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Chapitre 8  M - Z    (  Christianisme  )

 

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8 M

ma’loula

E.A. nassrallah

DAMAS

 2003

C’est dans ce village de Syrie que l’on peut voir la plus ancienne église orthodoxe melkite (Voir image ci-contre). Ce village possède encore un centre d’étude de la langue araméenne, et le village lui-même parle araméen (la langue de Jésus). On y parle donc de cette langue araméenne et syriaque des premiers chrétiens, des grottes, des églises, de Serge, Cosme, Damien, Charbel, Saba, Georges, Thomas, Barbe, Siméon, Antoine, Michaël et Nicolas. C’est un très beau village, que j’ai eu la chance de visiter en 2005, mais aujourd’hui qu'’en reste-t-il ?
Les Grecs Melkites Catholiques sont des catholiques de rite byzantin. Le mot « Melkite » vient du syriaque « Malko » qui signifie « empereur ». Apparu en 451 ap. J.C, ce nom fut attribué par les Monophysites aux Chrétiens qui leur étaient opposés après le Concile de Chalcédoine.

Les Melkites ont reconnu à ce Concile : un seul et même Christ, Fils unique et Seigneur, en deux natures, sans confusion ou mutation, sans division ou séparation entre ces deux natures. Dans le nom de l’Eglise, le mot « Grec » vient du fait que les Pères de cette Eglise ont écrit leurs textes en langue grecque. Et le mot « Catholique » vient que cette Eglise s’est rattachée à Rome au XVIIIe siècle (séparation de l’Eglise grecque melkite orthodoxe).

L'Eglise melkite fait partie de l'Eglise apostolique d'Antioche, fondée par saint Pierre. Située en Turquie près de la frontière avec la Syrie, elle a été la première ville païenne à recevoir l'Evangile : « C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens » Contrairement aux autres églises orientales, catholiques ou non, l'Église Melkite n'est pas une Église nationale. C'est une Église particulière, dans le sens canonique du mot. Elle est répandue dans tout le Proche-Orient arabe et dans une diaspora qui prend de plus en plus d'ampleur. En effet, plus de la moitié de ses fidèles vivent, aujourd’hui, en dehors des limites orientales du Patriarcat. La liturgie de l’Eglise melkite catholique est de rite Byzantin. Elle est célébrée principalement en arabe avec des parties en grec et en syriaque. En diaspora, elle peut être aussi célébrée dans la langue locale.

L’Église Melkite doit son caractère d'Église particulière à deux fidélités, celle à l'Empire de Byzance et celle aux sept premiers conciles œcuméniques orthodoxes jusqu’au XVIIIe siècle, ils découvrirent le catholicisme par l’intermédiaire des missionnaires catholiques romains installés dans les Echelles du Levant (les ports et les villes de l'Empire ottoman). Reflet du Christianisme occidental, leur enseignement entraîna une nouvelle rupture dans l’Eglise Melkite (après celle du Concile de Constantinople en 1024). En 1724, suite à une querelle concernant l’élection d’un Patriarche, les Melkites se divisèrent en deux groupes : les Grecs Melkites Orthodoxes rattachés au Patriarche orthodoxe d’Antioche et les Grecs Melkites Catholiques dont le Patriarche est rattaché à Rome. En accord avec le pape de Rome, ces derniers conservèrent leur liturgie, leurs pratiques et leur hiérarchie ecclésiastique.

A l’époque, malgré leur reconnaissance par le Pontife Romain, les Grecs Melkites Catholiques ne pouvaient avoir de lieux de culte. En effet, non reconnus comme communauté religieuse par le Sultan, ils n’avaient aucune légitimité. Ils étaient contraints de célébrer les offices dans les maisons. Ce n’est qu’en 1837 que le Patriarche Maximos Mazloum leur obtint un statut. Il fallut donc attendre le XIXe siècle pour voir les églises melkites catholiques se développer en Orient comme en Occident. L'Église Grecque Melkite Catholique s'organisa intérieurement. De nouveaux ordres monastiques furent fondés, un clergé éduqué à Rome dispensait l'enseignement dans des écoles nouvellement fondées. Un séminaire fut ouvert à Aïn Traz (1811). Le patriarche Grégoire Joseph (1864-1897) durant 33 ans travailla à réaliser un vaste plan de restauration de l’Église. En 1866, il rouvrit le séminaire d'Aïn Traz, mais surtout, il fut à l'origine de celui de Sainte-Anne de Jérusalem (1882). L’Ordre Patriarcal de la Sainte Croix de Jérusalem est un ordre de chevalerie dont le Patriarche Melkite est le grand maitre. Cette institution du Patriarcat melkite catholique aide moralement et financièrement les chrétiens de la Terre-Sainte et de tout l’Orient et notamment l’Eglise Melkite catholique.

A Marseille, Saint Nicolas de Myre est la première église catholique orientale de Marseille et de France et l’une des premières églises grecques catholiques. Créée à la demande des réfugiés grecs catholiques venus d’Egypte et de Syrie, elle continue à être une terre d’accueil pour de nombreux chrétiens orientaux. Construite en 1821 par l’archevêque de Myre, Mgr Maximos Mazloum, cet édifice est original par son architecture typiquement orientale et par sa décoration. Créée pour accueillir des catholiques français et orientaux, elle apparaît comme un signe de la volonté des Melkites d’être un pont entre l’Orient et l’Occident. Dès 1821, ses prêtres servirent de traducteurs et d’intermédiaires entre les Orientaux et les pouvoirs publics. Une des paroissiennes, Mariam Baouardy « la petite arabe »), devenue carmélite (Sœur Marie de Jésus Crucifié), a été béatifiée en 1983 par Jean-Paul II.

Paris a reçu tout au long du XIXe siècle, d’Egypte et des provinces arabes de l’Empire Ottoman (Liban, Palestine, Syrie), un nombre croissant d’immigrants, parmi lesquels une proportion notable de grecs-catholiques. Ces derniers obtinrent le 13 juillet 1886 l’autorisation administrative d’ouvrir un lieu de culte de leur rite. Deux ans plus tard, répondant aux pressantes sollicitations de ses fidèles, le patriarche Grégoire Youssef chargea, en accord avec l’archevêque de Paris, le P. Alexis Kateb, basilien chouérite, de constituer la paroisse et de lui trouver un lieu de culte permanent. En attendant, les offices se tinrent dans l’église Sainte-Elisabeth, au Marais. Fin 1888, l’Assistance Publique accepta de louer l’église Saint-Julien-le-Pauvre, ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu, fermée depuis le transfert de ce dernier dans l’île de la Cité. Située alors au fond d’une cour, dans un quartier sordide, l’église était dans un état lamentable. Après remise en état, elle put être inaugurée solennellement au rite byzantin le dimanche 5 mai 1889. Le célèbre ébéniste de Damas, M. Georges Bittar (dont le procès de béatification est en cours) fit l’iconostase en marqueterie mosaïque que l’on voit toujours dans l’église et Monsieur David Corm (d’origine libanaise) a écrit les icônes de l’iconostase.

Depuis plus d’un demi-siècle, une petite communauté de moniales a créé le monastère de la Théophanie. Situé dans un paysage d’une beauté saisissante il occupe l’Abbaye d’Aubazine en Corrèze. Après avoir habité les bâtiments de l’ancienne abbaye cistercienne, la communauté s’est retirée dans la ferme de l’abbaye. Dans l’étable habitée par des vaches jusqu’en 1973, les sœurs ont établi une véritable chapelle byzantine, avec des fresques et une iconostase magnifique. La liturgie et les offices sont chantés en français tout en conservant la musicalité arabe et grecque très mélodieuse des chants de l’Eglise Melkite. Jouxtant le monastère, l’abbaye Saint-Etienne (XXIIe siècle) a pour vocation d’être un-centre spirituel de l’Eglise melkite en France, lien entre les spiritualités orientale et occidentale.

Ce village, ou ce qu'’il en restera après ce génocide de 2003-2016, parle encore araméen, comme au temps de Jésus -

 

MYSTÈRES ET SYMBOLES CHRISTIQUES

Jean CANTEINS

Edition Du ROCHER

 1996

La puissance évocatrice des symboles christiques essaie d’éclairer sous un angle nouveau les mystères de la croix, de l’eucharistie, de la Ste Trinité etc…

 

Qui était réellement Jésus-Christ ? Pourquoi sa vie et son message représentent-ils encore l'un des plus grands mystères de la Création ? Les Evangiles et la Tradition apostolique sont-ils nos seules sources fiables d'information ? Ne peut-on pas tirer d'enseignements d'une iconographie qui, moins dogmatiquement que les textes sacrés, n'a pas hésité à utiliser largement les Apocryphes ? Autant de questions auxquelles Jean Canteins répond en analysant la puissance évocatrice des symboles christiques.


Avec ses neuf chapitres que l'on peut lire comme autant d'essais indépendants, Mystères et symboles christiques se propose d'éclairer sous un angle nouveau les notions de Saint Esprit, d'image de la croix, d'Eucharistie, de Sainte Trinité… Jean Canteins démontre, à travers leur richesse de suggestion et d'enseignement, les qualités de thèmes de méditation et d'archétypes spirituels que ces mystères et symboles expriment. Ce travail à la portée universelle guidera non seulement les chrétiens mais également l'ensemble de ceux qui s'éveillent à la spiritualité

 N

« Notre pÈre »

Jean-Yves leloup

Edition ALBIN MICHEL

 2007

« Je ne crois pas en Dieu. Dieu n’existe pas. Mais je le prie tous les jours » : lorsqu’un ami lui confie cette pensée, évoquant sa fidélité à la récitation du Notre-Père de son enfance, Jean-Yves Leloup décide d’écrire ce livre.
Comment se dire athée et prier tous les jours ? De quel athéisme s’agit-il ? (Rebelle, raisonnable ou mystique ?) Jean-Yves Leloup interroge la prière de Yeshoua dans l’Évangile et le désir qui s’y exprime.

 

L’interprétation plus philosophique que religieuse qu’il donne du Notre-Père peut étonner : elle rejoint les questions fondamentales du monde contemporain, celles de l’Origine, de la paternité, du Nom… celles de l’identité, de la nourriture, de la dette et du pardon, de l’épreuve et de la perversion…


Il nous rappelle également que Yeshoua de Nazareth n’a jamais transmis une « Loi » (Thora, Charia ou Dharma), mais une prière, c’est-à-dire une relation, une attention à l’Autre, qui peut réorienter l’intelligence, le désir et les actes, dans les situations les plus triviales et les plus sublimes de l’existence humaine.

 

Le regroupement des livres de Jean-Yves Leloup est au chapitre 10 L

 

NOUVEAU  TESTAMENT   B.A-BA

GERARD CHAUVIN

Edition PARDES

 2005

Jésus-Christ n’a jamais rien écrit. Il a enseigné oralement, confiant à ses apôtres la mission d’annoncer aux juifs et de répandre parmi les nations l’heureux message, la «  bonne nouvelle » : Dieu s’est révélé en se donnant lui-même par son fils unique, pour le salut intégral de l’humanité.

 

C’est le grand mystère de l’Incarnation qui fonde et valide la religion chrétienne dans la diversité de ses formes confessionnelles. Le nom même de Jésus –terme juif : Yeshoua ou grec : Iesous (Yeshoua l’Emmanuel annoncé par le prophète Isaïe) signifie «  Dieu avec moi ou Dieu en moi ». Cloué devant Jérusalem sur le bois du sacrifice, «  Dieu fait homme » est mort. Il a été mis au tombeau et il a ressuscité au troisième jour. Mystère de la Passion, donc de la mort, et miracle de la résurrection, donc de la Vie, constituant le socle doctrinal de l’édifice chrétien. Les apôtres témoins du Christ, transmirent et diffusèrent sa Parole, et ces témoignages sont ceux d’une communauté indivise, non de tel ou tel groupe ou individualité.

 

Le Nouveau Testament, par l’incarnation du Christ et le don de sa vie, est le fruit de la Nouvelle Alliance passée entre Dieu et les hommes. Venu pour accomplir la prophétie, Jésus tourne la dernière page de l’Ancienne Alliance, qui mettait entre Dieu et ses créatures un médiateur, un peuple messager, un peuple élu. Issu lui-même de la lignée de David, Jésus, le Messie, apporte aux hommes l’ultime message qui offre à chacun de suivre Dieu, de lui parler, de le prier sans intermédiaire. Il est venu, empli d’amour et de compassion, enseigner la parole divine, donner l’espérance aux plus humbles, aux malades, à ceux qui sont perdus. Il est venu guérir les corps de quelques-uns et les âmes de tous. Mais il est aussi venu exprimer la colère de son Père : il répond aux pharisiens hypocrites, intransigeants sur la lettre mais oublieux de l’esprit, chasse les marchands du Temple, donne la première place aux plus petits, aux plus simples, aux plus pauvres. Trahi, moqué, supplicié, il boira le calice jusqu’à la lie pour le rachat des hommes, avant de ressusciter dans son corps glorieux et de délivrer son dernier et plus précieux message : celui de la vie éternelle au Royaume des Cieux.

 

Ceux qui l’ont connu, ceux qui ont recueilli les témoignages sur sa vie, ceux qui ont dispensé sa parole et rassemblé les premiers chrétiens ont ensemble posé cette pierre, ce socle sur lequel repose son Église. Une Église qui aujourd’hui vacille ; c’est pourquoi il est essentiel de retourner boire à cette source première et de lire ou relire ce Nouveau Testament qu’Augustin Crampon a si bien éclairé pour nous de ses commentaires.

8 O

œuvres mystiques de st bernard

 

Edition DU SEUIL

 1992

Les sermons de St Bernard qui s’appellent « Traités de l’amour de Dieu » et ensuite les sermons sur le « Cantique des Cantiques ».

 

Œuvre majeure de saint Bernard, les Sermons sur le Cantique développent tous les thèmes de sa doctrine spirituelle et mystique. Par cette œuvre, Bernard a exercé une influence considérable sur les grands auteurs spirituels des siècles à venir (Tauler, Ruusbroec, Ignace de Loyola, Jean de la Croix, François de Sales, etc.). Les sermons 51-68 commentent les versets 2,5 à 2,16 du Cantique des Cantiques, c'est-à-dire les gâteaux de raisin, les gazelles, les vignes, la colombe cachée au creux du rocher, les petits renards...

 

En 1143 eut lieu à Cologne un procès contre une secte ténébreuse, qui professait plusieurs doctrines manichéennes. Bernard en a été informé par une lettre d'Epervin, Il parle dans deux sermons de cette hérésie (65 et 66). En outre, le sermon 67 est central pour la compréhension de l'expérience mystique et de l'extase. Il envisage également les cinq sens d'un point de vue spirituel.

En 1115, l’abbé de Cîteaux confie à saint Bernard un groupe de moines pour fonder une abbaye qui prendra le nom d’Abbaye de Clairvaux, parce qu'elle fut construite dans une clairière. En effet, c’est au Val d’Absinthe que le jeune père abbé, futur Bernard de Clairvaux, et quelques moines venus de Cîteaux, vinrent défricher, il y a plus de huit siècles, une clairière de terre aride au cœur de la vieille forêt gauloise qui couvre les collines et les vallées des confins de la Champagne et de la Bourgogne. Cette terre de silence et de pauvreté va devenir pour la postérité la grande abbaye de la “claire vallée”, Clara Vallis, plantée de vignes et animée de granges, de forges et de moulins. Le terrain, choisi avec précaution avait été offert par un proche de Bernard, il comprenait ces éléments essentiels à l'organisation d'une abbaye cistercienne (autarcie et solitude).  Ces premières années dans ce nouveau monastère sont calmes. Le jeune Bourguignon eut le temps de mûrir une doctrine personnelle, riche expression de la spiritualité cistercienne. Les sermons qu’il dispense à ses moines et ses traités sont recopiés et diffusés. Son rayonnement s’étend et le prieur des Chartreux lui demande d’écrire sur la charité. Les moines de l’ordre de saint Bruno sont bouleversés par ces écrits et veulent le rencontrer.

En 1112, les moines relevant de Cîteaux, ou cisterciens – les moines blancs – ont 19 couvents.  A cette époque on les oppose aux moines noirs de Cluny qui se permettent des accommodements avec la règle de saint Benoît. Pierre le Vénérable, jeune moine de 28 ans, est élu à la tête d’un millier de monastères répandus dans toute l’Europe. Passionné par la règle de saint Benoît, il entreprend de réformer les abbayes clunisiennes. Bernard et lui vont s’expliquer longuement sur le conflit qui oppose moines blancs et moines noirs. Cette polémique les rapproche et ils deviennent amis. En devenant moine, Bernard souhaitait mener une vie recluse. De rencontre en rencontre, il se trouve en relation avec les hommes les plus en vue de l’époque et devient un personnage influent. Sa vie monastique va être longuement et fréquemment interrompue. On vient de plus en plus le consulter pour les affaires de l’Eglise. Mystique et contemplatif, saint Bernard est tout au long de sa vie arraché à la solitude de Clairvaux pour arbitrer des affaires royales, épiscopales, papales et internationales, à caractère religieux ou non... 

Saint Bernard est reconnu par ses contemporains et entretient de nombreuses relations épistolaires, notamment avec Hildegarde de Bingen. Et lorsque l’Eglise s'inquiète de voir la moniale, future sainte Hildegarde de Bingen, commencer à consigner par écrits ses visions dans son livre "Scivias"(1141), Hildegarde fait appel à lui. Saint Bernard rassurera ainsi le pape Innocent III en déclarant que les visions d’Hildegarde - proclamée docteur de l'Eglise en 2012 par Benoît XVI - sont "des grâces du Ciel". En 1130, à la mort du pape Honorus, deux clans de cardinaux s’affrontent pour l’élection du successeur. Innocent II, grâce à l’appui de saint Bernard qui a acquis une immense renommée, est reconnu pape légitime, d’abord en France, puis, au bout de huit ans, dans toute la chrétienté.

En 1141, Innocent II nomme le nouvel archevêque de Bourges sans consulter Louis VII. Ce dernier, jaloux, confisque des biens du clergé et envoie des soldats ravager des diocèses. Le roi de France demande également aux évêques qui lui sont fidèles de casser le mariage de Thibaud de Champagne, un ami de saint Bernard. Le souverain envahit les domaines de Thibaud, fait brûler le bourg de Vitry et l’église où se réfugient 1 300 personnes. En entendant les cris de ses victimes, le roi est pris d’épouvante. Il écrit à saint Bernard pour lui demander de l’absoudre de ses pêchés. Le moine lui répond durement, avec audace. Son intervention permet une réconciliation entre le roi, Thibaud de Champagne et le clergé.

A la mort d'Innocent II, en 1143, Paganelli, un frère cistercien de saint Bernard, monte sur la chaire de Pierre et devient Eugène III. Saint Bernard songe aux difficultés que va rencontrer son ami et rédige ses conseils sous la forme d’un livre qui servira par la suite à de nombreux papes. Dans les années qui suivent, Eugène III doit se réfugier à plusieurs surprises chez le frère blanc : il fuit un clan de cardinaux adverses. Chétif et malade, saint Bernard conserve la puissance de sa plume et écrit aux Romains.

En 1144, des tensions en Terre sainte poussent Louis VII à tenir sa promesse de se battre pour défendre le tombeau du Christ afin d’expier ses crimes en Champagne. Mais les grands seigneurs ne veulent pas repartir en croisade : la précédente a été tellement meurtrière… Le souverain demande à saint Bernard – toujours en relation avec les pays d’Orient depuis qu’il a fondé l’ordre des Templiers - de les convaincre. Celui-ci refuse d'agir si ce n'est sur demande du pape. En 1146, sur ordre d'Eugène III, saint Bernard devient le prédicateur officiel de la deuxième croisade. Cette guerre est un échec, comme les deux qui suivront. Tandis que les châteaux français s'écroulent les uns après les autres en Terre sainte, les monastères cisterciens se multiplient. Saint Bernard meurt à 62 ans, le 20 août 1153. Le pape Alexandre III le canonise en 1174 et Pie VIII le proclame Docteur de l’Eglise universelle en 1830.

 

ORTHODOXIE      B.A- BA

FREDERIC   LUZ

Edition PARDES

 2001

De l’Orthodoxie, le public occidental n’a généralement qu’une image assez vague : celle d’icônes rutilantes, d’églises aux bulbes dorés et de prêtres barbus et mariés… Au-delà des clichés, cet ouvrage essaye d’esquisser une approche globale d’un monde extrêmement riche mais encore méconnu.


Si l’on compte plus de 300 millions d’orthodoxes dans le monde, la France, quant à elle, rassemble aujourd’hui quelque 300.000 fidèles d’origines diverses (russe, grecque, roumaine, serbe, mais aussi… française) et, souvent, très présents dans les milieux littéraires, artistiques et universitaires.


A travers ses rites majestueux, sa prière du cœur (l’hésychasme), son art sacré et sa profonde spiritualité, l’Orthodoxie nous rend présente, ici et maintenant ; l’Eglise indivise du premier millénaire, l’Eglise des apôtres et des Pères, tout entière tournée vers la théosis : la déification de l’homme et, avec lui, de tout l’univers.


Cet ouvrage sur l’Orthodoxie, à travers un texte clair et synthétique, assorti d’une abondante iconographie, présente une vue panoramique de l’Eglise orthodoxe, de son histoire, sa doctrine et de sa pratique.


La foi orthodoxe se base sur les 7 conciles œcuméniques qui  sont comparés aux 7 piliers de la Sagesse : ils tiennent leur origine du Concile des Apôtres qui, en l’an 49  (16 ans après la Résurrection de Jésus) réunit les Apôtres à Jérusalem.

Le premier fut celui de Nicée en 325, convoqué par l’empereur Constantin
Le second, sera convoqué en 381 à Constantinople par l’empereur Théodose le Grand
Le troisième, est convoqué à Ephèse en 431 par l’empereur Théodose II
Le quatrième est convoqué par l’Impératrice Pulchérie en 451 à Chalcédoine
Le cinquième est convoqué par l’empereur Justinien à Constantinople en 553
Le sixième se tiendra  à Constantinople, convoqué par l’empereur Constantin IV, en 680
Le septième convoqué par l’impératrice Irène en 787, se tiendra à Nicée

 

ORTHODOXIE - LA SPIRITUALITÉ ORTHODOXE ET LA PHILOCALIE

Placide Deseille

Edition Albin Michel

 2003

Du désert des premiers moines chrétiens aux grands froids de la Russie de Dostoïevski, Tolstoï ou Soloviev, la spiritualité orthodoxe s’est constituée dans la fidélité à une tradition transmise pendant près de deux millénaires.

Ses grandes figures ont développé une théologie mystique dont les principaux textes ont été réunis dans la Philocalie, qui est un recueil de textes spirituels rédigés en langue grecque entre le 4e et le 14e siècle, ils furent complétés par d’autres écrits présentés dans cet ouvrage dans une anthologie thématique.

Placide Deseille retrace l’histoire de cette tradition qui fut et demeure un pont entre la civilisation européenne et l’Orient. Par la mise en perspective de textes fondamentaux, il nous introduit au cœur de l’orthodoxie dont il souligne le profond renouveau et l’influence qui touche désormais l’Occident, ainsi cet œcuménisme universel s’ouvre au monde et lui offre ses textes les plus précieux.

Au cours du 6e siècle, l’adhésion de la plupart des moines d’Egypte au monophysisme et les querelles théologiques qui troublèrent les communautés dans ce pays, puis, au siècle suivant, l’invasion musulmane, eurent pour effet de ralentir l’élan qui avait produit antérieurement tant d’œuvres spirituelles majeures.

Le monachisme palestinien connut aux 5e et 6e siècles une efflorescence remarquable avec de grands moines comme saint Théodose le Cénobiarque (423-529), saint Euthyme (377-473) et saint Sabas (439-532) ; le monastère de saint Sabas fut le creuset où prit forme l’office liturgique byzantin ; mais ce milieu ne produisit pas d’écrits spirituels important.

Ce fut la péninsule du Sinaï qui prit le relais de l’Egypte ; elle n’offrait plus à la retraite des moines de vastes étendues de sable, mais des montagnes abruptes, aux flancs hérissés d’éboulis et d’énormes blocs de granit rouge. D’importants souvenirs bibliques y sont attachés : la jeunesse de Moïse, le puits des filles de Jethro et le buisson ardent, l’Exode des Hébreux, l’ascension de Moise au sommet de la montagne, la vision divine, le don de la Loi.

Dès le 4e siècle, des anachorètes vinrent s’y établir ; pour les protéger des incursions meurtrières des bédouins, l’empereur Justinien y fit construire en 527 un monastère fortifié, d’abord appelé monastère du Buisson (Batos), puis monastère Sainte- Catherine. Le premier auteur présenté dans la philocalie est saint Antoine le Grand, que toute la tradition chrétienne a présenté comme « Père des moines », il fut contemporain de l’empereur Dioclétien qui fut le pire persécuteur de l’église, mais aussi de l’empereur Constantin qui accorda la liberté de culte aux chrétiens.

Ont suivi les pas de saint Antoine le Grand : Evagre le Pontique (346-399), saint Macaire d’Egypte et ses célèbres homélies spirituelles, puis saint Diadoque de Photicé, saint Isaïe l’anachorète, saint Marc l’ascète, les maîtres spirituels du désert de Gaza avec l’abbé Séridos, Barsanuphe, Jean le prophète, le moine Dorothée, l’abbé Philémon.

Tous ces Pères chrétiens nous ont laissés des textes spirituels d’une très grande portée spirituelle et philosophique, ils forment l’anthologie de la Philocalie. On en retrouve d’ailleurs une grande partie dans les textes et apophtegmes des Pères du désert.

Au sommaire de cet ouvrage de 300 pages, on y parle de :

Historique : Les origines de l’hésychasme - l’âge des Pères du désert - l’expansion de l’hésychasme - Théologie et spiritualité à Byzance - L’hésychasme athonite -

L’époque de la philocalie : Un initiateur : Saint Païssy Velitchkovski - les collyvades du Mont Athos et la philocalie grecque

Anthologie thématique : La divinisation du chrétien - « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » - La divinisation de la personne - La voie hésychaste - les préalables et les étapes -

L’influence de la spiritualité philocalique : La spiritualité en Grèce - le renouveau païssien en Russie - la tradition hésychaste en Roumanie - la philocalie en Occident -

8 P

pADRE  PIO -  le Saint franÇois du 20e  siḔcle

  Péroni

Edition Saint Augustin

 1999

Premier prêtre stigmatisé, Padre Pio de Pietrelcina, né Francesco Forgione, est l’héritier spirituel de saint François d’Assise.  Padre Pio, que Dieu a gratifié de charismes particuliers, se consacra toute sa vie au salut des âmes.  Des témoignages de la sainteté du moine continuent de parvenir en grand nombre, en raison de la gratitude des personnes qui ont fait appel à son intercession pour obtenir la guérison du corps ou de l’âme.

 

Francesco Forgione est né d’un foyer modeste le 25 mai 1887 à Pietrelcina, au sud de l’Italie.  Son père, Grazio Forgione, et sa mère, Maria Giuseppa de Nunzio, avaient déjà d’autres fils.  Contrairement à une majorité d’enfants de son âge, Francesco éprouva très tôt le désir de consacrer sa vie à Dieu.  Mamma Peppa a raconté: «Il était sage et obéissant, ne se permettant aucun caprice.  Matin et soir, il allait à l’église prier Jésus et la Sainte Vierge.  Le jour, il ne sortait pas avec ses amis.  Quelquefois, ses frères lui disaient: «Francesco, tu devrais sortir jouer».  Mais il refusait, disant: «Je ne veux pas y aller parce qu’ils blasphèment».

 

Abbé Augustin de Saint-Marc-en-Lamis, qui fut l’un des directeurs spirituels de Padre Pio, a écrit dans son journal que le jeune Francesco avait connu, dès l’âge de cinq ans, des expériences mystiques.  En effet, les apparitions et les moments d’extase étaient si fréquents, chez lui, qu’il croyait que les autres enfants en connaissaient aussi.

 

Francesco chérissait le rêve de donner sa vie au Seigneur.  Ce grand désir se réalisa quand, le 6 janvier 1903, à l’âge de seize ans, il fut admis comme clerc dans l’Ordre des Capucins.  Le 10 Août 1910, il fut ordonné prêtre en la Cathédrale de Bénévent.  Ainsi commença sa vie sacerdotale mais, en raison d’une santé plutôt fragile, il séjourna en divers couvents du sud de l’Italie.  Ce n’est qu’à partir du 4 septembre 1916 qu’il fut établi au couvent de San Giovanni Rotondo, sur le Gargano, où il resta, hors quelques brefs et rares voyages, jusqu’à sa mort, le 23 septembre 1968. Tout au long de cette période, Padre Pio commençait sa journée très tôt, s’éveillant à l’aube pour lire le bréviaire.  Puis il descendait à l’église pour célébrer l’Eucharistie, après laquelle il faisait action de grâces devant le Saint Sacrement.  Ses journées se partageaient entre l’oraison et la confession.

 

L’un des événements marquants de la vie de Padre Pio se produisit le matin du 20 septembre 1918 alors que, priant devant le crucifix, au sanctuaire de la vieille église, il reçut le don de stigmates visibles, qui demeurèrent ouverts et sanglants pendant un demi-siècle. Ce phénomène suscita l’intérêt, non seulement d’une légion de médecins, de journalistes et de spécialistes, mais encore, l’attention de gens simples qui, au fil des ans, se rendirent à San Giovanni Rotondo pour rencontrer le saint moine.

 

Dans sa lettre du 22 octobre 1918 à l’abbé Benedetto, Padre Pio a écrit: «Comment vous décrire ma crucifixion …  Je me trouvais au sanctuaire, après avoir célébré la messe, lorsque je fus envahi d’une paix qui ressemblait à un doux sommeil.  Tous mes sens entrèrent dans une quiétude indescriptible.  Cela se produisit en l’espace d’un éclair. M’apparut, au même moment, un mystérieux personnage ressemblant à celui que j’avais vu le soir du 5 août, à la différence que ses mains et son côté saignaient.  Sa vue me saisit.  Je ne saurais dire ce que je ressentis à cet instant et je serais mort si le Seigneur n’était pas intervenu pour soutenir mon cœur, qui bondissait dans ma poitrine.» - «Le personnage disparut et je constatai que mes mains, mes pieds et mon côté saignaient. Vous imaginez le tourment que j’éprouvai; d’ailleurs, je le ressens encore, presque chaque jour.  La plaie au côté saigne continuellement, mais surtout du jeudi soir au samedi.  Père, je me meurs de peine pour le tourment et la confusion que je ressens en mon âme ...  Jésus, si bon, me fera-t-il la grâce de soulager la confusion que j’éprouve pour ces signes extérieurs?  J’élèverai bien haut la voix, ne cessant de le conjurer de retirer de moi, par son infinie miséricorde, non le tourment, non la souffrance ...  mais ces signes extérieurs qui me causent une confusion et une humiliation quasi insupportables.»

 

Pendant des années, des quatre coins du monde, des fidèles vinrent requérir du prêtre stigmatisé son intercession puissante auprès de Dieu.  Pendant les cinquante années qu’il a vécues dans l’humilité, la prière, le sacrifice et la souffrance, Padre Pio fonda deux organismes: l’un vertical, vers Dieu, les Groupes de prière, l’autre horizontal, vers son prochain, un hôpital moderne, La Maison du Soulagement de la Souffrance.

 

En septembre 1968, des milliers de fidèles et de dirigés spirituels de Padre Pio se réunirent à San Giovanni Rotondo pour célébrer le 50e anniversaire des stigmates et tenir le quatrième congrès international des Groupes de prière.  Or, personne n’aurait imaginé qu’à 2h30, le 23 septembre 1968, la vie temporelle de Padre Pio de Pietrelcina allait prendre fin. 

 

papes   Patronymes – Événements - Évolution

Alain grandel

perpignan

 2001

Petit  livre dénombrant les 267 papes – de St Pierre au Pape J. Paul II – chaque Pape a son évolution et est mis en exergue le (ou les) fait(s) marquant(s) de son règne.

 

Jules II della Rovere meurt dans la nuit du 20 au 21 février 1513, son successeur est élu le 11 mars, au terme d’un bref conclave: le cardinal Jean de Médicis devient Léon X. Le nouvel évêque de Rome est âgé d’à peine 38 ans. Deuxième enfant de Laurent le Magnifique et de Clarice Orsini, son éducation a été faite par quantité d’intellectuels florentins et, dès 1489, il a été nommé cardinal, ce qui ne l’a pas empêché de mener une vie parfaitement laïque. Mais une fois élu pape, il faut de toute urgence l’ordonner prêtre (le 15 mars) et évêque (deux jours plus tard), pour pouvoir procéder à son couronnement, le 19 mars 1513. Léon X meurt relativement jeune, le 1 décembre 1521 (le commentaire est cette fois de l’Arétin : « Il ne put recevoir les sacrements, les ayant depuis longtemps vendus. »), après avoir traversé, presque indemne, une période troublée. Sans efforts excessifs, il parvient en effet, favorisé par les circonstances, à entretenir des relations relativement paisibles avec les trois grands souverains de l’époque moderne, tous dotés d’une forte personnalité : François Ier de France, Henri VIII d’Angleterre et le jeune empereur Charles Quint. Les commentaires à son sujet soulignent tantôt sa bonté et sa tolérance, tantôt le fait que sa cour lui coûte quelque 100 000 ducats par an.

 

Ce train de vie dispendieux vide rapidement les caisses pontificales et, selon les mauvaises langues, l’oblige à mettre en vente jusqu’aux nominations au cardinalat (certaines friseront en effet le scandale). Au cours de ce règne étrangement tranquille, l’événement qui bouleverse le plus le pontife florentin est la mort inopinée de Raphaël. Quant aux « quatre-vingt-quinze thèses » dénonçant les indulgences, que Martin Luther affiche sur la porte de l’église Ognissanti à Wittenberg, le 31 octobre 1517, Léon X n’y voit d’abord qu’un contretemps fâcheux mais passager et les traite comme s’il s’agissait d’une affaire locale. Il ordonne à Luther, sous peine d’excommunication, de retirer les quarante et une thèses réfutées par Rome, puis il met sa menace à exécution le 3 janvier 1521 (bulle Decet Roman um Pontificem). Dans les premiers temps de son pontificat, il a réglé d’une manière autoritaire, centralisatrice et définitive les conflits avec le gouvernement municipal de Rome et, en réalité, sa préoccupation majeure est la consolidation des territoires de l’Eglise.

 

PARAY-LE-MONIAL  le hiÉron du val d’or

Félix de ROSNAY

Edition Arma Artis

 2002

Ce Hiéron (temple) fut construit en 1890 par la Ste des fastes eucharistiques afin de promouvoir le règne de Jésus-Christ. Ce livre présente l’œuvre, le dogme, la doctrine, la théologie, l’histoire, le symbolisme, le rite et les secrets de cette société qui perdure de nos jours.  Certaines ramifications avec d’autres sociétés comme par exemple le Saint-Empire sont curieuses.

 

Présentation de ce très étrange mouvement d'ésotérisme chrétien, ayant Paray le Monial pour centre, par son Secrétaire. Le Hiéron a ouvert de multiples pistes loin d'être explorées en profondeur. Le Hiéron lui-même reste une énigme loin d'être percée.


Le Hiéron sera plus connu sous le nom de « Société du Règne social de Jésus-Christ », et deviendra en 1927, la « Ligue universelle du Christ-Roi », par un bref de Pie XI, élevé à la dignité d'archiconfrérie « Prima primaria », avec le pouvoir d'agréger toutes les associations apostoliques ayant même but et même nom.

Les membres du Hiéron se considéraient comme les « Apôtres des derniers Temps », démontrant par là leur affiliation à saint Louis-Marie Grignon de Montfort, missionnaire de la France paganisée du XVIIe siècle, lui-même héritier des révélations du Christ à Marie des Vallées qui inaugura la « Fin des Temps », mystique auprès de qui bien des frères de la Compagnie du Saint-Sacrement furent en relations suivies. Il se pourrait d'ailleurs que certains membres du Hiéron aient connu l'activité de la Compagnie et se soient voulus les continuateurs de cette Œuvre, aujourd'hui toujours méconnue, bien que des recherches historiques récentes tendent à redécouvrir l'ampleur de l'influence qu'elle exerça sur la société du XVIIe siècle, à la veille des grands troubles idéologiques de la révolution française.

On peut considérer l'Œuvre du Hiéron comme une tentative de revivification de l'esprit de cette Compagnie, travaillant à réactiver le ferment chrétien dans le peuple autour de la dévotion à l'Eucharistie et de la proclamation du Règne proche du Christ-Roi, tout juste annoncé au XVIIe siècle. Que reste-t-il de tant de peines prises pour le Royaume ?…Peu de choses semble-t-il… L'on sait que la bibliothèque fut vendue au monastère jésuite de Louvain et éparpillée depuis, ceci afin de rassembler des fonds pour réparer le toit du Musée ! Les pièces de collection subirent le même sort que le précieux fonds de bibliothèque. Certaines seraient conservées au Vatican, en quelque coin perdu –

L'hommage eucharistique, comme accès privilégié à la rénovation sociale par la Connaissance et l'Amour, voilà l'intuition du Hiéron pour le XXe siècle et les Temps de la Fin. Cette convergence des Sciences traditionnelles, héritées de l'Antiquité, ordonnées à la révélation chrétienne comme à leur centre ; cette allégeance de la sagesse et des initiations antiques à la Sagesse incarnée et à l'initiation baptismale catholique, réalisent cet accomplissement exprimé par le Christ : « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».

Ce projet, trop vaste pour une seule génération de collaborateurs, ne fut pas soutenu par les évêques de son temps. Loin de nous l'idée de nous en scandaliser. Le XXe siècle a rassemblé toutes les forces les plus hostiles au Christianisme pour tenter d'éteindre le Soleil eucharistique, aussi bien parmi les baptisés en voie de paganisation que parmi les authentiques Chrétiens, laissés dans l'ignorance des merveilles de leur Histoire et de la beauté surnaturelle des dogmes catholique.

Le Hiéron aurait décelé des phénomènes lucifériens qui toucheraient certaines régions marquées du sceau de l'Éternel en France. Phénomènes subtils, équivoques, exerçant une attraction mal définie, mais combien efficace pour le dérèglement des esprits ! À la mort d'Alexis de Sarachaga, est désigné, selon sa volonté, pour successeur à la direction de l'Œuvre, M. de Noaillat, assisté de son épouse, Marthe, qui sera la principale promotrice de la fête du Christ-Roi, instituée par le Pape Pie XI, le 11 décembre 1925.

La mission publique du Hiéron s'achève. L'Œuvre ne survivra que de peu à la mort de son fondateur. D'autant plus que les deux dernières survivantes, Marthe Noaillat et Jeanne Lépine-Authelain mourront accidentellement, en 1926. Cette dernière disait de son fondateur : « M. de Sarachaga communiquait à ses fidèles ce sixième sens, appelé par Raymond Lulle l'Affatus, et que plus simplement notre maître vénéré nommait le sensum Christi. » Elle définit la petite assemblée des pèlerins solitaires du Hiéron de « groupe qui marche d'un pas sûr à la clarté éblouissante de l'Évangile et de la tradition. » Il reste encore sur notre sol, béni du Christ et de la Vierge, des lieux baignés de ces effluves spirituels où demeurent ces espaces sacrés, les Hiérons indestructibles que le feu élémentaire ne peut atteindre, réceptacle du Feu de l'Esprit-Saint qui, déjà, rassemble les siens pour une nouvelle Pentecôte.

 

paray- le- monial  symbole et prophÉtie du sacrÉ-cœur

Henry montaigu

Edition Place Royale

 1979

Paray-le-Monial est une ville dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Cela commence vers l’an 1 000 avec Cluny qui assume un rôle de médiateur constructeur au centre de la chrétienté. Le Sacré – cœur de Jésus a toujours été soutenu, promulgué, diffusé et défendu par une société tantôt officielle et tantôt secrète qui a perduré malgré les vicissitudes de l’Histoire. Ce n’est pas pour rien que le Hiéron du Val d’Or s’est installé à Paray-le-Monial. Un livre qui dévoile les messages et les prophéties de ces sociétés.

 Elle a de nombreuses apparitions, authentifiées par son confesseur jésuite, saint Claude La Colombière, qui la destinèrent par la suite à exercer un nouvel et véritable apostolat du Sacré-Cœur. Les historiens comptent généralement quatre "grandes apparitions" en dépit de quelques incertitudes sur les dates exactes. Dans la première apparition, très probablement à la fin de 1673, elle repose comme saint Jean sur la poitrine du Sauveur et reçoit le nom de disciple bien-aimé du Sacré-Cœur.

L’année suivante, elle voit le Sacré-Cœur "comme dans un trône de flammes, plus rayonnant qu’un soleil et transparent comme un cristal" ; il était entouré d’une couronne d’épines et surmonté d’une croix. Notons qu’il s’agit bien là de l’authentique représentation du Sacré-Cœur, et non pas celle que nous a imposé le siècle dernier. Dans cette apparition, sa mission est précisée : honorer le cœur de chair du Sauveur et répandre la dévotion au Sacré-Cœur afin de participer à la rédemption d’amour de tout le genre humain.

 

paul, le pasteur

Pierre DEBERGÉ

Edition du Cerf

 2004

Personnage fascinant, Paul de Tarse est un géant. Ce petit livre édité par les cahiers Évangiles donne une idée de sa vie, de son œuvre et de sa théologie.

 

Saint Paul demeure un personnage fascinant. Ses lettres abordent de multiples sujets où le lecteur d'aujourd'hui peut renouveler ses propres convictions. Car la théologie de Paul s'est construite dans un mouvement incessant de réponses à des questions pratiques. Questions posées par des hommes et des femmes qui éprouvaient l'Évangile et qui étaient éprouvés par lui. Réponses d'un homme mû par une profonde « charité pastorale ». Voilà, brossé par Pierre Debergé, un beau portrait de Paul en pasteur itinérant, lié par la foi et le cœur à des communautés turbulentes. Après ce dossier et avant les recensions d'ouvrages, un article de Jean-Claude Giroud nous introduit dans un étonnant échange entre Philippe et l'eunuque sur la route de Gaza (Actes 8).

 

Dans la Tradition, Paul est « l’apôtre » par excellence et les lettres qu’il a écrites sont une source fondamentale de la théologie chrétienne. Mais que sait-on sur ce Saül de Tarse, le premier chrétien à avoir pris la plume ? Dans ses lettres, nous découvrons quelques épisodes de sa vie mouvementée où son statut d’apôtre fut souvent contesté mais peu de choses sur ses origines. Dans les Actes des Apôtres, l’évangéliste Luc nous apprend qu’il s’appelait Saul, était citoyen romain originaire de Tarse en Cilicie et raconte par trois fois son `retournement’ sur la route de Damas. Peut-on faire confiance à Luc ? 

 

À la fin de sa course, Paul écrit à la communauté de Rome (qu’il n’a pas fondée) une longue lettre exposant le coeur de sa théologie de façon détaillée. Quel est l’objectif de cette lettre ? Pourquoi Paul part pour Jérusalem alors qu’il voulait aller en Espagne ? Quels rapports peut-on établir entre les lettres qui sont de sa main et les autres lettres de la tradition paulinienne ? Ce cours cherchera à faire connaître l’homme Paul (en lisant de nombreux passages de ses lettres) et à le situer dans le monde de son temps pour mieux entrer dans ses grandes convictions théologiques.

 

petit lexique des hÉrÉsies chrÉtiennes

Michel thÉron

Edition ALBIN MICHEL

 2005

Qui étaient les Agonyclites, les Condormants ou encore les Melchisédéciens, et en quoi croyaient-ils ? Michel Théron, auteur des Deux visages de Dieu, une lecture agnostique du Credo, répertorie ici près de deux cents de ces hérésies, de la première moitié du Ier siècle aux dernières décennies du XXème siècle, des plus exotiques aux plus profondes. Au commencement était l’hérésie. Celle-ci n’est pas une déviance tardive par rapport à une foi originelle unanime : au contraire, la religion chrétienne telle qu’on la connaît aujourd’hui a émergé du foisonnement des opinions divergentes, voire franchement contradictoires.

 

Des dogmes aussi fondamentaux que la divinité du Christ ou la Trinité ne se sont imposés que lentement, à coup d’édits impériaux et d’excommunications. Les textes évangéliques eux-mêmes foisonnent d’ambiguïtés, de failles dans lesquelles peuvent s’enraciner les lectures les plus contraires au catéchisme. Un vaste panorama, aussi curieux qu’enrichissant, des mille croyances qui ont pu se réclamer du christianisme.


On y croise plus de 200 sectes et courants religieux et spirituels, tels que les Témoins de Jéhovah, les iconoclastes, les Quiétistes, les Béguines, les Calvinistes, les Millénaristes, les Illuminés, les Infernaux, les Méthodistes, les Luthériens, les Nestoriens, les Ophites, les Orthodoxes, les Picards, les Turlupins, les Vaudois, les Séthiens, les Noétiens, etc

 

PRIER LA PAROLE –LECTURE ET MÉDITATION DES ÉCRITURES

Enzo Bianchi

Edition Albin Michel

 2014

Enzo Bianchi, fondateur de la communauté œcuménique de Bose, dans le Piémont, redonne ici au chrétien, et à tout lecteur engagé dans une recherche de sens, un accès aux Ecritures. Cet ouvrage est devenu un classique, il a permis la redécouverte en Occident de la lectio divina, riche tradition du premier christianisme et qui s’inscrit dans la lignée de Vatican II.

L’ouvrage qui présente à la fois l’horizon historique des Pères de l’église et décrit le chemin à explorer au quotidien, sous la forme de lectures, de méditations et de prières, dévoile la Parole « comme réalité vivante, dynamique, efficace, capable d’alimenter la foi, d’inspirer la vie », ce livre invite à retrouver toute la saveur de la Révélation.

Au sommaire de cet ouvrage :

La lectio divina : L’approche de la Parole de Dieu aujourd’hui - la Parole de Dieu - la liturgie de la Parole - de la liturgie à la Parole - Formation de la lectio divina - demandez l’esprit, vous recevrez l’illumination - cherchez dans la lecture - vous trouverez par la méditation - frappez dans la prière - entrez dans la contemplation - Réalisez la Parole, vous témoignerez du Seigneur - Demandez l’Esprit saint - prends la Bible et lis - cherche à travers la méditation - contemple - conserve la Parole dans ton cœur - la lectio divina, expérience d’Israël et de l’église - un temps de silence pour que Dieu parle - invocation de l’esprit saint - lis, médite et prie - lettre de Guigues II le chartreux au frère Gervais sur la vie contemplative - l’échelle spirituelle et ses quatre degrés - fonction de la lecture, de la méditation, de la prière, de la contemplation - les signes de la venue de la grâce - comment l’âme doit-elle se comporter -

8 S

 

ST BENOÎT ET LA VIE MONASTIQUE

Dom Claude Jean NESMY

Les maîtres spirituels

 1959

Il eut une influence considérable sur les destinées de l’église et de la civilisation occidentale Il créa la fameuse règle de St Benoit et eut une vie de sagesse.

Toute sa vie, saint Benoît a pris la route à la recherche des conditions propres à une vie monastique exigeante, dans le silence et la contemplation. Deux sources attestent de l’œuvre de saint Benoît : un texte législatif intitulée la "Règle des monastères" et une biographie du pape saint Grégoire, rédigée en 593-594.  Ce dernier présente Benoît de Nursie comme un homme simple qui a le sens du concret, plutôt que comme un spéculatif et un doctrinaire. Pour  que sa règle soit accessible à tous, il préfère s’appuyer sur des exemples concrets, plutôt que d’imposer des principes abstraits.

Né dans une famille italienne aisée, vers 480, à Nursie, Benoît part étudier les lettres et le droit à Rome, vers 495. La vie libertine étudiante dégoutte l’adolescent qui décide de tout quitter. Il gagne le sud et mène alors une vie simple, de contemplation et de lecture, à Enslide.

Benoît a une sœur sainte Scholastique, qui se consacra à Dieu dès sa plus tendre jeunesse, rêvant de suivre son frère. Moniale, elle se rapprocha de son frère, quand il se fut établi au Mont-Cassin.

Dans sa quête de Dieu, Benoît sent le besoin de s’isoler davantage. Il descend vers le sud jusqu’à Subito, à 70 kilomètres de Rome. Il y débute une vie d’ermite, réfugié dans une caverne "inaccessible".

Romain, un moine, le ravitaille en lecture et en nourriture au moyen d’une corde. Benoît a environ 20 ans et sa sainteté est déjà réputée.

Les vieux moines du monastère voisin de Vicovaro rendent visite à l’ermite et  lui demandent de devenir leur supérieur. Benoît accepte. Il tente de réformer la communauté, en proie au laisser-aller. Mais en vain car son action dérange à tel point que des religieux tentent de l’empoisonner en versant dans son verre de vin des plantes mortelles. Au moment où il la bénit la coupe d’un signe de croix, celle-ci se brise. Benoît reprend la route pour Subito. Il y construit douze monastères qui accueillent chacun douze moines – comme les apôtres. Son action et sa vertu le mettent de nouveau en danger. Ses exigences  agacent et on tente encore de l’assassiner. Mais Benoît s’aperçoit que sa nourriture contient du poison quand un corbeau recrache les miettes de pain qu’il s’apprêtait à manger. En 529, Benoît et quelques moines s’installent dans une ancienne forteresse qu’ils transforment en monastère, sur le mont Cassin, à 529 mètres d’altitude. C’est sur ce promontoire rocheux qu’il terminera sa vie vers 547.

La règle de saint Benoît : C’est aussi sur le Mont Cassin que Benoît de Nursie rédige sa règle vers 540. Celle-ci régit encore la vie de milliers de moines aujourd’hui. Il s’agit d’une œuvre courte. Le rythme de la vie du moine y est détaillé, entre prière, travail, charité fraternelle, accueil et repos. Son quotidien s’y organise autour d’une vie de communauté dans laquelle l’abbé est père et les religieux sont frères. Au fil de la journée s’égrènent les offices de la liturgie des heures.

La célèbre formule "Ora et Labora" ne figure pas dans cette règle. Elle fait référence à nombre de ses prescriptions "L’oisiveté est ennemie de l’âme, c’est pourquoi, à certaines heures, les frères doivent s’occuper au travail des mains et à certaines autres à la lectio divina." "Ils sont vraiment moines lorsqu’ils vivent du travail de leurs mains comme nos pères les apôtres." Mais la prière prime : "Au premier signal de l’office, que chacun quitte son travail." Cette règle aura régit la vie d’une multitude de moines.

Comme Abraham, saint Benoît est devenu le père de nombreux hommes qui, dans la solitude, la prière et le silence, ont cherché Dieu comme unique but de leur vie. Ses reliques ont été transférées en 703 jusqu’à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), dans l’abbaye de Fleury. Elles y sont toujours vénérées. Saint Benoît, patron de l’Europe, des agriculteurs, des cavaliers, des conducteurs de machines, des réfugiés et des spéléologues est fêté le 11 juillet.

 

ST BERNARD L’ESPRIT CISTERCIEN

Dom JEAN LECLERCQ

LES MAÎTRES SPIRITUELS

 1998

Ce géant du moyen âge voyagea beaucoup. Il prêcha une croisade, fonda des monastères et écrivit énormément. Il eut le pouvoir religieux occulte tout en étant un grand mystique. Sa démarche et son esprit son ici expliqués.

Evolution du contexte social : La croissance économique, après avoir enrichi les moines, provoque une évolution sociale. Le commerce se développe, les villes deviennent attractives. Il devient nécessaire de sortir du couvent pour agir. De plus, la vie urbaine révèle des inégalités que les solidarités rurales masquaient. La charité de parade des bénédictins traditionnels ne peut plus suffire. De nombreux hôpitaux se développent. Enfin, l'apparition de nombreuses hérésies rend nécessaire une remise en question.

L'esprit de Cîteaux : Cîteaux propose une réforme. L'accent est mis sur une vie en communauté isolée et sur l'ascétisme. Les cisterciens forment un ordre conservateur qui ne remet pas en cause la société d'ordres et qui souhaite au contraire le retour d'un monachisme à l'écart de la société. Ce conservatisme se mêle cependant à des éléments de modernisme, notamment dans les relations entre frères. Si chacun va à son rythme pour progresser vers Dieu, chaque moine est continuellement aidé ou aide les autres (entraide inspirée de la chevalerie). Le rite est intériorisé. Le but de chacun est avant tout de se connaître lui-même, avec humilité.

 

Si Cîteaux conserve les structures monacales classiques, notamment la séparation entre les convers et les moines, ses recrues ont un état d'esprit un peu différent en raison de leur contact avec la chevalerie. On observe des restes de l'esprit courtois dans les communautés, par exemple la tension continuelle vers la prouesse héroïque, même si elle n'est pas de même nature que chez les chevaliers. Le modèle de filiation entre Cîteaux et ses filles est calqué sur le lignage aristocratique.

 

Saint Bernard : Les cisterciens se heurtent à de nombreuses critiques. Pour certains, ils ne vont pas assez loin dans l'idéal de dépossession et de pauvreté. Pour les bénédictins traditionnels, ils vont au contraire trop loin, notamment en travaillant de leur main, ce qui paraît contraire à la dignité monacale. Saint Bernard fait cependant triompher les cisterciens. Issu de la petite noblesse, il est tout de suite destiné à la vie monacale. Il est cependant imprégné de l'esprit chevaleresque : c'est un combattant. Pour épurer son âme, il méprise son corps et rejette tout orgueil ou parure. S'il possède parfaitement l'art du discours, son éducation n'en fait pas un grand usager de la dialectique (contrairement à Abélard). La parole, celle de Dieu, est pour lui plus le vecteur principal de la foi, plus qu'aucun art visuel. C'est pourquoi il veut chasser les trop riches sculptures des monastères (les moines n'en n'ont pas besoin, ils savent lire) alors qu'il tolère le recours à l'image dans les églises accessibles à tous (car le peuple a besoin de l'image pour accéder à l'histoire sacrée). Comme Suger, il pense que l'art doit aider chacun à retrouver en lui l'image de Dieu, en favorisant la résurgence de cette image. Pourtant, il rejette les flamboiements artistiques. C'est avant tout vers l'intérieur de soi que chacun doit se retourner.

 

Les richesses de Cîteaux et leur utilisation : Le développement du mouvement cistercien s'accompagne d'un développement des constructions de monastères. Si ceux-ci présentent une grande unité de style, l'uniformité n'est pourtant pas ce qui les caractérise. La construction de ces bâtiments est coûteuse (achat de la pierre, appel à de la main-d’œuvre extérieure). Les cisterciens refusent les seigneuries, mais ils ne refusent pas les dons. Lorsque ces derniers sont faits sous forme d'orfèvrerie, ils sont échangés contre de la monnaie, car les cisterciens refusent d'orner leurs autels. Outre les dons, les ressources servant à construire les églises viennent de l'exploitation de leurs domaines. La fortune cistercienne a peu d'autres destinations : les monastères sont à l'écart, ils n'ont guère à faire preuve d'hospitalité et de charité. L'argent se transforme donc en un art qui symbolise les vertus de Cîteaux : la rigueur et le dépouillement.

 

ST EPHREM LE SYRIEN - HISTOIRE DE SA VIE ET EXTRAITS DE SES ÉCRITS

Anonymous

Edition Théclassics

 2013

On appelait ce mystique: "la harpe du Saint-Esprit." Né à Nisibe (Nesaybin actuellement en Turquie) dans la province romaine de Mésopotamie, il fut chassé de la maison par son père, païen intolérant, pour ses "fréquentations chrétiennes". Accueilli par l'évêque du lieu dont il devint le fils spirituel selon l'historien saint Grégoire de Tours, il se convertit au christianisme à l'âge de 18 ans. Ordonné diacre, il voulut le rester par humilité. Il fonda à Nisibe une école théologique de grand rayonnement. Mais à cause de l'invasion perse qui a envahi cette région, il préféra franchir la frontière et s'installer, avec son école, à Edesse dans l'empire romain. Il fut un grand défenseur de la doctrine christologique et trinitaire dans l'Eglise syrienne d'Antioche.

Il composa de nombreux ouvrages, commenta toute la Bible, écrit des poèmes qui remplacèrent les chants des fêtes populaires et répondaient aux chansons des hérétiques qui répandaient ainsi leurs thèses erronées. "Dimanches et fêtes, évoque un compatriote, il se tenait au milieu des vierges et les accompagnait de sa harpe. Toute la ville alors se réunissait autour de lui." Ses hymnes inaugurèrent la pratique du chant liturgique. Il est d'ailleurs considéré comme l'un des plus grands poètes de langue syriaque.

Le 28 novembre 2007, lors de sa catéchèse des audiences générales consacrée aux Pères de l'Eglise, Benoît XVI a tracé un portrait d'Ephrem le Syrien, le plus grand poète de l'époque patristique. Le Saint-Père a choisi de présenter saint Ephrem comme exemple de cette diversité des expressions culturelles du christianisme. Né en 306 à Nysibis et mort à Edesse en 373, il développa dans la poésie sa vocation théologienne. "La poésie -a déclaré Benoît XVI- lui permit d'approfondir sa réflexion théologique au travers des paradoxes et des images". Il donna à ses poèmes et hymnes liturgiques "un caractère didactique et catéchistique...destiné à mieux diffuser la doctrine de l'Eglise lors des fêtes liturgiques".


Benoît XVI a ensuite rappelé la réflexion d'Ephrem sur le Créateur: Dans la création rien n'est isolé et avec l'Ecriture le monde est une Bible. En usant mal sa liberté, l'homme perturbe l'ordre du cosmos". La présence de Jésus dans le sein de Marie, a ajouté le Pape, "le porta à considérer la grande dignité de la femme... dont il parlait avec sensibilité et respect. Pour Ephrem, il n'y a pas de rédemption sans Jésus et pas d'incarnation sans Marie. La dimension humaine et divine du mystère de la rédemption se trouve déjà dans l'Ecriture".


Honoré du titre de Cithare de l'Esprit, saint Ephrem fut toute sa vie diacre, "un choix emblématique car il voulut servir, dans les offices liturgiques comme dans l'amour du Christ qu'il chantait... mais aussi dans la charité envers les frères qu'il ouvrait avec grande maîtrise à la connaissance de la Révélation" Diacre et docteur de l’Église. Il exerça d’abord à Nisibe, sa patrie, la charge de prédication et d’enseignement de la doctrine sacrée, puis, après l’invasion de Nisibe par les Perses, il se réfugia à Édesse en Syrie avec ses disciples, il y posa les fondations d’une école de théologie, accomplissant son ministère par sa parole et ses écrits, remarquable par sa vie austère et son érudition, à tel point qu’il mérita d’être appelé, pour les hymnes de toute beauté qu’il composa, la cithare du Saint Esprit. Il mourut en 373

 

Saint Ephrem le Syrien, un des Pères de l’Église, a été proclamé docteur de l’Eglise par le pape Benoît XV en 1920, comme le rappelait le pape François en proclamant le grand saint arménien Grégoire de Narek docteur de l’Eglise, presque un siècle plus tard. Saint Ephrem, né à Nisibe (Turquie actuelle) vers 306, est donc vénéré dans les Églises orientales, mais aussi en Occident.

 

Diacre, ce grand théologien a écrit plus de 3 millions de vers pour louer Dieu et combattre les hérésies de l’époque. Et il est considéré comme le premier compositeur de chants sacrés pour les femmes, et comme l’un des plus grands poètes de langue syriaque. Il est mort le 9 juin 373 à Edesse, où il a vécu dix ans, après avoir contracté la peste en assistant les malades.

 

Pour le jour de sa fête liturgique, voici une prière qu’il a composée et que l’on peut redire pour la paix en Syrie, et tout l’Orient, berceau du christianisme. Prière de saint Ephrem le Syrien :

Seigneur notre Dieu,

Tu as choisi l’Orient pour envoyer ton Fils unique et accomplir l’économie du salut. C’est une jeune fille orientale, la Vierge Marie, que tu as choisi pour qu’elle porte et enfante ton Fils unique. C’est en Orient qu’il a grandi, qu’il a travaillé, qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples. C’est en Orient où il a transmis ta volonté et tes enseignements, où il a fait des miracles et des prodiges. C’est en Orient où il s’est livré.

C’est en Orient où il a choisi de souffrir, de mourir et de ressusciter. C’est de l’Orient où il est monté au ciel et siégé à ta droite. Nous te prions d’accorder les forces nécessaires à tes enfants en Orient pour qu’ils soient affermis dans la foi et dans l’espérance de tes saints apôtres. Amen.

 

SAINT  GRÉGOIRE PALAMAS  et  LA MYSTIQUE ORTHODOXE  

Jean Meyendorff

Edition  du Seuil

 2002

Saint Grégoire Palamas et la mystique Orthodoxe, l’hésychasme est le cœur de la tradition spirituelle de l’Eglise orthodoxe. Dans la contemplation, par la prière du cœur où est invoqué sans relâche le nom de Jésus, l’hésychaste, ermite placé sous la direction d’un Maître, tente de créer en lui-même la paix intérieure.

 

Ce petit livre est devenu un classique. Jean Meyendorff, qui fut l’un des plus grands théologiens orthodoxe du XXe siècle, y déroule, autour de Grégoire Palamas (1296-1359) qui en est la grande figure et le théoricien au Moyen Âge, toute l’histoire de la mystique orthodoxe des origines à nos jours.

 

« Flambeau de l’orthodoxie, fondement et docteur de l’Eglise, modèle des moines, allié invincible des théologiens, ô Grégoire thaumaturge, orgueil de Thessalonique, hérault de la Grâce, que ta supplication pour le salut de nos âmes ne s’interrompe jamais »

 

Cet hymne à saint Grégoire Palamas est chanté par l’Eglise orthodoxe dans sa liturgie du second dimanche du Carême, pour vénérer celui qui, quelques décades avant la chute de Byzance, sut intégrer dans une synthèse doctrinale la tradition séculaire du monachisme contemplatif de l’Orient chrétien, connue sous le nom d’ « hésychasme ».

 

L’hésychasme est un mouvement monastique dont les origines remontent aux Pères du désert et il ne peut certes prétendre représenter à lui seul la « Mystique orthodoxe » qui connut et connaît encore aujourd’hui des formes diverses. Palamas, en particulier, ne peut se présenter comme un docteur de mystique orthodoxe que dans la mesure où il dépassa les cadres d’une école spirituelle et où il fit revivre dans son oeuvre, le mystère chrétien dans son essence même.

 

A l’époque de Palamas, le monachisme oriental avait déjà une longue histoire. Ses grands docteurs, lui avaient légué une vaste littérature ; il avait connu ses tentations. Pour les contemporains, il jouissait d’une immense autorité ; tout cet acquis du passé, Palamas l’acceptait sans réserve. Son rôle consista cependant à dégager dans ce passé un élément doctrinal et spirituel permanent, et cela à une époque om l’esprit de la Renaissance commençait à souffler sur Byzance et où l’Occident chrétien subissait l’une des transformations les plus radicales de son histoire.

 

Les temps modernes, en emportant dans une ruine définitive tant les valeurs que le Moyen Âge avaient absolutisées, allaient-ils désagréger l’essence du christianisme ? La cité nouvelle, après avoir obtenue l’autonomie de l’intelligence et de la création, laisserait-elle une place à la vie surnaturelle que le Christ avait apportée indépendamment de tous les achèvements proprement humains ?

 

C’est à ces questions que l’œuvre de Palamas donne des réponses positives ; voilà pourquoi son triomphe doctrinal à Byzance au XIVe siècle, fut considéré par l’Eglise d’Orient non pas comme le triomphe d’une mystique particulière, mais comme celui de l’orthodoxie elle-même. Cette approbation ecclésiastique a ainsi dégagé ce qu’il y avait de permanent et d’universel dans une tradition de spiritualité purement monastique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La tradition spirituelle des moines d’Orient   -   Le monachisme primitif   -  Evagre le Pontique et la prière pure   -  Macaire et la mystique du cœur   -  La prière de Jésus   -  Doctrine de la déification   - Grégoire de Nysse et Maxime   -   Syméon le nouveau théologien   -  L’hésychasme byzantin aux XIIIe et XIVe siècle   - Grégoire Palamas, théologien de l’hésychasme   -   les jeunes années   -   La controverse avec Barlaam et Akindynos    -    Une théologie de l’hésychasme    -   Un existentialisme chrétien     -    L’hésychasme après Palamas   -    En Orient chrétien du XIVe siècle à nos jours    - La tradition hésychaste en Russie    - 

Cet ouvrage comporte une chronologie, un index, des noms propres et une bibliographie.

 

ST JEAN DE LA CROIX - DÉCOUVRE-MOI TA PRÉSENCE

Guido Stinissen

Edition du Cerf

 1989

Voici quatre siècles, que St Jean de la Croix est mort en Andalousie, le 14 Décembre 1591, prince de la mystique chrétienne, saint Jean de la croix, docteur de l’Eglise catholique, est un modèle et une référence.
 

Parce qu’il dit tellement Dieu, Jean remplit nos bornes d’espérance, parce qu’il vit tellement Amour, Jean réveille le plus beau des rêves, mais parce qu’il est, tout à la fois, homme, poète, philosophe, théologien, accompagnateur spirituel, mystique avant tout qui expérimente Dieu, Jean est riche au risque de dépasser notre bonne volonté.

 

Alors, devant des paysages si variés et étendus, il est bon d’avoir un guide qui nous indique l’essentiel. Guido Stinissen nous pilote à travers le pays de Juan de la Cruz avec mesure et sagesse, dans l’enthousiasme et la ferveur, soucieux d’actualiser les coups d’aile de l’aigle mystique dans nos petits vols quotidiens, avec une attention aiguisée pour la pédagogie de l’oraison.


Au sommaire de cet ouvrage de 360 pages :

Une âme de feu - Un guide qualifié - Une symphonie biblique - Les clés de la porte - Dieu, amoureux de l’homme - L’amour éveille l’amour - L’homme attentif à Dieu - L’appel et la montagne - Salés par le feu - La fête du Saint-Esprit - Au service de l’Eglise - Une mystique de libération - Pâques - Liberté et libération -

Un très beau voyage spirituel

 

ST JEAN DE LA CROIX ET LE PROBLÈME DE L’EXPÉRIENCE MYSTIQUE

Jean Baruzi

Edition Salvador

 1999

La thèse de Jean Baruzi, soutenue en 1924 à la Sorbonne, ouvrit au jeune professeur le Collège de France où il fut suppléant, puis successeur d'Alfred Loisy (sans jamais devenir moderniste pour autant). L'édition de 1931, republiée ici, fut «revue et augmentée» par l'auteur, qui ne fit, à ses multiples détracteurs, que des concessions de détail. On se réjouira, avec le préfacier, de voir l'ouvrage à partir duquel toutes les études sanjuanistes se situent dès lors, redevenir accessible à nos contemporains. Dans ses deux préfaces, Baruzi s'expliquait sur le sens de son travail: «nous demander quelle serait la signification métaphysique d'une expérience mystique d'où toute donnée partielle serait exclue» (50); ou encore: «j'ai constamment cherché à montrer qu'il y a une métaphysique sous-jacente à la construction et à l'expérience mystiques de Jean de la Croix». Or, note É. Poulat, c'est là «tout le débat du siècle, sur la nature du mysticisme et les conditions de son intelligence». Première «biographie critique du grand mystique espagnol», aux dires des Bollandistes de l’époque, l'ouvrage manquait encore d'une édition critique des Oeuvres de Jean de la Croix, cependant lues dans le texte, sur les manuscrits jugés les meilleurs. Le résultat reste, à nos yeux, exceptionnel.


Les textes sont présentés, avec la dernière rigueur critique, dans un premier «livre» («rappelons-nous que nous sommes en face d'une ruine, que les manuscrits autographes font presque toujours défaut, que la Montée et la Nuit sont inachevées». Le deuxième livre retrace la biographie, dans un magnifique effort de reconstitution où nous apparaît la figure que le troisième livre cherche à suivre dans son voyage intérieur («la relation de l'expérience à la doctrine»). Le livre IV forme la synthèse doctrinale, où «la négation (sanjuaniste) initiale», passant par la «critique des appréhensions distinctes», ouvre sur «l'expérience abyssale» et «l'état théopathique» - ce dernier chapitre étant sans doute le plus célèbre dans la controverse. Notons encore le plaisir qu'on retrouve au superbe français d'avant-guerre et combien la sympathie (ou la syntonie) pour le mystique espagnol affleure partout. Une grande thèse, qui ouvrait des chantiers que la théologie, pour ne rien dire de la philosophie, n'a guère fini de défricher.

 

L’auteur part d’une interrogation de l’homme sur l’homme. Quelle contribution apporte l’expérience mystique à la solution du problème métaphysique de la connaissance de Dieu et du rapport à l’Absolu ? Ce n’était ni le problème ni le propos de St Jean de la croix, auxquels ses commentateurs catholiques ont quelques bonnes raisons de se tenir, mais dans cette confrontation entre la théologie classique et une anthropologie post-kantienne, l’auteur reste un auteur de référence.


Au sommaire de cet ouvrage de 830 pages, l’auteur développe les points suivants :


Les textes - La vie de Saint Jean de la Croix - de l’enfance à la fin de la période médinienne - La période salmantine - le Carmel Réformé - La relation de l’expérience à la doctrine - les données du problème - L’expression lyrique et ses prolongements - La synthèse doctrinale - la négation initiale - Une critique des Appréhensions distinctes - L’expérience abyssale - L’état théophanique - Esquisse d’une étude bibliographique - Nombreux ouvrages cités et leurs références -

 

ST JEAN DE LA CROIXLA MONTÉE DU CARMEL

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1995

Comme toutes les autres œuvres de Saint Jean de la Croix, la montée du carmel a jailli de l’expérience du saint. Le cœur de l’œuvre, c’est d’abord un poème. Ce poème, qui est placé au début, est un cri, un chant, une expression lyrique et symbolique de l’expérience faite par Jean de la Croix, du cheminement de l’âme contemplative le long des sentiers abrupts de l’union mystique.

Puis, sur la demande des frères et des sœurs des carmels dont s’occupait Jean, il dut expliquait, améliorer et rendre plus clair son texte, qui, il faut le reconnaitre était très ardu au départ, il le fit également dans un souci de charité pour ceux qui dans la détresse avaient besoin d’un texte spirituel pouvant les aider et les guider.

Dans cet ouvrage, l’auteur suit le cheminement de sa propre vie spirituelle, en l’élargissant et en l’enrichissant des expériences dont il a été le témoin et le guide, de plus il met dans ces textes les influences de la vie intérieure de sainte Thérèse d’Avila.

Le génie de Jean est d’avoir su mettre dans ce traité son esprit de synthèse et de clarté, car tout s’ordonne par le dedans, sans s’attarder aux considérations anecdotiques. Jean est une intelligence de type philosophique, percevant les thèmes essentiels et ne donnant des exemples que pour mieux dégager ses idées.

Alors de quoi s’agit-il dans cette montée du carmel : C’est un itinéraire d’ascension, la montagne à gravir, ce mont carmel, où se tient Dieu dans la nuée, c’est la Transcendance divine, c’est escarpement vertical, dont l’aspect vertical, dont l’aspect épouvante.

Que des hommes préfèrent s’installer dans la plaine, comme les Hébreux au pied du Sinaï, ou bien s’égarent à flanc de montagne, dans les sentiers faciles et sinueux (chemins d’esprit imparfaits) ou même redescendent (chemin d’esprit égaré), lui Jean, veut aller vite, il meurt de soif et veut grimper rapidement pour étancher cette soif jaillissante au sommet.

Jean sait que qu’il est facile de se tromper de route, de se décourager et de ne plus rien comprendre, alors il trace et montre le chemin menant au sommet. Paradoxalement, plus l’âme s’élève plus elle risque de se perdre, mais à la nuit de la Transcendance divine, répond la nuit de la foi qui permet d’atteindre l’essence de Dieu.

Pour atteindre cette Essence de Dieu, il faut rentrer dans son amour, il ne faut pas rester à une recherche de soi-même qui est un repliement, mais rechercher cette rencontre avec le divin qui est l’objectif final et qui par la suite va permettre à celui qui cherche cette rencontre de pouvoir mieux vivre, sans angoisse, sans doute, avec beaucoup de détachement, surtout celui des biens terrestres, il pourra ainsi se consacrer totalement à la divinité, avec cette montée du carmel, Jean développe et donne une direction qui permet de trouver l’équilibre et le bonheur.

A cette générosité suscitée par l’appel de Dieu, répondra la générosité de Dieu, qui, se rendant présent à l’âme par sa Ténèbre même, désassimilera l’âme dans sa substance la plus intime, par une purification passive, acceptante, pour la libérer de son moi égoïste et aveugle (la nuit obscure), et la faire entrer dans la vibration du Don Absolu et Vivant dans la Vive Flamme d’Amour.

Ce sont donc les premières étapes, actives, de cette désappropriation, que décrit la montée du carmel. Ne pouvant établir un ordre de succession dans ces différents états d’âme, Jean part du principe que l’action d’ascèse purificatrice dure autant que la vie.

Le plan de la montée du carmel est le suivant : L’âme s’évade de la demeure des sens, des tendances, de l’agitation, de l’entendement, de la mémoire et de la volonté, seule la guide « la fumière qui brule en son cœur », la Foi, vivifiée par la Charité, confortée par l’Espérance ; c’est la nuit « la plus aimable que l’aurore », seul chemin non trompeur.

Les œuvres de Saint Jean de la Croix sont au chapitre 8

 

st jean de la croix & la mystique hindoue

Robert kfouri

Edition LES DEUX OCEANS

 1996

Ce livre analyse l’enseignement de Saint Jean de la Croix et dégage les équivalences les plus importantes avec le Yoga Védanta, offrant ainsi au lecteur un panorama général de la mystique hindoue. Mais ce qui rend ce livre particulièrement intéressant, en ces temps de crise et de perte des valeurs, c’est qu’il nous dévoile la richesse d’un patrimoine chrétien, qui contient tout le nécessaire pour accéder à l’expérience mystique.

 

Dans les voies mystiques en général, et plus particulièrement dans celle de Saint Jean de la Croix, nous trouvons les quatre étapes d’évolution spirituelles suivantes :

 

1/ : Le rejet de la création et le début de la quête : c’est « la montée au carmel » chez Saint Jean de la Croix, la « montée de la puissance divine » dans le Tantra, le « voyage » dans le Veda. Autant d’expressions qui décrivent l’intériorisation de la recherche, c'est-à-dire la plongée dans le silence de l’âme (Samadhi suivant le yoga). Celle-là comprend le renoncement, la contemplation, la mise en condition et l’ascèse qui accompagnent le « Nuit mystique » de Saint Jean de la Croix.

 

2/ : Le début de l’expérience spirituelle où Dieu est connu sous son aspect d’amour (Bhakti) qu’il soit personnalisé ou pas. Cette phase caractérisée par des « visites » que Dieu rend à l’âme et qui par conséquent ne sont que temporaires, constitue les « fiançailles spirituelles » selon Saint Jean de la Croix, la « conscience du Seigneur » (Bhagavad Cétana) selon le Yoga de l’Amour.

 

3/ : L’union permanente avec Dieu dans sa réalité aussi bien personnelle (Verbe ou Shakti) qu’impersonnelle et au-delà des modes (Déité chez Jean, Brahman dans le Vedanta). Ce sont des « Noces mystiques chez Jean et les  Noces de Shiva/ Shakti dans le Tantra Yoga

 

4/ : Le retour à la création avec l’expérience de l’immanence de Dieu, celle de l’unité fondamentale de l’âme, de toutes choses créées, et de Dieu. Cette phase est aussi bien décrite dans le Tantra Yoga que dans le Vedanta, c’est la perception de la création avec les yeux de Dieu »selon Jean de la Croix, c’est l’ultime réalité une et non-duelle (advaïta) selon les Upanishads.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La montée   -    Les fiançailles    -    Les noces   -     L’unité dans la création    -  

 

ST JEAN DE LA CROIX - LA NUIT OBSCURE

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1984

La réforme du Carmel fut la « grande chose » de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d’Avila, ceci sur un plan matériel et théologique, car sur le plan spirituel, tous les deux durent lutter pour conserver et avancer dans le chemin difficile de la Réalisation personnelle, religieuse et métaphysique.

 

Ste Thérèse est la réformatrice, saint Jean le réformé qui ayant conscience de ses limites matérielles, non seulement ne briguera aucunes responsabilités mais fit de l’obéissance à Dieu et à Ste Thérèse, une obligation morale, bien qu’il fut chargé de temps en temps de charge d’Ames et de quelques missions délicates.

Partout il s’acquitta de ses missions et communiqua sans cesse avec Thérèse d’Avila, qui pour lui était son Maître spirituel. Ste Thérèse meurt alors qu’il n’a que 40 ans, lui-même mourra à 49 ans après avoir brulé toutes les lettres de Ste Thérèse et quelques manuscrits qu’il avait écrits.

Il restera de lui 4 écrits-poèmes qui donneront : La nuit obscure – la montée au carmel – le Cantique des cantiques – et la vive flamme d’amour - De son côté Ste Thérèse écrira «  le château intérieur » et Cervantes à cette époque, alors qu’il est esclave de la barbaresque, écrit des textes à la Vierge et prépare son « don Quijote ».

Le 15 Aout 1578, alors que Jean est enfermé depuis 9 mois dans un cul de basse fosse à Tolède, aidé par son geôlier il s’évade de cette prison, il n’a avec lui que les poèmes écrits en prison et qui seront les textes de ses futurs poèmes mystiques.

 

Dans « la nuit obscure » Jean montre le rôle de l’initiative divine dans la purification des sens et de l’esprit : nous sommes ici dans la voie passive ; à ce point que Jean de la Croix prétend parfois se contenter de faite œuvre de description ou de discernement. Il a résolu de livrer son bilan : à la fois son expérimentation personnelle de la nuit et son expérience de celle-ci, à l’écoute d’autrui dans les nombreuses et les plus affectueuses directions spirituelles qu’il est eues à mener durant sa courte vie.

 

Jean nous livre les règles strictes qu’il a systématiquement appliquées d’un passage de la méditation à la contemplation, la nuit des sens permettant la connaissance de soi, la nuit de l’esprit aboutissant à la connaissance de Dieu. Le mystique dans le silence de la nuit devient le sujet d’une vision totale de l’Absolu.

 

Plus la contemplation des choses divines paraît claire, plus elle est obscure et cachée à l’âme. Il en est ici, comme de la lumière naturelle : plus elle est claire, plus elle éblouit et obscurcit la papille du hibou ; plus on veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on la prive de lumière ; cette lumière dépasse la faiblesse de l’œil.

 

De même quand cette divine lumière de la contemplation investit l’âme qui n’est pas encore complètement éclairée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, parce que non seulement elle la dépasse, mais parce qu’elle la prive de son intelligence naturelle et en obscurcit l’acte. C’est ce que les grands théologiens mystiques et saint Denis appellent cette contemplation infuse «  un rayon de ténèbres ».

 

ST JEAN DE LA CROIX - LA VIVE FLAMME D’AMOUR

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1995

Saint Jean de la Croix est un homme de l’exigence, son besoin constant de perfection, au sens d’accomplissement, a mené toute sa vie ; il a été homme d’action et homme de contemplation avec la même ténacité : il a été réformateur au Carmel et a été l’écrivain mystique le plus accompli du 16e siècle.

 

Pourtant la vie intérieure n’allait pas de pair avec celle de fondateur et d’homme d’action… La maladie, la séquestration par ses propres frères, auraient pu gêner ou annuler sa recherche impétueuse de l’union de Dieu : non seulement elles lui servirent, mais le lecteur de l’œuvre de Jean ne saurait guère retrouver en elle beaucoup d’éléments biographiques, tant le travail ascétique et le jeu de l’esprit purifient les péripéties de la vie.

 

Dona Ana del Mercado y Penalosa, accueille et abrite chez elle les carmélites venues fonder un monastère : Jean de la Croix est présent et dès cette date, une relation privilégiée s’établit entre eux, en 1586 grâce à sa fille spirituelle, il fonde le couvent de Ségovie, puis rédige sa dernière oeuvre écrite : ce sera La vive flamme d’amour.

 

La vive flamme d’amour est le commentaire d’un poème, commentaire qui n’a rien de littéraire : à la fois prière ardente, témoignage enflammé et traité pédagogique, à la fois exhortation et testament, à la fois lyrique et familier, il peut dérouter, car il s’agit là d’une œuvre intime.

 

Les démonstrations n’intéresse pas Jean de la Croix, le Mont Carmel n’est pas le Mont Horeb ni le Mont Thabor. Jean de la Croix ne cherche pas le spectaculaire : le champion mystique du flamboiement de l’amour divin ne parle jamais de la Transfiguration, sinon pour dire que le temps des révélations est clos avec Jésus.

 

Quoiqu’il en soit de la forme, la Vive Flamme d’Amour est sans doute l’œuvre où Jean de la Croix, de façon spontanée, sans les reprises successives qui ont marqué les livres précédents, a mis le plus de lui-même, de ses convictions, de ses souffrances, de ses refus, de ses joies, de son expérience de Dieu, des hommes et de ames.

 

Il y a dans tout le texte quelque chose comme un feu d’artifice qui donne une émotion et une sensation de joie communicative. Ainsi s’explique peut-être la postérité de Jean de la Croix, en France notamment, avec une sorte de déferlante mystique avec Ste Thérèse d’Avila jusqu’à Ste Thérèse de Lisieux.

 

ST JEAN DE LA CROIX - LE CANTIQUE SPIRITUEL

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1995

Le Cantique spirituel, c’est l’heure de l’aube mystique. Après le renoncement, le vide, le rien de la Nuit obscure, après la mortification que l’âme s’est imposée, vient le moment de la rencontre joyeuse avec Dieu, celle de l’âme « épouse » avec « l’époux ».

 

Le cantique spirituel est un poème du désir, une célébration de la sortie de la nuit vers la joie de l’exaucement, le passage des dernières angoisses à l’union des fiançailles et du mariage spirituel : « Là mon bien aimé me donna son cœur, là il m’enseigna une science pleine de suavité, moi je lui promis d’être son épouse ».

 

Deux œuvres de Jean, la montée au carmel et la nuit obscure, décrivent, si l’on peut dire, le cheminement de l’âme vers Dieu à travers le renoncement, le vide, le rien. Cette « nuit » doit être complète, entière et vécue jusqu’au bout ; il s’agit d’un purgatoire mystique, appelé « la voie purgative » ; Jean montre comment la nuit est une mortification des sens et des tendances, puis comment elle concerne toute les facultés de l’âme : l’entendement, la mémoire et la volonté – ces facultés peuvent être guéries par la foi, l’espérance et la charité.

 

A ces deux œuvres succèdent Le Cantique spirituel et la Vive Flamme d’amour qui sont la description de l’illumination de l’âme et de son union avec Dieu, à l’issue de la nuit obscure. Jean n’ayant pas écrit une œuvre systématique, il n’y a pas de chronologie dans ces quatre œuvres, malgré tout on peut y voir une certaine continuité, puisque ces œuvres partent de la rédaction d’un poème, qui par la suite sera commenté strophe par strophe.

 

Dans le cantique spirituel, la contemplation fait suite à la privation, la présence à l’absence, la lumière à la nuit, même le style change, il est moins descriptif, moins médiéval, il est jubilatoire, plus caressant, parfois même, il se veut presque maniériste et lyrique. C’est que l’union de l’âme à Dieu est un véritable mariage, et le cantique spirituel, c’est d’abord un poème lyrique sur cette union de l’ame, c’est un épithalame mystique d’une quarantaine de strophes que Jean de la Croix a écrit dans sa prison de Tolède en 1578, mais le prieur de Grenade va rajouter quelques strophes, ce qui va embrouiller la lecture et sa compréhension globale.

 

En réalité les œuvres de saint Jean de la Croix sont beaucoup moins spéculatives que descriptives, moins logiques qu’expérimentales, et beaucoup moins théoriques que dramatiques et poétiques : Le Cantique Spirituel n’échappe pas à cette règle, c’est un poème du désir, de la sortie de la nuit vers la joie de l’exaucement, des dernières angoisses vers l’union des fiançailles et du mariage.

 

st jean de la croix  - mystique et maÎtre spirituel

Federico  ruiz

Edition du Cerf

 1995

Après avoir retracé brièvement la vie de St Jean de la Croix et analysé ses œuvres qu’il replace dans le contexte historique et social, l’auteur suit pas à pas, en le mettant à la portée d’un lecteur du 21ème siècle, le chemin spirituel que nous propose le docteur mystique pour nous conduire à l’union d’amour avec Dieu.

 

Il détaille les différentes composantes de chacun des textes et les approfondit en nous en livrant de larges extraits.

 

En un mot, il nous met directement en contact avec le Saint et éveille en nous le désir de lire l’intégralité des écrits de celui qui a été proclamé docteur de l’Église.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages :

 

Existence vocationnelle : La famille  -  l’appel du Carmel  -  parmi les chênes de Duruelo  -  dans la prison de Tolède    -  Ségovie  -  son activité en Andalousie  -  jours de passion  -

Maitre et écrivain : Les écrits  -  Poésie et prose  -  Interrelation  -

Mystique de frontière : Siècle d’or  -  les sources  -  l’expérience  -  Mystique et théologien  -  Créateur original  - Mystique et mystagogue  -  attirance universelle  -

Union de Dieu : Union d’amour  -  Du Christ et de l’église  -  Vie théologale  - Synthèse doctrinale  -  communion transcendante  -  Liberté et pureté  - Ascèse théologale  -

Processus et chemin : Vie en mouvement -  idéal et plénitude  -  Pédagogie de Dieu  -  Docilité et engagement  - Dieu personnel  -  Révélé et caché  -  Présence  -

Le Christ est mien : Le Verbe fait homme  -  les mystères du Christ  -   Révélateur et époux  -  communion et images  -  Eglise, épouse et mère  - 

Médiation des sens : Stratification de l’homme  -  Régénération  -   Être et condition  -  situation de conflit  -   L’Amoureuse mère  - l’homme sensible  -

Dieu se communique en foi : Mystère et attitude de la foi en Dieu  -  Jésus-Christ, Parole de Dieu    -  La voie surnaturelle  - 

Mémoire et espérance : Don et promesse  -   Pauvreté et générosité  -   purification du souvenir  -  espérance du futur   -

Education de l’amour : tu aimeras ton Seigneur Dieu  -  amour et joie  -  Biens de la terre et biens du ciel  -

Oraisons contemplatives  - Recueillement théologal  -  contemplation initiale et dans la vie  -  agir passivement  -  connaissance et amoureuse de Dieu  -

Nuit de passion : Dans la nuit obscure  -  Expérience déconcertante  -  la main de Dieu  -  Passage obligé  -

Route dans l’obscurité : Variété existentielle  -  Esprit en ténèbres  -  nuits de l’humanité  -  ardents désirs de Dieu  -  chercher le Bien-aimé  -  aspirations et désirs  -  monde de transparence  -

Créés pour aimer : Union  transformante  -  Dons et vertus  -  Expérience mystique  - Espaces intérieurs  - Glorification de l’amour  -  mourir d’amour  -  la Très Sainte Trinité et sa demeure -  

 

St jean de la croix – prince de la mystique (1542 – 1591)

Mgr cristiani

France – empire

 1960

Saint Jean de la Croix fut l’un des plus grands mystiques de l’histoire. Quelles aventures dans la vie de cet homme extraordinaire qui vécut en plein 16e siècle, à l’une des époques les plus troublées et certainement des plus dangereuses de l’histoire de l’Europe.

 

Son père était mort de bonne heure, renié par les siens pour avoir épousé une fille très pauvre. Né en vieille Castille, Jean devait, après maintes tribulations, ayant revêtu l’habit des Carmes, rencontrer l’être privilégié qui allait donner à sa vie une orientation définitive : Thérèse d’Avila. L’humble Jean ne payait pas de mine : chétif mais vif, le visage émacié, de fort petite taille. On oubliait vite cette disgrâce physique devant le regard étincelant de ses yeux noirs, où passaient toutes les ardeurs de la foi, d’un certain mysticisme et surtout du mépris de soi-même.

 

Jean et Thérèse (qui était beaucoup plus âgé que lui) étaient bien faits pour s’entendre. La réforme catholique préconisée par Thérèse devait prendre un essor grandiose, contre vents et marées, grâce à l’action simultanée, conjuguée de ces deux ames exceptionnelles. Mais pour promouvoir l’effort réformateur, Jean eut à braver l’incompréhension, les condamnations les plus cruelles, une véritable persécution qui, à certaines périodes de son existence, alla jusqu’à le priver de sa liberté, le blesser dans son corps et le menacer dans sa vie. Ce furent les souffrances mêmes endurées pour la croix, qui permirent à Jean d’approfondir l’expérience mystique.

 

Sa vie est racontée ici avec un sens du drame que rehausse une profonde sureté théologique, l’auteur a quand même soin de laisser parler le Saint-poète, dans l’ardeur d’une effusion qui perce la muraille de nos indifférences mais nous entraine dans une histoire insensée de ce « prince de la mystique » qui révolutionna la pensée chrétienne.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Jean de Yépes  -  sur la route de Tolède  -  Arevalo  -  Medina- del Campo  -  Frère Jean de Saint-Mathias  -  au carmel  -  l’Ordre du carmel  -  Au couvent de Sainte Anne  -   Salamanque  -  La réforme du Carmel  -   Duruelo  -   Mancera  -   Pastrana  -  Avila  -   Grâces et exorcisme du saint   -  La prison de Tolède   -  En Andalousie (1578-1586)   -  Almodovar   -   Béas   -   La vie spirituelle de Jean au Calvario  -   Baeza  -   la peste de 1580   -   Premiers écrits Maximes et chansons   -  pourquoi et comment Jean écrivait   -   le thème de la solitude  -   Chants de l’union à Dieu   -

Doctrines mystique de Saint Jean de la Croix   -   L’Union à Dieu  -   la lutte  -  l’escalier obscur  -   les trois vertus théologales   -  visions et révélations   -   méditations et contemplations   -   purification de la mémoire   -  l’escalier secret  -  les 7 péchés capitaux spirituels  -  les fiançailles et les noces spirituelles   -   le guide spirituel  -  le chapitre d’Alcala   -  Voyage à Grenade  -  Chez les carmélites   -  Thérèse d’Avila  -   la stigmatisée de Lisbonne    -   Sur les chemins d’Andalousie  - 

Deux grands ouvrages et chef d’œuvre  -  le Cantique spirituel  -   la Vive flamme d’amour  -  le cantique de l’âme parfaite  -   Derniers combats et dernières épreuves   -   Le Prieur de Ségovie  -  le Christ de Ségovie  -   Madrid  -  Le Calvaire final  -  2 mois à la Penuela  -   procès diffamatoire  -   vers la mort d’amour  -  les 17 conseils de Saint Jean de la Croix  -  Frère Elisée des martyrs  -  Glorification  -

 

 

st paul tout simplement

Paul bony

Edition DE L’ATELIER

 1996

Saint Paul… On connaît l’apôtre, sa conversion sur le chemin de Damas, ses multiples voyages dans le monde méditerranéen, ses lettres aux communautés chrétiennes naissantes. Pourtant dès qu’on aborde ses textes tout se complique : sa pensée théologique passe pour être difficile. Comment redécouvrir l’étonnante richesse du message de Saint Paul, l’homme qui, sans avoir accompagné Jésus, mise sa vie sur lui ? Présentée par Paul Bony, la théologie de l’apôtre est sans cesse mise en rapport avec les questions et problèmes qui surgissent dans les premières communautés chrétiennes : faut-il devenir juif pour être chrétien ? L’Évangile est-il fait pour les païens ? Si oui, que devient alors la promesse donnée à Israël d’être le peuple choisi par Dieu ? Autant de questions que l’auteur explicite en suivant le cheminement de la pensée de Paul qui apparaît ainsi accessible et éclairante. Au bout de ce voyage dans la théologie de Saint Paul, le lecteur saisira mieux le sens et la force du témoignage de l’Apôtre : « Pour moi, vivre c’est le Christ. » Cela devrait être vrai pour tout chrétien.

 

Paul est né vers l’an 8 de notre ère. Il serait donc d’une dizaine d’années plus jeune que Jésus de Nazareth. De ses parents et de son enfance, nous savons peu de choses. Dans ses lettres, il ne dit rien de sa famille. Saint Luc nous indique que Paul avait une sœur mariée, demeurant à Jérusalem et un neveu qui lui sauvera la vie (Actes 23, 16).  Toute sa vie, il a maintenu son appartenance au peuple juif : «Circoncis dès le huitième jour», « de la race d'Israël», «de la tribu de Benjamin». Saul (prononcé «saule» en français), est le nom hébreu qui lui a été donné à la circoncision. À ce nom sémitique, il ajoutera plus tard celui de Paulus. Il n'a pas changé de nom mais il porte un double nom : Saul-Paulus qui signifie «peu», «petit». Très rapidement, il sera connu sous ce seul nom.

 

Les Actes de Paul, un petit livre rédigé vers le milieu du 2e siècle, nous donnent le portrait suivant de l’apôtre des nations : « On vit venir Paul, un homme de petite taille, à la tête dégarnie, les jambes arquées, vigoureux, les sourcils joints, le nez légèrement aquilin. » À travers les siècles, la tradition a conservé cette image de Paul : petit, maigre, énergique, chauve et barbu. Paul n’avait peut-être pas un corps d’athlète, mais il était propulsé par une force et une vigueur exceptionnelles. Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, il écrit : « Souvent j'ai été près de la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois j'ai été battu de verges par les Romains; une fois lapidé; trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans la mer! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères ! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité !» (2 Corinthiens 11, 25-27) Malgré son aspect fragile, il était d’une endurance à toutes épreuves.

 

Paul est un homme d'une grande éducation. Paul est un homme d’une grande éducation. Il a fait ses premières études à Tarse, sa ville natale, et ensuite il a étudié à Jérusalem, avec le professeur juif le plus connu de son temps : Gamaliel. Ceux qui le rencontraient se rendaient compte très rapidement qu’il était une personne éduquée. Lors de son arrestation à Césarée, le Procureur romain Porcius Festus dira à Paul : «Tu es fou, Paul; ton grand savoir te fait perdre la tête». (Actes 26, 24)

 

Sur le plan culturel, Paul est très différent des apôtres qui étaient considérés par les autorités juives comme des gens ignorants. Après la résurrection, lors de leur arrestation à Jérusalem, Pierre et Jean seront jugés par les membres du Sanhédrin comme des gens sans éducation : «Considérant l’assurance de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens sans instruction ni culture, les membres du Sanhédrin étaient dans l’étonnement.» (Actes 4, 13) Paul parlait quatre langues : l’Araméen, l’Hébreu, le Grec et probablement le Latin. L’araméen était sa langue maternelle et le grec celle de Tarse et de l’Empire. Il connaissait bien l’hébreu, la langue des Saintes Écritures. Citoyen romain, il parlait sans doute la langue des maîtres de l’Empire. Il avait étudié la philosophie et la littérature de la Grèce, il excellait en géographie, en navigation et en sport. Sa vaste culture contrastait avec l’étroitesse de la religion de ses ancêtres. Non seulement Paul savait lire et écrire, il savait aussi nager : «Trois fois j’ai fait naufrage et il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans la mer.» (2 Corinthiens 11, 25) Ceci était chez les Grecs un signe d’éducation. Quatre siècle avant Jésus Christ, Platon qui a vécu de -428 à -348 écrivait : «L’ignorant est un homme qui ne sait ni lire ni nager».

 

La vie de Paul se déroula sous le règne de cinq empereurs : Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Trois d’entre eux devinrent de véritables monstres sanguinaires. Paul est né à Tarse, en Orient, il meurt à Rome, en Occident. Paul a vécu dans un temps qui favorise les voyages. Il a pu se déplacer librement grâce à la «pax romana» établie sous l’empereur Auguste. Empruntant les nombreuses routes construites par les Romains et profitant du réseau de navigation qui sillonnait la Méditerranée, il parcourt des milliers de kilomètres. L’organisation de l’Empire permettait non seulement aux armées mais aussi à la population en général de se déplacer en sécurité. Pendant treize ans, il a voyagé sur mer et entrepris de longs périples à travers collines et montagnes, sous la neige en hiver et par 40¤ de chaleur en été. Pendant ses voyages, Paul a pu profiter de la présence de nombreuses colonies juives réparties sur tout le territoire de l’empire.

 

Paul était un véritable citadin. Il connaissait peu la campagne et la vie des fermiers de son temps, mais il comprenait bien la vie urbaine, la vie militaire et les sports. Dans ses lettres, il utilise des images de l’armée, de la politique urbaine et des jeux olympiques. On y retrouve les expressions suivantes : poursuivre la course, remporter le prix, obtenir la couronne de laurier, combattre sans frapper dans le vide, courir dans la bonne direction. Il connaît les privations et la discipline des athlètes. Paul était un personnage plus grand que nature. Influencé par les valeurs du judaïsme, la profondeur de la philosophie grecque, la rigueur de la culture romaine et la richesse de la tradition chrétienne, il est devenu l’un des penseurs les plus originaux de l’histoire du christianisme.

 

STE  THÉRÈSE  D’AVILA   -  LE  CHÂTEAU  DE  l’ÂME  OU  LE  LIVRE  DES  DEMEURES 

THÉRÈSE  D’AVILA  

ÉDITION  DU  SEUIL

 1997

« Celui qui m’a ordonné cet écrit m’a dit que les sœurs de nos monastères de Notre-Dame du Mont-Carmel ont besoin qu’on leur explique certaines difficultés relatives à l’oraison ; il a pensé qu’elles comprendraient mieux le langage d’une femme, et que, vu leur amour pour moi, mes paroles leurs seraient plus efficaces que d’autres ;
il est persuadé que cet écrit aura quelques importances pour elles, si je réussis dans mon exposé.

Voilà pourquoi c’est à elles que je l’adresse ; d’ailleurs il semblerait insensé de m’imaginer qu’il puisse être utile à d’autres personnes. Notre Seigneur me fera une grande grâce si quelqu’une de mes filles en retire profit pour Le louer in petit peu plus, et Sa Majesté sait bien que tel est mon unique désir. Il est clair, en outre, que, dans le cas où je réussirais à dire quelque chose de bon, elles comprendront que cela ne vient pas de moi ; il n’y a en effet nul motif de le penser ; sans cela elles n’auraient pas plus d’intelligence que moi-même je n’au d’aptitude pour de tels sujets, à moins que le Seigneur dans sa miséricorde ne daigne me l’accorder »

Cela résume ce pour quoi Thérèse d’Avila écrivit ce merveilleux livre, basé sur les rapports entre l’âme, l’esprit et le corps, cette alchimie interne où l’homme doit se retrouver, afin de mieux se connaître mais surtout c’est dans son château intérieur, que bien plus tard M.M Davy appellera l’intériorité, que l’homme spirituel doit affronter ses peurs, ses angoisses, ses doutes, mais qui au final doit l’aider à se libérer des chaînes de la matérialité et de son ego.

 

A la demande du Père Gracian, son directeur spirituel, Thérèse d’Avila va rédiger entre le 2 juin 1577 et le 29 novembre 1577 un traité sur l’oraison destiné aux moniales des couvents réformés qu’elle a fondés « Las Moradas del Castillo interior » (Les demeures du Château intérieur). En effet le Livre de la Vie se trouve depuis deux ans entre les mains de l’Inquisition. Elle-même est assignée à résidence au monastère Saint-Joseph du Carmel à Tolède, car sa réforme des couvents est alors remise en question. La composition de l’ouvrage connaîtra une interruption de trois mois, car elle est obligée de retourner à son couvent de l’Incarnation d’Avila. Elle rédige donc cet ouvrage en deux mois environ. Ses conditions de santé sont alors fort précaires : « Depuis trois mois, j’ai tel bruit dans la tête que j’ai de la peine à écrire » (Prologue). Ce qui frappe à la lecture, c’est la découverte d’un genre littéraire peu familier chez la Madre : la poésie qui s’épanouit en une métaphore filée tout au long de l’ouvrage. « Il s’agit de considérer que notre âme est un château tout de diamant ou de pur cristal, qui se compose de maintes pièces, tout comme il y a au ciel maintes demeures » (Chapitre 1).

 

Au centre du château « se trouve la salle principale où il se passe des choses du plus haut secret entre Dieu et l’âme » (I ères demeures I, 3). La porte d’entrée de ce château est l’oraison. Thérèse d’Avila avait déjà abordé ce sujet dans le Livre de la Vie dans une sorte d’autobiographie spirituelle. Ici, elle suit les conseils du Père Gracian : « Notez ce dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres idées et faites un nouveau livre, sans nommer la personne en qui ces choses se sont passées. » Ainsi son expérience est transposée dans l’évocation des sept demeures du parcours de l’âme jusqu’au centre du château, lieu intime du « mariage spirituel ».

 

Résumé du Château intérieur ou Demeures de l’âme

 

1ères demeures : l’âme découvre le mystère du mal et du péché qui consiste, de la part du démon, « à refroidir l’amour et la charité des unes envers les autres ». Sont même dénoncés ici comme une ruse du démon « les zèles (spirituels) intempestifs » (I, II, 17).

2èmes demeures : l’accent est alors mis sur la vertu de persévérance dans l’oraison, car « si mollement que vous vouliez la pratiquer, Dieu en fait grand cas » (II, 3). L’aide spirituelle peut venir de « voix et d’appels » tels que des paroles de gens de bien, des sermons, de bonnes lectures, mais aussi des maladies ou des épreuves.

3èmes demeures : les sécheresses spirituelles, qui tarissent notre oraison, doivent être une école d’humilité et non d’inquiétude. Cette humilité consiste à accepter cette épreuve et « à soumettre en tout notre volonté à celle de Dieu » (II, II, 6).

4èmes demeures : « Comme à présent ces demeures sont plus proches du lieu où se tient le Roi, grande est leur beauté » (IV, I, 2). La distinction est faite entre les joies naturelles et bénéfiques qui « ont leur source en nous et aboutissent à Dieu » et « la jouissance (spirituelle) qui a sa source en Dieu » (IV, I, 4). Ce vocabulaire nous prépare à la notion d’union mystique.

5èmes demeures : où il est traité de la façon dont l’âme s’unit à Dieu dans l’oraison. « Sa Majesté elle-même est notre demeure dans cette oraison d’union dont nous sommes, nous, les ouvrières » (V, II, 5). « Oh, Seigneur, quelles épreuves nouvelles attendent cette âme ! Qui aurait dit cela après une aussi haute faveur ? Enfin, bref, d’une manière ou d’une autre, il y a forcément une croix à porter tant que nous vivons » (V, II, 9).

6èmes demeures : « Où elle montre comment, à mesure que le Seigneur accorde de plus hautes faveurs, les épreuves se font plus rudes » (VI, I). L’âme va éprouver toutes sortes d’épreuves intérieures et extérieures avant d’entrer dans la septième demeure : persiflage ou éloges excessifs, très graves maladies sans compter les peines intérieures. Cependant des signes indubitables montrent que l’âme a bien expérimenté l’oraison d’union : d’abord la charge de puissance et d’autorité des mots entendus, ensuite la grande quiétude qui demeure en l’âme, enfin la persistance de ces paroles qui ne s’effacent jamais.  

7èmes demeures : c’est la révélation du Mystère de la Très Sainte Trinité. « L’âme comprend avec une absolue certitude que ces trois personnes distinctes sont une seule substance, un seul pouvoir, un seul savoir et un seul Dieu » (VII, I, 6). « L’âme voit de toute évidence qu’elle abrite ces trois Personnes en son sein, tout à fait tout à fait à l’intérieur, au plus profond, sans pouvoir dire, par manque d’instruction, comment elle ressent en elle cette divine compagnie » (VII, I, 7).

Tel est l’itinéraire mystique vécu par Thérèse d’Avila qu’elle dévoile à ses moniales, ses filles spirituelles, par le détour de l’image qui préserve le Sacré.

 

STE  THÉRÈSE  D’AVILA  -   LE  CHÂTEAU  INTÉRIEUR

THÉRÈSE D’AVILA 

ÉDITION  PAYOT

 1998

« J’ai considéré notre âme comme un château, fait d’un seul diamant ou d’un cristal très pur, dans lequel il y a plusieurs appartements : au centre, au milieu de nous, se trouve le principal, où se passent les choses les plus secrètes entre Dieu et l’âme »

 

Thérèse d’Avila ou Thérèse de Jésus (1515-1582), canonisée en 1622, proclamée docteur de l’Eglise en 1970, fondatrice de l’Ordre des carmes de déchaux, est à la mesure du cadre historique de la Renaissance. Elle traite de la spiritualité dans des ouvrages qui feront autorité, avec un accent profondément personnel et un style qui en font un des plus grands écrivains mystiques. Après le Livre de la vie, le Chemin de la perfection et le récit de ses fondations, en 1577, à la demande de ses supérieurs, elle commence à écrire Le Château Intérieur, itinéraire des progrès spirituels depuis l’état précaire du chrétien qui côtoie le péché jusqu’à la consommation suprême de la perfection.

 

Le Livre des Demeures ou le Château intérieur de sainte Thérèse est couramment considéré comme le meilleur. Plus qu’une histoire, ce livre est une biographie, plus encore, une autobiographie. Dans son dialogue avec Gratien, alors qu’ils parlent du Livre de la Vie, celui-ci dit à la Sainte : « Notez ce dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres idées et faites un nouveau livre, sans nommer la personne en qui ces choses se sont passées. » L’auteur elle-même, satisfaite de son œuvre, donne sa préférence à celui-ci plutôt qu’à l’autre : aux Demeures plutôt qu’à la Vie. En termes de joaillerie, et bien que pour elle la Vie soit un bijou, le deuxième (le Château intérieur) est plus précieux, avec plus de délicates parures et de labeurs. Dit d’une autre manière et par elle-même : « Cet autre joyau est bien supérieur, il me semble, au premier quoique le frère Domingo Bañez dise qu’il n’est pas bon ; au moins, j’avais plus d’expérience que lorsque je l’écrivis. » L’ordre d’écrire les Demeures lui vint de trois côtés : du père Gratien, du docteur Velázquez et du grand « verrier » : Jésus-Christ qui était par ailleurs son « livre vivant ».

 

Les conditions de santé que connaissait la Madre étaient très pénibles : « Ma tête est si faible et il s’y fait un tel bruit que j’ai déjà bien de la peine à écrire pour les affaires indispensables. » La situation de l’Ordre était très périlleuse et Thérèse se trouvait elle-même confinée à Tolède, en guise de prison. Mais la force de cette femme lui donne l’équilibre nécessaire pour pouvoir écrire en grand. Et celle qui a mené à terme tant de fondations sans santé et parmi tant de contradictions, va maintenant construire son château avec la même force de volonté. L’heure de la première pierre et celle de la dernière, c’est elle-même qui nous les révèle : « Je commence donc à exécuter ce qu’elle me prescrit (l’obéissance), aujourd’hui, fête de la très sainte Trinité de l’année 1577, en ce monastère de Saint-Joseph du carmel de Tolède, où je me trouve actuellement. » Ceci se trouve dans le prologue. Et dans la conclusion du livre : « Cet écrit a été achevé au monastère de Saint-Joseph d’Avila, l’année 1577, la veille de saint 3 André (29 novembre), pour la gloire de Dieu, qui vit et règne dans tous les siècles. Amen. » (épilogue, 4)

 

En tout, six mois moins deux jours entre le moment où elle a commencé à écrire et celui où elle termine. Elle parle au moins deux fois d’une interruption de la rédaction : « C’est que les affaires et mon peu de santé m’obligent souvent à suspendre mon travail au meilleur moment »  et à un autre endroit elle dira : « Il s’est passé près de cinq mois depuis que j’ai commencé à écrire, et comme l’état de ma tête ne me permet pas de me relire, sans aucun doute il y aura dans ce travail un désordre complet et peut-être des redites ». Elle revient à son manuscrit et termine l’œuvre le 29 novembre.

 

Le livre achevé, elle regarde « pour bien employée la peine qu’il m’a coûtée, peine d’ailleurs bien légère ». L’autographe des Demeures se trouve au monastère des carmélites de Séville depuis octobre 1618. En 1622, il fut porté en procession dans les rues de Séville à l’occasion des fêtes de la canonisation de l’auteur. La dernière et la plus longue sortie du manuscrit eut lieu en 1961 jusqu’à Rome où il fut convenablement restauré. Il est retourné à Séville en 1962 où il est conservé au couvent des déchaussées, dans un inappréciable reliquaire : les murailles d’Avila se sont transformées en château pour enfermer et garder l’autographe du Château intérieur. Cette œuvre ultime est due à l’idée et à la demande du Général de l’Ordre de l’époque, le Père Anastasio Ballestrero. Les premières destinataires sont ses moniales, comme elle le dit dans cette sorte de dédicace : « JHS. Ce traité, intitulé “ le château intérieur ”, a été écrit par Thérèse de Jésus, religieuse de Notre-Dame du Mont-Carmel, pour ses sœurs et ses filles, les religieuses carmélites déchaussées. »

 

STE  THÉRÈSE  D’AVILALE  CHEMIN  DE  LA  PERFECTION

Préface et  Introduction  du R.P  GREGOIRE DE St JOSEPH

ÉDITION  DU  SEUIL 

 1961

Peu de femmes au monde ont mené une vie aussi active, aussi pratique, aussi lucide, que Thérèse d’Avila. Toujours par monts et par vaux, dans cette Espagne du 16e siècle où elle plantait les fondations de communautés toutes neuves, elle n’oubliait cependant jamais le sens profond de son action. A combien est-il donné d’échapper comme elle à ce danger ?

 

Son secret n’en était pas un, car elle ne cessait d’en transmettre la plénitude ; jour après jour, elle le disait, familièrement, concrètement, à celles dont elle était responsable : seul l’amour de Dieu est efficace, et il est exigeant. On lui demanda de laisser tout cela par écrit, elle obéit, accepta de rédiger, pour transmettre à ses sœurs son expérience, un petit livre : son librillo. Encore une action efficace ; c’était un grand livre qui s’appelle : Le chemin de la perfection.

 

Divisé en 44 chapitres cet ouvrage expose les conseils, les idées et la conception que se faisait Thérèse d’Avila, de sa vie de moniale, de sa vie spirituelle et de sa vision de Dieu sur terre.

 

Ste THÉRÈSE D’AVILA  - SA  VIE

Marcelle auclair

Edition DU SEUIL

 1950

La vie de Thérèse D’Avila racontée par Marcelle Auclair possède les couleurs et la vivacité d’un roman de cape et d’épée. Et pourtant, il n’est pas dans cet ouvrage un fait qui ne soit conforme à la stricte vérité historique, pas un mot prêté à Ste Thérèse qu’elle n’ait effectivement prononcé. C’est cette double qualité – un récit à l’allure souple, vivante et agréable, d’une part, étayé à chaque page par les références historiques les plus solides, d’autre part – qui fait la valeur inégalée de cette biographie. Écrire la vie extraordinaire d’une des plus grandes mystiques de tous les temps était une gageure : Marcelle Auclair l’a réussi au-delà de toute attente. André Maurois ne parlait-il pas, lors de la parution de ce livre, de « biographie parfaite » ?

 

Thérèse est originaire d'une vieille famille castillane: son grand-père était un marchand juif de Tolède converti au Christianisme. Très tôt, elle perd sa mère et est élevée au couvent des Augustines à Ávila. En 1536, Sainte Thérèse d'Avila entre au couvent de l'Incarnation dans la même ville, où les Carmélites suivaient une règle fort adoucie. Tombée gravement malade, en 1537, Sainte Thérèse d'Avila retourne dans sa famille. Après sa convalescence, elle revient, en 1539, dans son couvent. Elle y mène une vie sans grande ferveur religieuse. Mais un jour de 1542, alors qu'elle prie devant une statue du Christ flagellé, Sainte Thérèse d'Avila entre dans un chemin de conversion qui devait bouleverser sa vie. Sainte Thérèse d'Avila s'engage dans la voie périlleuse de la mystique.


L'ordre des Carmes est né, au XIIe siècle, dans le royaume franc de Jérusalem du rassemblement d'ermites vivant au mont Carmel. Dès 1450, une réforme est entreprise par Jean Soreth, en Espagne, pour un retour à leur vocation initiale. Il fonde l'ordre des Carmélites cloîtrées, alors que les Carmes ne le sont pas. Vers 1560, Sainte Thérèse d'Avila souhaite fonder un couvent où la règle primitive soit de nouveau strictement observée: une vie rude consacrée à la contemplation de Dieu. Sainte Thérèse d'Avila participe ainsi au vaste courant de réformes issu du concile de Trente (1545-1563) qui secoue alors le monde chrétien. Toutefois, une telle entreprise se heurte à une sévère opposition, qu'elle parvient à vaincre, en 1562, en fondant avec une trentaine de religieuses le couvent de Saint-Joseph à Ávila. Durant cette période, elle entreprend la rédaction de sa première œuvre littéraire: le Chemin de la perfection, qui paraîtra en 1583.

De 1567 à sa mort, Sainte Thérèse d'Avila consacre son temps à l'élargissement de la réforme de l'ordre; l'un des signes des Carmes rénovés, dans le sens de l'austérité, est qu'ils ne portent point de bas (Carmes «déchaussés» ou «déchaux»). Tout au long de sa tâche, elle sera soutenue par Saint Jean de la Croix qui entreprendra la même réforme dans la branche masculine des Carmes. Cette assistance, ainsi que celle de ses confesseurs, est d'autant plus précieuse que Sainte Thérèse d'Avila doit affronter l'hostilité de certaines autorités ecclésiastiques et la résistance des Carmes qui s'opposent à la réforme. Cependant, les fondations (une quinzaine de son vivant) se multiplient sous son impulsion. Cette activité ne l'empêche pas de progresser dans son aventure mystique, dont l'ultime stade aboutissait, selon sa propre métaphore, à la «pure contemplation», qui s'abîme dans son fameux nada. Son confesseur, le père Gratien, l'invite à relater les étapes de son propre itinéraire: le Livre des fondations (rédigé à partir de 1577, publié en 1610) et le Château intérieur (rédigé en cinq mois, en 1577, et publié en 1588, avec le livre de la Vie).

Sainte Thérèse d'Avila, béatifiée en 1614 et canonisée en 1622, demeure une figure prestigieuse de la sainteté chrétienne, tant par son œuvre réformatrice, sanctionnée par la création de nombreux couvents «déchaux», que par ses écrits mystiques. Elle est devenue, en 1970, la première femme proclamée Docteur de l'Église.

 

STE  THÉRÈSE D’AVILA  - SA  VIE,  SA  PENSÉE, SON  OEUVRE 

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2006

En 1492, lors de la chute de Grenade, les Rois Catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, ouvrent la réunion de leurs états, le siècle d’Or espagnol commence. Charles Quint leur petit fils né en 1500, scelle leurs espérances de suprématie européenne. Ainsi la seconde moitié du XVIe siècle suscita sous la protection de Charles Quint puis de Philippe II un fort élan spirituel en Espagne, qui se traduisit par trois aspects essentiels.

 

Le premier se développe au sein du clergé qui entreprend une réforme en profondeur de l’Eglise.

 Le deuxième se manifeste à travers la foi ardente du peuple espagnol, qui de la paysannerie à la noblesse est animé par un modèle fanatique de la sainteté.

Le troisième donne naissance à un fort courant mystique, dont l’objectif essentiel consiste en la quête de l’union à Dieu, et qui se caractérise par l’expression lyrique et passionnée de l’aventure intérieure.

 

Deux grandes figures réformatrices dominent cette période de fermentation : Ste Thérèse d’Avila, puis Jean de la Croix. Il est souvent dit que Jean de la Croix fut le maître spirituel de Thérèse d’Avila, alors que c’est elle qui l’influença et le persuada de réformer l’ordre des carmes, tout en regrettant ses excès mystiques. Mais l’histoire surtout religieuse étant affaire d’homme, le politiquement correct a écrit le contraire.

 

Thérèse naquit en 1515 à Avila, elle prend l’habit en 1536, après mures réflexions, et le choix du carmel de l’incarnation révèle une pensée déjà contemplative à laquelle s’ajoute la prise de conscience des vanités du monde et de la sécurité de la vie monastique, mais son véritable moteur est l’amour : l’amour de sa famille qu’elle doit quitter, l’amour de Dieu auquel elle aspire, et l’amour des autres qu’elle se donne comme mission d’expliquer et de développer.

 

Elle apprend l’oraison, la contemplation, la lutte de la dualité, la lutte des tentations, la lutte avec les résistances du moi. Les souffrances du renoncement accompagneront toujours les états mystiques de Thérèse, et ce jusqu’à sa mort. Elle apprend à décrypter ses visions, et à suivre la capacité de son âme à s’anéantir, pour se laisser envahir en totalité par l’amour divin.

 

Elle fonde des monastères, réforme les règles, voyage inlassablement dans toute l’Espagne, entretient des correspondances avec  beaucoup de religieux dont Jean de la Croix (né en 1542), à qui elle demande de réformer certains monastères qui ne suivent plus les règles, elle écrit beaucoup, dont son œuvre centrale : le château intérieur ou château de l’âme,  est la synthèse de sa vie ésotérique, religieuse, et réformatrice  et son testament spirituel, magnifique et toujours d’actualité.

 

Dans un très bel article Jean Tourniac, nous parle de ses descendances juives, remontant aux marranes, ces juifs qui n’eurent que le choix de se convertir ou de se faire tuer, puis il nous explique pourquoi l’enseignement chrétien est souché sur l’ancien testament avec explications de la mystique juive en filagramme des enseignements ésotériques et maçonniques.

 

Gilles Rouvillois explique l’œuvre de Thérèse d’Avila et la possibilité de voir dans la spiritualité chrétienne trois courants principaux. Le premier courant est la Gnose représenté surtout par Maître Eckhart et Clément d’Alexandrie. Le deuxième courant est la mystique chrétienne générale, qui est une voie d’amour, représenté par Saint Bernard et Saint François d’Assise. Le troisième courant est le « mysticisme » ou « mystique passionnelle », cette voie est illustrée par les mystiques rhénans et par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.

 

Enfin Emmanuel Delorme dans un superbe article de 65 pages détaille les 7 demeures que l’on trouve dans l’œuvre de Thérèse et son château intérieur. Il commente ses écrits et nous emmène dans un voyage métaphysique dans le cœur et l’intériorité de Ste Thérèse d’Avila.

 

st thomas d’aquin & la thÉologie

M.D. chenu

Edition Du Seuil

 1994

La vie et l’enseignement de ce maître spirituel et docteur en théologie qui enseigna la théologie au XIIIème siècle et par les démonstrations des 5 voies prouva l’existence de Dieu.

Thomas d’Aquin (1225-1274) est l’auteur le plus représentatif de la tradition théologique chrétienne en Occident. Ses deux œuvres majeures sont la Somme de Théologie et la Somme contre les Gentils. Il s’agit de deux synthèses théologiques de grande envergure, dont le contenu est foncièrement similaire, mais selon un ordre de présentation différent dans les deux cas. Nous nous intéresserons ici principalement à la Somme contre les Gentils, car c’est elle surtout qui permet de bien saisir l’importance que Thomas d’Aquin reconnaît à la théologie naturelle au sein de la théologie chrétienne.

Aujourd’hui, le courant thomiste (qui se réclame de Thomas d’Aquin) est l’un des trois courants principaux en théologie contemporaine (les deux autres sont la théologie mainstream et la théologie analytique). Il a même dominé la théologie catholique de la première moitié du 20e s. sous la forme du « néo-thomisme ». Même si le thomisme est devenu aujourd’hui très marginal (notamment à la suite du Concile Vatican II), la pensée de Thomas d’Aquin demeure très intéressante : bien que ses enseignements soient aujourd’hui dépassés sur de très nombreux points (à cause des progrès de la science et de la philosophie), certaines de ses idées demeurent fondamentales : c’est le cas notamment de sa conception des rapports entre théologie naturelle et théologie révélée.

Pour Thomas d’Aquin, la théologie chrétienne est une symbiose de théologie naturelle et de théologie révélée.

Plus simplement encore, c’est la symbiose de la révélation et de la philosophie : la synthèse du meilleur de notre connaissance de Dieu, nourrie à la fois de la compréhension de ce que Dieu nous a révélé de lui-même (la révélation) et de ce que nous-mêmes avons pu comprendre de Dieu à partir de notre connaissance du monde (la philosophie). Dans cette symbiose, on peut même dire que la philosophie se taille la part belle : Thomas d’Aquin n’hésite jamais à laisser dire et à faire dire par la philosophie tout ce qu’elle peut dire de Dieu. Quand une même vérité sur Dieu nous vient à la fois de la philosophie et de la révélation, il est suffisant (et même préférable) que ce soit la philosophie qui la dise ! Telle est la pratique de la Somme de Théologie : par exemple, la partie I (qui porte sur Dieu) commence par une démonstration purement philosophique de l’existence de Dieu (Question 2). Et tout lecteur non prévenu de l’ensemble de cette première partie aura l’impression irrésistible (et tout à fait vraie) qu’il s’agit à 80% de pure philosophie... Il apparaît tout à fait naturel à Thomas d’Aquin que la théologie chrétienne soit aussi « naturelle » que possible.

Telle est la pratique constante de Saint Thomas. Mais il existe un texte très important où Saint Thomas s’exprime de façon claire et directe sur la question qui nous occupe : en quoi théologie naturelle et théologie révélée sont-elles à la fois différentes et profondément unies en théologie chrétienne ? Il s’agit du Prologue de la Somme contre les Gentils (SG). Ce prologue occupe les chapitres 1 à 9 du Livre I de la SG : nous nous proposons ici de résumer l’enseignement de ces quelques chapitres et de mettre en évidence ce qu’il a de particulièrement important. D’abord : un mot sur la Somme contre les Gentils dans son ensemble. La principale caractéristique de la SG, par rapport aux autres synthèses théologiques de Saint Thomas, c’est son plan (son organisation) : ce qui relève de la théologie naturelle (Livres I à III) est nettement distingué de ce qui relève de la théologie révélée (Livre IV). La SG expose la même théologie que la Somme de Théologie, mais en distinguant très soigneusement ce qui relève de la théologie naturelle (de la philosophie) et ce qui relève de la théologie révélée (de la foi, ou de la théologie au sens strict).

Pourquoi une distinction aussi nettement tracée ? Il existe une réponse traditionnelle : la SG serait ainsi construite parce que c’est une œuvre à visée missionnaire, destinée avant tout à soutenir la controverse avec les non-chrétiens (principalement les Juifs et les Musulmans). La discussion avec les Musulmans ne peut se faire que sur une base indépendante de la révélation chrétienne (donc au plan de la simple raison) : c’est l’intérêt de tout le versant « théologie naturelle ». Quant au versant « théologie révélée », il permet de discuter principalement avec les Juifs, avec qui les Chrétiens partagent la révélation de l’Ancien Testament (la question étant alors : le message du Nouveau Testament, spécifique au christianisme, est-il en accord avec celui de l’Ancien Testament ?) ; mais il permet aussi accessoirement la discussion avec les Musulmans : Saint Thomas est très attentif, dans le livre IV, à montrer que la révélation chrétienne, même si elle dépasse la raison, est néanmoins compatible avec elle.

Pour Saint Thomas, la sagesse consiste à comprendre et exposer la vérité de la foi catholique, vérité suprêmement importante qui porte sur la chose la plus importante de toutes. Mais en quoi consiste plus précisément une telle vérité ? La première précision que Saint Thomas juge utile d’apporter (chap. 3), c’est que cette vérité suprême présente deux versants : il y a ce qui en elle dépasse toute capacité de la raison humaine (ordre de la théologie révélée), et ce qui en elle peut être atteint même par la raison (ordre de la théologie naturelle). Dans ce que nous professons sur Dieu, il y a des vérités de deux sortes. Certaines vérités sur Dieu dépassent toute la capacité de la raison humaine : par exemple, que Dieu soit trine et un. D’autres, en revanche, peuvent être atteintes même par la raison naturelle : par exemple, que Dieu est, qu’il est un, et d’autres du même ordre ; et celles-là, même les philosophes les ont prouvées démonstrativement, conduits par la lumière de la raison naturelle. On serait peut-être tenté de conclure : donc la théologie naturelle ne sert à rien ! Puisque les vérités qu’elle expose relèvent aussi de la foi... On nous dit que la deuxième sorte de vérités peuvent être atteintes même par la raison naturelle : cela signifie qu’elles peuvent être atteintes et par la foi et par la raison ; ce qui n’est pas le cas de la première sorte, qui n’est accessible qu’à la foi. D’où logiquement, semble-t-il : la foi suffit pour faire de la théologie !

Mais il est tout à fait remarquable que telle n’est pas du tout la position de Saint Thomas ! Pour lui, c’est plutôt l’inverse qui est vrai : si une vérité divine est atteignable par la raison naturelle, il suffit pour le théologien de l’atteindre de cette façon... En fait, pour Saint Thomas, le point de vue central de la théologie demeure celui de la raison : le travail de la théologie consiste à comprendre et exposer tout ce que la raison peut naturellement saisir de Dieu, et, concernant ce qui la dépasse, à en comprendre et exposer ce qu’elle peut tout de même en saisir ! (Observons bien que les « mystères » du christianisme, qui sont exposés dans le livre 4, ne sont pas du tout exposés d’une façon « mystique », mais au contraire d’une façon autant que possible rationnelle  : quel est leur contenu dans la mesure où il est saisissable, quelle est leur cohérence interne (leur « consistance », dirait un logicien), quelle est leur compatibilité, voire leur probabilité en fonction de ce que nous savons par ailleurs des choses du monde,.

Donc, pour Saint Thomas, si quelque chose devait suffire pour faire de la théologie, ce serait plutôt la raison que la foi ! Il est en tout cas manifestement évident pour lui que si une vérité concernant Dieu est connaissable par la raison naturelle, il suffit au théologien de la connaître de cette façon : ce qui montre que c’est évident à ses yeux, c’est qu’il n’argumente absolument pas cette position. En effet, si on lit les chapitres suivants (4 à 8), on constate qu’il argumente d’abord l’utilité de la foi (chap. 4-6), puis l’utilité de la raison même dans les vérités qui ne relèvent que de la foi (chap. 7-8) - mais qu’en revanche il ne se pose même pas la question de l’utilité d’une connaissance purement rationnelle des vérités divines qui relèvent de la raison naturelle ! S’il ne se pose pas cette question, c’est simplement que cette utilité est pour lui absolument évidente.

 

ST THOMAS D’AQUINLECTURE DU COMMENTAIRE DE THOMAS D’AQUIN SUR LE TRAITḖ DE L’ÂME D’ARISTOTE -       L’ÂME SOUFFLE DE VIE

Traduction Guy François Delaporte

Edition  L’Harmattan  1999

 1999    -     Réed-2015

Dans son Histoire intellectuelle de l’Occident médiéval, Jacques Paul présente Thomas d’Aquin comme “l’esprit le plus précis et le plus vigoureux du siècle”. On est frappé, en effet, par la rigueur de la démarche intellectuelle de Thomas d’Aquin, par la précision des questions, parfois surprenantes, toujours légitimes, par l’unité d’un propos profondément élaboré, rendu par une syntaxe remarquablement simple. Notre théologien puise, plus que tout autre, dans la philosophie d’Aristote. N’allons pas trop vite en besogne et faire de Thomas d’Aquin un simple adaptateur qui aurait eu soudain l’idée géniale de pimenter la théologie de sauce aristotélicienne. Rappelons qu’il n’existait pas une compilation classique des œuvres d’Aristote, revue, corrigée et agréée par l’université. Albert le Grand l’a dit avec humour: “Tous les péripatéticiens s’accordent sur le fait qu’Aristote a dit la vérité, mais ils ne s’accordent pas sur ce qu’a dit Aristote et chacun d’eux l’interprète à sa façon”.

Depuis le commencement de l’œuvre de Thomas, la philosophie est l’outil permanent de sa théologie. Aristote se taille évidemment la part du lion. En cette première moitié de XIIIe siècle il n’y a pas de personnage plus illustre dans les universités : tout le monde a Aristote à la bouche et le cite à tout propos. Thomas amendera cependant l’enseignement du Stagirite et l’ajustera.

Thomas d’Aquin naît en 1224 ou 1225, au château familial de Rocca Secca, en Campanie, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Naples, dix ans après que saint Dominique ait fondé l’Ordre des Frères Prêcheurs. Ses parents le placent à l’abbaye bénédictine voisine du Mont Cassin, où Thomas, qui n’a que cinq ans, est reçu comme oblat.

Dix ans plus tard il entre à l’université de Naples où il étudie les arts. Il y côtoie des dominicains. Et à ce moment-là il se passe quelque chose d’assez exceptionnel et décisif. On est en 1244. Thomas a vingt ans. Contre l’avis de sa famille, Thomas entre au couvent des Frères Prêcheurs. À l’instar de François d’Assise qui, trente ans plus tôt, avait tourné résolument le dos à l’opulente bourgeoisie de son père, Thomas d’Aquin refuse le système ecclésio-féodal et les promotions assurées aux carriéristes. La famille de Thomas s’arrache les cheveux ! Pour elle, qui voyait le petit grandir au Mont-Cassin en vue d’en devenir l’abbé, les choses n’allèrent pas se passer comme ça ! La mère de Thomas, veuve depuis peu, envoie ses autres fils, enlever leur frère qu’ils séquestrent dans un des châteaux de la famille. Thomas ne désarme pas. Car le fiston est têtu et reste sur ses positions. Sa mère finit par céder. L’hagiographe de Saint Thomas d’Aquin, Guillaume de Tocco, raconte que la mère de Thomas ayant compris qu’il était vain de lutter contre le Saint-Esprit, trompa les gardiens du château, et permit que Thomas fût glissé par la fenêtre à l’aide d’une corde. Et qui attend l’évadé au pied du mur ? Les frères dominicains bien sûr ! Qui le rapatrient dans leur couvent, avant de décider, quelques temps plus tard, d’envoyer Thomas faire ses études à Paris.

C’est à Paris qu’est installé Maître Albert le Grand, la personnalité universitaire de référence. Sous sa direction, Thomas d’Aquin poursuit ses études théologiques, de 1245 à 1248. Bonaventure est alors le collègue de Thomas d’Aquin. On se méfie beaucoup de la philosophie à cette époque, à Paris comme ailleurs. En 1220, les dominicains réunis par saint Dominique en chapitre général, à Bologne, avaient tout bonnement interdit à leurs étudiants l’étude des livres des païens et des philosophes, leur lecture devant être réservée aux livres de théologie  Ces dispositions ne résistent pas longtemps à l’incursion des œuvres d’Aristote dans les universités. Personne n’ignorait cette mine de vrai savoir, et surtout pas Albert le Grand qui ne se laisse pas impressionner par les interdits ou les pressions exercées par certains de ses collègues opposés aux thèses du savant philosophe, qu’Albert lit et commente abondamment.

Il est un peu la coqueluche des étudiants, Albert. Thomas suit quotidiennement ses leçons au couvent Saint-Jacques, en compagnie de son collègue Bonaventure. Thomas est très attaché à son maître, qui l’emmène avec lui à Cologne quand le maître de l’Ordre des dominicains envoie Albert le Grand y fonder une faculté de théologie. Si l’on franchit si aisément les frontières de l’Europe à cette époque, quoiqu’il ne faille compter que sur ses jambes, sa patience, et sa mule, c’est parce que partout l’on parle le latin.

Quatre ans plus tard, en 1252, Thomas d’Aquin revient à Paris, au couvent Saint-Jacques, pour y enseigner et acquérir les grades universitaires. Il vit en plein quartier latin. Le pape Innocent IV dit de l’université de Paris qu’elle est “le four où cuit le pain intellectuel du monde latin”. Jusqu’ici les clercs sont peu formés. Ils apprennent à lire et à expliquer les Écritures auprès d’un prélat, ou bien dans une école cathédrale, collégiale ou monastique. Les ouvrages-clés de leur formation sont minces. On y trouve les Confessions de saint Augustin, une réflexion sur le sacerdoce de saint Jean Chrysostome, et c’est à peu près tout. Les onze premiers siècles se sont déroulés sans qu’on élabora le moindre cycle d’études scripturaires ou théologiques. Au XIIe siècle Pierre Lombard avait écrit quatre livres, assez rudimentaires, Les Sentences, qui constituent le seul objet d’étude pour les clercs. L’œuvre de Thomas reléguera vite l’ouvrage du Lombard, notre théologien parvenant à concilier intelligemment l’aristotélisme avec le christianisme. Ce qui importe à Thomas, ce n’est pas la réhabilitation des thèses d’Aristote mal comprises, redécouvertes par l’Occident grâce aux Arabes et à leur formidable travail de traduction, c’est la vérité essentielle que véhicule cette philosophie et dont on peut tirer bénéfice pour l’intelligence de la foi. “Ce qui importe à mon intelligence, écrit Thomas d’Aquin, ce n’est ni ce que tu veux ni ce que tu comprends, mais la vérité de la chose”. Thomas “est moins préoccupé de répéter Aristote que de le plier à l’orthodoxie chrétienne”, rapportent Marcel Neusch et Bruno Chenu.

En 1256, Thomas est nommé régent d’une des écoles de théologie du couvent Saint-Jacques, intégrée à l’université de Paris. Trois ans durant il prêche, enseigne, et préside aux disputes théologiques bisannuelles. Les bacheliers et les professeurs sont tenus d’assister à ces joutes que le maître conclut par un arbitrage incontesté. Thomas est rappelé en Italie en 1259 par le pape Alexandre IV qui veut l’attacher à la curie pontificale en tant que lecteur en théologie. Thomas suit la curie à Anagni, Orvieto et Viterbe, dans la province romaine à laquelle il appartient. Thomas enseigne. Sa réputation ne cesse de grandir. Fin 1268 il revient à Paris, reprenant la chaire qu’il avait occupée. En 1272, de nouveau en Italie, il est maître régent du studium des Frères Prêcheurs de Naples. En 1274, il quitte Naples pour se rendre au concile de Lyon, sur l’invitation du pape Grégoire X. Faisant halte à l’abbaye cistercienne de Fossanova, Thomas y meurt, le 7 mars.

En 1277, trois ans après la mort de Thomas d’Aquin, l’évêque de Paris, Etienne Tempier, menace d’excommunication toute référence à l’aristotélisme et va jusqu’à condamner certaines thèses de Thomas d’Aquin. Oxford emboîte le pas et censure à son tour. Tout cela ne tiendra guère. Thomas d’Aquin est canonisé en 1323, il devient recommandable, “incontournable” même, carrément insurpassable. Ses textes sont considérés comme l’expression définitive de la philosophia perennis, de la philosophie éternelle. En 1573, Saint Thomas d’Aquin est déclaré Docteur de l’Église. On lui découvre désormais du génie. Au point que Léon XIII, en 1879, fait obligation aux clercs d’étudier selon l’esprit de saint Thomas.

 

ST THOMAS D’AQUIN    -        L’HOMME ChrÉtien

A. MENNESSIER

Edition DU CERF

 1965

Un livre sur St Thomas d’Aquin vu sous l’angle très chrétien.

 

Né dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie. Au bout d'un an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon. Devenu professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre. Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme Théologique". Comme professeur, il doit aussi soutenir de véhémentes controverses avec des intellectuels chevronnés. Il voyage aussi à la demande des Papes. Mais c'est l'étude qui a toute sa faveur : à la possession de "Paris la grande ville", il dit préférer "le texte correct des homélies de saint Jean Chrysostome sur l'évangile de saint Mathieu". Il meurt sur la route, en chemin vers Lyon où il devait participer au grand concile de 1274.


Le 23 juillet 2010 - catéchèse sur saint Thomas d'Aquin consacrée à la Summa Theologiae, l'apogée de son œuvre en 512 questions et 2.669 articles. Le Docteur Angélique y expose avec précision et pertinence les vérités de la foi découlant de l'Écriture et des Pères, principalement de saint Augustin. "Comme la vie entière, rappelle Thomas, l'esprit humain doit être sans cesse éclairé par la prière et par la lumière qui vient du Ciel". Dans la Somme, a dit Benoît XVI, saint Thomas décrit les trois modes d'existence de Dieu: Dieu existe en lui-même, il est principe et fin de toute chose, tout vient de lui et en dépend. Ensuite, Dieu se manifeste par la grâce dans la vie et l'action du chrétien et des saints. Enfin il est tout particulièrement présent en la personne du Christ et dans les sacrements découlant de sa mission rédemptrice".


Puis le Pape a rappelé que saint Thomas s'est tout spécialement intéressé au mystère eucharistique, pour lequel il avait une grande dévotion... A la suite des saints, attachons-nous à ce sacrement. Participons avec ferveur à la messe afin d'en retirer des fruits spirituels. Nourrissons-nous du corps et du sang du Seigneur afin de recevoir continuellement la grâce divine. Arrêtons-nous souvent devant le Saint Sacrement! Ce que Thomas d'Aquin a exposé avec rigueur dans son œuvre, et en particulier dans la Somme, il l'a également transmis dans sa prédication. Son contenu...correspond pratiquement entièrement à la structure du Catéchisme de l'Église Catholique... Dans une époque marquée par un fort souci de reévangélisation, ces thèmes fondamentaux ne doivent pas manquer car ils sont ce en quoi nous croyons, le symbole de la foi, ce que nous récitons comme le Pater et l'Ave Maria, ce que nous vivons en vertu de la révélation biblique, ainsi que la loi de l'amour...de Dieu et du prochain".


Dans son "opuscule sur le Symbole des Apôtres", Thomas explique la valeur de la foi. Grâce à elle les âmes s'unissent à Dieu..., la vie trouve sa juste voie et nous le moyen d'éviter les tentations. A qui pense que la foi est obtuse car on ne peut la prouver par nos sens, il offre une réponse complète. Ce doute est sans consistance car l'intelligence est limité et ne saurait tout connaître. Seulement si nous pouvions tout connaître du visible comme de l'invisible, ce serait une véritable faute d'accepter des vérités sur la simple base de la foi. Il est d'ailleurs impossible de vivre sans l'expérience de l'autre, là où la connaissance personnelle n'arrive pas. Il est donc raisonnable de croire en un Dieu qui se révèle, et dans le témoignage des apôtres".


Revenant sur l'article de la Somme consacré à l'incarnation du Verbe de Dieu, le Saint-Père a rappelé que pour saint Thomas la foi chrétienne doit être renforcée par le mystère de l'incarnation. L'espérance s'accroît et se renforce en pensant que le Fils de Dieu est venu parmi nous, comme un de nous, pour communiquer sa divinité aux hommes. La charité est renforcée car il n'y a pas de signe plus évident de l'amour que nous porte Dieu, ni de voir le Créateur se faire créature". Saint Thomas d'Aquin, a conclu Benoît XVI, "fut comme tous les saints un grand dévot de Marie, qu'il a magnifiquement baptisée trône de la Trinité, lieu où elle trouve son repos. Par l'incarnation, dans aucune créature autre qu'elle les trois personnes divines ne séjournent en plénitude de grâce et n'accordent d'aide par l'intercession de la prière".

 

sur les chemins de cÎteaux – les moines cisterciens en terre de france

M. niaussat & F. thomas

OUEST FRANCE

 2000

C’est en terre de France que « Les Chemins de Cîteaux » ont leur origine. Toutes ces abbayes cisterciennes au nom si évocateur de paix et de joie : Clairlieu et Clairefontaine, mais aussi Fontenay ou Fontfroide, Noirlac et Bonport… y ont fleuri et s’y sont épanouies du XIIème siècle jusqu’à nos jours.


La liste en est sans fin qui jalonne la route des vacances comme autant de haltes curieuses dans des sites splendides. Tous ceux qui les approchent reconnaissent alors et sentent à travers ces pierres et ces lieux une vie et une âme qui transpirent jusqu’à eux.


Pourtant, ces monastères ne furent jamais construits pour devenir des monuments historiques. Simplement, ils sont là parce que des hommes et des femmes ont, un jour, tout quitté, désirant mener une vie d’absolu…

« Les Chemins de Cîteaux » apportent au lecteur le regard de deux moines contemporains. Ceux-ci tentent, l’un par la photographie, l’autre par l’écriture, de faire comprendre la démarche de ces visionnaires de l’extrême qui ont bâti ces abbayes et qui, au travers de cette architecture dépouillée et sublime, donnent leur vision du monde et de l’essentiel.


Leur vie reste une interrogation permanente pour l’homme contemporain.

8 T

tout est pur pour celui qui est pur

Jean-Yves leloup

Edition ALBIN MICHEL

 2005

Quelle fut la nature des relations entre Jésus de Nazareth et la grande figure féminine que la tradition chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si « le Verbe s’est fait chair », s’il faut prendre au sérieux le mystère de l’Incarnation, peut-on imaginer que le Christ se soit interdit tout amour charnel ? L’histoire, les Évangiles canoniques, les apocryphes et la théologie ont-ils quelque enseignement à nous livrer à ce sujet ?


L’auteur d’Une femme innombrable, spécialiste de ces questions et traducteur notamment des Évangiles de Marie, de Philippe et de Thomas, aborde la relation « amoureuse » de Jésus et de Marie-Madeleine à la lumière de la parole de Paul : « Tout est pur pour celui qui est pur ». Son propos précis et sans tabou n’entend pas scandaliser, mais stimuler notre étonnement face « au réalisme de l’Incarnation ».


L’auteur explique les métamorphoses de la libido, le docétisme, l’Évangile de Philippe, le sacré dans la rencontre, la sexualité du Christ et la confession de foi.

 

Les livres de Leloup sont regroupés au chapitre 10 L -

8 U

UNE LECTURE DE L’APOCALYPSE

 

Edition Du CERF

 1994

Réflexion très chrétienne sur cette apocalypse.

Signes, sceaux, symboles, visions, trompettes, trônes, fléaux, anges, bêtes, têtes, cornes, témoins, malheurs, guerres, nombres, multitudes, messages et mystères ! Ces termes, le livre de l’Apocalypse les contient tous. Mais, que signifient-ils ? La plupart des gens croient que le livre de l’Apocalypse est scellé, fermé à la compréhension. On l’appelle le Livre à Mystère sans signification. Et pourtant, tout le livre a une signification importante — indispensable. Il est rempli de réponses. Les termes mentionnés plus tôt peuvent être dévoilés ! Ils peuvent être compris, et cette brochure révélatrice en contient les clefs essentielles !

Vous serez intrigué — voire fasciné — de la limpidité de ce que l’on peut connaître à partir du livre de l’Apocalypse. Les événements se multiplieront, pour culminer à une apogée ! Vous pouvez les connaître. Un tiers de la Bible est prophétique — le futur écrit à l’avance ! Presque la moitié des livres de l’Ancien Testament sont inclus dans les livres dit des prophètes « majeurs » (Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel) ou « mineurs » (Osée, Joël, Amos, Jonas, Michée, etc.). L’apôtre Paul expliqua que l’Église du Nouveau Testament est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes » (Éph. 2:20). Reconnaissez que, puisque l’Église siège sur les paroles des prophètes, les chrétiens doivent comprendre les prophéties. Si Dieu ordonne aux hommes de vivre de « Toute Parole qui sort de sa bouche » (Matth. 4:4; Luc 4:4; Deut. 8:3), Il n’en bannirait certainement pas ce tiers qui est prophétique !

Dans Sa prophétie sur la montagne des Oliviers, le Christ paraphrasa Daniel. Il répondit à la question de Ses disciples quant à la séquence des événements du « temps de la fin ». Il renforça la déclaration de Daniel au sujet de ces événements, en disant: « Que celui qui lit comprenne » (Matth. 24:15 — Dieu a ouvert — Révélé — à Ses serviteurs ce qui doit arriver. Il veut que vous compreniez. Il ne veut pas que vous soyez dans la confusion, l’ignorance, ou la crainte concernant l’avenir. Mais, que doivent comprendre les sages, au juste ? Il existe des clefs importantes, qui ouvrent (ou révèlent) les prophéties bibliques. Mais, le monde les ignore toutes ! Dès lors, il n’est pas étonnant que plusieurs disent qu’il n’est pas possible de comprendre l’Apocalypse: ils n’en possèdent pas les clefs !

L’humanité refuse de rechercher et de consulter Dieu. Lui seul peut révéler le futur. Les êtres humains ne peuvent pas, par leur propre intelligence, leur raisonnement humain, ou par des découvertes scientifiques, connaître ou discerner les événements à venir. De nombreux « pratiquants » croient que le livre de l’Apocalypse ne leur est somme toute d’aucune utilité, car, disent-ils, on ne peut pas le comprendre. Cependant, Dieu est en train d’accomplir un plan magistral — et les êtres humains en font partie. De plus, Daniel  ajoute qu’« aucun des méchants ne comprendra », parce que Dieu ne révèle Son plan qu’à ceux qui Lui obéissent ! Le Psaume 111:10 dit que « tous ceux qui pratiquent ses préceptes [gardent Ses Commandements] auront une bonne intelligence [comprendront] » (version Darby). Ce discernement, Dieu ne le donne qu’à ceux qui mettent en pratique Ses ordonnances !

Après que Daniel eut achevé d’enregistrer la prophétie, il demanda à Dieu de lui en donner l’explication. Bien qu’il fut choisi pour enregistrer le livre, lui-même ne le comprit pas: « J’entendis, mais je ne compris pas. » Alors Dieu lui répondit: « Va…car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la Fin. » Quoiqu’il ne fût pas permis à Daniel de comprendre, en revanche ceux qui vivent aux temps de la fin le peuvent ! Rappelez-vous que nous avons lu que les sages le peuvent ! Nous verrons que cette grande prophétie sur ces événements futurs fut scellée de sept sceaux distincts. Il est indispensable de comprendre un autre point majeur: les sept sceaux qui sont dans la main de Dieu couvrent tous les chapitres du livre, sauf les deux derniers ! Les sept sceaux sont décachetés l’un après l’autre — chacun révélant des événements futurs avant qu’ils ne se produisent. Seul le Christ est qualifié pour décacheter les sept sceaux et ouvrir le livre à la compréhension.

Apocalypse vient du grec apokalupsis et signifie révélationrévéler, et non dissimuler, cacher, voiler ou garder secret. Les toutes premières paroles que Jean a rapportées du Christ, au début du livre de l’Apocalypse, sont: « Révélation de Jésus-Christpour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt. » Et, vers la fin du même livre, dans Apocalypse 22:10, nous lisons: « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche. » Comprenez bien ces paroles de l’apôtre Jean. Le temps pour comprendre le livre de l’Apocalypse est maintenant proche (c’est-à-dire, à portée de la main) ! Dieu révèle un moyen fondamental pour comprendre les événements futurs. Ce moyen est d’abord montré dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse. Le livre de Daniel, qui fut enregistré plus de 500 ans auparavant, sert de base, pour ainsi dire, au livre plus volumineux et plus détaillé qu’est celui de l’Apocalypse, lequel décrit des événements que l’on ne retrouve nul part ailleurs dans la Bible.

8 V

VIE POSTHUME ET RÉSURRECTION DANS LE JUDÉO- CHRISTIANISME

Jean TOURNIAC

Edition  DERVY

 1984

La vie après la mort ? À cette question, chaque tradition fournie une réponse adaptée à sa nature propre. Dans notre tradition judéo-chrétienne qu’attendons-nous de la Bible ?

Y sont développés les divers états posthumes, l’éveil initiatique, le corps, l’âme et l’esprit, l’hindouisme, le judaïsme, le phénix, le feu et quelques repaires évangéliques

 

Voici un extrait  paru dans la revue Renaissance Traditionnelle sur Tourniac, sa vision de la mort et vie posthume :

 

« Jean Tourniac (1912-1995) de son vrai nom Jean Granger est un auteur très connu de la littérature maçonnique. Il a beaucoup étudié le Régime Écossais Rectifié, mais selon une conception Guénonienne et donc assez différente de l’esprit de Jean Baptiste Willermoz. Il a notamment exposé les significations des rites, symboles et structures de la Franc-Maçonnerie à la lumière des sectes bibliques et liturgiques et des doctrines initiatiques et authentiques d'Orient et d'Occident. Il a aussi essayé de définir les possibilités d'un accord entre l'Église et la Franc-Maçonnerie, en fixant les règles au niveau le plus élevé, celui de la Connaissance Spirituelle et de la Compréhension Symbolique. On le retrouve à 6 reprises dans la revue Renaissance Traditionnelle. En avant - propos de ce discours, prononcé en 1970, Jean Tourniac, distingue la démarche maçonnique du monde profane. On ne vient pas y chercher des idées, que l’on trouve à foison dans le monde profane; on ne vient pas chercher des systèmes, dont regorgent les philosophies; pas plus que des distractions, car il y a mieux ailleurs; ni même des connaissances ou de la culture dont certains établissements sont eux, dépositaires… L’initiation maçonnique c’est l’être", par rapport à un éventuel "avoir", que serait une somme de connaissance maçonnique…

Toutefois, l’illustration de ce qui différencie l’ésotérisme de l’exotérisme, de ce qui sépare l’intériorité de l’extériorité spirituelle, c’est exactement ce qui distingue la maçonnerie d’une association fraternelle, et qui en fait un ordre initiatique et sacré, c’est le Rite. Influencé comme nous l’avons dit par l’œuvre de René Guénon, l’auteur distingue deux définitions du mot rite en Maçonnerie. Tout d’abord le rite en tant que système, et en tant que voie de l’Ordre, et d’autre part le rite en tant que technique du corps, agissant sur l’âme et l’esprit… L’étude qui va suivre porte sur cette dernière définition car elle sous-tend la première, elle est commune à tous les systèmes maçonniques et que de toute façon "rita" en sanscrit signifie... Ordre. La première partie de l’analyse  consiste à définir quel est le rapport entre l’initiation, réception au long d’une chaîne de transmission au fil des générations, et le rite. 

A l’inverse de la cérémonie, qui relève d’un côté improvisé, lié à l’humain et au provisoire, voire de la coutume qui ne possède pas ses exigences, le rite lui, est un acte parfaitement défini au point de vue technique et invariable dans le temps. De plus c’est le rite qui donne le côté sacré de toute cérémonie, il relie l’homme à ce qui le dépasse, au supra humain, toutefois malgré les similitudes, il ne faut l’assimiler à une religion, bien que certaines pratiques soient placées sous des dominantes de cosmogonie1, métaphysique2 ou de théologie. On peut aussi distinguer les rites sacrés collectifs, des rites individuels. Enfin notons que l’on retrouve le rite, dans l’exercice de certaines sciences traditionnelles secondaires telles que la sorcellerie, et le chamanisme…

Le rite prend son origine avant le temps, par un acte issu du Principe Divin, ce qui lui confère son aspect vertical, et relie dans le plan horizontal, les hommes entre eux, cette relation verticalité/horizontalité qualifiant la fraternité humaine traditionnelle dont découle la fraternité maçonnique. En conséquence, il ne peut y avoir d’axe vertical sans axe horizontal c'est-à-dire pas d’Ordre, pas de maçonnerie sans la doctrine du rituel. De même se polariser sur le rituel seul, sans l’application caritative de l’Ordre, signerait la mort du système. D’un point de vue symbolique, le sommet de l’axe vertical rejoint les 2 extrémités de l’axe horizontal, ce sont les 2 côtés du triangle, et il en coupe la base en son milieu. Voici donc ici, mêlés symbolisme de la croix et enseignement de l’équerre.

Les écrits du Maharal illustrent ce propos, ils montrent que la Création entière est sous le signe de la cassure et de la dualité, à l’image de la Genèse débutant par la lettre "Beth", qui est un signe de dualité. Lui aussi décrit un côté Divin vertical et un côté humain horizontal. Il démontre qu’entre les 2 axes, existe une articulation, une diagonale, un médiateur, qui est le rituel, il est même l’instrument du pacte d’alliance entre le Principe créateur et l’homme. C’est ce que l’on retrouve en maçonnerie symbolisé par le fil à plomb, le niveau et l’articulation qui est l’équerre. L’amour fraternel y prend alors la valeur de la diagonale. Dernière illustration, la vie… Linéaire et horizontale du début, la naissance, à la fin, la mort, elle rencontre à ses deux extrémités, la verticalité, et le face à face avec le Principe Éternel. 

Nous l’avons dit, le rite connecte au "tout", il universalise en unifiant. Mais également, il informe l’être de manière subtile. C’est ce qui justifie la nécessité d’une rigueur technique, la transmission permet un éveil désormais irréversible et une prise de "surconscience", à l’instar du yoga, de l’hindouisme et du tantrisme. Le rite ne permet donc pas uniquement un développement personnel d’un point de vue mental, discursif, dialectique, etc… Mais créé le lien avec l’homme Universel, intégral, originel, c'est-à-dire l’Adam Primordial.

L’un des vecteurs de la réalisation du rite est le corps, il a une grande importance, nous le voyons, dans les signes, les attouchements, les pas, les postures, mais aussi dans d’autres pratiques, par les danses, les inclinaisons, les génuflexions, etc… En effet, le rituel mobilise  les trois zones humaines corps, âme, esprit, de manière équilibrée, l’action sur une zone, se répercutant sur les autres. Ceci se matérialise dans la maçonnerie, par un symbolisme lié à l’exercice du métier, à la maçonnerie opérative, qui opère techniquement mais aussi spirituellement. Notons ici, les notions de rythme ou d’axe mécanique, chers au monde de l’initiation et qui l’en distingue du mysticisme. »

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