Chapitre 4 A -
K (René Guenon) |
la
correspondance entre alain Daniélou & renÉ guÉnon |
Léo Olschki |
Edition Arché Milan |
2002 |
||
Se
basant sur des citations des Puranas qu'il relève dans son livre "La
Fantaisie des dieux et l'Aventure Humaine", il pense que l'humanité
aurait déjà découvert larme nucléaire dans un passé
très lointain et qu'elle se serait autodétruite, ce qui expliquerait
l'absence de traces archéologiques. Il
défend également la doctrine des castes dans une perspective traditionnelle
aujourd'hui remise en cause par certains hindous influencés par les doctrines
occidentales. Sur les castes, lire "La Civilisation des
différences", recueils de textes de Daniélou sur les castes, aux
éditions Kailash |
la
crise du monde moderne |
René GUÉNON |
Edition Gallimard |
1973 |
Cet ouvrage est la suite d’Orient et d’Occident de R. Guénon, la civilisation moderne est matérialiste et anti-traditionaliste. Il montre combien cette
civilisation est déviante et s’oppose à la quasi totalité des civilisations qui l’ont précédée. « Un des caractères particuliers du monde moderne,
c’est la scission qu’on y remarque entre l’Orient et l’Occident. Il peut y
avoir une sorte d’équivalence entre des civilisations de formes très
différentes, dès lors qu’elles reposent toutes sur les mêmes principes
fondamentaux, dont elles représentent seulement des applications
conditionnées par des circonstances variées. Tel est le cas de toutes les
civilisations que nous pouvons appeler normales, ou encore traditionnelles ;
il n’y a entre elles aucune opposition essentielle, et les divergences, s’il
en existe, ne sont qu’extérieures et superficielles. Par contre, une civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n’est même fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même dépourvue de tout moyen d’entente avec les autres, car cette entente, pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s’établir que par en haut, c’est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation anormale et déviée. Dans l’état présent du monde, nous avons donc, d’un côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l’esprit traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l’autre, une civilisation proprement anti traditionnelle, qui est la civilisation occidentale moderne » – René Guénon. René Guénon,
dans La crise du monde moderne, expose les grandes distinctions entre
Tradition et monde moderne. Une des distinctions fondamentales réside dans le
contenu et les places respectives de la connaissance et de l’action. La
mentalité moderne assure la primauté à l’action. La connaissance n’y joue
qu’un rôle auxiliaire. Un exemple de ceci se retrouve dans la science
moderne, s’élaborant avant tout à des fins industrielles et militaires (les
crédits nécessaires à la recherche venant de ces domaines !). L’esprit
traditionnel place au contraire la connaissance au-dessus de l’action,
celle-là dirigeant le mouvement de celle-ci. Encore faut-il préciser que la
manière d’envisager la connaissance diffère radicalement selon que l’on
envisage les choses d’un point de vue traditionnel ou moderne. La
connaissance moderne procède de l’étude des phénomènes et se limite ainsi à
eux. Le monde phénoménal étant celui de la multiplicité, les savoirs modernes
se présentent comme un bric-à-brac non unifié qui ne peut engendrer que des
spécialistes, aux vues limitées à leur discipline. La connaissance
traditionnelle procède au contraire de l’Unité et des principes. La
« spécialisation » n’y consiste qu’en des applications
particulières de principes dépassant par le haut les contingences. La partie
supérieure n’y est pas perdue de vue, bien au contraire. René Guénon souligne
que l’action coupée de la contemplation (connaissance) dégénère rapidement en
agitation stérile et destructrice, ce qui est aisément constatable dans
l’histoire et les comportements récents. Une autre
déviance de l’époque moderne, en étroite corrélation avec le principe de
division présenté au paragraphe précédent, est l’individualisme, auquel
l’auteur consacre des développements fournis et précis. L’individualisme peut
se définir comme « la négation de tout principe supérieur à
l’individualité ». Cependant, si l’être humain avait en lui-même sa
propre raison d’être, pourquoi mourrait-il ? La
présence de la mort est révélatrice, de même que celle de la naissance, de
l’état de subordination de l’homme à quelque chose le dépassant. L’être
humain ne maîtrise pas les deux moments cruciaux de son existence, les deux
portes de celle-ci. Isolé en lui-même, coupé de sa partie supérieure,
l’individualiste perd toute possibilité de se réaliser, de retrouver son lien
avec l’Unité. Il s’arroge le droit de discuter de tout et
de faire prévaloir sa propre tournure d’esprit sur celle des autres, quel que
soit son degré de capacité effective. L’individualisme a de plus des
conséquences sociales importantes. Une collectivité est une somme
d’individus. Si chacun de ses membres se considère coupé des autres, comment
la cité pourrait-elle fonctionner harmonieusement ? René Guénon intitule un
de ses chapitres « Le chaos social ». À cet endroit, il expose des
considérations sur le désordre affectant l’ensemble du monde moderne. Plus
personne n’est à une place correspondant à sa nature, la hiérarchie se
disloque. L’auteur développe ici surtout la question de la démocratie. Le livre se
termine sur la prépondérance accordée au matériel par la civilisation
moderne, ainsi que sa conséquence immédiate : l’emploi systématique de la
force pour répandre ses idées et son mode de vie, aussi aberrant soit-il. Le
colonialisme n’en a été qu’un des avatars et la lutte se poursuit aujourd’hui
par l’économie et par la guerre. Les dernières pages de La crise du monde
moderne évoquent quelques conditions du redressement, du rétablissement de la
Tradition. Toutefois, rien de conséquent ne se produira avant que « la
Roue ait cessé de tourner » et que s’inaugure un nouveau cycle |
l’Âge
d’or –
spiritualitÉ & tradition |
Divers Auteurs |
Edition PARDES |
1986 |
Y sont traités :
|
la
grande influence de RenÉ guÉnon en roumanie suivi de julius evola en europe de
l’est |
Claudio mutti |
Edition
akribeia |
2002 |
Cet
ouvrage, qui réunit en un seul volume deux études parues en 1998 et 1999,
constitue sans nul doute le travail le plus précis, le plus dense et le mieux
informé sur la pénétration de l' "orientation traditionnelle" - en
l'occurrence des œuvres de René Guénon et de Julius Evola - en Europe
centrale et orientale. Comment expliquer le succès, parfois considérable, des
auteurs en question dans cette partie de l'Europe, succès bien plus important
que celui qu'ils rencontrent en Italie, France ou Allemagne ? C'est ce que
tente de faire ici Claudio Mutti, l'un des meilleurs connaisseurs italiens
des réalités politiques, culturelles et spirituelles des Balkans. Cet ouvrage constitue le travail
le plus précis et le mieux informé sur la pénétration de « l’orientation
traditionnelle » de René Guénon et Julius Evola en Europe
Centrale, grâce à des philosophes comme Mircea Eliade et Michel Valsan. |
la
grande triade |
René GUÉNON |
Edition Gallimard |
2000 |
Ce livre écrit en 1946 parle essentiellement du symbolisme de la tradition extrême-orientale et du ternaire Ciel – Terre – Homme, appelé triade. Ses 2 branches en sont le taoïsme
(ésotérique) et le Confucianisme (exotérique). Le rôle assigné à l’Homme
comme 3ème terme de cette triade est l’Homme véritable ou Homme
transcendant. La
division ternaire est la plus générale et en même temps la plus simple qu'on
puisse établir pour définir la constitution d'un être vivant, et en
particulier celle de l'homme, car il est bien entendu que la dualité
cartésienne de l' « esprit » et du «corps », qui s'est en quelque sorte
imposée à toute la pensée occidentale moderne, ne saurait en aucune faon correspondre à la réalité; nous y avons déjà insisté
assez souvent ailleurs pour n'avoir pas besoin d'y revenir présentement. La
distinction de l'esprit, de l'âme et du corps est d'ailleurs celle qui a été
unanimement admise par toutes les doctrines traditionnelles de l'Occident,
que ce soit dans l'antiquité ou au moyen âge; qu'on en soit arrivé plus tard
à l'oublier au point de ne plus voir dans les termes d' «esprit » et d' « âme
» que des sortes de synonymes, d'ailleurs assez vagues, et de les employer
indistinctement l'un pour l'autre, alors qu'ils désignent proprement des
réalités d'ordre totalement différent, c'est peut-être là un des exemples les
plus étonnants que l'on puisse donner de la confusion qui caractérise la
mentalité moderne. Cette
erreur a d'ailleurs des conséquences qui ne sont pas toutes d'ordre purement
théorique, et elle n'en est évidemment que plus dangereuse, mais, ce n'est
pas là ce dont nous avons à nous occuper ici, et nous voulons seulement, en
ce qui concerne la division ternaire traditionnelle, préciser quelques points
qui ont un rapport plus direct avec le sujet de notre étude. Les Pythagoriciens envisageaient un
quaternaire fondamental qui comprenait tout d'abord le Principe, transcendant
par rapport au Cosmos, puis l'Esprit et l'Âme universels, et enfin la Hylé
primordiale ; il importe de remarquer que cette dernière, en tant que pure
potentialité, ne peut pas être assimilée au corps, et qu'elle correspond
plutôt à la « Terre » de la Grande Triade qu'à celle du Tribhuvana, tandis
que l'Esprit et l'Âme universels rappellent manifestement les deux autres
termes de ce dernier. Quant au Principe transcendant, il correspond
à certains égards au « Ciel » de la Grande Triade, mais pourtant, d'autre
part, il s'identifie aussi à l'Être ou à l'Unité métaphysique, c'est-à-dire à
Tai-hi; il semble manquer ici une distinction nette, qui d'ailleurs n'était
peut-être pas exigée par le point de vue, beaucoup moins métaphysique que
cosmologique, auquel le quaternaire dont il s'agit était établi. Quoi
qu'il en soit, les Stoïciens déformèrent cet enseignement dans un sens «
naturaliste », en perdant de vue le Principe transcendant, et en
n'envisageant plus qu'un « Dieu » immanent qui, pour eux, s'assimilait
purement et simplement au Spiritus Mundi; nous ne disons pas à l'Anima Mundi,
contrairement à ce que semblent croire certains de leurs interprètes affectés
par la confusion moderne de l'esprit et de l'âme, car en réalité, pour eux
aussi bien que pour ceux qui suivaient plus fidèlement la doctrine
traditionnelle, cette Anima Mundi n'a jamais eu qu'un rôle simplement «
démiurgique », au sens le plus strict de ce mot, dans l'élaboration du Cosmos
à partir de la Hylé primordiale. Y sont expliqués: les petits et grands mystères et la réalisation
initiatique. |
la
mÉtaphysique de renÉ guÉnon |
J. Marc vivenza |
Edition LE MERCURE DAUPHINOIS |
2004 |
Ce complément au dictionnaire de
R. Guénon étudie le point central de l’œuvre de R. Guénon qui est la
métaphysique, « cette substance la plus intérieure de la Tradition
Primordiale ». Une bonne étude sur l’Être, et le non-Être, l’idée de
l’Infini, la non-dualité, la réalité ontologique, le zéro et l’infini
métaphysique et l’identité suprême. Mais, au fond, c’est quoi la métaphysique de René Guénon
? » Comprendre la métaphysique de René Guénon qu’il ne faut pas
confondre avec une théologie ou une dogmatique religieuse, permet d’éclaircir des moments de son
oeuvre qui semblent obscurs, tous les éléments présentés n’étant pas
systématiquement explicités par l’auteur. S’il n’a pas cherché à l’exposer de
façon didactique, sinon peut-être, de manière fragmentaire, dans La
Métaphysique orientale (1939), c’est pour au moins une bonne raison :
Guénon ne présente pas une métaphysique comme étant issue de son propre
cerveau à la manière d’une doctrine personnelle, comme le ferait un
philosophe persuadé d’avoir découvert un concept révolutionnaire génial qui
bouleverse l’histoire de la pensée, mais comme un corpus relevant de
la tradition la plus lointaine, non-humaine, la quintessence de la sophia
perennis qui remonte aux temps originels de notre Cycle et appartient à ce
que l’intuition intellectuelle de chacun peut saisir s’il se met en
état de le faire, c’est-à-dire en s’en « ressouvenant » à la
manière de Platon. Sans doute René Guénon estime-t-il aussi qu’il importe de
réaliser un travail intérieur qui requiert, pour parvenir à saisir les
linéaments de cette métaphysique qu’il nomme intégrale, un énorme
effort de concentration et une disposition particulière de l’âme et de
l’esprit. Tout commence par l’Être. Dans la métaphysique classique, celle
initiée par Aristote, l’Être pur est le principe de la Manifestation (la
« nature ») ; depuis lors, les métaphysiciens dits réalistes ont
tenté de cerner les qualités de cet Être fameux. L’effort de Guénon consiste
au contraire à dévoiler que cette recherche multiséculaire, qui a certes
montré ses mérites pour la zone qu’elle explore, limite notre compréhension
de la Totalité et nous sépare de l’essentiel qui doit être atteint : la
contemplation de l’Absolu. L’Être convient
ainsi d’être dépassé. Pourquoi ? Parce que l’Être, qui s’offre comme le
déterminant suprême, contient encore une détermination en ceci qu’il se
détermine lui-même. Se déterminant, il est limité par cette
auto-détermination. Ainsi l’Infinité ne peut lui être attribuée, car elle ne
saurait être limitée, et par conséquent l’Être ne peut en aucune manière être
considéré comme le Principe suprême. Pour accéder à ce Principe, il faut
s’ouvrir à un au-delà de l’Être : le Non-Être ! Qu’est-ce que le Non-Être ?
Le Néant ? Pour la créature, oui. Pour l’Être, absolument pas, puisqu’on va
voir qu’il dépend de lui. Inconcevable pour l’esprit, le Non-Être est une
convention de langage qui nous permet d’accéder à un stade supérieur de notre
intellect définissant un Point suprême, un rien suressentiel au fondement de
tout ce qui est et qui contient l’Être ainsi que la Non-Manifestation
– celle-ci pouvant être assimilée « au silence qui comporte en lui-même
le principe de la parole » (Guénon). Cet Être et ce Non-Être, associés,
sont les deux faces de ce que Guénon nomme la Possibilité universelle, qui
seule est vraiment totale. Le Non-Être peut être considéré comme le Zéro métaphysique
ou encore l’Unité non-affirmée, antérieure à l’Unité, qu’il comprend ; doté
d’une potentialité fondamentale, il ouvre la voie à l’Infinité. Or la notion
primordiale, vierge de toute détermination, est précisément cet
Infini, qui, lui, n’est réductible à aucune Manifestation car il est
illimité. C’est sur cette notion que notre intuition intellectuelle
(« l’Intellect pur » d’Aristote, non discursif, coïncidant sans
médiation avec la Vérité) doit se relier si nous sommes en état de
réceptivité et d’ascèse : l’idée se trouve ancrée dans notre esprit même s’il
ne la cerne pas puisqu’elle n’a ni définition ni accessibilité. Ancrés dans
la Manifestation, nous ne pouvons qu’œuvrer à dire l’impossibilité de parler
de l’Infini, concept inexprimable qui s’apparente à une non-connaissance, un
non-savoir, comparable à une lumière qui ne se donnerait que par son absence. Guénon ne s’arrête pas à cette étape, à la radicalité
pourtant vertigineuse. Dans ce fantastique voyage ascensionnel, il pulvérise
toutes nos frontières mentales et dynamite les formules et les concepts avec
lesquels nous sommes habitués à penser dans la philosophie occidentale qu’on
nous a enseignée, pour nous faire accéder au cœur du réacteur nucléaire
de la doctrine. Il s’agit pour lui de nous faire saisir que la Manifestation,
notre « monde », n’est rigoureusement rien au regard de
l’Infini. Il importe de se situer hors du temps et de la soumission au monde
des phénomènes pour se diriger vers le Principe, dépouillé de toute qualité. |
la
mÉtaphysique orientale |
René GUÉNON |
Editions
Traditionnelles |
1993 |
Écrit en 1939 ce court recueil expose les bases nécessaires à la compréhension de son œuvre. Il définit les mots clés et nous
invite à saisir les moyens de la réalisation métaphysique en passant par les
différentes phases de ce cheminement. En filigrane
de l’œuvre de Guénon se trouve un appel ténu, pour qui saura l’entendre, à la
reconstitution d’une élite susceptible
d’assumer l’héritage et d’éveiller les consciences à la présence de cet
esprit traditionnel. Cependant,
son émergence s’avère être de plus en plus improbable dans un système où les
savoirs enseignés sont imprégnés de scientisme et de rationalisme. En effet,
la massification d’un savoir cantonné au domaine matériel conduit à orienter
toutes les préoccupations du côté de la matière, aboutissant non pas à la
négation de ce qui est de l’ordre du supra matériel - nier une chose
permettant au moins de la penser-, mais davantage à une indifférence bien
plus néfaste. Le système
politique en lui-même n’y est pas propice : s’il n’était pas
fondamentalement anti-démocrate, Guénon déplorait cependant l’émergence d’une
société où l’ensemble du pouvoir est issu des "masses" soumises à
la démagogie et davantage guidées par leurs passions que par les lois de la
raison. En tirant leur légitimité de la "loi du nombre et de la matière",
les dirigeants ont perdu leur rôle d’élite éclairée pour se soumettre aux
aspirations mouvantes et parfois irraisonnables de la foule. Guénon nous
met cependant en garde contre les pseudos traditionalistes et mystiques
invoquant une tradition plus ou moins réinventée qui est souvent le reflet de
préoccupations ou d’intérêts particuliers. Cette tendance reflète un des
aspects de la crise et du désarroi contemporain conduisant certains à faire
du retour à un passé historique mythifié et idéalisé l’ultime remède aux maux
actuels. Par
conséquent, il dénonce vivement les "pseudo-initiations" dispensées
au sein de certaines organisations occultistes et spiritualistes. Il y inclue
également la Franc-maçonnerie, qui était demeurée l’un des derniers véhicules
de la Tradition, et dont le déclin actuel reflèterait la
quasi disparition de tout ésotérisme au sens vrai en Occident. Pour René
Guénon, les seuls dépositaires actuels de cet esprit traditionnel se trouvent
en Orient qui a su en conserver les formes doctrinales les plus authentiques,
même s’il reste en Occident "des
hommes qui, par leur "constitution intérieure", ne sont pas des
"hommes modernes", qui sont capables de comprendre ce qu’est
essentiellement la tradition, et qui n’accepteront pas de considérer l’erreur
profane comme un "fait accompli" et c’est à ceux-là que nous avons
toujours entendu nous adresser exclusivement". Ce constat peut nous permettre de mieux saisir
les raisons de sa conversion à l’Islam et l’orientation de nombre de ses
disciples vers le soufisme, considérée comme
l’une des seules voies initiatiques n’ayant pas dévoyée le sens profond de la
Tradition. L’extinction
progressive de l’Esprit traditionnel en Occident a conduit à la naissance
d’une véritable incompréhension entre Occidentaux et Orientaux, enracinée par
tout un ensemble d’études et un orientalisme soucieux de mettre avant tout en
avant les différences irréductibles les séparant. Face
à cela, Guénon s’est fait l’apôtre constant de l’instauration d’un dialogue
entre Orient et Occident, et plus précisément entre leurs spiritualités qui,
selon lui, puisent leurs principes à une source commune. Il espérait que par
la mise en place de ces échanges se dévoile peu à peu cette unité originelle
à la base de toutes les doctrines traditionnelles. Pour René Guénon, la
découverte de ce fond commun passe par la redécouverte de l’Occident de son
patrimoine traditionnel dont de nombreux aspects étaient, avant son entrée
dans la modernité, proches des éléments constituant la base des civilisations
orientales actuelles. Cependant, ce rapprochement ne pourra s’établir que par
le haut et ne pourra donc qu’être le fait d’une élite seule capable de ré
accéder à la connaissance de ces principes immuables dont l’esprit souffle
encore en Orient. Alors que
les nouvelles élites trouvent la source de leur influence dans une
supériorité matérielle ou un pouvoir politique, il subsiste donc en Orient
une véritable élite intellectuelle, bien que passant plus inaperçue à une
époque où le politique et l’économique ont pris une importance prépondérante
et malgré une diffusion croissante de l’esprit occidental et matérialiste au
sein de ces pays. Cependant, Guénon n’appelle en aucun cas à un renversement
de l’ordre politique car le domaine de la Tradition appartient par essence à
l’ordre du supra-matériel, ou encore méta-physique au sens premier du
terme : "L’élite véritable
n’aurait pas à se mêler à l’action
extérieure ; elle dirigerait tout par une influence insaisissable au
vulgaire, et d’autant plus profonde qu’elle serait moins apparente". Il expose également une éthique de la
recherche et de l’effort personnel, seul moyen d’accéder à la connaissance
des principes : "Il y a
dans toute certitude quelque chose d’incommunicable ; nul ne peut
atteindre réellement une connaissance quelconque autrement que par un effort
strictement personnel, et tout ce qu’un autre peut faire, c’est de donner
l’occasion et d’indiquer les moyens d’y parvenir." Le contact
avec l’Orient constitue donc le seul moyen pour l’Occident de retrouver ses
racines profondes et sa véritable intellectualité. Cependant, ce dernier a un
rôle actif à jouer dans la redécouverte de ce patrimoine oublié car, comme il
vient d’être évoqué, l’esprit traditionnel et ses dépositaires sont exempts
de tout prosélytisme : la doctrine existe pour qui sait la comprendre et
y accéder, sans besoin de rentrer dans des "débats" ou polémiques
dont l’horizon demeure limité à l’ordre relatif du concret. |
l’apport
spirituel de renÉ guÉnon |
Janine FINCK - BERNARD |
Edition Dervy |
1996 |
L’auteur décrit la nouvelle voie
spirituelle que propose R. Guénon. On y découvre une conception inédite du divin.
Un Divin qui ne se présente plus comme un Dieu personnel mais comme une
entité à la fois absolument transcendante et immanente à tout ce qui
est : créatures aussi bien que cours de l’histoire R. Guénon nous offre la possibilité de faire un pas sur cette
voie plutôt que de nous en remettre à de faux gourous. Les
guénoniens, comme à une époque les freudiens avec la psychanalyse, en
transformant en dogme l’oeuvre de Guénon, ont figé un processus créateur, une
pensée vivante et multiple. L’auteur démontre, avec un œil qui sait rester
critique et mettre en évidence les lacunes, en quoi l’oeuvre de René Guénon
propose une nouvelle voie spirituelle, un champ nouveau d’expression de la
spiritualité.
Enfin,
l’ouvrage permettra au lecteur de mieux comprendre René Guénon, et l’incitera
peut-être à le lire ou le relire autrement. |
la
rÉvolution guÉnonienne |
David cologne |
Col. Métapolitique & Tradition |
1980 |
Petite plaquette où l’auteur
étudie les rapports entre le christianisme et la tradition primordiale dans
l’œuvre de R. Guénon et de J. Evola. L’œuvre
de René Guénon fait partie d’un vaste courant d’inquiétude devant l’essor
technique et industriel. Auprès de lui il faut noter: Georges Bernanos,
Oswald Spengler, Paul Valéry, Nicolas Berdiaev, Gabriel Marcel, Miguel de
Unamuno, Simone Weil et José Ortega y Grasset. Il faut ajouter la génération
des écrivains qui ont connu la guerre: Ernst Jünger, Pierre Drieu la
Rochelle, Henry Barbusse et Julius Evola. |
la
vie simple de renÉ guÉnon |
Paul chacornac |
Editions TRADITIONNELLES |
1996 |
Doctrine et vie de René Guénon racontée simplement. René Guénon est né à Blois, le 15 novembre 1886. Après des
études à Blois, puis à Paris – en classe préparatoire de mathématiques –
qu’il ne terminera pas, du fait d’une santé précaire, il se met dès 1906 à la
recherche de la « parole perdue », pour reprendre le titre d’un
chapitre de la biographie de Guénon par Paul Chacornac, La vie simple de René Guénon,
Éditions traditionnelles, 1958. C’est d’abord son entrée dans l’Ordre
Martiniste où il recevra rapidement le grade de Supérieur Inconnu, puis dans deux
loges maçonniques dont le Chapitre et Temple « INRI » du rite
Primitif et Originel Swedenborgien, où il s’élèvera à la dignité de Kadosh. Ces expériences de jeunesse ont leur importance, car elles
lui ont permis de juger très tôt de ce néo-spiritualisme « fin de
siècle » dont il dira : « Il est impossible d’associer des
doctrines aussi dissemblables que le sont toutes celles que l’on range sous
le nom de spiritualisme ; de tels éléments ne pourront jamais constituer
un édifice stable ». Il se sépare donc rapidement de ces milieux. Il est
admis cependant à la Loge Thébah,
relevant de la Grande Loge de France, Rite Écossais Ancien et Accepté, et
c’est, en 1909, vers l’Église gnostique qu’il se tourne alors. Il y fut
consacré évêque sous le nom de Palingenius
et devint le principal rédacteur de la revue La Gnose qu’il fonda et à laquelle il va collaborer jusqu’en
1922. René Guénon y publia sous forme d’articles « une grande partie du Symbolisme de la Croix, la partie
essentielle de l’Homme et son
devenir selon le Védanta, et de nombreux articles qui, remaniés,
prirent place dans Les principes du
calcul infinitésimal ». Guénon n’en prend pas moins la
mesure de cette Église gnostique qu’il jugera plus tard en ces termes :
« Les « néo-gnostiques » n’ont jamais rien reçu par une
transmission quelconque, et il ne s’agit que d’un essai de
« reconstitution » d’après des documents, d’ailleurs bien
fragmentaires qui sont à la portée de tout le monde ». De la vraie transmission, René
Guénon va en être le bénéficiaire à deux reprises, d’abord de la part d’un ou
plusieurs maîtres hindous, vers 1910. Transmission orale, dont on ne sait à
peu près rien, malgré les investigations de ses disciples. Mais transmission
bien réelle, puisqu’elle sera à l’origine de la rédaction de l’Homme et son devenir selon le Védânta.
Transmission mystérieuse, enfin, qui fera de Guénon fondamentalement un
« Védantin », selon l’expression de Robert Amadou, et cela, même
si, en 1912, il sera initié à l'ésotérisme islamique, sous l’influence d’un
peintre suédois, Yvan Aguéli, converti à l’Islam sous le nom de Abdul-Hâdi
(1869-1917). Guénon prendra le nom sous lequel il sera connu de ses amis et
de ses relations musulmanes en Égypte quelques années plus tard : Abdel
Wahed Yahia. Il recevra peu après la baraka
– l’influence spirituelle de l’initiation dans l’ésotérisme musulman – d’un
Sheikh de l’ordre shâdhilite, Addel-Rahmân Elish el-Kebir. En 1912, aussi, René Guénon se marie avec une
jeune fille de Blois, de famille catholique. Le couple n’aura pas d’enfants,
mais s’occupera d’une jeune nièce, jusqu’à la mort de la jeune femme. L’année
suivante, Guénon s’engage dans le combat mené par la revue catholique La France Antimaçonnique et y
publie pendant un an, sous un pseudonyme – le Sphinx – une série d’articles
sur la Franc-Maçonnerie. Durant la Première Guerre Mondiale, exempté de
service, à cause de sa santé, il devient professeur de philosophie, ses
rentes ne lui permettant plus de subvenir aux besoins du couple. Il fera
aussi un séjour d’une année (1917), à Sétif, en Algérie. A la fin de la
guerre, il quitte l’enseignement pour se consacrer à ses ouvrages dont le
premier paraît en 1921 : Introduction
générale à l’étude des doctrines hindoues. Les ouvrages suivants, Le Théosophisme, L’erreur spirite qui constituent
des critiques sévères du néo-spiritualisme seront naturellement fort mal
accueillis, tandis que la parution d’Orient
et d’Occident, en 1924, rencontrera un certain succès, avec les critiques
élogieuses d’un certain Léon Daudet. En 1927, paraît, enfin, La crise du monde moderne, ouvrage qui a connu la plus large
audience du vivant de Guénon et qui a été constamment réédité (jusque dans
des collections « de poche », de nos jours). Il s’agit d’un ouvrage
fondamental – auquel on pourrait comparer Chevaucher le Tigre de Julius Evola, par exemple – moins par
l’exposé de la doctrine traditionnelle que par ce regard sur le monde
moderne qui provoque un « retournement » chez beaucoup de ses lecteurs,
du moins ceux chez qui ce « retournement » peut se produire, car,
pour les autres, « le livre leur tombe des mains » ou ils n’y
« entrent » pas, selon différents témoignages. Léopold Ziegler
dira, lui, de La crise du monde
moderne : « Ici, le temporel est enfin mesuré, compté et pesé
avec des mesures éternelles, et trouvé trop léger ». Les années
1928-1930 forment en quelque sorte le « milieu de la vie » de René
Guénon. Sa femme meurt le 15 janvier
1928, il se sépare de sa nièce en mars 1929, fait la connaissance d’une
Américaine, Dina, une riche veuve, avec qui il part pour l’Égypte, le 15 mars
1930. René Guénon ne reviendra plus en France et ne quittera plus le Caire où
il s’installe, seul, menant une vie extrêmement précaire d’un point de vue matériel.
Il continue de collaborer au Voile
d’Isis et publie en 1931 Le
symbolisme de la croix. En 1934, il se marie avec Fatma Hanem, fille du Sheikh
Mohammed Ibrahim. Et liquide tous ses biens de France. Revenant sur son
ouvrage Orient et Occident,
René Guénon constate que « la situation est devenue pire que jamais, non
seulement en Occident, mais dans le monde entier », tout en maintenant
que « l’Orient véritable, le seul qui mérite vraiment ce nom, est et
sera toujours l’Orient traditionnel, quand bien même ses représentants en
seraient réduits à n’être plus qu’une minorité, ce qui, encore aujourd’hui,
encore loin d’être le cas ». En revanche,
l’Occident ne lui semble plus posséder les moyens de redresser la situation
désespérée, d’un point de vue traditionnel, où il se trouve. Ce jugement
péremptoire sera cause de l’orientation qui sera prise par nombre de ses
disciples vers l’Islam et le soufisme, dont Frithjof Schuon qui lui avait
rendu visite au Caire en 1935. Les années 30 voient donc se former autour de
Guénon tout un groupe d’Européens, Schuon, mais aussi Titus Burckhardt,
Martin Lings, Michel Vâlsan, etc., qui entreront dans la voie ésotérique
musulmane. Ce sont les « disciples » de la première génération. La vie de René
Guénon ou plutôt d’Abdel Wahed Yahia se partage ainsi, jusqu’à la veille de
la Seconde Guerre mondiale, entre les visites, ses nombreuses
correspondances, et la rédaction de ses articles pour Le voile d’Isis, - qui devient Les Études traditionnelles, en 1936. Une première mouture
parait en 1944 et c’est en 1945 que paraît la « suite » de la Crise du monde moderne qui accentue
le trait de la critique de l’Occident – et annonce « la fin d’un
monde » : « Nous sommes arrivés là au dernier terme de
l’action anti traditionnelle qui doit mener ce monde vers sa fin ; après
ce règne passager de la « contre-tradition », il ne peut plus y
avoir, pour parvenir au moment ultime du cycle actuel, que le
« redressement » qui, remettant soudain toutes choses à leur place
normale alors même que la subversion semblait complète, préparera
immédiatement « l’âge d’or » du cycle futur. » En 1947, naît une seconde fille – René Guénon aura encore
deux enfants, deux fils, Ahmed et Abdel Wahid – et il donne son accord à la
création en France d’une loge maçonnique, la Grande Triade, de Rite Écossais
Ancien et Accepté. Peu après avoir obtenu la naturalisation égyptienne
(1949), il meurt le 7 janvier 1951.
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le
liÈvre qui rumine |
Purluigi zoccatelli |
Edition ARCHÉ – MILAN |
1999 |
Dans les années 1925 – 1927, René
Guénon collabora régulièrement à la revue catholique Regnabit, rendue célèbre
par les travaux de l’iconographe chrétien Louis Charbonneau-Lassay. Il
s’ensuivit une amitié et une estime réciproque entre ces deux auteurs, unis
par un profond intérêt pour la symbolique, et ce malgré des divergences non
négligeables sur des points doctrinaux importants, divergences qui
deviendront évidentes au cours des années suivantes. |
l’Énigme
renÉ guÉnon & les supÉrieurs « inconnus » |
Louis de maistre |
Edition ARCHÉ – MILAN |
2004 |
Fruit d’une dizaine d’années de
recherches, puisant à de très nombreuses sources françaises et étrangères (anglaises,
américaines, italiennes, allemandes, polonaises, russes, etc.) qui incluent
aussi bien des revues savantes que de modestes publications occultistes et
des ouvrages devenus rarissimes, ce livre ne se veut pas le récit d’une «
histoire secrète » – expression en soi contradictoire – mais bien l’histoire
de certains secrets qui forment une part importante de l’histoire tout court.
C’est aussi une illustration de ce que certains ont appelé la « guerre
occulte ».
L’ouvrage retrace « l’invasion
silencieuse » de la Franc-maçonnerie occultiste du XVIIIème siècle par les
représentants de la Cabale la plus déviées et du messianisme hétérodoxe,
disciples de Sabbataï Tsevi et de Jakob Frank,
rompus de longue date à la clandestinité et au « faix du silence ». Puis il
décrit comment les « Supérieurs Inconnus » après une courte éclipse,
reviennent sur le devant de la scène avec la fondation de la Société Théosophique.
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le
rÈgne de la quantitÉ et le signe des temps |
René GUÉNON |
Edition Gallimard |
1972 |
Écrit en 1945 cet ouvrage difficile
au départ sur la métaphysique fondamentale du sens de la qualité, de
l’espace, du temps et de la nature de la manifestation, se termine par la fin
des temps dans diverses traditions. René Guénon
écrit à ce sujet : Nous devons
en effet remarquer à ce propos que des « traditionalistes » mal avisés se
réjouissent inconsidérément de voir la science moderne, dans ses différentes
branches, sortir quelque peu des limites étroites où ses conceptions
s'enfermaient jusqu'ici, et prendre une attitude moins grossièrement
matérialiste que celle qu'elle avait au siècle dernier; ils s'imaginent même
volontiers que, d'une certaine façon, la science profane finira par rejoindre
ainsi la science traditionnelle (qu'ils ne connaissent guère et dont ils se
font une idée singulièrement inexacte, basée surtout sur certaines
déformations et « contrefaçons » modernes), ce qui, pour des raisons de
principe sur lesquelles nous avons souvent insisté, est chose tout à fait
impossible. Ces mêmes « traditionalistes » se réjouissent aussi, et peut-être
même encore davantage, de voir certaines manifestations d'influences subtiles
se produire de plus en plus, ouvertement, sans songer aucunement à se
demander quelle peut bien être au juste la « qualité » de ces influences (et
peut être ne soupçonnent-ils même pas qu'une telle question ait lieu de se
poser); et ils fondent de grands espoirs sur ce qu'on appelle aujourd'hui la
« métapsychique » pour apporter un remède aux maux du monde moderne, qu'ils
se plaisent généralement à imputer exclusivement au seul matérialisme, ce qui
est encore une assez fâcheuse illusion. Ce dont ils
ne s'aperçoivent pas (et en cela ils sont beaucoup plus affectés qu'ils ne le
croient par l'esprit moderne, avec toutes les insuffisances qui lui sont
inhérentes), c'est que, dans tout cela, il s'agit en réalité d'une nouvelle
étape dans le développement, parfaitement logique, mais d'une logique
vraiment « diabolique », du "plan" suivant lequel s'accomplit la
déviation progressive du monde moderne; le matérialisme, bien entendu, y a
joué son rôle, et un rôle incontestablement fort important, mais maintenant
la négation pure et simple qu'il représente est devenue insuffisante; elle a
servi efficacement à interdire à l'homme l'accès des possibilités d'ordre
supérieur, mais elle ne saurait déchaîner les forces inférieures qui seules
peuvent mener à son dernier point l’œuvre de désordre et de dissolution.
L'attitude matérialiste, par sa limitation même, ne présente encore qu'un
danger également limité; son « épaisseur », si l'on peut dire, met celui qui
s'y tient à l'abri de toutes les influences subtiles sans distinction, et lui
donne à cet égard une sorte d'immunité assez comparable à celle du mollusque
qui demeure strictement enfermé dans sa coquille, immunité d'où provient,
chez le matérialiste, cette impression de sécurité dont nous avons parlé;
mais, si l'on fait à cette coquille, qui représente ici l'ensemble des
conceptions scientifiques conventionnellement admises et des habitudes
mentales correspondantes, avec l' « endurcissement » qui en résulte quant à
la constitution « psycho-physiologique » de l'individu , une ouverture par le
bas, comme nous le disions tout à l'heure, les influences subtiles
destructives y pénétreront aussitôt, et d'autant plus facilement que, par
suite du travail négatif accompli dans la phase précédente; aucun élément
d'ordre supérieur ne pourra intervenir pour s'opposer à leur action. On pourrait
dire encore que la période du matérialisme ne constitue qu'une sorte de
préparation surtout théorique, tandis que celle du psychisme inférieur
comporte une "pseudo-réalisation", dirigée proprement au rebours
d'une véritable réalisation spirituelle ;nous aurons encore, par la suite, à
.nous expliquer plus amplement sur ce point encore La dérisoire sécurité de
la « vie ordinaire », qui était l'inséparable accompagnement du matérialisme
est dès maintenant, fortement menacée, certes, et l'on verra sans doute de
plus en. plus clairement et aussi de plus en plus généralement, qu'elle
n'était qu'une illusion; mais quel avantage réel y a-t-il à cela si ce n'est
que pour tomber aussitôt dans une autre illusion pire que celle-là et plus
dangereuse à tous les points de vue, parce qu'elle comporte des conséquences
beaucoup plus étendues et plus profondes, illusion qui est celle d'une «
spiritualité à rebours » dont les divers mouvements « néo-spiritualistes »
que notre époque a vus naître et se développer jusqu'ici, y compris même ceux
qui présentent déjà le caractère le plus nettement « subversif », ne sont encore
que de bien faibles et médiocres précurseurs ? |
l’ermite
de dURQUI |
Xavier ACCART |
Edition Arché-Milan |
2001 |
||
Si l'arrivée des nationalistes égyptiens au
pouvoir devait entraîner la mise en sommeil de la francophonie au Caire,
l'influence de Guénon allait continuer à s'y exercer dans les milieux
musulmans, notamment par le biais du Cheikh al-Azhar `Abd al-Halim Mahmud
dont l'étude permet d'avancer un certain nombre d'hypothèses sur les options
de Guénon dans un contexte confrérique troublé. Néanmoins, les discussions
qui s'étaient nouées au Caire sont encore aujourd'hui lourdes de conséquences
pour les sciences-religieuses et le dialogue inter-religieux. C'est ce que
montre une dernière étude sur les relations entre Louis Massignon et René
Guénon. Cet
ouvrage éclaire donc une question restée jusqu'ici inexplorée : la présence de
la personne et de l'œuvre de ce dernier en Egypte. Ses études, nouvelles dans
leur type d'approche, sont aussi accompagnées de témoignages d'intimes de
Guénon tels Jean-Louis Michon, Nadjmoud Bammate, Martin Lings ou le Dr Katz
ainsi que de la publication de lettres du métaphysicien français et de trente
documents photographiques en partie inédits. Cette
étude a pour but de nous faire découvrir le rôle d’éveilleurs de conscience
qu’eut R. Guénon au sein du microcosme francophone entre 1930 et 1951. |
le
roi du monde |
René guÉnon |
Edition GALLIMARD |
1958 |
L’axe central de ce
livre, évoque quelque chose qui aurait été « perdu »,
enfoui, occulté, et qu’il s’agit de retrouver. Reliant des notions comme la quête
du Graal et la recherche de la Parole Perdue, l’auteur mène à découvrir que
l’expression « Roi du Monde » ne désigne pas nécessairement un
personnage historique, pas plus que le Manu des Hindous, le Ménès des
Egyptiens et le Menw des Celtes – auxquels d’ailleurs le Roi du Monde
s’identifie –, mais bien plutôt « l’intelligence cosmique qui réfléchit
la Lumière spirituelle et formule la Loi (Dharma) propre aux
conditions de notre monde ou de notre cycle d’existence » . Le Roi du Monde – ou son représentant – combine en effet au plus
haut niveau – comme les Rois-Mages – les fonctions sacerdotales et royales.
Sa fonction de pontifex (littéralement « constructeur de
ponts ») fait de lui le médiateur entre ce monde et les mondes
supérieurs ; son symbole naturel est l’arc-en-ciel qui, dans toutes les
traditions, a des significations concordantes : « chez les Hébreux,
c’est le gage de l’alliance de Dieu avec son peuple ; en Chine, c’est le
signe de l’union du Ciel et de la Terre ; en Grèce, il représente Iris,
la “messagère des Dieux” ; un peu partout, chez les Scandinaves aussi
bien que chez les Perses et les Arabes, en Afrique centrale et jusque chez
certains peuples de l’Amérique du Nord, c’est le pont qui relie le monde sensible
au suprasensible » . La correspondance établie
dans ce livre entre les époques, les contrées et les traditions sont si
nombreuses, si riches et si convaincantes que l’idée maîtresse de l’existence
d’une Tradition primordiale, dont toutes les traditions ou religions
dériveraient, cette idée si attaquée par les défenseurs ouverts ou masqués de
l’idéologie moderne, qui n’hésitent pas à parler à ce propos – avec une
métaphore bien révélatrice de leur mode de pensée – de notion
« bricolée » par Guénon, cette notion de Tradition Primordiale
sourd à travers toutes les remarques, notations et notes du Roi du Monde
avec la force de l’évidence. Ainsi, à propos de la mystérieuse contrée connue au moyen âge
sous le nom de « royaume du prêtre Jean », une note précise :
« Il est notamment question du “prêtre Jean” vers l’époque de saint
Louis, ce qui complique les choses, c’est que, d’après certains, il y aurait
eu jusqu’à quatre personnages portant ce titre : au Tibet (ou sur le
Pamir), en Mongolie, dans l’Inde, et en Ethiopie (ce dernier mot ayant
d’ailleurs un sens fort vague) ; mais il est probable qu’il ne s’agit là
que des différents représentants d’un même pouvoir. On dit aussi que
Gengis-Khan voulut attaquer le royaume du prêtre Jean, mais que celui-ci le
repoussa en déchaînant la foudre contre ses armées. Enfin, depuis l’époque
des invasions musulmanes, le prêtre Jean aurait cessé de se manifester, et il
serait représenté extérieurement par le Dalaï-Lama ». S’il semble impossible de résumer un ouvrage aussi riche, tant
les informations fusent à chaque ligne, les douze titres de chapitres qui le
composent montrent l’architecture de son dessein : Notions sur
l’ « Agarttha » en Occident ; Royauté et
pontificat ; La « Shekinah » et le
« Métatron » ; Les trois fonctions suprêmes ; Le
symbolisme du Graal ; « Melkitsédeq » ; « Luz »
ou le séjour d’Immortalité ; Le centre suprême caché pendant le
« Kali-Yuga » ; L’ « Omphalos » et les
bétyles ; Noms et représentations symboliques des centres
spirituels ; Localisation des centres spirituels ; Quelques
conclusions. Ce qui apparaît, lorsqu’on observe cette table des matières,
c’est l’intensification de l’accent porté sur les « centres
spirituels », la mention que ceux-ci ne peuvent être que cachés,
enfouis, à notre époque – d’où le symbolisme des royaumes souterrains –, mais
qu’il revient à chacun de mener son enquête, ou plutôt sa quête, car quelques
sombres que soient les temps où le destin nous a placés, les centres
spirituels ne peuvent jamais totalement disparaître, pas plus que les voies
initiatiques, qui ne peuvent jamais être totalement fermées. |
l’erreur
spirite |
René GUÉNON |
Editions Traditionnelles |
1991 |
Ce livre écrit en 1923 aborde la
question du spiritisme science occulte qui vise la communication des morts.
Il en présente les méfaits et les déviances. Il détaille les différentes
théories spirites et en démontre les errances. Dans cet ouvrage dont la première édition
date de 1952, on trouve un exposé sur les origines du spiritisme ainsi qu'une
analyse serrée des théories spirites. Cet examen permet à René Guénon
d'aborder, chemin faisant, des données traditionnelles sur la constitution de
l'homme et du monde, et d'apporter sur bien des points touchant à la
cosmologie et au domaine du psychique, des clartés que l'on ne pouvait
rencontrer ailleurs, à l'époque. Je cite René Guénon :’’ Les spirites ont été, dès
l’origine, divisés en plusieurs écoles, qui se sont encore multipliées par la
suite, et qu’ils ont toujours constitué d’innombrables groupements
indépendants et parfois rivaux les uns des autres. Mais beaucoup de gens font
du spiritisme isolement, sans aucun rattachement à une organisation spirite
quelconque. “Si
le spiritisme était uniquement théorique, il serait beaucoup moins dangereux
qu’il ne l’est et n’exercerait pas le même attrait sur bien des gens; et nous
insisterons d’autant plus sur ce danger qu’il constitue le plus pressant des
motifs qui nous ont déterminé à écrire ce livre.”
La conception spirite est ternaire: l’esprit,
le «périsprit» et le corps. Si la théorie spirite est fort inexacte en ce qui
concerne la constitution de l’homme pendant la vie, elle est entièrement
fausse lorsqu’il s’agit de l’état de ce même homme après la mort. D’après le
spiritisme, il n’y aurait rien de changé par la mort, si ce n’est que le
corps a disparu, ou plutôt a été séparé des deux autres éléments, qui restent
unis l’un à l’autre comme précédemment; en d’autres termes, le mort ne
différerait du vivant qu’en ce qu’il aurait un élément de moins, le corps.”
|
l’ÉsotÉrisme
de dante |
René guÉnon |
Edition GALLIMARD |
1991 |
Dans cette brève et substantielle
étude, l’auteur des Aperçus sur l’Initiation corrige les méprises de ceux qui
n’avaient fait qu’entrevoir le sens profond de l’œuvre dantesque, et donne
une explication entièrement neuve de multiples points que les commentateurs
du grand Florentin n’ont jamais pu élucider d’une façon satisfaisante.
Dante fut sans doute tout autre chose que le génie littéraire qui suscite tant
d’admiration, et l’on est en droit de penser que bien des choses, pour ne pas
dire des trésors, restent à découvrir dans ce que René Guénon a appelé non sans raison « le testament spirituel du Moyen Âge ». La distinction des trois mondes, qui constitue le plan général
de la Divine Comédie, est commune à toutes les doctrines traditionnelles ;
mais elle prend des formes diverses, et, dans l'Inde même, il y en a deux qui
ne coïncident pas, mais qui ne sont pas en contradiction non plus, et qui
correspondent seulement à des points de vue différents. Suivant l’une de ces
divisions, les trois mondes sont les Enfers, la Terre et les Cieux ; suivant
l'autre, où les Enfers ne sont plus envisagés, ce sont la Terre, l'Atmosphère
(ou région intermédiaire) et le Ciel. Dans la première, il faut admettre que
la région intermédiaire est considérée comme un simple prolongement du monde
terrestre ; et c'est bien ainsi qu'apparaît chez Dante le Purgatoire, qui
peut être identifié à cette même région. D'autre part, en tenant compte de
cette assimilation, la seconde division est rigoureusement équivalente à la
distinction faite par la doctrine catholique entre l'Église militante,
l'Église souffrante et l'Église triomphante ; là non plus, il ne peut être
question de l'Enfer. Enfin, pour les Cieux et les Enfers, des subdivisions en
nombre variable sont souvent envisagées; mais, dans tous les cas, il s'agit
toujours d'une répartition hiérarchique des degrés de l'existence, qui sont
réellement en multiplicité indéfinie, et qui peuvent être classés
différemment suivant les correspondances analogiques que l'on prendra comme
base d'une représentation symbolique. Les Cieux sont les états supérieurs de l'être ; les Enfers,
comme leur nom même l'indique d'ailleurs, sont les états inférieurs ; et,
quand nous disons supérieurs et inférieurs, cela doit s'entendre par rapport
à l'état humain ou terrestre, qui est pris naturellement comme terme de
comparaison, parce qu'il est celui qui doit forcément nous servir de point de
départ. L'initiation véritable étant une prise de possession consciente des
états supérieurs, il est facile de comprendre qu'elle soit décrite
symboliquement comme une ascension ou un « voyage céleste »; mais on pourrait
se demander pourquoi cette ascension doit être précédée d'une descente aux
Enfers. Il y a à, cela plusieurs raisons, que nous ne pourrions exposer
complètement sans entrer dans de trop longs développements, qui nous
entraîneraient bien loin du sujet spécial de notre présente étude ; nous
dirons seulement ceci d'une part, cette descente est comme une récapitulation
des états qui précèdent logiquement l'état humain, qui en ont déterminé les
conditions particulières, et qui doivent aussi participer à la «
transformation » qui va s'accomplir. D'autre part, elle permet la manifestation, suivant certaines modalités,
des possibilités d'ordre inférieur que l'être porte encore en lui à l'état
non-développé, et qui doivent être épuisées par lui avant qu'il lui soit
possible de parvenir à la réalisation de ses états supérieurs. Il faut bien
remarquer, d'ailleurs, qu'il ne peut être question pour l'être de retourner
effectivement à des états par lesquels il est déjà passé ; il ne peut
explorer ces états qu'indirectement, en prenant conscience des traces qu'ils
ont laissées dans les régions les plus obscures de l'état humain lui-même :
et c'est pourquoi les Enfers sont représentés symboliquement comme situés à
l'intérieur de la Terre. Par contre, les Cieux sont bien réellement les états
supérieurs, et non pas seulement leur reflet dans l'état humain, dont les
prolongements les plus élevés ne constituent que la région intermédiaire ou
le Purgatoire, la montagne au sommet de laquelle Dante place le Paradis
terrestre. |
l’ÉsotÉriste
renÉ guÉnon |
Denis boulet |
Edition DERVY |
1995 |
Des souvenirs et jugements par
Denis Boulet qui a bien connu René Guénon et porte sur lui un regard dur mais
assez impartial. De
1909 à 1914, René Guénon va enquêter au sein du milieu occultiste français.
Il s’agissait de prendre contact avec des personnalités sur lesquelles il aurait
pu s’appuyer en vue de reconstituer une élite intellectuelle et en même temps détruire les organisations
occultistes qui caricaturaient toute restauration d’une authentique Tradition
en Occident.
Il
commença son parcours à l’Ecole Hermétique dirigée par Papus. Ce dernier
était un écrivain prolixe qui livra de nombreuses études de « sciences
occultes » particulièrement indigestes. Ses organisations étaient tout autant
farfelues. En effet, l’Ecole Hermétique était le paravent d’organisations
maçonniques spiritualistes et du « martinisme ». Il n’y avait aucune
filiation directe pour le martinisme malgré les prétentions de Chaboseau
d’être l’héritier direct d’une lignée initiatique remontant à Louis-Claude de
Saint-Martin.
|
les
principes du calcul infinitésimal |
René GUÉNON |
Edition NRF |
1946 |
L’auteur traite ici de la
distinction fondamentale entre l’infini et l’indéfini. Il précise également certaines
notions comme celles d’intégration ou du passage à la limite faisant
entrevoir la possibilité d’une transposition de ces concepts dans le domaine
métaphysique. Extrait de cet ouvrage : La présente étude a été entreprise pour
éclaircir le symbolisme mathématique. Un côté très important pris en
considération est l’aspect historique du problème. « Il a été remarqué déjà que la plupart de ces sciences
même dans la mesure où elles correspondent encore à quelque réalité, ne
représentent rien de plus que de simples résidus dénaturés de quelques-unes
des anciennes sciences traditionnelles: c’est la partie la plus inférieure de
celles-ci qui, ayant cessé d’être mise en relation avec les principes, et
ayant perdu par là sa véritable signification originelle, a fini par prendre
un développement indépendant et par être regardée comme une connaissance se
suffisant à elle-même, bien que, à la vérité, sa valeur propre comme
connaissance se trouve précisément réduite par là même à presque rien. » Les mathématiques modernes ne font pas
exception sous ce rapport.
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les
secrets de la tara blanche |
A. de danann |
Edition
Arche |
2003 |
Il y est question du Dalaï-Lama, de Gengis Khan,
des tours du diable, de l’Agartha des prophéties de Malachie et de
Nostradamus, du prêtre Jean et des commentaires sur l’œuvre de R. Guénon. Ce livre nous présente des
extraits d’une correspondance de valeur exceptionnelle, entretenue, dans les
années 1935-45, entre Jean Reyor (1905-1988), l’ami et la “personne de
confiance” de René Guénon, et Jean Calmels, un mystérieux personnage connu
comme “le lama” et indiqué par Reyor lui-même comme « une individualité
ayant eu des rapports directs avec plusieurs écoles orientales », et
ayant « une connaissance étendue des choses de l’ordre
initiatique ». Effectivement, comme nous le révèle dans son introduction
Alexandre de Dánann (l’auteur de Mémoire du sang), Calmels avait été
initié par Wlodzimierz Badmajeff, l’un des membres de la lignée des mongols
bouriates Badma, prince héréditaires, descendants de Gengis Khan, aussi bien
que lamas pratiquant la médecine tibéto-mongole, et initiés au Kâlachakra. Cette correspondance a été jalousement gardée jusqu’à aujourd’hui
dans le restreint milieu guénonien, ce qui ne lui a pas évité, toutefois,
d’être exploitée et parfois “abusée” par quelques auteurs. “Supérieur
Inconnu” de l’ordre Martiniste dans sa jeunesse, Jean Calmels parle, bien des
années plus tard, en termes énigmatiques et prophétiques, de cette dernière
phase du Kali Yuga, en révélant des aspects doctrinaux traditionnels, à
l’époque encore mal connus en Occident, et en impliquant des zones
géographiques qui sont devenues le théâtre des événements critiques de ces
derniers temps. Dans cette correspondance, et dans le riche appareil
critique qui l’accompagne, il est question, entre autres : du mystérieux
envoyé du Dalaï Lama en Occident, Agvan Dorjeff ; du Panchen Lama et du
Bogdo Khan ; de Gengis Khan et du symbolisme de son étendard ; des
“Tours du Diable” ; de l’Agarttha ; de Shambala ; du Kalki
Avatara ; des prophéties de Malachie et des Centuries de
Nostradamus ; du symbolisme du “Grand Hum” et du
“Namtchouwandan” ; du Prêtre Jean, etc. L’ouvrage est complété par un document remontant à la
période martiniste de Jean Calmels, et par une étude communiquée en 1944 par
Calmels à Jean Reyor : Quelques remarques à propos de l’œuvre de René
Guénon. |
le
symbolisme de la croix |
René guÉnon |
Edition TRÉDANIEL |
1996 |
||
Ces plans se déplacent donc selon
l’axe d’exaltation .Chaque plan renfermant l’ampliation d’un état donné est
défini par deux droites, l’une étant l’axe d’ampliation et l’autre une
perpendiculaire à cet axe passant par l’axe d’exaltation à leur point de
croisement qui devient ainsi le centre ou « immuable
milieu ».Apparaît ainsi la croix à six branches définissant les six directions de l’espace et le centre ce qui forme au total : sept (le
septénaire). Vue dans le plan vertical cette troisième branche reste
invisible et la croix à six branches se présente toujours comme une croix
latine. Le monde de la forme et, dans une
large mesure, le monde métaphysique étant héliocentriques, ces axes seront
orientés selon le soleil : Le haut est le zénith, le bas le nadir, la
gauche l’ouest, la droite l’est, devant le nord et derrière le sud. Ainsi au plan cosmologique l’axe vertical est
l’axe méridien, l’axe nord-sud l’axe solsticial et l’axe est-ouest l’axe
équinoxial. Alors les six directions de l’espacent apparaissent comme l’image
du macrocosme et chaque plan d’existence comme celle du microcosme : Dans
un niveau d’existence donné la manifestation d’un état est un cercle centré
sur le milieu. La force d’ampliation de cet état nous fait passer dans le
même plan, selon sa force, à des cercles de plus en plus larges mais
concentriques représentant les différentes et successives modalités de cet
état ; Cette variation de l’état étant continue, ce n’est pas une série
de cercles concentriques mais une spirale qu’elle dessine. Le passage à un état plus élevée sous l’influence de la
force d’exaltation nous fait passer à un plan d’existence plus élevé et comme
la variation est ici aussi continue, elle dessine, en combinaison avec la
force d’ampliation une spirale ascendante constituant le Vortex Universel Ce vortex résume au plan géométrique le
développement des degrés successifs de l’existence. Ce vortex reste construit
sur la croix et centré sur l’invariable milieu. On retrouve, parmi beaucoup
d’autres, les quelques références suivantes concernant les six directions de l’espace,
dans les Saintes écritures et dans les écrits des théologiens
chrétiens : Genèse 2, 10 à 14 : décrivant la constitution de l’Eden
avec ses quatre fleuves qui en
émergent aux quatre points cardinaux et au centre l’arbre de vie. La
vraie croix du Christ est faite du bois de l’arbre de vie dans l’exégèse
néo-testamentaire. -Amos VII
7-8 : « Je vis mon Seigneur
sur un mur tenant un fil à plomb. Mon seigneur me dit : Que vois-tu
Amos ? Je dis: Un fil à plomb. Mon Seigneur me dit : Voilà que je
vais mettre un fil à plomb au milieu de mon peuple d’Israël ». Lettre de
Saint Paul aux Ephésiens: « Et pour que le Christ soit l’hôte de
vos cœurs, pour que dans l’amour
enraciné vous ayez la force de comprendre avec tous les Saints, largeur,
longueur, hauteur et profondeur pour connaître l’amour du Christ ».
–Clément d’Alexandrie (un des plus grands apologistes chrétiens du troisième
siècle): « De Dieu, cœur de l’univers, partent les étendues
infinies qui se dirigent en haut, en bas, à droite, à gauche, en avant et en
arrière. En lui, s’achèvent les six phases du temps et c’est de lui qu’elles
reçoivent leur extension infinie. C’est là le secret du nombre sept ».
-St Bernard de Clairvaux (rédacteur de la règle de l’ordre du Temple et
fondateur des Cisterciens.) « Mais Dieu est aussi hauteur, largeur et
profondeur et ces trois attributs doivent être l’objet de méditations». La
profondeur de l’exposé, qui synthétise en 200 pages des points fondamentaux
rend ce livre capital, souvent considéré comme la pierre d’angle (avec
quelques autres ouvrages) de l’œuvre guénonienne. Au sommaire de cet ouvrage : La multiplicité des
états de l’être - L’homme universel -
le symbolisme métaphysique de la croix -
les directions de l’espace
- Théories hindoue des trois
gunas - L’union des complémentaires -
le résolution des oppositions
- La guerre et la paix -
l’arbre du milieu - Le swastika -
représentation géométrique des états de l’être -
rapports des deux représentations précédentes -
le symbole du tissage - représentation de la continuité des
différentes modalités d’un même état d’être
- Rapports du point et de
l’étendue - L’ontologie du Buisson ardent -
Passage des coordonnées rectilignes aux coordonnées polaires ;
continuité par rotation - Représentation de la continuité des
différents états d’être - le vortex sphérique universel -
Détermination des éléments de la représentation de l’être -
le symbole extrême-oriental du yin et du yang, équivalence
métaphysique de la naissance et de la mort
- Signification de l’Axe
vertical ; l’influence de la Volonté du Ciel -
Le rayon céleste et son plan de réflexion -
L’arbre et le serpent - Incommensurabilité de l’être total et de
l’individualité - Place de l’état individuel humain dans
l’ensemble de l’être - La Grande Triade -
Le Centre et la circonférence
- Dernières remarques sur le symbolisme spatial - |
le
thÉosophisme – histoire
d’une pseudo-religion |
René GUÉNON |
Editions Traditionnelles |
1996 |
Écrit en 1921 cet ouvrage démontre
en quoi le théosophisme et autres doctrines hétérodoxes ne sont que des
déformations des doctrines traditionnelles authentiques. L’étude détaille les
personnages et les événements qui ont influés sur les divers mouvements
occultistes. René Guénon contre les sectes ! L’exclamation peut sembler
quelque peu journalistique, surprenante en tout cas, exagérée sûrement. Pourtant,
depuis qu’il avait suivi en 1906 des cours à l’Ecole des sciences hermétiques
dirigée par Papus et fréquenté l’Ordre martiniste et ses organisations plus
ou moins auxiliaires, jusqu’aux années 1920, le jeune Guénon avait pu
constater de l’intérieur, chez les occultistes, que le meilleur côtoyait le
pire. Entre les prétendus pouvoirs des uns et les folles ambitions cosmiques
des autres, il avait pu zigzaguer de quelque manière. Même si, très tôt, Guénon est convaincu qu’un authentique
enseignement traditionnel ne peut se transmettre valablement que par voie
orale, en s’introduisant dans un réseau de guides puisant leur savoir d’une
filiation ésotérique « sûre », il est, de fait, confronté à une inflation de
pseudo-prétendants à la gnose absolue. Or, déjà à cette époque, il ne confond
pas attitude gnostique et quête fantasmagorique d’arcane unitaire, à trouver
dans le manichéisme, l’alchimie ou l’islam. Certes, très tôt, Guénon
cherche une chaîne d’union jamais
interrompue à travers toutes les fraternités secrètes qu’il fréquente, mais
il résiste d’instinct, ou d’intuition, à cette ébullition de néo
spiritualisme douteux qui suscite autant de diatribes orageuses qu’elle
entraîne de conversions spontanées et éphémères. Paris est, depuis toujours, le paradis – ou l’enfer – des
sectes. Au début du 20ème siècle, Paris est un carrefour d’aspirations
ésotériques convergentes et divergentes, un fatras hétérodoxe d’où il n’est
pas facile de s’extraire. L’influence des voies orientales et des
syncrétismes faciles n’est pas né d’hier. Et l’entourage du jeune homme
Guénon a peut-être trop cru sur parole le livre à succès, alerte et bien
écrit d’Edouard Schuré, « Les Grands Initiés, esquisse de l’histoire secrète
des religions, paru en 1889 déjà (c’est-à-dire l’année de la création de la
revue « Le Voile d’Isis » par Papus), et qui fit rêver de nombreuses
générations puisqu’il demeure encore, plus d’un siècle après sa sortie, un «
best-seller » international en librairie ! Toujours est-il que Guénon est bien placé pour se rendre
compte des manques et des nettes inconséquences de la Société théosophique
qui n’a, selon lui, aucun lien de filiation légitime avec la théosophie en
général, celle qui sert de dénomination commune à des doctrines diverses,
mais procède d’un même ensemble de tendances. Cette théosophie, en quelque
sorte historique, se réclame quant à elle d’une tradition tout occidentale «
dont la base est toujours, sous une forme ou sous une autre, le christianisme
». Parmi ses représentants les plus illustres, on peut citer Jakob Böhme
(1575-1624) et Emmanuel Swedenborg (1688-1772). Guénon ne veut point céder à une telle confusion. Il sait que
l’organisation qui s’intitule justement Société théosophique « ne relève
d’aucune école qui se rattache, même indirectement, à quelque doctrine de ce
genre » (ibid.). Alors, parce qu’il est persuadé que le meilleur moyen de
combattre le théosophisme (le néologisme est de lui) c’est d’exposer son
histoire telle qu’elle est, il n’hésite pas, dans son ouvrage « Le Théosophisme,
histoire d’une pseudo-religion » (1922), à raconter par le menu l’épopée des
fondateurs de cette secte qui devait avoir un important rayonnement sur les
religiosités bizarres et parallèles du début du 20ème siècle. Guénon propose à ses lecteurs les fruits de ses enquêtes
personnelles. Il le fait avec ce souci du détail juste, de la note
additionnelle utile, qui donne à son texte un poids de crédibilité
supplémentaire et qui sera toujours l’un de ses points forts. Et tant pis si
le style peut sembler parfois pesant. L’essentiel est de prendre le recul
nécessaire sur le savoir pour le superviser en quelque sorte. Guénon distingue ainsi deux périodes principales dans la saga
du théosophisme correspondant à la direction d’Helena Blavatsky et celle d’Annie
Besant, tout en soulignant toujours les contradictions repérables entre la
pensée de la fondatrice et celle de la personne qui lui succéda. D’emblée, il
révèle les antécédents d’ Helena Blavatsky, née Helena Petrovna Hahn
(1831-1891), d’origine noble, et que l’on maria à seize ans avec un général
qui en avait quarante-deux, Nicéphore Blavatsky, vice-gouverneur de la
province d’Erivan, qu’elle quitta vite. Ce dont il s’agit ici, c’est de « démontrer » sans
complaisance le fonctionnement interne d’une secte à succès. Et pour parvenir
à ce but, René Guénon est précurseur dans sa manière de montrer aux lecteurs
que tout s’appuie toujours sur une confusion incroyable de la pensée quand
l’ésotérisme, le spiritisme, les pouvoirs paranormaux permettent de faire
tinter des clochettes invisibles ( !), de « matérialiser » des objets de
toutes sortes et même de faire émerger « des correspondances transmises par
voie astrale ». Ainsi, on devine pourquoi la Société théosophique, fondée en
1875 « pour combattre le matérialisme, pour rappeler au monde le principe de
la fraternité humaine, pour enseigner de nouveau les Grandes Vérités
éternelles oubliées ou méconnues au cours des âges, et préparer ainsi le
nouvel et prochain avènement du Grand Instructeur du monde », et lorsque
Guénon retrace l’itinéraire déjà rocambolesque d’Helena Blavatsky jusqu’à son
installation à Bombay, puis à Adyar, en 1882, près de Madras, il met en
relief les contradictions de la flamboyante aventurière, ses mystifications
habiles et à peine croyables. Mais René Guénon n’en reste pas aux aspects anecdotiques de
l’aventure théosophique. Il cite l’entourage immédiat d’Helena Blavatsky, à
Adyar, montre d’où venaient ses complices en phénomènes occultes, en
vibrations cosmiques, en messages mirifiques. Certains étaient des anciens
associés de son Club à miracles du Caire, comme le couple Coulomb ; un autre,
comme ce dénommé Babula, avait été au service d’un prestidigitateur français
et s’était vanté d’avoir fabriqué des mahatmas en mousseline ; d’autres enfin
aidaient la dame Blavatsky à écrire les « lettres précipitées », ainsi
qu’elle l’avoua elle-même par la suite ! Seulement voilà : s’assurer de la
discrétion de tous ces gens était difficile, explique Guénon avec humour… et
les Coulomb, par exemple, vendirent des missives de la fondatrice, lesquelles
furent publiées dans le « Christian college Magazine » de septembre 1884 de
Madras. La faussaire, déstabilisée, parla de démissionner de son
organisation, puis se ravisa. On nomma une commission de la Société des
recherches psychiques de Londres pour étudier la nature des phénomènes
incriminés. Il s’ensuivit un rapport dans lequel étaient exposés en détail tous les « trucs » employés par les soins de Mme Blavatsky
! Tout cela amena la « conclusion formelle » (l’expression est de Guénon) que
ladite Blavatsky n’était pas le porte-parole de voyants que le public ignore,
ni une aventurière ordinaire, vulgaire, mais elle avait, en réalité, conquis
sa place dans l’histoire « comme un des plus accomplis, des plus ingénieux et
des plus intéressants imposteurs dont le nom mérite de passer à la postérité
» ! |
l’homme
& son devenir selon le védânta |
René guÉnon |
Editions TRADITIONNELLES |
1952 |
Exposé sur la constitution de l’être humain selon le point de vue du Védânta, le cœur de la doctrine hindoue. Les différents états de l’être humain sont rapportés au Principe dont ils sont la manifestation. Ainsi le Soi, la personnalité,
aspect transcendant et permanent de chaque être, est identifié à Atmâ (le
Principe, la Transcendance). L’examen des concordances entre microcosme et le
macrocosme, entre la manifestation et le Principe, permet d’expliquer le
processus même de l’initiation, vécue comme un voyage de l’état humain vers
les états supérieurs. Il s’agit sans doute de l’ouvrage
le plus complexe de Guénon, en partie à cause du vocabulaire sanscrit utilisé
par l’auteur, mais aussi à cause du propos purement métaphysique. Ce
livre est une véritable mine d'or pour quiconque s'intéresse au Vedanta. En
200 pages l'essentiel y est dit, avec à la fois une grande précision et une
grande rigueur, un exposé à la fois dense et clair qui permet d'accéder
à la compréhension des aspects fondamentaux de l'advaita vedanta.
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L’INTERPRÉTATION
ÉSOTÉRIQUE DE L’ÉVANGILE, selon
René GUÉNON |
Erik Sablé |
Edition LE MOULIN DE
L’ETOILE |
2009 |
Comme tous les textes
sacrés, l’Évangile possède plusieurs niveaux d’interprétation. Il a
donc aussi un sens ésotérique, métaphysique, qui révèle son aspect le plus
profond, et certaines paroles du Christ très énigmatiques dévoilent leur signification
seulement grâce à cette clef de lecture. René Guénon s’est plus
particulièrement attaché au décryptage de ce sens métaphysique.
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