Chapitre 8 M -
Z ( Christianisme ) |
8 M
ma’loula |
E.A. nassrallah |
DAMAS |
2003 |
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Les Melkites ont reconnu à ce Concile : un seul et même Christ, Fils unique et Seigneur, en deux natures, sans confusion ou mutation, sans division ou séparation entre ces deux natures. Dans le nom de l’Eglise, le mot « Grec » vient du fait que les Pères de cette Eglise ont écrit leurs textes en langue grecque. Et le mot « Catholique » vient que cette Eglise s’est rattachée à Rome au XVIIIe siècle (séparation de l’Eglise grecque melkite orthodoxe). L'Eglise melkite fait partie de l'Eglise apostolique d'Antioche, fondée par saint Pierre. Située en Turquie près de la frontière avec la Syrie, elle a été la première ville païenne à recevoir l'Evangile : « C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens » Contrairement aux autres églises orientales, catholiques ou non, l'Église Melkite n'est pas une Église nationale. C'est une Église particulière, dans le sens canonique du mot. Elle est répandue dans tout le Proche-Orient arabe et dans une diaspora qui prend de plus en plus d'ampleur. En effet, plus de la moitié de ses fidèles vivent, aujourd’hui, en dehors des limites orientales du Patriarcat. La liturgie de l’Eglise melkite catholique est de rite Byzantin. Elle est célébrée principalement en arabe avec des parties en grec et en syriaque. En diaspora, elle peut être aussi célébrée dans la langue locale. L’Église Melkite doit son caractère d'Église particulière à deux fidélités, celle à l'Empire de Byzance et celle aux sept premiers conciles œcuméniques orthodoxes jusqu’au XVIIIe siècle, ils découvrirent le catholicisme par l’intermédiaire des missionnaires catholiques romains installés dans les Echelles du Levant (les ports et les villes de l'Empire ottoman). Reflet du Christianisme occidental, leur enseignement entraîna une nouvelle rupture dans l’Eglise Melkite (après celle du Concile de Constantinople en 1024). En 1724, suite à une querelle concernant l’élection d’un Patriarche, les Melkites se divisèrent en deux groupes : les Grecs Melkites Orthodoxes rattachés au Patriarche orthodoxe d’Antioche et les Grecs Melkites Catholiques dont le Patriarche est rattaché à Rome. En accord avec le pape de Rome, ces derniers conservèrent leur liturgie, leurs pratiques et leur hiérarchie ecclésiastique. A l’époque, malgré leur reconnaissance par le Pontife Romain, les Grecs Melkites Catholiques ne pouvaient avoir de lieux de culte. En effet, non reconnus comme communauté religieuse par le Sultan, ils n’avaient aucune légitimité. Ils étaient contraints de célébrer les offices dans les maisons. Ce n’est qu’en 1837 que le Patriarche Maximos Mazloum leur obtint un statut. Il fallut donc attendre le XIXe siècle pour voir les églises melkites catholiques se développer en Orient comme en Occident. L'Église Grecque Melkite Catholique s'organisa intérieurement. De nouveaux ordres monastiques furent fondés, un clergé éduqué à Rome dispensait l'enseignement dans des écoles nouvellement fondées. Un séminaire fut ouvert à Aïn Traz (1811). Le patriarche Grégoire Joseph (1864-1897) durant 33 ans travailla à réaliser un vaste plan de restauration de l’Église. En 1866, il rouvrit le séminaire d'Aïn Traz, mais surtout, il fut à l'origine de celui de Sainte-Anne de Jérusalem (1882). L’Ordre Patriarcal de la Sainte Croix de Jérusalem est un ordre de chevalerie dont le Patriarche Melkite est le grand maitre. Cette institution du Patriarcat melkite catholique aide moralement et financièrement les chrétiens de la Terre-Sainte et de tout l’Orient et notamment l’Eglise Melkite catholique. A
Marseille, Saint Nicolas de Myre est la première église catholique
orientale de Marseille et de France et l’une des premières églises grecques
catholiques. Créée à la demande des réfugiés grecs catholiques venus d’Egypte
et de Syrie, elle continue à être une terre d’accueil pour de nombreux
chrétiens orientaux. Construite en 1821 par l’archevêque de Myre, Mgr Maximos
Mazloum, cet édifice est original par son architecture typiquement orientale
et par sa décoration. Créée pour accueillir des catholiques français et
orientaux, elle apparaît comme un signe de la volonté des Melkites d’être un
pont entre l’Orient et l’Occident. Dès 1821, ses prêtres servirent de
traducteurs et d’intermédiaires entre les Orientaux et les pouvoirs publics.
Une des paroissiennes, Mariam Baouardy « la petite arabe »),
devenue carmélite (Sœur Marie de Jésus Crucifié), a été béatifiée en 1983 par
Jean-Paul II. Paris a reçu tout au long
du XIXe siècle, d’Egypte et des provinces arabes de l’Empire Ottoman (Liban,
Palestine, Syrie), un nombre croissant d’immigrants, parmi lesquels une
proportion notable de grecs-catholiques. Ces derniers obtinrent le 13 juillet
1886 l’autorisation administrative d’ouvrir un lieu de culte de leur rite.
Deux ans plus tard, répondant aux pressantes sollicitations de ses fidèles,
le patriarche Grégoire Youssef chargea, en accord avec l’archevêque de Paris,
le P. Alexis Kateb, basilien chouérite, de constituer la paroisse et de lui trouver
un lieu de culte permanent. En attendant, les offices se tinrent dans
l’église Sainte-Elisabeth, au Marais. Fin 1888, l’Assistance Publique accepta
de louer l’église Saint-Julien-le-Pauvre,
ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu, fermée depuis le transfert de ce dernier
dans l’île de la Cité. Située alors au fond d’une cour, dans un quartier
sordide, l’église était dans un état lamentable. Après remise en état, elle
put être inaugurée solennellement au rite byzantin le dimanche 5 mai 1889. Le
célèbre ébéniste de Damas, M. Georges Bittar (dont le procès de béatification
est en cours) fit l’iconostase en marqueterie mosaïque que l’on voit toujours
dans l’église et Monsieur David Corm (d’origine libanaise) a écrit les icônes
de l’iconostase. Ce village, ou ce qu'’il en restera après
ce génocide de 2003-2016, parle encore araméen, comme au temps de Jésus - |
MYSTÈRES ET SYMBOLES CHRISTIQUES |
Jean CANTEINS |
Edition Du ROCHER |
1996 |
La puissance
évocatrice des symboles christiques essaie d’éclairer sous un angle nouveau
les mystères de la croix, de l’eucharistie, de la Ste Trinité etc… Qui était
réellement Jésus-Christ ? Pourquoi sa vie et son message représentent-ils
encore l'un des plus grands mystères de la Création ? Les Evangiles et la
Tradition apostolique sont-ils nos seules sources fiables d'information ? Ne
peut-on pas tirer d'enseignements d'une iconographie qui, moins
dogmatiquement que les textes sacrés, n'a pas hésité à utiliser largement les
Apocryphes ? Autant de questions auxquelles Jean Canteins répond en analysant
la puissance évocatrice des symboles christiques.
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N
« Notre
pÈre » |
Jean-Yves leloup |
Edition ALBIN MICHEL |
2007 |
« Je ne crois pas en Dieu. Dieu n’existe
pas. Mais je le prie tous les jours » : lorsqu’un ami lui confie
cette pensée, évoquant sa fidélité à la récitation du Notre-Père de son
enfance, Jean-Yves Leloup décide d’écrire ce livre. L’interprétation plus
philosophique que religieuse qu’il donne du Notre-Père peut étonner : elle
rejoint les questions fondamentales du monde contemporain, celles de
l’Origine, de la paternité, du Nom… celles de l’identité, de la nourriture,
de la dette et du pardon, de l’épreuve et de la perversion…
Le
regroupement des livres de Jean-Yves Leloup est au chapitre 10 L |
NOUVEAU
TESTAMENT B.A-BA |
GERARD CHAUVIN |
Edition PARDES |
2005 |
Jésus-Christ n’a jamais
rien écrit. Il a enseigné oralement, confiant à ses apôtres la mission
d’annoncer aux juifs et de répandre parmi les nations l’heureux message, la «
bonne nouvelle » : Dieu s’est révélé en se donnant lui-même
par son fils unique, pour le salut intégral de l’humanité. C’est le grand
mystère de l’Incarnation qui fonde et valide la religion chrétienne dans la
diversité de ses formes confessionnelles. Le nom même de Jésus –terme
juif : Yeshoua ou grec : Iesous (Yeshoua l’Emmanuel
annoncé par le prophète Isaïe) signifie « Dieu avec moi ou Dieu en moi ». Cloué
devant Jérusalem sur le bois du sacrifice, « Dieu fait homme »
est mort. Il a été mis au tombeau et il a ressuscité au troisième jour.
Mystère de la Passion, donc de la mort, et miracle de la résurrection, donc
de la Vie, constituant le socle doctrinal de l’édifice chrétien. Les apôtres
témoins du Christ, transmirent et diffusèrent sa Parole, et ces témoignages
sont ceux d’une communauté indivise, non de tel ou tel groupe ou
individualité. Le Nouveau Testament, par l’incarnation du Christ et le
don de sa vie, est le fruit de la Nouvelle Alliance passée entre Dieu et les
hommes. Venu pour accomplir la prophétie, Jésus tourne la dernière page de
l’Ancienne Alliance, qui mettait entre Dieu et ses créatures un médiateur, un
peuple messager, un peuple élu. Issu lui-même de la lignée de David, Jésus,
le Messie, apporte aux hommes l’ultime message qui offre à chacun de suivre
Dieu, de lui parler, de le prier sans intermédiaire. Il est venu, empli
d’amour et de compassion, enseigner la parole divine, donner l’espérance aux
plus humbles, aux malades, à ceux qui sont perdus. Il est venu guérir les
corps de quelques-uns et les âmes de tous. Mais il est aussi venu exprimer la
colère de son Père : il répond aux pharisiens hypocrites, intransigeants
sur la lettre mais oublieux de l’esprit, chasse les marchands du Temple,
donne la première place aux plus petits, aux plus simples, aux plus pauvres.
Trahi, moqué, supplicié, il boira le calice jusqu’à la lie pour le rachat des
hommes, avant de ressusciter dans son corps glorieux et de délivrer son
dernier et plus précieux message : celui de la vie éternelle au Royaume
des Cieux. Ceux qui l’ont connu, ceux qui ont recueilli les
témoignages sur sa vie, ceux qui ont dispensé sa parole et rassemblé les
premiers chrétiens ont ensemble posé cette pierre, ce socle sur lequel repose
son Église. Une Église qui aujourd’hui vacille ; c’est pourquoi il est
essentiel de retourner boire à cette source première et de lire ou relire ce
Nouveau Testament qu’Augustin Crampon a si bien éclairé pour nous de ses
commentaires. |
8 O
œuvres
mystiques de st bernard |
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Edition DU SEUIL |
1992 |
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En 1115, l’abbé de Cîteaux confie à saint Bernard un
groupe de moines pour fonder une abbaye qui prendra le nom d’Abbaye de
Clairvaux, parce qu'elle fut construite dans une clairière. En effet, c’est
au Val d’Absinthe que le jeune père abbé, futur Bernard de Clairvaux, et
quelques moines venus de Cîteaux, vinrent défricher, il y a plus de huit
siècles, une clairière de terre aride au cœur de la vieille forêt gauloise
qui couvre les collines et les vallées des confins de la Champagne et de
la Bourgogne. Cette terre de silence et de pauvreté va devenir pour la
postérité la grande abbaye de la “claire vallée”, Clara Vallis,
plantée de vignes et animée de granges, de forges et de moulins. Le terrain,
choisi avec précaution avait été offert par un proche de Bernard, il
comprenait ces éléments essentiels à l'organisation d'une abbaye cistercienne
(autarcie et solitude). Ces premières années dans ce nouveau monastère
sont calmes. Le jeune Bourguignon eut le temps de mûrir une doctrine
personnelle, riche expression de la spiritualité cistercienne. Les sermons
qu’il dispense à ses moines et ses traités sont recopiés et diffusés. Son
rayonnement s’étend et le prieur des Chartreux lui demande d’écrire sur la
charité. Les moines de l’ordre de saint Bruno sont bouleversés par ces écrits
et veulent le rencontrer. En 1112, les moines relevant de
Cîteaux, ou cisterciens – les moines blancs – ont 19 couvents. A cette
époque on les oppose aux moines noirs de Cluny qui se permettent des
accommodements avec la règle de saint Benoît. Pierre le Vénérable, jeune
moine de 28 ans, est élu à la tête d’un millier de monastères répandus dans
toute l’Europe. Passionné par la règle de saint Benoît, il entreprend de
réformer les abbayes clunisiennes. Bernard et lui vont s’expliquer longuement
sur le conflit qui oppose moines blancs et moines noirs. Cette polémique les
rapproche et ils deviennent amis. En devenant moine, Bernard souhaitait mener
une vie recluse. De rencontre en rencontre, il se trouve en relation avec les
hommes les plus en vue de l’époque et devient un personnage influent. Sa vie
monastique va être longuement et fréquemment interrompue. On vient de plus en
plus le consulter pour les affaires de l’Eglise. Mystique et contemplatif,
saint Bernard est tout au long de sa vie arraché à la solitude de Clairvaux
pour arbitrer des affaires royales, épiscopales, papales et internationales,
à caractère religieux ou non... Saint Bernard est reconnu par ses
contemporains et entretient de nombreuses relations épistolaires, notamment
avec Hildegarde de Bingen. Et lorsque l’Eglise s'inquiète de voir la moniale,
future sainte Hildegarde de Bingen, commencer à consigner par écrits ses
visions dans son livre "Scivias"(1141), Hildegarde fait appel à
lui. Saint Bernard rassurera ainsi le pape Innocent III en déclarant que les
visions d’Hildegarde - proclamée docteur de l'Eglise en 2012 par Benoît XVI -
sont "des grâces du Ciel". En 1130, à la mort du pape Honorus, deux
clans de cardinaux s’affrontent pour l’élection du successeur. Innocent II,
grâce à l’appui de saint Bernard qui a acquis une immense renommée, est
reconnu pape légitime, d’abord en France, puis, au bout de huit ans, dans
toute la chrétienté. En 1141, Innocent II nomme le
nouvel archevêque de Bourges sans consulter Louis VII. Ce dernier, jaloux,
confisque des biens du clergé et envoie des soldats ravager
des diocèses. Le roi de France demande également aux évêques qui lui sont
fidèles de casser le mariage de Thibaud de Champagne, un ami de saint
Bernard. Le souverain envahit les domaines de Thibaud, fait brûler le bourg
de Vitry et l’église où se réfugient 1 300 personnes. En entendant les cris
de ses victimes, le roi est pris d’épouvante. Il écrit à saint Bernard pour
lui demander de l’absoudre de ses pêchés. Le moine lui répond durement, avec
audace. Son intervention permet une réconciliation entre le roi, Thibaud de
Champagne et le clergé. A la mort d'Innocent II, en 1143,
Paganelli, un frère cistercien de saint Bernard, monte sur la chaire de
Pierre et devient Eugène III. Saint Bernard songe aux difficultés que va
rencontrer son ami et rédige ses conseils sous la forme d’un livre qui
servira par la suite à de nombreux papes. Dans les années qui suivent, Eugène
III doit se réfugier à plusieurs surprises chez le frère blanc : il fuit un
clan de cardinaux adverses. Chétif et malade, saint Bernard conserve la
puissance de sa plume et écrit aux Romains. En 1144, des tensions en Terre
sainte poussent Louis VII à tenir sa promesse de se battre pour défendre le
tombeau du Christ afin d’expier ses crimes en Champagne. Mais les grands
seigneurs ne veulent pas repartir en croisade : la précédente a été tellement
meurtrière… Le souverain demande à saint Bernard – toujours en relation avec
les pays d’Orient depuis qu’il a fondé l’ordre des Templiers - de les
convaincre. Celui-ci refuse d'agir si ce n'est sur demande du pape. En 1146,
sur ordre d'Eugène III, saint Bernard devient le prédicateur officiel de la
deuxième croisade. Cette guerre est un échec, comme les deux qui suivront.
Tandis que les châteaux français s'écroulent les uns après les autres en
Terre sainte, les monastères cisterciens se multiplient. Saint Bernard meurt
à 62 ans, le 20 août 1153. Le pape Alexandre III le canonise en 1174 et Pie
VIII le proclame Docteur de l’Eglise universelle en 1830. |
ORTHODOXIE B.A- BA |
FREDERIC LUZ |
Edition PARDES |
2001 |
De l’Orthodoxie, le
public occidental n’a généralement qu’une image assez vague : celle
d’icônes rutilantes, d’églises aux bulbes dorés et de prêtres barbus et
mariés… Au-delà des clichés, cet ouvrage essaye d’esquisser une approche
globale d’un monde extrêmement riche mais encore méconnu.
Le premier
fut celui de Nicée en 325, convoqué par l’empereur Constantin |
ORTHODOXIE - LA SPIRITUALITÉ ORTHODOXE ET LA PHILOCALIE |
Placide Deseille |
Edition Albin Michel |
2003 |
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Le monachisme palestinien connut aux 5e et 6e siècles une efflorescence remarquable avec de grands moines comme saint Théodose le Cénobiarque (423-529), saint Euthyme (377-473) et saint Sabas (439-532) ; le monastère de saint Sabas fut le creuset où prit forme l’office liturgique byzantin ; mais ce milieu ne produisit pas d’écrits spirituels important. Ce fut la péninsule du Sinaï qui prit le relais de l’Egypte ; elle n’offrait plus à la retraite des moines de vastes étendues de sable, mais des montagnes abruptes, aux flancs hérissés d’éboulis et d’énormes blocs de granit rouge. D’importants souvenirs bibliques y sont attachés : la jeunesse de Moïse, le puits des filles de Jethro et le buisson ardent, l’Exode des Hébreux, l’ascension de Moise au sommet de la montagne, la vision divine, le don de la Loi. Dès le 4e siècle, des anachorètes vinrent s’y établir ; pour les protéger des incursions meurtrières des bédouins, l’empereur Justinien y fit construire en 527 un monastère fortifié, d’abord appelé monastère du Buisson (Batos), puis monastère Sainte- Catherine. Le premier auteur présenté dans la philocalie est saint Antoine le Grand, que toute la tradition chrétienne a présenté comme « Père des moines », il fut contemporain de l’empereur Dioclétien qui fut le pire persécuteur de l’église, mais aussi de l’empereur Constantin qui accorda la liberté de culte aux chrétiens. Ont suivi les pas de saint Antoine le Grand : Evagre le Pontique (346-399), saint Macaire d’Egypte et ses célèbres homélies spirituelles, puis saint Diadoque de Photicé, saint Isaïe l’anachorète, saint Marc l’ascète, les maîtres spirituels du désert de Gaza avec l’abbé Séridos, Barsanuphe, Jean le prophète, le moine Dorothée, l’abbé Philémon. Tous ces Pères chrétiens nous ont laissés des textes spirituels d’une très grande portée spirituelle et philosophique, ils forment l’anthologie de la Philocalie. On en retrouve d’ailleurs une grande partie dans les textes et apophtegmes des Pères du désert. Au sommaire de cet ouvrage de 300 pages, on y parle de : Historique : Les origines de l’hésychasme - l’âge des Pères du désert - l’expansion de l’hésychasme - Théologie et spiritualité à Byzance - L’hésychasme athonite - L’époque de la philocalie : Un initiateur : Saint Païssy Velitchkovski - les collyvades du Mont Athos et la philocalie grecque Anthologie thématique : La divinisation du chrétien - « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » - La divinisation de la personne - La voie hésychaste - les préalables et les étapes - L’influence de la spiritualité philocalique : La spiritualité en Grèce - le renouveau païssien en Russie - la tradition hésychaste en Roumanie - la philocalie en Occident - |
8 P
pADRE PIO -
le
Saint franÇois du 20e siḔcle
|
Péroni |
Edition Saint Augustin |
1999 |
Premier prêtre stigmatisé, Padre Pio de
Pietrelcina, né Francesco Forgione, est l’héritier spirituel de saint
François d’Assise. Padre Pio, que Dieu
a gratifié de charismes particuliers, se consacra toute sa vie au salut des
âmes. Des témoignages de la sainteté du moine continuent de
parvenir en grand nombre, en raison de la gratitude des personnes qui ont
fait appel à son intercession pour obtenir la guérison du corps ou de l’âme. Francesco Forgione est né d’un foyer modeste le 25
mai 1887 à Pietrelcina, au sud de l’Italie.
Son père, Grazio Forgione, et sa mère, Maria Giuseppa de Nunzio,
avaient déjà d’autres fils.
Contrairement à une majorité d’enfants de son
âge, Francesco éprouva très tôt le désir de consacrer sa vie à Dieu. Mamma Peppa a raconté: «Il était sage et
obéissant, ne se permettant aucun caprice.
Matin et soir, il allait à l’église prier Jésus et la Sainte Vierge. Le jour, il ne sortait pas avec ses
amis. Quelquefois, ses frères lui
disaient: «Francesco, tu devrais sortir jouer». Mais il refusait, disant: «Je ne veux pas y
aller parce qu’ils blasphèment». Abbé
Augustin de Saint-Marc-en-Lamis, qui fut l’un des directeurs spirituels de
Padre Pio, a écrit dans son journal que le jeune Francesco avait connu, dès
l’âge de cinq ans, des expériences mystiques.
En effet, les apparitions et les moments d’extase étaient si fréquents,
chez lui, qu’il croyait que les autres enfants en connaissaient aussi. Francesco chérissait le rêve de donner sa vie au
Seigneur. Ce grand désir se réalisa
quand, le 6 janvier 1903, à l’âge de seize ans, il fut admis comme clerc dans
l’Ordre des Capucins. Le 10 Août 1910,
il fut ordonné prêtre en la Cathédrale de Bénévent. Ainsi commença sa vie sacerdotale mais, en
raison d’une santé plutôt fragile, il séjourna en divers couvents du sud de
l’Italie. Ce n’est qu’à partir du 4
septembre 1916
qu’il fut établi au couvent de San Giovanni Rotondo, sur le Gargano, où il
resta, hors quelques brefs et rares voyages, jusqu’à sa mort, le 23 septembre
1968. Tout au
long de cette période, Padre Pio commençait sa journée très tôt, s’éveillant
à l’aube pour lire le bréviaire. Puis
il descendait à l’église pour célébrer l’Eucharistie, après laquelle il
faisait action de grâces devant le Saint Sacrement. Ses journées se partageaient entre
l’oraison et la confession. L’un des événements marquants de la vie de Padre
Pio se produisit le matin du 20 septembre 1918 alors que, priant devant
le crucifix, au sanctuaire de la vieille église, il reçut le don de stigmates
visibles, qui demeurèrent ouverts et sanglants pendant un demi-siècle. Ce phénomène suscita l’intérêt,
non seulement d’une légion de médecins, de journalistes et de spécialistes,
mais encore, l’attention de gens simples qui, au fil des ans, se rendirent à
San Giovanni Rotondo pour rencontrer le saint moine. Dans
sa lettre du 22 octobre 1918 à l’abbé Benedetto, Padre Pio a écrit: «Comment
vous décrire ma crucifixion … Je me
trouvais au sanctuaire, après avoir célébré la messe, lorsque je fus envahi
d’une paix qui ressemblait à un doux sommeil.
Tous mes sens entrèrent dans une quiétude indescriptible. Cela se produisit en l’espace d’un éclair.
M’apparut, au même moment, un mystérieux personnage ressemblant à celui que
j’avais vu le soir du 5 août, à la différence que ses mains et son côté
saignaient. Sa vue me saisit. Je ne saurais dire ce que je ressentis à
cet instant et je serais mort si le Seigneur n’était pas intervenu pour
soutenir mon cœur, qui bondissait dans ma poitrine.» - «Le personnage
disparut et je constatai que mes mains, mes pieds et mon côté saignaient.
Vous imaginez le tourment que j’éprouvai; d’ailleurs, je le ressens encore,
presque chaque jour. La plaie au côté
saigne continuellement, mais surtout du jeudi soir au samedi. Père, je me meurs de peine pour le tourment
et la confusion que je ressens en mon âme ...
Jésus, si bon, me fera-t-il la grâce de soulager la confusion que
j’éprouve pour ces signes extérieurs?
J’élèverai bien haut la voix, ne cessant de le conjurer de retirer de
moi, par son infinie miséricorde, non le tourment, non la souffrance ... mais ces signes extérieurs qui me causent
une confusion et une humiliation quasi insupportables.» Pendant des années, des quatre
coins du monde, des fidèles vinrent requérir du prêtre stigmatisé son
intercession puissante auprès de Dieu.
Pendant les cinquante années qu’il a vécues dans l’humilité, la prière,
le sacrifice et la souffrance, Padre Pio fonda deux organismes: l’un
vertical, vers Dieu, les Groupes de
prière, l’autre horizontal, vers son prochain, un hôpital moderne, La Maison du Soulagement de la Souffrance.
En septembre 1968, des milliers de fidèles et de dirigés spirituels de Padre Pio se réunirent à San Giovanni Rotondo pour célébrer le 50e anniversaire des stigmates et tenir le quatrième congrès international des Groupes de prière. Or, personne n’aurait imaginé qu’à 2h30, le 23 septembre 1968, la vie temporelle de Padre Pio de Pietrelcina allait prendre fin. |
papes Patronymes
– Événements - Évolution |
Alain grandel |
perpignan |
2001 |
Petit livre dénombrant les 267 papes – de St Pierre
au Pape J. Paul II – chaque Pape a son évolution et est mis en exergue le (ou
les) fait(s) marquant(s) de son règne. Jules
II della Rovere meurt dans la nuit du 20 au 21 février 1513, son successeur
est élu le 11 mars, au terme d’un bref conclave: le cardinal Jean de Médicis
devient Léon X. Le nouvel évêque de Rome est âgé d’à peine 38 ans. Deuxième
enfant de Laurent le Magnifique et de Clarice Orsini, son éducation a été
faite par quantité d’intellectuels florentins et, dès 1489, il a été nommé cardinal,
ce qui ne l’a pas empêché de mener une vie parfaitement laïque. Mais une fois élu pape, il faut de toute urgence
l’ordonner prêtre (le 15 mars) et évêque (deux jours plus tard), pour pouvoir
procéder à son couronnement, le 19 mars 1513. Léon X meurt relativement
jeune, le 1 décembre 1521 (le commentaire est cette fois de l’Arétin :
« Il ne put recevoir les sacrements, les ayant depuis longtemps
vendus. »), après avoir traversé, presque indemne, une période troublée.
Sans efforts excessifs, il parvient en effet, favorisé par les circonstances,
à entretenir des relations relativement paisibles avec les trois grands
souverains de l’époque moderne, tous dotés d’une forte personnalité :
François Ier de France, Henri VIII d’Angleterre et le jeune empereur Charles
Quint. Les commentaires à son sujet soulignent tantôt sa bonté et sa
tolérance, tantôt le fait que sa cour lui coûte quelque 100 000 ducats par
an. Ce
train de vie dispendieux vide rapidement les caisses pontificales et, selon
les mauvaises langues, l’oblige à mettre en vente jusqu’aux nominations au
cardinalat (certaines friseront en effet le scandale). Au cours de ce règne
étrangement tranquille, l’événement qui bouleverse le plus le pontife
florentin est la mort inopinée de Raphaël. Quant aux « quatre-vingt-quinze
thèses » dénonçant les indulgences, que Martin Luther affiche sur la
porte de l’église Ognissanti à Wittenberg, le 31 octobre 1517, Léon X n’y
voit d’abord qu’un contretemps fâcheux mais passager et les traite comme s’il
s’agissait d’une affaire locale. Il ordonne à Luther, sous peine
d’excommunication, de retirer les quarante et une thèses réfutées par Rome,
puis il met sa menace à exécution le 3 janvier 1521 (bulle Decet Roman um
Pontificem). Dans les premiers temps de son pontificat, il a réglé d’une
manière autoritaire, centralisatrice et définitive les conflits avec le
gouvernement municipal de Rome et, en réalité, sa préoccupation majeure est
la consolidation des territoires de l’Eglise. |
PARAY-LE-MONIAL le hiÉron
du val d’or |
Félix de ROSNAY |
Edition Arma Artis |
2002 |
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Les membres du Hiéron se considéraient comme les «
Apôtres des derniers Temps », démontrant par là leur affiliation à saint
Louis-Marie Grignon de Montfort, missionnaire de la France paganisée du XVIIe
siècle, lui-même héritier des révélations du Christ à Marie des Vallées qui
inaugura la « Fin des Temps », mystique auprès de qui bien des frères de la
Compagnie du Saint-Sacrement furent en relations suivies. Il se pourrait
d'ailleurs que certains membres du Hiéron aient connu l'activité de la
Compagnie et se soient voulus les continuateurs de cette Œuvre, aujourd'hui
toujours méconnue, bien que des recherches historiques récentes tendent à
redécouvrir l'ampleur de l'influence qu'elle exerça sur la société du XVIIe
siècle, à la veille des grands troubles idéologiques de la révolution
française. On peut considérer l'Œuvre du Hiéron comme une tentative de revivification
de l'esprit de cette Compagnie, travaillant à réactiver le ferment chrétien
dans le peuple autour de la dévotion à l'Eucharistie et de la proclamation du
Règne proche du Christ-Roi, tout juste annoncé au XVIIe siècle. Que
reste-t-il de tant de peines prises pour le Royaume ?…Peu de choses
semble-t-il… L'on sait que la bibliothèque fut vendue au monastère jésuite de
Louvain et éparpillée depuis, ceci afin de rassembler des fonds pour réparer
le toit du Musée ! Les pièces de collection subirent le même sort que le
précieux fonds de bibliothèque. Certaines seraient conservées au Vatican, en
quelque coin perdu – L'hommage eucharistique, comme accès privilégié à la rénovation sociale
par la Connaissance et l'Amour, voilà l'intuition du Hiéron pour le XXe
siècle et les Temps de la Fin. Cette convergence des Sciences
traditionnelles, héritées de l'Antiquité, ordonnées à la révélation
chrétienne comme à leur centre ; cette allégeance de la sagesse et des
initiations antiques à la Sagesse incarnée et à l'initiation baptismale
catholique, réalisent cet accomplissement exprimé par le Christ : « Je ne
suis pas venu abolir, mais accomplir ». Ce projet, trop vaste pour une seule génération de collaborateurs, ne
fut pas soutenu par les évêques de son temps. Loin de nous l'idée de nous en
scandaliser. Le XXe siècle a rassemblé toutes les forces les plus hostiles au
Christianisme pour tenter d'éteindre le Soleil eucharistique, aussi bien
parmi les baptisés en voie de paganisation que parmi les authentiques
Chrétiens, laissés dans l'ignorance des merveilles de leur Histoire et de la
beauté surnaturelle des dogmes catholique. Le Hiéron aurait décelé des phénomènes lucifériens qui toucheraient
certaines régions marquées du sceau de l'Éternel en France. Phénomènes
subtils, équivoques, exerçant une attraction mal définie, mais combien
efficace pour le dérèglement des esprits ! À la mort d'Alexis de Sarachaga,
est désigné, selon sa volonté, pour successeur à la direction de l'Œuvre, M.
de Noaillat, assisté de son épouse, Marthe, qui sera la principale promotrice
de la fête du Christ-Roi, instituée par le Pape Pie XI, le 11 décembre 1925. La mission publique du Hiéron s'achève. L'Œuvre ne survivra que de peu
à la mort de son fondateur. D'autant plus que les deux dernières survivantes,
Marthe Noaillat et Jeanne Lépine-Authelain mourront accidentellement, en
1926. Cette dernière disait de son fondateur : « M. de Sarachaga communiquait
à ses fidèles ce sixième sens, appelé par Raymond Lulle l'Affatus, et
que plus simplement notre maître vénéré nommait le sensum Christi. »
Elle définit la petite assemblée des pèlerins solitaires du Hiéron de «
groupe qui marche d'un pas sûr à la clarté éblouissante de l'Évangile et de
la tradition. » Il reste encore sur notre sol, béni du Christ et de la
Vierge, des lieux baignés de ces effluves spirituels où demeurent ces espaces
sacrés, les Hiérons indestructibles que le feu élémentaire ne peut atteindre,
réceptacle du Feu de l'Esprit-Saint qui, déjà, rassemble les siens pour une
nouvelle Pentecôte. |
paray-
le- monial symbole et prophÉtie du
sacrÉ-cœur |
Henry montaigu |
Edition
Place Royale |
1979 |
Paray-le-Monial est une ville dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Cela
commence vers l’an 1 000 avec Cluny qui assume un rôle de médiateur
constructeur au centre de la chrétienté. Le Sacré – cœur de Jésus a toujours
été soutenu, promulgué, diffusé et défendu par une société tantôt officielle
et tantôt secrète qui a perduré malgré les vicissitudes de l’Histoire. Ce
n’est pas pour rien que le Hiéron du Val d’Or s’est installé à
Paray-le-Monial. Un livre qui dévoile les messages et les prophéties de ces
sociétés. Elle a de nombreuses apparitions, authentifiées par son
confesseur jésuite, saint Claude La Colombière, qui la destinèrent par la
suite à exercer un nouvel et véritable apostolat du Sacré-Cœur. Les
historiens comptent généralement quatre "grandes apparitions" en
dépit de quelques incertitudes sur les dates exactes. Dans la première
apparition, très probablement à la fin de 1673, elle repose comme saint Jean
sur la poitrine du Sauveur et reçoit le nom de disciple bien-aimé du
Sacré-Cœur. L’année suivante, elle voit le Sacré-Cœur "comme dans
un trône de flammes, plus rayonnant qu’un soleil et transparent comme un
cristal" ; il était entouré d’une couronne d’épines et surmonté
d’une croix. Notons qu’il s’agit bien là de l’authentique représentation du
Sacré-Cœur, et non pas celle que nous a imposé le siècle dernier. Dans cette
apparition, sa mission est précisée : honorer le cœur de chair du Sauveur
et répandre la dévotion au Sacré-Cœur afin de participer à la rédemption
d’amour de tout le genre humain. |
paul,
le pasteur |
Pierre DEBERGÉ |
Edition du
Cerf |
2004 |
Personnage fascinant, Paul de
Tarse est un géant. Ce petit livre édité par les cahiers Évangiles donne une
idée de sa vie, de son œuvre et de sa théologie. Saint Paul demeure un
personnage fascinant. Ses lettres abordent de multiples sujets où le lecteur
d'aujourd'hui peut renouveler ses propres convictions. Car la théologie de
Paul s'est construite dans un mouvement incessant de réponses à des questions
pratiques. Questions posées par des hommes et des femmes qui éprouvaient
l'Évangile et qui étaient éprouvés par lui. Réponses d'un homme mû par une
profonde « charité pastorale ». Voilà, brossé par Pierre Debergé,
un beau portrait de Paul en pasteur itinérant, lié par la foi et le cœur à
des communautés turbulentes. Après ce dossier et avant les recensions
d'ouvrages, un article de Jean-Claude Giroud nous introduit dans un étonnant
échange entre Philippe et l'eunuque sur la route de Gaza (Actes 8). Dans la Tradition, Paul est «
l’apôtre » par excellence et les lettres qu’il a écrites sont une source
fondamentale de la théologie chrétienne. Mais que sait-on sur ce Saül de
Tarse, le premier chrétien à avoir pris la plume ? Dans ses lettres, nous
découvrons quelques épisodes de sa vie mouvementée où son statut d’apôtre fut
souvent contesté mais peu de choses sur ses origines. Dans les Actes des Apôtres,
l’évangéliste Luc nous apprend qu’il s’appelait Saul, était citoyen romain
originaire de Tarse en Cilicie et raconte par trois fois son `retournement’
sur la route de Damas. Peut-on faire confiance à Luc ? À la fin de sa course, Paul écrit
à la communauté de Rome (qu’il n’a pas fondée) une longue lettre exposant le
coeur de sa théologie de façon détaillée. Quel est l’objectif de cette lettre
? Pourquoi Paul part pour Jérusalem alors qu’il voulait aller en Espagne ?
Quels rapports peut-on établir entre les lettres qui sont de sa main et les
autres lettres de la tradition paulinienne ? Ce cours cherchera à faire
connaître l’homme Paul (en lisant de nombreux passages de ses lettres) et à
le situer dans le monde de son temps pour mieux entrer dans ses grandes
convictions théologiques. |
petit
lexique des hÉrÉsies chrÉtiennes |
Michel thÉron |
Edition ALBIN MICHEL |
2005 |
Qui étaient les Agonyclites, les
Condormants ou encore les Melchisédéciens, et en quoi croyaient-ils ? Michel
Théron, auteur des Deux visages de Dieu, une lecture agnostique du Credo,
répertorie ici près de deux cents de ces hérésies, de la première moitié du Ier siècle aux dernières décennies du XXème siècle, des
plus exotiques aux plus profondes. Au commencement était l’hérésie. Celle-ci
n’est pas une déviance tardive par rapport à une foi originelle unanime : au
contraire, la religion chrétienne telle qu’on la connaît aujourd’hui a émergé
du foisonnement des opinions divergentes, voire franchement contradictoires.
Des dogmes aussi fondamentaux que
la divinité du Christ ou la Trinité ne se sont imposés que lentement, à coup
d’édits impériaux et d’excommunications. Les textes évangéliques eux-mêmes
foisonnent d’ambiguïtés, de failles dans lesquelles peuvent s’enraciner les
lectures les plus contraires au catéchisme. Un vaste panorama, aussi curieux
qu’enrichissant, des mille croyances qui ont pu se réclamer du christianisme.
|
PRIER LA PAROLE –LECTURE ET MÉDITATION DES ÉCRITURES |
Enzo Bianchi |
Edition Albin Michel |
2014 |
Enzo Bianchi, fondateur de la communauté œcuménique de Bose, dans le Piémont, redonne ici au chrétien, et à tout lecteur engagé dans une recherche de sens, un accès aux Ecritures. Cet ouvrage est devenu un classique, il a permis la redécouverte en Occident de la lectio divina, riche tradition du premier christianisme et qui s’inscrit dans la lignée de Vatican II. L’ouvrage qui présente à la fois l’horizon historique des Pères de l’église et décrit le chemin à explorer au quotidien, sous la forme de lectures, de méditations et de prières, dévoile la Parole « comme réalité vivante, dynamique, efficace, capable d’alimenter la foi, d’inspirer la vie », ce livre invite à retrouver toute la saveur de la Révélation. Au sommaire de cet ouvrage : La lectio divina : L’approche de la Parole de Dieu aujourd’hui - la Parole de Dieu - la liturgie de la Parole - de la liturgie à la Parole - Formation de la lectio divina - demandez l’esprit, vous recevrez l’illumination - cherchez dans la lecture - vous trouverez par la méditation - frappez dans la prière - entrez dans la contemplation - Réalisez la Parole, vous témoignerez du Seigneur - Demandez l’Esprit saint - prends la Bible et lis - cherche à travers la méditation - contemple - conserve la Parole dans ton cœur - la lectio divina, expérience d’Israël et de l’église - un temps de silence pour que Dieu parle - invocation de l’esprit saint - lis, médite et prie - lettre de Guigues II le chartreux au frère Gervais sur la vie contemplative - l’échelle spirituelle et ses quatre degrés - fonction de la lecture, de la méditation, de la prière, de la contemplation - les signes de la venue de la grâce - comment l’âme doit-elle se comporter - |
8 S
ST BENOÎT ET LA VIE MONASTIQUE |
Dom Claude Jean NESMY |
Les maîtres spirituels |
1959 |
||
Romain, un moine, le ravitaille en
lecture et en nourriture au moyen d’une corde. Benoît a environ 20 ans et sa
sainteté est déjà réputée. Les vieux moines du monastère
voisin de Vicovaro rendent visite à l’ermite et lui demandent de
devenir leur supérieur. Benoît accepte. Il tente de réformer la communauté,
en proie au laisser-aller. Mais en vain car son action dérange à tel point
que des religieux tentent de l’empoisonner en versant dans son verre de vin
des plantes mortelles. Au moment où il la bénit la coupe d’un signe de croix,
celle-ci se brise. Benoît reprend la route pour Subito. Il y construit douze
monastères qui accueillent chacun douze moines – comme les apôtres. Son
action et sa vertu le mettent de nouveau en danger. Ses exigences
agacent et on tente encore de l’assassiner. Mais Benoît s’aperçoit que sa
nourriture contient du poison quand un corbeau recrache les miettes de pain
qu’il s’apprêtait à manger. En 529, Benoît et quelques moines s’installent
dans une ancienne forteresse qu’ils transforment en monastère, sur le mont
Cassin, à 529 mètres d’altitude. C’est sur ce promontoire rocheux qu’il
terminera sa vie vers 547. La règle de saint Benoît : C’est aussi sur le Mont Cassin que Benoît de Nursie rédige
sa règle vers 540. Celle-ci régit encore la vie de milliers de moines
aujourd’hui. Il s’agit d’une œuvre courte. Le rythme de la vie du moine y est
détaillé, entre prière, travail, charité fraternelle, accueil et repos. Son
quotidien s’y organise autour d’une vie de communauté dans laquelle l’abbé
est père et les religieux sont frères. Au fil de la journée s’égrènent les
offices de la liturgie des heures. La célèbre formule "Ora et
Labora" ne figure pas dans cette règle. Elle fait référence à nombre
de ses prescriptions "L’oisiveté est ennemie de l’âme, c’est
pourquoi, à certaines heures, les frères doivent s’occuper au travail des
mains et à certaines autres à la lectio divina." "Ils sont
vraiment moines lorsqu’ils vivent du travail de leurs mains comme nos pères
les apôtres." Mais la prière prime : "Au premier signal
de l’office, que chacun quitte son travail." Cette règle aura régit
la vie d’une multitude de moines. Comme Abraham, saint Benoît est
devenu le père de nombreux hommes qui, dans la solitude, la prière et le
silence, ont cherché Dieu comme unique but de leur vie. Ses reliques ont été
transférées en 703 jusqu’à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), dans l’abbaye de
Fleury. Elles y sont toujours vénérées. Saint Benoît, patron de l’Europe, des
agriculteurs, des cavaliers, des conducteurs de machines, des réfugiés et des
spéléologues est fêté le 11 juillet. |
ST BERNARD L’ESPRIT CISTERCIEN |
Dom JEAN LECLERCQ |
LES MAÎTRES SPIRITUELS |
1998 |
Ce géant du moyen âge
voyagea beaucoup. Il prêcha une croisade, fonda des monastères et écrivit
énormément. Il eut le pouvoir religieux occulte tout en étant un grand
mystique. Sa démarche et son esprit son ici expliqués. Evolution du contexte social : La croissance économique, après avoir enrichi les moines,
provoque une évolution sociale. Le commerce se développe, les villes
deviennent attractives. Il devient nécessaire de sortir du couvent pour agir.
De plus, la vie urbaine révèle des inégalités que les solidarités rurales masquaient.
La charité de parade des bénédictins traditionnels ne peut plus suffire. De
nombreux hôpitaux se développent. Enfin, l'apparition de nombreuses hérésies
rend nécessaire une remise en question. L'esprit de
Cîteaux : Cîteaux propose une réforme. L'accent est mis sur une vie
en communauté isolée et sur l'ascétisme. Les cisterciens forment un ordre
conservateur qui ne remet pas en cause la société d'ordres et qui souhaite au
contraire le retour d'un monachisme à l'écart de la société. Ce conservatisme
se mêle cependant à des éléments de modernisme, notamment dans les relations
entre frères. Si chacun va à son rythme pour progresser vers Dieu, chaque
moine est continuellement aidé ou aide les autres (entraide inspirée de la
chevalerie). Le rite est intériorisé. Le but de chacun est avant tout de se
connaître lui-même, avec humilité. Si Cîteaux conserve les structures
monacales classiques, notamment la séparation entre les convers et les
moines, ses recrues ont un état d'esprit un peu différent en raison de leur
contact avec la chevalerie. On observe des restes de l'esprit courtois dans
les communautés, par exemple la tension continuelle vers la prouesse
héroïque, même si elle n'est pas de même nature que chez les chevaliers. Le
modèle de filiation entre Cîteaux et ses filles est calqué sur le lignage
aristocratique. Saint Bernard : Les cisterciens se heurtent à de nombreuses critiques.
Pour certains, ils ne vont pas assez loin dans l'idéal de dépossession et de
pauvreté. Pour les bénédictins traditionnels, ils vont au contraire trop
loin, notamment en travaillant de leur main, ce qui paraît contraire à la
dignité monacale. Saint Bernard fait cependant triompher les cisterciens.
Issu de la petite noblesse, il est tout de suite destiné à la vie monacale.
Il est cependant imprégné de l'esprit chevaleresque : c'est un combattant.
Pour épurer son âme, il méprise son corps et rejette tout orgueil ou parure.
S'il possède parfaitement l'art du discours, son éducation n'en fait pas un
grand usager de la dialectique (contrairement à Abélard). La parole, celle de
Dieu, est pour lui plus le vecteur principal de la foi, plus qu'aucun art
visuel. C'est pourquoi il veut chasser les trop riches sculptures des
monastères (les moines n'en n'ont pas besoin, ils savent lire) alors qu'il
tolère le recours à l'image dans les églises accessibles à tous (car le
peuple a besoin de l'image pour accéder à l'histoire sacrée). Comme Suger, il
pense que l'art doit aider chacun à retrouver en lui l'image de Dieu, en
favorisant la résurgence de cette image. Pourtant, il rejette les
flamboiements artistiques. C'est avant tout vers l'intérieur de soi que
chacun doit se retourner. Les richesses
de Cîteaux et leur utilisation : Le
développement du mouvement cistercien s'accompagne d'un développement des
constructions de monastères. Si ceux-ci présentent une grande unité de style,
l'uniformité n'est pourtant pas ce qui les caractérise. La construction de
ces bâtiments est coûteuse (achat de la pierre, appel à de la main-d’œuvre
extérieure). Les cisterciens refusent les seigneuries, mais ils ne refusent
pas les dons. Lorsque ces derniers sont faits sous forme d'orfèvrerie, ils
sont échangés contre de la monnaie, car les cisterciens refusent d'orner
leurs autels. Outre les dons, les ressources servant à construire les églises
viennent de l'exploitation de leurs domaines. La fortune cistercienne a peu
d'autres destinations : les monastères sont à l'écart, ils n'ont guère à
faire preuve d'hospitalité et de charité. L'argent se transforme donc en un
art qui symbolise les vertus de Cîteaux : la rigueur et le dépouillement. |
ST EPHREM LE SYRIEN - HISTOIRE DE SA VIE ET EXTRAITS DE SES ÉCRITS |
Anonymous |
Edition Théclassics |
2013 |
On appelait ce mystique: "la harpe du Saint-Esprit." Né à Nisibe (Nesaybin actuellement en Turquie) dans la province romaine de Mésopotamie, il fut chassé de la maison par son père, païen intolérant, pour ses "fréquentations chrétiennes". Accueilli par l'évêque du lieu dont il devint le fils spirituel selon l'historien saint Grégoire de Tours, il se convertit au christianisme à l'âge de 18 ans. Ordonné diacre, il voulut le rester par humilité. Il fonda à Nisibe une école théologique de grand rayonnement. Mais à cause de l'invasion perse qui a envahi cette région, il préféra franchir la frontière et s'installer, avec son école, à Edesse dans l'empire romain. Il fut un grand défenseur de la doctrine christologique et trinitaire dans l'Eglise syrienne d'Antioche. Il composa de nombreux ouvrages,
commenta toute la Bible, écrit des poèmes qui remplacèrent les chants des
fêtes populaires et répondaient aux chansons des hérétiques qui répandaient
ainsi leurs thèses erronées. "Dimanches et fêtes, évoque un compatriote,
il se tenait au milieu des vierges et les accompagnait de sa harpe. Toute la
ville alors se réunissait autour de lui." Ses hymnes inaugurèrent la
pratique du chant liturgique. Il est d'ailleurs considéré comme l'un des plus
grands poètes de langue syriaque.
Saint
Ephrem le Syrien, un des Pères de l’Église, a été proclamé docteur de
l’Eglise par le pape Benoît XV en 1920, comme le rappelait le pape François
en proclamant le grand saint arménien Grégoire de Narek docteur de l’Eglise,
presque un siècle plus tard. Saint Ephrem, né à Nisibe (Turquie actuelle)
vers 306, est donc vénéré dans les Églises orientales, mais aussi en
Occident. Diacre, ce
grand théologien a écrit plus de 3 millions de vers pour louer Dieu et
combattre les hérésies de l’époque. Et il est considéré comme le premier
compositeur de chants sacrés pour les femmes, et comme l’un des plus grands
poètes de langue syriaque. Il est mort le 9 juin 373 à Edesse, où il a
vécu dix ans, après avoir contracté la peste en assistant les malades. Pour le jour de sa fête liturgique, voici une prière qu’il a composée et que l’on peut redire pour la paix en Syrie, et tout l’Orient, berceau du christianisme. Prière de saint Ephrem le Syrien : Seigneur notre Dieu, Tu as choisi l’Orient pour envoyer ton Fils unique et accomplir l’économie du salut. C’est une jeune fille orientale, la Vierge Marie, que tu as choisi pour qu’elle porte et enfante ton Fils unique. C’est en Orient qu’il a grandi, qu’il a travaillé, qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples. C’est en Orient où il a transmis ta volonté et tes enseignements, où il a fait des miracles et des prodiges. C’est en Orient où il s’est livré. C’est en Orient où il a choisi de souffrir, de mourir et de ressusciter. C’est de l’Orient où il est monté au ciel et siégé à ta droite. Nous te prions d’accorder les forces nécessaires à tes enfants en Orient pour qu’ils soient affermis dans la foi et dans l’espérance de tes saints apôtres. Amen. |
SAINT GRÉGOIRE PALAMAS et LA MYSTIQUE ORTHODOXE |
Jean Meyendorff |
Edition du Seuil |
2002 |
Saint
Grégoire Palamas
et la mystique Orthodoxe, l’hésychasme est le cœur de la tradition
spirituelle de l’Eglise orthodoxe. Dans la contemplation, par la prière du
cœur où est invoqué sans relâche le nom de Jésus, l’hésychaste, ermite placé
sous la direction d’un Maître, tente de créer en lui-même la paix intérieure. Ce
petit livre est devenu un classique. Jean Meyendorff, qui fut l’un des
plus grands théologiens orthodoxe du XXe siècle, y déroule, autour de
Grégoire Palamas (1296-1359) qui en est la grande figure et le théoricien au
Moyen Âge, toute l’histoire de la mystique orthodoxe des origines à nos
jours. « Flambeau de l’orthodoxie, fondement et docteur de
l’Eglise, modèle des moines, allié invincible des théologiens, ô Grégoire
thaumaturge, orgueil de Thessalonique, hérault de la Grâce, que ta
supplication pour le salut de nos âmes ne s’interrompe jamais » Cet
hymne à saint Grégoire Palamas est chanté par l’Eglise orthodoxe dans
sa liturgie du second dimanche du Carême, pour vénérer celui qui, quelques
décades avant la chute de Byzance, sut intégrer dans une synthèse doctrinale
la tradition séculaire du monachisme contemplatif de l’Orient chrétien,
connue sous le nom d’ « hésychasme ». L’hésychasme
est un mouvement monastique dont les origines remontent aux Pères du désert
et il ne peut certes prétendre représenter à lui seul la « Mystique
orthodoxe » qui connut et connaît encore aujourd’hui des formes
diverses. Palamas, en particulier, ne peut se présenter comme un docteur de
mystique orthodoxe que dans la mesure où il dépassa les cadres d’une école
spirituelle et où il fit revivre dans son oeuvre, le mystère chrétien dans
son essence même. A
l’époque de Palamas, le monachisme oriental avait déjà une longue histoire.
Ses grands docteurs, lui avaient légué une vaste littérature ; il avait
connu ses tentations. Pour les contemporains, il jouissait d’une immense
autorité ; tout cet acquis du passé, Palamas l’acceptait sans réserve.
Son rôle consista cependant à dégager dans ce passé un élément doctrinal et
spirituel permanent, et cela à une époque om l’esprit de la Renaissance
commençait à souffler sur Byzance et où l’Occident chrétien subissait l’une
des transformations les plus radicales de son histoire. Les
temps modernes, en emportant dans une ruine définitive tant les valeurs que
le Moyen Âge avaient absolutisées, allaient-ils désagréger l’essence du
christianisme ? La cité nouvelle, après avoir obtenue l’autonomie de
l’intelligence et de la création, laisserait-elle une place à la vie
surnaturelle que le Christ avait apportée indépendamment de tous les
achèvements proprement humains ? C’est
à ces questions que l’œuvre de Palamas donne des réponses positives ;
voilà pourquoi son triomphe doctrinal à Byzance au XIVe siècle, fut considéré
par l’Eglise d’Orient non pas comme le triomphe d’une mystique particulière,
mais comme celui de l’orthodoxie elle-même. Cette approbation ecclésiastique
a ainsi dégagé ce qu’il y avait de permanent et d’universel dans une
tradition de spiritualité purement monastique. Au sommaire de cet ouvrage : La tradition spirituelle des moines d’Orient - Le monachisme primitif - Evagre le Pontique et la prière pure - Macaire et la mystique du cœur - La prière de Jésus - Doctrine de la déification - Grégoire de Nysse et Maxime - Syméon le nouveau théologien - L’hésychasme byzantin aux XIIIe et XIVe siècle - Grégoire Palamas, théologien de l’hésychasme - les jeunes années - La controverse avec Barlaam et Akindynos - Une théologie de l’hésychasme - Un existentialisme chrétien - L’hésychasme après Palamas - En Orient chrétien du XIVe siècle à nos jours - La tradition hésychaste en Russie - Cet ouvrage comporte une chronologie, un index, des noms propres et une bibliographie. |
ST JEAN DE LA CROIX - DÉCOUVRE-MOI TA PRÉSENCE |
Guido Stinissen |
Edition du Cerf |
1989 |
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Une âme de feu - Un guide qualifié - Une symphonie biblique - Les clés de la porte - Dieu, amoureux de l’homme - L’amour éveille l’amour - L’homme attentif à Dieu - L’appel et la montagne - Salés par le feu - La fête du Saint-Esprit - Au service de l’Eglise - Une mystique de libération - Pâques - Liberté et libération - Un très beau voyage spirituel |
ST JEAN DE LA CROIX ET LE PROBLÈME DE L’EXPÉRIENCE MYSTIQUE |
Jean Baruzi |
Edition Salvador |
1999 |
La
thèse de Jean Baruzi, soutenue en 1924 à la Sorbonne, ouvrit au jeune
professeur le Collège de France où il fut suppléant, puis successeur d'Alfred
Loisy (sans jamais devenir moderniste pour autant). L'édition de 1931,
republiée ici, fut «revue et augmentée» par l'auteur, qui ne fit, à ses
multiples détracteurs, que des concessions de détail. On se réjouira, avec le
préfacier, de voir l'ouvrage à partir duquel toutes les études sanjuanistes
se situent dès lors, redevenir accessible à nos contemporains. Dans ses deux
préfaces, Baruzi s'expliquait sur le sens de son travail: «nous demander
quelle serait la signification métaphysique d'une expérience mystique d'où
toute donnée partielle serait exclue» (50); ou encore: «j'ai constamment
cherché à montrer qu'il y a une métaphysique sous-jacente à la construction
et à l'expérience mystiques de Jean de la Croix». Or, note É. Poulat, c'est
là «tout le débat du siècle, sur la nature du mysticisme et les conditions de
son intelligence». Première «biographie critique du grand mystique espagnol»,
aux dires des Bollandistes de l’époque, l'ouvrage manquait encore d'une
édition critique des Oeuvres de Jean de la Croix, cependant lues dans le
texte, sur les manuscrits jugés les meilleurs. Le résultat reste, à nos yeux,
exceptionnel.
L’auteur part d’une interrogation de l’homme sur l’homme. Quelle contribution apporte l’expérience mystique à la solution du problème métaphysique de la connaissance de Dieu et du rapport à l’Absolu ? Ce n’était ni le problème ni le propos de St Jean de la croix, auxquels ses commentateurs catholiques ont quelques bonnes raisons de se tenir, mais dans cette confrontation entre la théologie classique et une anthropologie post-kantienne, l’auteur reste un auteur de référence.
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ST JEAN DE LA CROIX – LA MONTÉE DU CARMEL |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1995 |
Comme toutes les autres œuvres de Saint Jean de la Croix, la montée du carmel a jailli de l’expérience du saint. Le cœur de l’œuvre, c’est d’abord un poème. Ce poème, qui est placé au début, est un cri, un chant, une expression lyrique et symbolique de l’expérience faite par Jean de la Croix, du cheminement de l’âme contemplative le long des sentiers abrupts de l’union mystique. Puis, sur la demande des frères et des sœurs des carmels dont s’occupait Jean, il dut expliquait, améliorer et rendre plus clair son texte, qui, il faut le reconnaitre était très ardu au départ, il le fit également dans un souci de charité pour ceux qui dans la détresse avaient besoin d’un texte spirituel pouvant les aider et les guider. Dans cet ouvrage, l’auteur suit le cheminement de sa propre vie spirituelle, en l’élargissant et en l’enrichissant des expériences dont il a été le témoin et le guide, de plus il met dans ces textes les influences de la vie intérieure de sainte Thérèse d’Avila. Le génie de Jean est d’avoir su mettre dans ce traité son esprit de synthèse et de clarté, car tout s’ordonne par le dedans, sans s’attarder aux considérations anecdotiques. Jean est une intelligence de type philosophique, percevant les thèmes essentiels et ne donnant des exemples que pour mieux dégager ses idées. Alors de quoi s’agit-il dans cette montée du carmel : C’est un itinéraire d’ascension, la montagne à gravir, ce mont carmel, où se tient Dieu dans la nuée, c’est la Transcendance divine, c’est escarpement vertical, dont l’aspect vertical, dont l’aspect épouvante. Que des hommes préfèrent s’installer dans la plaine, comme les Hébreux au pied du Sinaï, ou bien s’égarent à flanc de montagne, dans les sentiers faciles et sinueux (chemins d’esprit imparfaits) ou même redescendent (chemin d’esprit égaré), lui Jean, veut aller vite, il meurt de soif et veut grimper rapidement pour étancher cette soif jaillissante au sommet. Jean sait que qu’il est facile de se tromper de route, de se décourager et de ne plus rien comprendre, alors il trace et montre le chemin menant au sommet. Paradoxalement, plus l’âme s’élève plus elle risque de se perdre, mais à la nuit de la Transcendance divine, répond la nuit de la foi qui permet d’atteindre l’essence de Dieu. Pour atteindre cette Essence de Dieu, il faut rentrer dans son amour, il ne faut pas rester à une recherche de soi-même qui est un repliement, mais rechercher cette rencontre avec le divin qui est l’objectif final et qui par la suite va permettre à celui qui cherche cette rencontre de pouvoir mieux vivre, sans angoisse, sans doute, avec beaucoup de détachement, surtout celui des biens terrestres, il pourra ainsi se consacrer totalement à la divinité, avec cette montée du carmel, Jean développe et donne une direction qui permet de trouver l’équilibre et le bonheur. A cette générosité suscitée par l’appel de Dieu, répondra la générosité de Dieu, qui, se rendant présent à l’âme par sa Ténèbre même, désassimilera l’âme dans sa substance la plus intime, par une purification passive, acceptante, pour la libérer de son moi égoïste et aveugle (la nuit obscure), et la faire entrer dans la vibration du Don Absolu et Vivant dans la Vive Flamme d’Amour. Ce sont donc les premières étapes, actives, de cette désappropriation, que décrit la montée du carmel. Ne pouvant établir un ordre de succession dans ces différents états d’âme, Jean part du principe que l’action d’ascèse purificatrice dure autant que la vie. Le plan de la montée du carmel est le suivant : L’âme s’évade de la demeure des sens, des tendances, de l’agitation, de l’entendement, de la mémoire et de la volonté, seule la guide « la fumière qui brule en son cœur », la Foi, vivifiée par la Charité, confortée par l’Espérance ; c’est la nuit « la plus aimable que l’aurore », seul chemin non trompeur. Les œuvres de Saint Jean de la Croix sont au chapitre 8 |
st
jean de la croix & la
mystique hindoue |
Robert kfouri |
Edition LES DEUX OCEANS |
1996 |
Ce livre analyse l’enseignement de
Saint Jean de la Croix et dégage les équivalences les plus importantes avec
le Yoga Védanta, offrant ainsi au lecteur un panorama général de la mystique
hindoue. Mais ce qui rend ce livre particulièrement intéressant, en ces temps
de crise et de perte des valeurs, c’est qu’il nous dévoile la richesse d’un
patrimoine chrétien, qui contient tout le nécessaire pour accéder à
l’expérience mystique. Dans les voies mystiques en
général, et plus particulièrement dans celle de Saint Jean de la Croix, nous
trouvons les quatre étapes d’évolution spirituelles suivantes : 1/ : Le rejet de la création
et le début de la quête : c’est « la montée au carmel » chez
Saint Jean de la Croix, la « montée de la puissance divine » dans
le Tantra, le « voyage » dans le Veda. Autant d’expressions qui
décrivent l’intériorisation de la recherche, c'est-à-dire la plongée dans le
silence de l’âme (Samadhi suivant le yoga). Celle-là comprend le renoncement,
la contemplation, la mise en condition et l’ascèse qui accompagnent le
« Nuit mystique » de Saint Jean de la Croix. 2/ : Le début de l’expérience
spirituelle où Dieu est connu sous son aspect d’amour (Bhakti) qu’il soit
personnalisé ou pas. Cette phase caractérisée par des « visites »
que Dieu rend à l’âme et qui par conséquent ne sont que temporaires,
constitue les « fiançailles spirituelles » selon Saint Jean de la
Croix, la « conscience du Seigneur » (Bhagavad Cétana) selon le
Yoga de l’Amour. 3/ : L’union permanente avec
Dieu dans sa réalité aussi bien personnelle (Verbe ou Shakti)
qu’impersonnelle et au-delà des modes (Déité chez Jean, Brahman dans le
Vedanta). Ce sont des « Noces mystiques chez Jean et les Noces de
Shiva/ Shakti dans le Tantra Yoga 4/ : Le retour à la création
avec l’expérience de l’immanence de Dieu, celle de l’unité fondamentale de
l’âme, de toutes choses créées, et de Dieu. Cette phase est aussi bien
décrite dans le Tantra Yoga que dans le Vedanta, c’est la perception de la
création avec les yeux de Dieu »selon Jean de la Croix, c’est l’ultime
réalité une et non-duelle (advaïta) selon les Upanishads. Au sommaire de cet ouvrage : La montée
- Les fiançailles -
Les noces - L’unité dans la création - |
ST JEAN DE LA CROIX - LA NUIT OBSCURE |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1984 |
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Le 15 Aout
1578, alors que Jean est enfermé depuis 9 mois dans un cul de basse fosse à
Tolède, aidé par son geôlier il s’évade de cette prison, il n’a avec lui que
les poèmes écrits en prison et qui seront les textes de ses futurs poèmes
mystiques. Dans
« la nuit obscure » Jean montre le rôle de l’initiative divine dans
la purification des sens et de l’esprit : nous sommes ici dans la voie
passive ; à ce point que Jean de la Croix prétend parfois se contenter
de faite œuvre de description ou de discernement. Il a résolu de livrer son
bilan : à la fois son expérimentation personnelle de la nuit et son
expérience de celle-ci, à l’écoute d’autrui dans les nombreuses et les plus
affectueuses directions spirituelles qu’il est eues à mener durant sa courte
vie. Jean nous
livre les règles strictes qu’il a systématiquement appliquées d’un passage de
la méditation à la contemplation, la nuit des sens permettant la connaissance
de soi, la nuit de l’esprit aboutissant à la connaissance de Dieu. Le
mystique dans le silence de la nuit devient le sujet d’une vision totale de
l’Absolu. Plus la
contemplation des choses divines paraît claire, plus elle est obscure et
cachée à l’âme. Il en est ici, comme de la lumière naturelle : plus elle
est claire, plus elle éblouit et obscurcit la papille du hibou ; plus on
veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on
la prive de lumière ; cette lumière dépasse la faiblesse de l’œil. De même quand cette divine lumière de la contemplation investit l’âme qui n’est pas encore complètement éclairée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, parce que non seulement elle la dépasse, mais parce qu’elle la prive de son intelligence naturelle et en obscurcit l’acte. C’est ce que les grands théologiens mystiques et saint Denis appellent cette contemplation infuse « un rayon de ténèbres ». |
ST JEAN DE LA CROIX - LA VIVE FLAMME D’AMOUR |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1995 |
Saint
Jean de la Croix est un homme de l’exigence, son besoin constant de
perfection, au sens d’accomplissement, a mené toute sa vie ; il a été
homme d’action et homme de contemplation avec la même ténacité : il a
été réformateur au Carmel et a été l’écrivain mystique le plus accompli du 16e
siècle. Pourtant
la vie intérieure n’allait pas de pair avec celle de fondateur et d’homme
d’action… La maladie, la séquestration par ses propres frères, auraient pu
gêner ou annuler sa recherche impétueuse de l’union de Dieu : non
seulement elles lui servirent, mais le lecteur de l’œuvre de Jean ne saurait
guère retrouver en elle beaucoup d’éléments biographiques, tant le travail
ascétique et le jeu de l’esprit purifient les péripéties de la vie. Dona Ana
del Mercado y Penalosa, accueille et abrite chez elle les carmélites venues
fonder un monastère : Jean de la Croix est présent et dès cette date,
une relation privilégiée s’établit entre eux, en 1586 grâce à sa fille
spirituelle, il fonde le couvent de Ségovie, puis rédige sa dernière oeuvre
écrite : ce sera La vive flamme d’amour. La vive flamme
d’amour est le commentaire d’un poème, commentaire qui n’a rien de
littéraire : à la fois prière ardente, témoignage enflammé et traité
pédagogique, à la fois exhortation et testament, à la fois lyrique et
familier, il peut dérouter, car il s’agit là d’une œuvre intime. Les
démonstrations n’intéresse pas Jean de la Croix, le Mont Carmel n’est pas le
Mont Horeb ni le Mont Thabor. Jean de la Croix ne cherche pas le
spectaculaire : le champion mystique du flamboiement de l’amour divin ne
parle jamais de la Transfiguration, sinon pour dire que le temps des
révélations est clos avec Jésus. Quoiqu’il
en soit de la forme, la Vive Flamme d’Amour est sans doute l’œuvre où Jean de
la Croix, de façon spontanée, sans les reprises successives qui ont marqué
les livres précédents, a mis le plus de lui-même, de ses convictions, de ses
souffrances, de ses refus, de ses joies, de son expérience de Dieu, des
hommes et de ames. Il y a dans tout le texte quelque chose comme un feu d’artifice qui donne une émotion et une sensation de joie communicative. Ainsi s’explique peut-être la postérité de Jean de la Croix, en France notamment, avec une sorte de déferlante mystique avec Ste Thérèse d’Avila jusqu’à Ste Thérèse de Lisieux. |
ST JEAN DE LA CROIX - LE CANTIQUE SPIRITUEL |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1995 |
Le
Cantique spirituel, c’est l’heure de l’aube mystique. Après le renoncement,
le vide, le rien de la Nuit obscure, après la mortification que l’âme s’est imposée,
vient le moment de la rencontre joyeuse avec Dieu, celle de l’âme
« épouse » avec « l’époux ». Le
cantique spirituel est un poème du désir, une célébration de la sortie de la
nuit vers la joie de l’exaucement, le passage des dernières angoisses à
l’union des fiançailles et du mariage spirituel : « Là mon bien
aimé me donna son cœur, là il m’enseigna une science pleine de suavité, moi
je lui promis d’être son épouse ». Deux
œuvres de Jean, la montée au carmel et la nuit obscure, décrivent, si l’on
peut dire, le cheminement de l’âme vers Dieu à travers le renoncement, le
vide, le rien. Cette « nuit » doit être complète, entière et vécue
jusqu’au bout ; il s’agit d’un purgatoire mystique, appelé « la
voie purgative » ; Jean montre comment la nuit est une
mortification des sens et des tendances, puis comment elle concerne toute les
facultés de l’âme : l’entendement, la mémoire et la volonté – ces
facultés peuvent être guéries par la foi, l’espérance et la charité. A ces deux
œuvres succèdent Le Cantique spirituel et la Vive Flamme d’amour qui sont la
description de l’illumination de l’âme et de son union avec Dieu, à l’issue
de la nuit obscure. Jean n’ayant pas écrit une œuvre systématique, il n’y a
pas de chronologie dans ces quatre œuvres, malgré tout on peut y voir une
certaine continuité, puisque ces œuvres partent de la rédaction d’un poème,
qui par la suite sera commenté strophe par strophe. Dans le
cantique spirituel, la contemplation fait suite à la privation, la présence à
l’absence, la lumière à la nuit, même le style change, il est moins
descriptif, moins médiéval, il est jubilatoire, plus caressant, parfois même,
il se veut presque maniériste et lyrique. C’est que l’union de l’âme à Dieu
est un véritable mariage, et le cantique spirituel, c’est d’abord un poème
lyrique sur cette union de l’ame, c’est un épithalame mystique d’une
quarantaine de strophes que Jean de la Croix a écrit dans sa prison de Tolède
en 1578, mais le prieur de Grenade va rajouter quelques strophes, ce qui va
embrouiller la lecture et sa compréhension globale. En réalité les œuvres de saint Jean de la Croix sont beaucoup moins spéculatives que descriptives, moins logiques qu’expérimentales, et beaucoup moins théoriques que dramatiques et poétiques : Le Cantique Spirituel n’échappe pas à cette règle, c’est un poème du désir, de la sortie de la nuit vers la joie de l’exaucement, des dernières angoisses vers l’union des fiançailles et du mariage. |
st
jean de la croix -
mystique et maÎtre spirituel |
Federico ruiz |
Edition du Cerf |
1995 |
Après avoir retracé brièvement la
vie de St Jean de la Croix et analysé ses œuvres qu’il replace dans le
contexte historique et social, l’auteur suit pas à pas, en le mettant à la
portée d’un lecteur du 21ème siècle, le chemin spirituel que nous
propose le docteur mystique pour nous conduire à l’union d’amour avec Dieu. Il détaille les différentes
composantes de chacun des textes et les approfondit en nous en livrant de
larges extraits. En un mot, il nous met directement
en contact avec le Saint et éveille en nous le désir de lire l’intégralité
des écrits de celui qui a été proclamé docteur de l’Église. Au sommaire de cet ouvrage de 320
pages : Existence
vocationnelle : La famille - l’appel du Carmel -
parmi les chênes de Duruelo
- dans la prison de Tolède -
Ségovie - son activité en Andalousie -
jours de passion - Maitre et
écrivain : Les écrits - Poésie et prose -
Interrelation - Mystique de
frontière : Siècle d’or - les sources
- l’expérience -
Mystique et théologien - Créateur original - Mystique et mystagogue -
attirance universelle - Union de Dieu :
Union d’amour - Du Christ et de l’église -
Vie théologale - Synthèse
doctrinale - communion transcendante -
Liberté et pureté - Ascèse
théologale - Processus et
chemin : Vie en mouvement - idéal
et plénitude - Pédagogie de Dieu -
Docilité et engagement - Dieu
personnel - Révélé et caché -
Présence - Le Christ est
mien : Le Verbe fait homme - les mystères du Christ -
Révélateur et époux - communion et images -
Eglise, épouse et mère - Médiation des
sens : Stratification de l’homme
- Régénération -
Être et condition - situation de conflit -
L’Amoureuse mère - l’homme
sensible - Dieu se communique en
foi : Mystère et attitude de la foi en Dieu -
Jésus-Christ, Parole de Dieu
- La voie surnaturelle - Mémoire et
espérance : Don et promesse
- Pauvreté et générosité -
purification du souvenir - espérance du futur - Education de l’amour :
tu aimeras ton Seigneur Dieu - amour et joie -
Biens de la terre et biens du ciel
- Oraisons
contemplatives - Recueillement
théologal - contemplation initiale et dans la vie -
agir passivement - connaissance et amoureuse de Dieu - Nuit de passion :
Dans la nuit obscure - Expérience déconcertante - la
main de Dieu - Passage obligé - Route dans
l’obscurité : Variété existentielle
- Esprit en ténèbres -
nuits de l’humanité - ardents désirs de Dieu -
chercher le Bien-aimé - aspirations et désirs -
monde de transparence - Créés pour
aimer : Union transformante -
Dons et vertus - Expérience mystique - Espaces intérieurs - Glorification de l’amour -
mourir d’amour - la Très Sainte Trinité et sa demeure - |
St jean
de la croix – prince de la mystique (1542 – 1591) |
Mgr cristiani |
France –
empire |
1960 |
Saint Jean de la Croix fut l’un
des plus grands mystiques de l’histoire. Quelles aventures dans la vie de cet
homme extraordinaire qui vécut en plein 16e siècle, à l’une des
époques les plus troublées et certainement des plus dangereuses de l’histoire
de l’Europe. Son père était mort de bonne
heure, renié par les siens pour avoir épousé une fille très pauvre. Né en
vieille Castille, Jean devait, après maintes tribulations, ayant revêtu
l’habit des Carmes, rencontrer l’être privilégié qui allait donner à sa vie
une orientation définitive : Thérèse d’Avila. L’humble Jean ne payait
pas de mine : chétif mais vif, le visage émacié, de fort
petite taille. On oubliait vite cette disgrâce physique devant le
regard étincelant de ses yeux noirs, où passaient toutes les ardeurs de la
foi, d’un certain mysticisme et surtout du mépris de soi-même. Jean et Thérèse (qui était
beaucoup plus âgé que lui) étaient bien faits pour s’entendre. La réforme
catholique préconisée par Thérèse devait prendre un essor grandiose, contre
vents et marées, grâce à l’action simultanée, conjuguée de ces deux ames
exceptionnelles. Mais pour promouvoir l’effort réformateur, Jean eut à braver
l’incompréhension, les condamnations les plus cruelles, une véritable
persécution qui, à certaines périodes de son existence, alla jusqu’à le
priver de sa liberté, le blesser dans son corps et le menacer dans sa vie. Ce
furent les souffrances mêmes endurées pour la croix, qui permirent à Jean
d’approfondir l’expérience mystique. Sa vie est racontée ici avec un
sens du drame que rehausse une profonde sureté théologique, l’auteur a quand
même soin de laisser parler le Saint-poète, dans l’ardeur d’une effusion qui
perce la muraille de nos indifférences mais nous entraine dans une histoire
insensée de ce « prince de la mystique » qui révolutionna la pensée
chrétienne. Au sommaire de ce livre : Jean de Yépes -
sur la route de Tolède - Arevalo
- Medina- del Campo -
Frère Jean de Saint-Mathias
- au carmel -
l’Ordre du carmel - Au couvent de Sainte Anne - Salamanque - La
réforme du Carmel - Duruelo
- Mancera -
Pastrana - Avila
- Grâces et exorcisme du
saint - La prison de Tolède -
En Andalousie (1578-1586)
- Almodovar -
Béas - La vie spirituelle de Jean au
Calvario - Baeza
- la peste de 1580 -
Premiers écrits Maximes et chansons
- pourquoi et comment Jean
écrivait - le thème de la solitude -
Chants de l’union à Dieu - Doctrines mystique
de Saint Jean de la Croix - L’Union à Dieu -
la lutte - l’escalier obscur -
les trois vertus théologales - visions et révélations -
méditations et contemplations
- purification de la
mémoire - l’escalier secret -
les 7 péchés capitaux spirituels
- les fiançailles et les noces
spirituelles - le guide spirituel - le
chapitre d’Alcala - Voyage à Grenade -
Chez les carmélites - Thérèse d’Avila -
la stigmatisée de Lisbonne
- Sur les chemins
d’Andalousie - Deux grands ouvrages
et chef d’œuvre - le Cantique spirituel -
la Vive flamme d’amour - le cantique de l’âme parfaite -
Derniers combats et dernières épreuves -
Le Prieur de Ségovie - le Christ de Ségovie -
Madrid - Le Calvaire final - 2
mois à la Penuela - procès diffamatoire -
vers la mort d’amour - les 17 conseils de Saint Jean de la
Croix - Frère Elisée des martyrs -
Glorification - |
|||
|
st
paul tout
simplement |
Paul bony |
Edition DE L’ATELIER |
1996 |
Saint Paul… On connaît l’apôtre,
sa conversion sur le chemin de Damas, ses multiples voyages dans le monde
méditerranéen, ses lettres aux communautés chrétiennes naissantes. Pourtant dès
qu’on aborde ses textes tout se complique : sa pensée théologique passe pour
être difficile. Comment redécouvrir l’étonnante richesse du message de Saint
Paul, l’homme qui, sans avoir accompagné Jésus, mise sa vie sur lui ?
Présentée par Paul Bony, la théologie de l’apôtre est sans cesse mise en
rapport avec les questions et problèmes qui surgissent dans les premières
communautés chrétiennes : faut-il devenir juif pour être chrétien ?
L’Évangile est-il fait pour les païens ? Si oui, que devient alors la
promesse donnée à Israël d’être le peuple choisi par Dieu ? Autant de
questions que l’auteur explicite en suivant le cheminement de la pensée de
Paul qui apparaît ainsi accessible et éclairante. Au bout de ce voyage dans
la théologie de Saint Paul, le lecteur saisira mieux le sens et la force du
témoignage de l’Apôtre : « Pour moi, vivre c’est le Christ. » Cela devrait
être vrai pour tout chrétien. Paul est né vers l’an 8 de notre ère. Il serait donc d’une
dizaine d’années plus jeune que Jésus de Nazareth.
De ses parents et de son enfance, nous savons peu de choses. Dans ses
lettres, il ne dit rien de sa famille. Saint Luc nous indique que Paul avait
une sœur mariée, demeurant à Jérusalem et un neveu qui lui sauvera la vie
(Actes 23, 16). Toute sa vie, il a
maintenu son appartenance au peuple juif : «Circoncis dès le huitième
jour», « de la race d'Israël», «de la tribu de Benjamin». Saul (prononcé
«saule» en français), est le nom hébreu qui lui a été donné à la
circoncision. À ce nom sémitique, il ajoutera plus tard celui de Paulus. Il
n'a pas changé de nom mais il porte un double nom : Saul-Paulus qui signifie
«peu», «petit». Très rapidement, il sera connu sous ce seul nom. Les Actes de Paul, un petit livre rédigé vers le milieu du
2e siècle, nous donnent le portrait suivant de l’apôtre des nations : « On
vit venir Paul, un homme de petite taille, à la tête dégarnie, les jambes
arquées, vigoureux, les sourcils joints, le nez légèrement aquilin. » À
travers les siècles, la tradition a conservé cette image de Paul : petit,
maigre, énergique, chauve et barbu. Paul n’avait peut-être pas un corps
d’athlète, mais il était propulsé par une force et une vigueur
exceptionnelles. Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, il écrit : «
Souvent j'ai été près de la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les
trente-neuf coups de fouet ; trois fois j'ai été battu de verges par les
Romains; une fois lapidé; trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de
passer un jour et une nuit dans la mer! Voyages sans nombre, dangers des
rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des
païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers
des faux frères ! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes
répétés, froid et nudité !» (2 Corinthiens 11, 25-27) Malgré son aspect
fragile, il était d’une endurance à toutes épreuves. Paul est un homme d'une grande
éducation. Paul est un homme d’une grande éducation. Il a fait ses premières
études à Tarse, sa ville natale, et ensuite il a étudié à Jérusalem, avec le
professeur juif le plus connu de son temps : Gamaliel. Ceux qui le
rencontraient se rendaient compte très rapidement qu’il était une personne
éduquée. Lors de son arrestation à Césarée, le Procureur romain Porcius
Festus dira à Paul : «Tu es fou, Paul; ton grand savoir te fait perdre la
tête». (Actes 26, 24) Sur le plan culturel, Paul est très différent des apôtres
qui étaient considérés par les autorités juives comme des gens ignorants. Après
la résurrection, lors de leur arrestation à Jérusalem, Pierre et Jean seront
jugés par les membres du Sanhédrin comme des gens sans éducation : «Considérant
l’assurance de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens
sans instruction ni culture, les membres du Sanhédrin étaient dans
l’étonnement.» (Actes 4, 13) Paul parlait quatre langues : l’Araméen,
l’Hébreu, le Grec et probablement le Latin. L’araméen était sa langue
maternelle et le grec celle de Tarse et de l’Empire. Il connaissait bien
l’hébreu, la langue des Saintes Écritures. Citoyen romain, il parlait sans
doute la langue des maîtres de l’Empire. Il avait étudié la philosophie et la
littérature de la Grèce, il excellait en géographie, en navigation et en
sport. Sa vaste culture contrastait avec l’étroitesse de la religion de ses
ancêtres. Non seulement Paul savait lire et écrire, il savait aussi nager : «Trois
fois j’ai fait naufrage et il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans
la mer.» (2 Corinthiens 11, 25) Ceci était chez les Grecs un signe
d’éducation. Quatre siècle avant Jésus Christ, Platon qui a vécu de -428 à
-348 écrivait : «L’ignorant est un homme qui ne sait ni lire ni nager». La vie de Paul se déroula sous le règne de cinq empereurs
: Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Trois d’entre eux devinrent de
véritables monstres sanguinaires. Paul est né à Tarse, en Orient, il meurt à
Rome, en Occident. Paul a vécu dans un temps qui favorise les voyages. Il a
pu se déplacer librement grâce à la «pax romana» établie sous l’empereur
Auguste. Empruntant les nombreuses routes construites par les Romains et
profitant du réseau de navigation qui sillonnait la Méditerranée, il parcourt
des milliers de kilomètres. L’organisation de l’Empire permettait non
seulement aux armées mais aussi à la population en général de se déplacer en
sécurité. Pendant treize ans, il a voyagé sur mer et entrepris de longs
périples à travers collines et montagnes, sous la neige en hiver et par 40¤
de chaleur en été. Pendant ses voyages, Paul a pu profiter de la présence de
nombreuses colonies juives réparties sur tout le territoire de l’empire. Paul était un véritable citadin. Il connaissait peu la
campagne et la vie des fermiers de son temps, mais il comprenait bien la vie
urbaine, la vie militaire et les sports. Dans ses lettres, il utilise des
images de l’armée, de la politique urbaine et des jeux olympiques. On y
retrouve les expressions suivantes : poursuivre la course, remporter le prix,
obtenir la couronne de laurier, combattre sans frapper dans le vide, courir
dans la bonne direction. Il connaît les privations et la discipline des
athlètes. Paul était un personnage plus grand que nature. Influencé par les
valeurs du judaïsme, la profondeur de la philosophie grecque, la rigueur de la
culture romaine et la richesse de la tradition chrétienne, il est devenu l’un
des penseurs les plus originaux de l’histoire du christianisme. |
STE THÉRÈSE
D’AVILA - LE
CHÂTEAU DE l’ÂME OU LE LIVRE DES
DEMEURES |
THÉRÈSE D’AVILA |
ÉDITION DU SEUIL |
1997 |
||
Cela
résume ce pour quoi Thérèse d’Avila écrivit ce merveilleux livre, basé sur
les rapports entre l’âme, l’esprit et le corps, cette alchimie interne où
l’homme doit se retrouver, afin de mieux se connaître mais surtout c’est dans
son château intérieur, que bien plus tard M.M Davy appellera l’intériorité,
que l’homme spirituel doit affronter ses peurs, ses angoisses, ses doutes,
mais qui au final doit l’aider à se libérer des chaînes de la matérialité et
de son ego. A
la demande du Père Gracian, son directeur spirituel, Thérèse d’Avila va
rédiger entre le 2 juin 1577 et le 29 novembre 1577 un traité sur l’oraison
destiné aux moniales des couvents réformés qu’elle a fondés « Las Moradas del
Castillo interior » (Les demeures du Château intérieur). En effet le Livre
de la Vie se trouve depuis deux ans entre les mains de l’Inquisition.
Elle-même est assignée à résidence au monastère Saint-Joseph du Carmel à Tolède,
car sa réforme des couvents est alors remise en question. La composition de
l’ouvrage connaîtra une interruption de trois mois, car elle est obligée de
retourner à son couvent de l’Incarnation d’Avila. Elle rédige donc cet
ouvrage en deux mois environ. Ses conditions de santé sont alors fort
précaires : « Depuis trois mois, j’ai tel bruit dans la tête que j’ai de
la peine à écrire » (Prologue). Ce qui frappe à la lecture, c’est la
découverte d’un genre littéraire peu familier chez la Madre : la poésie qui
s’épanouit en une métaphore filée tout au long de l’ouvrage. « Il s’agit
de considérer que notre âme est un château tout de diamant ou de pur cristal,
qui se compose de maintes pièces, tout comme il y a au ciel maintes demeures »
(Chapitre 1). Au centre du château « se
trouve la salle principale où il se passe des choses du plus haut secret
entre Dieu et l’âme » (I ères demeures I, 3). La porte d’entrée de ce
château est l’oraison. Thérèse d’Avila avait déjà abordé ce sujet dans le
Livre de la Vie dans une sorte d’autobiographie spirituelle. Ici, elle suit
les conseils du Père Gracian : « Notez ce dont vous vous souvenez,
ajoutez-y d’autres idées et faites un nouveau livre, sans nommer la personne
en qui ces choses se sont passées. » Ainsi son expérience est transposée
dans l’évocation des sept demeures du parcours de l’âme jusqu’au centre du
château, lieu intime du « mariage spirituel ». Résumé du Château intérieur ou
Demeures de l’âme 1ères demeures : l’âme découvre le mystère du mal et du péché qui
consiste, de la part du démon, « à refroidir l’amour et la charité des
unes envers les autres ». Sont même dénoncés ici comme une ruse du démon
« les zèles (spirituels) intempestifs » (I, II, 17). 2èmes demeures : l’accent est alors mis sur la vertu de persévérance
dans l’oraison, car « si mollement que vous vouliez la pratiquer, Dieu en
fait grand cas » (II, 3). L’aide spirituelle peut venir de « voix et
d’appels » tels que des paroles de gens de bien, des sermons, de bonnes
lectures, mais aussi des maladies ou des épreuves. 3èmes demeures : les sécheresses spirituelles, qui tarissent notre
oraison, doivent être une école d’humilité et non d’inquiétude. Cette
humilité consiste à accepter cette épreuve et « à soumettre en tout notre
volonté à celle de Dieu » (II, II, 6). 4èmes demeures : « Comme à présent ces demeures sont plus proches du
lieu où se tient le Roi, grande est leur beauté » (IV, I, 2). La
distinction est faite entre les joies naturelles et bénéfiques qui « ont
leur source en nous et aboutissent à Dieu » et « la jouissance
(spirituelle) qui a sa source en Dieu » (IV, I, 4). Ce vocabulaire nous
prépare à la notion d’union mystique. 5èmes demeures : où il est traité de la façon dont l’âme s’unit à Dieu
dans l’oraison. « Sa Majesté elle-même est notre demeure dans cette
oraison d’union dont nous sommes, nous, les ouvrières » (V, II, 5). « Oh,
Seigneur, quelles épreuves nouvelles attendent cette âme ! Qui aurait dit
cela après une aussi haute faveur ? Enfin, bref, d’une manière ou d’une
autre, il y a forcément une croix à porter tant que nous vivons » (V, II,
9). 6èmes demeures : « Où elle montre comment, à mesure que le Seigneur
accorde de plus hautes faveurs, les épreuves se font plus rudes » (VI, I).
L’âme va éprouver toutes sortes d’épreuves intérieures et extérieures avant
d’entrer dans la septième demeure : persiflage ou éloges excessifs, très
graves maladies sans compter les peines intérieures. Cependant des signes
indubitables montrent que l’âme a bien expérimenté l’oraison d’union :
d’abord la charge de puissance et d’autorité des mots entendus, ensuite la
grande quiétude qui demeure en l’âme, enfin la persistance de ces paroles qui
ne s’effacent jamais. 7èmes demeures : c’est la révélation du Mystère de la Très Sainte
Trinité. « L’âme comprend avec une absolue certitude que ces trois
personnes distinctes sont une seule substance, un seul pouvoir, un seul
savoir et un seul Dieu » (VII, I, 6). « L’âme voit de toute évidence
qu’elle abrite ces trois Personnes en son sein, tout à fait tout à fait à
l’intérieur, au plus profond, sans pouvoir dire, par manque d’instruction,
comment elle ressent en elle cette divine compagnie » (VII, I, 7). Tel est l’itinéraire mystique vécu
par Thérèse d’Avila qu’elle dévoile à ses moniales, ses filles spirituelles,
par le détour de l’image qui préserve le Sacré. |
STE
THÉRÈSE D’AVILA
- LE CHÂTEAU INTÉRIEUR |
THÉRÈSE D’AVILA |
ÉDITION PAYOT |
1998 |
« J’ai
considéré notre âme comme un château, fait d’un seul diamant ou d’un cristal
très pur, dans lequel il y a plusieurs appartements : au centre, au
milieu de nous, se trouve le principal, où se passent les choses les plus
secrètes entre Dieu et l’âme » Thérèse d’Avila
ou Thérèse de Jésus
(1515-1582), canonisée en 1622, proclamée docteur de l’Eglise en 1970,
fondatrice de l’Ordre des carmes de déchaux, est à la mesure du cadre
historique de la Renaissance. Elle traite de la spiritualité dans des
ouvrages qui feront autorité, avec un accent profondément personnel et un
style qui en font un des plus grands écrivains mystiques. Après le Livre de la vie, le Chemin de la
perfection et le récit de ses fondations, en 1577, à la demande de ses
supérieurs, elle commence à écrire Le Château
Intérieur, itinéraire des progrès spirituels depuis l’état
précaire du chrétien qui côtoie le péché jusqu’à la consommation suprême de
la perfection. Le Livre des Demeures ou le Château intérieur de sainte
Thérèse est couramment considéré comme le meilleur. Plus qu’une histoire, ce
livre est une biographie, plus encore, une autobiographie. Dans son dialogue
avec Gratien, alors qu’ils parlent du Livre de la Vie, celui-ci dit à la
Sainte : « Notez ce dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres
idées et faites un nouveau livre, sans nommer la personne en qui ces choses
se sont passées. » L’auteur elle-même, satisfaite de son œuvre, donne sa
préférence à celui-ci plutôt qu’à l’autre : aux Demeures plutôt qu’à la
Vie. En termes de joaillerie, et bien que pour elle la Vie soit un bijou, le
deuxième (le Château intérieur) est plus précieux, avec plus de délicates
parures et de labeurs. Dit d’une autre manière et par elle-même :
« Cet autre joyau est bien supérieur, il me semble, au premier quoique
le frère Domingo Bañez dise qu’il n’est pas bon ; au moins, j’avais plus
d’expérience que lorsque je l’écrivis. » L’ordre d’écrire les Demeures
lui vint de trois côtés : du père Gratien, du docteur Velázquez et du
grand « verrier » : Jésus-Christ qui était par ailleurs son
« livre vivant ». Les conditions de santé que connaissait la Madre étaient
très pénibles : « Ma tête est si faible et il s’y fait un tel bruit
que j’ai déjà bien de la peine à écrire pour les affaires
indispensables. » La situation de l’Ordre était très périlleuse et
Thérèse se trouvait elle-même confinée à Tolède, en guise de prison. Mais la
force de cette femme lui donne l’équilibre nécessaire pour pouvoir écrire en
grand. Et celle qui a mené à terme tant de fondations sans santé et parmi
tant de contradictions, va maintenant construire son château avec la même
force de volonté. L’heure de la première pierre et celle de la dernière,
c’est elle-même qui nous les révèle : « Je commence donc à exécuter
ce qu’elle me prescrit (l’obéissance), aujourd’hui, fête de la très sainte
Trinité de l’année 1577, en ce monastère de Saint-Joseph du carmel de Tolède,
où je me trouve actuellement. » Ceci se trouve dans le prologue. Et dans
la conclusion du livre : « Cet écrit a été achevé au monastère de
Saint-Joseph d’Avila, l’année 1577, la veille de saint 3 André (29 novembre),
pour la gloire de Dieu, qui vit et règne dans tous les siècles. Amen. »
(épilogue, 4) En tout, six mois moins deux jours entre le moment où elle
a commencé à écrire et celui où elle termine. Elle parle au moins deux fois
d’une interruption de la rédaction : « C’est que les affaires et
mon peu de santé m’obligent souvent à suspendre mon travail au meilleur
moment » et à un autre endroit
elle dira : « Il s’est passé près de cinq mois depuis que j’ai
commencé à écrire, et comme l’état de ma tête ne me permet pas de me relire,
sans aucun doute il y aura dans ce travail un désordre complet et peut-être
des redites ». Elle revient à son manuscrit et termine l’œuvre le 29
novembre. Le livre achevé, elle regarde « pour bien employée la
peine qu’il m’a coûtée, peine d’ailleurs bien légère ». L’autographe des
Demeures se trouve au monastère des carmélites de Séville depuis octobre
1618. En 1622, il fut porté en procession dans les rues de Séville à
l’occasion des fêtes de la canonisation de l’auteur. La dernière et la plus
longue sortie du manuscrit eut lieu en 1961 jusqu’à Rome où il fut
convenablement restauré. Il est retourné à Séville en 1962 où il est conservé
au couvent des déchaussées, dans un inappréciable reliquaire : les
murailles d’Avila se sont transformées en château pour enfermer et garder
l’autographe du Château intérieur. Cette œuvre ultime est due à l’idée et à
la demande du Général de l’Ordre de l’époque, le Père Anastasio Ballestrero.
Les premières destinataires sont ses moniales, comme elle le dit dans cette
sorte de dédicace : « JHS. Ce traité, intitulé “ le château
intérieur ”, a été écrit par Thérèse de Jésus, religieuse de Notre-Dame du
Mont-Carmel, pour ses sœurs et ses filles, les religieuses carmélites
déchaussées. » |
STE
THÉRÈSE D’AVILA - LE CHEMIN DE LA PERFECTION |
Préface et Introduction
du R.P GREGOIRE DE St JOSEPH |
ÉDITION DU SEUIL
|
1961 |
Peu de femmes au
monde ont mené une vie aussi active, aussi pratique, aussi lucide, que
Thérèse d’Avila. Toujours par monts et par vaux, dans cette Espagne du 16e
siècle où elle plantait les fondations de communautés toutes neuves, elle
n’oubliait cependant jamais le sens profond de son action. A combien est-il
donné d’échapper comme elle à ce danger ? Son secret n’en était
pas un, car elle ne cessait d’en transmettre la plénitude ; jour après
jour, elle le disait, familièrement, concrètement, à celles dont elle était
responsable : seul l’amour de Dieu est efficace, et il est
exigeant. On lui demanda de laisser tout cela par écrit, elle obéit,
accepta de rédiger, pour transmettre à ses sœurs son expérience, un petit
livre : son librillo. Encore
une action efficace ; c’était un grand livre qui s’appelle : Le chemin de la perfection. Divisé en 44
chapitres cet ouvrage expose les conseils, les idées et la conception que se
faisait Thérèse d’Avila, de sa vie de moniale, de sa vie spirituelle et de sa
vision de Dieu sur terre. |
Ste THÉRÈSE D’AVILA - SA VIE |
Marcelle auclair |
Edition DU SEUIL |
1950 |
La vie de Thérèse D’Avila racontée
par Marcelle Auclair possède les couleurs et la vivacité d’un roman de cape
et d’épée. Et pourtant, il n’est pas dans cet ouvrage un fait qui ne soit
conforme à la stricte vérité historique, pas un mot prêté à Ste Thérèse
qu’elle n’ait effectivement prononcé. C’est cette double qualité – un récit à
l’allure souple, vivante et agréable, d’une part, étayé à chaque page par les
références historiques les plus solides, d’autre part – qui fait la valeur
inégalée de cette biographie. Écrire la vie extraordinaire d’une des plus
grandes mystiques de tous les temps était une gageure : Marcelle Auclair l’a
réussi au-delà de toute attente. André Maurois ne parlait-il pas, lors de la
parution de ce livre, de « biographie parfaite » ? Thérèse est originaire d'une vieille famille
castillane: son grand-père était un marchand juif de Tolède converti au
Christianisme. Très tôt, elle perd sa mère et est élevée au couvent des
Augustines à Ávila. En 1536, Sainte Thérèse d'Avila entre au couvent de
l'Incarnation dans la même ville, où les Carmélites suivaient une règle fort
adoucie. Tombée gravement malade, en 1537, Sainte Thérèse d'Avila retourne
dans sa famille. Après sa convalescence, elle revient, en 1539, dans son
couvent. Elle y mène une vie sans grande ferveur religieuse. Mais un jour de
1542, alors qu'elle prie devant une statue du Christ flagellé, Sainte Thérèse
d'Avila entre dans un chemin de conversion qui devait bouleverser sa vie.
Sainte Thérèse d'Avila s'engage dans la voie périlleuse de la mystique. |
STE THÉRÈSE
D’AVILA - SA VIE,
SA PENSÉE, SON OEUVRE
|
DIVERS AUTEURS |
ARCADIA |
2006 |
En 1492, lors de la
chute de Grenade, les Rois Catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de
Castille, ouvrent la réunion de leurs états, le siècle d’Or espagnol
commence. Charles Quint leur petit fils né en 1500, scelle leurs
espérances de suprématie européenne. Ainsi la seconde moitié du XVIe siècle
suscita sous la protection de Charles Quint puis de Philippe II un fort élan
spirituel en Espagne, qui se traduisit par trois aspects essentiels. Le premier
se développe au sein du clergé qui entreprend une réforme en profondeur de
l’Eglise. Le deuxième se manifeste à travers la foi
ardente du peuple espagnol, qui de la paysannerie à la noblesse est animé par
un modèle fanatique de la sainteté. Le
troisième donne naissance à un fort courant mystique, dont l’objectif
essentiel consiste en la quête de l’union à Dieu, et qui se caractérise par
l’expression lyrique et passionnée de l’aventure intérieure. Deux grandes figures
réformatrices dominent cette période de fermentation : Ste Thérèse
d’Avila, puis Jean de la Croix. Il est souvent dit que Jean
de la Croix fut le maître spirituel de Thérèse d’Avila, alors que c’est elle
qui l’influença et le persuada de réformer l’ordre des carmes, tout en
regrettant ses excès mystiques. Mais l’histoire surtout religieuse étant
affaire d’homme, le politiquement correct a écrit le contraire. Thérèse naquit en
1515 à Avila, elle prend l’habit en 1536, après mures réflexions, et le choix
du carmel de l’incarnation révèle une pensée déjà contemplative à laquelle
s’ajoute la prise de conscience des vanités du monde et de la sécurité de la
vie monastique, mais son véritable moteur est l’amour : l’amour
de sa famille qu’elle doit quitter, l’amour de Dieu auquel elle aspire, et
l’amour des autres qu’elle se donne comme mission d’expliquer et de
développer. Elle apprend l’oraison,
la contemplation, la lutte de la dualité, la lutte des tentations, la lutte
avec les résistances du moi. Les souffrances du renoncement accompagneront
toujours les états mystiques de Thérèse, et ce jusqu’à sa mort. Elle apprend
à décrypter ses visions, et à suivre la capacité de son âme à s’anéantir,
pour se laisser envahir en totalité par l’amour divin. Elle fonde des
monastères, réforme les règles, voyage inlassablement dans toute l’Espagne,
entretient des correspondances avec beaucoup de religieux dont Jean de
la Croix (né en 1542), à qui elle demande de réformer certains monastères qui
ne suivent plus les règles, elle écrit beaucoup, dont son œuvre
centrale : le château intérieur ou
château de l’âme, est la synthèse de sa vie ésotérique, religieuse,
et réformatrice et son testament spirituel, magnifique et toujours
d’actualité. Dans un très bel
article Jean Tourniac, nous parle de ses descendances juives,
remontant aux marranes, ces juifs qui n’eurent que le choix de se convertir
ou de se faire tuer, puis il nous explique pourquoi l’enseignement chrétien
est souché sur l’ancien testament avec explications de la mystique juive en
filagramme des enseignements ésotériques et maçonniques. Gilles Rouvillois explique l’œuvre de
Thérèse d’Avila et la possibilité de voir dans la spiritualité chrétienne
trois courants principaux. Le premier
courant est la Gnose représenté
surtout par Maître Eckhart et Clément d’Alexandrie. Le deuxième courant
est la mystique chrétienne générale, qui est une voie d’amour, représenté par
Saint Bernard et Saint François d’Assise. Le
troisième courant est le
« mysticisme » ou « mystique passionnelle », cette voie
est illustrée par les mystiques rhénans et par Thérèse d’Avila et
Jean de la Croix. Enfin Emmanuel
Delorme dans un superbe article de 65 pages détaille les 7 demeures que
l’on trouve dans l’œuvre de Thérèse et son château intérieur. Il commente ses
écrits et nous emmène dans un voyage métaphysique dans le cœur et
l’intériorité de Ste Thérèse d’Avila. |
st
thomas d’aquin & la
thÉologie |
M.D. chenu |
Edition Du Seuil |
1994 |
||
Plus
simplement encore, c’est la symbiose de la révélation et
de la philosophie : la synthèse du meilleur de notre
connaissance de Dieu, nourrie à la fois de la compréhension de ce que Dieu
nous a révélé de lui-même (la révélation) et de ce que nous-mêmes avons pu
comprendre de Dieu à partir de notre connaissance du monde (la philosophie).
Dans cette symbiose, on peut même dire que la
philosophie se taille la part belle : Thomas d’Aquin
n’hésite jamais à laisser dire et à
faire dire par la philosophie tout ce qu’elle peut dire de Dieu. Quand
une même vérité sur Dieu nous vient à la fois de la philosophie et de la
révélation, il est suffisant (et même préférable) que ce soit la philosophie qui la dise !
Telle est la pratique de la Somme de
Théologie : par exemple, la partie I (qui porte sur Dieu) commence par
une démonstration purement
philosophique de l’existence de Dieu (Question 2). Et tout lecteur non
prévenu de l’ensemble de cette première partie aura l’impression irrésistible
(et tout à fait vraie) qu’il s’agit à 80% de pure philosophie... Il apparaît tout à fait naturel à Thomas d’Aquin que la théologie
chrétienne soit aussi « naturelle » que possible. Telle est la
pratique constante de Saint Thomas. Mais il existe un texte très important où
Saint Thomas s’exprime de façon claire et directe sur la question qui nous
occupe : en quoi théologie naturelle et théologie révélée sont-elles à
la fois différentes et profondément unies en théologie chrétienne ? Il
s’agit du Prologue de la Somme contre les Gentils (SG). Ce prologue
occupe les chapitres 1 à 9 du Livre I de la SG : nous nous
proposons ici de résumer l’enseignement de ces quelques chapitres et de
mettre en évidence ce qu’il a de particulièrement important. D’abord :
un mot sur la Somme contre les
Gentils dans son ensemble. La principale caractéristique de la SG, par rapport aux autres
synthèses théologiques de Saint Thomas, c’est son plan (son organisation) : ce qui relève de la théologie naturelle (Livres I à III) est
nettement distingué de ce qui relève de la théologie révélée (Livre IV). La SG expose la même théologie que la Somme de Théologie, mais en distinguant très soigneusement ce
qui relève de la théologie naturelle
(de la philosophie) et
ce qui relève de la théologie
révélée (de la foi, ou
de la théologie au sens strict). Pourquoi une distinction aussi
nettement tracée ? Il existe une réponse traditionnelle : la SG serait ainsi construite parce que
c’est une œuvre à visée missionnaire,
destinée avant tout à soutenir la controverse avec les non-chrétiens (principalement les
Juifs et les Musulmans). La discussion avec les Musulmans ne peut se faire
que sur une base indépendante de la révélation chrétienne (donc au plan de la
simple raison) : c’est l’intérêt de tout le versant « théologie
naturelle ». Quant au versant « théologie révélée », il permet
de discuter principalement avec les Juifs, avec qui les Chrétiens partagent
la révélation de l’Ancien Testament (la question étant alors : le
message du Nouveau Testament, spécifique au christianisme, est-il en accord
avec celui de l’Ancien Testament ?) ; mais il permet aussi
accessoirement la discussion avec les Musulmans : Saint Thomas est très
attentif, dans le livre IV, à montrer que la révélation chrétienne, même si
elle dépasse la raison, est
néanmoins compatible avec
elle. Pour Saint
Thomas, la sagesse consiste à comprendre et exposer la
vérité de la foi catholique, vérité suprêmement importante qui porte sur la
chose la plus importante de toutes. Mais en quoi consiste
plus précisément une telle vérité ? La première précision que Saint
Thomas juge utile d’apporter (chap. 3), c’est que cette vérité suprême présente deux versants : il y
a ce qui en elle dépasse toute capacité de la raison humaine (ordre de la
théologie révélée), et ce qui en elle peut être atteint même par la raison
(ordre de la théologie naturelle). Dans ce que nous professons sur
Dieu, il y a des vérités de deux sortes. Certaines vérités sur Dieu dépassent toute la capacité de la raison
humaine : par exemple, que Dieu soit trine et un. D’autres, en revanche, peuvent être atteintes même par la raison
naturelle : par exemple, que Dieu est, qu’il est un, et
d’autres du même ordre ; et celles-là, même les philosophes les ont
prouvées démonstrativement, conduits par la lumière de la raison naturelle. On serait peut-être tenté de conclure : donc la théologie
naturelle ne sert à rien ! Puisque les vérités qu’elle
expose relèvent aussi de la foi... On nous dit que la deuxième sorte de
vérités peuvent être atteintes même par
la raison naturelle : cela signifie qu’elles peuvent être atteintes et par la foi et par la raison ; ce
qui n’est pas le cas de la première sorte, qui n’est accessible qu’à la foi. D’où logiquement,
semble-t-il : la foi suffit pour
faire de la théologie ! Mais il est
tout à fait remarquable que telle n’est pas du tout la
position de Saint Thomas ! Pour lui, c’est plutôt
l’inverse qui est vrai : si une vérité divine est atteignable par la
raison naturelle, il suffit pour
le théologien de l’atteindre de cette façon... En fait, pour Saint Thomas, le point de vue central de la théologie demeure celui de la
raison : le travail de la théologie consiste à
comprendre et exposer tout ce que la raison peut naturellement saisir de
Dieu, et, concernant ce qui la dépasse, à en comprendre et exposer ce qu’elle
peut tout de même en saisir ! (Observons bien que les
« mystères » du christianisme, qui sont exposés dans le livre 4, ne
sont pas du tout exposés d’une façon « mystique », mais au
contraire d’une façon autant que
possible rationnelle : quel est leur contenu dans la mesure où
il est saisissable, quelle est leur cohérence interne (leur
« consistance », dirait un logicien), quelle est leur
compatibilité, voire leur probabilité en fonction de ce que nous savons par
ailleurs des choses du monde,. Donc, pour Saint Thomas, si
quelque chose devait suffire pour
faire de la théologie, ce serait plutôt la raison que la foi ! Il est en tout cas
manifestement évident pour
lui que si une vérité concernant Dieu est connaissable par la raison
naturelle, il suffit au
théologien de la connaître de cette façon : ce qui montre que c’est
évident à ses yeux, c’est qu’il n’argumente
absolument pas cette position. En effet, si on lit les chapitres suivants (4
à 8), on constate qu’il argumente d’abord l’utilité de la foi (chap. 4-6), puis l’utilité de la raison même dans les vérités qui ne relèvent que de
la foi (chap. 7-8) - mais qu’en revanche il ne se pose même pas la question de l’utilité d’une connaissance
purement rationnelle des vérités divines qui relèvent de la raison
naturelle ! S’il ne se pose pas cette question, c’est simplement
que cette utilité est pour lui absolument évidente. |
ST THOMAS D’AQUIN – LECTURE
DU COMMENTAIRE DE THOMAS D’AQUIN SUR LE TRAITḖ DE L’ÂME D’ARISTOTE
- L’ÂME
SOUFFLE DE VIE |
Traduction Guy François Delaporte |
Edition L’Harmattan 1999 |
1999 -
Réed-2015 |
Dans son Histoire intellectuelle
de l’Occident médiéval, Jacques Paul présente Thomas d’Aquin comme
“l’esprit le plus précis et le plus vigoureux du siècle”. On est frappé, en
effet, par la rigueur de la démarche intellectuelle de Thomas d’Aquin, par la
précision des questions, parfois surprenantes, toujours légitimes, par
l’unité d’un propos profondément élaboré, rendu par une syntaxe
remarquablement simple. Notre théologien puise, plus que tout autre, dans la
philosophie d’Aristote. N’allons pas trop vite en besogne et faire de Thomas
d’Aquin un simple adaptateur qui aurait eu soudain l’idée géniale de pimenter
la théologie de sauce aristotélicienne. Rappelons qu’il n’existait pas une
compilation classique des œuvres d’Aristote, revue, corrigée et agréée par
l’université. Albert le Grand l’a dit avec humour: “Tous les
péripatéticiens s’accordent sur le fait qu’Aristote a dit la vérité, mais ils
ne s’accordent pas sur ce qu’a dit Aristote et chacun d’eux l’interprète à sa
façon”. Depuis le commencement de l’œuvre
de Thomas, la philosophie est l’outil permanent de sa théologie. Aristote se
taille évidemment la part du lion. En cette première moitié de XIIIe siècle
il n’y a pas de personnage plus illustre dans les universités : tout le monde
a Aristote à la bouche et le cite à tout propos. Thomas amendera cependant
l’enseignement du Stagirite et l’ajustera. Thomas d’Aquin naît en 1224 ou
1225, au château familial de Rocca Secca, en Campanie, à une centaine de
kilomètres au nord-ouest de Naples, dix ans après que saint Dominique ait
fondé l’Ordre des Frères Prêcheurs. Ses parents le placent à l’abbaye
bénédictine voisine du Mont Cassin, où Thomas, qui n’a que cinq ans, est reçu
comme oblat. Dix ans plus tard il entre à l’université
de Naples où il étudie les arts. Il y côtoie des dominicains. Et à ce
moment-là il se passe quelque chose d’assez exceptionnel et décisif. On est
en 1244. Thomas a vingt ans. Contre l’avis de sa famille, Thomas entre au
couvent des Frères Prêcheurs. À l’instar de François d’Assise qui, trente ans
plus tôt, avait tourné résolument le dos à l’opulente bourgeoisie de son
père, Thomas d’Aquin refuse le système ecclésio-féodal et les promotions
assurées aux carriéristes. La famille de Thomas s’arrache les cheveux ! Pour
elle, qui voyait le petit grandir au Mont-Cassin en vue d’en devenir l’abbé,
les choses n’allèrent pas se passer comme ça ! La mère de Thomas, veuve
depuis peu, envoie ses autres fils, enlever leur frère qu’ils séquestrent
dans un des châteaux de la famille. Thomas ne désarme pas. Car le fiston est
têtu et reste sur ses positions. Sa mère finit par céder. L’hagiographe de
Saint Thomas d’Aquin, Guillaume de Tocco, raconte que la mère de Thomas ayant
compris qu’il était vain de lutter contre le Saint-Esprit, trompa les
gardiens du château, et permit que Thomas fût glissé par la fenêtre à l’aide
d’une corde. Et qui attend l’évadé au pied du mur ? Les frères dominicains
bien sûr ! Qui le rapatrient dans leur couvent, avant de décider, quelques
temps plus tard, d’envoyer Thomas faire ses études à Paris. C’est à Paris qu’est installé
Maître Albert le Grand, la personnalité universitaire de référence. Sous sa
direction, Thomas d’Aquin poursuit ses études théologiques, de 1245 à 1248.
Bonaventure est alors le collègue de Thomas d’Aquin. On se méfie beaucoup de
la philosophie à cette époque, à Paris comme ailleurs. En 1220, les
dominicains réunis par saint Dominique en chapitre général, à Bologne,
avaient tout bonnement interdit à leurs étudiants l’étude des livres des
païens et des philosophes, leur lecture devant être réservée aux livres de
théologie Ces dispositions ne
résistent pas longtemps à l’incursion des œuvres d’Aristote dans les
universités. Personne n’ignorait cette mine de vrai savoir, et surtout pas
Albert le Grand qui ne se laisse pas impressionner par les interdits ou les
pressions exercées par certains de ses collègues opposés aux thèses du savant
philosophe, qu’Albert lit et commente abondamment. Il est un peu la coqueluche des étudiants,
Albert. Thomas suit quotidiennement ses leçons au couvent Saint-Jacques, en
compagnie de son collègue Bonaventure. Thomas est très attaché à son maître,
qui l’emmène avec lui à Cologne quand le maître de l’Ordre des dominicains
envoie Albert le Grand y fonder une faculté de théologie. Si l’on franchit si
aisément les frontières de l’Europe à cette époque, quoiqu’il ne faille
compter que sur ses jambes, sa patience, et sa mule, c’est parce que partout
l’on parle le latin. Quatre ans plus tard, en 1252,
Thomas d’Aquin revient à Paris, au couvent Saint-Jacques, pour y enseigner et
acquérir les grades universitaires. Il vit en plein quartier latin. Le pape
Innocent IV dit de l’université de Paris qu’elle est “le four où cuit le
pain intellectuel du monde latin”. Jusqu’ici les clercs sont peu formés.
Ils apprennent à lire et à expliquer les Écritures auprès d’un prélat, ou
bien dans une école cathédrale, collégiale ou monastique. Les ouvrages-clés
de leur formation sont minces. On y trouve les Confessions de saint Augustin,
une réflexion sur le sacerdoce de saint Jean Chrysostome, et c’est à peu près
tout. Les onze premiers siècles se sont déroulés sans qu’on élabora le moindre cycle d’études scripturaires ou
théologiques. Au XIIe siècle Pierre Lombard avait écrit quatre livres, assez
rudimentaires, Les Sentences, qui constituent le seul objet d’étude
pour les clercs. L’œuvre de Thomas reléguera vite l’ouvrage du Lombard, notre
théologien parvenant à concilier intelligemment l’aristotélisme avec le christianisme.
Ce qui importe à Thomas, ce n’est pas la réhabilitation des thèses d’Aristote
mal comprises, redécouvertes par l’Occident grâce aux Arabes et à leur
formidable travail de traduction, c’est la vérité essentielle que véhicule
cette philosophie et dont on peut tirer bénéfice pour l’intelligence de la
foi. “Ce qui importe à mon intelligence, écrit Thomas d’Aquin, ce
n’est ni ce que tu veux ni ce que tu comprends, mais la vérité de la chose”.
Thomas “est moins préoccupé de répéter Aristote que de le plier à
l’orthodoxie chrétienne”, rapportent Marcel Neusch et Bruno Chenu. En 1256, Thomas est nommé régent
d’une des écoles de théologie du couvent Saint-Jacques, intégrée à
l’université de Paris. Trois ans durant il prêche, enseigne, et préside aux
disputes théologiques bisannuelles. Les bacheliers et les professeurs sont
tenus d’assister à ces joutes que le maître conclut par un arbitrage
incontesté. Thomas est rappelé en Italie en 1259 par le pape Alexandre IV qui
veut l’attacher à la curie pontificale en tant que lecteur en théologie.
Thomas suit la curie à Anagni, Orvieto et Viterbe, dans la province romaine à
laquelle il appartient. Thomas enseigne. Sa réputation ne cesse de grandir.
Fin 1268 il revient à Paris, reprenant la chaire qu’il avait occupée. En
1272, de nouveau en Italie, il est maître régent du studium des Frères
Prêcheurs de Naples. En 1274, il quitte Naples pour se rendre au concile de
Lyon, sur l’invitation du pape Grégoire X. Faisant halte à l’abbaye
cistercienne de Fossanova, Thomas y meurt, le 7 mars. En 1277, trois ans après la mort
de Thomas d’Aquin, l’évêque de Paris, Etienne Tempier, menace
d’excommunication toute référence à l’aristotélisme et va jusqu’à condamner
certaines thèses de Thomas d’Aquin. Oxford emboîte le pas et censure à son
tour. Tout cela ne tiendra guère. Thomas d’Aquin est canonisé en 1323, il
devient recommandable, “incontournable” même, carrément insurpassable.
Ses textes sont considérés comme l’expression définitive de la philosophia
perennis, de la philosophie éternelle. En 1573, Saint Thomas d’Aquin est
déclaré Docteur de l’Église. On lui découvre désormais du génie. Au point que
Léon XIII, en 1879, fait obligation aux clercs d’étudier selon l’esprit de
saint Thomas. |
ST THOMAS
D’AQUIN - L’HOMME ChrÉtien |
A. MENNESSIER |
Edition DU CERF |
1965 |
Un livre sur St Thomas d’Aquin vu
sous l’angle très chrétien. Né
dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du
Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères
Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et
enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années
plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie. Au bout d'un
an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre
les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert
le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à
l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié
à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon. Devenu
professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre.
Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et
la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il
expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme
Théologique". Comme professeur, il doit aussi soutenir de véhémentes
controverses avec des intellectuels chevronnés. Il voyage aussi à la demande
des Papes. Mais c'est l'étude qui a toute sa faveur : à la possession de
"Paris la grande ville", il dit préférer "le texte correct des
homélies de saint Jean Chrysostome sur l'évangile de saint Mathieu". Il
meurt sur la route, en chemin vers Lyon où il devait participer au grand
concile de 1274.
|
sur
les chemins de cÎteaux – les moines cisterciens en terre de france |
M. niaussat & F. thomas |
OUEST FRANCE |
2000 |
C’est en terre de France que « Les
Chemins de Cîteaux » ont leur origine. Toutes ces abbayes cisterciennes au
nom si évocateur de paix et de joie : Clairlieu et Clairefontaine, mais aussi
Fontenay ou Fontfroide, Noirlac et Bonport… y ont fleuri et s’y sont
épanouies du XIIème siècle jusqu’à nos jours.
|
8 T
tout
est pur pour celui qui est pur |
Jean-Yves leloup |
Edition ALBIN MICHEL |
2005 |
Quelle fut la nature des relations
entre Jésus de Nazareth et la grande figure féminine que la tradition
chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si « le Verbe s’est fait chair », s’il
faut prendre au sérieux le mystère de l’Incarnation, peut-on imaginer que le
Christ se soit interdit tout amour charnel ? L’histoire, les Évangiles
canoniques, les apocryphes et la théologie ont-ils quelque enseignement à
nous livrer à ce sujet ?
Les livres de
Leloup sont regroupés au chapitre 10 L - |
8 U
UNE LECTURE DE L’APOCALYPSE |
|
Edition Du CERF |
1994 |
Réflexion très chrétienne sur
cette apocalypse. Signes,
sceaux, symboles, visions, trompettes, trônes, fléaux, anges, bêtes, têtes, cornes,
témoins, malheurs, guerres, nombres, multitudes, messages et mystères ! Ces termes, le
livre de l’Apocalypse les contient tous. Mais, que signifient-ils ? La
plupart des gens croient que le livre de l’Apocalypse est scellé, fermé à la compréhension.
On l’appelle le Livre à Mystère sans
signification. Et pourtant, tout le livre a une signification
importante — indispensable. Il est rempli de réponses. Les termes mentionnés
plus tôt peuvent
être dévoilés ! Ils peuvent être compris, et cette brochure révélatrice en
contient les clefs essentielles ! Vous serez
intrigué — voire fasciné — de la limpidité de ce que l’on peut connaître à partir du
livre de l’Apocalypse. Les événements se multiplieront, pour culminer à une
apogée ! Vous pouvez les connaître. Un tiers de la Bible est prophétique — le
futur écrit à l’avance ! Presque la moitié des livres de l’Ancien Testament
sont inclus dans les livres dit des prophètes
« majeurs » (Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel) ou « mineurs » (Osée, Joël, Amos,
Jonas, Michée, etc.). L’apôtre Paul expliqua que l’Église du Nouveau
Testament est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes » (Éph.
2:20). Reconnaissez que, puisque l’Église siège
sur les paroles des prophètes, les chrétiens doivent comprendre les
prophéties. Si Dieu ordonne aux hommes de vivre de « Toute Parole qui sort de
sa bouche » (Matth. 4:4; Luc 4:4; Deut. 8:3), Il n’en bannirait certainement pas
ce tiers qui est prophétique ! Dans Sa
prophétie sur la montagne des Oliviers, le Christ paraphrasa Daniel. Il
répondit à la question de Ses disciples quant à la séquence des événements du
« temps de la fin ». Il renforça la déclaration de Daniel au sujet de ces
événements, en disant: « Que celui qui lit comprenne » (Matth. 24:15 — Dieu a
ouvert — Révélé —
à Ses serviteurs ce qui doit arriver. Il veut que vous compreniez. Il ne veut pas que vous
soyez dans la confusion, l’ignorance, ou la crainte concernant l’avenir.
Mais, que
doivent comprendre les sages,
au juste ? Il existe des clefs importantes, qui ouvrent (ou révèlent) les
prophéties bibliques. Mais, le monde les ignore toutes ! Dès lors, il n’est
pas étonnant que plusieurs disent qu’il n’est pas possible de comprendre
l’Apocalypse: ils n’en possèdent pas les clefs ! L’humanité
refuse de rechercher et de consulter Dieu.
Lui seul peut révéler le futur. Les êtres humains ne peuvent pas, par leur
propre intelligence, leur raisonnement humain, ou par des découvertes
scientifiques, connaître ou discerner les événements à venir. De nombreux «
pratiquants » croient que le livre de l’Apocalypse ne leur est somme toute
d’aucune utilité, car, disent-ils, on ne peut pas le comprendre. Cependant,
Dieu est en
train d’accomplir un plan magistral — et les êtres humains en font partie. De
plus, Daniel ajoute qu’« aucun des méchants ne comprendra », parce que
Dieu ne révèle Son plan qu’à ceux qui Lui obéissent ! Le Psaume 111:10 dit
que « tous ceux qui pratiquent
ses préceptes [gardent Ses Commandements] auront une bonne intelligence [comprendront] » (version
Darby). Ce discernement,
Dieu ne le donne qu’à ceux qui mettent en pratique Ses ordonnances ! Après que
Daniel eut achevé d’enregistrer la prophétie, il demanda à Dieu de lui en
donner l’explication. Bien qu’il fut choisi pour enregistrer le livre, lui-même ne le comprit pas: « J’entendis,
mais je ne compris pas. » Alors Dieu lui répondit: « Va…car ces paroles
seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la Fin. » Quoiqu’il ne
fût pas permis à Daniel de comprendre, en revanche ceux qui vivent aux temps
de la fin le peuvent !
Rappelez-vous que nous avons lu que les sages le peuvent ! Nous verrons que
cette grande prophétie sur ces événements futurs fut scellée de sept sceaux
distincts. Il est indispensable de comprendre un autre point majeur: les sept sceaux qui sont dans la main
de Dieu couvrent tous les chapitres du livre, sauf les deux derniers !
Les sept sceaux sont décachetés l’un après l’autre — chacun révélant des
événements futurs avant qu’ils ne se produisent. Seul le Christ est qualifié
pour décacheter les sept sceaux et ouvrir le livre à la compréhension. Apocalypse vient du grec apokalupsis et signifie révélation — révéler, et non dissimuler, cacher, voiler ou garder secret.
Les toutes premières paroles que Jean a rapportées du Christ, au début du
livre de l’Apocalypse, sont: « Révélation de
Jésus-Christ…pour
montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt.
» Et, vers la fin du même livre, dans Apocalypse 22:10, nous lisons: « Ne scelle point les
paroles de la prophétie de ce livre. Car le
temps est proche. » Comprenez bien ces paroles de l’apôtre Jean.
Le temps pour comprendre le livre de l’Apocalypse est maintenant proche
(c’est-à-dire, à portée de la main) ! Dieu révèle un moyen fondamental pour
comprendre les événements futurs. Ce moyen
est d’abord montré dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse. Le livre de
Daniel, qui fut enregistré plus de 500 ans auparavant, sert de base, pour
ainsi dire, au livre plus volumineux et plus détaillé qu’est celui de
l’Apocalypse, lequel décrit des événements que l’on ne retrouve nul part
ailleurs dans la Bible. |
8 V
VIE POSTHUME ET RÉSURRECTION DANS
LE JUDÉO- CHRISTIANISME |
Jean TOURNIAC |
Edition DERVY |
1984 |
La vie après la mort ? À cette
question, chaque tradition fournie une réponse adaptée à sa nature propre.
Dans notre tradition judéo-chrétienne qu’attendons-nous de la Bible ? Y sont développés les divers états posthumes, l’éveil initiatique, le
corps, l’âme et l’esprit, l’hindouisme, le judaïsme, le phénix, le feu et
quelques repaires évangéliques Voici un extrait paru dans la revue Renaissance
Traditionnelle sur Tourniac, sa vision de la mort et vie posthume : « Jean
Tourniac (1912-1995) de son vrai nom Jean
Granger est un auteur
très connu de la littérature maçonnique. Il a beaucoup étudié le Régime
Écossais Rectifié, mais selon une conception Guénonienne et donc assez
différente de l’esprit de Jean Baptiste Willermoz. Il a notamment exposé les
significations des rites, symboles et structures de la Franc-Maçonnerie à la
lumière des sectes bibliques et liturgiques et des doctrines initiatiques et
authentiques d'Orient et d'Occident. Il a aussi essayé de définir les
possibilités d'un accord entre l'Église et la Franc-Maçonnerie, en fixant les
règles au niveau le plus élevé, celui de la Connaissance
Spirituelle et de la Compréhension Symbolique. On le retrouve à 6 reprises dans
la revue Renaissance Traditionnelle. En avant - propos de ce discours,
prononcé en 1970, Jean Tourniac, distingue la démarche maçonnique du monde
profane. On ne vient pas y chercher des idées, que l’on trouve à foison dans
le monde profane; on ne vient pas chercher des systèmes, dont regorgent les
philosophies; pas plus que des distractions, car il y a mieux ailleurs; ni
même des connaissances ou de la culture dont certains établissements sont
eux, dépositaires… L’initiation maçonnique c’est l’être",
par rapport à un éventuel "avoir", que serait une somme de
connaissance maçonnique… Toutefois,
l’illustration de ce qui différencie l’ésotérisme de l’exotérisme, de ce qui
sépare l’intériorité de l’extériorité spirituelle, c’est exactement ce qui
distingue la maçonnerie d’une association fraternelle, et qui en fait un
ordre initiatique et sacré, c’est le Rite. Influencé comme nous l’avons dit
par l’œuvre de René Guénon, l’auteur distingue deux définitions du mot rite
en Maçonnerie. Tout d’abord le rite en tant que système,
et en tant que voie de l’Ordre,
et d’autre part le rite en tant que technique du corps,
agissant sur l’âme
et l’esprit…
L’étude qui va suivre porte sur cette dernière définition car elle sous-tend
la première, elle est commune à tous les systèmes maçonniques et que de toute
façon "rita" en sanscrit signifie...
Ordre. La première partie de l’analyse consiste à définir quel est le
rapport entre l’initiation,
réception au long d’une chaîne de transmission au fil des générations, et le
rite. A
l’inverse de la cérémonie, qui relève d’un côté improvisé, lié à l’humain et
au provisoire, voire de la coutume qui ne possède pas ses exigences, le rite
lui, est un acte parfaitement défini au point de vue technique et invariable dans le temps. De plus c’est le rite qui donne
le côté sacré
de toute cérémonie, il relie l’homme à ce qui le dépasse, au supra humain,
toutefois malgré les similitudes, il ne faut l’assimiler à une religion, bien
que certaines pratiques soient placées sous des dominantes de cosmogonie1,
métaphysique2 ou de théologie. On peut aussi distinguer les rites sacrés collectifs, des rites individuels. Enfin notons que l’on retrouve le rite, dans l’exercice
de certaines sciences traditionnelles secondaires telles que la sorcellerie,
et le chamanisme… Le
rite prend son origine avant le temps, par un acte issu du Principe Divin,
ce qui lui confère son aspect vertical, et relie dans le plan horizontal,
les hommes entre eux, cette relation verticalité/horizontalité qualifiant la
fraternité humaine traditionnelle dont découle la fraternité maçonnique. En
conséquence, il ne peut y avoir d’axe vertical sans axe horizontal
c'est-à-dire pas d’Ordre, pas de maçonnerie sans la doctrine du rituel. De
même se polariser sur le rituel seul, sans l’application caritative de
l’Ordre, signerait la mort du système. D’un point de vue symbolique, le
sommet de l’axe vertical rejoint les 2 extrémités de l’axe horizontal, ce
sont les 2 côtés du triangle, et il en coupe la base en son milieu. Voici
donc ici, mêlés symbolisme de la croix et enseignement
de l’équerre. Les
écrits du Maharal illustrent ce propos, ils montrent que la Création entière
est sous le signe de la cassure et de la dualité, à l’image de la Genèse
débutant par la lettre "Beth", qui est un signe de dualité. Lui
aussi décrit un côté Divin vertical et un côté humain horizontal. Il démontre
qu’entre les 2 axes, existe une articulation, une diagonale,
un médiateur,
qui est le rituel, il est même l’instrument du pacte
d’alliance entre le Principe créateur et l’homme. C’est ce que l’on retrouve en
maçonnerie symbolisé par le fil à plomb, le niveau
et l’articulation qui est l’équerre. L’amour
fraternel y prend alors
la valeur de la diagonale. Dernière illustration, la vie… Linéaire et horizontale du
début, la naissance, à la fin, la mort, elle rencontre à ses deux extrémités,
la verticalité, et le face à face avec le Principe Éternel. Nous
l’avons dit, le rite connecte au "tout", il
universalise en unifiant. Mais également, il informe l’être de manière subtile. C’est
ce qui justifie la nécessité d’une rigueur technique, la transmission permet
un éveil désormais irréversible et une prise de "surconscience",
à l’instar du yoga, de l’hindouisme et du tantrisme. Le rite ne permet donc
pas uniquement un développement personnel d’un point de vue mental,
discursif, dialectique, etc… Mais créé le lien avec l’homme Universel,
intégral, originel, c'est-à-dire l’Adam
Primordial. L’un
des vecteurs de la réalisation du rite est le corps, il a une grande importance, nous
le voyons, dans les signes, les attouchements, les pas, les postures, mais
aussi dans d’autres pratiques, par les danses, les inclinaisons, les
génuflexions, etc… En effet, le rituel mobilise les trois zones
humaines corps, âme, esprit, de manière équilibrée, l’action sur une zone, se
répercutant sur les autres. Ceci se matérialise dans la maçonnerie, par un
symbolisme lié à l’exercice du métier, à la maçonnerie opérative, qui opère techniquement mais aussi spirituellement.
Notons ici, les notions de rythme ou d’axe mécanique,
chers au monde de l’initiation et qui l’en distingue du mysticisme. » |
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