Chapitre10 M - O (Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité) |
10 M
MAÏEUTIQUE et RÉMINISCENCE - SOCRATE et PLATON |
Divers Auteurs |
ARCADIA |
2009 |
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C’est
donc « la remontée des souvenirs ».
Tous ces souvenirs seraient stockés en nous, bien caché, et feraient parti de
cette âme ou mémoire collective et universelle. Jung l’appelle inconscient collectif. Pour Platon cette
Réminiscence permet la restauration de l’idée contemplée ou du souvenir
ramené, d’un savoir maîtrisé. Dans le Phédon la réminiscence reconnue, permet
par la dialectique d’établir la preuve de l’immortalité de l’âme. René
Guénon
dans un article de Renaissance Traditionnelle, explique le terme
« Connais-toi toi-même » avec ses ramifications à l’omphalos et à
la Kaaba Michel
Jaccard
nous fait revisiter Platon et ses diverses théories et fait le parallèle avec
la Franc-maçonnerie Francis
Bardot
expose l’initiation au sein de la Maçonnerie Régulière, voie de bonheur pour
les hommes en quête de vérité, et c’est par la maïeutique et la réminiscence
que l’homme se connaitra mieux, se changera et changera le monde Gérard
Wininger
explique pourquoi l’homme est responsable de sa propre réalisation
spirituelle. Il a un devoir de dépassement de soi et des autres: c’est
l’ascèse maçonnique, c'est-à-dire, suivre la voie initiatique qui est « une ascension descendante au plus profond de soi, à la
recherche de sa réalisation » Didier Cruz dans Connaissance verticale et Connaissance horizontale sur le chemin du Franc-maçon, explique pourquoi le maçon doit sans cesse pratiquer le métier et ainsi participer au Grand Œuvre. René
Eloy
dans son article Initiation et Universalité part de la phrase « Connais-toi toi-même et aime ton prochain comme
toi-même » pour expliquer que si l’initiation est
individuelle, on a besoin des autres pour se perfectionner dans une
réalisation dans l’espace et le temps Thomas Efthymiou remonte aux 7 sages présocratique que sont : Pittakos de Mytilène –Cléobule de Rhodes – Chilon de Sparte –Bias de Priène – Periandros de Corinthe – Solon d’Athènes et Thalès de Milet, qui seraient à l’origine de la phrase « Connais-toi toi-même » et parle longuement de Platon, de son parcours, et du Timée qui est pour lui la synthèse encyclopédique de la science de Platon et de l’hellénisme de l’époque. M. H. Cassagne retrace l’allégorie de la caverne de Platon et fait le parallèle avec le chemin maçonnique. La libération des illusions est le terme central de cette allégorie autant que du maçon. J.
C. Tribout
nous parle de la symbolique du miroir sur le chemin de la sagesse. Ce miroir
révélateur de Dieu mais aussi de notre intériorité, nous invite à réfléchir
sur notre démarche, car le symbole du miroir est intimement lié au symbole de
la mort, de l’au-delà, de l’invisible. Pierre Farvacque nous plonge au cœur de l’Evangile selon Thomas, Evangile gnostique qui en raison de ses textes mystiques et métaphysiques n’a pas été retenu comme écrit canonique, et pourtant…..114 « logia » structure ce texte qui ne parle pas de Jésus, mais à la façon des Hindous, ne retient que l’essentiel : L’enseignement du Maître, et la quintessence de cet enseignement. A l’écoute du Christ, Thomas en a perçu le message, et c’est ainsi qu’il préconise que chacun de nous le vive dans son intériorité, car là est le véritable voyage spirituel, voyage transformateur et transfigurateur. Durant les 114 logia, la sève spirituelle coule comme un suc nourricier venu du fond des âges. Il faut chercher avec son mental mais croire avec son cœur. |
MAÎTRE ECKHART |
Benoît beyer de ryke |
Edition ENTRELACS |
2004 |
Eckhart
est né en Thuringe vers 1260. Il entre chez les dominicains d'Erfurt puis
étudie à Cologne où règne encore le souvenir de saint Albert le Grand
transmis par Thierry de Freiberg. Eckhart est appelé à de hautes charges dans
l'Ordre provincial, vicaire général.
Il en est déchargé en 1311 pour pouvoir se consacrer à son activité intellectuelle
à Paris, à Strasbourg puis à Cologne. Il enseigne, il prêche et il publie.
Vers les années 1325 la doctrine d'Eckhart est suspectée par l'archevêque de
Cologne. On ne doit pas sous-estimer dans cette affaire la rivalité, déjà de
longue date, entre mendiants et séculiers, spécialement au sujet du privilège
de l'exemption. Eckhart se défend contre de mauvaises interprétations de sa
pensée ou même tout simplement contre des déformations de ses propos. En
1329, en Avignon, est enregistrée une bulle qui condamne dans les écrits
d'Eckhart dix-sept propositions hérétiques et onze qui paraissent suspectes.
Mais Maître Eckhart est déjà mort, probablement depuis 1327. Sa condamnation
est ressentie comme une injustice chez les Prêcheurs et n'empêche nullement le
rayonnement posthume des grands thèmes eckhartiens que ses disciples sauront
mettre en valeur sans insister sur les paradoxes audacieux du Maître. L'oeuvre
latine d'Eckhart est très théorique, caparaçonnée d'un langage technique;
elle comprend des commentaires des Sentences et de la Bible. Il s'y ajoute
des sermons qui constituent la majeure partie de son oeuvre écrite en
allemand. La pensée de Maître Eckhart est difficile, souvent exprimée en
termes paradoxaux : elle a pu être infléchie en de nombreux sens (gnose,
panthéisme, idéalisme...). C'est une mystique métaphysique à dominante
platonicienne mais on a pu y détecter d'autres influences. Elle est une
pensée sur l'être, qui, veut absolument, s'identifier à Dieu. De cette
approche vient la fameuse distinction entre la Déité, et Dieu. En une
dissociation purement intellectuelle Eckhart dit en effet que la Déité est
l'essence divine, absolue, isolée, au-dessus de tout nom et parfaitement une.
Dieu est cette Déité en tant qu'elle entre en rapport, d'abord dans la
Trinité mais aussi dans la création. Ainsi " Dieu agit; la Déité n'agit
pas ". En ce sens on peut dire, à la limite : " Dieu n'est Dieu que
lorsque les créatures disent : Dieu. " Le
Verbe est l'idée parfaite de toutes les créatures possibles (exemplarisme).
Ainsi toute créature est marquée d'une empreinte divine qui lui donne une
noblesse incomparable, bien que Eckhart souligne l'infinie distance qui
subsistera toujours entre le créé et l'incréé. Au plus profond de l'âme
humaine (Grund) brille une lumière, une étincelle dont Eckhart va jusqu'à
dire qu'elle est, quant à elle, " incréée et incréable ", formule
qui fit grande difficulté parmi ses censeurs, on s'en doute. Eckhart ajoute ;
" Là, le fond de Dieu est mien et mon fond est celui de Dieu. Là je vis
de ce qui m'est propre, comme Dieu vit de ce qui lui est propre. " Le
retour à Dieu, but de l'itinéraire spirituel, va se réaliser par une
participation à la vie intime de Dieu jusqu'à ce fond divin car " l'âme
est une avec Dieu et pas seulement unie " ; elle est de la " race
de Dieu ". Pour
revenir à elle-même l'âme devra d'abord purifier ses propres "
puissances ", en transcendant les images et les concepts, y compris, et
la proposition a aussi été considérée comme audacieuse, en dépassant
l'humanité du Christ puisque ce dernier est là pour nous montrer la route
vers la Déité. Le chrétien doit aussi arriver au complet dépouillement et à
la pauvreté spirituelle, au-delà de tout désir, même du bien, même de la
récompense éternelle. Il doit se trouver anéanti, ébloui de sa pureté et
admiratif " de sa propre beauté ". " Il faut avoir un coeur
pur, car seul est pur celui qui a anéanti tout ce qui est créature. "
Telle fut la Vierge Marie; telle est la tâche de l'humilité; tel est aussi l'amour
chrétien. Aimer Dieu en tout être conduit à l'unité dans la charité par le
rejet du moi et par l'action du Christ qui agit en tous. La pensée d'Eckhart,
avec ses sentiers escarpés, va être reprise et en quelque sorte monnayée par
ses disciples, qui éviteront de paraître s'éloigner de la doctrine
traditionnelle. que " la nature est bonne et noble ". Il convient
seulement de l'émonder, de laisser émerger ce noyau où Dieu a sa demeure, au
prix de souffrances, d'obscurités, certes, mais elles conduisent à la "lumière
essentielle". Condamnées
à l’époque par l’Église, ses thèses furent néanmoins répandues par ses deux
principaux disciples, Jean TAULER et Henri SUSO. Par eux, la mystique rhénane
ou allemande exerça une influence à l’échelle européenne. Il fallut toutefois
attendre le XIXème siècle pour que soit redécouverte l’œuvre de Maître
Eckhart lui-même, prélude à une série d’interprétations, sérieuses ou
extravagantes, de sa doctrine. Aujourd’hui encore, Maître Eckhart suscite une
indéniable fascination.
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MAÎTRE ECKHART - aphorismes & lÉgendes |
Maître eckhart |
Edition PAYOT & RIVAGES |
2006 |
Voici Maître Eckhart à qui
Dieu n’avait jamais rien caché. Bonne route, ô livre – en son nom, et
puisses-tu éviter les esprits fermés. A
la manière des célèbres "Fragments des philosophes présocratiques",
le titre "
Les thèmes du détachement, du
néant divin, de la prière, de la guérison et l’importance de la joie font de
ces aphorismes un excellent condensé de la spiritualité eckhartienne. |
MAÎTRE ECKHART -
CHEMINER AVEC MAÎTRE ECKHART – Au cœur de l’anthropologie
Chrétienne |
Marie-Anne Vernier |
Edition Artège |
2015 |
Cet
ouvrage est une synthèse sur l'anthropologie chrétienne qui
se fonde sur la christologie et la théologie trinitaire. En se fondant sur la
pensée de maître Eckhart ou de Maxime le Confesseur, l'auteure montre en quoi
cette approche constitue une chance pour l'homme contemporain. L’oeuvre
de Maître Eckhart nous donne une liberté intérieure et transcendante qui peut
nous conduire vers l’Unité Maître
Eckhart était un dominicain qui naquit vraisemblablement vers 1260 et mourût
probablement vers 1328. Nous n’avons que peu d’indications sur sa naissance
et sa mort, par contre il fut un retentissant prédicateur qui fut sanctionné
le 27 mars 1329 par la Bulle In agro dominico afin de stopper la
diffusion de ses idées à tout le peuple. Il est l’auteur de nombreux sermons
et traités ainsi que des commentaires de la bible, écrits en latin et en
allemand. Ces textes sont après une étude minutieuse et une connaissance de
la doctrine traditionnelle en parfait accord avec cette dernière, même s’ils
sont à une certaine distance du Principe ils sont l’aboutissement que
pourrait être un ésotérisme chrétien. Nous pouvons donc sans ambiguïté
indiquer que les écrits de Maître Eckhart sont à prendre en compte lorsque
l’on chemine sur la voie de l’ésotérisme chrétien traditionnel. En
occident, la tradition primordiale a pris la forme de la tradition
chrétienne, qui est certes éloignée du Principe mais qui contient dans son
cœur l’esprit de la tradition primordiale. Les écrits de Maître Eckhart sont
donc revêtus d’une enveloppe religieuse mais une lecture méditative permet à
celui qui le peu de découvrir non pas un sens caché ou secret mais un sens
profond qui permet à l’Esprit de s’ouvrir vers l’Absolu et dépasser les
définitions engendrées par notre univers matérialiste et limité. Nous
découvrons à la lecture des écrits de Maître Eckhart une notion qui illumine
toute son œuvre ; c’est la notion d’Unité qui est une des
caractéristiques de la tradition primordiale. Dans le sermon « De
l’homme noble » nous pouvons lire : « Il n’y a de
distinction ni dans la nature divine ni dans les Personnes dans la
mesure où elles sont unies dans la nature. », « dans l’Un seul on
trouve Dieu ; et il faut que celui qui doit trouver Dieu devienne
quelque chose d’Un. ». Cette notion d’Unité entraîne la
distinction entre l’homme intérieur et l’homme extérieur, le premier attaché
aux vérités du ciel ; le second préoccupé par l’activité terrestre.
L’auteur nous confirme que c’est en se tournant vers le premier que l’on
pourra atteindre l’Unité, le Centre ou l’Invariable milieu, désignations
d’autres traditions. Dans
son sermon intitulé « Instruction pour la vie contemplative », nous
pouvons lire que « C’est dans la mesure où l’homme se connaît lui-même
qu’il peut en venir à la connaissance de Dieu ». C’est bien là un des
fondements de la tradition où c’est par la connaissance de sa nature propre
et de son enveloppe individuelle que l’homme, état humain, peut accéder à la
connaissance de sa Personnalité c’est-à-dire du Soi, axe transcendant qui
relie tous les états de l’Etre aussi bien dans le monde manifesté que dans le
non manifesté (précisons, afin d’éviter toute confusion, que l’Etre peut être
dépassé pour accéder au non-être), axe qui a sa source dans le Principe et
qui fait actionner la roue qui nous entraîne inévitablement vers un retour
vers le Principe. Dans le premier sermon « De la naissance
éternelle » Maître Eckhart nous indique que « la nature et la
volonté de Dieu c’est d’être le commencement et la fin de toutes
choses ». Dans le quatrième sermon de ce même sujet nous pouvons lire
que « Si tu veux trouver en toi ce noble fils, il faut que tu abandonnes
la multiplicité et reviennes à ton point de départ, le fond, d’où tu es
venu. ». A cette notion de cycle se rajoute l’idée de la multiplicité
comme opposition à l’unité et c’est bien celui qui dépasse la multiplicité
qui pourra trouver l’Unité et donc retourner vers le Principe. Maître Eckhart
évoque, dans le sermon « De la connaissance de Dieu », le thème du Premier
Principe : « Alors se pose la question de savoir comment le
Premier Principe tient donc tout enfermé en soi ? Je réponds ceci :
Toutes choses sont – en forme finie – apparues dans le fleuve du temps,
et sont pourtant – en forme – infinies – demeurées dans l’Eternité. Là
elles sont Dieu en Dieu. ». Un peu plus loin, il précise sa pensée en
indiquant que : « alors ressuscitent aussi en toutes choses, non en
elles-mêmes, mais bien en celui qui les a transformées en lui. Là elles sont
aussi spiritualisées, et il n’y a là qu’un esprit, et elles retournent
avec l’esprit dans la source. » La
notion de Dieu, quelquefois intitulé Le Père, ne doit pas être enfermée dans
un carcan défini, c’est d’ailleurs bien là le dépassement que doit insuffler
toute démarche spirituelle traditionnelle, et donc non seulement à cette
notion religieuse de Dieu créateur puisque dans le quatrième sermon évoqué
plus haut, l’auteur affirme que « Dieu opère toutes ses œuvres, en lui
comme en dehors de lui, en un instant. ». On retrouve bien là cette
notion de connaissance intuitive et immédiate qui est la première révélation
de celui qui marche sur le chemin de la tradition. Le Père engendre le fils
ainsi Maître Eckhart nous permet de voir comment cette naissance peut être
engendré en nous même, dans notre intérieur et uniquement là car nos
possibilités ne peuvent venir de l’extérieur. Les textes bibliques prennent
alors une nouvelle dimension et notamment la vie du Christ. Une dimension
illimitée et intérieure qui ne peut être comprise que par une lecture
« du cœur » de la bible. Pour pouvoir lire spirituellement la bible
et réaliser cette lecture, qui est dans la tradition primordiale un des
contenus de la Connaissance avec l’étude, Maître Eckhart donne des
instructions spirituelles notamment avec le discours sur le discernement et
celui sur le détachement. On retrouve bien là aussi les fondements révélés
par d’autres textes orientaux, notamment védiques, qui confirment la démarche
de Maître Eckhart dans la voie traditionnelle. L’étude de la connaissance ne
suffit pas à trouver son unité, elle doit être réalisée afin que celui qui
chemine trouve le Centre, son centre d’où émane l’Axe sacré. Le
chemin d’accès balisé par Maître Eckhart peut nous permettre en occident de
nous approcher de la tradition primordiale. Nous n’avons donc nullement
besoin de chercher ailleurs une autre forme de tradition que nous possédons
surtout que le plus souvent cette tradition extérieure est déformée au point
où l’on en arrive à faire croire que la notion de transcendance est absente
des traditions orientales ou autres. C’est le contresens le plus fréquent car
le rattachement est une autre notion clé de la spiritualité traditionnelle. Nous ne pouvons reprendre toutes les notions contenues dans les écrits de Maître Eckhart car de très nombreuses pages seraient alors nécessaires. Dans notre monde où tout nous pousse à alimenter notre individualité par un matérialisme sans cesse insatisfait, la lecture des œuvres de Maître Eckhart nous donne une liberté intérieure et transcendante que nous ne pourrons jamais obtenir de l’extérieur. Là aussi en conformité avec la démarche traditionnelle, nous pouvons apprendre que nous possédons tous un fragment de la vérité que nous découvrirons si nous portons sur nous même un regard lucide et éclairé par la Lumière qui vient de la ténèbre. |
MAÎTRE ECKHART
- CONSEILS SPIRITUELS |
Présenté par W. Wackermagel |
Edition Payot |
2003 |
Ce livre contient quelques
sentences et conseils de ce grand mystique. Il nous parle de l’obéissance, de
l’abandon de soi, du péché et de l’amour de Dieu. Etrange
destinée que celle de la pensée de Maître Eckhart. Elle a nourri, en son
temps, l'expérience mystique rhéno-flamande à laquelle elle apportait
l'appareil conceptuel, le logos, dont elle avait besoin pour faire entendre
autre chose que son chant et toucher des esprits théologiques et
métaphysiques que l'élan du cœur n'avait pas entièrement subjugués. Elle a
exprimé cette part de raison hors des mots de la raison sans laquelle le pur
vécu de l'illumination intérieure n'eût pu frayer sa voie dans le
clair-obscur de l'entendement. Et il est hors de doute que, par
l'intermédiaire de Suso et de Tauler, Eckhart joua, dans les milieux monastiques,
le rôle d'un véritable maître spirituel : un maître qui ne se contentait pas
d'enseigner mais qui apprenait à ses auditeurs à se découvrir eux-mêmes et à
accéder à leur propre parole de vérité. Cette emprise profonde et fidèle sur
les âmes dut se poursuivre dans l'ombre des cloîtres bien après la
condamnation romaine de 1329. Les grands siècles rationalistes la tinrent en
lisière mais ne l'étouffèrent pas. Elle
resurgit en plein cœur du romantisme allemand comme un irréductible noyau de
lumineuse ténèbre, d'irrationalité transcendante et abyssale, auquel la
réflexion philosophique et l'expérience spirituelle n'ont pas fini de se
référer. Les textes ici rassemblés, outre des fragments de l'œuvre allemande
d'Eckhart et de ses disciples, mettent en lumière la féconde actualité du
métaphysicien, du théologien et du mystique que fut le maître rhénan. Elles
se proposent comme un carrefour de disciplines et de cultures où
l'Extrême-Orient, le judaïsme, l'islam sont amenés à exprimer leurs affinités
- métaphysiques, spirituelles, éthiques et linguistiques avec la pensée d'un
esprit profondément chrétien dont on pourrait dire que sa marginalisation
historique a préservé toute la sève, la saveur et la flamme, et qui demeure
comme une permanente puissance d'incitation à l'intériorité, jusqu'à la
conjonction extatique de l'être et du néant Quelques
conseils spirituels de Maître Eckhart : Là où
finit la créature, là commence l’être de Dieu. Tout ce que Dieu te demande de
la façon la plus pressante, c’est de sortir de toi-même dans la mesure où tu
es la créature, et de laisser Dieu être Dieu en toi » |
MAÎTRE ECKHART ET la mystique rhÉnane |
J.A. hustache |
Edition SEUIL |
1980 |
Maître
Eckhart et la mystique rhénane Si les mystiques sont ces hommes et ces femmes
qui ont fait l'expérience de la présence de Dieu et qui tentent de la décrire
dans le langage des hommes, alors Eckhart (vers 1260 - vers 1328) est assurément
l'un des plus grands dans toute l'histoire de la mystique en Occident.
Personne peut-être n'a parlé de Dieu comme lui. Ne l'a-t-il pas appelé un
" Néant ", un " Surnéant ", pour exprimer l'idée que Dieu
est ineffable, innommable, que tous les termes sont insuffisants pour dire ce
qu'il est dans son essence ? Qui était Eckhart ? Ce livre ne présente pas
seulement la vie et l'oeuvre, avec des textes choisis. il retrace aussi tout
le contexte intellectuel et social qui l'a précédé et soutenu (ou freiné) et
la constellation de la mystique rhéno-flamande, avec des hommes comme Tauler,
Suso, Ruysbroeck, et des femmes comme Mechtilde et Gertrude. Eckhart a été
l'initiateur et la principale figure de cette mouvance spirituelle sans
équivalent. Le livre est repris de la célèbre collection " Maîtres
Spirituels ", avec une bibliographie actualisée Maître Eckhart, sa vie, son œuvre, son temps, sa mystique, son enseignement, son procès. La mystique rhénane avant et après
M. Eckhart. |
MAÎTRE ECKHART - INITIATION A MAÎTRE ECKHART |
Kurt Ruh |
Edition Cerf – Edition Universitaire de Fribourg |
1997 |
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Il n’est pas exagéré de dire qu’il s’agit de la meilleure présentation d’ensemble de la pensée eckhartienne actuellement disponible, et ce volume complète utilement les nouvelles recherches francophone sur l’œuvre de Maître Eckhart. C’est un des grands mérites de cet ouvrage que d’expliquer comment Maître Eckhart, grand intellectuel, maître en théologie de l’université de Paris, prédicateur itinérant pendant de nombreuses années dans les régions rhénanes, directeur spirituel auprès des maisons de religieuses de son ordre, bref, comment un frère ayant manifestement réalisé de manière exemplaire le programme tracé par sa vocation, pu s’attirer ainsi les foudres de l’église. L’auteur explique tout cela en retraçant étape par étape, l’itinéraire du dominicain allemand et en proposant une interprétation à la fois sensible et circonstanciée des textes eckhartiens. Cet ouvrage retrace d’une part la vie des dominicains de l’époque et celle de Maître Eckhart en particulier. Toujours au service du texte, et en cela fidèle à son métier de philologue, Kurt Ruh fait parler les textes en les situant dans le contexte originel, qu’il s’agisse de la spiritualité des moniales, du milieu universitaire de Paris, ou encore du procès de Cologne, ses analyses reconstituent avec succès le contexte de la pensée eckhartienne. Maître Eckhart apparait ainsi sous différentes facettes : comme prédicateur, philosophe, théologien, directeur de conscience et mystique. Kurt Ruh est un maître dans l’exégèse des sermons d’Eckhart et cet ouvrage contient quelques paradigmes d’une analyse compréhensive de la prédication eckhartienne. L’auteur fait également des rapports entre la pensée de Maitre Eckhart et la doctrine de Marguerite Porète, cette Béguine martyrisée et brulée pour sa foi trop dévorante et qui faisait peur à l’église, c’est cette même peur issue de l’obscurantisme qui fera un procès à Maître Eckhart. Il n’est pas exagéré de dire que cet ouvrage nous offre la plus exhaustive présentation et la meilleure biographie du Maître thuringien, ainsi que son analyse des textes et des sermons du Maître, un ouvrage incontournable pour comprendre et assimiler la pensée et la doctrine de ce grand mystique. Au sommaire de ces 315 pages de grande richesse : Sa voix venait de l’éternité, mais vous ne la comprenez qu’au présent - Une carrière brillante dans l’université et dans l’ordre - Le spirituel de l’ordre : les Rede der unterscheidunge - Mystique dionysienne : le Granum sinapis - Paradisus anime intelligentis - L’Opus tripartitum - Maître Eckhart et la spiritualité des Béguines - Le Liber benedictus - La prédication dans la région rhénane - Le procès - Maître Eckhart, le mystique - Kurt Ruh est professeur émérite de l’université de Würzburg, il est l’auteur d’une monumentale histoire de la mystique européenne dont quatre volumes ont déjà paru, les autres sont en cours |
MAÎTRE ECKHART - la divine
consolation suivi de
L’HOMME NOBLE |
Maître eckhart |
Edition Payot |
2003 |
La Divine Consolation est aussi
connue sous le titre de Benedictus Deus, ce sont les derniers traités du
Maître dédiés à une reine en deuil, ce discours consolateur est l’héritier
d’une tradition philosophique passant par les stoïciens, Dante et les
Cathares avec leur Consolamentum. Eckhart (1260-1329) tient en peu de lignes.
Né à Hochheim en Allemagne, Eckhart suit des études de théologie à Paris et à
Cologne. Entré dans l’ordre des dominicains, il devient prieur d’Erfurt et
commence à publier les entretiens spirituels qu’il a avec ses frères de
l’ordre. Après une période d’enseignement à Paris, il est élu provincial de
Saxe puis vicaire général de la province de Bohême et enfin de Teutonie. Mais
il est surtout un maître spirituel influent et reconnu. Pour de sombres
questions internes à l’ordre des dominicains, il a maille à partir avec
l’Inquisition. La raison invoquée pour sa mise en accusation est l’influence
supposée de certaines de ses propositions sur les béguines, ces femmes mystiques
caractéristiques de la vie spirituelle du haut Moyen-Âge rhénan. Condamné par
le pape Jean XXII, il réfute les accusations portées contre lui mais meurt
néanmoins dans l’isolement le plus complet, au point que l’on ignore la date
précise de son décès. Son influence est cependant considérable par la vigueur
de sa pensée et la profondeur du cheminement spirituel qu’il propose. La voie mystique de Maître Eckhart
repose sur deux piliers : le premier est l’importance du détachement
qui seul permet, par la place qu’il laisse à Dieu dans l’âme, de progresser
dans la vie spirituelle, le second est la foi en cette certitude que c’est la
Trinité tout entière qui vient habiter l’âme de celui qui s’abandonne à Dieu.
Le style littéraire de Maître Eckhart est particulièrement suggestif. Il
utilise de nombreux paradoxes qui, en forçant sa pensée, font image pour le
lecteur. Il est considéré comme le père de la mystique rhénane, un des
courants spirituels les plus importants de la spiritualité chrétienne. Maître
Eckhart a en effet inspiré des penseurs comme Henri Suso, Jean Tauler,
Nicolas de Cues, Jan de Ruysbroek. Redécouvert au XIXe siècle, il
est peu à peu vulgarisé et se trouve aujourd’hui particulièrement apprécié
par ceux qui cherchent une voie mystique radicale et contemporaine. Dans son Traité de « L’Homme Noble », Maître Eckhart ne cesse de
rappeler à ceux qui l’écoutent, le trésor, la source, caché en eux, ce qui
fonde la noblesse de leur être. Cette noblesse n’est pas toujours reconnue, ni
de soi, ni des autres ; « elle n’est pas de ce monde » ; mais pour celui qui
accepte de traverser la non-reconnaissance de ses proches et de travailler à
l’émergence de son être essentiel, la paix et la béatitude ne sont pas vaines
paroles, mais révélation de sa filiation divine … de sa haute noblesse
d’enfant de Dieu. Dans son Épître aux Corinthiens (4/16), Saint Paul rappelle
que l’homme extérieur dépérit. Comme tout ce qui est composé, il ne saurait
tarder à se décomposer. Par contre, l’homme intérieur ne cesse de se
renouveler de jour en jour. Cet homme intérieur, c’est « l’homme noble » de
Maître Eckhart. « Aucune âme raisonnable n’est privée de Dieu ; la semence de
Dieu est en nous … Cette semence, elle peut bien être recouverte et cachée,
elle n’est jamais anéantie ni éteinte : elle est ardente, elle brille, elle
éclaire, brûle, et tend sans cesse vers Dieu ». Saint Paul
rappelait aux hommes qu’ils étaient de « la race de Dieu ». Saint Pierre
rappelait qu’ils étaient « participants de la nature divine ». Maître Eckhart
dira : « ensemencés, engendrés de Dieu ».C’est là toute la noblesse de
l’homme. Le souvenir d’une telle origine devrait le délivrer de toute
vulgarité et de toute médiocrité. Cela surtout devrait le rendre humble et
simple, comme seuls ceux qui savent qu’ils ont tout reçu, savent l’être : si
simples qu’ils ne s’aperçoivent même plus d’eux-mêmes et de la connaissance
qu’ils ont de Dieu. L’homme noble vit et respire au-delà de la dualité qui
poserait Dieu comme un objet devant lui. Entre son « moi » et Dieu, il n’y a
plus de place pour un « c’est moi ». « L’homme noble prend et puise tout son
Être et toute sa vie, toute sa béatitude, uniquement de Dieu, par Dieu et en
Dieu seul, non dans la connaissance, la contemplation, l’amour de Dieu ou
autres choses semblables. C’est pourquoi Notre Seigneur dit très justement
que la Vie Éternelle consiste à connaître Dieu seul comme l’unique vrai Dieu,
non pas à connaître que l’on connaît Dieu ». Ce
non-savoir nous conduit plus haut que toute connaissance dans cette puissance
incréée où Dieu et l’homme ne font qu’un : « Qui donc est plus noble que
celui qui est né, d’une part du plus haut et du meilleur de la créature et
d’autre part du fond le plus intime de la nature divine et de la solitude ?
».De telles affirmations ne vont pas sans choquer l’homme sans expérience
intérieure, et celui-ci ne manquera pas d’accuser l’homme noble « de dire des
choses qui dépassent l’entendement », ou de prétentions diaboliques…C’est
ainsi que fut jugé Maître Eckhart lui-même. C’est ainsi que seront jugés ceux
qui débordent quelque peu la norme commune. La réponse du maître thuringien
est de réaffirmer son expérience et c’est comme un écho de la parole de Jésus
aux pharisiens : « Si je vous disais autre chose, je serais un menteur » : «
… bien des esprits grossiers diront que beaucoup de paroles que j’ai écrites
dans ce livre et ailleurs ne sont pas vraies, mais je répondrai par ce que
dit Augustin au premier livre de ses Confessions : Si quelqu’un ne
comprend pas cela, qu’y puis-je ? … Il me suffit que ce que je dis et écris
soit vrai en moi-même et en Dieu. Celui qui voit un bâton enfoncé dans l’eau
pense que le bâton est brisé alors qu’il est droit. La raison en est que
l’eau est plus grossière que l’air ; pourtant le bâton est droit et non
brisé, en lui-même aussi bien qu’aux yeux de celui qui le voit seulement dans
la pureté de l’air. » Saint
Augustin dit : « celui qui, sans de multiples pensées, sans toutes sortes de
représentations et d’images reconnaît intérieurement ce qu’aucun regard
extérieur n’a mis en lui, sait que ces choses sont vraies. Mais celui qui
n’en sait rien rit et se moque de moi, et j’ai pitié de lui. Cependant, de
telles gens prétendent contempler et goûter les choses éternelles, alors que
leur cœur vole encore d’hier à demain ». Des penseurs plus savants mais tout
aussi mal intentionnés pourraient reprocher à cette doctrine de l’Homme Noble
de semer plus de troubles que de lumière et qu’il ne « faut pas enseigner aux
ignorants ce qu’ils ne sont pas capables de comprendre » (coram vulgo
simplici). Tel est le motif invoqué dans la Lettre de Jean XXII, datée
d’Avignon le 15 avril 1329, à l’Évêque de Cologne, Henri de Virneburg, pour
lui recommander de rendre publique dans ce diocèse la condamnation intervenue
à Avignon le 27 mars 1329. A cela, Maître Eckhart avait déjà répondu
invoquant une fois de plus la lettre même de l’Évangile. « On dira aussi que
l’on ne doit pas énoncer et écrire de telles doctrines pour les ignorants ;
je réponds que, si l’on n’instruit pas les ignorants, personne ne sera jamais
instruit, personne ne pourra enseigner ni écrire. Car on instruit les
ignorants pour que d’ignorants qu’ils étaient, ils deviennent des gens
instruits … « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de remèdes »,
dit Notre-Seigneur (Luc 5,31). Le médecin est là pour guérir les malades.
Mais si quelqu’un comprend mal cette parole, qu’y peut celui qui dit
justement cette parole juste ? Saint Jean
annonce le Saint Évangile à tous les croyants et aussi à tous les incroyants
pour qu’ils deviennent croyants ; et pourtant il commence l’Évangile par les
choses les plus hautes qu’un homme puisse dire de Dieu ici-bas ; et souvent
aussi ses paroles, de même que celles de Notre Seigneur, ont été mal
comprises ». (Le livre de la consolation divine). Mais les obstacles
les plus importants que rencontre l’Homme Noble ne viennent pas de
l’extérieur de l’homme mais de l’intérieur de l’homme lui-même, de sa
négligence, de sa superficialité, de sa folie qui consiste à garder l’écorce
et à jeter l’amande, à entretenir ce qui est dans le temps et à perdre ce qui
demeure dans l’éternel. « La semence de Dieu est en nous. Si elle avait un
cultivateur bon et sage, laborieux, elle prospérerait d’autant mieux et
s’élèverait vers Dieu dont elle est la semence, et le fruit serait semblable
à la nature de Dieu … Mais si la bonne semence a un cultivateur insensé et
mauvais, l’ivraie pousse, couvre et étouffe la bonne semence, en sorte
qu’elle ne peut arriver à la lumière ni se développer ». Un autre
obstacle consiste dans notre attachement à la multiplicité, aux images, aux
distinctions, aux opinions, qui appartiennent au « vieil homme » et qui
empêchent la réalisation de l’unité, de la simplicité, qui est le propre de
l’« homme nouveau » (un autre nom de « l’homme noble ») : « Dans la
distinction, on ne trouve ni l’Un, ni l’Être, ni Dieu, ni repos, ni
béatitude, ni satisfaction. Sois Un, afin que tu puisses trouver Dieu, et en
vérité ; si tu étais vraiment Un, tu resterais Un aussi dans la diversité et
la diversité deviendrait Un pour toi et ne pourrait t’entraver absolument en
rien ».Pour parvenir à cette unité qui nous rend semblables à Dieu, quel est
le chemin ? Maître Eckhart ne nous dresse pas de carte ou d’itinéraire
précis. Il nous donne néanmoins un certain nombre de points de repère qui
sont autant de « degrés » d’intensité ou de proximité de l’Unique Présence.
Plutôt que d’itinéraire, nous pourrions parler d’itinérance … songeant au
papillon qui ne cesse d’aller et de venir, puis de tourner autour de la
flamme, avant de s’y consumer. « Le premier degré de l’homme intérieur, de l’homme
nouveau, comme dit Saint Augustin, c’est que l’homme vit à l’imitation
d’hommes bons et saints, mais qu’il marche toujours en se tenant aux chaises
et aux murs et se nourrit encore de lait. Le second degré, c’est qu’au lieu d’avoir les
yeux fixés uniquement sur ses modèles ou encore sur des hommes bons, il court
et se hâte maintenant vers les enseignements et les conseils de Dieu et de la
Sagesse divine ; qu’il tourne le dos aux hommes et la face vers Dieu, quitte
le giron de sa mère et sourit à son Père céleste. Au troisième degré, l’homme se soustrait de plus en
plus à l’influence de la mère et s’éloigne de plus en plus du sein maternel,
échappe à la sollicitude et rejette toute crainte. Quand bien même il aurait
la possibilité de faire le mal ou de porter tort à quelqu’un, sans en
recevoir pour autant aucun dommage, il n’en aurait pourtant aucune envie ;
par l’amour il est, en effet, lié et confié à Dieu dans un zèle constant,
jusqu’à ce que Dieu l’ait placé et établi dans la joie et la douceur, là où
lui répugne tout ce qui est dissemblable et étranger, tout ce qui ne convient
pas à Dieu. Au quatrième degré, l’homme croît de plus en plus et
s’enracine dans l’amour de Dieu, au point d’être toujours prêt à assumer, de
bon gré et de bon cœur, avidement et avec joie, toutes sortes de tribulations
et d’épreuves, d’ennuis et de peines. Au cinquième degré, l’homme vit partout et
spontanément dans la paix, calme et tranquille dans la richesse et la
jouissance de la plus haute et indicible sagesse. Au sixième degré, l’homme est dépouillé de
lui-même et revêtu de l’éternité de Dieu, parvenu à la perfection complète ;
il a oublié la vie temporelle avec tout ce qu’elle a de périssable ; il a été
entraîné et transformé en une image divine, il est devenu un enfant de Dieu.
Il n’y a pas d’autre degré, de degré supérieur ; là est le repos éternel, la
béatitude. Car le but dernier de l’homme intérieur, de l’homme nouveau est la
Vie Éternelle. » Mieux que cette description linéaire et encore trop logique
du parcours de l’homme vers Dieu, Maître Eckhart empruntera aux Pères de
l’Église et notamment à Origène, des images, des paraboles, qui suggèrent
plus qu’elles n’expliquent le Dévoilement de l’Être incréé au cœur de la
créature. « Au sujet
de cet homme intérieur, de cet homme noble, en qui est imprimée l’image de
Dieu et semée la semence de Dieu, comment cette semence et cette image de la
nature divine et de l’essence divine qui sont le Fils même de Dieu, s’y
révèlent et comment on en prend conscience ; comment il arrive parfois qu’ils
soient cachés, tout cela, le grand maître Origène nous l’expose dans une
parabole ; le Fils de Dieu, dit-il, image de Dieu, est au fond de l’âme comme
une source d’eau vive. Quand on y jette de la terre, c’est-à-dire des désirs
terrestres, elle est recouverte et cachée au point qu’on ne la connaît et
qu’on ne l’aperçoit plus. Mais, en elle-même, elle reste vive ; dès qu’on enlève
la terre qui la recouvre à la surface, elle réapparaît et on la revoit. Et il
dit encore que cette vérité se trouve indiquée au premier livre de Moïse, où
il est écrit qu’Abraham avait creusé dans son champ des puits d’eau vive,
mais que des gens mal intentionnés les avaient comblés de terre ; mais quand
on en eut sorti la terre, les sources redevinrent vives. (Genèse 26, 15-19). Il existe
à ce sujet encore d’autres paraboles. Le soleil luit sans arrêt ; mais quand
un nuage ou une brume s’interpose entre nous et le soleil, nous n’apercevons
plus sa lumière. De même, quand l’œil est malade et infirme en soi, la clarté
lui est inconnue. Parfois j’ai eu recours, moi aussi, à une comparaison
frappante : Quand un artiste fait une statue en bois ou en pierre, il ne
l’introduit pas dans le bois ; il enlève au contraire, les éclats qui
cachaient et couvraient la statue. Il n’ajoute pas au bois, il lui enlève
quelque chose, il fait tomber sous son ciseau tout l’extérieur et fait
disparaître les rugosités, et alors peut resplendir ce qui se trouvait caché
au dedans. Voilà le trésor enfoui dans un champ, dont parle Notre Seigneur
(Mt. 1, 44). On le pressent, chez Maître Eckhart, comme chez les premiers
chrétiens, la Gnosis ne se sépare jamais de la Praxis. Grégoire de Nazianze
disait : « c’est bien de parler de Dieu, c’est mieux de se purifier pour Le
connaître vraiment ». Il ne
suffit pas de savoir que la Source est là. Encore faut-il creuser le puits ;
connaître que la lumière ne cesse de briller, encore faut-il ouvrir ses
volets ou nettoyer ses vitres pour que toute la chambre en soit éclairée.
L’or est dans le minerai. Il s’agit de le purifier de tout ce qui lui est
étranger. L’itinérance eckhartienne est un lent travail d’épuration, de
simplification, de désidentification avec tout ce qui est étranger à notre
vie essentielle, toutes ces fausses images, ces caricatures que nous sommes à
nous-mêmes … jusqu’au jour où rayonne, dans toute sa clarté, la vérité du
Fils : « Avant qu’Abraham fut, JE SUIS ». La noblesse de l’homme n’est autre
que la présence dans l’espace et dans le temps de l’unique et éternel « JE
SUIS ». |
MAÎTRE ECKHART – LE MESSAGE INITIATIQUE DE MAÎTRE ECKHART - N° 64 |
Alain Lejeune |
Edition Maison de Vie |
2015 |
Cet ouvrage est le n°64 de la collection Les Symboles Maçonniques dont il suit la présentation habituelle : texte court, illustrations et index. Après une brève introduction rappelant les points marquants de la vie de Maître Eckhart, l'auteur s'appuie sur de nombreuses citations extraites des Sermons et des Traités, explicitées ou commentées lorsque nécessaire, pour mettre en évidence la cohérence de l'enseignement initiatique du Maître. Eckhart est né vers
1260 d’une famille thuringienne de Hochheim, résidant à Tambach près de
Gotha. On ne sait rien de sa jeunesse, ni même de son entrée chez les
dominicains. Les seuls documents incontestables nous le montrent bachelier
sententiaire à l’université de Paris : De retour en Allemagne,
en 1303, Eckhart est élu premier provincial de la province dominicaine de
Saxonia, qui regroupe 47 couvents de frères, représentant 11 nations
différentes (dont la Hollande). Son siège est à Erfurt. À ces lourdes
responsabilités sera bientôt ajoutée celle de vicaire général de la province
de Bohême. Malgré les interminables voyages à pied que lui imposent les
chapitres généraux et provinciaux, malgré les fondations de nouveaux couvents
et la multiplication des travaux administratifs, cette seconde période
d’Erfurt est marquée par une prédication en langue allemande qui, d’emblée,
connaît un retentissement considérable. Au début de 1324, Eckhart est envoyé au Studium generale de Cologne, pour y enseigner. Son assistant est Nicolas de Strasbourg, qui devient en août 1325 visiteur de Teutonia. Sans doute pour devancer l’évêque de Cologne, Nicolas entame, dès 1325, une action contre Eckhart, qui n’aboutit pas et qui donne un non-lieu. L’année suivante
cependant, l’évêque de Cologne lance contre le théologien dominicain un
procès d’inquisition. La situation est grave : de nombreux bégards et
béguines viennent d’être brûlés ou noyés dans le Rhin. C’est la première fois
qu’un maître en théologie, qui plus est la principale figure intellectuelle
de son ordre, est objet d’inquisition. Pour défendre son maître le plus
prestigieux contre les calomnies et les abus de pouvoir, l’Ordre se mobilise.
Le 13 février 1327,
Eckhart proteste de son innocence dans l’église des dominicains de Cologne.
Dès le printemps 1327, il décide avec courage et ténacité d’aller porter
lui-même en Avignon son affaire L'enseignement spirituel de Maître Eckhart est essentiellement une invitation au détachement considéré comme la condition nécessaire de l'union à Dieu, et à l'enfantement de Dieu dans l'âme, fruit de la « divinisation » reçue de et par l'union à Dieu. Il s'agit d'un détachement de tout ce qui rend l'être indisponible à l'action de la grâce ; le dernier degré de ce détachement consistant même à s'affranchir de l'effort pour se rapprocher de Dieu. Il s'agit en effet moins de se décharger du poids de réalités contingentes extérieures que de cultiver et entretenir une intériorité conçue comme fragment de l'union à ce monde, autrement que le Christ, qui en sa chair humaine fut attaché au monde. Ainsi disposé, l'esprit libre, le cœur humble, toute attente ou aspiration personnelle éteinte, l'intériorité insensible à toute turpitude, Dieu ne peut faire autrement que de s'y loger, comblant cette vacuité par la félicité ; «l'homme devenant par grâce ce que Dieu est en nature. » (Maxime le Confesseur). C'est ce que l'on appelle la divinisation, thème mal connu, jugé parfois hétérodoxe, alors que remontant, outre Maxime le Confesseur à Augustin, et se prolongeant en de très grands penseurs tels que Nicolas de Cues. Cet apparent empiètement sur la puissance divine et la suspension du mouvement spontané de la piété ont été les prétextes principaux des accusations d'hérésie, confortées par des énoncés dégagées de leur contexte de prédication, Ainsi, contre la tendance générale à l’abandon du monde, Eckhart proclame et justifie théologiquement la possibilité de réintégrer l’identité ontologique Il distingue le Dieu
(Gott) de l’essence divine (Gottheit), en latin Deus et Deitas. Cette distinction,
remise à la pointe de la théologie par Gilbert de la Porée au premier quart
du XIIe siècle appelle la définition d'un tiers-terme : la divinitas. Selon
l'adage « Tout ce qui est en Dieu est Dieu », alors, demanda Gilbert de la
Porrée, par quoi, Dieu est-il Dieu, puisque ce par quoi on est quelque chose,
n'est pas celui qu'on est ? Ainsi il introduisit la distinction entre Dieu,
divinité et déité. Eckhart sans le suivre dans sa radicalité, montrera dans
son ontologie sa connaissance du maître chartrain. |
MAÎTRE ECKHART - LES DIALOGUES de
MaÎtre ECKHART avec Sœur CATHERINE DE STRASBOURG |
Maître ECKHART |
Edition ARFUYEN |
2004 |
||
Je sais : aucune femme ne
peut entrer au ciel à moins de devenir un homme. Mais voici comme il vous
faut l’entendre : les femmes doivent faire œuvre d’homme et avoir un
cœur d’homme dans toute sa puissance afin de résister aux choses périssables
et à elles-mêmes. – Tu t’estimes donc bien forte ! Je voudrais
bien voir comment tu pourrais souffrir plus que tu n’as souffert jusqu’ici.
– Maître, je peux souffrir tout ce que le Christ a souffert à cause
de moi. – Ce ne sont que des mots ! – Je dis la
vérité. » Et la fois suivante : « Réfléchis
encore, lui conseille Eckhart, avant de te lancer dans cette
entreprise. – Taisez-vous, épargnez-moi vos paroles ! C’est en
me tenant de tels discours que vous m’avez fait obstacle. » Sœur Catherine s’en va, revient,
repart, et le pauvre Maître Eckhart, toujours assailli de récriminations,
doit convenir que cette religieuse bénéficie de faveurs qu’il n’a jamais
reçues. « Ah, pauvre homme que je suis, soupire-t-il, comment
puis-je m’attirer tant de honte aux yeux de Dieu d’avoir si longtemps porté
l’habit religieux et si peu compris des mystères de Dieu ! Je t’en prie,
ma chère fille, par l’amour que tu as pour Dieu, expose-moi ta vie et tes
pratiques depuis la dernière fois que je t’ai vue. » Peu de temps après, la voici qui
revient : « Seigneur, lui dit-elle un jour, réjouissez-vous
avec moi, car je suis devenue Dieu ! » Cette exclamation, très
souvent citée, ne fait que reprendre la pensée exprimée en bien des sermons,
mais avec une vivacité qui lui donne un tout autre relief. C’est en
quoi ces dialogues si riches et variés permettent de découvrir Eckhart d’une
manière vraiment nouvelle. |
MAÎTRE ECKHART - les lÉgendes de
maÎtre eckhart |
présenté par G. pfister |
Edition ARFUYEN |
2002 |
Maître Eckhart, ce grand mystique du Moyen-Âge, a expliqué Dieu très simplement. Pour lui, le problème est simple : il faut franchir trois obstacles pour parvenir à trouver Dieu: 1. Le temps
Ainsi
commence la première des Légendes de
Maître Eckhart. Par un savoureux retournement de situation, c’est
Eckhart qui joue ici le rôle de ces clercs riches de savoir mais faibles
d’intelligence qu’il a tant brocardés. Interrogée par ses soins, la jeune
fille l’éblouit de ses réponses, tout comme une autre fois un mendiant
rencontré par hasard ou cet « homme
pauvre » invité à sa table par une demoiselle de Cologne. Le
voici au bord du chemin avec un « enfant
nu » : « Maître
Eckhart rencontra un jour un bel enfant qui était entièrement nu. Il lui
demanda d’où il venait. “Je viens de Dieu, lui répondit l’enfant. – Qui es-tu ? – Un roi, lui
répondit l’enfant. – Où donc est ton
royaume ? – Il est dans mon cœur” ». Ce que disent, la jeune fille, le mendiant, l’homme pauvre
ou l’enfant nu est de la plus pure inspiration eckhartienne. S’ils peuvent l’enseigner
à Maître Eckhart mieux que lui-même ne l’a jamais pu dire, c’est que, chacun
à leur manière, ils sont autant de personnifications de cet être dans lequel
Dieu veut en nous, de toute éternité, s’engendrer.
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MAÎTRE ECKHART – LES MYSTIQUES RHÉNANS – ANTHOLOGIE – ECKHART, TAULER, SUSO |
Marie-Anne Vannier |
Edition du Cerf |
2010 |
Le terme de mystique rhénane est relativement
récent, il date du XIXe siècle. Il traduisait, tout d’abord, celui de
deutsche Mystik, mystique allemande, puis, à la suite de l’usage
malencontreux qu’en avait fait le national-socialisme, il a été remplacé par
celui de rheinische Mystik, mystique des pays de la vallée du Rhin. Cette
mystique se caractérise par une région, par une époque : le XIVe siècle
et par une langue, la langue populaire de la vallée du Rhin. Peu à peu la
nature de cette mystique va se dessiner, H. Ebeling la décrit comme
l’expérience de l’unité de l’âme avec Dieu, et J. Ancelet fait un pas
de plus en montrant que l’originalité de la mystique d’Eckhart, à la suite de
Maxime le Confesseur, est d’inviter à « devenir par grâce ce que Dieu
est par nature ». C’est une mystique de l’être, fondée sur l’Evangile de
Jean et articulée autour de la filiation divine. L’union à Dieu s’exprime différemment chez les trois principaux
représentants de la mystique rhénane : elle aboutit chez Eckhart à la
naissance du Christ dans l’âme, chez Suso à
l’Alliance avec la Sagesse éternelle, chez Tauler à l’Amitié
divine. Eckhart est représentatif de ce mouvement, il en est
aussi à l’origine, il est à la fois spéculatif et mystique, ce qui fait la
complexité de son œuvre. Pour Eckhart sa théologie et sa mystique,
présente dans son œuvre latine, apparaît encore plus lors du procès de
Marguerite Porete où il dut étudier la mystique flamande. Le sermon 71, où Eckhart se définit, en quelque sorte comme un
second Paul sur le chemin de Damas, apporte des éléments sur son expérience
mystique, de plus il semble avoir été un mystique dès sa jeunesse, comme en
témoigne son second sermon sur l’Ecclésiastique.
Jean Tauler est le disciple d’Eckhart, c’est
l’une des grandes figures de Strasbourg, où il est enterré. Il est appelé
l’une des colonnes de l’Eglise de la Jérusalem Céleste, car toute sa vie il a
été prêcheur de la Bonne Nouvelle et artisan du Royaume. Il a
marqué tout le Moyen-âge occidental de son impact spirituel et continu à être
admiré par les protestants en raison du jugement positif de Luther
envers lui. Son œuvre est faite de 81 sermons. Si Maître Eckhart s’attache
essentiellement à amener son auditeur à « devenir par grâce ce que Dieu
est par nature », Tauler propose une voie plus morale, celle d’une purification,
centrée sur l’humanité du Christ. Henri Suso, mystique rhénan, né en 1295 est le seul des
trois à avoir été béatifié en 1831, par le Pape Grégoire XVI. Il a très
largement contribué à faire connaître la mystique rhénane et à sa reconnaissance
par l’Eglise. Dominicain comme la plupart des mystiques, il est comme Tauler
un disciple de Maître Eckhart et ont contribué à prolonger et à diffuser
l’œuvre du Maître. Des trois c’est Suso qui a le vocabulaire le plus
riche, son œuvre est dense, plus piétiste que Tauler, il retient les
principales intuitions d’Eckhart et sait les retransmettre. Souvent il a
recours à des images, des enluminures, bien que préconisant de dépasser
l’image, mais ces recours sont appréciés car ils explicitent mieux ses textes
et leur donne de la rondeur. Au sommaire de cette Anthologie nous avons : Œuvre de Maître Eckhart : 26 sermons – commentaire du livre de l’Exode et de l’Evangile de Jean – les dialogues de Maître Eckhart avec sœur Catherine de Strasbourg – Œuvre de Jean Tauler : 13 sermons Œuvre d’Henri Suso : Exemplar – Vie – Livre de la Sagesse éternelle – Lettre IV – L’horloge de la Sagesse – bibliographie – |
MAÎTRE ECKHART - LES ŒUVRES
DE MAÎTRE ECKHART. SERMONS –TRAITÉS |
M. Eckhart |
Edition GALIMARD |
1987 |
Lire Maître Eckhart
est un bonheur ; il nous donne les clés du détachement de nos erreurs et
de nos illusions. C’est un support de méditation sans fin. Si Maître Eckhart est aujourd’hui l’un
des auteurs les plus connus du Moyen Âge, c’est sans aucun doute grâce à ses Sermons
allemands dont la profondeur spirituelle et la beauté littéraire n’ont
jamais cessé de captiver ses auditeurs, puis ses lecteurs. Écrits
vraisemblablement à Erfurt dans les années 1303-1311, alors qu’il est prieur
de la province dominicaine de Saxe, les Sermons 87 à 105
s’interrogent en particulier sur le rôle de l’intellect dans la connaissance
de Dieu : ne faut-il pas admettre que celle-ci dépasse les facultés de l’âme
? Pourtant, la lumière du Christ ressuscité vient éclairer
les ténèbres de l’homme. Comment l’âme doit-elle alors se disposer
intérieurement pour accueillir la Parole de Dieu ? Eckhart envisage cette
question de la connaissance à travers l’expérience du détachement, montrant «
la grande noblesse que Dieu a déposée dans l’âme » (Sermon 101). C’est
en effet dans le silence de l’âme que prend naissance le Verbe éternel, pour
la plus grande béatitude de l’homme. |
MAÎTRE ECKHART - les œuvres de vie |
selon Maître ECKHART &
ABHINAVAGUPTA |
Edition Les Deux Océans |
2000 |
C’est par une étude comparée de
ces deux philosophes religieux du Moyen-Âge (XIIIème et XIème siècles) qu’est
abordé le thème central de ce livre « les œuvres de vie » qui explique leur
doctrine commune sur le « Principe suprême ». Pour Maître Eckhart, Dieu «
verdoie et fleurit » pour le philosophe shivaïte Abhi Navagupta le « principe
divin » est vibration, élan, danse cosmique et émerveillement. Un même point
de vue avec des mots différents. On y parle de Maya, de la conscience
cosmique, de l’énergie, de l’absolu, du macrocosme et du microcosme, du rite,
du symbole, du miroir, de l’image, des temples, de la peinture, de l’arbre de
vie, du cœur, et de la roue. Extrait et présentation du livre : « S’il
est une raison essentielle qui justifie un rapprochement entre Maître Eckhart
(XIVe siècle) et Abhinavagupta (Xe-XIe siècles), tous deux penseurs
médiévaux, l’un occidental chrétien, l’autre cachemirien shivaïte, c’est
qu’ils placèrent d’emblée, au centre de leur existence comme de leur œuvre,
l’accès immédiat à la Réalité d’ordinaire voilée, grâce à une catharsis de la
conscience. Pleinement engagés dans la vie spirituelle, riches d’une vaste
érudition rassemblant tous les savoirs alors accessibles, ils s’attachèrent à
la transmission de cette connaissance souvent indicible certes, mais passée
au tamis de leur propre expérience, en approfondissant avec originalité le
champ philosophique de leurs doctrines respectives. Un autre trait original
de leur métaphysique réunit Maître Eckhart et Abhinavagupta : il n’y a pas,
selon eux, de place pour l’inertie ; le principe suprême lui-même est un pur
dynamisme, acte créateur, vie surabondante qui, dans la langue imagée
d’Eckhart, “ verdoie et fleurit ”, jaillit comme une fontaine, fulgure et scintille
; pour Abhinavagupta, vibration, élan, danse cosmique, émerveillement de sa
propre essence. Par-delà leur mode respectif d’expression ces deux mystiques
de traditions différentes traitent avec une profondeur et une vigueur
communes, et souvent étonnantes, de l’Art divin : génération du Verbe ou acte
de conscience du point de vue de l’Absolu, création cosmique pour ce qui est
de la manifestation. Au
cours de la troisième partie nous aborderons le “ Jeu divin ”, charnière
entre l’Absolu et la manifestation (issue du désir divin d’être connu),
source de la temporalité et de la dualité. Quant à l’être humain, il éprouve
en sa conscience cette diversification engendrée par la Mâyâ (illusion
cosmique. Il est néanmoins en son pouvoir de refluer vers la source : instant
d’éternité, hors du temps. Toujours dans cette troisième partie nous verrons
comment ce reflux est rendu possible, quelle est la nature du lien qui limite
la conscience et ce qui peut le délier, enseignement ou grâce. Dans cette
perspective “ les voies de retour ” correspondent aux énergies fondamentales
de l’homme : élan du désir-volonté, connaissance, activité. Les recoupements
entre les pensées d’Eckhart et d’Abhinavagupta ne manquent pas ici non plus :
il existe d’autre part une quatrième voie, ou plutôt une non-voie, chère aux
deux mystiques, supérieure aux autres car elle se passe de moyens. Il s’agit
de la voie de la Reconnaissance, selon la lignée d’Abhinavagupta et de ses
maîtres Somånanda et Utpaladeva : nous nous appuierons sur la traduction de
son œuvre philosophique maîtresse, qui fait d’Abhina- vagupta l’un des plus
grands philosophes indiens. Bien que ce texte soit ardu dans la forme et le
fond, ce fut un vrai bonheur d’entrer ainsi en contact directement, par-delà
les siècles, avec un écrit d’Abhinavagupta, car la pensée la plus rigoureuse
s’y trouve animée de ferveur.
De
même dans cette étude traitant du Rite et de l’Art, après avoir évoqué ces
aspects particuliers, il reste à envisager le cœur du problème si l’on peut
dire : la vie du quotidien, trop souvent morcelée, privée de poésie, car
dénuée de sa capacité d’élan, d’émerveillement ! Eckhart comme Abhinavagupta
ont nettement insisté sur ce point : plénitude et conscience parfaite ne sont
pas réservées à des moments ou à des activités privilégiées de l’existence.
C’est pourquoi l’un et l’autre préconisent de “ trouver Dieu ” en chaque
instant, selon l’expression d’Eckhart. Le Shivaïsme du Cachemire non-dualiste
propose divers chemins pour y parvenir, parmi lesquels cinq “ moyens ”
envisagés comme autant d’accès vers le Centre. La vie apparaît ainsi comme
l’art le plus complet car il ne laisse de côté aucune sphère de l’existence.
Le dernier thème de la partie sur l’Art abordera les ressorts profonds
communs à l’expérience esthétique et à l’expérience mystique : ce sont la
contemplation, l’intuition illuminatrice, l’état de spontanéité et
l’apaisement. Vécus en pleine conscience ces quatre aspects imprègnent peu à
peu la vie quotidienne, reliant l’être à son principe, le Soi. Ayant
acquis une parfaite conscience du Soi, de ses énergies de connaissance et
d’action, les ayant reconnues identiques à son propre soi, ainsi cet être
jouit des puissances d’action et de connaissance à son gré ”, déclare
Abhinavagupta dans sa glose aux versets sur la Reconnaissance du Seigneur. Il
œuvre au cœur d’un épanouissement de toutes ses énergies, réalisant à la fois
plénitude de l’existence et vacuité des phénomènes dans une vision spontanée,
sachant bien que “ La rivière de
la vie est impétueuse et profonde, ses deux rives glissantes, et le milieu
insondable.’’ |
MAÎTRE ECKHART - les 7 vies de
maÎtre eckhart |
J.C. BOLOGNE |
Edition Du Rocher |
1997 |
Grand penseur du Moyen-Âge, il a
eu un grand retentissement. Il fut célèbre pour ses prises de positions et
ses théories, accusé par l’inquisition, il dut se rétracter. Son œuvre et sa pensée sont
immenses et se redécouvrent. Maître
Eckhart est sans doute le penseur le plus proche d'une mystique qui
transcende les religions. Né en Thuringe, vers 1260, il occupa diverses
hautes fonctions dans l'ordre des dominicains, et enseigna à Paris,
Strasbourg et Cologne. En
1326, une procédure d'inquisition fut entamée contre lui. Deux ans après sa
mort, en 1329, le Pape Jean XXII condamna 28 articles attribués à Maître
Eckhart. Dans son oeuvre - qui se compose principalement de sermons et de
traités en latin et en allemand - on remarque l'influence du platonisme et de
la philosophie scolastique, mais aussi celle d'une tradition spirituelle
féminine, allant d’Hildegarde de Bingen (1098-1179) à Marguerite Porete
(brûlée à Paris, en l'an 1310). Eckhart est né en Thuringe vers
1260. Il entre chez les dominicains d'Erfurt puis étudie à Cologne où règne
encore le souvenir de saint Albert le Grand transmis par Thierry de Freiberg.
Eckhart est appelé à de hautes charges dans l'Ordre provincial, vicaire général. Il en est
déchargé en 1311 pour pouvoir se consacrer à son activité intellectuelle à
Paris, à Strasbourg puis à Cologne. Il enseigne, il prêche et il publie. Vers
les années 1325 la doctrine d'Eckhart est suspectée par l'archevêque de
Cologne. On ne doit pas sous-estimer dans cette affaire la rivalité, déjà de
longue date, entre mendiants et séculiers, spécialement au sujet du privilège
de l'exemption. Eckhart se défend contre de mauvaises interprétations de sa
pensée ou même tout simplement contre des déformations de ses propos. En
1329, en Avignon, est enregistrée une bulle qui condamne dans les écrits
d'Eckhart dix-sept propositions hérétiques et onze qui paraissent suspectes.
Mais Maître Eckhart est déjà mort, probablement depuis 1327. Sa condamnation
est ressentie comme une injustice chez les Prêcheurs et n'empêche nullement
le rayonnement posthume des grands thèmes eckhartiens que ses disciples
sauront mettre en valeur sans insister sur les paradoxes audacieux du Maître. La pensée de Maître Eckhart est difficile,
souvent exprimée en termes paradoxaux : elle a pu être infléchie en de
nombreux sens (gnose, panthéisme, idéalisme...). C'est une mystique
métaphysique à dominante platonicienne mais on a pu y détecter d'autres
influences. Elle est une pensée sur l'être, qui, veut absolument, s'identifie
à Dieu. De cette approche vient la fameuse distinction entre la Déité, et
Dieu. En une dissociation purement intellectuelle Eckhart dit en effet que la
Déité est l'essence divine, absolue, isolée, au-dessus de tout nom et
parfaitement une. Dieu est cette Déité en tant qu'elle entre en rapport,
d'abord dans la Trinité mais aussi dans la création. Ainsi " Dieu agit;
la Déité n'agit pas ". En ce sens on peut dire, à la limite : "
Dieu n'est Dieu que lorsque les créatures disent : Dieu. " Le Verbe est l'idée parfaite de
toutes les créatures possibles (exemplarisme). Ainsi toute créature est
marquée d'une empreinte divine qui lui donne une noblesse incomparable, bien
que Eckhart souligne l'infinie distance qui subsistera toujours entre le créé
et l'incréé. Au plus profond de l'âme humaine (Grund) brille une lumière, une
étincelle dont Eckhart va jusqu'à dire qu'elle est, quant à elle, "
incréée et incréable ", formule qui fit grande difficulté parmi ses censeurs,
on s'en doute. Eckhart ajoute ; " Là, le fond de Dieu est mien et mon
fond est celui de Dieu. Là je vis de ce qui m'est propre, comme Dieu vit de
ce qui lui est propre. " Le retour à Dieu, but de l'itinéraire
spirituel, va se réaliser par une participation à la vie intime de Dieu
jusqu'à ce fond divin car " l'âme est une avec Dieu et pas seulement
unie " ; elle est de la " race de Dieu ". Pour revenir à elle-même l'âme
devra d'abord purifier ses propres " puissances ", en transcendant
les images et les concepts, y compris, et la proposition a aussi été
considérée comme audacieuse, en dépassant l'humanité du Christ puisque ce
dernier est là pour nous montrer la route vers la Déité. Le chrétien doit
aussi arriver au complet dépouillement et à la pauvreté spirituelle, au-delà
de tout désir, même du bien, même de la récompense éternelle. Il doit se
trouver anéanti, ébloui de sa pureté et admiratif " de sa propre beauté
". " Il faut avoir un coeur pur, car seul est pur celui qui a
anéanti tout ce qui est créature. " Telle fut la Vierge Marie; telle est
la tâche de l'humilité; tel est aussi l'amour chrétien. Aimer Dieu en tout
être conduit à l'unité dans la charité par le rejet du moi et par l'action du
Christ qui agit en tous. |
MAÎTRE ECKHART ou l’EMPREINTE du dÉsert |
G. jarczyk et P.J. LABARRIERE |
Edition Albin Michel |
1995 |
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En abandonnant les images et
représentations qui envahissent l’esprit, l’homme découvre une profondeur
infinie qui fait de lui un être inappropriable, irréductible à toute
définition. C’est peut-être cela l’humanité de l’homme… Saisir combien
"quelque chose" nous échappe, et ce "quelque chose" est
peut-être la part la plus essentielle de nous-mêmes. Rappelons qu’Eckhart est
dominicain, et le Christ est au centre de sa vie. Le Verbe de Dieu est la
figure par excellence de celui qui sans cesse se dérobe à toutes les images
et représentations. Le Christ est toujours bien au-delà de nos regards. Il
indique ainsi un chemin pour l’homme, un chemin de pauvreté. Il nous faut
constamment renoncer à ce que nous croyons savoir. Eckhart est un grand écrivain
parce qu’il a compris que l’écriture est impossible. Ecrire n’est pas
décrire. On commence à écrire quand on a compris que ce qui est à dire
excèdera toujours nos simples mots. Cependant, il ne faut pas renoncer au
langage. Les mots sont toujours insuffisants pour évoquer certaines réalités
et pourtant c’est à travers l’épaisseur du langage qu’un quelque chose
parvient parfois à se dire. Eckhart nous a laissé un magnifique poème qui
évoque la rencontre entre l’homme et Dieu dans l’intime. Il s’agit du
"Grain de sénevé". Mais toute son écriture est poétique. Le rythme
des phrases, la reprise de certains termes et le jeu des sonorités, tout cela
permet d’évoquer ce qui ne peut être dit, son écriture est comme une
variation infinie autour d’un thème qui toujours nous échappe. Bref, une
belle écriture qui constitue un rempart contre toutes les certitudes mal
assurées et contre toutes les formes d’intransigeance… |
MAÎTRE ECKHART OU LA PROFONDEUR DE L’INTIME |
Eric Mangin |
Edition du Seuil |
2012 |
Mourir à soi, naître en Dieu, « percer dans le fond de
l’âme »… L’intime chez Maître Eckhart n’est ni le secret ni la simple intériorité,
mais une distance essentielle en l’âme qui permet à l’homme d’être à la fois
uni à Dieu et présent au monde ? authentiquement humain. Cette expérience
apparaît ainsi comme une expression privilégiée du détachement, objet
principal de la prédication du théologien rhénan. Ouverte sur l’agir et non
close sur elle-même, elle révèle en l’homme une profondeur infinie qui fait
de lui un être libre, inappropriable. Mais dire l’intime est un défi pour la pensée comme pour
le langage, et toute l’œuvre de Maître Eckhart peut être considérée comme une
tentative de décrire cet indicible. Jamais pourtant, malgré l’insuffisance
des mots, le prédicateur ne renonce. Sa langue atteint au contraire une
créativité et une poésie remarquables pour évoquer le lieu de la naissance de
Dieu en l’âme. Situant parfaitement Maître Eckhart dans le contexte
intellectuel et théologique qui était le sien, et dont il s’est souvent
distingué, cet essai offre une relecture passionnante et sensible de ce
théologien mystique parmi les plus originaux. Un ouvrage de référence. Au sommaire de cet ouvrage : Le détachement comme chemin vers
l’intime - mourir à toutes choses et à soi-même - le
détachement et ses différentes
expressions - l’exigence d’une radicalité - Mors mystica, la mort mystique de l’âme -
la naissance de Dieu dans l’âme
- la naissance éternelle -
l’enracinement théologique de cette expérience -
Percer dans le fond sans fond
- Oportet transire -
l’expérience de la percée
- la topographie de
l’impossible - la profondeur de l’intime -
Figures de l’intime - par-delà bien et mal -
Agir et pourquoi - Entre sérénité et inquiétude -
la figure de Marthe - L’homme bon et l’étendue sans fin de
l’être - Affronter la souffrance dans toute sa
complexité - A l’écoute des discours philosophiques et
théologiques - L’homme bon et l’expérience du « pâtir Dieu » -
Marie-Madeleine ou la puissance inexprimable - Amor, caritas,
dilectio - les noms de l’amour -
l’intensité de l’amour et le plaisir d’aimer -
L’espace d’où procède l’écriture
- Dire l’intime indicible -
l’insuffisance des mots et l’éloge du silence -
Elaboration d’une parole authentique
- Dévoilement de l’intime -
Résonnances intérieures - une lecture du Granum sinapis -
la poésie et l’art des passages
- Entretien avec
l’auteur, Eric Mangin au sujet de Maître Eckhart : En quoi le grand théologien, philosophe et mystique
allemand maître Eckhart est-il encore actuel ? Qu’a-t-il à nous dire
aujourd’hui ? Rencontre avec Éric Mangin, maître de conférences à l’Institut
Catholique de Lyon, philosophe et théologien, qui travaille depuis une
dizaine d’années sur ce grand mystique rhénan et qui vient de publier un
essai* introductif à la fois dense, clair et accessible sur sa pensée et sa
spiritualité. Dans quelles circonstances avez-vous découvert maître Eckhart
et pourquoi avez-vous eu envie de lui consacrer la majeure partie de vos
recherches ? J’ai découvert la
pensée de Maître Eckhart en 1986 lorsque j’étais jeune étudiant en
philosophie à Strasbourg. La nouvelle traduction des Traités et Sermons
d’Alain de Libera ("GF-Flammarion", 1993) a rendu les textes du
Rhénan plus accessibles sans rien supprimer à leur profondeur. Mais, c’est à
Lyon, quelques années plus tard avec Pierre Gire que mes travaux de recherche
ont véritablement débuté. Ce qui m’intéresse
chez Eckhart, c’est la rationalité qu’il déploie à travers ses œuvres, une
rationalité qui ne s’approprie pas l’objet contemplé, mais bien au contraire
qui ouvre au mystère infini de ce qui est à dire. En d’autres termes, pour
Eckhart "expliquer" revient à exprimer la complexité de l’être, ou
encore à montrer combien une chose demeure toujours fondamentalement
insaisissable. Du coup, on ne devient pas spécialiste de Maître Eckhart, ou
plus exactement on ne parvient à le comprendre qu’en admettant assez
modestement que nos interprétations ne peuvent épuiser la richesse de sa
pensée. Le concept d’intime est central dans votre essai. Comment
faut-il le définir et pourquoi ce concept constitue-t-il, selon vous, la clef
de voûte de la pensée et de l’œuvre de maître Eckhart ? Si la littérature a
bien développé cette notion, l’intime est encore très peu envisagé dans la
philosophie. D’origine augustinienne, l’intime désigne ce lieu dans l’âme qui
échappe à toute détermination. Il permet de comprendre l’expérience du
détachement qui est un point central dans l’enseignement d’Eckhart. En
abandonnant les images et représentations qui envahissent l’esprit, l’homme
découvre une profondeur infinie qui fait de lui un être inappropriable,
irréductible à toute définition. C’est peut-être cela l’humanité de l’homme…
Saisir combien "quelque chose" nous échappe, et ce "quelque
chose" est peut-être la part la plus essentielle de nous-mêmes. Rappelons qu’Eckhart
est dominicain, et le Christ est au centre de sa vie. Le Verbe de Dieu est la
figure par excellence de celui qui sans cesse se dérobe à toutes les images
et représentations. Le Christ est toujours bien au-delà de nos regards. Il
indique ainsi un chemin pour l’homme, un chemin de pauvreté. Il nous faut
constamment renoncer à ce que nous croyons savoir. L’un des apports de votre essai, et ce qui vous distingue
d’autres commentateurs, est d’être attentif aux problématiques littéraires
dans l’œuvre d’Eckhart et de le considérer comme un écrivain à part entière
qu’il est effectivement. Vous intitulez ainsi la Troisième partie de votre
livre "L’espace d’où procède l’écriture". Comment s’articuler selon
vous expérience de la pensée, expérience spirituelle et écriture littéraire
dans l’œuvre de maître Eckhart ? Eckhart est un grand
écrivain parce qu’il a compris que l’écriture est impossible. Ecrire n’est
pas décrire. On commence à écrire quand on a compris que ce qui est à dire
excèdera toujours nos simples mots. Cependant, il ne faut pas renoncer au
langage. Les mots sont toujours insuffisants pour évoquer certaines réalités
et pourtant c’est à travers l’épaisseur du langage qu’un quelque chose
parvient parfois à se dire. Eckhart nous a
laissé un magnifique poème qui évoque la rencontre entre l’homme et Dieu dans
l’intime. Il s’agit du "Grain de sénevé". Mais toute son écriture
est poétique. Le rythme des phrases, la reprise de certains termes et le jeu
des sonorités, tout cela permet d’évoquer ce qui ne peut être dit, son
écriture est comme une variation infinie autour d’un thème qui toujours nous
échappe. Bref, une belle écriture qui constitue un rempart contre toutes les
certitudes mal assurées et contre toutes les formes d’intransigeance… |
maÎtre
eckhart -
sermons de maÎtre eckhart |
Traduit par G. JARCZYK & Jr. LABARRIERE |
Edition ALBIN
MICHEL |
1998 |
(De l’étincelle à
l’âme – Dieu au-delà de Dieu – Et le néant était Dieu) trois volumes
pour expliquer les sermons, de Maître Eckhart, ce grand penseur et mystique
du Moyen Âge. «
Lorsque l'âme parvient à la lumière sans mélange, elle pénètre dans son néant...
». « L'amour est plus une récompense qu'un commandement ». « Garde-toi de
toi-même : tu auras fait bonne garde ». « Où l'image entre, Dieu doit
s'écarter... Mais quand cette image sort, Dieu entre »... Tout Eckhart est
dans ces formules qui parsèment les Sermons. Commentant la plupart du temps
une simple phrase de l'Évangile, destinés à des moines et des moniales
diversement cultivés, plus concrets que les Traités, ils reflètent pourtant
toute l'expérience mystique du grand dominicain ainsi que son immense
culture, où la grande théologie scolastique se mêle aux influences du
néoplatonisme, de Denys l'Aréopagite, de saint Augustin. Sans doute
transcrits pour partie par les auditeurs, donc sujets à des approximations,
les Sermons, ou plutôt des extraits qu'on en a tirés pour les besoins de la
cause, constitueront la grande pièce de l'accusation dans les procès en
hérésie qui seront intentés à Eckhart et qui aboutiront à la Bulle de
condamnation du pape Jean XXII en 1327 (Eckhart meurt en 1328). Les Sermons
sont traduits ici de l'allemand, c'est-à-dire de la langue dans laquelle ils
furent prononcés par Maitre Eckhart. Les Sermons sont traduits ici de
l'allemand, c'est-à-dire de la langue dans laquelle ils furent prononcés par
Maitre Eckhart. Imaginez des
notes de cours de 1311. Imaginez que le plus grand philosophe du XIVe siècle
s’y soit donné pour tâche d’exposer des choses « nouvelles, brèves et faciles
», jalons d’un projet rationaliste de grande ampleur. Imaginez enfin que vous
entrez dans la cuisine universitaire où furent inventées les plus belles
audaces de la mystique allemande. Vous aurez alors une idée de ce que la
lecture des « sermons latins » fait à celui qui s’y frotte : un mélange de
brutal dépaysement et d’enchantement presque lyrique, d’obscurité
pointilleuse et d’émerveillement étonné. D’une part,
en effet, Eckhart se livre à l’exercice très défini que constitue le sermon
universitaire : il cite un passage de la Bible, puis l’éclaire par d’autres
passages de nouveau empruntés à l’Écriture, ou aux Pères de l’Église, ou
encore aux philosophes grecs et arabes. Évidemment, d’un point de vue formel,
cela semble austère, et à certaines pages ça l’est en effet. Mais, d’autre
part, le texte est également gorgé de ces formules que l’on tourne, quand on
enseigne, pour saisir par les tripes les auditeurs qui s’assoupissent. C’est
ainsi, par exemple, qu’il conclut le sermon VI avec des formules si
cinglantes que l’on croirait lire Spinoza : « Nous ne devons pas remercier
Dieu de nous aimer. La nécessité en effet lui en incombe » p. 93. Plus doux,
dans le sermon XL, il remarque que le commandement « tu aimeras... » peut
être reçu « comme un précepte et comme une annonce, au sens de prophétie et
de promesse » p. 331 : lecture aussi surprenante que généreuse... Cependant,
il faut admettre que les fulgurances sont moins nombreuses ici que dans les «
sermons allemands », et pour cause : destinés à un public plus large, ceux-ci
ont introduit en langue vulgaire les subtilités qu’avaient permises les
sermons latins, rédigés pour des universitaires, en y ajoutant une
incomparable séduction littéraire. |
MAÎTRES SPIRITUELS DU DÉSERT DE GAZA |
|
Edition SOLESMES |
1966 |
Plusieurs lettres et sentences
de ces Maîtres spirituels qui vivaient cloîtrés dans le désert de Gaza au 6ème
siècle. Des récits écrits par des
grands mystiques. Les premiers à avoir
mené le combat spirituel lié à la vie chrétienne, furent ces hommes et ces
femmes attirés au désert, dès les 3ème-4ème siècles. Pour que Dieu soit le
premier servi, pour que la prière prenne toute la place dans leur vie, il
leur a fallu lutter contre leurs instincts, exercer une réelle ascèse, afin
d'acquérir une vraie liberté pour le Christ. Ces premiers moines, que l'on a
appelés pères du
désert, peuvent, sans nul doute, éclairer notre propre
chemin et nous enseigner au sujet du combat spirituel. Ils ont été des milliers, selon les historiens, à
rejoindre les déserts de Basse et de Haute Egypte, mais aussi de Palestine,
de Syrie, etc.,
pour mener, dans la solitude, une vie de prière, de pénitence et de
conversion intérieure. Chacun d'eux, travaillant de ses mains et priant
continuellement, vivait relativement isolé, mais à proximité d'un « ancien »
capable de les guider sur un chemin qui n'était pas sans embûches ni
tentations. Vers la fin du 4ème
siècle et le début du 5ème, un certain nombre de paroles dites par ces pères du désert,
retenues et répétées par leurs disciples, ont été rassemblées dans des recueils d'apophtegmes
(ou sentences,
ou dits des anciens).
Ces textes révèlent une profonde doctrine
spirituelle appuyée sur une fine connaissance psychologique de l'homme, et une
pédagogie tout-à-fait « moderne ». Un ancien racontait ceci : « Un frère fut tenté
par ses pensées pendant neuf ans, à tel point que dans son anxiété il
désespéra de son salut et se condamnait lui-même : 'J'ai perdu mon âme, et
puisque je suis mort, je retourne dans le monde'. Et comme il s'en allait, il
entendit une voix sur le chemin : 'Les tentations que tu as supportées
pendant neuf ans étaient tes couronnes. Retourne donc où tu étais, et je te
soulagerai de tes pensées'. Le frère comprit alors que l'on ne doit pas
désespérer pour les pensées qui surviennent : ces pensées nous procurent
plutôt des couronnes, pourvu que nous les supportions bien ». |
MASSIGNON
LOUIS - BIOGRAPHIE |
DESTREMEAU
& moncelon |
Edition PLON |
1994 |
||
Grâce à une documentation
minutieuse, Christian Destremeau et Jean Moncelon réussissent la gageure
d’éclairer les multiples facettes de leur héros et de nous faire comprendre
pourquoi Massignon exerce, aujourd’hui encore, une telle fascination !
D’origine bretonne, Massignon
était considéré comme l’un des plus éminents chercheurs français dans le
domaine du monde arabe et de l’islam, et était bien connu pour ses
traductions ainsi que pour ses nombreux ouvrages et articles, notamment sa
thèse magistrale sur le soufi Hallâj (858-922). C’était un héritier du XIXe
siècle au cours duquel l’orientalisme n’était pas une affaire de spécialiste,
mais au contraire embrassait aussi bien la sociologie, l’archéologie, la
littérature que la spiritualité des populations du monde arabo-musulman. Son érudition, liée à une
intelligence fulgurante, était étonnante. Il
entretenait une correspondance internationale très fournie, écrivant
couramment en anglais et en allemand, pratiquant le russe et presque toutes
les langues européennes. Il connaissait admirablement bien les trois langues
de base des orientalistes traditionnels : l’arabe, le turc, le persan. Massignon avait cependant une
affinité particulière avec la langue arabe à laquelle il se plaisait à rendre
un vibrant hommage, que ce soit à l’Académie Arabe du Caire ou en tant
que président du jury d’agrégation d’arabe à Paris. Pendant toute sa vie, Louis Massignon fut un inspirateur
incomparable du dialogue des civilisations, et plus particulièrement du
dialogue islamo-chrétien. Il essayait sans cesse d’établir des
complémentarités entre les trois religions sœurs issues d’Abraham dont il
proposa une définition longuement méditée : « Le judaïsme est
enraciné dans l’espérance, la chrétienté est vouée à la charité, l’islam est
centré sur la foi ». Il incarnait un dialogue islamo-chrétien d’autant
plus fécond qu’il revendiquait une double appartenance : par sa
naissance, Massignon appartenait à la tradition de la chrétienté occidentale,
et, par son cheminement personnel, il choisit d’être un frère des arabes,
allant parfois jusqu’à épouser leur destin. Il consacra ainsi sa vie, très
active et laborieuse, à faire valoir les richesses de la civilisation musulmane
et à essayer de dégager ce qu’à ses yeux l’islam avait d’authentique et
d’original. C’est certainement en grande partie grâce à lui qu’un courant
favorable au dialogue avec l’Islam put s’établir peu à peu au sein de
l’Eglise catholique. En 1970, les éditions de l’Herne publiaient un
cahier rassemblant l’hommage des amis de Massignon, des études critiques de
son œuvre, une reconstitution des grandes étapes de sa vie ainsi que certains
textes inédits. L’article d’Eva de Vitray-Meyerovitch est à la fois le
témoignage émouvant d’une admiratrice et amie, et une fine analyse des grands
thèmes qui ont marqué la vie et l’œuvre de Massignon : les mystères de
l’intériorité, l’amour de la poésie, la force universaliste de la langue
arabe, l’art de la traduction comme révélateur de la réalité profonde des
choses. L’affinité et la complicité entre ces deux orfèvres de la traduction
s’avère palpable quand elle cite Massignon parlant du langage des poètes et
des mystiques qui nous invite à un dépassement du langage même et à donner un
« sens plus pur aux mots de la tribu ». Eva de Vitray-Meyerovitch
et Louis Massignon se rejoignent ainsi sur ce qui a nourri une part
importante de leur démarche personnelle d’écrivain et de croyant :
la nécessité de quitter sa langue et sa culture originelles pour mieux
percevoir le sens profond qui jaillit de l’alchimie entre langage et musique.
|
massignon
louis – mystique en dialogue |
Divers Auteurs |
Edition ALBIN MICHEL |
1992 |
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Quel
curieux personnage ! Excessif, dérangeant, cet homme déchiré par sa
passion de l’absolu et d’autrui continue à nous remettre en question trente
ans après sa mort, le jour de la Toussaint 1962. Car ce chrétien, dont la foi
semble parfois comme outrée, fut le plus ardent propagateur du dialogue avec
l’islam et ses actions iront très loin en ce sens, religieusement,
symboliquement et socialement.
Les
témoignages ici réunis lui rendent hommage, tous travers et qualités
confondus, et nous permettent de mieux le connaître : puisse-t-il
continuer à inspirer, en d’autres voies, le dialogue vrai.
|
MASSIGNON
-
le grand
rÊve de charles de foucauld & louis massignon |
J. François six |
Edition ALBIN MICHEL |
2008 |
Cette histoire, qui commence en
1909, est celle d’une rencontre intense entre deux êtres de feu : Charles de FOUCAULD, homme de désert
et de mystique, et Louis Massignon,
jeune orientaliste de génie. L’un a cinquante ans, l’autre vingt-cinq, et
tous deux, épris de fraternité universelle, ont connu les tentations du monde
avant de voir leur vie basculer devant la foi et l’hospitalité des sociétés
musulmanes.
En 1890 Charles de Foucauld devient moine trappiste. En
1901, ayant quitté la Trappe, il se fait ordonner prêtre. Puis il s'installe
au Sahara à Béni-Abbès, puis dans le Hoggar. À cette époque, les Territoires
du sud ne sont pas rattachés aux départements français d'Algérie mais soumis
à l'administration militaire. Très peu nombreux, soucieux de conquérir les
Sahariens plus par l'action psychologique que par la force, les militaires
ont besoin de Charles de Foucauld ès qualités de prêtre-ermite ou, si l'on
veut, de « marabout chrétien », afin de dissiper une rumeur
ruineuse pour le prestige du conquérant. Cette rumeur parcourt la société
maghrébine, dès que les fidèles de l'Islam commencent à se faire quelque idée
du mouvement de sécularisation et de laïcisation qui parcourt la société
française : l'occupant ne serait même pas chrétien. Si les Français
n'ont plus de religion, qu'adviendra-t-il de leur prestige en milieu
musulman ? Cette question n'est même pas concevable au nord de la
Méditerranée. Charles de Foucauld permet aux militaires établis au Sahara
d'être des croyants par procuration. Voilà au moins un Français qu'on voit
prier ! Tout en étant resté très proche du milieu militaire et y
comptant de solides amitiés, Charles de Foucauld est parfaitement conscient
du risque d'être ainsi instrumentalisé. Mais sans l'autorisation de l'armée,
ou sans sa protection, il ne peut être question de s'établir au Sahara. Or, ayant dû renoncer à son rêve de pénétrer de nouveau au
Maroc, il est attiré par le Hoggar. Il veut explorer le monde berbère, côtoyé
à Sétif en 1880 et retrouvé dans le Haut-Atlas en 1883-1884. De 1905 à sa
mort en 1916, il s'attelle à la tâche de connaître et de comprendre le groupe
berbère le mieux conservé dans son état originel, c'est-à-dire le moins
transformé par la religion musulmane et par le contact avec les Arabes, à
savoir les Touaregs du Hoggar. Il en explore la vie sociale, en recueille le
patrimoine poétique et littéraire, établit la grammaire et le lexique du
tamazight, leur langue au demeurant fort complexe, après avoir percé les
énigmes du tifinagh, écriture aussi ancienne, peut-être, que l'alphabet
phénicien. L'œuvre scientifique de Charles de Foucauld est considérable. Elle
fait toujours autorité auprès des berbérologues. Comme tant de connaisseurs de la société arabo-berbère au
début du XXe siècle, il est habité par la conviction que la France n'a
pas encore su s'en faire admettre. Il est de ceux qui espèrent qu'à long terme,
un rapprochement social, politique et culturel entre Français et Maghrébins
se produira. Car, comme eux, il est révulsé par l'Algérie française, telle
qu'elle existe alors : ni vraiment colonie ni vraiment province, ou
pseudo-province fondée en fait sur une inévitable ségrégation
ethno-religieuse, à l'instar de beaucoup d'autres sociétés méditerranéennes
comme la Bosnie, la Macédoine et la Crète de l'époque, et bientôt comme
Chypre, le Liban et la Palestine. En bref, fondée sur la négation des principes
républicains de Liberté, Égalité, Fraternité. Comme les militaires de
sensibilité républicaine – par opposition à ceux qui ont conservé un
attachement à l'Ancien Régime –, Charles de Foucauld a pour idéal politique
l'intégration de l'Afrique du Nord à la France, et non pas un système de
protectorat ou de vie séparée entre conquérants et conquis. Cette intégration
leur paraît évidemment impossible, à court terme. Si Charles de Foucauld ou les militaires de sensibilité
républicaine se prennent de passion pour les Berbères, c'est parce qu'ils
leur paraissent moins figés dans leur civilisation que les Arabes ou les
Arabisés, plus souples, plus adaptables au monde moderne et donc susceptibles
de constituer dans l'avenir un pont entre ces derniers et la France. En
s'immergeant dans la société touarègue, Charles de Foucauld a certainement
voulu participer à ce grand dessein politico-social axé sur le monde berbère.
À cet égard, il est remarquable qu'il n'ait point cherché à convertir les
Touaregs. Il s'est appliqué à les connaître et aussi, très concrètement, à y
introduire des principes d'égalité jusque-là inconnus dans cette société de
type clanique, ainsi que des éléments de progrès technique. Il fallait
d'abord « républicaniser » le Hoggar. Plus tard, bien plus tard,
d'autres y introduiraient l'Évangile. Charles de Foucauld est tué dans son bordj à Tamanrasset le 1er décembre 1916 par des irréguliers appuyés par des éléments venus du territoire libyen, théoriquement italien depuis 1912, mais livré en fait à l'action d'agents turcs ou turco-allemands, ainsi qu'à celle de la confrérie des Sénoussis. Dans le cadre de la Grande Guerre, il se dépense beaucoup pour défendre le Hoggar, dégarni comme tant d'autres positions sahariennes ou nord-africaines en raison des envois répétés de troupes sur le front entre Vosges et mer du Nord. L'engagement de Charles de Foucauld dans la défense de Tamanrasset doit être compris à la lumière de ce qui fut l'attitude unanime des catholiques, et notamment des prêtres et religieux, en 1914-1918 : surenchère patriotique destinée à faire taire définitivement la rumeur infâme, jusque-là colportée dans les milieux républicains ou anticléricaux, comme quoi l'obéissance à la Papauté équivaudrait à l'allégeance à une puissance étrangère. Ses agresseurs ne s'en prirent pas à sa qualité de chrétien, semble-t-il, mais à sa qualité de Français. On ne lui demanda pas, d'ailleurs, de renier le Christ. Ce qui l'avait rendu haïssable, et dangereux aux yeux de certains, convaincus comme tous les radicaux de la Guerre Sainte, dont les Sénoussis, c'était le fait qu'en s'étant fait adopter par la société touarègue, il contribuait aussi à la rendre francophile et plus ouverte à la civilisation occidentale, voire à la modernité, qu'envers ceux qui allaient s'employer à l'islamiser pour de bon, voire même à en entamer l'arabisation. La mort de Charles de Foucauld donne la clé de son existence au Sahara et de celle des groupes ou associations qui plus tard, se réclameront de son exemple : c'est la fraternité. Or ce mot de fraternité est commun à deux lexiques : celui de la religion chrétienne et celui de la République. |
MÉDITATIONS INITIATIQUES |
Constant Chevillon |
Edition du Cosmogone |
2013 |
L’œuvre et le martyr de ce gnostique moderne n’en finissent pas de nous émouvoir. Formé à bonne école, c’est-à-dire au séminaire, à la Faculté de Lettres de Lyon et à l'abbaye de Solesmes, Constant Chevillon (1880-1944) enseigna la philosophie religieuse chez les Jésuites, puis il entra en occultisme, rencontra Papus et devint le plus proche collaborateur de Jean Bricaud. Sans préjudice d’une carrière exemplaire dans le milieu bancaire, il assumera, à partir de 1934, la grande maîtrise du rite de Memphis-Misraïm et celle de l’Ordre martiniste, alors indissociables de l’Eglise gnostique universelle dont il fut élu patriarche. Dix ans plus tard, la mort la plus horrible viendra le surprendre à Lyon, où elle a pris les traits des Miliciens qui l’on assassiné, une nuit de mars 1944. L’oeuvre littéraire de Constant Chevillon, profondément marquée par la théologie catholique romaine à laquelle il associera la tradition de l’ésotérisme chrétien comprend cinq livres qui sont autant de chefs-d’œuvre : Orient ou Occident (1926), Réflexions sur le Temple social (1937), Le vrai visage de la franc-maçonnerie (1939), Du néant à l’être (1942), Et verbum caro factum est (1944). Il faut y ajouter deux titres posthumes : La Tradition universelle (1946) et les Méditations initiatiques, publiées à Lyon, chez Paul Derain, en 1953. Les Editions du Cosmogone viennent de rééditer ce dernier ouvrage, en fac-similé, dans leur collection « compendium ». Ce petit livre rassemble une vingtaine de méditations sur des thèmes variés : Dieu, l’humilité, la charité, la prière, la foi, la mission de la douleur, mors et vita, Moise, évolution de la gnose, philosophie et religion, le temps, prédestination, Dieu est amour, Dieu est un acte pur. De quoi méditer, assurément, sur Dieu, l’homme et l’univers et sur l’initiation maçonnique ou autre qui a pour fonction de rétablir les rapports entre le Créateur, la créature et la création, et de permettre à l’homme de s’élever et de se transformer. |
MÉDITATION - LES 7 CLÉS DE LA MÉDITATION |
Erik Sablé |
Edition Almora |
2013 |
De plus en plus d’occidentaux
éprouvent le besoin de méditer. Cependant la volonté de méditer ne suffit pas
car la méditation est un « travail sur soi »
particulièrement exigent, c’est pourquoi, il est important pour le débutant
d’être aidé. Cet ouvrage présente les 7 clés essentielles pour ouvrir la porte de notre intériorité. Sagesse, maîtrise du souffle, des pensées, concentration… sont quelques-unes des portes à ouvrir pour atteindre la sérénité et le début d’un équilibre. Erik Sablé parle ici dans un langage clair et précis, à partie de son enseignement et de sa grande pratique de la méditation. Grâce à ces 7 clés, l’accès à notre espace intérieur devient enfin possible. Au sommaire de ce petit livre, mais grand dans sa dimension spirituelle nous avons : Pourquoi méditer ? - Quelques illusions - 1e Clé : La Sagesse - L’impermanence - Etre à l’écoute de son maître intérieur - 2e Clé : S’ouvrir au souffle et au corps - Connaître et apprivoiser le souffle - 3e Clé : Comprendre les mécanismes du mental - 4e Clé : La concentration - Des efforts d’imagination, de visualisation et une certaine tension de l’esprit - 5e Clé : Etre attentif à la racine de l’illusion - Le point de naissance de la pensée - 6e Clé : La Présence - Domaine de l’ineffable - 7e Clé : La joie et la sérénité - Dilatation de notre être et élargissement de la conscience - Un pouvoir de transfiguration - Méthode et pratique de méditation - Erik Sablé est l’auteur de plusieurs livres de spiritualité, il se passionne pour le Bouddhisme ; l’hindouisme et le taoïsme, mais aussi pour toutes les spiritualités qui permettent à l’homme de trouver sa voie et de pouvoir s’épanouir. La méditation est au cœur de sa pensée. |
mÉditations mythologiques |
Bruno pinchard |
Edition Le Seuil |
2002 |
L’auteur nous invite à rentrer
dans le chemin des mythes afin de lier la philosophie et la mythologie
indispensable à une démarche méditative. Les vibrations dégagées par les
méditations est un bonheur dans la symbiose recherchée. Au sommaire de cet ouvrage : Solipsisme du
livre - Vigilance dans le mystère -
Du plein mythologique - Dantologie transcendantale -
Forma substantialis - |
MÉDITATION SUR L’ESSENCE DE LA PENSÉE - UN CHEMIN VERS LA PAIX INTÉRIEURE |
ERIK SABLḖ
|
ÉDITION ALMORA
|
2010 |
Toutes les pratiques
de méditation visent à obtenir le silence du mental. Beaucoup d’enseignements
adoptent une attitude volontariste et considèrent les pensées errantes comme
un ennemi qu’il faut vaincre. Or, vouloir maîtriser les pensées, c’est un peu
comme vouloir combattre le vent avec une épée, disent les textes bouddhistes.
Il est préférable de chercher à comprendre le processus de la pensée, pour
saisir ce qu’elles sont, ce qu’elles veulent. Alors le silence
intérieur et la paix s’installeront naturellement et durablement en nous.
C’est cette voie que propose ce petit ouvrage. Quelques
sujets traités dans cet ouvrage : La
nature de la pensée – l’origine des pensées – l’impermanence- la pensée
créatrice du monde- les mécanismes de l’attachement- les émotions- l’angoisse
– ce que cherchent les pensées – le MOI – états spirituels et libération – l’humilité
parfaite – A la
fin du livre quelques exercices sont proposés |
melkitsedech |
Politica
Hermetica |
Edition L’ÂGE D’HOMME |
2005 |
Ce roi étranger, sans génération, et
dont le royaume est inconnu, aurait dû se perdre au milieu de la foule
anonyme des princes cités dans la Bible ; il n’en fut rien parce que son
éphémère irruption correspondait à un moment décisif : il a béni Abraham et
sa lignée, celui-ci lui a versé la dîme et comme l’a souligné Saint Paul, ce
n’est pas l’inférieur qui bénit le supérieur. Cette précellence servit à
légitimer le sacerdoce chrétien « selon l’Ordre de Melchisédech ». Elle
devait inspirer également bon nombre de courants de pensée hétérodoxes, entre
les non-dits de son origine ou de sa fonction et le non-lieu de sa cité de
Salem, depuis les gnostiques de l’Antiquité jusqu’à Guénon en passant par les
maçons du XVIIIème siècle. |
MELKITSEDEQ - LA TRADITION PRIMORDIALE ET
LE MAÎTRE DE JUSTICE |
DIVERS AUTEURS |
ARCADIA |
2002 |
Quand
Abram revint après avoir battu Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui,
le roi de Sodome alla à sa rencontre dans la vallée de Shavé. Melkitsédeq, roi
de Shalen (Salem) apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Dieu
Très Haut. Il prononça cette bénédiction : « Béni
soit Abram par le Dieu Très Haut qui créa Ciel et Terre, et béni soit le Dieu
Très Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains. Et Abram lui donna la dîme
du tout » (Genèse XIV) Melkitsédeq,
roi de Salem et prêtre du Dieu Très Haut « Qui est
sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni
fin de vie » (St Paul Epitre aux Héb 7,3). Tu es
Prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melkitsédeq
(Psaumes 109/110) Le nom de Melkitsédeq
n’est mentionné que dans ces trois écrits- Genèse, Psaumes et l’épitre de
Saint Paul aux hébreux-. A partir de ces quelques mots, le judaïsme, le
christianisme et les sociétés initiatiques vont en faire un prêtre-Roi qui
détient la Tradition Primordiale et qui va la transmettre à toutes les
générations par l’entremise d’Abraham. Etant sans généalogie il est considéré
comme fils de Dieu, de ce fait on lui décernera les titres de Messie, Maître
de Justice, Centre Suprême de la Tradition etc. Dans ce dossier sur
Melkitsédeq Jean Tourniac explique sa lecture sur cette transmission
de la Tradition Primordiale et lui
discerne 5 caractéristiques : 1/
Caractéristique cosmique, qui s’enracine dans la profondeur de la création. 2/
Caractéristique humaine qui se centre dans la conscience de l’homme, joint
entre la création dont il est le roi et Dieu dont il est l’image. 3/
Caractéristique mystique : Elle s’ajuste sur la hauteur de la justice
surnaturelle, sur le Dieu Très Haut et Très Puissant. 4/
Caractéristique Universelle : Elle s’étend en largeur sur la terre
entière. 5/
Caractéristique perpétuelle : Elle s’étend sur toute la longueur du temps
et de l’espace, des origines à la fin du monde. Puis il nous parle de
cette lumière d’Orient, des chrétientés d’Asie reliés aux mystères
évangéliques. Il nous raconte la cité sainte et l’importance de Jérusalem
dans l’écriture juive, avec ce roi de Salem, qui est non seulement Maître
de justice mais aussi « Roi de Paix », on voyage avec Moïse,
Salomon, David et Jésus à travers cette Jérusalem et son universalisme. René Guénon Dans un article
publié en 1962 dans les Etudes Traditionnelles, disserte sur le Christ Prêtre et Roi,
et fait ressortir que Melkitsédeq est supérieur à Abraham puisqu’il le bénit
(l’inférieur est toujours bénit par le supérieur) ce qui marque la vassalité,
la dépendance, l’antériorité et la supériorité du sacerdoce de
Melkitsédeq sur celui d’Aaron. Puis nous visitons « Le Roi du Monde »
où R. Guénon nous explique le Soma, la légende de Dionysos et
la symbolique du vin, on voyage en compagnie des 3 rois-mages
qui en réalité n’en font qu’un si on rassemble leurs 3 fonctions, il nous
emmène sur les rives du Gange avec les Ksatriyas,
ces chevaliers formant une garde royale, chevaleresque et spirituelle. Armand Abecassis nous emmène à Jérusalem, cité terrestre, messianique et
céleste. Le jardin des Dragons
No 1
explique la notion du sacerdoce, Melkitsédeq, l’épiscopat et le charisme (don
gratuit de Dieu). Un long article sur Melkitsédeq : « Archétype de l’Homme sacerdotal primordial », suit
un parallèle avec la Divine Comédie de Dante. Patrick Meneghetti nous rappelle le
sacre, son rite et son rôle initiatique, la fonction royale, les
rapprochements avec Melkitsédeq et cette transmission intérieure et
extérieure des sacres royaux et sacerdotaux. Pierre Benzaquen nous explique la
symbolique d’une consécration de loge et ses quatre voyages. Est étudié la
symbolique du vin, du sel, du pain et de l’huile. Début d’une filiation,
transmission et consécration par Melkitsédeq d’Abraham avec le vin et le pain. Livres
référence : Melkitsédeq
– Politica hermética- Edition l’Âge d’Homme - 2005 Melkitsédeq – par Jean Tourniac – Edition Albin Michel -
1983 |
melkitsedeq ou la tradition primordiale |
Jean tourniac |
Edition ALBIN MICHEL |
1983 |
Melkitsedeq qui
est « sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de
jours, ni fin de vie » (Heb 7, 3) est-il le Témoin d’une Tradition
primordiale ? Est-il aussi l’équivalent du Christ, puisque « rendu semblable
au fils de Dieu » et « sacrificateur à perpétuité » (Heb 7, 3) ?
Cette vision, qui transcende les
antagonismes de vingt siècles d’histoire, correspond à l’attente du monde
contemporain et corrobore la démonstration de l’ouvrage et son postulat :
Melkitsédeq = la Tradition primordiale. |
mÉphistophÉlÈs & l’androgyne |
Mircea eliade |
Edition GALLIMARD |
1981 |
Si la découverte de l’inconscient
a forcé l’homme occidental à une confrontation avec sa propre « histoire »
secrète, la rencontre avec les cultures extra occidentales l’obligea à
pénétrer très profondément dans l’histoire de l’esprit humain et à le
persuader, peut-être, d’assumer cette histoire en tant que partie intégrante
de son propre être. Tôt ou tard le dialogue avec les «
autres » – les représentants des cultures traditionnelles, asiatiques et «
primitives » – devra s’amorcer non plus dans le langage empirique et
utilitaire d’aujourd’hui, mais dans un langage culturel, susceptible
d’exprimer des réalités humaines et des valeurs spirituelles.
|
mircea eliade |
Divers Auteurs |
Edition Les
Cahiers de l’Herne |
1987 |
||
Constantin
Noïca : Hiérophanie et
sacralité Mc
Linscott Ricketts : Mircea
Eliade et la mort de Dieu Stephen
Reno : Hiérophanies,
symboles et expériences Douglas
Allen : L’analyse
phénoménologique de l’expérience religieuse Spiritualité
et régénération : Maurice
de Gandillac : Répétition
et renaissance Monique
Borie : De
l’herméneutique à la régénération par le théâtre I.P.
Coulianu : L’anthropologie philosophique Pierre
Pasquier : L’amer
festin, histoire des religions et spiritualité Charles
Long : Le sens de
l’œuvre pour l’homme moderne Souvenirs,
rencontres et traces : E.
M. Cioran : Les débuts
d’une amitié Alexandre
Rosetti : Eliade au temps
jadis Cioranesco : Mircea
Eliade Eugene Ionesco : Mircea
Eliade à Bucarest Michel Meslin : Mircea
Eliade Henry Corbin : Mircea
Eliade Paul
Ricoeur: Mircea Eliade Goli
Taraghi: Rencontre avec
Mircea Diverses
correspondances entre Mircea Eliade et Gaston Bachelard –Georges
Bataille - Charles Baudouin - Jean Daniélou - C. G. Jung
- Ernst Junger - Pierre
Klossowski - Henri de Lubac - Giovanni Papini -
Jean Paulhan - Louis Renou
- Raymond Queneau - Les
voies du fantastique : Virgil
Ierunca : Littérature
et fantastique - Jean
Biès : Chamanisme
et littérature Sergiu
Al George : Temps,
histoire et destin W.
Richard Comstock : Mythes et
cinéma contemporain Simone
Vierne : La
littérature sous la lumière des mythes Jacques
Masul : Mythes et
symboles Matei
Calinesco : Imagination
et sens William
A. Coates : Métaphysique
de la littérature occulte Ion
Balu : Les débuts
littéraires |
MIRCEA ELIADE - L’ÎLE
D’EUTHANASIUS |
MIRCEA ELIADE |
EDITION DE L’HERNE |
1981 |
« Le
monde qui est le mien est une vallée entourée de toutes parts de rochers
impénétrables élevés comme une muraille du côté de la mer, si bien que nul
être humain ne peut connaître ce paradis terrestre ». Cette île où s’achève
l’existence d’Euthanasius, préfigure- t-elle une cosmogonie aquatique,
une initiation par immersion ou, tout simplement, le fleuve des eaux
amniotiques menant à l’universelle symbolique des eaux de la
renaissance ? Evoquant, tour à tour, les points de vue aussi bien
d’ethnologues tels que Boas ou Kroeber que du sociologue Malinowski,
de l’historien Calinescu ou du psychologue Rivers, Mircea Eliade resitue le mythe comme
dramatisation du symbole. Dans sa quête du sens ultime, il explore au-delà
des mythes et des religions, l’archétype sous son aspect le plus archaïque. Dans ce recueil
d’essais paru en 1943 à Bucarest, l’esprit encyclopédique de Mircea Eliade s’illustre aussi bien dans
l’histoire des cultures et des religions, que dans la littérature. Son
érudition phénoménale soutenue non seulement par la hardiesse de son propos
mais aussi par un enthousiasme passionné, donne à ces textes une actualité
toujours de mise quant aux questions fondamentales de l’humanité. Mircea
Eliade traite dans cet ouvrage les sujets suivants : L’Île d’Euthanasius,
son symbole, obsession du Paradis, île transcendante. Les
confessions de Julien Green, son obsession de la mort et des
escaliers/degrés. En quoi
et comment les documents ethnographiques et les thèmes folkloriques peuvent
servir comme instruments de connaissance. Barabudur,
nouvelle architecture de temple qui permet au pèlerin d’assimiler magiquement
la doctrine bouddhiste, en méditant dans ses galeries ornées de bas-reliefs,
et en lui permettant de se confondre avec le Temple en se réintégrant dans la
divinité. La
conception de la liberté dans la pensée indienne. Neti et éternel retour. Notes
sur l’art indien. Pays de la métaphysique la plus pure et iconographie
indienne. Ananda
Coomaraswamy, avec son premier ouvrage « la danse de Civa »
en 1922, enchanta Romain Rolland, qui le fit connaître. Ananda est un immense
métaphysicien qui, en plus des penseurs indiens et orientaux se dirigea
vers Aristote, saint Thomas et Dante. Il fut le contemporain de René
Guénon avec qui il échangea des correspondances. Un
savant russe à propos de la littérature chinoise : Basile Alexeïev. Le
journal de Sei Shonagon. Journaux de peintres : L’Alaska et les
Marquises. De
vieilles controverses avec le livre de Paul-Louis Couchoud « le mystère
de Jésus » paru en 1924, livre dans lequel il tente de démontrer que
Jésus est une invention de St Paul. Les
lumières du XVIIIe siècle. Le musée social du Village roumain. L’histoire
de la médecine et de la pharmacie en Roumanie. En
Angleterre, un nouveau genre de littérature révolutionnaire. A
propos d’une éthique du pouvoir. Lucien Blaga et le sens de la culture. Joachim
de Flore, son message évangélique et L’âge du Saint Esprit. Un
épisode de Perceval. Le Roi Pêcheur, sa maladie et le parcours de Perceval
pour le guérir. Ce parcours qui est le prototype de Don Quichotte, préfigure
notre destin et notre condition humaine, avec la faillite de l’homme qui
refuse de s’interroger. |
moi,
je ne juge personne – l’Évangile au-delà de la morale |
Lytta basset |
Edition ALBIN – MICHEL |
2004 |
C’est toujours pour de « bonnes
raisons » que nous jugeons autrui, au nom d’une prétendue morale chrétienne,
ou de valeurs laïques qui en dérivent peu ou prou, oubliant l’affirmation de
Jésus : « Moi, je ne juge personne. ». Lytta Basset, pasteur et professeur de
théologie en Suisse, analyse ici notre besoin de juger l’autre, symptôme
d’une peur fondamentale. En entrant dans le récit évangélique de « la femme
adultère », nous devenons acteurs de ce drame dans lequel on voit les défenseurs
de la morale religieuse présenter à Jésus une misérable « traînée », pour
qu’il la juge. Au fil de cette lecture de
l’Évangile de Jean, alors que sont convoquées quelques autres figures
bibliques comme celle de Judas, nous sommes peu à peu transformés de manière
subtile, renvoyés à nos angoisses personnelles, confrontés à notre être
profond. Et là, guéris de toute peur par Celui qui ne juge personne, nous le
suivons enfin dans ce pays où il n’est plus question de jeter la pierre à
autrui. D'où
vient cette compulsion à condamner autrui sans l'avoir entendu?» tel pourrait être un autre sous-titre de
cet ouvrage. Le besoin de juger définitivement va souvent de pair avec le
besoin d'occulter notre peur de l'autre en le maintenant à distance, en se fermant
à l'inconnu ou à la nouveauté qui pourrait surgir dans la relation. L'autre
peut toujours nous surprendre positivement.
|
moi
–
l’Évidence perdue |
Stephen jourdain |
Edition L’ORIGINE |
2002 |
L’évidence dont témoigne Stephen
Jourdain va surprendre et dérouter, elle a le son de la subversion : c’est la
découverte vivante de l’identité « première personne », MOI. Non pas le moi
terrestre – inconscient – mais le MOI de mon esprit – acte de pure
conscience. Il faut nous mettre à rugir et transformer en lion ce veau que
nous acceptons d’être : nous mettre enfin debout à l’intérieur de nous-même
et comprendre que tout n’existe que maintenant : notre présent est notre
seule demeure.
‘’Je
crois que je devrais commencer par vous dire ce qu’est mon « expérience ».
Elle est l’éveil, brusque et parfait, de l’esprit — de la personne intérieure
— à soi-même, à son propre fait. Cette conscience n’est pas un état passager
; une fois apparue, elle demeure. Quand cela m’est arrivé, j’étais un petit
jeune homme, tout à fait normal. Je commençais de fumer, j’étais amoureux, et
si je me posais des questions telles que « qu’est-ce que moi ? », ou «
qu’est-ce que penser ? », avec une intensité et une passion peut-être
exceptionnelles, et me singularisais encore en étant assez couramment sujet à
des moments de perception différente, à d’injustifiables gouffres de
félicité, il est absolument certain que je n’essayais pas d’atteindre cet
éveil, ni à aucun mystérieux autre rivage de ma vie, n’en ayant pas la
notion. Vraiment, je ne cherchais rien. Si
le Cogito n’avait pas existé, me serais-je quand même « éveillé » ? Je me
suis souvent posé la question. Je ne sais pas… Possiblement, oui. La petite
phrase de Descartes est merveilleuse, elle possède peut-être une efficacité
particulière, mais elle n’est certainement pas le seul sujet de réflexion qui
puisse devenir l’occasion de « l’éveil ». L’important est que le sujet de
réflexion renvoie l’esprit qui réfléchit à son propre fait, l’oblige à passer
et repasser près de son centre. Or, à peu près toutes les questions que je me
posais à cette époque avaient cette propriété. Par ailleurs, une autre
condition de l’éclatement de « l’éveil » est une tension extrême, paroxysmale
de l’intelligence. Je vous ai dit qu’il n’était guère de jours qui ne me
voyaient réfléchir avec cette intensité. Je
ne peux que constater un rapport entre certaines circonstances mentales et la
venue de cette « chose », il me semble infiniment probable qu’elle naisse
toujours en ce même contexte ; il est donc bien difficile de ne pas parler de
condition et de cause. Mais en même temps, dès que j’emploie ces mots, dès
que je fais de la « chose » un résultat, une conséquence, elle se rebelle en
moi, me hurle que je vais contre sa nature. « L’éveil est nécessairement «
l’avant » de toute chose autre que lui-même et il n’est « l’après » de
rien. A côté de ces circonstances
mentales, existe un autre facteur, beaucoup moins visible, du rôle duquel je
n’ai pris conscience que tardivement, et que je ne crois pas moins essentiel
: un certain état de la vision du monde extérieur. Si j’essaye de préciser la nature de cette
vision, ce que je puis dire est que j’étais dans un monde essentiellement
dynamique. Un monde arc-bouté, tendu, jaillissant, surabondant, faisant
craquer tous ses corsages, un monde en marche aussi, lancé sur la pente d’un
présent intense. Ce qui l’avait fait apparaître, c’était la lecture des
poèmes de Rimbaud. L’univers avait commencé de « travailler » une ou deux années
auparavant, la plante était déjà née, Rimbaud a brusquement amené un
printemps, tout en conférant à la plante un visage défini. Je suis resté une
heure ou deux réveillé dans l’obscurité, œuvrant « l’éveil », grattant
l’allumette et provoquant la flamme — qui était une même chose que le geste
par lequel je la faisais brûler —, et jouant un peu avec cela, je crois, avec
émerveillement. Le lendemain matin, ma première pensée a été « l’éveil », et
savais-je toujours faire le geste ? J’ai découvert que oui, je savais, que
cette chose miraculeuse était toujours là, et qu’elle serait présente jusqu’à
ma mort, car je n’oublierais jamais le geste. Je
n’ai jamais pensé à la mort dans « l’éveil » pour une bonne raison, c’est que
je n’y pense pas. Ce qui ne veut pas dire : le silence de la pensée. Le
silence de la pensée et l’absence de la pensée sont des choses tout à fait
différentes. On peut ne penser à rien avec une grande perfection, et il y
aura autant de pensée dans cette soi-disant absence de pensée qu’en la pensée
la plus intense. Il serait donc tout à fait vain de s’appliquer à faire taire
sa pensée, à se vider, se laver l’esprit de toute pensée. « L’éveil » n’est
pas une entreprise de vidange, ni de blanchissage. Je dis ça, parce que j’ai
rencontré une personne qui passait ses jours et ses nuits à faire ça. Je fais
monter la flamme de « l’éveil », « l’éveil » fait monter sa flamme, et la
pensée succombe, et c’est une chose énorme, et fantastique, que cette mort !
Mais « l’éveil » peut très bien laisser le rêve se déployer (le rêve dont il
n’est pas dupe et qu’à tout moment il peut foudroyer) et persister. Alors
l’être « éveillé » pourra penser à la mort. Une vérité sur la mort se
présentera tout de suite : cette réalité est une hallucination, une pure pensée.
Certainement cette position est, vis-à-vis de « l’éveil », la plus rigoureuse
et la, plus fidèle sur la question de la mort. Maintenant, si j’accorde
réalité à la mort, si j’accepte de me situer au niveau de la pensée qui voit
dans la mort une réalité, je pourrai essayer de répondre à la question :
qu’est-ce que la mort ? À la lueur de « l’éveil ». Cette « chose » est la
conscience de soi, c’est la possession de soi, c’est le temps du soi. |
monod théodore (1902 – 2000) – dvd
film |
Karel prokop |
Edition INA |
1989 |
Savant inclassable tant le champ
de ses connaissances est vaste, Théodore MONOD est doté d’un savoir
encyclopédique en sciences naturelles, dans des domaines tels que la
géologie, la zoologie et la géographie. Il fut membre de plusieurs académies.
Sa devise étant « un continent par existence ». Il a consacré la sienne à
l’Afrique ; il a passé 25 ans en Afrique occidentale et était l’un des plus
grands spécialistes mondiaux du Sahara qu’il a défendu avec force.
En 1988, Karel PROKOP a eu le
privilège de suivre le professeur MONOD, dans cette enquête scientifique
menée au cœur du Sahara.
|
monod
thÉodore – terre
& ciel - entretiens |
Sylvain estival |
Edition ACTES SUD |
1997 |
Marqué dès son plus jeune âge par
une double vocation, Théodore MONOD renonça, à vingt ans, à se faire pasteur,
pour devenir scientifique. Il ne reniait rien, cependant, de
ses engagements profonds, ni ne perdait de vue l’injonction de Teilhard de
Chardin qui disait: « Aller au Ciel à
travers la Terre ».
|
monsieur
de saint-george – le
nÈgre des lumiÈres |
Alain guÉdÉ |
Edition BABEL |
1999 |
||
Saint-Georges
aurait même pu diriger l’Opéra royal, s’il n’avait été la cible d’une
méchante cabale raciste. Le chevalier fut aussi un grand séducteur, mais là
encore sa qualité de métis devait le condamner à des aventures féminines sans
lendemain, le privant de la perspective du mariage et de la fondation d’un
foyer avec une personne de sa condition. Il passe aussi pour avoir été le
premier homme de couleur reçu dans la franc-maçonnerie – la légende
prétend qu’il fut intronisé avec un sac sur la tête –, circonstance qui
contribua à le rapprocher de la famille de Philippe d’Orléans, alors grand
maître du Grand Orient de France. En 1789, Saint-Georges se rallia tout naturellement à une
Révolution qui proclamait l’universalité des Droits de l’homme et l’unité du
genre humain, en attendant de pouvoir l’appliquer effectivement à l’ensemble
des terres françaises, contre la résistance farouche du très puissant lobby
colonial en France et outre-mer. Devenu, à l’automne 1792, un des premiers
officiers de couleur de la Garde nationale puis colonel dans l’armée
française, le ci-devant chevalier joua un rôle de premier plan dans la
défense de Lille contre les Autrichiens, puis contribua à déjouer la trahison
de Dumouriez en Belgique au printemps 1793. En
dépit de son indéfectible loyauté patriotique, Saint-Georges, qui s’était
opposé à Marat et avait gardé des liens avec les Orléans, fut injustement mis
en cause et même incarcéré sous la Terreur. Ayant semble‑t‑il
échappé de peu à la guillotine en juin 1794, il revint à la vie civile après
Thermidor, période où, passablement désargenté et quelque peu marginalisé, il
reprit la composition musicale (outre de magnifiques quatuors aux adagios
nostalgiques, on lui doit de belles pièces orchestrales et vocales, ainsi que
des opéras, malheureusement presque tous perdus). Sous le Directoire, qui
l’envoya d’ailleurs pour une brève mission à Saint-Domingue, Saint-Georges
resta un fidèle républicain, jusqu’à sa disparition en juin 1799, trois ans
avant que Bonaparte ne rétablisse l’esclavage dans les colonies françaises. C’est le destin exceptionnel de ce
répudié de l’histoire que retrace ici Alain Guédé, avec une allégresse et un
brio qui rendent hommage à la vitalité et la prééminence dans son siècle du
grand Saint-Georges. |
monsieur
gurdjieff |
Louis PAUWELS |
Edition
Albin Michel |
1979 |
||
- le
cherche un homme - fable du sculpteur qui passe sa vie à
polir son ébauche - la tragédie du moi -
la psychologie comme abus de confiance
- le dormeur éveillé -
les vieux thèmes du sacrifice et de la mort à soi-même -
Allusion à Jean-Paul Sartre
- une aventure de Raymond
Abellio - un petit cousin de Lucifer - L’annonciateur du bien - des milliers de pages de musique - les séances de lecture à haute voix -
Le récit de M. Kenneth Walker
- Gurdjieff et la musique -
les récits de Belzebuth - la morale des caméléons - ce
que disait Hamlet de son père - L’étude
de M. Denis Munson - En regard de Gurdjieff, Nietzsche est un
iconoclaste - Dialogue sur le vaisseau
interplanétaire - Belzébuth est meilleur conteur que
Shéhérazade - de l’Egypte ancienne à Léonard de
Vinci en passant par le Mont Saint-Michel -
Swift - L’essai de M. L. Travers -
les contes de fées décrivent la totalité du destin humain - la
belle au bois dormant et la vieille lutte contre le sommeil -
l’art orphique - les contes de fées indous et persans -
William Blake - l’œuvre provocante de Gurdjieff - Les Philosophes de la forêt : -
une carte de Jean Paulhan sur
la tricherie - les 6 dernières semaines du vrai Gurdjieff à
Essentuki - la révolution russe -
la rupture avec Ouspensky
- les coups d’essai de Tiflis,
Constantinople, Berlin et Londres
- l’arrivée en France - Grande parade au théâtre des Champs
Elysées - grande parade au théâtre de New York - ce
qu’était les mouvements et les danses
- que se passe-t-il au prieuré
d’Avon ? - ce que voyaient les étrangers - de
Tiflis à Fontainebleau - la vie quotidienne au Prieuré -
visite de Denis Saurat à Gurdjieff
- la transformation d’orage -
Poincaré voir en Gurdjieff l’ennemi des soviets -
les pouvoirs surnaturels de Gurdjieff
- l’étable de Katherine
Mansfield - Féerie dans le hangar d’aviation -
sentiment général du visiteur du Prieuré -
L’exemple Rabelais - Sartre
- le Temps défend
Descartes - Ce que vivaient les disciples - Un
psychanalyste chez Gurdjieff - Analyser et guérir une névrose - Le
docteur Young cherche les secrets de la volonté - le
vrai sa voir commence par l’expérience intérieure -
Récits et méthodes du docteur Young
- Gurdjieff avec
l’automobile et la médecine -
Georgette Leblanc - Maurice Maeterlinck - le
château de Villennes - coup de chapeau au Phénix -
Colette - Gurdjieff et la multiplication des
obstacles - l’angoisse de n’être plus rien - le
poison religieux - Une intellectuelle d’avant-garde :
Margaret Anderson - Le récit de Margaret Anderson et sa
rencontre au Prieuré avec Gurdjieff
- Le dernier espoir de
Katherine Mansfield qui cherche un médecin de l’âme -
John Middleton Murray - Le drame de Londres -
les conversations avec Orage
- le docteur Manouchkine -
a la recherche de l’amour conscient
- Toutes les lettres qu’écrivit
chez Gurdjieff Katherine Mansfield
- Monsieur Gurdjieff et nous : Paris -
Gurdjieff choisit le désordre
- Témoins à charge -
le récit de Paul Sérant - la crise de la jeunesse au lendemain de la
guerre - les insuffisances de l’église - ce
qui se passait dans les groupes et les exercices chez Gurdjieff -
pourquoi Pauwels a quitté l’enseignement de Gurdjieff -
l’atrophie de la raison et l’hypertrophie du moi -
un ami de René Daumal et de Roger-Gilbert Lecomte -
les rapports entre la drogue et
la connaissance mystique - Aldous
Huxley - Pierre Minet -
Irène-Carole Reweliotty - les tuberculeux du plateau d’Assy -
rencontre avec Luc Dietrich
- Extrait du journal intime
d’Irène-Carole Reweliotty - René Dazeville -
L’Homme qui risqua sa vie pour tenter de conquérir la vérité -
les malheurs de Sophie - la chronique de Frances Rudolph -
Belzébuth dans la parc de Baltimore
- le nouvel art d’être
chrétien - Madame Blank - la
salle Pleyel - je deviens derviche -
Pourquoi tant d’humiliation
- le fameux docteur Fish -
Miss Stumble - la grande peur et pourquoi et comment on
nous hypnotise - les mages noirs -
un sage hindou - Témoins à décharge : Dorothy
Caruso - le café chez Gurdjieff -
Georgette Leblanc - Gurdjieff joue de l’orgue -
René Barjavel et son unique
rencontre avec Gurdjieff - Monsieur Salzmann -
j’ai bu à la vérité et je dois tout à l’enseignement - Le
vieil homme et les enfants du siècle
- Pierre Schaeffer ou l’intelligence
du désordre - Esotérisme polytechnicien -
Un moderne thaumaturge - dans le salon de Gurdjieff -
un maquignon des reins et des cœurs - la
querelle janséniste - les séances de lecture chez Gurdjieff -
le charabia sacré - L’Ennéagramme - Littérature : Le Verbe qui se fait chair -
exemple des mots arbre et amitié
- Rolland de Renéville -
René Daumal et la tentation luciférienne -
une aventure qui entraine vers les portes de la mort -
l’agonie de Luc Dietrich, la « fiancée » -
Paul Sérant fait un roman pour se prouver à lui-même qu’il peut se
dégager - le Champs de Mars -
les moutons de Saint-Paul de Vence
- L’œuvre en marche de René
Daumal et ce qu’en disent ses compagnons de route des premières années - la
lettre de Pierre Minet contre la « voie sèche » empruntée par
Daumal - les fruits d’un arbre dont l’ombre est
mortelle - la guerre sainte - quelques
mots pour prendre congé, ou la fable du singe et de la calebasse -
|
monsieur
gurDjieff – georges ivanovitch |
Les Dossier H vircondelet |
Edition L’ÂGE D’HOMME |
1992 |
La force du message d’éveil de
Gurdjieff apparaît aujourd’hui, avec la publication de ses textes et de ses
partitions musicales, dans toute sa transparence. Il n’en a pas été de même
de son vivant. Gurdjieff reste encore mal connu en France où il vécut
pourtant les dernières trente années de sa vie.
Aujourd’hui, quarante ans après,
certains d’entre eux et des plus proches, acceptent de témoigner. C’est un des privilèges très
positif des Dossier H d’avoir pu recueillir leurs témoignages. |
MONSIEUR
GURDJIEFF - notre vie avec monsieur gurdjieff |
O. & T. de hartmann |
Edition du Rocher
|
2004 |
Le grand maître spirituel George
Ivanovitch Gurdjieff encouragea le développement de la pensée consciente
volontaire et s’opposa à toute adulation aveugle chez ses adeptes. C’est en 1917, lors de
l’éclatement de la révolution en Russie, que Thomas de Hartmann, le
compositeur russe, et son épouse Olga se joignirent à Gurdjieff à
Saint-Pétersbourg et l’accompagnèrent, à titre d’élèves et de confidents,
jusqu’en 1929, soit tout au long de la croissance de l’institut fondé par
Gurdjieff.
Un voyage passionnant pour
comprendre la psychologie et la vie de Gurdjieff. |
MON TESTAMENT – LE FEU DE L’ALLIANCE |
André CHOURAQUI |
Edition BAYARD |
2001 |
Homme de 3 cultures, il
a traduit avec succès la bible, le coran et le nouveau testament.
Son œuvre est un chant d’amour qui veut célébrer la paix au seuil de ce
millénaire. Dans cet ouvrage, il nous livre la synthèse d’une vie d’étude, de
méditation et de réflexion. Le livre-testament de Chouraqui synthétise, selon les
paroles mêmes de l’écrivain, sa “pensée à partir des étapes principales de sa
vie”. Ayant assimilé mieux que personne les paroles et les actes des
prophètes au côté desquels il a cheminé durant sa vie déjà longue, il est
devenu en quelque sorte l’un d’entre eux et, à sa manière, après avoir
découvert la réalité de chaque psaume de la bible, de chaque verset des
évangiles, de chaque sourate du coran, il tient à nous dire une dernière fois
que “les enseignements qui nous sont révélés dans les Ecrits sont plus que
jamais d’actualité” Dans un
premier temps, Chouraqui retrace le “périple” d’Israël depuis le moment où
Dieu choisit Abraham pour aller en terre promise jusqu’à la conquête de
Jérusalem par Pompée et les Romains qui marque la fin de son indépendance. La
révolte des Hébreux contre les envahisseurs qui occasionna le massacre, selon
Tacite, de cinq cent cinquante mille d’entre eux, d’un million selon Flavius
Josèphe, et d’un million et demi selon les sources hébraïques, marqua le
début de la diaspora. Un autre plus terrible encore provoqua, sans qu’ils y
fussent véritablement préparés, le retour des hébreux en Israël. Ce retour fut suivi
du conflit arabo-israélien que l’auteur juge “paradoxal” vu les trois
millénaires de cohabitation pacifique entre les Arabes et les Juifs et la
fécondité des relations entre ces peuples sémites. C’est, selon Chouraqui, le
XVIème siècle qui vit la décadence des peuples musulmans et la ruine du monde
juif établi en terre d’Islam. “Les Arabes se heurtent aux méfaits du
colonialisme à l’heure même où les Juifs doivent à peu près partout faire
front devant le déchaînement de l’antisémitisme. Je crois qu’en quelques
lignes, après avoir montré la renaissance du monde juif et du monde arabe
avec la Révolution française, la coïncidence de la Nahda arabe et de la Haskalah
juive, le parallèle à établir entre le sionisme qui “tend à utiliser sur
le plan politique les forces spirituelles du judaïsme” et l’arabisme “celles
de l’Islam”, l’écrivain dépeint parfaitement les origines du conflit actuel
dues, non pas à l’arrivée des premiers sionistes en Palestine où ils furent
bien accueillis en général par la population arabe, se heurtant bien sûr aux
janissaires autant que les autochtones, mais en grande partie à l’attitude du
gouvernement britannique qui joua sur deux tableaux en préconisant d’une part
l’installation d’un foyer juif en Palestine et d’autre part
en envoyant le lieutenant Lawrence à la rencontre des chefs de tribus arabes
pour leur demander de lutter à ses côtés contre les Turcs Ottomans. Cette impossibilité de respecter les commandements quels
qu’ils soient a été bien évidemment exacerbée par l’émergence des
fondamentalismes qui ont interprété les Livres d’une manière scandaleuse.
“Ils n’ont pas hésité à mobiliser leur Dieu, juif, chrétien, musulman ou
autre, à la rescousse de leurs intérêts et de leur haine.” L’auteur, dans son
souci légitime de montrer que les commandements sont aussi valables
aujourd’hui qu’hier trouve des exemples contemporains pour illustrer sa
thèse. Sans vouloir les citer tous mais en constatant que tous sont valables
aujourd’hui (Tu ne tueras point,
Glorifie ton père et ta mère, Tu ne voleras pas, Tu aimeras ton prochain
comme toi-même...) je choisis les tragiques conséquences de ce
non-respect des commandements vis-à-vis de la Terre nourricière si
indispensable à l’homme qu’il doit lui laisser le temps de respirer, de se
reposer comme il devrait se reposer lui-même: Les commandements qui ont constitué une alliance entre
Dieu et l’humanité seraient, selon
Chouraqui, en forme de pyramide, le bas de la pyramide étant l’alliance entre
Dieu et Adam et Eve, le haut “l’ultime Alliance, l’Alliance messianique qui
couronnera cet édifice par le salut de l’humanité entière”. Dans ce bel
édifice, je retrouve les tenants des trois religions révélées et je ne peux
bien sûr que souhaiter cette symbiose des temps messianiques en espérant même
que nous n’aurons pas besoin d’attendre jusque-là pour qu’elle se réalise. Cependant
je pose la question: est-il possible de parler de l’humanité entière quand
sont occultés non seulement les adeptes des autres religions du monde,
hindouistes, bouddhistes, mazdéistes, animistes... mais tous les athées, les
agnostiques...qui représentent plusieurs milliards d’individus? Ces questions
existentielles et devrais-je dire “super existentielles” appellent quelques
réponses car je suis bien sûre que l’écrivain n’attend pas de moi (qu’il lira
ou ne lira pas) une apologie inconditionnelle. Si André Chouraqui a sans
doute inventé le mot “matriciel comme
attribut fondamental du Dieu créateur” (celui des trois religions révélées),
le concept remonte à ce qu’il est convenu d’appeler “la plus haute antiquité”
païenne qui exista parallèlement à la première religion révélée. Je citerai pour illustrer mon propos deux
exemples de l’attribution par Zeus à lui-même des caractéristiques
matricielles de la gestation féminine: celui de la naissance d’Athéna et celui
de la naissance de Dyonisius. |
MORT, RÉGRESSION ET RENAISSANCE selon la psychologie jungienne |
Marie-Louise Von Franz – Barbara Hannah - Alfred Ribi - Gotthilf Isler - Hansueli F. Etter |
Edition Entrelacs |
2014 |
En partant de la vision jungienne de l’au-delà, avec quatre autres auteurs qui abordent ces questions, et en chef de file de la réflexion sur ce thème, Marie-Louise Von Franz propose quelques considérations de nature à la fois théorique et pratique sur le processus du vieillissement, le grand âge et la préparation à la mort. Barbara Hannah, sa collègue et amie, se penche ensuite sur le cas d’un homme qui, ayant perdu sa foi en abordant le versant déclinant de sa vie, se voit confronté à l’impérieuse nécessité de se forger une attitude nouvelle, de nouveaux concepts, de nouvelles théories, c'est-à-dire presque tout revoir par rapport à la vie et à son image de Dieu. Dans l‘essai suivant, Alfred Ribi nous offre tout un florilège de songes et visions sur le thème et développe l’idée selon laquelle le processus de la mort est autant pour chacun de nous que pour toute l’espèce humaine, une tâche à accomplir afin de se persuader que quelque chose existe après la mort, ce qui débouchera sur le fait de naître à une autre vie. A la lumière des légendes populaires collectées en Suisse, Gotthilf Isler nous apporte les témoignages de sagesse du peuple, hommes et femmes, au sujet de la mort et de l’éternité telles qu’elles transparaissent à travers d’impressionnants événements synchronistiques, avec en toile de fond les théories jungiennes. Reprenant la parole, Barbara Hannah nous initie à la confection du corps de diamant selon l’alchimie et l’hermétisme chinois ou, en termes occidentaux, à la distillation du lapis, la pierre philosophale, couronnement de la vie terrestre et entrée dans l’immortalité avec son corps de gloire. Pour finir, nous suivons, sous l’égide de Hansueli F. Etter, la légendaire vie et mort de saint Meinrad, l’ermite d’Einsiedein en Suisse, qui illustre l’intégration de l’ombre personnelle, la rencontre avec l’image de Dieu et l’acceptation du côté sombre de la divinité en la personne de la Sainte Vierge. L’auteur met du même coup en perspective les images archétypiques et leur lent développement à travers les siècles. Au sommaire de cet ouvrage magnifique : Marie-Louise Von Franz : le grand âge et la mort, leur signification pour la thérapie analytique des personnes âgées, selon la conception de C.G. Jung Barbara Hannah : Régression ou renouvellement dans la vieillesse. Morceau choisi de Jung à ce sujet, tiré du Rosaire des Philosophes au congrès de Zurich en 1941. Alfred Rabi : La vie après la mort selon la psychologie jungienne. L’inconscient collectif et les couches inconscientes de la Psyché. Gotthilf Isler : Le grand passage. L’individuation. La brutalité et l’arbitraire de la mort peut conduire au doute d’un Dieu miséricordieux. Barbara Hannah : De l’au-delà. Les divers cotés sombre et clair, noir et blanc que l’on trouve dans diverses traditions et civilisations. Hansueli F. Etter : L’ermite Meinrad de la forêt sombre, sa vie, son image de Dieu, sa décapitation, sa biographie, sa légende et son interprétation. |
10 N
nature
humaine & nature divine |
O.M. aïvanhov |
Edition PROSUETA |
2000 |
Combien de fois pour justifier
certaines faiblesses on entend dire : « C’est humain » ! Et en réalité, si
l’on y réfléchit bien, «c’est humain» signifie tout simplement : c’est
animal. Alors, comment peut-on définir la nature humaine ? S’il est dit dans les textes
sacrés : «Vous êtes des dieux»,
c’est bien pour rappeler à l’homme la présence enfouie en lui d’une essence
supérieure qu’il doit apprendre à manifester. C’est là le véritable sens de
notre destinée, nous dit le Maître OMRAAM MIKHAËL AÏVANHOV, et c’est pourquoi
il revient inlassablement sur cette question, en nous donnant les moyens de
faire apparaître ces dieux que nous sommes et que nous ne connaissons pas
encore. |
NATURE VIVANTE ET ÂME PACIFIÉE |
Mohammed Taleb |
Edition Arma Artis |
2014 |
Relativement récente, l’écopsychologie – qui affirme l’existence d’un continuum entre la vie intérieure et la Nature vivante, entre les paysages de l’âme et notre environnement – repose sur des prémisses pourtant anciennes, qui, parfois, plongent dans l’Antiquité. Les notions d’anima mundi, de microcosmos, d’unus mundus imaginalis, de homo universalis, sont les piliers du lexique de l’écopsychologie, ses maîtres-mots. Ils disent l’inclusion mutuelle de l’âme et de la Nature. La vie de l’âme n’est pas limitée à la sphère de l’intime, mais se déploie jusqu’aux confins de l’univers ; par l’imagination vraie (l’imaginatio vera Paracelse) et la symbolisation, la psyché est capable de se dilater, et l’âme de retrouver les chemins de l’Âme du Monde, qu’en Islam on appelle nafs al-kulliyya, l’Âme universelle ou totale. De même, la vie de la nature n’est pas enclose dans la matérialité du minéral, du végétal et de l’animal, à travers ces écosymboles que sont les quatre éléments (Terre, eau, feu, air), la Nature se révèle présence intérieure à l’âme. L’anthropologie, en vérité, est d’abord une cosmo-anthropologie, car l’Univers, subtilement est en nous. Les 49 portraits qui jalonnent cet ouvrage, et qui ne sont que des esquisses, des lignes fugitives, sont des portes d’entrée dans le domaine des écovisions, des cosmovisions et de l’écologie spirituelle. Enracinés dans des contextes culturels, civilisationnels, et religieux très divers – de la Grèce de Plotin à l’Allemagne de Novalis, de l’Andalousie musulmane d’Ibn Arabi à l’Irlande de William Butler Yeats, de l’Inde de Rabindranath Tagore à la Russie de Nicolas Berdiaev -, ces 49 portraits illustrent la permanence d’une psychologie de l’Âme du monde et d’une écologie sacrée. En ces temps de crise, ces disciplines, à la fois spirituelles, philosophiques ou chevaleresques, sont un désaveu cinglant de la modernité capitaliste, de la profanation de l’environnement qu’elle propage, avec son lot d’injustices sociales, de domination des peuples. L’écopsychologie est une exhortation pour en finir avec le désenchantement capitaliste de la Nature, et à entrer dans les lueurs vivifiantes de l’Aube, de « l’Aurore naissante » comme dit Jacob Boehme. Le coran, dans une sourate, appelle les humains à chercher la protection du Seigneur de l’Aurore naissante, par-delà les formes et la singularité des langages, le défi est là : dans la perspective d’un dialogue des civilisations, il nous faut réactiver la portée cosmique de nos cultures. Ce livre donne la parole à 49 personnalités ou personnages spirituels qui, à leur façon ont marqués et expliqués le rapport de l’être et de son âme avec la Nature Au sommaire de cet ouvrage : Philosophia gréco-orientale : Pythagore et les mathématiques sacrées - Plotin, le chantre de l’Un - Porphyre, la raison philosophique et les Oracles - Jamblique, maître égyptien en théurgie - Proclus, architecte du cosmos vivant - La voie héroïque et cosmique de l’Islam : Le Coran, ou la voie de la chevalerie - Le prophète Mohammed, l’éthique d’un héros de Dieu - Ibn Abdullah Ibn Sina, maître de la falsafa - Moheyddin Ibn Arabi ou l’unité de l’existence - Abu Hamid al Ghazali, artisan d’une écologie musulmane - Abd al-Raman Djami ou la poésie divinement inspirée - Al’Arabi Ad-Darqawi, du cosmos et de l’âme - L’émir Abd el-Kader, rebelle et mystique - Alchimie et christianisme cosmique : Jean Scot Erigène et l’invention de l’unus mundus - Saint François d’Assise en dialogue avec le soleil et la lune - Hadewijch d’Anvers et la chevalerie célestielle - Maître Eckhart et la passion de la déité - Michael Maier et l’alchimie mythologique - Paracelse ou l’intransigeance alchimique - Robert Fludd, le résistant de l’âme du monde - Jacob Boehme, le théosophe cordonnier - Serge Boulgakov ou le panenthéisme orthodoxe - Nicolas Berdiaev, un métaphysicien russe contre l’objectivation - Olivier Clément, un hermétiste au pays de l’orthodoxie - Le feu de l’insurrection romantique : Johann Wolfgang Goethe et la plante archétypale - Novalis, l’Orient, l’âme et la Nature - Caroline Von Gunderode, la beauté jusque dans la mort - Franz Von Baader, ésotérisme, sophia et révolution - Henry David Thoreau, l’ermite de Walden et le révolutionnaire - Lady Grégory, la lady du Celtic Revival - William Butler Yeats, théosophe et anti-impérialiste celte - Romand Rolland et le sentiment océanique - Khalil Gibran, un poète arabe sur les chemins de l’âme - Orients, de l’Inde au Japon : Rabindranath Tagore, un indien au service de l’âme universelle - Moreiheio Ueshiba ou l’Aïkido comme voie cosmique - Toshihiko Izutsu, ou le défi de la rencontre du Zen et de l’Islam - Science et Psychologie des profondeurs : Carl Gustav Jung et la psychologie des profondeurs - Carl Gustav Carus, le romantisme de la psyché et de la nature - Alfred North Whitehead, maître du procès et de la poussée créatrice - James Hillman et la psychologie archétypale - David Bohm, une science de l’unité du monde - Contreculture, pensée écologique et sagesse contemporaine : Louis Cattiaux et son message retrouvé - Théodore Roszak, visionnaire de la contreculture - Paul Shepard, chantre de l’écologie radicale - Bernard Gorceix et la vision de l’âme comme un « tout » - Pierre Hadot, ou la philosophie comme exercice spirituel - Georges Gusdorf, romantisme et prise de terre - Gilbert Durant et la ration hermetica - Emmanuel d’Hooghvorst, disciple d’Homère - |
nicolas
de cues |
Maurice de gandillac |
Edition ELLIPSE |
2001 |
Né en 1401 à Cues entre Coblence et
Trèves d’une famille de vignerons, Nicolas étudie à Padoue les mathématiques
et le droit. Canoniste renommé, il affirme en 1433 dans sa Concordance
catholique, que, les hommes naissant libres et égaux, tout pouvoir légitime
repose sur l’élection (ainsi le pape « patriarche d’Occident », n’a pleine
autorité que dans le monde latin et avec l’aval d’un collège de cardinaux,
représentants des fidèles). Sa Docte Ignorance (1440)
s’inspire de la « voie négative » des mystiques mais use des paradoxes de
l’infini (« coïncidence des opposés ») pour proposer une méthode d’ «
approximation » où se manifeste la puissance inventive et constructive de
l’entendement à partir de l’observation et de la mesure précise de tous les
phénomènes. Décrivant, avant Giordano BRUNO,
un monde infini, qui n’a ni centre ni circonférence, Nicolas suggère une
vision hardie de l’Incarnation et de la Trinité. Convaincu que les hommes,
usant de mots et d’images variés, en divers temps et lieux, pensent et
croient les mêmes vérités, l’année même où les Turcs s’emparent de
Constantinople, il suggère, dans l’esprit de Raymond LULLE, une conférence
internationale pour établir ce qu’il nomme la « Paix de la foi ». Auteur de traités et de dialogues
d’un ton libre, où l’homme simple (idiota) fait la leçon aux doctes
professionnels, ce cardinal, mort en 1461, édité d’abord par le français
LEFEVRE d’Étaples, longtemps oublié ou négligé, est considéré aujourd’hui en
Allemagne comme le précurseur de LEIBNIZ, de LESSING, voire de KANT et de
HEGEL. |
NIETZCHE - GUIDE DES CITATIONS |
OLIVIER MEYER |
Edition PARDES |
2005 |
||
Ce guide des
citations nourrit cette ambition. Car il est temps, Dieu est mort,
mais son cadavre- le nihilisme- nous empoisonne encore. Le
remède ? Nietzche nous a montré la voie, celle de Dionysos, la joie de
la destruction dans le jeu divin de la création. « Je suis de la
dynamite », le philosophe au marteau explose les préjugés – au premier
rang desquels, il place la morale – pour mieux créer les conditions de
la venue du Surhomme. Vous êtes prévenus, alors bonne lecture et
attention à la déflagration…
Si tu veux
le repos de l’âme et le bonheur, crois ; Si tu
veux être un disciple de la vérité, alors cherche. Nietzche a sacrifié
sa vie, les honneurs, pour la vérité. Elève surdoué, professeur de philologie
classique à l’université dès l’âge de 24 ans, ami de Wagner, il avait tout
pour réussir dans la vie, et mener une vie bourgeoise sans soucis où tout
aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais Nietzche, en bon
Européen à l’image de ses ancêtres germains, n’est pas de la race des
moutons, mais bien des bêtes de proie, rebelle à tous les conformismes,
faisant la guerre à tous les préjugés au nom de la vérité. Armé d’une
intelligence supérieure, il s’attaque d’abord aux classiques, au premier rang
desquels il place Socrate, qu’il juge décadent et source de toutes les
décadences en tant que penseur abstrait dialecticien. Il renouvelle la vision
de l’antiquité grecque en mettant en relief l’importance de la tragédie
et son esprit incarné par les archétypes Dionysos et Apollon. Influencé par Schopenhauer,
la naissance de la tragédie perçoit le monde comme un phénomène esthétique et
la tragédie comme l’art de la consolation métaphysique par excellence. Il trouva un temps
cet art en Wagner, avec qui il se lie d’amitié. Là encore, il aurait pu se
contenter de vivre dans l’ombre du Maître et ses grand- messes de
Bayreuth. Mais c’est mal récompenser un maître que de rester
éternellement un élève. Nietzche, dont l’audience des cours à l’université
faiblit à cause de ses théories iconoclastes, rompt avec Wagner et son
romantisme, en adoptant un tournant d’esprit libre, voltairien et critique.
Son style se précise, il se fait fulgurant, cherche la concision et la clarté
sous la forme d’aphorismes, fidèle en cela aux moralistes français qu’il
admire, tels que La Rochefoucauld et Chamfort. Son œuvre est d’abord
celle d’un psychologue discernant le vrai du faux dans de nombreux sujets de
société, mais toujours animée par un souci de grandeur. La grandeur
contrepoison de la décadence et du nihilisme est une idée-force qui sous-tend
toute son œuvre, que traduit bien une question qu’il se posa souvent depuis
son plus jeune âge, dans ses notes de réflexions :
l’ennoblissement est-il possible ? Cette motivation l’éloignera de la
société et de ses contemporains pour prendre le chemin de l’altitude, au sens
propre comme au sens figuré, lui «
l’aéronaute de l’esprit »,
pour se réfugier dans les massifs alpins, marcher, méditer et murir son
œuvre. La maladie – des douleurs oculaires et des céphalées -, d’origine peut
être syphilitique, lui donnera l’opportunité de quitter l’université avec une
pension et de devenir en 1879, à 35 ans un chevalier philosophe en quête du
graal, errant entre la riviera italienne et la riviera française, en
hiver, à Venise, au printemps et en Engadine (Suisse) en
été. Le graal va venir à
lui en août 1881 sous la forme d’une vision, la vision de Surlei en Haute
Engadine, au bord du lac Silplana, au pied d’un gigantesque roc de forme
pyramidale. Cette vision « à 6000 mille pieds par-delà l’homme et le
temps » est la vision de l’Eternel
Retour, l’idée force qui
va donner naissance au type du Surhomme. Si toutes choses reviennent
éternellement et nous avec, le Surhomme est l’homme dont la nature est assez
riche et la personnalité suffisamment forte pour s’en réjouir. C’est à la suite et
sur la base de cette révélation que Nietzche va écrire Ainsi parlait
Zarathoustra « le plus grand présent que
l’humanité ait jamais reçu ». Nietzche a recours à la figure
historique de Zarathoustra à des fins parodiques. Instigateur du monothéisme
et de la morale dans l’histoire, le réformateur perse devient avec Nietzche
le destructeur des anciennes tables et le chantre des nouvelles, surhumaines.
|
NIETZSCHE QUI SUIS-JE ? |
BRUNO FAVRIT |
Edition PARDES |
2002 |
Nietzsche n’a jamais prétendu
appartenir à la moindre école ou chapelle. Pas même à celle des philosophes,
c’est ce qui fait sa force mais aussi ce qui le rend suspect aux yeux des
bienpensants. Ils ont été nombreux, ceux qui auront tenté de faire parler sa
pensée, de lui faire intégrer le camp d’une vérité. Le travail d’exégète est
colossal. Ce livre montre que l’œuvre de Nietzsche est à l’image de l’homme
et de l’esprit qui l’a conçue : jaillissante, poétique, erratique,
aristocratique, imprévisible, contradictoire, surprenante. Elle ne peut laisser
quiconque indifférent. « Sois celui que tu es »,
commande Nietzsche à son lecteur, et pour ce faire, commençons par renverser
les vieilles idoles et les vieilles valeurs. Commençons par faire le choix
d’une grande santé. Mais Nietzsche explore bien d’autres directions :
Grand Midi, Eternel Retour, Volonté de Puissance, art, morale, tragédie
grecque, affirmation dionysiaque de la vie…Une telle singularité dans la
pensée occidentale, qui recourt à la fois à l’héritage grec et à
l’individualisme, ne peut être lue selon une logique manichéenne.
Il a rendu à l’action et à l’instinct leurs
lettres de noblesse, mais il a fait bien plus que cela : il a osé
revisiter des principes qui ont toujours appartenu à l’Europe des origines,
trop étouffés sous 20 siècles d’éducation judéo-chrétienne. Il est un
éveilleur que les âmes nobles et fortes se doivent de connaître et de
fréquenter. |
noël
& pÂques dans la tradition initiatique |
O. Mickaël AIVANHOV |
Edition PROSUETA |
1982 |
Les fêtes de Noël et de Pâques, annuellement célébrées dans toute la chrétienté pour commémorer la naissance et la résurrection de Jésus, s’inscrivent dans une longue tradition initiatique bien antérieure à l’ère chrétienne. Leur place dans le cycle de
l’année – solstice d’hiver et équinoxe de printemps – qui fait apparaître
leur signification cosmique, nous enseigne que l’homme, par son appartenance
au cosmos, participe intimement aux phénomènes de gestation et d’éclosion qui
se produisent dans la nature. Noël et Pâques, la deuxième naissance et la
résurrection, sont en réalité deux aspects d’un même processus : la
régénération de l’homme, son entrée dans le monde spirituel. |
NOUVELLE
TERRE |
Eckhart tolle |
Edition ARIANE |
2005 |
Fort du fantastique succès de son
ouvrage Le pouvoir du moment présent, Eckhart
Tolle propose aux lecteurs un nouveau livre dans lequel il jette un regard
honnête sur l’état actuel de l’humanité. Il nous implore de constater et
d’accepter que cet état, fondé sur une identification erronée à l’ego et au
mental, frôle la folie dangereuse. Dans son livre, ‘’Nouvelle
Terre’’, Eckart Tolle jette un regard honnête et sans complaisance sur l'état
actuel de l'humanité. Il nous implore de constater et d'accepter que cet
état, fondé sur une identification erronée à l'égo et au mental, frôle la
folie dangereuse. Mais il y a aussi de bonnes nouvelles... L'humanité peut et
doit saisir aujourd'hui l'occasion qui lui est offerte de créer un monde plus
sain et plus aimant. En faisant d'abord la lumière sur la nature de ce
changement radical des consciences, avec bienveillance et en termes très
pratiques, il nous amène vers cette nouvelle conscience afin que nous
puissions faire l'expérience de QUI nous sommes vraiment, chose infiniment
plus grande et plus belle que ce que nous pensons être actuellement. L'égo est non seulement le mental
non conscientisé, la petite voix dans la tête qui prétend être vous,
mais également les émotions non conscientisées qui sont les réactions du
corps à ce que cette voix dit. Nous avons déjà vu le genre de pensée dans
lequel cette voix s'engage la plupart du temps et le dysfonctionnement qui
est inhérent à la structure des processus de la pensée, peu importe leur
contenu. Cette pensée dysfonctionnelle est ce à quoi le corps réagit par des
émotions négatives. La voix dans la tête raconte une histoire à laquelle le
corps croit et réagit. Ces réactions sont les émotions. A leur tour, les
émotions alimentent en énergie les pensées qui ont en premier lieu engendré
l'émotion. Tel est le cercle vicieux des pensées et des émotions non
conscientisées, cercle vicieux qui génère la pensée émotionnelle et les
mélodrames émotionnels. La composante émotionnelle de
l'égo diffère d'une personne à une autre. Chez certains égos, elle est plus
importante que chez d'autres.
Les pensées qui déclenchent les
réactions émotionnelles dans le corps peuvent parfois arriver si vite que,
avant que le mental ait le temps de les verbaliser, le corps a déjà réagi
avec une émotion, et celle-ci est devenue une réaction. Comme ces pensées
existent à un stade préverbal, on pourrait les qualifier de suppositions
inconscientes non verbalisées. Elles prennent leur source dans le
conditionnement de la personne, en général dans celui de la tendre enfance.
L'énoncé "on ne peut pas faire confiance aux autres" est le genre
de supposition inconsciente que fait une personne dont les premières
relations avec ses parents et ses frères et sœurs, n'ont en rien permis
d'inspirer ou de susciter la confiance. Voici quelques autres suppositions
inconscientes communes : "personne ne me respecte ni ne
m'apprécie". "J'ai toujours besoin de me battre pour survivre"
"je n'ai jamais assez d'argent», la vie nous laisse toujours
tomber". "Je ne mérite pas l'abondance". Je ne mérite pas
l'amour". Ces suppositions inconscientes créent des émotions dans le
corps qui engendrent ensuite une activité mentale et des réactions immédiates.
C'est ainsi qu'elles créent votre réalité personnelle. La voix de l'égo dérange
continuellement l'état naturel de bien-être du corps. Presque tous les corps
humains subissent une grande quantité de stress et de fatigue. Pas parce
qu’ils sont menacés par des facteurs extérieurs, mais à cause du mental. Le
corps est rattaché à un égo et ne peut faire autrement que de réagir à tous
les schèmes de pensées dysfonctionnelles fabriquées par l'égo. Il s'en suit ainsi que le flot incessant de pensées
compulsives est accompagné d'un flot d'émotions négatives. Qu'est-ce qu'une
émotion négative? C'est une émotion qui est toxique pour le corps et qui
interfère avec l'équilibre et l'harmonie de ce dernier. La
peur, l'anxiété, la colère, le ressentiment, la haine, la jalousie, l'envie
sont toutes des émotions qui dérangent la circulation de l'énergie dans le
corps, qui troublent le cœur, le système immunitaire, la digestion, la
production d'hormones, etc...Même le courant médical traditionnel commence à
reconnaitre le lien entre les états émotionnels négatifs, et les maladies physiques. Une émotion qui fait du tort au corps affecte également les
gens avec qui vous entrez en rapport, et indirectement par un processus de
réaction en chaîne, d’innombrables autres personnes que vous ne rencontrerez jamais. Il existe un terme générique chapeautant toutes les
émotions : le malheur ou la misère. Alors, est-ce que les émotions
positives ont des effets positifs sur le corps? Est-ce qu'elles renforcent le
système immunitaire, revigorent et guérissent le corps? Oui, effectivement. Mais il faut faire ici une distinction entre les émotions
positives générées par l'égo, et celles plus profondes qui émanent du lien
naturel que vous entretenez avec l'ÊTRE en vous. Les émotions positives
générées par l'égo contiennent déjà en elles-mêmes leur opposé en qui elles
peuvent rapidement se transformer. En voici quelques exemples. Ce que l'égo
appelle l'amour est de la possessivité et de la dépendance, pouvant basculer
vers la haine en quelques secondes. L’anticipation, qui correspond à une
valorisation trop grande d'un évènement futur par l'égo, se transforme
facilement en son opposé, lorsque cet évènement est passé ou ne comble pas
les attentes de l'égo. Les louanges et la reconnaissance vous rendent vivant
et heureux une journée, alors que les critiques et l'ignorance des autres
vous font sentir abattu et malheureux le lendemain. Le plaisir d'une soirée
folle se transforme en noirceur et gueule de bois le lendemain matin. Il n'y a pas de bien sans mal, de haut sans bas. Les émotions générées par l'égo proviennent de
l'identification du mental aux facteurs externes qui sont bien entendu, tous
instables et sujets aux changements à n'importe quel moment. Les émotions
profondes ne sont pas des émotions mais plutôt des états de l'ÊTRE en nous.
Les émotions se situent dans le domaine des opposés, alors que les états de
l'ÊTRE se situent dans le domaine dénué d'opposés. Même si elles peuvent par
contre, être étouffées, elles émanent du plus profond de vous sous la forme de
joie, d'amour et de paix, autant d'éléments faisant partie de votre véritable
nature. |
10 O
ŒUVRES COMPLÈTES DU PSEUDO DENYS l’ARÉOPAGITE |
Préface et traduction de Maurice
GANDILLAC |
Edition AUBIER |
1943 |
Denys L’Aréopagite est très connu par
sa hiérarchie céleste et par son apophatisme -négation des appellations
de DIEU- (ce qu’il appelle la négation
transcendante). La pensée de Denys exerça au Moyen Âge une véritable
fascination. Le fait qu’on tienne Denys pour un converti de Paul et pour un
témoin de quelque enseignement apostolique secret y contribuait, mais la
raison de la profonde influence de l’Aréopagite est à chercher dans la
richesse de sa doctrine mystique. Hugues de saint Victor, Albert le Grand,
Bonaventure, Thomas d’Aquin Robert Grosseteste et Scot Erigène ont tous puisé
leurs idées dans l’œuvre et les pensées de Denys Denys représente une des
tentatives les plus radicales de réconcilier le message évangélique et la
tradition néoplatonicienne, tentative séduisante pour une Eglise jeune encore
qui n’a cessé de platoniser tout en se méfiant de Platon. De plus, malgré les
difficultés de son système, il rapproche les démarches non réfléchies du
simple fidèle des symboliques du mystique : le premier attribue
spontanément à Dieu les noms dont use l’Ecriture, le second, conscient de
leur impropriété, en use en les dépassants, mais tous deux doivent finalement
reconnaitre que le dernier mot de la science de Dieu est le silence et la
négation de tout ce qui est. Le corpus Dionysien comprend dix
lettres et quatre traités. Au sommaire de cet ouvrage : Le mythe
dionysien - le corpus dionysiacum -
l’influence dionysienne - Les noms divins 6 Un
Dieu aux noms en nombre infini - La théologie
mystique, discrète et commune - La négation transcendante ou apophatique La hiérarchie
céleste des anges, archanges et autres Séraphins - La hiérarchie
ecclésiastique Lettres à Gaïos –à
Dorothée - à Sosipater
- à Polycarpe - à
Démophile - à Titos - à Jean
- |
ORCET
- Œuvres dÉcryptÉes -TOME I
- |
GRASSET D’ORCET |
Edition
EDITE |
2002 |
Claude Sosthène Grasset d’Orcet
(1828-1900) est une figure fort méconnue de la littérature du XIXème siècle.
Son œuvre, très originale, reste encore presque entièrement à découvrir. Paul
Vuillaud, Fulcanelli et Eugène Canseliet furent les seuls à l’avoir très
rapidement cité. Jusqu’à aujourd’hui, le lecteur n’avait à sa disposition que
quelques articles publiés en 1976 sous le titre de Matériaux Cryptographiques C’est pourquoi la parution des
œuvres complètes de Grasset d’Orcet, pour le centenaire de sa mort, par les
éditions édite, est un grand événement littéraire auquel nous pouvons rendre
hommage. L’essentiel de ce que nous savons de Grasset
d’Orcet vient de la notice biographique que La Revue Britannique lui a consacrée au moment de
sa mort. Claude Sosthène Grasset d’Orcet est né le 6 juin 1828 à Aurillac ;
son père, un notable local, était maire et conseiller général de Mauriac. Il
fit ses études au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly.
Licencié en droit à Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur
en chef à partir de 1843 de la Revue
Britannique.
Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la
Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à
Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et
de la littérature. Il collabora, avant 1870, à La Cloche, au Figaro, fit du reportage pour l’agence Havas sous la
Commune et publia ensuite des études sur l’art, la politique, des nouvelles,
des notes de voyage dans les journaux et revues de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil, L’Orient, Le
Monde illustré.
Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La revue Britannique plus de 160 articles de 1873 à
1900. Il donna aussi des articles à La Nouvelle Revue à partir de 1883. D’après les
témoignages de son biographe anonyme, Grasset d’Orcet n’a jamais eu
d’ambitions personnelles dans le milieu littéraire et prêta souvent sa plume
de rédacteur à autrui, il aurait même été plagié par Joséphin Péladan. Pour
la méthode de cabale phonétique, à laquelle fait notamment allusion
Fulcanelli, Grasset d’Orcet serait proche d’un certain P.L de Gourcy, auteur
des Lettres philosophiques publiées à Metz en 1806. Enfin Grasset d’Orcet avait la
réputation d’être solidement attaché aux principes conservateurs et serait
mort en chrétien, à Cusset, dans
l’Allier, le 2 décembre 1900. On sait aussi qu’il prit le pseudonyme d’Hiram
Hull pour publier sa nouvelle La
Comtesse Schylock, chez Plon. La liste de ses articles montre l’éclectisme de ses
préoccupations, mais plus que les problèmes de politique et de diplomatie sur
Chypre ou la route des Indes, il faut retenir que Grasset d’Orcet a été un
précurseur et fervent utilisateur de la langue des dieux ou langue des
oiseaux. Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de sa
biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des
pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses
secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail
sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires
et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes,
archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer. Depuis quelques décennies,
venus d’horizons variés, des chercheurs se sont mis à découvrir les articles
épars de La Revue Britannique ou de La Nouvelle Revue mais, vingt ans après, ces
chercheurs n’avancent pas trop et nous plongent dans l’ignorance sur des points essentiels
et « incontournables ». Pas une biographie classique dans le domaine de
l’histoire des idées : quelles sont les influences subies par Grasset ? Les
sources utilisées ? L’audience exercée ? Les réseaux fréquentés ? Loin de
l’histoire officielle enseignée dans les collèges, les lycées et les
universités de la République, loin aussi de l’histoire pratiquée dans les séminaires
catholiques et les académies, Grasset d’Orcet a construit son propre système
de références, en apparence prolem
sine matre creatam. À mon avis, la question
essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe siècle
d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large courant
ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la difficulté
majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon Grasset
d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la tradition
antérieure. En un mot, le problème des
sources utilisées par Grasset d’Orcet peut et doit mobiliser les énergies de
la recherche future. Il faudrait un énorme livre rempli de gloses, de
commentaires et d’interprétations pour rendre compte des très nombreux
articles de Grasset d’Orcet. Déjà en 1997, « Limousin Espalier » (in L’Art Royal, trahison des clercs. Les Brisées de
Grasset d’Orcet)
y a consacré 299 pages avec 831 notes infra-marginales érudites : c’est un
bon début. D’autres étudient les collaborateurs et le contenu des revues où
écrivait Grasset d’Orcet ; quelles furent les relations entre ces revues et
les autres grandes revues de la vie intellectuelle parisienne : La Revue historique, La Revue des Questions
historiques, La Revue des Deux Mondes, etc. ? Au
sommaire de ce 1e tome nous y trouvons : Les empires de la lune et du
soleil - Les quatre premiers livres de
Pantagruel - Le 5e livre de Pantagruel -
Le premier livre de Rabelais
- La préface et le songe de Poliphile -
Claudius Popelin et son œuvre
- Le musée rétrospectif du
Trocadéro - Le rire sardonique -
Vêpres siciliennes - Les sectes musulmanes du Nord de l’Afrique
et la conférence du capitaine Ney
- Les prophéties de Dante - La Corse et Cosme de Médicis -
L’encyclique « immortale Dei » et la sépulture de Fra
Angelico. Un musée byzantin à Ravenne
- La Bulgarie et les
boulgres - La béatification de Jeanne d’Arc -
les guelfes et l’ogive en Italie
- Giordano Bruno -
L’évolution pontificale - Un discours du commandeur Negri -
Les sacrifices rituels en Orient et les juifs d’Orient -
La Rose d’Or et son histoire
- Un vers de Dante et L’école dantesque -
le coran des cordeliers, Virgile gaulois -
France et Turquie, alliance et relations séculaire - |
ORCET
- Œuvres dÉcryptÉes -
tome II - |
GRASSET d’orcet |
Edition Edite |
2003 |
Ce second tome de Grasset D’Orcet
nous transporte dans un univers ésotérique et occulte : Au sommaire de ce tome 2 et avant la
Révolution française de 1789, l’auteur nous emmène : De l’androgyne dans
l’art ancien et moderne - Le noble savoir -
Un blason - Les rapports des Druzes avec les Grands
Ducs de Toscane - L’aiguille de Cléopâtre et le commandant
Gorringe - les derniers instants de Lusignan -
John Gilpin, héros solaire
- La Côte d’Or -
Le Ku-Klux-Klan - Anecdotes à propos de Cavour -
A propos de la devise de Savoie
- Un nouveau Stemma -
Pie IX était-il Franc-maçon ?
- Le 4e centenaire
de Christophe Colomb - Les juifs et Christophe Colomb -
Les Bonaparte - Publication du codex Atlanticus de Léonard de Vinci -
Les juifs dans l’Europe Orientale, les Karaïtes, Askénazim, et
Sépharadim - La lettre de protestation du Pape -
Une page d’histoire - Les Stratiotes -
La Reine Victoria et l’Arioste
- Les origines musulmanes de
la Reine Victoria - Les collaborateurs de Shakespeare -
Un portrait pseudo-divin
- Souvenirs historique de
l’Albanie et des albanais - Au Vatican autrefois et aujourd’hui - |
ORCET - souvenirs
de GRASSET D’ORCET |
grasset
d’orcet |
Edition ÉDITE |
2004 |
Pour
mieux comprendre un auteur fondamental. Claude-Sosthène Grasset d'Orcet fait
partie de ces auteurs dont on parle beaucoup, qu'on lit hélas trop peu, et
dont on ignore tout de l'existence. Considéré comme le gourou des milieux
occultistes de la fin du XIXème siècle, il jouit d'une réputation sulfureuse
jamais démentie et atteint presque au statut de personnage mythique. Pourtant, si sa vie fut un roman, rien ne vient y confirmer cette
étrange renommée. Homme pudique et discret, il ne livre que des notations
éparses sur lui-même, mais suffisantes pour que l'on puisse reconstituer des
pans entiers de sa biographie. On y découvre la profonde sensibilité et
l'infatigable ardeur d'un chercheur génial et désintéressé, un des rares,
comme René Guénon, Robert Graves ou Mircea Eliade, capables de faire une
synthèse entre l'ésotérisme, la mythologie et la science. Les textes
présentés apportent aussi des compléments essentiels aux multiples sujets
d'étude abordés dans les volumes précédents. Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828-1900) est
une figure fort méconnue de la littérature du XIXème siècle. Son œuvre, très
originale, reste encore presque entièrement à découvrir. Paul Vuillaud,
Fulcanelli et Eugène Canseliet furent les seuls à l’avoir très rapidement
cité. Jusqu’à aujourd’hui, le lecteur n’avait à sa disposition que quelques
articles publiés en 1976 sous le titre de Matériaux
Cryptographiques C’est
pourquoi la parution des œuvres complètes de Grasset d’Orcet, pour le
centenaire de sa mort, par les éditions édite, est un grand événement
littéraire auquel nous pouvons rendre hommage. L’essentiel
de ce que nous savons de Grasset d’Orcet vient de la notice biographique que La Revue Britannique lui a consacrée au moment de sa mort. Claude
Sosthène Grasset d’Orcet est né le 6 juin 1828 à Aurillac ; son père, un
notable local, était maire et conseiller général de Mauriac. Il fit ses études au petit séminaire de Clermont
et au collège de Juilly. Licencié en droit à Paris, il se lie d’amitié avec
Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de 1843 de la Revue Britannique. Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il
voyagea ensuite dans la Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un
moment agent consulaire à Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et
vécut du journalisme et de la littérature. Il collabora, avant 1870, à La Cloche, au Figaro, fit du reportage pour l’agence Havas sous la
Commune et publia ensuite des études sur l’art, la politique, des nouvelles,
des notes de voyage dans les journaux et revues de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil, L’Orient, Le
Monde illustré. Érudit, philologue, historien, littérateur, il
fournit à La revue Britannique plus de 160 articles de 1873 à 1900. Il donna
aussi des articles à La
Nouvelle Revue à partir
de 1883. À mon avis, la question essentielle est de
retrouver dans la production littéraire du XIXe siècle d’autres témoignages
permettant d’affirmer l’existence d’un large courant ésotérique, héritier
lui-même des siècles précédents. Mais la difficulté majeure vient du fait que
la Révolution française aurait, selon Grasset d’Orcet lui-même, détruit
volontairement toutes traces de la tradition antérieure. Au
sommaire de cet ouvrage : De l’alcoolisme en littérature
- Tragodes et moirologues -
Chypre - La Bulgarie -
Vieux types bretons - Idalie et ses sacrifices humains -
Monsieur Renan en Phénicie
- Mouzoura -
Le vieux dictionnaire - Alfred de Musset au café de la
Régence - Manuscrits inédits -
Correspondances inédites - 420 pages et de très nombreuses illustrations pour
illustrer les souvenirs de ce grand occultiste de la fin du XIXème siècle qui
fut un témoin de son temps. Au chapitre 10
O, il y a 2 tomes de Grasset
d’Orcet : Œuvres décryptées -
|
ORCET - LE DOUBLE LANGAGE DE Rabelais |
Grasset D’Orcet |
Edition L’Oeil du Sphinx |
2015 |
Cette réédition est d’importance.
La contribution apportée par Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) à
l’exégèse rabelaisienne est fondamentale et trop méconnue alors qu’elle
permet de saisir toute la subtilité de l’enseignement de Rabelais et
notamment sa dimension hermétiste mise en évidence par les remarquables
travaux de Claude Gaignebet. Dans une belle préface, Michel
Aulonne nous rappelle l’apport de cet aventurier globe-trotter d’une grande
lucidité. Passionné d’archéologie, spécialiste du déchiffrement des
écritures, connaissant parfaitement le vieux français, le latin, le grec,
ancien et moderne, l’anglais, l’italien, l’occitan, mais ayant de bonnes
notions de bien d’autres langues, il fait dialoguer mythèmes et métaphores et
maîtrise de manière originale et pertinente la symbolique comme l’héraldique. Comme le remarque Michel Aulonne,
les méthodologies choisies ou créées par Grasset d’Orcet ne sont guère
scientifiques. Il reconnaît lui-même des erreurs. Cependant il nous propose
selon Limousin Espalier, « une heuristique véritable et féconde ». C’est
cette heuristique qui nous permet de saisir, dans l’absurde de l’apparence
rabelaisienne, la profondeur d’un enseignement traditionnel et hermétiste en
même temps qu’une critique libertaire très objective de la société du temps de
François Rabelais. Le livre rassemble cinq longs
articles de Grasset d’Orcet sur l’œuvre de Rabelais : Rabelais et les
quatre premiers livres de Pantagruel – Les Gouliards – Les ménestrels de
Morvan et de Murcie – Le cinquième livre de Pantagruel – Le premier livre de
Rabelais. Ils sont complétés par deux textes de Joséphin Péladan (1858 –
1918) qui s’est largement inspiré des travaux de Grasset d’Orcet tout en les
esthétisant : Les songes drolatiques de Rabelais – La clé de Rabelais. Grasset d’Orcet fait souvent le
lien entre Rabelais et les sociétés de métier ou les corporations de son
époque, gardiennes d’un enseignement à la fois technique et spirituel dans
lequel, symboles et mythes s’organisent en un langage subtile et particulièrement
riche. Cette dimension de l’œuvre rabelaisienne vaut à François Rabelais
d’être un peu abusivement considéré comme un père de la Franc-maçonnerie.
L’important est de ne pas perdre tout un art de la langue sans lequel les
connaissances hermétistes, et particulièrement l’alchimie, deviennent
inaccessibles. Le symbolisme à l’œuvre chez Rabelais est vivant et créatif
quand celui de notre monde contemporain, réduit à une simple représentation,
est devenu stérile. |
OSER LA BIENVEILLANCE - |
Lytta Basset |
Edition Albin Michel |
2014 |
Qui croit encore au péché originel ? Les églises elles-mêmes n’en parlent plus guère, et la sécularisation nous a fait ranger ce dogme au rang des vieilleries moralisantes. Et pourtant ! Après avoir terrorisé nos ancêtres, il fait encore sentir ses ravages dans bien des domaines, et notamment celui de l’éducation : que nous le voulions ou non, nous avons intégré cette perception négative de la nature humaine, et la reproduisons sans cesse. Lytta Basset décrit ici la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin, et qui contredit les premiers Pères de l’église ; elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’évangile : tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus nous appellent à développer un autre regard sur l’être humain fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ, et le resteront toujours. Appuyé sur le socle de la Bienveillance originelle, chacun de nous peut et doit oser la bienveillance envers lui-même et envers autrui, et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité. Mobilisant les ressources de la psychologie, de la philosophie et des sciences humaines, voici un ouvrage novateur et fondateur, propre à renverser notre vision de l’humanité, de son potentiel et de ses limites. Au sommaire de cet ouvrage : Les ravages de la doctrine du péché originel : Une société souffrante - Une doctrine toxique - Un autre regard sur les humains - La dynamique du livre - Quelques balises personnelles - Saint Augustin - L’humanité vouée à l’enfer - Une dérive pathologique propre à l’occident - Mécompréhension des textes bibliques - la Genèse - Une doctrine incompatible avec le judaïsme et l’enseignement de Jésus - De la propagande culpabilatrice à nos fléaux sociaux - Une traque obsessionnelle - La surdité au message de libération - les dualismes destructeurs - La condamnation scientifique e l’espèce humaine - Psychologie et psychanalyse - Prendre en compte toute la réalité humaine : Naissance et survie - L’expulsion du paradis intra-utérus - La capacité innée à se défendre - L’empathie inscrite en l’humain - les justes - L’empathie divine - La lente prise de conscience - Les faits et les effets - Violence éducative et type de société - Malheur et malfaisance, la part du mystère - le mystère de la cécité - les héritages transgénérationnels - l’énigme du serpent - Le « péché » biblique sur fond de malheur : Souffrance, repli sur soi et rupture de relation - La non-relation à l’autre, une variété de symboles - sortir de soi, un combat spirituel au quotidien - Ex nihilo ? - Choisir de refuser la fatalité - L’humain, ni bon ni mauvais mais à l’image de Dieu - Une bienveillance qui incite à devenir responsable : Zachée ou la bienveillance originelle - Une bienveillance à l’abri du désir et qui traite d’égal à égal - Une bienveillance désireuse de relations qui durent - Une bienveillance qui pousse à des actes responsables et qui accueille autrui dans ses limites du moment - Une bienveillance qui rend clairvoyant et qui réveille en l’humain sa capacité relationnelle - Une bienveillance restauratrice du tissu humain et qui est capable de faire abandonner la culpabilité et le perfectionnisme - Evangile de Luc - Caïn ou que faire du mal que j’ai fait ? - De l’irresponsabilité collective à l’autorité du « je » - |
ouspensky - fragments d’un enseignement
inconnu |
P. D.
ouspensky |
Edition STOCK |
1961 |
Au cours de ses voyages en Europe,
en Égypte et en Orient, à la recherche d’un enseignement qui résoudrait pour
lui le problème des relations de l’Homme à l’Univers, P.D. Ouspensky avait
été amené à connaître Georges Gurdjieff dont il était devenu l’élève. C’est
de Gurdjieff qu’il est question tout au long de ce livre sous l’initiale « G
». Fragments d’un enseignement inconnu est le récit de huit années de travail
passées par Ouspensky auprès de Gurdjieff. Cette idée des dimensions fascine
Ouspensky, qui apparemment a hérité cet enthousiasme de son père ; il
s’intéresse au rapport du temps à la quatrième dimension : si l’homme
pénétrait une dimension supérieure, il pourrait percevoir son « long
corps temporel », il pourrait être témoin de son passé, de son présent,
de son futur, et vivre en conséquence. Pour Ouspensky, c’était là une vision
inestimable, capable de modifier le cours entier d’une vie. Ouspensky
entreprend aussi d’étudier d’un point de vue théorique des dimensions plus
hautes que la quatrième, notamment celle de l’éternel retour – une dimension
où notre vie présente a déjà été vécue un nombre infini de fois. Ces idées
sont à la base de son roman L’étrange
vie d’Ivan Osokin. ‘’J’étudiai la littérature consacrée aux sciences
occultes ; je fis toutes sortes d’expériences psychologiques inspirées des
Yogi et des méthodes magiques, je publiai plusieurs livres, dont Tertium Organum, et je fis des
conférences sur le Tarot, sur Superman, sur les Yogis, etc. ».
Ouspensky déclara plus tard que le stimulant le plus efficace pour la
connaissance de soi et le rappel de soi était l’insatisfaction provoquée par
notre état actuel, et que rien ne peut inciter davantage à progresser sur la
voie de l’évolution intérieure que la répugnance envers le sommeil. Ouspensky continue de chercher une
solide pierre angulaire de sagesse ; il étend ses recherches à d’autres
domaines de la littérature et se rend dans des contrées encore plus
exotiques. Ressentant le besoin d’un enseignement direct, il cherche à entrer
en contact avec des écoles de sagesse, qui, croit-il, pourraient subsister,
comme les derniers vestiges d’anciennes traditions à présent disparues.
Mais beaucoup d’autres éléments se mêlaient aussi à tout cela : « « la peur de
m’égarer dans une mauvaise direction, la peur de commettre une erreur
irréparable, la peur de perdre des possibilités. Toutes ces peurs disparurent
quand je commençai, d’une part, à acquérir de la confiance en moi-même et,
d’autre part, à avoir une foi pratique dans le système. »
Au début des années 1900, Ouspensky s’aventure au Moyen-Orient et en
Extrême-Orient, recherchant des traces de la Connaissance perdue. De retour
en Russie, il donne des conférences sur sa recherche du miraculeux. Ses
présentations attirent de nombreuses personnes intéressées par le sujet. Lors
d’une de ces conférences, il est abordé par deux auditeurs qui lui
conseillent de rencontrer un étranger mystique visitant la Russie à ce
moment-là. En 1915, Ouspensky rencontre George Gurdjieff
et il reconnaît immédiatement que celui-ci possède cette connaissance qu’il
avait cherchée au loin. Il devient l’élève de Gurdjieff, qui lui enseignera
pendant dix ans les principes de la Quatrième Voie. L’enseignement a pour
toile de fond le déclin de l’ordre social en Russie, qui, d’une certaine
façon, le complète. Le ‘Travail’, comme l’appelle Gurdjieff, ne peut avoir
lieu que sous pression ; rien ne peut être considéré comme acquis et les
étudiants sont soumis à des tests essentiels visant à faire primer le
spirituel sur le physique. L’actualité force Gurdjieff et Ouspensky à
déménager. Entretemps, l’enseignement de Gurdjieff a changé de forme et a
pris une direction différente, ce qui amène Ouspensky à le quitter et à
continuer à travailler séparément. Ouspensky s’installe à Londres en 1930.
Là, il commence à enseigner la Quatrième Voie, tout en rédigeant des textes
se rapportant au système que lui avait enseigné Gurdjieff. Ouspensky décède
en Angleterre, à Lyne Place, le 2 Octobre 1947. |
OUSPENSKY
-
UN NOUVEAU MODÈLE DE L’UNIVERS |
P. D. OUSPENSKY |
Edition STOCK |
1996 |
Dans un nouveau modèle de
l’Univers écrit en 1914 et aujourd’hui édité en langue française pour la
première fois, P.D. Ouspensky
décrit sa propre quête d’une forme de vérité concernant des questions aussi
fondamentales que la place de l’homme dans l’Univers, l’Inconnu, le monde
invisible, en partant de l’idée, toujours, que la véritable civilisation
n’existe que dans l’ésotérisme, et que la civilisation occidentale moderne
souffre d’une barbarie profonde due à l’absence de pensée ésotérique. Faisant appel aussi bien au
christianisme, au judaïsme, aux philosophies orientales, au symbolisme du
Tarot, au mysticisme expérimental, à l’étude des rêves, à l’hypnotisme, au
Yoga mais également aux sciences et en particulier à la physique ancienne et
moderne, l’auteur tente de répondre aux questions suivantes : quelle
forme le monde a-t-il ? Le monde est-il un chaos ou un système ?
L’univers existe-t-il accidentellement ou a-t-il été créé conformément à un
plan ? Cet ouvrage de 750 pages essaie de
répondre à un besoin croissant chez l’homme de s’interroger sur ses origines
et sur le sens de son existence en ayant recours à des croyances et
traditions anciennes. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’ésotérisme et la pensée
moderne : La légende Salomon, celle
du Saint Graal, mysticisme et connaissance cachée -
Evolution et transformation - La religion des mystères et leur
évolution - L’ésotérisme , son contenu, comment le
pratiquer, la culture des civilisations
- les différents niveaux chez
les homme - le barbarisme et ses ramifications - le
grand laboratoire - Chapitre 2 : La quatrième dimension : L’idée de la connaissance cachée - le
problème du monde invisible - Qu’est-ce que la quatrième dimension ? -
Deuxième et troisième dimension
- notre relation avec
l’invisible - relation de temps et d’espace dans la
matière - la quatrième dimension en nous -
Alchimie, métaux, Magie, matérialisation et dématérialisation - Chapitre 3 : Le Surhomme : Permanence de l’idée du surhomme dans l’histoire
de la pensée et nouveauté imaginaire de l’idée de surhomme -
le surhomme d’après Nietzsche peut-il être un être compliqué et
contradictoire ? - le surhomme et la connaissance cachée -
le Christ d’après Nietzsche et Renan
- le diable de Dostoïevski -
Pilate et Judas - le magicien et le rituel -
L’éternité et la possibilité des mondes infinis - le
Sphinx et son énigme - la légende de Moïse dans le Talmud - Chapitre 4 : Le Christianisme et le nouveau Testament : L’ésotérisme dans les évangiles et son élément émotionnel - Légendes et doctrines, le drame du Christ,
sa filiation, son enseignement et sa
mort -
les écoles de mystères grecs
- la Rédemption -
Que ceux qui ont des oreilles entendent -
les paraboles de Jésus - le grain de blé de Jésus en rapport avec
les mystères d’Eleusis - la prière de Socrate -
Compassion et sacrifice - le Saint Esprit -
les miracles et guérisons de Jésus
- Chapitre 5 : Le symbolisme du Tarot : Son histoire - Système et
synopsis des sciences hermétiques et occultes, symbolisme de l’alchimie, de
la Kabbale et de la magie - le nom de Dieu et les quatre principes -
Oswald Wirth - Divers commentaires sur la force de la
magie - Eliphas Levi - la
philosophie hermétique - les diverses disciplines que l’on peut
développer dans l’étude du Tarot - Chapitre 6 : Qu’est-ce que le Yoga ? : Les enseignements secrets de l’Inde -
les yogis et les fakirs - les écoles de Yoga avec leurs maitres,
leurs enseignements, les bienfaits, les différentes disciplines, le Hatha
Yoga, le Raja Yoga, le Karma Yoga, le Bhakti Yoga, le Jnana Yoga - Chapitre 7 : De l’étude des rêves et de l’hypnotisme : La vie étrange des rêves - la psychanalyse -
les différents sommeils - les grandes différences entre les
rêves - le contrôle de la conscience par
l’hypnotisme - les phénomènes de médiumnité -
l’hypnose particulière et celle de masse -
hypnose et médecine - Chapitre 8 : Le mysticisme expérimental : Magie et mysticisme -
méthode des opérations de base
- la respiration et le souffle - le
cœur -
les voix de l’état transitoire - les
divers mondes inférieur et extérieur
- tentatives de visions à
distance - Chapitre 9 : A la recherche du miraculeux : Notre Dame de Paris, l’Egypte et les pyramides, le
Sphinx, les derviches tourneurs Chapitre 10 : Un nouveau modèle de l’Univers : La forme de
l’univers - L’espace et le temps
séparé - le principe de la matière et sa conservation - la
gravitation - l’éther
- Einstein - le
temps en forme de spirale - les trois dimensions du temps -
les divisions de la vitesse - la septième dimension -
l’espace céleste - les phénomènes de temps et d’espace - Chapitre 11 : L’éternelle récurrence et les lois de Manu :Enigme de la naissance et de la mort -
Transmigration des âmes - Paul,
Origène, Jésus, - La courbe du temps et de l’éternité -
Réincarnations - le Christianisme et le juif errant - Chapitre 12 : Sexe et évolution : Mort et
renaissance - Evolution du sexe -
les diverses composantes et pathologies du sexe -
transmutation et ascétisme -
Bouddha et le Christ…… .. Né en 1878 à Moscou, Ouspensky fut longtemps
élève de Gurdjieff, il le quitta pour partir à Londres où il fonda sa propre
école. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le plus connu est :
« Fragment d’un enseignement inconnu » (voir le livre précédent).
Il est mort à Londres en 1947 |
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