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Chapitre 19 M - Z         Égypte - Grèce - Moyen Orient

 

 

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19 M

MAÂT  ÉGYPTE,  MIROIR  DU  CIEL

FERNAND  SCHWARZ

LES  EDITIONS  DES  3  MONTS

 2009

L’Egypte des Pharaons a disparu et pourtant elle nous attire fortement. C’est que ses valeurs sont d’actualité.

 

Cet ouvrage de Fernand Schwarz nous montre en quoi elles sont une source féconde d’inspiration pour imaginer le présent et le futur de nos sociétés, notamment face aux défis écologiques et de recherche de sens.

 

Pour les Egyptiens le concept de durable n’était pas associé à la rigidité mais à une flexibilité et une adaptabilité naissant du partage des valeurs de solidarité, justice, authenticité et harmonie des contraires, qu’ils avaient symbolisées par la déesse Maât. C’est ainsi qu’ils transformèrent leur pays en un Miroir du Ciel et qu’il est arrivé jusqu’à nous.

 

Le chapitre 1 introduit le sujet qui est au cœur de la pensée Egyptienne, celui de la Maât en tant qu’agent de l’équilibre du monde. Puis nous nous interrogeons sur le concept du sacré égyptien, et les dernières découvertes. On parle du concept de chaos comme source de toutes les virtualités qui peuvent s’exprimer dans l’univers.

 

Il est rappelé l’importance de l’imagination créatrice pour les égyptiens, qui est à la base de leur fonctionnement mental. Cette notion de recherche de l’équilibre permanent, personnifié par la déesse Maât.

On retrouve la barque solaire, porteuse de l’intelligence et de la lumière. Chaque dieu étant un et multiple, on essaie de comprendre qui était les dieux et les néters ? Il est donné une explication sur les raisons de l’utilisation des pyramides comme modèle de l’Univers harmonieux.

 

L’auteur nous explique les règles et les structures de la conception égyptienne de ce Miroir du Ciel, mais aussi avec ses dérives et ses non-respect des règles de la Maât, d’où l’intérêt de l’éducation, de l’initiation et de la pédagogie, avec le système de transmission des acquis, ce qui explique peut-être la longévité de leur société.

 

MAÂT - L’ORDRE JUSTE DU MONDE

BERNADETTE MENU

Edition FLAMMARION

 2005

La civilisation promue par les pharaons dans la vallée du Nil, repose sur des valeurs qui, par l’intermédiaire des Grecs, ont façonné le monde occidental.


Le jeu de la Maât, clé de voûte du régime pharaonique, en à permis la durée trois fois millénaire. Ordre, vie, équilibre cosmique, vital et social ; paix par la victoire, prospérité, justice, équité, liberté, vérité, Maât représente tout cela ; l’isfet est son antonyme exact : désordre, chaos mortifère, misère, ennemis, iniquité, injustice, désintégration sociale dont le détonateur est le mensonge. En un mot : le roi amène la Maât au pays et repousse l’isfet.


En se plaçant d’un point de vue très différent de celui couramment adopté, l’auteur propose, à partir d’une large documentation, une analyse institutionnelle de la Maât, qui fait apparaître une dualité fondamentale dont Aristote, précepteur d’Alexandre, s’inspira probablement dans son Ethique à Nicomaque. A la fois ordre et équité, Maât incarne en effet le double aspect de la justice, général et particulier, sciemment distingué par les anciens Egyptiens.
Sont ici cernés la naissance et le développement d’un concept qui prend place au rang des grands universaux de l’humanité.


Bernadette Menu est égyptologue, historienne et juriste, ancien professeur d’égyptien et directeur de recherche au CNRS.C’est une spécialiste de l’histoire sociale et juridique de l’Egypte ancienne.

 

MÂAT -  L’ḖGYPTE PHARAONIQUE ET L’IDḖE DE  JUSTICE SOCIALE

 Jan Assmann

Edition Maison de Vie

 2010

Après les publications de H. G. Fischer, L'Écriture et l'art de l'Égypte ancienne, et de Charles Bonnet, Kerma, territoire et métropole, qui rendaient accessibles à un large public les leçons prononcées au Collège de France respectivement en 1981 et 1985, un nouveau volume est consacré aux cinq exposés présentés en mai-juin 1988 par le Professeur Jan Assmann de l'Université de Heidelberg ; ils témoignent de l'importance de son apport à la connaissance des fondements conceptuels de l'univers égyptien.


Depuis longtemps Maât est apparue comme la notion de base de la réflexion égyptienne. Considérée traditionnellement par les égyptologues comme la «Vérité-Justice», elle a été placée par les plus récents auteurs dans une perspective essentiellement cosmique : le monde pharaonique reposait selon eux sur l'échange de Maât entre les dieux d'une part et de l'autre Pharaon, intercesseur suprême ; dans le chaos des forces du désordre, Maât instituait la norme, la mesure, dans tous les ordres de la création, les deux sphères du cosmique et du social étant liées par de constantes correspondances.


Jan Assmann insiste quant à lui sur l'idée de justice : de justesse et de solidarité, pour commencer dans la société même des hommes. C'est l'occasion pour lui de présenter des considérations neuves sur les textes de Sagesses, par lesquels les anciens Égyptiens ont exprimé les préceptes qui, durant plus de trois millénaires, ont assuré aux bords du Nil la cohésion d'une civilisation dont les grandioses vestiges n'ont pas fini de nous émerveiller. Nourrie de l'acquis des réflexions philosophiques les plus contemporaines, la méditation du Professeur Jan Assmann nous invite à porter un regard nouveau sur les structures de la pensée et de l'organisation sociale des anciens Égyptiens.

 

Si le culte rendu à Maât fut plus que restreint, le respect qu'elle suscita fut en revanche sans bornes. Car la maât (la justice) fut toujours une pierre angulaire de l'équilibre social. Le respect des hommes entre eux, notamment, assurait en quelque sorte une part du salut. Un salut que Maât saura estimer lors du jugement final rendu par Osiris. "Parler selon Maât" signifiait dire la vérité. Au jugement dernier le cœur parlait selon Maât et ne pouvait mentir. La mort venue, aucun défunt ne pouvait éviter l'épreuve du jugement dernier. Là, était calculé le poids du bon et du mauvais accumulés dans le cœur de chaque homme. Ainsi le défunt qui aura vécu avec justice et bonté sera-t-il assuré de voir son cœur comparé à Maât avec avantage pour lui. C'est au cours de la Psychostasie (la "pesée de l'âme") que tout se jouait pour son avenir dans l'au-delà. Maât comme un principe fut créé pour répondre aux besoins complexes de l'état émergent Égyptien qui embrassa divers peuples ayant des intérêts contradictoires. L'élaboration de telles règles ont cherché à éviter le chaos et Maât devint la base de la législation Égyptienne.

 

L'ordre de la vérité et la Justice : Maât était l'expression sociale et juridique de l'ordre établi. Elle symbolisait l'équilibre dans la vie du pays, entre la Haute et la Basse-Égypte, entre la vallée verte et le désert, entre le bien et le mal. Si elle constituait la référence absolue du jugement rendu par Osiris vis-à-vis des morts, elle l'était aussi sur terre quand justice devait être rendue. C'était au Roi ou Pharaon en théorie que revenait de faire régner la justice en son royaume. Cependant, faute de pouvoir se faire le juge de tout procès en son pays, le souverain déléguait cette tâche à son Vizir, chef suprême des tribunaux. Sous l’Ancien Empire (2647-2150), les juges étaient considérés comme les Prêtres de Maât et à partir de la Ve dynastie (2465-2323) le Vizir était son premier Prophète. Leur devoir était d'accomplir la Maât. L'institution du Vizir (rédigée entre 1500 et 1200) définissait le rôle et l'éthique en matière de justice du premier personnage de l'État après le Roi ou le Pharaon : "Ne prononce pas de jugement impropre, car Maât déteste les comportements injustes", précisait notamment ce texte. C'est donc bien au nom de la Déesse, et selon les vertus propres à celle-ci, qu'étaient rendus les jugements terrestres.
 
L'ordre politique : Le Roi ou le Pharaon se réclame de Maât "in Maât" et agit selon sa loi, pour que l’ordre règne. Il doit faire respecter la loi de Maât dans toute l'Égypte. L'équilibre du pays se traduit par un approvisionnement régulier en nourriture. Par contre, tout désordre politique entraîne une désorganisation administrative et la faim. Pendant le culte divin quotidien, le souverain offre Maât aux Dieux pour qu'ils s'en nourrissent et préserve l'harmonie universelle. C’est pourquoi, sur les murs des temples, le Roi ou le Pharaon est représenté faisant l'offrande de Maât à une divinité.
 
L’ordre cosmique : Maât contrôle les étoiles, les constellations. Elle veille à la succession des saisons et des jours. Elle s'oppose aux forces du mal qui sont présentes aux confins de l'Univers. Pour les mortels, Maât exerce son contrôle dans toutes les manifestations qui pourraient nuire aux pays : Les ennemis venant du désert, les animaux sauvages et dangereux etc... Elle joue un rôle important dans la Psychostasie (Pesée de l'âme) lors du jugement du défunt devant le tribunal d'Osiris. Ce jour-là, la plume de Maât est le contrepoids déposé sur un des plateaux de la balance et le cœur du défunt sur l‘autre. Si celui-ci était sincère, les deux plateaux devaient s’équilibrer et l'âme du défunt pouvait accéder à l'au-delà.
 
L’ordre au cœur des relations sociales : Si Maât assurait l'ordre universel des choses, les hommes de l'Égypte antique ont toujours voulu que leur société soit juste et équitable. Il existait bien une hiérarchie rigoureuse de la société, tous les hommes n'en étaient pas moins libres et égaux. Ainsi Maât assure-t-elle le respect mutuel des hommes, mais aussi l'harmonie, qu'entretenait entre eux chacun des niveaux de la société. S'il est normal que le serviteur doive respect et obéissance à son supérieur, il est selon Maât tout aussi normal que le supérieur protège son serviteur. Ce fut cette réciprocité de la relation faible/fort qui rendit acceptable la puissante hiérarchie alors en vigueur. Au cours du Moyen Empire (2022-1650) le Texte du Créateur déclare : "J'ai fait tout homme comme mon compatriote". Maât appelait les riches pour aider les moins fortunés plutôt que de les exploiter. On en trouvait écho dans les déclarations dans les tombeaux : "J'ai donné du pain aux affamés et vêtu celui qui était nu .... j'étais un mari à la veuve et un père à l'orphelin". Respecter la Maât revenait d'abord à mener une vie harmonieuse et s'assurer ainsi une existence heureuse dans l'au-delà.

 

 

MAGIE ÉGYPTIENNE. SORTS ET ENCHANTEMENTS

Henri DURVILLE

Bibliothèque EUDIAQUE

 1986

Un livre donnant plutôt dans la parapsychologie mais on y trouve des explications symboliques sur l’Égypte assez intéressantes. La magie, la sorcellerie, l’occulte…

Ces mots évoquent des images de pratiques secrètes, de «médicaments» et gris-gris, d’incantations et mauvais sorts. L’homme a toujours recherché des solutions aux problèmes de la vie dans la magie. Il cherche à savoir ce qui se passera dans l’avenir au moyen de la divination. Il essaie de communiquer à l’aide de médiums avec les esprits des amis et parents morts. Partout et depuis toujours des hommes ont pratiqué la magie. On trouve de nombreux exemples de la magie en étudiant la Bible.

 

Le premier exemple clair se trouve en Genèse 41.8 où il est dit que Pharaon fit appeler tous les magiciens et tous les sages de l’Egypte afin qu’ils expliquent ses rêves. Ceci était une pratique courante aux temps bibliques. Les rois, les empereurs, et les chefs politiques avaient leurs propres magiciens dont le travail était de les aider dans les décisions importantes en prédisant l’avenir. Ces magiciens avaient aussi les fonctions d’interpréter les rêves du roi, de lui en expliquer le sens, et de maudire ou lancer des mauvais sorts aux ennemis du roi pour qu’il soit vainqueur en cas de guerre.

Un autre exemple se trouve en Exode 7. Les Écritures disent que Moïse et Aaron se présentèrent devant Pharaon, roi d’Egypte, pour demander qu’il libère les Israélites de l’esclavage. Afin de prouver qu’ils venaient au nom de l’Éternel, «Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs; et elle devint un serpent» (Exode 7.10).

Le verset suivant dit: »Mais pharaon appela des sages et des enchanteurs; et les magiciens d’Égypte, eux aussi, firent autant par leurs enchantements. Ils jetèrent tous leurs verges et elles devinrent des serpents» (Exode 7.11-12). Plusieurs fois des choses pareilles se produisirent. Par la puissance de Dieu, Moïse et Aaron changèrent l’eau du fleuve Nil en sang. «Mais les magiciens d’Égypte en firent autant par leurs enchantements» (Exode 7.22). Sept jours plus tard, Dieu fit envahir tout le pays d’Égypte par des centaines de milliers de grenouilles. Mais encore «les magiciens en firent autant par leurs enchantements. Ils firent monter les grenouilles sur le pays d’Égypte.» (Exode 8.7).


Ces événement eurent lieu des centaines d’années avant la naissance du Christ et témoigne que la magie a été pratiquée durant toutes les périodes de l’histoire humaine. Comme dans certaines régions du monde aujourd’hui, les gens d’autrefois examinaient des parties du corps d’un animal (le coeur, le foie, les intestins, etc.) afin de prédire l’avenir ou les aider à prendre une décision. Ézéchiel 21.26 en donne un exemple: «Car le roi de Babylone se tient au carrefour, à l’entrée des deux chemins, pour tirer des présages: il secoue les flèches, il interroge les théraphim, il examine le foie.»

 

MEHR - LE DIEU QUI RESSEMBLE AU CHRIST

Gilles Lanneau

 Edition les deux Océans

2017

Cet ouvrage est le fruit d’un remarquable travail de terrain. Gilles Lanneau explore l’Iran, l’Inde et le Pakistan afin d’analyser les mythes, parfois village après village en quête de sources traditionnelles ignorées. C’est notamment au Kurdistan que Gilles Lanneau va découvrir les composants d’un culte ancien dédié au dieu Mehr, prototype capable de s’adapter aux bouleversements géopolitiques comme aux mutations des représentations humaines.

Ce dieu oriental, né en Iran, à la croisée des mondes, dans la chaîne du Zagros, apparaît d’abord comme un dieu rustique, des montagnes, un dieu mâle réservé aux hommes que les femmes semble toutefois s’être appropriées. Il va s’affiner en un dieu d’amour, influer sur le culte de Mithra pré-romain qu’il pénètre ou engendre, on ne sait trop, se déplacer jusqu’en Occident.

 

Les éléments du mythe et du culte identifiés, malgré le caractère protéiforme de Mehr, présentent de nombreuses similitudes avec le christianisme mais aussi avec d’autres courants traditionnels : naissance un 25 décembre dans une grotte, entouré de bergers, miracles, sacrifices, baptême, communion, transsubstantiation, combat contre le dragon... En suivant le chemin géographique et temporel des mythèmes, Gilles Lanneau fait une belle démonstration des déplacements de ces derniers et de la maintenance des archétypes d’une culture à une autre. Les liens de cette tradition native avec le christianisme comme avec le zoroastrisme, par des chemins divers et largement incertains, semblent bien établis mais des prolongements dans l’islam ésotérique apparaissent également.

 

La recherche étymologique, les jeux de langue et de mots, constituent une contribution à la recherche des mythèmes et de leurs glissements d’une culture à une autre. Non suffisants, les risques d’erreur étant importants, les travaux d’étymologie restent nécessaires pour compléter ou comprendre les transformations que subissent les mythes.

 

« Qui est Mehr ? demande en préambule Gilles Lanneau. Un Dieu ancien, nous l’avons dit, mais davantage encore. Un précurseur, anticipant celui qui s’imposera au monde au tournant des millénaires. Comme une esquisse, ou un préliminaire. Ou mieux, comme un ancêtre que ce monde aurait oublié, ou effacé, lui préférant son successeur, ou son imitateur, entouré d’un staff percutant, adepte du marketing avant son heure, ayant inscrit sur des tablettes une belle histoire facile à retenir. Caricature ? Exagération ? Tentons une autre approche. Un archétype universel ancré dans la Conscience, attentif à une humanité balbutiante, prenant chair parmi les hommes.

Entrons dans ce pays de Mehr. » C’est bien d’un voyage dont il s’agit. Au côté de Gilles Lanneau, voyageons dans l’histoire et dans l’espace autant que dans les structures anthropologiques de la conscience pour découvrir d’autres regards.

 

Reculons dans le temps. Mehr est un dieu né en Iran, dans la chaîne du Zagros, cette barrière acérée où s’achève la Mésopotamie. Dieu difficile à débusquer, ayant porté un autre nom à l’origine, puis quelques autres ensuite. Un nom facile à retenir, exprimant par sa prononciation un dieu viril, voire agressif, foncièrement masculin. Un de ces noms du premier langage de l’humanité, monosyllabiques, vibrants, percutants. Bag, qui deviendra ensuite Baga. Faut-il le rapprocher du provençal bagarro, bagarre ? Un autre nom lui sera assimilé dans sa contrée d’origine : bog, le grand, le fort. Il sera à l’origine de l’anglais big, mais aussi du persan bozorg. Nous le retrouverons dans les pays slaves ultérieurement, désignant la divinité. Les Bogomiles, « Amis de Dieu », apparus au Xème siècle en Bulgarie, ne seront pas sans influence sur le mouvement cathare, un peu plus tard.

 

Bag et Bog se sont donc exportés en Europe. Nous les découvrirons dans des divinités celtiques aux noms approchants : Lug, Dagd, Dagda, Baginatus, Boudiga..., traduisant une origine indo-iranienne. Ils désigneront aussi des montagnes, lieux de manifestation de la divinité, comme dans leur pays d’origine. Et seront associés à un culte taurin, comme ils l’étaient aussi dans les monts du Zagros. Le Mont Bégo, au sud des Alpes, bastion ultime, paratonnerre de sa région, introduit par le col de « Turini » ; et ses quarante mille pétroglyphes axés sur ce culte taurin. Le fameux Bugarach, pourquoi pas, qui défraya un temps la chronique. Et pour boucler la boucle, les noms « Zagros », « ziggourat », exprimant la grandeur, la verticalité, ne sont pas loin de cette racine si singulière.

 

Un dieu rustique, des montagnes... Le culte de Mehr se rendait sur les monts, ou sous les monts, dans des cavernes le plus souvent. L’entrée de ces cavernes était précédée d’une arche dans le massif du Zagros, d’où leur nom : Dar-e Mehr, la Porte de Mehr. Une porte qui nous introduira au plus profond de la matière, jusqu’à son point ultime, Il semble évident, comme nous l’avons évoqué, que nous sommes retournés à l’origine de la parole, s’exprimant par des sons vibratoires. Des mantras en quelque sorte. Bag est dur, Mehr est doux, l’un exprime le combat, la survie dans un monde primitif, l’autre exprime la douceur, l’harmonie, et même l’amour dont il sera le synonyme dans le langage mystique persan.

 

Deux noms d’une même divinité, laquelle évoluera au fil du temps, suivant ce même chemin de la brutalité à l’harmonie. Un dieu qui transitera par son aspect viril, à mi-chemin entre les deux. Dieu des braves, des chevaliers sans peur et sans reproche, apportant une éthique, un sens à leur combat. Une espérance, un élan vers l’Au-delà. Batailles, épreuves, victoires... Sacrifice, sublimation finale. L’Apocalypse selon Saint Jean évoque ce même parcours. Celles de la Perse antique l’ont évoqué aussi, un peu plus tôt. Mehr est omniprésent dans son pays d’origine. Il s’est insinué dans son vocabulaire, dans sa toponymie, comme un label de qualité. Des banques Mehr, des cartes de crédit Mehr, l’agence Mehr... Mais aussi dans les prénoms : Mehri au féminin, Mehrdâd au masculin, et d’autres. Les noms de villes : Mehrin, Mehriz... L’aéroport Mehrâbâd, aux portes de la capitale, où s’envoler aux cieux. Mehrbân, mehrbâni, la gentillesse, la bonté, la miséricorde... Et aussi mehr, l’amour mystique, nous l’avons vu. On le trouve aussi dans le calendrier solaire persan où il préside au septième mois, le mois de Mehr. Il sera célébré d’ailleurs ce septième mois, lors de la fête de Mehragân, le 2 octobre.

 

Peu de choses ont transpiré du culte de Mithra, ou Mehr. Cette religion initiatique, confidentielle dans ses plus hauts degrés et réservée à une élite, savait garder ses secrets. Ce que nous en savons concerne surtout le mithraïsme romain, version latinisée d’une religion orientale, et différente sous de nombreux aspects du culte originel. Toutefois, mes visites répétées dans le Kurdistan iranien, au cœur du Zagros, mes rencontres avec des spécialistes de cette région, la traduction d’ouvrages se rapportant à ce culte, m’ont permis d’appréhender quelques éléments significatifs, étayés par la subsistance de coutumes issues du fond des âges. Et que préservera soigneusement un peuple attaché viscéralement à ses traditions.

 

MITHRA  ET  SES  MYSTÈRES

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2004

Mithra d’origine iranienne, apparaît au 14e siècle avant J.C et va durer près de 2000 ans. C’est l’empereur Constantin qui en 312 va reconnaître le christianisme, mais son successeur l’empereur Julien dit l’apostat va rétablir le mithriacisme, lequel sera supprimé par son successeur l’empereur Gratien en 382. En 391 le Pape reprend le titre de « Pontifex maximus » du mithriacisme. Après cette ronde de chaises musicales, le christianisme s’implantera définitivement et le mithriacisme disparaitra après 2000 ans d’occupation.

 

En dehors des cercles restreints de spécialistes de l’Antiquité ou de l’histoire des religions, on ne parle guère de Mithra. Et pourtant, Mithra a laissé sa marque dans nos sociétés occidentales, une marque toujours vivante. Pour comprendre ce dont il s’agit, il faut faire un retour en arrière. Depuis des lustres, le solstice d’hiver a fait l’objet d’une célébration, sous diverses formes selon les cultures. Mais le symbolisme en est toujours le même: le solstice d’hiver marque bien la nuit la plus longue de l’année, mais c’est aussi le moment où les jours commencent à rallonger. Sous différentes interprétations, c’est la victoire de la lumière sur les ténèbres.

Chez les Romains, autour de la date du solstice d’hiver, se déroulaient les Saturnales, une période de réjouissance. Elles célébraient le règne de Saturne, dieu des semailles et de l’agriculture. La fête ne durait d’abord qu’un jour; Auguste ordonna qu’elle se célèbre pendant trois jours, du 17 au 19 décembre; Caligula ajouta un quatrième jour. Pendant la durée de ces fêtes, les tribunaux et les écoles étaient fermés, on ne pouvait entreprendre une guerre, ni exécuter un criminel et les esclaves bénéficiaient d’une liberté pleine et entière. Les maisons étaient décorées de feuillages et de branchages en l’honneur du dieu de l’agriculture.

Aux Saturnales succédait immédiatement la fête des Sigillaires (sceaux), ainsi appelée parce que sa célébration consistait surtout dans l’envoi que se faisaient les Romains de présents, tels que des cachets, anneaux, et autres petits objets de sculpture. Les enfants recevaient en cadeau des adultes de petits sceaux et autres babioles. Cette fête des sigillaires donnait lieu à des festins pour lesquels les maisons étaient décorées de plantes vertes. Mais le culte le plus pratiqué alors dans l’Empire romain est celui de Mithra, dont le nom signifie à la fois «ami» et «contrat»; le dieu Mithra est l’ami des hommes, c’est le dieu de la lumière et de la justice, qui veille au respect des alliances et des serments.

Ce culte était très répandu chez les soldats romains qui, de la Perse, le transportent en Italie où il s’implante solidement, à Rome notamment. Les adorateurs de Mithra reconnaissaient une divinité unique, manifestée par la lumière des astres, surtout le Soleil, brillant et invincible, ennemi de la nuit et des démons. Mithra, ange de la lumière, était un serviteur du dieu Ormuzd, la lumière primitive, et l’intercesseur des hommes auprès de lui.  Cette religion était très austère; les initiés étaient soumis à des épreuves, puis «baptisés» par aspersion avec le sang d’un taureau. Les prêtres enseignaient que par la pratique de certains rites de purification et d’abstinence, on pouvait participer à la nature des astres lumineux et immortels.

Le 25 décembre, on célébrait Mithra: c’était la fête du Sol invictus, correspondant à la naissance de ce dieu solaire (Dies Natalis Solis Invicti, jour de naissance du soleil invincible), qui surgissait d’un rocher ou d’une grotte sous la forme d’un enfant nouveau-né. Le choix du 25 décembre provenait sans doute du calcul du nouveau calendrier julien (imposé par Jules César) fixant le solstice d’hiver à cette date erronée. Le culte prend une telle ampleur qu’en 274, l’empereur Aurélien le déclare religion d’État.

Le christianisme, qui commence alors à se répandre, se trouve en concurrence avec ces fêtes «païennes». Comment contrer ce culte qui le menace? Par la mise en œuvre d’un subtil syncrétisme pour assimiler la naissance du Christ au retour de l’astre solaire, au Sol invictus, en s’insérant ainsi dans une tradition déjà existante. Ce choix semble avoir été imposé aux chrétiens par l’impossibilité dans laquelle ils se trouvaient, soit de supprimer une coutume aussi ancienne, soit d’empêcher le peuple d’identifier la naissance de Jésus à celle du Soleil», d’expliquer Arthur Weigall dans Survivances païennes dans le monde chrétien. En 354, le pape Libère désigne officiellement le 25 décembre comme fête de la naissance du Christ, devenue Noël en français vers 1112, par évolution de l’ancien français nael, du latin natalis (dies), soit «le jour de la naissance».

Auparavant, on ignorait cette célébration, instituée pour contrer le culte de Mithra. Plusieurs dates avaient été avancées pour la naissance du Christ: le 6 janvier, le 28 mars, le 19 avril ou le 29 mai. Certaines sectes avaient choisi le 6 janvier, qui correspond aux épiphanies de Dionysos et d’Osiris – deux divinités de la végétation qui, comme le Christ, meurent et ressuscitent – et à la sortie du soleil dans la constellation de la Vierge, moment important pour les astrologues de l’Antiquité.

Aux IIIe et IVe siècles, c’est le 6 janvier, qui voit «l’épiphanie», c’est-à-dire la «manifestation» du Christ, date à laquelle l’Orient chrétien célèbre sa naissance. Ainsi la tradition des cadeaux, des décorations, des bons repas associés aux fêtes de fin d’année a de lointaines origines et si Noël se célèbre le 25 décembre, c’est à Mithra que nous le devons. L’histoire est une continuité. (La tradition du sapin de Noël est plus récente et donne lieu à diverses hypothèses, dont l’une la fait remonter au XVIe siècle, en Alsace.)

 

Alors qui est Mithra et qu’est- ce que le mithriacisme ? Mithra est un dieu médiateur, proche de l’homme il évoque l’ami, le contrat, il est présent dans les traités et représente l’aspect juridique dans la fonction royale, bienveillant envers l’homme, ce dieu de lumière veille sur les justes et la justice, sur le respect des alliances et des serments. Il fait partie du panthéon de la religion de Zarathustra, et son nom est étroitement lié à celui  d’Ahura Mazda. Il est un peu la même chose que la déesse Maât dans l’Egypte ancienne. Le taureau est son symbole de base, avec son thème central : La tauroctonie.  Mithra capture le taureau blanc, premier être vivant crée par Jupiter-Oromasdès, le taureau s’enfui et le Soleil ordonne à Mithra de le tuer, ce que fit Mithra, alors le sang du taureau arrose les blés et se transforme en vin, de son corps naissent herbes et plantes et de la mort du taureau surgit la vie. Nous sommes dans un processus de mort et de résurrection, comme les grecs s’en serviront pour les mystères d’Eleusis

 

Tout ce qui tourne autour de Mithra va être importé en Grèce et dans l’empire romain, bien sur il sera mis au gout du jour en fonction des prêtres et des politiques, qui en feront un syncrétisme, mais garderont le grand symbole du « Sol Invictus ». Le principal vecteur de propagation du mithriacisme fut l’armée romaine qui en fit sa religion officielle et la diffusa dans tout l’empire, mais les luttes entre empereurs avec le christianisme naissant le firent disparaître vers la fin du IVe siècle.

 

Jean Servier nous conte cette histoire de Mithra à travers la Rome antique, et fait le lien entre l’initiation, l’astrologie et l’alchimie. Dans les mystères de Mithra, lors d’une initiation, il était fait référence aux quatre éléments –le corax/air, le nymphus/eau, le miles/terre, le léo/feu- ces quatre éléments intervenaient non seulement dans la catharsis mais aussi dans le rituel initiatique de passage, ils étaient les 4 premiers degrés de l’initiation, le 5e étant Persa/Perse, le 6e Héliodromus/Courrier du soleil, le 7e Pater/Père.

 

Paul Gaymard nous explique pourquoi la Franc-Maçonnerie puise certaines traditions dans Mithra et le mithriacisme, comme par exemple Mithra terrassant le taureau blanc pour le tuer, comme plus tard  St Georges terrassera le dragon, et comme le franc-maçon devra maitriser son ego. Félix Bonafé nous restitue les mystères de Mithra et insiste sur l’initiation.

 

Claude Guérillot dans une longue mais passionnante étude fait le tour des mystères de Mithra, mystères qu’il raconte dans son livre « de la porte basse à la porte étroite ». Il conclu qu’un Ordre initiatique implique une transmission régulière d’une influence spirituelle orientée vers l’élévation des adeptes, transmission initiatique que l’on retrouve  chez Mithra et c’est pour cela qu’il est le premier des Ordres initiatiques historiquement connus

 

mithra & le mithriacisme

Robert turcan

Edition LES BELLES LETTRES

 2000

Dans le monde gréco-romain, Mithra n’est pas un dieu parmi d’autres, ni comme les autres. Venu d’ailleurs avec un lointain héritage indo-européen, il n’est pas lié à tel ou tel sanctuaire topique. On l’honore partout où un groupe de fidèles renouvelle en son nom le repas jadis partagé avec le Soleil sur la peau du taureau mis à mort pour abreuver la création : un culte à fortes connotations cosmiques et que différencient le rituel très particulier de ses initiations en même temps qu’une doctrine vitaliste du sacrifice et du salut.

Ce livre, qui intègre les recherches et les découvertes les plus récentes, expose, avec clarté et rigueur, le dossier complexe et fascinant des Mithriaca.


Y sont expliqués :


Protohistoire de Mithra – Étymologies – Mitra védique – Mithra avestique – De l’Empire achéménide aux pirates siciliens – La Perse achéménide – Le monde hellénistique – Les pirates ciliciens – Les Mages – Diffusion du mithriacisme à Rome et dans le monde romain – Mithra en Occident – Rome et l’Italie – Provinces de l’Ouest et de l’Est – Milieux socioprofessionnels – Mithra et les empereurs – L’imagerie mithriaque – La tauroctonie – Panneaux à reliefs multiples – Type « réto-rhénan » – Type danubien – Stèles bifaces – Le relief de Trèves – Le dieu léontocéphale – Scènes cultuelles et motifs initiatiques – Typologie du Mithraeum – Liturgie « ordinaire » – Rituels initiatiques – Hiérarchie sacerdotales – Modalités d’introduction – Modalités de consécration – Sacrifices humains ? – Une histoire du monde – Une théo-cosmologie – Une doctrine du sacrifice fondateur – Sotériologie et eschatologie – La fin du mithriacisme – Politique de Constantin et de ses successeurs – Abandon et destruction des Mithrae – Discrédit du mithriacisme – Le témoignage de Stace – Ce que Tertullien nous apprend des « Lions » – Le « sacrifice » mithriaque – L’hénothéisme mithriaque : du dieu sauveur au dieu suprême.

 

mithra, le dieu mystÉrieux

Martin vermaseren

Edition Séquoia

 1960

L’auteur grand spécialiste de la religion mithriaque nous entraîne chez Ahoura-Mazda, Zoroastre, les sanctuaires de Mithra. C’est sa naissance, son apogée et son déclin qui sont ici développés.

Mithra est un dieu étranger à la péninsule italienne, cependant les Romains, en particuliers les soldats, l'ont vénéré au point que certains empereurs souhaitaient en faire le dieu de l'Empire. Mithra est une divinité indo-aryenne qui apparaît dès le XIVe siècle avant notre ère dans les textes mitanniens et qu'on retrouve dans le Veda, où elle occupe une place importante, qu'elle perdra au cours de l'évolution de la religion indienne vers le brahmanisme. Son nom sanskrit signifie « traité ».Dans l'Avesta, livre religieux des anciens Perses, Mithra apparaît associé à Varuna et à Ahura-Mazda (Ormuzd), la divinité suprême. Il y est lié à la lumière et au Soleil, qui est son « œil », et au taureau, le sacrifice du taureau — principe fécondateur de la terre — par Mithra se retrouvant dans les Veda.

Mithra a dégagé sa personnalité du panthéon indo-aryen primitif, et il semble, selon Franz Cumont, que ce soient les « mages hellénisés (prêtres persans du mazdéisme) qui ont créé en Asie Mineure le culte à mystère de Mithra. On offrait alors à celui-ci des sacrifices, et, lors de ces Mithrakana, le 2 octobre au début de l'hiver, le roi exécutait des danses et s'enivrait en l'honneur du dieu. Le secret du mystère laisse pour nous dans l'ombre de nombreux aspects des cérémonies et de l'enseignement. Comme tous les cultes à mystère, l'initiation assurait aux fidèles la vie éternelle après une régénérescence. Il y avait une période de noviciat, pendant laquelle on enseignait quelques éléments du culte, puis venait l'initiation, qui comprenait diverses épreuves et le taurobole, sacrifice du taureau au-dessus de l'initié, qui recevait le baptême du sang régénérateur. «Tu nous sauvas en répandant le sang donneur d'éternité », dit une inscription du mithraeum de Sainte-Prisque à Rome.

 Il y avait ensuite sept degrés d'initiation :              Corbeau (Corax),     -        Epousé (Nymphus),      -     Soldat (Miles),      -      Lion (Leo),         -       Perse (Perses),        -       Héliodrome (« Courrier du Soleil »),       -        Père (Pater).

On connaît assez mal les divers rites, mais nous savons qu'on faisait des offrandes au dieu et qu'on participait à des banquets rituels. Les initiés étaient en général des hommes, mais il semble que certaines communautés aient accepté des femmes. On a accusé les mithraïstes de pratiquer des sacrifices humains, mais il est démontré qu'il n'en fut rien et que cette religion présentait sans nul doute une haute tenue morale. Ce culte, répandu dans toute l'Asie Mineure, était particulièrement cher aux pirates de la Cilicie, qui, selon l'historien grec Appien, auraient été initiés à ses mystères par les fugitifs de l'armée de Mithridate VI Eupator, roi du Pont, vaincu par les Romains en 87-86 avant notre ère. C'est au cours des expéditions que Pompée mena contre eux (66 avant notre ère) que les Romains connurent le culte de Mithra.

Bien que ce fait historique soit rapporté par Plutarque dans sa vie de Pompée, ce n'est qu'à la fin du Ier siècle de notre ère qu'apparaissent les premiers témoignages d'un culte de Mithra en Italie. C'est aussi vers cette époque que les cultes orientaux vont pénétrer dans l'Occident romain. Pendant le IIe siècle, le mithraïsme, colporté à travers tout l'Empire romain par les marchands et les soldats, se développe et gagne même les empereurs. Au début du siècle suivant, sous le règne de Septime Sévère, un mithraeum est construit sur l'Aventin, dans ce qui fut la villa de Trajan. Pendant encore près de deux siècles, le mithraïsme continue de s'affirmer, soutenu par les empereurs, notamment Aurélien, puis Julien l'Apostat, qui identifie Mithra au Soleil et à Apollon, et cherche à en faire le dieu de l'Empire. Cependant, le christianisme reste le vainqueur dans la lutte menée contre cette puissante religion, et les lois promulguées par Théodose Ier en 391-392 interdisent tous les cultes païens, dont celui de Mithra.

Le culte avait lieu dans des chapelles, qu'on préférait si possible à demi souterraines pour imiter les grottes où était originellement vénéré le dieu. Le sanctuaire était en général précédé d'un « pronaos » où l'on conservait les objets du culte et où l'on revêtait les habits rituels; il était lui-même constitué par un couloir central et deux banquettes latérales. Au fond, contre la paroi ou dans une niche était placé le relief du dieu, coiffé du bonnet phrygien, égorgeant le taureau. Les cérémonies du culte se déroulaient dans le couloir central, et les fidèles étaient couchés sur des coussins disposés sur les banquettes.

Des peintures pouvaient orner les parois latérales et le plafond. De nombreux sanctuaires ont été retrouvés à Londres, à Mérida, à Deutsch-Altenburg (Autriche), dans les Balkans et surtout dans les ports, comme Ostie, et à Rome. Le dieu est représenté entouré d'autres divinités (le Soleil, la Lune, les « Cautès » — personnifiant l'aurore et le lever du Soleil —, les « Cautopates » — personnifiant le crépuscule et le coucher du Soleil — Saturne, Eon [l'Eternité]) et d'objets ou d'animaux symboliques (torches, arcs et flèches, coqs, lions, chiens, taureaux...).

 

MITHRA  -  la tradition maçonnique & le culte de mithra

J. Noël cordier

EDITION  LACOUR

 1999

« La Franc-Maçonnerie, écrivait autrefois Oswald Wirth, est le panthéon des initiations mortes ». C’est reconnaître que la Franc-Maçonnerie représente une organisation initiatique qui a assimilé et synthétisé les divers acquis spirituels de sociétés initiatiques aujourd’hui disparues, mais dont elle prétend faire survivre au moins l’esprit.

 

N’y trouve-t-on pas en effet les héritages multiples des collegia romaines, des traditions opératives du Moyen Âge, de la tradition hermétique, et même de la Chevalerie templière ?

Dans cette perspective, sans prétendre bien entendu rechercher une filiation historique qui n’existe probablement pas, il nous a paru intéressant de rapprocher la tradition maçonnique et l’initiation qu’elle propose du culte de Mithra.

Le Mithriacisme, comme toutes les doctrines initiatiques, présente par essence de nombreux points communs avec la Franc-Maçonnerie. C'est même, probablement, une de celles qui en comporte le plus, et il faudrait un long morceau d'architecture pour tous les aborder.

Après avoir défini rapidement cette doctrine initiatique, qui s'imposa avec vigueur dans la société romaine des trois premiers siècles de notre ère et qui a pu faire dire à Ernest Renan que « si le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eût été mithraïste », je m'attacherai à cerner les principaux parallèles symboliques avec le rituel maçonnique en soulignant principalement ceux qui recoupent le mythe d'Hiram.

On retrouve à l'origine Mithra aussi bien dans le panthéon indou (Mithra védique) que dans le panthéon iranien (Mithra avestique) où il a tous les attributs d'une divinité à laquelle est lié un culte. Le Mithra qui s'est imposé dans le monde gréco-romain semble cependant très différent et les spécialistes s'opposent sur les rapports exacts entre tous ces concepts. C'est en étudiant les témoins archéologiques que l'on verra que le nom même de « Mithra » dans les mystères gréco-romains qui nous intéressent est probablement le seul rapport avec les cultes indous ou iraniens et que le mithriacisme n'est pas plus une religion que la franc-maçonnerie, même s'il utilise comme elle des symboles et des noms issus des religions. Il faut revenir en fait à l'étymologie : en védique mitra signifie « ami » masculin, « alliance » ou « amitié » au neutre ; l'avestique mitra désigne le « contrat ». C'est donc une abstraction qui a évolué en divinité, phénomène bien attesté par ailleurs (comme Fides chez les Romains) et le mithriacisme gréco-romain peut être analysé comme un retour à l'origine du nom, à la notion de contrat ou d'alliance, entre les hommes d'une part, et entre Dieu et les hommes d'autre part.

Tout d'abord il faut souligner avec force qu'un mithræum n'est pas un temple ; il n'en a aucune des caractéristiques et en particulier il ne possède pas de chœur, naos ou « saint des saints » qui serait la demeure du dieu, réservé à son seul usage ou à celui du prêtre, élément constant dans toutes les religions de toutes les civilisations. Voilà bien là une des preuves formelles que le mithriacisme n'est pas une religion. Un mithræum est toujours un lieu souterrain ou semi-enterré ; certains ont même été aménagés dans des grottes, quand c'était possible, ou au moins dans des sites rupestres, en appuyant une partie de l'édifice à une paroi de rocher. Cela est à rapprocher bien sûr de notre cabinet de réflexion ou d'un « lieu caché et connu des seuls initiés ». C'est aussi le symbole de la terre. Autre parallèle, le plafond, souvent peint et stuqué, était constellé à l'image du firmament, comme dans nos temples ; parfois un zodiaque pouvait l’illustrer, ou bien la voûte pouvait être percée de sept cavités circulaires symbolisant la lumière des planètes. Des auteurs antiques, Numenius, puis Porphyre, nous expliquent d'ailleurs que la grotte mithriaque est une « image du monde » Le mithræum est une salle centrée autour d'une double fonction : réunion des adeptes pour un rituel symbolisé par la stèle représentant le sacrifice du taureau, suivie d'un repas pris en commun. Le local est toujours organisé autour d'une allée centrale avec de part et d'autre deux banquettes où les convives pouvaient prendre leur repas allongés. Tenue et agape étaient donc réalisées dans le même lieu, une fois la stèle du fond cachée ou retournée, montrant alors parfois une représentation du repas de Mithra avec le Soleil, c'est-à-dire de l'initié avec la lumière. Autrement dit, une fois les feux éteints et le tableau de loge retiré, les frères pouvaient participer à l'agape.

Car cette fameuse stèle ressemble furieusement à un tableau de loge : son iconographie centrale est la « tauroctonie », Mithra sacrifiant le taureau, scène entourée de personnages et de panneaux à scène multiples qui constituent la trame d'un mythe au même titre que celui d'Hiram et qui, avec des symboles proches, cherche à nous faire prendre conscience des mêmes concepts. Un rapprochement trop rapide avec les sacrifices gréco-romains pourrait faire croire à la représentation d'une scène qui était effectuée réellement. Il n'en est rien, et même les Chrétiens, parmi les plus farouches opposants au mithriacisme, n'ont jamais mentionné la réalité du sacrifice d'un taureau. Aucun témoin archéologique ne permet d'ailleurs de le présenter comme tel.

Il faut chercher plutôt dans le domaine symbolique. Mithra, c'est l'initié, le franc-maçon ; le taureau, c'est l'animal lunaire, l'animal primordial dont le sacrifice, d'après Jung, « permet à l'homme de triompher de ses passions primitives (…) après une cérémonie d'initiation ». Il s'agit de tuer la bête intérieure. « Le taureau est la force incontrôlée sur laquelle une personne évoluée tend à exercer sa maîtrise  ». On est là en plein dans le mythe d'Hiram : l'initié doit mourir symboliquement avant de renaître à la maîtrise. Mithra sacrifiant le taureau, c'est l'initié qui, ayant vaincu ses passions et soumis sa volonté, montre que le maître Maçon, parvenu à la sagesse, est en mesure d'approcher la Connaissance. On a aussi pu vérifier archéologiquement dans certains mithræa un dispositif d'ensevelissement rituel, cavité ou auge taillée pouvant contenir un homme allongé.

La « tauroctonie » est entourée d'autres symboles, qui, comme dans nos tableaux de loge, concourent à recréer un espace et un temps sacré, indépendants du monde profane. De part et d'autre du groupe central, deux personnages tiennent respectivement une torche levée et une torche abaissée ; ce sont les « dadophores », Cautès et Cautopatès, qui symbolisent le soleil levant et le soleil couchant, l'orient et l'occident. Le sacrifice du taureau est toujours représenté face à Cautès, donc face à l'orient, ce qui concours à orienter symboliquement le mithræum de la même manière qu'une loge maçonnique : l'initié, comme celui qui joue le rôle d'Hiram, meurt puis renaît face à la lumière de l'orient qui est dévoilée chez nous promptement par le Vénérable Maître des cérémonies. Un espace sacré est donc bien recréé, défini par ses points cardinaux.


La scène se passe dans une grotte ; au-dessus de celle-ci, le Soleil et la Lune se font pendant, dans leurs chars, en buste ou en médaillon. Là aussi, le parallèle est flagrant avec nos tableaux de loge, avec la création d'un temps sacré, de midi à minuit. Plusieurs animaux sont associés à la « tauroctonie ». Un corbeau est perché sur la grotte ; dans la plupart des croyances, il est le messager divin, héros solaire. Il symbolise la lumière qui est le but ultime de l'initié, jouant le même rôle que le delta lumineux dans nos loges. On voit également un chien qui s'abreuve du sang du taureau, un serpent qui s'approche de sa plaie et un scorpion qui pince ses testicules pour en recueillir la semence. Le chien c'est bien sûr, universellement, le psychopompe, le guide de l'homme dans la nuit de la mort, avant son retour à la Lumière. C'est aussi, dans certaines traditions, le conquérant et le maître du feu, d'autant plus qu'il s'abreuve ici du sang. C'est donc un double symbole qui relie la mort (pour nous, celle d'Hiram) et le feu, deuxième de nos quatre éléments, après le symbole de la terre représenté par la grotte.

 Le scorpion est aussi, par sa nature même d'animal venimeux, une évocation de la mort. On peut également le relier à l'eau, troisième de nos quatre éléments, par sa position zodiacale. Certaines stèles montrent d'ailleurs un crabe (cancer) à côté ou à la place du scorpion. Quant au serpent, c'est aussi, parmi ses très riches significations, un symbole de la mort. Il est perçu également comme maître du mouvement, surtout à travers son équivalence au dragon, animal de l'air, dernier de nos quatre éléments. Enfin, si le détail du rituel initiatique pratiqué dans les mithræa nous échappe encore, on sait au moins qu'il y avait sept postes dans la hiérarchie de ce qu'on pourrait appeler les « officiers de la loge mithriaque » ; on était successivement « Corbeau » (corax), « Fiancé » (nymphus), « Soldat » (miles), « Lion » (leo), « Perse » (perses), « Courrier du Soleil » (heliodromus) et enfin « Père » (pater) : « sept la rendent juste et parfaite ». Parmi les simples initiés, on relève aussi le titre de Maître (magister).

  

MITHRA -  LES SOURCES SOUTERRAINES DE LA FRANC-MAÇONNERIE – MITHRA ET LE TAROT

Charles Imbert

Edition Véga

 2009

L’ouvrage rapproche franc-maçonnerie et tarot, en mettant en exergue leurs origines, semble-t-il communes : la statuaire et les symboles de la religion mithraïque, un temps concurrente du christianisme.

S’il est convenu que la franc-maçonnerie spéculative moderne a été inventée en 1717, il n’en est pas moins vrai que sa symbolique et nombre de ses concepts s’enracinent dans des traditions venant de beaucoup plus loin dans le temps.

Parmi celles-ci, le tarot, apparu tel que nous le connaissons à la Renaissance.

Mais le tarot lui-même est issu de concepts du mithraïsme. Celle-ci, bien qu’occultée depuis l’émergence du christianisme, a survécu de manière “clandestine” ; sa conception du monde perdure, malgré “l’orthodoxie”, et est réapparue régulièrement à travers l’histoire. La franc-maçonnerie, selon l’auteur, est l’un des réceptacles de cette conception du monde. Cette recherche d’antériorité et cette évocation d’un très ancien état d’esprit s’appuient sur une démonstration érudite qui met à mal la vision matérialiste et “rationnelle” de la franc-maçonnerie.

Le premier concurrent sérieux du christianisme fut, avant le manichéisme, le culte de Mithra, qui était un dieu du panthéon mazdéen. Selon Plutarque, il fut transmis à l’Occident par des pirates asiatiques et phrygiens. Il conservait les problèmes dus à la souillure ; elle demandait le respect des éléments, la propreté du corps allant avec celle de l’esprit et de la nature. De plus, le mithraïsme essayait de concilier métaphysique et science, ce que recherchent encore certaines sociétés secrètes, comme diverses organisations rosicruciennes.

Censé être né un 25 décembre, les repas conviviaux de ses adeptes tenus en son honneur comportaient le partage du pain et du vin. Mithra protégeait effectivement l’âme des justes contre les démons ; et la création de Mazda contre les devas qui peuplent les ténèbres soumis à Ahriman ; il détenait une position importante dans le calendrier, le seizième jour mensuel lui étant consacré, tandis que le septième mois portait son nom. Les grands rois perses avaient pour lui une dévotion particulière et il est invoqué dans les inscriptions d’Artaxerxès à côté d’Ahura-Mazda. On lui offrait des sacrifices de petit ou de gros bétail, des oiseaux. Ces immolations étaient précédées ou accompagnées de libations au jus de haoma et de la récitation des prières rituelles, le faisceau de baguettes à la main. La fête annuelle de Mithra, le Mithrakana, était célèbre dans toute l’Asie.

Les adeptes de la religion de Mithra vivaient en communauté et partageaient tous leurs biens. Le corps, véhicule de l’âme, n’avait qu’une importance relative et la terre était considérée comme un lieu d’exil. La propriété n’était donc pas entourée de prestige et le pouvoir paraissait un fardeau.

Dès sa naissance, l’enfant était trempé dans l’eau, puis on pressait sur sa bouche un peu de suc d’un arbuste appelé haoma. Un astrologue regardait la position des astres à l’heure de sa venue au monde, et selon la place des planètes, attribuait un nom à l’enfant. A sept ans, mâle ou femelle, il devait porter une ceinture en signe de la pureté. A quinze ans, il revêtait une tunique blanche, faite de coton ou de laine, le lin étant réservé aux cérémonies de sacrifices. A trente-trois ans, il choisissait d’aborder l’initiation finale pour devenir prêtre instructeur ou de demeurer dans la société. Sa décision était libre de toute entrave et était ensuite parfaitement respectée.

Il existait douze degrés initiatiques, ouverts à tous, sans distinction de sexe ou de rang social. Les mystes devaient dispenser le savoir connu du monde et l’égalité entre eux, en dehors des cérémonies, était totale, le néophyte étant traité de la même façon que le plus grand initié dans la communauté.

Le premier grade, celui de soldat, symbolisé par une marque de cendres sur le front et la présentation au bout d’une épée d’une couronne de feuillages, correspondait à la lutte intelligente contre les forces sombres. L’arme représentait celle qui devait combattre le taureau. Le deuxième grade, celui du taureau, symbolisé par la remise de l’épée par un homme et la pose de la couronne sur la tête par une femme, correspondait à la recherche de la vérité par la lutte et la raison. Le troisième grade, celui du lion, symbolisé par le dressage figuré de cet animal par le myste avec un fouet, correspondait à la purification, la lutte contre les instincts.

Les grades quatrième, cinquième et sixième correspondaient à l’instruction astrologique et aux études intellectuelles.

Les grades septième, huitième et neuvième, grades solaires, correspondaient à la transmission des secrets théologiques et ésotériques. A ce niveau, le candidat à l’initiation arrivait à son âge de trente-trois ans. Il pouvait alors choisir de s’arrêter ou de continuer. Dans le deuxième cas, il devait affronter le taureau, le tuer, manger sa chair et boire son sang. Plus tard, au temps de la grandeur de la religion de Mithra, ce rite sanglant fut remplacé par un repas symbolique de pains ronds, marqués d’une croix de cendres : le pain représentait le corps, la terre ; les cendres l’élément pur, le feu, le sang.

Le jour sanctifié du taureau était le dimanche, les équinoxes jours fériés ; à leur mort, les fidèles recevaient un viatique qui les préparait au grand voyage.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Les origines - les constitutions d’Anderson - le Bateleur du tarot de Marseille - Le secret maçonnique et le dévoilement - La famille des Stuarts et les roses rouges - le crypto temple - la Trinité et son origine - le concile qui instaura le dogme - la carpe, le lapin et le chapeau - le monothéisme -

Royauté des templiers des débuts à la fin - le reniement de Jésus - cachons la croyance en parlant d’idoles - Eglise et maçonnerie - la guerre de cent ans - la jacquerie - Dissolvons et coagulons - le Pape et son institution - le Chrisme et son mystère - une religion astrologique - la radiesthésie et la synchronicité - rôle des planètes - L’Heptachord et Apollon, dieu du soleil -

Une histoire d’architecte roi et de roi architecte - la mort d’Hiram - les diverses sources historiques, bibliques et mythiques - Le roi de Justice - légitimités archétypiques - Royauté et justice - Salomon - le Prêtre roi - Prêtre et exilarque - le Kyrios - les esséniens - Pensée unique, société unique et secret unique - les sociétés secrètes dans l’Antiquité - les différents secrets - La Maçonnerie est-elle secrète, initiatique, hiérarchique ou alchimique ? - le Maitre de loge - La lame 9 : L’ermite et le temps -

Divination et religion - les références intérieures et extérieures - le mythe, cette mécanique complexe - la précognition en question - L’enrichissement des thèmes de la maçonnerie - Références bibliques et mythologiques - Apollon - Le retour de l’Antiquité en Occident - Dionysos et ses origines - le lion et le taureau - les colonnes Alpha et Beth - Elagabal - les signes maçonniques et les Old Charges - les signes pénaux dans le Tarot - Ordonnances des maçons d’York - la guilde des charpentiers de Norwich - les manuscrits Sloane, Cooke, William Watson, Régius, le manuscrit des archives d’Edimbourg, celui de Trinity Collège, celui de Chetwode Crawley et celui de Graham -

La mort d’Hiram - les rayons de la roue - l’Orphisme - L’égrégore en Franc-maçonnerie et dans d’autres traditions - les égrégores lumineux - les reliques - la morale maçonnique - intemporalité de la quête des fondements moraux - les métaux - la charité - les sources de la morale vaticane - le temple et son symbolisme - le vitruvianisme - qu’y avait-il dans les ruines du Temple ? - Emeute au Mont des oliviers - Orient et Occident - le mythe du Temple - les Cathédrales - la grande Ziggourat de Babylone -

Le mot de passe est le vrai nom de l’étoile - la lettre dans l’étoile - un astre flamboyant - épistémologie - la constellation de la Vierge - Fraternité et sorité - la misogynie - le dysmorphisme sexuel, source de problème - le Livre de l’homme et celui de la femme - le damier - Le Notre Père, une prière mithraïque - la prière, mode de rapport religieux - la phase bonus -

La Croix-Rouge - un traumatisme compassionnel - secours aux blesses - un organisme neutre et humanitaire - une légende maçonnique - les maçons célèbres - Voir la lumière - les expériences de la lumière - l’assiduité maçonnique - la catéchisme maçonnique - perfectibilité et légitimité - que faire pour se perfectionner ? - la voie initiatique - Laisser passer les influx - le Retournement - le Kairos -

 

MITHRA, ZOROASTRE ET LA PRḖHISTOIRE ARYENNE DU CHRISTIANISME.

Charles AUTRAN

PAYOT

 1935

En tant que divinité solaire Mithra est présent dans la tradition védique, aussi bien qu’avestique (Zoroastre). Dans le ring veda plusieurs hymnes dédiés au soleil invoquent Mithra en même temps que Varuna et Savitar.

Dans l’Avesta en sa forme récente, Aura Mazda apparait comme le dieu suprême, toutefois c’est Mithra qui est le dieu des eaux, qui fait pousser les plantes et confère la vie.

 

Il est difficile de situer la naissance du culte de Mithra, on le situe généralement à partir de -1000 ans, et progressivement il va s’installer entre L’Inde et l’Iran puis se répandra dans tout le bassin méditerranéen, il disparaitra vers les années 350 avec l’apparition du christianisme, mais surtout parce qu’il n’a pas su s’adapter au monde en évolution.

 

Une similitude entre Mithra et le Christ, même frappé les premiers observateurs, tels que Justin, Tertullien, et d'autres Pères, et dans la période récente a été demandé de prouver que le christianisme n'est qu'une adaptation du mithraïsme, ou tout au plus le résultat des mêmes idées religieuses et aspirations. Contre cette procédure erronée et non scientifique, qui n'est pas approuvé par la plus grande autorité vivante sur le mithraïsme, les considérations suivantes doivent être présentées. Nos connaissances concernant mithraïsme est très imparfaite; quelque 600 inscriptions brèves, principalement dédicatoire, quelque 300 souvent fragmentaires, exigus, des monuments presque identiques, quelques références occasionnelles dans les Pères ou Actes des martyrs, et une polémique contre le mithraïsme brève qui l'Eznig arménienne environ 450 probablement copié à partir de Théodore de Mopsueste  qui a vécu lors mithraïsme était presque une chose du passé - ce sont nos seules sources, sauf si nous incluons l'Avesta dans lequel Mithra est en effet mentionné, mais qui ne peuvent pas une autorité pour mithraïsme romaine avec laquelle le christianisme est comparé.

 

Notre connaissance est surtout ingénieuse conjecture; du fonctionnement réel intérieur du mithraïsme et le sens dans lequel il a été compris par ceux qui le professent à l'avènement du christianisme, nous ne savons rien. Certaines similitudes apparentes existent, mais dans un certain nombre de détails, il est fort probable que le mithriacisme était l'emprunteur du christianisme. Tertullien environ 200 pouvait dire: «hesterni sumus et vestra omnia implevimus" ("nous sommes d'hier, pourtant votre monde entier est plein d'entre nous»). Il n'est pas naturel de supposer qu'une religion qui a rempli le monde entier, devrait avoir été copiée au moins dans certains détails par une autre religion qui était très populaire au cours du troisième siècle. Par ailleurs, les ressemblances sont superficielles souligné et externes. La similitude des mots et des noms n'est rien, c'est le sens qui compte. Durant ces siècles, le christianisme a été inventant ses propres termes techniques, et a naturellement pris les noms, termes et expressions courantes en ce jour, et ainsi de ne mithraïsme. Mais sous des conditions identiques de chaque système de pensée de ses propres pensées.

 

Mithra est appelé un médiateur, et est ainsi le Christ, mais Mithra origine que dans un sens cosmogonique ou astronomiques; le Christ, étant Dieu et homme, est par nature le Médiateur entre Dieu et l'homme. Et dans bien des cas similaires. Mithraïsme avait une Eucharistie, mais l'idée d'un banquet sacré est aussi vieille que la race humaine et existait à tous les âges et parmi tous les peuples. Mithra a sauvé le monde en sacrifiant un taureau, le Christ en se sacrifiant. Il n'est guère possible de concevoir une différence plus radicale que celle entre Mithra taurochtonos et Christ crucifié. Christ est né d'une Vierge, il n'y a rien à prouver que le même a cru de Mithra né de la roche. Christ est né dans une grotte, et Mithraïstes adoré dans une grotte, mais Mithra est né sous un arbre près d'une rivière. Tout comme été faite de la présence de bergers adorant, mais leur existence sur des sculptures n'a pas été prouvée, et considérant que l'homme n'avait pas encore paru, il est un anachronisme à supposer leur présence. Le Christ a été un personnage historique, récemment né dans une ville bien connue de la Judée, et crucifié sous un gouverneur romain, dont le nom figurait dans les listes ordinaires officielles.

 

 Mithra était une abstraction, une personnification même pas du soleil mais de la lumière du jour diffuse; son incarnation, si l'on peut être appelé, était censé avoir eu lieu avant la création de la race humaine, avant tout l'histoire. Les petites congrégations Mithra étaient comme les loges maçonniques pour quelques-uns et pour les hommes seulement, et même ceux qui la plupart du temps d'une classe, les militaires; une religion qui exclut la moitié de la race humaine n'est pas comparable à la religion du Christ. Mithraïsme était complète et tolérante de tout culte autre, le Pater Patrum lui-même était un adepte dans un certain nombre d'autres religions, le christianisme était essentiel exclusif, condamnant toutes les autres religions dans le monde, seul et unique dans sa majesté.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Première partie : Grandeur religieuse du monde iranien  -  Les mystères de Mithra  -  Le couple souverain, l’Inde dravidienne et la Méditerranée Egéenne  -  Mithra, Çiva et les « Phoinikes » de la tradition hellénique  -Esquisse de l’histoire de l’expansion d’un grand culte chalcolithique  -  Survivances occidentales de Mithra-Çiva  -  Mithriacisme et religion des mages  - Le taureau  -

 

Deuxième partie : Zoroastre, le zoroastrisme et la chronologie  -  La religion d’Israël avant et après l’exil  -  L’eschatologie  -  Anges et démons  -  Paradis, Géhenne et purgatoire  -  Résurrection et jugement dernier  - 

 

 

moïse l’Égyptien

Jan assmann

Edition FLAMMARION

 2001

Moïse l’Égyptien ou l’histoire de la confrontation symbolique entre Israël et l’Égypte. Trait d’union entre ces deux univers religieux, ce Moïse égyptien n’appartient pourtant pas à la tradition canonique et relève d’une « contre-histoire », qui place au premier plan des éléments réprimés dans la mémoire officielle.


Elle commence avec Aménophis IV, pharaon égyptien du XIVème siècle avant notre ère qui imposa le premier monothéisme, et s’achève avec le livre de Freud, L’Homme Moïse et la religion monothéiste (1939). Avec un sens aigu des enjeux spécifiques à chaque époque, Jan Assmann retrace l’entreprise de « déconstruction » qu’ont opérée, entre autres, John Spencer (1630-1693), Spinoza, Schiller et Freud, qui ont tous œuvré, selon des modalités différentes, à la réhabilitation de la religion égyptienne.

 

Cet engouement culmine avec l’égyptophilie de la fin du XVIIIème siècle et décroît jusqu’à sombrer dans l’oubli à l’époque romantique. Politique, philosophique et religieux, le débat mosaïque rencontre quelques-unes des préoccupations essentielles de la civilisation occidentale : le rapport à l’autre, la vérité, la tradition… Il permet également à l’auteur de poser les fondements d’une histoire de l’antisémitisme qui emprunte certaines de ses notions à la psychanalyse.

 

Moïse est né en Egypte vers 1200 avant J-C. Sa vie de prophète et de rassembleur du peuple juif est relatée dans l’Exode et le Deutéronome (Ancien Testament). Ci-contre sculpture de Michel-Ange. Moïse a transmis à son peuple les dix commandements. Les cinq premiers livres de l’Ancien Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombre et Deutéronome) appelés Pentateuque, et qui forment la Torah ("la Loi") lui ont également été attribués, mais les nombreuses exégèses effectuées permettent de penser que ces textes n'ont pas été écrits par un seul homme. Moïse est mentionné dans le judaïsme, le christianisme et l’islam.

 

L'Exode indique que Moïse est né à Goshen, en Egypte, fils d’Amran et Yokèbed, tous deux issus de la tribu de Lévi, et aurait pour frère et sœur, Aaron et Myriam. Le pharaon d'Egypte ayant ordonné la mise à mort de tous les jeunes garçons nouveau-nés des Hébreux soumis à l’esclavage, la mère de Moïse place son fils dans une corbeille et le dépose sur les rives du Nil. L’enfant est recueilli par la fille du pharaon, qui l'élève comme son fils. Elle lui donne le nom de Moïse, car elle l’a "tiré des eaux". La révélation au Buisson Ardent

 

Devenu adulte et informé de ses origines, Moïse visite l’un des chantiers où travaillent les Hébreux ; il tue un Egyptien qui persécute l’un d’eux. Il quitte l'Egypte pour aller dans le pays de Madian. Il reçoit alors la révélation de sa mission au Buisson ardent: libérer le peuple hébreu de l’esclavage et le guider vers la Terre promise, le pays de Canaan, conclure l’Alliance, enseigner la loi qui porte son nom. Dieu lui dit :"Je suis celui qui est». Moïse reçoit ensuite le don de faire des miracles, pour qu’il soit reconnu par les Hébreux comme l’élu de leur Dieu, et pour convaincre le pharaon. Moïse se rend donc en Egypte. Il obtient la libération des Hébreux, avec l’aide de son frère Aaron. La traversée dans le désert et le passage de la Mer Rouge Le peuple hébreu marche alors dans le désert et franchit la Mer Rouge grâce à un miracle de Moïse, ouvrant les flots en deux pour le passage de son peuple, et les refermant sur ses poursuivants


On y parle aussi de J. Tolland des idoles, de secret, la latence, du déisme, du théisme, etc.

 

mystÈres Égyptiens

A. moret

Edition ARMAND COLIN

 1913

Un livre très intéressant sur les pratiques funéraires, l’ésotérisme, la construction des pyramides et la spiritualité de ces 4000 ans de civilisation.

 

La grande pyramide est la plus grande structure au monde jamais créée par l’homme et pourtant, elle cache encore bien des secrets et nous sommes impuissant face à ces mystères, même avec notre équipement pourtant ultra-moderne. C’est en 1992 qu’une société allemande a été engagée pour débloquer et explorer un conduit d’aération dans la grande pyramide. Ils ont utilisé pour cela un petit robot équipé d’une caméra.

 

Ce robot fit deux découvertes, pour la première, il a permis de prouver que le couloir qui menait à la chambre de la reine n’était pas rectiligne, mais courbe. Pour la deuxième découverte, il s’avère que le robot, 65 mètres après la première découverte a été stoppé dans son élan par une porte équipée de deux poignées en cuivre. Mais s’il y a une porte, il devrait y avoir une chambre de l’autre côté non ? Mais cette porte étant scellée, comment peut-on y accéder sans abîmer le bâtiment ? Le directeur des pyramides du Caire, le Dr Zahi Hawass pense quant à lui que rien n’est caché derrière cette porte, il pense qu’il s’agit juste d’une cale que les ouvriers ont abandonnée là.

La pyramide est restée fermée pendant plus de deux années, est-ce pour permettre aux chercheurs d’approfondir leurs recherches ? Le Dr Zahi Hawass assure qu’elle a été fermée pour pouvoir être restaurée. Nous savons que les égyptiens avaient des moyens rudimentaires pour construire leurs pyramides, pourtant, elles sont d’une exactitude quasi parfaite. L’homme d’aujourd’hui devrait être tout à fait capable de les reproduire si on suit la logique. Gregory Pyros, architecte de son état dit que les pyramides sont à elles seules une énigme. Il explique que logiquement un bâtiment s’affaisse avec le temps. Prenons quelques exemples : -Immeubles actuels, 15 cm de tassement sur 100 ans, -Capitole, 13 cm de tassement sur 200 ans, -Pyramides, 1.5 cm sur 5000 ans.

 

C’est extraordinaire n’est-ce pas ? Si l’on regarde de plus près maintenant, la structure elle-même de ces pyramides, j’entends par là les roches calcaires polies qui ont servi à sa confection, on se rend compte qu’elles sont imbriquées les unes avec les autres avec une précision d’un millième de centimètre, c’est tellement resserré qu’on ne peut même pas introduire une lame de rasoir entre les jointures. Et comment ces blocs énormes ont-ils été transportés, sachant qu’il y en avait plus de 200 millions et tout cela ne s’est étalé que sur une vingtaine d’années. De nos jours, construire un bâtiment pareil relèverait de l’exploit pur et simple, nous sommes à ce jour incapable de faire un tel bâtiment avec un tel degré de perfection. Mais comment ont-ils fait avec si peu de moyens pour construire pareils édifices ? Chaque réponse semble amener de nouvelles questions. Tous les chercheurs semblent se contredire quant à la façon qu’ont eue les égyptiens pour déplacer et mettre en place ces blocs de pierres.

Edward Leedskalnin s’est vanté d’avoir compris la façon de construire des égyptiens et d’avoir percé le secret de la construction des pyramides égyptiennes, il a fait un château de la même façon. On appelle ce dernier "le Château de Corail". Il a mis 28 ans à construire cet édifice assemblé avec de la pierre et du corail, inimaginable pour un petit bonhomme de 40 kg non ? Il l’a pourtant fait et tout seul, sans aucune aide extérieur. À ce jour, personne ne sait comment il a fait, mais les rumeurs vont bon train. Dans tous les cas, il a accompli une véritable prouesse, en déplaçant des pierres énormes, dont une porte de neufs tonnes que l’on peut ouvrir à la force d’un seul doigt. Malheureusement, il est mort avant d’avoir livré son secret, ce qui nous aurait surement aidé à comprendre comment les égyptiens ont fait.

Parlons de la légende de la malédiction de Toutankhamon. Tout commence en 1923, quand Howard Carter et son équipe mettent à jour la tombe de Toutankhamon. Tout d’abord, son canari est avalé par un cobra, les employés égyptiens des fouilles y voient tout de suite un mauvais présage, mais les fouilles doivent continuer. En mars 1923, c’est un des collègues d’Howard qui meure subitement, peut-être d’une septicémie. En tout, ce sera 27 personnes proches de l’expédition qui trouveront la mort de façons suspectes. Ces décès restent à ce jour, pour la plupart j'entends bien, inexpliqués.

Voilà un autre mystère de l’ancienne Egypte, la pratique de la momification. Les organes étaient extraits du corps et étaient placés dans des urnes, ensuite, on séchait le corps et on l’embaumait. Un mois plus tard, il était entouré de bandelettes et placé dans un cercueil de bois, puis un autre par-dessus en pierre. Le cercueil était ensuite déposé dans une crypte pour un repos éternel. On sait que les pyramides ont été érigées pour servir de tombes aux pharaons ainsi qu’à leurs proches, mais jusqu’à présent, on n’a retrouvé aucun corps, aucune dépouille royale. Mais alors, pourquoi les grandes pyramides ont-elles été construites ? Là encore, tout le monde se contredit, chacun y va de son avis et rien ne se regroupe. L’orientation géographique de la grande pyramide de Gizeh constitue sans nul doute sa plus belle caractéristique. Ces arrêtes en effet sont alignées presque exactement sur les axes géographiques nord-sud et est-ouest. Certains théoriciens pensent que la pyramide abrite un observatoire astronomique.

D’après les textes sumériens, les pyramides de Gizeh ont été construites par des extraterrestres pour servir de balises délimitant un couloir d’atterrissage pour leurs vaisseaux, couloir qui aboutirait à une base spatiale dans le désert. Bien entendu, tout cela n’est que spéculations, mais la plupart des experts y voient la seule explication possible à ce degrés de perfection, en effet, les spécifications techniques pour la construction de la grande pyramide sont au-delà de nos compétences actuelles. Mais admettons que cette théorie soit la bonne, rien n’explique pourquoi ces extraterrestre auraient fait cela, à moins que les réponses soient au sein même de la grande pyramide ? Que nous reste-il à découvrir ? Que peut-il bien y avoir derrière cette porte, celle que nous avons citée plus haut ? Les recherches continuent et peut-être auront-nous bientôt la réponse, en attendant, continuons de rêver et d’imaginer...

 

mythologie grecque – contes & rÉcits

François busnel

Edition du SEUIL

 2002

Récits détaillés de quelques Dieux Grecs:

 

Zeus, Chronos, les Titans, Typhon, Prométhée, l’Atlantide, Pandore, Héra, Europe, Callisto, Déméter, Athéna, Héphaïstos, Poséidon, Apollon, Léto, Artémis, Python, Asclépios, Daphné, Dionysos, Penthée, Silène, Aphrodite, Adonis, Pâris, Éros, Psyché, Hermès, Persée, Méduse, Argos, Sisyphe, les Amazones, Jason et les Argonautes, la toison d’or, Orphée, Perséphone, Hadès, Héraclès et les 12 travaux, Dédale, Icare, Thésée, Ariane, Égée, Œdipe, le Sphinx et Antigone.

 

Relatant l'ensemble des mythes provenant de la Grèce antique, la mythologie grecque est à l'origine de la religion grecque. Ces récits sont aussi à l'origine, pour une large part de la mythologie romaine.Riche en aventures et autres épopées palpitantes, la mythologie grecque présente des héros maniant force et courage, faisant parfois face à de terribles monstres issus de l'imagination la plus fertile, ou encore défiant les dieux les plus puissants. La mythologie grecque perpétue la philosophie, la symbolique à travers les âges, et rapproche les mortels des immortels.

 

Les dieux sont omniprésents dans la mythologie grecque, ils en sont les fondements et eux-mêmes sont une famille, une famille pour le moins féconde. Toutes ces légendes constituant la mythologie grecque ont traversés les siècles pour nous parvenir, elles furent tout d'abord racontées de façon orale sur les scènes de théâtres et autres, puis de par la suite de façon littéraire. A travers les âges, les versions (ou traditions) ont été écrites, ré écrites, traduites et très certainement embellies. La plus répandue est celle d'Hésiode : La Théogonie

19 N

neter dieux d’Égypte

rossini & schumann

Edition TRISMEGISTE

 1992

Chaque grand dieu est analysé en détail (64 chapitres avec 79 dieux principaux) : son nom (avec son hiéroglyphe), son étymologie, l’auto-présentation du dieu à travers ses épithètes, ses aspects (formes, attributs, couleurs, éléments, animaux sacrés), son culte (géographie sacrée et fêtes), ses relations (parenté et associations), ses fonctions, et ses mythes. Le dessin du dieu en pleine page fait face à son nom.


L’ouvrage, introduit par « Dieux et Mythologie de l’Égypte ancienne » est complété par des Dictionnaires et Indes Bestiaire divin, Glossaire des notions liées au polythéisme égyptien, Nomes géographiques, Lieux de culte, Dieux et forces divines (environ 300 noms).


« Dans ce livre … se conjuguent la rigueur scientifique d’une égyptologue, ayant puisé aux meilleures sources, et la poésie d’un artiste…

 

Leur intention fut de souligner, aussi clairement que possible, la valeur et le rôle attribués aux principaux acteurs d’un Panthéon destiné à dispenser une réponse à l’insondable mystère de la création, au fonctionnement du cosmos et, en définitive, à la destinée de l’homme…


Stéphane Rossini a traité ces images divines en synthèses s’inspirant de leur aspect le plus traditionnel…

 

Ruth Schumann-Antelme a choisi la synthèse la plus accessible, la plus clarifiée, la plus sûre aussi, du puissant enseignement métaphysique…

Toby Wilkinson, auteur d’une remarquable synthèse sur la période prédynastique (early dynastic Egypt, 1999), distingue les dieux universels et les dieux locaux. Dans la religion égyptienne, il y a des dieux ayant une importance nationale et universelle et d’autres « régionaux ». Ce concept apparaît donc très tôt. L’origine de cette différence s’observe dès la dynastie 0 (vers 3330 – 3150 av. J.-C.), voire, avant. Très tôt, des divinités locales apparaissent et leurs représentations se concentrent dans une région précise, voire, uniquement dans une ville, un village. D’autres ont très rapidement une importante « royale » et nationale. Cette divinité s’impose au-delà de son lieu d’origine. Les Égyptiens eux-mêmes vont écrire : [nom du dieu] de [nom de la ville]. 

 

L’exemple le plus typique de la période prédynastique est le faucon. Le faucon devient rapidement un symbole que l’on retrouve dans toute l’Égypte. Son association avec la royauté et le futur pharaon est quasi immédiate. Est-ce déjà le faucon Horus ? Une divinité faucon est vénérée à Nekhen (Hiérakonpolis, moderne Kom el-Ahmar, au sud de Louxor). Il semblerait qu’un culte d’Horus très important se développe dans cette ville. Peut-être même que Horus fut originaire de cette région. D’autres divinités faucons apparaissent dans d’autres villes mais Horus va s’identifier à la royauté, à la force et à la protection du pharaon. 

 

L’origine du mot « dieu » - Traditionnellement, nous traduisons le mot égyptien netjer par « dieu ». L’origine de netjer est incertaine. Le signe composé d’un faucon posé sur un pavois, utilisé dès la fin de la dynastie 0 (vers 3150 av. J.-C.), se lit « netjer ». La valeur phonétique de ce signe intrigue les chercheurs mais sa lecture ne fait aucun doute durant l’Ancien Empire. Étonnamment, cette valeur phonétique est valable pour le faucon sur son pavois et le pavois seul. L’origine du signe proprement dit fait toujours débat. Mais il n’est pas impossible qu’il représente un mat et son drapeau en son sommet. Bref, pourquoi « dieu » s’appelle « dieu » demeure une énigme !

 

Voici donc un réel guide, nourri de la meilleure information, et très bien venu, facile à interroger et qui permettra également de visiter, avec profit, les prestigieux monuments de l’antique Égypte. »

19 O

Œdipe intÉrieur – la prÉsence du verbe dans le mythe grec

Annick de souzenelle

Edition ALBIN MICHEL  

 1999

Annick de Souzenelle s’était surtout consacrée, jusqu’à présent, à développer une lecture symbolique et spirituelle tout à fait originale des textes bibliques. Mais dès Le Symbolisme du corps humain, son œuvre maîtresse, elle affirmait que toutes les grandes mythologies du monde sont porteuses du Verbe divin.

 

Forte de cette conviction, elle ose s’avancer ici au cœur des mythes grecs, et d’abord de celui qui présida la révolution psychanalytique: Œdipe. Sans renier les acquis fondamentaux du freudisme, elle reprend bien plus en amont le récit mythologique et en suit le prolongement jusque dans l’œuvre de Sophocle.

 

Le destin d’Œdipe, loin de toute fatalité et de toute interprétation déterministe, s’éclaire alors d’une lumière mystique, dans laquelle l’homme est appelé à épouser sa « sœur-mère », symbole de son « féminin intérieur », et à franchir les étapes successives de son initiation ultime.

 

Pour préciser le sens de cette lecture totalement novatrice du mythe œdipien, Annick de Souzenelle nous invite à revisiter aussi l’histoire de Thésée – ce «héros» trop pressé dont les nombreux exploits cachent une fuite de toute exploration intérieure – et celle d’Europe, symbole d’une civilisation dont la vocation première est de se mettre en route vers son Orient

À l’heure d’une «construction de l’Europe» dont la finalité semble si obscure à beaucoup, Annick de Souzenelle signe là l’un de ses livres les plus engagés, et nous appelle à retrouver le sens profond de notre double héritage, celui d’Athènes comme celui de Jérusalem.

 

Tous les autres livres d’Annick de Souzenelle sont au Chapitre  10 S

 

ORPHḖE  -  LA FḖCONDITḖ DU CHAOS

Dominique Bertrand

Ed. Signatura

2016

La légende raconte que revenu des enfers, Orphée fonda les mystères, laboratoire initiatique d’où naîtra l’Orphisme. Cette croyance influencera grandement sous des formes diverses les penseurs de l’époque, philosophes, écrivains, poètes, et autres chercheurs d’ésotérisme et de mystère. Son écho résonnera avec insistance dans le tissage de l’Occident naissant, jusqu'’à aujourd’hui.

 

Orphée n’a pas fini de chanter. Sa voix échappe à l’oreille distraite, et pourtant ce qu’elle dit nous concerne directement : elle rappelle qu’il importe de ne pas se tromper de mort; que l’on ne passe pas d’un ordre à un autre sans passer par le désordre; que celui-ci échappe à toute loi, et donc à toute prévision; que toute valeur y est remise en question, pour le meilleur et le pire; que le chaos peut tuer ou régénérer, selon l’angle, selon l’art. Selon la capacité de d’écouter, de désirer, d’aimer, d’embrasser sa plénitude bouleversante. Orphée l’enseigne en secret : il est des épousailles noires qui donnent jour...

 

Lorsque le temps se condense en un présent aveuglant, la seule réponse capable de répondre immédiatement à l’immédiat du monde est d’amour, que le brusque surgissement du désir porte à son exigence la plus radicale : l’inconnu. Orphée en fit un art : l’art des rythmes que le corps capte en résonance, l’art de l’onde dont l’élan exhausse la parole hors d’elle-même, viatique ultime... Poétique, l’épreuve implique le travail du langage-qui-fait-l’humain-qui-fait-le-langage, cette boucle tragique qui peut tout autant enfermer que libérer, selon les orientations de l’obscure dynamique désirante. Ici la voix rappelle que nul ne traversera le chaos extérieur sans être initié au chaos intérieur, source obscure du verbe qui ouvre les mondes. L’écoute en est la loi.-

 

Orphée, apparu 13 siècles avant le Christ, fut un grand réformateur religieux. Si l'on en croit l'historien latin Horace, il fut l'interprète sacré des dieux. Il était le fils d'un roi de Thrace Œagre, mais selon les légendes, il serait fils d'Apollon, dieu solaire, et de la muse Calliope. D'ailleurs, il était lui-même musicien et poète. Sans qu'aucun auteur ancien n'en fasse mention, dès sa jeunesse, il quitta le pays pour l'Egypte, où il fut accueilli par les prêtres de Memphis. Après vingt ans dans les écoles de mystère, il retourna en Thrace et entreprit de profondes transformations dans l'organisation religieuse. Sa tombe devint un lieu de pèlerinage. Orphée est surtout connu par la légende de sa descente aux enfers.

 

Mi-homme, mi- dieu, il est devenu un personnage mythologique dont le nom signifie "la lumière de d'amour". Il serait à l'origine des mystères d'Eleusis qui apparaissent dès le VIIe siècle. Prélude au christianisme, l'orphisme constitue à la fois une religion secrète à caractère initiatique et une philosophie : l'âme, prisonnière du corps, porte le fardeau d'un crime originel ; elle ne sera libérée qu'au terme de nombreuses incarnations en se purifiant par les jeûnes, l'ascétisme et l'initiation spirituelle. C'est aussi la promesse d'une vie post-mortem. Ces rapprochements avec le christianisme ont été mis en lumière par André Boulanger, qui cite un autre auteur dans son livre Orphée. Voici l'opinion de ces auteurs : "Le passage du christianisme judaïque au christianisme hellénique, du fait historique de Jésus au fait mystique du Christ, se serait opéré grâce à l'orphisme, la christologie de Paul étant purement et simplement une transposition de l'orphisme. Entre les deux doctrines, il y a mieux que des ressemblances, il y a identité pour tout l'essentiel. Par conséquent, établir que les éléments mythiques du Christ paulinien dérivent de l'orphisme équivaut à chercher jusqu'à quel point la résurrection mystique dans le christianisme dérive de l'orphisme

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Orphée, le dernier chaman   -  Eurydice, le Grand Dire   -  Orphée   -  Le nocher des enfers   -  En puissance   -  Charon   -   La puissance de la puissance   -   Cerbère    -   les des damnés de sous-terre   -  Sisyphe   -  Orphée le civilisateur   -   Tantale   -   Hermès   -   Eurydice   -    Pythagore    -   Les dieux de l’enfer   -   Perséphone   -   Le retour   -   L’écoute   -    Sans nom, Danaïde    -    L’explication orphique de la terre   -   Transmission   -   La musique, le silence et la puissance   -   le Baptiste   -     Kalis et Thero, 2 ménades   -   Dionysos    -   Les Ménades    -    Vers l’accomplissement   -   les Erynies   -   

 

ORPHÉE   et   L’ORPHISME

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2002

Le mythe d’Orphée est l’un des plus obscurs et les plus chargés de symbolisme que connaisse la mythologie hellénique. Attesté à une date très ancienne, ce mythe s’est développé jusqu’à devenir une véritable théologie, autour de laquelle existait une littérature très abondante et ésotérique.

 

Le mythe d’Orphée à exercer une influence certaine sur le christianisme primitif et il est attesté dans l’iconographie chrétienne.

Orphée est fils d’Œagre et de Calliope (une des neuf muses), il est originaire de Thrace dont il porte souvent le costume et chante ses traditions, car il est le chanteur par excellence, mais également musicien et poète.

 

Ces trois dons lui donnent la paternité de la lyre et de la cithare, lyre qui de 7 cordes, passera à 9 cordes en hommage aux neuf muses. Ses chants suaves et sa musique vont charmer même les bêtes fauves et les arbres, ainsi il va devenir l’icône des musiciens, des poètes, des chanteurs et des séducteurs.

 

Trois mythes vont se former autour de lui, tout d’abord le Voyage des Argonautes, dont il fut le chantre, le chef de nage et le prêtre. Il donne la cadence aux rameurs, calme l’équipage, apaise les flots, supplie et amadoue les Cabires (dieux des mystères de Samothrace), éloigne les sirènes qui essaient de troubler les rameurs, dans les poèmes des Argonautiques orphiques, il lui est attribué des opérations magiques.

Mais le mythe le plus célèbre est celui de sa descente aux enfers, pour l’amour de sa femme Eurydice. Ce mythe est raconté dans le IVe livre des Géorgiques de Virgile. Eurydice est une nymphe, fille d’Apollon, alors qu’elle se promenait elle fut poursuivie par Aristée, en courant elle fut piquée par un serpent et elle mourut. Son mari Orphée, inconsolable descendit aux enfers pour y rechercher sa femme ; par les accents de sa lyre et de sa voix, il charme non seulement les monstres de l’enfer mais aussi les dieux infernaux. Hadès et Perséphone consentent à rendre Eurydice à un homme qui possède de tels dons, la seule condition est que Orphée remontera au jour, suivi de sa femme, sans se retourner pour la voir avant d’avoir atteint la surface de la Terre. Orphée accepte et se met en route, mais un doute va l’assaillir avant d’arriver en haut : Eurydice est-elle toujours derrière lui ? Il se retourne et Eurydice s’évanouit et meurt une seconde fois. C’est le thème central des mystères orphiques avec ce Retournement, élément central cher aux spiritualistes et métaphysiciens, et qui nous emmène sur le chemin de la conversion, de la métanoïa, du changement brutal mais salutaire.

 

Le troisième mythe sera celui de sa mort, avec des ambigüités sur le fait qu’il aurait préféré la compagnie des garçons à celui des filles (pédérastie), d’autres récits disent qu’il fut tué en mémoire du souvenir de sa femme , par les femmes de Thrace jalouses, l’histoire dit également qu’à son retour des enfers  il aurait créé les mystères orphiques, interdit aux femmes. Lors de sa mise à mort son cadavre fut coupé en morceaux et jeté à la mer (comme celui d’Osiris). Sa tête et sa lyre arrivèrent ainsi à Lesbos, les gens qui le trouvèrent dirent que sa bouche chantait et que la lyre jouait, il fut enterré dans cette ile qui devint ainsi un lieu de culte pour beaucoup de monde, que ce soit des poètes, des homosexuels, des musiciens etc.

 

L’orphisme enseigne à l’initié le pythagorisme, il enseigne la divinité de l’âme immortelle et l’impureté du corps. A la mort du corps chaque âme doit effectuer une série de migrations d’un corps à l’autre (Métempsychose). L’orphisme pratique le végétarisme, leur culte est un mélange des mythes d’Eleusis et de Mithra avec le culte du feu, du taureau et de Dionysos.

 

Jean Servier nous conte ces mystères dans la Grèce ancienne, sa théogonie, sa sagesse et son paradis orphique. Il nous emmène également dans la Rome antique avec Virgile.

 

 William Goldblum nous explique pourquoi Orphée est un personnage mythique qui est devenu ainsi l’archétype de l’intercesseur, du médiateur entre ce monde de l’invisible- les enfers- et le monde des vivants, il nous parle de la réincarnation, de l’immortalité de l’âme, de la métempsychose, et des enseignements orphiques.

 

Harry Baran nous explique pourquoi Orphée cet enchanteur, magicien et prophète est depuis 3000 ans l’interprète des Dieux, que ce soit en Grèce ou dans la Rome antique. Il développe le pays de Thrace, pays qui de tous temps fut considéré comme une région sainte, pays de lumière, véritable patrie des muses. Pour Platon, Pindare ou Eschyle, la Thrace signifiait : « Le pays de la pure doctrine et de la poésie sacrée qui en procède ». Il nous parle de l’orphisme, de ses petits et grands mystères.

 

osiris

Bojana mojsov

Edition FLAMMARION

 2007

Couronné d’une haute tiare ornée de plumes, Osiris trône dans sa splendeur aux portes du Monde d’en-bas, entouré par la cour des immortels. Anubis, le dieu à tête de chacal, conduit les défunts devant lui ; Horus, le dieu à tête de faucon, attend debout le verdict final. Osiris, pointant le sceptre de l’éternelle royauté, parle à l’âme qui approche : « Entre, puisque tu sais ! » Ce royaume d’Osiris, combien ont voulu le pénétrer et être initiés à ses mystères ? Pour découvrir les visages du grand dieu et l’extraordinaire histoire de son culte, Bojana Mojsov, archéologue, nous convie à la traversée de trois millénaires de l’antiquité égyptienne : depuis la genèse du mythe – qui trouve sa source dans la vallée du Nil abritant les amours incestueuses d’Isis et Osiris – jusqu’à son influence sur les multiples religions et traditions ésotériques – du christianisme à la Franc-maçonnerie en passant par l’alchimie – auxquelles il aura inspiré des traits aussi caractéristiques que le baptême dans un fleuve sacré ou l’invention de l’Eucharistie…Au terme de ce voyage, subsiste l’écho ténu mais réel d’un culte parvenu jusqu’à nous depuis le limon noir du Nil préhistorique dans lequel il fut façonné. N’est-ce point ce que prédisaient les très anciens Textes des Sarcophages lorsqu’ils affirmaient : « Hier m’appartient et je connais demain – ainsi pense Osiris » ?

 

Dieu anthropomorphe représenté coiffé d'une couronne décorée de deux hautes plumes, il tient en main les symboles de la royauté: le fouet « neheh » et le sceptre « heqa ». Il est probablement le plus connu des dieux égyptiens. Il le doit partiellement à ce mouvement d'intérêt déjà deux fois millénaire qui parsema de ses sanctuaires les rives méditerranéennes, mais il faut surtout y voir une conséquence du caractère essentiellement humain de sa légende, il n'a rien de comparable à ces divinités difficiles à cerner dont le panthéon Égyptien est si riche, entités complexes jaillies de la préhistoire, à la fois puissances élémentaires, êtres mi-hommes, mi-animaux, dont l'aspect exotique nous déconcerte. Il est simplement pour nous un être de chair, qui a connu, sur la terre, la trahison et la mort et qui, ressuscité par la piété conjugale de sa femme Isis, a triomphé de cette mort, apportant à tous les humains l'assurance d'une survie éternelle.

 

Pourtant avant de devenir une divinité reconnue dans l'Égypte entière, Osiris avait connu des débuts très modestes. Que fut-il exactement dans l'esprit de ses premiers adorateurs? Sans doute un dieu incarnant les puissances de la terre et des plantes. Mais cette personnalité initiale, du reste purement hypothétique, ne tarda pas à s'enrichir, au fur et à mesure que son culte s'étendait géographiquement, il hérita des fonctions des dieux qu'il éclipsait. A Busiris {« le domaine d'Osiris »} même, où nous surprenons sa première apparition, il a déjà remplacé une divinité plus ancienne, Andjty, qui fut, semble-t-il, un dieu roi, c'est de lui qu'il prit certains traits de sa légende qui le firent considérer comme un souverain des premiers temps. Au conflit qui l'opposa ensuite à Rê d'Héliopolis succéda un compromis, intégré à la grande ennéade il devint fils de Nout et de Grb, frère d'Isis, de Nephthys et de Seth, tandis qu'Horus, initialement dieu faucon de l'empyrée, se dédoublait pour devenir, sous son nouvel aspect, fils d'Osiris et d'Isis.

 

Son passage à Memphis, et son assimilation à Sokaris, forme de puissance chthonienne déjà associée au dieu Ptah, accentuent les traits de sa légende relatifs à sa royauté terrestre et, en même temps, lui donnent ses premiers aspects funéraires. Puis, Abydos le reçoit, où il remplace définitivement Khentamentiou, patron des morts et des nécropoles. Devenu maintenant dieu de l'au-delà et garant de la résurrection humaine, il se répand dans toute l'Égypte, supplantant finalement la religion solaire sur les terrains de l'au-delà. A la fin de la 5e dynastie, le roi mort est déjà un Osiris, et l'humanité courante, qui assistait jadis à la conquête du ciel menée par le souverain défunt et ne pouvait le suivre dans cette apothéose que par une fusion vague et anonyme de l'Égypte vivante dans la personne collective de son roi, accède désormais individuellement, sur les pas d'Osiris, dans un autre monde souterrain, démocratiquement ouvert à tous.

 

Pourvu d'une personnalité multiple, résumant ses conquêtes géographiques successives, Osiris règne donc sur l'au-delà: sa survie et sa résurrection, assurées par les pratiques d'embaumement, ont ouvert aux humains l'éternité d'un nouveau royaume. Mais son passage à Héliopolis lui a laissé aussi d'autres aspects: il est resté l'un de ces astres qui éclairent la nuit, Orion du ciel du sud, mais aussi la lune. Et Osiris qui a supplanté le soleil dans les croyances d'au-delà, devient dans la théologie courante l'un de ces aspects; il est une forme du soleil nocturne, et l'on parle maintenant d'une « âme double », dont Rê est une manifestation, et Osiris la seconde. Isis et Nephthys qui avaient entouré de leur affectueuse présence la résurrection du dieu mort, deviennent les déesses qui accueillent le soleil à son lever, et les Grecs, qui ont recueilli des échos très tardifs de sa théologie, ont pu affirmer qu'il « était le soleil ». Heureusement, à côté des synthèses menées par les théologiens pour tenter de concilier tous les aspects successifs d'Osiris, en les juxtaposant sans jamais rien en soustraire, la mythologie populaire se chargea de construire une « légende Osirienne», moins exhaustive sans doute, mais plus cohérente.

 

Certains épisodes de la légende osirienne étaient représentés, annuellement, lors des fêtes d'Abydos. D'autres cérémonies, secrètes, celles-là, des mystères, s'accomplissaient dans certaines salles retirées des temples. Elles traduisaient moins le caractère humain de la légende osirienne que sa fonction originelle de dieu de la terre et des forces végétales. Elles avaient lieu au début du IVe mois de l'an Egyptien, lorsque les eaux de l'inondation, se retirant, allaient bientôt laisser les champs émerger et s'ouvrir aux cultures. On façonnait alors de petites statues d'argile humide, ayant la forme d'Osiris, et l'on mêlait ce limon de grains, le tout était déposé sur un lit. Au bout de quelques jours, les grains germaient et un petit fourré poussait, dont les contours conservaient la forme de la statue de terre qui leur avait donné naissance. Tels sont les « Osiris végétants », figures vertes et viriles, de l'imagerie sacrée, jardinets divins que l'on retrouve parfois, flétris, dans les tombes thébaines. Ainsi comme son dieu, la terre égyptienne, après sa mort annuelle sous la brûlure de l'été, renaissait avec le retrait des eaux et s'ouvrait sous un nouveau jaillissement de vie. Les égyptiens d'aujourd'hui, qui font encore germer les lentilles dans du coton humide, lors de certaines fêtes religieuses, se doutent-ils du caractère millénaire de cette pratique?

 

Ainsi lorsque nous contemplons la statue du dieu Osiris, étroitement gainé dans son habit collant, les bras croisés sur la poitrine, serrant le fouet et le sceptre, la tête coiffée de la mitre blanche flanquée des deux grandes plumes, une double image naît-elle devant nous: l'une très humaine, et très proche de notre sensibilité, nous montre un être bienfaisant qui subit l'épreuve de la mort et en triomphe, apportant du même coup le salut aux hommes. L'autre, beaucoup plus primitive, mais non moins séduisante, évoque un être divin qui incarne la terre égyptienne et sa végétation, périodiquement détruite par le soleil et la sécheresse, et périodiquement renaissante.

 

osiris, le dieu ressuscitÉ

Julien behaeghel

Edition BERG INTERNATIONAL

1995

L’Égypte est à l’origine de l’aventure spirituelle de l’humanité. L’histoire d’Isis et d’Osiris, son époux, le premier homme-dieu qui, par sa mort, devint terre, eau, feu et air pour sauver la matière et indiquer à l’homme la voie menant à la lumière, symbolise toute quête d’unicité et d’immortalité. Osiris, dont le corps démembré et le sang répandu susciteront les diverses péripéties de la manifestation terrestre, meurt dans le temps pour nous appeler à la conscience.


Isis, sa femme-sœur, est la première Vierge-Mère. Par une immaculée conception, elle donnera naissance à Horus, le Verbe-Fils, afin qu’il ressuscite son divin époux, image du monde. Après avoir au préalable lutté à mort avec son frère jumeau, Seth, le dieu du Mal, car dans ce mythe le Bien et le Mal agissent comme les aspects opposés et complémentaires d’une même réalité temporelle, Horus, le Fils-dieu, accomplira sa mission.

Osiris est le premier des dieux ressuscités. Il est le personnage central d’un des plus grands mythes fondateurs de l’humanité. Il préfigure le Christ, venu pour sauver les hommes, et annonce l’alchimie spirituelle dont le but est de sauver aussi la matière. Isis est la Mère divine, archétype de toutes les Vierges à l’enfant de notre histoire religieuse. Avec Horus, ils seront les initiateurs de toutes les trinités à venir.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

des Néter, du Nil, du soleil, de la pyramide, du temple, du livre des morts, Seth Typhon, des jumeaux, Orphée et Eurydice, Nephtys, du sacrifice, la lune, les 3 mondes, les 14 morceaux d’Osiris, la fontaine de Jouvence, Astarté, la trinité osirienne, la pesée des cœurs, la consubstantiation, la femme solaire,

 

Voir les autres livres de Julien Behaeghel  au  chapitre  1 B  -

19 P

pharaons & divinitÉs de l’ancienne Égypte

G. magi

Edition DU KORRIGAN

 2002

Un livre sur les plus grands pharaons de l’histoire : leurs hauts faits, les épisodes les plus curieux et les moins connus de leur vie, les monuments qu’ils ont laissés, les intrigues de cour, les batailles, les mystères et les secrets encore inviolés.


Toutes les dynasties royales, avec les notes biographiques de 115 pharaons. L’univers magique de l’Égypte ancienne : les grands mythes et les légendes, les principales divinités avec leurs attributs et leur signification. Mysticisme, magie et richesse du panthéon égyptien, avec ses histoires vieilles de milliers d’années.


Une documentation iconographique précieuse et parfois inédite, comme la représentation du papyrus de la Résurrection d’Osiris, récemment restauré et exposé pour la première fois au Musée du Louvre. Les représentations des dieux et des pharaons dans l’art égyptien sous toutes ses formes, de la sculpture à la peinture en passant par les hiéroglyphes et les précieux ouvrages d’orfèvrerie.

 

PHILON D’ALEXANDRIE – PRENDRE SOIN DE L’ÊTRELES THÉRAPEUTES

Jean-Yves LELOUP

Edition  ALBIN MICHEL 

 1993 

Philon et les Thérapeutes d’Alexandrie. Juif de culture hellénistique, Philon d’Alexandrie, (-20/ +40) contemporain du Christ, est très représentatif des mouvements spirituels d’un milieu où se côtoient les syncrétismes les plus audacieux et les sectarismes les plus violents. Précurseur d’Origène, il est surtout connu pour son art de l’interprétation des rêves et des textes sacrés, qui n’est pas sans rappeler celui de la psychologie des profondeurs au XXe siècle.

 

Dans son livre les Thérapeutes, présenté et commenté ici par J.Y. Leloup, Philon se fait le chantre d’une communauté dont on connaît mal la nature, mais qui se caractérise par son hospitalité et son attention à l’Être dans toutes ses dimensions : Corps, Âme et Esprit. Les Thérapeutes, par cette vision globale de l’homme, enracinée dans l’anthropologie biblique, préfigure déjà les psychologies contemporaines ouvertes aux domaines du corps et de la spiritualité.

 

Autre sujets d’intéressements : Les Thérapeutes vivent aux environ d’Alexandrie, véritable bouillon de culture de l’époque, lieu de rencontre des civilisations d’Orient et d’Occident, où les syncrétismes les plus délirants entrainent leurs corollaires de sectarismes obtus et parfois violents. Il y a aussi rencontre de l’anthropologie et des concepts sémites et grecs. La façon de lire les textes et les Ecritures posent aussi problèmes selon la culture de chacun.

 

Du temps de Philon, le thérapeute est un tisserand, un cuisinier, mais aussi un sage, un intercesseur et un psychologue.  Il prend soin du corps, il prend soin aussi des images qui habitent son âme, il prend soin des dieux et des logoï (paroles) que les dieux disent à son âme, c’est un psychologue qui s’occupe aussi de son éthique de vie débouchant sur la sagesse. Le thérapeute sait prier pour la santé de l’autre (comme le chaman) en appelant sur lui la présence et l’énergie du Vivant, qui seul peut guérir, le thérapeute ne guérit pas, il prend soin et coopère afin de mettre le malade en condition de guérir.

 

Rentrer chez les Thérapeutes, c’est d’abord changer d’habits, se revêtir de « lin ». Changer d’habit, c’est changer de climat, de temps, c’est entrer en spiritualité, en tous cas c’est changer de psychisme. Le thérapeute doit se tisser symboliquement un habit de contemplation de l’Eternité, les moines  par la suite suivront l’exemple de ce symbolisme (robe, scapulaire, ceinture…). Chez les thérapeutes la cuisine était très importante, la viande était bannie et le repas était frugal. Ils disaient : « Ne plus se nourrir de cadavresLaissez les bêtes manger les bêtesOn devient ce que l’on mangeCe qu’il y a dans notre assiette est notre meilleur médecin » 

 

Les Thérapeutes prenaient soin du désir, c'est-à-dire de leur égo, leur fantasme, leur matérialité refoulée. Ce désir était l’objet de toute leur attention, il ne s’agissait pas de le stimuler ou de le détruire mais de le « réorienter quand il est perdu ». Nous sommes là aux racines de ce qu’on appellera plus tard l’Ethique ou encore la Morale. Le péché (du grec hamartia= manquer la cible) est avant tout une maladie du désir, une perversion ou une désorientation. Le but des thérapeutes et le premier effet de leur enseignement  sera de redire à l’homme le but et la finalité de son désir. Ce qu’actuellement en métaphysique on peut appeler, lutter contre son égo et ses vices,  non pas en le tuant mais en le maîtrisant. Les Thérapeutes tout comme leurs frères Esséniens de Galilée prônaient et pratiquaient cette ascèse du corps et de l’esprit.

 

philon d’alexandrie – un penseur en diaspora

Mireille hadas – lebel

Edition FAYARD

 2004

Il est avec Flavius Josèphe un des deux chroniqueurs de l’époque de Jésus. Juif né à Alexandrie, la ville la plus flamboyante de la méditerranée, il allie une vaste culture hellénique et une profonde connaissance de la tradition juive. Il commente la Bible des Septante, ce qui lui vaudra l’hommage de l’Église chrétienne. Né - dix ans après la disparition de Cléopâtre - d'une famille de notables dans la cité la plus belle, la plus savante et la plus flamboyante du monde méditerranéen, Philon allie une vaste culture hellénique et une profonde connaissance de la tradition juive.

À partir de la traduction grecque des Septante, il développe une forme de commentaire biblique éclairé par la philosophie en recourant à l'allégorie, qui lui vaudra plus tard l'hommage de l'Eglise (grâce à laquelle son œuvre immense a survécu). Homme de pensée, il sut aussi se montrer un homme d'action quand il essaya, lors d'une fameuse mission auprès de l'empereur Caligula à Rome, d'intercéder en faveur de sa communauté menacée qui lui survécut quelques décennies à peine. Il en demeure le représentant le plus illustre, qu'on l'appelle Philo Judaeus ou bien Philo Alexandrinus. Ce livre évoque l'éclat d'une ville à son apogée, la rencontre des cultures, la spiritualité d'un homme et la nouveauté d'une synthèse qui devait marquer pour toujours la pensée occidentale

Philo Judaeus, Philon le Juif ou Philon d’Alexandrie, est un personnage sur lequel des exégètes se sont souvent penchés. Ce contemporain de Jésus, de par sa vie même et de par la nature de ses écrits, reste encore aujourd’hui un sujet de controverse.

Juif très imprégné de culture grecque, en fait lettré type du milieu alexandrin – bien que plus brillant que ses coreligionnaires – et donc héritier d’une tradition qui, s’appuyant sur la Septante, s’exprime à travers la Lettre d’Aristée, les Oracles sibyllins ou la Sagesse de Salomon, il va exercer une certaine influence sur des auteurs du Nouveau Testament, sur plusieurs Pères de l’Église et, à un degré moindre, sur la formation de l’idéal monastique. Il porte, en outre, témoignage sur une étape de la religion du Monde et du Dieu cosmique, et pose son jalon sur cette voie qui mènera à l’hermétisme.

On admet assez communément aujourd’hui que Philon est né aux environs de l’an 20 avant Jésus-Christ, peut-être vers 13, et qu’il est mort vers 54. Il appartenait à une riche famille juive d’Alexandrie qui jouissait d’une certaine influence parmi les Gentils. Un frère de Philon, C. Julius Alexander, semble même avoir été une sorte d’inspecteur en chef des douanes et collectait les droits sur le côté Est du Nil, pour le compte de Rome. Il est possible que Philon ait reçu dans un premier temps, jusqu’à sa majorité religieuse, une éducation juive. Mais à Alexandrie, l’éducation était aussi et surtout grecque, et il est incontestable que, quelle qu’ait été sa formation juive, Philon a reçu une instruction grecque très poussée et de caractère scolaire – les études philologiques comme philosophiques répondaient à des programmes bien établis, avec manuels et anthologies. Il dit lui-même qu’il entra d’abord en contact avec la grammaire, la géométrie, la musique et l’astronomie, sciences inférieures devant préparer à la philosophie qui mène à la sagesse. Juif, il vénère l’Écriture, mais, vivant dans la capitale intellectuelle du monde méditerranéen où la rhétorique est reine, il s’adonne donc aussi à la philosophie. Pour bien comprendre la pensée philonienne, il faut se pencher sur la situation d’Alexandrie (fondée par Alexandre le Grand en 332-331 av. J.-C.). Il s’agit du centre intellectuel le plus vivant de l’hellénisme.

Sa bibliothèque et ses écoles sont sans rivales dans tout l’Empire. Alexandrie a depuis longtemps détrôné Athènes. La communauté juive y est plus importante que partout ailleurs. Et, forts d’une certaine bienveillance officielle, comme en témoigne la Lettre de Claude aux Alexandrins, les Juifs ont le sentiment d’être des citoyens avec des droits – certes limités – à respecter et, sur le plan économique, ils jouent un rôle important. La bourgeoise juive opulente s’ouvre ainsi la porte vers la culture. Si Alexandrie a eu, somme toute, un rayonnement assez modeste dans la Diaspora et si son prestige de foyer de la culture juive est quasiment mort avec Philon, le judaïsme alexandrin a marqué le christianisme dans ses fondements mêmes L’œuvre de Philon – par une singulière destinée et alors que bien d’autres ont disparu – doit sa conservation à l’usage constant qu’en ont fait les apologistes chrétiens, les historiens cherchant les origines du christianisme. Cinquante-sept traités, cinquante traités écrits en grec et sept dont subsiste seulement la traduction latine – plus un certain nombre de fragments – sont donc arrivés jusqu’à nous. Ce sont, pour la plupart (sauf In Flaccum, Legatio ad Caium), des Commentaires de l’Écriture selon la méthode allégorique qui entraîne sans cesse l’auteur à des digressions.

 S’il est difficile de synthétiser les arguments de la doctrine de Philon, on classe généralement ses œuvres en trois groupes : les écrits purement philosophiques (De providentia, Quod omnis probus liber sit – dans lequel il décrit l’enthousiasme de la foule à une représentation d’une pièce d’Euripide) ; les écrits d’explication du Pentateuque (les plus importants) avec la subdivision suivante : le Commentaire allégorique (Legum allegoriae), l’Exposition de la Loi (De opifico mundi), les Questions sur la Genèse et sur l’Exode (Quaestiones in Genesim et Quaestiones in Exodum) ; et les écrits missionnaires et apologétiques (De vita Mosis, Hypothetica). Ainsi, grâce à la méthode allégorique dont il distingue trois sources – l’inspiration, la réflexion et la tradition –, Philon réussit à exposer sa doctrine révélée, une synthèse philonienne de la pensée juive et de la pensée grecque.

Quant à l’influence de Philon sur le monde chrétien, elle se fait sentir, à notre insu, encore aujourd’hui. En effet, elle transparaît bel et bien dans certains textes du Nouveau Testament, notamment dans l’Épître aux Hébreux. Trop nombreux sont les arguments qui s’opposent à l’authenticité paulinienne pour que l’on songe à attribuer cette œuvre – qui ne fut jamais acceptée sans réticences, bien que connue depuis la fin du Ier siècle – à l’apôtre Paul. L’hypothèse la plus plausible, avancée par Luther, donne comme auteur de cette épître, Apollos, d’origine juive et ayant reçu une éducation hellénistique à Alexandrie. Et si l’on étudie de près l’Épître aux Hébreux, on constate que, tout comme Philon, son auteur a une profonde connaissance de l’Ancien Testament qu’il cite, lui aussi, dans la traduction de la Septante, et souvent avec des formules d’introduction ou de prétérition très philoniennes comme Et que dire encore ? Le temps me manquerait, un cliché chez l’Alexandrin. Sur le plan théologique, la foi de Philon et de l’auteur de l’Épître aux Hébreux est fonction de l’espérance Elle est aussi caractérisée par sa solidité. Les deux auteurs distinguent également les sanctuaires visible et invisible, le deuxième ayant servi de modèle (tupos) au premier et utilisent le mot« patrie » (patris) dans son sens religieux. Sans aller plus avant dans l’étude du philonisme dans l’Épître aux Hébreux, il est évident que même si l’on ne saurait affirmer que l’auteur de l’épître est un philonien converti au christianisme, on constate qu’il est impossible qu’il n’ait pas lu tout ou partie de l’œuvre du premier penseur alexandrin.

L’influence de Philon se fait également sentir sur la pensée johannique, car sa conception du Logos est la source à laquelle Jean semble avoir puisé avant de rédiger le quatrième Évangile. Mais quelle est la conception philonienne du Logos ? Au-dessus de tout et donc sans contact avec le monde, comme un degré suprême, ineffable. Entre Dieu et le monde, il y a les intermédiaires, les puissances et, surtout, le Logos, médiateur universel. Le Logos ressemble à Dieu et le monde ressemble au Logos. Grâce à ces ressemblances, la bonté divine peut se communiquer à l’homme intelligible formé à l’image de Dieu. Le Logos est donc le lien infrangible de tout et préside au gouvernement du monde. Et si le Logos n’est pas Dieu, il est la révélation de Dieu à l’âme vertueuse, car il est aussi la parole divine révélée que l’homme chaste et probe perçoit dans le secret de son âme. En nommant du même mot de logos l’intermédiaire, l’intelligence, la loi et la parole divine révélée, Philon reste assez proche des Stoïciens qui désignaient sous le nom de Zeus aussi bien le dieu de la religion populaire que l’Intelligence, la Pronoia, « Providence ». Mais lorsque Philon donne à son logos une personnalité bien définie et l’appelle le médiateur, le messager de Dieu auprès des hommes, nous avons là l’ébauche – car les significateurs évoluent, se précisent – du Logos de Jean, déterminé par sa christologie. 

On se promène dans Alexandrie avec ses musées, ses temples, sa bibliothèque, les diverses communautés, le judaïsme selon Philon on partage avec lui ses commentaires sur Moïse, Ève et Adam, le serpent, Noé, Abraham, Caïn et Abel, Platon, Pythagore, Dieu, le logos, l’âme et le début du christianisme.

  

PHILON D’ALEXANDRIE : DE LA GRAMMAIRE A LA MYSTIQUE

 Jacques Cazeaux

Edition Du CERF

 1983

Contemporain de Jésus et des tout premiers chrétiens, Philon le juif fut un personnage de premier plan dans l’importante communauté juive de la prestigieuse ville d’Alexandrie.

 

Les juifs se sont mis à l’ignorer bien vite, parce que les chrétiens qui vivaient de la même Parole en firent d’une certaine manière leur premier théologien.


Sans l’héritage de Philon, n’existeraient aujourd’hui, ni notre édifice conceptuel, ni un certain angle d’attaque des valeurs propres à la pensée chrétienne : l’esprit systématique, synthétique, dominé encore par l’allégorie.

 

En fin connaisseur de Philon, Jacques Cazeaux, maître de recherche au CNRS, nous donne dans cet ouvrage, les clefs indispensables pour accéder à l’univers surprenant et riche du grand exégète d’Alexandrie.

Au sommaire de cet ouvrage sur Philon, nous avons :

Première partie : L’allégorie ou la Bible en image   -   Un juif à Alexandrie   -   L’œuvre de Philon   -   L’exégèse allégorique de Philon   -

 

Deuxième partie : L’itinéraire mystique de l’âme   -   Choix de pages de Philon à partir du « code » de l’itinéraire mystique   -   Abraham   -   Jacob   -   Isaac   -   La vision de Philon touchant l’économie du Salut   -   La descente   -   La plaine et le marasme   -   La remontée   -   Le port et l’accomplissement de l’homme   -   le voyage   -

 

phtirio le magicien

José bonifacio

Edition TELETES

 1997

Ce conte initiatique nous fait découvrir et partager les aventures de Phtirio, Magicien tout comme Grand Initié. Devenu intemporel après avoir reçu l’initiation suprême, il est l’architecte obligé de la Grande Pyramide et voyage à travers l’espace et le temps, des plaines d’Égypte ou de la Chine antique aux quais de la Seine de nos jours…


Au cours de ses différentes missions, il nous fait rencontrer Pythagore, Socrate ou Platon… Envoyé enquêter au XXème siècle, il en dénonce le matérialisme excessif et son esclavage et tente de le combattre en transmettant le message éternel des Initiés.

 

Son regard est lucide, caustique, parfois implacable mais toujours avec une pointe d’humour et d’Amour car « il faut donner de l’Amour à l’amour » nous enseigne-t-il ; les maîtres-mots étant : croire, espérer, rêver.


Il est finalement heureux de retourner en Palestine pour accomplir sa dernière mission…

 

pivots de l’antiquitÉ orient-occident

Alexandre de saint phalle

Edition du Prieuré

 1994

L’auteur parle des faits importants et des hommes hors du commun qui ont influencé leur époque autour de la méditerranée on part de AKEN-A-TON jusqu’au Ier siècle après J.C.

 

Personnage légendaire auquel on prête un courage et des exploits remarquables, celui qui se distingue par ses exploits ou un courage exceptionnel dans le domaine des armes, homme digne de l'estime publique, de la gloire par sa force de caractère son génie, son dévouement total à une cause. Depuis l'antiquité, les héros ont toujours incarné des modèles pour la société, les populations, et fascinent encore les historiens ainsi que les scientifiques modernes. Les héros d'hier et d'aujourd'hui, bien que différents, sont rassemblés par leur engagement physique et mental, leur volonté à sauver ce qui leur tient à coeur. Le héros est le sujet d'un discours, qu'il soit imaginaire ou réel.

 

L'Histoire est peuplée d’êtres qui incarnent des envies et des modèles communs, de différentes façons. Qu’il s’agisse de la cité grecque, de l’Occident chrétien, de la construction de l’Etat-nation ou d’un univers mondialisé, les héros permettent de concentrer sur un personnage des valeurs exemplaires mais humaines qui se différencient suivant les préoccupations des populations du milieu et de l'époque dans laquelle ils évoluent.

Chaque époque possède ses héros et donc les supports de médiatisation qui lui correspondent : le héros épique et le poète, le héros national et l'historien, le héros moderne et le système médiatique. On peut observer trois grandes périodes qui ont marqué l'évolution de héros.

 

La première, de l’Antiquité aux Lumières, correspond au héros aristocratique : Achille, Héraclès, Thésée, Alexandre le Grand, Lancelot, le Cid, Condé. La seconde, de la Révolution à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, correspond au héros historique et national : Charlemagne, Jeanne d'Arc, Joseph Bara, Napoléon. La tragédie des deux guerres mondiales provoquera une suspicion à l’égard du héros qui deviendra « une victime ». Ainsi les Résistants de la seconde guerre mondiale représentent les dernières figures héroïques de la nation. Après cela, le héros guerrier sera rejeté et on assistera alors à un éclatement des familles héroïques, du mineur de l’après-guerre au superhéros, en passant par l’aventurier (Amstrong premier homme sur la lune le 29 juillet 1963), le prophète politique (Gandhi), l’humanitaire ou le sportif… On s’intéressera seulement à l'influence des héros antiques à travers les siècles et tout particulièrement à travers les représentations artistiques.

 

Depuis l'antiquité, les civilisations choisissent des êtres exemplaires, jeunes, « beaux », forts et courageux pour incarner une part de leurs valeurs et de leurs aspirations. Le héros défend les valeurs de sa cité, de son peuple qui l’honore par un culte. Quels que soient les actes qu’il accomplit, il est considéré comme un exemple pour les populations en devenir. Si tous les héros ne furent pas héroïques, tous ont été exploités par la publicité, la médiatisation de leurs exploits réels ou non, qui les fabriquent en tant que héros et nourrissent le culte dont ils sont l’objet. Tout héros est donc le produit d’un discours. Il incarne un personnage courageux, supérieur et noble qui sert de modèle à l'aristocratie ainsi qu'à tous les citoyens.

 

Dans l'antiquité, on ne devient pas héros ; on l’est par la volonté des dieux. Ils ne craignent pas la mort puisque leur but ultime est une gloire éternelle et le souvenir de leurs actes. Nés de l’union d’une divinité et d’un être humain, les héros agissent entre terre et ciel, fondant la civilisation tout en rejetant la sauvagerie.

 


Au sommaire :

 

ZOROASTRE – NABUCHODONOSOR – CYRUS – PYTHAGORE – BOUDDHA - JERUSALEM – SOCRATE – PLATON – SYRACUSE – XENOPHON – ALEXANDRE – DEMOSTHENE – REGULUS – HANNIBAL & La chute de CARTHAGE – CESAR – JESUS – St PAUL et d’autres.

 

PLATON -   APOLOGIE DE SOCRATE – CRITON – PHÉDON

PLATON

Edition  FLAMMARION

 1965

Ces trois textes, traitant tous de la mort, se complètent à merveille.


L'apologie de Socrate rapporte les discours, en trois temps, qu'aurait prononcés ce monument de la philosophie devant ses juges et les Athéniens.Il est accusé de corrompre la jeunesse et de l'éloigner des vrais dieux.
Dans un premier moment, il se défend, il démonte point par point le réquisitoire officiel et les raisons plus cachées de son procès. Ensuite, les juges se retirent et concluent à sa culpabilité, par une majorité de 60 voix (sur un total de 500 ou 501 juges).


La coutume veut que, si la loi ne prévoit pas de peine précise, l'accusateur en propose une, ainsi que le condamné. Le jury choisit en une parmi les deux, sans rien pouvoir y changer. Mais voilà, dans cette seconde partie, Socrate refuse d’émettre une proposition car ce serait admettre sa culpabilité alors que c’est plutôt à une récompense qu'il aurait droit. Ce geste prend toute sa signification lorsqu’on sait que ses adversaires réclamaient la peine de mort.
Enfin, la décision tombe, attendue : il est condamné à mort.


Dans le troisième volet de son discours, Socrate s’adresse d’abord à ceux qui l'ont condamné, ensuite à ceux qui l’ont acquitté. Il s’emploie à dédramatiser la mort : pour lui, la mort s'assimile soit à un sommeil sans rêve ou alors il s’agit du passage dans une autre vie.


Dans le deuxième texte, extrêmement court, qui entre dans la tradition des dialogues de Platon, Criton se rend dans la cellule de Socrate pour le convaincre d’évasion, occasion pour le maître de montrer sa fidélité envers les lois et le peuple athénien.


Le Phédon est de loin l’écrit le plus intéressant des trois. Les deux premiers sont d'une facilité de lecture désarçonnante. Leur lisibilité n'enlève rien à leur valeur, toutefois, c'est dans le Phédon que Socrate développe sa théorie sur l'immortalité de l’âme. D’un accès légèrement plus ardu car plus abstrait quoiqu’illustré par maints exemples, ce dialogue envisage tous les arguments et les contre-arguments qui se puissent imaginer.
Certains diront du « coupage de cheveux en quatre », d’autres une élaboration précise d'une théorie argumentée. En ce qui me concerne, du grand art. Le dialogue se clôture par les derniers moments de Socrate, qui boit sereinement la ciguë : « Tout en disant cela, il portait la coupe à ses lèvres, et il la vida jusqu’à la dernière goutte avec une aisance et un calme parfaits. »

 


S'adressant à son interlocuteur, Echécrate, Phédon termine par ces mots : « Telle fut la fin de notre ami, Echécrate, d'un homme qui, nous pouvons le dire, fut, parmi les hommes de ce temps que nous avons connus, le meilleur et aussi le plus sage et le plus juste. » Faut-il rappeler que Socrate n’ayant rien écrit, tout ce que nous connaissons de sa philosophie nous est essentiellement rapporté par Platon…


Platon met régulièrement Socrate en scène dans ses dialogues. Toute la difficulté est de savoir dans quelle mesure l’élève est fidèle au maître. Il se peut en effet que par-ci par-là, Platon ait glissé ses propres théories dans la bouche de Socrate. Ce risque est peu vraisemblable dans ces trois dialogues, selon Emile Chambry, auteur de la traduction et des notices. Toutefois, il est clair, dans le Phédon, que Platon expose par petites touches sa théorie sur le monde intelligible des Idées.

 

PLATON   -   dialogues socratiques

Abel hermant

LES AMIS D’ÉDOUARD

 1928

Le dialogue socratique, tel qu’il nous est rapporté par Platon dans ses Dialogues où il met en scène Socrate, a pour but d’amener les interlocuteurs à s’interroger sur leurs opinions et leurs croyances et par là à s’interroger sur eux-mêmes, c'est-à-dire sur le sens de leurs pensées et de leurs actions. Les demandes de justifications que Socrate adresse, sous la forme d’arguments rationnels, à ses interlocuteurs, ont pour but d’amener progressivement ceux-ci à se questionner pour éprouver la solidité des thèses qu’ils avancent.

 

C’est ce questionnement qui révèle la faiblesse de leur adhésion à « leurs » opinions ou à « leurs » croyances. Cette mise à l’épreuve de leurs opinions devient alors mise à l’épreuve d’eux-mêmes. L’examen des thèses qu’ils défendent devient examen d’eux-mêmes et les oriente ainsi vers la seule chose qui vaille selon Socrate : la recherche du bien et la pratique de la vertu. C'est par ce questionnement sur soi-même, sur le « comment conduire sa vie ? » auquel il nous invite que le dialogue socratique a un rapport étroit avec l'éthique.

 

C’est donc en premier lieu aux opinions et aux croyances que s’attaque le dialogue socratique. Alors que l’on considère généralement que penser consiste à produire des idées, c'est-à-dire des opinions (dans le sens couramment admis de ce mot), Platon définit au contraire l’opinion, non comme le produit de la pensée mais comme le résultat de l’arrêt de la pensée, cette « conversation que l’âme poursuit avec elle-même ».

Cet arrêt de la pensée résulte d’un jugement que l’âme porte sur elle-même, jugement qui survient sans raison, sans cause rationnelle, car uniquement lié à l’humeur du moment, au désir ou aux intérêts. L’opinion est ainsi irrationnelle contrairement au savoir qui est fondé en raison, et c’est donc en combattant l’opinion que le dialogue socratique met en marche la pensée rationnelle.

 

C'est en montrant à ses interlocuteurs, par la réfutation de leurs thèses, que les opinions qu'ils croient être les leurs, ne sont en réalité que des croyances sans fondements rationnels, que Socrate pousse ceux-ci à s'examiner. Ainsi chacun peut découvrir, par la pratique de cet exercice qu'est le dialogue socratique, que les opinions qu'il revendique, souvent d’ailleurs avec passion, comme étant les siennes propres, ne sont en réalité que des croyances irrationnelles qui lui viennent de l'extérieur.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Socrate, Platon, Critias, Adimande, Laches, Glaucon, et autre Apollodore passent à la moulinette, il en ressort la théorie de la maïeutique et de la Réminiscence.

 

platon

PLATON

. Edition Flammarion

 2000

Sont étudiés ici : Les Sophistes,  La Politique, Philèbe, le Timée et Critias.

 

Le mot sophiste a pris une connotation péjorative au cours de l’histoire de la philosophie, de par l’influence des ouvrages, entre autres, de Platon et d’Aristote qui les ont vivement critiqués. Les Sophistes ont souvent été « les penseurs maudits », condamnés comme faux philosophes, comme imposteurs. Les Pères de l’Église (de la philosophie scholastique) qui pendant tout le Moyen-Âge furent les maîtres de la pensée occidentale, vont perpétuer la mauvaise réputation, et l’anathème. Ils sont les premiers éducateurs du peuple, dérangeant en cela qu’ils ne respectent pas les règles académiques. On peut dire d’une certaine façon qu’ils sont les précurseurs des professeurs de philo, puisqu’ils se faisaient payer pour leurs services. Ils s’intéressaient à l’astronomie, la géométrie, la physique, les mathématiques, la grammaire, les techniques, les arts, donc ils ne furent pas uniquement professeurs de rhétorique, des dialecticiens, ils représentaient un courant de philosophie, mais leurs écrits vont disparaître. Ils étaient souvent comparés aux sceptiques, par des approches relativistes, celles où « tout se vaut, et rien ne vaut », et ils savaient avec la même verve soutenir deux théories contradictoires. Nous allons essayer de les resituer, mais  2500 ans après il nous manque bien des éléments : le mode de vie, les conventions sociales, mœurs, coutumes, l’habitat…..


Les Sophistes vont en quelque sorte être le résultat d’une mutation  historique et sociale. Le peuple accède à la citoyenneté, mais il faut l’outil de la parole pour participer efficacement aux débats, il faut des hommes qui enseignent cette technique.


Contexte historique : On ne peut appréhender l’histoire de la pensée sophistes sans voir l’aspect historique, remettre suivant l’expression, « en perspective ». Toutes ces réformes qui se font autour des années 500 av. JC vont retirer le pouvoir exclusif aux familles riches dominantes, et retirer peu à peu les privilèges des aristocrates. Elles sont l’œuvre de quatre réformateurs, qui seront : Solon, législateur, dit « Père de la démocratie », Dracon autre réformateur qui nous laissera l’expression des « lois draconiennes  », Pisistrate, tyran, qui le premier renverse le pouvoir aristocratique, ce qui va montrer pour le moins que la domination des riches familles athéniennes, les « Aristos » (les meilleurs) n’est pas immuable, puis de nouveau le réformateur Clisthène devra renverser les Aristocrates et leurs retirer certains privilèges quelques années plus tard.


Un début de démocratie s’installe à Athènes sous l’autorité alors de Périclès. On parlera alors du « siècle de Périclès », en fait trente de paix qui vont permettre l’essor des arts, de techniques, et une évolution de la société, de cette toute nouvelle démocratie. C’est vers ces années que le citoyen commencera à avoir un statut, mais nous ne sommes pas encore dans la démocratie que nous connaissons. Les gens du peuple (Demos) commencent à avoir accès aux fonctions électives, à parler et voter lors des assemblées, mais il leur reste un sérieux problème qui est celui de l’art de la parole, du débat contradictoire, ils sont confrontés aux Aristocrates qui eux connaissent toutes les ficelles de la rhétorique, certains prennent des cours à l’école de Platon, l’Académie. Il faut qu’on leur apprenne cet art du langage, et ils vont payer pour cela…Ceux qu’on appelle les Sophistes ont peut-être vu là « un bon filon » et l’ont exploité. Les sophistes sont le résultat d’une mutation historique et sociale. Un des premiers sophistes est Protagoras, on raconte à son sujet cette anecdote: le philosophe  Démocrite eut l’occasion de côtoyer dans un port un portefaix, un porteur, homme à tout faire. Ce porteur lui paraît très malin, éveillé, et comme cela se fait à cette époque il l’achète, il s’agit en fait de Protagoras, il en fera son secrétaire (cette anecdote nous laisse à penser que Protagoras était alors un esclave)


Le Sophiste Protagoras vers 444 écrit des lois pour Périclès, qui vont dans le sens de la démocratisation. Il faut rappeler que Platon est un aristocrate et il se peut qu’il ait quelques ressentiments quand à cette situation, quand à l’accès pour leur peuple au débat politique. Pour cela les Sophistes  seraient alors pour lui,  des « ennemis de classe », il y a alors antagonisme politique. Nous connaissons tous le rôle primordial de la sémantique dans la domination des peuples, qui détient la parole détient le pouvoir.


Alors  faut-il avec Platon, condamner les Sophistes ?

 

PLATON  -  la rÉpublique de platon

 

Edition Livre de Poche

 1992

Dans l'histoire des utopies, La République de Platon est un ouvrage fondateur : le philosophe grec du IVe siècle avant Jésus-Christ présente dans son dialogue la réflexion qui préside à la construction d'une cité imaginaire parfaite. Par la suite, More s'inspire beaucoup de la description que fait Platon d'une cité parfaite. En fait, ce sont deux cités imaginaires qui sont présentées, l'alèthinè polis et la kallipolis. Le personnage principal du récit est Socrate, le maître de Platon, qui dialogue avec les frères de ce dernier, Glaucon et Adimante.

Alors que le livre I débute sur la question de la définition de la justice et de l'injustice, Socrate propose à ses interlocuteurs de décrire la naissance d'une cité, mais aussi de définir ce que c'est : « Eh bien, dis-je [Socrate], allons, créons en paroles (logos) une cité dès son origine : c'est notre besoin, à ce qui semble, qui la créera. » (La République, II, 369, c 9-10). Peu à peu, la recherche s'oriente donc vers la création d'une cité imaginaire avec une organisation particulière et un mode de vie ascétique pour ses habitants. Fondée sur la raison et donc sur la simplicité, cette cité pacifique se limite aux désirs nécessaires des hommes. Platon considère qu'elle est réaliste, voire réalisable, puisqu'elle est forgée par la raison ; elle n'est donc pas pour lui une utopie, elle est la vraie (alèthinè) cité, la seule qu'il présente dans son œuvre et celle qu'il considère comme la plus souhaitable.

Poussé par ses contradicteurs, Socrate, dans la suite du récit, leur propose d'examiner ce que serait une belle (kallè) cité qui conviendrait à tous. Celle-ci reposerait sur plusieurs lois propres à assurer le règne de la justice. Partant d'une comparaison entre l'être humain et la cité, Socrate pense nécessaire que le corps (physique ou social) soit dominé par la raison qui domine les passions. Ainsi la cité doit-elle être dirigée par des rois-philosophes. Cette communauté de gardiens de la cité nécessite la mise en place d'une communauté de bien mais aussi de vie.

 Hommes et femmes ont les mêmes activités et s'unissent selon leur goût de sorte que les enfants des unes sont considérés comme les enfants de tous. Les protagonistes du dialogue se mettent d'accord sur le fait que la vertu des hommes dépend de leur environnement : si la cité est juste, alors les hommes seront justes et vertueux. L'unité de la cité est garantie par l'expression commune du plaisir ou de la peine. Pourtant cette société est inégalitaire et divisée entre les trois classes des gardiens, des guerriers et des paysans/artisans car ceux auxquels la nature n'aura pas donné des dispositions pour s'adonner à la philosophie seront soumis au règne des gardiens.

 

 

PLATON  -  LE BANQUET DE PLATON

PLATON

Edition  GALLIMARD

 1973

Le banquet est un dialogue qui indique qu’à côté de la formation intellectuelle  il y a une Initiation fondée sur des expériences qui sont les sentiments de la mort et de l’amour.

 

L'enchâssement des récits, tel qu'il apparaît dès le début du dialogue, allégorise, à notre sens, les aléas, les nécessités et les bonheurs de la transmission propre à une pensée qui souhaite, malgré le temps, ses déformations et ses déperditions, demeurer fidèle à son objet essentiel. Apollodore, qui ici s'exprime et tiendra pour nous le rôle de « narrateur », ne fait que reprendre de mémoire le récit à lui rapporté par Aristodème qui fut, en personne, témoin de l'événement, mais cette version a été authentifiée par Socrate. L'on évoque aussi grâce à l'intervention d'un certain Glaucon une autre voie, moins assurée, de la légende socratique, passant par Phénix, le fils de Philippe (parfaits inconnus). Ce qui est notable également, dans la lignée mémorielle privilégiée par Platon, c'est qu'Apollodore autant qu'Aristodème sont des disciples zélés voire fanatiques de Socrate. Ils tiennent à imiter en tout leur modèle et à perpétuer la vérité de son enseignement par leur action quotidienne et par leur parole vive ; ils manifestent par leur exemple qu'en leur temps, la philosophie est d'abord un mode de vie et qu'elle ne prospère que par l'entremise d'un logos dialogique sans cesse revivifié par la voix, préfigurant sur ce point la mise en garde du Phèdre envers la fixation ou le figement propres à l'écrit.

 

Une telle mise en abyme sera répétée ou réfléchie au cœur philosophique du dialogue, au moment où Socrate, au lieu de se lancer dans un discours univoque construit sur un mode rhétorique d'apparat, prétendra raconter l'échange dialectique et pédagogique qu'il eut, en son jeune temps, avec Diotime, la « sage-femme » de Mantinée à qui il devrait son art de la maïeutique autant que son savoir sur Éros. Ce redoublement est aussi un nouveau recul symbolique dans le temps destiné à asseoir une manière de légitimité liée au sacré et à la tradition. En effet, le champ temporel interne à l'intrigue, empruntant à l'histoire effective, et le temps de l'écriture font s'intégrer et se répondre des moments éloignés les uns des autres et relativement discords que la « mise en intrigue » platonicienne noue pour la plus grande gloire de son modèle idéal. L'événement supposé du banquet offert par Agathon pour célébrer son prix de tragédie se situerait en 416 av. J.-C., année où effectivement le dramaturge en question remporta le concours aux Lénéennes.

 

Nous sommes quelque temps avant la compromission de Phèdre, le premier des orateurs du banquet et le « père » de l'invitation à faire l'éloge d'Éros, dans le scandale de la parodie des mystères d'Éleusis, et juste un an avant l'affaire de la mutilation des Hermès et l'expédition de Sicile qui ruina la carrière politique d'Alcibiade. Celui-ci fait d'ailleurs ici le point sur la complexité et l'étrangeté de la relation qu'il entretient, depuis près de vingt ans, avec son maître et amant et le moment est opportun pour cette synthèse en forme d'éloge. Aristodème, donné pour un amant de Socrate, était, lui, un peu plus âgé que le philosophe qui avait, en 416, cinquante-deux ou cinquante-trois ans ; Apollodore est de la génération suivante — il était encore enfant en 416 — et il fait son récit entre 407 à peu près et 399, année de la mort de Socrate, puisqu'il a eu le temps et le moyen de vérifier auprès de ce dernier l'exactitude des propos d'Aristodème.

 

Le dialogue est composé par Platon un peu avant 375, à un moment où tous les principaux protagonistes du dialogue sont morts, alors qu'il s'est rendu pleinement maître de sa doctrine. L'épisode de Diotime nous ferait, lui, remonter jusqu'à 440, époque où Socrate a la trentaine et s'initie encore à un mode de vie qu'il définira plus tard comme « philosophique ». Ainsi nous aurions une chaîne de fidélité dialogique et dialectique, s'enracinant dans une sacralité dont Diotime est la plus haute garante. Et c'est ce lien, manifesté et magnifié, qui permettrait à Platon de faire éclore, dans et par son logos personnel, la quintessence d'une pensée que la vivacité sans cesse reprise des voix au fil des temps et des générations maintient en rapport avec l'origine divine, démonique et humaine de la maïeutique socratique, à placer délibérément sous le signe d'Éros, le héros de la fête.

 

PLATON – L’ART DE LA JUSTICE

Brigitte Boudon

Edition Maison de la Philosophie

2016

Dans la collection « Petites conférences philosophiques » Brigitte Boudon en 60 pages, nous parle de la méthode, de la pensée, de la philosophie et de l’Art de Platon. Elle nous donne les clefs importantes de compréhension de ce philosophe et ainsi nous éclaire afin de comprendre l’oeuvre de ce penseur

 

L'homme ne serait-il juste que par crainte des conséquences de son injustice ? Or seuls des hommes justes peuvent construire une cité juste, nous dit Platon. Alors comment devenir juste, comment faire régner la justice en soi, avant de la réclamer aux autres ou à l'État ? Platon nous donne des conseils essentiels pour sortir du sentiment d'impuissance face aux injustices criantes de notre monde, et commencer à réaliser le changement que nous appelons de nos vœux.

 

Cicéron désigne Platon comme « le plus grand philosophe grec », d'autres vont jusqu'à écrire que les philosophes qui viennent après lui « n'ont guère fait que mettre des notes en bas des pages de ses œuvres ». Il importe de comprendre la nature même de sa philosophie, nature que Platon a précisée nettement. Selon lui la philosophie ne s'enseigne pas, elle ne s'apprend pas par la simple lecture d'une œuvre. L'œuvre n'exprime qu'imparfaitement et infidèlement la pensée de l'auteur. Les œuvres ne peuvent remplacer, surtout dans la découverte de la Vérité, une méditation personnelle. Cette dernière permet une libération de l'Esprit et doit entraîner la rupture avec la pensée commune ainsi qu'avec les habitudes contractées dans l'existence concrète.

 

On ne peut aborder l'œuvre de Platon sans connaître ces conditions, sinon on court le risque de ne voir que de belles formules et des raisonnements séduisants par leur subtilité dialectique. Comme pour tous les auteurs de l'Antiquité, il faut d'abord s'accoutumer à une position radicalement différente sur les problèmes centraux de la nature de l'univers, des rapports de l'homme avec l'univers et du sens de l'existence. Il faut accepter Platon et son rationalisme soucieux de clarté logique, d'ordre et d'harmonie dans les idées ; son goût très prononcé pour la vie contemplative et en même temps sa passion de l'action. Il faut enfin se familiariser avec une pensée exigeante, sans cesse soucieuse de revenir sur elle-même pour s'éprouver et s'approfondir en se dépassant. Platon veut établir une synthèse des multiples aspects du réel sans renoncer à aucun. Il veut aboutir à cette impossible vision totale du monde et de l'existence. Platon a une double mission, directeur d'école et philosophe. Or, quand Platon commence à professer et à philosopher à Athènes, les sophistes depuis une cinquantaine d'années, ont l'ambition d'orienter la philosophie dans le sens d'une fonction politique et d'assumer la formation de la jeunesse.

 

Quelques-uns des principaux sophistes (Protagoras, Gorgias, Thrasymaque, Critias, Hippias) seront les personnages principaux des dialogues de Platon. Ils définissent la philosophie comme la somme des études libérales capables d'assurer la meilleure existence, aussi bien pour l'individu que pour la collectivité, ce qui paraît, à première vue, constituer une notion acceptable de la Sagesse. La vertu permet, quant à elle, de bien administrer les affaires de la cité, c'est-à-dire d'assurer le bien à ses amis et le mal à ses ennemis. Les sophistes soutiennent qu’il n’existe pas de normes universelles et absolues pouvant servir de référence. Le « bien » est relatif aux besoins et aux intérêts humains, donc il est contingent et variable. L'homme, disait Protagoras, est la mesure de toute chose. L'homme doit déterminer en toutes circonstances ce qui lui convient, instituer sa vérité et son bien. Le seul critère devient l'utilité, la réussite, le succès dans l'action.

 

La justice n'est donc pas autre chose que l'intérêt du plus fort. L'utilitarisme préconise la réussite à la fois sociale et individuelle. Le « meilleur » gouverne pour son plus grand bien et celui de tous. La « nature » l'a instauré législateur sans recours aux normes…Au fil du temps l'enseignement des sophistes et leur pratique vont se radicaliser. Au V° siècle avant JC à Athènes le discours règne en maître, celui qui en détient le prestige dans les assemblées conquiert aisément le pouvoir. La sophistique va se muer en rhétorique, en art de bâtir des discours éloquents à partir de « lieux communs ». Ce qui compte, ce n'est pas la valeur intrinsèque de ce qui est dit, mais la manière de le dire qui entraîne le triomphe. Le souci de la Vérité fait place à la culture du vraisemblable (apparence de vérité) et le désir de jouer avec les apparences susceptibles de séduire l'interlocuteur l'emporte. Dès lors Platon va se poser en adversaire des sophistes. A ses yeux le sophiste est l'homme de l'illusion et du mensonge. Le langage ne doit pas être un outil de domination d'autrui mais il n'a de valeur et de sens que s'il exprime la Vérité, que s’il traduit l'essence du réel. La controverse, centrale chez les sophistes, oppose les hommes entre eux alors qu'il faut chercher l'accord des esprits sur lequel se fonde la recherche du vrai. De plus la poursuite du succès pour lui-même engendre la frénésie des égoïsmes et des passions, des rivalités qui préparent le terrain de la tyrannie.

 

La position de Platon opère un retournement. L'homme ne saurait être séparé du Monde, à plus forte raison opposé au Monde. Il se situe dans le Monde en tant que celui-ci constitue un Ordre. La conduite humaine doit s'intégrer dans l'Ordre général du Cosmos (en Grec "cosmos" signifie ordre). La justice n'est pas autre chose que la mise en conformité de la nature et de l'action humaine, individuelle et collective, à l'ordre naturel. Les lois affirmeront que dieu est la mesure de toutes choses et non plus l'homme comme le disait Protagoras. La philosophie n'a pas d'autre objet et d'autre fonction que la détermination de la « mesure » divine. Elle sera d'abord connaissance de l’être, science de l'être, dans son essence intime par-delà les apparences. Une politique authentique doit s'efforcer de modeler le milieu humain à l'image de la Vérité, c'est-à-dire de la structure de l'être. L'homme de gouvernement le « gardien » ou « magistrat » devra être un philosophe. Il devra recevoir une éducation intellectuelle et spirituelle (idées développées dans la République, le politique et les lois).

 

Contrairement aux Sophistes, Platon, ne veut pas imposer de convictions à des esprits qu'on veut capter, enchaîner. Il veut préparer des esprits prévenus, les disposer à la recherche libre, sans violence, de la Vérité. Il faudra de longs et pénibles efforts pour rendre la pensée capable et libre, en la purifiant des préjugés, des mauvaises habitudes contractées dans la vie commune. L'homme possède un œil qui permet la vision, mais il ne peut parvenir à celle-ci que si son regard et son corps tout entier sont convenablement dirigés. La purification requise suppose donc préalablement une « conversion » : tel sera le rôle de l' « ironie » socratique présente dans les dialogues platoniciens. Il s'agira de multiplier sur une affirmation première, les questions afin de faire naître les difficultés qui obligeront à prendre conscience des sottises nées des assurances communes, des limites des savoirs que l'on croit posséder. Il en résulte un certain embarras comme nous le voyons dans le Ménon lorsque ce dernier compare Socrate à une torpille qui paralyse sa proie. Un tel trouble est salutaire, il est la marque d'un esprit qui se dégage de son passé et s'engage par sa disponibilité dans la voie du savoir.

 

Pour Platon et Socrate, l'âme porte en elle la Vérité, à son insu. Accéder au Vrai c'est donc prendre conscience de ce que l'on porte en soi, en un sens le faire sortir de soi. Une activité difficile comparable à l'enfantement. L'homme doit être aidé dans cet effort, telle sera la fonction du maître : non pas instruire, mais orienter convenablement, guider, soutenir, encourager vers la Vérité qu'il désire, qu'il devine et découvre peu à peu. Ainsi apparaît la signification du dialogue : obliger à approfondir, corriger si besoin est. On parle alors de maïeutique cet art d'accoucher les Esprits. Ce terme est un hommage de Platon à sa mère qui était sagefemme.

 

Outre les difficultés d'une science du bien, Platon doit lutter contre le relativisme sophistique selon lequel l'homme est la mesure de toute chose (Protagoras). Ce relativisme anéantit en effet la connaissance en la faisant dépendre d'un état subjectif et empirique de l'individu. Le problème qui se pose à Platon est donc celui de la fondation du savoir ; on peut le formuler ainsi : l'intelligence que nous avons des choses doit avoir une origine non sensible, sans quoi toute pensée serait nécessairement fausse. Platon a développé toute une philosophie des Idées. Selon lui, les Idées sont la vrai réalité, celle dont dérive l’être des choses dans le monde, elles sont donc permanentes. Notre pensée implique un niveau qui ne provient pas de l’expérience, mais qui va influencer notre perception de l’expérience. L’expérience en effet ne nous permet pas d’atteindre l’absolu des Idées. Notre connaissance des Idées provient de ce que Platon appelle la réminiscence. Selon Platon, notre âme perd à sa naissance le clair souvenir des Idées

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Platon est un réaliste (ou un idéaliste objectif) : ce réalisme métaphysique consiste à soutenir la thèse de l'existence de formes ou d'archétypes extérieurs et indépendants de nous, archétypes qui servent de modèles aux choses du monde sensible, au devenir. Ce sont ces Formes qui constituent la réalité de toutes choses, leur essence par quoi nous pouvons les penser, permettant ainsi à la science d'avoir une assise immuable. Les choses du monde sensible, en perpétuel devenir, participent à ces archétypes, dont elles reçoivent le nom. Mais l'intelligibilité même des Formes est reçue d'une réalité que Platon situe au-delà de l'être, et qui est le Bien, comparable au soleil. C'est ce monde métaphysique auquel le philosophe aspire, et il doit s'efforcer de le contempler et de le connaître, autant que sa nature mixte (esprit et corps) y peut parvenir, en attendant d'y séjourner, après la mort.

 

platon par LUI-MÊME

Louis GUILLERMIT

Edition Flammarion

 2001

Textes choisis et traduits par Louis Guillermit. Toujours Platon et ses écrits, revisité et de plus en plus moderne malgré son grand âge.

 

Cette "anthologie platonicienne" veut être une introduction systématique à la pensée de Platon, un Platon selon l'ordre des raisons platoniciennes ; un Platon expliqué par Platon. Ordonnée en six grands chapitres (Le discours philosophique. Nécessité de la philosophie. L'éducation. Rhétorique et sophistique. Du dialogue à la dialectique. La conception du savoir), l'anthologie de Louis Guillermit parcourt l'œuvre platonicienne pour en signaler les articulations majeures, faisant apparaître le jeu de la dialectique au plan même de l'ensemble qu'elle constitue, et l'image d'un "Platon éducateur". Cette propédeutique, destinée à tous les amateurs de philosophie, éclaire d'un jour nouveau une œuvre qui constitue l'une des composantes majeures de notre système de pensée.

 

PLOTIN  - la mÉtaphysique de plotin

J. Marc narbonne

Edition VRIN

 1994

Le présent ouvrage n’est pas un livre sur la philosophie de Plotin, au moins au sens classique du terme. On n’y trouvera pas, présentées selon un ordre systématique et mises en rapport les unes avec les autres, les grandes articulations de sa philosophie. Des pans entiers de son système n’y sont pas abordés, maintes figures de sa pensée négligées. Il ne s’agit pas non plus d’une étude de détail, réservée aux spécialistes, cherchant à éclairer tel ou tel point particulier de doctrine.


Destiné à un plus large public, à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la pensée en général, aux agrégatifs qui préparent leur concours, il tente de faire ressortir la spécificité de la pensée de Plotin. Nous avons poursuivi un but unique, marquer la place de la réflexion plotinienne dans l’histoire des idées et dans le développement de la pensée grecque.


Différentes facettes de sa philosophie ne sont étudiées et analysées qu’autant qu’elles servent cette fin. Sans connaître le détail de son système, sans être rompu aux subtilités argumentatives et terminologiques de l’auteur, le lecteur aura une idée de ce que Plotin a rendu possible, de ce qu’il a apporté à l’histoire de la philosophie.

 

PLOTIN ou la SIMPLICITÉ DU REGARD

Pierre HADOT

Folio

 1997

Ce livre présente l’expérience personnelle de Plotin. Homme mystique qui a su écrire et décrire quelques- unes des plus belles pages de la littérature mystique universelle. Il a su allié son expérience de philosophe mystique avec ses responsabilités de la vie quotidienne.

 

Seul ce qui est personnel est éternellement irréfutable», disait Nietzsche. Cet ouvrage s'efforce de présenter non pas le système, mais l'expérience personnelle de Plotin, en donnant le plus possible la parole au maître spirituel et au directeur de conscience. Il y est évidemment question de l'union mystique, événement indicible, surgissant en des moments privilégiés, qui bouleverse toute la conscience du moi, en lui faisant éprouver un sentiment de présence inexprimable. Plotin la décrit en des pages lyriques et frémissantes qui comptent parmi les plus belles de la littérature mystique universelle. Mais il y est aussi question de la douceur sereine d'un philosophe qui, tout en vivant de la vie de l'esprit, peut être «tout à la fois présent à lui-même et aux autres», et assumer les soucis et les responsabilités de la vie quotidienne.

 

Un livre lumineux de clarté sur la philosophie et la métaphysique de ce grand penseur. A avoir dans sa biblio sur cette époque et pour bien comprendre Plotin

 

PLOTIN - les EnnEades de plotin

Vladimir jankelevitch

Edition du cerf

 1998

Travail de V. Jankélévitch sur la dialectique de Plotin, la musique, l’Amour, la raison discursives, les mathématiques, l’influence de Platon et des stoïciens.

Plotin : Il faut que, contemplant ce Un qui est en lui-même comme à l'intérieur d'un sanctuaire et qui reste immobile au-delà de tout, nous contemplions les images stables qui tendent déjà vers l'extérieur, ou plutôt la première image qui s'est manifestée ; et elle est apparue de la manière suivante : pour tout mobile, il faut assigner un terme vers quoi il se meut ; comme il n'y a rien de pareil pour l'Un, posons qu'il ne se meut pas, mais que si une chose vient après lui, elle ne peut venir à l'existence que s'il est éternellement tourné vers lui-même…

Si donc il y a un second terme après lui, il faut qu'il existe sans que l'Un se meuve, sans qu'il y incline, sans qu'il le veuille et, en un mot, sans aucun mouvement. De quelle manière donc ? Et que faut-il concevoir autour de lui, s'il reste immobile ? Un rayonnement qui vient de lui, de lui qui reste immobile, comme la lumière resplendissante qui environne le soleil naît de lui, bien qu'il soit toujours immobile. Tous les êtres d'ailleurs, tant qu'ils subsistent, produisent nécessairement autour d'eux, de leur propre essence, une réalité qui tend vers l'extérieur et dépend de leur pouvoir actuel ; cette réalité est comme une image des êtres dont elle est née ; ainsi le feu fait naître de lui la chaleur, et la neige ne garde pas en elle-même tout son froid. Les objets odorants surtout en sont la preuve : tant qu'ils existent, il vient d'eux tout alentour une émanation, réalité véritable dont jouit tout le voisinage.

De plus, tous les êtres arrivés à l'état de perfection engendrent ; donc l'être toujours parfait engendre toujours ; il engendre un objet éternel, et il engendre un être moindre que lui. Que faut-il donc dire de l'être très parfait? Rien ne vient de lui que ce qu'il y a de plus grand auprès de lui. Mais ce qu'il y a de plus grand après lui, c'est l'intelligence, qui est le second terme.

En effet, l'intelligence voit l'Un et n'a besoin que de lui ; mais lui n'a pas besoin d'elle. Ce qui naît du terme supérieur à l'intelligence, c'est l'intelligence ; et l'intelligence est supérieure à toutes choses parce que les autres choses viennent après elle ; par exemple, l'âme est le verbe et l'acte de l'intelligence, comme elle est elle-même le verbe et l'acte de l'Un. Mais le verbe de l'âme est indistinct ; en effet, comme image de l'intelligence, elle doit regarder vers l'intelligence ; et de même l'intelligence vers l'Un, afin d'être intelligence. Et elle le voit sans en être séparée, parce qu'elle est après lui et qu'il n'y a rien entre eux, comme il n'y a rien entre l'âme et l'intelligence

L'Un n'est aucune des choses qui sont en l'intelligence ; mais de lui viennent toutes choses. Et c'est pourquoi ces choses sont des essences ; car chacune d'elles a une limite et comme une forme ; l'être ne peut appartenir à l'illimité ; l'être doit être fixé dans une limite déterminée et dans un état stable ; cet état stable, pour les intelligibles, c'est la définition et la forme, d'où ils tirent aussi leur réalité. l'intelligence dont nous parlons est digne d'être engendrée par le plus pur des principes et de ne pas naître d'ailleurs que du premier principe ; une fois produite, elle engendre avec elle tous les êtres, toute la beauté des Idées et tous les dieux intelligibles. Mais, pleine des êtres qu'elle a engendrés, elle les engloutit en quelque sorte en les retenant en elle-même et les empêche de tomber dans la matière et de croître auprès de Rhéa. Selon l'interprétation des mystères et des mythes relatifs aux dieux, avant Zeus vient Cronos, le dieu très sage qui reprend toujours en lui les êtres qu'il engendre, si bien que l'intelligence en est pleine et rassasiée ; mais ensuite, une fois rassasié, on dit qu'il engendre Zeus ; de même l'intelligence engendre l'âme, quand elle arrive à son point de perfection

Nous ne nous étonnerons pas de voir complètement affranchi de toute forme, même intelligible, l'objet qui produit cet immense désir : dès que l'âme s'enflamme d'amour pour lui, elle se dépouille de toutes ses formes et même de la forme de l'intelligible qui était en elle ; elle ne peut ni le voir ni s'ajuster à lui, si elle continue à s'occuper De n'importe quel objet ; elle ne doit rien garder pour elle, ni bien, ni mal, afin de le recevoir seul à seul. Supposons que l'âme ait la chance qu'il vienne vers elle ou plutôt que sa présence se manifeste à elle lorsqu'elle s'est détournée des choses présentes et lorsqu'elle s'est préparée en se faisant aussi belle et aussi semblable à lui que possible, préparation et arrangement intérieurs bien connus de ceux qui les pratiquent : alors elle le voit subitement apparaître en elle ; rien entre elle et lui ; ils ne sont plus deux, mais les deux ne font qu'un ; plus de distinction possible tant qu'il est là (voyez-en l'image ici-bas chez l'amant qui veut se confondre avec l'aimé) ; elle ne sent plus son corps parce qu'elle est en lui ; elle ne dit plus qu'elle est un homme, un être animé, un être ou quoi que ce soit ; contempler de tels objets, ce serait rompre l'uniformité de son état, et elle n'en a ni le loisir ni la volonté. Elle le cherche, va au-devant de lui quand il se présente et voit non plus elle, mais lui. Qui est-elle donc pour voir?

C'est ce qu'elle n'a pas le loisir de considérer. Elle n'échangerait rien contre lui, lui promît-on le ciel tout entier, parce qu'elle sait bien qu'il n'y a rien de meilleur et de préférable à lui ; elle ne peut monter plus haut et les autres choses, si hautes qu’elles soient, la forceraient à descendre. En cet état, elle peut juger et connaître que c'est bien là ce qu'elle désirait, et elle peut affirmer qu'il n'y a rien au-dessus. Là-bas, pas d'erreur possible : où trouver plus vrai que le vrai? … Elle ne craint aucun mal, tant qu'elle est avec lui et qu'elle le voit. Et si autour d'elle tout était détruit, elle y consentirait volontiers, afin D'être près de lui seul à seul : tel est l'excès de sa joie. […]

L'intelligence doit donc avoir deux pouvoirs, celui de penser, pour voir ce qui est en elle, et celui de voir ce qui est au-delà d'elle-même : c'est une intuition qui reçoit son objet. D'abord l'âme le voit seulement ; puis, en le voyant, elle devient intelligence et s'unit à lui. Le premier de ces pouvoirs est l'acte de contempler qui appartient à une intelligence sage ; le second, c'est l'intelligence qui aime. Hors d'elle-même et enivrée de nectar, elle devient intelligence aimante en se simplifiant pour arriver à cet état de plénitude heureuse : et une telle ivresse vaut mieux pour elle que la sobriété

 

plotin traitÉ  9

PLOTIN

Edition du cerf

 1994

Dans notre démarche qui est le voyage vers l’UN, Platon préconise l’utilisation de la dialectique et du discours. Plotin, lui préconise le mysticisme, l’intériorité et le silence.

Le traité 9 de Plotin développe cette idée.

 

Extrait : Nous avons déjà fait connaître deux de ces principes [savoir, l'Intelligence et l'Intelligible, lequel est appelé ici l'Animal même]. Quel est le troisième? C'est celui qui a résolu de produire, déformer, de diviser les idées que l'Intelligence voit dans l'Animal. Est-il possible qu'en un sens l'Intelligence soit le principe qui divise, et qu'en un autre sens le principe qui divise ne soit pas l'Intelligence? En tant que les choses divisées procèdent de l'Intelligence, l'Intelligence est le principe qui divise. En tant que l'Intelligence reste elle-même indivise, et que les choses qui 241 procèdent d'elle (c'est-à-dire les âmes) se trouvent divisées, l'Ame universelle est le principe de cette division en plusieurs âmes. C'est pour cette raison que Platon dit que la division est l'œuvre d'un troisième principe, qu'elle réside en un troisième principe qui a conçu ; or, concevoir n'est pas la fonction propre de l'Intelligence ; c'est celle de l'Ame qui a une action divisible dans une nature divisible.

 

 La totalité d'une science se divise en propositions particulières, sans être cependant morcelée ni fragmentée : car chaque proposition contient en puissance toute la science, où le principe est identique à la fin. De même, il faut se mettre dans une disposition telle que chacune des facultés qu'on possède en soi devienne aussi une fin et un tout ; il faut enfin ramener toutes les choses qu'on a en soi à ce qu'on a de meilleur dans sa nature [c'est-à-dire à l'intelligence]. Quand on y est parvenu, on habite là-haut : car, lorsqu'on possède l'intelligible, on le touche par ce qu'on a de meilleur en soi

 

plotin traitÉ  50

PLOTIN

Edition du cerf

 1990

Plotin développe ici le thème de l’Amour, l’Amour de la beauté et de l’âme. Pour ce traité 50 il s’appuie sur le banquet de Platon.

 

Le Traité 50 évoque le mythe de la naissance de l'Amour dans le « Banquet » de Platon. Comment la mendiante Pénia s'est unie au riche Poros, endormi et ivre de nectar dans le jardin de Zeus le jour de la naissance d'Aphrodite : Poros et Pénia, deux figures mythiques dont le rapport structure tout l'univers plotinien, parcouru d'un bout à l'autre par l'Amour, fils de Poros et de Pénia, et donc toujours insatisfait dans sa quête infinie du Bien. Plotin nous livre aussi, dans ces pages, ses idées sur l'amour de la beauté corporelle et sur la morale sexuelle.

 

plotin traitÉ  38

PLOTIN

Edition du cerf

 1994

Le traité concerne l’étude du Bien et l’itinéraire de l’âme vers le bien avec ses méthodes, sa construction et sa transformation.

 

Plotin (205-270 apr. J.-C.), l'initiateur du courant néoplatonicien à la fin de l'Antiquité, est l'auteur de 54 traités ici désignés selon leur ordre chronologique de composition (de préférence au classement par Ennéades proposé par Porphyre, le disciple de Plotin, et son éditeur). Ces écrits fixent, avec le souci de démontrer et de persuader à la fois, des moments de la réflexion philosophique de leur auteur en dialogue avec ses élèves et lui-même. Composés d'un seul jet dans un style souvent inspiré, ils sont les témoins d'une méditation intérieure exceptionnelle et les dépositaires d'une doctrine métaphysique inédite.

 

Le Traité 38 peut être considéré comme le grand œuvre de Plotin. À partir d'une interrogation sur le point de savoir s'il faut supposer un raisonnement en dieu, se déploie une réflexion totale sur les Principes, le Bien, l'Esprit, l'Âme, et leur rapport, sur la relation entre monde sensible et monde intelligible, et bien évidemment sur le statut mouvant de l'âme, susceptible de s'élever par la connaissance du sensible à l'intelligible et par-delà, jusqu'au Premier, le Bien. Il s'agit alors d'une véritable ivresse qui saisit l'âme – un état qui ne peut se dire, mais qui seulement s'éprouve

 

plotin traitÉ  51

PLOTIN

Edition du cerf

 1999

Plotin consacre ce traité à l’étude du Mal. Son origine, sa matière et les possibilités que nous avons de le retourner.

 

Le Traité 51 est donné ici dans une traduction inédite. À la fin de sa vie, seul et très malade (270 après J.-C.), Plotin tente de répondre à l'une des grandes questions de son époque : « D'où viennent les maux ? » Selon lui, l'origine du mal réside, non pas dans la nature de l'homme ni auprès des dieux, mais dans un principe sous-jacent au monde, la matière, qui est le mal absolu. Cette réponse, très contestée par ceux qui ont abordé le problème du mal par la suite, fait ici l'objet d'une analyse dans l'introduction et dans le commentaire qui, par l'examen du mouvement de l'argumentation du Traité 51, mettent en évidence la force et la faiblesse de la théorie plotinienne du mal, invitant ainsi le lecteur à une réflexion, avec Plotin, sur le sujet.

 

Dans l'élaboration de sa réponse, Plotin examine la manière dont le mal arrive à l'homme, comment l'homme devient mauvais, comment l'homme peut connaître le mal. Ces sujets font l'objet d'une étude détaillée dans le commentaire. Enfin, l'introduction situe la théorie plotinienne du mal par rapport aux prises de position des philosophes et des auteurs chrétiens qui lui ont succédé. L'édition critique du texte grec, base de la traduction, a fait l'objet de corrections et d'améliorations inédites. Des notes critiques, des bibliographies et des index facilitent aussi l'accès à ce traité très concis et dense de Plotin.

 

PLOTIN - UNE INTRODUCTION AUX ENNÉADES de PLOTIN

Dominique O’MEARA

Edition Du CERF

 1992

Vers les années 250 après J.C. Plotin écrit son œuvre majeure « Les Ennéades», le livre Présente un choix de textes avec discussions.

 

Un des plus grands philosophes de l'antiquité, Plotin fait l'objet d'une discussion toujours croissante dans le cadre de la recherche sur la philosophie antique, l'antiquité tardive et l'importance de cette période pour la culture occidentale. Ce livre est destiné à ceux qui désirent entreprendre une lecture de l'œuvre de Plotin, les Ennéades. La vie de Plotin, la composition des Ennéades, et le contexte intellectuel (écoles philosophiques et mouvements religieux) dans lequel vécut Plotin sont présentés brièvement.

 

 Un choix de textes plotiniens est discuté par rapport à plusieurs questions philosophiques fondamentales - l'âme et le corps, la réalité sensible et intelligible, l'intellect, l'Un, le discours sur l'ineffable, la production de la réalité, le mal, la beauté, l'éthique et le mysticisme - dans le but de montrer comment la pensée de Plotin se développa sur ces questions. L'importance historique de la philosophie de Plotin est également traitée. Un guide bibliographique est fourni comme point de départ d'une lecture plus approfondie et d'une recherche à la fois sur les problèmes étudiés dans le livre et sur d'autres thèmes plotiniens.

 

PLOTIN – L’ART DE LA SCULPTURE

Brigitte Boudon

Edition Ancrages

 2017

La scène se déroule à Rome au début de l'ère chrétienne. On demande au philosophe Plotin s'il accepterait de se faire sculpter son portrait. En effet, il enseigne depuis des années qu'il faut sans cesse « sculpter sa propre statue ». Et pourtant, il est catégorique : il n'en est pas question, car la vraie beauté est à l'intérieur. Avec Plotin, nous découvrons un style et une atmosphère relativement neufs dans l'histoire de la philosophie antique. Avec lui, le discours sert à montrer, sans l'exprimer explicitement, ce qui le dépasse, c'est-à-dire une expérience dans laquelle tout discours s'anéantit, où il n'y a plus de conscience du soi individuel, mais seulement un sentiment de joie, de plénitude, de présence.

 

Plotin n'est pas familier des salles de cours. Pour les élèves, son nom est presque un détournement publicitaire de Platon digne de Queneau, malchanceux promoteur d'une Platonopolis, coincé dans la liste des auteurs entre Sextus Empiricus et Augustin, vivant à une époque trouble, perdu quelque part au IIIe siècle après J.-C., entre Alexandrie, Rome et la culture grecque ; représentant de ce que l'histoire appelle le "néo-platonisme", nouvelle étape du combat de Titans qui oppose les idéalistes platoniciens aux réalistes aristotéliciens : le ciel contre la terre, chacun son camp. Plotin semble avoir choisi le sien. Du moins l'a-t-on choisi pour lui. Ce que l'on sait du personnage n'a par ailleurs rien de très ragoûtant : un corps atteint par la maladie, putride, irregardable. Et si l'on se tourne vers les concepts, les termes étranges varient entre la technique ardue de "l'hypostase" et la débordante simplicité de "l'Un". On le comprend, les Ennéades ne traînent pas dans les copies, ni dans les cours d'ailleurs.

 

Pourtant dans notre monde d'images, hypersensible aux apparences, le regard à la fois simple, émerveillé et pénétrant de Plotin permet de poser immédiatement la question du Beau. Sans les enjeux doctrinaux d'une esthétique, sans la complexité dialectique des dialogues platoniciens, sans les biais d'une culture artistique, le premier traité des Ennéades, Sur le Beau, fait le constat de l'évidence de ce qui est beau : un beau visage, une belle peinture...Le beau n'est pas conceptualisé, il est senti. Au-delà des apparences sensibles, il y a l'évidente beauté de la justice ou de la tempérance, de la vertu. Cette immédiateté du beau nous surprend, nous ravit vers un ailleurs. Non pas un "arrière-monde" qui refuserait les réalités sensibles, comme veulent le faire les mystiques, mais une transcendance qui se tient debout dans le sensible. La Beauté nous élève et désigne le Bien. Cela suppose une conversion de notre regard : "Retourne en toi-même et vois. Et si tu ne vois pas ta propre beauté, fais comme le fabricant qui doit rendre une statue belle : il enlève ceci, efface cela, polit et nettoie jusqu'à ce qu'une belle apparence se dégage de la statue. Ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu'à ce que brille en toi la splendeur." Nous portons tous en quelque sorte cette statue intérieure, cette part de divin dans l'humain.

 

La vertu ne vient donc pas du dehors, elle se réalise dans l'effort, dans un exercice spirituel, dans ce geste philosophique primordial de conversion. N'est-ce pas cela un esprit autonome, celui qui jouit de ses propres lumières et qui sait voir, dans la diversité du réel, les belles choses et le bien ? "Aie confiance en toi, car, même ici-bas, tu es à présent parvenu à monter et tu n'as plus besoin que l'on te montre le chemin ; le regard tendu, vois !" La philosophie ne s'arrête pas au seuil de la classe et de la culture livresque. Sculptons !

 

PLUTARQUE – L’ART DE L’HḖROÏSME  -

Brigitte Boudon

Edition Maison de la Philosophie

2016

Dans la collection « Petites conférences philosophiques » Brigitte Boudon en 60 pages, nous parle de la méthode, de la pensée, de la philosophie et de l’Art de Plutarque. Elle nous donne les clefs importantes de compréhension de cet historien et ainsi nous éclaire pour comprendre l’oeuvre de ce grand historien et moraliste

 

« Un homme de Plutarque » est une expression qui fut longtemps utilisée par le passé. Elle était employée pour désigner de grands personnages de l'histoire, des héros intrépides, mais aussi de fortes personnalités vouant leur vie à une seule et unique passion. Plutarque nous fait voyager dans cet art subtil de l'héroïsme, celui des modèles inspirateurs au service d'une cause qui les dépasse, ou celui des anti-héros qui nous dissuadent d'agir comme eux. Ces héros de l'Antiquité, avec leur grandeur et leurs faiblesses, sont nos contemporains au-delà des siècles qui nous séparent, grâce au génie littéraire de Plutarque.

 

Né peu avant 50 ap. J-C. à Chéronée, en Béotie, il y vécut la plupart de sa vie, et y mourut. La Grèce était alors une province romaine. Il vécut sous les empereurs Néron (54-68), Vespasien (69-79), Titus (79-81), Domitien (81-96), Nerva (98-98), Trajan (98-117) et vit le début du règne d'Hadrien (117-138).

Durant sa jeunesse, il passa quelques temps à Athènes, auprès du platonicien Ammonios ; il resta toujours fidèle à cette philosophie. Mais il s'intéressa également aux mathématiques, à la physique, aux sciences naturelles, et à l'histoire. Il reçut l'honneur de la citoyenneté athénienne. Il décrira Athènes dans la Vie de Périclès ; il fera également vers cette époque un voyage en Égypte, peut-être pour apprendre la médecine à Alexandrie.

A la fin de sa vie, il s'en souviendra dans Isis et Osiris. Ses premières œuvres sont des traités de morale pratique, sur divers sujets, probablement des notes de cours ou des conférences ; il fonda en effet une école de philosophie à Chéronée, à son retour de Rome. Plutarque s'intéresse à ce qui permet un "vivre-ensemble" sans acrimonie, et mêle psychologie et morale. Ses premières œuvres sont contemporaines d'une floraison du roman, notamment avec Chairéas et Callirhoé, de Chariton.

 

Sous Domitien, il est un professeur et un conférencier réputé ; en 92, il entreprend un second voyage à Rome. Puis, au moment où commencent les dernières années du règne de Domitien, marqué par les persécutions contre les intellectuels, il revient à Chéronée. Commence alors une nouvelle étape: les dialogues, au début très scolaires, puis de plus en plus maîtrisés et vivants. A noter Sur le visage qui est dans la lune (v. 92-93), compilation des connaissances astronomiques de cette époque, et usant pour la première fois du mythe, à la manière de Platon.

 

Vers 96, il devient prêtre d'Apollon à Delphes, tout en exerçant d'autres magistratures à Chéronée. Un prêtre antique est essentiellement chargé de la gestion du sanctuaire, et du bon déroulement des cérémonies. Son intérêt religieux s'éveille : Sur la création de l'âme du monde dans le Timée, Sur le déclin des Oracles. Il élabore une véritable démonologie, conforme au platonisme : l'homme est formé de l'âme et du corps ; mais l'âme se subdivise en deux : une partie liée au corps, soumise aux passions, et une autre, l'esprit, plus libre. Cette dernière, à la mort, peut devenir démon et aider les autres hommes...

 

Après 115, les préoccupations religieuses prennent davantage de place : tous ses amis sont morts, et lui-même approche de sa fin. Il écrira encore Sur les délais de la justice divine, puis quatre ouvrages testamentaires : Les Oracles de la Pythie, Sur l'E de Delphes, De l'Amour et enfin Isis et Osiris, qui réalise une sorte de syncrétisme entre les religions égyptienne et grecque. Il meurt en 125 ou  126. Son œuvre est considérable ; une moitié en a été perdue. Elle se divise aujourd'hui en deux grands ensembles : Plutarque y met en parallèle un grand homme grec et un Romain ; il y fait œuvre de biographe plus que d'historien ; anecdotes vivantes, maximes morales dressent un portrait vivant de l'homme qu'il décrit. Bien des faits ne nous sont aujourd'hui connus que grâce à lui. Il rédigea d'abord quatre vies isolées (Aratos, Artaxerxès, Othon et Galba), puis les 22 "couples" qui nous sont restés ; une dizaine de Vies sont perdues. L'ensemble des Vies a paru aux éditions des Belles-Lettres, en 16 volumes.

 

On peut lire notamment :

·        La Vie de Cicéron et la Vie de Démosthène

·        La Vie d’Alcibiade

·        La Vie de Périclès

·        La Vie d'Alexandre et celle de César.

Les Œuvres morales

Elles regroupent en fait toutes les autres œuvres de Plutarque ; leur diversité montre l'étendue de sa culture et de ses centres d'intérêt.

·        Morale :

o   De la Vertu morale ;

o   Du contrôle de la colère ;

o   De la Tranquillité de l'âme ;

o   De l'amour fraternel

o   Du bavardage ;

o   De la curiosité ; etc.

·        Traités delphiques :

o   Sur l'E du temple de Delphes ;

o   Sur les Oracles de la Pythie ;

o   Sur le défaut des oracles...

·        Critique littéraire :

o   Sur la malignité d'Hérodote ;

o   Comment il faut entendre les poètes...

Platonicien, Plutarque s'est aussi intéressé aux doctrines postérieures : il a connu et discuté l'épicurisme, et surtout le stoïcisme, qui est pour lui un adversaire privilégié. Son idéal de vie consiste dans la douceur, à l'égard des autres hommes ; ce sentiment naturel est aussi un devoir, et ne peut s'acquérir que par un constant effort sur soi. Peu cité par ses contemporains (ni Tacite, ni Stace ne le mentionnent...) il deviendra une référence dès l'époque suivante : Apulée fait du héros de l'Âne d'or un parent de "Sextus, neveu de Plutarque", et il sera continuellement cité dans les controverses pro et anti-chrétiennes : Eusèbe de Césarée et Porphyre. Les chrétiens voyaient en lui un sage à qui il n'avait manqué que la grâce de la Révélation, un "presque chrétien" en somme – ce qui présente l'avantage que ses œuvres nous ont été bien conservées, notamment dans les manuscrits du moine Maxime Planude.

 

Mais c'est la Renaissance qui lui offre son heure de gloire, avec en 1509 la publication de ses œuvres en grec, et en 1559 la traduction des Vies par Jacques Amyot, suivie en 1572 de celle des Moralia. Érasme, Rabelais s'en inspireront ; Montaigne, surtout, qui le découvre vers quarante ans, au moment où il se retire en sa bibliothèque, en fait son livre de chevet ; les Essais sont un constant dialogue avec Plutarque. Sa sagesse politique, sa volonté de convivialité font de lui un modèle, dans une France déchirée par les fanatismes et la violence religieuse. Dans le même temps il fournit des sujets aux auteurs de théâtre, Jodelle, Garnier, et jusqu'à Shakespeare, qui transpose des passages entiers. Le XVIIème siècle continue de le lire ; sa sociabilité fournit des modèles notamment au roman, d'Honoré d'Urfé à Mlle de Scudéry. Mais Descartes et Pascal l'ignorent.

 

Le XVIIIème siècle en donne une double lecture : si la traduction d'Amyot paraît désuète, si Voltaire ou l'Encyclopédie l'éreintent, une nouvelle traduction de Dacier en 1721 lui redonne vie ; Rousseau ou Mme Rolland trouvent en lui à la fois l'exaltation républicaine et héroïque qui triomphera sous la Révolution, et une sensibilité romanesque qui séduit auteur et lecteurs de la Nouvelle Héloïse. C'est un phénomène européen et même au-delà : Goethe, Schiller, Beethoven, Richardson, Fielding s'en inspirent, comme, aux USA, Jefferson et Benjamin Franklin. Napoléon lui-même en était imprégné.

 

Mais le XIXème siècle lui apporte le coup de grâce : l'individualisme romantique et la prééminence des passions s'accommodent mal de sa morale civique et de sa mesure ; la bourgeoisie scientiste et positiviste rejette ses préoccupations eschatologiques et religieuses ; enfin, l'acerbe historiographie allemande met à mal la solidité de sa documentation. Il sombre alors au deuxième rang, et peu à peu dans l'oubli. Civisme, sociabilité et mesure demeurent des valeurs qui peuvent permettre de surmonter les affres d'une société en mutation profonde, pour ne pas dire en crise : appartiendra-t-il au XXIème siècle de ressusciter l'aimable et sage Plutarque ?

 

pourquoi la grÈce ?

Jacqueline de romilly

Edition FALLOIS

 1987

Pourquoi les textes de la Grèce antique, d’Homère à Platon, continuent-ils d’influencer toute la culture européenne ? Quelle qualité unique cet héritage si divers recèle-t-il, qui justifie une présence aussi vivace au cours des siècles?
À ces questions, la grande helléniste, auteur de La Grèce antique à la découverte de la liberté, donne ici sa réponse. De façon constante et obstinée, à travers la tragédie ou la science politique, la mythologie ou l’histoire, l’esprit grec cherche l’universel, ce qui concerne tout l’homme, en tout temps et en tous lieux.

 

Grèce et Démocratie : Contrairement à notre démocratie représentative, le régime politique athénien est une démocratie directe, c’est-à-dire que les citoyens peuvent participer directement aux décisions d’ordre public. De même, les principales institutions politiques assurent une participation équitable à la gouvernance de la cité, notamment en octroyant une grande place au tirage au sort – et, par conséquent, à l’intervention des dieux – lors de la nomination aux charges publiques. Chaque année, la majorité des magistrats de la cité sont tirés au sort parmi les citoyens. Seules les hautes magistratures militaires et financières sont attribuées par élection.

 

Principale figure de la démocratie athénienne, Périclès a ainsi été réélu comme stratège militaire pendant une quinzaine d’années consécutives (443-429 av. J.-C.), ce qui lui a permis d’influencer grandement la vie politique d’Athènes à cette période. Une fois nommés, les magistrats reçoivent un « misthos », c’est-à-dire une indemnité financière pour compenser la perte d’une journée de travail et ainsi assurer la possibilité à tous les citoyens, même les plus pauvres, de participer à la vie publique. Les magistrats sont également responsables de leurs actes et doivent en rendre compte au peuple : par exemple, une défaite d’Athènes lors d’une bataille peut entraîner des conséquences graves – pouvant aller jusqu’à la condamnation à mort – pour les magistrats militaires si les citoyens jugent ces derniers responsables.

 

Les magistrats publics ont pour mandat d’exécuter les décisions prises par l’Ecclésia, l’assemblée populaire où l’ensemble des citoyens est convoqué une quarantaine de fois par année, habituellement sur la colline de la Pnyx. Les citoyens peuvent y prendre la parole et, surtout, ils y votent, à main levée ou parfois par bulletins secrets, toutes les décisions touchant la vie dans la cité, que ce soit la construction d’un temple, l’augmentation des impôts ou la déclaration d’une guerre. L’assemblée a aussi le pouvoir d’ostracisme, c’est-à-dire de voter pour bannir d’Athènes, pendant 10 ans, un citoyen dont on craint que les ambitions personnelles puissent mener à la tyrannie.

 

Les travaux de l’Ecclésia sont organisés par la Boulè, un conseil formé de 500 citoyens (50 par tribu) tirés au sort annuellement, siégeant en alternance et recevant un misthos. En plus de préparer les décrets soumis au vote de l’Ecclésia, la Boulè a aussi pour mandat de gérer l’administration de la cité, d’encadrer les travaux de construction et d’exercer un contrôle sur les détenteurs d’une magistrature publique, notamment en les obligeant à rendre des comptes devant l’assemblée à leur sortie de charge. Enfin, l’Héliée est un tribunal populaire formé de 6000 citoyens (600 par tribu) également tirés au sort annuellement. Pour chaque cause entendue, on convoque quelques centaines d’entre eux pour écouter les parties et voter secrètement un verdict. Pour les cas de meurtres ou les questions religieuses, on confie le dossier à l’Aréopage, une institution datant de la période oligarchique, mais dont la vocation change au cours du 5e siècle av. J.-C. pour devenir un tribunal formé de 10 magistrats.

 

À la fin du 5e siècle av. J.-C., Athènes entre en guerre contre la cité de Sparte : c’est le début de la Guerre du Péloponnèse qui dure plus de 25 ans (431-404 av. J.-C.). Cette période ébranle grandement les institutions démocratiques. Malgré la pénible défaite d’Athènes, la cité conserve un régime démocratique. Afin d’encourager la population durement éprouvée par la guerre à participer à la vie publique, on instaure un nouveau misthos attribué à tous ceux qui assistent aux séances de l’Ecclésia.

 

Bon an, mal an, la démocratie athénienne perdure pendant une bonne partie du 4e siècle av. J.-C. malgré la conquête d’Athènes par le roi Philippe II de Macédoine. Ce n’est qu’en 322 av. J.-C., après la mort d’Alexandre le Grand, fils de Philippe II, que le pouvoir macédonien impose à Athènes un régime politique oligarchique.


Chaque étude de ce recueil aborde et serre de près un exemple précis ; en sorte que chacune est aussi une passionnante leçon, qui nous convie à découvrir ou redécouvrir cet héritage d’un œil neuf.

 

PYTHAGORE ET LES PYTHAGORICIENS

Jean François MATTEI

Edition  PUF

 1993

Est expliqué la pensée de Pythagore et son prolongement jusqu’à aujourd’hui.

Pythagore est de tous les philosophes de la haute antiquité (il naquit vers 580 avant l'ère chrétienne) celui dont le nom est le plus connu, et, si l'on peut dire, est resté le plus populaire. Nous savons cependant fort peu de chose de ses doctrines : nous n'avons de lui aucun ouvrage, mais seulement quelques fragments d'un de ses disciples appelé Philolaüs.

Il nous est même impossible de distinguer l'enseignement du maître des théories des disciples. Nous ne pouvons parler que du pythagorisme, sans prétendre savoir ce qu'a pensé Pythagore. De plus, la plupart des renseignements qui nous ont été conservés, épars dans un grand nombre d'ouvrages, ne méritent que peu de confiance.

Pythagore est devenu de bonne heure un personnage légendaire : la fantaisie des poètes et des écrivains s'est donné libre carrière sur son compte. Rien n'est plus difficile que de démêler, parmi tant de récits fabuleux ou contradictoires, la part de vérité qu'ils contiennent.

Il y a deux choses à distinguer dans le pythagorisme : une philosophie, c'est-à-dire une explication de l'univers, et une doctrine morale. La philosophie pythagoricienne se résume en cette formule : tout ce qui existe est un nombre ; l'essence et le principe des choses est le nombre. Pour comprendre le sens de cette formule, en apparence bizarre, il faut se souvenir que les pythagoriciens étaient très versés dans l'étude des mathématiques. C'est probablement pour ce motif qu'on a attribué à Pythagore la table qui porte son nom. C'est lui aussi qui démontra le premier le théorème du carré de l'hypoténuse, et sa joie fut si grande, après cette découverte, qu'il offrit un sacrifice solennel à Jupiter. On comprend que des mathématiciens si exercés aient été disposés à voir des nombres partout.

On raconte que Pythagore, se trouvant un jour dans une forge, remarqua que les marteaux, en retombant sur les enclumes, rendaient des sons différents, et que ces sons variaient selon la grosseur des marteaux. Quelle que soit la valeur de ce récit, dont l'authenticité a été contestée, il est du moins propre à montrer que des observations attentives et judicieuses avaient amené Pythagore à une conception du monde au premier abord fort étrange. Il avait observé aussi que les sons de la lyre sont proportionnels à la longueur des cordes, et, par suite, qu'une rigoureuse loi mathématique règle la production des sons. Généralisant cette idée, Pythagore conclut que tout, dans le monde physique, obéit aux lois du nombre, ce qui est une vérité confirmée par la science moderne. Il alla plus loin encore, et affirma qu'au fond toute chose est un nombre, ce qui est une erreur, ou au moins une hypothèse fort improbable. Ses disciples abusèrent de cette formule déjà excessive, et aboutirent à de véritables extravagances, comme de dire que la justice est le nombre quatre, ou que le mariage est le nombre cinq. Pythagore n'est pas responsable de ces folies. Dégagée des applications illégitimes qu'on en a faites, son idée fondamentale était juste : c'était une vue de génie.

Tous les pythagoriciens ne tombèrent pas d'ailleurs dans ces excès, et leur bonne fortune voulut que quelques-uns, par une sorte de hasard sans doute ou de divination, et sans pouvoir justifier leurs assertions par de solides raisons, fussent conduits à des conceptions fort extraordinaires pour le temps où ils vivaient. Ainsi ils déclarèrent qu'il devait y avoir des antipodes, c'est-à-dire une partie de la terre située à l'opposite de l'Europe, et l'on dit que lorsque Christophe Colomb entreprit son voyage, ce fut sur la foi d'une tradition pythagoricienne. Ils avaient aussi deviné le mouvement de la terre ; Copernic a déclaré expressément que lorsqu'il découvrit le vrai système du monde et démontra que le soleil est immobile par rapport à la terre, il s'inspira de l'idée déjà exprimée par les pythagoriciens: c'est une hypothèse pythagoricienne dont il fit une vérité.

Mais c'est moins à ses théories philosophiques qu'à sa doctrine morale que Pythagore doit sa célébrité. A vrai dire, entre sa philosophie et sa morale, il est difficile d'apercevoir aucun lien ; les meilleurs historiens estiment qu'elles sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre. Comme l'a montré l'historien allemand Schwegler, il est probable que Pythagore, qui appartenait à la race dorienne, remarquable entre toutes les races grecques par ses mœurs austères et ses vertus rigides (les Spartiates étaient Doriens), avait réuni en un corps de doctrine, et formulé d'une manière plus précise, les idées qu'il avait connues dès l'enfance, et qui étaient familières à tous ses compatriotes.

Pythagore avait fondé un Institut, une sorte d'ordre, un monastère, où lui et ses disciples, parmi lesquels se trouvaient, dit-on, quelques femmes, vivaient soumis à des lois communes d'une grande sévérité. « Le recrutement des membres de l'ordre, dit M. Chaignet, était fait avec un soin scrupuleux. Pythagore, dit-on. étudiait sévèrement la vocation des jeunes gens qui se présentaient à lui, avant de les admettre aux premières initiations de cette vie nouvelle ; il cherchait à lire sur leur visage, à deviner dans leur démarche, dans leurs attitudes, dans toutes les habitudes de leur personne, les penchants de leur âme, le fond vrai de leur caractère, les aptitudes propres de leur esprit. » Même après ces épreuves, quelques-uns seulement étaient initiés à la doctrine du Maître. On dit aussi qu'entre tous les membres de la confrérie, les biens étaient en commun, que tous devaient s'astreindre au silence, s'abstenir de viande et de fèves : mais ces détails ne sont pas certains ; le dernier surtout paraît controuvé. Ce qui est incontestable, c'est que Pythagore s'était proposé un but moral et religieux. « Il avait voulu, dit l'historien Ed. Zeller, fonder une école de piété, de bonnes mœurs, de tempérance, de courage, d'ordre, d'obéissance à la loi, de fidélité dans l'amitié.

D'une manière générale, il voulait faire fleurir dans son école toutes les vertus qui formaient l'honnête homme selon les idées grecques, et particulièrement selon les idées doriennes, vertus qui sont aussi recommandées de préférence dans les sentences plus ou moins authentiques attribuées à Pythagore. » C'est à ce caractère moral et religieux que se rattachent les théories pythagoriciennes sur la transmigration des âmes, ou métempsycose. Les corps sont comme des prisons dans lesquelles la divinité a enfermé les âmes pour les punir. Séparée du corps, l'âme, quand elle a mérité une récompense par ses vertus antérieures, mène dans un monde supérieur une vie incorporelle. Si elle a été coupable, elle doit être châtiée dans le Tartare, ou bien même condamnée à faire de nouvelles pérégrinations à travers des corps d'hommes ou d'animaux

 

PYTHAGORE  ET  L’INITIATION  MAÇONNIQUE     -   N°  37  -

ANNA  MONFORT

EDITION  MAISON  DE  VIE

 2010

Pythagore est l’un des maîtres spirituels vénérés par la Franc-Maçonnerie qui célèbre sa mémoire et ses rituels. Mais en quoi consiste l’enseignement pythagoricien et quel est son apport précis à l’initiation maçonnique ?

 

Pour la première fois, un ouvrage aborde ce thème en profondeur. Après avoir évoqué la vie de Pythagore, l’auteur offre une nouvelle traduction intégrale des vers d’Or et développe les notions initiatiques qui en découlent, comme la quête de la Parole perdue, le serment, la fraternité, le chemin de la maîtrise…

 

On comprendra mieux, à la lecture de cet essai, l’importance de la pensée pythagoricienne dans la tradition initiatique dont la Franc-Maçonnerie est l’héritière.

 

Où il est question de :

La vie de Pythagore, le texte des vers d’Or, la quête de la Parole perdue, la notion de connaissance, le quaternaire, l’ignorance, la privation du bien, le serment et le secret, la fidélité, le silence et la transmission, la filiation spirituelle, l’amitié, la bonté, la haine et son absence, la bienveillance, la discorde, la concorde, la justice, la juste mesure, le temple et la justice, la conscience de la mort, la vertu, le respect du corps, le rapport aux biens matériels, le détachement, Vigilance et Persévérance, le chemin de la maîtrise, les nombres sacrés, la mémoire, les deux éternités, l’âme et sa santé, purifications et libérations, l’immortalité, l’éther, le livre des deux chemins, l’Orient éternel.

 

PYTHAGORE - la vie extraordinaire de pythagore

Albert SHOSMAS

Edition R. LAFFONT

 1979

On l’a appelé PTAH.GO.RA qui signifie « qui connaît Dieu et le soleil » il fut fait prisonnier et blessé à la jambe, le mythe l’appelle alors « Pythagore, le dieu à la cuisse d’or » et rejoignit ainsi les grands initiés boiteux. Au-delà de ce mythe, il nous laissa des disciplines mathématiques hors du commun pour l’époque.

 

Pythagore est né vers 580 avant J.-C., à Samos, une île proche de la côte asiatique de la Grèce, au large de l’actuelle Turquie, et qui appartenait à la région nommée Ionie. Deux traits de sa personne se révèlent dès son jeune âge : sa grande beauté et la discipline qu’il s’imposait, tant physique (régime alimentaire, entrainement physique…) que morale (développement des qualités morales, contrôle de la colère…).

Par des récits extérieurement contradictoires, relatifs à sa naissance, à son aspect physique, à ses dons, tous les biographes s’accordent à décrire une personnalité marquée dès son plus jeune âge par le dieu grec le plus mystérieux et le plus complexe, Apollon, signifiant par là une sorte de parenté spirituelle et symbolisant l’action des forces « lumineuses » (Apollon était le dieu du soleil) sur la nature chthonienne de l’être humain (Apollon a vaincu le serpent Python, symbole des forces terrestres « rampantes »). Pythagore semble par ailleurs avoir été assidu à l’étude et au culte religieux.

Pressentant des désordres politiques dans sa patrie, Pythagore rejoignit la partie continentale de l’Ionie, à Milet, où il rencontra le sage Thalès, connu à notre époque pour ses travaux en géométrie. Thalès fut le premier grec à être qualifié de sophos, sage (terme venant de sophia, la sagesse), le second étant Pythagore lui-même. Pythagore fréquenta et reçut l’enseignement d’autres maîtres, Phérécyde de Syros, qui fut le premier Grec à enseigner le concept de l’immortalité de l’âme, et Anaximandre de Milet. Anaximandre professait notamment sur ur les conseils de Thalès, qui avait déjà fait ce voyage et en avait rapporté des trésors de connaissances, Pythagore partit pour l’Egypte, en faisant d’abord escale en Syrie, à Biblos et à Tyr (sur la côte de l’actuel Liban) et dans d’autres cités de cette région. Il aimait, paraît-il, se retirer dans le temple de Zeus (la synagogue de Yahvé, construit sur les lieux où officia le prophète Elie) sur le versant occidental du mont Carmel, face à la mer. C’est de là qu’il rejoignit le bateau qui devait l’emmener en Egypte. La description par Jamblique de cette traversée fait état de la grande impression que Pythagore fit sur les marins qui, écrit-il, « usèrent de mots et d’actions bien plus séants que d’ordinaire entre eux-mêmes et avec lui [Pythagore], jusqu’à ce que le navire arrive très heureusement et dans un calme parfait sur la côte d’Egypte. »

 

Selon Jamblique, Pythagore passa 22 années en Egypte, puis fut fait prisonnier par les troupes du roi de perse Cambyse (vers -525 – -522) et emmené à Babylone où il resta 12 ans. Il rentra à Samos à l’âge de 56 ans. Ce qui placerait sa naissance vers -569 – -566, mais il faut sans doute considérer ces durées et âge (22, 12, 56) comme symboliques : le nombre 12 laisse entendre que c’est l’astronomie que Pythagore étudia à Babylone. Les 22 années en Egypte peuvent signifier qu’il y a effectué deux cycles d’études, l’une d’eux vraisemblablement selon l’enseignement d’Hermès Trismégiste. Les 56 ans peuvent être analysés par rapport aux 70 années communément accordées pour la durée d’une vie humaine, voire son degré d’avancement spirituel (8 sur une échelle de 10) à son retour à Samos.

 

Les biographes insistent sur le fait que Pythagore chercha et réussit à s’instruire auprès des prêtres d’Egypte, les hiérophantes phéniciens et les mages babyloniens. Certains auteurs ajoutent que Pythagore aurait également visité l’Inde et la Crète : l’Inde, parce que l’on pense que c’est de l’Inde que Pythagore tira science des nombres, et la Gaule. Ce voyage en Gaule n’est attesté par aucun texte ancien, et vient d’une mauvaise citation de Diogène Laerce. Sur les liens entre druidisme et pythagorisme, évidents pour les spécialistes de la religion celte, d’autres hypothèses ont été avancées. Ses voyages ne s’arrêtèrent pas à son retour à Samos, car, de là, il partir visiter tous les grands sanctuaires, les lieux oraculaires, principalement consacrés à Apollon, et la Crète.

 

Une jolie histoire relate la manière dont Pythagore aurait commencé à enseigner. Peu après son retour à Samos, et ayant refusé l’invitation du tyran Polycrate à y rejoindre sa cour, il se réfugia dans une grotte. Là, il commença par payer un jeune garçon pour que celui-ci ait la patience d’écouter les leçons qu’il lui donnait. Le prix de celles-ci est passé à la postérité : 3 oboles la leçon. Devant l’enthousiasme de l’élève (qui se serait appelé aussi Pythagore), le maître joua d’un subterfuge pour tester son attachement à l’enseignement : il déclara manquer de moyen et devoir arrêter les leçons. L’élève, alors, proposa de payer les leçons à son tour. Avec sa mère et son jeune élève, il s’établit dans la colonie grecque de Crotone, située dans le sud de l’Italie, et y créa une école mystique qui aurait eu 218 élèves. Ce nombre doit être, bien entendu, considéré symboliquement, et une analyse pythagoricienne pourrait en révéler la signification. Il mourra dans l’incendie de son école, incendie qui aurait été fomenté par l’un des postulants recalés de l’école de Pythagore, Cylon.

 

C’est en tout cas cette fin tragique qui permit à l’enseignement de se disperser à travers le monde grec, de l’Italie à l’Asie. On ressent l’influence de Pythagore dans de nombreux passages des Dialogues de Platon. En opposition à l’orthodoxie religieuse de la Grèce antique, Pythagore a enseigné l’existence d’un dieu unique et créateur de l’univers, ce qui justifiait déjà amplement le secret dont il entourait son enseignement : le déni des divinités adorées en Grèce était passible de la peine de mort. Certes, nous ne saurons jamais quelle part de l’enseignement de Pythagore aura survécu, mais, plus que des "faits", c’est une vision lumineuse des nombres, des figures géométriques, des sons et des étoiles, qui nous disent la beauté de l’univers et la grandeur de son créateur, que Pythagore nous a laissée. Il n’y a pas de mystère qui tienne : nous avons tous la possibilité de prendre et de transmettre son héritage spirituel.

 

Les nombres et les formes, qui n’étaient jusque-là considérés que comme des instruments destinés à la comptabilité et la construction, devinrent des symboles mystiques, les bases de la compréhension de l’univers visible et invisible. La musique et l’astronomie jouèrent également un rôle majeur dans l’enseignement pythagoricien, et il semblerait que l’on doive à Pythagore la première « justification » théorique de notre gamme et aussi celles de toutes les traditions musicales. Les lois de l’harmonie musicale restent encore aujourd’hui basées sur ce que l’on tiendrait de lui : une échelle de 7 notes, séparées par 5 tons et 2 demi-tons.

  

pythagore Un Dieu parmi les hommes

Alexandre hasnaoui

Edition LES BELLES LETTRES

 2002

Cet ouvrage contient peu de théories des nombres, par contre Pythagore et ses disciples sont à l’honneur, avec leur mode de vie, leur initiation avec toutes ses étapes. Leurs règles et leurs pratiques auxquelles se soumettaient ces hommes a la piété rare et au savoir divin.

 

De mathématiques, il est ici peu question, de théories des nombres, un peu, mais c'est surtout de Pythagore lui-même, de ses disciples et du mode de vie de la secte qu'il s'agit. On apprendra toutes les merveilles qu'il a accomplies, on suivra toutes les étapes de l'initiation mystérique de la secte et on trouvera les seuls fragments véritables de son enseignement (les fameux «symboles») qui nous soient parvenus. Aux travers de textes qui datent du IIIe siècle après J.-C. et recueillent une longue tradition bio-doxographique qui remonte probablement aux Mémoires pythagoriques eux-mêmes (les «aide-mémoire», ces écrits secrets, rédigés en langage symbolique, que les survivants de la secte composèrent pour ne pas laisser disparaître l'enseignement du Maître, et qui finirent, avec le temps, par être divulgués), on trouvera plusieurs listes des akousmata, ainsi que des interprétations de ceux-ci.

 

On y apprendra quelles étaient les pratiques et règles (végétarisme, respect des êtres animés, interdiction des sacrifices sanglants) auxquelles se soumettaient ces hommes à la piété rare et au savoir divin. Car, c'est le dieu pythien qui parlait par la bouche de Pythagore, dont le nom pouvait aussi provenir du fait qu'« il annonçait la vérité non moins que le Pythien ». Il faut donc s'efforcer de garder vivante la tradition que nous révèlent ces textes que leur rareté rend d'autant plus précieux aux chercheurs de sagesse et de vérité. Plusieurs des traductions présentées ici sont inédites

 

19 Q

 

QUI FÛT LE GRAND ARCHITECTE DE KHḖOPS ?

Jacques Rolland

Cépaduès Edition

2017

Jacques Rolland enquête sur l’œuvre exemplaire du Pharaon Khéops, connu pour sa grande pyramide mais qui fut aussi un novateur à l’origine, par exemple, de la maîtrise des crues du Nil mais aussi d’un nouveau monothéisme qui fit les beaux jours d’Héliopolis et heurta les prêtres de Memphis. Dirigeant exemplaire, Khéops demeure mal connu tout comme l’architecte de cette Grande Pyramide qui nous fascine à travers les siècles.

 

Dans ce petit livre très dense, se mêlent ainsi des interrogations de nature historique et des développements symboliques très intéressants.

 

Du point de vue historique, la pyramide dite de Khéops aurait pu être construite par trois personnalités. L’Université penche généralement pour Hermoniou, à la fois vizir et architecte. Il y a aussi le fils adoptif de Khéops, Didoufri qui se fit construire une pyramide de son vivant. Enfin, la personnalité plus insaisissable du berger Philitis, un étranger, est mentionnée par Hérodote. « Le terme de « berger », précise l’auteur, n’a strictement rien à voir avec la conduite d’un troupeau, même au plan symbolique. Il se réfère aux Textes des Pyramides, pour qualifier parfois Horus et les gouvernances des « suivants d’Horus ». »

 

Philitis évoque une source étrangère à l’Egypte, porteuse de savoirs scientifiques nouveaux. « Nous savons comment les grandes pyramides n’ont pas été construites, et notamment celle de Khéops, mais nous ne savons toujours pas comment elles l’ont été. Et surtout par qui ? » remarque Jacques Rolland. La question de la transmission linéaire des savoirs et des jaillissements inexpliqués, correspondants à un saut qualitatif dans la connaissance se pose à plusieurs reprises dans l’histoire connue de l’Egypte antique. Mais, elle est légitime aussi en d’autres régions du monde qui portent des vestiges dont la nature et le sens nous échappent. Jacques Rolland se garde des hypothèses fantasmées pour privilégie rune interrogation ouverte à un vaste champ de possibles.

Si Khéops semble être à l’origine de ce que nous appelons aujourd’hui un Etat, son œuvre se caractérise aussi par un sens aigu du culte des dieux et d’une science ou d’un art de l’immortalité, avec une fonction essentielle attribuée au Nil d’une part, considéré d’essence divine, au Sphinx d’autre part, peut-être témoin à la fois de bouleversements climatiques et d’une volonté politique qui nous échappe encore. Jacques Rolland essaie de s’approcher, et nous avec lui, d’une pensée antique fort éloignée de la nôtre, pensée dans laquelle le symbolisme ne fait pas que représenter mais véhicule à travers des enseignements précis des possibilités non seulement philosophiques et métaphysiques mais aussi physiques dont les pyramides et le sphinx certifient une certaine permanence encore à explorer.

 

Seule "merveille du monde" à nous être parvenue, la pyramide de Khéops, qui trône sur le plateau de Gizeh, dans la banlieue du Caire aux côtés du Sphinx, a créé la surprise jeudi. Une étude parue dans la revue scientifique Nature a en effet révélé l'existence d'une immense cavité, de la taille d'un Airbus. Mais si le célèbre monument a en partie dévoilé sa structure interne, il conserve encore une grande part de mystère. Retour sur ce que l'on sait de la plus célèbre pyramide du monde et sur ce que l'on ne sait pas encore…

 

Les prouesses du vizir Hémiounou. La pyramide de Khéops a été édifiée sous l'Ancien Empire égyptien, soit la période allant de 2.700 à 2.200 avant notre ère. On connaît son concepteur, l'architecte Hémiounou, qui était aussi vizir, c'est-à-dire conseiller des pharaons. Ses dimensions (139 mètres de haut et 230 mètres de large) sont époustouflantes pour l'époque. Et le resteront longtemps. En effet, la pyramide de Khéops n'est détrônée qu'en 1311 quand la cathédrale de Lincoln, munie d'une flèche haute de 160 mètres, est achevée.

 

Khéops, un pharaon bâtisseur. On connaît aussi la fonction de cette majestueuse pyramide. Elle est un monument funéraire en l'honneur du deuxième pharaon de la 4ème dynastie, Khéops. Ce dernier, qui a régné 23 ans (environ de -2.551 à -2.528), a laissé derrière lui une réputation de bâtisseur : plusieurs pyramides (dont la sienne) dans un complexe funéraire destiné à ses proches, des temples (dont le plus connu est le temple d'Hathor à Dendérah).Masquer cette publicité À propos des cookies

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 Enfin, les archéologues ont réussi à définir l'aspect ancien du monument, bien différent de celui d'aujourd'hui : il était en effet recouvert d'un enduit blanc pour qu'il reflète la lumière du soleil. Elle était aussi entourée d'une enceinte, issue d'un socle rocheux, à 10 mètres de distance dont il reste quelques vestiges. La construction de la pyramide de Khéops a été une réelle prouesse pour l'époque. Constituée de 2,3 millions de blocs de 2,5 tonnes chacun, elle aurait été érigée par 20.000 ouvriers. Si, longtemps, les historiens ont pensé que des esclaves ont été utilisés pour sa construction, des fouilles récentes ont mis à jour les restes d'une ville destinée aux artisans et ouvriers du chantier. De nombreux indices y montrent que ces ouvriers étaient bien nourris et soignés. Mais la question de leur travail qui aurait duré 20 ans reste mystérieuse. Aucune hypothèse avancée ne convainc totalement les spécialistes, de quoi faire naître des fantasmes nombreux, dont celle de l'intervention… d'extraterrestres.

 

Des pillages infructueux. L'intérieur de la pyramide de Khéops est en partie connu grâce à une très ancienne exploration remontant au 9ème siècle. En 820, le calife Al-Mamoun organise une expédition pour rentrer à l'intérieur de l'édifice. L'objectif ? Y trouver des trésors. Mais des principales pièces découvertes, les explorateurs reviennent bredouilles. Des pièces… vides ou presque. Il faut attendre le 19ème siècle pour en apprendre un peu plus sur la structure interne de la pyramide, qui comprend notamment une chambre souterraine creusée dans la roche mais inachevée, ce qui fait dire qu'elle a fait partie d'un premier projet finalement abandonné. Deux pièces, appelées arbitrairement par les premiers explorateurs arabes "chambre de la reine" et "chambre du roi", sont explorées et photographiées par les égyptologues. La première, munie de deux conduits de ventilation, voûtée et de forme carrée, a une fonction inconnue encore aujourd'hui. La "chambre du roi", elle, précédée d'une longue galerie inclinée de 47 mètres de long, pourrait être celle qui a accueilli le tombeau du pharaon Khéops.

 

Un coffre sans couvercle. C'est en 1837 que Richard Vyse, égyptologue britannique, met la main sur la seule cartouche de la pyramide qui rapporte le nom de Khéops, de quoi relier directement les destinées du monument et du pharaon. Mais le coffre découvert dans la "chambre du roi", qui aurait pu être son sarcophage, est découvert vide et sans couvercle. Détail encore plus déstabilisant pour les archéologues, aucune trace d'un ancien couvercle n'a été trouvée, comme si le coffre n'avait eu qu'une fonction symbolique. Un cadavre jamais retrouvé ? L'hypothèse d'un simple cénotaphe a donc été avancée par certains archéologues. C'est-à-dire que le coffre n'aurait été qu'un monument sans dépouille, servant à rendre hommage à Khéops. La possibilité d'une mort lors d'une bataille expliquerait que ses sujets n'aient jamais pu retrouver son cadavre.

 

L'hypothèse d'une chambre funéraire non encore détectée. Mais pour d'autres chercheurs, la dépouille serait bien présente dans la pyramide, dans une pièce non encore détectée. Dans ce scénario, la "chambre du roi" munie d'un coffre aurait alors été construite pour tromper les curieux et les pilleurs. Le fait que cette pièce soit très facile d'accès renforce cette hypothèse. C'est pourquoi la découverte de la grande cavité, rapportée jeudi dans Nature, relance tous les fantasmes sur la dépouille introuvable du pharaon. La plus grande salle de la pyramide. Le "big void" (le grand vide), découvert récemment par les chercheurs, fait au moins 30 mètres de long et ressemblerait à la grande galerie qui mène à la "chambre du roi". Ses dimensions en font désormais la plus grande salle connue de la pyramide, au cœur même du monument.

 

Les muons à la rescousse. La cavité a été détectée grâce à l'utilisation de muons, en provenance de l'espace et qui traversent en continue la Terre. Ces électrons ont la particularité de pouvoir avancer sur plusieurs centaines de mètres de roches. Mais s'ils rencontrent un vide, ils y sont absorbés. Grâce à des détecteurs de muons, des physiciens ont ainsi pu enregistrer une concentration très élevée de ces électrons, indiquant la présence d'une cavité de grande taille. Une chambre funéraire, un espace de stockage ? Si les dimensions de la cavité ont pu être mesurées, les scientifiques n'ont aucune idée à quoi elle ressemble et donc à quoi elle a pu servir. Il pourrait s'agir d'une simple galerie ou alors d'une enfilade de pièces. Il existe cependant déjà plusieurs hypothèses : une chambre funéraire, une salle à fonction technique uniquement utilisée pour stocker ou monter des blocs de pierre, des salles contenant du mobilier funéraire ou encore un dispositif antisismique à une époque où de nombreux séismes avaient lieu dans la région.

 

99 rÉponses sur la grÈce antique

Georges gensane

Edition CDDP

 1994

La vie à la ville et à la campagne, la vie des femmes, des enfants et des jeunes gens, la place des citoyens, des esclaves, des métèques dans la cité, le mariage et la famille, l’éducation, les exercices du corps, les occupations, travaux et métiers, les plaisirs de la table, les soins du corps, les spectacles et les jeux, la vie religieuse, politique et économique, sociale et intellectuelle, artistique et technique, les mythes et les croyances, tels sont les multiples aspects que ce jeu de 99 questions et réponses se propose d’aborder à propos de la civilisation la plus brillante que le monde ait jamais connue.

 

99 rÉponses sur l’Égypte antique

Régine salvat

Edition CDDP

 1994

L’Égypte antique est, pour le voyageur, source continue d’émerveillement et, pour celui qui la découvre à travers images, légendes, textes littéraires et historiques, génératrice de rêves.


Qu’il s’agisse de ses monuments, de la civilisation dont ils sont le produit, de son écriture, de son système politique, de son culte des morts et de sa religion, tout est occasion de s’interroger, tout suscite le désir d’en savoir plus.
Ces 99 réponses sur l’Égypte Antique permettent aux lecteurs, jeunes ou moins jeunes, d’approfondir de façon très pratique les sujets sur lesquels ils se posent des questions.

19 S

SANCTUAIRES D’ORIENTEgypte -  Grèce – Palestine

Edouard SCHURE

Edition PERRIN

 1953

Edouard Schuré nous propose un voyage initiatique sur les lieux où des grands initiés et des religions se sont créés.


Jusqu’à la fin du xixe siècle, l’activité des sanctuaires guérisseurs de la Grèce antique était analysée, pour l’essentiel, en termes d’histoire de la pratique médicale.


Et ce d’autant que, depuis la fin du xviiie siècle, ce sont les médecins, plus ou moins nourris d’« humanités », qui occupent largement le terrain de la production « historique » sur les sanctuaires guérisseurs ; ils voient dans les guérisons des sanctuaires des éléments de l’histoire (ou de la préhistoire) de leur discipline. Dans cette optique, les études de ces sanctuaires guérisseurs sont alors principalement centrées sur les formes que prend l’intervention humaine dans la guérison et sur la relation qui s’établit entre les prêtres, les médecins et les malades.

 

La publication dans les années 1880 des « stèles de guérison » d’Épidaure pouvait conduire à une rupture ; dans sa « Chronique d’Orient » parue dans la Revue Archéologique en 1884, c’est en ces termes que Salomon Reinach rendait compte de leur découverte à Épidaure par P. Cavvadias : « C’est dans le voisinage de ce monument [le portique dit d’incubation] que l’heureux explorateur a trouvé les deux grandes stèles avec inscriptions indiquant les noms des malades traités dans l’Asclépieion et les merveilleuses guérisons opérées par le dieu…

L’inscription contient le récit de vingt guérisons ou plutôt de vingt miracles, car suivant la juste remarque de l’éditeur, il n’est nulle part question de remèdes pharmaceutiques, mais seulement de visions et de songes. »

 

En feignant d’hésiter entre les termes « miracle » et « guérison » pour qualifier les faits consignés sur les stèles découvertes à Épidaure, on donnait le signal du tournant que l’étude de l’activité des sanctuaires asclépieiens pouvait prendre : le champ de l’histoire de la médecine semblait devoir être abandonné, ce qui supposait l’ouverture vers d’autres champs disciplinaires dans lequel l’histoire des religions semblait devoir s’imposer. C’est ce tournant qu’il convient d’interroger en suivant le fil des principales parutions sur la question de la guérison dans les sanctuaires du monde grec qui a servi  de référence sur l’histoire du culte d’Asklépios dans le monde grec.

 

Faire entrer l’activité des sanctuaires guérisseurs dans le champ de l’histoire de la médecine était d’abord une manière d’éloigner le « fantôme du diable » qui planait Dans cette dissertation publiée en 1659, H. Meibom, en effet, ne voyait dans les guérisons que l’effet de l’action du diable, habitant selon lui les « démons païens », et il rejetait toute intervention d’une forme de médecine rationnelle ; il établissait alors une continuité entre les dieux « païens » et les saints catholiques dont l’action, écrivait-il, ne faisait que prolonger la supercherie des démons païens.

 

C’est dans la deuxième moitié du xviiie siècle, alors que se constituait le champ disciplinaire des sciences naturelles, que l’on a vu s’affirmer la conviction que les hommes seuls intervenaient dans le traitement des maladies. L’approche de la question des guérisons dans les sanctuaires de l’Antiquité grecque prenait alors une nouvelle orientation : il s’agissait désormais de trouver une cause aux guérisons en se fondant sur l’observation de la procédure suivie au cours du rite de l’incubation. Dans ce contexte, les théories de Franz Messmer sur le magnétisme animal et sur ses liens avec le somnambulisme allaient exercer une influence déterminante.

 

SCHWALLER   -  A.O.R. R.A.SCHWALLER DE LUBICZ. SA VIE SON OEUVRE

ISHA SCHWALLER. DE LUBICZ

Edition La Colombe

 1963

A.O.R. est le nom mystique de ce maître spirituel qui recherchait en permanence la lumière et sût nous restituer une partie de l’enseignement primordial.

Après avoir reçu une formation de chimiste à l’école supérieure de Paris, il y obtient ainsi son brevet d'ingénieur chimiste (comme indiqué sur le renouvellement de son passeport français en 1919) et peut enseigner cette matière scientifique. Entre 1907 et 1910, René Schwaller, qui a déménagé à la Villa Hiéra de Saint Rémy de Provence, près de Paris, participe aux cours du peintre Matisse, avant de s'attacher dès 1913 au mouvement théosophique français, dont Annie Besant parrainera les débuts, dans les nouveaux locaux aménagés dès 1912 au Square Rapp. René Schwaller sera l'un des plus fidèles rédacteurs du journal Le Théosophe (1909-1917) où il s'occupera de la rubrique des sciences expérimentales, journal dirigé alors par Liévin Revel, puis par son fils Gaston (1880-1939). En compagnie de Carlos Larronde (1888-1940) et de René Bruyès (1886-1969) entre autres, il orchestrera aussi le mouvement des Veilleurs, qui sauveront de la destruction en 1919 la Maison Balzac de Passy, dans le VIe arrondissement de Paris ; maison devenue aujourd'hui le Musée Balzac de la rue Raynouard. L'organe de presse du mouvement des Veilleurs sera le journal L'Affranchi (1917-1919). Ce dernier prendra la défense des artistes et des écrivains, juste après la Grande Guerre, sous la bannière de La Corporation des Artistes réunis en Congrès le 16 octobre 1920.

René Schwaller qui prendra bientôt le nomen mysticum d'Aor plaidera pour une ascèse spirituelle en matière d'artisanat, « geste » qui se traduira par l'anonymat d'une retraite dans un phalanstère en Haute-Engadine (Suisse), entre 1922 et 1928. Ce centre de recherches qui rappellerait selon René Guénon (Le Théosophisme, Éditions Véga, 1930) le Goethéanum de Rudolf Steiner à Dornach, sera surnommé « Station scientifique de Suhalia » et financé par le mécène et théosophe de Caen, Louis Allain guillaume (1878-1946). Suhalia, à plus de deux mille mètres d'altitude, sur la colline de Suvretta, près de Saint-Moritz, développera de multiples disciplines (astronomie, tissage, production de vitraux, pharmacopée homéopathique, théâtre idéaliste, jeux de rôles, tarot égyptien, etc.), mais aussi des projets d'ingénierie avec plusieurs inventions dans le domaine automobile (dont un nouveau moteur polycarburant, Magic, licence M), et d'aéronavale (avec un nouveau modèle d'hélice, brevet allemand n.13632).

Sortira de cette expérience personnelle très éclectique, à la fois pratique et théorique du maître à penser, une quête du geste essentiel et des lois fondamentales qui gouvernent les forces naturelles, mais aussi une vision initiatique et utopique du surhomme dans un sens nietzschéen. Ces premiers ferments ainsi formulés d'une possible transmutation spirituelle de l'individu et la foi en cette voie de la perfectibilité humaine (par le biais de ce que le maître « Aor » nommait « le sens de l'excès »), seront explicités dans trois ouvrages controversés : L'Appel du Feu (1925) ; Adam L'Homme Rouge (1927) et La Doctrine (1928) ; l'avant dernier ouvrage ayant influencé la quête d'André Breton (1896-1966) concernant la thématique du couple, de l'amour et d'une fusion alchimique possible entre l'homme et la femme, thématique principale de l'Ars Regia.

S'installant par la suite à Grasse, dans les Alpes de Haute Provence dès 1932, René Schwaller reviendra à une recherche moins extérieure. Il naviguera en Méditerranée jusqu'en 1937, sur deux yachts ( Peau Brune et L'Aésios II), aux sources de la pensée hermétique des Anciens, de l'Algérie à la Grèce, en passant par une longue halte à Majorque dans le monastère où vécu l'auteur de l'Ars Brevis, Raymond Lulle (1232-1315). Il obtient bientôt pour lui et sa famille un visa pour l’Égypte du roi Farouk, juste avant la seconde guerre mondiale. En villégiature au Winter Palace de Louxor, en Haute Egypte, René Schwaller y reste jusqu'en 1951. Grâce au Groupe de Louxor (1943-1951) qu'il anime alors par des conférences, avec les contributions respectives de ses collaborateurs, parmi eux, d'anciens égyptologues de l’institut français d’archéologie orientale, tels qu'’Alexandre Varille,  (1909-1951) ou Clément Robichon (1904-2002), il apporte de nouvelles notions fondamentales ayant trait aux arcanes des maîtres d’œuvre de l'Égypte antique où Pythagore vint puiser une partie de son savoir mathématique. Il s'agira pour René Schwaller et son équipe de produire une série d'invariants cabalistiques issus des temples égyptiens dans le domaine sulfureux de l'égyptologie symboliste et cabalistique (« transparence » des colonnes aux hiéroglyphiques incurvés; réemplois symboliques des tessons; pavements illustrés de certains temples, sous la forme de mosaïques etc.) ; toutes ces découvertes étant encore sujettes à caution parmi les égyptologues contemporains. La prise de position par Jean Cocteau dans son Journal d'une tournée théâtrale, Maalesh (Gallimard, 1949) en faveur de l'égyptologie symboliste, contre l'égyptologie classique, couronnera d'une brève actualité, plus littéraire que scientifique, les efforts du Groupe de Louxor pour faire passer leurs idées dans le grand public.

Installé définitivement au Mas de Cougagno, près de Grasse, dès 1952 et jusqu'à sa mort, René Schwaller y tentera de parfaire, entouré de sa femme, de son gendre (Jean Lamy) et de sa belle-fille (Lucie Lamy), sa quête spirituelle. Il participera dans les années 1950 aux premiers congrès de l'Association pour l’Étude Scientifique du Symbolisme, fondée à Genève par le docteur Moïse Engelson. René Schwaller ayant à nouveau rassemblé autour de lui, depuis son retour en France, quelques disciples, dont Pierre Mariel (1900 -1980) ; Mounir Hafez (1911 -1998) ; Arpag Mekitharian (1911-2004) ou encore l'ancien gardien de la Vallée des Rois, Alexandre Stoppelaere, il crée le Groupe Ta-Meri (1954 -1956).

La culture profondément philosophique de René Schwaller restera marquée par la pensée des alchimistes allemands du 15e et 16e. Il ne faut pas négliger aussi sa contribution dans l'entretien du mythe de l'Adepte Fulcanelli par le biais de ses relations aujourd'hui avérées avec Julien Champagne (1877-1932) en matière d'alchimie. René Schwaller relèvera constamment dans ses écrits et ses conférences, l'influence d'une autre mentalité (celle des Anciens) qu'il faudrait pouvoir réveiller à l'orée du 21e siècle; mentalité plus intuitive, plus synthétique et moins discursive. C'est ce qu'il nommera toute sa vie « l'intelligence du cœur » — nouvelle forme d'intelligence entée essentiellement sur le courant de pensée traditionnelle, celui du pythagorisme primitif, cher au mouvement originel de la franc-maçonnerie.

 

 La doctrine hermétique schwallérienne (influencée également par Paracelse) sera celle dite « de l'anthropocosme » ayant pour base éducative la symbolique et ses « signatures naturelles ». Il s'agira pour René Schwaller de Lubicz d'un retour à une pensée initiatique mise sous le boisseau tout au long des siècles par une lignée d'Adeptes proches du mouvement initiatique des Templiers, pourchassés par l'épiscopat romain. L'œuvre maîtresse de René Schwaller de Lubicz demeurera Le Temple de l'Homme (3 vol.) où l'auteur aura su révéler l'amplitude de sa doctrine anthropocosmique sur un plan philosophique, mais aussi par de savantes démonstrations mathématiques liées au nombre d'Or, avec la thèse d'une Égypte antique s'enracinant dans un mysticisme théocratique basé sur une géométrie sacrée.

 

SCHWALLER    -    A.O.R.  L’APPEL DU FEU

                                     R.A. SCHWALLER DE LUBICZ

Edition AQUARIUS

 2000

A.O.R. – Nom de lumière de Schwaller de Lubicz – nous parle de la science secrète inscrite mystérieusement par les maîtres de la connaissance dans les temples antiques.

Mondialement connu pour ses travaux sur l’Egypte ancienne, ingénieur chimiste de formation, il n’apparut tout d’abord que sous l’aspect du chercheur, passionné par les découvertes en Egypte du siècle précédent.

Bientôt, au cours de la parution de ses œuvres, l’opinion perçu le véritable moteur de sa recherche :

la connaissance du Monde des Causes et en conséquence le processus de transfiguration de l’homme et les avancées de la société ainsi créée. Reconnu plus tard philosophe et de plus alchimiste, il adopte le nom mystique de « AOR » (l’appel du feu), aspect spirituel de lui-même reflétant son « état d’être ».

A travers le cours de son existence et de ses œuvres, nous allons assister à la construction de sa pensée toujours très personnelle. Evitant dogmes et Institutions, il ne veut s’adresser qu’à des individus, chercheurs comme lui, en quête de l’Essentiel.

 Actuellement, une des rares « lumières d’Occident », il a su donner à notre civilisation moderne occidentale une nouvelle conception de l’univers dans laquelle l’homme trouve sa place, ses valeurs, son devoir.

Peu de renseignements sur sa vie : ni autobiographie, ni journal personnel, peu de témoignages, si ce ne sont les travaux de sa femme, les informations confiées par sa fille, qui ont cependant permis de retrouver les différentes étapes de son parcours.

René Schwaller (1887/1961), est le fils d’un chimiste suisse et d’une mère française. Il vécut à Strasbourg, ébaucha à 7 ans une théorie sur l’existence de Dieu, s’interrogea sur l’origine de la matière à 14 ans. A 17 ans, après la défaite de 1870, (l’Alsace étant devenue province allemande), il rejoint Paris, marchant jour et nuit, sans papiers et sans argent et apprend la vie de bohême ; l’indépendance. C’est alors qu’il ressent le souci de mettre en conformité ses idées et sa conduite avec, à la fois, volonté et sérénité dans sa détermination. Les milieux littéraires, artistiques, les cercles philosophiques, les cafés où l’on rencontre Matisse, Debussy, Bergson…l’attirent. Les poètes symbolistes l’amènent à reconnaître la valeur de « l’émotion première », repoussant ainsi au second plan la recherche rationnelle. Dès 23 ans, les expériences alchimiques n’ont aucun secret pour lui, ayant adhéré à la société théosophique. Tout en gardant une reconnaissance infinie à ce mouvement, René Schwaller n’adhère pas entièrement à leur « doctrine secrète » et décide de parcourir son propre chemin.

Ses fréquentations l’ont amené à contester la valeur morale de la science, source de profit, devenue inhumaine, annonçant la destruction future de l’homme. En correspondance, il pense que la gratuité de l’acte, le désintéressement, la noblesse de l’idée, la conformité de la parole et de l’action, tracent son nouveau chemin spirituel vers l’Universel et vont conduire le monde vers une mutation. La publication de son livre « l’étude des nombres », réunit autour de lui les « Veilleurs ». Ces chercheurs enthousiastes désirent « vivre pour se dépasser » et proclament la noblesse du travail. Parmi les 12 veilleurs, un noble de la chevalerie Lithuanienne, Milosz de Lubicz, institue « la noblesse des actes et des œuvres » à la place de la « noblesse héréditaire ». Une cérémonie, précédée par une journée de jeûne et de veille, permet à Schwaller d’ajouter un second nom spirituel à celui qu’il avait déjà adopté : AOR


Parti en Suisse pour y fonder une station scientifique : Suhalia, il réussit à retrouver des procédés alchimiques en utilisant l’essence volatile des métaux. Ainsi furent reproduites les couleurs des vitraux de Chartres. Dotée de laboratoires, d’ateliers, d’un Centre Observatoire, la Station permet la mise au point de nombreuses inventions en obéissant aux règles du nombre d’or. Lors de ses recherches, AOR abandonne la démarche scientifique basée sur l’expérience pour en tirer une théorie partant intuitivement d’une loi d’Harmonie dont il ressent intérieurement la justesse. Voilà un savant qui procède de l’intuition vers l’expérimentation, utilisant prioritairement le monde sensible plutôt que la raison ! Cette loi d’Harmonie se retrouve employée au cœur de toute son œuvre que nous essayerons de comprendre, guidés par trois thèmes philosophiques, trois clés qui sont : La loi de Genèse (d’Harmonie), L’intelligence du cœur, Le symbolisme, trois messages qu’il nous a transmis depuis l’Egypte, sa principale source d’inspiration.

Après quelques années passées au Plan de Grasse, le couple traverse la Méditerranée sur un voilier, afin de poser le pied sur cette terre d’Egypte, racine secrète, à l’origine de tout humanisme dans le monde (car, en effet, n’a-t-on pas prouvé que le christianisme et les textes de la Kabbale s’en inspirèrent du fait que l’alphabet hébreu était issu de l’écriture hiéroglyphique ?)

Premier thème, Loi dite de Genèse : présente, au cœur de toute l’œuvre de Schwaller de Lubicz.

L’étude sur les nombres l’amena, dit-il, à « dégager la vérité du chaos ». En partant des phénomènes cosmiques, il trouve la loi fondamentale de l’Univers, celle qui fixa les proportions suivant le nombre d’OR, qui indiqua, d’après lui, la place de chacune des pierres d’un monument Egyptien, et qui dévoila la date des constructions. Schwaller s’aperçoit que cette loi avait une portée universelle, s’adressant à toute chose, dans tous les domaines. Il prend alors en compte l’origine où tout concourt, l’existence d’un centre primordial, le « UN ». Cette vision du monde qu’il considère comme un Tout Unique, n’existant que par son Ensemble, ce nouveau regard, amène AOR à aborder l’étude de l’homme et auparavant l’étude de toute vie (mot pris dans son sens philosophique). Vie des animaux, des plantes, des minéraux, certes, mais vie en tant que « phénomène vital ».

Il nous dit : la vie, toute vie, est en création constante et la cause de ce phénomène semble résider dans la scission de l’ « unité ». Il s’agit de la scission de la matière mais aussi celle de l’esprit créée par le Fiat Lux, la lumière. Cette création en continuité n’a plus de durée car toujours renouvelée et on peut alors comprendre l’expression : « le temps n’existe plus ». On pensait qu’il y avait un commencement, une fin, mais il s’agit d’un commencement et d’une fin à chaque instant et, ceci, dans l’éternité.

Cette création hors du temps, Schwaller l’appelle : loi de Genèse. Elle permet de penser que l’homme se crée et se transforme indéfiniment et sa vie est un éternel présent. Cette loi ne semble pas expliquer cependant l’existence du « UN », du premier homme, de la première vie sur terre, sauf s’il possède en lui toute la Connaissance ! Et l’auteur parle alors d’un homme « Dieu du Temps de la Genèse ». Quel est son langage ? C’est celui inscrit sur les pyramides, les tombeaux, ce langage mystérieux : hiéroglyphes constitués de dessins animaliers, de signes géométriques déchiffrables seulement par les Maîtres, les Initiés de l’époque antique dont la connaissance dépassait les « mesures cosmiques ».

Qu’est devenu cet homme maintenant, dans ce que l’on dit être une période historique ? Dans ce monde moderne, on ne peut plus entendre la véritable harmonie universelle. Tels les habitants de la Tour de Babel, nous n’entendons plus le langage sacré, nous n’entendons même plus nos propres langages devenus disparates et étrangers d’un être à l’autre. Schwaller s’exprime : « la fleur des champs a son langage, tout comme l’oiseau dans la forêt, mais ces langages ne répondent plus au désir immense de la vie car il faudrait que le soleil leur rende la lumière universelle ». L’homme d’aujourd’hui s’est laissé envahir. Il a, dans sa chute, subi le phénomène de scission dont nous avons parlé, et s’est constitué d’une partie matière et d’une partie subtile. Les Egyptiens avaient compris l’existence de cette dualité humaine et la nommait BA et KA ; le BA : le subtil et le KA : la matière.

L’homme moderne n’accepte pas cette chute, le regret profond qui l’habite explique ses efforts pour retrouver son ancienne condition. Ainsi, le BA modifie le KA avec des alternatives de conquêtes et d’échecs : c’est la véritable Roue de la Destinée chère aux Indous et aux Egyptiens, idée à laquelle s’associe AOR dans son œuvre ultime « l’appel du Feu ». Mais l’homme peut-il devenir un Temple ? Un Etre totalement spirituel, planétaire et conscient, Etre auquel nous tendons sans toutefois penser que nos efforts seront couronnés de lauriers !

Une double interrogation habita l’auteur durant toute son existence. Quel fut l’homme de la création ? Nous venons d’en dresser le portrait. Comment construire la société de demain ? Ce deuxième thème de son œuvre nous donne, sinon la réponse, du moins une orientation.

Deuxième thème : l’intelligence du cœur

C’est une expression empruntée aux anciens d’Egypte. Il s’agit de l’éveil du Principe Originel qui sommeille en nous. La Connaissance, que nous avons détenue dans les temps primordiaux, reste à l’état latent, elle a imprégnée notre mémoire primitive et nous en gardons encore le reflet, (telle la lune, reflet des rayons solaires). Or, les secrets de la science cachée ne peuvent être pénétrés que par un moyen de même nature. La connaissance du Sacré relevant essentiellement du domaine de l’âme, ne peut donc être redécouverte par l’intelligence cérébrale, sous peine de trahir la vérité, mais par une intelligence supérieure.

L’initié qui parcourait son chemin de conscience avec la raison de l’esprit saura, au moment des étapes où l’âme s’illumine, laisser libre cours à sa propre lumière du cœur. Ainsi, Schwaller de Lubicz distingue l’intelligence cérébrale dont nous parlons communément et une intelligence intuitive qui se confond dans tout ce qui vit dans l’univers qui y participe, entraîne l’adhésion mentale touchée par la lumière.

C’est un état intermédiaire qui se confond avec les êtres et les choses pour les connaître dans leur réalité, leur intimité. AOR nous dit dans son livre « L’Appel du Feu » : « Ecoutes ! et pour entendre, deviens Oreille…quand tu seras oreille je te dirai l’histoire des choses créées…Regardes ! et pour voir, deviens œil et pensée…et tu connaitras l’origine des choses créées ». Pour l’auteur, l’ésotérisme n’est pas un sens caché dans un livre mais un état de « confondement » entre l’état vital du lecteur et l’état vital du lecteur. Ces deux ressentis différents pourront faire entendre des sons différents. Ainsi naîtra une résonance nouvelle. L’homme possède en lui le « Don » d’évoquer toutes ses harmoniques, de libérer de multiples réactions émotives afin d’atteindre son confondement avec le « Tout ». Il accomplit ainsi une deuxième naissance, son deuxième passage dans la caverne et accède à la raison universelle, hors de l’intelligence. Cette raison universelle est attirée par un point central où tout aboutit : l’Eternité. C’est là que se trouve la noblesse du cœur, de l’acte gratuit, là où se tiennent les notions de : Beauté, Foi, Sacrifice, Pardon…et cette intelligence du cœur nous permet d’être la chose en la chose, de croître avec la plante, de voler avec l’oiseau.

Troisième thème essentiel : le symbolisme, l’Alchimie du cœur

Je cite : « il ne t’est pas permis de garder pour toi ce que tu apprendras, tu devras le transmettre, le dire et l’écrire, non pour te faire plaisir, mais pour l’Eternel ». il fallait donc que l’intelligence du cœur ait son propre langage !

Comment communiquer la pensée abstraite, l’indicible, si ce n’est par le symbolisme, langue de la métaphysique par excellence reliée à un archétype qui exprime un moment vital. Schwaller nous a laissé un ouvrage monumental « le Temple de l’homme » dans lequel il dévoile la signification des symboles du Temple de Louxor : « le Temple couvert ».

Devenu le terreau de la Tradition ésotérique occidentale, le symbolisme égyptien nous parle encore aujourd’hui de ses mystères. L’auteur consacra 12 ans de sa vie, 12 ans de fouilles parmi les sables du désert, 12 ans de méditation pour trouver la signification des signes sculptés sur la pierre ou tracés sur les papyrus. Avec lui nous découvrons que l’homme n’est pas dans la nature mais que c’est la nature qui participe de lui. Bases vivantes de pierres, les grandes pyramides de Guizèh reposaient leurs pieds sur terre, pierres sculptées, langage caché, pierres gravées, pierre de notre Secrétaire du Temple au 4ème degré ! Ces signes gravés ou tracés sur les papyrus sont restés longtemps incompris et ce sont les travaux d’AOR, menés sans relâche, qui dévoilent leur signification profonde. Cette écriture symbolique, écriture sacrée hiéroglyphique, accessible aux initiés, permet à l’homme de connaître sa nature, elle l’emmène dans la caverne, dans les cryptes des temples, des tombeaux où tout est écrit sur les murs, les plafonds.

Ainsi, Schwaller nous montre la configuration du temple de Karnak représentant le dessin du squelette de l’homme debout et renfermant les principaux organes du corps humain. Les principaux âges de l’humanité peuvent être retrouvés également dans l’ordonnancement des bâtiments édifiés par les pharaons successifs. La tête humaine privée de la calotte crânienne représente l’homme Adamique. AOR nous en donne l’explication grâce à son sens aigu du symbole.

C’est aussi par l’école de la nature que les portes de la connaissance vont s’ouvrir dans un récit que nous devons à Isha : « Herbac Pois-Chiche ». Cette œuvre proche du roman est entièrement inspirée de la philosophie de Schwaller, son époux. Nous assistons à l’éveil de conscience de l’enfant, sa montée vers le Temple, sa découverte des symboles, des Neters. Il va apprendre à lire l’image, le langage abstrait des hiéroglyphes, à distinguer la sculpture en creux (entrée dans la matière) du relief qui en est la sortie, il va savoir que la main gauche donne, la droite reçoit, que le pied en avant indique l’action que l’on va accomplir et non la marche. Les travaux de Schwaller qui s’appuient sur ses relevés d’une minutie jamais atteinte, lui ont permis de vivre entièrement le symbolisme de l’Egypte et l’auteur a rempli le contrat qu’il s’était imposé : partager ses connaissances, donner aux initiés les conclusions de tous ses travaux afin de leur communiquer son admiration pour la symbolique.

Ce travail n’est qu’un faible aperçu, un coin de ciel levé sur la vie et l’œuvre d’un contemporain qui a pénétré au cœur des croyances égyptiennes, qui les a dépassées par le fait qu’il étudie à la fois l’homme de la Genèse et l’homme moderne. Touchant du doigt sa propre essence, il a disparu, heureux et confiant dans l’avenir de l’humanité. AOR a su construire avec cohérence une philosophie généreuse donnant prépondérance à la vie du cœur. Il allie rigueur de la pensée avec ouverture de l’intuition. Ce fabuleux chercheur de lumière semble pouvoir rejoindre l’ensemble des Grands Initiés, soucieux du devenir de l’homme, conscient de son devoir de transmission et, en cela, il me semble proche de la recherche et de l’idéal maçonnique

 

SCHWALLER  DE LUBICZ -     la vie & l’œuvre de renÉ schwaller de lubicz

érik sablḖ

Edition  DERVY

 2003

Schwaller de Lubicz est surtout connu pour ses travaux sur l’Ancienne Égypte. Il fut le maître à penser et le fondateur de l’école dite « symbolique » qui considère la civilisation égyptienne comme un univers entièrement différent de notre monde moderne. Un univers basé sur l’intelligence du cœur et la connaissance de la Grande Loi d’Harmonie.


Mais René Schwaller de Lubicz n’est pas simplement un égyptologue un peu particulier. Il fut aussi toute sa vie passionné par le « monde des causes », la loi unique de genèse que l’on retrouve aussi bien dans le développement d’un univers que dans celui d’un œuf ou d’une société.

 

À partir de cette connaissance qui lui fut révélée à Suhalia, il donna un enseignement remarquable de profondeur qui éclaire tous les domaines de l’ésotérisme et le processus de transfiguration de l’être humain.


Ce petit livre parle d’abord de la vie de René Schwaller de Lubicz, depuis son enfance en Alsace jusqu’à sa mort au Plan de Grâce, en tentant d’éclaircir le sens de ses principaux ouvrages, et notamment du Temple de l’Homme.

 

Dans une deuxième partie, l’auteur donne une synthèse de la pensée de René Schwaller de Lubicz à travers les trois thèmes principaux autour desquels s’articule sa doctrine : l’intelligence du cœur, le symbolisme et la loi de genèse. Enfin, il expose de manière précise les polémiques que provoqua l’œuvre de Schwaller de Lubicz avec certains tenants de l’égyptologie officielle.

 

Sa vie de bohème lui permis la rencontre de Debussy Edmond Bailly, Satie et Julien de Champagne. C’est cependant ses rencontres avec Henri Cotton Alvart, Milosz, Louis Alain Guillaume, Pierre Loti et Camille Flammarion qui allaient participer à son envol. Avec eux il créa le groupe des Veilleurs, société initiatique composé de 12 frères. Le groupe se développa autour de nombreuses activités notamment artisanales, culturelles et philosophiques. Les Veilleurs voulaient affirmer la noblesse du travail manuel et la nécessité d'une véritable hiérarchie, et ceci dans l'indépendance de tout parti. Ils avaient leurs propres ateliers, costumes, journal et voulaient repenser les structures sociales. La devise de leur journal était: Hiérarchie - Liberté - Fraternité. Mais l'ordre possédait aussi un aspect plus ésotérique, plus secret : les Frères de l'Ordre Mystique de la Résurrection, qui se réunissait en robe blanche, l'épée au côté, la tête couronnée d'or.

 

Ils pratiquaient une sorte de culte du Feu. Parmi eux le poète Milosz qui lui a transmis le nom de sa famille Lubicz. Il le fit rituellement, dans l'esprit chevaleresque qui les animait mutuellement. Schwaller partit avec sa famille et quelques amis s'installer à Saint Moritz en Suisse où fut fondée la station scientifique Suhalia, une petite communauté consacrée au travail artisanal, à la recherche scientifique et la quête spirituelle. Suhalia possédait observatoire, laboratoires et ateliers et connaîtra des disciples. C'est aussi en Suisse que Schwaller-Aor et son ami Carlos Larronde réussirent à retrouver les procédés alchimiques pour obtenir les bleus et les rouges. Toujours fidèle à sa démarche, Schwaller recherche d'abord les principes, les causes puis les applique à des domaines bien concrets. Schwaller posa les bases d'une autre science qui ne se fonde plus sur l'expérimentation pour en tirer des théories, mais qui part, au contraire, de la connaissance de" la Loi d'Harmonie". Cette loi d'harmonie est ce qu'il appelle la loi de genèse et elle se trouve au coeur de toute son oeuvre. Il a la vision du monde des causes et ne fait qu'appliquer cette "vision" aux différents domaines de la connaissance.

 

C'est grâce à cette lumière que Schwaller décryptera les textes hermétiques ou bien les symboles de l'ancienne civilisation égyptienne ou encore les lois de la nature. Selon René Schwaller de Lubicz l'expression de l'ésotérisme occidental est la continuation du grand Oeuvre qui s'est joué dans l'Egypte ancienne. La sagesse égyptienne donne les vraies clés de la genèse des formes de la nature. Et c'est elle aussi qui lui livra les clés de l'intelligence du coeur. .. Le terme "Intelligence du Coeur " qu’affectionnait Schwaller est issu des anciens égyptiens pour désigner cet autre aspect dans l'homme qui nous permet de pénétrer au-delà de notre limitation animale et en vérité fait la caractéristique de l'homme humain pour aller vers l'Homme Divin ; c'est-à-dire l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout être humain animé. Dès lors, l'Esotérisme, ne peut pas être écrit, ni dit, ni par conséquent être trahi. C'est ce que pense et dit Schwaller. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre, à votre choix.

 

Cette préparation n'est pas un Savoir, mais un Pouvoir et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même par un combat contre ses obstacles et une victoire sur sa nature animale humaine. Il y a une Science Sacrée et depuis des millénaires, d'innombrables curieux ont, en vain, cherchés à en pénétrer les secrets. L'outil doit être de la nature de la chose qu'il veut travailler. On ne trouve l'Esprit qu'avec l'Esprit, et l'Esotérisme est l'aspect spirituel du monde inaccessible à l'intelligence cérébrale. L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé à des étapes d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira directement l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui. L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Coeur" : La Raison est née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est l'Intelligence de l'univers. L'intelligence du cœur Hib est au-delà de la raison.

 

Pour Schwaller, la véritable connaissance est issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle n'est qu'un reflet de sa lumière L'intelligence du coeur a son langage et ce langage est le symbolisme. Le symbole évoque une réalité qui n'est pas présente donc pas objective. Ce symbole est vie, il est mouvement de la conscience. Mais il est plus encore : il exprime un moment vital éternel. Il se relie à une idée, un archétype qui préside au développement des formes. Le symbolisme livre le sens. Pour Schwaller, tout est symbole et ce qui lui permit d'atteindre à cette profondeur des mystères et des choses. Ces symboles, le sens, le monde des archétypes et les clés de l'homme, il les étudie dans l'univers égyptien et plus précisément dans le temple de Louxor 12 années de recherche, d'analyse et de méditation au cours desquelles il va pénétrer totalement avec son épouse Isha la pensée Egyptienne. René Schwaller, Aor (nom ésotérique) développa la notion d'anthropocosme qui signifie que la nature est le reflet de l'homme. L'homme synthétise toutes les formes, toutes les espèces minérales, végétales, animales en lui-même. Sa grande idée est que l'homme n'est pas seulement à la fin mais aussi à l'origine de l'évolution. Il montre ainsi comment chaque règne de la nature est l'expression d'un organe de cet homme cosmique. Et l'univers entier résume toutes ses phases, ses moments, ses aspects. Aor est disparu le 7 décembre 1971.

 

SCHWALLER DE LUBICZ -  le temple dE l’homme      -   2   TOMES -

R.A. schWaller de lubicz

Edition DERVY

 1993

Cet ouvrage, écrit après une dizaine d’années de recherches au temple de Louxor, présente un cas indiscutable de la directive symbolique appliquée à l’architecture d’un des plus célèbres sanctuaires de l’Égypte pharaonique. Basé sur des relevés d’une minutie jamais atteinte auparavant dans la pratique archéologique, le livre de R.A. Schwaller de Lubicz analyse les agrandissements successifs du temple de Louxor, en les mettant en rapport avec les différents âges de l’homme.

 

Œuvre  maîtresse et monumentale de l’auteur. 2 Tomes de 750 pages chacun abondamment illustré. Il y démontre les moyens d’expression des Anciens, pour transmettre la Connaissance et d’en apporter les preuves à travers le temple de Louqsor. De plus il présente une esquisse de la doctrine de l’anthropocosme qui est la conduite de la pensée des Sages. C’est une œuvre qui met en parallèle le temple de Louqsor et L’Homme

 

L'auteur souligne l'influence du sacré dans l'architecture égyptienne et pense avoir redécouvert un système de pensée mis en oeuvre tout au long des siècles par un clergé puissant. Son oeuvre maîtresse est Le Temple de l'Homme où il développe en détail, par des calculs complexes, l'idée d'une Egypte antique s'enracinant dans un mysticisme basé sur les nombres et la géométrie.

Cet ouvrage, écrit après dix ans de recherches au Temple de Luxor, présente un cas indiscutable de la directive symbolique appliquée à l'architecture d'un des plus célèbres sanctuaires de l'Egypte pharaonique. Basé sur des relevés d'une grande minutie jamais atteinte auparavant dans la pratique archéologique, le livre de Schwaller de Lubicz analyse les agrandissements successifs du Temple de Luxor en les mettant en rapport avec les différents âges de l'homme.

 

Le temple entier apparaît alors comme l'image de l'homme Microcosme, c'est-à-dire comme la projection morphologique des principes cosmiques situés fonctionnellement dans les différents lieux du ciel. La lecture de ce livre s'impose à tous ceux qui s'intéressent aux connaissances géodésiques, astronomiques et physiologiques de l'Antiquité. René Schwaller qui prendra bientôt le nomen mysticum d’Aor plaidera pour une ascèse spirituelle en matière d’artisanat, « geste » qui se traduira par l’anonymat d’une retraite dans un phalanstère en Haute-Engadine (Suisse), entre 1922 et 1928. Ce centre de recherches qui rappellerait selon René Guénon le Goethéanum de Rudolf Steiner à Dornach, sera surnommé « Station scientifique de Suhalia » et financé par le mécène et théosophe de Caen, Louis Allainguillaume (1878-1946). Suhalia, à plus de deux mille mètres d’altitude, sur la colline de Suvretta, près de Saint-Moritz, développera de multiples disciplines (astronomie, tissage, production de vitraux, pharmacopée homéopathique, théâtre idéaliste, jeux de rôles, tarot égyptien, etc.), mais aussi des projets d’ingénierie avec plusieurs inventions dans le domaine automobile (dont un nouveau moteur polycarburant, Magic, licence M), et d’aéronavale (avec un nouveau modèle d’hélice, brevet allemand n.13632).

 

Sortira de cette expérience personnelle très éclectique, à la fois pratique et théorique du maître à penser, une quête du geste essentiel et des lois fondamentales qui gouvernent les forces naturelles, mais aussi une vision initiatique et utopique du surhomme dans un sens nietzschéen. Ces premiers ferments ainsi formulés d’une possible transmutation spirituelle de l’individu et la foi en cette voie de la perfectibilité humaine (par le biais de ce que le maître « Aor » nommait « le sens de l’excès »), seront explicités dans trois ouvrages controversés : L’Appel du Feu (1925) ; Adam L’Homme Rouge (1927) et La Doctrine (1928) ; l’avant dernier ouvrage ayant influencé la quête d’André Breton (1896-1966) concernant la thématique du couple, de l’amour et d’une fusion alchimique possible entre l’homme et la femme, thématique principale de l’Ars Regia.

 

S’installant par la suite à Grasse, dans les Alpes de Haute Provence dès 1932, René Schwaller reviendra à une recherche moins extérieure. Il naviguera en Méditerranée jusqu’en 1937, sur deux yachts (Peau Brune et L’Aésios II), aux sources de la pensée hermétique des Anciens, de l’Algérie à la Grèce, en passant par une longue halte à Majorque dans le monastère où vécu l’auteur de l’Ars Brevis, Raymond Lulle (1232-1315). Il obtient bientôt pour lui et sa famille un visa pour l’Égypte du roi Farouk, juste avant la seconde guerre mondiale. En villégiature au Winter Palace de Louxor, en Haute-Égypte, René Schwaller y reste jusqu’en 1951. Grâce au Groupe de Louxor (1943-1951) qu’il anime alors par des conférences, avec les contributions respectives de ses collaborateurs, parmi eux, d’anciens égyptologues de l’I.F.A.O., tels qu’Alexandre Varille (1909-1951) ou encore Clément Robichon (1904-2002), il apporte de nouvelles notions fondamentales ayant trait aux arcanes des maîtres d’œuvre de l’Égypte antique où Pythagore vînt puiser une partie de son savoir mathématique. Il s’agira pour René Schwaller et son équipe de produire une série d’invariants cabalistiques issus des temples égyptiens dans le domaine sulfureux de l’égyptologie symboliste et cabalistique (« transparence » des colonnes aux hiéroglyphiques incurvés; réemplois symboliques des tessons; pavements illustrés de certains temples, sous la forme de mosaïques etc.) ; toutes ces découvertes étant encore sujettes à caution parmi les égyptologues contemporains

 

La prise de position par Jean Cocteau dans son Journal d’une tournée théâtrale, Maalesh (Gallimard, 1949) en faveur de l’égyptologie symboliste, contre l’égyptologie classique, couronnera d’une brève actualité, plus littéraire que scientifique, les efforts du Groupe de Louxor pour faire passer leurs idées dans le grand public. Installé définitivement au Mas de Cougagno, près de Grasse, dès 1952 et jusqu’à sa mort, René Schwaller y tentera de parfaire, entouré de sa femme, de son gendre (Jean Lamy) et de sa belle-fille (Lucie Lamy), sa quête spirituelle

 

La culture profondément philosophique de René Schwaller restera marquée par la pensée des alchimistes allemands du XVe et XVIe siècle. Il ne faut pas négliger aussi sa contribution dans l’entretien du mythe de l’Adepte Fulcanelli par le biais de ses relations aujourd’hui avérées avec Julien Champagne (1877-1932) en matière d’alchimie. René Schwaller relèvera constamment dans ses écrits et ses conférences, l’influence d’une autre mentalité (celle des Anciens) qu’il faudrait pouvoir réveiller à l’orée du XXIe siècle ; mentalité plus intuitive, plus synthétique et moins discursive. C’est ce qu’il nommera toute sa vie « l’intelligence du cœur » — nouvelle forme d’intelligence entée essentiellement sur le courant de pensée traditionnelle, celui du pythagorisme primitif, cher au mouvement originel de la franc-maçonnerie.

 

 La doctrine hermétique schwallérienne (influencée également par Paracelse) sera celle dite « de l’anthropocosme » ayant pour base éducative la symbolique et ses « signatures naturelles ». Il s’agira pour René Schwaller de Lubicz d’un retour à une pensée initiatique mise sous le boisseau tout au long des siècles par une lignée d’Adeptes proches du mouvement initiatique des Templiers, pourchassés par l’épiscopat romain. L’œuvre maîtresse de René Schwaller de Lubicz demeurera Le Temple de l’Homme (3 vol., éd. Caractère, Paris, 1957) où l’auteur aura su révéler l’amplitude de sa doctrine anthropocosmique sur un plan philosophique, mais aussi par de savantes démonstrations mathématiques liées au nombre d’Or, avec la thèse d’une Égypte antique s’enracinant dans un mysticisme théocratique basé sur une géométrie sacrée.

 

SCHWALLER DE LUBICZ  -  LE TEMPLE DANS L’HOMME.      APET DU SUD A LOUQSOR

R.A. SCHWALLER DE LUBICZ

Edition DERVY

 2001

L'intelligence du cœur est au-delà de la raison. Pour Schwaller, la véritable connaissance est issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle n'est qu'un reflet de sa lumière. De même, la pensée mentale ne devrait être qu'un reflet de l'intuition. Cette intelligence n'est pas à confondre avec le Samadhi des grands mystiques. C'est un état intermédiaire qui permet de se confondre avec les êtres et les choses et donc de les connaître dans leur réalité.

L'Esotérisme pour Schwaller n'est donc pas un "sens particulièrement caché dans un texte mais un "état de confondement" entre l'état vital du lecteur et l'état vital de l'auteur ; ceci dans le sens de la vision spirituelle, spatiale, synthétique qui, précisément, cesse avec la concrétisation de la pensée.

Il conçoit donc que l'enseignement ésotérique n'est qu'une "évocation" et ne peut être que cela. L'initiation ne réside pas dans le texte, quel qu'il soit, mais dans la culture de "l'Intelligence du Cœur " (au sens o_ elle a été définie plus haut).

Alors rien n'est plus "occulte" ni secret parce que l'intention des "Illuminés", des "prophètes" et des "envoyés du ciel" n'est jamais de cacher, au contraire. Donc pour être certains de notre Connaissance comme nous sommes certains de notre Savoir, nous devons rechercher la preuve expérimentale démontrant que l'Esprit, l'abstrait, devient effectivement concret par un chemin déterminé.

La Science Sacrée affirme ceci possible. Elle nous l'enseigne par son "Esotérisme" qui n'est hermétiquement clos que pour l'intelligence cérébrale et le restera si nous ne cultivons pas un autre aspect d'Intelligence et une autre mentalité.

C'est pour cela que les Sages laissent aux oisifs la spéculation et ils regardent la Nature. Celle-ci enseigne tout. Un son évoque toutes ses harmoniques, un gland de chêne évoque le chêne etc.

Seul l'homme a en lui ce Don qui lui permet de se libérer des réactions émotives égoïstes et d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec le Tout, l'Amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception. Ce Don est la Raison qui fait, de l'animal, l'Homme ; et c'est là une 2ème naissance au Monde, car la nature s'arrête à l'animal, y compris l'animal humain. C'est un deuxième "Fiat Lux" que celui du baptême de l'Esprit, la Pentecôte qui donne la "Raison".

La Raison nous affirme ce que le cerveau ne peut pas comprendre, c'est une Connaissance : "à priori" ; la Raison nous montre la noblesse de l'inutile qui est la Beauté, le Pardon, la Foi, le Sacrifice : l'acte sacré. La Raison est "l'Intelligence du Cœur" qui nous permet en Amour d'être la chose, en la chose, de croître avec la plante, de voler avec l'oiseau, de ramper avec le serpent. C'est à cette "Raison" que s'adresse "l'Esotérisme".

La Réalité est confondement de la Conscience avec l'objet : il y a identité, c'est la fonction vécue isolément et innée dans l'organisme qui fait l'Intelligence du Cœur. L'Intelligence du Cœur, qui établit le rapport de la Conscience innée avec l'observation, est l'Identification. Identification signifie vivre avec et dans le fait observé, être soi-même ce fait, subir, agir, souffrir, se réjouir avec lui. C'est la "Conscience sympathique".

L'intelligence du cœur a son langage et ce langage est le symbolisme. Le symbole évoque une réalité qui n'est pas présente donc pas objective. Ce symbole est vie, il est mouvement de la conscience. Mais il est plus encore : il exprime un moment vital éternel. Il se relie à une idée, un archétype qui préside au développement des formes.
Le symbolisme livre le sens. Pour Schwaller, tout est symbole et ce qui lui permit d'atteindre à cette profondeur des mystères et des choses.

Ces symboles, le sens, le monde des archétypes et les clés de l'homme, il les étudie dans l'univers égyptien et plus précisément dans le temple de Louxor pendant 12 années d'analyse et de méditation.

 

SCHWALLER          -          her – bak     -          « pois chiche » 

ISHA Schwaller de lubicz

Edition FLAMMARION

 1955

Ce livre s’adresse aussi bien aux égyptologues qu’à tous ceux qui, sans préparation spéciale, désireraient connaître l’étonnante civilisation pharaonique. Il est né du désir d’exposer en une synthèse vivante, et sous une forme facilement accessible à la mentalité occidentale, l’ensemble des problèmes évoqués par l’antique Égypte.

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Le récit dépeint l’éveil de conscience de l’enfant et sa montée progressive vers « le Temple », si on conçoit le Temple comme l’édifice total de la connaissance égyptienne avec sa structure métaphysique, ses applications pratiques et ses chemins d’accès. C’est la vie d'un jeune garçon de l'Egypte ancienne, à la manière d'un conte initiatique. « Pois Chiche fait le bilan de son savoir : "J'ai connu le fleuve, j’ai cultivé la terre, j'ai observé quelques bêtes... pas assez ! J’ai travaillé la pierre..."Et soudain, Pois Chiche comprend l'intention de son Maître :"Sans doute il ne s'agit point de choisir un métier, mais d'apprendre, avec chaque technique, les lois de la Nature qu’elle peut enseigner ! Voilà qui me plaît davantage ! Allons, il n'y a pas de temps à perdre !"Or, ayant aperçu l'intendant qui dormait sous un palmier doum, il le réveilla et lui dit : "Je désire apprendre à travailler le bois ; conduis-moi. «Sans se déranger, l'intendant demanda : "Quel bois : les cannes ? Les charpentes ? Les vantaux de portes ? Les meubles ? Par lequel de ces spécialistes le 'Chéri-de-son-Maître' préfère-t-il être rossé ?- Je ne sais pas encore ; que chacun d'eux me montre son travail : ensuite je choisirai."»

 

L’auteur analyse l’ouvrage qui dépeint le chemin progressif de l’enfant Pois Chiche vers le temple, c’est-à-dire l’édifice de la Connaissance égyptienne. A travers cette histoire c’est en fait tout l’enseignement des écoles de mystère de l’ancienne Egypte qui est révélé !

 

 La première partie expose les difficultés du chemin qui peuvent conduire à adopter des voies sans issues. De nombreux obstacles s’opposent en effet à l’événement de la conscience et du discernement, c’est-à-dire à la découverte de soi et l’accès à la Connaissance. Les uns résident dans les influences extérieures. Mais les obstacles extérieurs pour redoutables qu’ils soient, ne sont pas les pires. Le plus grand ennemi de l’homme c’est lui-même (l’égo) et Pois-Chiche ne faillit pas à la guerre. Ces obstacles peuvent conduire le chercheur à adopter des voies sans issues : l’illusion et la révolte.

           

 La seconde partie de la monographie porte sur l’ouverture du chemin. Celle-ci suppose d’abord la connaissance des lois naturelles en utilisant divers instruments : la nature, les métiers, les symboles, l’enseignement oral des maîtres. Elle suppose ensuite la progression sur le chemin, c’est-à-dire une transformation qui ne peut se faire qu’en franchissant des étapes jalonnées d’épreuves. Au bout des épreuves le chercheur recevra la révélation de la sagesse : « Le Neter (Dieu) que tu cherches est en toi ! Tu es son vrai temple. »

 

SCHWALLER      -      her – bak    -     « disciple »

ISHA  Schwaller de lubicz

Edition FLAMMARION

 1956

Ce livre qui est la suite de Her – Bak « pois chiche » s’adresse aussi bien aux égyptologues qu’à tous ceux qui, sans préparation spéciale, désireraient connaître l’étonnante civilisation pharaonique.

 

Il est né du désir d’exposer en une synthèse vivante, et sous une forme facilement accessible à la mentalité occidentale, l’ensemble des problèmes évoqués par l’antique Égypte et de la Connaissance impliquée dans son œuvre.
Tel est le but et le programme d’Her – Bak « Disciple » : partager avec le lecteur sa propre initiation aux arcanes d’une Sagesse qui fut la source de toute civilisation méditerranéenne.

 

Isha Schwaller de Lubicz, épouse du célèbre R.A. Schwaller de Lubicz, consacra quinze ans de sa vie à la Haute Égypte. Elle y séjourna, étudia les temples, s'imprégna des symboles et des hiéroglyphes. Ainsi a-t-elle pu camper un roman extrêmement détaillé qui relate la vie d'Her-Bak, au cours de la XXe dynastie où le jeune "Pois Chiche" va être initié à la sagesse des prêtres égyptiens. Dans ce deuxième volume, on entre dans l'univers de "l'initié". Avec ses symboles.


Cette initiation basée sur le voyage est semée d'illusions où il faut choisir entre libre arbitre et fatalité. Le récit vivant, très imagé, rend le livre accessible malgré la complexité du sujet.

 

SCHWALLER    -     ADAM, L’HOMME ROUGE OU LES ÉLÉMENTS D’UNE GNOSE POUR LE MARIAGE PARFAIT

R.A SCHWALLER DE LUBICZ

Edition SCHWALLER

 1927

 

L’auteur y développe la vie du couple, sur le plan profane et spirituel. La place du christianisme, et l’éveil de la conscience jusqu’au dernier mariage avec le Divin.

 

Adam l’Homme Rouge (1927) reste l’ouvrage de René-Adolphe Schwaller de Lubicz (1887-1961), le plus discrédité : son auteur en renia par la suite les thèses décapantes. Mais ce livre n’est pas qu’une oeuvre insolite, elle trouve une place de choix dans le domaine de l’histoire des idées. Si la censure à son égard est restée limitée, c’est qu’elle fut publiée en territoire helvétique dans un cadre restreint, celui du phalanstère de Suhalia (1923-1928), en haute Engadine.

 

 L’autodafé de son auteur qui a réjouis les bibliophiles, y est aussi sans doute pour quelque chose, car la geste alchimique du couple ainsi que le véritable réquisitoire contre les méfaits du mariage au sein du dogmatisme catholique, en ce qui concerne le rôle de la femme, n’ont pas pu contribuer à l’ostracisme de ce livre. Cette geste alchimique demeure le point central de l’ouvrage, du moins dans le processus d’abord physiologique, puis métaphysique devant conduire l’Homme et la Femme à la véritable Union ; elle s’ouvre sur la thématique de l’androgynat primitif, thématique central de l’ars regia.

La longue introduction d’Emmanuel Dufour-Kowalski, l’un des spécialistes actuels de l’oeuvre schwallérienne, tente de combler aussi une lacune : celle de sa véritable réception qui n’a jamais été faite, excepté quelques critiques éparses dès la diffusion du livre entre 1928 et 1933, à Paris.


Une riche iconographie vient agrémenter cette édition inédite. Elle lui donne une caution d’authenticité sur ce que fut réellement le phalanstère de René Schwaller – La Station Scientifique de Suhalia – avec sa pharmacopée, son observatoire astronomique, son artisanat et ses recherches alchimiques. Ce lieu, à plus de 2’000 mètres d’altitude, offrit en son temps de véritables parallèles avec celui du Goethéanum de Rudolph Steiner (1861-1925) à Dornach; sans oublier l’École du Savoir de Darmstardt dans les années 1920, chère au métaphysicien Balte d’origine allemande, le comte Hermann von Keyserling (1880-1946).

 

La vision schwallérienne de l’érotique, science sacrée pour l’auteur, qui s’attaque aux barrières de la sexualité, ne s’arrête pas à la question purement sexuelle. René Schwaller veut pouvoir élever cette dernière à une véritable Métaphysique du sexe (c’est le titre d’un ouvrage de Julius Evola (1898-1974) émule de l’auteur), champs d’expérimentation qui pourrait offrir des perspectives spirituelles nouvelles. Mais l’érotique dont parle René Schwaller s’ouvre sur la Magie de l’érotique, cher à Aleister Crowley (…) et à son phalanstère de Céphalu, c’est là toute l’ambiguïté de cet ouvrage.

 

Personnage protéiforme s'il en est, René-Adolphe Schwaller de Lubicz (1887-1961), l'un des derniers grands occultistes du XXe siècle, a établi sa renommée en marge de l'histoire des idées. N'ayant pas formé de véritable école, peu enclin à entretenir l'émulation de ses éventuels thuriféraires, par crainte d'une déformation de sa doctrine de base, mais ayant pourtant travaillé à sa propre légende, René Schwaller est resté réfractaire de son vivant à tout texte biographique le concernant, entretenant au sujet de sa vie et des sources de ses connaissances un flou artistique qui aura nui à l'établissement d'une critique solide de son oeuvre. Passé au crible d'un certain regard, d'une nouvelle approche constructive, la doctrine générale de Schwaller de Lubicz méritait d'être réhabilitée de manière non exhaustive, mais dans un choix serré de textes significatifs.

 

Ces textes rares ou inédits, s'échelonnant sur plus de cinquante ans, ont été pour ainsi dire redimensionnés selon la tessiture de leur époque respective: la période théosophique, le groupe apostolique, la conquête mystique et l'emprise symboliste. Quatre facettes d'une même écriture dans sa continuité renouvelée, par poussées successives, dont cette âme gothique en quête d'absolu, offrit en son temps l'émanence, dans le creuset de ses divers exils volontaires, en Suisse, en Méditerranée, puis en Egypte.

 

SCHWALLER DE LUBICZ   -       PROPOS SUR ÉSOTÉRISME ET SYMBOLE

R.A.SCHWALLER DE LUBICZ

Edition DERVY

 1993

L’auteur égyptologue et philosophe célèbre, fut toute sa vie tourné vers la recherche de la connaissance notamment à travers le symbole, son ésotérisme et son hermétisme. Il faut être préparé pour saisir, voir et entendre cet ésotérisme. Cette préparation n’est pas un savoir mais un vouloir et un pouvoir et ne peut s’acquérir que par l’effort. Voilà le message et le propos de ce livre.

 

L'Esotérisme ne peut être écrit ni dit ni, par conséquent, être trahi. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre - à votre choix. Cette préparation n'est pas un savoir, mais un pouvoir, et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même, par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine. L'initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la conscience plus rapidement, et l'élève, arrivé à des étapes d'illumination par sa propre lumière intérieure, lira directement l'ésotérisme de tel enseignement

 

Eric Sablé, qui a publié en 2003 le fruit de ses recherches sur Schwaller, donne trois clés pour comprendre son oeuvre. Ces clés gravitent autour de trois thèmes essentiels : l'intelligence du cœur, la loi de genèse et le symbolisme.

A une  vie riche et forte et à une  période théosophique, il faut ajouter la création du groupe des Veilleurs. Ce groupe, très idéaliste, lança un appel pour créer une société différente qui se proposait de vivre pour se dépasser. Le groupe sera rejoint par des personnages aussi importants que Gaston Revel, Pierre Loti, Henri Duvernois, Fernand Léger, Vincent d'Indy, Henri Alvart, Camille Flammarion, le journaliste Carlos Larronde, et d'autres. Le groupe se développa autour de nombreuses activités notamment artisanales, culturelles et philosophiques. Les Veilleurs étaient opposés à la production industrielle et voulaient affirmer la noblesse du travail manuel et la nécessité d'une véritable hiérarchie, et ceci dans l'indépendance de tout parti. Ils avaient leurs propres ateliers, costumes, journal et voulaient repenser les structures sociales. La devise de leur journal était: Hiérarchie - Liberté - Fraternité. Mais l'ordre possédait aussi un aspect plus ésotérique, plus secret : les Frères de l'Ordre Mystique de la Résurrection, qui se réunissait en robe blanche, l'épée au côté, la tête couronnée d'or. Ils pratiquaient une sorte de culte du Feu et étaient au nombre de douze.

Parmi eux le poète Milosz qui jouera un rôle capital dans la vie de Schwaller. Milosz était un aristocrate lithuanien qui descendait d'une famille noble de chevaliers qui régnait sur la Lusace serbe. Il fit ses études à Paris et ses maîtres à penser furent Goethe, Hugo, Gérard de Nerval et les romantiques. Il écrit et publia. Lui aussi voulait rénover la société alors déchirée par la première guerre mondiale. Milosz a milité pour l'indépendance de la Lituanie, son pays natal. Schwaller l'a soutenu et après la guerre, pour lui rendre hommage, Milosz lui a transmis le nom de sa famille Lubicz. Il le fit rituellement, dans l'esprit chevaleresque qui les animait mutuellement, c'est-à-dire qu'il voulait instituer une noblesse des actes et des oeuvres, une noblesse du mérite ou de l'âme, à la place de la noblesse héréditaire qui était pour eux dénuée de sens.

Schwaller posa les bases d'une autre science qui ne se fonde plus sur l'expérimentation pour en tirer des théories, mais qui part, au contraire, de la connaissance de la loi d'harmonie. Cette loi d'harmonie est ce qu'il appelle la loi de genèse et elle se trouve au cœur de toute son oeuvre. La première publication importante de Schwaller de Lubicz fut son étude sur les nombres dans laquelle il veut, je cite : "dégager la vérité du chaos des phénomènes cosmiques pour trouver la loi fondamentale de l'univers, celle qui fixe les proportions de l'édifice, indique la place à chaque pierre et dicte le moment de la construction ou de la destruction". Il fut toujours passionné par cette connaissance du monde des causes, celle qui donne la réponse au pourquoi des êtres et des choses. Cette interrogation l'habitat toute sa vie et elle est double : pourquoi le monde, d'où vient-il, en quel lieu trouve-t-il son fondement ? Et d'autre part il s'interroge sur le développement harmonieux des formes du vivant et se demande pourquoi une musique et non du bruit ? C'est grâce à cette lumière que Schwaller décryptera les textes hermétiques ou bien les symboles de l'ancienne civilisation égyptienne ou encore les lois de la nature. Pour René Schwaller l'expression de l'ésotérisme occidental est la continuation du grand oeuvre qui s'est joué dans l'Egypte ancienne. La sagesse égyptienne donne les vraies clés de la genèse des formes de la nature. Et c'est elle aussi qui lui livra les clés de l'intelligence du cœur.

Le terme "Intelligence du Cœur " est emprunté aux anciens égyptiens pour désigner cet autre aspect dans l'homme qui nous permet de pénétrer au-delà de notre limitation animale et en vérité fait la caractéristique de l'homme humain pour aller vers l'Homme Divin ; c'est-à-dire l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout être humain animé. Dès lors, l'Esotérisme, ne peut pas être écrit, ni dit, ni par conséquent être trahi. C'est ce que pense et dit Schwaller. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre, à votre choix. Cette préparation n'est pas un Savoir, mais un Pouvoir et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine. L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé à des étapes d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira directement l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui. L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Cœur" : La Raison est née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est l'Intelligence de l'univers.

L'intelligence du cœur est au-delà de la raison. Pour Schwaller, la véritable connaissance est issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle n'est qu'un reflet de sa lumière. De même, la pensée mentale ne devrait être qu'un reflet de l'intuition. Cette intelligence n'est pas à confondre avec le Samadhi des grands mystiques. C'est un état intermédiaire qui permet de se confondre avec les êtres et les choses et donc de les connaître dans leur réalité.

L'Esotérisme pour Schwaller n'est donc pas un "sens particulièrement caché dans un texte" mais un "état de confondement" entre l'état vital du lecteur et l'état vital de l'auteur ; ceci dans le sens de la vision spirituelle, spatiale, synthétique qui, précisément, cesse avec la concrétisation de la pensée. Il conçoit donc que l'enseignement ésotérique n'est qu'une "évocation" et ne peut être que cela. L'initiation ne réside pas dans le texte, quel qu'il soit, mais dans la culture de "l'Intelligence du Cœur " (au sens o_ elle a été définie plus haut). Alors rien n'est plus "occulte" ni secret parce que l'intention des "Illuminés", des "prophètes" et des "envoyés du ciel" n'est jamais de cacher, au contraire. Seul l'homme a en lui ce don qui lui permet de se libérer des réactions émotives égoïstes et d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec le Tout, l'Amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception. Ce Don est la Raison qui fait, de l'animal, l'Homme ; et c'est là une 2ème naissance au Monde, car la nature s'arrête à l'animal, y compris l'animal humain. C'est un deuxième "Fiat Lux" que celui du baptême de l'Esprit, la Pentecôte qui donne la "Raison".

L'intelligence du cœur a son langage et ce langage est le symbolisme. Le symbole évoque une réalité qui n'est pas présente donc pas objective. Ce symbole est vie, il est mouvement de la conscience. Mais il est plus encore : il exprime un moment vital éternel. Il se relie à une idée, un archétype qui préside au développement des formes. Le symbolisme livre le sens. Pour Schwaller, tout est symbole et ce qui lui permit d'atteindre à cette profondeur des mystères et des choses. Ces symboles, le sens, le monde des archétypes et les clés de l'homme, il les étudie dans l'univers égyptien et plus précisément dans le temple de Louxor pendant 12 années de sa vie qu'il va. 12 années de recherche, d'analyse et de méditation.

René Schwaller développe la notion d'anthropocosme qui signifie que la nature est le reflet de l'homme. L'homme synthétise toutes les formes, toutes les espèces minérales, végétales, animales en lui-même. Il est l'Adam Kadmon de la Kabbale. C'est donc une notion équivalente à celle du microcosme. Sa grande idée est que l'homme n'est pas seulement à la fin mais aussi à l'origine de l'évolution. Il montre ainsi comment chaque règne de la nature est l'expression d'un organe de cet homme cosmique. Et l'univers entier résume toutes ses phases, ses moments, ses aspects. Les symboles sont le langage qui parle à notre être intérieur et qui peuvent livrer le secret de toutes choses.

 

SCHWALLER DE LUBICZ   -  LE MIRACLE ḖGYPTIEN

      SCHWALLER DE LUBICZ

Edition Flammarion

 2007

Quinze ans de recherche passionnée et de méditation dans la petite ville de Louqsor en Haute-Egypte ont permis à Schwaller de Lubicz de retrouver la Sagesse Sacrée dont le temple fut, et demeure, le dépositaire pour qui sait lire dans la pierre. Il ne s'agit pas là d'une image : la pensée pharaonique ne s'exprime pas en théorie, elle se fait oeuvre. Et l'oeuvre la plus parfaite est la " maison que l'homme donne à son Maître ", c'est-à-dire le Temple. Le monument architectural, étudié enfin dans sa signification d'oeuvre parlante, révèle, bien au-delà d'une technique certes admirable du bâtiment, une science aux applications illimitées. Au principe de cette connaissance totale de l'homme et de l'univers qui constitue le " miracle égyptien " se trouve une manière d'être et de penser dont quelque deux mille ans de tradition grecque nous séparent. La saisie du mystère de l'Egypte nécessite ainsi une véritable rééducation de l'esprit que Schwaller de Lubicz nous donne, tout particulièrement ici, les moyens de pratiquer.

 

L'auteur explique en apportant la certitude d'une Révélation qui, dès les premières dynasties, a permis à l'Egypte d'être le dépositaire de la Grande Sagesse. Après quinze années d'études à Louqsor, R. A. Schwaller de Lubicz a donné dans son oeuvre maîtresse, Le Temple de l'Homme, la preuve. incontestable de ses découvertes sur la connaissance que possédaient les Egyptiens de toutes les lois régissant l'univers et les hommes.


Etayé sur cet ouvrage mais dépouillé de tout le côté aride que nécessitaient les dissertations mathématiques, astronomiques, architecturales, médicales et chirurgicales, Le Miracle égyptien permet aux lecteurs de pénétrer le " mystère " de l’Egypte, en donnant les moyens de parvenir à sa compréhension intuitive.

Hormis cette longue bande de terre cultivable, l'Egypte comporte une chaîne d'oasis dans le désert occidental, auxquelles il faut ajouter une vaste dépression, arrosée par une branche naturelle du Nil: le Fayoum, qui s'ouvre au sud-ouest de cette charnière que constitue, entre la vallée et le delta, le point où se subdivise le fleuve. D'abord abondantes (paléolithique et début du néolithique), les pluies se sont lentement amenuisées jusqu'à disparaître. Cet assèchement progressif qui transforme en désert les régions environnantes de la vallée va amener au bord du fleuve des populations venant des quatre horizons: dolichocéphales et brachycéphales, tribus sémitiques, noirs du sud, méditerranéens et pasteurs sahariens, etc. Très longtemps cette population mêlée, encore divisée en tribus, vécut sur la frange de la vallée, grâce au limon déposé par les crues saisonnières.

 

Pour cultiver cette terre, pour s'établir et non plus se borner à y prélever par la chasse et la cueillette une subsistance aléatoire, il fallait la domestiquer. Mais la création de canaux pour le surplus d'eau ou au contraire pour irriguer les parcelles éloignées du fleuve, la réalisation de levée de terre et de battues pour maintenir hors d'eau hameaux et villages des premiers agriculteurs, tout cela nécessite une œuvre collective, une société hiérarchisée placée sous l'autorité d'un pouvoir central. C'est donc l'unification de la vallée sous un seul souverain, le Pharaon, qui marque la véritable naissance de l'Egypte.

 

Tout, dans la vallée du Nil, est régi par la crue: de la hauteur de la montée des eaux, dépendait l'importance des récoltes. C'est vers le 15 juin que le Nil commence à gonfler, et il atteint son maximum en août-septembre. Que l'eau n'arrose pas les terres éloignées, et la moisson restera médiocre: la famine menacera le peuple. Qu'elle soit au contraire trop tumultueuse, qu'elle noie tout et que la violence du courant emporte les digues, et toute l'œuvre d'aménagement du sol est à reprendre.

 

Mais le Nil représente aussi la principale voie de communication. Par le fleuve transitent, entre la Haute et la Basse Egypte, les denrées comme les matériaux pondéreux, chargés sur des embarcations de transport. C'est par les canaux que se meuvent les fellahs et c'est dans le marais que les chasseurs s'en vont pour tirer le gibier d'eau. C'est à l'aide de bacs que l'on traverse d'une rive à l'autre: aucun pont ne franchissait le fleuve à l'époque pharaonique. La vie quotidienne se déroule donc en étroite symbiose avec le fleuve, dont les flots sont sans cesse sillonnés par des flottilles de toutes sortes.

 

Dans ce cadre favorable à l'éclosion d'une société agraire puissante va se développer une des plus grandes civilisations de l'humanité: elle durera 3500 ans de l'aube de l'histoire (apparition de la première écriture) jusqu'à la fermeture du temple de Philae, en 550 de notre ère. Ce qui frappe durant cette vaste période, c'est son aspect unitaire, cohérent, original. L'Egypte de développe comme une île, protégée à l'est comme à l'ouest par l'immensité des déserts qui l'entourent, telle une mer.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Tour de confusion  -  la maison de vie  -  le pont de Sirah  -  idée et symboles  -  notions élémentaires du Nombre comme clef de la connaissance  -  éléments et triangles  -  l’homme et les mesures  -  harmonies, analogies, fonctions et facteurs  -  Cela est ‘’UN’’ et inconnaissable  -  les deux intelligences  -  le mystère de tous les jours   -  l’Anthropocosme  -  de la pensée pharaonique   -   croisement   -  avant de présenter l’architecture du Temple   -  Architectonique du Temple  -   la royale montée vers le Temple   -  le Temple mystique   -

 

SCHWALLER  DE LUBICZ     -  DU SYMBOLE A LA SYMBOLIQUE

 Schwaller de Lubicz

Edition Dervy

 2002

Malgré le nombre important de documents mis à jour depuis plus d'un siècle et malgré l'effort accompli pour pénétrer la pensée de l'Égypte pharaonique, il reste beaucoup de non-sens dans la traduction des textes, et un mystère complet subsiste quant à la signification réelle, et au motif, de cette oeuvre colossale bâtie sur deux mille kilomètres le long du Nil.

 

Et pourtant, nous sommes devant un coffre-fort contenant la plus grande richesse concernant l'histoire de l'humanité car l'Égypte semble bien avoir été le centre le plus grandiose de la vie des Maîtres de la science créatrice.  Les hommes se sont obstinés à se servir d'une clé rationnelle pour pénétrer ces secrets alors qu'il faut utiliser la clé du symbole et de la symbolique.

 

Le symbole est un signe qu'il faut apprendre à lire, et la symbolique est une écriture dont il faut connaître les lois. Lorsqu'il s'agit de pénétrer l'état d'esprit d'une époque ou le sens secret des textes, sens qui fait le fond de la connaissance égyptienne, par exemple, seule la symbolique peut y parvenir. Elle s'appuiera sur l'expression artistique, sur les données des figurations, des principes architecturaux, des paraboles et des légendes.  C'est le but de ce livre : décrire les principes qui dirigent le symbole dans l'expression d'une philosophie vitale et non d'une philosophie rationnelle.

 

La langue des oiseaux est utilisée en général surtout pour « extraire l'esprit, saisir la signification secrète » des ouvrages didactiques et des « sciences ésotériques »( Fulcanelli, passim), elle est considérée par Gracet d'Orcet et Emmanuel-Yves Monin comme utilisable pour percevoir la signification « originelle » de tout mot,  avant leur déformation par les connotations émotionnelles et culturelles du langage « courant »; cela rejoint les concepts d'une Langue-mère (la langue universelle de Leibnitz) très recherchée depuis le XVIIIe siècle. L'ouvrage de Fabre d'Olivet,  la Langue hébraïque restituée, est exemplaire en cela : il expose les bases de composition des mots de  toutes langues à partir des racines hébraïques. Schwaller de Lubicz et Enel le rejoignent en montrant et la construction des mots en égyptien ancien et les racines pérennes ;  respectivement dans  Her Back (passim) et la Langue sacrée.

 

SCHWALLER   -      CONTRIBUTION A L’ÉGYPTOLOGIE

ISHA SCHWALLER DE LUBICZ

Edition BAILLY

 1989

L’auteur nous donne des clés secrètes de lecture  des hiéroglyphes, permettant de restituer le sens sacré de plusieurs textes dont on ne connaissait que le sens profane et superficiel. Cet ouvrage est le complément des deux précédents livres d’Isha, ‘’Her Bak’’. On y trouve en plus condensé les explications de Her  Bak sur les hiéroglyphes et les grands Neter

Bien plus qu'une déesse, Maât est la clef de la civilisation égyptienne, laquelle a évolué au cours des millénaires. Elle incarne les notions indissociables de Vérité, d'Harmonie et de Justice, car l'homme ne peut être en harmonie avec ses semblables et avec la nature, que dans la mesure où il est dans sa vérité, vrai et sans aucun artifice.

Émanée sans cesse du divin Râ dont elle est elle-même la nourriture, elle est l'intermédiaire et le véhicule de l'essence de Râ. Elle est la Présence du commencement et de la fin, dans tous les Temps et dans tous les mondes, elle est la conscience cosmique, l'Idéation Universelle de Justice et de Vérité, la Sagesse essentielle. Il n'y a pas de sagesse plus élevée que celle qui se rapporte à Maât. Dans le monde des hommes, elle est la voix de la conscience, et par conséquent, la clé du discernement.

Les anciens Égyptiens furent le véritable peuple de Dieu ; leur religion est à l'origine des religions monothéistes, particulièrement le judéo-christianisme. Dans leur "livre des morts", la confession négative est une déclinaison des actes que la morale réprouve. Il y avait une véritable éducation pour que tous les hommes aient une conscience pure et sachent écouter la Voix de la Conscience ! C'était un peuple évolué, paisible et fraternel. Une de leurs sentences disait : Maât est la Conscience cosmique, l'idée universelle de Justice, la Sagesse essentielle émanée sans cesse du Divin Râ dont elle est, elle-même, l'émanation.

Car Maât est l'intermédiaire et Ie véhicule de l'essence de Râ ; et l'homme n'est spirituellement vivant que lorsque son KA inférieur s'unit à son KA supérieur qui est un "rayon" de Maât, devenu, en sa propre conscience, sa propre Maât. « Maât est donc la totalité de Ia conscience dans l'Univers. Elle est l'individualisation de l'activité causale en tant que Conscience morale. Elle en est la réalisatrice; Ie Verbe divin est défini par elle et prend ses noms par elle. Et, par l'indestructibilité de cette Conscience, elle est Ie triomphe de la vie sur la mort. Or nous disons que ceci est Ie plus haut mystère dévoilé par l'Égypte, car si Maât est Ia Conscience du créateur et de Ia création, elle est donc la Sagesse du Monde, et l'homme peut à la fois, s'enrichir de sa propre conscience et se nourrir en elle de la conscience universelle... Elle est présente dans la scène de la Psychostasie. Maât est sur le fléau de la Balance dans le Tribunal d'Osiris, cela veut dire que l'âme du défunt est pesée avec Justice et Vérité, en toute conscience, dans la tradition égyptienne. Au seuil de la mort, chacun est soumis au jugement de sa propre conscience, cette conscience qu'on aurait tendance à ne pas écouter ou à faire taire tant elle est exigeante dans la vie.»

On devine donc le degré élevé de morale qui habitait l'Égypte aux temps des Pharaons. D'ailleurs, Pharaon devait rendre des comptes pour mériter que son nom soit honoré par les dieux. Sinon, son nom était effacé des monuments et cela équivalait à faire disparaître son souvenir dans ce monde et, chose plus grave, à le priver de l'au-delà... ou de la vie éternelle. La certitude basée sur la connaissance traditionnelle supprimait toute inquiétude et enlevait toute raison d'être aux initiatives privées. L'effort individuel se portait alors sur la réalisation de la maîtrise personnelle, tant au point de vue des techniques artisanales et des fonctions sociales que pour la possession de son ka pendant l'existence terrestre.

Les anciens Égyptiens avaient la foi qui déplace les montagnes. C'était un peuple pieux, pacifique et travailleur. Avec force et santé, ils édifièrent des temples magnifiques et des pyramides qui étonnent tous les voyageurs. Contrairement à ce que dit la Bible, il n'y avait pas d'esclaves en Égypte, ni pour la construction des pyramides ni pour celle des temples. Si les Hébreux connurent la servitude en Egypte, ce n'était pas de l'esclavage, il n'y en était pas question avant les Ptolémées, qui sont les pharaons grecs, car l'esclavage résulte des guerres des étrangers, tous des barbares pour les Égyptiens. 

 

SCHWALLER DE LUBICZ   -    JEU DE  TAROT  ÉGYPTIEN

R.A. SCHWALLER DE LUBICZ

ÉDITION  BAILLY

 1988

René A. Schwaller de Lubicz (1887-1961) hermétiste connu  sous le nom de d’AOR, fut le créateur à Paris du mouvement d’avant-garde philosophico-initiatique des « Veilleurs » et le directeur à Saint Moritz de la « station Scientifique Suhalia ».

 

A ces divers titres, on peut dire qu’il aura eu un rayonnement universel.

 

Il consacre toute sa vie à la restitution du patrimoine traditionnel des Anciens, privilégiant la tradition égyptienne et devenant ainsi le grand égyptologue fondateur du courant « symboliste ».

 

La somme de ses connaissances dans des domaines très différents (astrologie, magie, alchimie, numérologie, hermétisme…) et sa maîtrise extraordinaire de la symbolique hermétique, égyptienne en particulier, se reconnaissent  ainsi dans ce jeu de Tarot, créé par lui en 1926 à Suhalia, et tiré à un très petit nombre d’exemplaires.

 

Ce jeu monochrome comprend 25 cartes, dont 21 numérotées de 0 à 20 et quatre ne portant aucun numéro, mais en relation avec l’arcane 22 du Monde.

 

Ce jeu est accompagné d’une bio-bibliographie de l’auteur, ainsi que d’une analyse du contenu symbolique des lames.

Jeu non réédité, extrêmement rare, qui condense la pensée de Schwaller sur la symbolique métaphysique égyptienne, on retrouvera cette pensée tarotique dans ses futurs ouvrages :

Le Temple dans l’Homme,  et le Temple de l’Homme

 

SCHWALLER   -        LA LUMIÈRE DU CHEMIN

ISHA SCHWALLER DE LUBICZ

Edition La table d’EMERAUDE

 1984

L'appel lancé par La Lumière du Chemin revêt un caractère de gravité exceptionnelle par le fait qu'il éclaire la situation chaotique de notre Epoque contemporaine.


La Lumière du Chemin précise et clarifie les problèmes essentiels dont l'incompréhension est la cause d'un grand nombre des drames actuels. Quoique fidèlement conforme à l'antique Sagesse Traditionnelle, son enseignement est, pour certains sujets, effectivement nouveau par son adaptation aux nécessités nouvelles d'un nouveau Temps.


Cet enseignement est présenté sous forme de scènes dialoguées qui permettent de répondre aux objections posées par les disciples du Sage. Il développe et clarifie en images vivantes :
- La relation des états physiques, psychiques et spirituels.
- Le libre-arbitre et la fatalité. La responsabilité. La chance et le hasard. Le désespoir. Le suicide.
- Brahmanisme, Bouddhisme et Christianisme.
- La féminité cosmique. Du Saint-Esprit. La sagesse et la Vierge cosmique.

Jeanne Germain est son nom de jeune fille. Originaire de Normandie, elle prendra le pseudonyme d'Isha lors de sa venue à Paris dans le cercle théosophique et initiatique du Groupe des Veilleurs (où elle est spécialisée dans l'eurythmothérapie et l'éducation infantile). Elle aura deux enfants d'une précédente union avec l'armateur Georges Lamy (Lucie et Jean), et deux enfants avec Louis Allainguillaume (Jacques et Suzanne). Une fois veuve, Isha épousera en 1926 l'ingénieur chimiste et philosophe hermétiste René Schwaller de Lubicz, de deux ans son cadet. Elle participera aux activités féminines de la station scientifique de Suhalia en Engadine (1922-1928) dirigée alors par René Schwaller et aura à charge les initiations de son groupe de Névites.

Installée à Grasse, au Mas de Cougagno, dès 1930, et après un long séjour en Egypte, à Louxor (1939-1952) en compagnie de sa fille, Lucie, et de son compagnon, René Schwaller de Lubicz, elle publiera des ouvrages d'ésotérisme et d'égyptologie qui auront un certain succès populaire, à commencer par Her Bak Pois Chiche et Her Bak Disciple

 

SCHWALLER    -         L’OUVERTURE DU CHEMIN

ISHA SCHWALLER DE LUBICZ

Edition ARYANA

 1980

Isha nous explique comment trouver ce chemin que nous cherchons avec tous les pièges et tentations qui font barrages à notre recherche. Tout homme qui ne veut pas subir les incertitudes houleuses de la masse doit avoir le courage, aujourd'hui de chercher sa propre lumière, librement et sans contrainte.

 

"Aujourd'hui" est une étape toute nouvelle. Entre hier et ce jour un gouffre s'est déjà creusé. Les bouleversements de notre époque chaotique ont au moins cet avantage d'avoir renversé des barrières et ébranlé des valeurs auxquelles la société n'osait encore toucher. Ceux-là seraient fort avisés qui, au lieu de subir l'effondrement de cet échafaudage, se hâteraient de creuser les vieilles bases de la Sagesse pour en trouver les fondations indestructibles.

 

Le terme "Intelligence du Cœur " est emprunté aux anciens égyptiens pour désigner cet autre aspect dans l'homme qui nous permet de pénétrer au-delà de notre limitation animale et en vérité fait la caractéristique de l'homme humain pour aller vers l'Homme Divin ; c'est-à-dire l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout être humain animé.

Dès lors, l'Esotérisme, ne peut pas être écrit, ni dit, ni par conséquent être trahi. C'est ce que pense et dit Schwaller. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre, à votre choix. Cette préparation n'est pas un Savoir, mais un Pouvoir et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine.

Il y a une Science Sacrée et depuis des millénaires, d'innombrables curieux ont, en vain, cherché à en pénétrer les secrets. C'est comme si, avec une pioche, ils voulaient creuser un trou dans la mer. L'outil doit être de la nature de la chose qu'il veut travailler. On ne trouve l'Esprit qu'avec l'Esprit, et l'Esotérisme est l'aspect spirituel du monde inaccessible à l'intelligence cérébrale.

L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé à des étapes d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira directement l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui. L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Cœur" : La Raison est née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est l'Intelligence de l'univers.

L'intelligence du cœur est au-delà de la raison. Pour Schwaller, la véritable connaissance est issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle n'est qu'un reflet de sa lumière. De même, la pensée mentale ne devrait être qu'un reflet de l'intuition. Cette intelligence n'est pas à confondre avec le Samadhi des grands mystiques. C'est un état intermédiaire qui permet de se confondre avec les êtres et les choses et donc de les connaître dans leur réalité.

L'Esotérisme pour Schwaller n'est donc pas un "sens particulièrement caché dans un texte" mais un "état de confondement" entre l'état vital du lecteur et l'état vital de l'auteur ; ceci dans le sens de la vision spirituelle, spatiale, synthétique qui, précisément, cesse avec la concrétisation de la pensée. Il conçoit donc que l'enseignement ésotérique n'est qu'une "évocation" et ne peut être que cela. L'initiation ne réside pas dans le texte, quel qu'il soit, mais dans la culture de "l'Intelligence du Cœur " (au sens o_ elle a été définie plus haut). Alors rien n'est plus "occulte" ni secret parce que l'intention des "Illuminés", des "prophètes" et des "envoyés du ciel" n'est jamais de cacher, au contraire.

Donc pour être certains de notre Connaissance comme nous sommes certains de notre Savoir, nous devons rechercher la preuve expérimentale démontrant que l'Esprit, l'abstrait, devient effectivement concret par un chemin déterminé. La Science Sacrée affirme ceci possible. Elle nous l'enseigne par son "Esotérisme" qui n'est hermétiquement clos que pour l'intelligence cérébrale et le restera si nous ne cultivons pas un autre aspect d'Intelligence et une autre mentalité. C'est pour cela que les Sages laissent aux oisifs la spéculation et ils regardent la Nature. Celle-ci enseigne tout. Un son évoque toutes ses harmoniques, un gland de chêne évoque le chêne etc.

Seul l'homme a en lui ce Don qui lui permet de se libérer des réactions émotives égoïstes et d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec le Tout, l'Amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception. Ce Don est la Raison qui fait, de l'animal, l'Homme ; et c'est là une 2ème naissance au Monde, car la nature s'arrête à l'animal, y compris l'animal humain. C'est un deuxième "Fiat Lux" que celui du baptême de l'Esprit, la Pentecôte qui donne la "Raison".

La Raison nous affirme ce que le cerveau ne peut pas comprendre, c'est une Connaissance : "à priori" ; la Raison nous montre la noblesse de l'inutile qui est la Beauté, le Pardon, la Foi, le Sacrifice : l'acte sacré. La Raison est "l'Intelligence du Cœur" qui nous permet en Amour d'être la chose, en la chose, de croître avec la plante, de voler avec l'oiseau, de ramper avec le serpent. C'est à cette "Raison" que s'adresse "l'Esotérisme".

 

SCHWALLER DE LUBICZ   -   VERBE NATURE

           R. A. SCHWALLER DE LUBICZ

Edition AXIS MUNDI

 1988

A.O.R. décède en 1961 et ce livre est son dernier livre. Son testament en quelque sorte, son dernier message spirituel destiné à ceux qui cheminent sur l’étroit sentier qui mène à la connaissance libératrice.  Ce livre apporte des réponses à des questions que l’on ne se pose pas, c’est à dire, laissé mûrir le fruit et la réponse viendra toute seule.

 

Extrait d’une des 3 conférences de cet ouvrage :

« L’Être immortel, l’Être éternel en nous, appelle depuis toujours la Connaissance, la Science éternelle : il l’appelle comme étant le but de son incarnation passagère, comme étant le devoir de l’homme, suprême créature qui doit formuler une science que, naturellement, passivement, il subit autrement par ses souffrances, jusqu’à l’éveil pénible de sa Conscience, j’entends évidemment : la Conscience de l’Être éternel en nous. Hors cela, à quoi bon tout le reste ? À quoi bon toute la philosophie qui discute sans aboutir ?

 

À quoi bon la science qui se détruit elle-même ? À quoi bon s’éveiller le matin pour une pénible lutte journalière, pour aboutir au soir fatigué, épuisé, pour aboutir à l’agonie d’une vie aussi vaine ?

 

Si la conduite de notre existence était vraie, toute souffrance serait joyeuse, tout effort serait fructueux, rien ne vaudrait la peine de nous laisser troubler, car le but nous illuminerait et tout ce passage ne paraîtrait qu’une tragi-comédie, sans importance en soi : le But seul importe. Tant que l’intelligence cérébrale gouvernera le monde, celui-ci sera commandé par les êtres inférieurs, car la vie de l’Homme ne sera que lutte, lutte de force et pouvoir, lutte de vanité, lutte de richesse, lutte pour l’existence dont le but est faussé ! Toute la vie ne sera basée que sur l’équilibre de demande et offre, pouvoir et subir, justice de boxeur et de droit du plus fort, équilibre d’arguments où toute affirmation peut être combattue, toute preuve niée et détruite, et l’homme ne sera plus que le plus féroce des animaux.

Or, l’homme n’est pas un animal : il est animé. L’homme est un résumé du Cosmos, une créature qui porte l’étincelle divine. L’Homme n’est pas un amphibie évolué, une forme animale devenue ce que nous sommes. L’Homme est à l’origine parfait, un être divin, qui a dégénéré en ce que nous sommes. Il fallut une déchéance invraisemblable pour lui faire accepter des théories matérialistes comme celles de Lamarck et Darwin ! Il faut ne plus avoir une trace de confiance en l’Harmonie divine, plus qu’une trace de légitime orgueil, pour ne pas réagir contre une science qui nous abaisse à l’état d’homme brute dit “préhistorique”, ou d’anthropoïde. Ceux qui mènent l’humanité vers cet abêtissement sont de fous ou des criminels.

  

 Pour que la science devienne féconde vitalement, pour sortir du domaine matériel (sans valeur vitale) de la mécanique, il faut faire appel à la Conscience et non plus seulement au raisonnement cérébral. Jusqu’à maintenant on a sacrifié à la vérité “intersubjective” du groupe, c’est-à-dire que l’on ne reconnaît comme vrai que ce qui est perçu par la généralité des hommes. Ce que l’individu isolé est seul à percevoir, grâce à un état de conscience supérieur, ou même grâce à une sensibilité sensorielle exceptionnelle, est relégué, sinon rejeté, en tant que connaissance subjective, non partagée. Or, la Conscience évolue, la Conscience est même seule à évoluer ; c’est donc à la culture de cette évolution qu’il faut s’adresser pour briser le cercle “fermé” de la conscience psychologique.  

 

Donc pour être certains de notre Connaissance comme nous sommes certains de notre Savoir, nous devons rechercher la preuve expérimentale démontrant que l’Esprit, l’abstrait, devient effectivement concret par un chemin déterminé. La Science Sacrée affirme ceci possible ; elle nous l’enseigne par son Ésotérisme qui n’est hermétiquement clos que pour l’intelligence cérébrale, et le restera si nous ne cultivons pas un autre aspect d’Intelligence et une autre mentalité que celle qui est le fond du grenier de nos écoles. C’est pour cela que les Sages laissent aux oisifs la spéculation et ils regardent la Nature. Celle-ci enseigne tout. Un son évoque toutes ses harmoniques, un gland de chêne évoque le chêne : c’est un complexe harmonique qui, dans le règne végétal, est chêne. Mais les harmoniques musicales sont vibrations corporelles, de nature aquatique. La semence (le son ou le gland, la graine ou le spermatozoïde) est d’une nature spécifiée, et cette spécification est la genèse des semences du Minéral à l’homme, la réduction spatiale de la substance sans forme.

 

Il n’y a pas de “première graine”, et l’œuf a précédé la poule. La substance de cet œuf a toujours existé en tant que substance sans forme, Vierge Cosmique. Le sperme du coq, au contraire, est devenu, a été généré depuis la nébuleuse cosmique jusqu’à lui. Le principe christique, par contre, sera fécondation directe, sans semence spécifiée, comme un saut entre l’origine abstraite et le produit ultime humain : Dieu-Homme. » « Il y a pour la Conscience deux routes possibles : soit celle de la Rédemption Christique, ou Horienne, soit celle des “Anciens” dite du “Bon Roi” (Melchisédech) ou Osirienne. C’est le principe du renouveau constant, c’est-à-dire Osirien, qui exige l’outil physique de transmission.

 

Pourquoi ce choix ? Parce qu’il y a trois possibilités : ou l’Unité ne se scinde pas, reste pure en soi, donc ne se multiplie pas en ses parties, et l’Univers reste en la Cause ; ou elle se scinde et se multiplie. Mais elle peut aussi se scinder (prendre forme) et refuser de se multiplier pour rester à l’image de l’Unité constante. Ce sont là les lignées osirienne et horienne et les deux principales voies : l’Œuvre naturelle et surnaturelle. »  « Deux voies, deux voies pour un seul but. Deux voies qui distinguent les “libérés” d’avec ceux qui demeurent, deux voies qui distinguent ceux qui ont renoncé d’avec ceux qui restent soumis aux “désirs” ou qui doivent encore goûter les joies et les peines de cette vie.

 

Est-ce une religion ? Non, c’est plus qu’une foi : c’est la Connaissance pour certains, la Connaissance de la parole divine ordonnant le monde, et cette Connaissance est aussi la Science sacrée. C’est l’ordre inévitable pour d’autres : ils subiront les conséquences de toutes les causes engendrées par leur actes, qu’ils croient ou qu’ils doutent ; et c’est le chemin indirect, la plus logique, la plus sûre et la plus réconfortante des lois, celle qui laisse juge chacun, juge de ce qu’il est, de ce qu’il comprend et de ce qu’il souhaite. La voie d’Osiris, personne ne l’impose : c’est la réalité naturelle qui parle. Du moment qu’un homme naît sur terre, il entre dans le cycle dont il ne peut sortir qu’après épuisement des causes de désharmonie engendrées par lui-même. Croyez ou ne croyez pas, c’est la même chose pour la marche naturelle sur la voie osirienne. Soyez bons, soyez justes, soyez charitables, et vous récolterez plus vite la Lumière. Soyez mauvais, soyez cruels, soyez égoïstes, que vous y croyiez ou que vous en doutiez, vous payerez. Vous dites : “Je ne me souviens pas de mes vies passées.” Votre illumination si vous l’avez engendrée, vos souffrances si vous les avez causées, ne sont-elles pas des souvenirs ?

 

Chaque vie humaine est nécessairement une conséquence comportant soit des récompenses soit des paiements, mais elle est aussi causale pour la suite : cause de la continuité d’esclavage, ou de libération par brisure consciente des chaînes. Cette brisure est un renoncement joyeux, qui n’est pas une fuite ni une crainte, mais un appel irrésistible vers la Lumière. Et lorsque cet appel fait entendre sa voix, la porte du temple s’ouvre d’elle-même : Horus, Christ, l’onction divine, enfin, commence son œuvre…L’Égypte s’est maintenue pendant des millénaires parce que la Voie du renouvellement a tenu son peuple dans un chemin juste, et dans la certitude que la mort n’est qu’un changement dans la continuité de la vie. Le Temple a réservé à ceux qui étaient illuminés le chemin direct que le Christianisme a enseigné ouvertement avec toutes ses conséquences. 

 

 La fin de l’Égypte pharaonique est la fin d’un cycle cosmique et non la fin d’un royaume. Osiris, par Isis-Marie, a engendré Horus-Christ annoncé, contenu, connu dans l’ésotérisme pharaonique. Le Temps (phase de la Genèse cosmique) étant venu avec le signe des Poissons, l’Enfant Divin est né. Il est né de l’Esprit, il est né de la Nécessité engendrée par la chute du Verbe en la Matière, la Nature, dans le roulement des cycles du Monde, par lesquels la rupture de l’équilibre primordial, à travers le Savoir, devient la Conscience du Soi, Confondement conscient de l’Être en lui-même. Le virtuel est devenu effectif à travers l’accomplissement de la Forme dans tous les aspects possibles. Mais Ieschoua-Jésus est tombé du Ciel dans toute la perfection de la Forme finale de la Nature, »

 

SCHWALLER DE LUBICZ   -     le roi de la thÉocratie pharaonique

Schwaller de lubicz

Edition FLAMMARION

 1982

La théocratie pharaonique est une institution exceptionnelle, un ordre gouvernemental et social unique dans toute l’histoire occidentale.


Dans cette véritable théocratie où l’ensemble de la vie du peuple est dominé par les réalités spirituelles, le pharaon est roi et prêtre à la fois car il est fils des dieux.


Comment a pu se réaliser en Égypte pareille unification du pouvoir temporel et spirituel ? La croyance qui pendant quarante siècles s’est imposée à l’Égypte reposait sur la Science sacrée, comprenant aussi bien le domaine du mythe, des rites religieux, de la médecine, de la géométrie, de l’astronomie que les lois de la vie courante et de la justice.


Faire comprendre la réalité de l’importance de la science sacrée, voilà toute la raison d’être de ce livre. Jamais il n’y eut plus grande distance entre les consciences qu’il n’y en a de nos jours entre la mentalité occidentale et la mentalité des Sages de l’ancienne Égypte.


Ce volume est illustré d’une cinquantaine de dessins extrêmement précis, relevés sur les décorations murales des tombes, qui facilitent la compréhension des sujets traités.

 

SCHWALLER DE LUBICZ  -   - L’ŒUVRE AU ROUGE  de  SCHWALLER

Emmanuel  DUFOUR-KOWALSKI

ÉDITION LES DOSSIERS H -  L’ÂGE D’HOMME

 2006

Personnage protéiforme s’il en est, René-Adolphe Schwaller de Lubicz (1887-1961), l’un des derniers grands occultistes du XXe siècle, a établi sa renommée en marge de l’histoire des idées et des pensées traditionnelles.

 

N’ayant pas formé de véritables écoles, peu enclin à entretenir l’émulation de ses éventuels thuriféraires, par crainte d’une déformation de sa doctrine de base, mais ayant pourtant travaillé à sa propre légende, René Schwaller est resté réfractaire de son vivant à tout texte biographique le concernant, entretenant au sujet de sa vie et des sources de ses connaissances un flou artistique qui aurait nui à l’établissement d’une critique solide de son œuvre et de ses idées.

 

Passé au crible d’un certain regard, d’une nouvelle approche constructive, la doctrine générale de Schwaller de Lubicz méritait au travers de ce Dossier H d’être réhabilitée de manière non exhaustive, mais dans un choix serré de textes significatifs.

 

Mis en relief par notre appareil critique, ces textes rares ou inédits, s’échelonnant sur plus de cinquante ans, ont été pour ainsi dire redimensionnés selon la tessiture de leur époque respective : la période théosophique, le groupe apostolique, la conquête mystique et l’emprise symbolique

Quatre facettes d’une même écriture dans sa continuité renouvelée, par poussées successives, dont cette âme gothique en quête d’absolu, offrit en son temps l’émanence, dans le creuset de ses divers exils volontaires, en Suisse, en Méditerranée, puis en Egypte.

 

De nature vivante, prodigue et novatrice, la courbe initiatrice d’une telle écriture et d’une telle pensée, bien que corrosive, ne pouvait être reconstituée dans ce Dossier H par Emmanuel Dufour-Kowalski qu’à l’aune des diverses contradictions, détours et illuminations propres à René-Adolphe Schwaller de Lubicz, dans les décombres d’un XXe siècle meurtri par l’omniprésence de la pensée discursive et la tyrannie du scientisme politique.

 

Cet ouvrage capital sur Schwaller comporte 4 parties :

1/- La période théosophique (1913-1917) avec la valeur de la science : les atomes  –  Le rôle de la science et les sciences divinatoires  -  Le catéchisme  scientifico-théosophique  -   Manas et Bouddhis  -  Un extrait d’étude sur les nombres  -

2/- Le groupe Apostolique (1917-1921) : O.W. Milosz et le cantique de la connaissance

3/ - La conquête Mystique ( 1923-1928)  - L’appel du feu  - La doctrine  -  Adam le rouge  -  La couronne de l’unité  -  Le livre des vivants  -  Un centre de repos pour les travailleurs de l’esprit.

4/  - L’Emprise symbolique (1940-1961)Maalesh : journal d’une tournée théâtrale par Jean Cocteau  -  A Louksor, la guerre froide est déclarée entre symbolistes et historiens par André Rousseau  -  Du Nil au Gange, nous entrons en Egypte par Raoul Jahan  -  Le miracle égyptien pat Madeleine Rousseau -  Extrait d’une étude inédite sur la pensée pharaonique par R.A. Schwaller de Lubicz  -  Résumé du Temple de l’Homme par R.A.Schwaller de Lubicz  -  Le Royal Tir à l’Arc par R.A. Schwaller de Lubicz  -  Souvenir sur R.A. Schwaller de Lubicz par Maurice de Gandillac  -

 

De nombreuses lettres et photos accompagnent les textes.

  

secrets de la franc-maçonnerie Égyptienne

Denis labouré

Edition du Chariot d’Or

 2002

L’auteur dévoile et explique les méthodes et les pratiques des rites Égyptiens pour arriver à la réalisation spirituelle personnelle. On y parle de Cagliostro, de l’étoile flamboyante de Tschoudy, et des arcanes des rites.

La franc-maçonnerie hermétique est quelque chose de très différent. C'est une franc-maçonnerie très discrète, de marge. Elle est peu répandue par rapport aux obédiences "classiques" mais pourtant, ce monde qui ne fait pas parler beaucoup de lui, existe bel et bien et apporte une formation éminemment spiritualiste. Pour bien comprendre la franc-maçonnerie égyptienne nous devons examiner son histoire :

Au 18e siècle, certaines loges maçonniques ont intégré à leur pratique des éléments d’hermétisme absents dans les loges anglaises au départ. Ces connaissances hermétiques venaient souvent du monde de la noblesse où des familles s’étaient transmis de génération en génération des savoirs ésotériques et alchimiques. Elles venaient aussi d'autres courants initiatiques très fermés tels que l'Ordre Pythagoricien ou l'Ordre Egyptien.

Au 18e siècle, le choix a été fait d'abriter ces Connaissances à l’intérieur de structures solides, tolérées encore par l’Eglise : les loges maçonniques. La franc-maçonnerie égyptienne a su préserver cet héritage hermétique. Elle croit au Grand Architecte de l'Univers et enseigne notamment que le véritable but de l'initiation maçonnique est la découverte du divin en soi.

Au cours des siècles passés, les francs-maçons du courant hermétique ont enseigné dans le secret de leurs Loges comment progressivement bâtir son Temple intérieur, c’est-à-dire acquérir les qualités morales et spirituelles qui vont élever l’initié au-dessus de la condition des profanes. Ce courant maçonnique travaille notamment sur les états de conscience, et est à la recherche de ce qu'Ouspensky appelle l'état de conscience objectif qui conduit à l'éveil, c'est-à-dire à l'expérience du Réel. Quel est ce réel ? Il existe plusieurs niveaux de réalité :

 la Réalité créée par notre esprit est en nous-même. C'est une représentation du monde élaborée par notre esprit et qui a nécessité les différents intermédiaires qui ont codé la perception. Ceux sont les organes des sens qui transforment nos perceptions en influx nerveux, puis les nerfs qui acheminent cette information jusqu'au cerveau.

- Le deuxième niveau de réalité est constitué par les molécules chimiques (faites d'atomes) et les photons présents à l'extérieur. C'est eux qui stimulent nos organes des sens.

- Un troisième niveau de réalité est celui qui se cache derrière les atomes et les photons semble être constitué par de la pure information. Le monde physique tel que nous le percevons étant une illusion, la fonction de l'initiation consiste à dissiper ce voile et à accéder au Réel.

(Pour plus de détails se reporter au chapitre 1 –Memphis-Misraïm)

 

SÉNÈQUE

Traduction et notes par Pierre Miscevic

Edition Flammarion

 2003

Cet ouvrage comporte les titres suivants : De la providence  -  De la constance du sage  -  De la tranquillité de l’âme  -  Du loisir

 

Sénèque est né à Cordoba en Bétique (actuelle Andalousie). La date précise de sa naissance n'est pas connue, mais on la situe habituellement entre l'an 4 av. J.-C. et 1 après J. C. Sa famille n'était pas espagnole, mais semble avoir été originaire d'Italie du Nord. Il était le deuxième fils d'Helvia et de Marcus Lucius Annaeus Seneca (dit « Sénèque l’ancien »), un rhéteur aisé de rang équestre Gallion, son frère aîné, fut proconsul d'Achaie à Corinthe, où, selon les Actes des Apôtres, Paul de Tarse comparut devant lui en 51. Sénèque le Jeune était aussi l'oncle de l'écrivain Lucain, fils de son frère cadet.

 

Il fut le précepteur de Néron : c'est d'ailleurs lui qui composa l'éloge funèbre prononcé par Néron à la mort de Claude, comme il composa, par la suite, bon nombre des discours du nouvel empereur. Plus tard, Sénèque composa une pièce moins sérieuse sur l'apothéose de Claude : l’Apocoloquintose. Avec le préfet du prétoire Sextus Afranius Burrus, Sénèque fut l'un des principaux conseillers de Néron durant les cinq premières années du règne de l'empereur.

 

En Mai-Juin 55, il est consul suffect. En 56, il publie le De Clementia. En 58, Sénèque est diffamé par P. Suillius, qui lui reproche son immense fortune (300 millions de sesterces) acquise par ses amitiés, et sa tentative de débaucher des femmes de la maison princière. Mais le philosophe s'en tire sans dommage

Sénèque parvient à rompre le lien quasi incestueux de Néron et de sa mère, isole Agrippine et participe activement, quoique indirectement, à son assassinat en 59. « Aussi n'était-ce plus Néron, dont la monstruosité était au-delà de toute plainte, mais Sénèque que la rumeur publique condamnait, pour avoir avoué, en faisant écrire cela, le crime. » « La mort de Burrus brisa la puissance de Sénèque, parce que la politique du bien n'avait plus le même pouvoir, maintenant que l'un de ceux que l'on pourrait appeler ses chefs était mort et que Néron penchait vers les hommes du pire. Ces mêmes hommes lancent contre Sénèque des accusations variées, lui reprochant de chercher encore à accroître ses richesses, déjà immenses, et qui dépassaient déjà la mesure convenant à un particulier, de vouloir s'attirer la faveur des citoyens et, par la beauté de ses jardins et la magnificence de ses villas, surpasser même le prince. À la suite de sa mise en cause, Sénèque demande à Néron d'être relevé de sa charge d’« ami du prince » et propose de lui restituer sa fortune. Néron refuse, mais en 64, bien que Sénèque se soit retiré de la vie publique, Néron, qui a fini par le haïr, tente vainement de l'empoisonner.

En 65, il est compromis malgré lui dans la Conjuration de Pison et condamné à mourir. Il se donne la mort en s'ouvrant les veines sur l'ordre de Néron : « Ensuite le fer lui ouvre les veines des bras. Sénèque, dont le corps affaibli par les années et par l'abstinence laissait trop lentement échapper le sang, se fait aussi couper les veines des jambes et des jarrets. Bientôt, dompté par d'affreuses douleurs, il craignit que ses souffrances n'abattissent le courage de sa femme, et que lui-même, en voyant les tourments qu'elle endurait, ne se laissât aller à quelque faiblesse ; il la pria de passer dans une chambre voisine. Puis, retrouvant jusqu'en ses derniers moments toute son éloquence, il appela des secrétaires et leur dicta un assez long discours.

 Comme le sang coulait péniblement et que la mort était lente à venir, il pria Statius Annaeus, qu'il avait reconnu par une longue expérience pour un ami sûr et un habile médecin, de lui apporter le poison dont il s'était pourvu depuis longtemps, le même qu'on emploie dans Athènes contre ceux qu'un jugement public a condamnés à mourir. Sénèque prit en vain ce breuvage : ses membres déjà froids et ses vaisseaux rétrécis se refusaient à l'activité du poison. Enfin il entra dans un bain chaud, et répandit de l'eau sur les esclaves qui l'entouraient, en disant: « J'offre cette libation à Jupiter Libérateur. » Il se fit ensuite porter dans une étuve, dont la vapeur le suffoqua. Son corps fut brûlé sans aucune pompe ; il l'avait ainsi ordonné par un codicille, lorsque, riche encore et très puissant, il s'occupait déjà de sa fin. »

Sénèque est le représentant le plus complet de la doctrine stoïcienne, bien qu'il ne soit pas jugé comme le plus exact, car il n'est pas un simple interprète. Sur plus d'un point il s'émancipe et substitue à l'autorité des maîtres de la Grèce sa propre réflexion. En cela, on a pu juger qu'il était bien un Romain, « Je ne me suis fait l'esclave de personne, je ne porte le nom de personne  La théologie des poètes lui paraît également absurde et irrévérencieuse. Quant aux pratiques superstitieuses, il les condamne en deux mots : elles substituent à l'amour la crainte ; au lieu d'être un culte, elles sont un outrage. Mais la religion est alors une institution de l'Etat, institution nécessaire, et que maintenaient des hommes comme Cicéron et Varron. Sénèque s'occupe peu du polythéisme officiel : de son temps la religion, comme tous les aspects de la vie romaine, était dans la main d'un seul, et elle avait perdu beaucoup de son importance comme instrument politique. Cependant il approuve que le sage se soumette aux prescriptions de la cité, non qu'il les regarde comme agréables aux dieux, mais parce qu'elles sont ordonnées par la loi

Reste la théologie naturelle, c'est-à-dire la religion du philosophe : en quoi consiste-t-elle ? Sénèque emploie indifféremment, en parlant de la puissance divine, le singulier et le pluriel, Dieu et les dieux : c'est peut-être par un reste de respect pour la croyance populaire. Car pour lui, il n'y a manifestement qu'un seul Dieu. Mais ce Dieu se présente pour ainsi dire à l’esprit sous une foule d'aspects différents : de là les noms divers qu'il a reçus et cette espèce de fractionnement de la puissance divine en une foule d'êtres divers. « Tout nom que vous voudrez lui donner s'appliquera merveilleusement à lui, pourvu que ce nom caractérise quelque attribut, quelque effet de la puissance céleste. Dieu peut avoir autant de noms qu'il est de bienfaits émanant de lui»

Ainsi se justifient ces noms de Jupiter, de Liber, d’Hercule, de Mercure, etc. Mais il ne s'arrête pas là, il consent encore à ce qu'on donne à Dieu des noms plus larges. « Voulez-vous l'appeler nature ? Vous ne vous tromperiez point ; car c'est de lui que tout est né, lui dont le souffle nous fait vivre. Voulez-vous l'appeler monde ? Vous en avez le droit. Car il est le grand tout que vous voyez ; il est tout entier dans ses parties, il se soutient par sa propre force. » On peut encore l'appeler destin, « car le destin n'est pas autre chose que la série des causes qui s'enchaînent, et il est la première de toutes les causes, celle dont dépendent toutes les autres. », « Qu'est-ce que Dieu ? L'âme de l'univers. Il échappe aux yeux, c'est la pensée seule qui peut l'atteindre. »

 

seth le dieu maudit

Jean robin

Edition Trédaniel

 1986

Dans le désert implacable de l’Égypte antique régnait Horus à tête de faucon et Seth à tête d’Âne. Malheureusement cette dualité métaphysique se transforma de par l’incompréhension des hommes en dualité théologique et Seth fut maudit. En réalité Seth incarnait l’aspect destruction du Principe. Cet indispensable sacrificateur des apparences a vivifié avec ses 72 compagnons (Néters) une tradition secrète qui a traversé le temps et nous donne aujourd’hui une clef supplémentaire.

 

Seth est fils de Geb et de Nout, marié à sa sœur Nephtys. Lorsque son père divisa son royaume en deux pour ses fils ; alors que son frère Osiris reçoit les terres noires, Seth obtient les terres stériles et devient le dieu des déserts, de l’aridité, des ténèbres, du mal, du désordre et de la foudre. Seth n’est pas comme Osiris. Dieu guerrier, il est ambitieux, comploteur, manipulateur. Il n’aura de cesse de jalouser son frère au point de devenir assassin.

Afin de renverser son frère pour prendre ses terres, Seth mit en place un terrible piège. Son frère étant grand, il fit construire une magnifique boite à sa taille. Lors d’une soirée, il écarta Isis, la femme de son frère, ainsi que toute personne pouvant le gêner.

Il présenta alors la boite et lança un jeu : celui qui entrerait parfaitement dans la boîte en deviendrait le propriétaire. Amusé par le défi, Osiris tenta à son tour, et évidemment il y entra à la perfection. Au moment où il fut à l’intérieur, Seth fit fermer hermétiquement cette boîte et la jeta dans le Nil.

Débarrassé d’Osiris, le règne de Seth commença. Mais un jour, Seth découvrit qu’Isis avait retrouvé le corps d’Osiris et l’avait enterré. Furieux, Seth découpa le corps en quatorze morceaux et les jeta dans le Nil pensant se débarrasser définitivement de son frère. Malgré cela, Isis parvint à retrouver les morceaux et réussit à concevoir un enfant avec Osiris. Ce fils nommé Horus, l’âge venu, réclama le trône dont il était le légitime héritier. Le tribunal des dieux présidé par  fut alors convoqué. Les débats durèrent des années et les choses n’évoluaient pas car, Seth, bien qu’ayant pris par la force le trône d’Osiris, protégeait  également chaque jour le dieu Râ contre Apophis, le dieu serpent, en le combattant avec sa lance et son couteau.

Afin de trancher, Rê appelle la déesse Neith. Pour elle, le trône était à Horus aussi en échange de celui-ci, elle offrit offre deux épouses à Seth. La décision de la déesse fut alors adoptée. Mais le tribunal jugea Horus trop jeune pour être roi, et les débats reprirent. Seth se ravi de tout cela, mais c’était sans compter sur Isis. La déesse se présenta devant lui sous les traits d’une magnifique jeune femme. Seth discuta avec elle ; mais troublé, il lui avoua la légitimité d’Horus et perdit le trône.

Furieux d’avoir été trompé, Seth lança alors des défis à Horus pour désigner celui qui méritait ce trône. Ces provocations restèrent sans résultats. Râ organisa un banquet pour instaurer de nouveau la paix. Seth tenta alors de se rapprocher d’Horus et l’attira chez lui afin de le féminiser en le pénétrant, et ainsi de le mettre hors course pour le trône. Mais Horus, pour tromper son oncle, plaça ses mains entre ses cuisses pour récupérer le sperme de celui-ci.

Osiris n’étant pas intervenu jusque-là, finit par être excédé des manipulations de son frère. Dieu de la végétation, il menaça de couper les vivres à la population. Face à cette éventualité, le tribunal céda et Horus gagna le trône. Seth prit alors place dans la barque de Rê pour se consacrer à lutter contre Apophis ; placé au bout de la barque, toutes les nuits, il renvoie le dieu serpent aux confins du monde.

 

seth typhon – gÉnie des tÉnÈbres

Hippolyte boussac

Edition ARQA

 2004

« Ingrate et mauvaise, l’humanité ne tarde pas à oublier ses bienfaiteurs, mais elle garde éternellement le souvenir de ses fléaux. Tous les dieux de l’ancien monde sont aujourd’hui anéantis, les ruines de leurs nombreux sanctuaires, de toutes parts, jonchent le sol ; un seul a survécu à cette formidable hécatombe, et ce dieu est Seth-Typhon, Esprit du mal, Génie des ténèbres. »Hippolyte Boussac : Qui était donc Hippolyte Boussac (1846 – 1942), cet érudit languedocien passionné d’Égyptologie, exceptionnel dessinateur, aquarelliste, peintre, naturaliste, écrivain, ami du célèbre Gaston Maspero ?

 

Avec minutie et talent, Jacqueline Rougé, et Philippe Macia dans un avant-propos fort riche en détails biographiques redonnent vie à ce personnage si injustement oublié.
David Fabre, quant à lui, dans une préface remarquable d’érudition nous présente sa vision du Dieu Seth au regard de l’Égyptologie contemporaine et replace dans un contexte plus large la problématique ontologique du Mal telle qu’exprimée par la civilisation égyptienne.

 

 Extrait : Jaillissant violemment du ventre de sa mère, s’élançant "à travers le flanc maternel qu’il avait ouvert et déchiré en le frappant d’un grand coup, Seth manifestait, au dire de Plutarque, un caractère violent et maléfique dès sa venue au monde. Il semait du même coup le désordre et la confusion et devenait ainsi le responsable des inévitables dérèglements du monde. Seth fait partie intégrante du schéma de pensée des Égyptiens. Figure de l’imaginaire, il contribue à décrire le monde et à le comprendre. Dans le polythéisme de l’Égypte pharaonique, Seth l’Égyptien est la figure de l’autre, le fauteur de désordre, au cœur même du monde divin. Dieu violent et ambivalent, il est lié aux pays étrangers, au désert et aux régions marginales du monde ordonné. Son conflit avec Osiris et Horus traduit la lutte constante du monde sous forme compréhensible. Il tue Osiris pour s’accaparer la royauté qui revient à Horus ; mais agressif et batailleur il rend service au dieu soleil en pourfendant le serpent Apophis.

 

L’ambivalence de Seth apparaît dans son animal fabuleux, d’espèce indéterminée, recomposant fantastiquement les traits d’une ou plusieurs créatures et qui est une manière d’écrire la nature et la fonction du dieu. Il est le "dieu de la confusion" dont l’animal sert de déterminatif à "fureur", "orage", "tempête" etc., et sa voix n’est autre que le roulement du tonnerre qui dompte les plus dangereux. Seth, violent et impulsif, provoque et maîtrise les orages et les intempéries. Si sa naissance marque le "début de la confusion", Seth fait partie de l’Ennéade d’Héliopolis. Son combat contre Horus exprime la dualité du monde : Horus est le Seigneur de Basse-Égypte et Seth est le Seigneur de Haute-Égypte. Cette bipartition Nord-Sud se double d’une bipartition Est-Ouest, celle de la vallée du Nil et des contrées étrangères. La terre noire inondée par le Nil, dotée de limon fertile sur laquelle le pharaon a en principe autorité, s’oppose à la terre rouge, le désert, contrée vaste et désolée, habitée par des étrangers et dont le pharaon revendique la suprématie.

 

Horus et Seth participent à l’idéologie pharaonique : le roi unit en sa personne les deux dieux en lutte incessante, qui trouvent un équilibre en lui. S’il est un dieu dangereux et un agent de mort, Seth est aussi le maître de plusieurs grandes villes, un des patrons de la monarchie et l’auxiliaire du soleil dans sa lutte contre Apophis : la bataille, la confrontation constante, la confusion et la remise en cause de l’ordre établi, actions dans lesquelles s’engage Seth, sont les caractéristiques nécessaires du monde existant et du désordre limité qui est essentiel à un ordre vivant. L’obsession de certains à voir dans la civilisation égyptienne une société résolument tournée vers la mort et par la même occasion à voir en Seth l’impardonnable meurtrier d’Osiris, dieu des morts, a donné une vision déformée du dieu.

 

La proscription du dieu, manifeste à la Basse Époque, est sensible dans tous les textes funéraires, pratiquement dès les origines. L’image d’un dieu absolument honni, proscrit en tout et partout est fausse. Elle oblitère, en tout cas, plus de deux millénaires de son histoire et méconnaît les indices d’un rôle positif, nécessaire de celui-ci, décelables jusqu’à la fin du paganisme. Certains ont vu en Seth le trublion, le mal nécessaire, d’autres une sorte de Caïn, premier meurtrier condamné à l’errance.. Mais Seth est ce dieu qui se situe toujours (…).

 

SOCRATE

Jean BRUN

Edition PUF

 1995

Le célèbre « connais-toi toi- même » fait toujours autant couler d’encre. La pensée de Socrate est expliquée ainsi que son œuvre et sa vie.

 

Socrate est un philosophe né à Athènes en 470 av. J.-C. Il était le fils d'un sculpteur nommé Sophronisque et d'une sage-femme nommée Phénarète. Il fut lui-même sculpteur, puis il s'adonna tout entier à la philosophie. Il suivit les leçons du géomètre Théodore de Cyrène, de Prodicus et d’Archelausl se fit d'abord remarquer par l'originalité de ses discours et de sa manière de vivre. Il allait nu-pieds, résistait à la soif et à la faim, bravait le froid, arrêtait-les hommes, les jeunes gens dans la rue, les interrogeait et causait; avec eux.

 

Ce fut une sorte d'apôtre qui  rêva de ramener ses concitoyens à la vertu et de réorganiser sa cité, de la rendre plus grande, plus forte et plus éclatante. Il  fut aussi mystique.  « Je n'ai qu'une petite science, dit-il, la science de l'amour. »Il crut avoir reçu la mission spéciale de réformer ses compatriotes, et se vit bientôt entouré d'un grand nombre de jeunes gens qu'il formait par ses leçons.

Remplissant tous ses devoirs de citoyen, à la guerre comme à la paix, il se distingua par son courage en plus d'une occasion, notamment à Tanagre, à Potidée, où il sauva la vie d'Alcibiade, à Délium, où il sauva également la vie à Xénophon, il donna l'exemple de toutes les vertus, soit publiques, soit privées, et se signala par son désintéressement, sa générosité, son égalité d'âme : on sait que sa femme Xantippe mit plus d'une fois sa patience à l'épreuve : il mérita enfin d'être proclamé par l'oracle de Delphes le plus sage des humains.  Subtil et railleur, son éloquence s'élevait sans efforts et trouvait d'irrésistibles accents. Il se fit ainsi de nombreux ennemis, à la tête desquels étaient les Sophistes et les partisans des vieilles croyances, les démagogues, et le peuple qui ne le distinguait pas des adversaires qu'il combattait. C'est ainsi qu'Aristophane l'attaqua dans sa comédie des Nuées, dès  424.  Ses hardiesses politiques achevèrent de le perdre. II ne ménageait ni Thémistocle no Périclès. 

En 406, il déplut déjà à ses concitoyens en, refusant, de mettre aux voix, comme prytane, la mort des généraux qui avaient combattu aux Arginuses. Plus tard, il résista encore aux trente tyrans. Mais la réaction démocratique trouva en lui un ennemi, et il fut accusé par Melitus, un poète obscur, Lycon, un orateur politique, Anystus, un corroyeur, personnage puissant et populaire, de corrompre la jeunesse et de mépriser les dieux.  Il refusa de se défendre, et fut, malgré son innocence, condamné à boire la ciguë. Il aurait pu se sauver; ses amis lui offrirent les moyens de s'évader, mais il repoussa leurs offres, ne voulant pas désobéir aux lois. Il subit la mort avec résignation (400) au milieu de ses disciples en les entretenant de l'immortalité de l'âme. Platon a raconté ses derniers moments dans le Phédon.  Ce philosophe disait avoir un génie particulier qui le dirigeait dans sa conduite : on ne sait si c'était là une ruse employée pour donner plus de poids à ses conseils, ou si ce n'était pas plutôt une illusion qui lui faisait prendre pour une inspiration divine les aperçus rapides et sûrs de sa conscience ou de sa haute raison. 

Socrate marque dans l'histoire de la philosophie une époque nouvelle : il détourna les philosophes des spéculations oiseuses ou trop élevées auxquelles ils s'étaient livrés jusqu'à lui, et les engagea à ne s'occuper que de l'humain et de la morale;  il combattit les Sophistes qui discouraient sur toutes choses et prétendaient ne rien ignorer.  Il créa la science de la morale, distingua les différentes sortes de vertus (prudence, tempérance, force, justice), et recommanda la pratique du bien comme le plus sûr moyen d'arriver au bonheur. Il employait dans ses entretiens une méthode d'interrogation connue sous le nom d'ironie socratique, qui lui servait  à instruire ses disciples en leur faisant découvrir par eux-mêmes des vérités qui étaient cachées dans leur intelligence : il se disait en cela l'accoucheur des esprits. Du reste, il ne tenait pas d'école proprement dite et ne recevait, aucun salaire.

Socrate compta parmi ses disciples Xénophon, qui se borna à reproduire fidèlement ses doctrines; Platon, qui créa un système entier de philosophie; Antisthène, père des Cyniques; Aristippe, qui prêcha une morale relâchée; Phédon, Euclide, Criton et une foule d'autres. Xénophon nous a conservé dans ses Memorabilia de précieux détails sur Socrate; Platon le met en scène dans tous ses dialogues; l'Apologie, le Criton et le Phédon nous font bien connaître les derniers moments du philosophe. La Vie de Socrate a été écrite par Diogène Laerce, dans l'Antiquité; Plutarque a laissé un petit traité Du démon de S., sujet traité de nos jours par Lélut, 1856. La mort de Socrate a fourni le sujet d'une tragédie à Sauvigny, d'un poème à Lamartine (1823), et de beaux tableaux à David etc

Philosophie de Socrate : Socrate n'a rien écrit. Nous ne connaissons sa doctrine que, par les théories que Platon lui fait exposer dans ses dialogues et par ce que nous en dit Xénophon. Mais Platon est suspect de lui prêter le plus souvent ses propres idées, tandis que Xénophon, plus exact, ne paraît pas s'être rendu compte de la portée et de l'élévation de la doctrine de son maître. Il est nécessaire de contrôler ces deux sources de témoignages à l'aide des assertions et des jugements précis d'Aristote.

Les premiers philosophes avaient voulu connaître tout l'univers. Socrate est plus modeste, il veut que l'humain se tourne d'abord vers lui-même et qu'il apprenne à se connaître. « Connais-toi toi-même », disaient déjà les Sept sages (on attribue la formule à Chilon), telle est aussi la première maxime de Socrate. La vérité est en nous, il suffit de la découvrir. Les sophistes tranchaient toutes les questions; « Tout ce que je sais, dit Socrate, c'est que je ne sais rien. » Mais connaître son ignorance, c'est être capable de discerner le vrai du faux. Le « connais-toi toi-même » donne naissance à une double méthode : l'une qui nous délivre de l'erreur, et l'autre qui nous apprend à trouvera la vérité. L'une est l'ironie, l'autre est la maïeutique. 

Grâce à l'ambiguïté du langage, à la confusion des mots, les Sophistes avaient la prétention de montrer que tout est à la fois possible, et impossible, que tout est vrai et que rien n'est vrai. Socrate n'accepte les termes qu'après examen. Il exige que son adversaire les entende lui-même. Il lui oppose des exemples qui restent en dehors d'une définition hâtive, ou bien il feint de se livrer et finit par faire tomber son interlocuteur dans l'absurdité et par lui faire avouer qu'il est dans l'erreur et qu'il ne sait pas. C'est la méthode d'ironie.

Mais l'âme est ainsi préparée, à connaître la vérité. Il s'agit de l'accoucher de la vérité dont elle est grosse, car la science ne se donne pas. Le maître ne la transmet pas à son disciple; il ne peut que l'aider à la découvrir en lui-même. « Le métier que je fais, dit Socrate dans le Théétète de Platon, est le même que celui des sages-femmes, à cela près que j'aide à la délivrance des hommes et non des femmes, et que je soigne non les corps, mais les âmes en mal d'enfant. » C'est la maïeutique

 

symboles & couleurs dans le tarot des hiÉroglyphes

feller & morel

Edition Scriban

 2001

Ce livre donne une interprétation fine des différentes couleurs utilisées par les scribes de l’ancienne Égypte et reprise par le tarot des Hiéroglyphes. Une belle approche symbolique des couleurs.

 

Dans l’Egypte ancienne, l’apparence extérieure exprimait ce qui était à l’intérieur, les hiéroglyphes avaient à la fois une valeur phonétique et symbolique, les mots avaient un pouvoir créateur (comme le Verbe chrétien), comme on  peut le voir dans la cosmogonie d’Hermopolis (Thot crée les dieux par sa parole…).

 

Il arrive cependant que ces couleurs varient pour les dieux, selon l’aspect de la divinité que l’on souhaite représenter  : ainsi, les chairs d’Amon peuvent être représentées en or, symbole solaire, ou en bleu, couleur du ciel ; les statues d’Osiris sont parfois peintes en vert, couleur de la putréfaction et de la renaissance végétale, ou en noir, la couleur de la terre limoneuse du Nil (« Kemi » ou « Kemet » désigne à la fois la couleur « noir », la « terre » noire », l’Egypte et les Egyptiens eux-mêmes). La représentation picturale est codifiée : à chaque être sa couleur, à chaque couleur sa signification. Ainsi, les hommes sont représentés de couleur rouge brique et les femmes en jaune-brun (comme en Crète), la double couronne d’Egypte est représentée en blanc et en rouge pour symboliser la Haute et la Basse Egypte…

 

Dès la IVe dynastie (2613-2494 av. J.-C.), on a retrouvé les traces du pigment bleu sur les stèles, sarcophages, papyrus, la décoration des temples… Le « bleu égyptien » a été la première couleur que les Egyptiens aient réussie à synthétiser, ce qui explique la double signification de la graphie irtyw. On la retrouve ensuite dans la toute la Méditerranée, comme sur les fresques de Pompéi.Généralement, les Egyptiens utilisaient des minéraux disponibles sur leur territoire. La technique utilisée est aujourd’hui perdue, mais des recherches effectuées par Sandrine Pagès-Camagna sur des pains de pigments égyptiens ont permis de redécouvrir la « recette » de cuisson d’un mélange de silicium, de calcium et de cuivre avec un fondant sodique pour obtenir du vert et du bleu.

 

symboles de l’Égypte

Desroches noblecourt

LIVRE DE POCHE

 2008

L’étoile Sothis et l’omniprésence du fleuve, les pyramides et le Dieu Soleil, les momies et Amon le caché…


Les symboles de l’Égypte n’en finissent pas de peupler notre imaginaire, mêlant les mythes et les figures divines. Car, s’ils continuent de fasciner autant notre Occident par ailleurs si rationnel, c’est qu’ils touchent directement aux mystères de la vie et de la mort, du réel et de l’au-delà.


Christiane Desroches Noblecourt, qui a dirigé le département égyptien du musée du Louvre et de nombreux chantiers de fouilles, connaît cet univers mieux que quiconque. En descendant le Nil, elle nous invite à le découvrir, étape par étape. Un passionnant voyage, qui réserve plus d’une surprise…


On y trouve :

Le Nil des origines
• Abou Simbel, la porte du royaume
• La Nubie, un monde englouti
• Philae, le nid de l’oiselle
• Assouan, au seuil de l’Afrique
• Les temples des dieux à figure animale
• Thèbes aux mille portes
• Thèbes, la montagne de la résurrection
• Thèbes, les temps de millions d’années
• Dendérah, le baiser du soleil
• Abydos, le tombeau d’Osiris
• Amarna, la ville où les dieux tombèrent du ciel
• Memphis, au pied des pyramides
• Le Caire : un musée hors du temps
• Le delta des origines et des aboutissements

19 T

titus flaminius – le mystÈre d’Éleusis

J.F. nahmias

Edition ALBIN MICHEL

2005

Titus FLAMINIUS, jeune praticien romain, part suivre en Grèce les cours de l’Académie, la prestigieuse école fondée par Platon. Il aimerait aussi être initié aux Mystères d’Éleusis, cérémonies secrètes liées au mythe de Déméter.

Mais le meurtre d’une jeune fille, au cours d’une célébration religieuse, l’entraîne dans une aventure étrange et inquiétante.


Dans ce pays béni des dieux, berceau des arts et de la pensée, Titus Flaminius poursuit sans relâche un meurtrier insaisissable, lors d’une enquête où la vie et la mort se côtoient à chaque instant.

 

toutankhamon

Christine desroches noblecourt

Edition PYGMALION

 1977

Très belle iconographie et très bonne explication sur Toutankhamon par cette égyptologue de grand renom.

 

Toutankhamon est sûrement le Pharaon le plus connu à travers le monde. Son seul nom évoque la grandeur et la richesse de l’antique pays. Roi mythique en raison du fabuleux trésor découvert par Howard Carter en 1922, nous vous proposons de découvrir la courte existence de celui qui était destiné à devenir le symbole de toute une civilisation. A partir de –1378 avant JC, c’est Akhenaton qui règne sur l’Egypte. Avec sa femme, la belle Néfertiti, il instaura le culte d’Aton. L’Egypte qui comptait alors de nombreux dieux se voit contrainte au monothéisme.

 

 Le clergé d’Amon oppose une résistance mais Akhenaton, pour célébrer la toute puissance du disque solaire Aton, fait construire une ville à Tell el Amarna et martèle le nom d’Amon sur tous les monuments. Akhenaton et Néfertiti n’eurent que des filles. L’aînée, Méritaton, âgée de quinze ans à la mort de son père, est mariée à Smenkhérê. Ce dernier mourut très tôt laissant le trône vacant. La seconde fille, Makétaton mourut sous le règne d’Akhenaton. La troisième, Ankhsenpaaton, avait épousé Toutankhaton, celui qui devait prendre par la suite le nom de Toutankhamon. 


Toutankhaton, tout comme sa femme, est âgé de 10 ans tout au plus lorsqu’il devient Pharaon. Très jeune et par conséquent très influençable, le nouveau roi est assisté par le personnage le plus important de la cour : le prêtre Ay.

Nous ne savons que très peu de chose sur le règne de l’enfant roi ; mais toujours est-il qu’il abandonna le dogme du Pharaon hérétique et restaura le culte d’Amon. L’antique cité du Soleil à Tell el Amarna est désertée. Thèbes et Memphis regagnent alors leur toute puissance. C’est ainsi qu’il prend le nom de Toutankhamon qui signifie "image vivante d’Amon" et sa femme le nom de Ankhsenamon. Il existe une stèle au musée du Caire qui parle des restaurations entreprises par le jeune roi : "J’ai trouvé les temples en ruine, les naos brisés et les cours envahies par les herbes. J’ai restauré les sanctuaires, j’ai reconstruit les temples et je les ai dotés de toutes sortes de trésors. J’ai fait dresser, pour honorer les dieux, des statues en or et en électrum, décorées de lapis-lazuli et de pierres fines".

 

Mais Toutankhamon, après neuf années de règne, meurt. L’examen de sa momie révèle une blessure dans la région de l’oreille gauche qui peut faire croire à une hémorragie cérébrale. Mort tragiquement à seulement dix neuf ans, Toutankhamon laisse seule sa femme Ankhsenamon, qui, très jeune, n’a pas eu d’héritier. Il semble que les deux fœtus retrouvés dans la tombe du souverain soient des enfants mort-nés. N’ayant pas d’héritier et ne souhaitant pas céder le pouvoir à une autre reine, Ankhsenamon entreprend de s’adresser au prince hittite afin qu’il lui envoie un de ses fils qui deviendra de ce fait le nouveau maître d’Egypte. Malgré les supplications de la jeune veuve, le roi hittite est méfiant et hésite longuement. Finalement il envoie le prince Zannanzach…mais celui-ci n’arrivera jamais. A partir de ce moment nous ne savons pas ce qu’il advient d’Ankhsenamon. C’est Ay, le corégent de Toutankhamon, qui devient le nouveau Pharaon. Il régna quatre ans avant de laisser le trône au général Horemheb. Celui-ci n’ayant pas d’héritier, il laissera le pouvoir à un autre militaire qui fonda la dynastie des Ramsès.

 

toute-puissance de l’adepte

J.Ch. mardrus

Edition PARDES

 2000

Ce livre de la Vérité de parole est une transcription des hauts textes initiatiques de l’Égypte.

« Les textes enfermés dans ces pages sont à la base de toutes les civilisations. Rien ne leur est antérieur. Ils sont les sources. Ce qu’il y a de plus élevé dans la pensée des Sages de tous les temps n’est qu’un reflet de leur enseignement. Ils sont la Genèse, la Première Genèse, celle dont les racines plongent et se nourrissent dans le Grand Mystère. »
(Joseph-Charles Mardrus)


Ces textes nous révèlent quelle certitude, mourant, il convient d’avoir su acquérir ; comment savoir qu’à partir du moment où l’Officiant « juste de voix » aura accompli avec la Momie la cérémonie de l’Ouverture de la Bouche, une vie nouvelle, infiniment plus durable, sera infusée à jamais, comme elle le fut autrefois au divin Osiris, le Premier des Ressuscités.


Il s’agit d’un apprentissage, sur terre, en vue de la « justification » de soi dans l’Au-delà.

 

Or, pour chacune des Douze Portes solaires qui ouvrent sur les perspectives spirituelles, le docteur Mardrus a en outre donné une brève exégèse, en guise d’une sorte de « Sésame, ouvre-toi » du Temple Secret.

  

trois mystiques grecs : orphÉe, Pythagore, empÉdocle

Simonne JACQUEMARD

Edition Albin Michel

 1997

Ce livre nous fait suivre le destin de la Grèce antique à travers trois grandes figures d’initiés – Orphée de Trace, Pythagore de Samos et Empédocle d’Agrigente.

 

Nous y retrouvons les sources philosophiques et spirituelles de cet âge d’or. Les confréries orphiques avec leurs petits et grands mystères, tous les rites et fêtes qui ponctuaient la vie de la Grèce.

Les enseignements philosophiques et les légendes qui ont façonnés l’histoire durant et depuis 3 000 ans.

Tous les textes témoignent de traditions diverses touchant un personnage du nom d’Orphée. Fils de la muse Calliope (poésie), il a pour père tantôt le roi de Thrace Œagre, tantôt Apollon, conducteur des Muses. Orphée pour tous est le plus grand poète, chanteur et musicien de tout le monde méditerranéen. Il a reçu d’Apollon la lyre à 7 cordes et il en rajouta deux, pour correspondre au nombre des 9 Muses. Il pouvait par sa musique charmer les animaux et ramener les morts des Enfers. Il voyagea en Égypte, où il fut initié au culte d’Osiris, puis s’installa en Thrace, où il épousa Eurydice. Mais celle-ci mourut, mordue par un serpent. Orphée obtint de Zeus de descendre aux Enfers et de la ramener à la vie ; mais il avait interdiction de se retourner tant qu’il n’aurait pas quitté les Enfers. Parvenu à la porte, il s’est retourné, et Eurydice s’est évanouie à ses yeux pour toujours. Il l’avait charmée, mais ne l’avait pas aimée assez.

Il veut alors expier, et mène une vie d’abstinence volontaire : il connait une mort terrible, déchiré par les jeunes femmes thraces (ou les Ménades, sectatrices de Dionysos) dont il dédaignait l’amour. Selon une autre légende, rapportée par Eschyle dans sa tragédie perdue, les Bassarides, il se rendait chaque matin sur le sommet du mont Pangaios en Laconie pour adorer Apollon, dieu-soleil ; pour le punir, Dionysos l’aurait fait dépecer par ses Ménades.

Sa tête, jetée dans l’Hébron, alla jusqu’à la mer et s’échoua sur la plage de Lesbos ; recueillie et transportée dans un lieu protégé, elle se mit à proférer des oracles.

Il laissait aux hommes, outre sa musique, sa poésie, toutes les formules d’incantation et des rites d’initiation inspirés des mystères d’Osiris. Il est le patron de tous les initiés. On trouve donc, dans le personnage d’Orphée, la triple intrication d’Apollon, Dionysos et Osiris – les deux derniers ayant la particularité d’être des dieux morts par dépeçage, et ressuscités. Orphée est très lié aux cultes à mystères ; on comprend donc qu'il soit relativement peu présent dans la littérature grecque, surtout en ce qui concerne l'épisode de la descente aux enfers – qui évoque les épreuves des initiés.

19 U-V

VOYAGE  DANS  LA  BASSE  ET  HAUTE  ÉGYPTE

VIVANT   DENON

Edition PYGMALION

 1990

Publié en 1802, cet ouvrage révéla les antiquités égyptiennes aux Français. Il connut dès sa parution un succès énorme (plus de 40 éditions). Vivant Denon, son auteur, est l’un des personnages les plus attachants de la fin de l’Ancien Régime et de l’Empire. Epicurien, ami des arts, il participa, âgé de plus de cinquante ans, à l’expédition de Bonaparte en Egypte. Chargé de recenser et de dessiner les monuments pharaoniques décrits jusque- là de manière fragmentaire ou fantaisiste, indifférent aux dangers, il écrivit d’une plume alerte, pétrie d’humour et de sensibilité, son récit de voyage.

 

Les quelques 1000 dessins que Denon réalisa (dont quelques- uns sont dans ce livre) furent à l’origine de ce que l’on a appelé « L’égyptomanie » et attirèrent sur les rives du Nil un grand nombre de voyageurs et de savants dont Jean-François Champollion. Cet homme exceptionnel, fondateur du Musée du Louvre moderne, nous livre ses impressions de voyage à travers cette Egypte mystérieuse qui ne demandait qu’à se faire découvrir. Un grand voyage de rêves dans le temps.

 

Mot dérivé de l'égyptien pa-sekhemty, qui signifie les « deux puissantes ». C'est le nom de la double couronne qui symbolise l'union de la Haute-Égypte et de la Basse-Égypte et qui était portée par le roi des « deux pays ». Le pschentLe pharaon faisant une offrande au dieu crocodile Sobek est composé de la couronne rouge qui était la couronne du pays du delta, et qui était placée sous la protection de la déesse de l'ancien royaume du delta Ouadjit « la Verte », déesse cobra fréquemment représentée ; l'autre partie de la double couronne, la couronne blanche, était placée sous la protection de la déesse vautour Nekhbet, déesse de Nekheb, ancienne capitale du royaume de la Vallée. Le premier roi à avoir rendu possible le rassemblement des deux couronnes est le roi Menès, que l'on a parfois identifié avec le roi Narmer. Si les couronnes s'appellent les « puissantes » en égyptien, c'est que les pharaons, intermédiaires entre les hommes et les dieux, étaient revêtus d'attributs surhumains par le pouvoir magique que leur communiquait la couronne, véritable être divin, et le roi pouvait faire l'objet d'un culte avec ses prêtres. Il existe toute une série d'hymnes adressés aux couronnes.

 

19 Y

 

ziggurats & tour de babel

 André parrot

 Edition ALBIN – MICHEL

 1949

Peu de monuments mésopotamiens sont plus énigmatiques que les ziggurats. Ce sont les premiers qui frappèrent les voyageurs et ceux-ci, avec une étonnante perspicacité, y reconnurent immédiatement la « Tour de Babel » de l’Écriture. Mais la Bible ne parlait que d’une tour. Il fallait donc faire un choix parmi les ruines des bords de l’Euphrate ou du Tigre. Les premiers explorateurs n’y manquèrent pas.


Avec les archéologues, le problème a été à nouveau posé mais en même temps singulièrement élargi. Dans ces amas gigantesques de briques cuites ou crues, identifiés avec des ziggurats, on voit des édifices en relation avec la religion. L’étude présente se propose non seulement de préciser l’aspect architectural de ces tours mais aussi de mieux comprendre leur fonction culturelle. Beaucoup sans doute demeure matière à contestation et à hypothèse mais l’essentiel est certainement acquis.


Le vieux problème de la « Tour de Babel » s’en est trouvé renouvelé, car par delà les formes visibles, on rencontre la dogmatique qui inspira les constructeurs babyloniens et cette dogmatique n’est pas sans présenter quelque nuance avec celle qui se dégage de la lecture du chapitre onze de la Genèse.
Les Ziggourats, bien qu'élevées sur un modèle identique, ne le sont au final pas: trois à sept terrasses les unes sur les autres dont la surface diminue à chaque étage formant des niveaux et supportant un Temple, par lequel on peut accéder en utilisant deux corridors latéraux parallèles à la base et un vaste escalier central perpendiculaire.

La Ziggourat possède une base carrée ou rectangulaire sur laquelle repose une large terrasse servant de fondation. Le Temple qui surplombait l'édifice était aussi appelé "gigunu"; mais le temps et l'érosion les firent disparaîtrent, tant et si bien qu'il est difficile de dire aujourd'hui d'affirmer qu'ils étaient ou non au sommet de chaque Ziggourat.

 

Les édifices étaient bâtis dans le matériau classique utilisé par la Civilisation de Mésopotamie : la brique d'argile; qui peut être soit carrée soit rectangulaire, disposée de chant ou à plat, suivant les types d'appareils (en boutisse ou en panneresse). Le coeur des Ziggourats était fait de briques crues, enrobé d'un coffrage de briques cuites (plus solides et imperméables). Les escaliers et les sols des niveaux étaient aussi constitués de briques cuites. Les murs possédaient souvent un décor extérieur de pilastres (support carré décoratif adossé à un mur porteur) et de redents (éléments saillants d'un mur ou d'une paroi).

Ces constructions représentant des millions de briques nécessitèrent à l'époque la mise au point de nouvelles techniques d'ingénierie et l'emploi d'une importante main d'oeuvre (utilisation de bitume à la base des édifices, système d'évacuation des eaux de pluie, technique de couches de roseaux placées à intervalles identiques entre les briques pour contrer les glissements, ancrage de cordes de roseaux tressés, mise en place de tunnels permettant l'assèchement du massif de briques).

La hauteur de la Ziggourat pouvait atteindre jusqu'à environ 70 mètres (Ziggourat de Dur-Kurigalzu) et dominait la ville. Celle-ci était très souvent située au coeur de la cité, comprenant généralement d'autres édifices politiques et religieux : c'est le "Quartier Sacré". La Ziggourat de Babylone, nommée dans la Bible "Tour de Babel", est décrite dans le Récit de la Genèse; et relate les paroles des Babyloniens :"Allons ! Bâtissons-nous une cité et une tour dont le sommet touchera le ciel". 

L'aspect symbolique, monumental et religieux de la Ziggourat revêtait pour le Roi une importance toute particulière; lui conférant notamment gloire et prestige. Matérialisant pour les mortels un lien divin entre le ciel et la terre, la Ziggourat avait donc une fonction politique, culturelle et  mystique. Le nom de celle de Larsa "Eduranki" se traduit par "Maison-lien du Ciel et de la Terre", celle de Borsippa "Euriminankia" signifie "Maison des Sept sages du Ciel".

Le Temple haut comportait en outre certaines fois des statues de divinités, comme à Babylone (Sanctuaire de Marduk). Les Ziggourats, comme le peuple qui les a érigés, finirent par dépérir puis progressivement, faute d'entretien, tomber en ruines, à partir de la période Parthe (environ 100 A.C.). Certaines comme celle de Nippur furent transformées en forteresse sous l'égide des Parthes. Malgré L'Epreuve du Temps, quelques-unes sont parvenues jusqu'à nous, forçant ainsi respect et admiration aux visiteurs du XXIème Siècle...Très beau voyage dans le temps chez Nabuchodonosor à Babylone, en Assyrie et dans tout le Moyen Orient là où temples et ziggurats étaient inséparables.

Très nombreuses iconographies avec les explications architecturales, archéologiques, littéraires, épigraphiques et dogmatiques de ces fameuses ziggurats.

 

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