Chapitre 20 E - L         Inde -  Chine - Extrême Orient 

 

 

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20 E

film sur le tibet & le bouddhisme

Arnaud DESJARDINS

Edition ALIZÉ

 1968

Quatre films d’une heure chacun. Deux films sur le message des tibétains et deux sur l’Himalaya, terre de sérénité. Ces films ont été tournés en 1968 après qu’Arnaud Desjardins eut rencontré le Dalaï Lama et obtenu son appui pour réaliser ces films.

Ce sont des documents extraordinaires reconnus et acceptés par les plus grands maîtres du Bouddhisme et du Tantrisme tibétain.

Des images superbes et une grande spiritualité s’en dégage. « Arnaud Desjardins fut l’un des premiers à attirer l’attention du monde moderne – et notamment de la France – sur la grandeur de la tradition spirituelle vivante du Tibet.

Réalisés avec une sensibilité remarquable et une véritable prémonition, ces portraits de maîtres tibétains légendaires ne sont pas seulement un document historique unique en son genre, ni même une source d’inspiration bouleversante pour les temps présents et futurs, mais un témoignage extraordinaire, un trésor.

Arnaud Desjardins a su capter à l’écran la présence, et par là même les bénédictions, de plusieurs des plus grands maîtres tibétains de ce siècle dont il est dit que le seul fait de les voir sème la graine de la libération. Ils incarnent une sagesse qui est demeurée vivante parce qu’elle est héritée et transmise de cœur à cœur, d’un être humain à un autre être humain. Car sans le maître, la réalisation spirituelle n’est pas possible.

 

Ma conviction est que ce n’est pas le fruit du hasard si Arnaud Desjardins a produit et réalisé ces films. »

 

films sur le zen

Arnaud DESJARDINS

Edition ALIZÉ

 1971

Les deux films d’Arnaud Desjardins sur le Zen ont été tournés au Japon en 1971. Ils sont le fruit de l’amitié et de la collaboration entre deux hommes : un réalisateur et un producteur à la télévision et un maître Soto Zen, Taisen Deshimaru.

 

Pendant dix semaines, Arnaud, accompagné de son assistant Jacques Delrieu, et Sensei Deshimaru ont vécu dans divers monastères et dans certains milieux qui gravitaient directement autour de ceux-ci. La complicité entre le maître et le réalisateur a été si intime qu’on ne saurait dire aujourd’hui la part de chacun dans l’élaboration de ces films.

 

L’important aux yeux d’Arnaud était que les Japonais y reconnaissent leur culture. Et de même qu’Arnaud Desjardins avait tenté de se faire Afghan avec les Soufis et Tibétain avec les Rinpotché, il a tenté de s’effacer pour laisser s’exprimer le Zen au cœur duquel il était plongé.


Deux films d’une heure environ chacun. Superbes images.

 

film sur l’hindouisme & les ashrams

Arnaud DESJARDINS

Edition ALIZÉ

 1959

Au travers de ce film de 35 minutes, Arnaud Desjardins nous montre divers Ashrams de l’Inde dont celui, célèbre, de Ma Anandamayî

.   

Ce film intitulé « et si c’était vrai » montre ces « grands sages » hindou « dont le seul regard peut changer une vie » et dont la seule présence presque surnaturelle serait le témoin vivant d’un autre monde que celui dans lequel nous vivons toute la journée.

 

Cette Inde qui fascine reste un des dépositaires d’une antique sagesse.

 

Des êtres libérés y vivent et sont prêts à nous faire partager leur connaissance et leur expérience.

 

film sur lE TIBET ET LE NḖPAL – SUR LE CHEMIN DE LA COMPASSION  -

Matthieu Ricard – J. Mascolo de Filippis

Edition Montparnasse

 2013

CD- Film de 51 minutes sur ces belles régions souvent mutilées par des tremblements de terre, la guerre ou autres. De plus Matthieu Ricard nous parle de lui, de son parcours, de ses rencontres diverses et variées, mais surtout développe la notion d’altruisme.


Scientifique de formation, moine bouddhiste, interprète français du Dalaï-Lama, photographe et auteur de textes sur le bouddhisme et la méditation, Matthieu Ricard en est aujourd’hui l’un des spécialistes mondiaux. Depuis plus de quarante ans, ce passeur entre Orient et Occident partage son temps entre l’Inde, le Népal et le reste du monde.

Dans ce film tourné au Népal et en France, Matthieu Ricard livre pour la première fois à la caméra le fruit de ses réflexions sur l’altruisme, partageant sa pensée mais aussi ses recherches et les actions humanitaires qu’il mène à travers son association Karuna-Shechen.

 Il nous invite à le suivre de Davos où il transmet sa vision humaniste aux « grands » de ce monde, aux séminaires du Mind and Life où il participe à des études scientifiques sur l’effet de la méditation sur le cerveau.

Matthieu Ricard est un homme de son temps, qui met son expérience et sa sagesse au profit du bien-être et de l’épanouissement de tous. Matthieu Ricard explore les différentes facettes de l'amour, de l'empathie à la compassion, de l'oubli de ses propres intérêts au don de soi. D'après le moine bouddhiste, nous avons tous ce potentiel d'amour altruiste en nous, telle « une pépite d'or » enfouie et parfois ignorée. Ses conseils pour la faire fructifier est en 5 parties.

1 - Cultiver l'amour altruiste
Nous avons tous ce potentiel altruiste en nous, comme un pauvre qui a une pépite d'or enfouie juste là sous sa cabane et qui l'ignore. Les dernières connaissances en neuroplasticité du cerveau ont montré comment l'activité neuronale se réorganise quand on développe l'attention ou la compassion. L'amour et la compassion se cultivent. On devrait l'enseigner dans les écoles de médecine !  « Il est plus facile de commencer à nous entraîner en pensant à quelqu'un qui nous est cher, imaginons un jeune enfant qui s'approche de nous et nous regarde joyeux, confiant et plein d'innocence... Nous le contemplons avec tendresse et le prenons dans nos bras (...) Demeurons quelques instants dans la pleine conscience de cet amour, sans autre forme de pensée. Etendons ensuite ces pensées bienveillantes à ceux que nous connaissons moins (...) allons plus loin, incluons dans cette bienveillance ceux qui nous ont fait du tort et ceux qui nuisent à l'humanité en général (...) Portons sur eux le regard d'un médecin sur ses patients les plus gravement atteints. Enfin embrassons la totalité des êtres sensibles dans un sentiment d'amour illimité (...) Nous pouvons à tout moment, souhaiter intérieurement à ceux que nous croisons dans la vie quotidienne d'être heureux et libérés de toute souffrance. Ainsi, graduellement, l'amour altruiste, la compassion... seront pleinement intégrées à notre manière d'être. » 

2 -  Dépasser l'émotion
L'empathie sans le discernement et la connaissance, est comme une pompe électrique à eau... sans eau : elle brûle. Livrée à elle-même, elle peut même avoir des conséquences néfastes. Ainsi des chercheurs se sont intéressés à l'épuisement émotionnel, le burn out des travailleurs sociaux ou des soignants, ces personnes qui prennent constamment soin de ceux qui souffrent. Etre quotidiennement en résonance affective avec des malades peut conduire à l'épuisement. Mais considérer ses malades comme des « clients » et s'endurcir pour ne pas craquer n'est pas non plus une solution. En cultivant l'amour, on peut sortir de l'émotion qui fait mal, être une personne au grand coeur sans souffrir. Pour cela, il faut faire la distinction en soi entre altruisme, compassion et empathie. Lorsque la bienveillance inconditionnelle est confrontée à la souffrance, donc alertée par l'empathie, cela devient de la compassion.  

3. Développer bienveillance et sagesse
La première chose est de travailler à développer en soi une bienveillance et une sagesse qui ne se troublent pas parce que l'autre ne se comporte pas selon vos plans ou que le projet n'avance pas assez vite. Sans amour et sans sagesse, l'action humanitaire ne mène à rien. Et nous voyons très bien les grains de sable qui l'enrayent, comme les conflits d'ego. Si vous vous lancez dans une action humanitaire de manière prématurée, vous risquez de succomber à des émotions destructrices - la haine devant des massacres par exemple - et vous ne contribuerez alors que très peu à résoudre les maux qui ont suscité en vous l'indignation initiale.

4. Chercher le remède à la souffrance
Aimer un oppresseur n'est pas excuser ses comportements ni faciliter ses actes funestes, c'est souhaiter du fond du cœur que la haine, l'indifférence, la cruauté qui font de lui un dictateur cessent d'être. On peut prendre comme repère l'oeil du médecin. Face à un patient fou et dangereux, il ne va pas le tabasser mais chercher les remèdes les plus puissants et les plus appropriés pour, d'abord, l'empêcher de nuire et ensuite commencer à le soigner. La compassion consiste à remédier aux causes de la souffrance, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient.

5. Développer la coopération
Nous sommes arrivés à l'âge de la coopération où la croissance de l'altruisme devient une nécessité, dans notre vie personnelle comme pour la société ou l'environnement. Pour que la vie soit harmonieuse en ville comme dans une entreprise, rien ne peut fonctionner sans coopération. L’altruisme est ce fil d'ariane qui permet de relier le court terme de la prospérité, le moyen terme de l'épanouissement d'une vie et le long terme de l'environnement et, sur un plan plus profond et spirituel, de se relier à Dieu ou à la nature de Bouddha. Avec l’égoïsme, nous perdons tous alors qu'avec la coopération bienveillante, au final, tout le monde est gagnant ! « A l'école, l'éducation coopérative consiste à former des groupes composés d'enfants de niveaux différents, de sorte que les plus avancés puissent aider ceux qui sont en difficulté. Dans ce cas, on observe que les enfants qui apprennent facilement, au lieu de se sentir supérieurs aux autres (comme c'est le cas dans un système d'évaluation constante au moyen d'interrogations écrites notées) se sentent investis de la responsabilité d'aider ceux qui ont plus de mal à comprendre. De plus, l'esprit de camaraderie du groupe et l'absence de jugements intimidants de la part des autres inspirent confiance aux enfants et les incitent à donner le meilleur d'eux-mêmes. Il faut oser dire qu'on doit enseigner l'altruisme dans les écoles, de façon purement laïque, qu'on peut l'introduire dans l'économie, qu'il ne s'agit pas d'une utopie naïve.

20 G

GANDHI  -  MON CHEMIN DE PAIX

Mahatma Gandhi

Ed. de l’Eveil

2016

Ce livre fut publié en Inde pour la première fois en 1971. Cette édition est enrichie d’un avant-propos d’Arun Manila Gandhi, petit-fils du Mahatma, qui poursuit son œuvre de paix par la non-violence. Il introduit le lecteur au rapport qu’entretenait Gandhi avec le religieux :« Gandhi préférait rester fidèle à l’hindouisme car seul celui-ci autorisait la pratique religieuse universelle qu’il avait adoptée, et lui permettait d’y assimiler hymnes et prières des autres religions du monde. La plupart des autres religions organisées considéraient ce type de pratique comme un blasphème. Ceci étant dit, il faut bien avouer qu’il existe un fossé entre la nature, ou l’essence, de l’hindouisme tel que Gandhi l’avait adopté et la religion telle qu’elle est pratiquée de nos jours. Il était fermement convaincu de l’unicité de Dieu qui est nommé et représenté de multiples façons, mais néanmoins unique. »

 

Nous connaissons surtout le Gandhi activiste de la paix et beaucoup moins l’éveillé qui met en œuvre le divin à travers le Satyagraha. Pour Gandhi, la transformation sociétale n’était envisageable que par une révolution spirituelle des individus. Dans son introduction à l’ouvrage, Michael N. Nagler rappelle les trois voies de libération proposées dans la Bhagavad Gita : « La première est jñana qui est la voie de la connaissance, elle consiste en une discrimination intuitive entre le réel et les illusions éphémères du monde phénoménal (perçu). La deuxième est bhakti, la voie de la dévotion, qui est une pratique cherchant à entrer en contact avec l’être suprême ou une divinité. La troisième est karma, la voie de l’action juste et désintéressée, où la pratique est dénuée de tout intérêt personnel et est basée sur le détachement total des fruits de ses actions. »

 

Michael N. Nagler ajoute qu’au siècle dernier, Sri Ramana Maharshi a incarné jñana, Sri Ramakrishna Bhakti tandis que Gandhi incarnait la troisième voie, karma. Pour Gandhi, la spiritualité se vivait davantage qu’elle ne se pensait ou s’enseignait. Il vivait au quotidien une pratique spirituelle intense. Gandhi fut un ascète engagé dans le monde.

 

Il y a dans les paroles de Gandhi une double dimension, l’une, ostensible, qui traite de l’apparaître, l’autre, non ostensible, qui traite du réel, de ce qui demeure, derrière le voile. La sélection de paroles de Gandhi retenues pour ce livre permet de déchirer le voile et d’approcher la dimension spirituelle interne de l’œuvre du Mahatma. Extrait : « Il n’y a qu’un Dieu omnipotent et omniprésent. Il porte plusieurs noms et nous l’appelons par celui qui nous est le plus familier. Chacun peut choisir le nom qui lui parle le plus. Ishwara, Allah, Khuda, ou Dieu veulent tous dire la même chose. Dieu a des milliers de noms, ou plutôt, il n’en a aucun. Nous pouvons le vénérer ou le prier en utilisant le nom qui nous convient le mieux. Tous vénèrent le même esprit, mais de même que tout le monde n’a pas les mêmes goûts, tout le monde ne s’accorde pas sur le nom de Dieu. Chacun choisit le nom selon ce qu’il lui évoque, et puisqu’il est omniprésent, omnipotent et omniscient, il connaît nos pensées les plus intimes et nous répond en fonction de nos besoins.

 

Selon moi, Rama, Rahaman, Ahurmazda, Dieu ou Krishna, sont tous des tentatives de l’Homme de nommer cette force invisible… l’Homme ne peut concevoir Dieu que dans les limites de son propre esprit. Est-ce que ça compte vraiment, dès lors qu’un Homme vénère Dieu comme une personne et une autre comme une force ? Les deux sont dans la vérité en fonction de leur propre lumière. Nous devons simplement nous rappeler que Dieu est la force parmi toutes les forces. Toutes les autres forces sont matérielles. Mais Dieu est la force ou l’esprit vital, qui imprègne tout, qui englobe tout, y compris au-delà de l’entendement humain. Daridranaryan est l’un des millions de noms que l’humanité a donné à Dieu qui est innommable et insondable par la compréhension humaine. Ce nom signifie Dieu des pauvres, le Dieu qui apparaît dans le cœur des pauvres. » Cet ouvrage, d’une grande profondeur, n’est pas seulement destiné à nous faire mieux comprendre le personnage et l’œuvre de Gandhi, il est aussi une nourriture de choix pour notre méditation.

 

gândhi ou l’Éveil des humiliÉs

Jacques attali

EDITION  FAYARD

2007

Jamais la violence n’a été plus présente et plus multiforme dans la vie des peuples. Jamais l’action et les idées de Mohandâs Gândhi, qui l’a combattue, sourire aux lèvres, jusqu’à en mourir, n’ont été plus actuelles. Peu de gens ont laissé une trace aussi profonde dans l’histoire humaine, traversant avec douceur un siècle de barbarie, adoré, divinisé par des dizaines de millions d’hommes, tentant de raisonner les pires monstres, faisant de son sacrifice un moyen de conduire les autres à l’introspection, révélant que l’humiliation est le vrai moteur de l’Histoire, pratiquant jusqu’à l’absurde la seule utopie permettant d’espérer la survie de l’espèce humaine : la tolérance et la non-violence. Son destin porte la marque de notre passé, notre avenir portera la marque de son histoire.


À suivre son incroyable destin, à raconter comment il conduisit un des plus grands peuples du monde, l’Inde, à l’indépendance, on comprendra qu’il n’y a rien de plus universel que cette vie si particulière, si intense, si mystique, et qu’elle permet même à chacun de nous de répondre à la seule question qui vaille : est-il possible de se trouver ?

Mohandas Karamchand Gandhi, issu de la caste des Vayshia, est né en Inde, à Porbandar dans l'Etat du Gujarat, dans une famille relativement aisée. Elevé dans les valeurs hindouistes, il apprend à connaître les autres religions et la tolérance envers elles. Suivant les coutumes de sa caste, il se marie à l'âge de 14 ans avec Kasturbai qui restera son épouse jusqu'à sa mort en 1942.

Attiré par le style de vie occidental, Gandhi part en 1888 à Londres pour faire ses études de droit. C'est là qu'il lit la Bhagavad-Gita, le principal texte de l'hindouisme qui aura une grande influence sur lui. Après trois années en Angleterre, il revient en Inde et exerce sans beaucoup de succès le métier d'avocat.

En 1893, Gandhi est employé comme conseiller juridique pour une société indienne en Afrique du Sud. Il y découvre comment les noirs ainsi que les indiens y sont privés de nombreux droits civiques et sont victimes de l'intolérance et du racisme. Il entreprend alors, pendant les vingt années qui suivent un combat de résistance non violente et de non-coopération face aux autorités d'Afrique du Sud. Influencé par l'écrivain américain Henry David Thoreau (1817-1862), il développe en 1909 ses théories du combat par la non-violence et la désobéissance civile de masse, la satyagraha, dans un ouvrage intitulé "Hind Swaraj".

Ayant obtenu des avancées significatives en 1914 de la part du gouvernement sud-africain, Gandhi retourne en Inde, qu'il parcourt pour mieux la connaître. Considérant que, pour obtenir leur citoyenneté, les indiens doivent participer à la défense de celle-ci, il leur demande de s'engager dans l'armée pour soutenir les Britanniques dans la Première Guerre mondiale.


Après la Première Guerre mondiale, Gandhi, vite rejoint par des millions d'Indiens, s'oppose aux Britanniques en organisant la résistance civique et des campagnes de non-coopération (boycott des autorités, des tribunaux et des écoles). Devenu célèbre dans toute l'Inde, il est surnommé le "Mahatma" (la Grande Âme). Il lance également une campagne visant à obtenir l'indépendance économique face à l'appauvrissement de la population et la destruction de l'industrie locale, conséquence de la politique coloniale britannique. Mais sa campagne de désobéissance civile est un échec. Il est arrêté pour subversion en 1922 par le gouvernement britannique et libéré en 1924.

En 1930, bénéficiant d'une influence considérable, Gandhi entreprend une nouvelle campagne de désobéissance civile visant à la suppression des impôts, notamment sur le sel. Il est de nouveau emprisonné, puis libéré en 1931. Toujours par des moyens non-violents mais actifs (boycott, manifestations silencieuses, grèves de la faim…), il entreprend alors une lutte pour l'abolition du système de castes et l'égalité des droits pour les "intouchables". Après l'indépendance partielle de l'Inde en 1935, il combat pour l'unification des principautés indiennes locales. A la tête du Parti du Congrès, avec Nehru, il œuvre pour l'indépendance totale de l'Inde.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Gandhi, refusant de soutenir les Britanniques sans la contrepartie d'indépendance immédiate, lance un appel pour que ceux-ci quittent l'Inde : "Quit India". Il s'ensuit la plus radicale révolte pour l'indépendance et de terribles répressions. Gandhi est arrêté en 1942, puis libéré pour raison de santé.

En 1944, les Britanniques s'engagent à accorder l'indépendance aux Indiens s'ils mettent un terme aux querelles entre musulmans et membres du parti du Congrès. Gandhi s'oppose de toutes ses forces à la partition du pays mais doit se résoudre à la création de deux Etats, l'Inde et le Pakistan, en 1947, pour garantir la paix intérieure. Il ne peut empêcher le déchaînement de violence entre les musulmans et les hindous et meurt assassiné le 30 janvier 1948 par un fanatique hindou.

Les combats non violents de Gandhi pour la défense des droits de l'homme eurent une influence importante sur les mouvements de libération et de défense des droits civiques dans le monde entier, notamment pour les noirs en Amérique du Nord.

 

GEÏSHAS  -  UNE TRADITION VIVANTE

Kyoko Aihara

Ed. Soline

 2001

Autrefois les geishas se teignaient les dents Cette coutume datant de l’ère Heian (794-1185) s’appelait « ohaguro », littéralement « dents noires » et ne concernaient pas seulement les geishas mais aussi toutes les femmes mariées (une concubine ne le faisait donc pas). Selon certaines sources le but était de se différencier des animaux. A la suite de l’ouverture du Japon à l’Occident au XIXème siècle cette pratique, jugée choquante aux yeux des étrangers, fut interdite bien qu’elle perdura quelques décennies en certains lieux. En souvenir de cet usage les maikos de Kyoto se noircissent les dents lors du « Sakkô », une période de quelques semaines qui marque le terme de leur carrière et désigne également la coiffure spécifique qu’elles portent à ce moment-là.

Les banquets dans lesquels officient geishas et apprenties ont lieu dans des « ryôtei », des restaurants traditionnels japonais ou des « ochaya », des maisons de thé qui proposent des salles à la décoration traditionnelle pour les réceptions. Les ochaya ne sont pas des restaurants, les plats consommés par les clients sont commandés chez un traiteur et pour l’anecdote, elles portent assez mal leur nom, le thé devant y être la boisson la moins bu. Certaines okiyas de Kyoto (pensions où vivent les geikos et maikos sous contrat et qui gèrent leurs rendez-vous durant toute leur carrière) font aussi maison de thé ou ont un bar et y elles emploient directement leurs protégées. Qu’importe l’épaisseur de son porte-monnaie, un inconnu n’a aucune chance de se voir ouvrir la porte d’un établissement s’il n’est pas invité ou parrainé par un habitué qui doit se porter garant de ses bonnes manières et de ses moyens. En effet il est hors de question de gâcher une excellente soirée en compagnie de geishas par la présentation de quelque chose d’aussi vulgaire qu’une facture. Cette dernière est donc envoyée au client plusieurs jours ou semaines plus tard, mieux vaut donc s’assurer de son honnêteté au préalable.

A savoir, une fois que vous faites partie de la clientèle d’une ochaya ou d’un ryôtei le fait de se rendre dans un autre établissement du même quartier (à moins d’y avoir été invité par un habitué) est tacitement interdit, ce serait considéré comme une trahison et hautement mal vu dans la communauté. Souvent les pères emmenaient leurs fils dans l’établissement qu’ils fréquentaient, lui-même en devenant un habitué une fois adulte et ainsi le lien perdurait de génération en génération Si vous faites partie de la clientèle d’une maison de thé ou d’un ryôtei et souhaitez organiser un banquet traditionnel, « ozashiki », animé par des geishas et des apprenties. Pour cela n’imaginez pas pouvoir appeler directement votre geisha préférée, non, c’est tout bonnement impensable. Vous devez contacter la patronne de l’établissement dont vous dépendez et régler avec elle les détails de la soirée : nombre d’invités, repas, boissons et bien sûr la présence de geishas et d’apprenties pour les divertissements. Vous pouvez réclamer nommément certaines geishas ou apprenties que vous appréciez sinon la patronne les choisira elle-même en fonction de vos goûts qu’elle connait, et de ses affinités dans la communauté (d’où l’intérêt pour les geishas d’entretenir de bons rapports avec les patronnes). Si la soirée se passe en dehors de la maison de thé il vous faudra tout de même suivre cette procédure. Puis la maison de thé ou le ryôtei se chargera de contacter les okiya des geishas et des apprenties pour s’assurer de leur disponibilité. Certaines d’entre elles sont si populaires qu’il faut réserver leur présence des mois à l’avance, mieux vaut alors ne pas avoir d’empêchement de dernière minute. Ce système peut paraitre fastidieux et inutilement complexe mais il fait aussi partie du charme de cet univers.

Depuis quelques années les quartiers de geishas ont assoupli ce système et s’ouvrent davantage : il est ainsi possible à des personnes ordinaires ne disposant pas des connexions ou des moyens habituellement requis de rencontrer des geishas et des apprenties dans un cadre traditionnel, de converser avec elles, de les voir danser et de se familiariser avec ce monde. Ainsi à Kyoto vous pouvez rencontrer des maikos et geikos via un « Kyoto Cuisine and Maiko Evening » 

Les honoraires des geishas : Ils portent des noms tels que « ohanadai »), « gyokudai » ou encore « senkoudai ». Le kanji « dai » commun à toutes ces appellations signifie « prix ». « Ohana » se traduit par « fleur » ; l’ohanadai est donc l’argent de la fleur qu’incarne la geisha et dont l’univers est d’ailleurs baptisé du nom de « monde des fleurs et des saules ». « Gyoku désigne une sphère ou un joyau ; le senkoudai est l’argent du joyau représenté par la geisha aux talents artistiques polis tels une pierre précieuse. « Senkou » veut dire « encens » ; l’explication de senkoudai, l’argent de l’encens, tient en ce qu’autrefois on calculait les honoraires des geishas en comptant le nombre de bâtons d’encens qui se consumaient lors du banquet. La discrétion étant de règle dans les quartiers de geishas il est difficile de savoir précisément à combien se montent les honoraires d’une geisha, ce montant variant également d’un quartier à l’autre, néanmoins on estime à environ 500€ la présence d’une geisha pour un banquet de deux heures (prix auquel s’ajoute la location de la salle, les boissons, la nourriture etc.). Les geishas très populaires peuvent ne rester qu’une partie de la soirée et toucher leurs honoraires entiers. Notons que les tarifs d’une geisha n’augmentent pas quel que soit son expérience, la base horaire restera la même à 20 ans qu’à 40.

En plus de leurs honoraires, les geishas et les apprenties perçoivent des pourboires (« goshugi ») qui constituent même leur revenu de base. Le goshiugi, d’un montant minimum de 10 000 yen (75€ environ) et glissé dans une enveloppe (il est mal venu au Japon de donner directement de l’argent), leur est donné par le client lors de la réception ou bien est inclus dans la note de la soirée et ajouté aux honoraires. Si les geishas paraissent gagner beaucoup d’argent il ne faut pas oublier qu’elles doivent aussi beaucoup dépenser pour renouveler leur garde-robe -les kimonos et autres accessoires sont très chers- ou payer leurs leçons. 

Le « danna » est le protecteur financier d’une geisha, le mot lui-même signifiant « mari ». Autrefois être le danna d’une geisha était très prestigieux, l’homme qui le devenait montrait par ce biais son haut statut social, car couvrir les dépenses d’une geisha requiert beaucoup d’argent. En plus de disposer de larges moyens financiers, un homme qui veut devenir un danna se doit d’être une personne influente, bien connu dans le quartier et évidemment un client assidu. L’accord se conclu par le biais de la patronne de l’établissement dont l’homme est le client. Celle-ci intercède auprès de la patronne de l’okiya de la geisha pour obtenir l’accord de cette dernière et décider ensuite des modalités de l’arrangement (montant de la rente mensuelle destinée à couvrir loyer, dépenses quotidiennes, cours). Le danna peut aussi offrir kimonos, obis et autres présents à sa protégée. S’il la convie à un ozashiki, le danna règle ses honoraires comme n’importe quel client. En retour la geisha accorde la priorité à son danna sur ses autres clients, doit demander son accord si l’un d’eux veut l’inviter de manière informelle, lui accorder toute sa confiance et surtout ne pas trahir la sienne. Cet arrangement se scelle verbalement et durant la tenue des négociations le futur danna et la geisha ne discutent jamais directement, pour ne pas risquer de se froisser et pouvoir se retirer dignement des négociations en cas d’échec.

Auparavant presque toutes les geishas se devaient d’avoir un danna pour faire face aux dépenses de la vie courante, les honoraires gagnés ne constituaient qu’un faible revenu en comparaison des sommes versées par leur danna. De nos jours on estime qu’une geisha sur cinq seulement a un protecteur, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l’éclatement de la bulle économique dans les années 80 peu d’hommes ont désormais les moyens d’entretenir une geisha ou ne serait-ce que la passion pour les arts traditionnels. Si par le passé la geisha était la concubine de son danna, aujourd’hui leur relation n’engage plus forcément des rapports sexuels, chaque geisha est libre de mener cet aspect de sa vie privée à sa guise. 

Les geishas ne sont pas des prostituées - Nombreux sont les gens confondant les geishas et les oiran, prostituées de très haut rang aujourd’hui disparues, à l’éducation artistique aussi poussée que celle des geishas. Ses professions s’exerçaient toutes deux dans les quartiers réservés (le plus célèbre fut Yoshiwara à Tokyo) leurs rôles étant strictement définis : Par ses talents artistiques la geisha devait animer les banquets pour les clients en compagnie de prostituées qui prenaient ensuite le relais sur l’oreiller. Les geishas avaient en outre l’obligation de se vêtir et de se coiffer plus simplement que les oiran pour ne pas leur « voler » leurs clients : elles n’avaient droit qu’à trois épingles à cheveux, leurs kimonos devaient être sobres et, signe le plus distinctif, leur obi était noué dans le dos (amenées à se dévêtir parfois plusieurs fois chaque nuit, il était plus commode pour les prostituées de le nouer devant). Bien sûr il est arrivé que des geishas monnayent leurs faveurs poussées par le besoin d’argent ou des patronnes peu scrupuleuses mais cela ne rentrait pas dans le cadre de leur profession et était plutôt le fait de geishas de classe inférieure.

Très belle iconographie couleur et N/B de cette tradition

 

grand tibet & vaste chine

Alexandra david – NéEL

Edition PLON

 1999

Sont ici réunis 5 titres de livres :


1. Au pays des brigands gentilshommes


2. Voyage d’une parisienne à LHASSA

3. Sous la nuée d’orage


4. À l’Ouest barbare de la vieille Chine


5. Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle


« À vrai dire, j’ai le mal du pays pour un pays n’est pas le mien. Les steppes, les solitudes, les neiges éternelles et le grand ciel clair de « là haut » me hantent ! Les heures difficiles, la faim, le froid, le vent qui me tailladait la figure  les camps dans la neige, dormant dans la boue glacée, et les haltes parmi la population crasseuse jusqu’à l’invraisemblance, la cupidité des villageois, tout cela importait peu, ces misères passaient vite et l’on restait perpétuellement immergé dans le silence où seul le vent chantait, dans les solitudes presque vides même de vie végétale, les chaos de roches fantastiques, les pics vertigineux et les horizons de lumière aveuglante. Pays qui semble appartenir à un autre monde, pays de titans ou de dieux. Je reste ensorcelée. »

 

Ce sont à la fois les hauts plateaux tibétains et les confins nord-ouest de la Chine himalayenne que célèbrent avec une nostalgie poignante ces lignes d’Alexandra David – Néel. Chine et Tibet sont en effet les pays de prédilection de la célèbre exploratrice. Elle les a parcourus sur des milliers de kilomètres de jungle, de steppes ou de solitudes glacées, à pied, à dos de yack ou de mule, le plus souvent par des chemins inexplorés.


Ces voyages, Alexandra David – Néel, les a racontés dans une série de livres inoubliables rassemblés ici en un seul volume, sou le titre simple mais évocateur de Grand Tibet et Vaste Chine. Le premier récit débute en février 1921, quand Alexandra entreprend le projet fou de rejoindre Lhassa, la cité sainte perchée sous le toit du monde, à pied, déguisée en mendiante. La dernière aventure prend fin en 1946, quand, famélique et vêtue de hardes, elle échappe aux horreurs de la guerre sino-japonaise.


Dans chacun des cinq textes qui couvrent ces deux périodes d’exploration, le lecteur retrouvera intacts l’acuité du regard, la profondeur de réflexion, l’humour, tout ce qui fait l’immense talent de celle que l’on a surnommée « la femme aux semelles de vent ».

20 H 

hindouisme

Jean herbert

Edition Pierre de Tartos

 1974

 Jean Herbert grand connaisseur de l’Inde a permis grâce à ce livre de découvrir les enseignements fondamentaux de l’Inde, en révélant les grands maîtres spirituels de l’époque, tous les enseignements et tous les livres sacrés sont expliqués.

 

Depuis plus de trente ans, Jean Herbert se consacre à la rédaction d’ouvrages qui visent à mieux faire connaître l’hindouisme aux Occidentaux et tout particulièrement aux Français. Son maître livre, Spiritualité hindoue, reste irremplaçable comme introduction à cet univers spirituel dont le prestige même est, souvent chez nous, facteur de méconnaissance. Si on le complète par son Introduction à l’Asie où la spécificité hindoue se trouve intégrée au reste de l’Asie, on a en main un trousseau de clés permettant d’ouvrir toutes les portes de ce qu’il est convenu d’appeler la Sagesse orientale. D’autres ont certes œuvré dans la même direction, mais ce qui fait l’originalité de Jean Herbert, c’est qu’il a toujours voulu présenter l’Inde (et l’Asie) vivante : c’est le spiritualisme hindou contemporain qu’il présente par priorité, même s’il le replace dans le développement de la Tradition.

 

 C’est pourquoi il est aussi connu comme directeur de la célèbre collection « Spiritualités vivantes », chez Albin Michel, où il a donné la parole aux maîtres modernes, de Râmakrishna à Aurobindo en passant par Râmdâs et Ananda Moyî. C’est lui qui a « révélé » le zen aux Français en traduisant, avec René Daumal et d’autres, les Essais sur le bouddhisme zen, de D.T. Suzuki, dont l’impact fut considérable. Il est enfin celui qui a donné accès au monde fermé du shintô japonais grâce à des ouvrages comme Les dieux nationaux du Japon ou Aux sources du Japon : le shintô. Le public français le connaît non seulement comme auteur de livres à succès sur les spiritualités asiatiques, mais aussi comme directeur d’importantes collections vouées à l’édition en notre langue de maîtres contemporains, principalement hindous.

 

Herbert : « C’est essentiellement parce que j’ai été frappé par le fait que les élites spirituelles d’Orient et d’Occident ne se connaissaient pas du tout au début de ce siècle. A cette époque, les Orientaux ne se doutaient même pas qu’il y avait en Occident une spiritualité quelconque, et les Occidentaux, les chrétiens en particulier, n’imaginaient pas qu’il pût en exister une en dehors du christianisme, sauf ce qu’il était convenu d’appeler avec condescendance les « mystiques naturelles ». Quant à moi, ayant découvert à travers certains livres de Romain Rolland qu’il y avait des grands maîtres de spiritualité dans certains pays d’Orient, et en particulier en Inde, j’ai pensé que ce serait une œuvre utile que de les faire connaître à l’élite occidentale et c’est pour cela que je me suis mis à publier leurs œuvres dès que j’ai eu les moyens de le faire. »

 

Au sommaire on y trouve : Ma Ananda, Mahatma Gandhi, Rama Maharshi, Shri Aurobindo, Rama Krishna, Krishnamurti, Swami Brahmananda, Swami Prajnanpad  -    Le rôle du shivaïsme, du vishnavisme, l’advaïta, les poèmes épiques, les Puranas, les upanisads, les védas, le Gange et ses pèlerinages, les castes et les ashrams, le panthéon et le temple hindou.

 

HINDOUISME -         B.A BA 

Alain Delaye

Edition  Pardès

 2015

La civilisation indienne est l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses de l’humanité. Pour qui a voyagé en Inde et pris contact avec les populations, les pratiques et les temples hindous, le choc culturel ressenti est ­source d’étonnement, d’émerveillement, mais rend aussi ­évidente la distance qui nous en sépare. Toutefois, pour qui persévère dans son approche, les richesses découvertes invitent à pénétrer plus avant dans cette Inde aux mille visages qui constitue l’un des grands foyers de la culture humaine. La connaissance de l’hindouisme fait partie de cet approfondissement. Celui-ci est l’une des plus importantes traditions du monde, concernant un milliard d’êtres humains. Il se présente comme un grand arbre ayant des racines védiques, un tronc brahmanique et une riche arborescence de branches parmi lesquelles le Védânta et le Yoga.

 

Cet arbre a accueilli, au cours des siècles, de multiples courants autochtones et étrangers, si bien que l’hindouisme a été un creuset multiculturel unique au monde, donnant naissance, entre autres, au bouddhisme, au jaïnisme et au sikhisme.

Il nous rejoint Aujourd’hui à travers une discipline de plus en plus présente, le Yoga, une philosophie de l’action ­non ­violente dont Gandhi est le principal témoin, et une abondante littérature de sagesse qui peut aligner des noms prestigieux: Râmakrishna, Vivekânanda, Aurobindo, ­Tagore, Ramana Maharshi, Anandamoyi, Prajnânpad, Vimala Thakar, Amma... Par-delà l’exotisme, le folklore et les spectacles venant d’Orient, l’hindouisme interpelle nos sociétés devenues matérialistes et conflictuelles. Ce B.A.-BA de l’hindouisme nous propose des maîtres, des réflexions et des pratiques qui sont de nature à éclairer, équilibrer et apaiser notre vie.

 

L'Inde est la patrie de l'hindouisme, la plus ancienne religion vivante du monde, avec le judaïsme, datant d'environ 4 000 ans. L'hindouisme, que les hindous nomment sanatana dharma (loi éternelle), a pris naissance dans la vallée de l'Indus et a précédé l'invasion aryenne du nord de l'Inde, vers 1500 av. Notre Ere. Ces Arya ont développé la plupart des éléments constitutifs de l'actuelle tradition hindoue. En dépit de son statut officiel d'État laïque, l'Inde reste profondément pénétrée par la religion, avec une population à 80 % hindoue et d'autres traditions religieuses 80 millions de musulmans, 27 millions de chrétiens, 14 millions de sikhs, ainsi qu'un nombre moins important de bouddhistes, de jaïnistes, de parsis, de juifs et d'adeptes de religions tribales.

 

Malgré leurs divergences, l'hindouisme le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme partagent certains thèmes l'idée de cycle continu de la naissance de la mort et de la renaissance (samsara), et le principe selon lequel l'existence actuelle de chaque être dépend des actions bonnes ou mauvaises qu'il a accomplies dans ses vies antérieure (karma). Ces deux notions se fondent sur l'idée de transmigration incessante, réincarnation de l'âme d'un corps (humain ou animal) dans un autre après la mort, la forme du nouveau corps dépendant des actions commises lors de la dernière incarnation terrestre.

 

Toutes ces religions évoquent le dharma «<loi,>, «devoir», «chemin» ou «nature») considèrent -excepté le sikhisme -le célibat et l'ascétisme (la renonciation au plaisir et au luxe) comme des idéaux. Les hindous et les sikhs qualifient de gurus leurs maîtres et enseignants religieux. Les écritures saintes les plus anciennes, les Veda, évoquent l'invasion des Arya. Elles décrivent aussi les rituels de sacrifice et le rôle du prêtre, le brahmane. Entre 500 av. et apr. J.-C., outre l'avènement du bouddhisme et du jaïnisme, la tradition hindoue a développé, sur la base du passé védique, de nouveaux courants. Les grands récits épiques (le Ramayana, et le Mahabharata englobant le Bhagavad-Gitâ), une fois compilés, ont diffusé l'histoire de Rama et de Krishna, considérés comme des avatars ou incarnations du grand dieu Vishnu; ils leur ont conféré une popularité croissante, ainsi qu'à Shiva (le dieu destructeur) et à la déesse Devi, inspirant les poètes et les sectes religieuses.

 

Tous ces dieux et déesses se manifestent sous de multiples aspects et avec des noms différents. On dénombre également une grande quantité de dieux mineurs, d'esprits et de démons. Parallèlement, une multitude de sectes se livrent, dans le cadre de l'hindouisme, à la vénération particulière d'un dieu ou d'une déesse, ou d'une de ses quelconques manifestations. Culte et pèlerinage hindous Les hindous ne dissocient pas les aspects sociaux et les aspects religieux de l'existence. La structure des castes, étroitement liée aux croyances et aux pratiques cultuelles, représente un système hiérarchique de stratification sociale et religieuse. La naissance de chaque individu, les différentes étapes de sa vie (étudiant, chef de famille, retraité...), déterminent son mode d'existence. La plupart des foyers comportent un lieu de culte: les membres de la famille le pourvoient en nourriture, en fleurs, en encens, en chandelles. C'est souvent la femme qui dirige ces rituels quotidiens, ou pula, mais chacun peut y prendre part. On vénère les dieux et les déesses les plus connus, tels Krishna, Shiva et Durga, mais aussi les dieux réputés pour leurs fonctions particulières (la déesse de la Variole, par exemple) ou qui n'exercent leur action, leur protection, que dans une région limitée.

 

Pour les hindous, le caractère divin se manifeste dans un nombre infini de lieux, d'objets ou de personnes qui deviennent à leur tour des objets de culte. On exige des brahmanes une pureté supérieure, une connaissance du sanskrit, leur langue sacrée, et des pratiques rituelles. Ils président les cérémonies de passage lors de l'initiation, du mariage ou de la mort. Un village peut toutefois recourir à d'autres religieux chargés de communiquer avec les esprits locaux en vue d'obtenir guérison, bénédiction ou
exorcisme.


Le temple hindou (mandir) est soit un édifice imposant et richement décoré, consacré au culte d'une divinité importante, surtout visité lors des fêtes ou des pèlerinages, soit un simple édicule, planté au bord d'une route, recueillant les offrandes destinées à l'esprit local.
Le calendrier hindou célèbre l'anniversaire des divinités et des saints, les événements liés aux saisons et à la nouvelle année. C'est l'occasion, pour de nombreux hindous, de se rendre en pèlerinage dans les sites locaux ou dans les principaux centres religieux comme Varanasi (Bénarès) pour s'immerger dans les eaux sacrées du Gange. Ils peuvent aussi s'y rendre pour mourir avec l'espoir d'être délivré du cycle de mort et de renaissance, et s'y faire incinérer, selon une pratique datant de l'époque des Veda.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Le Veda  -  les dieux, les cosmogonies et la religion védique   -  les Upanishads   -  le passage à l’hindouisme   -  le vishnouisme et le shivaïsme  -  Traditions et pratiques tantriques   -   les grands Darshanas  -  le Vedanta  -  le Samkhya  -  le Yoga  -  l’hindouisme et la société  -   les castes  -  les intouchables  -  la condition des femmes  -  les âges de la vie  -  la réincarnation : doctrine et croyance   -  l’hindouisme et les autres religions  -  l’art hindou   -  Vishnou  -  Shiva  -  l’iconographie hindouiste  -  l’hindouisme aujourd’hui  -  les grands sages de l’Inde  -

 

 HINDOUISME  ET  BOUDDHISME 

Ananda K. Coomaraswamy

Edition

 2005

Fils d'un juriste d'origine indienne et d'une Anglaise, Ananda K. Coomaraswamy naquit à Colombo (Sri Lanka), le 22 août 1877. Il fit ses études en Angleterre et se tourna d'abord vers les sciences: en 1903, il fut nommé directeur des recherches minéralogiques de l'île de Ceylan.

Bientôt cependant il consacra ses efforts à créer un mouvement pour la constitution dans l'Inde d'un enseignement national. Déçu par l'action politique, il se spécialisa finalement dans les questions d'art. En 1911, il dirigeait la section artistique des United Provinces Exhibits à Allahabad. Pendant la Première Guerre mondiale, il fut appelé au Muséum of Fine Arts de Boston pour faire partie du personnel scientifique; et il resta jusqu'à la fin de sa vie dans cet institut, où il était spécialement chargé du département des arts de l'Islam et du Moyen-Orient. Il projetait de rentrer en Inde et commençait à s'y préparer lorsqu'il mourut subitement le 9 septembre 1947.

Sa puissance de travail et d'assimilation était prodigieuse. Il savait une dizaine de langues, peut-être davantage: un des premiers travaux de ce Cinghalais fut une traduction anglaise de la Völuspa, faite d'après le texte islandais de la plus ancienne version de l'Edda.

Son oeuvre est considérable et répartie dans une quarantaine d'ouvrages et plusieurs centaines d'articles, ceux-ci ayant été publiés dans de nombreuses revues d'Amérique, d'Inde et d'Europe. L'art de l'Inde y tient la première place.

En français furent publiés Les Sculptures çivaïtes (en collaboration avec A. Rodin, E. B. Havel et V. Goloubew, 1921), La Danse de Shiva (1924), Les Arts et Métiers de l'Inde et de Ceylan (1924), Pour comprendre l'art hindou (1926), Les Miniatures orientales de la collection Goloubew (1929), La Sculpture de Bodhgayâ (1935). Son principal ouvrage dans le domaine de l'art demeure ses Eléments of Buddhist Iconography (1935), où l'interprétation symbolique de l'art bouddhique tient la plus grande place.

On ne peut, en effet, s'occuper d'art oriental sans se poser la question du sens de ses formes. Et, pour y répondre, il faut connaître les "mythes" et les Écritures. L'interprétation directe des textes védiques et bouddhiques devint un des sujets d'étude de Coomaraswamy et prit, à partir de son travail A New Approach to the Vedas (1933), une place croissante dans son oeuvre.

Bien qu'il ait traité d'un très grand nombre de sujets, peut-être son souvenir restera-t-il plus particulièrement attaché au thème des Dieux et des Titans, à celui de l'Arbre renversé, auquel il a consacré une magnifique étude, enfin à celui du "Soi" et de la transmigration. Ce dernier sujet lui a fourni, comme on le sait, l'occasion de rétablir la véritable signification du Bouddhisme originel, qui avait été dénaturée par les orientalistes. Les principales conclusions de ses recherches ont été réunies dans Hindouisme et Bouddhisme (1943), grand classique de la "Philosophia Perennis" qui reste comme son testament intellectuel.

 

Tous les deux ayant vu le jour en Inde, la doctrine de Bouddha est une remise en question de l’Hindouisme à qui elle reproche une iconographie déconcertante avec ses milliers de dieux. En effet, Bouddha ne reconnaît aucun dieu à qui s’adresser pour implorer un quelconque pardon ou pour obtenir le salut. L’homme est le seul maître de son destin. Par ailleurs, les bouddhistes évitent de se perdre dans les spéculations sur l’origine du monde, ignorant ainsi tout concept d’un dieu créateur, contrairement aux hindous qui ont leur Brahma considéré comme le premier créé et source de toute chose.

 

La réincarnation : S’ils partagent le même idéal qui est la libération de l’homme du cycle des réincarnations, le Bouddhisme et l’Hindouisme n’en n’ont pas la même conception. Le premier renie l’existence d’une âme passant d’un corps à l’autre à travers la réincarnation de par le principe d’impermanence, ce que les hindous proclament. D’autres différences mineures peuvent séparer les deux courants, comme le système de castes inhérent à l’Hindouisme, mais qui est totalement ignoré du Bouddhisme. Il en va de même de la langue : le Vepa constituant les écritures sacrées hindouistes est rédigé en sanskrit, à l’inverse du Tripitaka des bouddhistes, qui lui est écrit essentiellement en pali. Et l’on se demande pourquoi l’Hindouisme, qui est reconnue comme la plus vieille religion du monde, malgré ses 750 millions d’adeptes, ne connaît pas la même popularité en Occident que celle du Bouddhisme qui y continue actuellement de faire de plus en plus d’adeptes.

 

HYMNE A LA BEAUTḖ –  Photos de Matthieu Ricard

Matthieu  Ricard

Edition de la Martinière

 2015

Ciels grandioses et lumières fantastiques de l’Himalaya, monastères tibétains émergeant d’irréelles brumes matinales, moire translucide des lacs sacrés, maîtres spirituels abîmés en contemplation, joie de visages d’enfants, noblesse de vieillards magnifiques, chevaux sauvages galopant sous l’orage, rythmes et chatoiements de danses cérémonielles… Voici les images de Matthieu Ricard, biologiste moléculaire, écrivain, photographe et moine bouddhiste établi depuis plus de quarante ans au Tibet. Des milliers d’images parmi lesquelles ont été sélectionnées pour vous, dans le présent ouvrage, près de 200 chefs-d’œuvre.
« La vie spirituelle et la caméra de Matthieu Ricard ne font qu’un. De là, jaillissent ses images fugitives et éternelles » écrivit de lui Henri Cartier-Bresson.

 

 Le fils du philosophe Jean-François Revel, moine bouddhiste, écrivain, photographe, interprète français du Dalaï Lama était à Paris le 27 avril dernier pour inaugurer l’exposition de ses photographies, regroupées sous le titre « an Ode to Beauty » chez YellowKorner. Palpitantes de vie, elles témoignent de son engagement personnel et de sa sensibilité artistique envers les peuples, les cultures et les paysages qu’il a pu rencontrer au gré de ses nombreux périples, non seulement à travers l’Himalaya, mais également dans d’autres régions du monde à l’exemple de l’Amérique du sud où il a récemment accompli son rêve de survoler et de photographier la Cordillère des Andes. En découle une série de paysages sauvages, atmosphériques et infinis, où la lumière, haute en couleurs et pourvue de contrastes, joue un rôle essentiel.

 

Très touché par le séisme au Népal, appelant aux dons,  Matthieu Ricard donnera l’intégralité de ses droits photographiques et d’auteur à son association, Karuna-Shechen, organisant des projets humanitaires dans les régions himalayennes, et là tout particulièrement au Népal. En faisant l’achat d’une photographie ou d’un livre, vous ferez un don à cette association. (www.karuna-shechen.org)

 

Matthieu nait dans le sud de la France, en 1946, d’un père philosophe reconnu et membre de l’académie française (rien que ça !) : Jean-François Revel et d’une mère artiste-peintre : Yahne Le Toumelin. C’est ainsi que le petit Matthieu grandit dans un univers où se côtoient les personnalités et les idées les plus créatives des milieux intellectuels de l’époque. Un environnement stimulant composés de philosophes, de penseurs, d’artistes, de musiciens, d’explorateurs, de grands savants… A priori rien qui ne laisse présager son choix futur choix pour le bouddhisme. Dans sa jeunesse, Matthieu est passionné par la musique classique, l’ornithologie, l’astronomie, la photographie. Il suit un cursus scientifique, qui le conduit à mener une thèse en génétique moléculaire à l’Institut Pasteur, sous la tutelle de François Jacob (prix Nobel de médecine, excusez du peu !) Au cours de sa jeunesse il éprouve un intérêt croissant pour la vie spirituelle. Ainsi, il lit divers ouvrages sur différentes traditions spirituelles telles que le christianisme, l’hindouisme, le soufisme, mais peu sur le bouddhisme. Il faut dire que dans les années soixante, les écrits sur cette philosophie ne courraient pas les rues en occident…

 

A 20 ans, alors qu’il vient de rentrer à l’Institut Pasteur, il voit un film sur les grands maîtres tibétains. Tout de suite, il est captivé par leur apparence physique et la façon dont ils parlent. Il est fasciné par les moines et la sérénité qu’ils dégagent. Il voit en eux des êtres à l’image même de ce qu’ils enseignent. Et raconte même y avoir vu selon lui la perfection sur le plan humain. En effet, bien que vivant parmi l’élite intellectuelle française, il considérait que le génie manifesté par ces personnes dans leur domaine, ne s’accompagnait pas toujours des qualités humaines telles que l’altruisme ou la bonté. Alors que les moines semblaient appliquer ce qu’ils enseignaient. 

 

Ainsi, en 1967, pour satisfaire cet intérêt pour la sagesse occidentale, Matthieu se rend en Inde pour y rencontrer les grands maîtres spirituels du Tibet. Il y trouve son premier maître spirituel, Kangyour Rinpoché, auprès duquel il suit ses premiers enseignements. Matthieu décrit cet homme comme rayonnant de bonté, de force, de sérénité et d’amour. Cela confirme l’idée qui avait déjà des moines bouddhistes. Ensuite, il rentre en France afin d’y effectuer la première année de sa thèse. Il fait plusieurs autres voyages dans les Himalayas et mêle ainsi carrière scientifique et vie spirituelle pendant plusieurs années. Puis, en 1972, une fois sa thèse terminée, il prend la décision d’aller s’installer dans l’Himalaya afin de suivre les enseignements de son maître.

 

C’est ainsi que Matthieu Ricard abandonne sa brillante carrière scientifique occidentale, pour vivre pleinement sa vie spirituelle auprès des plus grands sages orientaux. Matthieu ne considère pas ce changement de cap en en contradiction avec l’esprit scientifique, qui est avant tout la recherche de la vérité. En fait, il choisit cette voie, car il considère que la science si puissante soit-elle est incapable d’élucider les mécanismes du bonheur et de la souffrance. Son changement de vie n’est nullement un rejet de la recherche scientifique, mais le fruit de la constatation qu’elle est incapable de résoudre les questions fondamentales de l’existence. La science ne suffisait pas à donner un sens à sa vie, le bouddhisme semblait pouvoir le faire. Depuis lors, il a vécu en Inde, au Bhoutan et au Népal. Il a ainsi pu vivre et étudier auprès de certains des plus grands maîtres de la tradition bouddhiste tibétaine, dont le Dalaï-lama. Il est ordonné moine en 1978 et est pendant 13 ans l’intendant de Dilgo Khyentsé Rinpoché l’un des grands visionnaires du bouddhiste tibétain du XXème siècle. Ce dernier a été notamment le maître spirituel du Dalaï-lama. En 1980, il rencontre pour la première fois le Dalaï-Lama, dont il devient l’interprète pour le français à partir de 1989.

 

Depuis 40 ans, il médite et en est maintenant à plus de 40 000 heures de pratique méditative. Il a également étudié et traduit pendant 20 ans les textes sacrés fondamentaux du bouddhisme tibétain, dont il est l’un des spécialistes mondiaux. Il réside actuellement dans le monastère de Shéchèn, au Népal, où il se consacre à la vie monastique, à la préservation de la culture tibétaine et, au Tibet, à des projets humanitaires. Matthieu dédie l’intégralité de ses droits d’auteurs et les bénéfices de ses conférences à plus de cent projets humanitaires qu’il a créé dans les régions himalayennes (cliniques, écoles, orphelinats, maisons de retraite et de soins pour les personnes âgées, construction de ponts, formation professionnelle (www.karuna-shechen.org) et à la sauvegarde de l’héritage culturel tibétain (www.shechen.org). Il a été décoré Chevalier de l’Ordre National du Mérite par le président François Mitterrand pour ses projets humanitaires et ses efforts pour la préservation de l’héritage culturel de l’Himalaya.

  

Matthieu est un sage. Ce que l’on peut apprécier tout particulièrement c’est sa double compétence : scientifique et bouddhiste. Alors qu’il est facile pour un scientifique de parler sur le bouddhisme sans rien en connaître ou pour un bouddhiste d’évoquer la science sans avoir la moindre idée sur le sujet, Matthieu Ricard est un scientifique bouddhiste, voire même un bouddhiste scientifique, au choix ! Ses études sur les résultats de la méditation sur les hommes en est un parfait exemple. On a une application d’une pratique bouddhiste, étudiée par la science occidentale, qui met en lumière ses bienfaits. Les cultures orientale et occidentale travaillent ensemble, dans un but commun.

 

Si vous lisez des ouvrages ou des récits de Matthieu Ricard, je pense que vous serez frappé par la puissance et la qualité des métaphores qu’il utilise dans son discours. Il faut dire que la tradition bouddhique dans son ensemble est une inépuisable source d’images et de métaphores. La puissance de ces images est pour moi mise en valeur de façon magistrale dans le livre « Le moine et l’astrophysicien ». Matthieu discute avec Trinh Xuan Thuan, de nombreux sujets, et notamment de physique quantique, sujet ô combien abstrait. Et les métaphores rendent le sujet d’une limpidité cristalline ! Ce que certains spécialistes expliquent avec des équations longues comme des encyclopédies, lui, les expriment en quelques lignes d’une façon passionnante et compréhensible par le plus grand nombre.

 

HISTOIRE DES DALAÏ-LAMAS - QUATORZE REFLETS SUR LE LAC DES VISIONS

Roland Barraux

Edition Albin Michel

 1993 

Lorsque, en 1989, le prix Nobel de la Paix fut attribué à Tenzin Gyatso, quatorzième Dalaï-lama, c’est non seulement son incessant combat pacifique pour la survie du Tibet qui fut ainsi couronné, mais également une institution unique au monde.

Or l’histoire de cette institution à la fois religieuse et politique, fondée sur la tradition bouddhiste, n’avait jamais été écrite ; histoire tumultueuse et passionnante que nous livre dans cet ouvrage Roland Barraux, ancien ambassadeur de France, avec un rare sens de l’analyse et de la précision.

Des antécédents chamaniques du Tibet à l’introduction du bouddhisme, du troisième Dalaï-lama qui établit le titre au cinquième qui unifia les pouvoirs temporels et spirituels, du sixième dont le comportement paradoxal ne fit pas toutefois vaciller l’édifice au treizième qui dut assumer les premiers assauts de la modernité, c’est toute une lignée d’hommes exceptionnels, qui s’incarne dans l’actuel Dalaï-lama, dont le message retentit aujourd’hui sur toute la planète.

Roland Barraux, chrétien passionné par un peuple hors du commun, nous fait entendre la symphonie historique tibétaine, qui se joue depuis des siècles sur les thèmes de la mystique et de la lutte pour l’indépendance, de l’action et de la méditation, de la poésie et de la philosophie.

Au sommaire de cet ouvrage :

Première partie : Le Tibet antérieur - le peuple - origine et répartition du peuplement - le pouvoir centralisé - le pouvoir éclaté - l’intervention mongole - la religion - le bön - le bouddhisme tibétain - présence de l’islam - présence du christianisme - les relations extérieures avec la Chine, le Népal et l’Inde -

Deuxième partie : L’institution, la vie et l’histoire des 14 Dalaï-lama qui ont structuré le bouddhisme tibétain -

1e - Gendun Drub - 1391-1475

2e- Gyalwa Gendun Gyatso - 1475-1543 –

3e- Gyalwa Sonam Gyatso - 1543-1588 -

4e- Yonten Gyatso - 1589-1617 -

5e- Ngawang Lobsang Gyatso - 1617-1682 -

6e- Rigdzin Tsangyang Gyatso – 1617-1682 -

7e- Kelsang Gyatso - 1708-1757 -

8e- Jampel Gyatso - 1758-1804 -

9e- Lungtok Gyatso - 1806-1815 -

10e- Tsultrim Gyatso - 1816-1837 -

11e- Khedrup Gyatso - 1838-1856 -

12e- Trinlé Gyatso - 1856-1875 -

13e- Thubren Gyatso - 1875-1933 -

14e- Tenzin Gyatso - 1935 - ………

20 I 

ICONOGRAPHIE DE L’HINDOUISME, les DIEUX, leurs manifestations et leurs significations.

EVA RUDY JANSEN

Edition  BINKEY KOK – Hollande

 1995

L’hindouisme est une des plus vieilles religions du monde, mais elle est surtout  une manière de vivre. Ce livre ne prétend pas tout expliquer mais il donne une approche et une vue globale de ce qu’est l’hindouisme. Un très bon ouvrage de vulgarisation et une importante iconographie.

 

Selon la tradition, les statues et, d’une manière générale, les oeuvres d’art en Inde, ne sont pas crées dans un but artistique. Leur conception et leur sens sont profondément différents de ce que nous entendons de nos jours par art en Occident. Bien sûr, on recherche la beauté, mais le but de cette beauté va au-delà de l'esthétique, de l'art pour l'art. Cette beauté doit déclencher, chez celui qui la contemple, un état de méditation (dhyana). La méditation est ainsi fixée sur l’objet de méditation, sans que d’autres pensées perturbent le champ mental. Dans une méditation réussie sur un objet, l’esprit est comme absorbé par cet objet. Une statue hindoue (mais c'est aussi le cas des statues bouddhiques) représentant une divinité a pour fonction de permettre le dhyana du fidèle.

 

Sur un plan moins "élevé", la statue ou disons, de manière plus générale, l'image divine (mûrti), est objet de vénération pour les fidèles qui viennent lui offrir des fleurs, des grains de riz, des poudres de couleur, des bâtonnets d’encens. Il faut et il suffit que le visiteur obtienne le darshan de la divinité pour qu'il se sente totalement satisfait de sa venue au temple. Par darshan, on entend l'échange de regard entre la divinité et le visiteur. Ce dernier offre son amour et sa vénération; et il attend et espère que le dieu ou la déesse, en échange, lui accorde, par le seul regard, sa bénédiction et sa protection. La statue divine est véritablement considérée, tant par les prêtres desservants que par la foule des fidèles, comme un être qui, bien qu'immobile, est tout à fait présent et conscient, d'où son nom de mûrti qui veut dire forme. Le Dieu prend une forme présente pour son contact avec le monde d'ici-bas.

 

On distingue plusieurs types de mûrti. Le premier cas, le plus rare, est une forme dans laquelle la présence du Dieu est permanente, naturelle et existant depuis un temps indéfini; on dit que c'est une "swayambhu-mûrti", c'est à dire qu'elle est née d'Elle-même, qu'elle est auto-générée. La plupart du temps, il s'agit d'un Shiva Lingam. Mais on connaît aussi des swayambhu-mûrti pour d'autres divinités, Ganesh par exemple. Le second cas correspond à une mûrti façonnée par la main de l'homme, dans laquelle la présence divine a été initialement et définitivement activée au cours d'une cérémonie complexe. Le troisième cas est celui de la mûrti dans laquelle la présence divine doit être réactivée chaque jour, par le rituel. Les statues, qu’elles soient de pierre, de bronze ou de toute autre matière, sont réalisées par des artistes (stapathi) qui eux-mêmes, méditent pour accomplir leur oeuvre. Leur travail est guidé par une inspiration de nature divine. A tout le moins, elle est aidée par l'inconscient collectif des innombrables personnes qui ont déjà médité sur ce dieu ou cette déesse depuis des millénaires.

 

Cet art est traditionnellement transmis par des ouvrages dont le corpus constitue ce que l’on appelle les Shilpashashtra. Ces ouvrages décrivent très exactement les règles iconographiques que l’artiste doit impérativement respecter pour la représentation des déités. En effet, les "visions" des divinités qu'ont eues les Sages ont été transmises avec exactitude. Celui qui a assimilé ces règles et les applique est un Shilpin, un maître artisan. Il n'est cependant pas rare, lorsque l'on se réfère à diverses sources qui décrivent l'aspect des divinités, de constater des divergences significatives. Cela tient à ce que les visions que l'on peut avoir de ces divinités ne sont pas forcément uniques.  En revanche, la fantaisie imaginative et égotique de l’artiste n’a pas à s'exprimer lorsqu'il travaille à la représentation d'une divinité. Une image (pratima, sculpture ou dessin) n’est signifiante que si elle respecte, comme on l'a déjà dit, le dhyana de la divinité concernée. A ce prix, elle est effectivement bénéfique et sa contemplation permettra aux fidèles d’entrer en communication avec la divinité correspondante. D'autre part, la statue, même ancienne, même vénérable, ne peut plus être gardée pour les pûjâ si par malheur, elle est abîmée par les méfaits du temps, des guerres ou du vandalisme.

 

Toutes les œuvres ne se valent pas, même si leur exécution suit des prescriptions rigoureuses. Il suffit de regarder les différentes sculptures des temples pour comprendre immédiatement qu’elles respectent le canevas de description de la divinité, mais qu’elles peuvent être bien différentes. La puissance d'une statue est, in fine, dépendante de la qualité de l'artiste et, bien entendu, de la beauté du style de l'époque où elle a été réalisée. Les dieux sont anthropomorphes (la plupart, du moins), c'est à dire représentés avec des caractéristiques voisines des êtres humains, mais ce ne sont pas des êtres humains; non seulement, ils peuvent avoir plus de deux bras (c’est même le cas le plus fréquent) mais aussi, et surtout, parce qu’ils n’ont pas le même corps. Celui-ci est comme idéalisé, arrondi, comme si il était sans os, sans muscles ou tendons en relief sous la peau. Les jambes ne sont pas galbées, elles paraissent lourdes…

 

De même, les proportions entre les diverses parties du corps, définies par les Shashtra, ne correspondent pas tout à fait à nos critères d'esthétisme : la tête est un plus grosse que selon les proportions normales, les bras et les cuisses sont plus longs, mais les jambes plus courtes… Les représentations modernes ne respectent plus toujours ces règles et s'aventurent parfois dans un réalisme excessif. On dit aussi que lorsqu'un dieu vient sur terre, il est aisé de le reconnaître : ses pieds ne touchent pas le sol, ils sont juste au-dessus, ses yeux ne cillent pas, il ne transpire pas et, enfin, son corps ne projette pas d'ombre sur le sol. Quoiqu'il en soit, les dieux, sous leurs formes bienveillantes, sont en général des êtres jeunes, éclatants de beauté, vêtus de magnifiques parures qui laissent transparaître leur lumière intérieure. En revanche, les formes dites terribles peuvent être effrayantes et repoussantes.

 

IKEBANA.  ART  FLORAL  JAPONAIS. B.A-BA

ALAIN    DELAYE

Edition PARDES

 2007

L’art floral japonais (Ikebana) s’est développé au cours des siècles dans de multiples directions, en lien étroit avec l’histoire et les arts du Japon. De ces arts et de cette histoire, il reçut des impulsions, des valeurs et des modes.

On trouve donc en lui un reflet de la vie japonaise séculaire ou, plutôt, des reflets divers et, parfois contradictoires, comme l’est cette vie elle-même.


Toutefois, il ne s’agit pas ici que d’histoire, mais aussi de philosophie, au premier sens qu’avait ce mot (amour de la sagesse), et de quête d’un art de vivre. Celle-ci s’enracine dans la double tradition japonaise du
shintoïsme et du bouddhisme, qui, dans ce qu’elle a de plus profond, rejoint une expérience universelle : celle que font les sages, les mystiques, de tous les temps et de toutes les cultures, et, avec eux, certains grands artistes.


Et puis, un art se concrétise dans une pratique, il propose des modèles, utilise un matériel, enseigne des méthodes, et cet ouvrage explique tout cela.


En ces temps de consumérisme et de violence, de perte de repaires spirituels, certains d’entre nous éprouvent le besoin de rejoindre une voie de sagesse.
L’Ikebana en offre une, à la fois agréable à parcourir et éclairante pour l’esprit. On peut y trouver le plaisir de décorer un lieu, la joie de créer une œuvre d’art et la sérénité d’un apaisement intérieur. Dans la foulée des antiques sagesses de la Chine et du Japon, la « voie des fleurs » appelle à un ressourcement dans la nature et à une libération de nos énergies créatrices, elle propose un cheminement vers plus de beauté et de bonté.

 

Il ne s’EST JAMAIS RIEN PASSÉ   -   Poonja

H. W. L. poonja

Edition L’ORIGINEL

 2004

Tout au long de ce magistral livret d’enseignement, H.W.L. Poonja, Poonjaji  pour ceux qui le rencontrèrent, Papaji pour ses disciples, répond aux questions pointues de David Godman, hagiographe passé maître dans l’art de cerner les différents aspects de la quête du Soi. Ses questions multiples, précises et poussées sont en réalité celles que tout épris de vérité songe ou brûle de poser, avec une soif de comprendre, d’absorber l’indicible, le grand Mystère.

 
«Le Guru est celui qui vous montre que vous êtes la lumière même et que l’obscurité n’a jamais existé. Par sa grâce, il supprime l’idée erronée de l’existence d’un état de non-éveil dont on devrait venir à bout. »

Peu avant sa disparition et pendant plusieurs semaines, PapajiI lut ce même livre à ses disciples qu’il rencontrait quotidiennement. Il ne s’est jamais rien passé est un ouvrage qui traduit l’essence de l’enseignement de Papaji et décortique cet amour incompréhensible qu’est la relation entre le Guru et le disciple. À travers une danse ininterrompue de questions et de réponses se reflètent l’éternel questionnement du mental, la profonde insatisfaction du chercheur qui pressent ou a « aperçu » l’essence du Soi, le désir fou d’une Révélation qui mettra fin à la grande illusion du monde.


«Dans ce monde de rêve que je me suis moi-même créé à partir de toutes mes croyances et idées, je me suis réincarné. Aujourd’hui, je n’écoute personne ni ne crois à quoi que ce soit de ce que quiconque me raconte […] Je sais qu’en vérité il ne s’est jamais rien passé.» - H.W.L. Poonja

 

journal « ni noms, ni formes »     -    Poonja   -

h.w.l. poonja

Edition L’ORIGINEL

 2003

Pendant plusieurs années H.W.L. POONJA tint un journal dans lequel il relate ses expériences et ses questionnements sur les différents sujets qui l’intéressaient entre 1981 et 1991. Il commente ses lectures, relate ses rêves… Il raconte ses illuminations et ses compréhensions soudaines. Ce grand maître de l’Inde du Nord – disciple de Ramana Maharshi – nous propose une rencontre avec la réalité la plus profonde de nous-même. ce journal concentre son enseignement et son experience spirituelle. une des grandes originalités de h.w.l. Poonja est de mentionner ce qui se poursuit au-delà de l’éveil.

 

Paroles de Poonja : Comment fonctionne la relation entre le Maître et le disciple ? Le maître est celui qui vous montre que vous êtes la lumière même et que l'obscurité n'a jamais existé. Il supprime l'idée erronée de l'existence d'un état de non-éveil dont on devrait venir à bout. Voilà le rôle du véritable enseignant : effacer le doute qui vous fait croire que vous n'êtes pas Brahman et, ce faisant, vous permettre de voir qui vous êtes véritablement. Pendant ces derniers mois, j'ai lu à haute voix des livres de certains grands enseignants du passé qui répètent maintes et maintes fois : "Vous êtes Cela. Vous êtes Brahman." Cela seul est la vérité. Il ne suffit pas de s'asseoir près de l'enseignant. vous devez l'écouter de telle sorte que ses mots entrent dans votre Coeur et deviennent votre propre réalité. Cela s'appelle : "Être présent avec le Coeur".

 

Comment reconnaît-on un vrai Maître ? Si votre mental s'apaise auprès de quelqu'un, cela peut être considéré comme une indication - pas une preuve - que cette personne à la capacité d'être un enseignant spirituel. Il n'existe aucun autre signe fiable. Par ailleurs, ce n'est pas en parcourant la planète à la recherche d'un Maître que vous en trouverez un, mais en ayant un intense désir de liberté. Si ce désir est présent, alors c'est le Maître qui vous trouvera. Les objets qui émergent du Soi sont tous comme ils doivent être. Le samsâra que nous voyons autour de nous est, dans sa totalité, une manifestation du Soi. Tout ce qui se voit, se sent, ou se goûte est magnifique. Il n'y a pas d'erreurs dans le Soi. tout est comme cela doit être, un déploiement merveilleux de la perfection même... Tout se déroule comme cela doit se dérouler. Ce que je dis, c'est : "Restez tranquille"... Si vous laissez le mental pendant une seconde, juste une seconde, la sainteté se révélera elle-même et vous fusionnerez avec elle.

 

Ne faites pas d'efforts, n'observez aucune pratique et gardez le silence juste pendant une seconde. C'est tout ce que vous avez à faire... Durant cette seule seconde écartez tout ce qui appartient au passé et ne pensez pas au futur... Dans ce moment de silence, celui qui voulait goûter la vérité disparaît. A cet instant, il devient ce qui est goûté. Si vous voulez la liberté, vous devez la vouloir à l'exclusion de tout le reste. Vous ne pouvez pas garder en attente vos autres désirs tandis que vous essayez de l'atteindre... Lorsque le désir de liberté est suffisamment ardent, rien ne vous empêchera de pénétrer dans le Coeur et de revendiquer votre royaume. Je dis aux gens de répéter la phrase : "Je suis libre" parce que tout le monde dit : "Je souffre". Et comme c'est ce qu'ils répètent, ils y croient et en souffrent... Ce que vous pensez, vous le devenez. C'est pourquoi je dis : "Essayez le contraire. Dites-vous : Je suis heureux, je suis libre."

 

Beaucoup de personnes ont un aperçu de la vérité grâce à une expérience directe.   Je leur dis : "Vous avez eu un aperçu. N'essayez pas de vous y accrocher, de le conserver. C'est venu. Maintenant, laissez-le s'en aller. Laissez-le partir. Cela ne vous appartient pas. Un aperçu est un aperçu." Le Maharshi enseignait en regardant les gens. Par son regard, il transmettait la paix et la liberté. Dans les Upanishad, il est écrit que le Maître peut transmettre son enseignement à un disciple de trois manières : par la vue, le toucher, et la parole. Le Maharshi préférait utiliser la vue. Les mots des grands saints du passé ont subsisté, car il y avait en eux pouvoir et pureté. Leurs mots ne s'effaceront jamais, car ils ont un pouvoir inhérent qui les garde vivants dans les cœurs et les esprits des générations qui leur succèdent. L'état naturel spontané est toujours présent. Seule l'arrogance empêche d'en être conscient... L'homme qui en est conscient sait que tout se déroule naturellement de soi-même. Il ne revendique rien comme lui appartenant, pas même ses pensées... Si vous restez simplement tranquille et laissez les choses venir d'elles-mêmes, vous découvrirez que c'est cela qui est toujours présent. Vous n'en êtes jamais éloigné ni séparé... Laissez la Puissance suprême prendre en charge toutes vos actions et ayez conscience que c'est elle seule qui les accomplit.

 

N'ayez pas de pensée de gain ni de perte ; n'ayez pas de pensée de possession ; n'ayez pas de notion de temps. Lorsque toutes ces pensées ont disparu, vous êtes dans l'état naturel, spontané. Le mental d'un homme affaire est encombré de pensées. Toutefois, il peut lui arriver de faire l'expérience d'un petit espace entre la fin d'une pensée et le début de la suivante. Lorsque cet aperçu survient, il l'attire et lui montre le bonheur... Pas de pensées plus pas de désirs égalent le bonheur. Ce qui meurt n'est pas éternel. Toute forme qui naît doit mourir, mais l'essence sous-jacente n'a pas de forme et elle ne meurt jamais. Lorsque vous vous attachez à une forme, vous commettez une grosse erreur. Même s'attacher à la forme du Maître est une erreur. Ce n'est pas la forme de la personne qui peut vous apporter la lumière, c'est quelque chose d'autre qui se trouve au fond de votre propre coeur. C'est cela votre Maître. Ce Maître demeure dans le coeur de tous les êtres, non seulement des êtres humains, mais aussi des animaux, des oiseaux, des arbres et des plantes. Quand vous verrez votre propre nature, directement, vous verrez que chaque plante, chaque animal est votre propre Soi. Ils se mettront tous à vous parler. Voilà le Soi sans forme dans le Coeur de tous les êtres.

 

IMMOLATIONS AU TIBET - LA HONTE DU MONDE

Tsering Woeser

Edition Indigène

 2013

Voici un livre dense et tragique, un livre écrit par la grande poétesse tibétaine Tsering Woeser placée en résidence surveillée à Pékin par les autorités chinoises.

La dictature ne s’y trompe pas : sa plus dangereuse ennemie est la liberté de pensée et d’expression ; la dictature, c’est le discours unique dans le silence de tous.


Mais il est des consciences si fortes, que les injures, les coups, les camps et même la menace de mort ne peuvent les faire taire. Il est des femmes et des hommes qui n’accepteront jamais le silence imposé par la dictature, ceux-là sont les hérauts de la liberté enchainée.

Lorsque leur parole n’est plus audible, que leur voix est étouffée par les murs entre lesquels ils sont enfermés, ils décident d’utiliser le seul espace qui leur reste encore pour faire entendre leurs protestations contre l’ignominie de la condition faite à leur peuple.

C’est leur corps, leur chair qu’ils utilisent comme un parchemin vivant où ils inscrivent en lettre de feu le mot « liberté ». Les voici présents dans ce livre, ces femmes et hommes, moines et étudiants, lettres ou paysans, expression symbolique d’un peuple tibétain tout entier, martyrisé par la dictature chinoise.

Le mot « martyr », trop souvent galvaudé, reprend ici tout son sens, ces tibétains qui choisissent de s’immoler, de consumer leur corps, ne sacrifient qu’eux-mêmes à leur cause. Parce qu’ils sont des martyrs et non des terroristes, ils offrent leur vie – mais elle seule – à leur cause.

Ils ne commettent pas d’attentats, ils ne donnent pas la mort à d’autres. Les souffrances atroces qu’ils s’infligent témoignent symboliquement des maux subis par leur peuple tout entier. Ce que les flammes qui les brulent proclament, c’est qu’ils ne peuvent plus supporter l’agression commise contre leur peuple, l’éradication de ses coutumes et de sa langue, le génocide culturel auxquels, dans le lâche silence des Etats, les autorités chinoises se livrent au Tibet.

La violence extrême qu’endure leur peuple, ces martyrs l’utilisent contre eux-mêmes, en consumant ainsi leur corps à la cause de la liberté des tibétains. Que leur sang retombe sur la tête des bourreaux de leurs frères tibétains, tel est le cri ultime de ces martyrs sacrifiés par eux-mêmes.

Leurs corps ravagés par les flammes sont pour leur peuple le flambeau qui révèle l’horreur du présent mais éclaire les voies de l’avenir. Leurs protestations revêtent la force morale ultime du sacrifice de soi. N’oublions pas ces héros, sinon ce serait trahir leur message. Préface de Robert Badinter

Au 15 Août 2013, 125 tibétains se sont immolés par le feu, et bien que le Dalaï lala ait interdit ces immolations, quelques uns continuent cette protestation.

  

IMPRESSIONS JAPONAISES – UN PAS VERS LE MOINS

Christine Jordis

Edition Desclée de Brouwer

 2019

Christine Jordis est habitée par « une faim d'Asie ». Après avoir arpenté de nombreuses terres et cultures asiatiques, de la Birmanie à la Corée en passant par Bali, elle part découvrir le Japon au printemps 2018, un pays dont elle rêvait depuis longtemps. Elle décrit ici l'émerveillement de cette première fois autour de Kyoto, la découverte des jardins secs ou fleuris, des temples, des rues, d'une montagne... Comme guide d'ouverture, elle a choisi l'une des figures les plus vénérées du Japon, dont on ne sait presque rien en France : le moine Kukai (Kobo Daishi) 774-835, fondateur de l'école du bouddhisme Shingon. Sa vie est un roman : celui d'un homme de haute spiritualité, mais aussi d'un grand voyageur, d'un bâtisseur, d'un philosophe aux textes vibrants qui fut un ami de l'empereur. L'auteur suit Kukai à Koya-san, un site exceptionnel qui garde vivante la présence de son fondateur, puis nous fait pénétrer dans les temples du Daitoku-ji ou du To-ji. D'autres présences inspirent et accompagnent le voyage, Claudel, Barthes et Nicolas Bouvier, ou ce musicien qui entend le message de pierres... Un pas vers le moins, autrement dit : un pas pour mieux comprendre l'énigmatique Japon.

 

Christine Jordis n’est pas une novice en la matière : elle est véritablement habitée par « une faim d’Asie ». Après avoir arpenté de nombreuses terres et cultures asiatiques, de la Birmanie à la Corée en passant par Bali, elle part découvrir le Japon au printemps 2018, un pays dont elle rêvait depuis longtemps. Mais aujourd’hui comment parler du Japon ? Crainte et tremblement de venir après tant d’écrivains admirés : de Lafcadio Hearn à Claudel, de Roland Barthes à Nicolas Bouvier, en passant par Lévi-Strauss, Malraux, Maurice Pinguet, Yann Morris et d’autres encore… Et puis, l’énorme travail de connaissance par des lectures ne doit pas empêcher « quelques éclairs de lumièreceux, dit Christine Jordis, que me donnerait la naïveté d’un premier regard (selon l’expression utilisée par Barthes dans son Empire des signes) ». Fidèle à sa méthode d’entrer dans la culture d’un pays à travers ou à la suite d’une grande figure intellectuelle ou spirituelle, Christine Jordis rencontre un nom incontournable parmi les grands penseurs asiatiques : Kukai.
Le moine
Kukai (Kobo Daishi), 774-835, fondateur de l’école du bouddhisme Shingon est l’une des figures les plus vénérées du Japon, dont on ne sait presque rien en France. Sa vie est un roman : celui d’un homme de haute spiritualité, mais aussi d’un grand voyageur, d’un bâtisseur, d’un philosophe aux textes vibrants qui fut un ami de l’empereur. Aussi notre voyageuse va-t-elle suivre Kukai à Koya-san, un site exceptionnel qui garde vivante la présence de son fondateur, puis nous faire pénétrer dans les temples du Daitoku-ji ou du To-ji.

 

Le grand intérêt de cette confrontation entre un destin unique et les traces laissées dans la réalité japonaise contemporaine en terme d’œuvres artistiques, architecturales et surtout legs et habitus religieux est de dépasser l’émerveillement de cette « première fois » à et autour de Kyoto par la seule mention des jardins secs ou fleuris, des temples, des rues, d’une montagne… Christine Jordis ne délaisse, ni ne rejette ces impressions premières qui peuvent parfois donner lieu à des « instants privilégiés » (comme les dénommait si bien Jean Grenier). Elle sait qu’il ne faut pas les rechercher : « Ils surviennent. Souvent à l’improviste, au bout d’une extrême fatigue, quand chaque membre semble lourd à soulever, que les angles de perception s’estompent et que sont perdus les repères habituels, laissant l’esprit livré à un flottement étrange, tout contrôle oublié. Dans de tels moments, de la façon la plus inattendue, surgit parfois, comme résonne une note haute et claire, une vision si intense et précise qu’elle s’impose de façon pour ainsi dire surréelle, feuille d’arbre ou fleur, vol de l’insecte, mouvement d’une branche dans la brise, présence absolue qui demeure comme en suspens – dans un hors temps où le « voir » nous est rendu. »

 

Ceci est une chose. L’autre appel – qui n’est pas moins difficultueux – est celui qui émane de son exploration de la riche personnalité de Kukai, de la fascination qui en résulte. Faut-il rester dans la posture passive de l’écrivain écrivant-décrivant ou tenter d’intégrer, de faire soi – et de mettre en pratique – les enseignements du maître ? Il y là une main tendue, une invite à un possible dépassement. On voit bien vers quoi penche Christine Jordis : il n’y a pas de voyage concevable sans le bénéfice d’un effort de transformation intérieure, sans véritable métanoïa. C’est un délice de se reposer sur la sagesse d’une figure ancestrale, d’avoir quelque grand nom de la tradition (ici bouddhiste) sous les yeux de l’esprit. D’avoir quelque chose d’autre que ses propres initiales qui regardent le monde en écarquillant les yeux ; de voyager (enfin !) en dehors de soi dans une vision de l’existence proprement inouïe ; de pouvoir onduler spirituellement voire « mystiquement » dans les parages d’une altérité radicale, d’une « étrangèreté »… De l’écart à la rencontre : tout ce que le philosophe François Jullien n’a cessé d’explorer et de prôner. D’où de légitimes doutes et pressantes interrogations : « Être fasciné, oui, en effet, on l’est par ce personnage. Mais être fasciné, c’est rester à distance. Dans les temples où il vécut, j’ai tenté de m’asseoir en lotus (sans pratique, c’est assez difficile), j’ai écouté les mantras et la musique étrange qui les accompagnait, je me suis laissé séduire par le décor et l’arrangement des couleurs, j’ai tenté de me familiariser avec les mandalas… mais, comme l’écrit le père abbé du temple de Kongobu-ji, à Koya-san, « un regard passif ne nous rendra pas le monde plus visible. Nous devons cultiver notre capacité à “voir” dans la vie quotidienne, activement et sincèrement. » C’est cet « activement » qui me posait problème, car, à y bien réfléchir, il signifie l’engagement d’une vie entière. »

 

Christine Jordis sait bien qu’à l’étape de la vie où elle est, il ne lui sera pas donné d’entrer pleinement dans le monde si particulier de Kukai, ni d’ailleurs dans ce Japon si énigmatique. Impressions japonaises nous fait donc progresser de conserve dans la compagnie et l’œuvre immense de ce grand civilisateur et les multiples « rapports d’étonnement » que suscitent les étapes de ce voyage-pèlerinage : nous avons de très perspicaces éclairages sur l’art des jardins secs, le koan zen, les rites de politesse, le raffinement des manières, l’habitat traditionnel, le bain commun, les magasins et leur faune de jeunes consommateurs, la pluie, etc. Pour aboutir à quoi ? D’abord à cette chose très étrange, presque indicible que tout voyageur un peu sensible éprouve – ce fut mon cas, il y a cinq ans, à Tokyo – et que Claudel a défini comme un sentiment de cohésion intime* suscité par le sens de la « cérémonie » et la « précaution » à l’égard d’autrui. Et puis, en deuxième lieu, à ce « pas vers le moins » qui figure en sous-titre et est l’objet du dernier chapitre.

 

INTRODUCTION AUX YOGA-SÛTRAS DE PATANJALI –    Traduit et prÉsentÉ par ÉRik sablÉ

  Vijnana  Bhikshu

Edition Le Mercure Dauphinois

 2015

Les yoga-sutras de Patanjali sont les premiers textes qui traitent exclusivement du yoga. En Inde, ils sont indissociables de leurs premiers commentaires et notamment de ceux de Vyasa, Bhoja et Vacaspati. Ces commentaires sont toujours lumineux. Ils éclairent beaucoup d'aspects obscurs des yoga-sutras et sont accessibles à tout chercheur spirituel et à toute personne intéressée par le yoga. Ils contiennent des trésors, notamment des enseignements pratiques sur l'authentique chemin du yoga. Ils dénoncent aussi les pièges et les illusions qui peuvent se présenter sur la Voie.

 

Le "Yoga-Sūtras" est un texte de 195 aphorismes (sūtras) codifiée par Patanjali, qui sert de base à la transmission du Yoga. Il traite de l’univers intérieur de l’homme et des moyens à mettre en œuvre pour se libérer ou du moins réduire la confusion, méconnaissance (avidyā) cause de tous les obstacles et provoquant la souffrance. Le texte se compose de quatre pāda (chapitres) présentant chacun un enseignement distinct et cohérent.

Chapitre I : Le samādhi (samādhi-pādaḥ)

Ce premier chapitre est composé de 51 sûtras. Il y est expliqué ce qu’est le Yoga, le mental, comment atteindre l’état de yoga.

Chapitre II : La méthode (sādhana-pādaḥ)

Ce deuxième chapitre est composé de 55 sūtras.

Sādhana signifie le moyen, la méthode.

Ce chapitre présente le Yoga de l’action (kriyā yoga), les obstacles de la personnalité et les huit “membres” du Yoga (ashtaṅga).

1. yama: les principes relationnels, les attitudes envers les autres et l’environnement.

– ahiṃsā : la non-violence

– satya : la vérité

– asteya : l’absence de vol

brahmacharya: la modération

– aparigrahā : la non convoitise

2. niyama : les principes personnels, les attitudes envers soi-même.

- sauca : la pureté

– saṃtoṣa : le contentement

tapaḥ: l’ascèse

– svadhyāya : la lecture, l’étude et le chant des textes sacrés

– Īśvara-praṇidhānāni : dédier ses actes au soi non personnel

3. āsana : La pratique de postures

4. prāṇāyāma : La pratique d’exercices respiratoires et le contrôle du souffle.

5. pratyāhāra : le bien-être non dépendant du conditionnement des sens (retrait des sens).

Ces cinq aṅga (membres) constituent les bases du Hatha-Yoga.

Les trois suivants sont plutôt des résultats et seront développés dans le chapitre III.

Chapitre III : Les facultés exceptionnelles (vibhūti-pādaḥ)

Ce chapitre est composé de 55 sūtras. Vibhūti est un mot sanscrit qui signifie pouvoir, grandeur, prospérité…

Il commence par la description des trois derniers anga :

6. dhāraṇā : la concentration.

7. dhyāna: la méditation.

8. samādhi: l'éveil

Puis il décrit l’accès aux états supérieurs de conscience, les techniques de yoga pour les atteindre et avertit que la quête de ces pouvoirs peut devenir une entrave.

Chapitre IV : La liberté totale (kaivalya-pādaḥ)

Ce quatrième et dernier chapitre est composé de 34 sūtras. Il décrit l’évolution du psychisme humain et l’ultime état : la liberté absolue (kaivalya).

 

INITIATIONS LAMAÏQUES

Alexandra DAVID- NEEL

Edition ADYAR

 1999

Cet ouvrage nous ouvre les portes des différentes initiations tibétaines et nous explique le pourquoi et le comment de l’Initiation. On y parle du petit et grand véhicule, des Dalaï Lama et de la conscience cosmique. Nombreux sont ceux en qui subsiste la curiosité concernant les doctrines enseignées par des maîtres de traditions orientales. Les descriptions de rites bizarres ne présentent qu'un aspect extérieur, alors que ceux qui cherchent le sens ésotérique comprennent que rites et symboles ne sont qu'un voile aisé à soulever pour quiconque est animé d'un puissant désir de savoir.

 

De par sa situation géographique très particulière, le Tibet a toujours été sujet à de nombreuses interprétations et extrapolations philosophiques et mystiques. «Plateau du monde», « pays des neiges», c'est en effet sous l'apparence de la «terre du sacré» par excellence que cette contrée est apparue dans l'histoire de l'Asie et de l'Occident. Récemment venu de la côte ouest des Etats-Unis, un engouement mystico-religieux issu d'une société occidentale en crise a polarisé sur ces hautes terres un intérêt axé sur la recherche de la connaissance «fondamentale» à travers une expérience spirituelle autre que celle que le catholicisme et le protestantisme leur avaient offerte. Pourquoi cet intérêt constant pour ce pays, pourquoi cette charge spiritualiste et mystique?

 

La réponse demeure dans le fait que ce pays est demeuré très longtemps marginal par rapport aux grands courants historiques qui ont secoué le monde. Situé comme une enclave aux confins de deux civilisations, celle de l'Inde et celle de la Chine, le Tibet, tout en maintenant sa propre identité, a bénéficié de l'apport de ces deux grandes cultures, restant cependant fidèle à sa tradition autochtone pré-chinoise et pré-indienne.
Sur le plan de la culture matérielle, le Tibet est en grande partie débiteur de la Chine; l'Inde lui a fourni ses textes sacrés, son bouddhisme et une  éthique en tout point opposée à la tradition populaire tibétaine, essentiellement guerrière et fondée sur le brigandage.

 

Le Tibet a pu être considéré à juste titre comme un Etat dont les structures sociales étaient empreintes à tous les niveaux par le phénomène religieux. Mis à part les moines, les nonnes, les prêtres séculiers et les néophytes, la vie laïque était dominée et contrôlée par la religion. Cependant, il est d'une importance primordiale de bien définir la conception du mysticisme au Tibet. Alexandra David-Neel (1868-1969) la détermine dans son livre "Initiations lamaïques" : «Un mystique en Occident est un dévot, dévot d'ordre très supérieur si l'on veut, mais toujours essentiellement un croyant, l'adorateur d'une divinité [...]. Tout au contraire, le mystique tibétain apparaîtra à beaucoup d'Occidentaux comme un athée. Ainsi, parmi les nombreuses déités du panthéon lamaïque il n'en est pas une seule qui remplisse le rôle d'être éternel, tout puissant, créateur du monde.»

 

La religion chamaniste bön prédominait au Tibet avant le bouddhisme. La doctrine originelle du bouddhisme, née d'un schisme avec l'hindouisme aurait été prêchée au VIème siècle avant notre ère par Siddharta Gautama (connu aussi sous les noms de Shakyamuni ou Bouddha historique). Cette première forme appelée bouddhisme Hinayana (doctrine des anciens) indique la voie pour atteindre le nirvana en éliminant les passions, les illusions du moi et les désirs. En suivant la loi morale délivrée par le Bouddha, on peut espérer abréger le cycle des réincarnations successives et atteindre la délivrance.

 

Sans doute trop ardue, dogmatique et composée de subtilités métaphysiques, la forme Hinayana évolue vers des voies plus accessibles qui prendront formes à travers le Mahayana. La recherche individuelle du nirvana cesse d'être l'objectif unique au profit du salut d'autrui. En même temps, le bouddhisme se divinise, se dote d'une théologie complexe en faisant émerger la notion de Boddhisattva, de l'Adi-bouddha et des Jinas ou Dhyani- bouddha. Des fantômes, des démons, des dieux venus parfois de très loin, des animaux et toute la rude nature himalayenne se sont mêlés pour créer la foisonnante mythologie tibétaine. La mythologie tibétaine déborde largement les frontières du Tibet contemporain

20 J 

journal de voyage (2 livres)

Alexandra D. NéEL

Edition PLON

1985

Journal de voyage, journal intime, livre de réflexions, conversation à bâtons rompus, ces lettres envoyées par Alexandra David – Néel a son mari sont une invitation à suivre, pendant les années les plus captivantes de sa vie, une femme hors du commun.


Orientaliste, exploratrice, alexandra David – Néel décrit tout avec un véritable talent d’écrivain : ses expéditions entre l’inde et la chine, ses rencontres, ses étonnements, ses réactions face aux coutumes locales, son adhésion a la sagesse et au mode de vie orientaux. Voici peut-être l’œuvre la plus personnelle de cette femme exceptionnelle. Alexandra 3 le témoignage émouvant et fascinant de sa conquête tibétaine.

 

Au rang des célèbres femmes voyageuses, Alexandra David-Neel fait figure à la fois de pionnière et d'aventurière. Pionnière parce qu'elle fut l'une des premières à quitter son confort bourgeois pour se jeter sur les routes du monde ; aventurière parce qu'elle fut la toute première occidentale à entrer dans la mythique capitale tibétaine. La maladie du voyage frappa très tôt cette jeune femme d'origine belge qui passa son enfance à fuguer. Elle fut également sensible très jeune à la spiritualité orientale. Convertie au bouddhisme, elle devint une orientaliste reconnue. C'est sa double quête de voyage et de sagesse bouddhiste qui la mène en Inde pour un séjour qui devait durer un ou deux ans et la tint en fait éloignée d'Europe pendant quatorze ans.

A plusieurs reprises, elle tente d'entrer au Tibet ; elle est, à chaque fois, refoulée. Le Tibet des années vingt est sous le contrôle des Anglais qui ferment les frontières à tous les étrangers. Mais Alexandra David-Neel ne se décourage pas. En 1923, elle décide de faire une nouvelle tentative en partant de Chine, car la frontière sino-tibétaine est la moins surveillée. Déguisée en mendiante et accompagnée de son fils adoptif, le lama Yongchen, Alexandra David-Neel parvient à entrer au Tibet clandestinement et à pieds. Pour ne pas se faire remarquer, les deux voyageurs marchent la nuit et se cachent le jour, en évitant les villages et tout ce qui ressemble à un représentant de l'administration. Lorsqu'ils sont entrés suffisamment loin dans le pays, ils commencent à voyager comme de vrais pèlerins tibétains, en demandant l'hospitalité, ce qui leur fournit l'occasion de rencontres plus ou moins agréables et d'anecdotes savoureuses.

 

Choisissant toujours les routes les plus isolées, les deux voyageurs vont parfois se mettre en danger dans des régions très montagneuses (le plateau tibétain culmine à plus de 5000m d'altitude), infestées de brigands, alors que la neige rend les chemins impraticables et l'accès aux villages (et donc à la nourriture) difficile. Finalement, Alexandra David-Neel réussira à atteindre la ville de Lhassa et à y passer deux mois dans le plus complet anonymat. Malgré son intérêt historique et l'admiration que je porte à une femme capable de voyager des conditions aussi spartiates, ce livre m'a laissée un peu sur ma faim. D'abord il démarre de façon abrupte,  alors que l'auteur se débarrasse de ses serviteurs chinois avant de traverser la frontière.

 

Il m'a fallu un moment avant de situer le lieu où elle se trouve : le Sichuan chinois. Ensuite, la première partie du voyage est assez monotone : on marche la nuit, on dort le jour, on marche, on dort, de temps en temps on mange (frugalement), parfois on se fait un thé (si on parvient à trouver un point d'eau), on marche et on marche encore. Ce n'est que dans la seconde partie que le voyage devient intéressant quand les rencontres se multiplient et permettent au lecteur d'appréhender ce que fut le Tibet du début du XXe siècle : un pays rude et pauvre, fruste et pieux.

 

Alexandra David-Neel n'a pas vraiment de style, même si elle sait écrire, et il n'y a pas chez elle de ces belles envolées lyriques qui m'avaient tant emballée chez Ella Maillart. L'auteur s'intéresse assez peu aux paysages, sauf dans leur aspect purement géographique, et assez peu aux gens aussi, finalement. Elle n'est portée que par son objectif d'atteindre Lhassa. En revanche, elle montre un détachement réellement étonnant (et très bouddhiste) face aux vicissitudes du voyage et aux embarras matériels. Il n'en reste pas moins qu'elle a réussi un exploit et que ce livre est un vrai classique de la littérature de voyage, pour les amateurs du genre. Il nous montre, en plus, que l'on peut réellement voyager très loin, avec très peu

 

JE SUIS NḖ… ET MAINTENANT ?

François Malespine

Edition Accarias

 2018

Cet ouvrage de François Malespine sur l’Eveil, ce basculement de la dualité à la non-dualité, est d’une rare et délicate justesse. En avant-propos, François Malespine distingue utilement petit satori et grand satori. Le petit éveil, Rigpa chez les tibétains, se caractérise par « la vue de la nature de son esprit ». C’est le commencement de la voie et non sa fin.

 

«  La pratique, précise-t-il, n’est plus un appris, ce n’est plus l’enfant qui essaye d’être un bon élève. C’est d’instant en instant un « dé-couvert ». Ce n’est pas un « moi » qui regarde, c’est un « moi » qui est vu, aimé, compris, et dans toute la mesure du possible, dont il n’est pas pris livraison, même quand, consciemment, et par réponse, « Cela », ici et maintenant, l’aide à s’accomplir. Accomplir est l’opposé de prendre livraison. Prendre livraison c’est simplement être pris par. »

 

Avec ce petit éveil, toute identification est reconnue comme telle. Il est alors possible de s’orienter vers l’Eveil. «  Lorsque «  Cela » est retrouvé, il n’y a personne pour pratiquer, pour prier, pour aller vers. La pratique devient le cheminement, le cheminant et le but. « Voir » devient la pratique. Voir est le but et le résultat, dans l’instant. Rien n’est alors atteint ou à atteindre. L’œil de la conscience devient peu à peu vision.

Le vu devient ce qui révèle la vision. La vision n’est plus l’outil pour voir le vu. »

 

François Malespine cherche la précision. Il donne ainsi à son  propos une grande pertinence quand tant d’écrits sur l’éveil ne font que dériver sur la structure de surface de l’expérience humaine. Ainsi : « J’utilise le mot « centre » car il est largement employé dans la littérature spirituelle. J’y ajoute pourtant cette précision : ce que le mot « centre » désigne, c’est ce que nous sommes, non un lieu en nous. De même, le mot « conscience identifiée » désigne ce que nous croyons être lorsque nous nous prenons « pour ». Deux aspects de « la Conscience », Une et Vacuité en son Origine, ou duelle et identifiée lorsqu’elle se quitte.

Autre précision, le « vu, perçu, ressenti, conceptualisé », est la production de la Conscience indépendamment de son identification ou non. Que la conscience soit identifiée à, ou qu’elle demeure Une/Vacuité et Origine, la vie manifestée demeure. Par contre, le point de vue étant différent, la vie manifestée vécue à partir de l’Origine « Je » est célébration, alors que, vécue à partir de la conscience identifiée, elle est consommation et prédation. Simple constat. »

 

Afin d’accompagner le lecteur dans la compréhension de ce qui est en jeu et enjeu, François Malespine examine ce qui se passe après la naissance, la genèse du « moi », depuis la toute première identification à l’objet, le premier attribut collé au sujet. Il invite à « oser être sans certitude », à découvrir concrètement que « Je » n’est pas « moi », « Je », la Conscience/Origine, par une quête « à rebours » qui commence par le dévoilement de la genèse du « moi ». Traverser les formes, reconnaître les pensées, autant de faux problèmes comme « agir ou ne pas agir », jusqu’à retrouver la saveur du « Je », Connaître au lieu d’apprendre, « rester tranquille ».

 

« En cette vacuité originelle « ici » qui demeure, il n’y a rien à faire, à vouloir, à rejeter, à condamner. Située en elle-même, Elle se connaît en tant que « Cela/espace/vacuité » en quoi tout survient et revient. Et tous les mouvements observés sont par Elle connus. Et chaque mouvement connu retourne à jamais en sa source. Ainsi, situé en le « rester tranquille » la peur s’éloigne, la pratique est le moyen et le but, comme dit Nisargadatta Maharaj, car tout alors concourt à ramener l’âme en son origine. » En entrant en conscience, en incluant tout ce qui se présente sans comparaison, la Conscience est « désenclavée » du « moi agissant ». «  Moi » ne s’éveillera jamais. Il n’est pas le sujet. Le Sujet ne s’est jamais endormi. « Je » attend « ici » que « moi » s’ouvre à son baiser pour l’éveiller à ce qu’il EST. »

20 K

KARMA -     B.A – BA

Arnaud d’APREMONT

Edition  PARDES

 2004

« Améliorer son karma », « positiver son karma », « nettoyer son karma »… Autant d’expressions laissant entendre que le karma serait un concept négatif, passif.

L’Occident moderne a oublié qu’étymologiquement karma signifie « action », « devenir » ; une notion qui donna la mesure du mot « rite », autrement dit la mise en ordre du monde.

Oriental, le concept de karma ? Pas seulement. L’Occident a connu cette approche du monde en devenir, de l’Action et du Destin, d’interaction des causes et des effets, des événements, en lui donnant différents noms.

D’où viens-je ? Où vais-je ? Et comment ? Suis-je obligé d’y aller ? Pourquoi ? Qu’y a-t-il « après » ? Qu’y a-t-il « avant » ? Vais-je revenir ? Sous quelle forme ? Quelles traces laisserai-je de moi ? Pourquoi suis-je là ? Ces questions – et bien d’autres du même ordre -, la plupart des individus se les sont posées et se les poseront au moins une fois dans leur vie. Ils se les poseront avec plus ou moins de crainte, plus ou moins de force, plus ou moins de détachement, plus ou moins de volonté de savoir…mais ils se les poseront.

C’est une sorte d’évidence, mais dans ce contexte, cette fin de siècle qui est aussi une fin de millénaire en Occident – n’oublions pas que tous les peuples du monde n’ont pas la même chronologie -, on assiste à une recrudescence certaine de ces interrogations. L’idée de l’après-vie préoccupe particulièrement. Ne supportant pas son existence actuelle, on se souhaite une vie meilleure « après. » Mais ce constat est avant tout une faillite des églises et des institutions en Occident, une déliquescence des mentalités. Ceux qui devaient apporter des semblants de réponse ont manqué à leur mission. Ils n’ont pas su faire face aux angoisses de leurs contemporains. Par ailleurs, tout le rapport à la mort a évolué. On ne veut plus rien voir qui évoque le trépas. Les bouchers découpant la viande ont disparu des étalages – à la demande des enquêtes de satisfaction- clients réclamées par les chaînes de distribution, précisons-le – et l’on ne voit plus que des alignements de morceaux sous cellophane. On oublie ainsi qu’à l’origine ce steak était un morceau d’être vivant.

Alors, dans cet univers aseptisé, de nouvelles idées ont fleuri. Et c’est ainsi que les notions de réincarnation et de karma se sont répandues en Occident. Dans cette patrie du fondamentalisme chrétien que sont les USA, plus d’un Américain sur trois croirait en la réincarnation. En Grande-Bretagne et en France, les taux seraient encore plus importants. Au début des années 80, ils n’étaient qu’un Américain sur quatre à y croire, et 30% des Britanniques adhéraient à cette conception de l’au-delà. Les observateurs remarquaient qu’au cours des dernières décennies, ce taux progressait d’environ 10% tous les dix ans. Cette courbe ascendante ne s’est pas arrêtée.

Plus étonnant encore, peut-être : dans le journal catholique français La Vie, une enquête sur les 18-24 ans révélait que 43% des jeunes catholiques français croyaient en la réincarnation. Cet engouement s’accompagne d’une poussée irraisonnée pour l’irrationnel. Quand je dis qu’elle est « irraisonnée », je n’entends pas statuer sur la réalité ou non de l’irrationnel, mais sur l’absence de raison – même si la raison n’a peut-être rien à faire là – qui pousse les individus vers les sciences occultes, les phénomènes paranormaux, le néo-ésotérisme en général…

En étudiant les comportements, on s’aperçoit que les femmes et les hommes se dirigent vers ce qui leur plaît, ce qui les séduit à un moment donné. On assiste à une sorte de « tourisme ésotérique » : un an ici, un an là, on profite de l’été pour essayer un nouveau yoga, pour aller écouter ce nouveau conférencier qui parle d’un monde meilleur… C’est à cette source que s’alimente le New Age qui parle d’un monde meilleur…C’est à cette source que s ‘alimente le New Age, vaste syncrétisme des croyances et ésotérismes à l’usage d’un monde en perdition, sans véritable référence.

 

KRISHNAMURTI  au seuil du silence

krishnamurti

Edition COURRIER DU LIVRE

 2007

Regarder, être à l’écoute, seul le silence permet d’atteindre cet état de conscience nécessaire à l’approche de la vérité qui est en nous.

Prônant la mise en doute de toute parole dogmatique et rejetant le statut de gourou, Krishnamurti nous invite au dialogue avec nous-mêmes, ferment de libération individuelle et collective.

 

Au seuil du silence rassemble les textes authentiques des conférences données à Paris et à Saanen en 1968 ainsi que des conversations et méditations. En lisant Krishnamurti  « ne laissez pas les mots penser à votre place. Ayez une parole habitée. »


Jiddu Krishnamurti est né à Madanappall (Inde) le 11 mai 1895. Il est décédé le 17 février 1986, dans sa résidence d’Ojai (Californie). En 1912, il se rend en Angleterre où il reçoit une éducation privée. Il s’attache alors à l’écriture de plusieurs recueils de poèmes qui furent publiés en Angleterre et aux États-Unis.

 

En 1929, il récuse le rôle messianique qu’on lui attribue et rompt tout lien avec les religions et les idéologies. Dès lors, il ne cessera de parcourir le monde pour donner en partage le fruit de son expérience et inviter les hommes à la transformation de leur conscience individuelle, seule source de mutation de la société.

 

KRISHNAMURTI - DÉCOUVRIR KRISHNAMURTI

Patrick Vigneau 

Edition L’Originel

 2012

Une fois que l’on a bien perçu que nos conditionnements nous empêchent de percevoir la plénitude de la vie, Krisnamurti pose la question de savoir si l’être humain a la possibilité de se libérer de cette énorme masse de conditionnements.

La réponse est positive, il l’a maintes fois exprimé dans ses écrits et conférences. Cette exigence sert d’ailleurs de titre à l’un de ses ouvrages « Se libérer du connu »

Krisnamurti fut un homme libre, un sage, un poète, un éducateur, un révolutionnaire, un maître spirituel, un novateur, un précurseur et bien autre chose ; Penseur de grande envergure, intransigeant et inclassable, il se disait n’appartenir ni à l’Orient, ni à l’Occident mais appartenir au monde entier.

Il refusa toujours le terme de « gourou » mais se disait plutôt comme étant un éveilleur de conscience, celui qui « faisait prendre conscience des dangers de l’égo et du matérialisme ». Il refusa toujours d’avoir des disciples, invitant chacun à penser par soi-même.

Ce petit livre de 135 pages nous livre les pensées de Krishnamurti sur les sujets suivants :

L’Homme - Le Message - La vision pénétrante - La libération - La méditation - L’Amour - L’éducation - La peur - Une révolution de la conscience - Témoignages - Dernières années - Etonnement - L’essentiel

 

KRISHNAMURTI MON AMI. UN JOYAU SUR UN PLATEAU D’ARGENT

Padmanabhan Krishna

Edition Almora

2018

Krishnamurti, parfois considéré comme le Socrate du siècle dernier, demeure à bien des égards une énigme. Son influence continue de grandir, son enseignement ne cesse de réveiller mais il reste largement insaisissable. Le témoignage très riche du professeur Krishna rendra le lecteur plus proche de cet être d’exception.

 

Membre de la Société Théosophique, le professeur Krishna fut proche de Krishnamurti pendant plusieurs décennies. C’est de « Krishnamurti tel que je l’ai connu » dont il nous entretient, conscient que « Sa conscience était d’une toute autre dimension et nous ne pouvons véritablement la connaître tant que nous n’avons pas découvert cet état en nous-même. »

 

L’ouvrage propose des regards très variés. Il commence par les contacts personnels de l’auteur avec Krishnamurti. Le professeur Krishna connut une brillante carrière universitaire. Il fut notamment directeur d’études au département de physique de l’Université de Bénarès jusqu’en 1986, date à laquelle Krishnamurti lui demanda de rejoindre la Fondation Krishnamurti de l’Inde en tant que recteur du Centre éducatif de Rajghat. A maintes reprises, il côtoya Krishnamurti et travailla avec lui.

 

Que cela soit dans un dialogue avec trois scientifiques ou dans les multiples anecdotes relevées au fil de sa vie, Krishnamurti étonne par son attention totale à l’autre et ses modes de questionnement qui visent toujours la profondeur ou l’élévation évitant les glissements latéraux stériles. Une partie de l’ouvrage rassemble de longs témoignages de personnalités ayant fréquenté Krishnamurti : Achyut Partwarthan, Vimala Thakar, Rhada Burnier, Mark Lee. Tous rendent compte de l’énergie singulière que transmettait Krishnamurti par son simple contact. De nombreux points de son enseignement sont également abordés de manière synthétique, sur la question du bonheur, de la violence et de la paix, de la guérison, de la responsabilité individuelle, de la vérité, entre autres.  Deux chapitres évoquent les relations de Krishnamurti avec la Théosophie et plus particulièrement avec Annie Besant.

 

L’auteur pose également cette question essentielle : L’enseignement de Krishnamurti a-t-il un caractère pratique ? Il semble que Krishnamurti, à maintes reprises, signale que le traitement seul des symptômes ne permet pas une restauration véritable. « On se rend compte, souligne l’auteur, que si notre mode d’éducation n’est pas le bon, si nous ne parvenons pas à penser de manière globale, si nous ne mettons pas un terme à toutes les illusions qui encombrent nos esprits il ne nous sera jamais possible de connaître un monde qui ne soit qu’un seul monde, où règnent la fraternité universelle, la paix et l’harmonie. Tout cela restera à l’état de concepts, d’idéaux et ne deviendra jamais réalité, parce que c’est l’illusion qui nous divise. Nous ne sommes pas divisés par les faits mais par notre attachement à l’illusion. » L’enseignement de Krishnamurti est une contribution exemplaire à la mise en œuvre des voies d’éveil mais nous y trouvons aussi les bases d’une éducation à la paix pour les décennies futures, une « éducation juste », suggère l’auteur.

 

Krishnamurti : « Quand vous êtes dans l’observation, que vous voyez la boue sur la route, le comportement des hommes politiques, votre propre attitude envers votre femme, vos enfants, et tout le reste, la transformation est là. Comprenez-vous ? Apporter un certain ordre dans la vie quotidienne, c’est la transformation. Il ne s’agit pas de quelque chose d’extraordinaire qui n’appartient pas à ce monde. Quand vous ne pensez pas de manière, claire, rationnelle, soyez en conscient et changer cela, détruisez-le. C’est la transformation. Si vous êtes jaloux, observez-le, ne laissez pas ce sentiment le temps de s’épanouir, changez-le immédiatement. C’est cela la transformation. Quand vous êtes avide, violent, ambitieux, quand vous essayez de devenir une sorte de saint, voyez comme cela crée un monde terriblement futile. Je ne sais pas si vous en êtes conscient. L’esprit de compétition détruit le monde. Le monde devient de plus en plus compétitif, de plus en plus agressif ; et si vous changez cela, c’est la transformation. Si vous pénétrez bien plus en profondeur dans ce problème, il vous devient clair que la pensée est la négation de l’amour. Par conséquent, il nous faut découvrir si la pensée a une fin – sans nous mettre à philosopher ou à discuter, mais le découvrir. En vérité, la transformation, c’est cela, et si vous plongez très profondément en elle alors la transformation signifie qu’il n’y a plus la moindre pensée de devenir, de comparer. C’est n’être absolument rien. »

 

KRISHNAMURTI  -  L’AVENTURE  DE  L’ÉVEIL

TEXTES  CHOISIS  PAR  PATRICK  MANDALA

ÉDITION  LE  RELIÉ 

 2010

Jiddhu Krishnamurti (1895-1986) est considéré comme le parfait exemple du sage libre de toute attache, de tout dogme, de toute religion. En cela son message de tolérance, de ferme lucidité et de pure intelligence trace les contours d’une véritable spiritualité laïque qui nettoie l’esprit de ses innombrables encombrements mentaux.

 

Nombreux sont ceux qui se disent concernés par cet insoumis de l’esprit qu’est Krishnamurti, mais souhaiteraient le lire d’une manière plus ludique, plus facile. De là l’idée de cette véritable anthologie et abécédaire de sagesse selon Krishnamurti. Les citations présentées ici pat Patrick Mandala sont courtes et proches de l’aphorisme. Elles traitent de thèmes et de questionnements fondamentaux auxquels Krishnamurti donne des réponses percutantes.

 

Quelques réflexions de Krishnamurti :

 

L’homme plein d’assurance est un être mort.

Comment mettre en place le détachement ? Cela implique de vivre avec la mort tout en vivant.

La méditation est la connaissance de soi, et sans connaissance de soi il n’y a pas de méditation. Le point de départ d’une pensée vraie est dans la connaissance de soi. Si l’on ne se comprend pas soi même, l’on n’a aucune base pour penser et ce que l’on pense n’est pas vrai.

La cause profonde du désordre intérieur est le « moi », l’égo, la personnalité construite par la pensée, par la mémoire, par diverses expériences, par certains mots, certaines qualités qui produisent cette impression de séparation et d’isolement, c’est la cause principale du désordre. Mais grâce à cette perception du désordre, apparaît instantanément un ordre profond, et là commence la méditation…

Pour connaître Dieu et le réel, il ne faut pas le chercher. Dieu est là quand vous n’êtes pas. Quand vous existez, Lui n’existe pas.

L’inconscient est aussi trivial, sot, laid, et aussi brutal que le conscient. 

La dualité n’existe que lorsque vous essayez de nier ou d’échapper à « ce qui est » pour le transformer en « ce qui n’est pas ».

La jarre contient de l’eau, vous buvez cette eau mais vous ne rendez pas un culte à la jarre. L’humanité malheureusement vénère la jarre et oublie l’eau.

Enseignez aux personnes l’art de l’écoute et celui de l’observation.

L’existence et le bonheur consiste à vivre chaque jour dans un état de fraicheur, et pour avoir cette clarté, cette innocence, il faut la mort et la fin de cet état d’esprit où règne toujours « le centre, le Moi, le Je ».

Chacun de nous est l’entrepôt de tout le passé. L’individu est l’humain qui est toute l’humanité. L’histoire entière de l’homme est écrite en nous-mêmes.

Le passé est un mouvement toujours orienté vers l’avenir, qui rencontre le présent et continu sur sa lancée. L’instant, c’est là où le passé et le présent se rencontrent et s’abolissent.

Tant que le cerveau reste conditionné par le temps et la pensée, il n’y a pas de véritable intuition.

 

KRISHNAMURTI  le livre de la mḖditation et de la vie

krishnamurti

Edition Stock

 1998

Durant toute sa vie ce maître spirituel a combattu les nouvelles églises et les systèmes philosophiques aliénants. Il prône la libération de l’homme de toute forme de conditionnement.

 

Ce livre, très bien fait, explique son enseignement. Chaque mois (12 au total) y sont expliqués 4 symboles (vertus).

 

« La méditation n’est pas une expérience, une accumulation de souvenirs en vue d’un plaisir futur. Celui qui vit l’expérience suit un itinéraire qui reste toujours limité par le cadre de ses propres projections, du temps et de la pensée. Dans cet environnement confiné de la pensée, la liberté est un concept, une formule et, dans ce cadre-là, jamais le penseur ne peut être en contact avec le mouvement de la méditation. Un mouvement n’a ni commencement ni fin, mais pour le penseur le centre demeure.

 

La méditation, c’est toujours le présent ; or la pensée appartient toujours au passé. La conscience, dans sa totalité, est pensée, et ses limites étroites excluent l’état de méditation. La méditation consciente, c’est l’appréhension de plus en plus précise de ces limites, et la destruction de toute liberté ; tant que demeurent les frontières de l’esprit, il n’est point de liberté. Et ce n’est que dans la liberté qu’est la méditation.

Sans la méditation, vous serez à jamais esclaves du temps et de son ombre portée — la souffrance. Le temps, c’est la souffrance. Le silence et l’amour sont indissociables. Pour comprendre, soyez silencieux. Méditer, c’est être vulnérable, d’une vulnérabilité qui n’a ni passé ni futur, ni hier ni lendemain. N’est vulnérable que ce qui est neuf. La méditation n’est pas la voie d’accès à des expériences uniques, exceptionnelles : de telles expériences mènent à l’isolement, aux processus d’enfermement liés aux souvenirs assujettis au temps, faisant obstacle à la liberté.

 

La vallée était nappée de fleurs ; sur ses flancs un tapis de fleurs de toutes les couleurs possibles et imaginables s’étalait avec la richesse, la profusion qu’a la terre elle-même — avec tout son foisonnement de villes, d’usines et de prairies verdoyantes, de forêts et de verts pâturages — égalant en richesse et en beauté cette vallée. Pourtant cette abondance qui, grâce à la nature et à l’homme, foisonne à la surface du globe, est vouée à mourir pour se reconstituer à nouveau. La richesse de la méditation n’est pas le fait de la pensée ou du plaisir que suscite la pensée ; elle est ailleurs, de l’autre côté, sur l’autre versant de la fleur et du nuage. D’où jaillit une richesse incommensurable, comme celle de l’amour et de la beauté — or jamais pareilles choses ne se trouvent de ce côté-ci de la fleur et du nuage.

 

Le temps, c’est la mémoire. L’extase est hors du temps. La félicité de la méditation ne s’inscrit pas dans la durée. La joie devient plaisir dès qu’elle a une continuité. A l’aune du temps des horloges, la félicité de la méditation n’est rien qu’une seconde, mais dans cette seconde s’inscrit le mouvement global de la vie hors le temps, mouvement qui n’a ni commencement ni fin. Dans la méditation, une seconde, c’est l’infini.

 

Soyez loin. Loin de cet univers de chaos et de malheur, tout en vivant en son sein, sans pour autant qu’il vous atteigne. Cela n’est possible qu’à condition d’avoir l’esprit méditatif, un esprit qui tourne son regard de l’autre côté de la fleur, vers l’autre versant du nuage. L’esprit méditatif n’est lié ni au passé ni au futur, tout en jouissant de la pleine capacité de vivre en toute clarté et en toute raison dans ce monde. Le monde n’est que désordre : il n’a pour seul ordre que le désordre et pour seule morale que l’immoralité. Dans un tel univers, vaine est la quête d’une clarté et de sa mise en ordre au profit de ce monde. A peine mise en œuvre, elle se change en ténèbres. La nature de cette clarté est sa vacuité même. C’est parce qu’elle est vide qu’elle est claire ; c’est parce qu’elle est négative qu’elle est positive. Sans savoir où vous êtes, soyez loin. Là où la notion de vous et moi n’a plus cours.

 

La mort ne concerne que ceux qui possèdent, ceux qui ont une sépulture où reposer. La vie est un mouvement évoluant dans la relation et l’attachement ; la négation de ce mouvement est la mort. N’ayez ni refuge extérieur, ni refuge intérieur ; ayez une chambre, une maison, ou une famille, mais n’en faites pas une cachette, un moyen de vous fuir vous-même. Le havre que s’est créé votre esprit, en cultivant la vertu, en se livrant à la superstition des croyances, en s’exerçant à la maîtrise habile du savoir-faire ou se lançant dans l’activité, débouchera inévitablement sur la mort. Impossible d’échapper à la mort si vous appartenez à ce monde, à cette Société dont vous faites partie. Cet homme, qui est mort, là, tout près de chez vous, ou à des milliers de kilomètres, c’est vous ; depuis des années, il prépare sa mort avec le plus grand soin, comme vous. C’est ce qu’il appelle vivre — comme vous — que ce soit une vie d’efforts, une vie de souffrance, ou une plaisante comédie. Mais la mort est toujours présente, aux aguets, à l’affût. Celui qui meurt chaque jour, en revanche, est au-delà de la mort.

 

Mourir, c’est aimer. La beauté de l’amour n’est ni dans les souvenirs passés ni dans les images projetées dans l’avenir. L’amour ne possède ni passé ni futur. Tout ce qui possède est mémoire, et la pensée, c’est le plaisir — qui n’est point l’amour. L’amour, avec sa passion, est juste au-delà de cette zone où évolue la société — c’est-à-dire vous. Mourez — et il est là.

 

La méditation est à la fois un mouvement de l’inconnu et dans l’inconnu. Ce n’est pas vous qui êtes là, mais rien que le mouvement. Vous êtes trop insignifiant, ou trop grand pour ce mouvement que rien précède ni ne suit. Il est cette énergie avec laquelle la pensée-matière ne peut entrer en contact. La pensée est perversion car elle est le produit du passé ; elle est prisonnière des vicissitudes de tous les siècles passés, d’où son caractère confus et incertain. Quoi que vous fassiez, le connu ne pourra jamais accéder à l’inconnu. La méditation, c’est mourir au connu.

 

Il faut puiser aux sources du silence pour regarder et écouter. Le silence, ce n’est pas la cessation du bruit ; le silence, ce n’est pas l’arrêt du vacarme incessant de l’esprit et du cœur ; ce n’est pas le produit ni le résultat du désir, pas plus qu’un effet de la volonté. La conscience, dans sa globalité, est un mouvement incessant et bruyant, évoluant dans des limites qu’elle s’impose elle-même. Dans ce cadre-là, tout silence ou immobilité est la cessation momentanée du bavardage, mais c’est un silence touché par le temps. Le temps, c’est la mémoire, et pour elle, le silence est de plus ou moins longue durée ; le temps et la mémoire peuvent le mesurer, lui offrir un espace, lui donner une continuité — il devient alors un jouet de plus. Mais le silence, ce n’est pas cela. Tout ce qui est élaboré par la pensée reste du domaine du bruit, et la pensée ne peut absolument pas faire silence. Elle peut se forger une image du silence et s’y conformer, la vénérer, comme elle fait pour tant d’autres images de sa fabrication.

 

 Ayant fait du silence une formule, elle le nie par là-même ; les symboles qu’elle élabore sont la négation même de la réalité. Pour que soit le silence, la pensée elle-même doit être immobile et silencieuse. Le silence, à l’opposé de la pensée, est toujours neuf. La pensée, étant toujours vieille, ne peut en aucun cas pénétrer le silence, qui est toujours neuf. Ce qui est neuf devient vieux dès que la pensée le touche. C’est en puisant aux sources de ce silence qu’il faut regarder et parler. L’anonymat véritable est issu du silence ; nulle autre humilité n’existe. Les vaniteux seront toujours des vaniteux, même s’ils se drapent dans l’humilité, ce qui fait d’eux des êtres durs et cassants. Jailli de ce silence, le mot amour prend un tout autre sens. Ce silence n’est pas là-bas quelque part : il est là où n’est point le bruit que fait l’observateur absolu.

 

Seule l’innocence peut être passionnée. Les innocents ignorent la douleur, la souffrance, même s’ils ont vécu des milliers d’expériences. Ce ne sont pas les expériences qui corrompent l’esprit, mais les traces qu’elles laissent, les résidus, les cicatrices, les souvenirs. Ils s’accumulent, s’entassent les uns sur les autres, c’est alors que commence la souffrance. Cette souffrance, c’est le temps. Le temps ne peut cohabiter avec l’innocence. La passion ne naît pas de la souffrance. La souffrance, c’est l’expérience, l’expérience de la vie quotidienne, cette vie de tortures, de plaisirs éphémères, de peurs et de certitudes. Nul ne peut échapper à ces expériences, mais rien n’oblige à les laisser s’enraciner dans le terreau de notre esprit. Ce sont ces racines qui suscitent les problèmes, les conflits et les luttes incessantes. La seule issue, c’est de mourir chaque jour au jour précédent. Seul un esprit clair peut être passionné. Sans passion, on ne voit ni la brise qui joue dans le feuillage, ni l’eau éclaboussée par le soleil. Sans passion, point d’amour. »

 

On y trouve :


« Écouter la connaissance de soi, le devenir, la croyance, la dépendance, l’attachement, la peur, la passion, les mots, l’énergie, la conscience sans choix, la violence, le bonheur, la souffrance, la vérité, la réalité, l’intellect, la pensée, le savoir, l’esprit, le temps, la vie, la mort, la renaissance, la solitude, la religion, la méditation, l’amour etc…

 

kundalinI – le lien du feu

Mikaël manor

Edition TREDANIEL

 1993

Kundalini-Shakti est le nom donné à l’énergie vitale et fondamentale, elle anime tous les niveaux de l’être, qu’il soit particulier ou universel. Kundalini signifie « la lovée ». Cette énergie, présente dans l’individu, est symbolisée sous la forme d’un serpent qui réside dans le centre subtil de la base, situé au bas de la colonne vertébrale. Ce serpent est, dit-on, enroulé trois fois et demi autour d’un Linga noir (le Svayambhu Linga), sa tête reposant, endormie, sur le sommet du linga.

 

Le Linga de la base, de couleur noire, est vu comme une pierre oblongue, édifiée vers le haut. Il contient tout ce qui existe sous son aspect inconscient et inconnu. Linga signifie ‘phallus’ ou plus généralement ‘signe distinctif’ et encore plus fondamentalement : ‘singularité’. Svayambhu signifie ‘né de lui-même’ ou ‘auto-engendré’, à savoir quelqu’un qui n’a pas de parents, n’a pas d’origine connue, ou plus fondamentalement qui n’est pas conditionné par quelque chose qui lui serait extérieur.

 

L’énergie de la Kundalini réside endormie dans les profondeurs de l’être. Elle dispense de ce fait un poison de somnolence (Vishà) qui engourdit l’individu et le maintien vivant comme dans un rêve. Mais ce serpent, dit-on, ne dort que d’un œil, et il se trouve en fait intéressé par certaines expériences qui, si elles se manifestent chez l’individu, vont alors comme le réveiller, et le faire se dresser. Ces expériences peuvent être provoquées par le Yoga, mais également par les épreuves de la vie elle-même. Elles ont toutes en commun d’être reliées à des énergies intenses et extraordinaires, ces énergies mobilisant, d’une manière ou d’une autre, la vitalité profonde de l’individu (Ojas).

 

Le réveil de Kundalini-Shakti est justement la visée principale du Yoga tantrique. Ce réveil peut être provoqué de manière graduelle ou brusque, s’accompagner de connaissance ou laisser dans l’expectative. Ce réveil peut prendre différentes formes selon les individus et les moments de l’expérience, il peut prendre une intensité plus ou moins grande et manifester chez l’individu des symptômes différents. Ce réveil se réalise par des étapes plus ou moins longues au cours du temps, de la pratique, de la vie même de l’individu pour finalement se réaliser, dit-on, inévitablement au moment de la mort. Ces étapes sont comme autant de niveaux de l’énergie, qui s’étagent sous la forme de différents plexus (Chakra) le long de l’épine dorsale. En définitive, ce réveil échappe à toute logique et reste une expérience hors norme qu’il est impossible de codifier clairement.

 

Les textes et toutes les expériences relatées s’accordent toutefois pour donner une définition, semble-t-il concordante, de ce réveil de l’énergie primordiale. Elle est alors décrite comme la manifestation d’une énergie ascendante qui remonte le long de la colonne vertébrale pour s’épanouir, s’il y a expérience complète, jusqu’au sommet du crâne, dans le ciel de la conscience. À ce niveau, le réveil de l’énergie latente devient alors le véritable « éveil » de l’individu à sa propre nature. Il convient de noter quand même l’existence d’une forme d’énergie similaire, dite « des spectres », qui parcourt à l’inverse la colonne dans un sens descendant. Cette manifestation s’avère, dans le meilleur des cas, stérile et au pire déficiente, elle n’a pas d’intérêt véritable.

 

Quoiqu’il en soit, la Kundalini est bien ce fil conducteur d’une énergie qui est faite entière connaissance de Soi. Dans le Tantrisme, toute connaissance, toute réalisation, s’accompagne toujours de l’énergie correspondante qui lui est immanquablement associée. Cette énergie est bien la seule capable de connaître véritablement notre nature profonde et immuable. En effet, c’est seulement grâce à cette énergie, à nulle autre pareille, que l’individu pourra goûter véritablement, toucher de manière tangible, et enfin s’emparer de sa véritable identité : le Soi de tous les êtres et de tout l’univers, le microcosme identique au macrocosme, l’individu identique à l’univers. Cette identité se ressent comme une magnificence faite immensité et richesse infinie, et l’énergie qui lui est immanente en est sa propre prise de conscience.



Pour le Tantrisme, le Kundalini Yoga est le système de Yoga le plus important et se décompose en trois : Parâ Kundalini Yoga, Cit Kundalini Yoga et Prâna Kundalini Yoga. Parâ Kundalini Yoga est le suprême Yoga mis en œuvre par le Seigneur Shiva au niveau du corps cosmique et non du corps individuel. La suprême Kundalini est de nature cosmique et les yogis ne peuvent la connaître ni en avoir l’expérience. En sa présence, le corps ne peut pas subsister, on ne la connaît qu’au moment de la mort. Elle est le cœur de Shiva, l’univers entier est créé par la Parâ Kundalini et existe en son sein, c’est par elle qu’il est animé et en elle qu’il est résorbé.

 

La Cit Kundalini est celle dont les Yogis font l’expérience en se concentrant sur le vide interstitiel séparant deux respirations, deux pensées, deux actions, séparant la disparition d’une chose et l’apparition d’une autre. Lorsque la Cit Kundalini s’éveille vers le haut, à ce moment le yogi est rempli d’une béatitude intense. Ce bonheur est une béatitude analogue au plaisir sexuel, mais le bonheur éprouvé en Cit Kundalini est infiniment plus intense que celui éprouvé dans l’expérience sexuelle. En outre cette extase s’accompagne de la réalisation du Soi, vous reconnaissez votre véritable nature et vous éprouvez : « Je ne suis que béatitude et conscience ».

 

Lorsqu’un Yogi garde trace de l’éveil de la Cit Kundalini en lui durant ses activités, l’acte sexuel peut être normalement accompli, mais il n’y a pas émission de fluide lors de l’orgasme, car la jouissance sexuelle est complètement surpassée par l'énergie immanente du corps subtil, elle se trouve alors véritablement absorbée vers le haut par l’énergie de la Kundalini qui maintient ouverte la voie médiane dans le corps énergétique. La Prâna Kundalini entre en jeu, elle aussi, au cours du processus d’installation dans le centre, mais elle se manifeste seulement chez les Yogis qui, en plus de la spiritualité, sont aussi attachés aux plaisirs de ce monde.  La grande différence entre Prâna et Cit Kundalini est que seule cette dernière peut passer Urna, la pierre (lapis lazulite), qui, dans le front, barre l’accès à la porte située au niveau de la fontanelle ou Brahmârandhra Chakra.


Y est développé : le Yoga – la Conscience divine – l’Éveil de la conscience – les Bandhas – les Pranayamas – les Asanas – les Mudras – les Mantras – les Kriyas – la Méditation et la Relaxation.

 

kundalinî – l’Ḗnergie dEs profondeurs

Lilian silburn

Edition LES DEUX OCÉANS

 1983

La Kundalini, cet axe dressé au centre même de la personne et de l’univers, est à l’origine de la puissance de l’homme dont elle draine et épanouit les énergies.

 

Plutôt que sur les pouvoirs extraordinaires habituellement décrits dans nombre d’ouvrages souvent très fantaisistes, l’auteur s’est attaché ici, suivant en cela les maîtres des écoles non-dualistes du Sivaïsme du Cachemire, à mettre l’accent sur l’apaisement qu’elle confère.


Si les témoignages et les études se multiplient actuellement sur ce sujet, ils restent trop souvent sans rapport avec la réalité sur l’expérience ; la plupart des phénomènes qu’on y trouve relèvent de troubles psychiques, de fantaisies de l’imagination ou de la tension due aux efforts d’une concentration trop prolongée…


L’auteur a réuni dans cet ouvrage des extraits relatifs à la Kundalini et conformes à l’enseignement des écoles non dualistes kaula, trika et krama afin de proposer une vue d’ensemble cohérente.

 

Cette étude se présente donc sous la forme de traductions et d’explications de textes ; elle s’inspire essentiellement de l’œuvre capitale du grand mystique cachemirien du Xème siècle Abhinavagupta : le Trantrâloka (Lumière sur les Tandra) et de la glose qu’en fit Jayaratha. Un tel choix concerne les plus hautes initiations intérieures d’ordre mystique.

Il est à noter que les textes choisis diffèrent des descriptions du Hathayoga et de nombreux Tantra sivaïtes, bouddhistes ou visnouites habituellement exposés et mieux connus.

 

KUNDALINI. LE SECRET DE LA VIE

SWAMI MUKRANANDA

Edition SARASWATI

 1995

Plaquette de 50 pages expliquant selon la tradition hindoue, la formidable énergie qu’est la Kundalini. Cette Energie qui détient le secret de l’expérience spirituelle sur laquelle repose toute véritable religion est en Asie au centre de tous les enseignements, qu’ils soient bouddhistes ou Hindouistes.

 

Qu’est-ce que l’énergie Kundalini ? La kundalini est une énergie latente qui se situe à la base de la colonne vertébrale au niveau du Muladhara (premier chakra ou chakra racine). C’est un potentiel énergétique puissant, présent et latent en chaque être humain. Quand cette énergie est réveillée et qu’elle commence à circuler elle nous permet d’accéder à notre « vrai potentiel », d’avoir une vision de la vie et de la réalité différentes. Tout devient beaucoup plus simple et facile. Nous commençons à mieux maitriser notre énergie et avons une plus grande capacité de discernement. Réveiller son énergie Kundalini c’est réveiller son âme. Lorsqu’elle circule, nous la réglons pour qu’elle rencontre la moelle épinière.

 

 Puis nous la faisons frapper le Muladhara. Nous traversons alors ce nœud, ou blocage de la puissance de la kundalini. Au moment ou cela arrive, elle n’a pas d’autre option que de monter. Au moment où elle monte, nous sommes bénis, puis l’ordinateur fonctionne!

 

La montée de la Kundalini est quelque chose de scientifique qui n’a rien à avoir avec le mystique ou quelque chose qu’on ne peut pas expliquer. Il n’y a pas de secret. En vingt, trente jours si on pratique de façon honnête pendant une heure ou deux par jour chaque jour on peut y arriver.

 

Si la Kundalini circule correctement, il nous est possible d’avoir une vie saine, d’être heureux, créatifs, en pleine forme et de s’adapter pleinement dans notre société.

 

Kundalini - l’Ḗveil de la kundalini

Marc-Alain descamps

Edition ALPHEE

 2006

Le Yoga et le Tantrisme viennent de révéler aux Occidentaux l’étrange secret de l’éveil de la Kundalini, cette énergie lumineuse ascendante qui remonte soudan le long de la colonne vertébrale.


Elle transforme complètement l’être, le branche sur une autre réalité, lui donne une nouvelle vision du monde et souvent des pouvoirs prodigieux.


Les montées sauvages de Kundalini se multiplient à notre époque et provoquent des malaises divers, mais encore trop de médecins et psychiatres ne savent pas les reconnaître.


Pourtant le plus stupéfiant est que la science confirme complètement cette découverte par la notion expérimentale de physiokundalini.


On trouvera ici l’étude scientifique de la Kundalini, ainsi qu’un manuel pratique pour accéder à cette expérience selon la méthode qui convient à chacun.

 

KUNDALINI - MERVEILLEUSE KUNDALINI - UN PONT ENTRE LES RÉALITÉS DANS UN MONDE EN MUTATION

Régine Degrémont

Editions Chariot d’Or

 2013

La Kundalini, cet Axis Mundi au cœur de l’être et de l’Univers, se révèle être le canal d’une puissance infinie, dont elle focalise et exprime les potentialités de l’énergie.

L’éveil de la Kundalini manifeste le réveil de l’énergie cosmo-tellurique lovée au repos, en chaque être humain. Cette énergie est à la source de tous les pouvoirs et de toute la force humaine et divine.

Cette puissance représente le Graal, son existence a été entretenue vivante dans la psyché collective par le biais des mythes, des légendes et des contes de toutes cultures. Cette Kundalini est malgré tout difficile à appréhender, à expliquer et surtout à la mettre en mouvement.

Le but de cet ouvrage est donc de faire prendre conscience au lecteur ce qu’est cette force énergétique, d’apprendre pourquoi s’en servir et comment s’en servir dans notre vie quotidienne afin d’essayer de nous sortir de ce matérialisme stressant, de cette société boulimique d’énergie nuisible et néfaste, de trouver un équilibre physique et mental afin de mieux vivre notre vie de tous les jours et surtout notre vie spirituelle.

La plupart des traditions religieuses, mystiques ou tribales de par le monde font état du processus d’élévation de la Kundalini en tant que force suprême révélée aux adeptes dans la pratique d’ascèses, de sadhanas, de rituels, de transmission, de méditations ou de prières, sa présence est au-delà de l’espace et du temps.

Le serpent –symbole privilégie de la Kundalini- était dépeint dans l’art sacré égyptien par un cobra érigé, ou un couple de cobras, lovés parfois autour d’un bâton, et par l’Uraeus, la coiffure de cobra de la puissance divine. Il surmontait également le casque de guerre des pharaons en tant que serpent-force maîtrisé situé au 3e œil.

Le livre des morts égyptien, quant à lui, fait mention d’un « fluide vital du serpent de feu qui se trouve dans l’épine dorsale, c’est ce fluide qui est le souffle de la vie que le prêtre transmet en imposant les mains sur la nuque du défunt que l’on veut réchauffer et recouvrir de la chaleur d’Isis ».

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : Définition de la Kundalini : Essai de définition dans la tradition

Chapitre 2 : Structures d’expression de la Kundalini : La Kundalini planétaire – Le corps physique, éthérique, émotionnel, mental, causal, divin et supra-divin - les principaux Chakras et les nadis - le système nerveux et les ondes électromagnétiques –

Chapitre 3 : Manifestations de la Kundalini : Kundalini latente et active, cosmique et tellurique - L’éveil de la Kundalini – les facteurs émotionnels et physiques - les éléments terre, feu, air et terre et leurs rapports avec les chakras - les 7 chakras principaux et leurs caractéristiques - les processus de l’œuvre - évolution des phénomènes - les polarités féminines et masculines - accompagnement de l’éveil et entretenir les montées d’énergie - le barattage de l’énergie par le souffle, le son, la danse la sexualité et l’intention consciente - l’ayahuesca - les Expériences de mort imminente (E.M.I.) - l’effet laser -

Chapitre 4 : Les témoignages d’éveils spontanés

Chapitre 5 : Transformations induites par la Kundalini : Les victoires de la Kundalini sur l’égo - Créativité, réalisation, multidimensionnalité et annales akashiques - ADN -

Un excellent livre qui avec des mots simples explique cette kundalini

 

kyudo – un tir – une vie

M. martin

Edition AMPHORA

1990

« KYUDO » de M. Martin est le premier livre de Kyudo écrit en français. Il est appelé à ce titre à devenir un ouvrage de référence, non seulement à l’usage des Kyudoka francophones, mais aussi des Orientalistes et de tous ceux qui s’intéressent à « La Tradition ».


M. Martin décrit son expérience, ses huit ans au Japon, et la rencontre avec son Maître : Anzawa SENSEÏ, 10ème Dan Hanshi.

Un historique complet permet de suivre l’évolution de cette discipline qui révère encore l’arc. Un important chapitre est réservé à la partie technique partie essentielle tant pour le débutant que pour l’instructeur.


Les rapports entre le Kyudo et les différents courants philosophiques et religieux comme le Chamanisme, le Confucianisme, le Taoïsme et le Bouddhisme Zen sont clairement expliqués. On y découvrira aussi l’importance de la symbolique de l’arc, une étude sur les rapports Maître élève et l’expérience de E. Herrigel avec Maître Awa : mais surtout : l’enseignement de Maître Awa, transmis par Maître Anzawa.

Maître Onuma, qui vient de nous quitter, nous a lui aussi laissé la quintessence de sa pensée : « L’École de la non-École, la religion sans mot ».


Pour tous ceux qui cherchent une Voie authentique, ce livre est indispensable.


M. Martin nous dévoile à travers l’enseignement qu’il propose son approche personnelle du « Shado » (la Voie du Tir Intérieur) qui se résume par cette pensée de Maître AWA : « Isha Set-sume » (Un Tir, Une Vie).

20 L

la bhagavad - gÎtÂ

Anna kamensky

Edition COURRIER DU LIVRE

1964

La Bhagavad Gîtâ est un livre universel. On dénombre plus de 200 éditions en 32 langues. C’est depuis 2000 ans un livre sacré pour les hindous. Quantitativement, ce texte est un petit fragment de 700 versets du Mahabharata qui est un immense poème épique. Qualitativement la Bhagavad Gîtâ en est le fleuron, la quintessence. Elle offre une multitude de possibilités, de moyens et de voies, sans jamais s’écarter de l’Unité essentielle de son enseignement.

 

Dire qu’elle est une synthèse de toutes les vues philosophiques, psychologiques, métaphysiques, mystiques, religieuses, techniques de la tradition hindoue, ne rendrait pas compte de ce qu’elle est. Le mérite de la présente traduction, faite d’après le texte sanskrit par Mme A. Kamensky, est d’avoir donné les principales variantes des divers traducteurs et fait des rapprochements pertinents avec les écritures de diverses Upanishads et de la Bible.

 

Subba Row, le savant Brahmane théosophe, dit dans ses « Notes on the Bhagavad-Gîtâ » (cf. The Theosophist, vol. 8, page 299) : « Krishna était censé représenter le Logos... et Arjuna, nommé Nara, la monade humaine. » Nara signifie aussi Homme. La prétendue origine céleste des deux branches de la famille, les Kuru et les Pândava, est en parfait accord avec cette interprétation ; le corps, ou Dhritarâshtra, étant purement matériel et symbolisant le plan inférieur où le développement se produit, les Kuru et les Pândava représentent l'héritage transmis à l'humanité par les êtres célestes auxquels Madame Blavatsky fait si souvent allusion dans la Doctrine Secrète, les Kuru, tendant à la matérialité, les Pândava étant spirituels. Ainsi les Kuru, partie inférieure de notre nature développée la première, obtiennent momentanément le pouvoir sur ce plan, et l'un d'entre eux, Duryodhana, « prévaut » ; les Pândava — ou les aspects les plus spirituels de notre nature — sont donc temporairement expulsés du pays, c'est-à-dire éloignés du gouvernement de l'individu. Les « longues migrations et épreuves variées » des Pândava sont les migrations causées par les nécessités de l'évolution avant que les aspects supérieurs puissent prendre sous contrôle la lutte évolutive de l'Homme. Ceci se rapporte également à l'ascension et à la chute cyclique des nations et de la race.

 

Ce sont ces deux groupes de facultés et de puissances humaines — d'une part, celles qui tendent vers le côté matériel et, de l'autre, celles qui aspirent à l'illumination spirituelle — qui sont représentés par les armées hostiles en présence dans la plaine des Kuru. Cette bataille se rapporte non seulement à la grande guerre poursuivie par l'humanité dans son ensemble, mais aussi à la lutte qui devient inévitable aussitôt qu'une unité de la famille humaine prend la résolution de se laisser guider par sa nature supérieure. En prenant donc en considération les suggestions de Subba Row, nous voyons qu'Arjuna, surnommé Nara, représente non seulement l'Homme, en tant que race, mais aussi tout individu décidé à entreprendre la tâche de développer sa nature supérieure. L'expérience d'Arjuna décrite dans le poème sera donc inévitablement vécue par quiconque suivra le même chemin. Il verra se dresser devant lui l'opposition des amis, de toutes ses habitudes acquises, et de ce qui provient naturellement des tendances héréditaires ; sa réussite, ou son échec, dépendra de la manière dont il prêtera l'oreille à Krishna, le Logos, qui brille et parle intérieurement. À l'aide de ces suggestions, celui qui étudie la Gîtâ trouvera que le sens mythologique et allégorique donné par Thomson et d'autres auteurs est important et non un simple ornement superflu et trompeur comme certains le pensent.

 

La seule édition de la Bhagavad-Gîtâ accessible aux étudiants théosophes dont les crédits sont limités était celle publiée à Bombay par Frère Tookaram Tatya (M.S.T.)  dont les efforts dans ce sens méritent les plus grandes louanges. Mais cette publication n'était qu'une réédition de la première traduction anglaise faite par Wilkins il y a 100 ans. Les nombreuses erreurs typographiques et les interprétations obscures, si fréquentes dans la réédition de Wilkins, ainsi que la grande importance accordée récemment à la Bhagavad-Gîtâ par tous les membres de la Theosophical Society en Amérique imposaient une nouvelle édition. C'est pour répondre à ce besoin que la présente publication a été faite. Elle est le résultat d'une comparaison minutieuse de toutes les éditions anglaises ; chaque fois que les différentes interprétations consultées faisaient apparaître une obscurité ou une omission évidente, le passage douteux a été intégralement retraduit de l'original.

 

Les mérites de la Bhagavad-Gîtâ se suffisant à eux-mêmes, il n'a pas été ajouté le moindre commentaire, afin de laisser à chaque chercheur le soin d'en approfondir le sens au fur et à mesure qu'il progresse. L'auteur de cette édition est d'avis que le poème peut être interprété de plusieurs façons, selon le point de vue adopté, soit comme se rapportant à l'individu, à la cosmogénèse, à l'évolution du monde astral ou aux Hiérarchies dans la Nature, soit encore à la nature morale, et ainsi de suite. Y joindre le moindre commentaire serait audacieux, à moins qu'il ne soit d'un sage tel que Shankarâchârya ; le poème est donc donné sans altération.

 

La Bhagavad-Gîtâ tend à inculquer deux choses à l'individu : d'abord, l'oubli de soi, puis l'action. De l'étude de ce poème et de son application à la vie naîtra la croyance qu'il y a un seul Esprit et non plusieurs ; que nous ne pouvons pas vivre pour nous seuls, mais devons arriver à réaliser qu'il n'y a pas de séparativité et qu'on ne peut se soustraire au karma collectif de la race à laquelle on appartient et, finalement, que nous devons penser et agir conformément à cette croyance.

 

Ce poème est tenu dans la plus haute estime par toutes les sectes de l'Hindoustan, musulmanes et chrétiennes mises à part. Il a été traduit en plusieurs langues, tant asiatiques qu'européennes, et il est actuellement lu dans le monde entier par des centaines de théosophes sincères. C'est à ces derniers, ainsi qu'à tous ceux qui aiment réellement leurs semblables et aspirent à apprendre et à enseigner la science de la consécration que cette édition de la Bhagavad-Gîtâ est offerte

 

la bhagavad – gÎTÂ telle qu’elle est

bhaktivedanta swani prabhupala

Edition BHAKTIVEDANTA

 1975

« si l’on doit nous accorder un mérite personnel, que ce soit seulement d’essayer de présenter la Bhagavad – gita telle qu’elle est, sans modification aucune. » sa divine grâce a.c. bhakti vedanta Swani Prabhupada « l’original du présent ouvrage est dû à la plume du Svâmi bhakti vedanta. il est rédigé en français et en anglais, langue dont le Svâmi a la pleine maitrise, en même temps que celle du sanskrit et du bengali. le grand intérêt de la lecture de la Bhagavad – gita tient donc à ce qu’elle nous propose une interprétation autorisée du livre sacre selon les normes de la tradition Caitanyenne.

 

Les bases philosophiques du Mouvement pour la Conscience de Krisna sont tout entières contenues dans cet Ecrit sacré. Le caractère naturel et authentique de la voie que représente ce Mouvement se trouve par-là établi, caractère d'ailleurs confirmé à travers l'histoire par les plus grands achâryas. Mouvement très apprécié des jeunes, il recueille aussi un intérêt croissant de la part de générations plus anciennes.

 

Plusieurs pères et mères de nos disciples nous ont exprimé leur gratitude pour diriger à travers le monde le Mouvement pour la Conscience de Krisna. Nombre d'entre eux affirment qu'ils voient en ce Mouvement une grande bénédiction pour les peuples de l'Occident. Mais au vrai, c'est Krisna Lui-même qui en est le père originel, car II l'établit voici bien longtemps; et il fut maintenu à travers le temps, donné à l'humanité d'âge en âge, par une succession de maîtres.

 

Si, dans la fondation et la conduite de ce Mouvement, on nous accorde quelque mérite, ce mérite, nous le contestons et l'attribuons à notre maître spirituel éternel. Sa Divine Grâce Om Visnupada Paramahamsa Parivrajaka Acârya Astottara Sata Sri Srimad Bhaktisiddanta Sarasvati Gosvami Maharaja Prabhupada. Si l'on doit nous accorder un mérite personnel, que ce soit seulement d'essayer de présenter la Bhagavad-gita "telle qu'elle est", sans modification aucune. En effet, presque toutes les éditions de la Bhagavad-gita qui précédèrent la nôtre furent introduites dans les pays occidentaux par des commentateurs qui voulaient satisfaire leurs ambitions personnelles.

Pour nous, en présentant cette Bhagavad-gita "telle qu'elle est", nous avons tenté seulement de transmettre le message de Sri Krisna, Dieu, la Personne Suprême. Nous ne faisons ici que présenter la volonté de Krisna, et non celle de quelque exégète enclin à la spéculation intellectuelle, homme politique, philosophe, ou savant; car ces gens, s'ils possèdent un vaste savoir en tant de domaines, n'ont guère connaissance de Krisna. Lorsque dans la Bhagavad-gita Krisna dit: man-mana bhava mad-bhakto mad-yaji mam namaskuru, "Voue-Moi ton adoration», nous n'affirmons pas, au contraire des pseudo- érudits, qu'Il parle de quelque vérité à l'intérieur de Lui-même, vérité qui différerait de Sa Personne. Krisna est absolu, et nulle différence n'existe donc entre Lui-même, Son Nom, Sa Forme, Ses Attributs, Ses Divertissements, etc.

 

Or, cette nature absolue de Krisna, il est bien difficile de la comprendre pour qui n'est pas Son dévot et n'appartient pas à la parampara (la succession disciplique). Les pseudo-érudits, politiciens, philosophes et swamis, dépourvus de la connaissance parfaite de Krisna, essaient en réalité, par leurs commentaires sur la Bhagavad-gita, de "faire disparaître" Krisna, ou de Le "mettre de côté". De tels commentaires, non autorisés, on les connaît en Inde sous le nom de mayavadî-bhasyas, et Sri Caitanya Mahaprabhu nous a avertis du danger vivant que représentent leurs auteurs. Il le dit clairement: quiconque essaie de comprendre la Bhagavad-gita en s'inspirant de commentaires mayavadis est dans l'erreur la plus grossière. L'étudiant malheureux qui la commet sera certes mis en déroute sur la voie de la réalisation spirituelle; il ne pourra connaître le retour à Dieu, en sa demeure première.

 

En présentant cette Bhagavad-gita "telle qu'elle est", notre seul motif est donc d'offrir à l'étudiant encore conditionné une direction spirituelle, qui le mènera au but même que Krisna destine aux êtres lorsqu'à chaque jour de Brahma (ou à chaque cycle de 8 640 000 000 d'années) II descend sur notre planète. Ce but, la Bhagavad-gita elle-même l'enseigne, et nous devons accepter cet enseignement tel qu'il est; faute de quoi, on chercherait en vain à comprendre la Bhagavad-gita, à comprendre la vraie nature de Celui qui l'énonça, Sri Krisna. Le Seigneur, Sri Krisna, enseigna d'abord la Bhagavad- gita au Deva du soleil, il y a quelques centaines de millions d'années. Nous devons accepter ce fait en nous basant sur la parole même de Krisna; c'est ainsi que nous saisirons sans fausse interprétation la teneur historique de la Bhagavad-gita. Interpréter la Bhagavad-gita sans se référer à la volonté de Krisna, c'est commettre la plus grande des offenses. Et afin de se garder d'une telle offense, l'on doit, comme le fit directement Arjuna, premier disciple du Seigneur, comprendre que Krisna n'est autre que Dieu, la Personne Suprême. Saisir le sens de la Bhagavad-gita en pleine conscience de cette vérité constitue certes la voie authentique par quoi servir le bien de l'humanité, par quoi aider l'homme à s'acquitter de la mission qu'il a reçue en naissant comme tel.

 

Parce qu'elle offre d'atteindre la plus haute perfection de l'existence, la Conscience de Krisna joue un rôle essentiel dans la société humaine. Et comment offre-t-elle cette plus haute perfection? C'est ce qu'explique en profondeur la Bhagavad-gita. Malheureusement, certains ergoteurs matérialistes ont utilisé la Bhagavad-gita pour appuyer leurs tendances démoniaques et égarer les hommes en ce qui a trait à la juste compréhension des simples principes de l'existence. Tous devraient connaître la grandeur de Dieu, Krisna, de même que la position véritable des êtres vivants. Il convient de savoir qu'éternellement, l'être distinct doit servir quelqu'un ou quelque chose: s'il refuse de servir Krisna, il devra servir l'illusion, sous les diverses formes qu'engendre la combinaison des trois gunas, les influences de la nature matérielle. Illusionné, le voici à jamais pris dans le cycle des morts et des renaissances, auquel même le mayavadi, qui s'en proclame libre, reste soumis. Savoir cela constitue une grande science, que tout homme se doit, dans son propre intérêt, de recevoir.

 

La masse des gens, particulièrement en notre ère, l’âge de Kali, sont fascinés par l'énergie externe de Krisna, et, sous son envoûtement, s'imaginent qu'en multipliant le confort matériel, l'homme trouvera le bonheur. Ils ignorent la grande puissance de cette énergie externe, de la nature matérielle, dont les lois strictes enchaînent les êtres à la matière. L'être vivant fait partie intégrante du Seigneur, il participe de Sa nature heureuse; par suite, sa fonction naturelle est de spontanément s'offrir au service du Seigneur. Ensorcelé par l'illusion, il s'efforce d'atteindre le bonheur en servant le plaisir de ses propres sens; mais cette recherche du plaisir, qu'il mène par des voies diverses, ne lui apportera jamais le bonheur. Il lui faut chercher à satisfaire les Sens du Seigneur, et non les siens propres, matériels. Telle est la plus haute perfection de l'existence. Car c'est là le désir du Seigneur, Sa requête à l'être distinct. Ce principe, avant tout satisfaire le Seigneur, représente le point central, le message essentiel de la Bhagavad-gita, message qu'il nous faut comprendre, et que s'efforce de répandre à travers le monde notre Mouvement pour la Conscience de Krisna. Parce que nous nous gardons de souiller d'interprétations la Bhagavad-gita "telle qu'elle est", quiconque cherche sérieusement le bénéfice qu'apporte son étude doit recourir au Mouvement pour la Conscience de Krisna. C'est seulement de cette manière que l'on accédera à un entendement pratique des enseignements qu'elle contient, et ce, sous la direction personnelle du Seigneur

 

mahatma Gandhi : « je puise dans la Bhagavad – gita un réconfort que je ne trouve pas ailleurs, même dans le sermon sur la montagne. quand le découragement m’assaille, et que dans ma solitude, nul rayon de lumière ne m’éclaire, je consulte la Bhagavad – gita. un verset pris au hasard me redonne le sourire lors de tragédies écrasantes – ma vie ne fut qu’une suite de tragédies extérieures – et si celles-ci n’ont laissé sur moi aucune trace visible, indélébile, c’est à l’enseignement de la Bhagavad – gita que je le dois. »

 

Hegel : « par la Bhagavad – gita nous pouvons atteindre une idée claire de ce qu’est la plus pratiquée, mais aussi la plus haute de toutes les religions de l’inde. »


andre Malraux : « la Bhagavad – gita, ce sont des paroles divines… l’action est nécessaire, car il faut que les desseins divins s’accomplissent : ce n’est pas toi qui va tuer tes parents, dit Krisna a Arjuna, c’est moi. et l’action est purifiée de la vie, si l’homme est en communion suffisante avec dieu pour la lui dédier comme un sacrifice. »

 

la citadelle des neiges

Matthieu Ricard

Edition Nil

 2005

à l’autre bout du monde, vivait un jeune garçon bhoutanais du nom de détchèn, qui signifie en tibétain «félicite de diamant». à l’égard de tous les êtres vivants, il montrait des qualités de générosité et de compassion exceptionnelles ; mais il grandissait comme les autres enfants de son village, au pied de l’Himalaya. puis un jour, son oncle vint le chercher et proposa de l’emmener à la citadelle des neiges.


Ainsi commença le voyage initiatique et spirituel qui, au cœur d’une nature grandiose, allait mener détchèn sur le chemin de l’éveil. ce lieu sacre du bouddhisme, « si loin des hommes, si près des dieux », vous ne le trouverez sur aucune carte, et pourtant il existe… Matthieu Ricard l’a réinvente pour ne pas troubler son infinie quiétude.


Un conte empreint de sagesse et de poésie, qui parle à nos cœurs et nous ouvre les chemins de la sérénité.

 

la connaissance transcendante

David Néel et lama Yongden

Edition Adyar

 1983 / 2000

1983: le livre écrit avec son fils adoptif nous invite à voyager dans l’univers bouddhiste et nous apprend par exemple pourquoi et comment on peut renoncer au nirvana en devenant bodhisattva, cela par compassion et amour des autres. 2000: un livre domine toute la littérature philosophique et religieuse du Tibet c’est le « prajnaparamita » les « perfections » enseignées par le bouddha lui-même. les auteurs nous exposent quelques-uns de ces enseignements essentiels, auxquels sont ajoutées les notions propres au Tibet.

 

Le Nirvana est un concept clé du Bouddhisme, car il représente le but ultime de tous les Bouddhistes. Pour comprendre le Nirvana au cours de son initiation au bouddhisme, il est nécessaire d’aborder la question de la vie et de la mort dans le Bouddhisme.

 

Bouddha nous a appris que le monde dans lequel nous vivons est rempli d’attachements futiles qui semblent nous apporter le bonheur, mais au fond se révèlent être la source de nos malheurs. Parmi ces attachements figurent la richesse et les envies charnelles. Il s’agit de désirs qui ne seront jamais tout à fait comblés, car le plaisir qu’ils apportent est bref. Ainsi, nous en demanderons toujours plus pour continuer à nous sentir heureux. Aussi, nous devons nous détacher de ces désirs futiles afin de vivre en harmonie avec notre âme et pouvoir faire preuve de bonté envers autrui. Et lors de notre mort, nous serons récompensés pour nos actes et nous n’hériterons pas d’un mauvais karma, mais de la délivrance du cycle de réincarnation.

 

Ainsi, le Nirvana dans le Bouddhisme est cette étape où notre âme arrive à se détacher de tous les désirs du corps et où le cycle du Karma est interrompu pour faire place à l’Éveil, le même que celui du Bouddha et qui lui a permis de comprendre ce monde et de se détacher de ses contraintes.

 

Atteindre le Nirvana par la méditation : « Là où il n’y a rien, où rien ne peut être saisi, c’est l’île ultime. Je l’appelle le Nirvana. L’extinction complète de la vieillesse et de la mort. » Pour atteindre le Nirvana, un seul chemin s’offre aux Bouddhistes : le détachement de tous les désirs. C’est ici que les règles du Bouddhisme prennent tout leur sens, car elles constituent les outils pour atteindre le Nirvana. Pour réussir à renier ses désirs, le Bouddhiste ne travaille pas, il ne recherche pas la richesse, il ne succombe pas aux envies charnelles, il fait preuve de bonté envers les autres et il s’adonne à la méditation.

 

La méditation représente l’ultime moyen d’atteindre le Nirvana spécialement la méditation qui précède la mort. Lors de cette pratique, le Bouddhiste fait abstraction du monde afin de comprendre ce qui est important, ce qui possède une réelle valeur, et il renforce son esprit afin de faciliter la répression de ses envies.

 

LA  DANSE  DE ÇIVA  - 14  ESSAIS SUR L’INDE  -

Ananda K. Coomaraswamy

Edition   L’Harmattan

 2000

Coomaraswamy est un de ces géants hindous qui, nourris comme Tagore de la culture d'Europe et de celle d'Asie, se sont attachés à travailler pour l'union des pensées d'Orient et d'Occident pour le bien de l'humanité.

 

Son livre, dans une suite de quatorze essais, a pour objet de montrer la puissance de l'esprit à travers l'ample et calme métaphysique de l'Inde ainsi que les réponses que l'Inde a données aux problèmes de la vie.

 

Tout hindou considère Shiva comme "Le Bienveillant Seigneur". Or, chacun sait que Shiva est aussi le puissant Dieu Destructeur dont la danse Cosmique signe la fin des Mondes. Pour éclairer cette apparente contradiction, on doit rappeler que pour l'hindouisme, Création-Préservation-Destruction du Monde sont organisés selon un cycle qui se répète dans un intervalle de temps gigantesque.

De même, au niveau de la destinée humaine individuelle, il n'est aucun progrès spirituel qui ne demande le démantèlement de nos convictions ou attitudes. Dans un langage plus simple, pour devenir meilleur, il faut éliminer ce qui est moins bon, détruire pour reconstruire. Et l'élimination, c'est le travail de Shiva. Shiva est donc moins un Destructeur qu'un Transformateur, Celui qui, ayant éradiqué ce qui n'est pas adéquat en nous, nous permet de progresser. C'est pourquoi il est fondamentalement Bon et Bienveillant, même si les transformations auxquelles il nous invite sont douloureuses.

En ce sens, les épreuves de la vie, qu'elles soient fortuites ou conséquences de karma antérieurement acquis, peuvent, et même doivent, être comprises et vécues comme des opportunités de changements qu'il faut accepter. C'est souvent, sinon toujours, difficile. Nos conceptions d'occidentaux nourris d'idées sur le bonheur fabriquées par notre société de consommation, attachés au désir de "tout et tout de suite", font que ces façons de voir le monde sont difficilement acceptables.

Parmi les voies de transformation de l'être humain, le Yoga groupe un ensemble de méthodes élaborées sur le sol indien au fil des millénaires. On ne s'étonnera donc pas que Shiva soit la divinité d'élection des Yogi, puisque les pratiquants du Yoga visent une transformation radicale de leur être pour atteindre la fusion avec le plan divin (samadhi). Bien entendu, on ne pense pas ici aux formes "allégées" de Yoga que proposent la grande majorité des écoles de Yoga en Occident car elles ne transforment pas grand-chose. Au demeurant, le voudraient-elles qu'elles n'y parviendraient pas car les élèves baignent dans un environnement social, culturel, familial, etc. qui les lie... En un sens, c'est heureux, car ils ne sont pas prêts, sinon à être bernés par des sectes...

 

Les aspects, les formes de Shiva apparaissent soit bienveillantes, soit sévères selon la fonction qu'elles assument. Les formes sévères, qualifiées aussi de terribles, invitent aux changements, dissipent l'ignorance, détruisent ce qui est mauvais, ce qu'en langage imagé l'on nomme les démons. Ces formes sont regroupées sous le nom de Rudra. C'est pourquoi Shiva est le dieu des champs de bataille, des champs de crémation, des carrefours dangereux. Il y est souvent accompagné de démons, d'esprits malfaisants et de fantômes.

 

Shiva est "Celui qui est bon", ou encore "le Seigneur qui prête chance". Shiva-Rudra est Celui qui détruit le démon et la tristesse. Shiva-Shankara est le témoin de ce qui est bon. Shiva est "tri-netra", c'est à dire "le Seigneur aux trois yeux" pour voir l'Invisible. Il est aussi "Nila Kantha", "le Seigneur au cou bleu", en référence à la légende rapportant qu’il aurait bu le poison pour sauver le monde de la destruction. Shiva-Nâtaraja est le danseur cosmique et Shiva-Ardhanarîshvara est simultanément masculin et féminin (androgyne). Il est à la fois statique et dynamique, à la fois créateur et destructeur. Il est le plus vieux et le plus jeune, il est la jeunesse éternelle et le jeune enfant. Il est source de fertilité pour tous les êtres vivants. Shiva est le plus grand des renonçant, mais il est également l'amant idéal. Il accorde prospérité à ses adorateurs bien qu'il soit Lui-même austère. Il est omniprésent et réside en chacun en tant que Pure Conscience.

 

Pour résumer, on dira que Shiva assume trois aspects, trois grandes fonctions :

 

Shiva est le Maître du Yoga, profondément plongé dans une méditation continue. De par son immobilité et sa concentration parfaite, il prépare les changements, les transformations du Monde et de l’homme.

Shiva est le Roi de la Danse, le Nâtaraja qui anime, transforme et détruit le Monde

Shiva est le Grand Dieu, la Conscience Suprême,inséparable de Shakti-Parvati, la fille de Himavân-Haimavati. Il n'est point de Shiva sans Shakti et point de Shakti sans Shiva.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

1e essai : L’apport de l’Inde au bonheur de l’humanité   -

2e essai : Conception Hindoue de l’Art : Histoire de l’esthétique    - 

3e essai : Conception hindoue de l’Art : Théorie de la beauté    -

4e essai : La beauté est un état de l’âme    - 

5e essai : Les primitifs bouddhiques     -

6e essai : La danse de Çiva    -

7e essai : Images indiennes à plusieurs bras    -

8e essai : La musique indienne    -

9e essai : Position de la femme aux Indes      -

10e essai : Sahaja

11e essai : Fraternité intellectuelle     -

12e essai : Nietzsche d’un point de vue cosmopolite      -

13e essai : La jeune Inde     -

14e essai : Individualité, autonomie et fonction      -

 

la lampe de sagesse

A.D. NéEL

Edition PLON

 1982

Composée de réflexions tirées des carnets personnels d’Alexandra David-Neel et d’extraits de sa correspondance, des inédits pour la plupart, « La lampe de sagesse » est à la fois un portrait en filigrane de la célèbre voyageuse et un recueil philosophique. Ses pages retracent l’aventure spirituelle, de 1889 à 1969, d’une femme qui s’est voulue libre, nomade et bouddhiste. 

 

Pratique du renoncement, description de la jouissance de la solitude et des terres vierges, éloge du mysticisme, à ces thèmes se mêlent des réflexions sur le mariage, la guerre, la folie des hommes. « Ce sont mes rêves de petite fille sauvage que je vis aujourd’hui… », écrivait-elle du Népal, en 1912. Ce sont les leçons, les conseils et la sagesse d’une philosophe en mouvement que l’on trouvera ici.

 

« Qu'importe le nombre de pays que tu parcours puisque tu as la pensée qui s'élance au-delà de ce monde à la recherche de l'Infini», c'est ainsi qu’Alexandra David Néel explique dans un de ses ouvrages "La lampe de sagesse" sa conception du voyage. »

 

Tour à tour cantatrice, journaliste, orientaliste, écrivain, philosophe et surtout exploratrice, elle est la première Occidentale à pénétrer la ville sainte de Lhassa en 1924 après cinq tentatives et un périple de plus de 3 000 kilomètres à travers l'Himalaya. Elle consacrera sa vie entière au voyage, à l'exploration surtout de l'Asie. Après avoir parcouru ce continent de long en large pendant des années, elle reviendra s'installer en France dans une demeure de type tibétain, près de Digne les Bains.

 

Née en 1868 d'un père républicain, anticlérical et compagnon d'exil de Victor Hugo et d'une mère rêveuse et pieuse, elle s'essaie dès son plus jeune âge à l'aventure en multipliant les fugues, et attribuera ses accès de fièvre et de mélancolie à ses parents qu'elle compare à " deux statues qui ne se sont jamais rencontrées. "

Elle tire très vite les enseignements de ses premières fugues : il faut se libérer du corps, le maîtriser par des exercices physiques et des jeûnes…

Ainsi, à 17 ans, peut-elle partir de Hollande à bicyclette et atteindre Nice en une semaine.

Deux ans plus tard, nouvelle fugue : arrivée en Suisse par le train, elle gagne l'Italie à pied par le Saint-Gothard avec pour tout bagage les Pensées d'Epictète. Rattrapée par à sa mère, elle lui promet de demeurer sédentaire jusqu'à sa majorité.

 

Après des études musicales et lyriques, elle se lance dans des travaux sur la philosophie bouddhiste, apprend le sanskrit, suit les cours sur le Tibet au Collège de France et passe de longues heures dans la salle de lecture du musée Guimet : " L'Inde, la Chine, le Japon, tous les points de ce monde commencent au-delà de Suez… Des vocations naissent… La mienne y est née " écrit-elle plus tard. Elle rêve continuellement de pays où les fugues sont longues et irréversibles. Vers 1891, devenue majeure et bénéficiant d'un petit héritage, elle s'embarque pour l'Inde. Elle est très vite envoûtée par ce grand pays où elle fuit la société coloniale et l'orientalisme de pacotille et parcourt seule le pays pendant un an.

 

L'argent commençant à manquer, elle retourne en France avec la ferme intention de revenir. De retour à Paris où elle doit désormais gagner sa vie, plus nomade que jamais et forte de ses études musicales, elle se lance dans une carrière d'artiste lyrique. Elle se retrouve ainsi sur la scène de différents théâtres, puis, sous le pseudonyme de Mademoiselle Myrial, elle aura l'emploi de première chanteuse aux théâtres de Haiphong et de Hanoï. Cette tournée au Tonkin terminée, elle retourne en France où elle publie un manifeste libertaire. Happée par sa soif de voyages, elle repart pour la Grèce à l'opéra d'Athènes, puis pour Marseille et enfin Tunis, où elle accepte la direction artistique du Casino en 1902.

 

En 1904, au moment où elle vient de renoncer au théâtre pour le journalisme, Alexandra David épouse Philippe Néel qui la soutiendra toujours dans toutes ses expéditions. Elle écrit dans diverses revues anglaises et françaises dont "La Fronde". Féministe engagée, elle milite notamment pour que les femmes qui restent au foyer reçoivent un salaire. À Paris, à Londres, à Bruxelles, elle donne des conférences sur le bouddhisme, sur l'hindouisme, s'insurge contre l'orientalisme mort prêché en Europe, lequel s'attache davantage à l'histoire des religions qu'à la réelle spiritualité vivante, et publie ses premiers essais. Elle écrit aussi " La vie d'exploratrice se marie mal avec la vie de famille… " et le démontre car elle est davantage sur les routes qu'auprès de son mari.

 

À 43 ans, Alexandra David Néel, toujours avide d'Orient et de périples lointains, motive son départ pour le grand voyage de sa vie dans une lettre qu'elle adresse à son mari : " … Il y a une place très honorable à prendre dans l'orientalisme français, une place plus en vue et plus intéressante que celles de nos spécialistes… Vois l'immense succès de Bergson, excuse ma témérité, mais je crois avoir beaucoup plus à dire que lui. Pour cela il faut de l'énergie, du travail, une documentation qui ne laisse pas prise à la critique. Il faut que, lorsque je serai critiquée par les savants de cabinet, le public puisse penser : oui, ces gens-là sont d'éminents érudits, mais elle a vécu parmi les choses dont elle parle, elle les a touchées et vues vivre... ".

 

Avec la bénédiction d'un mari très libéral, Alexandra David-Neel embarque seule pour un voyage prévu pour quelques semaines en Inde, mais elle n'en reviendra que quatorze ans plus tard ! Chargée de mission par le ministère de l'Instruction publique, elle traverse les Indes en 1910. À cette époque, elle souhaite approfondir sa connaissance du sanskrit et de l'hindouisme. Ce départ marque le commencement d'une vie. À peine arrivée à Colombo, elle inaugure sa méthode et son style : le voyage érudit. Elle apprend les idiomes, traduit les manuscrits, rencontre des sages et des lettrés, puis s'essaie à la méditation. Sévère mais très documentée, elle est critique, privilégie toujours la rationalité face aux superstitions, et n'hésite pas à se travestir pour assister aux cérémonies interdites.

 

LA MYTHOLOGIE HINDOUE, SON MESSAGE

 Jean  Herbert

Edition Albin Michel

 1979

Le présent volume est en deux parties : La première est le texte de conférences faites à Genève en 1949 avec comme thème « La mythologie hindoue et son message » La 2e partie détaille l’étude de thèmes sur la mythologie hindoue, en donnant des détails sur la façon d’aborder cette tradition et en faisant des analogies avec d’autres traditions.

Par son abondance, sa richesse, sa variété, la mythologie de l'Inde peut rivaliser avec la totalité des mythologies européennes. On peut considérer qu'il y a deux grands types de dieux: les divinités védiques  et  les divinités brahmaniques. Tout au long de son histoire, l'Inde témoigne d'incessants échanges culturels entre ses multiples communautés linguistiques, sociales et religieuses. Si les langues vernaculaires ont toujours véhiculé un énorme fonds de récits traditionnels, c'est cependant grâce au sanskrit qu'on été transmis et popularisés dans tout le sous-continent la plupart des grands mythes, répartis en recueils appelés Purana, "récits anciens". A partir du IVe siècle de notre ère, ces derniers sont devenus les principaux conservatoires des traditions religieuses et mythiques, prenant le pas sur les épopées du Mahabharata et du Ramayana.

Caractéristique de la pensée indienne, l'antagonisme entre création et destruction constitue un thème central autour duquel le mythe s'élabore dans toute sa diversité. Ainsi l'ordre universel surgit-il du chaos pour finalement s'y dissoudre, avant de renaître, en un cycle éternel. Une autre conception essentielle veut que la nature réelle du monde n'apparaisse pas d'emblée dans ses manifestations; aussi tout phénomène est-il, en un sens, illusoire. Enfin, il faut savoir que les conteurs manipulent parfois les données d'un mythe au point que leur version peut sembler délibérément en contradiction avec les autres.

A mesure que se développait l'hindouisme, l'ensemble des dieux les plus anciens (au nombre de 33) du panthéon védique s'est vu remplacé par la Trimurti, la Trinité, réunion formelle des dieux, Brahma, le Créateur du cosmos; Vishnou, Préservateur de celui-ci, et Shiva, le Destructeur, les deux derniers devenant prépondérants. Plus récemment, le groupe des cinq divinités Vishnou, Shiva, Devi, Surya et Ganesha a conquis une popularité plus grande encore.

 

la mort, l’Ḗtat intermÉdiaire & la renaissance dans le bouddhisme tibÉtain

Lati rinpoché

Edition DHARMA

 1979

Ce livre présente dans une traduction, accompagnée de commentaires, le texte : « La Lampe Illuminant Parfaitement la Présentation des Trois Corps de Base : la Mort, l’État Intermédiaire et la Renaissance ».

Il fut écrit par l’érudit et yogi du dix-huitième siècle, Yang-Chen-Ga-way-Lo-dreu de l’école des Gelugpa du bouddhisme tibétain.


Cet ouvrage expose en détail le processus et les étapes : de la mort, de l’état intermédiaire (bardo) entre cette vie et la prochaine, et de la prise de renaissance. Il termine par la forme suprême de Yoga pratiqué dans le bouddhisme tibétain : stopper la mort.

 

Avec une clarté remarquable il développe la base psychologique de la pratique bouddhiste révélant le but ultime de la transformation de la mort en un état immortel pour le bien de tous.


Ce recueil est le complément indispensable pour toutes les personnes intéressées par les « Livres des Morts ».

 

l’amour magique – rEvElations sur le tantrisme

Serge hutin

Edition  ALBIN  MICHEL

 1971

Nous savons que la Connaissance a toujours eu une odeur de soufre. Mais à l’aube de l’An 2000, à l’heure où l’Homme cherche une autre forme de la Vérité, où le Sacré brûle les réalités quotidiennes, où la Science, l’Ésotérisme et la Philosophie se mêlent intimement à la Magie, les héritiers de la Tradition Secrète parlent.


Dans la Collection Les Chemins de l’Impossible, à travers des faits réels appartenant à l’Histoire Invisible, des théories qui furent toujours combattues et condamnées, ils franchissent les frontières de l’Inconnu et du Fantastique pour offrir la vision d’un monde souvent hallucinant, condamnant définitivement le Cartésianisme. Ils ouvrent ainsi des portes jusqu’alors interdites.


Dans l’Antiquité, la Révélation se transmettait dans l’ombre et le silence des sanctuaires initiatiques.

 

Aujourd’hui, parce que le monde ne peut plus se contenter d’être ce qu’il est, elle choisit la Lumière et emprunte les voies naturelles de l’Information.

 

LA PORTE ḖTROITE ET LE GRAND VḖHICULE – DES PREMIERS CHRḖTIENS AUX BODHISATTVAS -

François Marie Périer

Edition Le Mercure Dauphinois

2017

L'étude d'un chercheur indépendant vient bouleverser l'histoire des religions entre Orient et Occident et jeter une nouvelle lumière sur l'émergence encore inexpliquée du Grand Véhicule bouddhiste au Ier siècle après J.-C., démontrant l'influence des premiers Chrétiens sur la naissance du Mahâyâna, dans l'espace fortement hellénisé de l'empire Kushana (Chine, Afghanistan, Pakistan, Cachemire, Nord de l'Inde), héritier des conquêtes d'Alexandre, où le grec et l'araméen étaient les langues couramment parlées et écrites. L'idéal du bodhisattva renonçant au Nirvana et se sacrifiant par compassion pour l'Humanité devenait la valeur suprême du nouveau Dharma se destinant à sauver l'ensemble des êtres. La double révolution simultanée du Christianisme au Proche-Orient et du Grand Véhicule en Orient, respectivement au sein du Judaïsme et du Bouddhisme, transforma l'Europe et l'Asie, mais fut-elle vraiment une coïncidence ? Un même être et ses disciples peuvent-ils en être à l'origine ?

 

Plus d'un milliard de croyants sur plusieurs continents prient-ils aujourd'hui sans le savoir un même homme et suivent-ils des enseignements très proches en croyant que tout les oppose, trompés par la coloration culturelle des faits historiques ou des dogmes ? À travers une plongée historique, iconographique et théologique dans le Christianisme et le Bouddhisme Mahâyâna à l'aube de leur apparition, ainsi que dans leurs textes fondateurs et leurs évolutions au cours des premiers siècles de notre ère, l'auteur ne craint pas d'affirmer les origines communes du Christianisme et du Grand Véhicule bouddhiste et de lancer un message de connaissance réciproque et de réconciliation aussi bien aux représentants religieux et aux universitaires qu'aux Bouddhistes et aux Chrétiens du quotidien.

 

Les recherches archéologiques des dernières décennies nous ont permis de comprendre que les déplacements des peuples sur de très longues distances furent beaucoup plus fréquents que ce que nous pensions, favorisant un brassage des cultures fécond. Ces découvertes remettent en question les savoirs et ouvrent des perspectives passionnantes notamment en histoire des religions et en histoire de l’art. C’est dans ce contexte que se présente le travail original de François-Marie Périer sur les origines du Mahâyâna. Observant la juxtaposition de deux révolutions spirituelles, celle du Christianisme au Proche-Orient, celle du Grand Véhicule en Asie, il pose l’hypothèse de pénétrations et d’inclusions culturelles. Nous sommes là au 1er siècle de notre ère soit environ huit siècles avant la synthèse remarquable entre Christianisme, Bouddhisme et Taoïsme qui apparût en Chine à la suite de l’arrivée de l’Eglise nestorienne fuyant les persécutions.

 

C’est par un faisceau de convergences, historiques, artistiques, philosophiques, théologiques entre Christianisme et Bouddhisme Mahâyâna, dans leurs premiers pas, que François-Marie Périer postule une même origine. C’est au cœur de l’Empire Kushana au 1er siècle après JC, Empire qui comprend le Gandhâra indo-grec que se déroulent les faits marquants repérés par l’auteur, notamment l’irruption soudaine d’enseignements novateurs proches de ceux du Christ. Il existe de nombreuses traditions mais aussi des travaux d’historiens qui envisagent la survie de Jésus à l’épreuve de la crucifixion et son départ pour l’Orient, souvent associés aux voyages de Thomas en Inde. Des traces de ces traditions existent en Orient dont les tombes de Jésus, la plus célèbre étant celle de Srinagar, dans un contexte musulman. Les longs procès de construction du courant Bouddhiste Mahâyâna et du Christianisme ont effectivement pu se croiser et s’influencer. Pour François-Marie Périer, c’est plutôt l’enseignement du Christ et de ses disciples qui a pu s’inscrire dans le Grand Véhicule en raison de la pratique de la langue grecque et de la langue araméenne dans le Kushana que l’inverse.

 

Plusieurs figures du Bouddhisme emprunte à la symbolique chrétienne d’Avalokiteshvara à Tara ou Guan-yin, figure féminine qui intègre les caractéristiques de Marie, en passant par Amitâbha ou Maitreya, le bouddha du futur. Indépendamment de la figure même du Christ et de sa survie éventuelle, des missionnaires chrétiens prirent le chemin de l’Orient par ce qu’on appellera la route de la soie, portant avec eux l’histoire et l’enseignement de Jésus, même de manière fragmentaire et déjà mythifiée. C’est ce qui, selon l’auteur, justifie la révolution du Grand Véhicule :

 

« Dans les nouvelles traditions du Mahâyâna, il ne s’agissait plus comme auparavant de devenir un arhat pour se dissoudre dans le Nirvâna, mais désormais de revenir en bodhisattva « héros pour l’Eveil » dans le Samsara aider les hommes. Le sacrifice de soi, y compris de son corps, par compassion, devenait la valeur suprême, le boddhisattva du Grand Véhicule dépassait en mérites et grandeur d’âme l’arhat du Véhicule des Anciens. Si la religion perse joua également un rôle important, tout comme la philosophie grecque, on ne pouvait attribuer seulement à l’Hellénisme, au Mithraïsme ou aux mutations de l’Hindouisme la révolution du Mahâyâna dans le Bouddhisme, et l’idéal du boddhisattva : Alexandre avait atteint l’Inde en 326 avant notre ère, des royaumes indo-grecs avaient existé et rien de tel ne s’était passé. Le Grand Véhicule possédait en revanche, on vient de le voir, énormément d’aspects communs avec le Christianisme émergent et prosélyte, à commencer par les nouveaux bouddhas apparus tous ensemble au début de l’ère chrétienne, synthétisant les origines, la vie et les prophéties du Christ. » Ce travail méticuleux ne vise pas à déstabiliser les croyances chrétiennes ou bouddhistes mais au contraire à traverser les formes figées pour un message universel actif d’amour et de paix.

 

LA  PRATIQUE DES MANTRAS

RAVINDRA KUMAR et  ANTOINE  KERLYS

EDITION  TERRE  BLANCHE

 2009

Les mantras sont des paroles sacrées, qui appartiennent aux traditions indiennes et tibétaines. Ils peuvent soigner, protéger, influencer les êtres et les événements, mais aussi conduire à la libération spirituelle.

 

Ce petit ouvrage expose la doctrine des mantras telle qu’elle existe en Inde et au Tibet.

 

Il présente tout d’abord les fondements théoriques des mantras, en expose la structure, mais surtout explique de manière vivante, la voie qui les utilise pour mener à l’illumination spirituelle. Il décrit enfin avec précision les étapes, les pièges et les illusions qui doivent être dépassées par le méditant.

 

Est développé dans cet ouvrage :

 

Un univers de Vibrations et de Conscience, l’origine des mantras, la structure des mantras, le Guru et l’initiation, la pratique du mantra, les étapes de la Voie du mantra.

Quelques livres de base et de référence pour mieux connaitre ou approfondir les mantras :

Les Mantras  de John Blofeld  - édition Dervy

La puissance du serpent par Arthur Avalon – édition Dervy

L’énergie de la parole par André Padoux – édition Fata Morgana

Phonèmes et archétypes de Jean Canteins

Le Tantrisme de PIERRE Feuga  - édition Dangles

 

la rÉvÉlation des maÎtres de la sagesse

érik sablÉ

Edition LE MERCURE DAUPHINOIS

 2004

Leurs enseignements sur Dieu, la vie post-mortem, le chemin spirituel, les Bodhisattvas, le karma, l’intuition, le gardien du seuil, la purification, les initiations, la Shambhala, tout un itinéraire spirituel révélé par des sages.

 

la fin du 19e  siècle, quelques Occidentaux furent contactés par les Maîtres d'une mystérieuse fraternité qui affirmaient détenir des connaissances secrètes depuis des temps immémoriaux. C’est Helena Blavatsky, la fondatrice de la Société Théosophique qui parla la première publiquement des Maîtres de cette confrérie. Nous lui en sommes reconnaissants car c'est un véritable chemin spirituel qui nous est proposé.


Les Maîtres de cette grande fraternité ne sont donc pas issus d'une imagination de médium ou des fantômes astraux mais des êtres de chair possédant une existence matérielle semblable à la nôtre. Ils sont les boddhisattvas de la tradition bouddhiste du Nord qui ayant accompli leur cycle terrestre, réalisé leur perfection, restent en contact avec l'humanité pour l'aider, l'assister, participer à son évolution. Ils sont comme des phares qui permettent à la famille humaine de ne pas sombrer dans cette " vallée des ombres " qu'est notre monde et de prendre pied sur l'autre rive.

 

Le Maître tibétain avait prédit une phase ultérieure révélatoire qui émergerait dans le monde entier au moyen de la radio et vraisemblablement de la télévision quelque temps après 1975. Cette phase des enseignements inclurait des révélations provenant des Maîtres et surtout du Maître de tous les Maîtres, le Seigneur Maitreya, qui incarne le principe christique et est par conséquent le Christ sur notre planète. Durant des milliers d’années, en Orient, l’existence de ces êtres parfaits a été connue de tous. On leur a donné différents noms : la Grande Fraternité blanche, la Société des Esprits illuminés, les Frères aînés de l’humanité, les Instructeurs, les Guides, les Mahatmas, les Maîtres de Sagesse et les Seigneurs de Compassion. Ce groupe d’hommes a vécu pendant des millénaires dans les montagnes reculées et les régions désertiques du monde, telles que l’Himalaya, la Cordillère des Andes et les Carpates. De ces retraites montagneuses et désertiques, ils ont veillé sur l’évolution de l’humanité. Au début de chaque cycle, l’un de ces Grands Etres vient dans le monde afin d’enseigner aux hommes le chemin du progrès, le prochain pas à franchir dans l’évolution vers la perfection. Historiquement, certains de ces instructeurs sont connus sous les noms de : Hercule, Hermès, Rama, Mithra, Vyasa, Krishna, Confucius, Zoroastre, Shankaracharya, le Bouddha, le Christ, Mahomet.

Les Maîtres prennent sur eux-mêmes le devoir et le rôle de servir l’humanité. Ils sont nos guides, nos instructeurs, les inspirateurs de ceux qui sont prêts pour cette inspiration. Ils sont les protecteurs de l’humanité, le bouclier comme Maitreya l’appelle, et depuis les premiers jours, ils n’ont jamais laissé l’humanité sans conseils. La chose extraordinaire est que l’humanité n’a jamais été seule. Toute notre évolution, pendant des millions d’années, a pris place, étape par étape, avec l’aide d’un tel groupe d’hommes parfaits, sans enfreindre notre libre arbitre. Le sentier de l’évolution, comme l’humanité en viendra à le comprendre, est scientifique. Il ne se déroule pas au hasard. Il est ouvert à chacun et nous sommes tous en train d’évoluer à des degrés différents. C’est pourquoi certains deviennent Maîtres avant d’autres.

 

Il y a environ deux mille six cents ans, Gautama Bouddha a prophétisé qu’au début de l’ère nouvelle viendrait dans le monde un grand instructeur, un Bouddha comme lui, du nom de Maitreya. Maitreya, a-t-il dit, inspirerait à l’humanité la création d’un âge d’or, d’une brillante civilisation fondée, selon lui, sur la justice et la vérité. Depuis deux mille six cents ans, les bouddhistes attendent la venue du Bouddha Maitreya. Et depuis deux mille ans les chrétiens attendent le retour du Christ. Le Christ et le Seigneur Maitreya sont un seul et même individu, le Maître de tous les Maîtres, et comme l’appelait Gautama Bouddha, l’Instructeur des anges (dévas) et des hommes.

 

la signification de la mort « meurs avant que tu ne meurEs »

a.k. coomaraswamy

Edition Arché

 2001

Qui est Satan ? Où est l’enfer ? Que devenons-nous après la mort ? Des débuts de pistes sont ici présentés à partir de textes hindous, platoniciens et néo-platoniciens. Ceci est important si on veut évoluer dans des degrés de connaissance en vue de sa libération définitive.

 

Que devenons-nous après la mort ? ». La réponse à cette question dépend de ce que l'entend par "nous". Précisément, la Tradition considère en "nous" une nature céleste, spirituelle, immortelle et une nature terrestre, corporelle, mortelle. La nature céleste peut être comparée à l'Intellect-Roi impassible qui se tient dans un char dont, normalement, la nature terrestre figurée par la Raison devrait maîtriser la fouge passionnelle des chevaux.

 

En fait, actuellement, par suite de la Chute originelle et du devenir centrifuge de l'humanité, les puissances individuelles de l'être humain sont insoumises, voire rebelles à leur Seigneur et à leur Guide. Toutefois, l'état primordial peut être rétabli, virtuellement sinon réellement, moyennant une régénération et une initiation, permettant de parcourir, en partie ou en totalité, la Voie des Ancêtres ou la Voie des Dieux dans le but de parvenir à l'ensevelissement final dans l'Océan de la Possibilité infinie. Dans ces conditions, on prend conscience de la complexité des diverses situations à envisager pour caractériser le devenir posthume de ce "nous" impliqué dans la question ci-dessus.

 

Les études de ce recueil s'appuient sur les écrits hindous, platoniciens et néoplatoniciens pour élucider cette question de "psychologie traditionnelle». Celle-ci a, en effet, une importance capitale pour l'homme et son évolution posthume selon les degrés de connaissance qu'il aura acquis, et les étapes qu'il aura atteintes dans son "voyage divin" en vue de sa libération définitive.

 

Les autres livres d’Ananda Coomaraswamy sont au chapitre  10C -

 

le banQUet de shiva. pratiques et philosophie du yoga Tantrique des Hatha yogin

Christian tikhomiroff

Edition derVy

 2000

Le Banquet de Shiva présente l’ensemble de la tradition des Nâtha-yogin dont est issue le hatha-yoga que nous connaissons en Occident. Cet ouvrage détaille autant la métaphysique, la philosophie que les techniques de cette voie qui s’inscrit dans la pure ligne du tantrisme, et qui est à l’origine du shivaïsme du Cachemire.

 

Ce yoga du nord de l’Inde, toujours très vivant, trouve sa place dans notre époque par la pertinence de sa philosophie, son indépendance face aux dogmes et aux religions, l’étonnante efficacité de ses techniques et l'insolente légèreté de sa vision du monde.

 

Ce livre propose une méthode claire et précise, apte à tenter tout chercheur indépendant et quelque peu libertaire qui voudrait partir, en flânant, pour un voyage intérieur digne des plus belles aventures.

L'originalité du Banquet de Shiva tient dans le fait que sont exposés dans un même livre, avec grands détails et 80 photos, les enseignements métaphysiques et les techniques de posture, de respiration ou de concentration. La table des matières, appelée ici "menu", laisse entrevoir
un festin royal.

 

LE BOUDDHISME EXPLIQUÉ AUX OCCIDENTAUX – Simples vérités pour une pratique au quotidien

Jean-Pierre Schnetzler 

Edition Dervy

 2008

Pour un occidental, la compréhension du bouddhisme n’est pas forcement une chose aisée et les difficultés ne sont pas minces quand il s’agit de réhabiliter la pensée symbolique ou de relativiser la logique aristotélicienne du tiers exclu, base de tous les intégrismes visant à éliminer les autres traditions.

Jean-Pierre Schnetzler nous fait pénétrer progressivement dans cette forme de pensée en explorant tranquillement les bases de son fonctionnement et en appréciant au_ passage la liberté qu’elle procure. Il aborde certaines difficultés importantes de la pratique en général et de la méditation en particulier, liées à nos peurs et illusions, mais aussi aux erreurs répandues qui empêchent d’aborder l’impensable : transcender le mental et viser l’absolu par la négation des limitations.

Chemin faisant, il nous montre que surmonter ces obstacles amène naturellement à découvrir, par la pratique, les richesses déjà présentes mais cachées de l’esprit pur.

Néophyte ou initié, en quête de spiritualité ou de changement en nous et dans nos rapports avec les autres, ce livre nous donne de précieuses clés pour mettre en pratique les leçons du bouddhisme dans notre vie quotidienne, ceci pour notre équilibre et donner du sens à notre vie autant profane que spirituelle.

Au sommaire de cet excellent ouvrage  de 330 pages :

Chapitre 1 : Le bouddhisme comme religion révélée - Rappel historique - Pourquoi cette révélation du Dharma ? - Qu’est-ce qui se révèle dans le bouddhisme ? - Comment s’effectue cette révélation ? - Diverses révélations -

Chapitre 2 – Le bouddhisme et l’illusion - le Dharma - implications pour la psychologie et la psychothérapie -

Chapitre 3 : L’esprit du bouddhisme en Occident, bouddhisme et spiritualité - La spiritualité, qu’est-ce que c’est ? - Existe-t-il une spiritualité non religieuse ou laïque ? - des bons rapports entre rationalité et spiritualité - du politique et de la spiritualité - de la spiritualité thérapeutique -

Chapitre 4 : Le symbolisme et la voie de l’unification dans le tantrisme -

Chapitre 5 : Les pouvoirs, la science et la spiritualité - les pouvoirs dans le Canon - les résultats de la parapsychologie scientifique - Réflexions théoriques -

Chapitre 6 : Les logiques d’Orient et d’Occident : le tétralemme et le tiers exclu – Un conflit -

Chapitre 7 : Un ou trois véhicules ? - les trois véhicules - retour à l’origine -

Chapitre 8 : La confusion du Psychique et du spirituel - le psychique pris pour le spirituel - le sain usage de la psychanalyse -

Chapitre 9 : Le silence. De la psychanalyse à la méditation - le silence et l’expérience psychanalytique - Méditation -

Chapitre 10 : La peur du vide - Le vide et Jung - Qu’entend-on par vide ? - la peur du vide dans la méditation - je médite, oui mais je résiste - la peur de l’espace vide - le vide, horreur et bénédiction -

Chapitre 11 : Se préparer à la mort pour apprendre à vivre - La désoccultation - les expériences de mort imminente (next death expériences ou NDE ou EMI) - les débuts de la vie et les retours en arrière - naissance et mort constituent la vie - Apparitions de souvenirs de vies antérieures - L’art de mourir (ars moriendi) - la pratique de la mort quotidienne - cellule et solitude - la réclusion - la montée des périls - les pleurs - la béatitude -

Chapitre 12 : Non-mental, méditation et termes négatifs - Non-peur - non-moi - la vision pénétrante -

Chapitre 13 : Du bon ou du mauvais usage des « miracles » -

Chapitre 14 : Le bouddhisme et les dieux - les dieux dans le Canon et dans la religion populaire - L’absence d’un dieu créateur - la présence d’un Dieu très spécial : Mâra -

Chapitre 15 : Le dialogue entre le bouddhisme et le christianisme. Point de vue bouddhique -

Chapitre 16 : Les obstacles psychologiques à l’unité transcendante des traditions - l’orgueil et ses traitements -

Chapitre 17 : Comparaisons entre l’Hésychasme et le bouddhisme - La monachisme - la tripartition cosmique - l’ascèse - la conduite du mental - quelques réflexions sur des points de méthode -

Chapitre 18 : Unicité ou pluralité des univers et des religions - la pluralité dans le bouddhisme - l’unicité exclusive dans le christianisme - comment se sortir de la situation difficile actuelle ? -

Chapitre 19 : Quelques erreurs modernes dont l’agnosticisme bouddhique - les bases du modernisme - Quelques accusations portées sur le bouddhisme - l’agnosticisme et sa complexité -

 

le chemin du vide

ryokan

Edition Dervy

 2003

Vie et poèmes d’un moine Zen très aimé au Japon, il est un peu le St François d’ASSISE bouddhiste, une légende l’auréole d’une grande compassion, de bonté, d’humilité et de détachement. C’est un grand maître Zen


Ce livre d’un Moine hors du commun, sorte de St François d'Assise bouddhiste, Ryokan est le plus célèbre et le plus populaire des maîtres Zen au Japon mais aussi un très grand poète qui écrivit plus de 2 800 poèmes. Cet ouvrage raconte en première partie la vie de Ryokan puis nous livre une sélection de magnifiques poèmes.

 

Cet ouvrage nous offre un choix de ses plus beaux poèmes.

 

LE CULTE DE ÇIVA

Arthur MILES

Edition PAYOT

 1935

Superstitions, perversions et horreurs de l’Hindouisme.

 

Shiva (ou Civa ou Siva), "le bienfaisant, celui qui porte bonheur", est le plus vénéré des dieux. Il est le dieu de la fin des temps et l'autre facette de Rudra (destructeur). Il organise le monde et représente les ténèbres. Son troisième œil foudroie tout ce qu'il regarde c'est pourquoi il le garde fermé. Shiva est également le roi de la danse dont chaque pas a une signification bien particulière. Il est armé d'un trident appelé Trishula ou Trisula. Il est patron des ascètes. Il a plusieurs maîtresses. C'est le dieu de la destruction. Il est représenté avec un troisième œil, symbole de sagesse, au milieu du front et avec un cobra autour du cou. Outre le trishula il tient un petit instrument de percussion (damaru). Il est assis sur une peau de tigre, symbole de l'énergie potentielle. Shiva représente en effet la source créatrice en sommeil. Trishula De sa chevelure, ornée d'un croissant de lune, symbole du cycle du temps, s'écoule le Gange, fleuve sacré de l'hindouisme.

 

Sa monture est le taureau Nandi qui fait lui-même l'objet d'un culte. Shiva est un personnage complexe et contradictoire. Il représente la destruction mais celle-ci à pour but la création d'un monde nouveau. L'emblème de Shiva est d'ailleurs le lingam, symbole de la création. Il a les yeux mi-clos car il les ouvre lors de la création du monde et les ferme pour mettre fin à l'univers et amorcer un nouveau cycle. Rudra est une forme ancienne de Shiva et c'est pour cela qu'on retrouve dans le Ramayana les deux noms interchangeables.

 

LE  JAPON  - CROYANCES ET RITES  -

Jean herbert

Edition Dervy -    Réédition de 1977

 2015

Au Japon, les dieux et les déesses de la mythologie sont toujours là. Leurs sanctuaires sont remplis de visiteurs fervents. Un peu partout, des monuments, les toriis, indiquent leur présence.

Dans les textes sacrés, les ancêtres du monde sont les kamis, « ceux qui sont placés en haut », à commencer par le premier couple divin, Izanagi et Izanami, qui donna naissance à l’archipel formant le Japon, mais aussi au vent, aux arbres, à la montagne...


Nous n’avons pas, nous Occidentaux, dans nos manières de penser, de quoi saisir aisément cet ensemble de croyances et de rites qui possède de multiples visages, ignore les dogmes et honore des dieux puisés dans le réel ou dans l’énergie des éléments. Il existe certaines ressemblances avec la religion des Celtes. Mais le mieux est de tenter de vivre cette relation à l’univers au sein de sanctuaires toujours érigés en des lieux aux grandes puissances telluriques. Ces croyances et rites se retrouvent dans deux courants : le shintoïsme « la voie des dieux » et le bouddhisme. Du VIe siècle à la fin du XIXe siècle, ils se mêlèrent de plus en plus étroitement, chacun étant considéré comme convenant mieux pour certaines cérémonies.

Les prêtres de l’un allant jusqu’ à jouer un rôle dans les temples de l’autre. Les aspects du shintoïsme sont liés à la sacralisation de la nature, aux mythes fondateurs de la civilisation japonaise, aux relations avec les âmes défuntes. Après sa disparition à la fin de la seconde guerre mondiale, les Japonais ne connaissaient que quelques éléments de leur cosmogonie mais, depuis une trentaine d’années, un retour aux traditions s’opère lentement.

La réédition de ce livre, paru en 1977 déjà aux Editions Dervy est l’occasion de rendre hommage à Jean Herbert, un orientaliste qui a ouvert bien des voies dans lesquels d’autres chercheurs ont pu s’épanouir. Spécialiste de l’Inde, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’hindouisme, sa rencontre avec le japon traditionnel devait être l’occasion d’une trilogie : Aux sources du Japon, le Shintô (1964), Les dieux nationaux du Japon (1965), Dieux et sectes populaires au Japon (1967) qui précéda une intéressante Bibliographie du Shintô et des sectes Shintoïstes (1968). Le Japon, croyances et rites constituent son dernier travail publié sur le sujet, un ouvrage toujours aussi précieux comme le remarque dans sa préface, Jérôme Ducor, Conservateur du musée d’ethnographie de Genève et enseignant des Universités de Lausanne et de Genève :

« Dans Le Japon, croyances et rites, son dernier ouvrage sur le sujet, Herbert raconte la mythologie du Shînto pour la période dite de « l’âge des Dieux » (Kami-yo), soit le développement du processus créateur depuis les origines jusqu’à Ninigi, petit-fils de la déesse du Soleil, Amaterasu, et aïeul du premier empereur du Japon, Jimmu Tennô. Il le fait à travers une lecture parallèle des deux textes fondamentaux que sont le Kojiki et le Nihongri et il nous fournit ainsi une sorte d’évangile synoptique qui, à près de quarante ans de distance, demeure un guide des plus précieux pour suivre cette généalogie particulièrement riche d’enseignements. »

Le shintoïsme demeure une tradition fondatrice dans le Japon moderne et son articulation avec les bouddhismes japonais, Shingon, Tendaï ou Zen, qu’il précéda, est tout à fait naturel aux japonais qui passent aisément du temple bouddhiste au temple shintoïste dans leur pratique spirituelle quotidienne. En Europe, le seul Temple bouddhiste Shingon, fondé par le moine Yukaï, possède un autel Shintô et accueille régulièrement des cérémonies shintoïstes. Il n’est donc pas étonnant que Jean Herbert commence son livre par ces mots :

« Ce qu’on désigne sus le nom de Shintô constitue la partie la plus importante et la plus authentiquement japonaise de l’héritage culturel qui inspire encore aujourd’hui les Japonais et peut faire comprendre leurs comportements. » Le Shintô n’est pas considéré comme une religion au sens où nous l’entendons dans un Occident qui se réfère au modèle chrétien, il s’agit, selon Jean Herbert « d’une conception précise, solidement enracinée (…) des rapports entre l’individu humain et le milieu supra-naturel, naturel et humain dans lequel il évolue. »

Certains concepts nous sont plus familiers qu’à l’époque où Jean Herbert publia son livre, notamment celui de « kami », véhiculé en marge du développement des arts martiaux japonais en Occident, cela ne signifie pas toutefois qu’une mentalité occidentale puisse s’en saisir : « Disons d’abord que les plus grands théologiens du Shintô ont eux-mêmes très explicitement renoncé à le définir. On pourrait dire que dans l’acception la plus générale il désigne toute entité digne de vénération et, dans son acception la plus étroite, toute entité faisant l’objet d’un culte, notamment dans un temple. Il peut s’agir d’un être extra-terrestre, primordial ou plus actuel, d’un être vivant, humain ou autre, ou même d’un objet matériel, soit naturel (roche, grotte, arbre), soit créé par la main de l’homme (miroir, etc.). » Jean Herbert propose d’ailleurs au lecteur en fin d’ouvrage une liste des « significations les plus généralement admises des différents noms des Kami cités et principaux centres de culte » qui permettent d’entrevoir leurs fonctions respectives.

L’ouvrage comporte quatre parties : La création du monde – La grande confrontation – La consolidation de la terre – La pacification de la terre suivis d’un appareil de notes et d’une listes des nombreuses sources utilisées, toutes non-occidentales. Ces quatre parties offrent au lecteur une présentation globale, synthétique mais précise, de la cosmogonie Shintô qu’il est nécessaire d’approcher si nous voulons comprendre le Japon d’aujourd’hui car, même pour les japonais modernes qui s’éloignent des traditions de leur pays, cette cosmogonie influe et opère de manière souvent inconsciente.

Le Shinto Un phénomène purement japonais : Si l'adhésion à une religion consiste à se reconnaître comme créature de Dieu, on peut dire qu'être shintoïste c'est se sentir membre de la communauté japonaise. Rares sont les mouvements d'inspiration philosophique ou religieuse qui soient aussi nettement et exclusivement rattachés à un peuple que le shinto.

 

Le shinto est avant tout l'expression profonde de la culture ancienne des Japonais. Il peut à cet égard se comparer à beaucoup de religions animistes d'Afrique Noire dont les pratiques sont limitées à une ethnie déterminée. Bien sûr, la force du Shinto est d'être celle d'un peuple particulièrement développé de plus de 100 millions d'âmes, mais, considéré sous l'angle philosophique ou religieux, le Shinto laisse perplexe. Son origine remonte au fond des âges, et il s'apparente plutôt aux religions animistes des anciennes populations sibériennes.

 

Le shinto considère comme divins aussi bien des forces de la nature que des animaux ou des hommes célèbres. Ces divinités s'appellent " kami" en japonais et leur équivalent chinois est shin. " To" ou " do" signifie "voie" ou "méthode" en sino-japonais. Ainsi " shinto" est littéralement la "voie des divinités" La plus importante divinité est le soleil qui, entre autres vertus, protège contre les invasions. On peut donc dire que le drapeau du Japon est un symbole shinto. Le nom du pays lui-même, Nippon, s'écrit avec deux caractères chinois : "ni", "soleil" et "pan", "racine" d'où la traduction d'Empire du Soleil Levant. Japon est tiré de la prononciation chinoise des mêmes caractères, Je-ben. Cependant le soleil n'a pas un rôle hiérarchique parmi les divinités shinto: chacune a sa place. Les kamis inspirent le plus souvent une crainte respectueuse. On trouve parmi eux des montagnes, des animaux comme le tigre, le serpent ou le loup ; et l'empereur lui-même. Un ministre impérial du IX siècle est le kami de la calligraphie. Il y aurait huit cent millions de kami et le Japon a pour surnom Shinkoku, "le pays des divinités".

 

Le shinto ne connaît pas de Dieu suprême et le ciel, contrairement aux croyances chinoises, n'est pas une divinité mais le séjour des kamis. Les kamis sont supposés intrinsèquement bons mais on trouve de nombreuses exceptions. On prie le kami en diverses occasions: pour obtenir la pluie ou de bonnes récoltes, pour le couronnement de l'empereur etc... En fait, le shinto ne comporte pas de doctrine établie mais il constitue un ensemble de pratiques qui, à l'origine variaient sensiblement d'un village à l'autre '  

 

Jusqu'aux premiers contacts du Japon avec la civilisation chinoise, vers le Ve siècle de notre ère, le shinto n'était que cet ensemble de croyances, de mythes et de pratiques. C'était une sorte d'animisme polythéiste qui rap- pelle, par le fouillis de ses divinités, aussi bien certaines religions antiques que l'animisme d'Afrique Noire. A cette époque, le Japon ne connaissait pratiquement ni l'écriture, ni la peinture ou la sculpture, ce qui explique peut-être l'absence d'idoles. La Chine, en introduisant le bouddhisme au Japon en 552, provoqua un double effet: d'une part un certain amalgame des pratiques shintoïstes et bouddhistes et d'autre part une réaction de défense, de nature quelque peu nationaliste, en faveur du Shinto. Celui-ci en vînt donc à s'organiser vers le VIIIe siècle, les mythes s'unifièrent et les kami tutélaires des différents clans ou villages furent promus à une dignité nationale. Ce mouvement destiné à renforcer le gouvernement impérial s'accompagna  d'un effort pour écrire ces antiques traditions et constituer une mythologie d’un sacerdoce et des rites "officiels". Il s'en suivit également une prolifération de temples.

 

Toute l'histoire religieuse du Japon fut dès lors une succession de mouvements contradictoires tantôt en faveur du bouddhisme, tantôt du shintoïsme. Ainsi, malgré une tendance très constante à mélanger ces deux religions dans un syncrétisme mal défini, on peut noter des réactions de défense du Shinto vers le XIIIe et le XVIIIe siècle. A cette dernière période, le bouddhisme était religion d'Etat et le Shinto apparaissait, en quelque sorte, comme une fronde contre le pouvoir central. A l'époque Meiji, en 1868, quand le Japon s'ouvrit à la civilisation occidentale, le gouvernement imposa la séparation entre Shinto et Bouddhisme. Les bonzes ne purent plus célébrer dans les temples shintos et la lecture des textes bouddhistes y fut interdite. Le Shinto prend alors quatre formes distinctes:  

 

Le Shinto de la Maison Impériale, comprenant un rite d'adoration de la déesse du soleil, Amaterasu o Mikami. Ce culte jadis public est, de nos jours strictement privé. Le shinto des temples. Ce sont les rites pratiqués dans les milliers de temples japonais, réunis dans une association, Jinja honcho. L'ensemble de ces deux shinto constitue ce qu'on appelle le shinto de l'Etat, créé au début de l'ère Meiji et qui a duré jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'était une institution destinée, en fait, à renforcer l'identité japonaise et la dévotion envers l'empereur. Le shinto des sectes est une somme de mouvements divers, nés au XIXème siècle. Le plus connu d'entre eux, le Tenrikyo, a été fondé par une femme en 1838 et compte plus de trois millions d'adeptes. Nous en dirons quelques mots ultérieurement.

 

Le shinto populaire enfin, qui est une religiosité diffuse mais comporte parfois des pratiques magiques. Les quatre formes de shinto se mélangent selon l'univers culturel de chaque Japonais et constituent la base du système de valeurs du pays. C'est pourquoi le shinto est devenu le lieu privilégié du particularisme et donc du nationalisme japonais. Seul le shinto pouvait conférer à l'empereur le caractère divin qui favorisait les visées de l'impérialisme japonais. La défaite de 1945 impliquait de réduire l'influence de cet appareil shinto développé depuis Meiji. L'empereur Hiro-Hito accepta de limiter le shinto au rôle d'une organisation religieuse comme les autres. Il expliqua lui-même que l'attachement à son peuple ne dépendait pas de la croyance de ses sujets en sa divinité et il supprima les subventions du gouvernement aux temples shinto. La ferveur des shintoïstes à l'égard de l'empereur n'en a pas été affectée et les temples sont toujours aussi prospères aujourd'hui.  

 

La pratique du shinto : C'est beaucoup plus la vie sociale que la vie personnelle des Japonais qui est imprégnée de shinto. Cette religion de la communion avec la nature, où tout est sacré, les astres, les rivières, les ancêtres, les hommes célèbres est présente dans toutes les traditions japonaises. Dans le sumo, lutte où s'affrontent deux colosses quasi-nus qui cherchent à se pousser hors d'un cercle, le sport est presque secondaire par rapport aux rites: les lutteurs jettent une poignée de sel pour purifier l'arène, ils se balancent d'un pied sur l'autre pour écraser les forces du mal, quant à l'arbitre, issu d'une famille spécialisée dans cette fonction, il est vêtu comme un prêtre shinto. Le théâtre Nô, codifié au XVème siècle, n'est que la récitation de légendes épiques d'inspiration shinto. L'ikebana lui-même, l'arrangement floral, est interprété en termes de shinto : les fleurs doivent marquer par leur disposition les trois plans du ciel, de l'homme et de la terre. L'ikebana peut aussi s'interpréter en termes de méditation bouddhiste. Le bain en commun, o-furo, qui était mixte jusqu'à ce que l'occupant américain s'en offusque en 1945, est aussi perçu comme un rite de communion avec la nature.

 

De nos jours, la pratique du shinto n'implique aucune croyance parti- culière. Les Japonais ne gardent que bien peu de superstition pour les kamis et ils ne recherchent aucune justification rationnelle du shinto. Cependant, c'est pour eux l'expression de leur adhésion à la communauté nationale et la participation aux cérémonies shinto du sanctuaire de leur village ou de leur quartier marque leur volonté de maintenir l'harmonie de la vie de la nation. Les Japonais célèbrent en rite shinto les évènements marquants de la vie des individus, de la communauté ou de la nation. Il s'agit de fêtes, dites matsuri, où l'on se réjouit simplement de l'existence. On cherche à avoir le cœur pur, on exhale sa gratitude pour ce que le monde a d'agréable et l'on souhaite que le bonheur soit préservé.

 

Rien n'est attendu d'une vie future. La mort est vécue comme une tragédie et c'est un rite bouddhiste, plus consolant, qui s'en occupe. En revanche, l'ambiance de réjouissance qui est celle des cérémonies shinto est bien adaptée aux naissances et aux mariages. 90 % des mariages japonais sont célébrés selon le rite shinto ; le symbole principal de l'union des époux consiste à boire trois fois dans la même coupe de saké. Cependant le banquet traditionnel où l'on invite famille et collègues de bureau coûte une fortune, aussi de nombreux jeunes ménages préfèrent-ils la mode des mariages à l'étranger, selon n'importe quel rite. C'est moins cher et le voyage de noces est compris. Les familles retrouvent volontiers le temple shinto le dimanche ; c'est un plaisir que de se promener dans ses jardins en accomplissant les rites de purification: on y boit l'eau de fontaines sacrées dans des gobelets en bois fixés à l'extrémité de longues tiges. Une autre expression du shintoïsme est ce que les occidentaux appellent faute de mieux les festivals, les "matsuri". Ils sont une occasion d'inviter les ancêtres défunts aux joies de la terre et de les y faire participer par l'esprit.

 

Cependant il n'y a pas de véritable culte des ancêtres shinto ; ce qui existe dans ce domaine relève du confucianisme, c'est-à-dire de la culture chinoise. Le shinto connaît de nombreux pèlerinages, souvent en montagne, siège des kamis. La morale, très simple, consiste à éviter les gros péchés : mensonge, meurtre, adultère etc... Par sa nature même, le shinto n'est nullement incompatible avec d'autres religions, puisqu'il n'est lui-même pas religieux. Durant toute son histoire, il s'est accommode du bouddhisme et du confucianisme et ne se pose pas davantage de problèmes aujourd'hui face au christianisme. La vie moderne l'a encore plus dépouillé de son contenu surnaturel, mais le shinto reste un extraordinaire ciment de l'unité de la nation japonaise. On peut trouver surprenant qu'une "religion" très primitive comme le shinto ait cependant survécu dans une civilisation aussi techniquement avancée que celle du Japon. Le shinto, par l'univers qu'il imagine, était déjà très en arrière de l'évolution technique du Japon d'avant le bouddhisme. A cette époque, l'agriculture et la structure sociale du Japon étaient arrivées à un niveau qu'on peut juger, de l'extérieur, très supérieur à l'état de spiritualité qu'exprime le shinto.

 

Un parallèle intéressant peut être fait avec l'écriture japonaise qui est à la fois primitive et compliquée. Elle pourrait être sans difficulté remplacée par l'alphabet latin, infiniment plus performant et bien adapté à la phonétique japonaise. Les Japonais préfèrent toutefois garder un système archaïque qui est le leur pour défendre leur personnalité. Le shinto procède de cet esprit. Toutefois la mentalité shintoïste s'adapte bien à la société moderne qu'elle contribue à modeler et développer: le goût de la nature favorise les mouvements écologiques, le besoin de renouveau perpétuel encourage la société de consommation et le souci de la beauté n'est pas sans effet sur le "design" et la beauté des produits japonais.

 

Il est difficile de dater l’apparition des arts martiaux au Japon. L’art de la guerre émerge rapidement lors des conflits entre peuplades. Les premières traces de traditions formalisées apparaissent avec les koryu, des écoles d’armes destinées aux guerriers professionnels, mais on sait que les pratiques de l’art de la guerre existaient avant leur formalisation. Ces traditions restent néanmoins attachées dans leur transmission à la caste des samurais. Cette dernière semble naitre à la fin de l’époque Nara (710-794) du besoin impérial de conquérir des terres aux Ainous. Fin 8ième siècle, début 9ième, l’empereur Kammu crée le titre de sei’i-taishōgun ou shōgun, commandant général des armées afin d’aller vaincre les Emishi au nord-est du Honshu. Bien que ce titre soit temporaire et sous le pouvoir impérial, le déclin de l’influence de l’empereur face à des clans locaux aboutit en 1192 à offrir un rôle politique aux guerriers professionnels. Le bakufu, un gouvernement militaire avec à sa tête le Shogun, fut mis en place et subsistera jusqu’en 1868. Cette période du Shogunat (1192-1868) place donc les samurais (ou plus précisément les bushi – les samurais n’étant qu’un rang parmi ces derniers) à la tête de la scène politique.

 

L’apogée de la classe guerrière en tant que classe combattante est souvent datée de l’époque Sengoku : la période des royaumes combattants. Cette période de trouble de 1477 à 1573 est une suite incessante de conflits, de combats et de révoltes. Le bushi vécut alors l’art de la guerre au quotidien. Sa pratique est destinée au champ de bataille où la lance, l’arc et le naginata (sorte hallebarde) se taillent la part belle. Les plus anciennes koryu qui nous sont parvenues naissent peu avant ou pendant cette période, c’est le cas du katori shinto ryu (1447) toujours pratiqué de nos jours. L’araki ryu pour sa part est établi sur la fin de cette époque (1573). Dans les écoles de cette époque, le combat est avant tout envisagé en armure, la lutte lorsqu’elle existe, inclut le combat en armure et avec armes.

 

En 1600, Tokugawa Ieyasu prend le pouvoir, il devient le nouveau Shogun et impose par un contrôle très strict des daymo (seigneurs locaux) une paix relative de 268 ans au cours de laquelle de nouvelles écoles fleurissent. Dans cette période sans bataille d’importance, les arts martiaux s’adaptent aux nouveaux besoins : le duel, la self-défense urbaine ou les fonctions de police. De nombreux jujitsu se développent très vite et l’art du sabre, arme de prédilection du duel, reste centrale dans les écoles d’armes. Les écoles plus anciennes enrichissent ou adaptent leur cursus (certaines abandonnent progressivement les armes de champ de bataille ou le combat en armure).

 

le lama aux cinq sagesseS

Alexandra D. NéEL

Edition PLON

 1982

Avec pour cadre les solitudes enchantées du Tibet, voici « le premier roman qui ait jamais été écrit par un lama tibétain à la gloire de son haut pays des neiges, pour le monde du lointain Occident ». Un récit signé d’Alexandra David – Néel et de son fils adoptif le lama Yongden, qui mêle à la passion et l’aventure la pittoresque description des faits, coutumes et paysages du Tibet.

 

Long et tortueux est parfois le chemin de la sagesse, même pour un enfant dont la naissance est entourée de prodiges. Lorsque Mipam vient au monde, toute la nature semble se réjouir et ses parents en conçoivent la certitude que leur fils est la réincarnation d'un grand lama. Mais, boudeur et gourmand, le garçon ne manifeste d'abord aucune aptitude particulière. Jusqu'à ce que ses rencontres amicales avec un léopard puis un sage ermite le décident à s'engager sur la voie de la religion. Dès lors, le hasard, les règles sociales du Tibet, mais aussi les lois plus incertaines de l'amour guideront les pas singuliers de Mipam, celui qui cherchait le pays où hommes et animaux vivent en paix.

 

le livre de la voie & de la vertu

dao de jing (lao zi)

Edition DESCLEE DE BROUWER

 1977

Le Livre de la Voie et de la Vertu domine le Taoïsme. Il en est le « germe et le terme ». Dans la post-face de ce livre, on trouvera de brèves indications sur l’ouvrage et, dans un poème liminaire de l’auteur, les limites de toute traduction.


Si l’on ne sait rien de certain sur Lao Zi, l’ouvrage qui lui est attribué, Le Livre de la Voie et de la Vertu (rédigé aux alentours du IVème siècle avant J.C.), paraît être un recueil d’aphorismes et de poèmes ésotériques anciens assortis de commentaires, tardivement divisé en 81 chapitres. Comme l’écrit Claude Larra : « L’étrange beauté du Lao ZiI tient à la solidité de la vision de l’Univers, de la place de l’homme, de l’économie de la vie. L’état lacunaire et la force des aphorismes en augmentent la fascination. »


Dans sa préface, François Cheng ajoute : « Livre de témoignage et de réflexion, cet ouvrage, tout en transmettant une connaissance sûre, offre une voie de recherche pour les hommes d’aujourd’hui. »

 

LE LUMINEUX DESTIN d’Alexandra DAVID NEEL

Jean CHALON

Edition ADYAR

 1998

Un très bon livre sur la vie d’Alexandra David Néel, vie exceptionnelle en longévité (101 ans) et dans les nombreuses vies qu’elle eut, car elle fut anarchiste, bourgeoise bouddhiste, cantatrice, orientaliste, exploratrice, conférencière, journaliste et écrivain, et tout cela sans jamais s’arrêter. Un destin hors du commun qui mérite le respect, l’admiration et l’envie de la connaître.
 
Louise Eugénie Alexandrine Marie David, plus connue sous le nom d'Alexandra David-Neel, née le 24 octobre 1868 à Saint-Mandé (Val-de-Marne, à l'époque Seine), morte à près de 101 ans le 8 septembre 1969 à Digne (Alpes-de-Haute-Provence, à l'époque Basses-Alpes), de nationalités française et belge, est une orientaliste, tibétologue, chanteuse d'opéra, journaliste, écrivaine et exploratrice franc-maçonne et bouddhiste.


Elle fut, en 1924, la première femme d'origine européenne à séjourner à Lhassa au Tibet, exploit dont les journaux se firent l'écho un an plus tard en 1925 et qui contribua fortement à sa renommée, en plus de ses qualités personnelles et de son érudition.

Alexandra est la fille unique d'un père (Louis David), franc-maçon de souche huguenote, instituteur (qui fut militant républicain lors de la révolution de 1848, et ami du géographe anarchiste Élisée Reclus), et d'une mère belge catholique d'origine scandinave et sibérienne, Alexandrine Borghmans.

Louis et Alexandrine s'étaient rencontrés en Belgique où le maître d'école et éditeur d'une revue républicaine s'était exilé lorsque Louis-Napoléon Bonaparte était devenu empereur.

 

À 43 ans, Alexandra David Néel, toujours avide d'Orient et de périples lointains, motive son départ pour le grand voyage de sa vie dans une lettre qu'elle adresse à son mari : " … Il y a une place très honorable à prendre dans l'orientalisme français, une place plus en vue et plus intéressante que celles de nos spécialistes… Vois l'immense succès de Bergson, excuse ma témérité, mais je crois avoir beaucoup plus à dire que lui. Pour cela il faut de l'énergie, du travail, une documentation qui ne laisse pas prise à la critique. Il faut que, lorsque je serai critiquée par les savants de cabinet, le public puisse penser : oui, ces gens-là sont d'éminents érudits, mais elle a vécu parmi les choses dont elle parle, elle les a touchées et vues vivre... ". Avec la bénédiction d'un mari très libéral, Alexandra David-Neel embarque seule pour un voyage prévu pour quelques semaines en Inde, mais elle n'en reviendra que quatorze ans plus tard !

 

Chargée de mission par le ministère de l'Instruction publique, elle traverse les Indes en 1910. À cette époque, elle souhaite approfondir sa connaissance du sanskrit et de l'hindouisme. Ce départ marque le commencement d'une vie. À peine arrivée à Colombo, elle inaugure sa méthode et son style : le voyage érudit. Elle apprend les idiomes, traduit les manuscrits, rencontre des sages et des lettrés, puis s'essaie à la méditation. Sévère mais très documentée, elle est critique, privilégie toujours la rationalité face aux superstitions, et n'hésite pas à se travestir pour assister aux cérémonies interdites.

 

En 1912, afin d'approcher et de révéler les arcanes du bouddhisme tibétain, elle escalade les Himalayas. Là, solidement recommandée par un évêque japonais, elle obtient une entrevue avec le treizième dalaï-lama exilé à la frontière du Tibet d'où il a été chassé par les Chinois ; celui-ci lui donnera rendez-vous à Lhassa, invitation qu'elle mettra onze ans à honorer ! Devenue disciple d'un grand maître tibétain, elle séjourne dans un ermitage himalayen, où elle mène une vie d'ascète. Arrivée au Sikkim, où des liens de très étroite amitié l'ont liée à Sidkéong Tulku, souverain de ce petit état himalayen, elle a visité tous les grands monastères, augmentant ainsi ses connaissances sur le Bouddhisme et plus précisément sur le Bouddhisme tantrique. C'est dans l'un de ces monastères qu'elle a rencontré en 1914 le jeune Aphur Yongden dont elle fera par la suite son fils adoptif. Il restera avec elle et la suivra fidèlement pendant 40 ans et mourra même avant elle. Tous deux décident alors de se retirer dans une caverne ermitage à 3900 mètres d'altitude, au Nord du Sikkim.

 

Puis, de villes en monastères, de vallées en déserts, à pied ou à dos de mulet, accompagnée d’Aphur, elle suit ses propres itinéraires, tandis que Philippe Néel se ruine pour entretenir chacun de ses pas. Alexandra méprise le confort, ignore les défaillances, manque de se faire dévorer par des yogis anthropophages et découvre l'art du "Toumo", qui consiste à supporter les froids polaires en majorant la chaleur de son corps. Révoltée par l'interdiction qui lui est faite de se rendre dans la capitale du Tibet et après plusieurs tentatives qui se soldent par autant d'expulsions, elle réalise un prodige : au terme d'un parcours de plus de 3 000 km, des mois d'errance à pied, des accidents et des démêlés avec les brigands, elle devient la première Occidentale à pénétrer dans la cité interdite de Lhassa en 1924. Elle a 56 ans.

 

Alexandra David-Neel ne posera définitivement ses malles qu'à 78 ans, après avoir parcouru l'Asie de long en large. Installée dans sa retraite à Digne, celle que les Tibétains considèrent comme une déesse passera son temps à l'étude et à l'écriture. Femme d'action doublée d'un écrivain, elle s'éteindra à 101 ans, après avoir ouvert l'Occident au cœur des philosophies bouddhistes et hindouistes au travers d'une trentaine d'ouvrages, tels : "La vie surhumaine de Guésar de Ling", "Le bouddhisme du Bouddha" et "Les enseignements secrets des bouddhistes tibétains "(éditions Adyar). Elle, l'exploratrice de terrain, par ces livres propose une belle invitation au voyage intérieur. Elle laisse aussi une masse importante de récits de voyage qui restent encore de nos jours une mine d'informations considérables pour toute personne désirant se rendre en Inde ou en Asie. Ils s'intitulent entre autres : "Voyage d'une Parisienne à Lhassa», "Au pays des brigands gentilshommes", "L'Inde où j'ai vécu", "Journal de voyage. Lettres à son mari"... .

 

LE MAÎTRE DE THḔ

Yasushi  Inoué

Ed. Le Livre de Poche

2000

« Monsieur Rikyu a assisté à la mort de beaucoup de samouraïs... Combien d'entre eux ont dégusté le thé préparé par Monsieur Rikyu avant d'aller trouver la mort sur le champ de bataille ?

Quand on a assisté à la mort de tant de guerriers, on ne peut pas se permettre de mourir dans son lit ! »Non, Monsieur Rikyu (1522-1591), Grand Maître de thé issu du bouddhisme zen, n'est pas mort dans son lit ! Il s'est fait hara-kiri à l'âge de 69 ans. Pourquoi s'est-il donné la mort ? Un vieux moine, son disciple, tente d'élucider le mystère de ce suicide.

Ce livre-enquête nous projette dans le Japon de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. A cette époque, la cérémonie du thé était un acte grave, un rituel qui témoignait d'un engagement redoutable, empreint d'exigences éthiques et politiques, prétexte parfois à des négociations secrètes. Le Maître de thé est donc tout naturellement un roman d'initiation, de méditation, lyrique et sensuel à la fois. A travers la figure historique de Rikyu, Yasushi Inoué (1907-1991) dresse le portrait d'une génération hantée par la mort. Etrange de penser qu'il a écrit là son dernier récit et sans doute son chef-d’œuvre, publié en 1991, l'année même de sa disparition !

Rituel du thé : C’est au XVIème siècle que se dessine enfin la mise en forme du rituel de la cérémonie du thé telle qu’elle est perpétrée aujourd’hui par des milliers d’adeptes : le grand maître du thé Sen no Rikyu (1522-1591) va démocratiser cette pratique en une forme épurée et désormais immuable – le wabi-cha – avec des objets modestes et discrets, toujours dans l’esprit zen de la simplicité et de la méditation afin d’apprécier le sacré dans le quotidien.

Mais revenons maintenant à notre périple et préparons-nous à pénétrer le saint des saints : la porte de notre hôte s’ouvre… Il a pris soin de préparer le jardin d’accès, le roji, ce « chemin de rosée » qu’il a mouillé par trois fois pour nous permettre d’emprunter ces pas de pierre qui mènent au bassin, dans la plus pure tradition. Là, chacun prélève de l’eau avec une louche en bambou avant de se laver les mains et la bouche afin de les purifier des souillures du monde profane… Ici commence à se révéler la complexité et la richesse qui se cachent dans l’expertise du maître du thé : au-delà de ses connaissances techniques sur la production et la préparation du thé, le long apprentissage (appelé sadô ou chadô) qu’il a suivi pour arriver à ce niveau de maîtrise lui confère aussi des compétences en arrangements floraux, en calligraphie, en céramique, etc… Le savoir-faire du maître du thé doit même se ressentir dans l’encens qu’il utilise et le choix de ses kimonos.

Invité par notre hôte à le suivre, voilà maintenant que notre petit groupe passe la porte du chashitsu, cette maisonnette de jardin où va se dérouler la cérémonie, ou nous prenons le temps de nous recueillir devant un tokonoma, une alcôve abritant quelques estampes et autre parchemin ancien. L’ambiance est paisible et nous prenons place : chacun se met en seiza en occupant l’espace rituel de quatre tatami et demi qu’impose la norme du lieu. L’encens exhale ses senteurs subtiles alors que quelques friandises nous sont servies. Commence ensuite le rituel de préparation des ustensiles qui sont symboliquement nettoyés et agencés selon une précision toute chirurgicale. Le cha-jin ravive les quelques braises qui vont amener doucement, dans un léger bruissement, l’eau à ébullition : il dépose ensuite en un mouvement sur, répété des dizaines et des dizaines de fois, le matcha dans un bol et verse l’eau à bonne température. A l’aide d’un petit fouet en bambou (chasen), il crée des volutes tourbillonnantes d’écumes qui ne sont pas sans rappeler le symbole taoïste du yin et du yang… Comme si l’harmonie de l’univers se rappelait à nous dans le mouvement de ce modeste breuvage…

Comme le veut la tradition, le premier bol vous est tendu : c’est le privilège de l’invité d’honneur ! Cette offrande appelle l’échange de salutations respectueuses pour signifier avec pudeur, dans un humble mouvement d’inclinaison de la tête et du haut du corps, le plaisir désintéressé d’offrir et celui de recevoir. La première gorgée vous est enfin permise… il ne vous reste plus qu’à porter la tasse aux lèvres, en prenant soins, après avoir fait pivoter le récipient de trois quarts de tour, d’éviter sa face avant où figure la marque du four de fabrication ou quelque élément décoratif. Chaque invité reproduit ces gestes selon la même liturgie et laisse ses sens s’ouvrir à la palette de goût, d’odeur et de couleurs qui se succèdent. Par marque de respect pour l’hôte, nous demandons pour conclure à examiner les ustensiles utilisés pour la cérémonie, afin de souligner l’intérêt que nous lui portons et le remercier de la qualité de son accueil. C’est sur cet ultime échange que notre hôte achève la cérémonie et nous raccompagne, avant de nous saluer avec toute la retenue propre à ses origines…

 

le message des tibÉtains – le vrai visage du tantrisme

Arnaud desjardins

Edition TABLE RONDE

 1978

Depuis 1959, le Dalaï Lama et l’élite des lamas et yogis tibétains se sont réfugiés en Inde et au Sikkim, devenant par là moins inaccessibles. En 1964 – 65 et en 1967, guidé par l’interprète personnel du Dalaï LAMA, Sonam Popgey Kazi, Arnaud Desjardins a fait deux séjours de plusieurs mois dans les monastères de l’Himalaya et auprès des sages tibétains les plus vénérés.

 

Il en a rapporté une série de documents filmés qui ont été diffusés par la Télévision française et qui sont destinés à conserver certains aspects essentiels d’une tradition menacée de disparaître. Le Message des Tibétains, c’est l’ultime message d’un monde en péril, à la fois célèbre et mal connu. Non pas une compilation d’ouvrages antérieurs mais un témoignage vrai et sincère sur une expérience vécue auprès des représentants authentiques de la tradition tibétaine.

 

Cette tradition, généralement dénommée lamaïsme, est en fait le bouddhisme tantrique tel qu’il régnait en Inde même avant les conquêtes musulmanes.

Ce livre est le premier ouvrage français consacré au « tantrisme » qui n’ait pas été écrit pour un public de spécialistes.

Le tantrisme est tout autre chose que « l’érotisme mystique » ou le « yoga du sexe » à quoi on le résume parfois abusivement.

 

LE POURFENDEUR DE L’ILLUSION

Adeu Rinpoche

Edition Accarias – L’Originel

2016

Le présent volume contient les enseignements d’Adeu Rinpoche, le plus important détenteur de la lignée Drukpa Kagyü de notre époque. Il se présente en deux parties : la première, consacrée aux enseignements de la Mahamudra, regorge d'instructions précises et détaillées, tandis que la seconde présente le récit de ce que l'auteur a traversé depuis l'époque de la répression chinoise en 1955, jusqu'à son emprisonnement dans les camps chinois, puis sa libération en 1982.

De tels témoignages sont rares, et c'est une grande chance que, par-delà les aléas du temps et les vicissitudes de l'Histoire, un tel document ait pu être constitué. Comme Adeu Rinpoche le dit lui-même : « À vrai dire, quand les gens entendent parler de ce qui s'est passé au Tibet entre 1958 et les années qui ont suivi, ils ont du mal à le croire. Tout cela est proprement inimaginable, et l'unique raison pour laquelle je peux y croire, c'est parce que je l'ai moi-même vécu. »

Dans ce récit, on voit défiler une succession de personnages atypiques, comme un lama farouche et sauvage qui, les armes à la main, combattait les Chinois, ou encore un maître expert en magie, et bien d'autres encore. Et à travers ces authentiques pratiquants, c'est toute la saveur du Tibet ancien que l'on retrouve. Cet ouvrage qui expose des enseignements d'une profondeur remarquable doublés d'un témoignage à la fois poignant et pudique ne manquera pas d'interpeller le lecteur.

Table des matières :

 

Préface par Marcia Binder Schmidt    -  Avant-propos par Tsoknyi Rinpoche  -    Brève prière par Adeu Rinpoche    -   Dévotion et renoncement    -   La pratique unificatrice  -    L’union de la Mahāmudrā et du Dzogchen    -          

L’entraînement   -   Le Guru Yoga        -    L’attention    -   L’union  -   L’infiltration chinoise    -   La fuite  -   La capture  -    L’interrogatoire   -   La condamnation   -    Le camp de prisonniers   -   Rencontre avec les maîtres  

Le trésor caché  -   Morts remarquables  -   La retraite  -

 

Adeu Rinpoche (1931-2007), un éminent détenteur de la lignée Drukpa Kagyü de notre époque naquit au Tibet oriental. En 1958, son monastère fut attaqué par les Chinois communistes et Rinpoche dut prendre la fuite ; commença alors pour lui une période d'errance qui se solda par son arrestation et sa condamnation pour croyances religieuses à quinze années d'emprisonnement dans les camps chinois. Adeu Rinpoche mourut dans son Kham natal, en 2007, à l'âge de 76 ans.

 

l’enseignement de mâ ananda moyî

Jean herbert

Edition ALBIN MICHEL

 2004

Mâ Ananda Moyî (1896 – 1982) fut certainement, en Inde, la femme la plus vénérée du XXème siècle. Dès sa petite enfance, elle fut considérée dans son Bengale natal comme un être extraordinaire lumineux. Puis, très vite, des milliers, des millions de personnes vinrent recevoir auprès d’elle la bénédiction du darshan, du contact transfigurateur avec le maître spirituel.


Son enseignement le plus souvent silencieux ne se référait à aucun dogme, et son rayonnement s’étendait bien au-delà des différentes écoles de l’hindouisme. Chefs d’État, sanskritistes, moines, hommes et femmes de toutes religions venaient la visiter des quatre coins du monde. La Joie transmise par « Mâ » s’apparentait à la Félicité ineffable qu’ont évoquée les grands mystiques, et qui plonge ses racines dans l’intuition de la non dualité.

Ma Ananda Mayi (ou Mayee ou encore Moyi) a été unanimement reconnue comme la plus grande sainte de l'Inde du 20ème siècle. Elle était en fait un avatar cosmique. De nombreux disciples lui ont construit plusieurs ashrams dans toute l'Inde; jeune, elle a reçu peu d'enseignements; plus tard, il s'est avéré qu'elle les connaissait tous; elle n'a pas enseigné mais a seulement répondu aux questions, dans l'esprit de ceux qui les posait. Sa présence procurait, à ceux qui l'approchaient, beaucoup plus que tout enseignement. Ma Ananda Mayi est née sous le nom de Nirmala Sundari Devi le 30 avril 1896 à Tripura, dans le Bengale oriental, qui fait actuellement partie du Bangladesh. Ses parents étaient des brahmanes très évolués. Son père, après la naissance d'une première fille, est parti pour mener une vie d'ascète, mais la mort de l'enfant l'a fait revenir auprès de sa femme. Sa mère était une perle parmi les femmes, écrivant des poèmes et de la musique.

Enceinte, elle a rêvé en permanence que la Lumière entrait dans sa maison. L'accouchement a eu lieu sans aucune douleur. Elle a mis au monde une perle encore plus brillante qu'elle. Jeune, Ma Ananda Mayi était une fille modèle, serviable, amie avec tous, hindous et musulmans. Elle accompagnait son père aux cérémonies religieuses et aidait sa mère à élever les enfants nés après elle. Très vite, elle a manifesté des périodes d'absence, ayant le regard fixe, totalement inerte, faisant craindre au début qu'elle soit "simple d'esprit". Puis l'entourage s'est rendu compte qu'il s'agissait de longues méditations dont personne ne pouvait la tirer.

Mariée à l'âge de 13 ans, son époux a vu en elle un être exceptionnel et a de suite demandé à être son disciple. Elle a exploré tous les yogas en six ans, sans guru et sans lecture des textes sacrés. Elle a appelé ce chemin son "Lila du sadhana" c'est-à-dire "jeu divin pour parvenir au but". Elle a alors reçue le nom de "Ma Ananda Mayi" c'est-à-dire "Mère pénétrée de béatitude". De nombreux disciples se sont très vite groupés autour d'elle, et en 1929 un premier ashram a été édifié à Dacca. En 1932, elle est allée au pied de l'Himalaya, où un second ashram a été construit en 1936 à Dehradun.

 

Elle a ensuite sillonné toute l'Inde, pendant des dizaines d'années, pour apporter aide et réconfort spirituel; de nombreux autres ashrams ont été construits, à Calcutta, Bénarès... Elle ne mangeait presque pas, son entourage craignait toujours pour sa santé, ce qui l'amusait beaucoup. Saï Baba a dit un jour à des personnes qui venaient le voir: "Vous avez vu Ma Ananda Mayi, que voulez-vous de plus?". Yogananda lui a consacré un chapitre complet dans sa célèbre "Autobiographie d'un Yogi". Elle a quitté son corps le 28 août 1982 dans son ashram de Dehradun.

 

Elle a autant enseigné par sa présence que par les paroles qui ont été rapportées. Elle s'est contentée de répondre aux questions. Ses réponses ne venaient pas de l'intellect, mais d'un état supérieur de conscience, trouvant les termes adaptés aux personnes en face d'elle. Bien que citant des doctrines, des philosophies, les textes sacrés hindous, elle se situait au- delà. Elle a dit: "Je suis hindoue, musulmane, chrétienne... tout ce que vous voulez". "Je n'ai aucun sens de l'ego ni de la séparation. En moi, chacun de vous a dans une égale mesure la hauteur et la profondeur de l'éternité".

"Qu'y a-t-il en ce monde? Absolument rien de durable; c'est donc vers l'Eternel que nos aspirations doivent tendre. Priez pour que soit pur le travail accompli par votre intermédiaire car vous êtes Son instrument. Souvenez-vous de Lui dans toutes vos actions. Plus pure sera votre pensée, plus belle sera votre oeuvre. Dans ce monde, vous recevez une chose et demain elle aura peut-être disparu. C'est pour cela qu'un esprit de service doit animer votre vie; éprouvez donc le sentiment que dans tout ce que vous faites le Seigneur accepte que vous Le serviez."

 

"Le mot manush (homme) dérive de man (mental) et ush (conscience), ce qui témoigne de l'éveil et de la vigilance du mental. Ceci démontre que l'homme est naturellement appelé à rechercher la connaissance du Soi. [...] Il est évident que le corps humain vit par la respiration et de là provient la souffrance. On trouve sur les routes de la vie deux sortes de pèlerins: le premier, tel un touriste avide de voir toutes sortes de choses, va de place en place, sautillant pour son plaisir d'une expérience à une autre. L'autre suit le chemin qui convient à l'être réel et qui le conduit dans sa vraie demeure, la connaissance du Soi. Si l'on entreprend le voyage pour son seul plaisir et par curiosité, on rencontre certainement la douleur. La souffrance est inévitable tant que l'on n'a pas trouvé sa vraie demeure. Le sens de la séparation est à la racine même de la souffrance car il repose sur une erreur, sur la notion de dualité".

 

Ma a répondu à la question suivante qui revient souvent dans l'esprit des "étudiants en spiritualité": On prétend que les choses sont ce qu'on croit et seulement ce qu'on les croit. Par exemple, si je crois que le prasad (1) m'apporte une bénédiction, il le fera, mais si je ne le crois pas, il ne le fera pas. Qu'est-ce qui est alors imagination ou vérité réelle? Réponse: "L'imagination est une des activités du mental. Le prasad apporte toujours des bénédictions, que vous le croyez ou non [...] Que vous y croyez ou non, n'importe quel objet consacré à Dieu vous apporte une bénédiction. C'est pourquoi je conseille toujours d'offrir à Dieu la nourriture que l'on va prendre." Ma indique que, dans ces conditions, si une nourriture ne convient pas, la maladie s'installera rapidement et il faudra arrêter de la consommer.


 

Question: "La réalisation du Soi dépend-elle du gourou ou survient-elle indépendamment?" Réponse: "Il faut tout d'abord se rendre compte que c'est l'action exercée par le pouvoir du gourou qui fait agir la force de volonté, en d'autres termes on peut dire que cette force de volonté dérive du gourou Certains chercheurs de la Vérité veulent avancer sans gourou, car dans leur voie l'accent est mis sur l'action personnelle, sur le fait qu'ils ne doivent compter que sur leurs propres efforts. Si vous remontez jusqu'à la source de cette question, vous verrez que, dans le cas d'une personne qui accomplit une sadhana sous l'impulsion d'une aspiration intense et qui compte sur ses propres forces, l'Etre suprême se révélera Lui-même d'une manière spéciale, du fait de l'intensité de cet effort individuel  tout ce qui peut être dit ou demandé à ce sujet relève du domaine de la pensée humaine, qui est limité."

 

A propos des intellectuels, elle a dit: "Comprendre intellectuellement, cela signifie être soumis à des conceptions mentales et cela vous empêche de saisir la Vérité." "Comment éviter ce dilemme, cette oscillation entre bonheur et malheur? Vous vous laissez aller dans ces petites joies de tous les jours, mais vous ne vous souciez pas de découvrir la source [...] Ne voyez-vous pas que ce monde n'est qu'une auberge de passage? Nous y rencontrons d'autres pèlerins. Le but de la réunion finale est le Soi (Atman). Mais cela, vous l'oubliez; vous vous identifiez à votre corps et forgez ainsi le premier maillon de la chaîne de toutes les misères de la vie  S'il est vrai qu'un voile d'ignorance obscurcit votre vision, il est tout aussi vrai qu'il existe un moyen de s'en sortir  «Dieu existe et il faut que je le trouve», doit devenir le leitmotiv de votre vie."

 

L’ENSEIGNEMENT ET LA prÉsence de ma anandamayi

 Divers

Edition LES DEUX OCÉANS

 1985

Quelques pages du journal personnel 1947 – 1963 de ce Grand Maître spirituel hindou (1896 – 1982). Elle fut la femme la plus vénérée et écoutée du XXème siècle. Elle avait une présence fascinante et son bonheur était contagieux.

 

Quelques phrases de son enseignement :

 

Pour l’individu, il y a un voile de l’ignorance, mais il y a aussi une porte qui conduit à la connaissance.

 

Qu'y a-t-il en ce monde? Absolument rien de durable; c'est donc vers l'Eternel que nos aspirations doivent tendre. Priez pour que soit pur le travail accompli par votre intermédiaire car vous êtes Son instrument. Souvenez-vous de Lui dans toutes vos actions. Plus pure sera votre pensée, plus belle sera votre oeuvre. Dans ce monde, vous recevez une chose et demain elle aura peut-être disparu. C'est pour cela qu'un esprit de service doit animer votre vie; éprouvez donc le sentiment que dans tout ce que vous faites le Seigneur accepte que vous Le serviez."

 

"Le mot manush (homme) dérive de man (mental) et ush (conscience), ce qui témoigne de l'éveil et de la vigilance du mental. Ceci démontre que l'homme est naturellement appelé à rechercher la connaissance du Soi. [...] Il est évident que le corps humain vit par la respiration et de là provient la souffrance. On trouve sur les routes de la vie deux sortes de pèlerins: le premier, tel un touriste avide de voir toutes sortes de choses, va de place en place, sautillant pour son plaisir d'une expérience à une autre. L'autre suit le chemin qui convient à l'être réel et qui le conduit dans sa vraie demeure, la connaissance du Soi. Si l'on entreprend le voyage pour son seul plaisir et par curiosité, on rencontre certainement la douleur. La souffrance est inévitable tant que l'on n'a pas trouvé sa vraie demeure. Le sens de la séparation est à la racine même de la souffrance car il repose sur une erreur, sur la notion de dualité".

 

Ma a répondu à la question suivante qui revient souvent dans l'esprit des "étudiants en spiritualité": On prétend que les choses sont ce qu'on croit et seulement ce qu'on les croit. Par exemple, si je crois que le prasad (1) m'apporte une bénédiction, il le fera, mais si je ne le crois pas, il ne le fera pas. Qu'est-ce qui est alors imagination ou vérité réelle? Réponse: "L'imagination est une des activités du mental. Le prasad apporte toujours des bénédictions, que vous le croyez ou non [...] Que vous y croyez ou non, n'importe quel objet consacré à Dieu vous apporte une bénédiction. C'est pourquoi je conseille toujours d'offrir à Dieu la nourriture que l'on va prendre."
Ma indique que, dans ces conditions, si une nourriture ne convient pas, la maladie s'installera rapidement et il faudra arrêter de la consommer.

 

Question: "La réalisation du Soi dépend-elle du gourou ou survient-elle indépendamment?"

 

Réponse: "Il faut tout d'abord se rendre compte que c'est l'action exercée par le pouvoir du gourou qui fait agir la force de volonté, en d'autres termes on peut dire que cette force de volonté dérive du gourou [..] Certains chercheurs de la Vérité veulent avancer sans gourou, car dans leur voie l'accent est mis sur l'action personnelle, sur le fait qu'ils ne doivent compter que sur leurs propres efforts. Si vous remontez jusqu'à la source de cette question, vous verrez que, dans le cas d'une personne qui accomplit une sadhana sous l'impulsion d'une aspiration intense et qui compte sur ses propres forces, l'Etre suprême se révélera Lui-même d'une manière spéciale, du fait de l'intensité de cet effort individuel [...] tout ce qui peut être dit ou demandé à ce sujet relève du domaine de la pensée humaine, qui est limité."

 

A propos des intellectuels, elle a dit: "Comprendre intellectuellement, cela signifie être soumis à des conceptions mentales et cela vous empêche de saisir la Vérité."

 

"Comment éviter ce dilemme, cette oscillation entre bonheur et malheur? Vous vous laissez aller dans ces petites joies de tous les jours, mais vous ne vous souciez pas de découvrir la source [...] Ne voyez-vous pas que ce monde n'est qu'une auberge de passage? Nous y rencontrons d'autres pèlerins. Le but de la réunion finale est le Soi (Atman). Mais cela, vous l'oubliez; vous vous identifiez à votre corps et forgez ainsi le premier maillon de la chaîne de toutes les misères de la vie  S'il est vrai qu'un voile d'ignorance obscurcit votre vision, il est tout aussi vrai qu'il existe un moyen de s'en sortir [...] «Dieu existe et il faut que je le trouve», doit devenir le leitmotiv de votre vie."

 

L’ENSEIGNEMENT - RAMANA  MAHARSHI  AU JOUR LE JOUR

Eléonore Braitenberg- Neess

Edition Albin Michel

2017

Ramana Maharshi, l'un des plus grands et singuliers maîtres de l'Inde, est déjà connu en Occident pour son enseignement qui a la simplicité de l'absolu : seul existe le Soi, source de toutes les formes de l'Univers et de nous-mêmes. Le présent journal, tenu de 1945 à 1947 par Devaraja Mudaliar, proche disciple de Ramana Maharshi, nous livre non seulement l'enseignement de Sri Ramana et les réponses qu'il apporte aux nombreuses questions des disciples et des visiteurs, mais il nous fait aussi revivre le quotidien de l'ashram et le comportement au jour le jour du Maharshi, empli de compassion et rayonnant la paix parfaite. Ce volume est l'un des trois ouvrages clés de la littérature du Maharshi avec L'Enseignement de Ramana Maharshi et En présence de Ramana Maharshi, précédemment publiés chez Albin Michel. Traduit de l'anglais et présenté par Eléonore Braitenberg- Neess.

 

La quête de l’Atman des écritures sanscrites est la démarche essentielle du chercheur d’absolu. Selon les Upanisads, l’Atman est cette présence divine qui sous-tend notre conscience et qui, résidant au cœur de nous-même, nous relie au Brahman Universel. Atman et Brahman sont identiques, ainsi le retour de la conscience en l’Atman nous ramène à l’Infini, à Dieu, à l’immortalité. Ce cœur spirituel est notre être même, l’essence de notre identité profonde et la source de la conscience ; Ramana Maharshi, inlassablement, adjoindra ses interlocuteurs de retourner à cette source sacrée que les traductions françaises nomment le « Soi. »Ce centre spirituel n’est pas notre identité de surface, l’ego personnel. Le Soi est un appel intérieur qui réclame le sacrifice du moi illusoire afin de rayonner comme source de l’identité réelle et éternelle qui nous anime.

 

Toute la démarche spirituelle transmise par Sri Ramana tourne autour de la question sans cesse renvoyée à l’interlocuteur : « qui suis-je ? »Constamment, le sage demandait à ses visiteurs d’entrer sur le chemin de l’investigation du Cœur spirituel, la source unique et éternelle de notre être et centre ultime de notre conscience. Cette démarche introspective consiste à suivre la pensée jusqu’à son origine ; elle permet alors de dépasser les limites du moi crée par les pensées et, au cœur de l’observation silencieuse, d’atteindre la révélation de notre identité réelle : le Soi. L’immersion dans le Cœur spirituel libère la conscience de l’illusion qu’il y a un observateur, et un monde observé. Le sortilège de la dualité apparente est enfin dissipé et la lumière du Soi dévoile la Réalité unique, éternelle et infinie. C’est à travers les yeux du Cœur que le monde se révèle nimbé du Réel ; sinon il ne serait qu’une pure création de nos pensées.

 

Les visiteurs étaient habitués aux enseignements spirituels classiques, aux disciplines et pratiques longues et complexes ; aussi étaient-ils stupéfaits de s’entendre dire qu’il n’y avait rien à conquérir, aucun effort à faire, et que la seule idée qu’il y ait un résultat à atteindre ou que le simple désir de la Réalisation spirituelle étaient autant d’obstacles sur le chemin’ ailleurs il n’y avait pas de chemin car le Soi a toujours été présent au centre de nous-même. Notre source sacrée n’est pas une chose à atteindre au terme d’un long et pénible voyage mais une lumière à dévoiler. Ce simple changement de regard était l’unique pratique conseillée par Sri Ramana : un retour définitif à notre divinité intérieure. Le Cœur spirituel étant le seul gourou, le maître incarné n’est là que pour révéler la présence du Soi, ce rayonnement intérieur est l’enseignement et le maître véritable. Pour Sri Ramana, la vie était aussi simple et tranquille que l’était son esprit. Il ne tirait aucune gloire de sa notoriété et il n’était pas rare de le trouver assis sur le sol de terre battue de la cuisine, en train d’éplucher les légumes des repas du jour vers 3 h du matin.

 

Il pouvait aussi interrompre un entretiens devant une centaine de personnes pour aller masser les pieds endoloris d’un nouveau venu assis silencieusement à l’extérieur de la salle d’audience ;alors qu’il n’accordait par un regard à quelque important personnage venu de Delhi chargé de profondes questions métaphysiques. Il prenait ses repas assis à même le sol, en compagnie de tout le monde, dans la salle commune. Vivant presque nu, ne possédant rien, Sri Ramana conservait une simplicité de cœur qui fascinait ses visiteurs. En fin d’après-midi, accompagné de quelques disciples, il prenait son bâton et s’engageait sur le chemin rituel du tour de la montagne et ne rentrait qu’à la nuit tombée pour se retirer dans sa petite cellule monastique. La montagne sacrée d’Arunachala, Sri Ramana la connaissait par cœur ; il en avait arpenté tous les sentiers et avait posé ses pieds nus sur chaque rocher brûlant. Il en avait visité chaque grotte, salué tous les ermites solitaires qui s’y cachaient. Arunachala était son dieu, sa compagne ; il était uni à ce mont comme à son Cœur spirituel.
La journée se passait en entretiens car « Bhagavan »se consacrait entièrement à ses visiteurs. Parfois, aux heures chaudes de l’après-midi un disciple lui lisait les textes sacrés de l’hindouisme qu’il commentait à sa manière ; il apprit ainsi que son expérience intime était décrite dans les antiques Upanisads, le Ribhu Gita, ou les hymnes védantistes de Shankara ; C’est ce qui lui permit de converser avec les plus érudits de ses visiteurs. Mais souvent il se contentait de leur répondre : « cherchez en vous-même qui pose la question, et vous trouverez la réponse ultime »

 

Ramana Maharshi s’est toujours défendu de faire des miracles. Il condamnait la recherche de pouvoirs spéciaux révèles par les pratiques et les ascèses ; Il mettait en garde ceux qui seraient tentés de les utiliser lorsqu’ils s’éveillaient spontanément : Celan pouvait qu’accroître le sentiment illusoire du moi alors que celui-ci devait se fondre dans le Soi pour accéder à l’état d’éveil. Cependant de nombreux disciples ayant partagé la vie quotidienne du sage ont relaté d’étranges évènements : Guérisons spontanées (à commencer par celle de sa mère) ; accroissement inattendu de la quantité de nourriture l’ashram, lors de visites massives imprévues ; bilocation fréquentes en des lieux très éloignés, corroborées par des témoins ; sans compter les étranges visions du coeur de la montagne où résideraient d’anciens Rishis. L’ultime miracle de Sri Ramana en ce monde fut la grande lumière céleste apparue à l’instant de sa mort. Avant de s’en aller Sri Ramana affirmait à ses proches disciples qu’il serait toujours là, éternellement vivant, à leur côté. Il est vrai que depuis sa mort, les témoignages de sa présence spirituelle à Tiruvannamalai sont fréquents et il arrive parfois au chercheur spirituel que la simple vision de l’image du sage allume au cœur de l’Etre une flamme d’amour absolu qui embrase la conscience. Cette expérience est vécue comme le « darshan », la bénédiction de Sri Ramana, véritable initiation qui, souvent, engage celui qui l’a reçue sur le chemin de l’éveil spirituel.

 

l’enseignement de ramana maharshi

Nouvelle Édition Intégrale

ALBIN MICHEL

 2005

Râmana Maharshi (1879 – 1950) compte parmi les plus grands maîtres de l’Inde contemporaine. Sans aucune étude ni initiation, il atteignit l’illumination et vécut en ermite dans la sainte montagne d’Arunâchala. Son enseignement principalement oral attira à lui des milliers d’Indiens et d’occidentaux.


 À la fois conforme à la vérité la plus profonde des textes sacrés de l’hindouisme et détachée d’une érudition sclérosante, sa parole s’autorisait des excursions dans la pensée évangélique qu’il éclairait d’un jour nouveau. En maître socratique, il ne donnait jamais de leçons magistrales, mais se contentait de répondre aux questions qu’on lui posait et d’en susciter de nouvelles. Plus de trente ans après la première traduction française de ces entretiens, voici enfin une édition critique et intégrale de ce classique de la spiritualité vivante.
 
La quintessence de l’enseignement de Ramana Maharshi se trouve dans le petit livre intitulé « Qui suis-je ? ». Il contient la première série d’instructions données par Ramana Maharshi, basées sur sa propre expérience de la réalisation du Soi. La série de questions initiale fut posée par Sivaprakasam Pillai et fut ensuite présentée par Ramana Maharshi lui-même sous forme de prose.Chacun peut prendre conscience de la puissance de cet enseignement, à condition de le mettre en pratique. Dans L’Enseignement de Ramana Maharshi (Talks) nous lisons : « [qu’on recherche] à qui appartiennent les pensées.

 

D’où proviennent-elles ? Elles doivent surgir du Soi conscient. S’en rendre compte, même vaguement, favorise l’élimination de l’ego. Par la suite, la réalisation de l’Existence unique et infinie devient possible. Dans cet état, il n’y a pas d’autres individus, il ne reste que l’Existence éternelle. Aussi ne pense-t-on ni à la mort ni à la souffrance ».

 

Tout être vivant aspire à un bonheur qu’aucune souffrance ne troublerait ; et chacun éprouve le plus grand amour pour lui-même ; ce qui est dû uniquement au fait que le bonheur est sa nature véritable. De là, afin d’atteindre ce bonheur intrinsèque et pur que nous éprouvons chaque nuit dans le sommeil profond lorsque le mental est endormi, il est essentiel de se connaître soi-même. La meilleure méthode pour y parvenir est la voie de la Connaissance, la quête du Soi par la question « Qui suis-je ? ».

 

« Qui suis-je ? » Je suis pure Conscience. Cette Conscience est par nature-même Etre-Conscience-Félicité (sat-chit-ânanda). Le mental est l’outil du savoir et la base de toute activité ; si le mental se retire, la perception du monde en tant que réalité objective cesse. L’analogie suivante est souvent utilisée dans l’Advaita : un homme voit une corde au crépuscule, la prend pour un serpent et s’effraye sans raison. La corde sur laquelle l’illusion se forme n’est pas perçue en tant que corde, jusqu’à ce que cette illusion s’évanouisse. De même, on ne peut avoir la vision de la vraie nature du Soi, sur lequel les illusions se forment, à moins que ne cesse cette perception illusoire du monde en tant que réalité objective.

 

Ce qui est appelé « mental » est une merveilleuse force inhérente au Soi par laquelle toutes les pensées s’éveillent. En dehors des pensées, le mental n’existe pas. Aussi la pensée constitue-t-elle la nature du mental. En dehors des pensées, il n’y a pas d’entité séparée appelée « monde ». Dans le sommeil profond il n’y a pas de pensée, et donc pas de monde. Dans les états de veille et de rêve, les pensées sont présentes, ainsi que le monde.
Tout comme l’araignée tire d’elle-même le fil (de la toile) et le résorbe en elle-même, le mental projette le monde en dehors de lui-même et le résorbe en lui-même. Quand le mental émerge du Soi, le monde se manifeste. Ainsi, lorsque le monde apparaît (comme réel), le Soi n’apparaît pas ; et lorsque le Soi apparaît (ou resplendit), le monde n’apparaît pas. Si l’on s’interroge assidûment sur la nature du mental, celui-ci finira par se retirer, il ne restera que le Soi. Ce qui est désigné comme le Soi est l’âtman. Le mental ne peut exister indépendamment de quelque chose de grossier (le corps physique) ; il ne peut exister par lui-même. C’est le mental qu’on appelle corps subtil ou âme

 


Ce qui s’élève dans ce corps en tant que « je » est le mental. Si l’on cherche à savoir d’où, dans le corps, émerge en premier la pensée « je », on découvrira que c’est du Cœur. C’est là la source du mental. Même en pensant continuellement « je, je », on sera conduit à cet endroit. La pensée « je » est la première de toutes les pensées qui apparaissent dans le mental. Ce n’est qu’après sa naissance que les autres pensées s’élèvent. La pensée « Qui suis-je ? » détruira toutes les autres pensées et, comme le bâton qu’on utilise pour tisonner le bûcher funéraire, elle sera, elle aussi, finalement brûlée elle-même. C’est alors que surviendra la réalisation du Soi. Lorsque d’autres pensées surgissent, au lieu de les suivre, on devrait se demander avec persévérance : « A qui sont-elles venues ? ». Peu importe le nombre de pensées qui s’élèvent ainsi. Chaque fois qu’une pensée arrive, on devrait s’interroger vivement : « A qui cette pensée est-elle venue ? », la réponse serait : « A moi ». Et là, si on se demande « Qui suis-je ? », le mental retournera à sa source et la pensée qui venait de surgir s’évanouira.

 

En persévérant ainsi dans cette pratique, le mental développera peu à peu la capacité de demeurer dans sa source. Lorsque le mental, qui est subtil, passe par le cerveau et les organes des sens, il apparaît des noms et des formes grossières ; lorsque le mental reste dans le Cœur, ces noms et ces formes disparaissent. Ce qu’on appelle « intériorisation » consiste à ne pas laisser le mental s’échapper, mais à le retenir dans le Cœur. L’« extériorisation », c’est de laisser le mental sortir du Cœur. Ainsi, quand le mental demeure dans le Cœur, le ‘je’, origine de toutes les pensées, s’évanouit et le Soi toujours présent resplendit. Il n’y a que l’investigation intérieure comme moyen adéquat pour faire que le mental se retire de façon permanente. Si l’on s’efforce de maîtriser le mental par d’autres moyens, il ne sera maîtrisé qu’en apparence, car il s’élèvera à nouveau. Le mental peut aussi être apaisé par le contrôle de la respiration, mais cela ne dure que le temps du contrôle ; quand elle reprend librement, le mental redevient actif et commence à vagabonder.

 

Tout comme la pratique du contrôle de la respiration, la méditation sur les représentations de Dieu, la répétition de mantras, le régime alimentaire, etc. ne sont que des aides temporaires pour apaiser le mental. Le mental parvient à cette concentration extrême par la méditation sur des formes de Dieu et par la répétition de mantras. Pour un mental ainsi concentré, la recherche du Soi devient facile.En observant un régime strict [nourriture sattvic (pure)], on améliore la qualité du mental, ce qui aide à la recherche du Soi. Même un grand pêcheur est assuré de pouvoir s’amender par la pratique zélée de la méditation sur le Soi. On ne devrait pas permettre au mental d’errer vers les choses de ce bas monde, ni de se mêler des affaires des autres. Aussi mauvais que puissent paraître certains, il ne faudrait pas les haïr pour autant.

 

Tout ce que l’on donne à autrui, on se le donne à soi-même. Si on a compris cela, comment ne pas vouloir donner à son prochain ? Si l’ego se manifeste, tout se manifeste ; si l’ego s’apaise, tout s’apaise. Le bien s’établira en proportion de notre humilité. Une fois le mental apaisé, on peut vivre n’importe où. Ce qui existe en vérité, est le Soi seul. Le monde, l’âme individuelle et Dieu ne sont que des apparences dans le Soi, comme l’argent qu’on croit voir dans la nacre. Ils apparaissent et disparaissent simultanément. Le Soi est là où il n’y a pas la moindre pensée « je ». C’est « le Silence ». Le Soi lui-même est le monde ; le Soi lui-même est « je » ; le Soi lui-même est Dieu ; tout est Shiva, le Soi.

 

Celui qui s’abandonne au Soi, qui est Dieu, est un excellent devot. S’abandonner à Dieu signifie se souvenir constamment du Soi. Tout fardeau que nous remettons à Dieu, Il le portera. Puisque le pouvoir suprême de Dieu anime tout, pourquoi ne pas nous y soumettre, plutôt que de nous tracasser de ce qui doit ou ne doit pas être accompli, et comment. Sachant que le train transporte tous les bagages, pourquoi nous éreinter à porter nos petits bagages sur la tête, au lieu de les déposer dans le train et d’être à l’aise ?

 

L’ENSEIGNEMENT ET LA prÉsence de ramana maharshi

Henri hartung

Edition DERVY

 1987

Il y a cent ans, naissait dans un petit village des Indes Ramana Maharshi (1879 – 1950). Presque toujours silencieux, n’écrivant qu’exceptionnellement, n’ayant jamais fait la moindre tentative pour se faire connaître, même dans son propre pays, n’ayant effectué qu’un seul voyage destiné à le conduire à la montagne sacrée d’Arunachala, le Maharshi est cependant vénéré dans toute l’Inde et il est devenu le symbole d’une vie spirituelle réelle. Un grand nombre d’Occidentaux et d’Orientaux, connus – de K. Durkheim, R. Guénon, J. Maritain à J. M. Masui, Ananda Mayee – et inconnus, le considèrent comme le Témoin, un des plus grands sages du vingtième siècle, sinon le plus grand.

 

Il est de la race de ces êtres d’exception ayant réalisé la parfaite union du corps, de l’intelligence et de l’Esprit et incarnant au milieu de l’activisme, des faiblesses d’une humanité opaque et du vide d’une société sans âme, la sagesse de la connaissance et la sainteté de la contemplation.


À l’occasion du centenaire de sa naissance, le 29 décembre 1979, Henri HARTUNG s’est proposé de nous présenter sa vie ainsi que l’essentiel de son message : l’investigation intérieure : qui suis-je ? Et, de son point de vue, toutes les grandes questions qui se posent à nous. Un chapitre important du livre est consacré à la situation du chrétien devant cette personnalité unique.

 

l’enseignement de ramakrishna

Jean herbert

Edition ALBIN MICHEL

 2005

Shrî Râmanakrishna (1836 – 1886) est unanimement considéré comme l’un des plus grands maîtres indiens de tous les temps ; certains voient en lui un avatar de Vishnou. Initialement dévoué à Kâlî, il a été initié dans toutes les branches de la religion indienne et a même effectué des incursions dans le christianisme et l’islam, se conformant aux rituels et aux croyances de chacune.

 

« Tous les chemins mènent à Dieu, mais les chemins ne sont pas Dieu », avait-t-il coutume d’affirmer : message qui va plus loin que la tolérance, affirmant la légitimité pleine et entière de toutes les grandes traditions religieuses. Gandhi disait de lui : « Sa vie nous permet de voir Dieu face à face. »

 

Tout enfant, sa prodigieuse mémoire lui a permis d’assimiler les innombrables enseignements de l’Inde. Il manifeste dès l'âge de 5 ans une extase en voyant un vol de grues blanches sur un ciel d'orage. Très vite est apparu son pouvoir d’épouser toutes les âmes du monde. A 9 ans, deux ans après la mort de son père, il reçoit l’investiture du cordon sacré, ou initiation "upanayana", consacrant son entrée dans la caste brahmanique.


A 19 ans, il accepte de devenir prêtre du temple de Dakshineswar, dédié à la déesse noire Kali, image à la fois mythologique et symbolique de la Mère divine. Dès lors, il se consacre au service de la déesse avec une telle ferveur que beaucoup de fidèles du temple le prennent pour un déséquilibré mental.

Il revient à son village d'origine et épouse Sara Devi, âgée de 5 ans seulement, union toute spirituelle, l'enfant retourne chez ses parents et ne viendra à ses côtés qu'à l'âge de 18 ans.

 
Il réalise la Mère divine et reçoit la connaissance directe de l’énergie cosmique ou "Shakti", le secret de la création tout entière. Après cette expérience, il rencontre son premier guru, une sainte religieuse, Bhairavi Brahmani, qui reconnaît en lui une incarnation divine (avatar) et lui enseigne le tantrisme. Il rencontre son deuxième guru, Tota Puri, qui lui enseigne le Vedanta, plus particulièrement l'Advaïta, et lui propose de faire l'expérience de l'état "inconditionné" puis l'état où le sujet et l'objet disparaissent. Il reste trois jours dans l'extase face à son maître qui le contemple. De cet état de béatitude et d'Absolu, peu de sages en reviennent. Ramakrishna mettra six mois pour en sortir.

 

En 1880, il reçoit une première visite d'un jeune prince de 17 ans, cultivé et intelligent, celui qui deviendra Vivekananda. Ce dernier lui demande carrément :"Seigneur avez-vous vu Dieu?" à quoi Ramakrishna lui répond: «oui mon fils, je L'ai vu". Vivekananda n'est pas convaincu immédiatement, plusieurs visites se succèdent, finalement il se décide à s'engager dans la voie du renoncement (sannayasin). Quelques temps avant de mourir, Ramakrishna rencontre longuement Vivekananda, et tous deux entrent en extase. Il lui dit "je t'ai tout donné, par ce pouvoir tu feras un bien immense au monde".

 

Ramakrishna voyait Dieu en chaque homme et a dit "le déséquilibre et la souffrance du monde viennent de ce que l’être humain ne cherche pas à vivre en Dieu". Pour vivre en Dieu, il a donné cette image remarquable: "Il nous attire constamment comme un aimant attire le fer. Mais le fer n’est pas attiré s’il est couvert de saleté. Quand on a ôté la saleté, le fer se plaque aussitôt contre l’aimant." Il est allé encore plus loin que ses prédécesseurs orientaux dans la synthèse des religions, en incluant le christianisme. Il a encouragé la création d'un ordre monastique, lequel ne s'est réalisé véritablement que le 25 décembre 1887, sous la direction de Vivekananda.

 

Ramakrishna n'a rien écrit lui-même, mais ses disciples ont rassemblé ses enseignements dans un ouvrage intitulé "Gospel of Ramakrishna". On trouve en particulier ces deux passages: "J'ai pratiqué toutes les religions, du christianisme à l'islam et j'ai suivi chacune des voies propres aux diverses sectes de l'hindouisme. Et il m'est apparu que par des voies différentes toutes cheminent à la rencontre du même Dieu. [...] Personne ne réalise que celui qu'on appelle Krishna est aussi appelé Shiva ou bien l'Energie divine (Shakti), Jésus ou Allah, ou encore Rama avec ses mille noms."

 

"Dieu est installé sur le toit de la maison. Il s'agit de le rejoindre. Pour cela, les uns prennent une échelle, d'autres une corde ou une perche en bambou, d'autre encore empruntent l'escalier ou escaladent les murs. Que vous choisissiez telle ou telle voie est chose indifférente, à condition de ne pas les essayer en même temps mais successivement. Si vous arrivez sur le toit, vous avez trouvé Dieu et vous comprenez alors qu'il y avait plusieurs voies possibles pour le rejoindre. En aucun cas vous ne devrez penser que les autres chemins ne mènent pas à Dieu. Ce sont simplement d'autres moyens permettant de se hisser sur le toit. Permettez à chacun de suivre sa propre voie 
Chacun s'imagine que seule sa propre montre indique l'heure exacte. En réalité, il suffit d'aimer Dieu avec ardeur et de se sentir attiré vers Lui..."

 

A propos de Dieu il a dit: "Ceux qui croient que Dieu est sans forme l'atteindront aussi bien que ceux qui croient qu'il est avec forme. Les deux seules choses nécessaires sont la foi et l'abandon de soi.". Concernant ses propres enseignements, il a dit: "N'acceptez rien parce que je vous l'ai dit. Eprouvez tout par vous-même."

 

Vivekananda a rendu hommage à son maître en ces termes: "Si je vous ai dit un mot de vérité il vient de lui et de lui seul. Et si je vous ai dit beaucoup de choses qui ne sont pas vraies, qui ne sont pas exactes, qui ne sont pas bienfaisantes pour l'humanité, c'est de moi seul qu'elles viennent et j'en suis seul responsable."


Le présent recueil, augmenté au fil des rééditions, constitue aujourd’hui le texte de référence sur la pensée de ce maître.

 

L’ENSEIGNEMENT DE ramakrishna – un maÎtre pour notre temps

J.P. cartier

Edition LA TABLE RONDE

 2004

au dix-neuvième siècle, ignore de tous dans un village perdu du Bengale, un moine hindouiste prêchait déjà la compréhension mutuelle entre les traditions. il affirmait que toutes les religions sont faites pour s’entendre, se respecter, et qu’elles avancent toutes vers un même but, la même lumière. Cet homme s’appelait Ramakrishna. il était, à l’image de saint François d’assise, « le petit frère universel ». c’était un être d’amour, un mystique modeste et souriant, un maitre d’une bouleversante fraicheur. Gandhi, romain Rolland, Christopher Sherwood, jean Herbert furent parmi ses premiers disciples. depuis, l’influence de Ramakrishna n’a cessé de grandir. en voici le portrait intime et l’enseignement essentiel.

 

Le 20 février 1834 naissait à Kamarpukur, petit village du Bengale occidental, un garçon chétif que ses parents nommèrent Gadâdhar. La famille Chatterji était pauvre mais de bonne caste brahmanique (clan des Chattopadhyata). L'enfant n'apprit ni à lire ni à écrire mais mémorisa sous la direction de son père les textes nécessaires à la célébration du culte. À l'âge de vingt ans, il put donc être choisi pour desservir une petite chapelle dédiée à la déesse Kâli. L'important est que, dès son adolescence, Gadâdhar eut des expériences mystiques dont la fréquence ne cessa de s'accroître, sa vie durant. Très vite, sa renommée s'étendit et l'on vint de toute la région entendre les homélies dont il accompagnait les rites quotidiens (pûjâ) du culte de Kâlî. On savait que 1a déesse elle-même lui était apparue à plusieurs reprises, et lui avait demandé de prêcher la dévotion à son égard. De plus, Gadâdhar, bien qu'il fût marié, avait choisi la voie ascétique et fait vœu de chasteté. Un jour, (il devait avoir trente ans), il vit venir à lui un sâdhu qui lui donna l'initiation védântique et lui conféra un nom nouveau, comme il est de règle pour les moines, Râmakrishna.

 

Après cet événement, ce dernier infléchit son enseignement dans un sens plus « métaphysique » : tout en continuant de dire que la dévotion à Kâlî est nécessaire et bienfaisante, il prit l'habitude d'ajouter que tout autre forme de bhakti est également valable, y compris hors de l'hindouisme. C'est ainsi que les Européens qui venaient le voir étaient invités par lui à pratiquer leur religion avec plus de ferveur, et non à en changer. Et, si des hindous s'étonnaient de l'entendre parler ainsi, il répondait qu'il avait été gratifié d'une apparition de Jésus qui lui avait révélé le sens profond du christianisme. Muhammad aussi l'avait visité, au même titre que le Bouddha, Krishna, etc.

 

Dans les dernières années de sa vie, Râmakrishna, quadragénaire (il mourut en 1886, à l'âge de 52 ans), était entouré d'un groupe de disciples qui le tenaient pour un maître spirituel (gourou) de  premier plan. Des gens importants, dans le domaine de la politique aussi bien que de la religion, venaient le consulter sur toutes sortes de sujets et l'on notait ce qu'il disait sur des feuilles volantes qui circulaient à Calcutta et dans toute l'Inde du Nord. Une partie de ces « paroles » du Maître furent éditées bien des années plus tard sous le titre, quelque peu provocateur, de « Gospel (Évangile) of Râmakrishna » (en français, plus raisonnablement : « l'Enseignement de Râmakrishna »). Ce que l’on trouve dans ces textes, c'est d'abord une présentation de l'hindouisme contemporain tel qu'il est vécu dans le peuple : sur le plan pratique un culte fortement dévotionnel, associé à l'affirmation d'une unité fondamentale transcendant la diversité des mythes et des rites.

 

Mais Râmakrishna va plus loin lorsqu'il élargit cette vision des choses à l'ensemble des manifestations religieuses. « Ne discutez pas sur les doctrines et sur les religions, disait-il, elles sont Une. Toutes les rivières vont à l'océan! La grande eau se fraie mille chemins le long des pentes. Selon les races, les âges et les âmes, elle court dans des lits différents; mais c'est toujours la même eau! »

Cette théologie de l'unité correspondait à ce qu'entendaient de nombreux Occidentaux, surtout anglo-saxons, mais elle n'aurait eu qu'un faible écho si Râmakrishna n'avait rencontré vers la fin de sa vie un intellectuel de Calcutta, Narèndra Nath Datta (1863-1902) qui devint son disciple et reçut de lui le nom monastique de Vivékânanda.

 

Quelques paraboles de son enseignement :

 

 

L’éléphant et le sot : Un certain gourou enseignait à son disciple que toute chose créée était Vishnou (Dieu). Et son disciple le prit au mot. Un jour il rencontra un éléphant dans la rue. L'animal s'avançait vers lui et le cornac criait: « Ecarte-toi, écarte-toi !» Le disciple raisonna dans son esprit : «Pourquoi m'écarterais-je ? Je suis Vishnou, l'éléphant aussi ; quelle crainte Vishnou peut-il avoir de Soi-même ?» Dans cette pensée il ne bougea pas. Finalement l'éléphant le souleva avec sa trompe et le jeta au loin. Il fut grièvement blessé, et, quand il retourna chez son maître, il lui raconta toute l'aventure. Le gourou dit: « C'est bien, mon fils. Tu es bien Vishnou et l'éléphant l'est aussi. Mais pourquoi n'avoir pas écouté les avertissements du cornac Vishnou qui te demandait de t'écarter ? » 

Le sage et le serpent : Personne n'osait passer dans un chemin où un serpent venimeux avait élus domicile. Un mahatma ayant un jour suivi cette route, des enfants qui gardaient les troupeaux se précipitèrent pour l'avertir. « Je vous remercie, mes enfants, répondit le sage, mais je n'ai pas de crainte. D'ailleurs je connais des mantra qui me protégeront contre toute attaque.» Et il continua d'avancer. Brusquement le cobra se dressa contre lui. Mais en approchant du saint homme il se sentit soudain pénétré de la douceur du yogin. Le sage, voyant le serpent, prononça une formule magique et le serpent s'écroula à ses pieds. Alors le sage lui demanda : « Mon ami, as-tu l'intention de me mordre ? » Le serpent stupéfait ne répondit rien. « Voyons, dit le mahatma, pourquoi fais-tu ainsi du mal à d'autres créatures ? Je vais te donner une formule sacrée que tu répéteras constamment. Ainsi tu apprendras à aimer Dieu. Et en même temps tu perdras tout désir de faire le mal.» Et il lui murmura la formule à l'oreille. Le serpent s'inclina en signe d'assentiment, puis rentra dans son trou pour y vivre d'innocence et de pureté, sans avoir jamais plus le désir de blesser un être vivant. Au bout de quelques jours les enfants du village voisin s'aperçurent de ce changement d'attitude, et, pensant que le serpent avait perdu son venin, ils se mirent à le tourmenter, à lui jeter des pierres et à le traîner sur les cailloux. Le serpent, grièvement blessé, se laissa faire et alla se cacher dans son trou.

 

 

A quelque temps de là, le sage repassa par ce chemin et chercha le serpent mais en vain. Les enfants lui dirent que l'animal était mort, mais il ne put pas les croire. I1 savait en effet que le nom de Dieu a une telle puissance qu'on ne saurait en aucun cas mourir avant d'avoir résolu le problème de la vie, c'est-à-dire avant d'avoir réalisé Dieu. Il continua donc d'appeler le cobra. Finalement, celui-ci, qui était presque réduit à l'état de squelette, sortit de son trou et s'inclina devant son maître. - Comment Vastu, demanda le sage ? - Fort bien, Seigneur, merci ; par la grâce de Dieu tout va bien. - Mais pourquoi es-tu dans cet état ? - Conformément à tes instructions je cherche à ne plus faire de mal à aucune créature ; Je me nourris maintenant de feuilles. C'est pourquoi j'ai un peu maigri. - Ce n'est pas le changement de régime qui a suffi â te mettre dans cet état. I1 doit y avoir autre chose. Réfléchis un peu ! - Ah ! Oui ! Je me rappelle. Les petits bergers ont été un peu durs pour moi un jour. Ils m'ont pris par la queue et m'ont fait tournoyer, me frappant contre des pierres. Les pauvres petits ne savaient pas que je ne les mordrais plus ! Le sage répondit en souriant : «Pauvre ami, je t'ai recommandé de ne mordre personne, mais je ne t'ai pas défendu de siffler pour éloigner les persécuteurs et les tenir en respect. » De même, vous qui vivez dans le monde ne blessez personne, mais ne laissez non plus personne vous molester. 

 

L'esclavage et la liberté viennent tous deux de l'esprit. Si tu dis: « Je suis une âme libre. Que je vive dans le monde ou dans la forêt, rien ne peut m'asservir. Je suis fils de Dieu, le fils du Roi des rois. Qui pourrait me couvrir de chaînes ?» Tu seras libre. Celui qui, mordu par un serpent, peut dire, de toute sa volonté et de toute sa foi: « Le venin n'existe pas », ne sera certainement pas empoisonné par le venin. De même, dites: « Je ne suis pas enchaîné, je suis libre. » Faites jouer votre volonté, et vous serez libre. 

 

La vraie religion : Vous pouvez visiter toute la terre, vous ne trouverez nulle part la vraie religion. Elle n'existe pour vous que dans votre cœur. Celui qui ne L'a pas en soi ne la trouvera pas non plus hors de soi.

 

Dieu : Il est naturel à la lampe de donner de la lumière. Avec son aide, les uns peuvent faire cuire un repas, d'autres fabriquer de la fausse monnaie et d'autres encore lire la Bhagavad Gita. Peut-on en rendre la lumière responsable ? De même est-ce la faute de Dieu si quelques-uns, au lieu de chercher à atteindre leur salut à l'aide de son saint nom, l'invoquent pour tenter un cambriolage ?  Vous ne recevez que ce que vous cherchez... Chacun obtient de Dieu ce qu'il cherche. Le fils d'un homme pauvre, s'il a reçu de l'éducation, s'il est devenu juge à la Haute Cour, peut facilement être content de soi. Alors Dieu fait écho à ses pensées et dit : « Bien, Continue ainsi...» Plus tard quand le même juge a pris sa retraite, il commence à voir les choses telles qu'elles sont et se demande : « Hélas! A quoi bon tout cela ? Qu'ai-je donc accompli dans ma vie ? » Et Dieu, faisant de nouveau écho à ses pensées, dit : «C'est bien vrai. En réalité, qu'as-tu accompli ?» Pouvez-vous concevoir Dieu avec forme et sans forme ? I1 est comme la glace et l'eau. Quand l'eau se solidifie en glace, elle prend une forme. Quand cette même glace est fondue en eau, cette forme précise disparaît.

 

 

L’un et le multiple : On demanda un jour à Sri Ramakrishna : «Si le même Dieu règne sur toutes les religions de ce monde, pourquoi semble-t-Il différent dans chaque religion ? » Il répondit. « Dieu est Un, mais Ses aspects sont multiples. De même qu'un maître de maison apparaît aux membres de la famille sous des aspects divers - père de l'un, époux de l'autre, frère d'un troisième -, de même Dieu est décrit et nommé de différentes manières, d'après la vision particulière de chacun de ses adorateurs. De même qu'on peut monter sur une maison au moyen d'une échelle, d'un bambou, d'un escalier, d'une corde, ou par divers autres moyens, de même les chemins et les manières d'arriver à Dieu sont multiples. Chaque religion dans le monde nous montre un des chemins pour l'atteindre. 

 

 Le double mouvement du monde : Il y a involution et évolution. C'est un chemin qu'il faut faire deux fois, en arrière et en avant, en revenant sur ses pas. Vous retournez en arrière vers l'Etre suprême, et votre personnalité se fond dans la Sienne, c'est le samadhi. Puis vous revenez sur vos pas avec cette personnalité accrue. Vous retrouvez votre «moi» et vous regagnez le point d'où vous étiez parti. Vous découvrez alors que vous, comme le monde, êtes issu de ce même Etre suprême, et que Dieu, homme et nature sont les visages différents d'une seule Réalité, si bien que, lorsque vous en avez déchiffré un, vous les lisez tous.  Quels que soient le péché, le mal et la misère que nous trouvions en ce monde, ils ne sont misère, mal et péché que par rapport à nous. Brahman est au-dessus et au-delà de toutes ces choses. Ce que, dans la création, nous appelons bien ou mal n'est pas considéré comme tel par Brahman ; on ne peut Le juger selon un critère humain du bien et du mal. 

 

L’Ego : L'idée d'un ego individuel c'est comme si, après avoir mis de côté un peu d'eau du Gange, vous appeliez cette quantité séparée votre propre Gange. 

 

Le Voile de l’Illusion : Ni le soleil ni la lune ne peuvent se refléter clairement dans de l'eau bourbeuse. Ainsi l'Ame universelle ne peut être bien réalisée en nous tant que le voile de l'illusion n'est pas écarté, c'est-à-dire tant que persiste le sens du « moi » et du « mien».  Le soleil éclaire la terre mais un petit nuage suffit pour le cacher à nos regards. De même le voile insignifiant de Maya nous empêche de voir Sachchidananda (le Seigneur dont l'essence est décrite par sat, «existence», chit, « connaissance», et ananda, « béatitude », qui est répandu partout et qui est le témoin de ce qui existe). 

 

Mort et Renaissance : La naissance et la mort sont comme les bulles sur l'eau. L'eau est réelle, les bulles sont éphémères ; elles s'élèvent hors de l'eau, puis y retombent. De même, Dieu est un Océan dont les bulles sont des âmes. Par Lui elles naissent, en Lui elles existent, à Lui elles retournent.  Beaucoup de gens se vantent de leurs richesses et de leurs pouvoirs, de leur nom, de leur renommée et de leur haute position dans la société. Mais toutes ces choses éphémères ils ne les retrouveront pas après leur mort. 

 

La conduite de la vie : Sans doute l'argent est nécessaire ici-bas mais il n'est pas bon de trop s'en occuper, pas plus que des autres profits matériels. La meilleure attitude est de se contenter de ce qui vient naturellement. Ne cherchez pas à amasser. Ceux qui consacrent leur vie et leur âme à Dieu, ceux qui sont Ses adorateurs et cherchent en lui un refuge, ne s'inquiètent pas des choses terrestres. Ils règlent leurs dépenses sur leurs recettes. Si l'argent arrive entre leurs mains ils le laissent facilement s'écouler. Il n'y a aucun danger à ce qu'un bateau soit dans l'eau, mais il faut prendre garde que l'eau ne pénètre dans le bateau, sans quoi celui-ci coule à pic. De même il n'y a nul inconvénient à ce qu'un sadhak (celui qui cherche la vérité) vive dans le monde comme chef de famille mais il ne doit pas laisser le monde submerger son esprit. 

 

Eternel et pourtant Ephémère : Supposez que le riz cuise dans la marmite. Pour voir s'il est cuit à point, vous en prenez un grain et vous le pressez entre vos doigts. Vous saurez immédiatement si tout le contenu de la marmite est cuit à point. Vous n'aurez pas besoin d'écraser tous les grains de riz. De même vous pouvez savoir si le monde est réel ou irréel, éternel ou éphémère, en examinant simplement deux ou trois objets qui en font partie. L'homme naît, vit, et meurt ; les animaux font de même, les arbres aussi. Si vous discernez cela, vous comprendrez que toutes les choses qui ont un nom et une forme, même la terre, le soleil ou la lune, ont le même sort. N'arriverez-vous pas ainsi à comprendre la nature de toute chose dans l'univers? Quand vous aurez reconnu que le monde est irréel et éphémère, vous ne l'aimerez plus, votre esprit s'en détachera, vous y renoncerez et vous vous libérerez de tous désirs. Quand vous aurez accompli cet acte de renoncement vous arriverez à connaître Dieu qui est la cause de l'univers. 

 

Nœuds : Sri Ramakrishna disait des livres (grantha) qu'ils étaient comme autant de nœuds (granthi). En d'autres termes, la simple lecture de ces livres, si elle n'est accompagnée de discernement et de non-attachement, ne sert qu'à augmenter l'arrogance et la vanité, c'est-à-dire multiplie les nœuds de notre esprit.  Lorsqu'on remplit une cruche, on entend un gargouillement ; dès qu'elle est pleine, le bruit s'arrête. Ainsi l'homme qui n'a pas encore trouvé Dieu est prodigue de vains discours à Son Sujet, mais celui qui L'a vu jouit silencieusement de la béatitude divine.  C'est devenu la mode pour vous autres de vouloir constamment faire des conférences et « éclairer » votre prochain. Mais dites-moi d'abord comment vous allez vous éclairer vous-même. Hein ? Qui êtes-vous donc pour aller instruire autrui ? 

 

Faux pouvoirs : Il y avait une fois deux frères dont l'aîné quitta la maison paternelle pour devenir sannyasin. Au bout de douze ans d'absence il revint à son lieu de naissance : « Frère, lui dit le cadet, explique-moi ce que tu as gagné à errer si longtemps de par le monde ? » Viens voir, répondit le frère aîné. Il l'emmena au bord d'un cours d'eau qui passait près du village, et il traversa cette rivière en marchant sur les flots. Le plus jeune frère donna une pièce de monnaie au passeur, et se trouva sur l'autre rive, dans le même laps de temps. « O mon cher frère ! dit-il alors au sannyasin, tu as subi pénitences et austérités pendant tant d'années et tu n'as obtenu, après tout cela, qu'un pouvoir égal à une petite pièce de monnaie. » Lorsque des poissons sont pris dans une nasse, certains ne se débattent pas mais restent calmement dans le filet, d'autres luttent pour échapper et ne peuvent y parvenir, tandis qu'un troisième groupe s’évade en rompant les mailles du filet. De même il existe trois espèces d'hommes en ce monde : ceux qui sont enchaînés (baddha), ceux qui cherchent à se défaire des chaînes (mumukshu), et ceux qui ont achevé de se libérer (mukta).

 

le secret de la fleur d’or

lu tsou

Edition MEDICIS

 1969

Révélés à l’Occident en 1929 par Richard Wilhelm, le traducteur du Yi King, ces deux anciens textes taoïstes à caractère initiatique constituent les maillons d’une longue chaîne remontant au Yi King.

 

Ils se complètent et s’éclairent l’un l’autre et doivent susciter chez le lecteur le sentiment intime du processus selon lequel se manifeste et se déroule une expérience intérieure authentique. Tous deux ont trait à la méthode pour faire passer de la dualité à l’Unité première et dernière, le Tao.


Les exercices et les méthodes contemplatives décrites ne seront profitables que si nous parvenons à les animer à l’aide d’un Esprit vivant recherché dans notre patrimoine et issu de notre sol.

 

La Fleur d’Or n’est autre, en effet, que la pression douce, insistance et parfois inéluctable qu’exerce dans le cœur de l’homme la force de son destin l’invitant à se souvenir de sa vocation divine avec toutes les exigences que cela implique. Un petit livre de 130 pages mais avec des idées fortes et des commentaires magnifiques. Le Tao, le soufisme, la Kabbale, l’ésotérisme chrétien, sont réunis dans ce petit livre.

 

La méthode de la « fleur d’or » incorpore la quintessence du bouddhisme et du taoïsme. L’or signifie la lumière, la lumière de l’esprit ; la fleur symbolise l’épanouissement, le jaillissement de la lumière de l’esprit. Ainsi, le nom même de cette technique désigne l’éveil fondamental du vrai soi et de son potentiel caché.

Exprimé en termes taoïstes, le but essentiel de « la Voie » consiste à retrouver l’esprit originel et divin pour se réaliser en tant qu’être humain. Dans l’optique bouddhique, un être pleinement réalisé est conscient de l’esprit originel, ou vrai soi, tel qu’il se manifeste spontanément à l’état naturel, vierge de tout conditionnement.

 

Cet esprit originel s’appelle aussi « esprit céleste » ou esprit naturel. Mode de conscience plus subtil et plus direct que celui de la pensée ou de l’imagination, il est essentiel à l’épanouissement de l’esprit. Le Secret de la Fleur d’or vise donc à recouvrer et à raffiner l’esprit originel. Si ce livre contient une série de techniques de méditations fort utiles, sa méthode clé est bien autre chose qu’un simple procédé méditatif. Il s’agit en effet d’un processus qui permet de parvenir à la source même du principe conscient, sans recourir à des idées ou à des images. L’exercice a pour but de libérer l’esprit des limitations arbitraires et inutiles que lui imposent ses réflexes habituels de fixation sur son propre contenu. Une fois libéré de cet auto-conditionnement, disent les taoïstes, l’homme pleinement conscient cesse d’être prisonnier de sa condition et devient un « partenaire de la création ».

 

L’expérience de l’épanouissement de la fleur d’or est comparée à la lumière qui emplit le ciel, le ciel de la conscience inconditionnée, autrement plus vaste que le domaine restreint des images, des pensées et des sentiments : un espace sans obstacle, qui contient tout sans jamais être rempli. On accède ainsi à une intarissable source d’intuition, de créativité et d’inspiration : une fois que l’on a appris à mobiliser ce pouvoir d’éveil mental, on peut constamment y faire appel et l’approfondir à l’infini. La pratique essentielle de la fleur d’or ne requiert aucun équipement, aucune adhésion à un dogme philosophique ou religieux, aucun accessoire ou rituel particulier : elle se pratique au cœur même du quotidien. Elle est donc accessible à tout moment puisqu’elle dépend de l’esprit même, bien que n’impliquant pas la mise en œuvre de pensées ou d’images mentales. Sa seule difficulté réside dans le fait qu’elle utilise l’attention d’une manière inhabituelle pour un esprit qui a coutume de fonctionner selon le mode discursif de la pensée ou de l’imagination.

 

L’ouvrage fut écrit il y a plus de deux cents ans au cours d’une période de crise suscitant une grande renaissance de cet ancien enseignement qui, depuis lors, est périodiquement revenu au goût du jour dans les moments difficiles, du fait de la rapidité avec laquelle cette méthode permet d’accéder aux ressources cachées de l’esprit. Cette simplicité de la démarche des classiques chan, repose sur un procédé particulièrement intéressant, à savoir qu’ils condensent les enseignements des diverses écritures et écoles bouddhiques sous forme d’histoires symboliques, illustrant l’état naturel de l’esprit. Nombre de ces histoires ont directement trait au retournement de la lumière et, étant donné mon cheminement personnel, ce sont surtout celles-là qui ont retenu mon attention. Cependant, certaines sont complexes et difficiles puisqu’elles traitent de l’intégration créatrice de l’esprit de la fleur d’or à la vie du monde ordinaire. Elles nécessitent donc un travail mental au quotidien, et il faut du temps pour commencer à en pénétrer le sens.

 

Le Secret de la Fleur d’or représente une façon d’arriver à la plénitude de l’énergie à travers la plénitude de l’esprit. L’enseignement se qualifie du reste lui-même de « transmission spéciale en dehors de la doctrine », fondée sur la perception directe de l’essence de l’esprit et la réappropriation de son potentiel inhérent. C’est en fait le signe distinctif du chan qu’on appelle parfois l’école de l’esprit éveillé. A des fins pratiques, l’enseignement de la fleur d’or établit une distinction entre « l’esprit originel » et « l’esprit conscient ». L’esprit originel représente l’essence même de l’esprit, sans forme particulière, inconditionnée, transcendant la culture et l’histoire. L’esprit conscient correspond à l’ensemble des données mentales, des sentiments, pensées et attitudes conditionnés par l’histoire personnelle et culturelle de chacun, et emprisonnés dans des formes spécifiques imposées par l’habitude. Ces termes s’emploient aussi bien dans la tradition chan que taoïste.

 

L’intuition appartient à l’esprit originel, l’intellect à l’esprit conscient. L’essence du taoïsme consiste à raffiner l’esprit conscient pour le « réunir » à l’esprit originel. Le bouddhisme chan appelle aussi l’esprit originel primordial « l’hôte » ou « le maître », l’esprit conscient conditionné étant « l’invité » ou « le serviteur ». L’ignorance causée par soi-même apparaît quand le serviteur prend la place du maître, l’éveil par soi-même se produisant lorsque le maître retrouve son autonomie, au « centre ».Cette notion de deux esprits ou de deux aspects de l’esprit se trouve déjà dans le vieux classique taoïste, le Tao Té king : « Usant du brillant rayonnement, vous retournez à la lumière, sans rien laisser qui puisse vous nuire. C’est ce qu’on appelle « entrer dans l’éternel ». » On a là l’image du rapport idéal entre l’esprit originel, source du pouvoir, et l’esprit conscient, fonctionnaire subalterne. Une fois devenu clair, l’esprit conscient fonctionne de manière appropriée à la situation considérée, sans usurper l’autorité de l’esprit originel. Ce dernier demeure accessible, réserve d’intelligence lucide et vigilante à laquelle l’esprit conscient retourne, sans fixation nuisible sur lui-même ou sur ses objets.

 

Ainsi, l’intellect peut fonctionner efficacement dans le monde sans que cette activité de la conscience entrave l’accès à une connaissance spontanée et plus profonde, grâce à l’intuition directe d’une faculté plus subtile. On appelle « renversement » ou « retournement de la lumière » l’opération qui consiste à passer de l’esprit limité, qui est celui de la conscience conditionnée, à l’esprit libéré, qui est celui de l’esprit primordial. Dans Le Secret de la Fleur d’or, ces termes correspondent au rétablissement d’un contact direct avec l’essence et la source de l’esprit. Ce contact direct permet d’accéder à la connaissance spontanée et de se libérer du joug des pensées et des sentiments conditionnés, alors même qu’ils surgissent. Pour citer le Tao Té King : on peut être « créatif sans possessivité ».

 

Dans le taoïsme comme dans le bouddhisme, le « retournement de la lumière » signifie détourner l’attention de la fascination que lui inspirent les objets pour la diriger sur l’essence ou source de l’esprit. Cet exercice sert à clarifier la conscience et à libérer l’attention. De nombreux taoïstes qui avaient de fortes affinités avec le bouddhisme chan firent un grand usage de cet exercice du retournement de la lumière qui, bien que commun à toutes les écoles bouddhistes, est particulièrement important dans le chan. Le Secret de la Fleur d’or représente l’une des méthodes les plus radicales pour atteindre l’éveil par des moyens spirituels, et le texte est pratiquement entièrement consacré à la présentation des subtils détails de cette simple pratique du retournement de la lumière.

 

On trouve dans de nombreuses sources chan, zen ou taoïstes, la description des différentes techniques et « trucs » qui permettent d’induire, de développer et d’intégrer l’expérience menant à l’épanouissement de la fleur d’or. Le principe fondamental et la base même de la pratique sont exposés en termes simples dans les enseignements de Dahui (Ta-hui), célèbre maître chan du XIIe siècle : « Le bien et le mal viennent de votre propre esprit. Mais, qu’appelez-vous votre esprit, en dehors de vos actes et de vos pensées ? Et d’où vient votre esprit ? Si vraiment vous savez d’où vient votre esprit, une infinité d’obstacles créés par vos propres actes disparaîtront aussitôt. Ensuite, toutes sortes de possibilités extraordinaires s’offriront à vous, sans même que vous les cherchiez. »

 

Ces procédés chan illustrent quelques-unes des manières de gérer l’attention dans le but d’induire l’expérience de la fleur d’or. Cette technique mentale serait peut-être applicable à la théorie et à la pratique de la psychothérapie, du fait qu’elle représente une compréhension transcendante de soi, une méthode d’expérience du soi au-delà des distorsions de la personnalité, et une concentration sur la source vive de l’autonomie et de la maîtrise de soi. L’enseignement de la fleur d’or offre au thérapeute des techniques de développement d’une plus profonde perception intérieure et d’une meilleure prise de conscience du potentiel humain, ainsi qu’un moyen d’entrer en contact avec le patient à un niveau mental qui ne soit pas pollué par les afflictions psychiques. Le patient, quant à lui, peut y trouver un moyen autonome de connaissance de soi, au-delà du domaine conditionné de la personnalité, des jugements et des opinions.

 

LES ENSEIGNEMENTS SECRETS DES BOUDDHISTES  TibÉtains

Alexandra DAVID NEEL

Edition ADYAR

 1998.

Cet ouvrage unique concerne les conceptions philosophiques des intellectuels bouddhistes tibétains. Des enseignements ont été recueillis par Alexandra David Néel auprès des maîtres spirituels grâce à sa ténacité, son mysticisme et à la collaboration de son fils adoptif, le lama Yongden

 

Introduit au VIIIème siècle au Tibet, le bouddhisme tantrique du grand véhicule donne naissance à plusieurs lignées de pratiques. Celle des « Anciens » ou Nyingmapa, établie dès le VIIIème siècle, réunit les enseignements les plus anciens introduits au Tibet par Padmasambhava, nommé aussi Gourou Rinpotché. Celle des Kagyupa, « ceux de la transmission orale », est apparue au XIème siècle. Marpa, surnommé le traducteur, ramena de l’Inde les enseignements de maîtres indiens. Il les a transmis à son célèbre disciple Milarépa. La lignée Sakya, ainsi nommée d’après son monastère d’origine situé à l’Ouest du Tibet fut fondée par Khon Kontchok Gyalpo au XIème siècle. Les Guéloukpa, « les vertueux », sont issus de la réforme de Tsongkhapa au XVe siècle.

 

Les différentes lignées partagent le même héritage philosophique et ne se différencient que par l’accent plus particulier mis sur telle ou telle technique pour accéder à l’éveil. Ainsi les Anciens ont une approche dite de la voie directe, c’est-à-dire une méditation non graduelle. Les Kagyupa mettent en avant la pratique individuelle, les Sakyapa sont connus pour la perfection de leurs rituels et leurs études métaphysiques, les Guéloukpa mettent l’accent sur la vie monastique et des études philosophiques approfondies.

Chaque lignée organise différemment sa hiérarchie : les Kagyupa se rapprochent assez de l’idée répandue en Occident, d’un système d’hiérarques se réincarnant de génération en génération. Les Sakyapa, en revanche, sont régis par un système de transmission héréditaire au sein d’une famille qui remonte au VIIème siècle qui a exercé le pouvoir temporel au Tibet au XII-XIIIe siècle. Les Nyingmapa ne connaissent pas d’organisation centralisée, mais se rassemblent souvent autour des maîtres ayant la plus grande réputation de sainteté. Les Guéloukpa sont organisés comme un système universitaire. Vingt et une années d’études conduisent à l’examen de guéshé (docteur es philosophie bouddhique), ceux qui réussissent peuvent être nommés abbé (recteur d’une université monastique). Après quelques années d’ancienneté, ils peuvent être élus abbé suprême de toute leur lignée. Cependant, comme le bouddhisme ne contient pas à proprement parler de dogme, il n’a pas eu besoin de structure normative ; le seul lien qui engage vraiment un bouddhiste est celui qui le lie à son propre maître et à ses condisciples.

 

Le Dalaï Lama, principalement rattaché à la lignée Guéloukpa, suit le cursus des trois autres écoles. Il est reconnu par tous comme le chef temporel et spirituel de tous les Tibétains. Il est le protecteur du Bön, l’antique religion prébouddhique du Tibet, et de la petite communauté musulmane. Il a d’ailleurs récemment confirmé la lignée des Bönpos comme la cinquième école tibétaine. Le Vème Dalaï Lama l’avait déjà reconnue mais ce fut oublié. Cette école est la continuité de la tradition ancienne qui existait avant l’introduction du bouddhisme au Tibet et dont les autres écoles ont intégré certaines des croyances, créant ainsi leurs spécificités propres au bouddhisme tibétain. Elle s’est elle-même nourrie d’enseignements propres aux écoles tibétaines.

 

LES FRUITS DU CHEMIN DE L’ḖVEIL

Edouard Salim Michaël

Edition Trédaniel

2018

L’auteur, Edouard Salim Michaël (1921-2006) est d’origine anglo-indienne. Né en Grande-Bretagne, il passa de nombreuses années en Inde ; terre de sa grand-mère. Il pratiqua assidûment la méditation pour connaître à 33 ans une expérience d’éveil qui modifia grandement son rapport au monde.

 

L’ouvrage, très structuré, est organisé de manière thématique et s’adresse à des « aspirants » ou « chercheurs » confrontés aux difficultés ou hésitations qu’il a lui-même décelé chez ses élèves. Il commence par aborder la question du « sens du mystère » rappelant la nécessité de l’engagement et de la discipline indispensables pour que la Grâce puisse se manifester.

 

« Tout travail spirituel réel implique de la part du chercheur un contrôle délibéré et répété des mouvements désordonnés de son mental, insiste-t-il. Afin d’y parvenir, une pratique assidue de la méditation ainsi que de divers exercices de concentration qu’il lui faut effectuer dans la vie active s’avère indispensable pour re-diriger son attention vers le but de sa quête chaque fois qu’elle va à la dérive. Afin que l’aspirant soit soutenu dans ses efforts pour demeurer intérieurement profondément présent et conscient de lui-même, il faut que le sens du mystère reste toujours vivant en lui, l’accompagnant partout et dans tout ce qu’il fait : le mystère de cet énigmatique appel silencieux qui se fait sentir en lui aux moments les plus inattendus et qui le dépasse, le mystère de l’Impersonnel qu’il porte en lui et qu’il désire reconnaître et appréhender, le mystère du Cosmos, le mystère du but de la Création, le mystère de sa propre vie, de sa conscience, de son esprit, et ainsi de suite. »

 

Le deuxième thème abordé est la question si importante du temps et de la répétition. Sans aller au bout de l’interrogation du temps, il montre l’intérêt de modifier par la pratique l’influence du passé afin de se libérer de la répétition. Ce qui le conduit à analyser les mécanismes mémoriels et le pouvoir des impressions. Il invite le pratiquant à la discrimination, à ne pas confondre le moyen et le but, à ne pas se perdre dans des pratiques occupationnelles sans réel impact sur l’être, à se garder des ambiances lourdes ou toxiques, à reconnaître quand il dort ou rêve sa vie, à percevoir l’emprise du tangible qui masque la liberté de l’être. Edouard Salim Michaël analyse les multiples points qui affectent le chercheur et nuisent à sa démarche.

 

« Tout au long de ce mystérieux voyage spirituel en quête de lui-même, il arrive certains jours où, pour une raison qui lui demeure incompréhensible, le travail intérieur de l’aspirant est relativement facile et ses efforts gratifiants, tandis qu’en d’autres occasions (peut-être en raison d’une fatigue morale ou physique, de problèmes de santé ou de difficultés qu’il rencontre dans sa vie extérieure), ses pratiques spirituelles sont lourdes, difficiles ou même pénibles. Il peut alors éprouver, comme dit auparavant, une souffrance d’un genre particulier qui relève du domaine spirituel. Le fait d’accepter de rester avec cette souffrance, sans chercher à la fuir, lui permettra de traverser ce passage douloureux jusqu’à ce qui l’appesantit soit sublimé et qu’il se sente à nouveau relié à un autre état d’être et de conscience en lui.  Il est demandé au chercheur de devenir, comme certains très rares grands compositeurs de musique ou peintres, un être extrême s’il souhaite parvenir au but de sa recherche spirituelle.

 

les jaïns de l’inde

P. du breuil

Edition AUBIER

 1990

La religion indienne non orthodoxe, refuse l’autorité des Védas. La tradition jaïniste évoque 24 maîtres ou Tîrthankara, également appelés Jina (Les conquérants). Le dernier maître de cette longue série fut Mahâvîra, contemporain du Bouddha. C’est lui qui fonda la religion jaïniste. Les Jaïna ne croient pas en Dieu. Leur religion leur enseigne l’existence d’un principe divin inhérent à l’âme individuelle et leur prescrit l’adoration des âmes parfaites qui sont l’esprit suprême.

 

La délivrance s’obtient par la Croyance droite, la Connaissance droite et la Conduite droite. Cette religion insiste particulièrement sur le respect des êtres vivants.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, en Europe, les historiens des religions avaient tendance à considérer le jaïnisme comme une dissidence de l’hindouisme.

Ils situaient son apparition tantôt au IXe siècle avant notre ère, avec l’enseignement de Parhvanatha, et tantôt (le plus souvent) au VIe siècle avant notre ère, avec l’enseignement de Mahâvira (le mot signifie grand héros), un contemporain plus âgé de Gautama Siddharta, le Bouddha historique. De nos jours, les historiens des religions commencent à accorder plus de crédit à la version traditionnelle jaïne. Celle-ci soutient que le jaïnisme n’est pas une dissidence de l’hindouisme. La justice indienne semble lui avoir donné raison : suite à l’appel civil n° 8595 de 2003, en 2006, la Cour Suprême de l’Inde a décidé que la religion jaïne n’est pas une part de la religion hindoue.

Selon la version traditionnelle, le jaïnisme « serait la religion la plus ancienne de l’Inde avec des origines pré-aryenne et pré-védique. Des données archéologiques donnent à penser que la civilisation de la Vallée de l’Indus (qui va de 2500 à 1750 avant l’ère chrétienne) était une civilisation végétarienne basée sur le principe d’Ahimsa ou non-violence. » Détail important : le jaïnisme suit la tradition ascétique et non pas la tradition sacerdotale et sacrificielle. Selon la tradition, le jaïnisme s’est développé grâce aux enseignements des 24 Tirthankaras, (« les faiseurs de gué », titre qui correspond à celui de prophète dans les autres religions) du présent cycle d’âges (dont l’avant dernier est Parhvanatha et le dernier est Mahâvira) « qui par leurs efforts basés sur un ascétisme extrême sont parvenus à l’illumination et à la libération (Moksha), c’est-à-dire à la libération du cycle des naissances et ont montré le chemin du salut [...] La doctrine jaïne, telle que nous la connaissons aujourd’hui, nous a été transmise presque sans changement depuis l’époque de Mahâvira (il y a 2500 ans). Le jaïnisme s’est répandu dans toute l’Inde et plusieurs rois et empereurs l’ont adopté comme religion officielle. »

L’essentiel de la doctrine jaïne se résume dans l’Ayâram Gassuta, un texte jaïn datant probablement du IIIe ou IVe siècle avant notre ère qui proclame : Tous les saints et les vénérables du passé, du présent et de l’avenir, tous disent, annoncent, proclament et déclarent : on ne doit tuer, ni maltraiter, ni injurier, ni tourmenter, ni pourchasser aucune sorte d’être vivant, aucune espèce d’animal, ni aucun être d’aucune sorte. Voilà le pur, éternel et constant précepte de la religion proclamé par les sages qui comprennent le monde.

La doctrine jaïne est très élaborée. Le mot jaïn signifie vainqueur, celui qui a vaincu ses ennemis intérieurs, ses mauvais penchants. Le jaïnisme ne croit pas à l’existence d’un Être Suprême, créateur de l’univers et omnipotent. Selon la doctrine jaïne, l’univers est incréé et n’a pas de fin. Les êtres célestes (devas) peuvent influencer les évènements de ce monde mais ils n’ont pas de pouvoir spirituel. Ils sont une forme de vie comme les autres et sont sujets, eux aussi, à la mort et à la réincarnation en n’importe quelle autre forme de vie. La forme de vie humaine est privilégiée car ce n’est qu’à travers celle-ci – grâce à un comportement absolument non-violent et une vie strictement ascétique – que l’âme peut se libérer du cycle des naissances et atteindre la félicité. On l’aura compris, le jaïnisme est une religion particulièrement ascétique avec un code moral incontournable. 

Indiscutablement, le jaïnisme a des éléments communs avec les différents courants de l’hindouisme et avec le bouddhisme. Mais ces ressemblances paraissent culturelles et non philosophiques. Les jaïns ne croient pas à Brahma, l’unique réalité, ni à la Trimurti (la Trinité hindoue : Brahman, Vishnu et Shiva) et ne vénèrent pas les innombrables divinités du panthéon hindou, c’est ce qui les éloigne des adeptes de l’hindouisme.

Les jaïns croient à la permanence des phénomènes et à un continu et éternel retour cyclique des choses et cela les éloigne des bouddhistes. La différence apparaît aussi lorsque l’on considère la suite des obligations strictes et indispensables, prescrites à tous les jaïns, ascètes et laïques. Une grande part des obligations est commune à ces deux catégories, la plus importante étant celle du végétarisme. Le jaïnisme est la seule religion importante où le végétarisme est obligatoire tout le temps pour tous les fidèles.

 

LE JAÏNISME  - B.A –BA

PIERRE  AMIEL

Edition PARDES

 2008

Le  terme jaïnisme  vient du mot sanskrit  jina (vainqueur). Or, comme il a été dit dans l’avant- propos, que c’est la religion de la non- violence, est ce que ça signifie que ses adeptes sont sortis victorieux d’une épreuve, d’une compétition ? Assurément ! toutefois, il ne s’agit pas de  ses adeptes, mais de ceux qui leur ont montré la voie. Mais quelle voie ? Celle de la victoire sur les passions , que sont le désir , la haine , la colère , la cupidité et l’orgueil , afin de parvenir à libérer leur âme , des morts et des renaissances successives dans le monde ( samsara )  et de jouir dans l’au- delà  d’un bonheur éternel . Les jaïns  croient en effet, comme d’autres traditions orientales, à la loi naturelle de la transmigration des âmes en ce monde, sous des formes qui peuvent être ; humaines, animales, végétale, céleste ou infernale.

 

Pour se libérer  de cette servitude, ils s’en remettent aux exemples et aux enseignements de grands maître spirituels qui ont vécu en Inde et qui après avoir atteint la connaissance parfaite y sont parvenus, comme ils le croient. Ces grands maîtres spirituels  ce sont les jina qu’ils appellent aussi les arhats (Vénérables). D’après les livres sacrés  jaïns , ces vainqueurs y sont parvenus après des efforts soutenus et constants , sans l’intervention d’un ou de plusieurs Dieux , simplement grâce à des règles de vie et à des actions méritoires bien définies .C’est le principe de la tradition   indienne , différente  de la tradition  hindoue ,qui est convaincu de l’existence  d’une âme suprême ( brahman ) à laquelle l’âme individuelle , une fois libérée  s’unit .

 

Les jaïns,  ne croient pas en un Dieu créateur, ils considèrent que le monde existe depuis toujours et qu’il est éternel. De même, ils assurent que leur religion a toujours existé et existera toujours, ils ajoutent que, lorsque les principes du jaïnisme viennent à se perdre ou à se relâcher au cours du temps, de nouveaux  «  tirthankara » apparaissent, pour en revigorer les bases et en assurer la pérennité. Bien que littéralement athée, les jaïns ne sont pas des matérialistes, leurs livres sacrés affirment que l’univers est peuplé d’une multitude d’âmes qui, sous l’effet d’énergies particulières, s’incorporent, depuis toujours, dans les différentes formes d’existences : humaine, animale, végétale, céleste ou infernale. Dans ces états ; par les activités (yoga) de la pensée, de la parole et du corps de l’être qu’elles occupent, elles assimilent de fines particules de matière, invisibles à l’œil nu, que l’on appelle du karma, ce karma a pour effet de voiler leur connaissance, de fausser leur conduite, de les maintenir dans l’attachement au monde et à ses  servitudes, pendant des durées qui sont fonction des actions réalisées et de la nature de la matière assimilée. Pour les aider à se libérer  définitivement de cet asservissement, les jaïns observent très scrupuleusement les règles enseignées par leur maître.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les croyances et les principes de base   -  le Karma  -  la non-violence  -  L’histoire du Jaïnisme  -   Les Êtres vénérés   -  les arhat  - les siddha  -  les âcârya  -  les upadhyaya  - Dhyaya  -  les sâdhu  -  les Deva, yaksha, yakshi et autres  - les écritures sacrées et profanes  -  les trois joyaux  -   la vue ou la foi juste, la connaissance juste et la conduite juste  -   les pratiques religieuses   -  les symboles, les rites, les jeûnes, les méditations, les pèlerinages et les fêtes religieuses   -  la vie des laïcs   -  la vie des ascètes  -  les contributions des jaïns sur tous les plans  -  l’expansion du jaïnisme  -  l’avenir du jaïnisme  -

 

le sortilÈge du mystÈre

A.D. NéEL

Edition PLON

 1985

« De nos jours, des troupes d’hallucinés cheminent à la suite de grotesques charlatans ou pseudo-mages pontifiants en oripeaux de carnaval, abusés par la promesse d’aborder, grâce à ces mystificateurs, aux rives d’îles fortunées spirituelles.

« Au cours de mes voyages, j’ai été amenée à faire de fréquentes incursions dans ce monde aux aspects tantôt invraisemblables, tantôt infiniment pitoyables, des spirites, des apprentis occultistes et des adeptes de sectes secrètes. Ce sont quelques-uns des ‘paysages humains’, ainsi rencontrés, que je me propose d’esquisser dans le présent livre. Peut-être amusera-t-il certains de mes lecteurs ; et je souhaite qu’il puisse en éclairer d’autres, car la poursuite sincère et louable des hauts buts spirituels suit une route difficile, expose à bien des erreurs. »
Alexandra David – Néel

 

le soUFFLE  DU  MAÎTRE   -          Rencontre avec vijayananda

 Blanche de Richemont

Edition Presse de la Renaissance

 2015

Je rêvais de rencontrer dans un regard la lumière du désert. Pendant des années, cette terre m'avait mise sur la voie de l'essentiel. Désormais, je cherchais un guide. " Ce guide, Blanche de Richemont l'a trouvé dans un petit village d'Inde, aux pieds de l'Himalaya. Vijayananda, disciple de Ma Anandamayî, une des plus grandes saintes que l'Inde ait portées, l'a acceptée auprès de lui pour tourner son existence vers la Joie. Pour l'aider à faire ce choix radical.

 

Malgré tout. Ces pages racontent son voyage auprès de cet homme considéré en Inde comme un Rishi, un Maître de l'humanité. Un être rare, à la sagesse et à l'humour libérateurs. Un chemin initiatique semé de larmes et de rires, de doute et d'évidence, un chemin de lumière.

 

Vijayananda, nom donné par Ma AnandaMayee, littéralement le bonheur dans la victoire, n'est plus de ce monde depuis le 5 avril 2010. Son corps a été inhumé à Paris, au cimetière du Père-Lachaise le 26 avril 2010.  

Il avait 95 ans, une parfaite maîtrise de son mental, donnant des enseignements d'une exceptionnelle qualité. Médecin Français, né à Metz, sous le nom d'Abraham Jacob Weintrob, il pratique la médecine pendant 10 ans près de Marseille avant de partir en Inde à l'âge de 36 ans.

Là, il y rencontre Ma et devient son disciple, vit près de 8 ans à Bénarès dans son ashram puis voyage avec elle dans toute l'Inde avant de se retirer seul pendant 7 ans sur les contreforts de l'Himalaya, au nord de l'Inde.

 

II suit l'enseignement de Ma et mène une vie spirituelle intense. Considéré comme un Mahatma, Grand Etre, il pratique beaucoup de méditation : "Il y a deux voies : la voie intellectuelle et la voie de la dévotion.., Les gens intellectuels se méfient de la dévotion. Une aile pour la dévotion, une aile pour la connaissance. La vraie méditation : si vous êtes capable constamment de voir... Quand vous parlez à quelqu'un, vous ne laissez pas s'échapper l'observation du Bhav. Le Bhav, c'est l'émotion de base. Ça c'est la méditation constante, ça c'est l'idéal...

D'être constamment conscient des mouvements mentaux. Et vous pouvez les arrêter quand vous voulez La méditation idéale. L'attention constante. Constamment alerte. Constamment voir les vagues. Être capable de les supporter ou de les changer comme vous voulez. Vous regardez votre mental et vous verrez qu'il change constamment de Bhav. Par exemple vous vous dites : ce jour-là, j'ai eu une poussée de colère, de peur, d'inquiétude... Ceux qui ne savent pas vont lancer une vague opposée et ça augmente encore... Le mental... Bien connaître ses mouvements, observer ce qui se passe, ne pas envoyer de contre vague... C'est comme un ordinateur, quand on connaît les règles, on peut s'en servir. La maîtrise du mental est une science difficile, mais celui qui y arrive... Il a tout gagné. "

 

II ne retourna jamais en France. II passe plus de 25 ans à l'ashram de Kankhal, où repose le corps de Ma, y fut président de l'ashram et membre de tous les conseils importants de l'organisation. Un peu avant le soleil couchant, il quittait sa chambre, venait s'asseoir près du Yagna, feu sacré... Vêtu de sa robe orange... Pur ravissement. Là, il répond aux questions, conseille, partage avec douceur et fermeté à la fois, humour, ouverture et connaissance, des instants précieux auprès de ceux qui viennent le voir du monde entier et de toutes origines.

 

"Ce que j'aime, c'est l'émotion religieuse. L’émotion religieuse est partout la même. C'est la base de l'esprit humain. Vous pouvez être à l'aise dans une église, dans une synagogue, dans une mosquée. C'est la même chose si vous sentez l'émotion religieuse Le mieux c'est prendre la conscience universelle qui est la même partout. Si vous avez besoin, vous prenez une ligne. Mais le but est toujours le même. Quand vous voulez arriver au sommet d'une montagne, il y a beaucoup de routes... Alors vous prenez une route, vous suivez votre route quelle qu'elle soit. Quand vous serez au sommet, Vous n'avez pas besoin de route. On imagine que sa route est la meilleure, ce n'est pas vrai, C’est le défaut de beaucoup de religions. Une fois au sommet, vous voyez toutes les autres, Comme ça vous serez à l'aise dans toutes les atmosphères.

Ce qui est mauvais c'est l'intolérance. Les gens qui ont de vrais bhavs religieux sont tous frères et sœurs, Quelle religion qu'ils soient. Quand vous êtes bien convaincus, vous n'avez pas de conflits, avec personne, ceux qui sont sincères, pas ceux qui veulent des pouvoirs."

 

À certains moments, il fait preuve d'une grande précision lorsque cela est nécessaire. Une fois sur une question posée sur les dangers du yoga en général et en particulier sur le yoga postural : comment s'en apercevoir ? L'humour est souvent son compagnon. Un jour, quelqu'un lui a souhaité de vivre jusqu'à 120 ans. Il répond : " Ne parlez pas de malheur ! "
Depuis plusieurs mois, régulièrement, il racontait son dernier entretien privé avec Ma. Où en lui montrant son corps, elle dît : Ce corps est Maya (illusion), je suis omniprésente. II se méfie beaucoup des transcriptions de l'enseignement spirituel. Il soulignait parfois certaines phrases de Ma, issues de livres, qui, sorties de leur contexte, perdent tout leur sens. Il donnait suivant les soirs, suivant les personnes présentes, des réponses très différentes sur certains points. "Le temps c'est le mouvement. Le Suprême c'est l'éternité.

 

 

LES RACINES DU YOGA

James Mallinson et Mark Singleton

Edition Almora

 2020

C’est un livre indispensable, une somme considérable de textes fondamentaux sur le yoga qui permettent de retrouver les origines et les développements de ce que nous désignons comme « yoga » et qui recouvre en réalité une multitude de courants et pratiques différenciés et souvent contradictoires.

 

Mark Singleton est enseignant-chercheur à l’Université de Londres, spécialisé dans l’étude du hatha yoga. James Mallinson est maître de conférences en sanskrit et civilisation indienne classique. C’est en constatant l’accès limité aux sources textuelles du yoga et des méconnaissances qui en découlent que les auteurs ont entrepris de mettre à disposition cette « compilation érudite » de textes très divers. « Bien évidemment, précisent-ils, les textes ne reflètent pas à eux seuls toute l’évolution du yoga. Ils ouvrent des fenêtres sur des traditions particulières à des époques définies. L’absence de référence à telle ou telle pratique dans les textes n’est pas la preuve de son inexistence absolue dans le yoga. Inversement, l’apparition de nouvelles pratiques dans les textes signale bien souvent des innovations plus anciennes. Malgré ces réserves, les textes restent néanmoins la principale source fiable de connaissance du yoga à des périodes précises de l’histoire, à la différence des récits généralement invérifiables que les traditions et les lignées véhiculent sur leur propre compte. »

 

Cette problématique générale vaut d’ailleurs pour toutes les traditions, ce que n’ont pas intégré nombre d’historiens des traditions occidentales. Un autre aspect de la démarche des auteurs réside dans la cible choisie : « Les extraits de textes présentés ci-après portent principalement sur la pratique et non sur la philosophie. De façon générale, nous n’avons pas retenu les passages traitant de philosophie, sauf lorsqu’ils sont en lien avec la pratique (par ex. la méditation sur les éléments tattva). Le yoga traditionnel n’a que rarement, sinon jamais, existé en dehors d’environnements religieux et doctrinaux définis. Alors que ces derniers présentent une diversité considérable, le yoga en lui-même se réduit à quelques éléments essentiels, tant théoriques que pratiques, communs à la plupart des milieux. Nous nous sommes donc concentrés sur la pratique du yoga et avons laissé de côté les systèmes philosophiques sous-tendant cette pratique dans ses aspects spécifiquement sectaires. »

 

La construction de l’ouvrage est très intéressante et permet au lecteur de rechercher facilement une matière selon les questions qu’il se pose. En effet après des éléments historiques, des clarifications de vocabulaires et des généralités, les auteurs abordent les pratiques dans cet ordre : posture – contrôle du souffle – corps yogique – sceaux yogiques – mantra – retrait, fixation et méditation – samâdhi – pouvoirs yogiques – libération. On peut ainsi, par exemple, découvrir l’évolution de certaines pratiques de l’école Kaula ou l’appropriation par des courants tantriques de pratiques de hatha yoga. L’ensemble des textes rassemblés ici, peu connus sauf des spécialistes, permet de reconstituer une histoire plus ajustée du yoga, de dissoudre des croyances courantes et monolithiques sur le sujet, mais aussi d’extraire les pratiques d’environnements culturels pesants ou limitatifs (notamment pour les femmes). Le lecteur avisé distingue ainsi combien le degré d’intégration de la non-dualité joue sur la mise en œuvre des pratiques. Véritable anthologie de textes inconnus ou négligés, fruit d’un travail aussi rigoureux qu’érudit, ce livre renouvèle et rectifie notre façon de considérer le yoga en l’enrichissant et la diversifiant. C’est désormais un ouvrage de référence essentiel.

 

Le mot « Yoga » vient d’une très ancienne racine sanskrite, « jug » qui signifie relier, joindre, unir, mettre ensemble, notamment le corps, le cœur et l’esprit. Tout le travail tend à unifier l’être humain en le mettant en relation avec son intériorité. L’Inde est la terre d’origine du yoga : son histoire est étroitement liée à celle de la civilisation indienne. C’est une discipline élaborée depuis la plus lointaine antiquité pour aider les êtres humains à traverser la souffrance, et trouver l’unité et la joie dans leur corps et leur âme. Le yoga fait partie de l’un des six systèmes philosophiques majeurs de l’Inde. C’est un darsana, terme qui veut dire porter un regard sur le monde. Les premiers textes qui l’abordent sont les Upanishads, conçus dans des écoles de sagesse qui se sont développées à partir du VII° siècle avant Jésus-Christ. Dans ces textes, les sages font part d’expériences d’immobilité méditative ou de l’attention portée au mouvement du souffle. C’est une conception très « mystique » des rapports entre le corps et l’esprit qui se développe. Le yoga apparaît ensuite dans toutes les littératures spirituelles de l’Inde, où il désigne toujours des formes de discipline qui unissent le corps et l’esprit, l’homme et l’univers, l’humain et le divin… tout ce qui peut être « joint » pour procurer un état de bonheur, de plénitude ou de libération, rendant complémentaire ce qui peut sembler être opposé (le jour et la nuit, la lune et le soleil etc.

 

Aux alentours de notre ère (IIème siècle avant et IIème siècle après J.-C.), une synthèse philosophique donne au yoga sa structure classique, au travers d’un ouvrage qui fait référence : les Yoga Sûtras, attribués à Patanjali. Le yoga s’est diversifié selon les contextes dans lesquels il est pratiqué. On peut distinguer cinq grandes « voies ». Tout d’abord, il accompagne l’être humain dans sa vie quotidienne, en l’aidant à poser les principes de l’ « acte juste », ou « désintéressé » : c’est le karma-yoga, ou « yoga de l’action ». On le rencontre aussi, associé à des courants religieux et spirituels, à l’intérieur de l’hindouisme ou du bouddhisme, où il permet de se rapprocher de la divinité : c’est le bhakti-yoga ou « yoga de la dévotion ». Il affine l’intelligence la plus subtile, celle des réalités considérées comme au-delà du naturel, et est alors appelé jnâna-yoga, ou « yoga de la connaissance ». Des recherches spécifiques concernant le corps, le souffle, les énergies,  ont été développés et nous ont donné la forme du yoga la plus connue et pratiquée en occident, le hatha-yoga. La cinquième voie regroupe les quatre précédents, c’est le raja-yoga, la voie royale où toutes les possibilités de l’être humain sont réunies et explorées.

 

Aujourd’hui, les nombreuses traditions de yoga, qui n’ont cessé d’évoluer au fil des générations, continuent d’être très vivantes en Inde. Certains enseignants sont de véritables maîtres spirituels, d’autres sont simplement des professeurs de yoga, sans autre ambition que de proposer une hygiène psycho-corporelle adaptée à la vie actuelle. Souvent moins pratiqué qu’on ne le pense par les indiens, le yoga se développe de plus en plus, parfois comme une gymnastique qui a toujours fait partie de leur culture, à l’école notamment, ou bien comme une activité préventive à toute forme de maladie. Mais il faut souligner qu’ils sont nombreux à le faire dans une perspective spirituelle, pour se  » libérer  » des conditionnements de l’existence.

 

les sikhs – histoire & tradition des « lions du panjab »

Denis matringe

Edition  ALBIN MICHEL

 2008

À l’orée du XVIème siècle, Nânak, sortant de la rivière où il se baignait, a une illumination mystique : « Nul n’est hindou ni musulman. » De cette intuition première s’élabore bientôt une religion originale, un monothéisme appelant à dépasser, plus qu’à conjuguer, islam et hindouisme. L’un des successeurs de Nânak, Arjan, exprimera cette intuition dans un bel hymne.


Ce même Arjan, compilateur du livre saint des Sikhs, l’Âdi Granth, devient au début du XVIIIème siècle le maître spirituel (Gurû) exclusif des fidèles. En deux siècles, la religion sikhe s’impose dans le paysage spirituel de l’Inde moghole, et son histoire se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Il est tentant de considérer cette foi née à la frontière des mondes hindou et musulman comme un syncrétisme de compromis, une curiosité sans grand impact historique. C’est le grand mérite de cette étude que de déconstruire ce préjugé.

 

 Denis Matringe inscrit le phénomène sikh dans un cadre plus large, celui de l’identité panjâbîe, cette région aujourd’hui divisée entre l’Inde et le Pakistan mais qui a su maintenir un particularisme culturel. Il montre ainsi comment le sikhisme prolonge les traditions religieuses panjâbîes (bhakti visnouite, dévotion soufie, yoga tantrique), comment il fédère une identité régionale au cœur des turbulences de la modernité (depuis la conquête anglaise jusqu’à la Partition) et dans quelle mesure il révèle, aujourd’hui encore, les aspects divers et complexes de l’indianité, en Inde et dans le monde.

 

 

Definition D’un Sikh

Toute personne quel que soit sa race, sa caste, sa religion d’origine, sa nationalité ou son sexe est un ou une Sikh(e) s’il ou elle:

  1. Croit en un seul Dieu qui est la Vérité.
  2. A foi dans les dix Gurus Sikh, Guru Granth Sahib et le Guru Khalsa Panth (communauté Sikh) et, au moins, essaye de mener une vie en accord avec l’enseignement du Guru.
  3. Suit les sacrements les cérémonies en accord avec le Rehat Maryada (code de conduite) comme approuvé par le Guru Khalsa Panth (Sarbat Khalsa à l’Akal Thakt Sahib),
  4. foi dans le khanda di Pahul (Amrit Parchar)
  5. N’a foi en aucune autre religion (mais, bien sûr, respecte les autres religions.)
  6. Utilise le nom Singh (homme), Kaur (femme.)

 


Y est  développé :


L’histoire du Panjab – Le Panth – Nânak – Tradition et formation du sikhisme – Les sikhs et les Moghols – Les Afghans – Le problème religieux et géographique du royaume des sikhs – Les mariages – Les castes – La diaspora – Les autorités religieuses – Les rituels – Le culte.

 

LES SADHUS – UNE SOCIÉTÉ D’HOMMES LIBRES

Érik Sablé et Alexandre Sattler

Edition Almora

 2014

Dans l’hindouisme, les sadhus sont des ascètes errants qui ont renoncés à toutes attaches terrestres et obligations sociales pour se vouer entièrement à la quête spirituelle. Souvent provocateurs et extravagants, fumant du haschich et vivants d’aumônes, ces admirateurs et adorateurs de Shiva ou de Vishnou, leurs divinités tutélaires, forment en Inde une véritable société à part. Au fil du temps, cette communauté s’est constituée en différentes écoles définies chacune par ses traditions, ses signes d’appartenance et ses propres croyances.

Erik Sablé, en fin observateur, s’est interrogé sur ce « phénomène sadhus ». Il en dresse ici un portrait essentiel en s’attachant à répondre aux questions les plus simples : D’où viennent t-ils ? Quelle est leur origine ? Comment cette tradition a –t-elle prit naissance et s’est-elle perpétuée ? Quelles sont les différentes sectes auxquelles ils appartiennent ? En quoi consiste leur vie ?

Pourquoi certains ont-ils des armes ? Quel est le rôle du gourou ? Pour imager et éclairer son propos Alexandre Sattler nous offre un reportage photographique d’une soixantaine d’images.
Depuis la nuit des temps et aujourd’hui encore, la société indienne permet à chacun, homme ou femme, de tout abandonner définitivement, sa famille, ses amis, son métier, son confort, pour partir vivre sur les routes à la recherche du divin en devenant sadhus, ils n’ont alors plus de compte à rendre à la société, ils sont « morts au monde ».

Cependant il ne faut pas croire que les sadhus sont complètement coupés du monde et de la vie sociale. Bien qu’ils soient au-delà des castes, ils ont eux aussi leur fonction. Ils passent dans les villages et, en échange de nourriture et d’un lieu pour dormir, ils peuvent s’occuper des rites villageois, réciter des textes sacrés, répondre à des questions d’ordre spirituel ou théologique et interpréter les écritures.

Ils possèdent une fonction magique, ils ont le pouvoir de soigner, de guérir des maladies. Les indiens croient assez communément que les sadhus connaissent les racines et les plantes de l’Himalaya et pensent que ces plantes sont très puissantes, d’où le respect pour ces « guérisseurs » de l’âme et du corps.

Ces sadhus peuvent vivre d’une façon très extravagante, certains sont en permanence habillés en femme pour pouvoir adorer leur dieu comme une femme adore son amant. Beaucoup de choses interdites aux membres de la société indiennes leur sont autorisées, par exemple, ils peuvent fumer librement des drogues, exhiber leur sexe, ou même manger des cadavres.

Les sadhus représentent une échappée par rapport à un système de castes rigide et qui peut être coercitif, ils sont une réaction à ces règles strictes qui régissent le monde hindou, ils représentent l’envers de la société indienne et forment une communauté où les tabous sont oubliés et les interdits se réaliser.

Au sommaire de cet ouvrage passionnant :

Origine des sadhus - pourquoi et comment devient-on sadhus ? - l’initiation et le gourou - l’apparence - la vie quotidienne - le sexe - la drogue - pratiques ascétiques - le feu - l’errance - les pèlerinages - les ermites et l’ermitage - la fête - la guerre - la mort - les différentes écoles - Shiva - les anciennes écoles shivaïtes et les nouvelles réformées - le dieu Vishnou et les écoles vishnouïtes -

60 superbes photos couleurs - 

 

les spiritualitÉs indiennes

Odon vallet

Edition  GALLIMARD

 2005

Avec cet excellent « petit livre » d’Odon Vallet, spécialiste des religions, dans la formidable collection « Découvertes Gallimard », le lecteur aura l’occasion d’éclairer son approche des nombreux aspects du sens religieux de l’Inde, des croyances originales et des cultes qui se sont développés aux cours des siècles, spiritualités qui se sont enrichies lors des invasions de l’apport des Aryens, Grecs, Scythes, Parthes, entre autres. Puis, du voisinage des Arabes, Perses et autres Monghols. Sans oublier la culture européenne avec la création des comptoirs portugais, français et l’occupation par les Anglais.


Réduire la spiritualité de l’Inde à un seul qualificatif, comme « bouddhisme » ou « hindouisme » est une facilité dans laquelle se réfugie bon nombre d’entre nous. Intitulant avec justesse son ouvrage « spiritualités » et non « religions », l’auteur nous invite à découvrir tout à tour le védisme, le sikkisme et plus particulièrement, deux mouvements, plus philosophiques que religieux, le jaïnisme et le bouddhisme.


En termes simples, soutenus par une iconographie foisonnante, nous suivons les routes presque parallèles de Jina et Bouddha, le premier surnommé le Grand Héros, le Vainqueur des passions et le second, « l’illuminé », tout de bonté et de sagesse. Ils eurent ceci de commun de faire passer la société du régime des castes à celui des clercs, la pratique des sacrifices à celle de l’ascèse.


Naturellement, le texte nous amène à différencier le Petit et le Grand Véhicule. Le premier est un moyen de progression qui a pour obligation de ne compter que sur soi, excluant tout recours à l’autre, tandis que le second veut conduire au « nirvana », non plus une élite réduite de moines ascètes, mais une foule de croyants et de laïcs, entourés et guidés par des « êtres proches de l’Éveil ».


Enfin, un chapitre traite du yoga et du tantrisme, deux formes de techniques spiritualistes qui ont pour souci commun de ne jamais séparer l’âme et le corps, répondant au besoin de sérénité, de concentration et de détachement des illusions, ces techniques ayant évidemment trouvé une écoute et même un engouement dans notre société occidentale éprouvée de plus en plus par ce qu’elle appelle le « stress », voire dans l’incapacité de surmonter par soi-même les problèmes de son petit soi.

 

les upanishads

Traduction Gilles farcet

Edition ALTESS

 1991

« Nulle étude au monde n’est plus belle ni plus inspirante que celle des Upanishads », remarquait Schopenhauer…En un monde morcelé, soumis à l’empire du fragment, les Upanishads surgissent afin de témoigner de la présence d’une unité tapie au cœur de la matière. Les percées les plus récentes de la physique quantique concorderaient-elles avec les intuitions des Rishis, les auteurs de ces textes plusieurs fois millénaires ? Quoi qu’il en soit, ces pages d’une extrême densité nous invitent à pénétrer en un nouvel espace, plus ample, plus ouvert, à l’intérieur duquel les systèmes fatigués n’ont plus cours. Ce nouvel espace n’est pas circonscrit au seul champ de l’intellect ou de la ‘culture’ reléguée dans les recoins des bibliothèques ou bradée sur les étalages le temps d’une saison.

 

S’il est effectivement plus difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, de même ceux qui tôt ou tard ne se délestent pas de leurs multiples opinions et refusent de mettre bas leurs fardeaux idéologiques ne franchiront pas ce seuil de la Réalité que les Upanishads nous disent ‘recouvert d’un voile de lumière dorée’. » Sur le sentier de la réalité, laquelle n’est jamais un dogme mais une illumination d’ordre intime, toute idolâtrie est proscrite ; le pèlerin de l’Absolu veillera particulièrement à ne pas vénérer les Védas, de peur que la lettre n’étouffe promptement l’esprit. Pour peu que nous consentions à nous ménager quotidiennement, au cœur de nos existences par trop fébriles, quelques plages de silence et de solitude, la méditation est à notre portée.

 

 Quant à la part de l’action, les Upanishads nous enseignent qu’il est inséparable de la pratique du non-agir ; la qualité de nos actes dépend de la profondeur de notre silence intérieur. Les Upanishads constituent la portion la plus philosophique des Veda. On considère qu'il y a une centaine d'Upanishads (108), dont une douzaine sont considérées comme majeures car elles ont été commentées par les grands maîtres de la tradition indienne (Shankara, Madhva, Ramanuja....).Leur thème est la Vérité suprême - le Brahman - ainsi que la voie pour atteindre la connaissance de cette vérité.

 

Ces textes relève du domaine de la métaphysique car ils traitent de principes universels, du niveau absolu de l'existence, "de l'Etre en tant qu'Etre». Composés en sanskrit, dans un langage à la fois logique, poétique, mystique, suggestif, paradoxal et ésotérique, ces textes doivent faire l'objet d'une étude contemplative. Ils sont transmis par un maître à des disciples dont l'esprit a été préparé par l'étude des Ecritures et des pratiques spirituelles : des élèves dotés de discernement et de détachement dont l'esprit est devenu contemplatif, capable "de voler là où volent les aigles"... Les Upanishads s'adressent aux esprits en quête d'Absolu.

Qui a écrit les Upanishads ? Les auteurs des mantras des Upanishad étaient les Rishis (littéralement les sages voyants) qui ont entendu un appel intérieur et sont partis à la recherche de la Vérité. Mû par un profond détachement ils se sont retirés au coeur de majestueuses forêts ou au bord du Gange et là, avec un mental et un intellect hautement évolués, ils ont sondé leur cœur afin d'observer, d'analyser, de classifier et de connaître en eux-mêmes le pourquoi et le comment des rouages les plus intimes de l'homme psychologique et spirituel. En effet, un espace de paix et de majesté est nécessaire pour que le véhicule du mental et de l'intellect puisse prendre de la vitesse et s'élever au-dessus des considérations matérielles et profanes. Quand vous avez un problème personnel à résoudre - par exemple : "Dois-je démissionner de mon emploi actuel ou non ?", que faites-vous ? Ne cherchez-vous pas un endroit silencieux et tranquille pour passer en revue mentalement le pour et le contre avant de prendre finalement une décision ? Si pour résoudre un problème matériel ordinaire il faut tant de solitude et de paix, c'est d'autant plus nécessaire pour pouvoir plonger en soi-même à la recherche de la source éternelle de la vie.

 

Ces maîtres étaient si sincèrement consacrés à leur poursuite de la Vérité, de façon si désintéressée qu'ils se sont, dans la joie exaltante de leur aventure divine, oubliés eux-mêmes ! Nous trouvons rarement l'identité de ces hommes mentionnée dans le corpus des Upanishads ; les auteurs sont presque tous inconnus ; ils ont, pour ainsi dire, oublié d'ajouter leurs signatures à leurs chefs-d'œuvre. Pour eux c'était uniquement la découverte qui importait, pas l'individu qui l'avait faite. Ils savaient que l'existence humaine, telle une bulle, ne dure que quelques années ; ils ont reconnu la vanité de se faire un nom et une réputation à titre individuel. Ils ont recherché l'immortalité non dans la mémoire des générations futures, mais sur le plan plus subtil de la Conscience éternelle.

 

Ces sages vivaient dans une liberté absolue, détachés de la vie mondaine. Leur perfection intérieure résidait dans la noblesse et la ferveur de leur esprit, la puissance de leur intellect et la force de leur détachement. Etant allés jusqu'au bout du renoncement, ils étaient en vérité les rois des rois. Les détails de leur grande découverte d'eux-mêmes n'étaient pas livrés à tous ; ils n'étaient donnés qu'à ceux dont le mental était prêt, qui étaient venus vers eux poussés par la soif de Connaissance. Nous remarquerons aussi que les enseignants, bien qu'ils divergent dans leurs expressions, leurs argumentations, leurs modes d'approche, sont tous, sans aucune exception, parvenus au même but divin.

 

Les Upanishad sont des révélations : en effet des sages ont eu dans leurs méditations la "révélation" de vérités éternelles, comme par exemple, Newton a "découvert" la loi de la gravité qui a existé de tous temps. Ces sages montrent par leur exemple qu'un long processus de pratique, de contrôle et de discipline, amène l'esprit à s'élever jusqu'à appréhender les vérités les plus subtiles. Quand l'esprit s'élève ainsi, la faculté appelée intuition s'éveille en l'homme : la connaissance du principe ultime, de la vérité suprême, est une connaissance directe et intuitive. On ne peut imaginer ou déterminer la Vérité Absolue de façon rationnelle ; elle est expérimentée intuitivement, vérifiée subjectivement.

 

Ces sages, après avoir atteint l'accomplissement ultime, ont ensuite transmis leurs découvertes à la génération suivante par l'intermédiaire de leurs disciples ; ceux-ci, à leur tour, ont considérablement avancé sur le chemin menant à l'Inconnu. Les Upanishad ont été ainsi transmises par la chaîne ininterrompue des maîtres et des disciples, qui reste toujours vivante aujourd'hui (guru shishya parampara). L'accès à la signification profonde de ces textes nécessite en effet un accompagnement spirituel.

 

Les mantras des Upanishad n'expriment ni n'expliquent la Vérité directement, mais ils conduisent simplement en sa présence par ce qu'ils indiquent, par leurs significations secrètes, par tout ce qu'ils suggèrent. Nous avons donc toujours besoin des interprétations d'un maître pour comprendre pleinement la signification des Upanishad. Si nous nous contentons de les lire, même de nombreuses fois, toute la richesse et l'ampleur de leur sens ne nous seront pas révélées. Ces mantra sont réservés et secrets par nature. Cela dit, pour recevoir l'enseignement, nous avons besoin aussi d'une énergie intérieure particulière. Cette énergie ne s'obtient qu'en menant une vie noble, en suivant les valeurs éthiques et saines. Soyez bon. Faites le bien. Pratiquez régulièrement et quotidiennement votre méditation d'une demi-heure. Continuez à observer la maîtrise intelligente des sens. Puissions-nous tous, par Sa grâce, tressaillir au moins une fois de la joie que donne la Vérité de l'Upanishad !

 

le ta hio ou la grande Étude

confucius

Edition  DU PRIEURÉ

 1993

Nous devons avertir ici que nous avons tenu bien au-delà des engagements pris dans notre Prospectus.

 

Les Œuvres de Philosophie morale et politique de Confucius doivent être imprimées avec les caractères chinois, gravés sur bois, de l’imprimerie royale, dans le style cursif des ouvrages légers et le second ordre, accompagnées seulement d’une traduction française et de notes tirées de divers Commentateurs ; l’édition dont nous publions aujourd’hui le premier livre, est imprimée avec des caractères chinois gravés exprès sur poinçons d’acier par M. Marcelin-Legrand, d’après les plus beaux modèles chinois ; elle contient de plus une version latine littérale, destinée à faciliter l’intelligence du texte, et la traduction complète du commentaire de Tchoù-hî, reproduit presque entièrement en chinois.

 

Aussi avons-nous été forcés de changer les conditions de l’ancienne souscription qui ne sont point obligatoires.

« La loi de la Grande Étude, ou de la philosophie pratique consiste à développer et à rendre à sa clarté primitive le principe lumineux de la raison que nous avons reçu du ciel, à renouveler les hommes et à ne placer sa destinée définitive que dans le souverain bien pour atteindre l’état de perfectionnement désiré. »

 

le tao tE king – le livre de la voie & de la vertu

Lao tseu

Edition J. de Bonnot

 1990

Un livre sacré et une bonne interprétation de ces paroles de sagesse.

 

Le Tao te king est parfois appelé le « Livre de Lao-Tseu », c’est à dire du nom de celui qu’on tient habituellement pour son auteur. On ne possède que de très vagues éléments sur sa vie, presque tous les sinologues modernes accordent la paternité du Tao te king à Lao-Tseu qui enseigna la tradition qu’on associe à sa personne. Son nom était Li eul et il vécut longtemps au pays de Tch’ou, vers l’an 600 avant notre ère. Son nom public était Lao-Tseu, « Lao » signifiant vieux (au sens de vieux maître vénéré) et « Tseu » étant un titre honorifique qu’on réservait aux sages et aux auteurs de classiques.

Selon la légende au moment où Lao-Tseu abandonnait la vie active pour se retirer dans les montagnes du lointain Ouest, il fut retenu par le gardien de la passe qui le pressa d’écrire un livre qui contiendrait son enseignement.

De là naquit un ouvrage sur le Tao et le Te, La voie et la vertu. Puis Lao-Tseu disparut et l’on n’entendit plus jamais parler de lui. Quant au Tao te king, qui est un quasi-défi pour les métaphysiciens et les traducteurs, il est devenu le fondement et le canon officiel du taoïsme.

Le Tao te king est, après la Bible, le livre le plus traduit. Il est aussi, et de loin, le livre le plus déroutant et le plus énigmatique.

Le Te, mot qu’on traduit généralement par vertu, c’est l’équité. Il désigne tout ce qui est en conformité avec le Tao, ou Voie. En un sens le Te, c’est le Tao manifesté, la révélation de la vraie nature du Tao. Dans le contexte taoïste, la notion de vertu ne sous-tend aucune tonalité moralisatrice. Elle est une qualité interne émanent du Tao. Tchouang Tseu la définit comme la « parfaite réalisation de l’harmonie », et ajoute « rien n’est plus funeste que la vertu délibérément cultivée qui est toute entière tournée vers le monde extérieure ». Certains prétendent que le taoïsme est dépourvu de morale mais le sage qui est l’incarnation vivante du te, n’a que faire de la morale. Son sens de l’équité et son harmonie avec le monde on atteint un tel degré de perfection, qu’il agit dans la spontanéité la plus totale. Ainsi il est dit : après la perte du Tao, vient la vertu, après la perte de la vertu, vient la bonté ; après la perte de bonté, vient la justice ; après la perte de la justice vient le rite.


On ne trouve, dans le taoïsme, aucune doctrine du pêché. Pour lui la moralité est inséparable de la spiritualité et, de ce fait, il n’y a aucun idéogramme chinois qui rendrait la conception occidentale du péché et du sentiment de culpabilité. Le péché c’est l’ignorance, la bêtise, la déraison : aucun être sensé n’agirait sciemment dans un sens ou dans un autre, sachant qu’au bout l’attendent le châtiment et la souffrance. L’infraction des lois naturelles entraîne inévitablement des sanctions. Péché signifie déranger l’ordre cosmique, d’où, il résulte un déséquilibre qui introduit l’agitation dans l »esprit individuel d’abord, dans la société par la suite.
L’ignorance est à l’origine du mal être spirituel de l’homme.


Les règles sévères et rigides, le taoïsme les condamne, parce qu’elles détruisent la spontanéité dans l’homme. Tout code moral donne un faux sens de sécurité. On le suit et tous semble pour le mieux. Mais, devant les situations toujours changeantes de l’existence, toute rigidité est synonyme de mort. Les lignes toutes tracées de l’habitude font croire à l’homme que tout est bien dans le meilleur des mondes. Cela est vrai en apparence, mais pas en profondeur. Au regard de l’homme sage, la moralité est une norme interne. « L’homme sage ne connaît pas le péché ; il a cessé de faire le mal et, par sa sagesse, il annule tous les maux de sa précédente vie.»
Le taoïsme exclut tout autant des notions comme la consécration, la ségrégation, la sainteté, les demandent en pardon ; il ignore les sacrifices propitiatoires, les prophéties empreintes d’anthropomorphisme ou la prière faite en vue d’exaucer des vœux personnels.

Quand l’homme conçoit le péché comme une marque d’ignorance, non point comme une désobéissance au commandement divin, il échappe par-là au complexe de culpabilité, qui tourmente tant l’esprit des Occidentaux. Selon la philosophie du yin et yang, celui-ci se lève par suite d’une concentration trop exclusive sur le bien. Voulant exclure le mal, on provoque un déséquilibre entre les forces yin et yang. Le souci du monde chrétien d’ignorer l’aspect obscur des choses est une aberration.

Le taoïsme originel est tout à fait exempt de concepts comme l’enfer, le diable, les ténèbres éternelles, les forces du mal, en opposition direct avec un Dieu lumineux et bon ; rien dans l’univers n’y est conçu comme intrinsèquement mauvais. L’on n’y trouve pas davantage la notion d’un paradis ultime récompensant les justes. Ciel et Terre sont, tout comme la vertu, un état d’être. Le comportement juste implique qu’on respect les lois de la Nature et pratique la Vertu ; qu’on vive en conformité et en harmonie avec elles. Sans quoi, on attire à soi des sanctions, proportionnelles à la gravité  de la désobéissance : manque d’harmonie, isolement et affliction. Et le Ciel n’échappe pas à ces règles, puisque dans l’univers toutes les choses sont interdépendantes.

 

LE TAO - WU WEI – LE NON-AGIR, LE TAO, L’ART, L’AMOUR  D’APRÈS  LAO TSEU

Henri Borel

Edition Nataraj

 2016

Quelque part sur un îlot de la mer de Chine, un jeune homme reçoit d'un « Vieux Sage » l'enseignement de Wu Wei, la « Voie sans effort » selon la sagesse du Tao. Par Wu Wei, qui signifie aussi « Non-agir », « Mouvement spontané », « Non-résistance », se révèle la présence de Tao en soi et en toutes choses. René Guénon tenait ce texte en haute estime : « Sous son apparence simple et sans prétentions érudites, c'est certainement une des meilleures choses qui aient été écrites en Occident sur ce thème.

 

« Par le non-agir, Il n'y a rien qui ne se fasse. C'est en restant toujours dans le non-faire Que l'on gagne l'Empire. Dès que l'on s'affaire, On n'est pas à même de gagner l'Empire. »
 Que tout se fasse par le non-agir peut surprendre de prime abord. Pourtant, il s'agit là d'un enseignement essentiel qui bouscule, puis élargit toute notre vision du monde. Il est ici question du wu wei, ainsi que le nomme Lao Tseu, c'est-à-dire de l'action spontanée qui entre dans le courant du monde et ne s'impose pas. Le grand sage a érigé le wu wei en principe politique de gouvernement idéal. Aux chefs de guerre qui lui demandaient conseil pour savoir comment sortir du cycle infernal des guerres intestines, il aurait répondu : « Ne faites rien. » Il s'agirait de ne rien faire pour que tout se fasse à travers soi. Laisser l'oeuvre du monde nous guider et ne se mettre en mouvement que lorsque cela est nécessaire : telle est la voie. Seul ce type d'action est juste, car il est le fruit du silence et non plus de l'homme aux prises avec son agitation constante. Ainsi, les guerres s'arrêtent d'elles-mêmes : sans résistance, la lutte se dissout. Elle n'a plus d'emprise. Le wu wei fut si populaire en Chine que le trône de plusieurs empereurs était surmonté d'un panneau de laque portant cette inscription. Il était une devise nationale jusqu'à la fin de la Chine impériale en 1917. Encore aujourd'hui, de nombreux entrepreneurs chinois affichent une plaque avec le signe du wu wei dans leur bureau. C'est dire l'immense pouvoir du non-agir... Le wu wei est au coeur de la pensée taoïste. Il indique un rapport au monde dénué de tout égoïsme ou...

 

Citons ce passage du Tao Te King :

Ainsi le Maître
agit sans rien faire
et enseigne sans rien dire.
Les choses apparaissent et il les laisse venir ; 
les choses disparaissent et il les laisse partir.
Il a, mais ne possède pas,
agit, mais n’attend rien.

Le non-agir consiste donc à laisser venir les choses à soi, sans rien désirer, sans rien attendre, sans rien espérer. Car ce sont précisément les désirs, les attentes et les espoirs qui créent un décentrage par rapport à la Nature, et qui portent la souffrance. Le non-agir invite à se laisser absorber dans le cours des choses : c’est l’acceptation du monde tel qu’il est, mais aussi l’acceptation de soi-même et des autres tels qu’ils sont. Le non-agir de Lao Tseu est une véritable philosophie de vie : c’est laisser de côté nos illusions, nos jugements de valeur et nos faux espoirs. Ainsi : le bien et le mal n’existent pas dans l’absolu, les lois de la Nature font que tout est ordre et harmonie, il ne tient qu’à nous de voir et accepter cet ordre éternel.

Le non-agir est donc aussi un “non-juger”, une invitation à fuir le tumulte de nos interprétations vaines, en effet : Lorsque les gens voient certaines choses comme belles, D’autres deviennent laides. Lorsque les gens voient certaines choses comme bonnes, D’autres deviennent mauvaises. Pour nous occidentaux, le non-agir est difficile à concevoir car il semble contraire à notre vision de la société et à nos valeurs, au premier rang desquelles la volonté, le travail, la persévérance, la liberté, le développement économique, la justice ou encore le progrès. Le non-agir peut- être vu comme une forme de passivité néfaste… Pourtant, le non-agir du taoïsme n’est pas absence d’action, ni rejet de la civilisation. Loin de prôner le désœuvrement, le non-agir suggère au contraire une action naturelle, douce, équilibrée, qui va de pair avec une acceptation de son destin propre. Il suggère une attitude de réceptivité et de disponibilité maximale face aux événements et aux situations qui se présentent.

 

LE  TAO  selon MATGIOÏ  ou  comment  gouverner  votre  vie ?

JOSÉ  NOGUEIRA

ÉDITION  MAISON  DE  VIE

 2011

Le taoïsme est le fondement de la spiritualité de la Chine ancienne. Comment en appréhender la dimension initiatique ?

 

Un français fut initié aux mystères du taoïsme sous le nom de Matgioi, et il nous offrit un chemin de connaissance à travers ses traductions et commentaires du Livre de la Voie (Tao), du Livre de la Vertu (Te), et du Livre des actions et réactions concordantes (Kan-Ing).

 

José Nogueira nous invite à découvrir ce message, grâce à ces textes essentiels et à la mise en lumière des concepts qu’ils développent : la création, les nombres, l’agir, l’art de gouverner…Claire et approfondie, cette initiation à la pensée taoïste permet d’en apprécier les richesses.

 

L’auteur développe les points suivants :

Qui est Matgioi ? – la mentalité traditionnelle chinoise – Qui est Lao-Tseu – Le Taoisme – Confucius  et le confucianisme -  Les trois livres de la tradition taoïste – Le Tao et le Te – le Kan-Ing -  les Nombres – la Voie – Accorder la Terre avec le Ciel -  le Sage – Agir et non-Agir – les possessions matérielles – Désappropriation – le Chef – Gouverner la nature humaine – le rôle de la crainte de la mort – Concentration, dispersion – l’origine et la place du Kan-Ing – l’importance de l’acte humain – les énergies mises en œuvre dans l’acte humain – l’action et le réaction – l’habitude – le péché originel – Réaction concordante et justice

 

l’État naturel

Bernard  dubant

Edition  TRÉDANIEL

 1998

L’essence de l’hindouisme, du Sanatana Dharma, n’est pas une connaissance spéculative ; c’est « l’État Naturel », le «Quatrième État», auquel les trois états d’ignorance – veille, rêve, sommeil – se surimposent.

 

La vacuité exprime la non-origine (anutpâda, non production, non naissance). le vide (virahitata, absent, séparé, déserté ; ... rien en Brahman, l'état dans lequel avoir le moindre bhâva — chose, entité — est une illusion...), et non-égoïté (nairâtmya)» «Que les phénomènes ne soient pas produits (anutpâda), indique qu'ils sont vides (shûnya, virahitata, sans « nature propre », absents, inexistants).» «Ceux qui ne connaissent pas la vacuité, ne connaîtront pas la libération (moksa)». Les ontologistes, etc, prisonniers de leur « pensée » (bhâva, attachement, émotion, état d'être), de leur « conception », ne peuvent pas être libérés. Ils ignorent leur Nature originelle — ils sont des « fabricateurs d'acte ». La « libération » est le maintien dans sa nature originelle, la « connaissance sérieuse » (parijnâna) de l'être et du non-être, qui les abolit. Le Ne-Pas-Faire abolit le « monde » (idam, l'objet — et ainsi aham, le sujet, qui n'apparaît que corrélativement, cet abhimâna, cet « orgueil d'attribution »). On ne se libère de la « prison de l'être » que par le « feu de la vacuité », le « feu noir » (kalâgni) de Kali, la Mort. Les forces de la mort sont aussi les forces du retour.

 

Le retour au silence, mauna, est le retour jusqu'à la racine du verbe — pravrtti, « l'évolution », va de la racine du Verbe, Parâ Vâk, « verbe suprême », à Vaikharî, le verbe «superficiel», proféré, en passant par Pashyantî, la « voyante », et Madhyamâ, le « milieu » ; les quatre étapes du verbe correspondent aux quatre quartiers (pâdam) du pranava Om, les trois états surimposés, veille, rêve, sommeil, et le quatrième, Turya, qui correspond à Parâ Vâk, lequel est «localisé» dans le bas du corps, au « support » (âdhâra) qui correspond au bas de la colonne vertébrale. Le «faire», c'est d'exercer Vaikharî, l'oubli ainsi de la racine ; le «ne-pas-faire», c'est «oublier» Vaikharî, le verbe de la «raison» (manas) pour «descendre» jusqu'à la Vibration — Spanda Shakti.

 

Y a-t-il un sujet qui expérimente turiya ? Le sujet, l'expérimentateur, pramatr, est le sâmsarin, le transmigrant, celui qui expérimente les trois états surimposés de veille, rêve et sommeil profond. Mais turya, l'état naturel, la réalité non-duelle, n'a pas d'expérimentateur, de sujet illusoire. Celui qui est « revenu » à l'état naturel n'est plus un « sujet ». Il n'agit pas. Il n'est pas en corrélation. Connu éveillé (perception, pratibodha, c'est-à-dire comme présent dans les états « surimposé ») il (le connaissant, qui est l'âtman) atteint la connaissance du principe d'immortalité ; par l'âtman il atteint la virtus (viryam, la force), par la connaissance, il atteint l'immortalité

 

Celui qui connaît l'éveil dans les trois états surimposés n'est plus conditionné par ces états, et a passé de l'autre côté de la perception, dans le quatrième état, turiya. Il est son esprit — on ne peut. « avoir » un esprit, car l'esprit n'est pas possédé ; il n'est pas autre chose que son esprit — âtman — c'est-à-dire qu'il ne se confond avec aucune surimposition. Il passe en maître (pati) de la veille au rêve et du rêve au sommeil — il n'est pas dominé par ces états. L'âtmâ est sa virtus, sa force ; il est le vîra, c'est-à-dire le pati, le maître des énergies ; il est indépendant (kevala) ; sa connaissance est amrta, le nectar d'immortalité.

 

«Tout cela (les concepts de « pureté », « sans naissance », etc), n'est que phonème et nom, transformation vestimentaire — cela part de l'océan du souffle (le champ de cinabre inférieur, le hara) pour venir frapper les dents... il n'y a là que transformation illusoire». Le « vêtement » est la « couche » (kosa) — quintuple — dont est revêtu âtman, l'esprit, le Brahman. Le « savoir » fait que l'on tient «pour vrais ces vêtements», et qu'ainsi on parcourt le cycle des Trois Mondes, circulant parmi les naissances et les morts. «Ne vous laissez pas prendre aux vêtements»... Aucune « voie » qui fait que l'on se laisse prendre aux « vêtements » n'a d'intérêt. Ce sont des « voies » de « faire ». «Mieux vaut être sans affaires», ajoute Lin Tsi. Ne-Pas-Faire consiste à revenir à l'«océan du souffle», à paravâk, au silence.

 

Dès que nous définissons l'immensité, notre pratique, etc, nous la limitons, la rendons mesquine C'est pourquoi Lin Tsi recommande de tuer les Bouddhas, les Patriarches, etc. Les «tuer», c'est-à-dire se débarrasser d'eux en tant que «concepts», afin de les délivrer de notre «connaissance» — jnânam bhamda, la connaissance est le lien — l'esclavage et la limitation. La «connaissance», l'acte, est ainsi la «profanation» du «mystère sacré», la limitation, la souillure» (mala). » Être ou ne pas être, ancienne question... Les concepts sont les mâchoires de l'illusion. La Libération est le pourquoi de toute Voie Sacrée. Se fondant sur la tradition de Sanatana dharma et du Buddha dharma, du Non-Agir, du taoïsme et du chamanisme, l'auteur montre que les voies authentiquement "initiatiques" ne sont pas des voie d'acquisition : elles consistent avant tout à se "libérer" des notions d'ego et d'action, conditions de la prodigieuse ignorance savante qui lie l'entité humaine à l'illusion, à la souffrance et à la mort. Pour illustrer cela est ajouté un texte de Nagarjuna, le grand maître de la voie Madhyamaka. Traduit du sanskrit et commenté par l'auteur, Lokatitastava exprime l'essence de la voie du Bouddha  - Bernard Dubant -

 

LE TEMPLE TIBÉTAIN ET SON SYMBOLISME

TCHEUKY SENGUÉ

Edition  Claires Lumières

 1998

Un très bon livre avec des photos couleurs pour expliquer la demeure des «  Dieux » et la vénération des Tibétains pour ces lieux ou le pèlerin comprend avec sa foi et son cœur.

 

Visite guidée où nous découvrons avec émerveillement le symbolisme et l’ésotérisme du temple tibétain.

 

Pour les Tibétains, le temple est la demeure des “dieux”, devant lesquels ils viennent se prosterner, auxquels ils viennent présenter leurs offrandes et leurs prières, un lieu familier, vibrant et rayonnant. Vivant en osmose avec le sanctuaire, ils le comprennent avec leur cœur et leur foi, sans grand besoin d’un recours à l’intellect.


Les Occidentaux, quant à eux, viennent avec un regard neuf et un esprit curieux : sans doute le temple tibétain les séduit-il tout d’abord par son esthétique, mais il devient vite l’objet d’un bouillonnement de questions sur ce qu’il représente, sur ses fresques et ses peintures, sur ses statues, sur sa décoration, sur la multitude d’objets étranges qu’on y trouve, sur les rituels qui s’y déroulent, sur les instruments de musique, etc.

C’est à ces questions que s’efforce de répondre le présent ouvrage, nous entraînant dans une visite guidée au cours de laquelle nous découvrons avec émerveillement le temple et son symbolisme dans toute leur richesse et toute leur profondeur.


Indispensable pour tous ceux qui voyagent au Tibet, en Inde et au Népal ou découvrent les temples tibétains construits en Europe
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LE VḖGḖTARISME – UNE VUE BOUDDHISTE

Bodhipaksa

Edition Almora

 2017

Dans une longue préface à l’ouvrage Matthieu Ricard insiste sur le fait qu’il n’existe « aucun argument éthique en faveur du carnisme ». Si l’être humain a vécu très longtemps de cueillette et de chasse, la consommation de viande était faible. Ce n’est que récemment dans l’évolution humaine que nous avons commencé à consommer massivement de la viande entraînant de très nombreux désordres.

 

Il note que tuer, par la chasse, un animal sauvage, ne peut être comparé avec l’élevage domestique d’animaux afin de les tuer pour se nourrir. Cela a radicalement changé notre rapport à l’animal : « Seules les cultures ayant domestiqué des animaux défendent la thèse de leur infériorité par rapport à l’homme, ce qui témoigne d’un malaise par rapport à l’acte de tuer un animal et implique une justification arbitraire qui permet d’accomplir cet acte. ». Remarquons que des schémas argumentaires arbitraires semblables furent utilisés et le sont encore pour justifier l’esclavage des peuples noirs, entre autres, et la traite des femmes.

 

Plusieurs cultures prônent le végétarisme à des degrés divers, hindouisme, jaïnisme et bouddhisme notamment. L’essai de Bodhipaksa est basé sur les préceptes de non-violence envers autrui. Matthieu Ricard rappelle que « Selon le bouddhisme, la « nature de bouddha » est présente en chaque être, même si elle est latente chez ceux qui n’ont pas les facultés intellectuelles de la rendre manifeste, ce qui est le cas des animaux. »

Bodhipaksa s’appuie sur des textes bouddhistes, d’ailleurs nuancés, qui incitent souvent sans poser d’interdit, privilégiant la compréhension et la compassion : « Les pratiques bouddhiques de méditation, de rituel, et d’étude du Dharma (l’enseignement du Bouddha) sont entreprises dans le but de développer une plus grande attention et une plus grande bienveillance, menant de façon ultime à la sagesse et à la compassion. En outre, nos activités quotidiennes nous apportent d’infinies opportunités de pratiquer et de nous transformer. De cette manière, nous guidons et dirigeons la vie que nous créons, tant individuellement que collectivement. Avec un effort régulier, nous pouvons atteindre le moment de la vue pénétrante, de l’expérience directe des « choses telles qu’elles sont » ; à ce point, le processus de changement prend un élan continu.

 

Le végétarisme est un bon point de départ, car l’alimentation est une chose fondamentale dans notre vie. » Bodhipaksa dresse tout d’abord un constat, sombre, de nos modes de vie actuels et particulièrement dans le domaine de l’alimentation avant de mettre en évidence les bénéfices d’un végétarisme raisonné dans une vision écologique systémique. Mais c’est par la pratique de la non-séparation et par le développement de l’empathie que le végétarisme, qui pose des problèmes plus complexes qu’il n’y paraît (que fait-on par exemple avec la douleur des insectes ou d’organismes vivants plus petits ?) peut trouver une place non dogmatique dans les conceptions des civilisations à venir. Le végétarisme ne peut être traité de manière isolé, il fait partie d’un art de vivre et il constitue une entrée privilégiée pour une démarche spirituelle globale.

 

Vétérinaire de formation et bouddhiste pratiquant, membre depuis 1993 de l’Ordre bouddhiste Triratna, Bodhipaksa est idéalement placé pour aborder le végétarisme avec une perspective bouddhiste, ce qu’il fait avec une clarté qui rend le livre accessible à tous, bouddhistes ou non. Il considère cette question très pertinente pour le monde d’aujourd’hui en sept chapitres concis, directs et sérieusement documentés, portant respectivement sur : Les souffrances des animaux de ferme. Dans ce chapitre, Bodhipaksa décrit sans concession la vie et la souffrance des diverses sortes d’animaux dans les fermes modernes, et comment ils sont tués dans les abattoirs.

 

Pourquoi sommes-nous bestiaux envers les animaux ? est une exploration des conditionnements humains et des conditionnements culturels occidentaux concernant nos relations avec les animaux. Par contraste est introduite la perspective du bouddhisme : pour celui-ci, ces relations ne sont pas des relations de domination mais de respect.

 

L’éthique bouddhique est ensuite présentée, dans un chapitre qui montre notamment comment la négation de l’empathie et de la bienveillance envers les animaux conduit à notre appauvrissement et empêche le développement de la sagesse. Le chapitre suivant décrit les bénéfices du végétarisme : les bénéfices pour nous-mêmes et notre santé, qui ne court aucun risque avec un bon régime végétarien ; et les immenses bénéfices pour le monde, le développement du végétarisme ayant un impact immédiat sur la préservation de ressources naturelles aujourd’hui en grand danger.

 

L’auteur répond ensuite à une dizaine de questions fréquemment posées à propos du végétarisme – parmi lesquelles Comment puis-je faire pour arrêter de manger de la viande ; Pourquoi devrais-je me préoccuper des animaux alors qu’il y a tant de souffrance humaine dans le monde ; ou Et devenir végétalien ? Le Bouddha mangeait-il de la viande ? Retournant au bouddhisme, et constatant que tous les bouddhistes ne sont pas végétariens, Bodhipaksa considère ensuite cette question en la replaçant dans un contexte historique.

 

Le dernier chapitre, « Viande et metta », repartant de la perspective historique et du lien entre éthique et végétarisme, conclut en incitant les bouddhistes pratiquant sérieusement à faire un effort pour devenir végétariens, voire végétaliens  ce qui aidera à changer le monde.


Le livre est précédé d’une préface écrite par Matthieu Ricard qui, avec son intérêt pour la cause des animaux et de leur souffrance, n’a pas hésité un instant à répondre à la demande de l’éditeur. Personnellement, j’ai eu un grand plaisir à finir la traduction qui avait été commencée il y a quelques années par Marion, une amie du Centre depuis partie vivre une vie méditative en Écosse, puis au Népal. Ce grand plaisir vient notamment de l’approche de Bodhipaksa - directe et sans concession, claire et accessible - et de son attention à d’une part englober la tradition bouddhique tout entière, et d’autre part nous aider à avancer dans notre pratique personnelle : ce beau livre est loin de n’être qu’un livre théorique. Enfin, c’est le premier livre écrit par un membre de l’Ordre bouddhiste Triratna à être disponible dans toutes les librairies de France et de Navarre - et bien au-delà dans les pays francophones : une autre avancée du développement de notre Communauté dans ces pays
.

 

le yoga tantrique

Julius Évola

Edition  Fayard

 1998

Issu des principaux courants spirituels et religieux de l’Inde, le tantrisme, apparu au 1er millénaire de notre ère, est une synthèse d’enseignements traditionnels contenus à l’origine dans les Védas, mais plus adaptés à ces siècles où se développe la grande civilisation indo-aryenne. Sans rejeter l’ancienne sagesse, les Tantras réagissent contre les spéculations et le ritualisme vides.

 

À la voie de la contemplation, ils opposent celle de l’action, de la réalisation pratique, de l’expérience directe. « Ce qui importe, c’est d’accomplir des actes surhumains et divins par la force de ses paroles de puissance (mantra) », dit un texte tantrique. Et un autre : « La particularité du tantra réside dans le caractère de son sâdhava (pratique) qui s’accomplit par le réveil des forces dans le corps. »

Dans cet exposé désormais classique, le grand orientaliste italien Julius Evola explique la vision du monde sous-jacent au yoga tantrique et ses fondements métaphysiques mais aussi les différentes pratiques et techniques qui lui sont propres, en particulier l’importance de la Kundalini en tant que source d’énergie.

 

l’hindouisme – des orIgines vÉdiques au courant contemporain

Ysé tardan-masquelier

Edition Bayard

 1999

Comment se fait-il que la terre de Gandhi, apôtre de la non-violence, vive aussi sur le signe de l’intolérance religieuse et des conflits ? L’auteur présente un tableau d’ensemble de l’hindouisme de ses origines à nos jours.

 

Complexe, le rapport entre religion et spiritualité. Créé au XIXe siècle pour désigner un phénomène religieux vieux déjà de 4 000 ans, le mot "hindouisme" recouvre une réalité plurielle. Ysé Tardan-Masquelier, qui a dirigé avec Frédéric Lenoir une Encyclopédie des religions (1997), a publié également Le Yoga (1995). Le savoir universitaire et les interrogations personnelles s'équilibrent donc ici, dans une approche où histoire et anthropologie se recroisent sans cesse. Après les sources et la formation des grands courants théologiques et philosophiques, le modèle brahmanique est examiné "dans son apparente intemporalité" ; puis vient l'évolution jusqu'aux mutations récentes, dans une Inde peuplée de près d'un milliard d'individus. L'étude est complétée par sept pages de bibliographie en langue française et un d'un glossaire de base. Si le texte est écrit dans une langue soutenue, la lecture est guidée par des sous-titres suggestifs, facilitée par une présentation claire et harmonieuse. L'auteur a gagné son pari de placer sa synthèse "sur la voie étroite entre technicité et simplisme".

 

Comment se fait-il que la terre de Gandhi, apôtre de la non violence, vive aussi sous le signe de l'intolérance religieuse et des conflits ? L'image que nous avons de l'Inde spirituelle correspond elle à la réalité de l'hindouisme, cette religion plurimillénaire aux courants si divers qui régit l'existence de près d'un milliard d'individus ? Ysé Tardan Masquelier présente un tableau d'ensemble de l'hindouisme, de ses origines à nos jours, sans jamais tomber ni dans l'à peu près ni dans la scientificité. Cette synthèse audacieuse vient combler un vide en nous donnant les clés d'une compréhension intelligente de cet univers religieux multiforme

 

l’hindouisme – une renaissance spirituelle

Bernard baudouin

Edition DE VECHI

 2002

« Le génie de l’Inde, c’est la synthèse » résumait Jawaharlal Nehru. L’hindouisme qui, au long des siècles, n’a cessé de s’enrichir à de multiples sources tout en fortifiant sa propre identité, est un parfait exemple de cette capacité de synthèse.

Avec ce livre, Bernard Baudouin lève le voile sur un univers fascinant qui, dans cette fin de siècle mouvementée, interpelle l’homme moderne sur le sens de la vie, de la mort, de la simple faculté d’être… en nous présentant :

o Les sources de l’hindouisme dans la culture des Védas ;
o L’émergence d’une éthique religieuse depuis BRAHMA, VISHNU et ÇIVA jusqu’à un panthéon mythologique incomparable ;
o Les multiples expressions d’une voie de salut riche et originale : dharma, Bhakti, rites et cultes, sens du sacré, yoga ;
o L’impact de l’hindouisme sur l’Inde et le monde depuis trente-cinq siècles.

Comprendre l’hindouisme, c’est un peu entrer dans l’âme de l’Inde, continent fabuleux et mythique, jusqu’à sentir le souffle d’une civilisation nous caresser l’esprit.

 

l’homme & ses symboles en mÉdecine traditionnelle chinoise

Dr Jean-Marc kespi

Edition ALBIN MICHEL

 2002

La Médecine traditionnelle chinoise regroupe de nombreux domaines : l’acupuncture, la pharmacopée, la diététique, les techniques corporelles, les massages… S’appuyant sur une cosmologie où l’homme a pour vocation d’entretenir une relation harmonieuse avec un univers dont il est de fait solidaire, cette science, qui engage tout l’être du thérapeute, propose une approche globale du patient. Elle offre en outre une grille de lecture originale des symptômes et présente de multiples applications, y compris préventives.

Président d’honneur de l’Association française d’acupuncture, le Dr Kespi nous fait pénétrer dans le monde fascinant de la Médecine traditionnelle chinoise en décryptant le langage symbolique sur lequel elle se fonde. Ying-Yang, Ciel-Terre, Vacuité, Souffle… tous ces symboles, enracinés dans le taoïsme et le confucianisme, sont riches d’enseignements tant sur le plan médical que sur celui de la connaissance de soi.

 

Par approches successives, en spirale, il nous entraîne dans un voyage captivant, ponctué d’observations cliniques, où le symptôme n’est pas seulement une obstruction à libérer, une plaie à cicatriser, mais une mémoire à retrouver, et surtout une invitation à se tourner vers l’avenir. Là réside le message de la Médecine traditionnelle chinoise, qui nous exhorte à concilier nos contraires et à accomplir notre nature essentielle

 

l’illusion face à la rÉalitÉ

Ranjit maharaj

Edition PARAS PRINTING

 2000

Entretiens avec Ranjit Maharaj sur l’état sans état.


Visiteur : Que voulez-vous dire par : « vous êtes le créateur » ?
MAHARAJ : Vous affirmez « je suis le corps », et vous devenez une petite créature. Aussi, au début, le maître vous dit que vous êtes le créateur, que vous avez créé l’univers entier. Le pouvoir qui est en vous est le même que celui qui a créé le monde. Par exemple, une ampoule de 40 watts donne moins de lumière que celle de 100 watts, mais l’électricité est la même. Le pouvoir est entré dans le corps, et alors vous dites : « je suis ceci ». Cela fait de vous une petite créature. Vous êtes la réalité, mais à cause du corps, vous dites « je suis ceci ». Quand la connaissance vous éclaire, vous dites : « j’ai créé le monde ».

Quand vous dormez, vous oubliez le corps, et vous créez une multitude de mondes simplement par vos pensées. Vous êtes alors si puissant que même un avion peut atterrir dans votre chambre ! Le pouvoir peut tout faite. Le monde entier est votre rêve, rien d’autre. Ce pouvoir n’a pas de limite, c’est votre désir qui fait tout. Malgré cela, tout ce que vous voyez et ressentez n’est pas vrai. Vous le dites vous-même d’ailleurs, quand vous vous réveillez du rêve. Ainsi ce monde est créé par le créateur, et ce créateur, c’est vous. Comprenez cela. Vous avez pris un rôle en tant qu’acteur dans le rêve. C’est un rêve dans le rêve. La réalité a été oubliée, et le monde a été créé par Dieu, le pouvoir. Maintenant, vous avez pris naissance, vous devenez acteur dans cette pièce et vous créez votre propre monde dans le monde.

Ce monde n’est rien d’autre qu’un long rêve. Tout d’abord vous devez comprendre « qui je suis », et quand vous comprenez, vous ressentez une immense joie. Mais cette compréhension, ce « je comprends » est encore un concept. Bien que le maître vous rende de plus en plus illimité, il vous dit finalement que le créateur et sa création ne sont pas vrais, et que votre véritable nature est au-delà.

 

L’origine de tout ce qui est, est le zéro, et ne peut donc pas être vrai. Le maître fait de vous le plus grand des grands, mais ensuite il vous dit que tout ce que vous connaissez est faux ! C’est alors que l’on meurt. Que reste-t-il ensuite pour celui-là ? Tout est toujours là, mais quelle en est l’utilité pour lui ? Le monde entier ne repose que sur la respiration, et quand elle s’arrête, où est le monde ? La respiration c’est du vent, et vous avez construit tellement de châteaux sur du vent ! Si vous comprenez que tout cela est illusion, alors vous êtes hors des griffes de l’ignorance.

 

l’inde oŰ j’ai vÉcu

A.D. NéEL

Edition Plon

 1983

La lecture des romans de Jules Verne… De longues heures passées au musée Guimet…

 

Ainsi est née la passion des voyages, et surtout le désir d’Orient, d’Alexandra David – Néel ! « L’Inde où j’ai vécu » est le récit de son premier voyage en Inde, à l’aube du XXème siècle. Les dieux hindous et les rites qui leur sont consacrés. Le système des castes et l’abolition de « l’intouchabilité ». Les gourous, institution nationale aux mille formes. Les « saints » professionnels : ascètes, mystiques, philosophes, pèlerins… Tout ce qui fait la richesse de la religion hindoue est ici observé et commenté par celle qui se nommait « orientaliste – reporter » !

 

Une initiation captivante aux mystères et à la sagesse de l’Inde.

 

l’initiation de kalachakra

Alexander berzin

Edition DANGLES

 2000

Kalachakra, « le roi des tantras », vise à transcender les limites du temps cosmique et biologique, en vue de permettre l’accès direct de chacun à la condition éveillée. Ces dernières décennies, S. S. le Dalaï-lama, et d’autres grands maîtres, ont conféré cette initiation à des foules de pratiquants.


L’Initiation de Kalachakra reprend les enseignements donnés par Alexander Berzin à l’occasion de plusieurs initiations. Il y présente la théorie des tantras, les vœux, les engagements et leurs implications dans la vie quotidienne, ainsi que l’ensemble des visualisations. Il expose également la relation entre les enseignements de Kalachakra et le karma, l’astrologie et la médecine tibétaine, ainsi que les terres légendaires de Shambhala et la paix mondiale.

« Avec son guide, Alexander Berzin rend un grand service à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’initiation du Kalachakra. » ‘’S. S. Le Dalaï-lama’’

Alexander Berzin  est titulaire depuis 1972 d’un doctorat de philosophie de l’université de Harvard, il est chercheur en matière sanscrite et tibétaine, et œuvre à la rencontre des civilisations.

 

lotus d’or ou la merveilleuse histoire de hsi men avec ses 6 femmes

Hsu wei

 Edition J. de BONNOT

 1999

Quand le livre parut, vers 1687 de notre ère chrétienne, il eut un succès spectaculaire, tellement grand que même l’Empereur de Chine daigna se le faire lire dans son texte intégral. La lecture terminée, il dit : « Oui, ce livre me paraît bien amusant, si drôle que chacun qui sera trouvé en sa possession, acheteur ou simple lecteur, recevra sur le champ cent coups de bambou. » Et les argousins se mirent tout de suite à l’œuvre.


Malgré tout, l’ouvrage continua à avoir du succès, en Chine comme ailleurs, et à être vendu sous le manteau. Il est attribué à un certain Hsu WEI, homme politique et amateur de plaisirs. L’action se passe sous l’Empereur Houi Tsoung (1100 – 1126). À cette époque, la Chine traversait une telle période déchéance politique et morale que ses immenses régions furent envahies en quelques mois par les cavaliers sanguinaires de la Horde d’Or.


Ce fut le début de la période tartare, de ces sauvages mongols qui provenaient de régions désertiques du Nord et furent à l’origine d’une occupation dont l’opprobre et les souffrances sont inénarrables. Tous les jours, par milliers, les têtes tombaient dans les paniers des exécuteurs et les chefs militaires, dignes descendants de Tamerlan, utilisaient ces crânes pour en faire des monticules d’où ils pouvaient observer les mouvements de l’ennemi.


«Lotus d’Or ou la Merveilleuse Histoire de Hsi Men et de ses 6 femmes» est un peu le miroir de ce qui se passait dans cette Chine raffinée et décadente « qui laissa les portes ouvertes à l’envahisseur ». Son titre original, « Kin P’ing Mei », peut se traduire littéralement par « Fleurs de prunier dans un vase d’or », c’est-à-dire « Belles femmes dans un décor raffiné et splendide ».

 

l’ultime guÉrison

sri nisargadatta maharaj

Edition de La Montagne

1997

Il est un des grands maîtres spirituels du XXème siècle. Il fut un exemple de la non-dualité de l’Être. Ce livre offre à celui qui cherche sérieusement, des raisons et des moyens de continuer sa recherche.

 

La relation entre le corps physique et la conscience, dit Maharaj, doit être clairement perçue. La conscience nepeut être consciente d’elle-même que tant qu’elle se manifeste dans une forme manifestée, un corps — que ce soit celui d’un insecte, d’un ver de terre, d’un animal ou d’un être humain.

Sans corps, dans son état d’Absolu, la conscience n’est pas consciente d’elle-même. Sans conscience, le corps n’est qu’un matériau inerte. Le corps, par conséquent, est la nourriture qui entretient la conscience et l’instrument par lequel elle fonctionne.

 

En fait, dit Maharaj, la conscience est la « nature », ou «identité », ou « essence » du corps physique, comme la douceur est l’essence du sucre. Une fois que nous avons compris cette relation intime entre le corps et la conscience, Maharaj nous demande de découvrir la source de ce corps-conscience.

 

Qui donc agit dans le monde sous la forme du corps ? A cela, Maharaj répond : Tout, dans la manifestation, est la conscience; c’est la conscience qui agit au travers des millions de corps, conformément à la nature innée de ce qui compose chaque corps. Il existe des millions de formes psychosomatiques mais aucune n’est, à tous égards, exactement semblable à une autre, car chacune présente une combinaison distincte des cinq éléments, plus les trois attributs. Chaque élément possède ses propres caractéristiques, et chaque attribut de même. Imaginez les millions de nuances que peut prendre chacun de ces huit aspects, et les milliards et trilliards de permutations et combinaisons possibles !

 

La conscience agit au travers des corps physiques, chacun doté d’une nature et d’un tempérament qui lui sont propres, fondés en partie sur sa constitution physique et en partie sur le conditionnement reçu. Si cela est clairement compris, il devrait aussi être clair comme de l’eau de roche qu’aucun individu ne détient l’autonomie d’une action individuelle. Mais l’individu, dans son ignorance, est convaincu que c’est lui qui agit; il « prend livraison », comme dit Maharaj, des actions qui ont lieu, il s’emprisonne lui-même dans un attachement illusoire, et éprouve de la souffrance et du plaisir. Voilà comment apparaît «l’attachement ».

 

L’homme se considère comme une créature spéciale, différente de tout le reste de la création ; mais — et Maharaj tient à ce que nous comprenions parfaitement cela — en ce qui concerne les ingrédients de la constitution physique, il n’existe aucune différence entre les divers types de créatures douées de perception. Seul le processus de création diffère.

 

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