Chapitre10 E - K
(Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité) |
10 E
ÉGYPTE : LE PASSAGE - LE CHEMIN DE LA LIBÉRATION ET L’ALLIANCE AVEC DIEU |
Carole Aliya |
Edition Rafael de Surtis |
2014 |
L’initiation ne supporte ni la grandiloquence, ni les effets
de manche, ni l’exposition, ni le bruit. L’authenticité réside dans le silence,
l’élégance minimaliste et l’interne. Le voyage est au cœur du procès
initiatique et c’est en Egypte que Carole Aliya a laissé venir à elle la
matière de ce livre lors de deux séjours intitulés « Retrouver sa divinité »
et « Le passage pour renaître ». Loin de toute rhétorique, de toute érudition stérile, de toute
polémique intellectuelle, elle avance sans adhérence dans les multiples
facettes de l’expérience spirituelle. Elle invite à plonger dans la Ténèbre,
et non les ténèbres, la demeure de l’Être. « Ce qui est initié ici, dit-elle, est le chemin de la transcendance par la purification de nos croyances, de notre ego pour qu’il se remplisse de Lumière, qu’il se réajuste, s’élève, grandisse. Comment parvenir au Père si vous avez un ego démesuré, ou si vous êtes dépassés par les problèmes du passe, non guéris, abusés par des illusions mal faites ou des illusions parfaites ? Comment y parviendrez-vous si vous ne déposez pas vos bagages ici présents et si vous ne vous laissez pas faire par Lui, si vous vous accrochez à vos acquis, à votre savoir, à vos diplômes, à vos titres de thérapeute ? Comment comptez-vous y parvenir avec un ego non purifié ? » Carole Aliya invite à une nudité permanente conduisant à la non-séparation, à l’accueil de ce qui se présente. Dépouillement, guérison, amour, liberté, rayonnement constituent quelques-unes des étapes de ce chemin très christique mais qui transcende les formes, les identifications, les nominalisations et les attributs. Tout peut être traversé pour une toujours plus grande clarté pour un éveil sans fin. A chaque pas, la place se fait plus vaste pour l’être. La respiration se fait offrande et abandon. Le regard se fait étonnement. La conscience est émerveillement. « Le souffle de Dieu, insiste-t-elle, est cette force qui balaie tout sur son passage. Néanmoins, au lieu d’aller vers cet infini, nous stigmatisons notre passé. Nous le travaillons, retravaillons, « thérapeutons » dans tous les sens, avec une multitude d’outils. La vie nous invite pourtant à balayer tout ce qui n’est plus, à être présents à ce qui est et à aller vers nous : va. C’est l’enseignement du christ, cette puissance qui se révèle en nous et nous rend plus conscients et plus libres. Si au lieu de nous concentrer sur nos souffrances, nos épreuves, nous nous tournions véritablement vers Dieu, nous nous laisserions habiter par Lui, nous grandirions et nous serions lavés de notre passé. » Cette libération passe par une réconciliation avec la chair, une chair allégée qui puisse, dans la lumière, accueillir l’Esprit. « Quoique nous fassions, l’important est de chercher à s’incarner encore et encore. Nous qui cherchons l’Esprit, la Sagesse, dans le ciel, c’est sur terre qu’elle est en réalité. Plus nous allons vers la matière avec des valeurs humaines et une conscience de la vie, plus nous nous élevons en vérité. Plus nous cherchons à nous élever, et plus nous risquons de nous déséquilibrer. Il est très important de vivre ce que nous avons à vivre et de ne pas essayer de le fuir ou essayer d’aller en haut avant même d’y être prêt, de toucher à des outils de « pouvoir » ou de l’irréel. C’est dans l’événement que tout se joue. C’est au creux même de la vague que le Christ peut se manifester. Laissez-Le vous fissurer, ou laissez-vous fissurer par la vie, c’est le seul moyen pour qu’Il pénètre dans votre cœur. Si vous ne vous laissez pas ébranler, vous ne pourrez vous sacrifier et vous rendre humble. Si vous restez droits, ce sera une droiture de l’ego, de l’orgueil. Laissez-vous faire et emporter par le silence des profondeurs. Vous en reviendrez éveillés à vous-même. » Ce texte, d’une grande exigence, est aussi d’une grande bienveillance. La justesse du propos conduit le lecteur à sauter dans le vide et à déployer ses ailes. Au sommaire de cet ouvrage : Le contrat divin - le dépouillement - la guérison - le désert
- l’amour - la purification - la Verbe - la Vérité - le mariage - les pièges
- la divinité - le rayonnement - la transformation - la liberté - la manne -
le veau d’or - le temple - le Christ - la foi - l’engagement - la conscience
- le dépassement - |
ENCYCLOPÉDIE
DES MYSTIQUES - EN 4
TOMES |
SOUS LA DIRECTION DE M.M DAVY |
EDITION PAYOT |
1995 |
||
Tome 2 : La mystique byzantine (suite) avec le christianisme à Byzance, Grégoire Palamas, les moines de la Sainte Russie, Nicolas Cabasilas, le Mont Athos, Nicodème l’Hagiorite. Les mystiques monastiques occidentales avec les Bénédictins et St Benoit, Anselme de Cantorbéry, les Camaldules, les chartreux et la mystique, Guigues du Pont, l’Ordre de Cîteaux et ses célèbres cisterciens comme Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Le Graal. La mystique Cathare, les bogomiles et le bucher de Montségur. Les Victorins avec Hugues de Saint Victor, Richard de Saint Victor, les ordres mendiants, les franciscains, Raymond Lulle, les Dominicains, Albert le Grand, Catherine de Sienne, le Carmel, St Jean de la Croix, Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Thérèse de Lisieux. La mystique Rhénane, Jean Tauler, Suso, Jacob Boehme, Bonaventure, Ruysbroeck, la mystique visionnaire d’Hildegarde de Bingen, Maître Eckhart, Hadewijch d’Anvers, Joachim de Flore, Béatrice de Nazareth, Nicolas de Cues. La mystique de la Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola. Le Jansénisme, St Vincent de Paul, Pascal, Fénelon, Madame Guyon, St François de Sales. Les poètes mystiques comme Angelus Silesius le mystique de l’intériorité et son magnifique Pèlerin Chérubinique. Novalis, Corberon, Cagliostro, Eckartshausen, Fournié, Haugwitz, Hessen-Kassel, Lavater, Kirchberger, Joseph de Maistre, Martinez de Pasqually, Oberlin, Oetinger, Pernety, Marsais, Salzmann, L.C. de Saint- Martin, Swedenborg, Werner, Willermoz. La mystique Rosicrucienne et la Fama Fraternitatis. La Franc-Maçonnerie. La mystique musulmane avec H. Corbin, Rumi, Massignon. Mystique pour un nouveau monde avec Kierkegaard, Nicolas Berdiaev, Simone Weil. Tome 3 : La mystique de l’ancienne Egypte, avec Hérodote, le livre des morts, les papyrus égyptiens, le culte d’Amon et d’Aton, la religion égyptienne, le culte d’Horus à Edfou, le jugement des âmes, le message spirituel de l’Egypte ancienne. Les Sumériens et les Hittites, Babylone, Sumer, l’Assyrie et les religions du proche Orient. La mystique de l’Iran ancien, le soufisme et la musique, le Zend-Avesta. L’Hindouisme des textes sacrés avec le Kali-Yuga, le Rig-Véda, les Brâhmanas, les Upanishad, le Yoga Tantrique, les darshanas, la Bhakti, Gandhi, et l’histoire du bouddhisme indien, Coomaraswamy, le Zen, la vie de Bouddha et la mystique bouddhiste. Tome
4 :
Le mysticisme Tibétain avec l’histoire du Tibet, le XIVe Dalaï Lama, le concile
de Lhassa, le Bardo Thödol : livre des morts tibétain, Milarépa le
poète. La mystique du Yi-King avec ses 64 hexagrammes. La mystique
de Confucius et la pensée chinoise. La mystique Taoïste et les
commentaires du Tao-Te-King de Lao Tseu. La mystique des Maîtres du Tch’an.
La mystique du Japon ancien et nouveau avec le Zen et ses arts
martiaux, Herrigel et son livre sur l’art chevaleresque du tir à l’arc, le
bouddhisme Zen au Japon, le Shinto, le rôle des religions. La mystique au
Vietnam, culte du génie tutélaire, ses fêtes, ses rites, ses coutumes, le
Tonkin, l’Annam, le dinh, le culte des arbres. |
enquÊte
au cœur de l’Être |
G.E. hourant |
Edition ALBIN – MICHEL |
2005 |
dix-sept témoignages qui sont de nature
à éclairer les discussions actuelles autour des religions et des
spiritualités, des fanatismes et des sectes, ainsi que les justes questions
que l’on se pose sur le besoin de sacré à l’intérieur de nous-mêmes. La quête
de sagesse n’appartient en effet à aucun dogme religieux, elle est inhérente
à la nature humaine.
|
enquÊte
sur la rÉincarnation |
Divers auteurs |
Edition ALBIN MICHEL |
2001 |
Nous savons que la réincarnation est
un principe éthique et métaphysique central de l’hindouisme et du bouddhisme.
Il en va de même pour la plupart des cultures chamaniques. Mais qu’en est-il
des autres religions, en particulier juive, chrétienne et musulmane ? De la
philosophie ? Et de la psychanalyse ? Une dizaine d’auteurs et de
journalistes ont mené une enquête en France et à l’étranger sur ce sujet. Ils
en ont rapporté une matière qui s’organise autour de trois pôles : spirituel,
historique et psychologique. Il en ressort que la réincarnation
ou la «transmigration des âmes» est omniprésent dans la quasi-majorité des
traditions philosophiques et culturelles, posant à l’esprit moderne de
troublantes et pertinentes questions.
Bruno
ABRAHAM-KREMER, Yvan AMAR, Catherine BARRY, Fayad BASSEM, Cheikh BENTOUNÈS, Marie-Thérèse
de BROSSES, Jacques BROSSE, François BRUNE, Martine CASTELLO, Michel
CAZENAVE, Dagpo RINPOCHÉ, Arnaud DESJARDINS, Denise DESJARDINS, Maurice de
GANDILLAC, Dominique GODRÈCHE, Henri GOUGAUD, Marie JOCHER, Jacques
LACARRIÈRE, Jean-Yves LELOUP, Jean-Pierre LENTIN, François L’YVONNET, Sylvain
MICHELET, Mélik NGUÉDAR, Albert PALMA, Jean-Marie PELT, Bernard PERNEL,
Matthieu RICARD, Jean-Pierre SCHNETZLER, Jean-Louis SIEMONS, Bruno SOLT,
Annick de SOUZENELLE, Marie STANLEY, Rabbin Addin STEINSALTZ, Lama Denys
TEUNDROUP, Alain VALADE, Didier VAN CAUWELAERT, Patrice VAN EERSEL, Dr
Jacques VIGNE, François VILLIERS. |
ÉPIGNÔSIS -aspects de la splendeur - Cahier N° 21 |
épignôsis
– Directeur Yves Dauge |
Edition DERVY |
1990 |
Ce Cahier 21 est consacré au thème de la Splendeur : réalité à la fois transcendante et immanente, vision des êtres et des choses qui défie toute définition, mais qui peut être clarifiée par nombre d’approches complémentaires. Quelques amis d’Épignôsis ont ici
essayé de pénétrer dans ce domaine mystérieux, multidimensionnel, si
nécessaire à la nourriture de notre Cœur et à l’accroissement de notre «
Corps de résurrection ». Coups d’œil dans une plénitude incommensurable… Splendeur… Est-ce un jaillissement
de lumière depuis le centre de nous-même qui redescend en ruissellement de
bénédictions pour le monde ? Est-ce un climat particulier, analogue au
« 8e climat » de la gnose iranienne, où circulent la
majesté et la Beauté, la Sagesse créatrice et l’Amour vainqueur. Est-ce
l’éclat d’un autre monde, radiant, qui parvient jusqu’à nous, ou est-ce la
gloire secrète propre à chaque être, qui ne se montre qu’au regard attentif
et libéré. ? La cabale nous dit : » Imagine-toi que tu es
Lumière, et que tout ce qui t’entoure est Lumière ». Nous dirions
volontiers : « Si tu découvres la clef de ta propre splendeur,
l’univers tout entier sera splendeur à tes yeux ».
Puis Charles D’Hooghvorst s’attache à démontrer avec fidélité et précision que le fil conducteur du Message retrouvé de Louis Cattiaux n’est autre que l’idéal de splendeur, à atteindre par une particulière alchimie de notre être. Enfin, les méditations ésotériques
de Jean Biès et l’étude symbolique de Mathilde Danel nous plongent dans la
vivante multiplicité, dans l’irradiation aussi bien quotidienne que métaphysique
de cette qualité du Divin. Au sommaire : Vers le regard divin par : Yves Dauge Le thème de la splendeur dans la
spiritualité et la culture occidentale par : Joël
Thomas Louis Cattiaux, le méconnu, présenté par Charles
d’Hooghvorst Les bûchers de la sagesse, par : Jean
Biès Soif de l’un ; faim de l’autre
par : Henri Raynal Le Dôme et la coupe par : Mathilde
Danel |
ÉPIGNÔSIS - avec ou sans maÎtre ? Cahier N°
17 - |
épignosis
– Yves Dauge |
Edition DERVY |
1987 |
Nous vivons un « tournant des
temps », caractérisé à la fois par la recherche ardente et par la confusion
des esprits. Dans ce contexte s’impose un problème capital, celui des
maîtres.
Un article solidement documenté et
éminemment pratique, qui permettra d’éviter bien des erreurs et de travailler
fructueusement. Des aspects particulièrement intéressants de ce même problème
sont exposés par Jean Chevalier (« Le Maître spirituel dans la
tradition soufie »), par Henri Blanquart (« Le Maître intérieur dans
les Dialogues avec l’Ange »), et par Michel Camus (Qu’est-ce que
l’auto-initiation ?).
Quant à Raymond Abellio, il
fut certes un maître inimitable, un puissant éveilleur. J.P. Osmont
nous donne ici une très riche étude sur la destinée de cette personnalité
hors du commun, en utilisant toutes les ressources de l’astrologie américaine
et tous les matériaux autobiographiques laissés par cet auteur : leur
confrontation est vraiment passionnante. Au sommaire de cet ouvrage : Les quatre Maîtres. Typologie du Maître
spirituel par Yves
Dauge Le Maître spirituel dans la Tradition
soufie par Jean
Chevalier Le Maître intérieur dans les Dialogues avec
l’Ange par Henri
Blanquart Qui initie qui ? par Michel Camus Marie-Madeleine Davy, Femme du Huitième
jour, un entretien avec Jean Biès Raymond Abellio le Noble voyageur par Yves Dauge Raymond Abellio, Guerrier de la
Connaissance, son étude astrologique par
Jean-Pierre Osmont L’interaction humaine : Nourriture de
la conscience, clef de l’équilibre, de la Paix et de la Vie. par :
Peter Roche de Coppens Quand un théologien parle aussi d’ésotérisme
par Pierre Erny L’ésotérisme, pourquoi faire ? un livre
d’Yves Dauge, commenté par Pierre Avel-Mor Annick de Souzenelle ou l’exégèse
transmutatrice par Yves
Dauge Pleins feux sur le Vivant par Jacqueline Bousquet |
ÉPIGNÔSIS – LE CHRISTIANISME COMME ALCHIMIE – CAHIER N° 18 |
Epignôsis - Yves DAUGE |
Edition DERVY |
1987 |
Par-delà
les institutions, les dogmes, les rites, les formes, quelle est la véritable
nature du christianisme ? Quelles clés de salut, d’accomplissement nous a
réellement apportées Jésus le Nazaréen ? Aujourd’hui plus que jamais il est
nécessaire de répondre précisément à ces questions : elles concernent chacun
d’entre nous en tant qu’Occidental, en tant que chercheur de la « voie
intérieure », en tant que participant au vaste mouvement actuel de mutation.
Yves Dauge rappelle la centurie des moines
Calliste et Ignace à la fin du 14e siècle : Jésus a légué aux siens trois choses
essentielles : L’invocation de son Nom –
Le pouvoir d’aimer - et la force de la Paix
- ce que l’on peut comparer au soufre, au
mercure et au sel de l’authentique alchimie.
Yves Dauge : Suite sur le yoga du cœur et ésotérisme du Christ Jean Biès : Le symbole de la Croix, essai de métaphysique chrétienne Joël Thomas : Alchimie de la Lumière, la croix de Lothaire Epignôsis et le travail Annick de Souzenelle : Le vivant dans l’histoire Jean Prieur et Lionel Jackel : Les Chakras et les Nâdis. Physiologie du corps subtil Jean-Pierre Osmont : Raymond Abellio, guerrier de la connaissance. Etude astrologique. |
ÉPIGNÔSIS - L’ÉSOTÉRISME, POURQUOI FAIRE ? |
Epignôsis - Yves Albert Dauge |
Edition Dervy |
1986 |
Le titre de ce livre est plus provocateur qu’autre chose car ce n’est pas un traité d’ésotérisme; c’est un livre de voyage, celui qui le mène au cœur des choses et des êtres, de nous même et du divin, il a pour but de guider les esprits vers l’essentiel, de les habituer a un langage aussi transparent que possible, de leur faire éviter les pièges des pseudos-maîtres et des doctrines incomplètes et de mettre en lumière la vérité et les exigences de la démarche ésotérique, tel est le but de cet ouvrage. Répondant aux grands problèmes de notre époque, il a été conçu comme un instrument fondamental de travail, de recherche personnelle, de réflexion et de méditation. Comment utiliser la totalité de notre puissance intérieure, percevoir le réel dans sa globalité, comprendre la texture du Vivant, nous insérer dans le circuit des énergies créatrices ? Comment vaincre la pesanteur, la psyché, la mort, par le yoga du cœur ? Voilà quelques uns des thèmes traites dans cette sorte de vade-mecum de métamorphose, où le lecteur trouvera un itinéraire soigneusement balisé pour la joie de la découverte. Le tétramorphe qui illustre la couverture de cet ouvrage est l’emblème du mouvement Epignôsis, fondé par l’auteur pour promouvoir une anthropologie de la création. Ce tétramorphe dans sa complexe unité, symbolise la totalité harmonieuse, l’équilibre des énergies, la souveraineté artiste, la fonction axiale propre à l’homme de Feu-Lumière : C’est une clé majeure de déchiffrement du Vivant et d’efficacité transfiguratrice. Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages : 1e partie : Une école de sagesse et de mutation : Le défi actuel : l’enchevêtrement, la subversion et l’urgence - Prolifération des offres de salut - confusion de compétence, de pertinence, doctrinale et des niveaux de l’être - la caricature du Roi du monde - Fin de signe ou inter-règne - la conquête du temps - les armes de l’ésotérisme - les clefs de la véritable vie - Intériorité et intériorisation - tout est en nous - tout dépende l’homme intérieur - le yoga du cœur - la dualité de Dieu et le Nom Divin - Esotérisme et monachisme - la maitrise de la dialectique - Maât, l’Âme, et la dialectique - La connaissance transmutatrice et l’anthropologie maximale - Méprises et authenticité - connaissance essentielle, école d’éveil et de profondeur - l’opposition des mentalités - l’Essentialisme - Ecole de discernement et d’évolution - les lois de la juste perception - la Connaissance comme processus indéfini - La Connaissance transmutatrice et l’anthropologie globale - Connaissance libératrice - S’affranchir des limites de l’ego - Réduire le champs du mal - la conquête de la cohérence - Vers la perception divine - Texture du Vivant - L’anthropologie créative - le principe-germe de l’immortalité - La connaissance pacificatrice, école de sérénité - 2e partie : Texture et métamorphoses du Vivant : L’énergétique générale - la modification et l’insuffisance du regard - le concept d’énergie - la Réalité Suprême - Existe-t-il des noyaux d’êtres indestructibles ? - la circulation des Energies - le circuit énergétique universel - les risques de la Création et le problème du mal - L’Homme en tant que « lieu privilégié » des Energies Universelles - les plans ontologiques ou niveaux d’être-conscience-énergie - Le problème de l’ego - la signature de Dieu - Le Cœur : point de jonction des champs énergétiques constitutifs de l’homme - Le feu artiste et les fonctions du cœur - La faculté Thêta - Les 7 modalités de la faculté ø dans le cœur : 1/ La mémoire et l’éveil du cœur – 2/ la volonté et l’orientation du cœur – 3/ la Kénose et la libération du cœur - 4/ l’intellect et l’émerveillement du cœur – 5/ l’amour et l’expansion du cœur – 6/ la Créativité et l’art du cœur – 7/ la Synergie-fusion et l’harmonie du cœur - Divers tableaux et synopsis de l’entité humaine, des référentiels et des champs énergétiques - |
ÉPIGNÔSIS - LES VEILLEURS DU SILENCE CAHIER N°19 |
Un groupe de recherche, directeur Yves Albert Dauge |
Edition Épignôsis |
1988 |
Veilleurs et silence sont étroitement liés. La véritable histoire n’est pas celle des événements, le véritable travail s’accomplit au-delà des discours. C’est en comprenant la nature du silence, force de rupture et de mutation, que chacun peut accéder au plan des Veilleurs, des Justes cachés, des protecteurs de l’humanité : devenir un centre silencieux de rayonnement, de bénédictions et de création, telle est la vocation de « l’homme noble ». Jean Biès nous explique les descentes successives depuis le silence primordial jusqu’à l’enfer du bruit, puis nous propose un itinéraire de « remontée » vers l’alliance des silences. Dans une visée strictement opérative, il nous parle du silence de contemplation qui inspire des silences qui ont gardé mémoires de l’état d’avant l’éparpillement des choses divulguées: silence plénitude, comme il y a des vides-vacuité. Yves Dauge nous fait découvrir nos « cinq paires d’oreilles » et les mondes qu’elles perçoivent, pour nous montrer ensuite comment reconquérir le silence originel, en passant progressivement du silence réceptif et libérateur à la Plénitude silencieuse du voyage en Dieu. Il nous donne une clé : « Comment obtenir en nous ce précieux silence qui nous permettra de percevoir le rythme de la vie, la musique du cosmos, le travail de la Création, et la voix divine ? Non pas en nous concentrant sur le vide (entreprise vouée à l’échec), ni en essayant de supprimer tous les bruits l’un après l’autre. Il faut appeler et faire descendre en nous une « Présence » d’une intensité, d’une attractivité telle que tout ce qui n’est pas elle s’efface immédiatement. Cette descente est liée à l’éveil de notre être essentiel et à la médiation de l’Amour unificateur. Cette présence divine doit être complétée par celle de l’ange ou de son maître secret, et c’est ce dialogue à trois qui va nous sublimer et nous faire avancer sur le chemin ». Yves Dauge M.M. Davy fait défiler devant nous les divers « visages du silence », afin de focaliser notre attention sur l’ensemble essentiel –solitude – secret- silence – qui est à la fois le laboratoire de notre réussite et le fondement de notre relation avec Dieu et les êtres. – « L’homme silencieux passe par le mystère de la solitude, comprenant le vide, l’abandon des signes, des images, des systèmes et même des voies. Le silencieux peut seulement murmurer avec le prophète Isaïe (24,16) : Mon secret est à moi. Pourquoi mon secret ? Simplement parce qu’aucun langage ne peut en exprimer l’ampleur, situé au-delà du passage du temps et de l’espace, le silence s’implante dans l’éternité. Seul les enfants de l’éternité sont appelés à s’y abreuver » M.M. Davy Deux thèmes sur l’Alchimie, science de la Vie, viennent compléter cet ouvrage, car l’Alchimie n’est pas une science à part, mais elle est la mise en œuvre du silence, tout comme le silence engendre l’œuvre alchimique. Pascal Bernuau apporte à ce sujet la richesse transparente de son expérience et nous livre les éléments d’une éthique alchimique. Puis Jacques Pialoux nous parle de la tradition égyptienne en tant que révélatrice de la structure de l’homme : vision alchimique de l’homme. Au sommaire de cet ouvrage : L’autre coté de la parole par : Jean Biès Les centres silencieux de rayonnement par : Yves Albert Dauge Proverbes du silence par : Michel Camus Visages du silence par : Marie-Madeleine Davy Le vivant et la transparence du réel par : Pascal Bernuau Egypte, terre d’alchimie par : Jacques Pialoux Divers ateliers sur Paris |
ÉPIGNÔSIS - pour l’Émerveillement Cahier N° 20 |
EpignÔsis - Yves DAUGE |
Edition DERVY |
1989 |
Deux parties en ce cahier. L’une, comportant de
beaux textes de Jean Biès, de Henri Raynal, de Roger Munier, d’Alphonse
Goettmann, d’Oguz Unat, tente d’expliquer la nature de cet état d’esprit,
l’Émerveillement, indispensable à qui veut pénétrer au cœur des êtres et des
choses, entrer en contact avec le Divin partout disséminé et partout présent.
Dans un bel article, Oguz Unat
nous décrit le processus et la finalité des Derviches tourneurs. Cette danse
est appelée Semâ
qui signifie Ciel et désigne la ronde des astres, ce qui a fait dire à
Rumî : » Ô jour, lève toi, les atomes dansent, les ames éperdues
d’extase dansent, la voûte céleste, à cause de cet Etre, danse ». Le Semâ
exprime ainsi le tournoiement, le devenir incessant des atomes, des astres et
des âmes. Lorsque les Derviches entrent dans la salle, ils sont habillés d’un
ample manteau noir représentant la mort, la tombe, la lourdeur terrestre, le
matérialisme et l’enveloppe charnelle. Ils sont coiffés d’une haute toque de
feutre qui est l’image de la pierre tombale ; leur robe blanche
symbolise le linceul et la résurrection, la couleur blanche symbolise la vie
et la renaissance attendue. Au sommaire : Une merveille nommée Jésus par Yves
Albert Dauge L’Eclair, le sourire et l’Abîme par Jean Biès Qu’en faire, de ma merveille ? par Henri Raynal L’inexplicable beauté par Roger Minier Poème
de Michel Camus La méditation : explosion de
l’Amour par Alphonse
Goettmann Le réseau, âme du monde et la mémoire de
l’Amen par Yves
Dauge La danse des Derviches tourneurs et son
symbolisme par Oguz
Unat |
ÉPIGNÔSIS - vaincre la mort ? Cahier N° 16 |
EPIGNÔSIS
- Yves dauge |
Edition ÉPIGNOSIS |
1986 |
Qu’est-ce que la mort ? : Une réalité complexe, qui ne concerne pas seulement
l’homme physique. Un enchaînement de processus dont la source se situe au plan
spirituel, et qui désorganise complètement notre système énergétique, du plus
subtil au plus dense.
Au sommaire : La victoire sur la triple mort par Yves Albert Dauge Miroirs de la mort, suivie du poème
« le seul Vivant » par Jean Biès Morts et résurrections par Marie-Madeleine
Davy Le message de prière par les moines du Mont
Athos par Michel
Bertrand Seule est la vie – Extraits des Révélations
de l’invisible Pâques : l’archétype de la
Résurrection ; ses mystères et ses applications pratiques par Peter
Roche de Coppens Les ondes d’esprit, extrait du livre de Jeanne
Morrannier. La totalité du réel Frithjof Schuon : un visage de la
sagesse éternelle par Jean
Biès Le Tryptique alchimique de la Justice, la
Tempérance et l’Etoile dans le Tarot
par Claudius Barbat |
ÉPIGNÔSIS - yoga du cœur et du feu - Cahier N° 15 |
Yves dauge – epignÔsis |
Edition
DERVY |
1986 |
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La nature et le processus de la mutation
personnelle - Le rôle du Cœur dans la dynamique de
l’être humain - L’importance du Nom Divin dans notre
évolution - Le triple appel constitutif de la démarche
ésotérique - Un seul appel mais à triple tonalité -
les trois modalités du « labeur du cœur » -
Les appel du Père, du Fils et de l’Esprit -
comment passer par Dieu, ou le travail de Tipheret -
le buisson ardent et l’homme de feu
- le texte de l’exode -
la découverte de soi - le thème e l’homme de feu -
Dans la Genèse - A travers l’Ancien Testament -
Le Christ et les « moines flamboyants » -
Le Feu du Cœur - le témoignage des Dialogues avec
l’ange - le laboratoire de l’homme de demain -
les fonctions du cœur avec les Chakras et les Sephiroth -
Parcours en 13 jours de la voie du cœur - Divers tableaux des lettres mères et des
lettres nombres de l’alphabet hébraïque
-
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ESSAI D’AUTOBIOGRAPHIE SPIRITUELLE |
Nicolas BERDIAEV |
Edition BUCHET CHASTEL |
1992 |
On pourrait qualifier cet
extraordinaire ouvrage posthume de véritable testament spirituel. Le grand
écrivain russe après avoir parlé de ses sources, de ses parents, de son enfance,
retrace sa première conversion, sa première recherche du sens de la vie et de
ses bonheurs. Il fait revivre pour nous le monde
révolutionnaire russe du début du XXe siècle et la renaissance culturelle
qu’il a suscité. Puis c’est la révolution de 1917 et le communisme vu, si
l’on peut dire, de l’intérieur. Enfin les années d’exil, en Allemagne, puis à
Paris où Berdiaev trace des portraits saisissants de ses rencontres. En même temps ou plutôt
parallèlement à l’évolution des événements, Berdiaev nous fait assister à sa propre conquête spirituelle,
depuis la tentative du christianisme, l’expérience de l’extase créatrice
jusqu’à sa philosophie définitive et l’ultime connaissance de soi. Cette
autobiographie est l’écrit le plus significatif de Berdiaef. Berdiaev est
né à Kiev en 1874, il est mort en
France en 1948, il appartenait par sa famille à l’aristocratie militaire
russe et essaya lorsqu’il était étudiant de militer pour une meilleure
justice, emprisonné, il fut ensuite exilé en Sibérie puis en Allemagne. D’un
tempérament prophétique, ce philosophe de la liberté et de l’acte créateur
inaugure un nouveau type de mystique correspondant à l’homme pourvu d’une
supra-conscience. Il considère que la « venue
du Christ a une importance cosmique et cosmogonique ». Sa pensée relève
à la fois de Maître Eckhart, de Grégoire de Nysse et de Jacob Boehme, il
pense que la présence de l’image divine oriente l’homme vers sa déification,
cette image de Dieu en l’homme signifie à la fois la personne et la liberté.
Il part du principe que l’homme ne peut concevoir la profondeur de l’esprit
que d’une façon existentielle, en vivant le destin tragique et en traversant
la souffrance, l’angoisse, la mort, l’amour et la création. Le drame de l’homme, selon
Berdiaev, est de se trouver dans l’obligation d’assumer sa temporalité qui le
jette dans le fini et le limité, tout en éprouvant en lui l’infini et
l’illimité, le paradoxe est à la fois rupture et déchirement. Ce paradoxe
sera vécu à son sommet grâce à l’expérience mystique. C’est en partant de
l’élément divin que l’homme possède en lui, qu’il lui devient possible
d’accéder au mystère : « Le mystique n’a pas à sortir de lui-même, mais a
pénétrer son moi profond, la personne humaine est un être théandrique ».
« La mystique est une victoire sur
l’état de créature, seul y participe l’homme spirituel, grâce au principe
spirituel qui est en lui, l’expérience mystique est l’aboutissement normal de
la rencontre de Dieu et de l’homme, le transcendant est immanent à cette
expérience car la différence même entre la transcendance et l’immanence
s’efface puisque tout vient de la profondeur et de l’intérieur et non pas
d’en haut et de l’extérieur ». Il fut un grand ami de M.M. Davy,
avec qui il partagea des conférences et les mêmes idées. Au sommaire de cet ouvrage de 430
pages : Sources et origines -
L’univers et moi - le monde aristocratique -
solitude - nostalgie
- liberté -
révolte - pitié
- doutes -
luttes spirituelles - méditations sur l’éros - la
première conversion - A la recherche du sens de la vie - le
monde de la connaissance philosophique
- vers la révolution et le
socialisme - marxisme et idéalisme -
Renaissance culturelle russe du début du XXe siècle -
Vers le christianisme et drames religieux -
Rencontres spirituelles - le monde de la Création - le
sens de l’acte créateur et l’expérience de l’extase créatrice - la
révolution russe et le monde communiste
- la Russie et le monde
occidental - ma philosophie définitive et ma profession
de foi - le monde eschatologique -
Temps et Eternité - la connaissance de soi et ses limites - |
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et
le divin dans tout ça ? |
Jean charon |
Edition
Albin Michel |
1998 |
Ce livre est le testament spirituel
d’un grand chercheur. À la fois physicien, auteur d’une Théorie de la
relativité complexe, et philosophe en quête de la nature réelle de la
conscience, Jean CHARON a tissé
pendant quarante ans une toile originale et audacieuse entre l’étude de la
matière et celle de l’esprit.
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Être
simplement –
questions et rÉponses en quÊte du soi |
bernard |
Edition LES DEUX OCEANS |
2003 |
BERNARD, comme il le dit en toute
simplicité, a trouvé ce qu’il cherchait. Pour en témoigner il se réfère
volontiers à Ramana MARHARSHI et à NISARGADATTA MAHARAJ sans prétendre
exprimer quoi que ce soit de nouveau. Mais son témoignage est
particulièrement éloquent pour les chercheurs d’aujourd’hui. Il est la preuve
vivante de ce que son propre Maître lui avait dit alors qu’il doutait de
pouvoir atteindre son but : « Ramana MAHARSHI est exceptionnel mais la
réalisation n’est pas exceptionnelle ».
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EXOTÉRISME ET ÉSOTÉRISME DANS LA TRADITION PRIMORDIALE |
David Frapet |
Edition du Cosmogone |
2014 |
Ce livre est un voyage exotérique et ésotérique dans le monde qui nous habite et à l’intérieur du monde que nous habitons. Ce voyage va nous amener à travers le christianisme et l’islam, à rechercher les fonctions ésotériques et exoteriques dans cette Tradition Primordiale, porteuse de toutes les réponses, de tous les archetypes, de tous les mythes et légendes qui traversent toutes les traditions et toutes les religions. La force génératrice est cette graine de vie du miracle de la création »soit » et « il devient ». Il y a des êtres dans l’intelligence de la foi qui sont capables de voyager dans l’humanité, puis reviennent plus humains, après avoir touché le Graal et s’être abreuvés au Bassin du mystère. Ce voyage initiatique que chacun d’entre nous se doit de faire, nous permet de rejoindre l’être qui est en nous, afin d’accéder au cercle des justes puis d’entrer en communion avec l’âme universelle. Cet ouvrage nous offre toutes les traditions qui se retrouvent et se découvrent, puisant à la même source, c'est-à-dire dans la Tradition Primordiale que tous les initiés appellent de leurs vœux et veulent s’abreuver en se soumettant aux lois de la nature et de Dieu. La recherche de l’Unicité en dehors de la dualité est une priorité voire le but final. Au sommaire de cet ouvrage nous trouvons : Le Christianisme : Prolégomènes - Manifestation et Essence de Dieu - Appréhender le temps cosmique - divers concepts de la Tradition - Les trois séquences du monothéisme adamique - Le christianisme, religion de la Manifestation - Nature et fonction du christianisme sur les plans providentiels et historiques - L’Araméen n’est pas une langue sacrée - Fonction transitionnelle du Christianisme - L’Ordre du Temple, ultime présence de la Tradition Primordiale dans l’Occident chrétien - le concept du Temple - le Temple Arche de Paix, symbole de l’Ordre du monde - L’Ordre du Temple exotérique : une institution internationalisée dans l’Occident médiéval - L’Ordre du Temple ésotérique : une fonction de restauration, d’un juste équilibre entre l’autorité et le Pouvoir - La Voie de l’Esprit Saint dans la christianisme - le Rosaire des Catholiques - L’imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis - le Christianisme d’Orient - L’Islam : La religion de l’Essence - la Charia - origine et importance de la prière - la prière musulmane, comme lieu de la rencontre entre l’exotérisme et l’ésotérisme - le Dhikr, cœur de l’adoration - le christianisme, une voie de l’islam intégral - la jonction entre l’islam et le christianisme - la croix symbole universel - le Savoir, un préalable à la connaissance - l’apparent et le subtil dans la Sunna du prophète - la guerre sainte - l’islam orthodoxe - |
10 F
faust
et le
second faust |
goethe |
Edition J. de Bonnot |
1981 |
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Mais laissez-moi le choix des moyens pour l’entraîner doucement dans mes voies », lance le second. Avant tout contrat avec le Diable, Faust fait l’objet d’un pari entre deux forces antagonistes, celle du ciel et celle de la terre, celle de la création et celle du néant. Si Méphistophélès fera tout pour détourner Faust de la transcendance, Dieu compte sur la liberté qu’il a placée en l’homme pour que Faust se sauve de lui-même.
La
pièce s’ouvre sur un Faust tourmenté et paradoxal : « Philosophie, hélas ! jurisprudence, médecine, et toi
aussi, triste théologie !… je vous ai donc étudiées à fond avec ardeur
et patience : et maintenant me voici là, pauvre fou, tout aussi sage que
devant. Je m’intitule, il est vrai, maître, docteur, et, depuis dix ans, je
promène çà et là mes élèves par le nez. – Et je vois bien que nous ne pouvons
rien connaître !… Voilà ce qui me brûle le sang ! »
Faust a épuisé la raison. Il a repoussé les limites de cette faculté que
l’homme « emploie à se gouverner plus bêtement que
les bêtes » (dixit Méphistophélès). La
raison est un outil qui révèle l’impuissance fondamentale de l’homme. Elle
renvoie Faust au vieil adage socratique : « je ne
sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». Mais Faust
ne consent pas à cet état de fait. Il éprouve le besoin d’embrasser
l’ensemble des savoirs, de comprendre la totalité du monde, de faire sien le « macrocosme ». Sa soif de connaissance
l’oblige à renoncer à la rationalité, incapable de saisir la « nature infinie » qui caractérise l’esprit
créateur. L’infirmité du docteur fait de lui le spectateur de l’œuvre divine
auprès de laquelle il « languit vainement ».
Ce sentiment de frustration va détourner Faust de la transcendance. Pourtant,
jusqu’alors il n’avait « rien de terrestre, pas
même le boire et le manger. Toujours son esprit chevauchait dans les
espaces », explique Méphistophélès. C’est
l’orgueil de Faust qui est à l’origine de son mal. En n’acceptant pas les
limites que lui impose sa condition, en voulant les dépasser dans une « nature surhumaine », en cherchant à se faire
l’égal de Dieu, le misérable docteur ménage en son sein une place pour le
mal. « Suis-je moi-même un dieu ? »,
s’interroge-t-il. Ce questionnement est problématique et renvoie à une
thématique qui traverse l’ensemble de la littérature romantique : le
Surhomme. En effet, Faust cède à la tentation de l’homme-Dieu. Créature
arrogante, il veut être l’égal de ce dont il provient. Il a pour ambition de
contenir en lui-même l’univers entier, de le porter et de le féconder. Déçu
par le silence que lui impose l’esprit du macrocosme, il va s’incliner vers
l’esprit de la terre. En se détournant de la positivité de la transcendance,
Faust va se complaire dans la négativité de l’immanence. Mais
avant même le malin contrat signé de son sang avec Méphistophélès, Faust a
conscience du péril qui le guette : « Moi, l’image de Dieu,
qui me croyais déjà parvenu au miroir de l’éternelle vérité […] et créateur
aussi, jouir de la vie d’un Dieu, ai-je pu mesurer mes pressentiments à une
telle élévation ! Et combien de fois expier tant d’audace ! […]
N’ai-je pas prétendu t’égaler ?… » Il oscille
dangereusement, entre la vaniteuse conscience de sa supériorité et un
pessimisme qui humilie l’homme et la rationalité. « Je
n’égale pas Dieu ! Je le sens trop profondément : je ne ressemble
qu’au ver, habitant de la poussière […] », s’exclame-t-il
dans un moment de désenchantement. D’un
côté, les astres, l’éther et le mystère du grand Tout, de l’autre la
matérialité la plus servile et la dépendance sensuelle. Faust arpente une
étroite parcelle de terre barrée par deux abysses. Il y marche en funambule.
Méphistophélès se chargera simplement de pousser ce qui tombe. « Voici le temps de prouver par des actions que la dignité de
l’homme ne le cède point à la grandeur d’un Dieu ! Il ne faut pas
trembler devant ce gouffre obscur où l’imagination semble se condamner à ses
propres tourments, devant cette étroite avenue où tout l’enfer
étincelle ! Ose d’un pas hardi aborder ce passage, au risque même d’y
rencontrer le néant ! », proclame Faust. Voici
le point de rupture. Le moment où Faust se détourne de Dieu et plonge malgré
lui dans les bras traîtres de Méphistophélès, « l’esprit
qui toujours nie ». Goethe, comme Dostoïevski plus tard dans
les ‘’démons’ identifie clairement la prétention à la surhumanité à la chute
dans le nihilisme. L’abandon de la transcendance fait déchoir l’homme dans
l’immanence la plus vile, celle que Méphistophélès loue pour ses vertus
trompeuses, celle qui détruit l’innocence de Marguerite (encore un point
commun avec Les Démons : Stavroguine commet
le pire des crimes en violant une enfant) et qui condamne Faust à vivre dès
lors sans la lumière de Dieu. Petit à petit, l’influence de Méphistophélès va
se faire plus grande sur le docteur – bien que celui-ci montre des signes de
résistance, rabrouant à plusieurs reprises l’esprit de la terre. C’est
d’abord sa propre destruction que Faust semble appeler de ses vœux : « Le dieu qui réside en mon sein peut émouvoir profondément tout
mon être ; mais lui, qui gouverne toutes mes forces, ne peut rien
déranger autour de moi. Et voilà pourquoi la vie m’est un fardeau, pourquoi
je désire la mort et j’abhorre l’existence », explique-t-il.
Vouloir sa propre mort, c’est nier Dieu en soi. Voilà pourquoi le suicide est
un péché mortel pour le christianisme. Mais Faust ne s’arrête pas à sa seule
personne. Il invite Méphistophélès : « Le dessous ne m’inquiète
guère ; mets d’abord en pièces ce monde-ci, et l’autre peut arriver
ensuite. » L’esprit du néant contamine le docteur.
L’entreprise de Méphistophélès est claire. Il cherche à tuer Dieu en Faust, à
le faire douter de sa « ressemblance
divine », à le « dépouiller
entièrement » de tout ce qu’il a « d’humain ». L’emprise du malin est à son apogée lorsque Faust
dit à Marguerite : « Ma bien-aimée, qui
oserait dire : Je crois en Dieu ? Demande-le aux prêtres ou aux
sages, et leur réponse semblera une raillerie de la demande »
Négation de la vie, négation de la raison, négation du monde, négation de
Dieu, telle est l’ampleur des ravages de Méphistophélès sur l’esprit de
Faust. La prétention à la surhumanité implique nécessairement le renoncement
à Dieu. Vouloir être un homme-Dieu, ne pas consentir à l’infirmité de la
condition humaine, c’est prendre le risque de se perdre dans le néant. Les
arrogants auront toujours un Méphistophélès pour les écouter. « Le Diable, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au
bout », écrit Bernanos dans M. Ouine.
Synthèse parfaite de ce qu’on est en droit d’appeler « méphistophélisme ». |
faust – Cahiers
de l’HermÉtisme |
J.W.von Goethe |
Edition Albin Michel |
1977 |
Un des grands mythes du monde
occidental, sa naissance, son apogée, sa transformation et sa disparition. Voilà les thèmes qui sont
développés dans cet ouvrage. Goethe, Marlowe, Thomas Mann, Lessing, Paul Valery et d’autres ont écrits sur cet homme de la Renaissance qui est toujours d’actualité. La magie, l’ésotérisme, l’alchimie
et le religieux y sont présents. |
fÉlix ou le livre des merveilles |
Raymond lulle |
Edition Du
Rocher |
2000 |
Ce roman philosophique traduit et
préfacé par Patrick GIFREU, nous conte l’histoire de FELIX qui est envoyé en
voyage à travers le monde par son père, afin d’évaluer la distance qui sépare
la doctrine reçue lors de son éducation avec la réalité du monde. Il sera confronté à toute une cosmogonie
céleste mais également à l’injustice. C’est un voyage initiatique. |
FIN
MARS. LES HIRONDELLES |
LUC-OLIVIER D’ALGANGE |
Edition ARMA ARTIS |
2009 |
Luc-Olivier
d’Algange
est écrivain, poète et essayiste français, il est né en Mai 1955 à Göttingen
en Allemagne. Son œuvre est marquée par la Tradition au sens guénonien, la gnose, le christianisme et le paganisme. « Toute œuvre digne que l’on s’y
attarde, ressemble à la part immergée de l’iceberg : ce qu’elle dit
n’est que le signe de ce qu’elle ne dit point. L’implicite est, plus
généralement, le propre de la haute littérature, ce qui la distingue de
l’information, des sciences humaines et du bavardage où ce qui n’est pas dit,
vaut encore moins que ce qui est dit. Lorsque l’écrit s’élève au rang de la
Parole, lorsque les pages sont comme la réverbération du Logos-Roi, le
moindre scintillement témoigne du gouffre lumineux du Ciel. Ce qui est dit
est comme soulevé par la puissance de ce qui n’est pas dit, comme le
roulement de la vague accordée au magnétisme des marées ». Luc. Olivier d’Algange Cet ouvrage comporte
des commentaires de l’auteur sur les 12 thèmes suivants : 1 /
Joseph Joubert : Fin Mars. Les hirondelles 2/ Ce
Printemps d’Aquitaine. Notes sur l’œuvre d’Henry Montaigu 3/ René
Guénon, écrivain et métaphysicien français. L’œuvre de R.G parait décisive
dès lors que l’on comprend enfin l’interdépendance du symbole et de la
métaphysique. 4/
Hommage à Gustave Thibon. 5/ Le
songe impérial de Dominique de Roux. 6/
Nicolas Gomez Davila ou les « droits de l’âme ». « Les deux
ailes de l’intelligence sont l’érudition et l’amour » N.G.D 7/
André Suarez, une vision paraclétique. Lucere et ardere, perfectum est. 8/
Cicindèles. Notes sur l’œuvre d’Ernst Jünger. 9/ « Clavis hermeneutica ». Notes sur
Henry Corbin. 10/
« Le voyage en Dieu ». Notes sur le livre de l’Homme Parfait
d’Azîzoddîn Nasafî. 11/ L’envers
de la vague. Notes sur l’œuvre de Julien Gracq. 12/ Le voyage intérieur. Voyage herméneutique et ses
différentes étapes. |
FRANCIS BACON – LA NOUVELLE
ATLANTIDE |
FRANCIS BACON |
EDITION FLAMMARION |
1995 |
Francis
Bacon
(1560-1626), philosophe, alchimiste et homme politique, auteur de : Du
Progrès et de la promotion des savoirs, et du Novum Organum,
laissa à sa mort une Atlantide inachevée, que son chapelain s’empressa
de publier. La Nouvelle Atlantide : C’est le rêve
d’une société par et pour la science ; le premier tracé utopique de ce
qu’on nommera plus tard l’Etat-Providence ; une île des mers du Sud où
se combinent les souvenirs de l’Ancien Testament et le projet d’une
épistémologie neuve que Bacon cherchait à promouvoir ; une description
de parcs zoologiques qui semble inaugurer la science-fiction (Jurassic
Park) ; une fête de la Famille où l’on vénère un père prolifique tandis
que la mère reste cachée… Le philosophe qui
avait pensé une organisation collective de la recherche en déclinerait ici
les attendus éthiques, politiques et surtout imaginaires. La capitale de cette
île idéale s’appelle Bensalem, et que l’on peut appeler « Île de la
découverte », en dehors des
passages sur l’Ancien et le nouveau Testament et la façon dont les habitants
sont devenus chrétiens, aucun conflit entre ses habitants ou ceux des autres
îles n’est envisagé, ce qui fait de cette histoire un roman utopique
pacifique. |
FRANCIS BACON, L’HUMANISTE, LE MAGICIEN ET L’INGÉNIEUR |
MICKAEL POPELARD |
EDITION PUF |
2010 |
On a parfois décrit Francis Bacon
(1560-1626) comme un « attardé », comme un penseur d’arrière garde
qui n’aurait pas pris la pleine mesure de la révolution scientifique qui se jouait
sous ses yeux. En réalité, en puisant dans l’héritage intellectuel de la
Renaissance anglaise, et en réalisant la synthèse du courant humaniste, de la
tradition magique et du débat autour des « arts mécaniques », Bacon
propose une idée nouvelle de la science et de son rôle pour l’homme. Si l’ensemble de son
œuvre philosophique vise à ouvrir la voie à une science nouvelle qui ne se
perde plus en vaines conjectures mais permette de découvrir les lois
véritables de la nature et de produire des œuvres qui profitent à l’humanité
tout entière, c’est peut-être dans la Nouvelle Atlantide que l’idée
baconienne de la science trouve son expression la plus efficace et la plus
originale. Car F. Bacon ne se contente pas d’y reprendre les
thèmes qui traversent toute son œuvre : véritable appel à l’action, la
Nouvelle Atlantide donne à voir ce que pourrait être cette science
féconde, utile et salvatrice qu’il entend fonder. Au
sommaire de ce livre, est développé : Pourquoi F. Bacon
est il un humaniste, un magicien, un alchimiste et un ingénieur, avec une
explication sur la Science et l’Humanisme en Angleterre vers les années
1550. Deux exemples de savants humanistes : Thomas Linacre et Thomas
Harriot. Francis Bacon mécanicien avec la science, la pratique et la théorie
en Angleterre avant 1550 et après 1550. Le monde des métiers, les savants et
les magiciens à l’époque de la révolution scientifique. La place de la magie
dans la culture élisabéthaine et jacobéenne. Le rôle et le statut de Francis
Bacon en tant que savant, alchimiste et ésotériste. Le voyage de sa Nouvelle
Atlantide, avec ses expériences, son utopie et sa place dans la science. Michael
Popelard est maître de conférences en études anglophones à l’Université de
Caen. |
FRANCOIS MALAVAL ET LA
CONTEMPLATION DE LA « DIVINE TÉNÈBRE » |
J.M. VIVENZA |
Edition ARMA ARTIS |
2003 |
Ecrivain, poète et ésotériste,
MALAVAL naquit à Marseille en 1627. Jeune Aveugle, il apprit à développer ses
sens et ses dons intellectuels ; il médita les écrits anciens et toucha à la
contemplation mystique. Entraîné dans la querelle
Quiétiste, il en tira de l’amertume et se réfugia dans son obscurité
intérieure au plus profond de la lumineuse nuit de la « divine Ténèbre ». Il nous parle de sa Mission
transcendante, de l’indicible mystère, du crée et de l’incréé et surtout des
techniques de contemplation. |
françois
schlatter –
l’homme aux 100 000 guÉrisons |
Gil alonso |
Edition ARQA |
2006 |
Après plus de trois années de recherches
en France et aux USA, Gil Alonso-Mier nous propose la première biographie en
langue française consacrée à François Schlatter, le plus grand thaumaturge de
son temps. Monsieur Philippe de Lyon connaissait certainement l’existence de François Schlatter
aux USA et Papus, entre autres, consacra au guérisseur un article de
référence sur François Schlatter dans le journal « L’Initiation ». Gil Alonso-Mier en chercheur
consciencieux et érudit nous livre là une somme considérable, un livre
absolument remarquable de justesse avec des dizaines de documents inédits
publiés pour la première fois, textes et correspondances de témoins directs
retrouvés par l’auteur, de très nombreuses images d’archives inédites
provenant du fonds personnel de l’auteur, plusieurs centaines de notes
biobibliographiques en annexes du livre et plus de 60 photographies dans le
texte pour illustrer cet ouvrage exceptionnel, qui restera comme un livre en
deux tomes indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à la Mystique Chrétienne
et à ses Bergers. |
FREITAS - 515 - LE LIEU DU MIROIR - Art et numérologie |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
1993 |
En
partant du mystérieux « 515 »,
nombre de l’envoyé de Dieu, que Dante fait dire à Béatrice dans
la Divine Comédie, l’auteur engage une enquête fascinante à travers les
traditions pythagoriciennes et kabbalistiques dans l’art et dans la pensée
traditionnelle. Il nous fait découvrir les traces secrètes de ce nombre
pentagonal, tant dans l’iconographie égyptienne que dans les vitraux et
gravures du Moyen Âge chrétien, certains chefs d’œuvre célèbres tels que
« la mélancolia » d’Albrecht Dürer ou les précieux panneaux du
triptyque du Maître portugais du XVe siècle, Nuno Gonçalves. Dans
sa préface, Gilbert Durand écrit de ce « maître livre »
qu’il n’est pourtant pas seulement une étude savante sur un mystère
artistique et littéraire, circonscrit quoique passionnant, mais
une « minutieuse analyse » se plaçant à la tête d’une triple
« avant-garde » : celle d’une science de pointe, celle d’une
réflexion métaphysique et théophanique et celle, enfin, d’une sérieuse
reprise en mains, de savoirs traditionnels tels que la numérologie,
l’alchimie, l’astrologie etc. La
triple rigueur de ce livre contribuera sans doute à cette démystification au
deuxième degré, »cœur de notre modernité la plus urgente »… tant il
est vrai, pour reprendre le mot de Mircea Eliade, que la mystification a,
elle aussi, radicalement changé de sens, et qu’il faut maintenant se méfier
des démystifications si mystifiantes des modernismes du siècle passé. Le
titre du présent ouvrage est inspiré d’une citation d’Henry Corbin,
placé en point d’orgue, et précédé curieusement d’un chiffre 515 et
d’un titre littéral : le lieu du miroir, ce titre ne révèle sa
cohérence rigoureuse que si l’on suit, ligne par ligne, la passionnante
progression de cette recherche, partie du chiffre
515, attribué au Messo di Dio par Dante, au dernier chant du
Purgatoire et parvenant à l’ultime citation d’Henry
Corbin : « La divinité est dans
l’humanité comme l’image dans un miroir. Le lieu de cette présence est la
conscience de l’individu croyant, ou plus exactement l’imagination
théophanique investie en lui » Les
14 chapitres de cette quête fascinante, déploient avec une rare érudition et
une sureté d’information, la progression herméneutique qui, partie d’une
date : 1515, va se rapprocher du fameux chiffre du Messo di Dio :
515. Tout cela passera par des considérations méthodologiques où sont étudiés
et hiérarchisés le langage littéral et celui du chiffre numérologique, se
référent alors à la kabbale juive, à son correctif par Raymond Abellio,
Ananda K. Coomaraswamy et d’autres. Après
avoir dégagé la symbologie du 5 et des pentagrammes, s’appuyant sur des
travaux de M. L. Von Franz, l’auteur décrypte le 515 et son rapport avec les
mensurations angulaires du triangle lumineux (108° et 2 x 36°), du triangle
de Pythagore et la vision d’Ezéchiel. Dans
le chapitre 8, l’auteur revient sur le sens donné par les traditions –
rosicrucienne, juive, hellénique, indienne, shiite, portugaise etc. – de cet
archétype du reflet dans les eaux inférieures. Dans le chapitre suivant, on
nous montre comment le mystérieux Veltro (le lévrier) de l’Enfer de Dante
est lié sémantiquement à la constellation du chien, à l’étoile Sirius,
ainsi qu’au sixième ciel, celui de Jupiter, du Paradis où Dante élucide le
mystère du Messo di Dio. Le
chapitre 11 est consacré aux apparitions du Christ à la Vierge avec des
analogies sémantiques entre le chiffre 515 et les diverses phases de ces
apparitions. Il y est question du prophète Elie, du Paraclet et de ses
symboles que l’on retrouve dans l’histoire du Portugal et diverses œuvres
attribuées à Nuno Gonçalves. Le
dernier chapitre « le cristal impossible », relie les symétries
pentagonales, qui fondent la numérologie du 515, aux découvertes les plus
récentes de la science de la matière et de la cristallographie. Les fractals
sont invitées avec les diverses théories de Penrose sur la structure
pentagonale de l’univers. Lima de Freitas fut un découvreur et un précurseur
dans beaucoup de domaines ésotériques, ses talents de peintre lui ont fait
mettre dans ses toiles ses idées métaphysiques et mythiques confirmant sa
triple démarche : Une science de pointe, en aval de la mécanique
quantique, une réflexion métaphysique et théophanique rejoignant les théories
d’Henry Corbin, enfin une réaffirmation forte des savoirs traditionnels
souvent oubliés ou mis à l’écart, comme l’astronomie, l’astrologie,
l’alchimie, l’herméneutique, les tarots, la numérologie et bien d’autres. Au sommaire de cet important ouvrage : La date de 1515 sur un tableau de Madre-de-Deus. Le Messo di Dio Langage, chiffre et hermétisme. Le reflet dans les eaux Le DVX selon Benini et la filiation templière de Dante Approches de la symbolique du 5. Géométrie et numérologie du 515. Le triangle de Pythagore et la vision d’Ezéchiel. Le Veltro Le polyèdre de la Mélancolia. Un vol de mille colombes. Le thème de l’apparition du Christ à la Vierge. La face du Paraclet et le cristal impossible, l’ordre et le chaos |
FREITAS - ÉGLISES, ARTS, ÉSOTÉRISME |
Lima
de Freitas |
Edition
Rafael de Surtis |
2011 |
Lima
de Freitas s’appuie sur des réflexions de Jung sur Dieu, sur l’extase chez
Saint Bonaventure, en glosant Ezéchiel et les commentaires cabalistiques sur
le « chariot » ou Merkaba. Il s’interroge sur le sens du mot
religion, en rappelant des définitions du philosophe contemporain Michel
Cazenave, et les travaux sur le sacré de Schleiermacher et Rudolf Otto, avant
de s’appuyer sur Mircea Eliade et son livre fondateur « le sacré et
le profane ». Lima de Freitas recourt aussi aux croyances des tribus
amérindiennes et au chamanisme, phénomène quasi planétaire. Il
insiste sur la nécessité « de ne pas oublier le coté ésotérique des
choses » des religions et des diverses voies initiatiques ou de
réflexions. Pour cela il ne fait que reprendre les paroles de Clément d’Alexandrie,
saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem. Le peintre qu’il est, n’oublie pas les Arts et se fonde sur Ouspensky et Andrei Tarkovsky, non sans rappeler l’importance des travaux de notre regretté frère Gilbert Durant touchant à l’imaginaire. |
FREITAS - LE BUISSON ARDENT |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2011 |
||
Dès
lors, il possède le feu, tel Prométhée. L’analogie avec le Buisson ardent de
la Bible est ainsi établie, très poétiquement par l’auteur. Dans la préface
qu’a faite Rémi Boyer, il a repris un article qui est paru dans Historia
Occultae N° 2, où il raconte sa rencontre avec Lima de Freitas juste avant sa
mort. Il y insiste sur sa conviction qu’il existe au Portugal un « dépôt
traditionnel de première importance » dont témoignerait le
« triangle prophétique » constitué par trois écrivains que
sont : Lima de Freitas, Fernando Pessoa et Agostino de Silva. On
trouve dans cette préface des commentaires sur les mots
« initiatio et telete », également sur le « renoncement à
l’imitatio et l’inventio ». 2 tableaux du peintre qu’était Lima,
agrémentent cet ouvrage. Lima de Freitas est une grande figure de la peinture et de l’hermétisme de la seconde partie du XXe siècle, mais son œuvre, universelle, imaginale, libertaire et prophétique, est révélatrice d’un futur toujours présent, ancré dans la tradition lusitanienne, qui trouvera toute sa place dans le monde qui approche. Son message, à l’intemporalité certaine, sait s’habiller des vêtements du temps pour conduire à l’essentiel. |
FREITAS - LE FEU DU CIEL |
Lima
de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2012 |
Le feu du ciel est un texte fondamental qui vient renforcer
et étendre la portée initiale, déjà d’une grande puissance, de son ouvrage
essentiel « 515, le lieu du miroir ».
Il reprend notamment nombre de points clés identifiés lors de ses échanges
épistolaires avec Gilbert Durand. De
cette « correspondance imaginale » vont en effet jaillir des
révélations aux portées cosmogoniques et alchimiques considérables. Plus
encore, le Feu du ciel, porte des
clés hermétistes nombreuses, universelles, qui font lien entre les
enseignements traditionnels que nous avons connus ces 20 dernières années,
particulièrement dans le domaine des alchimies internes, que celles-ci
empruntent les habits de l’Occident ou ceux de l’Orient. Au sommaire de ce puissant petit livre : Chapitre 1 : Le nombre et le sens. « Le dieu Agni a gravi les cimes du ciel et en s’affranchissant du péché il nous a affranchis de la malédiction » (Atharva Veda 12,2) Chapitre 2 : Eros, le héros et le cinq « Le feu de l’enfer est la lumière divine telle que la ressentent ceux qui la refusent » (Ste Catherine de Sienne) Chapitre 3 : Le mystère du 515. « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit, ne t’étonne pas que je te dise : Vous devez naître d’en haut (Evangile selon Jean III, 6-7) Chapitre 4 : Le nombre du feu céleste. « Brahma est identique au feu (Bhagavad-Gita, 4,25) Chapitre 5 : L’Unus Mundus. « La coopération du raisonnement conscient avec les données de l’inconscient s’appelle la « fonction transcendantale ». Cette fonction réunit progressivement les opposés. La psychothérapie s’en sert pour guérir les dissociations névrotiques, mais cette fonction servait déjà comme base à la méthode de la philosophie hermétique depuis 17 siècles. (C.G. Jung) Chapitre 6 : Le triangle de feu. « ces modèles techniques du rythme circulaire, structurés par l’engramme du geste sexuel, vont peu à peu se libérer du schème de l’éternel recommencement pour rejoindre une signification messianique : celle de la production du Fils, dont le feu est un prototype. (Gilbert Durand) Chapitre 7 : La lettre perdue. « Ô flamme d’amour, vive flamme, qui me blesses si tendrement au plus profond centre de l’âme ! Tu n’es plus amère à présent, achève donc, si tu veux : rompt enfin le tissu de cet assaut si doux ! Ô cautère vraiment suave ! Ô plaie toute délicieuse ! Ô douce main… (St Jean de la Croix) Chapitre 8 : Le feu dans le Buisson. «Il entre en tous les êtres, l’oiseau migrateur, et se fait présent en eux, tel le feu dans le bois que l’on frotte…Il est l’oiseau suprême, resplendissant de la lumière de dix millions de soleils et par qui toutes choses ont été pénétrées… Savoir cela, c’est vaincre la mort. (Hamsha Upanishad) Chapitre 9 : Le double cinq et le doigt de Dieu. « L’homme est feu. Sa loi, comme celle de tous les feux est de dissoudre son enveloppe et de s’unir à la source dont il est séparé (Louis Claude de Saint Martin) |
FRITHJOF SCHUON - CASTES & RACES |
Frithjof Schuon |
Edition ARCHÉ |
1979 |
Ce
métaphysicien contemporain de R. Guénon, nous donne ici sa version sur le sens
des castes et des races, surtout en Inde, mais explique également cette
noblesse en Occident. Voici la définition du sacré d’après F. Schuon : « Le sacré est l’interférence de l’incréé dans le créé, de l’éternel dans le temps, de l’infini dans l’espace ; c’est l’introduction mystérieuse, dans un domaine d’existence, d’une présence qui en réalité contient et dépasse ce domaine et pourrait le faire éclater par une sorte d’explosion divine. Le sacré est l’incommensurable, le transcendant, caché dans une forme fragile de ce monde ; il a ses règles précises, ses aspects terribles, et ses vertus de miséricorde ; aussi la violation du sacré, et ne serait-ce que dans l’art, a-t-elle des répercutions incalculables. Le sacré est intrinsèquement inviolable. » Comme toutes les institutions sacrées, le système des castes repose sur la nature des choses ou sur un aspect de celle-ci, donc sur une réalité qui ne peut pas ne point se manifester dans certaines conditions ; la même remarque vaut pour l’aspect opposé, celui de l’égalité des hommes devant Dieu. En somme, pour justifier le système des castes, il suffit de poser la question suivante : la diversité des qualifications et l’hérédité existent-elles ? Si oui le système des castes est possible et légitime. Il en est de même pour l’absence des castes, là où elle s’impose traditionnellement : les hommes sont-ils égaux, non seulement du point de vue de l’animalité, qui n’est pas en cause, mais au point de vue de leurs fins dernières ? C’est certain, car tout homme a une âme immortelle ; cette considération peut donc l’emporter sur celle de la diversité des qualifications. L’immortalité de l’âme est le postulat de « l’égalitarisme » religieux, comme le caractère quasi divin de l’intellect et partant de l’élite intellectuelle est le postulat du système des castes. |
FRITHJOF SCHUON - FORME ET SUBSTANCE DANS LES RELIGIONS |
Frithjof Schuon |
Edition Dervy |
1975 |
Cet ouvrage offre au lecteur une doctrine essentielle, intégrale, homogène et suffisante, une philosophie ou une théosophie. L’auteur y expose sa vue et sa vérité et sur la Philosophia Perrenis. A priori ou exotériquement, l’élément Vérité dans le Christianisme, est l’axiome que le Christ est Dieu, et que seul le Christ est Dieu, mais a postériori ou ésotériquement, la Vérité christique signifie d’une part que toute manifestation de l’Absolu est identique à l’Absolu, et d’autre part que cette manifestation est à la fois transcendante et immanente. Transcendante par le fait que le Christ est au dessus de nous, Immanente par le fait que nous acceptons l’idée que le Christ est en nous, ainsi elle est le cœur qui est à la fois intellect et Amour, entrer dans le cœur c’est entrer dans le Christ et inversement. Au sommaire de cet ouvrage : Vérité et Présence - Forme et substance dans les religions - Atmâ-Mâyâ - Les cinq présences divines - La croix « temps espace » dans l’onomatologie coranique - Quelques aperçus sur le phénomène mahammédien - la message coranique de Seyyidnâ Aïssâ - la doctrine virginale - Synthèse des Pâramitâs - Note sur l’élément féminin dans le Mahâyâna - le mystère des deux natures - la question des théodicées - quelques difficultés des textes sacrés - Paradoxes de l’expression spirituelle - la marge humaine - Remarques sur le problème eschatologique - les deux Paradis - |
FRITHJOF SCHUON. LES
DOSSIERS H |
Divers intervenants |
Edition L’âge d’homme -
Lausanne |
2002 |
L’œuvre de Frithjof Schuon demeure relativement
mal connu en Europe. Né en 1907, à l’aube d’un siècle marqué par la fin de ce
qui pouvait encore demeurer du vieil ordre européen, Frithjof Schuon élabora son œuvre en marge des courants
de pensée dominants de la modernité. Il s’est éteint en 1998, au terme d’un
siècle, qui vit l’alternance d’une solidification matérialiste sans égale et
d’une exagération et exaspération de la dissolution psychique d’un monde
désorienté. L’œuvre de F. Schuon est l’expression du développement et de
l’affinement conceptuel d’une conscience métaphysique qui ne doit rien aux
conditionnements historiques de la modernité et qui constitue le
« génie » propre d’un grand Maître de sagesse. L’œuvre de Schuon est
presque immanquablement situé dans le sillage de celle de René Guénon, elle
s’abreuve aux mêmes principes fondamentaux que sont : la primauté épistémologique de l’intellect
transrationnel, l’universalité de l’ésotérisme et du symbolisme, l’intégrité traditionnelle
et la critique du monde moderne. Pourtant s’écartant de certains aspects de l’œuvre de René
Guénon, Schuon évite de toujours durcir les oppositions de principe et se
garde de fournir des applications par trop unilatérales de la sapience et de
la tradition. L’objectif de cet
ouvrage important est de contribuer à faire mieux connaitre la pensée de ce
Maître de métaphysique et de ce grand écrivain ; la diversité des
contributions ici rassemblées suffit à suggérer l’ampleur de son œuvre, son
œuvre beaucoup plus connu en Amérique et en Asie, est également ici racontée. Au sommaire de cet ouvrage : Etudes : J. B. Aymard :
Un portrait spirituel Martin Lings : Frithjof Schuon et René Guénon Jean Biès : F. Schuon et la primordialité hindoue Jean Hanni : Hommage à F. Schuon James Cutsinger : La Vierge Patrick Laude : L’esthétique métaphysique et spirituelle de Frithjof
Schuon Michel Clermont : Frithjof Schuon et la métaphysique du langage Jean Marc Vivenza : Logique et métaphysique dans la
pensée de Frithjof Schuon Seyyed Hossein Nasr : Quelques aspects de l’œuvre de F.
Schuon Jean Moncelon : Louis Massignon et Frithjof Schuon, une rencontre
posthume Reza Shah-Kazemi : Frithjof Schuon et la prière Jeanne-Marie Gervy : A propos de Trésors du Bouddhisme Mark Perry : La compassion intellective Agustin Lopez Tobajas : Quelques traits distinctifs de
l’œuvre de F. Schuon dans le contexte de « l’école traditionnelle » Mateus d’Azevedo : Frithjof Schuon et les grandes
figures spirituelles du XXe siècle Jean-Paul Lippi : Le seing de Dieu au corps de l’autre Olivier Dard : Paradoxes et masques de la misosophie François Chenique : Actualité et métaphysique de
l’unité transcendante des religions Prolongements : Harry Oldmeadow :
Mélodies de l’au-delà Huston Smith : Deux traditions et la philosophie William Stoddart : Le palamitisme de Vladimir Lossky à
la lumière de Frithjof Schuon Algis Uzdavinys : Approches de la philosophie, de la théologie et de la
métaphysique : F. Schuon et la tradition néo-platonicienne Christian J. Guyonvarc’h : Castes, classes et fonction Lynna Dhanani : La voie de connaissance jaïn Témoignages : Catherine Schuon : souvenirs et anecdotes de F. Schuon Hans Kury : Les jeunes gens dans la caverne : première
rencontre John Murray : Le Maître de primordialité Mahmoud Bina : Le sceau des sages Thomas Yellowtail : Hommage d’un ami indien Jean-Louis Michon : Témoignage d’un disciple Inédits et correspondances diverses et
variées :
Des lettres de René Guénon, de Titus Burckhardt, de Martin Lings et de J. Pierre Laurent Sa vie, son œuvre, sa démarche, sa philosophie, et ses
amitiés sont ici racontées et |
FRITHJOF SCHUON - L’ŒIL DU CŒUR |
Frithjof Schuon |
Edition Dervy |
1974 |
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L’homme puisqu’il pense, doit consacrer cette faculté à la seule chose nécessaire, comme du reste tout autre facultés, car tout doit s’intégrer dans le spirituel ; qui pense pour le monde doit aussi penser pour Dieu, et cela est vrai pour toute activité fondamentale de l’être humain, puisque nous devons aller vers Dieu avec tout ce que nous sommes. Au sommaire de cet ouvrage : 1e partie : Métaphysique et cosmologie - L’œil du cœur - de la connaissance - En-Nur - Nirvana - des états posthumes - 2e partie : Formes de l’esprit - Christianisme et bouddhisme - le mystère du Bodhisattva - remarques élémentaires sur l’énigme du Koan - Aman, islam et Ihsân - Intellectualité et civilisation - 3e partie : Vie spirituelle - Des modes de la Réalisation spirituelle - microcosme et symbolisme - de l’oraison et de l’intégration des éléments psychiques - Transgression et purification - du sacrifice - le double écueil - de la méditation - |
FRITHJOF SCHUON - PERSPECTIVES SPIRITUELLES ET FAITS HUMAINS |
Frithjof Schuon |
Edition Cahiers du sud |
1953 |
Une chose est la connaissance métaphysique, autre chose est son actualisation dans le mental. Toute la science que le cerveau peut contenir n’est rien au regard de la Vérité, bien que cette science soit une richesse incommensurable au point de vue humain. La connaissance métaphysique, elle, est comme un germe divin dans le cœur ; les pensées n’en sont que des lueurs infimes. L’empreinte de la Lumière divine dans les ténèbres humaines, le passage de l’Infini au fini, le contact entre l’Absolu et le contingent, c’est tout le mystère de l’intellection, de la Révélation, de l’avatâra. « Une doctrine métaphysique, est l’incarnation mentale d’une vérité universelle » L’homme peut avoir la certitude métaphysique sans avoir la « foi », c'est-à-dire sans que cette certitude soit dans l’âme comme une présence toujours agissante. La certitude métaphysique, si elle suffit sur le terrain doctrinal, est loin de suffire sur le plan spirituel, où elle doit être complétée et vivifiée par la foi. La foi n’est pas autre chose que l’adhésion de tout notre être à la Vérité, que nous ayons de celle-ci une intuition directe ou une notion indirecte. C’est un abus de langage que de réduire la « foi » à la « croyance » ; c’est l’inverse qui est juste ; il faut faire de la croyance, ou de la connaissance théorique, une « foi » qui déplace les montagnes. Pour les apôtres il n’y avait pratiquement pas de différence entre l’idée et sa mise en valeur spirituelle ; ils ne séparaient pas la théorie de sa réalisation, d’où le terme « amour » pour partager et désigner toute conformité à la Vérité divine. Trois grandes vertus sont fondamentales dans le cheminement spirituel : Véracité, Charité et Humilité. Ces vertus doivent pénétrer jusqu’à notre pensée, puisque celle-ci est un acte et quand la Vérité se manifeste elle ne peut le faire sans ces vertus. L’humilité, c’est se regarder soi-même dans l’état limitatif d’individuation ; c’est jeter son regard sur l’égo, la limite, le néant. La charité c’est regarder autour de soi : c’est voir Dieu dans le prochain, et s’y voir soi-même, non comme une limite, mais comme une créature de Dieu faite à son image, se soumettre et s’attacher à elle et se pénétrer de sa lumière implacable. Chacune de ces trois vertus doit se retrouver dans chaque autre vertu ; elles sont les critères les unes des autres. Au sommaire de cet ouvrage : Pensées et civilisation - Esthétique et symbolisme dans l’art et la nature - Contours de l’esprit - Vedanta - Connaissance et amour - Des vertus spirituelles - |
FRITHJOF SCHUON – REGARDS SUR LES MONDES ANCIENS |
Frithjof Schuon |
Edition Traditionnelles |
1972 |
Sur le plan extérieur, la religio perennis se trouve en rapport avec la nature vierge et du même coup avec la nudité primordiale, celle de la création, de la naissance, de la résurrection, ou celle du grand prêtre dans la saint des saints, de l’ermite au désert, du sanyasi hindou, du peau-rouge en prière silencieuse sur une montagne. La nature inviolée est à la fois un vestige du Paradis terrestre et une préfiguration du Paradis Céleste ; les sanctuaires et les costumes différent, mais la nature vierge et le corps humain restent fideles à l’unité première. L’art sacré qui semble s’écarter de cette unité, ne fait au fond que restituer aux phénomènes naturels leurs messages divins, auxquels les hommes sont devenus insensibles ; dans l’art, la perspective d’amour tend vers le débordement, la profusion, tandis que la perspective de gnose tend vers la nature, la simplicité et le silence ; c’est l’opposition entre la richesse gothique et le dépouillement zen. Mais ceci ne doit pas nous faire perdre de vue que les cadres ou modes extérieurs sont toujours choses contingentes, et que toutes les combinaisons et toutes les compensations sont possibles, d’autant que, dans la spiritualité, toutes les possibilités peuvent se refléter les unes dans les autres, suivant les modalités appropriées. Une civilisation est intégrale et saine dans la mesure où elle se fonde sur le « religion invisible » ou « sous-jacente » la religio perennis ; c'est-à-dire qu’elle l’est dans la mesure où ses expressions ou ses formes laissent transparaitre l’informel et tendent vers l’ origine, véhiculant ainsi le souvenir d’un Paradis perdu, mais aussi, et à plus forte raison, le pressentiment d’une Béatitude intemporelle, car l’origine est à la fois en nous-même et devant nous ; le temps n’est qu’un mouvement spiroïdal autour d’un Centre immuable. Au sommaire de cet ouvrage : Regards sur les mondes anciens - Chute et déchéance - Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens - Chamanisme peau-rouge - Sur les traces de Mâyâ - Propos sur la naïveté - L’homme dans l’univers - Universalité et actualité du monachisme - Clefs de la Bible - Religio Perennis |
fromaget
– dix
essais sur la conception anthropologique « corps,
Âme, esprit » |
Michel fromaget |
Edition L’HARMATTAN |
2006 |
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Parmi ces conceptions
anthropologiques non dualiste, pour des raisons tenant à l’anthropologie et à
l’histoire, mais aussi, parce que, face au dualisme, il constitue sans doute
pour l’homme moderne la seule et unique alternative, le paradigme tripartite
« corps, âme, esprit » requiert une extrême attention.
|
fromaget
– LA DRACHME PERDUE – L’ANTHROPOLOGIE « CORPS, ÂME,
ESPRIT » EXPLIQUÉE. |
MICHEL FROMAGET |
ÉDITIONS GRÉGORIENNES |
2010 |
Michel Fromaget reprend ici et
enrichit considérablement une précédente version d’un ouvrage témoignant
d’une compréhension très profonde de l’émerveillement et de l’amour, du
vieillissement et de la mort et dont le contenu appartient en propre à
l’anthropologie ternaire qui était le sujet de son précédent ouvrage « Corps, Âme et Esprit ». La drachme perdue
présente et explique avec la plus grande clarté qu’il se peut, à un large
public, les principales affirmations de l’anthropologie « Corps, Âme, Esprit », qui aboutissent à
une compréhension de l’être humain essentielle et vivante, quoique tombée en
désuétude en raison des choix actuels de notre civilisation. Le fait de refuser ou
de consentir à cette conception de l’homme, et donc de nous-mêmes,
conditionne en profondeur, sans que nous en ayons nulle conscience, jusqu’aux
plus modestes pensées, paroles et gestes de notre vie quotidienne. Le lecteur
pourra apercevoir l’immensité de l’enjeu psychologique et existentiel
inhérent à cette anthropologie, ainsi que le poids de l’espérance qui
l’habite afin de retrouver la drachme perdue et tout ce qu’elle véhicule. Trois grands
chapitres structurent cet ouvrage : 1/ Le
dualisme « corps et âme » 2/
Qu’est-ce-que la trilogie « corps, âme, esprit » ? Avec les images,
symboles et paraboles expliquant la naissance de l’esprit, et les analogies,
allégories et mythes qui expliquent l’esprit, la mort et la vie, sur le Je et le Moi. 3/
L’Homme et sa métamorphose. La leçon de la nature. Ce que disent les
grenouilles, les salamandres, les cigales, les libellules et les papillons.
Pour mieux comprendre les manifestations psychiques et physiques de la
« métanoïa ». Enfin les trois amours humaines, ainsi que la
vieillesse inéluctable qui nous guette. |
FROMAGET - LE SYMBOLISME DES QUATRE VIVANTS – Ézéchiel, Saint Jean et la Tradition |
Michel
Fromaget |
Edition du Félin |
1992 |
Cet
ouvrage est le fruit d’une étude autour des symboles de l’aigle, du taureau, du lion et de l’homme
dans le judaïsme –anges accompagnant Ezéchiel – et dans le
christianisme –Evangélistes entourant le Christ. Parallèlement
à l’importance que leur donneront les Pères de l’Eglise dans leur exégèse,
ces symboles tiendront une place privilégiée dans la peinture, la sculpture
et la liturgie médiévale. Entourant le Christ en gloire, les quatre Vivants
–encore appelés Evangélistes, Animaux ou Veilleurs – forment une figure dont
les chrétiens du Moyen Âge connaissaient bien l’authentique valeur de guide
spirituel. Mais
à partir du XIIIe siècle, l’Eglise d’Occident n’interrogera plus guère ces
quatre images. La Kabbale et les courants mystiques de la Renaissance
tardive, puis les mouvements occultistes du XIXe siècle et une certaine tradition
ésotérique contemporaine, consacreront leurs recherches à cette étonnante
métamorphose des qualités et activités symboliques du Christ. Ils
n’appartiennent pas à notre monde, bien certainement, ces Vivants, dont
certains sont des mammifères portant des ailes, et qui sont « tout autour et au-dedans pleins d’yeux »
Apocalypse 4, 8. C’est une évidence : le tétramorphe est bien un
symbole. Mais, nul ne peut espérer comprendre le dit des Vivants, s’il ne se
pénètre d’abord de la signification de la notion de symbole, celle qui était
couramment expliquée et comprise dans l’Antiquité, par les grecs et les
hébreux, par les Pères de l’Eglise et par les chrétiens du premier
Moyen Âge. Dans
cette acceptation ancienne, un symbole est une figure qui réunit deux
réalités ou deux plans du réel ou des deux mondes. Les Anciens entendaient
par là le monde de la matière et celui de l’esprit, celui de la Terre et
celui du Ciel, celui des réalités manifestées et celui des archétypes,
lesquels confèrent à ces réalités forme, sens et vie. Un symbole comme figure
perceptible qu’elle soit auditive, visuelle ou autre est donc une réalité
appartenant au monde de la manifestation, et qui parle des réalités
archétypales appartenant au monde invisible. Tel est le cas du Tétramorphe,
mais c’est aussi le cas de toutes les réalités appartenant au monde
terrestre. Ces
quatre Vivants ou animaux symboliques ne sont jamais sculptés seuls, sur les
tympans des églises ou autre édifices religieux, un cinquième est presque
toujours présent, et presque toujours il s’agissait du Christ en gloire ou
pas, entouré de sa mandorle lumineuse, scène qui renvoyait à la scène de la
Transfiguration sur le Mont Thabor, figure qui attire l’attention sur l’une
des plus hautes significations du message délivré par les Vivants. Dans sa
Transfiguration, le Christ manifeste en effet aux apôtres Pierre, Jean et
Jacques cette faculté appartenant au Fils de l’Homme, et donc à tout homme
accompli, de se transformer, de se métamorphoser en un être de condition divine
ou humano-divine. Le
corps de cet être disposerait de facultés entièrement nouvelles, symbolisées
par la mandorle lumineuse. C’est celui que saint Paul appelle « corps spirituel ou corps glorieux »
et qui rejoint les explications métaphysiques de certaines traditions
initiatiques et alchimiques qui parlent de retrouver le
« corps de gloire »,
allusion à l’Adam Kadmon, le premier Adam d’avant la chute, et qui représente
cette perfection que tout cherchant a comme but. Au sommaire de cet ouvrage : Les Vivants sur l’église –présence architecturale Les Vivants sur les objets – présence liturgique Les Vivants dans la messe – présence eucharistique Les Vivants dans le baptême – présence sacramentelle Le Mystère des Vivants au Moyen Âge : L’herméneutique des Pères de l’Eglise - Période apologiste avec saint Irénée, Origène, Eusèbe de Césarée - La période homélitique avec saint Jérôme, saint Ambroise, et saint Augustin - La dernière période avec le Pseudo-Denys et saint Grégoire le Grand - Les animaux mystiques au second Moyen Âge : La perfection carolingienne et romane - Le mystère des Vivants et le Saint Graal - Les Quatre Veilleurs et la loi des « trois Etats » - Les Vivants et le régime de la grâce - Les Quatre Animaux et notre temps : Les âges du tétramorphe à partir du XIIIe siècle - Le retrait des Quatre Animaux célestes - La mystique de la merkaba et la Kabbale - Les Vivants alchimiques - L’Hermétisme des Tarots et la lame XXI - Quatre effloraisons : Swedenborg et l’occultisme -Rudolf Steiner et l’ésotérisme actuel - Le tétramorphe comme « modèle anthropologique » : - Archétypes, correspondances, signature et homologie - Aperçu sur les Vivants et l’ontologie humaine - Les Vivants et le corps - Les Vivants et l’âme - Les Quatre Vivants et le sens de la vie - La dynamique des vivants : Le nom divin et les énergies spirituelles - L’esprit saint et la coïncidentia Oppositorum - Les quatre animaux et la Vierge Marie - La conversion des énergies - Textes bibliques fondamentaux : Isaïe (6) - Ézéchiel (1, 10, 11, et 43) - Saint Jean : (Apocalypse 4) - Commentaires des textes bibliques - Références et index des noms cités - |
FROMAGET - MODERNITÉ ET DÉSARROI ou L’ÂME PRIVÉE D’ESPRIT |
Michel Fromaget |
Edition Le Mercure Dauphinois |
2007 |
« Soulignant
ce fait, j’en vient à cette remarque d’apparence bénigne, mais que je crois
capitale. Est-il vrai que la conception anthropologique moderne, prive l’homme
de sa dimension spirituelle, qui le prive de l’esprit, et le condamne par là
à n’être que physique et psychique, que corps et âme, est-il vrai que cette
conception marche. Est-il vrai qu’elle marche si bien que cela ? Le
contraire n’est-il pas bien plus évident ? Et si l’essentiel des maux
qui accablent l’homme actuel : maladies, angoisses, solitudes,
dépressions, suicide, drogues…, si l’essentiel des maux qui atterrent les
sociétés modernes : chômage, inégalité, pauvreté, racisme, délinquance,
criminalité, terrorisme, guerres… si l’essentiel des maux qui maintenant
exténuent la terre : extinction des espèces animales, réchauffement
climatique, marées noires, désertification, épuisement des ressources,
déforestation éhontée… Si
cet essentiel venait, précisément de ce que l’homme se conçoit, se construit
et se vit sur la base d’une représentation de lui-même qui soit fausse et ne
rende pas justice à la réalité de son être ? D’une représentation de
lui-même qui, parce qu’elle déforme tout ce qu’il voit et tout ce qu’il
touche, ne lui donne pas accès au monde tel qu’il est et le plonge dan un
immense désarroi ? » Dans
ce livre, l’auteur emploie le mot « âme »
et « esprit » dans un
sens particulier, qui n’est autre que leur sens natif, originel, or ce sens
est quasiment à l’inverse du sens courant actuel. Aujourd’hui, en effet, le
mot âme appartient principalement
au vocabulaire religieux, où il désigne la part spirituelle et immortelle de
l’être humain. Tel n’est pas le cas dans l’anthropologie ternaire lorsqu’on
la présente sous sa forme la plus courante. Dans
cette forme, le mot âme, comme ses équivalents latin et grec –anima et psyché - désigne tout
simplement le système psychique, ce système dont l’existence est évidente
chez tout être animé. En ce sens, l’animal, c'est-à-dire l’être doté d’une
anima, a une âme. Depuis
Descartes au moins, on entend par « esprit »
« l’âme en tant qu’elle pense ». Nous, nous lui conférons un
tout autre sens qui est celui fondamental, hérité de la Bible, où il signifie
l’ouverture à Dieu et à la Sagesse divine, où il signifie l’intuition de
l’Incréé et des vérités ultimes. L’esprit, non pas comme organe intellectuel,
non pas comme organe d’intellection, mais de contemplation.
Voila le sens qui sera retenu dans cet ouvrage. Quand
aux mots : « tripartition, trichotomie et ternaire »,
faisons attention et ne leur donnons pas un sens grossier qui désigneraient
une combinaison de trois entités séparées des autres, le fractionnement de
ces entités est une erreur. Les
représentations « corps et âmes » ou « corps, âme et
esprit » de l’humain, sont des « paradigmes
anthropologiques ». Le fait de le savoir apporte deux choses.
Le propre d’un paradigme est d’être une représentation mentale qui se donne
hypocritement à la conscience sous le jour d’une image imparfaite et vraie,
qui plus est, neutre et inerte, dans le sens où elle n’agirait pas sur son
objet. Or ceci est faux. L’épistémologie et la philosophie des sciences
l’expliquent : un paradigme n’est jamais qu’un système fait de
présupposés. Système viable, fiable et parfaitement utilisable par la culture
qui l’adopte, mais qui n’en ai pas pour autant nullement démontrer. Au sommaire de cet ouvrage : Le vocabulaire de l’histoire de l’anthropologie ternaire : Âme, esprit, dualisme et tripartition - La notion de Paradigme anthropologique - L’anthropologie du christianisme originel - Homme psychique, homme spirituel - L’Anthropologie « Corps, Âme et Esprit » telle qu’en elle-même : Du corps et de l’âme - De l’Esprit - La Métanoïa - Une métamorphose et deux morts - L’expérience de l’esprit - Au Principe, à l’origine et aujourd’hui. Modernité et Avènement de l’homme « domestique » : L’étouffement de l’esprit par la Psyché - Une inversion de la norme - Domesticité de l’homme - L’Âme, signifiant maternel - Une aliénation intellectuelle - Pouvoir scientifique et économique et domestication : Prévenir et guérie l’esprit - Scientisme et intellectualisme - Retour à un dualisme platonicien - Confusion de l’âme et de l’esprit - Feuerbach - Marx et Freud - L’arbre de vie - Le pouvoir économique - L’homme de désir et le prix de la libération - Le devenir actuel de l’anthropologie tripartite : L’Eglise romaine - L’apport des Pères orthodoxes - Les grands ésotéristes modernes - C. G. Jung, du moi au Soi - Desoille, Dabrovski, Godel, Jean Guitton, Frankl, Jean Borella, Maine de Biran, Berdiaev, - La braise et les cendres - Psychologie existentielle et psychologie transpersonnelle - Notes sur quelques aberrations de notre temps : L’essentiel et l’accessoire - Inversion et illusion - Fuite et marginalisation - L’homme mondain et l’homme spirituel - Michel Fromaget, anthropologue, est Maître de conférences à l’université de Caen. Il a publié de nombreux ouvrages, dont « corps, âme et esprit », « La drachme perdue », « Les quatre vivants » et d’autres. |
10 G
GIRARD
- DES CHOSES CACHḖES DEPUIS
LA FONDATION DU MONDE |
René
Girard |
Edition Grasset |
1978 |
On savait, depuis La Violence
et le Sacré, que toute société humaine est fondée sur la violence, mais
une violence tenue à distance et comme transfigurée dans l’ordre du sacré.
Dans ce nouveau livre, René Girard applique cette intuition originaire au
grand recueil mythique de la mémoire occidentale, c’est-à-dire à la Bible qui
est tout entière, selon lui, le cheminement inouï vers le Dieu non violent de
notre civilisation. Il s’ensuit une relecture critique et proprement
révolutionnaire du texte évangélique qui apparaît du coup comme un grand
texte anthropologique, le seul à révéler pleinement le mécanisme victimaire.
Il s’ensuit aussi la fondation d’une nouvelle psychologie fondée sur un
mécanisme simple et universel que Girard appelle la « mimésis » et qui permet
de faire le partage entre les processus d’appropriation, générateurs de
violence, et les antagonismes, producteurs de sacré. Chemin faisant, on assiste à de magistrales
analyses comparatives de Proust et de Dostoïevski, de Freud et de Sophocle, à
la lumière de cette notion nouvelle et qui se révèle particulièrement féconde
de « désir mimétique ». René Girard, cette fois, approche du but, de cette
anthropologie générale qui est, de son propre aveu, le projet ultime de son
œuvre : c’est pourquoi il nous donne là peut-être un des livres clés pour
comprendre les mystères de notre monde et de ses plus lointaines, de ses plus
archaïques généalogies. Depuis le
début des années 1960, sa place intellectuelle fut singulière et sa pensée
originale. C'est pourquoi son œuvre, pour avoir été rejeté pendant longtemps,
restera comme l'une des plus importantes de l'époque. Il était mondialement
reconnu mais ne le fut jamais vraiment en France - même s'il était membre de
l'Académie Française. Il était trop archaïque pour les modernes, trop
littéraire pour les philosophes, pas assez à la mode pour l'intelligentsia
dominante et même trop chrétien pour un grand nombre - y compris certaines
instances catholiques. S'il est reconnu (l'est et le sera de plus en plus),
il l'a été contre l'époque, contre les pensées dominantes, contre les
institutions en place, contre les médias. En France, il fut un marginal, un
intellectuel qualifié «d'original» pour mieux le laisser en dehors de
l'université quand, en elle, le règne des structures et du marxisme écrasait
tout le reste. Et pourtant, il compte et comptera de plus en plus. Pour avoir
fait toute sa carrière universitaire aux Etats-Unis, à Stanford en
particulier ; pour ne s'être rangé sous le drapeau d'aucunes des modes
intellectuelles germanopratines, qu'elle soit structuraliste, sartrienne,
foucaldienne, maoïste, deleuzienne ou autres ; Pour s'être intéressé, trente
ans avant Régis Debray, au «fait religieux» quand il était encore classé dans
l'enfer de la superstition ; pour avoir osé se dire «chrétien» - crime de
lèse modernité - ce qui, aux yeux de nos maîtres à penser (et donc à
excommunier), lui retirait toute légitimité scientifique ; pour n'avoir pas,
ou peu, de relais en France (même s'il était devenu, sur le tard, membre de
l'Académie française) alors qu'il est traduit en plus de vingt-cinq langues ;
Pour toutes ces raisons et bien d'autres, René Girard fut à part dans le
paysage intellectuel hexagonal. En 1961,
avec Mensonge romantique et vérité romanesque, Il s'intéresse à la
littérature pour ce qu'elle dit de l'homme ; En 1972, avec La violence et le
sacré, il décortique les mécanismes religieux pour mieux comprendre la
violence ; En 1978, avec Des choses cachées depuis la fondation du monde, il
considère le christianisme comme une sorte de «sur-religion» qui vient abolir
les autres, les rendant inefficaces et presque obsolètes. Sa pensée s'inscrit
mal dans une lignée clairement définie. Pour être ailleurs, certains la mette
nulle part. Voilà qui est plus commode pour ronronner entre soi!
Anthropologue Il critique l'anthropologie quand, avec Lévi-Strauss, elle
condamne le sacrifice en le dépouillant de toute signification ; critique
littéraire, il rejette ceux qui, comme Georges Poulet, pensent que la
littérature, devenue un monde en soi, ne se réfère qu'à elle seule, n'a rien
à révéler des vérités humaines radicales - comme le mimétisme ; chrétien, il
critique les catholiques trop immergés dans le monde et peu conscients des
enjeux de l'Apocalypse. Tout débute
par la rivalité. Cette rivalité appelle en retour la vengeance et la
vengeance le meurtre et le meurtre la vengeance. L'humanité entre ainsi dans
un cercle sans fin. René Girard, un Durkheim
pascalien… Alors
qui est-il? D'où sort-il? Sorte de guelfe chez les gibelins et de gibelin
chez les guelfes, selon la posture d'un Erasme, soucieux de ne rien céder à
personne, il était à la fois disciple de Durkheim et s'inscrit dans la lignée
de Pascal. Posture intenable s'il en est. Dans le camp des religieux il est
trop durkheimien ; dans le camp des sociologues, trop religieux. Et quand il
est question de ces «maîtres du soupçon» qui depuis la fin du XIX ème siècle,
tendent à renvoyer l'homme vers des forces qui, en coulisse, le domineraient,
comme s'il était marionnette plutôt qu'acteur, René Girard, lui aussi, se
réclame de cette tradition qui disqualifie l'autonomie moderne. Il ne met pas
en exergue des forces sociales, des pulsions inconscientes ou des généalogies
insoupçonnées, mais, dans un même effet de déplacement, une rivalité
mimétique au fondement de tout. L'individu n'est jamais seul. La conscience
s'acquiert non par la raison mais le désir. Alors il est
un Durkheim pascalien - ce qui équivaut à un oxymore intellectuel. Unique
membre de cette singulière catégorie, il retient de l'auteur des Formes
élémentaires de la vie religieuse, une approche qui fait de la religion un
effet de coagulation sociale et une manière collective de réguler la
violence. De Pascal il garde le souci d'une apologie chrétienne pleine de
raison. «Tous mes livres», dit-il «sont des apologies plus ou moins
explicites du christianisme.» Le Christ, première victime innocente, qui dit
son innocence à la face du monde, dénude, par-là même, tous les mécanismes du
religieux archaïque. Alors, aujourd'hui, nous ne pouvons qu'être chrétiens,
même si le christianisme n'a pas été pleinement reçu. René Girard en appelle
à une «éthique nouvelle» qui ne peut naître, selon lui, «qu'au sein du
mimétisme libéré - libéré par le christianisme». Qu'il soit
du côté de Durkheim ou de celui de Pascal, il privilégie l'analyse et
délaisse les a priori idéologiques. Ni rationalisme ni fidéisme. Il faut dire
qu'aujourd'hui la situation est inédite. La violence est déchaînée. Plus rien
ne la tient. Le religieux ne fait plus son office. Tenir les deux termes de
l'équation: à la fois l'analyse du religieux, selon les méthodes
durkheimiennes et l'horizon chrétien, dans la lignée d'un prophétisme
pascalien. C'est ce que fit René Girard, laissant, dans son sillage, beaucoup
de mécontentements, d'incompréhensions, d'incertitudes et de points
d'interrogations. Comment sortir de la nature
violente de l'homme? René Girard, lui, insiste sur une histoire
par nature tragique et une violence en dehors de toute maîtrise.
Contrairement aux «modernes» qui pensent pouvoir contrôler les réactions en
chaîne de la violence, comme on contrôle une fusion nucléaire, il met
l'accent sur un processus qui finit par ne plus être tenu. Il échappe à tout
le monde. Telle fut la leçon du siècle passé: cette «montée aux extrêmes»,
selon la formule de Clausewitz, stratège prussien mort en 1831 auquel il
confronte sa pensée dans Achever Clausewitz (2007), ne conduit pas, après
coup, à la réconciliation des hommes entre eux. Cette formule d'une «montée»
de la violence lui parait pertinente. René Girard, lui, sorte d'écologiste de
la violence, met l'accent sur un processus d'imitation qui oppose les hommes
entre eux. Tout débute par la rivalité. Cette rivalité appelle en retour la
vengeance et la vengeance le meurtre et le meurtre la vengeance. L'humanité
entre ainsi dans un cercle sans fin. Notons que pour lui la violence vient
toujours répondre à une offense - que cette offense soit réelle, imaginaire
ou symbolique. La violence est une réponse. Elle n'est pas première. La
rivalité, elle, est première. Le désir de ce que l'autre possède est à
l'origine de tout. Le violent, lui, est d'abord un offensé. Du moins le
croit-il. Toute vengeance est une revanche. Un retour. Un second temps. Une
réponse. Comment
alors briser ce cercle, interrompre ce jeu à l'infini de renvoi? Seul, nous
dit René Girard, le religieux, par l'instauration du sacrifice, rompt cette
circularité de la vengeance et du meurtre. De toute évidence le sacrifice
archaïque est arbitraire. La victime est chargée de «tous les péchés du
monde». Son meurtre réconcilie la communauté avec les puissances divine et
surtout avec elle-même. Dans toutes les sociétés, fussent-elles des plus
primitives, on retrouve ce mécanisme du «bouc émissaire». Il permet d'évacuer
la violence, d'apaiser les consciences et de mettre un terme, provisoire, aux
rivalités en cascade. D'une certaine façon le sacrifice brise le miroir des
rivalités. Elles ne se voient plus, ne se répondent plus l'une l'autre. La
réconciliation s'opère donc sur le dos d'un autre. Ce meurtre fondateur,
instaure des rites qui eux-mêmes font naître les institutions. Et c'est ainsi
que naît la culture et toutes les institutions qui la mettent en forme. Or, le
christianisme, dans un souci de vérité, retire à l'homme ses «béquilles
sacrificielles» en reconnaissant la pleine et entière innocence de la
victime. Le Christ, dit et reconnu innocent, n'endosse plus la culpabilité
sociale bien commode pour justifier des sacrifices. «Le religieux» dit rené
Girard «invente le sacrifice ; le christianisme l'en prive». Cette privation
est un pari éthique, une invitation à sortir du cycle de la violence par le
haut (les Béatitudes). Et si les hommes s'accordaient entre eux au diapason
de la bienveillance! Telle est le sens de l'invitation chrétienne. L'avantage
des intuitions creusées et explorées de bien des manières, comme celle de
René Girard autour des rivalités mimétiques, est qu'elles prennent le risque
de devenirs obsessionnels. Au début, il rêvait d'un savoir sur la violence
qui, une fois connu, permettrait de la maîtriser. Cette prétention l'a
quitté. La réconciliation des hommes entre eux, conçue, au début, comme
quasiment automatique est devenue, au fil des années, incertaine pour ne pas
dire problématique. Reste une certitude: le religieux empêche la société de
se détruire. Certitude d'autant plus vitale que nous assistons à une montée
planétaire de la violence religieuse avec le risque d'une déflagration
totale. Sur ce versant-là de nos inquiétudes qui se profilent à l'horizon,
René Girard peut nous aider à avancer. Il reste un appui sérieux pour nous
éviter de mourir. Mourir par cet actuel jeu de miroir à l'infini des
rivalités mimétiques - autre nom de la démocratie-égalitariste. Mourir par ce
retour au fondamentalisme religieux, loin de l'intelligence des textes et de
la compréhension du vrai mécanisme de la violence. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Le mécanisme victimaire : fondement du religieux -
Mimésis d’appropriation et rivalité mimétique -
Fonction de l’interdit et du rite
- Sacrifice et mécanisme
victimaire - Théorie du religieux - Chapitre 2 : Genèse de la culture et des
institutions
- Variantes rituelles - La
royauté sacrée et le pouvoir central
- Domestication animale et chasse
rituelle - Les interdits sexuels et le principe de
l’échange - La mort et les funérailles - Chapitre 3 : Le processus
d’hominisation
- Ethologie et ethnologie - Le
signifiant transcendantal - Chapitre 4 : Les mythes : le lynchage
fondateur camouflé
- Elimination -
Connotation radicale, négative et positive -
Signes physique de la victime émissaire -
Comment reproduite un triangle
- Mimésis et
représentation - La double genèse œdipienne - Pourquoi
la bisexualité ? - Le narcissisme et le désir de Freud -
les métaphores du désir - Chapitre 5 : Au-delà du scandale - La conversion proustienne -
Sacrifices et psychothérapie
- Au-delà du principe du
plaisir et psychanalyse structurale
- Instinct de mort et culture
moderne - Le skandalon - |
GIRARD - LA
VIOLENCE ET LE SACRḖ - |
René Girard |
Edition Hachette |
1999 |
Après son ouvrage « mensonge
romantique et vérité romanesque », René Girard a entrepris dans cet ouvrage
de remonter aux origines de l’édifice culturel et social qui est au cœur de
notre civilisation. S’appuyant à la fois sur une relecture très personnelle
des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes
d’explication, en particulier la psychanalyse. L’enquête originale que mène
l’auteur, met l’accent sur le rôle fondamental de la violence fondatrice et
de la victime émissaire ; le religieux, secrètement fondé sur
l’unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans cet essai majeur une
définition inédite mais réelle. Dans de nombreux rituels, le
sacrifice se présente de deux façons opposés, tantôt comme « une chose
très sainte » dont on ne saurait s’abstenir sans négligence grave, tantôt
au contraire comme une espèce de crime qu’on ne saurait commettre sans
s’exposer à des risques également très grave. Pour rendre compte de ce double
aspect, légitime et illégitime, public et presque furtif, du sacrifice
rituel, l’auteur invoque le caractère sacré de la victime. Il est criminel de
tuer la victime parce qu’elle est sacrée… mais la victime ne serait pas
sacrée si on ne la tuait pas. Il y a là un cercle bizarre qui s’appellera
ambivalence. Au sommaire de cet ouvrage de 480
pages : Le sacrifice - la crise sacrificielle - Œdipe et la victime émissaire - la genèse des mythes et des rituels - Dionysos - Du désir mimétique au double monstrueux - Freud et le complexe d’Œdipe - Totem et tabou et les interdits de l’inceste - Lévi-Strauss, le structuralisme et les règles du mariage - les dieux, les morts, la sacré, et la substitution sacrificielle - L’unité de tous les rites - |
GIRARD - LE BOUC
Ḗmissaire |
René
Girard |
Edition Grasset
|
1982 |
||
L’action
concrète des Evangiles sur ces problèmes commence visiblement avec les
violences contre ceux que les chrétiens appellent leurs « martyrs ».
Nous voyons en eux des innocents persécutés, car pour avoir du sacré au sens
mythologique il faut que la glorification de la victime s’effectue sur la
base même de la persécution. L’innocence du martyr n’est jamais remise en
cause. « Ils m’ont haï sans cause »
et aussi « Père, pardonne leur, ils ne
savent pas ce qu’ils font » En grec, de même, martyr signifie témoin et c’est l’influence chrétienne qui fait évoluer le mot vers le sens actuel d’innocent persécuté, de victime héroïque d’une violence injuste, et lorsque nous écrivons « la victime est un bouc émissaire », nous recourons à une expression biblique, mais qui n’a plus le sens profond qu’elle avait. Autrefois, son sens était celui de la brebis innocente dans Isaïe ou de l’agneau de Dieu dans les évangiles. Les
Evangiles nous affirmant que le Christ est à la place de toutes les victimes,
sous le rapport épistémologique c’est vrai, les hommes n’ont appris à
identifier leurs victimes innocentes qu’en les mettant à la place du Christ.
La vision mondiale du bouc émissaire va changer avec l’avènement de
Constantin en 325, avec le christianisme triomphant, mais, de persécutés, les
chrétiens se feront persécuteurs, non seulement en occident avec
l’Inquisition mais par la conquête de terres en Amérique, en Afrique ou en
Asie, sous la bannière religieuse des rois très chrétiens, et au nom de Dieu. Il
faut se demander pourquoi Jérôme, ce formidable traducteur qui généralement
ne manque pas d’audace, a reculé devant la traduction du mot « parakleitos »,
il ne voit pas la pertinence du mot et va opter pour « paracletus » ;
son exemple est suivie par d’autres interprètes aussi inintelligent que
possible, et qui traduiront paracletus, par Paraclet. Sur le
Paraclet beaucoup d’œuvres ont été écrites, mais aucunes n’est
satisfaisante car sa définition n’est que théologique. Pour
les interprètes chrétiens, le Paraclet est l’avocat des disciples auprès du
Père. Cette solution invoque un passage de la première épitre de Jean « Mais
si quelqu’un vient de pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus
Christ, le juste »… Parakleitos.
Le texte de Jean fait de Jésus un Paraclet. De
tous les textes sur le Paraclet, voici finalement le plus extraordinaire. Il
parait fait de pièces et de fragments hétérogènes, comme s’il était le fruit
incohérent d’une espèce de schizophrénie culturelle qui le fait paraître
ainsi. On ne voit rien en lui tant qu’on pense l’éclairer à partir de
principes et de méthodes qui forcement relèvent du monde et ne peuvent ni
voir, ni connaître le Paraclet. Jean nous assène des vérités extraordinaires
à un rythme tel que nous ne pouvons ni ne voulons les absorber. Le risque est
grand de projeter sur lui la confusion et la violence dont nous sommes toujours
un peu possédés. « Quand viendra le Paraclet, dit Jésus, il me rendra
témoignage, il révélera le sens de ma mort innocente et de toute mort
innocente depuis le commencement jusqu’à la fin du monde ».
Ceux qui viennent après le Christ vont donc témoigner comme lui, moins par
leurs paroles ou croyances mais en devenant des martyrs comme Jésus. Ces
martyrs seront les premiers chrétiens et tous ceux qui mourront pour la
défense et la croyance en Jésus. Au sommaire de ce livre : Guillaume
de Machaud et les juifs - Les stéréotypes de la
persécution - Qu’est-ce qu’un mythe ?
- Violence et magie - Teotihuacan
- Ases, Kouretes et Titans - Les crimes des
dieux - La science des mythes
- Les maîtres mots de la passion évangélique
- Qu’un seul homme meure - La décollation
de saint Jean-Baptiste - Le reniement de
Pierre - Les démons de Gérasa
- Satan divisé contre lui-même -
L’histoire et le Paraclet |
GIRARD - CELUI PAR
QUI LE SCANDALE ARRIVE - |
René Girard |
Edition Desclée de Brouwer |
2001 |
Cette relecture de la Bible à travers la théorie mimétique
est certes discutable et discutée. Je n'ai ici donné que les grandes lignes de
ce qui j'ai compris et retiré de cette lecture. Ce qui me gêne un peu dans
Girard, c'est l'affirmation d'une spécificité de la tradition
judéo-chrétienne. C'est le croyant qui parle, et l'Académie française ne s'y
est pas trompée, en l'élisant au fauteuil 37, traditionnellement occupé par
un ecclésiastique, où Girard succède au RP Carré. A quand une interprétation
d'un tel niveau intellectuel par un non croyant ? Recueil
de trois essais inédits, suivis d'un long entretien avec Maria Stella
Barberi, le présent ouvrage s'élève contre le relativisme qui mine les
contemporains, incapables de saisir la violence à la racine de tout ordre
symbolique. René Girard revient sur sa conviction que seuls les Evangiles et
"L'Apocalypse" de Jean, prophétisés par la Bible, sont à même de
dévoiler l'origine cachée de toute institution. Il révèle par là-même les
grandes lignes de son travail en cours : un darwinisme revisité, une
anthropologie résolument corrélée à une théologie. Une autre découverte d'un auteur, par le biais d'un livre
d'entretiens et de courts textes: René Girard, philosophe français, récent
académicien. Ce petit opuscule "celui par qui le scandale arrive"
est paru en 2001 et reprend bien la théorie mimétique, centre de l'oeuvre de
René Girard. En résumé, cette théorie pose que le moteur de l'action humaine,
c'est l'imitation, le désir mimétique. On désire une chose, non pour
elle-même, mais parce qu'un autre la désire aussi. On se trouve de ce fait en
permanence dans des relations humaines basées sur le conflit et la violence,
qui mettent en péril l'équilibre des sociétés humaines. Pour Girard, les sociétés humaines ont trouvé la solution
à cette instabilité avec la pratique du bouc émissaire. Une victime innocente
est régulièrement désignée comme coupable des désordres et de la violence, ce
qui permet à la communauté de se refaire une unité et de donner ainsi un
exécutoire à la violence collective, qui peut se déchaîner sans risque pour
la survie de la société. Cette position, illustrée notamment par l'étude des
mythes grecs, est intéressante et mérite discussion, mais ce n'est pas là ce
qui m'a le plus intéressé chez René Girard. A côté du philosophe, somme toute classique, il y a un
chrétien, qui analyse les évangiles et apporte des interprétations personnelles
aux écritures. Cette démarche est pour moi appréciable et brise heureusement
le monopole des religieux sur l'interprétation de haut niveau des textes
sacrés du christianisme. Bien que s'affirmant clairement catholique, Girard
est un laïc, qui n'est en rien tenu par une quelconque hiérarchie religieuse,
qui a le don, aujourd'hui encore, d'étouffer les recherches qui ne sont pas
dans la ligne du Vatican. D'ailleurs, les recherches théologiques les plus
vivantes et novatrices sont actuellement le fait des protestants, signe qui
ne trompe pas. Dans le cadre de sa théorie mimétique, Girard interprète
la Bible comme le refus de cette logique d'imitation, qui prévalait depuis la
fondation du monde. La loi de Moïse est sur ce point explicite "tu ne
désireras pas la femme de ton prochain". Il va plus loin encore dans
l'analyse, avec sa lecture des évangiles. Le Christ serait venu détruire le
système du bouc émissaire, en rompant l'unanimité autour du sacrifice de la
victime innocente. En effet, pour que
l'alchimie opère, il ne faut qu'aucune voix discordante ne viennent
s'interroger sur la culpabilité ou l'innocence de la victime. Jésus, d'abord
bouc émissaire, fait la preuve de son innocence par sa résurrection, signe de
son caractère divin. Ses disciples proclament alors la nouvelle, rompant
l'unanimité de la communauté, qui se déchire autour de la question de
l'innocence ou de la culpabilité de la victime. Cela inverse même le
processus puisque c'est la victime qui est innocente, et la violence
collective envers elle, et donc la société, qui sont coupables. D'où les
phrases de l'évangile où Jésus annonce qu'il est venu apporter le glaive, la
guerre et non la paix. Au
sommaire de cet ouvrage : Violence et réciprocité - Les bons sauvages et les autres - le don et l’échange - Echanges de cadeaux dans les iles du Pacifique - Jésus et la violence - la violence dans les sociétés primitives - Mythes et bouc émissaire - La vérité du judéo-chrétien - Le jugement de Salomon - Les héros infirmes - le chant du serviteur souffrant - L’expression des minorités - Satan et Rédemption - religions archaïques et mensonges révélés - judaïsme, islâm et christianisme - « Soi » comme persécuteur - Paradoxe de la croix et division du monde - L’évangile de Marc - L’Apocalypse - Il n’y a pas de 3e voie - De nouvelles couches de l’histoire - L4Inquisition et la Conscience de l’histoire - Le christianisme comme dernier rempart et dernière barrière - Le propre de l’homme et la violence - Ordre et désordre de Satan - Les païens qui se sont mal convertis - Jumeaux et identité - Violence, désordre et perte des différences - Individualisme et différences des jumeaux - Genèse du bouc émissaire - Le handicapé, l’étranger - Elever des tombeaux aux prophètes - Rôle des interdits - L’Apocalypse, révélation de la Vérité - Un monde sans églises - |
goethe – CAHIER
DE L'HERMÉTISME. |
Divers auteurs et
intervenants |
Edition Albin Michel |
1979 |
Ce
cahier d’étude consacré à Goethe se veut être une contribution à ce chapitre
important de la pensée symbolique qu’est l’hermétisme goethéen. Il s’ouvre
sur le récit intitulé Das Märchen (Le Conte), plus connu en français sous le
titre « Le Serpent vert ». Chantal
Nessler en donne une nouvelle traduction, tandis que Gonthier Fink fait le
bilan d’une critique obsédée depuis prés de deux siècles par ce récit énigmatique,
et qu’Yvette Centeno nous en livre une lecture alchimique. Un autre conte, La
Nouvelle Mélusine, dans une traduction nouvelle due à Chantal Nessler, fait
également l’objet d’une étude neuve et approfondie de G. L. Fink. Goethe
est aussi l’auteur d’une monumentale œuvre scientifique. L’étude qu’il a
consacrée à la spirale paraît assez caractéristique de la pente hermétisante
de sa pensée pour faire l’objet d’une première traduction du fragment du
roman épistolaire, témoignage précieux sur la genèse d’une des
orientations majeures du jeune Goethe. L’ouvrage
se termine par deux études historiques : l’une par Rolf Christian
Zimmermann sur Agrippa et Goethe, l’autre par Roger Godard sur Macarié, le
personnage peut-être le plus mystérieux de l’œuvre de Goethe – l’Initié dont
l’esprit « éveillé » se mouvait parmi les espaces interstellaires,
et qui est présenté ici, à l’intention des hommes d’aujourd’hui, comme la
médiatrice des sources vives de l’imagination créatrice. Au
sommaire de cet ouvrage : Avant
propos de Frédérick Tristan et Antoine Faivre Le
Conte –Le Serpent vert de Johann Wolfgang Goethe Les
mille et une lectures du Serpent vert, bilan de la critique – De l’hermétisme
à l’ésotérisme politique par :
Gonthier Louis Fink – Le
Serpent vert : Essai d’interprétation par : Yvette K. Centeno La
nouvelle Mélusine par J. W. Goethe La
nouvelle Mélusine. Goethe à la recherche d’un nouveau langage ésotérique par : Gonthier Louis Fink – De la
tendance spirale par : J. W. Goethe Goethe
et la tendance spirale – Le fragment de roman épistolaire de Goethe par : Antoinette Fink-Langlois – Les
quatre « furores » d’Agrippa Von Nettesheim et le « Wanderers
Sturmlied » de Goethe par :
Christian Zimmermann Macarie
ou l’anti-Grand Cophte par :
Roger Godard - |
GORDON - CE QUE FUT LE DÉLUGE |
Pierre Gordon |
Edition Signature |
2006 |
||
La Genèse, l’Ancien Testament, l’épopée de Gilgamesh, le Livre des morts égyptiens, la Conquête de la Toison d’Or, ainsi que les grands récits arméniens, chaldéens, iraniens et scandinaves. Pierre Gordon a été à l’école de Durkheim et il n’ignore rien des méthodes rigoureuses appliquées par les scientifiques, qu’il cite d’ailleurs souvent dans cet ouvrage, cependant sa méthode est nette et sans ambigüité : l’être humain avant de sombrer dans un état mental inferieur, fut (selon lui) d’abord, un Surhomme. Des lors, l’histoire humaine se présente comme une lente dégradation de la connaissance ontologique dont il était, dans l’univers de la radiance, nanti à l’origine. Conséquence de la chute qui l’a plongé dans l’opacité d’un cosmos matériel, il s’est « dessoudé de l’Être » et cherche désespérément à retrouver ce pouvoir mental supérieur qui fut le sien. « L’homo sapiens adamique », comme l’appelle Pierre Gordon, aurait connu la plénitude dans un univers de radiance dynamique, d’où sa nostalgie inextinguible du Paradis perdu. Dans cette étude, l’auteur déclare qu’il ne lui eut été d’aucune utilité de réunir tous les textes connus mentionnant le Déluge, ceux-ci présentant peu ou prou le même type de scenario. La démarche mentale, spéculative donc, lui est apparue beaucoup plus pertinente. Cependant, il pose comme un a priori que c’est l’Esprit et son essence dynamique qui créent et ordonnent le monde phénoménal et non pas l’inverse, que c’est l’homme, cet être aux pouvoirs entachés d’une paralysante limitation mentale, qui aurait inventé les dieux et leur demeure olympienne. Au sommaire de cet ouvrage : Les traditions diluviennes en Amérique - Récits des diluviens et leurs significations dans tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud - Les traditions diluviennes en Océanie - les traditions diluviennes dans l’archipel indien - les rites agraires - l’ancêtre initiateur - comment le Déluge devint un fait planétaire - Ancienneté des récits diluviens - Birmanie, Cochinchine, l’Assam - Polynésie - Nouvelle Zélande - Micronésie - Mélanésie - Australie - Iles de la sonde - Provenance néolithique des récits diluviens - les Karans de Birmanie - les Tchingphô - les Ba-nhars - les Bhils - Deucalion et Ogiges - Dardanos - la Grèce - Merops - Phaéton - les récits diluviens en Chaldée - Bérose - les Héliques - Ninive et le mont Nisir - Le drame sacré du Déluge - La tradition diluvienne dans la Bible - Les deux récits diluviens de la Genèse - le récit élohiste et le récit yahviste - La mission salvatrice et l’ivresse sacré de Noé - la culture de la vigne - le vin sacré de la montagne - l’attitude des trois noachides - le scénario sacré de la tour de Babel - Suréminence de la Montagne diluvienne - Les deux montagnes diluviennes de la Bible - la montagne sainte de Moise - les monts Ararat - l’Urartu en Inde - le Mont Baris - masion - Koufah - Apamée - Elvend - Demavend - Kouner - Dagh - Yima - La montagne en Egypte - la sainte montagne d’Abydos et le rituel osirien - les temps primordiaux - Thèbes et Coptos - rituel abydénien - ce que nous enseigne le rituel osirien - scenario diluvien en Egypte - La Tradition diluvienne en Afrique - les Pygmées et les tribus nègres - les montagnes artificielles - la Montagne comme notion religieuse rectrice - Hiérapolis en Syrie - le fente par où s’écoula l’eau diluviale - les deux colonnes - primauté de la Pierre Sacrée - Où la Montagne Primordiale se situait-elle ? les montagnes d’Ararat - le Paradis terrestre - les données égyptiennes et chaldéennes - les Enfers - voyage des morts - l’obole des morts - le Caucase - la sacralisation de la mer noire - les Ases - l’empire de Tanasis - Mardouk - les traditions iraniennes et autres - les traditions hindoues et tibétaines - Reste-il- des traces de la Grande Montagne diluvienne ? - Selon Homère - théocratie préhistorique - le rituel de mort et de renaissance - l’Agarttha - Universalité du Déluge - le Déluge comme cataclysme géographique - Phaéton - le Déluge de l’Atlantide - Hracan - la disparition de l’Atlantide - Platon - Multiplicité des iles Saintes - La Montagne diluvienne et le Dieu de la Montagne - la Dame et le Seigneur de la Montagne - Pourquoi la Montagne est devenu l’habitat de Dieu - El- Shaddaï, Yahvé et la montagne diluvienne - |
GORDON – DIEUX PAÏENS ET SAINTS CHRÉTIENS |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2013 |
Ne devrait-on pas s’étonner de trouver dans nos églises autant de saints céphalophores, dont certains n’ont même jamais existé ? Tous, nous montrent Pierre Gordon, sont bien à la suite des dieux païens, les héritiers de personnages sacrés et grands initiateurs des premières théocraties paléolithiques et néolithiques. S’appuyant sur une solide érudition, l’auteur analyse un grand nombre de rites qui ont perduré à travers le monde et seraient, selon lui, à l’origine des mythes, et non l’inverse, comme on le pense bien souvent, car, nous dit-il, « les traditions ne mentent pas, fixées depuis des millénaires sur le roc de la liturgie ». Le grand rite de mort et de résurrection serait ainsi l’apanage de cette grande Eglise théocratique de l’Âge d’Or qui transmit la Tradition Primordiale. En cela, ce nouvel inédit de Pierre Gordon, s’inscrit bien dans l’ensemble de l’œuvre de ce grand préhistorien des religions, grâce à laquelle « une voie possible vers la Vérité nous est ouverte » Les innombrables saints par exemple qui, une fois décapité, se baissent pour ramasser leur tête et courent la porter dans un endroit sacré, ne relèvent en rien de la crédulité humaine. Leur geste traduit de très vieux rites initiatiques qui datent du néolithique, et que le Christianisme a longtemps pratiqués dans les campagnes, en marge de ses rites spécifiques. Ce qui explique, on le verra dans cet ouvrage, les survivances païennes dans le christianisme, c’est avant tout, que le paganisme, dans sa substance profonde, était aussi bien que le christianisme, une initiation au monde de radiance, et y conduisait par une liturgie analogue. La christianisation n’a donc pas marqué, en beaucoup de cas, surtout dans les milieux rustiques, où se perpétuaient de très vénérables coutumes, une brisure avec la religion antécédente, elles en ont été plutôt la renaissance et l’épanouissement. Les saints chrétiens ont tout naturellement pris la place des dieux païens, parce que, dans le fond, ils étaient comme eux, des canaux du sacré et des initiateurs. S’étonner que nombre des saints n’aient jamais existé en tant que personnages chrétiens, et transposer simplement des divinités païennes, c’est méconnaître à la fois la nature et la fonction des uns et des autres ; c’est ne pas se rendre compte que les dieux, comme les saints, se référent à une seule et unique réalité : l’être dynamique du surhomme, pivot de toutes les religions humaines. Au sommaire de cet ouvrage : Première partie : Le paganisme et le Christianisme, stade d’une religion unique - Importance et principe du matriarcat - le fond religieux primitif - les caractères du rituel diluvien - l’église néolithique - Paganisme et christianisme, leurs dieux - l’unité religieuse dans l’humanité et de l’Être dans le surhomme - la croix chrétienne et la croix païenne - Deuxième partie : L’enceinte sacrée néolithique et ses survivances - la ceinturation sacrée et ses anneaux - les couronnes - le rite de la circumambulation - Troisième partie : Pierres et objets sacrés venus du ciel : Les pierres bizarres venus du ciel - autres objets sacrés tombés du ciel - Quatrième partie : Le rite de la décapitation et les personnages qui portent leur tètes à la main - Le sectionnement de la tête et les usages funéraires - Dyades et Triades matriarcales - le sens et l’importance de la tête coupée dans la religion hellénique - Athéna et la tête de Méduse - le poulpe comme tête coupée - le poulpe et Aphrodite - le rite initiatique de la tête coupée - la céphalophorie de saint Denis et son explication - Octobre, mois des saints céphalophores - les saints céphalophores, les emplacements sacrés du paganisme et les monastères bénédictins - la transition du paganisme au christianisme - les saints céphalophores et la traversée des cours d’eau - Cinquième partie : Les passeurs géants du paganisme et saint Christophe : - Orion - les dieux et héros grecs, porteurs du sacré - Bran, Thor, Wade, Grettir - Rôle des passeurs géants, le sacré et ses modalités de transport - les héritiers des passeurs initiatiques - la saint Christophe oriental, ou saint Christophe à tête de chien - le saint Christophe occidental et les survivances folkloriques - |
GORDON – LA MAGIE DANS L’AGRICULTURE, ORIGINE ET SENS DES RITES AGRAIRES |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2009 |
Ce texte inédit de Pierre Gordon paraît ici pour la première fois. « Jamais un auteur, nous dit Ange Duino dans son avant-propos, n’avait exposé de façon plus claire les origines lointaines des rites agraires et leurs liens, passés jusqu’ici inaperçus, avec le grand rite de mort et de résurrection qui, depuis l’origine de l’humanité, n’a cessé de véhiculer le message de la Tradition Primordiale ». On comprend, à la lecture de ce texte, pourquoi l’antiquité connut des rois laboureurs, la profondeur des cultes phalliques, comment la terre fut assimilée à la Mère Divine. Loin de la vision réductrice, mais satisfaisante pour nos ego modernes, qui fait de nos ancêtres des primitifs aux mentalités enfantines, Pierre Gordon démontre au contraire leur grandeur et la puissance spirituelle et mentale dont ils ont imprégné l’humanité jusqu’à nos jours. Ce livre nous fait découvrir non seulement le sens des coutumes et folklore agraires mais aussi l’origine de nombreuses toponymies et étymologies. Il montre la grandeur de nos ancêtres et la puissance spirituelle et mentale dont ils ont imprégné l’humanité jusqu’à nos jours. Il met en exergue la notion de « mana » partagée universellement par tous les peuples de la terre sous des noms divers, il nous plonge aux racines mêmes de la compréhension de cette énergie dynamique, source de toute manifestation et paradis perdu auquel l’homme tache de se reconnecter depuis la nuit des temps. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Rires agraires et initiatiques - Définition et méthodes à suivre pour l’étude des rites agraires - Le rituel de mort et de résurrection - l’influence du matriarcat - les rites initiatiques essentiels - Chapitre 2 : Le champ de céréale comme sanctuaire - Le champ et la montagne sacrée - le roi laboureur - le labour rituel dans les fêtes d’Osiris et en Inde - Chapitre 3 : Les rites agraires et le matriarcat - La Mère Divine et le champ de céréales - la femme et le travail des champs - le labour comme rite de sexualité - ce qu’est la mère des céréales - Chapitre 4 : Les rites agraires et les éléments de la liturgie initiatique - L’arbre - la pierre et le feu - les hommes-animaux et les animaux porteurs du feu - les Brandons - L’eau - l’air, le vannage, le bernement - la montagne sacrée - la caverne sacrée et ses succédanés - les morts - la fête des mânes comme fête agraire - le vêtement neuf - Chapitre 5 : Les rites agraires et l’offrande des prémices - Fondement de l’offrande des prémices et la fête du nouvel an - désécration et consécration - offrandes lors des semailles, de la moisson et lors du battage - l’engrangement - Chapitre 6 : Les rites agraires et l’âme des plantes - l’âme des céréales - la céréale comme saint-sacrement - Dumuzi-Tammouz - Nisaba, Ezinu - l’âme du vin - Sinis - l’alcoolisme sacro-saint - Adonis - l’âme de la céréale et la gerbe - Chapitre 7 : La première et la dernière gerbe comme centre des rites - D’où vient le privilège attribué à la première et à la dernière gerbe ? - personnification animale - Le grand chasseur et l’Ogre - Chapitre 8 : Les rites agraires de deuil - Pourquoi les rites agraires comportent des rites de deuil - le Maneros égyptien - les plaintes d’Isis - les lamentations babyloniennes sur la mort de Tammouz - Kostrubonko - les jeux, la lutte et les danses - Hymne homérique à Déméter - les deux déesses agraires - Chapitre 9 : Les sacrifices pour les récoltes - Les sacrifices humains - le dépeçage de pélops - les 100 enfants immolés en Equateur - les sacrifices mexicains pour la moisson - l’immolation printanière chez les indiens Pawnee - les sacrifices animaux pour les récoltes - Chapitre 10 : Les rites agraires et les étrangers - Pourquoi les étrangers furent considérés comme pourvus d’un mana spécial - le mythe de Lityersès - Rôle réservé aux étrangers - Chapitre 11 : Liens des rites agraires avec les rites nuptiaux et royaux - La résurrection initiatique - la dernière gerbe comme la « vierge, la fiancée, la jeune-fille, la mariée, la vierge, la reine, le berceau d’enfant, Kirn » - le sens des mots Kirn et corn - ce que révèle le mot « blé » - Chapitre 12 : La nudité et les orgies dans les rites agraires - Orgies et mariages - les orgies religieuses ne furent point des rites bassement magiques - les figurations phalliques comme instrument de fertilité - Chapitre 13 : Autres rites agraires - Les jardins d’Adonis - Le flottement de la chevelure et le balancement du sac de grains comme rites agraires - la procession comme rite de fertilité - le tir à l’arc - la danse et le bruit sacré comme rite agraire - les arts graphiques et les jardins d’Adonis - Chapitre 14 : Conclusion - Place des rites agraires et de chasse dans l’ensemble des rites - rites de passage - unité des rituels humains - |
GORDON - LA MAISON HUMAINE ET SON ORIGINE SACRÉE - |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2012 |
Cet
essai inédit de Pierre Gordon, nous offre un angle de vue tout à fait
novateur et éclairant sur l’origine de la maison humaine. L’auteur nous
apporte la preuve, en s’appuyant sur de solides travaux ethnologiques, que
pas un détail de sa genèse n’échappe aux conceptions les plus anciennes du
sacré et que c’est au sein du domaine rituel qu’elle fut inaugurée, sous
forme de « résidence surnaturelle ». La pose de la première pierre, l’inauguration d’un édifice, le seuil sous lequel on enterrait une hache de pierre ou bien encore des feuillages déposés sur une toiture que l’on vient de terminer, prennent alors tout leur sens. A
ce jour, il n’est pas de nouvelles découvertes archéologiques,
ethnographiques, paléontologiques, qui ne viennent s’inscrire dans l’œuvre de
Pierre Gordon comme une pièce manquante d’un puzzle dont il a donné le cadre,
faisant de cet auteur, non seulement un grand chercheur dans le domaine de la
Tradition, mais également un visionnaire. Etant
donné le caractère initiatique des premières constructions élevées dans les
cavernes et les enceintes divines des hauteurs, il est hors de doute que le
temple divin eut très exactement la même origine que la maison humaine. La
demeure où s’abritait ces êtres saints qui étaient des néophytes ou des
initiés, pouvait-elle différer de celle où résidait l’ancêtre initiateur,
prototype des dieux locaux ? Pour tous, le mana transcendant
était identique, et la vie, pendant longtemps, fut commune. D’autre part, les
objets utilisés pour les rites – objets sacrosaints dont l’énergie surnaturelle
se personnifia très souvent, par la suite, en déités spéciale – étaient, eux
aussi, logés dans les mêmes conditions et abrités de la même manière. Au sommaire de cet ouvrage Ouranos et les cavernes sacrées de l’ère paléolithique - Le rituel de mort et de résurrection - Réaction de la terre-mère et des « filles des hommes » - La théocratie néolithique - Avènement de rites nouveaux - La lutte des dieux contre la Mère Divine - Participation progressive de l’homme au travail agricole - Les formes primitives de la maison humaine - Les architectures - Les enceintes sacrées anciennes et actuelles - Les cavernes - Les abris de feuillages - Les demeures quadrangulaires - Les maisons rondes - La tente - L’arbre sacré - La hauteur sacrée comme principe d’architecture - Mes monuments mégalithiques - Les montagnes sanctuaires transformées en œuvre d’art - La Ziggurat, les truddhi, les sesi, les talayots, les nuraghes, les brochs ou duns - Les veems et les cases - Colombiers et Moulins à vent - La maison d’Akitu - Les monticules sacrés - Le Temple du dieu identique à la maison humaine - Les Temples de l’antiquité classique - La colonne et l’obélisque - Le portique - Les sanctuaires portatifs et flottants - Les agglomérations humaines comme lieux sacrés, Rome et Paris - Les monastères - les camp militaires - La maison et le feu sacré - La maison troglodyte - Le bois comme matériau noble - L’entrée de la maison comme gueule du monstre - La maison et les arbres sacrés - L’eau sacrée - Epoque propice à la construction de la maison - Les fêtes de la maison - Les emplacements initiatiques - Les cimetières - La nécrolâtrie et la nécrophobie - Maisons groupées et maisons dispersées |
GORDON – LA NUIT DES NOCES |
Pierre Gordon |
Edition Dervy |
1951 |
L’on considère comme une évidence que les coutumes sexuelles des sauvages attestent le grossier niveau originel de l’humanité ; l’ancêtre lointain aurait eu les mœurs les animaux ; les cultes phalliques du néolithique prouveraient le terre-à-terre de ses vues religieuses ; et le fait que, chez quantité de peuplades contemporaines, un garçon se refuse à épouser une fille vierge, démontrerait l’inexistence de toute portée spirituelle dans l’union conjugale primitive. L’acte de chair, aurait eu à la longue, la valeur d’un « charme magique de fécondité ». Voulant en finir avec cette théorie contraire aux faits, l’auteur a soigneusement récolté les données et les a longuement étudiées. La conclusion qui s’en dégage est que l’humanité la plus ancienne, eut des idées d’une exceptionnelle élévation, dont les usages postérieurs marquent la dégénérescence. Les mœurs qui actuellement déroutent, ne sont pas justifiées, elles sont assez embrouillées, aussi l’auteur s’efforce t-il de les rendre plus compréhensibles. Au sommaire de cet ouvrage : Les Primanoxismes et les usages connexes – Afrique – Indonésie – Amérique – Polynésie – Australie – Europe – Sources lointaines de ces coutumes – la valeur de la virginité - Pourquoi certains peuplent considèrent comme déshonorant, pour une femme, d’être déflorée par son mari - Valeur de la virginité - Coutumes aberrantes relatives à la défloration - Défloration au moyen d’objets divers - du doigt - défloration par d’autres hommes, autre que le mari - Les différentes modalités, et l’extension de la prostitution prénuptiale - Le mulierisme - le centaurisme - l’accouplement bestial - la hiérodulie - le sacerdotisme - le sénisme - le principisme - le nasamonisme - l’arkisme - le pérégrinisme - la prostitution babylonienne - le cadéberisme - le talisme - l’échangisme - la prostitution rituelle des femmes mariées - sens du primanoxisme - Le lieu et le salaire de la prostitution nuptiale - Le sanctuaire - le harem - le don afférent à la défloration et à la prostitution sacrée - la dot de la femme et l’union hiérogamique - le don en argent - le mariage par achat - Sens profond de la liturgie de sexualité et des conceptions phalliques - Le sacrement de sexualité d’après les vues anciennes - l’hermaphrodisme initial - la liturgie de sexualité et la notion du domaine rituel - la dégradation des rites sexuels - les « messes noires » - |
GORDON - LA RÉVÉLATION PRIMITIVE |
Pierre Gordon |
Edition
Arma Artis |
2008 |
L’on
nomme Révélation Primitive, la
communication spéciale qui s’est établie, tout au début de l’histoire
humaine, entre l’homme et la préternature. Par préternature
nous entendons l’univers transcendant ou dynamique qui forme le substrat des
choses accessibles à nos sens. L’on peut concevoir cette communication de
deux manières : La
première consiste
à admettre que l’être humain fut jeté, dès le principe, dans le cosmos que
nous avons sous les yeux, autrement dit dans le monde saisi comme physique,
par l’intermédiaire des sensations, et que Dieu lui dévoila alors des notions
plus hautes, propres à l’univers de la transcendance. Le péché originel mit
fin à ces contacts, et notre espèce en fut, désormais réduite aux modalités
empirique de la connaissance. La difficulté est de discerner par quelle voie,
dans cette hypothèse, se communiquaient primitivement à l’homme, les idées
qui l’exhaussaient au dessus du monde appréhendé comme physique ou
spatio-temporel, et le renseignaient sur le royaume divin, était-ce par
l’intermédiaire des sensations ? ou au moyen d’intuitions mystiques, qui
soustrayaient momentanément la pensée à l’emprise des perceptions
sensibles ? La seconde conjecture est, de toute évidence, seule acceptable. Mais autant dire alors que le milieu intuitif, caractéristique de l’état édénique primordial, différait de l’ambiance physique au sein de laquelle nous nous mouvons. Nous retombons ainsi dans cette 2e conception, d’après laquelle l’homme fut primitivement placé dans le cosmos de la matière saisie directement comme radiante, en d’autres termes dans l’univers, extraspacial et extratemporel, de l’énergie pure, où la pensée n’est pas arrêtée par les impressions des sens et accède au dynamisme des l’être. Le milieu primitif de l’homme était donc, suivant cette seconde notion, à tous égards transcendant et divin. L’initiation
chez les « Primitifs » consiste essentiellement à révéler
l’existence d’un monde réel, d’un univers divin, et à mettre en contact avec
lui, les novices, après les avoir dépouillés de leur personnalité ancienne
(c’est la mort du vieil homme dans les rites modernes). Chez
ces peuplades primitives d’Afrique ou d’Australie, les jeunes gens sont rassemblés,
puis les surveillants se saisissent d’eux et les élèvent à bout de bras vers
le ciel comme pour les confier à l’Être Suprême ; les gardiens sont
ensuite eux-mêmes soulevés, le visage tourné du côté de leurs pays
respectifs. Pendant ce temps tous les assistants tiennent le bras tendu vers
la lumière du ciel ; il s’agit là de rattacher les jeunes novices à
l’Être Souverain. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Etat primordial d’illumination, occultation primitive et révélation - Importance du premier ancêtre - L’existence de la tradition prouve que la pensée humaine ne relève point de l’animalité - La substance de la tradition primitive - Inconsistance présente de l’histoire et de l’homme - Chapitre 2 : Conséquence générales de l’occultation primitive - Rupture de l’être avec l’unité - Isolement du JE humain - Le travail comme condition de la vie du corps - Transformations organiques - La mentalité ontologique - Pourquoi la mentalité empirique actuelle ne fut point primitive - Chapitre 3 : Les Initiations et les mystères, comme suite de la Révélation Primitive - Le rituel initiatique ou rituel de mort et de résurrection - Les diverses initiations, chez les primitifs, dans l’Antiquité, dans la chrétienté et dans divers courants spiritualistes - L’hermétisme - La tradition initiatique et son support rituel - La théocratie ancienne propagatrice des initiations et des mystères - Chapitre 4 : Le signe cruciforme comme symbole de l’occultation et de la révélation - La croix préhistorique à branches égales - Les symboles cruciformes - Survivances astrologiques - Le signe cruciforme païen et chrétien - L’illumination primordiale et le symbole du cœur - Chapitre 5 : La voyance - Les prophétesses sacrées - Pourquoi les Normes et les Moires l’emportaient sur les dieux - La voyance comme facteur d’unité religieuse - Chapitre 6 : La Religion, fruit de la Révélation primitive - Le sacré et les notions connexes - La religion et la science - La religion et la magie - Chapitre 7 : Le culte des ancêtres - La place du premier ancêtre dans les diverses civilisations - Le premier ancêtre et le diable - Le culte des morts - Chapitre 8 : L’univers rituel comme survivance de l’illumination primitive - L’île sacrée - La montagne sacrée - Les monts Atlas - La Rome primitive et le nombre 12 - Le monde souterrain ou les enfers - L’Autre monde et l’ici-bas |
GORDON - LE GÉANT GARGANTUA |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2012 |
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Gargantua est l’ordonnateur d’une géographie sacrée marquée entre autre par les dolmens et les menhirs, éléments sacralisants, puisqu’émanant de la Montagne Sainte, dont il jalonne l’espace. Gargantua n’est pas le représentant du paganisme ou le porte étendard de l’antichristianisme, nous dit Pierre Gordon car christianisme et paganisme se rejoignent dans les ondes souterraines d’une religion unique centrée sur le rituel primordial de mort et de résurrection. Idée que P. Gordon a lumineusement saisie et développée dans toute son œuvre qui, au fil des années, rencontre un intérêt et un enthousiasme croissants de la part des lecteurs. Au sommaire de cet ouvrage : 1e Partie : Les ancêtres de Gargantua : Chapitre 1 : Le géant qui mange les hommes – le vampirisme divin dans l’antiquité – Cronos – le vampirisme comme digesteur divinisant – les labyrinthes – régressions folkloriques – les carnavals – les incubes et les succubes – les lamies et les lémures – Hécate – Karkô – Krakos – Calchas – origine du mot « ogre » - l’île Gorgona – Chapitre 2 : Les grees et les gorgones – les îles gorgates – la descendance de Méduse et de Poséidon – le sang dragon – la valeur salvatrice du sang – la hiérogamie de la Gorgone – la mère divine dans le christianisme et dans le paganisme – Chapitre 3 : Où est né la Gorgone – le problème de l’Atlantide - Tula et Ogygie – le rituel diluvien – qui étaient les Atlantes ? – les 10 rois de l’Atlantide – l’empire des Atlantes – les courses de chevaux dans l’île sainte – Chapitre 4 : Les êtres et objets initiatiques désignés par le thème verbal G.R.G. – en Mésopotamie – les Kourganes russes – Le Mont Gargan – le Gargantua d’Angleterre – le galgan germanique – Gergovie, gargarius et galgerius – le mot gurges – la gorge initiatique – Grandgousier et Gargamelle – Grantgosier et Galemelle – la femme sacrée qui apporte des pierres dans son tablier –pourquoi le diable bat sa femme – Chapitre 5 : Saint Gorgon – Rivières et mont sacrés désignés par le thème verbal G.R.G. – Saint Georges et son histoire – Chapitre 6 : Ce que signifie les noms donnés au dragon – la fée Greg – la gargouille – le coquatrix et la cocadrille – crokos et crocodile – les monstres des sculptures romanes – la Tarasque – la Tarane – Dragon et cerf-volant – la tête coupée du dragon – Chapitre 7 : L’épée d’or et le cheval divin – Les enfants du Dragon – le meurtre de la Gorgone comme rite de libération – le géant anguipède – le cheval Malet - le cheval Gauvin – la blanque jument – le cheval Bayard et les divers chevaux – 2e Partie : Belen, « Père » de Gargantua Etymologie – Belen-Baleine – Belen et Belisame – Belen dans les pays européens – le Bel et les Baals de l’Orient – Belen-Bel – les avatars de Vishnou – L’île de Bali, Balinac et Bolotoo – Abellio – Belen et Gargantua – D’où vient le mot Bal – La tombe de la Roque Balan – les grands chasseurs initiatiques – Les Ballachrades d’Argos – La boulé, le bain, la bulle – les jeux qui se rattachent à Belen-Bel – 3e Partie : Gargantua : Chapitre 1 et 2 : Gargan et Gargantua – Evolution sémantique du mot Gargantua – Gargantua comme rameau de rosier sauvage – Chapitre 3 : Naissance et enfance de Gargantua – la Grande montagne – Merlin démiurge – Gargantua fils de vache – Gargantua et les mutilations initiatiques – Gargantua teint la terre de son sang, rituel de sacralisation – Chapitre 4 : Gargantua grand chasseur avec le roi Arthur – la « pierre gante » - Sainte Macrine – La reine Guenièvre – La Mesnie Hellequin – Caliburnus le glaive du roi Arthur – l’île où repose le roi Arthur – Arthur, enfant adultérin – le mythe d’Amphitryon – Gargantua croquemitaines – Saint Nicolas – Saint Leu – Loup garou – Chapitre 5 : Gargantua, Digesteur divinisant – les tombes de Gargantua – Gargantua et les dragons –les os de baleine – Gargantua et la peste – 50 paires de bœufs portent Gargantua en terre – Descente de Gargantua aux enfers – Chapitre 6 : Gargantua Libérateur et les rites terminaux des initiations – Gargantua et le soleil – Gargantua et les repas communiels – les festins du roi Luern - L’universalité de la personnalité de Gargantua – Chapitre 7 : Gargantua et son rôle d’initiateur – les empreintes et traces de Gargantua – la chaise du géant – les fesses de Gargantua – les culottes – l’écuelle – le lit – la barbe – les reliques – l’affiloire – l’ornière du chariot – Chapitre 8 : Gargantua et la sacralisation des montagnes – les rites scatologiques de création – les vomissements – la hotte – les étrennes – le Mont St Michel - les colonnes et les tours – les clochers et les cloches – Chapitre 9 : Gargantua et les pierres sacrées – les jeux – les palets et les gravois – les pierres d’autel apportées au Mont St Michel par Galemelle et Grantgosier – Marie-Madeleine – Chapitre 10 : Gargantua et les eaux sacrées – La traversée d’une rivière – le dragon maître des eaux – la sacralisation de l’eau par Gargantua – le Marais poitevin – les bateaux et les mariniers avalés par Gargantua – Construction de ponts – Chapitre 11 : Gargantua et les rites agraires – les végétaux – Esus – Sucellus et Taranis – la fondation de Bourges – les dieux bûcherons – Donar-Thor et les géants nordiques – Gargantua berger et personnalité lunaire – la femme de Gargantua – Chapitre 12 : Absence de connexion avec le feu sacré – rareté des danses et des rondes – Chapitre 13 : Résumé de la légende de Gargantua – « les Grands Dieux » - les dieux ancestraux – les Saints successeurs des dieux – |
GORDON - LE MYTHE D’HERMÈS |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1985 |
Comme tous les vieux mythes qui recouvrent une signification profonde, celui d’Hermès est, au premier abord, un tissu d’enfantillages, d’incohérences, et de non sens. Ce dieu naît dans une grotte du mont Cyllène, au nord ouest de l’Arcadie, il a pour mère la nymphe Maïa, à qui Zeus avait rendu des visites nocturnes. Aussitôt né, il sort de son berceau pour aller en maraude, son but principal est de mettre la main sur les troupeaux d’Apollon. Devant une caverne. Devant une caverne, il rencontre une tortue qui rampe, il lui ôte la vie, et dans le creux de la carapace, tend une peau de bœuf, il ajuste ensuite sur cette peau des baguettes de roseau, et des intestins de mouton : La lyre est découverte. Après la chute du jour, il se faufile vers les montagnes de Piérie, où se trouvent les 50 vaches d’Apollon, il les amène à reculons pendant la nuit, après avoir attaché sous ses pieds des branches feuillus d’arbustes. Parvenu sur le bord de l’Alphée, il les enferme dans un antre, et en tue deux, non pour les manger mais se donner le plaisir de les sacrifier. Il invente à cette occasion le feu en faisant tourner une tige de laurier dans un morceau de bois tendre. A l’aube il regagne son berceau, sur le mont Cyllène ; Apollon ne tarde pas à s’apercevoir du rapt, et, grâce à ses facultés de clairvoyance, à trouver le coupable. Un vieillard affirme du reste avoir vu passer l’enfant et les vaches, mais le petit Hermès nie avec effronterie et adresse à Zeus, qui n’est nullement dupe de ses arguties, s’en amuse, et le condamne à restitution. Il se réconcilie avec Apollon. Celui-ci est loin toutefois d’être complètement rassuré, il craint pour son arc ; d’autant plus qu’Hermès est fertile en tours, attestant son habileté (il se transforme notamment en brume pour passer par le trou d’une serrure). Un accord est finalement établi et Hermès donne sa lyre à Apollon en échange de la copropriété des vaches. Apollon lui fait en outre cadeau d’un fouet et d’une baguette, puis révèle à Hermès où se trouvent les Thries, vénérables sorcières en possession d’initier à l’art divinatoire (ces prophétesses recouraient aux petits cailloux sacrés appelés triai, que l’on jetait à la manière des sorts. D’autres vols ont été attribués à Hermès, tel le vol du trident de Poséidon, l’épée d’Ares, la ceinture d’Aphrodite et les flèches d’Apollon. Il tranche la tête du géant Argus chargé par Héra de surveiller la génisse Io, amante de Zeus. Son dada est le bétail, il est d’ailleurs souvent représenté avec une brebis dans les bras ou sur les épaules. Telle sont les principales informations fournies par un hymne homérique fameux sur l’enfance d’Hermès. Cela peut paraître étrange que ce récit ai pu être récité lors de cérémonies initiatiques, mais à cette époque le merveilleux faisait parti des cérémonies. Hermès est souvent représenté avec un double visage, précédent ainsi le Janus romain, on le symbolise également comme le dieu de la fécondité animale et de la fertilité, l’analogue du dieu Pan, lequel était du reste tenu pour son fils ou son frère. . Il est également le conducteur des hommes aux enfers, il est la divinité des chemins et le protecteur des voyageurs, il est le gardien des portes – comme le Janus romain – Alors comment expliquer que ce dieu espiègle aux exploits disparates et chaotique soit devenu à la longue l’Hermès Trismégiste, le Maître des pensées transcendantes, le dispensateur de la lumière cachée, le révélateur des secrets initiatiques ? Les exégètes qui ont travaillé sur Hermès sont très partagé, certain tiennent Hermès pour une divinité solaire ou pour l’incarnation de l’aurore, d’autres y voit un dieu du vent, le crépuscule ou l’hypostase de l’obscur, mais la majorité se sont rallier à la phrase de Cicéron : « Hermès a des origines multiples. » L’auteur démontre qu’Hermès malgré cette multiplicité de visages se ramène à l’unité, lorsqu’on pose comme essence première de ce dieu l’ensemble des rites initiatiques, dont il fut considéré comme l’instaurateur. Au sommaire de cet ouvrage : Le rituel de mort et de résurrection – sens premier du mot Hermès – l’essence transcendante des hermai – Hermès bicéphale et tricéphale – Hermès tétracéphale – L’hermaphrodite et l’androgyne initial – les travestissements initiatiques – Le caducée et les deux serpents enlacés – le trident d’Hermès – Hermès phallos è les hermai et leur culte – les fêtes d’Hermès – Hermès et le coq – l’éphèbe – la lyre , les vols de bétail – les chiffres de 100 et 50 – les vaches femmes et Io – les vaches d’Apollon – le vieillard d’Anchestos – Hermès inventeur du feu sacré – les Thries – hermès et le rire initiatique – les pléiades et la fille d’Atlas – Hermès psychopompe – Hermès dieu des voyageurs, messager de Zeus, dieu des marchands et des affaires –Hermès logios et logos – Hermès Thot – L’hermétisme –le mercure gaulois – |
GORDON – LE SACERDOCE A TRAVERS LES ÂGES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1993 |
Le monde initiatique ou monde souterrain est au point de départ de toutes les religions certes il ne faut pas confondre religion et initiation, il n’en est pas moins indubitable que le rituel de mort et de résurrection fut le principe de base et resta toujours l’essence de toutes les formes religieuses quelles qu’elles fussent Depuis toujours le prêtre peut se définir comme celui qui établit la liaison entre l’univers physique, soumis à l’espace-temps, et l’univers dynamique, soustrait à cette sujétion, et ceci dans l’intérêt d’un groupe social. La connexion du cosmos phénoménal avec le cosmos du mana s’opéra d’abord par le père de famille, qui fut sans nul doute le premier prêtre. Pierre Gordon nous invite à un voyage dans le temps où il nous fait rencontrer les premiers prêtres, les chamans, les guérisseurs, l’élaboration lente des premiers dieux et tout ce qui tourne autour du sacerdoce religieux païen qui par la suite va muter vers une structure religieuse plus élaborée et plus contraignante. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre premier : Cosmos physique et cosmos dynamique - religion et science - l’initiation - définition du prêtre et le père de famille comme premier prêtre - le rôle sacerdotal de l’ancêtre - la théocratie - les rois-prêtres - Chapitre deuxième : les rois-prêtres - les Jukuns - les rois de France et leurs pouvoirs de guérir - L’investiture royale et la théocratie - Le roi-prêtre dans ses rapports avec le roi de substitution - Chapitre troisième : Sacerdoce masculin et féminin - le sacerdoce des eunuques et des efféminés - les travestissements sacrés de l’homosexualité - la fonction sexuelle du sacerdoce - l’investiture par hiérogamie - l’investiture royale dans l’ancienne Chaldée - survivances sacerdotale dans le matriarcat - Chapitre quatre : L’aptitude à la prêtrise, son principe, le vêtement sacerdotal - les clochettes et les grenades sacerdotales - les personnes aptes au sacerdoce dans l’antiquité - comment et pourquoi avaient t-elle du prestige - Chapitre cinq : Les fonctions du sacerdoce ; La fonction initiatique - Le chamanisme - la fonction prophétique - la fonction cosmique et médicinale - la fonction funéraire - L’œil d’Horus - L’œil de Râ - la fonction phallique - Chapitre six : Les fonctions du sacerdoce, sacrificielle et apparentées - La prêtrise du feu - les sacrifices sanglants - les habitudes alimentaires - le prêtre boucher et cuisinier - le prêtre laboureur et boulanger - la fonction de désécration - la chasse et la pèche comme sacerdoce - l’élevage des animaux - les bovidés, la lait, le fromage, le beurre et le prêtre laitier - la cheval et le porc - la poule, le chie,, le ver à soie, les abeilles, le prêtre apiculteur - le prêtre cannibale - comment se procurer des victimes humaines - les sacrifices humains comme rites initiatiques - déviation des idées sacerdotales relatives aux offrandes et aux sacrifices - les deux grandes étapes de la fonction sacrificielle - Chapitre sept : Les dégradations de la fonction sacrificielle dans le sacerdoce antique - évolution du vocabulaire liturgique chaldéen - la fonction sacrificielle chez les hébreux - L’holocauste primitif - le sacerdoce en Inde, en Egypte, à Rome, au Japon et dans le Mexique précolombien - les sacrifices de substitution - Comment fut mangé Pélops - l’emploi des figurines - Origine des sacrifices humains et du passage par le feu - Préparation et lieu des sacrifices - comment choisir les victimes - les rites des Thesmophories - le soma - la grande fête des Pygmées - les mystères d’Eleusis - le costume des sacrifiants - le sacerdoce dans le bouddhisme et chez les Jaïns - les castes sacerdotales - la chaine initiatique - classification des rites et des mythes - Chapitre huit : Bref aperçu sur la fonction royale et sacerdotale - le roi des Shillouks - la fonction liturgique du sacerdoce - le prêtre sacristain, administrateur, économe et banquier - le Potlatch - Les territoires sacro-saints dans le monde - le prêtre juriste, casuiste, magicien et exorciste - le sacerdoce dans le christianisme - |
GORDON – LES FÊTES A TRAVERS LES ÂGES – LEUR UNITÉ – L’ORIGINE DU CALENDRIER |
Pierre Gordon |
Edition SIGNATURA |
2004 |
Pendant
des millénaires, le Sacré et l’expérience liturgique ont été le support de
l’élaboration du calendrier.
Tous les calendriers,
grecs, romain maçonnique, chaldéen, égyptien, copte, hébraïque, musulman,
indou, chrétien, chinois etc… les fêtes et les chiffres sacrés, l’influence
de la lune et du soleil sur la vie traditionnelle et les conséquences
initiatiques et religieuses.
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GORDON – LES ORIGINES DE ROME, VALEUR HISTORIQUE DE LA LÉGENDE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2004 |
Lorsqu’on remonte aux origines, l’on constate que l’emplacement de la Ville Eternelle fut d’abord occupé, suivant une règle universelle, par une multitude de communautés autonomes, dont chacune possédait son foyer religieux spécial qui était pour elle à la fois son réduit de défense, sa citadelle et l’omphalos du monde, le point d’où le mana surnaturel, c'est-à-dire la matière dynamique invisible, s’irradiait sur le territoire et sur les membres du groupe. Au VIIIe siècle avant notre ère, on aperçoit ainsi de minuscules collectivités sur le Quirinal occupé par des Sabins, sur le Viminal, sur l’Esquilin, sur le Fagutal, l’Oppius et le Cispius, chacune de ces commines étaient le centre d petites sociétés distincte. Sur le Coelius qui s’appelait le Querquetual ou colline de chêne ainsi que sur la Velia qui prolonge le Palatin, habitait deux petits groupes qui par la suite s’unirent et donnèrent le départ à une confédération de plus en plus puissante. C’est sur le mont Germal que vint s’installer la colonie albaine qui fonda la Roma Quadrata, et c’est sur cette colline que l’on trouva la célèbre grotte de Lupercal, repaire de la Louve divine et le sacro-saint figuier Ruminal, Acca Larentia et son sépulcre. Rumus ou ruma désignait anciennement la mamelle, le Tibre lui-même se nommait Rumon en sa qualité de nourricier, de son coté Jupiter portera l’épithète de Ruminus. La Louve nourricière figure d’autre part dans les Indigitamenta avec le qualificatif de Diva Rumina, elle possédait une petite chapelle au flanc du Germal : il est dès lors extrêmement vraisemblable que le nom de Rome provienne de l’allaitement divin qui s’y pratiquait. Un superbe ouvrage sur la naissance de Rome avec sa sémantique, ses légendes, ses mythes et tout ce qui tourne autour de cette ville qui fut très longtemps le centre du monde et exporta sa culture dans le monde entier. |
GORDON – LES RACINES SACRÉES DE PARIS ET LES TRADITIONS DE- L’ILE- DE- FRANCE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1992 |
Afin de mieux connaitre l’origine de Paris, l’auteur a eu recours aux traditions populaires. C’est à travers celle-ci que nous comprendrons mieux pourquoi et comment les données folkloriques se rapportent toujours à des rites qui furent propagés depuis le début et que l’Antiquité appelle des dieux ou fils de dieux. Pour découvrir la source de ces thèmes, c’est vers les récits religieux qu’il faut se tourner ; l’on entrevoit ainsi la grandeur initiale et les précieux enseignements de ces récits. Par exemple si nous voulons connaitre pourquoi le méchant loup mange le petit chaperon rouge, il n’y a pas d’autre moyen que de se reporter à Cronos-Saturne, cet ogre divin qui mangeait tous ses enfants dès leur naissance. Pour étudier l’origine de Paris, l’auteur remonte à une date assez éloignée de l’archéologie gallo-romaine et nous explique ce qui était à son sens Paris à la période préhistorique. Cette recherche s’accompagne par l’étude sémantique des noms de rues, de places, de lieux-dits, sur les langues parlées en Gaule avant l’arrivée des Gaulois, les noms des montagnes sont également riches en enseignements. En étudiant l’image que les générations se formaient de l’univers, on constate que les éléments fondamentaux de leur représentation se ramenaient à trois visions : L’Océan, l’Île, et la Montagne. De ces trois éléments qui surgissaient de la mer, s’irradiait vers les quatre directions de l’espace le mana divin ; telle était pour eux la vision primordiale, avec ce monde souterrain s’ouvrant par la caverne et dont le point central était les enfers, Ouranos y enfermait ses enfants et Cronos digérait les siens, ce qui signifiait une période ascétique nécessaire à une métamorphose de l’être et à une transmutation de l’homme par une mort-renaissance. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’île de la cité - Lutèce - la nef de Lutèce - Paris - Ce que fut l’île primitive de Lutèce - Chapitre 2 : La colline sainte du Nord : Montmartre du haut et du bas - le rite de la tête coupée et Montmartre - les personnages sans tête - Fusion ultérieure de l’initiateur païen et de l’évangélisateur chrétien - unité profonde du paganisme et du christianisme - la présence du Dionysos sur le mont Mercure - Chapitre 3 : La montagne sante-Geneviève et le château d’Hautefeuille - le mont Lucotecius - le sommet du mont Lucotecius - Comment entendre sainte Geneviève - légendes diverses concernant l’origine de la civilisation française et de Paris - Chapitre 4 : Le
Montsouris et le tombeau des Géants - la tombe d’Isoris - les
tombeaux des géants - appellations diverses du géant - les processions - leur
sens et leur origine Chapitre 6 : Saint Marcel et le dragon de la Bièvre, les Gobelins - Le bourg saint Marcel, premier emplacement chrétien de Paris - saint Marcel et le dragon - signification du rite - le monstre de la Bièvre et géant de la tombe d’Issoire - les Gobelins et les Gabales - Chapitre 7 : Le diable Vauvert - la rue d’enfer - le diable vert - sa provenance et son domaine - l’expulsion du diable vert - comment expliquer qu’un domaine parisien ait appartenu au diable en plein XIIIe siècle chrétien - ce que révèle le diable Vauvert - Chapitre 8 : Carrières et hauteurs, L’origine du Louvre - Ce que fut d’après diverses survivances Paris durant les derniers millénaires de la préhistoire - Transformation des cavernes en carrières - cavernes et hauteurs parisiennes - Chapitre 9 : Feux, Géants, Ours, Moine bourru, Grand serpent et quelques corporations - Les feux de la Saint Jean - les géants de la rue aux ours - l’ours de la chandeleur - les survivances du grand chasseur - le grand serpent de la cité la corporation parisienne des bouchers - la noblesse parisienne - la corporation des « marchands d’eau » - les institutions municipales de Paris - les vignerons de la région parisienne - la saint Vincent - les jardiniers de la région parisienne : saint Fiacre et saint Ortaire - Chapitre 10 : Fêtes de Paris et de l’île de France - Le jour de l’an à Paris - la fête des rois - la chandeleur - le carnaval parisien - le fête des fous - le fête des innocents - les sots et les soties - la mi-carême - les fêtes de Pâques - les rites de la sexualité - leur épuration par le christianisme - les rites du 1e Avril - la grande fête du 1e Mai - la fête de la moisson - le 1e Novembre - les vieux saints médiévaux de Paris - les 12 nuits - les jours alcyoniens - l’interdiction de la pomme - Notre Dame de l’O et les vierges noires de Paris - la fête de Noel - Conclusion : La sacralisation antique par l’eau - La préhistoire et l’ogre - Caractère de la seconde théocratie - les trois personnalités fondamentales des initiations - Les îles de femmes - le rôle des arbres dans l’ancienne justice française - les rites slaves de Koupala - le région parisienne de Verrières - |
GORDON - LES RELIGIONS DES PRIMITIFS |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2004 |
Au-delà de ce qui semble être un simple traité d’ethnologie au demeurant extrêmement fouillé et documenté, l’on perçoit très vite les idées typiquement gordiennes, en particulier la mise en lumière de certains archétypes communs aux religions primitives : les rites de création (ou diluviens » les rites de mort et de résurrection, les rites d’initiation, le repas communiel, le totémisme, les tabous etc…, idées qui ne sont rien de moins que celles qui ont trait à la Grande Tradition Primordiale, formant la trame unique de toutes les manifestations religieuses. L’œuvre abondante de Pierre Gordon qui refait surface grâce à la passion de quelques dévots, conjugue une connaissance précise de l’ethnologie et des sciences religieuses avec une conception très structurée sur le plan philosophique et métaphysique. A cet égard l’ensemble de ces travaux pourraient s’intituler « A la recherche de la radiance perdue ». Qu’est-ce à dire. Pierre Gordon qui fut haut fonctionnaire de la marine marchande, était hanté par une certitude simple : notre monde a été précédé d’un monde spirituel lequel, à l’issu d’une catastrophe métaphysique – ce mot voulant précise au-delà de la matière – a donné naissance à ce monde actuel. Ce monde présent est le produit de la matérialisation et de l’opacification des lumières du premier monde de la création, deux processus qui furent à l’origine des déterminismes physiques et de la mortalité biologique. Rejoignant les intuitions de Nicolas Berdiaev et d’Henry Corbin, la pensée de Pierre Gordon repose sur un questionnement d type ésotérique qui n’est pas sans rappeler la Tradition de la Gnose. Pierre Gordon fut un savant pour qui la connaissance de l’histoire des religions, la foi en Dieu et en la permanence du monde divin ne formaient qu’une seule et même réalité spirituelle. Elève de Durkheim, il fut un acteur engagé religieusement dans l’histoire des religions qui pour lui ne faisaient qu’illustrer la vérité de son action centrale, selon laquelle toute forme d’organisation sociale des peuples premiers, qu’elle soit politique, religieuse ou autre, ne fait qu’exprimer une nostalgie douloureuse de la création dans son état originel qui se traduit par des tentatives inlassables pour rétablir la continuité du fondement ontologique du monde. Les formes religieuses que l’auteur passe en revue dans cet ouvrage sont aimantées non seulement par la certitude de l’immortalité mais par une volonté constante de montrer comment les hommes ont cherché à restaurer l’état primordial de leur condition. La recherche de la radiance perdue forme la trame unique de toutes les manifestations religieuses car pour l’auteur, l’unité des religions est dans cette mémoire du monde divin maintenue et entretenue par les différents groupes humains. Cet ouvrage n’est pas seulement s’intéresser aux religions des peuples premiers dans les années cinquante, mais c’est aussi au-delà du foisonnement des exemples, l’amorce d’une quête vers le retour à nos origines. Au sommaire de cet ouvrage : 1 - Ce qu’il faut entendre par peuple primitif 2 – Les négrilles de l’Afrique équatoriale - les rites - le système religieux – 3 – Les peuplades archaïques de l’Afrique australe - les Damaras ou Bergdamas - les Bochimans ou Bushmen - les Hottentots - la religion khoisane - les Héréros - 4 – Autres peuplades africaines - les Bantous - civilisations africaines diverses - les Touaregs - 5 – Religions archaïques de l’Asie - Les Semang de Malacca - les Aeta des Philippines - les Andamans - les Todas de l’Inde méridionale - le Tibet - le nord de l’Asie - les éléments de la religion archaïque - 6 – Les religions archaïques du continent américain - le système religieux - les initiations et les rituels - la vie après la mort - le totémisme chez les amérindiens - le cannibalisme rituel - les indiens cultivateurs de la forêt amazonienne - l’Antiquité du groupe Tupi-Arawak-Caraïbe - ses migrations - le sacerdoce chez les peuplades primitives - les anciens emplacements sacrés - |
GORDON – LES VIERGES NOIRES – L’ORIGINE ET LE SENS DES CONTES DE FÉES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2003 |
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7/ Bien
que les autorités religieuses et royales luttèrent pour abolir ce culte des
Vierges noires, le peuple eut le dernier mot et par exemple à Chartres, la
Vierge noire fut l’objet d’un culte au même titre que les autres 8/ Le
clergé essaya de déplacer ces vierges noires, mais elles revenaient aussitôt
à leur endroit initial, c'est-à-dire souvent dans des endroits souterrains.
De plus lorsqu’on sortait la statue de son contexte habituel, elle
perdait ses pouvoirs merveilleux, et
donc on les remit vite à leur place.
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GORDON - l’image du monde dans l’antiquitÉ |
Pierre Gordon |
Edition ARMA ARTIS |
2005 |
Le but de ce livre est de marquer les
traits principaux de la représentation que les anciens se sont formée de
l’univers et d’en établir si possible les origines. Le problème est loin d’être
simple, ce qui a contribué à l’embrouiller, c’est que l’on a toujours situé
au point de départ une recherche mentale analogue à la nôtre ; les
hommes se seraient posé, en des temps anciens, les questions que nous nous
posons aujourd’hui, et ils les auraient résolu par des hypothèses. Ils se
seraient demandé par exemple, d’où provenaient les choses physiques, de
quelle manière elles avaient débuté et comment elles avaient revêtu l’aspect
que nous leur voyons, ils auraient en tâtonnant dégagé quelques images et
quelques idées, qui leur auraient paru explicatives, les générations
postérieures auraient poursuivi ce travail, en t introduisant
progressivement plus de précisions, et
en éliminant la gangue religieuse initiale ? La théogonie aurait ainsi
évolué en cosmogonie, puis en cosmologie et en physique. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Considérations préliminaires - La hiérogamie néolithique et le rite de
séparation comme origine du cosmos
- Les cycles de culture -
L’ascèse de l’Île sainte - Le rituel de mort et de résurrection - la
Grande Montagne - la croix spatiale et les quatre régions de
l’étendue - la sacralisation des animaux et le revêtement de peux de bêtes - le
serpent et l’oiseau - le Grand Chasseur - Chapitre 2 : Conséquences pour l’image
antique du monde
- Les traditions lointaines sur
l’origine des choses - Le
Hara-Berezaiti - le Mérou
- les autres montagnes saintes
antiques - le Temple-montagne -
les hypostases du sacré contenu dans la montagne - Chapitre 3 : Les éléments principaux de
l’image antique du Monde - Le
feu -
L’océan - la sainteté
- la descendance de la mer
d’après Hésiode - L’océan et l’eau douce - la
conception chaldéenne de l’apsu - L’Île de l’ouest et de l’Est -
les deux cornes de la montagne
- la caverne initiatique et
l’œuf cosmique - la noix cosmique - Chapitre 4 : L’image du monde dans l’Inde - Le jaïnisme
- le bouddhisme - Le
brahmanisme - Chapitre 5 : La chute progressive de
l’humanité
- Prédilection de l’Inde pour
les chiffres astronomiques - Chapitre 6 : La notion du retour éternel - L’ascension après la chute -
Origine de la conception du retour éternel - Chapitre 7 : Le pommier et les pommes d’or - Héraklès et les pommes d’or -
Les pommes initiatiques - la place de l’Inde - Chapitre 8 : Les trois étages cosmiques,
les Enfers et le Ciel -
Enfer et Ciel d’après le Jainisme, le bouddhisme et divers cultes
Hindoues - Les ciels primitifs reposent sur une
conception exactes et une réalité rituelle
- La descente du Christ aux
enfers et sa montée au Ciel - les volcans comme mondes souterrains -
les paradis et les enfers astraux
- Chapitre 9 : Les visites à l’autre monde - Pourquoi toutes les descriptions sont
fautives - L’univers phénoménal comme création de
l’homme - Chapitre 10 : L’origine des dieux et des
démons
- Identité première des dieux
et des démons - Chapitre 11 : Origine de la croyance à la
survie
- Chapitre 12 : L’Essence de l’Homme et de
l’univers
- L’idée platonicienne - La
philosophie des sauvages - Le yoga de l’Inde - la
taoïsme chinois - Le çaktisme
- Chapitre 13 : Le Karma - Les divers Karma de l’Inde à travers le
bouddhisme, le Jaïnisme, le Brahmanisme
- Comment l’Inde a faussé les
conceptions initiatiques primordiales
- Transmigration et
métempsychose - Chapitre 14 : Les applications du Karma - Liaison avec le système des castes - Ce
qui oriente les réincarnations - L’enfer des renaissances sans fin - La
voie du salut - Chapitre 15 : L’harmonisation rituelle de
l’homme et du cosmos - La
détermination de l’omphalos et l’orientation rituelle - le
rite de Circumambulation - Chapitre 16 : Passage à la cosmologie - Sens profond des rites néolithiques de création - Les cosmogonies créationnistes - les cosmogonies démiurgiques - les cosmogonies émanationnistes, philosophiques et scientifiques - Valeur pérenne du rituel ancien et de l’image antique de monde - |
GORDON - L’INITIATION PRIMORDIALE ET L’ORIGINE DES RELIGIONS - Introduction à l’œuvre de Pierre Gordon |
Roger Parisot |
Edition Arma Artis |
1993 |
Pierre Gordon est l’auteur d’une œuvre, aussi magistrale que méconnue, de véritable « préhistorien de la religion », et ses travaux projettent sur l’origine et les fondements de celle-ci, sur sa signification et sur ses fonctions, la lumière la plus neuve, la plus rare et la plus éclairante qui soit. Ce qui fait l’originalité, la valeur et l’intérêt de cette œuvre, c’est que Gordon fut à la fois, tout en étant chrétien, élève de Graf Durkheim, et proche sue certains points de René Guénon, ce qui lui permit, en bénéficiant des lumières de la foi, de jeter un pont entre l’étude sociologique du phénomène religieux et les enseignements de l’ésotérisme traditionnel. La conception de l’homme et des dieux à laquelle il aboutit, grâce à la largeur d ses vues et à la sureté de ses intuitions, le conduisit à donner des mythes et des rites, des croyances et des cultes, des superstitions du folklore ou du merveilleux des légendes et des contes de fées, l’interprétation la plus satisfaisante pour l’esprit, en montrant comment on peut les prendre à la lettre sans en sacrifier l’esprit, et les comprendre en esprit sans en dénaturer la lettre. L’auteur, en présentant cette œuvre sur Gordon, a voulu montrer comment, en s’en tenant ainsi qu’il le dit lui-même, « au sens littéral des documents », et sans se contenter des vues biologiques et psychologiques, foncièrement inadéquates, quelle fut la méthode de Gordon et quels fut ses principes qui le guidèrent dans cette œuvre, qui sut donner au phénomène religieux une interprétation plus logique grâce à sa clairvoyance et à son discernement qui lui firent éviter toutes les explications réductionnistes. Admis les principes et la méthode de P. Gordon, acceptées ses intuitions et ses idées directrices, le phénomène religieux dans son ensemble prend une intelligibilité nouvelle ; les rites, qu’ils soient initiatiques, funéraires, matrimoniaux, agraires oui autres, ainsi que les mythes qui leur correspondent, prennent un sens qui les éclaire et leur fait perdre tout caractère arbitraire ou irrationnel ; et l’on comprend que tout ce qu’enseigne les religions est vrai, et que rien de ce que dit la Fable n’est imaginaire. Il est vrai que les Dieux ont vécu sur la terre, et il est vrai que jadis les bêtes parlèrent, il est vrai que les morts peuvent ressusciter et que les décapités peuvent ramasser leur tête, il est vrai que des « ogres » mangeaient les « petits enfants » et que la baleine avala Jonas, vrai qu’Apollon vint d’Hyperborée accompagné de cygnes, et que Lohengrin parti, emporté par eux, vrai que Siegfried combattit le serpent et que Mélusine disparut, transformée en Wouivre, vrai que le prophète Elie fit descendre le feu du ciel sur les autels et que le Verbe, qui est la lumière illuminant les hommes, s’est fait chair, et qu’il a habité parmi nous. Le grand mérite de Gordon est d’avoir su établir l’existence, au fondement et à l’origine du phénomène religieux de faits socio-historiques réels et d’avoir ainsi pu reconstituer la pré-histoire des religions et du sacerdoce, en montrant la véritable Genèse, du péché d’Adam à la résurrection de Jésus de Nazareth. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre I : Pierre Gordon et la méthode sociologique - Chapitre II : Le feu sacré et l’univers de la radiance Chapitre II : Le péché originel et le Paradis perdu Chapitre IV : L’Âge d’or, le mythe du Déluge et Noé – Chapitre V : L’île sainte et la montagne sacrée Chapitre VI : L’initiation : mort et résurrection - Chapitre VII : Le grand veneur, le digesteur et le libérateur Chapitre VIII : Le serpent et l’oiseau Chapitre IX : Le combat initiatique Chapitre X : Initiation et sexualité Chapitre XI : Christianisme et initiatisme |
GORDON - L’INITIATION SEXUELLE ET L’ÉVOLUTION RELIGIEUSE |
Pierre Gordon |
Edition Presse Universitaire de France |
1945 |
L’on rencontre dans l’histoire religieuse, et dans le folklore qui la prolonge, nombre de faits déroutants, dont aucune explication satisfaisante n’a encore été trouvée à ce jour. D’où viennent par exemple ces sacrifices au dragon et qui ont partout pour corolaire une lutte contre un dragon ? Pourquoi d’autres animaux remplacent-ils souvent le dragon ou le serpent ? Pourquoi les victimes exigées par ces personnages mythiques sont elles presque toujours des jeunes filles de préférence vierges ? D’autre part, d’où vient le fait que dans beaucoup de civilisations autrefois, les jeunes filles avant le mariage devaient se prostituer ou du moins coucher avec un homme autre que son mari ? D’où vient l’institution de la hiérodulie, ou prostitution sacrée ? Comment expliquer les accouplements avec des animaux ? Dans les rites matrimoniaux comment entendre l’origine du mariage par rapt ? Comment se fait-il également que tant de cas de mariages se soient accompagnés de luttes ? Il y a là, se rapportant à l’union sexuelle, un ensemble de questions, dont la solution sinon l’explication doit être cherchée au cœur même des croyances et des pratiques religieuses, et l’auteur dans cet ouvrage va aller au plus loin et plus profond possible dans ses recherches, il nous offre donc des solutions, des explications, des idées de pistes qui donnent une base de réflexion logique et satisfaisante, tout en laissant la porte ouverte sur d’autres explications. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’initiation sexuelle du Néolithique et ses conséquences sociales - Aperçu d’ensemble - L’amazonisme - La prostitution rituelle avant le mariage - Mythes grecs relatifs à l’union sexuelle pratiquée dans les temples - Le sacrifice humain d’origine initiatique et l’accouplement bestial - Les réactions contre la défloration rituelle - la prostitution sacrée ou hiérodulie - la prostitution des mâles - Le monachisme païen - Le rôle de l’exogamie - Chapitre 2 : L’initiation sexuelle et la Bible - le meurtre des Sichémites - La circoncision de Moïse - la guerre contre les Benjaminites - La fille de Jephté - Samson et Amaterasu - la saga de Samson - Chapitre 3 : L’initiation sexuelle et la notion de paternité - Vue générale des initiations néolithiques - La Teoknonymie - L’évolution économique à la fin du néolithique - Chapitre 4 : L’initiation sexuelle et la prohibition de l’inceste - Théories diverses concernant l’origine de la prohibition de l’inceste - l’inceste rituel primitif - Conséquences sociologiques de l’inceste, rituel primordial - l’exogamie dualiste - Corollaires de l’exogamie - Déduction des règles matrimoniales - Privilège de familiarités et avoidances - Récits anciens se rapportant à l’exogamie - Comment expliquer l’amazonisme, c'est-à-dire la formation de communautés exclusivement féminines ? - Le système dualiste dans l’Antiquité et chez les personnages divins - ses rapports avec l’eau - L’ethnographie et la préhistoire - |
GORDON - L’ORIGINE DE L’HUMANITÉ D’APRÈS LES TRADITIONS ANCIENNES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2001 |
L’étude de l’Ancien monde conduit de toutes parts à cette vérité, qu’il n’a existé originairement sur la terre qu’une seule religion, dont les cultes locaux ne furent primitivement que les émanations plus ou moins pures. Outre l’éclatante uniformité des croyances, certains rites fondamentaux, extraordinaires de leur nature, et néanmoins communs à tous les peuples, rendent cette unité d’origine à travers soixante siècles. Chez Gordon, la recherche érudite est au service d’une idée centrale, à savoir l’encrage historique ou même préhistorique des mythes, cette volonté vaut chez lui acte de foi et conditionne l’ensemble de son œuvre. Cet ouvrage, brillante synthèse de sa doctrine, avance l’idée que la pensée humaine a connu, une révélation divine, que l’homme a été nanti d’un pouvoir mental supérieur occulté ensuite par la chute. Plongé dans l’univers physique d’un cosmos opaque, il tente de retrouver le monde de Lumière dont il est originaire. C’est dans ce but que des inities, dont on a fait plus tard des « dieux » parce que la radiance divine émanait de leur personne auraient institué ; dès le néolithique, un rite initiatique de morte et de résurrection qui pourrait bien être à la base de toute religion. Pour Gordon, la vraie patrie de l’homme se situerait dans l’univers de la radiance dynamique et non dans le monde physique saisi comme phénoménal ; l’homo sapiens adamique, comme il l’appelle, aurait connu cette plénitude d’être interdite à l’homme depuis sa chute, d’où sa nostalgie du Paradis perdu. Seule l’initiation, prélude à une nouvelle naissance spirituelle, peut sauver l’homme ; c’est ce qui ressort des rites religieux pratiqués et axés sur les mythes de l’Ile Sainte au milieu des eaux, de la grande Montagne avec sa caverne initiatique et liturgique et bien d’autres. Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages : Ce qu’est l’homme - Origine de la religion et du sacerdoce - la théocratie paléolithique et le matriarcat - la Déluge - L’Âge d’argent - La mère Divine, les rites de sang, les rites phalliques. - le revêtement de peaux animales - La décadence religieuse post néolithique - Les traditions égyptiennes - la tradition d’Hermopolis - La tradition d’Héliopolis - Amon-Min ou Amon Ithyphallique - les éléments de l’Ennéade héliopolitainne et leur provenance rituelle - la tradition Memphite - Les traditions Chaldéennes et Assyriennes - Cosmogonies de Nippur - le monstre Tiamat - la création d’après Bérose - le Déluge - Les 7 âges - le Khidhr - la caverne des 7 dormants comme caverne cosmique - L’arbre de vie dans la Chaldée ancienne et sa place dans l’origine du monde - L’eau de vie - les deux montagnes, l’Arallu comme pays d’or - Les traditions Hindoues - le Mérou - la Scythie - Les quatre couleurs et les quatre castes - les quatre métaux et les quatre âges - les quatre animaux - Les traditions iraniennes et asiatiques - L’Airyana Vaedja - Migration des noms désignant le fleuve sacré et la Montagne Sainte - le Lanpolo - L’Oudyana (Eden) - le Khotan et le dieu Kuverâ - La montagne Sainte des juifs : le mont Moriyah - L’Ouschidarena - L’Arparcin - Le sens primitif du mot Paradis - le Paradis de Yima - L’enfer et la cosmogonie iranienne - Les origines et la fin des choses d’après les traditions nordiques - Le rôle de l’arbre dans les traditions relatives aux origines - Le pilier cosmique - L’arbre, chemin du Ciel - Les créations celtiques par l’arbre de vie - Les traditions chinoises - La montagne de jade et le pêcher d’immortalité - Les notions fondamentales de l’Orphisme - Phanès, ou le premier Dionysos - Zagreus ou le second Dionysos - Bacchus ou le troisième Dionysos - L’œuf cosmique - Survivances diverses des vues traditionnelles relatives aux origines - Le Temple-Montagne et les constructions qui en relèvent - Origine des jardins zoologiques et botaniques - La montagne et la colonne - Les pierres dressées - les Yorubas - Le centre du monde et les traditions relatives aux origines - la notion d’Omphalos et sa localisation - Le Templum - L’amphidromie - Les deux chemins - Rahû le grand Dragon - La transmigration et ma métempsychose expliquent-elles les origines humaines ? - La création par la pierre, le végétal, le bois - le rituel phallique - Création des animaux par l’homme ou l’homme par les animaux ? - Formation de l’homme à partir d’un œuf - Le proto-rituel de création et ses déviances - Les deux rituels de création d’après la Bible - Comment la théocratie néolithique a déterminé les traditions relatives aux origines - Le rôle du surhomme et celui de la femme - L’eschatologie - La noyade comme mort initiatique - la mort des Niobides - le dépeçage de Pélops - Le monde des morts initiatiques identifié à celui des Mânes - Remus et Romulus - Les hiérogamies - Rituel de sexualité et les initiations - La caverne - les animaux cosmiques - |
GORDON - ORIGINE ET SENS DES FÊTES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2006 |
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Au sommaire de cet ouvrage : La fête d’origine : Insuffisance des théories naturistes - Le rituel de mort et de Résurrection comme principe des fêtes - La fête unique qui commémorait la création du monde, en même temps qu’elle en marquait la rénovation - la fête unique et universelle - la civilisation pastorale - les trois fonctions initiatiques - Les cortèges des fêtes ou processions : la bateau et le maquillage initiatique - comment est né la fête des défunts - les mascarades sacrées - les déguisements sexuels - Les fêtes et les initiations, l’Initiation royale - Le renouvellement des pouvoirs royaux - le roi temporaire et de substitution - l’intronisation royale - le Chalngo de Lhassa et le roi de l’impureté - le roi-dieu - le sceptre - La mise à mort du roi lors des fêtes anciennes - le roi et les rites babyloniens du nouvel an - Les sacées - Sémiramis - le roi jardinier - Enlil-Bani - le monarque de remplacement - le roi était-il immolé de façon sanglante ? - sévices annuels contre le roi véritable - les sacrifices humains en Assyrie - les victimes humaines volontaires lors d’un décès - Les fêtes et les représentations rituelles : Amenuisement des rites en scénarios liturgiques - Origine du théâtre - le rire rituel - Nietzsche et l’origine de la tragédie - la danse -Transcription des scénarios sacrés en hymnes - Les fêtes, le feu sacré et les astres : L’enceinte sacrée, centre des fêtes - L’origine surnaturelle du feu - Le feu sacré et le roi - L’allumage et l’extinction des feux sacrés - la création initiatique par le feu - la marche sur le feu - le soleil et le feu initiatique - la lune et le rituel initiatique - la mère lune et ses deux enfants célestes - la lune et le mana - influence solaire et lunaire - identification de l’homme avec les astres - Les fêtes et les rites de l’eau : L’eau sacrée comme véhicule du feu transcendant - le lien de l’eau avec le rituel de mort et de résurrection - L’eau comme breuvage d’immortalité - l’eau changé en vin lors des fêtes - L’eau celtique créatrice - survivances folkloriques - les eaux captives - la marche sur l’eau - le Déluge - Les rites de l’Air : L’air en tant qu’espace et en tant que vent - les rois ou les seigneurs du vent - Les fêtes et l’arbre cosmique ; la lutte contre le dragon, les sources du mana chez les végétaux : L’arbre cosmique inversé - l’arbre de jouvence et de tous les biens - l’arbre de la connaissance du bien et du mal - Divinités émergeant des arbres - leur habitat - les animaux et l’arbre sacré - l’arbre et la pierre - L’arbre et l’air - La cueillette des fleurs et des herbes, la mère divine et les végétaux : fleurs d’or et plantes d’or - L’arbre initiateur et créateur : L’arbre, père des hommes - origine des berceaux - L’homme arbre comme initiateur et père - Dégradations des vues anciennes, les arbres et les rites de fécondité - Identité de l’être humain initié et du végétal sacré : Le mariage des arbres - mariage d’un être humain avec un arbre - l’arbre femme et les fleurs enfants - arbres plantés lors d’initiation et lors d’une naissance - l’arbre clanique - les arbres comme hommes vivants - Les feuillages initiatiques, le transport de l’arbre sacré et le rituel royal : Huttes de feuillages - la légende de Midas - Les dendrophores - la poursuite de la décapitation du roi en Bohème - Le roi silésien et le fou de la Pentecôte - Rites divers accomplis autour de l’arbre sacré durant les fêtes : Arbres à résine - Plantes à propriété stimulantes ou stupéfiantes - Fonctions des végétaux sacrés au cours des fêtes - culte rendu aux arbres - Les fêtes et les rites relatifs aux pierres : la pierre et l’arbre - l’omphalos - la pierre créatrice - Jet de pierres (lithobolie) - Les monticules de pierres - la croix néolithique - les dolmens et les mégalithes mortuaires - Les fêtes et les mégalithes : Origine des mégalithes mortuaires - la montagne sacrée - les menhirs masculin et féminins - les dolmens et les cromlechs - les cairns ou monticules sacrés - les alignements - Le rôle des pierres sacrées lors des fêtes : Les pierres oraculaires - les pierres de fécondité et d’accouchement - les pierres d’amour, guérisseuses, percées, gardiennes, de pluie, - les pierres venues du ciel - les météorites - les pierres qui volent - les pierres qui parlent et qui déplacent toutes seules - les pierres noires - Pierres de prospérité, de jugement, à ordalie, les pierres-dieu, les pierres témoins, les pierres commémoratives, les pierres-serment, les pierres limites - Les luttes rituelles aux cours des fêtes : Les avatars du dragon - carnaval - la mort - l’hiver - la grand-mère - les sorcières - le jeu de la soule - origine des jeux - Autres rites de fête : Rite de deuil - rite agraires, de chasse et de pêche - rites de métiers - mutilations initiatiques - sacrifices humain et d’animaux - Nom nouveau et vêtement nouveau - les couleurs initiatiques - banquet communiel - Mariage et rites de sexualité - les cadeaux de noce et de nouvel an - Danse et nudité rituelle - le bruit sacré et la musique - les fêtes et les arts du dessin - le rire rituel - la fraternité initiatique - L’effervescence des fêtes : la fête comme folie - Echelonnement des fêtes dans ses rapports avec les éléments - Fêtes patronales et individuelles - Les Panathénées - Les arrhephores - Les Thesmophories - Les Dionysies - |
GORDON - ORIGINE ET SENS DES MYTHES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2006 |
Cet ouvrage de Pierre Gordon, montre que toute mythologie est un recueil de documents, d’une nature particulière, mais irremplaçable. Contrairement à ce que l’on admet, le mythe n’est jamais un produit de la fantaisie, sans rien définir ici, on indiquera que rien n’est moins inventif que l’imagination dite mythique ; elle se calque toujours étroitement sur une réalité, qu’elle décrit avec scrupule, seuls sont parfois façonnés à une date plus tardive, les raccords entre les éléments mythiques ; l’on aboutit ainsi à des interprétations qui dénaturent le sens primitif du récit ; néanmoins, grâce aux détails traditionnels qui surnagent, il est possible, le plus souvent d’entrevoir le sens. Est analyser longuement les différentes méthodes d’exégèse mythologique proposées au cours des siècles : naturisme, mânisme et autre magisme. Concernant chacune d’elles, il est fourni des informations suffisamment détaillées pour qu’on puisse s’en former une notion exacte ou poursuivre des investigations personnelles. L’on a longtemps supposé que les mythes décrivaient des phénomènes naturels, ce qui leur ôtait toute connexion avec l’histoire. Cette théorie, que l’on peut nommer naturiste ou naturaliste a été en vogue dès l’antiquité grecque, puisque les penseurs Ioniens assimilaient déjà Poséidon à l’eau, Héra à l’air etc… et que les Néoplatoniciens identifiaient quantité de dieux au soleil. Aux temps modernes, tous les grands phénomènes cosmiques ont été considérés à tour de rôle comme le foyer cristallisateur de la mythologie. D’après Renan, le grand mythe néolithique de la Vierge Mère serait la transposition de l’Aurore Virginale, de l’Aurore aux doigts de rose, qui chaque matin tire du néant la nature. Autre exemple : la lutte d’Œdipe contre le sphinx qui signifierait le combat d’un génie lumineux contre les nuages chargés de pluie. De même la légende d’Achille serait un drame mythique de l’orage. Au sommaire de cet ouvrage : Le naturisme - L’évhémérisme - Le mânisme - Le symbolisme - Les mythes sont des phénomènes sociaux - Le magisme - Le cyclo-culturalisme - L’initiatisme - L’essence des mythes - |
GORDON – ORIGINE LOINTAINE DE LA FRANC-MAÇONNERIE ET DU COMPAGNONNAGE |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2013 |
La maison humaine primitive fut une construction sacrée, et, en tant que telle, elle fit, à toutes les étapes e son édification, l’objet de rites précis. Bâtir une maison, fut durant des millénaires une œuvre liturgique, ressortissant au rituel de mort et de résurrection. La maison elle même n’avait d’ailleurs pour but, à l’origine, que de dispenser le mana surnaturel et d’en imprégner la pensée humaine ; si bien que la construction d’une demeure ou d’un temple équivalait à une véritable initiation. Suivant la règle générale, admise par la théocratie ancienne, tous les instruments et tous les matériaux qui intervenaient dans le travail rituel, possédaient le caractère sacré et une valeur symbolique. Chez beaucoup de peuples, ce lien étroit du travail et de l’initiation a subsisté jusqu’à nos jours. C’est le cas notamment chez de très nombreuses tribus de guerriers, de chasseurs, de pécheurs, d’agriculteurs et d’artisans. En Occident l’alchimie qui était nettement une survivance des rites préhistoriques, a maintenu les vues du paganisme initiatique. Obtenir l’or pur, fabriquer du métal or, n’est pas un travail de recherche de la richesse, bien au contraire, l’alchimiste recherche à accéder à la radiance de l’univers cosmique et dynamique, il cherche à résoudre le cosmos comme phénoménal en sa substance énergétique immortelle. Le travail de laboratoire et le feu de l’Athanor, n’ont constitué pour les vrais alchimistes que le coté superficiel du Grand Œuvre, celui-ci n’étant rien d’autre que la métamorphose de l’esprit humain en lumière pure. La franc-maçonnerie, qui a pris la suite de la franc-maçonnerie opérative, peut de son coté, revendiquer très légitimement une filiation directe à l’égard des initiations préhistoriques, en tant que celles-ci se trouvaient liées à l’art de bâtir la maison humaine et les temples. Ce n’est pas par hasard que la franc-maçonnerie utilise dans ses rites le maillet, le ciseau, le compas, l’équerre, la règle, le levier, la truelle et autre niveau, elle se conforme à l’usage théocratique des anciennes traditions. De plus elle utilise le rituel de mort et de résurrection, fondement de sa doctrine, surtout au grade de Maitre, où Hiram est tué, puis placé dans le monde souterrain, une branche d’acacia planté sur le tumulus et représentant la puissance de l’univers invisible, préfigurant la résurrection d’Hiram, qui sera relevé et ressuscité par trois frères. L’auteur fait de très nombreux parallèles entre la franc-maçonnerie et le compagnonnage, il fait ressortir le caractère sacré de ces rites et justifie leurs attachements aux traditions anciennes. |
10 H
HADOT - ÉLOGE DE SOCRATE - Suivi de l’ÉLOGE DE LA PHILOSOPHIE ANTIQUE |
Pierre Hadot |
Edition Allia |
2014 |
« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » telle fut la phrase clé de Socrate tout au long de sa vie. « Prend souci de toi-même » autre phrase clé de Socrate, cette phrase peut être rapprochée du célèbre « Connait toi toi-même » écrit avant Socrate, on pense à Thalès, sur le fronton de Delphes. Il est très difficile, et peut être impossible, de dire ce que fut le Socrate historique, bien que les faits marquants de sa vie soient bien attestés. Mais les témoignages que ses contemporains nous ont laissés à son sujet, ceux de Platon, ceux de Xénophon, ceux d’Aristophane, ont transformé, idéalisé, déformé les traits du Socrate qui vécut à Athènes à la fin du Ve siècle avant J.C. Pourra t-on jamais retrouver et reconstituer ce qu’il fut réellement ? Mais au fond, peu importe ! car c’est sa figure idéale, telle qu’elle a été dessinée par Platon dans le Banquet, telle qu’elle a été perçue aussi par ces deux grands socratiques que furent Kierkegaard et Nietzsche, qui a joué un rôle fondateur dans notre tradition occidentale, et même dans la naissance de la pensée contemporaine. Habituellement, faire l’éloge d’un personnage, c’est énumérer des qualités toutes aussi admirables les unes que les autres, c’est faire apparaitre une figure harmonieuse, atteignant à la perfection dans tous les domaines. Pourtant dans le cas de Socrate c’est tout le contraire du Socrate idéalisé par Platon et Xénophon. La figure de Socrate apparait d’emblée, comme déroutante, ambigüe et inquiétante. Tout d’abord Socrate a une laideur physique qui est attesté par de nombreux témoignages, tout en lui est excessif, laid, bouffon, caricatural. Zopyre à l’époque disait de Socrate qu’il était un monstre et qu’il cachait en lui les pires vices, ce à quoi Socrate lui répondit « que tu me connait bien ». Selon Platon Socrate ressemblait à un Silène, ce qui en ce temps là n’était pas un compliment puisque les silènes et les satyres étaient la représentation populaire des démons hybrides, moitié animaux, moitié humains, et qui formaient le cortège de Dionysos. Derrière cette laideur Socrate cache sa véritable nature, il en joue comme dans le théâtre grec, il porte un masque, il feint l’ignorance et l’impudence, il joue au naïf, il a l’art de dissimuler sa véritable nature, et son génie lui sert à mettre un masque sur les autres. Il était le prosopon, le masque de personnalités qui ont eu besoin de se dissimuler derrière lui, il leur a donné l’idée de se masquer et de prendre le masque de l’ironie socratique. Socrate n’a rien écrit, mais a en permanence questionner les autres, ainsi il leur faisait prendre conscience de leur ignorance. Après sa mort, le souvenir de ses conversations a inspiré un genre littéraire, les « logoi sokratikoi », qui imite les discussions orales, Socrate devient donc un proposon, c'est-à-dire un interlocuteur, un personnage, un masque comme dans le théâtre antique L’interlocuteur de Socrate et même le lecteur actuel, se trouve dans la situation où il ne sait pas où va le mener les questions de Socrate, il jette le trouble dans l’âme du lecteur et le conduit à une prise de conscience qui peut aller jusqu’à la conversion philosophique. Le trouble occasionné peut déstabiliser le lecteur qui est invité à venir se réfugier derrière le masque socratique, car il y a dans le récit de Platon de très nombreux moments où intervient le trouble, la crise qui risque de déboucher sur la rupture. Alors Socrate intervient et prend sur lui le doute, l’angoisse des autres, il renverse ainsi les rôles et assume un éventuel échec. Il présente ainsi à ses interlocuteurs une projection de leurs propres moi ; les interlocuteurs peuvent ainsi transférer à Socrate leur trouble personnel et retrouver la confiance dans la recherche dialectique, dans le logos lui-même. Au sujet de la maïeutique de Socrate, on sait que dans le Théétète, Socrate raconte qu’il a le même métier que sa mère qui est sage-femme et assistait donc aux naissances corporelles, Socrate de son coté est l’accoucheur des esprits, il les assiste dans leur naissance. Lui même n’engendre rien, puisqu’il ne sait rien, il aide seulement les autres à s’engendrer eux-mêmes. Cette maïeutique socratique renverse totalement les rapports entre maitre et disciple, comme l’a bien vu Kierkegaard : « Etre maître, ce n’est pas trancher à coups d’affirmations, ni donner des leçons à apprendre, être maître c’est vraiment être disciple, et c’est que fit Socrate tout au long de sa vie. Dans l’Eloge de la philosophie antique, Hadot nous propose de commencer notre histoire de la philosophie antique avec un événement hautement symbolique qui est l’expédition d’Alexandre et avec l’apparition du monde que l’on appelle hellénistique, c'est-à-dire l’apparition de cette forme nouvelle que prend la civilisation grecque à partir du moment où, grâce aux conquêtes d’Alexandre, puis à l’essor des royaumes qui s’ensuit, cette civilisation se répand dans le monde barbare, de l’Egypte aux frontières de l’Inde, et entre alors en contact avec les nations et les civilisations les plus diverses. Ainsi s’établit une sorte de distance et d’éloignement historique entre la pensée hellénistique et la tradition grecque qui l’a précédée. Notre histoire voit alors l’essor de Rome, qui provoquera la destruction des royaumes hellénistiques, achevée en l’an 30 avant J.C., avec la mort de Cléopâtre ; ce sera ensuite l’expansion de l’empire romain, la montée et le triomphe du christianisme, les invasions barbares et la fin de l’empire d’Occident. |
HADOT - EXERCICES SPIRITUELS ET PHILOSOPHIE ANTIQUE |
Pierre Hadot |
Edition Albin Michel |
2002 |
« Exercices spirituels ». Non pas les pieuses et rigides méditations de Loyola, qui ne sont qu’un lointain écho, très déformé, de la tradition antique, mais ce travail de soi sur soi, qui s’esquive déjà chez les premiers philosophes grecs, et prend toute son ampleur avec le dialogue socratique et platonicien, les Lettres d’Epicure ou e Sénèque, le Manuel d’Epictète, les pensées de Marc Aurèle, les traités de Plotin, et que certains modernes, comme Montaigne, Descartes, Kant, Michelet, Bergson, Friedmann et Foucault, ont continué à pratiquer. L’essence de la philosophie ne serait-elle pas alors cette perpétuelle remise en question de notre rapport à nous-même, à autrui et au monde ? Cette nouvelle édition du grand classique de Pierre Hadot est augmentée de plusieurs études parues depuis la publication des exercices spirituels en 1981. Pour comprendre la radicalité et la profondeur de l’idée des exercices spirituels dans la conception de Pierre Hadot, il faut prendre conscience de la distinction essentielle qu’il opère entre le discours philosophique et la philosophie elle-même. C’est une distinction qui, au fond, fait ressortir la dimension pratique et existentielle des exercices spirituels. Partant de la distinction stoïcienne entre le discours selon la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot, montre que l’on peut utiliser cette distinction « d’une manière plus générale pour décrire le phénomène de la philosophie dans l’Antiquité ». Selon les Stoïciens, le discours philosophique se divise en trois parties – la logique, la physique et l’éthique – lorsqu’il s’agit d’enseigner la philosophie, on expose une théorie de la logique, une théorie de la physique et une théorie de l’éthique. Mais pour les Stoïciens, ce discours, ce discours philosophique n’était pas la philosophie elle-même, car elle n’est point une théorie divisée en trois partie mais « un acte unique qui consiste à vivre la logique, la physique et l’éthique ». On ne fait plus la théorie de la logique bien parlante, au contraire on pense et on parle bien, on ne fait plus la théorie du monde physique mais on contemple le cosmos ; on ne fait plus la théorie de l’action morale mais on agit d’une manière droite eu juste ; autrement dit la « philosophie » est l’exercice effectif, concret, vécu de la pratique de la logique, de l’éthique et de la physique. Pierre Hadot résume cela de la façon suivante : « Les théories de la philosophie sont au service de la vie philosophique…A l’époque hellénistique et romaine, la philosophie se présentait comme un mode de vie, comme un art de vivre, comme une manière d’être, en fait depuis Socrate, la philosophie antique avait un caractère, elle proposait à l’homme un art de vivre contrairement à la philosophie moderne qui se présente comme la construction d’un langage technique réservé à des spécialistes ». Au sommaire de cet ouvrage : Exercices spirituels antiques et philosophie chrétienne - La figure de Socrate - La physique comme exercice spirituel ou pessimisme et optimisme chez Marc Aurèle - Une clefs des pensées de Marc Aurèle - Les trois topoi philosophiques selon Epictète - Michelet et Marc Aurèle - Conversion - Théologie négative - Apophatisme et théologie négative - La leçon de la philosophie antique - L’histoire de la pensée hellénistique et romaine - la philosophie comme manière de vivre - Un dialogue interrompu avec Michel Foucault - Le loi et le monde - Réflexions sur la notion de « culture de soi » - Il y a de nos jours des professeurs de philosophie mais pas de philosophes - Le sage et le monde - La philosophie est-elle un luxe ? - Mes livres et mes recherches - Qu’est-ce que l’éthique ? - Nombreuses citations de Nietzsche et de Kierkegaard - |
HADOT - INTRODUCTION AUX PENSÉES DE MARC AURÈLE – La citadelle intérieure |
Pierre Hadot |
Edition Fayard |
1992 |
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Premiers aperçus sur les Pensées : Destin d’un texte - le titre - Hypothèses sur le genre littéraire de l’ouvrage - un étrange ouvrage - les Pensées comme notes personnelles - Les Pensées comme exercices spirituels : La pratique et la théorie - les dogmes et leur formulation - Les trois règles de vie ou disciplines - Les exercices de l’imagination - L’écriture comme exercice spirituel - des exercices grecs - L’esclave-philosophe et l’empereur-philosophe ; Epictète et les Pensées : Souvenirs de lectures philosophiques - l’enseignement d’Epictète - les citations d’Epictète dans les Pensées - les trois règles de vie ou discipline selon Epictète - Influence d’Ariston - Le stoïcisme d’Epictète : Caractéristiques générales du stoïcisme - les parties de la philosophie selon les stoïciens - les trois actes de l’âme et les trois thèmes d’exercice selon Epictète - la cohérence du tout - Le stoïcisme des Pensées. : La citadelle intérieure ou la discipline de l’assentiment - Explications sur l’assentiment et la citadelle - Le stoïcisme des Pensées et la discipline du désir (l’amor fati) - : L’impulsion - circonscrire le présent - le présent, événement et conscience cosmique - Amor fati - la providence et les atomes - pessimisme ? - les niveaux de la conscience cosmique - Le stoïcisme des Pensées. La discipline de l’action ou l’action au service des hommes - le sérieux de l’action - les actions appropriées (kathékonta) - l’incertitude et le souci - la liberté intérieure à l’égard des actions : pureté et simplicité de l’intention - la « clause de réserve » et les exercices pour se préparer à affronter les difficultés - Résignation et altruisme - justice et impartialité - Pitié, douceur et bienveillance - l’amour d’autrui - Le stoïcisme des Pensées, les vertus et la joie : les trois vertus et les trois disciplines - la joie - Marc Aurèle dans ses Pensées : L’auteur et son œuvre - les limites de la psychologie historique - la recherche stylistique - repaires chronologiques - le souvenir des disparus - les « confessions » de Marc Aurèle - Verus ou fictus, sincère ou affecté - la solitude de l’empereur et celle du philosophe - N’espère pas la République de Platon - |
HADOT - LA PHILOSOPHIE COMME MANIÈRE DE VIVRE |
Pierre Hadot |
Edition Albin Michel |
2001 |
Qu’ils traitent de Marc Aurèle ou de Plotin, du stoïcisme ou de la mystique, les ouvrages de Pierre Hadot, avec une érudition toujours limpide, montrent que pour les Anciens, la philosophie n’est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécues visant à produire un effet de formation, bref un exercice sur le chemin de la sagesse. En suivant Pierre Hadot, nous comprenons en quoi les philosophies des Anciens, et la pensée de Marc Aurèle en particulier, peuvent nous aider à mieux vivre. Et si « philosopher, c’est apprendre à mourir », il faut aussi apprendre à « vivre dans le moment présent, vivre comme si l’on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois ». Un des thèmes qui a souvent fait réfléchir Hadot est le thème de la méditation sur la mort. Il raconte avoir toujours été étonné du fait que la pensée de la mort aide à mieux vivre ; vivre comme si l’on vivait son dernier jour, sa dernière heure. Une telle attitude exige une totale conversion de l’attention ; ne plus se projeter dans l’avenir, mais considérer en elle-même et pour elle-même, l’action que l’on fait. Cette attitude est à la fois une valeur existentielle et une valeur éthique ; elle permet tout d’abord de prendre conscience de la valeur infinie du moment présent, de la valeur infinie des moments d’aujourd’hui, mais aussi d la valeur infinie des moments de demain, que l’on accueillera avec gratitude comme une chance inespérée, elle permet également de prendre conscience du sérieux de chaque moment de la vie. Au sommaire de cet ouvrage : Introduction par Jeannie Carlier - Dans les jupes de l’église - Chercheur, enseignant et philosophes - le discours philosophique - Interprétation, objectivité et contresens - expérience unitive et vie philosophique - le discours philosophique comme exercice spirituel - la philosophie comme vie et comme quête de sagesse - de Socrate à Foucault ; une longue tradition - le présent seul est notre bonheur - |
HADOT - le voile d’isis |
Pierre hadot |
Edition GALLIMARD |
2005 |
Un aphorisme hante la philosophie
occidentale : celui d’Héraclite, qui veut que « la Nature aime à se voiler ». |
HADOT - PLOTIN ou la
SIMPLICITÉ DU REGARD |
Pierre HADOT |
Folio |
1997 |
Ce livre présente
l’expérience personnelle de Plotin. Homme mystique qui a su écrire et
décrire quelques unes des plus belles pages de la littérature mystique
universelle. Il a su allié son expérience de philosophe mystique avec ses
responsabilités de la vie quotidienne. Plotin n'aimait guère
les biographies. Ce qui comptait à ses yeux était la pensée, aussi ne nous
livra-t-il que peu de choses sur sa vie. Ce que nous savons se trouve, pour
l'essentiel, dans la biographie écrite par son disciple, Porphyre.
Un livre lumineux de clarté sur la philosophie et la métaphysique de ce grand penseur. A avoir dans sa
biblio sur cette époque et pour bien comprendre Plotin |
HADOT - QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE
ANTIQUE ? |
PIERRE HADOT |
ÉDITION GALLIMARD |
1995 |
Qu’est-ce que la
philosophie antique ? A cette question, la tradition universitaire
répond par une histoire des doctrines et des systèmes- réponse d’ailleurs
très tôt induite par la volonté du christianisme de s’arroger la sagesse
comme l’ascèse. A cette question Pierre
Hadot apporte une réponse tout à fait nouvelle : depuis Socrate et
Platon, peut être même depuis les présocratiques, jusqu’au début du
christianisme, la philosophie procède toujours d’un choix initial pour un
mode de vie, d’une vision globale de l’univers, d’une décision volontaire de
vivre le monde avec d’autres, en communauté ou en école. De cette conversion
de l’individu, découle le discours philosophique qui dira l’option
d’existence comme la représentation du monde. La philosophie antique fut étudiée dans la région de l’Empire
ottoman où l’on parlait grec tout au long de l’occupation turque, qui dura
près de 400 ans. Des érudits tels que Theophilos Korydaleus, par exemple, qui
vivaient à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècles,
continuèrent à rédiger des commentaires sur la logique, la physique et la
métaphysique d’Aristote d’une manière analogue à celle des commentateurs de
l’Antiquité. Même lorsqu’au xviiie siècle, les nouvelles idées
philosophiques et scientifiques alors développées en Europe occidentale
commencèrent à parvenir aux communautés grecques de l’Empire ottoman, les
textes philosophiques de l’Antiquité ne furent pas complètement mis à
l’écart. Des érudits tels qu’Eugenios Voulgaris et Nikiphoros Theotokis
traduisirent en grec des ouvrages scientifiques et philosophiques, tout en
enseignant et en traduisant des ouvrages philosophiques de l’Antiquité. À
partir du début du xixe siècle, nous avons une tradition
ininterrompue d’érudits qui lisent et commentent assidûment les textes
philosophiques de l’Antiquité et dont Adamantios Korais fournit un bon
exemple : il soutenait avec ferveur les idées libérales de la Révolution
française, mais aussi traduisait et commentait les textes grecs antiques
comme l’Éthique à Nicomaque d’Aristote ou la Morale de
Plutarque. Après la Guerre d’Indépendance et l’établissement de
l’État grec moderne, un important effort fut accompli pour relier la nation
grecque moderne aux anciens Grecs et pour en rechercher ainsi les racines.
Des érudits tels que Neophytos Vamvas, Theophilos Kairis et Vrailas Armenis
contribuèrent à cette tentative. La reconnaissance de la contribution de la
pensée grecque antique comme facteur central de la continuité et de
l’identité culturelle de la nation grecque était au cœur de l’idéologie de
l’État grec moderne. Il faut également remarquer ici que c’est à cette époque
que l’Église orthodoxe grecque déclara son indépendance à l’égard du
Patriarcat de Constantinople : alors que ce dernier était œcuménique,
l’Église orthodoxe grecque était désormais l’Église de la nation grecque et
de l’État grec nouvellement institué. De plus, l’influence de l’idéalisme
allemand fournit les outils conceptuels permettant l’émergence d’une nouvelle
idéologie de l’État grec moderne. Selon cette idéologie, l’esprit de la
nation grecque (Volksgeist), exprimé à travers la langue et l’histoire
communes, résultait d’une synthèse de la tradition antique et de la tradition
chrétienne orthodoxe – c’est-à-dire que la culture grecque moderne en vint à
être considérée comme le produit d’un développement ininterrompu sur plus de
trois mille ans d’histoire. On relevait dans ce cadre un intérêt croissant
pour la philosophie de la Grèce antique. Depuis les dernières décennies du xixe siècle,
la vie intellectuelle en Grèce est dominée par des tendances idéalistes.
L’idéologie politique de l’État grec moderne, les institutions sociales et
surtout les institutions éducatives ont promu les idéaux de ce qu’elles
présentaient comme la civilisation gréco-chrétienne, ce qui entraîna parfois
des positions politiques conservatrices, voire réactionnaires. Mais dans le
même temps, les idées socialistes parvenaient peu à peu en Grèce. La vie
intellectuelle en Grèce – surtout dans la période allant de 1920 à 1967 – fut
caractérisée par le conflit entre les idéalistes et la gauche marxiste,
hostile aux idées nationalistes ainsi qu’à la tradition chrétienne, mais
intéressée par la philosophie et la littérature de la Grèce antique. De
nombreux intellectuels de gauche traduisirent des auteurs antiques et, pour
des raisons évidentes, leur préférence allait aux Présocratiques, à Aristote
et à Épicure. Par conséquent, du moins depuis la fondation de l’État
grec moderne au début du xixe siècle, la philosophie de la Grèce
antique a toujours été considérée comme une partie essentielle de notre
héritage national. Cette conception a motivé et facilité l’étude de la
philosophie antique en Grèce, au point de susciter une longue tradition
ininterrompue d’érudits qui lisaient et commentaient assidûment les textes
philosophiques de l’Antiquité. Mais jusqu’à quel point cette tradition
a-t-elle réellement aidé à nous faire comprendre les textes philosophiques de
l’Antiquité ? Je veux seulement mentionner trois points, chacun éclairant les
problèmes résultant de la conception de la philosophie grecque de l’Antiquité
en particulier, comme la sagesse de nos ancêtres à cette époque. – Puisque la
philosophie antique est considérée comme faisant partie de notre héritage
national, il semble n’être en Grèce nullement besoin de tenter de convaincre
le public de l’importance de la philosophie antique. La
philosophie antique n’est donc pas un système, elle est un exercice
préparatoire à la sagesse, elle est un exercice spirituel. |
HARMONIES
DES STRUCTURES GÉOMÉTRIQUE – LES TRACÉS DE LUMIÈRE |
Georges
Darmon |
Edition de la Hutte |
2012 |
Tout
tend à prouver qu’une structure universelle, cosmique, existe bel et bien.
Les plus grands penseurs des siècles passés l’ont pressenti. Les penseurs
contemporains et les scientifiques le disent. Ces lois semblent bien régir
notre monde, même si la brisure de symétrie intervient partout dans la
nature, tout « con-spire » vers une harmonie parfaite, géométrique,
voire symétrique. Nous
ne pouvons que constater l’évidence des lois d’harmonie naturelle, et des
justes proportions contenues dans ces schémas et ces grilles. Il ne reste que
très peu de place au hasard. La recherche d’un idéal de perfection innée chez
l’homme, sans cesse renouvelée, est liée à ce manque de perfection en
lui-même et sur cette terre, c'est-à-dire l’absence de preuves matérielles,
tangibles, de l’existence de Dieu. Ce qui se dégage de la démarche proposée,
qui est d’ailleurs l’un des buts importants des premiers pas de l’initiation,
c’est « d’acquérir l’esprit de géométrie » afin de mieux
vivre la collectivité, de mieux comprendre que notre comportement est
indéniablement relié au tout. Nos habitudes devenues séparatrice, sélectives,
nous aveuglent et nous empêchent d’observer la totalité des paramètres face à
nos problèmes Les
travaux présentés ici sont autant de nature exotérique qu’ésotérique, ce qui
fait qu’il sera nécessaire d’approfondir le sujet, si l’on veut seulement
comprendre mais surtout intégrer l’objet de ces recherches. L’observation,
l’attention, la concentration, et bien sur la science analogique seront de
mise. Le sujet n’a aucune prétention géométrique ou mathématique mais il peut
être utile de se reporter à certaines œuvres magistrales, traitant de ces
matières qui sont tout à fait superposables. Par une observation attentive,
des formes tout à fait reconnaissables et familières apparaissent au travers
d’une géométrie basique. On a si longtemps supposé la géométrie inerte, alors
qu’elle est bien vivante, comme la matière. En
outre, n’est-il pas important de comprendre les lois qui régissent notre
Univers ? N’est il pas important de découvrir que notre Temple Intérieur
est structuré, à l’image des lois qui gouvernent le grand Tout ou que le
centre de chacun de nous, universellement, est le même ? N’êtes vous pas tenté d’explorer le cœur de cette matière, de comprendre comment naissent les formes ou comment sont élaborées les œuvres d’art anciennes et contemporaines ou encore comment développer votre créativité ? Ces
pages vous proposent un regard différent sur la science des nombres et celle
du sacré. Certains disent ne pas vouloir être enfermé dans une prison, mais
c’est tout le contraire que nous propose l’auteur. Ces révélations pourraient
servir à toutes les sciences y compris celles, totalement embryonnaires, de
notre psychisme, elle pourrait servir aussi aux cherchants en spiritualité,
en symbolisme mystique ou en alchimie. Dans les voies initiatiques, le vieil
homme doit mourir pour laisser la place à l’homme nouveau et à toutes les
sciences qui sont à sa disposition pour pouvoir se transmuter. Georges Darmon, à travers ses travaux sur la géométrie sacrée est un spécialiste d’exploration de la notion de schéma universel de la connaissance |
HEIDEGGHER, QUI SUIS-JE ? |
JEAN- PAUL BLANCHARD |
Edition PARDES |
2000 |
Il n’est pas
possible, pour un philosophe, de dire que tout ce qui touche au domaine de la
vie ne puisse pas intéresser sa pensée. S’il prétendait ce genre de chose, il
ne ferait que construire sur du sable, sa pensée ne serait qu’un rêve. Or
bien souvent, tout ce qui touche à la pensée de certains philosophes, les
préceptes qu’ils ont énoncés, débordent sur le champ du politique, on le voit
notamment chez Platon qui est le philosophe par excellence de l’Idée,
et qui, pour autant, dans sa République, s’est intéressé au champ du
politique. En est-il de même
pour Heidegger ? Au premier abord, il peut sembler que tout, dans son
travail de recherche philosophique, se situe en dehors de tout examen
pratique ou métaphysique concernant l’être présent au monde, tel qu’il a
voulu l’aborder dans sa philosophie. Pour certains, Heidegger aurait
engendré une philosophie qui se trouverait hors du champ du quotidien et de
l’empirique, et, on ne peut pas, à partir de là, porter un jugement sur ce
qu’a été sa vie, notamment cette période très contestée : celle qui a vu
le national-socialisme apparaître en Allemagne. Etant acteur de l’histoire
comme tous les hommes, il ne pouvait pas ne pas tenir compte de cette
réalité. Et tout le fruit de
ce travail sera de voir, au-delà de la polémique, au- delà des parts pris,
quelle est la position la plus juste concernant l’approche d’un point de vue
empirique et politique du monde allemand dans la première moitié du XXe
siècle, tel qu’a pu l’aborder Heidegger à travers son œuvre et sa vie.
Alors faut-il pour autant, pour rejoindre certains disciples de Heidegger,
éluder cette question embarrassante, enlever de l’œuvre du philosophe toute
dimension qui s’incarne dans le temps et ne voir qu’une quête au-delà du
temps, une quête au bout du compte qui ne laisserait que désincarnés ? Oui, la vie de
l’homme est faite de choix et ces choix peuvent être bons ou mauvais, mais
ces choix engagent toute son existence, l’on ne vit pas dans un monde
désincarné, dans un monde purement de l’esprit, mais dans un monde où
s’entrechoquent des forces, des forces qui nous interpénètrent et dont nous
devons, à un moment ou à un autre, quel que soit notre désir, tenir compte et
avec lesquelles nous devons composer. Pour autant, il faut souligner le
danger réducteur de toute interprétation historiciste de la philosophie. Nous
savons que tout système est le reflet du monde dans lequel vit le
philosophe, pourtant, le problème de la philosophie est de se dégager du
factuel pour essayer d’englober la dimension de la temporalité qui s’inscrit
dans la durée. Toute la démarche du
philosophe s’inscrit entre ces deux pôles, l’incarnation de sa pensée dans
l’histoire et le désir de s’en dégager, du moins, de se dégager du
conjoncturel pour aborder l’essentiel. |
hermann
hesse –
lecture minute |
Hermann hesse |
Edition JOSE CORTI |
1992 |
Hermann Hesse est incontestablement, à côté de Thomas Mann, son contemporain, l’un des plus grands écrivains de langue allemande de ce siècle. Né Wurtembergeois en 1877, naturalisé Suisse en 1923, il s’est voulu non seulement romancier et poète, mais un véritable maître à penser pour son temps, défenseur des droits de l’esprit, de l’individu, des défavorisés, des faibles, contre l’État, la société, la bourgeoisie, les politiciens de tout poil, l’école, la guerre. En 1946, le Prix Nobel de littérature
vint récompenser cet effort soutenu depuis plus d’un demi-siècle, à travers
deux guerres mondiales, et qui lui avait valu l’amitié d’un Romain Rolland,
puis d’un Gide, pour nous en tenir à la France. Romancier,
poète, peintre et essayiste suisse d'origine allemande, Hermann Hesse et né à
Calw (Wurtemberg, Allemagne) le 2 juillet 1877. Hermann Hesse est issu d'une
famille de missionnaires protestants de tendances piétistes, dont l'austérité
religieuse le conduit dès l'enfance au scepticisme, puis à la révolte. À
quinze ans, lorsque ses parents décident de faire de lui un théologien, il
s'enfuit du couvent de Maulbron où on l'a placé, échappe à toutes les
tentatives faites par sa famille pour l'y ramener. Dépressif et suicidaire,
il fréquente plusieurs établissements scolaires et maisons de santé. Il
interrompt ses études en 1892, travaille quelque temps comme apprenti
horloger puis finit par trouver un emploi à la librairie Heckenhauer de
Tübingen, ville universitaire où il peut fréquenter un milieu intellectuel et
commencer sérieusement, en autodidacte, ses études: devenir poète, c'est la
seule occupation qu'il désire. Il lit Goethe, Lessing, Schiller, Novalis et
tous les romantiques allemands. En 1899, à vingt-deux ans, Hermann Hesse s'établit à Bâle et publie
sans aucun succès son premier livre, un recueil de poèmes intitulé Chants
romantiques, suivi d'un recueil de textes en prose, Une heure après
minuit, également un échec. Il voyage en Italie, publie divers textes dans
des revues. Il lui faudra attendre 1904 pour connaître la notoriété avec la
publication chez Fischer Verlag de Peter Camenzind, un roman
d'éducation, et de Sous la roue (1905), deux protestations contre les
enfances brimées par l'autorité des parents et des maîtres. En 1904, il épouse Maria Bernoulli et s'installe dans une
ferme proche du lac de Constance, espérant y mener une vie d'écriture en
communion avec la nature. Trois fils naissent: Bruno, Heiner et Martin. Son
deuxième roman, L'Ornière, où il raconte les péripéties de son enfance
et de son adolescence, est publié en 1906. Il s'est définitivement libéré de
sa famille, mais souffre encore de la pression sociale. Tourmenté par le sens
de la vie, il se sent incapable de s'habituer aux conventions de la société
comme au bonheur conjugal. Son mariage ne sera qu'une malheureuse tentative
opprimant, sans parvenir à la vaincre, sa vocation esthétique qui ne trouvera
finalement de salut que dans l'évasion. Le roman Gertrude, daté de
1910, évoque cette crise morale. En 1911, Hermann Hesse fait un voyage aux Indes, pays où
avaient résidé les parents de Marie Gundert, sa mère, mais qui devient aussi
pour lui, selon une symbolique goethéenne, le pays des "Mères", qui
imprégnera fortement la suite de son oeuvre. De retour à Berne, il est
profondément bouleversé par la guerre. Il tente de s'engager comme soldat
mais il est déclaré inapte et est affecté au service des prisonniers de
guerre auprès de l'ambassade d'Allemagne. Il publie des textes pacifistes qui
lui font perdre son public et la plupart de ses amis intellectuels, hormis
quelques soutiens comme le français Romain Rolland. Une nouvelle crise
dépressive, si grave qu'il doit être hospitalisé, le décide, la paix revenue,
à quitter sa femme et sa famille. Entre-temps, il a rencontré Carl-Gustav
Jung, entamé une psychanalyse et rédigé en trois semaines l'un de ses
chefs-d’œuvre, Demian, qui sera publié en 1919 sous le pseudonyme
d'Emil Sinclair. Demian
oppose à la vie bourgeoise le puissant appel d'une religion nouvelle où se
réconcilieraient les contraires. C'est bien encore cet équilibre difficile du
moi profond que poursuit l'écrivain dans la transposition hindoue de Siddharta
(1922), et plus encore dans Le Loup des steppes en 1927,
représentation encore symbolique de l'homme d'après guerre, du civilisé qui a
vu soudain réapparaître en lui l'animal, l'homme-loup. La spiritualité et
l'animalité sont-elles vraiment inconciliables ? L'animalité n'est-elle pas
aussi une nourriture pour le dynamisme spirituel ? Nous retrouvons encore ce dialogue intérieur dans Narcisse
et Goldmund, où Goldmund, l'artiste proche de la nature, de la terre, en
communion avec le monde originel des Mères, propose déjà l'esquisse d'une
conciliation. Désormais, dans l'oeuvre de Hermann Hesse -- réfugié dans le
Tessin depuis 1919, naturalisé Suisse, marié à Ruth Wenger en 1924, puis à
Ninon Dolbin --, le déchirement caractéristique des ouvrages de
l'après-guerre s'efface progressivement. Opposant au Nazisme, ses écrits sont
censurés en Allemagne durant les années '30 et jusqu'à la fin de la Seconde
Guerre mondiale. L'effort de l'écrivain, jusqu'au Jeu des perles de verre
(1943), aboutit au rêve, ou à la nostalgie, d'une classe supérieure, d'une
aristocratie de l'esprit capable de recueillir le double héritage de l'Asie
et de l'Europe, et de faire la synthèse de l'apollinien et du dionysiaque
rêvée par Nietzsche. Récompensé en 1946 par le Prix Nobel de Littérature,
Hermann Hesse meurt le 9 août 1962 à Montagnola (près de Lugano, Suisse), à l'âge
de 85 ans.
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HILDEGARDE DE BINGEN – UNE VIE UNE OEUVRE |
ELLEN BREINDL |
Edition DANGLES |
1992 |
Une
vie, une œuvre, un art de guérir en âme et en corps. Cette sainte et
mystique du 12° siècle étonne par sa personnalité et sa vie. Elle rappelle un
peu saint Bernard, car elle eu une vie publique incroyable et une vie
scientifique stupéfiante. Elle rédigea des traités sur l’art de guérir, qui
rencontre encore aujourd’hui un intérêt croissant pour ses applications
thérapeutiques des plantes. Dixième enfant d’une famille noble
de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des
visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie
pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans –
au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante
kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta
de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde
prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans,
le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim,
Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du
couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique,
rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir
une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare. Au cours d’une vision, à l’âge de
42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu
l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu
entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures
pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe
malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa
dictée, à composer son premier livre, le Scivias(Connais les voies). Suivent
alors dix années d’un travail monumental traversées de beaucoup de
doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du
pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors
du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des
évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’ Hildegarde,
le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que
Dieu vous inspire». Mais qu’y a-t-il donc dans ce
livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En
réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la
création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation,
la crucifixion, la Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque
chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens
spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes
bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une
vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces
pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux
siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne
naissante. Pendant toutes ces années, le
petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du
monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent
rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du
rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut
fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et
son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la
supérieure du petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est
l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques
kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue
vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder
une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen,
qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi,
celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne
sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines
de kilomètres, au cœur de la Rhénanie. Mais Hildegarde n’est pas
seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des
pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui
disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été
transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des
vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de
Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à
Cologne en 1982, huit cents ans plus tard. Hildegarde n’a pas fini de nous
surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles
suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert,
discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout,
chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie
natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche
en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne. Mais surtout, inlassablement, elle
écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des
mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans.
Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des
maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages
médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie
émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de
faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme
global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde,
l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret.
Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au
symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle
représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre
du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever
vers Lui. Telle est sans doute la leçon que
l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au
destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg,
entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son
existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis
oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la
fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature
hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision
holistique et féminine du monde et de Dieu même |
HILDEGARDE DE BINGEN - Corps et âme en Dieu |
Audrey Fella, |
Editions Points |
2015 |
||
Dans sa vision, le monde et l’homme, le corps et l’âme, la nature et le salut sont interdépendants. Il s’ensuit que tout désordre introduit quelque part dans l’univers a nécessairement une répercussion jusqu’aux confins de celui-ci. Ce sens de l’harmonie, indispensable à l’équilibre du monde, l’a conduite à entrevoir la relation entre le désordre de l’univers et celui de la santé des hommes, issu des travers de leur conscience. Créature préférée de Dieu, l’homme occupe une place centrale et déterminante dans le monde. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le sens de sa destinée : parachever l’œuvre divine en participant à sa création. » L’ouvrage, rigoureux et très pédagogique d’Audrey Fella rend compte de la cohérence de l’œuvre : Dimension visionnaire – vision unifiée de l’homme et de l’univers – prophétie comme révélation du salut – du salut de l’homme au salut de l’humanité – la symphonie des harmonies célestes – l’art de guérir… Une métahistoire permet de saisir comment les événements servent l’entendement et font sens dans l’actuel de celui qui s’engage dans le chemin spirituel. Trinitaire, Hildegarde a une approche assez classique du chemin vers le salut mais elle l’inscrit dans une verticalité. C’est par une actualisation constante, dans l’instant présent, que la prophétie se fait éveil. Elle définit ainsi une ascèse atemporelle dans laquelle la musique mais aussi l’alphabet secret de sa lingua ignota font signe ou accord, sans passer par l’interprétation temporelle. En nous introduisant à l’œuvre somptueuse d’Hildegarde de Bingen, Audrey Fella pose les jalons d’une spiritualité chrétienne affranchie des limites dogmatiques, d’une célébration de la vie, de l’inscription co-créatrice de l’être humain dans l’univers. Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare. Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias (Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous inspire». Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante. Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie. Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard. Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne. Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui. Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même. |
HILDEGARDE
DE BINGEN, LA SENTINELLE
INVISIBLE |
AUDREY FELLA |
Edition LE COURRIER DU LIVRE |
2009 |
Comment expliquer
l’extraordinaire réputation d’Hildegarde de
Bingen, la large diffusion de son œuvre et la permanence de son
culte ? Certains personnages historiques
sont plus ou moins appréciés selon qu’ils entrent ou non en résonnance avec
les aspirations d’une époque. Hildegarde est l’exemple vivant d’un statut
élevé de la femme au Moyen-âge et d’une liberté d’action sans égale. En
outre, elle accorde un sens hautement spirituel à la vie. Elle reconnaît
qu’un lien mystérieux unit toutes les créatures entre elles, qu’une unité
régit tout le cosmos. Dans sa vision, la nature et l’homme, l’âme et le
corps, sont interdépendants. Ce sens de
l’harmonie, indispensable à l’équilibre du monde, l’a conduite à entrevoir la
relation entre le désordre de l’Univers et celui de notre conscience.
Hildegarde de Bingen est plus proche de nous qu’il n’y parait. Son œuvre
diverse et variée constitue un héritage précieux pouvant servir de base au
renouveau spirituel et au ressourcement du monde. En cela, elle est toute
désignée pour ouvrir ce nouveau millénaire et nous conduire sur des chemins
intemporels, où il ne s’agit plus de consacrer tous nos efforts à ce que
nous souhaitons devenir, mais bien d’habiter présentement ce que nous sommes. Ce
livre développe les sujets suivants : La vie d’Hildegarde de Bingen entre contemplation
et action, l’éloge de l’audace, l’enseignement bénédictin, le monastère, une
nouvelle fondation, ses œuvres d’amour, son combat au sein de la vie
religieuse, l’abbesse et le philosophe, l’hérésie cathare, l’heure du chien
de feu, ses voyages, son œuvre : voie d’accès au divin, mystique et
mysticisme, ses visions, ses prophéties, du Scivias au livre des heures
divines, son œuvre scientifique, médicale, musicale et littéraire, Hildegarde
gardienne de la tradition, le nouvel Adam, l’homme au centre de l’Univers,
l’éternel retour, ses visions apocalyptiques, la Jérusalem céleste, le Temple
de l’Homme, la roue cosmique ou l’achèvement de l’œuvre, du magistère
spirituel, initiation royale et sacerdotale, les étapes du salut, les états
multiples de l’être, l’expérience intérieure. |
hildegarde
de bingen –
scivias |
H. de bingen |
Edition ARBRE D’OR |
2006 |
Sainte Hildegarde n’avait pas
quinze ans quand elle reçut le voile des mains de l’évêque de Bamberg ; c’est
ce que nous apprennent les leçons de son office, que l’on récitait dès le
XIIème siècle dans l’Abbaye de Gembloux. Les années s’écoulaient rapides pour
notre sainte au milieu de ses occupations et des visions célestes qui ne
discontinuaient point. Outre ses longues et ferventes méditations, elle
s’était adonnée à la langue latine ; et l’écrivait, sinon avec élégance, du
moins avec facilité. Quand le Pape Eugène III vint à
Trêves avec Saint Bernard, il entendit certainement parler de la sainte
abbesse, dont la renommée grandissait chaque jour, et il n’est pas improbable
que les premières parties du Scivias lui aient été présentées pour être
soumises à son approbation. Je dis les premières parties, car l’ouvrage ne
fut achevé qu’en 1151 et la visite du Pape Eugène date de 1147. |
histoire
de la philosophie occulte |
alexandrian |
Edition PAYOT |
1994 |
La philosophie occulte, unit
l’ésotérisme, transmission de la Tradition
qui est au cœur secret des grandes religions, et l’occultisme, théorie
générale des vertus secrètes des choses. Cette quête sans cesse recommencée a
pris des formes diverses selon les lieux et les époques –gnose, kabbale,
alchimie, médecine universelle – mais elle se fonde toujours sur les mêmes
bases et transmet ses secrets de génération en génération. L’auteur, Alexandrian, s’attache à
rendre compte de la variété et de la richesse de ces traditions ; des
temps antiques au monde moderne, il en propose un panorama complet, fondé sur
une documentation de première main avec des anciens manuscrits de magie, des
traités métaphasiques, des manuels de l’Inquisition, les minutes de procès en
sorcellerie. Il offre ainsi une boussole sûre pour s’orienter dans cet immense
labyrinthe de ces doctrines mystérieuses et souvent difficile à comprendre. Au sommaire de cet ouvrage de 400
pages : Prologue : Les origines de la magie
occidentale - la recherche du secret des secrets - l’enseignement
initiatique, la Rose+Croix et le Franc-maçonnerie -
Triomphe des valeurs occultes
- La grande
Tradition et la Gnose :
La gnose simonienne - les Pères du système gnostique -
Hermès Trismégiste, les sept archontes - la recette d’immortalité -
Sophia et les femmes gnostiques
- Le serpent Ouroboros et
l’orgie rituelle - l’héritage du trésor de lumière - Les mystères de
la Kabbale : Le
Zohar - les débuts de la kabbale philosophique -
la doctrine du siècle doré
- les alphabets célestes et
terrestres - le dogme de la Haute Magie -
l’Ordre kabbalistique de la Rose+Croix
- L’Arithmosophie : La mathèse et les lois du
calcul métaphysique - la géométrie occulte -
la stéganographie - Les nombres arithmiques de l’histoire -
la philosophie de l’absolu - L’Alchimie
triomphante : Le Grand
Œuvre et la Pierre philosophale - les alchimistes malgré eux -
les classiques de la littérature alchimique -
l’hyperchimie et l’hylozoïsme
- l’alchimie au XXe siècle - La conquête de
l’avenir par les arts divinatoires : La pronostication et les prophéties -
l’astrologie - la géomancie - la
physiognomonie - la chiromancie - la
métoposcopie - l’oniromancie - la
divination par les miroirs et la boule de cristal -
la cartomancie et les tarots
- la rabdomancie - La médecine
hermétique et la thaumaturgie : La révolte médicale de la Renaissance -
la médecine spagyrique et Paracelse
- le médecin des 3 S contre le
médecin de l’archée - Théorie et application du magnétisme
animal et Mesmer - la thaumaturgie et ses techniques -
Médecine occulte mixte et métiatrie
- Les
communications avec l’invisible : La goëtrie
- les duos médiumniques -
l’illuminisme - les voyages extatiques - la poursuite de la « chose » -
La voie interne du martinisme ave L. C. de Saint Martin, Willermoz et
Martinez de Pasqually - la théodoxie universelle -
l’occultisme contre le spiritisme
- Allan Kardec -
les expériences du dédoublement
- la synthèse du visible et de
l’invisible - La magie
sexuelle : Ontologie de
l’acte sexuel - l’érotisme diabolique -
le sabbat - l’ensorcellement et la possession -
la messe noire - les unions immatérielles -
la sanctification du sexe -
la hiérogamie dans les temps modernes
- Index des
Maîtres de l’Occulte
(prés de 200 noms) -
|
histoire de
l’imagination |
Dom
Pierre miquel |
Edition Le
Léopard d’or |
1994 |
On
part de l’imaginaire dans la Bible en passant par l’antiquité et le Moyen-Âge
pour arriver aux temps modernes. Une belle histoire. « Folle
du logis » selon Malebranche, « reine des facultés » selon
Baudelaire, l’imagination a connu suivant les époques la faveur et la
disgrâce. Après avoir parcouru brièvement cette histoire de l’imagination, on
peut s’interroger sur son rôle dans le Révélation et dans la théologie. Pour
se manifester aux hommes, Dieu a-t-il recours à l’imagination ou bien est-ce
l’homme qui, pour franchir les limites où sa raison se heurte, fait appel à
l’imagination ? L’au
delà est le domaine privilégié de l’imagination : l’enfer, le
purgatoire, le ciel sont-ils des lieux de rêve, peuplés d’êtres fictifs, les
démons et les anges, ou bien les descriptions qu’on en donne répondent-elles,
non seulement à un besoin, mais à une réalité ? Les
descriptions de l’au-delà et des êtres intermédiaires sont très semblables
dans toutes les religions. La révélation biblique est sobre sur ce point, mais
certains théologiens, beaucoup de prédicateurs et quelques mystiques ont
comblé ce qui leur paraissait une lacune. On peut comprendre ce souci :
l’homme ne peut penser sans image ; elle lui sert de support, mais le
risque est qu’elle devienne un écran au lieu de rester une étape. Par
ailleurs, une abstraction ne peut mobiliser le dynamisme de la volonté :
l’image seule entraîne. Ainsi la fonction de l’imagination se révèle à la
fois indispensable- même en théologie- malgré les dérives que peut occasionner
son emploi. Au
sommaire de cet ouvrage : L’imaginaire
et l’imagination - Situation de l’imagination - la
nature et la politique - le commerce et le jeu -
L’art figuratif et l’art abstrait
- la littérature et la science
fiction - la mythologie et la liturgie -
L’invisible au-delà - La Bible et l’imaginaire biblique -
les récits d’origine et les événements fondateurs -
les théophanies - les récits de visions -
les Apocalypses - La Cantique des cantiques -
L’inspiration créatrice dans le livre de Job -
Les récits eschatologiques dans les synoptiques -
L’Apocalypse johannique - les apocryphes - le
midrash - la kabbale
- les contes hassidiques - L’Antiquité
et le Moyen Âge : Les
philosophes grecs : Platon – Aristote – Plotin – Proclus -- les spirituels bouddhistes -
L’illusion universelle - La pratique des mandalas et des
mantras - Les mystiques musulmans : Ibn Arabi et
Ibn al Faridh - Rumi et l’imagination maitresse d’illusion
qui engendre la peur, l’imagination peut rendre fou, l’imagination est cause
de souffrance, imagination et réalité, imagination et spiritualité -
Attar - l’imagination facteur d’unité ou de
dispersion ? - Les Pères grecs : L’inspiration
biblique selon Origène - Le refus du docétisme -
saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem -
Rien n’est beau que le réel par Grégoire de Nysse -
Le monde symbolique de l’imagination chez le Pseudo Denys -
Rôle positif de l’imagination chez Synésios de Cyrène -
Dangers de l’imagination d’après la Philocalie -
Calliste et Ignace Xanthopouloi
- Les Pères latins : Saint Augustin -
Saint Grégoire le Grand et le dépassement des images -
Scot Erigène et Théophania et phantasia -
saint Bernard et l’imagination protectrice -
Thomas de Cîteaux et les deux excès
- Guillaume de Saint-Thierry,
Dieu est inimaginable - Pierre le Vénérable : L’au-delà est
inimaginable - Abélard et l’imagination inspiratrice de
l’artiste - Guigues le chartreux et le renoncement aux
images - Hugues de saint Victor : imagination,
raison et contemplation - Saint Pierre Damien : l’incarnation en
vérité - Les philosophes médiévaux - L’Âge
classique : Les philosophes des 16e et 17e siècle :
Léonard de Vinci : l’imagination et l’expérience -
Montaigne : l’imagination et l’expérience -
Ambroise Paré et l’imagination psycho-somatique -
Giordano Bruno : l’imagination, faculté de synthèse -
Cyrano de Bergerac et l’imagination extravagante -
Spinoza et l’imagination prophétique
- Jacob Boehme et les deux
faces de l’imagination - Malebranche et l’imagination « folle
du logis » - Pascal et l’imagination ennemi de la
raison - Les saints des 16e et 17
siècles - Les réformateurs Luther -
Calvin et Viret - Sainte Thérèse d’Avila et l’imagination
source de distraction - Saint Robert Bellarmin et les images de la
Trinité - Saint Jean de la Croix :
l’imagination n’est qu’un moyen - Saint Ignace de Loyola et l’imagination
utile à la composition du lieu - Saint François de Sales :
l’imagination faculté ambigüe - Saint Vincent de Paul : l’imagination
utile en spiritualité mais dangereuse en théologie -
Marie de l’Incarnation : l’imagination, une puissance à surmonter - Les temps
modernes : Le romantisme : Caracciolo :
l’imagination, remède contre la tristesse et l’ennui -
Kant : l’imagination, le sensible et l’invisible -
Schleiermacher : l’imagination, la foi et l’intériorité -
Baudelaire : l’imagination inspiratrice des arts -
L’existentialisme - Imagination et croyance -
magie de l’imagination - l’imagination dépassement du réel -
le surréalisme - la psychanalyse -
illusions utiles ou sans avenir ? -
Les paradis artificiels - Sainte Thérèse de Lisieux -
le mythe, voie d’accès à l’invisible et à la connaissance -
Déviations théologiques dues à l’imagination - |
histoire
de mes malheurs |
Pierre abelard |
Edition MILLE ET UNE NUITS |
2001 |
||
Et là, c'est une histoire vraie.
Si vraie qu'elle se déroule en partie près de Nogent-sur-Seine, au Paraclet -
en grec, le consolateur -, nom que donna Pierre Abélard à l'oratoire
métamorphosé ensuite par et pour Héloïse, en une prospère abbaye. Si vraie
qu'elle est connue grâce aux écrits des deux amants : l'autobiographie
d'Abélard et l'échange épistolaire avec Héloïse, datée des années 1132-1133.
Les lettres originales ont disparu mais la copie qui passe pour être la plus
ancienne, est conservée à la médiathèque du Grand Troyes : c'est le fameux
manuscrit 802. « Il aurait été copié entre 1231 et 1238, dans l'entourage de
l'évêque de Paris Guillaume d'Auvergne, à partir de documents issus de
l'abbaye du Paraclet », précise Pierre Gandil, directeur adjoint, avant de
rappeler : « Le manuscrit renferme huit lettres explicitement attribuées à
Abélard et Héloïse. » Ces textes, régulièrement réédités, méritent d'être lus
et relus pour leur richesse et leur force.
Finalement, elle a cédé pour ne pas contrarier
Abélard…Mais tous deux ont tout fait pour que leur mariage reste ignoré.
Héloïse en aurait subi les foudres de sa famille. |
HISTOIRE DES IDÉES DES HOMMES SUR DIEU |
Marc-Alain Descamps |
Edition de la Hutte |
2012 |
Aucun
peuple n’a jamais existé sans une croyance en un ou plusieurs dieux. Chaque
siècle a modifié le regard des hommes sur le Divin. Notre exploration du
système solaire et, au-delà du Cosmos, change nos idées sur Dieu dans une
colossale mutation spirituelle Grâce à cette histoire, nous allons croiser Dieu dans le cœur des hommes, dans les systèmes de morale des sociétés, et dans notre vision de l’Univers infini et indéfini. Qu’est-ce
que Dieu ?
Un mot, un nom, une croyance ou un vécut ? Dieu
est devenu dans l’histoire de l’humanité un sujet passionné, source de
conflits et de guerre. Pourquoi ? Parce que Dieu est un des mots auquel
on a donné le plus de sens différents. Finalement il ne veut plus rien dire
et chacun donne à ce mot des sens opposés. Le pire est quand certains veulent
donner un nom à Dieu, alors reconstruisant la Tour de Babel, ils ne se
comprennent plus et s’entretuent. Dieu,
« une ténébreuse affaire », écrivait déjà le philosophe
anglais Hume au XVIIIe siècle. L’affaire est si compliquée que l’on ne sait
même pas comment poser la question : « Qui est Dieu ? »
ou « Qu’est ce que Dieu ? ». Dans le second cas on
préjuge que Dieu est une personne, comme un humain, et l’on tombe dans
l’anthropomorphisme, qui est la tentation majeure et le défaut
universel : on ne sort pas de l’homme et l’on pense Dieu comme s’il
était un homme. Pour
éviter de retomber dans les guerres de religion, la première découverte à
faire est de reconnaître que Dieu n’est jamais apparu de façon divine à tout
un groupe d’hommes et ne leur a jamais parlé tout haut collectivement,
pourquoi ? Ainsi
Dieu est-il pour beaucoup un objet de croyance et surtout un acte de foi.
Pour beaucoup Dieu est une affaire de religion et l’on ne doit pas en parler
en dehors. Chaque religion est un groupe d’hommes et de femmes qui s’arroge
le droit exclusif de parler de Dieu. Les religions ont confisqué l’idée de
Dieu et en ont dégouté les autres. Au sommaire de cet ouvrage sur l’interprétation du mot Dieu : Chapitre 1 : Dieu est il un animal ? -le Totémisme et l’animisme - Fétichisme et chamanisme - Les bêtes ont été les mères de l’humanité - L’homme s’extrait et se sépare de l’animal - L’homme asservit et extermine les animaux - L’homme protège les animaux - Chapitre 2 : Dieu est il une femme ? - la déesse Terre-Mère - Les civilisations patriarcales et le retour du féminin - le sexe de Dieu - les plaidoyers féministes - Chapitre 3 : Dieu est il méchant ? - Conjurer les menaces de la nature - Les dieux des volcans - Les dieux cannibales - le dieu du mal ou le dualisme - L’invention du « bon Dieu » par les philosophes grecs - le dieu de la guerre chez les juifs - Excision et circoncision - Jésus et le christianisme - Mystiques, Sacré-Cœur et Béguines - le dieu d’Amour des E. M. I. (expérience de mort imminente) - Chapitre 4 : Dieu est-il unique ? ou l’invention du monothéisme - le premier monothéisme égyptien - La découverte du dieu unique par les grecs - Le passage du « vrai dieu » au « dieu universel » - Les drames de la Trinité et des hérésiarques - le monothéisme musulman - L’hénothéisme et le refus de l’intolérance - Chapitre 5 : Dieu est il rationnel ? - Les premiers penseurs de Dieu - La raison dans la foi - De la théodicée à la théosophie - les contradictions et les apories - Les mystiques et la théologie apophatique - Le Dieu intérieur ou Dieu est en vous - Chapitre 6 : Dieu est il mort ? - La mort de Dieu - Les athées célèbres et individuels - Les nouvelles idoles - Les preuves de l’existence de Dieu - Le Sacré cosmique - Chapitre
7 :
Dieu est il le Créateur ? - Le Dieu émanateur ou l’Univers
corps de Dieu - Le Dieu Providence - Bibliographie
des ouvrages sur le sujet - |
10 I
IMMORTALITÉ
|
VINCENT KLEIN |
Edition PARDES |
2000 |
L’Immortalité n’est
pas un mythe…C’est ce que tente de prouver l’auteur tout le long de ce livre,
proposant, par ailleurs, une démarche initiatique tout à fait particulière.
Commençant par décrire les progrès de la médecine, de la génétique, de la
cosmétologie, de la cryogénie même, le chapitre premier est celui de la quête
de la longévité du corps physique. Puis vient le concept du temps, la
modulation de la perception de la durée et de l’appréhension de ce que peut
être l’éternité, ou comment se donner l’impression de vivre mille ans !
Mieux qu’une élucubration théorique, le chapitre deuxième décrit même les
moyens du gain de temps au quotidien. Puis vient le chapitre troisième et
tout ce que la science ésotérique la plus pointue peut offrir comme promesse
d’immortalité, tant par le biais de l’instinct
et de l’intuition que par le
travail sur l’énergie, le
recours à la magie du Verbe et de ses
vibrations, aux Forces Elémentales, à
la méditation yogique et d’autres méthodes vers l’éveil du feu-serpent
de la kundalini.
Sur le plan physique et matériel, de nombreuses
recherches se font sur l’immortalité du corps : La première
personne qui vivra jusqu’à 1 000 ans pourrait déjà être née. À l'origine de
ces propos, Aubrey de Grey, un gérontologue dont le travail porte sur la
lutte contre le processus du vieillissement. En 2009, cet ancien
informaticien diplômé de l’Université de Cambridge crée au cœur de la
Silicon Valley la fondation SENS (Strategies for Engineered Negligible
Senescence), un organisme de recherches qui tente de remédier au
vieillissement et de prolonger indéfiniment la durée de vie de
l’homme. Un projet ambitieux qui a séduit Peter Thiel, le fondateur
de PayPal, au point qu'il y contribue à hauteur de 600 000 dollars (527 000
euros) par an. Car
la quête de l’immortalité a gagné la Silicon Valley, ce célèbre pôle
californien à l’origine spécialisé dans le développement des
technologies de pointe. En 2013, le géant Google s’est ainsi lui aussi lancé
dans ce pari fou en créant la California Life Company, ou Calico, dans
laquelle ont été investis des dizaines de millions de dollars. Une start-up
dont les travaux restent pour le moment encore peu connus, mais qui
chercherait à « soigner la mort », selon le magazine Time. Eradiquer
les maladies liées à la vieillesse pour permettre à l’être humain de vivre en
bonne santé plus longtemps, voilà l'objectif affiché par ces recherches d’une
nouvelle ère. Pour Aubrey de Grey, vieillir n’est qu’un problème médical que la
science peut résoudre. « Je
suis juste pragmatique. Je n’ai pas envie de tomber malade et je n’ai pas
envie que vous tombiez malade. Voilà de quoi il s’agit. Je ne travaille pas
tant sur la longévité que sur les moyens de garder les gens en bonne santé »
a-t-il ainsi expliqué. Aujourd’hui,
le record de longévité humaine est de 122 ans, âge auquel la Française Jeanne
Calment est décédée. Mais certains scientifiques affirment que d'ici dix ans,
le développement de remèdes contre le vieillissement permettra d’augmenter
notre durée de vie de deux à trois ans. Parmi
les grands axes de la recherche, les thérapies régénératives : ainsi, pour
lutter contre l’atrophie des tissus et des organes, la fondation SENS
(Silicon Valley) investit dans les travaux sur la transplantation d’organes
cultivés in vitro à partir de cellules souches. En France, des tests
d’impression 3D de peau ont été réalisés par l’équipe de Fabien Guillemot,
chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm). Pour ce scientifique, les résultats obtenus laissent penser que,
d’ici une dizaine d’années, la bio-impression de certains tissus pourrait
être utilisée dans le cadre de la médecine régénérative. Autre
piste : la modification génétique. L’une des dernières études en date liée à
l’allongement de la vie humaine nous vient ainsi d’une équipe de
scientifiques de l’Institut de biologie cellulaire de l’Université de Berne,
en Suisse. Publiés dans la revue Cells,
leurs travaux démontrent qu’il est possible de prolonger considérablement la
vie d’un être vivant en activant un gène qui détruit les cellules malades de
l’organisme. En pratique, les biologistes ont réussi à augmenter de 50 à 60 %
la durée de vie moyenne de mouches drosophiles. Mais ils espèrent surtout
que, dans un futur proche, les mêmes résultats pourront être obtenus chez
l’homme. Constat similaire aux Etats-Unis, à l’Université de Brown, où des
expériences ont récemment permis d’élever de 15 % la durée de vie moyenne de
souris, en bloquant un gène appelé Myc, également présent chez l’être humain,
et surexprimé chez les patients souffrant de certains cancers. Mais
les chercheurs pourraient aller encore plus loin : « Je ne vois pas de limite biologique
absolue à l’âge humain », explique ainsi Craig Venter. Ce
biologiste fait partie des premiers chercheurs à avoir séquencé le génome
humain. Persuadé que l’immortalité cellulaire est possible, il a
cofondé, au printemps 2014, Human Longevity Inc. Objectif :
allonger l'espérance de vie de l'homme en combinant les avancées dans l'étude
du génome et les cellules souches. Mais au-delà de la prouesse
scientifique, ces recherches soulèvent une question à laquelle personne n'a
la réponse : quelles seraient les conséquences d'un allongement de la durée
de vie dans un monde qui comptera 2 milliards d'êtres humains de plus à
nourrir d'ici 2050 ? |
introduction
à origÈne suivie d’une anthologie |
Philippe henne |
Edition du CERF |
2004 |
Sans Origène, il n’y aurait pas de
théologie. Tout commence avec lui parce que, grâce à lui, la réflexion
pénètre dans le christianisme.
La vie mystique elle-même
n’échappa pas à sa sagacité. Le commentaire et les homélies sur le Cantique
des Cantiques sont l’œuvre d’un homme mûri par la réflexion et par l’épreuve.
Et pourtant, cet auteur fécond est inconnu du grand public. Ce qui explique
cette méconnaissance, c’est certainement le soupçon d’hérésie qui accable le
maître d’Alexandrie.
|
10 J
jacob
böhme |
Gérard wehr |
Edition Albin Michel |
1991 |
Les Cahiers de l’hermÉtisme Ce
grand théosophe chrétien mort en 1624 exerça sur la pensée allemande et européenne une grande
influence, car il fut dans sa pensée un philosophe puissant attachant et
génial. Ce livre condense l’essentiel de sa pensée qui devrait provoquer chez
chacun des motifs de réflexions spirituelles. Jacob
Boehme (1575-1624) est un personnage hors du commun. Hegel voyait en lui le premier
philosophe allemand. Il a exercé une influence sur Newton, Novalis, Schlegel,
Goethe, Fichte et Schelling. Quant à Louis-Claude de Saint-Martin, il le
considérait comme son second maître. Boehme
est né en 1575, près de Görlitz, une ville proche de la frontière qui sépare
l'Allemagne de la Pologne. Après avoir fréquenté l'école de son village, il
apprend le métier de cordonnier. Dès l'enfance, sa vie est ponctuée de signes
étranges, annonçant une destinée exceptionnelle. Un jour, tandis qu'il gardait
la boutique de son maître qui s'était absenté, un étranger entra. L'homme
s'approcha de lui et le regarda comme s'il pénétrait jusqu'au fond de son
âme. « Jacob, tu es peu de chose, lui dit-il, mais tu seras grand et tu
deviendras un autre homme, tellement que tu seras pour le monde un sujet
d'étonnement. C'est pourquoi sois pieux, crains Dieu, et révère sa parole,
surtout lis soigneusement les Saintes Écritures, dans lesquelles tu trouveras
des consolations et des instructions, car tu auras beaucoup à souffrir ; tu
auras à supporter la pauvreté, la misère et des persécutions ; mais sois
courageux et persévérant, car Dieu t'aime et t'est propice. » Celui
qu'on surnommera « le Philosophe Teutonique » devient maître cordonnier. En
1599, il épouse Catharina Kuntzchmann qui lui donnera quatre enfants. Il se
lie avec Martin Möller, pasteur de son village, et participe aux activités
d'un petit groupe de chercheurs que cet ecclésiastique réunit autour de lui
pour étudier les idées de Paracelse et de Valentin Weigel. Dans ce groupe,
parfois présenté comme un cercle rosicrucien, Boehme recevra les germes d'une
formation dont il saura tirer des fruits par ses propres méditations. « Jacob
Boehme est bon époux et excellent père, il s'applique à sa profession d'une manière
si laborieuse et si honnête que dix ans plus tard, il devient propriétaire
d'une maison à l'intérieur de la ville », nous dit son biographe Abraham
Franckenberg. L'existence
du jeune homme prend un tournant décisif en 1600, année pendant laquelle il connaît
une expérience marquante. Il est tout à coup saisi par la vision d'un vase
d'étain, ce qui l'entraîne dans une profonde extase mystique, une communion
universelle. « J'ai vu, dit-il, et compris plus en un quart d'heure que je
n'eusse appris en de longues années dans les écoles et les universités ».
Quelques années plus tard, en 1610, il écrit l'Aurore naissante ou la
racine de la philosophie, de l'astrologie, et de la théologie, un texte
dans lequel sont consignés les enseignements qu'il a retirés de cette
expérience. En
1612, le nouveau pasteur de Görlitz, Gregorius Richter, est informé des
révélations dont Boehme est le bénéficiaire. A partir de cette époque, il
n'aura de cesse de persécuter le cordonnier. Malgré ce harcèlement, celui-ci
tente de rester serein, se réfugiant dans la prière et le recueillement. Dans
les années qui suivent, il connaît plusieurs expériences mystiques marquantes
qui le conduisent à braver les foudres du pasteur pour prendre à nouveau la
plume. C'est ainsi qu'en 1619, il écrit Des Trois Principes de l'essence
divine, ouvrage dans lequel il tente de comprendre les fondements du mal
en se penchant sur la question de l'origine et de la Création. D'autres
ouvrages suivront, comme De la triple vie de l'homme selon le mystère des
trois principes de la manifestation divine, écrit au cours de l'hiver
1619. Ses
textes circulent sous forme de manuscrits, et ses lecteurs, souvent des
personnages illustres, viennent l'interroger ou lui écrivent pour obtenir des
éclaircissements sur les mystères divins. C'est pour répondre à l'un de ses
amis, Balthazar Walter, qu'il écrit Quarante questions sur l'origine,
l'essence, l'être, la nature et la propriété de l'âme et sur ce qu'elle est
d'éternité en éternité. Parmi les ouvrages les plus connus du Philosophe
Teutonique, figure De la signature des choses, texte datant de 1621.
Ce livre reprend la théorie des « signatures », une notion clé de la médecine
paracelsienne qui veut que les corps ne soient que des figures extérieures
dont les caractéristiques révèlent les aspects de l'âme. Ce livre est
probablement l'un des plus complexes que Jacob Boehme ait écrit. Parmi
ses textes majeurs, il convient de signaler également le Mysterium Magnum,
écrit en 1623. Il s'agit d'une œuvre volumineuse qui porte comme sous-titre :
« Commentaire explicatif du 1e livre de Moïse ». Son auteur s'y efforce de
dévoiler le sens secret du texte de la Genèse. Il propose une réflexion
particulièrement originale sur le néant – qu'il désigne sous le nom d'Ungrund
–, qui précède la Création. Ses observations, qui sont proches de celles des
kabbalistes à propos de l'Aïn-sof, auront une grande influence sur des
générations de penseurs, notamment sur Nicolas Berdiaeff. La
philosophie de Jacob Boehme repose sur une cosmogonie d'une grande
complexité, celle de « l'Éternelle nature » et des sept sources-esprits. Ses
théories sur la Sofia, l'épouse céleste du premier Adam, sont empreintes
d'une grande profondeur. Dans ses œuvres, il insiste sur l'androgynat
primitif de l'homme en présentant une théorie qui aura un retentissement
important dans l'ésotérisme occidental. Il utilise un langage qui puise en
grande partie dans l'alchimie paracelsienne. Ses textes son empreints d'une
étrange poésie qu'Émile Boutroux qualifiait de « brouillard étincelant ». Grâce
aux livres qu'Alexandre Koyré, Pierre Deghaye et Basarab Nicolescu lui ont
consacrés, la pensée de celui que l'on présente parfois comme le « prince de
la théosophie chrétienne » est plus facilement abordable. Ce n'est qu'après
la mort de Jacob Boehme, survenue en 1624, que ses œuvres furent publiées.
Johann Georg Gichtel (1638-1710), l'un de ses disciples posthumes les plus
importants, s'attacha à leur publication à la fin du XVIIe siècle. A la même
époque, elles furent également traduites en anglais et leur auteur compta de
nombreux disciples en Angleterre, comme John Pordage, Jane Lead ou William
Law. En France, c'est grâce aux traductions de Louis-Claude de Saint-Martin
qu'on a découvert la pensée de Jacob Boehme. Les transcriptions de
Saint-Martin, sont parfois jugées plus claires que les textes originaux, et
c'est souvent en les lisant que les Allemands ont saisi la profondeur des
écrits du Philosophe Teutonique. Grâce à Nicolas Berdiaeff et à Serge
Boulgakov, la philosophie de Jacob Boehme a rayonné jusqu'en Russie. |
JACOB BOEHME (1575-1624) |
DIVERS AUTEURS |
ARCADIA |
2001 |
Jacob
Boehme
né en 1575 à Görlitz (Silésie), il fut tout d’abord cordonnier, puis mercier,
il eut des visions qu’il expliqua dans des livres, ce qui lui valut d’être
persécuté par l’Eglise luthérienne à travers son pasteur : Gregor
Richter. C’est lors de son premier livre « Aurora », que
Richter lui interdit d’écrire, Boehme respectera cet ordre 5 ans (1613-1618),
puis reprendra sa plume au grand dam du pasteur. Boehme est un esprit
profondément religieux, et la religion est le centre de sa vie, il fera
cohabiter dans ses œuvres l’hermétisme et la mystique, ce qui donnera
naissance à la théosophie allemande. La
théosophie est une doctrine inspirée de Dieu, ayant pour principe, comme le
mysticisme, l’illumination et l’intuition
directe. Jean Servier explique le parcours
et l’influence qu’eut J. Boehme sur la pensée chrétienne européenne, il développe
sa théodicée, en expliquant pourquoi et comment J. Boehme justifie Dieu
en expliquant le mal. Gérard Jarlan, donne sa version
sur les aspects du mal dans l’œuvre de J. Boehme, et trouve chez Boehme un
Philosophe mystique de la nature, qui explique pourquoi toutes choses sont
nées de l’eau et du feu. La pensée et la doctrine de J. Boehme, peuvent être
perçu comme source de réflexions, ainsi le bien
et le mal sont ils complémentaires au sein de la nature de l’homme, et faut il l’accepter ainsi. Dans
un autre texte, il nous parle de l’Aurore naissante, premier ouvrage de J.
Boehme. Cet ouvrage expose les qualités requises et développées pour aller
chercher dans la nature divine : l’intuition
Primordiale et l’abandon de soi Pierre Breton nous explique la transmutation du désir ténébreux par la volonté triple
chez J. Boehme ou Du rien primordial à l’Être par les sept formes.
Il nous explique les différents courants de pensée de son époque, sa
théosophie, sa connaissance des choses divines dans le miroir de la nature,
les sources de vie spirituelle pour les hommes de désir, enfin sa création,
son désir et le cycle septénaire. Françoise Bonardel décortique la pensée
de Boehme, et passe chez Johan Scheffer, appelé Angelus Silesius (Le pèlerin chérubinique),
lequel naquit l’année ou mourut J. Boehme (1624), et fut l’admirateur et le
continuateur de la doctrine de Boehme. Pierre Deghaye, professeur à
l’Université de Caen et spécialiste de Boehme, développe dans un premier
article, la cité sainte ou la demeure de Dieu
dans la théosophie de Jacob Boehme.
Dans un second et superbe travail, il décortique chez Jacob Boehme la
difficulté du discours sur Dieu, avec cette recherche de ce qu’il appelle la langue
primordiale, qui était celle d’Adam et Eve et que R. Guénon reprendra
avec sa Tradition Primordiale, et pour les Francs-Maçons se sera la
Parole Perdue. Quelques articles
supplémentaires, approfondissent l’œuvre de Jacob Boehme, et lui donne ainsi
une aura particulière, dans la continuité de la théologie des mystiques
rhénans, dont un des fondateurs fut Maître Eckhart. Nous n’oublierons pas
que l’œuvre de Jacob Boehme fut traduite et introduite en France par le
théosophe Louis Claude de Saint Martin (1743-1803) qui l’a mis au cœur de son
message, ainsi pour les Martinistes, Jacob Boehme est il l’un des
piliers théosophiques avec Louis Claude de Saint Martin et Martinez de
Pascually. Livre référence sur Jacob Boehme :
Jacob Boehme par
Gerhard Wehr et Pierre Deghaye collection : Cahiers de
l’hermétisme. Edition Albin Michel 1991 |
jean
pic de la mirandole |
Christine sagnier |
Edition De Vecchi |
2000 |
||
Exalté
par la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs
qui ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la
connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en
passant par d’autres universités européennes. Pic
de la Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des
plus réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent
d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le
Magnifique, le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie
d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la
philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant
pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et
chaldéens. À
23 ans, il publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et
théologiques, et, grand seigneur, invite tous les érudits à en
débattre avec lui à Rome, quitte à ce qu'il leur paie les frais de
déplacement ! L'initiative déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic
de la Mirandole doit renoncer à plusieurs de ses conclusions, jugées
hérétiques par une commission papale. L'année suivante, il tente de fuir en
France la vindicte du Saint-Siège. Mais il est arrêté à Lyon et brièvement
interné au donjon de Vincennes. À sa libération, il s'empresse de répondre à
l'invitation de Laurent le Magnifique et, mettant fin à ses voyages,
s'établit à Florence. Mais le savant est fauché en pleine jeunesse par une
fièvre maligne et meurt pieusement à Florence, à 31 ans. Le même jour, dans
la ville soumise à l'autorité impitoyable du moine Savonarole, entre le roi
de France Charles VIII à la tête de ses troupes. C'est le début des longues
guerres d’Italie qui vont révéler la Renaissance aux Français... Analyse de l’oeuvre de Pic de
la Mirandole :
Cette transcendance divine par laquelle s’affirme la supériorité de Dieu sur
l’homme en tant qu’homme, me semble soulignée avec justesse dans
l’interprétation qu’offre Pic de la Mirandole, dans son fort célèbre De
dignitate hominis. Naturellement, Pic a aperçu le fond ontologique du
passage de la Genèse, et souligne le caractère divin de l’homme ;
mais il ne conçoit celui-ci que sur un mode dynamique, c’est-à-dire
que le « lieu de passage » constitué par l’endroit où dort Jacob se
réalise pleinement dans le symbolisme de l’échelle, symbolisme qui désigne
indubitablement une montée vers les cieux, c’est-à-dire un dynamisme, dynamisme
qui n’est possible que parce qu’il repose sur l’identité ontologique du bas
et du haut, de l’humain et du divin ; mais encore faut-il actualiser
cette identité. L’humanisme
de Pic de la Mirandole ne consiste pas en une apologie de l’homme en tant que
tel ; nulle trace dans ses écrits d’une admiration béate d’une humanité
unifiée ou de droits inaliénables. L’homme de Pic de la Mirandole est digne
d’admiration parce qu’il est capable de se projeter au-delà de lui-même,
parce qu’il est capable précisément de se projeter en Dieu ; ce n’est
pas un humanisme intrinsèque qu’il décrit, mais un humanisme qui tire sa
légitimité d’un possible, d’un potentiel inscrit en l’homme, qui n’est autre
que celui de devenir Dieu. Or, rien n’est plus significatif à cet égard que
l’interprétation qu’il donne de l’échelle de Jacob dans le De dignitate
hominis. Après
avoir loué les théologiens chrétiens, voici le dessein qu’il assigne à
l’humanité : « Et sans nous contenter des nôtres, consultons
le patriarche Jacob, dont la figure resplendit, sculptée sur le siège de la
gloire. Ce père très sage (saptientissimus) nous instruira, lui
qui dort dans le monde inférieur (in inferno dormiens) et qui veille
dans le monde supérieur (mundo in superno vigilans). Mais il nous
instruira en figure (per figuram) (car c’est en figure que tout leur
arrivait), disant qu’il y avait une échelle dressée des tréfonds de la terre
jusqu’aux sommets du ciel, répartie en une longue série de multiples
degrés : au sommet siège le Seigneur, les anges contemplateurs y montent
et descendent tour à tour. C’est ce que nous devons faire, nous qui
voulons imiter la vie angélique. » Deux
enseignements sont ici fondamentaux. D’une part, l’échelle de Jacob est
conçue comme cela même qui établit un lien de continuité entre le
monde sublunaire et le monde céleste, autrement dit entre le divin et
l’humain. Le fond ontologique qui structure les interprétations majeures de
ce texte demeure inchangé : il y a continuité ou identité entre le divin
et l’humain, et non rupture ou dissemblance. Sur ce point, Pic ne fait que
reprendre l’interprétation magistrale qu’en avait donnée Philon d’Alexandrie.
Mais il convient d’autre part de considérer cette continuité sur le mode
dynamique : il nous faut emprunter l’échelle pour nous convertir, au
sens néoplatonicien du terme, pour retrouver notre essence divine. Autrement
dit, ce mouvement de retour où se ressaisit l’essence divine de l’homme n’est
possible que sur fond de l’identité de l’essence divine et de l’essence
humaine. Grâce à cette identité ontologique, il nous est possible de gravir
progressivement les échelons jusqu’à Dieu. « Il
faut d’abord, écrit Pic, que nous soyons instruits et entraînés à nous
mouvoir comme il faut de degré en degré, sans jamais dévier de l’axe de
l’échelle ni faire obstacle au cheminement des autres. » Il est vrai que
Pic insiste davantage sur la progressivité du retour en Dieu, et ne
procède pas à la violence métaphysique de Maître Eckhart ; ou plutôt, si
le résultat est identique, il n’en est pas moins plus progressif, plus lent à
venir. Avant que l’homme ne se découvre Dieu, il lui faut avoir gravi chaque
échelon, être passé par le stade angélique, et avoir reçu des anges,
eux-mêmes descendus de l’échelle pour annoncer la bonne nouvelle, l’appel à
la divinisation. « Appelés
avec tant de douceur (blande), invités avec tant de bonté, les pieds
ailés comme des Mercures terrestres, nous volerons vers l’étreinte de cette
bienheureuse mère, et nous jouirons de la paix désirée – paix très sainte,
indissoluble union, amitié unanime, grâce à laquelle toutes les âmes non
seulement s’accordent en un unique esprit qui est au-dessus de tout esprit,
mais d’une manière ineffable, se fondent complètement dans l’un. Voici
l’amitié que les Pythagoriciens disent être la fin de toute
philosophie ; voici la paix que Dieu établit dans les lieux élevés, et
que les anges sont descendus sur terre annoncer aux hommes de bonne volonté,
afin que les hommes, montant par elle au ciel, deviennent eux aussi des
anges. » Malgré
l’apparente quiétude de ce mouvement, il ne faut guère sombrer dans une
interprétation trop prudente des propos de Pic ; il est indubitable que
le résultat est tout à fait similaire à celui qu’obtient Maître
Eckhart ; de la même manière que celui-ci voyait dans le songe de Jacob
une allégorie par laquelle l’âme se reposait en la déité, et inversement par
laquelle Dieu se reposait dans la petite étincelle de l’âme, l’issue de
l’ascension chez Pic n’est autre que le repos de l’âme dans la déité, et
celui de la déité dans l’âme. Pic écrit ainsi sans équivoque que le dessein
final de l’ascension de l’échelle n’est autre que cet « unique esprit »
dans lequel se réconcilient l’homme et Dieu qui ne font plus qu’un, afin que
« notre âme devienne elle aussi la demeure de Dieu (Dei domus),
afin qu’après s’être dépouillée de toutes ses impuretés par la morale et la
dialectique, elle s’one de la multiple philosophie comme d’une beauté
princière, qu’elle festonne le sommet des portes par la théologie, que
descende le Roi de gloire et qu’il vienne avec le Père établir en elle sa
demeure. »[ Nulle
équivoque n’est ici possible. Dès lors que Dieu est en mesure de venir
établir sa demeure dans l’âme, cela signifie l’actualisation de celle-ci en
tant qu’elle a mis au jour son identité ontologique avec celui-là. La
continuité de l’univers divin avec l’univers humain est ainsi à la fois la condition
de possibilité de cette réconciliation finale, et l’effet de
l’identité originaire. Condition de possibilité parce que sans elle
l’élévation graduelle de l’échelle ne serait guère possible, mais aussi effet
car s’il n’y avait plus cette identité du divin et de l’humain à
reconstituer, il n’y aurait plus de raison que Dieu vienne annoncer par ses
anges l’appel à la réunification Pic
de la Mirandole ne fonde pas l’autonomie du sujet, il fonde au contraire sa
dignité dans la potentialité d’un devenir divin, qu’il lui faut toutefois
actualiser, lorsque surgit l’appel. Il ne s’agit donc pas d’une
dimension d’affranchissement toute faustienne du divin, mais d’un retour à
celui-ci sur fond d’identité ontologique, héritée de toute une tradition
néoplatonicienne et ésotérique. On partage ainsi pleinement l’interprétation
de Louis Valcke pour lequel « l’intérêt de l’œuvre et de l’évolution
intellectuelle de Pic ne réside donc pas dans quelque non-conformisme qui
l’aurait conduit à ébaucher ou à anticiper, même inconsciemment, certains
traits de la modernité. Sa pensée et sa réflexion se meuvent tout entières à
l’intérieur du cadre philosophique et théologique qu’il avait reçu en
héritage. |
JEAN TAULER – LA NAISSANCE DE DIEU EN TOI |
Gérard
ESCHBACH |
Edition
O.E.I.L. |
1986 |
Jean Tauler (1300-1361) est avec
Maître Eckhart et Henri Suso, un des trois grands frères dominicains et
penseurs de la « Mystique Rhénane ». C’est avec des mots forts et puissants qu’il affirme notre condition divine. L’auteur nous fait pénétrer dans
la mystique Tauler. Jean Tauler est né probablement né
vers 1300, ou peu avant 1300, à Strasbourg. Était-il fils d’un échevin, ou
d’un bourgeois ? D’après une phrase échappée pendant un sermon, il
semble issu d’une famille qui ne connaissait pas l’indigence : « Si j’avais su ce que je sais maintenant, quand j’étais
le fils de mon père, j’aurais choisi de vivre de son héritage, et non pas
d’aumônes ». Cette petite phrase supporte
plusieurs niveaux de lecture. Premier niveau, celui de la recherche de Jean Tauler : recherche de
pauvreté, de simplicité. Jean Tauler nous parle ici de son désir de vivre en
pauvre du Christ, et ce thème lui est cher. Second niveau,
celui des rapports entre l’ordre dominicain et la société strasbourgeoise au
XIVe siècle. Ceci sous-entend l’examen des
conditions dans lesquelles est née la mystique rhénane. Ainsi que le rappelle
P. Dollinger : « il est vrai que les désordres, les scandales
pouvaient inciter les âmes éprises d'idéal à se réfugier dans la contemplation.
Il n'est pas douteux que mainte vocation mystique ait été affermie par la vue
des laideurs du monde. (…) D'une façon générale, on a souvent exprimé
l'opinion que le succès de la mystique [rhénane] s'explique, pour une large
part, par le retentissement des catastrophes du XIVe siècle. Outre
les querelles dans l'Église, on ne manque pas de rappeler la peste noire, les
massacres des Juifs, les processions de flagellants, et pour l'Alsace, les
invasions de routiers de la guerre de Cent Ans, qualifiés
d’« Anglais » en 1365 et 1375. Il faut cependant noter que les plus
dramatiques de ces événements propres à agir fortement sur la sensibilité des
contemporains se sont produits au milieu du XIVe siècle, à
l'époque où le mouvement mystique se trouvait à son apogée, voire même sur
son déclin. Si l'on se place à la période décisive de l'éclosion du
mouvement, c'est-à-dire au premier quart du XIVe siècle, on peut
dire que les malheurs de l'Église et du monde n'étaient ni plus ni moins
grands qu'à d'autres époques du Moyen Age. Les troubles du temps ont pu
porter certains individus au mysticisme : ils n'expliquent en aucune
façon que le XIVe siècle ait été un sommet dans l'histoire de la
mystique ». Le troisième niveau
concerne la famille de Jean Tauler : il y avait un héritage… Il ne
venait donc pas d'une famille pauvre. Vers 1315, Jean Tauler entre au
couvent des dominicains de Strasbourg. Il a environ 15 ans, ce qui n’est,
pour l’époque, ni trop jeune ni trop âgé… Selon le cursus alors en vigueur,
il aurait dû étudier à Strasbourg jusqu’en 1323, puis ensuite jusqu’en 1327 à
Cologne. Il n’a pas suivi cette longue formation, puisqu’on sait qu’il a pu
commencer sa prédication à Strasbourg en 1323, l’année de la canonisation de
Thomas d’Aquin. Sa formation a pu être écourtée en raison de sa santé
fragile : il ne reçut jamais en effet le titre de Maître ou de Docteur
en théologie. Ce qui l’amena d’emblée à être un Lebemeister (c'est-à-dire
littéralement un maître de vie, en opposition à un Lesemeister, un maître en
lectures, selon la terminologie des mystiques rhénans qui privilégie le
premier, sans dénigrer le second) sa culture est solide. Il « cite
Proclus, Thomas d’Aquin, Augustin, Bernard de Clairvaux, Hugues de S.
Victor » et la qualité de ses sermons est certaine « même si, parfois,
on a préféré voir en lui, un homme frustre, n’ayant jamais étudié comme “ceux
de Paris”, le réduisant fallacieusement par là à un prédicateur de province,
inspiré, mais peu instruit ». Un séjour à Cologne entre 1325 et 1330 est
possible, mais rien ne le prouve. On pense donc sans savoir quand qu’il a dû
séjourner à Cologne, y écouter Maître Eckhart, et peut-être rencontrer Henri
Suso. Mais il a découvert Maître Eckhart lorsque celui-ci était à Strasbourg.
Dans son couvent strasbourgeois, Albert le Grand, Vincensinus, et Eckhart
avaient séjourné : leurs écrits étaient donc à la disposition des frères y
résidant. Mais Tauler, Lebenmeister, ne fait pas étalage de ses savoirs : il
les adapte pour un public parfois peu instruit. L’une de ces premières adaptations
est de traduire ces autorités du latin en moyen-haut allemand, langue parlée
alors à Strasbourg. En ce premier quart du XIVe
siècle, le mouvement des « Frères du Libre Esprit », contre lequel
s’était dépensé Maître Eckhart a disparu. Une autre tendance, qui dans ses
excès verse dans l’hétérodoxie, se manifeste à travers les béguinages. Les
historiens en comptent entre 70 et 80 à Strasbourg. Pour saisir l’ampleur de
ces chiffres, précisons que la ville comptait au début du XIVe siècle un peu
plus de 15 000 habitants, qu’il y avait sept couvents de dominicaines
(dont celui de Saint-Nicolas in Undis, où réside la sœur de Jean Tauler). À
ces couvents s’ajoutaient les couvents des ordres franciscains, les
monastères de l’ordre de Saint-Benoît, les Ordres militaires, les couvents
pour les « dames repentantes », hors de l’enceinte de la ville et
les paroisses. Les membres des clergés séculier et régulier regroupent
presque 10 % de la population. Les béguinages existent depuis la
fin du XIIe siècle. Perçus dans un premier temps comme des maisons où des
veuves, principalement, ou des célibataires vivent en petites communautés,
sans règle, mais avec beaucoup de dévotion, ils sont de plus en plus
suspects. Or, en 1300, Guy de Colmieu, évêque de Cambrai, ordonne l’autodafé
du Miroir des âmes simples de Marguerite Porète. Cette dernière est une
béguine, qui sera arrêtée en 1309, jugée et brûlée en 1310 à Paris. Eckhart
était alors à Paris. En son couvent logeait aussi l’inquisiteur instruisant
le procès de Marguerite Porète. La mystique rhénane a beaucoup de points
communs avec les écrits béghards. Ceux-ci vont initier un courant de
spiritualité très vif au XIVe siècle. Beaucoup sont très réservés quant à
l’autorité de l’église visible, lui préférant la communauté, parfois
invisible, de ceux qui se veulent amis de Dieu, au sens de ceux qui aiment
vraiment et sont vraiment aimés de Dieu. Les erreurs des bégards sont
dénoncées en 1317 au concile de Vienne, et condamnées par bulle en 1318 et
1320. Tauler commence ainsi à prêcher
lorsque des personnes éprises de perfection doivent choisir entre se
maintenir dans le béguinage ou bien s’inscrire dans une forme de vie reconnue
par l’Église, c’est-à-dire un couvent, qui à Strasbourg est le plus souvent
d’obédience dominicaine. « L’exécution à Cologne, en 1322, du Hollandais
Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé l’existence de la
communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre eux, Jean de Brünn,
pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à 1335 ». [10] Tauler, par
sa prédication, aura la charge d’inciter les bégards à se maintenir dans
l’orthodoxie, comme Eckhart le fit pour le mouvement du Libre-Esprit. L’autre évènement qui marque le
début de la prédication de Jean Tauler est le conflit entre Jean XXII et
l’empereur Louis IV de Bavière. En Avignon, le pape Jean XXII excommunie
l’Empereur germanique en 1324 pour sa politique italienne. Il le déclare
privé d’Empire. Les villes de l’Empire soutiennent Louis IV. Le conflit dure,
et le pape jette l’interdit sur l’Empire en 1329. Aucun sacrement ne doit
plus y être célébré. L’interdit durera 15 ans. Les habitants sont appelés à
choisir entre le Pape et l’Empereur. Jusqu’alors, Strasbourg était restée
neutre. Dans les couvents des mendiants, les prises de position en faveur de
l’un ou l’autre camp sont variées. Finalement, les dominicains se soumettent
aux ordres pontificaux. En réponse, en 1339, la ville les chasse. Ils
resteront « bannis » pendant 4 ans. Tauler se retrouve ainsi tout
d’abord à Cologne, puis à Bâle. Durant ce séjour, il rencontre deux
personnalités marquantes de la spiritualité rhénane du XIVe
siècle : Henri de Nördlingen et Marguerite Ebner, tous deux parfois trop
vite associés aux bégards, alors qu’ils semblent beaucoup plus appartenir à
cette mouvance « des Amis de Dieu ». Revenu à Strasbourg en 1348,
Tauler ne repartira plus, sauf, peut-être pour un hypothétique voyage à
Paris, en 1350, voyage où il aurait rencontré Ruysbroeck. Il meurt à
Strasbourg le 16 juin 1361. Sa spiritualité est traversée par
deux thèmes centraux : le détachement, et la naissance déifiante de Dieu
dans l’âme qui est abordée dès le premier de ses sermons, celui pour la
Nativité. Parmi les mystiques rhénans, il se distingue par son sens du
concret et son apologie des vertus. Un bref texte anonyme de la fin du XIVe
siècle explique pourquoi il dut passer plusieurs longues années au purgatoire
: en particulier pour son caractère entêté ! De fait, à la différence
de Suso, il n’a jamais été proclamé Bienheureux et à la différence d’Eckhart,
il ne fut jamais inquiété pour sa doctrine. Martin Luther lui rendit hommage
en disant de lui qu'il était "l'un des plus solides et des plus corrects
des mystiques". C’est pourtant bien de Maître Eckhart dont il se réclame,
à mots couverts, nous donnant même la clef de lecture de son oeuvre :
« Il parlait depuis l’éternité, et vous l’avez compris depuis le
temps ». |
JOACHIM
DE FLORE (1132-1202) |
DIVERS AUTEURS |
ARCADIA |
2009 |
||
Le
thème central de ces œuvres est celui de L’accord entre les divers livres des
Ecritures, lus selon une exégèse traditionnelle, typologique et
arithmologique. C’est pourquoi on parle de « L’Evangile Eternel » de Joachim de Flore André Vauchez, nous explique
pourquoi Joachim ne se considérait pas comme un prophète, mais estimait avoir
reçu le don d’interpréter les Ecritures, et comment à partir de 1250, il y
eut des remous chez les franciscains et du coté de l’Eglise. G. Huril
nous explique l’enseignement de Joachim, qui repose sur la relecture des
Evangiles et des textes de l’ancien Testament, avec en toile de fond
l’avènement de l’Esprit-Saint, une Eglise plus spirituelle et une humanité de
nouveau éclairer par la grâce divine. Emmanuel Delorme, brosse un superbe tableau
de Joachim de Flore, chantre du Troisième Temps et la fin des Templiers. Il
développe le monachisme spirituel de Joachim, qui soutenu par l’Ordre du
Temple, inspira des mouvements mystiques populaires basés sur la pauvreté et
l’action dans le monde, les franciscains, le libre esprit, les Turlupins etc.
L’Eglise en fut ébranlée. La répression de ces mouvements éclaire la fin des
pauvres chevaliers du Temple. Jean
Boulier-Fraissinet,
dans un remarquable essai, explique l’enseignement de Joachim et notre avenir
spirituel. Il développe plusieurs leçons à retenir, la première étant
celle de « L’appel à l’unité intérieure »,
c'est-à-dire l’appel à l’ensemble focalisé des ressources intérieures. L’œuvre
magnifique de Joachim nous enseigne l’Amour de Dieu pour l’homme et l’amour
que doit avoir l’homme pour Dieu, en ayant toujours à l’esprit que cette
divinité que nous croyons lointaine est en réalité en nous. Les œuvres de Joachim
de Flore font l’objet d’une réimpression, qui est sorti en 2010 aux éditions du Cerf |
JOHANN FRIEDRICH Von MEYER – Un Maître de la Tradition Hermétique |
Jacques Fabry |
Edition Signatura |
2014 |
Johann Friedrich Von Meyer (1772-1849) est l’un des représentants les plus éminents de la pensée ésotérique chrétienne en Allemagne au 19e siècle. Dans le système théosophique de ce Naturphilosoph, contemporain de Goethe, la Bible et la Nature constituent les deux colonnes essentielles d’un temple sur lequel trône le delta lumineux de l’Esprit divin. La première partie de cet ouvrage, évoque la vie et l’œuvre de l’auteur. La partie centrale est consacrée à la Franc-maçonnerie telle que la concevait Meyer (il fut initié au Rite Rectifié dans le courant de Willermoz), et à laquelle il a appartenu presque toute sa vie. La dernière partie développe la théosophie de l’auteur, son système symbolique et ésotérique, ses interprétations alchimiques et kabbalistiques qui s’ouvrent sur une perspective hermésienne et font de Von Meyer un théosophe et un alchimiste au système complet et achevé. Par ailleurs, la découverte de la mystique indienne et des religions de l’Inde au 18e siècle grâce à Herder et Friedrich Schlegel, sera l’amorce chez Meyer, de l’idée d’une Révélation universelle, il adoptera donc ce « syncrétisme idéaliste » quand celui-ci ne sera pas en opposition avec sa foi et le dogme chrétien. Meyer est ici assez proche de Jacob Böhme ; pour lui, Dieu « s’épanouit » progressivement dans la nature envisagée comme Sensorium Dei, afin de parvenir, à la fin des temps, à la pleine conscience de lui-même. Dans cette optique très ésotérique, la création n’est pas seulement une auto-révélation progressive, elle est aussi une manifestation corporelle, une sorte d’incarnation ou de corporéification constante de l’Esprit absolu. On devine facilement que l’auto-manifestation de Dieu implique son intervention et même son insertion permanente dans l’univers, dans la mesure et dans l’histoire, mais cette idée de développement progressif de l’Unité Primordiale dans la multiplicité du monde et des mondes, implique celle d’un devenir, d’une métamorphose ou d’une palingénésie au sens à la fois corporel et spirituel du terme. En bref, une telle conception a le mérite d’opposer à la philosophie rationaliste une interprétation de l’Être qui, récusant l’idéalisme abstrait hérité des philosophes grecs, réconcilie esprit et matière dans une science intuitive universelle dans laquelle non seulement foi et savoir, mais encore transcendance et immanence sont indissolublement liés. Cet ouvrage, résultat de nombreuses années de recherche, n’intéressera pas seulement les philosophes, les germanistes, les alchimistes, les maçonnologues, les historiens des religions, mais aussi les « hommes de désir », lesquels pourront trouver là, beaucoup de sujets de réflexions et d’inspiration. Au sommaire de cet ouvrage : Les années de formation : Kallias, l’unique roman de Meyer - Goethe et Meyer - La maturité : Meyer, intendant du théâtre de Francfort - la kabbale - Meyer, alchimiste opératif - Le messager du Lumière - les débuts de la carrière juridique - le monde intermédiaire - les interprétations bibliques - Meyer sénateur - Les écrits majeurs : Un travail gigantesque : la traduction de la Bible - Un juriste, docteur en théologie - la société biblique de Francfort - Johann Georg Hamann et Meyer - le mouvement du Réveil - la revue périodique pour une vérité supérieure - le précis de la doctrine chrétienne - Le Livre de la Création (Sepher Jezira) - Les clés pour la révélation johannique - Johann Friedrich Von Meyer et la Franc-maçonnerie : L’attitude de Meyer avant son initiation - Meyer Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte en 1827 - les loges Francfortoises et l’Alliance Eclectique - Meyer et Charles de Hesse. Critique du système de Gotthorp - Meyer et le prince de Hesse-Darmstadt - six exposés symboliques - Le précis de l’histoire de la Franc-maçonnerie - La loge de Charles exclue de l’Alliance Eclectique - Johann Friedrich Von Meyer Théosophe : Une pensée symbolique et ésotérique : Affinités et influences - De la philosophie à la théosophie - Des lignes directrices de la pensée de Meyer - La logique du contradictoire - La création et la chute - L’unité primordiale - Les métamorphoses de la Lumière - La prévarication de Lucifer - La seconde création et l’homme primordial - La cosmosophie meyerienne - L’homme actuel et le problème du mal - la réintégration promise - L’espace et le temps - De la triplicité des mondes et de l’homme - L’âme de l’homme - Intelligence et raison - Le gouvernement du monde et la providence divine - L’Art d’Hermès : Affinités et influences - La magie du monde sensible - Apologie de l’Alchimie - Les rudiments de l’alchimie - La Genèse de la Table d’Emeraude - Les étapes de l’œuvre - Considérations sur le Grand Œuvre - La Kabbale : Kabbale théosophique et kabbale magique - Le Sepher Jetzira - L’étymologie kabbalistique - Une pensée et une œuvre riche d’enseignements - Conclusion : Portrait de Johann Friedrich Von Meyer - Notices d’Antoine Faivre et de Jacques Fabry - |
john
locke & la
raison raisonnable |
S. GOYARD – FABRE |
Edition VRIN |
1986 |
L’œuvre de celui que Voltaire
appela « le sage Locke » devait apporter au monde un message d’espérance que
le XVIIIème siècle recueillit aussitôt : si la raison des hommes, disait
Locke, est assez raisonnable, le gouvernement des peuples sera, non pas la
puissance coercitive d’un Minotaure, mais l’instrument de leurs libertés et
de leurs droits. Au lendemain de la Glorious Révolution, le « libéralisme »
de l’avenir était né. Cependant, la philosophie libérale de Locke conserve de
multiples attaches avec les traditions philosophiques enracinées dans le
passé. Avec une évidente réminiscence stoïcienne projetée dans la modernité,
Locke pense que la raison raisonnable qui oblige l’homme envers la loi de
nature, l’oblige aussi envers lui-même et envers les autres. La liberté est
donc une conquête à réaliser : c’est en effet seulement lorsque les hommes,
capables de raison, découvrent dans l’univers les fins que Dieu leur a
assignées, qu’ils peuvent accomplir les libertés sans lesquelles ils
demeureraient privés d’humanité. La politique de Locke ne se sépare ni de la
morale ni de la métaphysique. Au
XVIIe siècle, l'Angleterre connut deux révolutions. En 1649, après des années
de guerre civile, la première révolution prit fin avec l'exécution du roi
Charles Ier Stuart et avec l'instauration de la république (Commonwealth),
remplacée en 1653 par le protectorat d'Olivier Cromwell. En 1660, la
monarchie fut restaurée sous Charles II et, à la mort de celui-ci en 1685,
c'est dans des conditions relativement paisibles que son frère cadet,
Jacques, hérita du trône. Cependant, il sembla une fois de plus que les
traditions parlementaires du pays et l'Église protestante étaient menacées.
Une nouvelle opposition à la monarchie des Stuart vit le jour et, en 1688,
une seconde révolution éclata; cette fois, le roi Jacques II put s'enfuir en
France, échappant ainsi au sort de son père. Le trône fut confié à sa fille
aînée, Marie, et à son époux, le prince Guillaume d'Orange. Ces événements
ont certainement retenti sur l'existence de bien des gens, voire de
l'ensemble des populations de l'Angleterre, de l'Irlande, de l'Écosse et du
Pays de Galles au cours du XVIIe siècle. Il faut absolument les prendre en
compte pour comprendre la vie et l'oeuvre de John Locke, observateur averti
des controverses politiques, constitutionnelles, religieuses, économiques et
éducatives de cette époque capitale, auxquelles il lui arriva aussi de
prendre part. En effet, il était étroitement lié à l'un des grands hommes
politiques de l'époque, Anthony Ashley Cooper, premier Comte de Shaftesbury.
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JOSEPH DE MAISTRE – PROPHÈTE DU CHRISTIANISME TRANSCENDANT |
Présenté par Jean-Marc Vivenza |
Edition Signatura |
2015 |
Joseph de Maistre trouve dans le Régime écossais rectifié, dont
il fut membre en Savoie, une doctrine ésotérique qui s’accorde à merveille
avec ses propres convictions. Constatant chez Origène les mêmes thèses qu’il avait
rencontrées dans le monde initiatique de l’illuminisme mystique, il développe
dans son œuvre des conceptions surprenantes sur la création du monde, la
chute d’Adam, le sens spirituel des écritures, l’ordre naturel et surnaturel,
la rédemption du genre humain par le sacrifice, la destination immatérielle
des âmes etc., qu’il désigne sous le nom de «christianisme transcendant ». Sa
famille était originaire du Languedoc. Son père, le comte Xavier de Maistre,
président du sénat à Pavie, lui fit donner une éducation savante et
chrétienne, et dès la fin de ses études, n’ayant encore que vingt ans, il
entrait dans la magistrature. Il fut du nombre des magistrats délégués par le
gouvernement sarde auprès du sénat de Savoie; de bonne heure sa gravité
s’était révélée aussi bien que son génie. Il publia en 1775 un éloge de
Victor-Amédée : c’était un premier essai; il fut suivi de quelques autres, et
pendant ce temps les événements, qui se hâtaient, allaient exercer leur
influence sur la maturité de son talent et la direction définitive de ses
pensées. En 1787 il fut nommé sénateur. La Révolution française commençait à
remuer le monde. En 1793 l’invasion de nos armées en Savoie le força de se
retirer en Piémont. De Maistre fut fidèle à son roi fugitif. Il le suivit en
Sardaigne. Ce fut un asile protégé par les mers. Il y fut nommé régent de la
grande-chancellerie. |
JOSEPH DE MAISTRE. QUI SUIS–JE ? |
J.M VIVENZA |
Edition PARDES |
2003 |
Joseph
de Maistre est marqué par le caractère profondément déchu de la créature,
« l’homme entier, affirme-t-il, n’est qu’une maladie » (Soirée, IIe
Entretien). Cependant, cette noire vision est compensée, équilibrée, par une
quête ardente et immense de « l’Unité » perdue, c’est là
tout le sens de la perspective doctrinale maistrienne. Cette
quête ne peut toutefois se concevoir, du moins avec la spécifique vigueur que
lui conféra Maistre, si elle n’est pas préalablement fondée sur une
conscience aiguë de la rupture originelle, de la fracture primitive ayant
plongé l’homme dans cette »vallée » de larmes et de déréliction où,
depuis lors, il erre en pleurs dans les ténèbres et l’obscurité, en espérant
contre toute espérance trouver un chemin de retour, une voie assurée vers la
« Réintégration » qui le délivrera enfin et pour toujours de
son sac de chair, de son pesant fardeau le rivant tragiquement à la matière.
Toute l’œuvre de Maistre est situé au centre de cette dramatique tension, sa
doctrine n’étant que l’expression achevée, certes brillante mais néanmoins
extrêmement lucide et rigoureuse, de cet état de corruption résultant d’une
dégradation qui, plus que tout autre, est la condition véritable de
l’humanité actuelle. On
sait que, lorsqu’on aborde la pensée de Joseph de Maistre, deux points de vue
s’expriment le plus souvent. Pour les uns, nous sommes en présence d’une fin
politique, habité par une seule idée, celle d’œuvrer à la restauration des
structures traditionnelles de l’édifice politique européen. Pour les autres,
Maistre est un « mystique », ou plus exactement un « illuminé »,
influencé par ses attaches maçonniques et théosophiques, en attente d’un
« avènement » ou d’une imprévisible parousie. En réalité, la
question ne se pose absolument pas de cette manière, et ceci pour la simple
raison qu’ordre temporel et spirituel, sont, chez Maistre, intrinsèquement
liés. Le Ciel, pour lui, se manifeste en intervenant directement dans le
cours des choses et, réciproquement, rien de ce qui existe ici-bas ne
subsiste sans posséder de puissantes attaches dans l’invisible. Ordre
temporel et ordre spirituel ne s’opposent donc pas, ils sont profondément
imbriqués l’un dans l’autre. De
la sorte, la pensée de Maistre ne peut et, surtout, ne doit pas, être
fragmentée ; elle s’appuie incontestablement sur les bases doctrinales
de l’illuminisme maçonnique, source aisément décelable dans ses divers
écrits, mais s’exprime toujours par un souci constant de l’exemple concret.
Vérité immédiate et Vérité «éternelle forment donc une totalité qu’il importe
de déceler sous le voile qui, depuis la « Chute », nous
plonge dans une tragique cécité. Ce fut là ce que servit de fil conducteur à
Maistre tout au long de son existence, ce fut là également le principal souci
qui l’anima dans l’écriture de ses ouvrages qui possèdent, encore de nos
jours, la rare vertu de plonger le lecteur dans de profondes interrogations
métaphysiques. A
ce sujet, nous devons reconnaître que c’est sans aucun doute Mgr Antonio De Angelis,
de l’Université de Teramo, qui a résumé le plus justement l’impérative
exigence qui doit s’imposer à ceux qui désirent sérieusement approcher
l’œuvre de Joseph de Maistre : « Il convient de s’engager,
dit-il sans réserves, dans l’étude critique de la naissance de la pensée
maistrienne, avec une particulière référence non seulement au contexte
historique, familial, social de son temps, mais surtout aux doctrines
illuminées des diverses « confrérie » maçonniques. » Ces lignes, auxquelles nous souscrivons
entièrement, nous expliquent en réalité pourquoi se dégage toujours comme une
nette impression d’extériorité dans la plupart des textes des commentateurs
de Maistre, et ce, même chez les plus avisés d’entre eux ; il leur
manque en réalité cette intimité avec les sources qui fait que leurs analyses
semblent le plus souvent incapables de pénétrer réellement au cœur du système
maistrien. En effet, aucune compréhension véritable de
la vision de Joseph de Maistre sur le monde, l’histoire et la religion, ne
peut s’effectuer sans une connaissance des enjeux doctrinaux de la maçonnerie
spiritualiste en France et en Europe du XVIIIe siècle. Il pourra bien
évidemment paraître surprenant, pour certains, que ce partisan déclaré du
trône et de l’autel, ce catholique intransigeant ardent avocat de
l’infaillibilité pontificale, ultramontain fervent, défenseur convaincu de la
monarchie de droit divin, ait été également et au même titre, un franc-maçon
initié aux plus hauts degrés de son Ordre, un lecteur assidu des auteurs
ésotériques, un admirateur déclaré des écrits de Louis-Claude de
Saint-Martin, dit le « Philosophe Inconnu », avec lequel il
entretiendra, à plusieurs reprises, des relations non seulement épistolaires,
mais aussi directes, puisqu’il lui offrira de séjourner en 1787 chez lui à
Chambéry, non sans l’avoir préalablement rencontré à Lyon par l’intermédiaire
de Jean-Baptiste Willermoz, par ailleurs maître d’œuvre de la réforme de la
« Stricte Observance Templière », réforme qui aboutira, par le Convent
des Gaules en 1778, et le Convent de Wilhelmsbad en 1782, à la création du
« Régime Ecossais Rectifié ». Cet aspect des choses ne doit donc jamais
être oublié lorsqu’on aborde la pensée de l’auteur des Soirées de
Saint-Pétersbourg. Paul Vulliaud, dans son ouvrage « Joseph de Maistre
Franc-maçon », avait déjà signalé qu’un certain Bernard, qui publia en
1822 une série intitulée Opuscule théosophiques, qu’il signait du nom
d’« Un ami de la Sagesse et de la Vérité », posa clairement dans
ces textes, selon ses propos, que « la solution de toutes les questions
importantes traitées dans les Soirées se Saint-Pétersbourg, est puisée dans
les principes ou les écrits de M. Saint-Martin ». L’analyse, incontestablement, ne peut
que nous conduire à soutenir cette affirmation, tout nous montrant clairement
que les références de Maistre qui prennent largement leurs racines aussi bien
chez les Pères grecs de l’Eglise, en passant par la théologie médiévale et le
droit d’Ancien Régime, ont été réunis et constituées en un ensemble cohérent
et précis de par un contact étroit entretenu avec les thèmes fondamentaux de
l’illuminisme maçonnique. Il nous faut donc admettre, à l’évidence, que
rien de ce qu’écris Joseph de Maistre ne peut être réellement dissocié de
cette influence spécifique et, plus encore, être compris sans recourir aux
lumières de sa doctrine originale : c’est là la source principale de la
magistrale œuvre maistrienne, c’est là aussi la véritable clé de son
« mystère ». |
JULIUS
ÉVOLA LES
DOSSIERS H |
LES DOSSIERS H |
Edition L’Âge d’Homme |
1997 |
Il est avec René Guénon, le grand
maître de la pensée traditionnelle du XXème siècle. Sa vie fut entachée par
la fréquentation des fascistes de Mussolini et des propos teintés de racisme.
C’est pour cela que les oubliettes lui furent ouvertes. Aujourd’hui on
s’aperçoit que sa pensée moderne, son analyse et ses prophéties sont
d’actualité, son influence intellectuelle et spirituelle fait autorité. Giulio (Julius) Evola était un
aristocrate, un artiste dadaïste et un ésotériste d’extrême droite, né à Rome
en 1898 et mort en 1974. Adepte d’un néopaganisme romain, la « religion
italique », sa pensée est construite en réaction à l’aristocratie
catholique dont il est issu, à la tradition chrétienne et au « monde moderne ».
Politiquement, Evola se plaçait dans une optique antimoderne, aristocratique,
inégalitaire et européiste : il était un réactionnaire radical. Sa
critique intransigeante du monde moderne fut conçue après sa lecture des
premiers livres de l’ésotériste réactionnaire français René Guénon. À
l’instar de Guénon, Evola devint une figure importante du traditionalisme,
c’est-à-dire d’un ésotérisme postulant l’existence d’une « tradition
primordiale », de nature supra-humaine et transcendante. Evola
s’engagea donc, dans un premier temps, dans une voie artistique. Peu avant la
guerre, il se lia avec les futuristes, en particulier avec Marinetti. Comme
eux, il souhaitait la guerre. Il participa donc à la Grande Guerre comme
officier d’artillerie, en qualité d’engagé volontaire. Si la guerre lui
sembla nécessaire, c’est seulement en tant que fait révolutionnaire. Dès la
fin du conflit, ses sympathies allèrent à ce qui restait des empires
centraux. Après la première guerre mondiale, il se rapprocha du dadaïsme. Ses
peintures firent de lui l’un des premiers dadaïstes italiens. Il commença
alors à élaborer sa pensée, fondée sur un supposé réveil de forces
spirituellement aristocratiques, dirigées contre l’hégémonie bourgeoise et
ses valeurs (le matérialisme et l’utilitarisme) qu’il condamna jusqu’à sa
mort. Il fut profondément influencé par la critique nietzschéenne de la
modernité. En ce sens, il s’inscrivit dans le courant pessimiste de la
« Révolution Conservatrice » allemande. Evola
connut, vers 1920-25, une crise intérieure provoquée par le matérialisme des
activités humaines. Il ne retrouva le goût à la vie que grâce à la découverte
de textes hindouistes et bouddhiques. Cette rupture psychologique fit qu’il
se mit à s’intéresser aux questions ésotériques et occultistes. Fort logiquement,
il se rapprocha des milieux ésotériques et francs-maçons italiens, avant de
critiquer violemment la franc-maçonnerie comme agent de la contre-initiation
moderne. Petit à petit, il se rapprocha aussi des milieux extrémistes de
droite, assez présents dans la mouvance ésotérique italienne de son époque,
avec Arturo Réghini et Guido De Giorgio notamment. Ses contacts avec des
membres de la « Révolution Conservatrice » allemande firent qu’il
fut lu en Allemagne dans les années 1930. La parution
en 1934 de son livre Révolte contre le monde moderne lui ouvrit les
portes de l’Allemagne nazie. Evola ne fut jamais national-socialiste même
s’il collabora à des publications officielles nationales-socialistes. En
effet, il participa, pendant la guerre, à une revue européiste financée par
les services de Joachim von Ribbentrop, La Jeune Europe, et entretint
des contacts avec une certaine sphère dirigeante de la SS. En fait, les
relations entre Evola et le national-socialisme sont complexes et plutôt
houleuses. Il critiqua les thèses de Rosenberg et le dévoiement nazi de la
« Tradition nordique ». En outre, il perçut la
« culture » nazie comme une manifestation de l’esprit
petit-bourgeois conservateur qu’il haïssait. Ce mépris fut d’ailleurs
réciproque : il était fiché par les SS en tant qu’aristocrate
réactionnaire. Mais paradoxalement, il fut apprécié par Wiligut, le fameux
supposé « Raspoutine » de Himmler, qui l’invita à faire des
conférences dans les châteaux de l’ordre en 1938 et collabora avec l’Ahnenerbe.
Toutefois, il se peut aussi qu’Evola fût un agent du SD, le service de
renseignement et de contre-espionnage de la SS, mais la question reste à
éclaircir : selon Christophe Boutin, « Evola va travailler pour la
SS à trois titres : en tant que conférencier invité ; en
dépouillant, en liaison avec le SD et l’Ahnenerbe, des documents maçonniques
à vienne ; et collaborant
directement et pratiquement avec le SD ». Evola se serait montré
« d’autant plus sensible à cette reconnaissance qu’il reste un auteur
marginal dans son propre pays. Cela l’amène à être plus conciliant à l’égard
de la politique national-socialiste. Deux paramètres, l’un intellectuel,
l’autre historique, contribuent par ailleurs à infléchir son jugement. Au
plan intellectuel, Evola voit dans la constitution de la S.S. les germes
d’une nouvelle élite de type aristocratique, capable de concilier l’esprit
spartiate et la discipline prussienne. À terme, cet ordre d’initié pourrait
se substituer au parti de masse pour devenir le noyau central d’un État
organique et non plus totalitaire. » Malgré tout,
favorable au paganisme, il fréquenta des figures importantes des milieux völkisch
qui rejoignirent le régime nazi, en particulier l’archéologue Hermann Wirth,
le fondateur de l’Ahnenerbe, dont il diffusa les idées en Italie, et le
raciologue nordiciste Hans F. K. Günther. Mais Evola s’aperçut rapidement que
sa conception du paganisme était très différente de celles de Wirth et de
Günther : le paganisme évolien était une métaphysique, au contraire des völkisch
qui le concevaient comme un programme politique, raciste et nationaliste. Il
considéra donc le néo-paganisme völkisch comme une manifestation de
l’antitradition moderne honnie. Néanmoins, il continua de défendre
ultérieurement les thèses de Günther : dans les années soixante-dix, il
le fit en particulier au travers d’un article, publié le 15 août 1970 dans Il
Conciliatore. Selon Evola, Günther soutenait une vision non raciste de la
race, une position qui est loin d’être convaincante. Evola resta
aussi un marginal en Italie fasciste, malgré ce qu’a pu écrire Marie-Anne
Matard-Bonucci. En 1930, il écrivit la chose suivante dans La Torre,
un bimensuel cofondé avec Guido De Giorgio, et interdit par le régime au bout
de six mois de publication : Nous ne sommes ni “fascistes”, ni
“antifascistes”. L’“antifascisme” est nul. Mais pour ennemis irréductibles de toute idéologie
plébéienne, de toute idéologie “nationaliste”, de toute intrigue et esprit de
“parti” le fascisme est trop peu. Nous
voudrions un fascisme radical, plus intrépide, un fascisme vraiment absolu,
fait de force pure, inaccessible à tout compromis ». Il développa son
concept de « surfascisme » dans un ouvrage, Impérialisme païen,
paru en 1928, qui jetait les bases d’un mouvement plus fasciste que le
fascisme. Il explicita son « surfascisme » lors de son procès de
1951 : « J’ai défendu, et je défends, des “idées fascistes”, non en
tant qu’elles étaient “fascistes”, mais dans la mesure où elles reprenaient
une tradition supérieure et antérieure au fascisme, où elles appartenaient à
l’héritage de la conception hiérarchique, aristocratique et traditionnelle de
l’État – conception ayant un caractère universel et qui s’est maintenue en
Europe jusqu’à la Révolution française. En réalité, les positions que j’ai
défendues et que je défends en qu’homme – car je n’ai jamais été inscrit à
aucun parti, pas plus au P.N.F. qu’au M.S.I ne doivent pas être dites
“fascistes”, mais traditionnelles et contre-révolutionnaires. » De fait,
il n’accéda à une sorte de reconnaissance officielle de la part du régime
qu’en 1941, peu de temps avant la crise de celui-ci, lorsque Mussolini
approuva publiquement sa Synthèse de doctrine de la race, pour
démarquer ce qui fait la romanité du racisme biologique nazi. Toujours en
1941, Evola soutint dans son manifeste racialiste Éléments pour une
éducation raciale, l’origine « occidentale et
nordico-occidentale » de la civilisation indo-européenne. Toutefois,
selon Marie-Anne Matard-Bonucci, l’engagement fasciste d’Evola serait à
réévaluer. Selon Philippe Baillet l’un des meilleurs connaisseurs de sa
pensée, « Evola n’a jamais été fasciste ; pourtant, il a reçu
l’appui de quelques unes des personnalités les plus “dures” du régime
mussolinien. Evola est toujours resté
un “marginal” du fascisme ; pourtant, jusqu’au bout, il ne lui a ménagé
ni son soutien, ni sa fidélité. Evola
n’a jamais été national-socialiste ; pourtant, il a collaboré à des
publications nationales-socialistes tout à fait officielles et a entretenu
des contacts avec certaines sphères dirigeantes de la S.S. 4) Dans ces
conditions, Pourquoi Evola a-t-il estimé nécessaire d’apporter son soutien,
fût-ce de manière parfois très critique, au régime fasciste et au régime
national-socialiste ? » La question reste en suspend… Néanmoins,
lors du renversement de Mussolini, il le soutint et adhéra idéologiquement
ensuite à la République Sociale Italienne de Saló. Evola fut
blessé à Vienne en 1945, à la toute fin de la guerre. Cette blessure le
paralysa des membres inférieurs le forçant, lui le « guerrier » à
se diriger vers la contemplation. Malgré cette paralysie, Julius Evola réarma
moralement, dès la fin de la guerre, l’extrême droite italienne, avec
notamment un ouvrage, Orientations, paru en 1950. Par la suite, il
fournit des éléments doctrinaux à une partie de l’extrême droite européenne.
Il fit ainsi partie du groupuscule Nation Europa qui édita une revue éponyme,
de tendance nationale-européenne, qui était l’organe le plus représentatif du
néofascisme européen. Nation Europa fut fondé par un ancien officier SS,
Arthur Ehrhardt, auquel s’associèrent de nombreux ex-nazis qui cherchaient à
réorganiser les activités nazies à travers l’Europe. Evola, ainsi que le nazi
Hans Grimm et le fasciste Maurice Bardèche, firent partie des premiers
collaborateurs de cette revue. Il fut même arrêté en 1951 pour avoir impulsé
une organisation clandestine, « les faisceaux d’action
révolutionnaire ». Il publia après guerre deux ouvrages politiques
importants : Les Hommes au milieu des ruines en 1953, et Chevaucher
le tigre en 1961. Jusqu’à sa mort, il affina et radicalisa son discours. Malgré tout,
comme le reconnaît Anthony James Gregor, il est impossible de considérer
Evola comme un fasciste, ni même comme un néofasciste, même s’il eut le
soutien de quelques-unes des personnalités les plus dures du régime
mussolinien. Il doit plutôt être vu comme un réactionnaire radical, un point
de vue reconnu à l’extrême droite. Ses modèles étaient davantage les anciens
ordres de chevalerie, ainsi que les mouvements spiritualo-politiques, en
particulier par la Légion de l’archange Saint Michel, plus connu sous le nom
de la Garde de Fer. Evola vouait en effet une admiration sans faille au chef
de la Garde de Fer roumaine, Corneliu Codreanu, qu’il avait rencontré à la
fin des années 1930 via l’entregent de Mircea Eliade, mais il est vrai qu’il
est difficilement tenable de soutenir le « fascisme » de la Garde
de Fer : certains observateurs consciencieux ont en effet estimé que la
Garde de Fer relèverait plus de la structure religieuse que du mouvement
politique, qu’il s’agirait d’un « nationalisme
spirituel-religieux » selon l’expression de Pierre-André Taguieff, voire
d’un « faux fascisme ». Ainsi, une icône de Saint Michel, le saint
préféré de Codreanu, était « veillée en permanence par une garde
d’honneur ». La Garde de Fer était marqué par le millénarisme
orthodoxe : « Dans le fascisme roumain, l’héroïsme et la
camaraderie du front étaient remplacés par le culte d’un héroïsme “chrétien”
associé à la valorisation presque obsessionnelle de la souffrance, du martyre
et de la “mort légionnaire”. » Cependant, la vision légionnaire de
l’engagement a permis à Ernst Nolte d’écrire que la Garde Fer était le
« mouvement fasciste le plus intéressant et le plus complexe » de
l’Europe des années trente. Le débat reste donc ouvert. Quoiqu’il en soit,
Evola était fasciné par le mouvement légionnaire, ouvertement antisémite, le
numéro deux du mouvement, Ion Mota, ayant traduit en roumain Les
Protocoles des Sages de Sion : « Dans un premier article [sur
le mouvement légionnaire], Evola met dans la bouche du chef de la Garde de
Fer une description des valeurs quasi religieuses du mouvement qui, par sa
longueur et sa cohérence, ne rappelle point les moyens d’expression assez
limités et le style rocailleux et laconique du Capitaine. C’est un discours
élaboré qui a été manifestement “travaillé” par Evola et l’on peut se
demander si Eliade lui-même n’est pas intervenu pour détailler à l’hôte
italien la nature “spirituelle” du mouvement légionnaire. » L’ésotérisme évolien : Après Guénon, Evola
fut l’un des grands représentants de la « Tradition primordiale »,
de la « tradition » avec un « T » majuscule, c’est-à-dire
au sens ésotérique du terme, théorisée par René Guénon au début du XIXe
siècle. Cette « Tradition » a une origine an-historique et non
humaine. En effet, celle-ci est la conséquence d’une Révélation. La
métaphysique évolienne n’est pas selon lui « la sienne », elle
n’exprime nullement sa subjectivité singulière et l’évolution de celle-ci, au
contraire « elle se confond avec “la” métaphysique, comme mode de
réalisation (de soi), auto-réalisation à la fois contemplative (connaissance
des principes) et active (voie héroïque). La métaphysique que Julius Evola ne
prétend qu’exposer, et qu’il définit volontiers comme un “réalisme
transcendant” (réalisme des idées et/ou des principes supérieurs, de type
platonicien), comprend (ou enveloppe) une philosophie involutionniste de
l’histoire fondée sur l’axiome double que l’histoire est processus de déclin.
Cette métaphysique et cette philosophie de l’histoire peuvent s’identifier à
la pensée de la Tradition ». Le traditionalisme radical d’Evola implique
aussi une métaphysique de la politique, une métapolitique, fondée sur l’idée
de décadence et conceptualisée après la lecture de La Crise du monde
moderne de Guénon. Contrairement
à Guénon qui fut successivement catholique et musulman, Evola ne se raccrocha
pas à une tradition religieuse précise. Il est en quelque sorte un
« traditionaliste sans tradition », adepte d’une forme d’anarchisme
nihiliste. En effet, Evola, à la fin de sa vie, théorisait l’« homme
différencié ». Or, cet « homme différencié » n’est pas
seulement un homme qui peut ne pas croire, c’est aussi un homme qui ne veut
pas croire. La radicalité antimoderne d’Evola apparaît pour la première fois
dans son livre le plus important, traduit en français sous le titre Révolte
contre le monde moderne. Evola y expose sa « métaphysique de
l’histoire » fondée sur la critique et le refus du monde moderne
occidental et sur le postulat de la nature décadente de la modernité. Il fut
influencé par Nietzsche, par Spengler et par Guénon. De ce dernier, il reprit
la théorie traditionnelle et involutive des quatre âges. Chez Evola, cette
radicalité antimoderne se manifeste par une intransigeance métapolitique,
expliquant d’une part son engagement politique au sein de manifestations
modernes (fascisme, national-socialisme) et d’autre part son désengagement
aristocratique (juger et orienter par référence aux principes de la
Tradition). Cette position paradoxale est l’expression du concept évolien de
‘’ l’homme différencié’’, sorte d’anarque, qui est à la fois dans le
monde et hors du monde. Evola est de fait le théoricien du
traditionalisme-révolutionnaire. Le
décadentisme d’Evola était influencé par celui théorisé au XIXe
siècle par Arthur Joseph de Gobineau. À l’instar de Gobineau, Evola était
nostalgique d’un âge d’or, définitivement perdu, de la race nordique.
Toutefois, le système gobinien, s’il est un système décadentiste, est,
contrairement au système évolien, dépourvu totalement de sotériologie :
l’humanité est définitivement condamnée par le métissage. En effet, Gobineau
voyait dans les peuples germaniques les ancêtres de la noblesse européenne
dont il était issu. Une idée qui était assez partagée à l’époque, on doit
bien le reconnaître. Cette thèse fut en effet élaborée au XVIIIe
siècle pour légitimer les pouvoirs politiques de la noblesse face à
l’absolutisme royal. Elle faisait des nobles les descendants des conquérants
Francs. Elle établit aussi un lien entre hiérarchisation sociale et race. Au
XXe siècle, cette idée fut notamment reprise par Evola, qui en fit
l’une de ses références : comme le comte Gobineau, le baron Evola était
obsédé par les notions de décadence et de dégénérescence. Celles-ci
structuraient sa pensée anti-darwinienne. |
JULIUS
ḖVOLA -
le chemin du cinabre |
Julius Évola |
Edition ARCHÉ |
1983 |
Contemporain de R. Guénon, il échangea
avec lui une correspondance intéressante, métaphysicien italien, il influença
son époque. Il nous parle du dadaïsme,
du mythe païen, du groupe « d’UR », de la tradition, de l’hermétisme, du
graal, de la doctrine de l’éveil, de la race, de la métaphysique du sexe, de
la « voie de la main gauche ». Evola est de ces auteurs, à vrai
dire peu nombreux, qui ont pris soin d’expliquer leurs intentions, se défiant
peut-être des interprétations erronées des commentateurs leurs héritiers,
mais qui ont eu aussi l’honnêteté, en se relisant, d’apporter à leurs ouvres
certains rectificatifs. Le Chemin du Cinabre rend compte de cette double démarche. On voit Evola
renier les influences nocives, dans ses premiers ouvrages, des théosophes et anthroposophes,
condamner sa propre exaltation nietzschéenne dans sa vision de la vie, juger
extrémistes ses thèses d’impérialisme païen. Il aurait pu sur sa lancée
revoir certaines autres de ses positions, par exemple, à propos d’une égalité
qu’il soutient, au profit de la première, entre la royauté-action et le
sacerdoce-contemplation, nuancer son jugement sur Jung, son refus de
l’Inconscient et du «séjour des Mères», atténuer son mépris du christianisme,
dont il semble reléguer le fondateur au-dessous des Avâtara. Il y a chez lui un nationalisme
«aryo-romain» affirmé, un contentement de soi qui rappelle Cicéron, («J’ai dû
m’ouvrir la voie seul»), quelque chose d’indomptable, de hautain, qui exprime
adéquatement la mentalité olympienne dont il se réclame, un volontarisme
chevaleresque et solaire étranger aux débordements dionysiaques, aux
mystiques dégénérescences, à la grâce miséricordieuse. Mais tout cela
dissimule une blessure profonde, celle de vivre solitaire, incompris, au sein
d’un univers ignorant et vulgaire, celui des marchands cyniques et des
esclaves prétentieux; la blessure de conclure à l’inanité des efforts, à
l’absence des disciples: la vertu évolienne a quelque chose de désespéré…
Mais qu’importe à une pensée non-conformiste et provocante d’être frappée
d’ostracisme par les suppôts d’un monde crépusculaire qui n’en sont pas
dignes? Demeurent comme exemple et référence un permanent souci de ramener
toutes choses à leur plus haute origine, d’opérer les ruptures de niveau qui
s’imposent, d’atteindre par ses propres moyens à une liberté supérieure qui,
comme le reste, se mérite. Telle doit nous apparaître cette
œuvre puissante, d’une intransigeante lucidité, qui très lentement commence à
trouver justification, cependant que s’effondre tout ce qu’elle dénonçait.
Tel doit nous apparaître son auteur, ce «visionnaire foudroyé», dont les
cendres reposent à 4200 mètres, au-dessus des bassesses humaines, dans les
glaces du Monte Rosa. |
JULIUS
EVOLA - chevaucher le tigre |
Julius evola |
Edition Trédaniel |
2002 |
||
Le monde moderne et
les hommes de la Tradition - Fin d’un cycle - Chevaucher
le tigre - Le nihilisme européen, dissolution de la
morale - Des précurseurs à la jeunesse perdue -
Nietzsche - Etre soi-même - La
dimension de la transparence - Au-delà des théismes, des athéistes et des déismes -
Invulnérabilité. Apollon et Dionysos
- L’action sans désir - La
loi causale - L’impasse de l’existentialisme -
Sartre et la prison sans vie - Heidegger : la fuite en avant et
« être pour la mort » - Double aspect de l’anonymat -
Destructions et libérations dans le nouveau réalisme -
L’idéal animal - Dissolution de la conscience - La
phénoménologie - Le domaine de l’art de la musique aux
stupéfiants - Musique moderne et jazz -
Parenthèse sur les drogues - La dissolution du domaine social -
L’apoliteia - Mariage et famille -
Les relations entre les sexes
- Le problème spirituel - La
deuxième religiosité - La mort et le droit sur la vie - |
julius
Évola -
l’homme et son œuvre |
Adriana romualdi |
Edition Trédaniel |
1985 |
L’auteur nous entraîne sur les pas
de ce grand philosophe qu’était Julius Evola Il nous parle de sa jeunesse, de
ses périodes poétiques et philosophiques, de la doctrine de l’éveil, du livre
central d’Evola qui est « révolte contre le monde moderne », du fascisme, du
mythe de la race et des considérations générales de l’œuvre d’Evola et sur
son livre phare « chevaucher le tigre ». Julius
Evola, après avoir publié en 1936 Le Mythe du Sang, une histoire du
racialisme depuis l'Antiquité, un examen objectif des principales théories
raciales du XVIIIe siècle à son époque, n'allait pas en rester là :
Synthèse de doctrine de la race, édité en 1941, se veut le prolongement
"à la fois critique et constructif' du Mythe du Sang. Si l'un et l'autre
parurent chez le même éditeur, il est bon de souligner que le premier est un
ouvrage de commande, tandis que l'idée du second vient d'Evola lui-même. Pour
justifier son initiative, il invoque deux raisons majeures, qui sont liées à
la situation du racialisme en Italie : d'une part, l'intégration
officielle de la doctrine de la race à l'idéologie fasciste, et, d'autre
part, l'atomisation du concept de race en une multitude de doctrines, toutes
d'orientation plus on moins biologique, qui, en prêtant le flanc aux
critiques des adversaires, discréditent le racialisme et, donc, le Fascisme,
puisque, pour Evola, il est clair que le racialisme constitue un
"instrument", une "puissance" du Fascisme. D'où
l'impérieuse nécessité d'une formulation "complète et cohérente" de
la doctrine de la race. Il en trouve les principes dans l'enseignement
traditionnel, dont il avait pris connaissance une dizaine d'années plus tôt à
la lecture de l’œuvre de René Guénon. Selon cet enseignement, l'homme est un
être tripartite : corps, âme et esprit, sachant que l'élément corporel
comprend, outre la partie matérielle de l'être humain, l'hérédité et que
l'élément spirituel, loin d'être l'intellect abstrait et analytique des
modernes, constitue ce que Guénon appelle l' "intuition intellectuelle",
principe supra-rationnel de la connaissance métaphysique. C'est donc, pour
ainsi dire, tout naturellement qu'a dû s'imposer à Evola la doctrine des
trois degrés de la race. ... |
JULIUS ÉVOLA. GUIDE DES CITATIONS. |
A. DECTOT DE
CHRISTEN |
Edition PARDES |
2007 |
L’œuvre immense,
complexe et étonnamment cohérente que nous a léguée Julius Evola (1898-1974)
se caractérise par le paradoxe suivant, qui en fait toute la valeur et
l’importance : « elle est à la fois intemporelle et d’une
brûlante actualité ». Les principes traditionnels qu’elle expose et sur
lesquels elle est bâtie sont des principes essentiellement métaphysiques et
normatifs. Par conséquent, bien
qu’ils aient été reconnus partout et respectés par tous en des temps meilleurs,
ces principes n’appartiennent pas au courant de l’histoire, parce qu’ils sont
au-delà de l’histoire, et il est donc possible de s’y référer à n’importe
quel moment de l’histoire. Ce guide des « citations d’Evola », tente de restituer l’essentiel de cette œuvre,
aussi bien de sa partie intemporelle que de celle concernant le monde moderne
et les voies pour le combattre et/ ou s’y soustraire. |
JULIUS
ḖVOLA - les hommes au milieu des ruines |
Julius evola |
Edition PARDÈS |
2005 |
En partant des principes du «
traditionalisme intégral », Julius Evola trace, dans ce livre, les lignes
essentielles d’une doctrine de l’État et d’une vision générale de la vie de
caractère « révolutionnaire-conservateur » : révolutionnaire, par sa négation
des idéologies et des mythes qui dominent dans le monde de l’actuelle
décadence européenne (démocratie, marxisme, communisme) ; conservateur, comme
reprise, en tous les domaines, de l’idée aristocratique, hiérarchique et
qualitative qui a constitué, dans le passé, le fondement d’une tradition
supérieure de l’Occident.
|
JULIUS ÉVOLA, QUI SUIS-JE ? |
J.P LIPPI |
Edition PARDES |
1999 |
Disparu
voici un quart de siècle, Julius Evola demeure un auteur inclassable selon
les critères usuels ; membre éminent de l’Ecole de la Tradition (au
même titre que René Guénon ou Frithjof Schuon), métaphysicien, remarquable
connaisseur des disciplines ésotériques d’Orient et d’Occident. Il
n’en fut pas moins un doctrinaire du radicalisme de Droite et un homme engagé
dans les combats de son temps, au point de prendre clairement parti, durant
la guerre, pour le fascisme et l’Axe. Mais le cataloguer, sans plus de
précautions, parmi les penseurs « fascistes » constitue une
absurdité, quand bien même certains trouveront toujours plus confortable de
coller des étiquettes infamantes que de se donner la peine de penser. Cet
Evola, au rebours de cette attitude « politiquement
correcte » mais intellectuellement incapacitante, se donne pour but de
présenter, dans sa double vérité d’homme et de penseur, celui qui fut un
authentique révolté contre le monde moderne. IL retrace son parcours, depuis
le « point zéro » du dadaïsme jusqu’à la possession du « cinabre),
c’est -à- dire jusqu’à « l’accès à la sagesse
contemplative ». Giulio
Cesare Evola, qui fera le choix de latiniser son prénom pour témoigner de sa
fidélité aux idéaux dont il distinguait l’influence formatrice dans la
romanité impériale, naquit à Rome le 19 mai 1898 et mourut dans cette même
ville le 11 juin 1974, dans la maison paternelle, installé à sa table de
travail à laquelle il avait demandé qu’on le transportât, lui dont les jambes
étaient paralysées depuis près de trois décennies à la suite d’un
bombardement soviétique sur Vienne en avril 1945. Personnage
définitivement inclassable selon les critères courants, celui qui devait
devenir l’homologue italien de René Guénon dans le domaine des études traditionnelles
(son homologue, mais non son alter ego, tant les différences de sensibilité
entre les deux hommes resteront toujours grandes), appartenait à une famille
catholique membre de la petite noblesse sicilienne et portait le titre de
baron. De son milieu d’origine, rien ou presque, ainsi que l’affirme son
autobiographie spirituelle parue en 1963 et intitulée Le chemin du
Cinabre, ne devait jouer un rôle sur la formation de la
personnalité du jeune Evola : « Je ne peux rapporter les
dispositions dont j’ai parlé à des influences du milieu, ni à des facteurs
héréditaires (au sens courant, biologique). Je
dois très peu au milieu, à l’éducation, à la lignée de mon sang. Dans une
large mesure, je me suis trouvé en opposition tant avec la tradition
prédominante en Occident – le christianisme et le catholicisme – qu’avec la
civilisation actuelle, avec le « monde moderne » démocratique et
matérialiste, pour ne pas parler de la culture et de la mentalité
dominantes dans la nation où je suis né, l’Italie, et enfin, de mon milieu
familial. Tout au plus l’influence de tout cela a-t-elle été indirecte,
négative : elle n’a favorisé en moi que de réactions.» |
JULIUS ḖVOLA
-
HIÉRARCHIE ET DÉMOCRATIE |
RENÉ GUÉNON ET JULIUS EVOLA |
ÉDITION DE L’HOMME LIBRE |
2003 |
L’évolutionnisme repose totalement
sur une impossibilité logique, à savoir qu’il est impossible que le plus
puisse provenir du moins, pas plus que le supérieur ne le pourrait de
l’inférieur. La réponse qu’on peut donner à une telle interrogation, dans laquelle
se résume le sens même du « problème de la décadence », est que l’unique
cause déterminante, dans le processus de destruction spirituelle, consiste en
une « décision métaphysique » de révolte
contre le principe hiérarchique inhérent à la nature humaine : La
négation de la hiérarchie en soi représente un stade préliminaire à la négation de
la hiérarchie dans l’ordre politique. Ceci se
rapporte donc à un complet renversement de l’ordre normal, c'est-à-dire à la
suprématie du nombre, laquelle n’existe que dans le seul monde de la
quantité. Je cite : «
…Ainsi se pourrait créer un nouveau groupement dirigeant, anti-intellectuel, ascétique
et héroïque, quasi féodal et barbare dans sa dureté et intransigeant quant à
sa forme, silencieux, clos hermétiquement et impersonnel comme un ordre… » |
JULIUS
ḖVOLA -
la tradition hermÉtique – les symboles & la doctrine – l’art royal
hermÉtique |
Julius evola |
Editions TRADITIONNELLES |
2000 |
Dans cet ouvrage, nous prendrons le
terme « tradition hermétique », dans un sens spécial qui est en grande partie
celui le Moyen-Âge et la Renaissance lui ont donné. Il ne s’agit pas de
l’ancien culte égyptien et hellénique d’Hermès, ni seulement des doctrines
des textes alexandrins réunions dans le Corpus Hermeticum. Au sens particulier où nous
l’envisageons, l’hermétisme a d’étroites relations avec la tradition
alchimique. La tradition hermético-alchimique occidentale sera l’objet
spécial de notre étude qui tend à préciser le sens réel et l’esprit d’un
enseignement secret, de nature à la fois doctrinale, pratique et opérative
qui, avec de grands caractères d’uniformité, s’est transmis des Grecs à
travers les Arabes, avec des textes et des auteurs qui nous conduisent
jusqu’au seuil des temps modernes.
|
JULIUS ḖVOLA
- le yoga tantrique |
Julius Évola |
Edition Fayard |
1998 |
Issu des principaux courants
spirituels et religieux de l’Inde, le tantrisme, apparu au 1er millénaire de notre
ère, est une synthèse d’enseignements traditionnels contenus à l’origine dans
les Védas, mais plus adaptés à ces siècles où se développe la grande
civilisation indo-aryenne. Sans rejeter l’ancienne sagesse, les Tantras
réagissent contre les spéculations et le ritualisme vides. À la voie de la contemplation, ils
opposent celle de l’action, de la réalisation pratique, de l’expérience
directe. « Ce qui importe, c’est d’accomplir des actes surhumains et divins
par la force de ses paroles de puissance (mantra) », dit un texte tantrique.
Et un autre : « La particularité du tantra réside dans le caractère de son
sâdhava (pratique) qui s’accomplit par le réveil des forces dans le corps. » |
JUNG C.G. - DICTIONNAIRE COMPARATIF
– JUNG et la
FRANC-MAÇONNERIE |
Jean-Luc Maxence |
|
2012 |
Ce
premier dictionnaire comparatif entre le vocabulaire de la clinique des
profondeurs de Carl Gustav Jung et celui de la Franc-maçonnerie
universelle, s’adresse aux initiés comme aux profanes. Il constitue non
seulement une initiative inédite, mais encore il ouvre sur l’ébauche d’une
nouvelle thérapie de toute première importance pour ce début de siècle en
manque d’équilibre personnel et collectif. Psychanalyste « néo-jungien »
et poète, J. Luc Maxence explique,
en termes clairs et accessibles à tous, que l’Art royal base sa pratique en
loge sur le langage des symboles et leur mise en situation commune,
impliquant une graduelle transformation de l’être humain et se découvrant par
là même de multiples connivences avec la clinique selon Jung. Ce
dictionnaire marie harmonieusement l’inspiration jungienne, déclenchant le
processus d’individuation et la démarche initiatique du franc-maçon. Avec sa
règle, ses rites, ses concepts signifiants, une sorte de « maçonnerie
jungienne » à effets thérapeutiques, peut-elle alors naître et se
développer, se demande ici l’auteur avec une audace avouée et assumée. Constat
singulier : la psychologie des profondeurs, fondée et définie par C.G.
Jung, gagne dans le monde entier, en influence. Le processus d’individuation jour un rôle essentiel dans la
meilleure compréhension du mal-être de nos contemporains. L’apport de la
psychanalyse en général n’est plus à prouver. D’évidence
grâce à l’éclairage jungien de l’inconscient, une clinique polyphonique ne
cesse de s’affirmer quand il s’agit d’explorer et d’orienter l’âme humaine en
quête de sens. Sous le signe du maître du Zurich, de nouvelles thérapies se
construisent, lèvent et se peaufinent. Chemin d’individuation et parcours
initiatiques apparaissent de plus en plus, ainsi que des tracés, sur bien des
points parallèles. En
France surtout, la Franc-maçonnerie base sa pratique en loge sur le langage
des symboles et leur mise en situation commune, implique une graduelle
transformation de l’être humain. Ainsi, l’apprenti qui, si tout se passe
bien, deviendra un maître participe à cette logique. Quand le profane frappe
à la porte du Temple, ne vient il pas réclamer un supplément de lumière en
vue d’être plus libre et plus heureux ? On
le sait la Maçonnerie étudie de plus en plus la
psychologie des profondeurs et se découvre de multiples
connivences avec cette notion. Celle-ci aide aussi l’individu à mieux se
connaître et s’accepter. Ce dictionnaire comparatif précise toutes les
données prônant un rapprochement judicieux et audacieux entre les apports de
Jung et ceux de l’ordre maçonnique. En
mariant harmonieusement et subtilement l’inspiration jungienne qui tourne
sans cesse autour du processus d’individuation, l’individu en recherche de
l’aventure initiatique maçonnique ou de sa propre problématique
thérapeutique trouvera dans l’un et l’autre des outils et des méthodes
différentes tout en étant les mêmes, qui le conduira à une praxis
inédite. Ce manuel est appelé comme toute invention utile, à être contredit, rectifié et amélioré au fil du temps et de la pratique thérapeutique d’aujourd’hui. La voie comparative complémentaire que nous adoptons est à peine esquissée. C.G. Jung et la Franc-maçonnerie ne peuvent plus, en effet se tourner le dos par crainte ou par homéostasie. C’est en cela que ce dictionnaire cherche à expliquer d’une définition à l’autre, d’un symbole à l’autre. |
jung
C.G. est l’avenir
de la franc-maçonnerie |
Jean-Luc maxence |
Edition DERVY |
2004 |
Préfacé par Bruno Etienne, ce
livre a le mérite de nous parler avec des mots simples, des rapports, de la
psychanalyse avec la Franc-maçonnerie. Si effectivement les thèses de JUNG
sont proches de l’enseignement maçonnique, l’auteur fait sortir la
psychanalyse de son cabinet médical et la maçonnerie de sa loge discrète, il
essaie de faire cohabiter le tout et tire l’initiation vers le haut. L'œuvre polyphonique de Carl Gustav Jung, incitation à une
dynamique transcendante de progressive transformation de soi, prouve qu'un
tel cheminement n'est possible que par l'étude des symboles psychiques de
l'homme contemporain. Avec hardiesse l'auteur compare ce " processus
d'individuation " de Jung à la démarche initiatique qui ne peut se
comprendre que par la connaissance intégrée des symboles de toujours.
Rappelant que ni la Franc-maçonnerie ni même Jung n'ont inventé le
symbolisme, l'auteur montre, dans un langage accessible à tous, que le nouvel
ordre de la psychologie analytique et l'ordre maçonnique ont hérité du code
des traditions comme langage universel. Ce livre, relecture
de l'œuvre de C.G. Jung à la lumière de son rapport à la symbolique
alchimique et maçonnique, est surtout un étonnant voyage permettant de
comprendre les liens qui unissent la Franc-maçonnerie de l'avenir et la
psychologie des profondeurs. Jean-Luc Maxence avance enfin l'hypothèse qu'en
même temps que Jung fait prendre l'air à la " psychologie du cabinet
médical ", il fait également sortir le Franc-maçon de sa loge discrète
et recommande pour tous la méthode initiatique. En cela, ose conclure
l'auteur, " Jung est l'avenir de la Franc-maçonnerie ". |
jung C.G.
et la question du sacrÉ |
Ysé TARDAN MASQUELIER |
Edition Albin Michel |
1998 |
À la différence de Freud, Jung n’a
jamais voulu exclure la question spirituelle du champ de l’investigation
scientifique. Pour lui, l’homme est directement confronté au sacré comme
puissance par delà les dogmes et les croyances. C’est cette notion du sacré dans
l’œuvre du Jung que l’auteur nous propose. Carl
Gustav Jung occupe une place à la fois éminente et tout à fait originale dans
l'histoire de la psychanalyse. Cette singularité s'est manifestée, entre
autres, par le fait qu'il n'a pas voulu à priori exclure la question
spirituelle du champ de l'investigation scientifique. Pour lui, au
"niveau de profondeur où le Soi, centre et totalité de l'âme, est
impliqué, l'homme est directement confronté au sacré comme puissance, par-delà
les dogmes et les croyances". A la fin de sa vie, Carl Gustav
Jung, au terme d’une profonde
exploration des tréfonds de la psyché humaine entrevit, avec le physicien et
prix Nobel Wolfgang Pauli, qu’il existait un niveau de « réalité profonde »
où conscience et matière ne faisaient plus qu’un ? Ainsi avait-il établi ce
que Christine Hardy, qui a consacré plusieurs livres sur le grand psychologue
dont un récent sur ce sujet, appelle des prédictions sur l’évolution de
l’humanité : « Jung a prédit pour ce début de siècle un véritable bond
dans la conscience humaine qui sera déclenché par une double harmonisation
Masculin-Féminin et Ciel-Terre. Avec le physicien quantique Pauli, Jung
cherchait à rendre compte de la conscience en tant qu’énergie organisatrice.
Ainsi la conscience, en tant qu’énergie sémantique, infuse tous les niveaux
de l’esprit-corps-psyché et les organise. A l’échelle collective, un
véritable réseau pensant se construit, en co-évolution avec la planète Terre,
et qui progressivement s’harmonise à l’échelle planétaire. » Selon ce qui en est dit sur son
ouvrage*, après vingt ans de recherches en sciences cognitives
et en pensée systémique, Christine Hardy poursuit les découvertes de Jung et
s’avance dans les domaines de la réalité profonde, où aucune théorie
– cognitive ou physique – n’a osé pénétrer. Dans la théorie des
champs sémantiques, toute matière et tout système, jardin ou musée, est une
constellation de sens. Ainsi nous baignons dans un gigantesque champ de
conscience planétaire en création permanente, au sein duquel l’humanité et la
Terre co-évoluent. Nous sommes actuellement à un seuil où l’humanité entière
va passer à un autre rythme, un autre plan de conscience : nous avons
déjà enclenché le processus de métamorphose ! On peut faire le résumé de la
prédiction ainsi : A partir de l’an 2000, et pour un cycle de deux
millénaires se réalise une triple conjonction (ou harmonisation, dans le sens
de mariage mystique) : 1. Avec la première, le
principe féminin, symbolisé par la Sophia (la sagesse) retrouve sa place dans
le monde spirituel et se conjoint au principe masculin. Alors le principe
divin masculin, harmonisé au féminin, s’incarne à nouveau sur Terre, mais
cette fois-ci dans le cœur de chaque être, accomplissant l’œuvre
d’harmonisation intérieure entre la personnalité et le Soi, le conscient et
l’inconscient, le féminin et le masculin en nous. 2. Cette deuxième
conjonction verticale du Moi et du Soi a été le but très difficile à
atteindre de tous les chemins de connaissance dans le cycle passé : c’est le
mariage du roi et de la reine dans l’alchimie, l’état de libération dans les
religions orientales, la réalisation dans le mysticisme, la perte de l’ego et
le silence intérieur chez les shamans amérindiens. Mais, nous prédit Jung, ce
cycle verra l’atteinte de cet état par un grand nombre d’êtres. 3. Enfin, alors que l’Esprit
s’incarne ainsi dans les êtres, par une alchimie de l’énergie du Verbe, il
spiritualise à la fois le corps de la matière, de la Terre, et de l’Humain :
c’est l’avènement du Nouvel Adam. Du fait que les Soi revivifiés communiquent
entre eux, nous entrons donc dans un cycle d’harmonisation collective des
consciences et d’harmonisation avec la planète : nous tissons et créons
ensemble le champ planétaire, nous nous approchons du Point Oméga de Teilhard
de Chardin. C’est le cycle de la réconciliation Homme-Terre. |
JUNG - LA VOIE DE LA TRANSFORMATION, D’APRÈS C.G. YUNG ET L’ALCHIMIE |
ETIENNE PERROT |
EDITION LA FONTAINE DE PIERRE |
2000 |
Ce
livre fondamental constitue une remarquable présentation théorique et
pratique de la voie alchimique restaurée par C.G. Jung. Il
comprend deux parties distinctes qui s’enchaînent harmonieusement. La première est formée de six conférences ayant pour
thèmes les aspects essentiels de l’œuvre de transformation et de réalisation
décrite dans la psychologie des profondeurs de Jung. Ces exposés
introduisent tout naturellement ceux de la
deuxième partie, qui reproduit le contenu du premier séminaire alchimique public,
ouvert à Paris le 16 Octobre 1969. L’auteur y parle le langage direct de
l’alchimie traditionnelle, qui est celui du symbole transformant.
Ces textes, intitulés « La Pierre des
Transmutations », inaugurent l’enseignement de la « Nouvelle Alchimie » dispensée par
Etienne Perrot et recueilli dans ses ouvrages dont la plupart sont publié aux
« Editions La Fontaine de Pierre ». 1e Partie : Le passage au centre ou transformation dans la psychologie des profondeurs, et titre des six conférences : La voie jungienne et le temps présent La voie de connaissance et de transformation intérieure par les songes De la transformation Le passage au centre Le transfert psychologique illustré par l’amitié spirituelle de Madame Guyon et de Fénelon. C.G. Jung, l’alchimie et le sens de l’Homme. 2e Partie : La Pierre des transmutations ou la
transformation dans l’alchimie L’entrée dans la mer des sages ou la rencontre avec l’alchimie Le Yi King premier livre des transmutations La vendange des raisons. L’athanor, fourneau hermétique. Les visions de Zozime L’Arbre merle, l’Ouroboros, le zodiaque et l4homme, les deux ferments Du Feu sacré des sages. Naissance et triomphe de la Pierre Pierre Perrot a traduit et écrits les ouvrages suivants : Les trois pommes d’Or. Yi King, le livre des transformations. L’Atalante fugitive. Le Rosaire des philosophes et de nombreux textes de Carl Gustav Jung et de Marie-Louise von Franz. |
JUNG C.G. LE LIVRE ROUGE de Carl Gustav JUNG |
C. G. JUNG |
Edition ICONOCLASTE |
2011 |
L’édition de ce livre grand format est un événement. C. Gustav
Jung (1875-1961) a durant près de 17 ans, retranscrit, calligraphié et peint
ses rêves et ses visions. Caché pendant près d’un siècle, ce livre a des
dehors de trésor d’Indiana Jones. Sa sortie aux U.S.A en 2009 pour la
première fois, faisait titrer au journal New York Times magazine :
« Le saint Graal de l’inconscient ».
A
travers les pages de son livre rouge,
Jung témoigne d’une pensée originale et profondément mystique. A
mi-chemin entre une quête du Graal et une descente aux enfers faustienne, il
répond à l’appel des profondeurs et descend en lui-même à la recherche de son
âme perdue. Des dialogues avec différentes figures mythologiques se mêlent à
des peintures aux styles et aux couleurs étonnants; aux détours desquels le
psychologue devient artiste ou artisan au sens d’un fabricant d’images. Sa
confrontation avec l’inconscient est postérieure à sa rupture avec Freud,
c’est le moment ou Jung accepte Jung et de ne plus être l’élève
de Freud. Leur opposition était très forte surtout sur l’interprétation de la
mythologie. Pour Freud, la mythologie et la religion ne peuvent s’expliquer
qu’à travers la psychanalyse, alors que pour Jung la psychanalyse doit
apprendre de la mythologie et de la religion. La manière de Freud était
branchée sur des explications sexuelles, ceci tournant à l’obsession. Jung aura des
explications beaucoup plus symboliques qui puiseront ses racines dans ce
qu’il appelle « L’inconscient collectif
ou l’inconscient supra personnel».
Cette théorie lui fera découvrir un certain nombre de figures mythologiques.
Il descendra beaucoup plus profond que l’inconscient freudien, ce qui
l’amènera aux limites des structures de l’imagination humaine et
universelles. Jung sera amené à définir l’archétype comme une possibilité de
former des représentations, et il évoluera en faisant la différence entre
l’image archétype et l’archétype, le même archétype pouvant donner lieu à des
images archétypes très différentes. Comme
il l’explique dans son livre rouge, son activité visionnaire ou ses rêves
sont la manifestation de son inconscient, par exemple lorsqu’il décrit ce
vieillard qui lui apparaît d’abord sous la forme du prophète Elie,
puis va se transformer en Philémon. Jung raconte que souvent,
lorsqu’il se promène dans son jardin, Philémon est à coté de lui. Il n’est
pas psychotique, il sait très bien que matériellement Philémon n’est pas à
coté de lui, mais en même temps il est à ses cotés. C’est comme pour l’anima (dimension féminine de l’homme), il
la comparera à Salomé et l’interrogera sous ce nom au fond de
lui-même. Par ce coté Jung reconnaissait psychiquement que quelque chose
existe qui n’est pas matériel. Dans son livre rouge, Jung, rapporte ses expériences, il y dessine ses visions pour accumuler tout son matériau intérieur et pour pouvoir le travailler à sa façon. Jung voit dans sa démarche une quête mystique et religieuse, Dieu n’est plus à chercher dans le ciel mais dans un cosmos intérieur, il existe une transcendance mais qui est immanente dans notre cœur. Il découvrira ces expériences dans les Upanishads indiennes. Il réfute l’idée de religion –religare (relié à Dieu), il parle de religere, qui est un processus « d’évaluation, d’explication avec » car pour lui le religieux est de l’ordre du rationnel, non pas selon les lois de la logique mais selon les procédés d’évaluation. Jung
est
très proche de la pensée indienne, est-ce que le monde à été construit par
une volonté bonne ? Est ce que l’humain n’est pas en permanence dans
l’ignorance ? N’est il pas mené tout le temps par les puissances de
l’Ego ? Ce qui mène inéluctablement à des résultats catastrophiques. Son
livre s’arrête en 1930, c’est à ce moment là qu’il se lance véritablement
dans la quête et dans l’essai de compréhension de l’Alchimie. Alchimie qu’il
prendra comme une sorte de grand théâtre de l’inconscient avec cette
transformation intérieure menant à la divinité. C’est ce qu’il dit dans son
livre Mysterium « Ce
que j’appelle inconscient collectif, c’est ce que les Anciens appelaient
l’âme du monde ». Une
des grandes qualités de Jung est qu’il doute de ceux qui disent détenir la
vérité. Il disait « J’ai fréquenté
beaucoup de milieux d’ésotéristes et ce qui me gène, c’est qu’ils ont
toujours la vérité » Pour lui le problème n’est pas de savoir
si c’est la vérité, mais de savoir comment est-ce que ça travaille en moi, si
j’ai des relations avec Dieu et est-ce que ce Dieu est vivant ? Comment
est-ce que je peux recevoir une volonté qui me dépasse et la retranscrire
dans ma vie ? Dès 1930 il parle de l’individuation,
c'est-à-dire de trouver cette relation avec « le divin en moi ».
Pour lui le vrai problème est le Soi en tant que présence qui nous
dépasse. Une somptueuse calligraphie et des dessins merveilleux, tout cela de la main de Jung, en font un livre remarquable. |
JUNG CARL GUSTAV - Les cahiers de l’Herne |
Directeur Michel Cazenave |
Edition de L’Herne |
1984 |
515 pages pour expliquer et développer la vie et l’œuvre de ce grand psy et penseur mystique. En dehors du désaccord fondamental avec Freud, désaccord qu’il va exposer au grand jour en 1912, Jung et Freud vont établir une correspondance importante faite de malentendus qu’ils ne voudront pas reconnaitre, mais qui les conduira inexorablement à une rupture dramatique pour les deux, et qui sera également lourde de conséquences pour leurs travaux futurs. Ont participé à l’élaboration de cet ouvrage : Jef Dehing _ Suzanne Kacirek-Delord - Rosemary Gordon- Montagnon - Geneviève Guy-Gillet - Denyse Lyard - Helene Wiart-Téboul - Gilles Quispel - Françoise Bonardel - Luigi Aurigemma - Magda Kerényi - John Freeman - Ernsr Benz - Helene Kiener - Henri Corbin - David Miller - Marie Louise Von Franz - José Zavala - Claude Maillard - Andréi Plesu - Gilbert Durant - Daryush Shayegan - Christian Gaillard - Marcel Schneider - James Hillman - Roland Cahen - 7 grands chapitres structurent cet ouvrage : 1/Les textes de Carl Gustav Jung - 2/ Les prémisses - 3/ Jung et l’analyse - 4/ La voie de Jung - 5/ Jung et la divinité - 6/ L’univers psychophysique - 7/ Aujourd’hui et demain - Un ouvrage très important pour débroussailler la jungle métaphysique de Jung, pour connaitre son oeuvre, sa vie, autrement dit, sa bio-bibliographie. |
JUNG C. G. - L’HOMME A LA DÉCOUVERTE DE SON ÂME – STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DE L’INCONSCIENT |
Carl Gustav Jung |
Edition Albin Michel |
1998 |
||
Le livre est articulé selon trois axes distincts et complémentaires : Partie 1 Jung fait état de l'homme face à ses angoisses intérieures, son rapport à la magie et la spiritualité, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, où les institutions religieuses et autres mouvements n'arrivent plus à combler chez lui un besoin de sens qui doit se construire par une quête éminemment personnelle. Il y définit ce qu'il entend par l'âme et pose la question qui jalonne toute son oeuvre "où cela me mène t'il ?". "elle
a la dignité d'une entité à laquelle il est donné d'être consciente d'une
relation avec la divinité" Voici le moment de découvrir les complexes, ces personnalités parcellaires qui se construisent en même temps que le moi...un long et passionnant chapitre traite notamment du fameux test d'association et, c'est ici que se situe le plus palpitant, la manière dont ce sont établies les modalités d'interprétation. Ici, nous sommes dans la zone liminale entre conscient et inconscient ! Partie 3 Enfin, nous entrons de plein pied dans l'ombre de l'inconscient avec les rêves...nous retrouverons ici les notions déjà établies par Freud mais surtout, les spécificités de l'approche jungienne, avec sa fonction prospective. Quelques extraits du livre: "nous sommes éternellement inachevés, nous croissons et changeons. La personnalité future que nous serons est déjà là, mais encore cachée dans l'ombre. Le moi, dans un certain sens, est comme une fente mobile qui se déplace sur un film, progressivement. Les potentialités futures du moi relèvent de son ombre présente. Nous savons ce que nous avons été, mais nous ignorons ce que nous serons." "La fonction prospective forme à mon avis un attribut essentiel du rêve; l'on fera cependant bien de ne pas la surestimer; sinon l'on serait facilement tenté de voir dans le rêve une espèce de psychopompe qui, douée de sagesse supérieure, serait capable d'engager l'existence dans des voies infaillibles. Autant l'on sous-estime, d'une part, la portée psychologique du rêve, autant, d'autre part, le danger est grand, pour quiconque étudie les songes et pratique leur interprétation, de surestimer la validité de l'inconscient pour la vie réelle." "L'inconscient n'est pas un monstre démoniaque; c'est un organisme naturel, indifférent au point de vue moral, esthétique et intellectuel, qui ne devient réellement dangereux que lorsque notre attitude consciente à son égard est désespérément fausse." "Nous comprenons toujours autrui comme nous nous comprenons nous-mêmes ou du moins comme nous cherchons à nous comprendre. Ce que nous ne comprenons pas en nous-mêmes nous ne le comprenons pas chez les autres et inversement. Ainsi, pour des raisons dont on n'a que l'embarras du choix, l'image d'autrui que nous portons en nous est en général hautement subjective. Comme l'on sait, même une connaissance intime ne saurait impliquer une appréciation d'autrui à son exacte valeur." Au sommaire : L’angoisse de l’âme contemporaine - A la conquête de la conscience - Du conscient et de l’inconscient - L’expérience des associations - Des complexes - Les rêves - Richesse individuelle du rêve - Du rêve au mythe - |
jung C.G.
– l’œuvre
– vie |
Antony stevens |
Edition Du
Félin |
1994 |
Jung, tout comme Freud,
figure parmi les « géants » de notre siècle finissant : deux maîtres à penser
qui, tout comme Einstein dans un autre domaine, ont bouleversé notre vision
de l’humanité.
|
JUNG C.G. -
prÉsent & avenir |
C. G. jung |
LIVRE DE POCHE |
2002 |
La connaissance de soi est au cœur
de cet essai, écrit par JUNG vers la fin de sa vie, il résume sa pensée
morale et sociale et peut à bon droit passer pour son testament spirituel.
Malgré leurs divergences, JUNG et
FREUD s’accordent pour penser que l’épanouissement de l’individu est
menacé par le développement de la civilisation.
|
JUNG
C.G. -
psychologie & alchimie |
C.G. jung |
Edition BUCHET - CHASTEL |
1970 |
Avec Psychologie et Alchimie, nous
pénétrons dans un domaine où le génie de Jung éclate avec une entière
originalité. Jamais livre éclairant une énigme séculaire n’a été aussi clair
et aussi lumineux. Son volume et son ampleur mêmes sont nécessaires à la
limpidité. Les merveilleuses illustrations font le reste.
Cet ouvrage nous montre que dans
l’alchimie, l’homme, en affrontant les énigmes de la matière, affrontait le
plus souvent, et à l’époque sans guère le savoir les énigmes les plus
brûlantes et les plus solennelles de son esprit et de sa vie. Les archétypes qui se sont
exprimés entre autres dans l’alchimie étant la matière première potentielle
de toutes les structures mentales, cet ouvrage va irradier et jeter des
lumières dans tous les domaines, scientifiques, philosophiques,
psychologiques, voire métaphysiques et religieux. |
JUNG C.G. - SA VIE ET SON ŒUVRE |
Barbara Hannah |
Edition la Fontaine de Pierre |
1e édition 1981- Réed. 2005 |
Barbara
Hannah
a rencontré C.G. Jung en 1929. Après avoir été son élève, elle est
devenue une collaboratrice, une amie. Une très grande compréhension de la
psychologie jungienne alliée à un important travail d’analyse, des liens
tissés avec Jung et sa famille, son entourage, font de l’auteur une des
continuatrices les plus fidèles à son esprit ainsi qu’un des principaux
témoins de sa vie. Les rencontres avec Jung étaient consignées dans un
journal, si bien que les éventuelles défaillances de la mémoire se trouvent,
dans cette biographie, relayées par des notes prises au moment même ou Jung
vivait les événements relatés. Le récit des années vécues avant que l’auteur
ne le connaisse se fonde sur les souvenirs autobiographiques de Jung, « Ma
Vie », et sur ceux qu’il lui a directement confiés. Dans
cet ouvrage, c’est l’homme très vivant qui apparait et c’est aussi le
chercheur des profondeurs de l’âme humaine. Les découvertes fondamentales de
Jung dans le domaine de la psychologie sont en effet mises en relation avec
son vécu, avec son exploration du monde intérieur, en même temps qu’elles
sont présentées et analysées au fil de résumés pertinents de ses livres. Selon Barbara Hannah : « Ce livre n’est pas une
biographie de Jung, il s’offre simplement comme des mémoires biographiques,
décrivant la vie de C.G. Jung telle qu’elle m’est apparue. Ayant donné
ce livre à lire aux enfants de C.G. Jung, ils l’ont désapprouvé. Il n’y a là
rien d’étonnant ni de surprenant si l’on songe à quel point leur père
nous est apparu sous un angle différent du leur. Je ne connais que peu de
choses de la vie de famille de Jung, si ce n’est qu’elle était heureuse et
comptait beaucoup pour lui. Dans
le livre « Ma Vie », Jung parle essentiellement de sa vie
intérieure, qui revêtait pour lui une importance beaucoup plus grande que
n’importe quel événement extérieur. C’est aussi cette vie intérieure qu’il
évoquait la plupart du temps lorsque nous parlions ensemble. J’ai essayé de
suivre sa vie chronologiquement pour montrer comment il a vécut sa
psychologie avant de la mettre en mots, bien plus tard. Jung
disait souvent que notre point de rencontre à lui et à moi, c’était mon
profond intérêt pour la totalité de la psyché
et pour le processus d’individuation. Je
me suis donc efforcé dans ce livre, de mettre en lumière le développement de
ce processus chez Jung. J’ai aussi essayé de retranscrire des informations
qui autrement disparaitraient avec moi. Ces faits inconnus des enfants de
Jung, ne leur ont pas plu, ce qui a motivé le rejet de cet ouvrage, mais à
tort, car les faits que je raconte sur Jung, ne font que le servir et
augmenter son aura. D’autre
part je me suis donné pour tache, d’entrer dans la rumeur (fausse, mais
persistante) qui fait de Jung un nazi. Les premiers jours de la montée du
nazisme, jusqu’à sa chute finale, je les ai vécus à Kusnacht où je voyais
Jung fréquemment. C’était un des rares sujets portant sur des événements
extérieur qui revenait souvent dans nos discussions, je suis donc bien placée
pour en parler et rendre témoignage. On
trouvera dans mon livre des choses et événements rapportés dans d’autres
ouvrages, mais, je les ai entendu et vécut tant de fois que je me devais de
les répéter. Si j’ai repris ces éléments, j’ai aussi essayé d’adopter un
point de vue légèrement différent et j’ai toujours indiqué pour plus amples
détails, mes sources. Cet ouvrage reste et restera le témoignage le plus
profond et le plus authentique de la vie de C.G. Jung. Je
suis très reconnaissante à Marie Louise Von Franz de son soutien et de
m’avoir fourni un excellent résumé de l’article de Jung sur la synchronicité,
et de son soutien à l’écriture de ce livre. Merci aussi à Vernon Brooks
qui après avoir lu 2 fois ce livre, s’est lancé dans l’énorme travail
de le corriger d’un bout à l’autre, il a le don d’améliorer la forme sans en
altérer le sens ». Au sommaire de cet important ouvrage de 480 pages : La terre suisse et les premières impressions (1875-1886) Le collège de Bâle (1886-1895) et l’université de Bâle (1895-1900) L’Hôpital Psychiatrique du Burgholzli (1900-1909) Les premières années à Kusnacht (1909-1914) La première guerre mondiale, les frontières s’ouvrent à partir de 1919 Divers voyages (1919-1925) et retour en Europe (1926-1933) Les nuages menaçants sur l’Europe et l’intermède indien (1937-1938) Sombres nuages et la seconde guerre mondiale (1939 Le temps des moissons (1945-1952) Le mystérieux Conjunctionis et les dernières années (1952-1959) Retour au Rhizome (1960-1961) Barbara Hannah (1891-1986) était d’origine britannique, elle a été peintre avant de se consacrer entièrement à la psychologie jungienne. Analyste, chargée de cours à l’institut C.G. Jung de Zurich, conférencière internationale, elle a écrit de nombreux ouvrages et articles. |
jung
C.G. son mythe
en notre temps |
M. Louise Von franz |
Edition BUCHET - CHASTEL |
1975 |
Marie-Louise Von FRANZ,
qui fut pendant près de trente ans la plus intime collaboratrice de Carl Gustav Jung, définit clairement le
but de son ouvrage dans le sous-titre qu’elle lui a donné : C.G. Jung. Son
mythe en notre temps. Il s’agit moins pour elle d’inventorier une pensée aux
multiples facettes que de montrer celle-ci comme le produit d’une aventure
vitale, remplie de péripéties et de dangers, à laquelle elle fut étroitement
associée.
Alliant la hardiesse et la prudence, Jung, héritier conscient des anciens alchimistes, mène à bien le même grand œuvre, mais à l’intérieur de l’homme. Il nous offre comme but et sens de la vie non la désintégration, mais la réintégration des énergies cosmiques dans cet être à la fois frêle et souverain, l’individu humain, restauré dans sa dignité de « microcosme».
Elle nous aide à descendre dans
nos profondeurs pour extraire, du sein de nos ténèbres et de nos angoisses,
la clarté Renée de la conscience « divine » du Soi. |
jung
C.G. UN CHEMIN VERS
L’INCONSCIENT, Psychologie
jungienne et images du tarot |
Carole Sédillot |
Edition Dervy |
1998 |
La
pensée et les découvertes de C.G. Jung sont les fils conducteurs de
cette ballade en compagnie des images du Tarot. Les arcanes du Tarot
servent ici de support pour aborder d’une manière nouvelle et plus aisée les
concepts essentiels de ce psychanalyste, qui place au centre de sa vie et de
son œuvre l’Âme et la quête de celle-ci. Ce
livre ne conduit pas à une quelconque pratique du Tarot et ne présenta aucune
méthode. En revanche, il permet d’entrer en contact avec soi, de porter
un regard vers l’intérieur en évitant de se projeter sur l’agitation du monde
extérieur. Il s’agit donc dans ce cheminement et dans sa « reliance »
avec les arcanes du Tarot, de prendre le temps de méditer, de chercher et de
réfléchir. Par
conséquent, il convient de pénétrer l’univers de la psychologie des
profondeurs non pas d’une manière simpliste, mais d’une façon simple et
clarifiée afin d’en saisir les fondements et les mécanismes. Cet ouvrage
offre quelques conseils et propositions, quelques pistes à emprunter, des
espaces à découvrir, des arcanes à déchiffrer, afin d’engager la véritable
aventure qui mène vers le Soi. Pour
tout individu, à partir du moment où son être se dégage des simples
préoccupations matérielles, l’esprit s’éveille et se tourna vers la nécessité
de donner sens à sa propre existence, il se met alors à participer activement
à sa propre évolution, sa conscience s’élargit, il se différencie de plus en
plus du monde environnant. Le mouvement qui en découle le relie de plus en
plus à cette source comportementale d’énergie que constitue l’inconscient
collectif et en même temps l’amène à s’en différencier. Loin d’être un
déterminisme, la reliance consciente et active à l’inconscient collectif,
donne à l’individu toute sa liberté de choix. Cette
quête de sens propre à l’humain, Jung l’a nommé Processus
d’Individuation, archétype principal, qui guide le cheminement
humain de l’état d’indifférenciation (l’inconscience), à un état de totalité
psychique où toutes les instances se placent et fonctionnent en parfaite
complémentarité (le Soi), à travers un élargissement de conscience incessant.
Chacun, afin de s’accomplir, doit s’approprier les connaissances acquises par
l’humanité au cours des âges. Plusieurs outils existent pour cette quête
d’individuation, le Tarot en est une, lequel propose à travers des
arcanes où tous les éléments ont potentiellement une portée symbolique, un
support susceptible de recevoir ces Traditions. Le
Tarot, œuvre d’essence individuelle ou collective due à un auteur anonyme du
Moyen-âge, se pose en instrument dans la quête de soi, sa fonction est
d’offrir à celui qui veut s’en servir, un « contenant archétypal »
issu de l’inconscient collectif à travers une symbolique qu’il doit faire
sienne, avec ses propres images, représentations et ses propres mots. En
favorisant ce recours à une référence commune, l’étude du Tarot est comme la
trame d’un canevas sur lequel nous allons pouvoir tisser et laisser fleurir
notre propre broderie. Pas à pas nous allons découvrir ce que nous avons
d’unique et d’original, à la fois force et faiblesse, facteur d’espoir et de
destruction, selon le choix de chacun. Les cartes ou arcanes étudiées sont le
reflet de l’âme de chacun et c’est ainsi que petit à petit nous allons mettre
en route et étudié le « Connais-toi
toi-même » Au sommaire de ce livre l’auteur nous parle de : De la Taromancie à la Tarologie, Carl Gustav Jung, L’inconscient collectif, diverses approches du Tarot avec l’inconscient collectif, les archétypes et les arcanes du Tarot, la Grand-mère et la Papesse, le Vieux sage et l’Hermite, le processus d’individuation, la Psyché , le Moi et les arcanes, la persona et les arcanes, l’anima et l’animus, les couples dans le Tarot, Quaternité et mandala, les quatre éléments, Introversion et extraversion, le Feu, la Synchronicité et le phénomène divinatoire, L’alchimie, Hermès Trismégiste, la Pierre philosophale, les trois phases alchimiques, l’œuvre au noir, au rouge et au blanc, le Rosarium, la mort, l’ascension de l’âme, la purification, le retour de l’âme et la nouvelle naissance, le Mutus Liber, le réveil de l’homme endormi, le Tarot dans les pratiques analytiques et Thérapeutiques, un glossaire très intéressant clôt cet ouvrage superbe. |
JÜNGER QUI
SUIS-JE ? |
I. GRAZIOLI- ROZET |
Edition PARDES |
2007 |
L’itinéraire d’Ernst
Jünger, figure saillante du monde politique et intellectuel, témoigne en huit
décennies d’œuvre littéraire, des controverses idéologiques de son temps. Si
les audaces de sa réflexion et la beauté de son écriture ont concouru à
nimber cet auteur d’une aura particulière, il a été tout autant disqualifié
aux yeux des thuriféraires du politiquement conforme. Ce livre sur Jünger
se distingue par l’ampleur des perspectives et la hauteur des points de vue.
Certes dépendant du cadre de son siècle, il a su se rendre
« maître des hommes et des faits » ; convaincu de vivre un âge
d’interrègne, il n’eut de cesse de répondre aux questions posées par les
bouleversements de son époque. Il a traqué les lézardes qui menacent l’ordre
des cités, les hiérarchies séculaires, comme ces failles qui fissurent
l’intelligence rationnelle du discours, en consignant expériences intimes
(rêves, drogues et ivresse) et interrogations sur la mort. Ernst Jünger a
combattu le monde moderne, inquiet, amnésique, déraciné, avec le patrimoine
mythologique et avec l’histoire dont il entendait tirer les leçons pour éclairer
le présent et découvrir un futur possible. Son souci était
l’homme, exilé dans un monde désenchanté, malade de sa civilisation ;
qu’il soit cœur aventureux, rebelle, énarque, il doit échapper
au désert du nihilisme, s’enfoncer dans la solitude du monde abandonné par
les valeurs de la tradition. L’originalité
de Jünger est d’affirmer « Un monde libre
ne peut être qu’un monde spirituel » de maintenir, envers et
contre toute l’époque pourfendeuse des mystères, la puissance de l’imagination
poétique, et de s’aventurer en direction du monde des dieux. |
10 K
KELEN - BRÉVIAIRE DU
COLIMAÇON - Sur
la vie spirituelle - |
Jacqueline Kelen |
Edition Desclée de Brouwer |
2015 |
Petit livre (150 pages), mais livre dérangeant, comme
beaucoup de livres venant de l'univers des mystiques. Les mystiques et les
prophètes ne sont pas là pour rassurer ou endormir, mais pour éveiller à un
autre monde et parfois réveiller, d'où la méfiance des institutions, quelles
qu'elles soient, vis-à-vis des chemins buissonniers qu'ils nous invitent à
emprunter (à travers Garrigues
et Sentiers ?...).
Jacqueline Kelen rappelle en quelques lignes ce qu’est la
démarche spirituelle, qui est le pèlerin spirituel, et nous propose l'image
du colimaçon pour illustrer cette quête. Car cette petite limace à coquille
« ne
se traîne pas, comme jugent les gens pressés, mais va à son rythme sur son
chemin singulier ». Elle nous avertit tout de suite qu'il ne s'agit pas de se
couper de la vie quotidienne, mais au contraire d'y chercher la source pour
aller vers la profondeur des choses et « trouver ce qui ne périt pas ». Dans un premier temps, Jacqueline Kelen nous met en garde
contre le dualisme ambiant, hérité de la culture grecque, et qui nous fait
confondre âme et esprit tout en nous coupant en deux, l'âme ou l'esprit d'un
côté, le corps de l'autre : « L’homme est corps, âme et esprit
et ces trois dimensions – physique, psychique et spirituelle – ne s'excluent
pas […]. Il est capital de discerner en soi ce qui appartient au domaine
psychique et ce qui relève du spirituel ». Voilà qui vient à l'appui de la récente inquiétude
manifestée par Mgr Michel Santier devant les évêques de France sur les
dangers de confusion des genres lors de retraites « psycho-spirituelles » et la nécessaire distinction entre les domaines
psychologique et spirituel : « La vie spirituelle ne peut être le résultat d’un
mieux-être psychologique ».
Et Jacqueline Kelen poursuit en dénonçant certaines dérives : « La confusion continue d'être
entretenue entre âme et esprit, en particulier par des thérapeutes qui se
font passer pour des maîtres spirituels ».
Et malheureusement les églises en
général ont une responsabilité dans cette confusion des esprits en ayant
remplacé leur vocation spirituelle par la seule démarche cultuelle et
dogmatique : « Si
la vie intérieure éveille l'individu à son irréductible liberté, on comprend
que, dans toute religion qui tient à s'établir, on insiste davantage sur le
culte et la doctrine que sur l’intériorité qui prend déjà l'allure d'un
chemin buissonnier [...]. Assurément, une religion a pour rôle d'inviter et
d'éveiller à la vie intérieure, mais par ses attaches terrestres elle se
contente souvent de la pratique extérieure, de la croyance et de la dévotion
de ses fidèles. » Jacqueline Kelen insiste : un être spirituel ne se
sent pas exempté des préoccupations terrestres, les grands saints nous l'ont
montré. La vie spirituelle n'est pas une forme de mépris des autres hommes,
ni un désintérêt de la vie quotidienne, mais la conscience que l'intériorité
est personnelle et singulière. Pour la vie éternelle (au sens où l'entend
Saint-Jean de vie
en Dieu) il n'est programmé aucun voyage
de groupe… Un être spirituel est éminemment
libre, il n'exerce aucun pouvoir et répugne à devenir courtisan, mais le
monde actuel fournit toutes sortes d'obstacles à cette liberté. L'un de ces
pièges est la dictature de l'ensemble, la
toute-puissance du groupe, du parti, de l'association – de la paroisse ? – dans lesquels on se sent rassuré : en voulant
tromper sa solitude, on se débarrasse en même temps de sa liberté. Et le
groupe permet de se fabriquer à peu de frais une bonne conscience à l'opposé d'une conscience éveillée.
La vraie grandeur de l'homme est d'ordre spirituel et,
pour l'auteur, les prédicateurs chrétiens insistent beaucoup trop sur la
misère de l'homme déchu, faible et pécheur en proposant comme remède le
repentir et la contrition, sources potentielles de culpabilité. Tout ce qui
réduit l'homme à ses déterminismes l'exempte de sa responsabilité :
c'est l’homme charnel, l'homme extérieur, alors que l'homme intérieur se
libère du joug, se met en marche pour quitter la maison de servitude. Jacqueline Kelen convoque Thomas d'Aquin : « Plus l'homme est grand et plus
Dieu l'est aussi ».
L'auteur insiste par ailleurs sur
l'importance du désir dans une démarche spirituelle, désir qu'il ne faut pas
confondre avec la convoitise ou l'avidité, encore moins avec la
pulsion : « Le
désir, c'est le feu de la vie, c'est l'énergie de la quête ». Et
ce n’est pas un hasard si notre époque de narcissisme exacerbé est une époque
de convoitise généralisée mais d'absence de désir vrai.
La vie spirituelle est d'abord une expérience ; loin
de toute théorie et de toute abstraction, elle est le sentiment à la fois
d'une présence et d'une transcendance, l’expérience de La Présence et de La
Transcendance. Mais aussi présence à soi, à ce qu'on vit, présence au monde
qui nous entoure, présence à ceux que l'on rencontre : on est loin de
l'image stéréotypée du mystique détaché du monde.
Aller vers l'intériorité c'est
aller autant vers la profondeur que vers la transcendance. Jacqueline Kelen
rappelle la célèbre phrase de saint Augustin : « Tu étais plus intérieur à moi que
mon être le plus intime et plus élevé que ce qui est le plus haut en moi ». La vie spirituelle n'est pas un savoir mais une
connaissance – une
naissance avec – et d'abord une connaissance de
soi, grâce à l'étude, à la méditation des saintes Écritures et des textes des
Pères de l’Église ou des mystiques. Il y faut du temps et du silence et nul
ne peut entreprendre cette démarche pour un autre.
Mais ne confondons pas cette
connaissance de soi avec la recherche du moi dévorant,
avec l'exaltation de l'ego si répandu chez nos contemporains. « La connaissance de soi aboutit à
l'oubli du moi ».
On est loin d'une certaine psychologie utilitaire et
l'auteur nous met en garde contre les formules magiques largement répandues
chez certains praticiens de la psychologie, de la psychanalyse ou du
développement personnel : « s’aimer soi-même »,
« s'affirmer », « prendre soin de soi », etc. Autant de
formules qui n'ont rien à voir avec le domaine spirituel. Jacqueline Kelen
juge sévèrement certaines pratiques d’aujourd’hui : « Tant qu'un individu ne s’intéresse
qu'à soigner, engraisser ou lustrer son cher petit moi, il se trouve coupé de
toute possibilité d'évolution spirituelle ».
Dans cette aventure, chacun est
seul avec lui-même, « terrible responsabilité de la solitude » selon l’expression de Kierkegaard. Point besoin de
directeur de conscience ou de « coach ».
Nul autre humain ne peut diriger l'embarcation à notre place.
Mais si la route est singulière, elle n'interdit pas
d'accepter quelques nourritures : elles sont même recommandées à qui
sait que l'histoire ne commence pas avec lui-même. Pour Jacqueline Kelen,
qu'il s'agisse de poèmes mystiques, de traités de théologie, ou d'essais
d'auteurs spirituels, les livres occupent une grande place dans une quête
spirituelle car ils s'adressent à la liberté de chacun. L'auteur s'étonne -
et on ne peut qu'aller dans son sens – de l'inculture religieuse de nombreux
catholiques qui ne semblent pas avoir beaucoup ouvert la Bible et en sont
restés au petit catéchisme de leur enfance. Charles Péguy est cité pour son trait d'humour :
« Le
juif est un homme qui lit depuis toujours, le protestant est un homme qui lit
depuis Calvin, le catholique est un homme qui lit depuis Jules Ferry. » La finalité de la vie spirituelle n'est pas la dévotion,
mais la vie en Dieu, la vie éternelle. Jacqueline Kelen nous invite à
distinguer religion et spiritualité. Si la religion est le support de la spiritualité, elle
n'en est pas l'aboutissement. La religion re-lie, elle retient
et contraint également ; la vie spirituelle dé-lie et libère de tout. En
guise de conclusion, Jacqueline Kelen nous livre cette méditation de Nicolas
Berdiaev : « Pour
être homme tout à fait, pleinement, il faut ressembler à Dieu. Pour avoir une
image humaine, il faut avoir une image divine. L'homme comme tel est très peu
humain, il est même inhumain. Ce n'est pas l'homme qui est humain, mais Dieu.
C'est Dieu qui exige que l'homme soit humain. » Le petit livre de Jacqueline Kelen est certainement critiquable par certains aspects mais il est traversé par un souffle et on ne peut lui retirer un mérite, celui de poser de vraies questions : la révélation chrétienne n'est-elle qu'un humanisme ? Sans sa dimension verticale, que devient la foi chrétienne ? Qu'avons-nous fait du combat de Jacob avec…, avec qui, au fait ? |
KELEN - DIVINE
BLESSURE |
J. KELEN |
Edition ALBIN MICHEL |
2005 |
Guérir, se sentir « bien dans sa peau », refermer toutes nos failles et se débarrasser de tous nos maux pour accéder au but suprême de la quiétude et du bonheur, telles sont les obsessions du jour. Nous vivons désormais sous le règne
d’une idéologie thérapeutique, régressive et consumériste, qui nous
infantilise en cherchant à nous détourner de tout risque. Il n’est pas de blessure qui ne renvoie à la blessure d’Amour. On part de la faille et de l’éveil, on navigue entre terre et ciel, on y rencontre Philoctète et la Dame à l’onguent, et on y étudie l’humilité, l’amour, la compassion, la bénédiction et l’illumination du cœur. Dans les Évangiles officiels, Marie de Magdala garde le silence, mais dans les Évangiles secrets, elle transmet une parole prophétique, c’est-à-dire impérissable, toujours verdoyante, une parole qui fait danser les montagnes. Marie Madeleine a le rôle difficile, sans cesse contesté, d’éveiller le cœur de l’homme et c’est, pour moi, la nature profonde de la femme. Inlassablement, celle-ci doit parler et témoigner dans sa chair de l’amour. De cet amour qui se rit du temps et de la dégradation, qui est connaissance et ouverture à l’infini. Dans cet
ouvrage, Divine Blessure, l’auteur fait un éloge de la blessure qui rend
vivant : « Beaucoup d’auteurs ou de conférenciers parlent de
réconcilier le masculin et le féminin. Les mythes me proposent autre chose,
d’ordre vertical : l’union entre ma nature mortelle, humaine ; et
ma nature immortelle, divine. Cette tâche qui nous est impartie ouvre une
blessure en nous, nous rappelant une blessure ancienne, ontologique. Or,
précisément, profondément, cette blessure est ce par quoi le fini peut
s’ouvrir à l’infini. Aussi, je trouve beau de se sentir blessé, c’est-à-dire
imparfait, en marche, empli de soif. Aujourd’hui, par crainte d’être accusés
de dolorisme, nous refusons tout sens à la souffrance et toute valeur à
l’épreuve. Nous voulons être indemnes, protégés de tout. Nous oublions que
nous sommes mortels, limités. Vivre est un risque permanent et passionnant,
une aventure pleine d’imprévus. Tous les héros des mythes naviguent sur des
mers déchaînées, traversent des forêts peuplées de brigands et de monstres,
découvrent des territoires inconnus, hostiles... La vie nous demande confiance, ardeur et humilité. Il n’y a pas de chemin de maturité sans épreuves. Celles-ci sont autant de portes, autant de rencontres qui nous forgent et nous enseignent. Pour moi, une “belle vie” ne consiste pas en une succession de bonheurs, de plaisirs ou de gratifications. C’est une vie remplie de toutes sortes d’expériences, de souffrances comme d’espérances, c’est une vie intense, entière. Avoir une “bonne vie”, c’est tout embrasser, ne rien rejeter, c’est avoir envie de tout bénir, de tout serrer sur son cœur. |
KELEN -
DU SOMMEIL ET AUTRES JOIES DÉRAISONABLES |
Jacqueline KELEN |
Edition La Renaissance du Livre |
2003 |
Dans une société qui veut tout maîtriser et rentabiliser, Jacqueline Kelen nous propose ici une célébration très personnelle du sommeil, moment de grâce et de plénitude, école de liberté et exercice spirituel. C'est dans leur sommeil que les grands héros des mythes se sentent vulnérables, mais c'est aussi en ce temps privilégié de disponibilité que Dieu choisit de parler aux hommes, comme Jacob et Joseph en font l'expérience selon la Bible. Voyageant dans les traditions d'Orient et d'Occident, Jacqueline Kelen fait escale dans les sommeils des poètes et des divinités, des philosophes et des mystiques, des écrivains tels que Kierkegaard, Pessoa, Giono... Dans la lignée de L'Esprit de solitude, elle nous invite à délaisser l'efficacité, et à répondre à l'appel de nos joies déraisonnables. Le rôle exact du rêve est toujours inconnu, même si les recherches dans ce domaine avancent. Récemment en effet, des expériences ont permis de constater une activité cérébrale intense au cours du sommeil paradoxal, comparable à celle observée au cours de l’apprentissage d’une tâche dans la journée. Cela conduirait à penser que l’un des rôles importants du rêve serait de favoriser la mémorisation, à court et long terme, des actes vécus dans la vie. Il y a plusieurs paramètres qui influent sur le fait que l’on se souvienne ou non de son rêve. Tout d’abord, le moment durant lequel on se réveille. En effet, si l’on se réveille pendant la phase de sommeil paradoxal (phase des rêves), il y a 80% de chance que l’on s’en souvienne, contre 20% si l’on émerge dans une autre phase. Mais chaque individu est différent : certains se souviennent toujours de leurs rêves, d’autres n’en conservent aucune trace. Cela peut dépendre de l’intérêt de chacun pour le monde onirique, ou tout simplement d’une différence dans les capacités à mémoriser. Certains possèdent une mémoire d’éléphant dans la vie de tous les jours, d’autres pas... et bien c’est pareil pour la mémorisation des rêves ! Le sommeil se divise en plusieurs stades successifs. L'analyse de ces différents stades permet de mieux comprendre comment, et à quel moment l'on rêve... > Stade 1 : L’endormissement dure quelques minutes. Les mouvements du corps diminuent, et l’esprit plonge dans un état de semi-conscience. > Stade 2 : Le sommeil léger représente environ la moitié du sommeil total. Le corps est immobile, mais l’individu reste réceptif aux stimuli extérieurs (il peut se réveiller facilement). > Stade 3 : Le sommeil profond représente environ un quart du sommeil total. Le rythme cardiaque est ralenti et la respiration est régulière. > Stade 4 : Le sommeil paradoxal est la période durant laquelle on observe de rapides mouvements oculaires, et une activité cérébrale très importante. Tout le reste du corps est quasiment immobile, d'où ce terme de sommeil paradoxal. C’est durant cette phase qui dure à peu près un quart d’heure, que beaucoup des rêves surviennent et peuvent être mémorisés. Toutes les 90 minutes environ, le cycle se répète, plusieurs fois dans la nuit, jusqu’au réveil. La phase paradoxale représente à peu près 2 heures de la durée totale du sommeil. Célébrer le sommeil peut paraître inattendu mais l’auteur nous entraîne sur ce sentier peu exploré et nous fait partager les témoignages de bonheur des grands dormeurs : La Belle aux Bois Dormant – Endymion – Ulysse – Le Roi Arthur – Boaz – Jesse – Les Gisants médiévaux – Bouddha et bien d’autres philosophes comme Bergson et Kierkegaard. C’est un livre passionnant car ici le sommeil se révèle le lieu de repos de l’insondable. |
KELEN - IMPATIENCE DE L’ABSOLU, FACE AU GENRE INHUMAIN |
Jacqueline Kelen |
Edition
de la Table Ronde |
2012 |
« Ma
thèse est sans équivoque, au risque de soulever des protestations
indignées : l’humanisme actuel, qui n’a même pas le courage de se dire
athée, engendre un genre inhumain dont nous constatons aujourd’hui
l’amplitude. Et le monde sensible, auquel une propagande dite laïque veut
assigner l’être humain comme seule résidence, devient irréversiblement un
monde insensible, froid et cruel ». J. K. C’est l’histoire d’un roi qui a lu dans les étoiles que tous les hommes qui mangeraient de la prochaine récolte seraient frappés de folie. Son conseiller le rassure, disant qu’il reste suffisamment de la précédente récolte pour les nourrir tous les deux et ainsi avoir la vie sauve. Mais le souverain, touché de compassion pour son peuple, refuse cette solution : il tient à partager le destin de la communauté et accepte de vivre dans la démence. Seulement,
afin de ne jamais oublier qui ils furent, le roi et son conseiller décident
de graver sur leur front le signe de la folie : ainsi, plus tard, aux
heures sombres, chaque fois que l’un regarderait l’autre, il saurait qu’ils
sont devenus fous. Cet apologue poignant que racontait Rabbi Nahman de Bratzlav à ses contemporains fait retentit son cri parmi nous, modernes satisfait. Plus de deux siècles ont passé, et la nourriture empoisonnée qu’absorbent les citoyens des pays riches ne semble ni amère ni d’aspect rebutant, bien au contraire : elle est étrangement lénifiante, elle s’appelle loisirs, bien être, jeux, achats permanents sur internet, réseaux virtuels, drogues diverses, images et bruits à profusion, alcoolisation collective, télé hypnotisante, téléphonite généralisée et délirante etc. Toutes ces facilitées vide les regards autant que les cerveaux, on court tout droit vers la catastrophe mais en s’amusant. Nos
contemporains pris de frénésie, de fièvre, d’égoïsme, de folie de convoitise,
ne savent plus voir ni entendre les paroles prophétiques de nos divers
maîtres, tel Bloy, Péguy, Berdiaev, Durkheim, M.M. Davy, Guénon,
Desjardins, Bernanos, Suarès, de Lubac et bien d’autres. Les
deux mamelles de la France actuelle ont pour nom « bonheur et
humanisme » et elles semblent inépuisables. Leur lait tiède
réconforte et endort les braves citoyens. Le bonheur est érigé en finalité
suprême, lui qui n’est ni une valeur morale ni une vertu spirituelle et qui,
de plus, s’avère un état précaire et relatif. J.
Kelen tire la sonnette d’alarme sur cette dérive qui mène l’homme à sa perte
si rien ni personne remet les choses en place, elle donne des solutions, mais
seront-elles écoutées ? |
KELEN - LA NUIT |
Jacqueline KELEN |
Edition RENAISSANCE DU LIVRE |
2005 |
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L’objectif de la nuit n’est pas d’apporter une description factuelle de ces épisodes célèbres, mais plutôt de réfléchir sur les processus (matériels, « environnementaux » ou psychiques) qui permettent d’affirmer que la nuit infléchit bien les événements. Alors que le jour se « lève », la nuit « tombe » et amène avec elle des menaces tapies dans l’ombre. Encore de nos jours, beaucoup d’enfants s’endorment comme leurs ancêtres en ayant peur du loup, alors qu’il est absent depuis des siècles de notre biotope. Véronique Nahoum-Grappe remarquait à juste titre que « le fait que la nuit soit liée à la peur relève donc autant de la phénoménologie de sa perception récurrente que de son interprétation héritée dans une culture donnée ». La nuit s’impose dans notre imaginaire et dans notre quotidien comme le moment où tout peut arriver. Pourtant, l’obscurité ne procure-t-elle pas le plaisir intense d’un repos bien mérité ? Médecins, spiritualistes et philosophes depuis l’Antiquité ont démontré que la nuit était faite pour dormir et c’est pour cela qu’elle porte conseil. Certains personnages importants, saints, prophètes… peuvent même concilier nuit et spiritualité s’ils repoussent les limites du sommeil. Dans la tradition chrétienne, mais aussi dans d’autres religions, nous découvrons une figure ambivalente de la nuit. C’est de nuit que Judas a trahi. La Bible révèle la nuit comme un temps privilégié. Les ténèbres c’est l’absence de Dieu : les promesses faites à Abraham, la libération d’Egypte, la Nativité et la Passion qui commence par l’agonie nocturne au jardin des Oliviers et s’achève sous un ciel enténébré en plein milieu du jour. Pourtant, comme nous l’avons déjà remarqué, la Chrétienté ne tente pas de dissimuler les dangers de la nuit, et comme pour Abraham, elle peut être un temps de souffrance qu’il faut savoir surpasser. Dans le silence de la nuit, pendant le sommeil, l’individu peut être amené à souffrir, et à ce moment-là, seule la foi pourra le sauver. Ce foisonnement des représentations et des vécus de la nuit des sociétés passées a bien entendu intéressé les historiens des différentes périodes L’historiographie de la nuit a trouvé son existence dans une histoire des mentalités qui cherchait à comprendre les représentations et les sensibilités collectives. Parmi ces dernières, ce sont les peurs nocturnes qui ont retenu en premier l’attention des historiens. Au royaume des nuits, on rencontre Shéhérazade, la sage et inlassable conteuse de Bagdad, la Belle au bois dormant, la déesse Séléné amoureuse d’Endymion, Éros rejoignant Psyché à la tombée du jour, Jacob ou Joseph visités par de grands songes, Roméo et Juliette éternels amants voués au ciel étoilé… |
KELEN - LA PUISSANCE DU CŒUR |
Jacqueline Kelen |
Edition LA TABLE RONDE |
2009 |
Dans le domaine de la connaissance spirituelle, qu’on appelle aussi connaissance du cœur, il existe des affinités évidentes entre le silence, le secret et le désir. En effet, pour user de métaphores, voici comment on approche de la maison du cœur : le désir ouvre la porte, le silence permet d’y demeurer ; le secret protège l’habitation intérieure. Méconnues ou méprisées par une société de pouvoir et d’apparence, ces trois dimensions représentent – et ce n’est pas leur moindre valeur- les clés de la liberté pour tout être humain. Se tenir dans la lumière impalpable du secret, dans la profondeur paisible du silence, et dans le feu vivant du désir désiré, c’est déjà, savourer l’infini. Le désir de Dieu se cultive par une vigilance du cœur, une application à chercher Dieu. Il mobilise tout notre être. Chercher Dieu c’est être attentif à tout signe qui le révèle dans nos vies. Et en premier lieu, la Création. Elle est un don originel de Dieu, elle conduit à Lui. « La création manifeste l’art divin… Les créatures sont comme des paroles exprimant l’unique Verbe divin ». « Les créatures ne détournent pas de Dieu mais y conduisent Les mystères invisibles de Dieu sont saisis par l’intelligence au moyen des créatures. Et si les créatures détournent de Dieu c’est par la faute de ceux qui en usent comme des insensés ». La création est la parole première dans laquelle Dieu se révèle. La connaissance de Jésus passe par l’expérience et ne peut se transmettre par les seuls mots. C’est venir à lui dans la foi et en suivant ses commandements, goûter sa douceur divine, approfondir notre intelligence de son mystère. L’attitude fondamentale de la foi invite à accueillir, prêter l’oreille, écouter la parole d’un Autre. En s’approchant davantage de Dieu, on devient plus humain. L’amour est l’achèvement de l’être humain. Des trois formes d’amour vécus par l’homme, le 3e est le seul véritable. L’amour pour un motif d’utilité, il s’évanouit quand s’évanouit l’utilité qu’il apportait. Pour un motif de plaisir, il disparaît quand disparaît le plaisir. Le 3e est amour de bienveillance qui a pour motif le bien de l’autre. Dieu nous rend capable de l’aimer ainsi pour lui-même. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu ; non c’est lui qui nous a aimé le premier. » La prière est faite de désir et de parole. « Si la prière pour obtenir quelque chose de Dieu est nécessaire à celui qui prie, c’est pour qu’il prenne conscience de ses manques et qu’il s’amène à désirer avec ferveur et piété ce qu’en priant il espère obtenir : de cette façon, il se dispose à recevoir le bien demandé ». « Dieu se doit de remplir le désir de la créature raisonnable dans la mesure où celle-ci est proche de lui. Or ce rapprochement est dû à la contemplation, à un amour plein de dévotion et à une intention humble et forte. Une prière qui ne monte pas ainsi vers Dieu ne mérite pas d’être entendue de lui. D’où ce mot : il regarde la prière des humbles ». La vie du
cherchant mystique est un long exercice du désir, visant à libérer le
cœur de tout ce qui l’empêche de chercher et de trouver Dieu, et à l’ouvrir
au don ineffable de l’amour de Dieu. Ce qui dispose à la charité c’est
l’écoute de la parole et la méditation des bienfaits du Seigneur. Ce qui la
fait grandir en nous c’est la mise à l’écart des choses terrestres et la
patience dans l’adversité. D’autre part, on ne connaît vraiment Dieu que si
l’on comprend qu’il est toujours au-delà de ce qui peut être pensé. Nous
progressons dans la connaissance de Dieu en apprenant ce qu’il n’est pas, en
écartant les représentations que nous avons de lui. |
KELEN - LE BONHEUR |
Jacqueline Kelen |
Edition Oxus |
2003 |
Ce pourrait être une paire d’escarpins abandonnés au seuil de la chambre ou des bulles de savon qu’on lance à la volée, qu’on suit des yeux, ce pourrait être un panier de cerises, un café pris à l’aube en regardant partir les bateaux, ou encore une immense bibliothèque où l’on puise la sagesse ; l’odeur du pain chaud, l’écume des confitures, une conversation sans fin sur une terrasse en plein été, des rires d’enfants, des grappes de baisers, des bruits d’eau claire… Le bonheur est imprévisible, il ne se plie pas aux idées reçues et ne se laisse pas enfermer, mais chaque jour il recèle des moments délicieux, d’infimes parcelles de paradis. Peut être le filet des mots est-il capable d’attraper quelques bribes de bonheur : c’est ce que l’auteur a tenté de faire dans cet ouvrage, ce libre inventaire, avec un lexique rêveur, vagabond parfois indiscret. Il est aussi cocasse de voir un être
humain chercher le bonheur que de voir un poisson chercher l’eau. Tout le
monde cherche le bonheur. Nous le cherchons, car nous l’avons perdu. Nous
portons en nous les stigmates de notre séparation, d’une rupture avec notre
essence. Sans trop savoir ce que nous cherchons, et sans même savoir que nous
cherchons, nous nous affolons dans tous les sens pour fuir ce sentiment de
manque ou d'insatisfaction qui nous hante. Faute de trouver ce que nous
cherchons, nous trouvons des compensations dans le succès, l’argent, le
pouvoir, le sexe, l’alcool, les stupéfiants, l’activisme, la connaissance,
les relations, etc. ou peut-être dans la recherche de l’éveil ? Thèmes abordés par J. Kelen dans cet ouvrage : L’amitié - amour - anges - arbres - attentes - bain - baiser - barque et beauté - champagne - chanter - chat - cochon - commencer - contemplation - conversation - corps - danse - désir - Dieu - dormir - écrire - émerveillement - enfance - étoile - festin - feu - fleurs - gâteaux - gestes - gratitude - gratuité - hamac - ile - imaginaire - jardin - jeu - jeunesse - légèreté - liberté - livres - loisir - luciole - lumière - maison - marcher - mots - musique - mystère - neige - nounours - nuit - oiseaux - ombre - oranger - paix - paradis - passion - plage - porte-bonheur - rencontre - rêver - rire - rose - rosée - rouge - saisons - secret - sens - silence - soleil - toujours - unique - unité - vie - vin - voyage - yeux - Zéphyr - |
KELEN -
LE DÉSIR OU LA BRÛLURE DU COEUR |
Jacqueline KELEN |
Edition La Table Ronde |
2003 |
Du désir charnel au désir de Dieu l’auteur nous fait vivre les divers stades de cet élan qui du charnel passe au mystique. Souvent, on croit n'avoir de choix qu'entre congédier le désir ou bien y céder. Comme s'il s'avouait manque, convoitise ou souffrance. Pourtant, il se révèle soif de connaître et de s'aventurer, élan amoureux et créateur, il signe la liberté joyeuse de l'être et ouvre à l'illimité. Aussi peut-il être chanté pour lui-même, dans ses excès souverains. Ce désir inapaisé, juvénile, court à travers plusieurs mythes d'Occident et divers récits bibliques. Il enflamme la réflexion philosophique de Platon, de Nietzsche, de Spinoza. Il est, «long désir», à la source de l'amour courtois : approche infinie de l'autre, enchantement plus que conquête. Et les mystiques de toutes traditions célèbrent l'Ardent Désir, feu d'amour qui mène au total abandon de soi et se mue en une perte éblouie. Spiritualité, désir : voilà deux mots dont l'association peut paraître étrange. En effet, depuis bien longtemps (peut-être des millénaires), l'idée de voie spirituelle évoque dans l'esprit des hommes, des images de monastères, de grottes et d'ermitages, lieux où, pour se rapprocher de Dieu, l'on se retirait du monde et l'on renonçait à ses tentations et à ses plaisirs. Cette conception dualiste, opposant recherche spirituelle et poursuite des plaisirs de la vie, a prévalu aussi bien en occident (on sait à quel point le christianisme est imprégné de notions de sacrifice et de culpabilité notamment en matière de sexualité) qu'en orient (dans l'hindouisme les pratiques ascétiques et de renoncement sont toujours très valorisées, et le bouddhisme vise à l'extinction des désirs et présente le monde comme source fondamentale de souffrance et d'illusion). Les courants prônant une spiritualisation du désir et du plaisir, ont toujours été très minoritaires et spécifiques, et même en leur sein la satisfaction des désirs était notablement encadrée et limitée : ainsi dans le tantrisme (et seulement dans certaines branches) l'accès au plaisir était extrêmement ritualisé et contrôlé ; les philosophes grecs comme Épicure valorisant le plaisir recherchaient plutôt la modération et la simplicité, assez proches de la voie moyenne bouddhique ; quant à l'amour courtois médiéval, il s'agissait essentiellement d'un mode littéraire aboutissant rarement à une satisfaction concrète du désir, les « parfaits » cathares inspirateurs de cet art, recherchant avant tout la pureté ; enfin, on pourrait dire la même chose des poèmes d'amour exaltés de certains soufis, qui sont essentiellement des métaphores de leur relation avec le divin. Bref, partout et depuis si longtemps, l'on s'est méfié du désir, et lorsque l'on a bien voulu lui accorder une place dans le processus de développement de l'homme, c'est pour ainsi dire « avec des pincettes » en le codifiant à l'extrême (pour contrôler ce qu'il peut avoir d'imprévisible et d'inconnu) et en laissant la satisfaction spontanée et naturelle des désirs, au vulgaire, au peuple et au profane. À l'autre bout de l'histoire si l'on peut dire, se situe l'époque actuelle qui a vu le retour et même l'institutionnalisation du désir comme pilier de la vie de nos contemporains : en effet, la « société de consommation » qui est le système de base de notre fonctionnement économique et culturel, consiste à créer et exacerber des désirs matériels plus ou moins artificiels et factices, sans satisfaire les véritables désirs de l'âme, affectifs et spirituels, qui sont tout simplement niés et ignorés. Une économie toute entière est née de la systématisation de la dépendance et des comportements d'addiction, envers des produits sans grand rapport avec les besoins réels de l'être humain, quand ils ne sont pas franchement nocifs (tabac, alcool, drogues diverses, presse et films démagogiques, modes éphémères, alimentation malsaine, etc.). On le voit, la situation actuelle n'est pas tellement plus réjouissante. |
KELEN -
- LE LIVRE DES LOUANGES |
Jacqueline KELEN |
Edition ALBIN-MICHEL |
2007 |
«
La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie
la douleur et l’incompréhension, surmonte le désespoir et le sentiment
d’injustice. Telle une voix de pure grâce, elle acclame, remercie et bénit
sans rien demander pour soi. N’attendant nulle réponse, elle est plus qu’une
prière. Inexplicable, ailée, elle révèle en chacun la musique de l’être.
»
La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie la douleur, le désespoir, le sentiment d’injustice et l’incompréhension. Elle relie l’homme à la lumière. Elle est le chant d’une soif infinie qu’aucun homme n’étanchera jamais. Toujours à contre-courant de l’esprit du temps, Jacqueline Kelen, auteur de nombreux essais spirituels, fait l’éloge de la louange, seule façon pour elle de se hisser vers l’absolu, même face au silence de Dieu. En demeurant dans les reproches,
l’homme se voue à la mort, estime Jacqueline Kelen, qui a revisité à maintes
reprises les mythes anciens et les textes bibliques. Elle fustige l’homme
moderne qui répugne à dire merci, ignore la bénédiction parce qu’il croit que
tout lui est dû, mais étouffe dans la cacophonie assourdissante du monde,
n’écoutant plus sa petite musique intérieure et se privant de sa capacité
d’émerveillement devant tout ce qui l’entoure. |
KELEN - LE MANTEAU
DE MAGNIFICENCE |
Jacqueline KELEN |
EDITION RENAISSANCE |
2004 |
Mon âme, bénis l’Eternel Ils respirent dans un pays sans
contours où s’enlace à la neige le jasmin fleuri, où la brûlure s’allie avec
la douceur. Un pays introuvable et inoubliable que certains nomment le
Royaume du Cœur. Ils rêvent le même récit, fait d’attente, de beauté et de
douleur.
Ce récit s’inscrit dans la tradition médiévale du Songe. Il est à découvrir comme un cantique fragile et précieux. |
KELEN - LES AMITIÉS CÉLESTES |
JACQUELINE KELEN |
ÉDITION ALBIN MICHEL |
2009 |
Héritière de la philosophie grecque qui place la philia au sommet des vertus, l’amitié spirituelle qui se développe dès les premiers temps du christianisme est à l’origine de fondations d’ordres, de missions, d’une riche correspondance et de textes magnifiques. C’est une émulation sur le chemin du ciel en même temps qu’une tendresse partagée et une indéfectible fidélité. Jacqueline Kelen nous convie ici à un voyage à travers
l’Europe chrétienne, depuis les ermites du IVe siècle jusqu’à nos jours, en
racontant de belles amitiés, qu’elles soient passionnées ou plus sages,
paisibles ou contrariées. Certains amis sont célèbres et auréolés de
sainteté ; d’autres vivent des ambiguïtés et les risques d’un lien qui
cherche à se hisser au dessus du simple attachement sentimental. Les amitiés
célestes sont aussi une invitation à s’interroger sur ce qui nourrit et
illumine toute relation terrestre. Jacqueline Kelen nous raconte les amitiés entre : Paul de Thèbes et Antoine le Grand (228-351) - Grégoire de Naziance et Basile de Césarée (330-379) - Guillaume de Saint-Thierry et Bernard de Clairvaux (1085-1153) - Erasme et Thomas More (1469-1535) - Ignace de Loyola et François Xavier (1491-1552) - Charles Péguy et Alain Fournier (1873-1914) Geneviève et Clotilde (422-502) - Hidegarde de Bingen et Richardis von Stade (1098-1179) - Claire d’Assise et Agnès de Pragues (1205-1300) - Hans Urs von Balthasar et Adrienne von Speyr (1925-1980) Gertrude d’Helfta et Mechtilde de Hackeborn (1256-1301) - J. de vitry et Marie d’Oignies (1177-1240) – François d’Assise et Claire (1182-1226) - Jourdain de Saxe et Diane de d’Andalo (1190- 1237) - Angèle de Foligno et frère Arnaud (1248-1309) – Maître Eckhart et sœur Catherine de Strasbourg (1260-1328) Catherine de Sienne et Raymond de Capoue (1347-1380) - Thérèse d’Avila et Jean de la Croix (1515-1582) - François de Sales et Jeanne de Chantal (1572-1622) – Pierre de Bérulle et Madame Acarie (1575-1641) - Vincent de Paul et Louise de Marillac (1581-1660) - Fénelon et Madame Guyon (1651-1715) - Marguerite Alacoque et Claude La Colombière (1647-1690)- Le curé d’Ars et Catherine Lassagne (1806-1883) Anne Catherine Emmerich et Clemens Brentado (1774-1824) - Simone Weil et J. Marie Perrin (1909-2002) – Pierre Teilhard de Chardin et Lucile Swan (1881-1955) - Jerôme et Paule (347-420) |
KELEN - LE SECRET |
Jacqueline KELEN |
Edition de la Table Ronde |
1997 |
Petite plaquette de 100 pages où l’auteur – spécialisé dans les mythes et la démarche spirituelle – nous donne des clefs sur le secret, qui n’appartient ni au savoir ni au sens. Il ne se trouve pas enfermé entre les pages d’un livre, ni à l’intérieur d’un sanctuaire, il est ce qui déborde, irradie le savoir, les mots et les lieux. Alors que tout secret d’ordre extérieur peut toujours être trahi, le secret initiatique seul ne peut jamais l’être en aucune façon, puisque, en lui-même et en quelque sorte par définition, il est inaccessible et inaccessible aux profanes et ne saurait être pénétré par eux, sa connaissance ne pouvant être que la conséquence de l’initiation en elle-même. En effet, ce secret est de nature telle que les mots ne peuvent l’exprimer. A proprement parler, ce qui est transmis par l’initiation n’est pas le secret lui-même, puisqu’il est incommunicable, mais l’influence spirituelle qui a les rites pour véhicule, et qui rend possible le travail initiatique intérieur au moyen duquel, en prenant les symboles comme base et comme support, chacun atteindra ce secret et le pénétrera plus ou moins complètement, plus ou moins profondément, selon la mesure de ses propres possibilités de compréhension et de réalisation.» le secret initiatique est « quelque chose qu’il n’est au pouvoir de personne, quand bien même il le voudrait, de dévoiler et de communiquer à autrui. » il peut arriver toutefois, que, outre ce secret qui lui seul est essentiel, une organisation initiatique possède aussi secondairement, et sans perdre aucunement pour cela son caractère propre, d’autres secrets qui ne sont pas du même ordre, mais d’un ordre plus ou moins extérieur et contingent ; ce sont ces secrets purement accessoires qui, étant forcément les seuls apparents aux yeux de l’observateur du dehors, seront susceptibles de donner lieu à diverses confusions. » Dans cette même catégorie de secrets accessoires et non essentiels, on doit ranger aussi un autre genre de secret qui existe très généralement dans les organisations initiatiques, et qui est celui qui occasionne le plus communément , chez les profanes, cette méprise sur laquelle nous avons précédemment appelé l’attention : ce secret est celui qui porte, soit sur l’ensemble des rites et des symboles en usage dans une telle organisation, soit, plus particulièrement encore, et aussi d’une manière plus stricte d’ordinaire, sur certains mots et certains signes employés par elle comme « moyens de reconnaissance », pour permettre à ses membres de se distinguer des profanes, aussi doit-on insister sur ceci, que non seulement ce secret ne peut en aucune façon être confondu avec le véritable secret initiatique, sauf de ceux qui n’ont pas la moindre idée de la nature de celui-ci, mais que même il n’a rien d’essentiel, si bien que sa présence ou son absence ne saurait être invoquée pour définir une organisation comme possédant un caractère initiatique ou comme en étant dépourvue. » Le silence doit être rapportée ici aux choses qui, en raison de leur nature même, sont inexprimables, tout au moins directement et par le langage ordinaire ; une des fonctions générales du symbolisme est effectivement de suggérer l’inexprimable, de la faire pressentir, ou mieux « assentir », par les transpositions qu’il permet d’effectuer d’un ordre à un autre, de l’inférieur au supérieur, de ce qui est le plus immédiatement saisissable à ce qui ne l’est que beaucoup plus difficilement. L’enseignement concernant l’inexprimable ne peut évidemment que le suggérer à l’aide d’images appropriées, qui seront comme les supports de la contemplation ; d’après ce que nous avons expliqué, cela revient à dire qu’un tel enseignement prend nécessairement la forme symbolique. En résumé, on peut retenir, que : Le « secret initiatique » désigne la Connaissance Suprême Le secret initiatique n’est accessible que par la connaissance effective, conséquence de l’initiation L’accès effectif au secret initiatique peut être gradué, comme l’est la connaissance initiatique ; il est la conséquence d’un processus actif et personnel, comme l’est la connaissance initiatique Le secret initiatique est théoriquement accessible à chacun, par la réalisation initiatique, c’est-à-dire la connaissance effective. Le secret initiatique ne peut être dévoilé Il peut exister des secrets secondaires (concernant les sciences, les arts traditionnels et les signes de reconnaissance) qui n’ont rien de commun avec la nature du secret initiatique le plus intérieur Le secret étant par nature inexprimable et incommunicable, il est intransmissible en tant que tel, mais peut être faire l’objet d’un dépôt en mode virtuel « dans l’intellect de l’initié », qui devra faire le Travail personnel nécessaire pour accéder à une connaissance effective Au sommaire de ce petit ouvrage : L’éclat des choses - l’ambassade de l’amour - le silence de la rose - le manteau étincelant - |
Kelen - LES FEMMES DE LA BIBLE |
Jacqueline KELEN |
Edition La Renaissance du Livre |
2002 |
De quoi est tissée la mémoire des femmes ? Du parfum des fleurs et du goût de l’eau fraîche, de la couleur vive des étoffes et de la profondeur du ciel étoilée, des éblouissements amoureux, des joies passagères, des révoltes, des attentes, du rire des enfants, des gestes inlassables et fidèles qui font le fil des jours. Lorsqu’on évoque la Bible, on cite le plus souvent des noms d’hommes : Moïse, Abraham, David, Salomon, Isaïe… Pourtant, les femmes ne sont pas moins présentes et précieuses dans l’épopée de Dieu. A coté des Patriarches, des rois et des législateurs, elles rappellent, avec force ou discrétion, l’importance du cœur, du corps, du chant et de l’esprit nomade. On trouvera dans ce livre une quarantaine de portraits pleins de vie : des jeunes filles rêveuses et fragiles, des mères tendres ou possessives, des guerrières, des séductrices, des épouses délaissées ou stériles, des prophétesses qui dansent… Ces femmes qui passent dans la Bible, n’appartiennent pas à une religion particulière, elles ont, plus largement façonné la culture et la sensibilité de l’Occident et de l’Histoire. Au sommaire de ce livre on trouve les femmes suivantes : Les séductrices et les prostituées : Eve - les filles de Loth - Tamar - la femme de Potiphar - Rahab - Dalila - Gomer - Ohola - Oholiba - Les trop belles : Bethsabée - Suzanne - Les vierges : Dina - la fille de Jephté - Tamar, sœur d’Amnon - Abishag de Shunem - Les épouses : les bonnes et les mauvaises - Saraï et Agar - Rébecca - Rachel et Léa - Mikal et Abigayil - les concubines - Les veuves : La veuve de Sarepta - Ruth - Sarra - Les redoutables et les rebelles : Judith - Yaël - Esther - Jézabel - Athalie - la femme de Job - Les inspirées, les prophétesses : L’ânesse de Balaam - Miryam - Débora - Anne - la sorcière d’en-Dor - Hulda - Les mystérieuses, les introuvables : Lilith - la femme de Noé - la reine de Saba - la fiancée du Cantique des cantiques - l’épouse de l’Eternel – |
KELEN - LES FLORAISONS INTÉRIEURES - MÉDITATIONS SUR LA DAME À LA LICORNE |
Jacqueline Kelen |
Edition La Table Ronde |
2015 |
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Elle est tout entière: printemps, fraîcheur de l’âme, jouvence du cœur. Et, sans jamais l’identifier, elle qui demeure lointaine, plus étrangère que la prêtresse de Mantinée dont Socrate reçut l’enseignement d’amour, chacune la rencontrant murmurera : voici la Beauté, ou encore : ainsi s’avance la Sagesse. » Silence, solitude, immobilité, présence, immuabilité, la Dame incarne l’axialité couronnée. Souvent liée à l’Île, autre mythe qui évoque le centre, elle est à la fois inaccessible et inévitable. Elle rappelle que tout désir pointe l’Absolu, que tout désir est Désir de l’Un. Jacqueline Kelen rend la parole aux symboles qui deviennent vivants. La poésie recouvre sa fonction prophétique, non une prophétie qui contraint mais une prophétie qui libère en indiquant le chemin du retour à sa nature originelle et ultime. Ce chemin, qui se parcourt sans personne, échappe à la morsure de chronos. Non seulement la Dame indique l’intervalle qui conduit hors temps mais elle se constitue en intervalle suprême. « Embrasée d’amour divin, nous confie Jacqueline Kelen, la Dame entre dans la Lumière. Elle n’abandonne pas sur la rive des mortels ceux qui, un jour, répondant à son appel, sont venus en son jardin. Elle offre à discrétion la terre fertile, les couleurs et les parfums, l’ancolie et le myosotis, les gemmes étincelantes, les oiseaux qui chantent et ceux qui parlent, la caresse du vent, les arbres majestueux, les animaux tendres, ceux qu’on croit féroces et ceux qui, dit-on, n’existent pas… Comme tout cela est beau ! Comme l’intelligence est riche, et l’amour empli de merveilles ! Avons-nous oublié que nous avions part à tant de splendeur, à tant de douceur ? Et que certains soirs notre âme chantait ? » Ici, le chemin se fait Férie. L’opérativité ne réside plus dans quelque procédé mais dans la contemplation de la spontanéité du vivant.
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KELEN - LES NUAGES ET LEUR SYMBOLIQUE |
direction J. KELEN |
Edition Albin Michel |
1995 |
Notre perception des nuages se réduit trop souvent au domaine de la météorologie. Leur présence est ressentie de façon négative, au point que de nombreuses métaphores les mettent en scène dans un sens dépréciatif. Or les nuages ont longtemps été les images mêmes de la rêverie, du voyage de l’esprit, tandis que, dans certaines croyances religieuses, ils constituent le support de la méditation et sont considérés comme des lieux de vision. Poètes, peintres, philosophes et mystiques, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, tous ont un jour rencontré ce motif ; symbole de fécondité et de douceur par la pluie qu’ils recèlent, appels à l’invisible, les nuages inspirent autant la mélancolie devant la fugacité de toutes choses qu’un sentiment de joie face à leur légèreté et à leurs métamorphoses ; ils invitent à la quête autant qu’à la contemplation. A l’initiative de J. Kelen, des spécialistes de haut niveau, rendent aux nuages l’hommage qui leur est dû. Conjuguant rigueur et sensibilité, cet ouvrage nous amène de l’Egypte ancienne à la Chine, de l (Hindouisme à l’Islam, du judaïsme aux croyances des Celtes et des Germains, de la philosophie platonicienne au christianisme et à l’alchimie, et de la calligraphie chinoise à la peinture occidentale, est une magnifique invitation au voyage dans le royaume de la méditation et de la rêverie. Au sommaire de ce livre : Jacqueline Kelen : Nuages, mon beau désir Christian Jacq : La route fertile, la symbolique des nuages selon l’Egypte ancienne Catherine Despeux : Célestes randonnées, la symbolique du nuage dans la culture chinoise. Jacques Bonnet : Les troupeaux du ciel ; le nuage dans la tradition hindoue et dans le soufisme islamique. Salah Stétié : Théâtre des nuées. Charles Mopsik : Les parures du roi ; expériences et symbolique du nuage dans la Bible, la mystique juive et la cabale médiévale. M. M. Davy : La douceur de la Présence ; la nuée et les nuages dans le judéo-christianisme. Claude Lecouteux : Le radeau des vents ; pour une mythologie des nuages au Moyen Âge. Jean Markale : L’entrée ouverte au palais fermé du roi. Denys Riout : La couleur des nuages ; notes sur les nuages dans la peinture occidentale. Françoise Bonardel : Eloge de la nébulosité. |
KELEN -
LES NUITS DE SCHÉHÉRAZADE |
Jacqueline KELEN |
EDITION ALBIN MICHEL |
1986 |
Un chant d’Amour, plein de poésie de symboles ou les qualités initiatiques de la femme sont omniprésentes. « Quand je vous reverrai, Sultan, mon bien-aimé, je parlerai, parlerai... Moi Schéhérazade, je ne cesserai de vous raconter des folies, des rêves, des merveilles, afin que vous ne partiez pas, pour qu'il y ait une nuit après une nuit. Je parlerai pour oublier que vous ne m'aimez pas, pour oublier que vous m'avez à peine regardée, que vous craignez ma beauté et que vous souhaitez ma mort. Je parlerai pour vous consoler, pour bercer le monde et enchanter ma douleur. Je parlerai pour que se lève le jour et que s'approche, à peine voilée, la Divinité. Je ferai danser cette chambre où vous et moi sommes reclus, je jouerai de votre désir et de votre curiosité, je bafouerai vos ordres de despote ombrageux. Je serai le cours de la lune, l'alphabet des oiseaux, le secret des amants. Je ferai reculer les murs, les tentures, les frontières et la mort. Je serai l'aurore en votre cœur. L'amour est un conte et le conte d'amour est ma spécialité, ma seule spécialité de femme orientale, de femme entêtée à croire en la beauté. Shariar, écoutez-moi. Le conte d'amour n'existe que si l'on croit au conte. Venez en mes songes, en mes fables. Aimez-moi, c'est-à-dire rêvez-moi » Shéhérazade, au fil des nuits et des contes, présente à Shariar une image du monde hallucinante par on étendue et sa variété, et procède sur lui aux divers degrés de l’initiation : elle en faisait à la fois un roi, un artiste, un lettré, un amant, un féministe, un sage et un philosophe… c’est-à-dire ce qu’elle est en droit d’appeler : un homme. Or cette initiation est bien passée inaperçue du plus grand nombre qui a préféré voir, dans ces contes de Mille et une nuits, des histoires coquines ou graveleuses… et qui n’a pas compris la puissance subversive* de la parole féminine, ni la force de transmutation de l’étreinte charnelle. Face au pouvoir violent du sultan, Shéhérazade déploie sa puissance féminine : celle qui éveille les forces de vie et de lumière. Aux fantasmes grossiers, aux idées vengeresses d’un mâle désappointé et blessé, elle réplique par une superbe leçon d’amour. Au bout du conte, ce n’est pas Shéhérazade qui évite la mort à laquelle elle ne croit pas, c’est Shariar qui est sauvé. Sauvé parce qu’il a su reconnaitre, aimer et épouser la femme en lui, son Orient. Il est désormais hors du temps puisqu’il a accepté ce présent qu’est la Vie. Experte dans l’art de capter les âmes, elle ne cherche pas à divertir le roi, à ruser au plus fin et à gagner chaque nuit un nouveau jour. Son but est plus noble : entrant par la porte de la curiosité, qu’elle découvre chez Shariar, ce qu’elle poursuit par le moyen des contes (d’abord enfantins pour préluder… jusqu’aux grands récits descriptifs), c’est l’éducation totale de celui qu’elle espère pouvoir considérer au terme de l’effort comme son époux. L’ayant pris dans son ignorance et sa rudesse, elle le crée une seconde fois : elle le fait monter de l’instinct à la conscience, du réflexe automatique à la décision volontaire. Mais en suivant cette instruction du roi, elle n’oublie pas qu’elle œuvre pour la cause des femmes : non point seulement pour sauver de la mort ses sœurs menacées, mais pour les réhabiliter devant le Khalifat et devant les Siècles. |
KELEN
- L’ESPRIT DE SOLITUDE |
J. KELEN |
Edition La Renaissance du Livre |
2002 |
On confond souvent solitude avec isolement, enfermement, abandon. Or c’est tout le contraire, la solitude doit nous faire passer à un état de plénitude heureuse, comme le furent beaucoup de philosophes, d’artistes, de saints, et de grands initiés. Pour devenir soi-même, il faut marcher
seul » Avec “L’Esprit de solitude”, l’écrivain Jacqueline Kelen publie un
vibrant plaidoyer en faveur de l’autonomie.
L’auteur nous invite à découvrir en chacun de nous cette liberté personnelle et inaliénable qui passe par la solitude. |
KELEN - LES REINES NOIRES : DIDON, SALOMÉ, ET LA REINE DE SABA |
Jacqueline KELEN |
Edition Albin Michel |
1987 |
Ces Reines qui ont vécu à Carthage en Arabie et en Palestine, ont des points communs. Elles sont conquérantes et insolentes, elles dérangent et transgressent mais elles sont des initiatrices telles qu’il en existait dans les plus anciennes religions. La grande civilisation de Méroé au sud de l’Égypte, s’étendait au sud de la cataracte du Nil en Nubie (Soudan). À partir de -300 avant JC et jusqu’au au 2e siècle de notre ère, il y avait beaucoup de femmes leaders, tant que l’on croyait qu’il n’y avait pas de dirigeants masculins du tout. Le troisième grand règne est celui reine Bartare 284 à 275 avant notre ère, dont le tombeau en forme de pyramide a été trouvé. Le royaume de Koush est l’appellation que les égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire égyptien. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne. Les reines noires ou candaces (sœurs), ont régné durant sept siècles, à partir du IIIe siècle av. J-C. Au centre de la famille, les femmes possédaient les biens et choisissaient leur époux. Elles régnaient sur le foyer et le troupeau, les hommes étant chargés des travaux pénibles. Les reines noires ont vécu en paix avec les pharaons. Les deux pays ont entretenu des relations diplomatiques et commerciales, jusqu’à ce que l’Égypte décide d’annexer la Nubie qui se défendit avec une force et une volonté qui surprit les assaillants. L’auteur spécialiste des mythes nous fait vivre les vies flamboyantes de ces Reines noires qui ont vécu à l’époque des gnostiques. Abraham, Moïse, Jésus, Mahomet, Râmakrishna… Apparemment la Divinité choisit toujours des hommes pour parler ou pour s’incarner. De là à conclure que la Divinité est masculine, il y a un pas aisé à franchir. À moins qu’on ne fasse la différence entre religion établie (du fait des hommes, des chefs, le plus souvent) et voie spirituelle, intérieure, qui, elle, ouvre vers le Féminin : c’est la voie de la Gnose, de la connaissance personnelle, intuitive, qui ne dépend ni d’une Église ni d’un clergé, qui recherche la libération personnelle et non le pouvoir. Et là, au cœur de la Gnose, on retrouve la Femme, occultée ou oubliée dans les religions, la Femme qui apparaît comme le chemin et la fin du chemin. La Femme de la Gnose, on l’appelle Sophia, ou l’Âme du monde ; c’est la Marie-Madeleine des Évangiles secrets, la Ruah (vent, esprit saint) des Hébreux et la Shekhina (présence divine) de la Kabbale juive ; c’est encore la Shakti, et la Grande Déesse de l’hindouisme ; c’est la Sîmorgh (manifestation divine sous forme d’oiseau) du soufisme ; c’est Dame Alchimie et la pierre philosophale… Elle est le chemin et la fin du chemin, la Femme, seulement on ne voit et on ne parle que des hommes – apprentis, sages, ou adeptes – en quête de la Féminité, et on finit par confondre ceux qui cherchent avec ce qui est cherché : c’est toujours l’histoire du montreur de lune : on regarde le doigt pointé vers la lune au lieu de regarder la lumière indiquée… On connaît la pensée, la vie et les écrits des Gnostiques grâce (ô ironie !) à leurs détracteurs : les Irénée, Épiphane, Tertullien, des Pères de l’Église caractérisés par une misogynie radicale ; et grâce au hasard récent, qui fit renaître le phénix de ses cendres, par la découverte, en 1945, en Haute-Égypte, d’une cinquantaine d’écrits gnostiques datant du IIe siècle de notre ère, dont l’Évangile selon Thomas fut le premier traduit et commenté. Aujourd’hui, on sait que les Gnostiques des premiers temps du christianisme vivaient librement et en égalité de communauté avec les femmes ; celles-ci n’étaient pas exclues, mais surtout avaient le même rôle : guérison des malades, enseignement spirituel, prophétisme… C’est surtout cette place de la femme que les Pères de l’Église et l’apôtre Paul ont critiquée et jugée intolérable ; ce sont eux qui ont chassé la femme de l’Église, tout en continuant à répéter la belle métaphore de l’Église épouse du Christ, alors que l’Église n’était qu’une assemblée d’hommes. Or, si les femmes étaient dans les sectes gnostiques respectées et écoutées, c’est parce que la Gnose met au premier plan la Féminité. La Divinité créatrice est pour la plupart des Gnostiques ressentie comme féminine ou androgyne : elle s’appelle Sagesse, ou Esprit saint, ou encore Silence, Grâce, Vierge de lumière, ou Mère des Vivants. Elle est Connaissance et Amour De certains de ces qualificatifs, les « bons » Pères de l’Église et autres théologiens ont su tirer des conclusions pour des siècles : à partir de cette Puissance féminine originelle, qui est invisible et silencieuse, ils ont tracé une ligne de conduite pour les femmes (c’est-à-dire contre les femmes), à savoir : cache-toi (ou sois laide) et tais-toi. Avec les Pères de l’Église, la Mère divine s’est d’un coup fossilisée, ou est partie d’un grand coup d’ailes ; et désormais le Verbe a remplacé la Parole. Les femmes n’avaient plus qu’à écouter, à se repentir, à balayer l’église ou à être bonnes de curé… Oui, ils étaient gênants et révolutionnaires, les Gnostiques du christianisme primitif. Ils exaltaient, en leurs écrits, le personnage de Marie-Madeleine, comme Initiée, Bienheureuse, pure lumière, disciple préférée de Jésus : « La compagne du Sauveur est Marie-Madeleine. Mais le Christ l’aimait plus que tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. Le reste des disciples s’en offensaient. Ils lui dirent : « pourquoi l’aimes-tu, elle, plus que nous tous ? » Le Sauveur leur répondit en disant : « Pourquoi ne vous aimé-je pas comme elle je l’aime ? » (Évangile de Philippe) Marie-Madeleine symbolise la Sagesse et la Connaissance (le baiser sur la bouche est, outre un geste amoureux, signe de transmission de la Parole). Elle n’est pas cette prostituée en pleurs dont le catholicisme chérit l’image, elle n’est pas une « pécheresse » repentie. Elle figure, pour les Gnostiques, l’Âme du monde qui a chu et s’est éparpillée ici-bas, la Lumière aux prises avec les ténèbres du monde, avec les pièges de l’incarnation, avant de remonter dans la sphère céleste, le Plérôme. De même, Simon le Magicien, gnostique dont parlent les Actes des Apôtres, est accompagné d’une femme, qui avait été prostituée, et qu’il appela Hélène (la Lune) en la considérant comme son « Ennoïa » (Pensée, Esprit saint) : ce n’était pas là acte de charité envers une prostituée, mais affirmation d’une croyance gnostique, à savoir que la Femme (la féminité) est l’âme et la profondeur de l’homme. Dire que « la femme est l’avenir de l’homme » (Aragon) est rejeter la femme à demain, plus tard, bien loin. Les Gnostiques diraient : la femme est l’éternel présent, le ciel intérieur et l’aurore de l’homme. Mais cette femme, cette âme, est bien malmenée, emprisonnée ou dilapidée par l’homme ; elle échappe à qui veut la saisir, la posséder, elle demeure ambiguë et énigmatique pour ceux qui n’ont pas une vision unitive : On pourrait donc énoncer que la Gnose est féminine, dans la mesure où elle échappe, où elle est nomade ; elle est le vent qui souffle où il veut, et qui bouscule les édifices. Elle est la connaissance cachée par rapport au savoir officiel, à l’Église canonique, comme le sexe féminin, intérieur, apparemment clos et vide, est au sexe masculin bien visible. La Gnose requiert des qualités féminines telles que l’intuition, la compréhension par le corps et le cœur ; elle est de l’ordre de l’expérience, au lieu de reposer sur des dogmes ou concepts d’une raison masculine. On a oublié que si la religion établie peut être une base vers la spiritualité, elle demeure à la base du triangle dont la Gnose est le sommet. L’édifice temporel ne parviendra jamais à contenir ni à remplacer la joie spirituelle. |
KELEN -
LES SEPT VISAGES DE MARIE-MADELEINE |
Jacqueline KELEN |
Edition DU RELIÉ |
2006 |
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Lazare et Marthe n’étaient pas présents avec les apôtres à Jérusalem car depuis sa résurrection Lazare devait se cacher de peur d’être arrêté. Les disciples de Jésus se cachaient aussi et la mort du Christ les avait anéantis. En qui avaient-ils cru ? Où était celui qui devait relever le monde par sa royauté ? Ils ne voyaient que mort et désolation. Le paradoxe de la croix est de faire éclater la Vérité à tous, au moment même ou les mensonges amenant à la crucifixion semblent triompher. Il fallut cependant le témoignage de Marie Madeleine, l’apparition aux témoins d’Emmaüs, la présence du Christ ressuscité parmi les apôtres jusqu’à l’ascension pour leur redonner courage et affermir leur foi. Il fallut aussi toutes les grâces de l’Esprit-Saint à Pentecôte afin de les confirmer dans leur mission et leur donner la force de l’accomplir. Les apôtres et disciples organisaient peu à peu leurs rencontres et la première Eglise chrétienne, tout en se méfiant de ne pas se faire arrêter. Etienne, diacre, fut lapidé; ce fut le premier martyr chrétien (Actes 7, 54-60). Devant les miracles qu’ils accomplissaient au nom de Jésus Christ, Fils de Dieu et devant le monde qu’ils amenaient à la Foi chrétienne par leurs prédications, le roi Hérode Agrippa mis en place à Jérusalem par ses amis les empereurs Caligula et Claude recommença à persécuter les chrétiens pour plaire aux responsables juifs. Il fit emprisonner Pierre et décapiter Jacques (Actes 12;1-5). C’est certainement devant cette nouvelle vague de persécution que Marie-Jacobée et Marie-Salomé (mère des apôtres Jacques et Jean), Marthe, Parménas, Marcelle leur servante, Marie Madeleine, Maximin (jeune disciple de Jésus), Sidoine (l’aveugle né) décidèrent de s’exiler par un navire qui faisait la liaison entre la Palestine et Narbonne. Ce devait être en l’année 43. Le débarquement de ce petit groupe se fit à l’embouchure du Rhône et fut recueilli par une troupe de gitans qui devinrent les premiers convertis à la nouvelle religion. Sarah la gitane, Marie-Jacobée et Marie-Salomé restèrent au bord de la mer dans ce village qui allait devenir les Saintes Maries de la Mer. Le reste du groupe poursuivit sur Arles où il retrouva des hommes et femmes s’étant déjà convertis à Jésus, partageant leurs biens, priant et annonçant la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité. Les voies maritimes reliaient déjà les pays entre eux et les nouvelles allaient avec. Dans le sud de la France par les marins, les événements de Palestine étaient connus et certains avaient déjà adopté cette nouvelle religion. Le groupe continua sur Marseille où il séjourna chez des personnes rencontrées en Palestine, avant de s’installer sur la ville pour travailler et prêcher. Marie Madeleine connaissait les plantes, l’art de confectionner des encens et des parfums ce qui lui permit d’aider au temple. Sa position sociale en Palestine lui permit de rencontrer sur Marseille des personnes de la diaspora juive qui les aidèrent à s’établir. Sidoine se fit embaucher comme pêcheur. Grâce à tous, à leur travail et à cet environnement d’amitié, leur évangélisation touchait toutes les couches sociales de la ville. Ils y restèrent 2 ou 3 ans avant d’être rejoint par Lazare, arrivant de Chypre, qui prit la responsabilité de la communauté chrétienne de Marseille dont il devint l’Evêque. Par sa présence et son autorité, il réunifia certaines dissidences naissantes. Maximin et Sidoine se déplacèrent sur Aix en Provence pour continuer leur chemin d’évangélisation.... tandis que Marie Madeleine se retirait en la grotte de la Sainte Baume pour terminer sa vie en prières. Ce fut lors d’une promenade dans cette belle forêt au-dessus de Marseille, en regardant la falaise, que Marie Madeleine découvrit le visage de son "Rabbouni" inscrit dans la roche. Pour elle, c’est une révélation. Elle restera ici dans la grotte jouxtant cette falaise proche de Celui qui fut sa raison de vivre. Ses allers et retours sur le plateau de la Sainte Baume ne lui servirent qu’à porter les teintures qu’elle confectionnait grâce aux plantes trouvées dans la forêt et à remonter, avec l’aide de son ânesse ce qui lui était nécessaire pour vivre. De première Apôtre Marie Madeleine devenait première Ermite de l’Eglise et ouvrait la voie à la vie contemplative. La solitude ne la rebutait pas, elle y voyait même un grand attrait, celui de vivre enfin âme contre âme avec le Christ et l’univers céleste, en prières avec Dieu et les anges. De nombreux phénomènes miraculeux accompagnèrent ses prières selon les contes provençaux: elle aurait été transportée dans les airs par les anges jusqu’à plusieurs fois par jour. Elle serait restée ainsi plus d’une dizaine d’années entre la vie contemplative en sa grotte, ses allées et venues sur le plateau de la sainte Baume, les visites de ses amis Maximin, Sidoine et de quelques uns de Marseille. Ils se retrouvaient aussi pour célébrer l’eucharistie. |
KELEN – LES SOLEILS DE LA NUIT – Et la nuit comme le jour illumine |
Jacqueline
Kelen |
Edition de la Table Ronde |
2008 |
Jacqueline Kelen nous emmène loin, sur le chemin de nos origines, à travers contes ancestraux et réflexions aussi lucides que poétiques. Un vrai bonheur de lecture… à nous faire aimer les nuits au moins autant que les jours. Qu’elle évoque l’esprit de solitude, l’amitié ou des héros mythiques, Jacqueline Kelen a l’art de nous ensorceler. Ses livres sont autant de voyages pour l’âme et l’esprit, qui nous emmènent bien plus loin que peut porter notre regard. Dans ses pas, on apprend à percevoir l’invisible. Son dernier livre nous convie à une véritable consécration de la nuit. Une nuit habitée, lumineuse, qui fait éclater les limites du jour. Au moment où les journées raccourcissent, alors qu’il nous faut apprendre à composer avec le manque de soleil, avec le soir qui tombe de plus en plus tôt, Les soleils de la nuit sont comme une invitation à considérer différemment les saisons plus sombres à venir. «La sérénité vient avec le soir. Même si on ne dort pas, la paix, la majesté du ciel nocturne invite à adopter un autre rythme, plus ample et plus recueilli. C’est le temps de la méditation, de la douceur, des confidences.» Souvent, la nuit engendre la peur. Pour Jacqueline Kelen, elle est au contraire un refuge, un monde fait d’immensité, porteur de notre part divine. «Ainsi, la nuit paraît claire ou sombre selon celui qui la contemple: elle est un gouffre, elle est une arche; elle mène à la perdition, elle invite à l’élévation; son immensité emplit l’homme d’effroi ou le pousse à le prosterner.» J. Kelen s’appuie sur des contes et des mythes, parmi les plus célèbres, pour nous ouvrir aux différentes significations de la nuit. Nuits de prières, d’amour ou de débauche… «Toute l’existence humaine ressemble à un voyage nocturne où les meilleurs persistent jusqu’à l’aurore. Sans renoncer. Sans se laisser piéger par les fausses lueurs diurnes. Pour échapper au rêve, au mensonge d’ici-bas, l’âme chaque nuit doit se dévêtir de sa tunique de peau.» Jacqueline Kelen insiste sur la sérénité liée à la nuit, sur le soir qui clôt une journée… ou une vie. «Le soir est serein: ainsi le désigne l’origine du mot en latin, serenus. Cette tranquillité particulière ne vient pas d’une absence de bruits extérieurs, ni de l’arrêt des activités, elle est la qualité d’un état intérieur où tout paraît se décanter et se mettre à sa juste place. (…) Aussi est-elle belle l’expression qui évoque le soir de la vie. Il n’en émane rien de triste, mais c’est toute la noblesse d’une vie d’homme accomplie, avec ses pertes et ses richesses, ses faux pas, ses joies intenses, sans rien renier.» Elle nous offre ainsi la nuit comme une renaissance. «Chaque nuit incite à revenir à ce qui nous précéda, elle propose ce bond en-deçà du temps qui rafraîchit et qui apaise, un printemps incroyablement jeune.» Celles et ceux d’entre nous qui parfois veillent, lisent, travaillent ou méditent au cœur de la nuit comprendront bien cette atmosphère si particulière, sur laquelle Jacqueline Kelen a su mettre des mots pour nous la faire savourer mieux que jamais. |
KELEN - L’ÉTERNEL MASCULIN – TRAITÉ DE CHEVALERIE A L'USAGE DES HOMMES D'AUJOURD'HUI |
Jacqueline KELEN |
Edition LAFFONT |
2005 |
À
une époque où l’identité masculine paraît vacillante, noyée dans l’uniformisation
générale, réduite à des faits biologiques ou à des concepts psychanalytiques,
Jacqueline Kelen ose s’interroger sur l’éternel masculin.
Un livre de grande culture, traversé par plus de soixante dix mythes masculins, dont Jacqueline Kelen propose une nouvelle lecture, parfois surprenante et toujours passionnée. Les hommes féminins – Les ravages du terminisme – Le temps des semailles – Mythes et stéréotypes – Le blason masculin – La solitude, la liberté – L’admiration, miroir de beauté – Le premier héros – De la marionnette à l’homme relié – Virilité, « viridité » - L’éros du héros – Vif-Désir – Simbad l’infatigable – L’errance – Aller à la rencontre - Le goût de l’épreuve – Ulysse ou le voyage énamouré – Énée, Jason – Thésée et ses monstres - Navigations celtiques – Le cœur volant – La noblesse de l’échec – Icare ou le ciel qui s’ouvre – Le premier pas – Une morale guerrière – Les armes et les lettres – Le temps de la ferveur – Le guerrier spirituel - Jacob le fort – Tête d’or – Samson – Cuchullainn le flamboyant – La mort en face – Mourir en beauté – La gloire – La paix du guerrier – Les combats de l’esprit – Le tranchant de l’épée – Éloge de la fureur – La femme et le guerrier – Petit Poucet le futé – L’œil ouvert – Naïveté, nativité – Les faux enfants – Peter Pan le verdoyant – Aladin, le fervent d’amour – Jouvence du mythe – Prométhée, le voleur de feu – L’esprit titanesque – Asclépios le guérisseur – Les tourments de Faust – Pygmalion ou le geste qui donne vie – Vive l’homme occidental – La menace de Frankenstein – La sapience – Le mythe dédaigne le mariage – Narcisse ou l’impossible beauté – Les déserteurs de l’amour – Nuits cruelles, secrets égorgés – Don Juan et les intermittents de l’amour – Le donjuanisme – Tristan ou la douleur d’aimer – L’irrésistible passion – Hamlet, l’amant célestiel – Roméo, fou d’amour – L’invention des troubadours – Le désir continent – Le goût du secret – Le « Joy » amoureux – L’éducation chevaleresque – La Dame mystérieuse – Le cœur et l’épée – Dieu, le Roi, la Dame – Lancelot, chevalier courtois – Perceval, Galaad – La véritable chasteté – La mission cosmique – Don Quichotte l’admirable – La lignée chevaleresque – De la fraternité – La danse avec le danger – Pourvoir à la beauté – La mesure de l’élégance – L’horreur de la médiocrité – L’espace de la conversation – L’homme de concorde – Le jeu, la joie – La cité, la forêt – États d’arbre – L’ire d’amour – La hache et le houx – Pépinière de rebelles – Tarzan, gentleman de la jungle – Mémoire de chaman – La lampe et les fièvres – Noé, Väinämöinen : deux hommes dans un bateau – L’homme réconcilié – Le fou du roi – Dionysos le déchaîné – Zarathoustra le léger – Le fou d’amour – L’analphabète, l’idiot – Zorba, la volupté de vivre – La parole du jasmin – Vivre dans la splendeur – Pour en finir avec la pensée laïque/laide –L’homme ouroborique – Le roi Salomon – De ce côté-ci du Paradis. |
KELEN -
MARIE - MADELEINE OU LA BEAUTÉ DE DIEU |
Jacqueline KELEN |
Edition LA RENAISSANCE |
2004 |
La figure de Marie-Madeleine ne laisse personne indifférent. Pour certains, elle est courtisane, hermite, pleureuse, pour d’autres extatique ou sainte, pour les gnostiques de la 1ère heure elle était une femme éveillée, la préférée de Jésus. Marie-Madeleine est "témoin de l'essentiel". Dans les évangiles, elle est présente au moment de la mort et de la résurrection de Jésus. Apôtre, prêcheuse, pécheresse repentie, ascète, mystique… On a tout dit de Marie-Madeleine, visage ou personnage qui depuis longtemps fascine ou fait rêver. Parce qu'elle est une belle figure de femme. Parce qu'elle est pécheresse repentie. Parce que les évangiles la montrent proche de Jésus. Mais pourquoi donc cette proximité, qui en a fait gamberger plus d'un, surtout après la lecture de quelques apocryphes un peu croustillants. Mais qu'en est-il vraiment ? Marie-Madeleine est souvent nommée dans les évangiles. Et il serait intéressant de voir quels textes reviennent à la mémoire quand on parle d'elle et que l'on fait d'elle le portrait contrasté évoqué plus haut. Parmi ces textes figurerait sûrement celui, un peu énigmatique, de Luc : Jésus, dit-il, passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l'accompagnaient, ainsi que des femmes qu'il avait délivrées d'esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine (qui avait été libérée de sept démons), Jeanne, femme de Kouza, l'intendant d'Hérode, Suzanne, et beaucoup d'autres, qui les aidaient de leurs ressources (Luc 8, 1-3). Une cohorte de femmes suit Jésus, montrant sa liberté de relation, dans une société qui supportait peu une telle proximité. D'autant que si l'une ou l'autre de ces femmes appartient à la bonne ou à la haute société, plusieurs portent encore la trace de la misère ou de la détresse qui les a marquées. C'est le cas de Marie-Madeleine, libérée de sept démons ! Bien-sûr il faut se souvenir qu'au temps de Jésus, la maladie, la fièvre, la possession diabolique, étaient autant d'aspects, comme le péché, de la rupture avec le monde de Dieu. On ne parlerait plus ainsi aujourd'hui. Aussi demeurons-nous avec nos questions sur ce que pouvaient signifier ces sept démons. Le rapprochement dès lors avec la femme pécheresse qui intervient chez Simon le pharisien, dans le même évangile de Luc (Luc 7, 36-38), est tentant. Jésus est à table chez Simon le pharisien. Entre une femme, qui se jette aux pieds de Jésus et pleure, puis essuie les pieds de Jésus de ses cheveux, avant de verser sur eux un flacon de parfum rare. Cette femme n'est pas nommée et demeure ainsi - pour toujours - anonyme. Mais il était tentant d'y voir Marie-Madeleine, qui devient dès lors la prostituée que beaucoup imaginent. Et ses sept démons sont identifiés ! Mais tout repose sur l'imagination. Peu à peu, d'autres figures de femmes demeurées elles aussi anonymes dans les évangiles, et que rien n'autorise véritablement à identifier, rejoignent et enrichissent le portrait de Marie-Madeleine. On rapproche ainsi la pécheresse qui versa du parfum sur les pieds de Jésus chez Simon le pharisien, de celle qui en versa sur la tête de Jésus… chez Simon le lépreux, et dont nous parle Marc, soulignant l'exception de ce geste, qui préfigure la mort de Jésus, Jean parle d'un même geste à Béthanie. Il s'agit alors de Marie sœur de Lazare (Jean 12, 2-3). Serait-ce la même ? Et un même geste suffit-il à les identifier toutes en une ? L'analyse sur ces textes, en effet, ne permet pas d'en dire entièrement l'histoire, ni le chemin qu'emprunta la transmission de la mémoire initiale. S'agissait-il d'un même geste ou de plusieurs ? D'une ou plusieurs Marie. La liberté de Jésus dans ses paroles, et sa proximité de tous, la proximité qu'il eut également à l'égard de plusieurs femmes qui le suivaient - verbe qui désigne le disciple -, la considération qu'il leur porta, le geste qui libéra Marie-Madeleine de sept démons, cela explique peut-être l'attachement qu'elle ou plusieurs, purent avoir envers lui. |
KELEN -
MARIE - MADELEINE UN AMOUR INFINI |
Jacqueline KELEN |
Edition Albin Michel |
1982 |
Qui est cette mystérieuse Marie de Magdala dont les chrétiens en ont fait une des figures majeures proches de Jésus et les gnostiques une grande initiée. Ici elle parle et se souvient : de sa vie en Palestine, de son exil en Provence et surtout de sa rencontre éblouissante avec Jésus dont elle partagea l’enseignement, la Passion et la Résurrection. Le privilège de Magdeleine – et son immortalité – est d’avoir une légende et non une histoire. Les quatre évangélistes ont laissé témoignage d’une femme « possédée par sept démons » et guérie par Jésus ; d’une pécheresse repentante répandant du parfum ; d’une femme riche, originaire de Magdala, faisant partie de l’entourage de Jésus ; d’une Marie, vivant à Béthanie avec sa sœur Marthe et son frère Lazare, tous trois aimés du Christ. Marie (ou la Magdaléenne, ou la pécheresse) est citée dans les épisodes de la résurrection de Lazare, et de l’onction à Béthanie ; du Calvaire et de la mise au tombeau (elle se trouve au nombre des « saintes femmes ») ; enfin, celui de l’apparition du ressuscité. Il y aurait donc, au moins, une double figure : Marie la pure, la douce, menant une vie simple, emplie de foi ; et la pécheresse, possédée, prostituée, la Magdaléenne. C’est l’apôtre Jean qui suggère la liaison entre ces personnages apparemment contradictoires (Jean XI 1-2). Et même si certains théologiens persistent à refuser l’assimilation, la tradition conserve, avec le nom double de Marie-Magdeleine, l’image d’une femme au grand cœur, compatissante et désolée, dont les attributs remarquables sont une longue chevelure et un pot de parfums. La douleur, la beauté : deux faces de l’amour, et Magdeleine apparaît comme le miroir ardent de Jésus, lumineux et crucifié. Elle s’appelle Marie, comme tant d’autres en Palestine ; de même Jésus est un nom répandu. Mais de ces « Miriam » ou « Yeshoua », très peu resteront dans l’Histoire et les cœurs. Elle se nomme Marie, on l’appellera la Magdaléenne ; comme Jésus, dit le Nazaréen ; est-ce là un terme dépréciatif ou un constat de notoriété ? Est-ce une habitante ordinaire, ou la Dame de Magdala ? Sa conduite est-elle inqualifiable ou ineffable. On pense au personnage de Judith (c’est-à-dire « la Juive ») de l’Ancien Testament : elle est, comme Magdeleine, riche, et veuve (c’est-à-dire, seule, sans joug marital, autonome) ; elle habite, et sauve, la citadelle de Béthulie (une ville qui n’existe pas, inconnue comme le fameux « parfum » répandu par la pécheresse) ; or on fait dériver le nom de Magdala de l’hébreu « migdol » : « tour ». Judith, Magdeleine : femmes-forteresses, images de la Grande Déesse Cybèle au front ceint de remparts. Rahab la prostituée habite dans les fortifications de Jéricho. « J’étais une muraille », chante la superbe épouse du Cantique des Cantiques, nommée sans plus de précision « la Sulamite » (« la Pacifiée »). Autre femme sans visage, plus belle, plus affolante, de demeurer sans identité. Femme noire et inquiétante, femme-sortilège, qui se définit aussi – si l’on peut dire, puisque ce sont choses mouvantes, choses fuyantes – par ses cheveux, et l’abondance de ses parfums (dont le fameux « nard ») : l’essence même de la féminité. Le chant d’amour de l’Époux et de l’Épouse est repris, quatre siècles plus tard, par Jésus et Magdeleine. Avant de décroître, de laisser la place à Jésus, Jean le Précurseur, le chaste, l’ascète solitaire, se définit, non comme l’époux (« qui a l’épouse est l’époux »), mais « l’ami de l’époux » (Jean III, 27). Dès lors, comment ne pas reconnaître en Marie-Magdeleine l’épouse, aux côtés de Jésus ? Dans l’entourage féminin de Jésus, c’est elle qui est citée de la façon la plus marquante. D’autres indices et coïncidences abondent : « Femme publique », Magdeleine suit Jésus de Galilée en Judée, pendant son enseignement aux foules, sa Passion, et au-delà. Non seulement elle est témoin mais participe aux événements majeurs de la vie de Jésus : elle suscite, par ses larmes, sa confiance et sa tendresse, le miracle de la résurrection de Lazare ; elle héberge Jésus, avant sa Passion, dans la maison de Béthanie ; elle le voit et l’entend sur la croix ; et surtout elle est la première (la seule, selon l’évangéliste Jean) à voir et entendre le Christ ressuscité : le dialogue déchirant entre la femme éplorée et le faux jardinier (« Marie ! » – « Rabbouni ! » et cette étrange phrase « ne me touche pas ! » affirment leur union par-delà les corps et le temps, et « l’amour plus fort que la mort ». Tendresse de Jésus pour Marie, mais aussi respect et admiration pour la « pécheresse » : lors de l’onction à Béthanie, il prend sa défense, la cite en exemple et la loue pour les siècles futurs. Bien sûr, on n’a pas attendu ce jour pour affirmer d’équivoques relations entre Jésus et la Prostituée, pour vouloir éclaircir ou préciser la vie sexuelle et sentimentale de l’homme-dieu. Il ne s’agit pas de cela, ni expériences sexuelles ; il s’agit d’amour ; d’amour incarné, comme Jésus lui-même. Magdeleine et Jésus représentent deux voies de l’amour qui se retrouvent et s’enlacent : lorsque deux figures de l’Absolu s’étreignent, c’est sans référence humaine, sociale ou morale, c’est au-delà du bien et du mal ; comme la rencontre du Jour et de la Nuit : qu’en sait-on et qu’en reste-t-il, et pourtant tout se joue à cette seconde-là. Si « tout est pur aux purs », l’union de Jésus et Magdeleine, charnelle et spirituelle, demeure sans commentaires, sans points de référence : évidente et inexplicable ; humaine et incomparable ; rien n’a eu lieu, ou tout en même temps : c’est le propre de l’extase, de l’union accomplie, et seuls le savent ceux qui l’ont partagée. |
KELEN - MÉLUSINE OU LE JARDIN SECRET |
J. KELEN |
PRESSE DE LA RENAISSANCE |
2007 |
Dans
le chef-d’œuvre qu’il composa à la fin du XIVème siècle, Jean d’Arras raconte
l’étrange et magnifique histoire d’amour qui unit, pendant de longues années,
le chevalier Raymondin et Mélusine la fée. Mais ce récit initiatique évoque
tout autant l’alliance précieuse et très ancienne passée entre l’Eternel et
la créature humaine, toujours libre de rompre son serment ou de garder la
Parole confiée.
Certains personnages, comme la reine de Saba ou Shéhérazade, me sont chers, mais il est un mythe celtique du Moyen Âge qui contient tout pour moi, c’est celui de Mélusine. Il y est question de l’amour et de son lien au mystère, au secret, à la dignité, à la solitude. C’est l’un des rares mythes qui évoquent l’histoire conjugale. En effet, le mythe s’intéresse à la quête de soi, non aux formes sociales et temporelles. Ainsi, une fois le héros réalisé, libre à lui d’être ermite, marié ou en communauté. De même, les notions de maternité et de paternité sont rarement évoquées. La femme-fée Mélusine illumine l’existence de son époux, Raymond de Lusignan. Elle lui a promis de le rendre heureux et prospère, riche et respecté de tous, mais le mariage repose sur un pacte : elle demande une journée pour elle seule, le samedi. Cette condition est judicieuse : l’amour n’est ni la confusion ni la promiscuité, et la vie conjugale doit respecter, et même révérer, le secret et la solitude de chacun des époux. Notre époque se déroule sous le signe de la collectivité, mais l’aventure de conscience, de la quête spirituelle, ne peut se vivre que sous le signe de la singularité. Un jour, assailli par le doute, le seigneur Raymond de Lusignan rompt l’interdit du samedi et cherche à surprendre le secret de Mélusine. Un peu plus tard, il tiendra des propos insultants à son égard. Mélusine, qui veillait sur cette distance d’étrangeté, d’émerveillement entre eux, va déployer ses ailes et quitter Raymond pour toujours. Leurs adieux, inépuisables, me font toujours monter les larmes aux yeux. Ils ne se combattent pas l’un l’autre ni ne se déprécient, comme on a tendance à le faire lors d’une séparation, mais, au contraire, ils se chantent et se remercient pour tout ce qu’ils se sont apportés l’un à l’autre. Les êtres nobles se séparent sans renier l’amour, ils se quittent mais l’amour ne les quitte pas.... Au sommaire de cet ouvrage : Le droit de féerie - les très riches heures de Lusignan - Lignée terrestre, lignée céleste - Le destin, les épreuves et la grâce - Précieux désir - Faire alliance - La richesse d’aimer - La féminité souveraine - Heureuse solitude - Veiller sur le secret - L’affligeante infidélité humaine - La noblesse des adieux - Réparer et bénir - Retour à l’Eden - Sources - |
KELEN - - PARLEZ-MOI JE VOUS PRIE DU ROYAUME DES CIEUX |
Jacqueline Kelen |
Edition François Bourin |
2013 |
« Ils croient en l’avenir, j’ai foi en la vie éternelle, ils se disent humanistes, solidaires, citoyens, j’espère ne pas démériter de l’image de Dieu. Ils invoquent des valeurs, j’ai soif de vérité, ils veulent l’amour de soi, j’aime la discrétion et l’effacement propres aux mystiques, ils attendent les vacances, et moi j’attend la Parousie » A trop se vouloir de leur temps, bien des chrétiens ne se soucient plus que de choses matérielles et temporelles, négligeant la vie spirituelle. Ils réduisent trop souvent la religion à une morale consensuelle, à des dogmes plus ou moins acceptés et quelquefois contestés, ils pensent que le clergé ne sert à rien, mais ils sont contents de l’avoir, leur pratique religieuse est minimale et sans l’avouer la tradition chrétienne leur sert de thérapie parmi d’autres. Le message transcendant du Christ a été dénaturé et affadi, déplore Jacqueline Kelen, dès lors, que faire pour que le christianisme dans un monde matérialiste et largement athée, affirme sa verticalité, sa transcendance, et redonne envie aux chrétiens d’explorer leur intériorité et surtout le message de Jésus afin qu’ils renouent avec sa dimension mystique ? Au sujet de l’intériorité J. Kelen écrit : « L’intériorité ressemble à l’amande ou à la noix que le chercheur découvre et savoure après en avoir brisé les écorces successives et en avoir ôté la peau. Révélant le lien d’intimité entre l’homme et Dieu, elle désigne la qualité et l’intensité d’une vie spirituelle. Si elle fait défaut, celui qui se dit chrétien se contente des formes extérieures de la religion, d’une pratique conventionnelle et d’une docilité qui oblitère toute expérience vivante, le formalisme ou le moralisme tiennent alors lieu de transformation personnelle. Jésus rappelle en permanence la distinction entre l’extériorité et l’intériorité, entre la lettre et l’esprit, entre l’apparence mensongère et la vérité immuable, entre les simagrées et la piété. « Le royaume est à l’intérieur », assure t-il, autant dire qu’il est en tout lieu et que nul ne peut s’en saisir, nul ne peut s’en prévaloir. Par cette parole révolutionnaire, révoltante pour beaucoup, Jésus fait trembler les structures établies, les pouvoirs que s’arrogent les Eglises, et indique la voie intérieure de salut offerte à chacun, pour peu qu’on veuille adhérer, car malheureusement le monde moderne non seulement désacralise de partout mais aussi combat le Beau, le Bien et la spiritualité. On refait 1789 mais avec des outils idéologiques, ainsi les athées et les libres penseurs s’en donnent-ils à cœur joie dans la démolition. Avec l’institution des ordres monastiques chrétiens, on pourrait croire à une spéculation : les moines prient, les séculiers agissent. D’un coté il y a ceux qui gardent le silence, font oraison, se vouent à la contemplation, et de l’autre ceux qui, aux prises avec le monde, s’empressent auprès de leurs frères, or, c’est bien dans la même personne que s’accordent les deux dimensions de la vie spirituelle : l’action se médite, s’éclaire et se nourrit à la lumière de Dieu, et l’intériorité rayonne et porte des fruits dans le monde. » Au sommaire de cet ouvrage : Un léger décalage - les masques de l’athéisme - les quatre grandes tentations - Propositions pressantes - L’étude - l’intériorité - la quête mystique - la mission des laïcs - les ailes de l’aurore - |
KELEN - PSYCHÉ OU LA CHAMBRE DE CRISTAL |
Jacqueline KELEN |
EDITION PARDES |
1988 |
Je
vais vous faire un aveu : les dieux qui ne vieillissent pas, les héros
immortels, les monuments destinés à franchir les siècles, les paroles
historiques et les bustes de marbre m’ennuient un peu. J’ai un faible pour
tout ce qui passe et qui s’efface : la buée, le sourire, le givre et les
déclarations d’amour, l’insecte transparent qui ne connaît de toute sa vie
qu’un lever et un coucher de soleil, les soupirs, la rougeur d’un visage
timide, le parfum d’une violette froissée, les larmes de désespoir, les
bonnes résolutions, les fleurs de mimosées… Rien de tout cela n’encombre la
création.
La psyché humaine est composée de deux principales parties : le conscient et l’inconscient. L’inconscient est une zone de notre esprit où nous stockons tout ce que nous avons vécu depuis notre naissance, tous nos souvenirs oubliés. Ces souvenirs sont stockés sous forme d’images, comme des photos. Chaque rêve est un ensemble d’images de souvenirs, ces souvenirs font écho avec une situation que nous vivons dans notre vie actuelle. Nos rêves sont des aides pour prendre conscience de certains de nos comportements et de nos réactions, que nous reproduisons en boucle depuis l’enfance. Les rêves sont donc un bon outil pour apprendre à s’analyser et à évoluer, ils révèlent également nos peurs et nos désirs inconscients. Il faut préciser que les désirs inconscients n’ont rien à voir avec les envies conscientes. L’inconscient et le conscient ne sont pas forcément reliés dans notre esprit, ils ne communiquent pas, ce sont comme deux personnes différentes qui veulent des choses différentes. Analyser ses rêves permet de rétablir le dialogue entre ces deux parties et de prendre en compte notre inconscient, de reconnaître et accepter cette partie de notre personnalité. |
KELEN – SOIS COMME UN ROI DANS TON CŒUR |
Jacqueline
Kelen |
Edition Labor et Fides |
2015 |
Qui donc a décrété que la religion était une voie austère ?
Qui a dit que la sagesse et la sainteté excluaient nécessairement le rire, la
danse, les bons mots, l’exubérance ? A travers ses propos d’insoumise sur sa
quête du divin, Jacqueline Kelen renverse gentiment les tables pour révéler
l’essentiel. Dans une époque morose ou tragiquement soumise aux modes, elle
présente des figures toniques, irrévérencieuses ou joyeuses permettant de
s’abstraire des bonheurs et vérités obligatoires. Avec notamment Bernanos, Plotin, Catherine de Sienne ou
Dietrich Bonhoeffer, cet auteur de plus de trente livres esquisse une
aventure spirituelle de la liberté dans laquelle elle s’est embarquée depuis
l’enfance et dont elle nous dit ici les étapes significatives. Sur la saveur
des gestes simples et des émotions sans fioritures, sur la recherche du vrai
indépendamment des chapelles, Jacqueline Kelen entraîne vers des contrées où
le cœur est roi, où l’humilité joyeuse au fond de soi permet toutes les
audaces Jacqueline Kelen nous parle de sa passion et de sa vision du monde : « Je suis une femme de passion et de liberté. Les trois termes sont d’égale importance et ils sont à mes yeux indissociables. La biographie en tant que telle (état civil, péripéties de l’existence...) ne me semble pas intéressante, du moins pas primordiale : elle concerne le moi social et historique, et ce qui me requiert est ce qui ne passe pas. La plupart des contemporains, même s’ils appartiennent à une religion et professent une foi, paraissent ne s’intéresser qu’à ce monde et à leur parcours terrestre alors que, depuis longtemps, je m’interroge sur le voyage de l’âme après le trépas. L’expérience
première et cruelle, impossible à dater selon le temps terrestre, est celle
de l’exil en ce monde. Mon âme a toujours su où était son royaume, en quel
climat elle respirait.
Notre
société basse et vulgaire court à sa perte, mais dans la plus épaisse
inconscience et même en rigolant. Le monde occidental actuel reste sous
l’emprise du rationalisme, du positivisme et du scientisme. Sous prétexte de
faire le bonheur de l’homme, cette idéologie confinée aux préoccupations
matérielles et terrestres a voulu éradiquer tout sentiment religieux, tout
désir d’éternité, toute démarche spirituelle ; mais, au lieu de libérer
l’individu et d’émanciper les masses, elle les a asservis à des idoles telles
que le progrès, l’argent, le plaisir, la notoriété, et le moi tout-puissant.
Les valeurs sont humaines, autant dire fluctuantes, périssables, qu’elles relèvent du domaine politique, financier ou moral. Il en est des « valeurs » comme du « sens de la vie » : tel individu peut placer la réussite matérielle et sociale en haut de son échelle de valeurs, tel autre verra dans son couple et ses enfants l’accomplissement de sa vie. L’homme intérieur, lui, se réfère aux vertus. Vertus philosophiques que sont la Force, la Justice, la Prudence et la Tempérance, à quoi se sont ajoutées les vertus typiquement chrétiennes de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Un être humain conscient de sa dignité spirituelle et de sa dimension éternelle se conforme à ces vertus, il les met en pratique et les fait rayonner autour de lui. Mais il n’y a pas de mode d’emploi : c’est un long chemin de patience et de discrétion qui dure toute la vie. Pour ma part, je n’ai la prétention de « transmettre » ni un message, ni, a fortiori, un enseignement ; et, par ailleurs, je doute que l’on puisse transmettre sa soif d’Absolu. Mais l’on peut donner le goût de se mettre en route, de s’aventurer et de prendre le large. Pour moi, le plus précieux consiste à témoigner, pendant mon passage sur terre, de l’immense liberté créatrice impartie à l’être humain. La quête de la sagesse n’est pas une aventure collective, mais une démarche singulière et solitaire. Je me méfie toujours des formules englobantes qui noient les individualités et qui déclarent, comme dans les publicités, « nous aimons tous ceci », « nous faisons tous cela ». Chaque être est unique, telle est la merveille, du moins s’il en est conscient. |
KELEN - UNE ROBE DE LA COULEUR DU TEMPS - LE SENS SPIRITUEL DES CONTES DE FÉES |
Jacqueline Kelen |
Edition Albin Michel |
2014 |
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La petite fille aux allumettes (Andersen) - Se souvenir de l’autre monde - Le Roi-Grenouille (Grimm) - Un pacte nécessaire - La Barbe-Bleu (Perrault) - Le palais des illusions - Les musiciens de la fanfare de Brême (Grimm) - Un petit bout du long chemin - Le Vaillant Petit Tailleur (Grimm) - Prendre la mesure de l’homme - La Princesse aux petits pois (Andersen) - L’inespérée - Le Petit Poucet (Perrault) - Par delà la forêt - Le Petit Chaperon Rouge (Perrault) - Le voyage périlleux - Les habits neufs de l’Empereur (Andersen) - Dans l’atelier des magiciens - Le Rossignol (Andersen) - Nocturne - Histoire d’un qui s’en alla pour apprendre le tremblement (Grimm) - L’éveil du cœur - La petite Sirène (Andersen) - Bienheureuse blessure - La Belle au bois dormant (Perrault) - Une si longue patience - Cendrillon (Perrault) - Poussière et lumière - Blanche-Neige (Grimm) - Nostalgie de la beauté - Peau d’âne (Perrault) - Le cercle d’or - La parole scintillante -(épilogue) |
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