Chapitre 19 M -
Z Égypte - Grèce - Moyen
Orient |
19 M
MAÂT - ÉGYPTE, MIROIR DU CIEL |
FERNAND
SCHWARZ |
LES
EDITIONS DES 3 MONTS |
2009 |
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On
retrouve la barque solaire, porteuse de l’intelligence et de la lumière.
Chaque dieu étant un et multiple, on essaie de comprendre qui était les dieux
et les néters ? Il est donné une explication sur les raisons de
l’utilisation des pyramides comme modèle de l’Univers harmonieux. L’auteur
nous explique les règles et les structures de la conception égyptienne de ce Miroir du
Ciel, mais aussi avec ses dérives et ses non-respect des règles de
la Maât,
d’où l’intérêt de l’éducation, de l’initiation et de la pédagogie, avec le
système de transmission des acquis, ce qui explique peut-être la longévité de
leur société. |
MAÂT - L’ORDRE JUSTE DU MONDE |
BERNADETTE
MENU |
Edition
FLAMMARION |
2005 |
La
civilisation promue par les pharaons dans la vallée du Nil, repose sur des valeurs
qui, par l’intermédiaire des Grecs, ont façonné le monde occidental.
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MÂAT -
L’ḖGYPTE PHARAONIQUE ET L’IDḖE DE JUSTICE SOCIALE |
Jan Assmann |
Edition Maison de Vie |
2010 |
Après les publications de H. G. Fischer, L'Écriture
et l'art de l'Égypte ancienne, et de Charles Bonnet, Kerma, territoire et
métropole, qui rendaient accessibles à un large public les leçons prononcées
au Collège de France respectivement en 1981 et 1985, un nouveau volume est
consacré aux cinq exposés présentés en mai-juin 1988 par le Professeur Jan
Assmann de l'Université de Heidelberg ; ils témoignent de l'importance de son
apport à la connaissance des fondements conceptuels de l'univers égyptien.
Si le culte
rendu à Maât fut plus que restreint, le respect qu'elle suscita fut en
revanche sans bornes. Car la maât (la justice) fut toujours une pierre
angulaire de l'équilibre social. Le respect des hommes entre eux, notamment,
assurait en quelque sorte une part du salut. Un salut que Maât saura estimer
lors du jugement final rendu par Osiris. "Parler selon Maât"
signifiait dire la vérité. Au jugement dernier le cœur parlait selon Maât et
ne pouvait mentir. La mort venue, aucun défunt ne pouvait éviter l'épreuve du
jugement dernier. Là, était calculé le poids du bon et du mauvais accumulés
dans le cœur de chaque homme. Ainsi le défunt qui aura vécu avec justice et
bonté sera-t-il assuré de voir son cœur comparé à Maât avec avantage pour
lui. C'est au cours de la Psychostasie (la "pesée de l'âme")
que tout se jouait pour son avenir dans l'au-delà. Maât comme un
principe fut créé pour répondre aux besoins complexes de l'état émergent Égyptien
qui embrassa divers peuples ayant des intérêts contradictoires. L'élaboration
de telles règles ont cherché à éviter le chaos et Maât devint la base
de la législation Égyptienne. L'ordre de la vérité et la Justice : Maât était l'expression sociale et juridique de l'ordre
établi. Elle symbolisait l'équilibre dans la vie du pays, entre la Haute et
la Basse-Égypte, entre la vallée verte et le désert, entre le bien et le mal.
Si elle constituait la référence absolue du jugement rendu par Osiris vis-à-vis
des morts, elle l'était aussi sur terre quand justice devait être rendue.
C'était au Roi ou Pharaon en théorie que revenait de faire régner la justice
en son royaume. Cependant, faute de pouvoir se faire le juge de tout procès
en son pays, le souverain déléguait cette tâche à son Vizir, chef suprême des
tribunaux. Sous l’Ancien Empire (2647-2150), les juges étaient considérés
comme les Prêtres de Maât et à partir de la Ve dynastie (2465-2323) le
Vizir était son premier Prophète. Leur devoir était d'accomplir la Maât.
L'institution du Vizir (rédigée entre 1500 et 1200) définissait le rôle et
l'éthique en matière de justice du premier personnage de l'État après le Roi
ou le Pharaon : "Ne prononce pas de jugement impropre, car Maât
déteste les comportements injustes", précisait notamment ce texte.
C'est donc bien au nom de la Déesse, et selon les vertus propres à celle-ci,
qu'étaient rendus les jugements terrestres. |
MAGIE ÉGYPTIENNE. SORTS ET ENCHANTEMENTS |
Henri
DURVILLE |
Bibliothèque
EUDIAQUE |
1986 |
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Le
verset suivant dit: »Mais pharaon appela des sages et des enchanteurs;
et les magiciens d’Égypte, eux aussi, firent autant par leurs
enchantements. Ils jetèrent tous leurs verges et elles devinrent
des serpents» (Exode 7.11-12). Plusieurs fois des choses pareilles
se produisirent. Par la puissance de Dieu, Moïse et Aaron changèrent l’eau du
fleuve Nil en sang. «Mais les magiciens d’Égypte en
firent autant par leurs enchantements» (Exode 7.22).
Sept jours plus tard, Dieu fit envahir tout le pays d’Égypte par des
centaines de milliers de grenouilles. Mais encore «les magiciens
en firent autant par leurs enchantements. Ils firent monter les
grenouilles sur le pays d’Égypte.» (Exode 8.7).
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MEHR - LE DIEU QUI RESSEMBLE AU CHRIST |
Gilles Lanneau |
Edition les deux Océans |
2017 |
Cet ouvrage est le fruit d’un remarquable
travail de terrain. Gilles Lanneau explore l’Iran, l’Inde et le Pakistan afin
d’analyser les mythes, parfois village après village en quête de sources
traditionnelles ignorées. C’est notamment au Kurdistan que Gilles Lanneau va
découvrir les composants d’un culte ancien dédié au dieu Mehr, prototype
capable de s’adapter aux bouleversements géopolitiques comme aux mutations
des représentations humaines. Ce dieu oriental, né en Iran, à la croisée des
mondes, dans la chaîne du Zagros, apparaît d’abord comme un dieu rustique,
des montagnes, un dieu mâle réservé aux hommes que les femmes semble
toutefois s’être appropriées. Il va s’affiner en un dieu d’amour, influer sur
le culte de Mithra pré-romain qu’il pénètre ou engendre, on ne sait trop, se
déplacer jusqu’en Occident. Les éléments du mythe et du culte identifiés,
malgré le caractère protéiforme de Mehr, présentent de nombreuses similitudes
avec le christianisme mais aussi avec d’autres courants traditionnels :
naissance un 25 décembre dans une grotte, entouré de bergers, miracles,
sacrifices, baptême, communion, transsubstantiation, combat contre le
dragon... En suivant le chemin géographique et temporel des mythèmes, Gilles
Lanneau fait une belle démonstration des déplacements de ces derniers et de
la maintenance des archétypes d’une culture à une autre. Les liens de cette
tradition native avec le christianisme comme avec le zoroastrisme, par des
chemins divers et largement incertains, semblent bien établis mais des
prolongements dans l’islam ésotérique apparaissent également. La recherche étymologique, les jeux de langue
et de mots, constituent une contribution à la recherche des mythèmes et de
leurs glissements d’une culture à une autre. Non suffisants, les risques
d’erreur étant importants, les travaux d’étymologie restent nécessaires pour
compléter ou comprendre les transformations que subissent les mythes. « Qui est Mehr ? demande en
préambule Gilles Lanneau. Un Dieu ancien, nous l’avons dit, mais davantage
encore. Un précurseur, anticipant celui qui s’imposera au monde au tournant
des millénaires. Comme une esquisse, ou un préliminaire. Ou mieux, comme un
ancêtre que ce monde aurait oublié, ou effacé, lui préférant son successeur,
ou son imitateur, entouré d’un staff percutant, adepte du marketing avant son
heure, ayant inscrit sur des tablettes une belle histoire facile à retenir.
Caricature ? Exagération ? Tentons une autre approche. Un archétype
universel ancré dans la Conscience, attentif à une humanité balbutiante,
prenant chair parmi les hommes. Entrons dans ce pays de Mehr. » C’est
bien d’un voyage dont il s’agit. Au côté de Gilles Lanneau, voyageons dans
l’histoire et dans l’espace autant que dans les structures anthropologiques
de la conscience pour découvrir d’autres regards. Reculons dans le temps. Mehr est un dieu né en Iran, dans
la chaîne du Zagros, cette barrière acérée où s’achève la Mésopotamie. Dieu
difficile à débusquer, ayant porté un autre nom à l’origine, puis quelques
autres ensuite. Un nom facile à retenir, exprimant par sa prononciation un
dieu viril, voire agressif, foncièrement masculin. Un de ces noms du premier
langage de l’humanité, monosyllabiques, vibrants, percutants. Bag, qui
deviendra ensuite Baga. Faut-il le rapprocher du provençal bagarro,
bagarre ? Un autre nom lui sera assimilé dans sa contrée
d’origine : bog, le grand, le fort. Il sera à l’origine de
l’anglais big, mais aussi du persan bozorg. Nous le
retrouverons dans les pays slaves ultérieurement, désignant la divinité. Les
Bogomiles, « Amis de Dieu », apparus au Xème siècle en Bulgarie, ne
seront pas sans influence sur le mouvement cathare, un peu plus tard. Bag et Bog se sont donc exportés en Europe. Nous les
découvrirons dans des divinités celtiques aux noms approchants : Lug,
Dagd, Dagda, Baginatus, Boudiga..., traduisant une origine indo-iranienne.
Ils désigneront aussi des montagnes, lieux de manifestation de la divinité, comme
dans leur pays d’origine. Et seront associés à un culte taurin, comme ils
l’étaient aussi dans les monts du Zagros. Le Mont Bégo, au sud des Alpes,
bastion ultime, paratonnerre de sa région, introduit par le col de
« Turini » ; et ses quarante mille pétroglyphes axés sur ce
culte taurin. Le fameux Bugarach, pourquoi pas, qui défraya un temps la
chronique. Et pour boucler la boucle, les noms « Zagros »,
« ziggourat », exprimant la grandeur, la verticalité, ne sont pas
loin de cette racine si singulière. Un dieu rustique, des montagnes... Le culte de Mehr se
rendait sur les monts, ou sous les monts, dans des cavernes le plus souvent.
L’entrée de ces cavernes était précédée d’une arche dans le massif du Zagros,
d’où leur nom : Dar-e Mehr, la Porte de Mehr. Une porte qui nous
introduira au plus profond de la matière, jusqu’à son point ultime, Il semble
évident, comme nous l’avons évoqué, que nous sommes retournés à l’origine de
la parole, s’exprimant par des sons vibratoires. Des mantras en quelque
sorte. Bag est dur, Mehr est doux, l’un exprime le combat, la survie dans un
monde primitif, l’autre exprime la douceur, l’harmonie, et même l’amour dont
il sera le synonyme dans le langage mystique persan. Deux noms d’une même divinité, laquelle évoluera au fil du
temps, suivant ce même chemin de la brutalité à l’harmonie. Un dieu qui
transitera par son aspect viril, à mi-chemin entre les deux. Dieu des braves,
des chevaliers sans peur et sans reproche, apportant une éthique, un sens à
leur combat. Une espérance, un élan vers l’Au-delà. Batailles, épreuves,
victoires... Sacrifice, sublimation finale. L’Apocalypse selon Saint Jean
évoque ce même parcours. Celles de la Perse antique l’ont évoqué aussi, un
peu plus tôt. Mehr est omniprésent dans son pays d’origine. Il s’est insinué
dans son vocabulaire, dans sa toponymie, comme un label de qualité. Des
banques Mehr, des cartes de crédit Mehr, l’agence Mehr... Mais aussi dans les
prénoms : Mehri au féminin, Mehrdâd au masculin, et d’autres. Les noms
de villes : Mehrin, Mehriz... L’aéroport Mehrâbâd, aux portes de la
capitale, où s’envoler aux cieux. Mehrbân, mehrbâni, la
gentillesse, la bonté, la miséricorde... Et aussi mehr, l’amour
mystique, nous l’avons vu. On le trouve aussi dans le calendrier solaire
persan où il préside au septième mois, le mois de Mehr. Il sera célébré
d’ailleurs ce septième mois, lors de la fête de Mehragân, le 2 octobre. Peu de choses ont transpiré du culte de Mithra, ou Mehr. Cette religion
initiatique, confidentielle dans ses plus hauts degrés et réservée à une
élite, savait garder ses secrets. Ce que nous en savons concerne surtout le
mithraïsme romain, version latinisée d’une religion orientale, et différente
sous de nombreux aspects du culte originel. Toutefois, mes visites répétées dans
le Kurdistan iranien, au cœur du Zagros, mes rencontres avec des spécialistes
de cette région, la traduction d’ouvrages se rapportant à ce culte, m’ont
permis d’appréhender quelques éléments significatifs, étayés par la
subsistance de coutumes issues du fond des âges. Et que préservera
soigneusement un peuple attaché viscéralement à ses traditions. |
MITHRA ET SES MYSTÈRES |
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA
|
2004 |
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Chez
les Romains, autour de la date du solstice d’hiver, se déroulaient les
Saturnales, une période de réjouissance. Elles célébraient le règne de
Saturne, dieu des semailles et de l’agriculture. La fête ne durait d’abord
qu’un jour; Auguste ordonna qu’elle se célèbre pendant trois jours, du 17 au
19 décembre; Caligula ajouta un quatrième jour. Pendant la durée de ces
fêtes, les tribunaux et les écoles étaient fermés, on ne pouvait entreprendre
une guerre, ni exécuter un criminel et les esclaves bénéficiaient d’une
liberté pleine et entière. Les maisons étaient décorées de feuillages et de
branchages en l’honneur du dieu de l’agriculture. Alors
qui est Mithra et qu’est- ce que le mithriacisme ? Mithra est un dieu médiateur, proche de l’homme il évoque l’ami, le
contrat, il est présent dans les traités et représente l’aspect juridique
dans la fonction royale, bienveillant envers l’homme, ce dieu de lumière
veille sur les justes et la justice, sur le respect des alliances et des
serments. Il fait partie du panthéon de la religion de Zarathustra, et son
nom est étroitement lié à celui d’Ahura Mazda. Il est un peu la même
chose que la déesse Maât dans l’Egypte ancienne. Le taureau est son symbole
de base, avec son thème central : La
tauroctonie. Mithra capture le taureau blanc, premier être
vivant crée par Jupiter-Oromasdès, le taureau
s’enfui et le Soleil ordonne à Mithra de
le tuer, ce que fit Mithra, alors le sang du taureau arrose les blés et se
transforme en vin, de son corps naissent herbes et plantes et de la mort du
taureau surgit la vie. Nous sommes dans un processus de mort et de
résurrection, comme les grecs s’en serviront pour les mystères d’Eleusis Tout
ce qui tourne autour de Mithra va être importé en Grèce et dans l’empire
romain, bien sur il sera mis au gout du jour en
fonction des prêtres et des politiques, qui en feront un syncrétisme, mais
garderont le grand symbole du « Sol
Invictus ». Le principal vecteur de propagation du mithriacisme
fut l’armée romaine qui en fit sa religion officielle et la diffusa dans tout
l’empire, mais les luttes entre empereurs avec le christianisme naissant le
firent disparaître vers la fin du IVe siècle. Jean
Servier
nous conte cette histoire de Mithra à travers la Rome antique, et fait le
lien entre l’initiation, l’astrologie et l’alchimie. Dans les mystères de
Mithra, lors d’une initiation, il était fait référence aux quatre éléments –le corax/air, le nymphus/eau,
le miles/terre, le léo/feu- ces quatre éléments intervenaient non
seulement dans la catharsis mais aussi dans le rituel initiatique de passage,
ils étaient les 4 premiers degrés de l’initiation, le 5e étant Persa/Perse, le 6e Héliodromus/Courrier du soleil, le 7e
Pater/Père. Paul
Gaymard
nous explique pourquoi la Franc-Maçonnerie puise certaines traditions dans
Mithra et le mithriacisme, comme par exemple Mithra terrassant le taureau
blanc pour le tuer, comme plus tard St Georges terrassera le
dragon, et comme le franc-maçon devra maitriser son ego. Félix Bonafé
nous restitue les mystères de Mithra et insiste sur l’initiation. Claude
Guérillot
dans une longue mais passionnante étude fait le tour des mystères de Mithra,
mystères qu’il raconte dans son livre « de la porte basse à la
porte étroite ». Il conclu qu’un Ordre
initiatique implique une transmission régulière d’une influence spirituelle
orientée vers l’élévation des adeptes, transmission initiatique que l’on
retrouve chez Mithra et c’est pour cela qu’il est le premier des Ordres initiatiques historiquement
connus |
mithra & le mithriacisme |
Robert
turcan |
Edition
LES BELLES LETTRES |
2000 |
Dans
le monde gréco-romain, Mithra n’est pas un dieu parmi d’autres, ni comme les
autres. Venu d’ailleurs avec un lointain héritage indo-européen, il n’est pas
lié à tel ou tel sanctuaire topique. On l’honore partout où un groupe de
fidèles renouvelle en son nom le repas jadis partagé avec le Soleil sur la
peau du taureau mis à mort pour abreuver la création : un culte à fortes
connotations cosmiques et que différencient le rituel très particulier de ses
initiations en même temps qu’une doctrine vitaliste du sacrifice et du salut.
|
mithra, le dieu mystÉrieux |
Martin
vermaseren |
Edition Séquoia |
1960 |
L’auteur
grand spécialiste de la religion mithriaque nous entraîne chez Ahoura-Mazda, Zoroastre, les sanctuaires de Mithra. C’est
sa naissance, son apogée et son déclin qui sont ici développés. Mithra est
un dieu étranger à la péninsule italienne, cependant les Romains, en
particuliers les soldats, l'ont vénéré au point que certains empereurs
souhaitaient en faire le dieu de l'Empire. Mithra est une divinité
indo-aryenne qui apparaît dès le XIVe siècle avant notre ère dans les textes
mitanniens et qu'on retrouve dans le Veda, où elle occupe une place
importante, qu'elle perdra au cours de l'évolution de la religion indienne
vers le brahmanisme. Son nom sanskrit signifie « traité ».Dans l'Avesta,
livre religieux des anciens Perses, Mithra apparaît associé à Varuna et à
Ahura-Mazda (Ormuzd), la divinité suprême. Il y est lié à la lumière et au
Soleil, qui est son « œil », et au taureau, le sacrifice du taureau —
principe fécondateur de la terre — par Mithra se retrouvant dans les Veda. Mithra a
dégagé sa personnalité du panthéon indo-aryen primitif, et il semble, selon
Franz Cumont, que ce soient les « mages hellénisés (prêtres persans du
mazdéisme) qui ont créé en Asie Mineure le culte à mystère de Mithra. On
offrait alors à celui-ci des sacrifices, et, lors de ces Mithrakana, le 2
octobre au début de l'hiver, le roi exécutait des danses et s'enivrait en
l'honneur du dieu. Le secret du mystère laisse pour nous dans l'ombre de
nombreux aspects des cérémonies et de l'enseignement. Comme tous les cultes à
mystère, l'initiation assurait aux fidèles la vie éternelle après une
régénérescence. Il y avait une période de noviciat, pendant laquelle on
enseignait quelques éléments du culte, puis venait l'initiation, qui
comprenait diverses épreuves et le taurobole, sacrifice du taureau au-dessus
de l'initié, qui recevait le baptême du sang régénérateur. «Tu nous sauvas en
répandant le sang donneur d'éternité », dit une inscription du mithraeum de
Sainte-Prisque à Rome. Il y avait ensuite sept degrés d'initiation
:
Corbeau (Corax),
- Epousé
(Nymphus), - Soldat
(Miles), - Lion
(Leo),
- Perse (Perses),
- Héliodrome (« Courrier du Soleil
»),
- Père (Pater). On connaît
assez mal les divers rites, mais nous savons qu'on faisait des offrandes au
dieu et qu'on participait à des banquets rituels. Les initiés étaient en
général des hommes, mais il semble que certaines communautés aient accepté
des femmes. On a accusé les mithraïstes de pratiquer des sacrifices humains,
mais il est démontré qu'il n'en fut rien et que cette religion présentait
sans nul doute une haute tenue morale. Ce culte, répandu dans toute l'Asie
Mineure, était particulièrement cher aux pirates de la Cilicie, qui, selon
l'historien grec Appien, auraient été initiés à ses mystères par les fugitifs
de l'armée de Mithridate VI Eupator, roi du Pont, vaincu par les Romains en
87-86 avant notre ère. C'est au cours des expéditions que Pompée mena contre
eux (66 avant notre ère) que les Romains connurent le culte de Mithra. Bien que ce
fait historique soit rapporté par Plutarque dans sa vie de Pompée, ce n'est
qu'à la fin du Ier siècle de notre ère qu'apparaissent les premiers
témoignages d'un culte de Mithra en Italie. C'est aussi vers cette époque que
les cultes orientaux vont pénétrer dans l'Occident romain. Pendant le IIe
siècle, le mithraïsme, colporté à travers tout l'Empire romain par les
marchands et les soldats, se développe et gagne même les empereurs. Au début
du siècle suivant, sous le règne de Septime Sévère, un mithraeum est
construit sur l'Aventin, dans ce qui fut la villa de Trajan. Pendant encore
près de deux siècles, le mithraïsme continue de s'affirmer, soutenu par les
empereurs, notamment Aurélien, puis Julien l'Apostat, qui identifie Mithra au
Soleil et à Apollon, et cherche à en faire le dieu de l'Empire. Cependant, le
christianisme reste le vainqueur dans la lutte menée contre cette puissante
religion, et les lois promulguées par Théodose Ier en 391-392 interdisent
tous les cultes païens, dont celui de Mithra. Le culte
avait lieu dans des chapelles, qu'on préférait si possible à demi
souterraines pour imiter les grottes où était originellement vénéré le dieu.
Le sanctuaire était en général précédé d'un « pronaos » où l'on conservait
les objets du culte et où l'on revêtait les habits rituels; il était lui-même
constitué par un couloir central et deux banquettes latérales. Au fond,
contre la paroi ou dans une niche était placé le relief du dieu, coiffé du
bonnet phrygien, égorgeant le taureau. Les cérémonies du culte se déroulaient
dans le couloir central, et les fidèles étaient couchés sur des coussins disposés
sur les banquettes. Des
peintures pouvaient orner les parois latérales et le plafond. De nombreux
sanctuaires ont été retrouvés à Londres, à Mérida, à Deutsch-Altenburg
(Autriche), dans les Balkans et surtout dans les ports, comme Ostie, et à Rome.
Le dieu est représenté entouré d'autres divinités (le Soleil, la Lune, les «
Cautès » — personnifiant l'aurore et le lever du Soleil —, les « Cautopates »
— personnifiant le crépuscule et le coucher du Soleil — Saturne, Eon
[l'Eternité]) et d'objets ou d'animaux symboliques (torches, arcs et flèches,
coqs, lions, chiens, taureaux...). |
MITHRA - la
tradition maçonnique & le culte de mithra |
J.
Noël cordier |
EDITION
LACOUR |
1999 |
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Après
avoir défini rapidement cette doctrine initiatique, qui s'imposa avec vigueur
dans la société romaine des trois premiers siècles de notre ère et qui a pu
faire dire à Ernest Renan que « si
le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie
mortelle, le monde eût été mithraïste », je m'attacherai à cerner
les principaux parallèles symboliques avec le rituel maçonnique en soulignant
principalement ceux qui recoupent le mythe d'Hiram. On retrouve
à l'origine Mithra aussi bien dans le panthéon indou (Mithra védique) que
dans le panthéon iranien (Mithra avestique) où il a tous les attributs d'une
divinité à laquelle est lié un culte. Le Mithra qui s'est imposé dans le
monde gréco-romain semble cependant très différent et les spécialistes
s'opposent sur les rapports exacts entre tous ces concepts. C'est en étudiant
les témoins archéologiques que l'on verra que le nom même de « Mithra » dans les mystères
gréco-romains qui nous intéressent est probablement le seul rapport avec les
cultes indous ou iraniens et que le mithriacisme n'est pas plus une religion
que la franc-maçonnerie, même s'il utilise comme elle des symboles et des
noms issus des religions. Il faut revenir en fait à l'étymologie : en védique
mitra signifie «
ami » masculin,
« alliance » ou
« amitié » au
neutre ; l'avestique mitra
désigne le « contrat
». C'est donc une abstraction qui a évolué en divinité, phénomène bien
attesté par ailleurs (comme Fides
chez les Romains) et le mithriacisme gréco-romain peut être analysé comme un retour
à l'origine du nom, à la notion de contrat ou d'alliance, entre les hommes
d'une part, et entre Dieu et les hommes d'autre part. Tout d'abord
il faut souligner avec force qu'un mithræum
n'est pas un temple ; il n'en a aucune des caractéristiques et en particulier
il ne possède pas de chœur, naos ou « saint
des saints » qui serait la demeure du dieu, réservé à son seul
usage ou à celui du prêtre, élément constant dans toutes les religions de
toutes les civilisations. Voilà bien là une des preuves formelles que le
mithriacisme n'est pas une religion. Un mithræum
est toujours un lieu souterrain ou semi-enterré ; certains ont même été
aménagés dans des grottes, quand c'était possible, ou au moins dans des sites
rupestres, en appuyant une partie de l'édifice à une paroi de rocher. Cela
est à rapprocher bien sûr de notre cabinet de réflexion ou d'un « lieu caché et connu des seuls initiés
». C'est aussi le symbole de la terre. Autre parallèle, le plafond, souvent
peint et stuqué, était constellé à l'image du firmament, comme dans nos
temples ; parfois un zodiaque pouvait l’illustrer, ou bien la voûte pouvait
être percée de sept cavités circulaires symbolisant la lumière des planètes.
Des auteurs antiques, Numenius,
puis Porphyre, nous expliquent d'ailleurs que la grotte mithriaque est une « image du monde » Le mithræum est une salle
centrée autour d'une double fonction : réunion des adeptes pour un rituel
symbolisé par la stèle représentant le sacrifice du taureau, suivie d'un
repas pris en commun. Le local est toujours organisé autour d'une allée
centrale avec de part et d'autre deux banquettes où les convives pouvaient
prendre leur repas allongés. Tenue et agape étaient donc réalisées dans le
même lieu, une fois la stèle du fond cachée ou retournée, montrant alors
parfois une représentation du repas de Mithra avec le Soleil, c'est-à-dire de
l'initié avec la lumière. Autrement dit, une fois les feux éteints et le
tableau de loge retiré, les frères pouvaient participer à l'agape. Car cette
fameuse stèle ressemble furieusement à un tableau de loge : son iconographie
centrale est la « tauroctonie
», Mithra sacrifiant le taureau, scène entourée de personnages et de panneaux
à scène multiples qui constituent la trame d'un mythe au même titre que celui
d'Hiram et qui, avec des symboles proches, cherche à nous faire prendre
conscience des mêmes concepts. Un rapprochement trop rapide avec les
sacrifices gréco-romains pourrait faire croire à la représentation d'une
scène qui était effectuée réellement. Il n'en est rien, et même les
Chrétiens, parmi les plus farouches opposants au mithriacisme, n'ont jamais
mentionné la réalité du sacrifice d'un taureau. Aucun témoin archéologique ne
permet d'ailleurs de le présenter comme tel. Il faut
chercher plutôt dans le domaine symbolique. Mithra, c'est l'initié, le
franc-maçon ; le taureau, c'est l'animal lunaire, l'animal primordial dont le
sacrifice, d'après Jung, « permet
à l'homme de triompher de ses passions primitives (…) après une cérémonie
d'initiation ». Il s'agit de tuer la bête intérieure. « Le taureau est la force incontrôlée
sur laquelle une personne évoluée tend à exercer sa maîtrise
». On est là en plein dans le mythe d'Hiram : l'initié doit mourir
symboliquement avant de renaître à la maîtrise. Mithra sacrifiant le taureau,
c'est l'initié qui, ayant vaincu ses passions et soumis sa volonté, montre que le maître Maçon, parvenu à la
sagesse, est en mesure d'approcher la Connaissance. On a aussi pu
vérifier archéologiquement dans certains mithræa
un dispositif d'ensevelissement rituel, cavité ou auge taillée pouvant
contenir un homme allongé. La « tauroctonie » est entourée
d'autres symboles, qui, comme dans nos tableaux de loge, concourent à recréer
un espace et un temps sacré, indépendants du monde profane. De part et d'autre
du groupe central, deux personnages tiennent respectivement une torche levée
et une torche abaissée ; ce sont les « dadophores
», Cautès et Cautopatès, qui symbolisent le soleil levant et le soleil
couchant, l'orient et l'occident. Le sacrifice du taureau est toujours
représenté face à Cautès, donc face à l'orient, ce qui concours
à orienter symboliquement le mithræum
de la même manière qu'une loge maçonnique : l'initié, comme celui qui joue le
rôle d'Hiram, meurt puis renaît face à la lumière de l'orient qui est
dévoilée chez nous promptement par le Vénérable Maître des cérémonies. Un
espace sacré est donc bien recréé, défini par ses points cardinaux.
Le scorpion
est aussi, par sa nature même d'animal venimeux, une évocation de la mort. On
peut également le relier à l'eau, troisième de nos quatre éléments,
par sa position zodiacale. Certaines stèles montrent d'ailleurs un crabe
(cancer) à côté ou à la place du scorpion. Quant au serpent, c'est
aussi, parmi ses très riches significations, un symbole de la mort. Il est
perçu également comme maître du mouvement, surtout à travers son équivalence
au dragon, animal de l'air, dernier de nos quatre éléments.
Enfin, si le détail du rituel initiatique pratiqué dans les mithræa nous échappe
encore, on sait au moins qu'il y avait sept postes dans la hiérarchie de ce
qu'on pourrait appeler les « officiers
de la loge mithriaque » ; on était successivement « Corbeau » (corax), « Fiancé »
(nymphus), « Soldat » (miles), « Lion » (leo), « Perse » (perses), « Courrier du Soleil » (heliodromus) et enfin « Père » (pater) : « sept la rendent juste et parfaite ». Parmi les simples initiés, on relève aussi le titre de
Maître (magister). |
MITHRA - LES SOURCES SOUTERRAINES DE LA FRANC-MAÇONNERIE – MITHRA ET LE TAROT |
Charles Imbert |
Edition Véga |
2009 |
||
Le
premier concurrent sérieux du christianisme fut, avant le manichéisme, le
culte de Mithra, qui était un dieu du panthéon mazdéen. Selon Plutarque, il
fut transmis à l’Occident par des pirates asiatiques et phrygiens. Il
conservait les problèmes dus à la souillure ; elle demandait le respect
des éléments, la propreté du corps allant avec celle de l’esprit et de la
nature. De plus, le mithraïsme essayait de concilier métaphysique et science,
ce que recherchent encore certaines sociétés secrètes, comme diverses
organisations rosicruciennes. Censé
être né un 25 décembre, les repas conviviaux de ses adeptes tenus en son
honneur comportaient le partage du pain et du vin. Mithra protégeait
effectivement l’âme des justes contre les démons ; et la création de
Mazda contre les devas qui peuplent les ténèbres soumis à
Ahriman ; il détenait une position importante dans le calendrier, le
seizième jour mensuel lui étant consacré, tandis que le septième mois portait
son nom. Les grands rois perses avaient pour lui une dévotion particulière et
il est invoqué dans les inscriptions d’Artaxerxès à côté d’Ahura-Mazda. On
lui offrait des sacrifices de petit ou de gros bétail, des oiseaux. Ces
immolations étaient précédées ou accompagnées de libations au jus de haoma
et de la récitation des prières rituelles, le faisceau de baguettes à la
main. La fête annuelle de Mithra, le Mithrakana, était célèbre dans toute
l’Asie. Les
adeptes de la religion de Mithra vivaient en communauté et partageaient tous
leurs biens. Le corps, véhicule de l’âme, n’avait qu’une importance relative
et la terre était considérée comme un lieu d’exil. La propriété n’était donc
pas entourée de prestige et le pouvoir paraissait un fardeau. Dès sa
naissance, l’enfant était trempé dans l’eau, puis on pressait sur sa bouche
un peu de suc d’un arbuste appelé haoma. Un astrologue regardait la
position des astres à l’heure de sa venue au monde, et selon la place des
planètes, attribuait un nom à l’enfant. A sept ans, mâle ou femelle, il
devait porter une ceinture en signe de la pureté. A quinze ans, il revêtait
une tunique blanche, faite de coton ou de laine, le lin étant réservé aux
cérémonies de sacrifices. A trente-trois ans, il choisissait d’aborder
l’initiation finale pour devenir prêtre instructeur ou de demeurer dans la
société. Sa décision était libre de toute entrave et était ensuite
parfaitement respectée. Il
existait douze degrés initiatiques, ouverts à tous, sans distinction de sexe
ou de rang social. Les mystes devaient dispenser le savoir connu du monde et
l’égalité entre eux, en dehors des cérémonies, était totale, le néophyte
étant traité de la même façon que le plus grand initié dans la communauté. Le
premier grade, celui de soldat, symbolisé par une marque de cendres sur le
front et la présentation au bout d’une épée d’une couronne de feuillages,
correspondait à la lutte intelligente contre les forces sombres. L’arme
représentait celle qui devait combattre le taureau. Le deuxième grade, celui
du taureau, symbolisé par la remise de l’épée par un homme et la pose de la
couronne sur la tête par une femme, correspondait à la recherche de la vérité
par la lutte et la raison. Le troisième grade, celui du lion, symbolisé par
le dressage figuré de cet animal par le myste avec un fouet, correspondait à
la purification, la lutte contre les instincts. Les
grades quatrième, cinquième et sixième correspondaient à l’instruction
astrologique et aux études intellectuelles. Les
grades septième, huitième et neuvième, grades solaires, correspondaient à la
transmission des secrets théologiques et ésotériques. A ce niveau, le
candidat à l’initiation arrivait à son âge de trente-trois ans. Il pouvait alors
choisir de s’arrêter ou de continuer. Dans le deuxième cas, il devait
affronter le taureau, le tuer, manger sa chair et boire son sang. Plus tard,
au temps de la grandeur de la religion de Mithra, ce rite sanglant fut
remplacé par un repas symbolique de pains ronds, marqués d’une croix de
cendres : le pain représentait le corps, la terre ; les cendres
l’élément pur, le feu, le sang. Le jour
sanctifié du taureau était le dimanche, les équinoxes jours fériés ; à
leur mort, les fidèles recevaient un viatique qui les préparait au grand
voyage. Au sommaire de cet ouvrage : Les origines - les constitutions d’Anderson - le Bateleur du
tarot de Marseille - Le secret maçonnique et le dévoilement - La famille des
Stuarts et les roses rouges - le crypto temple - la Trinité et son origine -
le concile qui instaura le dogme - la carpe, le lapin et le chapeau - le
monothéisme - Royauté des templiers des débuts à la fin - le reniement de
Jésus - cachons la croyance en parlant d’idoles - Eglise et maçonnerie - la
guerre de cent ans - la jacquerie - Dissolvons et coagulons
- le Pape et son institution - le Chrisme et son mystère - une
religion astrologique - la radiesthésie et la synchronicité - rôle des
planètes - L’Heptachord et Apollon, dieu du soleil - Une histoire d’architecte roi et de roi architecte - la mort
d’Hiram - les diverses sources historiques, bibliques et mythiques - Le roi
de Justice - légitimités archétypiques - Royauté et justice - Salomon - le
Prêtre roi - Prêtre et exilarque - le Kyrios - les esséniens - Pensée unique,
société unique et secret unique - les sociétés secrètes dans l’Antiquité -
les différents secrets - La Maçonnerie est-elle secrète, initiatique,
hiérarchique ou alchimique ? - le Maitre de loge - La lame 9 :
L’ermite et le temps - Divination et religion - les références intérieures et
extérieures - le mythe, cette mécanique complexe - la précognition en
question - L’enrichissement des thèmes de la maçonnerie - Références
bibliques et mythologiques - Apollon - Le retour de l’Antiquité en Occident -
Dionysos et ses origines - le lion et le taureau - les colonnes Alpha et Beth
- Elagabal - les signes maçonniques et les Old Charges - les signes pénaux
dans le Tarot - Ordonnances des maçons d’York - la guilde des charpentiers de
Norwich - les manuscrits Sloane, Cooke, William Watson, Régius, le manuscrit
des archives d’Edimbourg, celui de Trinity Collège, celui de Chetwode Crawley
et celui de Graham - La mort d’Hiram - les rayons de la roue - l’Orphisme -
L’égrégore en Franc-maçonnerie et dans d’autres traditions - les égrégores
lumineux - les reliques - la morale maçonnique - intemporalité de la quête
des fondements moraux - les métaux - la charité - les sources de la morale
vaticane - le temple et son symbolisme - le vitruvianisme - qu’y avait-il
dans les ruines du Temple ? - Emeute au Mont des oliviers - Orient et
Occident - le mythe du Temple - les Cathédrales - la grande Ziggourat de
Babylone - Le mot de passe est le vrai nom de l’étoile - la lettre dans l’étoile
- un astre flamboyant - épistémologie - la constellation de la Vierge -
Fraternité et sorité - la misogynie - le dysmorphisme sexuel, source de
problème - le Livre de l’homme et celui de la femme - le damier - Le Notre
Père, une prière mithraïque - la prière, mode de rapport religieux - la phase
bonus - La Croix-Rouge - un traumatisme compassionnel - secours aux blesses - un organisme neutre et humanitaire - une légende maçonnique - les maçons célèbres - Voir la lumière - les expériences de la lumière - l’assiduité maçonnique - la catéchisme maçonnique - perfectibilité et légitimité - que faire pour se perfectionner ? - la voie initiatique - Laisser passer les influx - le Retournement - le Kairos - |
MITHRA, ZOROASTRE ET LA PRḖHISTOIRE ARYENNE DU CHRISTIANISME. |
Charles
AUTRAN |
PAYOT |
1935 |
En
tant que divinité solaire Mithra est présent dans la tradition védique, aussi
bien qu’avestique (Zoroastre). Dans le ring veda plusieurs hymnes dédiés au
soleil invoquent Mithra en même temps que Varuna et Savitar. Dans
l’Avesta en sa forme récente, Aura Mazda apparait comme le dieu suprême,
toutefois c’est Mithra qui est le dieu des eaux, qui fait pousser les plantes
et confère la vie. Il
est difficile de situer la naissance du culte de Mithra, on le situe
généralement à partir de -1000 ans, et progressivement il va s’installer
entre L’Inde et l’Iran puis se répandra dans tout le bassin méditerranéen, il
disparaitra vers les années 350 avec l’apparition du christianisme, mais
surtout parce qu’il n’a pas su s’adapter au monde en évolution. Une
similitude entre Mithra et le Christ, même frappé les premiers observateurs,
tels que Justin, Tertullien, et d'autres Pères, et dans la période récente a
été demandé de prouver que le christianisme n'est qu'une adaptation du
mithraïsme, ou tout au plus le résultat des mêmes idées religieuses et
aspirations. Contre cette procédure erronée et non scientifique, qui n'est
pas approuvé par la plus grande autorité vivante sur le mithraïsme, les
considérations suivantes doivent être présentées. Nos connaissances
concernant mithraïsme est très imparfaite; quelque 600 inscriptions brèves,
principalement dédicatoire, quelque 300 souvent fragmentaires, exigus, des
monuments presque identiques, quelques références occasionnelles dans les
Pères ou Actes des martyrs, et une polémique contre le mithraïsme brève qui
l'Eznig arménienne environ 450 probablement copié à partir de Théodore de
Mopsueste qui a vécu lors mithraïsme était presque une chose du passé -
ce sont nos seules sources, sauf si nous incluons l'Avesta dans lequel Mithra
est en effet mentionné, mais qui ne peuvent pas une autorité pour mithraïsme
romaine avec laquelle le christianisme est comparé. Notre
connaissance est surtout ingénieuse conjecture; du fonctionnement réel
intérieur du mithraïsme et le sens dans lequel il a été compris par ceux qui
le professent à l'avènement du christianisme, nous ne savons rien. Certaines
similitudes apparentes existent, mais dans un certain nombre de détails, il
est fort probable que le mithriacisme était l'emprunteur du christianisme.
Tertullien environ 200 pouvait dire: «hesterni sumus et vestra omnia
implevimus" ("nous sommes d'hier, pourtant votre monde entier est
plein d'entre nous»). Il n'est pas naturel de supposer qu'une religion qui a
rempli le monde entier, devrait avoir été copiée au moins dans certains
détails par une autre religion qui était très populaire au cours du troisième
siècle. Par ailleurs, les ressemblances sont superficielles souligné et
externes. La similitude des mots et des noms n'est rien, c'est le sens qui
compte. Durant ces siècles, le christianisme a été inventant ses propres
termes techniques, et a naturellement pris les noms, termes et expressions
courantes en ce jour, et ainsi de ne mithraïsme. Mais sous des conditions
identiques de chaque système de pensée de ses propres pensées. Mithra
est appelé un médiateur, et est ainsi le Christ, mais Mithra origine que dans
un sens cosmogonique ou astronomiques; le Christ, étant Dieu et homme, est
par nature le Médiateur entre Dieu et l'homme. Et dans bien des cas
similaires. Mithraïsme avait une Eucharistie, mais l'idée d'un banquet sacré
est aussi vieille que la race humaine et existait à tous les âges et parmi
tous les peuples. Mithra a sauvé le monde en sacrifiant un taureau, le Christ
en se sacrifiant. Il n'est guère possible de concevoir une différence plus
radicale que celle entre Mithra taurochtonos et Christ crucifié. Christ est
né d'une Vierge, il n'y a rien à prouver que le même a cru de Mithra né de la
roche. Christ est né dans une grotte, et Mithraïstes adoré dans une grotte,
mais Mithra est né sous un arbre près d'une rivière. Tout comme été faite de
la présence de bergers adorant, mais leur existence sur des sculptures n'a
pas été prouvée, et considérant que l'homme n'avait pas encore paru, il est
un anachronisme à supposer leur présence. Le Christ a été un personnage
historique, récemment né dans une ville bien connue de la Judée, et crucifié
sous un gouverneur romain, dont le nom figurait dans les listes ordinaires
officielles. Mithra
était une abstraction, une personnification même pas du soleil mais de la
lumière du jour diffuse; son incarnation, si l'on peut être appelé, était
censé avoir eu lieu avant la création de la race humaine, avant tout
l'histoire. Les petites congrégations Mithra étaient comme les loges
maçonniques pour quelques-uns et pour les hommes seulement, et même ceux qui
la plupart du temps d'une classe, les militaires; une religion qui exclut la
moitié de la race humaine n'est pas comparable à la religion du Christ.
Mithraïsme était complète et tolérante de tout culte autre, le Pater Patrum
lui-même était un adepte dans un certain nombre d'autres religions, le
christianisme était essentiel exclusif, condamnant toutes les autres
religions dans le monde, seul et unique dans sa majesté. Au sommaire de cet ouvrage : Première partie : Grandeur religieuse du monde
iranien - Les mystères de Mithra - Le couple
souverain, l’Inde dravidienne et la Méditerranée Egéenne -
Mithra, Çiva et les « Phoinikes » de la tradition hellénique
-Esquisse de l’histoire de l’expansion d’un grand culte chalcolithique
- Survivances occidentales de Mithra-Çiva - Mithriacisme et
religion des mages - Le taureau - Deuxième partie : Zoroastre, le zoroastrisme et la
chronologie - La religion d’Israël avant et après l’exil
- L’eschatologie - Anges et démons - Paradis,
Géhenne et purgatoire - Résurrection et jugement dernier
- |
moïse l’Égyptien |
Jan
assmann |
Edition
FLAMMARION |
2001 |
Moïse
l’Égyptien ou l’histoire de la confrontation symbolique entre Israël et
l’Égypte. Trait d’union entre ces deux univers religieux, ce Moïse égyptien
n’appartient pourtant pas à la tradition canonique et relève d’une «
contre-histoire », qui place au premier plan des éléments réprimés dans la
mémoire officielle.
Cet
engouement culmine avec l’égyptophilie de la fin du XVIIIème siècle et décroît
jusqu’à sombrer dans l’oubli à l’époque romantique. Politique, philosophique
et religieux, le débat mosaïque rencontre quelques-unes des préoccupations
essentielles de la civilisation occidentale : le rapport à l’autre, la
vérité, la tradition… Il permet également à l’auteur de poser les fondements
d’une histoire de l’antisémitisme qui emprunte certaines de ses notions à la
psychanalyse. Moïse est né en Egypte vers 1200
avant J-C. Sa vie de prophète et de rassembleur du peuple juif est relatée
dans l’Exode et le Deutéronome (Ancien Testament). Ci-contre sculpture de
Michel-Ange. Moïse a transmis à son peuple les dix commandements. Les cinq
premiers livres de l’Ancien Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombre et
Deutéronome) appelés Pentateuque, et qui forment la Torah ("la
Loi") lui ont également été attribués, mais les nombreuses exégèses
effectuées permettent de penser que ces textes n'ont pas été écrits par un
seul homme. Moïse est mentionné dans le judaïsme, le christianisme et l’islam.
L'Exode indique que Moïse est né à
Goshen, en Egypte, fils d’Amran et Yokèbed, tous deux issus de la tribu de
Lévi, et aurait pour frère et sœur, Aaron et Myriam. Le pharaon d'Egypte
ayant ordonné la mise à mort de tous les jeunes garçons nouveau-nés des Hébreux
soumis à l’esclavage, la mère de Moïse place son fils dans une corbeille et
le dépose sur les rives du Nil. L’enfant est recueilli par la fille du
pharaon, qui l'élève comme son fils. Elle lui donne le nom de Moïse, car elle
l’a "tiré des eaux". La révélation au Buisson Ardent Devenu adulte et informé de ses
origines, Moïse visite l’un des chantiers où travaillent les Hébreux ; il tue
un Egyptien qui persécute l’un d’eux. Il quitte l'Egypte pour aller dans le
pays de Madian. Il reçoit alors la révélation de sa mission au Buisson
ardent: libérer le peuple hébreu de l’esclavage et le guider vers la Terre
promise, le pays de Canaan, conclure l’Alliance, enseigner la loi qui porte
son nom. Dieu lui dit :"Je suis celui qui est». Moïse reçoit ensuite le don
de faire des miracles, pour qu’il soit reconnu par les Hébreux comme l’élu de
leur Dieu, et pour convaincre le pharaon. Moïse se rend donc en Egypte. Il
obtient la libération des Hébreux, avec l’aide de son frère Aaron. La
traversée dans le désert et le passage de la Mer Rouge Le peuple hébreu
marche alors dans le désert et franchit la Mer Rouge grâce à un miracle de
Moïse, ouvrant les flots en deux pour le passage de son peuple, et les
refermant sur ses poursuivants
|
mystÈres Égyptiens |
A. moret |
Edition
ARMAND COLIN |
1913 |
||
La
pyramide est restée fermée pendant plus de deux années, est-ce pour permettre
aux chercheurs d’approfondir leurs recherches ? Le Dr Zahi Hawass assure
qu’elle a été fermée pour pouvoir être restaurée. Nous savons que les
égyptiens avaient des moyens rudimentaires pour construire leurs pyramides,
pourtant, elles sont d’une exactitude quasi parfaite. L’homme d’aujourd’hui
devrait être tout à fait capable de les reproduire si on suit la logique.
Gregory Pyros, architecte de son état dit que les pyramides sont à elles
seules une énigme. Il explique que logiquement un bâtiment s’affaisse avec le
temps. Prenons quelques exemples : -Immeubles actuels, 15 cm de tassement sur
100 ans, -Capitole, 13 cm de tassement sur 200 ans, -Pyramides, 1.5 cm sur
5000 ans. C’est
extraordinaire n’est-ce pas ? Si l’on regarde de plus près maintenant, la
structure elle-même de ces pyramides, j’entends par là les roches calcaires
polies qui ont servi à sa confection, on se rend compte qu’elles sont
imbriquées les unes avec les autres avec une précision d’un millième de
centimètre, c’est tellement resserré qu’on ne peut même pas introduire une
lame de rasoir entre les jointures. Et comment ces blocs énormes ont-ils été
transportés, sachant qu’il y en avait plus de 200 millions et tout cela ne
s’est étalé que sur une vingtaine d’années. De nos jours, construire un
bâtiment pareil relèverait de l’exploit pur et simple, nous sommes à ce jour
incapable de faire un tel bâtiment avec un tel degré de perfection. Mais
comment ont-ils fait avec si peu de moyens pour construire pareils édifices ?
Chaque réponse semble amener de nouvelles questions. Tous les chercheurs
semblent se contredire quant à la façon qu’ont eue les égyptiens pour
déplacer et mettre en place ces blocs de pierres. |
mythologie grecque – contes &
rÉcits |
François
busnel |
Edition
du SEUIL |
2002 |
Récits détaillés de quelques Dieux Grecs: Zeus, Chronos, les Titans, Typhon, Prométhée, l’Atlantide,
Pandore, Héra, Europe, Callisto, Déméter, Athéna, Héphaïstos, Poséidon,
Apollon, Léto, Artémis, Python, Asclépios, Daphné, Dionysos, Penthée, Silène, Aphrodite, Adonis, Pâris, Éros, Psyché,
Hermès, Persée, Méduse, Argos, Sisyphe, les Amazones, Jason et les
Argonautes, la toison d’or, Orphée, Perséphone, Hadès, Héraclès et les 12
travaux, Dédale, Icare, Thésée, Ariane, Égée, Œdipe, le Sphinx et Antigone. Relatant l'ensemble des mythes
provenant de la Grèce antique, la mythologie grecque est à l'origine de la
religion grecque. Ces récits sont aussi à l'origine, pour une large part de
la mythologie romaine.Riche en aventures et autres
épopées palpitantes, la mythologie grecque présente des héros maniant force
et courage, faisant parfois face à de terribles monstres issus de
l'imagination la plus fertile, ou encore défiant les dieux les plus
puissants. La mythologie grecque perpétue la philosophie, la symbolique à
travers les âges, et rapproche les mortels des immortels. Les
dieux sont omniprésents dans la mythologie grecque, ils en sont les
fondements et eux-mêmes sont une famille, une famille pour le moins féconde.
Toutes ces légendes constituant la mythologie grecque ont traversés les
siècles pour nous parvenir, elles furent tout d'abord racontées de façon
orale sur les scènes de théâtres et autres, puis de par la suite de façon
littéraire. A travers les âges, les versions (ou traditions) ont été écrites,
ré écrites, traduites et très certainement embellies. La plus répandue est
celle d'Hésiode : La Théogonie |
19 N
neter –
dieux d’Égypte |
rossini & schumann |
Edition
TRISMEGISTE |
1992 |
||
Toby Wilkinson, auteur d’une
remarquable synthèse sur la période prédynastique (early
dynastic Egypt, 1999),
distingue les dieux universels et les dieux locaux. Dans la religion égyptienne,
il y a des dieux ayant une importance nationale et universelle et d’autres
« régionaux ». Ce concept apparaît donc très tôt. L’origine de
cette différence s’observe dès la dynastie 0 (vers 3330 – 3150 av.
J.-C.), voire, avant. Très tôt, des divinités locales apparaissent et leurs
représentations se concentrent dans une région précise, voire, uniquement
dans une ville, un village. D’autres ont très rapidement une importante
« royale » et nationale. Cette divinité s’impose au-delà de son lieu
d’origine. Les Égyptiens eux-mêmes vont écrire : [nom du dieu] de [nom
de la ville]. L’exemple le plus typique de la
période prédynastique est le faucon. Le faucon devient rapidement un symbole
que l’on retrouve dans toute l’Égypte. Son association avec la royauté et le
futur pharaon est quasi immédiate. Est-ce déjà le faucon Horus ? Une
divinité faucon est vénérée à Nekhen (Hiérakonpolis, moderne Kom
el-Ahmar, au sud de Louxor). Il semblerait qu’un culte d’Horus très important
se développe dans cette ville. Peut-être même que Horus
fut originaire de cette région. D’autres divinités faucons apparaissent dans
d’autres villes mais Horus va s’identifier à la royauté, à la force et à la
protection du pharaon. L’origine du mot
« dieu » - Traditionnellement,
nous traduisons le mot égyptien netjer par « dieu ».
L’origine de netjer est incertaine. Le signe composé d’un faucon posé sur un
pavois, utilisé dès la fin de la dynastie 0 (vers 3150 av. J.-C.), se
lit « netjer ». La valeur phonétique de ce signe intrigue les chercheurs
mais sa lecture ne fait aucun doute durant l’Ancien Empire. Étonnamment,
cette valeur phonétique est valable pour le faucon sur son pavois et le
pavois seul. L’origine du signe proprement dit fait toujours débat. Mais il
n’est pas impossible qu’il représente un mat et son drapeau en son sommet. Bref, pourquoi « dieu »
s’appelle « dieu » demeure une énigme ! Voici
donc un réel guide, nourri de la meilleure information, et très bien venu,
facile à interroger et qui permettra également de visiter, avec profit, les
prestigieux monuments de l’antique Égypte. » |
19 O
Œdipe intÉrieur – la prÉsence du verbe dans le
mythe grec |
Annick
de souzenelle |
Edition ALBIN MICHEL |
1999 |
||
À
l’heure d’une «construction de l’Europe» dont la finalité semble si obscure à
beaucoup, Annick de Souzenelle signe là l’un de ses livres les plus engagés,
et nous appelle à retrouver le sens profond de notre double héritage, celui
d’Athènes comme celui de Jérusalem. Tous
les autres livres d’Annick de Souzenelle sont au Chapitre 10 S |
ORPHḖE
- LA FḖCONDITḖ DU
CHAOS |
Dominique Bertrand |
Ed. Signatura |
2016 |
La légende raconte
que revenu des enfers, Orphée fonda les mystères, laboratoire initiatique
d’où naîtra l’Orphisme. Cette croyance influencera grandement sous des formes
diverses les penseurs de l’époque, philosophes, écrivains, poètes, et autres
chercheurs d’ésotérisme et de mystère. Son écho résonnera avec insistance
dans le tissage de l’Occident naissant, jusqu'’à aujourd’hui. Orphée n’a pas fini
de chanter. Sa voix échappe à l’oreille distraite, et pourtant ce qu’elle dit
nous concerne directement : elle rappelle qu’il importe de ne pas se tromper
de mort; que l’on ne passe pas d’un ordre à un autre sans passer par le
désordre; que celui-ci échappe à toute loi, et donc à toute prévision; que
toute valeur y est remise en question, pour le meilleur et le pire; que le
chaos peut tuer ou régénérer, selon l’angle, selon l’art. Selon la capacité
de d’écouter, de désirer, d’aimer, d’embrasser sa plénitude bouleversante.
Orphée l’enseigne en secret : il est des épousailles noires qui donnent
jour... Lorsque le temps se
condense en un présent aveuglant, la seule réponse capable de répondre
immédiatement à l’immédiat du monde est d’amour, que le brusque surgissement
du désir porte à son exigence la plus radicale : l’inconnu. Orphée en fit un
art : l’art des rythmes que le corps capte en résonance, l’art de l’onde dont
l’élan exhausse la parole hors d’elle-même, viatique ultime... Poétique,
l’épreuve implique le travail du langage-qui-fait-l’humain-qui-fait-le-langage,
cette boucle tragique qui peut tout autant enfermer que libérer, selon les
orientations de l’obscure dynamique désirante. Ici la voix rappelle que nul
ne traversera le chaos extérieur sans être initié au chaos intérieur, source
obscure du verbe qui ouvre les mondes. L’écoute en est la loi.- Orphée,
apparu 13 siècles avant le Christ, fut un grand réformateur religieux. Si
l'on en croit l'historien latin Horace, il fut l'interprète sacré des dieux.
Il était le fils d'un roi de Thrace Œagre, mais selon les légendes, il serait
fils d'Apollon, dieu solaire, et de la muse Calliope. D'ailleurs, il était
lui-même musicien et poète. Sans qu'aucun auteur ancien n'en fasse mention,
dès sa jeunesse, il quitta le pays pour l'Egypte, où il fut accueilli par les
prêtres de Memphis. Après vingt ans dans les écoles de mystère, il retourna
en Thrace et entreprit de profondes transformations dans l'organisation
religieuse. Sa tombe devint un lieu de pèlerinage. Orphée est surtout connu par
la légende de sa descente aux enfers. Mi-homme,
mi- dieu, il est devenu un personnage mythologique dont le nom signifie
"la lumière de d'amour". Il serait à l'origine des mystères
d'Eleusis qui apparaissent dès le VIIe siècle. Prélude au christianisme,
l'orphisme constitue à la fois une religion secrète à caractère initiatique
et une philosophie : l'âme, prisonnière du corps, porte le fardeau d'un crime
originel ; elle ne sera libérée qu'au terme de nombreuses incarnations en se
purifiant par les jeûnes, l'ascétisme et l'initiation spirituelle. C'est
aussi la promesse d'une vie post-mortem. Ces rapprochements avec le
christianisme ont été mis en lumière par André Boulanger, qui cite un autre
auteur dans son livre Orphée. Voici l'opinion de ces auteurs :
"Le passage du christianisme judaïque au christianisme hellénique, du
fait historique de Jésus au fait mystique du Christ, se serait opéré grâce à
l'orphisme, la christologie de Paul étant purement et simplement une
transposition de l'orphisme. Entre les deux doctrines, il y a mieux que des
ressemblances, il y a identité pour tout l'essentiel. Par conséquent, établir
que les éléments mythiques du Christ paulinien dérivent de l'orphisme
équivaut à chercher jusqu'à quel point la résurrection mystique dans le
christianisme dérive de l'orphisme Au
sommaire de cet ouvrage : Orphée, le dernier chaman
- Eurydice, le Grand Dire -
Orphée - Le nocher des enfers -
En puissance - Charon
- La puissance de la
puissance - Cerbère
- les des damnés de
sous-terre - Sisyphe
- Orphée le civilisateur -
Tantale - Hermès
- Eurydice -
Pythagore - Les dieux de l’enfer -
Perséphone - Le retour
- L’écoute -
Sans nom, Danaïde - L’explication orphique de la terre -
Transmission - La musique, le silence et la puissance -
le Baptiste - Kalis et Thero, 2 ménades -
Dionysos - Les Ménades -
Vers l’accomplissement - les Erynies -
|
ORPHÉE et L’ORPHISME
|
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA |
2002 |
||
Mais
le mythe le plus célèbre est celui de sa
descente aux enfers, pour l’amour de sa femme Eurydice. Ce
mythe est raconté dans le IVe livre des Géorgiques de Virgile.
Eurydice est une nymphe, fille d’Apollon, alors qu’elle se promenait elle fut
poursuivie par Aristée, en courant elle fut piquée par un serpent et elle
mourut. Son mari Orphée, inconsolable descendit aux enfers pour y rechercher
sa femme ; par les accents de sa lyre et de sa voix, il charme non
seulement les monstres de l’enfer mais aussi les dieux infernaux. Hadès et
Perséphone consentent à rendre Eurydice à un homme qui possède de
tels dons, la seule condition est que Orphée remontera au jour, suivi de
sa femme, sans se retourner pour la voir avant d’avoir atteint la surface de
la Terre. Orphée accepte et se met en route, mais un doute va l’assaillir
avant d’arriver en haut : Eurydice est-elle toujours derrière
lui ? Il se retourne et Eurydice s’évanouit et meurt une seconde
fois. C’est le thème central des mystères orphiques avec ce Retournement, élément central cher aux spiritualistes et métaphysiciens,
et qui nous emmène sur le chemin de la conversion, de la métanoïa, du
changement brutal mais salutaire. Le
troisième mythe sera celui de sa mort, avec des ambigüités
sur le fait qu’il aurait préféré la compagnie des garçons à celui des filles
(pédérastie), d’autres récits disent qu’il fut tué en mémoire du souvenir de
sa femme , par les femmes de Thrace jalouses, l’histoire dit également qu’à
son retour des enfers il aurait créé les mystères orphiques, interdit
aux femmes. Lors de sa mise à mort son cadavre fut coupé en morceaux et jeté
à la mer (comme celui d’Osiris). Sa tête et sa lyre arrivèrent ainsi à
Lesbos, les gens qui le trouvèrent dirent que sa bouche chantait et que la
lyre jouait, il fut enterré dans cette ile qui devint ainsi un lieu de culte
pour beaucoup de monde, que ce soit des poètes, des homosexuels, des
musiciens etc. L’orphisme
enseigne à l’initié le pythagorisme, il enseigne la divinité de l’âme
immortelle et l’impureté du corps. A la mort du corps chaque âme doit
effectuer une série de migrations d’un corps à l’autre (Métempsychose).
L’orphisme pratique le végétarisme, leur culte est un mélange des mythes
d’Eleusis et de Mithra avec le culte du feu, du taureau et de Dionysos. Jean
Servier
nous conte ces mystères dans la Grèce ancienne, sa théogonie, sa sagesse et
son paradis orphique. Il nous emmène également dans la Rome antique avec
Virgile. William
Goldblum nous explique pourquoi Orphée est un personnage mythique qui est
devenu ainsi l’archétype de l’intercesseur, du médiateur entre ce monde de
l’invisible- les enfers- et le monde des vivants, il nous parle de la
réincarnation, de l’immortalité de l’âme, de la métempsychose, et des
enseignements orphiques. Harry
Baran
nous explique pourquoi Orphée cet enchanteur, magicien et prophète est depuis
3000 ans l’interprète des Dieux, que ce soit en Grèce ou dans la Rome
antique. Il développe le pays de Thrace, pays qui de tous temps fut considéré
comme une région sainte, pays de lumière, véritable patrie des muses. Pour
Platon, Pindare ou Eschyle, la Thrace signifiait : « Le pays de
la pure doctrine et de la poésie sacrée qui en procède ». Il
nous parle de l’orphisme, de ses petits et grands mystères. |
osiris |
Bojana mojsov |
Edition
FLAMMARION |
2007 |
Couronné
d’une haute tiare ornée de plumes, Osiris trône dans sa splendeur aux portes
du Monde d’en-bas, entouré par la cour des immortels. Anubis, le dieu à tête
de chacal, conduit les défunts devant lui ; Horus, le dieu à tête de faucon,
attend debout le verdict final. Osiris, pointant le sceptre de l’éternelle
royauté, parle à l’âme qui approche : « Entre, puisque tu sais ! » Ce royaume
d’Osiris, combien ont voulu le pénétrer et être initiés à ses mystères ? Pour
découvrir les visages du grand dieu et l’extraordinaire histoire de son
culte, Bojana Mojsov, archéologue, nous convie à la traversée de trois
millénaires de l’antiquité égyptienne : depuis la genèse du mythe – qui
trouve sa source dans la vallée du Nil abritant les amours incestueuses
d’Isis et Osiris – jusqu’à son influence sur les multiples religions et
traditions ésotériques – du christianisme à la Franc-maçonnerie en passant
par l’alchimie – auxquelles il aura inspiré des traits aussi caractéristiques
que le baptême dans un fleuve sacré ou l’invention de l’Eucharistie…Au terme
de ce voyage, subsiste l’écho ténu mais réel d’un culte parvenu jusqu’à nous
depuis le limon noir du Nil préhistorique dans lequel il fut façonné.
N’est-ce point ce que prédisaient les très anciens Textes des Sarcophages
lorsqu’ils affirmaient : « Hier m’appartient et je connais demain –
ainsi pense Osiris » ? Dieu
anthropomorphe représenté coiffé d'une couronne décorée de deux hautes
plumes, il tient en main les symboles de la royauté: le fouet « neheh »
et le sceptre « heqa ». Il est probablement le plus connu des dieux
égyptiens. Il le doit partiellement à ce mouvement d'intérêt déjà deux fois
millénaire qui parsema de ses sanctuaires les rives méditerranéennes, mais il
faut surtout y voir une conséquence du caractère essentiellement humain de sa
légende, il n'a rien de comparable à ces divinités difficiles à cerner dont
le panthéon Égyptien est si riche, entités complexes jaillies de la
préhistoire, à la fois puissances élémentaires, êtres mi-hommes, mi-animaux,
dont l'aspect exotique nous déconcerte. Il est simplement pour nous un être
de chair, qui a connu, sur la terre, la trahison et la mort et qui,
ressuscité par la piété conjugale de sa femme Isis, a triomphé de cette mort,
apportant à tous les humains l'assurance d'une survie éternelle. Pourtant
avant de devenir une divinité reconnue dans l'Égypte entière, Osiris avait
connu des débuts très modestes. Que fut-il exactement dans l'esprit de ses
premiers adorateurs? Sans doute un dieu incarnant les puissances de la terre et
des plantes. Mais cette personnalité initiale, du reste purement
hypothétique, ne tarda pas à s'enrichir, au fur et à mesure que son culte
s'étendait géographiquement, il hérita des fonctions des dieux qu'il
éclipsait. A Busiris {« le domaine d'Osiris »} même, où nous surprenons sa
première apparition, il a déjà remplacé une divinité plus ancienne, Andjty,
qui fut, semble-t-il, un dieu roi, c'est de lui qu'il prit certains traits de
sa légende qui le firent considérer comme un souverain des premiers temps. Au
conflit qui l'opposa ensuite à Rê d'Héliopolis succéda un compromis, intégré
à la grande ennéade il devint fils de Nout et de Grb, frère d'Isis, de
Nephthys et de Seth, tandis qu'Horus, initialement dieu faucon de l'empyrée,
se dédoublait pour devenir, sous son nouvel aspect, fils d'Osiris et d'Isis. Son
passage à Memphis, et son assimilation à Sokaris, forme de puissance
chthonienne déjà associée au dieu Ptah, accentuent les traits de sa légende
relatifs à sa royauté terrestre et, en même temps, lui donnent ses premiers
aspects funéraires. Puis, Abydos le reçoit, où il remplace définitivement
Khentamentiou, patron des morts et des nécropoles. Devenu maintenant dieu de
l'au-delà et garant de la résurrection humaine, il se répand dans toute
l'Égypte, supplantant finalement la religion solaire sur les terrains de
l'au-delà. A la fin de la 5e dynastie, le roi mort est déjà un
Osiris, et l'humanité courante, qui assistait jadis à la conquête du ciel
menée par le souverain défunt et ne pouvait le suivre dans cette apothéose
que par une fusion vague et anonyme de l'Égypte vivante dans la personne
collective de son roi, accède désormais individuellement, sur les pas
d'Osiris, dans un autre monde souterrain, démocratiquement ouvert à tous. Pourvu
d'une personnalité multiple, résumant ses conquêtes géographiques
successives, Osiris règne donc sur l'au-delà: sa survie et sa résurrection,
assurées par les pratiques d'embaumement, ont ouvert aux humains l'éternité
d'un nouveau royaume. Mais son passage à Héliopolis lui a laissé aussi
d'autres aspects: il est resté l'un de ces astres qui éclairent la nuit,
Orion du ciel du sud, mais aussi la lune. Et Osiris qui a supplanté le soleil
dans les croyances d'au-delà, devient dans la théologie courante l'un de ces
aspects; il est une forme du soleil nocturne, et l'on parle maintenant d'une
« âme double », dont Rê est une manifestation, et Osiris la seconde. Isis et
Nephthys qui avaient entouré de leur affectueuse présence la résurrection du
dieu mort, deviennent les déesses qui accueillent le soleil à son lever, et
les Grecs, qui ont recueilli des échos très tardifs de sa théologie, ont pu
affirmer qu'il « était le soleil ». Heureusement, à côté des synthèses menées
par les théologiens pour tenter de concilier tous les aspects successifs
d'Osiris, en les juxtaposant sans jamais rien en soustraire, la mythologie
populaire se chargea de construire une « légende Osirienne», moins exhaustive
sans doute, mais plus cohérente. Certains
épisodes de la légende osirienne étaient représentés, annuellement, lors des
fêtes d'Abydos. D'autres cérémonies, secrètes, celles-là, des mystères,
s'accomplissaient dans certaines salles retirées des temples. Elles
traduisaient moins le caractère humain de la légende osirienne que sa
fonction originelle de dieu de la terre et des forces végétales. Elles
avaient lieu au début du IVe mois de l'an Egyptien, lorsque les eaux de
l'inondation, se retirant, allaient bientôt laisser les champs émerger et
s'ouvrir aux cultures. On façonnait alors de petites statues d'argile humide,
ayant la forme d'Osiris, et l'on mêlait ce limon de grains, le tout était
déposé sur un lit. Au bout de quelques jours, les grains germaient et un
petit fourré poussait, dont les contours conservaient la forme de la statue
de terre qui leur avait donné naissance. Tels sont les « Osiris végétants »,
figures vertes et viriles, de l'imagerie sacrée, jardinets divins que l'on
retrouve parfois, flétris, dans les tombes thébaines. Ainsi comme son dieu,
la terre égyptienne, après sa mort annuelle sous la brûlure de l'été,
renaissait avec le retrait des eaux et s'ouvrait sous un nouveau
jaillissement de vie. Les égyptiens d'aujourd'hui, qui font encore germer les
lentilles dans du coton humide, lors de certaines fêtes religieuses, se doutent-ils
du caractère millénaire de cette pratique? Ainsi
lorsque nous contemplons la statue du dieu Osiris, étroitement gainé dans son
habit collant, les bras croisés sur la poitrine, serrant le fouet et le
sceptre, la tête coiffée de la mitre blanche flanquée des deux grandes
plumes, une double image naît-elle devant nous: l'une très humaine, et très
proche de notre sensibilité, nous montre un être bienfaisant qui subit
l'épreuve de la mort et en triomphe, apportant du même coup le salut aux
hommes. L'autre, beaucoup plus primitive, mais non moins séduisante, évoque
un être divin qui incarne la terre égyptienne et sa végétation,
périodiquement détruite par le soleil et la sécheresse, et périodiquement
renaissante. |
osiris,
le dieu ressuscitÉ |
Julien
behaeghel |
Edition
BERG INTERNATIONAL |
1995 |
||
|
19 P
pharaons & divinitÉs de
l’ancienne Égypte |
G.
magi |
Edition
DU KORRIGAN |
2002 |
Un
livre sur les plus grands pharaons de l’histoire : leurs hauts faits, les épisodes
les plus curieux et les moins connus de leur vie, les monuments qu’ils ont
laissés, les intrigues de cour, les batailles, les mystères et les secrets
encore inviolés.
|
PHILON D’ALEXANDRIE – PRENDRE SOIN DE L’ÊTRE – LES THÉRAPEUTES |
Jean-Yves LELOUP |
Edition ALBIN MICHEL |
1993 |
Philon
et les Thérapeutes d’Alexandrie. Juif de culture hellénistique, Philon d’Alexandrie, (-20/ +40) contemporain du Christ, est très
représentatif des mouvements spirituels d’un milieu où se côtoient les
syncrétismes les plus audacieux et les sectarismes les plus violents.
Précurseur d’Origène, il est surtout connu pour son art de l’interprétation
des rêves et des textes sacrés, qui n’est pas sans rappeler celui de la
psychologie des profondeurs au XXe siècle. Dans
son livre les Thérapeutes, présenté et commenté ici par J.Y. Leloup,
Philon se fait le chantre d’une communauté dont on connaît mal la nature,
mais qui se caractérise par son hospitalité et son attention à l’Être dans
toutes ses dimensions : Corps, Âme et Esprit. Les Thérapeutes,
par cette vision globale de l’homme, enracinée dans l’anthropologie biblique,
préfigure déjà les psychologies contemporaines ouvertes aux domaines du corps
et de la spiritualité. Autre
sujets d’intéressements : Les Thérapeutes vivent aux environ
d’Alexandrie, véritable bouillon de culture de l’époque, lieu de rencontre
des civilisations d’Orient et d’Occident, où les syncrétismes les plus
délirants entrainent leurs corollaires de sectarismes obtus et parfois
violents. Il y a aussi rencontre de l’anthropologie et des concepts sémites
et grecs. La façon de lire les textes et les Ecritures posent aussi problèmes
selon la culture de chacun. Du
temps de Philon, le thérapeute est un
tisserand, un cuisinier, mais aussi un sage, un intercesseur et un
psychologue. Il prend soin du corps, il prend soin aussi des
images qui habitent son âme, il prend soin des dieux et des logoï (paroles)
que les dieux disent à son âme, c’est un psychologue qui s’occupe aussi de
son éthique de vie débouchant sur la sagesse. Le thérapeute sait prier pour la
santé de l’autre (comme le chaman) en appelant sur lui la présence et
l’énergie du Vivant, qui seul peut guérir, le thérapeute ne guérit pas, il
prend soin et coopère afin de mettre le malade en condition de guérir. Rentrer
chez les Thérapeutes, c’est d’abord changer d’habits, se revêtir de « lin ». Changer d’habit, c’est changer
de climat, de temps, c’est entrer en spiritualité, en tous cas c’est changer
de psychisme. Le thérapeute doit se tisser symboliquement un habit de contemplation
de l’Eternité, les moines par la suite suivront l’exemple de ce
symbolisme (robe, scapulaire, ceinture…). Chez les thérapeutes la cuisine
était très importante, la viande était bannie et le repas était frugal. Ils
disaient : « Ne plus se nourrir de
cadavres – Laissez les bêtes manger
les bêtes – On devient ce que l’on
mange – Ce qu’il y a dans notre
assiette est notre meilleur médecin » Les Thérapeutes prenaient soin du désir, c'est-à-dire de leur égo, leur fantasme, leur matérialité refoulée. Ce désir était l’objet de toute leur attention, il ne s’agissait pas de le stimuler ou de le détruire mais de le « réorienter quand il est perdu ». Nous sommes là aux racines de ce qu’on appellera plus tard l’Ethique ou encore la Morale. Le péché (du grec hamartia= manquer la cible) est avant tout une maladie du désir, une perversion ou une désorientation. Le but des thérapeutes et le premier effet de leur enseignement sera de redire à l’homme le but et la finalité de son désir. Ce qu’actuellement en métaphysique on peut appeler, lutter contre son égo et ses vices, non pas en le tuant mais en le maîtrisant. Les Thérapeutes tout comme leurs frères Esséniens de Galilée prônaient et pratiquaient cette ascèse du corps et de l’esprit. |
philon d’alexandrie
– un penseur en diaspora |
Mireille
hadas – lebel |
Edition
FAYARD |
2004 |
||
Juif
très imprégné de culture grecque, en fait lettré type du milieu alexandrin –
bien que plus brillant que ses coreligionnaires – et donc héritier d’une
tradition qui, s’appuyant sur la Septante, s’exprime à travers la Lettre
d’Aristée, les Oracles sibyllins ou la Sagesse de Salomon,
il va exercer une certaine influence sur des auteurs du Nouveau Testament,
sur plusieurs Pères de l’Église et, à un degré moindre, sur la formation de
l’idéal monastique. Il porte, en outre, témoignage sur une étape de la
religion du Monde et du Dieu cosmique, et pose son jalon sur cette voie qui
mènera à l’hermétisme. On admet assez communément
aujourd’hui que Philon est né aux environs de l’an 20 avant Jésus-Christ,
peut-être vers 13, et qu’il est mort vers 54. Il appartenait à une riche
famille juive d’Alexandrie qui jouissait d’une certaine influence parmi les
Gentils. Un frère de Philon, C. Julius Alexander, semble même avoir été une
sorte d’inspecteur en chef des douanes et collectait les droits sur le côté
Est du Nil, pour le compte de Rome. Il est possible que Philon ait reçu dans
un premier temps, jusqu’à sa majorité religieuse, une éducation juive. Mais à
Alexandrie, l’éducation était aussi et surtout grecque, et il est incontestable
que, quelle qu’ait été sa formation juive, Philon a reçu une instruction
grecque très poussée et de caractère scolaire – les études philologiques
comme philosophiques répondaient à des programmes bien établis, avec manuels
et anthologies. Il dit lui-même qu’il entra d’abord en contact avec la
grammaire, la géométrie, la musique et l’astronomie, sciences inférieures
devant préparer à la philosophie qui mène à la sagesse. Juif, il vénère
l’Écriture, mais, vivant dans la capitale intellectuelle du monde méditerranéen
où la rhétorique est reine, il s’adonne donc aussi à la philosophie. Pour
bien comprendre la pensée philonienne, il faut se pencher sur la situation
d’Alexandrie (fondée par Alexandre le Grand en 332-331 av. J.-C.). Il s’agit
du centre intellectuel le plus vivant de l’hellénisme. Sa bibliothèque et ses écoles sont
sans rivales dans tout l’Empire. Alexandrie a depuis longtemps détrôné
Athènes. La communauté juive y est plus importante que partout ailleurs. Et,
forts d’une certaine bienveillance officielle, comme en témoigne la Lettre
de Claude aux Alexandrins, les Juifs ont le sentiment d’être des citoyens
avec des droits – certes limités – à respecter et, sur le plan économique,
ils jouent un rôle important. La bourgeoise juive opulente s’ouvre ainsi la
porte vers la culture. Si Alexandrie a eu, somme toute, un rayonnement assez
modeste dans la Diaspora et si son prestige de foyer de la culture juive est
quasiment mort avec Philon, le judaïsme alexandrin a marqué le christianisme
dans ses fondements mêmes L’œuvre de Philon – par une singulière destinée et
alors que bien d’autres ont disparu – doit sa conservation à l’usage constant
qu’en ont fait les apologistes chrétiens, les historiens cherchant les
origines du christianisme. Cinquante-sept traités, cinquante traités écrits
en grec et sept dont subsiste seulement la traduction latine – plus un
certain nombre de fragments – sont donc arrivés jusqu’à nous. Ce sont, pour
la plupart (sauf In Flaccum, Legatio ad Caium), des Commentaires de
l’Écriture selon la méthode allégorique qui entraîne sans cesse l’auteur à
des digressions. S’il est difficile de synthétiser les
arguments de la doctrine de Philon, on classe généralement ses œuvres en
trois groupes : les écrits purement philosophiques (De providentia, Quod
omnis probus liber sit – dans lequel il décrit l’enthousiasme de la foule
à une représentation d’une pièce d’Euripide) ; les écrits d’explication du
Pentateuque (les plus importants) avec la subdivision suivante : le
Commentaire allégorique (Legum allegoriae), l’Exposition de la Loi
(De opifico mundi), les Questions sur la Genèse et sur l’Exode (Quaestiones
in Genesim et Quaestiones in Exodum) ; et les écrits missionnaires
et apologétiques (De vita Mosis, Hypothetica). Ainsi, grâce à la
méthode allégorique dont il distingue trois sources – l’inspiration, la
réflexion et la tradition –, Philon réussit à exposer sa doctrine révélée,
une synthèse philonienne de la pensée juive et de la pensée grecque. Quant à l’influence de Philon sur
le monde chrétien, elle se fait sentir, à notre insu, encore aujourd’hui. En
effet, elle transparaît bel et bien dans certains textes du Nouveau
Testament, notamment dans l’Épître aux Hébreux. Trop nombreux sont les
arguments qui s’opposent à l’authenticité paulinienne pour que l’on songe à
attribuer cette œuvre – qui ne fut jamais acceptée sans réticences, bien que
connue depuis la fin du Ier siècle – à l’apôtre Paul. L’hypothèse la plus
plausible, avancée par Luther, donne comme auteur de cette épître, Apollos,
d’origine juive et ayant reçu une éducation hellénistique à Alexandrie. Et si
l’on étudie de près l’Épître aux Hébreux, on constate que, tout comme Philon,
son auteur a une profonde connaissance de l’Ancien Testament qu’il cite, lui
aussi, dans la traduction de la Septante, et souvent avec des formules
d’introduction ou de prétérition très philoniennes comme Et que dire
encore ? Le temps me manquerait, un cliché chez l’Alexandrin. Sur le plan
théologique, la foi de Philon et de l’auteur de l’Épître aux Hébreux est
fonction de l’espérance Elle est aussi caractérisée par sa solidité. Les deux
auteurs distinguent également les sanctuaires visible et invisible, le
deuxième ayant servi de modèle (tupos) au premier et utilisent le mot«
patrie » (patris) dans son sens religieux. Sans aller plus avant dans
l’étude du philonisme dans l’Épître aux Hébreux, il est évident que même si
l’on ne saurait affirmer que l’auteur de l’épître est un philonien converti
au christianisme, on constate qu’il est impossible qu’il n’ait pas lu tout ou
partie de l’œuvre du premier penseur alexandrin. L’influence de Philon se fait
également sentir sur la pensée johannique, car sa conception du Logos est la
source à laquelle Jean semble avoir puisé avant de rédiger le quatrième
Évangile. Mais quelle est la conception philonienne du Logos ? Au-dessus de
tout et donc sans contact avec le monde, comme un degré suprême, ineffable.
Entre Dieu et le monde, il y a les intermédiaires, les puissances et,
surtout, le Logos, médiateur universel. Le Logos ressemble à Dieu et le monde
ressemble au Logos. Grâce à ces ressemblances, la bonté divine peut se
communiquer à l’homme intelligible formé à l’image de Dieu. Le Logos est donc
le lien infrangible de tout et préside au gouvernement du monde. Et si le
Logos n’est pas Dieu, il est la révélation de Dieu à l’âme vertueuse, car il
est aussi la parole divine révélée que l’homme chaste et probe perçoit dans
le secret de son âme. En nommant du même mot de logos l’intermédiaire,
l’intelligence, la loi et la parole divine révélée, Philon reste assez proche
des Stoïciens qui désignaient sous le nom de Zeus aussi bien le dieu de la
religion populaire que l’Intelligence, la Pronoia,
« Providence ». Mais lorsque Philon donne à son logos une
personnalité bien définie et l’appelle le médiateur, le messager de Dieu
auprès des hommes, nous avons là l’ébauche – car les significateurs évoluent,
se précisent – du Logos de Jean, déterminé par sa christologie. On
se promène dans Alexandrie avec ses musées, ses temples, sa bibliothèque, les
diverses communautés, le judaïsme selon Philon on partage avec lui ses
commentaires sur Moïse, Ève et Adam, le serpent, Noé, Abraham, Caïn et Abel,
Platon, Pythagore, Dieu, le logos, l’âme et le début du christianisme. |
PHILON D’ALEXANDRIE : DE LA GRAMMAIRE A LA
MYSTIQUE |
Jacques Cazeaux |
Edition
Du CERF |
1983 |
|
|
phtirio le magicien |
José bonifacio |
Edition
TELETES |
1997 |
Ce
conte initiatique nous fait découvrir et partager les aventures de Phtirio, Magicien tout comme Grand Initié. Devenu
intemporel après avoir reçu l’initiation suprême, il est l’architecte obligé
de la Grande Pyramide et voyage à travers l’espace et le temps, des plaines
d’Égypte ou de la Chine antique aux quais de la Seine de nos jours…
Son
regard est lucide, caustique, parfois implacable mais toujours avec une
pointe d’humour et d’Amour car « il faut donner de l’Amour à l’amour » nous
enseigne-t-il ; les maîtres-mots étant : croire, espérer, rêver.
|
pivots de l’antiquitÉ orient-occident |
Alexandre
de saint phalle |
Edition du Prieuré |
1994 |
||
Chaque
époque possède ses héros et donc les supports de médiatisation qui lui
correspondent : le héros épique et le poète, le héros national et
l'historien, le héros moderne et le système médiatique. On peut observer
trois grandes périodes qui ont marqué l'évolution de héros. La
première, de l’Antiquité aux Lumières, correspond au héros aristocratique : Achille,
Héraclès, Thésée, Alexandre le Grand, Lancelot, le Cid, Condé. La seconde, de
la Révolution à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, correspond au héros
historique et national : Charlemagne, Jeanne d'Arc, Joseph Bara, Napoléon. La
tragédie des deux guerres mondiales provoquera une suspicion à l’égard du
héros qui deviendra « une victime ». Ainsi les Résistants de la seconde
guerre mondiale représentent les dernières figures héroïques de la nation.
Après cela, le héros guerrier sera rejeté et on assistera alors à un
éclatement des familles héroïques, du mineur de l’après-guerre au superhéros,
en passant par l’aventurier (Amstrong premier homme sur la lune le 29 juillet
1963), le prophète politique (Gandhi), l’humanitaire ou le sportif… On
s’intéressera seulement à l'influence des héros antiques à travers les
siècles et tout particulièrement à travers les représentations artistiques. Depuis
l'antiquité, les civilisations choisissent des êtres exemplaires, jeunes, «
beaux », forts et courageux pour incarner une part de leurs valeurs et de
leurs aspirations. Le héros défend les valeurs de sa cité, de son peuple qui
l’honore par un culte. Quels que soient les actes qu’il accomplit, il est
considéré comme un exemple pour les populations en devenir. Si tous les héros
ne furent pas héroïques, tous ont été exploités par la publicité, la
médiatisation de leurs exploits réels ou non, qui les fabriquent en tant que
héros et nourrissent le culte dont ils sont l’objet. Tout héros est donc le
produit d’un discours. Il incarne un personnage courageux, supérieur et noble
qui sert de modèle à l'aristocratie ainsi qu'à tous les citoyens. Dans
l'antiquité, on ne devient pas héros ; on l’est par la volonté des dieux. Ils
ne craignent pas la mort puisque leur but ultime est une gloire éternelle et
le souvenir de leurs actes. Nés de l’union d’une divinité et d’un être
humain, les héros agissent entre terre et ciel, fondant la civilisation tout
en rejetant la sauvagerie.
ZOROASTRE – NABUCHODONOSOR – CYRUS – PYTHAGORE – BOUDDHA -
JERUSALEM – SOCRATE – PLATON – SYRACUSE – XENOPHON – ALEXANDRE – DEMOSTHENE –
REGULUS – HANNIBAL & La chute de CARTHAGE – CESAR – JESUS – St PAUL et
d’autres. |
PLATON - APOLOGIE DE SOCRATE – CRITON – PHÉDON |
PLATON |
Edition
FLAMMARION |
1965 |
Ces trois textes, traitant tous de la mort, se complètent à
merveille.
|
PLATON - dialogues socratiques |
Abel hermant |
LES
AMIS D’ÉDOUARD |
1928 |
||
Cet
arrêt de la pensée résulte d’un jugement que l’âme porte sur elle-même,
jugement qui survient sans raison, sans cause rationnelle, car uniquement lié
à l’humeur du moment, au désir ou aux intérêts. L’opinion est ainsi
irrationnelle contrairement au savoir qui est fondé en raison, et c’est donc
en combattant l’opinion que le dialogue socratique met en marche la pensée
rationnelle. C'est
en montrant à ses interlocuteurs, par la réfutation de leurs thèses, que les
opinions qu'ils croient être les leurs, ne sont en réalité que des croyances sans
fondements rationnels, que Socrate pousse ceux-ci à s'examiner. Ainsi chacun
peut découvrir, par la pratique de cet exercice qu'est le dialogue
socratique, que les opinions qu'il revendique, souvent d’ailleurs avec
passion, comme étant les siennes propres, ne sont en réalité que des
croyances irrationnelles qui lui viennent de l'extérieur. Au
sommaire de cet ouvrage : Socrate, Platon, Critias, Adimande, Laches, Glaucon, et autre
Apollodore passent à la moulinette, il en ressort la théorie de la maïeutique
et de la Réminiscence. |
platon |
PLATON |
. Edition Flammarion |
2000 |
Sont
étudiés ici : Les Sophistes, La Politique, Philèbe, le Timée et
Critias. Le
mot sophiste a pris une connotation péjorative au cours de l’histoire de la philosophie,
de par l’influence des ouvrages, entre autres, de Platon et d’Aristote qui
les ont vivement critiqués. Les Sophistes ont souvent été « les penseurs
maudits », condamnés comme faux philosophes, comme imposteurs. Les Pères
de l’Église (de la philosophie scholastique) qui pendant tout le Moyen-Âge
furent les maîtres de la pensée occidentale, vont perpétuer la mauvaise
réputation, et l’anathème. Ils sont les premiers éducateurs du peuple,
dérangeant en cela qu’ils ne respectent pas les règles académiques. On peut
dire d’une certaine façon qu’ils sont les précurseurs des professeurs de
philo, puisqu’ils se faisaient payer pour leurs services. Ils s’intéressaient
à l’astronomie, la géométrie, la physique, les mathématiques, la grammaire,
les techniques, les arts, donc ils ne furent pas uniquement professeurs de
rhétorique, des dialecticiens, ils représentaient un courant de philosophie,
mais leurs écrits vont disparaître. Ils étaient souvent comparés aux
sceptiques, par des approches relativistes, celles où « tout se vaut, et
rien ne vaut », et ils savaient avec la même verve soutenir deux
théories contradictoires. Nous allons essayer de les resituer, mais
2500 ans après il nous manque bien des éléments : le mode de vie, les
conventions sociales, mœurs, coutumes, l’habitat…..
|
PLATON -
la rÉpublique de platon |
|
Edition
Livre de Poche |
1992 |
||
|
PLATON - LE BANQUET DE PLATON |
PLATON |
Edition
GALLIMARD |
1973 |
Le
banquet est un dialogue qui indique qu’à côté de la formation
intellectuelle il y a une Initiation fondée sur des expériences qui
sont les sentiments de la mort et de l’amour. L'enchâssement
des récits, tel qu'il apparaît dès le début du dialogue, allégorise, à notre
sens, les aléas, les nécessités et les bonheurs de la transmission propre à
une pensée qui souhaite, malgré le temps, ses déformations et ses
déperditions, demeurer fidèle à son objet essentiel. Apollodore, qui ici
s'exprime et tiendra pour nous le rôle de « narrateur », ne fait
que reprendre de mémoire le récit à lui rapporté par Aristodème qui fut, en
personne, témoin de l'événement, mais cette version a été authentifiée par
Socrate. L'on évoque aussi grâce à l'intervention d'un certain Glaucon une
autre voie, moins assurée, de la légende socratique, passant par Phénix, le
fils de Philippe (parfaits inconnus). Ce qui est notable également, dans la
lignée mémorielle privilégiée par Platon, c'est qu'Apollodore autant
qu'Aristodème sont des disciples zélés voire fanatiques de Socrate. Ils
tiennent à imiter en tout leur modèle et à perpétuer la vérité de son
enseignement par leur action quotidienne et par leur parole vive ; ils
manifestent par leur exemple qu'en leur temps, la philosophie est d'abord un
mode de vie et qu'elle ne prospère que par l'entremise d'un logos
dialogique sans cesse revivifié par la voix, préfigurant sur ce point la mise
en garde du Phèdre envers la fixation ou le figement propres à
l'écrit. Une
telle mise en abyme sera répétée ou réfléchie au cœur philosophique du
dialogue, au moment où Socrate, au lieu de se lancer dans un discours
univoque construit sur un mode rhétorique d'apparat, prétendra raconter
l'échange dialectique et pédagogique qu'il eut, en son jeune temps, avec
Diotime, la « sage-femme » de Mantinée à qui il devrait son art de
la maïeutique autant que son savoir sur Éros. Ce redoublement est aussi un
nouveau recul symbolique dans le temps destiné à asseoir une manière de
légitimité liée au sacré et à la tradition. En effet, le champ temporel
interne à l'intrigue, empruntant à l'histoire effective, et le temps de
l'écriture font s'intégrer et se répondre des moments éloignés les uns des
autres et relativement discords que la « mise en intrigue »
platonicienne noue pour la plus grande gloire de son modèle idéal.
L'événement supposé du banquet offert par Agathon pour célébrer son prix de
tragédie se situerait en 416 av. J.-C., année où effectivement le dramaturge
en question remporta le concours aux Lénéennes. Nous
sommes quelque temps avant la compromission de Phèdre, le premier des orateurs
du banquet et le « père » de l'invitation à faire l'éloge d'Éros,
dans le scandale de la parodie des mystères d'Éleusis, et juste un an avant
l'affaire de la mutilation des Hermès et l'expédition de Sicile qui ruina la
carrière politique d'Alcibiade. Celui-ci fait d'ailleurs ici le point sur la
complexité et l'étrangeté de la relation qu'il entretient, depuis près de
vingt ans, avec son maître et amant et le moment est opportun pour cette
synthèse en forme d'éloge. Aristodème, donné pour un amant de Socrate, était,
lui, un peu plus âgé que le philosophe qui avait, en 416, cinquante-deux ou
cinquante-trois ans ; Apollodore est de la génération suivante — il
était encore enfant en 416 — et il fait son récit entre 407 à peu près et
399, année de la mort de Socrate, puisqu'il a eu le temps et le moyen de
vérifier auprès de ce dernier l'exactitude des propos d'Aristodème. Le
dialogue est composé par Platon un peu avant 375, à un moment où tous les
principaux protagonistes du dialogue sont morts, alors qu'il s'est rendu
pleinement maître de sa doctrine. L'épisode de Diotime nous ferait, lui,
remonter jusqu'à 440, époque où Socrate a la trentaine et s'initie encore à
un mode de vie qu'il définira plus tard comme « philosophique ».
Ainsi nous aurions une chaîne de fidélité dialogique et dialectique,
s'enracinant dans une sacralité dont Diotime est la plus haute garante. Et
c'est ce lien, manifesté et magnifié, qui permettrait à Platon de faire
éclore, dans et par son logos personnel, la quintessence d'une pensée
que la vivacité sans cesse reprise des voix au fil des temps et des
générations maintient en rapport avec l'origine divine, démonique et humaine
de la maïeutique socratique, à placer délibérément sous le signe d'Éros, le
héros de la fête. |
PLATON – L’ART DE LA JUSTICE |
Brigitte Boudon |
Edition Maison de la Philosophie |
2016 |
||
Quelques-uns
des principaux sophistes (Protagoras, Gorgias, Thrasymaque, Critias, Hippias)
seront les personnages principaux des dialogues de Platon. Ils définissent la
philosophie comme la somme des études libérales capables d'assurer la
meilleure existence, aussi bien pour l'individu que pour la collectivité, ce
qui paraît, à première vue, constituer une notion acceptable de la Sagesse.
La vertu permet, quant à elle, de bien administrer les affaires de la cité,
c'est-à-dire d'assurer le bien à ses amis et le mal à ses ennemis. Les
sophistes soutiennent qu’il n’existe pas de normes universelles et absolues
pouvant servir de référence. Le « bien » est relatif aux besoins et aux
intérêts humains, donc il est contingent et variable. L'homme, disait
Protagoras, est la mesure de toute chose. L'homme doit déterminer en toutes
circonstances ce qui lui convient, instituer sa vérité et son bien. Le seul
critère devient l'utilité, la réussite, le succès dans l'action. La
justice n'est donc pas autre chose que l'intérêt du plus fort. L'utilitarisme
préconise la réussite à la fois sociale et individuelle. Le « meilleur »
gouverne pour son plus grand bien et celui de tous. La « nature » l'a
instauré législateur sans recours aux normes…Au fil du temps l'enseignement
des sophistes et leur pratique vont se radicaliser. Au V° siècle avant JC à
Athènes le discours règne en maître, celui qui en détient le prestige dans
les assemblées conquiert aisément le pouvoir. La sophistique va se muer en
rhétorique, en art de bâtir des discours éloquents à partir de « lieux
communs ». Ce qui compte, ce n'est pas la valeur intrinsèque de ce qui est
dit, mais la manière de le dire qui entraîne le triomphe. Le souci de la
Vérité fait place à la culture du vraisemblable (apparence de vérité) et le
désir de jouer avec les apparences susceptibles de séduire l'interlocuteur
l'emporte. Dès lors Platon va se poser en adversaire des sophistes. A ses
yeux le sophiste est l'homme de l'illusion et du mensonge. Le langage ne doit
pas être un outil de domination d'autrui mais il n'a de valeur et de sens que
s'il exprime la Vérité, que s’il traduit l'essence du réel. La controverse,
centrale chez les sophistes, oppose les hommes entre eux alors qu'il faut
chercher l'accord des esprits sur lequel se fonde la recherche du vrai. De
plus la poursuite du succès pour lui-même engendre la frénésie des égoïsmes
et des passions, des rivalités qui préparent le terrain de la tyrannie. La
position de Platon opère un retournement. L'homme ne saurait être séparé du
Monde, à plus forte raison opposé au Monde. Il se situe dans le Monde en tant
que celui-ci constitue un Ordre. La conduite humaine doit s'intégrer dans
l'Ordre général du Cosmos (en Grec "cosmos" signifie ordre). La
justice n'est pas autre chose que la mise en conformité de la nature et de
l'action humaine, individuelle et collective, à l'ordre naturel. Les lois affirmeront
que dieu est la mesure de toutes choses et non plus l'homme comme le disait
Protagoras. La philosophie n'a pas d'autre objet et d'autre fonction que la
détermination de la « mesure » divine. Elle sera d'abord connaissance de
l’être, science de l'être, dans son essence intime par-delà les apparences.
Une politique authentique doit s'efforcer de modeler le milieu humain à
l'image de la Vérité, c'est-à-dire de la structure de l'être. L'homme de
gouvernement le « gardien » ou « magistrat » devra être un philosophe. Il devra
recevoir une éducation intellectuelle et spirituelle (idées développées dans la
République, le politique et les lois). Contrairement
aux Sophistes, Platon, ne veut pas imposer de convictions à des esprits qu'on
veut capter, enchaîner. Il veut préparer des esprits
prévenus, les disposer à la recherche libre, sans violence, de la Vérité. Il
faudra de longs et pénibles efforts pour rendre la pensée capable et libre,
en la purifiant des préjugés, des mauvaises habitudes contractées dans la vie
commune. L'homme possède un œil qui permet la vision, mais il ne peut
parvenir à celle-ci que si son regard et son corps tout entier sont
convenablement dirigés. La purification requise suppose donc préalablement
une « conversion » : tel sera le rôle de l' « ironie » socratique présente
dans les dialogues platoniciens. Il s'agira de multiplier sur une affirmation
première, les questions afin de faire naître les difficultés qui obligeront à
prendre conscience des sottises nées des assurances communes, des limites des
savoirs que l'on croit posséder. Il en résulte un certain embarras comme nous
le voyons dans le Ménon lorsque ce dernier compare Socrate à une
torpille qui paralyse sa proie. Un tel trouble est salutaire, il est la
marque d'un esprit qui se dégage de son passé et s'engage par sa
disponibilité dans la voie du savoir. Pour
Platon et Socrate, l'âme porte en elle la Vérité, à son insu. Accéder au Vrai
c'est donc prendre conscience de ce que l'on porte en soi, en un sens le
faire sortir de soi. Une activité difficile comparable à l'enfantement.
L'homme doit être aidé dans cet effort, telle sera la fonction du maître :
non pas instruire, mais orienter convenablement, guider, soutenir, encourager
vers la Vérité qu'il désire, qu'il devine et découvre peu à peu. Ainsi
apparaît la signification du dialogue : obliger à approfondir, corriger si
besoin est. On parle alors de maïeutique cet art d'accoucher les Esprits. Ce
terme est un hommage de Platon à sa mère qui était sagefemme. Outre
les difficultés d'une science du bien, Platon doit lutter contre le
relativisme sophistique selon lequel l'homme est la mesure de toute chose
(Protagoras). Ce relativisme anéantit en effet la connaissance en la faisant
dépendre d'un état subjectif et empirique de l'individu. Le problème qui se
pose à Platon est donc celui de la fondation du savoir ; on peut le formuler
ainsi : l'intelligence que nous avons des choses doit avoir une origine non
sensible, sans quoi toute pensée serait nécessairement fausse. Platon a
développé toute une philosophie des Idées. Selon lui, les Idées sont la vrai
réalité, celle dont dérive l’être des choses dans le monde, elles sont donc
permanentes. Notre pensée implique un niveau qui ne provient pas de
l’expérience, mais qui va influencer notre perception de l’expérience.
L’expérience en effet ne nous permet pas d’atteindre l’absolu des Idées.
Notre connaissance des Idées provient de ce que Platon appelle la
réminiscence. Selon Platon, notre âme perd à sa naissance le clair souvenir
des Idées . |
platon
par LUI-MÊME |
Louis
GUILLERMIT |
Edition
Flammarion |
2001 |
Textes choisis et traduits par Louis
Guillermit. Toujours Platon et ses écrits, revisité et de plus en plus
moderne malgré son grand âge. Cette "anthologie platonicienne"
veut être une introduction systématique à la pensée de Platon, un Platon selon
l'ordre des raisons platoniciennes ; un Platon expliqué par Platon. Ordonnée
en six grands chapitres (Le discours philosophique. Nécessité de la
philosophie. L'éducation. Rhétorique et sophistique. Du dialogue à la
dialectique. La conception du savoir), l'anthologie de Louis Guillermit
parcourt l'œuvre platonicienne pour en signaler les articulations majeures,
faisant apparaître le jeu de la dialectique au plan même de l'ensemble
qu'elle constitue, et l'image d'un "Platon éducateur". Cette
propédeutique, destinée à tous les amateurs de philosophie, éclaire d'un jour
nouveau une œuvre qui constitue l'une des composantes majeures de notre
système de pensée. |
PLOTIN - la mÉtaphysique de plotin |
J.
Marc narbonne |
Edition
VRIN |
1994 |
Le
présent ouvrage n’est pas un livre sur la philosophie de Plotin, au moins au
sens classique du terme. On n’y trouvera pas, présentées selon un ordre
systématique et mises en rapport les unes avec les autres, les grandes
articulations de sa philosophie. Des pans entiers de son système n’y sont pas
abordés, maintes figures de sa pensée négligées. Il ne s’agit pas non plus
d’une étude de détail, réservée aux spécialistes, cherchant à éclairer tel ou
tel point particulier de doctrine.
|
PLOTIN ou la SIMPLICITÉ DU REGARD |
Pierre
HADOT |
Folio |
1997 |
||
|
PLOTIN - les EnnEades de plotin |
Vladimir
jankelevitch |
Edition
du cerf |
1998 |
||
En effet,
l'intelligence voit l'Un et n'a besoin que de lui ; mais lui n'a pas besoin
d'elle. Ce qui naît du terme supérieur à l'intelligence, c'est l'intelligence
; et l'intelligence est supérieure à toutes choses parce que les autres
choses viennent après elle ; par exemple, l'âme est le verbe et l'acte de
l'intelligence, comme elle est elle-même le verbe et l'acte de l'Un. Mais le
verbe de l'âme est indistinct ; en effet, comme image de l'intelligence, elle
doit regarder vers l'intelligence ; et de même l'intelligence vers l'Un, afin
d'être intelligence. Et elle le voit sans en être séparée, parce qu'elle est
après lui et qu'il n'y a rien entre eux, comme il
n'y a rien entre l'âme et l'intelligence L'Un n'est aucune
des choses qui sont en l'intelligence ; mais de lui viennent toutes choses.
Et c'est pourquoi ces choses sont des essences ; car chacune d'elles a une
limite et comme une forme ; l'être ne peut appartenir à l'illimité ; l'être
doit être fixé dans une limite déterminée et dans un état stable ; cet état
stable, pour les intelligibles, c'est la définition et la forme, d'où ils
tirent aussi leur réalité. l'intelligence dont nous parlons est digne d'être
engendrée par le plus pur des principes et de ne pas naître d'ailleurs que du
premier principe ; une fois produite, elle engendre avec elle tous les êtres,
toute la beauté des Idées et tous les dieux intelligibles. Mais, pleine des
êtres qu'elle a engendrés, elle les engloutit en quelque sorte en les retenant
en elle-même et les empêche de tomber dans la matière et de croître auprès de
Rhéa. Selon l'interprétation des mystères et des mythes relatifs aux dieux,
avant Zeus vient Cronos, le dieu très sage qui reprend toujours en lui les
êtres qu'il engendre, si bien que l'intelligence en est pleine et rassasiée ;
mais ensuite, une fois rassasié, on dit qu'il engendre Zeus ; de même
l'intelligence engendre l'âme, quand elle arrive à son point de perfection Nous ne nous
étonnerons pas de voir complètement affranchi de toute forme, même
intelligible, l'objet qui produit cet immense désir : dès que l'âme
s'enflamme d'amour pour lui, elle se dépouille de toutes ses formes et même
de la forme de l'intelligible qui était en elle ; elle ne peut ni le voir ni
s'ajuster à lui, si elle continue à s'occuper De n'importe quel objet ; elle
ne doit rien garder pour elle, ni bien, ni mal, afin de le recevoir seul à
seul. Supposons que l'âme ait la chance qu'il vienne vers elle ou plutôt que
sa présence se manifeste à elle lorsqu'elle s'est détournée des choses
présentes et lorsqu'elle s'est préparée en se faisant aussi belle et aussi
semblable à lui que possible, préparation et arrangement intérieurs bien
connus de ceux qui les pratiquent : alors elle le voit subitement apparaître
en elle ; rien entre elle et lui ; ils ne sont plus deux, mais les deux ne
font qu'un ; plus de distinction possible tant qu'il est là (voyez-en l'image
ici-bas chez l'amant qui veut se confondre avec l'aimé) ; elle ne sent plus
son corps parce qu'elle est en lui ; elle ne dit plus qu'elle est un homme,
un être animé, un être ou quoi que ce soit ; contempler de tels objets, ce
serait rompre l'uniformité de son état, et elle n'en a ni le loisir ni la
volonté. Elle le cherche, va au-devant de lui quand il se présente et voit
non plus elle, mais lui. Qui est-elle donc pour voir? C'est ce
qu'elle n'a pas le loisir de considérer. Elle n'échangerait rien contre lui,
lui promît-on le ciel tout entier, parce qu'elle sait bien qu'il n'y a rien
de meilleur et de préférable à lui ; elle ne peut monter plus haut et les
autres choses, si hautes qu’elles soient, la forceraient à descendre. En cet
état, elle peut juger et connaître que c'est bien là ce qu'elle désirait, et
elle peut affirmer qu'il n'y a rien au-dessus. Là-bas, pas d'erreur possible
: où trouver plus vrai que le vrai? … Elle ne craint aucun mal, tant qu'elle
est avec lui et qu'elle le voit. Et si autour d'elle tout était détruit, elle
y consentirait volontiers, afin D'être près de lui seul à seul : tel est
l'excès de sa joie. […] L'intelligence
doit donc avoir deux pouvoirs, celui de penser, pour voir ce qui est en elle,
et celui de voir ce qui est au-delà d'elle-même : c'est une intuition qui
reçoit son objet. D'abord l'âme le voit seulement ; puis, en le voyant, elle
devient intelligence et s'unit à lui. Le premier de ces pouvoirs est l'acte
de contempler qui appartient à une intelligence sage ; le second, c'est
l'intelligence qui aime. Hors d'elle-même et enivrée de nectar, elle devient
intelligence aimante en se simplifiant pour arriver à cet état de plénitude
heureuse : et une telle ivresse vaut mieux pour elle que la sobriété |
plotin
traitÉ 9 |
PLOTIN |
Edition du cerf |
1994 |
Dans notre démarche qui est le voyage vers l’UN, Platon préconise l’utilisation de la dialectique et du discours. Plotin, lui préconise le mysticisme, l’intériorité et le silence. Le
traité 9 de Plotin développe cette idée. Extrait : Nous avons
déjà fait connaître deux de ces principes [savoir, l'Intelligence et
l'Intelligible, lequel est appelé ici l'Animal même]. Quel est le troisième?
C'est celui qui a résolu de produire, déformer, de diviser les idées que
l'Intelligence voit dans l'Animal. Est-il possible qu'en un sens
l'Intelligence soit le principe qui divise, et qu'en un autre sens le
principe qui divise ne soit pas l'Intelligence? En tant que les choses
divisées procèdent de l'Intelligence, l'Intelligence est le principe qui
divise. En tant que l'Intelligence reste elle-même indivise, et que les
choses qui 241 procèdent d'elle (c'est-à-dire les âmes) se trouvent divisées,
l'Ame universelle est le principe de cette division en plusieurs âmes. C'est
pour cette raison que Platon dit que la division est l'œuvre d'un troisième
principe, qu'elle réside en un troisième principe qui a conçu ; or, concevoir
n'est pas la fonction propre de l'Intelligence ; c'est celle de l'Ame qui a
une action divisible dans une nature divisible. La
totalité d'une science se divise en propositions particulières, sans être
cependant morcelée ni fragmentée : car chaque proposition contient en
puissance toute la science, où le principe est identique à la fin. De même,
il faut se mettre dans une disposition telle que chacune des facultés qu'on
possède en soi devienne aussi une fin et un tout ; il faut enfin ramener
toutes les choses qu'on a en soi à ce qu'on a de meilleur dans sa nature
[c'est-à-dire à l'intelligence]. Quand on y est parvenu, on habite là-haut :
car, lorsqu'on possède l'intelligible, on le touche par ce qu'on a de
meilleur en soi |
plotin
traitÉ 50 |
PLOTIN |
Edition du cerf |
1990 |
Plotin
développe ici le thème de l’Amour, l’Amour de la beauté et de l’âme. Pour ce
traité 50 il s’appuie sur le banquet de Platon. Le
Traité 50 évoque le mythe de la naissance de l'Amour dans le
« Banquet » de Platon. Comment la mendiante Pénia s'est unie au
riche Poros, endormi et ivre de nectar dans le jardin de Zeus le jour de la
naissance d'Aphrodite : Poros et Pénia, deux figures mythiques dont le
rapport structure tout l'univers plotinien, parcouru d'un bout à l'autre par
l'Amour, fils de Poros et de Pénia, et donc toujours insatisfait dans sa
quête infinie du Bien. Plotin nous livre aussi, dans ces pages, ses idées sur
l'amour de la beauté corporelle et sur la morale sexuelle. |
plotin traitÉ
38 |
PLOTIN |
Edition du cerf |
1994 |
Le
traité concerne l’étude du Bien et l’itinéraire de l’âme vers le bien avec
ses méthodes, sa construction et sa transformation. Plotin
(205-270 apr. J.-C.), l'initiateur du courant néoplatonicien à la fin de
l'Antiquité, est l'auteur de 54 traités ici désignés selon leur ordre
chronologique de composition (de préférence au classement par Ennéades
proposé par Porphyre, le disciple de Plotin, et son éditeur). Ces écrits
fixent, avec le souci de démontrer et de persuader à la fois, des moments de
la réflexion philosophique de leur auteur en dialogue avec ses élèves et
lui-même. Composés d'un seul jet dans un style souvent inspiré, ils sont les
témoins d'une méditation intérieure exceptionnelle et les dépositaires d'une
doctrine métaphysique inédite. Le
Traité 38 peut être considéré comme le grand œuvre de Plotin. À partir d'une interrogation
sur le point de savoir s'il faut supposer un raisonnement en dieu, se déploie
une réflexion totale sur les Principes, le Bien, l'Esprit, l'Âme, et leur
rapport, sur la relation entre monde sensible et monde intelligible, et bien
évidemment sur le statut mouvant de l'âme, susceptible de s'élever par la
connaissance du sensible à l'intelligible et par-delà, jusqu'au Premier, le
Bien. Il s'agit alors d'une véritable ivresse qui saisit l'âme – un état qui
ne peut se dire, mais qui seulement s'éprouve |
plotin
traitÉ 51 |
PLOTIN |
Edition du cerf |
1999 |
Plotin
consacre ce traité à l’étude du Mal. Son origine, sa matière et les
possibilités que nous avons de le retourner. Le
Traité 51 est donné ici dans une traduction inédite. À la fin de sa vie, seul
et très malade (270 après J.-C.), Plotin tente de répondre à l'une des
grandes questions de son époque : « D'où viennent les maux ? »
Selon lui, l'origine du mal réside, non pas dans la nature de l'homme ni
auprès des dieux, mais dans un principe sous-jacent au monde, la matière, qui
est le mal absolu. Cette réponse, très contestée par ceux qui ont abordé le
problème du mal par la suite, fait ici l'objet d'une analyse dans l'introduction
et dans le commentaire qui, par l'examen du mouvement de l'argumentation du
Traité 51, mettent en évidence la force et la faiblesse de la théorie
plotinienne du mal, invitant ainsi le lecteur à une réflexion, avec Plotin,
sur le sujet. Dans
l'élaboration de sa réponse, Plotin examine la manière dont le mal arrive à
l'homme, comment l'homme devient mauvais, comment l'homme peut connaître le
mal. Ces sujets font l'objet d'une étude détaillée dans le commentaire.
Enfin, l'introduction situe la théorie plotinienne du mal par rapport aux
prises de position des philosophes et des auteurs chrétiens qui lui ont
succédé. L'édition critique du texte grec, base de la traduction, a fait
l'objet de corrections et d'améliorations inédites. Des notes critiques, des
bibliographies et des index facilitent aussi l'accès à ce traité très concis
et dense de Plotin. |
PLOTIN - UNE INTRODUCTION AUX ENNÉADES de PLOTIN |
Dominique
O’MEARA |
Edition
Du CERF |
1992 |
Vers
les années 250 après J.C. Plotin écrit son œuvre majeure « Les
Ennéades», le livre Présente un choix de textes avec discussions. Un
des plus grands philosophes de l'antiquité, Plotin fait l'objet d'une
discussion toujours croissante dans le cadre de la recherche sur la
philosophie antique, l'antiquité tardive et l'importance de cette période
pour la culture occidentale. Ce livre est destiné à ceux qui désirent
entreprendre une lecture de l'œuvre de Plotin, les Ennéades. La vie de
Plotin, la composition des Ennéades, et le contexte intellectuel (écoles
philosophiques et mouvements religieux) dans lequel vécut Plotin sont
présentés brièvement. Un
choix de textes plotiniens est discuté par rapport à plusieurs questions
philosophiques fondamentales - l'âme et le corps, la réalité sensible et
intelligible, l'intellect, l'Un, le discours sur l'ineffable, la production
de la réalité, le mal, la beauté, l'éthique et le mysticisme - dans le but de
montrer comment la pensée de Plotin se développa sur ces questions. L'importance
historique de la philosophie de Plotin est également traitée. Un guide
bibliographique est fourni comme point de départ d'une lecture plus
approfondie et d'une recherche à la fois sur les problèmes étudiés dans le
livre et sur d'autres thèmes plotiniens. |
PLOTIN – L’ART
DE LA SCULPTURE
|
Brigitte Boudon
|
Edition Ancrages
|
2017
|
La scène se déroule à
Rome au début de l'ère chrétienne. On demande au philosophe Plotin s'il accepterait
de se faire sculpter son portrait. En effet, il enseigne depuis des années
qu'il faut sans cesse « sculpter sa propre statue ». Et pourtant, il est
catégorique : il n'en est pas question, car la vraie beauté est à
l'intérieur. Avec Plotin, nous découvrons un style et une atmosphère
relativement neufs dans l'histoire de la philosophie antique. Avec lui, le
discours sert à montrer, sans l'exprimer explicitement, ce qui le dépasse,
c'est-à-dire une expérience dans laquelle tout discours s'anéantit, où il n'y
a plus de conscience du soi individuel, mais seulement un sentiment de joie,
de plénitude, de présence. Plotin n'est pas familier des
salles de cours. Pour les élèves, son nom est presque un détournement
publicitaire de Platon digne de Queneau, malchanceux promoteur d'une
Platonopolis, coincé dans la liste des auteurs entre Sextus Empiricus et
Augustin, vivant à une époque trouble, perdu quelque part au IIIe
siècle après J.-C., entre Alexandrie, Rome et la culture grecque ;
représentant de ce que l'histoire appelle le "néo-platonisme",
nouvelle étape du combat de Titans qui oppose les idéalistes platoniciens aux
réalistes aristotéliciens : le ciel contre la terre, chacun son camp. Plotin semble avoir choisi le sien. Du moins l'a-t-on
choisi pour lui. Ce que l'on sait du personnage n'a par ailleurs rien de très
ragoûtant : un corps atteint par la maladie, putride, irregardable. Et si
l'on se tourne vers les concepts, les termes étranges varient entre la
technique ardue de "l'hypostase" et la débordante simplicité de
"l'Un". On le comprend, les Ennéades
ne traînent pas dans les copies, ni dans les cours d'ailleurs. Pourtant dans notre monde d'images, hypersensible aux
apparences, le regard à la fois simple, émerveillé et pénétrant de Plotin
permet de poser immédiatement la question du Beau. Sans les enjeux doctrinaux
d'une esthétique, sans la complexité dialectique des dialogues platoniciens,
sans les biais d'une culture artistique, le premier traité des Ennéades, Sur le Beau, fait le
constat de l'évidence de ce qui est beau : un beau visage, une belle
peinture...Le beau n'est pas conceptualisé, il est senti. Au-delà des
apparences sensibles, il y a l'évidente beauté de la justice ou de la
tempérance, de la vertu. Cette immédiateté du beau nous surprend, nous ravit
vers un ailleurs. Non pas un "arrière-monde" qui refuserait les
réalités sensibles, comme veulent le faire les mystiques, mais une
transcendance qui se tient debout dans le sensible. La Beauté nous élève et
désigne le Bien. Cela suppose une conversion de notre regard : "Retourne en toi-même et vois. Et si
tu ne vois pas ta propre beauté, fais comme le fabricant qui doit rendre une
statue belle : il enlève ceci, efface cela, polit et nettoie jusqu'à ce
qu'une belle apparence se dégage de la statue. Ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu'à ce que brille en toi la
splendeur." Nous portons tous en quelque sorte cette statue
intérieure, cette part de divin dans l'humain. La vertu ne vient donc pas du dehors, elle se réalise dans
l'effort, dans un exercice spirituel, dans ce geste philosophique primordial
de conversion. N'est-ce pas cela un esprit autonome, celui qui jouit de ses
propres lumières et qui sait voir, dans la diversité du réel, les belles
choses et le bien ? "Aie confiance
en toi, car, même ici-bas, tu es à présent parvenu à monter et tu n'as plus
besoin que l'on te montre le chemin ; le regard tendu, vois !" La
philosophie ne s'arrête pas au seuil de la classe et de la culture livresque.
Sculptons ! |
PLUTARQUE – L’ART DE L’HḖROÏSME - |
Brigitte Boudon |
Edition Maison de la Philosophie |
2016 |
||
A la fin de sa vie, il s'en
souviendra dans Isis et Osiris. Ses premières œuvres sont des traités
de morale pratique, sur divers sujets, probablement des notes de cours ou des
conférences ; il fonda en effet une école de philosophie à Chéronée, à son
retour de Rome. Plutarque s'intéresse à ce qui permet un
"vivre-ensemble" sans acrimonie, et mêle psychologie et morale. Ses
premières œuvres sont contemporaines d'une floraison du roman, notamment avec
Chairéas et Callirhoé, de Chariton. Sous Domitien, il est un
professeur et un conférencier réputé ; en 92, il entreprend un second voyage
à Rome. Puis, au moment où commencent les dernières années du règne de
Domitien, marqué par les persécutions contre les intellectuels, il revient à
Chéronée. Commence alors une nouvelle étape: les dialogues, au début très
scolaires, puis de plus en plus maîtrisés et vivants. A noter Sur le visage
qui est dans la lune (v. 92-93), compilation des connaissances
astronomiques de cette époque, et usant pour la première fois du mythe, à la
manière de Platon. Vers 96, il devient prêtre
d'Apollon à Delphes, tout en exerçant d'autres magistratures à Chéronée. Un
prêtre antique est essentiellement chargé de la gestion du sanctuaire, et du
bon déroulement des cérémonies. Son intérêt religieux s'éveille : Sur la
création de l'âme du monde dans le Timée, Sur le déclin des Oracles.
Il élabore une véritable démonologie, conforme au platonisme : l'homme est
formé de l'âme et du corps ; mais l'âme se subdivise en deux : une partie
liée au corps, soumise aux passions, et une autre, l'esprit, plus libre.
Cette dernière, à la mort, peut devenir démon et aider les autres hommes... Après 115, les préoccupations
religieuses prennent davantage de place : tous ses amis sont morts, et
lui-même approche de sa fin. Il écrira encore Sur les délais de la justice
divine, puis quatre ouvrages testamentaires : Les Oracles de la Pythie, Sur
l'E de Delphes, De l'Amour et enfin Isis et Osiris, qui réalise une sorte de
syncrétisme entre les religions égyptienne et grecque. Il meurt en 125
ou 126. Son œuvre est considérable ; une moitié en a été perdue. Elle
se divise aujourd'hui en deux grands ensembles : Plutarque y met en parallèle
un grand homme grec et un Romain ; il y fait œuvre de biographe plus que
d'historien ; anecdotes vivantes, maximes morales dressent un portrait vivant
de l'homme qu'il décrit. Bien des faits ne nous sont aujourd'hui connus que
grâce à lui. Il rédigea d'abord quatre vies isolées (Aratos, Artaxerxès,
Othon et Galba), puis les 22 "couples" qui nous sont
restés ; une dizaine de Vies sont perdues. L'ensemble des Vies
a paru aux éditions des Belles-Lettres, en 16 volumes. On peut lire notamment : ·
La Vie de
Cicéron et la Vie de Démosthène ·
La Vie
d’Alcibiade ·
La Vie de
Périclès ·
La Vie
d'Alexandre et celle de César. Elles regroupent en fait toutes les
autres œuvres de Plutarque ; leur diversité montre l'étendue de sa culture et
de ses centres d'intérêt. ·
Morale : o
De la Vertu
morale ; o
Du contrôle de
la colère ; o
De la
Tranquillité de l'âme ; o
De l'amour
fraternel o
Du bavardage ; o
De la curiosité
; etc. ·
Traités
delphiques : o
Sur l'E du
temple de Delphes ; o
Sur les Oracles
de la Pythie ; o
Sur le défaut
des oracles... ·
Critique
littéraire : o
Sur la
malignité d'Hérodote ; o
Comment il faut
entendre les poètes... Platonicien, Plutarque s'est aussi
intéressé aux doctrines postérieures : il a connu et discuté l'épicurisme, et
surtout le stoïcisme, qui est pour lui un adversaire privilégié. Son idéal de
vie consiste dans la douceur, à l'égard des autres hommes ; ce sentiment
naturel est aussi un devoir, et ne peut s'acquérir que par un constant effort
sur soi. Peu cité par ses contemporains (ni Tacite, ni Stace ne le
mentionnent...) il deviendra une référence dès l'époque suivante : Apulée
fait du héros de l'Âne d'or un parent de "Sextus, neveu de
Plutarque", et il sera continuellement cité dans les controverses pro et
anti-chrétiennes : Eusèbe de Césarée et Porphyre. Les chrétiens voyaient en
lui un sage à qui il n'avait manqué que la grâce de la Révélation, un
"presque chrétien" en somme – ce qui présente l'avantage que ses
œuvres nous ont été bien conservées, notamment dans les manuscrits du moine
Maxime Planude. Mais c'est la Renaissance qui lui
offre son heure de gloire, avec en 1509 la publication de ses œuvres en grec,
et en 1559 la traduction des Vies par Jacques Amyot, suivie en 1572 de
celle des Moralia. Érasme, Rabelais s'en inspireront ; Montaigne,
surtout, qui le découvre vers quarante ans, au moment où il se retire en sa
bibliothèque, en fait son livre de chevet ; les Essais sont un
constant dialogue avec Plutarque. Sa sagesse politique, sa volonté de
convivialité font de lui un modèle, dans une France déchirée par les
fanatismes et la violence religieuse. Dans le même temps il fournit des
sujets aux auteurs de théâtre, Jodelle, Garnier, et jusqu'à Shakespeare, qui
transpose des passages entiers. Le XVIIème siècle continue de le
lire ; sa sociabilité fournit des modèles notamment au roman, d'Honoré d'Urfé
à Mlle de Scudéry. Mais Descartes et Pascal l'ignorent. Le XVIIIème siècle en donne
une double lecture : si la traduction d'Amyot paraît désuète, si Voltaire ou l'Encyclopédie
l'éreintent, une nouvelle traduction de Dacier en 1721 lui redonne vie ;
Rousseau ou Mme Rolland trouvent en lui à la fois l'exaltation républicaine
et héroïque qui triomphera sous la Révolution, et une sensibilité romanesque
qui séduit auteur et lecteurs de la Nouvelle Héloïse. C'est un phénomène
européen et même au-delà : Goethe, Schiller, Beethoven, Richardson, Fielding
s'en inspirent, comme, aux USA, Jefferson et Benjamin Franklin. Napoléon
lui-même en était imprégné. Mais le XIXème siècle
lui apporte le coup de grâce : l'individualisme romantique et la prééminence
des passions s'accommodent mal de sa morale civique et de sa mesure ; la
bourgeoisie scientiste et positiviste rejette ses préoccupations
eschatologiques et religieuses ; enfin, l'acerbe historiographie allemande
met à mal la solidité de sa documentation. Il sombre alors au deuxième rang,
et peu à peu dans l'oubli. Civisme, sociabilité et mesure demeurent des
valeurs qui peuvent permettre de surmonter les affres d'une société en
mutation profonde, pour ne pas dire en crise : appartiendra-t-il au XXIème
siècle de ressusciter l'aimable et sage Plutarque ? |
pourquoi la grÈce ? |
Jacqueline
de romilly |
Edition
FALLOIS |
1987 |
Pourquoi
les textes de la Grèce antique, d’Homère à Platon, continuent-ils
d’influencer toute la culture européenne ? Quelle qualité unique cet héritage
si divers recèle-t-il, qui justifie une présence aussi vivace au cours des
siècles? Grèce
et Démocratie :
Contrairement à notre démocratie représentative, le régime politique athénien
est une démocratie directe, c’est-à-dire que les citoyens peuvent participer
directement aux décisions d’ordre public. De même, les principales
institutions politiques assurent une participation équitable à la gouvernance
de la cité, notamment en octroyant une grande place au tirage au sort – et,
par conséquent, à l’intervention des dieux – lors de la nomination aux
charges publiques. Chaque année, la majorité des magistrats de la cité sont
tirés au sort parmi les citoyens. Seules les hautes magistratures militaires
et financières sont attribuées par élection. Principale
figure de la démocratie athénienne, Périclès a ainsi été réélu comme
stratège militaire pendant une quinzaine d’années consécutives (443-429 av.
J.-C.), ce qui lui a permis d’influencer grandement la vie politique
d’Athènes à cette période. Une fois nommés, les magistrats reçoivent un
« misthos », c’est-à-dire une indemnité financière pour compenser
la perte d’une journée de travail et ainsi assurer la possibilité à tous les
citoyens, même les plus pauvres, de participer à la vie publique. Les
magistrats sont également responsables de leurs actes et doivent en rendre
compte au peuple : par exemple, une défaite d’Athènes lors d’une
bataille peut entraîner des conséquences graves – pouvant aller jusqu’à la
condamnation à mort – pour les magistrats militaires si les citoyens jugent
ces derniers responsables. Les
magistrats publics ont pour mandat d’exécuter les décisions prises par
l’Ecclésia, l’assemblée populaire où l’ensemble des citoyens est convoqué une
quarantaine de fois par année, habituellement sur la colline de la Pnyx. Les
citoyens peuvent y prendre la parole et, surtout, ils y votent, à main levée
ou parfois par bulletins secrets, toutes les décisions touchant la vie dans
la cité, que ce soit la construction d’un temple, l’augmentation des impôts
ou la déclaration d’une guerre. L’assemblée a aussi le pouvoir d’ostracisme,
c’est-à-dire de voter pour bannir d’Athènes, pendant 10 ans, un citoyen dont
on craint que les ambitions personnelles puissent mener à la tyrannie. Les
travaux de l’Ecclésia sont organisés par la Boulè, un conseil formé de 500
citoyens (50 par tribu) tirés au sort annuellement, siégeant en alternance et
recevant un misthos. En plus de préparer les décrets soumis au vote de
l’Ecclésia, la Boulè a aussi pour mandat de gérer l’administration de la
cité, d’encadrer les travaux de construction et d’exercer un contrôle sur les
détenteurs d’une magistrature publique, notamment en les obligeant à rendre
des comptes devant l’assemblée à leur sortie de charge. Enfin, l’Héliée est
un tribunal populaire formé de 6000 citoyens (600 par tribu) également tirés
au sort annuellement. Pour chaque cause entendue, on convoque quelques
centaines d’entre eux pour écouter les parties et voter secrètement un
verdict. Pour les cas de meurtres ou les questions religieuses, on confie le
dossier à l’Aréopage, une institution datant de la période oligarchique, mais
dont la vocation change au cours du 5e siècle av. J.-C. pour
devenir un tribunal formé de 10 magistrats. À
la fin du 5e siècle av. J.-C., Athènes entre en guerre contre la
cité de Sparte : c’est le début de la Guerre du Péloponnèse qui dure
plus de 25 ans (431-404 av. J.-C.). Cette période ébranle grandement les
institutions démocratiques. Malgré la pénible défaite d’Athènes, la cité
conserve un régime démocratique. Afin d’encourager la population durement
éprouvée par la guerre à participer à la vie publique, on instaure un nouveau
misthos attribué à tous ceux qui assistent aux séances de l’Ecclésia. Bon
an, mal an, la démocratie athénienne perdure pendant une bonne partie du 4e
siècle av. J.-C. malgré la conquête d’Athènes par le roi Philippe II de
Macédoine. Ce n’est qu’en 322 av. J.-C., après la mort d’Alexandre le Grand,
fils de Philippe II, que le pouvoir macédonien impose à Athènes un régime
politique oligarchique.
|
PYTHAGORE ET LES PYTHAGORICIENS |
Jean
François MATTEI |
Edition
PUF |
1993 |
||
Il
y a deux choses à distinguer dans le pythagorisme : une philosophie,
c'est-à-dire une explication de l'univers, et une doctrine morale. La
philosophie pythagoricienne se résume en cette formule : tout ce qui existe
est un nombre ; l'essence et le principe des choses est le nombre. Pour
comprendre le sens de cette formule, en apparence bizarre, il faut se
souvenir que les pythagoriciens étaient très versés dans l'étude des
mathématiques. C'est probablement pour ce motif qu'on a attribué à Pythagore
la table qui porte son nom. C'est lui aussi qui démontra le premier le
théorème du carré de l'hypoténuse, et sa joie fut si grande, après cette
découverte, qu'il offrit un sacrifice solennel à Jupiter. On comprend que des
mathématiciens si exercés aient été disposés à voir des nombres partout. On
raconte que Pythagore, se trouvant un jour dans une forge, remarqua que les
marteaux, en retombant sur les enclumes, rendaient des sons différents, et
que ces sons variaient selon la grosseur des marteaux. Quelle que soit la
valeur de ce récit, dont l'authenticité a été contestée, il est du moins
propre à montrer que des observations attentives et judicieuses avaient amené
Pythagore à une conception du monde au premier abord fort étrange. Il avait
observé aussi que les sons de la lyre sont proportionnels à la longueur des
cordes, et, par suite, qu'une rigoureuse loi mathématique règle la production
des sons. Généralisant cette idée, Pythagore conclut que tout, dans le monde
physique, obéit aux lois du nombre, ce qui est une vérité confirmée par la
science moderne. Il alla plus loin encore, et affirma qu'au fond toute chose
est un nombre, ce qui est une erreur, ou au moins une hypothèse fort
improbable. Ses disciples abusèrent de cette formule déjà excessive, et
aboutirent à de véritables extravagances, comme de dire que la justice est le
nombre quatre, ou que le mariage est le nombre cinq. Pythagore n'est pas
responsable de ces folies. Dégagée des applications illégitimes qu'on en a
faites, son idée fondamentale était juste : c'était une vue de génie. Tous
les pythagoriciens ne tombèrent pas d'ailleurs dans ces excès, et leur bonne
fortune voulut que quelques-uns, par une sorte de hasard sans doute ou de
divination, et sans pouvoir justifier leurs assertions par de solides
raisons, fussent conduits à des conceptions fort
extraordinaires pour le temps où ils vivaient. Ainsi ils déclarèrent qu'il
devait y avoir des antipodes, c'est-à-dire une partie de la terre située à
l'opposite de l'Europe, et l'on dit que lorsque Christophe Colomb entreprit
son voyage, ce fut sur la foi d'une tradition pythagoricienne. Ils avaient
aussi deviné le mouvement de la terre ; Copernic a déclaré expressément que
lorsqu'il découvrit le vrai système du monde et démontra que le soleil est
immobile par rapport à la terre, il s'inspira de l'idée déjà exprimée par les
pythagoriciens: c'est une hypothèse pythagoricienne dont il fit une vérité. Mais
c'est moins à ses théories philosophiques qu'à sa doctrine morale que
Pythagore doit sa célébrité. A vrai dire, entre sa philosophie et sa morale,
il est difficile d'apercevoir aucun lien ; les meilleurs historiens estiment
qu'elles sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre. Comme l'a montré
l'historien allemand Schwegler, il est probable que Pythagore, qui
appartenait à la race dorienne, remarquable entre toutes les races grecques
par ses mœurs austères et ses vertus rigides (les Spartiates étaient
Doriens), avait réuni en un corps de doctrine, et formulé d'une manière plus
précise, les idées qu'il avait connues dès l'enfance, et qui étaient
familières à tous ses compatriotes. Pythagore
avait fondé un Institut, une sorte d'ordre, un monastère, où lui et ses
disciples, parmi lesquels se trouvaient, dit-on, quelques femmes, vivaient
soumis à des lois communes d'une grande sévérité. « Le recrutement des
membres de l'ordre, dit M. Chaignet, était fait avec un soin scrupuleux.
Pythagore, dit-on. étudiait sévèrement la vocation des jeunes gens qui se
présentaient à lui, avant de les admettre aux premières initiations de cette
vie nouvelle ; il cherchait à lire sur leur visage, à deviner dans leur
démarche, dans leurs attitudes, dans toutes les habitudes de leur personne,
les penchants de leur âme, le fond vrai de leur caractère, les aptitudes
propres de leur esprit. » Même après ces épreuves, quelques-uns seulement
étaient initiés à la doctrine du Maître. On dit aussi qu'entre tous les
membres de la confrérie, les biens étaient en commun, que tous devaient
s'astreindre au silence, s'abstenir de viande et de fèves : mais ces détails
ne sont pas certains ; le dernier surtout paraît controuvé. Ce qui est
incontestable, c'est que Pythagore s'était proposé un but moral et religieux.
« Il avait voulu, dit l'historien Ed. Zeller, fonder une école de piété, de
bonnes mœurs, de tempérance, de courage, d'ordre, d'obéissance à la loi, de
fidélité dans l'amitié. D'une
manière générale, il voulait faire fleurir dans son école toutes les vertus
qui formaient l'honnête homme selon les idées grecques, et particulièrement
selon les idées doriennes, vertus qui sont aussi recommandées de préférence
dans les sentences plus ou moins authentiques attribuées à Pythagore. » C'est
à ce caractère moral et religieux que se rattachent les théories
pythagoriciennes sur la transmigration des âmes, ou métempsycose. Les corps
sont comme des prisons dans lesquelles la divinité a enfermé les âmes pour
les punir. Séparée du corps, l'âme, quand elle a mérité une récompense par
ses vertus antérieures, mène dans un monde supérieur une vie incorporelle. Si
elle a été coupable, elle doit être châtiée dans le Tartare, ou bien même
condamnée à faire de nouvelles pérégrinations à travers des corps d'hommes ou
d'animaux |
PYTHAGORE ET L’INITIATION MAÇONNIQUE
- N° 37 - |
ANNA
MONFORT |
EDITION
MAISON DE VIE |
2010 |
Pythagore est l’un des maîtres spirituels vénérés par la
Franc-Maçonnerie qui célèbre sa mémoire et ses rituels. Mais en quoi consiste
l’enseignement pythagoricien et quel est son apport précis à l’initiation
maçonnique ? Pour
la première fois, un ouvrage aborde ce thème en profondeur. Après avoir
évoqué la vie de Pythagore, l’auteur offre une nouvelle traduction intégrale
des vers d’Or et développe les notions initiatiques qui en découlent, comme
la quête de la Parole perdue, le serment, la fraternité, le chemin de la
maîtrise… On
comprendra mieux, à la lecture de cet essai, l’importance de la pensée
pythagoricienne dans la tradition initiatique dont la Franc-Maçonnerie est
l’héritière. Où il est question de : La vie de Pythagore, le texte des vers d’Or, la quête de la
Parole perdue, la notion de connaissance, le quaternaire, l’ignorance, la
privation du bien, le serment et le secret, la fidélité, le silence et la
transmission, la filiation spirituelle, l’amitié, la bonté, la haine et son
absence, la bienveillance, la discorde, la concorde, la justice, la juste
mesure, le temple et la justice, la conscience de la mort, la vertu, le
respect du corps, le rapport aux biens matériels, le détachement, Vigilance
et Persévérance, le chemin de la maîtrise, les nombres sacrés, la mémoire,
les deux éternités, l’âme et sa santé, purifications et libérations,
l’immortalité, l’éther, le livre des deux chemins, l’Orient éternel. |
PYTHAGORE
- la vie extraordinaire de pythagore |
Albert
SHOSMAS |
Edition R. LAFFONT |
1979 |
||
Pressentant
des désordres politiques dans sa patrie, Pythagore rejoignit la partie
continentale de l’Ionie, à Milet, où il rencontra le sage Thalès, connu à
notre époque pour ses travaux en géométrie. Thalès fut le premier grec à être
qualifié de sophos, sage (terme venant de sophia, la sagesse),
le second étant Pythagore lui-même. Pythagore fréquenta et reçut
l’enseignement d’autres maîtres, Phérécyde de Syros, qui fut le premier Grec
à enseigner le concept de l’immortalité de l’âme, et Anaximandre de Milet.
Anaximandre professait notamment sur ur les conseils de Thalès, qui avait
déjà fait ce voyage et en avait rapporté des trésors de connaissances,
Pythagore partit pour l’Egypte, en faisant d’abord escale en Syrie, à Biblos
et à Tyr (sur la côte de l’actuel Liban) et dans d’autres cités de cette
région. Il aimait, paraît-il, se retirer dans le temple de Zeus (la synagogue
de Yahvé, construit sur les lieux où officia le prophète Elie) sur le versant
occidental du mont Carmel, face à la mer. C’est de là qu’il rejoignit le
bateau qui devait l’emmener en Egypte. La description par Jamblique de cette
traversée fait état de la grande impression que Pythagore fit sur les marins
qui, écrit-il, « usèrent de mots et d’actions bien plus séants que
d’ordinaire entre eux-mêmes et avec lui [Pythagore], jusqu’à ce que le navire
arrive très heureusement et dans un calme parfait sur la côte
d’Egypte. » Selon
Jamblique, Pythagore passa 22 années en Egypte, puis fut fait prisonnier par
les troupes du roi de perse Cambyse (vers -525 – -522) et emmené à Babylone
où il resta 12 ans. Il rentra à Samos à l’âge de 56 ans. Ce qui placerait sa
naissance vers -569 – -566, mais il faut sans doute considérer ces durées et
âge (22, 12, 56) comme symboliques : le nombre 12 laisse entendre que c’est
l’astronomie que Pythagore étudia à Babylone. Les 22 années en Egypte peuvent
signifier qu’il y a effectué deux cycles d’études, l’une d’eux
vraisemblablement selon l’enseignement d’Hermès Trismégiste. Les 56 ans
peuvent être analysés par rapport aux 70 années communément accordées pour la
durée d’une vie humaine, voire son degré d’avancement spirituel (8 sur une
échelle de 10) à son retour à Samos. Les
biographes insistent sur le fait que Pythagore chercha et réussit à
s’instruire auprès des prêtres d’Egypte, les hiérophantes phéniciens et les
mages babyloniens. Certains auteurs ajoutent que Pythagore aurait également
visité l’Inde et la Crète : l’Inde, parce que l’on pense que c’est de l’Inde
que Pythagore tira science des nombres, et la Gaule. Ce voyage en Gaule n’est
attesté par aucun texte ancien, et vient d’une mauvaise citation de Diogène
Laerce. Sur les liens entre druidisme et pythagorisme, évidents pour les
spécialistes de la religion celte, d’autres hypothèses ont été avancées. Ses
voyages ne s’arrêtèrent pas à son retour à Samos, car, de là, il partir
visiter tous les grands sanctuaires, les lieux oraculaires, principalement
consacrés à Apollon, et la Crète. Une
jolie histoire relate la manière dont Pythagore aurait commencé à enseigner.
Peu après son retour à Samos, et ayant refusé l’invitation du tyran Polycrate
à y rejoindre sa cour, il se réfugia dans une grotte. Là, il commença par
payer un jeune garçon pour que celui-ci ait la patience d’écouter les leçons
qu’il lui donnait. Le prix de celles-ci est passé à la postérité : 3 oboles
la leçon. Devant l’enthousiasme de l’élève (qui se serait appelé aussi
Pythagore), le maître joua d’un subterfuge pour tester son attachement à
l’enseignement : il déclara manquer de moyen et devoir arrêter les leçons.
L’élève, alors, proposa de payer les leçons à son tour. Avec sa mère et son
jeune élève, il s’établit dans la colonie grecque de Crotone, située dans le
sud de l’Italie, et y créa une école mystique qui aurait eu 218 élèves. Ce
nombre doit être, bien entendu, considéré symboliquement, et une analyse
pythagoricienne pourrait en révéler la signification. Il mourra dans
l’incendie de son école, incendie qui aurait été fomenté par l’un des
postulants recalés de l’école de Pythagore, Cylon. C’est
en tout cas cette fin tragique qui permit à l’enseignement de se disperser à
travers le monde grec, de l’Italie à l’Asie. On ressent l’influence de
Pythagore dans de nombreux passages des Dialogues de Platon. En
opposition à l’orthodoxie religieuse de la Grèce antique, Pythagore a
enseigné l’existence d’un dieu unique et créateur de l’univers, ce qui
justifiait déjà amplement le secret dont il entourait son enseignement : le
déni des divinités adorées en Grèce était passible de la peine de mort.
Certes, nous ne saurons jamais quelle part de l’enseignement de Pythagore
aura survécu, mais, plus que des "faits", c’est une vision lumineuse
des nombres, des figures géométriques, des sons et des étoiles, qui nous
disent la beauté de l’univers et la grandeur de son créateur, que Pythagore
nous a laissée. Il n’y a pas de mystère qui tienne : nous avons tous la
possibilité de prendre et de transmettre son héritage spirituel. Les
nombres et les formes, qui n’étaient jusque-là considérés que comme des
instruments destinés à la comptabilité et la construction, devinrent des
symboles mystiques, les bases de la compréhension de l’univers visible et
invisible. La musique et l’astronomie jouèrent également un rôle majeur dans
l’enseignement pythagoricien, et il semblerait que l’on doive à Pythagore la
première « justification » théorique de notre gamme et aussi celles
de toutes les traditions musicales. Les lois de l’harmonie musicale restent
encore aujourd’hui basées sur ce que l’on tiendrait de lui : une échelle de 7
notes, séparées par 5 tons et 2 demi-tons. |
pythagore
– Un Dieu parmi les hommes |
Alexandre
hasnaoui |
Edition
LES BELLES LETTRES |
2002 |
Cet
ouvrage contient peu de théories des nombres, par contre Pythagore et ses
disciples sont à l’honneur, avec leur mode de vie, leur initiation avec
toutes ses étapes. Leurs règles et leurs pratiques auxquelles se soumettaient
ces hommes a la piété rare et au savoir divin. De
mathématiques, il est ici peu question, de théories des nombres, un peu, mais
c'est surtout de Pythagore lui-même, de ses disciples et du mode de vie de la
secte qu'il s'agit. On apprendra toutes les merveilles qu'il a accomplies, on
suivra toutes les étapes de l'initiation mystérique de la secte et on
trouvera les seuls fragments véritables de son enseignement (les fameux
«symboles») qui nous soient parvenus. Aux travers de textes qui datent du IIIe
siècle après J.-C. et recueillent une longue tradition bio-doxographique qui
remonte probablement aux Mémoires pythagoriques eux-mêmes (les
«aide-mémoire», ces écrits secrets, rédigés en langage symbolique, que les
survivants de la secte composèrent pour ne pas laisser disparaître l'enseignement
du Maître, et qui finirent, avec le temps, par être divulgués), on trouvera
plusieurs listes des akousmata, ainsi que des interprétations de ceux-ci. On
y apprendra quelles étaient les pratiques et règles (végétarisme, respect des
êtres animés, interdiction des sacrifices sanglants) auxquelles se
soumettaient ces hommes à la piété rare et au savoir divin. Car, c'est le
dieu pythien qui parlait par la bouche de Pythagore, dont le nom pouvait
aussi provenir du fait qu'« il annonçait la vérité non moins que le Pythien
». Il faut donc s'efforcer de garder vivante la tradition que nous révèlent
ces textes que leur rareté rend d'autant plus précieux aux chercheurs de
sagesse et de vérité. Plusieurs des traductions présentées ici sont inédites |
19 Q
QUI FÛT LE GRAND ARCHITECTE DE KHḖOPS ? |
Jacques Rolland |
Cépaduès Edition |
2017 |
||
Si Khéops semble être à l’origine de ce que nous appelons
aujourd’hui un Etat, son œuvre se caractérise aussi par un sens aigu du culte
des dieux et d’une science ou d’un art de l’immortalité, avec une fonction
essentielle attribuée au Nil d’une part, considéré d’essence divine, au
Sphinx d’autre part, peut-être témoin à la fois de bouleversements
climatiques et d’une volonté politique qui nous échappe encore. Jacques
Rolland essaie de s’approcher, et nous avec lui, d’une pensée antique fort
éloignée de la nôtre, pensée dans laquelle le symbolisme ne fait pas que
représenter mais véhicule à travers des enseignements précis des possibilités
non seulement philosophiques et métaphysiques mais aussi physiques dont les
pyramides et le sphinx certifient une certaine permanence encore à explorer. Seule "merveille du monde" à nous être parvenue,
la pyramide de Khéops, qui trône sur le plateau de Gizeh, dans la banlieue du
Caire aux côtés du Sphinx, a créé la surprise jeudi. Une étude parue dans la revue scientifique Nature a en effet révélé l'existence d'une immense cavité, de la
taille d'un Airbus. Mais si le célèbre monument a en partie dévoilé sa
structure interne, il conserve encore une grande part de mystère. Retour sur
ce que l'on sait de la plus célèbre pyramide du monde et sur ce que l'on ne
sait pas encore… Les prouesses du vizir Hémiounou. La pyramide de Khéops a été édifiée sous l'Ancien Empire
égyptien, soit la période allant de 2.700 à 2.200 avant notre ère. On connaît
son concepteur, l'architecte Hémiounou, qui était aussi vizir, c'est-à-dire
conseiller des pharaons. Ses dimensions (139 mètres de haut et 230 mètres de
large) sont époustouflantes pour l'époque. Et le resteront longtemps. En
effet, la pyramide de Khéops n'est détrônée qu'en 1311 quand la cathédrale de
Lincoln, munie d'une flèche haute de 160 mètres, est achevée. Khéops, un pharaon bâtisseur. On connaît aussi la fonction de cette majestueuse pyramide. Elle est un monument funéraire en l'honneur du deuxième pharaon de la 4ème dynastie, Khéops. Ce dernier, qui a régné 23 ans (environ de -2.551 à -2.528), a laissé derrière lui une réputation de bâtisseur : plusieurs pyramides (dont la sienne) dans un complexe funéraire destiné à ses proches, des temples (dont le plus connu est le temple d'Hathor à Dendérah).
Enfin, les archéologues ont réussi à définir
l'aspect ancien du monument, bien différent de celui d'aujourd'hui : il était
en effet recouvert d'un enduit blanc pour qu'il reflète la lumière du soleil.
Elle était aussi entourée d'une enceinte, issue d'un socle rocheux, à 10
mètres de distance dont il reste quelques vestiges. La construction de la
pyramide de Khéops a été une réelle prouesse pour l'époque. Constituée de 2,3
millions de blocs de 2,5 tonnes chacun, elle aurait été érigée par 20.000
ouvriers. Si, longtemps, les historiens ont pensé que des esclaves ont été
utilisés pour sa construction, des fouilles récentes ont mis à jour les
restes d'une ville destinée aux artisans et ouvriers du chantier. De nombreux
indices y montrent que ces ouvriers étaient bien nourris et soignés. Mais la
question de leur travail qui aurait duré 20 ans reste mystérieuse. Aucune
hypothèse avancée ne convainc totalement les spécialistes, de quoi faire
naître des fantasmes nombreux, dont celle de l'intervention…
d'extraterrestres. Des
pillages infructueux. L'intérieur de
la pyramide de Khéops est en partie connu grâce à une très ancienne
exploration remontant au 9ème siècle. En 820, le calife Al-Mamoun organise
une expédition pour rentrer à l'intérieur de l'édifice. L'objectif ? Y
trouver des trésors. Mais des principales pièces découvertes, les
explorateurs reviennent bredouilles. Des pièces… vides ou presque. Il
faut attendre le 19ème siècle pour en apprendre un peu plus sur la structure
interne de la pyramide, qui comprend notamment une chambre souterraine
creusée dans la roche mais inachevée, ce qui fait dire qu'elle a fait partie
d'un premier projet finalement abandonné. Deux pièces, appelées
arbitrairement par les premiers explorateurs arabes "chambre de la
reine" et "chambre du roi", sont explorées et photographiées
par les égyptologues. La première, munie de deux conduits de ventilation,
voûtée et de forme carrée, a une fonction inconnue encore aujourd'hui. La
"chambre du roi", elle, précédée d'une longue galerie inclinée de
47 mètres de long, pourrait être celle qui a accueilli le tombeau du pharaon
Khéops. Un
coffre sans couvercle. C'est en 1837
que Richard Vyse, égyptologue britannique, met la main sur la seule cartouche
de la pyramide qui rapporte le nom de Khéops, de quoi relier directement les destinées
du monument et du pharaon. Mais le coffre découvert dans la "chambre du
roi", qui aurait pu être son sarcophage, est découvert vide et sans
couvercle. Détail encore plus déstabilisant pour les archéologues, aucune
trace d'un ancien couvercle n'a été trouvée, comme si le coffre n'avait eu
qu'une fonction symbolique. Un cadavre jamais retrouvé ? L'hypothèse
d'un simple cénotaphe a donc été avancée par certains archéologues.
C'est-à-dire que le coffre n'aurait été qu'un monument sans dépouille, servant
à rendre hommage à Khéops. La possibilité d'une mort lors d'une bataille
expliquerait que ses sujets n'aient jamais pu retrouver son cadavre. L'hypothèse
d'une chambre funéraire non encore détectée. Mais pour d'autres chercheurs, la dépouille serait bien
présente dans la pyramide, dans une pièce non encore détectée. Dans ce
scénario, la "chambre du roi" munie d'un coffre aurait alors été
construite pour tromper les curieux et les pilleurs. Le fait que cette pièce
soit très facile d'accès renforce cette hypothèse. C'est pourquoi la
découverte de la grande cavité, rapportée jeudi dans Nature, relance
tous les fantasmes sur la dépouille introuvable du pharaon. La plus grande
salle de la pyramide. Le "big void" (le grand vide), découvert
récemment par les chercheurs, fait au moins 30 mètres de long et
ressemblerait à la grande galerie qui mène à la "chambre du roi".
Ses dimensions en font désormais la plus grande salle connue de la pyramide,
au cœur même du monument. Les
muons à la rescousse. La cavité a
été détectée grâce à l'utilisation de muons, en provenance de l'espace et qui
traversent en continue la Terre. Ces électrons ont la particularité de
pouvoir avancer sur plusieurs centaines de mètres de roches. Mais s'ils
rencontrent un vide, ils y sont absorbés. Grâce à des détecteurs de muons,
des physiciens ont ainsi pu enregistrer une concentration très élevée de ces
électrons, indiquant la présence d'une cavité de grande taille. Une
chambre funéraire, un espace de stockage ? Si les dimensions de la
cavité ont pu être mesurées, les scientifiques n'ont aucune idée à quoi elle
ressemble et donc à quoi elle a pu servir. Il pourrait s'agir d'une simple
galerie ou alors d'une enfilade de pièces. Il existe cependant déjà plusieurs
hypothèses : une chambre funéraire, une salle à fonction technique uniquement
utilisée pour stocker ou monter des blocs de pierre, des salles contenant du
mobilier funéraire ou encore un dispositif antisismique à une époque où de
nombreux séismes avaient lieu dans la région. |
99 rÉponses sur la grÈce antique |
Georges gensane |
Edition CDDP |
1994 |
La
vie à la ville et à la campagne, la vie des femmes, des enfants et des jeunes
gens, la place des citoyens, des esclaves, des métèques dans la cité, le
mariage et la famille, l’éducation, les exercices du corps, les occupations,
travaux et métiers, les plaisirs de la table, les soins du corps, les
spectacles et les jeux, la vie religieuse, politique et économique, sociale
et intellectuelle, artistique et technique, les mythes et les croyances, tels
sont les multiples aspects que ce jeu de 99 questions et réponses se propose
d’aborder à propos de la civilisation la plus brillante que le monde ait
jamais connue. |
99 rÉponses sur l’Égypte antique |
Régine salvat |
Edition
CDDP |
1994 |
L’Égypte
antique est, pour le voyageur, source continue d’émerveillement et, pour
celui qui la découvre à travers images, légendes, textes littéraires et
historiques, génératrice de rêves.
|
19 S
SANCTUAIRES
D’ORIENT
–Egypte - Grèce – Palestine |
Edouard SCHURE |
Edition
PERRIN |
1953 |
||
L’inscription
contient le récit de vingt guérisons ou plutôt de vingt miracles, car suivant
la juste remarque de l’éditeur, il n’est nulle part question de remèdes
pharmaceutiques, mais seulement de visions et de songes. » En
feignant d’hésiter entre les termes « miracle » et
« guérison » pour qualifier les faits consignés sur les stèles
découvertes à Épidaure, on donnait le signal du tournant que l’étude de
l’activité des sanctuaires asclépieiens pouvait prendre : le champ de
l’histoire de la médecine semblait devoir être abandonné, ce qui supposait
l’ouverture vers d’autres champs disciplinaires dans lequel l’histoire des
religions semblait devoir s’imposer. C’est ce tournant qu’il convient
d’interroger en suivant le fil des principales parutions sur la question de
la guérison dans les sanctuaires du monde grec qui a servi de référence
sur l’histoire du culte d’Asklépios dans le monde grec. Faire
entrer l’activité des sanctuaires guérisseurs dans le champ de l’histoire de
la médecine était d’abord une manière d’éloigner le « fantôme du
diable » qui planait Dans cette dissertation publiée en 1659,
H. Meibom, en effet, ne voyait dans les guérisons que l’effet de
l’action du diable, habitant selon lui les « démons païens », et il
rejetait toute intervention d’une forme de médecine rationnelle ; il
établissait alors une continuité entre les dieux « païens » et les
saints catholiques dont l’action, écrivait-il, ne faisait que prolonger la
supercherie des démons païens. C’est
dans la deuxième moitié du xviiie siècle,
alors que se constituait le champ disciplinaire des sciences naturelles, que
l’on a vu s’affirmer la conviction que les hommes seuls intervenaient dans le
traitement des maladies. L’approche de la question des guérisons dans les
sanctuaires de l’Antiquité grecque prenait alors une nouvelle
orientation : il s’agissait désormais de trouver une cause aux guérisons
en se fondant sur l’observation de la procédure suivie au cours du rite de
l’incubation. Dans ce contexte, les théories de Franz Messmer sur le
magnétisme animal et sur ses liens avec le somnambulisme allaient exercer une
influence déterminante. |
SCHWALLER - A.O.R. R.A.SCHWALLER
DE LUBICZ. SA VIE SON OEUVRE |
ISHA
SCHWALLER. DE LUBICZ |
Edition La Colombe |
1963 |
A.O.R.
est le nom mystique de ce maître
spirituel qui recherchait en permanence la lumière et sût Après avoir
reçu une formation de chimiste à l’école supérieure de Paris, il y obtient
ainsi son brevet d'ingénieur chimiste (comme indiqué sur le renouvellement de
son passeport français en 1919) et peut enseigner cette matière scientifique.
Entre 1907 et 1910, René Schwaller, qui a déménagé à la Villa Hiéra de Saint
Rémy de Provence, près de Paris, participe aux cours du peintre Matisse,
avant de s'attacher dès 1913 au mouvement théosophique français, dont Annie Besant
parrainera les débuts, dans les nouveaux locaux aménagés dès 1912 au Square
Rapp. René Schwaller sera l'un des plus fidèles rédacteurs du journal Le
Théosophe (1909-1917) où il s'occupera de la rubrique des sciences
expérimentales, journal dirigé alors par Liévin Revel, puis par son fils
Gaston (1880-1939). En compagnie de Carlos Larronde (1888-1940) et de René
Bruyès (1886-1969) entre autres, il orchestrera aussi le mouvement des
Veilleurs, qui sauveront de la destruction en 1919 la Maison Balzac de Passy,
dans le VIe
arrondissement de Paris ; maison devenue aujourd'hui le Musée Balzac de
la rue Raynouard. L'organe de presse du mouvement des Veilleurs sera le
journal L'Affranchi (1917-1919). Ce dernier prendra la défense des
artistes et des écrivains, juste après la Grande Guerre, sous la bannière de
La Corporation des Artistes réunis en Congrès le 16 octobre 1920. René
Schwaller qui prendra bientôt le nomen mysticum d'Aor plaidera pour
une ascèse spirituelle en matière d'artisanat, « geste » qui se traduira
par l'anonymat d'une retraite dans un phalanstère en Haute-Engadine (Suisse),
entre 1922 et 1928. Ce centre de recherches qui rappellerait selon René
Guénon (Le Théosophisme, Éditions Véga, 1930) le Goethéanum de Rudolf
Steiner à Dornach, sera surnommé « Station scientifique de
Suhalia » et financé par le mécène et théosophe de Caen, Louis Allain
guillaume (1878-1946). Suhalia, à plus de deux mille mètres d'altitude, sur
la colline de Suvretta, près de Saint-Moritz, développera de multiples
disciplines (astronomie, tissage, production de vitraux, pharmacopée
homéopathique, théâtre idéaliste, jeux de rôles, tarot égyptien, etc.), mais
aussi des projets d'ingénierie avec plusieurs inventions dans le domaine
automobile (dont un nouveau moteur polycarburant, Magic, licence M), et
d'aéronavale (avec un nouveau modèle d'hélice, brevet allemand n.13632). Sortira de
cette expérience personnelle très éclectique, à la fois pratique et théorique
du maître à penser, une quête du geste essentiel et des lois fondamentales
qui gouvernent les forces naturelles, mais aussi une vision initiatique et
utopique du surhomme dans un sens nietzschéen. Ces premiers ferments ainsi
formulés d'une possible transmutation spirituelle de l'individu et la foi en
cette voie de la perfectibilité humaine (par le biais de ce que le maître
« Aor » nommait « le sens de l'excès »), seront
explicités dans trois ouvrages controversés : L'Appel du Feu
(1925) ; Adam L'Homme Rouge (1927) et La Doctrine
(1928) ; l'avant dernier ouvrage ayant influencé la quête d'André Breton
(1896-1966) concernant la thématique du couple, de l'amour et d'une fusion
alchimique possible entre l'homme et la femme, thématique principale de l'Ars
Regia. S'installant par la suite à Grasse, dans les Alpes de Haute Provence dès 1932, René Schwaller reviendra à une recherche moins extérieure. Il naviguera en Méditerranée jusqu'en 1937, sur deux yachts ( Peau Brune et L'Aésios II), aux sources de la pensée hermétique des Anciens, de l'Algérie à la Grèce, en passant par une longue halte à Majorque dans le monastère où vécu l'auteur de l'Ars Brevis, Raymond Lulle (1232-1315). Il obtient bientôt pour lui et sa famille un visa pour l’Égypte du roi Farouk, juste avant la seconde guerre mondiale. En villégiature au Winter Palace de Louxor, en Haute Egypte, René Schwaller y reste jusqu'en 1951. Grâce au Groupe de Louxor (1943-1951) qu'il anime alors par des conférences, avec les contributions respectives de ses collaborateurs, parmi eux, d'anciens égyptologues de l’institut français d’archéologie orientale, tels qu'’Alexandre Varille, (1909-1951) ou Clément Robichon (1904-2002), il apporte de nouvelles notions fondamentales ayant trait aux arcanes des maîtres d’œuvre de l'Égypte antique où Pythagore vint puiser une partie de son savoir mathématique. Il s'agira pour René Schwaller et son équipe de produire une série d'invariants cabalistiques issus des temples égyptiens dans le domaine sulfureux de l'égyptologie symboliste et cabalistique (« transparence » des colonnes aux hiéroglyphiques incurvés; réemplois symboliques des tessons; pavements illustrés de certains temples, sous la forme de mosaïques etc.) ; toutes ces découvertes étant encore sujettes à caution parmi les égyptologues contemporains. La prise de position par Jean Cocteau dans son Journal d'une tournée théâtrale, Maalesh (Gallimard, 1949) en faveur de l'égyptologie symboliste, contre l'égyptologie classique, couronnera d'une brève actualité, plus littéraire que scientifique, les efforts du Groupe de Louxor pour faire passer leurs idées dans le grand public. Installé
définitivement au Mas de Cougagno, près de Grasse, dès 1952 et jusqu'à sa
mort, René Schwaller y tentera de parfaire, entouré de sa femme, de son
gendre (Jean Lamy) et de sa belle-fille (Lucie Lamy), sa quête spirituelle.
Il participera dans les années 1950 aux premiers congrès de l'Association
pour l’Étude Scientifique du Symbolisme, fondée à Genève par le docteur Moïse
Engelson. René Schwaller ayant à nouveau rassemblé autour de lui, depuis son
retour en France, quelques disciples, dont Pierre Mariel (1900 -1980) ;
Mounir Hafez (1911 -1998) ; Arpag Mekitharian (1911-2004) ou encore
l'ancien gardien de la Vallée des Rois, Alexandre Stoppelaere, il crée le
Groupe Ta-Meri (1954 -1956). La culture profondément philosophique
de René Schwaller restera marquée par la pensée des alchimistes allemands du
15e et 16e. Il ne faut pas négliger aussi sa
contribution dans l'entretien du mythe de l'Adepte Fulcanelli par le biais de
ses relations aujourd'hui avérées avec Julien Champagne (1877-1932) en
matière d'alchimie. René Schwaller relèvera constamment dans ses écrits et
ses conférences, l'influence d'une autre mentalité (celle des Anciens) qu'il
faudrait pouvoir réveiller à l'orée du 21e siècle; mentalité plus
intuitive, plus synthétique et moins discursive. C'est ce qu'il nommera toute
sa vie « l'intelligence du cœur » — nouvelle forme d'intelligence
entée essentiellement sur le courant de pensée traditionnelle, celui du
pythagorisme primitif, cher au mouvement originel de la franc-maçonnerie. La
doctrine hermétique schwallérienne (influencée également par Paracelse) sera
celle dite « de l'anthropocosme » ayant pour base éducative la
symbolique et ses « signatures naturelles ». Il s'agira pour René
Schwaller de Lubicz d'un retour à une pensée initiatique mise sous le
boisseau tout au long des siècles par une lignée d'Adeptes proches du
mouvement initiatique des Templiers, pourchassés par l'épiscopat romain.
L'œuvre maîtresse de René Schwaller de Lubicz demeurera Le Temple de
l'Homme (3 vol.) où l'auteur aura su révéler l'amplitude de sa doctrine
anthropocosmique sur un plan philosophique, mais aussi par de savantes
démonstrations mathématiques liées au nombre d'Or, avec la thèse d'une Égypte
antique s'enracinant dans un mysticisme théocratique basé sur une géométrie
sacrée. |
SCHWALLER - A.O.R.
L’APPEL DU FEU |
R.A. SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
AQUARIUS |
2000 |
||
Peu de renseignements sur sa
vie : ni autobiographie, ni journal personnel, peu de témoignages, si ce ne
sont les travaux de sa femme, les informations confiées par sa fille, qui ont
cependant permis de retrouver les différentes étapes de son parcours. René Schwaller (1887/1961),
est le fils d’un chimiste suisse et d’une mère française. Il vécut à Strasbourg,
ébaucha à 7 ans une théorie sur l’existence de Dieu, s’interrogea sur
l’origine de la matière à 14 ans. A 17 ans, après la défaite de 1870,
(l’Alsace étant devenue province allemande), il rejoint Paris, marchant jour
et nuit, sans papiers et sans argent et apprend la vie de bohême ;
l’indépendance. C’est alors qu’il ressent le souci de mettre en conformité
ses idées et sa conduite avec, à la fois, volonté et sérénité dans sa
détermination. Les milieux littéraires, artistiques, les cercles philosophiques,
les cafés où l’on rencontre Matisse, Debussy, Bergson…l’attirent. Les poètes
symbolistes l’amènent à reconnaître la valeur de « l’émotion première »,
repoussant ainsi au second plan la recherche rationnelle. Dès 23 ans, les
expériences alchimiques n’ont aucun secret pour lui, ayant adhéré à la
société théosophique. Tout en gardant une reconnaissance infinie à ce
mouvement, René Schwaller n’adhère pas entièrement à leur « doctrine secrète » et
décide de parcourir son propre chemin. Ses fréquentations l’ont amené à contester la valeur morale de la science, source de profit, devenue inhumaine, annonçant la destruction future de l’homme. En correspondance, il pense que la gratuité de l’acte, le désintéressement, la noblesse de l’idée, la conformité de la parole et de l’action, tracent son nouveau chemin spirituel vers l’Universel et vont conduire le monde vers une mutation. La publication de son livre « l’étude des nombres », réunit autour de lui les « Veilleurs ». Ces chercheurs enthousiastes désirent « vivre pour se dépasser » et proclament la noblesse du travail. Parmi les 12 veilleurs, un noble de la chevalerie Lithuanienne, Milosz de Lubicz, institue « la noblesse des actes et des œuvres » à la place de la « noblesse héréditaire ». Une cérémonie, précédée par une journée de jeûne et de veille, permet à Schwaller d’ajouter un second nom spirituel à celui qu’il avait déjà adopté : AOR
Après quelques années passées
au Plan de Grasse, le couple traverse la Méditerranée sur un voilier, afin de
poser le pied sur cette terre d’Egypte, racine secrète, à l’origine de tout
humanisme dans le monde (car, en effet, n’a-t-on pas prouvé que le
christianisme et les textes de la Kabbale s’en inspirèrent du fait que
l’alphabet hébreu était issu de l’écriture hiéroglyphique ?) Premier
thème, Loi dite de Genèse : présente, au cœur de toute l’œuvre de Schwaller
de Lubicz. L’étude sur les nombres
l’amena, dit-il, à « dégager
la vérité du chaos ». En partant des phénomènes cosmiques, il
trouve la loi fondamentale de l’Univers, celle qui fixa les proportions
suivant le nombre d’OR, qui indiqua, d’après lui, la place de chacune des
pierres d’un monument Egyptien, et qui dévoila la date des constructions.
Schwaller s’aperçoit que cette loi avait une portée universelle, s’adressant
à toute chose, dans tous les domaines. Il prend alors en compte l’origine où
tout concourt, l’existence d’un centre primordial, le « UN ». Cette vision du
monde qu’il considère comme un Tout Unique, n’existant que par son Ensemble,
ce nouveau regard, amène AOR à aborder l’étude de l’homme et auparavant
l’étude de toute vie (mot pris dans son sens philosophique). Vie des animaux,
des plantes, des minéraux, certes, mais vie en tant que « phénomène vital ». Il nous dit : la vie, toute
vie, est en création constante et la cause de ce phénomène semble résider
dans la scission de l’ «
unité ». Il s’agit de la scission de la matière mais aussi celle
de l’esprit créée par le Fiat Lux, la lumière. Cette création en continuité
n’a plus de durée car toujours renouvelée et on peut alors comprendre
l’expression : « le temps
n’existe plus ». On pensait qu’il y avait un commencement, une
fin, mais il s’agit d’un commencement et d’une fin à chaque instant et, ceci,
dans l’éternité. Cette création hors du temps,
Schwaller l’appelle : loi de Genèse. Elle permet de penser que l’homme se
crée et se transforme indéfiniment et sa vie est un éternel présent. Cette
loi ne semble pas expliquer cependant l’existence du « UN », du premier homme, de
la première vie sur terre, sauf s’il possède en lui toute la Connaissance !
Et l’auteur parle alors d’un homme « Dieu
du Temps de la Genèse ». Quel est son langage ? C’est celui
inscrit sur les pyramides, les tombeaux, ce langage mystérieux : hiéroglyphes
constitués de dessins animaliers, de signes géométriques déchiffrables
seulement par les Maîtres, les Initiés de l’époque antique dont la
connaissance dépassait les « mesures
cosmiques ». Qu’est devenu cet homme
maintenant, dans ce que l’on dit être une période historique ? Dans ce monde
moderne, on ne peut plus entendre la véritable harmonie universelle. Tels les
habitants de la Tour de Babel, nous n’entendons plus le langage sacré, nous
n’entendons même plus nos propres langages devenus disparates et étrangers
d’un être à l’autre. Schwaller s’exprime : « la fleur des champs a son langage, tout comme l’oiseau
dans la forêt, mais ces langages ne répondent plus au désir immense de la vie
car il faudrait que le soleil leur rende la lumière universelle
». L’homme d’aujourd’hui s’est laissé envahir. Il a, dans sa chute, subi le
phénomène de scission dont nous avons parlé, et s’est constitué d’une partie
matière et d’une partie subtile. Les Egyptiens avaient compris l’existence de
cette dualité humaine et la nommait BA et KA ; le BA : le subtil et le KA :
la matière. L’homme moderne n’accepte pas
cette chute, le regret profond qui l’habite explique ses efforts pour
retrouver son ancienne condition. Ainsi, le BA modifie le KA avec des
alternatives de conquêtes et d’échecs : c’est la véritable Roue de la
Destinée chère aux Indous et aux Egyptiens, idée à laquelle s’associe AOR
dans son œuvre ultime « l’appel
du Feu ». Mais l’homme peut-il devenir un Temple ? Un Etre
totalement spirituel, planétaire et conscient, Etre auquel nous tendons sans
toutefois penser que nos efforts seront couronnés de lauriers ! Une double interrogation
habita l’auteur durant toute son existence. Quel fut l’homme de la création ?
Nous venons d’en dresser le portrait. Comment construire la société de demain
? Ce deuxième thème de son œuvre nous donne, sinon la réponse, du moins une
orientation. Deuxième
thème : l’intelligence du cœur C’est une expression empruntée
aux anciens d’Egypte. Il s’agit de l’éveil du Principe Originel qui sommeille
en nous. La Connaissance, que nous avons détenue dans les temps primordiaux,
reste à l’état latent, elle a imprégnée notre mémoire primitive et nous en
gardons encore le reflet, (telle la lune, reflet des rayons solaires). Or,
les secrets de la science cachée ne peuvent être pénétrés que par un moyen de
même nature. La connaissance du Sacré relevant essentiellement du domaine de
l’âme, ne peut donc être redécouverte par l’intelligence cérébrale, sous
peine de trahir la vérité, mais par une intelligence supérieure. L’initié qui parcourait son
chemin de conscience avec la raison de l’esprit saura, au moment des étapes
où l’âme s’illumine, laisser libre cours à sa propre lumière du cœur. Ainsi,
Schwaller de Lubicz distingue l’intelligence cérébrale dont nous parlons
communément et une intelligence intuitive qui se confond dans tout ce qui vit
dans l’univers qui y participe, entraîne l’adhésion mentale touchée par la
lumière. C’est un état intermédiaire
qui se confond avec les êtres et les choses pour les connaître dans leur
réalité, leur intimité. AOR nous dit dans son livre « L’Appel du Feu » : « Ecoutes ! et pour entendre, deviens
Oreille…quand tu seras oreille je te dirai l’histoire des choses
créées…Regardes ! et pour voir, deviens œil et pensée…et tu connaitras
l’origine des choses créées ». Pour l’auteur, l’ésotérisme n’est
pas un sens caché dans un livre mais un état de « confondement » entre l’état vital du lecteur
et l’état vital du lecteur. Ces deux ressentis différents pourront faire
entendre des sons différents. Ainsi naîtra une résonance nouvelle. L’homme
possède en lui le « Don
» d’évoquer toutes ses harmoniques, de libérer de multiples réactions
émotives afin d’atteindre son confondement avec le « Tout ». Il accomplit
ainsi une deuxième naissance, son deuxième passage dans la caverne et accède
à la raison universelle, hors de l’intelligence. Cette raison universelle est
attirée par un point central où tout aboutit : l’Eternité. C’est là que se
trouve la noblesse du cœur, de l’acte gratuit, là où se tiennent les notions
de : Beauté, Foi, Sacrifice, Pardon…et cette intelligence du cœur nous permet
d’être la chose en la chose, de croître avec la plante, de voler avec
l’oiseau. Troisième thème essentiel : le symbolisme, l’Alchimie du cœur Je cite : « il ne t’est pas permis de garder pour
toi ce que tu apprendras, tu devras le transmettre, le dire et l’écrire, non
pour te faire plaisir, mais pour l’Eternel ». il fallait donc que
l’intelligence du cœur ait son propre langage ! Comment communiquer la pensée
abstraite, l’indicible, si ce n’est par le symbolisme, langue de la
métaphysique par excellence reliée à un archétype qui exprime un moment
vital. Schwaller nous a laissé un ouvrage monumental « le Temple de l’homme »
dans lequel il dévoile la signification des symboles du Temple de Louxor : « le Temple couvert ». Devenu le terreau de la
Tradition ésotérique occidentale, le symbolisme égyptien nous parle encore
aujourd’hui de ses mystères. L’auteur consacra 12 ans de sa vie, 12 ans de
fouilles parmi les sables du désert, 12 ans de méditation pour trouver la
signification des signes sculptés sur la pierre ou tracés sur les papyrus.
Avec lui nous découvrons que l’homme n’est pas dans la nature mais que c’est
la nature qui participe de lui. Bases vivantes de pierres, les grandes
pyramides de Guizèh reposaient leurs pieds sur terre, pierres sculptées,
langage caché, pierres gravées, pierre de notre Secrétaire du Temple au 4ème
degré ! Ces signes gravés ou tracés sur les papyrus sont restés longtemps incompris
et ce sont les travaux d’AOR, menés sans relâche, qui dévoilent leur
signification profonde. Cette écriture symbolique, écriture sacrée
hiéroglyphique, accessible aux initiés, permet à l’homme de connaître sa
nature, elle l’emmène dans la caverne, dans les cryptes des temples, des
tombeaux où tout est écrit sur les murs, les plafonds. Ainsi, Schwaller nous montre
la configuration du temple de Karnak représentant le dessin du squelette de
l’homme debout et renfermant les principaux organes du corps humain. Les
principaux âges de l’humanité peuvent être retrouvés également dans
l’ordonnancement des bâtiments édifiés par les pharaons successifs. La tête
humaine privée de la calotte crânienne représente l’homme Adamique. AOR nous
en donne l’explication grâce à son sens aigu du symbole. C’est aussi par l’école de la
nature que les portes de la connaissance vont s’ouvrir dans un récit que nous
devons à Isha : « Herbac
Pois-Chiche ». Cette œuvre proche du roman est entièrement
inspirée de la philosophie de Schwaller, son époux. Nous assistons à l’éveil
de conscience de l’enfant, sa montée vers le Temple, sa découverte des
symboles, des Neters. Il va apprendre à lire l’image, le langage abstrait des
hiéroglyphes, à distinguer la sculpture en creux (entrée dans la matière) du
relief qui en est la sortie, il va savoir que la main gauche donne, la droite
reçoit, que le pied en avant indique l’action que l’on va accomplir et non la
marche. Les travaux de Schwaller qui s’appuient sur ses relevés d’une minutie
jamais atteinte, lui ont permis de vivre entièrement le symbolisme de
l’Egypte et l’auteur a rempli le contrat qu’il s’était imposé : partager ses
connaissances, donner aux initiés les conclusions de tous ses travaux afin de
leur communiquer son admiration pour la symbolique. Ce travail n’est qu’un faible
aperçu, un coin de ciel levé sur la vie et l’œuvre d’un contemporain qui a
pénétré au cœur des croyances égyptiennes, qui les a dépassées par le fait
qu’il étudie à la fois l’homme de la Genèse et l’homme moderne. Touchant du
doigt sa propre essence, il a disparu, heureux et confiant dans l’avenir de
l’humanité. AOR a su construire avec cohérence une philosophie généreuse
donnant prépondérance à la vie du cœur. Il allie rigueur de la pensée avec
ouverture de l’intuition. Ce fabuleux chercheur de lumière semble pouvoir
rejoindre l’ensemble des Grands Initiés, soucieux du devenir de l’homme,
conscient de son devoir de transmission et, en cela, il me semble proche de
la recherche et de l’idéal maçonnique |
|||||
SCHWALLER DE
LUBICZ - la vie
& l’œuvre de renÉ schwaller de lubicz |
érik sablḖ |
Edition
DERVY |
2003 |
||
Dans
une deuxième partie, l’auteur donne une synthèse de la pensée de René
Schwaller de Lubicz à travers les trois thèmes principaux autour desquels
s’articule sa doctrine : l’intelligence du cœur, le symbolisme et la loi de
genèse. Enfin, il expose de manière précise les polémiques que provoqua
l’œuvre de Schwaller de Lubicz avec certains tenants de l’égyptologie
officielle. Sa vie de bohème lui permis la rencontre de Debussy Edmond Bailly,
Satie et Julien de Champagne.
C’est cependant ses rencontres avec Henri Cotton
Alvart, Milosz, Louis Alain Guillaume, Pierre
Loti et Camille Flammarion qui allaient
participer à son envol. Avec eux il créa le groupe des Veilleurs, société
initiatique composé de 12 frères. Le groupe se développa autour de nombreuses
activités notamment artisanales, culturelles et philosophiques. Les
Veilleurs voulaient affirmer
la noblesse du travail manuel et la nécessité d'une véritable hiérarchie, et
ceci dans l'indépendance de tout parti. Ils avaient leurs propres ateliers,
costumes, journal et voulaient repenser les structures sociales. La devise de
leur journal était: Hiérarchie - Liberté - Fraternité. Mais l'ordre possédait
aussi un aspect plus ésotérique, plus secret : les Frères de l'Ordre Mystique
de la Résurrection, qui se réunissait en robe blanche, l'épée au côté, la
tête couronnée d'or. Ils pratiquaient une sorte de culte du Feu. Parmi
eux le poète Milosz qui lui a transmis le nom de sa famille Lubicz. Il le fit
rituellement, dans l'esprit chevaleresque qui les animait mutuellement. Schwaller partit avec sa famille et quelques amis
s'installer à Saint Moritz en Suisse où fut fondée la station scientifique
Suhalia, une petite communauté
consacrée au travail artisanal, à la recherche scientifique et la quête
spirituelle. Suhalia possédait observatoire, laboratoires et ateliers et
connaîtra des disciples. C'est aussi en Suisse que Schwaller-Aor et son ami Carlos Larronde réussirent
à retrouver les procédés alchimiques pour obtenir les bleus et les rouges.
Toujours fidèle à sa démarche, Schwaller recherche d'abord les principes, les
causes puis les applique à des domaines bien concrets. Schwaller posa les
bases d'une autre science qui ne se fonde plus sur l'expérimentation pour en
tirer des théories, mais qui part, au contraire, de la connaissance de"
la Loi d'Harmonie". Cette loi d'harmonie est ce qu'il appelle la loi de
genèse et elle se trouve au coeur de toute son oeuvre. Il a la vision du
monde des causes et ne fait qu'appliquer cette "vision" aux
différents domaines de la connaissance. C'est grâce à cette lumière que Schwaller
décryptera les textes hermétiques ou bien les symboles de l'ancienne
civilisation égyptienne ou encore les lois de la nature. Selon René
Schwaller de Lubicz l'expression de l'ésotérisme occidental est la
continuation du grand Oeuvre qui s'est joué dans l'Egypte ancienne. La sagesse égyptienne donne les vraies clés
de la genèse des formes de la nature. Et c'est elle aussi qui lui livra les
clés de l'intelligence du coeur. .. Le terme "Intelligence du Coeur " qu’affectionnait
Schwaller est issu des anciens égyptiens pour désigner cet autre aspect dans
l'homme qui nous permet de pénétrer au-delà de notre limitation animale et en
vérité fait la caractéristique de l'homme humain pour aller vers l'Homme
Divin ; c'est-à-dire l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout
être humain animé. Dès lors, l'Esotérisme, ne peut pas être écrit, ni dit, ni
par conséquent être trahi. C'est ce que pense et dit Schwaller. Il faut être
préparé pour le saisir, le voir, l'entendre, à votre choix. Cette
préparation n'est pas un Savoir, mais un Pouvoir et ne peut s'acquérir
finalement que par l'effort de la personne elle-même par un combat contre ses
obstacles et une victoire sur sa nature animale humaine. Il y a une Science
Sacrée et depuis des millénaires, d'innombrables curieux ont, en vain,
cherchés à en pénétrer les secrets. L'outil doit être de la nature de la
chose qu'il veut travailler. On ne trouve l'Esprit qu'avec l'Esprit, et
l'Esotérisme est l'aspect spirituel du monde inaccessible à l'intelligence
cérébrale. L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir
le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé à des étapes
d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira directement
l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui.
L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Coeur" : La Raison est
née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence
cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est l'Intelligence de
l'univers. L'intelligence du cœur Hib est au-delà de la raison. Pour Schwaller, la véritable connaissance est
issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme
second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle
n'est qu'un reflet de sa lumière L'intelligence du coeur a son langage et ce
langage est le symbolisme. Le symbole évoque une réalité qui n'est pas
présente donc pas objective. Ce symbole est vie, il est mouvement de la
conscience. Mais il est plus encore : il exprime un moment vital éternel. Il
se relie à une idée, un archétype qui préside au développement des formes. Le
symbolisme livre le sens. Pour Schwaller, tout est symbole et ce qui lui
permit d'atteindre à cette profondeur des mystères et des choses. Ces
symboles, le sens, le monde des archétypes et les clés de l'homme, il les
étudie dans l'univers égyptien et plus précisément dans le temple de Louxor
12 années de recherche, d'analyse et de méditation au cours desquelles il va
pénétrer totalement avec son épouse Isha
la pensée Egyptienne. René Schwaller,
Aor (nom ésotérique) développa la notion d'anthropocosme qui
signifie que la nature est le reflet de l'homme. L'homme synthétise toutes
les formes, toutes les espèces minérales, végétales, animales en lui-même. Sa
grande idée est que l'homme n'est pas seulement à la fin mais aussi à
l'origine de l'évolution. Il montre ainsi comment chaque règne de la nature
est l'expression d'un organe de cet homme cosmique. Et l'univers entier
résume toutes ses phases, ses moments, ses aspects. Aor est disparu le 7 décembre 1971. |
SCHWALLER DE LUBICZ - le
temple dE l’homme -
2 TOMES - |
R.A.
schWaller de lubicz |
Edition
DERVY |
1993 |
Cet
ouvrage, écrit après une dizaine d’années de recherches au temple de Louxor,
présente un cas indiscutable de la directive symbolique appliquée à
l’architecture d’un des plus célèbres sanctuaires de l’Égypte pharaonique.
Basé sur des relevés d’une minutie jamais atteinte auparavant dans la
pratique archéologique, le livre de R.A. Schwaller de Lubicz analyse les
agrandissements successifs du temple de Louxor, en les mettant en rapport
avec les différents âges de l’homme. Œuvre
maîtresse et monumentale de l’auteur. 2 Tomes de 750 pages chacun abondamment
illustré. L'auteur
souligne l'influence du sacré dans l'architecture égyptienne et pense avoir
redécouvert un système de pensée mis en oeuvre tout au long des siècles par
un clergé puissant. Son oeuvre maîtresse est Le Temple de l'Homme où il
développe en détail, par des calculs complexes, l'idée d'une Egypte antique
s'enracinant dans un mysticisme basé sur les nombres et la géométrie. Cet
ouvrage, écrit après dix ans de recherches au Temple de Luxor, présente un
cas indiscutable de la directive symbolique appliquée à l'architecture d'un
des plus célèbres sanctuaires de l'Egypte pharaonique. Basé sur des relevés
d'une grande minutie jamais atteinte auparavant dans la pratique
archéologique, le livre de Schwaller de Lubicz analyse les agrandissements
successifs du Temple de Luxor en les mettant en rapport avec les différents
âges de l'homme. Le
temple entier apparaît alors comme l'image de l'homme Microcosme,
c'est-à-dire comme la projection morphologique des principes cosmiques situés
fonctionnellement dans les différents lieux du ciel. La lecture de ce livre
s'impose à tous ceux qui s'intéressent aux connaissances géodésiques,
astronomiques et physiologiques de l'Antiquité. René Schwaller qui prendra
bientôt le nomen mysticum d’Aor plaidera pour une ascèse spirituelle en
matière d’artisanat, « geste » qui se traduira par l’anonymat d’une retraite
dans un phalanstère en Haute-Engadine (Suisse), entre 1922 et 1928. Ce centre
de recherches qui rappellerait selon René Guénon le Goethéanum de Rudolf
Steiner à Dornach, sera surnommé « Station scientifique de Suhalia » et
financé par le mécène et théosophe de Caen, Louis Allainguillaume (1878-1946).
Suhalia, à plus de deux mille mètres d’altitude, sur la colline de Suvretta,
près de Saint-Moritz, développera de multiples disciplines (astronomie,
tissage, production de vitraux, pharmacopée homéopathique, théâtre idéaliste,
jeux de rôles, tarot égyptien, etc.), mais aussi des projets d’ingénierie
avec plusieurs inventions dans le domaine automobile (dont un nouveau moteur
polycarburant, Magic, licence M), et d’aéronavale (avec un nouveau modèle
d’hélice, brevet allemand n.13632). Sortira
de cette expérience personnelle très éclectique, à la fois pratique et
théorique du maître à penser, une quête du geste essentiel et des lois
fondamentales qui gouvernent les forces naturelles, mais aussi une vision
initiatique et utopique du surhomme dans un sens nietzschéen. Ces premiers
ferments ainsi formulés d’une possible transmutation spirituelle de
l’individu et la foi en cette voie de la perfectibilité humaine (par le biais
de ce que le maître « Aor » nommait « le sens de l’excès »), seront explicités
dans trois ouvrages controversés : L’Appel du Feu (1925) ; Adam L’Homme Rouge
(1927) et La Doctrine (1928) ; l’avant dernier ouvrage ayant influencé la
quête d’André Breton (1896-1966) concernant la thématique du couple, de
l’amour et d’une fusion alchimique possible entre l’homme et la femme,
thématique principale de l’Ars Regia. S’installant
par la suite à Grasse, dans les Alpes de Haute Provence dès 1932, René
Schwaller reviendra à une recherche moins extérieure. Il naviguera en
Méditerranée jusqu’en 1937, sur deux yachts (Peau Brune et L’Aésios II), aux
sources de la pensée hermétique des Anciens, de l’Algérie à la Grèce, en
passant par une longue halte à Majorque dans le monastère où vécu l’auteur de
l’Ars Brevis, Raymond Lulle (1232-1315). Il obtient bientôt pour lui et sa
famille un visa pour l’Égypte du roi Farouk, juste avant la seconde guerre
mondiale. En villégiature au Winter Palace de Louxor, en Haute-Égypte, René
Schwaller y reste jusqu’en 1951. Grâce au Groupe de Louxor (1943-1951) qu’il
anime alors par des conférences, avec les contributions respectives de ses
collaborateurs, parmi eux, d’anciens égyptologues de l’I.F.A.O., tels
qu’Alexandre Varille (1909-1951) ou encore Clément Robichon (1904-2002), il
apporte de nouvelles notions fondamentales ayant trait aux arcanes des
maîtres d’œuvre de l’Égypte antique où Pythagore vînt puiser une partie de
son savoir mathématique. Il s’agira pour René Schwaller et son équipe de
produire une série d’invariants cabalistiques issus des temples égyptiens
dans le domaine sulfureux de l’égyptologie symboliste et cabalistique («
transparence » des colonnes aux hiéroglyphiques incurvés; réemplois
symboliques des tessons; pavements illustrés de certains temples, sous la
forme de mosaïques etc.) ; toutes ces découvertes étant encore sujettes à
caution parmi les égyptologues contemporains La
prise de position par Jean Cocteau dans son Journal d’une tournée théâtrale,
Maalesh (Gallimard, 1949) en faveur de l’égyptologie symboliste, contre
l’égyptologie classique, couronnera d’une brève actualité, plus littéraire
que scientifique, les efforts du Groupe de Louxor pour faire passer leurs
idées dans le grand public. Installé définitivement au Mas de Cougagno, près
de Grasse, dès 1952 et jusqu’à sa mort, René Schwaller y tentera de parfaire,
entouré de sa femme, de son gendre (Jean Lamy) et de sa belle-fille (Lucie
Lamy), sa quête spirituelle La
culture profondément philosophique de René Schwaller restera marquée par la
pensée des alchimistes allemands du XVe et XVIe siècle. Il ne faut pas
négliger aussi sa contribution dans l’entretien du mythe de l’Adepte
Fulcanelli par le biais de ses relations aujourd’hui avérées avec Julien
Champagne (1877-1932) en matière d’alchimie. René Schwaller relèvera
constamment dans ses écrits et ses conférences, l’influence d’une autre
mentalité (celle des Anciens) qu’il faudrait pouvoir réveiller à l’orée du
XXIe siècle ; mentalité plus intuitive, plus synthétique et moins discursive.
C’est ce qu’il nommera toute sa vie « l’intelligence du cœur » — nouvelle
forme d’intelligence entée essentiellement sur le courant de pensée
traditionnelle, celui du pythagorisme primitif, cher au mouvement originel de
la franc-maçonnerie. La
doctrine hermétique schwallérienne (influencée également par Paracelse) sera
celle dite « de l’anthropocosme » ayant pour base éducative la symbolique et
ses « signatures naturelles ». Il s’agira pour René Schwaller de Lubicz d’un
retour à une pensée initiatique mise sous le boisseau tout au long des
siècles par une lignée d’Adeptes proches du mouvement initiatique des
Templiers, pourchassés par l’épiscopat romain. L’œuvre maîtresse de René
Schwaller de Lubicz demeurera Le Temple de l’Homme (3 vol., éd. Caractère,
Paris, 1957) où l’auteur aura su révéler l’amplitude de sa doctrine
anthropocosmique sur un plan philosophique, mais aussi par de savantes
démonstrations mathématiques liées au nombre d’Or, avec la thèse d’une Égypte
antique s’enracinant dans un mysticisme théocratique basé sur une géométrie
sacrée. |
SCHWALLER DE LUBICZ - LE TEMPLE DANS
L’HOMME. APET DU
SUD A LOUQSOR |
R.A.
SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
DERVY |
2001 |
||
Seul
l'homme a en lui ce Don qui lui permet de se libérer des réactions émotives
égoïstes et d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec
le Tout, l'Amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception.
Ce Don est la Raison qui fait, de l'animal, l'Homme ; et c'est là une 2ème
naissance au Monde, car la nature s'arrête à l'animal, y compris l'animal
humain. C'est un deuxième "Fiat Lux" que celui du baptême de
l'Esprit, la Pentecôte qui donne la "Raison". |
SCHWALLER -
her – bak
- « pois chiche » |
ISHA Schwaller de
lubicz |
Edition
FLAMMARION |
1955 |
Ce
livre s’adresse aussi bien aux égyptologues qu’à tous ceux qui, sans
préparation spéciale, désireraient connaître l’étonnante civilisation
pharaonique. Il est né du désir d’exposer en une synthèse vivante, et sous
une forme facilement accessible à la mentalité occidentale, l’ensemble des
problèmes évoqués par l’antique Égypte. . Le
récit dépeint l’éveil de conscience de l’enfant et sa montée progressive vers
« le Temple », si on conçoit le Temple comme l’édifice total de la
connaissance égyptienne avec sa structure métaphysique, ses applications
pratiques et ses chemins d’accès. C’est la vie d'un jeune garçon de l'Egypte
ancienne, à la manière d'un conte initiatique. « Pois Chiche fait le bilan de
son savoir : "J'ai connu le fleuve, j’ai cultivé la terre, j'ai observé
quelques bêtes... pas assez ! J’ai travaillé la pierre..."Et soudain,
Pois Chiche comprend l'intention de son Maître :"Sans doute il ne s'agit
point de choisir un métier, mais d'apprendre, avec chaque technique, les lois
de la Nature qu’elle peut enseigner ! Voilà qui me plaît davantage ! Allons,
il n'y a pas de temps à perdre !"Or, ayant aperçu l'intendant qui
dormait sous un palmier doum, il le réveilla et lui dit : "Je désire
apprendre à travailler le bois ; conduis-moi. «Sans se déranger, l'intendant
demanda : "Quel bois : les cannes ? Les charpentes ? Les vantaux de
portes ? Les meubles ? Par lequel de ces spécialistes le
'Chéri-de-son-Maître' préfère-t-il être rossé ?- Je ne sais pas encore ; que
chacun d'eux me montre son travail : ensuite je choisirai."» L’auteur analyse l’ouvrage qui dépeint le
chemin progressif de l’enfant Pois Chiche vers le temple, c’est-à-dire
l’édifice de la Connaissance égyptienne. A travers cette histoire c’est en
fait tout l’enseignement des écoles de mystère de l’ancienne Egypte qui est
révélé ! La première partie expose les
difficultés du chemin qui peuvent conduire à adopter des voies sans issues.
De nombreux obstacles s’opposent en effet à l’événement de la conscience et
du discernement, c’est-à-dire à la découverte de soi et l’accès à la
Connaissance. Les uns résident dans les influences extérieures. Mais les
obstacles extérieurs pour redoutables qu’ils soient, ne sont pas les pires.
Le plus grand ennemi de l’homme c’est lui-même (l’égo) et Pois-Chiche ne
faillit pas à la guerre. Ces obstacles peuvent conduire le chercheur à
adopter des voies sans issues : l’illusion et la révolte.
La seconde partie de la monographie
porte sur l’ouverture du chemin. Celle-ci suppose d’abord la connaissance des
lois naturelles en utilisant divers instruments : la nature, les métiers, les
symboles, l’enseignement oral des maîtres. Elle suppose ensuite la
progression sur le chemin, c’est-à-dire une transformation qui ne peut se
faire qu’en franchissant des étapes jalonnées d’épreuves. Au bout des
épreuves le chercheur recevra la révélation de la sagesse : « Le Neter
(Dieu) que tu cherches est en toi ! Tu es son vrai temple. » |
SCHWALLER
- her – bak -
« disciple » |
ISHA Schwaller de
lubicz |
Edition
FLAMMARION |
1956 |
Ce
livre qui est la suite de Her – Bak « pois chiche » s’adresse aussi bien aux
égyptologues qu’à tous ceux qui, sans préparation spéciale, désireraient connaître
l’étonnante civilisation pharaonique. Il
est né du désir d’exposer en une synthèse vivante, et sous une forme
facilement accessible à la mentalité occidentale, l’ensemble des problèmes
évoqués par l’antique Égypte et de la Connaissance impliquée dans son œuvre. Isha Schwaller de Lubicz, épouse du célèbre
R.A. Schwaller de Lubicz, consacra quinze ans de sa vie à la Haute Égypte.
Elle y séjourna, étudia les temples, s'imprégna des symboles et des
hiéroglyphes. Ainsi a-t-elle pu camper un roman extrêmement détaillé qui
relate la vie d'Her-Bak, au cours de la XXe dynastie où le jeune "Pois
Chiche" va être initié à la sagesse des prêtres égyptiens. Dans ce
deuxième volume, on entre dans l'univers de "l'initié". Avec ses
symboles.
|
SCHWALLER -
ADAM, L’HOMME ROUGE OU LES ÉLÉMENTS D’UNE GNOSE POUR LE MARIAGE PARFAIT |
R.A SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
SCHWALLER |
1927 |
||
La longue
introduction d’Emmanuel Dufour-Kowalski, l’un des spécialistes actuels de
l’oeuvre schwallérienne, tente de combler aussi une lacune : celle de sa
véritable réception qui n’a jamais été faite, excepté quelques critiques
éparses dès la diffusion du livre entre 1928 et 1933, à Paris.
La
vision schwallérienne de l’érotique, science sacrée pour l’auteur, qui
s’attaque aux barrières de la sexualité, ne s’arrête pas à la question
purement sexuelle. René Schwaller veut pouvoir élever cette dernière à une
véritable Métaphysique du sexe (c’est le titre d’un ouvrage de Julius
Evola (1898-1974) émule de l’auteur), champs d’expérimentation qui pourrait
offrir des perspectives spirituelles nouvelles. Mais l’érotique dont parle
René Schwaller s’ouvre sur la Magie de l’érotique, cher à Aleister
Crowley (…) et à son phalanstère de Céphalu, c’est là toute l’ambiguïté de
cet ouvrage. Personnage
protéiforme s'il en est, René-Adolphe Schwaller de Lubicz (1887-1961), l'un
des derniers grands occultistes du XXe siècle, a établi sa renommée en marge
de l'histoire des idées. N'ayant pas formé de véritable école, peu enclin à
entretenir l'émulation de ses éventuels thuriféraires, par crainte d'une
déformation de sa doctrine de base, mais ayant pourtant travaillé à sa propre
légende, René Schwaller est resté réfractaire de son vivant à tout texte
biographique le concernant, entretenant au sujet de sa vie et des sources de ses
connaissances un flou artistique qui aura nui à l'établissement d'une
critique solide de son oeuvre. Passé au crible d'un certain regard, d'une
nouvelle approche constructive, la doctrine générale de Schwaller de Lubicz
méritait d'être réhabilitée de manière non exhaustive, mais dans un choix
serré de textes significatifs. Ces textes rares ou inédits, s'échelonnant
sur plus de cinquante ans, ont été pour ainsi dire redimensionnés selon la
tessiture de leur époque respective: la période théosophique, le groupe
apostolique, la conquête mystique et l'emprise symboliste. Quatre facettes
d'une même écriture dans sa continuité renouvelée, par poussées successives,
dont cette âme gothique en quête d'absolu, offrit en son temps l'émanence,
dans le creuset de ses divers exils volontaires, en Suisse, en Méditerranée,
puis en Egypte. |
SCHWALLER DE LUBICZ
- PROPOS SUR ÉSOTÉRISME ET SYMBOLE |
R.A.SCHWALLER
DE LUBICZ |
Edition
DERVY |
1993 |
L’auteur
égyptologue et philosophe célèbre, fut toute sa vie tourné vers la recherche
de la connaissance L'Esotérisme
ne peut être écrit ni dit ni, par conséquent, être trahi. Il faut être
préparé pour le saisir, le voir, l'entendre - à votre choix. Cette
préparation n'est pas un savoir, mais un pouvoir, et ne peut s'acquérir
finalement que par l'effort de la personne elle-même, par un combat contre
ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine. L'initié
véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la
conscience plus rapidement, et l'élève, arrivé à des étapes d'illumination
par sa propre lumière intérieure, lira directement l'ésotérisme de tel
enseignement Eric
Sablé, qui a publié en 2003 le fruit de ses recherches sur Schwaller, donne
trois clés pour comprendre son oeuvre. Ces clés gravitent autour de trois
thèmes essentiels : l'intelligence du cœur,
la loi de genèse et le symbolisme. |
SCHWALLER DE LUBICZ - LE MIRACLE
ḖGYPTIEN |
SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition Flammarion |
2007 |
||
Hormis
cette longue bande de terre cultivable, l'Egypte comporte une chaîne d'oasis
dans le désert occidental, auxquelles il faut ajouter une vaste dépression,
arrosée par une branche naturelle du Nil: le Fayoum, qui s'ouvre au sud-ouest
de cette charnière que constitue, entre la vallée et le delta, le point où se
subdivise le fleuve. D'abord abondantes (paléolithique et début du
néolithique), les pluies se sont lentement amenuisées jusqu'à disparaître.
Cet assèchement progressif qui transforme en désert les régions environnantes
de la vallée va amener au bord du fleuve des populations venant des quatre
horizons: dolichocéphales et brachycéphales, tribus sémitiques, noirs du sud,
méditerranéens et pasteurs sahariens, etc. Très longtemps cette population
mêlée, encore divisée en tribus, vécut sur la frange de la vallée, grâce au
limon déposé par les crues saisonnières. Pour
cultiver cette terre, pour s'établir et non plus se borner à y prélever par
la chasse et la cueillette une subsistance aléatoire, il fallait la
domestiquer. Mais la création de canaux pour le surplus d'eau ou au contraire
pour irriguer les parcelles éloignées du fleuve, la réalisation de levée de
terre et de battues pour maintenir hors d'eau hameaux et villages des
premiers agriculteurs, tout cela nécessite une œuvre collective, une société
hiérarchisée placée sous l'autorité d'un pouvoir central. C'est donc
l'unification de la vallée sous un seul souverain, le Pharaon, qui marque la
véritable naissance de l'Egypte. Tout,
dans la vallée du Nil, est régi par la crue: de la hauteur de la montée des
eaux, dépendait l'importance des récoltes. C'est vers le 15 juin que le Nil
commence à gonfler, et il atteint son maximum en août-septembre. Que l'eau
n'arrose pas les terres éloignées, et la moisson restera médiocre: la famine
menacera le peuple. Qu'elle soit au contraire trop tumultueuse, qu'elle noie
tout et que la violence du courant emporte les digues, et toute l'œuvre
d'aménagement du sol est à reprendre. Mais
le Nil
représente aussi la principale voie de communication. Par le fleuve transitent,
entre la Haute et la Basse Egypte, les denrées comme les matériaux pondéreux,
chargés sur des embarcations de transport. C'est par les canaux que se
meuvent les fellahs et c'est dans le marais que les chasseurs s'en vont pour
tirer le gibier d'eau. C'est à l'aide de bacs que l'on traverse d'une rive à
l'autre: aucun pont ne franchissait le fleuve à l'époque pharaonique. La vie
quotidienne se déroule donc en étroite symbiose avec le fleuve, dont les
flots sont sans cesse sillonnés par des flottilles de toutes sortes. Dans
ce cadre favorable à l'éclosion d'une société agraire puissante va se
développer une des plus grandes civilisations de l'humanité: elle durera 3500
ans de l'aube de l'histoire (apparition de la première écriture) jusqu'à la
fermeture du temple de Philae, en 550 de notre ère. Ce qui frappe durant
cette vaste période, c'est son aspect unitaire, cohérent, original. L'Egypte
de développe comme une île, protégée à l'est comme à l'ouest par l'immensité
des déserts qui l'entourent, telle une mer. Au sommaire de cet ouvrage : Tour de confusion - la maison de vie -
le pont de Sirah - idée et symboles - notions
élémentaires du Nombre comme clef de la connaissance - éléments
et triangles - l’homme et les mesures - harmonies, analogies,
fonctions et facteurs - Cela est ‘’UN’’ et inconnaissable
- les deux intelligences - le mystère de tous les
jours - l’Anthropocosme - de la pensée
pharaonique - croisement - avant de
présenter l’architecture du Temple - Architectonique du
Temple - la royale montée vers le Temple
- le Temple mystique - |
SCHWALLER DE LUBICZ - DU SYMBOLE A
LA SYMBOLIQUE |
Schwaller
de Lubicz |
Edition
Dervy |
2002 |
Malgré
le nombre important de documents mis à jour depuis plus d'un siècle et malgré
l'effort accompli pour pénétrer la pensée de l'Égypte pharaonique, il reste
beaucoup de non-sens dans la traduction des textes, et un mystère complet
subsiste quant à la signification réelle, et au motif, de cette oeuvre
colossale bâtie sur deux mille kilomètres le long du Nil. Et
pourtant, nous sommes devant un coffre-fort contenant la plus grande richesse
concernant l'histoire de l'humanité car l'Égypte semble bien avoir été le
centre le plus grandiose de la vie des Maîtres de la science créatrice.
Les hommes se sont obstinés à se servir d'une clé rationnelle pour pénétrer
ces secrets alors qu'il faut utiliser la clé du symbole et de la symbolique. Le
symbole est un signe qu'il faut apprendre à lire, et la symbolique est une
écriture dont il faut connaître les lois. Lorsqu'il s'agit de pénétrer l'état
d'esprit d'une époque ou le sens secret des textes,
sens qui fait le fond de la connaissance égyptienne, par exemple, seule la
symbolique peut y parvenir. Elle s'appuiera sur l'expression artistique, sur
les données des figurations, des principes architecturaux, des paraboles et
des légendes. C'est le but de ce livre : décrire les principes qui
dirigent le symbole dans l'expression d'une philosophie vitale et non d'une
philosophie rationnelle. La langue des oiseaux est utilisée en général
surtout pour « extraire l'esprit, saisir la signification secrète »
des ouvrages didactiques et des « sciences ésotériques »(
Fulcanelli, passim),
elle est considérée par Gracet d'Orcet et Emmanuel-Yves Monin comme
utilisable pour percevoir la signification « originelle » de tout
mot, avant leur déformation par les connotations émotionnelles et
culturelles du langage « courant »; cela rejoint les concepts d'une
Langue-mère (la langue universelle de Leibnitz) très recherchée depuis le
XVIIIe siècle. L'ouvrage de Fabre d'Olivet, la Langue hébraïque
restituée, est exemplaire en cela : il expose les
bases de composition des mots de toutes langues à partir des racines
hébraïques. Schwaller de Lubicz et Enel le rejoignent en montrant et la
construction des mots en égyptien ancien et les racines pérennes ;
respectivement dans Her Back (passim)
et la
Langue sacrée. |
SCHWALLER -
CONTRIBUTION A L’ÉGYPTOLOGIE |
ISHA
SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
BAILLY |
1989 |
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Émanée
sans cesse du divin Râ dont elle est elle-même la nourriture, elle est
l'intermédiaire et le véhicule de l'essence de Râ. Elle est la Présence du
commencement et de la fin, dans tous les Temps et dans tous les mondes, elle
est la conscience cosmique, l'Idéation Universelle de Justice et de Vérité,
la Sagesse essentielle. Il n'y a pas de sagesse plus élevée que celle qui se
rapporte à Maât. Dans le monde des hommes, elle est la voix de la conscience,
et par conséquent, la clé du discernement. Les
anciens Égyptiens furent le véritable peuple de Dieu ; leur religion est à
l'origine des religions monothéistes, particulièrement le
judéo-christianisme. Dans leur "livre des morts", la confession
négative est une déclinaison des actes que la morale réprouve. Il y avait une
véritable éducation pour que tous les hommes aient une conscience pure et
sachent écouter la Voix de la Conscience ! C'était un peuple évolué, paisible
et fraternel. Une de leurs sentences disait : Maât est la Conscience
cosmique, l'idée universelle de Justice, la Sagesse essentielle émanée sans
cesse du Divin Râ dont elle est, elle-même, l'émanation. Car
Maât est l'intermédiaire et Ie véhicule de l'essence de Râ ; et l'homme n'est
spirituellement vivant que lorsque son KA inférieur s'unit à son KA supérieur
qui est un "rayon" de Maât, devenu, en sa propre conscience, sa
propre Maât. « Maât est donc la totalité de Ia conscience dans l'Univers.
Elle est l'individualisation de l'activité causale en tant que Conscience
morale. Elle en est la réalisatrice; Ie Verbe divin est défini par elle et
prend ses noms par elle. Et, par l'indestructibilité de cette Conscience,
elle est Ie triomphe de la vie sur la mort. Or nous disons que ceci est Ie
plus haut mystère dévoilé par l'Égypte, car si Maât est Ia Conscience du
créateur et de Ia création, elle est donc la Sagesse
du Monde, et l'homme peut à la fois, s'enrichir de sa propre conscience et se
nourrir en elle de la conscience universelle... Elle est présente dans la
scène de la Psychostasie. Maât est sur le fléau de la Balance dans le
Tribunal d'Osiris, cela veut dire que l'âme du défunt est pesée avec Justice
et Vérité, en toute conscience, dans la tradition égyptienne. Au seuil de la
mort, chacun est soumis au jugement de sa propre conscience, cette conscience
qu'on aurait tendance à ne pas écouter ou à faire taire tant elle est
exigeante dans la vie.» On
devine donc le degré élevé de morale qui habitait l'Égypte aux temps des
Pharaons. D'ailleurs, Pharaon devait rendre des comptes pour mériter que son
nom soit honoré par les dieux. Sinon, son nom était effacé des monuments et
cela équivalait à faire disparaître son souvenir dans ce monde et, chose plus
grave, à le priver de l'au-delà... ou de la vie éternelle. La certitude basée
sur la connaissance traditionnelle supprimait toute inquiétude et enlevait
toute raison d'être aux initiatives privées. L'effort individuel se portait
alors sur la réalisation de la maîtrise personnelle, tant au point de vue des
techniques artisanales et des fonctions sociales que pour la possession de
son ka pendant l'existence terrestre. Les
anciens Égyptiens avaient la foi qui déplace les montagnes. C'était un peuple
pieux, pacifique et travailleur. Avec force et santé, ils édifièrent des
temples magnifiques et des pyramides qui étonnent tous les voyageurs.
Contrairement à ce que dit la Bible, il n'y avait pas d'esclaves en Égypte,
ni pour la construction des pyramides ni pour celle des temples. Si les
Hébreux connurent la servitude en Egypte, ce n'était pas de l'esclavage, il n'y
en était pas question avant les Ptolémées, qui sont les pharaons grecs, car
l'esclavage résulte des guerres des étrangers, tous des barbares pour les
Égyptiens. |
SCHWALLER DE LUBICZ
- JEU DE TAROT ÉGYPTIEN |
R.A.
SCHWALLER DE LUBICZ |
ÉDITION
BAILLY |
1988 |
||
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SCHWALLER -
LA LUMIÈRE DU CHEMIN |
ISHA
SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
La table d’EMERAUDE |
1984 |
L'appel
lancé par La Lumière du Chemin revêt un caractère de gravité exceptionnelle
par le fait qu'il éclaire la situation chaotique de notre Epoque
contemporaine.
Jeanne Germain est son nom de jeune fille. Originaire de
Normandie, elle prendra le pseudonyme d'Isha lors de sa venue à Paris dans le
cercle théosophique et initiatique du Groupe des Veilleurs (où elle est
spécialisée dans l'eurythmothérapie et l'éducation infantile). Elle aura deux
enfants d'une précédente union avec l'armateur Georges Lamy (Lucie et Jean),
et deux enfants avec Louis Allainguillaume (Jacques et Suzanne). Une fois
veuve, Isha épousera en 1926 l'ingénieur chimiste et philosophe hermétiste
René Schwaller de Lubicz, de deux ans son cadet. Elle participera aux
activités féminines de la station scientifique de Suhalia en Engadine
(1922-1928) dirigée alors par René Schwaller et aura à charge les initiations
de son groupe de Névites. Installée à Grasse, au Mas de Cougagno, dès 1930, et après un
long séjour en Egypte, à Louxor (1939-1952) en compagnie de sa fille, Lucie,
et de son compagnon, René Schwaller de Lubicz, elle publiera des ouvrages
d'ésotérisme et d'égyptologie qui auront un certain succès populaire, à
commencer par Her Bak Pois Chiche et Her Bak Disciple |
SCHWALLER
- L’OUVERTURE DU CHEMIN |
ISHA
SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
ARYANA |
1980 |
||
L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui
faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé
à des étapes d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira
directement l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire
pour lui. L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Cœur" : La
Raison est née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur
l'intelligence cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est
l'Intelligence de l'univers. |
SCHWALLER DE LUBICZ - VERBE
NATURE |
R.
A. SCHWALLER DE LUBICZ |
Edition
AXIS MUNDI |
1988 |
||
Or, l’homme n’est pas un animal : il est
animé. L’homme est un résumé du Cosmos, une créature qui porte l’étincelle
divine. L’Homme n’est pas un amphibie évolué, une forme animale devenue ce
que nous sommes. L’Homme est à l’origine parfait, un être divin, qui a
dégénéré en ce que nous sommes. Il fallut une déchéance
invraisemblable pour lui faire accepter des théories matérialistes comme
celles de Lamarck et Darwin ! Il faut ne plus avoir une trace de
confiance en l’Harmonie divine, plus qu’une trace de légitime orgueil, pour
ne pas réagir contre une science qui nous abaisse à l’état d’homme brute dit
“préhistorique”, ou d’anthropoïde. Ceux qui mènent l’humanité vers cet
abêtissement sont de fous ou des criminels. Pour que la science devienne féconde
vitalement, pour sortir du domaine matériel (sans valeur vitale) de la
mécanique, il faut faire appel à la Conscience et non plus seulement au
raisonnement cérébral. Jusqu’à maintenant on a sacrifié à la vérité
“intersubjective” du groupe, c’est-à-dire que l’on ne reconnaît comme vrai
que ce qui est perçu par la généralité des hommes. Ce que l’individu isolé
est seul à percevoir, grâce à un état de conscience supérieur, ou même grâce
à une sensibilité sensorielle exceptionnelle, est relégué, sinon rejeté, en
tant que connaissance subjective, non partagée. Or, la Conscience évolue,
la Conscience est même seule à évoluer ; c’est donc à la culture de
cette évolution qu’il faut s’adresser pour briser le cercle “fermé” de la
conscience psychologique. Donc pour être certains de notre Connaissance
comme nous sommes certains de notre Savoir, nous devons rechercher la preuve
expérimentale démontrant que l’Esprit, l’abstrait, devient effectivement
concret par un chemin déterminé. La Science Sacrée affirme ceci
possible ; elle nous l’enseigne par son Ésotérisme qui n’est hermétiquement
clos que pour l’intelligence cérébrale, et le restera si nous ne
cultivons pas un autre aspect d’Intelligence et une autre mentalité que celle
qui est le fond du grenier de nos écoles. C’est pour cela que les Sages
laissent aux oisifs la spéculation et ils regardent la Nature. Celle-ci
enseigne tout. Un son évoque toutes ses harmoniques, un gland de chêne évoque
le chêne : c’est un complexe harmonique qui, dans le règne végétal, est
chêne. Mais les harmoniques musicales sont vibrations corporelles, de nature
aquatique. La semence (le son ou le gland, la graine ou le spermatozoïde) est
d’une nature spécifiée, et cette spécification est la genèse des semences du
Minéral à l’homme, la réduction spatiale de la substance sans forme. Il n’y a pas de “première graine”, et l’œuf a
précédé la poule. La substance de cet œuf a toujours existé en tant que
substance sans forme, Vierge Cosmique. Le sperme du coq, au contraire, est devenu,
a été généré depuis la nébuleuse cosmique jusqu’à lui. Le principe
christique, par contre, sera fécondation directe, sans semence spécifiée,
comme un saut entre l’origine abstraite et le produit ultime humain :
Dieu-Homme. » « Il y a pour la Conscience deux routes
possibles : soit celle de la Rédemption Christique, ou Horienne, soit
celle des “Anciens” dite du “Bon Roi” (Melchisédech) ou Osirienne. C’est le
principe du renouveau constant, c’est-à-dire Osirien, qui exige l’outil
physique de transmission. Pourquoi ce choix ? Parce qu’il y a
trois possibilités : ou l’Unité ne se scinde pas, reste pure en soi,
donc ne se multiplie pas en ses parties, et l’Univers reste en la
Cause ; ou elle se scinde et se multiplie. Mais elle peut aussi se
scinder (prendre forme) et refuser de se multiplier pour rester à l’image de
l’Unité constante. Ce sont là les lignées osirienne et horienne et les deux
principales voies : l’Œuvre naturelle et surnaturelle. » « Deux
voies, deux voies pour un seul but. Deux voies qui distinguent les “libérés”
d’avec ceux qui demeurent, deux voies qui distinguent ceux qui ont renoncé
d’avec ceux qui restent soumis aux “désirs” ou qui doivent encore goûter les
joies et les peines de cette vie. Est-ce une religion ? Non, c’est plus
qu’une foi : c’est la Connaissance pour certains, la Connaissance de la
parole divine ordonnant le monde, et cette Connaissance est aussi la Science
sacrée. C’est l’ordre inévitable pour d’autres : ils subiront les
conséquences de toutes les causes engendrées par leur actes, qu’ils croient
ou qu’ils doutent ; et c’est le chemin indirect, la plus logique, la
plus sûre et la plus réconfortante des lois, celle qui laisse juge chacun,
juge de ce qu’il est, de ce qu’il comprend et de ce qu’il souhaite. La voie
d’Osiris, personne ne l’impose : c’est la réalité naturelle qui parle.
Du moment qu’un homme naît sur terre, il entre dans le cycle dont il ne peut
sortir qu’après épuisement des causes de désharmonie engendrées par lui-même.
Croyez ou ne croyez pas, c’est la même chose pour la marche naturelle sur la
voie osirienne. Soyez bons, soyez justes, soyez charitables, et vous
récolterez plus vite la Lumière. Soyez mauvais, soyez cruels, soyez égoïstes,
que vous y croyiez ou que vous en doutiez, vous payerez. Vous dites :
“Je ne me souviens pas de mes vies passées.” Votre illumination si vous
l’avez engendrée, vos souffrances si vous les avez causées, ne sont-elles pas
des souvenirs ? Chaque vie humaine est nécessairement une conséquence
comportant soit des récompenses soit des paiements, mais elle est aussi
causale pour la suite : cause de la continuité d’esclavage, ou de
libération par brisure consciente des chaînes. Cette brisure est un
renoncement joyeux, qui n’est pas une fuite ni une crainte, mais un appel
irrésistible vers la Lumière. Et lorsque cet appel fait entendre sa voix, la
porte du temple s’ouvre d’elle-même : Horus, Christ, l’onction divine,
enfin, commence son œuvre…L’Égypte s’est maintenue pendant des millénaires parce
que la Voie du renouvellement a tenu son peuple dans un chemin juste, et dans
la certitude que la mort n’est qu’un changement dans la continuité de la vie.
Le Temple a réservé à ceux qui étaient illuminés le chemin direct que le
Christianisme a enseigné ouvertement avec toutes ses conséquences. La fin de l’Égypte pharaonique est la fin
d’un cycle cosmique et non la fin d’un royaume. Osiris, par Isis-Marie, a
engendré Horus-Christ annoncé, contenu, connu dans l’ésotérisme pharaonique.
Le Temps (phase de la Genèse cosmique) étant venu avec le signe des Poissons,
l’Enfant Divin est né. Il est né de l’Esprit, il est né de la Nécessité
engendrée par la chute du Verbe en la Matière, la Nature, dans le roulement
des cycles du Monde, par lesquels la rupture de l’équilibre primordial, à
travers le Savoir, devient la Conscience du Soi, Confondement conscient de
l’Être en lui-même. Le virtuel est devenu effectif à travers
l’accomplissement de la Forme dans tous les aspects possibles. Mais
Ieschoua-Jésus est tombé du Ciel dans toute la perfection de la Forme finale
de la Nature, » |
SCHWALLER DE LUBICZ - le
roi de la thÉocratie pharaonique |
Schwaller de
lubicz |
Edition
FLAMMARION |
1982 |
La
théocratie pharaonique est une institution exceptionnelle, un ordre
gouvernemental et social unique dans toute l’histoire occidentale.
|
SCHWALLER DE LUBICZ - - L’ŒUVRE AU ROUGE de SCHWALLER |
Emmanuel
DUFOUR-KOWALSKI |
ÉDITION
LES DOSSIERS H - L’ÂGE D’HOMME |
2006 |
||
Quatre
facettes d’une même écriture dans sa continuité renouvelée, par poussées
successives, dont cette âme gothique en quête d’absolu, offrit en son temps
l’émanence, dans le creuset de ses divers exils volontaires, en Suisse, en
Méditerranée, puis en Egypte. De
nature vivante, prodigue et novatrice, la courbe initiatrice d’une telle
écriture et d’une telle pensée, bien que corrosive, ne pouvait être
reconstituée dans ce Dossier H par Emmanuel Dufour-Kowalski qu’à
l’aune des diverses contradictions, détours et illuminations propres à René-Adolphe Schwaller de Lubicz, dans les
décombres d’un XXe siècle meurtri par l’omniprésence de la pensée discursive
et la tyrannie du scientisme politique. Cet
ouvrage capital sur Schwaller comporte 4 parties : 1/- La période théosophique (1913-1917) avec la valeur de la
science : les atomes – Le rôle de la science et les
sciences divinatoires - Le catéchisme
scientifico-théosophique - Manas et Bouddhis -
Un extrait d’étude sur les nombres - 2/- Le groupe Apostolique (1917-1921) : O.W. Milosz et le
cantique de la connaissance 3/ - La conquête Mystique ( 1923-1928) - L’appel du feu
- La doctrine - Adam le rouge - La couronne de
l’unité - Le livre des vivants - Un centre de repos
pour les travailleurs de l’esprit. 4/ - L’Emprise symbolique
(1940-1961) - Maalesh : journal d’une tournée théâtrale par Jean
Cocteau - A Louksor, la guerre froide est déclarée entre
symbolistes et historiens par André Rousseau - Du Nil au Gange,
nous entrons en Egypte par Raoul Jahan - Le miracle égyptien pat
Madeleine Rousseau - Extrait d’une étude inédite sur la pensée
pharaonique par R.A. Schwaller de Lubicz - Résumé du Temple de
l’Homme par R.A.Schwaller de Lubicz - Le Royal Tir à l’Arc par
R.A. Schwaller de Lubicz - Souvenir sur R.A. Schwaller de Lubicz
par Maurice de Gandillac - De
nombreuses lettres et photos accompagnent les textes. |
secrets de la franc-maçonnerie
Égyptienne |
Denis
labouré |
Edition du Chariot d’Or |
2002 |
||
(Pour plus de détails se reporter au chapitre 1
–Memphis-Misraïm) |
SÉNÈQUE |
Traduction et notes par Pierre Miscevic |
Edition Flammarion |
2003 |
||
En Mai-Juin 55, il est consul suffect. En 56,
il publie le De Clementia. En 58, Sénèque est diffamé par P. Suillius,
qui lui reproche son immense fortune (300 millions de sesterces) acquise par
ses amitiés, et sa tentative de débaucher des femmes de la maison princière.
Mais le philosophe s'en tire sans dommage Sénèque parvient à rompre le lien quasi
incestueux de Néron et de sa mère, isole Agrippine et participe activement,
quoique indirectement, à son assassinat en 59. « Aussi n'était-ce plus
Néron, dont la monstruosité était au-delà de toute plainte, mais Sénèque que
la rumeur publique condamnait, pour avoir avoué, en faisant écrire cela, le
crime. » « La mort de Burrus brisa la puissance de Sénèque, parce
que la politique du bien n'avait plus le même pouvoir, maintenant que l'un de
ceux que l'on pourrait appeler ses chefs était mort et que Néron penchait
vers les hommes du pire. Ces mêmes hommes lancent contre Sénèque des
accusations variées, lui reprochant de chercher encore à accroître ses
richesses, déjà immenses, et qui dépassaient déjà la mesure convenant à un
particulier, de vouloir s'attirer la faveur des citoyens et, par la beauté de
ses jardins et la magnificence de ses villas, surpasser même le prince. À la
suite de sa mise en cause, Sénèque demande à Néron d'être relevé de sa charge
d’« ami du prince » et propose de lui restituer sa fortune. Néron
refuse, mais en 64, bien que Sénèque se soit retiré de la vie publique,
Néron, qui a fini par le haïr, tente vainement de l'empoisonner. En 65, il est compromis malgré lui dans la
Conjuration de Pison et condamné à mourir. Il se donne la mort en s'ouvrant
les veines sur l'ordre de Néron : « Ensuite le fer lui ouvre les
veines des bras. Sénèque, dont le corps affaibli par les années et par
l'abstinence laissait trop lentement échapper le sang, se fait aussi couper
les veines des jambes et des jarrets. Bientôt, dompté par d'affreuses
douleurs, il craignit que ses souffrances n'abattissent le courage de sa
femme, et que lui-même, en voyant les tourments qu'elle endurait, ne se
laissât aller à quelque faiblesse ; il la pria de passer dans une
chambre voisine. Puis, retrouvant jusqu'en ses derniers moments toute son
éloquence, il appela des secrétaires et leur dicta un assez long discours. Comme le sang coulait péniblement et
que la mort était lente à venir, il pria Statius Annaeus, qu'il avait reconnu
par une longue expérience pour un ami sûr et un habile médecin, de lui
apporter le poison dont il s'était pourvu depuis longtemps, le même qu'on
emploie dans Athènes contre ceux qu'un jugement public a condamnés à mourir.
Sénèque prit en vain ce breuvage : ses membres déjà froids et ses
vaisseaux rétrécis se refusaient à l'activité du poison. Enfin il entra dans
un bain chaud, et répandit de l'eau sur les esclaves qui l'entouraient, en
disant: « J'offre cette libation à Jupiter Libérateur. » Il se fit
ensuite porter dans une étuve, dont la vapeur le suffoqua. Son corps fut
brûlé sans aucune pompe ; il l'avait ainsi ordonné par un codicille,
lorsque, riche encore et très puissant, il s'occupait déjà de sa fin. » Sénèque est le représentant le plus complet
de la doctrine stoïcienne, bien qu'il ne soit pas jugé comme le plus exact,
car il n'est pas un simple interprète. Sur plus d'un point il s'émancipe et
substitue à l'autorité des maîtres de la Grèce sa propre réflexion. En cela,
on a pu juger qu'il était bien un Romain, « Je ne me suis fait l'esclave
de personne, je ne porte le nom de personne La théologie des poètes lui
paraît également absurde et irrévérencieuse. Quant aux pratiques
superstitieuses, il les condamne en deux mots : elles substituent à
l'amour la crainte ; au lieu d'être un culte, elles sont un outrage.
Mais la religion est alors une institution de l'Etat, institution nécessaire,
et que maintenaient des hommes comme Cicéron et Varron. Sénèque s'occupe peu
du polythéisme officiel : de son temps la religion, comme tous les
aspects de la vie romaine, était dans la main d'un seul, et elle avait perdu
beaucoup de son importance comme instrument politique. Cependant il approuve
que le sage se soumette aux prescriptions de la cité, non qu'il les regarde
comme agréables aux dieux, mais parce qu'elles sont ordonnées par la loi Reste la théologie naturelle, c'est-à-dire la
religion du philosophe : en quoi consiste-t-elle ? Sénèque emploie
indifféremment, en parlant de la puissance divine, le singulier et le
pluriel, Dieu et les dieux : c'est peut-être par un reste de respect
pour la croyance populaire. Car pour lui, il n'y a manifestement qu'un seul
Dieu. Mais ce Dieu se présente pour ainsi dire à l’esprit sous une foule
d'aspects différents : de là les noms divers qu'il a reçus et cette
espèce de fractionnement de la puissance divine en une foule d'êtres divers.
« Tout nom que vous voudrez lui donner s'appliquera merveilleusement à
lui, pourvu que ce nom caractérise quelque attribut, quelque effet de la
puissance céleste. Dieu peut avoir autant de noms qu'il est de bienfaits
émanant de lui» Ainsi se justifient ces noms de Jupiter, de
Liber, d’Hercule, de Mercure, etc. Mais il ne s'arrête pas là, il consent
encore à ce qu'on donne à Dieu des noms plus larges. « Voulez-vous
l'appeler nature ? Vous ne vous tromperiez point ; car c'est de lui
que tout est né, lui dont le souffle nous fait vivre. Voulez-vous l'appeler
monde ? Vous en avez le droit. Car il est le grand tout que vous
voyez ; il est tout entier dans ses parties, il se soutient par sa
propre force. » On peut encore l'appeler destin, « car le destin
n'est pas autre chose que la série des causes qui s'enchaînent, et il est la
première de toutes les causes, celle dont dépendent toutes les autres. »,
« Qu'est-ce que Dieu ? L'âme de l'univers. Il échappe aux yeux,
c'est la pensée seule qui peut l'atteindre. » |
seth le dieu maudit |
Jean
robin |
Edition
Trédaniel |
1986 |
||
Il présenta alors la boite et lança un jeu :
celui qui entrerait parfaitement dans la boîte en deviendrait le
propriétaire. Amusé par le défi, Osiris tenta à son tour, et évidemment il y
entra à la perfection. Au moment où il fut à l’intérieur, Seth fit fermer
hermétiquement cette boîte et la jeta dans le Nil. Débarrassé d’Osiris, le règne de Seth
commença. Mais un jour, Seth découvrit qu’Isis avait retrouvé le corps
d’Osiris et l’avait enterré. Furieux, Seth découpa le corps en quatorze
morceaux et les jeta dans le Nil pensant se débarrasser définitivement de son
frère. Malgré cela, Isis parvint à retrouver les morceaux et réussit à
concevoir un enfant avec Osiris. Ce fils nommé Horus, l’âge venu, réclama le
trône dont il était le légitime héritier. Le tribunal des dieux présidé par Râ fut alors
convoqué. Les débats durèrent des années et les choses n’évoluaient pas car,
Seth, bien qu’ayant pris par la force le trône d’Osiris, protégeait
également chaque jour le dieu Râ contre Apophis, le dieu serpent, en le
combattant avec sa lance et son couteau. Afin de trancher, Rê appelle la déesse Neith.
Pour elle, le trône était à Horus aussi en échange de celui-ci, elle offrit
offre deux épouses à Seth. La décision de la déesse fut alors adoptée. Mais
le tribunal jugea Horus trop jeune pour être roi, et les débats reprirent.
Seth se ravi de tout cela, mais c’était sans compter sur Isis. La déesse se
présenta devant lui sous les traits d’une magnifique jeune femme. Seth
discuta avec elle ; mais troublé, il lui avoua la légitimité d’Horus et
perdit le trône. Furieux d’avoir été trompé, Seth lança alors
des défis à Horus pour désigner celui qui méritait ce trône. Ces provocations
restèrent sans résultats. Râ organisa un banquet pour instaurer de nouveau la
paix. Seth tenta alors de se rapprocher d’Horus et l’attira chez lui afin de
le féminiser en le pénétrant, et ainsi de le mettre hors course pour le
trône. Mais Horus, pour tromper son oncle, plaça ses mains entre ses cuisses
pour récupérer le sperme de celui-ci. Osiris n’étant pas intervenu jusque-là, finit
par être excédé des manipulations de son frère. Dieu de la végétation, il
menaça de couper les vivres à la population. Face à cette éventualité, le
tribunal céda et Horus gagna le trône. Seth prit alors place dans la barque
de Rê pour se consacrer à lutter contre Apophis ; placé au bout de la barque,
toutes les nuits, il renvoie le dieu serpent aux confins du monde. |
seth typhon –
gÉnie des tÉnÈbres |
Hippolyte
boussac |
Edition
ARQA |
2004 |
«
Ingrate et mauvaise, l’humanité ne tarde pas à oublier ses bienfaiteurs, mais
elle garde éternellement le souvenir de ses fléaux. Tous les dieux de
l’ancien monde sont aujourd’hui anéantis, les ruines de leurs nombreux
sanctuaires, de toutes parts, jonchent le sol ; un seul a survécu à cette
formidable hécatombe, et ce dieu est Seth-Typhon, Esprit du mal, Génie des
ténèbres. »Hippolyte Boussac :
Qui était donc Hippolyte Boussac (1846 – 1942), cet érudit languedocien
passionné d’Égyptologie, exceptionnel dessinateur, aquarelliste, peintre,
naturaliste, écrivain, ami du célèbre Gaston Maspero ? Avec
minutie et talent, Jacqueline Rougé, et Philippe Macia dans un avant-propos
fort riche en détails biographiques redonnent vie à ce personnage si
injustement oublié. Extrait : Jaillissant violemment du ventre de sa mère, s’élançant
"à travers le flanc maternel qu’il avait ouvert et déchiré en le
frappant d’un grand coup, Seth manifestait, au dire de Plutarque, un
caractère violent et maléfique dès sa venue au monde. Il semait du même coup
le désordre et la confusion et devenait ainsi le responsable des inévitables
dérèglements du monde. Seth fait partie intégrante du schéma de pensée des
Égyptiens. Figure de l’imaginaire, il contribue à décrire le monde et à le
comprendre. Dans le polythéisme de l’Égypte pharaonique, Seth l’Égyptien est
la figure de l’autre, le fauteur de désordre, au cœur même du monde divin.
Dieu violent et ambivalent, il est lié aux pays étrangers, au désert et aux
régions marginales du monde ordonné. Son conflit avec Osiris et Horus traduit
la lutte constante du monde sous forme compréhensible. Il tue Osiris pour
s’accaparer la royauté qui revient à Horus ; mais agressif et batailleur
il rend service au dieu soleil en pourfendant le serpent Apophis. L’ambivalence de Seth apparaît
dans son animal fabuleux, d’espèce indéterminée, recomposant fantastiquement
les traits d’une ou plusieurs créatures et qui est une manière d’écrire la
nature et la fonction du dieu. Il est le "dieu de la confusion"
dont l’animal sert de déterminatif à "fureur", "orage",
"tempête" etc., et sa voix n’est autre que le roulement du tonnerre
qui dompte les plus dangereux. Seth, violent et impulsif, provoque et
maîtrise les orages et les intempéries. Si sa naissance marque le "début
de la confusion", Seth fait partie de l’Ennéade d’Héliopolis. Son combat
contre Horus exprime la dualité du monde : Horus est le Seigneur de
Basse-Égypte et Seth est le Seigneur de Haute-Égypte. Cette bipartition
Nord-Sud se double d’une bipartition Est-Ouest, celle de la vallée du Nil et
des contrées étrangères. La terre noire inondée par le Nil, dotée de limon
fertile sur laquelle le pharaon a en principe autorité, s’oppose à la terre
rouge, le désert, contrée vaste et désolée, habitée par des étrangers et dont
le pharaon revendique la suprématie. Horus et Seth participent à
l’idéologie pharaonique : le roi unit en sa personne les deux dieux en
lutte incessante, qui trouvent un équilibre en lui. S’il est un dieu
dangereux et un agent de mort, Seth est aussi le maître de plusieurs grandes
villes, un des patrons de la monarchie et l’auxiliaire du soleil dans sa
lutte contre Apophis : la bataille, la confrontation constante, la
confusion et la remise en cause de l’ordre établi, actions dans lesquelles
s’engage Seth, sont les caractéristiques nécessaires du monde existant et du
désordre limité qui est essentiel à un ordre vivant. L’obsession de certains
à voir dans la civilisation égyptienne une société résolument tournée vers la
mort et par la même occasion à voir en Seth l’impardonnable meurtrier d’Osiris,
dieu des morts, a donné une vision déformée du dieu. La proscription du dieu,
manifeste à la Basse Époque, est sensible dans tous les textes funéraires,
pratiquement dès les origines. L’image d’un dieu absolument honni, proscrit
en tout et partout est fausse. Elle oblitère, en tout cas, plus de deux
millénaires de son histoire et méconnaît les indices d’un rôle positif,
nécessaire de celui-ci, décelables jusqu’à la fin du paganisme. Certains ont
vu en Seth le trublion, le mal nécessaire, d’autres une sorte de Caïn,
premier meurtrier condamné à l’errance.. Mais Seth
est ce dieu qui se situe toujours (…). |
SOCRATE |
Jean
BRUN |
Edition
PUF |
1995 |
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Remplissant
tous ses devoirs de citoyen, à la guerre comme à la paix, il se distingua par
son courage en plus d'une occasion, notamment à Tanagre, à Potidée, où il
sauva la vie d'Alcibiade, à Délium, où il sauva également la vie à Xénophon,
il donna l'exemple de toutes les vertus, soit publiques, soit privées, et se
signala par son désintéressement, sa générosité, son égalité d'âme : on sait
que sa femme Xantippe mit plus d'une fois sa patience à l'épreuve : il mérita
enfin d'être proclamé par l'oracle de Delphes le plus sage des humains.
Subtil et railleur, son éloquence s'élevait sans efforts et trouvait
d'irrésistibles accents. Il se fit ainsi de nombreux ennemis, à la tête
desquels étaient les Sophistes et les partisans des vieilles croyances, les
démagogues, et le peuple qui ne le distinguait pas des adversaires qu'il
combattait. C'est ainsi qu'Aristophane l'attaqua dans sa comédie des Nuées,
dès 424. Ses hardiesses politiques achevèrent de le perdre. II ne
ménageait ni Thémistocle no Périclès. En 406, il
déplut déjà à ses concitoyens en, refusant, de mettre aux voix, comme
prytane, la mort des généraux qui avaient combattu aux Arginuses. Plus tard,
il résista encore aux trente tyrans. Mais la réaction démocratique trouva en
lui un ennemi, et il fut accusé par Melitus, un poète obscur, Lycon, un
orateur politique, Anystus, un corroyeur, personnage puissant et populaire,
de corrompre la jeunesse et de mépriser les dieux. Il refusa de se
défendre, et fut, malgré son innocence, condamné à boire la ciguë. Il aurait
pu se sauver; ses amis lui offrirent les moyens de s'évader, mais il repoussa
leurs offres, ne voulant pas désobéir aux lois. Il subit la mort avec
résignation (400) au milieu de ses disciples en les entretenant de
l'immortalité de l'âme. Platon a raconté ses derniers moments dans le Phédon.
Ce philosophe disait avoir un génie particulier qui le dirigeait dans sa
conduite : on ne sait si c'était là une ruse employée pour donner plus de
poids à ses conseils, ou si ce n'était pas plutôt une illusion qui lui
faisait prendre pour une inspiration divine les aperçus rapides et sûrs de sa
conscience ou de sa haute raison. Socrate
marque dans l'histoire de la philosophie une époque nouvelle : il détourna
les philosophes des spéculations oiseuses ou trop élevées auxquelles ils
s'étaient livrés jusqu'à lui, et les engagea à ne s'occuper que de l'humain
et de la morale; il combattit les Sophistes qui discouraient sur toutes
choses et prétendaient ne rien ignorer. Il créa la science de la
morale, distingua les différentes sortes de vertus (prudence, tempérance,
force, justice), et recommanda la pratique du bien comme le plus sûr moyen
d'arriver au bonheur. Il employait dans ses entretiens une méthode
d'interrogation connue sous le nom d'ironie socratique, qui lui servait
à instruire ses disciples en leur faisant découvrir par eux-mêmes des vérités
qui étaient cachées dans leur intelligence : il se disait en cela
l'accoucheur des esprits. Du reste, il ne tenait pas d'école proprement dite
et ne recevait, aucun salaire. Socrate
compta parmi ses disciples Xénophon, qui se borna à reproduire fidèlement ses
doctrines; Platon, qui créa un système entier de philosophie; Antisthène,
père des Cyniques; Aristippe, qui prêcha une morale relâchée; Phédon,
Euclide, Criton et une foule d'autres. Xénophon nous a conservé
dans ses Memorabilia de précieux détails sur Socrate; Platon le met en scène
dans tous ses dialogues; l'Apologie, le Criton et le Phédon nous font bien
connaître les derniers moments du philosophe. La Vie de Socrate a été écrite
par Diogène Laerce, dans l'Antiquité; Plutarque a laissé un petit traité Du
démon de S., sujet traité de nos jours par Lélut, 1856. La mort de Socrate a
fourni le sujet d'une tragédie à Sauvigny, d'un poème à Lamartine (1823), et
de beaux tableaux à David etc Philosophie
de Socrate : Socrate n'a rien écrit. Nous ne
connaissons sa doctrine que, par les théories que Platon lui fait exposer
dans ses dialogues et par ce que nous en dit Xénophon. Mais Platon est
suspect de lui prêter le plus souvent ses propres idées, tandis que Xénophon,
plus exact, ne paraît pas s'être rendu compte de la portée et de l'élévation
de la doctrine de son maître. Il est nécessaire de contrôler ces deux sources
de témoignages à l'aide des assertions et des jugements précis
d'Aristote.
Les premiers
philosophes avaient voulu connaître tout l'univers. Socrate est plus modeste,
il veut que l'humain se tourne d'abord vers lui-même et qu'il apprenne à se
connaître. « Connais-toi toi-même », disaient déjà les Sept sages (on
attribue la formule à Chilon), telle est aussi la première maxime de Socrate.
La vérité est en nous, il suffit de la découvrir. Les sophistes tranchaient
toutes les questions; « Tout ce que je sais, dit Socrate, c'est que je ne
sais rien. » Mais connaître son ignorance, c'est être capable de discerner le
vrai du faux. Le « connais-toi toi-même » donne naissance à une double
méthode : l'une qui nous délivre de l'erreur, et l'autre qui nous apprend à
trouvera la vérité. L'une est l'ironie, l'autre est la maïeutique. Grâce à
l'ambiguïté du langage, à la confusion des mots, les Sophistes avaient la
prétention de montrer que tout est à la fois possible, et impossible, que
tout est vrai et que rien n'est vrai. Socrate n'accepte les termes qu'après
examen. Il exige que son adversaire les entende lui-même. Il lui oppose des
exemples qui restent en dehors d'une définition hâtive, ou bien il feint de
se livrer et finit par faire tomber son interlocuteur dans l'absurdité et par
lui faire avouer qu'il est dans l'erreur et qu'il ne sait pas. C'est la
méthode d'ironie. Mais l'âme
est ainsi préparée, à connaître la vérité. Il s'agit de l'accoucher de la
vérité dont elle est grosse, car la science ne se donne pas. Le maître ne la
transmet pas à son disciple; il ne peut que l'aider à la découvrir en
lui-même. « Le métier que je fais, dit Socrate dans le Théétète de
Platon, est le même que celui des sages-femmes, à cela près que j'aide à la
délivrance des hommes et non des femmes, et que je soigne non les corps, mais
les âmes en mal d'enfant. » C'est la maïeutique. |
symboles & couleurs dans le tarot
des hiÉroglyphes |
feller & morel |
Edition
Scriban |
2001 |
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symboles de l’Égypte |
Desroches noblecourt |
LIVRE
DE POCHE |
2008 |
L’étoile
Sothis et l’omniprésence du fleuve, les pyramides et le Dieu Soleil, les
momies et Amon le caché…
|
19 T
titus flaminius – le
mystÈre d’Éleusis |
J.F.
nahmias |
Edition
ALBIN MICHEL |
2005 |
Titus FLAMINIUS, jeune praticien romain, part suivre en Grèce les cours de l’Académie, la prestigieuse école fondée par Platon. Il aimerait aussi être initié aux Mystères d’Éleusis, cérémonies secrètes liées au mythe de Déméter. Mais
le meurtre d’une jeune fille, au cours d’une célébration religieuse,
l’entraîne dans une aventure étrange et inquiétante.
|
toutankhamon |
Christine desroches noblecourt |
Edition
PYGMALION |
1977 |
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Nous
ne savons que très peu de chose sur le règne de l’enfant roi ; mais
toujours est-il qu’il abandonna le dogme du Pharaon hérétique et restaura le
culte d’Amon. L’antique cité du Soleil à Tell el Amarna est désertée. Thèbes
et Memphis regagnent alors leur toute puissance. C’est ainsi qu’il prend le
nom de Toutankhamon qui signifie "image vivante d’Amon" et sa femme
le nom de Ankhsenamon. Il existe une stèle au musée du Caire qui parle des
restaurations entreprises par le jeune roi : "J’ai trouvé les temples en ruine, les naos brisés et
les cours envahies par les herbes. J’ai restauré les sanctuaires, j’ai
reconstruit les temples et je les ai dotés de toutes sortes de trésors. J’ai
fait dresser, pour honorer les dieux, des statues en or et en électrum,
décorées de lapis-lazuli et de pierres fines". Mais
Toutankhamon, après neuf années de règne, meurt. L’examen de sa momie révèle une
blessure dans la région de l’oreille gauche qui peut faire croire à une
hémorragie cérébrale. Mort tragiquement à seulement dix
neuf ans, Toutankhamon laisse seule sa femme Ankhsenamon, qui, très
jeune, n’a pas eu d’héritier. Il semble que les deux fœtus retrouvés dans la
tombe du souverain soient des enfants mort-nés. N’ayant pas d’héritier et ne
souhaitant pas céder le pouvoir à une autre reine, Ankhsenamon entreprend de
s’adresser au prince hittite afin qu’il lui envoie un de ses fils qui
deviendra de ce fait le nouveau maître d’Egypte. Malgré les supplications de
la jeune veuve, le roi hittite est méfiant et hésite longuement. Finalement
il envoie le prince Zannanzach…mais celui-ci n’arrivera jamais. A partir de
ce moment nous ne savons pas ce qu’il advient d’Ankhsenamon. C’est Ay, le
corégent de Toutankhamon, qui devient le nouveau Pharaon. Il régna quatre ans
avant de laisser le trône au général Horemheb. Celui-ci n’ayant pas
d’héritier, il laissera le pouvoir à un autre militaire qui fonda la dynastie
des Ramsès. |
toute-puissance de l’adepte |
J.Ch.
mardrus |
Edition
PARDES |
2000 |
Ce
livre de la Vérité de parole est une transcription des hauts textes
initiatiques de l’Égypte.
Or,
pour chacune des Douze Portes solaires qui ouvrent sur les perspectives
spirituelles, le docteur Mardrus a en outre donné une brève exégèse, en guise
d’une sorte de « Sésame, ouvre-toi » du Temple Secret. |
trois mystiques grecs : orphÉe, Pythagore, empÉdocle |
Simonne
JACQUEMARD |
Edition
Albin Michel |
1997 |
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Sa tête,
jetée dans l’Hébron, alla jusqu’à la mer et s’échoua sur la plage de
Lesbos ; recueillie et transportée dans un lieu protégé, elle se mit à
proférer des oracles. Il laissait
aux hommes, outre sa musique, sa poésie, toutes les formules d’incantation et
des rites d’initiation inspirés des mystères d’Osiris. Il est le patron de
tous les initiés. On trouve donc, dans le personnage d’Orphée, la triple
intrication d’Apollon, Dionysos et Osiris – les deux derniers ayant la
particularité d’être des dieux morts par dépeçage, et ressuscités. Orphée est
très lié aux cultes à mystères ; on comprend donc qu'il soit relativement peu
présent dans la littérature grecque, surtout en ce qui concerne l'épisode de
la descente aux enfers – qui évoque les épreuves des initiés. |
19 U-V
19 Y
ziggurats & tour de babel |
André parrot |
Edition
ALBIN – MICHEL |
1949 |
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La
Ziggourat possède une base carrée ou rectangulaire sur laquelle repose une
large terrasse servant de fondation. Le Temple qui surplombait l'édifice
était aussi appelé "gigunu"; mais le temps et l'érosion les firent
disparaîtrent, tant et si bien qu'il est difficile de dire aujourd'hui
d'affirmer qu'ils étaient ou non au sommet de chaque Ziggourat. Les édifices étaient
bâtis dans le matériau classique utilisé par la Civilisation de Mésopotamie :
la brique d'argile; qui peut être soit carrée soit rectangulaire, disposée de
chant ou à plat, suivant les types d'appareils (en boutisse ou en
panneresse). Le coeur des Ziggourats était fait de briques crues, enrobé d'un
coffrage de briques cuites (plus solides et imperméables). Les escaliers et
les sols des niveaux étaient aussi constitués de briques cuites. Les murs
possédaient souvent un décor extérieur de pilastres (support carré décoratif
adossé à un mur porteur) et de redents (éléments saillants d'un mur ou d'une
paroi). Ces constructions
représentant des millions de briques nécessitèrent à l'époque la mise au
point de nouvelles techniques d'ingénierie et l'emploi d'une importante main
d'oeuvre (utilisation de bitume à la base des édifices, système
d'évacuation des eaux de pluie, technique de couches de roseaux placées à
intervalles identiques entre les briques pour contrer les glissements,
ancrage de cordes de roseaux tressés, mise en place de tunnels permettant
l'assèchement du massif de briques). La hauteur de la
Ziggourat pouvait atteindre jusqu'à environ 70 mètres (Ziggourat de
Dur-Kurigalzu) et dominait la ville. Celle-ci était très souvent située
au coeur de la cité, comprenant généralement d'autres édifices politiques et
religieux : c'est le "Quartier Sacré". La Ziggourat de Babylone,
nommée dans la Bible "Tour de Babel", est décrite dans le Récit de
la Genèse; et relate les paroles des Babyloniens :"Allons !
Bâtissons-nous une cité et une tour dont le sommet touchera le
ciel". L'aspect symbolique,
monumental et religieux de la Ziggourat revêtait pour le Roi une importance
toute particulière; lui conférant notamment gloire et prestige. Matérialisant
pour les mortels un lien divin entre le ciel et la terre, la Ziggourat avait
donc une fonction politique, culturelle et mystique. Le nom de celle de
Larsa "Eduranki" se traduit par "Maison-lien du Ciel et de la
Terre", celle de Borsippa "Euriminankia" signifie "Maison
des Sept sages du Ciel". Le Temple haut comportait en outre certaines fois des statues de divinités, comme à Babylone (Sanctuaire de Marduk). Les Ziggourats, comme le peuple qui les a érigés, finirent par dépérir puis progressivement, faute d'entretien, tomber en ruines, à partir de la période Parthe (environ 100 A.C.). Certaines comme celle de Nippur furent transformées en forteresse sous l'égide des Parthes. Malgré L'Epreuve du Temps, quelques-unes sont parvenues jusqu'à nous, forçant ainsi respect et admiration aux visiteurs du XXIème Siècle...Très beau voyage dans le temps chez Nabuchodonosor à Babylone, en Assyrie et dans tout le Moyen Orient là où temples et ziggurats étaient inséparables. Très
nombreuses iconographies avec les explications architecturales,
archéologiques, littéraires, épigraphiques et dogmatiques de ces fameuses
ziggurats. |
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