise un langage
qui puise en grande partie dans l'alchimie paracelsienne. Ses textes sont
empreints d'une étrange poésie qu'Émile Boutroux qualifiait de « brouillard
étincelant ». Grâce aux livres qu'Alexandre Koyré, Pierre Deghaye
et Basarab Nicolescu lui ont consacrés, la pensée de celui que l'on présente
parfois comme le « prince de la théosophie chrétienne » est plus facilement
abordable. Ce n'est qu'après la mort de Jacob Boehme, survenue en 1624, que
ses œuvres furent publiées. Johann Georg Gichtel (1638-1710), l'un de ses
disciples posthumes les plus importants, s'attacha à leur publication à la
fin du XVIIe siècle. A la même époque, elles furent également traduites en
anglais et leur auteur compta de nombreux disciples en Angleterre, comme John
Pordage, Jane Lead ou William Law. En France, c'est grâce aux traductions de
Louis-Claude de Saint-Martin qu'on a découvert la pensée de Jacob Boehme. Les
transcriptions de Saint-Martin, sont parfois jugées plus claires que les
textes originaux, et c'est souvent en les lisant que les Allemands ont saisi
la profondeur des écrits du Philosophe Teutonique. Grâce à Nicolas Berdiaeff
et à Serge Boulgakov, la philosophie de Jacob Boehme a rayonné jusqu'en
Russie. |
BÖHME jacob |
Gérard
wehr |
Edition
Albin Michel |
1991 |
Les Cahiers de
l’hermÉtisme Ce
grand théosophe chrétien mort en 1624 exerça sur la pensée allemande et
européenne une grande influence, car il fut dans sa pensée un philosophe
puissant attachant et génial. Ce livre condense l’essentiel de sa pensée qui
devrait provoquer chez chacun des motifs de réflexions spirituelles. Jacob Boehme (1575-1624) est un personnage hors du
commun. Hegel voyait en lui le premier philosophe allemand. Il a exercé une
influence sur Newton, Novalis, Schlegel, Goethe, Fichte et Schelling. Quant à
Louis-Claude de Saint-Martin, il le considérait comme son second maître. Boehme est né en 1575, près de Görlitz, une ville proche
de la frontière qui sépare l'Allemagne de la Pologne. Après avoir fréquenté
l'école de son village, il apprend le métier de cordonnier. Dès l'enfance, sa
vie est ponctuée de signes étranges, annonçant une destinée exceptionnelle.
Un jour, tandis qu'il gardait la boutique de son maître qui s'était absenté,
un étranger entra. L'homme s'approcha de lui et le regarda comme s'il
pénétrait jusqu'au fond de son âme. « Jacob, tu es peu de chose, lui dit-il,
mais tu seras grand et tu deviendras un autre homme, tellement que tu seras
pour le monde un sujet d'étonnement. C'est pourquoi sois pieux, crains Dieu,
et révère sa parole, surtout lis soigneusement les Saintes Écritures, dans
lesquelles tu trouveras des consolations et des instructions, car tu auras beaucoup
à souffrir ; tu auras à supporter la pauvreté, la misère et des persécutions
; mais sois courageux et persévérant, car Dieu t'aime et t'est propice. » Celui qu'on surnommera « le Philosophe Teutonique »
devient maître cordonnier. En 1599, il épouse Catharina Kuntzchmann qui lui
donnera quatre enfants. Il se lie avec Martin Möller, pasteur de son village,
et participe aux activités d'un petit groupe de chercheurs que cet
ecclésiastique réunit autour de lui pour étudier les idées de Paracelse et de
Valentin Weigel. Dans ce groupe, parfois présenté comme un cercle
rosicrucien, Boehme recevra les germes d'une formation dont il saura tirer
des fruits par ses propres méditations. « Jacob Boehme est bon époux et
excellent père, il s'applique à sa profession d'une manière si laborieuse et
si honnête que dix ans plus tard, il devient propriétaire d'une maison à
l'intérieur de la ville », nous dit son biographe Abraham Franckenberg. L'existence du jeune homme prend un tournant
décisif en 1600, année pendant laquelle il connaît une expérience marquante.
Il est tout à coup saisi par la vision d'un vase d'étain, ce qui l'entraîne
dans une profonde extase mystique, une communion universelle. « J'ai vu,
dit-il, et compris plus en un quart d'heure que je n'eusse appris en de
longues années dans les écoles et les universités ». Quelques années plus
tard, en 1610, il écrit l'Aurore naissante ou la racine de la philosophie,
de l'astrologie, et de la théologie, un texte dans lequel sont consignés
les enseignements qu'il a retirés de cette expérience. En 1612, le nouveau pasteur de Görlitz, Gregorius
Richter, est informé des révélations dont Boehme est le bénéficiaire. A
partir de cette époque, il n'aura de cesse de persécuter le cordonnier.
Malgré ce harcèlement, celui-ci tente de rester serein, se réfugiant dans la
prière et le recueillement. Dans les années qui suivent, il connaît plusieurs
expériences mystiques marquantes qui le conduisent à braver les foudres du
pasteur pour prendre à nouveau la plume. C'est ainsi qu'en 1619, il écrit Des
Trois Principes de l'essence divine, ouvrage dans lequel il tente de
comprendre les fondements du mal en se penchant sur la question de l'origine
et de la Création. D'autres ouvrages suivront, comme De la triple vie de
l'homme selon le mystère des trois principes de la manifestation divine,
écrit au cours de l'hiver 1619. Ses textes circulent sous forme de manuscrits, et
ses lecteurs, souvent des personnages illustres, viennent l'interroger ou lui
écrivent pour obtenir des éclaircissements sur les mystères divins. C'est
pour répondre à l'un de ses amis, Balthazar Walter, qu'il écrit Quarante
questions sur l'origine, l'essence, l'être, la nature et la propriété de
l'âme et sur ce qu'elle est d'éternité en éternité. Parmi les ouvrages les
plus connus du Philosophe Teutonique, figure De la signature des choses,
texte datant de 1621. Ce livre reprend la théorie des « signatures », une
notion clé de la médecine paracelsienne qui veut que les corps ne soient que
des figures extérieures dont les caractéristiques révèlent les aspects de
l'âme. Ce livre est probablement l'un des plus complexes que Jacob Boehme ait
écrit. Parmi ses textes majeurs, il convient de signaler
également le Mysterium Magnum, écrit en 1623. Il s'agit d'une œuvre
volumineuse qui porte comme sous-titre : « Commentaire explicatif du 1e livre
de Moïse ». Son auteur s'y efforce de dévoiler le sens secret du texte de la
Genèse. Il propose une réflexion particulièrement originale sur le néant –
qu'il désigne sous le nom d'Ungrund –, qui précède la Création. Ses
observations, qui sont proches de celles des kabbalistes à propos de l'Aïn-sof,
auront une grande influence sur des générations de penseurs, notamment sur
Nicolas Berdiaeff. La philosophie de Jacob Boehme repose sur une
cosmogonie d'une grande complexité, celle de « l'Éternelle nature » et des
sept sources-esprits. Ses théories sur la Sofia, l'épouse céleste du premier
Adam, sont empreintes d'une grande profondeur. Dans ses œuvres, il insiste
sur l'androgynat primitif de l'homme en présentant une théorie qui aura un
retentissement important dans l'ésotérisme occidental. Il utilise un langage
qui puise en grande partie dans l'alchimie paracelsienne. Ses textes son
empreints d'une étrange poésie qu'Émile Boutroux qualifiait de « brouillard
étincelant ». Grâce aux livres qu'Alexandre Koyré, Pierre Deghaye
et Basarab Nicolescu lui ont consacrés, la pensée de celui que l'on présente
parfois comme le « prince de la théosophie chrétienne » est plus facilement
abordable. Ce n'est qu'après la mort de Jacob Boehme, survenue en 1624, que
ses œuvres furent publiées. Johann Georg Gichtel (1638-1710), l'un de ses
disciples posthumes les plus importants, s'attacha à leur publication à la
fin du XVIIe siècle. A la même époque, elles furent également traduites en
anglais et leur auteur compta de nombreux disciples en Angleterre, comme John
Pordage, Jane Lead ou William Law. En France, c'est grâce aux traductions de
Louis-Claude de Saint-Martin qu'on a découvert la pensée de Jacob Boehme. Les
transcriptions de Saint-Martin, sont parfois jugées plus claires que les
textes originaux, et c'est souvent en les lisant que les Allemands ont saisi
la profondeur des écrits du Philosophe Teutonique. Grâce à Nicolas Berdiaeff
et à Serge Boulgakov, la philosophie de Jacob Boehme a rayonné jusqu'en
Russie. |
BÖHME JACOB (1575-1624) |
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA
|
2001 |
Jacob Boehme né en 1575 à Görlitz (Silésie), il fut tout
d’abord cordonnier, puis mercier, il eut des visions qu’il expliqua dans des
livres, ce qui lui valut d’être persécuté par l’Eglise luthérienne à travers
son pasteur : Gregor Richter. C’est lors de son premier livre « Aurora »,
que Richter lui interdit d’écrire, Boehme respectera cet ordre 5 ans
(1613-1618), puis reprendra sa plume au grand dam du pasteur. Boehme est un
esprit profondément religieux, et la religion est le centre de sa vie, il
fera cohabiter dans ses œuvres l’hermétisme et la mystique, ce qui donnera
naissance à la théosophie allemande. La
théosophie est une doctrine inspirée de Dieu, ayant pour principe, comme le
mysticisme, l’illumination et l’intuition
directe. Jean
Servier
explique le parcours et l’influence qu’eut J. Boehme sur la pensée chrétienne
européenne, il développe sa théodicée, en expliquant pourquoi et comment J.
Boehme justifie Dieu en expliquant le mal. Gérard
Jarlan,
donne sa version sur les aspects du mal dans l’œuvre de J. Boehme, et trouve
chez Boehme un Philosophe mystique de la nature, qui explique pourquoi toutes
choses sont nées de l’eau et du feu. La pensée et la doctrine de J. Boehme,
peuvent être perçu comme source de réflexions, ainsi le bien et le mal sont ils complémentaires au sein de la
nature de l’homme, et
faut il l’accepter ainsi. Dans un autre texte, il nous parle de l’Aurore
naissante, premier ouvrage de J. Boehme. Cet ouvrage expose les qualités requises
et développées pour aller chercher dans la nature divine : l’intuition Primordiale et l’abandon de soi Pierre
Breton
nous explique la transmutation du désir
ténébreux par la volonté triple chez J. Boehme ou Du rien primordial à l’Être
par les sept formes. Il nous explique les différents courants de
pensée de son époque, sa théosophie, sa connaissance des choses divines dans
le miroir de la nature, les sources de vie spirituelle pour les hommes de
désir, enfin sa création, son désir et le cycle septénaire. Françoise
Bonardel décortique
la pensée de Boehme, et passe chez Johan Scheffer, appelé Angelus Silesius (Le pèlerin chérubinique),
lequel naquit l’année ou mourut J. Boehme (1624), et fut l’admirateur et le
continuateur de la doctrine de Boehme. Pierre
Deghaye,
professeur à l’Université de Caen et spécialiste de Boehme, développe dans un
premier article, la cité sainte ou la demeure
de Dieu dans la théosophie de Jacob Boehme.
Dans un second et superbe travail, il décortique chez Jacob Boehme la
difficulté du discours sur Dieu, avec cette recherche de ce qu’il appelle la langue
primordiale, qui était celle d’Adam et Eve et que R. Guénon reprendra
avec sa Tradition Primordiale, et pour les Francs-Maçons se sera la
Parole Perdue. Quelques
articles supplémentaires, approfondissent l’œuvre de Jacob Boehme, et lui
donne ainsi une aura particulière, dans la continuité de la théologie des
mystiques rhénans, dont un des fondateurs fut Maître Eckhart. Nous
n’oublierons pas que l’œuvre de Jacob Boehme fut traduite et introduite en
France par le théosophe Louis Claude de Saint Martin (1743-1803) qui l’a mis
au cœur de son message, ainsi pour les Martinistes, Jacob Boehme est-
il l’un des piliers théosophiques avec Louis Claude de Saint Martin et
Martinez de Pascually. |
10 C
ce qui est |
Tony
parsons |
Edition
L’ORIGINEL |
2002 |
||
La différence entre éveil et pas d’éveil -entre voir et
ne pas voir- est simplement la reconnaissance qu’il n’est personne là. Il n’y
a aucun « moi ».Si vous voulez, vous pouvez fermer les yeux et vous mettre en
quête du« moi ». Ce qui surgit à la
conscience sont des sensations. Il peut avoir des sensations dans le corps,
des pensées … Peu importe ce qui surgit – un « moi » ne peut être trouvé
là-dedans. Cherchez donc « moi », il n’est pas possible de trouver une
localisation fixe, un point fixe qui soit « moi ». Où est votre « moi » ?
Continuez à chercher « moi » Et tout ce que vous trouverez en fait, sont des
sensations, sensations corporelles, conscience du corps, conscience de la
pensée « je ne peux trouver ‘moi’ « …Et la chose étrange est que ce qui
cherche « moi » est ce que vous êtes. Vous êtes celui qui cherche. Ce que
vous êtes est unicité. L’unicité ce qui voit, ce qui voit toute chose.
L’unité est tout et voit tout comme étant elle-même. Tout ce qu’il y a, c’est
que d’une façon ou d’une autre nous nous sommes mis en quête de quelque chose
d’autre, quelque chose de personnalisé, un objet nommé illumination. Quelque
chose qui se trouve là-bas au loin et qui devrait nous tomber du ciel et nous
emplir d’une énergie nouvelle ; quelque chose qui surgit et s’ajoute à nous. En fait, ce que
nous cherchons, c’est la perte de l’idée d’un « moi ».Il s’agit simplement de
la perte de l’identité personnelle -qui ne fut, de toute façon, jamais une
réalité. Nous sommes en quête de la perte d’une irréalité. Tout tombe et dans
un sens le « moi » est tout. Nous sommes des riches essayant de trouver le
royaume des cieux. Tout le temps où il y a un « moi » qui chérit des concepts
sur lui-même, sur l’importance de la vie et l’importance d’atteindre
l’illumination, nous sommes des gens riches. Et tout cela tombe et il ne
reste plus rien outre la vision de ceci : simplement une claire vision des
sensations, de la vie apparemment en marche. Cette claire vision de vient de
nulle part. C’est comme s’il n’y avait personne là pour voir la vie se
dérouler. Sans aucun sentiment que ce qui se passe a besoin d’être changé,
pour le meilleur ou pour le pire. Sans aucun jugement, ou une quelconque idée
que tout cela va quelque part. Et au-delà de la vision claire réside
l’unicité. Au sommaire de l’ouvrage de ce grand penseur et
métaphysicien : Réflexions - S’éveiller du rêve - Rien
à atteindre - Personne ne devient illuminé - Le
temps - Attentes et objectifs - Le Par cet la
présence - Le choix sans choix - Mon mode
- La mort du corps/mental - L’abstraction
- La peur et la culpabilité - La
pensée - Les relations - Je ne suis pas,
mais je suis - |
CHEMINS DE LUMIÈRE - 365 JOURS
AVEC LES MYSTIQUES DE L’ORIENT CHRÉTIEN |
ALAIN
DUREL |
EDITION
MEDIASPAUL |
2009 |
Ce
livre constitue une anthologie de sentences
des Pères du désert d’Egypte, de Syrie, de Palestine et du mont
Athos. « Prière et Lumière »
est le thème qui a guidé le choix de ces paroles de vie. Ce petit livre
spirituel se lit ou plutôt se rumine comme un calendrier : 365 jours en
compagnie des Pères de l’Eglise d’Orient. Dans son introduction, Alain Durel
nous rappelle les traits communs aux spiritualités copte, syriaque ou
byzantine : l’importance donnée à l’attention du silence, à l’amour
du prochain, aux méthodes corporelles, mais aussi à la présence
mystérieuse du Royaume des cieux dans le cœur, et sa manifestation
lumineuse – photophanique- dans l’union mystique. Chemin de lumière fera découvrir et aimer quelques grandes
figures de l’Orient mystique souvent méconnues en Occident. Il est un appel
pour une prière contemplative, pacifiante et une ascension progressive vers
la clarté du Christ transfiguré. Ces
365 sentences avec les mystiques de l’Orient chrétien et en particulier du Mont
Athos où a séjourné l’auteur, sont une invitation à une ascension
progressive vers la clarté du Mont Thabor :
L’Egypte nous apprendra l’humilité, la
Palestine le discernement, la Syrie
l’amour fou, et Byzance la vision
de la lumière incréée. |
chevaucher le tigre |
Julius
evola |
Edition
Trédaniel |
2002 |
||
Le monde moderne et les hommes de la Tradition -
Fin d’un cycle - Chevaucher le tigre - Le nihilisme
européen, dissolution de la morale - Des précurseurs à la
jeunesse perdue - Nietzsche - Etre soi-même
- La dimension de la transparence - Au-delà des théismes,
des athéistes et des déismes - Invulnérabilité. Apollon et
Dionysos - L’action sans désir - La loi causale
- L’impasse de l’existentialisme - Sartre et la prison sans
vie - Heidegger : la fuite en avant et « être pour la
mort » - Double aspect de l’anonymat -
Destructions et libérations dans le nouveau réalisme - L’idéal
animal - Dissolution de la conscience - La
phénoménologie - Le domaine de l’art de la musique aux
stupéfiants - Musique moderne et jazz - Parenthèse
sur les drogues - La dissolution du domaine social -
L’apoliteia - Mariage et famille - Les relations
entre les sexes - Le problème spirituel - La deuxième
religiosité - La mort et le droit sur la vie - |
CHOISY MARYSE -
l’Être et le silence |
Maryse
CHOISY |
Edition Mont-Blanc |
1965 |
Ce
livre ne ressemble à aucun autre, il concerne chacun de nous au plus profond
de lui-même. Dans l’univers écrasant que les savants nous révèlent, quelle
est la place de l’homme ? le sens de sa vie ? Maryse Choisy écarte
les fausses réponses du rationalisme, des théories et des morales desséchées,
de la psychanalyse elle-même. La réponse vraie, elle la trouve à travers les
initiations et les mythologies, dans le vécu mystique, qui est un en tout
temps et lieux. Et la physique nouvelle ne dira pas non : l’Amour chanté
par Platon et par six mille ans de sagesse coïncide avec l’énergie cosmique. Cette
œuvre lumineuse, aux arrière-plans poétiques, conduit à l’expérience de
l’être, en nous faisant accéder à un certain silence, « océan où se jettent les fleuves de toutes les religions
et de tous les savoirs ». L’angoisse de la mort n’est plus
alors qu’un faux problème. Ce
livre est la confidence d’une âme engagée sur le chemin balisé par les Grands
Sages, autant que le fruit d’une immense recherche personnelle. L’auteur
donne une clé nouvelle pour comprendre les grands mythes : Hercule,
Orphée, Œdipe, Narcisse et beaucoup d’autres. Elle bouscule les frontières où
s’isolent les spécialistes. Sa place est au premier rang des
« généralistes », ces encyclopédistes du XXe siècle qui mettent de
l’ordre dans le chaos des connaissances actuelles. Maryse
Choisy apporte une synthèse originale de la science et de la spiritualité,
qui est un message d’espoir. Elle s’adresse à l’honnête homme d’aujourd’hui
dans un style merveilleusement clair et vivant, qui préfère à l’abstraction
pédante le riche langage des apologues à plusieurs dimensions, elle opère une
révision des idées et des valeurs qui fait voir le monde avec des yeux neufs
et démontre une fois de plus qu’elle ne pense pas avec la tête des autres
mais qu’elle sait tout dire et faire entendre par l’humour. Elle vécut
longtemps en Inde et reçut l’enseignement des Sages. Ce livre comporte 500 pages et 11 chapitres qui traitent
de : Chapitre 1e : L’angoisse de la mort
- La mort chez les anciens - la résurrection -
l’angoisse secrète des incroyants - Pascal - les
purgatoires - la cassure du moi - les 5 masques
- le jugement de Salomon - Chapitre 2 : La vie dans notre Univers
- Archimède - les quanta - Bohr -
Heisenberg - énergie des énergies - Champs
électromagnétiques - les particules étranges -
l’anti-matière - principe d’exclusion de Paumi -
nouvelle classification de Gell-Mann - ordre et désordre
- l’entropie - la conscience - le zéro
- la thanatologie - Etrifier - Chapitre 3 : L’homme social et l’Homme universel
- Contes chinois et caucasiens - la peur de la
liberté - dialectique existentiel - la guenon de
Kolher - l’objectif et le réel - le problème
fondamental - Chapitre 4 : Les religions, les morales et les rites
- la prière de Henry VIII - la morale des amours de David
et de Bethsabée - Hou-man ou humanité - l’oblique
géniale de Teilhard - la réponse du verbe - les
Ecritures - l’âge politico-agressif - la domination
et la colère - l’agressivité - la foi - le
problème du mal - la souffrance des théologiens et chez les
Hassidim - Ramana Maharshi - le mal chez Teilhard de
Chardin - les rites - la névrose obsessionnelle
- les rites conservent - le cercle se referme - Chapitre 5 : Le défi du rationnel
- Descartes était-il cartésien ? - le temps des angoisses
- le retournement - Descartes et Francis Bacon
- le doute méthodique - le scientisme - les
vérités mortes - la gérontologie - écologie des
vieux - Chapitre 6 : La pioche de Freud
- Freud arriva - Le diable qui mène à Dieu -
Découverte de l’inconscient - l’angoisse freudienne -
les Parques - Freud et Jung - l’homme assis et
l’homme couché - le rationalisme de Freud - la
recherche de l’immortalité - Au-delà des instincts de la
mort - les deux nirvanas - la croissance du 3e
âge - Détachement et impasse - Chapitre 7 : Eros contre Thanatos
- la lutte contre la mort - les rites funéraires
- accroissement de vie au seuil de la mort - Tristan et
Yseult - l’orgasme-agonie - le cinquième
orgasme - l’érotisme sacré de l’Inde - la magie
sexuelle - les sexes devant l’humain et le social -
le Çabda yoga et le mariage sacré - le baiser à Moïse - Chapitre 8 : La résurrection dans l’utérus et les quêtes
- le destin - Traditions - Résurrection dans l’utérus
- le taureau et le serpent - combat du héros contre le
dragon - le héros solaire - Héraclès -
les 12 travaux - les voyages - la descente aux
enfers - les pommes des Hespérides - Thésée
- Œdipe - la fondation de Thèbes - la Sphinge
et le Sphinx - le complexe d’Œdipe - le commentaire
de Nietzsche - les masques de Dionysos - la théorie
de Bachofen - Arganatha - les Argonautes
- Orphée - Descente aux enfers - Eurydice et le
doute - la théophagie - l’orphisme yoga du
verbe - Narcisse - mythe de l’Advaïta
- le reflet chez Rumi - Chapitre 9 : Forces et faiblesses du monde moderne
- Initiations sociales - Bona Dea -
l’initiation d’Horace - les Pères de l’Eglise - la
chevalerie - l’ange de l’œuvre - les dieux
païens - les idoles anthropophages - le bon sauvage
de Rousseau - le sel de la terre - les exercices
spirituels des jésuites - les rêves des morts - le Bardo
Thödol - le cas de Maria Goretti - Chapitre 10 : Le baiser de Dieu
- L’Un et le multiple - le péché de la connaissance
- Caïn - le rythme binaire - la nacelle du
couple - le portrait de Moïse - Universalité de
l’expérience mystique - l’hésychasme byzantin -
Mourir avant la mort chez les mystiques rhénans - Devenir
Dieu - l’amour - rapport entre l’Absolu et le dieu
personnel - les deux amours - l’amour est-il possible
aujourd’hui ? - Chapitre 11 : Le zéro absolu
- le paradoxe de l’anti-matière - la mort : une
question mal posée - le paradoxe de l’intelligence -
les sophistes - le roi et l’éléphant - L’Atmavicara ou la
recherche du Soi - l’acteur sur la scène - la
doctrine du vide de Huang-Po et sa maïeutique - le raisonnement
est une forme d’attachement - La Transmission - le
paravent de Dieu pour ne pas éblouir l’homme - La libération
n’est qu’une étape - Le renversement et la voie glorieuse
- Vers un Dieu sans forme - les idées de Platon
- le non-voir et le néant essentiel - La vie continue dans
l’agapé - La vérité est le premier mensonge - l’échec
existentialiste - Pourquoi le Zen séduit l’Occident -
l’angoisse de la mort est une grâce - la
téléspititualisation - le silence et la grâce - la
civilisation des mots - Etapes de la sublimation dans les
diverses techniques - Livre central de Maryse Choisy dans sa recherche spirituelle |
CHOISY MARYSE - LE VEAU D’OR |
Maryse Choisy |
Edition Gallimard |
1932 |
||||
|
CHOISY MARYSE – MÉTAPHYSIQUE DES
YOGAS - |
Maryse Choisy |
Edition du Mont Blanc |
1948 |
Fondatrice
de l’Alliance Mondiale des Religions, Maryse Choisy apparaît comme l’apôtre
de l’amoureuse sagesse, c’est-à-dire de la connaissance par l’amour. Cet
amour dont elle défend l’unité fondamentale, de la bête à Dieu, du physique à
la métaphysique, quelques vives réactions que ces idées aient pu entraîner,
notamment au sein de l’Eglise. « Docteur en philosophie après des études
supérieures à la Sorbonne et à Cambridge (Angleterre), Maryse Choisy a débuté
à Paris dans le journalisme et la littérature pendant les « années
Folles » qui ont suivi la guerre de 14. De cette époque datent les
grands reportages qui lui ont valu très tôt une grande notoriété: c’est
« Un mois chez les Filles », enquête d’une rare audace menée dans
les maisons closes et qui en réclamait l’abolition. (Ainsi devançait-elle la
loi d’interdiction qui fut prise seulement après la guerre de 39.) C’est
« Un mois chez les Hommes », récit d’une visite aux moines du Mont
Athos, dont aucune femme n’avait auparavant forcé la clôture. Maintenant elle
va « chercher Dieu dans tous les cieux ». Et c’est à la veille de
la guerre de 39 qu’un hasard providentiel la met en présence du Père Teilhard
de Chardin. Le savant jésuite, alors peu connu, rayonnant d’intelligence et
de charité, a tôt fait de la ramener à la foi de son enfance, par l’exemple
vivant d’une synthèse entre science et religion. Se noue alors une amitié qui
durera jusqu’à la mort, en 1955, du grand penseur catholique. La
paix rétablie, Maryse Choisy, toujours en quête des « choses
cachées », se voue à la psychanalyse, cette science neuve qui explore
l’inconscient, les motivations obscures des hommes, responsables des temps de
barbarie que l’on vient de vivre. Maryse Choisy a visité l’Inde pour la
première fois au lendemain de la guerre de 14. Son deuxième voyage, elle le
fait en 1952. Elle passe plusieurs mois à faire retraite à l’ashram de
Sivananda à Rishikesh. Un nouveau tournant s’amorce là dans sa carrière.
Entre l’Est et l’Ouest, il est temps de jeter un pont. L’œcuménisme est dans
l’air. En 1965, Maryse Choisy prend part à Delhi -c’est son troisième voyage
en Inde- à un grand congrès interreligieux sous l’égide d’un maitre sikh.
Alors un grand dessein germe dans son esprit. Dès
son retour à Paris, Maryse Choisy crée l’Alliance Mondiale des Religions. Le
Congrès constitutif a lieu au début de 1966, sous le double patronage du
Vatican et du Dalaï Lama. Il s’agit de faire en sorte que les différentes
religions et spiritualités du monde, tout en restant elles-mêmes, se
connaissent, se comprennent et s’aiment mieux, en découvrant par un travail
commun de recherche, leur unité profonde. « Tout ce qui monte
converge », a dit Teilhard de Chardin. Maryse Choisy dira « la
mystique rapproche ceux que la théologie sépare ». L’autre aspect de
l’entreprise, le plus original, est de faire dialoguer librement hommes
religieux et hommes de science. Une philosophie de l’amour. De l’oeuvre de
Maryse Choisy, se dégage la connaissance par l’amour. De
fait, l’apport principal de Maryse Choisy a la pensée actuelle, c’est une
vision du monde fondée sur l’amour. L’amour, à ses yeux, c’est la parole
perdue de la Bible, après laquelle soupire une humanité en détresse. C’est
l’amour qui peut faire la paix entre les sexes, entre les hommes et les
nations. C’est l’amour qui peut faire notre salut en remportant la victoire
sur la mort. Pourvu que nous sachions mettre nos vibrations intérieures en
résonance avec l’énergie cosmique, source de toute vie. Entendons qu’il
s’agit de l’amour élevé au plan divin, celui dont les saints offrent le
modèle. Certes il se nourrit d’abord de la force sexuelle. Mais il faut
savoir la transmuer, cette force sauvage, en énergie spirituelle. C’est ici
que les techniques orientales pour la montée de la force nerveuse (de la
kundalini) à travers les çakras – que Maryse Choisy, avant beaucoup d’autre,
a contribué à nous faire connaître – peuvent être d’un grand secours aux
Occidentaux, quand la seule dévotion ne suffit pas pour susciter la
sublimation nécessaire. Extrait
du dernier chapitre du livre de par Maryse Choisy. Si
nous nous plaçons à un point de vue purement scientifique, la plus grande
valeur des yogas réside incontestablement dans leur psychologie. Tout au long
de cette étude des comparaisons se sont imposées involontairement. Quand on
met en parallèle la psychologie de nos écoles européennes et la psychologie
hindoue, la balance penche quelquefois en faveur des yoguins. Le professeur
Laubry et Mlle Thérèse Brosse l’ont déjà constaté. Le Radja yoga est à la fois
plus poussé, plus subtil et plus expérimental. Cependant quelques-unes de ses
pratiques ont été soit retrouvées spontanément par nos psychologues, soit
reprises sans indication de source le plus souvent. Ainsi,
par exemple, toute la rééducation de l’attention tentée chez nous a toujours
été tirée des procédés du yoga. Montrer d’abord un objet, puis deux, puis
plusieurs et demander au sujet de les décrire est du Radja yoga pour jardin
d’enfants. Rudyard Kipling a vulgarisé ces méthodes dans Kim. Elles sont
maintenant à la portée de tous les vendeurs de succès en vingt leçons.
L’éducation sensorielle, l’entraînement à la concentration, les exercices sur
la volonté qui sont tout de même d’une autre classe ont aussi mystérieusement
glissé d’Orient en Occident. Le médecin suisse Vittoz semble s’être inspiré
de ces procédés indiens. Avec
cette différence que les yoguins ont proposé l’hypothèse des « petites vies
». Tandis que j’ai vainement cherché une bonne explication de la suggestion
dans la psychologie occidentale. Et Freud s’est « révolté » contre la manière
de penser d’après laquelle « la suggestion qui expliquait tout n’aurait
besoin elle-même d’aucune explication ». Pierre Janet l’appelle « la
provocation d’une impulsion à la place d’une action réfléchie ». Mais le
processus de cette « provocation » demeure mystérieux. M.
Robert Desoille admet qu’« un certain degré de suggestibilité est une
aptitude normale commune à tous les hommes ». Il est pourtant obligé d’avouer
qu’il manque quelquefois a ces recherches une méthode s’inspirant de
principes d’ordre général ». Il se contente de constater que « la suggestion
nous permettra de placer le sujet dans un état d’attention passive qu’il ne
faut pas confondre avec l’état de crédulité de l’hypnose, état incompatible
avec la conservation d’un esprit sain ». Au
premier abord on ne voit pas le rapport entre la psychanalyse et les méthodes
yoguies. Il est probable que Freud ignorait le Radja yoga. Je dis : « Il est
probable ». La culture de Freud était immense. Il pouvait fort bien avoir
connu quelques procédés indiens qui traînaient dans l’air des bibliothèques.
Freud avoue lui-même sa parenté métaphysique avec Schopenhauer. Mais le
schopenhauerisme à son tour, n’est-ce pas de l’indianisme déguisé ?… Malgré
les déguisements, malgré les déviations, quelques étincelles du foyer
primitif ont survolé le temps et l’espace. Tous les philosophes influencés
par Schopenhauer retrouvent, sans connaître l’Inde, un concept hindou sous la
cendre. Nous savons par exemple combien le bovarysme d’un Jules de Gaultier
est proche de la Chandogya Oupanisad et de la mâyâ védantine. Jules de
Gaultier en fut le premier étonné quand je le lui dis. Il n’avait pas lu les
Upanisads. Il aimait Schopenhauer. Je
veux croire pourtant à une rencontre merveilleuse dans le sur-moi, dans le
sentiment de culpabilité, dans l’assassinat mental, dans l’ambivalence
amour-haine, et surtout dans cette classification des états inconscients que
la psychanalyse a donnée à l’Europe. La sympathie intellectuelle ignore les
frontières. Deux psychologues de génie peuvent arriver aux mêmes résultats
par des moyens différents.Ainsi cette notion d’âhimsa qui nous avait tant
intrigués chez Pâtangndjali s’éclaire par le « désir de tuer » de Freud.
Pourquoi chez les yoguins une pensée mauvaise équivaut-elle au meurtre ?… La
psychanalyse nous l’expliquera deux millénaires plus tard. « Le premier et le
plus important commandement qui ait jailli de la conscience à peine éveillée
était : tu ne tueras point. Il exprimait une réaction contre le sentiment de
satisfaction haineuse qu’à côté de la tristesse on éprouvait devant le
cadavre de la personne aimée et qui s’est étendu peu à peu aux étrangers
indifférents et même aux ennemis détestés. » Dans
cette ambivalence amour-haine, la psychanalyse est encore très
schopenhauerienne… et donc indienne. On connaît le célèbre passage des porcs
épics de Schopenhauer: « Un jour d’hiver glacial, les porcs-épics d’un
troupeau se serrèrent les uns contre les autres afin de se protéger contre le
froid par la chaleur réciproque. Mais, douloureusement gênés par les
piquants, ils ne tardèrent pas à s’écarter de nouveau les uns des autres.
Obligés de se rapprocher de nouveau, en raison du froid persistant, ils
éprouvèrent une fois de plus l’action désagréable des piquants, et ces
alternatives de rapprochement et d’éloignement durèrent jusqu’à ce qu’ils
aient trouvé une distance convenable où ils se sentirent à l’abri des maux. »
Voici surtout ces lignes qui pourraient être signées de Pâtangndjali. Elles
sont la traduction européenne de l’âhimsa. «
Notre inconscient se contente de penser à la mort et de la souhaiter, sans la
réaliser. Mais on aurait tort de sous-estimer cette réalité psychique par
rapport à la réalité de fait. Cette réalité est déjà assez grave et grosse de
conséquences. Dans nos désirs inconscients, nous supprimons journellement, et
à toute heure du jour, tous ceux qui se trouvent sur notre chemin, qui nous
ont offensés ou lésés. » « Que le diable l’emporte ! » disons-nous couramment
sur un ton de plaisanterie destiné à dissimuler notre mauvaise humeur. Mais
ce que nous voulons dire réellement, sans l’oser, c’est : « que la mort
l’emporte !» et ce souhait de mort, notre inconscient le prend plus au
sérieux que nous ne le pensons nous-mêmes et lui donne un accent que notre
conscience est prête à désavouer. Notre inconscient tue même pour des
détails. Comme l’ancienne législation athénienne de Dracon, il ne connaît pas
d’autre châtiment pour les crimes que la mort, en quoi il est assez logique,
puisque tout tort infligé à notre moi tout-puissant et autocratique est, au
fond, un crimen laesoe majestatis. Au sommaire de cet ouvrage : Avant-propos de Paul Masson-Oursel - Introduction aux philosophies hindoues - l’ontologie du vedanta, du samkhya et du djgnana yoga - la métaphysique du mouvement, la cosmologie et l’évolutionnisme du djgnana Yoga - La morale yoguique et le Karma Yoga - la panpsychisme du yoga et ses plans de conscience - la Çakti dans le macrocosme et dans la constitution des corps humains - La théorie du logos, du son et du rythme dans le mantra yoga - le son primordial - le jeu hédonique des gounas dans le corps - |
CHOISY MARYSE
- moïse |
Maryse
CHOISY |
Edition
MONT-BLANC |
1966 |
||
Au sommaire de ce livre de 320 pages et de 14 chapitres :
2. Le peuple juif : La vitalité juive – le
massacre des innocents – vie des corps ou énergie spirituelle - 3. La
naissance du prophète : Le fils de Dieu – la Shekinah – Israël et
Inde – la faille de Moise – sauvé des eaux – le complexe de Phaéton -
l’arche de joncs flottant sur l’eau – les 7 pas – 4. L’apprentissage du héros : L’initiation
d’Osiris – Le Sabbath – La fausse confession - le meurtre – le châtiment
- Moise, chef des armées – Moise roi d’Ethiopie – 5. Le combat avec l’ange et la Shekinah : Au bord
du puits – L’épreuve de l’arbre cannibale – l’épreuve de la fosse – le
mariage de Moïse – la bon pasteur – le buisson ardent – les 7 cieux -
la descente aux enfers – Moise refuse la mission – le Nom de Dieu – La
Shekinah emmène Moise vers son troisième voyage – 6. Le Dieu unique est aussi le Diable : La
circoncision – le sang – les Habiru et les Canaanéens les Baals – le serpent
– la dualité des sexes – le conformisme de l’époque – le monde du schizophrène
– les paradis – la 2e énigme du Sphinx – les masques de Dieu – les
religions sans diable – le dieu vengeur – Moise bégaye à nouveau – 7. L’Exode : Moise et Aaron devant les notables –
la première visite au Pharaon – les épreuves des magiciens – les 10 plaies de
l’Egypte – la sortie de l’Egypte – 8. Le passage de la mer rouge : Le parfum de
Joseph – Israël en péril – la force de la prière – le tribunal des anges – la
lutte avec la mer – la mer divisée – la destruction des égyptiens –
l’initiation de la mer rouge – la place des anges – le vol de feu – 9. Du temps cyclique au temps linéaire : La manne
– le problème du temps - le temps cyclique et le temps linéaire – la 5e
dimension – l’angoisse de Moise – 10. La transfiguration du Sinaï : L’arrivée de
Jethro - les gentils refusent la Torah – la querelle des montagnes –
les 10 commandements – l’Ascension au Sinaï – le malentendu sur la continence
– Moise reçoit la Torah – La Transfiguration – 11. L’affaire du veau d’or : La création du diable
– le complot – le trafic sur l’or – L’arrivée de Moise – le châtiment des
pécheurs – Moise demande grâce pour les coupables – 12. Les Saints sont haïs : La jalousie des gens
simples – le symbolisme du Tabernacle – l’ingrate multitude – les calomnies
de Myriam et d’Aaron – la lèpre et les dermatoses – L’ânesse de Balaam – le
rapport du juste avec les animaux – 13. La culpabilité juive : Ceux qui ne voient
jamais la Terre Sainte – la mort de Myriam – les eaux de Méribah – la mort
d’Aaron – le serpent d’airain – le nombre de la purification – le bouc
émissaire – le mariage victime-bourreau – l’exemple des bohémiens – les
tabous sexuels –- Ceux qui échouent et se détachent dans le succès – 14. La mort et l’immortalité de Moïse : L’amour de
la Vie – La mort de Moise irrévocablement décidée – la prière de Moise – Dieu
tente de consoler Moise – Moise sert Josué – les derniers jours de la vie de
Moise – Moise rencontre le Messie – Moise gifle l’ange de la mort – la vaine
recherche de Samuel – les 7 étapes du dépouillement et du détachement – Excellent livre de grande spiritualité en rapport avec une
démarche spirituelle moderne |
CHOISY MARYSE - POTALA EST DANS LE CIEL |
Maryse Choisy |
Editions du Mont-Blanc |
1974 |
« J’ai tout caché sous des dehors frivoles », écrit Maryse Choisy, et pourtant jamais personne jusqu’ici n’est allé aussi loin sur ce pont jeté entre Est et Ouest que dans le dialogue d’âme à âme que Maryse Choisy eut avec S.S le Dalaï Lama à Dharamsala, sous l’œil neigeux des Himalayas. S.S le Dalaï-lama est le visage le plus mystérieux de la Terre. Les gens simples projettent sur lui un halo de mage, les intellectuels, eux, n’ignorent pas combien la théologie tibétaine est savante, combien délicate, aussi la situation du pape des bouddhistes, qui est en même temps un chef d’état en exil. En portant témoignage sur ce grand saint qu’est le quatorzième Dalaï-lama, Maryse Choisy a le sentiment d’avoir mieux fait comprendre à l’Occident un certain état d’âme. « Les Occidentaux le croient étranger, mais en chacun de nous il dort profondément et chez les Tibétains il veille ». Cet ouvrage est donc avant tout un enseignement du bouddhisme tibétain, aussi utile pour les érudits que pour les profanes. Outre l’étude comparée entre le tantrisme et la psychanalyse, les conclusions de Maryse Choisy sont inattendues, surprenantes mais attrayantes, car pour elle le bouddhisme tibétain est en fin de compte plus optimiste que Leibniz. Du coup la mort devient un « point mineur ». Par la porte qu’ouvre le Dalaï lama, Maryse Choisy voit que l’angoisse de la mort est une « maladie infantile comme la rougeole ». Une lumière nouvelle est projetée sur le passage entre la vie et la mort, sur la force de l’amour, sur la compassion envers les ennemis, c’est pour elle une découverte plus importante que la bombe atomique. Que ce dialogue entre « le Dieu vivant » de l’Asie et une occidentale, soit un ouvrage spirituel, cela ne doit pas nous faire oublier que pour la culture tibétaine, l’au-delà est toujours présent ici-bas. Le toit du monde se trouve au carrefour de l’Inde, de la Russie, de la Chine et des intérêts occidentaux, c’est là son destin géographique. Après avoir forcé les barrières du Mont Athos en se déguisant en garçon, M. Choisy continu son aventure en dialoguant avec le Dalaï lama et en sort un excellent ouvrage, malgré la question épineuse de l’occupation chinoise au Tibet et du massacre des tibétains. Au sommaire de ces entretiens avec le Dalaï lama : Chapitre 1 : Les quatre périodes de sa Sainteté le Dalaï lama - Bonheur et joie - le problème cyclique et linéaire - un mantra pour la route - la montée vers les Himalayas - Art et religion - la grande mère de l’agriculture - la polyandrie - le rire tibétain - petit portrait du Dalaï lama - le bouddhisme au Tibet - une culture trois fois millénaire - Vie religieuse et vie politique - des balises pour le ciel - Chapitre 2 : Le rapport entre Dieu et l’homme - la clairvoyance - la résonnance - la grâce et le karma - la souffrance et l’optimisme - le pessimisme du Bouddha - Chapitre 3 : Le mantra de l’incarnation - étymologie du mantra - du grossier au subtil - involution et évolution - un lama incarné - Gyalva Rimpoché - la théocratie - le Potala est le paradis des Bouddhas - les 11 têtes de chenresig - le miracle - quand le Dalaï lama avait 16 ans - l’honnêteté - Chapitre 4 : La force de l’amour - Méditation sur l’amour - le tantrisme - le murissement de l’esprit - le champ de force du serpent - les poèmes et les amours du 6e Dalaï lama - les épreuves des inconscients - le s quatre aveugles - le rêve du serpent - la force du salut - Chapitre 5 ; J’aime Mao - Une tasse de thé - la difficile ascèse - les variétés du bouddhisme - toutes les initiations - amour intérieur et amour social - qui est mon prochain - l’incarnation de la force primordiale - la non-violence - vérité et justice - la compassion - Chapitre 6 : La mort…et après ? - que cherche t-on ? - amour et mort - le monde sans masque - théories sur les rêves - les rêves des gens qui ont été dans le coma - le Bardo Thödol - l’angoisse de la mort et la réponse du Dalaï lama - les deux voies - il y a plusieurs demeures… - Chapitre 7 : La naissance…et après ? - petit portrait d’une grande dame - Mariage de deux cultures - les fleurs de l’amour - la femme dans la culture tibétaine - Jean Jacques Rousseau - Chapitre 8 : Le renversement des soupirs et des désirs - conclusions nostalgiques - le destin des livres - les rires des dieux - la maïeutique de Socrate - Saint Barlaam - le pont entre deux civilisations - Immanence et transcendance - le tournant du 4e âge - tout se joue dans l’invisible - |
CHOISY MARYSE - SUR LE CHEMIN DE DIEU ON RENCONTRE D’ABORD LE DIABLE |
Maryse Choisy |
Edition Emile-Paul |
1978 |
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Maryse est bouillonnante, elle suit des cours de psychanalyse avec Freud, prendra du recul et reprendra les cours avec René Laforgue et Philippe Bouvet. Toute sa vie elle exercera son métier de Psychologue. En 1929 elle se marie avec le seul homme qui n’a pas peur d’elle : le journaliste Maxime Clouzet, ils auront une fille (Colette) en 1932. Toujours en 1929, elle fréquente les cercles spirites, va régulièrement en Inde, apprend les techniques de yoga, donne des conférences à Bénarès et publie de nombreux articles sur le yoga et les techniques des maîtres à penser hindou. En 1939 elle rencontre le Père Teilhard de Chardin et trouve en lui, à travers ses paroles, son regard et son sourire lumineux, une force qui va la transformer et lui faire prendre un nouveau départ sur le plan spirituel. Vers les années 1950-1966 elle séjourne fréquemment en Inde où elle pratique les chakras et s’éveille à la Kundalini. En 1973 elle rencontre le Dalaï-lama et fait un livre de ces entretiens (Potala dans le ciel). Revenu en France elle fait du prosélytisme pour la pratique du yoga et des énergies des chakras et de la Kundalini qui pour elle est un moteur pour éveiller et changer la société qui a besoin de muter. Elle écrira deux livres : La métaphysique des yogas en 1948 et Yoga et psychanalyse en 1949. « N’oublions jamais que les mots de l’inconscient sont des images » disait-elle en pensant au rêve éveillé. Elle voulait dépasser le matérialisme de Freud et pensait le faire avec l’inconscient prébiographique qui existait avant notre incarnation, elle voulait pousser la psychanalyse jusqu’au point où l’homme rencontre le divin en 6 étapes –ouverture, amour, initiation, chasteté, mort et absolu – Yoga et psychanalyse se fécondant mutuellement car ayant besoin l’un de l’autre. Au sommaire de ces mémoires : Chapitre 1 : Ma légende - mon être - St Jean de luz - Etudes discontinues - Les premières leçons de sanscrit à Cambridge - le défi de Cendrillon - Koumar à St Jean de luz - mes visites chez Freud et mes analyses - la mort de tante Anna - Chapitre 2 : L’Inde dans mon destin - premier voyage - le thème de la mort - Swami Sivananda - la visite de Chadananda en 1969 - mes cinq autres voyages en Inde - Chapitre 3 : Ma queste dans le Paris littéraire (1925-1927) - Liturgie chez Paul Bourget - les mardis du Mercure de France - la chandeleur avec Rachilde - le sacrifice des cheveux - un mariage idéal ? - Entrée à l’Intran - les vacances à la maison d’Essonnes - le scandale de la Closerie des lilas - le Manifeste suridéaliste - pourquoi je n’ai pas eu le prix Femina - Chapitre 4 : Un mois chez les filles - mes débuts de femme de chambre - l’attitude tolstoïsante - l’attitude de Louis-Carco - les religions de l’utérus - ionisation et yonisation - Prostitution sacrée - la chute en Europe - la fermeture des maisons closes - la prostitution de rues - le complot des proxénètes - du sacerdoce au marketing - Chapitre 5 : Rien qu’un mois chez les hommes - Chapitre 6 : La fin de l’après-guerre - les ongles rouges - les sans chapeaux - coiffure à la Chateaubriand - la résille - le vache à l’âme - mes fiançailles avec le comte Jacques de … - le poltergeists - Chapitre 7 : Les intersignes de l’avant-guerre - Portrait d’Edouard Herriot - deux mois dans une ménagerie foraine - le zoo de Vincennes à l’exposition coloniale de 1933 - entre la pipe et le goupillon - je deviens journaliste parlementaire - au pays des aveugles les borgnes sont pendus - les grands hommes de la 3e République - Vrai et faux Briand - Sénateurs trop vieux - femmes médiocres et femmes de l’Elite - du salon au bistrot - mon dernier voyage à la Société des Nations - Chapitre 8 : Ma saison du côté de Moscou - Louis-Louis Dreyfus - Marthe Hanau - Colette - le devoir de frivolité - Stavisky - direction Moscou - Chapitre 9 : Je rencontre le Père Teilhard de Chardin - Fin d’un cycle - Dieu est partout sauf dans les Eglises - La rencontre miraculeuse - Samarcande - Petit portrait d’un grand homme - L’un et le multiple - le problème du mal - Credo - Dieu est un singe - Cosmos et collectivité - l’incarnation - Qu’est-ce une hérésie ? - Prière pour une bonne mort - le Père Fessard - Maryse Choisy fut une femme remarquable qui mérite d’être mieux connu, elle est de par ses qualités et son comportement dans la lignée de M.M Davy, Alexandra D. Néel, Simone Weil, et de toutes ces femmes qui alliant l’aventure physique à la découverte spirituelle ont œuvrées dans cette métaphysique et nous ont laissées des livres magnifiques dans lesquels nous trouvons des nourritures spirituelles de grande qualité. |
CHOISY MARYSE - TEILHARD DE CHARDIN ET L’INDE |
Maryse Choisy |
Editions Universitaires |
1963 |
Maryse Choisy rencontra Teilhard de Chardin en 1939, et eut une sorte de coup de foudre pour ce Jésuite. Plutôt agnostique, elle va à son contact totalement changé et va se mettre à étudier toutes les facettes de la spiritualité. Le Père Teilhard de Chardin entretiendra avec elle une correspondance importante et suivra pas à pas les progrès de sa protégée. Teilhard n’aimait pas trop l’Inde, M. Choisy au contraire se plongea dans la culture hindouiste avec le Yoga, la Kundalini et les textes sacrés. Teilhard pensait que l’hindouisme était une voie substituée avec ses karmas, ses réincarnations, ses samsara, alors que sa formation de jésuite y était opposé. Maryse Choisy défendra sa position pro-Inde et à travers sa correspondance essaiera de lui prouver le bienfondé de cette tradition qui, ne contredit nullement le « développement par réflexion et surconscience » du phénomène humain. En 1947 Teilhard reconnut que un dialogue interreligieux entre hindouisme et christianisme était une bonne chose, et donc fit machine arrière sur de nombreux points et par la suite accomplit cette synthèse, cette convergence entre Orient et Occident, c’est ce qu’il écrira en 1947 : « En tout domaine de réflexion aussi bien religieuse que scientifique, c’est seulement en union avec tous les hommes de toutes les traditions que l’on peut espérer atteindre le fond de soi-même, non pour nous initier à une forme supérieure d’esprit, mais plutôt grossir et enrichir par double effet de résonnance, la nouvelle note mystique montant de l’Orient, tel me parait en définitive le rôle indispensable et la fonction essentielle de l’Extrême-Orient ». Oui les mythes ont toujours raison.
Teilhard de Chardin éternellement présent nous aide à vivre, et nous savons
déjà que nous ne mourrons pas… |
CHENG - ASSISE - UNE
RENCONTRE INATTENDUE - |
François
Cheng |
Edition
Albin Michel |
2014 |
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D'une pudeur et d'une humilité sans limites, François Cheng écoute grandir en lui le legs du saint d'Ombrie, dont il partage le goût pour le dénuement et la volonté de capter tous les signes invisibles à disposition des hommes. Comme le chemin tortueux qui mène à Assise, dont chaque virage offre un point de vue différent sur la vallée, le récit dépouillé de François Cheng creuse un sillon profond et ondulant, dont chaque méandre est un havre de méditation. |
CHENG – ET LE SOUFFLE DEVIENT VIE |
François Cheng |
Edition L’Iconoclaste |
2014 |
Mon père ne m’a pas légué des meubles, des bijoux ou des tableaux de maître mais il m’a légué des bâtons d’encre. Ils sont pour moi, un trésor de famille plus précieux que l’or. Tous les matins, je calligraphie pour me calmer, pour chasser l’inquiétude et entrer dans la danse de la vie. Cette pratique quotidienne m’est devenue indispensable, comme une prière intérieure, chaque jour il faut repartir de la feuille blanche, plonger en soi, se mettre en quête de vérité et de beauté. Venues du plus profond de moi-même ces créations dessinent en quelque sorte le portrait de mon âme. La calligraphie est au cœur de la vie de François Cheng, il nous donne ici une édition revue et augmentée de ce qui est sans doute son livre le plus personnel, un autoportrait à l’encre et au pinceau, où chaque œuvre est accompagnée d’un texte tissé de souvenirs, de pensées profondes et de réflexions intimes. C’est le livre d’une aventure intérieure que l’on ne sait plus écouter dans notre monde moderne. Au sommaire, les titres des œuvres avec leur calligraphie : Une nuit de lune sous la falaise rouge - Mer d’émeraude, ciel d’azur / Nuit après nuit, ce cœur qui brule - Cœur à cœur - Opérer le retour précoce - Herbes et fleurs - Randonnées spirituelle - La voie et sa vertu - la quête - Nuit de lune et de fleurs sur le fleuve printemps - Au milieu de l’âge - les fleurs du cœur s’ouvrent avec fureur - La vie engendre la vie et il n’y aura pas de fin - Le bond du dragon - Enivrante ivresse - Le Trois - S’abandonner au cœur - Où l’herbe et fleurs s’épanouissent ; les oies sauvages sont de retour - Merveilleux - Voilà que toutes les fleurs d’abricotier sont écloses, et que le printemps fait entendre son vacarme - Marcher-Voie - Le vol de l’aigle - Le souffle primordial en pleine action - Selon le cœur - Faire corps avec l’univers des vivants - Partout sur le mont, les feuilles tombent des arbres - Sans fin, vers le lointain, le fleuve roule ses vagues - Double chant - Vénération et salutation - L’attente - Entre source et nuage - Le rêve - Montagne et eau - Une fleur - Non agir - Retournement et satisfaction - Colère et tristesse - La porte du jardin - Le souffle primordial se dégageant du chaos - Etre à l’écoute - Le Souffle - Harmonie - Terre de Chine - Hors parole - La chute - Encre éclatée - Va-et-vient sans fin - Le jeûne du cœur - Ma part de jade - Esprit divin - Tracer une voie - Poète, essayiste et romancier, Prix Femina
pour « le dit de Tianyl » en 1998, Prix de la Francophonie pour
l’ensemble de son œuvre en 2001, François Cheng a été élu à l’Académie
Française en 2002. Ses derniers ouvrages sont Cinq méditations sur la Beauté
et Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie. |
CHENG - OEIL OUVERT ET CŒUR BATTANT |
François Cheng |
Ed.
Desclée de Brouwer |
2016 |
Dans la vie, il y a des scènes qui
exaltent, comme le combat, l’entrechoquement des corps par exemple, mais
l’état suprême de la beauté, c’est l’harmonie. Il s’agit de la qualité éthique
de la beauté. Cette beauté éthique permet à l’homme de conserver sa dignité,
sa générosité et sa noblesse d’âme. Ces qualités nous permettent de
transcender notre condition humaine, de dépasser la douleur pour atteindre
l’harmonie. La beauté nous transfigure, car elle nous sort de l’habitude,
nous permet de revoir les choses qui nous entourent comme au matin du monde,
comme pour la première fois. En sortant dans la rue, vous voyez cet arbre en
fleur, et l’univers vous apparaît comme au matin du monde. Comme Prévert qui,
dans un poème (Voyages, in Histoires, Gallimard, Folio, 1972), raconte
qu’il voit sa femme de loin dans un bus, sans d’abord la reconnaître, comme s’il
la voyait pour la première fois. Seule la beauté est capable de nous donner
cet étonnement, cet émerveillement de la première fois. » « Quelqu’un qui possède une sensibilité
à vif ne peut s’empêcher d’être ému, et même bouleversé par la beauté de
l’univers qui s’impose avec une force d’évidence. Si, toute ma vie, j’ai été
hanté par ce thème, c’est probablement parce que dès ma petite enfance, vers
l’âge de 7 ou 8 ans, j’ai passé tous mes étés au mont Lu, de l’avis général
l’un des plus beaux endroits de la Chine : imaginez une petite chaîne de
montagnes située au bord d’un fleuve, le Yangzi Jiang, et entourée de lacs
qu’elle surplombe. Le tout envahi par une végétation luxuriante et des
rochers fantastiques. Mais ce qui en fait le charme particulier, ce sont les
vapeurs qui s’échappent des lacs et du fleuve, formant des brumes qui se
déchirent pour laisser apparaître la beauté mystérieuse et ensorcelante des
cimes du mont Lu. Ce jeu d’ombres et de lumières, ce
passage incessant du visible à l’invisible sont des expériences inoubliables.
Ajoutez à cela le chant des cascades et des sources qui dévalent le long des
montagnes, et le spectacle des jeunes Occidentales en maillot de bain qui
viennent s’y baigner. Il faut imaginer ce que tout cela pouvait représenter
pour un jeune Chinois dans les années 1930 : j’ai été terrassé par la beauté
conjuguée du monde, de la nature et du corps humain. » «
Une beauté qui n’est pas fondée sur le bien est-elle toujours belle ? Non, c’est la laideur même. La beauté qui
se met au service de la mort est animée par la laideur de l’âme. Inversement,
tout visage, en sa bonté, est beau. Essayez dans le métro, regardez les
visages : si vous contemplez un visage humble, vous le trouverez beau. Et je ne peux pas m’empêcher de
citer Henri Bergson : “L’état suprême de la beauté est la grâce, or dans le
mot grâce, on entend la bonté, car la bonté est la générosité d’un principe
de vie, qui se donne indéfiniment. Donc à travers le mot grâce, beauté et
bonté ne font qu’un.” Miraculeusement, “grâce” en français veut dire à la
fois beauté et bonté, qui viennent tous deux du latin, bellus et bonus,
lesquels viennent d’un seul mot indo-européen : dewnos. En chinois, nous
avons l’idéogramme hao, composé de deux éléments, la femme et l’enfant, qui,
ensemble, signifient à la fois beauté et bonté. Quoi de plus beau et de
meilleur que la relation de la mère à l’enfant ? Pour finir, je dirais que la
bonté est le garant de la qualité de la beauté. Et que la bonté irradie la
beauté et la rend désirable. |
CHENG - CINQ MÉDITATIONS SUR LA MORT- AUTREMENT DIT SUR LA VIE |
François Cheng |
Edition Albin Michel |
2013 |
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Nous sommes ici, dans une pensée en spirale qui n’hésite pas à revenir plusieurs fois sur certains thèmes, sur certains mots, pour les réinterroger plus profondément. Cependant, cette pensée elle-même a conscience des limites du langage, car il arrive toujours un moment où la mort nous laisse sans voix, s’impose alors le silence… ou alors le poème, qui est beauté, silence intérieur et parole transfigurée. C’est pourquoi la cinquième de ces méditations emprunte la voie poétique, pour que le chant et la beauté, au-delà de la mort, aient le dernier mot. |
CHENG - CINQ MÉDITATIONS SUR LA BEAUTÉ |
François Cheng |
Edition Livre de poche |
2010 |
En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconcevant, voire provocateur, presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu’à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. L’auteur, qui a l’éloquence d’un sage et la méthode d’un Socrate, est persuadé que nous avons pour tâche urgente et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l’univers vivant : d’un côté le mal ; de l’autre, la beauté. Ce qui est en jeu n’est rien de moins que la vérité de la destiné humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté. A quoi bon parler de la beauté si ce n’est pas pour tenter de rendre l’homme au meilleur de lui-même, et surtout risquer une parole qui puisse le transformer ? L’auteur nous demande de ne pas disserter doctement sur la beauté, qui est in fine la solution du salut de l’humanité. Ces cinq méditations, qui ont fait l’objet de conférences, sont marquées du sceau de l’oralité, elles doivent être lues comme telles ; elles procèdent souvent par approfondissements progressifs, dans une forme de pensée en spirale où certaines répétitions, inévitables, sont en fait riches d’un neuf, issu de l’échange entre le poète et ses interlocuteurs. Lors de ces conférences, et les heureux spectateurs ont pu avoir cette étrange expérience : un homme se donnait tout entier, avec humilité, pour évoquer une réalité permanente « inutile », négligée, voire ridiculisée par notre société, mais au cœur de cette précieuse réalité et fragilité, entre les êtres, advenait quelque chose d’unique que chacun, soudain, percevait comme fondamental dans notre société. Ce sont ici donc, que nous sont offertes en partage avec le plus grand nombre, ces cinq méditations, pour que vive l’étincelle de beauté que l’auteur a allumée. |
CHENG – L’ḖTERNITḖ
N’EST PAS DE TROP - |
François
Cheng |
Edition
Albin Michel |
2002 |
François
Cheng est né en 1929 dans la province de Shandong, non loin du yang Tsé et
des brumez du Mont Lu. Il vit en France depuis 1949. Universitaire, poète, calligraphe,
traducteur en chinois de Baudelaire, Rimbaud, René Char, des surréalistes
etc., auteur d'essais remarquable sur la poésie et l'art de la Chine, il a
reçu en 1998 le prix Fémina pour son premier roman Le dit de Tianyi publié
par Albin Michel et le prix André Malraux du livre d'art pour Shitao : la
saveur du monde (Phébus). Une passion amoureuse à la fin de la dynastie Ming
(XVIIe siècle). Dao-Sheng vit dans un monastère en pleine montagne, à la fois
médecin et devin, il oscille entre bouddhisme et taoïsme, retenu de tout
engagement définitif par un secret vieux de trente ans : son amour toujours
vivace pour une fille juste entraperçue alors qu'il avait 20 ans. Aussi
décide-t-il de mettre fin à cette obsession en descendant dans la plaine pour
tenter d'y rencontrer celle qu'il a aimée. Et la rencontre a lieu, la passion
est partagée même si épreuves et obstacles attendent les amants. Dans
L'éternité n'est pas de trop l'amour est vécu comme absolu. Il est le seul
porteur du dépassement de soi, il permet de pénétrer le mystère de l'univers
et d'accéder au sentiment d'éternité. Dans une Chine en pleine mutation qui
s'ouvre aux autres civilisations il est aussi le lien qui permet le dialogue
et l'ouverture à l'autre. Une vision hautement exigeante et spirituelle des
rapports amoureux où l'intensité, la ferveur, le dépouillement et
l'engagement sont les clefs de toute métamorphose. Un roman d'une rare
puissance, intense et envoûtant qui peut toucher tous les publics. Dix-septième siècle, la dynastie Ming en est à ses derniers
essoufflements. En exil chez les moines taoïstes depuis de nombreuses années,
un homme, Dao-Sheng, expert en médecine et divination, quitte la montagne
pour retrouver, nostalgique, la seule femme qu’il ait réellement aimée.
Trente ans plus tôt, alors qu’il faisait partie d’une troupe de musiciens,
son regard croise celui d'une jeune femme vêtue de rouge, Lan-Ying,
descendante des Lu et future épouse du Deuxième Seigneur de la famille Zhao.
Il n'en faut pas plus pour faire naître en lui des sentiments qu'il ne pourra
effacer au fil des ans, même lorsque le futur mari, conscient du trouble
entre les deux jeunes gens, envoie au bagne Dao-sheng. Evasion et refuge chez
les moines taoïstes lui feront passer les ans jusqu'à ce qu'il ne puisse plus
résister au besoin de revoir le visage de Lan-Ying.
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COMMENTAIRES
SUR LE TRAITÉ DE L’AMOUR ou LE FESTIN DE PLATON |
DE
MARSILLE FICIN |
Edition
ARCHE MILAN |
2001 |
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L’amour est la puissance génératrice qui organise le monde
et fait naître la forme du sein du chaos originel. L’amour est encore la
puissance attractive qui rassemble dans l’unité de l’âme du monde les
diverses parties qui composent l’univers : il est le principe divin de
l’unité. Tout amour humain est ainsi comme l’ombre portée dans le monde
sensible de l’amour divin, et la beauté de l’objet de l’amour comme le
pressentiment de l’ineffable beauté divine. C’est ainsi que les amants ne
savent pas ce qu’en réalité ils désirent : poursuivant l’objet de leur amour,
c’est en effet Dieu lui-même qu’ils désirent contempler : « Il s’ensuit
que le désir de l’amant n’est apaisé ni par la vue, ni par le toucher d’un
corps quel qu’il soit. Il ne désire pas tel ou tel corps, mais la splendeur
de la majesté divine qui se reflète dans les corps, et c’est cela qu’il
admire, qu’il désire et qui le laisse interdit. C’est la raison
pour laquelle les amants ignorent ce qu’ils désirent ou ce qu’ils cherchent,
car ils ne savent pas ce qu’est Dieu, dont la saveur cachée a répandu dans
ses œuvres un parfum très doux. C’est ce parfum qui chaque jour nous
excite. ». Et Ficin emprunte à Plotin l’image de Narcisse, qui meurt
pour s’être noyée dans l’idole sensible de son amour, incapable de discerner
au-delà de cette image-écran l’objet véritable de son amour, à savoir Dieu
son créateur L’amour est ainsi naissance au monde spirituel et mort au monde
matériel, mort à soi-même et oubli et perte de soi en l’autre : « Platon
appelle l’amour une chose amère C’est juste, car celui qui aime meurt. Orphée
lui-même le nomme le doux amer parce que l’amour est une mort volontaire On dit que
celui qui aime meurt, parce que sa pensée, oublieuse d’elle-même, ne pense
plus qu’à celui qu’il aime L’âme de l’amant n’est pas en elle-même. Si elle
n’est pas en elle-même, elle ne vit pas non plus en elle-même et ce qui ne
vit pas est mort. Voilà pourquoi quiconque aime est mort à lui-même. Mais
vit-il au moins dans un autre? Assurément. ». Ainsi, si l’acte propre de
l’intelligence est de se détourner des choses sensibles et de rentrer en
elle-même, cette conversion dans l’intériorité est moins conscience de soi
que découverte de l’ivresse, puisque l’âme découvrant le divin qui est en
elle est comme arrachée à elle-même par l’extase amoureuse. C’est seulement
dans l’intériorité que la transcendance se fait jour. L’amour de Dieu est
ainsi la vérité de tout amour. Toute amitié n’est possible qu’en Dieu, et
ceux qui s’aiment par le sentiment qu’ils ont en commun de la divinité.
L’Académie devait ainsi rassembler des amis en esprit, qui devaient, selon la
théorie de Diotime, inspirés et fécondés par l’amour, produire beaucoup de
beaux discours. Dans cette exaltation de l’ivresse amoureuse, on trouve le
souvenir de la tradition médiévale de l’amour courtois, de Dante mais aussi
du Pétrarque du Canzoniere.
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CONNAIS-TOI TOI-MÊME ET
FAIS CE QUE TU AIMES |
Lucien Jerphagnon |
Edition Albin MICHEL |
2012 |
Qu’il
parle de Platon ou de gladiator, qu’il cherche la clef du bonheur ou qu’il
réfléchisse à la question de la mort, Lucien Jerphagnon entraîne son lecteur
dans un voyage au long cours de trente siècles. Nous voici les complices,
dans le rire et l’étonnement, de Socrate, saint Augustin ou Umberto Eco. Avec
ce grand livre, qui tire un trait d’union entre le temps des mythes et celui
des mystères, l’auteur en humaniste éclairé, offre un florilège éblouissant
de textes inédits, qu’il a revus et corrigés, au seuil de sa disparition,
pour adoucir le cours du temps et réjouir ses amis. A
Rome, les empereurs philosophent : c’est Marc Aurèle et ses
pensées ; et les évêques sont des empereurs ; c’est saint Augustin
et sa cité de Dieu. Double prodige en vérité, des prodiges que l’on retrouve
dans l’une des Basiliques les plus étonnantes de la ville : Saint-Clément-du-Latran.
Cette église fut bâti sur des ruines d’autres temples, elle est venue se
superposer au IIe siècle sur un temple de Mithra, qui fut rival de la
chrétienté, on peut voir la pierre qui représente le sacrifice d’un taureau
(le taurobolium) et qui se déroulait dans les entrailles de la terre, sous la
crypte. Lorsque
deux civilisations se rencontrent, cela occasionne des frictions et des
guerres, Rome rencontrant la Grèce n’échappe pas au processus, mais
l’intelligence des deux, fit qu’ils y trouvèrent chacun leur compte, car
chacun avait ses spécificités, d’où la création d’un empire « gréco-romain ».
Fascinant
affrontement de deux consciences collectives ! D’un côté les Romains
sûrs, comme le chante Virgile, d’être mandatés par les dieux pour gouverner
le monde. De l’autre les grecs, se sachant l’unique peuple, dont la
civilisation s’impose d’elle-même. Heureux face à face entre deux
complexes de supériorité, dont chacun des partenaires saura tirer parti et
comme dit Horace : C’est Rome hellénisée qui hellénisera l’Occident, car
là où Rome règne, Athènes rayonnera. Dans
son film « Au nom de la rose »,
Umberto Eco, retrace bien l’ambiance de cette époque (1327) où
l’émergence du laïcat creuse un fossé entre les paysans, les marchands, les
clercs et les Seigneurs. Le clergé enrichi prêche la vertu aux indigents…
C’est pourquoi on n’a jamais représenté autant d’Apocalypses, de Jugements
derniers, de diables convoyant aux Enfers, bourgeois, seigneurs et prélats.
Des mouvements contestataires se lèvent, appelant à la pénitence, à la
sainteté de la Primitive Eglise. Des mouvements hérétiques contestent
l’Eglise et appellent à un retour des vertus, même au sein de l’Eglise la
contestation gagne du terrain, certains comme Giordano Bruno seront
brulés, d’autres devront faire amende honorable (Maitre Eckhart) Au sommaire de ce voyage dans le temps : La lumière grecque - Platon, la carrière d’un
philosophe - Faut-il réhabilité les sophistes -
Plotin et la figure de ce monde - Platon, Denys l’Aréopagite et
les autres - Que devons-nous à Rome ? -
Sénèque au cœur du siècle - Psychopates et médecins au temps des
Césars - Constantin sans péplum - Religion
romaine et religion chrétienne - Saint Augustin à l’école de
Plotin - D’Homère à saint Augustin - Le sac de Rome
par Alaric - Les secrets des gnostiques - Arius sème
la zizanie pour deux siècles - Donat et les circoncellions
- Pélage ou l’attrait de l’insoluble - Philosophie
bergsonienne du banal - Vladimir Jankélévitch -
Petits meurtres entre moines : au sujet d’Umberto Eco -
Goudji, l’or et les pierres - Du politiquement correct à la bonne
conscience - Dis-moi qui tu adores… -
Séquence cinéma avec Gladiator et Alexandre - A
propos d’Agora Les
autres livres de Jerphagnon sont au chapitre 19 J |
CONNAIS-TOI TOI-MÊME ET TU CONNAÎTRAS L’UNIVERS ET LES DIEUX |
Henri Gallois |
Edition Liber Faber@ |
2014 |
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Socrate sera le premier à passer de l’interprétation religieuse à l’interprétation philosophique de « Connais-toi toi-même », non sans choquer ses contemporains. Dans le Premier Alcibiade, Platon adopte l’idée fondamentale selon laquelle l’homme doit prendre soin de son âme, doit se connaître d’abord soi-même avant de chercher à connaître quelque chose de ce qui lui est extérieur. Cette connaissance se met en œuvre à travers l’application et le savoir pour permettre à l’homme d’accéder à la partie supérieure de son âme qu’est la raison, miroir de la divinité qui est en nous. Nous avons affaire ici à une forme de sagesse qui est à la fois intellectuelle et morale. Pour Socrate, il n’y a pas de plus grand bien que celui de pouvoir discourir de la vertu ou de tout autre sujet qui offre la possibilité de s’examiner soi-même et autrui. Dans le Phèdre il considère inutiles les explications physiques des mythes proposées par les interprètes rationalistes. Elles ont pour seul effet de détourner la pensée de son objet véritable qui est la connaissance de soi (d’où sa célèbre formule selon laquelle la seule connaissance qu’il possède est celle de savoir qu’il ne sait rien car « ce qui est au-dessus de nous est sans rapport avec nous »). Pourquoi faut-il s’occuper d’Hippocentaures, de Chimères, de Gorgones, de Pégases, alors que l’homme est peut-être lui-même une bête plus étrange et plus orgueilleuse que n’est Typhon ?3 D’où la nécessité de privilégier la connaissance de soi aux autres connaissances. Aristote attachera aussi un grand intérêt au précepte delphique même s’il est conscient de la difficulté d’arriver à se connaître soi-même : nous reprochons par exemple à autrui ce que nous faisons personnellement, preuve que nous pouvons être aveugles sur nous-mêmes ou avoir une complaisance excessive envers nous-mêmes. Dans l’Ethique à Nicomaque, il fait remarquer que cette méconnaissance peut conduire à la pusillanimité (en oubliant la grandeur de l’âme) et à la vanité (en tombant dans la présomption). En donnant l’exemple de l’œil qui ne peut pas se voir lui-même, l’homme a besoin à son tour du miroir de l’autre lui-même qu’est, en occurrence, un ami. On retrouve de fait chez Aristote une application morale du principe delphique alors que dans le Premier Alcibiade de Platon il s’agissait d’une application métaphysique. Plus tard, Chrysippe, chef de l’école du Portique, réintroduira, et cela en dépit de Socrate, le lien entre le principe delphique et la physique. Chrysippe considère que l’homme, comme toute espèce animale, tend instinctivement à se connaître. Mais l’homme ne saura pas connaître sa propre nature avant de connaître le système de l’univers et la manière dont il est administré. Il faut donc réintroduire la possibilité de recherches physiques en raison du lien qui unit les êtres entre eux. Au Ier siècle, Philon d’Alexandrie mentionne comme effet positif de la connaissance de soi le bonheur. La science de soi-même peut engendrer le bonheur. Il fait un parallèle entre le précepte delphique et le précepte de l’Exode « Veille sur toi-même », en entendant par là que l’homme doit s’éloigner du terrestre, en repoussant le plus loin possible ce qui est de l’ordre du sensible. Pour devenir sage, il faut enquêter sur soi-même, c’est-à-dire sur l’âme, le corps, les sensations, le raisonnement, cessant ainsi de dire des sottises sur le soleil, la lune et les autres êtres célestes. Il faut délaisser autant l’étude du ciel que l’observation du monde physique d’ici-bas pour se consacrer à l’examen de soi-même. On pourra ainsi découvrir la place de l’intellect qui commande en nous comme il commande dans l’univers. L’attitude de Philon n’est pas sans rappeler celle de Socrate qui déniait toute valeur aux explications physiques des mythes pour se consacrer entièrement à la connaissance de soi-même. On peut voir dans ces positions divergentes les débats qui opposeront régulièrement les stoïciens aux académiciens et les platoniciens aux aristotéliciens. Elles se retrouveront plus tard, en termes analogues, chez Grégoire de Nysse et dans les Confessions de saint Augustin. L’effort d’introspection constitue donc une étape importante vers la découverte de l’Intellect qui dirige le monde : quand Abraham tombe sur sa face devant la transcendance de Dieu c’est parce qu’il reconnaît devant cette transcendance le néant de sa nature mortelle. La pratique de la circoncision devait signifier justement la suppression des plaisirs qui subjuguent la raison. Elle constituait en même temps une pratique conforme au précepte delphique dans le but de préserver l’âme de cette arrogance qui nous fait nous prendre pour des dieux et oublier le Dieu véritable. Il faudrait ajouter dans ce sens que dans la perspective biblique la connaissance de soi n’est pas sa propre fin mais a comme but la connaissance de Celui qui est. Au IIème siècle, les Gnostiques, qu’ils soient païens ou chrétiens, s’emparent du principe delphique pour en faire le point de départ de leurs spéculations : le Gnostique est celui qui doit débarrasser son moi intérieur des vêtements qui le recouvrent. Il doit s’interroger sur lui-même et sur la destinée humaine : « Qu’étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? Vers quel but nous hâtons-nous ? ». La gnose ne concentre pas son effort sur la connaissance de la divinité ou du monde physique, mais sur la recherche de la nature véritable de l’homme. Le thème du miroir revient de façon récurrente dans la pensée gnostique. Le miroir représente l’Esprit divin et primordial que l’âme, une fois purifiée, doit contempler et prendre pour modèle si elle veut devenir elle-même esprit. L’épître de saint Jacques stigmatise par exemple l’homme qui regarde son image mais l’oublie aussitôt (JC 1, 22-24). La connaissance de soi, dans l’optique gnostique, devient la clé pour accéder au Royaume ou au Repos. Pour arriver à cette fin il faut nous connaître tels que Dieu nous connaît et reprendre possession du moi qui existe comme tel dans l’Etre absolu. Le Moi qui révèle la Gnose est un Moi ontologique auquel on peut accéder en nous dépouillant de ce qui est étranger. C’est un mouvement qui part de l’homme extérieur pour arriver à l’homme intérieur, au Moi essentiel qui est l’Homme parfait. Les Gnostiques chrétiens n’ignorent pas les équivalences bibliques du principe delphique comme ce logion attribué à Jésus : « Si tu as vu ton frère, tu as vu ton Dieu ». Clément d’Alexandrie va encore plus loin en affirmant que celui qui a formulé le précepte delphique le tenait de Moïse, tandis que les doctrines des philosophes sont des reflets de la Vérité. Le « Connais-toi toi-même » est donc conforme à la parole de Jésus |
constantin lÉontiev |
Nicolas
berdiaev |
Edition
BERG |
1993 |
L’auteur
lui-même philosophe religieux russe nous décrit la vie de ce diplomate,
écrivain, moine et philosophe qui vécut au XIXème siècle. Il est considéré
aujourd’hui comme un des plus grands visionnaires de la Russie. Sa pensée
profondément religieuse nous entraîne dans son combat entre une vie d’ascèse
et son métier de diplomate. Cette
monographie sur Leontiev (1831-1891), fut écrite par Nicolas Berdiaev en
1926. Par ce livre il rend hommage à un penseur indépendant des
courants idéologiques de son temps, il voit en Leontiev un précurseur de la
culture russe et un visionnaire inspiré, qui sentira venir les terribles
bouleversements de Russie. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Origine et jeunesse de Leontiev à Moscou
- Naturalisme et esthétisme - Débuts littéraire
- En Crimée - Recherche du bonheur dans la beauté - Chapitre 2 : Service diplomatique en Orient
- L’Orient exotique et l’Occident bourgeois - La vie des
chrétiens en Turquie - La colombe égyptienne - Question
gréco-bulgare - Le Mont Athos - Chapitre 3 : Byzantinisme et monde slave -
Caractère naturaliste de la pensée de Leontiev - La morale
aristocratique - Chapitre 4 : Aspiration à la vie monastique -
Combat de l’esthétisme et de l’ascèse - La vie à Moscou
- Optina Poustyne - La solitude morale et la mort de
Leontiev - Wladimir Solovieff - Chapitre 5 : Mission de la Russie et du monde slave
- Prophéties sur la révolution russe - Le destin du peuple
russe - Chapitre 6 : Voie religieuse, dualisme, pessimisme à l’égard
de la vie terrestre - Orthodoxie de Philareth et de
Khomiakoff - Le catholicisme - Religion transcendante
et mystique - Apocalypse - Attitude envers le
« Startchestvo » - Pressentiment de la mort -
Philosophie religieuse - Jugement d’ensemble - |
contes philosophiques |
Henri
la croix – haute |
Edition
MERCURE DAUPHINOIS |
2005 |
Chaque
conte de ce livre est un appel à la méditation du lecteur qui, hors de son
horizon habituel et lors d’une soirée opportune, s’évadera pour entretenir
son imaginaire. Ainsi font les enfants plus proches du monde invisible qui
côtoie l’homme imperceptiblement…
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CONVERSATIONS AVEC DIEU. UN DIALOGUE HORS DU COMMUN. |
NEALE
DONNALD WALSCH |
J'AI
LU |
2000 |
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Alors qu’il déverse sur son bloc jaune
toute sa colère en posant des questions remplies d’amertume, sa main se
suspend au-dessus du papier et à sa plus grande stupéfaction, se met à écrire
quelque chose qu’il ne commande pas de lui-même et qui dit : « Veux-tu
vraiment une réponse à toutes ces questions, ou es-tu seulement en train de
te défouler ? ». Sans le savoir, il vient d’entrer dans un dialogue hors
du commun, avec Dieu lui-même, qui va se prolonger pendant des années… Les questions sont pertinentes
(n’importe lequel d’entre nous aurait posé les mêmes), les réponses le sont
encore davantage avec une profondeur et une intelligence telle, qu’il est
impossible d’imaginer meilleure façon de vivre… et surtout qu’elles puissent
venir d’un être humain ! Attention, bien qu’il soit écrit de façon
incroyablement claire et accessible à la plupart d’entre nous, il ne
résonnera pas chez tout le monde… Certains le trouveront choquant, car les
croyances qu’ils ont actuellement seront trop en décalage, d’autres le
comprendront partiellement et le poseront sur une étagère en se disant «
c’était bien » et retourneront à leurs activités, d’autres encore n’y
comprendront rien ou donneront la réponse facile qui leur évitera de réfléchir
et de se remettre en question : que Neal Donald Walsh est une secte à lui
tout seul. Je crois qu’il faut le lire avec une certaine ouverture, sans
intellectualisation, avec votre cœur et non votre tête… Quoi qu’il en soit, je pense que
nombre d’entre vous liront cet ouvrage et que leur vie s’en
trouvera profondément changée. Je pense surtout à ceux qui le liront une
première fois, une deuxième fois, une troisième fois, réfléchiront,
analyseront, le mettront en application, en parleront avec d’autres,
partageront leur idées à son sujet, le reliront encore et encore jusqu’à en
saisir les moindre subtilités et surtout… l’expérimenteront dans leur vie.
Vous pourriez vous apercevoir que Dieu vous parle en fait plus souvent que
vous ne le pensez… Ce livre pourrait bien jeter un pavé dans la mare de
l’inconscient collectif et créer une vie plus belle, plus heureuse, plus
riche pour chacun d’entre nous ! Faites passer. |
coomaraswamy - AUTORITḖ
SPIRITUELLE ET POUVOIR TEMPOREL DANS LA PERSPECTIVE INDIENNE DE GOUVERNEMENT |
a.k. coomaraswamy |
Edition
Arché |
1985 |
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Selon
la pensée traditionnelle, le sacerdoce avait une influence positive sur la
royauté afin d’œuvrer pour le bien-être spirituel et matériel des peuples. Un
texte écrit par Ananda Coomaraswamy (1877-1947) nous aide à mieux comprendre
la société traditionnelle : Ce n’est donc que lorsque le prêtre et le roi,
les représentants humains du Ciel et de la Terre, de Dieu et de son Royaume,
sont "unis dans la célébration du rite" (savrate, etc.), seulement
lorsque "Ta volonté est faite sur la Terre comme au Ciel" (ce qui
suppose une mimesis
des formes célestes), qu’existent le don et la réception, un don et une
réception qui sont en réalité l’expression non d’une égalité mais d’une
réciprocité authentique. La paix et la prospérité, la plénitude de la vie
dans tous les sens du mot, sont le fruit du mariage du Pouvoir Temporel et de
l’Autorité Spirituelle, comme elles doivent être celui du mariage de la femme
et de l’homme, quel que soit le plan de référence. Car "en vérité, quand
un accouplement se produit, alors chacun satisfait les désirs de
l’autre" ; et, dans le cas de l’"accouplement divin" du
Sacerdoce et de la Royauté, que cela se situe dans le domaine extérieur ou en
nous, les désirs des deux partenaires sont dirigés vers le "bien",
ici et dans la vie d’après la mort. Il faut satisfaire simultanément les
besoins de l’âme et du corps. part
de la Royauté, la présomption est à la fois destructrice et suicidaire. |
COOMARASWAMY -
la doctrine du sacrifice |
Ananda
K. coomaraswamy |
Edition
Dervy |
1997 |
Reprise
de plusieurs articles écrits par cet auteur sur la notion de sacrifice la 1ère
partie de ce livre concerne la tradition védique, le second présente en
parallèle les mêmes thèmes à l’intérieur de la tradition celtique et à
l’intérieur de la littérature arthurienne. La
3ème partie reprend le thème de la décapitation et du changement
de peau. La
dernière termine ce livre par une étude sur le sens intérieur du rite
sacrificiel. L’Atman est le Soi intérieur, un être spirituel et
indestructible. C’est le « prodige » à l’intime de tout un chacun,
la « personne ». Principe invigorant et de nature ignée, l’Atman
rayonne et chauffe, il est source de vie. Selon des traditions différentes concernant l’origine de l’atman
dans chaque être humain : Il ne faut pas confondre l’Atman avec le Moi des psychologies
européennes. L’Atman n’est pas limité dans le temps ni dans l’espace. C’est
un Soi suprême et impersonnel, à la fois incréé et impérissable. Il se cache
sous l’inconscient. Les bouddhistes nient l’Atman. Prajâpati et la doctrine du sacrifice dans les brâhmana Le Purusasukta est le point de départ de la théorie du sacrifice
élaborée dans les brâhmana, qui datent de -1000 jusqu’à -800. Prajâpati crée
le Monde par échauffement (tapas) et par émissions renouvelées (visrij), se
consumant et finissant par s’épuiser totalement. Prajâpati est triplement
identifié avec l’Univers, le Temps cyclique (l’Année), et l’autel du feu. Prajâpati
était à la base un dieu archaïque qui sera assimilé à Purusa. Chaque sacrifice répète l’acte primordial de la création, et
garanti la continuité du monde, reprenant l’idée de la répétition annuelle de
la cosmogonie. C’est la nouveauté de la théorie brahmanique du sacrifice. Le
rite, sacrificiel, gagne ainsi beaucoup en importance. Selon une théorie de
la constitution de l’Atman, le sacrifice non seulement assure la perpétuation
du monde, mais est aussi susceptible de créer l’Atman du sacrificateur. L’autel
du sacrifice est Prajâpati, et le sacrificateur devient cet autel et gagne
l’immortalité. La méditation sur l’identité Atman-Brahman est un exercice
spirituel qui s’accompagne d’une expérience de la lumière intérieure (la
lumière étant l’image par excellence tant de l’Atman que du Brahman). L’homme
est matériel, prisonnier du karman, et pourtant possède un Atman, un Soi
immortel. De même Brahman est l’Esprit Universel, mais aussi l’ensemble du
monde matériel, en même temps Esprit et Nature (prakrti). Si le brahman peut
être vu comme un absolu objectif, et l’atman comme un absolu subjectif,
l’identité Atman-Brahman est un absolu véritable. Cette identité pousse à
l’amour pour l’univers entier, car il s’agit finalement un amour pour
soi-même. Si notre Moi s’identifie à l’Univers, comment se fait-il qu’il
existe des individualités différentes, des choses et des êtres ? Cette
multiplicité est vue comme un mal, sans elle il n’y aurait pas de souffrance. L’identification de l’âme humaine avec l’Ame du Monde (identité
Atman/Brahman) prolonge et achève la dévalorisation des dieux védiques
commencée dans les brâhmana. Ils sont réduits à des génies bienfaisants,
entraînés eux aussi dans le samsara, ou même à de simples illusions. Elle
conduit donc au monisme et n’usurpe donc pas son nom de Vedanta (« fin
du Veda »). Les Upanisad dévalorisent également le sacrifice : sans une
méditation sur l’Atman, le sacrifice n’est pas complet. Le salut par la
connaissance est proclamé, en introduisant la théorie de l’avidya-karman-samsara. Au sommaire de cet ouvrage : Anges et Titans - La face obscure de
l’aurore - Sire Gauvain et le chevalier
vert : Indra et Namuci
- L’épouse hideuse -
Les magiciens sans tête et l’Acte de Vérité
- Le rapt d’une Nâgî
- Atmayajna : le sacrifice de
roi -
Sarpabandha - |
COOMARASWAMY
-
BOUDDHA.
LA PENSÉE DE GAUTAMA |
A.K
COOMARASWAMY |
Edition
PARDES |
1999 |
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Siddharta
Gautama Le Bouddha, fut un prince qui renonça à son trône pour partir à la
recherche de la vérité. L’histoire des 80 années du Bouddha sur la Terre
constitue un des plus notables événements dans l’histoire de l’humanité. Sa
propre vie est le chemin à suivre pour tous ceux qui s’efforcent de découvrir
la force de la création et de se libérer de toute souffrance. Tout,
absolument tout dans sa vie a une profonde signification. Le nom même de
Bouddha veut dire : «L’éveillé, l’Illuminé.» Il
naquit au VIème siècle av.J.C. contemporain de Socrate, Confucius et Deutero
Isaias (qui eut une grande influence sur le christianisme ancien).
L’apparition presque simultanée de ces grands hommes, nous instruit
véritablement sur l’Esprit de l’humanité qui régnait à cette époque. Cela
faisait longtemps qu’était attendu un homme tel que Siddharta Gautama. Les
traditions disent que tous les 2500 ans approximativement, vient sur la
Terre, un Bouddha pour faire tourner la roue du Dharma ou la Loi, ainsi les
hommes chercheurs de vérité, peuvent avoir une nouvelle opportunité pour
arriver à la libération. De même, la naissance du Bouddha, est décrite dans
un symbolisme très semblable à celle du grand Kabîr Jésus, Maître des
Maîtres. Il est raconté dans la légende, que sa Mère Maya, (qui signifie, en
sanscrit, « Illusion » ou « Univers Manifesté »), vivait une
période temporaire d’abstinence et de chasteté dans le Palais du Royaume de
Kapilavastu, dans le nord de l’Inde. Lorsqu’un
matin, la somnolence l’emporta, ne pouvant éviter de s’allonger dans le lit
royal de sa Chambre. Elle commença à avoir un rêve très spécial : La Reine
Maya rêva que les quatre rois célestes, les Seigneurs des quatre directions
du Monde de la Tusita, la Terre de la félicité, la soulevaient avec le lit,
ils la transportèrent aux sommets de la chaîne de l’Himalaya, arrivés au
point le plus élevé des hautes montagnes, la laissèrent au pied d’un arbre,
appuyée respectueusement sur un côté. Arrivèrent les épouses des quatre Rois
et elles la baignèrent soigneusement, la purifiant de toutes taches humaines,
la portant à un lit divin avec la tête dirigée à l’Est. À l’horizon, commença
à briller une étoile avec une splendeur surnaturelle, descendant et
encerclant l’endroit où était Maya. Quand l’étoile toucha le sol, elle se
transforma en un Éléphant Blanc qui s’approchant, prit avec sa trompe un
lotus blanc et le déposa sur le flanc de la Reine, disparut en s’introduisant
dans l’utérus. À
ce moment le Bodhisattva de compassion entra dans le corps de sa mère. L'Immaculée
Conception, l’Esprit Saint pour les Indous, a la forme d’un Éléphant
Blanc. Tout Avatar, dans les mondes internes nait de l’Esprit Saint, et
Bouddha ne fut pas une exception. La Reine Maya s’éveilla et, avec une grande
agitation, elle raconta son rêve à son époux le Roi Suddhodana. Et lui, à son
tour demanda aux Brahmanes si le rêve était de bonne ou de mauvaise augure.
Les Sacerdotes lui annoncèrent que viendrait dans sa famille un grand Être.
Quelqu’un qui serait un grand Roi ou un Bouddha. Nous savons que le royaume
de Kapilavastu était bien petit, déficient militairement et continuellement
menacé d’envahissement par un autre royaume plus puissant. Ainsi, poursuivant
l’idée que son fils continuerait à fortifier et agrandir son royaume, il prit
grand soin d’éduquer son fils dans les arts de la guerre et les arts du
palais. Sept jours après la naissance de Gautama, Maya, sa mère mourut. Ici,
il y a diverses explications, et dans l’une d’elles, les Brahmanes disent,
que les mères des Bouddhas meurent toujours après avoir porté leurs illustres
fils, parce que le ventre qui fut occupé par un Boddhisattva dans sa dernière
naissance, est comme le sanctuaire d’un temple et ne peut plus être occupé.
Une autre explication, plus profonde, c’est que à la naissance d’un
Bouddha, l’Univers Manifesté (ou Maya) se replie et disparait. À
mesure que passèrent les années, le Prince Siddharta, en plus d’étudier les
tâches d’un futur roi, se consacrait chaque fois plus à des pensées
profondes, se complaisant dans la Solitude et la Méditation. Mais le roi
Suddhodana, désirant que son fils fût son digne successeur, fit son possible
afin qu’il n’envisage pas ces questions qui lui ferait prendre le chemin de
la Renonciation : Pourquoi existe-t-il la maladie ? Pourquoi nous
mourrons et pourquoi nous vieillissons ? En
Inde, comme dans le monde oriental en général, autrefois, il y avait une
coutume pour les hommes, quand ils avaient atteint un âge déterminé, ce qu’on
appellerait aujourd’hui la retraite, ils pouvaient se retirer dans la forêt
et méditer sur leur propre vie, seulement après avoir passé une étape
d’apprentissage, dans une autre famille et un autre travail. En général, la
première période, celle de l’étude commençait à sept ans et durait jusqu’à
vingt ans ; ensuite venait une seconde phase, la plus longue de toutes, qui
durait trente ans, en la dédiant à la famille, aux enfants et aux affaires,
accomplissant tout cela comme un bon chef de famille. Une fois ces devoirs
accomplis comme chef de famille et après avoir engendré un héritier qui
occupera sa place, il avait la liberté de se retirer et vivre dans la forêt,
réfléchissant avec calme sur les cinquante années précédentes, arrivant à une
pleine maturité philosophique. Après avoir complété cette période d’ascétisme
et de pratiques religieuses, il quittait la forêt, et passait la dernière
partie de sa vie en errant d’un endroit à un autre, mendiant et dépendant
uniquement d’aumônes pour sa subsistance. L’histoire
nous raconte que Sakyamuni passa très rapidement par ces quatre étapes tant
étaient grandes ses aspirations pour découvrir la Source, l’Origine de
l’Univers. À 16 ans, il épousa Yosodhara et engendra un fils : Rahula (qui
signifie "Empêchement") - Cela fut un événement de
grande importance, alors, Siddharta avait un héritier pour poursuivre la
lignée à la succession au trône, et en même temps, la chance qui lui donnait
l’occasion de renoncer à ses devoirs et embrasser la vie religieuse. La
tradition nous donne quatre raisons qui déterminèrent Siddharta à abandonner
son foyer de prince pour se dédier à la vie religieuse. En accord avec les
anciens récits, Sakyamuni passait la majeure partie de son temps confiné au
Palais Royal, protégé par son père, afin qu’il ne puisse ni voir ni connaitre
les disgrâces de la vie. Mais en quatre occasions, il franchit les portes du
palais en compagnie de son cocher. La
première fois, il rencontra devant la voiture, un vieillard, la fois suivante
un infirme et la troisième, il vit un cadavre. Finalement, il repéra un homme
au crâne rasé montrant des yeux sereins, c’était un pénitent qui s’était
dévoué à la vie religieuse. Alors, Sakyamuni profondément bouleversé, résolut
d’abandonner son foyer et d’emprunter la même existence que cet homme avec la
ferme intention d’investiguer sur quelle était la cause de toute souffrance :
maladie, vieillesse et mort. La légende qui fait référence aux quatre sorties
en dehors du palais exprime de manière symbolique, le processus d’éveil des
quatre saintes vérités que nous étudierons plus loin. Comme cela devait être,
Sakyamuni avait découvert la douleur et la souffrance de son peuple. Il
savait que la force militaire ne peut jamais offrir une solution durable au
problème des souffrances humaines, il n’essaya pas d’avoir recours aux armes
pour aider son peuple, mais plutôt, cela le poussa à prendre le chemin qui,
il l’espérait, le conduirait à la véritable Libération. Avant
de se convertir en un roi qui exerce un pouvoir politique dans le monde
temporel, il décida de se convertir en un roi philosophe avec l’ambition
métaphysique de solutionner la cause de toute souffrance. Ainsi, après les
quatre signes, Sakyamuni, suivant les coutumes de l’époque mais très
rapidement, il commença sa démarche spirituelle suivant les ordres qui
provenaient du lieu le plus intime et profond de son Être. Une nuit,
accompagné de son cocher, il sortit du palais, une fois éloigné de celui-ci,
il fit ses adieux à son serviteur et ami et on raconte que son cheval mourut
de peine, peu de jour après, d’être séparé de son maître, Gautama. Siddharta
changea ses luxueux vêtements pour d’autres plus humbles et coupa ses
cheveux, commença à marcher vers la forêt à la recherche de la Vérité. À
cette époque, le Brahmanisme était en pleine remise en question, ayant une
multitude de sectes et d’écoles de tous les goûts, dans lesquelles chacun
embrassait sa propre démarche pour la libération de la douleur en ce monde.
Il y avait par-dessus tout, de nouveaux penseurs qui apportèrent des
pratiques religieuses basées sur différentes philosophies et repoussèrent
délibérément la tradition, les conduisant à des pratiques d’un ascétisme
extrême comme de s’assoir dénudé au soleil en pleine chaleur ou manger
seulement des herbes sauvages, etc. Ces gens furent en ce temps-là, de purs
contestataires, comme de nos jours, les « hippies », seulement, eux, ils
étaient beaucoup plus drastiques. Siddharta apprit rapidement que le monde
était plein d’une infinité de religions. Ces dévots religieux se torturaient
eux-mêmes avec l’idée d’éviter l’accomplissement d’un karma. D’autres
priaient un Dieu avec l’espoir qu’il les libèrerait de leurs péchés et leur
permettrait de naître dans un monde céleste. D’autres cherchaient
l’émancipation à travers la discipline mentale, les bonnes œuvres et
l’assiduité aux rituels cérémoniaux. Laquelle de ces méthodes de salut,
s’il y en avait une, était efficace? À
cette époque, vivaient deux Brahmanes, ermites, au pied d’une petite montagne
et Sakyamuni décida de suivre leurs enseignements. Ces sages ermites
orientaux étaient considérés comme des personnes d’une grande sagesse et d’un
grand pouvoir. Ils étaient capables de voler dans les airs à grande vitesse,
de marcher sur les eaux, et d’autres rares prouesses. Ces ermites étaient
considérés comme de grandes autorités en matière de religion et métaphysique.
Pour cela, Sakyamuni les a élus comme maîtres. Là, il entra pleinement dans
la pratique du yoga qui caractérise la troisième phase de la vie de n’importe
quel oriental; atteindre la concentration mentale, l’introspection en son propre
être interne et la véritable émancipation du corps par le contrôle psychique.
En ce temps-là, on considérait le yoga comme un moyen pour se libérer des
souffrances inhérentes à la condition humaine. Ces
ermites lui enseignèrent les disciplines de la méditation qui, plus tard,
imprégneront les pratiques du bouddhisme. Ces techniques s’appelaient: «Atteindre
la sphère du néant » et « le lieu où il n’y a ni pensée et ni absence de
pensée». Comme nous disions, ces états de concentration resteront
ensuite intégrés dans les méthodes bouddhistes de méditation et de
discipline, mais, dans les dix étapes pour progresser vers l’état de Bouddha,
ils étaient des étapes plus inférieures, car ces méditations ne conduisent
pas à calmer ni cesser les passions, ni à la tranquillité, à l’éveil suprême
ou à la libération totale, sinon seulement, à la « sphère du néant ».
L’objet de la recherche de Sakyamuni était une sorte d’illumination qui
pourrait libérer l’humanité des souffrances qui entrainent le cycle des
naissances et des morts. Comprenant que ces méthodes ne le conduiraient pas
au but qu’il aspirait, Sakyamuni les abandonna et se livra aux pratiques
ascétiques. Comme nous l’avions commenté, Sakyamuni, convaincu qu’il
n’atteindrait pas l’illumination à laquelle il aspirait en suivant les
préceptes des maîtres Yogis, il décida de se livrer à d’autres pratiques
ascétiques. La tradition nous dit que ce fût alors, entre 6 et 10 ans du plus
pur ascétisme. La même source nous indique qu’il alla dans une forêt près du hameau
de Sena, dans lequel s’étaient réunis des Brahmanes qui avaient abandonné
leurs familles et étaient des pratiquants très austères. La
pratique de ces austérités, de même que la médiation Yoguique, était
considérée comme une méthode pour atteindre le progrès spirituel et on y
avait recourt, fréquemment. L’on se proposait de soumettre le corps à
diverses méthodes et processus de mortifications, ainsi, on apprenait à
supporter la douleur et l’on pouvait atteindre la libération totale de
l’Esprit. Ces disciplines étaient classées en diverses catégories : celles
relatives au contrôle du mental, à la suspension de la respiration, au jeûne
total et à la diète sévère. L’exercice de suspendre la respiration était
considéré comme un des plus difficiles, premièrement, on se concentre pour
empêcher que la respiration entre et sorte à travers les narines et la
bouche. On pourrait supposer que cela conduit à la suffocation, mais quand on
bloque les orifices du nez et de la bouche, on commence à respirer par les
oreilles. On affirme que cela provoque un fort bourdonnement dans les
oreilles et une douleur intolérable. Et quant au jeûne, plusieurs
désincarnèrent durant cette pratique. Sakyamuni croyait, comme d’autres
chercheurs, que s’il n’expérimentait pas les souffrances et les épreuves de
ces pratiques, qu’il ne pouvait espérer un véritable progrès spirituel. Quand
Sakyamuni se souvenait de cette période de sa vie, il dit, selon ce qui est
cité dans les écrits, qu’aucun Brahman passé, présent ou futur n’avait souffert
ni ne souffrirait des épreuves d’auto-tortures qu’il s’affligea à lui-même et
que sans crainte de se tromper cela ne lui avait pas permis d’atteindre
l’illumination. Ainsi,
Gautama abandonna ces pratiques et décida de s’efforcer dès lors de ne vivre
ni à un extrême ni à un autre, alors il comprit la signification profonde du Chemin
du Milieu. Il rejeta ce chemin où la vie le fit arriver au milieu d’un
somptueux palais et où la vie le mena à de sévères pratiques ascétiques alors
que ces deux formes appartenaient au dualisme. Le chemin du milieu est
l’équilibre qui nous conduit fermement à la libération. Après avoir pratiqué
les plus sévères austérités de son époque sans atteindre pour autant
l’illumination, Sakyamuni se résolut à abandonner ces pratiques. Il commença
par récupérer ses forces si gravement atteintes par les souffrances des
privations. Les sculptures bouddhistes représentaient Sakyamuni à cette
époque complètement amaigri. D’après la légende, Gautama alla se baigner dans
la rivière pour se laver de toutes les saletés qu’avait accumulé son corps et
commença par manger d’abord du riz et à s’alimenter chaque fois mieux,
jusqu’à la récupération totale. Il laissa la forêt et, les disciples qui le
suivaient, l’abandonnèrent en l’accusant d’avoir dévié et de s’être épris de
la vie facile. Avec la ferme intention de trouver la racine de toute
souffrance, il s’assit au pied d’un figuier Banian, le figuier hindou, décida
de ne plus se lever de cet endroit, tant que ne tomberait pas la peau et la
chair de son corps, tant qu’il ne trouverait pas la solution ; la découverte
de la réalité ultime de toute chose. De sorte que Sakyamuni demeura assis sur
la plage à l’ombre de l’arbre, résolu à trouver ainsi l’illumination.
Après
avoir réussi une complète domination des quatre degrés de Dhyana, il alla à
la découverte de l’origine de toute souffrance. Et on dit qu’en cette
nuit-là, il se souvient de sa première, seconde et troisième vie et ainsi il
se souvint des milliers d’existences en d’innombrables Aéons et il sut quel
genre de mort il avait eu dans une vie et dans une autre, et quel genre de
vie, qu’elles soient joyeuses ou malheureuses. Cela, il le vit, il
l’expérimenta vivement avec l’œil de la sagesse complètement ouvert. Les
enseignements du Bouddha nous parlent des six règnes par lesquels l’âme passe
de l’un à l’autre sans atteindre la libération finale... Ensuite, dans la
seconde partie de la nuit, il vit le monde entier et il vit la mort et la
renaissance de toutes les créatures qui naissent et meurent selon ses actions
accumulées ou karma. Ces êtres dont les actes étaient condamnables passaient
par une période de misère, ceux dont les actions avaient été bonnes,
gagnaient un lieu dans le triple ciel. À ce moment, il comprit la loi du
karma qui gouverne l’univers. Dans la troisième partie de la nuit, vint la
vérité ultime: Les douze causes de l’Éternel retour, qui sont la
véritable cause de l’origine de toute souffrance. Il comprit les quatre
Saintes Vérités et la façon de demeurer au-delà de l’aspect transitoire et de
l’impermanence de toute chose, qui est le noble et l’octuple sentier. Ainsi, Gautama se convertit en Bouddha. Et tout ce qui arriva en cette nuit-là, fut la base de tout son enseignement à ses disciples. Ayant trouvé l’origine de toute souffrance, il se proposa de la diffuser à toute personne réceptive de ces temps, des gens, d’autre part, très avancés spirituellement et pouvant atteindre l’illumination momentanément, simplement en écoutant ses révélations de façon claire et simple. Tous ces enseignements, il les nomma: La roue du Dharma ou la Loi. Puisque, qui arrive au bout, parviendra à faire Un avec la loi et avec le Père, étant bien au-delà des naissances et des morts, des plaisirs et des souffrances, sans égos, sans attachements, sans désirs. Il atteignit enfin la Béatitude, l’état de Bouddha. |
coomaraswamy - la signification de la
mort « meurs avant que tu ne meurEs » |
a.k. coomaraswamy |
Edition
Arché |
2001 |
Qui
est Satan ? Où est l’enfer ? Que devenons-nous après la mort ?
Des débuts de pistes sont ici présentés à partir de textes hindous,
platoniciens et néo-platoniciens. Ceci est important si on veut évoluer dans
des degrés de connaissance en vue de sa libération définitive. Que devenons-nous après la mort ? ». La réponse à cette question
dépend de ce que l'entend par "nous". Précisément, la
Tradition considère en "nous" une nature céleste,
spirituelle, immortelle et une nature terrestre, corporelle, mortelle. La
nature céleste peut être comparée à l'Intellect-Roi impassible qui se tient
dans un char dont, normalement, la nature terrestre figurée par la Raison
devrait maîtriser la fouge passionnelle des chevaux. En fait, actuellement,
par suite de la Chute originelle et du devenir centrifuge de l'humanité, les
puissances individuelles de l'être humain sont insoumises, voire rebelles à
leur Seigneur et à leur Guide. Toutefois, l'état primordial peut être rétabli, virtuellement sinon
réellement, moyennant une régénération et une initiation, permettant de
parcourir, en partie ou en totalité, la Voie des Ancêtres ou la Voie des
Dieux dans le but de parvenir à l'ensevelissement final dans l'Océan de la
Possibilité infinie. Dans ces conditions, on prend conscience de la
complexité des diverses situations à envisager pour caractériser le devenir
posthume de ce "nous" impliqué dans la question ci-dessus. Les études de ce recueil s'appuient sur les écrits hindous,
platoniciens et néoplatoniciens pour élucider cette question de
"psychologie traditionnelle». Celle-ci a, en effet, une importance
capitale pour l'homme et son évolution posthume selon les degrés de
connaissance qu'il aura acquis, et les étapes qu'il aura atteintes dans son
"voyage divin" en vue de sa libération définitive. Au sommaire de cet ouvrage : Sur la psychologie, ou plutôt la pneumatologie dans l’Inde et
dans la Tradition - Qui est Satan et où est
l’enger ? - La signification de la
mort - « Socrate est vieux »
implique-t-il « Socrate est ? »
- Mahâ Purusha comme « Suprême
identité » - Les aspects
Bhakta de la doctrine de l’Atman - Le
Déluge dans la tradition hindoue - |
coomaraswamy -
une nouvelle approche des vedas |
a.k. coomaraswamy |
Edition
Arché |
1994 |
C’est
un essai de traduction et d’exégèse que nous propose l’auteur. Grâce à René
Guénon, A.K.C. reçut et accepta l’idée d’une vérité métaphysique universelle
et unique. Il fait des rapprochements entre les écritures védiques et le
christianisme, réservant une place de choix à Maître Eckhart, Dante, Boehme,
St Thomas, St Augustin, le Taoisme et l’Islam. À un ami chrétien tenté par la
« mode » de l’Inde, il répond « Pourquoi chercher la
sagesse en Inde ? La valeur pour
vous de la tradition orientale n’est pas celle de la différence mais le fait
qu’elle peut vous rappeler ce que vous avez oublié ». Les Hindouistes n’ont pas de Livre
Sacré comme la Bible pour les Chrétiens ou la Thora pour les juifs. Les
hindouistes ont des « textes sacrés » appelés « Védas »
qui furent rédigés par la communauté Indo-aryenne il y a des milliers
d’années. Les Védas sont les plus anciens textes religieux au monde. Ils sont
à l’origine du Védisme, religion mère de l’hindouisme ainsi que de la
philosophie Vedanta. Les idées exprimées dans les Vedas furent tout
d’abord transmises oralement de père en fils puis de professeur à
disciple ; Ces enseignements oraux dateraient du 16ème siècle avant J.C.
et s’étendraient avec l’apparition de l’écriture de 5000 à 1500 avant J.C.
Pour les hindouistes, les Védas sont les témoins de la fondation et de
l’évolution spirituelle du monde, ils constituent un corps de référence pour
tous les hindous.
|
COOMARASWAMY -
l’Arbre inversÉ |
Amanda
K. coomaraswamy
Traduction G. LECONTE
|
Edition
Arché Milan |
1998 |
||
« Si tu veux croire au Pouvoir qui agit au sein de
la racine de la plante ou que tu imagines la racine enfouie sous terre, tu
dois penser à sa tige ou son tronc, et à ses feuilles et ses fleurs. Tu ne
peux imaginer ce Pouvoir indépendamment de ces objets. La vie ne peut être
connue que par l'Arbre de Vie ... » (Préceptes du Yoga). L'idée de
l'Unité Absolue serait totalement rompue dans notre conception, si
nous n'avions pas quelque chose de concret devant nos yeux pour contenir
cette Unité. Et le divin étant absolu, doit être omniprésent ; ainsi tout
atome ne peut que LE contenir en lui-même. Les racines, le tronc et ses
nombreuses branches constituent trois objets distincts, cependant ils sont un
seul arbre. » Ainsi, au début de leur existence
conjointe en tant que symbole de l'Être Immortel, l'Arbre et le Serpent
étaient en fait des représentations de l'imagerie divine. L'arbre était
inversé, et les racines prenaient naissance au Ciel et se développaient à
partir de la Racine sans Racine du tout-être. Le tronc crût et se développa
en traversant les plans du Plérome, il projeta latéralement ses
branches luxuriantes, tout d'abord sur le plan de la matière à peine
différenciée, puis vers le bas jusqu'à ce qu'elles touchent le plan
terrestre. Ainsi, l'Ashvattha, l'arbre de Vie et de l'Être, dont la
destruction seule conduit à l'immortalité, est dit dans la Bhagavad Gîtâ
(chapitre XV, v. 1)) croître avec ses racines en haut et ses branches en bas.
Les racines représentent l'Être Suprême, ou la Cause Première, le Logos; mais
il faut aller au-delà de ces racines pour s'unir à Krishna qui est,
comme le dit Arjuna (chapitre XI, v. 37) « supérieur à Brahman, et la
Cause Première... l'indestructible, ce qui est, qui n'est pas, et qui est
au-delà d'eux ». . |
coOMARASWAMY
- HINDOUISME ET
BOUDDHISME |
Ananda K. Coomaraswamy |
Edition
Folio |
2005 |
Fils d'un juriste d'origine indienne et d'une
Anglaise, Ananda K. Coomaraswamy naquit à Colombo (Sri Lanka), le 22 août
1877. Il fit ses études en Angleterre et se tourna d'abord vers les sciences:
en 1903, il fut nommé directeur des recherches minéralogiques de l'île de
Ceylan. Bientôt cependant il consacra ses efforts à créer un mouvement pour
la constitution dans l'Inde d'un enseignement national. Déçu par l'action
politique, il se spécialisa finalement dans les questions d'art. En 1911, il
dirigeait la section artistique des United Provinces Exhibits à
Allahabad. Pendant la Première Guerre mondiale, il fut appelé au Muséum of
Fine Arts de Boston pour faire partie du personnel scientifique; et il
resta jusqu'à la fin de sa vie dans cet institut, où il était spécialement
chargé du département des arts de l'Islam et du Moyen-Orient. Il projetait de
rentrer en Inde et commençait à s'y préparer lorsqu'il mourut subitement le 9
septembre 1947. Sa puissance de travail et d'assimilation
était prodigieuse. Il savait une dizaine de langues, peut-être davantage: un
des premiers travaux de ce Cinghalais fut une traduction anglaise de la Völuspa,
faite d'après le texte islandais de la plus ancienne version de l'Edda. Son oeuvre est considérable et répartie dans
une quarantaine d'ouvrages et plusieurs centaines d'articles, ceux-ci ayant
été publiés dans de nombreuses revues d'Amérique, d'Inde et d'Europe. L'art
de l'Inde y tient la première place. En français furent publiés Les
Sculptures çivaïtes (en collaboration avec A. Rodin, E. B. Havel et V.
Goloubew, 1921), La Danse de Shiva (1924), Les Arts et Métiers de
l'Inde et de Ceylan (1924), Pour comprendre l'art hindou (1926), Les
Miniatures orientales de la collection Goloubew (1929), La Sculpture
de Bodhgayâ (1935). Son principal ouvrage dans le domaine de l'art
demeure ses Eléments of Buddhist Iconography (1935), où
l'interprétation symbolique de l'art bouddhique tient la plus grande place. On ne peut, en effet, s'occuper d'art
oriental sans se poser la question du sens de ses formes. Et, pour y
répondre, il faut connaître les "mythes" et les Écritures.
L'interprétation directe des textes védiques et bouddhiques devint un des
sujets d'étude de Coomaraswamy et prit, à partir de son travail A New
Approach to the Vedas (1933), une place croissante dans son oeuvre. Bien qu'il ait traité d'un très grand nombre
de sujets, peut-être son souvenir restera-t-il plus particulièrement attaché
au thème des Dieux et des Titans, à celui de l'Arbre renversé, auquel il a
consacré une magnifique étude, enfin à celui du "Soi" et de la
transmigration. Ce dernier sujet lui a fourni, comme on le sait, l'occasion
de rétablir la véritable signification du Bouddhisme originel, qui avait été
dénaturée par les orientalistes. Les principales conclusions de ses
recherches ont été réunies dans Hindouisme et Bouddhisme (1943), grand
classique de la "Philosophia Perennis" qui reste comme son
testament intellectuel. Tous les deux ayant vu le jour en Inde, la
doctrine de Bouddha est une remise en question de l’Hindouisme à qui
elle reproche une iconographie déconcertante avec ses milliers de dieux. En
effet, Bouddha ne reconnaît aucun dieu à qui s’adresser pour implorer un
quelconque pardon ou pour obtenir le salut. L’homme est le seul maître de son
destin. Par ailleurs, les bouddhistes évitent de se perdre dans les
spéculations sur l’origine du monde, ignorant ainsi tout concept d’un dieu
créateur, contrairement aux hindous qui ont leur Brahma considéré comme le
premier créé et source de toute chose. La réincarnation : S’ils
partagent le même idéal qui est la libération de l’homme du cycle des
réincarnations, le Bouddhisme et l’Hindouisme n’en n’ont pas la même
conception. Le premier renie l’existence d’une âme passant d’un corps à
l’autre à travers la réincarnation de par le principe d’impermanence, ce que
les hindous proclament. D’autres différences mineures peuvent séparer les
deux courants, comme le système de castes inhérent à l’Hindouisme,
mais qui est totalement ignoré du Bouddhisme. Il en va de même de la langue :
le Vepa constituant les écritures sacrées hindouistes est rédigé en sanskrit,
à l’inverse du Tripitaka des bouddhistes, qui lui est écrit essentiellement
en pali. Et l’on se demande pourquoi l’Hindouisme, qui est reconnue
comme la plus vieille religion du monde, malgré ses 750 millions d’adeptes,
ne connaît pas la même popularité en Occident que celle du Bouddhisme qui y
continue actuellement de faire de plus en plus d’adeptes. |
coomaraswamy -
LA DANsE DE ÇIVA -
14 ESSAIS SUR L’INDE - |
Ananda
K. Coomaraswamy |
Edition
L’Harmattan |
2000 |
||
Parmi
les voies de transformation de l'être humain, le Yoga groupe un ensemble de
méthodes élaborées sur le sol indien au fil des millénaires. On ne s'étonnera
donc pas que Shiva soit la divinité d'élection des Yogi, puisque les
pratiquants du Yoga visent une transformation radicale de leur être pour
atteindre la fusion avec le plan divin (samadhi). Bien entendu, on ne pense
pas ici aux formes "allégées" de Yoga que proposent la grande
majorité des écoles de Yoga en Occident car elles ne transforment pas
grand-chose. Au demeurant, le voudraient-elles qu'elles n'y parviendraient
pas car les élèves baignent dans un environnement social, culturel, familial,
etc. qui les lie... En un sens, c'est heureux, car ils ne sont pas prêts,
sinon à être bernés par des sectes... Les
aspects, les formes de Shiva apparaissent soit bienveillantes, soit sévères
selon la fonction qu'elles assument. Les formes sévères, qualifiées aussi de
terribles, invitent aux changements, dissipent l'ignorance, détruisent ce qui
est mauvais, ce qu'en langage imagé l'on nomme les démons. Ces formes sont
regroupées sous le nom de Rudra. C'est pourquoi Shiva est le dieu des champs
de bataille, des champs de crémation, des carrefours dangereux. Il y est
souvent accompagné de démons, d'esprits malfaisants et de fantômes. Shiva
est "Celui qui est bon", ou encore "le Seigneur qui prête
chance". Shiva-Rudra est Celui qui détruit le démon et la tristesse.
Shiva-Shankara est le témoin de ce qui est bon. Shiva est
"tri-netra", c'est à dire "le Seigneur aux trois yeux"
pour voir l'Invisible. Il est aussi "Nila Kantha", "le
Seigneur au cou bleu", en référence à la légende rapportant qu’il aurait
bu le poison pour sauver le monde de la destruction. Shiva-Nâtarâja est le
danseur cosmique et Shiva-Ardhanarîshvara est simultanément masculin et
féminin (androgyne). Il est à la fois statique et dynamique, à la fois
créateur et destructeur. Il est le plus vieux et le plus jeune, il est la
jeunesse éternelle et le jeune enfant. Il est source de fertilité pour tous
les êtres vivants. Shiva est le plus grand des renonçant, mais il est
également l'amant idéal. Il accorde prospérité à ses adorateurs bien qu'il
soit Lui-même austère. Il est omniprésent et réside en chacun en tant que
Pure Conscience. Pour résumer, on dira que Shiva assume trois aspects, trois
grandes fonctions : Shiva
est le Maître du Yoga, profondément plongé dans une méditation continue. De
par son immobilité et sa concentration parfaite, il prépare les changements,
les transformations du Monde et de l’homme. Shiva
est le Roi de la Danse, le Natarâja qui anime, transforme et détruit le Monde
Shiva
est le Grand Dieu, la Conscience Suprême, inséparable de Shakti-Pârvatî, la
fille de Himavân-Haimavati. Il n'est point de Shiva sans Shakti et point de
Shakti sans Shiva. Au
sommaire de cet ouvrage : 1e essai : L’apport de l’Inde au bonheur
de l’humanité - 2e essai : Conception Hindoue de l’Art :
Histoire de l’esthétique - 3e essai : Conception hindoue de l’Art :
Théorie de la beauté - 4e essai : La beauté est un état de
l’âme - 5e essai : Les primitifs
bouddhiques - 6e essai : La danse de Çiva
- 7e essai : Images indiennes à plusieurs
bras - 8e essai : La musique
indienne - 9e essai : Position de la femme aux
Indes - 10e essai : Sahaja 11e essai : Fraternité
intellectuelle - 12e essai : Nietzsche d’un point de vue
cosmopolite - 13e essai : La jeune
Inde - 14e essai : Individualité, autonomie et
fonction - |
coomaraswamy - LA PORTE DU CIEL – ESSAI SUR LA mḖtaphysique DE L’ARCHITECTURE TRADITIONNELLE |
a.k. coomaraswamy |
Edition
Dervy |
2008 |
Cette
anthologie réunit, pour la première fois dans leur version intégrale et pour
la plupart inédits en français, les essais majeurs de l'historien d'art et
métaphysicien, Ananda Coomaraswamy, sur le symbolisme et l'architecture
sacrée aussi bien en Orient que dans l'Occident médiéval. Centrés autour d'un
thème essentiel, la Porte du Soleil ou Porte du Ciel, qui permet à l'être de
sortir du cosmos et d'accéder à la connaissance divine, et fruits de plus de
trente années de recherches, entreprises en Inde puis aux Etats-Unis, alors
qu'il animait à Boston le premier département d'art oriental constitué sur le
sol américain, ces articles présentent une synthèse sans précédent révélant
l'unité fondamentale des traditions aussi bien que leur permanente actualité.
Utilisant
une information considérable couvrant les principales traditions révélées (et
tout particulièrement l'hindouisme, le bouddhisme et le christianisme) mais
aussi le folklore mondial, l'auteur dégage les principes, les symboles et les
mythes essentiels qui, partout, ont présidé à l'édification des temples dans
les civilisations traditionnelles. Il montre comment ceux-ci se sont
articulés avec la vie spirituelle de l'humanité depuis ses origines à nos
jours et quelle perte leur abandon constitue pour l'humanité. Préfacé par le
professeur Adrian Snodgrass, spécialiste de renommée internationale en
architecture et histoire de l'art oriental, cet ouvrage érudit est une
véritable ouverture à cette " pensée symbolique " qui précède le
langage et la raison discursive et qui se retrouve un peu partout sur notre
globe. Comme
pour l’art en général, l’Inde, c’est tout d’abord une grande diversité
géographique : de la montagne à la plaine alluvienne, du Nord au Sud, du
désert à la forêt tropicale etc., mais aussi ethnique, linguistique et
politique. Il n’en existe pas moins une réelle entité culturelle originale
sur fond religieux védique pour l’ensemble de la civilisation indienne
traditionnelle, avec le même substrat pour les 3 religions principales :
bouddhisme, hindouisme et jaïnisme. La culture musulmane n’est restée qu’à la
périphérie et n’a jamais réussi à occulter ces anciennes traditions
brahmaniques. L’art civil semble ne pas avoir joué un rôle majeur, bien
qu’il y ait des règles d’implantation et d’architecture concernant les
villes, les édifices publics et les maisons individuelles ou foyers, et
notamment l’art du Vastu Shastra, ancêtre du Feng Shui, que nous
aborderons ultérieurement. L’omniprésence du sacré, intimement lié à la
plupart des actes de la vie publique et privée, sous-tend non seulement la
plupart de ces actes mais aussi tout le domaine artistique. Les
textes religieux inspirent
à la fois une iconographie, exposent les procédés, les thèmes des diverses
techniques, systématisent les données esthétiques selon les catégories
particulières de la logique indienne, codifient les nombreuses spéculations
liées à l’image ou à l’édifice sacrés. Leur exécution doit faire avancer sur
la voie du salut aussi bien le commanditaire que l’artisan ; la
fabrication de l’œuvre est considérée comme une cérémonie religieuse en soi,
incluse dans un rituel plus ou moins complexe dont nombre d’éléments
remontent à l’époque védique. L’artisan ne cherche pas à faire œuvre
originale, il doit au contraire se conformer au canon établi. Un même thème
pourra se conserver durant des siècles. L’innovation n’étant pas le but
recherché, la notion d’évolution telle qu’on la comprend en occident ne peut
être appliquée. Sa variété s’explique par d’autres facteurs.Un même motif
sera interprété différemment dans le temps et l’espace. Même incompris, il ne
disparaîtra pas et sera conservé à titre décoratif, des éléments nouveaux
venant alors prendre la première place. De ce fait, il est difficile de dater
avec précision la plupart des œuvres et monuments. A
une certaine époque, il est presque impossible de faire la différence entre
des œuvres bouddhiques et celles inspirées par l’hindouisme. Seul l’art Jaïn se
démarque par ses propres traditions esthétiques un peu en marge des grands
courants. Des rites complexes règlent l’édification des monuments religieux,
le choix du terrain et des matériaux, l’orientation de la construction. La
date du début de chantier, les phases successives de la construction et la
consécration obéissent à des prescriptions minutieuses qui trouvent leur
origine dans les textes décrivant l’érection de l’autel védique. Les
conceptions qui président à l’élaboration du temple hindou sont sur ce point
caractéristique : étroitesse des volumes intérieurs des bâtiments qui,
souvent, contrastent avec leurs dimensions extérieures parfois démesurées. Le
cœur du temple est en effet une simple Cella (garbhagriha) carrée, qui
abrite l’image de la divinité ou l’un de ses symboles. Cette pièce n’est
accessible qu’aux seuls brahmanes. Elle est précédée, dans la plupart des
cas, d’un pavillon (mandapa) hypostyle, parfois dédoublé, et d’un vestibule.
Ces différentes parties sont nettement visibles de l’extérieur et donnent au
temple hindou une rigueur de composition particulière qui s’oppose à l’aspect
foisonnant de son décor. Le
temple est la demeure du dieu par excellence. Bâti comme tel, il est le lieu
privilégié de contact entre les mondes humain et divin. Il est donc considéré
comme axe du monde. On comparera les diverses parties de son élévation aux
membres d’un personnage cosmique (purusha). Façades et toitures
évoquent les formes que l’on prête aux palais célestes ou aux montagnes
mythiques où demeurent les dieux. A l’opposé de nombre d’édifices
occidentaux, un tel monument n’est pas fait pour recevoir la foule des
dévots. Les indiens n’ont donc pas été confrontés au délicat problème de
couvrir de vastes espaces. Ils s’en sont tenus à une technique assez fruste.
Des voûtes à encorbellement reposent sur des murs très épais qui renforcent
encore l’aspect massif des constructions. Des pièces de décharge, accessibles
par des trappes de pierre, occupent l’intérieur des toitures colossales et
évitent une surcharge de poids. Ce contraste entre les volumes extérieurs et
intérieurs, l’existence de nombreux monuments rupestres entièrement taillés
dans le roc, l’exiguïté des ouvertures dans la plupart des styles, la
multiplication des redans et de modénatures (modénature :
l'ensemble des moulures qui ornent une partie d'un monument ou l'ordre qui le
caractérise), donnent souvent à ces architectures l’aspect de sculptures
gigantesques. |
coomaraswamy - LA
THḖORIE MḖDIḖVALE DE LA BEAUTḖ - |
a.k. coomaraswamy |
Edition
Arché |
1997 |
|
Dans
un article de 1944, consacré à la doctrine de la réminiscence en Inde et dans
le platonisme, Coomaraswamy écrivait qu’elle « correspond, dans la même
Philosophie Pérenne, à la doctrine selon laquelle la beauté est telle par sa
participation à la Beauté, et que tout être participe à l’Être absolu. »
Coomaraswamy conçoit ainsi la beauté, sur un mode platonicien, comme la
participation à une Réalité transcendante, à un archétype, de la même manière
que les symboles renvoient à un référent qui transcende le plan matériel du
signe. Il s’est également inspiré de cette définition indienne tirée du Sâhita
Darpaṇa (I, 3) : « L’art est l’expression informée par la beauté
idéale. » À ce principe théorique et philosophique, Coomaraswamy fait
correspondre une exigence esthétique exprimée en termes généraux et dans des
analyses peu différenciées : un art ne doit pas être naturaliste, quels que
soient ses modes de stylisation. Ainsi, les arts indien, chinois, gothique,
égyptien, grec archaïque ou « primitif » forment un art idéaliste, reflétant
une réalité harmonique transcendantale, alors que l’art grec hellénistique et
l’art romain, les bouddhas gréco-bouddhiques du Gandhara, l’art occidental à
partir de Raphaël et de Michel-Ange, et le naturalisme contemporain, forment
un art qui n’expriment plus, selon lui, une relation pour ainsi dire
archétypique à la beauté.
En
1937, Coomaraswamy accorde également une prééminence au symbolisme
représenté, et non à l’esthétique de la représentation, voulant par là même
contrer le parti pris d’un jugement esthétisant selon lui déformant et
réducteur : « l’élément le plus significatif d’une oeuvre d’art est celui qui
peut persister, et souvent persiste, durant des millénaires, et le moins
significatif consiste en des variations accidentelles de style grâce
auxquelles nous sommes en mesure de dater une oeuvre donnée, ou même en
certains cas de l’attribuer à un artiste connu. » Récusant l’accusation
selon laquelle le spécialiste de l’iconographie et du symbolisme ajoute « des
significations à des emblèmes donnés », il écrit que, au contraire, « le pur
esthète et anthropologue “enlève” des significations à ces emblèmes, et de
cette façon les dénature. » En d’autres termes, les variables
esthétiques comptent moins, pour lui, que le sens iconographique donné aux
oeuvres par le symbole. Par ailleurs, son discours sur la Beauté se présente
comme une métaphysique générale, dont on peut remarquer la complexité et la
richesse, mais dont il faut noter le peu de connexion qu’elle a, le plus
souvent, avec les expressions artistiques. En
général, écrit-il également, on estime que le vrai critique est capable de
distinguer les belles oeuvres ou les oeuvres de génie de celles qui ne le
sont pas, Plus loin, il écrit que la question de la beauté et de la laideur
est une question d’adéquation entre le thème et l’expression : « “plus” ou
“moins” beau sont des mots impliquant une correspondance plus ou moins grande
entre le fond et la forme ; et c’est tout ce que nous pouvons dire de l’objet
comme tel ; en d’autres termes, cet art est bon, qui est bon dans son genre.
» Poursuivant sur le rôle de l’artiste, il affirme que ce dernier ne doit pas
viser à la Beauté, ce qui est voué à l’échec et s’apparente à « vouloir voler
sans ailes ». La vision du beau est « un état de grâce qui ne peut être
atteint par un effort conscient », elle est un acte d’amour dont le secret
est « l’oubli du moi » : « le concept de beauté a pris naissance chez le
philosophe, non chez l’artiste » Aussi, le but de l’artiste est-il de révéler
et de nous rappeler la beauté, partout où elle se trouve. Cette beauté est
indépendante du sujet de l’oeuvre, qui peut être neuf ou ancien, et elle ne
comporte pas de degrés, car, simple ou complexe, une expression « nous
remémore un seul et même état. » Et dans toute beauté se révèle en définitive
le Divin, beauté absolue.
Au sommaire de cet ouvrage : Denys l’Aréopagite
- Ulrich Engelbert de
Pulchro - Saint Thomas
d’Aquin « Du divin Beau et comment il est attribué à Dieu »
- Commentaire de Coomaraswamy sur le tria requiruntur - |
COOMARASWAMY - SUIS-JE
LE GARDIEN DE MON FRÈRE ? |
ANANDA.
K. COOMARASWAMY |
Edition
PARDḔS |
1979 |
||
A une époque où l’on parle tant, à tort et à travers,
de société multiraciale et multiculturelle, cette partie de l’œuvre de
Coomaraswamy reste encore, par divers côtés, et malgré la marche sans cesse
plus rapide du monde moderne, d’une surprenante actualité. Dans le récit biblique (Genèse 4,9), la
question est posée par un meurtrier, Caïn, qui vient de tuer son frère Abel,
par jalousie. S'il énonce une question, c'est pour éviter de répondre à une
question. Il n'est donc pas complètement anodin de nous inviter à réfléchir
sur la question telle qu'elle est posée par le meurtrier, et non sur celle,
très large, que lui a posé Dieu: ‘’Où est mon frère ?’’ Il n'est pas impossible que lorsqu'on vient
de tuer son frère, on puisse avoir un raisonnement un peu faussé. Ayant
refusé de répondre à la question, Caïn se trouve confronté à une nouvelle
interrogation, car Dieu lui demande alors "Qu'’as-tu fait de ton
frère ?’’ ", une question qui souligne que ce frère est devenu un
objet dont on peut faire quelque chose, le tuer par exemple; une question qui
suggère que chacun a une responsabilité à l'égard de son frère, au moins
celle de ne pas en faire un objet. Mais la formulation "Suis-je le
gardien de mon frère?" ignore la responsabilité éthique à l'égard de
l'autre pour se limiter à une sorte de supposition impossible: nous ne sommes
pas là pour nous surveiller mutuellement, nous ne sommes évidemment pas les
gardiens les uns des autres. "Où
est ton frère?" était une question très ouverte, pouvant entraîner des
réponses complexes, à des niveaux différents, alors que "Suis-je le
gardien de mon frère?" est une fausse question, une question dont la
réponse est évidente, une question qui ne risque pas de susciter de
changement. En éthique, l'évidence est toujours un piège. De même que
quelques lignes plus haut, le serpent avait perverti l'interdit hautement
symbolique: "Tu ne mangeras pas d'un seul arbre, mais tu peux manger de
tous les autres" en l'insupportable "tu ne mangeras d'aucun arbre
du jardin", interdit de vivre qu'il fallait évidemment transgresser, de
même ici le meurtrier tord le discours pour ridiculiser l'interlocuteur, et
fuir la responsabilité. Pourtant, il me semble qu'aujourd'hui, nous
sommes assez volontiers du côté de la question telle qu'elle est posée par le
meurtrier, nous appuyant sur notre attachement et pour récuser toute
forme de responsabilité à l'égard du frère, de sa personne comme de ses
comportements. Sous prétexte de préserver cette liberté individuelle, la
question est posée de façon à ce que la réponse soit évidente. Mon frère
n'étant pas un animal, ni un prisonnier, je n'en suis pas le gardien. Et si
je n'en suis pas le gardien, cela peut signifier que je n'ai absolument rien
à dire sur ses comportements. Mais si nous tentons d'écouter la question
première, la question à laquelle notre question est une non-réponse, nous
sommes mis en demeure d'entendre l'appel à la responsabilité: "Où est
ton frère ?" Nous ne sommes pas responsables des comportements d'autrui,
nous ne devons pas lui imposer notre système de valeur? Oui, sans doute, mais
nous ne pouvons pas non plus faire comme s'il n'existait pas, comme s'il
était totalement en dehors du lieu où nous sommes. Il peut agir comme bon lui semble; mais ne
sommes-nous pas responsables des conditions dans lesquels il agit, ou à cause
desquelles il ne peut agir? Ne sommes-nous pas partie prenante de ce qui a
fait de lui un objet soumis à la violence? Paul Ricoeur nous a appris que nous
participons non seulement à ce qui constitue son milieu de vie, et d'action,
mais aussi, plus profondément, à ce qui constitue son estime de lui-même et
donc sa capacité d'agir. Se contenter de rappeler la liberté individuelle
peut alors être une formidable façon de porter un déni sur cette part de
responsabilité mutuelle que nous portons. Je ne suis pas responsable de ce
que fait mon frère, mais je porte une part de responsabilité dans la
conscience qu'il a de ce qu'il peut faire, de ce qu'il est capable de faire. Au sommaire de cet
ouvrage : Suis-je le gardien de
mon frère ? - L’illusion de
l’instruction - Des chemins qui conduisent au même
sommet - Sagesse orientale et savoir
occidental - Orient et
Occident - Paternité spirituelle et
‘’puppet complex’’ -
Gradation, évolution et réincarnation -
L’illusion de la démocratie, de la liberté et de l’égalité
- |
CORBIN - AVICENNE ET LE RÉCIT
VISIONNAIRE |
Henri CORBIN |
Edition VERDIER |
1999 |
Philosophe, germaniste, iranologue, arabisant, Henry Corbin mena l’existence remplie d’un chercheur laborieux, d’un découvreur et d’un penseur aussi inspiré qu’érudit. Elaboré à l’occasion du millénaire d’Avicenne, cet ouvrage est d’abord l’édition et la traduction de trois récits avicenniens qui déploient la perspective mystique où se parachève l’œuvre du grand penseur iranien. Henry Corbin (1903-1978) a procédé à cette édition en la soumettant à l’épreuve du commentaire, il met en lumière, pour la première fois, l’angélologie d’Avicenne, où se transmue en termes mystiques la doctrine des intelligences et des ames célestes. Cette élucidation lui permet de montrer comment Avicenne procède à l’élaboration d’une doctrine du pèlerinage de l’âme humaine vers son ange personnel, doctrine par laquelle Avicenne entre en consonance avec diverses traditions gnostiques qui appartiennent au domaine de l’islam. Ces traditions à leur tour, renvient aux gnoses des religions du Livre, ou à la gnose manichéenne. L’ouvrage d’Henry Corbin s’amplifie ainsi au point de traiter du problème plus vaste posé à la science des religions : quel est le sujet de l’expérience visionnaire ? Celle-ci passe par les voies du mode imaginal, thème cher à Corbin et dont le présent ouvrage offre une première thématisation et une explication.
Deuxième partie : Le récit de Havy ibn Yaqzan : Rencontre avec l’ange - la salutation - le nom et la personne de l’ange - La physiognomonie - les deux voies de l’âme - Les trois mauvais compagnons de l’âme - les conditions du voyage - L’Orient et l’Occident de l’univers - la source de vie - Les Ténèbres aux abords du pole - Le climat de la matière terrestre et céleste - Les sphères célestes - Le royaume de l’âme - Les démons de l’âme - les génies de l’âme - Les anges terrestres - |
CORBIN - CORPS SPIRITUELS ET TERRES CÉLESTES - DE L’IRAN MAZDÉEN à L’IRAN CHIITE |
Henri CORBIN |
Edition BUCHET- CHASTEL |
1979 |
Dans
cet ouvrage, l’auteur s’est attaché à montrer la voie menant, par un thème
précis, de l’Iran mazdéen à l’Iran islamique. La méthode de l’auteur,
attentif aux intentions et aux structures, est essentiellement
phénoménologique, progresser d’un niveau de signification à un autre, c’est
faire tout autre chose en effet que de passer simplement d’une date à une
autre.
|
corbin henry – SA VIE - SON œuvre
- |
Cahiers
de l’Herne |
Edition de l’Herne |
1981 |
Henry
Corbin fut un immense philosophe et métaphysicien, qui rapprocha l’Orient et l’Occident,
en traduisant et faisant connaitre les plus grands textes de la mystique
arabe. Cet
ouvrage important, grand format de 360 pages, donne un condensé de sa
bio-bibliographie, avec des articles d’écrivains, de philosophes et de
spiritualistes de tous bords, qui rendent hommage à Henry Corbin. Au sommaire de ce condensé de la vie et de l’œuvre de
Corbin : Les cités emblématiques - de Heidegger à
Sohrawardi - Post-scriptum à un entretien philosophique
- Transcendantal et Existentiel - Théologie au bord du
lac - La philosophie « Orientale » - Pages
du journal par Mircea Eliade - Un philosophe en quête d’Orient
par Jean Brun - Une lampe brulant avec l’huile d’un olivier, par
Daryush Shayegan - Le sens du Taawil par Nasser Assar
- Imago Magia - Philosophie angélique par Christian
Jambert - Au nom de Dieu le Très Haut - L’histoire
comme nuit de Walpurgis par Guy Lardreau - Sur le paradoxe
du monothéisme par Miller - Vers l’Imam caché - La prophétologie
ismaélienne et duodécimaine - Manichéisme et religion de la
Beauté - Du sens musical de la musique persane -
Mystique de l’humour - Henry Corbin, théologien protestant par Ricgard
Stauffer - Aesthetica in nuce par Hamman - Orient et Occident - Le social et le cosmique par
Jacques Berque - Ibn’Arabî et la prophétique shiite par Stephane
Ruspoli - Verus propheta par Luigi Cirillo - Le temps
d’Eranos - De l’Iran à Eranos - A Olga
Frobe-Kapteyn - La reconquête de l’imaginal - Le
Soufi et le Fai par Jean Paul Charny - Souvenirs - Henry Corbin en Iran par Jean
Soler - Souvenirs - A Téhéran -
Evocations - Témoignages - Hérétiques de toutes les
religions - Hermann Landaulet - D de Rougemont
- Modjtehedy - Bordessoule - Diverses correspondances avec :Heidegger - Gaston Bachelard - Barruzi - G. Scholem - Mircea Eliade - Cioran - Georges Dumézil - Carl Gustav Jung - E. Ionesco - René Magritte - André Malraux - Louis Massignon - Henri Michaux - Raymond Queneau - Alain Daniélou - Etienne Souriau - Denis de Rougemont - et d’autres… |
CORBIN - EN ISLAM IRANIEN Aspects spirituels et philosophiques |
Henri CORBIN |
Edition GALLIMARD |
1971 |
||
Le phénoménologue doit donc devenir l’hôte spirituel de ceux à qui se montre cet objet et en assumer avec eux la charge. Toute considération historique, restera donc ici immanente à cet objet, sans lui imposer du dehors quelque catégorie étrangère. Collection en 4 Volumes : Volume 1 : Le Chiisme duodécimain. – Shiisme en Iran - Philosophie prophétique et religion initiatique - Le plérôme des 12 Imans - Les paradoxes affrontés par l’ismaélisme et par le shiisme duodécimain - Le combat spirituel su Shiisme - Les hiérarchies spirituelles invisibles - Le phénomène du Livre saint et son herméneutique spirituelle - Conscience historique et gnostique - Esotérisme et exotérisme - L’herméneutique - Le secret des Imans - Les quatre niveaux de l’ésotérisme - Les descentes épiphaniques du livre saint - Volume 2 : Sohrawardi et les platoniciens de Perse - La vie et le martyre - L’ascendance des théosophes orientaux - La Théosophie orientale - La sagesse hiératique - La connaissance orientale - La lumière de gloire mazdéenne et l’angélologie - La source orientale - Les visions de Kay Khosraw et de Zoroastre - Les lumières archangéliques et les idées platoniciennes - Psaume à l’archange du soleil et à la nature parfaite - La lumière de gloire et le saint Graal - Hermetica et mithriaca - Parsifal - Le récit du Graal d’un mystique khosrawani - Le récit de l’archange empourpré et la geste mystique iranienne - De la naissance de Zal à la mort d’Esfandyar - Le récit de l’exil occidental et la geste gnostique - L’histoire des gnostiques - Le gnostique à la rencontre de l’ange - Qui est l’ange personnel ? - Evangiles et actes gnostiques - Gnose mandéenne - Liturgie mithriatique - Alchimie - Gnose manichéenne et mazdéenne - Swedenborg - Le secret de la cité personnelle - La nature parfaite comme notion hermétique - Le leg spirituel sur la voie royale - La postérité orientale en Iran et en Inde - La religion de l’Eros transfiguré - La geste mystique iranienne - Volume 3 : Les Fidèles d’amour. Chiisme st soufisme. - Ruzbehan et le soufisme des Fidèles d’amour - Soufisme et quiétude de l’âme - Ruzbehan de Shiraz - L’ennuagement du cœur et l’épreuve du voile - Diarium spirituale - Le jasmin des Fidèles d’amour - Le pèlerinage intérieur - La théosophie dans la beauté - L’histoire des Fidèles d’amour - Le Tawhid - shiisme et soufisme - Haydar Amoli, théologien shiite du soufisme - Visions dans le ciel nocturne de Bagdad et du Khorassan - Un traité anonyme sur les sept sens ésotériques di Qoran - Herméneutique et typologie - L’événement éternel du livre - Du sens ésotérique de l’éclatement de la lune - les juristes et les traditionalistes - Les philosophes de l’islam - Les Péripatéticiens - Les théosophes de la lumière - Les Horoufis - Les sept organes subtils de l’homme - L’ange Gabriel - Les trois états ou corps de l’être humain - L’anthropologie mystique - Volume 4 : L’Ecole d’Ispahan et le douzième Imam - Confessions extatique de Mir Damad - Vision en la mosquée de Qomm - Exaltation dans la solitude - Cette immense clameur occulte - Molla Sadra Shirazi - Vers une métaphysique de la Résurrection - Le monde de l’imagination spirituelle et le corps de résurrection - L’imagination créatrice et sa fonction eschatologique - La triple croissance de l’être humain - Qasi Said Qommi - La ville sainte de Qomm - Théologie apophatique et imâmologie structurelle - Le récit du nuage blanc, comme récit initiatique - L’involution du temps chronologique et de l’espace sensible - En explorant la montagne du Qaf - Le prophète Salih - Le sceau de Salomon - La multitude des mondes - L’école shaykhie - La vie et l’œuvre de Shaykh Ahmad Ahsai - Le quatrième pilier - Le douzième Imam et la chevalerie spirituelle - L’hagiographie du douzième Imam - l’achèvement du Plérôme des douze - de Byzance à Samarra - Le sceau de la Walayat mohammadienne et son occultation - A temps de la grande occultation - Le sanctuaire de Jam- Karan - Le voyage à l’ile verte en mer blanche - Les iles aux cinq cités - rencontre avec le désert - la chevalerie spirituelle - Tradition abrahamique et chevalerie spirituelle - le douzième Imam et le règne du Paraclet - le guide personnel - |
corbin et le comparatisme spirituel |
|
Edition
Arche-Milan |
2000 |
Colloque
tenu à Paris en juin 1999. On y parle des textes d’Henry Corbin et de
l’alchimie spirituelle. Au sommaire de ce colloque : Pierre Roy : Henry Corbin et l’alchimie spirituelle Jean Pierre Vieillard-Baron : Temps spirituel et
hiéro-histoire selon Henry Corbin. Une phénoménologie de la conscience
psycho-cosmique – Grégoire Lacaze : La philosophie du témoignage chez
Paul Ricœur et Henry Corbin. Jean François Marquet : Swedenborg et l’exégèse visionnaire. Antoine Faivre : La question d’un ésotérisme comparé
des religions du livre. |
CORBIN
– FACE DE DIEU,
FACE DE L’HOMME - HERMENEUTIQUE
ET SOUFISME
|
Henri Corbin
|
Edition Entrelacs
|
2008
|
Henry Corbin a su
montrer au fil de ses travaux quelle était l'importance de la figure de
l'Imâm en islam iranien. Dans les articles qui composent ce recueil, il poursuit
cette mise en évidence de l'Imâm : le guide, qui est à la fois " la Face
divine montrée à l'homme et la Face que l'homme montre à Dieu ". Mais
cette exploration le conduit bien au-delà de l'Iran, car cette double figure
vient aussi interroger les autres religions, et en particulier les théologies
chrétiennes de l'Incarnation. Selon Henry Corbin, on ne peut vraiment
comprendre l'intention profonde de l'islam iranien, sans procéder à une
herméneutique comparée, impossible sans le monde " imaginal " sur
lequel l'ouverture du recueil fait ici le point de façon complète. Ainsi
pourra-t-on lire un de ses chefs-d’œuvre en ce domaine : l'éclairage mutuel
de la gnose ismaélienne et de la pensée du grand visionnaire suédois
Swedenborg. Sans déconnecter la métaphysique des sciences des religions, le
voyage nous dévoile le sens de ces philosophies prophétiques, de ces
théosophies mystiques C’est cette nécessité de se libérer de l’apparence pour
atteindre l’essentiel qui permet de comprendre la conception docétiste
chère à Henry Corbin. Le verbe grec dokeô signifie à la fois paraître,
sembler, penser, résoudre. Le dokêma c’est ce que je crois, ce qui
m’apparaît vrai, tel que je le vis. La dokêsis c’est mon opinion et dogma
dérive lui-même du verbe dokeô. Le docétisme est la connaissance
intérieure des événements. Le docétisme pratique un renversement copernicien
de la connaissance et s’apparenterait à la phénoménologie, telle que l’a
décrite Husserl dans ses « Ideen » (Gallimard) ou Raymond Abellio dans « la
Structure absolue » (Gallimard 1965). La physique des quanta [4]
en vient à la même conclusion : il n’y a pas d’événement, rien n’est extérieur.
Tout est avènement, tout est apparition unique à un spectateur unique.
Comme l’écrit Djâlal al-Dîn Rûmî : « Le passé et le futur n’existent que par
toi-même. Ils sont une même chose. Toi seul penses qu’ils sont deux. » Jung écrit au sujet de la Passion
du Christ : « Les faits historiques sont réels, certes, mais ils font
connaître uniquement ce qui impressionne et ce que peut concevoir l’homme des
sens. Or l’événement de la crucifixion est plus que cela pour celui qui
connaît les secrets divins : c’est un Mysterium, c’est-à-dire un
symbole qui exprime un événement psychique parallèle ayant lieu dans le
contemplateur… Compris en ce sens, le docétisme des Actes de Jean apparaît
plutôt comme un achèvement du fait historique, loin d’en être une dévalorisation
». Dans sa préface à « l’Evangile de Barnabé », Corbin cite le verset
coranique 4/156 : « Ils disent : nous avons mis à mort le Christ, fils de
Maryam. Non pas ! ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, mais il
leur a semblé… Ils ne l’ont pas tué, c’est certain, Dieu l’a enlevé vers lui.
» Il explique que le dokêma correspond à un mode de perception
théophanique qui présuppose que « l’âme qui perçoit la théophanie — ou toute
hiérophanie — est tout entière un miroir, un speculum. Elle ne se trouve
pas devant un dogme sur lequel on délibère ou qu’on lui démontre : elle est
elle-même le lieu de sa vision, elle est tout entière sa Vision » (id. p.
14). Les mystiques chiites sont des êtres qui essaient de devenir pur regard,
de n’être plus que la vision qu’ils contemplent et de se laisser regarder par
l’être qui les a appelés depuis toujours, ainsi qu’Ibn’Arabi en fit
l’expérience : « Le cœur comprend que Celui qu’il voit n’a jamais cessé de
l’appeler vers Lui. » |
CORBIN - L’ARCHANGE EMPOURPRÉ |
SOHRAWARDI –traduction Henry Corbin |
Edition Fayard |
1976 |
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Au sommaire :
Le livre des Temples de la lumière - Le 1e Temple - Le 2e Temple - L’âme sépare de la matière - Troisième Temple - Quatrième Temple - Le centre du Temple - La réalité métaphysique de la lumière - Clôture du Temple - La hiérarchie des Êtres de lumière et l’esprit saint - Le cinquième Temple - Le secret des mouvements célestes - Le sixième Temple - les joies et les souffrances terrestres - Le septième Temple - L’imagination visionnaire - Les thaumaturges - Le livre des tablettes dédié à l’émir Imadoddin - Traité de l’âme - La connaissance des choses suprasensibles - La Résurrection - La Shekhina et la lumière - Les souverains extatiques de l’ancienne Perse - Le livre du rayon de lumière - Les êtres immortels - Les perceptions visionnaires - La lumière de gloire - Le livre du Verbe du soufisme - L’âme pensante comme Verbe - Le pneuma vital - Les Chérubins, verbes majeurs - Les verbes médians - L’esprit saint comme ange spécifique du Christ - Sur les Chrétiens et les Juifs - Les Mazdéens - La doctrine devenant événement de l’âme - La rencontre avec l’ange - Le récit de l’archange empourpré - Le bruissement des ailes de Gabriel - Le récit de l’exil occidental - La chute dans la captivité et l’évasion - La navigation sur le vaisseau de Noé - Au Sinaï mystique - La conquête du château-fort de l’âme - Le Vade-mecum des Fidèles d’amour - La triade beauté, amour et nostalgie - L’intronisation d’Adam - Joseph - Nostalgie est accueilli par Jacob - De la connaissance à l’amour - Le sacrifice nécessaire - L’épitre des hautes tours - Les dialogues intérieurs - Un jour avec un groupe de soufis - L’épitre sur l’état d’enfance - Symboles et paraboles - La langue des fourmies - Des tortues sur le rivage - Le rossignol absent à la cour de Salomon - Kay Khosraw possédait le Graal, miroir de l’univers - Les chauves-souris et le caméléon - La huppe tombé au milieu des hiboux - L’histoire du paon - Les questions posées à la lune par le prophète Idris - Maximes spirituelles - une lampe exposée en plein soleil - L’incantation de la Simorgh - L’appel de la simorgh - Plus un homme est connaissant, plus il est parfait - Où l’on montre qu’il y a de la douceur dabs l’amour de l’homme pour Dieu - Sceau du livre - Le livre d’heures - Strophes liturgiques et offices divins - Strophes du grand testament - Strophes des êtres de lumière - |
CORBIN - LE JASMIN DES FIDÈLES D'AMOUR RUZBEMAN |
Traduction : Henri CORBIN |
Edition VERDIER |
1991 |
Ruzbeman est un grand mystique iranien, il décrit ici le processus du fidèle d’Amour qui va des degrés de l’Amour humain à l’ascension de l’Amour divin, pour en finale faire que ces deux amours n’en fasse qu’un Au sommaire de ce très beau livre, traduit par Henri Corbin : Ruzbehan de Shiraz - Un monde que Dieu ne regarde pas - Cherche moi dans la demeure mystique de l’amour - Majnun, miroir de Dieu D’un entretien où l’amant et l’Aimée se témoignèrent réciproquement courtoisie - De l’affection amoureuse comme prélude de l’Eros - Mémento des témoignages religieux et philosophiques concernant l’amour humain - De la précellence des Amants qui ont le culte de la Beauté et des êtres de beauté, et celle des Aimées en qui est contemplée la beauté - De la précellence de la Beauté, de l’être beau et du contemplateur de la Beauté - De la modalité et de la quiddité de l’amour humain en sa substance - Où l’on rend compte de la pérennité de l’amour chez les Fidèles d’Amour - Sur ceux qui entrent dans la voir spirituelle sans expérimenter l’implication de l’amour humain dans l’amour divin - De la caractéristique des Fidèles d’Amour, lesquels entrent dans la voie spirituelle par l’expérience de l’amour humain - De l’éclosion de l’amour - Sur les prémisses et l’épreuve de l’amour - Des implications et de l’influence de l’amour - De la pédagogie initiatique de l’amour - De la descente de l’amour - Sur la voie de l’amour dans le cœur du Fidèle d’amour - Exposé des étapes de l’amour humain et de son élévation aux étapes de l’amour divin - De la quintessence de l’amour humain - De l’erreur des prétentieux concernant l’amour humain - De l’éclosion de l’amour divin - De la première étape dans cet amour, laquelle est le vasselage d’amour - De la station de la Walayat en amour - De l’observation vigilante qui est une aile de l’oiseau de l’intimité dans la station de l’amour - De la crainte que les fidèles d’amour éprouvent dans l’amour - De l’espérance des Fidèles d’amour - De l’expérience extatique chez les Fidèles d’amour - De la certitude chez les Fidèles d’amour - De la proximité chez les Fidèles d’amour - De la révélation intérieure et de l’amour chez les Fidèles d’amour - De l’expérience visionnaire, de l’ardent désir et de la perfection chez les Fidèles d’amour |
CORBIN - le livre des 7 statues |
Henry
corbin |
Edition
DE L’HERNE |
2003 |
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Au
cours de son exploration des divers domaines de la spiritualité islamique,
Henry Corbin avait évoqué le rôle particulier et l’importance de l’alchimie
comme voie d’accès au réel métaphysique. Le
présent volume consacré uniquement à l’alchimie, regroupe trois études issues
de textes inédits, traduits directement des manuscrits originaux. Parmi
ceux-ci, le « livre des sept statues » est d’une importance
capitale pour plusieurs raisons. En premier lieu, il s’agit d’un texte grec
pour lequel nous ne disposons que de la version arabe. En second lieu, ce
texte est un témoin majeur de la tradition hermétique de l’Iran. Enfin, il
nous éclaire au mieux sur la conception de l’alchimie comme art hiératique. Au sommaire de cet ouvrage : Commentaire
de la Khotbat al-Bayan par Jaldaki - Le
livre des sept statues d’Apollonius de Tyane - Le
livre du glorieux de Jabir Ibn Hayyan - |
CORBIN - L’ENVERS DU MONDE – HENRY CORBIN ET LA MYSTIQUE ISLAMIQUE |
Tom Cheetham |
Edition Entrelacs |
2014 |
Ce livre est une introduction claire et efficace à la pensée d’Henry Corbin. Il ne s’agit pas d’un livre académique sur sa philosophie mais bien d’une initiation aux différentes idées composant son œuvre ? L’importance et l’actualité des ouvrages d’Henry Corbin sont indéniables, le remarquable travail de Tom Cheetham s’emploie à nous faire pénétrer toutes les facettes de cette œuvre immense, érudite et d’une grande profondeur ; il peut ainsi toucher un large public. Ce qu’il nous dévoile, c’est le niveau invisible, mais bien réel, de notre « acte d’être », de notre présence au monde, spirituel et matériel, invoquant les traditions notamment celle de la spiritualité islamique pour lesquelles « esprit » et « matière » sont deux faces d’une même réalité. A travers l’œuvre d’Henry Corbin, Tom Cheetham entreprend de conjurer le matérialisme et le nihilisme ambiants, aussi bien que toutes les formes d’ « ismes » qui s’affrontent : radicalisme, totalitarismes, dogmatismes etc. Là seulement, en rejoignant ce niveau de conscience où s’intègrent les philosophies, les religions, les ésotérismes, les courants de pensées anagogiques et toutes les traditions qui cherchent le bonheur de l’homme, alors pourra s’établir ce dialogue des civilisations auquel Henry Corbin aspirait et sans lequel notre avenir non seulement serait compromis mais perdrait également tout son sens. Les écrits de Corbin sont d’une importance capitale pour le monde contemporain ; ce philosophe s’est battu pour mettre en avant l’importance suprême du pouvoir de l’individu face aux totalitarismes et aux fondamentalismes de toutes sortes. Il a défendu les hérétiques de tous lieux qui se trouvaient aux frontières des orthodoxies religieuses et philosophiques, ses prises de position incessantes en faveur de la personne et contre l’étroitesse des religions traditionnelles lui donnent une place éminente dans la longue lignée des penseurs libres et créateurs. Le grand monument en faveur du pouvoir de l’imagination que Corbin nous a laissé, devrait être plus largement connu parmi les théologiens et les philosophes, les artistes, les poètes et les chercheurs spirituels de toutes religions et traditions. Il apparait qu’un des plus grands héritages que Corbin nous ai laissé, réside dans sa vision œcuménique de l’unité fondamentale des religions de la tradition abrahamique et dans l’importance décisive de l’âme humaine individuelle. Au sommaire de cet ouvrage : Brève biographie d’Henry Corbin Contre « l’esprit du temps » - espace primordial, temps primordial - l’acte de présence - le grand refus - Une théosophie orientale - la Perse et le mazdéisme - l’âge de l’islam - Philosophie et théologie - Les modes de connaissance et les niveaux d’être - la pensée et l’être - une herméneutique de la présence - Rentrer chez soi : le cœur et la face de la terre - au-delà du cosmos - Mundus imaginalis - L’ange et l’individuation - Le Jumeau céleste et la métaphysique de l’individuation - disciple de Khidr - Ta’wil et philosophie prophétique - la clef de l’âme et la clef du monde - tomber dans le monde - le verbe et le monde - temps, espace, matière et prophétie - La fonction angélique des êtres - idoles et icônes - le Dieu pathétique - la théologie apophatique et l’antidote du nihilisme - Une vie en sympathie avec l’être - Musique et miroirs - reconstruire le temple - un voyage dans le monde - |
CORBIN - le
paradoxe du monothÉisme |
Henry
corbin |
Edition
de L’Herne |
2003 |
« C’est en quelque
sorte, le phénomène du Soleil de Minuit au grand Nord, le phénomène d’un
crépuscule s’inversant en une aurore levante, qui nous présente ce que je
voudrais signifier en parlant du « paradoxe du monothéisme » H.
Corbin Le judaïsme, le
christianisme et l’Islam, forment les trois rameaux de ce qu’il est convenu
d’appeler le monothéisme issu de la religion d’Abraham. Il s’agit de la foi
révélée en un Dieu unique, inconnaissable par les voies de la perception et
de la Raison, et transcendant par son coté ésotérique et métaphysique. Ce monothéisme a des traits
spécifiques malgré les différences considérables des trois branches qui la
composent. Henry Corbin nous montre, ici, comment au-delà des frontières
imposées, le judaïsme, le christianisme et l’islam ont produit une vision
homogène et des monuments théologiques proches les uns des autres. Cependant,
la religion monothéiste s’étant imposée face au polythéisme grec et romain, a
fini par recréer en son sein l’idolâtrie qu’elle prétendait ruiner. D’une part, le dogme de
l’incarnation a autorisé l’inscription de Dieu dans l’histoire, aboutissant à
sa divinisation, et légitimant ainsi les contraintes des sociétés humaines.
D’autre part, le Dieu unique étant compris comme la totalité de ce qui est,
chaque créature est appelée à se soumettre à sa loi et à obéir à ses
représentants. Ainsi la religion se
transforme-t-elle en politique totalitaire. Henry Corbin oppose à cette
réalité, les leçons des gnoses islamiques, juives et chrétiennes, montrant
qu’à partir de la même révélation, deux voies s’ouvrent : l’une est
celle des religions officielles, légataires et littéralistes om l’Eglise et
ses servitudes relayent la voix du Dieu caché, l’autre est la religion de la
Beauté et de la Gnose où Dieu rend unique chaque créature, fondant ainsi son
individualité. Au
sommaire de ce livre : Le Dieu-Un et
les dieux multiples -
L’ontologie intégrale et les théophanies - Les diagrammes de l’Un
unifique - Les hiérarchies Divines - La dramaturgie
théogoniques - L’esprit saint comme ange de l’humanité
- L’ordre royal de Bahman-Lumière - Nécessitée de
l’angélologie - -
L’angélologie néoplatonicienne de Proclus - La triade, la tétrade
et l’heptade archangélique - L’archange Michael et Christos
angelos - L’angélologie avicennienne et l’assomption extatique du
prophète - L’ange de la face - De la
Théologie Apophatique comme antidote du nihilisme - Où, comment et quand y a-t-il dialogue ?
- Personnalisme et nihilisme - Où est le
nihilisme ? - Théologie apophatique et
personnalisation - |
CORBIN - L’HOMME DE LUMIÈRE DANS LE SOUFISME IRANIEN |
Henri CORBIN |
Edition VERDIER |
1999 |
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Chapitre 1 : L’homme de Lumière et son guide - Pôle d’orientation et les symboles du nord - L’idée hermétiste de la Nature Parfaite - Le Noûs d’Hermès et le Pasteur d’Hermas - Fravarti et Walkyrie - Le jumeau céleste -
Chapitre 2 : Soleil de minuit et pôle céleste - Le nord cosmique et la « théosophie orientale » de Sohrawardi - Visions du pôle chez Ruzbehan de Shiraz - Le pôle comme demeure de l’ange sraosha -
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CORBIN - L'IMAGINATION CRÈATRICE DANS LE SOUFISME D'IBN ARABI |
Henry CORBIN |
Edition AUBIER |
1987 |
Philosophe- orientaliste, historien des religions, Henry Corbin (1903-1978) a bouleversé par son œuvre magistrale notre connaissance de la philosophie islamique. Erudit, il a réussi à mettre le savoir le plus étendu au service de l’interprétation philosophique. Chargé de mission en Turquie, puis en Iran, il a fondé le département d’Iranologie de l’Institut français de Téhéran, avant de succéder à Louis Massignon comme titulaire de la chaire d’islamisme à l’Ecole pratique des Hautes Etudes. Par ses éditions de textes en arabe et en persan, il a révélé aux iraniens eux-mêmes les principaux auteurs de leur poésie mystique et de leur philosophie. Par des traductions de ces textes, il a permis aux lecteurs français de découvrir la richesse et la profondeur de cette pensée avec son hermétisme et son ésotérisme. L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn’Arabî est une de ses trois études les plus importantes avec « Avicenne et le récit visionnaire » et le monumental « En Islam iranien ». Ibn’Arabî est né à Murcie en 1135 et mort à Damas en 1240. Mystique et écrivain prolifique, il est une des figures les plus originales de l’ésotérisme soufique. Henry Corbin nous familiarise avec son époque et nous initie aux thèmes fondamentaux de sa philosophie, avec ce livre Henry Corbin nous introduit au cœur du soufisme et nous fait découvrir la topographie spirituelle de l’islam. Au sommaire de cet ouvrage on y trouve : Introduction et première partie : Entre l’Andalousie et l’Iran - Esquisse d’une topographie spirituelle - Aux funérailles d’Averroès - Le pèlerin de l’Orient - Le disciple de Khezr - Sympathie et théopathie - La prière de l’héliotrope - Le Dieu pathétique - Sophiologie et « devotio sympathetica » - Passion et compassion divine - le poème sophianique d’un Fidèle d’amour - Le féminin-créateur - Deuxième partie - Imagination créatrice et prière créatrice - La création comme théophanie - Le Dieu manifesté par l’imagination théophanique - La récurrence de la Création - la double dimension des êtres - Le champs de l’imagination - Le cœur comme organe subtil - La science du cœur - Prière de l’homme et prière de Dieu - La méthode d’oraison théophanique - Le hadith de la vision - Autour de la Kaaba mystique - Les homologations - La forme de Dieu - |
CORBIN - L'IMAM CACHÉ |
Henry CORBIN |
Edition L’Herne |
2003 |
Henry Corbin est un philosophe d’une très grande importance qui, par-delà les frontières géographiques, les langues, les systèmes, les institutions ecclésiales et les modes éphémères, par-delà les séparations de toutes sortes, s’efforce d’aviver les lueurs qui surgissent dans le temps et dans l’espace pour montrer qu’une même lumière est à leur origine. Philosophe qui ne réduit pas le savoir à la science, ni la vérité à une simple valeur d’usage, ni l’existence à un épiphénomène de réactions chimiques, Henry Corbin s’inscrit dans la tradition de ceux qui lisent à travers l’histoire des hommes, non la genèse d’un devenir créateur, mais les rayons multiples d’une unité vivante réfractée par le prisme du temps et de l’espace, et située bien au-dessus de lui. Face à l’envahissement de la technologie de la communication, à une occidentalisation à outrance de la pensée, au pseudo-ésotérisme sans substance, la recherche d’Henry Corbin nous mène sur les traces du XIIe imam, dénommé l’Imam caché. Dans le cycle d’occultation qui est le nôtre, le XIIe Imam demeure, bien qu’occulté à la vue de la plupart, comme pôle mystique de ce monde. Il est le guide intérieur de tout être humain éveillé, sa mission est de reconduire l’apparence littérale du Livre à sa vérité spirituelle et métaphysique. L’ensemble des textes ici réunis - Transcendantal et Existential : Mystique et humour ; Manichéisme et religion de la beauté ; Théologie au bord du lac ; Le temps d’Eranos ; Ruzbehan Baqli de Shiraz - posent la question de savoir si nous sommes au bord d’un déluge spirituel ou à la veille d’une renaissance. Au sommaire de cet ouvrage : La Prophétologie shiite Duodécimaine - Le « verus propheta » et la prophétologie shiite - L’idée fondamentale du shiisme - Prophétologie et imâmologie - La prophétologie ismaélienne - Shiisme duodécimain et shiisme ismaélien - Théologie apophatique dans le ciel - Le drame dans le ciel et la prophétologie sur terre - Imâmologie et sotériologie - L’horizon paraclétique de la prophétologie ismaélienne - Ruzbehan Baqlî de Shiraz - Un monde que Dieu ne regarde pas - Cherche moi dans la demeure mystique de l’amour - Majnun le miroir de Dieu - Manichéisme et religion - Du sens musical de la musique persane - Mystique et humour - De Heidegger à Sohrawardi - Post-scriptum biographique à un entretien philosophique - Théologie au bord du lac - Transcendantal et existentiel - Le temps d’Eranos - De l’Iran à Eranos - A Olga Frobe-Kapteyn - |
CORBIN – SOHRAVARDI - LE LIVRE DE LA SAGESSE ORIENTALE |
SOHRAWARDI - Traduit et annoté par Henri CORBIN |
Edition Verdier |
1986 |
Le chef d’œuvre de Sohrawardi, ce grand philosophe Iranien mort à Alep en Syrie à 36 ans, victime de l’intolérance. Il exprime une expérience extatique de Dieu, « Lumière des lumières », dévoile dans l’univers sensible, les multiples miroirs des intelligences et des âmes. Il ressuscite la sagesse de l’Iran zoroastrien et, fidèle au platonisme, fonde en métaphysique le sentiment gnostique de la vie : la Ténèbre, les substances qui « portent en elle, nuit et mort » s’opposent aux Lumières angéliques. Cette philosophie dramatique de l’existence s’achève en un magnifique chant de l’âme, en l’une des plus puissantes théories de la béatitude. Ce livre est, sans conteste, un des monuments de la philosophie en terre d’islam. Le lecteur trouvera ici, en outre, les deux commentaires qu’en ont faits Qotboddin Shirazi et Molla Sadra Shirazi qui furent parmi les plus grands philosophes de l’Iran shiite. Henry Corbin fut l’hôte ultime de la « sagesse illuminative » de Sohrawardi, sa traduction magistrale commentée est la reprise vivante d’une pensée mystique qui, selon lui, est au cœur de notre présent. Au sommaire de cet important ouvrage de 700 pages : Introduction : Lumières - Gnose - Liberté et vie - Vie de Sohrawardi - Son œuvre - Première partie : La philosophie mystique de Sohrawardi - Sur les lumières divines, sur les lumières des lumières et sur les principes de l’être et leur hiérarchie - La lumière n’a pas besoin de définition - Sur la lumière et la Ténèbre - Pour exister, le corps a besoin de la lumière immatérielle - Le système de l’être - Sur la constitution des corps - Le mouvement des sphères célestes - La lumière supérieure et la lumière inférieure - Les illuminations irradient l’être - Exposé sur les astres - La science divine et la doctrine de l’Ishraq - Les effets produits par les intelligences sont illimités - Sur le mode d’activité de la Lumière des Lumières et des Lumières archangéliques - Le monde existe ab arterno - Les cieux tendent, par leurs mouvements, à une chose sainte et délectable -
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CORBIN - SUHRAWARDI D'ALEP |
Henri CORBIN |
Collection HERMES FATAMORGANA |
2001 |
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CORBIN - temple & contemplation |
Henry
corbin |
Edition
ENTRELACS |
1958,
Réédition 2006 |
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Ce
livre constitue un testament, et plus précisément le testimonium (témoignage)
chevaleresque d’Henry CORBIN.
Y est traité:
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CORPS -
ÂME - ESPRIT
par MICHEL FROMAGET |
Michel
Fromaget |
Edition
Almora |
2017 |
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Voici une interview de l'anthropologue
Michel Fromaget. Il aborde un thème essentiel sur la façon dont l'être humain
se perçoit. Est-ce simplement comme corps et âme ou bien comme corps âmes et
esprit. La question peut paraître théorique, vous pourriez bien changer
d'avis en lisant cette interview. Cette rencontre éclaire en tout cas la
rencontre entre foi et développement personnel dont rend compte ce blogue.
Elle permet aussi de percevoir autrement ce que l'on appelle la crise du
milieu de vie. Anthropologue réputé, Michel Fromaget a commencé sa carrière
universitaire comme économiste. Puis il s’est intéressé aux comportements
rituels symboliques, en étudiant l’ethnologie et l’anthropologie. Il a
notamment travaillé avec Louis Vincent Thomas sur l’imaginaire de la mort,
sujet auquel il a consacré deux thèses. Après avoir passé deux ans en Afrique
pour enseigner à l’université de Libreville et étudier les rituels
thérapeutiques et funéraires, il a dû revenir en France. En avril 1985, la
rencontre providentielle avec une personne bien avancée sur les voies de la
spiritualité chrétienne change brusquement sa vie. Un travail de
transformation et d’intériorisation des connaissances s’enclenche alors qui
le conduit à accorder une valeur extrême à la conception de l’homme, comme
corps, âme et esprit, qu'il nous présente dans ce numéro. Son travail se
situe clairement dans une optique universitaire, même s’il aborde la
tradition chrétienne dans une perspective bien plus existentielle
qu’intellectuelle. À l’occasion de la célébration de la Pentecôte, il montre
ce que cela change de se penser comme corps, âme, mais aussi esprit. Alors que les chrétiens s’apprêtent à fêter
la Pentecôte, vous expliquez que l’homme contemporain ne s’imagine plus
capable de le recevoir l’Esprit saint. Pourquoi ? Michel Fromaget : Nous avons tendance
à ne connaître de l’homme que son corps et son âme, tout en
niant la réalité de sa troisième dimension, celle que l’usage le plus ancien
nomme esprit. Étant incapable d'imaginer correctement notre esprit, nous le
sommes plus encore de nous représenter « l’Esprit divin », l’Esprit avec un
grand « E ». Car c’est notre esprit qui permet d’être en communion avec Celui
que l'on appelle aussi l’Esprit saint. Comment définissez-vous ces deux dimensions
corps et âme par lesquelles l’homme contemporain semble uniquement se définir
? M.F. Le mot « corps » désigne la
part physique, matérielle, sensible de l’être. L’âme dont nous parlons est l’anima
des Latins, la psyché des Grecs, la composante psychique de
l’être, cette part qu’étudie la « psychologie ». Elle est constituée de
l’intelligence, la pensée, la volonté, la mémoire, l’imagination, les
sentiments, le conscient, l’inconscient. Pourquoi sommes-nous amenés à nous penser
seulement en terme binaires ? M.F. Cette représentation est vérifiable,
nous pouvons tous vérifier que nous avons un corps et une âme. Ce qui ne
signifie pas que cette représentation soit juste. Ainsi, le fait que le
soleil se lève chaque matin et se couche chaque soir ne démontre pas que la
représentation du cosmos de Ptolémée soit vraie, mais seulement qu’elle est
cohérente. Que nous la croyions vraie ou fausse, cette représentation
n’influence pas le cosmos. Ce qui n’est pas le cas de nos représentations de
l’être humain qui façonnent notre façon d’être. Car nous devenons ce que nous
pensons. En quoi est-ce gênant de se représenter
seulement corps et âme ? M.F. Le christianisme ancien, de même que toutes
les traditions spirituelles authentiques, considère qu’il n’y a d’homme
véritable qu’accompli, c’est-à-dire fait en totalité. L’homme qui ne se vit
que corps et âme, physique et mental demeure inachevé. Car il ne met pas en
oeuvre sa troisième dimension. Ce n'est pas gênant sur le plan naturel, ni
sur le plan des apparences. Mais dans l’ordre spirituel, celui de l’éternité
et de Dieu, le choix d’enfermer sa vie dans le cercle de préoccupations
seulement matérielles et psychiques est un drame sans mesure. Comme celui que vit une chenille qui refuse
de devenir papillon ? M.F. En effet, ce choix est semblable à
celui d’une chenille qui préférant continuer à se gaver de verdure,
refuserait catégoriquement de devenir papillon. Dans une perspective seulement
terrestre, cette chenille pourra atteindre le bonheur digestif le plus
épanoui et inspirer à ses semblables une considération sans pareille. Mais,
sur le plan de l’être dont elle porte en elle la possibilité et la promesse,
quel gâchis immense ! Vous expliquez que l’homme contemporain se
pense comme corps et âme, et en même temps que chaque personne a déjà
ressenti la dimension de l’esprit. A quelle occasion ? M.F. Quiconque a un jour aimé d’amour pur,
ou bien s’est laissé envahir par l’émerveillement induit par la beauté du
monde, celui-là a déjà eu une première et capitale expérience de l’esprit. Se
faisant, il a déjà eu l’intuition de l’être accompli qu’il est appelé à
devenir et qu’il sera un jour, s’il le désire. Car l’amour et la beauté sont
en nous les manifestations de notre esprit (avec un e) qui est ouverture,
participation et communion avec l’Esprit (avec un E). C’est une vérité que
savent de grandes et anciennes traditions spirituelles comme le platonisme,
le néoplatonisme et le christianisme et qui a été mise en valeur par de
grands philosophes chrétiens comme Vladimir Soloviev, Louis Lavelle, Nicolas
Berdiaev ou Maurice Zundel. Comment définir cette dimension de
l'esprit ? M.F. Les grands spirituels d’Orient et
d’Occident se retrouvent pour dire qu’il est impossible de définir l’esprit.
Mais s’il ne peut être épinglé par des mots, il est tout de même possible de
l’imaginer si imparfaitement que cela soit notamment à travers des symboles
ou des paraboles comme, par exemple, celles des noces de Cana. Vous
connaissez la formule sacramentelle de la messe : « Comme cette eau se
mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la
divinité de celui qui a pris notre humanité ». Le vin figure la divinité,
l’eau l’humanité. La symbolique des noces de Cana est la même, à ceci près
qu’elle est encore plus précise. En effet les phases corporelle et psychique
de l’humanité y sont distinguées : les jarres, solides, figurent le corps
notamment dans son opacité et sa pesanteur. L’eau est là un excellent symbole
de l’âme. À Cana, le vin est le symbole de l’esprit. La transformation de
l’eau en vin, par suite celle des jarres remplies d’eau en jarres pleines de
vin symbolise la transfiguration, la spiritualisation, la déification de l’être
humain. Quel rôle joue le Christ ? M.F. Cette transformation est la naissance
de l’homme à l’esprit, de l’homme à son être en plénitude qui est fait de
corps, d’âme et d’esprit. La scène de ces noces enseigne que cette
transformation se fait par le Christ : c’est lui qui transforme l’eau en vin.
Le miracle des noces de Cana est le premier miracle de Jésus dans l’évangile
de Jean (2,1-11). Il peint la nouvelle naissance. Toujours dans l’évangile de
Jean (3, 1-21), le premier enseignement prononcé par Jésus, celui qu’il donne
de nuit à Nicodème, est aussi consacré à présenter cette seconde naissance.
Dans le même évangile, le dernier enseignement donné par Jésus à l’humanité,-
il est alors en croix -, concerne encore cette bienheureuse naissance (Jn
19,26) Cette conception de l'homme en trois
dimensions crée-t-elle de nouvelles facultés perceptives ? M.F. Non, les sens spirituels décrits par
les mystiques ne sont pas de nouvelles facultés perceptives. Ceci de la même
manière que le monde psychique n’est pas en vérité un « autre monde » que le
monde physique, et que le monde spirituel n’est pas non plus un « autre monde
» que les deux précédents. Il s’agit en fait du même monde, mais perçu
différemment. Non pas avec des sens différents, mais avec les mêmes sens
fonctionnant différemment. Peut-on faire un lien entre cette ouverture
à l’esprit et ce que l’on appelle la crise du milieu de vie ? M.F. Cette crise est le fait de ceux qui
comme tout le monde ont eu une première expérience de l’esprit, rencontré
sous le jour de l’émerveillement, de la beauté ou de l’amour. Mais ils ne lui
ont pas fait suffisamment confiance pour en faire le centre profond de leur
vie. Et ils ont préféré consacrer cette dernière au soin de leur corps et à
l’embellissement de leur psyché. En soi, le fait même de passer par cette
crise existentielle est d’excellent augure. Car il témoigne de la prise de
conscience d’un vide, d’un manque, d’un appel à être en plénitude. Cette
crise est l’expression de l’esprit qui, dans les profondeurs de notre être,
s’agite et crie pour que nous l’écoutions et pour qu’enfin nous vivions
pleinement, ne serait-ce que juste avant de mourir. Alors de deux choses
l’une: ou l’homme en crise écoute l’appel du papillon et il sort de sa crise
par le haut, ou il ignore cet appel, il préfère continuer à engraisser la
chenille qu’il est, et qui va bientôt retourner d’où elle vient, et il sort
de cette crise par le bas. Peut-on faire quelque chose de
particulier pour favoriser cette ouverture ? M.F. « Il n’y a rien à faire, mais à être
». Ce que sainte Thérèse soulignait en disant qu’elle ne peut se « provoquer
ni faiblement, ni un instant». Cependant, nous pouvons invoquer l’Esprit
saint et nous pouvons nous disposer à sa venue. Pour se rendre ainsi
disponible, toutes les grandes traditions et tous les vrais spirituels
conseillent la prière et l’écoute silencieuse, c’est-à-dire le silence
intérieur. Finalement, qu’est-ce que cela change de s’ouvrir à la
dimension de l’esprit ? M.F. Avant sa première expérience
spirituelle, l’homme est semblable à un poisson rouge ignorant qu’il est
prisonnier de son aquarium parce qu’il n’en est jamais sorti. Après en être
sorti, ne serait-ce que le temps d’un éclair, il connaît sa condition et comprend
qu’elle est éminemment tragique. Alors, le choix lui appartient. Soit il
préfère oublier ce qu’il a vu et rester prisonnier. Soit il assume ce qu’il
voit et il en tient compte dans sa vie quotidienne. C’est ce choix qui peu à
peu donne place à une vie infiniment plus féconde et plus belle. Non plus
obligatoire, mais libre. Une vie, non plus partielle, mais entière. Non plus
relative, mais absolue. Non plus mortelle, mais immortelle. Cette vie
supérieure n’est bien sûr autre que la Vie éternelle de l’Écriture, cette vie
dont saint Augustin disait, si justement, qu’elle est « la Vie de notre vie
». Un ouvrage de 445 pages avec au sommaire : Anthropologie fondamentale
- l’homme corps et âme -
nouveau regards sur les mythes
- Copernic -
conception ex deo et conception ex nihilo -
métanoïa scientifique - l’homme être hybride - la
dynamique humaine - le ternaire dans les conceptions antiques
et gnostiques - les Aztèques - les grecs
- Héraclite -
Platon, Aristote, Empédocle, le
stoïcisme, Epictète et Marc Aurèle
- Valentin, Basilide les
cathares, l’hermétisme et la magie
- Philon le juif -
saint Paul - la trilogie humaine dans les Evangiles -
l’âme comme point de passage
- Ignace d’Antioche,
Polycarpe, Justin, Tatien, Théophile d’Antioche Méliton de Sarde -
Anthropologie médiévale corps
âme et esprit - les Pères du désert et les Pères de
l’église - le roman et le gothique -
les quatre vivants - les sarcophages - le monde moderne et l’homme domestiqué -
étouffement et enfermement - la
psyché - les rapports de force entre pouvoirs
scientifiques, économiques et domestication
- Marx, Freud et Jung - L’église romaine - Evola, R. Guénon, Godel, Biès, Dauge - Frankl – jean Guitton et jean
Borella - Satan entre déni et rationalisation - les mystères d’Eleusis -
Socrate éveilleur – la maïeutique
- Mithra - le
consolamentum cathare - Epistrophe et métanoïa -
Rédemption ou déification - les
Evangiles - naissance, vie et mort - l’âme mère - fécondation spirituelle - le
cœur spirituel - le mystère de
l’initiation chrétienne - le baptême - anthropologie apophatique - le
feu de la lampe - l’homme caché et inconnaissable -
l’enfant prodigue - |
corps – Âme - esprit
PAR UN CATHOLIQUE |
Jérôme
ROUSSE-LACORDAIRE |
Edition
LE MERCURE DAUPHINOIS |
2007 |
Les
Anciens ont été unanimes pour décrire l’homme comme triple : un corps, une
âme et un esprit. Le corps, nous savons tous de quoi il en retourne, mais
l’âme et l’esprit ? Ils sont souvent employés l’un pour l’autre. La sagesse
populaire a pourtant conservé des expressions qui les distinguent, comme «
rendre son âme », « perdre l’esprit », « en son âme et conscience ». C’est
pourquoi, nous avons demandé aux différentes traditions spirituelles de notre
pays, de nous transmette la connaissance de ce ternaire qu’elles ont eu en
héritage, et qui permet à l’homme de se relier et ainsi de se guérir.
L’auteur : Jérôme Rousse-Lacordaire est dominicain et directeur de la bibliothèque
du Saulchoir, à Paris. Il enseigne à l’Institut catholique de Paris et a
publié ou collaboré à plusieurs ouvrages traitant des rapports entre
ésotérisme et christianisme. » Comment l’âme et le corps sont-ils
liés ?: C’est une question philosophique
autant que théologique. Selon la tradition catholique, l’âme est immortelle.
Dieu lui fait intégrer le corps humain quand se forme la personne. L’Eglise
n’en définit pas davantage les modalités d’intégration, mais cela a plusieurs
conséquences : Nous ne savons pas exactement quand l’âme intègre un
corps en formation. Dans la tradition juive, il est souvent considéré que
c’est au 40e jour de gestation, mais cela n’est pas confirmé par
l’Ecriture. Dans le doute, la personne humaine doit être considérée comme
étant corps et âme dès sa conception. Ce qui justifie le refus absolu de
l’avortement : on ne sait pas à quel moment attenter à la vie de
l’embryon devient une atteinte à une personne humaine, donc il faut prendre
l’hypothèse la plus prudente. L’âme est immatérielle. Elle n’est pas le
produit neurologique ou chimique du corps. L’âme est donnée par Dieu :
elle est le siège de la conscience. Certains auteurs distinguent l’âme siège
de la sensibilité de l’esprit siège de la vie spirituelle (on définit alors
la personne comme corps-âme-esprit), mais, le plus souvent, on entend
« âme » au sens de siège de la vie spirituelle et de la sensibilité
(donc âme + esprit). A la mort, c’est quand l’âme
quitte le corps que la personne est morte. La mort cérébrale n’est donc pas
la mort pour l’Eglise catholique. Il faut vraiment un arrêt cardiaque et
respiratoire prolongé et que le souffle de vie ait réellement disparu de
façon irréversible pour que la personne soit morte. Se fonder sur la mort
cérébrale est donc créer des conflits éthiques, par exemple lorsque des
tentatives de prélèvements d’organes ont lieu sur une personne ayant été
déclarée en état de mort cérébrale et n’étant pas morte au sens de la
disparition de son souffle de vie.La Tradition affirme que l’âme quitte le
corps à la mort et séjourne au Purgatoire, au Paradis ou en Enfer, dans
l’attente du Dernier Jour. Au Dernier jour, le Christ reviendra « juger
les vivants et les morts » (Mt 25) et ressusciter les morts. La résurrection « de la chair »,
comme le dit le Credo, signifie que l’âme réintègre son corps et que c’est
corps et âme que la personne est reçue dans la béatitude divine. L’Apocalypse
parle de la « seconde mort » pour les personnes damnées suite à ce
Jugement dernier pour l’éternité, loin de la présence de Dieu. La
résurrection signifie donc que la personne humaine est appelée à être
corps et âme, dans la béatitude divine, pour l’éternité. C’est donc
l’ensemble de la personne qui est sauvée. St Thomas d’Aquin explique en
effet, dans la Somme contre les Gentils, que l’homme est créé corps et
âme, contrairement aux autres créatures matérielles, qui n’ont pas d’âme, ou
aux anges, qui n’ont pas de corps. Si seule l’âme restait immortelle, sans
résurrection des corps, une personne humaine serait, en quelques sortes,
incomplète. Ce n’est pas le plan de Dieu. Cela rend donc totalement
incompatible la foi chrétienne avec toute idée de transmigration des âmes et
réincarnation. L’âme est celle d’une personne
unique. Au baptême, c’est d’ailleurs une personne corps et âme qui est
baptisée et appelée par son nom. C’est donc la totalité de la personne qui
est appelée au salut. Cela a pour conséquence le rejet de tout dualisme qui
privilégierait l’âme et négligerait le corps. Cela implique le respect absolu
du respect du corps humain, même mort, contre toute mutilation non justifiée
par des soins médicaux, prostitution, euthanasie, prélèvement d’organe non
consenti, profanation. La volonté des transhumanistes à vouloir
« enregistrer » le contenu du cerveau humain va donc aussi contre
l’intégrité de la personne.Enfin, la foi de l’Eglise tient la tension entre
une âme immortelle qui est déjà en présence de Dieu ou non, et le
rétablissement de la totalité de la personne humaine à la résurrection des
corps au Dernier jour. |
CORPS – ÂME - ESPRIT
PAR UN PHILOSOPHE |
Henri de la croix haute |
Edition Le Mercure Dauphinois |
2002 |
||
Descartes
insiste sur le fait que l’âme cartésienne soit une et indivisible comme notre
pensée. En effet, l’auteur part du principe qu’on a deux bras, deux jambes,
bref, que tous les organes de nos sens extérieurs sont en doubles, mais qu’on
a une seule pensée, ce qui signifie que l’âme est unique. Le dualisme défendu
par Descartes est un dualisme ontologique des substances. L’âme et le corps
sont deux entités distinctes, de nature différente. On peut le distinguer du
dualisme des propriétés : c’est considérer qu’une substance peut avoir
des propriétés différentes et irréductibles les unes aux autres mais qu’il
n’y a en réalité qu’une seule substance. C’est par exemple, lors d’une
expérience vécue par un sujet, la façon dont sa conscience vit l’expérience
et les processus chimiques qui se sont produits dans le cerveau
parallèlement. Pour
les neurosciences, ces deux manières de percevoir l’expérience renvoie au
même phénomène : les processus neuronaux qui déterminent le
fonctionnement de notre cerveau. Sur ce sujet, Paul Ricœur parle d’un
dualisme sémantique qui prend sa source chez Spinoza : dans le discours
nous sommes confrontés à deux types de langages apparemment très éloignés
l’un de l’autre. « Il y a la vie vue par les biologistes, et il y a la
vie comme étant [c'est-à-dire, le vécu] ». Autrement dit, il y a
le langage du corps, et le langage de la pensée (ou de l’âme). Du point de
vue spinoziste, vers lequel converge le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux,
ces deux langages renvoient à une même substance (qui unifie l’âme et le
corps), mais du point de vue cartésien, ils renvoient à deux
substances qui ont des propriétés différentes et donc à un dualisme
ontologique. Or Paul Ricœur pose la question de savoir comment unifier ces
deux discours qui lui apparaissent irréductibles l’un à l’autre. En
matière de philosophie morale, Descartes innove par l’importance accordée au
corps. En effet, les passions résultent de l’union même de l’âme et du
corps et de leur manière d’interagir. Le corps est le lieu des passions même
si sans l’âme il ne ressentirait rien car un cadavre ne pleure ni ne rit.
Pour le dire autrement, les passions sont des perceptions de l’âme qui ont le
corps pour cause. Et elles nous sont utiles car elles disposent notre âme à
vouloir ce qui est bon pour nous et à persister dans notre volonté. De plus,
comme l’union de l’âme et du corps varie en fonction des mouvements de l’âme
et du corps qui sont eux-mêmes déterminés par notre contact particulier
et propre au monde, alors cette union est unique chez chaque individu
et forge notre identité personnelle. Le
réductionnisme cartésien : L’éminent
neurobiologiste Jean-Pierre Changeux dont les travaux ont permis de faire
d’immenses bonds dans la connaissance de notre cerveau a conscience des
transformations majeures que les neurosciences peuvent entraîner au sein de
la philosophie (morale, des sciences) et se préoccupe de leur devenir. Selon
cet auteur, la théorie de Descartes ne peut tenir que grâce à l’existence
hypothétique d’une glande pinéale. Autrement, sa théorie s’effondrerait sous
le regard implacable de la logique. C’est en effet le seul moyen de relier
l’âme au corps si l’âme est pure immatérialité, et le corps pur matérialité.
Cependant, ce qui importait pour Descartes était de pouvoir identifier le
lieu du « moi » conscient dans l’émergence de la subjectivité qu’il
a innovée. Aussi, il soumet à son cadre mécaniste uniquement le corps :
celui-ci peut être décomposé dans ses éléments les plus simples (os,
muscles…), comme une machine (vis, écrous…). La position de La Mettrie est
plus radicale : il défend un réductionnisme qui assimile non pas
seulement le corps à une machine, mais l’Homme dans sa totalité. Ainsi,
comprendre le fonctionnement de l’Homme, que ce soit sa conscience ou son
corps, c’est le réduire au fonctionnement de son cœur, de ses muscles, de son
cerveau Au
contraire, pour Descartes, seul le corps est une machine : simplement,
étant l’œuvre de Dieu qui est un ouvrier plus parfait que l’Homme, ses
composants sont beaucoup plus petits et complexes à tel point qu’ils sont
invisibles à l’œil nu. La seule différence entre l’Homme et un automate, c’est
que ce dernier n’a pas d’âme, tout comme un cadavre. Cependant c’est bel et
bien Descartes qui introduit cette notion de réductionnisme, avec des
répercussions importantes en épistémologie, dans la Vème partie du
Discours de la méthode. Des objets tels que le monde, le corps vivant,
sont des réalités réductibles à des principes fondamentaux : « je
veux mettre ici l’explication du mouvement du cœur et des artères, qui étant
le premier et le plus général qu’on observe dans les animaux, on jugera facilement
de lui ce qu’on doit penser de tous les autres ». On peut comprendre le
corps humain grâce à la connaissance de ses principaux organes. Ceci étant,
Descartes considère que l’Homme est plus que cet agrégat d’organes, cœur,
muscles, foie, cerveau … Aussi
en posant l’existence d’une telle âme rattachée au corps sans pour autant y
appartenir, la position cartésienne n’est pas réductionniste au niveau de
l’union de l’âme et du corps. L’âme est une et indivisible et irréductible à
un principe plus général qui la précéderait, aussi le réductionnisme
mécaniste de l’auteur ne peut s’y appliquer comme sur le corps. En effet une
telle position exige que la réalité à laquelle on est confronté soit
multiple, divisible comme le corps humain (bras, jambes, cerveau, cœur) afin
de la réduire à des principes plus généraux. La théorie cartésienne envisage
donc une spécificité de l’âme par rapport au corps du fait qu’elle échappe
aux lois mécanistes auxquelles le corps est soumis. |
corps – Âme – esprit
par une musulmane & un musulman |
H.
dassa |
Edition
MERCURE DAUPHINOIS |
2004 |
Les
Anciens ont été unanimes pour décrire l’homme comme triple : un corps, une
âme et un esprit.Le corps, nous savons tous de quoi il en retourne, mais
l’âme et l’esprit ? Ils sont souvent employés l’un pour l’autre. La sagesse
populaire a pourtant conservé des expressions qui les distinguent, comme «
rendre son âme », « perdre l’esprit », « en son âme et conscience ».C’est
pourquoi nous avons demandé aux différentes traditions spirituelles de notre
pays, de nous transmettre la connaissance de ce ternaire qu’elles ont eu en
héritage, et qui permet à l’homme de se relier et ainsi de se guérir. L’homme est constitué d’un corps et d’une âme. Comme le
corps doit être entretenu l’âme aussi a besoin d’entretien et de nourriture.
L’adoration, le rappel, la proximité et l’amour de Dieu sont la nourriture de
l’âme. En
ne s’intéressant qu’aux plaisirs de son corps l’homme se rapproche des
animaux. L’homme doit donc garder l’équilibre entre les besoins de son corps
et les besoins de son âme. Malgré l’accessibilité du corps et les moyens
technologiques, l’homme n’arrive toujours pas à déceler tous les secrets du
corps. L’âme est une création encore plus merveilleuse et plus complexe que
le corps. Ses secrets sont très difficiles à dévoiler, voir même,
inaccessibles à la raison humaine : « Ils t’interrogent sur l’âme. Dis-leur : « L’âme relève de l’ordre
exclusif de mon Seigneur et, en fait de science, vous n’avez reçu que bien
peu de chose. ». Sourate du Voyage nocturne (Al-Isrâ’). L’homme
doit admettre et accepter sa faiblesse et reconnaître ses limites. Nous
sommes incapables de connaître la nature de l’âme et comment elle se lie au
corps et comment elle se sépare de lui. Cependant, le verset coranique n’interdit pas les
recherches scientifiques qui visent à démystifier les secrets de l’âme. L’origine de l’âme :
Dieu a honoré l’homme en lui insufflant de son
esprit. L’âme d’Adam est un souffle divin comme l’affirment les textes
suivants : « Une fois que Je lui aurai donné sa forme définitive et l’aurai animé de
Mon souffle, vous vous prosternerez devant lui. » « C’est Lui qui a créé toute chose à la perfection et qui a instauré la
création de l’homme à partir de l’argile ; [8] puis d’un vil liquide Il a
tiré sa descendance ; puis Il lui a donné une forme harmonieuse et a insufflé
en lui de Son Esprit, vous dotant ainsi de l’ouïe, de la vue et de l’intelligence.
Mais il est rare que vous Lui témoigniez votre reconnaissance ! »
Le début de la vie : En islam l’âme est insufflée dans le corps humain à 120 jours
à partir de sa conception. Dieu envoie l’ange pour insuffler l’âme dans
l’embryon conformément à ce qui a été rapporté dans un récit authentique
d’après le compagnon Abd Allah ibn Massoud : « le Messager r le
très véridique nous a dit que l’un de vous est constitué dans l’utérus de sa
mère pendant 40 jours. Et puis, il se transforme en caillot de sang pendant
le même laps de temps. Et puis il devient un fœtus pendant le même laps de
temps. Et puis on envoie l’ange pour lui insuffler une âme et l’on donne à
l’ange l’ordre d’écrire quatre mots concernant sa subsistance, le terme de sa
vie, son œuvre et son sort : sera-t-il heureux ou malheureux. » (Hadith
authentique rapporté par l’imam Bukhâri et l’imam Mouslim) La mort : Le musulman croit que toutes les créatures
de Dieu meurent quand le terme fixé par Dieu arrive. Les causes de la mort
sont multiples mais la mort est la même et le terme fixé ne peut être ni
retardé ni avancé. « Toute être
goûtera la mort ; mais vous ne recevrez votre totale rétribution que le Jour
de la Résurrection. » L’ange de la mort ou l’un de ses aides
s’occupent de retirer les âmes, après l’autorisation d’Allah. « Dis-leur : « L’ange de la mort, chargé de
vous, recueillera votre âme ; puis vous serez ramenés à votre Seigneur. » » La mort est la séparation entre l’âme et le
corps. Le corps revient à la terre d’où il vient. L’âme revient à Dieu, elle
ne disparait pas après la mort. La
mort n’est qu’un changement d’état et un passage d’un monde vers un autre.
L’âme d’un être humain ne peut s’incarner dans un autre et ne peut habiter le
corps d’un animale. Tous ce que font les sorciers et les charlatans qui, soit
disant, communique avec les âmes ne sont que des œuvres diaboliques où Satan
et ses soldats jouent le rôle principal. Le sommeil :
Le sommeil est considéré comme une mort
temporaire ou mineure. « Dieu
accueille les âmes quand elles meurent, et quand elles sombrent seulement
dans le sommeil. Il retient celles dont Il a décrété la mort et renvoie les
autres jusqu’au terme fixé. N’y a-t-il pas là des signes pour qui sait
réfléchir ? » Avant de
dormir le musulman dit « Ô mon seigneur c’est en ton nom que je meure
et en en ton nom que je reprends la vie » Au réveil le musulman dit : « Louange
à Dieu qui m’a rendu mon âme, m’a épargné dans mon corps et qui m’a parmi de
l’invoquer » Relation entre la mort et le monde des
vivants : Après la mort les âmes restent en contact avec le monde des
vivants d’une manière dont nous ignorons la nature. Il est recommandé pour le musulman de
rendre visite aux morts dans les cimetières. En rentrant dans un cimetière le
musulman salue les morts. Le Prophète nous informe dans un Hadith authentique
que les âmes nous entendent et répondent à nos salutations. Les âmes sont
heureuses quand un vivant vient leurs rendre visite et demander à Dieu la
miséricorde en leur faveur. Lors des rêves l’âme peut rentrer en
contact avec d’autres âmes. Il est ainsi rapporté par plusieurs compagnons du
prophète d’avoir fait des rêves pieux où d’autres compagnons morts leur ont
apparus pour les informer de leur sort ou de leurs plaisirs dans le
paradis. Cela étant dit, aucune règle
juridique, ni principe religieux, ni interdiction ni autorisation ne peuvent
être basés sur les rêves. Le libre arbitre :
La particularité de l’âme humaine est
qu’elle est dotée du libre arbitre. Tandis que la création (Les animaux, les
astres, les plantes, …) est soumise à Dieu par nature, l’homme doit
volontairement accepter et se soumettre à Dieu. La
résurrection : Croire au jour du
jugement dernier et à la résurrection est les cinquièmes piliers de la foi
musulmane. Le jour où la Terre sera changée en autre
chose que la Terre, de même que les Cieux, ce jour-là les hommes
comparaîtront devant Dieu, l’Unique, le Dominateur suprême. » « Au premier son de Trompette, tous les êtres qui peuplent les Cieux et
tous ceux qui peuplent la Terre seront foudroyés, à l’exception de ceux que
Dieu voudra bien épargner. Puis on sonnera une deuxième fois, et les voilà
tous debout, attendant leur sort. La vie dans
l’au-delà n’est uniquement une vie de l’âme mais aussi une vie corporelle et
matérielle « que l’Heure [la
fin du monde] viendra, sans nul doute, et que Dieu ressuscitera ceux qui sont
dans les tombes. » Après la disparition de ce monde, Dieu recrée
les corps et les « accouple » avec les âmes. Tous les êtres
comparaitront devant leur Seigneur pour le grand jugement. |
corps – Âme – esprit
par un Protestant |
D.
fadiey lousky |
Edition LE Mercure Dauphinois |
2002 |
L’auteur membre de l’Église réformée de
France est professeur d’histoire. Il développe ici les différences entre
l’âme et l’esprit. Des explications intéressantes. Il
y a un phénomène curieux : on dit que le Christianisme n'est pas dualiste,
qu'il considère que le monde matériel est créé par Dieu, et donc, ainsi, bon
a priori, et que par là même notre corps avec ses fonction n'est pas mauvais,
or il se trouve dans les lettres de Paul de curieux passages montrant une
forte antinomie entre la « chair » et l'« esprit ». Il parle ainsi des désirs
de la chair qui conduisent à la mort et à ceux de l'esprit qui mènent à la
vie. Or automatiquement lecteur moderne, quand il entend parler des « désirs
de la chair », pense à quelque chose de vaguement sexuel, ou tout au moins
relatif au corps. Or il semble curieux de trouver dans les Nouveau Testament
une telle idée qui opposerait le corps mauvais à l'âme bonne, d'autant que
Jésus n'étais pas vraiment un ascète, il nous est même montré dans l'Evangile
comme s'opposant à Jean Baptiste, qui lui menait une vie ascétique dans le
désert, et nous le voyons bien manger et bien boire, aller aux fêtes de
mariages, tant qu'on disait de lui : « c'est un mangeur et un buveur ! »
(Matt 11:18-19). L'idée qu'il faudrait sacrifier le corps pour élever l'âme
est fortement étrangère à l'Evangile. Cela
nécessite une enquête complémentaire pour comprendre de quoi il en retourne.
Quels sont donc ces désirs de la chair qui, pour Paul, s'opposent aux désirs
de l'Esprit Pour ça il faut d'abord savoir ce que veut dire la « chair ». Or
dans Bible, la « chair » ce n'est pas ce que nous entendons nous aujourd'hui
par « chair », mais c'est l'homme complet dans la totalité de ses dimensions
psychiques et somatiques. Ainsi la formule courante dans l'Ancien Testament,
et aussi dans le Nouveau : « toute chair » est utilisée pour dire « tout
homme », ou plus largement : « tout être vivant ». La chair ne représente
donc pas seulement la dimension bestiale de l'homme, pas plus que ce qui est
lié à sa sexualité, mais tout l'homme dans sa totalité psychosomatique. Ce
qui nous induit dans l'erreur, c'est la philosophie grecque antique qui
oppose le corps et l'âme. Dans la pensée dite orphique professée par les
philosophes grecs, puis après eux par les gnostiques et encore par des
penseurs comme Descartes, ou même de bons pères oratoriens comme Malebranche,
on trouve l'idée de la séparation du corps et de l'âme. L'âme est vue comme
un principe divin et éternel, s'opposant au corps qui appartient à matière
mauvaise. La vie terrestre est comprise comme une âme qui tombe dans un
corps, ce qui est pour elle une catastrophe et une cause de souffrance. L'ame
pure se trouve ainsi exilée dans la matière mauvaise. Le but de la vie est
alors de se libérer de ce corps qui est comme une prison de l'âme, afin que
celle-ci puisse retourner à son principe divin. Tant que l'âme n'en est pas
capable, elle subit des réincarnations successives qui sont autant de
souffrances jusqu'à ce qu'elle puisse enfin se libérer de la matière et
retourner à sa divine origine. Cette
pensée est totalement étrangère à la théologie biblique. Pourtant elle est
restée dans la pensée occidentale laissant croire que le corps et l'âme
seraient deux choses séparées et même antagonistes. Or pour la pensée biblique,
le corps n'est pas pensable sans âme. Le corps, c'est de la matière inerte,
organisée par un principe vital que l'on appelle l'âme. Le corps sans âme, ce
n'est rien, rien qu'un amas de cellule sans unité, et qui se détruit très
vite. Donc l'âme ne se superpose pas au corps, elle le constitue. L'âme est
ce qui informe la matière pour lui donner une cohérence, une unité dans
l'espace et dans le temps. C'est ce qui fait qu'une personne reste bien la
même personne alors qu'en quelques années toutes les cellules de son corps se
sont renouvelées. C'est ce qui fait qu'une grand-mère de 90 ans dit en
montrant la photo d'une petite fille de 5 ans jouant à la marelle et n'ayant
physiquement rien de commun avec elle : « c'est moi ».Une vie, c'est une âme
qui informe une matière. Un corps sans âme, ça n'existe pas, ce n'est que de
la poussière. Cela
est vrai aussi pour les animaux d'ailleurs, et des théologiens comme Thomas
d'Aquin disent que les animaux, bien sûr, ont une âme, puisque l'âme, c'est
la vie, mais que la seule différence, c'est que leur âme à eux n'est pas
éternelle. Là est d'ailleurs une question : peut-on envisager une âme sans le
corps. La pensée biblique est formelle sur le fait qu'il n'y a pas de
préexistence des âmes, chaque âme est créée avec la conception du corps
qu'elle anime. Quant à savoir ce que devient cette âme lorsqu'elle cesse
d'informer un corps, lors de la mort physique, c'est une autre question. On
peut penser, en effet qu'il n'y a aucune raison pour qu'elle
disparaisse...C'est cet ensemble psycho-somatique, corps-âme que la Bible
appelle « chair » ou « âme » puisque les deux sont liés, et dans les deux cas
il s'agit de l'ensemble de ce qu'est l'homme dans sa vie terrestre. Ce point
est essentiel d'abord pour comprendre la théorie de l'Incarnation s'appuyant
sur le célèbre verset de Jean 1:14 : « et le verbe s'est fait chair ». Cette
affirmation risque en effet d'entraîner de graves contresens. Certains
imaginent qu'il s'agit du Verbe de Dieu qui s'enrobe de chair, comme s'il prenait
un corps sans âme. Comme si Jésus, c'était un corps vide dont l'âme serait
Dieu. C'est un grave contresens qui a d'ailleurs été rejeté formellement par
l'Eglise. Ce que veut dire ce verset, c'est que le Verbe éternel se trouve
être présent dans un être complet, un homme véritable qui a bien sûr son âme
créée, sa liberté, son intelligence et sa propre volonté, et cet homme, c'est
Jésus de Nazareth. Et
la preuve que la « chair » dans la Bible ne désigne pas seulement ce que nous
appelons « corps », ce sont les passages de Paul où, comme en Galates 5:21,
il parle des « œuvres de la chair », il cite : « les fornications,
l'impureté, le libertinage, l'ivresse, les orgies... ». Cela, on le comprend
bien et peut correspondre à ce que nous entendons aujourd'hui par « péchés de
chair », mais curieusement, il ajoute aussi : « l'idolâtrie, la magie, les
haines, la discorde, la jalousie, les emportements, les disputes, les
dissensions, les envies. » Or aujourd'hui, on appellerait ça plutôt des
péchés de l'homme en général, les tendances naturelles de l'humain. Et cela
correspond d'ailleurs au pur et à l'impur dont il est question dans Matthieu
: (Mt 15:17-20). Le Christ parle des « œuvres impures » qui sont : l'adultère
et la prostitution, donc les « péchés de la chair » au sens moderne du terme,
mais il y met aussi « les propositions mauvaises..., les vols, les faux
témoignages, les blasphèmes ».Donc dans la pensée biblique, il n'y a pas
d'opposition entre corps et âme, ou chair et âme. Ce
qui fait la différence, c'est l'esprit. C'est une autre notion qui n'a rien à
voir avec le corps ou l'âme. Il y a d'ailleurs un seul mot : Rouah, en
hébreu, pneuma en grec pour désigner l'Esprit (de Dieu) et l'esprit (de
l'homme).L'Esprit de Dieu, c'est ce souffle créateur qui se trouve en Dieu,
c'est sa puissance créatrice, c'est Dieu lui-même qui se donne au monde comme
une information qui organise et mène le monde vers le plus-être. Et dans
l'homme, l'esprit, c'est cette capacité qui se trouve en lui d'accéder à
l'Esprit de Dieu. C'est ce par quoi nous sommes capables de recevoir en nous
l'Esprit même de Dieu, et d'entendre ce qu'il nous dit, ce qu'il nous fait
savoir pour avancer au-delà de ce que nous sommes. L'esprit, dans langue
Bible, c'est donc ce par quoi nous pouvons entrer en relation avec Dieu qui
est le créateur monde et de nos âmes. Or c'est ça que les animaux n'ont pas.
Parce que c'est lié à l'intelligence, à la sensibilité et à la liberté. La
différence essentielle entre l'homme et l'animal, c'est la liberté et la conscience
de soi. L'animal est programmé génétiquement pour certains comportements par
rapport auxquels il n'a pas de liberté, ni de possibilité de réflexion ou de
recul. L'esprit, c'est ce qui en l'homme lui permet d'accéder à une autre
dimension, d'accéder directement par sa sensibilité spirituelle à l'Esprit
qui est la puissance créatrice de Dieu, et de recevoir un autre message, par
son intelligence lui permettant d'orienter de telle ou telle manière son
existence. Ce
qui est la clé de tout ça, c'est la liberté. Liberté de l'homme par rapport
aux anciennes programmations animales, et la capacité d'accéder à autre
dimension qui est celle de l'Esprit. C'est dans ce qui en lui est libre que
l'homme peut accéder à l'Esprit, ainsi que l'affirme Paul : (2Co 3:17) « Or,
le Seigneur c'est l'Esprit; et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la
liberté ».L'animal, lui, est lié par des anciennes programmation transmises
génétiquement qui sont le plus souvent celles de la défense du territoire, de
la loi du plus fort, de la reproduction, ou de la survie. Par l'Esprit, homme
peut accéder à autre dimension, et adhérer à une nouvelle programmation de
son comportement. Celui qui nous fait connaître cette nouvelle programmation
spirituelle, dans la Bible, c'est le prophète qui est appelé « isch ha rouah
» c'est à dire : « l'homme de l'Esprit ». Le Christ, lui, nous a révélé plus
parfaitement cette nouvelle programmation, présentant à notre liberté et à
notre intelligence un nouveau mode de vie, une nouvelle manière d'être en
relation avec les autres et de comprendre notre propre existence. C’est ainsi
que l'animal est programmé pour la défense du territoire, mais que le Christ
dira : « les renards ont des tanières, let oiseaux du Ciel ont des nids, mais
le Fils de l'homme n'a pas un endroit où reposer sa tête. » Contre le désir
de possession il dira : « Heureux les pauvres » et montrera la valeur du don.
Et alors que l'homme hérite de l'animal la tendance de croire dans la loi du
plus fort, le Christ dira : « Qui s'abaisse sera élevé... » et « le plus
grand parmi vous sera votre serviteur ». Et au lieu de la volonté naturelle
et égoïste de survie physique, il enseignera : « Qui veut sauver sa vie la
perdra... ». L'Evangile
est donc une reprogrammation complète de la vie de l'homme. Etre chrétien,
c'est prendre l'Evangile comme nouvelle programmation pour vivre autrement et
accéder à une autre dimension qui ne soit pas celle du terrestre, mais celle
de l'amour, du don, de la compassion et du service. Or les anciennes
programmations animales sont, bien sûr, encore présentes naturellement en
nous, c'est ce que Paul appelle « la chair » : c'est l'attachement aux choses
terrestres, l'égoïsme, la jalousie, les luttes de pouvoir. C'est ce que Jean
appelle dans son vocabulaire « le monde » et qui est étranger à l'esprit. La
loi de l'Esprit, elle, donne accès à une autre dimension qui est celle de
l'Esprit, et qui est éternelle. Alors Paul devient limpide, il ne parle pas
des désirs sexuels, mais de l'ancien homme qui est « chair » s'opposant au
nouvel homme qui vit « selon l'esprit » Ainsi dira-t-il : (Ga 5:17) « La
chair ... a des désirs contraires à l'Esprit et l'Esprit des désirs
contraires à la chair » Ainsi parlera-t-il (Rm 8:23) de la « Rédemption du
corps » C'est à dire la libération du Corps de ces anciennes programmations,
et dira-t-il : (Romains 8:12-13) Ainsi donc, mes frères, nous sommes
débiteurs, non point envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car,
si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites
mourir les œuvres du corps, vous vivrez » ou encore : (Rm 8:13) « Si vous
vivez selon la chair, vous mourrez ». Ce n'est pas qu'il y ait une quelconque
culpabilité ou punition possible de vivre « selon la chair », mais c'est que
la nature même de la « chair », c'est-à-dire de notre homme terrestre, c'est
de mourir, alors que la dimension spirituelle, elle, touche à l'éternel,
précisément parce qu'elle est au-delà du naturel et du physique. Car dit-il :
« le désir de la chair, c'est la mort, tandis que le désir de l'esprit, c'est
la vie et la paix puisque le désir de la chair est inimitié contre Dieu »
(Rom 8 :6-7) ou enfin : (Rm 7:18) « Je sais que nul bien n'habite en moi, je
veux dire dans ma chair » Mais
il n'y a pas d'antinomie entre la chair et l'esprit, au contraire, c'est la
première qui permet d'accéder à la seconde. La chair, c'est notre existence
terrestre qui est, bien sûr première chronologiquement, et indispensable pour
pouvoir découvrir progressivement la dimension de l'esprit. L'esprit, c'est
une dimension nouvelle qui s'appuie sur notre chair et qui permet d'aller
au-delà, plus loin. La chair, c'est notre vie physique et à partir d'elle
nous pouvons accéder à l'esprit. En ce sens, on pourrait dire que la chair
est comme le lanceur de notre dimension spirituelle. Comme une fusée à
plusieurs étages pour mettre sur orbite un satellite. La partie du lanceur
est indispensable, sinon, le satellite resterait à Terre. Au départ, c'est le
lanceur qui est actif et petit à petit son énergie s'épuise, comme notre vie
terrestre va à sa fin, c'est alors le satellite qui est la dimension
spirituelle qui prend son indépendance et continue sa course dans l'éternité
alors que le lanceur retombe dans la mort. C'est aussi ce qu'enseigne Paul en
1 Corinthiens 15 : ce n'est pas l'esprit qui est premier, c'est la chair,
l'esprit vient ensuite, (1 Cor 15:46) mais la chair est appelée à mourir,
alors que la dimension de l'esprit demeure. C’est encore ce qu'enseigne le
Christ lors de son entretient avec Nicodème (Jean 3) : Il ne suffit pas à
l'homme de naître de chair, il faut aussi qu'il naisse de l'esprit, parce que
c'est ainsi qu'il accède à cette nouvelle dimension qui est celle de
l'éternité. La
« vie éternelle », ce n'est donc pas une réalité future, mais une réalité qui
s'enracine dans notre existence terrestre, qui commence déjà, une dimension
nouvelle que notre vie acquiert, qui est au-delà du physique et qui traverse
la mort. Certes, cette conception est un peu différente de celle que l'on
enseigne parfois d'une idée de mort, puis de résurrection, mais c'est
pourtant ce que l'on trouve dans l'Evangile de Jean qui dit : « celui qui
croit en moi vivra éternellement, il ne mourra pas, il est passé de la mort à
la vie », ou dans Paul qui parle de la « résurrection » non pas au futur,
mais au passé : « si donc vous êtes ressuscités avec Christ ».Mais cela n'a
rien à voir avec la doctrine grecque de l'immortalité de l'âme. Pour la
pensée grecque, l'âme est immortelle par nature. Pour la pensée biblique,
l'âme acquiert l'immortalité si elle sait accueillir cette parole créatrice
de l'Esprit qui lui permet d'accéder à cette nouvelle dimension. « Ce qui est
né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne
t'étonne pas que je t'aie dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. » (jean
3 :6-7). Et comme le dit Paul : « le fruit de l'Esprit c'est : l'amour, la
joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la
douceur et la maîtrise de soi » (Gal 5 :22), et puis surtout l'éternité qui
ne vient pas de nous, mais qui nous est offert par Dieu qui est Esprit, et
que nous recevons dans notre esprit |
corps – Âme – esprit
par un Bouddhiste |
D.
J. P. schnetzler |
Edition LE Mercure Dauphinois |
2002 |
||
En même temps, la forme de vie
humaine est ouverte sur la joie supérieure et expansive induite par le
sentiment de la transcendance de soi mêlé à celui du lien à autrui. Sachant
que le pilote principal du changement dans l’évolution est l’action
intentionnelle, les êtres progressent à partir d’incarnations plus isolées
jusqu’à la forme humaine à travers des actes qui transcendent la frontière
entre soi et autrui, par la générosité, la tolérance et l’éthique (acte
motivé par la conscience de leur impact sur les autres). En général, les mammifères sont plus
conscients du lien intime entre soi et autrui parce qu’ils portent leur
enfant à l’intérieur de leur propre corps. Des mammifères comme les humains –
pour qui les jeunes sont complètement dépendants de la bonne volonté des
autres pendant des années de leur vie enfantine – sont particulièrement
conscients de la nature interdépendante de leur vie. Ainsi, les humains sont
naturellement sociables, interactifs, doux, aimables, bénéficiant d’une
intelligence empathique et imaginatifs. Cette nature humaine n’est bien sûr
pas fixée ni intrinsèque, elle n’est pas une sorte d’identité absolue offerte
par Dieu, mais elle est plutôt fonctionnelle, placée sur une échelle qui
comprend les autres animaux, et, par conséquent, hautement évolutive. Bien
que fonctionnellement doux, les humains peuvent être, de loin, beaucoup plus
vicieux que les animaux moins intelligents et moins imaginatifs qu’eux. En
fait, la nature relativement malléable des humains est remarquable et
constitue véritablement une des vertus majeures de cette forme de vie.
L’humain peut rapidement devenir ou démoniaque ou divin, mais il peut aussi
atteindre l’illumination et se transformer dès lors en Bouddha. Toutes les incarnations sont des
sortes de machines, et le mental grossier est le logiciel qui contrôle la
machine. Dans la plupart des niveaux de ses conceptions philosophiques, le
bouddhisme développe un dualisme corps-esprit avec une théorie
interactionniste dans le but de préserver les gens, et les scientifiques,
contre le dogmatisme matérialiste conduisant à un nihilisme irréaliste ;
autrement dit, contre l’idée que l’on peut couper le continuum d’une
conscience individuelle en se contentant de détruire sa simple incarnation
corporelle et cérébrale. C’est considéré comme la pire forme de foi
aveuglément dogmatique, puisque “rien” n’est pas quelque chose, ce n’est pas
un endroit, ni une destination, ce n’est pas existant, dès lors ce n’est pas
découvrable, ce n’est pas quelque chose que l’on peut “devenir”. Clairement,
le mot lui-même est un terme sans référence, une pure négation. C’est un abus
de langage de dire ou de penser que quelque chose peut ne rien devenir
(devenir une non chose, nothing). Les formes d’énergie se transforment
toujours en d’autres formes d’énergie. Il n’y a pas de “rien” (non-chose : nothing)
– seulement le concept de l’opposé de toutes les choses. En toute hypothèse, le mental et
l’esprit et l’âme et la force vitale et tout ce que l’on voudra comme entité
de ce genre quel que soit le nom donné, sont des formes d’énergie, c’est
pourquoi au niveau supra subtil de la science bouddhiste des Tantras,
habituellement ésotérique, l’esprit et le corps sont non duels, l’esprit est
énergie et le corps est énergie, et ils sont tous deux rangés du plus subtil
au plus grossier. Cette non-dualité n’est pas du matérialisme dans
l’acception dogmatique du terme, car le corps peut tout aussi bien être
assimilé à une sorte d’esprit et l’esprit à une sorte de corps. Le mot
“seulement” dans “seulement un processus physique” n’exclut en rien toutes
les subtilités et transcendantalités que nous associons à “la
spiritualité”. Le matériel est tout à fait capable en lui-même de s’élever à
des hauteurs sacrées, et non nécessairement juste bassement profanes. La
relation de l’esprit au mental, et du mental au corps, est située sur une échelle
allant du supra subtil au grossier en passant par le subtil, et non pas sur
une échelle allant du mental non physique jusqu’au matériel physique. Ainsi,
le spirituel est physique à un niveau supra subatomique, il n’y a pas
d’entités indivisibles, tout se dissout par l’analyse, et tout n’existe que relativement. |
corps – Âme – esprit
par un Juif |
Jacques
ouaknin |
Edition LE Mercure Dauphinois |
2004 |
Le
distinguo entre les 3 trois entités nous est expliqué par le grand Rabbin. Il
nous parle de Guématrie, des Sefirot, du Tsimsoum, des quatre mondes de
l’échelle de Jacob, de l’Univers du judaïsme avec le Maghen-David, le sceau
de Salomon, l’Amida, et de l’au-delà. Une vision judaïque intéressante. On parle souvent de l'âme sans
pour autant en avoir une idée palpable et concrète. Ceci est normal dans
la mesure où l'on ne la voit pas. On peut distinguer 5 âmes ou plus
globalement 3 âmes: Le néfech (l'âme vitale ou l'âme animale), le Roua'h
(l'âme 'intelligente'), et la Nechama (l'âme divine). Ces trois âmes se
trouvent chacune dans une partie du corps: le néfech se situe dans le sang,
c'est elle qui permet les mouvements vitaux de l'individu. D'un point de vue
spirituel, le néfech est lié au monde de l'action. Cette âme est appelée
âme animale car c'est elle qui 'donne' toutes les tentations au corps. La seconde âme, le Roua'h, qui est
l'âme intelligente se trouve au niveau du coeur. C'est elle qui régit toutes
les émotions. Mais, à un niveau spirituel, elle relève du niveau de la
parole. Enfin, la Néchama, l'âme divine, se situe dans le cerveau. Dieu nous
l'a insufflée par le nez comme il est dit: 'Et Il a insufflé dans ses narines
une âme de vie'. Spirituellement, elle correspond donc à la pensée liée au
sacrée. C’est cette âme (Néchama) qui est la plus élevée des
trois. Cette âme est une partie de Dieu véritablement comme l'explique
clairement le Tanya puisque l'âme provient du souffle de Dieu (insufflée) et
une chose qui est insufflée est une chose qui provient de la profondeur de
celui qui l'insuffle, en l'occurrence ici, Hachem. Elle est donc extrêmement
élevée. De plus, l'âme juive
contient 10 forces: La sagesse, la compréhension, le savoir, la bonté,
la rigueur, la splendeur, l'éternité, la magnificence, le pilier et la
royauté. Ces 10 forces se suivent en 2 groupes: le 1er groupe rassemble les 3
premières forces qui sont liées directement avec la pensée (donc liés avec le
niveau de la Néchama). Les 7 dernières forces sont-elles, liées avec les
sentiments et les émotions, qui elles amènent à l'action donc sont liées avec
la parole et avec l'action (Donc avec le niveau de Roua'h et de Néfech).Il en
ressort donc que les 3 âmes s'habillent dans trois vêtements qui sont la
pensée (pour la Néchama), la parole (pour le Roua'h) et l'action (pour
le Néfech) qui eux même sont l'expression de ses 10 forces puisque les 3
premières relèvent de la pensée et donc de la Néchama et les 7 dernières
relèvent de la parole et de l'action et donc de Roua'h et de Néfech. Ces trois vêtements de l'âme se
revêtent eux-mêmes dans toutes les Mitssvot qui elles nourrissent et
apportent la vitalité aux membres de l'âme. En effet, de même qu'il y a
248 membres et 365 nerfs dans le corps physique, de même, l'âme possède 613
membres (248+365) correspondant à l'ensemble des commandements positifs et
négatifs. Et justement les 3 vêtements de l'âme que sont la pensée, la parole
et l'action se revêtent et s'habillent dans toutes les Mitssvot qui elles
nourrissent tous les membres de l'âme qui lui correspondent.
En effet, lorsque l'on pense et que l'on réfléchit à des sujets de Torah
(pensée), lorsque l'on prie ou que l'on dise des paroles de Torah (parole) ou
lorsque l'on accomplit des Mitssvot concrètement comme les Tefillin, le
Loulav etc (action), on fait donc participer tous les vêtements de l'âme
à la réalisation de toute la Torah de sorte que chaque Mitsva sera habillée par
sa pensée, sa parole ou son action correspondant et (la Mitsva)
apportera la vitalité à chaque membre de l'âme qui lui correspond.
De la sorte, l'âme sera revêtue de vêtements qui lui correspondent exactement
et qui s'imbriqueront dans chaque commandement. On pourra alors dire que son
âme est complétement 'habillée’. Enfin, les deux dernières âmes sont la 'Haya
et la Yé'hida et se situe à un niveau qui dépasse le corps. La 'Haya relève
du niveau du Roua'h Hakodesh (esprit saint) et la Yé'hida relève de la
prophétie. Dans la
religion juive, il y a une forte corrélation entre la vie spirituelle, et la
santé corporelle : toute action corporelle est étroitement reliée au
Transcendant. Le seul moment où il s’opère une désunion entre le corps et
l’esprit est le sommeil nocturne, lorsque le rêve permet à l’âme humaine de
s’envoler vers les sphères supérieures. »
On le voit, le corps et l’esprit ont ainsi partie liée dans la tradition
juive puisque la transmission de la sagesse passe par les organes des sens.
Mais cela va plus loin encore puisque la proclamation de la foi juive
intéresse et intègre toutes les parties du corps humain. Le texte de la
prière du Shema – « Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est UN
» – reprend les versets 4 à 9 du chapitre 6 du Deutéronome. En tout, 248 mots
hébraïques qui, selon la tradition juive, correspondent aux 248 organes du
corps humain. « Car ils sont la vie de ceux qui les trouvent et la santé de
leur corps », .enseignent les proverbes. Il y a donc une corrélation entre
la vie spirituelle et la santé corporelle comme il y a une correspondance
entre «les mondes d’en haut» et « les mondes d’en bas ». Selon la tradition
mystique du Livre de la splendeur (XIIIe siècle, publié pour la première fois
au début du XVIe siècle), «lorsqu’une chose s’éveille ici-bas, la racine, qui
en est responsable dans les mondes d’en haut, doit d’abord s’éveiller. L’un
unissant l’autre pour refléter l’Unité [divine] » (Zohar 48b). Pour mieux
imprimer dans les consciences cette « vérité », le Zohar propose un exemple
très concret: « Le moindre brin d’herbe dépend d’une force qui siège dans les
mondes supérieurs », assure-t-il (Zohar III 86 a). Quant au Maharal de Prague, auquel
on prête la légende du Golem (fin du XVIe siècle), il compare l’homme à un
arbre à l’envers, dont les racines plongeraient dans les cieux, car toute
réalité corporelle est reliée au Transcendant, aux «forces d’en haut » dont
parle le Zohar. Le sage est celui qui, à travers l’accomplissement des 248
Mitssvot, actions positives prescrites par la Torah, sait se relier à sa
source. Ce faisant, il s’accomplit lui-même et participe du projet créateur
pour la Création tout entière. Ainsi le Rav Ashlag, commentateur moderne du
Zohar, peut-il définir l’homme comme un être tout entier ramassé dans le
désir de recevoir (ratson lekabel). C’est l’Être qui reçoit l’Être, corps et
esprit mus par cette force de retournement dont parle la Bible : « Et tu
retourneras vers l’Éternel, ton Dieu » (Dt. 30,2). Ceci n’est possible qu’en
faisant le vide en soi et en se constituant en réceptacle de la Présence. Chaque partie du corps, à travers
l’accomplissement des Mitssvot, participe alors de cette entreprise de
ressourcement. Le corps aide l’âme à s’unir à sa source comme la femme aide
l’homme (Adam), unie à lui au moment de la Création (commentaire de Rabbénou
Béhayaï). Lorsque le Créateur dit: « Il n’est pas bon que l’homme soit seul,
faisons-lui une aide en face de lui» (Gn. 2,8), le commentaire hébraïque
ajoute: « Si l’homme le mérite, elle sera pour lui une aide, sinon, elle se
dressera contre lui » (comme dira Rashi, instaurant ainsi la longue tradition
de la guerre des sexes (?).De même, l’esprit (nefesh), principe masculin,
trouve une aide dans le corps (gouf, principe féminin, lorsque ce dernier se
soumet à la volonté du Créateur. Dans le cas contraire, précise Rabbénou
Béhayaï, c’est la guerre. Mais on aurait tort de désespérer car Rabbi Yéhouda
précise que l’âme (neshama) voue au corps un amour sans faille (Zohar Chemot
140 6). Dans ce même texte du Zohar, Rabbi Eliézer réconcilie l’âme et le
corps, neshama étant le principe féminin qui est dans le corps (masculin
cette fois) comme une femme chez son époux. » |
corps – Âme – esprit par un Orthodoxe |
Le
Père Placide deseille |
Edition LE Mercure Dauphinois |
2004 |
||
Tout cela signifie que nous
connaissons le Saint-Esprit par sa présence en nous, présence qui se
manifeste principalement par une joie, une paix et une plénitude ineffables.
Même dans le langage ordinaire, ces mots – joie, paix, plénitude – impliquent
quelque chose qui est justement ineffable, qui de par sa nature même est
au-delà des mots, des définitions et des descriptions. Ils se rapportent à
ces moments de la vie où la vie est pleine de vie, où il n’y a ni manque ni,
donc, désir de quoi que ce soit, où il n’y a ni angoisse, ni crainte, ni
frustration. L’homme parle toujours de bonheur et, en vérité, la vie est la
quête du bonheur, l’aspiration à la plénitude. On peut donc dire que la présence
du Saint-Esprit est l’accomplissement du vrai bonheur. Et comme ce bonheur ne
résulte pas d’une « cause » identifiable et extérieure, ce
qui est le cas de notre pauvre et fragile bonheur terrestre qui disparaît
quand disparaît la cause qui l’a produit, comme il ne résulte de rien qui
soit de ce monde, et pourtant se traduit par de la joie au sujet de toutes
choses, ce bonheur-là doit être le fruit en nous de la venue, de la présence
et du séjour de quelqu’un qui lui-même est Vie, Joie, Paix, Beauté, Plénitude,
Félicité. Ce « Quelqu’un » est le
Saint-Esprit. Il n’y a pas d’icône de lui, aucune représentation, parce qu’il
n’a pas été fait chair, qu’il ne s’est pas fait homme. Et pourtant, quand il
vient et qu’il est présent en nous, tout devient son icône et sa révélation,
communion avec lui, connaissance de lui. Car c’est lui qui fait que la vie
est vie, que la joie est joie, que l’amour est amour et la beauté, beauté, et
qui par conséquent est la Vie de la vie, la Joie de la joie, l’Amour de
l’amour et la Beauté de la beauté, qui, étant au-dessus et au-delà de toute
chose, fait de l’ensemble de la création le symbole, le sacrement,
l’expérience de sa présence : rencontre de l’homme avec Dieu et sa
communion avec lui. Il n’est pas « à part » ou
« ailleurs » parce que c’est lui qui sanctifie toutes choses, mais
il se révèle lui-même dans cette sanctification comme étant au-delà du monde,
au-delà de tout ce qui existe. Grâce à la sanctification, nous le connaissons
vraiment, lui et non un divin et impersonnel Cela, bien que les mots humains
ne puissent pas définir et donc isoler sous forme d’objet Celui dont la
révélation même en tant que Personne est qu’il révèle chacun et toute chose
comme unique et personnel, comme sujet et non objet, transforme toutes choses
en une rencontre personnelle avec le divin et ineffable « tu ». Le Christ a promis que le
couronnement de son oeuvre de salut serait la descente, la venue du
Saint-Esprit. Le Christ est venu pour rétablir en nous la vie que nous avons
perdue dans le péché, pour nous donner de nouveau la vie en abondance
(Jn 10,10). Et le contenu de cette vie et donc du Royaume de Dieu est le
Saint-Esprit. Quand il vient, le dernier et grand jour de la Pentecôte, c’est
la vie en abondance et le Royaume de Dieu qui sont vraiment inaugurés,
c’est-à-dire qui nous sont manifestés et communiqués. Le Saint-Esprit, que le
Christ a eu de toute éternité comme sa Vie, nous est donné comme notre vie.
Nous restons dans ce monde, nous continuons à partager son existence mortelle ;
pourtant, parce que nous avons reçu le Saint-Esprit, notre vraie vie est cachée
avec le Christ en Dieu (Col 3,3) et nous sommes déjà et maintenant
participants du Royaume éternel de Dieu, Royaume qui, pour ce monde, est
encore à venir. Nous comprenons maintenant
pourquoi, lorsque vient le Saint-Esprit, il nous unit au Christ, nous fait
entrer dans le Corps du Christ, fait de nous des participants de la Royauté,
de la Prêtrise et de la Prophétie du Christ. Car le Saint-Esprit, étant la
Vie de Dieu, est vraiment la Vie du Christ ; il est, de manière unique,
son Esprit. Le Christ, en nous donnant sa Vie, nous donne le
Saint-Esprit ; et le Saint-Esprit, en descendant sur nous et en
demeurant en nous, nous donne Celui dont il est la Vie. Tel est le don du
Saint-Esprit, la signification de notre Pentecôte personnelle dans le
sacrement de la sainte onction. Il nous scelle – c’est-à-dire fait, révèle,
confirme – membres de l’Église, Corps du Christ, citoyens du Royaume de Dieu,
participants du Saint-Esprit. Et par ce sceau, il nous donne vraiment notre
propre identité, ordonne chacun de nous pour que nous soyons ce que Dieu, de
toute éternité, veut que nous soyons, révélant notre véritable personnalité
et donc notre unique accomplissement. Le don est accordé pleinement, en
abondance, à profusion : Dieu donne l’Esprit sans mesure
(Jn 3,34), et : De sa plénitude, tous nous avons reçu, et grâce sur
grâce (Jn 1,16). Maintenant, nous devons nous l’approprier, le recevoir
vraiment, le faire nôtre. C’est le but de la vie chrétienne. Nous disons
« vie chrétienne » et non « spiritualité » parce que ce
dernier mot est devenu aujourd’hui ambigu et trompeur. Pour beaucoup, il
implique une activité mystérieuse et autonome, un secret qu’il est possible
de percer par l’étude de certaines techniques spirituelles. Le monde
aujourd’hui est le théâtre d’une quête inquiète de spiritualité et de
mysticisme et, dans cette quête, tout est loin d’être sain – fruit de cette
sobriété spirituelle qui a toujours été la source et le fondement de la véritable
tradition spirituelle chrétienne. Trop de sages et soi-disant maîtres
spirituels, exploitant ce qui est souvent une authentique et ardente quête de
l’Esprit, entraînent en fait leurs disciples dans de dangereuses impasses
spirituelles. Il importe donc, à la fin de ce
chapitre, d’affirmer une fois de plus que l’essence même de la spiritualité
chrétienne est qu’elle porte sur la vie tout entière. La vie nouvelle que
saint Paul définit comme étant vivre par l’Esprit et marcher sous
l’impulsion de l’Esprit (Ga 5,25) n’est pas une autre vie et n’est
pas un succédané ; c’est la même vie qui nous est donnée par Dieu, mais
renouvelée, transformée et transfigurée par le Saint-Esprit. Tout chrétien –
qu’il soit moine dans un ermitage ou un engagé dans les activités du monde –
est appelé à ne pas diviser sa vie en spirituel et matériel, mais à lui
rendre son intégralité, à la sanctifier tout entière par la présence du
Saint-Esprit. Si saint Séraphim de Sarov est heureux dans ce monde, si sa vie
terrestre était devenue en fin de compte un lumineux torrent de joie, s’il
jouissait de chaque arbre et de chaque animal, s’il accueillait chacun de
ceux qui venaient à lui en l’appelant « ma joie », c’est parce
qu’en tout cela il voyait avec ravissement Celui qui est infiniment au-delà
de tout et pourtant rend tout expérience, joie et plénitude de sa présence. Le fruit de l’Esprit est amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi... (Ga 5,22). Ce sont là les éléments de la
spiritualité authentique, le but de tout véritable effort spirituel, la voie
de la sainteté qui est le but ultime de la vie chrétienne.
« Saint » plutôt qu’« Esprit » est le terme qui définit
le Saint-Esprit, car l’Écriture parle aussi des « esprits du mal ».
Et comme c’est le nom de l’Esprit Divin, il est impossible de lui donner
une définition en langage humain. Il n’est pas synonyme de perfection et
bonté, vertu et fidélité, bien qu’il contienne et implique aussi tout cela.
Il est la fin de tout langage humain parce qu’il est la Réalité elle-même
dans laquelle tout ce qui existe trouve son accomplissement. « Un Seul
est Saint ». Et pourtant, c’est sa sainteté que nous avons reçue comme
étant vraiment le nouveau contenu de notre vie dans l’onction du Saint-Esprit
lui-même ; et c’est par sa sainteté, en nous élevant sans cesse en elle
que nous pouvons réellement transformer et transfigurer, rendre pleine et
sainte la vie que Dieu nous a donnée. |
10 D
dante |
Jean
canteins |
Edition
ARCHÉ MILAN |
2003 |
Tome
1 : L’Apothéose
|
dante –
clef de la comÉdie anti-catholique de dante alighieri |
Eugène
aroux |
Edition
LE MOULIN DE L’ÉTOILE |
2006 |
Paru
en 1856 ce petit livre était tombé aux oubliettes. L’auteur (Eugène AROUS)
nous donne ici ses clefs pour comprendre l’œuvre de DANTE qui est truffée de
mots, pouvant porter à confusion et ayant des portées allégoriques et
métaphysiques, il faut dire que le sieur Aroux était un pasteur protestant,
mais près du pouvoir, puisque occupant des charges de député, écrivain,
avocat et procureur du Roi. Tous
ces mots sont ici sous forme de dictionnaire et chacun donne une explication
allégorique, symbolique, historique ou métaphysique. |
dante
ET sAINt bernard |
Alexandre
massEron |
Edition
ALBIN MICHEL |
1953 |
Chacun
a sa façon, ce sont les deux grands mystiques du Moyen-Âge. Ce livre reprend
le rôle de Saint Bernard dans la Divine Comédie et leur fidélité à la « Reine
du Ciel ».
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DANTE ET SAINT BERNARD DE
CLAIRVAUX suivi de RAPPORTS DU SPIRITUEL
ET DU TEMPOREL DANS L’ART |
Max Célérier |
Ed. Moulin de l’Etoile |
2016 |
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Béatrice lui démontre que ce n'est point, comme il le
croit, par l'effet de la matière disposée en couches ou plus rares ou plus
denses. C'est une vertu intrinsèque propre à chaque planète, qui brille à
travers chacune d'elles, comme la joie à travers la prunelle des yeux, et,
selon qu'elle est plus forte ou plus faible, produit la lumière ou l'ombre. Des âmes s'offrent à Dante dans le ciel de la lune. Il
reconnaît Piccarda Donati. Il apprend par elle que la lune est le séjour des
âmes qui ont fait vœu de chasteté, mais qui ont été violemment arrachées à
leurs vœux religieux. Elle lui prouve que, bien qu'il y ait différentes
sphères dans le ciel, tous les bienheureux sont amplement satisfaits du rang
qui leur est assigné dans l'échelle céleste, et ne désirent rien de plus que
ce qu'ils sont. Elle chante un ave maria. (III) Les paroles de Piccarda et sa présence dans la lune ont
suggéré à Dante deux questions graves touchant le séjour des bienheureux et
l'action de la violence sur la volonté. Doutes de Dante: Béatrice les résout:
1) où est le trône réel des bienheureux? 2) Touchant la diminution du mérite
par suite de l'inaccomplissement involontaire d'un vœu; volonté absolu et
volonté relative. 3) n'est-il pas possible de satisfaire à un vœu inaccompli
par quelque autre bonne œuvre? Théorie de la volonté libre. Dante
soumet à Béatrice une troisième question : à savoir s'il est impossible de
suppléer de quelque manière à des vœux qui n'ont pas été observés jusqu'au
bout. (IV) Béatrice répond à la question de Dante en lui expliquant
d'après la nature et l'essence et la valeur d'un vœu, comment et dans quel
cas on peut satisfaire à des vœux qui ont été enfreints. Deux choses requises
pour l'essence du sacrifice: l'une est la matière dont il est fait et
l'autre, le pacte en soi. Ascension au second ciel, au ciel de Mercure. Dante
interroge un des esprits radieux qui s'empressent en foule vers lui. (V) DEUXIḔME CIEL: CELUI DE MERCURE. LES ÂMES
QUI FIRENT LE BIEN POUR ACQUERIR HONNEUR ET GLOIRE. (VI) : Justinien se découvre au poète. Il lui retrace le bien
qu'il a fait, et toute la glorieuse histoire de l'aigle impériale et romaine.
Il termine en lui apprenant que la planète qu'il habite est le séjour des
âmes avides, de gloire, qui ont fait de belles actions en vue et par amour de
la renommée, et lui montre l'âme de Rome, ministère de Raymond Bérenger,
comte de Provence. Justinien et les autres esprits disparaissent. Un propos
de l'empereur, demeuré obscur pour Dante, lui est éclairci par Béatrice qui
entreprend ensuite de lui expliquer le mystère de la rédemption humaine par
l'incarnation du Verbe. Argument subsidiaire en faveur de l'immortalité de
l'âme et de la résurrection des corps. (VII) TROISIḔME CIEL: CELUI DE VENUS. LES ÂMES QUI ONT ETE
SUJETTES A L'AMOUR. (VIII) : Le
poète monte dans le ciel de Vénus, séjour des purs amants et des parfaits
amis. Il se s'est aperçu de son ascension qu'à la beauté de Béatrice, qui
resplendit toujours plus de sphère en sphère Rencontre de Charles Martel, roi
de Hongrie. Sur quelques mots échappés à Charles Martel contre son frère
Robert, le poète lui demande comment un fils peut ne pas ressembler à son
père. L'esprit résout devant lui ce problème. (VIII) Entretien de
Dante d'abord avec Cunizza, sœur d'Ezzelino de Romano, tyran de la Marche de
Trévise, qui prédit les malheurs de sa patrie, ensuite avec Foulques de
Marseille. Raab de Jéricho. Malédiction des papes qui n'ont l'or en tête. (IX) QUATRIḔME CIEL: CELUI DU SOLEIL: L'ÂME
DES SAGES (X) : Le poète et
Béatrice montent au quatrième ciel, qui est celui du soleil. Ils se trouvent
entourés d'un cercle d'âmes resplendissantes, formant un chœur admirable de
danses et de voix. Saint Thomas, l'une de ces âmes bienheureuses, désigne au
poète quelques-uns de ses compagnons. Le chœur des âmes bienheureuses s'est
arrêté. Splendeur des esprits. Les flammes de douze d'entre eux se groupent
en couronne autour de Dante et de Béatrice et chantent la gloire de Dieu. St
Thomas d'Aquin se présente et désigne chacun de ses compagnons: Albert de
Cologne, François Gratien, Pierre Lombard, Salomon, St Denis l'Aéropagite,
Paul Orose, Anicius Boèce, Isidore de Séville, Bède le Vénérable, Richard de
St Victor, Siger de Brabant. Deux points de son discours avaient laissé Dante
dans l'incertitude: 1) Touche aux Dominicains. Le saint fait l'éloge de St
François d'Assise et de Saint Dominique. Reproches aux Dominicains dégénérés.
Il entreprend de résoudre ces doutes en lui racontant la vie de Saint
François (XI) Un autre cercle de bienheureux se forme en couronne autour
du cercle de Saint Thomas. Un esprit de ce second cercle prend la parole:
c'est saint. Bonaventure dont saint Thomas n'a dit qu'un mot dans l'éloge de
St-François, et fait connaître les autres esprits qui composent avec lui la
seconde couronne de bienheureux. (XII) Le poète emprunte aux astres une image pour peindre cette
double guirlande d'âmes radieuses qu'il voyait danser et chanter autour de
lui. Solution donné au 2ème doute de Dante par St Thomas touchant la sagesse
relative de Salomon et du Christ et d'Adam. Il explique cette phrase où il
disait que Salomon fut sans second en sagesse. Après l'avoir accordée avec ce
que l'Ecriture nous enseigne sur Adam, doué, en sortant des mains de Dieu, de
toutes les perfections humaines, et sur Jésus-Christ, la sagesse incarnée, le
Docteur angélique termine sa thèse en exhortant le poète à ne pas précipiter
ses opinions. Les modes de la création; cause de l'inégalité des âmes.
Prudence dans ses jugements. (XIII). Dernière difficulté dont Béatrice
provoque l'explication. Troisième couronne de bienheureux qui vient entourer
les deux autres. Un regard jeté par Béatrice fortifie Dante aveuglé par ces
nouvelles splendeurs. 3ème doute de Dante: Salomon le résout, de la splendeur
des bienheureux après la résurrection de la chair. (XIV) CINQUIḔME CIEL: CELUI DE MARS, AMES DE
CEUX QUI ONT COMBATTU POUR LA FOI (XIV) : Arrivée sur Mars. Sur deux rayons, disposés en forme de
croix lumineuse, volent dans tous les sens, en faisant entendre des hymnes
mélodieuses, les âmes radieuses des croisés qui ont combattu pour la vraie
foi. Chant de gloire des esprits. Ravissement du poète. L'âme de Cacciaguida,
trisaïeul du poète, fait joyeux accueil de son petit-fils. Il lui fait la
généalogie de leur maison, lui raconte la pureté et la simplicité des mœurs
de Florence au temps de sa naissance, ses exploits et la mort glorieuse qu'il
trouva en combattant contre les Sarrasins. (XV) Cacciaguida précise l'époque de sa naissance. Il passe en
revue les plus illustres familles qui habitaient de son temps la vieille
Florence, aujourd'hui agrandie et plus populeuse, mais dégénérée et déchirée
par la discorde. (XVI). Cacciaguida lève le voile des prédictions qui
déjà en enfer et au purgatoire avaient, à mots couverts, annoncé à Dante son
futur exil. Il lui révèle les douleurs qu'aura pour lui cet exil. Il lui
annonce les refuges qu'il trouvera. En finissant, Cacciaguida exhorte le
poète à publier hardiment son voyage surnaturel et sa vision tout entière.
Cacciaguida nomme encore à Dante un certain nombre de pieux guerriers qui
brillent dans la Croix. (XVIII) SIXIḔME CIEL: CELUI DE JUPITER : LES
JUSTES ET LES PIEUX. (XVIII) : Ciel
de Jupiter, séjour de ceux qui ont distribué avec droiture la justice dans le
monde. Les âmes des bienheureux forment la phrase: diligite justitiam qui
judicatis terram en lettres mobiles et lumineuses qui figurent les versets de
la bible qui prêchent la justice. L'M final se transforme en fleur de lys,
puis définitivement en aigle impérial. Dans ce ciel de la justice, le poète
s'emporte avec amertume contre la simonie pontificale. L'Aigle apprend à Dante que c'est la piété et la justice
qui l'ont élevé au ciel glorieux de Jupiter. Puis il répond à un doute du
poète, sur la question de savoir si quelqu'un peut être sauvé sans baptême.
Il résout la question par la négative. mais il ajoute que beaucoup qui sont
chrétiens de nom se verront au jour du jugement plus loin que dieu que les
païens, et il désigne une foule de souverains qui seront dans ce cas.
Imperscrutabilité de la justice divine dans le fait du salut et de la
damnation; nécessité des oeuvres, comme de la foi, pour le salut. Bestialité
de certains princes chrétiens. (XIX) L'aigle montre à Dante les âmes de princes justes par
excellence qui resplendissent dans son sein. Les esprits qui forment son œil:
David, Trajan, Ezechias, Constantin, Guillaume de Sicile, Riphée. Le poète
s'étonne de voir dans le nombre deux personnages qu'il avait crus païens.
L'aigle lui explique comment tous deux étaient morts dans la foi de
Jésus-Christ. De la présence de certains païens au Paradis. Certitude de la
prédestination, imperscrutabilité de ses raisons. (XX) SEPTIḔME CIEL: CELUI DE SATURNE: LES
CONTEMPLATIFS. (XXI) : Du
ciel de Jupiter, Dante monte au septième ciel, au ciel de Saturne, séjour des
solitaires contemplatifs. Des flammes radieuses montent et descendent sur une
échelle d'or gigantesque. (de Saturne à l'Empyrée). Entretien de Dante avec
Saint-Pierre Damien. Déclarations du Saint confirmant la doctrine et les
détails de la prédestination. Récit de sa vie. Invective contre la mollesse
des prélats. Saint Benoît parle de soi et de ses compagnons voués comme lui,
sur la terre, à la vie contemplative, fondateurs d'ordres dont la règle est
aujourd'hui lettre morte entre les mains de moines avides et dégénérés.
Ascension à la huitième sphère, c'est-à-dire au ciel des Etoiles fixes, où le
poète et Béatrice pénètrent par la constellation des Gémeaux. Le poète jette
un coup d'œil sur le chemin parcouru. (XXII) HUITIḔME CIEL: CELUI DES ETOILES FIXES:
TRIOMPHE DU CHRIST. (XXII) : Dante
et Béatrice dans le signe des Gémeaux: invocation du poète à ce signe de sa
nativité. Regard aux planètes et à la Terre. Apparition de tous les
bienheureux et du Christ. (les légions du triomphe du Christ) accompagné de
la bienheureuse vierge Marie, suivie elle-même d'une foule de bienheureux.
Extase de poète. Ineffable beauté de Béatrice. Le Christ remonte à l'Empyrée.
Marie, couronnée par la flamme de l'Ange Gabriel; elle remonte à son tour à
l'Empyrée. Hymne des Elus en son honneur. (XXIII) Prière de Béatrice
aux bienheureux en faveur de Dante. A sa demande, saint Pierre examine le
poète sur la foi. Chaleureuse approbation du Saint. (après-midi) Le grand
apôtre propose à Dante diverses questions. Dante répond à toutes. Le saint
est satisfait et le bénit. [(Comme saint Thomas le dit, à propos du texte de saint
Paul (somme, II, II, 4, I), la substance est le principe fondamental
d'une chose, surtout quand cette chose et ses conséquences sont contenues en
puissance dans ce premier principe; en l'occurrence, elle est le consentement
à la Foi, qui par soi-même contient toutes les choses espérées. L'argument
signifie la ferme adhésion de l'intelligence à la vérité, non apparente de la
Foi, et partant, la conviction de tout ce qui logiquement découle de
celle-ci. C'est par cette assurance que la Foi se distingue de l'opinion.
Quiddité : terme de l'Ecole, signifiant l'essence d'une chose, ce qu'elle
est.] (XXIV) L'apôtre Saint-Jacques examine le poète sur l'Espérance.
Il lui fait trois questions. Béatrice intervient pour l'une et Dante
intervient pour les autres. Saint Jean l'évangéliste s'avance vers saint
Jacques et saint Pierre. Dante cherchant l'ombre du corps de cet apôtre qui,
suivant une opinion répandue, était monté au ciel avec son corps et son âme,
saint JEAN le détrompe et lui fait savoir que le Christ et Marie ont pu seuls
monter avec leur corps dans le ciel. (XXV) Saint Jean examine Dante sur la troisième vertu théologal |