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Chapitre 8  M - Z    (  Christianisme  )

 

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8 M

ma’loula

E.A. nassrallah

DAMAS

 2003

C’est dans ce village de Syrie que l’on peut voir la plus ancienne église orthodoxe melkite (Voir image ci-contre). Ce village possède encore un centre d’étude de la langue araméenne, et le village lui-même parle araméen (la langue de Jésus).

 

On y parle donc de cette langue araméenne et syriaque des premiers chrétiens, des grottes, des églises, de Serge, Cosme, Damien, Charbel, Saba, Georges, Thomas, Barbe, Siméon, Antoine, Michaël et Nicolas. C’est un très beau village, que j’ai eu la chance de visiter en 2005, mais aujourd’hui qu'’en reste-t-il ?


Les Grecs Melkites Catholiques sont des catholiques de rite byzantin. Le mot « Melkite » vient du syriaque « Malko » qui signifie « empereur ». Apparu en 451 ap. J.C, ce nom fut attribué par les Monophysites aux Chrétiens qui leur étaient opposés après le Concile de Chalcédoine.

Les Melkites ont reconnu à ce Concile : un seul et même Christ, Fils unique et Seigneur, en deux natures, sans confusion ou mutation, sans division ou séparation entre ces deux natures. Dans le nom de l’Eglise, le mot « Grec » vient du fait que les Pères de cette Eglise ont écrit leurs textes en langue grecque. Et le mot « Catholique » vient que cette Eglise s’est rattachée à Rome au XVIIIe siècle (séparation de l’Eglise grecque melkite orthodoxe).

L'Eglise melkite fait partie de l'Eglise apostolique d'Antioche, fondée par saint Pierre. Située en Turquie près de la frontière avec la Syrie, elle a été la première ville païenne à recevoir l'Evangile : « C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens » Contrairement aux autres églises orientales, catholiques ou non, l'Église Melkite n'est pas une Église nationale. C'est une Église particulière, dans le sens canonique du mot. Elle est répandue dans tout le Proche-Orient arabe et dans une diaspora qui prend de plus en plus d'ampleur. En effet, plus de la moitié de ses fidèles vivent, aujourd’hui, en dehors des limites orientales du Patriarcat. La liturgie de l’Eglise melkite catholique est de rite Byzantin. Elle est célébrée principalement en arabe avec des parties en grec et en syriaque. En diaspora, elle peut être aussi célébrée dans la langue locale.

L’Église Melkite doit son caractère d'Église particulière à deux fidélités, celle à l'Empire de Byzance et celle aux sept premiers conciles œcuméniques orthodoxes jusqu’au XVIIIe siècle, ils découvrirent le catholicisme par l’intermédiaire des missionnaires catholiques romains installés dans les Echelles du Levant (les ports et les villes de l'Empire ottoman). Reflet du Christianisme occidental, leur enseignement entraîna une nouvelle rupture dans l’Eglise Melkite (après celle du Concile de Constantinople en 1024). En 1724, suite à une querelle concernant l’élection d’un Patriarche, les Melkites se divisèrent en deux groupes : les Grecs Melkites Orthodoxes rattachés au Patriarche orthodoxe d’Antioche et les Grecs Melkites Catholiques dont le Patriarche est rattaché à Rome. En accord avec le pape de Rome, ces derniers conservèrent leur liturgie, leurs pratiques et leur hiérarchie ecclésiastique.

A l’époque, malgré leur reconnaissance par le Pontife Romain, les Grecs Melkites Catholiques ne pouvaient avoir de lieux de culte. En effet, non reconnus comme communauté religieuse par le Sultan, ils n’avaient aucune légitimité. Ils étaient contraints de célébrer les offices dans les maisons. Ce n’est qu’en 1837 que le Patriarche Maximos Mazloum leur obtint un statut. Il fallut donc attendre le XIXe siècle pour voir les églises melkites catholiques se développer en Orient comme en Occident. L'Église Grecque Melkite Catholique s'organisa intérieurement. De nouveaux ordres monastiques furent fondés, un clergé éduqué à Rome dispensait l'enseignement dans des écoles nouvellement fondées. Un séminaire fut ouvert à Aïn Traz (1811). Le patriarche Grégoire Joseph (1864-1897) durant 33 ans travailla à réaliser un vaste plan de restauration de l’Église. En 1866, il rouvrit le séminaire d'Aïn Traz, mais surtout, il fut à l'origine de celui de Sainte-Anne de Jérusalem (1882). L’Ordre Patriarcal de la Sainte Croix de Jérusalem est un ordre de chevalerie dont le Patriarche Melkite est le grand maitre. Cette institution du Patriarcat melkite catholique aide moralement et financièrement les chrétiens de la Terre-Sainte et de tout l’Orient et notamment l’Eglise Melkite catholique.

A Marseille, Saint Nicolas de Myre est la première église catholique orientale de Marseille et de France et l’une des premières églises grecques catholiques. Créée à la demande des réfugiés grecs catholiques venus d’Egypte et de Syrie, elle continue à être une terre d’accueil pour de nombreux chrétiens orientaux. Construite en 1821 par l’archevêque de Myre, Mgr Maximos Mazloum, cet édifice est original par son architecture typiquement orientale et par sa décoration. Créée pour accueillir des catholiques français et orientaux, elle apparaît comme un signe de la volonté des Melkites d’être un pont entre l’Orient et l’Occident. Dès 1821, ses prêtres servirent de traducteurs et d’intermédiaires entre les Orientaux et les pouvoirs publics. Une des paroissiennes, Mariam Baouardy « la petite arabe »), devenue carmélite (Sœur Marie de Jésus Crucifié), a été béatifiée en 1983 par Jean-Paul II.

Paris a reçu tout au long du XIXe siècle, d’Egypte et des provinces arabes de l’Empire Ottoman (Liban, Palestine, Syrie), un nombre croissant d’immigrants, parmi lesquels une proportion notable de grecs-catholiques. Ces derniers obtinrent le 13 juillet 1886 l’autorisation administrative d’ouvrir un lieu de culte de leur rite. Deux ans plus tard, répondant aux pressantes sollicitations de ses fidèles, le patriarche Grégoire Youssef chargea, en accord avec l’archevêque de Paris, le P. Alexis Kateb, basilien chouérite, de constituer la paroisse et de lui trouver un lieu de culte permanent. En attendant, les offices se tinrent dans l’église Sainte-Elisabeth, au Marais. Fin 1888, l’Assistance Publique accepta de louer l’église Saint-Julien-le-Pauvre, ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu, fermée depuis le transfert de ce dernier dans l’île de la Cité. Située alors au fond d’une cour, dans un quartier sordide, l’église était dans un état lamentable. Après remise en état, elle put être inaugurée solennellement au rite byzantin le dimanche 5 mai 1889. Le célèbre ébéniste de Damas, M. Georges Bittar (dont le procès de béatification est en cours) fit l’iconostase en marqueterie mosaïque que l’on voit toujours dans l’église et Monsieur David Corm (d’origine libanaise) a écrit les icônes de l’iconostase.

Depuis plus d’un demi-siècle, une petite communauté de moniales a créé le monastère de la Théophanie. Situé dans un paysage d’une beauté saisissante il occupe l’Abbaye d’Aubazine en Corrèze. Après avoir habité les bâtiments de l’ancienne abbaye cistercienne, la communauté s’est retirée dans la ferme de l’abbaye. Dans l’étable habitée par des vaches jusqu’en 1973, les sœurs ont établi une véritable chapelle byzantine, avec des fresques et une iconostase magnifique. La liturgie et les offices sont chantés en français tout en conservant la musicalité arabe et grecque très mélodieuse des chants de l’Eglise Melkite. Jouxtant le monastère, l’abbaye Saint-Etienne (XXIIe siècle) a pour vocation d’être un-centre spirituel de l’Eglise melkite en France, lien entre les spiritualités orientale et occidentale.

Ce village, ou ce qu'’il en restera après ce génocide de 2003-2016, parle encore araméen, comme au temps de Jésus -

 

MYSTÈRES ET SYMBOLES CHRISTIQUES

Jean CANTEINS

Edition Du ROCHER

 1996

La puissance évocatrice des symboles christiques essaie d’éclairer sous un angle nouveau les mystères de la croix, de l’eucharistie, de la Ste Trinité etc…

 

Qui était réellement Jésus-Christ ? Pourquoi sa vie et son message représentent-ils encore l'un des plus grands mystères de la Création ? Les Evangiles et la Tradition apostolique sont-ils nos seules sources fiables d'information ? Ne peut-on pas tirer d'enseignements d'une iconographie qui, moins dogmatiquement que les textes sacrés, n'a pas hésité à utiliser largement les Apocryphes ? Autant de questions auxquelles Jean Canteins répond en analysant la puissance évocatrice des symboles christiques.


Avec ses neuf chapitres que l'on peut lire comme autant d'essais indépendants, Mystères et symboles christiques se propose d'éclairer sous un angle nouveau les notions de Saint Esprit, d'image de la croix, d'Eucharistie, de Sainte Trinité… Jean Canteins démontre, à travers leur richesse de suggestion et d'enseignement, les qualités de thèmes de méditation et d'archétypes spirituels que ces mystères et symboles expriment. Ce travail à la portée universelle guidera non seulement les chrétiens mais également l'ensemble de ceux qui s'éveillent à la spiritualité

 N

« Notre pÈre »

Jean-Yves leloup

Edition ALBIN MICHEL

 2007

« Je ne crois pas en Dieu. Dieu n’existe pas. Mais je le prie tous les jours » : lorsqu’un ami lui confie cette pensée, évoquant sa fidélité à la récitation du Notre-Père de son enfance, Jean-Yves Leloup décide d’écrire ce livre.
Comment se dire athée et prier tous les jours ? De quel athéisme s’agit-il ? (Rebelle, raisonnable ou mystique ?) Jean-Yves Leloup interroge la prière de Yeshoua dans l’Évangile et le désir qui s’y exprime.

 

L’interprétation plus philosophique que religieuse qu’il donne du Notre-Père peut étonner : elle rejoint les questions fondamentales du monde contemporain, celles de l’Origine, de la paternité, du Nom… celles de l’identité, de la nourriture, de la dette et du pardon, de l’épreuve et de la perversion…


Il nous rappelle également que Yeshoua de Nazareth n’a jamais transmis une « Loi » (Thora, Charia ou Dharma), mais une prière, c’est-à-dire une relation, une attention à l’Autre, qui peut réorienter l’intelligence, le désir et les actes, dans les situations les plus triviales et les plus sublimes de l’existence humaine.

 

Le regroupement des livres de Jean-Yves Leloup est au chapitre 10 L

 

NOUVEAU TESTAMENT PAR LES VISIONS DE THḖRḔSE NEUMANN

Gunther Schwarz

Edition le jardin des livres

2017

Thérèse Neumann (1898 – 1962) est l’une des figures les plus extraordinaires du christianisme du XXème  siècle mais aussi l’une des plus dérangeantes pour les institutions. Pendant près de 40 ans, elle ne s’est nourrie que d’une hostie par jour, elle a présenté régulièrement des stigmates et connut surtout de manière récurrente des visions extatiques de la vie du Christ, visions qui sont le sujet de ce livre.

 

Les visions de Thérèse Neumann portent sur les jours qui précédèrent la crucifixion, la résurrection et les quelques jours qui suivirent. Ces visions relatent une autre histoire que celles inscrites dans les Evangiles canoniques après lissage. Quelle que soit la valeur que l’on accorde à ces visions, le récit qui en découle intéresse parce qu’il interroge les Evangiles. Ainsi concernant la crucifixion : «  Au cœur de cet épisode, Thérèse évoque aussi bien le Jésus que nous connaissons, c’est-à-dire le Maître qui enseigne à des disciples, continue à accomplir des guérisons miraculeuses et impressionne ceux-là même qui viennent l’arrêter, que l’homme de chair, un homme dont le corps souffre comme n’importe quel corps auquel on inflige des sévices.

 

C’est un homme qui connaît la fatigue et la déshydratation, un homme qui saigne de partout, tremble et se tord de douleur, un homme qui doute, est parfois troublé et exprime ses émotions par des gestes, et même un homme qui pleure… » Nous retrouvons un Jésus très humain, proche de celui de Nikos Kazantzakis qui lui valut nombres d’ennuis avec l’église orthodoxe grecque. Ces visions, très violentes et éprouvantes pour Thérèse Neumann, présentent des détails ou des informations qu’elle ne pouvait connaître à l’époque. Pour chacune des visions, l’auteur, linguiste, grand traducteur du Nouveau Testament, indique les sources, le lieu des visions et les commentaires de Thérèse Neumann qui entendaient les personnages de ses visions parler, ce pouvait être en araméen, en grec ou en d’autres langues principalement.

La question de l’araméen, langue qui lui était inconnue et qu’elle tenta de restituer de manière fragmentaire, est particulièrement délicate et intéressante. Une grande partie de l’ouvrage analyse ces fragments en araméen phonétique approximatif afin de retrouver le ou les sens possibles.

La troisième partie de l’ouvrage est consacrée aux précisions techniques et linguistiques, aux querelles et polémiques autour des visions, aux rapports et critiques divers, aux points de vue tant de la religion que de la science. Cet ouvrage dresse un portrait complexe de Thérèse Neumann, que certains ont pu rapprocher d’Anne Catherine Emmerich (1774 – 1824) et analyse de manière très ouverte la question des visions.

 

La vie de Thérèse Neumann a été jalonnée de phénomènes étonnants. Nous avons rapidement rapporté les guérisons extraordinaires dont Thérèse fut bénéficiaire. Nous verrons  plus loin  sa stigmatisation et  son jeûne qui dura 35 ans. Nous allons voir ici  quelques-uns des faits étranges qui accompagnèrent Thérèse tout au long de son chemin terrestre. Thérèse, pénétrant dans les desseins de Dieu, commença à réaliser qu'elle était destinée à une vie de souffrance et de réparation, et elle voulut se charger des épreuves du prochain. Un exemple: son père, Mr Neumann, ne pouvait plus travailler à cause de ses rhumatismes. Thérèse demanda à Dieu de lui donner le mal de son père : elle fut exaucée. Le père guérit, et Thérèse assuma le rhumatisme...

 

Les faits qui suivent ont été rappelés par Anni Spiegl, une amie de Thérèse Neumann qui avait assisté à de nombreux phénomènes extraordinaires vécus par cette dernière : – Un jour, le Dr Wutz avait célébré sa messe dans son oratoire privé et consacré deux hosties, pour Odile et Ferdinand, une sœur et un frère de Thérèse. Au moment de la communion, il ne restait qu'une seule hostie. Thérèse lui donna bientôt l'explication. Ayant été dans l'impossibilité d'assister à la messe, malgré son immense désir de rencontrer Jésus, elle se transporta en esprit dans l'oratoire de la maison Wutz, à Eichstät, où célébrait le professeur. Thérèse assista à cette messe, en esprit, et communia... C'est de la même façon qu'elle assista aux cérémonies du couronnement du pape à Rome, et à diverses canonisations. Elle racontait ensuite ce qu'elle avait vu, avec de nombreux détails qu'on pouvait ensuite vérifier.     Thérèse discernait les prêtres qui avaient abandonné leur sacerdoce.  Elle savait d'instinct si le Saint Sacrement se trouvait dans l'église ou dans la chapelle où elle entrait. Elle discernait les vraies reliques des saints, des fausses.

  

Elle prédit, longtemps à l'avance que le Dr Graber, professeur à l'université d'Eischtätt serait un jour l'évêque de cette ville. Un jeune étudiant en théologie était atteint d'une très grave tuberculose de la gorge. Prise de pitié, durant les fêtes de Noël 1922, Thérèse pria le Sauveur de lui donner cette maladie en échange de la guérison de ce jeune séminariste. Thérèse fut aussitôt atteinte d'un mal de gorge qui la fit souffrir longtemps. Mais à partir de ce jour, Thérèse ne put plus jamais avaler la moindre nourriture solide. Le jeune étudiant guérit définitivement et fut ordonné prêtre. Le jour où il célébra sa première messe, le 30 juin 1931, Thérèse fut délivrée de son mal de gorge.

 

Pendant la période nazie, les amis de Thérèse du cercle de Konnersreuth avaient préparé une action nocturne de propagande antinazie pour le soir même. Soudain Thérèse fut ravie en extase; revenue à l'état normal elle s'écria : "Renoncez à ce que vous avez l'intention de faire cette nuit, car il y a du danger". Odile, sa sœur, fut consternée, mais elle brûla immédiatement tous les documents qui avaient été si péniblement imprimés. Heureusement, car le lendemain matin la Gestapo surgissait dans le magasin d'Anni, recherchant les écrits contre le régime. Le jour de la Toussaint, Thérèse voyait tous ses parents et amis décédés. Elle les voyait sous les traits qu'elle leur avait connus, mais resplendissants de bonheur.

 

Thérèse Neumann vivait dans une intime union avec le Sauveur. Pendant trente-cinq ans, outre les terribles visions de la Passion de Jésus-Christ, elle eut la grâce de contempler la vie de Jésus sur la terre, et ses miracles. Elle vit le pays où il vécut, travailla et se déplaça, ainsi que les gens qui l'entouraient. Elle connut leurs habitudes et les entendit parler leur langage : l'araméen. Elle vécut des scènes du voyage des mages, le massacre des innocents, la fuite en Égypte, la vie à Nazareth et la plupart des épisodes de la vie publique de Jésus. Thérèse contempla de nombreuses scènes de la vie de Marie après la résurrection de Jésus, notamment à Éphèse avec Saint Jean, “puis à Jérusalem où, à la fin de sa vie terrestre, elle fut élevée, corps et âme, au Ciel”. Thérèse assista aussi à la lapidation de Saint Étienne. Elle fut témoin de la prédication et du martyre des apôtres et de nombreux saints.

 

Pendant ses extases, Thérèse Neumann perdait conscience de ce qui l'entourait physiquement, mais, curieusement, ses sens ressentaient ce qui se passait dans les lieux où l'extase la transportait. Les expressions de son corps ou de son visage trahissaient ce qu'elle éprouvait : le froid, la chaleur, les odeurs, etc... Thérèse était présente, matériellement, comme spectatrice de la scène contemplée. Ainsi, elle se penchait si un objet lui cachait ce qu'elle désirait voir. En ce qui concerne le langage araméen qu'elle parlait et comprenait durant ses extases, ainsi que de ses connaissances géographiques de Jérusalem à l'époque du Christ, le baron Erwein von Aretin a pu écrire :"... Il est établi que les extases révèlent des connaissances qui ne sont préexistantes ni chez l'intéressée, ni chez aucun témoin. Resl apparaît ici comme étant tout à fait sous l'emprise d'une force extérieure non perceptible par les sens. Cela vaut aussi pour l'aspect de ses extases. Avec une brutalité sans pareille, parfois en pleine conversation... ces extases éclatent en trombe, l'arrachent de ses oreillers, souvent en des positions physiquement invraisemblables selon les lois de la pesanteur... Toute sensibilité a disparu de son corps.

 

Malgré ses stigmates et la Passion de Jésus qu'elle revivait chaque semaine du jeudi soir au dimanche matin, malgré son jeûne total et prolongé, Thérèse vivait normalement, recevant de nombreux  visiteurs, prenant part aux travaux des champs, soignant les malades, et se réservant le soin d'orner l'église. Cependant, vers la fin de sa vie, on détecta une angine de poitrine. Est-ce à cause de cela que, à partir de 1961, la miséricorde du Seigneur espaça les visions douloureuses du vendredi ? Cependant les activités de Thérèse se poursuivaient. Pendant l'été 1962, Mgr Rudolph Graber, l'évêque de Konnersreuth demanda à Thérèse de travailler avec lui à l'érection d'un monastère consacré à l'adoration perpétuelle.

 

Elle choisit les Sœurs du Carmel pour jeter les bases de la nouvelle congrégation. Deux dames de Konnersruth lui donnèrent le terrain nécessaire pour construire le nouveau couvent à Konnersreuth, et Thérèse réussit à trouver les fonds nécessaires pour sa construction. Ce monastère fut appelé "Theresianum" en l'honneur de la petite sainte Thérèse. La première pierre fut posée le 28 avril 1963. Cinq mois après la pose de la première pierre le Theresianum était consacré, mais Thérèse Neumann était morte. Il est intéressant de citer quelques lignes de Mgr Graber à propos de ce couvent : "Le Père cherche des adorateurs... N'est-ce pas étrange qu'ici, justement devra s'ériger ce lieu d'adoration, non loin du rideau de fer, donc non loin de ces pays où Dieu n'est plus adoré et où on idolâtre la matière. Peu importe que les ingénieurs fassent tant et tant d'autres découvertes, qu'ils envoient leurs radiations sur la terre et que leurs fusées sillonnent les hémisphères occidental et oriental : ces radiations mystiques de la prière et de la grâce sont infiniment plus fortes que toutes les autres radiations naturelles. Elles conduiront l'humanité à la vie, à la vie éternelle, à la vie divine."

 

NOUVEAU  TESTAMENT   B.A-BA

Gérard Chauvin

Edition Pardès

 2005

Jésus-Christ n’a jamais rien écrit. Il a enseigné oralement, confiant à ses apôtres la mission d’annoncer aux juifs et de répandre parmi les nations l’heureux message, la «  bonne nouvelle » : Dieu s’est révélé en se donnant lui-même par son fils unique, pour le salut intégral de l’humanité.

 

C’est le grand mystère de l’Incarnation qui fonde et valide la religion chrétienne dans la diversité de ses formes confessionnelles. Le nom même de Jésus –terme juif : Yeshoua ou grec : Iesous (Yeshoua l’Emmanuel annoncé par le prophète Isaïe) signifie «  Dieu avec moi ou Dieu en moi ». Cloué devant Jérusalem sur le bois du sacrifice, «  Dieu fait homme » est mort. Il a été mis au tombeau et il a ressuscité au troisième jour. Mystère de la Passion, donc de la mort, et miracle de la résurrection, donc de la Vie, constituant le socle doctrinal de l’édifice chrétien. Les apôtres témoins du Christ, transmirent et diffusèrent sa Parole, et ces témoignages sont ceux d’une communauté indivise, non de tel ou tel groupe ou individualité.

 

Le Nouveau Testament, par l’incarnation du Christ et le don de sa vie, est le fruit de la Nouvelle Alliance passée entre Dieu et les hommes. Venu pour accomplir la prophétie, Jésus tourne la dernière page de l’Ancienne Alliance, qui mettait entre Dieu et ses créatures un médiateur, un peuple messager, un peuple élu. Issu lui-même de la lignée de David, Jésus, le Messie, apporte aux hommes l’ultime message qui offre à chacun de suivre Dieu, de lui parler, de le prier sans intermédiaire. Il est venu, empli d’amour et de compassion, enseigner la parole divine, donner l’espérance aux plus humbles, aux malades, à ceux qui sont perdus. Il est venu guérir les corps de quelques-uns et les âmes de tous. Mais il est aussi venu exprimer la colère de son Père : il répond aux pharisiens hypocrites, intransigeants sur la lettre mais oublieux de l’esprit, chasse les marchands du Temple, donne la première place aux plus petits, aux plus simples, aux plus pauvres. Trahi, moqué, supplicié, il boira le calice jusqu’à la lie pour le rachat des hommes, avant de ressusciter dans son corps glorieux et de délivrer son dernier et plus précieux message : celui de la vie éternelle au Royaume des Cieux.

 

Ceux qui l’ont connu, ceux qui ont recueilli les témoignages sur sa vie, ceux qui ont dispensé sa parole et rassemblé les premiers chrétiens ont ensemble posé cette pierre, ce socle sur lequel repose son Église. Une Église qui aujourd’hui vacille ; c’est pourquoi il est essentiel de retourner boire à cette source première et de lire ou relire ce Nouveau Testament qu’Augustin Crampon a si bien éclairé pour nous de ses commentaires.

8 O

œuvres mystiques de st bernard

 

Edition DU SEUIL

 1992

La vie de Bernard se situe en pleine phase de transformations : philosophie, poésie, transformations économiques et sociales, naissance de l’urbanisme, apparition du commerce, mise en place de la royauté, avec sa centralisation face à la noblesse féodale. Ce 12ème siècle, dont il sera l’un des hommes les plus représentatifs, verra aussi des heurts entre l’Eglise et l’Etat, la naissance d’hérésies, le début des croisades ouvrant les portes de l’orient. Bernard est de cette époque de grands changements. L’enseignement de Bernard transparaît à travers ses nombreuses lettres : fidélité, humilité, obéissance, persévérance, vie simple, travail, prière, méditation. Il s’adresse au cœur de ses interlocuteurs, avec franchise, parfois dureté, il adapte son discours, pour être écouté, pour convaincre.


Peu à peu, grâce à cet enseignement, et sa force de persuasion, il obtient une certaine renommée. Il est sollicité par d’autres abbés, des dignitaires de l’Eglise, des nobles et des souverains, pour prodiguer des conseils, résoudre des conflits, arbitrer des négociations. Ainsi celui qui voulait vivre loin du monde, doit sillonner l’Europe, et prendre part aux grandes décisions de son siècle, tant dans l’ordre politique que dans l’ordre religieux. Par le seul rayonnement de sa foi, il devient le juge des maîtres les plus réputés de la philosophie et de la théologie, le restaurateur de l’unité de l’Église, le médiateur entre la Papauté et l’Empire, et le prédicateur des croisades.

Bernard avait commencé de bonne heure à dénoncer le luxe dans lequel vivaient alors la plupart des membres du clergé séculier et même les moines de certaines abbayes. Ses remontrances avaient provoqué des conversions retentissantes. - Il intervient dans les conflits qui ont éclaté entre Louis le Gros et divers évêques, et proteste hautement contre les empiètements du pouvoir civil sur les droits de l’Église. - en 1130, des événements d’une toute autre gravité, mettent en péril l’Église tout entière, divisée par le schisme de l’antipape Anaclet II. C’est à cette occasion que le renom de Bernard se répandra dans toute la Chrétienté. Les cardinaux, partagés en deux factions rivales, avaient élu successivement Innocent II et Anaclet II. Le premier, contraint de partir, en appelle à l’Église universelle. C’est la France qui répond la première. Bernard est invité au concile convoqué par le roi à Étampes. Les évêques et les seigneurs réunis suivent son avis (comme celui d’un envoyé de Dieu), et reconnaissent la validité de l’élection d’Innocent II. Bernard entreprend alors de nombreux voyages pour asseoir cette décision. Il parcourt les principaux diocèses et est partout accueilli avec enthousiasme.

L’abbé de Clairvaux se rend auprès du roi d’Angleterre et triomphe promptement de ses hésitations; Il a aussi une part, au moins indirecte, dans la reconnaissance d’Innocent II par le roi Lothaire et le clergé allemand. Il rejoint ensuite l’Aquitaine pour combattre l’influence de l’évêque Gérard d’Angoulême, partisan d’Anaclet II. En 1135, il réussit à détruire le schisme en opérant la conversion du comte de Poitiers. Dans l’intervalle, il doit se rendre en Italie, appelé par Innocent II qui y était retourné avec l’appui de Lothaire, et qui le missionne pour accommoder les deux cités rivales Pise et Gênes. Innocent peut enfin rentrer dans Rome, mais Anaclet demeure retranché dans Saint-Pierre dont il est impossible de s’emparer. Lothaire, couronné empereur à Saint-Jean de Latran, se retire bientôt avec son armée. Après son départ, l’antipape reprend l’offensive, et le pontife légitime doit s’enfuir de nouveau et se réfugier à Pise.

 

C’est de l’Allemagne seule qu’on peut espérer un secours efficace. Malheureusement, l’Empire est toujours en proie à la division, et Lothaire ne peut retourner en Italie avant d’avoir assuré la paix dans son propre pays. Bernard part pour l’Allemagne et travaille à la réconciliation des Hohenstaufen avec l’empereur. Là encore, ses efforts sont couronnés de succès. Il se rend ensuite au concile qu’Innocent II a convoqué à Pise. Bernard est l’âme du concile, dans l’intervalle des séances, raconte un historien du temps, sa porte est assiégée par ceux qui ont quelque affaire grave à traiter, comme si cet humble moine avait le pouvoir de trancher à son gré toutes les questions ecclésiastiques. Délégué ensuite à Milan pour ramener cette ville à Innocent II et à Lothaire, il s’y voit acclamer par le clergé et les fidèles qui, dans une manifestation spontanée d’enthousiasme, veulent faire de lui leur archevêque, et il a la plus grande peine à se soustraire à cet honneur.

 

Il n’aspire qu’à retourner à son monastère. Il y rentre en effet, mais ce n’est pas pour longtemps. Il doit se rendre en Sicile pour concilier Lothaire et le roi Roger, qui s’affrontent en Italie méridionale. Il entreprend et réussit la conversion d’un des principaux auteurs du schisme, le cardinal Pierre de Pise, qu’il ramène avec lui auprès d’Innocent II. Cette conversion porte sans délai un coup terrible à la cause de l’antipape. En 1137, vers l’époque des fêtes de Noël, Anaclet meurt subitement. Quelques-uns des cardinaux les plus engagés dans le schisme élisent un nouvel antipape sous le nom de Victor IV. Mais leur résistance ne peut durer longtemps, et, le jour de l’octave de la Pentecôte, tous font leur soumission. Dès la semaine suivante, l’abbé de Clairvaux reprend le chemin de son monastère.

 

- de 1140 à 1144, il doit protester contre les abus du roi Louis le Jeune dans des élections épiscopales, puis intervenir dans un grave conflit entre ce même roi et le comte Thibaut de Champagne. - en 1145, il doit se rendre dans le Languedoc pour ramener à l’Église les hérétiques néo-manichéens qui commencent à se répandre dans cette contrée.
- En 1146, le concile de Chartres est assemblé à l'occasion de la guerre sainte. Bernard, élu généralissime des troupes, exhorte, sur l'ordre du pape Eugène, par ses lettres et par ses prédications, les peuples de la Germanie, les Francs orientaux, les Bavarois, les Anglais et d'autres encore, à prendre la croix.- En 1153 il effectuera, presque mourant, son dernier voyage, à Trêves, répondant à la supplique de l’évêque d’apaiser la guerre civile. Cette dernière mission accomplie, il rejoint Clairvaux, où il s’éteint le 25 Août 1153.

 

Au cours de tous ses voyages, des témoins oculaires  rapportèrent de nombreuses guérisons miraculeuses, qui étaient pour la foule comme des signes tangibles de sa mission. Mais lui-même en parlait peu, attribuant sans doute à ces miracles une importance secondaire, les considérant seulement comme un signe de la miséricorde divine, palliant la faiblesse de la foi chez la plupart des hommes, conformément à la parole du Christ : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. »

 

Dans le domaine de la littérature, il lutte contre les multiples hérésies, et rivalise avec les intellectuels de l’époque. Ses triomphes ne furent pas moins éclatants, puisqu’ils furent marqués par la condamnation de deux adversaires éminents, Abélard et Gilbert de la Porrée. Le premier pour avoir soutenu que les philosophes et les dialecticiens jouissent d’une inspiration habituelle qui serait comparable à l’inspiration surnaturelle des prophètes. Le second, évêque de Poitiers, pour ses erreurs concernant le mystère de la Trinité,  provenant de ce que leur auteur appliquait à Dieu la distinction réelle de l’essence et de l’existence, qui n’est applicable qu’aux êtres créés.

 

Les sermons de St Bernard qui s’appellent « Traités de l’amour de Dieu » et ensuite les sermons sur le « Cantique des Cantiques ».Œuvre majeure de saint Bernard, les Sermons sur le Cantique développent tous les thèmes de sa doctrine spirituelle et mystique. Par cette œuvre, Bernard a exercé une influence considérable sur les grands auteurs spirituels des siècles à venir (Tauler, Ruusbroec, Ignace de Loyola, Jean de la Croix, François de Sales, etc.). Les sermons 51-68 commentent les versets 2,5 à 2,16 du Cantique des Cantiques, c'est-à-dire les gâteaux de raisin, les gazelles, les vignes, la colombe cachée au creux du rocher, les petits renards...

 

ŒUVRE ET VIE DE ST BERNARD L’ESPRIT CISTERCIEN

Dom JEAN LECLERCQ

LES MAÎTRES SPIRITUELS

 1998

Ce géant du moyen âge voyagea beaucoup. Il prêcha une croisade, fonda des monastères et écrivit énormément. Il eut le pouvoir religieux occulte tout en étant un grand mystique. Sa démarche et son esprit son ici expliqués.

Evolution du contexte social : La croissance économique, après avoir enrichi les moines, provoque une évolution sociale. Le commerce se développe, les villes deviennent attractives. Il devient nécessaire de sortir du couvent pour agir. De plus, la vie urbaine révèle des inégalités que les solidarités rurales masquaient. La charité de parade des bénédictins traditionnels ne peut plus suffire. De nombreux hôpitaux se développent. Enfin, l'apparition de nombreuses hérésies rend nécessaire une remise en question.

L'esprit de Cîteaux : Cîteaux propose une réforme. L'accent est mis sur une vie en communauté isolée et sur l'ascétisme. Les cisterciens forment un ordre conservateur qui ne remet pas en cause la société d'ordres et qui souhaite au contraire le retour d'un monachisme à l'écart de la société. Ce conservatisme se mêle cependant à des éléments de modernisme, notamment dans les relations entre frères. Si chacun va à son rythme pour progresser vers Dieu, chaque moine est continuellement aidé ou aide les autres (entraide inspirée de la chevalerie). Le rite est intériorisé. Le but de chacun est avant tout de se connaître lui-même, avec humilité.

 

Si Cîteaux conserve les structures monacales classiques, notamment la séparation entre les convers et les moines, ses recrues ont un état d'esprit un peu différent en raison de leur contact avec la chevalerie. On observe des restes de l'esprit courtois dans les communautés, par exemple la tension continuelle vers la prouesse héroïque, même si elle n'est pas de même nature que chez les chevaliers. Le modèle de filiation entre Cîteaux et ses filles est calqué sur le lignage aristocratique.

 

Saint Bernard : Les cisterciens se heurtent à de nombreuses critiques. Pour certains, ils ne vont pas assez loin dans l'idéal de dépossession et de pauvreté. Pour les bénédictins traditionnels, ils vont au contraire trop loin, notamment en travaillant de leur main, ce qui paraît contraire à la dignité monacale. Saint Bernard fait cependant triompher les cisterciens. Issu de la petite noblesse, il est tout de suite destiné à la vie monacale. Il est cependant imprégné de l'esprit chevaleresque : c'est un combattant. Pour épurer son âme, il méprise son corps et rejette tout orgueil ou parure. S'il possède parfaitement l'art du discours, son éducation n'en fait pas un grand usager de la dialectique (contrairement à Abélard). La parole, celle de Dieu, est pour lui plus le vecteur principal de la foi, plus qu'aucun art visuel. C'est pourquoi il veut chasser les trop riches sculptures des monastères (les moines n'en n'ont pas besoin, ils savent lire) alors qu'il tolère le recours à l'image dans les églises accessibles à tous (car le peuple a besoin de l'image pour accéder à l'histoire sacrée). Comme Suger, il pense que l'art doit aider chacun à retrouver en lui l'image de Dieu, en favorisant la résurgence de cette image. Pourtant, il rejette les flamboiements artistiques. C'est avant tout vers l'intérieur de soi que chacun doit se retourner.

 

Les richesses de Cîteaux et leur utilisation : Le développement du mouvement cistercien s'accompagne d'un développement des constructions de monastères. Si ceux-ci présentent une grande unité de style, l'uniformité n'est pourtant pas ce qui les caractérise. La construction de ces bâtiments est coûteuse (achat de la pierre, appel à de la main-d’œuvre extérieure). Les cisterciens refusent les seigneuries, mais ils ne refusent pas les dons. Lorsque ces derniers sont faits sous forme d'orfèvrerie, ils sont échangés contre de la monnaie, car les cisterciens refusent d'orner leurs autels. Outre les dons, les ressources servant à construire les églises viennent de l'exploitation de leurs domaines. La fortune cistercienne a peu d'autres destinations : les monastères sont à l'écart, ils n'ont guère à faire preuve d'hospitalité et de charité. L'argent se transforme donc en un art qui symbolise les vertus de Cîteaux : la rigueur et le dépouillement.

  

ORTHODOXIE      B.A- BA

Frédéric  Luz

Edition PARDES

 2001

De l’Orthodoxie, le public occidental n’a généralement qu’une image assez vague : celle d’icônes rutilantes, d’églises aux bulbes dorés et de prêtres barbus et mariés… Au-delà des clichés, cet ouvrage essaye d’esquisser une approche globale d’un monde extrêmement riche mais encore méconnu.


Si l’on compte plus de 300 millions d’orthodoxes dans le monde, la France, quant à elle, rassemble aujourd’hui quelque 300.000 fidèles d’origines diverses (russe, grecque, roumaine, serbe, mais aussi… française) et, souvent, très présents dans les milieux littéraires, artistiques et universitaires.


A travers ses rites majestueux, sa prière du cœur (l’hésychasme), son art sacré et sa profonde spiritualité, l’Orthodoxie nous rend présente, ici et maintenant ; l’Eglise indivise du premier millénaire, l’Eglise des apôtres et des Pères, tout entière tournée vers la théosis : la déification de l’homme et, avec lui, de tout l’univers.


Cet ouvrage sur l’Orthodoxie, à travers un texte clair et synthétique, assorti d’une abondante iconographie, présente une vue panoramique de l’Eglise orthodoxe, de son histoire, sa doctrine et de sa pratique.


La foi orthodoxe se base sur les 7 conciles œcuméniques qui  sont comparés aux 7 piliers de la Sagesse : ils tiennent leur origine du Concile des Apôtres qui, en l’an 49  (16 ans après la Résurrection de Jésus) réunit les Apôtres à Jérusalem.

Le premier fut celui de Nicée en 325, convoqué par l’empereur Constantin
Le second, sera convoqué en 381 à Constantinople par l’empereur Théodose le Grand
Le troisième, est convoqué à Ephèse en 431 par l’empereur Théodose II
Le quatrième est convoqué par l’Impératrice Pulchérie en 451 à Chalcédoine
Le cinquième est convoqué par l’empereur Justinien à Constantinople en 553
Le sixième se tiendra  à Constantinople, convoqué par l’empereur Constantin IV, en 680
Le septième convoqué par l’impératrice Irène en 787, se tiendra à Nicée

 

ORTHODOXIE - LA SPIRITUALITÉ ORTHODOXE ET LA PHILOCALIE

Placide Deseille

Edition Albin Michel

 2003

Du désert des premiers moines chrétiens aux grands froids de la Russie de Dostoïevski, Tolstoï ou Soloviev, la spiritualité orthodoxe s’est constituée dans la fidélité à une tradition transmise pendant près de deux millénaires.

Ses grandes figures ont développé une théologie mystique dont les principaux textes ont été réunis dans la Philocalie, qui est un recueil de textes spirituels rédigés en langue grecque entre le 4e et le 14e siècle, ils furent complétés par d’autres écrits présentés dans cet ouvrage dans une anthologie thématique.

Placide Deseille retrace l’histoire de cette tradition qui fut et demeure un pont entre la civilisation européenne et l’Orient.

Par la mise en perspective de textes fondamentaux, il nous introduit au cœur de l’orthodoxie dont il souligne le profond renouveau et l’influence qui touche désormais l’Occident, ainsi cet œcuménisme universel s’ouvre au monde et lui offre ses textes les plus précieux.

Au cours du 6e siècle, l’adhésion de la plupart des moines d’Egypte au monophysisme et les querelles théologiques qui troublèrent les communautés dans ce pays, puis, au siècle suivant, l’invasion musulmane, eurent pour effet de ralentir l’élan qui avait produit antérieurement tant d’œuvres spirituelles majeures.

Le monachisme palestinien connut aux 5e et 6e siècles une efflorescence remarquable avec de grands moines comme saint Théodose le Cénobiarque (423-529), saint Euthyme (377-473) et saint Sabas (439-532) ; le monastère de saint Sabas fut le creuset où prit forme l’office liturgique byzantin ; mais ce milieu ne produisit pas d’écrits spirituels important. Ce fut la péninsule du Sinaï qui prit le relais de l’Egypte ; elle n’offrait plus à la retraite des moines de vastes étendues de sable, mais des montagnes abruptes, aux flancs hérissés d’éboulis et d’énormes blocs de granit rouge. D’importants souvenirs bibliques y sont attachés : la jeunesse de Moïse, le puits des filles de Jethro et le buisson ardent, l’Exode des Hébreux, l’ascension de Moise au sommet de la montagne, la vision divine, le don de la Loi.

Dès le 4e siècle, des anachorètes vinrent s’y établir ; pour les protéger des incursions meurtrières des bédouins, l’empereur Justinien y fit construire en 527 un monastère fortifié, d’abord appelé monastère du Buisson (Batos), puis monastère Sainte- Catherine. Le premier auteur présenté dans la philocalie est saint Antoine le Grand, que toute la tradition chrétienne a présenté comme « Père des moines », il fut contemporain de l’empereur Dioclétien qui fut le pire persécuteur de l’église, mais aussi de l’empereur Constantin qui accorda la liberté de culte aux chrétiens.

Ont suivi les pas de saint Antoine le Grand : Evagre le Pontique (346-399), saint Macaire d’Egypte et ses célèbres homélies spirituelles, puis saint Diadoque de Photicé, saint Isaïe l’anachorète, saint Marc l’ascète, les maîtres spirituels du désert de Gaza avec l’abbé Séridos, Barsanuphe, Jean le prophète, le moine Dorothée, l’abbé Philémon.

Tous ces Pères chrétiens nous ont laissés des textes spirituels d’une très grande portée spirituelle et philosophique, ils forment l’anthologie de la Philocalie. On en retrouve d’ailleurs une grande partie dans les textes et apophtegmes des Pères du désert.

Au sommaire de cet ouvrage de 300 pages, on y parle de :

Historique : Les origines de l’hésychasme - l’âge des Pères du désert - l’expansion de l’hésychasme - Théologie et spiritualité à Byzance - L’hésychasme athonite -

L’époque de la philocalie : Un initiateur : Saint Païssy Velitchkovski - les collyvades du Mont Athos et la philocalie grecque

Anthologie thématique : La divinisation du chrétien - « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » - La divinisation de la personne - La voie hésychaste - les préalables et les étapes -

L’influence de la spiritualité philocalique : La spiritualité en Grèce - le renouveau païssien en Russie - la tradition hésychaste en Roumanie - la philocalie en Occident -

8 P

pADRE  PIO -  le Saint franÇois du 20e  siḔcle

  Péroni

Edition Saint Augustin

 1999

Premier prêtre stigmatisé, Padre Pio de Pietrelcina, né Francesco Forgione, est l’héritier spirituel de saint François d’Assise.  Padre Pio, que Dieu a gratifié de charismes particuliers, se consacra toute sa vie au salut des âmes.  Des témoignages de la sainteté du moine continuent de parvenir en grand nombre, en raison de la gratitude des personnes qui ont fait appel à son intercession pour obtenir la guérison du corps ou de l’âme.

 

Francesco Forgione est né d’un foyer modeste le 25 mai 1887 à Pietrelcina, au sud de l’Italie.  Son père, Grazio Forgione, et sa mère, Maria Giuseppa de Nunzio, avaient déjà d’autres fils.  Contrairement à une majorité d’enfants de son âge, Francesco éprouva très tôt le désir de consacrer sa vie à Dieu.  Mamma Peppa a raconté: «Il était sage et obéissant, ne se permettant aucun caprice.  Matin et soir, il allait à l’église prier Jésus et la Sainte Vierge.  Le jour, il ne sortait pas avec ses amis.  Quelquefois, ses frères lui disaient: «Francesco, tu devrais sortir jouer».  Mais il refusait, disant: «Je ne veux pas y aller parce qu’ils blasphèment».

 

Abbé Augustin de Saint-Marc-en-Lamis, qui fut l’un des directeurs spirituels de Padre Pio, a écrit dans son journal que le jeune Francesco avait connu, dès l’âge de cinq ans, des expériences mystiques.  En effet, les apparitions et les moments d’extase étaient si fréquents, chez lui, qu’il croyait que les autres enfants en connaissaient aussi.

 

Francesco chérissait le rêve de donner sa vie au Seigneur.  Ce grand désir se réalisa quand, le 6 janvier 1903, à l’âge de seize ans, il fut admis comme clerc dans l’Ordre des Capucins.  Le 10 Août 1910, il fut ordonné prêtre en la Cathédrale de Bénévent.  Ainsi commença sa vie sacerdotale mais, en raison d’une santé plutôt fragile, il séjourna en divers couvents du sud de l’Italie.  Ce n’est qu’à partir du 4 septembre 1916 qu’il fut établi au couvent de San Giovanni Rotondo, sur le Gargano, où il resta, hors quelques brefs et rares voyages, jusqu’à sa mort, le 23 septembre 1968. Tout au long de cette période, Padre Pio commençait sa journée très tôt, s’éveillant à l’aube pour lire le bréviaire.  Puis il descendait à l’église pour célébrer l’Eucharistie, après laquelle il faisait action de grâces devant le Saint Sacrement.  Ses journées se partageaient entre l’oraison et la confession.

 

L’un des événements marquants de la vie de Padre Pio se produisit le matin du 20 septembre 1918 alors que, priant devant le crucifix, au sanctuaire de la vieille église, il reçut le don de stigmates visibles, qui demeurèrent ouverts et sanglants pendant un demi-siècle. Ce phénomène suscita l’intérêt, non seulement d’une légion de médecins, de journalistes et de spécialistes, mais encore, l’attention de gens simples qui, au fil des ans, se rendirent à San Giovanni Rotondo pour rencontrer le saint moine.

 

Dans sa lettre du 22 octobre 1918 à l’abbé Benedetto, Padre Pio a écrit: «Comment vous décrire ma crucifixion …  Je me trouvais au sanctuaire, après avoir célébré la messe, lorsque je fus envahi d’une paix qui ressemblait à un doux sommeil.  Tous mes sens entrèrent dans une quiétude indescriptible.  Cela se produisit en l’espace d’un éclair. M’apparut, au même moment, un mystérieux personnage ressemblant à celui que j’avais vu le soir du 5 août, à la différence que ses mains et son côté saignaient.  Sa vue me saisit.  Je ne saurais dire ce que je ressentis à cet instant et je serais mort si le Seigneur n’était pas intervenu pour soutenir mon cœur, qui bondissait dans ma poitrine.» - «Le personnage disparut et je constatai que mes mains, mes pieds et mon côté saignaient. Vous imaginez le tourment que j’éprouvai; d’ailleurs, je le ressens encore, presque chaque jour.  La plaie au côté saigne continuellement, mais surtout du jeudi soir au samedi.  Père, je me meurs de peine pour le tourment et la confusion que je ressens en mon âme ...  Jésus, si bon, me fera-t-il la grâce de soulager la confusion que j’éprouve pour ces signes extérieurs?  J’élèverai bien haut la voix, ne cessant de le conjurer de retirer de moi, par son infinie miséricorde, non le tourment, non la souffrance ...  mais ces signes extérieurs qui me causent une confusion et une humiliation quasi insupportables.»

 

Pendant des années, des quatre coins du monde, des fidèles vinrent requérir du prêtre stigmatisé son intercession puissante auprès de Dieu.  Pendant les cinquante années qu’il a vécues dans l’humilité, la prière, le sacrifice et la souffrance, Padre Pio fonda deux organismes: l’un vertical, vers Dieu, les Groupes de prière, l’autre horizontal, vers son prochain, un hôpital moderne, La Maison du Soulagement de la Souffrance.

 

En septembre 1968, des milliers de fidèles et de dirigés spirituels de Padre Pio se réunirent à San Giovanni Rotondo pour célébrer le 50e anniversaire des stigmates et tenir le quatrième congrès international des Groupes de prière.  Or, personne n’aurait imaginé qu’à 2h30, le 23 septembre 1968, la vie temporelle de Padre Pio de Pietrelcina allait prendre fin. 

 

papes   Patronymes – Événements - Évolution

Alain grandel

perpignan

 2001

Petit  livre dénombrant les 267 papes – de St Pierre au Pape J. Paul II – chaque Pape a son évolution et est mis en exergue le (ou les) fait(s) marquant(s) de son règne.

 

Jules II della Rovere meurt dans la nuit du 20 au 21 février 1513, son successeur est élu le 11 mars, au terme d’un bref conclave: le cardinal Jean de Médicis devient Léon X. Le nouvel évêque de Rome est âgé d’à peine 38 ans. Deuxième enfant de Laurent le Magnifique et de Clarice Orsini, son éducation a été faite par quantité d’intellectuels florentins et, dès 1489, il a été nommé cardinal, ce qui ne l’a pas empêché de mener une vie parfaitement laïque.

 

Mais une fois élu pape, il faut de toute urgence l’ordonner prêtre (le 15 mars) et évêque (deux jours plus tard), pour pouvoir procéder à son couronnement, le 19 mars 1513. Léon X meurt relativement jeune, le 1 décembre 1521 (le commentaire est cette fois de l’Arétin : « Il ne put recevoir les sacrements, les ayant depuis longtemps vendus. »), après avoir traversé, presque indemne, une période troublée. Sans efforts excessifs, il parvient en effet, favorisé par les circonstances, à entretenir des relations relativement paisibles avec les trois grands souverains de l’époque moderne, tous dotés d’une forte personnalité : François Ier de France, Henri VIII d’Angleterre et le jeune empereur Charles Quint. Les commentaires à son sujet soulignent tantôt sa bonté et sa tolérance, tantôt le fait que sa cour lui coûte quelque 100 000 ducats par an.

 

Ce train de vie dispendieux vide rapidement les caisses pontificales et, selon les mauvaises langues, l’oblige à mettre en vente jusqu’aux nominations au cardinalat (certaines friseront en effet le scandale). Au cours de ce règne étrangement tranquille, l’événement qui bouleverse le plus le pontife florentin est la mort inopinée de Raphaël. Quant aux « quatre-vingt-quinze thèses » dénonçant les indulgences, que Martin Luther affiche sur la porte de l’église Ognissanti à Wittenberg, le 31 octobre 1517, Léon X n’y voit d’abord qu’un contretemps fâcheux mais passager et les traite comme s’il s’agissait d’une affaire locale. Il ordonne à Luther, sous peine d’excommunication, de retirer les quarante et une thèses réfutées par Rome, puis il met sa menace à exécution le 3 janvier 1521 (bulle Decet Roman um Pontificem). Dans les premiers temps de son pontificat, il a réglé d’une manière autoritaire, centralisatrice et définitive les conflits avec le gouvernement municipal de Rome et, en réalité, sa préoccupation majeure est la consolidation des territoires de l’Eglise.

 

PARAY-LE-MONIAL  le hiÉron du val d’or

Félix de ROSNAY

Edition Arma Artis

 2002

Ce Hiéron (temple) fut construit en 1890 par la Ste des fastes eucharistiques afin de promouvoir le règne de Jésus-Christ. Ce livre présente l’œuvre, le dogme, la doctrine, la théologie, l’histoire, le symbolisme, le rite et les secrets de cette société qui perdure de nos jours.  Certaines ramifications avec d’autres sociétés comme par exemple le Saint-Empire sont curieuses.

 

Présentation de ce très étrange mouvement d'ésotérisme chrétien, ayant Paray le Monial pour centre, par son Secrétaire. Le Hiéron a ouvert de multiples pistes loin d'être explorées en profondeur. Le Hiéron lui-même reste une énigme loin d'être percée.


Le Hiéron sera plus connu sous le nom de « Société du Règne social de Jésus-Christ », et deviendra en 1927, la « Ligue universelle du Christ-Roi », par un bref de Pie XI, élevé à la dignité d'archiconfrérie « Prima primaria », avec le pouvoir d'agréger toutes les associations apostoliques ayant même but et même nom.

 

Les membres du Hiéron se considéraient comme les « Apôtres des derniers Temps », démontrant par là leur affiliation à saint Louis-Marie Grignon de Montfort, missionnaire de la France paganisée du XVIIe siècle, lui-même héritier des révélations du Christ à Marie des Vallées qui inaugura la « Fin des Temps », mystique auprès de qui bien des frères de la Compagnie du Saint-Sacrement furent en relations suivies.

Il se pourrait d'ailleurs que certains membres du Hiéron aient connu l'activité de la Compagnie et se soient voulus les continuateurs de cette Œuvre, aujourd'hui toujours méconnue, bien que des recherches historiques récentes tendent à redécouvrir l'ampleur de l'influence qu'elle exerça sur la société du XVIIe siècle, à la veille des grands troubles idéologiques de la révolution française.

On peut considérer l'Œuvre du Hiéron comme une tentative de revivification de l'esprit de cette Compagnie, travaillant à réactiver le ferment chrétien dans le peuple autour de la dévotion à l'Eucharistie et de la proclamation du Règne proche du Christ-Roi, tout juste annoncé au XVIIe siècle. Que reste-t-il de tant de peines prises pour le Royaume ?…Peu de choses semble-t-il… L'on sait que la bibliothèque fut vendue au monastère jésuite de Louvain et éparpillée depuis, ceci afin de rassembler des fonds pour réparer le toit du Musée ! Les pièces de collection subirent le même sort que le précieux fonds de bibliothèque. Certaines seraient conservées au Vatican, en quelque coin perdu –

L'hommage eucharistique, comme accès privilégié à la rénovation sociale par la Connaissance et l'Amour, voilà l'intuition du Hiéron pour le XXe siècle et les Temps de la Fin. Cette convergence des Sciences traditionnelles, héritées de l'Antiquité, ordonnées à la révélation chrétienne comme à leur centre ; cette allégeance de la sagesse et des initiations antiques à la Sagesse incarnée et à l'initiation baptismale catholique, réalisent cet accomplissement exprimé par le Christ : « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».

Ce projet, trop vaste pour une seule génération de collaborateurs, ne fut pas soutenu par les évêques de son temps. Loin de nous l'idée de nous en scandaliser. Le XXe siècle a rassemblé toutes les forces les plus hostiles au Christianisme pour tenter d'éteindre le Soleil eucharistique, aussi bien parmi les baptisés en voie de paganisation que parmi les authentiques Chrétiens, laissés dans l'ignorance des merveilles de leur Histoire et de la beauté surnaturelle des dogmes catholique.

Le Hiéron aurait décelé des phénomènes lucifériens qui toucheraient certaines régions marquées du sceau de l'Éternel en France. Phénomènes subtils, équivoques, exerçant une attraction mal définie, mais combien efficace pour le dérèglement des esprits ! À la mort d'Alexis de Sarachaga, est désigné, selon sa volonté, pour successeur à la direction de l'Œuvre, M. de Noaillat, assisté de son épouse, Marthe, qui sera la principale promotrice de la fête du Christ-Roi, instituée par le Pape Pie XI, le 11 décembre 1925.

La mission publique du Hiéron s'achève. L'Œuvre ne survivra que de peu à la mort de son fondateur. D'autant plus que les deux dernières survivantes, Marthe Noaillat et Jeanne Lépine-Authelain mourront accidentellement, en 1926. Cette dernière disait de son fondateur : « M. de Sarachaga communiquait à ses fidèles ce sixième sens, appelé par Raymond Lulle l'Affatus, et que plus simplement notre maître vénéré nommait le sensum Christi. » Elle définit la petite assemblée des pèlerins solitaires du Hiéron de « groupe qui marche d'un pas sûr à la clarté éblouissante de l'Évangile et de la tradition. » Il reste encore sur notre sol, béni du Christ et de la Vierge, des lieux baignés de ces effluves spirituels où demeurent ces espaces sacrés, les Hiérons indestructibles que le feu élémentaire ne peut atteindre, réceptacle du Feu de l'Esprit-Saint qui, déjà, rassemble les siens pour une nouvelle Pentecôte.

 

paray- le- monial  symbole et prophÉtie du sacrÉ-cœur

Henry montaigu

Edition Place Royale

 1979

Paray-le-Monial est une ville dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Cela commence vers l’an 1 000 avec Cluny qui assume un rôle de médiateur constructeur au centre de la chrétienté. Le Sacré – cœur de Jésus a toujours été soutenu, promulgué, diffusé et défendu par une société tantôt officielle et tantôt secrète qui a perduré malgré les vicissitudes de l’Histoire. Ce n’est pas pour rien que le Hiéron du Val d’Or s’est installé à Paray-le-Monial. Un livre qui dévoile les messages et les prophéties de ces sociétés.

 Elle a de nombreuses apparitions, authentifiées par son confesseur jésuite, saint Claude La Colombière, qui la destinèrent par la suite à exercer un nouvel et véritable apostolat du Sacré-Cœur. Les historiens comptent généralement quatre "grandes apparitions" en dépit de quelques incertitudes sur les dates exactes. Dans la première apparition, très probablement à la fin de 1673, elle repose comme saint Jean sur la poitrine du Sauveur et reçoit le nom de disciple bien-aimé du Sacré-Cœur.

L’année suivante, elle voit le Sacré-Cœur "comme dans un trône de flammes, plus rayonnant qu’un soleil et transparent comme un cristal" ; il était entouré d’une couronne d’épines et surmonté d’une croix. Notons qu’il s’agit bien là de l’authentique représentation du Sacré-Cœur, et non pas celle que nous a imposé le siècle dernier. Dans cette apparition, sa mission est précisée : honorer le cœur de chair du Sauveur et répandre la dévotion au Sacré-Cœur afin de participer à la rédemption d’amour de tout le genre humain.

  

petit lexique des hÉrÉsies chrÉtiennes

Michel thÉron

Edition ALBIN MICHEL

 2005

Qui étaient les Agonyclites, les Condormants ou encore les Melchisédéciens, et en quoi croyaient-ils ? Michel Théron, auteur des Deux visages de Dieu, une lecture agnostique du Credo, répertorie ici près de deux cents de ces hérésies, de la première moitié du Ier siècle aux dernières décennies du XXème siècle, des plus exotiques aux plus profondes. Au commencement était l’hérésie. Celle-ci n’est pas une déviance tardive par rapport à une foi originelle unanime : au contraire, la religion chrétienne telle qu’on la connaît aujourd’hui a émergé du foisonnement des opinions divergentes, voire franchement contradictoires.

 

Des dogmes aussi fondamentaux que la divinité du Christ ou la Trinité ne se sont imposés que lentement, à coup d’édits impériaux et d’excommunications. Les textes évangéliques eux-mêmes foisonnent d’ambiguïtés, de failles dans lesquelles peuvent s’enraciner les lectures les plus contraires au catéchisme. Un vaste panorama, aussi curieux qu’enrichissant, des mille croyances qui ont pu se réclamer du christianisme.


On y croise plus de 200 sectes et courants religieux et spirituels, tels que les Témoins de Jéhovah, les iconoclastes, les Quiétistes, les Béguines, les Calvinistes, les Millénaristes, les Illuminés, les Infernaux, les Méthodistes, les Luthériens, les Nestoriens, les Ophites, les Orthodoxes, les Picards, les Turlupins, les Vaudois, les Séthiens, les Noétiens, etc

 

PETIT TRAITḖ DE LA PRIḔRE SILENCIEUSE

Jean-Marie Gueullette

Edition Albin Michel

 2015

Le silence et l’intériorité ne sont pas l’apanage de l’Orient, il existe une manière chrétienne très simple de prier en silence, en tentant de se recentrer inlassablement sur la présence de Dieu par la répétition intérieure de son Nom. Cette façon de prier a une longue histoire, on en trouve des témoignages depuis les débuts du christianisme, on l’a parfois appelée prière monologiste (prière sur un mot) ou, plus récemment, prière du silence intérieur ou oraison de simple regard. A certaines époques, comme dans le courant de la mystique rhénane ou au XVIIe siècle en France, elle a constitué une façon de prier très répandue. Aujourd’hui, une grande part de cette tradition, de ce patrimoine chrétien, est tout à fait ignorée. L’enseignement proposé ici l a d abord été depuis plusieurs années dans des sessions, où il a fait l’objet d’une mise au point progressive, qui lui permet ajour hui d’être accessible au plus grand nombre.

 

Il existe une manière chrétienne très simple de prier en silence. Cette pratique, qui remonte aux origines du christianisme, consiste à « s’asseoir et désirer Dieu » en tentant de se recentrer inlassablement sur sa présence par la répétition intérieure de son Nom, ou d’un nom de Dieu. A certaines époques (courant de la mystique rhénane ou au XVIIe siècle en France), la prière du silence intérieur, ou oraison de simple regard, a constitué une façon de prier très répandue. Aujourd’hui, une grande part de cette tradition chrétienne, est tout à fait ignorée. « L’homme libre n’attend rien de Dieu et Dieu n’attend rien de lui, car l’union ne se situe pas dans la catégorie des choses que l’on donne et que l’on échange. L’union de l’homme détaché avec Dieu est une relation où l’homme se donne comme Dieu se donne. L’homme libre, le saint, n’attend rien de Dieu. Il vit en Dieu. » Cette communion ouvre un chemin de liberté, dans la confiance et la paix.

 

Comment aborder cette façon de se recentrer sur Dieu ? La présence de Dieu en nous est au-delà de toute sensation. La prière silencieuse est un acte de foi : choisir de désirer Dieu, nous donner entièrement, nous tenir présents. Cette pratique n’est ni un monologue, ni une méditation sur des valeurs, elle s’adresse à quelqu’un, à Dieu dont nous sommes le temple. Pour une fois, nous sommes attentifs à sa présence, nous le rejoignons en nous.

 

La relation à Dieu n’est-elle pas quelque chose de compliqué ? Les chrétiens ne sont pas spontanément réceptifs à un discours associant corps et prière, mais c’est parfois un problème de lombaires ! et quand ils acceptent de tenter l’expérience, ils sont stupéfaits de ce qu’ils sont capables de faire. Il suffit juste de trouver la position qui convient et vouloir se tourner vers Dieu de tout son être.

 

À quoi « sert » le support du nom de Dieu ? Dieu est au-delà de ce que je peux dire de Lui. La répétition du nom de Dieu aide à fixer l’atten­tion, mais il faut y mettre une inten­tion : celle de se tourner vers quelqu’un. Le nom nous permet un accès plus rapide à notre temple intérieur, lieu de silence où Dieu réside.

 

Cette prière silencieuse est-elle faite pour tout le monde ? Le silence, le dépouillement, le fait qu’il n’y ait pas besoin de se raconter rencontrent une demande. La simplicité de cette prière parle à de nombreux croyants. Elle n’est pas compliquée mais néanmoins exigeante.

 

PIE XI – UN PAPE DE COMBAT, DE COURAGE ET DE LIBERTḖ

Launay Marcel

Edition  Le Cerf

2018

On lui doit la consécration de Jeanne d’Arc comme sainte patronne de la France, la canonisation de Bernadette Soubirous, de Thérèse de Lisieux ou encore du curé d’Ars, la condamnation de Charles Maurras, la réprobation du communisme, du fascisme et du nazisme. Cet homme, c’était Pie XI (1857-1939) ; et il régna près de vingt ans avec autorité et courage en combattant toutes les formes du mal.


C’est en s’appuyant sur les archives vaticanes mises à la disposition du public en 2003 que Marcel Launay reconstitue la vie et l’oeuvre de ce pape. Dans un contexte de colère, de racisme  et de haine, il n’a cessé de rappeler les fondamentaux de l’humanisme chrétien. Jalon essentiel de cette mission : un retour au Christ et à son message premier : la vie avant tout, face au fascisme qui exalte, par définition, la mort. Ce livre, c’est enfin un constat sans appel : Pie XI a été l’artisan du retour du Saint-Siège sur la scène internationale. Après quarante années de maladresse, d’hésitation et d’atermoiement, le Vatican retrouve son rôle de guide et protecteur de l’Europe éternelle.

 

Le discours antifasciste que le pape voulait prononcer en février 1939, et que son successeur a fait détruire, a été exhumé des archives vaticanes. : Le texte devait être lu en présence de Benito Mussolini, le 11 février 1939, à l'occasion du dixième anniversaire du Concordat entre l'Italie et le Vatican. Devant les évêques, le pape Pie XI avait ainsi prévu de tenir urbi et orbi un discours très dur contre le fascisme et le nazisme (lire ci-contre), s'en prenant notamment à une «presse qui agit contre nous» et qui va jusqu'à «nier obstinément toute persécution en Allemagne», mais encore en invitant les prêtres à se méfier des «délateurs». Décédé durant la nuit du 10 février, le pape Achille Ratti (élu en 1922) ne prononcera jamais ce texte de rupture avec le fascisme que l'historienne Emma Fattorini vient de mettre intégralement en lumière provoquant une sérieuse polémique dans les milieux catholiques.

 

En fouillant dans les archives du Vatican (ouvertes depuis septembre dernier pour la période allant jusqu'à 1939), cette universitaire reconnue, professeure à La Sapienza de Rome, a non seulement retrouvé des passages inédits (les plus critiques) de ce discours de février 1939 mais a acquis la preuve que le très controversé Eugenio Pacelli ­ alias Pie XII (1939-1958) ­ aurait fait délibérément disparaître le texte. A l'ombre de Saint-Pierre, la nouvelle fait l'effet d'une petite bombe. Secrétaire d'Etat d'Achille Ratti, Pacelli-Pie XII est depuis les années 60 critiqué pour ses «silences» durant la Seconde Guerre mondiale mais ardemment défendu par une partie de l'Eglise. Dans son ouvrage intitulé Pie XI, Hitler et Mussolini, la solitude d'un pape, Emma Fattorini affirme qu'«à partir des nouveaux documents des archives secrètes du Vatican il existe une preuve certaine que, le pape à peine mort, Pacelli ordonne la destruction immédiate de toutes les copies de ce discours». Le livre n'est sorti qu'hier matin en Italie, mais il fait déjà l'objet d'attaques et de critiques venues principalement de partisans déclarés de Pie XII. La Ligue catholique anti diffamation dénonce «une nouvelle tentative de tordre le cou à la vérité à l'aide d'arguments captieux».

 

L'Avvenire, le journal de l'épiscopat italien évoque la «confrontation forcée» entre Pie XI et son successeur et nie toute «solitude» du pape Ratti. Pour Emma Fattorini, il ne s'agit pas d'opposer de manière radicale les deux papes, mais de constater, que, aujourd'hui comme hier, «il existe deux conceptions différentes de l'Eglise. Il y a d'un côté une idée de l'institution où c'est la dimension spirituelle qui prime et une autre conception qui pense davantage à l'aspect politique des choses ».Fervent anticommuniste et partisan d'un certain apaisement avec Hitler et Mussolini sans être pronazi, Pie XII aurait ainsi suivi cette seconde voie. A l'inverse, raconte l'universitaire, à partir de 1936, «Pie XI estime que le totalitarisme est incompatible avec la foi. Il demeure un grand conservateur, peu laïque, mais dès cette période il perçoit, et c'est l'un des seuls, qu'Hitler est l'ennemi principal ou encore que la conférence de Munich est une tromperie. En terme de danger imminent, le nazisme se substitue pour lui au bolchévisme». En mai 1938, Hitler se rend en visite officielle à Rome. Pie XI quitte alors ostensiblement le Vatican pour se réfugier dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo. Le 5 septembre, Mussolini publie un décret qui interdit aux enfants juifs de fréquenter l'école. Le lendemain, devant un groupe de fidèles belges, le pape déclare fortement et  publiquement que « l'antisémitisme est inadmissible, car spirituellement nous sommes tous sémites».

 

Béatification. «La question n'est pas tant la destruction du discours par Pie XII mais le fait qu'il n'en a pas repris l'inspiration», insiste Emma Fattorini. L'encyclique condamnant l'antisémitisme préparée sur la demande de Pie XI par le jésuite américain La Farge restera aussi dans les tiroirs après la mort du souverain pontife. Les révélations du livre interviennent quelques jours seulement après l'avis favorable à la béatification d'Eugenio Pacelli émis par la congrégation pour la cause des saints. Elles risquent de rouvrir la controverse avec les communautés juives, qui demandent au Vatican de bloquer la procédure tant que tous les documents concernant le pontificat de Pie XII n'auront pas été rendus accessibles aux historiens. Seuls ceux allant jusqu'à Pie XI sont désormais publics. Mais personne n'a encore pensé à béatifier ce dernier.

 

PORT ROYAL INSOLITE             -            JANSḖNISME

Jean Lesaulnier

Edition Klinksleck

1994

Constitué pour l'essentiel de relations de conversations tenues l'hôtel de Liancourt en 1670-1671, le Recueil de choses diverses n'a sans doute pas, selon J. Mesnard, d'équivalent dans l'ensemble des sources auxquelles peut puiser l'historien du XVIIe siècle. Il fournit ainsi maints renseignements du plus haut intérêt sur Pascal et La Fontaine, sur Antoine Arnauld, Pierre Nicole et Claude Lancelot, sur Bossuet, Pierre-Daniel Huet et Richard Simon. Mais, s'il n'est connu que par une copie médiocre et souvent très fautive, ce manuscrit nous invite porter, au-delà de sa diversité déroutante, un regard familier, démystificateur sans irrespect vulgaire, très éloigné de la prétendue solennité classique , sur la vie quotidienne, intellectuelle et littéraire du temps. Il nous livre sur Port-Royal un témoignage original, inédit et insolite

 

Au début du XVIIe siècle, l'Église française se préoccupe davantage de réformes et de renouveau spirituel que de questions dogmatiques. Toutefois, la controverse avec les protestants a ouvert un courant en Sorbonne – alors faculté de théologie – attaché à l'étude des écrits des pères de l'Eglise, particulièrement saint Augustin, pour les questions liées à la Grâce. La publication de l'Augustinus de Cornelius Jansen (1640), son succès en France au moment de la mort de Richelieu (décembre 1642) ouvre une ère de polémique dans les rangs des théologiens français, avec, notamment, la publication, en août 1643, de la Fréquente communion d'Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne et frère de la mère Angélique. A la demande de la Sorbonne, le pape condamne, en 1653, cinq propositions jugées extraites de l'Augustinus. Loin de clore la controverse, la bulle Cum occasionne et attise une polémique violente, menée par Antoine Arnauld. En 1655, dans sa Lettre à une personne de condition et sa Seconde lettre à un duc et pair, Arnauld accepte la condamnation des Cinq propositions, mais garde sur leur attribution à Jansénius un silence respectueux. Obligée de prendre parti, la Sorbonne choisit d'exclure, en 1656, Antoine Arnauld et avec lui une centaine de docteurs – le tiers de ses membres. Les débats orageux dont les Provinciales (1656-1657) se font l'écho, font connaître à un plus large public le contenu du « Jansénisme », cette hérésie condamnée par Rome.

 

La première année de son règne personnel en 1661, Louis XIV obtient de l'assemblée du Clergé de France, un formulaire destiné au clergé séculier, consignant l'adhésion de cœur et d'esprit à la condamnation pontificale de Cinq propositions. L'édit royal du 29 avril 1664 tente de mettre fin au silence respectueux et impose une signature sans restriction du formulaire. Sous l'impulsion du pape Clément IX, Rome obtient l'apaisement en France en 1668 pour une dizaine d'années. Dès la paix de Nimègue signée en 1679, le roi de France reprend l'offensive ; contre les protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685, puis contre les jansénistes qui s'exilent massivement. Le jansénisme est un courant religieux qui se développa au XVIIe siècle au sein de l’Église catholique, le jansénisme trouve ses racines dans les écrits de saint Augustin sur la grâce.

 

Quel est le rapport entre Blaise Pascal et le jansénisme ?  Le philosophe Blaise Pascal  avait une sœur, Jacqueline, religieuse à l’abbaye de Port-Royal depuis 1652. Il lui rendait donc visite régulièrement, sans toutefois partager sa ferveur. Mais c’est dans ce lieu qu’il se rend faire une courte retraite au lendemain de sa conversion soudaine, le 23 novembre 1654. En janvier 1655, il s’installe aux Granges, à côté de Port-Royal des Champs, « dans une cellule exiguë, ne contenant qu’un lit dur, une chaise, une table et un crucifix », avec les Solitaires, dits aussi Messieurs de Port-Royal, ces hommes souhaitant se retirer temporairement du monde. En 1656, Antoine Arnauld, frère des Mères Angélique Arnauld et Agnès Arnauld, successivement abbesses de Port-Royal, est exclu de la faculté de théologie de la Sorbonne. Ce brillant théologien, devenu chef de file des jansénistes après la mort de Saint-Cyran, refusait d’attribuer à Jansénius les propositions condamnées par Rome. Sur sa suggestion, Blaise Pascal écrit le 23 janvier une « Lettre envoyée à un provincial par un de ses amis sur le sujet des disputes présentes en Sorbonne », défendant la cause de la spiritualité janséniste rigoriste, contre les idées des jésuites jugées trop laxistes. C’est la première des 18 Provinciales publiées en 1656 et 1657. Un « chef-d’œuvre de la polémique » qui eut un « impact considérable », pour qui « les jésuites ne s’en sont jamais remis ».

 

Qu’a-t-on reproché aux jansénistes ? Si les thèses de Jansénius sont à plusieurs reprises condamnées par Rome, notamment par la bulle Cum occasione du pape Innocent X en 1653, et par la bulle Unigenitus de Clément XI en 1713, les jansénistes eux-mêmes ne sont jamais déclarés hérétiques ou schismatiques. Ils sont dans la droite ligne vaticane du concile de Trente, même si leurs thèses sur la grâce les rapprochent des calvinistes. Ils adoptent peu à peu une tendance gallicane, à une époque où l’infaillibilité pontificale n’est pas un dogme. Au-delà des querelles théologiques sur la question de la grâce, le principal problème posé par les jansénistes est politique. Leur persécution commence avec le cardinal de ­Richelieu, engagé dans la guerre de Trente ans avec les protestants, ce qui est dénoncé par les jansénistes. En 1638, Richelieu fait alors emprisonner Saint-Cyran à Vincennes. Puis c’est Mazarin qui, considérant les jansénistes comme frondeurs, convoque les évêques en 1654 puis en 1655 et leur fait signer un texte précisant que la doctrine de Jansénius est condamnable. La persécution se poursuit sous Louis XIV qui juge républicains ces opposants à l’absolutisme royal : le 9 mars 1661, il ordonne la dispersion des novices et des pensionnaires des monastères de Port-Royal.

 

Quels ont été les développements du jansénisme ? « Plus le jansénisme a été condamné, plus il s’est développé », selon l’auteur pour qui deux épisodes ont ainsi contribué à le rendre vraiment populaire. En 1712, Louis XIV fait détruire le monastère et le cimetière de Port-Royal des Champs, ce qui est très mal perçu par l’opinion. Puis, en 1746, l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, veut en finir une bonne fois pour toutes avec cette doctrine, en exigeant que les fidèles montrent un billet de confession signé d’un prêtre favorable à la bulle Unigenitus pour pouvoir recevoir les sacrements. C’est un scandale énorme. En réaction, « Paris se réveille janséniste », Le Parlement impose alors aux clercs de délivrer les sacrements sous peine de prison, alors que ceux-ci ont ordre de leur archevêque de ne pas le faire. Pour l’historienne, « cet épisode a certainement joué un rôle dans la déchristianisation du pays ».

 

Au moment de la Révolution française, 10 % du clergé ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé est janséniste. Alors que beaucoup de prêtres réfractaires ont émigré, le clergé constitutionnel – dont la plupart des jansénistes –, resté en France, subit la déchristianisation et les persécutions. En 1832, les obsèques de l’Abbé Grégoire, fervent admirateur de Port-Royal, auxquelles assistent des milliers de personnes, marquent, en quelque sorte, le chant du cygne de l’influence janséniste. Dans ce texte, dont cinq propositions seront à plusieurs reprises condamnées par Rome (en 1643, 1653 et 1656), Jansénius explique que la grâce de Dieu, nécessaire au salut de l’âme humaine, est accordée ou refusée par avance, sans que les œuvres du croyant, tout entaché du péché originel, puissent changer le sort de son âme. Cette vision du salut s’oppose à celle soutenue à l’époque par les jésuites, qui plaident pour une grâce divine suffisante, laquelle apporte à l’homme tout ce qui lui est nécessaire pour faire le bien, mais ne peut faire effet que par la seule décision du libre arbitre de l’homme. Cette controverse voit le jour dans le sillage de la Réforme luthérienne, du concile de Trente et de la Contre-Réforme qui veulent répondre à l’aspiration au renouveau religieux qui traverse l’Europe depuis le XVe siècle. Elle prend une importance considérable en France, par l’intermédiaire de l’abbé de Saint-Cyran, un ami de Jansénius. Celui-ci fréquente la famille Arnauld, proche des abbayes de Port-Royal (dans la vallée de Chevreuse et à Paris), qui deviendront un foyer de la pensée janséniste. « Le jansénisme rencontre ainsi les élites du peuple chrétien français, et devient une mode dans le monde aristocratique », Les « jansénistes » ne se désignent eux-mêmes jamais sous ce vocable, se considérant simplement comme catholiques. Ce sont leurs adversaires qui emploient cette appellationLa Croix va sur le terrain, et met en lumière des acteurs de l'actualité, célèbres ou modestes.

 

 

PRIḔRE ET MḖDITATION – RIEN DE MOINS QUE L’INFINI

Anne Ducrocq

Edition François Bourin

 2017

Une vie extérieure, active, nous savons ce que c'est... Mais comment faire l'expérience de la vie intérieure ? Expérience à nulle autre comparable où tout bascule, où tout se retourne, où l'on passe du dehors au dedans ? Pour vivre cette aventure, deux voies s'ouvrent à nous : celle de la méditation (au sens oriental du terme), et celle de la prière. L'une et l'autre ont probablement le même âge que l'humanité, même si la route à parcourir est tous les jours nouvelle. L'une et l'autre proposent de sortir du mental pour rejoindre un silence habité. Avec la méditation, qui est aussi une technique, on descend dans ses profondeurs et, avec la prière, on rejoint le transcendant, le divin, l'Autre. Ici je descends, là je monte. Dans les deux cas, l'on cherche ce qui nous dépasse. Puisse ce livre entrouvrir avec simplicité quelques portes vers cette vie intérieure et spirituelle.

La méditation est à la mode aujourd’hui. On en parle de plus en plus dans les médias. Josée Blanchette signe un bel article sur ce sujet et la pleine conscience dans Le Devoir du 30 novembre 2012, La vie en 3D. Elle termine ainsi: "On découvre alors avec surprise que la liberté de penser, c’est bien. Mais que la liberté de ne pas penser, c’est encore mieux". On dirait du saint Jean de la Croix. Elle se garde bien de faire des liens avec la spiritualité, la religion, la prière, l'adoration, Dieu. En effet, pas besoin de croire en Dieu pour goûter le silence, la paix, la relaxation, l'attention amoureuse, mais ça peut aider. Il faut dire que Les mots « Dieu » et « religion » sont piégés de nos jours, surtout depuis le 11 septembre 2001.   Ce phénomène populaire de la méditation nous vient surtout de l’Orient. Il va à contre-courant d’une société technologique occidentale qui est de plus en plus consumériste et ultra rapide. Pour plusieurs occidentaux, c’est « une alternative à la pensée matérialiste et rationnelle ». La pratique de la méditation est surtout apparue dans les années 60 avec ce qu’on a appelé « la génération lyrique », la génération Peace and Love. Des jeunes trouvaient dans la méditation et le yoga une exploration de leur moi intérieur au même titre que les drogues psychédéliques et la musique rock.

Aujourd’hui, la méditation est vue par plusieurs comme une technique de relaxation, un moyen de connaissance de soi, une expérience de la conscience, une forme de prière, une rencontre avec Dieu. On la retrouve chez les grandes traditions religieuses dans leur dimension mystique. La méditation répond au désir de l’être humain de vivre unifié, pacifié, en harmonie avec ce qui l’entoure. Cette expérience de l’absolu emprunte la voie de l’intériorité et procure souvent un bien-être physique et mental. Elle se vit différemment selon les conceptions que les personnes et les religions se font de l’être humain et de Dieu. On peut tout de même se poser la question : qu'est-ce que méditer dans ces grandes traditions, et quel est le lien avec la prière ?

Dans la tradition hindoue, bouddhiste et le taoïste, la méditation est un moyen simple et direct d’atteindre le divin en soi. Mais c’est un chemin long et exigeant comme l’est toute expérience spirituelle authentique. Comme s'y prendre? Premièrement, il est important de choisir une posture du corps qui nous convient, celle qu’on peut garder longtemps, sans faire d’effort, et qui aide à rester immobile, concentré. Deuxièmement, on peut focaliser son attention sur un objet intérieur ou extérieur, pour que l’esprit soit concentré. Ce peut être une statue, une photo d’un maître spirituel. On peut aussi se concentrer sur sa respiration, une formule ou un son primordial, comme le mantra Om. En méditant chaque jour, le fidèle arrive à l’expérience du Soi qui est son identité profonde. Les vagues s’apaisent à la surface et la personne s’immerge dans les profondeurs de son être profond, appelé aussi le cœur ou l’âme. Parmi les formes de méditation issues de l’hindouisme, la Méditation Transcendantale est la plus connue. Elle fut introduite dans les années 60 par le Maharishi Mahesh Yogi et publicisée par les Beatles. Pour le Maharishi, la Méditation Transcendantale est l’aspect pratique d’une science de la conscience. Cette pratique venue des Indes transcende les religions et peut être utilisée par tous. Des études scientifiques ont montré que cette forme de méditation hindouiste réduit le stress et procure une relaxation en augmentant les ondes cérébrales alpha.

La pratique constante de la méditation, qu’elle soit hindoue, bouddhiste, chrétienne, apporte normalement une vie plus éveillée. Elle conduit à la pleine conscience de son être qui s’engage pour la paix et la compassion dans le monde. Cela se vit dans l’attention au moment présent et aux émotions. La méditation demande un arrêt pour mieux voir, une tranquillité pour mieux accueillir, un lâcher-prise pour mieux s’abandonner. Elle est une vie pleinement consciente qui s’ouvre à la totalité du monde. On inspire et on expire consciemment en sachant que tout est interdépendant et que nous sommes reliés les uns les autres. La méditation devient paix, éveil, libération. Dans la tradition bouddhiste, le but est de se libérer de tout attachement paralysant et d’atteindre le nirvana, la pacification de tout notre être.

Dans le christianisme, la méditation signifie surtout deux choses : une forme de prière intérieure et une manière de « ruminer » la Parole de Dieu, appelée aussi "lectio divina"expression latine et monastique qui signifie une lecture priante du texte biblique. On médite ce qu’on lit pour que cette méditation se change en prière et en contemplation. Ici, c’est la référence à Dieu qui importe. Dieu est vu comme un être personnel et aimant qu’on peut rencontrer dans la prière. Prier en chrétien, c’est parler avec amour à un Dieu Père, révélé en Jésus par l’Esprit Saint. Prier, c’est écouter Dieu présent au fond du coeur, lui demander quelque chose, lui rendre grâce, le supplier, l’adorer, l’aimer dans le silence de la contemplation qui est une attention amoureuse à son mystère. Prier n’est donc pas tant de faire le vide que de communier au Christ. Jésus, qui se retirait souvent dans des lieux déserts pour prier, ne dissociait pas prière individuelle et communautaire : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ». (Matthieu 18, 20); « Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra ». (Matthieu 6, 6).

On peut également parler ici de l’oraison silencieuse, ou de la prière contemplative, encore trop méconnue par nombre de chrétiens et qui se rapproche des formes de méditation des sagesses orientales et des grandes religions. John Main, moine bénédictin décédé en 1982, a enseigné cette forme de prière qu’il a appelé « méditation chrétienne » et qui remonte aux premiers siècles de l’Église. Il se réfère à des auteurs mystiques comme Jean Cassien et Jean de la Croix. Le mot « méditation » veut dire ici : se tenir au centre de notre être, c’est-à-dire en Dieu. Main va s’appuyer sur un mantra, « Marana Tha » (mot araméen qui signifie : « Viens, Seigneur Jésus ! » (1 Corinthiens 16, 22), qu’il suggère à tous, pour se tenir au centre de l’âme, malgré les distractions et les images. Voici la manière de méditer qu’il propose :"Assoyez-vous confortablement, le dos bien droit. Fermez les yeux et, très calmement et sereinement, commencez à dire silencieusement votre mot dans votre cœur : « Ma-ra-na-tha ». Oubliez le temps. Nous méditerons environ vingt-cinq minutes. Pendant tout ce temps, il vous faut être. Être en paix, être immobile, immobile de corps et immobile d’esprit, ouvert à la vie et au Seigneur de la vie". (John Main, Le chemin de la méditation)

Le moine cistercien Basil Pennington met aussi au point une technique de prière qui consiste à se laisser rejoindre par Dieu au centre de l’être. Cette « prière de recentrement », ou de « consentement », fut aussi enseignée par un autre moine américain, Thomas Keating. Encore ici, il y a un dépassement des pensées et des images pour mieux favoriser l’intériorité en Dieu et faciliter le développement de la prière contemplative qui trouve sa source dans la présence du Dieu trinitaire en nous. Une autre forme de prière chrétienne et contemplative que l’on redécouvre aujourd’hui est l’adoration eucharistique silencieuse. On voit de plus en plus des chapelles d’adoration s’ouvrir dans les diocèses où les gens peuvent aller méditer, prier, adorer en silence devant le Saint Sacrement, jour et nuit. N'y a-t-il pas là un signe des temps qui répond à un besoin d’intériorité, à une soif spirituelle? Que nous ayons la foi en Dieu ou non, ces lieux sont des espaces de recueillement intérieur dans notre monde de performance où tout va si vite, où nos pensées génèrent si souvent de l'anxiété, « une plaie moderne, écrit Josée Blanchette, qui vient avec le mal de dos et la tendinite du pouce ».Que ce soit oraison, prière contemplative, méditation chrétienne, adoration eucharistique, il est toujours question d’amour et de silence. Il s’agit de descendre de la tête au coeur, et, pour le croyant, de mettre tout l’être entre les mains de Dieu, sachant que l’on est aimé infiniment plus que nous le pensons. Prier, c'est donc aimer et se laisser aimer. « Plus on aime, mieux on prie », écrit Charles de Foucauld. Et plus on se laisse aimer, plus l’on devient prière. Le poète Patrice de la Tour du Pin résume cela en trois mots dans son hymne En toute vie le silence dit Dieu : « Il suffit d'être ».

 

priÈre & mÉditation dans le christianisme & le bouddhisme

 bourgeois & j.p. schnetzler

 Edition  DESCLEE DE BROUWER

1999 

Parmi les manifestations actuelles du dialogue interreligieux, la confrontation entre le bouddhisme et la foi chrétienne apparaît comme l’un des phénomènes les plus marquants.

 

Alors que le bouddhisme s’installe de plus en plus en Occident, par la diffusion de sa sagesse, par la présente de communautés ou le rayonnement de personnalités comme le Dalaï-Lama, il devient plus urgent de préciser ce qui rapproche ou distingue celui-ci du christianisme. En prenant comme thème central la prière et la méditation, ce livre obéit à cette exigence de vérité.

 

On oppose souvent la prière chrétienne, rencontre d’un Autre, et la méditation bouddhiste, recherche du vide. On souligne à l’envie leurs différences. Mais est-ce simple ? Peut-on dépasser les a priori et les préjugés pour mesurer l’apport de ces spiritualités respectives ?

 

À travers deux textes successifs, et volontairement parallèles, chacun laissant en lui la place de l’autre, Henri Bourgeois, théologien catholique et Jean-Pierre Schnetzler, bouddhiste, psychiatre, confrontent leurs points de vue sans complaisance. Mais avec beaucoup d’espérance !

 

Un méditant : « Dans la prière, on s’adresse à quelqu’un – Dieu – et il y a une intention : demander, remercier, célébrer… On utilise des mots. Dans la méditation de pleine conscience, il s’agit de se rendre présent à ce qui est là, à soi, à sa respiration, à ses pensées. Autant dire que cela semble se situer à l’opposé : on ne s’adresse à personne, on n’attend rien, on essaye d’être dans ce qu’on éprouve, sans avoir besoin de recourir à des mots.

 

Ces pratiques semblent donc contradictoires. Pourtant, je pense qu’en réalité, elles sont très complémentaires. Il me semble que notre prière ne peut pas être profonde, juste, monter vers Dieu, si elle n’est pas précédée d’un temps où l’on fait silence, où l’on se libère de ses cogitations.

D’abord je médite, pour me rendre présent au moment, puis je prie. Il m’arrive aussi de simplement vouloir méditer, sans avoir l’intention de prier. Je m’assieds, je ferme les yeux… et, sans que je m’y attende, me voilà emporté. J’ai soudain le sentiment d’appartenir au monde, l’impression que les frontières entre ma petite personne et l’Univers deviennent poreuses, un sentiment d’interrogation existentielle m’étreint : « Pourquoi suis-je ici à respirer ? » Apparaissent ainsi parfois des états qui appellent la prière, les sentiments de gratitude, de transcendance. Moi, je suis chrétien, donc je me dis : « Tu as ouvert ton âme à plus grand que toi, tu ressens, de façon très simple, que tu es un petit récepteur et qu’il existe un grand émetteur qui envoie des signaux. » Je pense que la méditation est bonne pour la foi. C’est une manière d’approfondir sa prière, de l’ouvrir à de nouvelles voies, peut-être avec moins de mots et davantage de ressenti corporel. N’hésitez pas, allez-y !

 

Chez les Bénédictins, j’ai l’impression d’être un petit parasite qui bénéficie du grand corps monastique. J’ai la chance d’être en contact avec des gens à la foi extrêmement forte et qui, par leur présence, leurs chants, leurs prières et leur façon de vivre, sont une voie et un exemple. Je ressens avec eux une sorte d’osmose. Ils possèdent quelque chose que je touche par bribes ou par moments. Je me sens un amateur au milieu de champions de la foi ! Je me régale à leurs côtés. Ils se situent au-delà de la distinction entre méditation et prière : ils accomplissent la réunion des deux. Les grands croyants et les grands méditants ne font plus cette différence. Je pense que pour nous, gens ordinaires, tout est affaire de régularité et de répétition. Par exemple, lorsque l’on s’assoit face à la mer, on est d’abord dans la simple présence apaisée. Mais si l’on reste un peu, on peut ressentir de la reconnaissance envers le Dieu qui nous permet de vivre cet instant. Puis, si l’on pousse encore un peu, le sentiment de Sa présence en nous et autour de nous.

 

Quand je médite, souvent, je franchis trois étapes : corps, esprit, âme. Quoi qu’il arrive, je commence par prendre conscience de mon corps : dans quel état il est, ce que je ressens, comment je respire. Puis j’examine mes idées : de quoi j’ai envie, ce qui me préoccupe. Parfois, tout cela suffit à nourrir ma méditation, notamment quand je suis soucieux ou anxieux. Mais parfois, je sens qu’il faut que je pousse encore plus loin. J’essaie de m’ouvrir à plus grand que moi, de me dire : « Tout est bien. N’aie peur de rien, continue d’avancer. » Parfois, je me dis : « De toute façon, tu es dans la main de Dieu. Donc fais de ton mieux et accepte de te laisser porter. Respire, souris, remercie pour tout ce qui t’a déjà été donné. » Là, je ne suis pas dans la méditation pure, mais dans la prière. Je m’accroche au bas de la robe de Dieu !

 

La méditation m’a considérablement enrichie. Dès que l’on nourrit sa vie intérieure par la méditation, on aboutit à des interrogations d’ordre spirituel. En ce sens, la méditation a réactivé, nourri, multiplié mes temps de prière. Chaque soir, quand je songe aux bonnes choses que j’ai vécues durant la journée, je passe rapidement « en mode prière ». Je repense à trois moments agréables et je dis : « Merci, Seigneur, Tu m’as permis de vivre cela. » Quand j’ai l’impression que je peux mourir, et que cela n’a pas lieu, je Le remercie. Il y a quelque temps, j’attendais des résultats médicaux à l’issue très incertaine. Je suis allé prier dans la chapelle de l’hôpital. J’ai médité puis j’ai remercié. J’ai dit : « Je ne sais pas ce qui va m’arriver, je Te fais confiance. Mais quoi qu’il m’arrive, merci de m’avoir permis de vivre tout ce que j’ai vécu. » Je crois vraiment que la méditation m’a aidé à aller plus souvent à la rencontre de moments comme ceux-là.

 

Après avoir médité, parfois je prends la Bible. Je vais chercher des passages que j’explore à l’infini. Mes préférés sont les Psaumes, le Livre des proverbes, l’Ecclésiaste et le Livre de Jérémie. D’abord je médite, pour me rendre présent au moment, puis je prie. Il m’arrive aussi de simplement vouloir méditer, sans avoir l’intention de prier. Je m’assieds, je ferme les yeux… et, sans que je m’y attende, me voilà emporté. J’ai soudain le sentiment d’appartenir au monde, l’impression que les frontières entre ma petite personne et l’Univers deviennent poreuses, un sentiment d’interrogation existentielle m’étreint : « Pourquoi suis-je ici à respirer ? » Apparaissent ainsi parfois des états qui appellent la prière, les sentiments de gratitude, de transcendance.

 

Je suis chrétien, donc je me dis : « Tu as ouvert ton âme à plus grand que toi, tu ressens, de façon très simple, que tu es un petit récepteur et qu’il existe un grand émetteur qui envoie des signaux. » Je pense que la méditation est bonne pour la foi. C’est une manière d’approfondir sa prière, de l’ouvrir à de nouvelles voies, peut-être avec moins de mots et davantage de ressenti corporel. N’hésitez pas, allez-y ! Chez les Bénédictins, j’ai l’impression d’être un petit parasite qui bénéficie du grand corps monastique. J’ai la chance d’être en contact avec des gens à la foi extrêmement forte et qui, par leur présence, leurs chants, leurs prières et leur façon de vivre, sont une voie et un exemple. Je ressens avec eux une sorte d’osmose. Ils possèdent quelque chose que je touche par bribes ou par moments. Je me sens un amateur au milieu de champions de la foi ! Je me régale à leurs côtés. Ils se situent au-delà de la distinction entre méditation et prière : ils accomplissent la réunion des deux. Les grands croyants et les grands méditants ne font plus cette différence.

 

PRIER LA PAROLE –LECTURE ET MÉDITATION DES ÉCRITURES

Enzo Bianchi

Edition Albin Michel

 2014

Enzo Bianchi, fondateur de la communauté œcuménique de Bose, dans le Piémont, redonne ici au chrétien, et à tout lecteur engagé dans une recherche de sens, un accès aux Ecritures. Cet ouvrage est devenu un classique, il a permis la redécouverte en Occident de la lectio divina, riche tradition du premier christianisme et qui s’inscrit dans la lignée de Vatican II.

L’ouvrage qui présente à la fois l’horizon historique des Pères de l’église et décrit le chemin à explorer au quotidien, sous la forme de lectures, de méditations et de prières, dévoile la Parole « comme réalité vivante, dynamique, efficace, capable d’alimenter la foi, d’inspirer la vie », ce livre invite à retrouver toute la saveur de la Révélation.

Au sommaire de cet ouvrage :

La lectio divina : L’approche de la Parole de Dieu aujourd’hui - la Parole de Dieu - la liturgie de la Parole - de la liturgie à la Parole - Formation de la lectio divina - demandez l’esprit, vous recevrez l’illumination - cherchez dans la lecture - vous trouverez par la méditation - frappez dans la prière - entrez dans la contemplation - Réalisez la Parole, vous témoignerez du Seigneur - Demandez l’Esprit saint - prends la Bible et lis - cherche à travers la méditation - contemple - conserve la Parole dans ton cœur - la lectio divina, expérience d’Israël et de l’église - un temps de silence pour que Dieu parle - invocation de l’esprit saint - lis, médite et prie - lettre de Guigues II le chartreux au frère Gervais sur la vie contemplative - l’échelle spirituelle et ses quatre degrés - fonction de la lecture, de la méditation, de la prière, de la contemplation - les signes de la venue de la grâce - comment l’âme doit-elle se comporter -

8 Q

QUI EST CHRḖTIEN ?

Hans Urs Von Balthazar

Edition Salvator Yves Briend

 2001

Située dans l’Arnold Böcklin-Strasse de cette ville de Bâle qui est depuis des siècles un véritable creuset de théologie, de philosophie et d’aventures de la pensée, la petite maison de Von Balthasar a cette grâce modeste et discrète si caractéristique de la Suisse allemande.  Un portail donne sur un jardinet à peine plus grand qu’une plate-bande et en haut de l’escalier, le vieux professeur nous accueille et nous guide vers une étude jonchée de livres.  En entrant, on ne peut s’empêcher de scruter les murs pour y trouver des indices révélateurs sur notre hôte.  En effet, dans l’entrée elle-même, nous observons deux portraits révélateurs: Sainte Thérèse de Lisieux et le masque mortuaire d’Ignace de Loyola (Von Balthasar fut jésuite jusque 1948 avant de passer ensuite vers le clergé diocésain, mû par un dessein d’apostolat bien précis).

L’étude est dominée par une grande statue en bois de la Vierge et au-dessus de la porte est suspendue cette tragique Crucifixion de Grünewald devant laquelle Dostoïevski tomba dans un délire épileptique : il s’agit sans doute de l’œuvre picturale qui illustre le mieux que « Jésus agonisera jusqu’à la fin du monde » comme l‘évoquait Blaise Pascal, cet autre grand maître à penser très cher à Von Balthasar.  Aux côtés de la Trinité, de Marie et de l’Eglise le « cas sérieux » de la Croix trône au centre de sa réflexion comme une sentence sur les optimismes humains trop faciles et superficiels. Sur son bureau, devant une petite photo de Jean-Paul II, un exemplaire du Basel Zeitung est ouvert.  Il s’agit de l’un des nombreux journaux du monde qui ont publié la dernière diatribe de Hans Küng contre le Pape et ses plus proches collaborateurs.

Au début de l’entretien, je lui demande spontanément s’il a lu le texte de son collègue qui, comme lui, est né dans le canton de Lucerne.  Il hoche la tête d’un air triste et se met à parler d’une voix basse en me fixant droit dans les yeux : « Cela fait au moins dix ans que cet homme répète sans cesse la même chose.  La seule chose qui a changé c’est que son ton est de plus en plus polémique.  En réalité, depuis la publication de son livre “Etre chrétien”, Hans Küng n’est plus chrétien. »   Il suffit de lire ses derniers livres, même le tout dernier dans lequel il parle des autres religions.  Kung n’est plus chrétien.  Pour lui, Jésus n’était rien d’autre qu’un prophète et le problème se réduit à une discussion pour savoir s’il a été un prophète plus grand que le Bouddha, que Confucius ou que Mahomet.  Ce n’est pas par hasard que l’Ayatollah Khomeini l’a invité en Iran pour donner des conférences dans lesquelles il a répété qu’il n’y avait qu’un seul Dieu et de nombreux prophètes.  Désormais, pour lui – et il le dit d’ailleurs clairement dans son livre qui n’a pas encore été traduit en italien – le christianisme n’est qu’une voie de salut parmi d’autres. »

 « Küng a lui-même choisi de sortir de l’Eglise, il n’a plus donc rien à dire aux évêques.  En réalité, il n’a même plus rien à dire à personne, à commencer par les protestants.  En effet, depuis que son institut de théologie œcuménique a perdu la reconnaissance officielle de l’Eglise catholique, Küng ne représente plus que lui-même.  Peut-être est-ce justement également à cause de la situation dans laquelle il se trouve qu’il a déplacé son discours de l’œcuménisme entre chrétiens vers l’œcuménisme avec les religions non chrétiennes. »  « Il représente la pensée d’une certaine intelligentsia mais avec  de moins en moins de poids.  Il a perdu de l’influence en Allemagne et il n’est plus que rarement invité à des conférences, surtout dans les universités.  C’est la raison pour laquelle il voyage à l’étranger : il a la réputation d’être un bon orateur et surtout, d’être un ennemi de Rome.  Ce statut lui attire de nombreuses sympathies dans certains milieux. » La virulence de son attaque contre l’actuel préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a même surpris ceux qui étaient au courant de ses relations tendues avec le professeur Ratzinger lorsqu’ils enseignaient tous les deux à Tübingen.

8 R

RḖALISATION INITIATIQUE ET MYSTḔRE CHRḖTIEN

Pascal Gambirasio d’Asseux

Edition Télètes

 2012

Pascal Gambirasio d’Asseux s’est imposé par la qualité et l’exigence de ses travaux sur la chevalerie et l’héraldique. Il a également approfondi le christianisme dans da double dimension exotérique et ésotérique. Il met régulièrement en garde dans ses ouvrages comme dans ses conférences contre les interprétations déviantes du christianisme à l’œuvre depuis le XIXème siècle pour rappeler l’essentiel des mystères chrétiens.

 

Toutes les traditions spirituelles connaissent un enseignement réservé : une voie d'intériorité, un ésotérisme qui s'adresse au petit nombre dont parle d'ailleurs l'Évangile. Les religions monothéistes s'inscrivent dans cette réalité : le Judaïsme avec la Kabbale, l'Islam avec les différentes branches du Soufisme. Le Christianisme, pour sa part, a toujours connu un tel enseignement, même s'il a été souvent marginalisé à cause des hérésies ou de mouvements plus récents. Mais cela ne doit pas conduire à en nier l'existence ni la légitimité. En corollaire, cela ne signifie pas davantage que cet enseignement contredise ou s'oppose à celui de la théologie. Car il n'y a qu'une unique théologie : Théo-Logos, la Parole de (et sur) Dieu ; toutefois, celle-ci ne se dévoile pas à tous selon une mesure unique parce que tous les hommes ne sont pas désireux de la recevoir avec la même intensité et ne présentent pas tous une aptitude semblable. Le caractère original et unique du Christianisme réside en ce qu'il est simultanément exotérisme et ésotérisme. C'est même l'un de ses Mystères majeurs. Ce livre a pour ambition d'expliciter cette spécificité de la voie initiatique chrétienne, son "secret ontologique".

 

Dans cet ouvrage, il oppose, sur les pas de René Guénon, un ésotérisme chrétien à l’idée d’un christianisme ésotérique qui «  impliquerait un enseignement "parallèle" distinct (voire contraire) à la Révélation évangélique. ». Il s’oppose de même à l’idée d’un au-delà impersonnel au Dieu trinitaire : « Le chrétien, dit-il, croit à l’éternité de sa personne spirituelle (non une simple identité profane, bien sûr), participant "fondue et non confondue" comme fils dans et par le Fils à cet océan originel (Dieu) car ce que Dieu donne par pur Amour (l’esprit immortel, la personne), il ne le reprend jamais. » Il affirme que les philosophies de l’éveil orientales ne sont pas supérieures à la Révélation monothéiste, ce qui est une évidence et probablement un faux problème à condition de se rappeler qu’affirmer l’inverse serait tout aussi erroné.

 

Plus intéressant est le développement des principes d’un christianisme qui demeure initiatique par un approfondissement ininterrompu de l’intériorité. Ce chemin interne est approché par l’auteur à travers la kabbale et ses lettres-nombres. Une partie de l’ouvrage est consacrée à la Chevalerie et notamment à la question centrale, souvent négligée ou incomprise de « la Garde de la Paix et de la Justice ». La dernière partie étudie certains symboles habituellement peu investis malgré leur richesse : L’œuf et la cloche. Couple pascal et symboles universels – L’arbre et la pierre. Visage secret de la Nature – Le jongleur et le tisserand. Images du Créateur – Le sculpteur et l’archer. Figures de la geste initiatique – Le coq et le rossignol. Solstices et sceaux du jour.

 

« Le symbole, insiste l’auteur, révèle "instantanément" l’Esprit dans la Forme et l’Esprit de la Forme en tous ses aspects et degrés de vérité et de compréhension. Il apparaît ainsi supérieur à tous les discours, puisqu’il "expose" tout, en parfaite simultanéité, sans rien dévoiler aux regards des profanes qui ne savent pas le déchiffrer. Tandis que le discours s’adresse à l’intelligence discursive selon un développement logique et chronologique, le symbole s’adresse à "l’œil du cœur", à la perception spirituelle : il n’est pas un moyen de connaissance, au sens livresque comme nous l’avons déjà évoqué, mais un principe, fulgurant, d’éveil où l’être "est" ce qu’il connaît (co-naît). Dans cette perspective, le symbole correspond à cette parole du Christ qui, au vrai, s’adresse à chacun de nous : « Ephphatha « : « ouvre-toi ! » en araméen (Marc VII, 34). »

8 S

ST BENOÎT ET LA VIE MONASTIQUE

Dom Claude Jean NESMY

Les maîtres spirituels

 1959

 St Benoit eut une influence considérable sur les destinées de l’église et de la civilisation occidentale Il créa la fameuse règle de St Benoit et eut une vie de sagesse.

 

Toute sa vie, saint Benoît a pris la route à la recherche des conditions propres à une vie monastique exigeante, dans le silence et la contemplation. Deux sources attestent de l’œuvre de saint Benoît : un texte législatif intitulée la "Règle des monastères" et une biographie du pape saint Grégoire, rédigée en 593-594.  Ce dernier présente Benoît de Nursie comme un homme simple qui a le sens du concret, plutôt que comme un spéculatif et un doctrinaire. Pour  que sa règle soit accessible à tous, il préfère s’appuyer sur des exemples concrets, plutôt que d’imposer des principes abstraits.

 

Né dans une famille italienne aisée, vers 480, à Nursie, Benoît part étudier les lettres et le droit à Rome, vers 495. La vie libertine étudiante dégoutte l’adolescent qui décide de tout quitter. Il gagne le sud et mène alors une vie simple, de contemplation et de lecture, à Enslide.

 

Benoît a une sœur sainte Scholastique, qui se consacra à Dieu dès sa plus tendre jeunesse, rêvant de suivre son frère. Moniale, elle se rapprocha de son frère, quand il se fut établi au Mont-Cassin.

 

Dans sa quête de Dieu, Benoît sent le besoin de s’isoler davantage. Il descend vers le sud jusqu’à Subito, à 70 kilomètres de Rome. Il y débute une vie d’ermite, réfugié dans une caverne "inaccessible".

 

Romain, un moine, le ravitaille en lecture et en nourriture au moyen d’une corde. Benoît a environ 20 ans et sa sainteté est déjà réputée. Les vieux moines du monastère voisin de Vicovaro rendent visite à l’ermite et  lui demandent de devenir leur supérieur. Benoît accepte. Il tente de réformer la communauté, en proie au laisser-aller. Mais en vain car son action dérange à tel point que des religieux tentent de l’empoisonner en versant dans son verre de vin des plantes mortelles. Au moment où il la bénit la coupe d’un signe de croix, celle-ci se brise. Benoît reprend la route pour Subito. Il y construit douze monastères qui accueillent chacun douze moines – comme les apôtres. Son action et sa vertu le mettent de nouveau en danger. Ses exigences  agacent et on tente encore de l’assassiner. Mais Benoît s’aperçoit que sa nourriture contient du poison quand un corbeau recrache les miettes de pain qu’il s’apprêtait à manger. En 529, Benoît et quelques moines s’installent dans une ancienne forteresse qu’ils transforment en monastère, sur le mont Cassin, à 529 mètres d’altitude. C’est sur ce promontoire rocheux qu’il terminera sa vie vers 547.

 

La règle de saint Benoît : C’est aussi sur le Mont Cassin que Benoît de Nursie rédige sa règle vers 540. Celle-ci régit encore la vie de milliers de moines aujourd’hui. Il s’agit d’une œuvre courte. Le rythme de la vie du moine y est détaillé, entre prière, travail, charité fraternelle, accueil et repos. Son quotidien s’y organise autour d’une vie de communauté dans laquelle l’abbé est père et les religieux sont frères. Au fil de la journée s’égrènent les offices de la liturgie des heures.

 

La célèbre formule "Ora et Labora" ne figure pas dans cette règle. Elle fait référence à nombre de ses prescriptions "L’oisiveté est ennemie de l’âme, c’est pourquoi, à certaines heures, les frères doivent s’occuper au travail des mains et à certaines autres à la lectio divina." "Ils sont vraiment moines lorsqu’ils vivent du travail de leurs mains comme nos pères les apôtres." Mais la prière prime : "Au premier signal de l’office, que chacun quitte son travail." Cette règle aura régit la vie d’une multitude de moines.

 

Comme Abraham, saint Benoît est devenu le père de nombreux hommes qui, dans la solitude, la prière et le silence, ont cherché Dieu comme unique but de leur vie. Ses reliques ont été transférées en 703 jusqu’à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), dans l’abbaye de Fleury. Elles y sont toujours vénérées. Saint Benoît, patron de l’Europe, des agriculteurs, des cavaliers, des conducteurs de machines, des réfugiés et des spéléologues est fêté le 11 juillet.

 

ST  BENOÎT  -  LA RḔGLE

Saint  Benoît

Edition du Cerf

2002

La règle de saint Benoît, connue pour son exigence, se divise en 73 chapitres. Si elle s’adresse à l’origine aux moines bénédictins, elle contient quelques pépites pour aider chacun à sanctifier notre quotidien. Le fondateur d’un des plus grands ordres monastiques de l’histoire de la chrétienté — dont on célèbre la fête le 11 juillet — a laissé derrière lui un héritage considérable, à commencer par la fameuse règle qui porte son nom. Certains de ses articles méritent d’être mis en pratique par chacun, religieux ou non. Sélection non exhaustive.

Les instruments des bonnes œuvres (chapitre 4)

« Par amour du Christ, prier pour ses ennemis. »  -   « Ne rien préférer à l’amour du Christ. »

L’obéissance (chapitre 5)

« Le premier degré d’humilité est l’obéissance sans délai. »

L’humilité (chapitre 7)

« L’homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu’en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. »

La révérence dans la prière (chapitre 20)

« Sachons bien que ce n’est pas l’abondance des paroles, mais la pureté du cœur et les larmes de la componction qui nous obtiendront d’être exaucés. »

Les frères malades (chapitre 36)

On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout. On les servira comme s’ils étaient le Christ en personne, puisqu’il a dit : « J’ai été malade et vous m’avez visité » (Mt 25, 36)

Le travail manuel de chaque jour (chapitre 48)

« L’oisiveté est ennemie de l’âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d’autres à la lecture des choses divines. »

La réception des hôtes (chapitre 53)

« Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ, car lui-même doit dire un jour : “J’ai demandé l’hospitalité et vous m’avez reçu ». (Mt 25, 35) »

Les vêtements et les chaussures des frères (chapitre 55)

« Lorsqu’on en recevra de neufs, on rendra toujours et immédiatement les vieux qui seront déposés au vestiaire pour les pauvres. »

Le bon zèle que doivent avoir les moines (chapitre 72)

« Ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d’autrui, tant physiques que morales. »

 

Ces dix petits conseils glanés dans la règle bénédictine ont prouvé leur efficacité pendant plus de 1 400 ans. Ils ont pour but de remettre Dieu au centre des cœurs et des vies. Une tâche longue et semée d’embûches certes, mais qui mène à coup sûr au don de soi et à la sainteté. Bonnes œuvres, obéissance, soin des malades et des voyageurs apprennent à reconnaître la main de Dieu dans le quotidien, et à savoir mieux la saisir pour se laisser guider à sa sainte volonté.

 

ST CHRISTOPHE successeur d’ANUBIS, D’HERMÈS et D’HERACLÈS

Pierre Saintyves 

Edition  Signatura

 2007 

L’histoire de Christophe est des plus étonnantes. La légende dorée de Voragine en donne la version suivante : » Christophe était un géant de la terre de Chanaan, haut de 12 coudées et d’un aspect terrible.

 

Il entra au service d’un puissant roi, parce qu’il avait entendu dire, que ce roi était le plus puissant du monde.

Ayant remarqué que le roi se signait dès que l’on prononçait le nom du diable, il en conclut que celui-ci était plus puissant que son maître et résolut de se mettre à son service.

 

Il le rencontra dans le désert et fit route avec lui ; mais en arrivant à un carrefour, le diable aperçut une croix et prit soudain la fuite. Christophe l’ayant rejoint, lui demanda la cause de sa frayeur et le diable, pressé de questions, fut contraint d’avouer que Jésus Christ était plus puissant que lui. 

 

Sans tarder, Christophe se mit à la recherche de ce maître inconnu. Un ermite qu’il rencontra lui enseigna les vérités de la foi chrétienne et le baptisa. Désireux de le faire avancer dans la voie de la perfection, l’ermite lui recommanda d’abord de jeûner ; mais le bon géant en était tout à fait incapable. Il lui enjoignit alors de réciter des prières, mais Christophe s’embrouilla et ne put jamais en venir à bout. L’ermite comprenant enfin son néophyte, l’établit au bord d’un fleuve rapide où périssait chaque année nombre de voyageurs. Plein de bonne volonté, Christophe prenait les patients sur son dos, et, aidé d’un bâton solide, leur faisait ainsi franchir le torrent.

 

Un jour, il s’entendit appeler par un enfant. Il sorti de sa hutte, mit l’enfant sur ses épaules et commença de traverser le fleuve. Mais quand il fut au milieu, l’enfant devint si lourd que le géant, courbé en deux, n’avançait plus qu’à grand peine. Arrivé enfin à la rive, il demanda à l’enfant qui il était : « Tu m’as chargé d’un si grand poids, dit-il, que si j’avais porté le monde entier sur mes épaules, je n’aurais pas eu un fardeau plus lourds »- Ne t’étonne pas, Christophe, répondit l’enfant, car tu as eu sur tes épaules, non seulement le monde entier, mais celui qui a créé le monde. Sache que je suis Jésus-Christ, et l’enfant disparu.

Peu après Christophe se rendit à Samos afin de convertir les païens et aider les chrétiens en butte aux persécutions du roi, lequel fit arrêter Christophe et essaya de le détourner de sa foi, en finale, le roi fit décapiter Christophe, qui dans un dernier geste de compassion guérit le roi de sa cécité, en faisant mélanger de la boue à son sang ».

 

Les représentations les plus anciennes de Christophe sont caractérisées par la tête de chien, la palme et le costume militaire. Toutes ces caractéristiques sont réunies dans nombre de représentations d’Anubis. On retrouve effectivement des peintures dans le Moyen Orient et au Mont Athos en particulier, avec Christophe affublé d’une tête de chien, il ressemble ainsi à Anubis, divinité égyptienne. Anubis, le dieu chacal ou dieu loup est celui qui ouvre le chemin, il est psychopompe et veille sur l’embaumement pour que le défunt puisse traverser sereinement son voyage sur le Nil nocturne. Il partage en cela le rôle d’Hermès qui fut chargé par Osiris de veiller sur l’éducation des militaires – Christophe est souvent représenté en habit militaire -, il est avec Anubis responsable du voyage des morts, devant veiller à ce que le défunt possède des connaissances spirituelles.

 

La parenté d’Héraklès avec Anubis et Hermès, pour être moins visible n’en est pas moins certaine et logique. Héraklès présente de grandes analogies avec ses deux prédécesseurs, il faut se rappeler que les dieux grecs viennent en grande partie des dieux égyptiens, les grecs hellénisant seulement les noms et les lieux. Que ce soit Anubis, Héraklès, Hermès ou Christophe, ils ont en commun, la force, la lutte, le rôle de psychopompe, de passeur d’âme, de dévouement, de fidélité, ils portent sur leurs épaules le poids de la transmission.

 

Le courant iconographique qui va d’Anubis à Christophe en embrassant Hermès et Héraklès, Hermanubis et Herculanubis, apparaît donc considérable, et on peut affirmer que les images de Christophe dérivent de ce vaste courant païen, et qu’elles ont, tour à tour emprunté à Hermès et à Héraklès l’enfant divin, à Héraklès et à Anubis, le palmier ou l’olivier, à Anubis enfin sa tête de chien et le costume militaire.

 

Yves Saintyves, de son vrai nom Emile Nourry (1870-1935) fut un célèbre éditeur et écrivain. Basé à Paris, il vit passé dans sa librairie durant 40 ans, tous les intellectuels de l’Hexagone, le président Edouard Herriot, était un de ses plus fidèles clients. Comme écrivain et essayiste, il participa à de nombreux journaux et revues ésotériques.

 

ST  JEAN D’HIVER  ET  SAINT JEAN D’ÉTÉ

       Divers Auteurs

  ARCADIA

 2007

Dossier très important sur cette symbolique des deux St Jean, qui se retrouve dans tous les arcanes maçonniques, que ce soit sur les autels avec le prologue, dans les planches tracées, sur les tableaux de loge  et dans les travaux, surtout à la période des solstices. La référence la plus ancienne à Saint Jean chez les Maçons Opératifs remonte à 1427, où un manuscrit latin conservé à Oxford atteste d’une Assemblée à York à la Saint-Jean, pour protester contre un Bill du parlement qui voulait supprimer certaines assemblées de Francs-Maçons. La deuxième est une réunion de grande loge présidée par Henry VII le 24 juin 1502, pour la pose de la première pierre de la chapelle de Westminster. Enfin, à la Saint-Jean d’hiver, le 27 décembre 1561, l’assemblée de la Confraternité fut perturbée par des hommes d’armes de la reine Elizabeth 1e, qui voulait la dissoudre. Les officiers invités à participer au rituel furent initiés et donnèrent un rapport très favorable qui incita la reine à révoquer ses ordres, et à devenir plus tard la protectrice des Maçons.

 

Dans la Maçonnerie Spéculative, une importance est donnée à la Saint-Jean dès le début, au commencement du XVIIIe siècle, comme en témoigne la Constitution de la Grande Loge de Londres en 1717, qui choisit le 24 juin, jour de la Saint-Jean Baptiste, pour réunir sous ce nom les quatre Loges de Londres qui se réunissaient séparément dans quatre cabarets d’où elles tiraient leur nom : L’Oie et le Gril, La Couronne, Le Pommier, Le Gobelet et les raisins. C’est à cette date du solstice d’été que la nouvelle Grande Loge a élu son Grand Maître Seyer. C’est encore un 24 juin, l’année suivante, que Payne lui succèdera, avant d’être lui-même remplacé à la Saint-Jean de 1720 par Désaguliers. Et celui-ci choisit le 24 juin 1721 pour faire adopter le Livre des Constitutions d’Anderson.

 

Bientôt, il est attesté par des textes, comme l’article 22 des Règlements d’Anderson, que les réunions et fêtes de la Franc-maçonnerie peuvent aussi se tenir le 27 décembre, à la Saint-Jean du solstice d’hiver. Les Francs-maçons de la Maçonnerie Opérative se rattachaient au Moyen-âge aux Confréries des métiers libres, francs, d’où leur nom, exemptes des contraintes corporatives, privilège de règle dans les censives de l’Ordre des Templiers, et c’est dans leur domaine que les artisans de la construction avaient choisi de s’installer pour bénéficier de ces privilèges. L’Ordre dissous par Clément V en 1312, leurs biens et droits sont dévolus aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, avant qu’ils deviennent les Chevaliers de Rhodes, puis de Malte. A cette époque, ces francs-métiers libres d’entraves corporatives étaient liés en Confréries au but religieux et charitable, sous la protection d’un saint patron. Vu les circonstances, on ne peut douter qu’il s’agissait déjà de Saint Jean. Pour Oswald Wirth, il est même certain que les Loges de Saint-Jean dérivent de ces Confréries, déjà présentes au Moyen-Age sous le nom de Confraternités de Saint-Jean.

 

Il semble donc bien y avoir un lien entre le choix de Saint Jean dans la Franc-maçonnerie et le lien des francs-métiers avec l’Ordre des Templiers, dont Saint Jean l’Evangéliste était le patron, et qui reste celui des Hospitaliers après la dissolution de l’Ordre. Déjà dans leur invocation, les Templiers comme leurs successeurs confondaient la figure johannique du Précurseur, et de l’Apôtre. La raison de cette association, plutôt que confusion, est à chercher dans les affinités symboliques de ces deux figures emblématiques du Nouveau Testament.

 

La symbolique de Saint Jean Le Baptiste : Avant d’évoluer, la Franc-maçonnerie a d’abord été religieuse, comme en atteste la participation à la messe avant la tenue solennelle. Au fil du temps et des évènements, elle ne garde des célébrations de la Saint-Jean d’été et d’hiver que les enseignements ésotériques dans leur pureté symbolique. Saint Jean le Baptiste est désigné aussi par le titre de Précurseur ou d’Envoyé, de Témoin. Ce prêcheur du désert avec sa tunique en poils de chameau, que la tradition ésotérique et iconographique a parfois remplacé par une toison d’agneau ou de bélier vierge, est présenté comme un ascète, qui sera décapité pour l’impudique Salomé, par Hérode. Il est présenté comme une figure de l’incorruptibilité, de l’indépendance de pensée, mais aussi de renoncement. N’est-il pas celui qui a dit de Jésus : « Il faut qu’il croisse et que je diminue », et aussi : « Il vient après moi celui qui est plus grand que moi. Je vous baptise d’eau, il vous baptisera de feu et du Saint Esprit ».

 

Sa fête le 24 juin, jour du solstice d’été, rend bien compte de ce rôle de Précurseur, qui reconnaît humblement ne pas être le Messie, mais celui qui crie dans le désert de préparer sa venue. En effet, ce jour-là, le soleil est à son apogée, mais il est aussi à ce point culminant après lequel sa lumière commencera à décroître, comme Jean Baptiste devant le Maître qu’il annonce. Comme le dira de lui précisément le deuxième Jean, l’Evangéliste : « Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière ». Il est la figure symbolique qui donne une représentation du Feu Principe, de la Lumière, qui n’est pas la Cause Première mais son émanation, comme le Feu du Buisson Ardent qui manifeste la présence de Dieu à Moïse, ou les flammes de Pentecôte qui rendent sensibles la descente du Saint Esprit, avec ses dons qui sont en priorité Intelligence, Connaissance et Amour.

 

C’est ainsi que Jean Baptiste est devenu le cœur de la célébration du solstice d’été, au milieu de l’embrasement des feux, rituel qui a des racines dans les plus antiques traditions, en Inde, en Iran, en Egypte, avant de passer en Grèce dans les Mystères d’Eleusis ou les feux de joie de la fête de Jupiter Stator à Rome ou du culte de Mithra. Plus proche de notre symbolique, il faut évoquer les feux de la fête solaire associé au mythe d’Héraclès-Hercule, dont les 12 travaux sont assimilés dans certaines traditions, à la marche du soleil dans les 12 Signes du Zodiaque, le 12e travail correspondant au solstice d’été : Héraclès cueille les pommes d’or des Hespérides, avant de se laisser piéger en revêtant la tunique imprégnée du sang du Centaure Nessus, qui va lui communiquer le feu de son poison, poussant le héros à se faire brûler sur un bûcher d’où, purifié, il accèdera à l’immortalité des dieux. La mort d’Hercule apparaît donc déjà comme le symbole de la mort de l’homme profane, suivi de la résurrection de l’initié après le passage par le Feu de la Connaissance.

 

Ce mythe a pris de l’importance dans la Gaule méridionale, où Héraclès a été pris comme divinité tutélaire par les tailleurs de pierre, ce qui en fait dans l’Antiquité une sorte de préfiguration maçonnique de Saint Jean puisqu’il est pris pour maître par ceux dont le culte professionnel revêt un caractère initiatique représenté par les 12 travaux du héros, jusqu’à son élévation finale. En considérant la force de ce mythe dans cette activité, nous voyons que Saint Jean Baptiste se substitue tout naturellement à Héraclès quand l’Eglise reprend les traditions anciennes en fêtes chrétiennes .Il devient à la place du héros ancien le centre des célébrations du culte de la victoire de la Lumière de la vie sur les Ténèbres de la mort, après le passage par le feu purificateur. En lui sont exaltés le Feu Principe, et la Connaissance qui ouvre le chemin vers Dieu à travers le Bien, le Beau, l’Idéal, l’Absolu où l’on peut reconnaître la Quête de la Franc-maçonnerie.

 

L’Evangéliste : Dans l’Evangile qui porte son nom Jean pose dès le Prologue le symbole de la Lumière, qui n’est pas la Cause Première mais son émanation incréée, et l’origine de notre univers. En même temps, il confirme le rôle du précurseur, son homonyme Jean, comme Témoin de la Lumière. Parce qu’il insiste sur cette Lumière qui « luit dans les ténèbres », il est naturel sur le plan symbolique que Jean l’Evangéliste soit célébré au cœur des ténèbres du solstice d’hiver, où les feux à l’extérieur ne sont plus le symbole de l’intensité de la lumière cosmique, mais sont allumés au cœur de la maison pour repousser les ténèbres extérieures, comme un symbole de la Lumière qui illumine le cœur de l’initié pour repousser l’obscurantisme sous toutes ses formes.

 

Sa fête, le 27 décembre, est proche de la date traditionnellement attribuée à la naissance de Jésus, dans la nuit du 24 au 25 décembre. Comme si le Logos, la Lumière réduite à sa plus faible expression dans son incarnation sous la forme d’un bébé, avait un besoin primordial du Témoin qui rappellerait, dans les deux jours qui suivent, son origine transcendante : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » avant d’évoquer l’incarnation « Et le Verbe a été fait chair et il a habité parmi nous plein de grâce et de Vérité et nous avons contemplé sa gloire »...

 

André Chopard, nous rappelle les valeurs maçonniques que développe la Franc-Maçonnerie, avec trois termes forts que rappelle St Jean : la Lumière, les Ténèbres et la fidélité

 

Claude Tresmontant sous le titre de « Qui était Jean ?» retrace le côté ésotérique de Jean. 

 

René Eloy explique pourquoi l’appellation Loge de St Jean.

 

François Bertrand dans une conférence qu’il a donné à Paris , fait la différence entre ces deux Jean avec une petite préférence pour le Baptiste(24 juin), son humilité et sa fin tragique, où la décollation (29 Août) fait partie avec le baptême des deux symboles forts de Jean. Jean le Baptiste est d’ailleurs le Saint patron du Québec depuis sa création.

 

Jean Bourcelot nous explique la tradition johannique, avec Jean, prophète de la Lumière, Jean gardien du message christique, Jean et la Kabbale, Jean et sa prophétie à travers l’Apocalypse, Jean et l’éthique. Gérard Abidh développe le Johannisme, sa doctrine, son message, les fêtes solsticiales, le rapport étroit avec le R.E.A.A, le témoin et l’aigle de Lumière.

 

Jean Constant Gaucher, nous raconte les fêtes des solstices d’hiver et d’été, d’après les textes anciens et la tradition populaire, avec les bûchers, les roues solaires, les chats, les fêtes païennes, les superstitions, Noël et sa bûche, les Rois mages et les cadeaux.

 

Jean Servier nous conte le christianisme primitif, avec les deux Jean et déborde sur Janus, ce gardien des portes dans la Rome antique. Les superstitions populaires nous apprennent les problèmes liés à la Saint Jean d’hiver, avec des sentences qui paraissent venir du fond des âges.

 

Dimitri Davidenko nous offre  des explications ésotériques et spirituelles sur le Corpus Johannite, corpus constitué par L’Apocalypse de Jean l’Aigle de Pathmos, l’Evangile de Jean et des épîtres

 

Les cahiers du pélican décortiquent l’évangile de Jean et son coté anagogique, et ainsi nous rappelle les moments forts de cet enseignement.

 

F. Goerg explique pourquoi l’évangile de Saint Jean est placé sur les autels des loges au R.E.A.A. 

 

Alain Juillet nous explique l’exégèse chrétienne et maçonnique du prologue de Saint Jean.

 

Jean Batellier continu par le symbolisme johannique du maçon, et des explications sur les épîtres. 

 

Un mini dossier nous raconte la décollation de Jean le Baptiste, et les baptêmes qu’il faisait, dont celui de Jésus. Le solstice d’été est très largement commenté avec les célèbres feux de la Saint Jean et les diverses superstitions attachées à cette fête, qu’elle soit religieuse, populaire ou païenne.

 

ST EPHREM LE SYRIEN - HISTOIRE DE SA VIE ET EXTRAITS DE SES ÉCRITS

Anonymous

Edition Théclassics

 2013

On appelait ce mystique: "la harpe du Saint-Esprit." Né à Nisibe (Nesaybin actuellement en Turquie) dans la province romaine de Mésopotamie, il fut chassé de la maison par son père, païen intolérant, pour ses "fréquentations chrétiennes". Accueilli par l'évêque du lieu dont il devint le fils spirituel selon l'historien saint Grégoire de Tours, il se convertit au christianisme à l'âge de 18 ans.

 

Ordonné diacre, il voulut le rester par humilité. Il fonda à Nisibe une école théologique de grand rayonnement. Mais à cause de l'invasion perse qui a envahi cette région, il préféra franchir la frontière et s'installer, avec son école, à Edesse dans l'empire romain. Il fut un grand défenseur de la doctrine christologique et trinitaire dans l'Eglise syrienne d'Antioche.

Il composa de nombreux ouvrages, commenta toute la Bible, écrit des poèmes qui remplacèrent les chants des fêtes populaires et répondaient aux chansons des hérétiques qui répandaient ainsi leurs thèses erronées. "Dimanches et fêtes, évoque un compatriote, il se tenait au milieu des vierges et les accompagnait de sa harpe. Toute la ville alors se réunissait autour de lui." Ses hymnes inaugurèrent la pratique du chant liturgique. Il est d'ailleurs considéré comme l'un des plus grands poètes de langue syriaque.

Le 28 novembre 2007, lors de sa catéchèse des audiences générales consacrée aux Pères de l'Eglise, Benoît XVI a tracé un portrait d'Ephrem le Syrien, le plus grand poète de l'époque patristique. Le Saint-Père a choisi de présenter saint Ephrem comme exemple de cette diversité des expressions culturelles du christianisme. Né en 306 à Nysibis et mort à Edesse en 373, il développa dans la poésie sa vocation théologienne.

"La poésie -a déclaré Benoît XVI- lui permit d'approfondir sa réflexion théologique au travers des paradoxes et des images". Il donna à ses poèmes et hymnes liturgiques "un caractère didactique et catéchistique...destiné à mieux diffuser la doctrine de l'Eglise lors des fêtes liturgiques".


Benoît XVI a ensuite rappelé la réflexion d'Ephrem sur le Créateur: Dans la création rien n'est isolé et avec l'Ecriture le monde est une Bible. En usant mal sa liberté, l'homme perturbe l'ordre du cosmos". La présence de Jésus dans le sein de Marie, a ajouté le Pape, "le porta à considérer la grande dignité de la femme... dont il parlait avec sensibilité et respect. Pour Ephrem, il n'y a pas de rédemption sans Jésus et pas d'incarnation sans Marie. La dimension humaine et divine du mystère de la rédemption se trouve déjà dans l'Ecriture".


Honoré du titre de Cithare de l'Esprit, saint Ephrem fut toute sa vie diacre, "un choix emblématique car il voulut servir, dans les offices liturgiques comme dans l'amour du Christ qu'il chantait... mais aussi dans la charité envers les frères qu'il ouvrait avec grande maîtrise à la connaissance de la Révélation" Diacre et docteur de l’Église. Il exerça d’abord à Nisibe, sa patrie, la charge de prédication et d’enseignement de la doctrine sacrée, puis, après l’invasion de Nisibe par les Perses, il se réfugia à Édesse en Syrie avec ses disciples, il y posa les fondations d’une école de théologie, accomplissant son ministère par sa parole et ses écrits, remarquable par sa vie austère et son érudition, à tel point qu’il mérita d’être appelé, pour les hymnes de toute beauté qu’il composa, la cithare du Saint Esprit. Il mourut en 373

 

Saint Ephrem le Syrien, un des Pères de l’Église, a été proclamé docteur de l’Eglise par le pape Benoît XV en 1920, comme le rappelait le pape François en proclamant le grand saint arménien Grégoire de Narek docteur de l’Eglise, presque un siècle plus tard. Saint Ephrem, né à Nisibe (Turquie actuelle) vers 306, est donc vénéré dans les Églises orientales, mais aussi en Occident.

 

Diacre, ce grand théologien a écrit plus de 3 millions de vers pour louer Dieu et combattre les hérésies de l’époque. Et il est considéré comme le premier compositeur de chants sacrés pour les femmes, et comme l’un des plus grands poètes de langue syriaque. Il est mort le 9 juin 373 à Edesse, où il a vécu dix ans, après avoir contracté la peste en assistant les malades.

 

Pour le jour de sa fête liturgique, voici une prière qu’il a composée et que l’on peut redire pour la paix en Syrie, et tout l’Orient, berceau du christianisme. Prière de saint Ephrem le Syrien :

Seigneur notre Dieu,

Tu as choisi l’Orient pour envoyer ton Fils unique et accomplir l’économie du salut. C’est une jeune fille orientale, la Vierge Marie, que tu as choisi pour qu’elle porte et enfante ton Fils unique. C’est en Orient qu’il a grandi, qu’il a travaillé, qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples. C’est en Orient où il a transmis ta volonté et tes enseignements, où il a fait des miracles et des prodiges. C’est en Orient où il s’est livré.

C’est en Orient où il a choisi de souffrir, de mourir et de ressusciter. C’est de l’Orient où il est monté au ciel et siégé à ta droite. Nous te prions d’accorder les forces nécessaires à tes enfants en Orient pour qu’ils soient affermis dans la foi et dans l’espérance de tes saints apôtres. Amen.

 

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE  -   LES FIORETTI (petites fleurs), suivi du cantique de Frère Soleil

Saint François d’Assise

Edition Jean de Bonnot

1989

Les Fioretti sont un recueil d’histoires légendaires sur saint François d’Assise et ses premiers compagnons, réunies par les franciscains du XIVe siècle. Célèbre pour sa fraîcheur, sa saveur, son humour, ce florilège rassemble, sinon les paroles et les gestes de saint François, du moins son « esprit », l’esprit franciscain : il n’est pas un mot, pas un acte racontés qui soient étrangers à ses véritables intentions.

Outre Les Fioretti, cette édition de référence contient : Les Considérations sur les stigmates, qui racontent la stigmatisation de saint François ; La Vie de frère Junipère, dont Rossellini s’est inspiré pour son film sur saint François ; La Vie ainsi que Les Dits du bienheureux Égide (Gilles) ; divers récits sur les premiers franciscains et le fameux Cantique de frère Soleil.

 

Saint François d'Assise (29 avril 1182 - 3 octobre 1226), est un religieux catholique italien, fondateur de l'ordre franciscain (ou ordre des frères mineurs, o.f.m.) caractérisé par la pauvreté et la joie. Il a été canonisé dès 1228 par l'Église catholique romaine. Il est fêté le 4 octobre dans le calendrier liturgique catholique. François est issu d'une riche famille marchande d'Assise, en Ombrie. À sa naissance, sa mère le fait baptiser sous le nom de "Giovanni" (Jean). De retour de son voyage en France où il a fait de très bonnes affaires, son père, Pietro Bernardone, lui donne le nom de Francesco (François), qu'il gardera et par lequel il sera universellement connu. La jeunesse dissipée de Francesco est marquée par les aspirations de son époque. Fils d'un riche commerçant, il mène la belle vie et organise des fêtes avec ses condisciples. À l'époque des révoltes et des communes, roturier, il fait la guerre à la noblesse d'Assise et de Pérouse. La bataille de Ponte San Giovanni, en novembre 1202 sera pour lui suivie d'une année d'emprisonnement. La maladie contractée durant sa captivité continue après son retour à Assise et l'oblige à calmer ses ardeurs.

 

Il rêve alors de hauts faits d'armes pour être adoubé chevalier et acquérir le rang de noblesse. Mais tandis qu'il veut rejoindre l'armée de Gauthier de Brienne, un songe à Spolète lui fait abandonner ce projet. De retour à Assise, il abandonne peu à peu ses compagnons de fête et fréquente de plus en plus souvent les chapelles de la vallée dite Val di Spoleto.En 1205 il a 23 ans. Alors qu'il est en prière devant le crucifix de la chapelle Saint-Damien, Francesco entend une voix lui demandant de "réparer son Église en ruine". Prenant l'ordre au pied de la lettre, il vend à Foligno des marchandises du commerce de son père pour pouvoir restaurer la vieille chapelle délabrée.

 

Furieux des excentricités de son fils, Pierre Bernardone exige qu'il lui rende des comptes et le convoque en justice. Francesco, se réclamant d'un statut de pénitent qui le fait échapper à la justice laïque, sera alors convoqué par l'évêque. Lors de son audition sur la place d'Assise, au printemps 1206, François rend alors l'argent qui lui reste, ainsi que ses vêtements et, se retrouvant nu, il dit à son père et à la foule rassemblée: « Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ; désormais je peux dire : “ Notre Père qui êtes aux cieux, puisque c'est à Lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi ». L'évêque d'Assise le prend alors sous sa protection. François part pour Gubbio. Revenant à Assise vers l'été 1206, il restaure successivement les chapelles de Saint-Damien, de Saint-Pierre, et de la Portioncule.

 

Au début de 1208, dans la chapelle de la Portioncule, François comprend enfin le message de l'Évangile : « Dans votre ceinture, ne glissez ni pièce d'or ou d'argent, ni piécette de cuivre. En chemin, n'emportez ni besace, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton » (Matthieu 10,9). Il se retire dans une pauvreté absolue, se consacrant à la prédication et gagnant son pain par le travail manuel ou l'aumône. Il change son habit d'ermite pour une tunique simple. La corde remplace sa ceinture. Il est probable que sa fréquentation des lépreux date de cette époque et de la stabilité qu'il pouvait trouver auprès de la léproserie voisine. Bernard, fils de Quintavalle, et Pierre de Catane le rejoignent très vite, puis d'autres encore et François se retrouve à la tête d'une petite communauté. En 1210, le pape Innocent III, qui l'a vu en rêve soutenant la basilique Saint-Jean de Latran en ruines, valide verbalement la première règle rédigée par François régissant la fraternité naissante.

 

Rapidement, l'ordre franciscain tel que l'avait conçu François est dépassé par son succès et s'organise contre les vœux du fondateur, si bien qu'après un voyage en Égypte et une rencontre étonnante avec le sultan Al-Kamel (1219), François confie la direction de l'ordre à Pierre de Catane puis à Élie d'Assise. Il désapprouve également le goût naissant des Franciscains pour l'étude et l'enseignement, si bien qu'il refuse un jour d'entrer dans une maison conventuelle à Bologne lorsqu'il apprend qu'elle est surnommée « Maison des frères » et qu'elle comporte une école. En 1221, durant le Chapitre général, il couche sur le papier la règle officielle qu'il veut donner à l'ordre. Ce texte, appelé aujourd'hui Regula prima, est jugé trop long et trop flou pour être praticable. En 1222, François se rend à Bologne où, à la demande de laïcs, il créera un troisième Ordre après celui des frères mineurs et des sœurs pauvres : le Tiers-Ordre, appelé aujourd'hui Fraternité séculière. En février 1223, François se retire dans un ermitage pour reprendre la rédaction de la règle. Celle-ci sera discutée au chapitre de juin puis approuvée par la bulle Solet annuere du pape Honorius III, d'où son nom de Regula bullata.

 

En août 1224, Francesco se retire avec quelques frères au monastère de La Verna. Le 17 septembre (3 jours après la fête catholique de la Croix glorieuse), il reçoit les stigmates. Désormais, il est souvent malade, et est en proie à des crises d'angoisses. Il se réfugie dans une hutte près de l'église Saint-Damien, où il avait commencé son itinéraire spirituel et où vit la communauté des sœurs pauvres initiée par Claire d'Assise. Il y écrit son « Cantique de frère soleil » (ou « Cantique des créatures »), premier texte en italien moderne), célébration de Dieu en sa création, et l'un des grands poèmes italiens. Il meurt le 3 octobre 1226, dans la chapelle du Transito (qu'on peut voir ainsi que la chapelle du Portioncule, conservées intactes et englobées dans la basilique Sainte Marie des Anges dans le Val di Spoleto non loin de la ville haute d'Assise). Il laisse un testament  où il professe son attachement à la pauvreté évangélique et à la Règle.

 

Sa vie est racontée notamment par Thomas de Celano et par saint Bonaventure. Elle a également fait l'objet des Fioretti, recueil anonyme du XIVe siècle contant sur ton naïf et humoristique les miracles et petites histoires qui seraient advenus autour de François et de ses premiers disciples. L'une des anecdotes les plus célèbres est la conversion d'un loup qui aurait terrorisé la population de la ville de Gubbio. Sa vie, enfin, a été peinte par Giotto dans l'église Santa Croce de Florence, et à Assise même dans la basilique supérieure par ses fresques de la vie de Saint François en 28 tableaux. François a été canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX. Il fait partie des saints catholiques les plus populaires et sans doute celui qui est le mieux accueilli parmi les non catholiques ou non chrétiens. A la suite de la nuit qu'il célébra dans une grotte à Greccio, l'usage de la crèche de Noël 's'est répandu dans la famille franciscaine puis dans les foyers. À la suite de sa rencontre avec le sultan à Damiette, l'annonce de la prière par les cloches, puis l'Angélus, se sont répandu. François est le patron notamment des louveteaux (branche du scoutisme réservée aux jeunes enfants), des écologistes et des animaux.

 

Le pape Benoît XVI a déploré que la figure de saint François ait subi les assauts de la sécularisation. Bien qu'il se présente lui-même comme illettré, François a laissé de nombreux écrits de genres variés. Certains d'entre eux nous sont parvenus comme autographes, c'est-à-dire les originaux écrits par François lui-même. D'autres sont des copies incluses dans des collections, tels que le prestigieux "manuscrit 338" de la Bibliothèque communale d'Assise, D'autres, enfin, sont tirés d'écrits divers dans lesquels ils avaient été cités (par exemple la Règle de sainte Claire).Les études récentes ont permis de déterminer les écrits que l'on peut attribuer à François, et à quel titre on peut les lui attribuer. Certains textes ont été éliminés des éditions récentes du fait de leur degré d'authenticité trop faible. Ainsi la célèbre Prière pour la paix, appelée aussi Prière simple ou encore Prière de saint François, ne fait partie d’aucune collection manuscrite. La trace la plus ancienne de ce texte ne remonte pas avant 1913. La prière fut imprimée au dos d'une image pieuse représentant saint François. Ce n'est qu'à partir de 1936 qu'on l'attribua à l'Assisiate. Son succès mondial est dû au sénateur américain Tom Connally qui en fit lecture à la tribune de l'ONU en 1945 lors de la conférence de San Francisco, ville placée dès sa création par les Espagnols sous le patronage du saint. D'autres prières, autrefois fameuses, ont récemment perdu du crédit auprès des chercheurs et ont disparu des éditions critiques des écrits de François.

 

Deux textes sont autographes (LLéon, LD-BLéon). Pour d'autres, on a un témoignage attestant que François en est l'auteur. Parfois, comme cela arrivait souvent au Moyen Âge, François a dicté un texte à un secrétaire, plus ou moins habile. Certains textes commencent en effet par "Écris comme...". Ceux-ci sont désignés opera dictata. Certains textes semblent être des notes prises pendant des entretiens. La règle (1Reg, 2Reg) est un écrit ayant évolué de 1208 à 1223, dans lequel François tient certes une grande part, cependant une étude précise montre que ce texte est l'oeuvre de la communauté franciscaine réunie en chapitre. La classification de l'oeuvre de François est toujours artificielle. Les textes mélangent les genres littéraires, notamment la Première Règle, à caractère législatif qui contient des modèles d'exhortation (type Lettres) et des prières. François d'Assise est l'une des figures comptant le plus de biographes de 1230 à nos jours. Certains auteurs, tels Thomas de Celano, ont même produit plusieurs biographies. L'histoire de la rédaction des hagiographies de François et de leurs influences réciproques est ce que les spécialistes ont appelé la Question franciscaine qu'on peut résumer comme suit.

 

Peu de temps après la mort de François et sa canonisation, le pape commande une hagiographie (précisément une vie de saint). Le travail est confié au frère Thomas de Celano qui part de l'enquête de canonisation et des relations dont il dispose. Le schéma est celui d'un jeune homme dévoyé qui, par grâce, est converti et devient saint. Certains parmi les premiers frères réagissent à ce récit qu’ils trouvent peu conforme à l'homme qu'ils ont connu. Le Chapitre général des franciscains commande alors une seconde hagiographie. Une lettre est envoyée aux frères pour faire parvenir par écrit les souvenirs qu'ils ont du saint fondateur. Parmi les documents parvenus, il semble qu'un récit ait été fait par les frères Ange, Léon et Ruffin, premiers compagnons de François. En effet une lettre commençant par les mots Nos qui cum eo fuimus... (Nous qui étions avec lui) accompagne un manuscrit que l'on appelle la Légende des trois Compagnons. Certains experts mettent en cause le lien entre la lettre et la légende (rappelons qu'une légende est un texte devant être lu au réfectoire, à l'Office... et non un récit imaginaire). Ce récit témoigne, plus que les biographies, de la vie de la communauté naissante.

 

Thomas de Celano reçoit la charge de composer une seconde hagiographie officielle, c'est la Vita II. Il s'appuie sur les documents collectés. Le schéma est alors celui d'un jeune homme prédestiné dès sa naissance à être saint. Comme le Christ, sa naissance est prophétisée, comme le Christ, il naît sur la paille...Des dissensions se développent dans la communauté entre les partisans d'une pureté originale plutôt érémitique qui deviendra le parti des spirituels et la majorité des frères plus conventuelle et cléricale. Chacun s'appuyant sur son interprétation de l'intention du fondateur. Le Chapitre Général demande alors à Bonaventure de Bagnorea d'écrire une vie de François qui, tout en conceptualisant le franciscanisme, s'efforce de maintenir la cohésion. Ce frère savant s'appuie principalement sur le contenu des deux biographies de Thomas de Celano et n'apporte que peu d'éléments historiques nouveaux. Après quelque temps, les biographies antérieures seront interdites et l'on doit aux Ordres religieux voisins d'avoir sauvegardé des exemplaires de ces écrits et peut-être à quelques frères astucieux de les y avoir cachés. Il s'en est cependant fallu de peu, car aujourd'hui seul un manuscrit original de la Vita prima et deux de la Vita secunda existent encore. Plus tard, la querelle n'ayant pas disparu, des écrits apparaissent dans les milieux spirituels qui n'apportent que très peu d'éléments nouveaux sur François sinon une relecture spirituelle de l'expérience franciscaine. Dans cette veine se trouvent les très fameuses Fioretti au récit savoureux. La Croix va sur le terrain, et met en lumière des acteurs de l'actualité, célèbres ou modestes.

 

 

SAINT  GRÉGOIRE PALAMAS  et  LA MYSTIQUE ORTHODOXE  

Jean Meyendorff

Edition  du Seuil

 2002

Saint Grégoire Palamas et la mystique Orthodoxe, l’hésychasme est le cœur de la tradition spirituelle de l’Eglise orthodoxe. Dans la contemplation, par la prière du cœur où est invoqué sans relâche le nom de Jésus, l’hésychaste, ermite placé sous la direction d’un Maître, tente de créer en lui-même la paix intérieure.

 

Ce petit livre est devenu un classique. Jean Meyendorff, qui fut l’un des plus grands théologiens orthodoxe du XXe siècle, y déroule, autour de Grégoire Palamas (1296-1359) qui en est la grande figure et le théoricien au Moyen Âge, toute l’histoire de la mystique orthodoxe des origines à nos jours.

 

« Flambeau de l’orthodoxie, fondement et docteur de l’Eglise, modèle des moines, allié invincible des théologiens, ô Grégoire thaumaturge, orgueil de Thessalonique, hérault de la Grâce, que ta supplication pour le salut de nos âmes ne s’interrompe jamais »

 

Cet hymne à saint Grégoire Palamas est chanté par l’Eglise orthodoxe dans sa liturgie du second dimanche du Carême, pour vénérer celui qui, quelques décades avant la chute de Byzance, sut intégrer dans une synthèse doctrinale la tradition séculaire du monachisme contemplatif de l’Orient chrétien, connue sous le nom d’ « hésychasme ».

 

L’hésychasme est un mouvement monastique dont les origines remontent aux Pères du désert et il ne peut certes prétendre représenter à lui seul la « Mystique orthodoxe » qui connut et connaît encore aujourd’hui des formes diverses. Palamas, en particulier, ne peut se présenter comme un docteur de mystique orthodoxe que dans la mesure où il dépassa les cadres d’une école spirituelle et où il fit revivre dans son oeuvre, le mystère chrétien dans son essence même.

 

A l’époque de Palamas, le monachisme oriental avait déjà une longue histoire. Ses grands docteurs, lui avaient légué une vaste littérature ; il avait connu ses tentations. Pour les contemporains, il jouissait d’une immense autorité ; tout cet acquis du passé, Palamas l’acceptait sans réserve. Son rôle consista cependant à dégager dans ce passé un élément doctrinal et spirituel permanent, et cela à une époque om l’esprit de la Renaissance commençait à souffler sur Byzance et où l’Occident chrétien subissait l’une des transformations les plus radicales de son histoire.

 

Les temps modernes, en emportant dans une ruine définitive tant les valeurs que le Moyen Âge avaient absolutisées, allaient-ils désagréger l’essence du christianisme ? La cité nouvelle, après avoir obtenue l’autonomie de l’intelligence et de la création, laisserait-elle une place à la vie surnaturelle que le Christ avait apportée indépendamment de tous les achèvements proprement humains ?

 

C’est à ces questions que l’œuvre de Palamas donne des réponses positives ; voilà pourquoi son triomphe doctrinal à Byzance au XIVe siècle, fut considéré par l’Eglise d’Orient non pas comme le triomphe d’une mystique particulière, mais comme celui de l’orthodoxie elle-même. Cette approbation ecclésiastique a ainsi dégagé ce qu’il y avait de permanent et d’universel dans une tradition de spiritualité purement monastique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La tradition spirituelle des moines d’Orient   -   Le monachisme primitif   -  Evagre le Pontique et la prière pure   -  Macaire et la mystique du cœur   -  La prière de Jésus   -  Doctrine de la déification   - Grégoire de Nysse et Maxime   -   Syméon le nouveau théologien   -  L’hésychasme byzantin aux XIIIe et XIVe siècle   - Grégoire Palamas, théologien de l’hésychasme   -   les jeunes années   -   La controverse avec Barlaam et Akindynos    -    Une théologie de l’hésychasme    -   Un existentialisme chrétien     -    L’hésychasme après Palamas   -    En Orient chrétien du XIVe siècle à nos jours    - La tradition hésychaste en Russie    - 

Cet ouvrage comporte une chronologie, un index, des noms propres et une bibliographie.

 

ST JEAN DE LA CROIX - DÉCOUVRE-MOI TA PRÉSENCE

Guido Stinissen

Edition du Cerf

 1989

Voici quatre siècles, que St Jean de la Croix est mort en Andalousie, le 14 Décembre 1591, prince de la mystique chrétienne, saint Jean de la croix, docteur de l’Eglise catholique, est un modèle et une référence.
 

Parce qu’il dit tellement Dieu, Jean remplit nos bornes d’espérance, parce qu’il vit tellement Amour, Jean réveille le plus beau des rêves, mais parce qu’il est, tout à la fois, homme, poète, philosophe, théologien, accompagnateur spirituel, mystique avant tout qui expérimente Dieu, Jean est riche au risque de dépasser notre bonne volonté.

 

Alors, devant des paysages si variés et étendus, il est bon d’avoir un guide qui nous indique l’essentiel. Guido Stinissen nous pilote à travers le pays de Juan de la Cruz avec mesure et sagesse, dans l’enthousiasme et la ferveur, soucieux d’actualiser les coups d’aile de l’aigle mystique dans nos petits vols quotidiens, avec une attention aiguisée pour la pédagogie de l’oraison.


Au sommaire de cet ouvrage de 360 pages :

Une âme de feu - Un guide qualifié - Une symphonie biblique - Les clés de la porte - Dieu, amoureux de l’homme - L’amour éveille l’amour - L’homme attentif à Dieu - L’appel et la montagne - Salés par le feu - La fête du Saint-Esprit - Au service de l’Eglise - Une mystique de libération - Pâques - Liberté et libération -

Un très beau voyage spirituel

 

ST JEAN DE LA CROIX ET LE PROBLÈME DE L’EXPÉRIENCE MYSTIQUE

Jean Baruzi

Edition Salvador

 1999

La thèse de Jean Baruzi, soutenue en 1924 à la Sorbonne, ouvrit au jeune professeur le Collège de France où il fut suppléant, puis successeur d'Alfred Loisy (sans jamais devenir moderniste pour autant). L'édition de 1931, republiée ici, fut «revue et augmentée» par l'auteur, qui ne fit, à ses multiples détracteurs, que des concessions de détail. On se réjouira, avec le préfacier, de voir l'ouvrage à partir duquel toutes les études sanjuanistes se situent dès lors, redevenir accessible à nos contemporains. Dans ses deux préfaces, Baruzi s'expliquait sur le sens de son travail: «nous demander quelle serait la signification métaphysique d'une expérience mystique d'où toute donnée partielle serait exclue» (50); ou encore: «j'ai constamment cherché à montrer qu'il y a une métaphysique sous-jacente à la construction et à l'expérience mystiques de Jean de la Croix». Or, note É. Poulat, c'est là «tout le débat du siècle, sur la nature du mysticisme et les conditions de son intelligence». Première «biographie critique du grand mystique espagnol», aux dires des Bollandistes de l’époque, l'ouvrage manquait encore d'une édition critique des Oeuvres de Jean de la Croix, cependant lues dans le texte, sur les manuscrits jugés les meilleurs. Le résultat reste, à nos yeux, exceptionnel.


Les textes sont présentés, avec la dernière rigueur critique, dans un premier «livre» («rappelons-nous que nous sommes en face d'une ruine, que les manuscrits autographes font presque toujours défaut, que la Montée et la Nuit sont inachevées». Le deuxième livre retrace la biographie, dans un magnifique effort de reconstitution où nous apparaît la figure que le troisième livre cherche à suivre dans son voyage intérieur («la relation de l'expérience à la doctrine»). Le livre IV forme la synthèse doctrinale, où «la négation (sanjuaniste) initiale», passant par la «critique des appréhensions distinctes», ouvre sur «l'expérience abyssale» et «l'état théopathique» - ce dernier chapitre étant sans doute le plus célèbre dans la controverse. Notons encore le plaisir qu'on retrouve au superbe français d'avant-guerre et combien la sympathie (ou la syntonie) pour le mystique espagnol affleure partout. Une grande thèse, qui ouvrait des chantiers que la théologie, pour ne rien dire de la philosophie, n'a guère fini de défricher.

 

L’auteur part d’une interrogation de l’homme sur l’homme. Quelle contribution apporte l’expérience mystique à la solution du problème métaphysique de la connaissance de Dieu et du rapport à l’Absolu ? Ce n’était ni le problème ni le propos de St Jean de la croix, auxquels ses commentateurs catholiques ont quelques bonnes raisons de se tenir, mais dans cette confrontation entre la théologie classique et une anthropologie post-kantienne, l’auteur reste un auteur de référence.


Au sommaire de cet ouvrage de 830 pages, l’auteur développe les points suivants :


Les textes - La vie de Saint Jean de la Croix - de l’enfance à la fin de la période médinienne - La période salmantine - le Carmel Réformé - La relation de l’expérience à la doctrine - les données du problème - L’expression lyrique et ses prolongements - La synthèse doctrinale - la négation initiale - Une critique des Appréhensions distinctes - L’expérience abyssale - L’état théophanique - Esquisse d’une étude bibliographique - Nombreux ouvrages cités et leurs références -

 

ST JEAN DE LA CROIXLA MONTÉE DU CARMEL

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1995

Comme toutes les autres œuvres de Saint Jean de la Croix, la montée du carmel a jailli de l’expérience du saint. Le cœur de l’œuvre, c’est d’abord un poème. Ce poème, qui est placé au début, est un cri, un chant, une expression lyrique et symbolique de l’expérience faite par Jean de la Croix, du cheminement de l’âme contemplative le long des sentiers abrupts de l’union mystique.

Puis, sur la demande des frères et des sœurs des carmels dont s’occupait Jean, il dut expliquait, améliorer et rendre plus clair son texte, qui, il faut le reconnaitre était très ardu au départ, il le fit également dans un souci de charité pour ceux qui dans la détresse avaient besoin d’un texte spirituel pouvant les aider et les guider.

Dans cet ouvrage, l’auteur suit le cheminement de sa propre vie spirituelle, en l’élargissant et en l’enrichissant des expériences dont il a été le témoin et le guide, de plus il met dans ces textes les influences de la vie intérieure de sainte Thérèse d’Avila.

Le génie de Jean est d’avoir su mettre dans ce traité son esprit de synthèse et de clarté, car tout s’ordonne par le dedans, sans s’attarder aux considérations anecdotiques. Jean est une intelligence de type philosophique, percevant les thèmes essentiels et ne donnant des exemples que pour mieux dégager ses idées.

Alors de quoi s’agit-il dans cette montée du carmel : C’est un itinéraire d’ascension, la montagne à gravir, ce mont carmel, où se tient Dieu dans la nuée, c’est la Transcendance divine, c’est escarpement vertical, dont l’aspect vertical, dont l’aspect épouvante.

Que des hommes préfèrent s’installer dans la plaine, comme les Hébreux au pied du Sinaï, ou bien s’égarent à flanc de montagne, dans les sentiers faciles et sinueux (chemins d’esprit imparfaits) ou même redescendent (chemin d’esprit égaré), lui Jean, veut aller vite, il meurt de soif et veut grimper rapidement pour étancher cette soif jaillissante au sommet.

Jean sait que qu’il est facile de se tromper de route, de se décourager et de ne plus rien comprendre, alors il trace et montre le chemin menant au sommet. Paradoxalement, plus l’âme s’élève plus elle risque de se perdre, mais à la nuit de la Transcendance divine, répond la nuit de la foi qui permet d’atteindre l’essence de Dieu.

Pour atteindre cette Essence de Dieu, il faut rentrer dans son amour, il ne faut pas rester à une recherche de soi-même qui est un repliement, mais rechercher cette rencontre avec le divin qui est l’objectif final et qui par la suite va permettre à celui qui cherche cette rencontre de pouvoir mieux vivre, sans angoisse, sans doute, avec beaucoup de détachement, surtout celui des biens terrestres, il pourra ainsi se consacrer totalement à la divinité, avec cette montée du carmel, Jean développe et donne une direction qui permet de trouver l’équilibre et le bonheur.

A cette générosité suscitée par l’appel de Dieu, répondra la générosité de Dieu, qui, se rendant présent à l’âme par sa Ténèbre même, désassimilera l’âme dans sa substance la plus intime, par une purification passive, acceptante, pour la libérer de son moi égoïste et aveugle (la nuit obscure), et la faire entrer dans la vibration du Don Absolu et Vivant dans la Vive Flamme d’Amour.

Ce sont donc les premières étapes, actives, de cette désappropriation, que décrit la montée du carmel. Ne pouvant établir un ordre de succession dans ces différents états d’âme, Jean part du principe que l’action d’ascèse purificatrice dure autant que la vie.

Le plan de la montée du carmel est le suivant : L’âme s’évade de la demeure des sens, des tendances, de l’agitation, de l’entendement, de la mémoire et de la volonté, seule la guide « la fumière qui brule en son cœur », la Foi, vivifiée par la Charité, confortée par l’Espérance ; c’est la nuit « la plus aimable que l’aurore », seul chemin non trompeur.

Les œuvres de Saint Jean de la Croix sont au chapitre 8

 

st jean de la croix & la mystique hindoue

Robert kfouri

Edition LES DEUX OCEANS

 1996

Ce livre analyse l’enseignement de Saint Jean de la Croix et dégage les équivalences les plus importantes avec le Yoga Védanta, offrant ainsi au lecteur un panorama général de la mystique hindoue. Mais ce qui rend ce livre particulièrement intéressant, en ces temps de crise et de perte des valeurs, c’est qu’il nous dévoile la richesse d’un patrimoine chrétien, qui contient tout le nécessaire pour accéder à l’expérience mystique.

 

Dans les voies mystiques en général, et plus particulièrement dans celle de Saint Jean de la Croix, nous trouvons les quatre étapes d’évolution spirituelles suivantes :

 

1/ : Le rejet de la création et le début de la quête : c’est « la montée au carmel » chez Saint Jean de la Croix, la « montée de la puissance divine » dans le Tantra, le « voyage » dans le Veda. Autant d’expressions qui décrivent l’intériorisation de la recherche, c'est-à-dire la plongée dans le silence de l’âme (Samadhi suivant le yoga). Celle-là comprend le renoncement, la contemplation, la mise en condition et l’ascèse qui accompagnent le « Nuit mystique » de Saint Jean de la Croix.

 

2/ : Le début de l’expérience spirituelle où Dieu est connu sous son aspect d’amour (Bhakti) qu’il soit personnalisé ou pas. Cette phase caractérisée par des « visites » que Dieu rend à l’âme et qui par conséquent ne sont que temporaires, constitue les « fiançailles spirituelles » selon Saint Jean de la Croix, la « conscience du Seigneur » (Bhagavad Cétana) selon le Yoga de l’Amour.

 

3/ : L’union permanente avec Dieu dans sa réalité aussi bien personnelle (Verbe ou Shakti) qu’impersonnelle et au-delà des modes (Déité chez Jean, Brahman dans le Vedanta). Ce sont des « Noces mystiques chez Jean et les  Noces de Shiva/ Shakti dans le Tantra Yoga

 

4/ : Le retour à la création avec l’expérience de l’immanence de Dieu, celle de l’unité fondamentale de l’âme, de toutes choses créées, et de Dieu. Cette phase est aussi bien décrite dans le Tantra Yoga que dans le Vedanta, c’est la perception de la création avec les yeux de Dieu »selon Jean de la Croix, c’est l’ultime réalité une et non-duelle (advaïta) selon les Upanishads.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La montée   -    Les fiançailles    -    Les noces   -     L’unité dans la création    -  

 

ST JEAN DE LA CROIX - LA NUIT OBSCURE

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1984

La réforme du Carmel fut la « grande chose » de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d’Avila, ceci sur un plan matériel et théologique, car sur le plan spirituel, tous les deux durent lutter pour conserver et avancer dans le chemin difficile de la Réalisation personnelle, religieuse et métaphysique.

 

Ste Thérèse est la réformatrice, saint Jean le réformé qui ayant conscience de ses limites matérielles, non seulement ne briguera aucunes responsabilités mais fit de l’obéissance à Dieu et à Ste Thérèse, une obligation morale, bien qu’il fut chargé de temps en temps de charge d’Ames et de quelques missions délicates.

Partout il s’acquitta de ses missions et communiqua sans cesse avec Thérèse d’Avila, qui pour lui était son Maître spirituel. Ste Thérèse meurt alors qu’il n’a que 40 ans, lui-même mourra à 49 ans après avoir brulé toutes les lettres de Ste Thérèse et quelques manuscrits qu’il avait écrits.

Il restera de lui 4 écrits-poèmes qui donneront : La nuit obscure – la montée au carmel – le Cantique des cantiques – et la vive flamme d’amour - De son côté Ste Thérèse écrira «  le château intérieur » et Cervantes à cette époque, alors qu’il est esclave de la barbaresque, écrit des textes à la Vierge et prépare son « don Quijote ».

Le 15 Aout 1578, alors que Jean est enfermé depuis 9 mois dans un cul de basse fosse à Tolède, aidé par son geôlier il s’évade de cette prison, il n’a avec lui que les poèmes écrits en prison et qui seront les textes de ses futurs poèmes mystiques.

Dans « la nuit obscure » Jean montre le rôle de l’initiative divine dans la purification des sens et de l’esprit : nous sommes ici dans la voie passive ; à ce point que Jean de la Croix prétend parfois se contenter de faite œuvre de description ou de discernement. Il a résolu de livrer son bilan : à la fois son expérimentation personnelle de la nuit et son expérience de celle-ci, à l’écoute d’autrui dans les nombreuses et les plus affectueuses directions spirituelles qu’il est eues à mener durant sa courte vie.

Jean nous livre les règles strictes qu’il a systématiquement appliquées d’un passage de la méditation à la contemplation, la nuit des sens permettant la connaissance de soi, la nuit de l’esprit aboutissant à la connaissance de Dieu. Le mystique dans le silence de la nuit devient le sujet d’une vision totale de l’Absolu.

Plus la contemplation des choses divines paraît claire, plus elle est obscure et cachée à l’âme. Il en est ici, comme de la lumière naturelle : plus elle est claire, plus elle éblouit et obscurcit la papille du hibou ; plus on veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on la prive de lumière ; cette lumière dépasse la faiblesse de l’œil.

De même quand cette divine lumière de la contemplation investit l’âme qui n’est pas encore complètement éclairée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, parce que non seulement elle la dépasse, mais parce qu’elle la prive de son intelligence naturelle et en obscurcit l’acte. C’est ce que les grands théologiens mystiques et saint Denis appellent cette contemplation infuse «  un rayon de ténèbres ».

 

ST JEAN DE LA CROIX - LA VIVE FLAMME D’AMOUR

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1995

Saint Jean de la Croix est un homme de l’exigence, son besoin constant de perfection, au sens d’accomplissement, a mené toute sa vie ; il a été homme d’action et homme de contemplation avec la même ténacité : il a été réformateur au Carmel et a été l’écrivain mystique le plus accompli du 16e siècle.

 

Pourtant la vie intérieure n’allait pas de pair avec celle de fondateur et d’homme d’action… La maladie, la séquestration par ses propres frères, auraient pu gêner ou annuler sa recherche impétueuse de l’union de Dieu : non seulement elles lui servirent, mais le lecteur de l’œuvre de Jean ne saurait guère retrouver en elle beaucoup d’éléments biographiques, tant le travail ascétique et le jeu de l’esprit purifient les péripéties de la vie.

Dona Ana del Mercado y Penalosa, accueille et abrite chez elle les carmélites venues fonder un monastère : Jean de la Croix est présent et dès cette date, une relation privilégiée s’établit entre eux, en 1586 grâce à sa fille spirituelle, il fonde le couvent de Ségovie, puis rédige sa dernière oeuvre écrite : ce sera La vive flamme d’amour.

La vive flamme d’amour est le commentaire d’un poème, commentaire qui n’a rien de littéraire : à la fois prière ardente, témoignage enflammé et traité pédagogique, à la fois exhortation et testament, à la fois lyrique et familier, il peut dérouter, car il s’agit là d’une œuvre intime.

Les démonstrations n’intéresse pas Jean de la Croix, le Mont Carmel n’est pas le Mont Horeb ni le Mont Thabor. Jean de la Croix ne cherche pas le spectaculaire : le champion mystique du flamboiement de l’amour divin ne parle jamais de la Transfiguration, sinon pour dire que le temps des révélations est clos avec Jésus.

Quoiqu’il en soit de la forme, la Vive Flamme d’Amour est sans doute l’œuvre où Jean de la Croix, de façon spontanée, sans les reprises successives qui ont marqué les livres précédents, a mis le plus de lui-même, de ses convictions, de ses souffrances, de ses refus, de ses joies, de son expérience de Dieu, des hommes et de ames.

Il y a dans tout le texte quelque chose comme un feu d’artifice qui donne une émotion et une sensation de joie communicative. Ainsi s’explique peut-être la postérité de Jean de la Croix, en France notamment, avec une sorte de déferlante mystique avec Ste Thérèse d’Avila jusqu’à Ste Thérèse de Lisieux.

 

JEAN DE LA CROIX OU LE DÉSIR ABSOLU

Alain  Cugno

Edition Albin Michel

 2020

Que cherche à transmettre Jean de la Croix (1542-1591) à travers son oeuvre : une doctrine spirituelle, une théologie, une anthropologie ? Pour Alain Cugno, ces poèmes uniques commentés par le poète lui-même sont plutôt « le déploiement d'une expérience humaine d'une vivacité prodigieuse, parvenue à la seule universalité qui compte : celle qu'on obtient en s'engageant jusqu'au bout dans une voie singulière ».
Or il y a une énigme Jean de la Croix : cette oeuvre où domine la première personne n'est à aucun degré autobiographique - contrairement à celle de Thérèse d'Avila, l'amie qui a arraché Juan de Yepes à la contemplation pour le convoquer dans son action de réforme de l'ordre du Carmel. « Jean de la Croix ne parle pas de lui, jamais, affirme Alain Cugno. Il parle d'un être qu'il appelle l'âme et (qui) parcourt un itinéraire initiatique fait d'étapes successives, en quatre traités, depuis un point de départ qui se trouve dans La Montée du Mont Carmel, jusqu'à un point d'arrivée, objet de La Vive Flamme d'amour ». C'est ce chemin escarpé que l'auteur nous aide à parcourir, en nous mettant en garde à chaque instant contre les interprétations hâtives. Ce faisant, il éclaire de façon magistrale ce joyau de la littérature spirituelle universelle.

Rendre l’oeuvre de Jean de la Croix proche, malgré l’espace-temps qui nous sépare du mystique espagnol, de l’aura qui l’installe dans une pieuse exception et surmontant la complexité de sa pensée et de sa poésie, tel est le pari que le philosophe Alain Cugno a réussi. “Fermer” ne signifie pas “facile”. Le commentaire qu’il propose sur les principaux écrits du mystique espagnol est précis et exigeant. Mais le philosophe parvient à transmettre la dynamique de son œuvre et surtout à entraîner le lecteur dans son sillage. Tout ce dont Jean de la Croix parle nous concerne, telle serait la note de fond du bouquet sanjuanesque, dont la composition subtile cherche à exhaler le parfum de Dieu.” Si (l’œuvre de Jean de la Croix) ne nous apprend rien sur lui, elle nous apprend tout sur nous-mêmes ou plutôt sur l’invitation à nous adresser pour que nous puissions vivre de manière absolument authentique, écrit Alain Cugno. Nous ne connaissons que lui le pouvoir de nous transformer

Cette analyse se rapproche le plus possible du texte, escalade méthodiquement le vaste massif sanjuanesque, étudie ses plis et ses projections. Le lecteur devra accepter le rythme de cette patiente exploration, sans fioritures. En progressant de cette manière, ce commentaire déjoue de nombreuses idées fausses sur le mysticisme. Donc, sur les renonciations et les privations, La Montée du mont Carmel est bonne Essentiellement le livre de la privation, le refus actif de tout, la coercition délibérée, mais si Jean de la Croix invite à ne pas se soucier du temporel, il invite aussi “Ne pas s’embêter avec le spirituel. “La chose est à prendre très au sérieux en l’éclairant de la disposition nécessaire pour commencer le parcours: rester dans la grande nudité et en totale liberté d’esprit, note Alain Cugno. L’appropriation requise concerne non seulement les biens temporels, mais tout autant, et peut-être même davantage, proportionnellement à leur proximité avec les biens spirituels essentiels – la religion. “

Le commentaire rappelle également le but de ce renoncement, sans lequel il reste incompréhensible ou devient pervers: il s’agit d’être libre, de Quedar en la suma desnudez y liberdad de espiritu, de Restez dans la plus grande nudité et liberté d’esprit. Jean de la Croix est comme ça “Un homme incroyablement libre”, insiste le philosophe. c’est pourquoi Trouver son chemin, c’est aller où il n’y a pas de chemin, car il n’y a pas d’autre règle que la liberté, le seul guide fiable. Il faut aller où le goût de la liberté est le plus savoureux.”Autre erreur fréquente sur le mysticisme: le sujet croyant serait supposé disparaître, s’anéantir devant Dieu. Au contraire, note Alain Cugno, il ne s’agit pas de préférer le néant à être “Mais plutôt d’aller vous n’êtes rien, c’est-à-dire où vous ne mesurez pas votre être si vous le faites.” L’effacement de soi mystique n’est pas une disparition de soi. “La seule chose intéressante est ce qui m’arrive quand ce qui m’arrive c’est Dieu”, formule le philosophe avec finesse.

De nombreuses analyses intéressantes nourrissent le lecteur tout au long de ces pages: sur le désir, la purification et l’expiation des fautes (qui ne sont pas primaires mais sont “au contraire la conséquence de (l’immersion) dans le bonheur et dans la joie”), la passivité (“ Surtout, ne faites rien, dit Jean de la Croix. Laissez-vous traverser ce qui vous traverse! “) Ou le désintéressement de l’amour. On peut notamment se souvenir du développement de la théologie de la création sanjuanique qui interprète la création comme “La trace du passage” du Bien-Aimé. Dans ce sillage, l’amour des créatures ne fait pas des nombres avec l’amour de Dieu, mais l’appelle, ce qui les sort d’une relation de rivalité. “Entre le visible et l’invisible, aucune différence pour l’essentiel”, résume Alain Cugno dans une belle formule.

 

ST JEAN DE LA CROIX - LE CANTIQUE SPIRITUEL

St Jean de la Croix

Edition du Seuil

 1995

Le Cantique spirituel, c’est l’heure de l’aube mystique. Après le renoncement, le vide, le rien de la Nuit obscure, après la mortification que l’âme s’est imposée, vient le moment de la rencontre joyeuse avec Dieu, celle de l’âme « épouse » avec « l’époux ».

 

Le cantique spirituel est un poème du désir, une célébration de la sortie de la nuit vers la joie de l’exaucement, le passage des dernières angoisses à l’union des fiançailles et du mariage spirituel : « Là mon bien aimé me donna son cœur, là il m’enseigna une science pleine de suavité, moi je lui promis d’être son épouse ».

Deux œuvres de Jean, la montée au carmel et la nuit obscure, décrivent, si l’on peut dire, le cheminement de l’âme vers Dieu à travers le renoncement, le vide, le rien. Cette « nuit » doit être complète, entière et vécue jusqu’au bout ; il s’agit d’un purgatoire mystique, appelé « la voie purgative » ; Jean montre comment la nuit est une mortification des sens et des tendances, puis comment elle concerne toute les facultés de l’âme : l’entendement, la mémoire et la volonté – ces facultés peuvent être guéries par la foi, l’espérance et la charité.

A ces deux œuvres succèdent Le Cantique spirituel et la Vive Flamme d’amour qui sont la description de l’illumination de l’âme et de son union avec Dieu, à l’issue de la nuit obscure. Jean n’ayant pas écrit une œuvre systématique, il n’y a pas de chronologie dans ces quatre œuvres, malgré tout on peut y voir une certaine continuité, puisque ces œuvres partent de la rédaction d’un poème, qui par la suite sera commenté strophe par strophe.

Dans le cantique spirituel, la contemplation fait suite à la privation, la présence à l’absence, la lumière à la nuit, même le style change, il est moins descriptif, moins médiéval, il est jubilatoire, plus caressant, parfois même, il se veut presque maniériste et lyrique. C’est que l’union de l’âme à Dieu est un véritable mariage, et le cantique spirituel, c’est d’abord un poème lyrique sur cette union de l’ame, c’est un épithalame mystique d’une quarantaine de strophes que Jean de la Croix a écrit dans sa prison de Tolède en 1578, mais le prieur de Grenade va rajouter quelques strophes, ce qui va embrouiller la lecture et sa compréhension globale.

En réalité les œuvres de saint Jean de la Croix sont beaucoup moins spéculatives que descriptives, moins logiques qu’expérimentales, et beaucoup moins théoriques que dramatiques et poétiques : Le Cantique Spirituel n’échappe pas à cette règle, c’est un poème du désir, de la sortie de la nuit vers la joie de l’exaucement, des dernières angoisses vers l’union des fiançailles et du mariage.

 

st jean de la croix  - mystique et maÎtre spirituel

Federico  ruiz

Edition du Cerf

 1995

Après avoir retracé brièvement la vie de St Jean de la Croix et analysé ses œuvres qu’il replace dans le contexte historique et social, l’auteur suit pas à pas, en le mettant à la portée d’un lecteur du 21ème siècle, le chemin spirituel que nous propose le docteur mystique pour nous conduire à l’union d’amour avec Dieu.

 

Il détaille les différentes composantes de chacun des textes et les approfondit en nous en livrant de larges extraits.

 

En un mot, il nous met directement en contact avec le Saint et éveille en nous le désir de lire l’intégralité des écrits de celui qui a été proclamé docteur de l’Église.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages :

 

Existence vocationnelle : La famille  -  l’appel du Carmel  -  parmi les chênes de Duruelo  -  dans la prison de Tolède    -  Ségovie  -  son activité en Andalousie  -  jours de passion  -

Maitre et écrivain : Les écrits  -  Poésie et prose  -  Interrelation  -

Mystique de frontière : Siècle d’or  -  les sources  -  l’expérience  -  Mystique et théologien  -  Créateur original  - Mystique et mystagogue  -  attirance universelle  -

Union de Dieu : Union d’amour  -  Du Christ et de l’église  -  Vie théologale  - Synthèse doctrinale  -  communion transcendante  -  Liberté et pureté  - Ascèse théologale  -

Processus et chemin : Vie en mouvement -  idéal et plénitude  -  Pédagogie de Dieu  -  Docilité et engagement  - Dieu personnel  -  Révélé et caché  -  Présence  -

Le Christ est mien : Le Verbe fait homme  -  les mystères du Christ  -   Révélateur et époux  -  communion et images  -  Eglise, épouse et mère  - 

Médiation des sens : Stratification de l’homme  -  Régénération  -   Être et condition  -  situation de conflit  -   L’Amoureuse mère  - l’homme sensible  -

Dieu se communique en foi : Mystère et attitude de la foi en Dieu  -  Jésus-Christ, Parole de Dieu    -  La voie surnaturelle  - 

Mémoire et espérance : Don et promesse  -   Pauvreté et générosité  -   purification du souvenir  -  espérance du futur   -

Education de l’amour : tu aimeras ton Seigneur Dieu  -  amour et joie  -  Biens de la terre et biens du ciel  -

Oraisons contemplatives  - Recueillement théologal  -  contemplation initiale et dans la vie  -  agir passivement  -  connaissance et amoureuse de Dieu  -

Nuit de passion : Dans la nuit obscure  -  Expérience déconcertante  -  la main de Dieu  -  Passage obligé  -

Route dans l’obscurité : Variété existentielle  -  Esprit en ténèbres  -  nuits de l’humanité  -  ardents désirs de Dieu  -  chercher le Bien-aimé  -  aspirations et désirs  -  monde de transparence  -

Créés pour aimer : Union  transformante  -  Dons et vertus  -  Expérience mystique  - Espaces intérieurs  - Glorification de l’amour  -  mourir d’amour  -  la Très Sainte Trinité et sa demeure -  

 

St jean de la croix – prince de la mystique (1542 – 1591)

Mgr cristiani

France – empire

 1960

Saint Jean de la Croix fut l’un des plus grands mystiques de l’histoire. Quelles aventures dans la vie de cet homme extraordinaire qui vécut en plein 16e siècle, à l’une des époques les plus troublées et certainement des plus dangereuses de l’histoire de l’Europe.

 

Son père était mort de bonne heure, renié par les siens pour avoir épousé une fille très pauvre. Né en vieille Castille, Jean devait, après maintes tribulations, ayant revêtu l’habit des Carmes, rencontrer l’être privilégié qui allait donner à sa vie une orientation définitive : Thérèse d’Avila. L’humble Jean ne payait pas de mine : chétif mais vif, le visage émacié, de fort petite taille. On oubliait vite cette disgrâce physique devant le regard étincelant de ses yeux noirs, où passaient toutes les ardeurs de la foi, d’un certain mysticisme et surtout du mépris de soi-même.

 

Jean et Thérèse (qui était beaucoup plus âgé que lui) étaient bien faits pour s’entendre. La réforme catholique préconisée par Thérèse devait prendre un essor grandiose, contre vents et marées, grâce à l’action simultanée, conjuguée de ces deux ames exceptionnelles. Mais pour promouvoir l’effort réformateur, Jean eut à braver l’incompréhension, les condamnations les plus cruelles, une véritable persécution qui, à certaines périodes de son existence, alla jusqu’à le priver de sa liberté, le blesser dans son corps et le menacer dans sa vie. Ce furent les souffrances mêmes endurées pour la croix, qui permirent à Jean d’approfondir l’expérience mystique.

 

Sa vie est racontée ici avec un sens du drame que rehausse une profonde sureté théologique, l’auteur a quand même soin de laisser parler le Saint-poète, dans l’ardeur d’une effusion qui perce la muraille de nos indifférences mais nous entraine dans une histoire insensée de ce « prince de la mystique » qui révolutionna la pensée chrétienne.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Jean de Yépes  -  sur la route de Tolède  -  Arevalo  -  Medina- del Campo  -  Frère Jean de Saint-Mathias  -  au carmel  -  l’Ordre du carmel  -  Au couvent de Sainte Anne  -   Salamanque  -  La réforme du Carmel  -   Duruelo  -   Mancera  -   Pastrana  -  Avila  -   Grâces et exorcisme du saint   -  La prison de Tolède   -  En Andalousie (1578-1586)   -  Almodovar   -   Béas   -   La vie spirituelle de Jean au Calvario  -   Baeza  -   la peste de 1580   -   Premiers écrits Maximes et chansons   -  pourquoi et comment Jean écrivait   -   le thème de la solitude  -   Chants de l’union à Dieu   -

Doctrines mystique de Saint Jean de la Croix   -   L’Union à Dieu  -   la lutte  -  l’escalier obscur  -   les trois vertus théologales   -  visions et révélations   -   méditations et contemplations   -   purification de la mémoire   -  l’escalier secret  -  les 7 péchés capitaux spirituels  -  les fiançailles et les noces spirituelles   -   le guide spirituel  -  le chapitre d’Alcala   -  Voyage à Grenade  -  Chez les carmélites   -  Thérèse d’Avila  -   la stigmatisée de Lisbonne    -   Sur les chemins d’Andalousie  - 

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SAINT-paul, le pasteur

Pierre DEBERGÉ

Edition du Cerf

 2004

Personnage fascinant, Paul de Tarse est un géant. Ce petit livre édité par les cahiers Évangiles donne une idée de sa vie, de son œuvre et de sa théologie.

 

Saint Paul demeure un personnage fascinant. Ses lettres abordent de multiples sujets où le lecteur d'aujourd'hui peut renouveler ses propres convictions. Car la théologie de Paul s'est construite dans un mouvement incessant de réponses à des questions pratiques.

 

Questions posées par des hommes et des femmes qui éprouvaient l'Évangile et qui étaient éprouvés par lui. Réponses d'un homme mû par une profonde « charité pastorale ». Voilà, brossé par Pierre Debergé, un beau portrait de Paul en pasteur itinérant, lié par la foi et le cœur à des communautés turbulentes. Après ce dossier et avant les recensions d'ouvrages, un article de Jean-Claude Giroud nous introduit dans un étonnant échange entre Philippe et l'eunuque sur la route de Gaza (Actes 8).

 

Dans la Tradition, Paul est « l’apôtre » par excellence et les lettres qu’il a écrites sont une source fondamentale de la théologie chrétienne. Mais que sait-on sur ce Saül de Tarse, le premier chrétien à avoir pris la plume ?

Dans ses lettres, nous découvrons quelques épisodes de sa vie mouvementée où son statut d’apôtre fut souvent contesté mais peu de choses sur ses origines. Dans les Actes des Apôtres, l’évangéliste Luc nous apprend qu’il s’appelait Saul, était citoyen romain originaire de Tarse en Cilicie et raconte par trois fois son `retournement’ sur la route de Damas. Peut-on faire confiance à Luc ? 

 

À la fin de sa course, Paul écrit à la communauté de Rome (qu’il n’a pas fondée) une longue lettre exposant le coeur de sa théologie de façon détaillée. Quel est l’objectif de cette lettre ? Pourquoi Paul part pour Jérusalem alors qu’il voulait aller en Espagne ? Quels rapports peut-on établir entre les lettres qui sont de sa main et les autres lettres de la tradition paulinienne ? Ce cours cherchera à faire connaître l’homme Paul (en lisant de nombreux passages de ses lettres) et à le situer dans le monde de son temps pour mieux entrer dans ses grandes convictions théologiques.

 

Sur le plan culturel, Paul est très différent des apôtres qui étaient considérés par les autorités juives comme des gens ignorants. Après la résurrection, lors de leur arrestation à Jérusalem, Pierre et Jean seront jugés par les membres du Sanhédrin comme des gens sans éducation : «Considérant l’assurance de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens sans instruction ni culture, les membres du Sanhédrin étaient dans l’étonnement.» (Actes 4, 13)

 

Paul parlait quatre langues : l’Araméen, l’Hébreu, le Grec et probablement le Latin. L’araméen était sa langue maternelle et le grec celle de Tarse et de l’Empire. Il connaissait bien l’hébreu, la langue des Saintes Écritures. Citoyen romain, il parlait sans doute la langue des maîtres de l’Empire. Il avait étudié la philosophie et la littérature de la Grèce, il excellait en géographie, en navigation et en sport. Sa vaste culture contrastait avec l’étroitesse de la religion de ses ancêtres. Non seulement Paul savait lire et écrire, il savait aussi nager : «Trois fois j’ai fait naufrage et il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans la mer.» (2 Corinthiens 11, 25) Ceci était chez les Grecs un signe d’éducation. Quatre siècle avant Jésus Christ, Platon qui a vécu de -428 à -348 écrivait : «L’ignorant est un homme qui ne sait ni lire ni nager».

 

Paul a vécu dans un temps qui favorise les voyages. Il a pu se déplacer librement grâce à la «pax romana» établie sous l’empereur Auguste. Empruntant les nombreuses routes construites par les Romains et profitant du réseau de navigation qui sillonnait la Méditerranée, il parcourt des milliers de kilomètres. L’organisation de l’Empire permettait non seulement aux armées mais aussi à la population en général de se déplacer en sécurité. Pendant treize ans, il a voyagé sur mer et entrepris de longs périples à travers collines et montagnes, sous la neige en hiver et par 40¤ de chaleur en été. Pendant ses voyages, Paul a pu profiter de la présence de nombreuses colonies juives réparties sur tout le territoire de l’empire.

 

Paul était un véritable citadin. Il connaissait peu la campagne et la vie des fermiers de son temps, mais il comprenait bien la vie urbaine, la vie militaire et les sports. Dans ses lettres, il utilise des images de l’armée, de la politique urbaine et des jeux olympiques. On y retrouve les expressions suivantes : poursuivre la course, remporter le prix, obtenir la couronne de laurier, combattre sans frapper dans le vide, courir dans la bonne direction. Il connaît les privations et la discipline des athlètes.

 

Paul était un personnage plus grand que nature. Influencé par les valeurs du judaïsme, la profondeur de la philosophie grecque, la rigueur de la culture romaine et la richesse de la tradition chrétienne, il est devenu l’un des penseurs les plus originaux de l’histoire du christianisme.

 

st paul tout simplement

Paul bony

Edition DE L’ATELIER

 1996

Saint Paul… On connaît l’apôtre, sa conversion sur le chemin de Damas, ses multiples voyages dans le monde méditerranéen, ses lettres aux communautés chrétiennes naissantes. Pourtant dès qu’on aborde ses textes tout se complique : sa pensée théologique passe pour être difficile. Comment redécouvrir l’étonnante richesse du message de Saint Paul, l’homme qui, sans avoir accompagné Jésus, mise sa vie sur lui ? Présentée par Paul Bony, la théologie de l’apôtre est sans cesse mise en rapport avec les questions et problèmes qui surgissent dans les premières communautés chrétiennes : faut-il devenir juif pour être chrétien ? L’Évangile est-il fait pour les païens ? Si oui, que devient alors la promesse donnée à Israël d’être le peuple choisi par Dieu ? Autant de questions que l’auteur explicite en suivant le cheminement de la pensée de Paul qui apparaît ainsi accessible et éclairante. Au bout de ce voyage dans la théologie de Saint Paul, le lecteur saisira mieux le sens et la force du témoignage de l’Apôtre : « Pour moi, vivre c’est le Christ. » Cela devrait être vrai pour tout chrétien.

 

Paul est né vers l’an 8 de notre ère. Il serait donc d’une dizaine d’année plus jeune que Jésus de Nazareth. De ses parents et de son enfance, nous savons peu de choses. Dans ses lettres, il ne dit rien de sa famille. Saint Luc nous indique que Paul avait une sœur mariée, demeurant à Jérusalem et un neveu qui lui sauvera la vie (Actes 23, 16).  Toute sa vie, il a maintenu son appartenance au peuple juif : «Circoncis dès le huitième jour», « de la race d'Israël», «de la tribu de Benjamin». Saul (prononcé «saule» en français), est le nom hébreu qui lui a été donné à la circoncision. À ce nom sémitique, il ajoutera plus tard celui de Paulus. Il n'a pas changé de nom mais il porte un double nom : Saul-Paulus qui signifie «peu», «petit». Très rapidement, il sera connu sous ce seul nom.

 

Les Actes de Paul, un petit livre rédigé vers le milieu du 2e siècle, nous donnent le portrait suivant de l’apôtre des nations : « On vit venir Paul, un homme de petite taille, à la tête dégarnie, les jambes arquées, vigoureux, les sourcils joints, le nez légèrement aquilin. » À travers les siècles, la tradition a conservé cette image de Paul : petit, maigre, énergique, chauve et barbu. Paul n’avait peut-être pas un corps d’athlète, mais il était propulsé par une force et une vigueur exceptionnelles. Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, il écrit : « Souvent j'ai été près de la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois j'ai été battu de verges par les Romains; une fois lapidé; trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans la mer! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères ! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité !» (2 Corinthiens 11, 25-27) Malgré son aspect fragile, il était d’une endurance à toutes épreuves.

 

Paul est un homme d'une grande éducation. Paul est un homme d’une grande éducation. Il a fait ses premières études à Tarse, sa ville natale, et ensuite il a étudié à Jérusalem, avec le professeur juif le plus connu de son temps : Gamaliel. Ceux qui le rencontraient se rendaient compte très rapidement qu’il était une personne éduquée. Lors de son arrestation à Césarée, le Procureur romain Porcius Festus dira à Paul : «Tu es fou, Paul; ton grand savoir te fait perdre la tête». (Actes 26, 24)

 

Sur le plan culturel, Paul est très différent des apôtres qui étaient considérés par les autorités juives comme des gens ignorants. Après la résurrection, lors de leur arrestation à Jérusalem, Pierre et Jean seront jugés par les membres du Sanhédrin comme des gens sans éducation : «Considérant l’assurance de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens sans instruction ni culture, les membres du Sanhédrin étaient dans l’étonnement.» (Actes 4, 13) Paul parlait quatre langues : l’Araméen, l’Hébreu, le Grec et probablement le Latin. L’araméen était sa langue maternelle et le grec celle de Tarse et de l’Empire. Il connaissait bien l’hébreu, la langue des Saintes Écritures. Citoyen romain, il parlait sans doute la langue des maîtres de l’Empire. Il avait étudié la philosophie et la littérature de la Grèce, il excellait en géographie, en navigation et en sport. Sa vaste culture contrastait avec l’étroitesse de la religion de ses ancêtres. Non seulement Paul savait lire et écrire, il savait aussi nager : «Trois fois j’ai fait naufrage et il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans la mer.» (2 Corinthiens 11, 25) Ceci était chez les Grecs un signe d’éducation. Quatre siècle avant Jésus Christ, Platon qui a vécu de -428 à -348 écrivait : «L’ignorant est un homme qui ne sait ni lire ni nager».

 

La vie de Paul se déroula sous le règne de cinq empereurs : Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Trois d’entre eux devinrent de véritables monstres sanguinaires. Paul est né à Tarse, en Orient, il meurt à Rome, en Occident. Paul a vécu dans un temps qui favorise les voyages. Il a pu se déplacer librement grâce à la «pax romana» établie sous l’empereur Auguste. Empruntant les nombreuses routes construites par les Romains et profitant du réseau de navigation qui sillonnait la Méditerranée, il parcourt des milliers de kilomètres. L’organisation de l’Empire permettait non seulement aux armées mais aussi à la population en général de se déplacer en sécurité. Pendant treize ans, il a voyagé sur mer et entrepris de longs périples à travers collines et montagnes, sous la neige en hiver et par 40¤ de chaleur en été. Pendant ses voyages, Paul a pu profiter de la présence de nombreuses colonies juives réparties sur tout le territoire de l’empire.

 

Paul était un véritable citadin. Il connaissait peu la campagne et la vie des fermiers de son temps, mais il comprenait bien la vie urbaine, la vie militaire et les sports. Dans ses lettres, il utilise des images de l’armée, de la politique urbaine et des jeux olympiques. On y retrouve les expressions suivantes : poursuivre la course, remporter le prix, obtenir la couronne de laurier, combattre sans frapper dans le vide, courir dans la bonne direction. Il connaît les privations et la discipline des athlètes. Paul était un personnage plus grand que nature. Influencé par les valeurs du judaïsme, la profondeur de la philosophie grecque, la rigueur de la culture romaine et la richesse de la tradition chrétienne, il est devenu l’un des penseurs les plus originaux de l’histoire du christianisme.

 

STE  THÉRÈSE  D’AVILA   -  LE  CHÂTEAU  DE  l’ÂME  OU  LE  LIVRE  DES  DEMEURES 

THÉRÈSE  D’AVILA  

ÉDITION  DU  SEUIL

 1997

« Celui qui m’a ordonné cet écrit m’a dit que les sœurs de nos monastères de Notre-Dame du Mont-Carmel ont besoin qu’on leur explique certaines difficultés relatives à l’oraison ; il a pensé qu’elles comprendraient mieux le langage d’une femme, et que, vu leur amour pour moi, mes paroles leurs seraient plus efficaces que d’autres ;
il est persuadé que cet écrit aura quelques importances pour elles, si je réussis dans mon exposé.

Voilà pourquoi c’est à elles que je l’adresse ; d’ailleurs il semblerait insensé de m’imaginer qu’il puisse être utile à d’autres personnes. Notre Seigneur me fera une grande grâce si quelqu’une de mes filles en retire profit pour Le louer in petit peu plus, et Sa Majesté sait bien que tel est mon unique désir. Il est clair, en outre, que, dans le cas où je réussirais à dire quelque chose de bon, elles comprendront que cela ne vient pas de moi ; il n’y a en effet nul motif de le penser ; sans cela elles n’auraient pas plus d’intelligence que moi-même je n’au d’aptitude pour de tels sujets, à moins que le Seigneur dans sa miséricorde ne daigne me l’accorder »

Cela résume ce pour quoi Thérèse d’Avila écrivit ce merveilleux livre, basé sur les rapports entre l’âme, l’esprit et le corps, cette alchimie interne où l’homme doit se retrouver, afin de mieux se connaître mais surtout c’est dans son château intérieur, que bien plus tard M.M Davy appellera l’intériorité, que l’homme spirituel doit affronter ses peurs, ses angoisses, ses doutes, mais qui au final doit l’aider à se libérer des chaînes de la matérialité et de son ego.

A la demande du Père Gracian, son directeur spirituel, Thérèse d’Avila va rédiger entre le 2 juin 1577 et le 29 novembre 1577 un traité sur l’oraison destiné aux moniales des couvents réformés qu’elle a fondés « Las Moradas del Castillo interior » (Les demeures du Château intérieur). En effet le Livre de la Vie se trouve depuis deux ans entre les mains de l’Inquisition. Elle-même est assignée à résidence au monastère Saint-Joseph du Carmel à Tolède, car sa réforme des couvents est alors remise en question. La composition de l’ouvrage connaîtra une interruption de trois mois, car elle est obligée de retourner à son couvent de l’Incarnation d’Avila. Elle rédige donc cet ouvrage en deux mois environ. Ses conditions de santé sont alors fort précaires : « Depuis trois mois, j’ai tel bruit dans la tête que j’ai de la peine à écrire » (Prologue). Ce qui frappe à la lecture, c’est la découverte d’un genre littéraire peu familier chez la Madre : la poésie qui s’épanouit en une métaphore filée tout au long de l’ouvrage. « Il s’agit de considérer que notre âme est un château tout de diamant ou de pur cristal, qui se compose de maintes pièces, tout comme il y a au ciel maintes demeures » (Chapitre 1).

 

Au centre du château « se trouve la salle principale où il se passe des choses du plus haut secret entre Dieu et l’âme » (I ères demeures I, 3). La porte d’entrée de ce château est l’oraison. Thérèse d’Avila avait déjà abordé ce sujet dans le Livre de la Vie dans une sorte d’autobiographie spirituelle. Ici, elle suit les conseils du Père Gracian : « Notez ce dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres idées et faites un nouveau livre, sans nommer la personne en qui ces choses se sont passées. » Ainsi son expérience est transposée dans l’évocation des sept demeures du parcours de l’âme jusqu’au centre du château, lieu intime du « mariage spirituel ».

 

Résumé du Château intérieur ou Demeures de l’âme

 

1ères demeures : l’âme découvre le mystère du mal et du péché qui consiste, de la part du démon, « à refroidir l’amour et la charité des unes envers les autres ». Sont même dénoncés ici comme une ruse du démon « les zèles (spirituels) intempestifs » (I, II, 17).

2èmes demeures : l’accent est alors mis sur la vertu de persévérance dans l’oraison, car « si mollement que vous vouliez la pratiquer, Dieu en fait grand cas » (II, 3). L’aide spirituelle peut venir de « voix et d’appels » tels que des paroles de gens de bien, des sermons, de bonnes lectures, mais aussi des maladies ou des épreuves.

3èmes demeures : les sécheresses spirituelles, qui tarissent notre oraison, doivent être une école d’humilité et non d’inquiétude. Cette humilité consiste à accepter cette épreuve et « à soumettre en tout notre volonté à celle de Dieu » (II, II, 6).

4èmes demeures : « Comme à présent ces demeures sont plus proches du lieu où se tient le Roi, grande est leur beauté » (IV, I, 2). La distinction est faite entre les joies naturelles et bénéfiques qui « ont leur source en nous et aboutissent à Dieu » et « la jouissance (spirituelle) qui a sa source en Dieu » (IV, I, 4). Ce vocabulaire nous prépare à la notion d’union mystique.

5èmes demeures : où il est traité de la façon dont l’âme s’unit à Dieu dans l’oraison. « Sa Majesté elle-même est notre demeure dans cette oraison d’union dont nous sommes, nous, les ouvrières » (V, II, 5). « Oh, Seigneur, quelles épreuves nouvelles attendent cette âme ! Qui aurait dit cela après une aussi haute faveur ? Enfin, bref, d’une manière ou d’une autre, il y a forcément une croix à porter tant que nous vivons » (V, II, 9).

6èmes demeures : « Où elle montre comment, à mesure que le Seigneur accorde de plus hautes faveurs, les épreuves se font plus rudes » (VI, I). L’âme va éprouver toutes sortes d’épreuves intérieures et extérieures avant d’entrer dans la septième demeure : persiflage ou éloges excessifs, très graves maladies sans compter les peines intérieures. Cependant des signes indubitables montrent que l’âme a bien expérimenté l’oraison d’union : d’abord la charge de puissance et d’autorité des mots entendus, ensuite la grande quiétude qui demeure en l’âme, enfin la persistance de ces paroles qui ne s’effacent jamais.  

7èmes demeures : c’est la révélation du Mystère de la Très Sainte Trinité. « L’âme comprend avec une absolue certitude que ces trois personnes distinctes sont une seule substance, un seul pouvoir, un seul savoir et un seul Dieu » (VII, I, 6). « L’âme voit de toute évidence qu’elle abrite ces trois Personnes en son sein, tout à fait tout à fait à l’intérieur, au plus profond, sans pouvoir dire, par manque d’instruction, comment elle ressent en elle cette divine compagnie » (VII, I, 7).

Tel est l’itinéraire mystique vécu par Thérèse d’Avila qu’elle dévoile à ses moniales, ses filles spirituelles, par le détour de l’image qui préserve le Sacré.

 

STE  THÉRÈSE  D’AVILA  -   LE  CHÂTEAU  INTÉRIEUR

THÉRÈSE D’AVILA 

ÉDITION  PAYOT

 1998

« J’ai considéré notre âme comme un château, fait d’un seul diamant ou d’un cristal très pur, dans lequel il y a plusieurs appartements : au centre, au milieu de nous, se trouve le principal, où se passent les choses les plus secrètes entre Dieu et l’âme »

 

Thérèse d’Avila ou Thérèse de Jésus (1515-1582), canonisée en 1622, proclamée docteur de l’Eglise en 1970, fondatrice de l’Ordre des carmes de déchaux, est à la mesure du cadre historique de la Renaissance. Elle traite de la spiritualité dans des ouvrages qui feront autorité, avec un accent profondément personnel et un style qui en font un des plus grands écrivains mystiques. Après le Livre de la vie, le Chemin de la perfection et le récit de ses fondations, en 1577, à la demande de ses supérieurs, elle commence à écrire Le Château Intérieur, itinéraire des progrès spirituels depuis l’état précaire du chrétien qui côtoie le péché jusqu’à la consommation suprême de la perfection.

 

Le Livre des Demeures ou le Château intérieur de sainte Thérèse est couramment considéré comme le meilleur. Plus qu’une histoire, ce livre est une biographie, plus encore, une autobiographie. Dans son dialogue avec Gratien, alors qu’ils parlent du Livre de la Vie, celui-ci dit à la Sainte : « Notez ce dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres idées et faites un nouveau livre, sans nommer la personne en qui ces choses se sont passées. » L’auteur elle-même, satisfaite de son œuvre, donne sa préférence à celui-ci plutôt qu’à l’autre : aux Demeures plutôt qu’à la Vie. En termes de joaillerie, et bien que pour elle la Vie soit un bijou, le deuxième (le Château intérieur) est plus précieux, avec plus de délicates parures et de labeurs. Dit d’une autre manière et par elle-même : « Cet autre joyau est bien supérieur, il me semble, au premier quoique le frère Domingo Bañez dise qu’il n’est pas bon ; au moins, j’avais plus d’expérience que lorsque je l’écrivis. » L’ordre d’écrire les Demeures lui vint de trois côtés : du père Gratien, du docteur Velázquez et du grand « verrier » : Jésus-Christ qui était par ailleurs son « livre vivant ».

 

Les conditions de santé que connaissait la Madre étaient très pénibles : « Ma tête est si faible et il s’y fait un tel bruit que j’ai déjà bien de la peine à écrire pour les affaires indispensables. » La situation de l’Ordre était très périlleuse et Thérèse se trouvait elle-même confinée à Tolède, en guise de prison. Mais la force de cette femme lui donne l’équilibre nécessaire pour pouvoir écrire en grand. Et celle qui a mené à terme tant de fondations sans santé et parmi tant de contradictions, va maintenant construire son château avec la même force de volonté. L’heure de la première pierre et celle de la dernière, c’est elle-même qui nous les révèle : « Je commence donc à exécuter ce qu’elle me prescrit (l’obéissance), aujourd’hui, fête de la très sainte Trinité de l’année 1577, en ce monastère de Saint-Joseph du carmel de Tolède, où je me trouve actuellement. » Ceci se trouve dans le prologue. Et dans la conclusion du livre : « Cet écrit a été achevé au monastère de Saint-Joseph d’Avila, l’année 1577, la veille de saint 3 André (29 novembre), pour la gloire de Dieu, qui vit et règne dans tous les siècles. Amen. » (épilogue, 4)

 

En tout, six mois moins deux jours entre le moment où elle a commencé à écrire et celui où elle termine. Elle parle au moins deux fois d’une interruption de la rédaction : « C’est que les affaires et mon peu de santé m’obligent souvent à suspendre mon travail au meilleur moment »  et à un autre endroit elle dira : « Il s’est passé près de cinq mois depuis que j’ai commencé à écrire, et comme l’état de ma tête ne me permet pas de me relire, sans aucun doute il y aura dans ce travail un désordre complet et peut-être des redites ». Elle revient à son manuscrit et termine l’œuvre le 29 novembre.

 

Le livre achevé, elle regarde « pour bien employée la peine qu’il m’a coûtée, peine d’ailleurs bien légère ». L’autographe des Demeures se trouve au monastère des carmélites de Séville depuis octobre 1618. En 1622, il fut porté en procession dans les rues de Séville à l’occasion des fêtes de la canonisation de l’auteur. La dernière et la plus longue sortie du manuscrit eut lieu en 1961 jusqu’à Rome où il fut convenablement restauré. Il est retourné à Séville en 1962 où il est conservé au couvent des déchaussées, dans un inappréciable reliquaire : les murailles d’Avila se sont transformées en château pour enfermer et garder l’autographe du Château intérieur. Cette œuvre ultime est due à l’idée et à la demande du Général de l’Ordre de l’époque, le Père Anastasio Ballestrero. Les premières destinataires sont ses moniales, comme elle le dit dans cette sorte de dédicace : « JHS. Ce traité, intitulé “ le château intérieur ”, a été écrit par Thérèse de Jésus, religieuse de Notre-Dame du Mont-Carmel, pour ses sœurs et ses filles, les religieuses carmélites déchaussées. »

 

STE  THÉRÈSE  D’AVILALE  CHEMIN  DE  LA  PERFECTION

Préface et  Introduction  du R.P  GREGOIRE DE St JOSEPH

ÉDITION  DU  SEUIL 

 1961

Peu de femmes au monde ont mené une vie aussi active, aussi pratique, aussi lucide, que Thérèse d’Avila. Toujours par monts et par vaux, dans cette Espagne du 16e siècle où elle plantait les fondations de communautés toutes neuves, elle n’oubliait cependant jamais le sens profond de son action. A combien est-il donné d’échapper comme elle à ce danger ?

 

Son secret n’en était pas un, car elle ne cessait d’en transmettre la plénitude ; jour après jour, elle le disait, familièrement, concrètement, à celles dont elle était responsable : seul l’amour de Dieu est efficace, et il est exigeant. On lui demanda de laisser tout cela par écrit, elle obéit, accepta de rédiger, pour transmettre à ses sœurs son expérience, un petit livre : son librillo. Encore une action efficace ; c’était un grand livre qui s’appelle : Le chemin de la perfection.

 

Divisé en 44 chapitres cet ouvrage expose les conseils, les idées et la conception que se faisait Thérèse d’Avila, de sa vie de moniale, de sa vie spirituelle et de sa vision de Dieu sur terre.

 

Ste THÉRÈSE D’AVILA  - SA  VIE

Marcelle auclair

Edition DU SEUIL

 1950

La vie de Thérèse D’Avila racontée par Marcelle Auclair possède les couleurs et la vivacité d’un roman de cape et d’épée. Et pourtant, il n’est pas dans cet ouvrage un fait qui ne soit conforme à la stricte vérité historique, pas un mot prêté à Ste Thérèse qu’elle n’ait effectivement prononcé.

 

C’est cette double qualité – un récit à l’allure souple, vivante et agréable, d’une part, étayé à chaque page par les références historiques les plus solides, d’autre part – qui fait la valeur inégalée de cette biographie. Écrire la vie extraordinaire d’une des plus grandes mystiques de tous les temps était une gageure : Marcelle Auclair l’a réussi au-delà de toute attente. André Maurois ne parlait-il pas, lors de la parution de ce livre, de « biographie parfaite » ?

 

Thérèse est originaire d'une vieille famille castillane: son grand-père était un marchand juif de Tolède converti au Christianisme. Très tôt, elle perd sa mère et est élevée au couvent des Augustines à Ávila. En 1536, Sainte Thérèse d'Avila entre au couvent de l'Incarnation dans la même ville, où les Carmélites suivaient une règle fort adoucie. Tombée gravement malade, en 1537, Sainte Thérèse d'Avila retourne dans sa famille. Après sa convalescence, elle revient, en 1539, dans son couvent.

 

Elle y mène une vie sans grande ferveur religieuse. Mais un jour de 1542, alors qu'elle prie devant une statue du Christ flagellé, Sainte Thérèse d'Avila entre dans un chemin de conversion qui devait bouleverser sa vie. Sainte Thérèse d'Avila s'engage dans la voie périlleuse de la mystique.

L'ordre des Carmes est né, au XIIe siècle, dans le royaume franc de Jérusalem du rassemblement d'ermites vivant au mont Carmel. Dès 1450, une réforme est entreprise par Jean Soreth, en Espagne, pour un retour à leur vocation initiale. Il fonde l'ordre des Carmélites cloîtrées, alors que les Carmes ne le sont pas.

Vers 1560, Sainte Thérèse d'Avila souhaite fonder un couvent où la règle primitive soit de nouveau strictement observée: une vie rude consacrée à la contemplation de Dieu. Sainte Thérèse d'Avila participe ainsi au vaste courant de réformes issu du concile de Trente (1545-1563) qui secoue alors le monde chrétien. Toutefois, une telle entreprise se heurte à une sévère opposition, qu'elle parvient à vaincre, en 1562, en fondant avec une trentaine de religieuses le couvent de Saint-Joseph à Ávila. Durant cette période, elle entreprend la rédaction de sa première œuvre littéraire: le Chemin de la perfection, qui paraîtra en 1583.

De 1567 à sa mort, Sainte Thérèse d'Avila consacre son temps à l'élargissement de la réforme de l'ordre; l'un des signes des Carmes rénovés, dans le sens de l'austérité, est qu'ils ne portent point de bas (Carmes «déchaussés» ou «déchaux»). Tout au long de sa tâche, elle sera soutenue par Saint Jean de la Croix qui entreprendra la même réforme dans la branche masculine des Carmes. Cette assistance, ainsi que celle de ses confesseurs, est d'autant plus précieuse que Sainte Thérèse d'Avila doit affronter l'hostilité de certaines autorités ecclésiastiques et la résistance des Carmes qui s'opposent à la réforme. Cependant, les fondations (une quinzaine de son vivant) se multiplient sous son impulsion. Cette activité ne l'empêche pas de progresser dans son aventure mystique, dont l'ultime stade aboutissait, selon sa propre métaphore, à la «pure contemplation», qui s'abîme dans son fameux nada. Son confesseur, le père Gratien, l'invite à relater les étapes de son propre itinéraire: le Livre des fondations (rédigé à partir de 1577, publié en 1610) et le Château intérieur (rédigé en cinq mois, en 1577, et publié en 1588, avec le livre de la Vie).

Sainte Thérèse d'Avila, béatifiée en 1614 et canonisée en 1622, demeure une figure prestigieuse de la sainteté chrétienne, tant par son œuvre réformatrice, sanctionnée par la création de nombreux couvents «déchaux», que par ses écrits mystiques. Elle est devenue, en 1970, la première femme proclamée Docteur de l'Église.

 

STE  THÉRÈSE D’AVILA  - SA  VIE,  SA  PENSÉE, SON  OEUVRE 

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2006

En 1492, lors de la chute de Grenade, les Rois Catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, ouvrent la réunion de leurs états, le siècle d’Or espagnol commence. Charles Quint leur petit fils né en 1500, scelle leurs espérances de suprématie européenne. Ainsi la seconde moitié du XVIe siècle suscita sous la protection de Charles Quint puis de Philippe II un fort élan spirituel en Espagne, qui se traduisit par trois aspects essentiels.

 

Le premier se développe au sein du clergé qui entreprend une réforme en profondeur de l’Eglise.

 Le deuxième se manifeste à travers la foi ardente du peuple espagnol, qui de la paysannerie à la noblesse est animé par un modèle fanatique de la sainteté.

Le troisième donne naissance à un fort courant mystique, dont l’objectif essentiel consiste en la quête de l’union à Dieu, et qui se caractérise par l’expression lyrique et passionnée de l’aventure intérieure.

 

Deux grandes figures réformatrices dominent cette période de fermentation : Ste Thérèse d’Avila, puis Jean de la Croix. Il est souvent dit que Jean de la Croix fut le maître spirituel de Thérèse d’Avila, alors que c’est elle qui l’influença et le persuada de réformer l’ordre des carmes, tout en regrettant ses excès mystiques. Mais l’histoire surtout religieuse étant affaire d’homme, le politiquement correct a écrit le contraire.

 

Thérèse naquit en 1515 à Avila, elle prend l’habit en 1536, après mures réflexions, et le choix du carmel de l’incarnation révèle une pensée déjà contemplative à laquelle s’ajoute la prise de conscience des vanités du monde et de la sécurité de la vie monastique, mais son véritable moteur est l’amour : l’amour de sa famille qu’elle doit quitter, l’amour de Dieu auquel elle aspire, et l’amour des autres qu’elle se donne comme mission d’expliquer et de développer.

 

Elle apprend l’oraison, la contemplation, la lutte de la dualité, la lutte des tentations, la lutte avec les résistances du moi. Les souffrances du renoncement accompagneront toujours les états mystiques de Thérèse, et ce jusqu’à sa mort. Elle apprend à décrypter ses visions, et à suivre la capacité de son âme à s’anéantir, pour se laisser envahir en totalité par l’amour divin.

 

Elle fonde des monastères, réforme les règles, voyage inlassablement dans toute l’Espagne, entretient des correspondances avec  beaucoup de religieux dont Jean de la Croix (né en 1542), à qui elle demande de réformer certains monastères qui ne suivent plus les règles, elle écrit beaucoup, dont son œuvre centrale : le château intérieur ou château de l’âme,  est la synthèse de sa vie ésotérique, religieuse, et réformatrice  et son testament spirituel, magnifique et toujours d’actualité.

 

Dans un très bel article Jean Tourniac, nous parle de ses descendances juives, remontant aux marranes, ces juifs qui n’eurent que le choix de se convertir ou de se faire tuer, puis il nous explique pourquoi l’enseignement chrétien est souché sur l’ancien testament avec explications de la mystique juive en filagramme des enseignements ésotériques et maçonniques.

 

Gilles Rouvillois explique l’œuvre de Thérèse d’Avila et la possibilité de voir dans la spiritualité chrétienne trois courants principaux. Le premier courant est la Gnose représenté surtout par Maître Eckhart et Clément d’Alexandrie. Le deuxième courant est la mystique chrétienne générale, qui est une voie d’amour, représenté par Saint Bernard et Saint François d’Assise. Le troisième courant est le « mysticisme » ou « mystique passionnelle », cette voie est illustrée par les mystiques rhénans et par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.

 

Enfin Emmanuel Delorme dans un superbe article de 65 pages détaille les 7 demeures que l’on trouve dans l’œuvre de Thérèse et son château intérieur. Il commente ses écrits et nous emmène dans un voyage métaphysique dans le cœur et l’intériorité de Ste Thérèse d’Avila.

 

st thomas d’aquin & la thÉologie

M.D. chenu

Edition Du Seuil

 1994

La vie et l’enseignement de ce maître spirituel et docteur en théologie qui enseigna la théologie au XIIIème siècle et par les démonstrations des 5 voies prouva l’existence de Dieu.

Thomas d’Aquin (1225-1274) est l’auteur le plus représentatif de la tradition théologique chrétienne en Occident. Ses deux œuvres majeures sont la Somme de Théologie et la Somme contre les Gentils. Il s’agit de deux synthèses théologiques de grande envergure, dont le contenu est foncièrement similaire, mais selon un ordre de présentation différent dans les deux cas. Nous nous intéresserons ici principalement à la Somme contre les Gentils, car c’est elle surtout qui permet de bien saisir l’importance que Thomas d’Aquin reconnaît à la théologie naturelle au sein de la théologie chrétienne.

Aujourd’hui, le courant thomiste (qui se réclame de Thomas d’Aquin) est l’un des trois courants principaux en théologie contemporaine (les deux autres sont la théologie mainstream et la théologie analytique). Il a même dominé la théologie catholique de la première moitié du 20e s. sous la forme du « néo-thomisme ».

Même si le thomisme est devenu aujourd’hui très marginal (notamment à la suite du Concile Vatican II), la pensée de Thomas d’Aquin demeure très intéressante : bien que ses enseignements soient aujourd’hui dépassés sur de très nombreux points (à cause des progrès de la science et de la philosophie), certaines de ses idées demeurent fondamentales : c’est le cas notamment de sa conception des rapports entre théologie naturelle et théologie révélée.

Pour Thomas d’Aquin, la théologie chrétienne est une symbiose de théologie naturelle et de théologie révélée.

Plus simplement encore, c’est la symbiose de la révélation et de la philosophie : la synthèse du meilleur de notre connaissance de Dieu, nourrie à la fois de la compréhension de ce que Dieu nous a révélé de lui-même (la révélation) et de ce que nous-mêmes avons pu comprendre de Dieu à partir de notre connaissance du monde (la philosophie). Dans cette symbiose, on peut même dire que la philosophie se taille la part belle : Thomas d’Aquin n’hésite jamais à laisser dire et à faire dire par la philosophie tout ce qu’elle peut dire de Dieu. Quand une même vérité sur Dieu nous vient à la fois de la philosophie et de la révélation, il est suffisant (et même préférable) que ce soit la philosophie qui la dise ! Telle est la pratique de la Somme de Théologie : par exemple, la partie I (qui porte sur Dieu) commence par une démonstration purement philosophique de l’existence de Dieu (Question 2). Et tout lecteur non prévenu de l’ensemble de cette première partie aura l’impression irrésistible (et tout à fait vraie) qu’il s’agit à 80% de pure philosophie... Il apparaît tout à fait naturel à Thomas d’Aquin que la théologie chrétienne soit aussi « naturelle » que possible.

Telle est la pratique constante de Saint Thomas. Mais il existe un texte très important où Saint Thomas s’exprime de façon claire et directe sur la question qui nous occupe : en quoi théologie naturelle et théologie révélée sont-elles à la fois différentes et profondément unies en théologie chrétienne ? Il s’agit du Prologue de la Somme contre les Gentils (SG). Ce prologue occupe les chapitres 1 à 9 du Livre I de la SG : nous nous proposons ici de résumer l’enseignement de ces quelques chapitres et de mettre en évidence ce qu’il a de particulièrement important. D’abord : un mot sur la Somme contre les Gentils dans son ensemble. La principale caractéristique de la SG, par rapport aux autres synthèses théologiques de Saint Thomas, c’est son plan (son organisation) : ce qui relève de la théologie naturelle (Livres I à III) est nettement distingué de ce qui relève de la théologie révélée (Livre IV). La SG expose la même théologie que la Somme de Théologie, mais en distinguant très soigneusement ce qui relève de la théologie naturelle (de la philosophie) et ce qui relève de la théologie révélée (de la foi, ou de la théologie au sens strict).

Pourquoi une distinction aussi nettement tracée ? Il existe une réponse traditionnelle : la SG serait ainsi construite parce que c’est une œuvre à visée missionnaire, destinée avant tout à soutenir la controverse avec les non-chrétiens (principalement les Juifs et les Musulmans). La discussion avec les Musulmans ne peut se faire que sur une base indépendante de la révélation chrétienne (donc au plan de la simple raison) : c’est l’intérêt de tout le versant « théologie naturelle ». Quant au versant « théologie révélée », il permet de discuter principalement avec les Juifs, avec qui les Chrétiens partagent la révélation de l’Ancien Testament (la question étant alors : le message du Nouveau Testament, spécifique au christianisme, est-il en accord avec celui de l’Ancien Testament ?) ; mais il permet aussi accessoirement la discussion avec les Musulmans : Saint Thomas est très attentif, dans le livre IV, à montrer que la révélation chrétienne, même si elle dépasse la raison, est néanmoins compatible avec elle.

Pour Saint Thomas, la sagesse consiste à comprendre et exposer la vérité de la foi catholique, vérité suprêmement importante qui porte sur la chose la plus importante de toutes. Mais en quoi consiste plus précisément une telle vérité ? La première précision que Saint Thomas juge utile d’apporter (chap. 3), c’est que cette vérité suprême présente deux versants : il y a ce qui en elle dépasse toute capacité de la raison humaine (ordre de la théologie révélée), et ce qui en elle peut être atteint même par la raison (ordre de la théologie naturelle). Dans ce que nous professons sur Dieu, il y a des vérités de deux sortes. Certaines vérités sur Dieu dépassent toute la capacité de la raison humaine : par exemple, que Dieu soit trine et un. D’autres, en revanche, peuvent être atteintes même par la raison naturelle : par exemple, que Dieu est, qu’il est un, et d’autres du même ordre ; et celles-là, même les philosophes les ont prouvées démonstrativement, conduits par la lumière de la raison naturelle. On serait peut-être tenté de conclure : donc la théologie naturelle ne sert à rien ! Puisque les vérités qu’elle expose relèvent aussi de la foi... On nous dit que la deuxième sorte de vérités peuvent être atteintes même par la raison naturelle : cela signifie qu’elles peuvent être atteintes et par la foi et par la raison ; ce qui n’est pas le cas de la première sorte, qui n’est accessible qu’à la foi. D’où logiquement, semble-t-il : la foi suffit pour faire de la théologie !

Mais il est tout à fait remarquable que telle n’est pas du tout la position de Saint Thomas ! Pour lui, c’est plutôt l’inverse qui est vrai : si une vérité divine est atteignable par la raison naturelle, il suffit pour le théologien de l’atteindre de cette façon... En fait, pour Saint Thomas, le point de vue central de la théologie demeure celui de la raison : le travail de la théologie consiste à comprendre et exposer tout ce que la raison peut naturellement saisir de Dieu, et, concernant ce qui la dépasse, à en comprendre et exposer ce qu’elle peut tout de même en saisir ! (Observons bien que les « mystères » du christianisme, qui sont exposés dans le livre 4, ne sont pas du tout exposés d’une façon « mystique », mais au contraire d’une façon autant que possible rationnelle  : quel est leur contenu dans la mesure où il est saisissable, quelle est leur cohérence interne (leur « consistance », dirait un logicien), quelle est leur compatibilité, voire leur probabilité en fonction de ce que nous savons par ailleurs des choses du monde,.

Donc, pour Saint Thomas, si quelque chose devait suffire pour faire de la théologie, ce serait plutôt la raison que la foi ! Il est en tout cas manifestement évident pour lui que si une vérité concernant Dieu est connaissable par la raison naturelle, il suffit au théologien de la connaître de cette façon : ce qui montre que c’est évident à ses yeux, c’est qu’il n’argumente absolument pas cette position. En effet, si on lit les chapitres suivants (4 à 8), on constate qu’il argumente d’abord l’utilité de la foi (chap. 4-6), puis l’utilité de la raison même dans les vérités qui ne relèvent que de la foi (chap. 7-8) - mais qu’en revanche il ne se pose même pas la question de l’utilité d’une connaissance purement rationnelle des vérités divines qui relèvent de la raison naturelle ! S’il ne se pose pas cette question, c’est simplement que cette utilité est pour lui absolument évidente.

 

ST THOMAS D’AQUINLECTURE DU COMMENTAIRE DE THOMAS D’AQUIN SUR LE TRAITḖ DE L’ÂME D’ARISTOTE -       L’ÂME SOUFFLE DE VIE

Traduction Guy François Delaporte

Edition  L’Harmattan  1999

 1999    -     Réed-2015

On est à l’aube du XIIIe siècle. Le contexte pour un surgissement de l'effervescence intellectuelle est florissant. La société s’organise sur trois grands ordres. Le premier est constitué par les prêtres, des prêtres qui prient, les Oratores; le second ordre est celui des soldats, qui combattent et qu'on désigne sous le nom de Bellatores; le troisième ordre de la société enfin est celui des paysans, qui travaillent, et qu'on appelle pour cela les Laboratores. Au sein des Oratores, on distingue deux branches : les réguliers, qu'on désigne ainsi parce qu'ils vivent selon la règle de leur Ordre, les Bénédictins selon la règle de saint Benoit, les Dominicains selon la règle de saint Dominique etc; le branche des séculiers est celle des Oratores qui vivent dans le siècle, autrement dit les curés de paroisse, leurs vicaires et tous ceux dont la mission les porte au contact du monde. L’idéal de la vie apostolique est loin d’exister à l’aube du XIIIe siècle, idéal qui s’identifie à la vie monastique.

 

Lorsqu'apparaissent les Ordres mendiants dominicain (1215) et franciscain (la première confrérie date de 1221), une rupture radicale s’introduit dans l’espace ecclésial. François, bien avant que Bonaventure signe la constitution de l'Ordre franciscain à Narbonne en 1260, déclare au pape Innocent III : “De règle, je n’en ai point, ma seule règle, c’est l’Évangile”. L’Évangile devient la seule règle de vie, la première des règles en quelque sorte. Le moine franciscain se fait itinérant. Il sort donc de son monastère, va au monde. François d’Assise fait éclater la clôture du monastère. Le cloître, c’est le monde. Les Dominicains sont cause d’une rupture forte. Avant eux, ceux qui parlent sont les évêques et les prêtres. Pas les moines. Les moines prient. Les Dominicains, qui eux aussi vont au monde avec mission de prêcher, ont en quelque sorte “volé” aux séculiers leur charge propre.

 

Se produit alors ce qu'on est en droit d'appeler un kaïros. Dans la philosophie grecque le kaïros désigne une période critique, un temps opportun pour prendre une décision. Il nous faut observer qu'en ce temps-là se manifestent des auteurs étonnants. Dominique est contemporain de François d’Assise (1182-1226), mais aussi d’Alexandre de Halès (1186-1245), orateur célèbre qui enseigne à l’école cathédrale de Paris. À 51 ans celui-ci est invité par les Franciscains, ce qui a pour effet de mettre tout Paris en émoi à cause de son entrée chez les Franciscains. Alexandre de Halès devient le maître de Bonaventure au couvent des Cordeliers où il enseigne la tradition augustinienne. Quand A. de Halès meurt, Bonaventure, qui n’a pas encore terminé ses études, le remplace.

 

Dominique, lui, a l’intuition, non d'abord de la pauvreté, mais de la parole. Tandis qu'Albert le Grand est converti par le premier secrétaire de Dominique, Alexandre introduit Aristote dans la théologie. Quant à Thomas, sa force réside dans la transformation de la philosophie d’Aristote pour l’utiliser dans une optique chrétienne. Thomas d’Aquin est d’abord chrétien avant d’être aristotélicien. C’est dans la lumière de la foi que Thomas d’Aquin utilise Aristote. L’intuition de Thomas d’Aquin a besoin d’être conceptualisée, pour ne pas être aveugle et pour durer. Remarquons qu’à l’inverse, un concept sans intuition est vide. Ce qui est nouveau avec la philosophie de Thomas, et qui constitue un véritable et double tour de force, c'est son exploitation théologique de la philosophie d'Aristote. Là où Aristote parle d’un dieu conceptuel, Thomas d’Aquin réintroduit le dieu “acte pur” qu'avait introduit Aristote pour le faire surgir en Dieu de la foi, confessé, professé par le chrétien. D'autre part sur la question de la nature (phusis, ou encore ousia en patois athénien), Thomas d’Aquin pose la question du rapport de la nature à la surnature

 

Dominique de Guzman est Castillan, clerc, chanoine augustinien, marqué par la pauvreté ambiante à Palencia (en Castille-Léon). Il vend sa Bible pour donner l’argent aux pauvres. Autrement dit Dominique fait don de la Parole. En 1203 Dominique rencontre, au cours d'une halte à Toulouse, un aubergiste cathare. La discussion met en lumière l’égarement de l’aubergiste. Dominique éprouve de la compassion à son égard et il a le réflexe de poursuivre avec l’aubergiste la discussion pour le convaincre de son égarement. À l’aube, l’aubergiste est revenu de sa croyance cathare. Et Dominique prend conscience que la parole est une arme, et qu’il n’est donc pas obligé d’user de l’arme de la croisade. C'est le premier acte par lequel la Parole est donnée en partage. La parole est une épée tranchante. Dominique pressent que la vocation du dominicain est de prêcher. L’intuition de Dominique c’est que le monde n’est pas mauvais. Pour lui le monde est lieu de la présence de Dieu. La théologie peut être propre à convertir.

 

 Thomas d’Aquin, de son côté, se demande si un ordre religieux peut être établi pour prêcher. “C’est une œuvre plus relevée (...) que de protéger le peuple chrétien par les armes matérielles. Aussi est-il convenable d’instituer un Ordre religieux pour la prédication...”. Thomas d’Aquin s'interroge, dans le prolongement, sur le travail des religieux. Si les religieux sont obligés de travailler de leurs mains : “encore faut-il savoir que par travail manuel on doit entendre toutes les industries humaines propres à assurer la subsistance, qu’elles mettent en œuvre les mains, les pieds", "la langue" aussi...” Thomas d’Aquin est un lecteur de la vie de saint Dominique. On rencontre pour la première fois l'intérêt et la prise en compte de l’interlocuteur.

 

 Le projet de la Somme contre les Gentils, autrement dit contre les païens, est de réfuter les erreurs. Le grand principe de Thomas d’Aquin : "ce que je trouve par ma raison à propos de Dieu ne peut être contraire à ce que Dieu me dit par la Révélation."  L’enseignement peut-il être considéré comme un acte de la vie active ou contemplative ?  Les disciples des maîtres en théologie sont dévolus à l’enseignement dans les provinces. Théologiens, certes, mais nomades aussi ! Leurs lourds et épais feuillets justifient qu’ils chargent des bêtes de somme pour être transportés, c’est pourquoi les œuvres théologiques de Thomas, comme celles d’Albert Le Grand ou de Pierre Lombard sont appelées des “Sommes”.

 

 Thomas organise sa Somme d'une façon particulière. Il pose les questions attenantes à sa question première ("Est-ce que...? Est-il nécessaire... ?). Autrement dit- il présente la problématique de la question de départ. Aux réponses qu'il avance il émet des objections (qu'il appelle des sentences), il les argumente, oriente vers le dénouement, le lieu de la solution (sed contra). Thomas en vient à donner sa réponse : “Je réponds en disant qu’il faut dire”, apportant la solution des objections. Thomas réalise l’inclusion de la théologie naturelle dans la théologie révélée, situant au-delà de la raison ce qui relève de la Révélation, soit la Trinité, l'Incarnation, la Résurrection. Thomas d'Aquin distingue trois sciences : la théologie naturelle, ou capacité de la raison d’aller aux choses; la théologie révélée, ou ce que la Révélation nous dit de Dieu; enfin la science de Dieu, soit la béatitude ou la connaissance complète de Dieu.

 

 Pour Thomas la philosophie est servante de la théologie. L’autonomisation progressive de la philosophie est conséquente à une fausse interprétation de la servante. Au Moyen-âge, la servante a le privilège de servir le maître, de se tenir près de lui, d’être aussi celle en qui le maître peut mettre sa confiance. La servante n’est pas une esclave. Une esclave cherche à s’affranchir. C’est l’interprétation des tenants de l’autonomie de la philosophie. Jamais Thomas d’Aquin n’a envisagé la philosophie comme esclave de la théologie, ni ne l’a voulue enfermée. Il l’a haussée à sa plus grande dignité pour aider la Révélation à se manifester. Et il n’y a pas plus grande et digne tâche pour le théologien que de se mettre au service de la Révélation. Thomas d’Aquin considère l’action de l’homme comme une cause seconde, qui prend part à l’action de Dieu qui n’agit jamais sans l'homme (10). Dieu n’agit jamais autant que lorsque l'homme agit, l'homme qui est à l’image de Dieu par sa propre capacité à transformer le monde.

 

ST THOMAS D’AQUIN    -        L’HOMME ChrÉtien

A. MENNESSIER

Edition DU CERF

 1965

Un livre sur St Thomas d’Aquin vu sous l’angle très chrétien.

 

Né dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie. Au bout d'un an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon. Devenu professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre. Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme Théologique". Comme professeur, il doit aussi soutenir de véhémentes controverses avec des intellectuels chevronnés. Il voyage aussi à la demande des Papes. Mais c'est l'étude qui a toute sa faveur : à la possession de "Paris la grande ville", il dit préférer "le texte correct des homélies de saint Jean Chrysostome sur l'évangile de saint Mathieu". Il meurt sur la route, en chemin vers Lyon où il devait participer au grand concile de 1274.


Le 23 juillet 2010 - catéchèse sur saint Thomas d'Aquin consacrée à la Summa Theologiae, l'apogée de son œuvre en 512 questions et 2.669 articles. Le Docteur Angélique y expose avec précision et pertinence les vérités de la foi découlant de l'Écriture et des Pères, principalement de saint Augustin. "Comme la vie entière, rappelle Thomas, l'esprit humain doit être sans cesse éclairé par la prière et par la lumière qui vient du Ciel". Dans la Somme, a dit Benoît XVI, saint Thomas décrit les trois modes d'existence de Dieu: Dieu existe en lui-même, il est principe et fin de toute chose, tout vient de lui et en dépend. Ensuite, Dieu se manifeste par la grâce dans la vie et l'action du chrétien et des saints. Enfin il est tout particulièrement présent en la personne du Christ et dans les sacrements découlant de sa mission rédemptrice".


Puis le Pape a rappelé que saint Thomas s'est tout spécialement intéressé au mystère eucharistique, pour lequel il avait une grande dévotion... A la suite des saints, attachons-nous à ce sacrement. Participons avec ferveur à la messe afin d'en retirer des fruits spirituels. Nourrissons-nous du corps et du sang du Seigneur afin de recevoir continuellement la grâce divine. Arrêtons-nous souvent devant le Saint Sacrement! Ce que Thomas d'Aquin a exposé avec rigueur dans son œuvre, et en particulier dans la Somme, il l'a également transmis dans sa prédication. Son contenu...correspond pratiquement entièrement à la structure du Catéchisme de l'Église Catholique... Dans une époque marquée par un fort souci de reévangélisation, ces thèmes fondamentaux ne doivent pas manquer car ils sont ce en quoi nous croyons, le symbole de la foi, ce que nous récitons comme le Pater et l'Ave Maria, ce que nous vivons en vertu de la révélation biblique, ainsi que la loi de l'amour...de Dieu et du prochain".


Dans son "opuscule sur le Symbole des Apôtres", Thomas explique la valeur de la foi. Grâce à elle les âmes s'unissent à Dieu..., la vie trouve sa juste voie et nous le moyen d'éviter les tentations. A qui pense que la foi est obtuse car on ne peut la prouver par nos sens, il offre une réponse complète. Ce doute est sans consistance car l'intelligence est limité et ne saurait tout connaître. Seulement si nous pouvions tout connaître du visible comme de l'invisible, ce serait une véritable faute d'accepter des vérités sur la simple base de la foi. Il est d'ailleurs impossible de vivre sans l'expérience de l'autre, là où la connaissance personnelle n'arrive pas. Il est donc raisonnable de croire en un Dieu qui se révèle, et dans le témoignage des apôtres".


Revenant sur l'article de la Somme consacré à l'incarnation du Verbe de Dieu, le Saint-Père a rappelé que pour saint Thomas la foi chrétienne doit être renforcée par le mystère de l'incarnation. L'espérance s'accroît et se renforce en pensant que le Fils de Dieu est venu parmi nous, comme un de nous, pour communiquer sa divinité aux hommes. La charité est renforcée car il n'y a pas de signe plus évident de l'amour que nous porte Dieu, ni de voir le Créateur se faire créature". Saint Thomas d'Aquin, a conclu Benoît XVI, "fut comme tous les saints un grand dévot de Marie, qu'il a magnifiquement baptisée trône de la Trinité, lieu où elle trouve son repos. Par l'incarnation, dans aucune créature autre qu'elle les trois personnes divines ne séjournent en plénitude de grâce et n'accordent d'aide par l'intercession de la prière".

 

sur les chemins de cÎteaux – les moines cisterciens en terre de france

M. niaussat & F. thomas

OUEST FRANCE

 2000

C’est en terre de France que « Les Chemins de Cîteaux » ont leur origine. Toutes ces abbayes cisterciennes au nom si évocateur de paix et de joie : Clairlieu et Clairefontaine, mais aussi Fontenay ou Fontfroide, Noirlac et Bonport… y ont fleuri et s’y sont épanouies du XIIème siècle jusqu’à nos jours.

 

La liste en est sans fin qui jalonne la route des vacances comme autant de haltes curieuses dans des sites splendides. Tous ceux qui les approchent reconnaissent alors et sentent à travers ces pierres et ces lieux une vie et une âme qui transpirent jusqu’à eux.

 

Pourtant, ces monastères ne furent jamais construits pour devenir des monuments historiques. Simplement, ils sont là parce que des hommes et des femmes ont, un jour, tout quitté, désirant mener une vie d’absolu…

« Les Chemins de Cîteaux » apportent au lecteur le regard de deux moines contemporains. Ceux-ci tentent, l’un par la photographie, l’autre par l’écriture, de faire comprendre la démarche de ces visionnaires de l’extrême qui ont bâti ces abbayes et qui, au travers de cette architecture dépouillée et sublime, donnent leur vision du monde et de l’essentiel. Leur vie reste une interrogation permanente pour l’homme contemporain.

8 T

tout est pur pour celui qui est pur

Jean-Yves leloup

Edition ALBIN MICHEL

 2005

Quelle fut la nature des relations entre Jésus de Nazareth et la grande figure féminine que la tradition chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si « le Verbe s’est fait chair », s’il faut prendre au sérieux le mystère de l’Incarnation, peut-on imaginer que le Christ se soit interdit tout amour charnel ? L’histoire, les Évangiles canoniques, les apocryphes et la théologie ont-ils quelque enseignement à nous livrer à ce sujet ?


L’auteur d’Une femme innombrable, spécialiste de ces questions et traducteur notamment des Évangiles de Marie, de Philippe et de Thomas, aborde la relation « amoureuse » de Jésus et de Marie-Madeleine à la lumière de la parole de Paul : « Tout est pur pour celui qui est pur ». Son propos précis et sans tabou n’entend pas scandaliser, mais stimuler notre étonnement face « au réalisme de l’Incarnation ».


L’auteur explique les métamorphoses de la libido, le docétisme, l’Évangile de Philippe, le sacré dans la rencontre, la sexualité du Christ et la confession de foi.

 

Les livres de Leloup sont regroupés au chapitre 10 L -

8 U

UNE LECTURE DE L’APOCALYPSE

 

Edition Du CERF

 1994

Réflexion très chrétienne sur cette apocalypse.

Signes, sceaux, symboles, visions, trompettes, trônes, fléaux, anges, bêtes, têtes, cornes, témoins, malheurs, guerres, nombres, multitudes, messages et mystères ! Ces termes, le livre de l’Apocalypse les contient tous. Mais, que signifient-ils ? La plupart des gens croient que le livre de l’Apocalypse est scellé, fermé à la compréhension. On l’appelle le Livre à Mystère sans signification. Et pourtant, tout le livre a une signification importante — indispensable. Il est rempli de réponses. Les termes mentionnés plus tôt peuvent être dévoilés ! Ils peuvent être compris, et cette brochure révélatrice en contient les clefs essentielles !

Vous serez intrigué — voire fasciné — de la limpidité de ce que l’on peut connaître à partir du livre de l’Apocalypse. Les événements se multiplieront, pour culminer à une apogée ! Vous pouvez les connaître. Un tiers de la Bible est prophétique — le futur écrit à l’avance ! Presque la moitié des livres de l’Ancien Testament sont inclus dans les livres dit des prophètes « majeurs » (Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel) ou « mineurs » (Osée, Joël, Amos, Jonas, Michée, etc.). L’apôtre Paul expliqua que l’Église du Nouveau Testament est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes » (Éph. 2:20). Reconnaissez que, puisque l’Église siège sur les paroles des prophètes, les chrétiens doivent comprendre les prophéties. Si Dieu ordonne aux hommes de vivre de « Toute Parole qui sort de sa bouche » (Matth. 4:4; Luc 4:4; Deut. 8:3), Il n’en bannirait certainement pas ce tiers qui est prophétique !

Dans Sa prophétie sur la montagne des Oliviers, le Christ paraphrasa Daniel. Il répondit à la question de Ses disciples quant à la séquence des événements du « temps de la fin ». Il renforça la déclaration de Daniel au sujet de ces événements, en disant: « Que celui qui lit comprenne » (Matth. 24:15 — Dieu a ouvert — Révélé — à Ses serviteurs ce qui doit arriver. Il veut que vous compreniez. Il ne veut pas que vous soyez dans la confusion, l’ignorance, ou la crainte concernant l’avenir. Mais, que doivent comprendre les sages, au juste ? Il existe des clefs importantes, qui ouvrent (ou révèlent) les prophéties bibliques. Mais, le monde les ignore toutes ! Dès lors, il n’est pas étonnant que plusieurs disent qu’il n’est pas possible de comprendre l’Apocalypse: ils n’en possèdent pas les clefs !

L’humanité refuse de rechercher et de consulter Dieu. Lui seul peut révéler le futur. Les êtres humains ne peuvent pas, par leur propre intelligence, leur raisonnement humain, ou par des découvertes scientifiques, connaître ou discerner les événements à venir. De nombreux « pratiquants » croient que le livre de l’Apocalypse ne leur est somme toute d’aucune utilité, car, disent-ils, on ne peut pas le comprendre. Cependant, Dieu est en train d’accomplir un plan magistral — et les êtres humains en font partie. De plus, Daniel  ajoute qu’« aucun des méchants ne comprendra », parce que Dieu ne révèle Son plan qu’à ceux qui Lui obéissent ! Le Psaume 111:10 dit que « tous ceux qui pratiquent ses préceptes [gardent Ses Commandements] auront une bonne intelligence [comprendront] » (version Darby). Ce discernement, Dieu ne le donne qu’à ceux qui mettent en pratique Ses ordonnances !

Après que Daniel eut achevé d’enregistrer la prophétie, il demanda à Dieu de lui en donner l’explication. Bien qu’il fut choisi pour enregistrer le livre, lui-même ne le comprit pas: « J’entendis, mais je ne compris pas. » Alors Dieu lui répondit: « Va…car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la Fin. » Quoiqu’il ne fût pas permis à Daniel de comprendre, en revanche ceux qui vivent aux temps de la fin le peuvent ! Rappelez-vous que nous avons lu que les sages le peuvent ! Nous verrons que cette grande prophétie sur ces événements futurs fut scellée de sept sceaux distincts. Il est indispensable de comprendre un autre point majeur: les sept sceaux qui sont dans la main de Dieu couvrent tous les chapitres du livre, sauf les deux derniers ! Les sept sceaux sont décachetés l’un après l’autre — chacun révélant des événements futurs avant qu’ils ne se produisent. Seul le Christ est qualifié pour décacheter les sept sceaux et ouvrir le livre à la compréhension.

Apocalypse vient du grec apokalupsis et signifie révélationrévéler, et non dissimuler, cacher, voiler ou garder secret. Les toutes premières paroles que Jean a rapportées du Christ, au début du livre de l’Apocalypse, sont: « Révélation de Jésus-Christpour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt. » Et, vers la fin du même livre, dans Apocalypse 22:10, nous lisons: « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche. » Comprenez bien ces paroles de l’apôtre Jean. Le temps pour comprendre le livre de l’Apocalypse est maintenant proche (c’est-à-dire, à portée de la main) ! Dieu révèle un moyen fondamental pour comprendre les événements futurs. Ce moyen est d’abord montré dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse. Le livre de Daniel, qui fut enregistré plus de 500 ans auparavant, sert de base, pour ainsi dire, au livre plus volumineux et plus détaillé qu’est celui de l’Apocalypse, lequel décrit des événements que l’on ne retrouve nul part ailleurs dans la Bible.

 

UNE HISTOIRE DE L’EUROPE PAÏENNE – A LA DÉCOUVERTE DE NOS RACINES SPIRITUELLES

Prudence Jones et Nigel Pennick

Edition Dervy

 2019

Une Bible ! L'expression peut paraître paradoxale au regard du sujet, mais c'est ainsi qu'Une Histoire de l'Europe païenne a rapidement été désignée et s'est imposée pour faire autorité parmi les spécialistes de la matière dès sa parution, en 1995. Depuis longtemps, le public français attendait la traduction de ce best-seller majeur et essentiel. C'est maintenant chose faite. Des déesses aux serpents de la Crète antique et des dieux du tonnerre au culte de la nature aujourd'hui à la résurgence des religions indigènes en Europe depuis la fin du XXe siècle en particulier, Une Histoire de l'Europe païenne est la première étude du genre exhaustive et objective qui propose une perspective nouvelle sur l'Histoire de l'Europe, son inconscient collectif et l'histoire des mentalités et de la religion en général. Ce travail novateur, dense, richement illustré confirme le paganisme comme une force persistante dans l'histoire européenne qui a exercé et exerce encore une influence profonde sur la pensée moderne.

 

Pas à pas, nous suivons l'évolution de ce courant de pensées, de vie et de spiritualité en parallèle des religions dominantes, voire en conjonction avec elles. Il a laissé une puissante empreinte sur la société, les traditions, les lieux de culte, les rituels, les arts, les contes populaires, etc. Un intérêt rénové pour la spiritualité féminine ou la féminité sacrée, pour le retour aux racines, le culte de la nature et l'écologie dans ses dimensions les plus philosophiques, mais aussi pour les fondements de la démocratie qui se structurent dans le monde antique avant de s'épanouir dans le monde du nord parfaitement égalitaire jusqu'à donner les modèles démocratiques septentrionaux modernes que nous connaissons. Une Histoire de l'Europe païenne est une documentation essentielle pour tous les lecteurs - tant les érudits et universitaires que le grand public - qui s'intéressent au développement des religions au cours des siècles et tout autour du globe.

 

Cet ouvrage aura demandé près de vingt années de préparation. C’est un long processus d’échanges, de rassemblement de matériaux et de réflexion qui a permis la rédaction de ce panoramique des cultures non chrétiennes en Europe. Arnaud d’Apremont, traducteur, dans un avant-propos bienvenu à l’édition française, identifie les enjeux d’un tel travail : « C’est donc à une véritable photographie – mais en réalité à beaucoup plus – de la géopolitique spirituelle actuelle de l’Europe que nous invite cet ouvrage, en appuyant ce regard sur de profondes racines. Il nous propose une vulgarisation didactique, accessible et sensible, sur un sujet peu traité. Peu traité, voire déformé, car son thème, le paganisme, a été longtemps au mieux mal compris, au pire disqualifié comme synonyme des pires turpitudes ou des « arriérismes » de la campagne, alors qu’il a nourri les grandeurs de l’art, de la culture et de l’esprit, des merveilles de l’Antiquité en passant par la Renaissance et jusqu’aux différents courants de pensée ou de création qui ont émaillé les Lumières ou d’autres périodes, comme le Romantisme et les Préraphaélites. »

 

« Dans le présent ouvrage, les auteurs portent un regard mesuré sur ce que fut l’histoire païenne de l’Europe, un regard empreint de compréhension et de tolérance, correspondant à ce que furent l’esprit du paganisme et ce qui s’est exprimé dans ce qu’ils appellent la foi double ou la foi duale : un mélange de paganisme humaniste et de christianisme administratif qui a, somme toute, été la caractéristique de l’univers spirituel et de sa pratique au cours d’une bonne partie de l’histoire européenne. » Bien sûr, les spécialistes de chaque culture présentée de manière synthétique par les auteurs fronceront les sourcils à la lecture de ce livre en raison des simplifications, des sélections, des omissions, toutes inévitables dans un tel projet. Mais l’enjeu n’est pas académique, il s’agit de nous faire prendre conscience d’un héritage protéiforme qui imprègne notre histoire et nos réalisations européennes. Ce livre invite à un changement de regard, à la découverte d’un « autre univers mental », de « voies de sagesse et d’humanisme négligées ».

 

Les auteurs ont introduit l’ouvrage par une présentation du paganisme hier et aujourd’hui. C’est bien d’un paganisme vivant dont il est question. Ils abordent ensuite la question par grand secteur culturel et politique : Les Grecs et la Méditerranée orientale – Rome et la Méditerranée orientale – L’Empire romain – Le monde celtique – Les derniers Celtes – Les peuples germaniques – Les derniers feux de la religion germanique – Les Pays baltes – La Russie et les Balkans. Cette construction permet au lecteur de retrouver aisément des informations recherchées en fonction de ses intérêts du moment. Le dernier chapitre de l’ouvrage aborde la réaffirmation du paganisme, ou plutôt des paganismes, par exemple avec « la réaffirmation des valeurs païennes sous la Renaissance » ou encore le « paganisme romantique ». Ils écartent le lien souvent répété entre « la grande chasse aux sorcières » et paganisme en développant plutôt le sujet comme une chasse aux femmes accusées de satanisme car considérées comme trop faibles pour résister aux avances du démon. Ils dénoncent la misogynie de l’époque mais aussi de tous ceux, chercheurs ou non, qui par la suite, se laissèrent abuser par cette vision trop commune. Ils écartent également une deuxième croyance répandue qui affirme que « le régime hitlérien en Allemagne (1933-1945) était d’inspiration païenne ». L’index de fin d’ouvrage permet de faire des recherches par nom dans ce condensé d’informations qui reste agréable à lire malgré sa densité ce qui explique sans doute son succès dans les pays anglophones.

 

8 V

VIE POSTHUME ET RÉSURRECTION DANS LE JUDÉO- CHRISTIANISME

Jean TOURNIAC

Edition  DERVY

 1984

La vie après la mort ? À cette question, chaque tradition fournie une réponse adaptée à sa nature propre. Dans notre tradition judéo-chrétienne qu’attendons-nous de la Bible ?

 

Y sont développés les divers états posthumes, l’éveil initiatique, le corps, l’âme et l’esprit, l’hindouisme, le judaïsme, le phénix, le feu et quelques repaires évangéliques

 

« Jean Tourniac (1912-1995) de son vrai nom Jean Granger est un auteur très connu de la littérature maçonnique. Il a beaucoup étudié le Régime Écossais Rectifié, mais selon une conception Guénonienne et donc assez différente de l’esprit de Jean Baptiste Willermoz.

 

Il a notamment exposé les significations des rites, symboles et structures de la Franc-Maçonnerie à la lumière des sectes bibliques et liturgiques et des doctrines initiatiques et authentiques d'Orient et d'Occident. Il a aussi essayé de définir les possibilités d'un accord entre l'Église et la Franc-Maçonnerie, en fixant les règles au niveau le plus élevé, celui de la Connaissance Spirituelle et de la Compréhension Symbolique. On le retrouve à 6 reprises dans la revue Renaissance Traditionnelle. En avant - propos de ce discours, prononcé en 1970, Jean Tourniac, distingue la démarche maçonnique du monde profane. On ne vient pas y chercher des idées, que l’on trouve à foison dans le monde profane; on ne vient pas chercher des systèmes, dont regorgent les philosophies; pas plus que des distractions, car il y a mieux ailleurs; ni même des connaissances ou de la culture dont certains établissements sont eux, dépositaires…

 

L’initiation maçonnique c’est l’être", par rapport à un éventuel "avoir", que serait une somme de connaissance maçonnique…Toutefois, l’illustration de ce qui différencie l’ésotérisme de l’exotérisme, de ce qui sépare l’intériorité de l’extériorité spirituelle, c’est exactement ce qui distingue la maçonnerie d’une association fraternelle, et qui en fait un ordre initiatique et sacré, c’est le Rite.

Influencé comme nous l’avons dit par l’œuvre de René Guénon, l’auteur distingue deux définitions du mot rite en Maçonnerie. Tout d’abord le rite en tant que système, et en tant que voie de l’Ordre, et d’autre part le rite en tant que technique du corps, agissant sur l’âme et l’esprit… L’étude qui va suivre porte sur cette dernière définition car elle sous-tend la première, elle est commune à tous les systèmes maçonniques et que de toute façon "rita" en sanscrit signifie... Ordre. La première partie de l’analyse  consiste à définir quel est le rapport entre l’initiation, réception au long d’une chaîne de transmission au fil des générations, et le rite. 

 

A l’inverse de la cérémonie, qui relève d’un côté improvisé, lié à l’humain et au provisoire, voire de la coutume qui ne possède pas ses exigences, le rite lui, est un acte parfaitement défini au point de vue technique et invariable dans le temps. De plus c’est le rite qui donne le côté sacré de toute cérémonie, il relie l’homme à ce qui le dépasse, au supra humain, toutefois malgré les similitudes, il ne faut l’assimiler à une religion, bien que certaines pratiques soient placées sous des dominantes de cosmogonie1, métaphysique2 ou de théologie. On peut aussi distinguer les rites sacrés collectifs, des rites individuels. Enfin notons que l’on retrouve le rite, dans l’exercice de certaines sciences traditionnelles secondaires telles que la sorcellerie, et le chamanisme…

 

Le rite prend son origine avant le temps, par un acte issu du Principe Divin, ce qui lui confère son aspect vertical, et relie dans le plan horizontal, les hommes entre eux, cette relation verticalité/horizontalité qualifiant la fraternité humaine traditionnelle dont découle la fraternité maçonnique. En conséquence, il ne peut y avoir d’axe vertical sans axe horizontal c'est-à-dire pas d’Ordre, pas de maçonnerie sans la doctrine du rituel. De même se polariser sur le rituel seul, sans l’application caritative de l’Ordre, signerait la mort du système. D’un point de vue symbolique, le sommet de l’axe vertical rejoint les 2 extrémités de l’axe horizontal, ce sont les 2 côtés du triangle, et il en coupe la base en son milieu. Voici donc ici, mêlés symbolisme de la croix et enseignement de l’équerre.

 

Les écrits du Maharal illustrent ce propos, ils montrent que la Création entière est sous le signe de la cassure et de la dualité, à l’image de la Genèse débutant par la lettre "Beth", qui est un signe de dualité. Lui aussi décrit un côté Divin vertical et un côté humain horizontal. Il démontre qu’entre les 2 axes, existe une articulation, une diagonale, un médiateur, qui est le rituel, il est même l’instrument du pacte d’alliance entre le Principe créateur et l’homme. C’est ce que l’on retrouve en maçonnerie symbolisé par le fil à plomb, le niveau et l’articulation qui est l’équerre. L’amour fraternel y prend alors la valeur de la diagonale. Dernière illustration, la vie… Linéaire et horizontale du début, la naissance, à la fin, la mort, elle rencontre à ses deux extrémités, la verticalité, et le face à face avec le Principe Éternel. 

 

Nous l’avons dit, le rite connecte au "tout", il universalise en unifiant. Mais également, il informe l’être de manière subtile. C’est ce qui justifie la nécessité d’une rigueur technique, la transmission permet un éveil désormais irréversible et une prise de "surconscience", à l’instar du yoga, de l’hindouisme et du tantrisme. Le rite ne permet donc pas uniquement un développement personnel d’un point de vue mental, discursif, dialectique, etc… Mais créé le lien avec l’homme Universel, intégral, originel, c'est-à-dire l’Adam Primordial.

 

L’un des vecteurs de la réalisation du rite est le corps, il a une grande importance, nous le voyons, dans les signes, les attouchements, les pas, les postures, mais aussi dans d’autres pratiques, par les danses, les inclinaisons, les génuflexions, etc… En effet, le rituel mobilise  les trois zones humaines corps, âme, esprit, de manière équilibrée, l’action sur une zone, se répercutant sur les autres. Ceci se matérialise dans la maçonnerie, par un symbolisme lié à l’exercice du métier, à la maçonnerie opérative, qui opère techniquement mais aussi spirituellement. Notons ici, les notions de rythme ou d’axe mécanique, chers au monde de l’initiation et qui l’en distingue du mysticisme. »

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