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Chapitre10   M - O  (Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité)

 

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 10 M

 

MAÏEUTIQUE et RÉMINISCENCE  -  SOCRATE et PLATON

Divers Auteurs

ARCADIA

 2009

Les termes de maïeutique et de réminiscence sont indissociables de la formule grecque qui était au fronton du temple d’Apollon à Delphes « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les Dieux »
 

Ce terme de Maïeutique est extrait du dialogue de Socrate avec son élève dans le Théétète de Platon. Sa racine grecque vient de maieusis et veut dire « accouchement » se référant au personnage de la mythologie grecque Maïa, responsable des accouchements. Avec  son système d’interrogation, Socrate obligeait son interlocuteur à aller chercher au fond de lui-même la réponse à la question posée, démontrant souvent que ce que l’on croit savoir, on ne le sait pas. Egalement Socrate obligeait ses élèves à découvrir au fond de soi des vérités qu’ils ne soupçonnaient pas, il démontrait ainsi que la parole et le système de la maïeutique est créateur. De cette façon son élève en allant au fond de lui-même, petit à petit apprenait à se connaître ontologiquement, moralement et psychiquement, et ainsi se construisait.

Quant au terme de Réminiscence, Platon l’attribue toujours à Socrate et en parle dans 4 livres –le Théétète, le Menon, le Phédon et Phèdre –Pour Platon cette réminiscence est liée à l’âme de l’homme, sa racine est : anamnêsis, dérivant de àna qui signifie la remontée et de mnémè qui est le souvenir.

C’est donc « la remontée des souvenirs ». Tous ces souvenirs seraient stockés en nous, bien caché, et feraient parti de cette âme ou mémoire collective et universelle. Jung l’appelle inconscient collectif. Pour Platon cette Réminiscence permet la restauration de l’idée contemplée ou du souvenir ramené, d’un savoir maîtrisé. Dans le Phédon la réminiscence reconnue, permet par la dialectique d’établir la preuve de l’immortalité de l’âme.

 

René Guénon dans un article de Renaissance Traditionnelle, explique le terme « Connais-toi toi-même » avec ses ramifications à l’omphalos et à la Kaaba

 

Michel Jaccard nous fait revisiter Platon et ses diverses théories et fait le parallèle avec la Franc-maçonnerie

 

Francis Bardot expose l’initiation au sein de la Maçonnerie Régulière, voie de bonheur pour les hommes en quête de vérité, et c’est par la maïeutique et la réminiscence que l’homme se connaitra mieux, se changera et changera le monde

 

Gérard Wininger explique pourquoi l’homme est responsable de sa propre réalisation spirituelle. Il a un devoir de dépassement de soi et des autres: c’est l’ascèse maçonnique, c'est-à-dire, suivre la voie initiatique qui est « une ascension descendante au plus profond de soi, à la recherche de sa réalisation »

 

Didier Cruz dans Connaissance verticale et Connaissance horizontale sur le chemin du Franc-maçon, explique pourquoi le maçon doit sans cesse pratiquer le métier et ainsi participer au Grand Œuvre.

René Eloy dans son article Initiation et Universalité part de la phrase « Connais-toi toi-même et aime ton prochain comme toi-même » pour expliquer que si l’initiation est individuelle, on a besoin des autres pour se perfectionner dans une réalisation dans l’espace et le temps

 

Thomas Efthymiou remonte aux 7 sages présocratique que sont : Pittakos de Mytilène –Cléobule de Rhodes – Chilon de Sparte –Bias de Priène – Periandros de Corinthe – Solon d’Athènes et Thalès de Milet, qui seraient à l’origine de la phrase « Connais-toi toi-même » et parle longuement de Platon, de son parcours,  et du Timée qui est pour lui  la synthèse encyclopédique de la science de Platon et de l’hellénisme de l’époque.

M. H. Cassagne retrace l’allégorie de la caverne de Platon et fait le parallèle avec le chemin maçonnique. La libération des illusions est le terme central de cette allégorie autant que du maçon.

J. C. Tribout nous parle de la symbolique du miroir sur le chemin de la sagesse. Ce miroir révélateur de Dieu mais aussi de notre intériorité, nous invite à réfléchir sur notre démarche, car le symbole du miroir est intimement lié au symbole de la mort, de l’au-delà, de l’invisible.

 

Pierre Farvacque nous plonge au cœur de l’Evangile selon Thomas, Evangile gnostique qui en raison de ses textes mystiques et métaphysiques n’a pas été retenu comme écrit canonique, et  pourtant…..114 « logia » structure ce texte qui ne parle pas de Jésus, mais à la façon des Hindous, ne retient que l’essentiel : L’enseignement du Maître, et la quintessence de cet enseignement. A l’écoute du Christ, Thomas en a perçu le message, et c’est ainsi qu’il préconise que chacun de nous le vive dans son intériorité, car là est le véritable voyage spirituel, voyage transformateur et transfigurateur. Durant les 114 logia, la sève spirituelle coule comme un suc nourricier venu du fond des âges. Il faut chercher avec son mental mais croire avec son cœur.

 

MAÎTRE ECKHART

Benoît beyer de ryke

Edition ENTRELACS

 2004

Eckhart est né en Thuringe vers 1260. Il entre chez les dominicains d'Erfurt puis étudie à Cologne où règne encore le souvenir de saint Albert le Grand transmis par Thierry de Freiberg. Eckhart est appelé à de hautes charges dans l'Ordre  provincial, vicaire général. Il en est déchargé en 1311 pour pouvoir se consacrer à son activité intellectuelle à Paris, à Strasbourg puis à Cologne. Il enseigne, il prêche et il publie. Vers les années 1325 la doctrine d'Eckhart est suspectée par l'archevêque de Cologne. On ne doit pas sous-estimer dans cette affaire la rivalité, déjà de longue date, entre mendiants et séculiers, spécialement au sujet du privilège de l'exemption. Eckhart se défend contre de mauvaises interprétations de sa pensée ou même tout simplement contre des déformations de ses propos. En 1329, en Avignon, est enregistrée une bulle qui condamne dans les écrits d'Eckhart dix-sept propositions hérétiques et onze qui paraissent suspectes. Mais Maître Eckhart est déjà mort, probablement depuis 1327. Sa condamnation est ressentie comme une injustice chez les Prêcheurs et n'empêche nullement le rayonnement posthume des grands thèmes eckhartiens que ses disciples sauront mettre en valeur sans insister sur les paradoxes audacieux du Maître.

L'oeuvre latine d'Eckhart est très théorique, caparaçonnée d'un langage technique; elle comprend des commentaires des Sentences et de la Bible. Il s'y ajoute des sermons qui constituent la majeure partie de son oeuvre écrite en allemand. La pensée de Maître Eckhart est difficile, souvent exprimée en termes paradoxaux : elle a pu être infléchie en de nombreux sens (gnose, panthéisme, idéalisme...). C'est une mystique métaphysique à dominante platonicienne mais on a pu y détecter d'autres influences. Elle est une pensée sur l'être, qui, veut absolument, s'identifier à Dieu. De cette approche vient la fameuse distinction entre la Déité, et Dieu. En une dissociation purement intellectuelle Eckhart dit en effet que la Déité est l'essence divine, absolue, isolée, au-dessus de tout nom et parfaitement une. Dieu est cette Déité en tant qu'elle entre en rapport, d'abord dans la Trinité mais aussi dans la création. Ainsi " Dieu agit; la Déité n'agit pas ". En ce sens on peut dire, à la limite : " Dieu n'est Dieu que lorsque les créatures disent : Dieu. "

Le Verbe est l'idée parfaite de toutes les créatures possibles (exemplarisme). Ainsi toute créature est marquée d'une empreinte divine qui lui donne une noblesse incomparable, bien que Eckhart souligne l'infinie distance qui subsistera toujours entre le créé et l'incréé. Au plus profond de l'âme humaine (Grund) brille une lumière, une étincelle dont Eckhart va jusqu'à dire qu'elle est, quant à elle, " incréée et incréable ", formule qui fit grande difficulté parmi ses censeurs, on s'en doute. Eckhart ajoute ; " Là, le fond de Dieu est mien et mon fond est celui de Dieu. Là je vis de ce qui m'est propre, comme Dieu vit de ce qui lui est propre. " Le retour à Dieu, but de l'itinéraire spirituel, va se réaliser par une participation à la vie intime de Dieu jusqu'à ce fond divin car " l'âme est une avec Dieu et pas seulement unie " ; elle est de la " race de Dieu ".

Pour revenir à elle-même l'âme devra d'abord purifier ses propres " puissances ", en transcendant les images et les concepts, y compris, et la proposition a aussi été considérée comme audacieuse, en dépassant l'humanité du Christ puisque ce dernier est là pour nous montrer la route vers la Déité. Le chrétien doit aussi arriver au complet dépouillement et à la pauvreté spirituelle, au-delà de tout désir, même du bien, même de la récompense éternelle. Il doit se trouver anéanti, ébloui de sa pureté et admiratif " de sa propre beauté ". " Il faut avoir un coeur pur, car seul est pur celui qui a anéanti tout ce qui est créature. " Telle fut la Vierge Marie; telle est la tâche de l'humilité; tel est aussi l'amour chrétien. Aimer Dieu en tout être conduit à l'unité dans la charité par le rejet du moi et par l'action du Christ qui agit en tous. La pensée d'Eckhart, avec ses sentiers escarpés, va être reprise et en quelque sorte monnayée par ses disciples, qui éviteront de paraître s'éloigner de la doctrine traditionnelle. que " la nature est bonne et noble ". Il convient seulement de l'émonder, de laisser émerger ce noyau où Dieu a sa demeure, au prix de souffrances, d'obscurités, certes, mais elles conduisent à la "lumière essentielle".

Condamnées à l’époque par l’Église, ses thèses furent néanmoins répandues par ses deux principaux disciples, Jean TAULER et Henri SUSO. Par eux, la mystique rhénane ou allemande exerça une influence à l’échelle européenne. Il fallut toutefois attendre le XIXème siècle pour que soit redécouverte l’œuvre de Maître Eckhart lui-même, prélude à une série d’interprétations, sérieuses ou extravagantes, de sa doctrine. Aujourd’hui encore, Maître Eckhart suscite une indéniable fascination.


Une première partie qui traite de l’histoire, sa doctrine et sa postérité. Une deuxième partie traite de l’anthologie, de son œuvre.

 

MAÎTRE ECKHART - aphorismes & lÉgendes

Maître eckhart

Edition  PAYOT & RIVAGES

 2006

Voici Maître Eckhart à qui Dieu n’avait jamais rien caché. Bonne route, ô livre – en son nom, et puisses-tu éviter les esprits fermés.

 

A la manière des célèbres "Fragments des philosophes présocratiques", le titre " Aphorismes et légendes de Maître Eckhart" désigne un ensemble de fragments éparpillés dans diverses sources manuscrites. Ces "Fragments de Maître Eckhart" témoignent de l'immense popularité de cette prestigieuse figure mystique de l'Occident chrétien, qui a subi en son temps l'opprobre d'un procès en hérésie, parce qu'"il a voulu en savoir plus qu'il ne convenait". Cet ensemble de "dits", "paroles", "sentences" ou "aphorismes" (sprüche) a d'abord été édité par Franz Pfeiffer en 1857. Même s'il comporte peut-être aussi quelques éléments apocryphes, on peut dire que l'attribution à Maître Eckhart est relativement certaine, car son contenu recoupe en grande partie les enseignements de traités authentiques, tels que Les conseils spirituels ou La Divine Consolation, publiés chez Rivages en 2003 et en 2004, respectivement.


A propos du contenu : citons notamment le thème central du détachement (anéantissement, renoncement), mais aussi : la guérison de la souffrance par la naissance de Dieu dans l'âme, par la grâce, la prière et la méditation, ainsi que cinq propositions sur l'image de Dieu dans l'âme. Autres thèmes : l'être, l'amour, l'humanité, la douceur de l'amitié, l'équanimité dans les oeuvres, le peu d'importance accordé aux honneurs du monde, car elles ne sont qu'un accident de la vérité et un égarement pour la béatitude. Ces aphorismes sont suivis de quelques légendes attribuées à Maître Eckhart. On trouvera aussi dans ce livre quelques autres textes traduits pour la première fois, notamment: "Les aphorismes des douze maîtres" et "Les douze maîtres à Paris".


Cet ouvrage regroupe un ensemble de fragments eckhartiens éparpillés dans diverses sources manuscrites. Les aphorismes rapportent « ce que Maître ECKHART a dit », et les légendes « ce qu’on a dit de Maître Eckhart ».

Les thèmes du détachement, du néant divin, de la prière, de la guérison et l’importance de la joie font de ces aphorismes un excellent condensé de la spiritualité eckhartienne.

  

MAÎTRE ECKHART - CHEMINER AVEC MAÎTRE ECKHART – Au cœur de l’anthropologie Chrétienne

  Marie-Anne Vernier

Edition Artège

 2015

Cet ouvrage est une synthèse sur l'anthropologie chrétienne qui se fonde sur la christologie et la théologie trinitaire. En se fondant sur la pensée de maître Eckhart ou de Maxime le Confesseur, l'auteure montre en quoi cette approche constitue une chance pour l'homme contemporain. L’oeuvre de Maître Eckhart nous donne une liberté intérieure et transcendante qui peut nous conduire vers l’Unité

Maître Eckhart était un dominicain qui naquit vraisemblablement vers 1260 et mourût probablement vers 1328. Nous n’avons que peu d’indications sur sa naissance et sa mort, par contre il fut un retentissant prédicateur qui fut sanctionné le 27 mars 1329 par la Bulle In agro dominico afin de stopper la diffusion de ses idées à tout le peuple. Il est l’auteur de nombreux sermons et traités ainsi que des commentaires de la bible, écrits en latin et en allemand. Ces textes sont après une étude minutieuse et une connaissance de la doctrine traditionnelle en parfait accord avec cette dernière, même s’ils sont à une certaine distance du Principe ils sont l’aboutissement que pourrait être un ésotérisme chrétien. Nous pouvons donc sans ambiguïté indiquer que les écrits de Maître Eckhart sont à prendre en compte lorsque l’on chemine sur la voie de l’ésotérisme chrétien traditionnel.

 

En occident, la tradition primordiale a pris la forme de la tradition chrétienne, qui est certes éloignée du Principe mais qui contient dans son cœur l’esprit de la tradition primordiale. Les écrits de Maître Eckhart sont donc revêtus d’une enveloppe religieuse mais une lecture méditative permet à celui qui le peu de découvrir non pas un sens caché ou secret mais un sens profond qui permet à l’Esprit de s’ouvrir vers l’Absolu et dépasser les définitions engendrées par notre univers matérialiste et limité.

 

Nous découvrons à la lecture des écrits de Maître Eckhart une notion qui illumine toute son œuvre ; c’est la notion d’Unité qui est une des caractéristiques de la tradition primordiale. Dans le sermon « De l’homme noble » nous pouvons lire : « Il n’y a de distinction ni dans la nature divine ni dans les Personnes dans la mesure où elles sont unies dans la nature. », « dans l’Un seul on trouve Dieu ; et il faut que celui qui doit trouver Dieu devienne quelque chose d’Un. ». Cette notion d’Unité entraîne la distinction entre l’homme intérieur et l’homme extérieur, le premier attaché aux vérités du ciel ; le second préoccupé par l’activité terrestre. L’auteur nous confirme que c’est en se tournant vers le premier que l’on pourra atteindre l’Unité, le Centre ou l’Invariable milieu, désignations d’autres traditions.

 

Dans son sermon intitulé « Instruction pour la vie contemplative », nous pouvons lire que « C’est dans la mesure où l’homme se connaît lui-même qu’il peut en venir à la connaissance de Dieu ». C’est bien là un des fondements de la tradition où c’est par la connaissance de sa nature propre et de son enveloppe individuelle que l’homme, état humain, peut accéder à la connaissance de sa Personnalité c’est-à-dire du Soi, axe transcendant qui relie tous les états de l’Etre aussi bien dans le monde manifesté que dans le non manifesté (précisons, afin d’éviter toute confusion, que l’Etre peut être dépassé pour accéder au non-être), axe qui a sa source dans le Principe et qui fait actionner la roue qui nous entraîne inévitablement vers un retour vers le Principe. Dans le premier sermon « De la naissance éternelle » Maître Eckhart nous indique que « la nature et la volonté de Dieu c’est d’être le commencement et la fin de toutes choses ». Dans le quatrième sermon de ce même sujet nous pouvons lire que « Si tu veux trouver en toi ce noble fils, il faut que tu abandonnes la multiplicité et reviennes à ton point de départ, le fond, d’où tu es venu. ». A cette notion de cycle se rajoute l’idée de la multiplicité comme opposition à l’unité et c’est bien celui qui dépasse la multiplicité qui pourra trouver l’Unité et donc retourner vers le Principe. Maître Eckhart évoque, dans le sermon « De la connaissance de Dieu », le thème du Premier Principe : « Alors se pose la question de savoir comment le Premier Principe tient donc tout enfermé en soi ? Je réponds ceci : Toutes choses sont – en forme finie – apparues dans le fleuve du temps, et sont pourtant – en forme – infinies – demeurées dans l’Eternité. Là elles sont Dieu en Dieu. ». Un peu plus loin, il précise sa pensée en indiquant que : « alors ressuscitent aussi en toutes choses, non en elles-mêmes, mais bien en celui qui les a transformées en lui. Là elles sont aussi spiritualisées, et il n’y a là qu’un esprit, et elles retournent avec l’esprit dans la source. »

 

La notion de Dieu, quelquefois intitulé Le Père, ne doit pas être enfermée dans un carcan défini, c’est d’ailleurs bien là le dépassement que doit insuffler toute démarche spirituelle traditionnelle, et donc non seulement à cette notion religieuse de Dieu créateur puisque dans le quatrième sermon évoqué plus haut, l’auteur affirme que « Dieu opère toutes ses œuvres, en lui comme en dehors de lui, en un instant. ». On retrouve bien là cette notion de connaissance intuitive et immédiate qui est la première révélation de celui qui marche sur le chemin de la tradition. Le Père engendre le fils ainsi Maître Eckhart nous permet de voir comment cette naissance peut être engendré en nous même, dans notre intérieur et uniquement là car nos possibilités ne peuvent venir de l’extérieur. Les textes bibliques prennent alors une nouvelle dimension et notamment la vie du Christ. Une dimension illimitée et intérieure qui ne peut être comprise que par une lecture « du cœur » de la bible. Pour pouvoir lire spirituellement la bible et réaliser cette lecture, qui est dans la tradition primordiale un des contenus de la Connaissance avec l’étude, Maître Eckhart donne des instructions spirituelles notamment avec le discours sur le discernement et celui sur le détachement. On retrouve bien là aussi les fondements révélés par d’autres textes orientaux, notamment védiques, qui confirment la démarche de Maître Eckhart dans la voie traditionnelle. L’étude de la connaissance ne suffit pas à trouver son unité, elle doit être réalisée afin que celui qui chemine trouve le Centre, son centre d’où émane l’Axe sacré.

 

Le chemin d’accès balisé par Maître Eckhart peut nous permettre en occident de nous approcher de la tradition primordiale. Nous n’avons donc nullement besoin de chercher ailleurs une autre forme de tradition que nous possédons surtout que le plus souvent cette tradition extérieure est déformée au point où l’on en arrive à faire croire que la notion de transcendance est absente des traditions orientales ou autres. C’est le contresens le plus fréquent car le rattachement est une autre notion clé de la spiritualité traditionnelle.

 

Nous ne pouvons reprendre toutes les notions contenues dans les écrits de Maître Eckhart car de très nombreuses pages seraient alors nécessaires. Dans notre monde où tout nous pousse à alimenter notre individualité par un matérialisme sans cesse insatisfait, la lecture des œuvres de Maître Eckhart nous donne une liberté intérieure et transcendante que nous ne pourrons jamais obtenir de l’extérieur. Là aussi en conformité avec la démarche traditionnelle, nous pouvons apprendre que nous possédons tous un fragment de la vérité que nous découvrirons si nous portons sur nous même un regard lucide et éclairé par la Lumière qui vient de la ténèbre.

 

MAÎTRE ECKHART  -  CONSEILS SPIRITUELS

Présenté par  W. Wackermagel

Edition Payot

 2003

Ce livre contient quelques sentences et conseils de ce grand mystique. Il nous parle de l’obéissance, de l’abandon de soi, du péché et de l’amour de Dieu.

 

Etrange destinée que celle de la pensée de Maître Eckhart. Elle a nourri, en son temps, l'expérience mystique rhéno-flamande à laquelle elle apportait l'appareil conceptuel, le logos, dont elle avait besoin pour faire entendre autre chose que son chant et toucher des esprits théologiques et métaphysiques que l'élan du cœur n'avait pas entièrement subjugués. Elle a exprimé cette part de raison hors des mots de la raison sans laquelle le pur vécu de l'illumination intérieure n'eût pu frayer sa voie dans le clair-obscur de l'entendement. Et il est hors de doute que, par l'intermédiaire de Suso et de Tauler, Eckhart joua, dans les milieux monastiques, le rôle d'un véritable maître spirituel : un maître qui ne se contentait pas d'enseigner mais qui apprenait à ses auditeurs à se découvrir eux-mêmes et à accéder à leur propre parole de vérité. Cette emprise profonde et fidèle sur les âmes dut se poursuivre dans l'ombre des cloîtres bien après la condamnation romaine de 1329. Les grands siècles rationalistes la tinrent en lisière mais ne l'étouffèrent pas.

 

Elle resurgit en plein cœur du romantisme allemand comme un irréductible noyau de lumineuse ténèbre, d'irrationalité transcendante et abyssale, auquel la réflexion philosophique et l'expérience spirituelle n'ont pas fini de se référer. Les textes ici rassemblés, outre des fragments de l'œuvre allemande d'Eckhart et de ses disciples, mettent en lumière la féconde actualité du métaphysicien, du théologien et du mystique que fut le maître rhénan. Elles se proposent comme un carrefour de disciplines et de cultures où l'Extrême-Orient, le judaïsme, l'islam sont amenés à exprimer leurs affinités - métaphysiques, spirituelles, éthiques et linguistiques avec la pensée d'un esprit profondément chrétien dont on pourrait dire que sa marginalisation historique a préservé toute la sève, la saveur et la flamme, et qui demeure comme une permanente puissance d'incitation à l'intériorité, jusqu'à la conjonction extatique de l'être et du néant

 

Quelques conseils spirituels de Maître Eckhart :

 

Là où finit la créature, là commence l’être de Dieu. Tout ce que Dieu te demande de la façon la plus pressante, c’est de sortir de toi-même dans la mesure où tu es la créature, et de laisser Dieu être Dieu en toi »

 A propos de la Trinité, du Père, du Fils et de l’Esprit : « Le Saint-Esprit émane des deux en demeurant en eux ; et le Père ne l’engendre pas, car il est une fin de la déité et de toutes les créatures, et Il demeure en Lui-même, là où réside le repos et le calme absolu pour tout ce qui a jamais acquis d’être. La fin dernière de l’être, ce sont les ténèbres ou l’inconnaissance de la déité cachée, qui fait briller la lumière, que les ténèbres n’ont pas comprises »

« Tout ton être doit devenir néant, dépasse tout être et tout néant ! Laisse le lieu, laisse le temps, et les images également ! Si tu vas par aucune voie sur le sentier étroit, tu parviendras jusqu’à l’empreinte du désert »

 Il y a dans l’âme quelque chose qui dépasse l’essence créée de l’âme, quelque chose que rien de créé ne touche, quelque chose qui n’est rien. L’ange lui-même ne l’a pas, lui dont l’être est si grand et si pur, il n’y touche même pas. C’est une parenté d’espèce divine, c’est Un en soi-même, cela n’a rien de commun avec quoi que ce soit. Et c’est là que bien des clercs se mettent à boiter

 

MAÎTRE ECKHART ET la mystique rhÉnane

J.A. hustache

Edition  SEUIL

 1980

Maître Eckhart et la mystique rhénane Si les mystiques sont ces hommes et ces femmes qui ont fait l'expérience de la présence de Dieu et qui tentent de la décrire dans le langage des hommes, alors Eckhart (vers 1260 - vers 1328) est assurément l'un des plus grands dans toute l'histoire de la mystique en Occident. Personne peut-être n'a parlé de Dieu comme lui. Ne l'a-t-il pas appelé un " Néant ", un " Surnéant ", pour exprimer l'idée que Dieu est ineffable, innommable, que tous les termes sont insuffisants pour dire ce qu'il est dans son essence ? Qui était Eckhart ? Ce livre ne présente pas seulement la vie et l'oeuvre, avec des textes choisis. il retrace aussi tout le contexte intellectuel et social qui l'a précédé et soutenu (ou freiné) et la constellation de la mystique rhéno-flamande, avec des hommes comme Tauler, Suso, Ruysbroeck, et des femmes comme Mechtilde et Gertrude. Eckhart a été l'initiateur et la principale figure de cette mouvance spirituelle sans équivalent. Le livre est repris de la célèbre collection " Maîtres Spirituels ", avec une bibliographie actualisée

 

Maître Eckhart, sa vie, son œuvre, son temps, sa mystique, son enseignement, son procès.

La mystique rhénane avant et après M. Eckhart.

 

MAÎTRE ECKHART - INITIATION A MAÎTRE ECKHART

Kurt Ruh

Edition Cerf – Edition Universitaire de Fribourg 

 1997 

Théologien, prédicateur et mystique, Maître Eckhart compte parmi les figures les plus éminentes du Moyen Âge. Favorables ou hostiles, les sentiments qu’il a pu inspirer rendent compte de la sagesse et de la folie de notre existence.
Du fond des siècles s’offrent à nous les paroles du Maître avec toutes leurs sagesses mais aussi les difficultés à replacer ces paroles dans notre siècle en les interprétants avec notre métaphysique d’aujourd’hui.

Semblant d’abord proches de notre expérience personnelle, elles s’en éloignent subitement, nous apparaissent étonnamment étranges, puis soudain lumineuses, jamais atteignables. Par ces mots, Kurt Ruh caractérise notre rapport complexe au maître dominicain dont l’œuvre et la pensée sont présentées dans cette initiation, qui est le fruit d’une vie de recherche consacrée à la mystique européenne.

De fait, ce livre propose la première biographie intellectuelle complète du dominicain allemand, offrant à la fois un récit de sa vie jusqu’au procès d’inquisition et un magnifique exposé de sa doctrine sous l’angle de la philosophie, de la théologie, de la spiritualité et de la kérygmatique.

Il n’est pas exagéré de dire qu’il s’agit de la meilleure présentation d’ensemble de la pensée eckhartienne actuellement disponible, et ce volume complète utilement les nouvelles recherches francophone sur l’œuvre de Maître Eckhart.

C’est un des grands mérites de cet ouvrage que d’expliquer comment Maître Eckhart, grand intellectuel, maître en théologie de l’université de Paris, prédicateur itinérant pendant de nombreuses années dans les régions rhénanes, directeur spirituel auprès des maisons de religieuses de son ordre, bref, comment un frère ayant manifestement réalisé de manière exemplaire le programme tracé par sa vocation, pu s’attirer ainsi les foudres de l’église. L’auteur explique tout cela en retraçant étape par étape, l’itinéraire du dominicain allemand et en proposant une interprétation à la fois sensible et circonstanciée des textes eckhartiens.

Cet ouvrage retrace d’une part la vie des dominicains de l’époque et celle de Maître Eckhart en particulier. Toujours au service du texte, et en cela fidèle à son métier de philologue, Kurt Ruh fait parler les textes en les situant dans le contexte originel, qu’il s’agisse de la spiritualité des moniales, du milieu universitaire de Paris, ou encore du procès de Cologne, ses analyses reconstituent avec succès le contexte de la pensée eckhartienne.

Maître Eckhart apparait ainsi sous différentes facettes : comme prédicateur, philosophe, théologien, directeur de conscience et mystique. Kurt Ruh est un maître dans l’exégèse des sermons d’Eckhart et cet ouvrage contient quelques paradigmes d’une analyse compréhensive de la prédication eckhartienne.

L’auteur fait également des rapports entre la pensée de Maitre Eckhart et la doctrine de Marguerite Porète, cette Béguine martyrisée et brulée pour sa foi trop dévorante et qui faisait peur à l’église, c’est cette même peur issue de l’obscurantisme qui fera un procès à Maître Eckhart.

Il n’est pas exagéré de dire que cet ouvrage nous offre la plus exhaustive présentation et la meilleure biographie du Maître thuringien, ainsi que son analyse des textes et des sermons du Maître, un ouvrage incontournable pour comprendre et assimiler la pensée et la doctrine de ce grand mystique.

Au sommaire de ces 315 pages de grande richesse :

Sa voix venait de l’éternité, mais vous ne la comprenez qu’au présent - Une carrière brillante dans l’université et dans l’ordre - Le spirituel de l’ordre : les Rede der unterscheidunge - Mystique dionysienne : le Granum sinapis - Paradisus anime intelligentis - L’Opus tripartitum - Maître Eckhart et la spiritualité des Béguines - Le Liber benedictus - La prédication dans la région rhénane - Le procès - Maître Eckhart, le mystique -

Kurt Ruh est professeur émérite de l’université de Würzburg, il est l’auteur d’une monumentale histoire de la mystique européenne dont quatre volumes ont déjà paru, les autres sont en cours

 

MAÎTRE ECKHART - la divine consolation  suivi de L’HOMME NOBLE

Maître eckhart

Edition  Payot

 2003

La Divine Consolation est aussi connue sous le titre de Benedictus Deus, ce sont les derniers traités du Maître dédiés à une reine en deuil, ce discours consolateur est l’héritier d’une tradition philosophique passant par les stoïciens, Dante et les Cathares avec leur Consolamentum. Eckhart (1260-1329) tient en peu de lignes. Né à Hochheim en Allemagne, Eckhart suit des études de théologie à Paris et à Cologne. Entré dans l’ordre des dominicains, il devient prieur d’Erfurt et commence à publier les entretiens spirituels qu’il a avec ses frères de l’ordre. Après une période d’enseignement à Paris, il est élu provincial de Saxe puis vicaire général de la province de Bohême et enfin de Teutonie. Mais il est surtout un maître spirituel influent et reconnu. Pour de sombres questions internes à l’ordre des dominicains, il a maille à partir avec l’Inquisition. La raison invoquée pour sa mise en accusation est l’influence supposée de certaines de ses propositions sur les béguines, ces femmes mystiques caractéristiques de la vie spirituelle du haut Moyen-Âge rhénan. Condamné par le pape Jean XXII, il réfute les accusations portées contre lui mais meurt néanmoins dans l’isolement le plus complet, au point que l’on ignore la date précise de son décès. Son influence est cependant considérable par la vigueur de sa pensée et la profondeur du cheminement spirituel qu’il propose.

 

La voie mystique de Maître Eckhart repose sur deux piliers : le premier est l’importance du détachement qui seul permet, par la place qu’il laisse à Dieu dans l’âme, de progresser dans la vie spirituelle, le second est la foi en cette certitude que c’est la Trinité tout entière qui vient habiter l’âme de celui qui s’abandonne à Dieu. Le style littéraire de Maître Eckhart est particulièrement suggestif. Il utilise de nombreux paradoxes qui, en forçant sa pensée, font image pour le lecteur. Il est considéré comme le père de la mystique rhénane, un des courants spirituels les plus importants de la spiritualité chrétienne. Maître Eckhart a en effet inspiré des penseurs comme Henri Suso, Jean Tauler, Nicolas de Cues, Jan de Ruysbroek. Redécouvert au XIXe siècle, il est peu à peu vulgarisé et se trouve aujourd’hui particulièrement apprécié par ceux qui cherchent une voie mystique radicale et contemporaine. 

 

Dans son Traité de « L’Homme Noble », Maître Eckhart ne cesse de rappeler à ceux qui l’écoutent, le trésor, la source, caché en eux, ce qui fonde la noblesse de leur être. Cette noblesse n’est pas toujours reconnue, ni de soi, ni des autres ; « elle n’est pas de ce monde » ; mais pour celui qui accepte de traverser la non-reconnaissance de ses proches et de travailler à l’émergence de son être essentiel, la paix et la béatitude ne sont pas vaines paroles, mais révélation de sa filiation divine … de sa haute noblesse d’enfant de Dieu. Dans son Épître aux Corinthiens (4/16), Saint Paul rappelle que l’homme extérieur dépérit. Comme tout ce qui est composé, il ne saurait tarder à se décomposer. Par contre, l’homme intérieur ne cesse de se renouveler de jour en jour. Cet homme intérieur, c’est « l’homme noble » de Maître Eckhart. « Aucune âme raisonnable n’est privée de Dieu ; la semence de Dieu est en nous … Cette semence, elle peut bien être recouverte et cachée, elle n’est jamais anéantie ni éteinte : elle est ardente, elle brille, elle éclaire, brûle, et tend sans cesse vers Dieu ».

 

Saint Paul rappelait aux hommes qu’ils étaient de « la race de Dieu ». Saint Pierre rappelait qu’ils étaient « participants de la nature divine ». Maître Eckhart dira : « ensemencés, engendrés de Dieu ».C’est là toute la noblesse de l’homme. Le souvenir d’une telle origine devrait le délivrer de toute vulgarité et de toute médiocrité. Cela surtout devrait le rendre humble et simple, comme seuls ceux qui savent qu’ils ont tout reçu, savent l’être : si simples qu’ils ne s’aperçoivent même plus d’eux-mêmes et de la connaissance qu’ils ont de Dieu. L’homme noble vit et respire au-delà de la dualité qui poserait Dieu comme un objet devant lui. Entre son « moi » et Dieu, il n’y a plus de place pour un « c’est moi ». « L’homme noble prend et puise tout son Être et toute sa vie, toute sa béatitude, uniquement de Dieu, par Dieu et en Dieu seul, non dans la connaissance, la contemplation, l’amour de Dieu ou autres choses semblables. C’est pourquoi Notre Seigneur dit très justement que la Vie Éternelle consiste à connaître Dieu seul comme l’unique vrai Dieu, non pas à connaître que l’on connaît Dieu ».

 

Ce non-savoir nous conduit plus haut que toute connaissance dans cette puissance incréée où Dieu et l’homme ne font qu’un : « Qui donc est plus noble que celui qui est né, d’une part du plus haut et du meilleur de la créature et d’autre part du fond le plus intime de la nature divine et de la solitude ? ».De telles affirmations ne vont pas sans choquer l’homme sans expérience intérieure, et celui-ci ne manquera pas d’accuser l’homme noble « de dire des choses qui dépassent l’entendement », ou de prétentions diaboliques…C’est ainsi que fut jugé Maître Eckhart lui-même. C’est ainsi que seront jugés ceux qui débordent quelque peu la norme commune. La réponse du maître thuringien est de réaffirmer son expérience et c’est comme un écho de la parole de Jésus aux pharisiens : « Si je vous disais autre chose, je serais un menteur » : « … bien des esprits grossiers diront que beaucoup de paroles que j’ai écrites dans ce livre et ailleurs ne sont pas vraies, mais je répondrai par ce que dit Augustin au premier livre de ses Confessions : Si quelqu’un ne comprend pas cela, qu’y puis-je ? … Il me suffit que ce que je dis et écris soit vrai en moi-même et en Dieu. Celui qui voit un bâton enfoncé dans l’eau pense que le bâton est brisé alors qu’il est droit. La raison en est que l’eau est plus grossière que l’air ; pourtant le bâton est droit et non brisé, en lui-même aussi bien qu’aux yeux de celui qui le voit seulement dans la pureté de l’air. »

 

Saint Augustin dit : « celui qui, sans de multiples pensées, sans toutes sortes de représentations et d’images reconnaît intérieurement ce qu’aucun regard extérieur n’a mis en lui, sait que ces choses sont vraies. Mais celui qui n’en sait rien rit et se moque de moi, et j’ai pitié de lui. Cependant, de telles gens prétendent contempler et goûter les choses éternelles, alors que leur cœur vole encore d’hier à demain ». Des penseurs plus savants mais tout aussi mal intentionnés pourraient reprocher à cette doctrine de l’Homme Noble de semer plus de troubles que de lumière et qu’il ne « faut pas enseigner aux ignorants ce qu’ils ne sont pas capables de comprendre » (coram vulgo simplici). Tel est le motif invoqué dans la Lettre de Jean XXII, datée d’Avignon le 15 avril 1329, à l’Évêque de Cologne, Henri de Virneburg, pour lui recommander de rendre publique dans ce diocèse la condamnation intervenue à Avignon le 27 mars 1329. A cela, Maître Eckhart avait déjà répondu invoquant une fois de plus la lettre même de l’Évangile. « On dira aussi que l’on ne doit pas énoncer et écrire de telles doctrines pour les ignorants ; je réponds que, si l’on n’instruit pas les ignorants, personne ne sera jamais instruit, personne ne pourra enseigner ni écrire. Car on instruit les ignorants pour que d’ignorants qu’ils étaient, ils deviennent des gens instruits … « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de remèdes », dit Notre-Seigneur (Luc 5,31). Le médecin est là pour guérir les malades. Mais si quelqu’un comprend mal cette parole, qu’y peut celui qui dit justement cette parole juste ?

 

Saint Jean annonce le Saint Évangile à tous les croyants et aussi à tous les incroyants pour qu’ils deviennent croyants ; et pourtant il commence l’Évangile par les choses les plus hautes qu’un homme puisse dire de Dieu ici-bas ; et souvent aussi ses paroles, de même que celles de Notre Seigneur, ont été mal comprises ». (Le livre de la consolation divine). Mais les obstacles les plus importants que rencontre l’Homme Noble ne viennent pas de l’extérieur de l’homme mais de l’intérieur de l’homme lui-même, de sa négligence, de sa superficialité, de sa folie qui consiste à garder l’écorce et à jeter l’amande, à entretenir ce qui est dans le temps et à perdre ce qui demeure dans l’éternel. « La semence de Dieu est en nous. Si elle avait un cultivateur bon et sage, laborieux, elle prospérerait d’autant mieux et s’élèverait vers Dieu dont elle est la semence, et le fruit serait semblable à la nature de Dieu … Mais si la bonne semence a un cultivateur insensé et mauvais, l’ivraie pousse, couvre et étouffe la bonne semence, en sorte qu’elle ne peut arriver à la lumière ni se développer ».

 

Un autre obstacle consiste dans notre attachement à la multiplicité, aux images, aux distinctions, aux opinions, qui appartiennent au « vieil homme » et qui empêchent la réalisation de l’unité, de la simplicité, qui est le propre de l’« homme nouveau » (un autre nom de « l’homme noble ») : « Dans la distinction, on ne trouve ni l’Un, ni l’Être, ni Dieu, ni repos, ni béatitude, ni satisfaction. Sois Un, afin que tu puisses trouver Dieu, et en vérité ; si tu étais vraiment Un, tu resterais Un aussi dans la diversité et la diversité deviendrait Un pour toi et ne pourrait t’entraver absolument en rien ».Pour parvenir à cette unité qui nous rend semblables à Dieu, quel est le chemin ? Maître Eckhart ne nous dresse pas de carte ou d’itinéraire précis. Il nous donne néanmoins un certain nombre de points de repère qui sont autant de « degrés » d’intensité ou de proximité de l’Unique Présence. Plutôt que d’itinéraire, nous pourrions parler d’itinérance … songeant au papillon qui ne cesse d’aller et de venir, puis de tourner autour de la flamme, avant de s’y consumer.

 

« Le premier degré de l’homme intérieur, de l’homme nouveau, comme dit Saint Augustin, c’est que l’homme vit à l’imitation d’hommes bons et saints, mais qu’il marche toujours en se tenant aux chaises et aux murs et se nourrit encore de lait.

 

Le second degré, c’est qu’au lieu d’avoir les yeux fixés uniquement sur ses modèles ou encore sur des hommes bons, il court et se hâte maintenant vers les enseignements et les conseils de Dieu et de la Sagesse divine ; qu’il tourne le dos aux hommes et la face vers Dieu, quitte le giron de sa mère et sourit à son Père céleste.

 

Au troisième degré, l’homme se soustrait de plus en plus à l’influence de la mère et s’éloigne de plus en plus du sein maternel, échappe à la sollicitude et rejette toute crainte. Quand bien même il aurait la possibilité de faire le mal ou de porter tort à quelqu’un, sans en recevoir pour autant aucun dommage, il n’en aurait pourtant aucune envie ; par l’amour il est, en effet, lié et confié à Dieu dans un zèle constant, jusqu’à ce que Dieu l’ait placé et établi dans la joie et la douceur, là où lui répugne tout ce qui est dissemblable et étranger, tout ce qui ne convient pas à Dieu.

 

Au quatrième degré, l’homme croît de plus en plus et s’enracine dans l’amour de Dieu, au point d’être toujours prêt à assumer, de bon gré et de bon cœur, avidement et avec joie, toutes sortes de tribulations et d’épreuves, d’ennuis et de peines.

 

Au cinquième degré, l’homme vit partout et spontanément dans la paix, calme et tranquille dans la richesse et la jouissance de la plus haute et indicible sagesse.

 

Au sixième degré, l’homme est dépouillé de lui-même et revêtu de l’éternité de Dieu, parvenu à la perfection complète ; il a oublié la vie temporelle avec tout ce qu’elle a de périssable ; il a été entraîné et transformé en une image divine, il est devenu un enfant de Dieu. Il n’y a pas d’autre degré, de degré supérieur ; là est le repos éternel, la béatitude. Car le but dernier de l’homme intérieur, de l’homme nouveau est la Vie Éternelle. » Mieux que cette description linéaire et encore trop logique du parcours de l’homme vers Dieu, Maître Eckhart empruntera aux Pères de l’Église et notamment à Origène, des images, des paraboles, qui suggèrent plus qu’elles n’expliquent le Dévoilement de l’Être incréé au cœur de la créature.

 

« Au sujet de cet homme intérieur, de cet homme noble, en qui est imprimée l’image de Dieu et semée la semence de Dieu, comment cette semence et cette image de la nature divine et de l’essence divine qui sont le Fils même de Dieu, s’y révèlent et comment on en prend conscience ; comment il arrive parfois qu’ils soient cachés, tout cela, le grand maître Origène nous l’expose dans une parabole ; le Fils de Dieu, dit-il, image de Dieu, est au fond de l’âme comme une source d’eau vive. Quand on y jette de la terre, c’est-à-dire des désirs terrestres, elle est recouverte et cachée au point qu’on ne la connaît et qu’on ne l’aperçoit plus. Mais, en elle-même, elle reste vive ; dès qu’on enlève la terre qui la recouvre à la surface, elle réapparaît et on la revoit. Et il dit encore que cette vérité se trouve indiquée au premier livre de Moïse, où il est écrit qu’Abraham avait creusé dans son champ des puits d’eau vive, mais que des gens mal intentionnés les avaient comblés de terre ; mais quand on en eut sorti la terre, les sources redevinrent vives. (Genèse 26, 15-19).

 

Il existe à ce sujet encore d’autres paraboles. Le soleil luit sans arrêt ; mais quand un nuage ou une brume s’interpose entre nous et le soleil, nous n’apercevons plus sa lumière. De même, quand l’œil est malade et infirme en soi, la clarté lui est inconnue. Parfois j’ai eu recours, moi aussi, à une comparaison frappante : Quand un artiste fait une statue en bois ou en pierre, il ne l’introduit pas dans le bois ; il enlève au contraire, les éclats qui cachaient et couvraient la statue. Il n’ajoute pas au bois, il lui enlève quelque chose, il fait tomber sous son ciseau tout l’extérieur et fait disparaître les rugosités, et alors peut resplendir ce qui se trouvait caché au dedans. Voilà le trésor enfoui dans un champ, dont parle Notre Seigneur (Mt. 1, 44). On le pressent, chez Maître Eckhart, comme chez les premiers chrétiens, la Gnosis ne se sépare jamais de la Praxis. Grégoire de Nazianze disait : « c’est bien de parler de Dieu, c’est mieux de se purifier pour Le connaître vraiment ».

 

Il ne suffit pas de savoir que la Source est là. Encore faut-il creuser le puits ; connaître que la lumière ne cesse de briller, encore faut-il ouvrir ses volets ou nettoyer ses vitres pour que toute la chambre en soit éclairée. L’or est dans le minerai. Il s’agit de le purifier de tout ce qui lui est étranger. L’itinérance eckhartienne est un lent travail d’épuration, de simplification, de désidentification avec tout ce qui est étranger à notre vie essentielle, toutes ces fausses images, ces caricatures que nous sommes à nous-mêmes … jusqu’au jour où rayonne, dans toute sa clarté, la vérité du Fils : « Avant qu’Abraham fut, JE SUIS ». La noblesse de l’homme n’est autre que la présence dans l’espace et dans le temps de l’unique et éternel « JE SUIS ».

 

MAÎTRE ECKHART – LE MESSAGE INITIATIQUE DE MAÎTRE ECKHART - N° 64

Alain Lejeune

Edition Maison de Vie 

 2015

Cet ouvrage est le n°64 de la collection Les Symboles Maçonniques dont il suit la présentation habituelle : texte court, illustrations et index. Après une brève introduction rappelant les points marquants de la vie de Maître Eckhart, l'auteur s'appuie sur de nombreuses citations extraites des Sermons et des Traités, explicitées ou commentées lorsque nécessaire, pour mettre en évidence la cohérence de l'enseignement initiatique du Maître.

Eckhart est né vers 1260 d’une famille thuringienne de Hochheim, résidant à Tambach près de Gotha. On ne sait rien de sa jeunesse, ni même de son entrée chez les dominicains. Les seuls documents incontestables nous le montrent bachelier sententiaire à l’université de Paris :
De 1294 à 1298, Eckhart est prieur du couvent dominicain d’Erfurt. C’est à cette époque qu’il rédige sa première grande œuvre : Die rede der unterscheidunge (Discours du discernement). En 1302, il obtient la maîtrise en théologie de l’université de Paris : frère Eckhart devient Maître Eckhart

De retour en Allemagne, en 1303, Eckhart est élu premier provincial de la province dominicaine de Saxonia, qui regroupe 47 couvents de frères, représentant 11 nations différentes (dont la Hollande). Son siège est à Erfurt. À ces lourdes responsabilités sera bientôt ajoutée celle de vicaire général de la province de Bohême. Malgré les interminables voyages à pied que lui imposent les chapitres généraux et provinciaux, malgré les fondations de nouveaux couvents et la multiplication des travaux administratifs, cette seconde période d’Erfurt est marquée par une prédication en langue allemande qui, d’emblée, connaît un retentissement considérable.
En 1311, Eckhart est envoyé une seconde fois à Paris pour y enseigner, honneur exceptionnel dont seul Thomas d’Aquin a, auparavant, bénéficié. Il y trouve une situation très troublée : les templiers viennent d’être exécutés, le 27 mai 1310, et Marguerite Porete, la béguine du Hainaut, brûlée en 1313, Eckhart quitte Paris pour Strasbourg, en Teutonia, comme vicaire général, chargé de la direction spirituelle des moniales. Il s’y occupe non seulement des sœurs de son ordre et des femmes de ses tiers ordres, mais aussi de toutes les pieuses femmes que comptent les 85 béguinages

Au début de 1324, Eckhart est envoyé au Studium generale de Cologne, pour y enseigner. Son assistant est Nicolas de Strasbourg, qui devient en août 1325 visiteur de Teutonia. Sans doute pour devancer l’évêque de Cologne, Nicolas entame, dès 1325, une action contre Eckhart, qui n’aboutit pas et qui donne un non-lieu.

L’année suivante cependant, l’évêque de Cologne lance contre le théologien dominicain un procès d’inquisition. La situation est grave : de nombreux bégards et béguines viennent d’être brûlés ou noyés dans le Rhin. C’est la première fois qu’un maître en théologie, qui plus est la principale figure intellectuelle de son ordre, est objet d’inquisition. Pour défendre son maître le plus prestigieux contre les calomnies et les abus de pouvoir, l’Ordre se mobilise.
Du travail de la commission d’inquisition ne restent que deux listes de propositions suspectes d’hérésie, qui concerne surtout la prédication de Strasbourg et de Cologne.

Le 13 février 1327, Eckhart proteste de son innocence dans l’église des dominicains de Cologne. Dès le printemps 1327, il décide avec courage et ténacité d’aller porter lui-même en Avignon son affaire
La commission pontificale ramène les listes du dossier d’inquisition à un ensemble de 28 propositions, traduites en latin et isolées de leur contexte. Le 27 mars 1329, la bulle In agro dominico condamne 17 d’entre elles comme « contenant des erreurs ou entachées d’hérésie », les 11 autres étant seulement « tout à fait malsonnantes, très téméraires et suspectes d’hérésie », mais « susceptible de prendre ou d’avoir un sens catholique, moyennant force explications et compléments ».
L’axe de la condamnation est clair : il s’agit d’arrêter la diffusion des idées eckhartiennes « dans le cœur des gens simples », en particulier à Cologne et dans le bassin rhénan.
Mort en route dès 1328, Eckhart n’aura pas même eu le temps de connaître la sanction finale.

L'enseignement spirituel de Maître Eckhart est essentiellement une invitation au détachement considéré comme la condition nécessaire de l'union à Dieu, et à l'enfantement de Dieu dans l'âme, fruit de la « divinisation » reçue de et par l'union à Dieu. Il s'agit d'un détachement de tout ce qui rend l'être indisponible à l'action de la grâce ; le dernier degré de ce détachement consistant même à s'affranchir de l'effort pour se rapprocher de Dieu.

Il s'agit en effet moins de se décharger du poids de réalités contingentes extérieures que de cultiver et entretenir une intériorité conçue comme fragment de l'union à ce monde, autrement que le Christ, qui en sa chair humaine fut attaché au monde. Ainsi disposé, l'esprit libre, le cœur humble, toute attente ou aspiration personnelle éteinte, l'intériorité insensible à toute turpitude, Dieu ne peut faire autrement que de s'y loger, comblant cette vacuité par la félicité ; «l'homme devenant par grâce ce que Dieu est en nature. » (Maxime le Confesseur). C'est ce que l'on appelle la divinisation, thème mal connu, jugé parfois hétérodoxe, alors que remontant, outre Maxime le Confesseur à Augustin, et se prolongeant en de très grands penseurs tels que Nicolas de Cues.

Cet apparent empiètement sur la puissance divine et la suspension du mouvement spontané de la piété ont été les prétextes principaux des accusations d'hérésie, confortées par des énoncés dégagées de leur contexte de prédication, Ainsi, contre la tendance générale à l’abandon du monde, Eckhart proclame et justifie théologiquement la possibilité de réintégrer l’identité ontologique

Il distingue le Dieu (Gott) de l’essence divine (Gottheit), en latin Deus et Deitas. Cette distinction, remise à la pointe de la théologie par Gilbert de la Porée au premier quart du XIIe siècle appelle la définition d'un tiers-terme : la divinitas. Selon l'adage « Tout ce qui est en Dieu est Dieu », alors, demanda Gilbert de la Porrée, par quoi, Dieu est-il Dieu, puisque ce par quoi on est quelque chose, n'est pas celui qu'on est ? Ainsi il introduisit la distinction entre Dieu, divinité et déité. Eckhart sans le suivre dans sa radicalité, montrera dans son ontologie sa connaissance du maître chartrain.

L’expérience mystique est vue comme le retour à la Déité manifestée dans le Christ vivant en l'âme du croyant. L’union avec Dieu est comparée à une goutte d’eau retournant à l’océan. La vocation prédestinée de l’homme est d’être en Dieu. Si le Père engendra le Fils dans l’éternité, Dieu engendre le Fils dans le fond sans fond, l'abditus mentis d'Augustin, ou Grund en moyen-haut allemand, de l’âme. Cette dernière thèse a beaucoup irrité ses adversaires, car Eckhart la formule avec le vocabulaire des béguines, affirmant qu'existe dans le fond sans fond de l'âme un quelque chose échappant au temps, à l'espace et à tout mode d'existence, un quelque chose d'éternel et de divin : une divine étincelle. La peur du panthéisme a nourri dès lors les critiques.

La difficulté de ses thèses a conduit à de nombreuses interprétations erronées de son message. Eckhart avait pour projet d'écrire une œuvre originale. À l'époque des Sommes Théologiques, il envisageait un ouvrage tripartite, combinant les commentaires bibliques et la spéculation, organisé autour de mille questions. Cet Opus Tripartitum n'a pas été achevé, et les chercheurs tentent actuellement d'en retrouver des éléments dans les œuvres qui nous sont parvenues.

Il fut accusé d’hérésie en 1326, et en 1329 les thèses extrêmes extraites de ses œuvres furent condamnées. Cependant, de l'avis de Josef Ratzinger lui-même lorsqu'il n'était pas encore pape, le procès n'a pas eu lieu, Eckhart n'est pas au sens strict du terme condamné. Il n'a donc même pas à être réhabilité. Ratzinger, après examen, n'a pas trouvé d'hérésie, mais des maladresses de langage dans ses œuvres.

 

MAÎTRE ECKHART - LES DIALOGUES de MaÎtre ECKHART avec Sœur CATHERINE DE STRASBOURG

Maître ECKHART  

Edition ARFUYEN

 2004

Traduit par G. Pfister et préfacé par M.A.Vannier, ces dialogues entre 2 êtres pratiquant une haute spiritualité est remarquable. Par moment, s’inspirant de Socrate, Maître Eckhart pratique la maïeutique sur sœur Catherine mais en réalité, elle lui enseigne certaines notions de spiritualité.

 

Elle parle de Jésus, de la grâce, de la Vérité, de la multiplication des pains, du jugement dernier etc...Si j’avais une phrase à retenir de ce livre, ce serait cela : « Parlant un jour à Maître Eckhart qui était son confesseur elle lui dit : « je suis devenu DIEU ».

 

Trois courts sermons, entrecoupés de longs dialogues. Trois personnages sont en présence : un Ami de Dieu, sœur Catherine de Strasbourg, Maître Eckhart. L’Ami de Dieu a incité la religieuse à prendre Eckhart pour confesseur. Mais la religieuse a des doutes sur sa capacité à l’aider. Et la brave sœur, qui n’a peur de rien, ne se prive pas de le lui dire. Un personnage de femme comme on n’en imagine guère à cette époque, d’une incroyable hardiesse de langage et de pensée !

Voici ses manières : « Que veux-tu faire ? lui demande Maître Eckhart – Je veux laisser honneur et biens, amis et parents, et toute consolation extérieure qui peut me venir des créatures. – Veux-tu me laisser moi aussi ? – Oui, maître. S’il me faut laisser toutes choses, il me faut vous laisser vous aussi. – Ne te lance pas dans cette entreprise. Cela n’est pas donné aux femmes. –

Je sais : aucune femme ne peut entrer au ciel à moins de devenir un homme. Mais voici comme il vous faut l’entendre : les femmes doivent faire œuvre d’homme et avoir un cœur d’homme dans toute sa puissance afin de résister aux choses périssables et à elles-mêmes. – Tu t’estimes donc bien forte ! Je voudrais bien voir comment tu pourrais souffrir plus que tu n’as souffert jusqu’ici. – Maître, je peux souffrir tout ce que le Christ a souffert à cause de moi. – Ce ne sont que des mots ! –  Je dis la vérité. »

Et la fois suivante : « Réfléchis encore, lui conseille Eckhart, avant de te lancer dans cette entreprise. – Taisez-vous, épargnez-moi vos paroles ! C’est en me tenant de tels discours que vous m’avez fait obstacle. » 

Sœur Catherine s’en va, revient, repart, et le pauvre Maître Eckhart, toujours assailli de récriminations, doit convenir que cette religieuse bénéficie de faveurs qu’il n’a jamais reçues. « Ah, pauvre homme que je suis, soupire-t-il, comment puis-je m’attirer tant de honte aux yeux de Dieu d’avoir si longtemps porté l’habit religieux et si peu compris des mystères de Dieu ! Je t’en prie, ma chère fille, par l’amour que tu as pour Dieu, expose-moi ta vie et tes pratiques depuis la dernière fois que je t’ai vue. »

 

Peu de temps après, la voici qui revient : « Seigneur, lui dit-elle un jour, réjouissez-vous avec moi, car je suis devenue Dieu ! » Cette exclamation, très souvent citée, ne fait que reprendre la pensée exprimée en bien des sermons, mais avec une vivacité qui lui donne un tout autre relief.  C’est en quoi ces dialogues si riches et variés permettent de découvrir Eckhart d’une manière vraiment nouvelle.

 

MAÎTRE ECKHART - les lÉgendes de maÎtre eckhart

présenté par G. pfister

Edition ARFUYEN

 2002

Maître Eckhart, ce grand mystique du Moyen-Âge, a expliqué Dieu très simplement. Pour lui, le problème est simple : il faut franchir trois obstacles pour parvenir à trouver Dieu:

1. Le temps
2. La corporalité
3. La multiplicité


 « Une jeune fille vint frapper à la porte d’un couvent de dominicains et demanda à parler à Maître Eckhart. “Qui dois-je annoncer ? lui demanda le frère portier. – Je ne sais pas, répondit-elle. – Comment cela, vous ne le savez pas ? – Je ne suis ni une enfant, ni une femme, ni un homme. Je ne suis pas une épouse, pas une veuve, et pas non plus une vierge. Et je ne suis ni seigneur, ni servante, ni valet.”  » Le portier avertit Eckhart, qui accourt.

Ainsi commence la première des Légendes de Maître Eckhart. Par un savoureux retournement de situation, c’est Eckhart qui joue ici le rôle de ces clercs riches de savoir mais faibles d’intelligence qu’il a tant brocardés. Interrogée par ses soins, la jeune fille l’éblouit de ses réponses, tout comme une autre fois un mendiant rencontré par hasard ou cet « homme pauvre » invité à sa table par une demoiselle de Cologne. 

Le voici au bord du chemin avec un « enfant nu » : « Maître Eckhart rencontra un jour un bel enfant qui était entièrement nu. Il lui demanda d’où il venait. “Je viens de Dieu, lui répondit l’enfant. – Qui es-tu ? – Un roi, lui répondit l’enfant. – Où donc est ton royaume ? – Il est dans mon cœur” ».

 

Ce que disent, la jeune fille, le mendiant, l’homme pauvre ou l’enfant nu est de la plus pure inspiration eckhartienne. S’ils peuvent l’enseigner à Maître Eckhart mieux que lui-même ne l’a jamais pu dire, c’est que, chacun à leur manière, ils sont autant de personnifications de cet être dans lequel Dieu veut en nous, de toute éternité, s’engendrer.


Ce petit livre restitue quelques légendes et contes de ce grand penseur chrétien

 

MAÎTRE  ECKHART – LES MYSTIQUES RHÉNANS – ANTHOLOGIE – ECKHART, TAULER, SUSO

Marie-Anne Vannier

Edition du Cerf

 2010

Le terme de mystique rhénane est relativement récent, il date du XIXe siècle. Il traduisait, tout d’abord, celui de deutsche Mystik, mystique allemande, puis, à la suite de l’usage malencontreux qu’en avait fait le national-socialisme, il a été remplacé par celui de rheinische Mystik, mystique des pays de la vallée du Rhin. Cette mystique se caractérise par une région, par une époque : le XIVe siècle et par une langue, la langue populaire de la vallée du Rhin. Peu à peu la nature de cette mystique va se dessiner, H. Ebeling la décrit comme l’expérience de l’unité de l’âme avec Dieu, et  J. Ancelet fait un pas de plus en montrant que l’originalité de la mystique d’Eckhart, à la suite de Maxime le Confesseur, est d’inviter à « devenir par grâce ce que Dieu est par nature ». C’est une mystique de l’être, fondée sur l’Evangile de Jean et articulée autour de la filiation divine.

 

L’union à Dieu s’exprime différemment chez les trois principaux représentants de la mystique rhénane : elle aboutit chez Eckhart à la naissance du Christ dans l’âme, chez Suso à l’Alliance avec la Sagesse éternelle, chez Tauler à l’Amitié divine. Eckhart est représentatif de ce mouvement, il en est aussi à l’origine, il est à la fois spéculatif et mystique, ce qui fait la complexité de son œuvre. Pour Eckhart  sa théologie et sa mystique, présente dans son œuvre latine, apparaît encore plus lors du procès de Marguerite Porete où il dut étudier la mystique flamande.

 

Le sermon 71, où Eckhart se définit, en quelque sorte comme un second Paul sur le chemin de Damas, apporte des éléments sur son expérience mystique, de plus il semble avoir été un mystique dès sa jeunesse, comme en témoigne son second sermon sur l’Ecclésiastique. 

 

Jean Tauler est le disciple d’Eckhart, c’est l’une des grandes figures de Strasbourg, où il est enterré. Il est appelé l’une des colonnes de l’Eglise de la Jérusalem Céleste, car toute sa vie il a été  prêcheur de la Bonne Nouvelle et  artisan du Royaume. Il a marqué tout le Moyen-âge occidental de son impact spirituel et continu à être admiré par les protestants  en raison du jugement positif de Luther envers lui. Son œuvre est faite de 81 sermons. Si Maître Eckhart s’attache essentiellement à amener son auditeur à « devenir par grâce ce que Dieu est par nature », Tauler propose une voie plus morale, celle d’une purification, centrée sur l’humanité du Christ.

 

Henri Suso, mystique rhénan, né en 1295 est le seul des trois à avoir été béatifié en 1831, par le Pape Grégoire XVI. Il a très largement contribué à faire connaître la mystique rhénane et à sa reconnaissance par l’Eglise. Dominicain comme la plupart des mystiques, il est comme Tauler un disciple de Maître Eckhart et ont contribué à prolonger et à diffuser l’œuvre du Maître.  Des trois c’est Suso qui a le vocabulaire le plus riche, son œuvre est dense, plus piétiste que Tauler, il retient les principales intuitions d’Eckhart et sait les retransmettre. Souvent il a recours à des images, des enluminures, bien que préconisant de dépasser l’image, mais ces recours sont appréciés car ils explicitent mieux ses textes et leur donne de la rondeur.

 

Au sommaire de cette Anthologie nous avons :

 

Œuvre de Maître Eckhart : 26 sermons – commentaire du livre de l’Exode et de l’Evangile de Jean – les dialogues de Maître Eckhart avec sœur Catherine de Strasbourg –

Œuvre de Jean Tauler : 13 sermons

Œuvre d’Henri Suso : Exemplar – Vie – Livre de la Sagesse éternelle – Lettre IV – L’horloge de la Sagesse – bibliographie –

 

MAÎTRE ECKHART - LES ŒUVRES DE MAÎTRE ECKHART. SERMONS –TRAITÉS

 M. Eckhart

Edition  GALIMARD

 1987

Lire Maître Eckhart est un bonheur ; il nous donne les clés du détachement de nos erreurs et de nos illusions. C’est un support de méditation sans fin.

 

Si Maître Eckhart est aujourd’hui l’un des auteurs les plus connus du Moyen Âge, c’est sans aucun doute grâce à ses Sermons allemands dont la profondeur spirituelle et la beauté littéraire n’ont jamais cessé de captiver ses auditeurs, puis ses lecteurs. Écrits vraisemblablement à Erfurt dans les années 1303-1311, alors qu’il est prieur de la province dominicaine de Saxe, les Sermons 87 à 105 s’interrogent en particulier sur le rôle de l’intellect dans la connaissance de Dieu : ne faut-il pas admettre que celle-ci dépasse les facultés de l’âme ?

 

Pourtant, la lumière du Christ ressuscité vient éclairer les ténèbres de l’homme. Comment l’âme doit-elle alors se disposer intérieurement pour accueillir la Parole de Dieu ? Eckhart envisage cette question de la connaissance à travers l’expérience du détachement, montrant « la grande noblesse que Dieu a déposée dans l’âme » (Sermon 101). C’est en effet dans le silence de l’âme que prend naissance le Verbe éternel, pour la plus grande béatitude de l’homme.

 

MAÎTRE ECKHART - les œuvres de vie

selon Maître ECKHART & ABHINAVAGUPTA

Edition  Les Deux Océans

 2000

C’est par une étude comparée de ces deux philosophes religieux du Moyen-Âge (XIIIème et XIème siècles) qu’est abordé le thème central de ce livre « les œuvres de vie » qui explique leur doctrine commune sur le « Principe suprême ».

 

Pour Maître Eckhart, Dieu « verdoie et fleurit » pour le philosophe shivaïte Abhi Navagupta le « principe divin » est vibration, élan, danse cosmique et émerveillement. Un même point de vue avec des mots différents.

 

On y parle de Maya, de la conscience cosmique, de l’énergie, de l’absolu, du macrocosme et du microcosme, du rite, du symbole, du miroir, de l’image, des temples, de la peinture, de l’arbre de vie, du cœur, et de la roue.

 

Extrait et présentation du livre :

 

« S’il est une raison essentielle qui justifie un rapprochement entre Maître Eckhart (XIVe siècle) et Abhinavagupta (Xe-XIe siècles), tous deux penseurs médiévaux, l’un occidental chrétien, l’autre cachemirien shivaïte, c’est qu’ils placèrent d’emblée, au centre de leur existence comme de leur œuvre, l’accès immédiat à la Réalité d’ordinaire voilée, grâce à une catharsis de la conscience. Pleinement engagés dans la vie spirituelle, riches d’une vaste érudition rassemblant tous les savoirs alors accessibles, ils s’attachèrent à la transmission de cette connaissance souvent indicible certes, mais passée au tamis de leur propre expérience, en approfondissant avec originalité le champ philosophique de leurs doctrines respectives. Un autre trait original de leur métaphysique réunit Maître Eckhart et Abhinavagupta : il n’y a pas, selon eux, de place pour l’inertie ; le principe suprême lui-même est un pur dynamisme, acte créateur, vie surabondante qui, dans la langue imagée d’Eckhart, “ verdoie et fleurit ”, jaillit comme une fontaine, fulgure et scintille ; pour Abhinavagupta, vibration, élan, danse cosmique, émerveillement de sa propre essence. Par-delà leur mode respectif d’expression ces deux mystiques de traditions différentes traitent avec une profondeur et une vigueur communes, et souvent étonnantes, de l’Art divin : génération du Verbe ou acte de conscience du point de vue de l’Absolu, création cosmique pour ce qui est de la manifestation.
...
Comme leurs témoignages le font explicitement savoir, leurs œuvres sont issues d’une nécessité intérieure d’écrire afin d’alléger l’humanité du fardeau de l’ignorance car “ nombreux sont les êtres ordinaires qui n’ont pas conscience de leur essence innée ! ” constate Abhinavagupta dans le traité de la Reconnaissance. Avant de donner un bref aperçu sur l’ensemble de cette étude, précisons que son thème essentiel porte sur l’Art — voie sans voie, par-delà toute pratique extérieure —, tel que le conçoivent Maître Eckhart et Abhinavagupta, c’est-à-dire la “ connaissance de Dieu ” ou la “ Conscience suprême ”, ainsi que les modes variés (arts) de réalisation.
Après une présentation des deux maîtres (première partie), de leur vie, leurs œuvres et du contexte dans lequel ils évoluèrent, une approche de leur doctrine (deuxième partie) montrera à quel point elles participent du même dynamisme. Le principe ultime est “ Acte de conscience ”, “ Parole suprême ” ou “ Verbe divin ” qui est par nature conscience de soi et expression ; il est évoqué par Eckhart comme un débordement, un bouillonnement de plénitude et, par Abhinavagupta, sous forme d’une vibration cosmique (spanda) qui donne vie à tout ce qui est.

 

Au cours de la troisième partie nous aborderons le “ Jeu divin ”, charnière entre l’Absolu et la manifestation (issue du désir divin d’être connu), source de la temporalité et de la dualité. Quant à l’être humain, il éprouve en sa conscience cette diversification engendrée par la Mâyâ (illusion cosmique. Il est néanmoins en son pouvoir de refluer vers la source : instant d’éternité, hors du temps. Toujours dans cette troisième partie nous verrons comment ce reflux est rendu possible, quelle est la nature du lien qui limite la conscience et ce qui peut le délier, enseignement ou grâce. Dans cette perspective “ les voies de retour ” correspondent aux énergies fondamentales de l’homme : élan du désir-volonté, connaissance, activité. Les recoupements entre les pensées d’Eckhart et d’Abhinavagupta ne manquent pas ici non plus : il existe d’autre part une quatrième voie, ou plutôt une non-voie, chère aux deux mystiques, supérieure aux autres car elle se passe de moyens. Il s’agit de la voie de la Reconnaissance, selon la lignée d’Abhinavagupta et de ses maîtres Somånanda et Utpaladeva : nous nous appuierons sur la traduction de son œuvre philosophique maîtresse, qui fait d’Abhina- vagupta l’un des plus grands philosophes indiens. Bien que ce texte soit ardu dans la forme et le fond, ce fut un vrai bonheur d’entrer ainsi en contact directement, par-delà les siècles, avec un écrit d’Abhinavagupta, car la pensée la plus rigoureuse s’y trouve animée de ferveur.

Après avoir exposé les bases métaphysiques communes au maître du Cachemire et à celui de Thuringe, nous amorcerons la quatrième partie traitant de l’Art en tant que voie intérieure. Celle-ci est plus vaste que les autres car elle englobe des thèmes que l’on ne peut scinder ; trois thèmes essentiels la constituent : — le premier tente de cerner d’une part le concept d’“ Art de Dieu ” : Genèse, Cosmogonie donnant lieu à la manifestation, puis au retour en la source ; d’autre part celui de Dieu en tant qu’artifex : artiste ou artisan suprême du microcosme et du macrocosme. Liberté, beauté, imagination, création et félicité le caractérisent.


Le deuxième thème de cette partie consacrée à l’Art s’intitule “ Rite et Art ” car il envisage l’art en tant que voie ; en effet, selon les traditions anciennes, tout acte créateur est en quelque sorte réitération de l’Acte divin de la création. Les aspects particuliers que constituent le rite (forme d’art sacré), le symbole (essence de l’art), et par ailleurs les métaphores du Miroir et de l’Image, permettent de suggérer l’unité foncière de la manifestation, ainsi que son lien au Principe universel qui, telle la lumière unique, fait apparaître en elle-même tout phénomène. Abhinavagupta composa un ouvrage particulièrement intéressant sur l’expérience esthétique, l’Abhinavabhåratî, où il développa les notions de rasa (saveur), dhvani (suggestion, résonance intérieure de la beauté perçue), et de mokßa (délivrance) désignant la vocation essentielle de l’expérience esthétique. Celles-ci seront évoquées tour à tour au cours de la présentation de quelques formes d’art (architecture, sculpture, peinture, danse, poésie, musique) grâce auxquelles l’homme depuis toujours a cherché à s’unir au Tout.

 

De même dans cette étude traitant du Rite et de l’Art, après avoir évoqué ces aspects particuliers, il reste à envisager le cœur du problème si l’on peut dire : la vie du quotidien, trop souvent morcelée, privée de poésie, car dénuée de sa capacité d’élan, d’émerveillement ! Eckhart comme Abhinavagupta ont nettement insisté sur ce point : plénitude et conscience parfaite ne sont pas réservées à des moments ou à des activités privilégiées de l’existence. C’est pourquoi l’un et l’autre préconisent de “ trouver Dieu ” en chaque instant, selon l’expression d’Eckhart. Le Shivaïsme du Cachemire non-dualiste propose divers chemins pour y parvenir, parmi lesquels cinq “ moyens ” envisagés comme autant d’accès vers le Centre. La vie apparaît ainsi comme l’art le plus complet car il ne laisse de côté aucune sphère de l’existence. Le dernier thème de la partie sur l’Art abordera les ressorts profonds communs à l’expérience esthétique et à l’expérience mystique : ce sont la contemplation, l’intuition illuminatrice, l’état de spontanéité et l’apaisement. Vécus en pleine conscience ces quatre aspects imprègnent peu à peu la vie quotidienne, reliant l’être à son principe, le Soi.

La cinquième et dernière partie concerne les “ Œuvres de Vie ” proprement dites, émises spontanément d’un cœur unifié ; elle s’articule autour de trois enquêtes : la première, relative à l’attitude d’égalisation entre extériorité et intériorité (kramamudrå), montre comment il est possible de transfigurer le quotidien par cette pratique qui met en œuvre les ressorts subtils de la conscience, aussi souvent que l’élan et l’attention permettent de s’y raccorder.
Dans la suivante, les rapports entre action et contemplation sont approfondis. Eckhart et Abhinavagupta, nous le verrons, accordent tous deux la prééminence à la vie active illuminée par une vision pénétrante de la Réalité et la paix intérieure. Ainsi peu à peu les deux aspects action-contemplation s’unifient et culminent dans l’attitude dite d’harmonie parfaite : la kramasamatå.La dernière partie du chapitre est consacré aux “ œuvres de vie ” ; dans le creuset de la kramasamatå, dans le fond de l’âme divinisée jaillissent spontanément les œuvres vraiment vivantes ; telle était la préoccupation fondamentale de Maître Eckhart qui aimait à se dire non seulement un Lesemeister (maître de lecture, d’érudition), mais surtout un Lebemeister (maître de vie). Renouvellement incessant, félicité, liberté et amour universel rayonnent du jîvan-mukta, le libéré-vivant, tel que le décrit Abhinavagupta. Il est certes aussi difficile de parler de l’Absolu que du saint qui s’y est identifié, en raison de l’infinie subtilité de cet état qui n’est “ ni ceci ni cela ” ; c’est pourquoi de tous temps plus d’une tradition ancienne eut recours aux symboles de l’Arbre de Vie, du Cœur, et de la Roue tournoyante autour de son moyeu immuable.

 

Ayant acquis une parfaite conscience du Soi, de ses énergies de connaissance et d’action, les ayant reconnues identiques à son propre soi, ainsi cet être jouit des puissances d’action et de connaissance à son gré ”, déclare Abhinavagupta dans sa glose aux versets sur la Reconnaissance du Seigneur. Il œuvre au cœur d’un épanouissement de toutes ses énergies, réalisant à la fois plénitude de l’existence et vacuité des phénomènes dans une vision spontanée, sachant bien que “ La rivière de la vie est impétueuse et profonde, ses deux rives glissantes, et le milieu insondable.’’

 

MAÎTRE ECKHART - les 7 vies de maÎtre eckhart

J.C. BOLOGNE

Edition  Du Rocher

 1997

Grand penseur du Moyen-Âge, il a eu un grand retentissement. Il fut célèbre pour ses prises de positions et ses théories, accusé par l’inquisition, il dut se rétracter.

Son œuvre et sa pensée sont immenses et se redécouvrent.

 

Maître Eckhart est sans doute le penseur le plus proche d'une mystique qui transcende les religions. Né en Thuringe, vers 1260, il occupa diverses hautes fonctions dans l'ordre des dominicains, et enseigna à Paris, Strasbourg et Cologne.

 

En 1326, une procédure d'inquisition fut entamée contre lui. Deux ans après sa mort, en 1329, le Pape Jean XXII condamna 28 articles attribués à Maître Eckhart. Dans son oeuvre - qui se compose principalement de sermons et de traités en latin et en allemand - on remarque l'influence du platonisme et de la philosophie scolastique, mais aussi celle d'une tradition spirituelle féminine, allant d’Hildegarde de Bingen (1098-1179) à Marguerite Porete (brûlée à Paris, en l'an 1310).

 

Eckhart est né en Thuringe vers 1260. Il entre chez les dominicains d'Erfurt puis étudie à Cologne où règne encore le souvenir de saint Albert le Grand transmis par Thierry de Freiberg. Eckhart est appelé à de hautes charges dans l'Ordre  provincial, vicaire général. Il en est déchargé en 1311 pour pouvoir se consacrer à son activité intellectuelle à Paris, à Strasbourg puis à Cologne. Il enseigne, il prêche et il publie. Vers les années 1325 la doctrine d'Eckhart est suspectée par l'archevêque de Cologne. On ne doit pas sous-estimer dans cette affaire la rivalité, déjà de longue date, entre mendiants et séculiers, spécialement au sujet du privilège de l'exemption. Eckhart se défend contre de mauvaises interprétations de sa pensée ou même tout simplement contre des déformations de ses propos. En 1329, en Avignon, est enregistrée une bulle qui condamne dans les écrits d'Eckhart dix-sept propositions hérétiques et onze qui paraissent suspectes. Mais Maître Eckhart est déjà mort, probablement depuis 1327. Sa condamnation est ressentie comme une injustice chez les Prêcheurs et n'empêche nullement le rayonnement posthume des grands thèmes eckhartiens que ses disciples sauront mettre en valeur sans insister sur les paradoxes audacieux du Maître.

 

La pensée de Maître Eckhart est difficile, souvent exprimée en termes paradoxaux : elle a pu être infléchie en de nombreux sens (gnose, panthéisme, idéalisme...). C'est une mystique métaphysique à dominante platonicienne mais on a pu y détecter d'autres influences. Elle est une pensée sur l'être, qui, veut absolument, s'identifie à Dieu. De cette approche vient la fameuse distinction entre la Déité, et Dieu. En une dissociation purement intellectuelle Eckhart dit en effet que la Déité est l'essence divine, absolue, isolée, au-dessus de tout nom et parfaitement une. Dieu est cette Déité en tant qu'elle entre en rapport, d'abord dans la Trinité mais aussi dans la création. Ainsi " Dieu agit; la Déité n'agit pas ". En ce sens on peut dire, à la limite : " Dieu n'est Dieu que lorsque les créatures disent : Dieu. "

 

Le Verbe est l'idée parfaite de toutes les créatures possibles (exemplarisme). Ainsi toute créature est marquée d'une empreinte divine qui lui donne une noblesse incomparable, bien que Eckhart souligne l'infinie distance qui subsistera toujours entre le créé et l'incréé. Au plus profond de l'âme humaine (Grund) brille une lumière, une étincelle dont Eckhart va jusqu'à dire qu'elle est, quant à elle, " incréée et incréable ", formule qui fit grande difficulté parmi ses censeurs, on s'en doute. Eckhart ajoute ; " Là, le fond de Dieu est mien et mon fond est celui de Dieu. Là je vis de ce qui m'est propre, comme Dieu vit de ce qui lui est propre. " Le retour à Dieu, but de l'itinéraire spirituel, va se réaliser par une participation à la vie intime de Dieu jusqu'à ce fond divin car " l'âme est une avec Dieu et pas seulement unie " ; elle est de la " race de Dieu ".

 

Pour revenir à elle-même l'âme devra d'abord purifier ses propres " puissances ", en transcendant les images et les concepts, y compris, et la proposition a aussi été considérée comme audacieuse, en dépassant l'humanité du Christ puisque ce dernier est là pour nous montrer la route vers la Déité. Le chrétien doit aussi arriver au complet dépouillement et à la pauvreté spirituelle, au-delà de tout désir, même du bien, même de la récompense éternelle. Il doit se trouver anéanti, ébloui de sa pureté et admiratif " de sa propre beauté ". " Il faut avoir un coeur pur, car seul est pur celui qui a anéanti tout ce qui est créature. " Telle fut la Vierge Marie; telle est la tâche de l'humilité; tel est aussi l'amour chrétien. Aimer Dieu en tout être conduit à l'unité dans la charité par le rejet du moi et par l'action du Christ qui agit en tous. 

 

MAÎTRE ECKHART ou l’EMPREINTE du dÉsert

G. jarczyk et P.J. LABARRIERE

Edition Albin Michel

 1995

L’auteur nous entraîne pas à pas dans la biographie de Maître Eckhart, cette figure du christianisme du 14ème siècle. Développant les détails historiques et théologiques qui lui valurent les foudres de l’inquisition. L’auteur nous éclaire sur les mots clefs de Maître Eckhart : notion de Déité, étincelle de l’âme, détachement, abandon, percée en retour etc… Nous prenons conscience du double mouvement dont Maître Eckhart n’a cessé de témoigner : La naissance de l’homme en Dieu et la naissance de Dieu en l’homme.

 

Ce qui est intéressant chez Eckhart, c’est la rationalité qu’il déploie à travers ses œuvres, une rationalité qui ne s’approprie pas l’objet contemplé, mais bien au contraire qui ouvre au mystère infini de ce qui est à dire. En d’autres termes, pour Eckhart "expliquer" revient à exprimer la complexité de l’être, ou encore à montrer combien une chose demeure toujours fondamentalement insaisissable. Du coup, on ne devient pas spécialiste de Maître Eckhart, ou plus exactement on ne parvient à le comprendre qu’en admettant assez modestement que nos interprétations ne peuvent épuiser la richesse de sa pensée. Si la littérature a bien développé cette notion, l’intime est encore très peu envisagé dans la philosophie. D’origine augustinienne, l’intime désigne ce lieu dans l’âme qui échappe à toute détermination. Il permet de comprendre l’expérience du détachement qui est un point central dans l’enseignement d’Eckhart.

En abandonnant les images et représentations qui envahissent l’esprit, l’homme découvre une profondeur infinie qui fait de lui un être inappropriable, irréductible à toute définition. C’est peut-être cela l’humanité de l’homme… Saisir combien "quelque chose" nous échappe, et ce "quelque chose" est peut-être la part la plus essentielle de nous-mêmes. Rappelons qu’Eckhart est dominicain, et le Christ est au centre de sa vie. Le Verbe de Dieu est la figure par excellence de celui qui sans cesse se dérobe à toutes les images et représentations. Le Christ est toujours bien au-delà de nos regards. Il indique ainsi un chemin pour l’homme, un chemin de pauvreté. Il nous faut constamment renoncer à ce que nous croyons savoir.

 

Eckhart est un grand écrivain parce qu’il a compris que l’écriture est impossible. Ecrire n’est pas décrire. On commence à écrire quand on a compris que ce qui est à dire excèdera toujours nos simples mots. Cependant, il ne faut pas renoncer au langage. Les mots sont toujours insuffisants pour évoquer certaines réalités et pourtant c’est à travers l’épaisseur du langage qu’un quelque chose parvient parfois à se dire. Eckhart nous a laissé un magnifique poème qui évoque la rencontre entre l’homme et Dieu dans l’intime. Il s’agit du "Grain de sénevé". Mais toute son écriture est poétique. Le rythme des phrases, la reprise de certains termes et le jeu des sonorités, tout cela permet d’évoquer ce qui ne peut être dit, son écriture est comme une variation infinie autour d’un thème qui toujours nous échappe. Bref, une belle écriture qui constitue un rempart contre toutes les certitudes mal assurées et contre toutes les formes d’intransigeance… 

  

MAÎTRE ECKHART OU LA PROFONDEUR DE L’INTIME

 Eric  Mangin

Edition du Seuil

2012

Mourir à soi, naître en Dieu, « percer dans le fond de l’âme »… L’intime chez Maître Eckhart n’est ni le secret ni la simple intériorité, mais une distance essentielle en l’âme qui permet à l’homme d’être à la fois uni à Dieu et présent au monde ? authentiquement humain. Cette expérience apparaît ainsi comme une expression privilégiée du détachement, objet principal de la prédication du théologien rhénan. Ouverte sur l’agir et non close sur elle-même, elle révèle en l’homme une profondeur infinie qui fait de lui un être libre, inappropriable.

Mais dire l’intime est un défi pour la pensée comme pour le langage, et toute l’œuvre de Maître Eckhart peut être considérée comme une tentative de décrire cet indicible. Jamais pourtant, malgré l’insuffisance des mots, le prédicateur ne renonce. Sa langue atteint au contraire une créativité et une poésie remarquables pour évoquer le lieu de la naissance de Dieu en l’âme. Situant parfaitement Maître Eckhart dans le contexte intellectuel et théologique qui était le sien, et dont il s’est souvent distingué, cet essai offre une relecture passionnante et sensible de ce théologien mystique parmi les plus originaux. Un ouvrage de référence.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le détachement comme chemin vers l’intime  -  mourir à toutes choses et à soi-même  -  le détachement et  ses différentes expressions  -  l’exigence d’une radicalité  - Mors mystica, la mort mystique de l’âme   -   la naissance de Dieu dans l’âme  -   la naissance éternelle   -  l’enracinement théologique de cette expérience   -    Percer dans le fond sans fond   -    Oportet transire   -  l’expérience de la percée   -    la topographie de l’impossible   -  la profondeur de l’intime  -   Figures de l’intime  -    par-delà bien et mal  -   Agir et pourquoi   -     Entre sérénité et inquiétude  -   la figure de Marthe   -   L’homme bon et l’étendue sans fin de l’être   -  Affronter la souffrance dans toute sa complexité   -   A l’écoute des discours philosophiques et théologiques   -    L’homme bon et l’expérience du « pâtir Dieu »   -     Marie-Madeleine ou la puissance inexprimable   -   Amor, caritas, dilectio   -   les noms de l’amour   -  l’intensité de l’amour et le plaisir d’aimer   -   L’espace d’où procède l’écriture   -   Dire l’intime indicible   -   l’insuffisance des mots et l’éloge du silence   -  Elaboration d’une parole authentique   -   Dévoilement de l’intime   -  Résonnances intérieures  -   une lecture du Granum sinapis   -   la poésie et l’art des passages   -   

Entretien avec l’auteur, Eric Mangin au sujet de Maître Eckhart : En quoi le grand théologien, philosophe et mystique allemand maître Eckhart est-il encore actuel ? Qu’a-t-il à nous dire aujourd’hui ? Rencontre avec Éric Mangin, maître de conférences à l’Institut Catholique de Lyon, philosophe et théologien, qui travaille depuis une dizaine d’années sur ce grand mystique rhénan et qui vient de publier un essai* introductif à la fois dense, clair et accessible sur sa pensée et sa spiritualité. 

Dans quelles circonstances avez-vous découvert maître Eckhart et pourquoi avez-vous eu envie de lui consacrer la majeure partie de vos recherches ? 

J’ai découvert la pensée de Maître Eckhart en 1986 lorsque j’étais jeune étudiant en philosophie à Strasbourg. La nouvelle traduction des Traités et Sermons d’Alain de Libera ("GF-Flammarion", 1993) a rendu les textes du Rhénan plus accessibles sans rien supprimer à leur profondeur. Mais, c’est à Lyon, quelques années plus tard avec Pierre Gire que mes travaux de recherche ont véritablement débuté.

Ce qui m’intéresse chez Eckhart, c’est la rationalité qu’il déploie à travers ses œuvres, une rationalité qui ne s’approprie pas l’objet contemplé, mais bien au contraire qui ouvre au mystère infini de ce qui est à dire. En d’autres termes, pour Eckhart "expliquer" revient à exprimer la complexité de l’être, ou encore à montrer combien une chose demeure toujours fondamentalement insaisissable. Du coup, on ne devient pas spécialiste de Maître Eckhart, ou plus exactement on ne parvient à le comprendre qu’en admettant assez modestement que nos interprétations ne peuvent épuiser la richesse de sa pensée.

Le concept d’intime est central dans votre essai. Comment faut-il le définir et pourquoi ce concept constitue-t-il, selon vous, la clef de voûte de la pensée et de l’œuvre de maître Eckhart ?

Si la littérature a bien développé cette notion, l’intime est encore très peu envisagé dans la philosophie. D’origine augustinienne, l’intime désigne ce lieu dans l’âme qui échappe à toute détermination. Il permet de comprendre l’expérience du détachement qui est un point central dans l’enseignement d’Eckhart. En abandonnant les images et représentations qui envahissent l’esprit, l’homme découvre une profondeur infinie qui fait de lui un être inappropriable, irréductible à toute définition. C’est peut-être cela l’humanité de l’homme… Saisir combien "quelque chose" nous échappe, et ce "quelque chose" est peut-être la part la plus essentielle de nous-mêmes.

Rappelons qu’Eckhart est dominicain, et le Christ est au centre de sa vie. Le Verbe de Dieu est la figure par excellence de celui qui sans cesse se dérobe à toutes les images et représentations. Le Christ est toujours bien au-delà de nos regards. Il indique ainsi un chemin pour l’homme, un chemin de pauvreté. Il nous faut constamment renoncer à ce que nous croyons savoir.

L’un des apports de votre essai, et ce qui vous distingue d’autres commentateurs, est d’être attentif aux problématiques littéraires dans l’œuvre d’Eckhart et de le considérer comme un écrivain à part entière qu’il est effectivement. Vous intitulez ainsi la Troisième partie de votre livre "L’espace d’où procède l’écriture". Comment s’articuler selon vous expérience de la pensée, expérience spirituelle et écriture littéraire dans l’œuvre de maître Eckhart ?

Eckhart est un grand écrivain parce qu’il a compris que l’écriture est impossible. Ecrire n’est pas décrire. On commence à écrire quand on a compris que ce qui est à dire excèdera toujours nos simples mots. Cependant, il ne faut pas renoncer au langage. Les mots sont toujours insuffisants pour évoquer certaines réalités et pourtant c’est à travers l’épaisseur du langage qu’un quelque chose parvient parfois à se dire.

Eckhart nous a laissé un magnifique poème qui évoque la rencontre entre l’homme et Dieu dans l’intime. Il s’agit du "Grain de sénevé". Mais toute son écriture est poétique. Le rythme des phrases, la reprise de certains termes et le jeu des sonorités, tout cela permet d’évoquer ce qui ne peut être dit, son écriture est comme une variation infinie autour d’un thème qui toujours nous échappe. Bref, une belle écriture qui constitue un rempart contre toutes les certitudes mal assurées et contre toutes les formes d’intransigeance… 

 

 

 

maÎtre eckhart - sermons de maÎtre eckhart

Traduit par G. JARCZYK & Jr. LABARRIERE

Edition ALBIN MICHEL

 1998

(De l’étincelle à l’âme – Dieu au-delà de Dieu – Et le néant était Dieu)  trois volumes pour expliquer les sermons, de Maître Eckhart, ce grand penseur et mystique du Moyen Âge.

 

« Lorsque l'âme parvient à la lumière sans mélange, elle pénètre dans son néant... ». « L'amour est plus une récompense qu'un commandement ». « Garde-toi de toi-même : tu auras fait bonne garde ». « Où l'image entre, Dieu doit s'écarter... Mais quand cette image sort, Dieu entre »... Tout Eckhart est dans ces formules qui parsèment les Sermons. Commentant la plupart du temps une simple phrase de l'Évangile, destinés à des moines et des moniales diversement cultivés, plus concrets que les Traités, ils reflètent pourtant toute l'expérience mystique du grand dominicain ainsi que son immense culture, où la grande théologie scolastique se mêle aux influences du néoplatonisme, de Denys l'Aréopagite, de saint Augustin. Sans doute transcrits pour partie par les auditeurs, donc sujets à des approximations, les Sermons, ou plutôt des extraits qu'on en a tirés pour les besoins de la cause, constitueront la grande pièce de l'accusation dans les procès en hérésie qui seront intentés à Eckhart et qui aboutiront à la Bulle de condamnation du pape Jean XXII en 1327 (Eckhart meurt en 1328). Les Sermons sont traduits ici de l'allemand, c'est-à-dire de la langue dans laquelle ils furent prononcés par Maitre Eckhart. Les Sermons sont traduits ici de l'allemand, c'est-à-dire de la langue dans laquelle ils furent prononcés par Maitre Eckhart.

Imaginez des notes de cours de 1311. Imaginez que le plus grand philosophe du XIVe siècle s’y soit donné pour tâche d’exposer des choses « nouvelles, brèves et faciles », jalons d’un projet rationaliste de grande ampleur. Imaginez enfin que vous entrez dans la cuisine universitaire où furent inventées les plus belles audaces de la mystique allemande. Vous aurez alors une idée de ce que la lecture des « sermons latins » fait à celui qui s’y frotte : un mélange de brutal dépaysement et d’enchantement presque lyrique, d’obscurité pointilleuse et d’émerveillement étonné.

D’une part, en effet, Eckhart se livre à l’exercice très défini que constitue le sermon universitaire : il cite un passage de la Bible, puis l’éclaire par d’autres passages de nouveau empruntés à l’Écriture, ou aux Pères de l’Église, ou encore aux philosophes grecs et arabes. Évidemment, d’un point de vue formel, cela semble austère, et à certaines pages ça l’est en effet. Mais, d’autre part, le texte est également gorgé de ces formules que l’on tourne, quand on enseigne, pour saisir par les tripes les auditeurs qui s’assoupissent. C’est ainsi, par exemple, qu’il conclut le sermon VI avec des formules si cinglantes que l’on croirait lire Spinoza : « Nous ne devons pas remercier Dieu de nous aimer. La nécessité en effet lui en incombe » p. 93. Plus doux, dans le sermon XL, il remarque que le commandement « tu aimeras... » peut être reçu « comme un précepte et comme une annonce, au sens de prophétie et de promesse » p. 331 : lecture aussi surprenante que généreuse... Cependant, il faut admettre que les fulgurances sont moins nombreuses ici que dans les « sermons allemands », et pour cause : destinés à un public plus large, ceux-ci ont introduit en langue vulgaire les subtilités qu’avaient permises les sermons latins, rédigés pour des universitaires, en y ajoutant une incomparable séduction littéraire.

 

MAÎTRES SPIRITUELS DU DÉSERT DE GAZA

 

Edition  SOLESMES

 1966

Plusieurs lettres et sentences de ces Maîtres spirituels qui vivaient cloîtrés dans le désert de Gaza au 6ème siècle.  Des récits écrits par des grands mystiques.

Les premiers à avoir mené le combat spirituel lié à la vie chrétienne, furent ces hommes et ces femmes attirés au désert, dès les 3ème-4ème siècles. Pour que Dieu soit le premier servi, pour que la prière prenne toute la place dans leur vie, il leur a fallu lutter contre leurs instincts, exercer une réelle ascèse, afin d'acquérir une vraie liberté pour le Christ. Ces premiers moines, que l'on a appelés pères du désert, peuvent, sans nul doute, éclairer notre propre chemin et nous enseigner au sujet du combat spirituel.

Ils ont été des milliers, selon les historiens, à rejoindre les déserts de Basse et de Haute Egypte, mais aussi de Palestine, de Syrie, etc., pour mener, dans la solitude, une vie de prière, de pénitence et de conversion intérieure. Chacun d'eux, travaillant de ses mains et priant continuellement, vivait relativement isolé, mais à proximité d'un « ancien » capable de les guider sur un chemin qui n'était pas sans embûches ni tentations.

Vers la fin du 4ème siècle et le début du 5ème, un certain nombre de paroles dites par ces pères du désert, retenues et répétées par leurs disciples, ont été rassemblées dans des recueils d'apophtegmes (ou sentences, ou dits des anciens). Ces textes révèlent une profonde doctrine spirituelle appuyée sur une fine connaissance psychologique de l'homme, et une pédagogie tout-à-fait « moderne ».

Un ancien racontait ceci : « Un frère fut tenté par ses pensées pendant neuf ans, à tel point que dans son anxiété il désespéra de son salut et se condamnait lui-même : 'J'ai perdu mon âme, et puisque je suis mort, je retourne dans le monde'. Et comme il s'en allait, il entendit une voix sur le chemin : 'Les tentations que tu as supportées pendant neuf ans étaient tes couronnes. Retourne donc où tu étais, et je te soulagerai de tes pensées'. Le frère comprit alors que l'on ne doit pas désespérer pour les pensées qui surviennent : ces pensées nous procurent plutôt des couronnes, pourvu que nous les supportions bien ».

 

MASSIGNON LOUIS   - BIOGRAPHIE

DESTREMEAU & moncelon

Edition PLON

 1994

Voici la biographie attendue d’un des plus grands intellectuels français de ce siècle. Louis Massignon fut à la fois un remarquable spécialiste de l’islam et du monde arabe, dont les cours au Collège de France déplaçaient les foules, un agent d’influence du Quai d’Orsay, un intellectuel engagé dans toutes les batailles du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord : Maroc, Syrie, création de l’État d’Israël, indépendance de l’Algérie. Il fut surtout un catholique au mysticisme si fervent qu’il demandera à être ordonné prêtre selon le rite melkite, bien qu’ayant femme et enfants.


Et le personnage privé se révèle tout aussi complexe et passionnant. Ce séducteur compte parmi ses amis le père de Foucauld, Paul Claudel, Jacques Maritain et nombre de ses anciens élèves devenus d’éminents universitaires. Indéfectible patriote comme un de ses plus farouches adversaires, Lawrence d’Arabie, il militera pour l’inévitable décolonisation ; mieux, il se pose en intercesseur auprès de Dieu en faveur de ces musulmans trop ignorés.

Grâce à une documentation minutieuse, Christian Destremeau et Jean Moncelon réussissent la gageure d’éclairer les multiples facettes de leur héros et de nous faire comprendre pourquoi Massignon exerce, aujourd’hui encore, une telle fascination !

 

D’origine bretonne, Massignon était considéré comme l’un des plus éminents chercheurs français dans le domaine du monde arabe et de l’islam, et était bien connu pour ses traductions ainsi que pour ses nombreux ouvrages et articles, notamment sa thèse magistrale sur le soufi Hallâj (858-922). C’était un héritier du XIXe siècle au cours duquel l’orientalisme n’était pas une affaire de spécialiste, mais au contraire embrassait aussi bien la sociologie, l’archéologie, la littérature que la spiritualité des populations du monde arabo-musulman. Son érudition, liée à une intelligence fulgurante, était étonnante. Il entretenait une correspondance internationale très fournie, écrivant couramment en anglais et en allemand, pratiquant le russe et presque toutes les langues européennes. Il connaissait admirablement bien les trois langues de base des orientalistes traditionnels : l’arabe, le turc, le persan. Massignon avait cependant une affinité particulière avec la langue arabe à laquelle il se plaisait à rendre un vibrant hommage, que ce soit à l’Académie Arabe du Caire ou en tant que président du jury d’agrégation d’arabe à Paris.

 

Pendant toute sa vie, Louis Massignon fut un inspirateur incomparable du dialogue des civilisations, et plus particulièrement du dialogue islamo-chrétien. Il essayait sans cesse d’établir des complémentarités entre les trois religions sœurs issues d’Abraham dont il proposa une définition longuement méditée : « Le judaïsme est enraciné dans l’espérance, la chrétienté est vouée à la charité, l’islam est centré sur la foi ». Il incarnait un dialogue islamo-chrétien d’autant plus fécond qu’il revendiquait une double appartenance : par sa naissance, Massignon appartenait à la tradition de la chrétienté occidentale, et, par son cheminement personnel, il choisit d’être un frère des arabes, allant parfois jusqu’à épouser leur destin. Il consacra ainsi sa vie, très active et laborieuse, à faire valoir les richesses de la civilisation musulmane et à essayer de dégager ce qu’à ses yeux l’islam avait d’authentique et d’original. C’est certainement en grande partie grâce à lui qu’un courant favorable au dialogue avec l’Islam put s’établir peu à peu au sein de l’Eglise catholique.

 

En 1970, les éditions de l’Herne publiaient un cahier rassemblant l’hommage des amis de Massignon, des études critiques de son œuvre, une reconstitution des grandes étapes de sa vie ainsi que certains textes inédits. L’article d’Eva de Vitray-Meyerovitch est à la fois le témoignage émouvant d’une admiratrice et amie, et une fine analyse des grands thèmes qui ont marqué la vie et l’œuvre de Massignon : les mystères de l’intériorité, l’amour de la poésie, la force universaliste de la langue arabe, l’art de la traduction comme révélateur de la réalité profonde des choses. L’affinité et la complicité entre ces deux orfèvres de la traduction s’avère palpable quand elle cite Massignon parlant du langage des poètes et des mystiques qui nous invite à un dépassement du langage même et à donner un « sens plus pur aux mots de la tribu ». Eva de Vitray-Meyerovitch et Louis Massignon se rejoignent ainsi sur ce qui a nourri une part importante de leur démarche personnelle d’écrivain et de croyant : la nécessité de quitter sa langue et sa culture originelles pour mieux percevoir le sens profond qui jaillit de l’alchimie entre langage et musique.

 

massignon louis   mystique en dialogue

Divers Auteurs

Edition ALBIN MICHEL

 1992

Quel curieux personnage ! Excessif, dérangeant, cet homme déchiré par sa passion de l’absolu et d’autrui continue à nous remettre en question trente ans après sa mort, le jour de la Toussaint 1962. Car ce chrétien, dont la foi semble parfois comme outrée, fut le plus ardent propagateur du dialogue avec l’islam et ses actions iront très loin en ce sens, religieusement, symboliquement et socialement.


Fier et humble, grand bourgeois de nature mais vrai pauvre parmi les pauvres en son cœur, bavard outrancier toujours à l’écoute des demandes de l’Étranger, pieux mais pas calot, idéaliste ancré dans les réalités politiques, ce saint qui n’en est pas un, ce fidèle que le père de Foucauld pressait de venir le rejoindre au désert mais qui préféra toutefois fonder une famille, ce diplomate qui n’employait pas la langue de bois, cet œcuméniste avant l’heure en un temps de partis pris et de partisans, cet emporté de génie, sut s’élever contre les prises de position établies, les mesquineries, l’intolérance. Et surtout contre la discrimination raciale et spirituelle, contre la faute ultime : la séparation des êtres et des âmes.


Savant doué du sens d’improvisation, religieux marié, guerrier de l’action pacifique, contemplatif féru d’action concrète, en voilà un qui sut concilier les contraires !

Les témoignages ici réunis lui rendent hommage, tous travers et qualités confondus, et nous permettent de mieux le connaître : puisse-t-il continuer à inspirer, en d’autres voies, le dialogue vrai.
Y sont développés :

Louis Massignon

Par Jacques Mercanton

Entre la violence et la mystique

Par Yvonne Chauffin

Tel qu’il était de son vivant

Par Vincent Monteil

Les chemins bretons

Par Louis Claude Duchesne

L’extase et la grâce

Par Jean Moncelon

Le signe marial

Entretien avec Louis Massignon

La révélation d’un Islam autre

Par Christian Jambet

Massignon face à Israël

Par Dominique Bourel

Ce n’était pas un saint

Entretien avec Maxime Rodinson

Cette logique brûlante

Entretien avec François Nourissier

Un être donné

Entretien avec Claude Bourdet

Espace et rencontres

Par Gabriel Bounoure

Sa spiritualité

Par Roger Arnaldez

Un éclaireur

Par Théodore Monod

Une histoire épiphanique

Par François l’Yvonnet

Et Massignon s’offrit à la chaise

Par Marc Édouard Nabe

L’homme de parole(s)

Entretien avec Vincent Monteil

L’involution de l’anthropologie

Par Francis Affergan

L’origine en partage

Par entretien avec Daniel Sibonu

Le congrès des croyants

Par N. Bammate

Réponse à un ami musulman

Par Louis Massignon

Hallaj

Par Louis Massignon

Quelques lettres à Gabriel Marcel

Par Louis Massignon

L’homme « en qui Dieu verdoie »

Entretien avec M.M. Davy

Louis Massignon : une courbe de vie (1883/1962)

Chronologie établie par François Angelier

La chronique

De Marie-Madeleine Davy

 

MASSIGNON - le grand rÊve de charles de foucauld & louis massignon

 J. François six

Edition  ALBIN MICHEL

 2008

Cette histoire, qui commence en 1909, est celle d’une rencontre intense entre deux êtres de feu : Charles de FOUCAULD, homme de désert et de mystique, et Louis Massignon, jeune orientaliste de génie. L’un a cinquante ans, l’autre vingt-cinq, et tous deux, épris de fraternité universelle, ont connu les tentations du monde avant de voir leur vie basculer devant la foi et l’hospitalité des sociétés musulmanes.


Du cœur et de l’esprit du premier surgit un projet fou qu’il commence pourtant à mettre en œuvre : une Union de frères et sœurs, religieux ou laïcs, tous égaux, « défricheurs » disséminés à travers le monde et en communion de prière. Il les destine à vivre l’Évangile là où il n’est pas connu, à semer l’Amour là où il n’y a pas d’amour. À sa mort, Louis Massignon reprend le flambeau qu’il transmet à son tour à Jean-François SIX, prêtre et théologien.
Après cinquante ans de silence, celui-ci a choisi de raconter l’histoire tumultueuse de cette Union atypique et discrète, riche aujourd’hui d’un millier de membres, qu’il a fallu protéger de l’affadissement et des nombreuses tentatives de récupération. Un récit passionnant qui fait revivre pour nous le grand rêve de Charles de Foucauld.

 

En 1890 Charles de Foucauld devient moine trappiste. En 1901, ayant quitté la Trappe, il se fait ordonner prêtre. Puis il s'installe au Sahara à Béni-Abbès, puis dans le Hoggar. À cette époque, les Territoires du sud ne sont pas rattachés aux départements français d'Algérie mais soumis à l'administration militaire. Très peu nombreux, soucieux de conquérir les Sahariens plus par l'action psychologique que par la force, les militaires ont besoin de Charles de Foucauld ès qualités de prêtre-ermite ou, si l'on veut, de « marabout chrétien », afin de dissiper une rumeur ruineuse pour le prestige du conquérant. Cette rumeur parcourt la société maghrébine, dès que les fidèles de l'Islam commencent à se faire quelque idée du mouvement de sécularisation et de laïcisation qui parcourt la société française : l'occupant ne serait même pas chrétien. Si les Français n'ont plus de religion, qu'adviendra-t-il de leur prestige en milieu musulman ? Cette question n'est même pas concevable au nord de la Méditerranée. Charles de Foucauld permet aux militaires établis au Sahara d'être des croyants par procuration. Voilà au moins un Français qu'on voit prier ! Tout en étant resté très proche du milieu militaire et y comptant de solides amitiés, Charles de Foucauld est parfaitement conscient du risque d'être ainsi instrumentalisé. Mais sans l'autorisation de l'armée, ou sans sa protection, il ne peut être question de s'établir au Sahara.

 

Or, ayant dû renoncer à son rêve de pénétrer de nouveau au Maroc, il est attiré par le Hoggar. Il veut explorer le monde berbère, côtoyé à Sétif en 1880 et retrouvé dans le Haut-Atlas en 1883-1884. De 1905 à sa mort en 1916, il s'attelle à la tâche de connaître et de comprendre le groupe berbère le mieux conservé dans son état originel, c'est-à-dire le moins transformé par la religion musulmane et par le contact avec les Arabes, à savoir les Touaregs du Hoggar. Il en explore la vie sociale, en recueille le patrimoine poétique et littéraire, établit la grammaire et le lexique du tamazight, leur langue au demeurant fort complexe, après avoir percé les énigmes du tifinagh, écriture aussi ancienne, peut-être, que l'alphabet phénicien. L'œuvre scientifique de Charles de Foucauld est considérable. Elle fait toujours autorité auprès des berbérologues.

 

Comme tant de connaisseurs de la société arabo-berbère au début du XXe siècle, il est habité par la conviction que la France n'a pas encore su s'en faire admettre. Il est de ceux qui espèrent qu'à long terme, un rapprochement social, politique et culturel entre Français et Maghrébins se produira. Car, comme eux, il est révulsé par l'Algérie française, telle qu'elle existe alors : ni vraiment colonie ni vraiment province, ou pseudo-province fondée en fait sur une inévitable ségrégation ethno-religieuse, à l'instar de beaucoup d'autres sociétés méditerranéennes comme la Bosnie, la Macédoine et la Crète de l'époque, et bientôt comme Chypre, le Liban et la Palestine. En bref, fondée sur la négation des principes républicains de Liberté, Égalité, Fraternité. Comme les militaires de sensibilité républicaine – par opposition à ceux qui ont conservé un attachement à l'Ancien Régime –, Charles de Foucauld a pour idéal politique l'intégration de l'Afrique du Nord à la France, et non pas un système de protectorat ou de vie séparée entre conquérants et conquis. Cette intégration leur paraît évidemment impossible, à court terme.

 

Si Charles de Foucauld ou les militaires de sensibilité républicaine se prennent de passion pour les Berbères, c'est parce qu'ils leur paraissent moins figés dans leur civilisation que les Arabes ou les Arabisés, plus souples, plus adaptables au monde moderne et donc susceptibles de constituer dans l'avenir un pont entre ces derniers et la France. En s'immergeant dans la société touarègue, Charles de Foucauld a certainement voulu participer à ce grand dessein politico-social axé sur le monde berbère. À cet égard, il est remarquable qu'il n'ait point cherché à convertir les Touaregs. Il s'est appliqué à les connaître et aussi, très concrètement, à y introduire des principes d'égalité jusque-là inconnus dans cette société de type clanique, ainsi que des éléments de progrès technique. Il fallait d'abord « républicaniser » le Hoggar. Plus tard, bien plus tard, d'autres y introduiraient l'Évangile.

 

Charles de Foucauld est tué dans son bordj à Tamanrasset le 1er décembre 1916 par des irréguliers appuyés par des éléments venus du territoire libyen, théoriquement italien depuis 1912, mais livré en fait à l'action d'agents turcs ou turco-allemands, ainsi qu'à celle de la confrérie des Sénoussis. Dans le cadre de la Grande Guerre, il se dépense beaucoup pour défendre le Hoggar, dégarni comme tant d'autres positions sahariennes ou nord-africaines en raison des envois répétés de troupes sur le front entre Vosges et mer du Nord. L'engagement de Charles de Foucauld dans la défense de Tamanrasset doit être compris à la lumière de ce qui fut l'attitude unanime des catholiques, et notamment des prêtres et religieux, en 1914-1918 : surenchère patriotique destinée à faire taire définitivement la rumeur infâme, jusque-là colportée dans les milieux républicains ou anticléricaux, comme quoi l'obéissance à la Papauté équivaudrait à l'allégeance à une puissance étrangère. Ses agresseurs ne s'en prirent pas à sa qualité de chrétien, semble-t-il, mais à sa qualité de Français. On ne lui demanda pas, d'ailleurs, de renier le Christ. Ce qui l'avait rendu haïssable, et dangereux aux yeux de certains, convaincus comme tous les radicaux de la Guerre Sainte, dont les Sénoussis, c'était le fait qu'en s'étant fait adopter par la société touarègue, il contribuait aussi à la rendre francophile et plus ouverte à la civilisation occidentale, voire à la modernité, qu'envers ceux qui allaient s'employer à l'islamiser pour de bon, voire même à en entamer l'arabisation. La mort de Charles de Foucauld donne la clé de son existence au Sahara et de celle des groupes ou associations qui plus tard, se réclameront de son exemple : c'est la fraternité. Or ce mot de fraternité est commun à deux lexiques : celui de la religion chrétienne et celui de la République.

 

MÉDITATIONS INITIATIQUES

Constant Chevillon

Edition du Cosmogone 

 2013

L’œuvre et le martyr de ce gnostique moderne n’en finissent pas de nous émouvoir. Formé à bonne école, c’est-à-dire au séminaire, à la Faculté de Lettres de Lyon et à l'abbaye de Solesmes, Constant Chevillon (1880-1944) enseigna la philosophie religieuse chez les Jésuites, puis il entra en occultisme, rencontra Papus et devint le plus proche collaborateur de Jean Bricaud.

Sans préjudice d’une carrière exemplaire dans le milieu bancaire, il assumera, à partir de 1934, la grande maîtrise du rite de Memphis-Misraïm et celle de l’Ordre martiniste, alors indissociables de l’Eglise gnostique universelle dont il fut élu patriarche.

Dix ans plus tard, la mort la plus horrible viendra le surprendre à Lyon, où elle a pris les traits des Miliciens qui l’on assassiné, une nuit de mars 1944. 

L’oeuvre littéraire de Constant Chevillon, profondément marquée par la théologie catholique romaine à laquelle il associera la tradition de l’ésotérisme chrétien comprend cinq livres qui sont autant de chefs-d’œuvre : Orient ou Occident (1926), Réflexions sur le Temple social (1937), Le vrai visage de la franc-maçonnerie (1939), Du néant à l’être (1942), Et verbum caro factum est (1944). Il faut y ajouter deux titres posthumes : La Tradition universelle (1946) et les Méditations initiatiques, publiées à Lyon, chez Paul Derain, en 1953.

Les Editions du Cosmogone  viennent de rééditer ce dernier ouvrage, en fac-similé, dans leur collection « compendium ». Ce petit livre rassemble une vingtaine de méditations sur des thèmes variés : Dieu, l’humilité, la charité, la prière, la foi, la mission de la douleur, mors et vita, Moise, évolution de la gnose, philosophie et religion, le temps, prédestination, Dieu est amour, Dieu est un acte pur.

De quoi méditer, assurément, sur Dieu, l’homme et l’univers et sur l’initiation maçonnique ou autre qui a pour fonction de rétablir les rapports entre le Créateur, la créature et la création, et de permettre à l’homme de s’élever et de se transformer.

 

MÉDITATION - LES 7 CLÉS DE LA MÉDITATION

Erik Sablé

Edition Almora

 2013

De plus en plus d’occidentaux éprouvent le besoin de méditer. Cependant la volonté de méditer ne suffit pas car la méditation est un « travail sur soi » particulièrement exigent, c’est pourquoi, il est important pour le débutant d’être aidé.

Cet ouvrage présente les 7 clés essentielles pour ouvrir la porte de notre intériorité. Sagesse, maîtrise du souffle, des pensées, concentration… sont quelques-unes des portes à ouvrir pour atteindre la sérénité et le début d’un équilibre.

Erik Sablé parle ici dans un langage clair et précis, à partie de son enseignement et de sa grande pratique de la méditation. Grâce à ces 7 clés, l’accès à notre espace intérieur devient enfin possible.

Au sommaire de ce petit livre, mais grand dans sa dimension spirituelle nous avons :

Pourquoi méditer ? - Quelques illusions -

1e Clé : La Sagesse - L’impermanence - Etre à l’écoute de son maître intérieur -

2e Clé : S’ouvrir au souffle et au corps - Connaître et apprivoiser le souffle -

3e Clé : Comprendre les mécanismes du mental -

4e Clé : La concentration - Des efforts d’imagination, de visualisation et une certaine tension de l’esprit -

5e Clé : Etre attentif à la racine de l’illusion - Le point de naissance de la pensée -

6e Clé : La Présence - Domaine de l’ineffable -

7e Clé : La joie et la sérénité - Dilatation de notre être et élargissement de la conscience - Un pouvoir de transfiguration - Méthode et pratique de méditation -

Erik Sablé est l’auteur de plusieurs livres de spiritualité, il se passionne pour le Bouddhisme ; l’hindouisme et le taoïsme, mais aussi pour toutes les spiritualités qui permettent à l’homme de trouver sa voie et de pouvoir s’épanouir. La méditation est au cœur de sa pensée. 

 

mÉditations mythologiques

Bruno pinchard

Edition  Le Seuil

 2002

L’auteur nous invite à rentrer dans le chemin des mythes afin de lier la philosophie et la mythologie indispensable à une démarche méditative.

Les vibrations dégagées par les méditations est un bonheur dans la symbiose recherchée.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Solipsisme du livre   -   Vigilance dans le mystère   -  Du plein mythologique   -  Dantologie transcendantale   -   Forma substantialis   - 

 

MÉDITATION SUR L’ESSENCE DE LA PENSÉE  -  UN CHEMIN VERS LA PAIX INTÉRIEURE

ERIK  SABLḖ 

ÉDITION  ALMORA

 2010

Toutes les pratiques de méditation visent à obtenir le silence du mental. Beaucoup d’enseignements adoptent une attitude volontariste et considèrent les pensées errantes comme un ennemi qu’il faut vaincre. Or, vouloir maîtriser les pensées, c’est un peu comme vouloir combattre le vent avec une épée, disent les textes bouddhistes. Il est préférable de chercher à comprendre le processus de la pensée, pour saisir ce qu’elles sont, ce qu’elles veulent.

 

Alors le silence intérieur et la paix s’installeront naturellement et durablement en nous. C’est cette voie que propose ce petit ouvrage.

 

Quelques sujets traités dans cet ouvrage :

 

La nature de la pensée – l’origine des pensées – l’impermanence- la pensée créatrice du monde- les mécanismes de l’attachement- les émotions- l’angoisse – ce que cherchent les pensées – le MOI – états spirituels et libération – l’humilité parfaite –

 

A la fin du livre quelques exercices sont proposés

 

melkitsedech

Politica Hermetica

Edition L’ÂGE D’HOMME

 2005

Ce roi étranger, sans génération, et dont le royaume est inconnu, aurait dû se perdre au milieu de la foule anonyme des princes cités dans la Bible ; il n’en fut rien parce que son éphémère irruption correspondait à un moment décisif : il a béni Abraham et sa lignée, celui-ci lui a versé la dîme et comme l’a souligné Saint Paul, ce n’est pas l’inférieur qui bénit le supérieur.

 

Cette précellence servit à légitimer le sacerdoce chrétien « selon l’Ordre de Melchisédech ». Elle devait inspirer également bon nombre de courants de pensée hétérodoxes, entre les non-dits de son origine ou de sa fonction et le non-lieu de sa cité de Salem, depuis les gnostiques de l’Antiquité jusqu’à Guénon en passant par les maçons du XVIIIème siècle.

Paul-Marie GUILLAUME et Philippe LEFEBVRE replacent cet étrange personnage dans son contexte biblique d’origine ; Jean-Daniel DUBOIS analyse un exemple gnostique ; Pierre MOLLIER décrit la fortune maçonnique du roi parmi les Rose-Croix ; Paul AIRIAU nous introduit dans l’univers de la légitimité monarchique au XIXème siècle ; Alessandro GROSSATO et Jean-Pierre LAURANT, enfin, étendent au monde hindou et à l’univers traditionaliste guénonien les correspondances « melchisédechiennes » avec les fonctions du « Chakravartin » et du « Roi du Monde ».

 

MELKITSEDEQ - LA  TRADITION  PRIMORDIALE ET LE MAÎTRE DE JUSTICE

DIVERS  AUTEURS

  ARCADIA

 2002

Quand Abram revint après avoir battu Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome alla à sa rencontre dans la vallée de Shavé. Melkitsédeq, roi de Shalen (Salem) apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Dieu Très Haut. Il prononça cette bénédiction : « Béni soit Abram par le Dieu Très Haut qui créa Ciel et Terre, et béni soit le Dieu Très Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains. Et Abram lui donna la dîme du tout » (Genèse XIV)

 

Melkitsédeq, roi de Salem et prêtre du Dieu Très Haut « Qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie » (St Paul Epitre aux Héb 7,3). Tu es Prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melkitsédeq (Psaumes 109/110)

 

Le nom de Melkitsédeq n’est mentionné que dans ces trois écrits- Genèse, Psaumes et l’épitre de Saint Paul aux hébreux-. A partir de ces quelques mots, le judaïsme, le christianisme et les sociétés initiatiques vont en faire un prêtre-Roi qui détient la Tradition Primordiale et qui va la transmettre à toutes les générations par l’entremise d’Abraham. Etant sans généalogie il est considéré comme fils de Dieu, de ce fait on lui décernera les titres de Messie, Maître de Justice, Centre Suprême de la Tradition etc.

 

Dans ce dossier sur Melkitsédeq Jean Tourniac explique sa lecture sur cette transmission de la Tradition Primordiale et lui discerne 5 caractéristiques :

1/ Caractéristique cosmique, qui s’enracine dans la profondeur de la création.

2/ Caractéristique humaine qui se centre dans la conscience de l’homme, joint entre la création dont il est le roi et Dieu dont il est l’image.

3/ Caractéristique mystique : Elle s’ajuste sur la hauteur de la justice surnaturelle, sur le Dieu Très Haut et Très Puissant.

4/ Caractéristique Universelle : Elle s’étend en largeur sur la terre entière.

5/ Caractéristique perpétuelle : Elle s’étend sur toute la longueur du temps et de l’espace, des origines à la fin du monde.

 

Puis il nous parle de cette lumière d’Orient, des chrétientés d’Asie reliés aux mystères évangéliques. Il nous raconte la cité sainte et l’importance de Jérusalem dans l’écriture juive, avec ce roi de Salem, qui est non seulement Maître de justice mais aussi « Roi de Paix », on voyage avec Moïse, Salomon, David et Jésus à travers cette Jérusalem et son universalisme.

 

René Guénon Dans un article publié en 1962 dans les Etudes Traditionnelles,  disserte sur le Christ Prêtre et Roi, et fait ressortir que Melkitsédeq est supérieur à Abraham puisqu’il le bénit (l’inférieur est toujours bénit par le supérieur) ce qui marque la vassalité, la dépendance, l’antériorité  et la supériorité du sacerdoce de Melkitsédeq sur celui d’Aaron. Puis nous visitons « Le Roi du Monde » où R. Guénon nous explique le Soma, la légende de Dionysos et la symbolique du vin, on voyage en compagnie des 3 rois-mages qui en réalité n’en font qu’un si on rassemble leurs 3 fonctions, il nous emmène sur les rives du Gange avec les Ksatriyas, ces chevaliers formant une garde royale, chevaleresque et spirituelle.

 

Armand Abecassis nous emmène à Jérusalem, cité terrestre, messianique et céleste.

 

Le jardin des Dragons No 1 explique la notion du sacerdoce, Melkitsédeq, l’épiscopat et le charisme (don gratuit de Dieu). Un long article sur Melkitsédeq : « Archétype de l’Homme sacerdotal primordial », suit un parallèle avec la Divine Comédie de Dante.

 

Patrick Meneghetti nous rappelle le sacre, son rite et son rôle initiatique, la fonction royale, les rapprochements avec Melkitsédeq et cette transmission intérieure et extérieure des sacres royaux et sacerdotaux.

 

Pierre Benzaquen nous explique la symbolique d’une consécration de loge et ses quatre voyages. Est étudié la symbolique du vin, du sel, du pain et de l’huile. Début d’une filiation, transmission  et consécration par Melkitsédeq d’Abraham avec le vin et le pain.

 

Livres référence :

Melkitsédeq – Politica hermética- Edition l’Âge d’Homme  -  2005

Melkitsédeq – par Jean Tourniac – Edition Albin Michel -  1983

 

melkitsedeq ou la tradition primordiale

Jean tourniac

Edition ALBIN MICHEL

 1983

Melkitsedeq qui est « sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours, ni fin de vie » (Heb 7, 3) est-il le Témoin d’une Tradition primordiale ? Est-il aussi l’équivalent du Christ, puisque « rendu semblable au fils de Dieu » et « sacrificateur à perpétuité » (Heb 7, 3) ?


Tel est l’objet de la recherche conduite par Jean Tourniac, avec l’appui d’une érudition de thèse doctorale et d’une connaissance approfondie des commentaires religieux et des significations symboliques.

Si l’enquête réfère aux perspectives guénoniennes pour définir la notion de Tradition primordiale, elle en vient rapidement à l’analyse exhaustive des textes propres au judaïsme, au christianisme et à l’islam. Une documentation très riche permet d’étendre l’exploration scripturaire à la Patrologie, aux Églises, théosophies et aux communautés mystiques ou religieuses ignorées parfois du grand public.

Particulièrement vivante est l’interrogation de l’auteur à l’égard du judaïsme et du christianisme qui, l’un et l’autre, ont visé à s’approprier Melkitsédeq, pour en exalter ou au contraire – et alternativement selon les circonstances –, en restreindre l’importance fonctionnelle. L’originalité de la méthode de Jean Tourniac consiste à « remonter d’un cran » la chronologie du monothéisme en passant d’Abraham à Melkitsédeq Roi de Justice et de Salem et Prêtre du Très-Haut. Dès lors, par exemple, loin d’être un lieu conflictuel, la Cité sainte de Jérusalem dissout-elle le centre du grand « rassemblement des peuples » (Baruch 4, 3) dans l’unité spirituelle.

 

Cette vision, qui transcende les antagonismes de vingt siècles d’histoire, correspond à l’attente du monde contemporain et corrobore la démonstration de l’ouvrage et son postulat : Melkitsédeq = la Tradition primordiale.

 

mÉphistophÉlÈs & l’androgyne

Mircea eliade

Edition  GALLIMARD

1981

Si la découverte de l’inconscient a forcé l’homme occidental à une confrontation avec sa propre « histoire » secrète, la rencontre avec les cultures extra occidentales l’obligea à pénétrer très profondément dans l’histoire de l’esprit humain et à le persuader, peut-être, d’assumer cette histoire en tant que partie intégrante de son propre être.

 

Tôt ou tard le dialogue avec les « autres » – les représentants des cultures traditionnelles, asiatiques et « primitives » – devra s’amorcer non plus dans le langage empirique et utilitaire d’aujourd’hui, mais dans un langage culturel, susceptible d’exprimer des réalités humaines et des valeurs spirituelles.


En étudiant les symboles, les mythes et les rituels de l’androgynie, de la coincidentia oppositerum, du renouvellement cosmique, de la « lumière intérieure », d’autres encore, l’auteur se propose de guider le lecteur dans un univers « étranger » qui constitue pourtant une partie importante de lui-même.


L’auteur y développe le symbole de la lumière dans différentes religions et philosophies, le mythe de l’androgyne, le renouvellement cosmique et eschatologique, cordes et marionnettes.

 

mircea eliade

Divers Auteurs 

Edition Les Cahiers de l’Herne

 1987

Un condensé sur la biobibliographie de Mircea  Eliade. Sa vie, son œuvre et des explications sur sa démarche. On y trouve les textes fondateurs de sa pensée sur l’herméneutique, l’alchimie, l’ésotérisme, la spiritualité et les grands mythes qu’il a expliqués.

Un livre incontournable pour comprendre son œuvre et sa pensée.

 

Au sommaire de cet ouvrage  grand format de 400 pages :

 

Textes de Mircea Eliade : Souvenirs de jeunesse  -  L’Inde à 20 ans  -   Journal himalayen  -    Fragmentarium : les secrets, le symbolisme du jade, note sur les malades ; note sur la conversation, Propos sur l’anthropologie, A propos d’un certain sacrifice, Vêtements et symboles, Mort vivant, Symbolisme de l’or, le chemin du centre, Vacuité, Solidarité, Orgie, la connaissance gardienne, Fidélité et mélancolie   -     Architecture sacrée et symbolisme   -    le mythe de l’Alchimie   -   la conception de la liberté dans la pensée indienne   -    Le folklore comme moyen de connaissance   -   Barabudur, temple symbolique    -    L’érotique mystique indienne   -   Propos sur une philosophie de la lune   -  Jung ou la réponse à Job   -    Les Bohémiennes   - 

Phénoménologie et Herméneutique :

Julien Ries : Histoire des religions, phénoménologie et herméneutique –

Georges Dumézil : Le message avant la mort

David Rasmussen : Herméneutique structurale et philosophie –

Constantin Noïca : Hiérophanie et sacralité

Mc Linscott Ricketts : Mircea Eliade et la mort de Dieu

Stephen Reno : Hiérophanies, symboles et expériences

Douglas Allen : L’analyse phénoménologique de l’expérience religieuse

 

Spiritualité et régénération :

Maurice de Gandillac : Répétition et renaissance

Monique Borie : De l’herméneutique à la régénération par le théâtre

I.P. Coulianu : L’anthropologie philosophique

Pierre Pasquier : L’amer festin, histoire des religions et spiritualité

Charles Long : Le sens de l’œuvre pour l’homme moderne

 

Souvenirs, rencontres et traces :

E. M. Cioran : Les débuts d’une amitié

Alexandre Rosetti : Eliade au temps jadis

Cioranesco : Mircea Eliade

Eugene Ionesco : Mircea Eliade à Bucarest

Michel Meslin : Mircea Eliade

Henry Corbin : Mircea Eliade

Paul Ricoeur: Mircea Eliade

Goli Taraghi: Rencontre avec Mircea

Diverses correspondances entre Mircea Eliade et Gaston Bachelard –Georges Bataille  - Charles Baudouin  - Jean Daniélou -  C. G. Jung  - Ernst Junger  - Pierre Klossowski  -  Henri de Lubac  - Giovanni Papini  -  Jean Paulhan  -  Louis Renou  -  Raymond Queneau   -

 

Les voies du fantastique :

Virgil Ierunca : Littérature et fantastique   -

Jean Biès : Chamanisme et littérature

Sergiu Al George : Temps, histoire et destin

W. Richard Comstock : Mythes et cinéma contemporain

Simone Vierne : La littérature sous la lumière des mythes

Jacques Masul : Mythes et symboles

Matei Calinesco : Imagination et sens

William A. Coates : Métaphysique de la littérature occulte

Ion Balu : Les débuts littéraires

 

MIRCEA ELIADEL’ÎLE  D’EUTHANASIUS

MIRCEA  ELIADE

EDITION DE  L’HERNE

 1981

«  Le monde qui est le mien est une vallée entourée de toutes parts de rochers impénétrables élevés comme une muraille du côté de la mer, si bien que nul être humain ne peut connaître ce paradis terrestre ».

 

Cette île où s’achève l’existence d’Euthanasius, préfigure- t-elle une cosmogonie aquatique, une initiation par immersion ou, tout simplement, le fleuve des eaux amniotiques menant à l’universelle symbolique des eaux de la renaissance ? Evoquant, tour à tour, les points de vue aussi bien d’ethnologues tels que Boas ou Kroeber que du sociologue Malinowski, de l’historien Calinescu ou du psychologue Rivers, Mircea Eliade resitue le mythe comme dramatisation du symbole. Dans sa quête du sens ultime, il explore au-delà des mythes et des religions, l’archétype sous son aspect le plus archaïque.

 

Dans ce recueil d’essais paru en 1943 à Bucarest, l’esprit encyclopédique de Mircea Eliade s’illustre aussi bien dans l’histoire des cultures et des religions, que dans la littérature. Son érudition phénoménale soutenue non seulement par la hardiesse de son propos mais aussi par un enthousiasme passionné, donne à ces textes une actualité toujours de mise quant aux questions fondamentales de l’humanité.

 

Mircea Eliade traite dans cet ouvrage les sujets suivants :

 

L’Île d’Euthanasius, son symbole, obsession du Paradis, île transcendante.

Les confessions de Julien Green, son obsession de la mort et des escaliers/degrés.

En quoi et comment les documents ethnographiques et les thèmes folkloriques peuvent servir comme instruments de connaissance.

Barabudur, nouvelle architecture de temple qui permet au pèlerin d’assimiler magiquement la doctrine bouddhiste, en méditant dans ses galeries ornées de bas-reliefs, et en lui permettant de se confondre avec le Temple en se réintégrant dans la divinité.

La conception de la liberté dans la pensée indienne. Neti et éternel retour.

Notes sur l’art indien. Pays de la métaphysique la plus pure et iconographie indienne.

Ananda Coomaraswamy,  avec son premier ouvrage « la danse de Civa » en 1922, enchanta Romain Rolland, qui le fit connaître. Ananda est un immense métaphysicien  qui, en plus des penseurs indiens et orientaux se dirigea vers Aristote, saint Thomas et Dante.  Il fut le contemporain de René Guénon avec qui il échangea des correspondances.

Un savant russe à propos de la littérature chinoise : Basile Alexeïev.

Le journal de Sei Shonagon. Journaux de peintres : L’Alaska et les Marquises.

De vieilles controverses avec le livre de Paul-Louis Couchoud « le mystère de Jésus » paru en 1924, livre dans lequel il tente de démontrer que Jésus est une invention de St Paul.

Les lumières du XVIIIe siècle. Le musée social du Village roumain.

L’histoire de la médecine et de la pharmacie en Roumanie.

En Angleterre, un nouveau genre de littérature révolutionnaire.

A propos d’une éthique du pouvoir. Lucien Blaga et le sens de la culture.

Joachim de Flore, son message évangélique et L’âge du Saint Esprit.

Un épisode de Perceval. Le Roi Pêcheur, sa maladie et le parcours de Perceval pour le guérir. Ce parcours qui est le prototype de Don Quichotte, préfigure notre destin et notre condition humaine, avec la faillite de l’homme qui refuse de s’interroger.

 

moi, je ne juge personne – l’Évangile au-delà de la morale

Lytta basset

Edition  ALBIN – MICHEL

 2004

C’est toujours pour de « bonnes raisons » que nous jugeons autrui, au nom d’une prétendue morale chrétienne, ou de valeurs laïques qui en dérivent peu ou prou, oubliant l’affirmation de Jésus : « Moi, je ne juge personne. ». Lytta Basset, pasteur et professeur de théologie en Suisse, analyse ici notre besoin de juger l’autre, symptôme d’une peur fondamentale. En entrant dans le récit évangélique de « la femme adultère », nous devenons acteurs de ce drame dans lequel on voit les défenseurs de la morale religieuse présenter à Jésus une misérable « traînée », pour qu’il la juge.

 

Au fil de cette lecture de l’Évangile de Jean, alors que sont convoquées quelques autres figures bibliques comme celle de Judas, nous sommes peu à peu transformés de manière subtile, renvoyés à nos angoisses personnelles, confrontés à notre être profond. Et là, guéris de toute peur par Celui qui ne juge personne, nous le suivons enfin dans ce pays où il n’est plus question de jeter la pierre à autrui. 

 

D'où vient cette compulsion à condamner autrui sans l'avoir entendu?»  tel pourrait être un autre sous-titre de cet ouvrage. Le besoin de juger définitivement va souvent de pair avec le besoin d'occulter notre peur de l'autre en le maintenant à distance, en se fermant à l'inconnu ou à la nouveauté qui pourrait surgir dans la relation. L'autre peut toujours nous surprendre positivement.


Avec beaucoup de finesse psychologique et de solides fondements théologiques, l'Auteur décrit les mécanismes à l'oeuvre dans la psyché humaine lorsque surgit le besoin de juger l'autre négativement. Elle s'appuie essentiellement sur le récit de la femme adultère (Jn 8,1-12), ensuite sur sept autres passages de l'évangile de Jean. Sa thèse pourrait se résumer ainsi: juger l'autre définitivement est certainement néfaste pour celui qui est jugé, mais aussi et d'abord pour celui-là même qui juge car il s'éloigne de la miséricorde du Père de tendresse pour lui-même. Il y va de mon «propre intérêt» quand je parviens à convertir cette attitude négative.


«Ne faut-il pas reconnaître en la réalité une richesse de sens qui excède toujours les capacités de la pensée?». Au moyen de cette interrogation, Lytta Basset nous propose de ne pas nous laisser «fasciner» par ce qu'il y a de critiquable et négatif chez le prochain, car il est bien plus que cela. Cet état d'esprit, qui reste toujours un combat, augmente notre créativité relationnelle et notre joie de vivre, car sa source provient de l'Esprit Saint du Père et de Jésus-Christ. «Exerçons-nous à bénir autrui, à lui souhaiter du bien, à dire du bien de lui». Cela joue en faveur de l'autre et surtout en ma faveur. Par cet ouvrage, Lytta Basset nous fait pressentir en filigrane une forte présence du Christ dans sa vie, présence qu'elle accueille avec gratitude, expérience existentielle qui lui a permis d'agir pour vaincre de sérieuses épreuves. -

 

moi – l’Évidence perdue

Stephen jourdain

Edition L’ORIGINE

 2002

L’évidence dont témoigne Stephen Jourdain va surprendre et dérouter, elle a le son de la subversion : c’est la découverte vivante de l’identité « première personne », MOI. Non pas le moi terrestre – inconscient – mais le MOI de mon esprit – acte de pure conscience. Il faut nous mettre à rugir et transformer en lion ce veau que nous acceptons d’être : nous mettre enfin debout à l’intérieur de nous-même et comprendre que tout n’existe que maintenant : notre présent est notre seule demeure.


Dans une évocation lumineuse et transparente, Stephen Jourdain démonte pièce après pièce les mécanismes de notre pensée, de nos illusions et de nos impasses pour nous suggérer une liberté inouïe.
Il aborde ici – pour la première fois – de nombreux aspects subtils de l’éveil et nous donne des informations capitales. A la fois poète et philosophe, Stephen Jourdain transmet, par l’art d’écrire, à travers de nombreux ouvrages, et de décrire par sa verve, au cours de nombreuses conférences improvisée, l’art de veiller et d’être Moi.

 

‘’Je crois que je devrais commencer par vous dire ce qu’est mon « expérience ». Elle est l’éveil, brusque et parfait, de l’esprit — de la personne intérieure — à soi-même, à son propre fait. Cette conscience n’est pas un état passager ; une fois apparue, elle demeure. Quand cela m’est arrivé, j’étais un petit jeune homme, tout à fait normal. Je commençais de fumer, j’étais amoureux, et si je me posais des questions telles que « qu’est-ce que moi ? », ou « qu’est-ce que penser ? », avec une intensité et une passion peut-être exceptionnelles, et me singularisais encore en étant assez couramment sujet à des moments de perception différente, à d’injustifiables gouffres de félicité, il est absolument certain que je n’essayais pas d’atteindre cet éveil, ni à aucun mystérieux autre rivage de ma vie, n’en ayant pas la notion. Vraiment, je ne cherchais rien.

 

Si le Cogito n’avait pas existé, me serais-je quand même « éveillé » ? Je me suis souvent posé la question. Je ne sais pas… Possiblement, oui. La petite phrase de Descartes est merveilleuse, elle possède peut-être une efficacité particulière, mais elle n’est certainement pas le seul sujet de réflexion qui puisse devenir l’occasion de « l’éveil ». L’important est que le sujet de réflexion renvoie l’esprit qui réfléchit à son propre fait, l’oblige à passer et repasser près de son centre. Or, à peu près toutes les questions que je me posais à cette époque avaient cette propriété. Par ailleurs, une autre condition de l’éclatement de « l’éveil » est une tension extrême, paroxysmale de l’intelligence. Je vous ai dit qu’il n’était guère de jours qui ne me voyaient réfléchir avec cette intensité.

 

Je ne peux que constater un rapport entre certaines circonstances mentales et la venue de cette « chose », il me semble infiniment probable qu’elle naisse toujours en ce même contexte ; il est donc bien difficile de ne pas parler de condition et de cause. Mais en même temps, dès que j’emploie ces mots, dès que je fais de la « chose » un résultat, une conséquence, elle se rebelle en moi, me hurle que je vais contre sa nature. « L’éveil est nécessairement « l’avant » de toute chose autre que lui-même et il n’est « l’après » de rien.  A côté de ces circonstances mentales, existe un autre facteur, beaucoup moins visible, du rôle duquel je n’ai pris conscience que tardivement, et que je ne crois pas moins essentiel : un certain état de la vision du monde extérieur.

 

 

 Si j’essaye de préciser la nature de cette vision, ce que je puis dire est que j’étais dans un monde essentiellement dynamique. Un monde arc-bouté, tendu, jaillissant, surabondant, faisant craquer tous ses corsages, un monde en marche aussi, lancé sur la pente d’un présent intense. Ce qui l’avait fait apparaître, c’était la lecture des poèmes de Rimbaud. L’univers avait commencé de « travailler » une ou deux années auparavant, la plante était déjà née, Rimbaud a brusquement amené un printemps, tout en conférant à la plante un visage défini. Je suis resté une heure ou deux réveillé dans l’obscurité, œuvrant « l’éveil », grattant l’allumette et provoquant la flamme — qui était une même chose que le geste par lequel je la faisais brûler —, et jouant un peu avec cela, je crois, avec émerveillement. Le lendemain matin, ma première pensée a été « l’éveil », et savais-je toujours faire le geste ? J’ai découvert que oui, je savais, que cette chose miraculeuse était toujours là, et qu’elle serait présente jusqu’à ma mort, car je n’oublierais jamais le geste.

 

Je n’ai jamais pensé à la mort dans « l’éveil » pour une bonne raison, c’est que je n’y pense pas. Ce qui ne veut pas dire : le silence de la pensée. Le silence de la pensée et l’absence de la pensée sont des choses tout à fait différentes. On peut ne penser à rien avec une grande perfection, et il y aura autant de pensée dans cette soi-disant absence de pensée qu’en la pensée la plus intense. Il serait donc tout à fait vain de s’appliquer à faire taire sa pensée, à se vider, se laver l’esprit de toute pensée. « L’éveil » n’est pas une entreprise de vidange, ni de blanchissage. Je dis ça, parce que j’ai rencontré une personne qui passait ses jours et ses nuits à faire ça. Je fais monter la flamme de « l’éveil », « l’éveil » fait monter sa flamme, et la pensée succombe, et c’est une chose énorme, et fantastique, que cette mort ! Mais « l’éveil » peut très bien laisser le rêve se déployer (le rêve dont il n’est pas dupe et qu’à tout moment il peut foudroyer) et persister. Alors l’être « éveillé » pourra penser à la mort. Une vérité sur la mort se présentera tout de suite : cette réalité est une hallucination, une pure pensée. Certainement cette position est, vis-à-vis de « l’éveil », la plus rigoureuse et la, plus fidèle sur la question de la mort. Maintenant, si j’accorde réalité à la mort, si j’accepte de me situer au niveau de la pensée qui voit dans la mort une réalité, je pourrai essayer de répondre à la question : qu’est-ce que la mort ? À la lueur de « l’éveil ». Cette « chose » est la conscience de soi, c’est la possession de soi, c’est le temps du soi.

  

monod  théodore (1902 – 2000) – dvd film

Karel prokop

Edition  INA

 1989

Savant inclassable tant le champ de ses connaissances est vaste, Théodore MONOD est doté d’un savoir encyclopédique en sciences naturelles, dans des domaines tels que la géologie, la zoologie et la géographie. Il fut membre de plusieurs académies. Sa devise étant « un continent par existence ». Il a consacré la sienne à l’Afrique ; il a passé 25 ans en Afrique occidentale et était l’un des plus grands spécialistes mondiaux du Sahara qu’il a défendu avec force.


Le vieil homme et le désert (1988) 54 mn Le professeur MONOD, savant prodigieux, parfois excentrique, par une nouvelle fois dans son cher « océan pétreux et sableux ». Il rechercher depuis 1934 une météorite géante dans la région de l’Adrar au sud de la Mauritanie. De cette météorite à l’origine extra-terrestre on ne connaît qu’un échantillon rapporté en 1916 par un capitaine d’infanterie coloniale, Gaston RIPERT, conduit de nuit et sans boussole jusqu’à cette « montagne de fer ».

 

En 1988, Karel PROKOP a eu le privilège de suivre le professeur MONOD, dans cette enquête scientifique menée au cœur du Sahara.
Le vieil homme, le désert et la météorite (1989) 56 mn


Un an après, on retrouve le professeur MONOD un peu plus cassé, marchant avec peine, mais toujours aussi émouvant, dans une nouvelle expédition dans le désert mauritanien. Karel PROKOP filme le scientifique au cours de la quête de « sa » météorite et en profite pour brosser le portrait de cet humaniste révolté par les injustices et la barbarie du monde.
Compléments


Le Sahara expliqué par Théodore MONOD – 25 mn. Théodore MONOD, narrateur hors pair, explique et raconte le désert saharien à travers six thèmes emblématiques : son origine, le sable, le vent, les chameaux, la flore et les hommes du désert. 2h 30 de bonheur avec un grand savant humaniste habité de spiritualité.

 

monod thÉodore – terre & ciel - entretiens

Sylvain estival

Edition  ACTES SUD

 1997

Marqué dès son plus jeune âge par une double vocation, Théodore MONOD renonça, à vingt ans, à se faire pasteur, pour devenir scientifique.

 

Il ne reniait rien, cependant, de ses engagements profonds, ni ne perdait de vue l’injonction de Teilhard de Chardin qui disait: « Aller au Ciel à travers la Terre ».


C’est sous l’angle des convictions, de la spiritualité, des valeurs morales et de la foi que Sylvain ESTIBAL a mené, durant l’année 1996, une importante série d’entretiens avec Théodore MONOD, cherchant à faire la synthèse d’une existence, l’interrogeant sur sa carrière et sur sa vie intérieure, sur son cheminement et sur la manière dont il regarde désormais notre temps.


Naturaliste, botaniste, océanographe et ichtyologue, ancien directeur de l’Institut d’Afrique noire et professeur au Muséum d’histoire naturelle, Théodore MONOD (1902 – 2000) a publié une œuvre riche de nombreux ouvrages.

 

monsieur de saint-george – le nÈgre des lumiÈres

Alain guÉdÉ

Edition BABEL

 1999

Né probablement en 1739 à Basse‑Terre, des amours d’une belle esclave sénégalaise d’ascendance royale et d’un riche planteur français appartenant à la grande noblesse de robe, Georges Boulogne, dit le « chevalier de Saint-Georges »– un titre évidemment usurpé – fut d’abord élevé par sa mère en Guadeloupe puis à Saint-Domingue, avant de gagner Paris en 1748, où son père, puissant trésorier de France, réussit à donner à ce fils, physiquement vigoureux et intellectuellement si prometteur, la meilleure éducation aristocratique, au grand dam des contempteurs des « sang mêlés ».

C’est ainsi que le charmant jeune métis devint en quelques années une des meilleures épées du royaume, un violoniste virtuose, un talentueux chef d’orchestre, à qui Gossec n’hésita pas à confier la direction des concerts spirituels, le meilleur orchestre symphonique de la capitale à l’époque, ainsi qu’un fécond compositeur, heureux rival de Mozart, lors du séjour parisien de ce dernier en 1778.

Saint-Georges aurait même pu diriger l’Opéra royal, s’il n’avait été la cible d’une méchante cabale raciste. Le chevalier fut aussi un grand séducteur, mais là encore sa qualité de métis devait le condamner à des aventures féminines sans lendemain, le privant de la perspective du mariage et de la fondation d’un foyer avec une personne de sa condition. Il passe aussi pour avoir été le premier homme de couleur reçu dans la franc-maçonnerie – la légende prétend qu’il fut intronisé avec un sac sur la tête –, circonstance qui contribua à le rapprocher de la famille de Philippe d’Orléans, alors grand maître du Grand Orient de France.

En 1789, Saint-Georges se rallia tout naturellement à une Révolution qui proclamait l’universalité des Droits de l’homme et l’unité du genre humain, en attendant de pouvoir l’appliquer effectivement à l’ensemble des terres françaises, contre la résistance farouche du très puissant lobby colonial en France et outre-mer. Devenu, à l’automne 1792, un des premiers officiers de couleur de la Garde nationale puis colonel dans l’armée française, le ci-devant chevalier joua un rôle de premier plan dans la défense de Lille contre les Autrichiens, puis contribua à déjouer la trahison de Dumouriez en Belgique au printemps 1793.

En dépit de son indéfectible loyauté patriotique, Saint-Georges, qui s’était opposé à Marat et avait gardé des liens avec les Orléans, fut injustement mis en cause et même incarcéré sous la Terreur. Ayant semble‑t‑il échappé de peu à la guillotine en juin 1794, il revint à la vie civile après Thermidor, période où, passablement désargenté et quelque peu marginalisé, il reprit la composition musicale (outre de magnifiques quatuors aux adagios nostalgiques, on lui doit de belles pièces orchestrales et vocales, ainsi que des opéras, malheureusement presque tous perdus). Sous le Directoire, qui l’envoya d’ailleurs pour une brève mission à Saint-Domingue, Saint-Georges resta un fidèle républicain, jusqu’à sa disparition en juin 1799, trois ans avant que Bonaparte ne rétablisse l’esclavage dans les colonies françaises.

C’est le destin exceptionnel de ce répudié de l’histoire que retrace ici Alain Guédé, avec une allégresse et un brio qui rendent hommage à la vitalité et la prééminence dans son siècle du grand Saint-Georges.

 

monsieur gurdjieff

Louis PAUWELS

Edition Albin Michel

 1979

Grand magicien devant l’Éternel, Gurdjieff, fut un fameux mystagogue. Louis Pauwels, écrivain et ésotériste renommé nous livre ici le meilleur livre sur ce penseur inclassable.

 

Cet ouvrage est à la fois un essai, une enquête, un rassemblement de témoignages, une méditation, une anthologie commentée et un roman. Pareille recherche d’expression fut le fil rouge de Louis Pauwels, qui à travers le personnage de Gurdjieff, rechercha la psychologie et la sociologie d’une famille d’esprit, rassemblée autour d’un puissant personnage socratique.

 

L’important dans les écoles de Gurdjieff est et était de recevoir son « initiation », initiation qui n’avait rien de rituélique, car aucun matériel, ni rituel n’était utilisé, seulement était initié celui qui recevait sa «Pure gymnastique mentale » c’est à dire la prise en considération de prendre de la distance avec le monde. L’étude et l’exercice de cette recherche est de plus en plus difficile à mesure qu’on l’approfondit.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 450 pages :

L’Homme qui ne dort pas : Le  cheik arabe au melon noir  -  l’homme qui enseigne la sagesse dans les bistrots de Moscou  -  le Mont Ararat  -   un agent russe au Tibet  -  Cagliostro  -  le récit de Monsieur Rom Landau  -  l’examen clairvoyant  -  le dieu Shiva   - Occultisme et nazisme  -  le pâturage des idiots  -  les roses changées en crapauds 

 -   le cherche un homme  -   fable du sculpteur qui passe sa vie à polir son ébauche  -  la tragédie du moi   -   la psychologie comme abus de confiance  -  le dormeur éveillé  -  les vieux thèmes du sacrifice et de la mort à soi-même  -  Allusion à Jean-Paul Sartre  -  une aventure de Raymond Abellio  -  un petit cousin de Lucifer  - L’annonciateur du bien  - des milliers de pages de musique  - les séances de lecture à haute voix  -   Le récit de M. Kenneth Walker  -  Gurdjieff et la musique  -  les récits de Belzebuth   -    la morale des caméléons  -  ce que disait Hamlet de son père  - L’étude de M. Denis Munson   -   En regard de Gurdjieff, Nietzsche est un iconoclaste  -  Dialogue sur le vaisseau interplanétaire  -  Belzébuth est meilleur conteur que Shéhérazade  -   de l’Egypte ancienne à Léonard de Vinci  en passant par le Mont Saint-Michel  -   Swift  -  L’essai de M. L. Travers  -  les contes de fées décrivent la totalité du destin humain  -  la belle au bois dormant et la vieille lutte contre le sommeil  -  l’art orphique  -  les contes de fées indous et persans  -  William Blake  -   l’œuvre provocante de Gurdjieff   - 

 

Les Philosophes de la forêt : -  une carte de Jean  Paulhan sur la tricherie  -  les 6 dernières semaines du vrai Gurdjieff à Essentuki   -  la révolution russe  -   la rupture avec Ouspensky  -  les coups d’essai de Tiflis, Constantinople, Berlin et Londres   -   l’arrivée en France  - Grande parade au théâtre des Champs Elysées  -  grande parade au théâtre de New York  -  ce qu’était les mouvements et les danses  -   que se passe-t-il au prieuré d’Avon ?  -   ce que voyaient les étrangers  -  de Tiflis à Fontainebleau  -  la vie quotidienne au Prieuré  -   visite de Denis Saurat à Gurdjieff   -   la transformation d’orage  -  Poincaré voir en Gurdjieff l’ennemi des soviets  -  les pouvoirs surnaturels de Gurdjieff  -  l’étable de Katherine Mansfield   -   Féerie dans le hangar d’aviation  -   sentiment général du visiteur du Prieuré  -  L’exemple Rabelais  -   Sartre  -  le Temps défend Descartes  -  Ce que vivaient les disciples  -  Un psychanalyste chez Gurdjieff  -  Analyser et guérir une névrose  -  Le docteur Young cherche les secrets de la volonté  -  le vrai sa voir commence par l’expérience intérieure  -  Récits et méthodes du docteur Young  -   Gurdjieff avec l’automobile  et la médecine  -  Georgette Leblanc  -  Maurice Maeterlinck  -  le château de Villennes  -  coup de chapeau au Phénix  -  Colette  -  Gurdjieff et la multiplication des obstacles  -  l’angoisse de n’être plus rien  -  le poison religieux  -  Une intellectuelle d’avant-garde : Margaret Anderson  -  Le récit de Margaret Anderson et sa rencontre au Prieuré avec Gurdjieff  -   Le dernier espoir de Katherine Mansfield qui cherche un médecin de l’âme  -   John Middleton Murray  -    Le drame de Londres  -  les conversations avec Orage  -  le docteur Manouchkine   -   a la recherche de l’amour conscient  -  Toutes les lettres qu’écrivit chez Gurdjieff Katherine Mansfield  - 

 

Monsieur Gurdjieff et nous : Paris  -  Gurdjieff choisit le désordre  -   Témoins à charge   -  le récit de Paul Sérant  -  la crise de la jeunesse au lendemain de la guerre  -  les insuffisances de l’église  -  ce qui se passait dans les groupes et les exercices chez Gurdjieff  -    pourquoi Pauwels a quitté l’enseignement de Gurdjieff   -  l’atrophie de la raison et l’hypertrophie du moi  -    un ami de René Daumal et de Roger-Gilbert Lecomte   -  les rapports entre la drogue  et la connaissance mystique  - Aldous Huxley   -   Pierre Minet  -  Irène-Carole Reweliotty   -  les tuberculeux du plateau d’Assy  -  rencontre avec Luc Dietrich  -     Extrait du journal intime d’Irène-Carole Reweliotty   -    René Dazeville   -   L’Homme qui risqua sa vie pour tenter de conquérir la vérité  -  les malheurs de Sophie  -  la chronique de Frances Rudolph  -  Belzébuth dans la parc de Baltimore   -   le nouvel art d’être chrétien  -  Madame Blank  -  la salle Pleyel  -  je deviens derviche  -  Pourquoi tant d’humiliation  -   le fameux docteur Fish  -   Miss Stumble  -   la grande peur et pourquoi et comment on nous hypnotise  -  les mages noirs  -   un sage hindou  -  Témoins à décharge : Dorothy Caruso  -   le café chez Gurdjieff  -   Georgette Leblanc  -   Gurdjieff joue de l’orgue  -   René Barjavel  et son unique rencontre avec Gurdjieff  -   Monsieur Salzmann  -   j’ai bu à la vérité et je dois tout à l’enseignement  -  Le vieil homme et les enfants du siècle  -  Pierre Schaeffer ou l’intelligence du désordre  -  Esotérisme polytechnicien  -   Un moderne thaumaturge  -   dans le salon de Gurdjieff  -   un maquignon des reins et des cœurs  -   la querelle janséniste  -   les séances de lecture chez Gurdjieff  -   le charabia sacré  -  L’Ennéagramme  -

 

Littérature : Le Verbe qui se fait chair  -   exemple des mots arbre et amitié  -  Rolland de Renéville  -  René Daumal et la tentation luciférienne   -  une aventure qui entraine vers les portes de la mort  -  l’agonie de Luc Dietrich, la « fiancée »  -   Paul Sérant fait un roman pour se prouver à lui-même qu’il peut se dégager  -  le Champs de Mars  -  les moutons de Saint-Paul de Vence  -  L’œuvre en marche de René Daumal et ce qu’en disent ses compagnons de route des premières années  -  la lettre de Pierre Minet contre la « voie sèche » empruntée par Daumal  -   les fruits d’un arbre dont l’ombre est mortelle   -  la guerre sainte  -   quelques mots pour prendre congé, ou la fable du singe et de la calebasse  -      

 

monsieur gurDjieff – georges ivanovitch

Les Dossier H vircondelet

Edition   L’ÂGE D’HOMME

 1992

La force du message d’éveil de Gurdjieff apparaît aujourd’hui, avec la publication de ses textes et de ses partitions musicales, dans toute sa transparence. Il n’en a pas été de même de son vivant. Gurdjieff reste encore mal connu en France où il vécut pourtant les dernières trente années de sa vie.


Le but de ce Dossier est d’ouvrir cette œuvre plus largement au public tout en prenant en compte les limites de l’écrit. L’Enseignement de Gurdjieff est de type oral, il fait appel au lien direct de maître à l’élève. C’est un enseignement à plusieurs niveaux, qui expose des idées traditionnelles, mais qui se veut non-doctrinal dans la mesure où l’expérience intérieure y prime la rationalité. adapté à chaque cas, il s’exprime aussi sans mots tant dans le silence partagé que dans les exercices physiques appuyés sur la musique et sur le rythme, qui nous sont parvenus sous le nom de « mouvements ».


Gurdjieff est mort, mais l’impulsion qu’il a donnée perdure, elle s’est étendue à travers les continents. Les groupes – dont il sera question par la suite – existent. Les élèves de Gurdjieff ont mission dans la pratique.

Aujourd’hui, quarante ans après, certains d’entre eux et des plus proches, acceptent de témoigner.

 

C’est un des privilèges très positif des Dossier H d’avoir pu recueillir leurs témoignages.

 

MONSIEUR GURDJIEFF - notre vie avec monsieur gurdjieff

O. & T. de hartmann

Edition  du Rocher

 2004

Le grand maître spirituel George Ivanovitch Gurdjieff encouragea le développement de la pensée consciente volontaire et s’opposa à toute adulation aveugle chez ses adeptes.

 

C’est en 1917, lors de l’éclatement de la révolution en Russie, que Thomas de Hartmann, le compositeur russe, et son épouse Olga se joignirent à Gurdjieff à Saint-Pétersbourg et l’accompagnèrent, à titre d’élèves et de confidents, jusqu’en 1929, soit tout au long de la croissance de l’institut fondé par Gurdjieff.


Le présent ouvrage renferme le compte rendu intime et révélateur d’une expérience épique que vécurent les Hartmann, qui les mena jusqu’aux Etats-Unis. Ce récit fascinant évoque non seulement le travail de Gurdjieff, mais plonge le lecteur dans les bouleversements de la guerre civile russe, en des temps marqués par de profonds changements sociaux.


Cette édition définitive a été substantiellement enrichie. Ce remarquable exposé, qui relate les premières années de l’enseignement de Gurdjieff, se révèle essentiel pour tous ceux qui s’intéressent à ce travail et qui cherchent à comprendre l’approche de ce maître avec ses élèves, une approche tout aussi unique que révolutionnaire.

 

Un voyage passionnant pour comprendre la psychologie et la vie de Gurdjieff.

 

MON TESTAMENT – LE FEU DE L’ALLIANCE

André CHOURAQUI

Edition  BAYARD

 2001

Homme de 3 cultures, il a traduit avec succès  la  bible, le coran et le nouveau testament. Son œuvre est un chant d’amour qui veut célébrer la paix au seuil de ce millénaire. Dans cet ouvrage, il nous livre la synthèse d’une vie d’étude, de méditation et de réflexion.

 

Le livre-testament de Chouraqui synthétise, selon les paroles mêmes de l’écrivain, sa “pensée à partir des étapes principales de sa vie”. Ayant assimilé mieux que personne les paroles et les actes des prophètes au côté desquels il a cheminé durant sa vie déjà longue, il est devenu en quelque sorte l’un d’entre eux et, à sa manière, après avoir découvert la réalité de chaque psaume de la bible, de chaque verset des évangiles, de chaque sourate du coran, il tient à nous dire une dernière fois que “les enseignements qui nous sont révélés dans les Ecrits sont plus que jamais d’actualité  Dans un premier temps, Chouraqui retrace le “périple” d’Israël depuis le moment où Dieu choisit Abraham pour aller en terre promise jusqu’à la conquête de Jérusalem par Pompée et les Romains qui marque la fin de son indépendance. La révolte des Hébreux contre les envahisseurs qui occasionna le massacre, selon Tacite, de cinq cent cinquante mille d’entre eux, d’un million selon Flavius Josèphe, et d’un million et demi selon les sources hébraïques, marqua le début de la diaspora. Un autre plus terrible encore provoqua, sans qu’ils y fussent véritablement préparés, le retour des hébreux en Israël.

 

 Ce retour fut suivi du conflit arabo-israélien que l’auteur juge “paradoxal” vu les trois millénaires de cohabitation pacifique entre les Arabes et les Juifs et la fécondité des relations entre ces peuples sémites. C’est, selon Chouraqui, le XVIème siècle qui vit la décadence des peuples musulmans et la ruine du monde juif établi en terre d’Islam. “Les Arabes se heurtent aux méfaits du colonialisme à l’heure même où les Juifs doivent à peu près partout faire front devant le déchaînement de l’antisémitisme. Je crois qu’en quelques lignes, après avoir montré la renaissance du monde juif et du monde arabe avec la Révolution française, la coïncidence de la Nahda arabe et de la Haskalah juive, le parallèle à établir entre le sionisme qui “tend à utiliser sur le plan politique les forces spirituelles du judaïsme” et l’arabisme “celles de l’Islam”, l’écrivain dépeint parfaitement les origines du conflit actuel dues, non pas à l’arrivée des premiers sionistes en Palestine où ils furent bien accueillis en général par la population arabe, se heurtant bien sûr aux janissaires autant que les autochtones, mais en grande partie à l’attitude du gouvernement britannique qui joua sur deux tableaux en préconisant d’une part l’installation d’un foyer juif en Palestine et d’autre part en envoyant le lieutenant Lawrence à la rencontre des chefs de tribus arabes pour leur demander de lutter à ses côtés contre les Turcs Ottomans. 

 

Cette impossibilité de respecter les commandements quels qu’ils soient a été bien évidemment exacerbée par l’émergence des fondamentalismes qui ont interprété les Livres d’une manière scandaleuse. “Ils n’ont pas hésité à mobiliser leur Dieu, juif, chrétien, musulman ou autre, à la rescousse de leurs intérêts et de leur haine.” L’auteur, dans son souci légitime de montrer que les commandements sont aussi valables aujourd’hui qu’hier trouve des exemples contemporains pour illustrer sa thèse. Sans vouloir les citer tous mais en constatant que tous sont valables aujourd’hui (Tu ne tueras point, Glorifie ton père et ta mère, Tu ne voleras pas, Tu aimeras ton prochain comme toi-même...) je choisis les tragiques conséquences de ce non-respect des commandements vis-à-vis de la Terre nourricière si indispensable à l’homme qu’il doit lui laisser le temps de respirer, de se reposer comme il devrait se reposer lui-même:

 

Les commandements qui ont constitué une alliance entre Dieu et l’humanité  seraient, selon Chouraqui, en forme de pyramide, le bas de la pyramide étant l’alliance entre Dieu et Adam et Eve, le haut “l’ultime Alliance, l’Alliance messianique qui couronnera cet édifice par le salut de l’humanité entière”. Dans ce bel édifice, je retrouve les tenants des trois religions révélées et je ne peux bien sûr que souhaiter cette symbiose des temps messianiques en espérant même que nous n’aurons pas besoin d’attendre jusque-là pour qu’elle se réalise. Cependant je pose la question: est-il possible de parler de l’humanité entière quand sont occultés non seulement les adeptes des autres religions du monde, hindouistes, bouddhistes, mazdéistes, animistes... mais tous les athées, les agnostiques...qui représentent plusieurs milliards d’individus? 

 

 Ces questions existentielles et devrais-je dire “super existentielles” appellent quelques réponses car je suis bien sûre que l’écrivain n’attend pas de moi (qu’il lira ou ne lira pas) une apologie inconditionnelle. Si André Chouraqui a sans doute inventé le mot “matriciel comme attribut fondamental du Dieu créateur” (celui des trois religions révélées), le concept remonte à ce qu’il est convenu d’appeler “la plus haute antiquité” païenne qui exista parallèlement à la première religion révélée.  Je citerai pour illustrer mon propos deux exemples de l’attribution par Zeus à lui-même des caractéristiques matricielles de la gestation féminine: celui de la naissance d’Athéna et celui de la naissance de Dyonisius.

 

MORT, RÉGRESSION ET RENAISSANCE selon la psychologie jungienne

Marie-Louise Von Franz – Barbara Hannah - Alfred Ribi - Gotthilf Isler - Hansueli F. Etter

Edition Entrelacs

 2014 

En partant de la vision jungienne de l’au-delà, avec quatre autres auteurs qui abordent ces questions, et en chef de file de la réflexion sur ce thème, Marie-Louise Von Franz propose quelques considérations de nature à la fois théorique et pratique sur le processus du vieillissement, le grand âge et la préparation à la mort.

Barbara Hannah, sa collègue et amie, se penche ensuite sur le cas d’un homme qui, ayant perdu sa foi en abordant le versant déclinant de sa vie, se voit confronté à l’impérieuse nécessité de se forger une attitude nouvelle, de nouveaux concepts, de nouvelles théories, c'est-à-dire presque tout revoir par rapport à la vie et à son image de Dieu.

Dans l‘essai suivant, Alfred Ribi nous offre tout un florilège de songes et visions sur le thème et développe l’idée selon laquelle le processus de la mort est autant pour chacun de nous que pour toute l’espèce humaine, une tâche à accomplir afin de se persuader que quelque chose existe après la mort, ce qui débouchera sur le fait de naître à une autre vie.

A la lumière des légendes populaires collectées en Suisse, Gotthilf Isler nous apporte les témoignages de sagesse du peuple, hommes et femmes, au sujet de la mort et de l’éternité telles qu’elles transparaissent à travers d’impressionnants événements synchronistiques, avec en toile de fond les théories jungiennes.

Reprenant la parole, Barbara Hannah nous initie à la confection du corps de diamant selon l’alchimie et l’hermétisme chinois ou, en termes occidentaux, à la distillation du lapis, la pierre philosophale, couronnement de la vie terrestre et entrée dans l’immortalité avec son corps de gloire.

Pour finir, nous suivons, sous l’égide de Hansueli F. Etter, la légendaire vie et mort de saint Meinrad, l’ermite d’Einsiedein en Suisse, qui illustre l’intégration de l’ombre personnelle, la rencontre avec l’image de Dieu et l’acceptation du côté sombre de la divinité en la personne de la Sainte Vierge. L’auteur met du même coup en perspective les images archétypiques et leur lent développement à travers les siècles.

Au sommaire de cet ouvrage magnifique :

Marie-Louise Von Franz : le grand âge et la mort, leur signification pour la thérapie analytique des personnes âgées, selon la conception de C.G. Jung

Barbara Hannah : Régression ou renouvellement dans la vieillesse. Morceau choisi de Jung à ce sujet, tiré du Rosaire des Philosophes au congrès de Zurich en 1941.

Alfred Rabi : La vie après la mort selon la psychologie jungienne. L’inconscient collectif et les couches inconscientes de la Psyché.

Gotthilf Isler : Le grand passage. L’individuation. La brutalité et l’arbitraire de la mort peut conduire au doute d’un Dieu miséricordieux.

Barbara Hannah : De l’au-delà. Les divers cotés sombre et clair, noir et blanc que l’on trouve dans diverses traditions et civilisations.

Hansueli F. Etter : L’ermite Meinrad de la forêt sombre, sa vie, son image de Dieu, sa décapitation, sa biographie, sa légende et son interprétation.

10 N

nature humaine & nature divine

O.M. aïvanhov

Edition PROSUETA

 2000

Combien de fois pour justifier certaines faiblesses on entend dire : « C’est humain » ! Et en réalité, si l’on y réfléchit bien, «c’est humain» signifie tout simplement : c’est animal. Alors, comment peut-on définir la nature humaine ?
L’homme est cet être ambigu que l’évolution a placé aux frontières du monde animal et du monde divin. Sa nature est donc double, et c’est de cette ambivalence qu’il importe de prendre conscience pour la surmonter.

 

S’il est dit dans les textes sacrés : «Vous êtes des dieux», c’est bien pour rappeler à l’homme la présence enfouie en lui d’une essence supérieure qu’il doit apprendre à manifester.

 

C’est là le véritable sens de notre destinée, nous dit le Maître OMRAAM MIKHAËL AÏVANHOV, et c’est pourquoi il revient inlassablement sur cette question, en nous donnant les moyens de faire apparaître ces dieux que nous sommes et que nous ne connaissons pas encore.

 

NATURE VIVANTE ET ÂME PACIFIÉE

Mohammed Taleb

Edition Arma Artis

 2014

Relativement récente, l’écopsychologie – qui affirme l’existence d’un continuum entre la vie intérieure et la Nature vivante, entre les paysages de l’âme et notre environnement – repose sur des prémisses pourtant anciennes, qui, parfois, plongent dans l’Antiquité. Les notions d’anima mundi, de microcosmos, d’unus mundus imaginalis, de homo universalis, sont les piliers du lexique de l’écopsychologie, ses maîtres-mots.

Ils disent l’inclusion mutuelle de l’âme et de la Nature. La vie de l’âme n’est pas limitée à la sphère de l’intime, mais se déploie jusqu’aux confins de l’univers ; par l’imagination vraie (l’imaginatio vera Paracelse) et la symbolisation, la psyché est capable de se dilater, et l’âme de retrouver les chemins de l’Âme du Monde, qu’en Islam on appelle nafs al-kulliyya, l’Âme universelle ou totale.

De même, la vie de la nature n’est pas enclose dans la matérialité du minéral, du végétal et de l’animal, à travers ces écosymboles que sont les quatre éléments (Terre, eau, feu, air), la Nature se révèle présence intérieure à l’âme. L’anthropologie, en vérité, est d’abord une cosmo-anthropologie, car l’Univers, subtilement est en nous.

Les 49 portraits qui jalonnent cet ouvrage, et qui ne sont que des esquisses, des lignes fugitives, sont des portes d’entrée dans le domaine des écovisions, des cosmovisions et de l’écologie spirituelle. Enracinés dans des contextes culturels, civilisationnels, et religieux très divers – de la Grèce de Plotin à l’Allemagne de Novalis, de l’Andalousie musulmane d’Ibn Arabi à l’Irlande de William Butler Yeats, de l’Inde de Rabindranath Tagore à la Russie de Nicolas Berdiaev -, ces 49 portraits illustrent la permanence d’une psychologie de l’Âme du monde et d’une écologie sacrée.

En ces temps de crise, ces disciplines, à la fois spirituelles, philosophiques ou chevaleresques, sont un désaveu cinglant de la modernité capitaliste, de la profanation de l’environnement qu’elle propage, avec son lot d’injustices sociales, de domination des peuples. L’écopsychologie est une exhortation pour en finir avec le désenchantement capitaliste de la Nature, et à entrer dans les lueurs vivifiantes de l’Aube, de « l’Aurore naissante » comme dit Jacob Boehme.

Le coran, dans une sourate, appelle les humains à chercher la protection du Seigneur de l’Aurore naissante, par-delà les formes et la singularité des langages, le défi est là : dans la perspective d’un dialogue des civilisations, il nous faut réactiver la portée cosmique de nos cultures.

Ce livre donne la parole à 49 personnalités ou personnages spirituels qui, à leur façon ont marqués et expliqués le rapport de l’être et de son âme avec la Nature

Au sommaire de cet ouvrage :

Philosophia gréco-orientale : Pythagore et les mathématiques sacrées - Plotin, le chantre de l’Un - Porphyre, la raison philosophique et les Oracles - Jamblique, maître égyptien en théurgie - Proclus, architecte du cosmos vivant -

La voie héroïque et cosmique de l’Islam : Le Coran, ou la voie de la chevalerie - Le prophète Mohammed, l’éthique d’un héros de Dieu - Ibn Abdullah Ibn Sina, maître de la falsafa - Moheyddin Ibn Arabi ou l’unité de l’existence - Abu Hamid al Ghazali, artisan d’une écologie musulmane - Abd al-Raman Djami ou la poésie divinement inspirée - Al’Arabi Ad-Darqawi, du cosmos et de l’âme - L’émir Abd el-Kader, rebelle et mystique -

Alchimie et christianisme cosmique : Jean Scot Erigène et l’invention de l’unus mundus - Saint François d’Assise en dialogue avec le soleil et la lune - Hadewijch d’Anvers et la chevalerie célestielle - Maître Eckhart et la passion de la déité - Michael Maier et l’alchimie mythologique - Paracelse ou l’intransigeance alchimique - Robert Fludd, le résistant de l’âme du monde - Jacob Boehme, le théosophe cordonnier - Serge Boulgakov ou le panenthéisme orthodoxe - Nicolas Berdiaev, un métaphysicien russe contre l’objectivation - Olivier Clément, un hermétiste au pays de l’orthodoxie -

Le feu de l’insurrection romantique : Johann Wolfgang Goethe et la plante archétypale - Novalis, l’Orient, l’âme et la Nature - Caroline Von Gunderode, la beauté jusque dans la mort - Franz Von Baader, ésotérisme, sophia et révolution - Henry David Thoreau, l’ermite de Walden et le révolutionnaire - Lady Grégory, la lady du Celtic Revival - William Butler Yeats, théosophe et anti-impérialiste celte - Romand Rolland et le sentiment océanique - Khalil Gibran, un poète arabe sur les chemins de l’âme -

Orients, de l’Inde au Japon : Rabindranath Tagore, un indien au service de l’âme universelle - Moreiheio Ueshiba ou l’Aïkido comme voie cosmique - Toshihiko Izutsu, ou le défi de la rencontre du Zen et de l’Islam -

Science et Psychologie des profondeurs : Carl Gustav Jung et la psychologie des profondeurs - Carl Gustav Carus, le romantisme de la psyché et de la nature - Alfred North Whitehead, maître du procès et de la poussée créatrice - James Hillman et la psychologie archétypale - David Bohm, une science de l’unité du monde -

Contreculture, pensée écologique et sagesse contemporaine : Louis Cattiaux et son message retrouvé - Théodore Roszak, visionnaire de la contreculture - Paul Shepard, chantre de l’écologie radicale - Bernard Gorceix et la vision de l’âme comme un « tout » - Pierre Hadot, ou la philosophie comme exercice spirituel - Georges Gusdorf, romantisme et prise de terre - Gilbert Durant et la ration hermetica - Emmanuel d’Hooghvorst, disciple d’Homère -

 

nicolas de cues

Maurice de gandillac

Edition ELLIPSE

 2001

Né en 1401 à Cues entre Coblence et Trèves d’une famille de vignerons, Nicolas étudie à Padoue les mathématiques et le droit. Canoniste renommé, il affirme en 1433 dans sa Concordance catholique, que, les hommes naissant libres et égaux, tout pouvoir légitime repose sur l’élection (ainsi le pape « patriarche d’Occident », n’a pleine autorité que dans le monde latin et avec l’aval d’un collège de cardinaux, représentants des fidèles).

 

Sa Docte Ignorance (1440) s’inspire de la « voie négative » des mystiques mais use des paradoxes de l’infini (« coïncidence des opposés ») pour proposer une méthode d’ « approximation » où se manifeste la puissance inventive et constructive de l’entendement à partir de l’observation et de la mesure précise de tous les phénomènes.

 

Décrivant, avant Giordano BRUNO, un monde infini, qui n’a ni centre ni circonférence, Nicolas suggère une vision hardie de l’Incarnation et de la Trinité. Convaincu que les hommes, usant de mots et d’images variés, en divers temps et lieux, pensent et croient les mêmes vérités, l’année même où les Turcs s’emparent de Constantinople, il suggère, dans l’esprit de Raymond LULLE, une conférence internationale pour établir ce qu’il nomme la « Paix de la foi ».

 

Auteur de traités et de dialogues d’un ton libre, où l’homme simple (idiota) fait la leçon aux doctes professionnels, ce cardinal, mort en 1461, édité d’abord par le français LEFEVRE d’Étaples, longtemps oublié ou négligé, est considéré aujourd’hui en Allemagne comme le précurseur de LEIBNIZ, de LESSING, voire de KANT et de HEGEL.

 

NIETZCHE  -  GUIDE DES CITATIONS

OLIVIER    MEYER

Edition PARDES

 2005

Ce livre n’est pas un simple livre des citations de NIETZCHE. Conformément à l’esprit nietzschéen, ce livre se veut un manuel de savoir-vivre surhumain, d’authentiques tables des lois du Surhomme « Celui qui écrit en maximes avec du sang ne veut pas être lu, mais appris par cœur », peut-on lire dans Ainsi parlait Zarathoustra. Nietzche, toute sa vie durant, s’est efforcé d’écrire en aphorismes, à traduire au plus près dans le style la fulgurance de sa pensée.

Son ambition de bon européen, comme il aimait à se définir, est prométhéenne. La foudre qu’il a dérobé à l’intelligence s’appelle le Surhomme. Elle est une invitation à travailler sur l’argile humaine. La lutte pour la transmutation des valeurs à laquelle Nietzche a sacrifié sa vie, n’est pas terminée. Son double, Zarathoustra, le confesse à plus d’une reprise : il meurt en annonciateur, tout reste à faire…en attendant « quelqu’un qui inscrira ma volonté sur mes tables, pour l’accomplissement total de toutes choses ».

Ce guide des citations nourrit cette ambition. Car il est temps, Dieu est mort, mais son cadavre- le nihilisme- nous empoisonne encore. Le remède ? Nietzche nous a montré la voie, celle de Dionysos, la joie de la destruction dans le jeu divin de la création.  «  Je suis de la dynamite », le philosophe au marteau explose les préjugés – au premier rang desquels, il place la morale – pour  mieux créer les conditions de la venue du Surhomme. Vous êtes prévenus, alors bonne lecture  et attention à la déflagration…


Né à Röcken en Saxe prussienne en 1844, fils et petit-fils de pasteurs, Nietzche a refusé toute sa vie le confort des mensonges pour leur préférer la vérité. Sa réponse à une lettre de sa sœur Elizabeth, qui louait les vertus de la croyance, met en lumière ce fil d’Ariane :

 

Si tu veux le repos de l’âme et le bonheur, crois ;

Si tu veux être un disciple de la  vérité, alors  cherche.

Nietzche a sacrifié sa vie, les honneurs, pour la vérité. Elève surdoué, professeur de philologie classique à l’université dès l’âge de 24 ans, ami de Wagner, il avait tout pour réussir dans la vie, et mener une vie bourgeoise sans soucis où tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais Nietzche, en bon Européen à l’image de ses ancêtres germains, n’est pas de la race des moutons, mais bien des bêtes de proie, rebelle à tous les conformismes, faisant la guerre à tous les préjugés au nom de la vérité. Armé d’une intelligence supérieure, il s’attaque d’abord aux classiques, au premier rang desquels il place Socrate, qu’il juge décadent et source de toutes les décadences en tant que penseur abstrait dialecticien. Il renouvelle la vision de l’antiquité grecque en mettant en relief  l’importance de la tragédie et son esprit incarné par les archétypes Dionysos et Apollon. Influencé par Schopenhauer, la naissance de la tragédie perçoit le monde comme un phénomène esthétique et la tragédie comme l’art de la consolation métaphysique par excellence.

 

Il trouva un temps cet art en Wagner, avec qui il se lie d’amitié. Là encore, il aurait pu se contenter de vivre dans l’ombre du Maître et  ses  grand- messes de Bayreuth. Mais c’est  mal récompenser un maître que de rester éternellement un élève. Nietzche, dont l’audience des cours à l’université faiblit à cause de ses théories iconoclastes, rompt avec Wagner et son romantisme, en adoptant un tournant d’esprit libre, voltairien et critique. Son style se précise, il se fait fulgurant, cherche la concision et la clarté sous la forme d’aphorismes, fidèle en cela aux moralistes français qu’il admire, tels que La Rochefoucauld et Chamfort.

 

Son œuvre est d’abord celle d’un psychologue discernant le vrai du faux dans de nombreux sujets de société, mais toujours animée par un souci de grandeur. La grandeur contrepoison de la décadence et du nihilisme est une idée-force qui sous-tend toute son œuvre, que traduit bien une question qu’il se posa souvent depuis son plus  jeune  âge, dans ses notes de réflexions : l’ennoblissement est-il possible ? Cette motivation l’éloignera de la société et de ses contemporains pour prendre le chemin de l’altitude, au sens propre comme au sens figuré, lui «  l’aéronaute de l’esprit », pour se réfugier dans les massifs alpins, marcher, méditer et murir son œuvre. La maladie – des douleurs oculaires et des céphalées -, d’origine peut être syphilitique, lui donnera l’opportunité de quitter l’université avec une pension et de devenir en 1879, à 35 ans un chevalier philosophe en quête du graal, errant entre la riviera italienne et la riviera française, en hiver,  à Venise, au printemps et en Engadine (Suisse)  en  été.

 

Le graal va venir à lui en août 1881 sous la forme d’une vision, la vision de Surlei en Haute Engadine, au bord du lac Silplana, au pied d’un gigantesque roc de forme pyramidale. Cette vision « à 6000 mille pieds par-delà l’homme et le temps » est la vision de l’Eternel Retour, l’idée  force qui va donner naissance au type du Surhomme. Si toutes choses reviennent éternellement et nous avec, le Surhomme est l’homme dont la nature est assez riche et la personnalité suffisamment forte pour s’en réjouir.

 

C’est à la suite et sur la base de cette révélation que Nietzche va écrire   Ainsi  parlait Zarathoustra  «  le plus grand présent que l’humanité ait jamais reçu ». Nietzche a recours à la figure historique de Zarathoustra à des fins parodiques. Instigateur du monothéisme et de la morale dans l’histoire, le réformateur perse devient avec Nietzche le destructeur des anciennes tables et le chantre des nouvelles, surhumaines.

 

NIETZSCHE    QUI  SUIS-JE ?

BRUNO FAVRIT

Edition  PARDES

 2002

Nietzsche n’a jamais prétendu appartenir à la moindre école ou chapelle. Pas même à celle des philosophes, c’est ce qui fait sa force mais aussi ce qui le rend suspect aux yeux des bienpensants. Ils ont été nombreux, ceux qui auront tenté de faire parler sa pensée, de lui faire intégrer le camp d’une vérité. Le travail d’exégète est colossal. Ce livre montre que l’œuvre de Nietzsche est à l’image de l’homme et de l’esprit qui l’a conçue : jaillissante, poétique, erratique, aristocratique, imprévisible, contradictoire, surprenante.

 

Elle ne peut laisser quiconque indifférent.  « Sois celui que tu es », commande Nietzsche à son lecteur, et pour ce faire, commençons par renverser les vieilles idoles et les vieilles valeurs. Commençons par faire le choix d’une grande santé. Mais Nietzsche explore bien d’autres directions : Grand Midi, Eternel Retour, Volonté de Puissance, art, morale, tragédie grecque, affirmation dionysiaque de la vie…Une telle singularité dans la pensée occidentale, qui recourt à la fois à l’héritage grec et à l’individualisme, ne peut être lue selon une logique manichéenne.


La pensée de Nietzsche, si l’on accepte de la parcourir sans préjugés et sans certitudes, se tient loin de tout conformisme, de toute « retranscription » forcément abusive. Nietzsche ne pratiquait pas la langue de bois, il a fait le choix de « philosopher à coups de marteau » pour formuler sa pensée.

 

 Il a rendu à l’action et à l’instinct leurs lettres de noblesse, mais il a fait bien plus que cela : il a osé revisiter des principes qui ont toujours appartenu à l’Europe des origines, trop étouffés sous 20 siècles d’éducation judéo-chrétienne. Il est un éveilleur que les âmes nobles et fortes se doivent de connaître et de fréquenter.

 

noël & pÂques dans la tradition initiatique

O. Mickaël AIVANHOV

Edition  PROSUETA

 1982

Les fêtes de Noël et de Pâques, annuellement célébrées dans toute la chrétienté pour commémorer la naissance et la résurrection de Jésus, s’inscrivent dans une longue tradition initiatique bien antérieure à l’ère chrétienne.

Leur place dans le cycle de l’année – solstice d’hiver et équinoxe de printemps – qui fait apparaître leur signification cosmique, nous enseigne que l’homme, par son appartenance au cosmos, participe intimement aux phénomènes de gestation et d’éclosion qui se produisent dans la nature. Noël et Pâques, la deuxième naissance et la résurrection, sont en réalité deux aspects d’un même processus : la régénération de l’homme, son entrée dans le monde spirituel.

 

noms de dieux,

entretien avec Jacques RIFFLET

Edition ALICE

 2002

De ces entretiens denses et captivants après son livre « Les mondes du Sacré » J. RIFFLET nous ouvre son cœur et nous expose sa vision de Dieu et de l’homme. La tolérance, la fraternité, le sacré en transcendance et en immanence en sont le point central.

 

La plupart des théologiens et des auteurs spirituels parlent de Dieu en termes à la fois de transcendance et d'immanence. La transcendance divine désigne la manière dont Dieu transcende ou dépasse l'univers. Son immanence désigne la manière dont il habite cet univers. Il arrive souvent cependant que la transcendance soit mal comprise, comme si elle voulait dire que d'une manière bien mystérieuse, Dieu vit dans un autre monde, un monde spirituel et invisible qui se situerait à l'extérieur de l'univers. Parallèlement, on se représente l'immanence de Dieu comme si elle voulait dire que Dieu est partout présent à l'intérieur de l'univers. Mais « à l'intérieur » et « à l'extérieur » sont des métaphores spatiales qui ne conviennent pas et peuvent même induire en erreur. Il n'y a rien en dehors de l'univers, parce qu'il n'existe pas d'espace en dehors du continuum espace-temps de l'univers. Et parce qu'il n'y a pas d'en-dehors, parler d'un en-dedans n'a pas beaucoup de sens non plus. Il en résulte des malentendus au sujet de la transcendance et de l'immanence de Dieu.

Bien que Dieu soit immanent au monde, plusieurs croyants ont été amenés à l'imaginer comme appartenant à un autre monde, un monde céleste, et donc très éloigné de la vie quotidienne. Mais comme nous l'avons vu, pour Jésus, Dieu était très proche, au milieu de nous. Jésus a certes désigné Dieu comme notre Père céleste, mais cela ne voulait pas dire que Dieu se trouve très loin dans un autre monde. Dieu est notre abba intime et aimant.

Tout comme Jésus, les prophètes et les mystiques n'ont pas commis l'erreur de situer Dieu dans un autre monde, un monde céleste. Quoi que l'un ou l'autre ait pu penser au sujet du ciel, pour eux Dieu était présent et agissant dans l'ici-maintenant. Ce qu'ils visaient, c'était l'union avec Dieu dans l'ici-maintenant de ce monde, quoi qu'il puisse leur arriver après la mort. « Le jour de mon éveil spirituel, confie la mystique béguine Mechtilde de Magdebourg (1210-1280), fut le jour où j'ai vu et su que je voyais toutes choses en Dieu et Dieu en toutes choses. »

 C'est un fait: plusieurs mystiques affirment si vigoureusement et catégoriquement que Dieu ne fait qu'un avec l'univers qu'on les accuse souvent de panthéisme. Le panthéisme est la croyance selon laquelle Dieu est toute chose. En d'autres termes, il n'y aurait aucune différence ou distinction entre Dieu et l'univers. On estime toujours, à tort, que Maître Eckhart était panthéiste. Bien qu'il y ait toujours eu et qu'il y ait encore de nombreuses personnes panthéistes, cette conception ne correspond ni à ce que les mystiques du passé ont dit ni à ce que les auteurs mystiques d'aujourd'hui cherchent à dire.

En raison de l'accent qu'on met actuellement sur l'immanence de Dieu et sa profonde implication dans tout ce qui se produit dans le monde, la plupart des auteurs essaient d'éviter le panthéisme en parlant de panenthéisme. Ce mot veut souligner que Dieu est présent en toute chose. L'avantage du panenthéisme est d'éviter le panthéisme, tout en ne laissant pas croire que Dieu vit à l'extérieur de notre monde. Mais je ne suis pas sûr que cela exprime d'une manière suffisamment adéquate l'expérience de Jésus et celle des mystiques. Parler de Dieu comme étant en toute chose, c'est encore recourir à une métaphore spatiale suggérant que Dieu serait une sorte d'objet invisible à l'intérieur de chaque être ou dans les vides entre les êtres. Mais l'expérience de Jésus et des mystiques semble suggérer que Dieu ne fait qu'un avec l'univers.

Certains auteurs ont donc proposé de parler d'incarnation universelle. Selon cette façon de voir, Dieu serait incarné dans tout l'univers, et l'univers serait comme le corps de Dieu. Dieu ne ferait qu'un avec l'univers, comme une personne ne fait qu'un avec son corps. Se représenter soi-même, les autres et le reste de l'univers en expansion comme le corps de Dieu, le manifestant et le révélant à chaque instant, recèle un très fort potentiel spirituel. Cette image précieuse mérite d'être explorée.

On peut en trouver un magnifique exemple dans les écrits de la mystique médiévale Hildegarde de Bingen (1099-1179), qui entendit Dieu dire: « Je suis la brise qui nourrit ce qui est vert... Je suis la pluie née de la rosée qui fait rire l'herbe de la joie de vivre. »

Je veux rester attentif au fait que Dieu est un mystère insondable et qu'on ne devrait pas se le représenter comme un objet de quelque nature que, ce soit. On ne peut donc parler de Dieu ou en faire l'expérience qu'uniquement comme une sorte de sujet. En ce sens, Dieu serait le sujet ou le « soi » de l'univers. Dieu n'est pas un objet dans l'univers, ni la somme totale de tous les objets qui composent l'univers, ce qui serait du panthéisme. On peut penser Dieu uniquement comme sujet ou, plutôt, comme le sujet, le sujet universel, le Soi universel.

Nous personnifions souvent la nature et l'univers. Nous parlons de Mère Nature. Nous disons que la nature guérit. Pour le physicien mathématicien Brian Swimme, l'univers est comme en attente de diversité, de complexité et de centration. Il voit l'univers comme créatif, attentif, nourricier et toujours insatisfait. C'est ainsi que Jésus, les prophètes et les mystiques auraient parlé de Dieu. Dieu n'est pas la diversité, la créativité ou l'énergie de l'univers. Il est le Soi qui diversifie, crée et énergise. Dieu est l'univers en tant que créateur. Nous pouvons observer la créativité dans l'univers en expansion, mais nous ne pouvons pas voir le créateur, un peu comme nous pouvons voir des objets mais ne pouvons pas voir en lui-même le sujet agissant.

Voilà donc une manière d'apprécier à la fois l'immanence et la transcendance de Dieu. D'une manière immanente, Dieu ne fait qu'un avec l'univers, mais en même temps, en étant le sujet, le Soi, le créateur de l'univers, il transcende tous les objets auxquels nous pouvons penser comme composant l'univers. Les mots sont déficients ici. Dieu est le mystère transcendant qui ne peut jamais être décrit ou nommé. Comme toute subjectivité et toute conscience, on ne peut que le désigner et se tourner dans sa direction. Devant tant de mystère, admiratif et émerveillés, nous ne pouvons que contempler.

 

Un recueil de 90 pages, agréable et profond.

  

NOUVELLE TERRE

Eckhart tolle

Edition  ARIANE

 2005

Fort du fantastique succès de son ouvrage Le pouvoir du moment présent, Eckhart Tolle propose aux lecteurs un nouveau livre dans lequel il jette un regard honnête sur l’état actuel de l’humanité. Il nous implore de constater et d’accepter que cet état, fondé sur une identification erronée à l’ego et au mental, frôle la folie dangereuse.
Cependant, l’auteur affirme qu’il y a aussi de bonnes nouvelles, sinon même une solution à cette situation potentiellement désastreuse. Aujourd’hui, plus qu’à tout autre moment de l’histoire, l’humanité doit saisir l’occasion qui lui est offerte de créer un monde plus sain et plus aimant. Cela nécessitera la transformation intérieure radicale d’une conscience propre à l’ego vers uns conscience totalement nouvelle.

Dans son livre, ‘’Nouvelle Terre’’, Eckart Tolle jette un regard honnête et sans complaisance sur l'état actuel de l'humanité. Il nous implore de constater et d'accepter que cet état, fondé sur une identification erronée à l'égo et au mental, frôle la folie dangereuse. Mais il y a aussi de bonnes nouvelles... L'humanité peut et doit saisir aujourd'hui l'occasion qui lui est offerte de créer un monde plus sain et plus aimant. En faisant d'abord la lumière sur la nature de ce changement radical des consciences, avec bienveillance et en termes très pratiques, il nous amène vers cette nouvelle conscience afin que nous puissions faire l'expérience de QUI nous sommes vraiment, chose infiniment plus grande et plus belle que ce que nous pensons être actuellement.  

L'égo est non seulement le mental non conscientisé, la petite voix dans la tête qui prétend être vous, mais également les émotions non conscientisées qui sont les réactions du corps à ce que cette voix dit. Nous avons déjà vu le genre de pensée dans lequel cette voix s'engage la plupart du temps et le dysfonctionnement qui est inhérent à la structure des processus de la pensée, peu importe leur contenu. Cette pensée dysfonctionnelle est ce à quoi le corps réagit par des émotions négatives. La voix dans la tête raconte une histoire à laquelle le corps croit et réagit. Ces réactions sont les émotions. A leur tour, les émotions alimentent en énergie les pensées qui ont en premier lieu engendré l'émotion. Tel est le cercle vicieux des pensées et des émotions non conscientisées, cercle vicieux qui génère la pensée émotionnelle et les mélodrames émotionnels.

La composante émotionnelle de l'égo diffère d'une personne à une autre. Chez certains égos, elle est plus importante que chez d'autres. Les pensées qui déclenchent les réactions émotionnelles dans le corps peuvent parfois arriver si vite que, avant que le mental ait le temps de les verbaliser, le corps a déjà réagi avec une émotion, et celle-ci est devenue une réaction. Comme ces pensées existent à un stade préverbal, on pourrait les qualifier de suppositions inconscientes non verbalisées. Elles prennent leur source dans le conditionnement de la personne, en général dans celui de la tendre enfance. L'énoncé "on ne peut pas faire confiance aux autres" est le genre de supposition inconsciente que fait une personne dont les premières relations avec ses parents et ses frères et sœurs, n'ont en rien permis d'inspirer ou de susciter la confiance. Voici quelques autres suppositions inconscientes communes : "personne ne me respecte ni ne m'apprécie". "J'ai toujours besoin de me battre pour survivre" "je n'ai jamais assez d'argent», la vie nous laisse toujours tomber". "Je ne mérite pas l'abondance". Je ne mérite pas l'amour". Ces suppositions inconscientes créent des émotions dans le corps qui engendrent ensuite une activité mentale et des réactions immédiates. C'est ainsi qu'elles créent votre réalité personnelle.

La voix de l'égo dérange continuellement l'état naturel de bien-être du corps. Presque tous les corps humains subissent une grande quantité de stress et de fatigue. Pas parce qu’ils sont menacés par des facteurs extérieurs, mais à cause du mental. Le corps est rattaché à un égo et ne peut faire autrement que de réagir à tous les schèmes de pensées dysfonctionnelles fabriquées par l'égo. Il s'en suit ainsi que le flot incessant de pensées compulsives est accompagné d'un flot d'émotions négatives. Qu'est-ce qu'une émotion négative? C'est une émotion qui est toxique pour le corps et qui interfère avec l'équilibre et l'harmonie de ce dernier. La peur, l'anxiété, la colère, le ressentiment, la haine, la jalousie, l'envie sont toutes des émotions qui dérangent la circulation de l'énergie dans le corps, qui troublent le cœur, le système immunitaire, la digestion, la production d'hormones, etc...Même le courant médical traditionnel commence à reconnaitre le lien entre les états émotionnels négatifs, et les maladies physiques. Une émotion qui fait du tort au corps affecte également les gens avec qui vous entrez en rapport, et indirectement par un processus de réaction en chaîne, d’innombrables autres personnes que vous ne rencontrerez jamais. Il existe un terme générique chapeautant toutes les émotions : le malheur ou la misère.

Alors, est-ce que les émotions positives ont des effets positifs sur le corps? Est-ce qu'elles renforcent le système immunitaire, revigorent et guérissent le corps? Oui, effectivement. Mais il faut faire ici une distinction entre les émotions positives générées par l'égo, et celles plus profondes qui émanent du lien naturel que vous entretenez avec l'ÊTRE en vous. Les émotions positives générées par l'égo contiennent déjà en elles-mêmes leur opposé en qui elles peuvent rapidement se transformer. En voici quelques exemples. Ce que l'égo appelle l'amour est de la possessivité et de la dépendance, pouvant basculer vers la haine en quelques secondes. L’anticipation, qui correspond à une valorisation trop grande d'un évènement futur par l'égo, se transforme facilement en son opposé, lorsque cet évènement est passé ou ne comble pas les attentes de l'égo. Les louanges et la reconnaissance vous rendent vivant et heureux une journée, alors que les critiques et l'ignorance des autres vous font sentir abattu et malheureux le lendemain. Le plaisir d'une soirée folle se transforme en noirceur et gueule de bois le lendemain matin. Il n'y a pas de bien sans mal, de haut sans bas.

Les émotions générées par l'égo proviennent de l'identification du mental aux facteurs externes qui sont bien entendu, tous instables et sujets aux changements à n'importe quel moment. Les émotions profondes ne sont pas des émotions mais plutôt des états de l'ÊTRE en nous. Les émotions se situent dans le domaine des opposés, alors que les états de l'ÊTRE se situent dans le domaine dénué d'opposés. Même si elles peuvent par contre, être étouffées, elles émanent du plus profond de vous sous la forme de joie, d'amour et de paix, autant d'éléments faisant partie de votre véritable nature.

10  O

ŒUVRES COMPLÈTES DU PSEUDO DENYS l’ARÉOPAGITE

Préface et traduction de Maurice GANDILLAC

Edition AUBIER

 1943

Denys L’Aréopagite est très connu par sa hiérarchie céleste et par son apophatisme -négation des appellations de  DIEU-  (ce qu’il appelle la négation transcendante). La pensée de Denys exerça au Moyen Âge une véritable fascination. Le fait qu’on tienne Denys pour un converti de Paul et pour un témoin de quelque enseignement apostolique secret y contribuait, mais la raison de la profonde influence de l’Aréopagite est à chercher dans la richesse de sa doctrine mystique. Hugues de saint Victor, Albert le Grand, Bonaventure, Thomas d’Aquin Robert Grosseteste et Scot Erigène ont tous puisé leurs idées dans l’œuvre et les pensées de Denys

 

Denys représente une des tentatives les plus radicales de réconcilier le message évangélique et la tradition néoplatonicienne, tentative séduisante pour une Eglise jeune encore qui n’a cessé de platoniser tout en se méfiant de Platon. De plus, malgré les difficultés de son système, il rapproche les démarches non réfléchies du simple fidèle des symboliques du mystique : le premier attribue spontanément à Dieu les noms dont use l’Ecriture, le second, conscient de leur impropriété, en use en les dépassants, mais tous deux doivent finalement reconnaitre que le dernier mot de la science de Dieu est le silence et la négation de tout ce qui est.

 

Le corpus Dionysien comprend dix lettres et quatre traités.

 

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le mythe dionysien  -    le corpus dionysiacum   -   l’influence dionysienne   -  

Les noms divins  6  Un Dieu aux noms en nombre infini  -

La théologie mystique, discrète et commune  -  La négation transcendante  ou apophatique

La hiérarchie céleste des anges, archanges et autres Séraphins -

La hiérarchie ecclésiastique

Lettres à Gaïos –à Dorothée  -  à Sosipater  -  à Polycarpe   -  à Démophile   - à Titos  - à Jean   -

 

ORCET - Œuvres dÉcryptÉes        -TOME I    -

GRASSET D’ORCET

Edition EDITE

 2002

Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828-1900) est une figure fort méconnue de la littérature du XIXème siècle. Son œuvre, très originale, reste encore presque entièrement à découvrir. Paul Vuillaud, Fulcanelli et Eugène Canseliet furent les seuls à l’avoir très rapidement cité. Jusqu’à aujourd’hui, le lecteur n’avait à sa disposition que quelques articles publiés en 1976 sous le titre de Matériaux Cryptographiques C’est pourquoi la parution des œuvres complètes de Grasset d’Orcet, pour le centenaire de sa mort, par les éditions édite, est un grand événement littéraire auquel nous pouvons rendre hommage.

 

 L’essentiel de ce que nous savons de Grasset d’Orcet vient de la notice biographique que La Revue Britannique lui a consacrée au moment de sa mort. Claude Sosthène Grasset d’Orcet est né le 6 juin 1828 à Aurillac ; son père, un notable local, était maire et conseiller général de Mauriac. Il fit ses études au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly. Licencié en droit à Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de 1843 de la Revue Britannique. Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et de la littérature.

 

Il collabora, avant 1870, à La Cloche, au Figaro, fit du reportage pour l’agence Havas sous la Commune et publia ensuite des études sur l’art, la politique, des nouvelles, des notes de voyage dans les journaux et revues de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil, L’Orient, Le Monde illustré. Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La revue Britannique plus de 160 articles de 1873 à 1900. Il donna aussi des articles à La Nouvelle Revue à partir de 1883. D’après les témoignages de son biographe anonyme, Grasset d’Orcet n’a jamais eu d’ambitions personnelles dans le milieu littéraire et prêta souvent sa plume de rédacteur à autrui, il aurait même été plagié par Joséphin Péladan. Pour la méthode de cabale phonétique, à laquelle fait notamment allusion Fulcanelli, Grasset d’Orcet serait proche d’un certain P.L de Gourcy, auteur des Lettres philosophiques publiées à Metz en 1806.

 

Enfin Grasset d’Orcet avait la réputation d’être solidement attaché aux principes conservateurs et serait mort  en chrétien, à Cusset, dans l’Allier, le 2 décembre 1900. On sait aussi qu’il prit le pseudonyme d’Hiram Hull pour publier sa nouvelle La Comtesse Schylock, chez Plon. La liste de ses articles montre l’éclectisme de ses préoccupations, mais plus que les problèmes de politique et de diplomatie sur Chypre ou la route des Indes, il faut retenir que Grasset d’Orcet a été un précurseur et fervent utilisateur de la langue des dieux ou langue des oiseaux. Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de sa biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes, archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer.

 

Depuis quelques décennies, venus d’horizons variés, des chercheurs se sont mis à découvrir les articles épars de La Revue Britannique ou de La Nouvelle Revue mais, vingt ans après, ces chercheurs n’avancent pas trop et nous plongent  dans l’ignorance sur des points essentiels et « incontournables ». Pas une biographie classique dans le domaine de l’histoire des idées : quelles sont les influences subies par Grasset ? Les sources utilisées ? L’audience exercée ? Les réseaux fréquentés ? Loin de l’histoire officielle enseignée dans les collèges, les lycées et les universités de la République, loin aussi de l’histoire pratiquée dans les séminaires catholiques et les académies, Grasset d’Orcet a construit son propre système de références, en apparence prolem sine matre creatam.

 

À mon avis, la question essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la tradition antérieure.

 

En un mot, le problème des sources utilisées par Grasset d’Orcet peut et doit mobiliser les énergies de la recherche future. Il faudrait un énorme livre rempli de gloses, de commentaires et d’interprétations pour rendre compte des très nombreux articles de Grasset d’Orcet. Déjà en 1997, « Limousin Espalier » (in L’Art Royal, trahison des clercs. Les Brisées de Grasset d’Orcet) y a consacré 299 pages avec 831 notes infra-marginales érudites : c’est un bon début. D’autres étudient les collaborateurs et le contenu des revues où écrivait Grasset d’Orcet ; quelles furent les relations entre ces revues et les autres grandes revues de la vie intellectuelle parisienne : La Revue historique, La Revue des Questions historiques, La Revue des Deux Mondes, etc. ?

 

Au sommaire de ce 1e tome nous y trouvons :

 

Les empires de la lune et du soleil  -  Les quatre premiers livres de Pantagruel   -  Le 5e livre de Pantagruel   -   Le premier livre de Rabelais   -   La préface et le songe de Poliphile   -   Claudius Popelin et son œuvre   -   Le musée rétrospectif du Trocadéro   -   Le rire sardonique   -   Vêpres siciliennes   -   Les sectes musulmanes du Nord de l’Afrique et la conférence du capitaine Ney   -    Les prophéties de Dante   -   La Corse et Cosme de Médicis   -   L’encyclique « immortale Dei » et la sépulture de Fra Angelico. Un musée byzantin à Ravenne   -   La Bulgarie et les boulgres   -    La béatification de Jeanne d’Arc   -   les guelfes et l’ogive en Italie   -   Giordano Bruno   -   L’évolution pontificale   -    Un discours du commandeur Negri   -   Les sacrifices rituels en Orient et les juifs d’Orient   -   La Rose d’Or et son histoire   -   Un vers de Dante  et L’école dantesque   -  le coran des cordeliers, Virgile gaulois   -   France et Turquie, alliance et relations séculaire   -

 

ORCET - Œuvres dÉcryptÉes       -    tome II  -

GRASSET d’orcet

Edition  Edite

 2003

 

Ce second tome de Grasset D’Orcet nous transporte dans un univers ésotérique et occulte :

 

Au sommaire de ce tome 2 et avant la Révolution française de 1789, l’auteur nous emmène :

 

De l’androgyne dans l’art ancien et moderne   -   Le noble savoir   -   Un blason   -   Les rapports des Druzes avec les Grands Ducs de Toscane   -   L’aiguille de Cléopâtre et le commandant Gorringe  -  les derniers instants de Lusignan   -   John Gilpin, héros solaire   -   La Côte d’Or  -   Le Ku-Klux-Klan    -   Anecdotes à propos de Cavour   -   A propos de la devise de Savoie   -    Un nouveau Stemma   -    Pie IX était-il Franc-maçon ?   -    Le 4e centenaire de Christophe Colomb   -    Les juifs et Christophe Colomb   -   Les Bonaparte   -   Publication du codex Atlanticus  de Léonard de Vinci    -    Les juifs dans l’Europe Orientale, les Karaïtes, Askénazim, et Sépharadim    -    La lettre de protestation du Pape   -   Une page d’histoire   -   Les Stratiotes   -   La Reine Victoria et l’Arioste   -    Les origines musulmanes de la Reine Victoria   -   Les collaborateurs de Shakespeare   -    Un portrait pseudo-divin   -    Souvenirs historique de l’Albanie et des albanais   -   Au Vatican autrefois et aujourd’hui   -        

 

ORCET - souvenirs    de  GRASSET  D’ORCET

grasset d’orcet

Edition  ÉDITE

 2004

 

Pour mieux comprendre un auteur fondamental. Claude-Sosthène Grasset d'Orcet fait partie de ces auteurs dont on parle beaucoup, qu'on lit hélas trop peu, et dont on ignore tout de l'existence. Considéré comme le gourou des milieux occultistes de la fin du XIXème siècle, il jouit d'une réputation sulfureuse jamais démentie et atteint presque au statut de personnage mythique. ... Pourtant, si sa vie fut un roman, rien ne vient y confirmer cette étrange renommée. Homme pudique et discret, il ne livre que des notations éparses sur lui-même, mais suffisantes pour que l'on puisse reconstituer des pans entiers de sa biographie.
Du jeune mondain qui fréquentait Musset, Murger et Pradier au vénérable rédacteur en chef de l'Orient, ce volume de Souvenirs, recueil d'articles où il parle de lui-même, nous informe sur sa vie privée, ses convictions, ses voyages, sa carrière d'archéologue et de journaliste, l'évolution de ses recherches sur la " langue des oiseaux " et l'histoire, etc.

 

On y découvre la profonde sensibilité et l'infatigable ardeur d'un chercheur génial et désintéressé, un des rares, comme René Guénon, Robert Graves ou Mircea Eliade, capables de faire une synthèse entre l'ésotérisme, la mythologie et la science. Les textes présentés apportent aussi des compléments essentiels aux multiples sujets d'étude abordés dans les volumes précédents.

 

Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828-1900) est une figure fort méconnue de la littérature du XIXème siècle. Son œuvre, très originale, reste encore presque entièrement à découvrir. Paul Vuillaud, Fulcanelli et Eugène Canseliet furent les seuls à l’avoir très rapidement cité. Jusqu’à aujourd’hui, le lecteur n’avait à sa disposition que quelques articles publiés en 1976 sous le titre de Matériaux Cryptographiques C’est pourquoi la parution des œuvres complètes de Grasset d’Orcet, pour le centenaire de sa mort, par les éditions édite, est un grand événement littéraire auquel nous pouvons rendre hommage.

 

 L’essentiel de ce que nous savons de Grasset d’Orcet vient de la notice biographique que La Revue Britannique lui a consacrée au moment de sa mort. Claude Sosthène Grasset d’Orcet est né le 6 juin 1828 à Aurillac ; son père, un notable local, était maire et conseiller général de Mauriac.

 

Il fit ses études au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly. Licencié en droit à Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de 1843 de la Revue Britannique. Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et de la littérature.

 

Il collabora, avant 1870, à La Cloche, au Figaro, fit du reportage pour l’agence Havas sous la Commune et publia ensuite des études sur l’art, la politique, des nouvelles, des notes de voyage dans les journaux et revues de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil, L’Orient, Le Monde illustré. Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La revue Britannique plus de 160 articles de 1873 à 1900. Il donna aussi des articles à La Nouvelle Revue à partir de 1883.

  
Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de sa biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes, archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer.

 

À mon avis, la question essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la tradition antérieure.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

De l’alcoolisme en littérature   -   Tragodes et moirologues   -     Chypre    -    La Bulgarie   -   Vieux types bretons   -    Idalie et ses sacrifices humains   -    Monsieur Renan en Phénicie   -   Mouzoura   -   Le vieux dictionnaire   -    Alfred de Musset au café de la Régence   -   Manuscrits inédits   -  Correspondances inédites    -

 

 

420 pages et de très nombreuses illustrations pour illustrer les souvenirs de ce grand occultiste de la fin du XIXème siècle qui fut un témoin de son temps.

 

Au chapitre  10 O,  il y a 2 tomes de Grasset d’Orcet : Œuvres décryptées -

 

 

ORCET -   LE DOUBLE LANGAGE DE Rabelais

Grasset  D’Orcet

Edition L’Oeil du Sphinx

 2015

Cette réédition est d’importance. La contribution apportée par Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) à l’exégèse rabelaisienne est fondamentale et trop méconnue alors qu’elle permet de saisir toute la subtilité de l’enseignement de Rabelais et notamment sa dimension hermétiste mise en évidence par les remarquables travaux de Claude Gaignebet.

 

Dans une belle préface, Michel Aulonne nous rappelle l’apport de cet aventurier globe-trotter d’une grande lucidité. Passionné d’archéologie, spécialiste du déchiffrement des écritures, connaissant parfaitement le vieux français, le latin, le grec, ancien et moderne, l’anglais, l’italien, l’occitan, mais ayant de bonnes notions de bien d’autres langues, il fait dialoguer mythèmes et métaphores et maîtrise de manière originale et pertinente la symbolique comme l’héraldique.

 

Comme le remarque Michel Aulonne, les méthodologies choisies ou créées par Grasset d’Orcet ne sont guère scientifiques. Il reconnaît lui-même des erreurs. Cependant il nous propose selon Limousin Espalier, « une heuristique véritable et féconde ». C’est cette heuristique qui nous permet de saisir, dans l’absurde de l’apparence rabelaisienne, la profondeur d’un enseignement traditionnel et hermétiste en même temps qu’une critique libertaire très objective de la société du temps de François Rabelais.

 

Le livre rassemble cinq longs articles de Grasset d’Orcet sur l’œuvre de Rabelais : Rabelais et les quatre premiers livres de Pantagruel – Les Gouliards – Les ménestrels de Morvan et de Murcie – Le cinquième livre de Pantagruel – Le premier livre de Rabelais. Ils sont complétés par deux textes de Joséphin Péladan (1858 – 1918) qui s’est largement inspiré des travaux de Grasset d’Orcet tout en les esthétisant : Les songes drolatiques de Rabelais – La clé de Rabelais.

 

Grasset d’Orcet fait souvent le lien entre Rabelais et les sociétés de métier ou les corporations de son époque, gardiennes d’un enseignement à la fois technique et spirituel dans lequel, symboles et mythes s’organisent en un langage subtile et particulièrement riche. Cette dimension de l’œuvre rabelaisienne vaut à François Rabelais d’être un peu abusivement considéré comme un père de la Franc-maçonnerie. L’important est de ne pas perdre tout un art de la langue sans lequel les connaissances hermétistes, et particulièrement l’alchimie, deviennent inaccessibles. Le symbolisme à l’œuvre chez Rabelais est vivant et créatif quand celui de notre monde contemporain, réduit à une simple représentation, est devenu stérile.

 

 

OSER LA BIENVEILLANCE  -

Lytta Basset

Edition Albin Michel

 2014 

Qui croit encore au péché originel ? Les églises elles-mêmes n’en parlent plus guère, et la sécularisation nous a fait ranger ce dogme au rang des vieilleries moralisantes. Et pourtant ! Après avoir terrorisé nos ancêtres, il fait encore sentir ses ravages dans bien des domaines, et notamment celui de l’éducation : que nous le voulions ou non, nous avons intégré cette perception négative de la nature humaine, et la reproduisons sans cesse.

Lytta Basset décrit ici la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin, et qui contredit les premiers Pères de l’église ; elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’évangile : tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus nous appellent à développer un autre regard sur l’être humain fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ, et le resteront toujours.

Appuyé sur le socle de la Bienveillance originelle, chacun de nous peut et doit oser la bienveillance envers lui-même et envers autrui, et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité.

Mobilisant les ressources de la psychologie, de la philosophie et des sciences humaines, voici un ouvrage novateur et fondateur, propre à renverser notre vision de l’humanité, de son potentiel et de ses limites.

Au sommaire de cet ouvrage :

Les ravages de la doctrine du péché originel : Une société souffrante - Une doctrine toxique - Un autre regard sur les humains - La dynamique du livre - Quelques balises personnelles - Saint Augustin - L’humanité vouée à l’enfer - Une dérive pathologique propre à l’occident - Mécompréhension des textes bibliques - la Genèse - Une doctrine incompatible avec le judaïsme et l’enseignement de Jésus - De la propagande culpabilatrice à nos fléaux sociaux - Une traque obsessionnelle - La surdité au message de libération - les dualismes destructeurs - La condamnation scientifique e l’espèce humaine - Psychologie et psychanalyse -

Prendre en compte toute la réalité humaine : Naissance et survie - L’expulsion du paradis intra-utérus - La capacité innée à se défendre - L’empathie inscrite en l’humain - les justes - L’empathie divine - La lente prise de conscience - Les faits et les effets - Violence éducative et type de société - Malheur et malfaisance, la part du mystère - le mystère de la cécité - les héritages transgénérationnels - l’énigme du serpent -

Le « péché » biblique sur fond de malheur : Souffrance, repli sur soi et rupture de relation - La non-relation à l’autre, une variété de symboles - sortir de soi, un combat spirituel au quotidien - Ex nihilo ? - Choisir de refuser la fatalité - L’humain, ni bon ni mauvais mais à l’image de Dieu -

Une bienveillance qui incite à devenir responsable : Zachée ou la bienveillance originelle - Une bienveillance à l’abri du désir et qui traite d’égal à égal - Une bienveillance désireuse de relations qui durent - Une bienveillance qui pousse à des actes responsables et qui accueille autrui dans ses limites du moment - Une bienveillance qui rend clairvoyant et qui réveille en l’humain sa capacité relationnelle - Une bienveillance restauratrice du tissu humain et qui est capable de faire abandonner la culpabilité et le perfectionnisme - Evangile de Luc - Caïn ou que faire du mal que j’ai fait ? - De l’irresponsabilité collective à l’autorité du « je » -

 

ouspensky -  fragments d’un enseignement inconnu

P. D. ouspensky

Edition STOCK

 1961

Au cours de ses voyages en Europe, en Égypte et en Orient, à la recherche d’un enseignement qui résoudrait pour lui le problème des relations de l’Homme à l’Univers, P.D. Ouspensky avait été amené à connaître Georges Gurdjieff dont il était devenu l’élève. C’est de Gurdjieff qu’il est question tout au long de ce livre sous l’initiale « G ». Fragments d’un enseignement inconnu est le récit de huit années de travail passées par Ouspensky auprès de Gurdjieff.

 

Cette idée des dimensions fascine Ouspensky, qui apparemment a hérité cet enthousiasme de son père ; il s’intéresse au rapport du temps à la quatrième dimension : si l’homme pénétrait une dimension supérieure, il pourrait percevoir son « long corps temporel », il pourrait être témoin de son passé, de son présent, de son futur, et vivre en conséquence. Pour Ouspensky, c’était là une vision inestimable, capable de modifier le cours entier d’une vie. Ouspensky entreprend aussi d’étudier d’un point de vue théorique des dimensions plus hautes que la quatrième, notamment celle de l’éternel retour – une dimension où notre vie présente a déjà été vécue un nombre infini de fois. Ces idées sont à la base de son roman L’étrange vie d’Ivan Osokin.  ‘’J’étudiai la littérature consacrée aux sciences occultes ; je fis toutes sortes d’expériences psychologiques inspirées des Yogi et des méthodes magiques, je publiai plusieurs livres, dont Tertium Organum, et je fis des conférences sur le Tarot, sur Superman, sur les Yogis, etc. ».  Ouspensky déclara plus tard que le stimulant le plus efficace pour la connaissance de soi et le rappel de soi était l’insatisfaction provoquée par notre état actuel, et que rien ne peut inciter davantage à progresser sur la voie de l’évolution intérieure que la répugnance envers le sommeil.

 

Ouspensky continue de chercher une solide pierre angulaire de sagesse ; il étend ses recherches à d’autres domaines de la littérature et se rend dans des contrées encore plus exotiques. Ressentant le besoin d’un enseignement direct, il cherche à entrer en contact avec des écoles de sagesse, qui, croit-il, pourraient subsister, comme les derniers vestiges d’anciennes traditions à présent disparues.  Mais beaucoup d’autres éléments se mêlaient aussi à tout cela : « « la peur de m’égarer dans une mauvaise direction, la peur de commettre une erreur irréparable, la peur de perdre des possibilités. Toutes ces peurs disparurent quand je commençai, d’une part, à acquérir de la confiance en moi-même et, d’autre part, à avoir une foi pratique dans le système. » Au début des années 1900, Ouspensky s’aventure au Moyen-Orient et en Extrême-Orient, recherchant des traces de la Connaissance perdue. De retour en Russie, il donne des conférences sur sa recherche du miraculeux. Ses présentations attirent de nombreuses personnes intéressées par le sujet. Lors d’une de ces conférences, il est abordé par deux auditeurs qui lui conseillent de rencontrer un étranger mystique visitant la Russie à ce moment-là.

 

En 1915, Ouspensky rencontre George Gurdjieff et il reconnaît immédiatement que celui-ci possède cette connaissance qu’il avait cherchée au loin. Il devient l’élève de Gurdjieff, qui lui enseignera pendant dix ans les principes de la Quatrième Voie. L’enseignement a pour toile de fond le déclin de l’ordre social en Russie, qui, d’une certaine façon, le complète. Le ‘Travail’, comme l’appelle Gurdjieff, ne peut avoir lieu que sous pression ; rien ne peut être considéré comme acquis et les étudiants sont soumis à des tests essentiels visant à faire primer le spirituel sur le physique. L’actualité force Gurdjieff et Ouspensky à déménager. Entretemps, l’enseignement de Gurdjieff a changé de forme et a pris une direction différente, ce qui amène Ouspensky à le quitter et à continuer à travailler séparément. Ouspensky s’installe à Londres en 1930. Là, il commence à enseigner la Quatrième Voie, tout en rédigeant des textes se rapportant au système que lui avait enseigné Gurdjieff. Ouspensky décède en Angleterre, à Lyne Place, le 2 Octobre 1947.

 

OUSPENSKY -  UN NOUVEAU MODÈLE DE L’UNIVERS

P. D. OUSPENSKY

Edition  STOCK

 1996

Dans un nouveau modèle de l’Univers écrit en 1914 et aujourd’hui édité en langue française pour la première fois, P.D. Ouspensky décrit sa propre quête d’une forme de vérité concernant des questions aussi fondamentales que la place de l’homme dans l’Univers, l’Inconnu, le monde invisible, en partant de l’idée, toujours, que la véritable civilisation n’existe que dans l’ésotérisme, et que la civilisation occidentale moderne souffre d’une barbarie profonde due à l’absence de pensée ésotérique.

 

Faisant appel aussi bien au christianisme, au judaïsme, aux philosophies orientales, au symbolisme du Tarot, au mysticisme expérimental, à l’étude des rêves, à l’hypnotisme, au Yoga mais également aux sciences et en particulier à la physique ancienne et moderne, l’auteur tente de répondre aux questions suivantes : quelle forme le monde a-t-il ? Le monde est-il un chaos ou un système ? L’univers existe-t-il accidentellement ou a-t-il été créé conformément à un plan ?

 

Cet ouvrage de 750 pages essaie de répondre à un besoin croissant chez l’homme de s’interroger sur ses origines et sur le sens de son existence en ayant recours à des croyances et traditions anciennes.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : L’ésotérisme et la pensée moderne : La légende Salomon, celle du Saint Graal, mysticisme et connaissance cachée  -  Evolution et transformation  -  La religion des mystères et leur évolution   -  L’ésotérisme , son contenu, comment le pratiquer, la culture des civilisations   -   les différents niveaux chez les homme  -   le barbarisme et ses ramifications  -  le grand laboratoire  -

 

Chapitre 2 : La quatrième dimension : L’idée de la connaissance cachée  -  le problème du monde invisible   -  Qu’est-ce que la quatrième dimension ?  -  Deuxième et troisième dimension  -  notre relation avec l’invisible   -  relation de temps et d’espace dans la matière  -  la quatrième dimension en nous  -  Alchimie, métaux, Magie, matérialisation et dématérialisation   -  

 

Chapitre 3 : Le Surhomme : Permanence de l’idée du surhomme dans l’histoire de la pensée et nouveauté imaginaire de l’idée de surhomme   -  le surhomme d’après Nietzsche peut-il être un être compliqué et contradictoire ?   -   le surhomme et la connaissance cachée   -   le Christ d’après Nietzsche et Renan   -  le diable de Dostoïevski  -  Pilate et Judas  -   le magicien et le rituel   -  L’éternité et la possibilité des mondes infinis  -  le Sphinx et son énigme  -  la légende de Moïse dans le Talmud   -

 

Chapitre 4 :  Le Christianisme et le nouveau Testament : L’ésotérisme dans les évangiles  et son élément émotionnel -  Légendes et doctrines, le drame du Christ, sa filiation,  son enseignement et sa mort  -  les écoles de mystères grecs  -  la Rédemption   -  Que ceux qui ont des oreilles entendent  -  les paraboles de Jésus  -  le grain de blé de Jésus en rapport avec les mystères d’Eleusis  -  la prière de Socrate  -  Compassion et sacrifice  -  le Saint Esprit  -  les miracles et guérisons de Jésus  -

 

Chapitre 5 :  Le symbolisme du Tarot : Son histoire  - Système et synopsis des sciences hermétiques et occultes, symbolisme de l’alchimie, de la Kabbale et de la magie  -  le nom de Dieu et les quatre principes  -  Oswald Wirth   -   Divers commentaires sur la force de la magie  -  Eliphas Levi  -  la philosophie hermétique  -  les diverses disciplines que l’on peut développer dans l’étude du Tarot   -

 

Chapitre 6 : Qu’est-ce que le Yoga ? : Les enseignements secrets de l’Inde  -   les yogis et les fakirs  -    les écoles de Yoga avec leurs maitres, leurs enseignements, les bienfaits, les différentes disciplines, le Hatha Yoga, le Raja Yoga, le Karma Yoga, le Bhakti Yoga, le Jnana Yoga   -  

 

Chapitre 7 :  De l’étude des rêves et de l’hypnotisme : La vie étrange des rêves  - la psychanalyse  -  les différents sommeils  -  les grandes différences entre les rêves  -    le contrôle de la conscience par l’hypnotisme  -   les phénomènes de médiumnité  -   l’hypnose particulière et celle de masse  -  hypnose et médecine  - 

 

Chapitre 8 :  Le mysticisme expérimental : Magie et mysticisme  -  méthode des opérations de base  -  la respiration et le souffle  -  le cœur  -  les voix de l’état transitoire  -  les divers mondes inférieur et extérieur  -  tentatives de visions à distance  - 

 

Chapitre 9 : A la recherche du miraculeux : Notre Dame de Paris, l’Egypte et les pyramides, le Sphinx, les derviches tourneurs

 

Chapitre 10 :  Un nouveau modèle de l’Univers :  La forme de l’univers  - L’espace et le temps séparé  -  le principe de la matière et sa conservation  -  la gravitation  -  l’éther  -  Einstein  -  le temps en forme de spirale  -  les trois dimensions du temps  -  les divisions de la vitesse  -   la septième dimension  -  l’espace céleste  -  les phénomènes de temps et d’espace  -

 

Chapitre 11 :  L’éternelle récurrence et les lois de Manu :Enigme de la naissance et de la mort  -  Transmigration des âmes  - Paul, Origène, Jésus,  -  La courbe du temps et de l’éternité  -  Réincarnations  -  le Christianisme et le juif errant  - 

 

Chapitre 12 :  Sexe et évolution :  Mort et renaissance  -  Evolution du sexe  -  les diverses composantes et pathologies du sexe  -  transmutation et ascétisme  - Bouddha et le Christ……

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Né en 1878 à Moscou, Ouspensky fut longtemps élève de Gurdjieff, il le quitta pour partir à Londres où il fonda sa propre école. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le plus connu est : « Fragment d’un enseignement inconnu » (voir le livre précédent). Il est mort à Londres en 1947

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