Chapitre 4 A -
K (René Guenon) |
la correspondance entre alain
Daniélou & renÉ guÉnon |
Léo Olschki |
Edition
Arché Milan |
2002 |
||
Se
basant sur des citations des Puranas qu'il relève dans son livre "La
Fantaisie des dieux et l'Aventure Humaine", il pense que l'humanité
aurait déjà découvert larme nucléaire dans un passé
très lointain et qu'elle se serait autodétruite, ce qui expliquerait
l'absence de traces archéologiques. Il
défend également la doctrine des castes dans une perspective traditionnelle
aujourd'hui remise en cause par certains hindous influencés par les doctrines
occidentales. Sur les castes, lire "La Civilisation des
différences", recueils de textes de Daniélou sur les castes, aux
éditions Kailash |
la crise du monde moderne |
René
GUÉNON |
Edition
Gallimard |
1973 |
Cet
ouvrage est la suite d’Orient et d’Occident de R. Guénon, la civilisation
moderne est matérialiste et anti-traditionaliste. Il montre combien cette
civilisation est déviante et s’oppose à la quasi totalité des civilisations qui l’ont précédée. « Un
des caractères particuliers du monde moderne, c’est la scission qu’on y remarque
entre l’Orient et l’Occident. Il peut y avoir une sorte d’équivalence entre
des civilisations de formes très différentes, dès lors qu’elles reposent
toutes sur les mêmes principes fondamentaux, dont elles représentent
seulement des applications conditionnées par des circonstances variées. Tel
est le cas de toutes les civilisations que nous pouvons appeler normales, ou
encore traditionnelles ; il n’y a entre elles aucune opposition essentielle,
et les divergences, s’il en existe, ne sont qu’extérieures et superficielles.
Par contre, une civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n’est même fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même dépourvue de tout moyen d’entente avec les autres, car cette entente, pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s’établir que par en haut, c’est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation anormale et déviée. Dans l’état présent du monde, nous avons donc, d’un côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l’esprit traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l’autre, une civilisation proprement anti traditionnelle, qui est la civilisation occidentale moderne » – René Guénon. René Guénon,
dans La crise du monde moderne, expose les grandes distinctions entre
Tradition et monde moderne. Une des distinctions fondamentales réside dans le
contenu et les places respectives de la connaissance et de l’action. La
mentalité moderne assure la primauté à l’action. La connaissance n’y joue qu’un
rôle auxiliaire. Un exemple de ceci se retrouve dans la science moderne,
s’élaborant avant tout à des fins industrielles et militaires (les crédits
nécessaires à la recherche venant de ces domaines !). L’esprit traditionnel
place au contraire la connaissance au-dessus de l’action, celle-là dirigeant
le mouvement de celle-ci. Encore faut-il préciser que la manière d’envisager
la connaissance diffère radicalement selon que l’on envisage les choses d’un
point de vue traditionnel ou moderne. La
connaissance moderne procède de l’étude des phénomènes et se limite ainsi à
eux. Le monde phénoménal étant celui de la multiplicité, les savoirs modernes
se présentent comme un bric-à-brac non unifié qui ne peut engendrer que des
spécialistes, aux vues limitées à leur discipline. La connaissance
traditionnelle procède au contraire de l’Unité et des principes. La
« spécialisation » n’y consiste qu’en des applications
particulières de principes dépassant par le haut les contingences. La partie
supérieure n’y est pas perdue de vue, bien au contraire. René Guénon souligne
que l’action coupée de la contemplation (connaissance) dégénère rapidement en
agitation stérile et destructrice, ce qui est aisément constatable dans
l’histoire et les comportements récents. Une autre
déviance de l’époque moderne, en étroite corrélation avec le principe de
division présenté au paragraphe précédent, est l’individualisme, auquel
l’auteur consacre des développements fournis et précis. L’individualisme peut
se définir comme « la négation de tout principe supérieur à
l’individualité ». Cependant, si l’être humain avait en lui-même sa
propre raison d’être, pourquoi mourrait-il ? La
présence de la mort est révélatrice, de même que celle de la naissance, de
l’état de subordination de l’homme à quelque chose le dépassant. L’être
humain ne maîtrise pas les deux moments cruciaux de son existence, les deux
portes de celle-ci. Isolé en lui-même, coupé de sa partie supérieure,
l’individualiste perd toute possibilité de se réaliser, de retrouver son lien
avec l’Unité. Il
s’arroge le droit de discuter de tout et de faire prévaloir sa propre
tournure d’esprit sur celle des autres, quel que soit son degré de capacité
effective. L’individualisme a de plus des conséquences sociales importantes.
Une collectivité est une somme d’individus. Si chacun de ses membres se
considère coupé des autres, comment la cité pourrait-elle fonctionner
harmonieusement ? René Guénon intitule un de ses chapitres « Le chaos
social ». À cet endroit, il expose des considérations sur le désordre
affectant l’ensemble du monde moderne. Plus personne n’est à une place
correspondant à sa nature, la hiérarchie se disloque. L’auteur développe ici
surtout la question de la démocratie. Le livre se
termine sur la prépondérance accordée au matériel par la civilisation
moderne, ainsi que sa conséquence immédiate : l’emploi systématique de la
force pour répandre ses idées et son mode de vie, aussi aberrant soit-il. Le
colonialisme n’en a été qu’un des avatars et la lutte se poursuit aujourd’hui
par l’économie et par la guerre. Les dernières pages de La crise du monde
moderne évoquent quelques conditions du redressement, du rétablissement de la
Tradition. Toutefois, rien de conséquent ne se produira avant que « la
Roue ait cessé de tourner » et que s’inaugure un nouveau cycle |
l’Âge d’or
– spiritualitÉ & tradition |
Divers
Auteurs |
Edition
PARDES |
1986 |
Y sont traités :
|
la grande influence de RenÉ guÉnon en
roumanie suivi de
julius evola en europe de
l’est |
Claudio
mutti |
Edition akribeia |
2002 |
Cet
ouvrage, qui réunit en un seul volume deux études parues en 1998 et 1999,
constitue sans nul doute le travail le plus précis, le plus dense et le mieux
informé sur la pénétration de l' "orientation traditionnelle" - en
l'occurrence des œuvres de René Guénon et de Julius Evola - en Europe
centrale et orientale. Comment expliquer le succès, parfois considérable, des
auteurs en question dans cette partie de l'Europe, succès bien plus important
que celui qu'ils rencontrent en Italie, France ou Allemagne ? C'est ce que
tente de faire ici Claudio Mutti, l'un des meilleurs connaisseurs italiens
des réalités politiques, culturelles et spirituelles des Balkans. Cet
ouvrage constitue le travail le plus précis et le mieux informé sur la
pénétration de « l’orientation traditionnelle » de René Guénon et Julius
Evola en Europe Centrale, grâce à des philosophes comme Mircea Eliade et Michel
Valsan. |
la grande triade |
René
GUÉNON |
Edition
Gallimard |
2000 |
||
Cette distinction de l'esprit, de l'âme et du corps a été appliquée au «
macrocosme » aussi bien qu'au « microcosme », la constitution de l'un étant
analogue à celle de l'autre, de sorte qu'on doit nécessairement retrouver des
éléments qui se correspondent rigoureusement de part et d'autre. Cette
considération, chez les Grecs, paraît se rattacher surtout à la doctrine
cosmologique des Pythagoriciens, qui d'ailleurs ne faisait en réalité que «
réadapter » des enseignements beaucoup plus anciens; Platon s'est inspiré de
cette doctrine et l'a suivie de beaucoup plus près qu'on ne le croit
d'ordinaire, et c'est en partie par son intermédiaire que quelque chose s'en
est transmis à des philosophes postérieurs, tels par exemple que les
Stoïciens, dont le point de vue beaucoup plus exotérique a du reste trop
souvent mutilé et déformé les conceptions dont il s'agit. Les
Pythagoriciens envisageaient un quaternaire fondamental qui comprenait tout
d'abord le Principe, transcendant par rapport au Cosmos, puis l'Esprit et
l'Âme universels, et enfin la Hylé primordiale ; il importe de remarquer que
cette dernière, en tant que pure potentialité, ne peut pas être assimilée au
corps, et qu'elle correspond plutôt à la « Terre » de la Grande Triade qu'à
celle du Tribhuvana, tandis que l'Esprit et l'Âme universels rappellent
manifestement les deux autres termes de ce dernier. Quant
au Principe transcendant, il correspond à certains égards au « Ciel » de la
Grande Triade, mais pourtant, d'autre part, il s'identifie aussi à l'Être ou
à l'Unité métaphysique, c'est-à-dire à Tai-hi; il semble manquer ici une
distinction nette, qui d'ailleurs n'était peut-être pas exigée par le point
de vue, beaucoup moins métaphysique que cosmologique, auquel le quaternaire
dont il s'agit était établi. Quoi
qu'il en soit, les Stoïciens déformèrent cet enseignement dans un sens «
naturaliste », en perdant de vue le Principe transcendant, et en
n'envisageant plus qu'un « Dieu » immanent qui, pour eux, s'assimilait
purement et simplement au Spiritus Mundi; nous ne disons pas à l'Anima Mundi,
contrairement à ce que semblent croire certains de leurs interprètes affectés
par la confusion moderne de l'esprit et de l'âme, car en réalité, pour eux
aussi bien que pour ceux qui suivaient plus fidèlement la doctrine
traditionnelle, cette Anima Mundi n'a jamais eu qu'un rôle simplement «
démiurgique », au sens le plus strict de ce mot, dans l'élaboration du Cosmos
à partir de la Hylé primordiale. Y sont expliqués: les petits
et grands mystères et la réalisation initiatique. |
la mÉtaphysique de renÉ guÉnon |
J.
Marc vivenza |
Edition
LE MERCURE DAUPHINOIS |
2004 |
Ce
complément au dictionnaire de R. Guénon étudie le point central de l’œuvre de
R. Guénon qui est la métaphysique, « cette substance la plus intérieure de la
Tradition Primordiale ». Une bonne étude sur l’Être, et le non-Être, l’idée
de l’Infini, la non-dualité, la réalité ontologique, le zéro et l’infini
métaphysique et l’identité suprême. Mais,
au fond, c’est quoi la métaphysique de René Guénon ? » Comprendre la
métaphysique de René Guénon qu’il ne faut pas confondre avec une théologie ou
une dogmatique religieuse, permet d’éclaircir des moments de son oeuvre
qui semblent obscurs, tous les éléments présentés n’étant pas
systématiquement explicités par l’auteur. S’il n’a pas cherché à l’exposer de
façon didactique, sinon peut-être, de manière fragmentaire, dans La
Métaphysique orientale (1939), c’est pour au moins une bonne raison :
Guénon ne présente pas une métaphysique comme étant issue de son propre
cerveau à la manière d’une doctrine personnelle, comme le ferait un
philosophe persuadé d’avoir découvert un concept révolutionnaire génial qui
bouleverse l’histoire de la pensée, mais comme un corpus relevant de
la tradition la plus lointaine, non-humaine, la quintessence de la sophia
perennis qui remonte aux temps originels de notre Cycle et appartient à
ce que l’intuition intellectuelle de chacun peut saisir s’il se met en
état de le faire, c’est-à-dire en s’en « ressouvenant » à la
manière de Platon. Sans
doute René Guénon estime-t-il aussi qu’il importe de réaliser un travail
intérieur qui requiert, pour parvenir à saisir les linéaments de cette
métaphysique qu’il nomme intégrale, un énorme effort de concentration
et une disposition particulière de l’âme et de l’esprit. Tout commence par
l’Être. Dans la métaphysique classique, celle initiée par Aristote, l’Être
pur est le principe de la Manifestation (la « nature ») ; depuis
lors, les métaphysiciens dits réalistes ont tenté de cerner les qualités de
cet Être fameux. L’effort de Guénon consiste au contraire à dévoiler que
cette recherche multiséculaire, qui a certes montré ses mérites pour la zone
qu’elle explore, limite notre compréhension de la Totalité et nous sépare de
l’essentiel qui doit être atteint : la contemplation de l’Absolu. L’Être
convient ainsi d’être dépassé. Pourquoi ? Parce que l’Être, qui s’offre comme
le déterminant suprême, contient encore une détermination en ceci qu’il se
détermine lui-même. Se déterminant, il est limité par cette
auto-détermination. Ainsi l’Infinité ne peut lui être attribuée, car elle ne
saurait être limitée, et par conséquent l’Être ne peut en aucune manière être
considéré comme le Principe suprême. Pour accéder à ce Principe, il faut
s’ouvrir à un au-delà de l’Être : le Non-Être ! Qu’est-ce que le Non-Être ?
Le Néant ? Pour la créature, oui. Pour l’Être, absolument pas, puisqu’on va
voir qu’il dépend de lui. Inconcevable pour l’esprit, le Non-Être est une
convention de langage qui nous permet d’accéder à un stade supérieur de notre
intellect définissant un Point suprême, un rien suressentiel au fondement de
tout ce qui est et qui contient l’Être ainsi que la Non-Manifestation
– celle-ci pouvant être assimilée « au silence qui comporte en lui-même
le principe de la parole » (Guénon). Cet Être et ce Non-Être, associés,
sont les deux faces de ce que Guénon nomme la Possibilité universelle, qui
seule est vraiment totale. Le
Non-Être peut être considéré comme le Zéro métaphysique ou encore l’Unité
non-affirmée, antérieure à l’Unité, qu’il comprend ; doté d’une potentialité
fondamentale, il ouvre la voie à l’Infinité. Or la notion primordiale, vierge
de toute détermination, est précisément cet Infini, qui, lui, n’est
réductible à aucune Manifestation car il est illimité. C’est sur cette notion
que notre intuition intellectuelle (« l’Intellect pur »
d’Aristote, non discursif, coïncidant sans médiation avec la Vérité) doit se
relier si nous sommes en état de réceptivité et d’ascèse : l’idée se trouve
ancrée dans notre esprit même s’il ne la cerne pas puisqu’elle n’a ni
définition ni accessibilité. Ancrés dans la Manifestation, nous ne pouvons
qu’œuvrer à dire l’impossibilité de parler de l’Infini, concept inexprimable
qui s’apparente à une non-connaissance, un non-savoir, comparable à une
lumière qui ne se donnerait que par son absence. Guénon
ne s’arrête pas à cette étape, à la radicalité pourtant vertigineuse. Dans ce
fantastique voyage ascensionnel, il pulvérise toutes nos frontières mentales
et dynamite les formules et les concepts avec lesquels nous sommes habitués à
penser dans la philosophie occidentale qu’on nous a enseignée, pour nous
faire accéder au cœur du réacteur nucléaire de la doctrine. Il s’agit
pour lui de nous faire saisir que la Manifestation, notre
« monde », n’est rigoureusement rien au regard de l’Infini.
Il importe de se situer hors du temps et de la soumission au monde des
phénomènes pour se diriger vers le Principe, dépouillé de toute qualité. |
la mÉtaphysique orientale |
René
GUÉNON |
Editions Traditionnelles |
1993 |
Écrit
en 1939 ce court recueil expose les bases nécessaires à la compréhension de son
œuvre. Il définit les mots clés et nous invite à saisir les moyens de la
réalisation métaphysique en passant par les différentes phases de ce
cheminement. En filigrane de l’œuvre de Guénon se trouve un appel ténu, pour
qui saura l’entendre, à la reconstitution d’une élite susceptible
d’assumer l’héritage et d’éveiller les consciences à la présence de cet
esprit traditionnel. Cependant,
son émergence s’avère être de plus en plus improbable dans un système où les savoirs
enseignés sont imprégnés de scientisme et de rationalisme. En effet, la
massification d’un savoir cantonné au domaine matériel conduit à orienter
toutes les préoccupations du côté de la matière, aboutissant non pas à la
négation de ce qui est de l’ordre du supra matériel - nier une chose
permettant au moins de la penser-, mais davantage à une indifférence bien
plus néfaste. Le système
politique en lui-même n’y est pas propice : s’il n’était pas
fondamentalement anti-démocrate, Guénon déplorait cependant l’émergence d’une
société où l’ensemble du pouvoir est issu des "masses" soumises à
la démagogie et davantage guidées par leurs passions que par les lois de la
raison. En tirant leur légitimité de la "loi du nombre et de la matière",
les dirigeants ont perdu leur rôle d’élite éclairée pour se soumettre aux
aspirations mouvantes et parfois irraisonnables de la foule. Guénon nous
met cependant en garde contre les pseudos traditionalistes et mystiques
invoquant une tradition plus ou moins réinventée qui est souvent le reflet de
préoccupations ou d’intérêts particuliers. Cette tendance reflète un des
aspects de la crise et du désarroi contemporain conduisant certains à faire
du retour à un passé historique mythifié et idéalisé l’ultime remède aux maux
actuels. Par
conséquent, il dénonce vivement les "pseudo-initiations" dispensées
au sein de certaines organisations occultistes et spiritualistes. Il y inclue
également la Franc-maçonnerie, qui était demeurée l’un des derniers véhicules
de la Tradition, et dont le déclin actuel reflèterait la
quasi disparition de tout ésotérisme au sens vrai en Occident. Pour René
Guénon, les seuls dépositaires actuels de cet esprit traditionnel se trouvent
en Orient qui a su en conserver les formes doctrinales les plus authentiques,
même s’il reste en Occident "des hommes qui, par leur "constitution
intérieure", ne sont pas des "hommes modernes", qui sont
capables de comprendre ce qu’est essentiellement la tradition, et qui
n’accepteront pas de considérer l’erreur profane comme un "fait
accompli" et c’est à ceux-là que nous avons toujours entendu nous
adresser exclusivement". Ce constat
peut nous permettre de mieux saisir les raisons de sa conversion à l’Islam et
l’orientation de nombre de ses disciples vers le soufisme, considérée comme l’une des seules voies
initiatiques n’ayant pas dévoyée le sens profond de la Tradition. L’extinction
progressive de l’Esprit traditionnel en Occident a conduit à la naissance
d’une véritable incompréhension entre Occidentaux et Orientaux, enracinée par
tout un ensemble d’études et un orientalisme soucieux de mettre avant tout en
avant les différences irréductibles les séparant. Face
à cela, Guénon s’est fait l’apôtre constant de l’instauration d’un dialogue
entre Orient et Occident, et plus précisément entre leurs spiritualités qui,
selon lui, puisent leurs principes à une source commune. Il espérait que par
la mise en place de ces échanges se dévoile peu à peu cette unité originelle
à la base de toutes les doctrines traditionnelles. Pour René Guénon, la
découverte de ce fond commun passe par la redécouverte de l’Occident de son
patrimoine traditionnel dont de nombreux aspects étaient, avant son entrée
dans la modernité, proches des éléments constituant la base des civilisations
orientales actuelles. Cependant, ce rapprochement ne pourra s’établir que par
le haut et ne pourra donc qu’être le fait d’une élite seule capable de ré
accéder à la connaissance de ces principes immuables dont l’esprit souffle
encore en Orient. Alors que les
nouvelles élites trouvent la source de leur influence dans une supériorité
matérielle ou un pouvoir politique, il subsiste donc en Orient une véritable
élite intellectuelle, bien que passant plus inaperçue à une époque où le
politique et l’économique ont pris une importance prépondérante et malgré une
diffusion croissante de l’esprit occidental et matérialiste au sein de ces
pays. Cependant, Guénon n’appelle en aucun cas à un renversement de l’ordre
politique car le domaine de la Tradition appartient par essence à l’ordre du
supra-matériel, ou encore méta-physique au sens premier du terme :
"L’élite véritable n’aurait pas à se mêler à l’action
extérieure ; elle dirigerait tout par une influence insaisissable au
vulgaire, et d’autant plus profonde qu’elle serait moins apparente". Il expose également une éthique de la
recherche et de l’effort personnel, seul moyen d’accéder à la connaissance
des principes : "Il y a dans toute certitude quelque chose
d’incommunicable ; nul ne peut atteindre réellement une connaissance
quelconque autrement que par un effort strictement personnel, et tout ce
qu’un autre peut faire, c’est de donner l’occasion et d’indiquer les moyens
d’y parvenir." Le contact
avec l’Orient constitue donc le seul moyen pour l’Occident de retrouver ses
racines profondes et sa véritable intellectualité. Cependant, ce dernier a un
rôle actif à jouer dans la redécouverte de ce patrimoine oublié car, comme il
vient d’être évoqué, l’esprit traditionnel et ses dépositaires sont exempts
de tout prosélytisme : la doctrine existe pour qui sait la comprendre et
y accéder, sans besoin de rentrer dans des "débats" ou polémiques
dont l’horizon demeure limité à l’ordre relatif du concret. |
l’apport spirituel
de renÉ guÉnon |
Janine
FINCK - BERNARD |
Edition
Dervy |
1996 |
||
Pour Guénon, la part de la
Tradition dans l’histoire des grandes découvertes est des inventions est
considérable. La science et le progrès technique ne serait rien sans
l’Écriture, symbole des langages, et les signes symboliques, géométriques,
mathématiques, signifiés par la Grande Triade, ternaire, ou le Yin-Yang du Yi
King, binaire à l’image du langage de nos ordinateurs. La tradition n’innove
pas, elle est seulement le renouveau, tels les printemps de l’Alliance
nouvelle avec le Grand Architecte. René Guénon disait « Suivre la Tradition, c’est rénover la parole. À Dieu l’éternité, à
l’homme le moment, au franc-maçon l’avenir. Par la simple transmission, la
tradition est là, dans le ressourcement ininterrompu ». Guénon en fixe
l’unique condition. La condition d’avoir compris : quoi transmettre ? Comment
transmettre ? Et à qui transmettre ? René Guénon impose la Règle et rappelle
à l’Ordre la Franc-Maçonnerie irrégulière. Il lutte contre les dérives
modernistes ou philosophiques. Il ressource la Franc-Maçonnerie régulière
dans la pratique des symboles et l’Orientalisme relevant des principes réels
et cachés, actifs, accessibles au fur et à mesure de son propre avancement.
C’est pour lui la seule démarche qui puisse favoriser la maturation,
l’amélioration et la non-manipulation des consciences. À l’homme occidental,
vivant dans la modification permanente et la virtualité des médias, il oppose
l’homme oriental sage et coutumier. René Guénon fait le constat
qu’après le Moyen-Age, en Occident, seul le Compagnonnage opératif et la
Franc-Maçonnerie se réfèrent à la Tradition première. L’Église et la religion
se sont écartées des bases ésotériques ancestrales. Sans Tradition les
civilisations sont mortelles. Seul l’Orient possède encore les traces de
cette sagesse civilisatrice dans ce qui convient de nommer l’ésotérisme jaune
: Bouddhisme, Hindouisme, Taoïsme. Alors que dans les trois grandes religions
du « Livre » : Judaïsme, Christianisme, Islam, l’ésotérisme n’est plus guère
à présent que dans la Kabbale ou le courant mystique de l’Islam Soufi. Toute
l’œuvre de René Guénon puisera aux trois sources du Tao, de la Kabbale et du
Soufisme. Il y puisera son ésotérisme de la tradition première. C’est une
tradition visuelle faite de mots, de signes, de motifs, de symboles, faits
eux-mêmes d’insertion de chiffres et de sensations….Mais la sagesse de Guénon n’est en rien Confucéenne. La raison,
la politique et le dogme n’y ont pas de place. René Guénon ne déduit rien du
Sacré. Il l’induit par l’Initiation, par cette Alchimie qui rend sage l’homme
assoiffé de sagesse, comme rendent fou, les valeurs sociales progressistes
d’une société moderne assoiffée de pouvoirs, de vitesse et de richesses. Pour Guénon, chaque homme est le
monde en réduction, dans ses équilibres et ses déséquilibres et c’est la
Tradition qui donne la clé des chemins pour choisir entre le Bien et le Mal.
C’est la Tradition qui permet donc d’accéder à la connaissance qui libère du
Mal. Mais la sagesse de Guénon n’est
en rien la philosophie idéale de Platon. Elle n’est pas dans la pensée
complexe faite de raison. La sagesse Guénonienne est tout entière contenue
dans les activités simples et spontanées du jeu des mots, des signes, des
chiffres, des coïncidences……..de l’intuition. L’Ascèse Guénonienne consiste à
s’élever non pas pour rien, mais pour le Rien, le vide, l’anéantissement en
Dieu, le non-être, l’extinction des désirs aveugles dans le mystère du
silence. Le symbolisme maçonnique est son Himalaya.Guénon
lit dans le livre de la nature humaine, dans le langage du cœur et des
pratiques secrètes : « on ne comprend que ce que l’on sait faire » disait-il.
Sans nier la Foi et l’exotérisme, avec la conscience christique, sans
opposition à la religion, aux religions, nous l’avons vu, Guénon croit plus à
l’inspiration qu’à la simple révélation. L’intuition est pour Guénon le
centre de la puissance de la volonté humaine. Elle est cet œil unique situé
entre les sourcils. Elle est l’énergie vitale, universelle du Verbe, du
monosyllabe « AUM » gravé sur sa bague en or portée jusqu’à sa mort et dont
il disait à sa femme, être gravée au nom de Dieu. Mais au-delà, Guénon démontre que
la Tradition ne se borne pas à la conservation des éléments anciens maintenus
dans leur état ancien. L’humanité évolue, son équipement spirituel évolue
aussi et agit sur l’héritage transmis, selon les époques, selon les lieux. La
Tradition est une et universelle, elle n’est pas une philosophie. Seule la
Tradition peut transmettre le Sacré, symbolisé,
spirituel, suprahumain. L’affirmation de René Guénon est on ne peut plus
claire : « c’est par l’initiation que la tradition transmet le Sacré ». |
la rÉvolution guÉnonienne |
David cologne |
Col.
Métapolitique & Tradition |
1980 |
Petite
plaquette où l’auteur étudie les rapports entre le christianisme et la
tradition primordiale dans l’œuvre de R. Guénon et de J. Evola. L’œuvre
de René Guénon fait partie d’un vaste courant d’inquiétude devant l’essor
technique et industriel. Auprès de lui il faut noter: Georges Bernanos,
Oswald Spengler, Paul Valéry, Nicolas Berdiaev, Gabriel Marcel, Miguel de
Unamuno, Simone Weil et José Ortega y Grasset. Il faut ajouter la génération
des écrivains qui ont connu la guerre: Ernst Jünger, Pierre Drieu la Rochelle,
Henry Barbusse et Julius Evola. |
la vie simple de renÉ guÉnon |
Paul chacornac |
Editions
TRADITIONNELLES |
1996 |
Doctrine
et vie de René Guénon racontée simplement. René
Guénon est né à Blois, le 15 novembre 1886. Après des études à Blois, puis à Paris
– en classe préparatoire de mathématiques – qu’il ne terminera pas, du fait
d’une santé précaire, il se met dès 1906 à la recherche de la « parole
perdue », pour reprendre le titre d’un chapitre de la biographie de
Guénon par Paul Chacornac, La vie simple de René Guénon, Éditions
traditionnelles, 1958. C’est d’abord son entrée dans l’Ordre Martiniste où il
recevra rapidement le grade de Supérieur Inconnu, puis dans deux loges
maçonniques dont le Chapitre et Temple « INRI » du rite Primitif et
Originel Swedenborgien, où il s’élèvera à la dignité de Kadosh. Ces
expériences de jeunesse ont leur importance, car elles lui ont permis de
juger très tôt de ce néo-spiritualisme « fin de siècle » dont il
dira : « Il est impossible d’associer des doctrines aussi
dissemblables que le sont toutes celles que l’on range sous le nom de
spiritualisme ; de tels éléments ne pourront jamais constituer un
édifice stable ». Il se sépare donc rapidement de ces milieux. Il est
admis cependant à la Loge Thébah, relevant de la Grande Loge de France, Rite
Écossais Ancien et Accepté, et c’est, en 1909, vers l’Église gnostique qu’il
se tourne alors. Il y fut consacré évêque sous le nom de Palingenius et
devint le principal rédacteur de la revue La Gnose qu’il fonda et à laquelle
il va collaborer jusqu’en 1922. René Guénon y publia sous forme d’articles
« une grande partie du Symbolisme de la Croix, la partie essentielle de
l’Homme et son devenir selon le Védanta, et de nombreux articles qui,
remaniés, prirent place dans Les principes du
calcul infinitésimal ». Guénon n’en prend pas moins la mesure de
cette Église gnostique qu’il jugera plus tard en ces termes : « Les
« néo-gnostiques » n’ont jamais rien reçu par une transmission
quelconque, et il ne s’agit que d’un essai de « reconstitution »
d’après des documents, d’ailleurs bien fragmentaires qui sont à la portée de
tout le monde ». De la vraie transmission, René Guénon va en
être le bénéficiaire à deux reprises, d’abord de la part d’un ou plusieurs
maîtres hindous, vers 1910. Transmission orale, dont on ne sait à peu près
rien, malgré les investigations de ses disciples. Mais transmission bien
réelle, puisqu’elle sera à l’origine de la rédaction de l’Homme et son
devenir selon le Védânta. Transmission mystérieuse, enfin, qui fera de Guénon
fondamentalement un « Védantin », selon l’expression de Robert
Amadou, et cela, même si, en 1912, il sera initié à l'ésotérisme islamique,
sous l’influence d’un peintre suédois, Yvan Aguéli, converti à l’Islam sous
le nom de Abdul-Hâdi (1869-1917). Guénon prendra le nom sous lequel il sera
connu de ses amis et de ses relations musulmanes en Égypte quelques années
plus tard : Abdel Wahed Yahia. Il recevra peu après la baraka –
l’influence spirituelle de l’initiation dans l’ésotérisme musulman – d’un
Sheikh de l’ordre shâdhilite, Addel-Rahmân Elish el-Kebir. En
1912, aussi, René Guénon se marie avec une jeune fille de Blois, de
famille catholique. Le couple n’aura pas d’enfants, mais s’occupera d’une
jeune nièce, jusqu’à la mort de la jeune femme. L’année suivante, Guénon
s’engage dans le combat mené par la revue catholique La France Antimaçonnique
et y publie pendant un an, sous un pseudonyme – le Sphinx – une série
d’articles sur la Franc-Maçonnerie. Durant la Première Guerre Mondiale,
exempté de service, à cause de sa santé, il devient professeur de
philosophie, ses rentes ne lui permettant plus de subvenir aux besoins du
couple. Il fera aussi un séjour d’une année (1917), à Sétif, en Algérie. A la
fin de la guerre, il quitte l’enseignement pour se consacrer à ses ouvrages
dont le premier paraît en 1921 : Introduction générale à l’étude des
doctrines hindoues. Les ouvrages suivants, Le Théosophisme, L’erreur spirite
qui constituent des critiques sévères du néo-spiritualisme seront naturellement
fort mal accueillis, tandis que la parution d’Orient et d’Occident, en 1924,
rencontrera un certain succès, avec les critiques élogieuses d’un certain
Léon Daudet. En
1927, paraît, enfin, La crise du monde moderne, ouvrage qui a connu la plus
large audience du vivant de Guénon et qui a été constamment réédité (jusque
dans des collections « de poche », de nos jours). Il s’agit d’un
ouvrage fondamental – auquel on pourrait comparer Chevaucher le Tigre de
Julius Evola, par exemple – moins par l’exposé de la doctrine traditionnelle
que par ce regard sur le monde moderne qui provoque un
« retournement » chez beaucoup de ses lecteurs, du moins ceux chez
qui ce « retournement » peut se produire, car, pour les autres,
« le livre leur tombe des mains » ou ils n’y « entrent » pas,
selon différents témoignages. Léopold Ziegler dira, lui, de La crise du
monde moderne : « Ici, le temporel est enfin mesuré, compté et pesé avec
des mesures éternelles, et trouvé trop léger ». Les
années 1928-1930 forment en quelque sorte le « milieu de la vie »
de René Guénon. Sa femme meurt le 15 janvier 1928, il se sépare de sa
nièce en mars 1929, fait la connaissance d’une Américaine, Dina, une riche
veuve, avec qui il part pour l’Égypte, le 15 mars 1930. René Guénon ne reviendra
plus en France et ne quittera plus le Caire où il s’installe, seul, menant
une vie extrêmement précaire d’un point de vue matériel. Il continue de
collaborer au Voile d’Isis et publie en 1931 Le symbolisme de la croix. En
1934, il se marie avec Fatma Hanem, fille du Sheikh Mohammed Ibrahim. Et
liquide tous ses biens de France. Revenant sur son ouvrage Orient et
Occident, René Guénon constate que « la situation est devenue pire que
jamais, non seulement en Occident, mais dans le monde entier », tout en
maintenant que « l’Orient véritable, le seul qui mérite vraiment ce nom,
est et sera toujours l’Orient traditionnel, quand bien même ses représentants
en seraient réduits à n’être plus qu’une minorité, ce qui, encore
aujourd’hui, encore loin d’être le cas ». En
revanche, l’Occident ne lui semble plus posséder les moyens de redresser la
situation désespérée, d’un point de vue traditionnel, où il se trouve. Ce
jugement péremptoire sera cause de l’orientation qui sera prise par nombre de
ses disciples vers l’Islam et le soufisme, dont Frithjof Schuon qui lui avait
rendu visite au Caire en 1935. Les années 30 voient donc se former autour de
Guénon tout un groupe d’Européens, Schuon, mais aussi Titus Burckhardt,
Martin Lings, Michel Vâlsan, etc., qui entreront dans la voie ésotérique
musulmane. Ce sont les « disciples » de la première génération. La
vie de René Guénon ou plutôt d’Abdel Wahed Yahia se partage ainsi, jusqu’à la
veille de la Seconde Guerre mondiale, entre les visites, ses nombreuses
correspondances, et la rédaction de ses articles pour Le voile d’Isis, - qui
devient Les Études traditionnelles, en 1936. Une première mouture parait en
1944 et c’est en 1945 que paraît la « suite » de la Crise du monde
moderne qui accentue le trait de la critique de l’Occident – et annonce
« la fin d’un monde » : « Nous sommes arrivés là au
dernier terme de l’action anti traditionnelle qui doit mener ce monde vers sa
fin ; après ce règne passager de la « contre-tradition », il
ne peut plus y avoir, pour parvenir au moment ultime du cycle actuel, que le
« redressement » qui, remettant soudain toutes choses à leur place
normale alors même que la subversion semblait complète, préparera
immédiatement « l’âge d’or » du cycle futur. » En
1947, naît une seconde fille – René Guénon aura encore deux enfants, deux
fils, Ahmed et Abdel Wahid – et il donne son accord à la création en France
d’une loge maçonnique, la Grande Triade, de Rite Écossais Ancien et Accepté.
Peu après avoir obtenu la naturalisation égyptienne (1949), il meurt le 7 janvier
1951.
|
le liÈvre qui rumine |
Purluigi zoccatelli |
Edition
ARCHÉ – MILAN |
1999 |
||
Comme
le montrent les documents présentés ici, le destin de ces confréries fut en
partie forgé, durant la décennie 1930 – 1940, par les débats et les
perspectives d’action autour des points centraux des doctrines
traditionnelles exposées par Guénon, doctrines auxquelles Charbonneau-Lassay
paraît être resté étranger. |
l’Énigme renÉ guÉnon & les
supÉrieurs « inconnus » |
Louis
de maistre |
Edition
ARCHÉ – MILAN |
2004 |
Fruit
d’une dizaine d’années de recherches, puisant à de très nombreuses sources
françaises et étrangères (anglaises, américaines, italiennes, allemandes,
polonaises, russes, etc.) qui incluent aussi bien des revues savantes que de
modestes publications occultistes et des ouvrages devenus rarissimes, ce
livre ne se veut pas le récit d’une « histoire secrète » – expression en soi
contradictoire – mais bien l’histoire de certains secrets qui forment une
part importante de l’histoire tout court. C’est aussi une illustration de ce
que certains ont appelé la « guerre occulte ».
L’ouvrage
retrace « l’invasion silencieuse » de la Franc-maçonnerie occultiste du
XVIIIème siècle par les représentants de la Cabale la plus déviées et du
messianisme hétérodoxe, disciples de Sabbataï Tsevi et de Jakob Frank, rompus
de longue date à la clandestinité et au « faix du silence ». Puis il décrit
comment les « Supérieurs Inconnus » après une courte éclipse, reviennent sur
le devant de la scène avec la fondation de la
Société Théosophique.
|
le rÈgne de la quantitÉ et le signe
des temps |
René
GUÉNON |
Edition
Gallimard |
1972 |
Écrit
en 1945 cet ouvrage difficile au départ sur la métaphysique fondamentale du
sens de la qualité, de l’espace, du temps et de la nature de la manifestation,
se termine par la fin des temps dans diverses traditions. René
Guénon écrit à ce sujet : Nous devons
en effet remarquer à ce propos que des « traditionalistes » mal avisés se
réjouissent inconsidérément de voir la science moderne, dans ses différentes
branches, sortir quelque peu des limites étroites où ses conceptions
s'enfermaient jusqu'ici, et prendre une attitude moins grossièrement
matérialiste que celle qu'elle avait au siècle dernier; ils s'imaginent même
volontiers que, d'une certaine façon, la science profane finira par rejoindre
ainsi la science traditionnelle (qu'ils ne connaissent guère et dont ils se
font une idée singulièrement inexacte, basée surtout sur certaines
déformations et « contrefaçons » modernes), ce qui, pour des raisons de
principe sur lesquelles nous avons souvent insisté, est chose tout à fait
impossible. Ces mêmes « traditionalistes » se réjouissent aussi, et peut-être
même encore davantage, de voir certaines manifestations d'influences subtiles
se produire de plus en plus, ouvertement, sans songer aucunement à se
demander quelle peut bien être au juste la « qualité » de ces influences (et
peut être ne soupçonnent-ils même pas qu'une telle question ait lieu de se
poser); et ils fondent de grands espoirs sur ce qu'on appelle aujourd'hui la
« métapsychique » pour apporter un remède aux maux du monde moderne, qu'ils
se plaisent généralement à imputer exclusivement au seul matérialisme, ce qui
est encore une assez fâcheuse illusion. Ce dont ils
ne s'aperçoivent pas (et en cela ils sont beaucoup plus affectés qu'ils ne le
croient par l'esprit moderne, avec toutes les insuffisances qui lui sont
inhérentes), c'est que, dans tout cela, il s'agit en réalité d'une nouvelle
étape dans le développement, parfaitement logique, mais d'une logique
vraiment « diabolique », du "plan" suivant lequel s'accomplit la
déviation progressive du monde moderne; le matérialisme, bien entendu, y a
joué son rôle, et un rôle incontestablement fort important, mais maintenant
la négation pure et simple qu'il représente est devenue insuffisante; elle a
servi efficacement à interdire à l'homme l'accès des possibilités d'ordre
supérieur, mais elle ne saurait déchaîner les forces inférieures qui seules
peuvent mener à son dernier point l’œuvre de désordre et de dissolution. L'attitude
matérialiste, par sa limitation même, ne présente encore qu'un danger
également limité; son « épaisseur », si l'on peut dire, met celui qui s'y
tient à l'abri de toutes les influences subtiles sans distinction, et lui
donne à cet égard une sorte d'immunité assez comparable à celle du mollusque
qui demeure strictement enfermé dans sa coquille, immunité d'où provient,
chez le matérialiste, cette impression de sécurité dont nous avons parlé;
mais, si l'on fait à cette coquille, qui représente ici l'ensemble des
conceptions scientifiques conventionnellement admises et des habitudes
mentales correspondantes, avec l' « endurcissement » qui en résulte quant à
la constitution « psycho-physiologique » de l'individu , une ouverture par le
bas, comme nous le disions tout à l'heure, les influences subtiles
destructives y pénétreront aussitôt, et d'autant plus facilement que, par
suite du travail négatif accompli dans la phase précédente; aucun élément
d'ordre supérieur ne pourra intervenir pour s'opposer à leur action. On pourrait
dire encore que la période du matérialisme ne constitue qu'une sorte de
préparation surtout théorique, tandis que celle du psychisme inférieur
comporte une "pseudo-réalisation", dirigée proprement au rebours
d'une véritable réalisation spirituelle ;nous aurons encore, par la suite, à
.nous expliquer plus amplement sur ce point encore La dérisoire sécurité de
la « vie ordinaire », qui était l'inséparable accompagnement du matérialisme
est dès maintenant, fortement menacée, certes, et l'on verra sans doute de
plus en. plus clairement et aussi de plus en plus généralement, qu'elle
n'était qu'une illusion; mais quel avantage réel y a-t-il à cela si ce n'est
que pour tomber aussitôt dans une autre illusion pire que celle-là et plus
dangereuse à tous les points de vue, parce qu'elle comporte des conséquences
beaucoup plus étendues et plus profondes, illusion qui est celle d'une «
spiritualité à rebours » dont les divers mouvements « néo-spiritualistes »
que notre époque a vus naître et se développer jusqu'ici, y compris même ceux
qui présentent déjà le caractère le plus nettement « subversif », ne sont
encore que de bien faibles et médiocres précurseurs ? |
l’ermite de dURQUI |
Xavier
ACCART |
Edition Arché-Milan |
2001 |
||
Si l'arrivée des nationalistes égyptiens au
pouvoir devait entraîner la mise en sommeil de la francophonie au Caire,
l'influence de Guénon allait continuer à s'y exercer dans les milieux
musulmans, notamment par le biais du Cheikh al-Azhar `Abd al-Halim Mahmud dont
l'étude permet d'avancer un certain nombre d'hypothèses sur les options de
Guénon dans un contexte confrérique troublé. Néanmoins, les discussions qui
s'étaient nouées au Caire sont encore aujourd'hui lourdes de conséquences
pour les sciences-religieuses et le dialogue inter-religieux. C'est ce que
montre une dernière étude sur les relations entre Louis Massignon et René
Guénon. Cet
ouvrage éclaire donc une question restée jusqu'ici inexplorée : la présence de
la personne et de l'œuvre de ce dernier en Egypte. Ses études, nouvelles dans
leur type d'approche, sont aussi accompagnées de témoignages d'intimes de
Guénon tels Jean-Louis Michon, Nadjmoud Bammate, Martin Lings ou le Dr Katz
ainsi que de la publication de lettres du métaphysicien français et de trente
documents photographiques en partie inédits. Cette
étude a pour but de nous faire découvrir le rôle d’éveilleurs de conscience
qu’eut R. Guénon au sein du microcosme francophone entre 1930 et 1951. |
le roi du monde |
René guÉnon |
Edition
GALLIMARD |
1958 |
L’axe central de ce livre,
évoque quelque chose qui aurait été « perdu », enfoui, occulté, et
qu’il s’agit de retrouver. Reliant des notions comme la quête du Graal et la recherche
de la Parole Perdue, l’auteur mène à découvrir que l’expression « Roi du
Monde » ne désigne pas nécessairement un personnage historique, pas plus
que le Manu des Hindous, le Ménès des Egyptiens et le Menw des Celtes –
auxquels d’ailleurs le Roi du Monde s’identifie –, mais bien plutôt
« l’intelligence cosmique qui réfléchit la Lumière spirituelle et
formule la Loi (Dharma) propre aux conditions de notre monde ou de
notre cycle d’existence » . Le Roi du Monde – ou son
représentant – combine en effet au plus haut niveau – comme les Rois-Mages –
les fonctions sacerdotales et royales. Sa fonction de pontifex
(littéralement « constructeur de ponts ») fait de lui le médiateur
entre ce monde et les mondes supérieurs ; son symbole naturel est
l’arc-en-ciel qui, dans toutes les traditions, a des significations
concordantes : « chez les Hébreux, c’est le gage de l’alliance de
Dieu avec son peuple ; en Chine, c’est le signe de l’union du Ciel et de
la Terre ; en Grèce, il représente Iris, la “messagère des Dieux” ;
un peu partout, chez les Scandinaves aussi bien que chez les Perses et les
Arabes, en Afrique centrale et jusque chez certains peuples de l’Amérique du
Nord, c’est le pont qui relie le monde sensible au suprasensible » . La correspondance établie dans
ce livre entre les époques, les contrées et les traditions sont si
nombreuses, si riches et si convaincantes que l’idée maîtresse de l’existence
d’une Tradition primordiale, dont toutes les traditions ou religions
dériveraient, cette idée si attaquée par les défenseurs ouverts ou masqués de
l’idéologie moderne, qui n’hésitent pas à parler à ce propos – avec une
métaphore bien révélatrice de leur mode de pensée – de notion
« bricolée » par Guénon, cette notion de Tradition Primordiale
sourd à travers toutes les remarques, notations et notes du Roi du Monde
avec la force de l’évidence. Ainsi, à propos de la mystérieuse
contrée connue au moyen âge sous le nom de « royaume du prêtre
Jean », une note précise : « Il est notamment question du
“prêtre Jean” vers l’époque de saint Louis, ce qui complique les choses,
c’est que, d’après certains, il y aurait eu jusqu’à quatre personnages
portant ce titre : au Tibet (ou sur le Pamir), en Mongolie, dans l’Inde,
et en Ethiopie (ce dernier mot ayant d’ailleurs un sens fort vague) ;
mais il est probable qu’il ne s’agit là que des différents représentants d’un
même pouvoir. On dit aussi que Gengis-Khan voulut attaquer le royaume du
prêtre Jean, mais que celui-ci le repoussa en déchaînant la foudre contre ses
armées. Enfin, depuis l’époque des invasions musulmanes, le prêtre Jean
aurait cessé de se manifester, et il serait représenté extérieurement par le Dalaï-Lama ». S’il semble impossible de résumer
un ouvrage aussi riche, tant les informations fusent à chaque ligne, les
douze titres de chapitres qui le composent montrent l’architecture de son
dessein : Notions sur l’ « Agarttha » en
Occident ; Royauté et pontificat ; La « Shekinah » et le
« Métatron » ; Les trois fonctions suprêmes ; Le
symbolisme du Graal ; « Melkitsédeq » ; « Luz »
ou le séjour d’Immortalité ; Le centre suprême caché pendant le
« Kali-Yuga » ; L’ « Omphalos » et les
bétyles ; Noms et représentations symboliques des centres
spirituels ; Localisation des centres spirituels ; Quelques
conclusions. Ce qui apparaît, lorsqu’on
observe cette table des matières, c’est l’intensification de l’accent porté
sur les « centres spirituels », la mention que ceux-ci ne peuvent
être que cachés, enfouis, à notre époque – d’où le symbolisme des royaumes
souterrains –, mais qu’il revient à chacun de mener son enquête, ou plutôt sa
quête, car quelques sombres que soient les temps où le destin nous a placés,
les centres spirituels ne peuvent jamais totalement disparaître, pas plus que
les voies initiatiques, qui ne peuvent jamais être totalement fermées. |
l’erreur spirite |
René
GUÉNON |
Editions
Traditionnelles |
1991 |
Ce
livre écrit en 1923 aborde la question du spiritisme science occulte qui vise
la communication des morts. Il en présente les méfaits et les déviances. Il détaille
les différentes théories spirites et en démontre les errances. Dans cet ouvrage dont la première édition
date de 1952, on trouve un exposé sur les origines du spiritisme ainsi qu'une
analyse serrée des théories spirites. Cet examen permet à René Guénon
d'aborder, chemin faisant, des données traditionnelles sur la constitution de
l'homme et du monde, et d'apporter sur bien des points touchant à la
cosmologie et au domaine du psychique, des clartés que l'on ne pouvait
rencontrer ailleurs, à l'époque. Je
cite René Guénon :’’ Les spirites ont été, dès l’origine, divisés en
plusieurs écoles, qui se sont encore multipliées par la suite, et qu’ils ont
toujours constitué d’innombrables groupements indépendants et parfois rivaux
les uns des autres. Mais beaucoup de gens font du spiritisme isolement, sans
aucun rattachement à une organisation spirite quelconque. “Si
le spiritisme était uniquement théorique, il serait beaucoup moins dangereux
qu’il ne l’est et n’exercerait pas le même attrait sur bien des gens; et nous
insisterons d’autant plus sur ce danger qu’il constitue le plus pressant des
motifs qui nous ont déterminé à écrire ce livre.”
La conception spirite est ternaire: l’esprit,
le «périsprit» et le corps. Si la théorie spirite est fort inexacte en ce qui
concerne la constitution de l’homme pendant la vie, elle est entièrement
fausse lorsqu’il s’agit de l’état de ce même homme après la mort. D’après le
spiritisme, il n’y aurait rien de changé par la mort, si ce n’est que le
corps a disparu, ou plutôt a été séparé des deux autres éléments, qui restent
unis l’un à l’autre comme précédemment; en d’autres termes, le mort ne
différerait du vivant qu’en ce qu’il aurait un élément de moins, le corps.”
|
l’ÉsotÉrisme de dante |
René guÉnon |
Edition
GALLIMARD |
1991 |
||
Dans la première, il faut admettre que la région intermédiaire est
considérée comme un simple prolongement du monde terrestre ; et c'est bien
ainsi qu'apparaît chez Dante le Purgatoire, qui peut être identifié à cette
même région. D'autre part, en tenant compte de cette assimilation, la seconde
division est rigoureusement équivalente à la distinction faite par la
doctrine catholique entre l'Église militante, l'Église souffrante et l'Église
triomphante ; là non plus, il ne peut être question de l'Enfer. Enfin, pour
les Cieux et les Enfers, des subdivisions en nombre variable sont souvent
envisagées; mais, dans tous les cas, il s'agit toujours d'une répartition
hiérarchique des degrés de l'existence, qui sont réellement en multiplicité
indéfinie, et qui peuvent être classés différemment suivant les
correspondances analogiques que l'on prendra comme base d'une représentation
symbolique. Les Cieux sont les états supérieurs de l'être ; les Enfers,
comme leur nom même l'indique d'ailleurs, sont les états inférieurs ; et,
quand nous disons supérieurs et inférieurs, cela doit s'entendre par rapport
à l'état humain ou terrestre, qui est pris naturellement comme terme de
comparaison, parce qu'il est celui qui doit forcément nous servir de point de
départ. L'initiation véritable étant une prise de possession consciente des
états supérieurs, il est facile de comprendre qu'elle soit décrite
symboliquement comme une ascension ou un « voyage céleste »; mais on pourrait
se demander pourquoi cette ascension doit être précédée d'une descente aux
Enfers. Il y a à, cela plusieurs raisons, que nous ne pourrions exposer
complètement sans entrer dans de trop longs développements, qui nous
entraîneraient bien loin du sujet spécial de notre présente étude ; nous
dirons seulement ceci d'une part, cette descente est comme une récapitulation
des états qui précèdent logiquement l'état humain, qui en ont déterminé les
conditions particulières, et qui doivent aussi participer à la «
transformation » qui va s'accomplir. D'autre part, elle permet la manifestation, suivant certaines
modalités, des possibilités d'ordre inférieur que l'être porte encore en lui
à l'état non-développé, et qui doivent être épuisées par lui avant qu'il lui
soit possible de parvenir à la réalisation de ses états supérieurs. Il faut
bien remarquer, d'ailleurs, qu'il ne peut être question pour l'être de
retourner effectivement à des états par lesquels il est déjà passé ; il ne
peut explorer ces états qu'indirectement, en prenant conscience des traces
qu'ils ont laissées dans les régions les plus obscures de l'état humain
lui-même : et c'est pourquoi les Enfers sont représentés symboliquement comme
situés à l'intérieur de la Terre. Par contre, les Cieux sont bien réellement
les états supérieurs, et non pas seulement leur reflet dans l'état humain,
dont les prolongements les plus élevés ne constituent que la région
intermédiaire ou le Purgatoire, la montagne au sommet de laquelle Dante place
le Paradis terrestre. |
l’ÉsotÉriste renÉ guÉnon |
Denis boulet |
Edition
DERVY |
1995 |
Des
souvenirs et jugements par Denis Boulet qui a bien connu René Guénon et porte
sur lui un regard dur mais assez impartial. De
1909 à 1914, René Guénon va enquêter au sein du milieu occultiste français.
Il s’agissait de prendre contact avec des personnalités sur lesquelles il
aurait pu s’appuyer en vue de reconstituer une élite intellectuelle et
en même temps détruire les organisations occultistes qui caricaturaient toute
restauration d’une authentique Tradition en Occident.
Il
commença son parcours à l’Ecole Hermétique dirigée par Papus. Ce dernier
était un écrivain prolixe qui livra de nombreuses études de « sciences
occultes » particulièrement indigestes. Ses organisations étaient tout autant
farfelues. En effet, l’Ecole Hermétique était le paravent d’organisations
maçonniques spiritualistes et du « martinisme ». Il n’y avait aucune
filiation directe pour le martinisme malgré les prétentions de Chaboseau
d’être l’héritier direct d’une lignée initiatique remontant à Louis-Claude de
Saint-Martin.
|
les principes du calcul infinitésimal |
René
GUÉNON |
Edition
NRF |
1946 |
||
Les mathématiciens de l’époque moderne semblent être
arrivés à ignorer ce qu’est véritablement le nombre, autant pris au sens
analogique et symbolique où l’entendaient les Pythagoriciens et les
Kabbalistes, que dans l’acception simplement et proprement quantitative. La
confusion répandue de nos jours est entre le nombre et le chiffre. Le chiffre
est rien de plus que le vêtement du nombre, sa forme géométrique qui à
certains égards peut être considéré le corps du nombre, ainsi que le montrent
les théories des anciens sur les polygones et les polyèdres, mis en rapport
direct avec le symbolisme des nombres. Le mot « chiffre » n’est pas autre
chose que l’arabe « çifr », bien que celui-ci soit en réalité la désignation
du zéro. En hébreu, « saphar » signifie « compter », ou « nombrer », en même
temps qu’ « écrire », d’où « sepher », « écriture » ou « livre » (en arabe «
sifr », qui désigne particulièrement un livre sacré), et « sephar », «
numération » ou « calcul ». De ce dernier mot vient aussi la désignation des
Sephiroth de la Kabbale, qui sont les « numérations » principielles assimilées
aux attributs divins.
|
les secrets de la tara blanche |
A.
de danann |
Edition Arche |
2003 |
Il y est question du Dalaï-Lama, de Gengis Khan, des tours du
diable, de l’Agartha des prophéties de Malachie et de Nostradamus, du prêtre
Jean et des commentaires sur l’œuvre de R. Guénon. Ce
livre nous présente des extraits d’une correspondance de valeur
exceptionnelle, entretenue, dans les années 1935-45, entre Jean Reyor
(1905-1988), l’ami et la “personne de confiance” de René Guénon, et Jean
Calmels, un mystérieux personnage connu comme “le lama” et indiqué par Reyor
lui-même comme « une individualité ayant eu des rapports directs avec
plusieurs écoles orientales », et ayant « une connaissance étendue
des choses de l’ordre initiatique ». Effectivement,
comme nous le révèle dans son introduction Alexandre de Dánann (l’auteur de Mémoire
du sang), Calmels avait été initié par Wlodzimierz Badmajeff, l’un des
membres de la lignée des mongols bouriates Badma, prince héréditaires,
descendants de Gengis Khan, aussi bien que lamas pratiquant la médecine
tibéto-mongole, et initiés au Kâlachakra. Cette
correspondance a été jalousement gardée jusqu’à aujourd’hui dans le restreint
milieu guénonien, ce qui ne lui a pas évité, toutefois, d’être exploitée et
parfois “abusée” par quelques auteurs. “Supérieur Inconnu” de l’ordre
Martiniste dans sa jeunesse, Jean Calmels parle, bien des années plus tard,
en termes énigmatiques et prophétiques, de cette dernière phase du Kali Yuga,
en révélant des aspects doctrinaux traditionnels, à l’époque encore mal
connus en Occident, et en impliquant des zones géographiques qui sont devenues
le théâtre des événements critiques de ces derniers temps. Dans
cette correspondance, et dans le riche appareil critique qui l’accompagne, il
est question, entre autres : du mystérieux envoyé du Dalaï Lama en
Occident, Agvan Dorjeff ; du Panchen Lama et du Bogdo Khan ; de
Gengis Khan et du symbolisme de son étendard ; des “Tours du
Diable” ; de l’Agarttha ; de Shambala ; du Kalki
Avatara ; des prophéties de Malachie et des Centuries de
Nostradamus ; du symbolisme du “Grand Hum” et du “Namtchouwandan” ;
du Prêtre Jean, etc. L’ouvrage
est complété par un document remontant à la période martiniste de Jean
Calmels, et par une étude communiquée en 1944 par Calmels à Jean Reyor :
Quelques remarques à propos de l’œuvre de René Guénon. |
le symbolisme de la croix |
René guÉnon |
Edition
TRÉDANIEL |
1996 |
||
Ces
plans se déplacent donc selon l’axe d’exaltation .Chaque plan renfermant
l’ampliation d’un état donné est défini par deux droites, l’une étant l’axe
d’ampliation et l’autre une perpendiculaire à cet axe passant par l’axe
d’exaltation à leur point de croisement qui devient ainsi le centre ou
« immuable milieu ».Apparaît ainsi la croix à six branches
définissant les six directions de l’espace et
le centre ce qui forme au total : sept (le septénaire).
Vue dans le plan vertical cette troisième branche reste invisible et la croix
à six branches se présente toujours comme une croix latine. Le
monde de la forme et, dans une large mesure, le monde métaphysique étant
héliocentriques, ces axes seront orientés selon le soleil : Le haut est
le zénith, le bas le nadir, la gauche l’ouest, la droite l’est, devant le
nord et derrière le sud. Ainsi au plan cosmologique l’axe vertical est
l’axe méridien, l’axe nord-sud l’axe solsticial et l’axe est-ouest l’axe
équinoxial. Alors les six directions de l’espacent apparaissent comme l’image
du macrocosme et chaque plan d’existence comme celle du microcosme :
Dans
un niveau d’existence donné la manifestation d’un état est un cercle centré
sur le milieu. La force d’ampliation de cet état nous fait passer dans le
même plan, selon sa force, à des cercles de plus en plus larges mais
concentriques représentant les différentes et successives modalités de cet
état ; Cette variation de l’état étant continue, ce n’est pas une série
de cercles concentriques mais une spirale qu’elle dessine. Le passage à
un état plus élevée sous l’influence de la force d’exaltation nous fait
passer à un plan d’existence plus élevé et comme la variation est ici aussi
continue, elle dessine, en combinaison avec la force d’ampliation une spirale
ascendante constituant le Vortex
Universel Ce vortex résume au plan géométrique le
développement des degrés successifs de l’existence. Ce vortex reste construit
sur la croix et centré sur l’invariable milieu. On retrouve, parmi beaucoup
d’autres, les quelques références suivantes concernant les six directions de
l’espace, dans les Saintes écritures et dans les écrits des théologiens
chrétiens : Genèse 2, 10 à 14 : décrivant la constitution de l’Eden
avec ses quatre fleuves qui en émergent aux quatre points cardinaux et
au centre l’arbre de vie. La
vraie croix du Christ est faite du bois de l’arbre de vie dans l’exégèse
néo-testamentaire. -Amos VII 7-8 : « Je vis mon
Seigneur sur un mur tenant un fil à plomb. Mon seigneur me dit : Que
vois-tu Amos ? Je dis: Un fil à plomb. Mon Seigneur me dit : Voilà
que je vais mettre un fil à plomb au milieu de mon peuple d’Israël ».
Lettre de Saint Paul aux Ephésiens: « Et pour que le Christ soit
l’hôte de vos cœurs, pour que dans l’amour enraciné vous ayez la force
de comprendre avec tous les Saints, largeur, longueur, hauteur et profondeur
pour connaître l’amour du Christ ». –Clément d’Alexandrie (un des plus
grands apologistes chrétiens du troisième siècle): « De Dieu, cœur
de l’univers, partent les étendues infinies qui se dirigent en haut, en bas,
à droite, à gauche, en avant et en arrière. En lui, s’achèvent les six phases
du temps et c’est de lui qu’elles reçoivent leur extension infinie. C’est là
le secret du nombre sept ». -St Bernard de Clairvaux (rédacteur de la
règle de l’ordre du Temple et fondateur des Cisterciens.) « Mais Dieu
est aussi hauteur, largeur et profondeur et ces trois attributs doivent être
l’objet de méditations». La profondeur de l’exposé, qui synthétise en 200
pages des points fondamentaux rend ce livre capital, souvent considéré comme
la pierre d’angle (avec quelques autres ouvrages) de l’œuvre guénonienne. Au sommaire de cet ouvrage : La multiplicité des états de l’être -
L’homme universel - le symbolisme métaphysique de la
croix - les directions de l’espace -
Théories hindoue des trois gunas - L’union des
complémentaires - le résolution des
oppositions - La guerre et la paix
- l’arbre du milieu - Le swastika
- représentation géométrique des états de l’être
- rapports des deux représentations précédentes
- le symbole du tissage -
représentation de la continuité des différentes modalités d’un même état
d’être - Rapports du point et de
l’étendue - L’ontologie du Buisson
ardent - Passage des coordonnées
rectilignes aux coordonnées polaires ; continuité par
rotation - Représentation de la continuité des
différents états d’être - le vortex sphérique
universel - Détermination des éléments de la
représentation de l’être - le symbole
extrême-oriental du yin et du yang, équivalence métaphysique de la naissance
et de la mort - Signification de l’Axe
vertical ; l’influence de la Volonté du Ciel -
Le rayon céleste et son plan de réflexion - L’arbre
et le serpent - Incommensurabilité de l’être total et
de l’individualité - Place de l’état individuel
humain dans l’ensemble de l’être - La Grande
Triade - Le Centre et la circonférence
- Dernières remarques sur le symbolisme spatial
- |
le thÉosophisme
– histoire d’une pseudo-religion |
René
GUÉNON |
Editions
Traditionnelles |
1996 |
Écrit en 1921 cet
ouvrage démontre en quoi le théosophisme et autres doctrines hétérodoxes ne sont
que des déformations des doctrines traditionnelles authentiques. L’étude
détaille les personnages et les événements qui ont influés sur les divers
mouvements occultistes. René
Guénon contre les sectes ! L’exclamation peut sembler quelque peu journalistique,
surprenante en tout cas, exagérée sûrement. Pourtant, depuis qu’il avait
suivi en 1906 des cours à l’Ecole des sciences hermétiques dirigée par Papus
et fréquenté l’Ordre martiniste et ses organisations plus ou moins
auxiliaires, jusqu’aux années 1920, le jeune Guénon avait pu constater de
l’intérieur, chez les occultistes, que le meilleur côtoyait le pire. Entre
les prétendus pouvoirs des uns et les folles ambitions cosmiques des autres,
il avait pu zigzaguer de quelque manière. Même
si, très tôt, Guénon est convaincu qu’un authentique enseignement
traditionnel ne peut se transmettre valablement que par voie orale, en
s’introduisant dans un réseau de guides puisant leur savoir d’une filiation
ésotérique « sûre », il est, de fait, confronté à une inflation de
pseudo-prétendants à la gnose absolue. Or, déjà à cette époque, il ne confond
pas attitude gnostique et quête fantasmagorique d’arcane unitaire, à trouver
dans le manichéisme, l’alchimie ou l’islam. Certes, très tôt, Guénon cherche
une chaîne d’union jamais interrompue à travers toutes les fraternités
secrètes qu’il fréquente, mais il résiste d’instinct, ou d’intuition, à cette
ébullition de néo spiritualisme douteux qui suscite autant de diatribes
orageuses qu’elle entraîne de conversions spontanées et éphémères. Paris
est, depuis toujours, le paradis – ou l’enfer – des sectes. Au début du 20ème
siècle, Paris est un carrefour d’aspirations ésotériques convergentes et
divergentes, un fatras hétérodoxe d’où il n’est pas facile de s’extraire.
L’influence des voies orientales et des syncrétismes faciles n’est pas né
d’hier. Et l’entourage du jeune homme Guénon a peut-être trop cru sur parole
le livre à succès, alerte et bien écrit d’Edouard Schuré, « Les Grands
Initiés, esquisse de l’histoire secrète des religions, paru en 1889 déjà
(c’est-à-dire l’année de la création de la revue « Le Voile d’Isis » par
Papus), et qui fit rêver de nombreuses générations puisqu’il demeure encore,
plus d’un siècle après sa sortie, un « best-seller » international en
librairie ! Toujours
est-il que Guénon est bien placé pour se rendre compte des manques et des
nettes inconséquences de la Société théosophique qui n’a, selon lui, aucun
lien de filiation légitime avec la théosophie en général, celle qui sert de dénomination
commune à des doctrines diverses, mais procède d’un même ensemble de
tendances. Cette théosophie, en quelque sorte historique, se réclame quant à
elle d’une tradition tout occidentale « dont la base est toujours, sous une
forme ou sous une autre, le christianisme ». Parmi ses représentants les plus
illustres, on peut citer Jakob Böhme (1575-1624) et Emmanuel Swedenborg
(1688-1772). Guénon
ne veut point céder à une telle confusion. Il sait que l’organisation qui
s’intitule justement Société théosophique « ne relève d’aucune école qui se
rattache, même indirectement, à quelque doctrine de ce genre » (ibid.).
Alors, parce qu’il est persuadé que le meilleur moyen de combattre le
théosophisme (le néologisme est de lui) c’est d’exposer son histoire telle
qu’elle est, il n’hésite pas, dans son ouvrage « Le Théosophisme, histoire
d’une pseudo-religion » (1922), à raconter par le menu l’épopée des
fondateurs de cette secte qui devait avoir un important rayonnement sur les
religiosités bizarres et parallèles du début du 20ème siècle. Guénon
propose à ses lecteurs les fruits de ses enquêtes personnelles. Il le fait
avec ce souci du détail juste, de la note additionnelle utile, qui donne à
son texte un poids de crédibilité supplémentaire et qui sera toujours l’un de
ses points forts. Et tant pis si le style peut sembler parfois pesant.
L’essentiel est de prendre le recul nécessaire sur le savoir pour le
superviser en quelque sorte. Guénon
distingue ainsi deux périodes principales dans la saga du théosophisme
correspondant à la direction d’Helena Blavatsky et celle d’Annie Besant, tout
en soulignant toujours les contradictions repérables entre la pensée de la
fondatrice et celle de la personne qui lui succéda. D’emblée, il révèle les
antécédents d’ Helena Blavatsky, née Helena Petrovna Hahn (1831-1891),
d’origine noble, et que l’on maria à seize ans avec un général qui en avait
quarante-deux, Nicéphore Blavatsky, vice-gouverneur de la province d’Erivan,
qu’elle quitta vite. Ce dont
il s’agit ici, c’est de « démontrer » sans complaisance le fonctionnement
interne d’une secte à succès. Et pour parvenir à ce but, René Guénon est
précurseur dans sa manière de montrer aux lecteurs que tout s’appuie toujours
sur une confusion incroyable de la pensée quand l’ésotérisme, le spiritisme,
les pouvoirs paranormaux permettent de faire tinter des clochettes invisibles
( !), de « matérialiser » des objets de toutes sortes et même de faire
émerger « des correspondances transmises par voie astrale ». Ainsi, on devine
pourquoi la Société théosophique, fondée en 1875 « pour combattre le
matérialisme, pour rappeler au monde le principe de la fraternité humaine,
pour enseigner de nouveau les Grandes Vérités éternelles oubliées ou
méconnues au cours des âges, et préparer ainsi le nouvel et prochain
avènement du Grand Instructeur du monde », et lorsque Guénon retrace
l’itinéraire déjà rocambolesque d’Helena Blavatsky jusqu’à son installation à
Bombay, puis à Adyar, en 1882, près de Madras, il met en relief les
contradictions de la flamboyante aventurière, ses mystifications habiles et à
peine croyables. Mais
René Guénon n’en reste pas aux aspects anecdotiques de l’aventure
théosophique. Il cite l’entourage immédiat d’Helena Blavatsky, à Adyar,
montre d’où venaient ses complices en phénomènes occultes, en vibrations
cosmiques, en messages mirifiques. Certains étaient des anciens associés de
son Club à miracles du Caire, comme le couple Coulomb ; un autre, comme ce
dénommé Babula, avait été au service d’un prestidigitateur français et s’était
vanté d’avoir fabriqué des mahatmas en mousseline ; d’autres enfin aidaient
la dame Blavatsky à écrire les « lettres précipitées », ainsi qu’elle l’avoua
elle-même par la suite ! Seulement voilà : s’assurer de la discrétion de tous
ces gens était difficile, explique Guénon avec humour… et les Coulomb, par
exemple, vendirent des missives de la fondatrice, lesquelles furent publiées
dans le « Christian college Magazine » de septembre 1884 de Madras. La
faussaire, déstabilisée, parla de démissionner de son organisation, puis se
ravisa. On
nomma une commission de la Société des recherches psychiques de Londres pour
étudier la nature des phénomènes incriminés. Il s’ensuivit un rapport dans
lequel étaient exposés en détail tous les « trucs »
employés par les soins de Mme Blavatsky ! Tout cela amena la « conclusion
formelle » (l’expression est de Guénon) que ladite Blavatsky n’était pas le
porte-parole de voyants que le public ignore, ni une aventurière ordinaire,
vulgaire, mais elle avait, en réalité, conquis sa place dans l’histoire «
comme un des plus accomplis, des plus ingénieux et des plus intéressants
imposteurs dont le nom mérite de passer à la postérité » ! |
l’homme & son devenir selon le
védânta |
René guÉnon |
Editions
TRADITIONNELLES |
1952 |
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L’INTERPRÉTATION ÉSOTÉRIQUE DE L’ÉVANGILE, selon René GUÉNON |
Erik
Sablé |
Edition
LE MOULIN DE L’ETOILE |
2009 |
Comme
tous les textes sacrés, l’Évangile possède plusieurs niveaux
d’interprétation. Il a donc aussi un sens ésotérique, métaphysique, qui
révèle son aspect le plus profond, et certaines paroles du Christ très
énigmatiques dévoilent leur signification seulement grâce à cette clef de
lecture. René
Guénon
s’est plus particulièrement attaché au décryptage de ce sens métaphysique.
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