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Chapitre 8  A - K   (  Christianisme  )

 

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8 A

abbaye de valmagne

 

Edition GAUD

 2005

Magnifique Abbaye cistercienne construite en 1139 au Nord de Béziers. Une partie de l’histoire du Languedoc-Roussillon.

 

L’Abbaye de Valmagne est un  monument historique et un  vignoble Classé. Monument historique en 1947, Valmagne est une des plus belles abbayes cisterciennes de France et un des plus anciens vignobles du Languedoc.

 

Venez découvrir la cathédrale des vignes avec ses foudres en chêne de Russie, le cloître au charme florentin, la salle capitulaire avec sa voûte en anse de panier ainsi que la fontaine, une des rares à avoir été conservée dans une abbaye.

 

Vous pourrez vous balader dans le jardin médiéval avant de visiter le conservatoire des cépages et déguster les vins du domaine.

De plus l’Abbaye offre la possibilité de se restaurer à l'auberge de l'abbaye en dégustant des plats savoureux avec des légumes, fleurs, fruits et plantes oubliés issu de son potager Bio.

L’Abbaye de Valmagne a été construite en 1139, fondée par Raymond Trencavel, vicomte de Béziers. Il s’agit au départ d’une abbaye bénédictine mais, suite au fort développement de l’ordre cistercien à l’époque, elle est vite rallié au nouvel ordre. L’abbaye de Valmagne connaît vite une époque de splendeur durant laquelle on compte de nombreuses dépendances raccrochées à l’abbaye comme de nombreuses terres, des moulins, des fermes etc. La communauté est riche, elle compte même jusqu’à 300 moines, aussi on la restaure et rénove déjà très tôt. En 1257 c’est l’église toute entière qui est remise à neuf dans le style gothique, sur les bases de l’ancienne église romane. Vous pourrez voir sur les photos que le style gothique employé pour la rénovation de l’église ressemble plus au gothique du nord de la France qu’à celui utilisé dans le sud à cette époque de par sa taille et sa hauteur (23m de haut et 83m de long). La construction d’un cloître gothique suivra ensuite, bâti sur les bases de l’édifice roman, au XIVème siècle.

 Cependant, la période dorée ne dure pas et les premiers problèmes surviennent lors de la grande guerre de cent ans, au milieu du XIVème siècle. La peste noire dévaste la région et de nombreux moines meurent ou fuient. De plus, le passage des grandes compagnies endommage l’abbaye. Par la suite, de nombreux changements comme la guerre de religions et certaines attaques successives produisent l’abandon définitif de l’abbaye au XVIème siècle. L’édifice reste désert pendant près de 40 ans et devient un repère de brigands.

Les moines reviennent toutefois peupler l’abbaye au XVIIème siècle et entreprennent des travaux de restauration. Ils restaurent ainsi bout après bout l’abbaye pendant près d’un siècle. Malheureusement les restaurations sont très coûteuses et l’abbaye s’endette complètement. Lors de la Révolution française, l’abbaye est à nouveau saccagée : en 1790 les trois derniers moines quittent les lieux. L’abbaye devient bien nationale et est ainsi vendu en 1791 à monsieur Granier-Joyeuse qui transforma alors l’église en cave à vin. On remarque que les grandes barriques de vin ont été conservées dans la nef, même si elles ne sont plus utilisées de nos jours. Enfin, en 1838, l’abbaye est à nouveau vendue et rachetée par le comte de Turenne, descendant des actuels propriétaires des lieux.

 

ABBAYE  DE  MONTSERRAT  -  CATALOGNE  ESPAGNOLE

Estève Serrat et Perez

Edition Géocolor – Barcelone

2015

L'abbaye Santa Maria de Montserrat est une abbaye bénédictine située sur le massif montagneux de Montserrat en Catalogne. Ce lieu de pèlerinage s'impose dès le Moyen-Âge comme le premier sanctuaire marial Catalogne.

 

La légende fait remonter la fondation de l'abbaye en l'an 880 : un samedi après-midi à la tombée de la nuit, des pâtres voient descendre du ciel une puissante lumière accompagnée d'une mélodie. Le samedi suivant, la vision se répète. Les quatre samedis suivants le recteur d'Olesa les accompagne et peut constater la vision miraculeuse. L'évêque organise alors une montée au Montserrat pendant laquelle est découverte une grotte où se trouve une image de la Sainte Vierge. L'évêque propose alors de la transférer à Manrèse, mais quand ils essaient de la bouger, elle est si lourde qu'ils n'y parviennent pas. L'homme d'Église interprète ce fait comme la volonté de la Sainte Vierge de rester en ce lieu et décide de faire construire une chapelle sur le site.

 

La légende raconte  que ce soient des anges qui ont découpé le massif de Montserrat avec une scie en or (d'où l'étymologie de Montserrat, « mont-scié ») pour abriter la statue de la Vierge et l'abbaye. C'est l'origine du symbole héraldique de Montserrat : une scie, tantôt tenue par des anges et tantôt seule, mais toujours au-dessus d'un dessin de rochers stylisés. Depuis, Montserrat est considéré comme un haut lieu du catholicisme tant espagnol que catalan. En dehors du monastère et de la Sainte Grotte, le massif compte un bon nombre de petites églises et d'ermitages abandonnés.

 

La première mention de Montserrat date de 888. Au IXe siècle, on y trouve quatre chapelles, Sainte-Marie, Saint-Iscle (la seule qui subsiste aujourd'hui), Saint-Pierre et Saint-Martin. C'est en 945 que la fondation du monastère Sainte Cécile est attestée. Quant au monastère de Montserrat, il est fondé vers 1025 par l’Abbé Oliba, évêque de Vic, mais à  cette époque dirigé en France St Michel de Cuxa, St Martin du Canigou et Elne.  Au XIIe siècle, une nouvelle église romane est construite. C'est également à cette époque qu'est fabriquée la vierge noire, installée dans la basilique. Les pèlerinages deviennent de plus en plus nombreux. La confrérie de la Vierge de Montserrat est fondée en 1223 grâce à l'épouse de Pierre II d'Aragon. Elle a pour fonction de prier pour que les âmes des confrères morts accèdent à la patrie céleste.

 

En 1476, on construit un cloître gothique. La réputation de Montserrat commence à se répandre. Ignace de Loyola y vient en pèlerinage. L'abbaye est détruite par les troupes napoléoniennes en 1811. Les bâtiments actuels datent du XIXe siècle, initiés par l'abbé Muntadas et rénovés par Josep Puig i Cadafalch. La nouvelle façade de la basilique est inaugurée en 1901. Durant la Guerre civile espagnole, les moines doivent quitter le monastère. Vingt-trois trouveront la mort. Le monastère de Montserrat est épargné de justesse du pillage et de la destruction. Les moines y retournent en 1939.

 

Depuis 1942, le monastère profite d'une expansion continue : nouvelle façade du monastère, ensemble de services d'accueil, musée de la peinture catalane moderne, restauration de la basilique et de la sainte grotte, etc.

 

La communauté monastique actuelle est composée d'une vingtaine de moines qui suivent la règle de Saint Benoît dont l'objectif principal est de conserver le Montserrat en tant que lieu de prière et de recueillement. Les moines assurent également le bon fonctionnement de l'hôtellerie et de l'accueil des pèlerins, en plus d'activités de recherche et d'édition. Parmi les divers édifices du monastère bénédictin, la salle capitulaire, le cloître et le réfectoire sont remarquables par leur architecture. Sur le site, on retrouve également plusieurs aménagements et la basilique.

 

Initialement inaugurée en 1592, la basilique elle a fait l'objet d'importants travaux de restauration à la fin du XIXe siècle, puis entre 1991 et 1995. Elle est formée d'une seule longue nef de 58 m de long, 15 m de large et 23 m de haut. La nef est bordée d'une série de chapelles entre les contreforts et de tribunes dans la partie supérieure. Au fond de la nef, au-dessus du chœur des moines, une niche est aménagée pour recevoir, sur un trône en argent, la Vierge de Montserrat, à laquelle les pèlerins et les visiteurs accèdent par un escalier latéral.

 

L'autel est fait d'un bloc de pierre de huit tonnes et repose sur une dalle provenant de l'ancien autel de la basilique. Au-dessus, un imposant baldaquin est suspendu auquel sont accrochés une croix en or avec un Christ en ivoire, attribués à Lorenzo Ghiberti. La réalisation de la chapelle a débuté en 1876 et s'est terminée en 1885, sous la direction de Paula del Villar i Lozano, aidé par Antoni Gaudi. Devant le vitrail central de la chapelle, une statue en bois polychrome d'Agapit Vallmitjana représente saint Georges, patron de la Catalogne. Une fresque de Joan Llimona est peinte sur la coupole. La Santa Cova ou Sainte Grotte est située à l'endroit présumé où la Vierge est apparue aux bergers. Sur le site, une chapelle construite au XVIIe siècle, abrite la Santa Cova. Endommagée lors des guerres napoléoniennes, des travaux de restauration seront menés en 1859. Grandement abîmée par un incendie et de fortes tempêtes, la chapelle a été une nouvelle fois restaurée en 1997.

 

La culture est un élément important de Montserrat, la bibliothèque du monastère compte environ 300.000 volumes. La manécanterie (l'Escolania) considérée comme l'un des conservatoires pour enfants parmi les plus vieux d'Europe, est l'une des plus célèbres du monde et est réputée pour son répertoire de musique baroque religieuse. L'école assure l'éducation d'une cinquantaine d'élèves qui prennent part aux offices religieux. Au point de vue musical, le monastère est également connu pour avoir renfermé dès le XIVe, le fameux Livre Vermeil, recueil de chants profanes et religieux, mondialement connu par les spécialistes de musique médiévale.

 

Le musée a subi d'importants réaménagements entre 1980 et 1982. Les collections comprennent des œuvres de Caravage, du Gréco, de Tiepolo, Monet, Degas, Sisley, Picasso, Dali, Miro et de surcroît des trésors d'Egypte antique. On y retrouve également plusieurs objets du Moyen-Orient, des objets liturgiques de Montserrat entre le XVe siècle et le XXe siècle et un important échantillon de peinture catalane.

 

Un livre avec 350 photos couleurs sur les trésors de cette Abbaye, ainsi que l’historique de sa construction

 

abrÉgÉ d’histoire de l’Église orientale et surtout melkite

Le Père Joseph chammas

LIBAN

 1950

Trois petits livres par le Père Basilien Salvadorien J. Chammas qui explique l’histoire et la théologie de ce groupe chrétien catholique installé depuis 2000 ans en Syrie au Liban, et en Turquie.

Le premier livre traite de l’an 34 à l’an 634, le deuxième livre de 634 à 1724 et le troisième livre de 1724 à aujourd’hui.

 

Les Grecs-melkites catholiques se trouvent, à l'origine, dans les trois grands Patriarcats orientaux d'Antioche, d'Alexandrie et de Jérusalem.  Le mot « melkite » vient du syriaque « malko » et signifie « royal » ou « impérial » ; c'est un surnom donné pour la première fois en 460, en Égypte, par les monophysites, aux orthodoxes qui avaient pris parti pour le patriarche légitime, Timothée II, appuyé par l'empereur romain (byzantin) Léon 1er. C'était donc, à l'époque, un synonyme de loyalisme politico-religieux. De l'Égypte, ce surnom est rapidement passé en Syrie.  Actuellement, l'usage commun réserve ce nom aux catholiques de rite byzantin (grec) de langue arabe dans les trois patriarcats ci-dessus mentionnés et dans l'émigration. Quant aux non catholiques de ces mêmes trois patriarcats, ils sont appelés, en arabe, «Roum», c'est-à-dire grecs d'Orient, tandis que les catholiques melkites sont aussi appelés «Roum katholik».

 

Le catholicisme est tellement caractéristique des grecs-melkites catholiques que, pour un homme du peuple, surtout en Syrie, le terme «katholik», sans autre précision, désigne toujours les grecs-melkites catholiques.  Aujourd'hui, tous les melkites sont de langue arabe. Autrefois, notamment du Ve au XIIe siècles, il y avait des melkites d'origine byzantine qui parlaient encore le grec, d'autres de race autochtone qui parlaient le syriaque, et enfin d'autres d'ethnie arabe, convertis au christianisme dès le Ve siècle, donc bien avant l'islam, qui parlaient arabe. Cette pluralité ethnique et linguistique existait aussi chez les monophysites de l'époque, mais avec une prédominance de la langue syriaque.  Les melkites d'aujourd'hui, aussi bien catholiques qu'orthodoxes, représentent donc le tronc des deux grands arbres formés par les deux grandes circonscriptions ecclésiastiques déjà reconnues au concile de Nicée (325) et qui avaient leurs centres respectivement à Alexandrie (pour les territoires correspondant au « diocèse » civil romain d'Égypte) et à Antioche pour le « diocèse » de l'Orient

 

A L’AUBE DU CHRISTIANISME

m.e. boismard

Edition du CERF

 1999

Pour bien des gens, être chrétien, c’est adhérer à un credo, c’est croire à des dogmes, alors, en a-il toujours été ainsi ? D’autre part, les croyants ne sont-ils pas aujourd’hui mal compris, au moins dans certains milieux ? C’est à ces questions que veut répondre l’auteur, qui fait le point à partir des textes du Nouveau Testament, lesquels sont presque toujours enracinés dans l’Ancien Testament.

 

Il commence par poser le problème de l’existence de Dieu telle qu’elle est vécue dans la Bible et par analyser ses implications modernes. Il traite ensuite du problème de la foi dans les cinquante premières années du christianisme, il s’agit essentiellement de croire en l’avènement du Royaume de Dieu, de croire que Jésus en est le Roi, mais cela suppose de croire en sa Résurrection.

 

L’auteur montre ensuite comment sont nés et se sont développés les deux principaux dogmes, objets de la foi actuelle des chrétiens : la divinité du Christ et la Trinité. Il explique comment comprendre le dogme de la Rédemption (Dieu a-t-il exigé le sang, et donc la mort du Christ, pour nous pardonner nos fautes ?).

 

L’auteur montre enfin, comment concevoir le châtiment de ceux que la Bible appelle « les impies ». Dieu qui est Amour, peut-il les livrer à des souffrances éternelles ? L’auteur veut donc apporter ici une réponse à bien des questions que nombres de chrétiens se posent aujourd’hui.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’existence de Dieu   -   Dieu se révèle à Moïse  -  Dieu est au-dedans de nous  -   le problème du mal et pourquoi Dieu le permet-il ?   -    Le Royaume de Dieu dans l’Ancien Testament : Dieu et l’ancienne Alliance  -   l’annonce de la nouvelle Alliance  -  Le Royaume dans le Nouveau Testament   -   Un règne par la vérité   -  continuité des deux alliances   -  le sang de l’alliance  -  les commandements de Dieu  -  le retour du Christ et la venue de l’esprit  -   la pensée johannique   -   Croire en Dieu et en son Crist  -  la descendance d’Abraham   -  l’entrée en terre promise   -   Dieu accomplit ses promesses   -   les évangiles synoptiques   -  la foi en Dieu et en Jésus  -   les actes des apôtres   -  les lettres de Paul  -  la continuité entre les deux alliances  -  l’évangile de Jean   -  Jésus, Christ et prophète   -  

La divinité du Christ  -   Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme  -  les évangiles de Marc, Luc, Jean,   -   la comparution devant le sanhédrin  -   la parole eucharistique  -  la christologie johannique   -  Le Logos  -  L’épitre aux Colossiens  -  La lettre aux Philippiens  -   l’épitre aux hébreux  -    les lettres de Paul   -  la conception virginale  - la lettre aux Galates   -   Le mystère de la Trinité   -  le texte de Mathieu   -   les traditions juives  -  le baptême  -  l’Apocalypse  -  Le Père, le logos et l’esprit dans l’évangile de Jean   -   le mystère de la Rédemption  -  les deux exodes  -   du royaume de Satan au royaume du Père  -   des ténèbres à la Lumière  -   le terme lutroun chez Luc et chez Pierre   -   la rémission des péchés  -   le sort des impies dans l’ancien et le nouveau testament  -  le prophète Daniel  -   le feu de la géhenne   -  la Déluge  -  Sodome et Gomorrhe   -  Lazare et le mauvais riche  -  A l’aube du christianisme  -  la naissance des dogmes dans les traditions johannique, paulinienne et lucanienne   - 

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ALPHA ET OMEGA   - 

 Yves Raguin

Edition le Cerf

 1991

Les plus anciens manuscrits grecs du livre de l'Apocalypse portent en trois endroits l’expression “l’Alpha et l’Oméga”. Cette formule s’applique-t-elle à la fois à Yahweh Dieu et à son Fils Jésus Christ, comme beaucoup le pensent? D’autre part, quelle est sa signification?

“Alpha” est le nom de la première lettre de l’alphabet grec, “Oméga” celui de la dernière. Le titre “Alpha et Oméga” évoque donc une idée de commencement et de fin, ou encore de plénitude.

En somme, la personne qui porte un tel titre devrait être à l’origine de certaines choses et les mener avec succès jusqu’à leur terme.

De la lecture des Écritures hébraïques il ressort que le titre d’“Alpha et Oméga” irait parfaitement à Yahweh.

Ne lit-on pas par exemple ceci, en Ésaïe 55:10, 11: “Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n'y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins.”


Ce texte montre parfaitement que tout ce que Yahweh Dieu annonce, il le mène à bonne fin. L’eau tombée sous forme de pluie ou de neige finit par pénétrer dans le sol et se combiner à diverses substances pour donner aux plantes ce dont elles ont besoin pour pousser. Le grain récolté fournira la semence pour les semailles à venir et surtout, une fois moulu, la farine pour le pain. Ainsi, la pluie aura pleinement rempli sa fonction essentielle qui est de donner du pain à celui qui mange et du grain au semeur. De cet exemple il ressort que tout ce que commence Yahweh ou Yéhova Dieu, Cause première, il le mène toujours à bonne fin. Le titre “Alpha et Oméga” ne s’applique-t-il pour autant qu’à Yéhova Dieu seul? Avant de répondre à cette question, arrêtons-nous sur le contexte des passages où apparaît cette expression.

Commençons par Apocalypse 1:8: “Je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.”. Visiblement ce texte parle de Yahweh Dieu, le Très-Haut.

Certes, le verset précédent déclare que Jésus Christ “vient avec les nuées”, mais le texte lui-même ainsi que les versets du contexte montrent que Jésus ne pouvait être “l’Alpha et l’Oméga”. Dans la Bible, seul le Père du Seigneur Jésus Christ est appelé “le Seigneur Dieu” et le “Tout-Puissant”.

Même Jésus Christ appela son Père “mon Dieu”. (Jean 20:17; Apocalypse 3:12.) Le premier verset du livre de la Révélation nous apprend que Jésus Christ reçut de Dieu cette prophétie (Lire Apocalypse 1:1). On peut donc s’attendre à retrouver des paroles du Dieu Tout-Puissant dans le texte.

Or, c’est manifestement le cas dans la première référence à “l’Alpha et l’Oméga”, surtout que l’apôtre Jean ajoute au verset suivant: “Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus.” (Apocalypse 1:9). Cette phrase confirme que pour Jean, Dieu Yahweh était le Père du Seigneur Jésus Christ.

Mais en quel sens Yahweh est-il “celui qui est, qui était et qui vient”? Dieu éternel, Yahweh a toujours été le Tout-Puissant (Psaume. 90:2). Depuis des temps immémoriaux il était donc le Très-Haut. Aujourd’hui, il demeure le Dieu Tout-Puissant et il le sera encore lorsqu’il viendra exécuter son jugement, à l’heure où il manifestera sa toute puissance, conformément à d’autres passages de la Révélation, et où quiconque s’opposera à sa domination sera détruit par son Fils. Apocalypse 16:14; 19:13-16.

Le second passage où apparaît le titre d’“Alpha et Oméga” se trouve en Apocalypse 21:6. Or, au verset suivant, celui à qui s’applique ce titre déclare: “Celui qui vaincra héritera ces choses; je serai son Dieu, et il sera mon fils.” Puisque Jésus Christ se considère comme le “frère” de ces vainqueurs, c’est donc le Père du Seigneur Jésus Christ qui se fait appeler ici “Alpha et Oméga”. Comparez avec Matthieu 25:40 et Hébreux 2:10-12.

Citons enfin le troisième et dernier texte, celui de Apocalypse 22:12, 13: “Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu'est son œuvre. Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.” Ce passage figure au milieu d’autres déclarations attribuées tantôt à un ange, tantôt à Jésus Christ. L’extrait cité plus haut est précédé d’une déclaration provenant de l’ange qui avait transmis la Révélation à l’apôtre Jean (Apocalypse 22:8, 9).

Ensuite, il y a cette citation qui commence au verset 12 pour se terminer au verset 15 et qui est suivie d’une troisième intervention formulée en ces termes: “Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses.” (Apocalypse 22:16). Rien dans le contexte n’indique qu’il faut attribuer soit à l’ange, soit à Jésus la déclaration des versets 12 et 13. Elle peut donc très bien émaner d’une tierce personne. Pour demeurer logique avec le reste du livre de l'Apocalypse ou Révélation, “l’Alpha et l’Oméga” ne peut être que le Dieu Tout-Puissant celui-là même qui vient en tant que juge pour récompenser ou châtier les gens d’après leurs œuvres.

On trouve le pendant de Apocalypse 22:12 dans ce texte de l’apôtre Paul: “Mais, par ton endurcissement et par ton cœur impénitent, tu t'amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres; réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l'honneur, la gloire et l'immortalité; mais l'irritation et la colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à l'injustice. Tribulation et angoisse sur toute âme d'homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec! Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec!” (Romains 2:5-10).

Il est bien évident que Yahweh Dieu exprimera son jugement par l’entremise de son Fils, car l’apôtre ajoute: “C'est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes.” Romains 2:16. Ainsi, le fait que Yahweh Dieu se présente comme “l’Alpha et l’Oméga” nous fournit l’assurance que la réalisation de ses desseins se terminera par un triomphe.

 

Alpha et Oméga sont les deux membres des Flammes jumelles ascensionnées de la Conscience christique cosmique.  Avec ((Omega)), il maintient l’équilibre de la Polarité masculine et féminine de la Trinité dans le Grand Soleil central du Cosmos.  Ainsi, par le Christ universel, le Verbe se fait chair.  Dans la figure de l’Androgyne primordial, ((Alpha)) représente le Père et l’Origine de Tout (le Point d’Émission), tandis qu’ ((Omega)), la Mère, désigne l’Accomplissement des Cycles (le Point de Réintégration).  Réunis, ils illustrent la Conscience de Dieu exprimée par l’intermédiaire de la Création Esprit-Matière.  Ils représentent les Dieux Père-Mère de la Voie lactée.

 

L’expression Alpha et Omega ou l’entité Alpha-Omega désigne Dieu en tant que Principe et Terme de l’Évolution, rappelant que toute créature est issue du Créateur, qu’elle y est bien-aimée, qu’elle retrouvera le chemin du retour vers lui, en tant qu’Être évolué et complet, accueilli dans la bienvenue chez lui.  Dans ce contexte, les lettres Alpha et Omega symbolisent le Premier et le Dernier, le Commencement et la Fin, évidemment, sans oublier ce qui se déroule ou se produit entre les deux extrêmes.  Il s’agit du Tout qu’on peut percevoir dans ses deux aspects polaires (masculin et féminin, électrique et magnétique).  Au niveau systémique, elle désigne le signe du Bélier, le Feu sacré ou la Puissance de l’Amour créateur, qui commence et finit la Roue du Zodiaque ou les Rondes créatrices, pour lancer éternellement un nouveau cycle évolutif toujours plus achevé.  Elle évoque l’Émanation de l’Un et le Retour de l’Un, le développement cyclique et la résorption de la Manifestation dans son Point originel.

 

Pour certains exégètes, ces deux lettres expriment la Clef de l’Univers en tant que Totalité : globalité de l’Être, de la connaissance, de l’espace et du temps.

 

Pour certains Chrétiens, elles identifient le Christ, le Maître de Tout, le Témoin fidèle de la vie, le Point de culmination de l’Évolution créatrice.   En général, pour traduire cette expression, on recourt aux formules (Il est, il était et il vient), (le principe et la fin) ou (le premier et le dernier), incluant tout ce qu’il y a entre les deux.  Cela symbolise l’éternité du Christ, qui : est au commencement de tout ; on peut songer notamment au premier chapitre de l’Évangile selon saint Jean;  et est jusqu’à la fin du monde (voir à ce propos l’Apocalypse selon le même auteur).  Dans la Bible, au ((Livre d’Isaïe)), (44:6), on lit justement : ((…Je suis le premier et je suis le dernier, et hors moi il n’y a point de Dieu…))  Et dans l’Apocalypse (1 :8) : ((Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout Puissant.  Dans le Nouveau Testament (Apocalypse 21 :6), il est encore écrit : ((Tout est réalisé désormais. Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. Moi; je donnerai gratuitement à celui qui a soif l’eau de la source de vie.  Puis, dans l’Apocalypse (22 :13) : « Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.» Pas étonnant que, par extension, dans le symbole d’Athanase, la Trinité chrétienne soit présentée comme l’Alpha et l’Omega.  Ce symbole apparaît toujours à la base du cierge pascal de l’Église catholique, allumé la nuit de Pâques, pour symboliser la présence du Christ au cœur du monde.  Il y est associé à une croix, au millésime de l’année et à cinq grains d’encens enfoncés dans la cire. Il apparaît aussi dans le ((chrisme)), le monogramme du Christ, comme l’indique l’image d’accompagnement.

 

Dans la Tradition juive, (Aleph) (première lettre de l’alphabet) et (Thaw) (dernière lettre de l’alphabet) évoquaient déjà la plénitude absolue, soit la perfection, même qu’il est plus que sûr qu’il soit passé de la synagogue à l’Église chrétienne par la traduction de l’hébreu au grec.   Cette expression et semblable au symbole rabbinique de la ((Shekinah)) : «aleph-thaw» (première et dernière lettres de l’alphabet hébraïque) ainsi qu’aux lettres d’ouverture et de fermeture du mot (émet), qui se traduit par (vérité) et qui est considéré comme l’attribut principal de Yahvé.  Étant donné le climat culturel de l’Asie mineure, il dut influencer l’auteur de l’Apocalypse, à partir des lettres empruntées au monde hellénistique.  En précisant ((Je suis le premier et je suis le dernier, l’Être-Un évoquait moins un classement qu’une expérience, à savoir qu’il était là au tout début du monde ou de l’humanité et qu’il serait encore là à leur fin, ce qui était une manière de rappeler sa supériorité sur les autres divinités que les êtres humains pouvaient adorer à l’époque.

 

Dans les papyrus magiques, l’universalité du monde et la divinité étaient exprimées par ce résumé de l’alphabet grec. Pour les mystiques, l’Alpha et l’Omega désignent la Source de l’Ordre de Melchisédech.  En vérité, ces lettres peuvent identifier les membres des Flammes jumelles ascensionnées de la Conscience christique cosmique.  Avec ((Omega)), l’Alpha maintient l’équilibre de la Polarité masculine et féminine de la Trinité dans le Grand Soleil central du Cosmos.  Dans la figure de l’Androgyne primordial, ((Alpha)) représente le Père et l’Origine de Tout (le Point d’Émission), tandis qu’ (Omega), la Mère, désigne l’Accomplissement des Cycles (le Point de Réintégration).  Réunis, ils illustrent la Conscience de Dieu exprimée par l’intermédiaire de la Création Esprit-Matière.  Ils constituent les Dieux Père-Mère de la Voie lactée.  Ainsi, par le Christ universel, le Verbe se fait chair.

 

ars moriendi – ou l’art de bien mourir

présenté par girard – augry

Edition DERVY

 1986

L’Ars Moriendi ou « Art de mourir » est un traité qui connut au 15e siècle (1492), un succès considérable dont témoignent de nombreuses éditions et traductions. Outre les exhortations faites à un mourant tour à tour par le démon qui le tente de désespoir et par le bon ange qui l’invite à la confiance – L’ensemble constitue l’Ars Moriendi -, la description des peines de l’Enfer et du Purgatoire, et celle des joies au Paradis, est un aspect méconnu de cette « science du bien mourir » que la mentalité religieuse moderne semble avoir totalement oublié.

 

Si le traité des peines de l’enfer décrit avec un luxe de détails les supplices infligés aux « maudits damnés », celui des peines du Purgatoire rappelle les nécessaires purifications que l’âme doit subir avant d’être jugée et digne d’accéder aux joies éternelles du Paradis.

 

Au-delà d’une formulation qui pourrait paraitre dépassée si l’on ne s’arrêtait qu’à un premier niveau de lecture, ne s’agirait-il pas d’un parcours initiatique avec ses voyages, ses épreuves, sa catharsis, et, au terme, la joie du Paradis retrouvé, notre légitime héritage ? Et le Christ lui-même n’est-il pas descendu aux enfers avant de monter aux cieux pour s’asseoir à la droite de son Père, comme le proclame le Symbole des Apôtres et les divers évangiles et autres textes sacrés ?

 

Toujours est-il que cette adaptation de l’Ars Moriendi veut montrer qu’il a bien existé un « Livre des morts des chrétiens » et que les détours qui nous font découvrir les richesses de la Divine Providence en ces temps qui précédent l’avènement de l’Antéchrist.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Présentation et perspective initiatique de l’Ars Moriendi   -   Chapitre des avertissements et connaissances que l’on doit donner au malade pour bien mourir  -  la première tentation dont le diable tente l’homme à l’article de la mort   -   la bonne inspiration que donne l’ange au patient à l’article de la mort contre la tentation du diable touchant la foi   -   les diverses tentations du diable et les inspirations bénéfiques de l’ange sur le malade   -  Les deux défauts majeurs que sont : L’avarice et l’impatience   - 

L’aiguillon de la crainte divine pour bien mourir   -  le prologue de l’auteur sur cet aiguillon divin et ses dix principaux chapitres   -  traité sur les faux chrétiens incrédules  -   la peine infernale vue par Lazare alors qu’il était dans les lieux infernaux   -  L’orgueil  -  L’envie  -  La colère   -  La paresse   -  l’avarice   -  la gloutonnerie   -  la luxure   -   les peines du purgatoire   - 

   

aSSISE  -   UNE RENCONTRE INATENDUE   -

 François  Cheng

Edition Albin Michel

 2014

Comme tous ceux qui, depuis la plaine de l’Ombrie, voient Assise pour la première fois, je fus saisi, en sortant de la gare, par son apparition dans la clarté d’été, par la vision de cette blanche cité perchée à flanc de colline, suspendue entre terre et ciel, étendant largement ses bras dans un geste d’accueil.

 

Figé sur place, j’eus le brusque pressentiment que mon voyage ne serait pas que touristique, qu’il constituerait un moment décisif de ma vie. Je me surpris à m’exclamer en moi-même : “Ah, c’est là le lieu, mon lieu ! C’est là que mon exil va prendre fin 

 

Pourquoi son nouveau prénom s'imposa-t-il à François Cheng lors de sa naturalisation française, en 1972 ? L'académicien répond dans un opuscule dense et limpide : depuis son premier voyage sur les traces de François d'Assise, dans les années 1960, il est habité par ce saint du Moyen Age, qui délaissa soudain les plaisirs frivoles et les rêves de puissance pour obéir à l'injonction de Dieu tombée dans ses oreilles un jour de désœuvrement : « relever l'Eglise ».

 

En arpentant à son tour les terres foulées par saint François, qu'il préfère appeler le « Grand Vivant », l'exilé chinois comprit que la terre d'accueil la plus riche se trouve à l'intérieur de soi.

 

La beauté de ce petit livre vient de la flânerie mentale qu'effectue l'auteur entre ses propres émotions de déraciné fleurissant dans un ailleurs universel et quelques épisodes marquants de la vie de François d'Assise, décidé à embrasser la vie dans sa totalité, qu'il s'agisse de goûter une crème à la frangipane ou de baiser la chair putride d'un lépreux.
D'une pudeur et d'une humilité sans limites, François Cheng écoute grandir en lui le legs du saint d'Ombrie, dont il partage le goût pour le dénuement et la volonté de capter tous les signes invisibles à disposition des hommes. Comme le chemin tortueux qui mène à Assise, dont chaque virage offre un point de vue différent sur la vallée, le récit dépouillé de François Cheng creuse un sillon profond et ondulant, dont chaque méandre est un havre de méditation.

 

ATHOS -  aprÈs j.c.

Vassilis alexakis

EDITION STOCK

 2007

Sur le côté gauche de mon bureau se dresse une pile de livres consacrés au mont Athos, certains rédigés par des moines, d’autres par des historiens. Ce sont pour la plupart des ouvrages reliés, à couverture rigide, noire ou bleu sombre. Peut-être découvrirai-je en les lisant qui étaient Laurent, Eugène et Éphraïm. Je ne suis pas pressé de le savoir. J’ai déjà jeté un coup d’œil à deux ou trois volumes, mais je n’en ai étudié aucun avec application, comme me l’a demandé ma logeuse, Nausicaa Nicolaïdis.

Elle m’a révélé son intérêt pour la Sainte Montagne un soir, il y a deux semaines de cela. Nous étions assis dans le grand salon qui n’était éclairé que par une lampe de bureau. Je l’avais rapprochée de mon fauteuil afin de mieux voir le texte que je lui lisais. C’était un récit de Constantinos Christomanos, le livre de l’impératrice Élisabeth, dans une édition de 1929. Je venais d’achever un chapitre et j’étais sur le point de lui souhaiter une bonne nuit.
- Restez encore un moment, je vous prie, a-t-elle dit. J’ai un grand service à vous demander.


Lorsqu’elle s’apprête à dire quelque chose d’important, Mme Nicolaidis a tendance à baisser la voix. Elle a articulé ces mots de manière presque inaudible, en se penchant vers moi.
- Je voudrais que vous vous renseigniez sur le mont Athos, que vous appreniez tout ce qu’il est possible d’apprendre au sujet des moines et des monastères. Je vous rembourserai les livres dont vous aurez besoin et je vous dédommagerai de votre peine. J’ai pensé qu’il vous serait relativement facile de faire cette enquête, étant donné que l’histoire de Byzance vous est familière.


Un très beau livre sur le mont Athos, livre couronné par le grand prix de l’Académie Française.

 

ATHOS  - de solesmes au mont athos

Claude chevreuil

Edition  PUBLIBOOK

 2007

Claude Chevreuil a vu un jour se présenter l’opportunité de séjourner au mont Athos, haut lieu de culte grec.


Catholique et oblat de l’abbaye de Solesmes, il revendique sa foi et attend beaucoup de son voyage. En rencontres, en contemplations, en enrichissement. Mais ce à quoi il ne s’attendait pas, c’était à défendre ses opinions chaque jour, à combattre même, à se faire exclure pour ses convictions, par d’autres fidèles de Dieu…


Plus qu’un journal de voyage, plus qu’un récit de pèlerinage, il s’agit bien là d’un témoignage des différences qui opposent catholiques et orthodoxes.


Des dissonances inconciliables qui séparent les deux églises priant pourtant le même Dieu. Critiques acerbes, débats éprouvants, mais aussi et surtout humiliations quotidiennes et intolérance affichée, le constat est affligeant et véridique.

Une plongée dans le monde orthodoxe qui en surprendra beaucoup. Il ne s’agit pas là pour autant d’un pamphlet contre l’église orthodoxe, mais simplement d’un aveu, révélateur, étonnant, intime.

 

ATHOS -   hauts lieux de la spiritualitÉ – le mont athos – la rÉpublique de la foi

G. galbiati

Edition ROBERT LAFFONT

 1984

Les premières références à l’établissement de moines au mont Athos remontent aux VIIIème et IXème siècles, à l’époque de la grande crise religieuse de l’empire byzantin. L’Athos, à cette époque, était pratiquement désert ; c’est ainsi que des moines isolés s’y établirent.

Deux d’entre eux, Saint Pierre l’Athonite et Saint Euthyme le Jeune, sont souvent représentés dans les fresques des couvents de l’Athos.

Avant de rappeler l’origine et l’histoire du monachisme de l’Athos, il convient d’avoir une vision générale de l’organisation de la population monastique. Athos compte vingt monastères, dont chacun a la propriété d’une partie du territoire de la péninsule.

Chaque monastère est appelé moni, mais le premier et le plus ancien porte le nom de Méghisti Lavra, c’est-à-dire la (plus) Grande Laure. Ce monastère n’a plus les caractéristiques de l’antique lavra : c’est un monastère semblable aux autres. Seuls quelques-uns portent encore ce nom honorifique, mais, dans tous les cas, il ne s’agit plus que d’un souvenir historique.

Un livre avec des photos couleur grand format superbes et des explications sur cette religion orthodoxe complex.

             

ATHOS- ENTRETIENS AVEC UN ERMITE DE LA SAINTE MONTAGNE SUR LA PRIÈRE DU COEUR

Hiérothée  Vlachos

Edition du Seuil

 1988

La prière de Jésus ou du cœur est la chose la plus importante pour les moines de la Sainte Montagne, mais une expérience au Mont Athos est quelque chose de magique, surtout si vous avez la chance de pouvoir dialoguer avec un ermite

Extrait du livre :

Entrez donc dans la cellule pour la bénir.
Bénir, moi, la cellule du béni! Le souillé bénit le purifié! J'entrais humblement avec beaucoup de vénération.
Il m'apporta un peu d'eau et un loukoum en témoignage de son amour. Là sur un petit plateau, un peu d'eau et une sucrerie, se trouvait l'amour d'un moine. Il t'offre tout.
- Tu viens du monde?
- Oui.
- Que devient le monde?
- Le monde, mon Père, a bien quitté Dieu. Il ne se souvient plus du tout de lui et vit sans le craindre: les églises sont vides et les antres du Diables sont remplis: il s'écarte des spirituels et il remplit les hôpitaux psychiatriques; il est dans l'obsession du travail et ses occupations sont toutes terrestres. Aujourd'hui nous avons les élections, demain le gouvernement tombera, après-demain session parlementaire, etc. Les hommes ne lisent plus que les journaux et ne connaissent plus l'Ecriture. Durant des heures entières, ils suivent les émissions de Satan qui les assoupissent, mais ils ne voient plus la vie des saints.
- Quel monde malheureux! dit le saint ascète. C'est Satan qui le gouverne! Il apporte des événements quotidiens pour distraire l'attention de la mémoire de Jésus. Pour cesser de se voir et lui-même et ses blessures intérieures, le monde s'intéresse à autrui et non à soi-même. C'est cette fuite en avant qui crée l'obsession dont vous avez parlé. Lorsqu'Adam a péché, il s'est caché, il a fui Dieu, et c'est alors que sont arrivés les malheurs. Les hommes d'aujourd'hui font la même chose. Je prie longuement pour le salut du monde entier: "Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi et de ta Création!" Toute la nuit je prie pour que Dieu l'épargne. C'est cela notre mission dans ce monde troublé. Il nous revient d'être des témoins.

La Prière de Jésus ou prière du cœur, est un des plus importants éléments de la spiritualité orthodoxe ; elle peut être considérée comme la "perle précieuse" de la spiritualité orthodoxe : Le royaume de cieux est encore semblable à un marchand en quête de perles fines : en ayant trouvé une perle de grande prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il possédait et il l'a achetée (Mt 13,45-46). La Prière peut aussi être assimilée aux "cinq paroles" auxquelles fait allusion Saint Paul : Je préfère dire cinq paroles avec mon intelligence pour enseigner aussi les autres que dix mille paroles en langues (1 Co 14,19) (en grec, la Prière est souvent composée de cinq mots).

La Prière de Jésus fait partie intégrante de la tradition spirituelle hésychaste, dont les origines remontent aux Pères du désert des IVe et Ve siècles. De nos jours, la Prière connaît une étonnante popularité, non seulement parmi les orthodoxes, mais aussi parmi les chrétiens d'autres confessions. La Prière de Jésus est une tradition vivante qui peut mener aux sommets de la vie spirituelle - nous n'avons qu'à nous arrêter un moment sur la vie et les écrits de quelques saints russes des XIXe et XXe siècles, par exemple, Séraphim de Sarov, Théophane le Reclus, Ignace Briantchaninov et Silouane l'Athonite, pour être convaincus de l'importance de la Prière de Jésus dans leur vie spirituelle.

En Occident, la Prière de Jésus est resté très longtemps inconnue, comme d’ailleurs toute la tradition hésychaste, à cause de la séparation des Églises d’Orient et d’Occident et des controverses théologiques concernant l'hésychasme au XIVe siècle. C’est seulement au XXe siècle que l’Occident commence à s’intéresser à la spiritualité de l’Église d’Orient, mais dans un premier temps la connaissance de la tradition hésychaste est resté un privilège de spécialistes. En 1927, par exemple, le Père Irénée Hausherr, jésuite français spécialiste de la spiritualité orientale, a publié dans la revue romaine Orientalia christiana une traduction de La méthode d'oraison hésychaste, texte anonyme concernant une approche psychosomatique de la Prière de Jésus. L’introduction du Père Hausherr présente un survol de quelques aspects de l’hésychasme, dont la Prière de Jésus, surtout dans le contexte des controverses hésychastes des XIVe siècles entre Orient et Occident.

La Prière de Jésus a été découverte par un large public grâce notamment aux Récits d'un pèlerin russe à son père spirituel, parus pour la première fois à Kazan en Russie vers 1870. Ce petit livre anonyme, histoire simple des aventures et de la vie spirituelle d'un paysan russe du XIXe siècle en quête de Dieu, reste d'ailleurs une très bonne première prise de contact avec la Prière de Jésus. Le pèlerin fait pénétrer le lecteur au cœur de la campagne russe peu après la guerre de Crimée (1854-1856) et avant l’abolition du servage en 1861. On voit passer les personnages typiques de l’époque : paysans, fonctionnaires, commerçants, artisans, nobles, membres de sectes, instituteurs et prêtres de campagne. Le pèlerin s’inspire de la tradition hésychaste, guidé dans sa recherche de Dieu par un starets (un "ancien") qui l’introduit à la Prière de Jésus, sa seule véritable nourriture.

Dans un langage simple et clair, le pèlerin nous fait entrer dans l’expérience spirituelle au plus haut niveau que l’on associe volontiers au renouveau spirituel de la Russie au XIXe siècle, mouvement que l’on nomme parfois le "renouveau philocalique", puisqu’il a été largement inspiré par la diffusion de la fameuse Philocalie. En fait, le pèlerin n’a que deux livres : la Bible et la Philocalie. La Philocalie des Pères neptiques, publiée en grec à Venise en 1782 et en slavon à Moscou en 1793, est une anthologie d'écrits spirituels centrés sur l'hésychasme et la Prière de Jésus, par les grands maîtres de la spiritualité de l'Église d'Orient entre le IVe et le XIVe siècle. Le mot Philocalie veut dire en grec "amour de la beauté" ; ici, la vraie beauté est la beauté spirituelle

Au sommaire de cet ouvrage :

Le silence, la Parole et la vie des moines   -   La montée au Thabor   -   Rencontre avec l’ermite   -   Entretien avec l’ermite sur la prière   -   La valeur et les étapes de la prière   -   les manières de prier   -   la lutte contre le diable et comment l’affronter   -   Quand la grâce arrive et se cache   -   les fruits de la prière avec ses erreurs et comment y remédier   -   la prière est indispensable pour le clergé et les laïcs qui vivent dans le monde   -   la prière pour les autres   -   les demandes de l’ascète   -   Minuit dans le désert de la Sainte Montagne   -   Célébration de la Sainte Liturgie   -   Descente du mont Thabor   - 

 

ATHOS  -  L’ANCIEN  PAÏSSIOS DE LA SAINTE MONTAGNE

L’HIÉROMOINE  ISAAC

ÉDITION  L’ÂGE D’HOMME

 2009

L’ancien Païssios du Mont Athos (1924-1994) est, parmi les grands spirituels orthodoxes du XXe siècle, un géant. Les dizaines de milliers de personnes qui ont trouvé auprès de lui, espoir, consolation, force, paix et joie le savent déjà. Ceux qui liront ce texte en seront rapidement convaincus.

 

Ce livre est reconnu comme étant le meilleur ouvrage sur L’ancien Païssios. Bien qu’il se présente comme une biographie, il relève du genre hagiographique. En décrivant, dans la première partie, les différentes étapes de l’existence terrestre de l’Ancien, il les fait apparaître comme autant de degrés de sa croissance spirituelle et de sa sanctification, et dessine progressivement son exceptionnelle personnalité spirituelle. La seconde partie en décrit les fruits, à savoir ses vertus et ses charismes, lesquels se sont exprimés en de multiples manifestations surnaturelles et en de nombreux miracles, dont atteste la foule des témoins cités.

 

Bien qu’il contienne de nombreuses « paroles de salut », ce livre est moins un recueil d’enseignements spirituels qu’une icône, écrite avec des mots, du Saint Père Païssios. C’est de la description de la personnalité de l’Ancien, de son mode de vie, de son ascèse, de ses dispositions à l’égard de Dieu et de ses attitudes vis-à-vis des hommes que l’on tirera le plus d’enseignements et de profits, car ils ont la force opérative de l’exemplarité. Le Père Païssios était une incarnation vivante de toutes les vertus chrétiennes, en particulier de l’humilité et de la charité, et par là une image accomplie du Christ, dont il a montré concrètement et avec éclat à une multitude d’hommes et de femmes, la Voie, la Vérité et la Vie.

 

Une fois arrivé au Mont Athos, il chercha un ancien, un maitre qui lui ouvrirait le chemin. Il rencontra beaucoup de moines, certains décevants, d’autres lumineux, rayonnant comme le Père Cyrille qui l’accepta comme novice, également le Père Augustin le Russe qui « voyait la lumière incréée ». L’Ancien Païssios se nourrissait de quelques légumes, dormait peu et supportait le froid de l’hiver. Son combat intérieur, invisible consistait en ceci : Un peu de lecture des textes ascétiques, beaucoup d’attention, une prière permanente et un effort obstiné pour se purifier des passions et acquérir la grâce divine. L’obéissance à l’Ancien était aussi un élément essentiel de l’ascèse, car comme tous, il fut confronté à la tentation, aux illusions spirituelles, mais il vécut des moments d’absorption intérieure intense, des illuminations divines, il désirait rester loin du monde moderne, malgré le fait que de par  sa réputation, de très nombreux visiteurs venaient le solliciter, car il voyait le secret des êtres, leurs problèmes cachés, leur destinée, il guérissait par sa seule présence ou ses prières.

 

L’Ancien Païssios était un homme de tradition, hostile à tout ce qui venait du monde moderne, surtout la télévision, il combattait ceux qui voulaient construire des routes sur le Mont Athos et y introduire une certaine modernité. Il lutta toute sa vie contre deux fléaux qui à ses yeux étaient des obstacles au monachisme : L’athéisme et la matérialité.

 

Le Père Païssios est aussi un des rares moines à parler explicitement des sept Sages du Mont Athos. Ces Sages auraient réalisés le plus haut degré spirituel et veilleraient à ce que la tradition athonite demeure intacte, lorsque l’un d’eux meurt, un autre vient le remplacer, de sorte que leur nombre resterait le même. Certains ont cru que c’était une légende du Mont Athos mais le Père Païssios a toujours répondu : « Oui, ils existent, ils vivent sur les pentes du Mont Athos et personne ne peut les voir sauf s’ils veulent bien se montrer », en précisant qu’il en connaissait quatre.

 

Le Père Païssios mourut en juillet 1994 à l’âge de 70 ans, d’un cancer de l’intestin, c’est parait-il la maladie des grands maîtres spirituels comme Ramana Maharishi ou Ramakrisna. Ces êtres sans ego, ouverts à tous, prennent souvent sur eux la maladie des autres et la souffrance de l’humanité. Tous ces flots de visiteurs qui viennent les voir se déchargent sur eux de leurs problèmes, de leurs angoisses et de leurs maladies, qui finalement se cristallisent sur le corps du saint. Certains guérisseurs connaissent très bien ce problème, c’est pour cela que certains transfèrent la maladie sur un arbre qui souvent meurt très vite. Ces saints sont peut-être semblables à ces arbres sacrifiés.

 

ATHOS  - LE  MONT  ATHOS.  Guide illustré  des  20  Monastères.   

SOTIRIS   KADAS

Edition EKDOTIKE  ATHENES

 1980

Super guide de 180 pages, qui nous fait pénétrer dans les 20 monastères de l’île du Mont Athos. Cette péninsule du sud de la Grèce est un lieu mythique de grande religiosité. Elle mesure 60 Km de long sur 10 Km de large, elle est dominée par le Mont Athos qui culmine à 2100 m. Elle est appelée Montagne Sainte car toute cette péninsule est voué à la prière et à la religiosité orthodoxe. Le monachisme en est la règle, et l’endroit est propice par son isolement aux exercices spirituels de l’ascétisme. Et bien que les premiers centres monastiques se situent en Egypte, en Syrie, en Palestine et à Constantinople, ce n’est qu’à l’Athos que restent les derniers vestiges de ces monastères qui constituent encore l’acropole de l’Orthodoxie et le frontispice du christianisme oriental.

 

On pense que les premiers moines s’y installèrent vers le VIe siècle et le fondateur principal du monachisme cénobitique à l’Athos est Athanase l’Athonite, qui fonda en 963 le premier monastère de l’Athos (Grande Lavra).

 

Les 20 monastères de l’Athos se divisent en deux catégories : Les cénobitiques (majoritaires) où tout est en commun, le toit, les repas, la prière, le travail et les décisions. Les idiorrythmiques où tout est en commun sauf le pouvoir décisionnel, le travail et la nourriture, qui est laissé à l’appréciation de chacun.

En plus des 20 monastères on trouve des Skites, des Kellia, des Kalyves, et des Kathismata, ce sont en général des grandes fermes avec église qui cultivent le sol et approvisionnent les monastères. Quelques Hésychastérias    (Ermitages d’accès très difficiles) complètent le panorama de l’Athos.

 

Bien que semi indépendante la péninsule a sa capitale administrative Karyes, et dépend du gouvernement grec qui co-gère avec les moines les problèmes administratifs.

Les divers monastères du Mont Athos possèdent de nombreux trésors, objets, lettres, manuscrits (plus de 15000), tableaux et peintures murales et surtout des icônes anciennes. Le Mont Athos par lui-même est un véritable musée d’art byzantin et post-byzantin de par son architecture, ses peintures et ses arts mineurs. Après la chute de Constantinople de nombreux artistes peintres, architectes, sculpteurs et miniaturistes se réfugièrent à l’Athos et en firent un centre rayonnant des Arts.

 

Les icônes du Mont Athos sont extrêmement réputées pour leurs qualités, car les moines qui s’adonnent à cet art savent se transcender, ayant le temps et l’inspiration divine. Dans le trésor des monastères on y trouve des milliers d’icônes datant du XIIIe, XIVe et XVe siècle, la plupart sont dédié à la Vierge Marie et au Christ Pantocrator

 

Le Mont Athos avec son monachisme a su maintenir les règles définies par les Pères. Fidèle bastion de l’orthodoxie, il préserva l’Eglise des hérésies, sut la soustraire à toute influence occidentale et à la maintenir dans le droit fil de la tradition restée très vivace, et qui fait penser, lorsqu’on la visite, être à l’époque des Paléologues. Grâce à la protection de la Vierge, le Mont Athos demeura inaccessible à travers les siècles et reste un paradis spirituel et physique où l’ascèse et le christianisme oriental se mélange à une nature faite de sérénité, de force et de beauté.

 

Un livre magnifique avec de très nombreuses photos couleurs sur l’architecture de l’Athos, ses trésors, sa géographie, ses icônes et ses moines.

 

athos la montage transfigurÉe

Jean biÈs

Edition Les 2 Océans

 1997

C’est l’histoire d’un voyage au pays des Orthodoxes purs et durs. Un voyage initiatique et ésotérique. Un merveilleux livre qui fait réfléchir et méditer car plein de réflexions profondes.

 

L’impression profonde, marquante et transformatrice que peuvent laisser, sur un jeune homme épris de spiritualité, un séjour au Mont-Athos et la rencontre avec des ascètes remarquables, est bien exprimée par un livre qui reprend, après quelques réaménagements et ajouts, et sous le titre Athos la Montagne Transfigurée   Près de trente-cinq ans après, on constate que cette approche subjective — où alternent les descriptions de paysages, de monastères, de services liturgiques, de moines et d’atmosphères, mais aussi les dialogues avec des ascètes et les méditations personnelles, et qui finit par aborder toutes les facettes de la réalité athonite — n’a guère eu de concurrence et n’a


pratiquement pas vieilli. Le caractère souvent très poétique du texte, la fraîcheur de l’approche, l’émerveillement de l’auteur devant la beauté du lieu, la grande admiration qu’il éprouve pour ses habitants et le profond respect
qu’il a pour la Tradition plus que millénaire qui s’y maintient vivante, restent communicatifs.

 

D’une grande qualité littéraire, intensément poétique, ce récit rend compte avec beaucoup de sensibilité de la beauté des lieux et de la qualité spirituelle des situations vécues et des personnes rencontrées. L’auteur, aborde la Sainte-Montagne et ses habitants non seulement avec le respect qu’ils méritent mais avec la conscience de ce qu’ils représentent. Se tenant à l’écart d’un exotisme ou d’un folklorisme de mauvais aloi, il nous présente une approche descriptive, toujours simple et naturelle, d’un milieu où la grâce semble imprégner les paysages, les choses et les personnes et où les gestes les plus élémentaires et les rencontres les plus ordinaires de la vie quotidienne, vécus intensément dans la relation à Dieu, prennent d’emblée une dimension spirituelle.

 

             

ATHOS- LA PRESQU’ÎLE INTERDITE – INITIATION AU MONT ATHOS

ALAIN  DUREL

Edition ALBIN  MICHEL

 2010

Tout le monde connaît la légende du Mont Athos, cette presqu’île grecque constituée en république monastique autonome, difficile d’accès et totalement interdite aux femmes. Mais il existe très peu de témoignages sur la vie quotidienne de ces moines orthodoxes isolés du monde.

 

Le récit que fait Alain Durel de ses trois séjours à l’Athos est donc rare, et d’autant plus précieux qu’il y est arrivé en total néophyte, homme de théâtre et de voyages plutôt attiré jusque-là par la mystique indienne. Cette découverte d’un monde très divers, peuplé à la fois d’ermites hauts en couleur et de monastères bruissant de prières, de pères spirituels géniaux et de groupes exalté, est également une introduction passionnante à la mystique du christianisme oriental. A travers l’histoire de ces rencontres improbables, Alain Durel nous transmet l’enseignement qu’il a reçu, issu des Pères de l’Eglise, et qui nous ouvre à une spiritualité universelle.

 

L’auteur développe les points suivants :

La Sainte Montagne et son air de bouzouki, la skite du prophète Elie, les Russes hors des frontières, l’Evangile du désert,  Basile, la sexualité au Mont Athos, Ivaron, Papa Isaac, Groucho Marx, Païssios, Laurel et Hardy, leçon d’iconographie et les icônes, Vatopédi, Simonos Pétra, le Christ ressuscité, petit traité sur la prière du cœur.

 

ATHOS  -  LE MONT ATHOS – MERVEILLE DU CHRISTIANISME BYZANTIN

André  Paléologue

Edition   Gallimard

1997

Athos, montagne mythique d'une Grèce éternelle. Pourquoi tous ces moines, tus ces couvents, et à quoi servent-ils ? La millénaire République des moines, unique au monde et énigmatique, fascine plus que jamais les curieux, les assoiffés de Divin ou les passionnés d'histoire et d'art religieux ; Haut lieu de l'Orthodoxie, objet de nostalgie et d'admiration générale, tut ce que la Sainte Montagne offre à notre regard est lié au mystère de la liturgie et à la prière - à la prière du coeur qui peut conduire à cet état de grâce, de paix et de sérénité dont témoignent les moines. Après une longue et attentive investigation du monde athonite, André Paléologue dresse le portrait de ce peuple d'expatriés en quête du ciel qui propose à l'homme contemporain une promesse d'accomplissement et lui signale une des voies de solidarité.

 

On ne peut y accéder que depuis la mer, après un contrôle assez strict pour embarquer sur les petits ferries. Pour circuler dans la péninsule, il n’y a pas de route asphaltée. Seule une poignée de 4 x 4 et des minibus cabossés empruntent les pistes sinuant à travers l’épais maquis méditerranéen.

 

Les pèlerins marchent d’un monastère à l’autre, ou tentent l’auto-stop avec les rares véhicules. A flanc de montagne, ils peuvent croiser les moines solitaires peuplant les ermitages ou, peut-être, un gyrovague, sorte d’ascète itinérant qui vit d’aumône et de cueillette sauvage.

 

Et même dans les grands monastères, la vie demeure très austère. On n’y trouve pratiquement jamais d’Internet ou de téléphone, ni rien qui vienne troubler le silence. L’électricité ne fonctionne qu’avec des générateurs. Si l’intérieur des églises et des chapelles foisonne d’or et de peintures, le reste des vieux bâtiments construits en nids d’aigle comme des forteresses semblent faire peu de cas du superflu.

 

Les moines de règle cénobitique y suivent un rythme de vie très strict, passant presque la moitié de leurs jours et nuits à prier. Ceux de l’ordre idiorythmique, quant à eux, vaquent à leurs occupations en silence. Le temps, ici, ne se mesure pas comme ailleurs. Fédération monastique fondée sur une Constitution qui date de l’an 972, le mont Athos est certainement la plus vieille république au monde. Elle héberge à l’heure actuelle un peu plus de 2 000 moines et fonctionne peu ou prou comme une nation souveraine, selon la charte négociée avec les empereurs de Byzance et perpétuée par l’Etat grec.

 

Le drapeau jaune marqué de l’aigle bicéphale de l’Eglise orthodoxe flotte sur la capitale, Karyès, un minuscule hameau avec deux ruelles pavées, une poste, une taverne et une quincaillerie où l’on aperçoit de vieux moines négocier âprement. Il n’y a bien sûr ni école ni hôtel, mais deux ou trois boutiques de souvenirs où les pèlerins achètent des images pieuses à faire bénir par les popes. Certains visitent aussi la petite prison et photographient les policiers locaux, en uniforme à bonnet phrygien, qui gardent le siège du gouvernement.

Il faut être très discret au Mont Athos, car les appareils photo sont à peine tolérés sur le territoire, et les vidéos complètement interdites. Pour arriver jusqu’ici, il est obligatoire d’obtenir un visa spécial, le « diamonitirion ». On ne peut rester que quatre jours, et les places sont rares car seuls dix non-orthodoxes sont admis en même temps. Les enfants, les hommes imberbes et les eunuques sont officiellement proscrits, même si ces règles ne sont plus vraiment observées.

 

La loi de l’“Abaton” reste, en revanche, strictement en vigueur. Elle interdit aux femmes, et même à « toute femelle des espèces vertébrées » de mettre un pied dans la péninsule.

 

Grand de 3606 kilomètres carrés, le « jardin de la Vierge » – autre nom de l’Athos – ne connaît donc ni vaches, ni chèvres, ni juments ; seules les chattes et les poules font exception. Au fil des siècles, guère plus d’une dizaine de femmes sont parvenues à entrer malgré tout pour de brefs séjours clandestins, dont l’écrivain française Maryse Choisy dans les années 1930, les navigatrices Marthe Oulié et Hermine de Saussure et, dit-on, la cantatrice Maria Callas lors d’une croisière sur le yacht d’Aristote Onassis.

 

Malgré plusieurs manifestations féministes, ces dernières années, et des recours auprès de la Commission européenne à Bruxelles, la loi n’est pas près d’être assouplie. « C’est une bonne règle, parce que la montagne est consacrée à la Vierge Marie, explique le frère André. Donc elle a l’exclusivité : c’est la seule femme bienvenue sur l’Athos. ».

 

ATHOSLE MONT ATHOS, LA RÉPUBLIQUE DES MOINES – FILM DVD

BERTORELLO et E. VICKEN

Edition NS  VIDEO

 2010

Le Mont Athos se trouve au Nord-est de la Grèce, cette péninsule montagneuse semble hors du temps. Entre le ciel, la terre et la mer ce haut lieu de spiritualité est à nul autre pareil. Depuis le IXe siècle il est habité exclusivement par des moines. Ils sont aujourd’hui un peu plus de 2000, répartis dans les vingt monastères de la presqu’ile. Eternelle et mystérieuse, la Sainte montagne est une véritable forteresse spirituelle.

 

Seul lieu au monde où flotte encore le drapeau byzantin, cette république monastique a ses propres institutions. Même les chrysobulles des empereurs romains d’Orient et d’Occident en proscrivent l’accès aux femmes.

 

Des monastères millénaires, des églises couvertes d’or, de fabuleux trésors artistiques, des milliers de manuscrits précieux et pour la plupart inconnus, des milliers d’icônes datant  des 11e/ 12e/13e/14e siècle, une architecture unique, font que toutes ces richesses fascinent le monde, et ses murs vénérables ainsi que ses moines et leur ascèse sont les témoins d’une des plus formidables aventures spirituelles de tous les temps.

 

Pour la première fois ce sanctuaire interdit a ouvert ses portes et accepté qu’une caméra filme les intérieurs des monastères et nous montre leur trésor (en partie).

Un film couleur de 55 minutes. La musique est dirigée par T. Malet et interprétée par The city of Prague Philharmonie Orchestra. Magnifique.

 

ATHOS   -  PAROLES DU MONT ATHOS

  Jean-Yves  Leloup

Edition Albin Michel

 1991

Jean Yves Leloup ne s’est pas rendu au mont Athos ni en touriste ni en curieux, ni en spécialiste de l’œcuménisme, mais en pèlerin soucieux de changer son cœur. Il s’est mis à l’écoute des moines dont il partageait la vie, et en a rapporté ce recueil de paroles qui sonnent clair et élèvent l’âme de chacun.


Le lecteur se trouve ainsi plongé au cœur du monachisme chrétien oriental, à travers l’entretien d’un jeune homme, épris de vérités essentielles, avec les Anciens qui l’ont précédé sur la voie de la prière et de la quête intérieure. Devenu dominicain, puis prêtre orthodoxe, J. Y. Leloup n’avait aucune ligne à changer à ce témoignage : la tradition orthodoxe plus que millénaire qui se vit au mont Athos, toujours empreinte de l’éternelle jeunesse de l’Evangile, répond en effet aux questions les plus cruciales de notre monde en quête de sens.

Il est difficile de parler du Mont Athos, car il faut résister à deux tentations : celle d’en faire une icône, de voir partout ruisseler la lumière divine et de canoniser, sous prétexte de tradition, les attitudes les plus superstitieuses et aberrantes. Puis de faire attention aussi d’en faire une caricature et d’en parler comme en parlent les journaux, c'est-à-dire avec mépris en caricaturant sa crasse ou son homosexualité. Peut être faut il trouver un compromis entre les deux, entre l’art de l’icône et celui de la caricature, c’est à dire parler de l’art du portrait.

Ces paroles de moines écrites dans ce livre sont un essai de synthèse de nombreux entretiens que l’auteur a eu avec divers moines et higoumènes du Mont Athos. La parole n’est pas seulement dans la bouche de celui qui parle, elle est aussi dans l’oreille de celui qui écoute.

Le résultat de ces paroles est aussi le résultat d’une lente maturation que l’auteur a eu pour restituer ces paroles.

Il nous restitue également le fruit de ses réflexions sur de nombreuses questions qu’il s’est posées sur la finalité des moines, sa vie, son but, ses moyens pour réaliser cette fin, sur le jeûne, le silence, la pauvreté, les veilles, l’obéissance, savoir ce qu’est l’hesychia, l’apathéia, la grâce, comment acquérir le saint esprit, la prière du cœur, comment prier, comment connaitre la volonté de Dieu, comment discerner les pensées, quel est le rôle du Père spirituel, comment prier pour tous les homme ?

L’auteur nous donne les réponses des moines et des Pères à toutes ces questions, avec de très nombreuses références aux Ecritures, aux apothèmes et aux Pères de l’Eglise, ce qui donne un écho vivant de la Tradition, car l’auteur a remarqué que les moines de l’Athos avaient une véritable envie de transmettre ce qu’ils avaient eux même reçu de leurs Pères, ceci avec également l’envie de partager une expérience personnelle, afin que chacun puisse y trouver des réponses de joie et de bonheur.

 

ATHOS - SUR LES CHEMINS DE L’INFINI

Jean-Yves Leloup et Ferrante Ferranti

Edition Philippe Rey  

 2007

Terre mythique, difficile d’accès, interdite aux femmes, le Mont Athos, en Grèce, est un haut lieu de la chrétienté. Perchés à flanc de falaise ou dressés sur le rivage, ses 20 monastères et leurs ermitages, renferment l’une des plus grandes collections d’art du monde, offerte à la vénération des moines et des pèlerins : iconistases flamboyantes, bibliothèques pleine d’incunables précieux, églises couvertes de fresques dont les plus anciennes remontent au 7e siècle.

Partant de son expérience de la vie à la Sainte Montagne, Jean Yves Leloup raconte pourquoi il est un « suiveur du Christ » et comment il est venu à l’hésychasme, spiritualité fondée sur la prière du cœur, chère aux orthodoxes. Un passionnant index historique, théologique et anecdotique du Mont Athos retrace l’histoire de ce lieu.

A travers diverses lettres que l’auteur envoi à un de ses amis, J.Y. Leloup développe des leçons de théologie orthodoxe et explique la vie du Mont Athos, par exemple : «  Tu me diras : et Dieu dans tout ça ? Je te rappelle que Dieu n’existe pas ; s’il existait, comme tout ce qui existe, il serait voué à disparaitre… Quel intérêt d’avoir un dieu qui existe ? ou d’avoir la « vérité » ? Comme tout ce qu’on a, un jour on ne l’aura plus…

L’important ce n’est pas le « dieu qu’on a mais le dieu qu’on est », l’important ce n’est pas « la vérité, la vie qu’on a, mais la Vérité, la Vie qu’on est ». Je te rappelle également que dans la Bible il n’est nulle part question de Dieu, mais davantage de YHVH, d’Adonaï, de Schaddaï, d’Elohim, de Schabbaot… chacun de ces noms est une tentative pour mettre un mot sur une expérience, l’expérience de l’inconnu, du Silence ineffable du cœur et de tout ce qui vit et respire : l’expérience d’un sens qui nous oriente, nous structure et nous conduit, l’expérience du monde comme manifestation d’une force et d’une énergie incommensurable.

Il y a bien d’autres noms pour qualifier le Principe Créateur, c'est-à-dire pour entrer en relation avec la Réalité Une, diverse et ineffable. »…

Un superbe livre de 220 pages grand format, des photos superbes, et des explications sur la vie de ces 20 monastères du Mont Athos, qu’Yves Leloup a pu parcourir durant plusieurs mois, il nous en restitue ici, non seulement le journalier des moines, mais la vie spirituelle, la fabrication des icones, et de nombreux détails sur cette communautés très indépendante vis-à-vis des autorités politiques de Grèce, mais aussi des autorités religieuses orthodoxes et même entre les monastères ils gardent jalousement leurs droits et prérogatives.

Les ouvrages  de J. Y. Leloup sont regroupés au chapitre  10 L -

 

AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE    –       Méditations d’après Saint Jean

Jean-Luc Adde

Edition Cartouche

 2013

Après son album sur le Cabinet de réflexion paru en 2012 (Voir au chapitre 1A), J. L. Adde nous offre ici cet album de photos mélangées à des phrases de l’Evangile de Saint Jean.

 

Il cherche à provoquer chez le lecteur une réflexion intime autour des notions de fraternité, de sacré et de foi. Comment y parvenir, si ce n’est par les liens étroits, mystérieux, parfois énigmatiques qui se tissent entre le texte et ces images puisées dans divers lieux du christianisme français et dotées d’une forte charge symbolique, sur laquelle l’auteur joue de la lumière et des contrastes.

 

Façades d’églises, polychrome d’ornement, éléments variés de l’architecture religieuse… chaque prise de vue emprunte à des époques des vies de l’Evangéliste et de Saint Jean-Baptiste. Dans la Bible, la Parole ou le Verbe n’est pas qu’un propos en l’air : ce sont des mots pour guérir les maux, une diction qui s’incarne, une bénédiction qui sauve. En grec la langue du Nouveau Testament, le Logos est tantôt oracle, tantôt argument, parfois récit, souvent raison, voire logique. Il est issu de la racine leg, qui indique un tri, un choix une sélection pour dire ou de lettres pour lire.

 

En hébreu la Parole est dabar qui inclut le dire et le faire. Quand Dieu dit au début qu’il crée, sépare, ordonne, instruit et met de l’ordre dans le chaos, il met un terme au tohu bohu et crée des hypostases comme le Verbe.

En grec « au commencement » (en archè) exprime aussi l’autorité primordiale, la monarchie et l’archétype du plus ancien dans le grade le plus élevé, de l’unique créateur des temps immémoriaux, du grand architecte d’un monde immatériel

 

En hébreu « Au commencement » (bereshit), a un double sens d’antériorité et de supériorité

Odon Vallet à fait la préface de cet album superbe.

 

AUGUSTIN - LES CONFESSIONS  DE SAINT AUGUSTIN

Saint Augustin

Edition Flammarion

1993

Les Confessions (en latin Confessiones) est une œuvre autobiographique d'Augustin d’Hippone, écrite entre 397 et 401, où il raconte sa quête de Dieu. Il a donc un double but : avouer ses péchés et ses fautes directement à Dieu (confession au sens chrétien) mais aussi proclamer la gloire de Dieu.

L'œuvre est composée de treize livres. « Les treize livres de mes Confessions louent le Dieu juste et bon de mes maux et de mes biens, ils élèvent vers Dieu l'intelligence et le cœur de l'Homme. » C'est un ouvrage fondamental, tant par la profondeur des analyses qui y sont faites que par la qualité du style de l'écriture.

 

Augustin (Saint). Aurelius Augustinus, évêque d'Hippone (Hippo regius), docteur et père de l'Église, né à Thagaste, en Numidie, le 13 nov. 354, mort à Hippone le 28 août 430. Patricius, son père, décurion du municipe de Thagaste, était païen. C'est, parmi les historiens ecclésiastiques, une tradition, accréditée d'ailleurs par le témoignage de son fils, que de le représenter comme un homme vulgaire, violent et sensuel.

 

Quoi qu'il en soit, il est certain que Patricius, étant presque pauvre, s'imposa de lourdes charges pour donner à son fils une haute instruction: il a grandement contribué à faire de lui le docteur le plus disert de l'Eglise, comme Monique, sa femme, à en faire un saint illustre. Monique était chrétienne de naissance; elle a été mise au rang des plus grandes saintes. Après le nom de Marie, son nom est celui que beaucoup de femmes catholiques invoquent avec la vénération la plus émue. Ce qu'on sait d'elle la montre douée d'une âme élevée et d'une piété pénétrante: elle finit par amener son mari à sa foi; elle pleura longtemps sur les égarements de son fils, mais, avant de mourir, elle eut le bonheur d'assister à sa conversion. —

Dans un livre qu'il intitule ses Confessions, écrit vers 400, Augustin a cru devoir raconter l'histoire intime des trente-trois premières années de sa vie, non seulement depuis sa naissance, mais dès sa conception, jusqu'à la mort de sa mère (387). Cette œuvre, où se trouvent infiniment plus de dissertations que de faits, est le développement d'une thèse théologique; elle a été composée avec le parti-pris d'un auteur qui s'efforce de faire ressortir la souveraine puissance de la grâce de Dieu, par contraste avec la corruption native de l'homme qui en est l'objet.

Nous croyons devoir emprunter, aussi littéralement que le permet un résumé fort succinct, les éléments de la première partie de notre notice à ce gros et célèbre livre, parce qu'il est un document incontestablement sincère et qu'il contient des traits caractérisant avec une netteté originale les idées du grand docteur, et surtout parce que ces Confessions exercent depuis quinze siècles, parmi les chrétiens, une action considérable, et qu'elles ont fait d'Augustin le seul théologien qui soit toujours resté populaire.

Il ne peut confesser rien de précis sur la période obscure qu'il passa dans le ventre de sa mère; mais il demande à Dieu si, avant même ce temps, il était quelque chose et s'il était quelque part. Comme il n'y a pas d'homme sans souillure, pas même l'enfant né d'un jour, Augustin pêcha dès sa naissance, en ce que l'ardeur qu'il avait de téter allait jusqu'à le faire pleurer. Cependant, sa mère déposait dans son âme des germes de piété enfantine; il priait volontiers, mais surtout pour obtenir la grâce de ne pas être fouetté à l'école; or, il n'aimait pas à l'être, quoiqu'il le méritât continuellement. Pendant une maladie qui mit sa vie en danger, il demanda instamment le baptême; mais le mal s'était soudainement dissipé, on remit à un autre temps à le nettoyer de ses péchés, parce que les péchés où l'on tombe après avoir été baptisé sont plus graves et de plus dangereuse conséquence. Ce retard fut évidemment un bienfait de la divine Providence; car Augustin continua à pécher beaucoup, aimant le jeu plus que l'école et les fables plus que les études sérieuses, dérobant dans la maison et sur la table de son père des friandises qu'il partageait avec ses petits camarades. Mais où le fonds de péché qu'il portait en lui apparaissait le plus manifestement, c'est dans l'aversion qu'il avait pour le grec et dans les larmes que Virgile lui faisait verser sur la mort de la misérable Didon. De tout cela résulte cette conclusion du livre premier: «Si le Christ a proposé les enfants comme modèles à ses disciples, c'est à cause de leur petitesse, qui est une exhortation à l'humilité, et non à cause de leur innocence; leur prétendue innocence n'existe pas. Ils méritent les férules, comme les vieux criminels méritent la corde: à part cette différence dans les châtiments, les uns et les autres sont également iniques et corrompus.»

L'histoire de l'adolescence d'Augustin a été ainsi résumée par lui: «Au sortir de mon enfance, cherchant à contenter les ardeurs que je ressentais pour les voluptés les plus grossières, je me livrais à une infinité de passions qui, pullulant de jour en jour dans mon cœur, y firent comme une forêt épaisse.» Cette crise prit toute son intensité en la seizième année du jeune homme, aggravée par l'oisiveté. On venait de le retirer de Mandaure, où il avait été placé pour commencer à apprendre les lettres humaines et les principes de l'éloquence. Son père voulait l'envoyer à Carthage pour achever ses études; mais dans l'état de gêne où il se trouvait, il dut peiner pendant une année pour se procurer l'argent nécessaire; il mourut peu de temps après. — À Carthage, où il alla vers l'âge de dix-sept ans, et où il fut entretenu en grande partie, par la générosité d'un parent éloigné, Augustin obtint bientôt le premier rang dans les écoles; mais il confesse qu'il eut le désir d'aimer et d'être aimé, qu'il y réussit et qu'il trouva beaucoup d'amertume en ces fausses douceurs. En sa dix-neuvième année, la lecture de l'Hortensius de Cicéron, livre aujourd'hui perdu, lui inspira une passion plus haute; il s'éprit d'un amour incroyable pour la beauté incorruptible de la véritable sagesse. En même temps, il prit une concubine; il impute cette liaison à l'ardeur folle et emportée de son impudicité; néanmoins elle correspond à un relèvement incontestable de ses mœurs: il ne voyait plus d'autres femmes qu'elle et lui gardait fidélité; il eut d'elle un fils, qu'il appellera plus tard l'enfant de son péché, mais dont il fit d'abord hommage à Dieu et qu'il nomma Adéodat (a Deo datas). Quand, après treize années de cette communauté d'existence, la rupture eut lieu, on verra que la conduite de la concubine renvoyée fut infiniment plus digne que celle d'Augustin, aspirant alors au mariage et déjà en voie de conversion (liv. IV et liv. VI, ch. xv). Devenu professeur à son tour, il enseignait la rhétorique avec succès et avec conscience, quoique ses élèves et lui n'aimassent et ne cherchassent que la vanité et le mensonge. Il complétait aussi ses propres études en étudiant les Catégories d'Aristote; et il apprit sans peine, quoique sans aide, tout ce qui regarde l'éloquence, la géométrie, la musique, l'arithmétique (liv. IV).

Cependant l'instinct chrétien qu'Augustin avait gardé de son enfance ne pouvait être satisfait par la pure philosophie; il se mit à lire l'écriture sainte; mais, n'y trouvait point le style de Cicéron, il la dédaigna bientôt et se tourna vers les manichéens, qui lui promettaient la possession de la vérité, sans abdication de la raison, et qui attribuaient dans leur système une part importante à la personne de Jésus, que sa mère lui avait appris à vénérer; il adopta leur doctrine (373) et mit une grande ardeur à la propager. Pendant près de neuf années, il resta dans ce qu'il appelle cet abîme de boue et ces ténèbres d'erreur, faisant pour en sortir de vains efforts qui n'aboutissaient qu'à l'y enfoncer davantage (liv. III). Il cultivait mêmement l'astrologie, qui flatte l'orgueil de l'homme d'une fausse innocence, en rejetant tout le mal qu'il fait sur le créateur et le modérateur du ciel. Enfin, il eut le malheur de remporter le prix de poésie, ce qui aggrava sa maladie de la fausse gloire. — En ces années, il était revenu de Carthage à Thagaste, puis il s'en était retourné à Carthage. Il n'avait que vingt-six ou vingt-sept ans lorsqu'il composa un traité De pulchro et apto (Sur la beauté et la convenance), œuvre inspirée par la doctrine des manichéens. Moins de deux ans après, il fut amené à concevoir des doutes très sérieux sur la valeur de cette doctrine et plus encore sur la sincérité et la vertu de ses docteurs.

 

Désespérant de trouver dans cette secte de quoi s'avancer dans la connaissance de la. vérité, il la négligea beaucoup, quoiqu'il y restât, résolu de s'en contenter et de s'y tenir, jusqu'à ce qu'il eût trouvé quelque chose de meilleur (liv. V, ch. x), acceptant d'ailleurs l'assistance et la protection des manichéens, quand elles lui étaient utiles. — Ses amis le décidèrent à aller s'établir à Rome, espérant pour lui plus de profit, plus d'honneur et des élèves plus convenables qu'à Carthage. Ces espérances furent déçues. Augustin tomba dangereusement malade en arrivant à Rome; il fut reçu et soigné par un manichéen. Quand il fut guéri, il se mit à donner des leçons de rhétorique; mais on l'avertit que, si les étudiants de Carthage étaient grossiers et violents, ceux de Rome avaient d'autres défauts et que souvent ils désertaient en troupe un maître, sans payer ses leçons, pour en suivre un autre. Apprenant donc que la ville de Milan avait demandé à Symmaque, préfet de Rome, un professeur de rhétorique, il sollicita cet emploi, en se faisant recommander par les amis qu'il avait parmi les manichéens. Symmaque, s'étant assuré de la capacité d'Augustin, par un discours prononcé devant lui sur un sujet donné, l'envoya à Milan. En cette ville, Augustin fit visite à Ambroise et il s'attacha à suivre ses prédications, à cause de la bienveillance que cet évêque lui avait témoignée et à cause de son éloquence; mais plus attentif à la manière dont il parlait qu'au fond des choses qu'il disait. Il fut pourtant touché des explications qu'Ambroise donnait sur le sens allégorique de l'Ancien Testament, dont le sens littéral l'avait rebuté jusqu'alors. Il résolut d'abandonner les manichéens, puis de se faire catéchumène dans L'Église catholique et de s'en tenir là, jusqu'à ce que quelque chose de bien clair et de bien certain «lui eut montré de quel côté il devait se fixer» (liv. V, ch. XIV).

Trois choses retenaient encore Augustin loin de la foi et de la discipline de l'Église catholique: l'impossibilité de concevoir une substance absolument immatérielle, l'impossibilité d'expliquer l'origine du mal, l'impossibilité de s'abstenir de femme. — Sa mère, espérant que le mariage le mènerait au baptême, auquel il lui paraissait de jour en jour plus disposé, travailla sans relâche à le marier. Une jeune fille, qui était encore une enfant, lui fut promise, Pour supprimer tout obstacle à ce mariage, il consentit à renvoyer la concubine avec laquelle il vivait depuis de longues années. Cette femme se retira avec dignité, elle partit pour l'Afrique, jurant qu'elle n'appartiendrait jamais à aucun autre homme, et elle laissa à Augustin le fils qu'elle lui avait donné. Mais lui, comme la jeune fille qui lui était promise ne devait être nubile que deux ans plus tard, prit une autre concubine, en attendant (liv. XIII, ch. sur et xv). Les deux autres obstacles qui s'opposaient à sa conversion furent plus facilement franchis. On lui avait remis quelques ouvrages des platoniciens ou plutôt des néoplatoniciens, traduits du grec en latin par Victoria, professeur de rhétorique à Rome. Il lut ces livres et y trouva une grande partie de ce que l'Église enseigne sur le Verbe; moins ce qui concerne la personne de Jésus-Christ, la médiation et la rédemption réalisées en lui; il y trouva aussi sur l'essence divine et la nature du mal des notions qui lui ouvrirent des vues nouvelles. Il reprit alors la lecture de l'Écriture sainte, et s'attacha particulièrement aux épures de saint Paul. Il y découvrit les merveilles de la conduite de Dieu sur les hommes et cette découverte le faisait pâmer d'admiration (liv. VII). Il était dès lors dans l'état d'un homme dont l'esprit est convaincu de la vérité; mais son cœur n'était point encore défait de son vieux levain. Il voulait une femme, et c'était par cela qu'il était retenu. Les misères qui l'attendaient dans le mariage l'effrayaient, mais la continence le consternait (liv. VIII). En ces perplexités, il alla demander conseil au vieux Simplicien qui avait servi de père à Ambroise, lors de son baptême. Simplicien raconta la conversion de Saturnin, le traducteur des livres néoplatoniciens qu'Augustin avait étudiés. Augustin fut ému, mais il ne put encore se résigner à se passer de femme. Il fut plus profondément ébranlé par l'exemple, de saint Antoine et de ses imitateurs, qui lui fut proposé par son ami Pontitien.

 

De cet ébranlement résulta la crise décisive, qu'Augustin appelle une furieuse tempête suivie d'une pluie de larmes. Comme il se lamentait et pleurait, il entendit une voix qui paraissait venir d'une maison voisine. C'était la voix d'une fille ou d'un enfant qui chantait: «Prends et lis, prends et lis», et qui répétait cela plusieurs fois. Il comprit que cette voix venait du ciel et qu'elle lui ordonnait d'ouvrir les épîtres de saint Paul et d'y lire ce qui se présenterait à ses yeux. il ouvrit le livre, et ses yeux tombèrent sur ces lignes de l'épître aux Romains, XIII, 43: «Ne vivez point dans les dissolutions des festins et de l’ivrognerie, ni dans la débauche et l'impiété, ni dans un esprit d'envie et de contention; nais revêtez-vous de Jésus-Christ et prenez garde de ne point satisfaire les désirs déréglés de votre chair.» Et tout fut consommé (sept. 386); il ne restait plus à Augustin nulle pensée pour le mariage ni pour aucun des avantages qu'il aurait pu espérer dans le monde (liv. VIII, ch. xii). Quelques jours après, quand vinrent les vacances qu'on donnait à l'époque des vendanges, il se démit de ses fonctions de professeur d'éloquence et il se retira à la campagne, dans la maison de Verecundus, son ami. Les entretiens qu'il eut en cette retraite, soit avec les amis qui l'avaient suivi, soit avec lui-même , en la seule présence de Dieu, ont fourni la matière de ses premiers écrits chrétiens, notamment des Soliloques, du traité Sur l'immortalité de l'âme et des trois livres Contre les Académiciens. Augustin leur reproche de sentir encore le faste de l'école. En ce temps-là aussi, le souverain pouvoir que Dieu exerce sur toutes choses se manifesta sur lui, en ce qu'il fut guéri soudainement et certes miraculeusement d'un affreux mal de dents (liv. IX, ch. iv). — Pendant les fêtes de Pâques, 387, il fut baptisé par Ambroise, avec son fils Adéodat, alors âgé d'environ quinze ans. Il le perdit quelque temps après. Cet enfant de son péché parait avoir été merveilleusement doué; c'est lui qui parle dans le dialogue De magistro, et Augustin affirme que tout ce qu'il lui fait dire est bien de lui (liv. IX, ch. vi). Comme il se disposait à s'en retourner à Thagaste, pour se consacrer entièrement à Dieu, Monique, sa mère, tomba subitement malade à Ostie et elle mourut en sa cinquante-sixième année. Suivant la coutume du lieu, on offrit pour elle le sacrifice de la Rédemption, auprès de sa fosse et avant de la descendre. Ajoutons, pour compléter les détails concernant la famille d’Augustin, qui il avait un frère nommé Navigius et une sœur, dont le nom est resté inconnu, mais que la légende appelle sainte Perpétue; étant devenue veuve, elle fut placée par son frère à la tête d'un monastère de femmes.

La maladie et la mort de Monique ayant empêché le départ d'Augustin pour l'Afrique, il se rendit à Rome; il y séjourna pendant dix mois et y écrivit son traité Sur les mœurs catholiques et les mœurs des manichéens. Quand il fut enfin arrivé à Thagaste, il donna une partie de ses biens à 1'Eglise, vendit l'autre et en distribua le prix aux pauvres, ne gardant qu'une maison de campagne. Il y forma une communauté à la manière des cénobites, avec quelques amis partageant comme lui leur temps entre la contemplation, le travail de la terre, la prière et l'étude. Ses livres Sur la Genèse, — Sur la vraie religion, — Sur la musique appartiennent à cette époque. On y trouve encore les idées platoniciennes largement mêlées à la doctrine chrétienne. Malgré la solitude oh il s'était confiné, sa réputation de sainteté et de science s'étendit bientôt dans toutes les églises de la province. En 391, pendant un voyage qu'il fit à Hippone, les fidèles de cette ville le désignèrent à Valérius, leur évêque, comme l'homme le plus capable de combattre les donatistes. Valérius le décida à accepter l'office de preshytre et, après quelques mois de préparation, le consacra. En 395, il l'associa à son épiscopat; il mourut l'année suivante, et Augustin lui succéda comme évêque d'Hippone; il exerça ces fonctions jusqu'à l'année 430, où il mourut, pendant que les Vandales ariens assiégeaient la ville. — Durant ce long ministère, il s'efforça de réaliser l'idéal chrétien qui brillait en sa conscience; il mit en son œuvre toutes les qualités et toutes les facultés dont il était doué: une profonde sincérité, un ardent amour de la vérité et un zèle non moins ardent pour la faire prévaloir; une singulière force d'attraction qui , aux divers âges de sa vie, amena vers lui et retint les sympathies; un complet désintéressement et une inépuisable charité pour les pauvres et les souffrants; une rare puissance de travail; enfin l'abondance et l'habileté d'élocution qu'il tenait de ses dispositions natives et de l'exercice de son ancienne profession. Son influence s'étendit ainsi beaucoup au-delà de son diocèse. En ses dernières années, il exerçait sur toute l'Eglise catholique une véritable suprématie spontanément reconnue.

Pour la science théologique, Augustin doit être placé au-dessous de plusieurs pères de l'Église, mais il occupe le premier rang comme penseur subtil, pénétrant et logique. Son talent à exposer les choses et les idées, d'une manière claire et élégante, et les documents humains que contient son œuvre expliquent l'énorme influence qu'il exerça pendant sa vie et qu'il a continué à exercer après sa mort, par ses écrits. Il combattit avec supériorité et avec succès tous les hérétiques de son temps, et il traita d'une manière remarquable: presque toutes les matières dogmatiques, fortifiant l'enseignement de l'Église par des explications, des définitions et des preuves nouvelles et l'enrichissant par des expressions techniques et des notions inédites. Il est par excellence le docteur de l'Église d'Occident, défiante des spéculations théologiques et tenacement attachée à la tradition: elle admit toutes ses œuvres comme les oracles de l'orthodoxie. Comme Augustin a écrit sur tous les points de la doctrine religieuse, on s'en rapporta à lui dans toutes les difficultés dogmatiques, et une citation de lui devint un suprême argument. On en vint même à considérer comme article de foi ce qu'il n'avait donné que comme hypothèse. Quand, par hasard, on s'écartait de sa doctrine, on n'osait pas avouer cette témérité, et l'on cherchait à la dissimuler par une interprétation forcée de ses paroles. On vénérait toutes les opinions émises dans ses livres, mais souvent, en revanche, on condamna certaines d'entre elles, lorsqu'elles furent professées par des théologiens moins inviolables. Cette soumission n'est point le fait du catholicisme seulement: après avoir été cité en faveur de la mysticité et de l'inquisition, Augustin a été réclamé par beaucoup d'hérétiques: après Gottschalk, par Luther et par Calvin; après la scolastique, par le protestantisme et le jansénisme.

L'œuvre d'Augustin est si importante et la place qu'elle tient dans l'histoire de l'Église si considérable, que nous ne croyons point devoir l'en séparer. Dans les notices spéciales affectées aux détails de cette histoire, on trouvera ce qui appartient à ses écrits et à ses actes, notamment aux mots Donatisme, Manichéisme, Pélagianisme et semi-pélagianisme, la part qu'il a prise au combat de l'Église contre ces hérésies; ci-après, au mot Augustin, ce qu'il a fait pour développer le régime monastique et l'appliquer au clergé; aux mots Foi, Grâce, Péché originel, Prédestination,, les lignes centrales de son système. On a nommé Augustin le docteur de la grâce; on pourrait également, et à tout aussi juste titre, l'appeler le docteur de la persécution. Dans sa lutte ou plutôt dans sa guerre avec les donatistes, non seulement il provoqua et dirigea contre eux l'emploi de la violence, mais il professa la doctrine et, en quelque sorte, définit le dogme de la contrainte et des supplices en matière religieuse; il assimilait les hérétiques aux plus dangereux criminels et s'indignait de l'impunité réclamée pour eux: Puniuntur homicidia, puniuntur adultera, puniuntur cætera quantaliber sceleris vel libidinis facinora; sola sacrilegia volam a regnantium legibusi mpunita! (Contra Gaudentium) Cette thèse est passionnément développée en d'autres endroits. Ainsi Augustin, par son exemple et par ses leçons, a fourni aux apologistes de la persécution et de l'inquisition leurs plus funestes arguments. — Les ressouvenirs des égarements de sa sensualité combinés avec des réminiscences manichéennes semblent avoir ineffaçablement produit en lui une impression qui a influé sur sa théologie. L'acte de la génération lui apparaît comme essentiellement impur; il appelle, chez tous les hommes indistinctement, concupiscence l'attraction qui l'amène, et il fait de la concupiscence le mode d'infection de l'humanité tout entière, le principe fatal de la propagation du péché originel, qu'elle transmet à toute la postérité d'Adam. D'ailleurs, à toutes les époques de sa vie, il se sentit vulnérable de ce côté: jamais, après son ordination, il ne parla à une femme, sinon en présence d'un ecclésiastique. — Sa vie a été écrite en 432, par Posidius, évêque de Calama, son disciple et son ami.

 

augustin

Henry chadwick

Edition du CERF

 1987

Saint Augustin appartient à la culture universelle, donc à l'humanité entière, mais en premier lieu à la terre dont il est issu, cette Algérie qui s'est souvenue magnifiquement de lui, lors d'un colloque international organisé au printemps 2001 à Alger et à Hippone, sa ville épiscopale. Serge Lancel, membre de l'Institut et auteur d'un Saint Augustin, (Fayard, 1999), nous invite à mettre nos pas dans ceux de ce grand voyageur qui, sur les routes romaines de l'Italie du Nord comme sur les chemins de son vaste diocèse africain, a trouvé l'inspiration d'œuvres appelées à devenir les fondements de la pensée chrétienne.

Augustin est né aux ides de novembre – le 13 novembre – de l'année 354 à Thagaste, aujourd'hui Souk-Ahras, aux confins algéro-tunisiens, en pays numide. Le père, Patricius, modeste propriétaire foncier, tint à assurer à son fils l'éducation libérale qui était pour les gens de sa classe le passeport pour la réussite sociale. Augustin étudia d'abord, semble-t-il, à Thagaste même, puis pour les études de grammaire et de rhétorique, à une trentaine de kilomètres au sud de Thagaste, à Madaure, dont une autre gloire locale, Apulée, avait rendu les écoles célèbres. En sa seizième année, l'impécuniosité des siens contraignit le jeune Augustin à quitter Madaure et à interrompre ses études. Ce fut, à Thagaste, une année de désœuvrement, marquée par les premiers émois de la chair, employée à des jeux défendus, à des maraudes, comme ce vol de poires en un verger voisin de chez lui, analysé plus tard dans les Confessions avec beaucoup de pénétration, mais aussi avec la sévérité rétrospective de l'évêque qui y vit une parabole du péché originel.

Grâce à la générosité de Romanianus, un riche notable de Thagaste ami de sa famille, Augustin put aller continuer ses études de rhétorique à Carthage, avec l'aide également des subsides de sa mère, lorsque son père mourut, peu après son départ. Capitale de la débauche, c'est ainsi que la grande ville lui apparut d'abord : « J'arrivai à Carthage et tout autour de moi bouillonnait la chaudière des honteuses amours ». Il ne tarda pas à succomber à ces plaisirs : plaisirs de la chair, mais aussi plaisir du théâtre, que le jeune homme découvrit avec ravissement. Parallèlement, il se révélait excellent étudiant, répugnant aux chahuts auxquels se livraient certains de ses camarades, se liant d'amitié avec des condisciples provinciaux comme lui, que les hasards de la vie lui feront retrouver plus tard, ainsi Vincentius, qui deviendra évêque de l'Église donatiste à Cartennae (Ténès). Son premier émoi intellectuel lui fut procuré par la lecture de l'Hortensius de Cicéron ; il avait alors dix-neuf ans et voyait s'ouvrir devant lui le monde de la pensée.

À la même époque, un peu avant sa vingtième année – on était en 374 –, il se laissa séduire par les idées des manichéens qu'il suivit pendant neuf ans. Jeune professeur à Carthage, son enseignement de la rhétorique fut un succès : Augustin remporta des concours à plusieurs reprises et fut notamment couronné par le proconsul Helvius Vindicianus, qui le détourna de l'astrologie. Augustin vivait alors avec une femme dont le nom n'est jamais prononcé, de qui il eut un fils, son unique enfant, Adeodatus et qui resta près de lui pendant près de quinze ans. Dans sa trentième année, à l'automne 383, Augustin, las des mauvaises manières de ses étudiants, décida de partir pour Rome. Il ne s'y attarda pas longtemps ; à peine arrivé, il était tombé malade et avait failli mourir, avant de connaître des désillusions avec ses étudiants, certes moins indisciplinés qu'à Carthage, mais mauvais payeurs. Il obtint de Symmaque une chaire de rhétorique à Milan et se présenta aussitôt à l'évêque de cette ville, Ambroise, dont la personnalité le séduisit fort et dont l'enseignement ébranla ses convictions manichéennes déjà vacillantes.

Sa mère, Monique, l'avait retrouvé à Milan et avait arrangé pour son fils un mariage, dans la perspective duquel ce dernier avait renvoyé en Afrique sa concubine, la mère d'Adeodatus. Mais, en fait, Augustin était déjà entré dans une sorte de gestation spirituelle. Rejoint à Milan, en 384, par Alypius, l'ami de toujours, et par Nebridius, un autre intime, Augustin se posait des questions sur la vanité de ses ambitions temporelles. Ses lectures de livres néoplatoniciens, préparant intellectuellement sa conversion, l'amenèrent aux Évangiles et à saint Paul. Le récit qu'on lui fit de la conversion de Victorinus, célèbre rhéteur romain, fit sur lui forte impression et plus encore les récits qu'en compagnie de son ami Alypius il entendit au sujet d'Antoine, le moine égyptien. La crise décisive survient alors dans le petit jardin attenant au logis d'Augustin et d'Alypius à Milan. Entendant, venue de la maison voisine, une voix d'enfant qui disait : « Prends ! Lis ! », Augustin interprète comme un oracle ce qui était sans doute une comptine ou un refrain et s'emparant des Écritures qui étaient à portée de main, il y lit un verset de saint Paul (Rom., 13, 13), qui emporte son adhésion, ainsi que celle d'Alypius. Ils décident l'un et l'autre sur le champ de renoncer au monde et de vivre une vie de continence consacrée à Dieu. C'était en août 386, Augustin allait avoir trente-deux ans.

L'automne et l'hiver qui suivirent furent passés à Cassiciacum, non loin de Milan, dans la propriété d'un ami. Augustin avait démissionné de sa chaire de rhéteur. Il mit sa nouvelle liberté à profit pour écrire les premiers Dialogues. À Pâques 387, il reçut le baptême des mains d'Ambroise, à Milan, en même temps qu'Alypius et que son fils Adéodat, alors âgé de quatorze ans. Le séjour italien touchait à sa fin ; à l'automne 387, alors que le petit groupe était à Ostie, sur le chemin du retour, Monique mourut. Le destin l'avait cependant réservé à d'autres fins que cetotium chrétien. Un jour de 391, comme il se trouvait à Hippone – Hippo Regius, aujourd'hui Annaba – alors que le vieil évêque de la ville, Valerius, avait fait état devant ses fidèles de l'impérieuse nécessité pour leur église de pourvoir à l d'un prêtre, ceux-ci s'emparèrent de lui et lui imposèrent la charge presbytérale. Peu après, pour préparer sa succession, Valerius décida de faire d'Augustin son « évêque-coadjuteur ». À la mort de Valerius, en 395, une carrière épiscopale longue de plus de trente-cinq années s'ouvrait devant Augustin, au cours desquelles l'évêque d'Hippone fut intimement mêlé, et bien au-delà des limites d'un diocèse parmi les plus vastes, aux réalités de tous ordres – religieuses, ecclésiastiques, sociales, voire économiques – de la vie des provinces d'Afrique. Parmi ces « engagements » divers, rien peut-être ne confronta plus Augustin avec les réalités africaines que son implication personnelle dans la lutte antidonatiste. Lorsqu'il devint évêque d'Hippone, la puissance de la secte donatiste née d'un schisme consommé en Afrique au début du IVe était à son apogée.

Augustin s'engagea avec détermination dans cette lutte, la plus longue et la plus périlleuse de sa vie pastorale. Cette lutte culmina avec la grande confrontation entre les deux Églises, catholiques et donatistes, lors de la Conférence de Carthage en 411. Il n'est que de consulter les Actes de cette Conférence pour constater l'importance du rôle que l'évêque d'Hippone y joua. Restait à éliminer totalement le schisme. L'amitié qui liait Augustin à l'arbitre de la Conférence, le haut dignitaire impérial Marcellinus – à qui il dédia La Cité de Dieu – l'aida à consolider cette victoire. Pour mieux exploiter le succès de son Église, l'évêque d'Hippone se fit propagandiste. Il fit en sorte que, dans les années qui suivirent la Conférence, une édition des Actes en fût lue en chaire pendant le carême dans les principaux diocèses d'Afrique. Au service de son Église, l'évêque d'Hippone a passé sur les routes une grande partie de sa vie. Augustin avait à ces pérégrinations incommodes d'autant plus de mérite que nous savons, par ses confidences réitérées, qu'il répugnait à ces déplacements qui l'arrachaient à ses ouailles et aux ouvrages qu'il avait en train ; l'âge venant et sa santé déclinant, il les supportait physiquement de plus en plus mal. Quand on était évêque, on voyageait d'abord pour assister aux conciles provinciaux et généraux. C'était une obligation, à laquelle Augustin n'a failli qu'exceptionnellement. En fait, Augustin a participé régulièrement aux grands rendez-vous de l'épiscopat africain, parfois en province – et non loin de chez lui, comme à Milev (Mila), en Numidie, en 402 – le plus souvent à Carthage, soit au printemps, soit vers la fin de l'été.

En vérité, si l'on met bout à bout tous les voyages et les séjours, longs ou brefs, hors d'Hippone, on s'aperçoit que sur ses trente-cinq années d'épiscopat l'évêque a passé de longues années en dehors de son diocèse. Carthage d'abord a bénéficié de ses absences, cette Carthage où il s'est passé peu d'années qu'il n'ait prononcé sermons et commentaires sur les Psaumes. Il y a souvent séjourné des étés entiers, depuis la date du concile plénier – en général fin mai ou début juin – jusqu'au début de l'automne. De retour à Hippone, c'était la fièvre des affaires à régler qui s'étaient accumulées, des correspondances en retard, des ouvrages ou des libelles de circonstance qu'il lui fallait dicter en toute hâte, pour rattraper le temps perdu. Ainsi, à l'automne 419, rentré chez lui de Carthage après une absence de plusieurs mois, il faisait dans une lettre à Possidius de Calama le compte de l'impressionnante série des lettres et traités qu'il avait dictés en l'espace de quelques semaines. La carte que l'on peut tenter de dresser des voyages de saint Augustin ne saurait pleinement rendre compte des réalités physiques de ses pérégrinations, encore moins des multiples contacts dont elles furent l'occasion. En effet, l'évêque d'Hippone a souvent replacé ses pas dans les mêmes traces, dans les axes qu'il a le plus souvent parcourus ; vers le sud, en demeurant dans sa « Numidie d'Hippone », quand il allait à Calama ou à Thagaste, et surtout vers l'est, quand il se rendait à Carthage, soit par la route du littoral, soit par la grande route de la vallée de la Medjerda.

En face de ces misères matérielles, en face aussi des criants abus de pouvoir des potentats locaux et des graves déséquilibres sociaux, l'évêque Augustin réagissait et agissait. De ces actions de « protection épiscopale », attestation nous est donnée par une autre des nouvelles lettres récemment publiées, qui montre l'évêque d'Hippone confronté au problème de la « traite » dont étaient victimes des hommes et des femmes et même des enfants, enlevés par des bandes armées et vendus à des trafiquants d'esclaves. En ces temps difficiles, les marchands d'esclaves agissaient parfois par la séduction, mais le plus souvent par la violence et par le rapt. Le texte nous apprend que ces marchands d'esclaves avaient réussi à rassembler à Hippone, où ils étaient entassés dans des cachots en attendant leur embarquement, cent vingt malheureux, parmi lesquels quelques enfants vendus par leurs parents : un « commando » de paroissiens était parvenu à les libérer. L'évêque n'avait pas fait le coup de poing, mais il se réjouissait de l'issue de l'entreprise.

Saint Augustin est mort le 28 août 430 dans sa ville épiscopale assiégée par les Vandales qui, passant le détroit de Gibraltar, avaient l'année précédente envahi une Afrique mal défendue par ce comte Boniface rencontré par l'évêque dix ans plus tôt alors que, jeune officier de valeur, il s'opposait sur la frontière de Numidie aux incursions des Maures. Sa mort coïncidait ainsi avec l'écroulement d'un monde, le brillant épanouissement de la romanité en Afrique, dont le dernier et le plus magnifique éclat disparaissait avec lui.

Au sommaire on y trouve :

 

La formation d’Augustin  -  Cicéron   -   Mani   -   Platon  -  le Christ   -   les arts libéraux   -   le libre arbitre   -   une communauté de philosophes   -  Vocation  -  confessions     -   Unité et division  -   La création et la Trinité   -   La cité de Dieu  -   la nature et la grâce   -.

 

augustin & la sagesse

Lucien jerphagnon

Edition DESCLEE DE BROUWER

 2006

À travers les livres, les mots et les siècles, saint Augustin continue de nous parler. À sa manière, il est bien cet éternel contemporain qui s'adresse au lecteur d'aujourd'hui.

Car Augustin sait comme nul autre partager à la fois son parcours d'homme et de croyant, ses doutes et ses émerveillements, son angoisse devant la fin d'un monde et son espérance d'une cité nouvelle. Mais plus encore sans doute, comme le révèle ici Lucien Jerphagnon avec une complicité pleine d'humour, Augustin nous touche par sa quête éperdue de la sagesse, aux confins de la culture antique et de l'apparition du christianisme. Encore et toujours présent aujourd'hui, il intrigue, il interpelle, il force à réfléchir. Et il indispose les gens très sûrs d'être dans le vrai. À lire Augustin,

Ce chemin de sagesse, tel que saint Augustin le conçoit comporte plusieurs étapes. Elles sont au nombre de sept. Il conviendrait peut-être même mieux de parler de sept degrés, car la vie spirituelle est conçue par saint Augustin comme l’ascension d’une montagne, dont la cime est constituée de la perfection de la sagesse et de l’assimilation au Christ.
Nous trouvons une confirmation de ce schéma dans le psaume 11 qui parle d’une purification septénaire : eloquia Domini, eloquia casta, argentum igne probatum terrae purgatum septuplum : « les paroles du Seigneur son des paroles chastes, argent affiné avec le feu de la terre, purifié sept fois » Ces degrés sont perçus par saint Augustin comme les vertus et les dispositions que l’âme assume progressivement en vertu des sept dons de l’Esprit Saint et en s’inspirant des béatitudes de l’évangile (ramenées de huit à sept par Augustin) pour suivre et imiter le Christ

Il est probable que saint Augustin s’inspira ici de saint Ambroise. En effet, l’évêque de Milan, dans son commentaire à l’évangile de Luc, avait combiné les quatre béatitudes de cet évangile avec les quatre vertus cardinales, en les considérant comme autant d’échelons de l’ascèse morale. En outre, il avait ajouté que les huit béatitudes de l’évangile de Matthieu, outre le fait d’avoir le même sens d’échelle des vertus, étaient un nombre symbolique de perfection.

Puis, le même évêque, dans son Commentaire au psaume 118, avait présenté les sept dons de l’Esprit comme les échelons pour s’élever de la crainte de Dieu à la sagesse, c’est-à-dire en inversant l’ordre des dons que le prophète Isaïe applique au rejeton, issu de la racine de Jessé : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, l’Esprit de Sagesse et d’Intelligence, l’Esprit de Conseil et de Force, l’Esprit de Science et de Piété ; et l’Esprit de Crainte du Seigneur le remplira » (Is 11, 2-3). La sagesse est ici présentée comme la plus haute des prérogatives à laquelle puisse être élevée l’âme humaine, tandis que la crainte de Dieu, selon l’Écriture, n’est que l’ébauche de cette divine qualité. « Le commencement de la sagesse c’est la crainte du Seigneur »

Augustin va montrer que si pour le Christ, il convient d’appliquer en premier lieu à son âme humaine le don de sagesse qui la maintient unie à la personne du Verbe, en ce qui nous concerne c’est l’inverse. Nous ne sommes pas établis dans la Sagesse mais nous avons à nous élever vers elle pour nous unir à Dieu. Et cela nous le pouvons au moyen des dons de l’Esprit-Saint conférés au Baptême, et que nous recevons à nouveau dans le sacrement de la réconciliation, lorsque nous avons perdu la grâce sanctifiante par un péché mortel. Dès lors, sur la base de ce nouveau schéma ascensionnel, saint Augustin va rapprocher les dons de l’Esprit Saint avec chacune des béatitudes. Ainsi, lisons-nous sous la plume du docteur d’Hippone : « La première béatitude est celle qui provient de l’humilité : « Bienheureux les pauvres d’esprit,» c’est-à-dire ceux qui ne sont point enflés, dont l’âme se soumet à l’autorité divine, et craint d’être livrée au supplice après la mort, bien qu’elle puisse peut-être s’estimer heureuse en cette vie. De là, elle arrive à la connaissance des saintes Écritures, où elle doit se montrer douce par esprit de piété, pour ne pas s’exposer à blâmer ce que des ignorants traitent d’absurde et devenir indocile par d’opiniâtres discussions. Dès lors elle commence à comprendre par quels nœuds elle est enchaînée à ce siècle au moyen de l’habitude et du péché; par conséquent, dans ce troisième degré, qui est celui de la science, elle pleure la perte du souverain bien, en se voyant retenue à l’autre extrémité.

Le quatrième degré est celui du travail, des violents efforts que l’âme fait pour s’arracher au plaisir empoisonné qui la captive. Là on a faim et soit de la justice, et le courage est grandement nécessaire, parce qu’on ne quitté pas sans douleur ce qu’on possède avec joie. Dans le cinquième degré, on donne à ceux qui ont persévéré dans le travail un conseil pour s’en délivrer; car, sans le secours d’une puissance supérieure, personne n’est capable de se débarrasser de misères si grandes et si compliquées ; et ce conseil si juste, c’est de venir en aide à la faiblesse d’un inférieur, si l’on veut recevoir du secours d’un supérieur ; par conséquent : « Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde. » Le sixième degré consiste dans la pureté du cœur qui, forte de la conscience des bonnes œuvres, est capable de contempler le souverain bien, qui n’est viable que pour l’intellect serein et pur.


Le septième est la sagesse même, c’est-à-dire la contemplation de la vérité, qui pacifie l’homme tout entier, et le rend semblable à Dieu ; d’où cette conclusion: « Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu.  Nous trouvons une autre explication globale de l’ascension spirituelle en lien avec les dons de l’Esprit Saint dans le Discours 347 de saint Augustin.

En réalité, le chemin spirituel, basé sur les dons de l’Esprit Saint et sur les béatitudes de l’évangile permet à Augustin d’articuler de la meilleure manière possible les aspects principaux de la spiritualité chrétienne et de sa propre spiritualité. Il trouvait là le schéma le meilleur pour faire concorder l’action intérieure de l’Esprit Saint dans la sanctification et l’engagement personnel du croyant dans une vie selon les béatitudes évangéliques dans la sequela et l’imitation du Christ. Car si la grâce de Dieu, nous sanctifie à travers l’action de l’Esprit, elle ne le fait cependant pas sans nous, sans notre collaboration.

 

augustin

Les dossiers h

Edition L’ÂGE D’HOMME.

 1988

Saint Augustin est, plus que tout autre, l’horizon indépassable de notre culture occidentale. La prolixité des travaux sur l’œuvre de l’évêque d’Hippone montre son influence à tous les moments décisifs de l’histoire et de la pensée européenne ; avec Augustin, c’est la trame de cette pensée qui est en jeu, comme ses origines ; et le mot de Luis Sala-Molins « Après Marx, Augustin » n’est peut-être pas qu’une simple boutade.


Identifiant foi et immédiateté, le rhétoricien converti rend aporétiques certains dogmes chrétiens ; mais, dans ses luttes contre les Manichéens, qui attribuaient l’Ancien Testament au Principe du Mal, et contre le subtil Pélage, qui soutenait audacieusement que l’homme fait son salut sans coopération de la Grâce, le pieux évêque d’Hippone dogmatise des thèses philosophiques qui, par son œuvre, se transmettront à la scolastique.

Donnant une expression rationnelle et nouvelle aux doctrines catholiques de la Trinité, de la Création, de la Rédemption surtout, il est considéré en Occident jusqu’au XVIème siècle comme le plus grand des Pères de l’Église ; les Protestants, qui voient en lui le meilleur des exégètes de l’Apôtre Paul le revendiques également ; en revanche, il est ignoré ou rejeté de l’Orthodoxie.


Théologien souvent contesté aujourd’hui, son génie philosophique et littéraire est reconnu de tous, étudié par les plus grands : Husserl, Wittgenstein, Heidegger, H. Arendt se réfèrent explicitement à lui, non moins que les psychanalystes, les critiques ou les romanciers : Green, Mauriac, Bernanos.


De ce foisonnement, de cette polyvalence, de cette ambiguïté même de l’œuvre d’Augustin, le présent dossier a voulu rendre compte. Pour cela, il fait appel certes aux plus grands spécialistes de Saint Augustin, mais aussi accueille des lectures à la fois novatrices et rigoureuses, portant aussi bien sur des thèmes peu étudiés comme l’espace ou le suicide, que sur les grandes querelles auxquelles le nom d’Augustin est attaché.

 

augustin – une lumiÈre pour notre temps

 

Edition Pierre Tequi

 2003

C’est à travers les concepts clés de l’œuvre de St Augustin que de nombreux courants philosophiques, psychologiques et sociologiques se réfèrent à ce monument de la philosophie chrétienne. Ce livre essaie de répondre à des questions actuelles en décortiquant la pensée de St Augustin.

« C’est dans le rapport qu’entretiennent les créatures, finies et mobiles, avec l’éternité, permanente et immobile, que se détermine la nature du temps en soi. Chaque être qui reçoit le don de l’existence effectue une trajectoire temporelle, exigée par sa condition de créature, pour réaliser son destin, c'est-à-dire atteindre la fin qui lui a été donnée d’accomplir par le Créateur. Or la fin assignée par Dieu à chaque créature est spécifique. Les anges de par leur proximité avec le Créateur auront un rapport au temps différent de celui des créatures sensibles, lesquelles sont soumises à la mort. Arrêtons-nous un instant sur chacun de ces modes d’être dans le temps. Ce sont les différents degrés de perfection des créatures qui amènent Augustin à faire l’hypothèse d’une temporalité incorruptible supérieure à la temporalité corruptible. Son point d’appui est l’exégèse de la Genèse : les trois premiers jours du récit de la création – lesquels commencent à s’écouler avec l’apparition de la lumière et sa séparation d’avec les ténèbres, et qui précèdent la division du temps en jours, nuits et saisons, division qui n’apparaît qu’au quatrième jour – ces trois premiers jours constituent selon saint Augustin une durée bien différente de celle que nous connaissons.

Cette durée commence avec la création des anges, avec lesquels débute l’être temporel. Tournée vers l’éternité du Créateur, la temporalité angélique ne conduit pas à la mort. Elle n’implique ni passé comme ce qui n’est plus, ni avenir comme ce qui n’est pas encore, leur mobilité, qui constitue le cours de leur temps, « vole du futur au passé », sans pour autant être co-éternelle à la divinité, dont l’immobilité n’implique ni succession, puisqu’elle exclut le partage en « avoir été » et « devoir être », ni précession, mais « un éternel présent ». Ce temps incorruptible exclut en outre une mémoire oublieuse, car il implique le mouvement du futur vers un passé entièrement préservé. Cette positivité du temps angélique le rapproche de l’éternité et fait de lui le seul temps parfait, à l’abri de la mortalité. Par conséquent si le passage de l’Etre à l’existence implique la substitution du temps à l’éternité, il ne s’ensuit pas nécessairement que le temporel soit corruptible.

Ce qui se joue en fait derrière cette problématique du temps des anges, c’est la recherche d’une temporalité idéale destinée, de par la volonté du Créateur, à l’humanité dans son ensemble. La temporalité angélique permet de saisir l’image d’un temps parfait. Saint Augustin interprète la lumière rayonnante des trois premiers jours avant que le premier soir ne fût créé, comme désignant « la cité sainte », la cité des saints anges et des esprits bienheureux qu’il identifie à la Jérusalem céleste (Cf. XI, 23). Si Dieu crée l’homme, soumis à l’ordo temporis comme toute créature, il le crée cependant non prédestiné à la mort. De plus, il le crée libre, doué de la capacité de s’auto-déterminer, afin qu’il choisisse librement l’Etre et s’éloigne du non-être. Cependant étant libre, l’homme allait rompre avec l’éternité. Loin de Dieu, de l’Etre, il allait s’ouvrir à la possibilité de mourir.

« En fait, dès l’instant où l’on commence à vivre dans un corps destiné à mourir, il n’est aucun acte qui ne soit un acheminement vers la mort. Car l’effet de l’instabilité du corps durant toute cette vie (si tant est qu’on puisse l’appeler vie) est de tendre vers la mort. Personne en effet, qui ne soit plus proche de la mort au bout de l’année qu’au commencement, demain qu’aujourd’hui, aujourd’hui qu’hier, à l’instant qui va suivre qu’à l’instant présent, et maintenant qu’il y a un instant. Car tout le temps qu’on vit est pris sur la durée de la vie. L’enjeu du temps sera désormais inséparable de la fin ultime de toute l’humanité. Or cette fin ultime n’est autre que le bonheur. La grande tâche que saint Augustin se propose sera donc de saisir le sens de l’histoire, lieu où se déroule cette quête du bonheur, éloigné à cause du péché, mais non pas hors d’atteinte. Tout d’abord, étant donné que la destinée de l’homme dépend non seulement de la volonté divine mais aussi de la sienne, puisque l’homme est essentiellement libre, l’histoire sera le lieu des libres choix, c'est-à-dire des actes de liberté des êtres doués de raison : Dieu, les anges et les hommes.

La volonté consiste dans la capacité dont dispose l’homme à élire la fin immédiate de ses actes. Cette fin est toujours en rapport positif ou négatif avec la fin ultime : Dieu ou l’Etre ou l’éternité. Augustin écrit : « Ce qui importe en l’homme, c’est la volonté : est-elle déréglée ? ces mouvements sont déréglés ; est-elle droite ? ces mouvements sont irréprochables et même dignes de louanges. Car la volonté est en tous ces mouvements, ou plutôt tous ces mouvements ne sont rien d’autre que des volontés. » (XIV, 6) La volonté est donc le mouvement qui nous conduit au Bien ou nous en éloigne. Voici le texte, le plus célèbre de la Cité de Dieu, qui illustre clairement l’importance du vouloir chez l’homme, et la direction qu’elle peut prendre.

« Deux amours ont donc fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste. L’une se glorifie en elle-même, l’autre dans le Seigneur. L’une demande sa gloire aux hommes ; pour l’autre, Dieu témoin de sa conscience est sa plus grande gloire. L’une dans sa gloire dresse la tête ; l’autre dit à son Dieu : « tu es ma gloire et tu élèves ma tête ». L’une dans ses chefs ou dans les nations qu’elle subjugue, est dominée par la passion de dominer ; dans l’autre, on se rend mutuellement service par charité, les chefs en dirigeant, les sujets en obéissant. L’une, en ses maîtres, aime sa force ; l’autre dit à son Dieu : « je t’aimerai Seigneur, toi ma force. » (XIV, 28)

 

AUGUSTIN  -  histoire de st augustin

poujoulat

PARIS

 1844

Deux volumes in 12 qui retracent la vie de St Augustin. Écrite par un chanoine elle fut approuvée par la hiérarchie catholique.

 

Augustin (Saint),  Aurelius Augustinus, est un docteur et père de l’église latine, né à Thagaste, en Numidie, le 13 novembre 354, mort à Hippone le 28 août 430. Il avait un père païen et une mère chrétienne, sainte Monique. Il eut une jeunesse fort dissipée, et partagea longtemps les conceptions des Manichéens

 

Il professa la rhétorique à Tagaste, à Carthagehttp://www.cosmovisions.com/btimc.gif et enfin à Milan Dans cette dernière ville il connut Saint Ambroise qui, réunissant ses efforts à ceux de la mère d'Augustin, réussit à le convertir. Il se fit baptiser à l'âge de 32 ans et retourna à Tagaste, où il se consacra au Jeûne et à la prière.

 

Quelque temps après, il fut ordonné prêtre, puis devint, en 395, évêque d'Hippone (Hippo regius).  Il combattit  les Donatistes, les Manichéens et les Pélagiens. Il mourut à Hippone durant le siège de cette ville par les Vandales, en 430.-

Saint Augustin s'est fait remarquer par sa vaste science et par son éloquence autant que par sa piété : comme écrivain, il brille surtout par imagination et la verve, mais on lui reproche de l'affectation, l'abus des antithèses, de la subtilité et une certaine barbarie de style, défauts qui sont ceux de son siècle. En philosophie, il met le Platonisme au-dessus de toutes les autres doctrines et lui fait de fréquents emprunts. Patricius, son père, décurion du municipe de Thagaste, était païen. C'est, parmi les historiens ecclésiastiques, une tradition, accréditée d'ailleurs par le témoignage de son fils, que de le représenter comme un homme vulgaire, violent et sensuel. Quoi qu'il en soit, il est certain que Patricius, étant presque pauvre, s'imposa de lourdes charges pour donner à son fils une haute instruction : il a grandement contribué à faire de lui le docteur le plus disert de l'Eglise, comme Monique, sa femme, à en faire un saint illustre. Monique était chrétienne de naissance; elle a été mise au rang des plus grandes saintes. Après le nom de Marie, son nom est celui que beaucoup de femmes catholiques invoquent avec la vénération la plus émue. Ce qu'on sait d'elle la montre d'une bigoterie exigeante : elle finit par amener son mari à sa foi; elle pleura longtemps sur les égarements de son fils, mais, avant de mourir, elle eut le bonheur d'assister à sa conversion. 

Dans un livre qu'il intitule ses Confessions, écrit vers 400, Augustin a cru devoir raconter l'histoire intime des trente-trois premières années de sa vie, non seulement depuis sa naissance, mais dès sa conception, jusqu'à la mort de sa mère.  Cette oeuvre, où se trouvent infiniment plus de dissertations que de faits, est le développement d'une thèse théologique; elle a été composée avec le parti-pris d'un auteur qui s'efforce de faire ressortir ce que l'auteur considère comme la souveraine puissance de la grâce de Dieu, par contraste avec la corruption native de l'humain qui en est l'objet. Nous croyons devoir emprunter, aussi littéralement que le permet un résumé fort succinct, les éléments de la première partie de notre notice à ce gros et célèbre livre, parce qu'il est un document dont l'intention prosélyte et démonstrative altère sans doute la sincérité, mais qui contient des traits caractérisant avec une netteté originale les idées du grand docteur, et surtout parce que ces Confessions exercent depuis seize siècles, parmi les chrétiens, une action considérable, et qu'elles ont fait d'Augustin le seul théologien qui soit toujours resté


Augustin fut donc conçu, pour reprendre la perspective dans laquelle il se place, dans la concupiscence qui infecte de dépravation originelle toute la descendance d’Adam. Il ne peut confesser rien de précis sur la période obscure qu'il passa dans le ventre de sa mère; mais il demande à Dieu si, avant même ce temps, il était quelque chose et s'il était quelque part. Comme il n'y a pas d'humain sans souillure, pas même l'enfant né d'un jour, Augustin pécha dès sa naissance, en ce que l'ardeur qu'il avait de téter allait jusqu'à le faire pleurer. Cependant, sa mère déposait dans son âme des germes de piété enfantine; il priait volontiers, mais surtout pour obtenir la grâce de ne pas être fouetté à l'école; or, il n'aimait pas à l'être, quoiqu'il le méritât continuellement. Pendant une maladie qui mit sa vie en danger, il demanda instamment le baptême; mais le mal s'était soudainement dissipé, on remit à un autre temps à le nettoyer de ses péchés, parce que les péchés où l'on tombe après avoir été baptisé sont plus graves et de plus dangereuse conséquence. Ce retard fut évidemment un bienfait de la divine Providence; car Augustin continua à pécher beaucoup, aimant le jeu plus que l'école et les fables plus que les études sérieuses, dérobant dans la maison et sur la table de son père des friandises qu'il partageait avec ses petits camarades. Mais où le fonds de péché qu'il portait en lui apparaissait le plus manifestement, c'est dans l'aversion qu'il avait pour le grec et dans les larmes que Virgile lui faisait verser sur la mort de la misérable Didon. De tout cela résulte cette conclusion du livre premier : 

 

A Carthage, où il alla vers l'âge de dix-sept ans, et où il fut entretenu en grande partie par la générosité d'un parent éloigné, Augustin obtint bientôt le premier rang dans les écoles; mais il confesse qu'il eut le désir d'aimer et d'être aimé, qu'il y réussit et qu'il trouva beaucoup d'amertume en ces fausses douceurs. En sa dix- neuvième année, la lecture de l'Hortensius de Cicéron, livre aujourd'hui perdu, ni inspira une passion plus haute; il s'éprit d'un amour incroyable pour la beauté incorruptible de la véritable sagesse. En même temps, il prit une concubine; il impute cette liaison à l'ardeur folle et emportée de son impudicité; néanmoins elle correspond à un relèvement incontestable de ses mœurs : il ne voyait plus d'autres femmes qu'elle et lui gardait fidélité; il eut d'elle un fils, qu'il appellera plus tard l'enfant de son péché, mais dont il fit d'abord hommage à Dieu et qu'il nomma Adéodat (a Deo datus). Quand, après treize années de cette communauté d'existence, la rupture eut lieu, on verra que la conduite de la concubine renvoyée fut infiniment plus digne que celle d'Augustin, aspirant alors au mariage et déjà en voie de conversion (liv. IV et liv. VI, ch. xv). Devenu professeur à son tour, il enseignait la rhétorique avec succès et avec conscience, quoique ses élèves et lui n'aimassent et ne cherchassent que la vanité et le mensonge. Il complétait aussi ses propres études en étudiant les Catégories d'Aristote; et il apprit sans peine, quoique sans aide, tout ce qui regarde l'éloquence, la géométrie, la musique, l'arithmétique (liv. IV).

Cependant l'éducation chrétienne qu'Augustin avait gardé de son enfance ne pouvait être satisfaite par la pure philosophie; il se mit à lire la Bible; mais, n'y trouvant pas le style de Cicéron, il la dédaigna bientôt et se tourna vers les manichéens, qui lui promettaient la possession de la vérité, sans abdication de la raison, et qui attribuaient dans leur système une part importante à la personne de Jésus, que sa mère lui avait appris à vénérer; il adopta leur doctrine  et mit une grande ardeur à la propager. Pendant près de neuf années, il resta dans ce qu'il appelle cet abîme de boue et ces ténèbres d'erreur, faisant pour en sortir de vains efforts qui n'aboutissaient qu'à l'y enfoncer davantage. Il cultivait mêmement l'astrologie, qui flatte l'orgueil de l'humain d'une fausse innocence, en rejetant tout le mal qu'il fait sur le créateur et le modérateur du ciel. Enfin, il eut le malheur de remporter le prix de poésie, ce qui aggrava sa maladie de la fausse gloire

 

aux sources du volume de la loi sacrÉe

Francis ducluzeau

Edition DERVY

 2007

Aider à comprendre le fonds métaphysique commun à toutes les traditions spirituelles authentiques, dont les religions, tel est le but que s’est fixé Francis Ducluzeau en décryptant le Volume de la Loi sacrée qu’est la Bible.

Nombreux sont ceux pour qui la seule spiritualité possible est religieuse au sens occidental du terme, alors qu’une lecture ésotérique des textes sacrés révèle une spiritualité que même des athées peuvent comprendre quand ils s’ouvrent à d’autres vérités que celles de leurs certitudes, si l’on entend par sacré ce qui a valeur de vérité absolue et si la déité devient une ouverture à plus grand que soi.

 

Cette invitation à une spiritualité ouverte concerne plus particulièrement les Francs-maçons qui y trouveront les clefs d’une interprétation circonstanciée du « livre » dont sont issus leurs mythes fondateurs. Que l’on croie ou non en Dieu, la Bible, lue avec cette approche symbolique et initiatique, n’est plus seulement une série de mystérieuse illumination et que l’on étudie de l’extérieur, mais devient le lieu de résonances intérieures pour notre être essentiel, par l’agir d’une Parole créatrice donnant sens à la vie sur terre.

 

Le secret réside dans le fait de dépasser la forme manifestée et de percer la vérité informelle, donc symbolique, qu’elle contient, ce qui résout les oppositions extérieures et aboutit à l’unité transcendante de toutes les vies spirituelles vers l’accomplissement de l’homme, dont la genèse n’est pas terminée.

 

C'est à un très long et passionnant chemin à la fois historique et initiatique que nous convie Francis Ducluzeau. Tout d'abord qu'est ce qu'un Volume de la Loi sacrée ? C'est la Bible, posée sur l'Autel des Serments d'une loge maçonnique qui, avec le Compas et l'Equerre forme ce qu'il est convenu d'appeler, les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie.

 

Ce n'est pas une lecture "religieuse" que nous propose l'auteur. pas au sens étroit du moins de perpétuation de dogmes multimillénaires. C'est pourtant une lecture argumentée et érudite, fondée sur les textes et les analyses historiques les plus récentes. Il ne s'agit pas d'un bla-bla ésotérico verbeux comme il en prolifère tant en ce moment, mais un outil indispensable pour le chercheur comme pour ce qu'il était convenu d'appeler "l'honnête homme".

 

C'est tout d'abord une grande fresque historique, de l'ancien puis du nouveau testament. Les moments forts sont expliqués ainsi que les principaux personnages. Il remet également en perspective la continuité entre le judaïsme et le christianisme primitif comme beaucoup d'auteurs le font actuellement. Il pose la question notamment de la proximité de Jésus et de Hillel qui est l'un des plus grands maîtres du judaïsme, encore aujourd'hui. "Quand Hillel énonce sa fameuse règle d'or sous une forme négative, Jésus la reprend sous une forme positive: Fais à autrui ce que tu voudrais qu'il te fit" (...) Il est intéressant de constater que ces deux phrases sont reprises comme telles dans le rituel d'initiation des francs-maçons de Rite Ecossais Ancien et Accepté, le plus pratiqué de nos jours"(P.393).

Comme le dit fort justement Alain Pozarnik (ancien Grand Maître de la Grande Loge de France) dans son ouvrage "L’Agir et l’Être initiatique" : "nous ne lisons pas pour savoir ce que pense l'auteur sur un sujet mais pour savoir quelles pensées éveille en nous ce que pense l'auteur", et il ne fait aucun doute que l'ouvrage de Francis Ducluzeau éveille de nombreuses pensées! On reconnait également en lui le spécialiste du 4ème évangile, les plus symboliques, celui de Jean auquel il a consacré deux ouvrages.

8 B

BIOGRAPHIE DE L’ARCHANGE GABRIEL. L’ANGE QUI AIME LES FEMMES

Pierre JOVANOVIC

Edition Le JARDIN DES LIVRES

 2002

C’est l’un des 3 anges nommés dans la Bible, celui qui a annoncé la naissance de St Jean Baptiste à Zacharie, celle du Christ à Marie, et qui a dicté le Coran à Mahomet. Le lecteur est entraîné sur les traces de l’archange et le suit dans un  voyage intemporel en compagnie des plus célèbres personnages que l’histoire des religions nous a léguée.

L'Archange Gabriel est apparu aussi bien à Marie qu'à Mahomet. Il est présent aussi bien sur les poteries sumériennes que dans les textes hébreux, et pourtant, personne à ce jour (c’est-à-dire en 2000 ans), n'a daigné rédiger sa biographie. Mais après la lecture de ce livre, on comprend : Gabriel représente un sujet dangereux pour la moralité de tous ceux qui s'imaginent qu'il n'est qu'un gentil Ange asexué.

Avant cette curiosité intense pour les Anges qui s'est traduite par le livre Enquête sur l'Existence des Anges Gardiens, j'étais persuadé comme beaucoup d'entre-nous, que l'Ange Gabriel n'était apparu qu'à Marie de Nazareth, et que dans ce contexte il ne lui était pas venu à l'esprit de visiter et d'annoncer à d'autres personnages sur d'autres rivages, d'autres nouvelles toutes aussi importantes.

Je pensais que son rôle de messager avait été limité exclusivement au périmètre « classique » du Christ.

Mais voilà, trahison, l'Archange Gabriel a également visité la Mésopotamie, Israël, la Nouvelle-Zélande et même l'Arabie Saoudite où il a dicté patiemment pendant 22 ans le Coran à Mahomet, sourate après sourate. On peut légitimement s'étonner que le messager mythique de la chrétienté ait pu commettre une telle infidélité.

Si vous posez cette question à diverses personnalités ecclésiastiques, à un rabbin, ou tout simplement au curé de votre paroisse, vous découvrez très vite que leurs réponses, après une bonne minute de silence, commencent à tourner dans le vide, tout comme leurs neurones, non programmés pour traiter cette question. Au mieux, on obtient « les voies de Dieu sont impénétrables » ou incompréhensibles, suivant la confession, lorsque l'existence des Anges elle-même n'est pas remise en question. Dans le meilleur des cas, on vous dira que le Gabriel de Mahomet n'est pas le même que celui du Christ...

Et pourquoi ne serait-il pas le même ? Peut-on imaginer le célèbre Archange Gabriel permettre qu'un autre Ange  déchu par définition  commette une telle usurpation d'identité ? Impensable. Et d'abord que savons-nous réellement de lui ? Rien. Pourtant, plus de 2 millions de personnes sur cette terre portent son prénom. Si nous avons plus de commentaires et d'interprétations des textes bibliques que d'étoiles dans le ciel, à ce jour, il n'existe aucun livre détaillant l'oeuvre de cet Ange définitivement stratégique et politiquement incorrect, hormis celui-ci.

Pour tenter de comprendre, j'ai donc rassemblé et disséqué toutes les informations disponibles sur cet Archange si mystérieux et si contradictoire, mais dont chaque mission et chaque parole prononcée laisse une trace indélébile : Gabriel est le dénominateur commun des trois plus grandes religions, prêtes aujourd'hui à s'affronter. Si les bibliothèques mondiales regorgent d'ouvrages traitant des effets de sa visite chez Marie de Nazareth ou sur la psychologie du Prophète, nul auteur n'a voulu suivre l'Ange Gabriel  de la classe des Archanges  et plus particulièrement des « sept esprits qui se tiennent nuit et jour devant le Trône de Dieu », dans son cheminement à travers l'Ancien Testament des juifs, le Nouveau Testament des chrétiens ou le Coran des musulmans.

Parce que toutes les informations mises bout à bout bousculent l'idée que Rome a tenu à nous imposer. Mais lorsque nous sommes obligés de faire un détour parce que des passagers musulmans se sont prosternés vers La Mecque pour prier, et ce juste devant votre porte d'embarquement à Roissy, c'est un écho de Gabriel. Lorsque vous entrez dans une église et qu'une récitation sourde du chapelet arrive à vos oreilles, c'est à nouveau un écho de Gabriel. Les rabbins qui interprètent les rêves sur la base des textes sacrés, c'est encore lui. Dans les plus beaux tableaux du Louvre, de Florence et du Vatican, on retombe sur cet Ange. Impossible d'ouvrir un livre d'art sans trouver au moins une Annonciation. Et les plus grands, de Léonard de Vinci à Gabriel Dante Rossetti, en passant par Fra Angelico et même Eric Hebborn, se sont appliqués à le peindre en plein exercice de sa fonction, comme s'ils avaient voulu saisir, fixer cet instant crucial de l'histoire humaine.

On le constate, l'Archange Gabriel, bien qu'invisible ou inexistant, est incontournable et omniprésent. Il a annoncé la naissance du Christ et il annoncera aussi, selon d'autres textes, la Fin du monde, au son des trompettes. Compte-tenu donc des effets de ses visites terrestres précédentes, j'ai étudié cet Archange que l'Islam déclare être  en plus  le chef de tous les Anges gardiens ! Alors d'où vient-il, qui visite-t-il, quand, comment et pourquoi ? Après plusieurs années de documentation et de recherches, la mise en forme de toutes les informations le concernant m'a permis de dresser un portrait totalement inattendu du plus médiatisé et aussi du plus discret des Anges. Voyage entre Terre et Ciel en compagnie du plus mystérieux des Archanges dont l'auteur Nuruddin Ar'Raniri nous dit : « Entre ses yeux se trouve le Soleil car ses cheveux sont composés de toutes les étoiles que nous observons. -  Chaque jour que Dieu fait, Gabriel plonge 365 fois dans la Mer de Lumière afin que chaque goutte d'eau qui dévale de ses ailes puisse créer un nouvel Ange gardien ».

Au sommaire de cet ouvrage :

A la recherche de l’archange Gabriel   -   Station Sumer-Babylone   -   Sex, Salt et Wine   -     sortir d’un rêve   -   le travesti babylonien   -    Enoch, le livre qui rend fou   -    Elizabeth, ou les trompettes de l’utérus   -   Concerto pour trompes de Faloppe   -   le téléphone arabe de la révélation   -    je transmet donc je suis   -   Apparitions instantanées   -    Profil de l’archange Gabriel   -   comment invoquer l’archange Gabriel   -   fragments d’un ange   -  

8 C

cahiers Évangiles – la priÈre du seigneur

j.b. baudoz

Edition du CERF

 2005

La Prière du Seigneur (Mt 6,9-13 ; Luc 11,2-4). Selon les Évangiles, Jésus a prié plusieurs fois, mais il n’a enseigné qu’une seule prière à ses disciples.

 

Celle-ci a été transmise par les Évangiles de deux façons quelque peu différentes. Mais comme la version de Matthieu se rapproche davantage du texte du Pater retenu par la liturgie, c’est celle-ci qui sera la plus fréquemment commentée, tant chez les Pères que chez les exégètes médiévaux ou les Réformateurs ; les uns et les autres privilégient la dimension morale du texte.

 

L’exégèse actuelle est plus sensible au caractère proprement théologique du Notre Père.

 

cahiers évangiles – l’archÉologie bible & histoire

j. briend

Edition du CERF

 2005

Archéologie, Bible, Histoire. On le sait, la « vérité » d’un récit n’est pas tout à fait synonyme d’ « historicité ». Aujourd’hui, on ne demande plus à l’archéologie de « prouver » le récit sacré, et celui-ci n’est plus pris comme un livre d’histoire.

 

Reste à comprendre les liens qu’ils entretiennent. Un archéologue, un exégète et un historien exposent ici leurs points de vue. Leurs exemples sont pris, pour la plupart, dans des livres historiques qui content des faits situés dans les périodes mal connues dites de la « conquête » et de la « royauté » (entre 1000 et 587 av JC).

 

Au fil des pages, les figures de Josué, Samson, David ou Josias, la constitution des lois, la conquête de la ville d’Hébron ou le siège de Jérusalem par Sennachérib prennent un nouveau relief.

 

Cahiers évangiles – l’évangile de jÉsus christ par st matthieu

Claude TASSIN

Edition du CERF

 2004

« Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu ». Parcourir un Évangile se fait de bien des manières, définies par un lieu de lecture – ou « site » – particulier : étude, loisir, prière… Nous nous plaçons ici sur le site liturgique.

À la jonction de l’enseignement et de la prière collective, il nous relie d’emblée à une histoire, une tradition, des communautés. Le but de ce Dossier, établi par Claude TASSIN, de l’Institut catholique de Paris, est d’éclairer avant tout les passages qui apparaissent dans la liturgie de l’année A. le récit de Matthieu est bâti autour de cinq grands discours dans lesquels le Christ enseigne son Église et annonce le Jugement qui l’attend au terme de sa mission universelle.

 

Tel le scribe juif « devenu disciple du Royaume des cieux », le prédicateur chrétien, l’étudiant ou le simple curieux saura « tirer du neuf et de l’ancien » de ce trésor des Écritures.

 

cahiers évangile – l’évangile de jÉsus christ selon st marc

Ph. léonard

Edition du CERF

 2005

« Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc ». Parcourir un Évangile se fait de bien des manières. Le but de ce dossier est d’éclairer avant tout les passages qui apparaissent dans la liturgie de l’année B.

 

Le texte de St Marc s’y égrène au rythme des dimanches du temps ordinaire. C’est bien la proximité du Règne de Dieu au cœur du quotidien qui est proclamé et proposé comme horizon aux disciples. Dans la mesure où l’auditeur d’hier et d’aujourd’hui s’identifie au portrait du disciple dessiné par Marc, il est invité, d’un côté, à une lucidité sur lui-même et ses faiblesses (en particulier devant la croix) et, de l’autre, il est encouragé à la fidélité (le crucifié a vaincu la mort).

 

cahiers évangiles – l’histoire de joseph (genèse 37 – 50)

André wenin

Edition du CERF

 2004

L’histoire de Joseph (Genèse 37 – 50). Quelques clés pour lire le récit. L’histoire de Joseph est un petit roman écrit avec un art raffiné.  Sa richesse est étonnante, et ces quelques pages veulent en faire percevoir une partie, privilégiant les vues d’ensemble aux observations de détail. À l’aide des ressources de l’analyse narrative, il s’agira d’étudier surtout les ressorts de l’intrigue.

 

Tout commence par une grave crise autour de Joseph, fils favori de son père Jacob et haï par ses frères.

 

charles de foucauld

G. gorrÉe & g. chauvel

Edition BLOUD et GAY

 1965

Il n’est pas facile de fixer, dans une courte biographie, la personnalité réelle d’un homme comme Charles de Foucauld. Les aspects contrastés de sa vie, des engagements successifs dans des directions différentes ou opposées, un besoin fréquent de changement sur le plan de la vie pratique qui, si l’on se fiait aux apparences, ferait croire à de l’instabilité, tout cela fait de lui un être difficile à saisir, à rassembler dans tous ses éléments, à reconstituer dans son unité et dans sa vérité.

On ne peut manquer cependant d’être frappé par une sorte d’impulsion, d’élan, qui traverse cette existence et l’anime dans la plus grande partie de son cours. C’est cette force qui soutient l’homme aux moments difficiles et le porte comme malgré lui ; c’est elle qui, le plus souvent, le soulève et le pousse ou l’attire vers les hauteurs.

Il doit exister dans cette vie un fil conducteur, qu’il faut chercher à la fois dans les actes, dans le comportement de tous les jours, mais aussi dans l’expression de la pensée, dans les écrits. Charles de Foucauld a agi et beaucoup plus que ne le fait apparaître la forme d’apostolat qu’il avait choisie ; il a également beaucoup écrit.

C’est donc dans l’action et dans la pensée qu’il faut le suivre pour tenter de l’atteindre. Car s’il est vrai que sa vie se ramène à l’unité, que l’on peut en percevoir la continuité, c’est qu’il existe un accord, une harmonie entre ses actes et ses écrits, au-delà ou en dépit même des apparences.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Une enfance sans joie entre Strasbourg et Nancy   -    Eloignement et quête de Dieu   -   Carrière militaire  -  la foi perdue  -  Saumur  -  Pont-à-Mousson   -  l’explorateur   -   La Lumière et sa recherche de la vérité   -   rencontre avec l’abbé Huvelin   -    la conversion  -   Vie et thèmes spirituels   -  Frère du Christ et frère universel   -   une vie spirituelle faite de prières, de retraites et de méditations   -    Apôtre dans la solitude  -   La famille spirituelle du Père Charles de Foucauld    -     Quelques textes choisis sur la vocation, sur la dernière place ou la volonté d’abaissement   -     L’humilité de Charles de Foucauld  -   la vie d’ermite   -  le détachement et la pauvreté   -   Nazareth et la fraternité  -  Prier et contempler  -  Tamanrasset   -     

 

charles de foucauld      –      biographie

Alain vircondelet

Edition du ROCHER

 1997

Je croyais, comme beaucoup d’autres lecteurs, tout connaître de la vie de Charles de Foucauld. Et pourtant à lire et à relire l’œuvre qu’il nous a laissée, je m’aperçus que cette vie n’avait pas dit son dernier mot. Peu à peu surgissaient d’autres visages, se révélaient de troublants secrets d’âme.


 démonter les mécanismes de son aventure spirituelle qui l’a conduit de la débauche à l’intransigeance du désert, j’ai mieux compris les affres de sa solitude et son immense détresse. Sa passion refoulée pour sa cousine, Marie de Bondy, sa folie de Dieu, sa dénonciation farouche d’un colonialisme dont il prédisait dès 1901 les effets désastreux. Le vertige de cette vie le rapprochait des héros raciniens, brûlés par leur destin, faisait de lui un Rimbaud qui aurait rencontré Dieu.

 

Travailler sur une biographie de Charles de Foucauld n’est pas chose facile tant sa vie fut complexe et ambigüe, le lire c’est revenir au désert, à ce Hoggar mythique, image d’un royaume délaissé, mais c’est aussi aller vers la compréhension des décisions de cet être exceptionnel.

 

L’expérience de Foucauld est bien plus complexe et plus secrète que ce qu’en on dit ses divers biographes, on peu toujours mettre en exergue, l’orphelin du début, l’adolescent mélancolique et turbulent, le cyrard débauché, le soldat désobéissant, l’explorateur téméraire d’un Maroc interdit au chrétien mécréant, la rencontre avec le Père Huvelin, un matin dans l’église Saint-Augustin, l’ermite du Sahara, le martyr innocent, autant de tableaux propres à retracer la plus édifiante des hagiographies, la plus sulpicienne des vies à enluminer des ouvrages.

 

Entrer dans la vie de Foucauld, c’est entrer dans la mouvance des dunes, dans le crissement des grains de sable, dans le recueillement des nuits sahariennes, comme un appel, un cri. Le suivre dans son parcours d’âme, lire son journal quotidien, c’est malgré tout éprouver en soi, ce qu’il a pu éprouver au contact de ces éléments et de ces immensités, favorables à réaliser une union mystique. Son désert intérieur se met alors en symbiose avec ce désert physique et lui permettra par la suite de trouver tous les éléments d’une mystique forte, en abandonnant un matérialisme encombrant, mais pour cela il lui faudra très souvent lutter avec violence contre ces divers matérialismes qui encombrent le corps et l’esprit. Son cheval de bataille sera le détachement, la foi, l’empathie avec les populations mais aussi le partage spirituel.


La meilleure biographie de cet être exceptionnel. 350 pages  -

 

Charles de FOUCAULD - le grand rÊve de charles de foucauld & louis massignon

J. François six

Edition ALBIN MICHEL

 2008

Cette histoire, qui commence en 1909, est celle d’une rencontre intense entre deux êtres de feu : Charles de Foucauld, homme de désert et de mystique, et Louis Massignon, jeune orientaliste de génie.

 

L’un a cinquante ans, l’autre vingt-cinq, et tous deux, épris de fraternité universelle, ont connu les tentations du monde avant de voir leur vie basculer devant la foi et l’hospitalité des sociétés musulmanes.


Du cœur et de l’esprit du premier surgit un projet fou qu’il commence pourtant à mettre en œuvre : une Union de frères et sœurs, religieux ou laïcs, tous égaux, « défricheurs » disséminés à travers le monde et en communion de prière. Il les destine à vivre l’Évangile là où il n’est pas connu, à semer l’Amour là où il n’y a pas d’amour.

 

À sa mort, Louis Massignon reprend le flambeau qu’il transmet à son tour à Jean-François SIX, prêtre et théologien.

Après cinquante ans de silence, celui-ci a choisi de raconter l’histoire tumultueuse de cette Union atypique et discrète, riche aujourd’hui d’un millier de membres, qu’il a fallu protéger de l’affadissement et des nombreuses tentatives de récupération. Un récit passionnant qui fait revivre pour nous le grand rêve de Charles de Foucauld.

En 1890 Charles de Foucauld devient moine trappiste. En 1901, ayant quitté la Trappe, il se fait ordonner prêtre. Puis il s'installe au Sahara à Béni-Abbès, puis dans le Hoggar. À cette époque, les Territoires du sud ne sont pas rattachés aux départements français d'Algérie mais soumis à l'administration militaire. Très peu nombreux, soucieux de conquérir les Sahariens plus par l'action psychologique que par la force, les militaires ont besoin de Charles de Foucauld ès qualités de prêtre-ermite ou, si l'on veut, de « marabout chrétien », afin de dissiper une rumeur ruineuse pour le prestige du conquérant. Cette rumeur parcourt la société maghrébine, dès que les fidèles de l'Islam commencent à se faire quelque idée du mouvement de sécularisation et de laïcisation qui parcourt la société française : l'occupant ne serait même pas chrétien. Si les Français n'ont plus de religion, qu'adviendra-t-il de leur prestige en milieu musulman ? Cette question n'est même pas concevable au nord de la Méditerranée. Charles de Foucauld permet aux militaires établis au Sahara d'être des croyants par procuration. Voilà au moins un Français qu'on voit prier ! Tout en étant resté très proche du milieu militaire et y comptant de solides amitiés, Charles de Foucauld est parfaitement conscient du risque d'être ainsi instrumentalisé. Mais sans l'autorisation de l'armée, ou sans sa protection, il ne peut être question de s'établir au Sahara.

Or, ayant dû renoncer à son rêve de pénétrer de nouveau au Maroc, il est attiré par le Hoggar. Il veut explorer le monde berbère, côtoyé à Sétif en 1880 et retrouvé dans le Haut-Atlas en 1883-1884. De 1905 à sa mort en 1916, il s'attelle à la tâche de connaître et de comprendre le groupe berbère le mieux conservé dans son état originel, c'est-à-dire le moins transformé par la religion musulmane et par le contact avec les Arabes, à savoir les Touaregs du Hoggar. Il en explore la vie sociale, en recueille le patrimoine poétique et littéraire, établit la grammaire et le lexique du tamazight, leur langue au demeurant fort complexe, après avoir percé les énigmes du tifinagh, écriture aussi ancienne, peut-être, que l'alphabet phénicien. L'œuvre scientifique de Charles de Foucauld est considérable. Elle fait toujours autorité auprès des berbérologues.

Comme tant de connaisseurs de la société arabo-berbère au début du XXe siècle, il est habité par la conviction que la France n'a pas encore su s'en faire admettre. Il est de ceux qui espèrent qu'à long terme, un rapprochement social, politique et culturel entre Français et Maghrébins se produira. Car, comme eux, il est révulsé par l'Algérie française, telle qu'elle existe alors : ni vraiment colonie ni vraiment province, ou pseudo-province fondée en fait sur une inévitable ségrégation ethno-religieuse, à l'instar de beaucoup d'autres sociétés méditerranéennes comme la Bosnie, la Macédoine et la Crète de l'époque, et bientôt comme Chypre, le Liban et la Palestine. En bref, fondée sur la négation des principes républicains de Liberté, Égalité, Fraternité. Comme les militaires de sensibilité républicaine – par opposition à ceux qui ont conservé un attachement à l'Ancien Régime –, Charles de Foucauld a pour idéal politique l'intégration de l'Afrique du Nord à la France, et non pas un système de protectorat ou de vie séparée entre conquérants et conquis. Cette intégration leur paraît évidemment impossible, à court terme.

Si Charles de Foucauld ou les militaires de sensibilité républicaine se prennent de passion pour les Berbères, c'est parce qu'ils leur paraissent moins figés dans leur civilisation que les Arabes ou les Arabisés, plus souples, plus adaptables au monde moderne et donc susceptibles de constituer dans l'avenir un pont entre ces derniers et la France. En s'immergeant dans la société touarègue, Charles de Foucauld a certainement voulu participer à ce grand dessein politico-social axé sur le monde berbère. À cet égard, il est remarquable qu'il n'ait point cherché à convertir les Touaregs. Il s'est appliqué à les connaître et aussi, très concrètement, à y introduire des principes d'égalité jusque-là inconnus dans cette société de type clanique, ainsi que des éléments de progrès technique. Il fallait d'abord « républicaniser » le Hoggar. Plus tard, bien plus tard, d'autres y introduiraient l'Évangile.

Charles de Foucauld est tué dans son bordj à Tamanrasset le 1er décembre 1916 par des irréguliers appuyés par des éléments venus du territoire libyen, théoriquement italien depuis 1912, mais livré en fait à l'action d'agents turcs ou turco-allemands, ainsi qu'à celle de la confrérie des Sénoussis. Dans le cadre de la Grande Guerre, il se dépense beaucoup pour défendre le Hoggar, dégarni comme tant d'autres positions sahariennes ou nord-africaines en raison des envois répétés de troupes sur le front entre Vosges et mer du Nord.

L'engagement de Charles de Foucauld dans la défense de Tamanrasset doit être compris à la lumière de ce qui fut l'attitude unanime des catholiques, et notamment des prêtres et religieux, en 1914-1918 : surenchère patriotique destinée à faire taire définitivement la rumeur infâme, jusque-là colportée dans les milieux républicains ou anticléricaux, comme quoi l'obéissance à la Papauté équivaudrait à l'allégeance à une puissance étrangère.

Ses agresseurs ne s'en prirent pas à sa qualité de chrétien, semble-t-il, mais à sa qualité de Français. On ne lui demanda pas, d'ailleurs, de renier le Christ. Ce qui l'avait rendu haïssable, et dangereux aux yeux de certains, convaincus comme tous les radicaux de la Guerre Sainte, dont les Sénoussis, c'était le fait qu'en s'étant fait adopter par la société touarègue, il contribuait aussi à la rendre francophile et plus ouverte à la civilisation occidentale, voire à la modernité, qu'envers ceux qui allaient s'employer à l'islamiser pour de bon, voire même à en entamer l'arabisation. La mort de Charles de Foucauld donne la clé de son existence au Sahara et de celle des groupes ou associations qui plus tard, se réclameront de son exemple : c'est la fraternité. Or ce mot de fraternité est commun à deux lexiques : celui de la religion chrétienne et celui de la République.

 

CHEVILLON CONSTANT  -  ET VERBUM CARO FACTUM EST ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR

Constant Chevillon

Edition Edimaf

2016

Les périls peuvent surgir, la misère s'abattre sur eux avec la persécution, la tempête peut souffler, ils ne se courbent point, mais restent debout, les yeux fixés vers le royaume et pleins de la lumière céleste. Leur paix intérieure plane au-dessus des troubles sociaux et de toutes les ruines. Leur sérénité va plus loin encore, ils ne disent point : que mangerons-nous demain et de quoi nous vêtirons-nous ? Ils savent que le Père céleste leur donnera, au moment opportun, de quoi pallier à leurs besoins urgents. Pour eux, la douleur, la faim et la misère sont des points de résistance engendrés par la matière sur la route royale de l'ascèse et qui provoquent la séparation apparente, mais la réunion effective, en l'unité du ciel, des âmes sanctifiées.

 

Cet esprit d'acceptation volontaire, de détachement et de confiance absolue, ce rayonnement intérieur est encore un don du Christ, le plus beau, peut-être. Si les hommes se laissent guider par la sérénité au lieu de se souvenir périodiquement de leur brutalité animale, la paix règnerait sans doute entre les individus et les nations et l'humanité marcherait d'un pas assuré vers sa fin dernière. Mais la majorité des humains est aveuglée par les intérêts matériels, ils se refusent à la grâce et méprisent la paix intérieure comme une pusillanimité ; la lumière divine frappe leurs intelligences opaques, elle se réfléchit et les laisse dans les ténèbres. »

 

L’amour est le coeur de Dieu, a dit Jacob Boehme; le lieu de Dieu, c’est le coeur, a écrit Ernest Hello. Ces deux paroles sont identiques dans leur apparence dissemblable, car Dieu tressaille en tout amour et il habite le coeur des Saints qui se sont donnés à lui. Maintenant, nous pouvons ajouter : la Gloire est le vêtement de l’amour, le vêtement tissé par l’intelligence du Verbe, la robe de la transfiguration. Jésus l’a jetée sur nos épaules, comme le voulait le Psalmiste : « Faites briller, Seigneur, votre lumière sur nous ».  Cette lumière glorieuse nous a fait rois, comme le Christ lui-même, rois de ce monde et du royaume céleste, n’en déplaise à ceux qui préfèrent la gloire de l’opinion et des oeuvres terrestres. Et c’est pourquoi l’Eglise, dans la procession du dimanche des Rameaux, sous le ciel nuageux de la terre, entonne le chant du soleil éternel : Gloria, laus et honor tibi sit, Rex Christe Redemptor !

Au sommaire de cet ouvrage :

I. Dans le principe était le Verbe : In principio erat Verbum (en ligne sur ce site)

II. Par Lui toutes choses ont été faites : Omnia per ipsum facta sunt.

III. Le monde n’a pas connu le Verbe : Et mundus eum non cognovit.

IV. Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu : Dedit eis potestatem filios Dei fieri.

V. Et le Verbe s’est fait chair : Et Verbum caro factum est

VI. Il a habité parmi nous : Habitavit in nobis

VII. Tout est accompli : Consommatum est

VIII. Nous avons vu sa Gloire : Et vidimus gloriam ejus.

 

Constant Chevillon entre dans la franc-maçonnerie vers 1913 et fait la connaissance de Gérard Encausse que nous connaissons aussi sous le nom de Papus. Il fut grand maître de l’ordre martiniste. Il est assassiné le 25 mars 1944. Arraché de son domicile par le M.N.A.T. de Doriot, le 25 mars 1944 au soir, pour un soi-disant interrogatoire ; son corps fut retrouvé dans la nuit, percé de balles, dans la banlieue lyonnaise, en un lieu où plusieurs crimes du même genre furent perpétrés.

 

CHEVILLON CONSTANT  - MÉDITATIONS INITIATIQUES

Constant Chevillon

Edition du Cosmogone 

 2013

L’œuvre et le martyr de ce gnostique moderne n’en finissent pas de nous émouvoir. Formé à bonne école, c’est-à-dire au séminaire, à la Faculté de Lettres de Lyon et à l'abbaye de Solesmes, Constant Chevillon (1880-1944) enseigna la philosophie religieuse chez les Jésuites, puis il entra en occultisme, rencontra Papus et devint le plus proche collaborateur de Jean Bricaud.

Sans préjudice d’une carrière exemplaire dans le milieu bancaire, il assumera, à partir de 1934, la grande maîtrise du rite de Memphis-Misraïm et celle de l’Ordre martiniste, alors indissociables de l’Eglise gnostique universelle dont il fut élu patriarche.

Dix ans plus tard, la mort la plus horrible viendra le surprendre à Lyon, où elle a pris les traits des Miliciens qui l’on assassiné, une nuit de mars 1944. 

L’oeuvre littéraire de Constant Chevillon, profondément marquée par la théologie catholique romaine à laquelle il associera la tradition de l’ésotérisme chrétien comprend cinq livres qui sont autant de chefs-d’œuvre : Orient ou Occident (1926), Réflexions sur le Temple social (1937), Le vrai visage de la franc-maçonnerie (1939), Du néant à l’être (1942), Et verbum caro factum est (1944). Il faut y ajouter deux titres posthumes : La Tradition universelle (1946) et les Méditations initiatiques, publiées à Lyon, chez Paul Derain, en 1953.

Les Editions du Cosmogone viennent de rééditer ce dernier ouvrage, en fac-similé, dans leur collection « compendium ». Ce petit livre rassemble une vingtaine de méditations sur des thèmes variés : Dieu, l’humilité, la charité, la prière, la foi, la mission de la douleur, mors et vita, Moise, évolution de la gnose, philosophie et religion, le temps, prédestination, Dieu est amour, Dieu est un acte pur.

De quoi méditer, assurément, sur Dieu, l’homme et l’univers et sur l’initiation maçonnique ou autre qui a pour fonction de rétablir les rapports entre le Créateur, la créature et la création, et de permettre à l’homme de s’élever et de se transformer.

 

compostelle – nous irons tous à compostelle – film dvd

 

Le chemin de Saint-Gilles (Gard), appelé aujourd’hui la voie d’Arles, est le premier des quatre chemins français décrits dans le guide du pèlerin, du XIIème siècle.


Ce film de 90 mn, nous conduit de France en Espagne jusqu’au Finisterre de Galice. Contrairement à tous les autres chemins de Saint Jacques de France, la traversée des Pyrénées se fait par le col du Somport, pour rejoindre Jaca et l’Aragon.

 

Cette partie sauvage et mystique de l’Espagne, fera le bonheur des marcheurs solitaires. Bruno TASSAN a parcouru cette voie d’Arles à Compostelle, superbe mais encore méconnue. Son film de 90 mn ne manque pas d’intérêt pour qui veut faire une première découverte de ce « chemin », de sa particularité, de sa spiritualité….


Ce film montre la réalité du chemin au quotidien. Les témoignages sont nombreux, les images très belles et les commentaires restent fidèles à l’image de cette très belle aventure fraternelle… « Un DVD que l’on prend plaisir et à regarder et où l’on ne s’ennuie pas. »


Un bonus de 33mn est inclus dans ce DVD. Il contient des indications pratiques pour partir à Saint Jacques de Compostelle : la préparation du sac à dos, de l’utilité du bourdon et des témoignages d’anciens pèlerins sur les chemins du Puy et d’Arles.

 

COMPRENDRE  ET  VIVRE   LA  LITURGIE

XAVIER ACCART

Edition Presses de la Renaissance

 2009

La liturgie chrétienne recèle des trésors méconnus. Vécue dans toute sa richesse, elle devient un chemin spirituel particulièrement fécond pour celui qui l’emprunte. Cet ouvrage à la fois clair, accessible et complet introduira avec bonheur à sa découverte. L’auteur propose de ré-enchanter la pratique religieuse en livrant de façon simple et vivante, les clefs de la liturgie pour mieux la comprendre et la vivre pleinement.

 

Xavier Accart se propose d’éveiller de façon didactique et vivante au langage liturgique pour « ré enchanter la pratique » et la vie chrétienne dont la liturgie est la matrice. En quarante-six chapitres concis, pédagogiques et écrits dans un langage accessible à tous, il reprend les notions essentielles – les symboles de la messe et sa structure, la signification des couleurs et des vêtements sacerdotaux, l’architecture des églises, les différents temps liturgiques de l’année…– et en tire un enseignement spirituel d’une grande profondeur. Chacun pourra ensuite faire son propre chemin, en découvrant à quel point la liturgie catholique, riche d’une tradition en perpétuelle renouvellement, est le creuset privilégié d’une vie spirituelle personnelle, authentique et féconde.

 

L’auteur part de l’expérience concrète des lecteurs et puise les éléments de son analyse essentiellement dans la Bible et les Pères de l’Église. Cet ouvrage a été inspiré par la chronique mensuelle qu’il tient sur ce sujet dans la revue Prier depuis plusieurs années, reconnue comme une chronique vedette par la rédaction et suscitant de nombreux courriers de lecteurs. Facile d’accès, même pour un débutant dans la foi chrétienne, il présente cependant une approche et des références originales qui intéresseront des chrétiens déjà formés. Des annexes complètent le corps du texte : schémas et dessins, index thématique, structure générale de la messe, calendrier liturgique 2009-2015. Enfin, la préface est signée de l’archevêque de Toulouse, ancien moine bénédictin de Kergonan reconnu dans l’Église comme l’un des meilleurs spécialistes de la liturgie. »

 

Est développé :


L’ambon : notre petit Sinaï, l’autel, le tabernacle, le vitrail, les cloches, les couleurs des fêtes, la mitre, la crosse, l’anneau, le langage des fleurs, l’encens, l’eau, l’esprit, les cendres, la clarté des flammes, la grâce de l’onction, le pain azyme, le vin, l’Avent, les rameaux, le signe de croix, l’imposition des mains, les diverses positions, le geste de paix, la fraction du pain, l’angélus, l’obole, prier les Heures, les chants et le silence etc.

 

curE  d’ars -  sa vie exraordinaire  et son engagement

Jean-Jacques Antier

Edition  Perrin

 2006

Rien ne préparait Jean-Marie Vianney, jeune paysan de la Dombes, né en 1786, à devenir le plus célèbre des confesseurs. Malgré ses convictions ardentes, on jugeait ce trop médiocre élève incapable d'être prêtre.

 

Il est pourtant devenu leur modèle et le pèlerinage d'Ars attire des foules ferventes. Cet être d'humilité et de prière, d'une foi et d'une âme ardente, nourrissait un seul désir : l'amour de Dieu et des autres. Son rayonnement exceptionnel attirait irrésistiblement hommes et femmes, d'âges et de milieux les plus divers, à la recherche de la vérité.

 

Pie XI l'a canonisé en 1925 et proclamé patron de tous les curés du monde. Jean-Paul II déclarait : " Nous avons plus que jamais besoin de son témoignage. "

 

Cette biographie se distingue par la richesse de la documentation et la rigueur de l'enquête menée par Jean-Jacques Antier. On comprend comment cet homme est l'un des saints les plus fascinants du monde moderne, lui dont on pouvait voir la statue dans toutes églises, et que l'on redécouvre aujourd'hui. Jean-Jacques Antier, traduit dans de nombreuses langues, est l'auteur de biographies spirituelles : Marthe Robin, Charles de Foucauld, Thérèse d'Avila ... Il a également publié Les Pouvoirs mystérieux de la foi et Le Livre de la sagesse (avec Jean Guitton).

 

Qui était ce prêtre, à la figure émaciée, dont le nom évoque encore dans l'inconscient collectif, le dolorisme dépassé du XIXe siècle et qui revient sur le devant de la scène ? Le sanctuaire d'Ars fête cette année le 150e anniversaire de sa mort et Benoît XVI en ouvrant en juin dernier l'année sacerdotale, lui rendit un vibrant hommage, en le proclamant «saint patron des prêtres du monde entier»!

 

Une incroyable liberté intérieure : Jean -Marie Vianney, voit le jour le 8 mai 1786, à Dardilly, près de Lyon, dans une famille de paysans, réputée pour son esprit de charité. Très tôt, le jeune Vianney surprend par la force de ses convictions. Lorsqu'il a 7 ans, ses petits camarades bergers accourent pour écouter «celui qui fait le curé»! Mais en 1794, la Révolution fait rage dans le Lyonnais et les cloches se taisent. L'enfant suit pourtant le catéchisme et fait sa première communion clandestinement. A 17 ans, Jean-Marie confie à son père son désir de devenir prêtre mais celui-ci a besoin de lui aux champs. Il cèdera 3 ans plus tard. L'abbé Charles Balley, le curé d'Ecully, percevant la grande qualité d'âme de ce jeune paysan prend en charge sa formation. Mais l'étude du latin, indispensable pour accéder à la prêtrise, se révèle difficile. L'abbé Balley exhorte son élève à ne pas renoncer. Survient "la grande levée de 1809" pour les campagnes Napoléonienne et le jeune homme est appelé sous les drapeaux. Vianney est bouleversé à l'idée de faire la guerre. En chemin pour rejoindre son régiment, il rencontre un soldat insoumis et décide de déserter.

 

Malgré l'amnistie de l'Empereur, Vianney ne se récuse pas et devient clandestin. Il résiste même aux foudres de son père qui subit de multiples vexations à cause de ce fils déserteur. Jean-Marie sera finalement libéré par l'engagement de son frère cadet François, à sa place. François disparaîtra durant la campagne de Russie. Le curé d'Ars portera toute sa vie le poids de cette mort, mais jamais il ne regrettera ce choix d'homme libre. En 1811, il renoue avec les études. Il échoue aux épreuves dans deux séminaires. Vianney est mortifié ! Mais la confiance de Charles Balley en son élève est infinie: le vieux prêtre se rend à l'évêché pour plaider sa cause ! Jean -Marie sera finalement ordonné prêtre en 1815.

 

Un éveilleur hors pair : La chance du curé d'Ars fut sans doute d'être renvoyé du Séminaire ! L'abbé Balley, lui donna une formation sacerdotale à sa mesure, empreinte d'une grande humanité. Avec l'abbé, le postulant apprit à intégrer «de l'intérieur» les fondements de la science de Dieu. Une initiation fondée sur la simplicité et le parler vrai, et qui, doublée d'une intense vie intérieure, fit de Vianney, un éveilleur hors pair «un révélateur, un initiateur au sens propre du terme, c'est-à-dire, celui qui peut susciter un commencement». En chaire, le Curé rappelle à tous ceux qui sont blessés par la vie,- les exclus dont il se sent si proche-, qu'ils sont avant tout des enfants de Dieu. Et quand il baptisera «l'enfant du péché» d'une jeune fille, ce que ses paroissiens lui reprocheront violemment, il ne fera que réaffirmer ce qui est évidence pour lui : chaque homme est une créature de Dieu ! Le curé d'Ars entend communiquer à tous -petits et grands- le goût du ciel ! Avec une étonnante audace, il s'adresse à ce public non averti, avec des mots usuels! L'homme parle avec son cœur, comme le lui a appris sa mère, dont la foi rayonnait. Il prêche l'amour patient de Dieu : «Sa patience nous attend depuis le commencement du monde jusqu'à la venue du Messie, ce n'est que miséricorde  Approchez-vous de Dieu, il s'approche de vous.» Et pour cet homme de sacerdoce, le plus sûr chemin, pour s'approcher de Dieu, c'est la messe, «le cœur même de la foi» ! Le curé encourage donc ses ouailles à communier fréquemment, ce qui est résolument nouveau pour cette époque, où l'on se contente souvent de communier à Pâques ! «Sans la divine eucharistie, il n'y aurait pas de bonheur en ce monde, la vie ne serait pas supportable.»

 

Un passeur d'âmes infatigable : «Si j'étais prêtre un jour, avait soupiré le tout jeune Vianney, je voudrais gagner beaucoup d'âmes». C'est à Ars, modeste bourgade, où il restera plus de 40 ans, que le curé d'Ars remplira sa vaste mission ! Actuellement, à l'entrée de la ville, sa statue qui pointe le ciel, immortalise son passage sur cette terre. Son charisme de confesseur est immense.

 

L'enfer est d'ailleurs selon lui, la privation de cet amour immense ! Durant plus de 30 ans, le curé fut à l’œuvre dans son confessionnal durant des journées entières. Que lui valait un tel succès ? Jean-Marie Vianney était un homme intuitif et bon certes, mais il avait surtout des qualités de «voyant» Il minimisait ce trait avec humilité, mais beaucoup témoignèrent de ces faits extraordinaires comme Faivre, missionnaire du diocèse de Saint-Claude : «-Mon père dis-je à M. le curé, je voudrais vous consulter sur trois choses.» Je propose la première. Le curé m'arrête : «-Mais vous ne me dites pas»-« Oh, mon père c'est vrai, j'aurais dû commencer par là mais je n'avais pas pensé.» Il me révélait une disposition intérieure que j'aperçus en moi sur-le-champ et que j'aurais dû lui signaler tout d'abord. Je compris dès lors que, sans avoir extérieurement connaissance de mon nom et de mon diocèse, de mon genre de vie et d'occupations, il lisait au fond de mon âme.  On dit qu'à la fin de sa vie, plus de cent mille personnes affluaient chaque année à Ars. Le curé d'Ars meurt d'épuisement le 4 août 1859. Il repose dans sa chère église qu'il ne cessa d'embellir, «parce que rien n'est trop beau pour Dieu !»

 

Biographie de l'auteur/ Historien de formation, Jean-Jacques Antier est l'auteur de biographies spirituelles traduites dans de nombreuses langues (Marthe Robin, Charles de Foucauld, Thérèse d'Avila...). Il a publié Les Pouvoirs mystérieux de la foi et Le Livre de la sagesse. Ses travaux sont marqués par une rigoureuse impartialité et une curiosité passionnée pour les voies du mysticisme.

 

curḖ  d’ars  -  Une  pensḖe par jour  du curḖ d’ars

 Claudine Fearon

Edition Médiaspaul

 2006

Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, fut invité à prêcher au peuple les choses de Dieu, consolant ici une douleur, donnant là des conseils. La parole de Dieu, prêchée par cet élu de Dieu, empli d'une si grande douceur, d'une si grande sollicitude pour les âmes, d'un si grand amour du Ciel et des hommes, faisait que lui-même, le premier, et ses auditeurs à sa suite, pleuraient.". Très utile pour la méditation quotidienne ou la lecture occasionnelle.

 

Ci-dessous quelques paroles du curé d’Ars :

 

Il n'y a rien qui offense tant le Bon Dieu que de désespérer de sa miséricorde.

 

Nous jouons avec le péché.

 

C'est notre orgueil qui nous empêche de devenir des saints.

 

Que diriez-vous d'un homme qui travaillerait le champ du voisin et laisserait le sien sans culture ? Eh bien ! Voilà ce que vous faites. Vous fouillez continuellement dans la conscience des autres et vous laissez la vôtre en friche.

 

Il y en a qu'un seul mot renverse. Une petite humiliation fait chavirer la barque... Courage, mes frères ! Courage ! Nous avons tort de nous plaindre.

 

Les tentations les plus à craindre, et qui perdent bien plus d'âmes qu'on ne croit, ce sont ces petites pensées d'amour propre, ces pensées d'estime de soi, ces petits applaudissements sur tout ce que l'on fait, sur ce que l'on a dit de nous.

 

Il y a des personnes qui, avec un extérieur de piété, se piquent à la moindre injure, à la plus petite calomnie.

 

En disant leur "Confiteor", ils s'accusent eux-mêmes en disant : "C'est par ma faute". Deux minutes après, ils s'excusent et accusent les autres.

 

Ces chrétiens en "image" ne veulent rien supporter. Tout les choque, ils répondent à des paroles piquantes par des paroles piquantes.

 

L'envieux veut toujours monter, le saint veut toujours descendre. Ainsi l'envieux descend toujours, et le saint monte toujours.

 

La porte du ciel est fermée à la haine.

 

Ceux qui conservent de la rancune sont malheureux : ils ont le front soucieux, des yeux qui semblent tout dévorer.

 

La marque distinctive des élus, c'est l'amour, comme la marque des réprouvés, c'est la haine.

 

La colère anéantit la paix et le repos des familles. Elle sème à pleines mains la désunion, les inimitiés, les haines.

 

Nous noyons, nous étouffons notre âme dans la nourriture.

 

Un jour, je me trouvais de passer auprès d'un gros feu. Je pris une poignée de paille bien sèche, je la jetai dedans, lui disant de ne pas brûler. Ceux qui furent témoins de cela me dirent en se moquant de moi : "Vous avez beau lui dire de ne pas brûler, cela n'empêche pas qu'elle brûle". "Et comment, leur ai-je répondu, puisque je lui dis de ne pas brûler ? Qu'en pensez-vous, ma mère, vous y reconnaissez-vous ? N'est-ce pas que vous aviez dit à votre fille d'être bien sage, lorsque vous lui donniez la permission de partir ?"

 

Oh, mes enfants, que c'est triste ! Les trois quarts des chrétiens ne travaillent qu'à satisfaire ce cadavre qui va bientôt pourrir dans la terre. Ils manquent d'esprit et de bon sens !

 

Le poisson cherche-t-il les arbres et la prairie ? Non, il s'élance dans l'eau. L'oiseau s'arrête-t-il sur la terre ? Non, il s'envole dans les airs. Et l'homme qui est créé pour aimer Dieu, pour posséder Dieu, ne l'aime pas et porte ailleurs ses affections...

 

Celui qui ne prie pas est comme une poule  qui ne peut s'élever dans les airs. Si elles volent un peu, elles retombent bientôt et, grattant la terre, elles s'y enfoncent, s'en aspergent et semblent ne prendre plaisir qu'à cela.

 

Si l'on pouvait prier en enfer, l'enfer n'existerait plus.

 

L'âme qui cesse de prier meurt d'inanition. L'âme qui prie peu ressemble à ces oiseaux de basse-cour qui, avec de grandes ailes, ne savent pas s'en servir ou ne s'élèvent qu'à une très petite hauteur.

 

On dit qu'il y en a beaucoup qui se confessent et peu qui se convertissent. Je le crois bien : c'est qu'il y en a peu qui se confessent avec repentir.

 

Il faut mettre plus de temps à demander la contrition qu'à s'examiner.

 

Il y en a qui profanent le sacrement en manquant de sincérité. Ils auront caché des péchés mortels, il y a dix ans, vingt ans. Toujours ils sont tourmentés, toujours le péché est présent à leur esprit, toujours ils ont la pensée de le dire, et toujours ils renvoient : c'est un enfer !

 

Les péchés que nous cachons reparaîtront tous. Pour bien cacher ses péchés, il faut bien les confesser.

 

Il ne faut pas écouter le démon qui cherche toujours, après qu'il nous a fait faire le mal, à nous jeter dans le désespoir.

 

La prière, c'est le cri de l'ange, le péché, c'est le cri de la bête.

8 D

de l’ararat à saint lazare

 

Venise St Lazare

 2000

Du mont sacré en Arménie jusqu’à la diaspora de Venise installé à St Lazare depuis 1717, cet ouvrage explique simplement la fondation par Mekhitar de cet ordre qui rayonna dans le monde entier durant les heures noires que connut l’Arménie.  Ce centre installé sur une ile dans la lagune de Venise, et qui est la propriété des moines arméniens, possède un fond de manuscrit originaux extraordinaire. Il est le plus important après ceux d’Erevan et de Jérusalem.

 

L’Ile Saint-Lazare dans la lagune de Venise est le siège de l’ordre monastique des Pères Mekhitaristes et un centre important pour la culture arménienne. L’ordre est fondé à Constantinople en 1700 par un jeune moine, Mekhitar, qui doit rapidement quitter la cité impériale en raison des persécutions religieuses.

 

Il trouve un dernier refuge à Venise où il parvient en 1715. deux années plus tard, la République sérénissime lui donne une résidence permanente dans l’Ile Saint-Lazare.

En plus d’une stricte règle monastique, Mekhitar s’applique à donner à ses disciples un haut niveau d’éducation, portant une attention particulière au riche héritage culturel arménien. Il développe également une intense activité d’édition. De ce fait, Saint-Lazare devient rapidement pour les Arméniens centre littéraire des plus renommés.

 

Pour donner une idée de l’ampleur et de la qualité de la production académique de Mekhitar et de ses successeurs, il suffit de mentionner que son Thesaurus de la langue arménienne (Bargirk Haykazean lezui), publié en 1742, est le sixième par ordre chronologique parmi les publications de ce type, précédant en cela les grands dictionnaires de langues anglaise ou allemande. Le grand linguiste arménien Hrachia Adjarian, un disciple d’Heinrich Hübschmann et d’Antoine Meillet, considérait comme l’ « œuvre académique parfaite » la seconde édition du Thesaurus de Mekhitar, publiée en 1836-1837, connue sous l’appellation de Nor Bargirk Haykazean lezui (Nouveau Thesaurus de la langue arménienne). Parmi les autres œuvres, s’il faut n’en citer que quelques-unes : Histoire du peuple arménien des origines jusqu’en 1874, en trois volumes, par le Père Michaël Chamchian, les Commentaires des psaumes en dix volumes, du même auteur, les nombreux ouvrages théologiques du Père Gabriel Avédikian, les volumes hagiographiques monumentaux du Père Mkrtich Avgerian (Jean-Baptiste Aucher), et le travail encyclopédique du Père Ghevond Alishan. Ce dernier était également un grand poète et un guide du mouvement romantique arménien.

 

Jusqu’à la période récente, Saint-Lazare était unanimement appréciée pour la qualité extrême de sa maison d’édition, qui reçut de nombreuses distinctions aux expositions internationales. Malheureusement, cette imprimerie a fermé ses portes en 1989, après deux cents ans d’activité. Cependant, les Editions Mekhitaristes (Casa Editrice Armena) continuent leur activité historique. Mention d’honneur à sa revue académique Bazmavep, publiée sans interruption depuis 1843. C’est maintenant le plus ancien périodique académique d’Italie, et le quatrième au monde.

 

Mention spéciale au Musée du Monastère qui possède quelques antiquités remarquables et surtout à sa Bibliothèque, une des plus riches au monde pour les ouvrages en arménien et les études arméniennes. Son plus grand intérêt réside dans sa collection de manuscrits arméniens. Il existe une branche de l'ordre à Vienne, en Autriche, également dotée d'une maison d'édition.

 

En 2000, les Ordres Mekhitaristes de Venise (Italie) et de Vienne (Autriche) ont annoncé leur fusion pour créer l’Ordre Mekhitariste, après une réunion au Monastère Saint-Lazare à Venise. Cette fusion est l’aboutissement d’années d’entretiens entre les chefs des deux Ordres. La réunion, qui s’est tenue le 10 juillet, a décidé de fusionner les deux branches de l’Ordre sous une seule autorité. Cette décision historique coïncide avec le 300e anniversaire de l’Ordre, le 2000e anniversaire du christianisme et le 1700e anniversaire de l’adoption du christianisme par l’Arménie comme religion d’Etat. Pendant la session du 19 juillet, le Très Révérend Père Yeghia Kilaghbian a été élu 15e père abbé de l’Ordre Mekhitariste. Un communiqué de presse a annoncé que le centre de l’Ordre Mekhitariste se trouvera au Monastère Saint-Lazare à Venise, tandis que le Monastère de Vienne deviendra l’abbaye majeure de l’Ordre. Le monastère de Vienne aura son propre chef, qui portera le titre d’abbé. Toutes les entités fonctionnant sous les deux ordres seront régies par le nouveau père abbé et un Conseil d’administration

 

DE LA TRADITION, UN ART DE L’ÉVEIL

Witold Zaniewicki

Edition du Cosmogone

 2019

Avec ce livre, Witold Zaniewicki repose le cadre traditionnel et sacré que nous avons tendance à perdre de vue. Il nous rappelle aussi que la Tradition chrétienne n’a pas d’autre finalité que l’Eveil quand trop de prétendus chercheurs se perdent dans les illusions du pouvoir et du développement personnel. Il commence sa réflexion, dense, concise, précise, par la querelle des images, ses enjeux, ce qu’elle indique du travail à accomplir et des écueils à éviter. Il clarifie les distinctions, parfois vécues comme oppositions, entre la « déification de l’homme en Orient », « l’imitation du Christ en Occident » mais aussi entre l’arabesque et la géométrie face à l’icône.

 

Il définit le tronc commun qui unit les chrétiens jusqu’au concile de Nicée en 787, tronc commun composé de trois éléments : le kérygme, les écrits néotestamentaires et le dogme compris comme « critère de la vérité de la contemplation ». Il insiste sur le fait que l’Église donne des clefs non des systèmes auxquels se soumettre mais l’analyse avec finesse les mécanismes et les choix qui conduisirent la tradition chrétienne occidentale à se séparer de la tradition orientale autour de la question du Saint Esprit. Pour l’Occident « l’Esprit procède du Père et du Fils (Filioque) tandis que pour l’Orient, « l’Esprit est une hypostase, une personne à part entière » et « Il y a toujours dans la révélation trinitaire simultanéité et réciprocité. ». Cette opposition se cristallisera en une profonde rupture dogmatique aux conséquences considérables, spirituelles mais aussi politiques. D’autres éléments de séparation s’ajoutent à la question du Filioque comme celle de la Grâce ou du péché originel.

 

Witold Zaniewicki développe par la suite les sept degrés de la spiritualité chrétienne orientale : la conversion ou illumination, la catharsis ou purification, le passage thérapeutique par le désert ou l’ascèse, la métanoïa ou repentir ou encore seconde naissance, l’apatheia ou passion impassible, passage de l’éros à agape, la métoché ou participation à la vie divine, la théosis ou déification ou encore grande résurrection par laquelle « l’Homme est devenu par grâce ce que Dieu est par nature ». « Ainsi, nous dit Witold Zaniewicki, la sainteté est la Vie dans sa plénitude. Et il y a de la sainteté en tout homme qui participe fortement à la vie. Non seulement dans le grand ascète, mais dans le créateur de beauté, dans le chercheur de vérité qui respecte le mystère des êtres et des choses, dans le parfait amour d’un homme et d’une femme, dans la mère qui sait consoler ses enfants et les mettre spirituellement au monde. » 

 

Dans le reste de l’ouvrage, Witold Zaniewicki s’intéresse à la sophiologie et à différents messianismes. Nous découvrons ainsi les fondements et l’usage de la tradition du scapulaire, ou les liens entre messianisme et christologie. Tous ces développements conduisent le lecteur à prendre conscience du sens et de la fonction des mystères, principalement de celui de l’eucharistie : « L’Occident ne fait que nier ou affirmer la modification miraculeuse d’éléments terrestres, sans du tout comprendre que l’élément essentiel de l’eucharistie est l’Église et que c’est seulement par elle que les sacrements sont opérés sans aucun rapport avec les lois de la matière terrestre. L’Occident a l’intuition de cette Ecclésiologie eucharistique qui mène au Tout Autre, mais comme le disait Vladimir Lossky, la notion d’Eglise au bout de 2000 ans de christianisme n’a pas commencé à être vraiment cernée ni définie. Puisse l’eucharistie permettre cette prise de conscience dans les temps à venir. » Si nous nous souvenons qu’il est une eucharistie permanente du Silence, l’Église apparaît d’une toute autre nature que celle dont ses fonctions rendent compte maladroitement. La synthèse proposée par Witold Zaniewicki permet de se doter de solides repères, non seulement historiques, mais en termes de valeurs opérantes. 

 

À la Samaritaine qui lui rappelait que les juifs considéraient le temple de Jérusalem comme la demeure de Dieu, Jésus répond dans l’Évangile de Jean : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. » Il n’y a donc pas de lieu saint en christianisme, pas d’autre lieu saint que le cœur humain, habité par la présence de l’Esprit saint. « Tu es un temple, ne cherche pas de lieu », disait un moine du IVe siècle. Dans les premiers siècles, cette manière de se tenir en présence de Dieu dans le temple intérieur de l’âme a été une pratique essentielle de la vie monastique. Saint Jérôme, au Ve siècle le définissait même de cette façon : « Le moine se reconnaît non à ses paroles et ses discours, mais à son assise en silence. » Le combat spirituel est souvent résumé chez eux dans le fait de garder la cellule, de lutter contre la tentation de fuir, d’aller voir ailleurs. Ceci s’applique à la cellule habitée par le moine, mais aussi à la cellule de son propre cœur.

 

On peut citer de nombreux textes de la tradition chrétienne sur la posture qui convient dans la prière et qui est principalement une posture assise, il faut aussi souligner que dans le christianisme on n’a pas été très porté sur la rédaction de traités sur les postures car on est toujours très prudent devant les techniques, afin de ne pas perdre de vue l’essentiel, qui est le don de Dieu, la grâce. D’autre part, la tradition chrétienne est très attentive au sujet qui prie, dans sa singularité. Il est donc inconcevable d’imposer telle ou telle posture, car tout dépend de l’état dans lequel se trouve le sujet. Ainsi, l’un des plus anciens textes que nous ayons sur les postures dans la prière, qui date du IIIe siècle, recommande de prier debout, sauf si on a mal aux pieds…

 

Comme il y a bien des dispositions du corps, il est incontestable que celle qui consiste à élever les mains et à lever les yeux doit être préférée à toute autre, car le corps apporte ainsi à la prière l’image des qualités qui conviennent à l’âme. Nous disons pourtant qu’il ne doit en être ainsi que si aucune circonstance ne l’empêche. Suivant les circonstances, on peut parfois prier convenablement en étant assis, par exemple à cause d’une maladie des pieds qui doit être soignée ; ou même en étant couché à cause des fièvres ou de quelque faiblesse analogue.

 

On pourrait trouver bien d’autres exemples de cette pratique de l’assise silencieuse chez des chrétiens. Mais il est nécessaire d’explorer surtout la question de savoir s’il s’agit d’une pratique qui rejoint celle de tous ceux qui s’assoient en silence, et qui est donc équivalente de la pratique bouddhiste, par exemple, ou si cette pratique a une couleur particulière chez les chrétiens. Disons- le rapidement : si les moyens utilisés sont les mêmes, assise calme et silencieuse, attention portée au fait d’être présent, la finalité de la pratique est bien spécifique. Il s’agit pour les chrétiens de se rendre présent à Dieu qui est présent, à Dieu qui les précèdent dans cette présence. La prière est relation entre une personne humaine et Dieu. Poursuivons notre exploration rapide de la tradition chrétienne en étant attentif à cette spécificité   

 

de l’Éveil au braconnage spirituel – suivi de :    MESSIANISME ET EUCHARISTIE

Witold zaniewicki

Edition DU COSMOGONIE

 2006

Orient / Occident : deux univers que tout oppose ? Pas si sûr. C’est ce que nous montre Witold Zaniewicki en abordant quelques-uns des grands moments de l’histoire de la chrétienté.  Envisageant le sujet sous des angles variés (culte des icônes, pratiques de méditation, angélologie, confréries…) il souligne la perméabilité des systèmes de pensée. Réconciliant les frères ennemis, il rappelle le legs de Byzance à l’Occident, et l’existence de pratiques similaires (ou tout du moins inspirées des mêmes pratiques) dans diverses religions, qu’elles soient du Livre ou non.


Le Sacré est universel. Comme le précise l’auteur en introduction, il s’agit de « rappeler les choses simples mais indispensables pour clarifier les idées ». Pari réussi avec cet ouvrage à la forme originale, mêlant synthèses largement documentées et fiches de lecture, et qui n’oublie jamais de replacer les faits dans leur contexte historique, politique, culturel.

 

Dans le même esprit et toujours aux Editions du Cosmogone dans la collection Compendium,  Witold Zaniewicki nous offre « Messianisme et Eucharistie ».

 

Il nous amène dans les différentes traditions qui parlent de Messianisme, tout d’abord chez les prophètes – Zacharie, Zorobabel et autres – puis  nous explique qu’il y a également des Messianismes sans Messie,  il développe la notion du Fils de l’Homme – Bar Masha en araméen et Ben Adam en hébreu -  en citant Ezéchiel, Daniel  d’après Ezéchiel. Ce fils de l’homme qui pour beaucoup est tout à la fois Le représentant du Divin, un chef et un modèle du peuple des Saints -  C’est à travers le Fils de l’Homme que se développe un ‘’Messianisme Transcendant’’  -

 

On continu avec un chapitre sur le Messianisme et la Christologie, un autre sur Ecclésiologie et Eucharistique avec des approches occidentales et orientales.

 

des symboles universels à la spiritualitÉ chrÉtienne à travers les tarots

Mircea milcovitch

Edition RETZ

 1991

C’est à travers l’étude des arcanes majeurs du tarot que l’auteur explique sa vision de l’ésotérisme chrétien. Alors que beaucoup de textes circulent sur la tradition symbolique et ses langages : Kabbale, alchimie, astrologie…, il n’en existe pratiquement aucun qui présente de façon accessible et complète l’aspect en apparence ésotérique du christianisme, ce christianisme qui est à la base même de notre civilisation. Il s’avère essentiel que, dans ce foisonnement d’ésotérismes, on éclaire enfin les origines hermétiques de la révélation chrétienne. Cependant cet ouvrage n’envisage pas le christianisme seulement comme un dogme ou un postulat, il s’attache aussi à démontrer d’un point de vue philosophique sa nécessité.

 

Il s’adresse autant au pratiquant chrétien qu’à celui qui cherche ce que l’on appelle la « signature de Dieu » dans les choses. Il permet à celui qui a une connaissance et une pratique exotériques du christianisme de les relier à son contenu ésotérique. Il fait un lien entre l’aspect évident du christianisme et son aspect caché. Fruit d’un long travail de recherche et d’un engagement déterminant de l’auteur, cet ouvrage nous livre un enseignement de première importance pour notre temps.

 

L’ésotérisme chrétien est une voie symbolique où l’Occident n’a rien à envier à l’Orient. Elle se suffit à elle-même, tout en s’enrichissant de ses contacts avec l’Orient et son ésotérisme. Il y est question d’une queste, de rechercher quelque chose de perdu, de retrouver un principe, une essence, une Tradition. 

 

Les formes successives de la grande religion traditionnelle née en Occident, il y a quelques millénaires sont toutes reliées au même ésotérisme que l’on retrouve immuable à travers elles (L’Église romaine actuelle néglige de révéler, tout au moins à une élite, le sens profond de ses symboles, comme si elle en avait perdu elle-même la signification). Cet ésotérisme en constitue le cadre indéformable, la trame sur laquelle elles sont construites. Celui qui a pénétré dans les parties souterraines de l’édifice s’aperçoit que c’est sur les mêmes fondations que s’élèvent les temples successifs où les hommes sont venus prier. (ex : Chartres -  Crypte – puits sacré druidique). En réalité, les fondations spirituelles de l’Église sont invisibles mais ce sont les mêmes qui servent depuis 6000 ans déjà.

Suivant l’astrologie, la masse populaire correspond à la lune, ce qui indique un caractère passif, incapable de spontanéité ou d’initiative. Le peuple profane conservant et transmettant à son insu des données initiatiques ressemble à l’apologue « l’âne portant des reliques » L’ésotérisme lui est représenté par le coq on le retrouve comme ornement au sommet des clochers des églises, il chante le « levé du jour »,  « l'apparition de la lumière ». L’exotérisme qu’il soit religieux ou autre ne va jamais au-delà des limites de la forme traditionnelle à laquelle il appartient.

Ce qui dépasse ces limites ne peut appartenir à une Église comme telle, mais celle-ci peut seulement en être le support extérieur. L’ésotérisme lui ne se superpose pas ni ne s’oppose à l’exotérisme, parce qu’il n’est pas sur le même plan, il donne aux mêmes vérités et par la transposition dans un autre ordre supérieur, un sens plus profond. De là vient l'expression populaire de " passer du coq à l'âne"

 

Introduction aux évangiles : Un sujet compliqué quand on connaît l’obscurité qui entoure les premiers temps du Christianisme et les diverses modifications qui ont été apportées à toutes les époques dans les Évangiles. Quel constat,  peut-on  faire ? Nous avons aujourd’hui une religion et une tradition exotérique, qu’en était-il, au commencement du Christianisme ? La tradition Islamique nous met sur la voie en désignant le Christianisme primitif  comme une « Tarîqat» c’est à dire une Voie Initiatique donc ésotérique et non une « Charia » ou loi religieuse exotérique s’adressant à tous, qui fait allusion au droit canonique lui-même adapter de l’ancien droit romain, donc un apport extérieur  qui constituera l’ossature du Christianisme d’aujourd’hui. Une modification fut opérée dans les premiers siècles, d’un message ésotérique, dispensé par le Christ, nous retrouvons un peu plus tard, un message dilué plus lissé pour permettre au plus grand nombre de s’identifier à cette nouvelle religion. Ce qui va permettre de supplanter bientôt l’ancienne religion gréco-romaine, qui n’était plus adaptée aux contingences de ce temps nouveau.

 

L’Église Chrétienne dans ces premiers temps devait être une organisation fermée est réservée aux personnes qualifiées pour recevoir « l’Initiation Christique » avec ces Rites et Sacrements Initiatiques. Mais par la suite, l’admission d’un grand nombre d’individus non qualifié pour participer aux rites et sacrements de cette nouvelle église, ne fut plus compris  dans son essence et par-là même plus aussi opératif, bien que la Magie quant à elle fut toujours présente et disponible à ceux qui en avaient les Clefs. Nous comprenons là, le caractère inéluctable et le passage nécessaire d’une Tradition ésotérique à une Tradition exotérique pour permettre à la religion Chrétienne originelle de s’implanter dans ce « Temps Nouveau » en accord avec les Lois Cycliques.

 

On peut supposer que le Christianisme tel qu’on le connaît aujourd’hui dans sa forme traditionnelle, garde toujours en son sein une initiation spécifiquement chrétienne réservée à une élite qui ne peut  s’en tenir aux limitations inhérentes à la vision exotérique de la Tradition. En réalité les enseignements du Christ dans les Évangiles ont été modifiés sur la forme mais pas sur le fonds.

 

Pourquoi les 4 Évangiles ? Du grec Evaggelion - bonnes  nouvelles - ils furent écrits au milieu du 1ersiècle pour ce qui concerne les Évangiles dits canoniques (du grec kanôn - règle, norme). Le Canon Juif, dit aussi Palestinien, date de la fin du 1ersiècle et ne comporte que des livres en hébreux (Ancien Testament). Le Canon Catholique et Orthodoxe y ajoute quelques livres en grec. Pour le Nouveau Testament, 27 livres seront sélectionnées progressivement, les premiers vers la fin du 2èmesiècle. C’est en l’an 367 par Athanase (patriarche d’Alexandrie) que sera fixée la liste définitive. (Ce n’est qu’au Concile de Trente – 1546/1546 – que l’Église catholique a clos les discussions sur la définition du NT). Ceux qui ne seront pas retenus seront appelés apocryphes, mot dérivant du latin Crypto (caché, tenus secrets). Parce que ne répondant pas au canon de l’Église,  ils sont un ensemble de textes très divers qui commentent la vie et l’enfance de Jésus, la naissance de Marie, la vie et le devenir des apôtres. Mais aussi un aspect secret, gnostique et ésotérique de la religion chrétienne. 

 

On distingue deux types d’écrits : les Évangiles de l’Enfance et les Évangiles de la Passion. Ces écrits visaient à satisfaire la curiosité populaire quant aux périodes de la vie du Christ dont le Nouveau Testament parle relativement peu, telles les années cachées entre sa naissance et le début de son ministère ou la période qui s’étend entre la Résurrection et l’Ascension. Ils méritent pour certains d’être lus au moins une fois, car ils apportent parfois un éclairage complémentaire. Il suffit de se rappeler que le texte de l’Apocalypse a failli ne pas être retenu…

 

Les Écritures nous disent que Jésus choisit des disciples et les charges de transmettre son enseignement. Ceux qui reçoivent la Bonne Nouvelle, se hâtent à leur tour de la proclamer. Ainsi se constituent des chaînes de transmission qui se diffuse très vite. Mais une pure tradition orale court le risque de s’effilocher, de s’altérer. C’est pourquoi très tôt on se met à écrire. Ainsi sont nés les Evangiles. Les Évangiles ne sont ni une biographie, ni un récit historique, ni un traité doctrinal ; ils ont été écrits nous dit Jean (20.31) : « Pour que vous croyez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez vie en son nom ».Les quatre Évangiles sont donc une annonce pour amener à croire. Ce ne sont pas des biographies du Christ, mais quatre témoignages sur sa personne, en qui les Évangélistes voient celui qui accomplit les Écritures. En effet, dans l’Ancien Testament, Isaïe reçoit la mission de « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Is 61.1), dans le Nouveau Testament, Jésus s’applique cette parole et se présente comme le messager de la Bonne Nouvelle.

 

On peut lire les Évangiles dans n’importe quel ordre. Soit en lecture suivie, soit par petites touches. Du plus simple, celui de Marc, à celui tout en beauté de Luc, en passant par celui de Matthieu édifiant un pont entre l’Ancien et le Nouveau Testament, au mystérieux message de Jean.

 

Le Tétramorphe : Le symbolisme est le langage de la Révélation, en ce sens que Dieu peut se communiquer aux hommes par l’intermédiaire de symboles cosmiques (universels ou scripturaires relatifs à l’Écriture Sainte et aussi de la Grâce et de l’inspiration Divine). C’est dans cette perspective que nous devons aborder le Tétramorphe car il s’agit d’un symbole révélé. Dans l’art chrétien, ces quatre Évangélistes sont représentés par le Tétramorphe (quatre formes) symbolisant leurs missions spirituelles. A chacun d’entre eux est associée une représentation symbolique qu’il convient d’aborder maintenant.

 

A Matthieu est associé le visage d’un Homme ou d’un Ange, car son Évangile commence par la généalogie de Jésus.

 

A Marc est associé le Lion, animal du désert, car il commence son Évangile par la prédication de Jean le Baptiste dans le désert.

 

A Luc est associé le Taureau, animal des sacrifices, car son Évangile débute avec la présentation de Jésus au Temple

 

A Jean est associé à l’Aigle, qui vole haut, car son Évangile commence par des considérations théologiques

 

Ces symboles se réfèrent à l’action quadruple de la Bonne Nouvelle : le Lion exprime la force d’action royale, la résurrection ; le Taureau, le sacrifice, la passion ; l’Homme l’incarnation, la naissance et l’Aigle le souffle divin, l’ascension. Les quatre Vivants symbolisent l’universalité de la présence divine, les quatre colonnes du trône de Dieu, le message du Christ, puis le ciel, le monde des élus, le lieu sacré, toute transcendance. Par ailleurs ces symboles proviendraient d’une vision qu’eut le prophète Ezéchiel près du fleuve Kebar, en Chaldée (aujourd’hui l’Irak) vers 592/593 avant notre ère : « Alors que je regardai, il vint du nord un vent d’orage, un gros nuage entouré de lumières éclatantes. Du feu sortait de lui en permanence et au milieu de ce feu miroitait du bronze. En son centre se devinaient la silhouette de quatre créatures vivantes. Elles avaient l’apparence suivante : de formes humaines, chacune avec quatre faces et quatre ailes. Leurs jambes étaient droites et la plante de leurs pieds ressemblait à un pied de veau. Sous leurs ailes, aux quatre côtés elles avaient des mains d’hommes…  chacune avait le visage d’un homme par devant… toute quatre une face de lion à droite, une face de bœuf à gauche… et la face d’un aigle derrière… .C’est ce prophète qui les nomma « Être Saints » et « Kerubim ».  Nota : La 1èrevision d’Ezechiel eut lieu pendant la cinquième année de la captivité du roi Jéhojakin à Babylone. Il se trouvait parmi les captifs près du fleuve Kébar en Chaldée, reliant Ur à Babylone. Les Chaldéens avaient détruit le Temple construit par Hiram, roi de Tyr et Salomon, roi d’Israël (Livre des Roi). La suite de la vision, Ezéchiel est invité à manger le Livre : « Fils de l’homme, nourris ton corps, rassasie-toi du livre que je te donne ».

 

De nombreux tétramorphe existent dans d’autres traditions, où ils semblent correspondre aux quatre points cardinaux et à l’ordonnance de l’Univers qui sont souvent divisés en quatre provinces, plus un centre. Ils expriment aussi parfois, les quatre éléments : la pensée hermétique assimile l’Aigle à l’Air et les activités intellectuelles ; au Lion, le Feu, la force, le mouvement ; au Taureau, la Terre, le travail, le sacrifice ; à l’Homme, l’Eau, l’intuition spirituelle. La sagesse antique avait tiré de l’énigme du Sphinx les quatre règles fondamentales de la condition humaine : le Savoir avec l’intelligence du cerveau de l‘Homme ; le Vouloir avec la vigueur du Lion ; Oser ou s’Élever avec la puissance audacieuse des ailes de l’Aigle ; se Taire avec la force massive et concentrée du Taureau.

 

D’une façon générale, le tétramorphe symbolise comme la croix un système de relations à partir d’un centre, entre divers éléments fondamentaux et primordiaux. Des quatre visages des Hayoth, les évangélistes tirèrent leurs symboles. On retrouve également cette représentation dans la lame XXI du tarot, arcane nommé le Monde. Dans l’Antiquité, chez les Babyloniens comme chez les Hébreux, on s’orientait face à l’Est (Dans la Bible, les Benjaminites -Benê-yamin -signifient les Fils du Sud). Donc leurs faces sont orientées : les quatre faces du Lion sont à droite, au midi, c’est-à-dire au Sud ; les faces de Taureau sont à gauche, au septentrion, au Nord ; les faces humaines sont tournées vers l’Ouest, et les faces d’Aigles, derrière, c’est-à-dire face à l’Est (Aigle pouvant supporter de regarder le soleil en face). Cette figure du Tétramorphe est sans aucun doute influencée par l’idée répandue dans l’ancien Orient des quatre gardiens du monde porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament. Cette image repose elle-même sur les symboles stellaires (étoiles) du zodiaque.

 

Dans l’Apocalypse, quatre Êtres Vivants entourent le trône de Dieu. Il s’agit apparemment de la représentation sous une forme imagée des quatre signes zodiacaux de la « croix fixe » qui sont aujourd’hui le Taureau, le Lion, le Scorpion (remplaçant l’Aigle) et le Verseau (remplaçant l’Homme). Les signes médians correspondant aux quatre saisons. Ces quatre signes zodiacaux sont des temps forts dans le course du soleil car ce sont des périodes culminantes d’un cycle qui s’intercalent entre les équinoxes (21 mars – 21 sept) et les solstices (21 juin – 21 déc.) ; elles préparent les quatre saisons.

 

La quaternité est l’élément dominant des visions. Elle est déterminée par rapport au centre où se trouve le trône - feu - lumière. La quaternité est vivante ; elle est la vie. La croix est symbole de ce quaternaire. En effet, la caractéristique de la croix c’est d’être une figurée centrée. Elle est l’intermédiaire entre le carré et le cercle (Voir la croix pattée des Templiers, ainsi que la croix zodiacale avec les points cardinaux, les solstices et les équinoxes).  Le tétramorphe est figuré sur les tympans romans en amande avec le Christ au centre. Cette figuration reçoit toute sa signification que par cette présence au centre. C’est en effet Lui qui les anime, depuis la vie animale jusqu’à la vie angélique. Manifestement cette représentation est véritablement un archétype (modèle primitif) qu’on retrouve dans l’art pariétal (paroi) du paléolithique (-3 millions d’années à -10 milles ans) (grottes en France, Espagne, Europe centrale, etc.).  Le tétramorphe jalonne notre histoire de Sumer au 21èmesiècle et du Pérou à l’Europe.

 

Enseignement de Jean : Jésus ne dispensait pas un enseignement uniforme. Aux foules, il annonçait la venue du Royaume et prêchait la conversion, alors qu’il avait un enseignement réservé à ces disciples, à ceux qui avaient choisi de s’engager et de le suivre, aux 12 qui seraient ensuite chargés de proclamer partout le kérygme. Marc (4.34) nous dit : « Il leur parlait en paraboles. Mais à ses disciples, à part, il expliquait tout ».Avec certains d’entre eux, Jésus va plus loin ; il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, les appelés de la première heure, chez Jaïre, au moment des grandes manifestations (transfiguration, agonie) ou pour des révélations eschatologiques .Toute la méditation de Jean - le disciple bien-aimé - tourne autour de quelques mots chargés de sens qui reviennent souvent : le Berger, la Parole, la Vigne, la Manne, l’Eau Vive, le Consolateur, le Souffle, la Sagesse. Il redit sans se lasser des mots essentiels comme Vie, Amour, Lumière, Vérité, Gloire, Demeurer.  Le mot Amour notamment revient sans cesse, alors que, et c’est à souligner, il n’apparaît que deux fois dans tous les synoptiques, et encore dans un contexte négatif . Pour pénétrer cet enseignement dans sa partie ésotérique, il vous appartient désormais d’étudier attentivement les textes majeurs associés à Jean : l’Évangile et l’Apocalypse

 

dieu le fils, histoire d’une mÉtamorphose

Jack miles

Edition robert laffont

 2001

Pourquoi le Dieu vengeur s’est-il transformé en Dieu d’amour ? Pourquoi a-t-il choisi de naître et de mourir sous les traits de Jésus de Nazareth ? Quel terrible message vaut-il apporter à son peuple ? Et par quelles promesses grisantes cherche-t-il à préserver leur alliance ?

 

Voilà quelques questions que l’auteur va tenter d’élucider

 

Le Dieu de l’Ancien Testament est-il le même que celui du Nouveau Testament ? Si oui alors il a changé et d’un Dieu guerrier et annonciateur de malheurs, il est devenu le Dieu d’Amour et de promesses.

 

A travers Jésus c’est une nouvelle histoire qu’explique l’auteur à travers une redécouverte des textes anciens et le revirement de Dieu.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le Messie : L’évangile de Jean, biographie de Dieu, le fils  -  sa vie prénatale   -  Jean appelle Jésus « l’agneau de Dieu »   -   le diable cherche à prendre sa mesure   -  des disciples se joignent à lui sans qu’il les ait recherchés   -   son premier miracle   -  attaque contre le Temple   -   le fardeau de son omniscience    -l’asexualité du Père et la sexualité du Fils   -  Jésus reconnait qu’il est le Messie, mais devant une apostate   -   une guérison malencontreuse   -  les hommes de Nazareth, insultés, cherchent à le tuer  -   le récit de sa naissance  -   il renie son passé guerrier   -  la shoah romaine et le désarmement de Dieu   -   le prix de son pacifisme : Jean le baptiste est assassiné   - une prostituée révèle sa stratégie d’humiliation   -    il nourrit une foule  -  il apaise une tempête   -  il parle de boire du sang et beaucoup le quittent    -    il apparait en gloire au sommet d’une montagne   -  

La crise du Seigneur Dieu  -   il enfreint la loi du repos sabbatique   -   il refuse de condamner une femme adultère    -  le suicide de Dieu, incarné dans la théologie chrétienne   -   sa bonté envers les étrangers    -   il promet la victoire sur la mort   -    il ressuscite un ami mort  - 

L’agneau de Dieu   -   une seconde Pâque   -    le dernier testament du Seigneur   -    il devient serveur et laveur de pieds   - il prévoit la trahison et l’abandon, mais il prêche l’amour   -   le diner de l’agneau de Dieu   -    Prenez courage, j’ai vaincu le monde   -    il est arrêté, jugé, flagellé et condamné   -    il est crucifié comme roi des juifs    -    sa résurrection, son incorporation, son ascension et son mariage      - 

La crucifixion et la conscience de l’Occident

 

DU LOGOS ET DU PÈRE - Interrogations sur le chapitre XVII de l’évangile selon Jean

Jean Pataut 

Edition Archè Milano 

 2014

Cet essai ésotérique est un commentaire inhabituel sur le chapitre XVII de l’évangile selon saint Jean ; chapitre où le logos incarné, le Fils ; à quelques instants de son arrestation, s’adresse longuement au Père des Cieux.

Prenant comme principale grille de lecture le schéma central de la kabbale (l’arbre séphirotique avec ses divers degrés d’ipséités) l’auteur s’efforce d’approcher certaines spécificités ontologiques et hénologiques du locuteur, Jésus-Logos ; et du destinataire, le Père, Dieu unique et pourtant trinitaire. Pour cela, il se réfère aussi au gnosticisme et au néoplatonisme, courants essentiels de la pensée hellénistique aux temps du christianisme émergent.

Les mots clefs de ce discours d’un Dieu à Dieu, suscitent de nombreuses observations métaphysiques, souvent inattendues ; et, par là, une lecture très interrogative de ce chapitre fameux mais peu connu, pendant du prologue johannique.

Cette lecture attentive d’un chapitre-clé de l’évangile de Jean, cherche à faire ressortir les structures profondes de la relation entre Dieu-le-Père et Jésus-Logos. Confronté aux paradoxes d’un discours rédigé au cours du premier siècle de notre ère, Jean Pataut tente d’éclairer avec finesse certaines dimensions ésotériques du propos johannique.

Ce beau et excellent livre consacré à Jean XVII est l’actuel aboutissement d’une longue quête spirituelle à caractère herméneutique, il est entièrement parcouru de stimulantes réflexions tant constructives que critiques, inspirées par de profondes connaissances bibliques et théologiques, mais qui relèvent aussi du gnosticisme, de la kabbale, de l’herméneutique, de l’ésotérisme et du néo-platonisme. Il ne s’en signale pas moins par un style clair, limpide et élégant, qualités assez rare en un tel domaine et qui devrait favoriser la bonne réception et la bonne lecture que, par son contenu, il mérite pleinement. Le livre est imagé par les dessins de Durer -

Au sommaire de cet ouvrage :

Le locuteur de Jésus-Logos : Remarque liminaire sur le texte grecdu véritable texte original - le texte grec intégral et sa traduction - Avant la fondation du monde - De la préexistence du Logos et de son êtreté - L’ADN du Père : Je suis sorti de Toi - Du Fils de l’homme dans l’évangile de Philippe - semence, engendrement et création - De la descente du Logos au baptême par Jean, références er argumentations - Pour une spécification des termes : Jésus, Jésus-Christ, Fils, Logos - Du fils de Marie - Du fils de la Résurrection et de son immortalité - une ennéade de Sephiroth, échelle des ipséités - De Jésus-Logos - Après le baptême et la théurgie de Jean : Jésus-Logos en une seule chair - l’obéissance du fils et la volonté du Père - Après la Résurrection : le véhicule divin de la seconde incarnation, dans une vraie chair qui n’a pas seulement l’apparence de la matière -

Du discours, de quelques mots clefs : Atemporalité et acausalité - le texte étant au présent, le Temps et le devenir sont comme abolis - Le Messianisme oublié - Fondamentales analogies avec les sociétés primitives et traditionnelles, loin de la modernité - De l’unité du Père et du Logos - les affirmations d’amour et d’unité dans la hiérarchie - Leur unité parfaite, n’implique t-elle pas l’êtreté maximale de chacun d’eux ? - tout est fait de l’amour intégrateur du Père, essence et substance unique des Mondes - Approximations et insuffisances de la traduction de l’hébreu en grec (puis en français) du terme Gloire - Les huit colorations différentes de la Gloire (Jean XVII) -

Du libre arbitre : Je veux - Le paradoxe du vouloir et de la liberté dans l’obéissance du divin Logos - son double vécu, ici-bas et dans les cieux - Notre prétendu libre arbitre, étranger au Logos et fruit délétère des Ténèbres extérieures - au sujet du libre arbitre, réponses du Traité Tripartite de l’évangile de Thomas et de la kabbale - Le fils de perdition - la perdition programmée de Judas - la préscience et l’obéissance du Logos - la triade Logos-Satan-Judas - D’Origène à René Guénon - L’abnégation - la capacité cognitive d’Adam, le « nommeur » - l’usage et la signification ontologique du « Nom » dans le canon chrétien et dans les apocryphes - Le nom du Père et du Fils - la gnose du nom - les trois acceptations des 18 occurrences du monde de l’émanation - le monde ténébreux comme dans la dichotomie essénienne - Aux hommes que tu as tiré du monde. Ce choix du Père suscite de multiples et fondamentales interrogations reliées à la nature du mal - de la prédestination -

Du Dieu trinitaire aux deux premiers siècles : Absence du terme « trinité » dans toute la Bible - Lecture judaïque - Emergence de la doctrine trinitaire au 3e et 4e siècle - De la séparation entre le christianisme et le judaïsme - La réception tardive du 4e évangile dans le canon des Ecritures - Hypostase chez les néoplatoniciens et chez les Pères - Prosopon, Persona, Personne - la tradition patriarcale de l’engendrement - les concepts d’émanation et de procession dans le gnosticisme et le néoplatonisme - le dogme trinitaire - Israël - La doctrine trinitaire - La monade primordiale est la Trinité elle-même - Le Père est l’égal des autres hypostases - citations de Grégoire de Nazianze - le mythe Osirien - la Monade peut-elle être triadique ? - lecture hénologique et ontologique de la doctrine trinitaire -

La greffe de l’hellénisme - les grands Maîtres du néoplatonisme, ascètes, théurges, mystiques, visionnaires et théologiens - L’innascibilité du Père - De la descente des hypostases dans l’arbre séphirotique - les racines de la kabbale - divers états hypostatiques - la descente des émanations - La descente progressive du Monde divin dans les 6 états de l’arbre séphirotique - Keter et Binah - L’éternelle descente des hypostases selon l’arbre séphirotique, multiplicité de leurs relations et les diverses apories du dogme -

8 E

Écrits apocryphes chrÉtiens

 

BIBLIOTHEQUE DE LA PLEIADE

 1997

A proprement parler,  il n’y a pas de mystère, même si l’étymologie de « apocryphe » (« apokryphos ») qui signifie « caché » pourrait le laisser entendre. Cet ouvrage est fait  pour mettre en lumière des écrits mal connus et non pour les envelopper dans la pénombre de l’ésotérisme. Il n’est certes pas faux de dire qu’il y a du mystère dans nombre de textes apocryphes. D’abord parce qu’ils posent des problèmes qui restent sans réponse – le plus souvent nous ne savons rien de leurs auteurs, de leur date ou de leur lieu d’origine.

Ensuite parce que certains d’entre eux se présentent eux-mêmes comme des « mystères, » comme des « révélations » faites à un apôtre privilégié et confiées à un groupe choisi de destinataires. Par exemple, plusieurs des écrits découverts à Nag Hammadi ont un titre qui affirme clairement leur caractère secret : l’Épître apocryphe de Jacques, les Paroles secrètes (apokruphoi) que Jésus le Vivant a dites et qu’a écrites Didyme Jude Thomas (titre primitif de l’Évangile de Thomas). Dans ce dernier cas, le mot « apocryphe » revêt un sens positif. Il souligne la dimension mystérieuse de la révélation divine : les paroles de Jésus ont un sens qui n’est pas évident, mais caché, et qu’il faut rechercher au-delà de la lettre.

Je dirais qu’il y a autant de messages différents que d’écrits apocryphes. Les livres d’Hénoch, par exemple, véhiculent un savoir qui n’est pas seulement religieux, mais « encyclopédique » ; les mystères révélés à Hénoch concernent aussi le cours des astres, les réservoirs des vents, de la neige et de la grêle, les régions situées aux extrémités du monde connu.

De très nombreux apocryphes s’inscrivent sans problème dans l’enseignement traditionnel de l’Église. Quelques-uns s’en écartent très nettement, par leur perspective gnostique, comme certains des textes trouvés à Nag Hammadi, ou comme l’Évangile de Judas, récemment découvert. D’autres sont difficiles à situer, telle cette Révélation des mages, conservée dans un unique manuscrit  syriaque, à l’intérieur d’une Chronique de l’histoire universelle rédigée au VIIIe siècle.

Les mages appartiennent à un peuple de sages vivant à l’extrémité du monde et ils attendent l’apparition de l’étoile divine, du Christ lumière du monde, qui a été annoncée dès les origines par Adam à son fils Seth. Le texte se distingue ainsi par une conception universaliste de la révélation du Christ, indépendante des prophéties de l’Ancien Testament.

Du point de vue de l’histoire littéraire, il n’existe pas de différence de nature entre les textes du Nouveau Testament et les apocryphes. Les deux sortes d’écrits renvoient pareillement à des croyances plutôt qu’à des faits historiques appréhendés de façon objective. Les uns comme les autres comprennent des développements légendaires, et l’identité de leurs auteurs est aussi insaisissable pour certains écrits canoniques que pour les apocryphes.
Ce qui différencie fondamentalement ces deux groupes d’écrits, c’est que les uns sont « devenus canoniques » et que les autres sont « devenus apocryphes ». Autrement dit, la différence tient à la façon dont ils ont été reçus au sein de l’Église à partir du IIe siècle et dont ils ont été utilisés par la suite. Tandis que les premiers ont été retenus pour constituer le recueil normatif de l’enseignement et de la pratique chrétienne, les seconds sont restés à l’extérieur du recueil – ou bien ont été composés après la clôture de ce dernier. Il en découle une autre différence, qui touche à la transmission des textes : alors que les écrits canoniques ont été copiés avec soin et sont restés stables, les apocryphes ont été constamment réécrits, abrégés ou amplifiés, pour être mis au goût du jour.

L’étude des apocryphes et de leur réception dans l’Église des premiers siècles est incontournable pour comprendre le processus historique de délimitation du « canon » de 27 livres. Elle peut aussi aider à la compréhension du Nouveau Testament, dans la mesure où les apocryphes font souvent appel aux mêmes méthodes d’interprétation que les auteurs bibliques et où ils cherchent à éclairer des passages obscurs des récits canoniques. C’est le cas du récit de la passion de l’Évangile de Pierre, qui, tout comme celui des Évangiles canoniques, s’appuie sur certains textes de l’Ancien Testament, dont on découvre l’accomplissement dans la destinée de Jésus. Il en va de même pour les Questions de Barthélemy. Alors que le Nouveau Testament ne fait que mentionner le nom de cet apôtre, une tradition ancienne a vu en lui le dépositaire de certains mystères, relatifs à la descente aux enfers et à la résurrection de Jésus. Dans ce texte apocryphe, on a cherché à comprendre la parole énigmatique de Jésus adressée à Nathanaël (alias Barthélemy): « Parce que je t’ai dit : je t’ai vu sous le figuier, tu crois ! Tu verras des choses bien plus grandes. Et il lui dit : En vérité, en vérité je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme » (Jean 1, 50-51). Au moment de la crucifixion et de l’arrivée des ténèbres, Barthélemy a été le témoin de la réalisation de cette promesse : les anges sont descendus vers Jésus pour l’accompagner aux enfers, où il a délivré les patriarches et vaincu Satan puis ils sont montés au ciel avec Adam. Dans ce récit apocryphe du IIe siècle, le passage de l’Évangile de Jean trouve son interprétation la plus ancienne.

Mesurer leur influence sur les dogmes est difficile. Ce qu’on peut dire, c’est que les apocryphes ont véhiculé certaines croyances bien avant qu’elles ne soient formulées dogmatiquement. Ainsi la dormition et l’assomption de la Vierge ont fait l’objet de nombreux récits, à partir du Ve siècle, alors que la promulgation du dogme catholique de l’assomption date de 1950. Aujourd’hui, on se méfie des églises instituées ; on cherche des réponses dans des récits mal connus ou marginaux. Cela explique le succès de l’Évangile de Thomas par exemple : ce recueil de paroles du Christ est parfois érigé au rang de cinquième évangile, ou même d’unique source authentique de l’enseignement de Jésus dont on fait alors un « maître de sagesse ». Cette recherche d’une sagesse nouvelle, cet attrait pour l’ésotérisme et pour la pensée gnostique doivent être analysée en profondeur par les Églises traditionnelles.

Ces écrits sont composés de :

 

l’Évangile selon Thomas. L’Évangile secret de Mars, l’enfance de St Matthieu le livre de la nativité de Marie, l’enfance de Jésus, la vie de Jésus en arabe, l’Évangile de Pierre, les fragments évangéliques, l’ascension d’Isaïe, l’apocalypse et la vision d’Esdras, les apocalypses de Pierre et de Paul, l’éloge de Jean Baptiste, la correspondance de Paul et de Sénèque, et divers actes des apôtres etc…

 

ECKARTSHAUSEN ET LA THḖOSOPHIE CHRḖTIENNE

Antoine  Faivre

Edition La Pierre Philosophale

2016

Eckartshausen est contemporain du Siècle des lumières et représentant de l’Illuminisme chrétien. L’historien rencontre souvent ce théosophe, alchimiste, arithmosophe, dont la personnalité était demeurée dans l’ombre et dont l’œuvre (plus de cent titres) se situe aux sources mêmes de la philosophie romantique.

L’ouvrage repose non seulement sur l’étude de textes imprimés, mais aussi sur celle de nombreux documents (correspondances, notamment) jusqu’alors inédits.
 
La première partie présente l’homme dans son époque et son milieu. Il y est question, d’une part, de ses activités au sein de l’Académie de Bavière et dans le contexte religieux, philosophique et littéraire du XVIIIe siècle finissant ; d’autre part, de ses rapports avec diverses sociétés initiatiques (à caractère ésotérique, mais aussi politique comme celle des Illuminés de Bavière) ainsi qu’avec des personnages tels que Conrad Schmid, Josef von Thun, Johann Heinrich Jung-Stilling, Niklaus Anton Kirchberger, Louis de Divonne, Louis-Claude de Saint-Martin, Ivan Lopouchine, Sergueï Ivanovitch Plechtcheev, etc.
 
La seconde partie est consacrée à la pensée proprement dite d’Eckartshausen, étudiée tant à travers ses écrits que dans le contexte de courants ésotériques dont il se réclame (Kabbale chrétienne, théosophie dans la mouvance de Jacob Böhme, ‘science’ des nombres…). Dans cette perspective sont présentés des chapitres tels que : L’analogie ; Les Esprits ; L’Adam primordial et sa chute ; La Régénération de l’Homme et de la Nature ; Ésotérisme et Église Intérieure ; Kantisme et théorie de la médiation ; Arithmosophie ; Pneumatologie ; La notion de ‘Magique’; Palingénésie ; Alchimie ; Magnétisme animal…

La dernière partie, intitulée Le Rayonnement de l’œuvre, est consacrée à la réception d’Eckartshausen. En Allemagne, d’abord : témoignages de Johann Gottfried Herder, Johann Caspar Lavater, Johann Wolfgang Goethe, Johann Friedrich Schiller, Karl Heinrich Jung-Stilling, Justinus Kerner, Novalis, etc.

 

En France, il est présent chez Senancour, Éliphas Lévi, Édouard Schuré, René Guénon, etc. Il a exercé un certain rayonnement en Angleterre aussi (où Aleister Crowley l’appelait « the divine philosopher »), mais surtout en Russie, sous Alexandre 1er (le tsar lisait ses œuvres, que Mme de Krüdener commentait pour lui). Antoine Faivre décrit le contexte ‘mystique ’et maçonnique dans lequel s’exerça son influence en ce pays, et relève maintes traces qu’il a laissées dans les œuvres d’Alexandre Herzen, Nicolas Gogol, Ivan Gontcharov, Léon Tolstoï, Nikolaï Lesskov.

 

ECKARTSHAUSEN  - quelques paroles du plus profond de l’Être

Von eckartshausen

Edition  Rozekruis  Pers

 1998

Dans cet ouvrage Von Eckartshausen décrit les trois étapes qui mènent le chercheur spirituel de l’extérieur de lui-même au plus intime de son être, là où il doit finir par découvrir le sanctuaire secret de sa rencontre avec l’esprit.

À nous à en rechercher la clef.

 

Sépare-toi de tout ce qui est multiple et recherche partout l'unité dans la nature.


Mais avant tout cherche l'Un en toi, puis l'Un extérieur à toi dans la nature ; enfin, cherche à devenir un avec les hommes et les créatures qui t'environnent, afin que tu deviennes un avec Celui qui est la source de toutes choses.
Dieu est l'Etre le plus simple et seul le simple peut s'unir à lui. Ne recherche pas Dieu en dehors de toi mais en toi, au plus profond de toi, car là se trouve son sanctuaire."

Extrait de " Quelques paroles du plus profond de l'Etre" Karl von Eckartshausen

 

EckartShausen -      la nuÉe sur le sanctuaire

Von eckartshausen

Edition Diffusion Rosicrucienne

 2001

Livre central de ce philosophe qui vient de l’Illuminisme comme Louis-Claude de St Martin dont il est contemporain. Se disant appartenir à une Communauté de la Lumière d’une Église invisible qui existe par-delà le temps et l’espace, ce penseur montre dans cet ouvrage comment l’homme peut pénétrer dans ce temple mystérieux en utilisant son intériorité et se tournant vers ce soleil invisible qui illumine le cœur pour y chercher Jésus-Christ.

 

« La Nuée sur le Sanctuaire » porte, plus que toute autre œuvre de d'Eckhartshausen, l'empreinte de l'esprit dans ce qu'il a de plus clair, de plus pur, de plus lumineux », notait le Dr Marc Haven dans sa Préface à l'Edition de 1914. Le présent texte n'en est pas une réédition pure et simple. On a cherché à le débarrasser de nombre de germanismes criants et de quelques contre-sens, afin d'en rendre le contenu plus accessible à des cerveaux français sans jamais en trahir la pensée - on l'espère du moins. 

 

  En dehors des Évangiles, il est peu d'œuvres aussi qualifiées pour répondre aux aspirations des âmes assoiffées de Vérité, et des intelligences que ne satisfont pleinement ni le formalisme rigide des Cultes, ni les solutions ingénieuses et multiples - hélas, multiples ! - de la plupart des systèmes à prétentions ésotériques. 

 

  Face aux faux adeptes avides de titres ronflants et experts en définitions sonores, aux Églises routinières, aux Maçons entichés de « régularité » ou pressés de réformer le monde par l'extérieur; indifférent aux charlatans de l'Occulte, étranger aux sectes pseudo-initiatiques qui pullulaient alors comme toujours, d'Eckhartshausen rappelle que l'Esprit souffle où il veut, que le Verbe illumine directement qui bon lui semble, sous la condition de mise en pratique de la formule-clé : « Aimer Dieu par-dessus tout, et le prochain comme soi-même ».  

 

  « Tout ce que je dis ici, affirme l'auteur, n'est pas extravagance hyperphysique, mais vérité absolue, que chacun peut expérimenter ». Et c'est parce qu'il en a fait lui-même l'expérience, laquelle l'a rendu membre de la « Communauté lumineuse de Dieu  », de l'Église intérieure du Christ, qu'il peut avec autorité nous retracer le chemin étroit et direct qui mène au suprême Sanctuaire, encore masqué à nos yeux par la « nuée » des opinions, des préjugés et des passions.   Le siècle qui s'ouvrait alors que d'Eckhartshausen rédigeait son livre se prit orgueilleusement pour « le siècle des lumières ». Ni plus ni moins que le nôtre, et avec autant de déraison... Tout siècle neuf se persuade aisément que la Sagesse est née avec lui ! 

 

Mais les vérités consignées dans la Nuée ne sont ni d'un siècle, ni d'un autre: elles sont de toujours. Et c'est pourquoi il se trouvera toujours des âmes pour les recevoir, des cœurs pour les abriter.
Depuis l'époque où parut ce livre, il semble bien que la nuée se soit encore épaissie autour du Sanctuaire. 

 

N'est-elle pas d'un des pontifes de la science du jour, cette phrase qui en résume à merveille l'esprit : « L'Homme n’est rien moins que l’oeuvre d’une volonté lucide… Impossible pour lui, de se leurrer de l’espoir qu'’il participe à quoi que ce soit qui le dépasse ». 

 

ECKARTSHAUSEN   -   dieu est l’amour le plus pur

Von eckartshausen

Diffusion Rosicrucienne

 2001

Ce dernier livre de Von Eckartshausen est une méditation sur lui-même, sur ses relations avec Dieu et son prochain, son questionnement et ses interrogations.

« L’Union à Dieu, telle doit être l’idée fondamentale de toute recherche et de toutes sciences et connaissances ». Un livre de prières et de grâces à Dieu.

Eckartshausen, qui avant de mourir connaîtra Baader, Jung-Stilling, Kirchberger, correspond également avec Herder, Nicolaï, et les Russes Lopouchine et Plechtchéieff qui répandent ses ouvrages en Russie. Alexandre Ier les lit, et considère qu'ils font partie des livres les plus importants, au même titre que ceux de Fénelon, Mme Guyon, Jung-Stilling et Saint-Martin. On retrouve l'influence d'Eckartshausen sur Novalis, Eliphas Levi, Papus et bien d'autres auteurs « traditionnels».

Joseph de Maistre a étudié d’une façon approfondie les deux œuvres principales de D’Eckartshausen « Dieu est amour le plus pur » et « la Nuée sur le sanctuaire » .Il en copie de longs passages en allemand, notamment celui sur la magie. Il lui reproche de mêler confusément Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin, Socrate, Platon, Bacon et Gellert, sans rien apporter de bien nouveau en théologie, et surtout d’abuser du « grand cheval de bataille de la corruption du christianisme pur ». Il se vante de l'avoir lu quelque cinq fois, et " le considère comme un vrai sage, comme un agent de la Cause active et intelligente.

 
Eckartshausen s'autorise des précurseurs. On le voit louer Swedenborg, « dont plusieurs rient, comme d'un enthousiaste, mais qu'il faut regarder sous un tout autre jour ». Il admire également Kant. Kant lui-même, dont les théosophes abhorrent la critique dissolvante, donne prise à des interprétations mystiques. « Nous lui sommes redevables, écrit Eckartshausen, d'avoir prouvé... que, sans révélation, aucune connaissance de Dieu ni aucune doctrine sur l'âme n'étaient possibles ", « il a incontestablement prouvé que la raison dans son état naturel , ne sait rien du surnaturel, du spirituel et du transcendantal, et qu’elle ne peut rien connaître , ni analytiquement , ni synthétiquement, et qu’ainsi elle ne peut rien prouver , ni la possibilité , ni la réalité des esprits, des âmes et de Dieu. (1ere lettre de « La Nuée sur le Sanctuaire »).

Kant lui-même s’est penché sur l’œuvre d’Emmanuel Swedenborg, et a écrit « Les songes d’un visionnaire expliqués par les songes de la Métaphysique. Cette œuvre de Kant prolonge la vision de Swedenborg en avouant l’impuissance du rationalisme quant aux vérités métaphysiques et à son impossibilité d’entrer en relation avec le monde des Esprits ». Le rationalisme est donc visionnaire ou critique. Là encore, où Eckartshausen est en accord avec Kant, c’est sur l’Essai qui suit la Critique de la raison pure, Critique de la raison pratique ou Kant s’indigne d’une vie vertueuse ayant pour seul but l’espérance d’une vie glorieuse dans l’au-delà.

 

ÉsotÉrisme & christianisme

Jérôme rousse – lacordaire

Edition DU CERF

 2007

L’ésotérisme a mauvaise presse dans le monde catholique. Pourtant cette forme de pensée a connu une grande faveur dans certains milieux catholiques, pas toujours marginaux, depuis la Renaissance, et encore aujourd’hui, elle attire nombre de chrétiens. En outre, la pensée ésotérique a parfois profondément influencé, directement ou indirectement, des intellectuels et savants de diverses disciplines, particulièrement dans le domaine de l’histoire des religions.

Toutefois, le discrédit souvent porté par la recherche universitaire sur ces courants, ainsi que le fort soupçon d’hétérodoxie à leur encontre, ont conduit la plupart des théologiens à s’en désintéresser ou à se contenter de jugements aussi approximatifs qu’a priori hostiles (à l’exception notable d’Henri de Lubac, Jean Daniélou ou Hans Urs Von Balthasar).

Ésotérisme et christianisme entend donc réexaminer à nouveaux frais la question par trop négligée des rapports entre ésotérisme et christianisme, d’abord en étudiant les grandes étapes de la formation, d’une part, de la forme de pensée ésotérique dans le monde occidental depuis la Renaissance et, d’autre part, de la perception de cette pensée par les autorités catholiques ; ensuite en proposant, sur cette base, des critères d’évaluation théologique des ésotérismes qui se réclament du christianisme. Sont ainsi examinés : les « traditions secrètes des apôtres », la philosophia perennis renaissante et ses avatars, la magie, la kabbale chrétienne, la franc-maçonnerie, le spiritisme, l’occultisme, le théosophisme et l’école traditionnelle de l’ésotérisme.

D’un point de vue proprement théologique, l’analyse porte essentiellement sur la nature et les modalités de l’expérience ésotérique et sur sa place dans la pluralité des religions, sans oublier les implications pastorales d’une telle démarche.
On y trouve : Leibniz, Huxley, le spiritisme, le théosophisme, le secret maçonnique, la kabbale, la magie, Ficin, Pic de la Mirandole, John Dee.

 

ḖTUDE DE SYMBOLIQUE CHRḖTIENNE

Charbonneau Lassay

Ed  Gutenberg Reprints

2005

La première partie de ce volume est constituée des articles publiés dans la revue Le Rayonnement intellectuel. Ce recueil contient entre autres textes, l'intégralité de l'importante étude sur le Signaculum Domini, une autre sur le Graal, ainsi que les premiers articles qui constitueront l'ébauche du Floraire du Christ dont le manuscrit disparut à sa mort. Signalons aussi le chapitre sur les débuts de l'iconographie du Christ.

 

La deuxième partie est constituée de la suite des articles publiés dans la revue Regnabit, de 1922 à 1926. Nous les avons restitués dans leur intégralité, en écartant toutefois les textes qui devaient constituer la matière du Bestiaire du Christ. Cependant, il nous a semblé utile de joindre à la présente suite sur la symbolique et l'iconographie du Sacré-Cœur de Jésus, quelques articles particuliers comme celui sur le tétramorphe, bien plus développé ici que dans la version donnée par l'auteur dans le Bestiaire. Nous avons voulu, avec ce recueil, offrir un document, un instrument pratique d'étude et de méditation, indispensable à ceux qui ont été fascinés par l'extraordinaire richesse du Bestiaire du Christ

 

Le symbolisme chrétien a connu son âge d’or au temps des cathédrales, c’est-à-dire au Moyen Age, il a évolué mais est  resté vivant à la Renaissance et il a connu un certain déclin à partir des Temps Modernes.

 

Aujourd’hui, il est plutôt l’affaire de spécialistes et si les générations d’avant la seconde guerre mondiale ont encore eu des notions de symbolisme, ces notions s’effacent comme dessins sur le sable au niveau des nouvelles générations. Comment en est-on arrivé là ? La déchristianisation progressive de notre société y est pour beaucoup, certes, mais le fait que  les fidèles n’ont plus trouvé au sein du clergé les guides qui pouvaient leur donner les clefs du symbolisme chrétien n’y est certainement pas non plus étranger.

Au cours des dernières décennies, l’Eglise s’est de plus en plus contentée de répondre aux questions des fidèles par des dogmes et des encycliques, c'est-à-dire de simples affirmations, sur base du principe qu’il est plus important de croire que de comprendre. C’est sans doute satisfaisant pour le gros des fidèles, mais de tous temps il a existé des croyants qui souhaitaient croire et comprendre, l’un n’excluant pas l’autre.

 

Alors, pourquoi donc faut-il un guide qui donne des clefs ?  Un dictionnaire des symboles ne suffit-il pas ? En fait, pour être décrypté, un symbole doit rester, ou être replacé, dans le contexte qui peut l’éclairer. Sorti de son contexte, le symbole ne parle plus à l’âme de celui qui essaie de le comprendre. Et tout le problème est là, car le symbole chrétien parle à l’âme et non à la raison ou à l’intellect. Un adage hermétique dit : « Tout est symbole ». C’est sans doute vrai, encore faut-il interpréter le symbole dans son domaine d’action. Le Lion héraldique (puissance et protection) ne doit pas être confondu avec le Lion du Zodiaque (élément feu, création, orgueil, autorité) qui doit lui-même être distingué du Lion de Juda (le Christ).

 

Les symboles chrétiens dont parle cet ouvrage sont assimilable à un des  archétypes. Ils se définissent par le lien intime et indissoluble qui lie l’objet matériel, ou le geste représenté, à sa signification spirituelle. Ils sont caractérisés par cette union analogue à celle de l’âme et du corps, du ciel et de la terre, de la réalité visible et de l’invisible. Pourquoi ? Mais tout simplement parce qu’ils ne font qu’expliciter une réalité spirituelle existant déjà implicitement dans l’objet. Exemple. Un symbole évident pour tout être humain, et donc universel, est celui du soleil en tant que représentation symbolique de la divinité, et ce quelle que soit la croyance de référence, car nous sommes ici au niveau de l’archétype.

Pourquoi donc l’homme moderne a-t-il en grande partie perdu le sens des symboles et doit-il réapprendre à les interpréter ? La raison principale est sans doute que, dans le système mental de la plupart de nos contemporains, il manque toute une série de représentations cosmologiques, c’est-à-dire d’images de l’univers qui permettent d’en saisir les arcanes. Chez l’homme d’aujourd’hui, le monde est le plus souvent perçu comme un agglomérat de phénomènes, alors que pour l’homme traditionnel (nous parlons de l’homme qui n’a pas perdu le fil d’Ariane de la Tradition), le monde est un organisme harmonieux et hiérarchisé. On en retrouve de nombreuses formulations chez les théosophes du XVIIIe siècle. La conception moderne est purement quantitative et la science moderne multiplie les découvertes, spectaculaires sans doute,  mais qui n’ont pas contribué à l’évolution spirituelle de l’homme, que du contraire, serait-on tenté de dire.

A l’opposé, dans la conception traditionnelle et qualitative, on considère moins les phénomènes et les forces matérielles que la structure interne du monde et son architecture spirituelle. La formulation chrétienne de cette métaphysique se retrouvait déjà chez Denys l’Aréopagite, évêque d’Athènes au 1er siècle, continuateur en cela de la pensée de Platon. Platon qui disait que la Vérité, objet de la science, n’est pas dans les phénomènes particuliers et passagers, mais dans les Idées. Un certain nombre de Pères de l’Eglise reprendront, en l’adaptant, cette pensée platonicienne qui perdurera jusqu’au XIIe siècle.

Au XIIe siècle, un nouveau thème apparait avec Saint Thomas d’Aquin : celui de l’harmonie entre la Foi et la raison. C’est le point de départ du thomisme, mais aussi de la scolastique, cette méthode d’enseignement des écoles du Moyen Age, fondée sur la tradition et sur l’emploi du syllogisme. La pensée chrétienne prend alors une orientation aristotélicienne, montrant toute la nature comme un immense effort de la matière pour s’élever jusqu’à la pensée et à l’intelligence. C’est la philosophie de Descartes qui va rompre avec la tradition scolastique considérée comme dogmatique et sclérosée. Mais rien n’étant idéal, au fur et à mesure que la logique cartésienne triomphe, l’authenticité des origines s’estompe et la raison raisonnante enfle.

Nous en arrivons ainsi à l’homme moderne, immergé dans le monde sensible, qui ne peut rejoindre le divin qu’au prix d’un patient travail de retour aux sources. Pour l’homme traditionnel, au contraire, grâce à son contact permanent avec la nature, le sens du symbole cosmologique est présent et évident. C’est ce qui fera dire à Louis-Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe Inconnu, que seule l’intelligence du cœur peut nous aider à comprendre le sens de l’existence alors que l’esprit cartésien (la raison raisonnante) nous en éloigne. A l’origine, le christianisme ne possédait pas de symbolisme cosmologique, du moins pas directement. Mais dès le début il évolua au milieu de traditions religieuses qui utilisaient ce langage symbolique. Les religions anciennes du Bassin Méditerranéen et du Proche-Orient étaient des religions dites « cosmiques », en grande partie solaires, forme habituelle des grandes religions dites « naturelles ». Les grandes religions ont toujours affirmé l’existence d’une Révélation primitive qui, en dépit de dégénérescences successives, a persisté à l’état sporadique. Le côté universel de la tradition catholique (katholikos, en grec, signifie « universel ») résulte d’ailleurs de son intégration bon gré mal gré de l’héritage des confréries antiques qui imprégnaient l’esprit de l’époque. Et ces confréries utilisaient bien entendu un symbolisme cosmologique étroitement lié à celui des anciennes religions.

Un phénomène analogue s’est produit dans le domaine juridique. Et plus précisément dans le domaine de la jurisprudence. Le christianisme n’avait pas de législation révélée comme le judaïsme ou l’islamisme ; il a donc adopté le droit romain qui, dans toute la mesure où il était acceptable, était censé représenter la loi naturelle. On ne s’étonnera donc plus maintenant de retrouver dans la symbolique chrétienne les grands thèmes du symbolisme antique mêlés aux thèmes proprement chrétiens et vivant en harmonie du fait de leur conformité aux normes sacrées universelles.

Au sens général, les symboles font partie de notre univers quotidien, ils remplissent notre vie de jour comme de nuit. Nous les utilisons dans notre façon de nous exprimer, que ce soit par gestes, par paroles, par écrit (manuscrit ou informatique), dans la formulation de nos pensées comme dans nos rêves. C’est pourquoi l’étude des symboles touche aussi bien l’anthropologue que le religieux, le psychologue que le critique d’art, le vendeur de voitures que le politicien. Jean Chevalier disait : « nous vivons dans un monde de symboles et un monde de symboles vit en nous ».

 

ḖVANGILE SELON SAINT MARC

Sandro Véronèsi

Edition Grasset

 2017

Sandro Véronèse restitue avec beaucoup de malice toute la modernité du premier, du plus bref mais surtout du plus énigmatique des quatre Évangiles, celui de Marc. Selon Véronèsi, ce texte écrit à Rome à l’attention des Romains est une « machine à conversion » d’une efficacité narrative redoutable, ressemblant davantage aux scénarios des films de Quentin Tarantino ou de Sergio Leone qu’aux autres Évangiles. Minutieusement réglé sur l’imaginaire épique et l’univers de ses destinataires, il dessine une figure de Jésus singulière.

 

Les références à la culture contemporaine ainsi que le ton parfois insolent de Sandro Véronèsi rendent la lecture de cette analyse particulièrement réjouissante. Selon saint Marc recèle de nombreuses découvertes aussi surprenantes que truculentes sur l’un des fondements du christianisme : le récit de la vie d’un héros solitaire et mystérieux, le Christ.

 

Ecrit vers les années 65, l’Evangile de Marc est le tout premier évangile qui soit parvenu jusqu’à nous. Il est d’ailleurs tout à fait probable que ce soit le premier évangile tout court, c’est-à-dire la première œuvre littéraire qui se soit donnée explicitement pour but de retracer l’événement Jésus d’une seule traite dans un écrit ordonné.

 

Evidemment Marc ne part pas de rien. Il y a toute la tradition orale, très vive à l’époque, qui anime la communauté chrétienne naissante et soutient sa foi. Il y a tous les textes qui rassemblent des « paroles » de Jésus dont nous connaissons par recoupements l’existence.  Il y a aussi, peut-être, cette fameuse «Source Q » (Q pour Quelle qui veut dire source en Allemand, la langue des exégètes !) que l’on a reconstituée après coup et dont on imagine qu’elle a servi de matériau à Marc, à Matthieu et sans doute aussi à Luc.

Et puis il y a surtout la catéchèse, cette introduction à la Bonne Nouvelle, qui est un vrai chemin initiatique dans lequel celui qui veut devenir croyant apprend peu à peu à découvrir dans l’Eglise et en lui-même celui vers qui, invinciblement, il tend, Jésus.

Ca la Bonne nouvelle est vraiment… nouvelle au premier siècle ! Ce n’est pas une religion comme une autre, ni non plus une sagesse, pas non plus un parti ou une secte comme il y en avait tant. La Bonne nouvelle est la foi en une vie renouvelée par l’adhésion au Christ Seigneur, Dieu lui-même venu en ce monde. Et cela ne se laisse pas comprendre du premier coup.

 

Quoi qu’il en soit il faut rendre hommage à l’évangéliste Marc. Il a eu, le premier, le courage et l’humilité de prendre sa plume pour « raconter Jésus », le faire résonner pour les hommes et les femmes de son temps.  Bien sûr son style n’a pas la finesse de celui de Luc, sa théologie n’a pas la hauteur de vues de celle de Jean, sa connaissance des Ecritures n’est pas non plus celle de Matthieu. Il n’empêche : il a ouvert la voie. Et, rien que pour cela, il reste, pour beaucoup, l’évangéliste par excellence, celui qui prend le risque de « réduire » à une expression située, à quelques faits choisis, à quelques paroles capitales, l’événement Jésus. Mais cette réduction n’a rien d’une diminution, bien au contraire : c’est une merveilleuse invitation à aller plus loin avec Jésus. A le rencontrer au-delà des mots, au-delà des formules et des maladresses de vocabulaire, de syntaxe ou de conjugaison de Marc. En un mot, Marc a réussi le tour de force de faire ressentir à son auditoire ce qu’était la Bonne nouvelle sans l’épuiser par son récit.

 

C’est d’ailleurs le programme qu’il se donne dans la toute première phrase de son Evangile et qui en constitue le sommaire : « Commencement de la Bonne nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu ». Autrement dit : vous êtes en train d’ouvrir le livre de la Bonne nouvelle annoncée par Jésus qui est non seulement le Messie attendu, le Christ, mais aussi le Fils de Dieu ».De fait l’Evangile tout entier peut se répartir en deux parties à peu près égales. La première va du début de l’Évangile jusqu’au chapitre 8, verset 26 et rassemble les faits et gestes de Jésus qui témoignent de sa Toute-puissance : Jésus a autorité sur le monde, la maladie, la mort et les esprits du mal. Et cette toute-puissance est universelle car elle atteint les personnes au-delà des barrières sociales et religieuses et, surtout, au-delà d’Israël. Ces 8 premiers chapitres se terminent par le récit redoublé de la multiplication des pains qui manifestent une nouvelle fois la puissance et la bonté du Messie. Et les disciples, dit Jésus « n’ont rien compris » (v. 21) !  Cette partie se clôt sur une guérison laborieuse : Jésus guérit un aveugle-né en lui mettant de la salive sur les yeux et en lui imposant les mains. Mais il doit s’y reprendre à  deux fois car l’aveugle-né n’y voit au début qu’à moitié : les gens lui apparaissent comme des arbres qui marchent (v. 24). Ce n’est qu’après une nouvelle imposition des mains que l’aveugle y voit clair.

 

Cette conclusion symbolise l’aveuglement des disciples qui est aussi notre propre aveuglement. Nous sommes bien attirés par Jésus, nous le trouvons sympathique, héroïque, mais nous avons du mal à  poser cet acte de foi qui nous permet de voir en lui Dieu même venu parmi les siens. Nous avons surtout du mal à comprendre et intégrer la logique d’un Dieu qui nous aime tant qu’il va jusqu’à donner sa vie pour nous. Il va donc falloir, et c’est tout le sens de la seconde partie de l’Evangile de Marc, que « le Fils de l’homme souffre beaucoup, soit rejeté par les Anciens, soit tué et, après trois jours, ressusciter » (8, 31). A partir de ce moment, l’enseignement de Jésus se fait plus dur, plus radical : il y a des « conditions » pour suivre Jésus, et ce sont exactement celles que Jésus est en train d’annoncer pour lui-même : « perdre sa vie ». Il n’y a pas de préséance ni de places réservées auprès de Dieu, bien au contraire : ce sont les derniers, les plus petits, les humbles, ceux qui préfèrent Dieu à tout, même leurs biens, qui ont la première place auprès de lui.

 

Jésus rejoint Jérusalem et s’enfonce alors dans sa passion. Et ce jusqu’au procès, jusqu’à la croix, jusqu’à ce moment de souffrance absolue - que seuls Marc et Matthieu mentionnent - où il s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Mc 15 33).Tout de suite après la mort, changement de décor : le voile du sanctuaire se déchire en deux « du haut en bas », signe que c’est Dieu lui-même qui ouvre le Temple ; et le centurion s’écrie : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ». Juste après le procès et la mort, alors que le cadavre de Jésus pend encore au gibet de la croix, ces deux signaux inattendus proclament vivement la victoire du Christ sur toutes les forces de la mort et du mal.

 

C’est de cette façon, avec un grand sens du symbolisme et de la dramaturgie que se déploie l’Evangile de Marc. En effet, s’il n’a pas toujours le sens de la langue et de la formule, Marc a un sens extraordinaire de la mise en scène. L’Evangile de Marc est sans aucun doute l’Evangile le plus cinématographique qui soit. Pour bien gouter ce texte à la fois rugueux et riche, plein de contrastes, il faut le lire d’une traite, comme un roman, comme un scénario, se laisser porter par sa puissance d’évocation.

 

ET SI VOUS ÉCOUTIEZ LES VRAIES PAROLES DU CHRIST ? 

Johannes  BRÜCKE 

EDITION  MAISON DE VIE

 2011 

On croit connaître le message du Christ et pourtant…

 

Si l’on relit les Evangiles, tous les Evangiles (canoniques, apocryphes…), on découvre que les paroles du Christ ne sont pas un discours lénifiant, destiné à façonner une croyance de masse, mais bien un enseignement initiatique d’une grande rigueur et surtout d’une richesse insoupçonnée

 

Venu en ce monde pour le détruire par le feu et par l’épée, le Christ enseigne sous forme de mystères et de symboles. Beaucoup d’appelés et peu d’élus, car il est « la porte étroite » ; resserré est le chemin menant à la vie, à la connaissance et à l’éternel banquet céleste rassemblant les justes.

 

Ressusciter est possible avant la mort physique, car il s’agit de se dépouiller du « vieil homme » en se revêtant de « l’homme nouveau », capable d’affronter le mal et de voir la Lumière, à la fois Père et Mère. En réunissant les paroles fondamentales du Christ, cet ouvrage révèle une partie de son enseignement initiatique. Aussi marquera t-il une étape importante, en faisant ressurgir ce qui était oublié ou caché.

 

Les mots clef ci-dessous donnent la phrase de Jésus avec sa référence évangélique

 

La dimension initiatique du christianisme et de Jésus Christ - le Christ roi-dieu -  de la mort à la vie en l’éternité – Paroles du Christ paroles d’Evangile – le diable – l’incarnation – le monde – Pierre est le traître – l’humanité – Cécité spirituelle – le péché, le bien et le mal – la mort – les élus et les damnés – la recherche spirituelle et la prière – la porte étroite – les mystères – la nudité – le détachement – la purification – l’écoute – le disciple et sa vraie famille – la femme – la solitude – la vigilance – la lucidité – l’humilité – l’authenticité – la cohérence – le don – la fraternité – la foi – l’amour – la fidélité – la règle de vie – le secret – l’éveil – le Père spirituel – l’Esprit – la naissance spirituelle – l’être de lumière – le feu – la Résurrection – l’homme nouveau – l’homme céleste – le vie et le verbe – l’œil – l’invisible – la lumière et la connaissance – Dieu et les dieux – la dualité – l’unité – le vérité – la liberté – la richesse – l’intelligence – le royaume céleste – la banquet spirituel – nourritures spirituelles – Bâtir le temple en esprit – la matière contient le divin – la création – la loi céleste – 

8 G

GUÉRILLOT -    AINSI  PARLAIT  JÉSUS.  Selon le texte araméen de l’Evangile selon Matthieu

Claude  GUERILLOT

EDITION  VEGA

 2010

Comment donc parlait Jésus aux populations qui le suivaient ? En quelle langue s’exprimait-il ? L’Eglise syriaque orthodoxe, se reconnaît l’héritière de la langue parlée par le Christ lui-même, parce qu’en effet le syriaque dérive de la langue araméenne utilisée par Jésus. Cette langue fut en outre employée pour écrire une partie des Ecritures Saintes.


Claude Guérillot « un ouvrier de la onzième heure » comme il se définit lui-même, a pris le risque de relever ce défi. Se centrant sur le texte araméen de l’Evangile selon Matthieu, il nous entraine, après une introduction au sujet, au cœur des paroles prononcées par la Christ.

Jésus parlait donc la langue que ses interlocuteurs comprenaient : l’hébreu au Temple et dans la synagogue de Capharnaüm, le latin avec Pilate, le grec à ses visiteurs du Lundi Saint et, bien entendu, l’araméen aux foules qui vinrent l’écouter en Galilée, en Samarie et en Judée.

Ces Araméens n’étaient pas des illettrés, bien au contraire. Parler de « transmission orale » pour « un peuple du Livre », qu’il soit Juif, Arabe ou Araméen, c’est, soit faire preuve d’ignorance, soit exprimer une volonté de dénigrement

.
Ceux qui écoutèrent Jésus prirent note de ses paroles sur des tablettes recouvertes de cire sur lesquelles on écrivait à l’aide d’un poinçon depuis des millénaires. Puis ils confrontèrent leurs notes et les transcrivirent en rouleaux ou en codex, les devarin à partir desquels furent traduits en grec les logoi.

Les Evangiles, canoniques ou non, qui furent rédigés en grec (Marc, Luc et Thomas), le furent à partir de ces fameux logoi.

Le Matthieu araméen, dont l’existence est maintenant prouvée, fut rédigé à partir des devarin. Ceux qui le composèrent se choisirent pour « Patron » l’apôtre Matthieu, or celui-ci, était un publicain, c'est-à-dire un collecteur de taxes et de péages qui était assermenté. Prendre Matthieu pour « Patron » revenait à certifier l’authenticité de ce qui était rapporté. Plus tard, ce Matthieu araméen fut traduit en grec et complété à partir d’éléments qui ne figuraient pas dans les devarin. C’est ainsi que fut formé définitivement notre actuel Evangile de Matthieu.

En Occident, l’hégémonie culturelle gréco-latine a longtemps occulté la racine araméenne du Christianisme. Pourtant, la richesse du patrimoine syriaque est immense. Ainsi la Peshitta, c'est-à-dire l’Ecriture en araméen, n’a guère été accessible qu’au début du dernier siècle. L’Evangile de Matthieu qu’elle contient provient en droite ligne du Matthieu araméen. C’est donc là qu’il faut chercher le texte authentique de certaines paroles de Jésus.

Le lecteur sera frappé par le caractère intemporel des paroles de Jésus et chacun peut les recevoir et les comprendre, tout particulièrement « la prière du Seigneur » que nous appelons en Occident le « Notre Père », lue dans son authenticité du texte araméen, permet de mesurer tout ce que deux mille ans de tradition occidentale ont pu dévier de son véritable sens.
L’Archevêque Mor Severios Hazail Soumi, vicaire patriarcal de l’Eglise Orthodoxe pour la Belgique et la France a approuvé ces traductions et en a fait la préface.

 

GUÉRILLOT la lumiÈre incrÈÈe chercher dieu aujourd’hui

Claude guerillot

Edition DERVY

 2001

Une très sérieuse étude a permis de savoir que plus des trois quarts des Européens occidentaux croyaient en Dieu, mais que neuf pour cent d’entre eux pratiquaient une religion, quelle qu’elle soit.


Si vous appartenez au quart d’athées ou d’agnostiques ou au petit dixième de pratiquants, et si vous êtes assez tolérants pour admettre que l’on puisse ne pas penser comme vous, lisez ce livre et méditez-le. Mais si vous êtes de ces deux tiers de nos contemporains qui voudraient bien « chercher Dieu », alors ce livre vous est destiné.

 

Les athées et les rationalistes de toutes obédiences vous répètent que la science moderne considère Dieu comme « une hypothèse inutile » et qu’à tout le moins les choses sont telles que tout contact avec Lui est « scientifiquement impossible ». Or ceci est faux ! Vous verrez ici qu’il existe une « porte » par laquelle Dieu, comme un Grand Architecte, peut venir visiter son chantier, inspirer ses ouvriers et manifester son immanence. Bien plus, une lecture renouvelée de l’Écriture, vous permettra de constater qu’en vérité Il l’a fait.


On vous a aussi expliqué que les Évangiles dérivaient d’une longue « tradition orale » et qu’en conséquence l’authenticité des gestes et des paroles du Christ pouvaient être contestée. Vous verrez ici que cette opinion n’est pas aussi sûre que certains l’affirment mais que les « Paroles du Christ » ont très vraisemblablement été collationnées dans des écrits en hébreu, les devarim, avant d’être traduits en grec. En conséquence, et quelles qu’aient été la durée de la phase « mise en forme » des textes qui nous sont parvenus et les intentions des rédacteurs, la sainteté de ces Paroles et le respect dont elles étaient entourées sont le gage de leur authenticité.


« Le serviteur n’est pas plus grand que le Maître ». Notre « règle de foi » est l’affirmation johannique selon laquelle « Dieu est amour ». Dès lors, la « théologie de la chute » et ses conséquences de toutes sortes doivent être rejetées. Si le Christ est Sauveur, ce n’est pas par ses souffrances sur la croix mais par son enseignement et par son exemple, qui nous tracent la voie de la « vie éternelle » et de l’édification.

 

La grâce divine est sans cesse offerte à tout homme et à toute femme de ce monde, pour autant qu’elle soit accueillie et reçoive le secours de l’effort humain, en une synergie divino humaine. Parce que le Christ est totalement Dieu et totalement homme, parce qu’Il est ressuscité, parce qu’Il nous a montré le chemin, ce livre a été écrit « pour que vous aussi vous croyiez », comme le disait St Jean à la fin de son Évangile.

 

GUÉRILLOT  l’Église d’antioche syriaque orthoDOxe – tome 1 & tome 2

Claude  Guérillot

Edition VEGA

 2008

2 tomes pour expliquer cette église orthodoxe d’Antioche. Une approche trinitaire et une approche historique. L’Église d’Antioche, fondée par saint Pierre en 37, bien avant Jérusalem, Alexandrie et Rome, fut l’un des trois patriarcats reconnus à Nicée en 325.

 

Amputée autoritairement de ses trois diocèses méridionaux, y compris les Lieux Saints, elle rejeta les conclusions du concile de Chalcédoine en 451 et fut alors accusée de monophysisme par ses adversaires.


Depuis cette date, l’Église d’Antioche a été persécutée par les Byzantins, par les Musulmans, puis par les Turcs et leurs supplétifs kurdes. Entre 1915 et 1918, les Syriaques furent victimes du « génocide oublié », tout aussi meurtrier que celui des Arméniens.

 

Puis vint l’exil ; il y a plus de Syriaques hors du Moyen-Orient que dans leur région d’origine. N’ayant jamais été une « Église de pouvoir », l’Église d’Antioche, dont le clergé se considère comme « les serviteurs des serviteurs de Dieu », accueille, hors du Moyen-Orient, de nombreux chrétiens sans pour autant se livrer à un prosélytisme excessif. L’Eglise d’Antioche représente la racine araméenne du Christianisme, trop longtemps oubliée en Occident. Elle a su garder vivante la plus pure doctrine chrétienne, les Paroles du Christ, prononcées en Araméen lors de Son ministère.

En parcourant les écrits des grands théologiens syriaques, de saint Éphrem à Barhebraeux et aux contemporains, en s’initiant à la liturgie syriaque, le lecteur constatera le caractère foncièrement trinitaire de l’Église d’Antioche dont chaque fidèle, lors de sa chrismation, « reçoit le Saint-Esprit » et est appelé à L’écouter. Les Occidentaux, souvent déçus par leurs propres Églises, peuvent trouver dans l’exemple antiochien de nouvelles raisons et de nouvelles manières de vivre leur foi. L’héritage syriaque est fondamental pour la Chrétienté. C’est celui que nous transmet une Église qui, depuis plus de quinze siècles, n’a pas été un lieu de pouvoir mais un lieu de foi, celui d’une Église « souffrante » qui n’a pas disparu sous les persécutions et les massacres mais contre qui les « portes de l’enfer » n’ont pas prévalu.

L’Église Syriaque Orthodoxe est l’église d’Antioche, dont le siège apostolique fut établi en l’an 37 ap. J.-C. par saint Pierre, le chef des apôtres à Antioche, l’ancienne capitale de la Syrie. C’est donc une église syrienne. Les fidèles de cette église s’appellent Syriens en référence au nom de la Syrie. A l’aube du christianisme, les membres de cette église étaient les peuples du nord et du sud de la Mésopotamie. Ils étaient juifs ou païens parlant l’araméen (syriaque), la langue vernaculaire de la Syrie antique. Ils ont été convertis au christianisme par le ministère des apôtres et des disciples qui se sont dispersés après le martyre de l’archidiacre saint Etienne à Jérusalem. Bon nombre d’entre eux sont venus à Antioche pour prêcher le saint Évangile et des multitudes de juifs et de païens ont été converties au christianisme par leurs efforts.

 

La communauté chrétienne d’Antioche est donc la plus ancienne après celle de la « sainte Sion, mère de toutes les églises », et ce fut à Antioche que les disciples de Jésus reçurent pour la première fois le nom de « chrétiens » (Ac 11,26). Les apôtres Pierre et Paul y séjournèrent, et c’est à Antioche que les premières missions commencèrent vers l’occident et vers l’Asie. Selon Eusèbe (+340), Saint Pierre devint épiscopos d’Antioche la quatrième année après l’ascension du Christ. « Antioche », dit le pape saint Innocent (vers 402-417), « fut le premier siège du premier Apôtre ». Saint Pierre a consacré deux évêques pour les chrétiens d’Antioche : saint Évode pour la conversion des gentils (païens) et saint Ignace l’illuminateur pour les juifs. Après la mort de saint Évode, saint Ignace réunit les deux groupes. C’est lui qui a appelé l’église « catholique ou universelle », devenant ainsi le premier à utiliser le terme comme attribut de l’Eglise. Le siège apostolique d’Antioche occupe une position hautement estimée dans la chrétienté. Après la destruction de Jérusalem (70), la ville resta la seule métropole de la chrétienté en Orient, et exerça sa juridiction sur la Syrie, la Phénicie, l’Arabie, la Palestine, la Cilicie, Chypre et la Mésopotamie. Le concile de Nicée (325) en son sixième canon, accepta le maintien des privilèges de l’Eglise d’Antioche sur l’Orient, tout comme ceux de Rome sur l’Occident et d’Alexandrie sur l’Afrique. Mais le vaste territoire qui dépendait de sa juridiction diminua par la suite. Le patriarcat de Constantinople lui ravit dès le 4ème siècle une partie de ses provinces. D’autres se déclarèrent autonomes : la Perse en 410, Chypre en 431, Jérusalem en 451… Aujourd’hui l’étendue géographique de la juridiction de notre église a dépassé les frontières géographiques anciennes définies par le Concile de Nicée (325). Les Syriaques répandus à travers le monde demeurent sous la juridiction du siège apostolique d’Antioche où qu’ils soient installés.

 

L’année 451 (concile de Chalcédoine) constitue un tournant dramatique dans l’histoire générale du christianisme, et de l’Orient en particulier. Les syriaques ont été accusés de monophysisme (une seule nature divine du Christ). Des grands théologiens défendirent la doctrine de l’église syriaque qui croit que Jésus Christ est pleinement Dieu, pleinement homme, et que sa nature (c’est-à-dire son être individuel) est une. A Chalcédoine, le corps du Christ se déchira. Les deux partis s’affrontèrent durement. La politique contribua à l’aggravation de la situation : les persécutions se multiplient, des fidèles succombèrent égorgés, étouffés, d’autres furent torturés, beaucoup furent mutilés. Les Vème, VIème et VIIème siècles devinrent le théâtre de beaucoup d’atrocités et de souffrances malgré l’apparition de grands noms ecclésiastiques sur la scène des événements. Parmi les grands noms, relevons celui de Saint Sévère d’Antioche, « couronne des syriaques » et celui de Saint Jacques Baradée surnommé le « lutteur apostolique ».Malgré les persécutions menées contre les syriaques de Syrie et de Palestine, notre Eglise a pu survivre grâce aux efforts de Jacques Baradée. Celui-ci courait de ville en ville, confondant ses persécuteurs, et ordonnant évêques, prêtres et diacres. A cause de lui, nous l’avons dit, on a surnommé notre Eglise : l’église Jacobite. Pourtant notre Eglise refuse cette appellation, car Saint Jacques reste un fils vénéré de l’Eglise syriaque et non pas son fondateur.

 

Les contacts des syriaques avec les arabes musulmans ont commencé avec la conquête des territoires syriens par les musulmans arabes. Au 7e siècle, les non-chalcédoniens (syriaques et coptes), hostiles à la domination de Byzance, favorisèrent l’entrée victorieuse des arabes musulmans en Syrie. Ils accueillirent à bras ouverts le Kalifa Omar Ibn Al-Khattab. Ils lui donnèrent le surnom de Farouq qui signifie Sauveur en syriaque. Or le beau temps était de courte durée. Les nouveaux occupants ne respectèrent que partiellement les libertés promises aux chrétiens. Mais dans l’ensemble, les syriaques eurent la vie plus facile que les autres. La période la plus fructueuse était celle des Abbassides qui encouragèrent les traductions en arabe des ouvrages scientifiques et philosophiques des grecs. Les syriaques jouèrent ce rôle de pont en transmettant l’héritage grec aux arabes, et à travers eux, à tout l’Occident. Au XVIIe siècle, les missionnaires capucins catholiques avec l’aide du consul français, ramènent à Rome une partie des syriaques. On voit émerger l’ébauche d’une Église syriaque catholique, c’est-à-dire reconnaissant l’autorité romaine. Un syriaque-arménien de Mardin, « ‘Abdul-Gal-Ahijan » leur fut consacré évêque d’Alep en 1656 sous le nom de « Andraos Ahijan », par le patriarche maronite. Faute d’avoir pu se faire reconnaître par les autorités ottomanes, la hiérarchie syriaque catholique inaugurée par Ahijan s’éteignit en 1721 avec son deuxième successeur.

 

Au dernier quart du 18e siècle, un nombre des syriaques orthodoxes d’Irak se sont ralliés au siège romain avec la collaboration du consul français. Ce dernier, d’un côté, poussait le gouverneur ottoman à surcharger les chrétiens d’impôts, et de l’autre, envoyait les missionnaires dominicains parmi des chrétiens naïfs pour les convaincre de demander la protection de la France pour échapper aux impôts, mais à condition de suivre le pape de Rome. Ainsi entra le catholicisme en Irak et les habitants de KaraKosh étaient les premiers à y adhérer en 1761. Ils furent suivis par les habitants de Bartellé et de Mossoul au milieu du 19e siècle. En 1783, le métropolite syriaque orthodoxe d’Alep « Michel Jarweh » passe à l’église romaine avec quatre évêques qui le proclament patriarche à Mardin. Le pape Pie VI le confirma en son titre. Ce fut assiste alors l’établissement définitif et officiel d’une Église syrienne catholique. Au même moment où une église syriaque catholique se constituait au Proche-Orient, une fraction importante de l’Eglise malabar d’Inde, catholique depuis 1550, se tournait vers le patriarcat syriaque orthodoxe d’Antioche, afin d’extirper l’influence latine et de renouer avec ses origines syriaques. Ainsi, profitant du déclin de la domination portugaise en Inde, des indiens malabars sous la conduite de l’archidiacre Thomas Parambil, accueillirent en 1665 l’évêque syriaque orthodoxe de Jérusalem Mor Gregorios à bras ouverts. Ils passèrent au patriarcat syriaque orthodoxe et se placèrent sous sa juridiction. Aujourd’hui, ils constituent une Église semi-autonome. En 1930, une partie de cette Eglise devint catholique, tout en gardant le rite syriaque.

 

La lignée des patriarches de l’Église syriaque commence par saint Pierre fondateur du siège d’Antioche. Elle se poursuit sans interruption jusqu’à nos jours. Il y eut 122 patriarches. L’actuel patriarche est SS Moran Mor Ignace Afrem Karim II patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, chef suprême de l’Eglise Syriaque Orthodoxe dans le monde entier. Le siège patriarcal fut déplacé maintes fois au cours des siècles. De 1293 à 1933, il fut installé au monastère appelé Deir Zafaran, près de Mardin, au sud-est de la Turquie. C’est dans cette région de vignes et d’agriculture qu’ont vécu la plupart des Syriaques jusqu’en 1915 lorsque le génocide perpétré contre les Arméniens les toucha aussi: des statistiques montrent qu’un tiers de la population syriaque fut anéanti, ce qui représente environ 200 000 personnes. Ce génocide est malheureusement et honteusement, oublié de l’histoire et des médias actuels. Mais si vous parlez avec des Syriaques, chacun porte dans sa mémoire des événements terribles vécus dans sa famille…A la suite de ce génocide, il fut décidé de transférer le siège du Patriarcat à Homs, en Syrie, et plus tard, en 1959, à Damas, capitale de la Syrie ; c’est là que réside l’actuel patriarche. Près de Damas à Ma’arat Saydnaya, un grand monastère a été construit récemment et qui sert également de faculté de théologie.

 

Le Ve siècle est un âge d’or pour le monachisme syriaque avec 300 monastères dans le mont d’Édesse, hébergeant 90,000 moines. Au mont d’Alfaf (monastère de mor Mattai) à l’est de Mossoul, on comptait 12,000 moines. Au siècle suivant, le nombre des moines du monastère de Mar Basos avoisinait les 6,300. 135 chefs de monastères du sud de la Syrie signèrent le document de la foi (Hénotikon ?).Il est bien établi que le nombre de moines et de moniales à l’âge d’or a atteint les 600,000. Parmi les plus célèbres, nous citons, Mor Mattai, Mor Yakup de Nisibe, Mor Barsaum, et saint Simon le stylite. Aujourd’hui, il reste une quinzaine de monastères en activité dans l’église syriaque orthodoxe. La foi christologique de l’Église syriaque peut être résumée de la manière suivante : nous croyons en Dieu Trinité Père, Fils et Esprit-Saint, trois personnes en une seule essence. L’un de la Trinité, Jésus-Christ, s’est fait homme. Il est devenu une personne composée et une nature composée de la divinité et de l’humanité. En lui sa divinité est unie à son humanité. Cette union est réelle, parfaite, sans mélange, sans compromission, sans confusion, sans altération, sans division, sans la moindre séparation. A cause de cette union, l’Église syriaque peut dire dans ses prières que Dieu incarné a été crucifié, a souffert et est mort dans la chair.

 

L’église syriaque croit que l’Esprit de Dieu procède du Père seulement comme il est dit en Jn 15,26.L’Église syriaque ne reconnaît que les trois premiers conciles œcuméniques de Nicée (325), de Constantinople (381) et d’Éphèse (431). Elle rejette le concile de Chalcédoine et le tome de Léon. L’église syriaque célèbre les 7 sacrements. Elle confère les sacrements d’initiation ensemble. Elle vénère la Vierge Marie et les saints et croit en leur intercession ainsi qu’en l’efficacité de la prière pour les défunts. Sans parler des pères apostoliques, voici quelques noms de pères syriaques qui furent des saints, poètes, théologiens, mystiques, chroniqueurs, savants etc.: Aphrahat (346), Saint Ephrem (373), saint Jacques de Saroug (521), saint Philoxène de Mabboug (523), saint Sévère d’Antioche (538), Mor Balaï (550), Mor Ahodemeh (575), saint Jacques Baradée (578), Zacharie le rhéteur, Thomas d’Héraclée (627), Saint Jacques d’Edesse (708), Antoun de Tagrit (850), Dionysius de Talmahr (845), Iwannes de Dara (860), Moïse Bar Kepha (903), saint Yakoub Bar Salibi (1171), saint Michael le Grand (1199), Yakoub de Bartellé (1241), saint Grégoire Barhebraeus (1286), Behnam de Hadal (1454), le maphrien et martyr Simon Mane‘emi (1724), etc.

 

La plupart des écrits de ses pères ont été édités dans la prestigieuse collection de CSCO et dans la collection Patrologia Orientalis fondée par le Père Graffin. Au cours du 20ème siècle, de grandes personnalités ont continué le patrimoine historique et spirituel des Syriaques en organisant l’église et en laissant de nombreux écrits malheureusement non encore traduits en langues occidentales. Citons entre autres, les Patriarches Ephrem Barsoum (+1957), Yakoub III (+1980), l’évêque Youhanna Dolabani de Mardin (+1969), ainsi que Gregorios Paulos Behnam, évêque de Bagdad (+1969).L’église syriaque possède quelques saintes reliques : la ceinture de la Vierge Marie – Homs / Syrie, les reliques de saint Thomas l’apôtre à Mossoul – Iraq.

 

Le rite syrien est pratiqué en langue syriaque (araméen occidental). Les lectures sont faites dans la langue locale. La principale prière eucharistique est l’anaphore dite de St Jacques. Mais on en possède près de 80 anaphores. La liturgie de saint Jacques est celle de Jérusalem-Antioche. Elle date du 4e siècle. La liturgie de la messe comprend trois parties appelées respectivement : «le sacrifice de Melchisédech», «le sacrifice d’Aaron» et «le sacrifice de Jésus-Christ». La «bêma», située au centre de l’église comme dans les synagogues, est l’autel de la Parole. On y lit les Ecritures Saintes. De nombreuses prières sont issues de la tradition juive et témoignent du fait que l’Eglise syriaque est en partie héritière des communautés judéo-chrétiennes. Dès le deuxième siècle, les syriaques ont commencé à traduire les évangiles en leurs langues syriaques. Il y eut maintes traductions : les deux vieilles syriaques, la Peshitta, la Philoxénienne, l’Héracléenne, sans parler du Diatessaron de Tatien. Après l’avoir traduit en leur langue, les syriaques se sont efforcés de le traduite en d’autres langues vivantes. Un grand nombre de manuscrits du Nouveau Testament en syriaque, dont la valeur est inestimable, ont survécu. Ils sont comptés parmi les plus anciens manuscrits du monde, surtout ceux qui ont été transporté du monastère des syriens en Egypte vers les bibliothèques du Vatican, Londres, Milan, Berlin, Paris, Oxford, Cambridge et autres. Nombre de ces manuscrits datent du Ve et VIe siècle. Par ailleurs, la plus ancienne version de l’Évangile est un manuscrit syriaque écrit par Yakup, un scribe d’Edesse en l’an 411. Le manuscrit est conservé au British Museum. A ce propos, le Père Martin a compté 55 manuscrits syriaques de l’Évangile écrits entre le 5e et 7e siècle, alors qu’il n’a trouvé pour la même époque que 22 manuscrits latins et 10 grecs. Les syriaques portaient un grand amour pour la Bible : ils l’ont décorée avec beaucoup de dessins et d’élégantes enluminures, et une magnifique écriture. Parmi les manuscrits les plus connus, celui de Rabbula d’Edesse achevé en 586 ap. J.-C.

 

Le patriarcat syriaque orthodoxe est entré dès 1955 au Conseil Œcuménique des Églises qui regroupe la plupart des Églises à l’exception de l’Église catholique. A l’occasion des rencontres organisées à Adis Abeba à l’initiative de l’empereur Haïlé Sélassié, l’Église syriaque orthodoxe a ravivé ses contacts avec les autres -Églises orthodoxes orientales (coptes, arméniens, éthiopiens) si proches d’elle par leur histoire et leur foi. Depuis le concile de Vatican II, l’église catholique, tout en soutenant les communautés qui se sont déjà ralliées à elle, comme les syriaques catholiques, a cherché à dialoguer avec les autres Églises plutôt qu’à leur ravir des fidèles par la création d’Églises ‘uniates’. D’ailleurs, à l’invitation du pape Jean XXIII, le patriarcat envoya un observateur au concile Vatican II en la personne de l’actuel patriarche. Avec le recul du temps et le dialogue, on a pu comprendre que les malentendus christologiques du Ve siècle, sont dus principalement à une différence de terminologie et de modes d’expressions théologiques de l’époque. En effet, des dialogues théologiques non officiels ont été ouvert depuis les années soixante entre l’église catholique romaine et l’église syriaque orthodoxe, grâce à la fondation Pro Oriente.

 

Les efforts théologiques furent accompagnés d’une visite du patriarche Ignace Yakup III au pape Paul VI (25-27 octobre 1971). L’actuel patriarche Zakka Ier se rendit aussi au Vatican pour rencontrer le pape Jean-Paul II le 23 juin 1984. Des accords théologiques et pastoraux ont été signés. Le pape Jean-Paul II, à son tour, rendit la visite en visitant le patriarcat syriaque orthodoxe à Damas, en mai 2001.En l’an 2003, on a franchi une étape importante dans le dialogue théologique œcuménique puisqu’il est devenu officiel et s’est étendu aux autres églises non chalcédoniennes ou orientales anciennes c’est-à-dire les syriaques, les coptes, les arméniens, les éthiopiens, les indiens de Malankare. A cette époque marquée par les mouvements œcuméniques, nous sommes tous convaincus que l’unité chrétienne est l’objectif principal, le but final et la fin la plus louée menant à la réalisation du désir du Seigneur Jésus dans sa dernière prière «Qu’ils soient un ». Inutile de dire que nos divisions sont devenues une pierre d’achoppement puisque la base de l’unité chrétienne est l’amour de Dieu et du prochain. Par conséquent, si en tant que chrétiens, nous sommes incapables d’aimer les uns les autres, comment pourrions-nous être les témoins fidèles de notre Seigneur Jésus-Christ ? Comment le vrai amour fructueux pourrait-il se manifester dans notre vie quotidienne ?A ce sujet, les paroles l’apôtre Paul sur l’amour nous semble décisives pour aller de l’avant sur le chemin de l’œcuménisme: « L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne disparaît jamais» (1Cor 13, 4-8)

 

GUÉRILLOT le tÉmoin du christ – une approche de l’Évangile de st jean

Claude guÉrillot

Edition VÉGA

 2003

Ce qui distingue le Christianisme des autres monothéismes, ce n’est pas seulement le dogme trinitaire, c’est, d’abord et surtout, l’Incarnation. Les trois Évangiles synoptiques sont des Évangiles de la messianité. La messianité n’est pas nécessairement l’Incarnation. D’abord conçue sur le modèle juif du Libérateur, elle est devenue, au cours des premiers siècles, Rédemption et Incarnation. Mais les Évangiles synoptiques, rédigés par des hommes qui n’avaient pas directement connu le Christ, insistent sur Ses pouvoirs divins et sur Ses miracles.


Le IVème Évangile est, au contraire, un Évangile de l’Incarnation. Son auteur, qui ne se nomme pas mais qui est « Le disciple que Jésus aimait », se présente comme un témoin. La tradition et ceux qui ont connu Jean ou qui furent proches de lui dans le temps et dans l’espace nous affirment que cet auteur est Jean, fils de Zébédée.


Pour essayer de comprendre et de se faire une opinion, il faut, d’abord, retracer les contextes historiques, politiques, économiques, culturels et théologiques du premier tiers du Ier siècle. Il faut aussi rappeler ce que l’on sait de Jean et le replacer dans ce contexte.


Le point suivant est la véracité du témoignage. Le IVème Évangile comporte de nombreux détails géographiques, topographiques et architecturaux qui n’ont pas de signification théologique mais qui sont autant d’indices de sa véracité. Or chacun de ces détails est vérifiable et vérifié. De plus, la cohérence temporelle du IVème Évangile est parfaite, au point que l’on peut suivre complètement le Christ au cours de la dernière semaine de Sa vie terrestre.
Ainsi donc, la véracité de l’Évangile selon Jean est assurée et l’existence du manuscrit Ryland permet de dater sa rédaction de la fin du 1er siècle.


Jean, tous les témoignages le prouvent, a passé les dernières années de sa vie à Éphèse et il y a joué le rôle d’un évêque métropolite. À chacune des grandes fêtes, Pâques, la Pentecôtes, la Théophanie, il a prêché et témoigné du Christ. Cela explique que ces très nombreuses homélies, tout en conservant une unité de style et de vocabulaire, présentent des reprises et des corrections. La conviction de l’auteur, après un examen minutieux, est que Jean le Théologien, le fils de Zébédée, est bien, comme l’affirment les Pères et les contemporains de l’œuvre, l’auteur du IVème Évangile.


Ainsi, le IVème Évangile est véridique. C’est l’Évangile de l’Incarnation et celui du Message. Les hommes et les femmes du IIIème millénaire n’attachent guère d’importance aux nombreux miracles rapportés par les Synoptiques mais sont sensibles au Message du Christ. Encore faut-il le comprendre. Toute traduction est une trahison, à la fois réductrice et théologiquement orientée. Ici, l’auteur remonte au grec des manuscrits anciens pour signaler, à chaque fois que cela est nécessaire, l’aura sémantique du texte johannique. Ainsi met-il à jour bien des richesses occultées dans nos traductions et ouvre-t-il bien des pistes à la méditation du lecteur.


Ceux qui ne croient pas en l’Incarnation trouveront ici des raisons de douter de leur opinion. Ceux qui y croient trouveront des raisons de conforter leur foi. Tel est l’objet de cet ouvrage qui réconcilie respect de la tradition et analyse rigoureuse, ardeur de la foi et exigence de la raison.

 

Tous les autres livres de Claude Guérillot sont au chapitre 1 G

8 H

 

histoire de taizÉ

J.C. escaffit & m. rasiwala

Edition du SEUIL

 2008

Voici la première histoire complète d’une des créations les plus étonnantes du XXème siècle. Expérience plutôt insolite depuis le temps de la Réforme au XVIème siècle, Taizé est, à l’origine, une communauté de « moines protestants ».

 

Le livre raconte les sources intellectuelles, la naissance dans les années quarante et la croissance de cette communauté composée aujourd’hui de catholiques, protestants et anglicans de trente nationalités. Le charisme du fondateur, frère Roger, une suite de rencontres et d’initiatives audacieuses feront d’elle un « pont » entre les confessions divisées, entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, entre la contemplation et l’action, entre les générations… En effet, dès les années soixante, Taizé devient un haut lieu de rencontres entre jeunes, sans équivalent en Europe.

 

Depuis, les générations passent, et les mêmes images défilent : celles d’une jeunesse joyeuse et remuante, s’interpellant sur la colline de Bourgogne dans une délicieuses cacophonie, mais capable de se figer dans un silence impressionnant quand les cloches appellent à la prière. Comment la communauté a-t-elle traversé ces sept décennies, vécu ce rayonnement hors frontières et, disons-le, cette célébrité imprévisible ?

 

Chaque chapitre met l’accent sur une intuition, une décision, un faisceau d’événements qui expliquent la recherche, les avancées, l’influence de cette communauté sans pareille. Un ouvrage de référence qui fourmille d’informations inédites, sans cacher les ombres et les questionnements.

8 I

instructions (sept) aux frÈres en saint- jean

 

Edition  ARMA – ARTIS

 2004

Livre ésotérique qui s’adresse aux chrétiens et donne des explications et recommandations sur le mode de vie et de pensée d’un chrétien. Il n’est rien ici qui soit compréhensible par ceux qui n’ont pas éveillé leur cœur ; c’est pourquoi, bien qu’il s’agisse de choses saintes, nous ne craignons pas de les livrer en ces page, ne risquant pas de jeter les perles aux pourceaux et sachant qu’il n’est rien de voilé qui, pour ceux qui ont des oreilles pour entendre, ne doive être dévoilé. Ainsi se transmet certaine signification depuis l’aube de la Révélation pour que quelques- uns en fassent l’usage qu’il convient. Un livre de dévoilement.

 

Pour ceux dont la recherche se tourne vers une pensée initiatique d'inspiration Rose+Croix - non seulement christique mais chrétienne - illuminée en tout par l'Esprit et la Sagesse, ce petit livre aux éditions Arma Artis. Chacun pourra y trouver des aides à son pèlerinage intérieur visant à recouvrer la sagesse primordiale et se réintégrer dans l'Homme Premier en pénétrant et prenant possession des 7 palais intérieurs (démarche partagée par les martinésistes ayant reçu le pouvoir d'opérer dans les 7 cercles). Nous avons retenu ce petit passage conclusif que nous souhaitons partager car il exprime clairement la voie ésotérique chrétienne suivie par ces frères qui se réclament de l'Art mais aussi héritiers de la confrérie de l'AGLA :

 

" Notre objet est d'incarner ici et maintenant le monde spirituel, bien que nous soyons prisonniers du monde chuté. Mais prisonniers de la chute, nous sommes libres de nous en libérer, au sein même de la prison. Et cela en mettant à nu l'Emanation qui est en nous, en laissant sa Sagesse se fortifier afin que sa Grâce embrase notre création souillée et la purifie. Alors la joie nous entreprend. Nous sommes libérés des scories qui aveuglaient notre Lumière. Maintenant la chute peut se déchaîner contre nous; par la Grâce du Christ, nous en serons exaltés. Ainsi le chemin que le Christ nous a montré est une vérité pratique dans le temps même qu'il est le plus troublant des secrets. C'est par la méthode révélée que nous approcherons à la fois de cette vérité et de ces secrets. Telle est notre foi. Elle est connaissance, amour et joie. Et donc, ceux qui parleront de Gnose, s'ils ne professent pas cette foi, n'appartiennent pas à la connaissance et à l'amour, et ne seront pas embrasés par la Joie. Ils errent dans des systèmes qui peuvent séduire l'intelligence ou le sentiment, mais qui ne peuvent transformer leurs adeptes qu'en éternels cherchants, tandis que ceux qui cherchent dans le Christ, trouvent et se transforment sur le royal chemin de l'Homme Premier et du divin, comme il est écrit : "Cherchez et vous trouverez. Frappez et l'on vous ouvrira". Le Berger est miséricorde. A lui la Fidélité et la Foi de notre Amour.

 

introduction à l’ÉsotÉrisme chrÉtien

Abbé Henri stḖphane

Edition DERVY

 2006

Ce volume réunit une centaine de traités que l’Abbé n’avait jamais songé à faire éditer, mais ses amis mettaient très haut l’estime qu’ils portaient à ces traités : ils finirent par obtenir son accord pour une diffusion plus large qui n’a en rien perdu de son actuelle nécessité. L’ésotérisme auquel ces traités veulent introduire, est donc essentiellement d’ordre doctrinal.

 

Il s’agit de communiquer l’intelligence de ce qu’il y a de plus intérieur dans les mystères chrétiens, tels que l’Église nous les a transmis. De cette intelligence pure et rigoureuse se dégagent à la fois force et allégresse.

 

Il y a dans  ces écrits de quoi réconforter ceux qui cherchent « en esprit et en vérité ». Parmi cette centaine de traités sont expliqués : la lumière, la crèche, Maître Eckhart, Denys L’Aréopagite, Sophia, le miroir, le sacré, la croix, le baiser, le sang, l’icône, Chartres, le Tétramorphe, la transcendance, le silence, la gnose, la messe, la prière, les anges etc…

L'abbé Henri Stéphane (1907-1985) était un prêtre du diocèse de Nancy. Il mena à bien ses études qu'il couronna par l'agrégation de mathématiques en 1933, mais il s'orienta vite vers le sacerdoce. Ordonné prêtre en mai 1940, il ne put, malgré son désir, mener à leur terme ses études théologiques. La guerre et diverses circonstances le conduisirent à enseigner les mathématiques supérieures chez les jésuites à l'École Sainte-Geneviève de Versailles jusqu'en 1972.

Prêtre sans fonction ecclésiastique, mais fidèle à sa messe et à son bréviaire quotidiens, il fut amené à écrire de petits traités pour ses élèves, ses amis et ses visiteurs afin de répondre aux questions qui sollicitaient son savoir théologique. Il convient d'ajouter que l'abbé s'était tôt intéressé aux doctrines et aux traditions de l'Orient, ce qui donnait à ses écrits une saveur particulière en raison des judicieuses comparaisons qui les émaillaient. Il découvre chez René Guénon la métaphysique, le symbolisme et la critique du monde moderne.

L’autorité de Frithjof Schuon ne lui parut pas moins grande. La connaissance de l’Orthodoxie, à travers Vladimir Lossky et Paul Evdokimov, lui ouvrit le monde des icônes. Il a vécu la crise de l’Eglise catholique d’après Vatican II. « Ceux qui l’ont approché ne pouvaient guère ignorer qu’ils se trouvaient en présence d’une intelligence exceptionnelle.

Deux traits nous paraissent le caractériser: la sûreté de la saisie intellectuelle et le sens aigu des réalités divines. C’est dire aussi que le Père n’était point dialecticien: il ne discutait pas, il n’explicitait guère; et qu’il ne s’intéressait profondément qu’à la théologie chrétienne. Ses lectures étaient relativement peu abondantes. Mais les livres qu’il appréciait, et qui lui paraissaient essentiels, étaient lus et relus, certains jusqu’à vingt ou trente fois. »  Il était doué du «charisme de l’essentiel ».

 

Au sommaire de cet ouvrage : Le mystère de la Divine Pauvreté et de la Divine Charité: l’anéantissement du Verbe et l’effusion de l’Esprit, le Sacerdoce éternel du Verbe La vie divine par rapport au Père: la génération du Verbe (procession d’intelligence – la Divine Pauvreté), l’effusion de l’Esprit (procession d’amour ou de volonté – la Divine Charité). Le Verbe est Prêtre et Victime éternels.    La suprême réalisation de l’anéantissement du Verbe et de l’effusion de l’Esprit dans le mystère de l’Incarnation rédemptrice suppose la création et la chute  Comment concevoir l’amour sans la liberté du don? La Gloire essentielle du Père consiste dans le don total, souverainement libre, et pourtant nécessaire, que lui fait le Verbe dans son Sacerdoce Eternel. Ce qui est essentiel à la Gloire du Père, c’est l’Amour du Fils. Ce qui n’est pas essentiel à la Gloire du Père, c’est la manière dont le Fils « s’arrangera » pour rendre Gloire au Père. Pour manifester son amour au Père, le Fils a choisi l’Incarnation rédemptrice. Pour réaliser le maximum d’anéantissement, le Verbe a voulu renoncer à sa condition de Dieu, en prenant la condition d’esclave. Le péché est un refus d’amour qui rend l’être créé esclave de soi, de ses passions, du mal. L’enfer n’est que la consécration définitive d’un tel état.

 

La glorification du Christ: en triomphant de la mort par sa Résurrection, le Christ triomphe du péché et entraîne dans sa Gloire le corps du pêché - Mort et péché ne font qu’un. En acceptant la mort, le Christ « attaque » le péché sur son propre terrain.  Le corps du péché devient le Corps Glorieux: la nature humaine est divinisée. Le Verbe s’est anéanti en prenant la condition d’esclave: l’humanité est affranchie de cette condition d’esclavage par la glorification du Fils de l’Homme et par l’effusion de l’Esprit qui résulte de l’Immolation du Verbe. Le Verbe fait chair délivre la chair du mal.

 

 Le mystère du Corps du Christ et sa triple forme: le Corpus Natum, le Corps Mystique, le Corps Eucharistique. Le Christ Total  - Le Sauveur n’a pas connu le péché, il n’a que le corps du péché.  « L’humanité du Christ est donc sainte en raison de son union avec le Verbe de Dieu. L’être constitué par cette union est à la fois Dieu et Homme. Il est pleinement Homme, possédant un corps humain, une âme humaine, une intelligence et une volonté humaines, mais la personnalité de cet être n’est pas humaine: c’est la Personne du Verbe. Lorsque le Christ dit: « Moi », c’est le Verbe qui parle. Lorsque le Christ pense, agit, veut, aime, souffre et meurt, c’est le Verbe de Dieu qui pense, agit, veut, aime, etc. Il y a parfaite conformité entre la volonté humaine du Christ et sa volonté divine. »   Cette Union parfaite du Verbe de Dieu avec la nature humaine s’appelle union hypostatique.  -  Cette Humanité Sainte née de la Vierge, qui a habité parmi nous, qui a subi la Passion, la Mort, la Résurrection, l’Ascension, et qui est maintenant l’Humanité Glorieuse, nous l’appelons le « Corps né de la Vierge », le Corpus Natum.

 

Le Corps du Christ n’est pas limité au Corpus Natum, mais il doit s’augmenter de l’humanité tout entière et s’adjoindre les autres hommes comme de nouveaux membres. D’où l’idée d’un Corps Mystique dont le Christ est la Tête et dont nous sommes les membres.  L’Eucharistie est le prolongement de l’Incarnation. -  Le Corps Eucharistique est le symbole réel et efficace du Corps du Christ. Il n’y a d’ailleurs qu’un Sacrifice Unique, celui du Calvaire, préfiguré par la Cène et continué par la Messe. Il n’y a qu’un Prêtre, le Christ, et qu’une Victime, le Christ. -  L’extension du Corps du Christ au Cosmos: la sacramentalité de l’Univers, sa participation à la glorification des enfants de Dieu

 

Les Sacrements proprement dits sont les canaux par lesquels passe la grâce rédemptrice.  Le Corps du Christ s’étend à l’Univers, au Cosmos, et le pain sur lequel le Prêtre Eternel vient prononcer les paroles de la Consécration: Hoc est enim corpus meum, ne symbolise pas seulement le Corps Mystique, mais le Cosmos, la création tout entière, qui participe aussi au Sacrifice Rédempteur. Le dogme de la résurrection de la chair: le corps de l’homme, étroitement uni à son âme et plongeant par ses racines les plus profondes dans le monde physique, minéral, végétal et animal, ne doit-il pas participer avec l’âme à la gloire future, comme il a participé avec elle ici-bas aux épreuves purificatrices de la souffrance et de la mort?

 

Le mystère de l’homme et de la condition humaine. Les conditions d’admission au Royaume des Cieux. Les principes d’une morale évangélique et d’une vie intérieure  -  L’homme doit user de sa liberté sous l’influence de la grâce pour réaliser en lui une personne humaine analogue à une Personne Divine.  La Pauvreté spirituelle et la Charité constituent la base de toute vie spirituelle, à condition de les envisager en fonction de leurs prototypes divins, au niveau du Mystère trinitaire et de l’Incarnation rédemptrice. Il s’agit de vertus spirituelles dont le contenu et la portée n’apparaissent que moyennant une certaine connaissance.  La condition humaine est celle d’un être déchu et pécheur, racheté par le Sang du Christ, ou d’un esclave de Satan libéré par la Croix, et non pas celle de l’homo oeconomicus, par exemple.  L’accomplissement extérieur d’actions charitables, par exemple, n’est et ne doit être que le jaillissement d’une charité intérieure, essentielle, ontologique.

 

En face de l’homme moderne décapité, il y a deux attitudes philosophiques: a) l’attitude « progressiste » - le culte de l’Homme. Les idoles de la nouvelle religion: l’Humanité, la Science, le Progrès, la Démocratie etc. Dans une telle perspective l’individu et le présent sont sacrifiés.  -  b) l’attitude « existentialiste – tout est absurde.  -  Au niveau de la vie ordinaire, la Pauvreté et la Charité ne peuvent être évidemment que le reflet ou le symbole de ce qu’elles sont in divinis au niveau du Mystère trinitaire.   « Bienheureux les pauvres en esprit » ne signifie donc pas que l’homme doit donner tous ses biens aux pauvres, mais qu’il doit, quelle que soit sa situation, éprouver à l’égard des biens de ce monde un parfait détachement intérieur.

 

Le mystère de la Vierge Marie ou de la Théotokos  -  Il existe une ignorance quasi totale des chrétiens et une incompréhension foncière à l’égard d’un des plus grands Mystères du christianisme et du rôle irremplaçable de la Vierge dans la « vie spirituelle ».   -  Notre condition actuelle exige une « médiation », à l’instar de celle du Verbe Incarné, et que cette médiation est remplie par la Vierge Marie.  La vie spirituelle consiste essentiellement à faire la Volonté du Père. L’âme chrétienne n’a rien d’autre à faire que de réaliser existentiellement l’état marial pour que le Père engendre en elle son propre Fils.

 

IRḖNḖE DE Lyon  - contre les hÉrÉsies

 Irénée De  Lyon

Edition du CERF

2001

La vie d’Irénée, évêque de Lyon vers 177, est peu connue dans ses détails. En revanche, son grand ouvrage Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, couramment désigné sous le titre Contre les hérésies, éclaire la personnalité de l’évêque de Lyon et révèle, par-delà son intelligence vive des mystères de la foi, sa vocation de pasteur lucide, pleinement conscient des responsabilités qui lui incombent à un moment clé de l’histoire de l’Église, quand l’hérésie gnostique gagne du terrain et menace de submerger les communautés chrétiennes.

 

Il est difficile de réduire un texte aussi dense à quelques lignes, tout au plus peut-on noter quelques idées qui parlent plusieurs siècles après la rédaction de cet écrit majeur de l'un de ceux que l'on nomme les Pères de l'Eglise. L'un des points les plus marquants chez Irénée, c'est peut-être cette insistance sur l'incarnation du Christ. Le Verbe s'est fait chair, mais sans perdre son unicité (p.355). Une unicité qui est peut- être un héritage du Christ à travers l'Esprit. L'Esprit vient en nous comme une toison (Is 5,6) et travaille à faire en nous cette unité intérieure. Et cette unicité, que nous avions perdue en Adam, nous l'avons retrouvé en Jésus Christ. "Quel est celui qui nous fait entrer ainsi en communion de nourriture ?  N'est- on pas plutôt l'Emmanuel qui est né de la Vierge, qui a mangé du beurre et du miel et dont le prophète a dit " Il est homme et pourtant qui le connaîtra ?" (Jer 17,9). "Comme la farine sèche ne peut devenir pain, nous qui étions multitude ne pouvons devenir unique que par l'Eau venue du Ciel, c'est-à-dire L'Esprit Saint." Il poursuit cette approche par une étonnante analyse du combat intérieur du Christ, qui à travers sa souffrance et sa mort vient réconcilier cette unité perdue. "Il a lutté et vaincu, combattant la désobéissance par son obéissance." Suit alors une belle interprétation de ce que les théologiens appellent la kénose (Se vider, cf. Phil 2). "Celui qui devait tuer le péché et racheter l'homme digne de mort se fit cela même qu'était celui-ci, c'est-à-dire cet homme réduit en esclavage par le péché, sous le pouvoir de la mort, afin que le péché fut tué par un homme et que l'homme sortit ainsi de la mort.

 

Selon Irénée, "le Verbe se tenait alors en repos lorsque le Seigneur était éprouvé". Il manifestait ainsi le retrait de la toute- puissance de Dieu, au service d'un amour qui va jusqu'au don. Et ce retrait permet d'incarner l'homme au plus profond de sa souffrance, de sorte que cette victoire sur la souffrance et la mort puisse devenir un chemin...C'est pourquoi Dieu l'a exalté ajoute Saint Paul dans Phil. 2. La méditation de cette unité d'un Dieu fait homme est transcendante de notre propre unité intérieure. Peut-on en déduire que notre humanité est dans la souffrance, mais que nos oeuvres sont le travail de l'Esprit en nous, nous dépassant... Non pas nous mais Dieu en nous ? C'est quand nous sommes hommes dans le réel que Dieu peut agir en nous par l'Esprit. Cette descente de Dieu sur terre pour y chercher la brebis perdue est le cœur de notre salut. Son propre ouvrage, par lui modelé, va ressusciter en Dieu, par l'incarnation du Verbe. Non seulement le Christ nous montre le chemin de la descente de notre tour d'orgueil mais parfois, il nous laisse tomber de notre tour pour mieux nous aider à le trouver et le retrouver dans la joie (cf. fils prodigue). Laissant ainsi notre liberté entière, tout en nous tendant la main...L'homme après avoir désobéi demeure pour Irénée dans l'amour de Dieu. Il ajoute que le bien n'habite pas dans notre chair (citant Rm 7,18). Ce n'est pas de nous mais de Dieu que vient ce bien qui est notre salut. Et ce salut remonte jusqu'à Adam, ce qui étend pour lui la miséricorde de Dieu à l'ensemble de l'humanité. Pour Irénée (p. 397) il y a identité entre Dieu bon et Dieu justice qui ne forme qu'un seul Dieu. Et cette justice n'apparaît pas cruelle, précédée et prévenue qu'elle est par la bonté. Il ajoute  que ce n'est pas parce qu'il avait besoin de l'homme que Dieu modela Adam, mais pour avoir quelqu'un en qui déposer ses bienfaits.

 

Cette présence de Dieu à l'origine, ce Dieu créateur qui nous comble de bienfait avant de poser la loi, qui est bon avant d'être juste, constitue l'essence de la vision du christianisme (cf. aussi sur ce thème, la Loi de Dieu de P. Beauchamp). Elle transparaît dans la lecture du fils prodigue, où le partage des biens, intervient en préalable à la liberté de l'homme et à son pardon....Alors ajoute Irénée (p. 446), lorsque des hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle : loin de lui apporter quoique ce soit, ils bénéficient de la lumière et en sont illuminés  Dieu n'a pas besoin du service des hommes mais à ceux qui le servent et qui le suivent, Dieu procure la vie. Irénée cite alors Deut. 8,3 : "Il t'a nourri de la manne,... afin que tu saches que l'homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu".

 

Irénée se fait ensuite l'apôtre du Christ et de l'Ecriture, la manne du chrétien. A propos de la Parabole des ouvriers... il note ainsi que ceux de la dernière heure ont eu un dernier cadeau, c'est la vision du Christ. Il insiste alors à nouveau sur l'incarnation (passion à travers la chair) du Christ, chemin d'unité en nous. L'homme incarné approche de la perfection  lorsqu'il est "mélange et union de l'âme qui a reçu l'Esprit du Père et qui a été mélangée à la chair, modelée selon l'image de Dieu." pour devenir temple de Dieu. C’est alors que nous avons vaincu la mort, lorsque que cette chair, qui était sa proie échappera à son pouvoir. La guérison de l'aveugle né rappelle au grand jour le modelage originel de la création à travers Dieu. Quand le Verbe se fit chair, il confirma l'une et l'autre : L'image dans sa vérité et la ressemblance de façon stable. L'homme est pleinement semblable au Père invisible à travers le Verbe désormais visible.


Il y est question de Ptolémée, du Plérome, de la Genèse, de Marc le magicien, de Simon le magicien, des Valentiniens, des ophites, des Barbelistes, des doctrines gnostiques, de la lumière, du Démiurge, des Éons, de Judas, des Évangiles, de Paul, de Jésus, d’Emmanuel, de Jonas, d’Adam, des Patriarches, l’Eucharistie, l’Incarnation, la résurrection, la crucifixion, l’antéchrist.

 

irénÉe de lyon

par des Pères de l’église

Edition NOUVELLE CITÉ

 2001

Par lui-même, l’homme ne pourra jamais voir Dieu ; mais Dieu, s’il le veut, sera vu des hommes, de ceux qu’il veut, quand il veut et comme il veut.

 

Car Dieu peut tout : vu autrefois par l’entremise de l’Esprit selon le mode prophétique, puis dans le royaume des cieux selon la paternité, l’Esprit préparant d’avance l’homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduisant au Père, et le Père lui donnant l’incorruptibilité et la vie éternelle, qui résultent de la vue de Dieu pour ceux qui le voient .


« Les hommes verront donc Dieu afin de vivre, devenant immortels par cette vue et atteignant jusqu’à Dieu ».

 

Dès le commencement, le Fils est le Révélateur du Père, puisqu’il est dès le commencement avec le Père : les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la mélodie harmonieusement composée, il l’a déroulé devant les hommes, en temps opportun ; où il y a temps opportun, il y a profit.

 

C’est pourquoi, le Verbe s’est fait le dispensateur de la grâce du Père pour le profit des hommes : car c’est pour eux qu’il a accompli de si grandes « économies », montrant Dieu aux hommes et présentant l’homme à Dieu, sauvegardant l’invisibilité du Père pour que l’homme n’en vînt pas à mépriser Dieu et qu’il eût toujours vers quoi progresser, et en même temps rendant Dieu visible aux hommes par de multiples « économies », de peur que, privé totalement de Dieu, l’homme ne perdît jusqu’à l’existence.

 

Car la gloire de Dieu c’est déjà la révélation de Dieu car la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu.

Y est  expliqué sa vie, son œuvre, son combat des gnostiques, les desseins de Dieu, sa théologie, et son anthropologie.

8 J

JEAN-BAPTISTE et JEAN L’ÉVANGÉLISTE « FILS DE LA RÉSURRECTION »   

JEAN  PATAUT

EDITION  ARCHE  MILAN

 2009

Cet ouvrage original propose des réponses précises aux interrogations et aux doutes concernant les origines du christianisme ; notamment sur les degrés initiatiques de ses Pères fondateurs et sur la Tradition johannique.

 

Où situer Jean-Baptiste dans l’échelle des êtres et dans l’Arbre de Vie ? Comment spécifier « les fils de la Résurrection » ? Et comment caractériser les états résurrectionnels de Jésus ?

 

Pourquoi le 4e évangile apparaît-il si proche de certains apocryphes et si étranger à nos propres postulats ; par exemple sur la nature de la liberté ? Dans une perspective alchimique, pourquoi ce texte se place t-il dans l’œuvre au rouge ?

 

Comment caractériser l’Eglise de Jean par rapport à l’Eglise de Pierre ; et aussi par rapport à l’Eglise inversée ?

 

Les degrés de la contre-initiation ne sont-ils pas en étroite conformité avec les structures inversées de l’Arbre de Vie ? Dans ce vaste contexte, Melkitsédeq n’est-il pas investi d’une influence fondamentale ?

 

Le recours à la Kabbale, à l’Alchimie et à la Gnose nous conduit ainsi des mystères insondables aux mystères justifiés.

 

Sujets traités dans cet ouvrage :

La descente, lors du baptême de Jésus, le baptême d’eau et le baptême du feu, les positions hiérarchiques de Jésus et du Baptiste, les fonctions de témoin et d’envoyé, la part essénienne, la réincarnation, l’Arbre de Vie, à partir des enseignements rosicruciens le corps de gloire et le corps résurrectionnel, le christianisme en gestation, les écrits johanniques et leurs auteurs, selon Irénée de Lyon, pourquoi Jean fils de Zébédée ne devrait il pas être l’évangéliste ?, le Logos, le christocentrisme, l’œuvre au rouge, Pierre et Jean, Frappez et on vous ouvrira, Eckartshausen, l’Abbaye de Thélème, l’aveugle de naissance, la quête intérieure, le célibat des Pères fondateurs, la polarité potestas-auctoritas et la dichotomie papauté-Ordre du Temple, Melkitsédeq : juge et prêtre-roi, l’Eucharistie, la contre-initiation, la chute de Lucifer, les forces noires, la seconde mort, les entropies cycliques des Eglises, l’Arbre inversé, les disciples d’Emmaüs, St Jean et la Vierge, la Résurrection, le temps présent, qui est le disciple bien-aimé ?     

 

JḖSUS AVANT LES ḖVANGILES

Bart D. Ehrman

Edition Bayard

 2017

Bart Ehrman est un spécialiste du Nouveau Testament particulièrement médiatisé. Ce professeur américain est reconnu et bien intégré au sein du monde académique – sans toutefois, précisons-le, avoir une grande influence publique. Son apport réside essentiellement sur deux éléments. D’une part, il est un des spécialistes qui a consacré le plus de son temps à rendre les travaux académiques accessibles au grand public. Il a publié de nombreux ouvrages de vulgarisation et est bien présent sur Internet (blog, vidéos de conférences, etc.). D’autre part, il se présente comme ayant grandi dans un milieu « chrétien fondamentaliste » et comme étant devenu, au fil des années et de ses recherches, un « agnostique athée ».

C’est donc avec une approche à la fois sceptique et bien informée qu’il aborde la question de l’historicité du Nouveau Testament, et en particulier des récits des évangiles. Dans Jésus avant les évangiles, Bart Ehrman s’attaque à la question du « faire mémoire ». Plusieurs dizaines d’années se sont écoulées entre la vie de Jésus et la rédaction des quatre évangiles. Comment, au cours de ces décennies, les premiers chrétiens se sont-ils souvenus de Jésus ? Le bibliste américain part d’un présupposé : il y a, selon lui, une différence importante entre ce que Jésus a réellement vécu (ou a réellement dit), et ce que les évangiles nous en racontent. Dans Jésus avant les évangiles, Bart Ehrman s’interroge sur les raisons de cet écart entre le Jésus de l’histoire et le Jésus des évangiles. Pour cela, il va partir des études scientifiques sur la question de la mémoire humaine. Il va ensuite intégrer certains résultats de ces études à sa réflexion sur le processus de transmission des « souvenirs » sur Jésus parmi les premiers chrétiens.

Parmi les souvenirs qui sont rapportés par les évangiles, une minorité repose peut-être sur le témoignage de ceux qui ont connu Jésus (« les témoins oculaires »). Toutefois, remarque Ehrman, même les témoignages des disciples de Jésus n’étaient pas forcément fiables. En effet, la mémoire humaine est loin d’être infaillible et nos souvenirs sont parfois trompeurs.

De plus, contrairement à ce qu’affirme la tradition chrétienne, les évangiles n’auraient pas été rédigés sur la base du témoignage direct des témoins oculaires de la vie de Jésus. Pour l’historien américain, les évangélistes rapporteraient « des souvenirs de souvenirs » au sujet de Jésus qu’ils auraient entendus raconter par d’autres qui eux-mêmes les auraient entendus par le biais d’autres personnes, et ainsi de suite. Au fil des années, les souvenirs sur Jésus auraient été largement déformés alors que d’autres auraient été tout bonnement inventés. Comment cela s’explique-t-il ? Bart Ehrman fait ici appel aux études sur la « mémoire collective » : selon les époques ou les lieux, nous racontons le passé de manière différente et nous portons un regard plus ou moins critique sur tel fait ou tel personnage. En résumé, pour l’universitaire américain, l’écart entre les faits historiques de la vie de Jésus et les récits des évangiles n’a rien d’étonnant, ni même d’inquiétant : cet écart s’explique simplement par les aléas de la mémoire humaine.

 

Je n’ai pas la possibilité de présenter ici une critique détaillée de la position de Bart Ehrman. Signalons que, contrairement à ce que l’auteur affirme en introduction, son approche n’a rien de très originale : beaucoup d’études récentes s’intéressent à la question de la mémoire – ou du « faire mémoire » – chez les premiers chrétiens. D’autres spécialistes reconnus se montrent bien plus confiants dans la fiabilité historique des évangiles. Il me semble que l’historien américain fait preuve d’un scepticisme à la limite de l’honnêteté intellectuelle lorsqu’il aborde certaines données qui ne vont pas dans le sens de ses thèses. À l’inverse, il a tendance à exagérer le poids des données qui vont dans son sens. C’est le cas également pour ce qui concerne les résultats des études scientifiques sur la mémoire : certes, la mémoire humaine est parfois faillible, mais elle ne l’est pas toujours. De même, les souvenirs collectifs ne sont pas toujours erronés, et heureusement, sinon l’histoire de l’humanité ne serait qu’une vaste fable et nous n’aurions aucune certitude sur le passé ! Enfin, pour le croyant, la fiabilité et l’autorité des Écritures ne reposent pas sur la capacité de l’être humain à se remémorer correctement des faits, mais sur l’inspiration divine de ses auteurs.

 

Pourquoi lire Jésus avant les évangiles ? Disons-le d’emblée, la lecture pourrait s’avérer très déstabilisante pour le croyant qui n’est pas initié à ce genre de débats sur l’historicité des évangiles. Pour le lecteur non averti, il faudra indiquer qu’il ne s’agit ici que d’un point de vue d’un spécialiste et que ce point de vue ne fait pas consensus. Enfin, le lecteur averti trouvera chez Bart Ehrman les réflexions d’un spécialiste agnostique parmi les mieux informés, les plus compétents, mais aussi les plus mesurés. Le croyant qui affirme la fiabilité des évangiles trouve donc  ici un des meilleurs opposants possibles, et donc une référence pour le dialogue et la discussion. Qu’il poursuivra avec d’autres auteurs ayant conclu en sens opposé sur le fondement d’études tout aussi rigoureuses.

 

jÉsus aprÈs jÉsus

G. mordillat & j. prieur

Edition du SEUIL

 2004

Après « Jésus contre Jésus », et à l’occasion de leur nouvelle série d’émissions intitulée « L’Origine du christianisme », Jérôme PRIEUR et Gérard MORDILLAT ont mené leurs propres investigations sur la naissance de la religion chrétienne.


Entre l’an 30 et l’an 150, c’est-à-dire en un peu plus d’un siècle, le christianisme va se détacher du judaïsme dont il est issu, au point que les chrétiens finiront par se revendiquer comme le « véritable Israël ». Comment en est-on arrivé là ? Car Jésus est né juif, il a vécu en juif, il est mort juif. Il n’a donc pas « fondé » le christianisme, et c’est un abus de langage de le désigner comme un « fondateur » de religion.

 

Il est vrai qu’un groupe de disciples s’est réclamé de lui après sa mort, en proclamant sa résurrection. Comment ce groupe a-t-il fini par devenir « chrétien » ? Quel rôle jouèrent ses grandes figurent : Marie, mère de Jésus, Pierre, chef des disciples, Jacques, frère de Seigneur, et surtout Paul, qui se revendique « apôtre » alors qu’il n’a jamais rencontré Jésus ? Au prix de quelles contradictions, contorsions, illusions est-on parvenu à une nouvelle religion ? Quelles traces de la fabrication du christianisme peut-on retrouver dans les textes (évangiles, Actes des Apôtres, épîtres de Paul) ?


Un livre percutant, sans concessions, sur un tournant de l’histoire du monde.

 

jÉsus a vÉcu au cachemire

Andréas FABER – KAISER

Edition DE VECCHI

 1988

Cette hypothèse est une vérité au Cachemire. Jésus ne serait pas mort sur la croix, ayant survécu à la crucifixion il part au Cachemire à la recherche des fameuses tribus perdues d’Israël. C’est là-bas où il meurt âgé. Sa tombe est encore vénérée à Srinagar, capitale du Cachemire. On y trouve également la tombe de sa mère morte en cours de route.

 

L’auteur a étudié les documents attestant les faits à la lamaserie tibétaine de Lhassa et à celle de Ladakh.

 

Des faits troublants et une enquête passionnante. On peut toujours en rire, mais si c’était vrai …

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’enfant-Jésus et Jésus-Christ : une même personne ?   -   le silence de l’évangile  -  la découverte de Nicolaï Notovitch   -   Premier voyage de Jésus en Inde   -   de la croix au Cachemire   -   Pilate sympathise avec Jésus   -    Jésus n’est pas mort sur la croix   -   le suaire de Turin   -   Jésus sort vivant du sépulcre     -  liste des livres mentionnant le Marham-i-Isa et précisant qu’il fut préparé pour soigner les blessures de Jésus   -   la seconde vie de Jésus    -   A la recherche des tribus perdues d’Israël   -   Livres attestant l’origine israélite des Afghans  et des Cachemiriens   -   correspondances linguistiques entre la Bible, le Cachemire et les pays limitrophes   -    Jésus et le Cachemire   -   Marie est enterrée au Pakistan   -    le pré de Jésus à la frontière du Cachemire   -

Jésus s’installe au Cachemire   -   dialogue de Jésus avec le roi du Cachemire  -  Jésus père de famille et sa mort au Cachemire   -  le tombeau de Jésus  -    documents officiel sur le « Rozabal »   -   Ladakh, terre de Jésus et des chrétiens   -   la crucifixion de Sandiman  -   La tombe de Moïse   -   les lieux du Cachemire qui portent le nom de Moïse   -   Jésus et Bouddha   -   Jésus et les Mayas  -  Ezéchiel au cachemire ?   -   le mouvement ahmadiya   -   le bâton de Moise, appelé aussi bâton de Jésus   - 

 

JḖSUS  -  COMMENT  JÉSUS EST DEVENU DIEU

FRÉDÉRIC  LENOIR

ÉDITION  FAYARD

 2010

Pour vous qui suis-je ? Cette interrogation de Jésus à ses disciples n’a rien perdu de sa force. Les Evangiles laissent planer un doute sur l’identité de cet homme hors du commun : Est- il un prophète ? Le Messie attendu par les juifs ? Le fils de Dieu ?

 

De nos jours, le christianisme est pourtant la seule religion qui affirme que son fondateur est à la fois homme et Dieu. Comment les chrétiens des premiers siècles ont-ils progressivement été amenés à affirmer la divinité de Jésus alors que lui-même ne s’est jamais identifié à Dieu ?

 

Alors comment, à l’issue de débats passionnés, furent élaborés les dogmes de la Sainte Trinité et de l’Incarnation ? Quels autres regards ont été rejetés comme « hérétiques » lors de ces virulentes joutes théologiques qui ont couté la vie à certains ? Quel a été le rôle du pouvoir politique dans l’élaboration du credo chrétien à partir du Ive siècle et de la conversion de l’empereur Constantin ?

 

Ecrit comme un récit, cet ouvrage captivant permet de comprendre la naissance du christianisme ainsi que les fondements de la foi chrétienne et pose avec acuité la question centrale : Qui est Jésus ?

 

JÉSUS-CHRIST DANS L’ÉVANGILE DE JEAN

 

Edition Du CERF

 1980

Plaquette de 60 pages version chrétienne sur l’itinéraire de Jésus Christ. Histoire superbe.

 

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi.  Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »

 

Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ?

Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres oeuvres. Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des oeuvres. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes oeuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. Tout ce que vous demanderez en invoquant mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en invoquant mon nom, moi, je le ferai. Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.


Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui a reçu mes Commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »Avant d’être condamné, Jésus s’adresse à Dieu le Père.

 

Le chapitre 17 tout entier est une ultime prière de Jésus. Il prie pour tous les hommes afin qu’ils connaissent l’amour de Dieu. Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux.

 

jÉsus dans la tradition maçonnique

j. rousse– lacordaire

Edition DESCLÉE DE BROUWER

 2003

Ce titre a de quoi surprendre ceux qui ne voient dans la Franc-maçonnerie qu’un adversaire du christianisme ou qu’une philosophie purement humaniste. Pourtant, la Franc-maçonnerie étant née et s’étant développée en milieu chrétien, la figure de Jésus est présente dans la tradition maçonnique, même si c’est de manière très diverse et sous des formes parfois éloignées de celles que reconnaissent les Églises. Plus encore, le visage de Jésus apparaît, dans des lieux cruciaux de la ritualité maçonnique : la légende d’Hiram, la symbolique du Temple et, enfin, le grade de Rose-Croix.


Pourquoi privilégier une approche par les rites et les symboles ? Plus stables que les exposés doctrinaux, les rites recueillent durablement les significations des pratiques qui sont au cœur de la Franc-maçonnerie. Cet ouvrage entend donc avant tout s’inscrire dans le cadre d’une histoire des idées, mais sous l’angle particulier de l’imaginaire maçonnique. Il indique les sources et les cheminements historiques des rites et symboles du Christ dans la Franc-maçonnerie française, et présente les regards que les maçons eux-mêmes ont pu porter sur cette dimension de leur patrimoine du XVIIIème siècle à nos jours.


Les sources de cette histoire des métamorphoses maçonniques de la figure de Jésus étant dispersées, l’auteur s’est attaché à donner de nombreuses citations des documents maçonniques, des références bibliographiques commentées et un glossaire qui précise le sens du vocabulaire propre à la maçonnerie.

 

JÉsus dans la tradition soufi

Faouzi skali

Edition ALBIN MICHEL

 2004

Des maîtres soufis aussi éminents que Rumî ou Ibn ‘Arabi ont vu en Jésus le « Sceau de la prophétie », tout comme Muhammad est le « Sceau de la prophétie ». Faouzi Skali, spécialiste reconnu du soufisme et membre d’une confrérie, avait amorcé une recherche sur ce thème au côté d’Éva de Vitray-Meyerovitch, qui a beaucoup contribué à faire connaître la mystique musulmane en Occident. Il rapproche ici Évangile, Coran et textes mystiques pour dresser le portrait d’un Jésus qui nous invite à la religion du cœur, par-delà les barrières confessionnelles. Le dialogue incessant des monothéismes y trouve l’une de ses expressions les plus belles et les plus actuelles.

 

Des penseurs musulmans ont médité sur Jésus : Ibn Arabi, Ghazali, Attar... En réalité, le regard des soufis sur Jésus s'inspire du Coran et des hadiths. Le Coran parle abondamment de Jésus. La mère de Jésus, Myriam est aussi vénérée par nous. Dès sa naissance, elle était donnée à Dieu. « Seigneur - avait dit la mère de Mariam - je te voue ce qui est en mon sein comme consacré à ton service. Reçois le donc de moi ». Dès que Myriam fut mise au monde, elle fut placée sous la protection de son Seigneur (Sourate 3,35-36). C'était le début de la geste de Jésus dans le Coran.

Quand Marie s'est présentée avec Jésus, juste après son accouchement, devant sa tribu, on lui a dit : «Tu as fait une faute impardonnable et pourtant tes parents étaient respectables!» Alors elle a fait un signe au nouveau-né ; lui, à ce moment, à un âge où l'on n'a pas accès à la parole, a ouvert la bouche pour dire : «Je suis le serviteur de Dieu. Il m'a apporté le Livre et Il a fait de moi un prophète ; il m'a ordonné d'observer la prière et la zakat tant que je serai vivant...La paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, le jour où je serai ressuscité, vivant » (Sourate 19,27-33).

Le Coran a toujours parlé de Jésus avec beaucoup de respect. Il lui a donné la sagesse, l'Injil (en français, "l'Evangile"). Il a fait de lui un réformateur du judaïsme, rendant licites beaucoup de comportements que la Loi (tawrat) interdisait.

Pour nous, soufis, comme pour tous les musulmans, Jésus est soutenu par l'Esprit. Il a reçu la Parole de Dieu. On dit de lui qu'il est «parole de Dieu» (kalimatou Allah!). Cela signifie que se réalise en lui, ce que Dieu veut. Cela ne veut pas dire qu'il ressemble à Dieu et surtout pas qu'il est son fils. Chez nous, les musulmans, rien ne ressemble à Dieu.

 

Le Coran rapporte l'histoire des prophètes pour que la foi de ceux qui l'écoutent soit renforcée et que le calme et la paix habitent les cœurs. La sourate 6 nomme dix-huit prophètes. La liste commence par Noé et s'achève par Jésus. On nous dit que Dieu les a guidés et qu'il faut se mettre dans leur mouvance. Quand le Coran cite ainsi les prophètes, il souligne leurs qualités, leur comportement, leur dévouement, leur volonté de transmettre le message ; tout cela dans le but de soutenir la foi du lecteur.

En parlant du prophète Jésus, les soufis soulignent qu'il est vraiment musulman, au sens étymologique du mot, c'est-à-dire «soumis» à Dieu. Il est l'âme de Dieu. Il fait la prière et la zakat pour qu'on l'imite.

Incontestablement, dans le Coran le musulman découvre que Jésus est venu pour enseigner à l'humanité le détachement de ce qui est matériel. Il montre la nécessité de plonger en plein dans le spirituel, c'est-à-dire dans la prière, le partage de ses biens (zakat), l'entraide ou la solidarité. Nous devons garder les traits de la personnalité de Jésus et reconnaître comme lui la gloire de Notre Seigneur. Jésus a soigné les malades, ressuscité les morts.

Le Coran respecte les disciples de Jésus ; il dit aux musulmans que les chrétiens sont très proches d'eux : «Ceux qui sont les plus près d'aimer les musulmans sont ceux qui se disent chrétiens» (Sourate 5,82). Mais aujourd'hui, je suis étonné. Les soufis sont très sensibles à la pauvreté et au détachement de Jésus. Personnellement, lorsque j'entre dans une église je suis frappé. Comme tous les musulmans je suis opposé à toute représentation mais, malgré cela, lorsque je vois vos statues et vos crucifix, je me dis que vous comprenez la réalité de ce prophète. Vous le montrez dépouillé de tout, plongé dans une misère extrême. Si Jésus est votre prophète, si tout prophète de Dieu est un modèle, comment expliquer qu'on voie chez vous des trônes, des vêtements somptueux? Cette richesse absolument insolente n'est pas conforme à la doctrine de votre maître et de votre guide. Suivre Jésus, pour nous musulmans, c'est refuser d'étaler des richesses quand on prie.

Je suis étonné chaque fois que des personnalités chrétiennes accueillent un étranger. Ils se croient obligés d'être habillés comme les rois d'autrefois avec une couronne sur la tête et une sorte de grande canne en or à la main.

Par ailleurs, j'admets que Jésus ait parlé au nom de Dieu ; à nos yeux, il est vraiment prophète. Mais pourquoi, lorsqu'il parle, le pape prétend qu'il faut lui obéir comme à Dieu lui-même ? Nous n'avons pas chez nous des «hommes de Dieu» comme le pape ou les évêques. Bien sûr, certains d'entre nous font des études. A partir de ce qu'ils ont appris, chaque savant parle avec compétence mais en son nom propre. Des musulmans peuvent exercer de hautes responsabilités mais ils ne peuvent jamais se présenter comme des saints. Comment peut-on dire à un homme «Très saint Père»? On peut le critiquer, le dénoncer, lui faire des reproches.

Enfin comment se fait-il que la colonisation et l'exploitation des pays pauvres, avec la violence qui les accompagnent, soient l'oeuvre de personnes qui se réclament de Jésus? A partir de ce que le Coran nous dit de celui-ci, le comportement de l'Eglise nous fait mal. Le massacre des Noirs s'élève à onze millions! Les chrétiens affirment qu'ils sont disciples de Jésus, mais comment peuvent-ils prétendre suivre son message lorsqu'ils considèrent les Croisades ou le système colonial ?

 

J'admire le portrait de Jésus que je trouve dans le Coran. J'adhère à son message et je m'interroge: comment se fait-il que les chrétiens aient trahi leur maître à ce point ? A mes yeux, tout s'explique lorsqu'on prend conscience que Jésus n'a jamais construit un Etat au sens précis du terme. Les chrétiens étaient opprimés par les Romains jusqu'au jour où un empereur s'est converti et a manipulé l'Eglise; celle-ci s'est laissée altérer par le paganisme ambiant et toutes les infidélités découlent de ce mariage avec le pouvoir. On a préféré s'incliner devant l'empereur plutôt que de suivre Jésus. On a imité les puissants plutôt que de rejoindre les pauvres.

L'Eglise est née de cette compromission des chrétiens avec un pouvoir abusif. Chez nous, les musulmans, il en va autrement. Nous ne pouvons séparer le message de l'islam du pouvoir de l'Etat et nous avons été préservés de l'altération du message par un pouvoir païen. Ainsi le message de l'islam est demeuré authentique. Reste qu'il faut se tenir à la hauteur de ce que fut la mission de chacun des prophètes.

 

jÉsus  -  DICTIONNAIRE AMOUREUX DE JḖSUS

Jean-Christian Petitfils

Edition   Plon

 2015

Dans l'esprit de la collection des Dictionnaires amoureux, je suis parti à la rencontre de Jésus de Nazareth. Etre " amoureux " de lui est un sentiment intime qui engage l'être entier, mobilise ses émotions les plus profondes, où le mot prend, me semble-t-il, sa pleine dimension, puisqu'il se mesure à la transcendance.

 

Cela dépasse l'amour d'un paysage, d'une musique ou d'un héros, mort depuis longtemps. Pour le chrétien que je suis, Jésus est une personne vivante, le Dieu fait chair venu apporter le Salut au monde. Parler de lui, c'est évoquer en historien le singulier rabbi juif du premier siècle de notre ère, qui parcourait les routes de Galilée en compagnie de ses disciples, appelant à l'amour du prochain et annonçant la venue du Royaume, mais aussi, en croyant, le Christ ressuscité, que l'on ne rencontre vraiment que dans une dimension de foi. Croire, c'est être relié, au cœur même de son être, à une mystérieuse source d'eau vive.

C'est une chance, une grâce.

 

Selon certains théologiens, le fond du message des évangiles réside dans :

 

Les Béatitudes (selon Matthieu et selon Luc).


Les deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », qui constituent un tout indissociable. Autrement exprimé dans : « En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne peut pas aimer Dieu qu'il ne voit pas » (Jean VI:20).

À noter que ces commandements sont présents dans l'Ancien Testament (Lévitique 19-18: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"). La loi mosaïque reste un socle indiscutable du discours de Jésus rapporté par les évangiles.


L’injonction d'aimer son prochain, fut-il son ennemi.

 

Le «mystère pascal»: selon les chrétiens, la mort et la résurrection de Jésus. Il prêche l'imminence du Royaume et la nécessité d'une vraie repentance : « Repentez-vous car le royaume des cieux est proche ». (Matthieu IV:17)
L'essentiel du message se trouve certainement dans l'Évangile de Luc au chapitre 4 et aux versets 18 à 21 - un message de paix pour une humanité qui souffre non pas seulement physiquement mais surtout spirituellement à cause de sa décision d'exclure Dieu de sa vie, Jésus vient renouer ce lien au travers de ce message extraordinairement rempli d'amour pour chacun.
Autre formulation dans l'Évangile selon Jean 3, 16 : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. »

Plus qu'un simple "message", Jésus représente pour les chrétiens la venue de Dieu dans l'humanité, avec l'Incarnation du Verbe, le rachat de l'humanité par la croix, et la victoire sur la mort, par la Résurrection, signifiant le salut. Dans la Bible, nous pouvons lire comment les êtres humains ont perdu leur relation avec Dieu (Genèse 1-3), et comment Dieu cherche à retrouver un contact avec eux. Chrétiens et Juifs croient que Dieu agit sur la Terre, par les prophètes, les songes, ou la nature (le buisson ardent de Moïse par exemple) - autrement dit, que Dieu est immanent, aussi bien que transcendant.

Cependant, selon le Nouveau Testament, en Jésus, Dieu a pris la forme d'un être humain, a vécu parmi les hommes pour montrer qui est Dieu et quels sont son amour, ses commandements, son invitation à l'humanité. Voici l'élément distinctif de la vision chrétienne sur Jésus et, par conséquent, sur Dieu. La vie de Jésus et des premiers chrétiens est racontée dans le Nouveau Testament. Les témoignages de la vie de Jésus se trouvent principalement dans les évangiles, mais il y a aussi des références dans les écrits de Paul -par exemple, la première épître aux Corinthiens. Jésus de Nazareth est souvent appelé "Jésus-Christ". Le mot "Christ" (grec - équivalent de "Messie" en hébreu) veut dire "Oint de Dieu". Les Israélites croyaient que Dieu enverrait quelqu'un pour les libérer et instaurer le "Royaume de Dieu", une transformation qui ferait que Dieu deviendrait le seul Roi de la Terre, que les péchés seraient pardonnés, le Temple restauré, que les Romains seraient renvoyés d'Israël. Ils ont appelé cette personne le Messie.

Selon le Nouveau Testament, Jésus était ce Messie, mais ce n'était pas le Messie que les gens autour de lui attendaient. Il était très critique envers les autorités religieuses, ignorait les règles de la Loi quand l'amour le demandait, et passait beaucoup de temps avec les pauvres, les démunis et les rejetés de la société. Il a parlé d'une relation avec Dieu, non par l'intermédiaire des autorités, mais directement. Finalement, les autorités religieuses en ont eu assez, et ont persuadé les Romains de le crucifier. Il est mort sur cette croix et puis enterré.

Selon les Évangiles, Jésus est "ressuscité" le troisième jour après sa mort. Ce n'est pas une question de "revenir à la vie", comme dans certaines mythologies, mais pour les Israélites, un jour viendrait, à la fin du temps, quand tous les justes passeraient de l'autre côté de la mort, vers une vie épanouie, transformée et sans fin sur Terre. La suite de l'histoire commence quand quelques femmes visitent le tombeau et le trouvent vide. Ensuite c'est le chaos généralisé. Beaucoup de gens voient Jésus dans les jours qui suivent. Il est pareil, mais aussi différent. Il mange, mais apparaît également au milieu d'une pièce fermée. Il semble bien qu'il soit "ressuscité". Les prophètes avaient annoncé quelqu'un qui mourrait pour les péchés du monde, la résurrection signifie alors que le pardon est possible, et que plus qu'un prophète supplémentaire, Jésus est Dieu lui-même. Pour les premiers Chrétiens – ceux qui ont cru en Jésus – sa mort et sa résurrection permettent ainsi une relation restaurée avec Dieu, non par des intermédiaires religieux, mais directement par Jésus.

Littérature apocryphe : Un nombre certain de textes anciens ou plus récents, qui n'ont pas été retenus dans le canon néotestamentaire, mais qui nous sont connus depuis plusieurs siècles déjà, révèlent une vision parfois très différente qu'avaient certains courants des premiers siècles de notre ère (ou, anciennement comme récemment, des contre-conceptions) vis-à-vis de Jésus par rapport au Jésus traditionnellement connu par les évangiles canoniques. La littérature apocryphe varie grandement en styles et dans les conceptions de Jésus : détails sur son enfance et ses parents (Protoévangile de Jacques), une descente aux enfers (actes de Pilate), un Jésus maître de sagesse ou initiateur ésotérique (évangile de Thomas), ou encore simple prophète (évangile de Barnabé) plutôt qu'envoyé de Dieu, etc.

La critique textuelle nous donne aujourd'hui l'affirmation d'une fiabilité documentaire et/ou une ancienneté souvent bien supérieure pour les évangiles canoniques, et parallèlement, des datations tardives (ex., l’évangile de Barnabé est daté du Moyen Âge) pour nombre d'écrits apocryphes. Sur le plan du contenu, la comparaison entre les évangiles canoniques et les apocryphes, et des apocryphes entre eux, pousse la majorité des savants à conclure à des motivations sectaires développées par les uns et par les autres, soit contre les hérésies (du côté du christianisme officiel – tels les Oracles sibyllins), soit contre le christianisme dominant (du côté des courants divergents, souvent concurrents entre eux). Il faut ajouter que l'érudition a, pour bon nombre des écrits de la littérature apocryphe, conclu à des pseudépigraphes (parfois très tardifs), inspirés de littératures anciennes mais souvent inauthentiques (comme l’évangile de Barnabé, l’Évangile de Thomas, ou – mais cela est disputé – l’évangile de Marie).

 

JÉSUS Énigmes et polÉmiques

Lionel ROCHEMAN

Edition GRANCHER

              2000

Que c’est-il passé il y a 2000 ans en Palestine. Une enquête policière commence, c’est l’histoire de nos propres origines. 

 

Au sommaire de ce livre :

Les anti-historicistes – l’histoire, une matière fragile  -   Flavius Josèphe  -   les Radicaux jusqu’à Voltaire   -   des mythes orientaux   -  Héraklès avant Jésus   -  Jésus : mythe ou Dieu ?   -  Couchoud (1879-1959) et les cahiers du Christianisme   -  Saint Paul et Marcion  -   de l’Apocalypse aux cultes de Mystère   -  Alfaric, un compagnon de route   -   Guy Fau   -   marxistes et romanciers   -

Jésus a existé   -  le modernisme catholique   -  Jésus-hébreu : le Nouveau Testament a été écrit en hébreu et Jésus a existé (Tresmontant et Carmignac)   -  contestation de Bernard Dubourg qui pense que Jésus n’a pas existé et fut inventé par Paul    - 

L’Archéologie : Nag Hammadi  -  les gisements d’écrits antiques, de Qûmran à Murabaat   -   les esséniens   -   la préhistoire des Manuscrits de la mer morte et la localisation des grottes   -    la malédiction de l’antiquaire Schapira   -  Pourquoi les esséniens sont- ils commodes ?    Les Ghenizoth   -   livres retrouvés ou livres protégés ?    Les ossements d’animaux et un fragment d’écrit de saint Marc   -   le Maître de Justice : un modèle pour Jésus ?  -   Modèle fragmentaire de saint Luc   -  les quatre derniers ouvrages : Eisenman et Wise   -   Hershel, Shanks, Ernest-Marie Laperrousaz et Norman Golb   -     Ponce-Pilate, Flavius Josèphe, Tacite et Tibère   -    ce que l’archéologie ne nous apprend pas   -    le Suaire de Turin, ni fraude, ni linceul de Jésus, une œuvre d’art   -  Charles Guignebert  -   Fable ou histoire ? Palestine ou diaspora ?    - 

 

JḖSUS - L’IMITATION DE JḖSUS-CHRIST

Traduction Lamennais

Edition Seuil

1979

L'Imitation de Jésus-Christ tient une grande place dans la littérature chrétienne. Écrit par un moine, Thomas Kempis, durant la première moitié du XVe siècle, ce petit livre a été lu et médité par des générations de laïcs désireux d'approfondir leur vie intérieure. L'Imitation est certes un témoignage parmi d'autres du renouveau spirituel de son époque, désigné sous le nom de Devotio moderna, qui oppose la voie de l'intériorisation à un monde extérieur déchiré et violent.

 

Mais les grandes œuvres débordent le temps et le lieu qui ont offert le cadre, le sujet, l'occasion, l'auditeur. C'est l'existence chrétienne de toutes les époques qui est décrite dans ce livre. La grâce et la tentation sont ressaisies à leur " racine " : l'existence de l'amour et du mal. De l'un et de l'autre, l'auteur décrit les formes en appelant le lecteur à la conversion intérieure. L'Imitation tend à cette purification du cœur sans laquelle ne peut être ni compris ni vécu l'Évangile.

 

Cette œuvre, joliment reliée, était le cadeau obligé pour la communion solennelle.et à ce titre il fait partie de livres inséparables, peut-être justement parce qu’il prend ses distances d’avec la théologie des professeurs, au bénéfice de ce qu’il appelle la “science des saints”. Il est l’un des livres les plus lus de l’histoire de l’humanité. Écrit par Thomas  ­Kempis, le maître des novices de l’abbaye du Mont-Sainte-Agnès, près de Zwolle en Hollande, il arrive vers “l’automne du Moyen Âge”, au moment où la Réforme protestante se devine déjà.

L’Imitation est un petit manuel pour temps de crise, où le chrétien doit vivre sa foi par l’intérieur, dans l’intimité de la personne de Jésus, “le seul véritable ami”, comme le répète son auteur. C’est un recueil de sentences écrit par un mystique et non un moralisateur, dans la logique d’une histoire d’amour. Il est fait pour être doucement médité, une demi-page à la fois, pas plus. Vivre le Carême avec L’Imitation, c’est viser résolument une croissance intérieure, une nouvelle familiarité avec Jésus : un Carême de recueillement au désert avec Lui, plus que de performances et d’austérité.

 

L’Imitation dit d’elle-même qu’elle s’adresse aux amis de Jésus. À tous ceux qui veulent vivre dans son intimité, se cacher avec Lui, que ce soit loin du monde ou au cœur du monde, mais dans une conscience claire de la vanité et de la précarité de ce monde. Il y a là le plus intemporel de la foi chrétienne, ce qui explique peut-être son extraordinaire succès, aujourd’hui comme hier. Ce passage donne le ton de tous les autres : “Qu’est-ce que le monde peut t’ap­porter sans Jésus ? Être sans Jésus est un pénible enfer, tandis qu’être avec Jésus est un doux paradis !” »

 

JḖSUS -   LA VIE DE JḖSUS-CHRIST AU CIEL ET SUR LA TERRE   -   ḖNIGMES ET MYSTḔRES

André  Benzimra

Edition Archè Milan

2015

Comment expliquer la série de naissances miraculeuses qui se produisirent au temps de Jésus ? Comment comprendre la dureté avec laquelle celui-ci traite ses parents et particulièrement Marie ? Qu'est-ce donc qu'il écrit sur le sol au moment où le peuple se prépare à lapider la femme adultère ? Pourquoi, au moment d'entrer à Jérusalem, se choisit-il pour monture un ânon qu'il a fallu aller chercher très loin ? Que signifie exactement Jésus lorsqu'il dit à sa mère, parlant de Jean : "Femme, voici ton fils" ? Pourquoi, sur le passage du Messie, les gens de Jérusalem agitent-ils des rameaux ? Etc. Ce sont là quelques-unes des énigmes que l'auteur tente de résoudre à partir de certains sous-entendus des Evangiles. Au passage, il s'efforce de montrer qu'il y a moins une divergence qu'un malentendu entre judaïsme et christianisme. Mais l'objet essentiel de son livre vise à percer le double Mystère du Christ dans l'éternité de sa résidence céleste et de Jésus dans son passage sur cette terre

 

Le Christ apporte cette révélation et ce salut. Comme on peut dire que toute l'action de Dieu dans l'humanité se réalise par une médiation, on peut dire pareillement que toute l'oeuvre du Christ dans l'histoire est une médiation. Jésus est le Médiateur parfait, si bien qu'au sens absolu ce titre lui appartient en propre. « Il y a, déclare les évangiles, un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. » La qualité du Christ comme médiateur unique est soulignée de manière absolue par sa comparaison avec la qualité de Dieu comme seul Dieu. Et la médiation du Christ est située dans le plan moral et religieux avec une indiscutable netteté. Jésus-Christ est médiateur entre ces deux parties : Dieu d'un côté, d'un autre côté les hommes.

 

Ceci ne diminue pas le rôle joué dans l'A. T, par les intermédiaires nommés et par les autres dont les noms auraient pu être ajouté. Paul lui-même, parlant de l'utilité de la Loi, rappelle qu'elle fut promulguée par le moyen d'un médiateur ; il attribue à Moïse le même titre qu'à Jésus-Christ. Quelques exégètes ont allégué que Moïse était le représentant du peuple d'Israël devant Dieu, bien plus que le représentant de Dieu devant le peuple. L'erreur est manifeste ; l'apôtre l'a par avance réfutée en ajoutant, v. 20 : « un médiateur ne l'est pas d'un seul », c'est-à-dire un médiateur suppose toujours deux parties. La fin de ce verset a donné lieu à des centaines d'explications, explications ingénieuses mais compliquées ; le contexte permet, semble-t-il, de l'entendre simplement : « Dieu est un », rappelle l'apôtre, c'est-à-dire : Dieu est une partie. Paul entend établir, par la mention expresse de Dieu comme l'une des parties entre lesquelles s'opère la médiation, que Moïse était bien l'envoyé de Jéhovah et son mandataire ; l'autre partie, Israël, était connue de tous et Moïse était son chef indiscuté.

 

L'épître aux Hébreux admet, elle aussi, la réalité de l'action médiatrice des témoins de Dieu dans l'ancienne alliance ; c'est en le comparant à eux qu'elle démontre la préexcellence du Christ comme médiateur d'une meilleure alliance), d'une alliance nouvelle. Cette comparaison, ou plutôt cette opposition des deux alliances, thème fondamental de l'auteur, est la comparaison, l'opposition de la Loi et de l'Évangile. L'alliance ancienne est abolie, la loi mosaïque est dépassée ; elles n'étaient que pour un temps ; la nouvelle alliance est définitive, l'Évangile est éternel, et l'oeuvre de Jésus-Christ, fondant la nouvelle alliance et proclamant l'Évangile, corrobore le caractère surnaturel de sa personne de Fils unique. Toutefois, l'ancienne alliance et la loi mosaïque, malgré leur rôle temporaire, leur insuffisante valeur, sont d'origine divine ; leur mission a été providentielle ; l'opposition n'est pas une antinomie, car si le parfait n'a plus besoin de l'imparfait, l'imparfait a préparé le parfait.

 

Et désormais il n'y a plus qu'un seul médiateur, Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ seul tient d'assez près à Dieu pour être son représentant parmi les hommes et tient d'assez près aux hommes pour être leur représentant devant Dieu. Si bien que, quand Jésus-Christ vient vers les hommes c'est Dieu lui-même qui vient vers eux, et que, quand les hommes vont à Jésus-Christ c'est à Dieu lui-même qu'ils vont. Et si Dieu, « chez lequel il n'y a nul changement ni l'ombre d'une variation », continue, pour étendre son Royaume, à orienter les hommes par l'action de certains hommes, ceux-ci seront, en même temps, les intermédiaires du « Père des lumières » et du Fils qui est « la lumière du monde ». C'est au nom du seul médiateur comme au nom du seul Dieu que les hommes se convertiront, se sanctifieront, travailleront pour le salut de leurs frères ; ils seront ouvriers avec Dieu parce qu'ils seront, et dans la mesure où ils seront, les témoins de Jésus-Christ.

 

En ce qui concerne Dieu, Jésus s'attribue une si entière connaissance qu'elle atteint la connaissance divine elle-même et que lui seul possède. « Nul ne connaît ce qu'est le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît ce qu'est le Père si ce n'est le Fils ». Surhumaine parole et parole historique dont un critique aussi indépendant que W. Heitmüller dit qu'elle « appartient à la source des Logia », à la plus ancienne source, et qu'elle possède « une authenticité substantielle », dont un critique aussi perspicace que W. Sanday dit que « celui qui la pénètre a trouvé sa voie pour aller jusqu'au coeur du christianisme » . De même que Dieu discerne non seulement la vie du Fils que les hommes peuvent aussi percevoir, mais l'être profond, ce qui constitue l'être propre, le moi réel du Fils, ainsi le Christ saisit non seulement l'action de Dieu manifestée par ses interventions dans le monde, la personne de Dieu révélée dans les desseins miséricordieux constituant l'histoire de l'A.T., mais, par-delà ces fragments de vérité accessibles aux hommes, il découvre la pensée inconnue, le sentiment insaisissable, la volonté impénétrable aux regards des créatures et qui forment l'être même de Dieu. Entre Dieu et le Christ il y a une communion réciproque et complète, qui n'est admissible et qui n'est compréhensible que parce que le premier est le Père et que le second est le Fils.

 

Si Jésus ne s'est pas désigné comme « le Fils de Dieu », il a accepté d'être ainsi appelé, et les textes sont en grand nombre où il se donne comme « le Fils » ; non un fils quelconque, ou supérieur en quelque manière aux autres fils, mais le Fils en un sens absolu. Il y a parité entre ces deux titres. Les notions de prophète, de témoin de Dieu, d'homme-type, de révélateur, de fondateur du Royaume de Dieu, de Sauveur, n'épuisent pas la plénitude de l'expression « le Fils » ou le « Fils de Dieu ». L'union personnelle ainsi marquée est le fondement de la conscience de Jésus. Ce n'est pas sa mission de révélateur, de rédempteur qui lui donne la conviction qu'il est le Fils de Dieu ; c'est parce qu'il est le Fils de Dieu qu'il entreprend sa mission de révélateur et de rédempteur ; le sentiment de sa filialité divine est en Jésus la cause, non la conséquence de son oeuvre.

 

Le 4° ° évangile, appuie fortement les déclarations des synoptiques. Aux pharisiens contestant la portée du témoignage qu'il se rend à lui-même, Jésus répond : « S'il m'arrive de juger, mon jugement est vrai car je ne suis pas seul mais le Père est avec moi ». Le médiateur ne parle pas de son propre chef ; représentant de Dieu, il sait assurément quel est le plan général, l'éternel dessein de Dieu, mais en outre il suit à toute heure la volonté de Dieu, il distingue en toute occasion la pensée de Dieu, et sa parole correspond d'autant mieux à la réalité vraie que, sur la réalité en question, il traduit ce que Dieu lui inspire. Jésus n'est pas une personnalité même exceptionnelle déléguée par un Dieu lointain ; à côté de lui se tient le Père qui l'a envoyé, et c'est le Juge souverain qui prononce avec Jésus l'arrêt que Jésus prononce. En vertu de cette assistance directe, de ce lien permanent, le Fils possède une pleine intuition de Dieu. Et ce savoir ne lui vient pas d'une sagesse lentement acquise, d'une réflexion longuement mûrie, il lui est donné parce qu'il est le Fils, le Fils que Dieu ne laisse jamais seul.

 

C'est pourquoi, et par inévitable conséquence, même quand les Juifs appellent Dieu : leur Dieu, cependant ils l'ignorent encore. Vis-à-vis de leur science traditionnelle si limitée, si rudimentaire qu'elle ne discerne pas dans le Christ celui par qui Dieu veut se révéler, et que sur le point culminant de l'action de Dieu leur science est aveugle, Jésus place son savoir personnel, un savoir qui, dans sa compréhension sans ombres, forme avec tout autre savoir humain un ineffaçable contraste : « Vous n'avez point connu Dieu, mais moi je le connais ». La particule adversative du texte original oppose les interlocuteurs, comme les verbes employés opposent les connaissances : l'une directe, immédiate, l'autre transmise, acquise. Le Dieu méconnu par les Juifs est pour Jésus son Père ; cette situation spéciale de Jésus explique sa pénétration spéciale et que Jésus seul sache véritablement ce qu'est Dieu et ce que Dieu veut. Plus loin, Jésus mettra sur le même plan la connaissance que Dieu a de lui et la connaissance que lui a de Dieu. Comme la connaissance de Jésus par Dieu est une connaissance intégrale, pareillement est intégrale la connaissance de Dieu par Jésus.

 

Au sommaire de cet ouvrage : Des naissances insolites  -  L’annonce faite à Marie  -  Aide et protection demandée au Baptiste  -  La naissance de Jésus  -  La visite des Rois mages  -  La circoncision  -  La fuite en Egypte  -  L’enfance de Jésus  -  Le baptême de Jésus et sa mise à l’épreuve  -  Notes sur le baptême  -  Commencement de la mission de Jésus  -  Les noces de Cana  -  les miracles  -  la calomnie  -  Donne nous un signe  -  L’ordre de la nature et la loi de Moïse  -  Ce que dit Jésus au nom de son père qui est dans les cieux  -  Ce que Jésus dit de lui-même  -  La mission des douze  -  la malédictions sur les villes du bord du lac  -  la demande de Jean le baptiste  -  la mort du Baptiste  -  les paraboles  -  retour sur Nazareth  -  La tristesse de Dieu  -  la Transfiguration  -  la notion de création et l’action des trois personnes de la Trinité sur les êtres crées  -  Paroles de sagesse  -  le pouvoir de lié et de délier  -  le désaccord entre les douze  -  le petit à l’ânesse  -  Avant et après l’entrée à Jérusalem  -  Dans Jérusalem  -  l’entretien avec Nicomède  -  les marchands du Temple  -  le concours d’énigmes  -  quand reviendra le printemps du monde  -  tu aimeras ton prochain comme toi-même  -  la colère contre les pharisiens et les scribes  -  les signes des temps  -  le jugement dernier  -  cette génération ne passera pas sans que vous ayez vu ces choses que je vous annonce  -  l’onction de Béthanie  -  la trahison de Judas  -  le repas pascal  -  l’Eucharistie  -  l’écœurement  -  le reniement  -  le sommeil de ceux qui devraient veiller  -  arrestation de Jésus  -  la condamnation à mort  -  ces violents qui forcent les portes du ciel  -  mort de Judas  -  Jésus devant Ponce Pilate  -  le sacre dérisoire  -  le chemin de croix  -  le Golgotha  -  la crucifixion  -  la consolation de Marie  -  la mort de Jésus  -  ce qui advint aussitôt après la mort de Jésus  -  le tombeau vide  -  les dernières apparitions de Jésus  -

 

jÉsus – illustre & inconnu

j. prieur & g. mordillat

Edition DESCLÉE DE BROUWER

2001

Jésus, illustre. C’est peu dire. Mais toujours aussi fascinant. Jésus inconnu, non parce qu’on nous tairait des secrets, caché plutôt par les idées reçues, les préjugés, les fausses évidences, caché par les images, les légendes, les catéchismes, par ce que nous croyons voir et croyons lire.


Caché par le Nouveau Testament qui ne craint pas de multiplier les portraits inconciliables, d’accumuler les questions sans réponse. Caché par les écrits chrétiens eux-mêmes qui sont pourtant les seules sources existantes.
Caché par ce que les Évangiles veulent raconter et par ce qu’ils ne veulent pas dire, caché par le texte qui a rendu Jésus insaisissable.

 

Si votre foi en Dieu et en Jésus est basée sur la certitude que le Nouveau Testament est « parole d'évangile » (pardonnez le jeu de mots facile), je vous déconseille ce livre car après sa lecture, vous serez en perte de repère !…

Si au contraire vous êtes en recherche, ou si votre foi dépasse les éléments factuels et n'a pas besoin de se rassurer par des « preuves », vous apprécierez ce travail de recherche car il a le mérite de remettre l’église au milieu du village. Il apporte de nombreuses informations sur les contextes historique, politique et religieux du Nouveau Testament.

Ses auteurs ont élaboré les reportages de la série d'émissions « Corpus Christi » sur Arte. Oui, bon, j’ai beau dire cela et fanfaronner, j’avoue qu'à la lecture de ce bouquin, j'ai ressenti comme un vertige. Car une bonne partie de ce que vous croyiez être vrai ou tout au moins vraisemblable dans les évangiles ne résiste pas à l'analyse historique de nos auteurs. Le livre est organisé en questions-réponses et par là est très pratique. On peut le lire de A à Z, ou le feuilleter et s'attarder uniquement sur les points qui nous tracassent. En vrac, voici quelques « scoops » !


Saviez-vous par exemple que les 4 évangiles ont été rédigés dans l'idée d’être le seul ? Si l'on en obtient 4, c’est parce qu'aucun n'a réussi à supplanter les autres. D'autre part, aucun évangile n’a été écrit par l’un des apôtres, comme on tend plutôt à le croire. Les récits des noces de Cana et la résurrection de Lazare ne figurent que chez Jean, ce qui indiquerait qu'il s’agit d'une allégorie de sa part et non de comptes rendus exacts… Le Notre Père (Matthieu et Luc) est « du premier au dernier mot une prière juive » adaptée par les premiers chrétiens. L’entrée à Jérusalem de Jésus monté sur un ânon est décrite comme une scène de liesse où Jésus est accueilli de façon tonitruante.


Cette scène semble impossible car les Romains n’auraient jamais laissé un tel débordement avoir lieu, particulièrement en période de fête de Pâque. Ou encore, « on doit penser qu'il n’y a jamais eu de procès de Jésus devant le Sanhédrin ». Etc., etc…


De nombreuses questions sont abordées telles : « que s'est-il passé entre Joseph et Marie ? » ; « que penser de la virginité de Marie ? » ; « Jésus a-t-il eu des frères ou des sœurs ? » ; « pourquoi les disciples vont-ils toujours par deux ? » ; « que sait-on de Jésus adulte ? » ; « quelles sont les circonstances de l’arrestation de Jésus ? » ; « Jésus a-t-il été enseveli ? » ; « Jésus était-il homme ou Dieu ? » ;…
Vraiment décapant, ce livre !

 

JḖSUS  - LA LANGUE DE JÉSUS

 Frère  Bernard-Marie, franciscain

Edition TEQUI

 1999

Cet ouvrage présente la quarantaine de mots araméens qui ont été retranscrits quasiment tels quels dans le Nouveau Testament grec. Leur sens, parfois multiple, est à chaque fois clairement précisé.

 

De plus, un certain nombre de formes sémitiques spécifiques s'y trouvent répertoriées et expliquées, ce qui jette un éclairage intéressant sur plusieurs passages réputés difficiles du texte grec.

 

La longue histoire de l’arborescence araméenne est évoquée ainsi que son influence ecclésiale, parfois très grande. A l'occasion, certaines questions épineuses se trouvent sinon résolues, du moins éclaircies.  Ainsi en est-il de la langue supposée originale des Evangiles, de l’interprétation du « Notre Père » ou de l’utilité des vieilles versions syriaques en exégèse.

 

Après avoir pris connaissance de cette première ébauche, le cardinal Urs Von Balthasar reconnaissait y avoir lui-même découvert « plein d’aperçus nouveaux »

 

L’édition actuelle a été soigneusement revue, corrigée et mise à jour et augmentée par le frère Bernard Marie, moine du Tiers-ordre franciscain, diplômé de langues bibliques et ancien enseignant à la faculté de théologie de l’Institut Catholique de Paris.

 

Au sommaire de cet ouvrage référence :

 

Aperçus généraux sur l’Araméen : Influence de la syntaxe sémitique sur le grec des évangiles   -   l’araméen de l’antiquité à nos jours   -   différences grammaticales entre l’hébreu et l’araméen   -     les sémitismes de la Septante   -   l’Araméen au temps de Jésus et dans l’Ancien Testament    -    Que peut- on dire aujourd’hui du fameux évangile sémitique de Matthieu ?    - 

Les versions araméennes de la Bible : Les Targums de l’Ancien Testament  -  l’harmonie syriaque de Tatien  - 

Les mots araméens du Nouveau Testament : Les divers noms donnés à Dieu, au Christ, au diable, à l’enfer et aux personnes humaines    -    Noms propres de lieux  -  Vocabulaire liturgique   -

Les Aramaïsmes du Nouveau Testament : Divers jeux de mots en araméen grec et hébreu   -   la stylistique araméenne   -   l’araméen peut éclairer certains passages obscurs du grec évangélique    -    l’éclairage des versions araméennes   -    Les aramaïsmes indirects   -

L’Araméen évangélique dans les citations extra-bibliques : Quelques jalons dans l’église primitive   -   regard sur les mystiques chrétiens   -

Quelques rétroversions du grec vers l’araméen : le Notre Père en araméen   -   l’Ave Maria dans une version syriaque   -

 

En annexes des index de mots araméen, des noms de personnes cités, des textes et citations bibliques et une bibliographie    -

 

JÉsus, le MaÎtre intÉrieur

Laurence FREEMAN

Edition Albin Michel

 2002

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous sentir concernés par la spiritualité plutôt que par la religion, serait-ce parce que le champ spirituel renvoie à l’expérience intérieure et le religieux à la foi, aux croyances, aux dogmes avec tout son cortège d’intermédiaire ?

 

Selon Laurence Freeman, moine bénédictin anglais, c’est en redécouvrant l’unité et la simplicité fondamentale des enseignements de Jésus que l’on peut dépasser cette dichotomie entre foi et expérience, religion et spiritualité, entre la raison et l’intuition.

 

Ce livre, préfacé par son ami le Dalaï lama et imprégné d’une vie tout entière consacrée à la méditation et à la connaissance de soi, montre que la question de Jésus à ses disciples : « Pour vous qui suis-je ? » - montre que cela nous concerne tous. A la manière d’un koan zen, elle peut nous mener sur un chemin de vérité. Evoquant la réalité historique de Jésus et commentant les évangiles,

 

Laurence Freeman présente son parcours, ponctué par ses souvenirs d’enfance en Irlande, et nourri du dialogue constant avec les traditions orientales et des chrétiens du monde entier ; avec une grande liberté de ton, il nous invite à écouter la question de Jésus, le Maître intérieur, et à réfléchir sur notre propre identité.

Disons-le d'emblée, le livre de L. Freeman nous emmène vers le profond, le plus profond. Il nous invite à le suivre dans l'évocation de sa relation à Jésus Christ, le «maître intérieur», éducateur d'une manière de vivre selon une heureuse nouvelle - la nouveauté de l'amour inconditionnel d'un Père de qui il reçoit une expérience-Abba unique, celle d'un vivre ensemble entre frères où de la grâce puisse aider à sortir du donnant-donnant et faire du neuf -, et que nous nous attablions pour communier à la Parole qu'il est, la savourer et la laisser refaire nos forces. Freeman, responsable de la Communauté mondiale des méditants chrétiens (WCCM), entreprend ici un dialogue avec les différentes traditions de conviction et de prière, évoque saint Paul, Simone Weil et Julienne de Norwich, pour cueillir auprès d'eux des fleurs de silence et de méditation. Ce n'est pas un hasard si le Dalaï Lama lui fait l'amitié d'une préface. L'éminente icône d'une non-violence rayonnante - et d'un refus radical d'imposer ses convictions à quiconque - apprécie dans le christianisme «le sens de la communauté et de la responsabilité sociale». L'enjeu d'un «suivre Jésus», comme d'une réponse à son «pour toi, qui suis-je?», est de forger une réponse personnelle. De la ciseler ou mieux, de la laisser advenir d'un coeur devenu «simple», rendu simple par la pratique du silence et de la méditation.


La question est là, à nous parvenue avec l'écho de tentatives séculaires de donner «la» réponse. Si cette dernière est simple, elle n'est pour autant pas facile à trouver. En effet, si nous décidons d'écouter et de répondre à l'appel de Jésus, toute notre manière de vivre, de penser, de ressentir, sera transformée de fond en comble. L'enjeu n'est pas ici, on s'en doute, de promouvoir «son» Jésus, celui qui habite - quoi qu'il en veuille - l'imaginaire de chacun, mais d'accueillir celui qui «se tient à la porte et qui frappe». Jamais il ne s'imposera, ni ne forcera la porte du coeur et de la conscience. C'est de ce lieu privilégié- la chambre haute - que peut surgir, comme une source, la réponse intime que nous seuls pouvons formuler. Et cela se réalise essentiellement en renonçant à toute emprise affective ou mentale; une réponse cordiale, en passant, transforme insensiblement et convertit actions, paroles et pensées.


À la suite de John Main, qui l'initia à la méditation selon une tradition que Jean Cassien lui-même avait héritée des Pères du désert d'Égypte, Freeman ne propose pas un lexique de mots nouveaux pour soutenir la prière. Il déploie sous nos yeux une grammaire tellement ancienne, et cependant radicalement neuve. Il s'agit de répéter sans se lasser le mot sur lequel se clôt (s'ouvre,) le Livre : Maranatha, viens Seigneur!, et de laisser à ce point cette parole se dire que même dans la distraction, jusque dans le sommeil, elle irradie le coeur et se parle plus profond que les mots, creuse le sillon d'un silence où se reçoit un oui à la joie d'aimer et de se laisser aimer.


C'est au coeur de ce coeur qu'une communion fondamentale se célèbre. Les fruits que le méditant en cueillera seront joie, paix, bienveillance pour les êtres (cf. Ga 5). Oui, il est bien question de tendre vers une disponibilité, à l'Autre et aux autres. Le plus beau cadeau qu'on puisse offrir à autrui - c'est d'une manière encore plus prégnante le lot de qui désire devenir disciple du Christ - est de devenir soi-même, de connaître qui on est, de se présenter tel que l'on est, d'advenir à son être propre. La réponse au «pour vous, qui suis-je?» ne se conquiert pas par la force d'une conviction ou l'intensité d'une prière; elle se reçoit de plus grand, se laisse surgir de plus intime à soi que soi-même. Cheminant sur cette Voie, le disciple peut s'offrir en espace de communion, comme une oasis de silence; il peut faire cadeau de qui il devient au contact de l'Évangile.


L'auteur. ne se propose pas de nous décrire «qui est» ce Jésus, il  nous entraîne dans sa conviction que nous ne saurons répondre à cette demande qu'en nous laissant purifier par une écoute longue et profonde. Libérés de nos images - pour ce faire, il convient de briser les miroirs qui empêchent de le regarder Lui -, laissant s'en aller la prétention à avoir compris, mais pas du désir incessant de L'accueillir et de Le reconnaître, nous pourrons devenir témoins. Non pas hérauts d'une profession de foi qui convainque par une cohérence intellectuelle, mais plutôt signes que la nouveauté de l'Évangile peut être pour chaque être, joyeuse nouvelle. Oui, Maranatha, viens Seigneur, fais-nous la grâce de pouvoir te prier! –

 

Né à Londres en 1951, Laurence Freeman fait ses études secondaires chez les Bénédictins et obtient un Masters Degree en littérature anglaise au New College d’Oxford. Après une expérience professionnelle aux Nations Unies, dans la banque d’affaires et le journalisme, il entre à l’abbaye d’Ealing comme moine bénédictin. Son guide spirituel fut Dom John Main que le P. Laurence connaissait déjà depuis de nombreuses années avant d’entrer au monastère. Il étudie avec lui pendant son noviciat et l’aide à fonder le premier Centre de méditation chrétienne à Londres en 1975. Il l’accompagne ensuite au Canada où ils sont invités par l’archevêque de Montréal à fonder une petite communauté bénédictine enseignant et pratiquant la méditation, point de départ de l’expansion de cette tradition spirituelle dans le monde. Le P. Laurence fut ordonné en 1980.

 

Après la mort de John Main en 1982, le P. Laurence lui succède. Depuis lors, il voyage beaucoup afin de poursuivre l’oeuvre qu’ils ont commencée. Lorsque la Communauté mondiale des Méditants chrétiens fut créée en 1991, le P. Laurence en devint le guide spirituel. Laurence Freeman est moine au monastère de Christ the King, à Cockfosters, dans le nord de Londres, appartenant à la congrégation des bénédictins olivétains. Depuis le Centre international de la Communauté, à Londres, il s’est mis au service d’un réseau mondial de groupes de méditation, en Amérique du Nord et du Sud, Europe, Australie et Asie. Il est actif également dans la rencontre contemplative des différentes religions et a dirigé le programme Way of Peace (Chemin de paix) avec sa sainteté le dalaï-lama.  

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La question clé   -   « et pour vous, qui suis-je ? »    -     Connaissance de soi et amitié    -    Que sont les Evangiles ?   -    la vie de Jésus   -    le royaume du pardon   -    Jésus et le christianisme   -    la conversion  -   l’esprit   -   la méditation   -   le labyrinthe   -   les stades de la relation   - 

 

JḖSUS -  L’ENCYCLOPḖDIE

Collectif – Direction  Mgr Joseph Doré

Edition Albin Michel

 2017

 Si Jésus apparaît comme une figure éminente dans l'histoire de l'humanité, sa vie, ses actes et son message réels demeurent paradoxalement assez méconnus. Dans quel milieu a-t-il vécu, qu'a-t-il dit, fait et transmis ? Et que penser de la valeur historique des récits évangéliques, au-delà des discours dogmatiques et des strates culturelles accumulées depuis deux millénaires ? Conçue et dirigée par Joseph Doré, voici la grande synthèse inédite des données établies (ou discutées) par la recherche historique, qui répond sans tabou à toutes les interrogations du public. Outre une lecture critique des textes, elle propose aussi les regards croisés de philosophes, psychanalystes, écrivains et autres personnalités chrétiennes, juives, musulmanes, athées et agnostiques. Un ouvrage de référence sur un personnage unique, Jésus, qui garde son mystère et interroge chacun de nous sur le mystère qu'il est à lui-même.

Interview avec Mgr Joseph Doré qui a supervisé cette encyclopédie :

Pourquoi Jésus fascine-t-il toujours ? Mgr Joseph Doré : Le verbe fasciner est peut-être un peu fort, mais il est certain que de tout temps, Jésus a suscité l’étonnement et l’admiration. Et cela a commencé dès les débuts de sa vie publique ! S’il interpelle alors ses contemporains, ce n’est pas par une volonté de sujétion ni de propagande, mais simplement par la qualité de sa prise de parole et la miséricorde infinie de ses comportements. L’étonnement se poursuit bien sûr après sa mort, puisque certains affirment, non pas qu’ils l’ont vu, mais qu’il « s’est donné à voir »… Tout au long de l’histoire, le christianisme a réfléchi à la personne de Jésus, et aucune époque ni aucun saint n’a fait l’impasse sur cette interrogation fondamentale : qui était-il ?

Mais ne vit-on pas aujourd’hui, vingt siècles de christianisme plus tard, une période de désenchantement ? : Mgr J. D. : Quelle que soit la foi de nos contemporains, ceux-ci ne peuvent nier que Jésus a laissé des traces considérables dans l’histoire des hommes. Et même sans croire qu’il est le fils de Dieu, beaucoup adhèrent à sa proposition éthique, qui place l’amour au centre de tout. Enfin, je crois que l’on s’intéresse d’autant plus à Jésus aujourd’hui que son existence même est à nouveau remise en cause par certains. Dans cette encyclopédie, nous tenons donc à répondre aux questions du grand public : Jésus était-il marié ? Quelle était sa relation avec Marie Madeleine ? Nous donnons aussi la parole, à la fin de chaque chapitre, à un intellectuel contemporain qui s’intéresse à Jésus et qui explique en quoi : Leili Anvar, Edgar Morin, Jean Vanier, Jacques Julliard…

Pourquoi publier cette encyclopédie aujourd’hui ? : Mgr J. D. : Parce qu’on en a désormais les moyens scientifiques. De merveilleuses méthodes exégétiques ont été mises au point ces cinquante dernières années, avec notamment l’apparition de nouveaux critères d’historicité : critère d’attestation multiple, d’embarras, d’explication suffisante ou encore de cohérence. Maintenant qu’on le peut, nous devons faire recours à l’histoire – comme science des événements, des sociétés, des institutions, mais aussi des textes – pour nous faire une idée des comportements que Jésus, figure historique, a effectivement eus et des paroles qu’il a vraiment dites.

À quelle question cet ouvrage cherche-t-il à répondre ? : Mgr J. D. : À deux questions : un, qui était Jésus, et deux, pourquoi a-t-on dit de lui qu’il était le Christ, c’est-à-dire le Messie ? Les auteurs du Nouveau Testament ne parlent jamais de lui sans le présenter comme plus qu’un simple homme : ça aussi, c’est un fait historique, qui doit être expliqué. D’autant plus que cela n’allait pas de soi, à l’époque ! Comment ces gens-là, qui croyaient en un Dieu tout-puissant et trois fois saint, ont-ils pu considérer un homme comme son fils ? Voilà ce à quoi essaie de répondre cette encyclopédie, qui n’a pas pour tâche de présenter, défendre et argumenter l’ensemble de la doctrine chrétienne sur Jésus le Fils de Dieu.

Après avoir enseigné la théologie pendant quarante ans et dirigé une collection de cent ouvrages intitulée « Jésus et Jésus-Christ », vous venez de travailler trois ans sur cette encyclopédie. Votre conception de Jésus a-t-elle changé ? : Mgr J. D. : Ce qui a changé, surtout, c’est ma manière de concevoir Dieu. Dieu est pour moi plus intéressant, plus crédible, si je le pense à travers ce que m’en manifeste Jésus. Si Dieu était simplement une réalité toute-puissante, qui me sauverait, certes, mais sans se salir les mains, en restant dans sa gloire, je crois qu’il ne m’intéresserait pas autant. Or Jésus se fait proche de moi, et il me dit que je n’y verrai jamais clair sur Dieu si je n’y associe pas le mot amour. Pour moi, d’une certaine manière, Jésus « sauve » ainsi Dieu.

 

JḖSUS PARLAIT ARAMḖEN

Eric Edelmann

Edition le Relié

2000

"Jésus parlait araméen" propose une enquête serrée sur les Évangiles pour retrouver, sous les différentes couches rédactionnelles, quel a été le message initial, du vivant même du Christ. Pour étayer ses démonstrations Éric Edelmann s'est fondé, en grande partie, sur la "Peshitta", Évangile écrit en araméen, langue encore utilisée par les Églises de Syrie, d'Irak et du Liban, et dont plusieurs équipes de spécialistes affirment qu'il serait antérieur aux Évangiles grecs. En s'appuyant sur les études des plus grands chercheurs en langues sémitiques anciennes, certaines paroles de Jésus se révèlent sous un jour nouveau : elles apparaissent comme des directives extrêmement précises pour la transformation intérieure

 

Est-ce que Jésus parlait hébreu ou est-ce qu’il parlait araméen ? cette question a été l’objet d’une petite polémique entre le pape des chrétiens catholiques et le premier ministre d’Israël Benyamin Netanyahou à l’occasion d’une belle rencontre de prière pour la paix au proche orient.

 

Le chef du gouvernement israélien affirme que Jésus parlait hébreu. Le pape rétorque que Jésus parlait araméen. Benyamin Netanyahou transige, disant que Jésus parlait l’araméen mais qu’il connaissait l’hébreu. Qui a raison ? Pourquoi polémiquer là-dessus ? On ne peut évidemment pas le savoir avec certitude comment Jésus parlait puisque nous n’avons pas d’enregistrements et que l’araméen et l’hébreu sont des langues très proches, plus encore que l’italien et le français.

Il semble que les habitants cultivés de Judée parlaient l’araméen, alors que les hommes et les femmes de condition sociale plus modeste parlaient plutôt hébreu, qui était aussi la langue de la synagogue. En tout cas, très peu de juifs parlaient grec, d’après Flavius Joseph, et le grec était pour un juif une langue difficile à prononcer. Mais puisque Jésus avait des échanges avec ses étrangères et des étrangers, il devrait savoir parler aussi le grec.

 

Jésus devait donc vraisemblablement parler ces trois langues, principalement l’hébreu et l’araméen. Mais alors plutôt lequel des deux ? Sa région d’origine ferait pencher vers l’araméen, ainsi que bon nombre de mots araméens rapportés dans les évangiles. Mais compte tenu de l’ouverture de Jésus aux plus petits, il me semble vraisemblable que quand il parlait à la foule, Jésus parlait hébreu afin d’être compris de tous, sinon il devait utiliser la langue de celui ou de celle qu’il avait personnellement en face de lui. Spontanément, pour lui-même, parlait-il plutôt hébreu ou araméen ? La réponse est incertaine puisque entre les différents manuscrits des évangiles, quand Jésus prononce son célèbre et bouleversant cri sur la croix « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », il parle araméen selon certains manuscrits « Eli, Eli, lama sabachthani? » et hébreu selon le Codex Bezae « Eli, Eli, lama zaphthani » (Matthieu 27:46).

 

Mais pourquoi cette polémique sur cette question de détail dont personne ne connait la réponse ? Il faut sans doute que ce soit important, sinon, il n’y a pas de quoi polémiquer sur la langue qu’utilisait Jésus il y a 2000 ans, détail qui n’a rien pour bouleverser nos vies et dont on ne sait donc pas grand-chose ? Il est toujours délicat de faire des hypothèses sur les intentions des autres (déjà qu’il est difficile de connaître les siennes propres)…

  • En insistant sur le fait que Jésus parlait hébreu, le premier ministre israélien insiste sur le fait que Jésus était juif, avec presque un passeport de l’état hébreu.
  • En refusant que la langue de Jésus soit l’hébreu et en préférant le penser comme parlant araméen, Jésus a l’air un peu moins juif, un peu moins israélien ?
  •  

En réalité, peu importe, Jésus était bien entendu juif de religion juive. Il faut bien être né quelque part, et le peuple hébreu avait effectivement une longueur d’avance sur les autres peuples en ce qui concerne la théologie et la spiritualité, surtout dans les synagogues. Mais la visée de Jésus était bien entendu universaliste, cette dimension étant essentielle dans la promesse faite à Abraham.

 

Parlé dans tout le Moyen-Orient depuis le Xe siècle avant notre ère, l'araméen était la langue du Christ et peut-être celle du texte perdu qui aurait inspiré les Evangiles. Dans son film "La Passion du Christ", sorti en 2004, le réalisateur américain Mel Gibson ne recule devant rien pour faire vivre au spectateur la crucifixion de Jésus comme s'il y était. Pas même devant le plus invraisemblable : tourner l'intégralité de cette superproduction à 30 millions de dollars dans les langues de l'époque. Ainsi y voit-on le préfet romain Ponce Pilate, l'homme connu pour avoir livré le Christ à la croix, s'adresser à son épouse et à ses officiers dans un parfait latin classique : jusque-là, on arrive à suivre. Mais lorsque Jésus, sa mère, ses disciples et le peuple de Judée conversent entre eux, c'est dans un langage qui n'évoque rien de connu. Un obscur patois local ? Non: une langue oubliée, l'araméen, qui fleurissait jadis de l'Egypte à l'Inde et du Caucase à l'Arabie.

 

Jésus de Nazareth s'exprimait en araméen, cela ne fait aucun doute. Les croyants le savent par les Evangiles. Rédigés en grec, ces récits bibliques s'attachent à citer le Christ dans sa langue, comme lorsqu'il lance du haut de sa croix: "Eloï, Eloï, lama sabachthani ?" ("Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"). Les historiens, eux, l'attestent par leurs recherches : dans la Palestine de l'époque, l'araméen était la langue la plus couramment parlée au quotidien, et ce depuis des siècles. Mieux : il était l'idiome commun à tous les peuples du Moyen-Orient. "Comme l'anglais aujourd'hui", explique Michael Langlois, maître de conférence à l'université de Strasbourg.

 

Les sources de ce langage antique remontent à l'aube de l'âge du fer, plus de mille ans avant notre ère. Son nom désigna d'abord un peuple du désert de l'actuelle Syrie. "Les Araméens étaient l'une de ces populations semi-nomades qui évoluaient au milieu des trois grands blocs politiques de la fin du IIe millénaire, l'Egypte, l'Anatolie des Hittites et la Mésopotamie [l'Irak d'aujourd'hui, divisée alors entre Assyriens et Babyloniens], résume Michael Langlois. Ils étaient régulièrement pris dans les conflits entre ces puissances, et c'est ainsi qu'on en trouve les premières mentions."Vers l'an 1000 av. J.-C, les tribus araméennes, qui doivent leur nom à Aram, fils de Sem et petit-fils de Noé, dans le récit de la Genèse, se fixèrent dans de petits royaumes, comme celui de Damas. De cette époque datent les premières traces écrites de leur langue, qui s'inscrivait dans la grande famille des langues sémitiques, et dont font partie l'arabe et l'hébreu actuels. Son alphabet de 22 lettres était proche de celui des Phéniciens, peuple de marins du Liban, lui-même considéré comme l'ancêtre des alphabets modernes.

 

En quelques siècles, les royaumes araméens furent avalés par leur puissant voisin, l'Empire assyrien. Mais leur langue, elle, en profita pour se diffuser. Intégrés dans un territoire qui couvrait tout le Moyen-Orient, les peuples araméens s'éparpillèrent. "Ils circulaient beaucoup, notamment vers l'est, raconte Michael Langlois. Et l'araméen se diffusa jusqu'en Mésopotamie et à Babylone, où régnait jusque-là l'akkadien, plus complexe à écrire." La conquête de la région par les Perses, au VIe siècle avant notre ère, enfonça le clou. L'araméen fut érigé en langue officielle du nouvel Empire, des confins de l'Inde jusqu'à l'Egypte et au Bosphore, et enseigné dans une version standardisée dans les écoles de scribes. "Peu à peu, il devint la «lingua franca» de toute cette zone, la langue du commerce et de la diplomatie, mais aussi du droit, du savoir et de la littérature, explique Arnaud Sérandour, maître de conférence en sciences religieuses à l'Ecole pratique des hautes études. Il n'abolit pas pour autant les autres langues : dans l'Antiquité on était souvent polyglotte."

 

Chez les Juifs de Palestine, où naquit Jésus de Nazareth, l'araméen vint s'ajouter à l'hébreu, la langue de la bible hébraïque (l'Ancien Testament), dont il était proche. Il s'imposa comme langue maternelle et quotidienne, surtout après le retour des juifs de leur exil à Babylone, vers 540 avant J.-C L'hébreu, lui, resta la langue religieuse... du moins, en partie. "Pendant le culte, on se mit à utiliser les deux, explique Michael Langlois. Les principaux écrits bibliques, comme la Torah [les cinq premiers livres de l'Ancien Testament], rédigés à l'origine en hébreu, furent traduits en araméen, pour pouvoir être compris de tous : c'est ce qu'on appelle les «targoum». Enfin, certains textes sacrés des derniers siècles avant notre ère, comme le Livre de Daniel, furent écrits en partie en araméen." A côté de ces deux langues, on pouvait aussi entendre parler le grec, devenu le langage international autour de la Méditerranée après l'invasion d'Alexandre le Grand en 331 avant J.-C. Sans oublier le latin, amené par les Romains, même s'il fut peu diffusé dans la population.

 

C'est donc en araméen que Jésus et ses disciples s'exprimaient au quotidien, et qu'ils prêchaient auprès du peuple. Un araméen bien identifiable, même. Avec le temps, le parler jadis unifié de l'Empire perse s'était fragmenté en dialectes locaux, qui permettaient de reconnaître à l'oreille un habitant de Babylone, de Pétra, de Palmyre... Et de distinguer un natif de Galilée d'un autochtone de Jérusalem, à une centaine de kilomètres de là. "D'une région à l'autre, il y avait des différences de lexique, d'accent, de musique de la langue... Un peu comme entre un Parisien et un Corse", compare Arnaud Sérandour. L'Evangile selon Matthieu en fournit un exemple : durant le procès de Jésus, Pierre, qui tente de passer incognito parmi la foule de Jérusalem, est finalement reconnu à cause de son accent galiléen.

 

La question de la langue de Jésus n'a rien d'anecdotique. Car si le message du Christ fut d'abord transmis à l'oral en araméen, les Evangiles le rapportent, à quelques exceptions près, en grec : ils furent rédigés à la fin du Ier siècle pour des populations hellénophones, au moment où le christianisme commençait à se déployer hors de son berceau. Le changement d'idiome a-t-il altéré la parole christique ? "D'une certaine façon, oui, juge Michael Langlois. L'araméen et le grec appartiennent à deux familles de langues différentes. Ils n'impliquent pas la même façon de penser. Des mots araméens du vocabulaire courant comme «passer» et «revenir» ont été traduits en grec par des termes abstraits comme «transgresser» et «repentir». L'univers mental de Jésus, comme l'indiquent ces paraboles, était plutôt issu de la vie quotidienne que de constructions intellectuelles sophistiquées."

 

Un tel constat excite l'imagination : et s'il avait existé, avant les textes en grec, des verbatims de Jésus "en VO", qui auraient servi de sources aux Evangiles que nous connaissons ? "De tels fantasmes ont surtout été construits autour de l'Evangile selon Matthieu, dont la forme témoignerait de l'existence d'une sorte de premier jet en hébreu ou en araméen, indique Alain Desreumaux, directeur de recherche sur l' araméen au CNRS. Il n'est certes pas impensable que des gens aient recueilli par écrit des sentences de Jésus dans sa langue. Mais pour l'heure, on n'en a retrouvé aucune trace." Michael Langlois est plus affirmatif: "On écrivait beaucoup en araméen à l'époque, et je ne vois pas pourquoi on aurait attendu des décennies avant de mettre par écrit les paroles de Jésus qui circulaient à l'oral. De plus, des témoignages du début de notre ère font mention d'un «Evangile des nazôréens» [les tout premiers disciples de Jésus], sans doute écrit en araméen. Si l'on retrouvait un jour des fragments de manuscrits du Ier siècle citant Jésus dans le texte, ce serait une découverte extraordinaire !"

 

Les seules versions connues des Evangiles en araméen sont des traductions à partir du grec. Elles étaient destinées à l' évangélisation des nombreuses populations d'Orient qui parlaient encore cette langue. "Le premier royaume chrétien fut celui d'Edesse [Urfa, en Turquie] , au IIIe siècle. On y utilisait une forme d'araméen appelée le syriaque, explique Michael Langlois. Ce christianisme en syriaque s'est développé : on en a retrouvé des traces en Mésopotamie, en Iran et jusqu'en Chine." Et il existe toujours aujourd'hui : "Plusieurs Eglises d'Orient, comme les maronites ou les Assyro-Chaldéens, ont conservé le syriaque comme langue liturgique", indique Alain Desreumaux.

 

Car l'araméen, s'il a décliné au fil des siècles, supplanté au Moyen-Orient par l'arabe, n'est pas une langue morte. Selon l'Unesco, il compte encore un demi-million de locuteurs, dans des villages et régions reculées de la Syrie, du sud-est de la Turquie, du nord de l'Irak et de l'Iran, et au sein de diasporas autour de Paris (à Sarcelles notamment), en Suède, aux Etats-Unis... Mais attention: en réalité, plus personne ne parle ou ne prie aujourd'hui dans la "langue du Christ". Le syriaque de la liturgie et les formes de "néo-araméen" répertoriées, comme le soureth, très influencé par l'arabe, n'ont pas grand-chose à voir avec le parler qui résonnait il y a deux mille ans en Galilée. "Les prononciations, la grammaire, le vocabulaire, ont beaucoup évolué", dit Arnaud Sérandour. Pas sûr, donc, que Jésus comprendrait encore les araméophones actuels.

 

jÉsus – questions primordiales

Ernest-Marie laperrousaz

Edition Edimaf

 2002

L’auteur professeur à la Sorbonne a été pensionnaire de l’école biblique de Jérusalem et a participé aux fouilles de Qumrân.

 

Il présente ici des éléments documentaires et non théologiques sur Jésus. A-t-il existé ? Qui était-il ? Zélote ? Essénien ? Révolutionnaire ? Prophète ? Messie ? Dieu ? Il parle de la « Cène » et de sa mort.

 

Il fut un temps, pas très lointain, où il était de bon ton, par prudence, de contester l’existence réelle des fondateurs antiques des mouvements religieux ou non. Maintenant, avec le développement, l’approfondissement et l’affinement de notre connaissance de l’histoire antique du bassin oriental de la Méditerranée, qui oserait contester l’existence réelle de personnages tels que Socrate, Platon, Aristote ou Jésus, et par l’apport récent des techniques archéologiques, le Maître de Justice qui fonda la communauté essénienne de Qumran vers l’an 100 avant notre ère.

 

Dans ce petit livre de 70 pages, le professeur E.M. Laperrousaz nous invite à réfléchir sur Jésus ; a-t-il existé ? fut-il essénien ? un zélote ? un révolutionnaire ? l’auteur présente ici quelques éléments documentaires, il s’agit d’un travail d’historien s’efforçant d’être objectif et recherchant si Jésus lui-même s’est considéré comme étant de nature divine ou si ses proches l’ont considéré comme tel.

 

Un petit ouvrage très agréable, vite lu et qui fait réfléchir

 

JUDAS ET JÉSUS – UNE LIAISON DANGEREUSE

Armand ABECASSIS

Edition  UN

 2001

L’antijudaïsme  de l’église s’exprime de manière virulente dans l’image que Jean a donnée de Judas, le « traitre » qui a livré Jésus, faisant ainsi porter sur le peuple juif l’accusation de déicide. Mais si Judas n’avait pas livré Jésus, que serait-il arrivé ? Le fils de Dieu serait-il mort ? le christianisme serait-il né ? D’après les théologiens de l’église et déjà des apôtres, le fils de Dieu devait mourir afin d’apporter le salut au monde, mais sans Judas, ce projet divin ne se serait jamais accompli.

 

Reprenant les textes des évangiles, à la lumière des écrits juifs et hébreux, Armand Abecassis nous restitue, dans son époque et son espace, la véritable histoire de Judas et révèle une complicité privilégiée entre le Maître et l’apôtre maudit ; à l’instar d’un autre « judah », qui vendit son frère Joseph afin de le sauver des mains meurtrières de ses frères et pour qu’il accomplisse sa destinée messianique en Egypte, Judas livra son Maître à l’institution afin qu’il soit reconnu en tant que Messie.

 

Ce fut un échec, Jésus fut crucifié et Judas mourut tragiquement, le même jour. A la vie, à la mort, tel était le lien unissant l’apôtre véritable à son Maître, à son rabbi, Judas fut bien le disciple préféré, le seul parmi les apôtres à ne pas douter que Jésus fut réellement le sauveur universel.

 

Une réhabilitation fascinante de l’apôtre Judas, maudit par l’église depuis plus de 2000 ans.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Judah dans la Torah   -  le nom de Judah le fils préféré   -   Jacob et Jésus   -  la vente de Joseph par Judah  -   La loi du rachat   -   la sauveur-sauvé   -   le mérite de Judah   -    exclusion et détournement   -    l’universel et le personnel   -   Jésus et Joseph   -  Judas dans les évangiles   -  des zélotes disciples de Jésus   -  douze apôtres, quatre zélotes   -    Juda ou Jean ?   -     le politique et le religieux   -  Pierre et Jésus  -    Jean le Baptiste  -   Jésus à Jérusalem   -   les interrogatoires et la question décisive    - la pluralité des judaïsmes   -   le dernier repas   -  livrer n’est pas trahir   -   le pain et le vin   -     quel baiser et pourquoi ?   --    un traitre qui communie  -      le jugement de Jésus   -   Le temple dans l’homme  -   la question de l’identité   -

 

judas – DE l’Évangile à l’holocauste

P.E. dauzat

Edition BAYARD

 2006

On nous annonce le retour de Judas, vingt siècles plus tard. On aurait même découvert son évangile au Caire, sous la forme d’un papyrus de soixante-deux feuillets en dialecte copte… Mais Judas avait-il disparu ? Il semblerait qu’il n’en ait jamais fini de revenir. Qu’il soit ce fantôme de notre haine, de notre culpabilité aussi.

 

Pierre-Emmanuel Dauzat nous entraîne dans une formidable enquête historiographique, théologique et littéraire, aux origines du christianisme, et à travers toute l’Europe.

Personne avant lui n’avait réuni et étudié autant de documents, de sources, de preuves de l’existence de Judas parmi nous. Depuis les rares occurrences du Nouveau Testament, en passant par l’abondante littérature patristique ou apocryphe, jusqu’aux Judas russes ou yiddish ou orientaux.

 

On ne saurait oublier Judas. Légendes ou mythes de toutes sortes ont inscrit le traître suicidaire du Christ au cœur même le plus obscur de notre culture. Héros malgré lui de notre haine la plus tenace. Il apparaît en chaque coupable mais aussi en chaque innocent condamné, exclu ou bouc émissaire.

« Avec l’Holocauste, le monde a connu une période où le mythe de Judas a pris une dimension nouvelle, s’est incarné pour le pire, comme, probablement aucun autre mythe », écrit Pierre-Emmanuel Dauzat. Il raconte ainsi avec rigueur la seule histoire de Judas possible. La nôtre depuis deux mille ans.


Au sommaire on parle de :  le Judas des Évangiles, Judas midrashique, Judas dans les apocryphes, au Moyen-Âge, la légende dorée, LEIBNIZ, les Judas russes, MAURRAS, CLAUDEL, NIETZSCHE, DREYFUS, l’antisémitisme nazi, CIORAN, R. GARY, la corde et la croix.

8 K

KELEN - PARLEZ-MOI JE VOUS PRIE DU ROYAUME DES CIEUX

Jacqueline Kelen

Edition François Bourin

 2013

« Ils croient en l’avenir, j’ai foi en la vie éternelle, ils se disent humanistes, solidaires, citoyens, j’espère ne pas démériter de l’image de Dieu. Ils invoquent des valeurs, j’ai soif de vérité, ils veulent l’amour de soi, j’aime la discrétion et l’effacement propres aux mystiques, ils attendent les vacances, et moi j’attend la Parousie »

A trop se vouloir de leur temps, bien des chrétiens ne se soucient plus que de choses matérielles et temporelles, négligeant la vie spirituelle. Ils réduisent trop souvent la religion à une morale consensuelle, à des dogmes plus ou moins acceptés et quelquefois contestés, ils pensent que le clergé ne sert à rien, mais ils sont contents de l’avoir, leur pratique religieuse est minimale et sans l’avouer la tradition chrétienne leur sert de thérapie parmi d’autres.

Le message transcendant du Christ a été dénaturé et affadi, déplore Jacqueline Kelen, dès lors, que faire pour que le christianisme dans un monde matérialiste et largement athée, affirme sa verticalité, sa transcendance, et redonne envie aux chrétiens d’explorer leur intériorité et surtout le message de Jésus afin qu’ils renouent avec sa dimension mystique ?

Au sujet de l’intériorité J. Kelen écrit : « L’intériorité ressemble à l’amande ou à la noix que le chercheur découvre et savoure après en avoir brisé les écorces successives et en avoir ôté la peau. Révélant le lien d’intimité entre l’homme et Dieu, elle désigne la qualité et l’intensité d’une vie spirituelle. Si elle fait défaut, celui qui se dit chrétien se contente des formes extérieures de la religion, d’une pratique conventionnelle et d’une docilité qui oblitère toute expérience vivante, le formalisme ou le moralisme tiennent alors lieu de transformation personnelle.

Jésus rappelle en permanence la distinction entre l’extériorité et l’intériorité, entre la lettre et l’esprit, entre l’apparence mensongère et la vérité immuable, entre les simagrées et la piété. « Le royaume est à l’intérieur », assure t-il, autant dire qu’il est en tout lieu et que nul ne peut s’en saisir, nul ne peut s’en prévaloir.

Par cette parole révolutionnaire, révoltante pour beaucoup, Jésus fait trembler les structures établies, les pouvoirs que s’arrogent les Eglises, et indique la voie intérieure de salut offerte à chacun, pour peu qu’on veuille adhérer, car malheureusement le monde moderne non seulement désacralise de partout mais aussi combat le Beau, le Bien et la spiritualité. On refait 1789 mais avec des outils idéologiques, ainsi les athées et les libres penseurs s’en donnent-ils à cœur joie dans la démolition.

Avec l’institution des ordres monastiques chrétiens, on pourrait croire à une spéculation : les moines prient, les séculiers agissent. D’un coté il y a ceux qui gardent le silence, font oraison, se vouent à la contemplation, et de l’autre ceux qui, aux prises avec le monde, s’empressent auprès de leurs frères, or, c’est bien dans la même personne que s’accordent les deux dimensions de la vie spirituelle : l’action se médite, s’éclaire et se nourrit à la lumière de Dieu, et l’intériorité rayonne et porte des fruits dans le monde. »

Au sommaire de cet ouvrage :

Un léger décalage - les masques de l’athéisme - les quatre grandes tentations - Propositions pressantes - L’étude - l’intériorité - la quête mystique - la mission des laïcs - les ailes de l’aurore –

Les livres de Jacqueline Kelen sont au chapitre  10 K -

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