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Chapitre 19    A - K     Égypte - Grèce - Moyen Orient

 

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AINSI   ÉTAIT   ZARATHUSTRASON HISTOIRE – SA PERSONNALITÉ – SES INFLUENCES

 LIONEL  DUMARCET

 ÉDITION  DE  VECCHI 

 2000

En Occident, nous connaissons surtout Zarathustra grâce au philosophe allemand Friedrich Nietzsche qui, dans un de ses plus célèbres ouvrages, en a fait une figure éternelle de l’amoraliste, maître du rire philosophique.

 

Mais qui était véritablement Zarathoustra ? Prophète du mazdéisme (on dit aussi zoroastrisme), religion des anciens Iraniens vouée au culte d’Ahura Mazda, Zarathustra a vécu vers 1000 ou 1200 ans avant Jésus- Christ.

 

Son histoire nous a été transmise par les livres sacrés de l’Avesta où sont consignés ses préceptes sut l’art et la manière de vivre dans le culte de Ahura Mazda, père du cosmos et principe du bien, et comment l’aider dans son combat face au principe universel du mal : Angra Manyu.

 

Aujourd’hui, le mazdéisme est encore pratiqué par quelques centaines de milliers de personnes, les Parsis en Inde, les zardouchtis en Iran, et aussi dans le monde occidental. C’est en outre l’une des cinq religions officiellement reconnue par les autorités iraniennes.

L’auteur nous fait découvrir cette religion en développant :

Zarathustra et l’Avesta- la sacralisation de la vache- le monde des Gatha- le pays des Arya- le conflit entre les sédentaires et les nomades- l’évolution de la pensée religieuse dans l’Iran ancien – le Mazdéisme- Qui était Ahura Mazda ? – Haoma et Soma- le Vivevdat- les lieux- les pérégrinations des adeptes et leur dissémination en Inde et ailleurs (diaspora)- les éléments du culte (le feu, les sacrifices, les rites)- Eschatologie- Vie ,mort et mythe de Zarathustra- l’époque des Achéménides, des Parthes et des Sassanides- les Parsis- les guèbres- Dans la littérature occidentale ont écrit sur Zarathustra : Montaigne, Montesquieu, Voltaire, Victor Hugo, Jules Verne et bien sûr Nietzsche.
 

Zarathoustra père fondateur du zoroastrisme : Le nom Zarathoustra signifie « celui à la lumière brillante » ; c’est le nom avestique de Zoroastre, prêtre, prophète et fondateur du zoroastrisme, l’ancienne religion perse. Le zoroastrisme est une réforme du mazdéisme, réforme prophétisée par Zarathoustra, dont le nom a été transcrit Zoroastre par les Grecs (Ζωροάστρης, Zōroastrēs). Cette réforme, fondée au cours du Ier millénaire avant J.C. dans l’actuel Kurdistan iranien (Iran occidental), est devenue la religion officielle des Perses sous la dynastie des Sassanides (224-651), jusqu’à ce que l’islam arrive, même si cette religion a réussi à se fondre dans le patrimoine culturel iranien. En effet, les iraniens indépendamment de leur religion, accordent beaucoup d’importance aux fêtes zoroastriennes. Nous savons que tout au long de l’histoire, les adeptes de la religion zoroastrienne se verront affublés de l’appellation aussi approximative que restrictive d’« adorateurs du feu », que cela soit en grec pursolatreia, en lat. ignicoles, en arménien moxrapašt3 « adorateurs de cendres », ou encore en persan moderne ātaš parast.

 

Les Parsis : La plupart des Perses se convertirent à l’Islam mais le culte zoroastrien persista chez les Guèbres, au centre du plateau iranien, à Yazd et Kerman. Cependant, de nombreux Persans s’installèrent en Inde, tout particulièrement à Bombay. Ils contribuèrent à développer la ville qui devint leur centre religieux. Ces Persans y furent appelés Pârsîs. Il existe d’autres petites communautés parsies aux États Unis et dans le monde anglo-saxon. Leur population décroît cependant régulièrement partout car les Pârsîs refusent les conversions et pratiquent un mariage obligatoire strictement endogamique.

 

La place du feu dans le culte zoroastrien : Pour le comprendre, il faut savoir que le feu fait l’objet d’une représentation idéologique complexe et solidement élaborée, qui s’est transmise depuis la préhistoire jusqu’ à nos jours. Ces textes sont principalement mis par écrit dans deux langues : l’avestique, langue de l’Avesta, et le moyen-perse, langue des commentaires de l’Avesta et ancêtre du persan moderne. On peut en compter au moins cinq rôles et représentations sacrées du feu : 1. le feu cosmique ; 2. le feu divin ; puis deux feux terrestres : 3. le feu rituel et 4. le feu domestique ; et enfin 5. le feu de l’ordalie. Comment maintient-on un feu ? Les textes moyen-perses attestent à plusieurs reprises que le feu, dans sa forme corporelle, doit recevoir trois choses : zōhr « libation », bōy « l’encens », et ēsm « combustible », du grenadier de préférence car il brûle lentement, ou à défaut, de l’abricotier ou du pistachier, bien que les Parsis préfèrent l’acacia (babul tree). Dans le rituel d’aujourd’hui, seules les offrandes d’encens et de bois sont encore conservées.

 

L’ordalie par le feu : Comme la plupart des grandes religions, le zoroastrisme est une doctrine du salut et l’on aspire avant tout au bonheur eschatologique. Mais contrairement à ces religions, le séjour au paradis ou en enfer n’est pas éternel. 12000 ans après la création, les morts seront ressuscités et rejoints par leurs âmes. Cette réunification donne lieu à une nouvelle existence corporelle nommé Tan ī Pasēn « le Corps Futur ». Puis, il y a une intervention du feu : tout l’univers est immergé dans une rivière de métal fondu pour une ultime purification avant de se fondre pour l’éternité dans la lumière d’Ahura Mazdâ.

 

Les tours du silence : Les zoroastriens n’enterrent pas leurs morts : le corps est impur, il ne faut pas souiller la terre nourricière. Les dépouilles des défunts sont placées dans des tours, où ils sècheront au soleil et seront déchiquetés par les oiseaux de proie. Le sol de la tour est couvert d’un dallage de pierre, afin de protéger la terre de toute souillure. Seuls les os (ou ce qu’il en reste) pourront être ensevelis dans le trou circulaire situé au milieu de la tour. Cette coutume funéraire est encore pratiquée en Inde (à Bombay) mais interdite en Iran. Le temple actuel de Yazd (photo ci-dessus) a été construit dans les années 1930 selon le modèle architectural des Parsis d’Inde (la construction a d’ailleurs été possible grâce à leurs dons) et le feu peut y être aperçu par les fidèles ou les touristes à travers une vitre. Yazd est encore le lieu de vie et de culte des zoroastriens en Iran.

 

ainsi parlait zaratousthra

 

Edition J. de Bonnot

 1986

Zarathoustra (aussi orthographié Zoroastre) est un grand penseur du monde antique. Il serait né dans une région correspondant à l'Iran ou à l'Afghanistan actuels, au VIIe siècle av. J.-C. Il est le créateur du zoroastrisme, une religion monothéiste. On sait peu de choses de ce personnage considéré comme un prophète et à l'origine de nombreux mythes. Zarathoustra se battit notamment contre le culte de dieux multiples et pour une foi plus pure, centrée autour de la lutte entre le bien et le mal. Selon Zarathoustra, il y a en tout homme une part de bien et une part de mal, et que c'est à chacun de choisir le côté du bien. Selon la légende, il aurait été assassiné à l'âge de 77 ans, alors qu'il était en plein recueillement.

L'Europe découvre les idées de Zarathoustra à la fin du XVIIe siècle. Les sages des Lumières notamment s'intéressent de près au zoroastrisme, qu'ils considèrent comme une forme de déisme éclairé contrairement au catholicisme, considéré comme beaucoup trop dogmatique. Le nom de Zarathoustra est devenu célèbre grâce au livre du philosophe allemand Friedrich Nietzsche, intitulé "Ainsi parlait Zarathoustra", où il parle de ce personnage de façon parodique. Le compositeur Richard Strauss utilise aussi ce titre pour intituler l'une de ses oeuvres, "Also Sprach Zarathustra". Cette musique est notamment célèbre pour avoir été reprise dans le film "2001, l'Odyssée de l'espace", de Stanley Kubrick.

 

Zoroastre a vécu il y a 2500 ou 3000 ans. Les dates de 628 à 551 avant J.C. ou 630 à 550 ou 660 à 583 sont souvent avancées, d'autres auteurs parlent de 800 à 1000 avant J.C.Zoroastre a été un instructeur spirituel iranien de haut niveau, avant Bouddha, Confucius et Lao Tseu. Il est connu comme Zoroastre, nom grec signifiant astre d'or utilisé par Platon qui l'a fait connaître en occident ; il est aussi connu sous le nom de Zarathoustra ou Zarathustra ou encore Zarathushtra c'est-à-dire celui à la lumière brillante. Sa famille habitait le nord-est de l'Iran (alors appelé Perse), dans une région montagneuse. Jeune prêtre, il a eu des révélations d'Ahura Mazdah, le Seigneur Sage, régnant sur la création entière, recueillies dans les Gathas, partie du texte sacré Avesta.

 

La doctrine proposée par Zoroastre (zoroastrisme ou mazdéisme) a mis beaucoup de temps avant de se répandre, par suite de l'opposition des prêtres des cultes existants. Zoroastre a condamné les rites et les sacrifices traditionnels offerts aux dieux par les Perses, rétablissant la pureté de la doctrine et du culte, altérés par de mauvais prêtres; mais il a gardé la tradition du culte du feu. Il a indiqué que seul Ahura Mazdah était digne de vénération. Un des fils d'Ahura Mazdah, Ahriman, ayant opté pour le mal, la dualité est née entre l’Esprit Saint (Vohu Manah, la Bonne Pensée) et l’Esprit Mauvais (Angra Mainyu).

 

La profondeur intellectuelle de son système a exercé une grande influence sur les doctrines judéo-chrétiennes (influence mentionnée dans le Manuel de discipline trouvé parmi les rouleaux de la mer Morte) et sur le plan philosophique en occident : en Grèce, sur Platon notamment,  en France, sur Voltaire,  en Allemagne, sur Nietzsche, comme en témoigne son essai Ainsi parlait Zarathoustra (dualisme éthique opposant le bien au mal) mis en musique, soit dit en passant, par Richard Strauss.

 

Aujourd'hui il existe environ 100 000 fidèles, les parsis (venant de Perse) en Inde, aux USA et en Europe essentiellement. Le rituel du feu sacré est au cœur de toute cérémonie mazdéenne. Le feu sacré est conservé à l'abri du soleil et des regards impurs dans les « Temples du Feu », dont le plus important est situé à Bombay. A Paris dans les temples Mazdéens, brule une petite flamme éternelle, dans un encensoir rouge. 

 

Les zoroastriens admettent une vie après la mort et un jugement des âmes, chaque être humain étant jugé selon ses mérites. Si les bonnes actions l'emportent sur les mauvaises, l'âme monte au ciel par un pont au-delà duquel l'attend le Seigneur de la Lumière. Dans le cas contraire, il s'agit d'une descente en Enfer. Lorsqu'enfin l'Enfer lui-même sera purifié, le royaume de Dieu s'installera sur Terre. Les morts ne sont pas enterrés ni incinérés mais laissés aux vautours. La doctrine de Zoroastre s'est transmise oralement puis un ensemble de textes, l'Avesta, a été écrit.

 

ainsi vont les enfants de zarathoustra

M. zetlaoui

Edition IMAGO

 2003

Les disciples de Zarathoustra – ce prophète aurait précédé Bouddha de mille ans et Moïse de deux cents ans – n’ont pas disparu. Zartushtis d’Iran, qui refusèrent l’islamisation de la Perse et résistèrent tant bien que mal aux brimades, et Parsis qui choisirent l’exil en Inde, où ils connurent paix et stabilité, pratiquent toujours une des plus vieilles religions du monde.


Remarquables par leur dynamisme économique et intellectuel, les Parsis jouissent en inde d’un grand rayonnement, tant dans les médias, les arts, que dans l’industrie avec le puissant groupe Tata. Tout en s’intégrant avec brio dans le monde moderne, ils conservent leurs traditions, dont la plus étonnante reste la dévoration des défunts par les vautours au sommet des tours du silence.


Dans cet ouvrage exhaustif, Monique Zetlaoui étudie l’organisation sociale, les croyances et les rites des zoroastriens et raconte leur longue histoire, histoire fascinante d’une antique minorité religieuse encore vivante et qui influencera en profondeur les trois monothéismes.

 

AINSI VA…LES LIVRES DE L’AVESTALES TEXTES SACRḖS DES ZOROASTRIENS OU MAZDḖENS

Pierre Lecoq

Edition du Cerf

 2017

Le mazdéisme (religion d'Ahura Mazdâ) ou zoroastrisme (Religion de Zoroastre) est l'une des plus antiques croyances de l'Orient. Elle a été professée par les anciens Iraniens et est exposée dans les livres de l'Avesta ainsi que dans les textes pehlevis moyen-perses, plus tardifs. Celle religion a eu une influence considérable, au point d'intriguer les philosophes grecs et d'influencer les systèmes religieux voisins. Mais les vicissitudes de l'histoire ont fait que ces grands textes de l'humanité sont peu à peu tombés dans l'oubli. De cette splendeur passée, il ne reste que les modestes communautés zoroastriennes d'Iran et les Parsis de Bombay.

 

Pour le grand public d'Occident, seuls survivent, dans la mémoire collective, les rois mages, dont l'un était iranien. Il est pourtant indispensable de sauver cette théologie de l'oubli. Au-delà du monothéisme exigeant du judaïsme, du christianisme et de l'islam, au-delà du polythéisme foisonnant des Grecs, des Romains et des Hindous, le mazdéisme offre une solution originale au problème lancinant du bien et du mal. Le dualisme tente de résoudre d'une manière originale ce problème récurrent chez les théologiens et les philosophes. La présente traduction est précédée d'une introduction à la religion mazdéenne. Avec les notes explicatives des textes et un index détaillé, on dispose ainsi d'un instrument de travail, dont on peut espérer qu'il stimulera les études d'histoire des religions et qu'il sortira des ténèbres rune des plus brillantes contributions des Iraniens à la civilisation universelle.

 

L'Avesta, dont le nom, repris tel quel aux Parsis modernes, est la déformation d'un mot ancien signifiant « éloge », présente un double intérêt linguistique et religieux. Sa langue, l'avestique, est l'un des deux dialectes iraniens anciens connus qui font pendant au témoignage indien du sanskrit védique, le second étant le vieux-perse des inscriptions achéménides.

C'est aussi le livre sacré de la religion préislamique de l'Iran, que les spécialistes appellent, selon leur goût, « mazdéisme » en se référant au nom de son dieu dominant, Ahura Mazdâ, ou « zoroastrisme » d'après le nom de l'homme qui est censé l'avoir fondée et prêchée, Zarathushtra ou Zoroastre. Si proche qu'il soit du Véda par la langue, le style et les conceptions religieuses, l'Avesta s'en distingue du moins par deux particularités d'ordre général qui font qu'il relève d'une problématique scientifique sensiblement différente. Tout d'abord, il est de dimension beaucoup plus modeste.

 

Alors que le Veda n'est pas un livre, mais une bibliothèque tout entière, l'Avesta représente à peu près un livre de poche classique de 250 pages, si bien que l'analyse se trouve embarrassée, non par l'abondance inhumaine du matériel à traiter, mais par sa ladrerie, qui refuse trop souvent la confrontation de passages parallèles, seule technique d'éclairage possible quand il n'y a pas évidence linguistique. Le texte est aussi beaucoup plus mal transmis, non par déficience des techniques iraniennes de transmission orale mais parce que la tradition mazdéenne a connu, semble-t-il, des crises et des solutions de continuité. L'une, en tout cas, est sûre et décisive. La conquête arabe et l'islamisation de l'Iran, au VIIe siècle, ont provoqué la dispersion des écoles théologiques et entraîné une irrémédiable décadence de l'élocution liturgique. En dépit de tous les efforts accomplis par les communautés restées fidèles à la vieille religion, qu'elles soient demeurées en Iran ou aient migré vers l'Inde, pour conserver à leur doctrine une certaine qualité théorique, la transmission orale et, à cette époque, écrite de l'Avesta n'a cessé de se détériorer jusqu'à l'intervention, au siècle dernier, de l'érudition scientifique. Alors que le Veda est un texte irréprochable, où les fautes sont exceptionnelles, l'Avesta est corrompu et, pour être compris, doit faire l'objet d'un travail lent et difficile de restitution philologique, travail parfois désespéré et, en raison de l'indigence des faits qui nourrissent l'argumentation, toujours guetté par l'arbitraire.

 

Ces vicissitudes, jointes à l'absence de tout témoignage extérieur, expliquent que nous connaissions si mal l'histoire de l'Avesta, depuis sa composition jusqu'à son exhumation par Anquetil-Duperron, et encore les quelques choses sûres que nous sachions ont-elles bien souvent été acquises tout récemment. L'édition critique de l'Avesta, qui a été faite par Karl-Friedrich Geldner dans les dernières années du XIXe siècle, est fondée sur l'ensemble de la documentation significative provenant des communautés parsies. Tous les manuscrits importants et la plus grande partie des manuscrits secondaires ont été dépouillés et il est totalement exclu que nous recueillions, dans l'avenir, la manne d'un matériel nouveau. Le classement des manuscrits par famille et la détermination de leurs liens de filiation a mis en lumière le caractère récent de la tradition manuscrite qui nous est parvenue. Les deux plus anciens des manuscrits importants (J2 et K5) ont été écrits par le même copiste et sont datés de 1323, le plus vieux manuscrit (K7a) pourrait remonter, selon l'estimation la plus extrême, à 1268 et la mémoire des scribes ne va pas au-delà d'un modèle perdu qu'on peut situer aux environs de 1020. De plus, des fautes généralisées démontrent à l'évidence que tous les manuscrits sans exception dérivent d'un original perdu qu'on appelle le « manuscrit de base » et que ses imperfections invitent à situer à l'époque troublée de la migration vers l'Inde, c'est-à-dire entre le VIIIe et le Xe siècle. Il est donc vain de se bercer de l'espoir qu'un manuscrit ait pu conserver, contre tous les autres, la leçon miracle. Tous sont pareillement les rejetons du manuscrit de base et leur confrontation ne permet rien de plus que la restitution d'une version déjà corrompue de la fin du premier millénaire. Non seulement la tradition manuscrite est récente mais elle est aussi extraordinairement ténue.

 

Un progrès significatif a été accompli à la fin des années soixante lorsque Karl Hoffmann, par une analyse paléographique rigoureuse, a pu remonter aux sources de la transmission manuscrite. Par sa structure et les caractéristiques formelles de ses signes, l'alphabet avestique est clairement une invention érudite ad hoc de l'époque sassanide. Il n'est pas le fruit de l'évolution historique aveugle d'un système d'écriture, mais une création délibérée menée dans le but exclusif de mettre l'Avesta par écrit. L'inventeur s'est inspiré de deux modèles. Du point de vue de la forme, il a puisé l'essentiel du stock de ses signes dans l'écriture du pehlevi des livres – une forme particulière du dialecte moyen-perse –, elle-même dérivée de l'écriture araméenne. Mais, alors que celle-ci ne note pas les voyelles et va jusqu'à confondre plusieurs consonnes sous le même signe, il a adopté le principe typologique « un signe égale un son » des alphabets grecs et latins, qu'il connaissait et auxquels il a d'ailleurs emprunté deux signes. Ce principe de travail fournit de précieuses indications. Une indication chronologique tout d'abord : les caractéristiques formelles de l'écriture pehlevie que l'alphabet avestique reproduit n'ont été acquises qu'au début du VIIe siècle.

 

 Le fait que l'inventeur anonyme ait pris pour modèle le système alphabétique gréco-latin et une écriture qui servait à noter le dialecte moyen-perse suggère qu'il a travaillé dans une ambiance « occidentale », c'est-à-dire en Perse, qui était la province autochtone du pouvoir politique sassanide. L'alphabet avestique n'a jamais été utilisé pour un autre texte que l'Avesta. Il a très probablement servi à mettre par écrit un exemplaire unique du canon – disons : l'archétype sassanide –, déposé en lieu sûr, auquel le clergé pouvait se référer en ultime recours pour dénouer d'éventuelles controverses théologiques. La minutie véritablement maniaque avec laquelle il rend les plus subtiles variations phonétiques montre qu'il a été prévu pour transcrire finement les nuances de l'élocution liturgique solennelle. L'alphabet avestique a été inventé pour donner une forme écrite à un texte récité : ceci démontre qu'il n'y eut jamais auparavant de tentative pour mettre l'Avesta par écrit. Ajoutons que tous les textes connus n'ont sans doute pas été confiés à l'écriture et que ceux qui ont été mis par écrit ne l'ont probablement pas été avant la conquête arabe.

 

AINSI VA  ZARATHOUSTRA, LE PROPHḔTE DE L’IRAN

Jean Varenne

Edition Dervy

 2012

Le personnage de Zoroastre est à la fois célèbre en Occident et profondément méconnu : il n'est que de penser qu'on lui associe le nom des mages et, par voie de conséquence, celui de magie pour saisir l'équivoque : l'homme qui avait voué sa vie à combattre les pratiques des magiciens et ne connaissait pas d'injure plus grave que celle de «sorciers» lorsqu'il maudissait ses adversaires, se voit confondu avec eux ! On a même cru qu'il était le «fondateur de la magie», et cela à cause de Platon qui dans le Premier Alcibiade parlait de la «science des Mages, science de Zoroastre, fils d'Oromazès».

 

Cela va de pair avec l'idée que le prophète iranien était en fait «un Chaldéen» et qu'il pratiquait l'astrologie (sans doute à cause du mot «astre» que l'on croyait reconnaître dans son nom, sans savoir que celui-ci n'était qu'une forme grecque, phonétiquement aberrante, de son patronyme véritable : Zarathushtra). D'où encore la pieuse légende évangélique (Matthieu, 2, 1 à 12) des «rois-mages» guidés par une étoile jusqu'à la crèche où repose l'enfant Jésus. Pareille accumulation de contresens a de quoi surprendre : elle est probablement unique dans l'histoire des relations entre peuples, car, par exemple, si peu que l'on connût Mahomet en Occident au Moyen Age il ne semble pas qu'on ait accumulé autant d'erreurs sur son compte.

 

Peut-être cela peut-il s'expliquer par le fait que les Grecs n'eurent jamais de contacts directs avec les zoroastriens qui vivaient à l'est de l'Iran et ne les connurent qu'indirectement par l'intermédiaire des Babyloniens et des Mèdes de la Perse occidentale. Plus tard, lorsque l'expédition d'Alexandre recouvrira tout le domaine iranien, les Grecs ne tenteront pas de vérifier sur place le peu qu'ils savaient (ou croyaient savoir) de la religion du pays.

A leur suite, les Romains s'intéresseront davantage à l'organisation politique et militaire de leurs adversaires perses qu'aux croyances de ceux qu'ils tenaient pour des Barbares. Ainsi se perpétuèrent les équivoques jusqu'à ce que l'implantation de l'islam dans tout le Moyen-Orient anéantisse la foi zoroastrienne (sauf quelques survivances sur place et en Inde).L'intérêt porté à la personne et aux doctrines de Zoroastre ne se dément pourtant pas en Europe, de Platon aux philosophes du XVIIIe siècle. Par-delà les idées fausses que l'on se faisait de sa «magie» et de son «astrologie» s'affirmait la croyance que le Prophète iranien était un philosophe, un gnostique, détenteur de secrets divins et faiseur de miracles extraordinaires.

 

Pline affirmait que Zoroastre avait été le seul enfant au monde à «rire le jour de sa naissance» quand tous les autres bébés pleurent : signe qu'il était béni des dieux et préservé de tout mal. Notre Moyen Age crut qu'il avait été l'initiateur et l'instructeur de tous les penseurs grecs, à commencer par Platon et Pythagore. D'aucuns même se risquaient à suggérer que Jésus lui-même avait pu dans sa jeunesse se rendre en Orient pour se mettre à l'école des sectateurs de Zoroastre. D'où enfin l'engouement du XVIIIe siècle ; Jean-Philippe Rameau ne compose-t-il pas un Zoroastre en 1749 (repris à l'Opéra-Comique en 1964) à une époque où philosophes et occultistes se disputent cet initié des temps anciens que l'on imagine sous les traits d'un sage, détenteur de la Vérité éternelle ? Aussi Voltaire et ses amis saluent-ils avec enthousiasme l'initiative du Français Anquetil-Duperron qui décide de se rendre en Inde, où il a entendu dire que subsistait une communauté de zoroastriens, afin de recueillir de leur bouche l'enseignement du Maître, et peut-être même d'en rapporter les livres sacrés si toutefois ceux-ci existent vraiment.

 

Le zoroastrisme est la religion monothéiste révélée la plus ancienne et pourtant la plus méconnue. Les zoroastriens sont environ cent-mille dans le monde. Leur sagesse vise l’harmonie en trois mots : Humata, Hukhta, Huvarshta, « bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions ». Il est toujours interdit aux non-zoroastriens de pénétrer dans un « Temple de Feu » et personne ne peut se convertir à leur religion. On naît zoroastrien – ou Parsi –, d’un père zoroastrien. Zoroastre, l’« enfant né en riant » environ 1400 ans avant la naissance du Christ – l’époque à laquelle il vécut est sujette à discussions –, enseignait que la seule conversion qui vaille est la conversion du cœur et de la conscience. Le feu de la sagesse éternelle d’Ahura Mazda, le Dieu absolu, ne s’est ainsi jamais éteint. Il continue d’illuminer la vie quotidienne des Parsis qui vivent leur religion sans jamais renoncer au monde, mais en s’engageant dans l’action professionnelle et sociale avec de « bonnes pensées », sans prosélytisme, et en rejetant toute forme de violence, d’idolâtrie ou d’oppression. Zoroastre donnait des directions spirituelles, sans dogmatisme ni fatalisme.

 

La moitié des cent-mille zoroastriens vit aujourd’hui à Bombay. Chez ceux qu’il m’est donné de fréquenter dans la mégapole indienne depuis des années, la tradition occupe toujours une place centrale. Zoroastre orne les murs de chaque maison, comme s’il gardait un œil bienveillant sur les manifestations de ses propres enfants. Le « Feu originel », apporté de l’Iran, continue de brûler à Udvada, un petit village en bord de mer, de l’État du Gujarat, qui demeure le principal lieu de pèlerinage des fidèles. L’enseignement de Zoroastre – qui inspira à Nietzsche son célèbre Ainsi parlait Zarathoustra en 1885 –, si ancien et moderne à la fois, insiste sur l’importance de la prière, de l’humilité, du don de soi et de la bonne humeur, clés essentielles d’une vie spirituelle, comme en témoignent encore les Parsis : « Ne ratez jamais une occasion de faire une bonne action. L’art de prier est de ne jamais prier pour soi-même mais toujours pour son prochain. Soyez joyeux, riez autant que possible. Le rire est le meilleur médicament ». L’humour, omniprésent dans la communauté, m’est toujours apparu comme une voie royale vers le rappel de cette humilité essentielle, impersonnelle, vide de sa propre personne.

 

Selon le Dr Ramiyar Karanjia, qui forme les jeunes prêtres zoroastriens, quel était le sens de la sagesse et de l’éveil dans cet enseignement : « La sagesse est la capacité permettant à l’esprit de prendre des décisions basées sur l'information accumulée et les expériences passées. Elle implique également la connaissance de soi, de ses origines et de sa vie. Nos décisions évoluent avec notre niveau d’information. Quand l’esprit a intégré et converti en sagesse suffisamment de connaissances, la sagesse intérieure commence à se dévoiler avec l’aide de l’Intelligence Universelle. Un moment arrive où tout paraît rentrer dans l'ordre et l'univers entier semble être un seul organisme. Tout ce qui n'est pas significatif se fondra automatiquement dans l’insignifiance. Cet état est appelé Éveil, Illumination. »

 

Les rites de passage ponctuent la vie du zoroastrien pour le rappeler sans cesse à son devoir. À sa mort, il sera conduit à la « Tour de Silence », et son corps donné en offrande aux oiseaux, le temps que l’âme puisse prendre son envol vers le grand soleil. Toute sa vie, l’enfant de Zoroastre s’est répété que « la vertu élève le Grand prêtre et le rend aussi puissant qu’un roi », car « heureux sont ceux qui ne travaillent pas pour eux mais pour Dieu, car ils atteindront la divinité ». Extraite de l’Avesta – le livre sacré des zoroastriens, composé 600 ans avant notre ère en iranien ancien –, cette prière résume bien la sagesse des Parsis. « Quiconque chante le Yathâ Ahû Vairyô, enseigna Ahura Mazda à Zoroastre, je le protègerai comme mille soldats protège un homme. Celui qui chante cette prière et vie sa vie selon sa signification, son âme sera portée au Paradis ».

 

akhenaton – du mystÈre À la lumiÈre

Marc gabolde

Edition GALLIMARD

 2005

Dans une Égypte façonnée par des siècles de polythéisme, Akhenaton bouleverse l’ordre établi et instaure, vers 1350 av. JC, le culte d’un dieu unique : le soleil. S’opposant au clergé traditionnel, le pharaon délaisse la capitale, Thèbes, pour fonder sur le site de Tell el-Amarna la nouvelle cité royale dédiée à Aton. Ses habitants y vivent au rythme des dévotions du pharaon et de sa reine, la belle Néfertiti.

 

Un courant artistique inédit s’épanouit dont les œuvres, reconnaissables entre toutes, se distinguent par leur sensualité. Après la mort d’Akhenaton, ses successeurs se hâtent de rétablir les cultes polythéistes et persécutent la mémoire du roi « rebelle », martelant son nom et ses représentations.

 

Sorti de l’oubli grâce aux fouilles entreprises aux XIXème et XXème siècles à Thèbes et Telle el-Amarna, ce pharaon subversif, inventeur du premier monothéisme, fascine et inquiète.

 

L’égyptologue Marc Gabolde retrace les grands moments du règne d’Akhenaton, éclaire sa vision religieuse et démêle l’écheveau de sa succession jusqu’à l’avènement de son fils, Toutankhamon.

 

akhenaton – le dieu maudit

Gilbert sinouÉ

Edition GALLIMARD

 2005

Jamais pharaon n’aura autant intrigué. L’inventeur du monothéisme, qui défia au péril de sa vie la colère des dieux et de leurs gardiens, était-il un fou ou un visionnaire ? A-t-il été a assassiné ?


La Grande Épouse royale Néfertiti a-t-elle influé sur les décisions du maître de l’Égypte ?


Tant de siècles écoulés ont éparpillé les pièces de ce puzzle… Au fil des pages, deux égyptologues, Judith Faber et Philippe Lucas, vont tenter de décrypter l’énigme du dieu roi. S’appuyant sur les thèses les plus récentes, Gilbert Sinoué plonge, à la manière d’une enquête policière, au cœur du mystère de l’une des figures les plus fascinantes de l’Égypte ancienne.

Amenhotep IV, dont la cogérance avec Amenhotep III est discutée, règne seul à partir de 1378/1352 et se fait couronner à Karnak, signe qu'au départ, il n'était pas en lutte ouverte avec le clergé d'Amon-Rê. Il entreprend d'ailleurs un programme de construction traditionnel. Il épouse sa cousine Néfertiti, fille de Ay et de Tiy II, donc petite fille de Youya et Touya. Amenhotep IV et Néfertiti forment un couple encore plus étroitement lié politiquement que celui d'Amenhotep III et Tiy.

Comme eux, ils sont associés dans les cérémonies, mais, chose nouvelle, l'art officiel les représente dès le début dans des scènes familiales jugées jusque-là trop intimes pour être montrées. C’est en l'an 2 de son règne qu'Amenhotep IV donne à Aton la place qu'occupait Amon-Rê. En l'an 5 de son règne, il procède à la fondation de la nouvelle capitale qu'il appelle Akhetaton, " l'Horizon du Disque " et marque le site de quatorze stèles frontières.

La réforme religieuse : Depuis le début de la XVIIIe dynastie, la montée des cultes héliopolitains tend à concentrer autour de Rê la création et l'entretien de la vie, sans toutefois écarter les autres dieux. Il serait donc exagéré de parler de monothéisme mais plutôt d'une fusion de compétences multiples dans le Créateur par excellence qu'est le soleil. Amenhotep IV choisit d'en adorer l'aspect sensible, le Disque. Le résultat donne un ton universaliste qui présente les apparences du monothéisme. L'originalité d'Akhenaton est d'avoir fourni une image facile à appréhender en évitant le détour par le clergé spécialisé, seul capable de servir d'intermédiaire entre les hommes et un dieu impénétrable. Aton permet la perception immédiate du divin, par opposition à Amon, le dieu " caché ". Le Disque est une forme du Créateur dont le roi est l'équivalent terrestre. Il prend également en charge les morts, même si Osiris reste à l'honneur. L'impact de cette réforme sur la population est quasiment nul. D'abord parce que la Cour se confine très vite à Akhetaton. Ensuite parce que le peuple, écarté de ce qui se passait dans les palais et les temples, continue à vivre sur les bases religieuses traditionnelles. L'originalité de l'image d'Akhenaton est moins importante qu'on ne pourrait le croire. Il conserve tout l'apparat phraséologie de ses prédécesseurs. Ainsi, il se fait représenter en train de massacrer des ennemis vaincus. Il ne touche pas aux structures de l'administration. Sur le plan politique, sa " révolution " renforce l'absolutisme théocratique : le roi est l'intermédiaire obligé entre les hommes et le Disque Solaire RÂ

.La réforme a des effets dans deux domaines surtout : l'économie et l'art. Akhenaton ferme certains temples ou limite leurs activités et rattache les biens cléricaux à la Couronne. La construction de la nouvelle capitale et des nouveaux temples se fait au détriment de l'économie en général et de l'économie divine en particulier. Les conséquences de l'atonisme sur les arts et les lettres sont plus spectaculaires et plus durables. Une plus grande liberté se manifeste dans les œuvres contemporaines, surtout dans les compostions poétiques : hymnes et litanies divins et royaux. La langue parlée est introduite dans les textes officiels et dans les grandes œuvres. Dès le règne d'Amenemhat III, l'idéalisme officiel cède le pas à un réalisme plus sensuel qui n'hésite pas à souligner les formes du corps par des techniques comme celle du " drapé mouillé ". Ce traitement plus généreux des volumes apparaît aussi dans le dessin où l'usage de la ligne est moins rigoureux, l'emploi des couleurs plus souple. La mode évolue également : nouveaux costumes, nouvelles coiffures…Des détails stylistiques sont caractéristiques de la période : l'inclinaison de l'œil dans l'orbite et l'étirement des lignes qui produira les fameux yeux " en amandes " d'Akhenaton, les plis dans le cou, les oreilles percées, etc. Akhenaton radicalise la tendance pour lui-même et sa famille dès la deuxième année de son règne en poussant le réalisme jusqu'à la caricature : l'affaissement des chairs prend une apparence pathologique. Au fil des ans, le trait s'adoucit et, à la fin du règne, les études d'après nature l'emportent, comme la célèbre tête de Néfertiti de Berlin. De nouveaux thèmes apparaissent : l'image de la famille, omniprésente dans toutes les scènes, y compris et surtout celles du culte.

La famille royale : La construction et la première occupation de la ville se font entre l'an 5 et l'an 6 du règne d'Akhenaton. En l'an 12, la reine Tiy s'installe à la cour d'Armana. Cette installation a été interprétée comme la preuve qu'Akhenaton n'a régné seul qu'à partir de cette date. Cette même année, l'une des six filles du couple royal, Mékétaton, meurt. Néfertiti semble jouer un rôle moins important après l'an 12. Elle se serait même séparée de son mari si l'on en juge que l'une de ses filles, Méritaton, la remplace dans les cérémonies auprès du roi. Les trois années de la fin du règne sont troubles : le pays est livré aux persécutions anti-amoniennes qui se traduisent par le martelage des noms du dieu, martelage que subiront à leur tour Akhenaton et son dieu quelques années plus tard. Peut-être y a-t-il eu une corégence avec Néfernéférouaton? Smenkhkarê a d'ailleurs été attesté comme roi, son règne devant se situer entre ceux d'Akhenaton et de Toutankhamon pour une durée possible de deux ans. Le corps de Smenkhkarê a été retrouvé dans une tombe qui lui a été consacrée dans la Vallée des Rois. Tout indique qu'il s'agit d'un ré ensevelissement hâtif. Dans cette tombe, on a retrouvé d'autres restes qui sont peut-être ceux de la reine Tiy. On pense généralement que toute la famille royale a ainsi été transférée sous le règne de Toutankhamon.

 

Il est probable que Smenkhkarê puis Toutankhamon étaient des cousins ou des neveux d'Akhenaton qui légitimèrent leur montée sur le trône en épousant chacun l'une des filles du roi. Lorsqu'il succède à Smenkhkarê, Toutankhamon est âgé d'environ neuf ans. Il épouse la princesse Ankhesenpaaton. Très rapidement, il quitte Amarna pour Memphis. La ville d'Akhetaton est abandonnée après seulement une trentaine d'années d'existence. Le retour à l'orthodoxie amonienne se fait sous Toutankhamon, probablement sous l'influence du divin père Ay. Le jeune roi commence par changer son nom en Toutankhamon. Il meurt à environ dix-neuf ans sans avoir eu d'enfant de son épouse Ankhesenamon : avec lui s'éteint la lignée d'Ahmosis. Sa veuve supplie le roi hittite Suppiluliuma de lui envoyer un de ses fils pour l'épouser et en faire le pharaon d'Egypte. Le prince n'arrivera jamais et l'union entre les empires Hittites et égyptiens ne se fera pas. Ankhesenamon épouse peut-être le vizir de son défunt mari, Ay qui, lui-même, ne régnera que durant quatre ans. La réelle coupure dynastique a lieu lorsque le commandant en chef de l'armée, Horemheb, prend le pouvoir et se présente comme restaurateur de l'ordre établi. Il fut un grand constructeur, surtout à Karnak. Après vingt-sept ans de règne, il sera enterré à Thèbes, dans la Vallée des Rois. N'ayant pas d'héritier mâle, Horemheb transmet le pouvoir à un autre militaire, un général originaire du Delta qui va fonder une nouvelle dynastie, celle des Ramsès.

 

à la recherche de l’Égypte oubliÉe

Jean vercoutter

Edition GALLIMARD

 1986

Un monde de pierres. Pierres des pyramides, pierres des temples, pierres des statues, noyées dans les sables, enlisés, oubliés. Un monde de signes. Signes gravés, signes peints. Mystérieux, incompris. Un monde qui va reprendre vie sous le regard, le crayon, la truelle de voyageurs, d’aventuriers, de savants, d’archéologues.

 

Un monde qui va enfin dévoiler ses secrets, en 1822, grâce à Jean-François Champollion.

 

La civilisation égyptienne, qui s’est déroulée sur plus de 3000 ans, a été l’un des berceaux de l’humanité dans le domaine social, technique et scientifique, et notamment en médecine. Le cœur était considéré par les Égyptiens à la fois comme un organe anatomique, doté d’une importante fonction vitale, et comme un symbole spirituel et religieux. Il constituait l’un des huit composants de l’être humain. C’est le seul viscère que les embaumeurs devaient impérativement laisser en place après la mort. La conception égyptienne du cœur englobait trois concepts : le cœur-haty, ou muscle cardiaque, le cœur-ib ou intérieur-ib, correspondant au reste de l’organisme, et le cœur spirituel, centre du caractère, de la pensée et de la mémoire. Les Égyptiens ont réalisé dès la première dynastie des représentations du cœur d’une précision anatomique remarquable. Ils ont posé les jalons d’une physiopathologie cardiovasculaire tout à fait novatrice qui a perduré pendant plus de trente siècles.


De très belles photos couleur.

 

alexandrie iiième siḔcle avant jḖsus-christ – tous les savoirs du monde ou le rÊve d’universalitḖ des ptolémḖe

Divers Auteurs

Edition AUTREMENT

 1992

Ville-palais, héritières des ambitions d’Alexandre, résidence de la dynastie lagide greffée sur la souche immémoriale des généalogies pharaoniques, Alexandrie, dans les premières décennies du IIIème siècle avant J.C., est la plus grande cité de la Méditerranée orientale.


Cité cosmopolite où se pressent aventuriers, gens de lettres et de sciences, marchands et voyageurs, cœur d’une administration complexe, elle vit d’une seule ambition : rassembler les richesses, la somptuosité monumentale, l’héritage intellectuel de l’hellénisme et des « sagesses barbares » comme les curiosités naturelles dans une ville-musée où se réfléchissent le monde entier et la gloire de la dynastie.
Modèle fondateur de la transmission des savoirs dont nous sommes les bénéficiaires, elle témoigne pour notre temps d’une vocation œcuménique, plaidoyer éclatant en faveur de la naissance d’une nouvelle culture planétaire.

1.      Prologue

Le mirage alexandrin
Christian Jacob et François de Polignac

2.      La ville microcosme

L’ombre d’Alexandre
François de Polignac

Le monde en rouleaux
Luciano Canfora

« Sagesses barbares »
Alain Le Boulluec

3.      « Oiseaux en cage »

Démétrios de Phalère : un philosophe au pouvoir ?
Claude Mossé Zénodore ou l’art d’accommoder

 Homère
Jean Lallot

Callimaque : un poète dans le labyrinthe
Christian Jacob

Un athlète du savoir : Ératosthène
Christian Jacob

4.      La ville et la cour

Ptolémée II : le Philadelphe
Michel Chauveau

Fêtes et fastes des Lagides
Paul Goukowsky

5.      La capitale

La fabrique des dieux
Françoise Dunand

La maison Égypte
Fabienne Burhalter

Les réseaux de solidarité
Claude Orrieux

6.      Futurs

Alexandrie hors-les-murs
Jean-Yves Empereur

Clément, Origène : la pérennité de l’écriture
Alain Le Boulluec

« Regagner Athènes à partir d’Alexandrie ? »
Entretien avec Raymond Klibansky

 

alexandrie – hier & demain

Jean-Yves empereur

Edition GALLIMARD

 2001

« Alexandrie semble macadamisée avec les ruines pulvérisées de mille cités. Chaque arpent de terre tourné et retourné. Le sol, humus épais, paraît historique », écrivait Herman Melville en 1857. Toute vision d’Alexandrie passe par un cortège d’images symboliques : le tombeau d’Alexandre, le Phare, la Bibliothèque, Antoine et Cléopâtre, Cavafy et Durell, l’hôtel Cecil et le Sporting Club, souvenirs de sa splendeur et de son rayonnement culturel.


Née il y a 2 300 ans de la seule volonté d’Alexandre le Grand, élevée au rang de capitale par les Ptolémées et haut lieu de rencontres et d’échanges entre l’Orient et l’Occident, Alexandrie est aujourd’hui la plus grande ville de la Méditerranée. Mais elle a vécu bien des cycles, avec des phases de repli, presque d’abandon.

 

À partir de 1820, avec Mohamed Ali, elle se réveille, pour accueillir toutes les communautés, toutes les religions, toutes les langues, en un modèle de cosmopolitisme dont beaucoup gardent la nostalgie. Jean-Yves EMPEREUR, archéologue et Alexandrin de cœur, accompagne au quotidien la renaissance de la ville et témoigne ici de son universalité retrouvée.


Les lieux et les hommes de la cité antique, retrouvés grâce aux fouilles archéologiques, les traces de la grandeur médiévale, la ville cosmopolite, toujours présente, mais menacée par l’urbanisation, la mégapole du XXIème siècle, avec la Bibliotheca Alexandrina.

 

Un hommage à Alexandrie, en plus de 160 illustrations.

 

apollonius de tyane – sa vie, ses voyages, ses prodiges

philostrate

Edition Sand

 1995

Si la vie d’Apollonius de Tyane, IIème – IIIème siècles Avant J.C., n’est pas un roman initiatique, elle est certainement celle d’un grand initié.

 

Son contemporain, disciple et admirateur Philostrate nous relate ici sa vie, ses enseignements, ses prodiges, et nous conte la personnalité de cet homme hors du commun, amoureux de Pythagore et de la rigueur.

 

Admirable philosophe, né à Cappadoce au début du 1er siècle. Pythagoricien fervent, qui a étudié les Sciences phéniciennes sous la direction d'Euthydème, et la Philosophie Pythagoricienne et d’autres études sous celle d'Euxène d'Héraclée. Il a été initié par les Sacerdotes du Temple d’Esculape (Asclépios) à Enges et il a appris beaucoup des miracles réalisés par le Dieu de la Médecine, pour guérir les malades. Il s’est préparé pour une Initiation plus élevée au travers d’un silence qui a duré cinq ans.

Il a visité Antioche, Éphèse, Pamphylie et d’autres lieux, il s’est dirigé, seul, sur la route de Babylone à l’Inde, puisque ses disciples intimes l'avaient abandonné par crainte de se rendre à la « Terre des Enchantements ». Toutefois, un disciple imprévu, Damis, qu’il a rencontré sur son chemin, l’a accompagné dans ses voyages. À Babylone, il a été initié par les Mages Chaldéens, comme le relate Damis, dont le récit a été transcrit par un certain Philostrate, cent ans plus tard.

Après son retour en Inde, il se présenta comme un véritable Initié. Les épidémies de peste et les tremblements de terre, le décès de rois et d'autres événements qu’il a prophétisés, se succédèrent régulièrement. Il prêcha, dans la ville d'Athènes et dans d’autres villes, la morale la plus pure et noble, et les phénomènes qu'il a réalisés furent aussi admirables et extraordinaires que nombreux et bien prouvés.

Ses dialogues avec le corinthien Ménippe nous donnent vraiment le Catéchisme Ésotérique, et dévoilent (quand on les comprend) plus d’un Mystère de la Nature. Vers la fin de sa vie grandiose et prodigieuse, il a ouvert une École ésotérique à Éphèse, et il est mort vers l'âge de cent ans.

 

arcanes Égyptiens au royaume d’osiris, isis & horus

S. JANKOVICH

Edition DU SIGNAL

 1994

Le mystique des anciens Egyptiens a toujours fasciné cet auteur. Il lui fut enfin donné de visiter l'Egypte en « Pèlerin », non plus en touriste, en compagnie d'un ami architecte et égyptologue. Il put visiter les grands sites initiatiques. Il a spontanément enregistré ou noté les émotions qu'il a ressenties. Ainsi ce livre traduit-il des impressions fugaces, des sensations et des pensées, sans prétendre à l'exhaustivité ni à la réalité historique, pas plus qu'à l'exactitude scientifique. Les choses vues firent surgir des pensées profondément enfuies en lui, voire des souvenirs de vies antérieures. Ces résurgences correspondaient aux expériences vécues en état de mort clinique à la suite d'un grave accident de voiture.

Isis est une reine mythique et la déesse-mère de l’Égypte antique. Elle est représentée, le plus communément, comme une jeune femme affublée d’un trône au-dessus de la tête ou, à la ressemblance d’Hathor, coiffée d’une perruque surmontée par un disque solaire inséré entre deux cornes de bovidé. Isis est l’une des déesses les plus populaires du panthéon égyptien. Le culte d’Isis est actif tout au long de l’histoire de l’Égypte antique et ne s’éteint qu’au cours des ve et vie siècles. Rusée et grande magicienne, Isis est la sœur et l’épouse du roi Osiris, un être divin dont le règne généreux et civilisateur fut placé sous le signe de l’harmonie cosmique. Plutarque rapporte qu’Osiris enseigna à son peuple les manières civilisées (mariage ?) afin que les hommes ne ressemblent plus à des bêtes sauvages (patriarcat ?). Il leur enseigna l’agriculture ainsi que le respect des dieux et des lois (patriarcales ?). Horus fils d’Isis et vengeur d’Osiris assassiné par Seth, réussit à se faire reconnaître comme le successeur légitime de son père, devenant par-là, le prototype idéal du pharaon.

Dans la société égyptienne, le statut de la femme est très élevé. Or universellement, plus le statut de la femme est élevé, plus la filiation est maternelle et non paternelle, plus le rôle de l’oncle maternel prime sur celui du père, et moins le mariage n’a d’importance. La transmission se fait de mère en fille, et d’oncle à neveux maternel, et non de père en fils. Ainsi, cette coutume matrilinéaire est encore vivace en Afrique, et l’était bien d’avantage du temps des pharaons : le souverain règne avec sa mère et sa sœur, et lègue son trône à son neveu maternel sans en être le géniteur. Pourquoi la société égyptienne ferait exception ? Osiris étant le frère d’Isis, et l’oncle maternel d’Horus, est-il réellement l’amant de la première, et le père du deuxième ?

Dès les Textes des Pyramides de l’Ancien Empire égyptien, il serait attesté que le dieu faucon Horus est le fils du couple que forment Osiris et Isis. Dans les pyramides à textes, ces écrits sont gravés en colonnes sur les murs des corridors, des antichambres et des chambres funéraires. Les chapitres 366 et 593 des Textes des Pyramides, très proches dans leur rédaction, relatent la naissance et la conception d’Horus. Il y apparaît que ses parents seraient Osiris et Isis. On retrouve à travers les croyances égyptiennes des éléments démontrant la place importante qu’occupaient les femmes dans la société. Ainsi, la triade principale n’est pas composée du père, du fils et du Saint-Esprit comme dans le catholicisme, mais :

  • de la mère (Isis, Déesse mère dont l’influence et l’amour règne partout, Déesse du blé et à l’origine de sa culture),
  • du frère (Osiris, Dieu de l’agriculture et de la fertilité),
  • et du fils (Horus).

Isis est la lointaine héritière de la Grande Déesse préhistorique. Si ses pouvoirs sont identiques, protection et fertilité, son apparence est radicalement transformée. La jeune beauté aux seins fermes a pris la place de la mère originelle aux seins lourds et au ventre déformé par les accouchements. Au premier siècle de l’empire romain, le culte de la belle déesse africaine s’étend à l’ensemble du bassin méditerranéen, remontant jusqu’au nord de la Gaule. En bien des cités, les temples d’Isis attiraient plus de fidèles que ceux des divinités gréco-latines.  La rencontre des cultures grecques et égyptiennes durant la période ptolémaïque a donné naissance aux Mystères d’Isis, un culte de la déesse basé sur des événements festifs publics et sur des cérémoniels plus confidentiels. Ces derniers ne sont accessibles qu’aux individus ayant entrepris un enseignement spirituel inauguré par une initiation aux mythes et symboles de la croyance en Isis durant des épreuves, nocturnes et secrètes, tenues dans l’enceinte des temples isiaques.

 « À Saïs, la statue assise d’Athéna, qu’ils identifient à Isis, porte cette inscription: « Je suis tout ce qui a été, qui est et qui sera, et mon voile (peplos), aucun mortel ne l’a encore soulevé. »

L’inscription de Saïs est évoquée, une seconde fois, au ve siècle, par le grec Proclus dans son Commentaire du Timée de Platon mais sous une forme différente et plus développée: « Ce qui est, ce qui sera, ce qui a été, je le suis. Ma tunique (chitôn), personne ne l’a soulevée. Le fruit que j’ai engendré, c’est le soleil. »

L’expression « aucun mortel n’a jamais soulevé mon voile » qu’adopte Plutarque prête à confusion. Il est tentant d’imaginer une statue d’Isis, le visage caché sous un châle que l’initié soulève tel un époux le jour des noces lorsque se présente à lui son épouse voilée ; le dévoilement signifiant la découverte des mystères cachés. Cette interprétation est peu crédible, les égyptiens ne voilant pas leurs déesses. Plutarque parle plutôt d’une tunique, le peplos étant un lourd vêtement en laine, tandis que le soulèvement de la robe et le dévoilement du sexe féminin d’Isis (ou des déesses qui lui sont identifiées) est un motif mythique et iconographique attesté en Égypte. Isis, la déesse des anciens Égyptiens, la mère des dieux, est venue d’elle-même ; elle est aussi la déesse vierge ; ses temples à Saïs, la ville sainte, portaient cette fière inscription : »Personne n’a jamais relevé ma robe, le fruit que j’ai enfanté est le Soleil ». L’orgueil de la femme éclate dans ces paroles sacrées ; elle se proclame indépendante de l’homme, elle n’a pas besoin de recourir à sa coopération pour procréer. La Grèce répliquera à cette insolente assertion. Jupiter, le père des dieux, enfantera Minerve sans le secours de la femme, et Minerve, la déesse « qui n’a pas été conçue dans les ténèbres du sein maternel », sera l’ennemie de la suprématie familiale de la femme.

Entre la fin du ive siècle av. J.-C. et la fin du ive siècle ap. J.-C., le culte d’Isis se répand à travers le bassin méditerranéen et un nombre important de sanctuaires lui sont élevés en Grèce et en Italie. En ces nouveaux lieux, les rites égyptiens voués à la déesse sont adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine. L’iconographie et le culte d’Isis s’hellénisent, et, par un rapprochement avec la quête de Perséphone par Déméter (Mystères d’Éleusis) se créent les Mystères d’Isis organisés sous la forme d’un cérémonial initiatique, progressif et secret. À partir de la fin du ive siècle av. J.-C., le culte de la déesse Isis est attesté sur le sol grec. À partir de la fin du IIe siècle av. J.-C., le culte d’Isis se répand largement en Italie et autour de la méditerranée occidentale.

Durant plus de sept siècles, entre la fin du ive siècle av. J.-C. et la fin du ive siècle ap. J.-C., les cultes d’Isis, de son parèdre Sérapis (forme hellénisé d’Osiris), de leur fils Harpocrate et d’Anubis (le dieu chacal) se sont diffusés hors d’Égypte tout autour du bassin méditerranéen et même au-delà, en Arabie, dans l’Empire kouchan (Inde), en Germanie et en Bretagne. Ce phénomène religieux est l’un des plus remarquables des époques hellénistique et romaine. La déesse Isis est la figure centrale de ce panthéon et de nombreuses cités grecques et romaines lui voueront un culte officiel. Dans la littérature scientifique moderne, cette diffusion de la croyance égyptienne prend les noms de « cultes égyptiens », « cultes alexandrins », « cultes nilotiques » ou « cultes isiaques ». Dès le ier siècle av. J.-C., le culte d’Isis se répand en dehors de la péninsule italienne vers le reste de l’occident européen par les routes alpines et vers l’Orient grâce aux marins et marchands égyptiens et syriens. En Gaule, en Germanie et en Bretagne, l’implantation du culte d’Isis est la conséquence de la colonisation romaine et la pénétration du culte correspond aux grands axes marchands, principalement la vallée du Rhône, dans celle du Rhin, et dans les provinces danubiennes (Dacie,Pannonie). En Afrique du Nord, la présence de la déesse reste modeste et se cantonne le long des côtes dans la région de Carthage. En Ibérie, sa présence se remarque dans quelques vallées fluviales (Guadiana et Douro).

 

aristote

Louis millet

Edition Bordas

 1987

La vie et les travaux d’Aristote son enseignement sur la Nature, l’Âme, le monde divin, l’Univers, les Sciences, St Thomas d’Aquin, Dieu et les autres dieux, l’Harmonie, la connaissance humaine et les sciences déductives et inductives.

 

Aristote (383/4 - 322 av. JC) - Aristoteles, surnommé Stagirite, fondateur de la secte des péripatéticiens, né à Stagire en Macédoine en  l'an 384 av. J. C (1re année de la 99e olympiade). Il eut pour père Nicomaque, médecin distingué, ami d'Amyntas III, roi de Macédoine.

 

Il vint vers l'an 368 à Athènes, y suivit pendant 20 ans les leçons de Platon, et commença dès lors à se faire connaître par ses écrits. Après la mort de son maître (348), il quitta Athènes, blessé, dit-on, de n'avoir pas été désigné pour lui succéder, et se retira d'abord en Mysie, auprès d'Hermias, souverain d'Atarné, dont il épousa la sœur Pythias, puis à Mytilène dans l'île de Lesbos,  Là, il reçut de Philippe  une lettre par laquelle ce prince le priait de se charger de l'éducation de son fils Alexandre, lui disant qu'il se félicitait moins de ce qu'il lui était né un fils que de ce que ce fils était né du temps d'Aristote.

Après avoir passé plusieurs années à la cour de Macédoine, il suivit, à ce que l'on croit, son élève dans ses premières expéditions en Asie, mettant à profit, pour les progrès de l'histoire naturelle, les trésors et les conquêtes du roi; puis il vint se fixer à Athènes vers l'an 331, et y fonda, dans une promenade voisine de la ville et nommée Lycée, une école nouvelle, qui prit le nom de Lycée; on la nomme aussi école péripatéticienne (du mot grec péripatos, promenade).

A la mort d'Alexandre (323), Aristote, resté en butte à la calomnie de ses envieux et aux attaques des ennemis du roi de Macédoine, se vit accusé d'impiété : il sortit d'Athènes sans attendre le jugement, voulant, disait-il, épargner un nouveau crime aux Athéniens, déjà coupables de la condamnation de Socrate, Il alla s'établir à Chalcis en Eubée, où il mourut peu après, en 322, âgé de 62 ans.

Aristote est le génie le plus vaste de l'Antiquité; il a embrassé toutes les sciences connues de son temps et en a même créé plusieurs.  Le mérite d'Aristote en philosophie fut de donner à la science une base plus solide que n'avaient fait ses prédécesseurs, et d'accorder davantage à l'expérience, mais sans méconnaître le rôle de la raison. Il rejeta la doctrine de l'idéal, qu'avait professée Platon, et concentra toute réalité dans les objets individuels.

La philosophie est pour lui la science des choses par leurs causes. Selon lui, les points de vue sous lesquels les objets doivent être envisagés, quand on veut les connaître et les expliquer, se réduisent aux suivants : ce dont une chose est composée, sa nature intime ou son essence, sa cause, et le but ou la fin vers laquelle elle tend; d'où la distinction de quatre principes, la matière, la forme, la cause efficiente et la cause finale. 


En psychologie, il essaye de classer les facultés de l'âme, et considère l'âme elle-même comme la puissance cachée qui donne la vie et produit l'organisation (il la nomme entéléchie). En logique, il passe en revue les différentes formes du raisonnement déductif ou syllogisme et en donne un code complet. En théodicée, il fonde la démonstration de l'existence divine sur la continuité du mouvement, et présente Dieu comme la fin ou le but du monde, comme le centre vers lequel tout tend, auquel tout aspire. Dans l'art, il ramène le beau à l'imitation de la nature; en morale, la vertu à l'équilibre entre les passions et au milieu entre les excès; en politique, il assigne pour fin à la société l'utilité. Ses travaux sur l'histoire naturelle et ses recherches sur l'anatomie comparée sont remarquables par l'exactitude des faits et la profondeur des vues.

 

ARISTOTE -   ÉTHIQUE  DE  NICOMAQUE

Traduction et notes de  JEAN VOILQUIN

Edition FLAMMARION

 1965

Aristote (384-322 av. J.C.). Ce grand philosophe, fonda l’école ou académie péripatéticienne (racine : péripatos qui veut dire lieu de promenade, car il enseignait en se promenant) à proximité du temple d’Apollon Lycien. Nicomaque étant son fils, il lui dédicaça cette lettre en forme d’éthique.

 

Aristote aurait écrit plus de 400 traités, seulement 47 ouvrages complets et quelques fragments d’autres nous sont parvenus.  Quatre traités de morale lui sont attribués : Ethique de Nicomaque, Ethique d’Eudème, Grande Morale et le traité des vertus et des vices.

 

Dès les premières pages de la morale de Nicomaque, on découvre chez le penseur son intention bien arrêtée d’admettre dans son audience la foule, les vieillards, et les sages, c'est-à-dire de fonder son étude sur l’expérience de ne pas se laisser égarer par les abstractions platoniciennes. Pour lui le but de la morale et de l’éthique ne peut passer que par le bonheur (eudémonisme), et ce bonheur dit il ne passe que par une activité qui lui est personnelle, et passe par l’âme qui est douée de raison.

 

ARISTOTE ET SON ÉCOLE

JOSEPH MOREAU

Edition PUF

 1985

Aristote a été pendant des siècles l’oracle de la philosophie et son œuvre était regardée comme la somme des connaissances humaines ; ce n’est qu’en secouant son autorité que la science moderne a pu se mettre en marche et que la philosophie s’est frayé des voies nouvelles. Cependant si elle avait fini par se scléroser en une scolastique, la pensée aristotélicienne n’en était pas moins à sa source, animée d’une immense curiosité scientifique et d’un vigoureux esprit critique.

La rencontre de Platon et d’Aristote, le disciple qui perpétue l’action du Maître, non par docilité, mais par l’originalité de sa réplique, est un événement capital dans l’histoire de la philosophie ; c’est aussi un moment décisif dans la carrière d’Aristote.

Aristote a laissé une œuvre immense qui comprend deux sortes d’écrits :

1°/ Les ouvrages exotériques, destinés à la publication, souvent sous forme de dialogues, imités de ceux de Platon, et dont la forma littéraire était très apprécié des Anciens

2°/ Les ouvrages acroamatiques, c'est-à-dire composé pour un auditoire.

Le contenu du corpus aristotelicum se présente de la forme suivante

Les catégories, ou termes du langage et les éléments du discours

Le De Interpretatione, qui traite du jugement et de la proposition

Les Analytiques, qui traitent de la démonstration ou du raisonnement

Les Topiques, en 8 livres, qui exposent une méthode d’argumentation générale et applicables en tous domaines

Les écrits d’Organon, traités de logique

Au sommaire de cet ouvrage

Chapitre 1 : Dans le sillage de Platon – Les dialogues d’Aristote et la critique des idées platoniciennes

Chapitre 2 : Le savoir –la science et l’opinion – la dialectique et le syllogisme –

Chapitre 3 : la démonstration et les principes – définition et classification

Chapitre 4 : la Métaphysique – l’être et les catégories

Chapitre 5 : Ontologie et théologie – L’aporie – la substance

Chapitre 6 : Le devenir et la forme – la nature et l’art – la cosmologie finaliste – l’éternité du mouvement –

Chapitre 7 : Le monde et Dieu – cosmologie et ontologie – immanence et transcendance de l’acte pur

Chapitre 8 : L’être et l’essence – Individuation par la matière et par la forme –

Chapitre 9 : L’âme et le corps – l’intellect – l’imagination – l’intuition –

Chapitre 10 : La vie humaine –le bonheur – le problème moral – la vertu – la vie sociale – la poésie

Chapitre 11 : L’école d’Aristote, son héritage – Théophraste – AristoxèneDicéarque – les épicuriens - la tradition péripatéticienne –

 

ARISTOTE-   INVITATION À UNE PHILOSOPHIE

JACQUES  FOLLON

ÉDITION MILLE ET UNE NUITS

 2005

Aristote meurt en 322 avant J.C., exilé à Chalcis. Jamblique philosophe néo-platonicien va alors entreprendre la rédaction de très longs fragments de l’œuvre d’Aristote, dont cette invitation à la philosophie.

 

On y découvre un jeune Aristote, encore à l’académie et sous l’influence de Platon. Il s’adresse à Thémison, roi d’une cité-état de Chypre, pour essayer de le convertir à la philosophie. Très populaire dans l’antiquité, ce texte exerça une profonde influence sur Epicure et sur Cicéron, il modela la grande tradition philosophique occidentale.

 

Un petit livre (60 pages- 3€) mais qui nous apprend beaucoup de chose sur Aristote, son enseignement et les bases philosophiques qui sont encore en vigueur.

 

aristote  le philosophe

Donald J. ALLAN

Edition LE LIVRE DE POCHE

 1970

L’auteur explique la formation intellectuelle d’Aristote, les rapports qu’il a eus avec Platon, puis l’ensemble de la démarche philosophique d’Aristote. Enfin il expose l’influence que le philosophe a eue sur les divers courants religieux, ésotériques et philosophiques.

 

Allan résume bien l'essentiel de celui qui «est, avec Platon, le plus grand philosophe de l'Antiquité». Définissant la philosophie comme étant essentiellement la connaissance des causes premières, Aristote fut celui qui effectivement amena un progrès réel dans l'étude de ces causes par les savants de l'époque, en énonçant la théorie des quatre causes (matérielle, formelle, motrice, finale).

 

Dans son Éthique à son fils Nicomaque, celui que l'on a surnommé Le Philosophe distingue trois sortes de vies : « la vie de plaisir, la vie politique et la vie contemplative ». Privilégiant la dernière, Aristote en montre le caractère mixte, soumis à l’exigence que la pensée soit suivie de l'action. Son étude fondatrice de différentes disciplines telles la logique et la biologie, de même que sa réflexion sur les différents régimes politiques achèvent de nous convaincre du rôle unique qu'a eu ce précepteur d'Alexandre le Grand dans l'histoire de la pensée occidentale latine et tout autant dans la science arabe.

 

Le réalisme d'Aristote : On qualifie généralement la philosophie d'Aristote de réaliste. Pour bien saisir la portée de ce jugement, il faut tenir compte de précisions comme celles-ci, de Gilbert Romeyer Dherbey, « On résume souvent par le mot de "réalisme" l'inspiration de la pensée d'Aristote, réalisme "naïf" ajoutent certains naïfs pour désigner une pensée parfaitement au fait de ses présupposés.

 

Mais si le réalisme se définit comme visée du réel, il se trouve affecté d'une énorme ambiguïté puisque la réalité est ce que tente d'exprimer toute philosophie. Une inspiration philosophique va donc se caractériser par le lieu particulier où elle invente de situer ce réel énigmatique; si Aristote ramène la philosophie du ciel sur la terre c'est parce que, refusant de voir ce réel dans un monde idéal séparé, il veut lire l'essence dans les choses de ce monde, les pragmata. Le recours ici fait, à travers la pensée d'Aristote, au sens ancien de pragma vise à revaloriser la notion de chose, à lui redonner l'ampleur qu'elle a perdue en se bornant à désigner de nos jours l'objet simplement inerte ». (Les choses mêmes, La pensée du réel chez Aristote. Dialectica, L'Âge D'Homme, Lausanne, 1983).


Enjeux : La métaphysique d'Aristote fut longtemps l'horizon de tout événement scientifique; sa théorie du Ciel domina jusqu'à la Renaissance, sa physique élémentariste (eau, air, terre, feu), jusqu'à la fin du XIXe siècle. Reste sa psychologie dont plusieurs aspects ne sont pas encore contredits par la science moderne (localisation précise de l'âme et de l'intellect, distinction entre les facultés et les organes, etc.). Par ailleurs, la formulation par Aristote de l'existence d'une cause motrice pour expliquer le changement continue de tracer toute expérience possible de l'observation scientifique du réel, avec l'exception récente de la physique quantique. Plusieurs principes et paradigmes de la démarche aristotélicienne et de ses nombreux continuateurs conditionnent, encore aujourd'hui, nos représentations empiriques ou scientifiques, notamment dans le domaine du Vivant.

 

ARISTOTE -   L’ART DU BONHEUR

Brigitte  Boudon

Edition Maison de la Philosophie

2016

Dans la collection « Petites conférences philosophiques » Brigitte Boudon en 70 pages, nous parle de la méthode, de la pensée, de la philosophie et de l’Art d’Aristote. Elle nous donne les clefs importantes de compréhension de ce philosophe et ainsi nous éclaire et nous guide  pour comprendre l’oeuvre de ce penseur

 

Tout le monde connaît le fameux proverbe : « Une hirondelle ne fait pas le printemps. » Mais qui sait que c'est Aristote, le philosophe grec, qui a écrit cette phrase ? Aristote se pose de multiples questions sur le bonheur. Il nous étonne par ses réponses directes, loin de notre société de consommation et de ses jouissances immédiates. Pour lui, le bonheur est lié au choix d'une vie morale en société, dans une relation d'amitié authentique à la portée de chacun. Le bonheur dépend de notre capacité à tisser des liens durables avec les autres et non de courir après des plaisirs passagers.

 

Fils de Nicomaque, médecin d’Amyntas III de Macédoine, il vint suivre les cours de Platon à l’Académie à l’âge de 18 ans (vers 367). Il y resta jusqu’en 348, puis devint le précepteur d’Alexandre le Grand. Il s’acquiert à la cour du roi de Macédoine, Philippe, de nombreuses amitiés. Il fonde ensuite le Lycée, également appelé École péripatéticienne, à Athènes en 335. Menacé par le parti anti-macédonien à la mort d’Alexandre le Grand, il fuit Athènes et meurt à Chalcis en 323.

 

Son œuvre nous est parvenue sous forme de notes de cours, ce qui explique le caractère parfois inintelligible de certains de ses écrits. On sait cependant qu’il écrivit de son vivant des dialogues à la manière de Platon, dont il ne nous reste que de rares fragments (Eudème, Protreptique, La Philosophie, ou Du Bien). Cicéron parle « d’un fleuve d’or de son éloquence », et les juge mieux écrits que ceux de Platon. Ces dialogues représentent l’œuvre exotérique d’Aristote, destinée à un public vaste. Les notes de cours que nous possédons sont l’œuvre ésotérique d’Aristote, destiné au Lycée. On a parfois pu penser que l’œuvre d’Aristote contenait des enseignements secrets, du fait de ce qualificatif d’ésotérique. Or ésotérique a d’abord signifié les œuvres d’Aristote destinées au public du Lycée, et ensuite seulement un enseignement secret réservé à quelques initiés. Ainsi, les ouvrages d’Aristote tels que nous les connaissons n’ont en fait pas été pensés par Aristote lui-même. Le classement de ces notes en volumes, nous le devons à Andronicos de Rhodes, le premier éditeur d’Aristote, qui vécut vers le II° siècle av. JC.

 

Après sa mort, son œuvre perdure grâce à de nombreux continuateurs, comme Théophraste. C’est à Andronicos de Rhodes que nous devons les titres des ouvrages d’Aristote, comme Éthique à Nicomaque ou Métaphysique. Il importe de noter qu’Aristote lui-même n’avait pas pensé ces œuvres : ses cours ont été compilés en fonction des thèmes qu’ils abordaient. Mais à la disparition du Lycée, certains travaux d’Aristote subirent une éclipse ; des ouvrages furent perdus (dont une partie lors de la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie), et la Métaphysique ne fut éditée que très tardivement. Au Moyen Âge, sa philosophie spéculative fut redécouverte, dans un contexte de rivalités d’écoles, grâce aux philosophes Arabes (en particulier à Averroès), et traduite mot à mot en latin par Albert le Grand et par Guillaume de Moerbeke, proche de Thomas d’Aquin. La philosophie aristotélicienne, transformée par Thomas en doctrine officielle de l’Église catholique, devint alors la référence scientifique et philosophique de toute réflexion sérieuse, donnant ainsi naissance à la scolastique et au thomisme. Son succès fut si grand qu’on le nommait simplement le Philosophe.

 

Cette grande influence de l’œuvre s’explique sans doute en partie par son caractère encyclopédique, qui tente de totaliser le savoir. Dans son Histoire de la philosophie grecque, Jean-François Revel nomme le chapitre consacré à Aristote : L’homme qui pouvait tout expliquer. Pourtant, si l’on a pu considérer Aristote comme la synthèse incarnée de toute la culture philosophique et scientifique grecque, on ne voit plus aujourd’hui sa philosophie comme un système ayant réponse à tout : au contraire, la lecture attentive de ses œuvres montrent qu’Aristote avait conscience de ce qu’il peut y avoir d’interminable dans la recherche de la vérité, et que certaines questions d’ordre métaphysique restent ouvertes. C’est la postérité d’Aristote qui en fera un dogmatique ayant réponse à tout, et c’est cette image qui sera combattue par Francis Bacon dans son Nouvel Organon.

 

Platon l’appelait le lecteur. Il faudra attendre Roger Bacon, puis Galileo Galilei et enfin Toricelli et Blaise Pascal pour que sur des bases expérimentales quelques-uns de ses enseignements soient contestés : suicide du scorpion entouré de flammes, vitesse de chute des corps proportionnelle à leur poids, horreur de la nature pour le vide, etc. Historiquement, Aristote apparaît comme le premier auteur effectuant des classifications hiérarchiques du savoir de façon systématique. Ce mode de classement, qui pourrait être de son invention (il était en tout cas inconnu des bibliothécaires de Sumer), a survécu jusqu’à nos jours et nous ne commençons à nous en détacher qu’avec les bases de données relationnelles.

 

L’œuvre d’Aristote ne forme pas un tout aussi homogène qu’on pourrait le croire : de même que pour de nombreux autres philosophes, elle est connait des modifications comme la pensée d’Aristote se transformait, s’adaptait à ses nouveaux sujets d’étude. Néanmoins, il se base toujours sur le même réseau de concepts, qui sont définis dans les livres Alpha et Delta de la Métaphysique.

 

ARISTOTE -  TRAITḖ DE L’ÂME

Commentaire de G. Rodier

Édition  Vrin

 1985

L’importance historique du Traité de l’âme n’a pas besoin d’être démontrée, sa valeur dogmatique n’est guère contestée et le serait moins encore s’il était mieux connu. Il peut y avoir dans la psychologie d’Aristote des obscurités et, si l’on veut même, des contradictions, au moins apparentes, mais elle est plus profonde et plus conséquente que notre psychologie classique, mélange incohérent de doctrines cartésiennes et péripatéticiennes, auxquelles on ajoute parfois comme pour accroitre la confusion, des lambeaux du système kantien. Le but de cet ouvrage et de ses commentaires et de faire connaitre le De anima (traité de l’âme) dans sa vérité historique avec ses contradictions et ses difficultés.

 

Comment caractériser ontologiquement l’âme ? Celle-ci est-elle une substance, une qualité, une quantité, ou encore une autre catégorie ? Est-elle en puissance ou en entéléchie ? Divisible ou indivisible, sans partie ? Peut-on dire que l’âme du cheval est la même que celle de l’homme, ou chaque espèce a-t-elle un genre d’âme différent ? L’âme est-elle immortelle ? Aristote propose un argument pour commencer à répondre à la question : si l’âme a une fonction qui lui est propre, et qui reste indépendante du corps, alors elle est immortelle. Si tel n’est pas le cas, l’âme ne pourra pas subsister indépendamment du corps.

 

La pensée est l’opération qui semble propre à l’homme ; mais si celle-ci n’est qu’une espèce d’imagination, elle est liée au corps de façon irrémédiable, car l’imagination suppose la sensation et par suite le corps. Toutes les affections de l’âme (ce qu’elle subit) sont données avec un corps. Aristote prend l’exemple du courage ou de la douceur. S’il en est ainsi, alors les affections sont des formes engagées dans la matière et l’étude de l’âme relève du physicien. On pourra alors expliquer les phénomènes psychologiques en dialecticien ou en physicien, selon qu’on prenne en considération la forme ou la matière de l’affection considérée. Le dialecticien expliquera la colère par le désir de rendre l’offense, par exemple, tandis que le physicien dira qu’il s’agit d’une ébullition du sang qui entoure le cœur.

 

S’il existe des propriétés de l’âme qui ne dépendent ni du corps ni de la matière, elles sont l’objet d’étude du métaphysicien. Aristote, comme à son habitude, que l'on retrouve par exemple dans la Physique, commence par rappeler l’historique des doctrines sur l’âme formulées par ses prédécesseurs (les présocratiques et Platon). La plupart semblent s’accorder sur un point : l’âme est animée. Or l’animé diffère de l’inanimé par deux caractères : le mouvement et la sensation. Le mouvement semble en effet appartenir à l’âme de l’avis de ces philosophes, et beaucoup (Démocrite, Leucippe, certains pythagoriciens, Anaxagore) disent que l’âme est par excellence et primordialement le moteur. L’âme meut les choses, et en premier lieu le corps, et se meut elle-même, ce pourquoi Démocrite l’assimilait à une sorte de feu ou de chaleur, tandis qu’Anaxagore soutenait que l’intelligence a imprimé le mouvement à l’univers.

 

Xénocrate lui la définissait comme un nombre qui se meut lui-même, tandis qu’Héraclite affirmait que c’est parce que l’âme est mouvement qu’elle peut connaître les choses, qui sont dans un flux perpétuel (le mû est connu par le mû). Pourtant, cette unanimité n’empêche pas Aristote de critiquer cette théorie. Il refuse absolument que le mouvement puisse appartenir à l’âme. Pour lui l’animal se décompose en un mobile, le corps, et un moteur, l’âme, qui est immobile. Aristote expose ici des théories développées dans un autre ouvrage, la Physique.

 

Tout d’abord le moteur n’est pas nécessairement lui-même : rappelons-nous sa célèbre définition de l’intellect agent -qui a créé le monde- comme d’un moteur immobile. Ensuite, tout mobile peut se mouvoir par lui-même, ou par autre chose (autrement dit, par accident, comme les matelots qui bougent en même temps que leur navire). Enfin, il rappelle les quatre espèces de mouvements identifiés dans la Physique : translation, altération, diminution et accroissement.

 

ASPECTS DE GÉOGRAPHIE SACRÉE, L’ORIENTATION SOLSTITIALE ET ÉQUINOXIALE DANS L’ÉGYPTE ANCIENNE

MARCO BAISTROCCHI

Edition  ARCHḖ MILAN

 1981

Les différentes positions du soleil, les 4 fils d’Horus, les barques solaires et leurs parcours. Des explications géographiques et astronomiques sur ces symboles égyptiens.

 

 Ignores-tu, ô Asclépios, que I ‘Egypte est l'image du ciel et qu'elle est la projection ici-bas de toute l'ordonnance des choses célestes ?  

 

Profondément attaché à sa terre qu'il considérait comme le "miroir du ciel", l'Egyptien ne pouvait concevoir de la quitter et regardait toujours d'un œil méfiant voyageurs et commerçants, contrairement à d'autres peuples de la Méditerranée, beaucoup plus aventuriers et mobiles. Crétois, Phéniciens et Grecs se chargèrent de répandre les connaissances et produits égyptiens, car les Égyptiens eux-mêmes ne franchissaient leurs frontières que s'ils y étaient contraints. Kem, l'Égypte, était d'ailleurs synonyme de la "Terre elle-même". L'Égyptien pensait habiter une réplique de l'univers tout entier, une véritable caisse de résonance lui permettant de communiquer, sans se déplacer, avec le monde entier, avec le ciel et les puissances souterraines.

  

Nout et Geb incarnent les deux principes fixes, le Feu et la Terre, le haut et le bas, les limites de l'univers qui circonscrit l'espace-temps primordial. Tefnout et Chou incarnent les principes mobiles, l'Eau et l'Air grâce auxquels circule la vie. Ils réalisent la communication verticale entre Ciel et Terre et assurent la mobilité des échanges. Le couple Chou-Tefnout peut aussi être associé aux quatre piliers cardinaux qui relient la voûte céleste à la terre.

Ainsi, les éléments primordiaux expriment les six directions de l'espace, dont le soleil-tertre occupe le centre ou septième direction et assure la fonction d'animateur. 

Pour les anciens Égyptiens, le paradis se trouvait dans le ciel et s'étendait sur un immense plateau de fer ou sur une coupole. Ce plateau, rectangulaire, était soutenu à chacun des quatre angles par un pilier ou une colonne. Aux époques les plus reculées, ces quatre piliers étaient identifiés aux "anciens quatre Khôls qui vivent dans les cheveux d'Horus" et qui sont aussi les "quatre dieux qui sont à côté des sceptres-piliers du Ciel".  

 

Ces quatre dieux sont "les fils d'Horus" et s'appellent Amset (ou Mesti), Hâpi, Douamoutef et Qebehsenouf. Ils présidaient aux quatre régions du monde et furent identifiés par la suite aux dieux des points cardinaux. Les correspondances relevées entre les quatre déesses des points cardinaux, protectrices des angles, Isis, Nephtys, Neith et Selkit et les quatre fils d'Horus permettent de déterminer les associations des quatre fils d'Horus avec leurs points cardinaux respectifs. A partir du Moyen Empire, vers 2000 av. J.-C., ces correspondances sont les suivantes :

 

Hâpi-Nephtys : ouest   -   Douamoutef-Heith : nord

 

Mesti-Isis : est    -     Qebehsenouf-Selkit : sud.  

 

Ce sont ces mêmes quatre déesses qui se retrouvent autour du sarcophage de Toutankhamon. Ces correspondances se trouvent confirmées par un document qui décrit la Maison de Vie, institution composée de scribes et de mages, chargée de la conception et de la rédaction des textes sacrés.

 

ASPECT DE LA PENSÉE RELIGIEUSE DE L’ÉGYPTE ANCIENNE

PAUL  BARGUET 

ÉDITION LA MAISON DE VIE 

2001

Dans cet ouvrage sont rassemblés des articles fondamentaux publiés par Paul Barguet dans diverses revues scientifiques. De l’essai d’interprétation du Livre des deux chemins à la naissance de la Lumière dans les textes des Pyramides en passant par l’étude du cycle lunaire et des dimensions du temple d’Edfou, le lecteur découvrira un univers symbolique décrypté avec rigueur et finesse. Grâce aux travaux de Paul Barguet, ce sont de nombreux aspects de la pensée de l’ancienne Egypte qui deviennent perceptibles.

 

Du plus ancien corpus, les textes des Pyramides, jusqu’aux ultimes témoignages des temples ptolémaïques, Paul Barguet a scruté tous les modes d’expression de cette pensée d’une inépuisable richesse qu’il a explorée et déchiffrée tout au long de ses années de recherche et d’enseignement tant en Egypte qu’à Paris.

 

On peut parler de trois publications majeures à l’intérieur de son œuvre monumentale : En 1962 parait au Caire Le Temple d’Amon-Rê à Karnac. Essai d’exégèse qui, en dépit des découvertes ultérieures, demeure un véritable manuel pour découvrir cet immense édifice et apprendre à le déchiffrer.

 

En 1967, il publie Le Livre des Morts des Anciens Égyptiens, Introduction et commentaire. L’ouvrage est le fruit d’un travail de longue haleine et il demeurera longtemps la base de toute recherche sur ce texte célèbre et complexe. Contrairement à une opinion souvent admise, l’auteur démontre que le Livre des Morts n’est pas un fatras de formules rassemblées au hasard, mais qu’il répond à une architecture précise, notamment d’ordre culturel, dont le but ultime est « la sortie du jour », à savoir la résurrection dans la lumière étroitement liée à la puissance de la parole.

 

C’est en 1986 que Paul Barguet publie une traduction très attendue des Textes des sarcophages du Moyen Empire, dont la difficulté exige une grande maîtrise de la langue hiéroglyphique et une profonde connaissance de la pensée Egyptienne. De nouveau il démontre que les sakhou « les formules de glorification » ne sont pas distribuées de n’importe quelle façon par les rédacteurs mais suivent une logique symbolique en fonction des diverses parties du sarcophage, cette « maison à l’image du monde » dans laquelle le ressuscité va vivre une vie nouvelle.

 

Avec ces trois Œuvres majeures et d’autres publications, Paul Barguet offre aux spécialistes et aux amoureux de l’Égypte ancienne, un paysage spirituel que l’on ne finira jamais d’explorer. Le directeur de l’institut Ramsès doit être remercié pour avoir mené à bien cette publication en hommage à un grand égyptologue, digne successeur de Champollion.

 

Sujets traités dans cet ouvrage :

 

Le Livre des deux Chemins  -  Les textes spécifiques des différents panneaux des sarcophages du Moyen Empire  -  Le Livre des Cavernes et la reconstitution du corps divin  -  Le rituel archaïque de fondation des temples de Médinet-Habou et de Louxor  -  Un groupe d’enseignes en rapport avec le nom du roi  -  La base du reliquaire abydénien  -  Le cycle lunaire d’après deux textes d’Edfou  -  Un aspect religieux du Grand Majordome de la Divine Adoratrice  -  La décoration extérieure du pronaos du temple d’Edfou  -  Les dimensions du Temple d’Edfou et leur signification  -  Parallèle égyptien à la légende d’Anthée  -  Philosophie religieuse du temple égyptien  -  Remarques sur quelques scènes de la salle du sarcophage de Ramsès VI  -  Khnoum-Chou patron des arpenteurs  -  L’origine et la signification du contrepoids du collier-manat  -  La cour du temple d’Edfou et le cosmos  -  Une statuette de Senenmout au musée du Louvre  -  Les chapitres 313-321 des textes des Pyramides et la naissance de la Lumière  -

 

Traducteur des textes des sarcophages et du Livre des morts, auteur d’un ouvrage de référence sur le temple de Karnac, Paul Barguet est l’un des grands égyptologues français de ce siècle et l’un des meilleurs connaisseurs des textes religieux. Né en 1915. Docteur ès-lettres et officier des palmes académiques, Paul Barguet fut chargé de recherches au CNRS, conservateur au département des antiquités Egyptiennes du musée du Louvre, Professeur d’épigraphie, Maître de conférences, directeur de l’institut d’Égyptologie de l’Université de Lyon et directeur scientifique de la Mission Permanente en Égypte, dont il en est le membre permanent depuis 1974.

 

AVICENNE OU LA ROUTE D’ISPAHAN

Gilbert Sinoué

Edition Gallimard

 2015

Moi, Abou Obeïd el-Jozjani, je te livre ces mots. Ils m'ont été confiés par celui qui fut mon maître, mon ami, mon regard, vingt-cinq années durant : Avicenne, prince des médecins, dont la sagesse et le savoir ont ébloui tous les hommes. De Samarkand à Chiraz, des portes de la Ville-Ronde à celles des soixante-douze nations, résonne encore la grandeur de son nom..." Ainsi commence le récit consacré à l'une des plus hautes figures de la pensée universelle. Né en 980 à Boukhara, Avicenne, ou Ibn Sina, est à dix-huit ans le médecin le plus renommé de son temps. Pris dans les remous et les guerres qui agitent les confins de la Turquie et de la Perse du XIe siècle, il est tour à tour nomade, exilé, vizir. Sa dernière étape le conduit à Ispahan, cité sublime, où il meurt à cinquante-sept ans après avoir bu, jusqu'à l'ivresse, à la coupe du savoir et de l'amour.

 

De son vrai nom Abu Ali al-Husayn ibn Abd-Allah Ibn Sina, Avicenne est un médecin et philosophe né en en 980 près de Boukhara (Ouzbékistan actuel) et mort en 1037 à Hamadan (ville d’Iran). Sa carrière et ses écrits s’inscrivent dans un âge d’or culturel de l’islam. Sa biographie est connue grâce au récit qu’a laissé son secrétaire, disciple et ami al-Djourdjani. Ibn Sina est né près de Boukhara, dans le Khorasan, dans une famille de hauts fonctionnaires proches des milieux du pouvoir samanide. Sa famille est chiite, de la branche ismaélienne ; quant à lui, il se convertira au chiisme duodécimain. Il fait des études brillantes, d’abord dans son village, puis à Boukhara. Il a notamment pour professeur Abu Mansur al-Hasan ibn Nuh al-Qumri, médecin à la cour du prince de Boukhara, qui lui dédie son traité de médecine. Doté d’une mémoire prodigieuse, il reçoit l’enseignement de grands maîtres, Boukhara étant à l’époque une grande métropole, riche et puissante, attirant artistes et intellectuels. Son père lui paye les meilleurs professeurs disponibles. Il étudie le droit religieux (le fiqh), la culture de cour (l’adab), le Coran, mais aussi la philosophie gréco-romaine que le monde arabe découvre et traduit à la même époque. Il aurait ainsi relu plus de quarante fois la Métaphysique d’Aristote, et il avoue qu’il a eu le plus grand mal à comprendre ce texte : il se serait aidé d’un traité d’Al-Farabi, célèbre philosophe arabe. Sa carrière est fulgurante : à 16 ans, il est déjà un médecin célèbre, et il rédige son premier traité de philosophie à 21 ans. Il n’a cependant pas le triomphe modeste : il écrit ainsi « la médecine n’étant pas une des sciences difficiles, j’y montrais donc promptement ma supériorité, si bien que des médecins éminents l’étudièrent bientôt sous ma direction ».

 

Il a la chance de guérir le prince samanide de Boukhara, Nuh ibn-Mansûr : celui-ci le récompense en le nommant médecin du palais, ce qui lui donne accès à la très riche bibliothèque du palais. Cette charge était généralement réservée à un chrétien, qu’on pensait moins susceptible de vouloir empoisonner le prince : le fait que Ibn Sina obtienne ce poste est révélateur de son talent. Quelques années plus tard, la mort du prince coïncide avec la mort du père de Ibn Sina, ce qui le pousse à quitter Boukhara et à se lancer dans une vie itinérante. Il voyage un peu partout autour de la mer d’Aral, et notamment dans le Kharezm, qui est à l’époque un petit Etat indépendant. A Hamadan, en Perse, il est nommé vizir par l’émir bouyide  Chams al-Dawla. Au plus proche du pouvoir, Ibn Sina est lié aux intrigues de cour : lorsque Chams meurt en 1021, et que les soldats de la ville se rebellent contre le nouveau prince, Ibn Sina est jeté en prison. Il réussit à s’enfuir, déguisé en derviche, et se réfugie à Ispahan, en Perse. Il y redevient vizir, et le restera jusqu’à la fin de sa vie. Véritable bourreau de travail, il réussit à concilier les devoirs des plus hautes charges de l’Etat et ses travaux littéraires, rédigeant des centaines d’œuvres, de logique, de médecine, de métaphysique. Sa réputation est très étendue : des princes de tout le Dar al-Islam le consultent, des élèves viennent suivre son enseignement. Sa réputation devient internationale : dès la fin du XIème siècle, Constantin l’Africain, un moine du monastère du Mont-Cassin (en Italie), traduit des textes de médecine arabe, et note « on parle beaucoup d’un nouveau prodige de la médecine, né parmi les païens, mais je n’ai pu me procurer ses écrits ». Ibn Sina meurt en 1037, alors qu’il mène une expédition militaire contre Hamadan, d’une crise intestinale – qu’il n’a pas su soigner –, épuisé par l’excès de travail, mais aussi de plaisirs. Sa sépulture devient très vite le lieu d’une vénération populaire, ce qui est toujours le cas aujourd’hui.

 

Avant même d’être un homme politique, Ibn Sina est un médecin, remarquablement doué. Il traduit lui-même certaines œuvres de Galien et d’Hippocrate, pratique la dissection pour « pénétrer les secrets du corps humain ». Son apport en médecine est fondé avant tout sur ses propres observations, sur son expérience directe, mais aussi sur une utilisation rigoureuse de la logique (il pose des prémisses dont il déduit ensuite les conséquences logiques). Son œuvre majeure reste le Canon de médecine (Kitâb al-Qanûn fi Al-Tibb, littéralement le Livre des lois médicales). Ce livre, ramené en Occident par les croisés, et traduit en latin entre 1150 et 1171 par Gérard de Crémone, aura une influence clé en Occident, remplaçant Galien, jusqu’à ce que les savants de la Renaissance le contestent (Léonard de Vinci notamment).

 

Ses travaux marquent de grandes avancées dans plusieurs domaines : en gynécologie, par exemple, ou encore en ophtalmologie, un domaine extrêmement investi par les savants arabes qui multiplient les recherches sur l’optique et la lumière. Ibn Sina expose avec précision le rôle du cœur dans la circulation du sang, pressent le rôle des rats dans la propagation de la peste, multiplie les expériences pharmacologiques : le livre IV de son canon énumère ainsi plus de 760 médicaments. Ibn Sina mène également de complexes recherches en mathématiques (notamment sur les corps infinitésimaux) ou en physique. Il porte une grande attention à la prophylaxie : « la médecine est l’art de conserver la santé, et éventuellement de guérir la maladie » écrit-il ainsi. Il rédige un « poème de médecine » (Urdjuza fi-tib) destiné aux princes, dans lequel il expose les meilleurs moyens de conserver la santé au sein du peuple. Par ces recherches, Ibn Sina est au plus près de l’actualité : le monde arabe a d’immenses villes (Bagdad est la plus grande ville du monde à l’époque) dans lesquels les maladies se multiplient. Ibn Sina est également l’un des premiers à s’intéresser aux maladies psychiatriques, dont il identifie rigoureusement les symptômes, et parmi lesquelles il classe l’amour, comparé à la mélancolie ou à l’amnésie.

 

Ses propos ne sont pas toujours très originaux, mais sa force réside surtout dans leur ordonnancement rigoureux, chaque partie étant subdivisée en plusieurs sous-parties et sous-sections. C’est ce qui va séduire les philosophes socratiques occidentaux : Roger Bacon le qualifie par exemple de « prince des philosophes », pas des médecins. Le monde arabe est à l’époque animé par un intense mouvement de traduction des textes grecs et latins, philosophiques ou scientifiques (voir l’ouvrage de D. Gutas). Les premiers califes, qui ont découvert le papier au milieu du VIIIème siècle, font traduire des centaines d’ouvrages, et attirent auprès d’eux scientifiques et intellectuels. Les différents princes, pour les imiter, se font eux aussi mécènes. C’est à cette époque, en particulier à Bagdad, que se forme la culture arabe classique, divisée entre adab (culture littéraire), ‘ilm (culture religieuse) et hikma (sciences profanes, dont la médecine et la philosophie). On a vu que Ibn Sina s’y inscrivait en plein : il traduit lui-même des textes, et est à la fois grand médecin et grand philosophe. Cet âge d’or culturel profite aussi de l’émulation entre culture arabe et culture persane : le persan est la langue vernaculaire d’Ibn Sina, mais il écrit le plus souvent en arabe classique. Enfin, le savoir est à l’époque extrêmement valorisé socialement : Ibn Sina accède à de hautes charges politiques grâce à ses qualités intellectuelles.

 

Dans cette redécouverte de la culture antique, Aristote occupe une place clé. Il est surnommé « le premier maître » : al-Farabi est le second maître, et Ibn Sina sera le troisième. Celui-ci écrit notamment une immense Philosophie orientale, composée de 28 000 réponses à autant de questions, qui disparait lors du sac d’Ispahan en 1034. Sa philosophie métaphysique est articulée autour de la distinction entre essence et existence, et il développe une complexe théorie faisant de Dieu, « l’Être nécessaire », la force première inspirant l’intelligence de l’homme. C’est notamment cette construction, qui interroge l’unicité divine et son rapport à l’humanité, que l’Occident découvrira avec intérêt, la croisant avec celle d’Averroès : on parle de l’avicennisme, un courant d’idées qui influence notamment Guillaume d’Auxerre. Ibn Sina reprend l’héritage d’Aristote, par exemple pour la philosophie politique : l’être humain est pensé comme un animal social. On pourrait dire qu’il passe l’aristotélisme au filtre du monothéisme : c’est grâce à de telles réflexions que le monde arabe intègre et s’approprie la philosophie antique. Ses propos se font aussi avis politique, lorsqu’il écrit par exemple que le successeur du prophète, le calife, doit être désigné par le Prophète lui-même, et régner avec l’accord du peuple : c’est là un problème qui a divisé l’Etat islamique depuis ses débuts. Ibn Sina est aussi un professeur, avec des élèves qui le suivent un peu partout. Dans ses écrits, il dit que former de nouveaux esprits est le devoir du scientifique : « ainsi, comme médecin, je soignais le corps de mes patients et, comme professeur, je préparais l’âme de mes élèves ». On reconnaît là l’influence de Platon. Il rédige de petites fables philosophiques pour développer ses idées d’une façon pédagogique, et développe également toute une réflexion sur l’éducation, sur les soins à apporter aux enfants, liant pédiatrie et pédagogie. Il construit une véritable paideia (réflexion sur la place de la musique et du sport dans l’éducation des jeunes enfants, sur les différents âges de la vie, sur l’équilibre entre le corps et l’esprit, ce qui donne au philosophe un rôle clé dans la cité.

 

Ibn Sina incarne l’âge d’or culturel de l’Islam, par ses qualités personnelles, l’ampleur de ses recherches, sa brillante carrière. Sa réflexion participe de l’intégration de l’héritage gréco-romain et de la formation de la culture arabe classique. Très vite, il est connu dans tout le monde arabe, voire même au-delà, et ses écrits médicaux et philosophiques auront une grande influence par la suite, notamment en Occident. « Quand je grandis, aucune cité ne fut à ma mesure » écrit-il lui-même.

 

au commencement Étaient les dieux

Jean bottero

Edition TALLANDIER

 2004

"Jean est le contraire d’un scientifique desséché analysant de la poussière obscure. Avec les hommes et les femmes d’autrefois, et particulièrement avec les habitants de cette Mésopotamie qu’il a tant contribué à nous faire connaître, il a un rapport direct, immédiat, une relation de voisin à voisin."

Jean a connu intimement les prostituées de Babylone, il raconte comment elles faisaient l’amour (assez bien, semble-t-il, mais avec une lacune qu’il tient à signaler), il a fréquenté Gilgamesh, il a pleuré la mort d’Enkidou, il a assisté (et peut-être participé) à la rédaction de la stèle d’Hammourabi, qu’il connaît par cœur, il sait comment on cuisinait, on jardinait, on commerçait, pourquoi on mélangeait le miel avec du sel, comment on fabriquait du vin dans un pays de bière.


Et ainsi de suite. Il connaît même les sentiments, les secrets, les souffrances de ces cœurs anciens, il a retrouvé des tristesses, des questions sans réponse, que quelquefois nous nous posons encore – sur l’existence du mal et du crime dans ce monde que nous aimerions sans reproche. Il a suivi le chemin de Dieu, tracé lentement par les hommes, et il nous entraîne à ses côtés, de Sumer à Jérusalem, en passant par Ur et l’Égypte. »
L’auteur nous parle de la découverte de la Mésopotamie, des premiers Sumériens, du déluge, de la première arche de Noé, de Babylone, de la morale et de la sagesse des Mésopotamiens, de la cuisine, du vin, de la magie, d’Abraham de Moïse et de Dieu.

19 B

B.A-BA  DE LA TRADITION  GRECQUE

BERNARD  MARILLIER

Edition PARDES

 2002

La civilisation grecque a jeté ses feux sur le monde antique de 2500 av.  J.C. à 168ap. J.C. date à laquelle la terre hellène devint province romaine. La Grèce irrigua de son génie, pendant des siècles, l’ensemble du bassin méditerranéen et même au-delà, puisque les lumières d’Apollon fécondèrent les terres africaines et égyptiennes, une partie de l’Inde et de la Chine, sans oublier l’Europe de l’Ouest et du Nord, atteignant l’univers des Celtes et les mondes nordiques. Son influence ne prit pas fin avec l’Antiquité, mais se perpétua, à travers les cultures européennes dont elle est l’une des bases essentielles dans l’espace et  le temps, touchant l’ensemble de la planète.


L’expansion européenne, à partir des XVe et XVIe siècles, véhicula, mêlée à des apports celtes, germaniques et romains, une large partie de l’héritage grec. Comme on a pu le dire en France, la Grèce fut une autre mère des arts, des armes et des lois.

 

Ce B.A-BA de la tradition grecque comporte 2 volumes ; ni l’un ni l’autre n’est une histoire de la Grèce qui exposerait les événements politiques, économiques, sociaux, guerriers et autres. Ils se proposent, plus simplement, de dégager, et de mettre en relief, les axes majeurs qui charpentèrent la culture et la civilisation grecques.


Sont étudiés successivement : les origines grecques, la langue, la cadre naturel, le peuplement, les premières lueurs de la civilisation hellène (période mycénienne et l’Âge des héros homériques), la religion et la Grèce des oracles, des initiations et des cultes à Mystères, l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, la cité, l’esprit de lutte: caractéristique mentale de l’univers grec, les arts sous toutes ses formes, les sciences et la philosophie, qui posa pour la première fois, les questions essentielles sur la nature et le destin des hommes, -questions toujours d’actualité-.

Il permettra au lecteur de saisir les bases essentielles, tant spirituelles que temporelles, qui permirent l’éclosion du « phénomène grec », que d’aucuns appelèrent « miracle grec ».

19 C

cagliostro & le rituel de la maçonnerie Égyptienne

Robert amadou

Edition  SEEP

 1996

Cagliostro est le Grand Cophte, ou le Grand Copte. Le Grand Cophte c’est-à-dire à la fois l’indigène et le chrétien de Misraïm, chrétien à la mode de Misraïm et encore un degré éminent ; autrement l’initié par excellence, et même, renchérit l’épithète, un maître d’initiation avec ses disciples, son ordre, son rituel.


Quatre parties cernent ici le personnage et approfondissent son enseignement : le Grand Cophte – Théurgie et « voies internes » – L’Égypte – Une interrogation respectueuse.


L’ouvrage rend enfin les échos autour de Monsieur Philippe, de Cagliostro, Marc Haven et Sédir, le rite de Misraïm est expliqué –

 

Le rite est  le corpus global d’une transmission immémoriale, toujours d’actualité et sans finalité. Il est la résultante du Chemin emprunté par l’Humanité, et plus particulièrement dans le cas du Rite Oriental de Misraïm, d’une route jalonnée par tous les grands initiés qui, depuis la nuit des temps, nous rappellent la Tradition Primordiale. Depuis des milliers d’années (certains parlent symboliquement de millions d’années.), des transmetteurs et des veilleurs, des « cherchants », des prêtres et des architectes, des pharaons et des philosophes se transmettent le dépôt qu’ils ont reçu. Cette route fut certainement chaotique, sinueuse, entrecoupée d’obstacles. On peut même imaginer que parfois elle se soit tout simplement perdue.  Mais la richesse du Rite Oriental de Misraïm est d’avoir su retrouver, réunir, voire substituer la secrète transmission des valeurs fondatrices de l’Initiation et du tracé de la voie lumineuse vers la Connaissance, et ce faisant vers la libération de l’Humanité, enténébrée suite à sa chute il y a fort longtemps.

Le  Rite de Misraïm est certainement le plus mystérieux de tous ceux apparus dans le courant du XVIIIe siècle, car conjointement aux autres Rites maçonniques en vogue, il se veut l’héritier des traditions égyptiennes et chaldéennes antiques, mais aussi des courant hermétiques et gnostiques, pythagoriciens, mithriaques, manichéens, platoniciens. . . Il s’appuie ensuite sur une transmission gréco-romaine, puis byzantine, druze, templière, cathare, alchimiste, kabbalistique, rosicrucienne et compagnonnique. Il a été reçu et peut-être codifié par Joseph Balsamo, universellement connu sous le nom de Comte de Cagliostro, qui initiera l’Europe à ses mystères en passant par Lyon et Paris mais avant Trieste et Venise qui étaient les portes de l’Orient au XVIIIe siècle. La filiation napolitaine reste à ce jour pur et la  Grande Loge de Misraïm en détient seule l’autorité légitime dans le monde, par sa Patente signée et timbrée des sceaux de l'Ordre.

Le Rite Oriental de Misraïm regroupe des corpus de symbolisme maçonnique classique, de philosophie, voire d’opérativité sociétale, mais aussi de gnose platonicienne ou christique, d’alchimie, de Kabbale, de morale et de mystique. C’est ainsi que lorsque d’autres rites se suffisent de 7 ou de 33 degrés, le Rite de Misraïm propose une pyramide de 90 marches incluant la plus grande diversité de tous les accès à la connaissance, tels qu’ils nous ont été légués par nos ancêtres, dont les fameux Arcana & l'Arcana arcanorum ou "Secreto secretorum" de Cagliostro.

Enfin, il est d’évidence que ce courant si spécifique peut être dénommé “spiritualiste”, aristocratique aussi. Mais en cela, il est important de pointer qu’il n’est ni religieux ni dogmatique. Il respecte toutes les religions et se situe sur un autre plan, celui de la Liberté de conscience et du refus de subir. Certains de nos membres se disent athées ou encore agnostiques, certains autres se réfèrent à l’une ou à l’autre de nos grandes religions, d’autres encore vivent une spiritualité adogmatique comme le bouddhisme.


Sur l’Arbre maçonnique, le Rite Oriental de Misraïm occupe une branche aux rameaux multiples et touffus (D’aucuns diraient qu’ils se confondent au tronc, et cette affirmation est loin d’être fausse). Il appartient à la grande famille d’une Franc-maçonnerie marginale qu’on dit illuministe ou mystique, voire occulte ou hermétique.

La Grande Loge mondiale de Misraïm se distingue des autres Obédiences maçonniques françaises avec au minimum trois spécificités :

  • C'est à Paris, au sein de son Grand Rite Egyptien, que la parité homme femme (mixité) a existé pour la première fois au monde, affirmant ainsi et déjà en 1785 l'égalité de l'homme et de la femme au regard de l'Initiation maçonnique.
  • Sa Pyramide ou son Echelle de 90 Degrés initiatiques.
  • L'accès fraternel dans ses Loges aux Maçons du monde entier qui recherchent d'abord une méthode spirituelle et des valeurs humanistes.
    Enfin, les principales spécificités du Rite Oriental de Misraïm résident dans les principes suivants :
  • Vivifier la Tradition transmise par l’ancienne Égypte.
  • Développer la valeur spirituelle de la Quête initiatique.
  • Inspirer une ouverture où intelligence du cœur et savoir ésotérique s’harmonisent dans notre temps.
  • Pratiquer un “Rituel” qui permette à l’Homme (au sens générique) de trouver la voie de sa propre réalisation intérieure. 
  •  

Le rituel est la partie dont il est le plus difficile de parler, puisque nous sommes désormais très proches du secret pour lequel un Maçon prête un Serment inaliénable. Le Rituel de Misraïm est tout d’abord, comme tous les autres Rituels maçonniques, un RIT (Rituel d’Introduction des Travaux). Il codifie les cérémonies qui rythment la vie du Maçon et il permet la bonne exécution des travaux requis par le Chemin Initiatique. Il plante le décor, fait vivre les mythes et les symboles correspondants à l’avancement de chacun. En cela il est déjà un outil irremplaçable, mais mieux encore il est une sorte de boîte à outils dans laquelle le Maçon trouvera toujours la réponse qu’il cherche sans qu’elle ne soit jamais écrite ni imposée. Sa juste exécution garantit la qualité et la sérénité des Travaux. Comparé à d’autres Rituels, Le Rite Oriental de Misraïm propose à ceux de ses membres qui le souhaitent une forme supérieure de sacralité et de spiritualité.

  

champollion grammaire Égyptienne

champollion le jeune

Edition J. DE BONNOT

 1994

À la suite de l’expédition de Bonaparte en Égypte, de multiples souvenirs furent rapportés en France par les militaires rapatriés. C’était le plus souvent des fragments de statues et d’objets artistiques, des éléments de mobiliers funéraires et même des momies. Mais les savants ne réussissaient pas à interpréter la mystérieuse écriture qui les accompagnait. Ces textes restaient pour eux lettre morte, ce qui les empêchait entre autres de pouvoir dater ces étonnantes reliques.

Des soldats du génie de l’armée française, qui travaillaient à la construction d’une forteresse dans la région de Rosette, montrèrent un jour à leur officier une grosse pierre de basalte noir qu’ils venaient de déterrer. Elle était couverte d’inscriptions séparées en trois parties : en haut des caractères hiéroglyphiques, au centre des écrits en cursif, en bas, finalement, une inscription en grec. Ce texte en grec pouvait être traduit et sa signification était parfaitement compréhensible.

À la capitulation de l’armée française en Égypte, la « pierre de Rosette » passa dans la main des Anglais et, depuis, elle se dresse à l’entrée des salles égyptiennes du British Muséum de Londres. Mais les savants français avaient pu en dessiner des copies. Un jeune garçon eut l’occasion de voir chez un parent, un double des signes mystérieux gravés sur cette pierre et en fut tellement frappé qu’il se promit de pouvoir déchiffrer un jour ces textes si énigmatiques. Cela créa en lui un désir intense qui devint une véritable obsession.


Né à Figeac (Lot) en 1790, Jean-François Champollion, entra dans l’histoire avec le nom de Champollion le Jeune. Véritable génie du déchiffrement des langues anciennes et de la paléographie, avant de terminer le lycée, il parlait couramment, en plus du latin et du grec, l’hébreux, l’arabe et le chaldéen. À vingt-quatre ans, en 1814, il publia deux volumes qui contenaient la description géographique de l’ancienne Égypte d’après Hérodote et les auteurs classiques, complétée par des documents coptes et arables de différentes époques.


Chargé en 1828, d’un voyage scientifique officiel en Égypte il fut admis trois ans plus tard, à l’Académie des inscriptions. Mais en 1832, cet homme encore si jeune succomba à une attaque d’apoplexie avant de pouvoir donner à l’humanité d’autres preuves de son génie si fécond. Après sa mort, par la loi du 24 avril 1833, l’État acquis tous ses écrits et chargea le frère aîné de l’auteur, Jean-Jacques Champollion-Figeac, d’en faire la publication.

 

champollionpanthÉon Égyptien

champollion le jeune

Edition J. de Bonnot

 2006

Rédigé fiévreusement en pleine période romantique par un homme hors du commun, le déchiffreur de la pierre de Rosette, c’est une somme qui dévoile les symboles et les arcanes de l’explication du monde caché des prêtres égyptiens et de leurs rites magiques.

Écrit dans une langue toujours claire et agréable, illustré par l’entremise de CHAMPOLLION lui-même de splendides gravures originales évoquant les mythes interprétés, ce texte est aujourd’hui présenté dans une édition d’une rare beauté.

Le Panthéon égyptien est suivi des Lettres d’Égypte et de Nubie qui l’éclairent. Ces lettres que Champollion envoie en France au fur et à mesure de son voyage sont en fait un roman alerte qui alterne le récit de ses découvertes au jour le jour, ses méditations inédites sur le sacré, ainsi que beaucoup d’anecdotes picaresques…

Chargé d’une mission officielle en Égypte par le roi Charles X, Champollion discute avec le « Napoléon de l’Orient » (Victor Hugo), le fameux khédive ottman Mehemet Ali, qui lui fait don pour la France de l’obélisque de la place de la Concorde, descend le Nil, repère, visite tous les sites antiques et lance des fouilles… L’auteur refait l’itinéraire perdu des pharaons avec autant de culture que de ferveur.

Au-delà de la compréhension de la langue égyptienne qui l’a rendu célèbre, le véritable but que s’est fixé le jeune Champollion est de déchiffrer les mystères de cette civilisation fabuleuse, fermée jusque-là à la compréhension des hommes modernes.


Dès qu’il a percé le code des hiéroglyphes, il s’y attaque avec passion, dévore la littérature hiéroglyphique désormais lisible.


Son voyage, qu’il décrit dans ses Lettres, lui permet d’aller se rendre compte sur place du monde qu’il ressuscite par ses découvertes. Il rédige tout au long de cette période le Panthéon qu’il enrichit sans cesse et meurt sans avoir eu le temps de le publier intégralement.


La richesse du savoir ésotérique des prêtres égyptiens a influencé en profondeur le monde antique à travers les initiés qu’elle a nourris. Elle a infléchi la mythologie grecque d’abord, qui l’a absorbée ; les sciences ensuite : mathématiques, physique, astronomie, les techniques, la philosophie enfin, qui lui doivent leur impulsion initiale.

 

CHRONOLOGIE DEs PHARAONS

Claude baillon

a compte d’auteur

 2002

Une plaquette très agréable à lire, et qui fait la chronologie de toutes les dynasties pharaoniques avec des schémas et des photos couleur.

 

Une véritable initiation à l’Égypte ancienne. Instructif, agréable et pédagogique.

 

1177 AVANT JḖSUS-CHRIST – LE JOUR OṸ LA CIVILISATION S’EST EFFONDRḖE

Eric Cline

Ed. La Découverte

2015

Un réchauffement climatique suivi de sécheresse et de famines, des séismes, des guerres civiles catastrophiques, de gigantesques mouvements de populations fuyant leurs terres d'origine, des risques systémiques pour les échanges internationaux... Nous ne sommes pas en 2015, mais bien au XIIe siècle avant J.-C. ! Toutes les civilisations de la Méditerranée grecque et orientale (de la Crète à l'Égypte, de Canaan à Babylone, etc.) se sont en effet effondrées presque simultanément, il y a plus de trois mille ans. Des régions entières ont été désertées, des villes détruites et définitivement vidées de leurs habitants. L'Égypte ne sera plus que l'ombre d'elle-même.

Comment un ensemble de civilisations florissantes a-t-il pu disparaître aussi brutalement ?  Le grand archéologue américain Eric H. Cline mène l'enquête et nous raconte la fin de l'âge du bronze sous la forme d'un drame en quatre actes. Il fait revivre sous nos yeux ces sociétés connectées qui possédaient une langue commune, échangeaient de multiples biens (grains, or, étain et cuivre, etc.), alors que les artistes circulaient d'un royaume à l'autre. Les archives découvertes témoignent de mariages royaux, d'alliances, de guerres et même d'embargos. En somme, une " mondialisation " avant l'heure, confrontée notamment à des aléas climatiques qui pourraient avoir causé sa perte... Une passionnante plongée dans le passé qui nous oblige à réfléchir.

Eric H. Cline, historien, archéologue et anthropologue américain, propose ici une exploration des différentes cultures du bassin méditerranéen de l’âge du bronze, en s’interrogeant en particulier sur la raison de leur rapide effondrement vers la fin du premier millénaire avant Jésus-Christ.

 

Que se passe-t-il lorsque, dans un monde déjà interconnecté, les empires s’écroulent les uns après les autres ?

L’auteur, dès la préface et l’introduction, pose clairement la question inscrite au cœur de son enquête : pourquoi des civilisations vieilles de plusieurs centaines d’années, organisées dans des empires stables et puissants, se sont-elles rapidement effondrées ? Quels facteurs faut-il incriminer ? La réponse à la question s’articule en quatre chapitres, allant du XIVe siècle au XIIe siècle avant notre ère. D’emblée, l’auteur s’attache à présenter le monde dans lequel on s’inscrit : si certaines civilisations sont relativement bien connues des lecteurs contemporains, comme l’Égypte du Nouvel Empire, d’autres le sont moins, et l’empire hittite, la Crète, la Grèce de Mycènes, sont ici fort bien présentées, au fil des sources. L’auteur part systématiquement d’une découverte archéologique – une épave, des lettres, une tablette d’argent – pour ensuite présenter la civilisation qui est à son origine. Ou plutôt les civilisations, car c’est le leitmotiv du livre : le monde de l’âge du bronze tardif était un monde « globalisé », autrement dit densément connecté. Les différentes civilisations étaient liées par le commerce, la guerre, la diplomatie. L’auteur sait, en particulier dans les deux premiers chapitres, faire voir ces liens qui unissaient les différentes régions : des tablettes hittites mentionnent l’emploi de mercenaires grecs, des fresques égyptiennes représentent des marchands asiatiques, une épave transporte des marchandises venues de l’ensemble du monde méditerranéen. Et ce monde disparaît soudainement, relativement rapidement, au tournant du XIIe siècle avant J.-C.

 

De très nombreuses explications ont été avancées pour comprendre cet effondrement, les hypothèses proposées allant d’invasions par des peuples extérieurs à un changement climatique rapide en passant par une série de catastrophes naturelles de grande ampleur. Comme le note E. Cline, aucune de ces explications n’est pleinement satisfaisante. C’est en fait dans ces liens multiples et entrelacés que se cache la réponse à la question : chaque civilisation dépendait des autres, pour son approvisionnement en nourriture (l’empire hittite importait du blé d’Égypte) ou en matières premières (l’étain nécessaire à la fabrication du bronze venait d’Afghanistan). Bref, ce monde formait un système, interconnecté, interdépendant, alimenté par un dense réseau. Les crises traversées par ces formations politiques se sont donc nourries les unes des autres, leurs effets se sont cumulés, et, quand les routes commerciales se sont effondrées, c’est l’ensemble de ce monde global qui a suivi.

 

La thèse de l’auteur est intéressante, et elle résonne, évidemment, aux oreilles du lecteur contemporain, vivant lui-même dans un monde globalisé qui s’inquiète de ses matières premières et du changement climatique. L’une des références très fortes de l’auteur, citée au moins cinq fois dans l’ouvrage et présente dès le titre, est l’ouvrage de Jared Diamond, Effondrement1 : on retrouve chez les deux auteurs une volonté d’inscrire l’histoire ancienne dans un cadre contemporain, de faire des parallèles, d’interpeller le lecteur en lui montrant que ces mondes disparus pouvaient, par bien des aspects, ressembler au nôtre. La leçon de l’auteur est résolument politique : ce que nous disent les sociétés de l’âge du bronze, c’est que plus les civilisations sont connectées, plus les crises – politiques, économiques, sociales – se diffusent rapidement. À âge global, effondrement systémique.

 

Si cette volonté de rapprochement est louable, il nous semble qu’elle conduit trop souvent l’auteur à faire des comparaisons parfois légères, voire anachroniques : il n’est ainsi pas fondé de dire que les pays de l’époque formaient des États-nations , alors qu’on sait bien que c’est là une notion fondamentalement contemporaine, ou de souligner en passant que le commerce international du XIVe siècle avant J.-C. n’était « pas si différent » de notre économie mondialisée actuelle . De même, selon notre point de vue, l’auteur exagère largement lorsqu’il parle de cette époque comme d’un âge global : si on peut éventuellement avancer, avec prudence, que les civilisations de la Méditerranée orientale de l’âge du bronze étaient alors si connectées qu’elles en sont venues à former un système, il est tout simplement absurde de parler « d’âge d’or de l’internationalisation et de la globalisation »  ou de dire que cette époque formait « le premier véritable âge global ». D’abord parce que l’idée même d’internationalisation est anachronique à une époque où n’existent pas encore de nations ; ensuite parce qu’une globalisation qui laisse de côté l’immense majorité du monde – la Chine, l’Inde, l’Afrique, sans même parler de l’Amérique – n’en est pas une. L’ouvrage fondamental dirigé par Patrick Boucheron, Histoire du monde au XVe siècle2, prouve précisément que ce n’est qu’au XVe siècle après Jésus-Christ, avec la découverte de l’Amérique, que commence véritablement à se mettre en place un système globalisé dont notre mondialisation actuelle est l’héritière directe. Les échanges commerciaux et diplomatiques entre Hittites, Égyptiens, Chypriotes et Grecs de l’âge du bronze ne peuvent pas soutenir la comparaison. La globalisation est un concept fort, qui ne gagne rien à être ainsi inconsidérément étendu.

 

Au niveau de l’écriture même du livre, on peut aussi, selon nous, critiquer la mise en intrigue, permanente, et au fond assez inutile. Pas de chapitres ici mais des « actes », pas de conclusion mais un épilogue, et une volonté constante de raconter. Cela pousse E. Cline à porter une grande attention aux différents contextes de découverte des témoignages archéologiques présentés, ce qui est un net avantage sur le plan pédagogique. Mais cela le conduit aussi à dramatiser l’histoire : l’auteur parle d’intrigue, de dénouement, de suspects... Il cherche aussi à raccrocher son récit à l’Iliade ou à l’Exode des Hébreux hors d’Égypte, deux événements célèbres qui se seraient produits pendant cette période, même si leur historicité reste improuvable : on touche là aux parties les moins convaincantes et les moins neuves de l’ouvrage. La référence à Sherlock Holmes  est assez significative : on est moins dans une enquête historique, conduite avec prudence et esprit critique, que dans une enquête policière qui cherche le « coupable ». D’où ma dernière critique : le vocabulaire utilisé par l’auteur n’est pas un vocabulaire d’historien.

 

Le titre à lui seul fait tiquer : outre la dramatisation dont on vient de parler, renforcée par la couverture de l’ouvrage qui reprend un tableau du XVIe représentant la chute de Troie, l’emploi du mot « civilisation » intrigue. L’auteur joue en fait, consciemment ou inconsciemment, sur la confusion entre civilisations, au pluriel, et civilisation, au singulier : l’effondrement des civilisations de l’âge du bronze, incontestable, est dès lu comme un « retour en arrière de la civilisation », l’auteur allant même jusqu’à écrire que « la civilisation elle-même avait été rayée de la carte de presque toute la région ». On sort ici complètement de l’enquête historico-archéologique : Cline parle de catastrophe, de perte, d’histoire tragique. Il faut sans doute le redire : l’historien n’a pas à distribuer les bons et les mauvais points, il doit s’abstenir de porter un jugement axiologique, et devrait s’en tenir aux civilisations au pluriel, sans utiliser ce dangereux singulier.

 

COMMENT A DISPARU LA CIVILISATION DE L’ÉGYPTE ANCIENNE

Jean-Paul de Lagrave

Edition Maison de Vie 

 2014

En dépit d’une occupation grecque puis romaine de plusieurs siècles, la vitalité de la civilisation égyptienne demeure intacte en cette fin de IVe siècle : les temples sont ouverts et actifs, les « maisons de vie » dans lesquelles on recopie sans relâche des textes hiéroglyphiques anciens sont toujours en activité. Le culte des dieux se poursuit et la déesse Maât, garante de l’harmonie de la société, est toujours présente et vénérée.

Cet ouvrage, relate les dramatiques événements consécutifs à l’édit de l’empereur Théodose qui, pour accélérer le développement de la nouvelle religion chrétienne en Egypte, va interdire sous peine de mort, la pratique du culte égyptien. Cette terrible décision va détruire le fondement même de cette brillante civilisation, vieille de plus de trois millénaires.

Dès la publication de l’édit, le 16 Juin 391, le patriarche-archevêque d’Alexandrie : Théophile, à la tête d’un bataillon de « moines noirs » fanatisés (les barbes noires) détruit les temples et tue les fidèles d’Alexandrie. Cette action débuta par l’attaque du prestigieux temple d’Isis et d’Osiris à Alexandrie en 392 et se poursuivit en Haute Egypte avec le terrible Chénouti. Malgré une résistance farouche de la part des Blemmyes (les fidèles adorateurs d’Isis), les moines noirs et les troupes de l’empereur prirent d’assaut le temple de Philae et incendièrent diverses bibliothèques.

Sans ces milliers de moines noirs, porteurs d’une violence sanguinaire, la volonté de Théodose d’anéantir la religion traditionnelle égyptienne, n’aurait pu s’accomplir. C’est dans le désert que se formeront ces hommes nouvellement converti au christianisme et qui encadrés durement dans le désert, vont devenir très vite entre les mains des évêques fanatiques une machine de guerre redoutable. C’est Pakome qui voyant ces gens errer dans le désert eu l’idée de les regrouper dans des monastères et de les éduquer dans cette haine de l’autre.

Cette folie meurtrière ne s’arrête qu’en 551, une fois l’antique religion égyptienne complètement éradiquée. Avec elle disparaissait du même coup la prodigieuse civilisation des bords du Nil. Moins de 100 ans plus tard, Cyrus, patriarche-archevêque d’Alexandrie et gouverneur de l’Egypte, offrait la capitulation du pays à l’émir ben Al-As, à la tête de 4000 « cavaliers d’Allah ».

Malgré le génocide de son peuple d’initiés, l’âme de la civilisation de l’ancienne Egypte est d’une telle puissance qu’elle a survécu, ses destructeurs étaient convaincus qu’il n’en resterait rien, et de fait ce fut un silence de plus de 1000 ans.

Soudain les pharaons les plus prestigieux du Nouvel Empire s’éveillèrent de leur long sommeil, et leurs momies à l’abri des pillards, rendirent témoignages de la grandeur de leur civilisation, une belle revanche que les nations actuelles saluèrent en s’unissant pour sauver les temples menacés par la montée des eaux du Nil, et par la redécouverte de cette Egypte immortelle.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’édit fatal - Les terribles moines noirs - Les pharaons ecclésiastiques - Une doctrine bouleversante - Le règne de Maât - La déesse universelle - La guerre des Blemmyes - Choc en retour - Des témoignages pour l’humanité - Un message immortel - Fraternité solaire de Ramsès - Le règne universel d’Isis -

 

CROIX DE VIE ÉGYPTIENNE, SES FABULEUX POUVOIRS

Marie Delclos

Edition Trajectoire

 1998

C’est à un authentique voyage à travers l’espace et le temps que nous offre Marie Delclos, dans un livre qui mêle avec subtilité l’art di conteur, de l’historien et celui bien plus mystérieux du praticien des Sciences occultes. L’Ankh ou croix ansée, appartient à ces images-clés qui forment notre inconscient collectif. Symbole protecteur par excellence, il est communément désigné par l’expression « croix de vie ».
 

Cette image n’a rien d’usurpé, comme le démontre brillamment dans une première partie intense et fort bien documentée, l’ésotériste, l’astrologue et voyante Marie Delclos. Plongeant au cœur de la mythologie, elle nous dévoile, au travers d’une enquête historique passionnante, comme un roman policier, les secrets les mieux cachés de cette mystérieuse image initiatique.


Elle traque sa trace à travers les représentations divines et pharaoniques, nous révélant son unité et sa multiplicité. Multiplicité, car ses significations vont bien plus loin encore que les explications communément actives. Unité, parce qu’à travers la diversité des sens apparait un axe unique : celui de la protection divine, du rayonnement de l’énergie et de l’immortalité.

Replaçant l’Ankh dans l’extraordinaire contexte de la mythologie égyptienne toute entière, cet ouvrage est également un tremplin pour ceux qui désirent aller plus loin et utiliser cette connaissance de manière résolument pratique. De la magie talismanique aux puissants rituels liés à l’Ankh, nous restituant toute la force des pratiques occultes de l’Egypte ancienne, afin de dynamiser tous les domaines de notre vie, aucun aspect n’est passé sous silence des merveilleux pouvoirs de l’Ankh.

L’Ankh comme clé et croix : Le livre des ports égyptiens donne une explication sur l’Ankh comme symbole ésotérique « Quiconque possédait la clé géométrique des mystères ésotériques, dont le symbole était précisément cette croix ansée, savait ouvrir les portes du monde des morts et pouvait pénétrer le sens caché de la vie éternelle »

Lorsqu’il est tenu par l’anse, l’Ankh évoque une clé, c’est l’une des raisons pour lesquelles on nomme ce symbole « clé de vie ». L’Ankh est donc ce qui ouvre, c’est la clé des mystères, celle qui fait pénétrer l’initié dans le monde des symboles, c’est la clé qui permet de décrypter l’iconographie égyptienne, qui se présente comme un immense livre ésotérique, une immense bande dessinée codée dans laquelle rien n’est laissé au hasard, rien n’est laissé à l’imagination ou à la sensibilité des artistes qui la peignirent, la gravèrent ou la sculptèrent. L’Ankh est une clé qui ouvre de nombreuses serrures, et comme tout symbole, il possède plusieurs niveaux de lecture mais il semble en plus être au centre de tous les autres.

L’Ankh est donc la puissance de la vie, aussi bien celle qui fait germer l’épi d’orge, que celle qui fait lever le soleil. L’Ankh est l’esprit qui est partout, aussi l’Ankh n’est-il pas là seulement pour donner aux humains une vie terrestre longue et prospère, mais pour lui assurer la vraie vie, la Vie éternelle, la Vie dans l’Au-delà.

C’est à cette Vie éternelle que les Egyptiens aspiraient avant tout, ainsi que le montre le texte de l’historien grec Diodore de Sicile à leurs propos : »…la croyance des habitants qui regardent la vie actuelle comme fort peu de chose, mais qui estiment infiniment les vertus dont le souvenir se perpétue après la mort. Ils appellent leur habitation « hôtellerie », vu le peu de temps qu’on y séjourne, tandis qu’ils nomment les tombeaux « demeures éternelles » car les morts vivent dans les enfers pour l’éternité, c’est pourquoi ils apportent à la réalisation de leur tombe plus de soins et de travail qu’à celle de leur maison »

Naturellement, il s’agit là d’un premier niveau de lecture : pour les initiés : les enfers étaient le ciel, et la vie éternelle se trouvait parmi les astres ; là encore, il ne s’agissait que d’une forme symbolique recouvrant un dernier niveau de lecture, le dernier mystère auquel peu avaient accès. Essayons donc d’aller plus loin et faisons appel à Petosiris, qui fut grand prêtre de Thoth à Hermopolis Magna ; il était considéré comme l’un des hommes les plus savants de l’Egypte, tes instruit des sciences hermétiques, alchimiques, symboliques, astrologiques et en magie, c’est lui qui avait enseigné au pharaon Nechepso, roi de Saïs, et c’est donc lui qui expliquera aux égyptiens comment se comporter durant leur vie terrestre afin d’accéder à la vraie Vie, à l’Ankh, je cite :

 « Ô vivants actuellement sur terre, je viendrais vers vous et je ferais que vous soyez instruit des volontés de Dieu….. Venez, je vous guiderais vers le chemin de la Vie….. Si je suis arrivé ici, à la ville de l’Eternité, c’est que j’ai fait le bien sur terre et que mon cœur s’est complu sur le chemin de Dieu depuis mon enfance jusqu’à ce jour… J’ai pratiqué la justice, suivie et respecté l’Ankh, je n’ai fait de mal à personne, je n’ai rien pris à autrui, je n’ai fait de mal à personne et j’ai toujours suivi les préceptes de Dieu, j’ai fait tout cela en pensant que j’arriverais à Dieu après ma mort et que je savais que viendrait le jour des Seigneurs de la justice quand ils feront le partage lors du jugement. Heureux celui qui aime Dieu, il arrivera à sa tombe sans accident… » Texte des sarcophages chapitre 83 -

« C’est la connaissance qui donne la vie éternelle « Tout être qui est connaissant ne mourra pas de la seconde mort. Ses ennemis n’exerceront aucune influence sur lui et nulle magie ne le retiendra sur terre » -Texte des sarcophages Chapitre 85 –

Ces textes sont très clairs et lorsqu’on parle de « Nem Ankh », il s’agit bien de la Vie éternelle divine, de la survie dans l’autre monde, de la renaissance et des cycles de la vie : « la mort est donnée à l’inique », malgré tout suivre des préceptes moraux était bien, mais l’insistance était donné vers la Connaissance.

 

CYRUS - DE L’IRAN A LA PERSE – 2500 ANS D’HISTOIRE

Ardavan Amir- Aslani

Edition de l’Archipel

2018

Malgré l’excellent Henri Corbin, la culture persane et l’islam iranien sont aujourd’hui oubliés, parfois rejetés. Ardavan Amir-Aslani, qui enseigne la géopolitique du Moyen-Orient à l’Ecole de guerre économique rend compte dans cet ouvrage passionnant de l’héritage perse et du rayonnement d’une civilisation dont nous avons tout autant besoin aujourd’hui que par le passé, malgré la période sombre que nous traversons. Ardavan Amir-Aslani nous conduit dans la complexité et la richesse paradoxale de la pensée persane qui influe sur de nombreux domaines : philosophie, métaphysique, art, spiritualité…

 

« Ce qui fait le génie iranien, nous dit-il, c’est qu’il a rayonné bien au-delà de ses frontières. L’iranité est trop vaste pour la borner aux frontières actuelles de l’Iran. On ne peut pas la limiter à un peuple et un territoire uniques : l’Iran est une terre centrale qui sépare les mondes, une terre de jonction entre le monde méditerranéen et asiatique, qui relie l’Europe à l’Inde et à la Chine. » La vaste culture persane se heurte à la dépréciation par les autres musulmans, en particulier Arabes. Ce positionnement hostile est un facteur déterminant pour comprendre les conflits actuels. Ignorer l’héritage persan c’est hypothéquer l’avenir de la région. Le berceau de la civilisation perse pourrait être en Bactriane ou en Sogdiane. L’observation des langues permet d’identifier les peuples issus de cette matrice qui donna naissance à trois branches, l’une nordique, quasi-disparue, une deuxième occidentale, la plus répandue avec le farsi, le persan et peut-être le kurde et le balouchte, et une troisième dite orientale avec le sogdien, le patchoune, le dari. Ardavan Amir-Aslani remarque que le persan d’aujourd’hui est le même qu’il y a mille ans. L’influence culturelle de l’Iran est vaste, de la Turquie à l’Inde. Ceci se remarque notamment par la célébration du Nouvel An iranien, Norouz, dans quatorze pays autres que l’Iran dont la Turquie, la Géorgie, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde, la Chine…

 

Ardavan Amir-Aslani déploie pour le lecteur le panorama de l’histoire perse jusqu’à l’invasion arabe et après celle-ci. La Perse connut un nouvel âge d’or deux siècles après cette invasion grâce à une résistance culturelle à l’arabisation. La langue persane resurgit et avec elle la production de chefs d’œuvres littéraires exemplaires. La culture perse va également irriguer la culture arabe. Il présente avec clarté la problématique entre sunnites et chiites. Les Arabes apportèrent le chiisme à l’Iran. Si les chiites, dont les soufis et les ismaéliens, sont largement minoritaires, leur importance est considérable dans le jeu politique. L’islam iranien, continuateur de la pensée persane, si profond et en perpétuel évolution, s’oppose à un sunnisme figé depuis des siècles. Nous avons une religion d’amour d’un côté, le chiisme et une religion de la loi de l’autre, le sunnisme.

 

Enfin, Ardavan Amir-Aslani nous intéresse à la trace zoroastrienne jusqu’à nos jours. On trouve au sein du chiisme des références zoroastriennes. Le soufisme a intégré des éléments de mystique iranienne. Le soufisme trouva sa place dans les régions où des siècles auparavant s’était installé le zoroastrisme, notamment en Bactriane et en Sogdiane. Sohrawardî  (1155-1191) opéra une véritable résurrection de la sagesse zoroastrienne. L’auteur, en nous introduisant à la beauté d’une culture que nous n’abordons le plus souvent qu’à travers le prisme de préjugés tenaces, en redonnant à la Perse et à l’Iran la place qui est la leur dans l’histoire, appelle aussi à une révision des politiques liberticides et toxiques de l’Occident envers l’Iran et, plus largement, au Moyen-Orient. C’est en prenant appui sur cet héritage culturel persan considérable qu’un nouveau modèle peut surgir, porteur d’espoirs.

 

L'installation des Perses dans l'actuel golfe Persique demeure mal connue. Vers 560 av. J.-C., un homme nommé Cyrus, appartenant à la famille des Teispides, devient « roi de l'Anshan », parvient à agréger des territoires à son royaume puis affronte son suzerain Astyage, roi des Mèdes, alors en difficulté. Cyrus vainqueur laisse la vie sauve à Astyage et se présente comme son successeur légitime, ce qui le conduit à se heurter aux puissances voisines de Lydie et de Babylone. Crésus, roi de Lydie, inquiet de l'influence grandissante des Perses, attaque Cyrus en 547-546 mais ce dernier sort vainqueur et capture son royaume. Cyrus se tourne ensuite vers Babylone qu'il prend en 539. Les étapes des conquêtes perses restent obscures pour les historiens. Le roi perse se révèle un administrateur habile, respectant les traditions locales et gagnant la sympathie des élites, ce qui lui permet de consolider son pouvoir.

 

Le fils de Cyrus, Cambyse, conquiert l’Égypte de 525 à 522, alors dernière grande puissance de la région. Les revenus de biens fonciers que perçoivent les temples égyptiens diminuent fortement, entraînant le mécontentement des administrateurs de ces sanctuaires. Cela et les deux révoltes égyptiennes qui suivent sa mort (522) lui valent une légende noire, Hérodote le décrivant comme un despote fou et brutal. Il s'ensuit une crise politique en Perse qui aboutit à la prise du pouvoir de Darius Ier, appartenant à une autre lignée que Cyrus et Cambyse, les Achéménides. Le nouveau roi doit employer son ingéniosité pour rattacher sa famille à celle de ses prédécesseurs, pour se présenter comme leur successeur légitime. Après avoir maté plusieurs rebellions dans l'Empire, Darius s'attaque à la Grèce mais échoue à Marathon en 490, ce qui le contraint à limiter l'Ouest de son empire à l'Asie Mineure.


Xerxès Ier parvient au pouvoir en 486 et se voit obligé de consolider son autorité : des révoltes éclatent en Egypte et en Grèce et le début du règne commence par une expédition en Egypte. Le nouveau souverain se dirige ensuite vers la Grèce où il défait les Grecs aux Thermopyles avant d'être battu sur mer à Salamine (480) et sur terre à Platées (479). Il parvient à reprendre en main la Babylonie et à stabiliser le pouvoir central. Les successeurs de Xerxès, à commencer par son fils Artaxerxès, s'appliquent à contenir les Grecs (la ligue de Délos est fondée par Athènes en 478) et à développer les autres territoires de l'empire. Jusqu'à l'avènement du dernier souverain achéménide, Darius III, les assassinats et les usurpations dynastiques se multiplient en Perse, néanmoins à aucun moment ces troubles ne représentent une menace pour la survie de l'empire.

Darius III, dernier roi achéménide, arrive sur le trône en 336 à la suite de complots politiques. Ayant peu d'expérience dans le gouvernement de l'empire, il parvient néanmoins à ramener l'ordre en Egypte. Au printemps 334, la conquête d'Alexandre commence : ce dernier traverse l'Hellespont sans que Darius ne prenne la mesure du danger. Les Perses sont battus une première fois à la bataille du Granique (mai 334) puis une seconde fois à la bataille d'Issos (novembre 333) où Darius commande l'armée en personne. Il prend la fuite et ne peut empêcher Alexandre de s'emparer de la Phénicie et de l'Egypte. Le souverain perse en profite pour rassembler une nouvelle et imposante armée comprenant des éléphants de guerre mais il est définitivement battu à la bataille de Gaugamèlès le 1er octobre 331. Abandonné par ses fidèles, il est assassiné par plusieurs satrapes en 330. L'empire achéménide prend fin avec la mort de Darius III.

La chute de l'empire achéménide est moins due à des troubles politiques qu'à la capacité militaire exceptionnelle d'Alexandre. Alexandre va se présenter, non comme le libérateur des peuples dominés par les Perses, mais comme le successeur naturel du dernier achéménide, Darius III. La Perside reste calme après la mort d'Alexandre, en revanche, en Bactriane, Inde et Médie, des rebellions éclatent. Séleukos Ier, l'un des généraux d'Alexandre, marié à une princesse iranienne nommée Apama, conquiert la Mésopotamie et l'Iran depuis sa base en Babylonie entre 312 et 301 av. J.-C. Ainsi s'ouvre la période séleucide. A l'époque achéménide, le roi perse tient avec sa famille une place centrale dans l'empire, mais celui-ci s'appuie aussi sur les élites indigènes locales dont il s'assure la fidélité en distribuant des cadeaux, récompenses et honneurs à ceux qui sont de bons serviteurs. Le roi tient son pouvoir du dieu Ahurmazda sans être pour autant de descendance divine ; ce pouvoir est absolu et comprend la désignation de son successeur. Les souverains mènent une politique de tolérance religieuse, à condition que les croyances des sujets n'aient pas de conséquences néfastes sur le bon fonctionnement de l'empire. Il n'y a pas de véritable religion d'Etat même si les rois successifs détournent certains concepts du zoroastrisme à des fins politiques.

Le palais royal constitue le centre administratif central de l'empire. C'est peu après son accession au pouvoir (515) que Darius entame la construction de Persépolis, sa nouvelle ville de résidence. Son fils Xerxès Ier poursuit les travaux tandis que son successeur Artaxerxès Ier les interrompt. La dernière phase de construction a lieu sous le règne d'Artaxerxès III. Le palais et la résidence royale sont situés à une altitude de 1100 mètres, sur une terrasse artificielle de 450 mètres sur 300 mètres, au pied de la montagne Kue-e Rahmat, le « Mont de la Miséricorde ». Les déplacements du souverain rendent néanmoins la notion de capitale relative puisque le pouvoir central se situe là où est le roi, lequel se déplace souvent avec sa cour. Généralement, les mois les plus chauds, il est en altitude à Ecbatane ou à Persépolis tandis qu'il passe les mois les plus froids à Suse ou Babylone.

La personne à la tête de circonscriptions territoriales s'appelle le « satrape » (littéralement « celui qui protège le pouvoir/l'empire »). Il est le représentant du roi à l'échelon régional. Sa Cour est organisée de la même façon que la Cour royale, il dispose de sa propre chancellerie, de sa propre trésorerie et commande sa garnison. De nombreux fonctionnaires sont placés sous ses ordres. Sous Darius Ier, on compte au moins vingt satrapies. Le satrape est surveillé par des inspecteurs royaux, agents parcourant l'empire accompagnés de troupes en cas de nécessité d'intervention immédiate.

 

cyrus le grand fondateur de l’empire perse

Gérard israel

Edition Fayard

 1997

Voici Cyrus II, ou Kurash, roi de Perse, vainqueur en 539 avant JC des assyro-babyloniens, qui devient selon la Bible un véritable « messie » pour le peuple de Dieu malmené par l’histoire…Alors que les déportés en exil à Babylone depuis plus de 50 ans se languissent de revoir Jérusalem, il publie un édit libérateur disant : « Qu’à tous les rescapés juifs, partout la population des lieux où ils résident leur apporte une aide en argent, en or, en équipement et en montures, en même temps que des offrandes de dévotion pour le Temple de Jérusalem ».

Mais on n’est pas habitué à ce que la Bible nous parle d’un souverain païen en des termes pareils ! Puisque le prophète Isaïe lui accorde le nom de mashiah, réservé aux descendants du roi David, et le voit comme le « centurion » providentiel de Yahvé intervenant en faveur des siens. A l’époque en question, il n’y a plus de roi en Israël depuis un demi-siècle. Car les notables ont été transférés à Babylone depuis que Nabukodonosor a envahi Eretz Israël et détruit Jérusalem.

Comment l’Ecriture peut-elle parler d’un roi perse dénommé Cyrus, qui n’est même pas juif, comme d’un Messie et d’un sauveur pour Israël ? Parce que ce roi a permis aux exilés de rentrer à Jérusalem et de rebâtir le Temple pour y honorer leur Dieu.

Le prophète Isaïe, ou plutôt le Second Isaïe qui vit 150 ans après le premier, croit en un Dieu bon, lent à la colère et plein d’amour, comme dit le psaume. Il n’adhère pas à un Dieu violent et massacreur. Pour Isaïe, le roi d’Israël doit être au service de la paix, assurer le bonheur du peuple et témoigner d’une concorde universelle au milieu des nations païennes. Un roi correspond à ce portrait, c’est Josias, qui a réorganisé et amélioré la vie religieuse et sociale à Jérusalem.

Lorsque Cyrus prend le pouvoir, la géopolitique de la région en est bouleversée ; le texte nous le dit, il fait sauter les verrous qui empêchent la paix, et il aplanit les chemins qui mènent à la justice. Car il est respectueux de tous, y compris de la minorité des juifs exilés. Contrairement aux anciens envahisseurs d’Israël, son attitude permet aux exilés juifs de reprendre espoir en un Dieu de miséricorde et cette période va être pour eux comme un second exode, une seconde libération des esclavages (parmi lesquels les influences païennes).

Un nouvel horizon s’ouvre à la lumière de la Torah. Ce qui est important, pour eux, c’est la sagesse que Dieu inspire au cœur des hommes de bonne volonté, qui ont envie de faire le bien. Isaïe chante donc les qualités inattendues de ce roi païen Cyrus, arrivé au pouvoir en Perse en profitant des bagarres entre adeptes du dieu-lune et adeptes du dieu baal.

Alors pourquoi ce roi est-il appelé Messie ? Sans doute parce qu’il veut tracer des chemins nouveaux vers l’entente entre les peuples, et qu’il ouvre la voie vers de nouvelles manières de vivre les uns avec les autres sans violences. Pas de massacres des ennemis, pas de villes détruites. Au contraire, car Cyrus attribue de l’argent aux juifs pour qu’ils retournent reconstruire leur temple en Israël. Même si Cyrus ne partage pas leur foi, il veut leur faire du bien. Il sait que les juifs croient au Dieu créateur et sauveur, et que pour eux, en dehors des commandements de ce Dieu, il n’y a pas d’autre voie d’humanité fiable. Même si à Babylone on adore Baal, Cyrus écoute les juifs lui parler du Dieu unique, le Dieu d’Israël, et il respecte leur culte!

Aujourd’hui, il y a toujours des idoles dans notre monde. L’argent, le pouvoir, l’égoïsme, l’esclavage des objets, les maltraitances, les pièges de toutes sortes qui enlaidissent les vies humaines et font régner l’obscurité au lieu de la lumière. Le phénomène s’amplifie par le jeu des médias. Il n’y a pas beaucoup de Cyrus modernes pour vouloir le bien des juifs et défendre Israël menacé par les adeptes du croissant de lune. Pourtant, il existe encore des hommes des femmes qui ne partagent pas la foi biblique, mais qui – comme Cyrus – ont envie de faire le bien. Certains s’engagent pour les plus fragiles, pour les plus pauvres, pour la planète. Il y a aujourd’hui des Cyrus qui participent à la venue du règne de Dieu à leur manière, même s’ils n’y croient pas. Ils sont eux aussi des serviteurs de la Vérité qui font avancer la justice, la paix à partir de leur sphère d’influence.

Ecoutons Isaïe : « c’est à cause de mon serviteur Jacob, oui, Israël mon élu, que je t’ai appelé par ton nom ! » Cyrus est donc, sans le savoir, « appelé par Dieu » ; dans cette optique, il acquiert un nom, un rôle à jouer, une destinée pour lui et pour les autres. En effet, l’Ecriture nous dit que la descendance d’Abraham, de Joseph et Jacob apportera la bénédiction au peuple de Dieu mais aussi à toutes les nations du monde, peuples païens y compris. C’est grâce à cette bénédiction divine universelle que Cyrus est inspiré et qu’il concrétise sa mission de bienveillance, en se montrant comme un véritable bienfaiteur messianique pour le peuple de Dieu plutôt qu’un persécuteur, haïsseur de juifs.

Aujourd’hui, croyants et incroyants engagés dans le sens du bien des autres, tous peuvent se faire « bénédiction » dans cette société obscurcie par les idoles et qui a tellement besoin de lumière. L’enjeu est le respect de la dignité de chacun et la viabilité du vivre ensemble. Reliés à l’alliance, ou simplement humanistes, nos contemporains pourraient être – comme Cyrus – des « messies », en dénonçant les injustices et en édifiant un monde où l’on s’aime et se respecte. Il faut aujourd’hui des Cyrus du 21ème siècle qui au sein même du monde idolâtre jouent leur rôle constructif dans l’avènement du Royaume de Dieu pour le bien de tous.

19 D

DEIR EL – MEDINEH  - LE TEMPLE DES BÂTISSEURS DE LA VALLÉE DES ROIS 

ANDRÉ  FERMAT 

ÉDITION  MAISON DE VIE

 2010

Sur la rive ouest de l’ancienne Thèbes (Louxor), à 726 Km du Caire, le site exceptionnel de Deir el Medineh (le couvent de la ville) abrite le village d’artisans qui bâtirent les célèbres tombes de la Vallée des Rois, mais aussi leurs propres « demeures d’éternité » et un remarquable petit temple où ils célébraient leurs rites.

 

Bien que d’époque tardives, cet édifice est à l’image de sanctuaires anciens. Il est l’un des joyaux de l’architecture pharaonique et présente de nombreux textes dont André Fermat donne, pour la première fois, une traduction intégrale.

 

Dédié à deux déesses, Hathor, souveraine de l’amour et Maât, incarnation de la règle d’harmonie de l’univers, ce sanctuaire nous permet de mieux percevoir la symbolique et l’esprit créateur qui animaient les bâtisseurs de Pharaon.

 

Le temple de Deir el-Medineh est précieux car il offre une vision synthétique du parcours initiatique depuis la porte de l’enceinte du temple jusqu’au sanctuaire et sa chambre du milieu (pronaos) constitué par les trois chapelles.

 

Tout au long de ce parcours, les murs sont gravés et peint de hiéroglyphes  expliquant le cheminement initiatique de l’initié.

 

La lecture de cette traduction nous fait pénétrer dans un livre de pierre et nous fait assister au culte pratiqué en ce lieu sacré où s’expriment les dieux.

 

DE LA GRÈCE Ẵ L’ORIENT -  ALEXANDRE LE GRAND

Pierre BRIANT

Découvertes GALLIMARD

 1996

L’histoire d’Alexandre, ses conquêtes et l’empreinte qu’il laissa de l’Inde à l’Egypte. Iconographie importante.

 Pierre Briant : On considérait généralement que la connaissance d'Alexandre, au sens de la modernité historique, commençait en 1833. Cette année-là, un jeune historien allemand, Johann Gustav Droysen, qui n'a que 25 ans à l'époque, publiait une étude fondatrice intitulée "Histoire d'Alexandre le Grand". Vers 2003, à l'occasion de cours que je donnais ici, au Collège de France, j'ai commencé à m'apercevoir que l'image d'Alexandre forgée par Droysen se trouvait déjà, pour l'essentiel, chez Montesquieu, dans "L'esprit des lois", presque un siècle auparavant ! Dans les deux cas, le roi ne conquiert pas simplement des territoires, mais les âmes et les cœurs des populations conquises, il se lance dans de vastes entreprises : ouverture de voies de commerce nouvelles, entre l'Inde, le golfe Persique, l'Asie et l'Europe. J'ai donc voulu comprendre comment cette représentation s'était créée, chez Montesquieu ou ailleurs.

Ces images sont très diverses et contrastées, mais elles se répartissent schématiquement en deux modèles opposés, qui existaient déjà dans l'Antiquité. Le premier modèle est favorable à Alexandre, considéré en ce cas comme un grand civilisateur, un administrateur hors pair.

Montesquieu et ses épigones britanniques développent cette image positive d'Alexandre, dont ils empruntent les traits principaux à Plutarque, mais également à Arrien, qui écrivit sous l'Empire romain en étant confronté, en tant qu’administrateur de province, à des questions qu'il juge analogues à celles rencontrées par Alexandre. A l'inverse, Sénèque a défini les traits du modèle opposé, extrêmement défavorable au conquérant, présenté comme celui qui détruit et dévaste, qui se laisse mener par l'ambition et la démesure, n'ayant en vue que sa propre gloire, sans souci des conséquences funestes sur les populations conquises. Cette image est reprise, d'abord par Bossuet, mais surtout, dans les années 1730, par Rollin, dont l'audience va s'étendre durant plus d'un siècle dans toute l'Europe, et se développe chez Herder et bien d'autres en Allemagne.

C'est la permanence de ces images qui me frappe, même si, le plus souvent, leur généalogie est ignorée. Les représentations de l'Antiquité ne cessent en effet d'être réinvesties dans les différents moments de l'histoire contemporaine. C'est à travers Alexandre que l'on ne cesse de penser les rapports de l'Occident et de l'Orient, que ce soit pour justifier la mission supposée civilisatrice de la conquête, pour mettre en garde contre la perte d'identité possible de l'Europe sous l'effet de l'influence en retour des peuples soumis ou pour dénoncer l'injustice et la violence dévastatrice des dominations. Ainsi la guerre d'Irak et plus récemment celle d'Afghanistan ont-elles réactivé les références négatives au conquérant destructeur. De multiples publications expliquent par exemple que la guerre d'Afghanistan est perdue d'avance, parce qu'on retrouve, depuis le temps d'Alexandre, les mêmes montagnards qui n'accepteront jamais aucune domination étrangère.

Parallèlement, dans des études consacrées à l'Alexandre "réel", il arrive que l'incendie de Persépolis soit comparé à Ground Zero ou qu'on se demande - même sans avoir lu ni Rollin ni Sénèque - si Alexandre mérite d'être appelé "le Grand"... En fait, le présent ne cesse de réutiliser mots et images venus du passé. Que ce soit dans ces analyses politiques, dans le film d'Oliver Stone sur Alexandre en 2004, qui se situe résolument dans les pas du "civilisateur" macédonien, ou bien dans les images de propagande, qui, de Thessalonique à Skopje, se disputent au contraire l'héritage du conquérant européen de l'Orient, la présence moderne d'Alexandre est partout, et chacun se la réapproprie selon son idéologie.

Au contraire ! Dans tous les ouvrages sur Alexandre, pratiquement depuis le début des temps, un personnage n'apparaissait jamais : l'Empire achéménide, celui qu'il conquiert. On parlait de la conquête, pas de l'empire. Il y a seulement trente ou quarante ans, on ne disposait presque que des sources grecques classiques. Aujourd'hui, on a déchiffré des décrets, des correspondances administratives, des centaines d'inscriptions, relevées sur des tombeaux, villes et champs. Si on rassemble toutes ces données, il devient possible de sortir des jugements sur le "bon" ou le "méchant" Alexandre, et de replacer sa personnalité dans un contexte qui l'explique et surtout la dépasse.

 

DESCRIPTION DE L’Égypte publiÉ par Les Ordres de NapolÉon Bonaparte

 

 Edition INSTITUT D’ORIENT

 1994

Le jeune général part en Égypte en 1798 avec plus de cinquante-quatre mille soldats et marins, pour porter un coup à l’Angleterre en rouvrant au commerce de l’Inde la route de Suez, et défendre les intérêts économiques et stratégiques de la République Française.

 

Parmi ces hommes, cent cinquante savants. C’est leur présence qui doublera l’expédition d’Égypte, guerre de conquête, d’une entreprise culturelle sans précédent : la Description de l’Égypte, l’ouvrage le plus monumental jamais consacré à une terre et à son peuple.

La Description de l’Égypte marque la naissance de l’égyptologie. Les membres de l’expédition comprennent immédiatement l’intérêt de la découverte de la pierre de Rosette, un des éléments qui permettront à Jean-François Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes et de rédiger les Principes généraux de l’écriture sacrée égyptienne. Cet ouvrage fondamental de Champollion a été réédité par l’Institut d’Orient sur vélin pur coton, et les quinze plus belles pages du manuscrit reproduites en facsimilé, dont six peintes à l’aquarelle au pochoir à la main pour chaque exemplaire.

 

L’expédition d’Egypte est une campagne militaire menée par Bonaparte entre 1798 et 1801 afin de s’emparer de l’Egypte et de contrôler la route des Indes dans le but de lutter contre la Grande-Bretagne, hostile à la France de la Révolution. Il s’agit également d’une véritable expédition scientifique et culturelle visant à découvrir l’Egypte, alors considérée comme le « berceau des civilisations ».

L’expédition d’Egypte a avant tout un but militaire et stratégique : affronter de façon indirecte la Grande-Bretagne. Le Directoire, à la tête de la France, estime qu’il est difficile de l’attaquer de front et de remporter la victoire. Une autre solution est alors trouvée, proposée par Talleyrand : empêcher les Britanniques d’accéder à la route des Indes et de contrôler la Méditerranée en prenant l’Egypte, partie de l’Empire ottoman et contrôlée en grande partie par le pouvoir concurrent des Mamelouks. Outre ces considérations militaires et stratégiques, des considérations culturelles sont également à l’origine de l’Expédition d’Egypte, faisant de celle-ci non pas une simple campagne militaire mais également une expédition scientifique et culturelle, porteuse d’une dimension civilisatrice. Il existe en effet à cette époque en France une culture de l’orientalisme et une véritable fascination pour l’Orient et plus particulièrement pour l’Egypte, considérée comme le berceau de la première grande civilisation. Certains envisagent d’y apporter les Lumières et les acquis de la Révolution.

 

Les préparatifs de l’expédition se font dans le plus grand secret afin de garder l’avantage de la surprise. Bonaparte, auréolé de ses succès militaires en Italie et de la signature du traité de paix de Campoformio avec l’Autriche le 17 octobre 1797, et partisan d’une intervention en Egypte plutôt qu’en Angleterre, est choisi pour mener cette expédition. Cela permet également au Directoire de l’écarter du pouvoir et de toute velléité de coups d’Etat. Bonaparte s’entoure de huit officiers dont Kléber et arrive à Toulon le 9 mai 1798, où doit embarquer la flotte française. Bonaparte dispose d’une flotte importante composée de 13 vaisseaux de ligne, de 6 frégates et de 35 autres bâtiments ainsi que de cinquante-quatre mille hommes. La flotte quitte Toulon le 19 mai et débarque à Malte 10 juin 1798. Bonaparte en prend facilement le contrôle, permettant ainsi aux Français de conserver un avant-poste en Méditerranée, et arrive en vue d’Alexandrie au début du mois de juillet.

 

Le 2 juillet 1798, Bonaparte débarque à Alexandrie avec son armée : commence alors l’expédition d’Egypte. Par une proclamation adressée aux Egyptiens, il se pose en libérateur du peuple oppressé par les Mamelouks et en ami du sultan ottoman, afin d’éviter que ce dernier n’entre en guerre contre la France. Dans un premier temps, cette tactique de dissociation entre les deux pouvoirs concurrents opère, d’autant plus que Bonaparte veille à se montrer respectueux de l’islam et à donner le sentiment qu’il s’érige en protecteur de la foi des Egyptiens. Une fois la ville d’Alexandrie prise, Bonaparte en laisse le commandement à Kléber, fait installer la flotte dans la rade d’Aboukir et se met en marche pour rejoindre le reste de l’armée. Le 8 juillet, celle-ci est réunie à Demenhour et s’apprête à marcher vers Le Caire. Le 21 juillet a lieu la bataille des Pyramides, première victoire de taille de Bonaparte, durant laquelle ses hommes repoussent les attaques des Mamelouks et des Egyptiens. L’expédition connaît cependant des difficultés : les soldats de Bonaparte se trouvent en terre inconnue et souffrent de la chaleur et de la soif. Au Caire, avant que les troupes françaises ne livrent bataille, les notables, qui n’ont pas fuit la ville, se rendent pour éviter des combats meurtriers : Bonaparte s’empare donc du Caire, la plus grande ville d’Egypte. Il cherche alors à mettre la flotte à l’abri mais le fait trop tard : les Britanniques, ayant découvert la flotte dans la rade d’Aboukir, l’attaquent et la détruisent lors de la bataille navale d’Aboukir menée par l’amiral Nelson le 1er août. Les pertes sont importantes pour la France : 4 vaisseaux sont coulés et 9 sont pris par les Britanniques.

 

Pendant ce temps, Bonaparte entreprend de transformer Le Caire en ville européenne malgré les révoltes populaires, déclenchées à la suite de l’augmentation des impôts destinés à entretenir l’armée française. L’administration du Caire est confiée à un Divan constitué de notables égyptiens choisis dans l’Egypte entière. De plus, Bonaparte crée le 22 août l’Institut d’Egypte qui regroupe de nombreuses institutions culturelles, ainsi que deux journaux : la Décade Egyptienne et le Courrier de l’Egypte. Le 21 octobre, une révolte éclate au Caire, appelée la Fitna, violemment réprimée par Bonaparte : tous les révoltés sont enfermés dans la grande Mosquée du Caire où ils sont massacrés. Les Cheiks suspectés d’avoir pris part au complot sont également exécutés.

 

Commence alors la deuxième phase de l’Expédition d’Egypte, c’est-à-dire le départ de Bonaparte pour la Syrie. Début janvier 1799, Bonaparte apprend que le Pacha de Syrie et ses troupes se sont emparés du fort d’el Arich, situé à quelques kilomètres de la frontière égyptienne : il décide alors de se rendre en Syrie afin de consolider son pouvoir en Egypte. Dans le même temps, la sublime Porte a déclaré la guerre contre la France le 9 septembre, montrant ainsi que la tentative de Bonaparte de dissocier le pouvoir des Mamelouks (auquel il s’opposerait) du pouvoir de l’Empire ottoman (dont il serait l’ami et même le protecteur) a échoué. Avec environ 13 000 hommes, Bonaparte entre en Syrie. La ville de Jaffa est prise en deux jours de combats. Sur les 5 000 hommes qui défendaient la ville, près de la moitié sont tués. Bonaparte y fait installer un Divan comme au Caire et y crée un hôpital pour les soldats pestiférés. L’armée se dirige ensuite vers Saint Jean d’Acre. La ville, tenue par Jazzar Pacha, résiste durant un long siège en mars 1799 et, au moment où les Français parviennent à le briser, les troupes britanniques arrivent en renfort, permettant à la ville de continuer à résister. Bonaparte décide de renoncer et de rentrer en Egypte plutôt que de s’engager dans une guerre longue et coûteuse dont la victoire n’est pas assurée.

 

En Egypte, Mourad Bey qui contrôle la Haute-Egypte, décide de descendre vers Le Caire en même temps que les Britanniques menacent Aboukir et Alexandrie. Le 25 juillet 1799 a lieu la bataille terrestre d’Aboukir, qui se solde par une victoire française. C’est alors que Bonaparte prend la décision de rentrer en France : il considère en effet que son œuvre en Egypte est terminée et qu’il est auréolé des succès qu’il a souhaités. De plus, il se rend compte du rôle qu’il peut jouer en France s’il réussit à s’emparer du pouvoir. Le 23 août 1799, il transmet ses pouvoirs à Kléber. Il arrive à Fréjus le 8 octobre 1799, ayant évité les Britanniques qui sillonnent la Méditerranée. Le 9 novembre, c’est-à-dire le 18 brumaire de l’an VIII, Bonaparte instaure le Consulat à la suite d’un coup d’Etat.

 

En Egypte, Kléber poursuit les combats contre les Ottomans et remporte la victoire le 20 mars 1800 à Héliopolis. Il est assassiné le 14 juin 1800 et Menou prend le commandement de l’expédition. Suite à un long siège du Caire, seule ville d’Egypte dont les Français étaient réellement maîtres, ces derniers capitulent le 31 août 1801. Ils acceptent de rentrer en France à la condition que la flotte britannique leur assure le transport.
Outre les opérations militaires destinées à concurrencer le pouvoir des Britanniques en Orient, l’Expédition d’Egypte a également été l’occasion d’une expédition scientifique composée de savants tels que Monge, Berthollet et Fourier, qui ont fait partie de l’Institut d’Egypte fondé par Bonaparte. De cet aspect scientifique de l’expédition, on retient notamment la pierre de Rosette découverte dans le village de Rachid en juillet 1799, qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes mais aussi un ouvrage intitulé la Description de l’Egypte, publié sous les ordres de Bonaparte.

 

L’expédition d’Egypte, qui visait à la fois à couper la route des Indes aux Anglais et à apporter l’Influence Française en Egypte et les Lumières « civilisatrices » en Orient, a eu plusieurs conséquences. Menée en grande partie par Bonaparte, les succès militaires de celui-ci, qui voulait suivre les traces d’Alexandre le Grand, lui ont permis de revenir en France victorieux, et de créer les conditions favorables à sa prise de pouvoir. En Egypte, le départ des Français après quatre ans de domination et de combats, a laissé place à une situation politique compliquée, où le pouvoir restait divisé entre les Mamelouks et l’Empire ottoman et où les Britanniques cherchaient à maintenir leur influence. Le principal bénéficiaire de cette situation est Méhémet Ali qui arrive à s’imposer au terme de plusieurs années en tant que Pacha d’Egypte.

 

Des milliers d’aquarelles et de dessins sur l’état de l’Égypte en 1800. Grandiose.

 

dictionnaire amoureux de la grÈce

Jacques lacarrière

Edition PLON

 2001

Un dictionnaire amoureux ? L’amour peut-il vraiment s’épeler de A à Z ou, lorsqu’il s’agit d’un dictionnaire amoureux de la Grèce, d’alpha à oméga ? Qu’auraient dit en leur temps Artémise, Aphrodite, Cléopâtre, Ismène et Théodora, si je leur avais murmuré vous êtes l’alpha ou vous êtes l’oméga de ma vie ? J’imagine déjà leur rire olympien !

 

Et pourtant, depuis que j’ai entrepris l’écriture de ce dictionnaire, j’ai rarement éprouvé un tel plaisir à construire, inventer un livre en choisissant amoureusement les mots qui lui conviennent. À l’inverse de l’essai, du récit ou du roman, le dictionnaire n’implique aucune continuité dans son parcours et l’on peut parfaitement – ce qui fut mon cas - rédiger un texte sur Pégase sans être obligé pour autant de continuer par Périclès ! Ce type de livre procure donc une liberté à la fois totale et révélatrice.

 

Totale dans la mesure où l’on est seul juge des mots à dire – ou en l’occurrence à écrire – et libératrice en cela qu’il permet de s’attarder sur des mots inconnus, oubliés, voire intimes et d’éviter, de refuser tout sujet stéréotypé, tout guide académique ou parcours universitaire.

 

Cela devient et cela est un inventaire personnel, c’est-à-dire subjectif, de lieux, thèmes, objets, personnages réels ou légendaires, êtres et amis aimés. Il y a donc fatalement des absences qui ne sont pas des manques puisqu’elles sont volontaires et des présences inattendues.


En conclusion, je dirai que le principe du dictionnaire m’a permis de revisiter la Grèce et ma mémoire d’une façon totalement neuve. Pour moi, un tel ouvrage n’est pas fait de mots disant la vie, mais de vie traduite par des mots.

 

dictionnaire amoureux de l’Égypte

Robert solḖ

Edition PLON

 2001

Le coup de foudre m’était interdit. Né sur les bords du Nil, où j’ai vécu jusqu’à l’âge de dix-sept ans, je ne pouvais être de ceux que l’Égypte saisit brutalement et ensorcelle. C’est un amour d’enfance, qui a pris avec le temps une autre dimension.


Je ne me lasse pas de découvrir l’Égypte. Elle est devenue pour moi un gigantesque puzzle, dont chaque nouvelle pièce vient éclairer un peu plus une histoire de soixante siècles et une société de plus de soixante-dix millions d’habitants. Cet abécédaire en est le reflet : il passe sans complexe de Nasser à Néfertari, des mamelouks aux momies, de la pyramide de Chéops au Quatuor d’Alexandrie…


Le lecteur y trouvera quelques occasion de vagabonder hors des sentiers battus, en compagnie de personnages aussi divers qu’HÉRODOTE, CHAMPOLLION, Pierre LOTI, Naguib MAHFOUZ, Oum KALSOUM, qui se sont essayé, au fil du temps, à comprendre l’Égypte, à la célébrer et à l’incarner.

19 E

Égypte Éternelle  et HIÉROGLYPHES

Dominique marie

Edition ÉDITA

 1995

L'écriture égyptienne n'est pas, comme on le croyait, dérivée de celle de la Mésopotamie. Toutes deux ont été inventées indépendamment et simultanément, vers 3300 ans av. J.-C.

 

Il y a plus de cinq mille ans, des populations de Mésopotamie ont inventé l'écriture. Les archéologues ont longtemps estimé que s'étendant au reste du Proche-Orient, cette invention aurait ensuite atteint l'Égypte. C'est ainsi que les hiéroglyphes auraient été mis au point. Mais aujourd'hui, les égyptologues ont peu à peu retracé la naissance de l'écriture égyptienne. Ils montrent qu'elle ne doit rien à sa cousine mésopotamienne.

 

C'est une invention des Égyptiens eux-mêmes, ce qui confirme une hypothèse émise il y a vingt-cinq ans.

C'est en effet en 1986 qu'une équipe d'archéologues allemands dirigée par Günter Dreyer, de l'Institut archéologique allemand du Caire, met au jour les plus anciennes inscriptions hiéroglyphiques égyptiennes connues. Elles ornaient des étiquettes en ivoire, en os ou en bois, qui étaient fixées au col de jarres de stockage.

Au total, les archéologues en découvrent un peu moins de deux cents dans une tombe, appelée U-j, à Abydos, ville située près du Nil dans le centre de l'Égypte actuelle. La découverte fait sensation. Car datée de 3250 av. J.- C., elle repousse de plusieurs centaines d'années l'apparition de l'écriture en Égypte. Mieux, selon certains résultats de datation, ces inscriptions devanceraient de près d'un siècle les plus anciennes connues pour la Mésopotamie, les tablettes proto-cunéiformes d'Uruk.

 

Les Égyptiens auraient-ils donc eux aussi inventé l'écriture, comme le supposent alors les archéologues qui découvrent ces inscriptions ? Ou s'agit-il d'un emprunt, comme vont continuer de le penser de nombreux spécialistes de la Mésopotamie : les Égyptiens auraient découvert chez leurs voisins mésopotamiens l'utilité d'un système de notation, et l'auraient ensuite adapté à leurs besoins et à leurs habitudes graphiques. Sur cette question, les datations ne sont d'aucun secours. Elles ne permettent pas de dire si une écriture a précédé l'autre. Les dates qui font de l'écriture égyptienne la plus ancienne sont contestées par certains spécialistes. En outre, personne ne sera jamais certain d'avoir en main « le » premier document écrit, qu'il soit de Mésopotamie ou d'Égypte. Et, du fait de la situation politique actuelle de l'Irak, peu de nouvelles découvertes sont possibles pour le moment du côté mésopotamien.

 

C'est pourquoi les égyptologues se sont tournés vers les inscriptions hiéroglyphiques elles-mêmes. Ils ont cherché à déterminer s'ils pouvaient y déceler une influence étrangère, ou si elles semblaient plutôt le fruit d'une invention égyptienne. À commencer par les toutes premières, celles de la tombe U-j. Cette tombe était celle d'un souverain, inconnu lors de la découverte, dont certaines des inscriptions mentionnaient le nom : le roi Scorpion. Depuis quelques générations, l'Égypte était en effet gouvernée par un seul souverain, qui ne portait pas encore le titre de pharaon. Sa capitale était Abydos. Depuis la découverte de ces inscriptions, le débat sur leur signification n'a pas cessé. Que notent ces étiquettes ? Des noms de rois, a d'abord pensé Günter Dreyer, car ils sont fréquents dans les tombes royales en Égypte. Des noms de villes, ont proposé ensuite d'autres chercheurs. Plus récemment, Günter Dreyer a suggéré qu'il s'agirait des noms de domaines royaux d'où proviennent les denrées contenues dans les jarres. En tout cas, ce qui est certain, c'est que les inscriptions d'U-j sont très courtes, composées de quelques signes qui forment un ou deux mots. Pendant les siècles suivants, les inscriptions resteront d'ailleurs tout aussi laconiques.

 

Des épigraphistes ont néanmoins déchiffré certaines des inscriptions datant des premiers siècles après celles d'U-j. En effet, elles utilisent des signes dont le sens est connu car ils sont restés en usage aux époques plus récentes. C'est le cas d'une étiquette, en ébène ou en ivoire, trouvée aussi à Abydos, mais dans la tombe du roi Den, qui a régné plus d'une centaine d'années après le roi Scorpion. Fixée à une jarre, elle en précise le contenu (de l'huile de première qualité), la quantité et la provenance (une région proche de la Libye actuelle). Elle mentionne également le nom du roi et celui du haut fonctionnaire chargé de la commande de l'huile (« Hemaka »). Le plus frappant est que, dès ces premières inscriptions, tout le système hiéroglyphique égyptien est presque déjà en place. Car ce ne sont pas de simples rébus. La plupart des signes peuvent être lus comme un idéogramme ou comme un son. Par exemple, le dessin d'une oie peut se lire comme le mot oie, qui se dit « sa » en égyptien, ou comme le mot fils, qui se prononce aussi « sa ». Comme dans les hiéroglyphes classiques, ces deux manières d'utiliser les signes, idéographiques et phonétiques, se combinent pour former des mots.

 

L'étude de ces anciennes inscriptions montre que, loin d'être influencée par la Mésopotamie, l'écriture égyptienne semble avoir dès le départ sa propre identité. Par exemple, la comparaison des plus anciennes inscriptions de Mésopotamie et d'Égypte montre qu'il n'y a aucun emprunt direct de signes d'une écriture à l'autre. En outre, elles notent les mots très différemment. Par exemple, la ration alimentaire journalière, s'écrit avec un visage de profil et un bol en Mésopotamie, et avec un pain et une bière en Égypte. En outre, pour compter, les Égyptiens se fondent comme nous sur les chiffres de 1 à 10, tandis que les Mésopotamiens utilisent un autre système basé sur 60. Surtout, les premières inscriptions égyptiennes ne surgissent pas ex nihilo. Leur dessin est en effet très similaire, voire identique, au style développé par l'art de l'Égypte de cette époque. Elles s'inscrivent dans la continuité des images que ce dernier produit alors depuis plusieurs siècles : l'écriture semble l'aboutissement d'un processus entamé 700 ou 800 ans plus tôt. Des photos couleurs somptueuses en grand format pour ce très beau livre sur l’Égypte.

 

Égypte Le livre des morts

Traduit par wallis budge

Edition Hazan

 2001

Version abrégée du livre des morts avec des photos sur des détails, des fresques et des explications sur son ésotérisme.

Le «Livre des Morts », dont le vrai titre en égyptien est « Livre de la Sortie au Jour » est certainement le texte le plus connu que nous ait laissé l'ancienne Égypte. Comme son titre l'indique « Livre de la Sortie au Jour », décrit le chemin qui mène des ténèbres à la lumière. Cette phrase, à elle seule, résume tout le contenu du livre, l’Osiris (le défunt) est plongé dans les ténèbres de la tombe et grâce aux instructions du livre retrouvera ou plutôt trouvera la Lumière. Il s'agit bien évidemment de la vie après la mort, mais s'agit-il seulement de cela?

La question première qui se pose au chercheur  qui étudie ce texte est donc : Ce guide dont on a muni les défunts pour les guider au cours de leur voyage dans l'au-delà était-il seulement destiné aux « morts biologiques »? De nombreux indices, y compris le texte du livre lui-même, laissent penser qu'il n'en était rien. D'ailleurs, dès le chapitre premier, on apprend que l'Égyptien qui voulait vivre après la mort devait lire le livre durant sa vie ... Et le passage que nous citons ici était écrit à l'encre rouge, ce qui nous laisse penser qu'il revêtait une grande importance.

Si le défunt a appris ce chapitre pendant sa vie sur Terre et s'il a fait écrire ces textes sur les parois de son cercueil, il pourra sortir de sa Demeure ou y pénétrer à volonté, sans qu'on puisse lui opposer la moindre résistance. En outre, des pains, de la bière et de la viande seront à sa disposition sur l'autel de Râ; il habitera les champs de Sekht-Iaru, dont les moissons de froment et d'orge lui seront données en partage; il sera vigoureux et prospère là-bas, comme il l'a été sur Terre...

Le voyage de l'âme tel qu'il est décrit dans le « Livre des Morts » suppose que, lors de la détérioration de l'intelligence et de la conscience, le défunt développe simultanément une conscience plus haute de l'environnement. Cette conscience lui permet lors de l'initiation et de sa mort symbolique ou lors des rituels funéraires de comprendre la signification profonde transmise par le rituel afin qu'il s'achemine vers la luminosité. On peut penser que, à ceux qui avaient reçu l'initiation, il était recommandé (comme c'est le cas dans le Livre des morts tibétain de se souvenir de tous les enseignements reçus de leur vivant.

Il ressort de l'ensemble du Livre des Morts qu'il s'agit pour le défunt de reconnaître la lumière car finalement c'est cela que signifie «monter dans la barque de Rê ». L'Égyptien initié aura pris la nature tout entière comme symbole et d'ailleurs pour lui l'univers tout entier est une allégorie qui lui permet d'accéder à la connaissance. Le Ciel, la Terre, la faune et la flore sont pour lui des livres, des livres sacrés qui l'initient. La connaissance est le maître mot de l'initié. Il devient ce qu'il connaît : il naît avec.

 

Égypte orientgrÈce

Maurice meuleau

BORDAS

 1967

Très belle étude de ces 3 pays sur le plan religieux et social. Importante iconographie.

Si abondante qu'elle soit par les œuvres conservées, si étendue qu'elle ait été dans le temps, puisqu'elle s'étale du viiie siècle avant J.-C. au vie siècle de notre ère, la littérature grecque ancienne s'est concentrée essentiellement – à une exception majeure près, celle d'Homère – sur une courte période, le ve siècle avant J.-C., et sur la seule terre privilégiée de l'Attique : c'est là, et alors, que naissent la plupart des chefs-d'œuvre ; après une brève floraison, presque tous les genres s'y épuisent. Certes, en ondes concentriques, l'écho s'en répercute bien au-delà des murs d'Athènes et du siècle de Périclès, jusque dans la littérature latine d'abord, jusque dans une bonne partie de la littérature occidentale ensuite ; mais l'important a été dit. Le succès de cette littérature s'explique avant tout par l'intérêt qu'elle a porté à l'homme et au sens de sa destinée. Si elle n'a pas résolu toutes les questions, du moins les a-t-elle presque toujours posées correctement.

Mais son rationalisme l'a poussée à idéaliser certains aspects essentiels de l'être humain, tandis qu'elle négligeait l'importance des sentiments individuels. Ombres sans doute, mais surtout lumières d'un des moments les plus exaltants de l'histoire de l'humanité. Deux mouvements complémentaires y évoluent parallèlement : d'une part, la poésie, recherchée dans sa langue et étroitement subordonnée dans sa forme à la musique, dont hélas ! on ne perçoit presque rien ; de l'autre, la prose, faite pour être lue – et goûtée – à voix haute. Mais, en toutes deux, l'art se veut présent

 

Égyptequi est le sphinx ? – suivi du mystÈre de la tour de babel – film dvd

 

Edition JUPITER

 2002

Un film DVD de 55 mn, sur le mystère du Sphinx – qui est-il ? D’où vient-il ? Suivi du mythe-mystère de la Tour de Babel. • Les égyptologues classiques ne sont pas plus certains de la non- existence d’une chambre secrète en dessous ou à proximité du Sphinx qu’ils ne le sont à propos de l’âge supposé du Sphinx, à savoir 4 500 ans. •

Même avant qu’il ne fût sculpté, les gens venaient pour puiser les ondes positives que dégageait ce rocher. Et d’après la tradition d’une ancienne tribu, ce rituel autour des ondes positives a commencé il y a près de 56 000 ans. •

Le Sphinx a été sculpté en trois étapes – d’abord la tête, puis l’avant et finalement l’arrière. • Il a fallu déplacer des blocs de roche calcaire de plus de 80 tonnes chacun pour sculpter le Sphinx, et ces blocs ont ensuite servi à la construction du temple qui dura probablement une trentaine d’années. La Tour de Babel constituait sans nul doute le monument le plus important de la cité de Babylone

 

 D’après la Bible, il fut un temps où tout le monde parlait la même langue et tout le monde était de la même race et toutes les langues et les races du monde ont vu le jour à un endroit et à un moment donné de l’histoire : dès l’instant de la destruction cataclysmique de la Tour de Babel. 

 

En réalité, l’explication donnée de l’émergence des langues et des races au départ de la Tour de Babel peut aisément être démontrée par l’archéologie, la linguistique et la génétique.  D’après les écrits sumériens, les temples-tours de Mésopotamie servaient à communiquer avec d’anciens astronautes, ou les dieux. D’autres sources affirment qu’elles servaient à communiquer plutôt avec le monde spirituel des démons et des anges déchus.  Les preuves archéologiques sous forme de tablettes cunéiformes et de reliefs trouvés sur des restes de plateaux et d’urnes établissent l’existence de la Tour de Babel en dehors du récit biblique.  Aujourd’hui tout ce qui reste de la Tour de Babel est un tertre qui se dresse à environ 50 mètres de hauteur au milieu d’une plaine.

 

Sphinx est une créature mythique hybride qui apparaît dans les civilisations égyptienne, grecque, mésopotamienne ou encore asiatique. La statue de Gizeh se distingue par ses dimensions hors normes. Elle mesure 73,5 mètres de long, 14 mètres de large et 20 mètres de haut, soit un immeuble de six étages. Soumis à une érosion constante depuis des millénaires, ce monument s’est fortement abîmé. Certaines détériorations sont néanmoins imputées à l’homme. La bouche et le nez du Sphinx de Gizeh auraient été la cible de tirs de canon sous le règne des Mamelouks païens au Moyen Âge. Des débris de la barbe postiche sont conservés au British Museum à Londres. Autre particularité du Sphinx : c’est le plus grand monolithe au monde. En effet, il est taillé dans un seul énorme bloc de calcaire, à l’intérieur de la carrière qui a servi à construire les pyramides voisines. Seules les longues pattes antérieures ont été ajoutées en maçonnerie. D’après quelques traces et descriptions antiques, un revêtement en plâtre peint ornait la statue. Le visage et le corps étaient rouges. Quant à la coiffe emblématique des pharaons, elle était vraisemblablement bleue et jaune. Un uræus, le cobra menaçant les ennemis, est toujours visible sur le front. 

 

Les historiens n’ont retrouvé aucune mention de ce monument dans les textes de l’Égypte antique. Il aurait probablement été édifié en même temps que les pyramides, vers 2500 avant J.-C. Même s’il s’agit d’un des monuments les plus célèbres du pays, il demeure une énigme. De nombreuses incertitudes concernent sa datation, sa fonction et son commanditaire. À l’exception des spéculations farfelues, quatre explications majeures s’affrontent. La première se fonde surtout sur la disproportion entre la tête et le corps. Elle affirme que la statue est bien antérieure aux pyramides et qu’elle était à l’origine surmontée d’une tête de lion. Les autres théories attribuent chacune la réalisation du Sphinx à un pharaon différent. La plus grande des trois pyramides de Gizeh abrite la tombe de Khéops. Celui-ci aurait pu faire construire le Sphinx avec son visage pour veiller sur l’entrée du complexe funéraire. Selon d’autres archéologues, la statue serait l’œuvre de Djédefrê, fils de Khéops, dans le but d’honorer la mémoire de son père. 

 

La thèse la plus récente attribue la construction du Sphinx de Gizeh à un autre fils de Khéops, Khéphren. Elle est soutenue par la découverte des vestiges d’un temple dédié au culte de ce pharaon, à 15 mètres de la statue. Lors des deux équinoxes annuels, les ombres du temple, du Sphinx et de la pyramide de Khéphren à l’arrière sont parfaitement alignées au lever et au coucher du soleil. La statue, orientée plein Est, aurait donc possédé une fonction religieuse. À cette époque, le dieu-soleil était vénéré et le lion symbolisait l’astre principal. La stèle disposée entre les pattes de la statue rapporte la légende de Thoutmôsis IV au XIVe siècle avant notre ère. Il se serait étendu à l’ombre de la tête qui dépassait du sable après une partie de chasse. Le Sphinx lui serait alors apparu en rêve pour lui demander de désensabler son corps en échange du trône d’Égypte. Thoutmôsis s’est exécuté au cours d’un chantier titanesque, puis est effectivement devenu pharaon. Aujourd’hui, plus de 4500 ans au moins après sa construction, le Sphinx de Gizeh intrigue toujours autant les chercheurs et continue d’émerveiller les visiteurs.

 

Égypte – ses pyramides & leur mystÈre – film dvd

Jan roeloffs

Edition JUPITER

 2002

La grande Pyramide est le monument le plus colossal et le plus énigmatique construit par l’homme.
Elles sont les dernières survivantes des sept merveilles de l’antiquité.  Malgré tous les aspects qui suscitent la controverse, il reste un point sur lequel tous les experts restent unanimes : en vertu des principes physiques, mathématiques et scientifiques que nous connaissons la Grande Pyramide de Khufu n’aurait tout simplement pas pu être construite.


• Il est peu probable que les anciens égyptiens aient eu une quelconque notion de la géologie moderne. Sans cette science, il est inconcevable qu’une structure de cette taille ait pu être construite sans s’écrouler, faute de fondations solides. Normalement, elle aurait dû peu à peu s’enfoncer dans le sol.

Les astronomes, mathématiciens, archéologues, égyptologues, anthropologues, et autres spécialistes versés dans les domaines les plus divers se battent pour tenter de comprendre comment une culture tout juste sortie de l’âge de pierre a pu accomplir une telle prouesse.

• Les Égyptiens nous ont légué quelque 3 000 ans d’histoire écrite et picturale, couvrant pratiquement tous les événements qui ont eu lieu dans leur civilisation, de la naissance d’enfants au labourage et aux récoltes, en passant par la construction, le tissage, les sacrifices, les prières, l’embaumement mais pas la moindre allusion aux pyramides de Gizeh.


• Grâce aux calculs mathématiques et aux observations astronomiques on a pu observer que les relations de masse entre les trois pyramides de Gizeh correspondent, avec une exactitude déconcertante, aux relations de masse des trois étoiles du système Alpha Centauri.


• Les dernières découvertes suscitent un intérêt sans précédent auprès des scientifiques et des égyptologues, qui se tournent désormais vers d’étonnantes nouvelles hypothèses.

DVD de 50 mn en couleur.

 

ÉLEUSIS  ET  SES  MYSTÈRES

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2003

Eleusis lieu sacré de la Grèce est situé à environ 20 kms à l’ouest d’Athènes. C’est dans cette région que va se déroulait vers -500 ans avant J.C- les plus célèbres des mystères initiatiques.

 

Déméter déesse de l’agriculture a une fille : Koré (Perséphone), et un jour en se promenant, Perséphone fut enlevée par  Pluton (Hadès) dieu des Enfers. Déméter sa mère, la recherche durant 9 jours et finalement  Hélios lui apprend que sa fille est au royaume des Enfers sur ordre de Zeus, qui veut la marier à Pluton son frère. Furieuse, elle retourna à Eleusis et s’assit près du puits des Vierges. Elle décide que plus rien ne poussera sur terre et refuse de siéger sur l’Olympe, malgré les appels de Zeus, elle refuse toutes concessions tant que sa fille ne remonterait pas des Enfers. Zeus se vit forcer de demander à Pluton de faire remonter Perséphone, mais avant qu’elle ne remonte, Pluton/Hadès va lui faire avaler des graines de grenades, ce qui va agir comme une addiction et ainsi Perséphone chaque année remontera 8 mois sur terre et retournera 4 mois dans le monde souterrain. Déméter ainsi fera reverdir la terre et les semailles reprendront. Puis elle va révéler ses mystères et rites à Triptolème, Dioclès et Célée, qui eux vont se charger de créer ces mystères et les mettre en application. Et c’est ainsi que la Grèce pratiqua avec ferveur ces « Rites augustes qu’il est impossible de transgresser, de pénétrer, ni de divulguer »

 

Non seulement le grain de blé qui pourrit mais revit plus fort en donnant plus de blé et qui donne l’alternance des saisons,  est au centre de ces rites, mais aussi celui des grains de grenades dont le thème mythique est largement répandu : Celui qui goûte les mets de l’autre monde ne peut plus revenir parmi les vivants dans la même forme.

 

Jean Servier nous explique ces mythes avec ses déesses dans la Grèce ancienne, il nous fait partager les cérémonies à Eleusis, la finalité de ces mystères, et nous resitue l’initiation maçonnique par rapport aux initiations d’Eleusis, on est dans les petits et grands mystères de ces rites, on connaît leur calendrier et la tèlètê (1e grade de l’initiation), on assiste à l’époptie ( cérémonie suprême) et cœur du mystère

 

Mircéa Eliade, spécialiste des mythes, explique le mythe de Perséphone dans les enfers, son rôle d’intermédiaire entre les royaumes des vivants et des morts, médiatrice entre les deux mondes divins, elle pouvait dorénavant intervenir dans la destinée des humains.

 

H. Danesi nous replonge dans les fondamentaux de la Franc-Maçonnerie et des discours du Chevalier Ramsay qui en recadrant les qualités requises pour devenir franc-maçon, parle des beaux-arts et des mystères d’Eleusis. Il fait le parallèle entre ces mystères et nos mystères, qui au fond sont les mêmes, avec des mots réactualisés.

 

Udo Toll nous plonge dans l’histoire tourmentée de cette Grèce antique, souvent en guerre, mais pour qui les mystères d’Eleusis ou d’Orphée avaient une très grande importance, car ils faisaient le lien avec l’Olympe assez lointain, et ces mystères proches des humains, ils participaient à une fraternité initiatique, ils donnaient un but et un espoir.

 

Daniel Béresniak retrace les dialogues entre les acteurs de ces rites  (ce que font les rituels actuels), les jeux de mimes dans une descente aux enfers, et la renaissance de la nature au printemps.

 

Claude Guérillot retrace dans une grande fresque tous ces mystères. Il insiste sur cette notion du secret qui a perduré jusqu’à nous puisque peu de choses ont filtrés de ces mystères, malgré les écrits de Platon, Sophocle, Pindare, Aristophane, Aristote, Plutarque, Cicéron et autre Tite-Live.  Il revisite les temples, l’enjeu de ces mystères, les fêtes publiques et les initiations.

 

ÉPICTÈTE  -    MANUEL  

ARRIEN, DISCIPLE D’ÉPICTÈTE

EDITION  LE  LIVRE  DE  POCHE 

 2004

Epictète né à Hiérapolis en Phrygie (Turquie actuelle) vers l’an 50. Il est de mère esclave et lui-même est esclave d’un dénommé Epaphrodite, qui fut le secrétaire de Néron et l’aida à se suicider. Epictète suivi les leçons du philosophe stoïcien Musonius Rufus, avec l’autorisation de son maître. On ne sait pas quand Epictète fut affranchi, mais il le fut et ouvrit à Rome vers l’an 82 une école de philosophie. Il fut exilé par Domitien en 90, et se fixa à Nicopolis. On pense qu’il mourut en 130.

Le manuel a été composé par Arrien de Nicomédie, le disciple du stoïcien Epictète, à partir des enseignements de ce dernier (largement consignés par le même Arrien dans les Entretiens –Epictète n’ayant rien écrit par lui-même). La forme condensée du Manuel doit permettre au philosophe, et plus particulièrement au progressant et au chercheur, de se remettre à chaque moment dans la disposition fondamentale dans laquelle il doit être, de retrouver une vision philosophique des choses. Ainsi, l’ouvrage est organisé, conformément à l’enseignement d’Epictète, selon une structure ternaire qui est celle des trois disciplines du jugement, du désir et de l’action. Ce Manuel ou enseignement d’Epictète explique comment devenir philosophe.

 

Epictète, esclave malmené par un maître brutal, philosophe méprisé par le pouvoir impérial… Il s’en est fallu de peu que sa pensée ne réussisse pas à traverser les siècles. C’eût été une perte considérable pour le stoïcisme qu’il modernisa et rendit accessible à une génération de disciples passionnés. Mais aussi pour nous, qui avons besoin de mettre à distance nos maux afin d’apprécier la vie. Loin de se résumer à l’attitude stoïque par laquelle il s’illustra en laissant son maître lui casser la jambe sans manifester d’émotion, la sagesse d’Epictète déborde largement la résistance passive à toutes les formes du mal. Elle nous encourage à nous blinder activement contre les obstacles qui se dressent devant nous.

 

Etre stoïque nécessite une vigueur sans faille. Penseur épris de liberté, l’auteur de la célèbre maxime « Supporte et abstiens-toi » fonde tous ses espoirs dans la force de la raison et la puissance de la volonté. Moins connu que Marc Aurèle, qui rédigea pourtant ses “Pensées” sous son influence, il nous laisse, grâce au travail de retranscription de l’un de ses disciples, son “Manuel”. Un bijou, à avoir toujours sous la main pour atténuer nos raisons d’être malheureux.

 

Quelques Pensées de ce Philosophe Stoïcien :

 

Discerner ce qui dépend de nous : « Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions : en un mot, toutes les œuvres qui nous appartiennent. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est notre corps, c’est la richesse, la célébrité, le pouvoir : en un mot, toutes les œuvres qui ne nous appartiennent pas. » Cette distinction est fondatrice de la pensée d’Epictète. De ce découpage qui scinde le monde intelligible en deux camps irréconciliables, découlent tous nos choix et la qualité de notre existence. Car la plupart de nos difficultés se résument au fait que nous croyons pouvoir agir sur des choses qui, en réalité, ne dépendent pas de nous.

 

La modestie comme vertu suprême : Valeur fondamentale de la morale stoïcienne, la modestie est la qualité qui nous permet d’identifier nos limites et de remplir le plus honnêtement possible notre mission d’homme. Ayant fait vœu de pauvreté, Epictète se tenait à l’écart de la foule et de ses passions. Une distance nécessaire à tout homme désireux de trouver sa juste place dans le monde terrestre. « Si tu prends un rôle au-dessus de tes forces, non seulement tu y fais pauvre figure, mais celui que tu aurais pu remplir, tu le laisses de côté. […] Applique-toi donc à ce que tu peux. »

 

La force de l’âme : Comment l’homme peut-il affronter les événements qui bouleversent sa vie ? En fortifiant son âme quotidiennement par l’exercice moral. « Mort, exil, tout ce qui paraît terrible : qu’ils soient devant tes yeux chaque jour […] ; et tu n’auras jamais rien de bas dans l’esprit ni aucun désir excessif pour quoi que ce soit. » En habituant mon âme à affronter l’idée de la mort et de la perte en général, je m’endurcis, je m’éloigne de mes vains désirs, je me rends plus apte à apprécier ce que j’ai et à le préférer à ce que je n’ai pas.

 

La quête de liberté : Avant d’être affranchi de l’esclavage, Epictète s’était libéré grâce à sa pensée. Il était naturel que sa réflexion le conduise par la suite à approfondir cette quête de la véritable émancipation. « Tu peux être invincible si tu ne t’engages dans aucune lutte, où il ne dépend pas de toi d’être vainqueur. » Autrement dit, avant de s’engager dans un combat, Epictète conseille de bien mesurer les enjeux de ce combat et éventuellement notre aptitude à en sortir vainqueur. En respectant ce principe, notre raison pourra évaluer sereinement les obstacles que notre volonté se chargera de surmonter (en connaissance de cause) pour atteindre la liberté.

 

Le bien et le mal sont en nous-mêmes : La représentation que nous nous faisons des choses extérieures détermine l’effet que ces choses ont sur nous. « Nul ne peut te léser, si tu ne le veux point, car tu ne seras lésé que si tu juges que l’on te lèse. […] Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. » Rien n’est jamais autant néfaste que la représentation que nous nous en faisons. C’est donc notre point de vue sur les événements qu’il s’agit de modifier pour ne pas se laisser envahir par le chagrin, la déception et le désespoir. Ainsi, le bonheur est à la portée de tous.

 

ÉPICTÈTE  -  MAXIMES  ET  PENSÉES

ÉPICTÈTE

EDITION  DU  ROCHER

2003

Petit recueil de maximes et de pensées de ce philosophe stoïcien, qui est à la base de cette doctrine, ou philosophie.


La divinité t’a donné des armes pour résister à tous les évènements les plus fâcheux.

 

Elle t’a donné la grandeur d’âme, la force, la patience, la constance. Tu dois t’en servir, ou si tu te plains, avoue que tu as mis bas les armes dont elle t’avait muni.


Notre bien et notre mal, ne sont que dans notre volonté. Les dieux m’ont donné la liberté, et je connais leurs commandements.

 

Personne ne peut donc plus me réduire en servitude, car j’ai le libérateur qu’il me faut, j’ai les juges qu’il me faut : Le sage sauve sa vie en la perdant.


Tu as pitié des aveugles, des boiteux ; pourquoi n’as-tu donc pas pitié des méchants ?

 

Ils sont méchants malgré eux, comme le sont les autres, boiteux et aveugles.


Si tu prends un rôle qui soit au-dessus de tes forces, non seulement tu le joues mal, mais tu abandonnes celui que tu pouvais remplir. (Cette maxime stoïcienne rappelle certaines sentences de certains rites, à savoir : Malheur à ceux qui acceptent un rôle qu’ils ne peuvent pas tenir, etc…)

 

ÉPICURE

 

Edition  PUF

 1940

Sa vie, son œuvre, sa philosophie.

 

Philosophe grec, né à Samos, élève de Xénocrate. Vers 311, il crée une école de philosophie à Mytilène (île de Lesbos), puis deux ou trois années plus tard, il prend la direction d'une école à Lampsacus (Lâpseki, Turquie). En 306, il s'installe définitivement à Athènes pour professer sa doctrine à ses disciples fidèles dans son jardin. Cette école, ouverte à tous, est surnommée "le Jardin".

Sa philosophie matérialiste, dont le but est de conduire tous les êtres humains vers le bonheur, affirme que toute connaissance passe par la sensation. Dans le prolongement de l'atomisme de Démocrite, Epicure fonde une sagesse du plaisir basée non sur la jouissance, mais sur les plaisirs naturels et nécessaires, la maîtrise des passions, l'absence de souffrance pour le corps et l'absence de "trouble" pour l'âme (ataraxie). Ce rapport aux plaisirs a généré une des grandes incompréhensions de la philosophie par la confusion de l'épicurisme avec l'hédonisme ou la concupiscence.

Quatre postulats de base (tetrapharmakos) peuvent résumer l'éthique épicurienne : il n'y a rien à craindre des dieux; il n'y a rien à craindre de la mort; on peut atteindre le bonheur; on peut supporter la douleur.

Connaître l'opinion précise d'Epicure par rapport aux divinités n'est pas facile. Il ne nie pas l'existence des Dieux : "[...] Car les Dieux existent, attendu que la connaissance qu'on en a est évidente" (lettre à Ménécée). Cicéron a écrit qu'il recommandait la piété à ses disciples. C'était sans doute par conformisme. Cependant, comme en témoignent certaines citations, Epicure éprouve une aversion pour les croyances et les superstitions populaires. Il leur reproche de ne pas être fondées sur la manifestation des sens, mais sur des extravagances de l'imagination. La religion est une source d'angoisse, tandis que la science est capable de les dissiper. Pour lui, il est absurde que les dieux prêtent une attention particulière à notre monde; ils sont, en outre, inutiles à sa doctrine philosophique

 

ḖPICURE  -  L’ART DE L’AMITIḖ

Brigitte  Boudon

Edition Maison de la philosophie

2016

Dans la collection « Petites conférences philosophiques » Brigitte Boudon en 60 pages, nous parle de la méthode, de la pensée, de la philosophie et de l’Art d’Epicure. Elle nous donne les clefs importantes de compréhension de ce philosophe et ainsi nous éclaire pour comprendre l’oeuvre de ce penseur

 

L'école fondée par le philosophe Épicure vers 306 avant J.-C., le Jardin, était particulièrement réputée pour l'amitié qui y régnait. Cette éthique de l'amitié explique la postérité de sa vie et de son œuvre, avec les magnifiques conseils et remèdes concrets qu'Épicure donne à tout un chacun pour vivre plus libre et plus serein. Ses expressions sont simples, courtes, impactantes, faciles à mémoriser. On peut ainsi les avoir toujours avec soi. Elles nous aident à vivre mieux, en toute amitié avec soi-même et avec les autres.

 

Cette partie de la philosophie d'Epicure nous enseigne comment accéder à la sagesse, qui est le vrai bonheur que représente une vie fondée sur le plaisir. Mais pour réaliser cela, encore faut-il se débarrasser de ces maux que sont la crainte des Dieux et l'idée de la mort, comme des croyances selon lesquelles le bonheur est inaccessible durant notre vie et qu'on ne peut supporter la souffrance.


L'éthique épicurienne se donne comme un quadruple remède à ces maux, et, puisque, à tout âge, réaliser une vie heureuse n'attend pas, il y a une urgence à entreprendre de philosopher :

" Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie. Car il n'est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, pour assurer la santé de l'âme. Celui qui dit que le temps de philosopher n'est pas encore venu ou qu'il est passé, est semblable à celui qui dit que le temps du bonheur n'est pas encore venu ou qu'il n'est plus. De sorte que ont à philosopher et le jeune et le vieux, celui-ci pour que, vieillissant, il soit jeune en biens par la gratitude de ce qui a été, celui-là pour que, jeune, il soit en même temps un ancien par son absence de crainte de l'avenir. Il faut donc méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout, et, lui absent, nous faisons tout pour l'avoir. Ce que je te conseillais sans cesse, ces enseignements-là, mets-les en pratique et médite-les, en comprenant que ce sont là des éléments du bien vivre."

Que les dieux ne soient pas à craindre, la physique nous l'a déjà enseigné, puisque ceux-ci, vivant dans les inter- mondes, ne se soucient aucunement des affaires humaines, contrairement à ce que disent les traditions et les religions. Etant donné la nature des dieux, les hommes ne devront redouter de leur part ni colère, ni vengeance, ni châtiment, bref, aucun mal, mais du même coup, ils ne devront en attendre aucun bien, c'est-à-dire aucun miracle ni aucune faveur; ce qui ne signifie pas d'ailleurs qu'il ne faille pas les vénérer, prier ou fêter, car ceux-ci constituent avant tout des modèles à suivre dans notre vie, mais à la condition de s'être débarrassé de toute superstition à leur égard. Quant à la mort, il n'y a pas lieu non plus de la craindre, puisqu'étant la perte de toute sensation, elle n'est somme toute qu'une simple modification atomique, qu'un simple changement physiologique , qui nous est étranger tant que nous sommes en vie: contre les traditions religieuses, philosophiques et culturelles, Epicure affirme que la mort ne peut être objet d'aucune spéculation métaphysique, qu'elle ne peut que nous laisser indifférents alors que nous sommes vivants :

" Habitue-toi à penser que la mort n'est rien par rapport à nous; car tout bien - et tout mal - est dans la sensation : or la mort est privation de sensation. Par suite la droite connaissance que la mort n'est rien par rapport à nous, rend joyeuse la condition mortelle de la vie, non en ajoutant un temps infini, mais en ôtant le désir de l'immortalité. Car il n'y a rien de redoutable dans la vie pour qui a vraiment compris qu'il n'y a rien de redoutable dans la non-vie. Sot est donc celui qui dit craindre la mort, non parce qu'il souffrira lorsqu'elle sera là, mais parce qu'il souffre de ce qu'elle doit arriver. Car ce dont la présence ne nous cause aucun trouble, à l'attendre fait souffrir pour rien. Ainsi le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien par rapport à nous, puisque, quand nous sommes, la mort n'est pas là, et, quand la mort est là, nous ne sommes plus. Elle n'est donc en rapport ni avec les vivants ni avec les morts, puisque, pour les uns, elle n'est pas, et que les autres ne sont plus."

 

L'éthique d’Epicure est un hédonisme qui se fonde sur la thèse selon laquelle "le plaisir est le principe et la fin de la vie heureuse". Epicure entendait par "plaisir" essentiellement les plaisirs corporels, ceux de la chair, du ventre. Mais il ne s'agit pas pour autant de plaisirs grossiers ou vulgaires, de débauche, ni de plaisirs "en mouvement", qu'il faut sans cesse satisfaire, comme on pouvait les trouver chez les successeurs d'Aristippe de Cyrène, pour qui seule la recherche de la jouissance était la vraie fin à suivre. Bien au contraire, le plaisir, essentiellement corporel, est celui qui est conséquent avec la philosophie atomiste; celle-ci postule en effet que tout ce qui est doit exister dans la plénitude de son être pour peu que rien ne vienne le troubler; lorsque rien ne manque au corps, qu'il possède tout ce qui lui est nécessaire, il peut jouir d'un plaisir stable, en repos, c'est-à-dire d'un plaisir "catastèmatique", constitutif, et qui est l'expression de l'équilibre des atomes qui le composent.

 

Aussi faut-il viser à l'absence de troubles en nous, à l'ataraxie qui, seule, nous donne la paix de l'âme en supprimant les craintes et l'agitation des désirs, en se subordonnant à cette seule fin véritablement estimable qu'est le plaisir catastèmatique. La recherche du plaisir comme "absence de douleur" ne doit donc pas être entendue négativement, comme quelque chose que l'on retranche à ce qui est, mais positivement, comme ce qui traduit un équilibre corporel qui nous fait vivre en harmonie avec nous-mêmes aussi bien qu'avec la nature. Tout plaisir est, par essence, physique, naturel, et ceux de l'âme n'en sont que des variétés; celle-ci est capable, grâce aux sensations, d'anticipation et de délibération, elle nous permet de choisir parmi les plaisirs ceux qui excluent toute souffrance à venir, car "aucun plaisir n'est en soi un mal, mais les effets de certains plaisirs apportent avec eux de nombreux troubles plus intenses que les plaisirs qui les ont causés".


Nous pouvons donc atteindre le bonheur, mais à condition de ne pas rechercher n'importe quels plaisirs et de nous livrer à un calcul permettant de prendre en compte seulement ceux qui nous rendent véritablement heureux. Pour cela, il faut distinguer les plaisirs qui sont naturels et nécessaires, comme manger ou boire, de ceux qui, pour être naturels, n'en sont pas pour autant nécessaires, comme manger une nourriture raffinée, ou trop manger ou trop boire, et dont les conséquences amènent le déséquilibre du corps, et donc la douleur. Quant aux plaisirs qui ne sont ni naturels, ni nécessaires, comme la recherche du pouvoir, des honneurs, ou des richesses, ils proviennent de l'ignorance, de l'opinion creuse et ne peuvent amener aucune vie stable et équilibrée.


Seule la première sorte de plaisirs, ceux qui sont naturels et nécessaires, doit être recherchée: c'est dire que la vie heureuse doit se fonder sur la modération des plaisirs, la recherche du juste milieu, tout excès entraînant invariablement en nous des déséquilibres qui rompent l'harmonie des atomes qui composent notre corps. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut toujours chercher à satisfaire nos désirs, ni qu'il faut fuir toutes les douleurs et toutes les souffrances; c'est en essayant au contraire d'en surmonter certaines, grâce à l'intervention de la raison et de la volonté qui donnent leur adhésion ou non à telle ou telle inclination, que l'on peut éprouver aussi un plaisir qui n'en a alors que plus de valeur.


La douleur pouvant être surmontée, puisqu'elle est imputable principalement à notre manque de discernement, à notre mauvais jugement dû à notre ignorance des choses, la vie heureuse est possible grâce à la réalisation des plaisirs que l'on choisit. Libéré des craintes et des superstitions, n'ayant que peu de besoins, vivant à l'écart de la société, le sage épicurien peut prétendre mener une vie paisible et tranquille, être heureux au milieu des tempêtes qui agitent le monde. La philosophie matérialiste et hédoniste d'Epicure nous enseigne qu'il appartient ainsi à chaque homme d'être l'artisan de son propre bonheur.

 

ḖPICURE  -  LETTRE A MḖNḖCḖE

 Epicure

Edition Flammarion

2009

Epicure (341 av J-C - 270 av J-C) Après une jeunesse à Samos, il s'installe à Athènes et fonde l'école du Jardin qui devient le centre des études épicuriennes. Le secret du bonheur ? C'est ce que promet Epicure dans la Lettre à Ménécée. N'ayons peur ni des dieux, ni de la mort, ni de la douleur ou de la mauvaise fortune. Recherchons le plaisir, parce qu'il est conforme à la nature. Mais pour ce faire, nous devons nous libérer des idées fausses que produisent en nous les préjugés, les opinions courantes ou les croyances superstitieuses. Il faut donc recourir à la raison et à l'exercice pour suivre la nature. Telle est précisément la tâche de la philosophie : elle définit la discipline rationnelle nécessaire au bonheur. La Lettre à Ménécée, texte fondateur de l'épicurisme, exercera une influence décisive dans l'Antiquité comme dans la pensée moderne et contemporaine : sur le poète romain Lucrèce - qui fait l'objet de notre dossier -, mais aussi sur tous ceux qui revendiquent une éthique réconciliant le plaisir et la raison.

 

Lorsqu’Épicure, fonde dans la banlieue d’Athènes son école, nommée le Jardin, il s’inscrit dans un environnement particulier. À cette époque, en effet, la cité échoue à assurer le bonheur de ses citoyens, qui ne peut plus être envisagé comme un état collectif. Quand la vie politique n’est plus que troubles, c’est dans un contexte plus confidentiel que l’on recherche le bonheur. Voilà l’objectif du Jardin, une communauté d’amis cherchant à s’isoler de la cité afin de préserver la tranquillité de l’âme dans une sociabilité restreinte.

 

Si Épicure écrit la Lettre à Ménécée – l’un des rares écrits qui nous soient parvenus d’une œuvre considérable mais perdue –, c’est avant tout pour inviter ses disciples à méditer sur les causes du bonheur. Et philosopher, c’est, avant toute chose, se donner les moyens de parvenir au bonheur : « Qu’on ne remette pas la philosophie à plus tard, parce qu’on est jeune, et qu’on ne se lasse pas de philosopher, parce qu’on se trouve être vieux. Il n’est en effet, pour personne, ni trop tôt ni trop tard lorsqu’il s’agit d’assurer la santé de l’âme. Or celui qui dit que le moment de philosopher n’est pas encore venu, ou que ce moment est passé, est semblable à celui qui dit, s’agissant du bonheur, que le moment n’est pas encore venu ou qu’il est passé », dit Épicure. Seul le bonheur donne sens à notre existence, et la philosophie est le moyen de l’atteindre.

 

 Si le bonheur se recherche dans un contexte privé, il n’en reste pas moins une quête universelle. Il n’est pas un homme qui ne le poursuive, cherchant l’amour, l’argent, la beauté, la réussite… Mais les objectifs ne constituent pas le bonheur : ils sont des moyens pour atteindre ce bonheur qui seul est la fin, le but unique de toute existence. Comme le dit Pascal dans les Pensées, « tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagnés de différentes vues. […] C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre ». Certes, cette quête peut paraître vaine et décourageante. Ce bonheur tant espéré échappe le plus souvent à l’homme, ne se présentant que pour mieux fuir. Il semble inaccessible. Voilà sans doute pourquoi le bonheur est souvent associé à un mythe ou à un fantasme, car l’insatisfaction semble bien être le lot de la nature humaine. Et pourtant, s’il était possible de trouver le bonheur sans se tromper de direction ? Et si l’incapacité de l’homme à le saisir venait simplement du fait qu’il s’y prend mal ?

 

C’est là la promesse d’Épicure. Le bonheur est accessible et la pratique de la philosophie en est la voie royale. Elle consisterait en cette réflexion sur les moyens de vaincre ce qui, dans la vie de tous les jours, nous empêche d’être véritablement et durablement heureux. Là pour soigner l’âme, la philosophie est une thérapeutique grâce à laquelle le bonheur n’est plus une affaire de chance, de hasard. Un mode de vie précis permet à chacun d’atteindre cet état divin. Voilà une promesse alléchante. Mais que faut-il entendre par « être heureux » ? Avant toute autre précision, il convient d’écarter un contresens que l’on pouvait déjà soupçonner : le bonheur dont parle Épicure n’est pas celui que l’on imagine à partir de la signification donnée habituellement au qualificatif d’« épicurien ».

 

ḖPICURE - LA VOIX DE LA NATURE

Renée Koch Piettre

Edition Entrelacs

2017

L’entreprise de réhabilitation d’Epicure est en cours. Michel Onfray lors des cours de l’Université Populaire de Caen est revenu à maintes reprises sur l’importance d’Epicure et de ses disciples. Renée Koch Piettre, helléniste, directrice d’études émérite à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, après avoir publié en 2005 Comment peut-on être dieu ?

 

La secte d’Epicure, chez Belin, revient sur le sujet et insiste sur la « grande actualité scientifique, depuis qu’au milieu du Siècle des lumières fut exhumée des cendres du Vésuve à Herculanum (…) une bibliothèque antique dont le fonds principal semble avoir appartenu à un épicurien syrien » de ce courant majeur de la philosophie. Ce fond précieux demeure toujours en cours d’étude et livrera encore bien des trésors. A ceci, il convient d’ajouter « une autre bibliothèque qui fascine, une bibliothèque sur pierre datée du second siècle de notre ère, la plus grande inscription de toute l’Antiquité, due à un vieillard épicurien, un certain Diogène, d’Œnanda en Lycie dans l’actuelle Turquie, soucieux de transmettre à ses concitoyens et aux voyageurs de passage une doctrine de salut. ».

 

Si Epicure fut malmené et caricaturé de son vivant, notamment par Timocrate, son école rayonna pendant cinq cents ans. Ce qui frappe chez Epicure et ses disciples c’est l’importance fondamentale de la communauté, du souci de l’autre, du partage et de la mémoire des moments partagés qui font que ses membres se trouvent vivre à l’égal des dieux : « Car, nous dit l’auteur, le ciment d’une telle communauté ne se limitait pas au confort matériel et moral.

Il bâtissait une forteresse paradoxale, ouverte à tous les courants d’air, aérienne et invisible, au moyen d’une doctrine physique et cosmologique, appelée physiologia, elle-même appuyée sur de rigoureux principes d’observation et de logique. Les apprentissages, les démonstrations, jusque dans le dialogue amical et les lettres échangées, visaient à supprimer toute crainte métaphysique, celle de la douleur, de la mort et des dieux. L’éradication devenue définitive – et ce, de manière non seulement idéale, mais encore bien concrète –dès lors que, à force de leçons et de discussions pied à pied, l’élève aboutissait au saut d’une forme de conversion où il reconnaissait en son maître l’égal d’un Olympien par la sérénité tirée de sa doctrine et le rejoignait du même coup en son Olympe. »

 

L’enseignement au Jardin était pluriel. La rhétorique était délaissée pour « une langue seulement limpide et vraie, transparente à ses objets ». La physique se voit subordonnée à l’éthique. Il s’agit de vivre ensemble et de vivre heureux, dégagé des préjugés sociaux, rejetant aussi bien la posture des stoïciens face à la douleur que la culture traditionnelle construite autour des mythes. La doctrine, sensualiste, la physique, visaient à trouver la sérénité.

 

Epicure étonne par ses découvertes : « Epicure avait accédé lui aussi à la notion d’atome, de particule d’atome et d’univers multiples. Il s’était même donné la peine de détailler par le menu la manière dont il était possible d’envisager sans le moindre instrument d’optique ou de mesure, une pareille structure de l’univers et de l’infiniment petit. Plus hardi que nos physiciens, il était allé jusqu’à intégrer à ce système, fondé sur l’observation de la nature à notre portée, une physique de la nature des dieux. Mais les conséquences qu’il en tirait étaient diamétralement opposées aux nôtres : il ne croyait pas, bien sûr, devoir étendre le pouvoir de quelque technoscience ni concevoir et fabriquer un vaisseau intergalactique pour visiter les exo planètes. C'est depuis Colophon, Mytilène, Lampsaque ou Athènes, depuis les rives de la Méditerranée orientale, qu’il estimait suffisant d’envoyer des courriers d’une cité à l’autre pour faire avec ses disciples le tour de l’univers, autant de fois qu’on pouvait le désirer. C’est qu’il n’est pas mû par une absurde volonté de puissance : son but n’était que d’atteindre la sagesse et la sérénité au milieu des tourbillons de la nature et de l’histoire, et de l’atteindre non pas seul, mais dans une philanthropie modeste dans son offre de familiarité et sans limite ni exclusion, au milieu de troupes d’amis qu’il emmenait jouir en sa compagnie de son havre de sécurité et suivi des foules qui, même après lui, allaient encore pouvoir profiter de ses leçons de physique. »

 

Au fil des pages, Renée Koch Piettre dessine la grande actualité d’Epicure. Les leçons du Jardin sont bien des leçons pour aujourd’hui pour « un bonheur à la portée des hommes », une sagesse du quotidien par la connaissance et le respect de « la loi naturelle du bonheur et du plaisir ». La seconde partie de l’ouvrage, une anthologie, met à la disposition du lecteur les Maximes capitales, des Fragments de lettres à ses proches et familiers, une Lettre à Hérodote et une Lettre à Ménécée, autant de sources précieuses.

 

ÉPICURE. LETTRES, MAXIMES, SENTENCES.

 

LIVRES DE POCHE

 1994

L’épicurien a toujours fait rêver, mais la démarche est difficile si l’on veut le faire à la lettre.

 

L'épicurisme est un art du bonheur. Qu'est-ce que le bonheur ? La réponse épicurienne est bien connue : une vie de plaisir. Thèse souvent mal comprise car loin de faire l'apologie de tous les plaisirs, Épicure ne recommande que les plaisirs simples. Le mode de vie frugal et raisonnable qu'il prône est tout le contraire d'une vie de débauche.


Les textes réunis ici portent essentiellement sur la morale et sur la physique. Pourquoi la quête de bonheur passe-t-elle par la physique ? On ne peut espérer vivre heureux sans avoir éliminé l'angoisse liée à la croyance en l'immortalité et aux enfers. En nous révélant le caractère composé de tous les corps, la physique atomiste d'Épicure nous convainc que tout ce qui naît est condamné à mourir et que, contrairement à ce que font croire les religions, la mort existe bien. La physique libère donc les hommes de la peur de l'au-delà : elle est bien, à ce titre, une étape nécessaire vers le bonheur.



"La vie humaine, hideuse à voir, gisait sur la terre, écrasé sous le poids d'une religion qui montrait sa tête du haut des régions célestes, dominant les mortels, l'air horrible, lorsque pour la première fois un Grec, un mortel, osa porter ses yeux contre elle, et le premier contre elle se dresser ; ni ce que l'on disait des dieux, ni la foudre, ni le ciel et son grondement menaçant ne l'arrêtèrent [...]. Donc, la force vigoureuse de son esprit triompha, et s'avança loin au-delà des murailles enflammées du monde ; il parcourut le tout immense par la pensée et l'esprit, d'où il revint en vainqueur nous enseigner ce qui peut naître, ce qui ne le peut pas, pour quelle raison enfin à toute chose s'attachent un pouvoir limité et une borne profonde." Lucrèce.


Par sa liberté de pensée et de ton, Epicure (341-270 av. J.-C.) a scandalisé de son vivant, et pour des siècles. Ses adversaires dénonçaient son ignorance et sa grossièreté, quand il s'agissait pour lui de rompre avec un mode de savoir cumulatif et d'exercer un regard critique sur toutes les traditions culturelles. La simplicité de sa philosophie, soutenue par une démarche des plus rigoureuses, vise à donner à chacun la possibilité de réaliser le bonheur. C'est cette leçon de sérénité, gagnée sur les souffrances du corps et les troubles de l'âme, que la lecture d'Epicure nous invite aujourd'hui encore à méditer. Les trois lettres intégrales et les deux recueils de sentences, qui subsistent de son oeuvre et sont ici réunis dans une traduction nouvelle, donnent une idée précise et complète de sa démarche philosophique.

19 G

gÉographie sacrÉe du monde grec

Jean RICHER

Edition Trédaniel

 1995

Dans cet ouvrage de la «Géographie sacrée du monde grec» Jean Richer poursuit sa «longue méditation sur les formes de la religion et de l’art de la Grèce antique». Il montre, dans la préface, que le système de correspondances symboliques qu’il a reconstitué a pu être introduit en Grèce en même temps que l’alphabet phénicien. Cette nouvelle édition est augmentée d’une quarantaine de pages témoignant de recherches complémentaires qui viennent enrichir les découvertes précédentes et renforcer les hypothèses, avancées. C’est le cas, par exemple, pour ce qui concerne l’étude symbolique du décor du temple d’Athéna à Assos, en Troade.
 

Jean Richer : Le passage d’un système à l’autre est lié à l’histoire du calendrier et à celle du zodiaque. Dans des pays comme ceux de la Méditerranée orientale ou du Proche Orient, le régime climatique incite à employer un calendrier à deux saisons (saison froide et saison chaude ou saison des pluies et saison sèche). A Babylone, on célébrait deux fois le début de l’an, à l’équinoxe de printemps et à l’équinoxe d’automne.

L’emploi d’une année à deux saisons conduit ensuite à diviser l’année en quatre et en huit.

D’autre part, si on étudie le calendrier agricole décrit par Hésiode dans les Travaux et les Jours, on voit qu’il repose sur l’observation du lever héliaque ou du coucher des constellations (les Pléiades, Orion) et des étoiles de première grandeur: Aldébaran, Sirius, Spica. Au reste, comme l’a montré Martin P. Nilsson, l’année peut avoir un nombre quelconque de mois.

Chaque cité grecque avait son propre calendrier, si bien qu’il fallait envoyer des messagers dans tout le pays et longtemps à l’avance, pour organiser les assemblées de Delphes ou d’Olympie.

 

Dans le zodiaque grec, tel que je l’ai reconstitué, les symboles de certains signes sont d’origine égyptienne, les autres proviennent de Mésopotamie, ils semblent avoir joué le rôle de relais d’une part Ourartou, d’autre part la Phénicie.

 

Dans l’état actuel de mes recherches, un point de départ est représenté par Toushpa, sur le lac de Van, ancienne capitale d’Ourartou, qui est sur le parallèle de Sardes et de Delphes. On a trouvé en Ourartou de grands chaudrons ornés de têtes de dragons et des objets identiques ont été mis au jour d’une part à Samos, d’autre part à Olympie (et même à Préneste, an Italie). Il s’agit très probablement d’objets cultuels à signification zodiacale: le dragon est le gardien du nord et du solstice d’hiver. Les sirènes, qui se retrouvent aussi dans les trois endroits cités ont la même signification

 

D’autres chaudrons analogues, décorés de têtes de taureaux, renvoient à l’équinoxe de printemps. En Mésopotamie, le système de projection selon les grandes directions de l’espace a joué un rôle important dans la construction des villes (Ninive ou Babylone par exemple). Je n’ai pas l’impression qu’il ait été appliqué au pays considéré dans son ensemble. En Egypte, la configuration du pays ne se prêtait pas à un système de projection zodiacale, mais la division du pays en nomes est associée à l’ordre du ciel. Les douze tribus d’Israël sont en relation symbolique avec le zodiaque, sans qu’on puisse à ce propos parler de projection zodiacale rigoureuse. L’exemple, finalement, est peut-être venu de l’Occident car, sans tomber dans le «pan-celtisme», on ne peut esquiver le problème des alignements mégalithiques et il est clair que Carnac correspond au point vernal par rapport à l’omphalos des Gaules.

 

 Le système, avec pour grands centres Sardes, Délos et Delphes, que j’ai décrit en détail, semble remonter au huitième siècle avant notre ère. Il est probable que pour orienter les grands sanctuaires on a tendu la corde comme on le faisait en Egypte pour s’orienter par rapport à un lever héliaque, à une certaine époque de l’an. Ainsi une ville ou un temple se trouvait mis en relation avec une région déterminée du ciel. Mais il faut, dans chaque cas, rechercher l’état ancien du ciel, ce qui est travail d’astronome, et il y a en général beaucoup d’inconnues…

 

Pour les Anciens, d’ailleurs, les constellations circumzodiacales avaient autant d’importance que celles qui sont exactement situées sur l’écliptique. On possède une table calendaire du IVe siècle, trouvée à Milet, qui donne les levers et couchers d’étoiles remarquables pour 18 jours du Verseau sur trente. (Les autres jours, où on ne note rien de ce genre, sont marqués par un simple point). Les signes du zodiaque,  correspondent aux positions successives du soleil sur l’écliptique. L’idée fondamentale était de faire de la terre une image du Ciel, comme un être vivant en harmonie avec un autre être vivant. Autrement dit, à l’arrière-plan de cet immense effort d’unification de l’univers, se situe un panvitalisme, qui trouvera son expression philosophique dans l’admirable Epinomis (dont l’attribution à Platon n’est plus contestée.) Et c’est pourquoi l’art grec, comme je me suis efforcé de l’établir, nous propose, pour l’essentiel, tout un ensemble de symboles cosmiques ou de scènes symboliques à signification astrale.

 

 Pourquoi, lorsqu’on arrive à Delphes, venant d’Athènes, trouve-t-on d’abord à gauche, en contrebas de la route, au lieudit «Marmaria», une série de temples d’Athéna ? Pourquoi a-t-on construit le temple de Bassée si haut en altitude et pourquoi son entrée est-elle tournée vers le nord-est ? J’ai d’abord déterminé les grandes loxodromies, ou les grands alignements, après l’intuition fondamentale (rapportée dans Delphes, Délos et Cumes). J’ai ensuite attendu deux ans avant de considérer qu’il s’agissait bien d’une projection du zodiaque. Et, alors j’ai compris que les temples d’Athéna de Delphes désignaient le signe de la Vierge, que le temple de Bassée était tourné vers Delphes et correspondait au signe du Cheval ou Gémeaux. Les symboles monétaires m’ont apporté des séries de confirmations. Comme certains ont cru devoir le rappeler, les Anciens ne possédaient évidemment pas des cartes géographiques comparables aux nôtres. Mais ils disposaient sans doute de moyens de connaissance que nous avons perdus.

 

 

Ils établissaient leurs loxodromies, principalement à partir de feux allumés sur les lieux élevés. Par ailleurs, l’existence du grand parallèle des Heraia: Olympie, Heraion d’Argos, Samos, permet de supposer que le problème des alignements en latitude a été résolu beaucoup plus tôt qu’on ne le dit en général. Très souvent, on observe l’existence d’une sorte de faisceau de lignes avec de proches parallèles. C’est ainsi que le méridien de Delphes ne se confond pas exactement avec celui de l’Olympe. Je pense aussi que la perception intuitive a joué un rôle: tout se passe comme si certains «voyants» avaient possédé une vision panoramique des sites, qu’ils traduisent

19 H

HÉsiode – la thÉogonie. les travaux et les jours et autres poÈmes

 

livre de poche

 1999

La théogonie  d’Hésiode définit le panthéon des Dieux grecs ordonnés autour de Zeus. Les travaux et les jours enseignent les règles et les usages d’une société vouée au travail de la terre. Les autres poèmes offrent au lecteur les sources des grands mythes grecs.

 

La vie et l'homme commencent pour Hésiode avec les Titans; car les Titans sont les plus anciens des dieux, les premiers des êtres qui aient des traits vraiment humains, tout en restant symboliques, et ce sont eux qui ont engendré les humains réels. Ils naissent d'Ouranos et de Gaïa, du Ciel et de la Terre. Le premier d'entre eux se nomme Océan; mais ce n'est plus ici la «mer infertile»; c'est le fleuve Océan de la fable, le principe des eaux douces qui portent la vie.

 

L'idée de l'origine de la vie dans l'humide se rencontre donc chez Hésiode, comme elle s'est rencontrée chez les Chaldéens, mais appliquée par ceux-ci à l'Océan réel, dont ils étaient les riverains, dont ils voyaient les produits, et comme elle se rencontrera chez l'initiateur de la philosophie ionienne, et cette fois en donnant au premier élément sa dénomination générale: l'Eau.

 

Les fils d'Ouranos et de Gaïa, qui viennent après Océan, sont Cœos, Crios, Hypérion, Japétos, Théia, Rhéia, Thémis, Mnémosyne, Phœbé, Téthys et le dernier de tous, «le terrible et subtil Kronos, qui hait son père». Après ceux-là, le même couple engendre encore les trois cyclopes, Brontès, Stéropès et Argès, et les trois hécatonchires, Cottos, Briareus et Gyas.

La Terre et la Mer, à leur tour, et, dans une génération suivante, Océan et Téthys donnent naissance à de nombreuses familles d'êtres où se personnifient les qualités, les mouvements et les productions des flots. Le mythe universellement connu de la mutilation d'Ouranos par son fils Kronos se présente dans le texte d'Hésiode, entremêlé dans la suite des générations divines, immédiatement après la naissance des Cyclopes et des Hécatonchires, qui est l'occasion du méfait. Le récit, qui est d'une mythologie complexe, appelle deux rapprochements importants: le premier avec la lutte d'Indra contre le Nuage dans le Rigvéda, — quoique l'analogie soit plus visible dans une autre lutte, qui vient plus tard, de Zeus contre Kronos et les Titans; — le second, avec les mythes d'origine sémitique sur la guerre déclarée à Ciel par son fils El ou Kronos; sur le sacrifice que celui-ci fait de son propre fils, et de la  circoncision qu'’il s’impose ainsi qu'’à son propre père.

 

Selon la version d'Hésiode, Ouranos prend en haine les plus puissants de ses fils, les Cyclopes et les Hécatonchires dont le caractère n'est pas peint en traits favorables par le poète. À peine nés, il les ensevelit, les privant de la lumière, dans les profondeurs de la terre, tandis qu'il a respecté ses premiers enfants, Océan et les autres, dont Kronos était le dernier-né. Mais Gaïa, leur mère à tous, s'afflige du sort de ses enfants les moins intéressants, excite leurs frères à la vengeance et fournit une faux pour arme à Kronos, qui seul embrasse sa cause. Celui-ci saisit le moment où Ouranos s'approche de son épouse; il moissonne (de sa faux) ses parties génitales et les jette dernière lui, Si de tous les traits de ce mythe on ne conservait que l'idée principale de quelque chose qui reste caché dans les entrailles de la terre par la mauvaise volonté d'Ouranos, — ce seraient, pour l'interprétation, les plantes et les fruits que l'eau du ciel engendre, — et, d'une lutte qui a lieu dans le ciel et en fait descendre le principe fécondant, — ce serait alors la pluie qui s'échappe des nuages déchirés, à la grande satisfaction de la terre qui a perdu sa parure, — et enfin de l'apparition de la grâce et de la beauté à la surface de la mer elle-même, rassérénée après l'orage, il serait possible de reconnaître dans le tout un souvenir lointain du mythe védique accommodé à des dieux nouveaux.. 


On a assez des relations des navigateurs phéniciens avec les Pélasges et les Hellènes de la haute antiquité, pour expliquer l'introduction d'éléments religieux sémitiques en Grèce, sans s'appuyer sur l'authenticité douteuse de la tradition relative à Cadmos et à la colonie thébaine. Si cette dernière était admise, elle donnerait seulement plus de précision à l'hypothèse déjà probable d'un emprunt, dont le lieu principal se trouverait être la patrie des aèdes, celle d'Hésiode, le plus ancien transmetteur du mythe

 

Il y a plus, c'est que non seulement l'idée du sacrifice est absente de la légende d'Hésiode, mais elle y est remplacée par ce qui en est le contraire, dans l'espèce, et qui, cette fois, porte la marque de l'esprit moral de la Grèce. En un mot, le poète qualifie nettement de criminel l'acte de la mutilation d'Ouranos. Il se place, pour l'envisager, dans un ordre tout psychologique de passions humaines. Le grief de Gaïa contre son époux est juste en lui-même: «Mes chers enfants, fils d'un père coupable, dit-elle, si vous voulez obéir, nous tirerons vengeance de l'action injurieuse de votre père, car, le premier il a médité un dessein cruel. — Elle parla ainsi, et la crainte les envahit tous, et aucun d'eux ne parla. Enfin, ayant repris courage, le grand et subtil Kronos répondit ainsi à sa mère vénérable: «Mère, certes, je le promets, j'accomplirai cette vengeance. En effet, je n'ai plus de respect pour notre père, car, le premier, il a médité un dessein cruel. Il parla ainsi et la grande Gala se réjouit en son cœur.»



Il n'est pas douteux que, dans l'esprit du poète, le sort de Kronos détrôné par son fils ne représente la vengeance qui devait être tirée de lui pour son propre attentat sur son père. Hésiode donne à de nouveaux méfaits de Kronos un caractère odieux, qu'il emprunte aux vues politiques des ambitieux et des tyrans. Kronos a des enfants de Rhéia, sa sœur: ce sont les membres de la future famille olympienne, Hestia, Déméter, Héra, Aidés, Poséidon, et Zeus qui sera «le père des dieux et des hommes». Il les engloutit dès leur naissance. «Il faisait ainsi, afin que nul, parmi les illustres Uranides, ne possédât jamais le pouvoir suprême entre les Immortels. Il avait appris en effet de Gala et d'Ouranos qu'il était destiné à être dompté par son propre fils, par les desseins du grand Zeus, malgré sa force. Et c'est pourquoi, non sans habileté, il méditait ses ruses et dévorait ses enfants.» On voit combien s'attache le poète à donner un sens anthropomorphique et psychologique aux mythes qu'il rapporte. Les idées morales et politiques lui sont plus familières que les symboles cosmiques. C'est la raison qui rend ceux-ci peu transparents dans son récit. L'enfant Zeus est soustrait par Rhéia à la voracité de son père et nourri en secret dans l'île de Crète (terre classique de l'anthropomorphisme grec). Il fait, au temps venu, rendre le jour à ses frères et dépossède Kronos du gouvernement tyrannique du monde qui pourra se développer désormais sous des lois équitables. Zeus délivre aussi de leurs liens ses oncles les Cyclopes et les Hécatonchires, jadis enchaînés par leur père Ouranos, et reçoit d'eux en retour la foudre et l'éclair que Gaïa cachait dans son sein. Cependant une dernière lutte éclate pour l'empire entre Zeus le Kron ide, aidé de ceux des Titans qu'il a ramenés à la lumière, et les plus anciens Uranides qui occupent ici la place des puissances perturbatrices.

 

Après des combats longs et terribles qui menacent de replonger le monde dans le chaos, Zeus parvient à précipiter ses ennemis dans le Tartare, aussi loin, sous la surface de la terre, que la terre elle-même est loin du ciel, à une distance qu'une enclume d'airain qui tomberait mettrait neuf nuits et neuf jours à parcourir. C'est dans ce gouffre horrible et sans issue, fermé par des portes d'airain, que les Hécatonchires, sûrs gardiens de Zeus, retiennent les Titans vaincus. C'est de là que Nys et Hèméra partent, entrant ou sortant tour à tour pour venir sur la terre; et, tout au fond, sont les demeures du puissant Aidés et de la terrible Perséphone.

 

 Le caractère moral de cet enfer hellénique dont tant de poétiques traits matériels sont inutiles à rappeler, car ils sont connus de tous, est marqué entre autres par le curieux emploi qui est fait d'un produit de ce sombre séjour pour être la sanction de la vérité dans la société des dieux. Un dieu qui s'est parjuré parmi les immortels reste un an engourdi, muet, sans haleine, ne goûtant plus ni l'ambroisie ni le nectar, dit Hésiode, et, quand ce mal a cessé: «Pendant neuf ans il est relégué loin des dieux toujours vivants, et jamais il ne se mêle ni à leurs conseils ni à leurs repas, et la dixième année seulement, il prend part à l'assemblée des dieux.» Or une partie des eaux glacées qui coulent de la source du Styx est réservée pour être le «grand châtiment des dieux», quand ils mentent en faisant des libations de cette eau que Zeus envoie prendre par la divine messagère Iris. C'est le serment par le Styx.

Les mythes ont aisément plusieurs faces, et les interprétations diverses qu'en proposent les critiques ne sont pas nécessairement incompatibles entre elles, comme on le croit trop souvent. L'une des explications de la titanomachie se fonde sur l'opposition remarquable des caractères de deux groupes d'Uranides: le premier dont les dénominations se rapportent en grande partie aux astres ou à leurs mouvements, — non toutefois sans mélange d'éléments moraux divinisés (Thémis et Mnémosyne); — le second, composé de représentants de la force et de la violence, bien qu'issus d'Ouranos également et par lui proscrits. Ceux-ci viennent en aide à Zeus qui les a délivrés et qui triomphe des autres. On a pensé que cette lutte pouvait être le symbole de la rivalité de deux cultes. La religion des dieux plus essentiellement anthropomorphiques de la famille de Zeus, l'aurait emporté, à une certaine époque, sur celle du Kronos sémitique et des divinités astrales que soutenait l'influence phénicienne. Certains dieux souterrains auraient fait cause commune avec les dieux de l'Olympe dans cette scission, infernale

 


On voit que ce genre d'explication ne manquait pas de flexibilité. Elles appartiennent à l'esprit grec; la critique moderne n'a fait que les reprendre et les continuer. Les réflexions d'Hésiode, dont l'antiquité est sans rivale, sont déjà remarquables par leur caractère moral, nous avons même dit politique, et ne s'attachent pas au sens cosmique, qui pourtant ressortirait le plus naturellement de la matière même du mythe. Il est donc visible que de son temps, le génie, de la Grèce avait dépassé le moment où peuvent se créer des symboles tels que la fable d'Ouranos mutilé par Kronos, et de Kronos dévorant ses enfants, et celui où les mythes racontés sont compris d'instinct par les auditeurs avec la signification que leur donnaient leurs premiers auteurs. En d'autres termes, l'origine grecque de ces mythes, du premier tout au moins, est très douteuse, tandis que nous pouvons si bien nous expliquer sa descente d'une source sémitique incomprise; et ce qui est bien réellement caractéristique de la Grèce, dès l'époque d'Hésiode, c'est l'effort pour donner aux mythes un sens rationnel ou moral, — œuvre le plus souvent impossible, — ou la tendance à s'attacher aux symboles les plus intelligibles. Au nombre de ces derniers, il faut citer l'idée qui fait donner pour épouses à Zeus, avant l'unique et irascible Héra, divinité de signification primitivement physique, la pensée en mouvement, Métis; et ensuite Thémis, la stabilité, la loi, la justice, mère des Heures, c'est-dire des limites réglées du temps et du travail; et Euronymes, la large loi, la paix, mère des Charites, les Bienfaisantes, les Grâces, et Mnémosyne, la Mémoire, mère des Muses.

 

Après l'établissement du règne des Olympiens, nous passons, en omettant le mythe de Typhon, qui parait n'être qu'une autre forme de la titanomachie, à l'origine et aux premiers destins de la race humaine, avec l'histoire mythique des Japètides. Ce ne sont pas les Olympiens qui, dans la théogonie d'Hésiode, mettent les hommes au monde. Ceux-ci descendent des Uranides, ancêtres eux-mêmes des dieux. On peut au moins le supposer, puisque leur existence est admise implicitement au cours du mythe de la querelle de Zeus et de Promètheus, qui lui-même est le bienfaiteur des mortels, et dont le frère, Épimètheus, épousant Pandore, femme factice, don fatal des dieux, devient le père d'une race misérable. L'anthropomorphisme radical, qui est au fond de tous ces mythes, a pour conséquence des relations passionnelles imaginées non seulement entre les dieux, mais encore entre eux et l'homme, et, par suite, une lutte, chez l'homme, qui recourt à des moyens illégitimes pour améliorer sa condition dans le milieu imparfait où le renferment les dieux; de l'autre, chez le dieu, le droit et la puissance, et aussi la jalousie et la prépotence. Telles sont les notions morales. Il s'en dégage le sentiment très sensible d'une destinée humaine supérieure à conquérir par une lutte de l'art et de la science contre la primitive condition faite à l'homme sur la terre.

 

HḖLIOPOLIS

Bruwui  et Vanloo

Edition Fonds Mercator

2010

Depuis la nuit des temps, Héliopolis évoque une ville mystérieuse de l'Egypte ancienne qui, en Orient comme en Occident ; nourrit l'imaginaire collectif. Cette cité d'au moins 4500 ans se situe à la pointe du delta du Nil, n'est pas seulement le fruit d'un rêve. Lieu de séjour pour les voyageurs de l'Antiquité, lieu de pèlerinage depuis le Moyen Age et berceau d'une ville nouvelle créée de toute nièce à l'aube du XXe siècle par le capitaine d'industrie Edouard Empain, Héliopolis fait désormais partie du Caire.

 

Elle tire son originalité et son dynamisme actuels du dialogue entre les cultures dont elle est l'expression et qui la distingue, aujourd'hui encore, comme un des lieux les plus remarquables de cette métropole. Avec plus de 250 illustrations en couleur, cet ouvrage retrace l'histoire de la " Ville du Soleil " depuis Iounou - la cité antique du dieu Rê -, jusqu'à Masr al-Gadîda - quartier très prisé du Grand Caire actuel.

 

Héliopolis fut le centre du culte solaire de l'Égypte et la capitale religieuse du pays. Elle fut à l'origine consacrée au Dieu Atoum, Dieu qui dans la genèse des divinités Égyptiennes, occupe la place du créateur et qui sera plus tard la personnification du soleil couchant, sous une forme du Dieu Ré. Atoum fut vénérée dans le temple principal qui était connu sous le nom Per-Ath "Grande Maison" et Per-Atoum "Temple [maison] d'Atoum". On vénérait aussi à Héliopolis toutes les divinités liées au soleil : Le Dieu Khepri, représentant le soleil renaissant ; le Dieu Atoum-Ré, représentant le soleil couchant ; le Benou, oiseau représentant l'âme de Rê qui le précède dans la barque céleste etc...
 
   On y adorait aussi le Dieu taureau Mnévis, animal sacré, incarnation terrestre vivante d'Atoum puis du Dieu Ré, choisi par les Prêtres selon des critères très stricts. Le taureau sacré était gardé dans le temple d'Héliopolis où il paissait dans un enclos sacré et à sa mort, il était enterré avec tous les honneurs.

 

Plusieurs tombes de ces animaux furent mises au jour dans la cité au Nord de l'enceinte du temple de Ré. La ville était également le siège d'un culte de la Déesse Hathor, Dame du Sycomore. Selon la légende c'est à Héliopolis, au milieu d'un bois sacré, que se trouvait l'arbre-ished, un perséa sacré, sur les fruits duquel Thot inscrivait les noms de chaque souverain, héritier du trône d’Horus. Un autre arbre, l'acacia de la Déesse Ioûsas, était déifié dans la cité.

On y vénérait aussi Nebethetepet "La Dame de la satisfaction" Déesse coiffée de cornes de vache entourant un disque solaire, Elle fut créée tardivement en tant que contrepartie féminine d'Atoum, au même titre que la Déesse Ioûsas. À l'Ancien Empire (2647-2150) les cultes d'Atoum et de Ré entrèrent en concurrence avec celui du Dieu Ptah, adoré dans la ville voisine de Memphis et dont le culte est attesté dès la Période Thinite (v.3150-2647). La cité se développa surtout sous le Nouvel Empire (1549-1080), comme capitale religieuse, lorsque Ré, sous le nom d'Amon-Ré, devient le Dieu principal du panthéon Égyptien. Le mythe d'Atoum lui aussi fusionna à cette époque dans le Panthéon avec celui de Ré, qui était également le créateur et un Dieu solaire, sous le nom d'Atoum-Ré, sous l'aspect d'un vieillard courbé.

 
   Héliopolis fut à cette période la seconde métropole après Thèbes. Ses deux principaux temples furent celui consacré à Atoum et un grand temple consacré à Ré, qui atteint son apogée sous le règne du Pharaon Ramsès II (1279-1213), il comptait alors près de 13 000 Prêtres à son service et servait de dépôt aux archives royales. La ville fut également la source d'origine du culte de l'Ennéade du panthéon. Au cours de la Période d'Amarnienne, Le Pharaon Akhenaton (ou Amenhotep IV, 1353/52-1338) introduisit le monothéiste avec le culte d'Aton, Dieu du disque solaire.
 
   Héliopolis se vit alors doter, pour diviniser ce dernier, d'un temple qui lui fut consacré nommé Ouetjes Aton  "En donnant au Disque solaire". Ahmose sera Grand Prêtre de Ré à Héliopolis sous le règne de son frère (ou Demi-frère) Thoutmosis IV (1401/00-1390). Une stèle lui étant attribuée se trouve aujourd'hui au musée de Berlin et une statue brisée le représentant se trouve dans celui du Caire. Un des fils de la Reine Néfertari et de Ramsès II, Mériatoum sera lui aussi Grand Prêtre d’Héliopolis.

 

Pour la fraternité des frères d’Héliopolis, société mystérieuse, Héliopolis est le nom d’une cité sainte bâtie dans le delta du Nil environ 4.500 ans av JC par la race fondatrice de l’Egypte ancienne: les Shem-sou Hor soit littéralement ceux qui suivent Horus. Ce peuple n’était constitué ni de guerriers, ni de prêtres, ni de rois, ils étaient orfèvres et forgerons, et les derniers survivants d’un continent englouti. Le Maitre et Adepte Fulcanelli s’est employé à faire revivre cette fraternité mythique au travers de différents portraits de ceux qui insufflèrent par leur art et leur témoignage dans la pierre l’antique message qui autrement se serait effacé de la mémoire des hommes.

 

 Il appela ces legs et dépôts des demeures philosophales et l’ensemble de celles-ci forment la cité invisible d’Héliopolis. Ceux qui reprirent le flambeau se revendiquaient sous la bannière des frères en Héliopolis ou encore Rose Croix et le nom de leur cité devint Christianapolis. Nul doute que l’Adepte les a connu tant il les cite à longueur d’ouvrage : « Invisibles parce qu’inconnus ». C’était le sort qu’il s’était réservé mais le grand homme de science qu’il était a laissé assez de traces par l’œuvre accomplie sur ce plan pour que nous puissions aussi dresser le portait émouvant d’un homme de cœur et d’esprit dont la culture n’avait d’égale que sa probité et sa modestie. Au-delà de l’alchimie la filiation ininterrompue fut maintenue au travers de cet homme dont nous racontons l’histoire avec des éléments dévoilés pour la première fois.

 

 

HOMÈRE  -  GUIDE DES CITATIONS  RÉUNIES ET CLASSÉES

Olivier  MEYER

Edition  PARDÈS

 2011 

Se réapproprier Homère, c’est renouer avec le fil de la tradition européenne grâce auquel l’Europe redeviendra une vraie civilisation et ne sera plus seulement un Marché commun. « Si nous n’avions jamais connu ni les péchés de Sodome, ni les chimères de l’Egypte et de Babylone » disait Goethe, Homère « serait resté notre Bible ». Et, de fait, à l’époque de la Grèce classique, les écoliers apprennent à lire et à écrire avec lui, récitant : « Homère n’est pas un homme, c’est un Dieu » Tout au long de sa vie, le grec ancien se réfère à Homère –qu’il connaît par cœur- comme à un code de valeurs aristocratiques, guidant son action au quotidien. Voilà le secret, le cœur, de ce que les modernes appelleront « Le miracle grec ». Selon la célèbre formule de Platon, Homère est « l’éducateur de la Grèce ». Il ne tient qu’à nous qu’il redevienne l’éducateur de l’Europe.

 

Les citations réunis dans ce guide sont tirées de l’Iliade et de l’Odyssée, dans la fidèle traduction de Leconte de Lisle. Classées par thème (de A comme action à V comme Virilité), elles constituent un viatique pour l’excellence européenne ; à l’image d’Alexandre le Grand qui ne se séparait jamais de son exemplaire de l’Iliade.

 

Dans ce guide des citations d’Homère, l’auteur n’a qu’une ambition : redonner à l’aède grec sa première place aux yeux des européens ; renouant alors avec leur plus longue mémoire –leurs livres sacrés, l’Iliade et l’Odyssée -, ils redeviendront un peuple jeune à la vitalité créatrice d’avenir.

 

Ce guide se veut complet, mais ne prétend pas à l’exhaustivité. Rien ne remplacera, en effet la lecture intégrale de l’œuvre. Toutefois, si le guide peur inciter les lecteurs à replonger dans l’œuvre du poète, il n’aura pas été inutile. Son intérêt consiste aussi dans le classement thématique des citations, qui permet un accès facile et direct au lecteur, au gré de ses recherches du moment. Les citations au sein d’un thème, sont classées dans l’ordre de la progression du récit de l’Iliade et de l’Odyssée.

 

Index des mots et des citations dans cet ouvrage :

Action – Agôn (instinct de combat – Akhilleus (Achille) – Alimentation – Ami – Amour – Apollon - Arétê (excellence ) – Armes – Athèna – Augure – Beauté – Bienveillance – Chasse – Chant – Combat – Alexandre – Ménélas – Pandore – Ainéias – Diomède – Enée – SarpèdonTlépolème – Ajax – Hector – Patroklos – Euphorbe – Akhilleus (Achille) – Hector – Astéropée – Agénor – Courage – Danse – Destin – Deuil – Dieux – Discorde – Duel – Enfant – Femme – Fidélité – Funérailles – Génocide – Gloire – Gouverner – Guerre – Hérédité – Hiérarchie – Homme – Honneur (timé) – Honte – Hospitalité – Hygiène – Incinération - Jeunesse – Lâche – Laideur – Lutte – Marchands – Mauvais – Mètis (intelligence rusée) – Mort – Muses – Odysseus (Ulysse) – Olympos (Olympe) – Oubli – Paroles – Patiente – Patrie – Parjure – Phalanges – Pitié – Pugilat – Race – Renommée – Richesses – Rire – Sacrifice – Sagesse – Vengeance – Vérité – Vertu – Vie – Vieillesse – Virilité -

 

images & rites de la mort dans l’Égypte ancienne

Jan assmann

Edition CYBELE

 2000

La mise en œuvre de moyens de survivre par-delà la mort, question centrale de la culture égyptienne, a été le biais pour rendre traitable cette réalité incontournable du destin humain.

 

Laissant de côté l’apparat qui entoure le mort en Égypte, ses « monuments d’éternité », Jan Assmann a analysé à travers les textes funéraires, particulièrement les Textes des sarcophages, premier témoignage de la « démotivation » de pratiques d’abord réservées au seul pharaon, le rôle des « liturgies funéraires ».

Ces récitations rituelles, paroles que l’écriture rend permanentes et performatives, octroient au défunt un statut dans la société des hommes comme des dieux, en tant qu’esprit glorifié.

 

Ayant franchi dans le triomphe de la justification, l’épreuve du jugement, qui prend place dans le cadre du Rituel de l’embaumement, lors des Veillées horaires, le mort, tel Horus vainqueur de Seth, pourra, tel Rê, participer éternellement au cycle de renaissance quotidienne ; et tel Osiris, auquel son fils Horus succède sur terre, il trouvera sa place dans la Douat, le domaine des morts et se perpétuera à jamais par la relation père/fils.

 

Encore faudra -t-il qu'’il passe par la Psychostasie et l’épreuve de la balance, pour que les juges et Osiris le jugeant irréprochable, lui donne l’autorisation de continuer son voyage  dans l’au-delà, le pèlerinage d’une 2e vie commence

 

 

 

La conception de la mort dans l’Egypte antique (cf sujet en relation) ne signifie pas la fin de l’existence humaine, mais bien le passage entre deux formes d’existence, deux parties de la vie de l’homme bien distinctes. C’est bien lorsque l’on a pris connaissance de cette interprétation de la mort par les égyptiens de l’antiquité que l’on peut comprendre et interpréter plus justement la momification: la conservation du corps est en réalité une négation de la mort de l’individu. En effet, pour que l’être humain qui vient de mourir puisse accéder à cette « seconde étape » de sa vie, la condition sine qua non est la conservation de son enveloppe charnelle qui va permettre à son âme d’avoir toujours un point d’attache, dans le cas contraire la mort serait alors définitive. Cependant la momification, si elle est bien une condition essentielle pour la survie du défunt, ne suffit pas: elle doit être complétée par des rites funéraires. (cf sujet en relation)

 

Concernant la technique de l’embaumement, sa mise au point fut extrêmement longue, s’étendant ainsi de l’Ancien empire au Nouvel empire. Le terme même de « momie » est réservé aux corps ayant subi un traitement spécifique en vue de cette conservation, si celle-ci est fortuite elle ne doit pas théoriquement recevoir cette appellation. La longue mise au point de la technique peut en partie s’expliquer par l’argument suivant: dans l’Ancien empire (2700-2200 av. J.-C.), seul le pharaon et certains de ses proches recevaient ce traitement c’est-à-dire un groupe très restreint de personnes, ce manque de pratique expliquerait ainsi aisément la lente progression de ce rite. Autre argument: il s’agit d’un procédé long et couteux.

 

Le corps du défunt doit ainsi subir un premier lavage (coutume commune à presque toute l’humanité), suivra l’éviscération crânienne (le cerveau est sorti par les voies nasales grâce à une tige de bronze, et l’on dépose à sa place une résine ou même quelquefois des morceaux de linge), puis l’éviscération abdominale où les organes vitaux tels que le foie, les poumons et les intestins seront sortis pour être traités, seul le cœur, organe considéré comme essentiel reste à sa place. Le corps est ensuite plongé dans un bain de natron (carbonate naturel de sodium se rencontrant à l’état naturel dans les terrains désertiques des pays chauds ce qui va permettre le desséchement de ce dernier, condition principale de sa bonne conservation, les organes sorties au préalable subissent aussi ce traitement avant de retrouver leur place dans le corps ou d’être conservés dans des récipients individuels: les vases canopes. Un second lavage du corps précède l’étape ultime: le bandelettage. La momie ainsi préparée peut enfin avoir des funérailles et être mise dans son sarcophage dont les formes sont ici très variées (cf sujet en relation). Le processus que nous venons de décrire est celui de la momification que l’on pourrait dire de « première classe », toutes les momies n’étaient pas traitées avec autant de soin.

 

Si, nous l’avons vu, la momification est attestée sous l’Ancien empire, la pratique connaît son apogée sous le Nouvel empire. On note une augmentation du nombre de corps momifiés au Ier millénaire et de nouveaux procédés font leur apparition: au-delà de la simple conservation du corps, l’on va désormais s’attacher à rendre à celui-ci un aspect le plus vivant possible: par exemple on insère des copeaux de bois, des linges sous la peau pour lui redonner un certain volume. Enfin, on note la généralisation de la coutume à l’époque ptolémaïque et romaine à toutes les classes de la société. Ce phénomène peut sans doute s’expliquer par la mise au point de techniques plus rapides et moins coûteuses. Un fait atteste cette théorie: la momification de très nombreuses espèces animales: soit que l’animal en question est la représentation directe d’un dieu, soit il s’agit d’un ex-voto, ou encore de l’animal du défunt.

 

Comme nous avons pu l’appréhender dans l’article concernant la momification, les Egyptiens avaient une vision particulière de la mort, qui ne symbolisait en aucun cas la fin de la vie mais plutôt sa continuité, d’où le rôle primordial de l’embaumement qui en permettant la préservation du corps du défunt, lui permettait d’accéder à sa seconde vie, et servait de réceptacle aux trois éléments immatériels qui constituent l’homme: le Ba (la pensée), l‘Akh (l’esprit lumineux) et le ka (la force vitale). Seulement, la momification à elle seule n’était nullement suffisante: elle se voyait accompagné de nombreux rituels religieux et magiques qui étaient indissociables de celle-ci pour la renaissance du défunt.

 

Les actes qui accompagnent directement l’embaumement : Les vases canope : Il s’agissait de petits vases, à têtes d’animales ou d’homme, qui renfermaient les organes considérés comme essentiels et vitaux, et dont la bonne préservation assuraient la survie de l’embaumé. Ces vases sont traditionnellement au nombre de quatre, contenant chacun un organe spécifique, reconnaissable par le couvercle de chaque vase qui représente l’une des deux divinités protectrices. Ainsi, les couvercles étaient dédiés aux fils d‘Horus: Douamoutef, symbolisé par une tête de chacal est, avec la déesse Neith, le protecteur de l’estomac; Hâpi (représenté sous les traits d’un babouin) et Nephtys conservent les poumons; Amset (revêt une apparence humaine momifiée) en compagnie d’Isis garde le foie; et enfin Qebehsennouef (le faucon) est avec la déesse Serket le protecteur des intestins. Les vases canopes étaient déposés dans un coffre, placé auprès du sarcophage. L’importance de la bonne conservation de ces organes considérés comme vitaux et le symbole de leur protection divine complètent directement le rituel de l’embaumement: on conserve au mieux l’enveloppe charnelle du défunt, premier élément pour lui permettre d’accéder à sa « seconde vie 

 

Amulettes et bijoux : Si la religion joue un rôle essentiel dans les rites funéraires, ceux-ci ne sont cependant pas dépourvus de magie. Il en va ainsi des amulettes et autres bijoux que l’on plaçait directement sur le corps momifié, entre les bandelettes, et qui étaient destinés à assurer une protection magique au mort. Ces bijoux et amulettes pouvaient être ceux portés par le défunt au cours de sa vie, mais il s’agissait le plus souvent d’objets créés à cet effet. La protection magique était assurée et symbolisée soit par la simple préciosité des matériaux utilisés, ou encore par la signification attribuée à leurs formes ou à leur couleur (blanc comme la lumière, noir comme la vie éternelle, vert comme « vigoureux » ou jaune comme l’or…). La forme la plus emblématique et répandue est le large collier à plusieurs rangs appelé ousekh. Les amulettes et les bijoux, pour assurer leur rôle protecteur, étaient placés à des endroits précis: les poignets, les chevilles, la taille et l’incision faite sur le flanc lors de l’embaumement.

 

Le « rituel de l’ouverture de la bouche » : Une fois le corps embaumé, les funérailles pouvaient avoir lieu. Un rituel extrêmement important intervenait dès lors : « le rituel de l’ouverture de la bouche » (attesté dès l’Ancien Empire, et se propage au Nouvel Empire) qui pouvait intervenir sur le cercueil/sarcophage du mort ou bien être pratiquée sur la statue représentant ce dernier. En effet, l’architecture du tombeau était divisée en deux parties, la chambre funéraire où reposait le corps, et la chapelle où avaient lieu les offrandes, les visites des proches et les différents rites ultérieurs. Une statue représentant le défunt faisait le lien entre ces deux parties du monument funéraire et c’est sur celle-ci que le prêtre pouvait procéder au rituel: l’officiant « ouvrait » de façon magique la bouche et les yeux de la statue à l’aide d’un long instrument incurvé (cf figure 2), et complétait ce geste symbolique par des fumigations purificatoires, des lustrations et la récitation de formules. Tout cela avait pour but « d’animer » la statue, de redonner au défunt l’usage de ses sens pour qu’il puisse désormais profiter des offrandes de nourriture et de parfum faites par ses proches, et la statue en question devenait dès lors le lien entre le monde des morts et le monde réel, permettant ainsi au défunt d’intervenir directement dans le monde des vivants.

 

ISIS contre MOÏSE - Des secrets de la déesse du bonheur à la vengeance du dieu jaloux

Jean-Paul de Lagrave

Edition Maison de Vie

 2012

Isis victorieuse de la mort, a « inventé » la mort, hors de toute croyance et de tout dogmatisme. Son monde fut celui de la joie de vivre et de renaître. Avec la venue de Moïse, prêtre renégat d’Héliopolis, tout change. De l’assassinat des derniers fidèles de Philae jusqu’à l’inquisition, c’est un monde bien différent qui s’impose. L’auteur propose de redécouvrir l’ampleur de l’idéal isiaque, d’en mesurer la portée et l’actualité afin d’espérer une prise de conscience.

 

La déesse Isis est mentionnée pour la première fois dans les textes des Pyramides datant de 2500 ans av. J.C. L’origine de ces textes est même beaucoup plus ancienne et remonte sans doute à la naissance même de la civilisation Egyptienne. Ce furent les sages de la ville d’Iounou (les grecs la baptisèrent Héliopolis) qui conçurent et formulèrent cette extraordinaire vision spirituelle. Isis y est victorieuse de la mort et offre aux hommes le secret de la vie en éternité «  Isis vient joyeuse, par amour d’Osiris » dont la semence jaillit en elle, elle qui est Sothis.

 

C’est cette déesse, l’une des plus importantes du panthéon universel, qui est au cœur de cet ouvrage. Isis fut adorée non seulement en Egypte et en Grèce mais également dans tout l’empire romain, qui longtemps  fut vénérée dans son temple Egyptien de Philae. Les pharaons grecs Ptolémées étendirent le culte d’Isis dans la totalité du monde et lui donnèrent une dimension universelle de Justice, d’initiatrice, d’organisatrice, elle venait au secours des malheureux et apportait le réconfort et la compassion, de plus elle donnait la promesse d’une renaissance spirituelle.

 

L’idéal isiaque de Plutarque demeure une tradition lumineuse, la source vivante d’un enseignement tiré d’une Egypte éternelle, qui est l’enchantement de chercheurs inlassables.

 

Au sommaire de cet ouvrage est développé :

 

L’amour d’Isis – La maison d’Isis – le chemin des étoiles – les Ptolémées – César l’égyptien – la beauté de la déesse -  ailes protectrices – l’antique guérisseuse – Déesse du soleil – la grand hymne d’Osiris – appel isiaque – vaincre la chaos – le cœur d’Ialou – ravissement de l’initiation - - le salut d’Isis -  l’enfant solaire – Rome et Athènes – la piété de Plutarque – Déesse universelle – les métamorphoses – la belle Photis – les roses d’Isis – la vengeance de Seth – Le prêtre Moïse – Domaine de Seth – Le veau d’or – Moïse assassiné – Héliopolis -  Texte des Pyramides – Osiris – Jalousie de Seth – La résurrection – L’immortalité – Le désert et le culte de Seth – Les forces maléfiques – L’âne d’or de Jérusalem – Les Hyksos – Yahvé -  Menaces et massacres – Divinité assoiffée de sang – Ramsès II – Mérenptah – Le pharaon Séti – Le désert du Sinaï – Dame à la turquoise – L’édit de Constantin – Maintien du culte solaire – La nouvelle Rome – Détruire la pensée antique – Hypatia et Isis – Des nomades auprès d’Isis – Guerre contre Byzance – La paix d’Isis – Chute de Koush – Les NobadesKalabchah – Philae – Le Naos – Le secret du temple – L’île d’Osiris – Le terrible Justinien -  Le cruel eunuque – Des Blemmyes aux Bedjas – Paganocide – Le silence des hiéroglyphes – Le Paris d’Isis – La flûte enchantée – L’Egypte des sages – Hermès Trismégiste -  Enfants des étoiles – Paroles d’Isis – Naissance du diable – Redécouvrir la pensée antique – Terre aimée des dieux – Centrale d’énergie spirituelle –L’Egypte inspiratrice pour l’équilibre du monde – une tradition lumineuse qui se redécouvre –

 

Docteur en Histoire et lettres, historien des idées, J. P. de Lagrave a publié des biographies de Sophie de Condorcet et de Benjamin Franklin. Il se spécialise aujourd’hui dans l’étude du paganisme, notamment de la tradition isiaque, face aux monothéismes.

 

isis & osiris

plutarque

Edition TREDANIEL

 2001

Entre toutes les Œuvres morales de Plutarque, s’il en est une qui caractérise indubitablement le mouvement d’idées que cet écrivain représente, et qui porte la marque indélébile des préoccupations du temps durant lequel écrivit et vécut ce prêtre d’Apollon, c’est assurément le traité qu’il intitula Sur Isis et Osiris.

Enthousiaste et fidèle disciple de Platon, mais du Platon idéaliste, religieux et mystique, Plutarque fut aussi l’adepte fervent et convaincu de ce néo pythagorisme qui, dans le courant du 1e siècle avant l’ère chrétienne, après avoir pris naissance dans la cité d’Alexandrie, semble être devenu un des composants les plus marqués de l’atmosphère intellectuelle de cette époque éclectique et mystique. Le but essentiel de cette curieuse école, qui cherchait, tant par la voie religieuse que par la voie philosophique, à trouver sa raison théorique et pratique dans le sentiment du divin, consistait, écrit G. Toussaint, « à se faire de la divinité, et des dieux une plus haute idée que celle de la croyance populaire et de la superstition.

 

 

Elle prit pour guide, il semble, ce précepte de Pythagore, que le devoir de l’homme est moins d’offrir des sacrifices matériels que de mener une vie pure et sans tache, et d’imiter ainsi la divinité, philosophie très haute, sorte de culte spirituel en esprit et en vérité qui, sans toucher au panthéon national, permettait d’avoir sur Dieu des idées très élevées et de se mettre en rapport d’union avec lui, par la pureté de vie et par des initiations. »

Pour Plutarque, en effet, comme pour tous les esprits éclairés de ce temps, les mythes religieux enveloppaient et cachaient des vérités profondes. Passant pour les oracles du divin dans le monde, ces vérités ne pouvaient être, sous des voiles divers, que partout identiques. Émanant du Dieu-Un, la Vérité est une, croyait-on, et si l’intelligence, qui partout perçoit la même vérité, est une en sa pensée, le Verbe, ou l’expression de la pensée, ne peut aussi partout que dévoiler et chanter la même vérité.

 

Cette vérité, la Providence l’avait implantée avec la vie dans toutes les âmes humaines, et accordée dans sa justice à tous les peuples du monde. En vertu de ce don et de cette révélation, les religions de toutes les nations, comme toutes leurs sagesses, sous des dehors variés et des mots plus ou moins différents manifestaient la même connaissance comme à tous les hommes.

 

ISIS et OSIRIS, la LÉGENDE  ou  La Victoire de l’Amour sur la Mort

Christian  Jacq

Edition   Maison de Vie

 2010

La légende d’Isis et d’Osiris est l’un des éléments fondamentaux de la pensée et de la civilisation égyptienne pharaonique. Pourquoi Osiris, roi bienfaisant, a-t-il été assassiné ? Comment son épouse Isis, refusant le caractère inéluctable de la mort, est-elle parvenue à le faire revivre ? Pour répondre à ces questions et mettre en lumière tous les aspects de cette histoire fascinante, il fallait reconstituer les faits en utilisant divers documents, dont les très anciens Textes des Pyramides ou le récit de l’initié Plutarque. Ainsi nous avons accès à la réunion des parties éparses du mythe, nous avons accès à cette légende initiatique où l’amour et la connaissance triomphent de la mort.

 

Au 6e siècle après J.C., le temple de Philae, ultime sanctuaire d’Isis, fut transformé en église chrétienne. Isis la grande, placée à la tête de millions d’étoiles, survécut au fanatisme. N’était-elle pas liée à la course éternelle du soleil, n’avait-elle pas révélé l’initiation aux humains et fondé les sanctuaires des divinités ?

 

Créatrice de la crue, identifiée à la terre fertile, guérisseuse, épouse exemplaire, mère modèle, Isis, l’unique, fut la déesse par excellence. Elle traversa les âges, après avoir inspiré la symbolique de la Vierge Marie, et demeura le modèle de l’authentique spiritualité féminine, née de l’initiation, et capable de la transmettre.

Qu’enseignaient les mystères d’Isis et d’Osiris ? La nécessité de devenir un Osiris de son vivant, afin de connaître la signification profonde des mythes et des rites « inaltérables, non soumis à la corruption, exempt de l’impureté des individus périssables, Osiris séjourne fort loin de la terre, mais reste la Pyramide. » L’enjeu est d’importance, puisque seule une connaissance ésotérique permet de former un être à l’exercice de la royauté. Bien qu’issue de la confrérie des guerriers, il était initié à la sagesse des ritualistes dont l’enseignement est caché par des mythes qui laissent percevoir la vérité en la dissimulant.

 

Les témoignages des auteurs de l’Antiquité convergent : l’initiation permet d’accéder à la connaissance du dieu primordial et de participer à sa nature immortelle. Et Plutarque résume ainsi la vision spirituelle des initiés aux mystères : « C’est à la connaissance réelle des dieux qu’il faut s’attacher ; il n’y a rien de plus essentiel que la vérité, à savoir la vérité qui concerne les dieux. Eux seuls possèdent l’intégralité de l’intelligence et de la pensée. L’humain n’en dispose que partiellement, et le Divin ne relève pas des biens matériels, fut-ce l’argent ou l’or, ni des forces naturelles, mais de la connaissance et de la pensée. La divinité possède le bonheur de la vie en éternité, à savoir la connaissance de ce qui sera ; sans cette connaissance de l’être, l’immortalité ne correspondrait plus à la Vie, mais se réduirait au simple phénomène du temps qui s’écoule ».

 

Apulée, auteur du roman L’âne d’or, parle de l’initiation égyptienne et fait dire à son héros Lucius au moment crucial de son initiation : « En pleine nuit, j’ai vu le soleil briller d’une lumière étincelante. » et Sophocle de renchérir : « Trop heureux ceux des mortels qui contemplèrent les rites initiatiques avant de mourir ! Pour eux seulement, il y a une vie dans l’autre monde ; pour les autres il n’y a que des maux »

 

Jamblique, grand initié aux mystères d’Isis et grand connaisseur de l’Egypte, leur consacra un traité, et rappela l’un des enseignements majeur d’Abydos : si la puissance bénéfique d’Osiris demeure intacte et pure, les parties du Tout demeurent en ordre.

 

Le livre de morts égyptiens précise au chapitre 75 : « Lorsque le monde retournera dans l’océan primordial d’où il est issu, il ne subsistera que la lumière divine d’Osiris ».

 

Au sommaire de cet ouvrage :

La naissance d’Osiris et d’Isis  -  Le règne heureux d’Osiris et d’Isis  -  Le complot de Seth et l’assassinat d’Osiris  -  La première quête d’Isis et la découverte du lieu du crime  -  Le voyage d’Isis à Byblos et la découverte d’Osiris-arbre  -  Le retour à Abydos et les rites de deuil  -  Le second assassinat d’Osiris, la dispersion de son corps et la seconde quête d’Isis  -  La reconstitution du corps d’Osiris  -  La création du corps noble d’Osiris et sa résurrection  -  La fécondation d’Isis-oiseau par Osiris ressuscité  -  Les tombeaux d’Osiris  -  Le nouveau règne d’Osiris ressuscité  -  Naissance et survie d’Horus, fils d’Isis et d’Osiris  -  Identification du meurtrier : Seth le perturbateur  -  Le combat d’Horus contre Seth  -  Le triomphe d’Horus et de l’institution pharaonique  -  Pourquoi Isis créa l’initiation   -  L’éternité d’Isis et d’Osiris  -

 

ISIS  -  la quÊte d’isis  

Jurgis baltrusaitis

Edition  flammarion

 1985

A partir du mythe d’Isis, l’auteur démontre comment toutes les civilisations universelles se sont accaparées ce thème et en ont fait un mythe fondateur à leur façon. On y trouve les théogonies, égyptiennes durant la Révolution Française et dans l’Histoire de France. Isis et les Francs-Maçons. Isis en Allemagne, en Angleterre, en Chine, aux Indes occidentales et orientales et en Italie.

 

La première quête d’Isis : Le coffre contenant le cadavre d’Osiris dérive jusqu’à Byblos où il est emprisonné dans le tronc d’un tamaris. Le souverain local fait couper l’arbre qui devient une colonne du palais royal. Ceci explique le lien très profond entre Osiris et les arbres qui agrémentent toujours ses cénotaphes. Après de multiples péripéties, Isis archétype de l’épouse exemplaire, réussit à retrouver le cadavre de son frère et mari, et le ramena dans les marais du Delta où elle le pensait à l’abri de la malveillance de Seth. Malgré toutes ses précautions, ce dernier retrouva le cadavre, alors qu’Isis était absente. Dans sa colère, et pour interdire à son frère une sépulture digne de ce nom, il découpa le cadavre en morceaux dont le nombre varie selon les textes : 14 (un demi-mois lunaire), 16 (16 coudées est la hauteur idéale de la crue) ou 42 (correspondant au nombre des nomes d’Égypte). Il dispersa ensuite les morceaux, pensant ainsi se débarrasser définitivement de sa victime. Excepté le précieux phallus qui avait été jeté dans le Nil et avalé par le poisson, oxyrhinque.

 

La deuxième quête d’Isis : Isis ne s’avoua pas vaincue et entreprit de recueillir les morceaux épars de son époux disséminés dans toute l’Égypte. La Grande Magicienne, avec l’aide de sa sœur Nephtys et d’Anubis son neveu réussit à reconstituer l’intégrité physique d’Osiris qui représente la première momie. Anubis en recomposant le corps décomposé de son défunt Tonton devint le dieu des embaumeurs. Isis par la magie de son verbe, réanime alors son époux et après s’être transformée en milan lui redonne le souffle en battant des ailes au-dessus de son sexe dressé et déstressé, car elle a réussi à reconstituer magiquement le phallus, elle est fécondée afin de concevoir un fils, son héritier, Horus le jeune qui devint l’archétype du pharaon.

 

Osiris semble être à l’origine un Dieu en rapport avec la végétation renaissante, auquel on attribue les destins annuels du sol terrestre. Quand vient l’inondation, Osiris est aussi l’eau nouvelle qui fait reverdir les champs. Lorsque les plantes flétrissent et meurent, on dit qu’Osiris est mort. Mais il n’est pas tout à fait mort puisque l’année suivante les herbes poussent de nouveau de la terre (son corps) prouvant ainsi qu’il est toujours vivant. Les chairs du Dieu peuvent être représentées de ce fait en vert, couleur de la végétation renaissante, ou en noir couleur du limon fertile. Isis, comme mère d’Horus, était par extension considérée comme mère et protectrice des pharaons. Le lien entre Isis et Horus a aussi influencé la conception chrétienne du rapport entre Marie et l’enfant en bas âge Jésus Christ. La description de la tenue assise ou l’allaitement de l’enfant Horus est peut-être à l’origine de l’iconographie de Marie et Jésus. C’est une représentation universelle de la maternité allaitante parfois haletante.

 

La déesse Flore est aussi Hathor la déesse au sycomore dans le panthéon égyptien. Isis est la grande prêtresse des insondables mystères, ceux qui ne peuvent être dévoilés à de simples mortels : «Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera, et mon voile aucun mortel ne l’a encore soulevé». « En montant sur le trône, Osiris fit renoncer aussitôt les Égyptiens à leur existence de privations et de bêtes sauvages. Il leur montra comment on se procure les fruits ; il leur donna des lois et leur apprit à honorer des dieux. Plus tard il parcourut l’univers entier y portant les bienfaits de la civilisation. Il n’eut que très rarement besoin de recourir aux armes : ce fut par la persuasion, le plus souvent, et par la raison, en y joignant l’attrait des chants et de toute sorte d’harmonie, qu’il attirait les hommes. C’est pour cela que les Grecs croient qu’il est le même que Bacchus. Typhon, en l’absence d’Osiris, n’avait rien innové, parce qu’Isis exerçait une active surveillance et maintenait vigoureusement toutes choses en leur état ».

Un très beau livre de référence avec une nombreuse iconographie.

 

ISIS - le mythe d’isis & d’osiris & sa relation avec le symbolisme hermÉtique

Jorge camacho

Edition LA TABLE D’ÉMERAUDE

 1995

Si depuis le Moyen Âge jusqu’à la première moitié du XXème siècle, du pseudo Albert Le Grand à Fulcanelli en passant par Dom Pernety nombreux furent les auteurs à soulever le voile sur ce qui constitue « le substratum positif qui est l’assise des sanctuaires de tous les cultes répandus sur la terre », personne encore n’avait proposé une lecture alchimique du mythe central de l’ancienne Égypte, tel que depuis Champollion il nous est devenu possible de l’aborder.


C’est l’une des clefs nécessaires à cette lecture qu’aujourd’hui le « voyageur » Jorge Camacho offre au lecteur, sous le signe de l’étoile crépusculaire du travail opératif, dans ce petit ouvrage illustré de figures nombreuses et belles, tout entier tendu, dans le monde des « doubles », vers l’énigme sur laquelle repose le pivot du Grand Œuvre.

 

Osiris était fils de Geb, dieu de la terre, et de Nout, déesse du ciel. Il était aussi le frère de Seth. Or à sa mort, Geb décida de partager son royaume en deux. Partage bien inégal puisqu’il confia à Osiris les terres fertiles, et à Seth les terres rouges du désert. De quoi, on le comprendra, nourrir beaucoup de rancune chez l’infortuné Seth. Puis Osiris épousa Isis et on dit que leur union fut heureuse. Ils dispensèrent leurs bienfaits aux hommes, Osiris leur apportant la culture du blé, la pêche, et Isis la médecine, le tissage.

 

Mais Seth ne s’avoua pas vaincu, et il attendit patiemment son heure. Lors d’un banquet auquel il avait convié 72 de ses amis, il proposa à chacun des convives de s’allonger dans un coffre promettant de l’offrir à celui qui y tiendrait parfaitement. Les complices de Seth s’y essayèrent mais aucun d’eux n’avait la taille voulue. C’est lorsque le tour d’Osiris arriva que tous purent constater qu’il y tenait à merveille, le coffre semblait fait pour lui. En vérité il l’était. Tant et si bien que les auteurs du complot, Seth en tête, fermèrent le coffre sur lui puis le jetèrent dans les eaux du Nil non loin de Byblos. Osiris s’y noya. Mais Isis, épouse fidèle, n’avait pas dit son dernier mot. Elle partit en quête de son corps et, finit par le trouver. Elle le ramena en Egypte. Toutefois Seth profita d’un moment de relâchement pour découper le corps et en éparpiller les morceaux. Isis partit une nouvelle fois à leur recherche et à chaque fois qu’elle en trouva une partie, l’ensevelit sur place.

 

C’est ainsi qu’elle enterra la tête à Abydos, le cou à Héliopolis, et ainsi de suite. Seul son sexe avait été avalé par un crocodile. Puis elle reconstitua son corps, et grâce à l’aide d’Anubis, se fit féconder. Horus devait naître de leur union. Elle embauma le corps, initiant la première momie, et c’est ainsi qu’Osiris devint le seigneur de l’Au-delà, présidant à la pesée des âmes, assisté de Thot et Anubis. Quant à Horus, dieu à tête de faucon, dont le nom signifie « vengeur de son père », il s’opposa bientôt à Seth, dans une lutte sans merci. Il devait y perdre un œil mais y gagner l’admiration de tous, devenant ainsi le symbole de la piété filiale.

 

En Égypte antique, l'une des premières Écoles de Mystères fut l'école osirienne. Ses enseignements portaient sur la vie, la mort et la résurrection du dieu Osiris. Ils étaient présentés sous la forme de pièces théâtrales ou, plus exactement de drames rituels. Seules les personnes ayant donné la preuve de leur désir sincère de connaissance pouvaient y assister. Au cours des siècles, les Écoles de Mystères ajoutèrent une dimension encore plus initiatique au savoir qu'elles transmettaient. Leurs travaux mystiques prirent alors un caractère plus fermé et se tinrent exclusivement dans les temples qui avaient été construits dans ce but. D'après les enseignements rosicruciens, les plus sacrés aux yeux des Initiés étaient les grandes pyramides de Gizeh Ainsi, contrairement à ce qu'affirment la plupart des historiens, ces pyramides n'ont pas été construites pour servir de tombeau à quelque pharaon. Elles étaient à l'origine des lieux d'études et d'initiations mystiques.

 

Les initiations aux Mystères égyptiens comprenaient une phase ultime durant laquelle le candidat faisait l'expérience d'une mort symbolique. Allongé dans un sarcophage et maintenu par des procédés mystiques dans un état intermédiaire, il lui était donné de se dédoubler, c'est-à-dire de connaître une séparation momentanée entre son corps et son âme. Cette séparation avait pour but de lui montrer qu'il était bien un être double. L'ayant expérimentée, il ne pouvait plus douter que l'homme possède une nature spirituelle et qu'il est destiné à réintégrer le Royaume Divin. Après avoir fait la promesse de ne rien dévoiler de cette initiation et s'être engagé à suivre le sentier du mysticisme, il était graduellement instruit des enseignements les plus ésotériques qu'un mortel puisse recevoir.

 

Les Initiés de l'ancienne Egypte résumèrent une partie de leur sagesse sur les murs de leurs temples et sur de nombreux papyri. Une autre partie, non moins importante, fut secrètement transmise de bouche à oreille

 

ISIS  L’ÉTERNELLE -  Biographie d’un mythe féminin

Florence Quentin 

Edition   Albin MICHEL 

 2012

Quel est le point commun entre Cléopâtre, l’empereur romain Hadrien, le philosophe Plutarque, la Vierge noire de Notre Dame du Puy, Cagliostro, Robespierre, Bonaparte, Goethe, Novalis, Nerval ou encore Nietzsche ? Une déesse égyptienne aux multiples métamorphoses : ISIS.

 

Depuis l’ancestrale déesse Asèt (son nom égyptien que les grecs transcrivirent en Isis), cette fresque historique montre la pérennité d’un mythe qui a hanté non seulement l’imaginaire antique, des rives du Nil jusqu’aux confins de l’empire romain, mais aussi celui des Modernes.

 

C’est ainsi que l’on retrouve la déesse préférée des pharaons à peine masquée sous les traits de Vierges romanes, puis dans la franc-maçonnerie et les fêtes de la Révolution, sur le bateau des armoiries de Paris, dans les multiples évocations de « l’Isis voilée » du romantisme et dans les fantasmes contemporains d’une égyptomanie qui n’a pas dit son dernier mot.

Ce livre nous montre à quel point nous sommes imprégnés de cette figure idéale de la Femme salvatrice, née il y a plus de 5000 ans, et qui aura fait tant rêver. Après nous avoir introduits à la « vraie Isis », c’est à dire celle de l’Egypte pharaonique, l’auteur s’attache à en suivre les transformations au cours de l’histoire, et à nous faire comprendre comment chaque période s’en est emparée selon les pentes de son imagination : où l’on constate que la « Mère Universelle » était l’écran parfait pour toutes nos projections. C’est ainsi qu’Isis va passer dans la culture gréco-latine en abandonnant son statut solaire (mais aussi en agrégeant sous son nom tout ce que le bassin méditerranéen comptait de visages de la « Grande Déesse ») et en devenant de ce fait la gouvernance de ces mystères sur lesquels, des siècles après, nous ne cessons d’élucubrer. Puis viennent les Vierges noires du Moyen-âge, la redécouverte de l’Egypte à la Renaissance, les accointances d’Isis avec l’efflorescence de l’alchimie, le surgissement de l’ésotérisme au XVIIIe siècle, comme on peut le trouver dans la flûte enchantée de Mozart.

 

Enfin c’est l’Isis voilée de Novalis, visage de cette nature dont il nous est interdit de pénétrer le secret, thème qui va irriguer la philosophie romantique allemande et dont on va retrouver les échos divers en France chez Gérard de Nerval, Michelet ou Victor Hugo. Sans oublier bien sûr, tout « l’ésotérisme moderne », qui va s’abreuver à cette source sans fin. Ainsi va le mythe, et c’est le mérite de F. Quentin, avec une érudition très sure qui n’exclut pas le sens du symbole, de brosser un panorama qui ne laisse pas de nous interroger.

 

Car reste à éclaircir ce point : pourquoi cette déesse si féminine, si maternelle, si compatissante, si liée aux mystères du cosmos, nous a-t-elle ainsi fascinés ? Peut-être parce qu’elle représentait une essence du féminin sacré qui ne cessait de faire retour dans une culture faite par et pour les hommes ? ou est-ce autre chose ?

 

Au sommaire de cet ouvrage est développé :

 

Asèt l’Egyptienne  -  Isis l’Alexandrine  - La Déesse romaine aux dix mille noms  - Vierge Marie céleste  - Au service d’un songe  - Déesse des lumières  -  La nature voilée  - Lilith, sainte et fée  -  Isis dans tous ses états  -

 

JERPHAGNON  - Ẵ L’ḖCOLE DES ANCIENS  -

 Lucien Jerphagnon

Edition Perrin

 2014

Se définissant lui-même comme « barbouze de l’Antiquité », le grand historien Lucien Jerphagnon (1921-2011) n’a cessé d’interroger l’histoire avec le savoir pénétré d’ironie et d’érudition du sage, et de questionner les philosophes, qu’il a su replacer dans leurs époques, et dont il nous a donné à respirer « l’air du temps ». Platon, Plotin et saint Augustin sont les héros de ce livre constitué de textes inédits. Avec son art fulgurant d’exhumer le passé et d’incarner les textes, Lucien Jerphagnon nous redit que ce qu’il faut voir, c’est précisément ce qui nous fait voir : leur lumière, à l’origine de la vision de notre monde.

 

D’une grande figure de l’Antiquité à l’école de pensée qui s’en réclame, des maîtres aux disciples, d’un discours sur sa méthode à une leçon sur l’histoire, nous voilà plongés aux sources les plus vives de notre temps et de notre culture. De page en page, ce grand humaniste nous rappelle pourquoi les penseurs de l’Antiquité ont porté jusqu’à nos jours une initiation à tout ce qui est la vie de l’esprit, à tout ce qui rend vivant et digne d’être humain.

 

D'outre-tombe, Lucien Jerphagnon nous livre ici un « dernier livre », en fait un recueil d'articles exhumés et ordonnés par l'éditeur. On ne fera pas la fine bouche, tellement on y retrouve condensé le gai savoir de cet abîme d'érudition. L'auteur des Divins Césars fut si intime du monde antique qu'il sut redonner vigueur et fraîcheur à des auteurs trop souvent figés dans le marbre. Avec lui, les « Anciens » deviennent des vivants au sourire en coin. En partant du pouvoir de « suggestion » d'Héraclite, Jerphagnon passe en revue philosophes et philosophies. Il ne nous cache pas que ces dernières, systématisées, purent ressembler à un rayon de supermarché : platonisme, aristotélisme, stoïcisme, cynisme, épicurisme, narcissisme (cherchez l'erreur)... Mais les grands maîtres, par leur hauteur de vue, échappent à cela. Ainsi en est-il de Plotin, qui a illuminé la vie de Jerphagnon.

 

Pour Plotin, tout procède de l'Un. « Quel discours est possible, énonçait le grand esprit gréco-romain, lorsqu'il s'agit de l'absolument simple ? » Ce qui n'empêche pas Plotin de rester très humain, puisque, pris de frousse, il déguerpit d'un champ de bataille. Ne pas être un héros : une épine dans la chair de cet intellectuel mystique. Sur saint Augustin, qu'il a édité en trois volumes à la Pléiade, Jerphagnon nous incite à nous défaire de clichés. Plutôt qu'à un flambeur, le futur docteur de l'Église lui fait penser à un jeune homme rangé qui, à peine reçu dans une grande école, ne rêve déjà que de sa fin de carrière. Le petit arriviste arriva, mais ailleurs

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les Maîtres : Héraclite   -   Empédocle   -   Socrate   -   Platon et le platonisme   -   Epicure te l’épicurisme   -   Les stoïciens   -   Le néoplatonisme   -  

Les disciples : Plotin, intellectuel et mystique   -   Le Parménide de Platon   -   Platonopolis ou Plotin entre le siècle et le rêve   -   Narcisse   -   Epiphanie du ‘’Noûs’’   -   

Sur Saint Augustin : Le religieux, le mystique et le rationnel   -   Le confessio laudis d’Augustin   -     Lettre à un ami historien    -

 

JERPHAGNON  - CONNAIS-TOI  TOI-MÊME ET FAIS CE QUE TU AIMES

  Lucien  Jerphagnon

  Edition Albin Michel

 2012

Qu’il parle de Platon ou de gladiator, qu’il cherche la clef du bonheur ou qu’il réfléchisse à la question de la mort, Lucien Jerphagnon entraîne son lecteur dans un voyage au long cours de trente siècles. Nous voici les complices, dans le rire et l’étonnement, de Socrate, saint Augustin ou Umberto Eco. Avec ce grand livre, qui tire un trait d’union entre le temps des mythes et celui des mystères, l’auteur en humaniste éclairé, offre un florilège éblouissant de textes inédits, qu’il a revus et corrigés, au seuil de sa disparition, pour adoucir le cours du temps et réjouir ses amis.

 

A Rome, les empereurs philosophent : c’est Marc Aurèle et ses pensées ; et les évêques sont des empereurs ; c’est saint Augustin et sa cité de Dieu. Double prodige en vérité, des prodiges que l’on retrouve dans l’une des Basiliques les plus étonnantes de la ville : Saint-Clément-du-Latran.

Cette église fut bâti sur des ruines d’autres temples, elle est venue se superposer au IIe siècle sur un temple de Mithra, qui fut rival de la chrétienté, on peut voir la pierre qui représente le sacrifice d’un taureau (le taurobolium) et qui se déroulait dans les entrailles de la terre, sous la crypte. Lorsque deux civilisations se rencontrent, cela occasionne des frictions et des guerres, Rome rencontrant la Grèce n’échappe pas au processus, mais l’intelligence des deux, fit qu’ils y trouvèrent chacun leur compte, car chacun avait ses spécificités, d’où la création d’un empire « gréco-romain ».

 

Fascinant affrontement de deux consciences collectives ! D’un côté les  Romains sûrs, comme le chante Virgile, d’être mandatés par les dieux pour gouverner le monde. De l’autre les grecs, se sachant l’unique peuple, dont la civilisation s’impose d’elle-même. Heureux face à face  entre deux complexes de supériorité, dont chacun des partenaires saura tirer parti et comme dit Horace : C’est Rome hellénisée qui hellénisera l’Occident, car là où Rome règne, Athènes rayonnera.

 

Dans son film  « Au nom de la rose », Umberto Eco, retrace bien l’ambiance de cette époque (1327) où l’émergence du laïcat creuse un fossé entre les paysans, les marchands, les clercs et les Seigneurs. Le clergé enrichi prêche la vertu aux indigents… C’est pourquoi on n’a jamais représenté autant d’Apocalypses, de Jugements derniers, de diables convoyant aux Enfers, bourgeois, seigneurs et prélats. Des mouvements contestataires se lèvent, appelant à la pénitence, à la sainteté de la Primitive Eglise. Des mouvements hérétiques contestent l’Eglise et appellent à un retour des vertus, même au sein de l’Eglise la contestation gagne du terrain, certains comme Giordano Bruno seront brulés, d’autres devront faire amende honorable (Maitre Eckhart)

 

Au sommaire de ce voyage dans le temps :

La lumière grecque  -  Platon, la carrière d’un philosophe  -  Faut-il réhabilité les sophistes  -  Plotin et la figure de ce monde  -  Platon, Denys l’Aréopagite et les autres  -   Que devons-nous à Rome ?  -  Sénèque au cœur du siècle  -  Psychopates et médecins au temps des Césars  -  Constantin sans péplum  -   Religion romaine et religion chrétienne  -  Saint Augustin à l’école de Plotin  -  D’Homère à saint Augustin  -  Le sac de Rome par Alaric  -  Les secrets des gnostiques  -  Arius sème la zizanie pour deux siècles  -  Donat et les circoncellions  -  Pélage ou l’attrait de l’insoluble  -  Philosophie bergsonienne du banal  -  Vladimir Jankélévitch  -  Petits meurtres entre moines : au sujet d’Umberto Eco  -  Goudji, l’or et les pierres  -  Du politiquement correct à la bonne conscience  -  Dis-moi qui tu adores…   -   Séquence cinéma avec Gladiator et Alexandre   -   A propos d’Agora

   

JERPHAGNON  -  HISTOIRE DE LA PENSḖE  -  D’HOMḔRE Ẵ JEANNE D’ARC       -  

Lucien  Jerphagnon

Edition Fayard

 2011

D’Héraclite à Guillaume d’Ockham, tour à tour féroce et chaleureux, hilare et navré, Lucien Jerphagnon retrace dans cet ouvrage l'histoire des grands courants et des grandes idées de la philosophie occidentale antique et médiévale. Il embrasse avec son habituelle érudition l’immense aventure de l’esprit : les origines de la philosophie, les premiers physiciens, Socrate ou la conscience dans la cité, Platon ou la politique sous l’angle de l’éternel, Aristote ou le Macédonien surdoué, les cyniques et les cyrénaïques, les épicuriens, les stoïciens, philosophes pour un monde nouveau, Plotin ou l’absolu entrevu, Augustin ou les cieux nouveaux, la scolastique ou le retour d’Aristote... Il ne s’agit pas d’une progression de la pensée siècle après siècle vers la Vérité absolue, mais davantage d’un foisonnement, d’un buissonnement touffu dont les rameaux s’emmêlent, poussant chacun vers un peu plus de lumière.

 

Pour­quoi éprouve-t-on à la lec­ture de cet ouvrage un plai­sant ver­tige ? De prime abord, nous sommes mar­qués par la hau­teur du pro­jet, qui pro­pose de rendre compte des foi­son­ne­ments mul­tiples de la pen­sée depuis les rivages de la Grèce antique jusqu’aux chaires des pres­ti­gieuses uni­ver­si­tés médié­vales. A peine 2000 ans de che­mi­ne­ments phi­lo­so­phiques nous contemplent ici, et il fau­drait pou­voir les sai­sir en quelques cen­taines de pages ? Lucien Jer­pha­gnon, notre guide, par­vient à nous don­ner ce sen­ti­ment, sans esbroufe, comme un amou­reux de la nature, comme un grand arpen­teur qui sait lire et faire voir les pay­sages. Rien d’étonnant donc qu’on trouve parmi les plus belles pages de ce livre, la pré­sen­ta­tion de Lucrèce ; qui écri­vait lui-même : Comme notre doc­trine ne semble pas très drôle à ceux qui ne l’ont pas mise en pra­tique, et comme la masse recule devant elle avec le fris­son, pour toi j’ai voulu l’exposer dans la langue suave des Muses. Tout un pro­gramme… que Lucien Jer­pha­gnon pro­longe un peu plus loin : Et c’est ainsi qu’en des vers admi­rables  Lucrèce expose la phy­sique d’un Grec mer­veilleux qui a désarmé les vieilles légendes. 

Tout le pro­jet est là, aussi bien celui de Lucrèce que celui de Lucien Jer­pha­gnon. La phy­sique d’un grec mer­veilleux… Bien sûr, il y a d’abord ce style et puis cette pas­sion du savoir, cette envie de rendre compte de l’importance de la phi­lo­so­phie grecque antique, pas­sée ensuite à Rome, cette bour­gade de culs-terreux héroïques, intel­lec­tuel­le­ment nuls au départ qui ont pour­tant su assi­mi­ler, par les armes et par les mots, bien des mondes, et for­mer, par les armes et par les mots, un empire et une grande civi­li­sa­tion. Cet empire prit la pen­sée grecque en héri­tage et en son sein contri­bua — mal­gré lui, avec lui et contre lui — à mode­ler les pen­sées chré­tiennes. Car cette doc­trine, puisqu’il faut bien l’appeler chré­tienne — scan­dale pour les juifs et folie pour les païens - a conta­miné la pen­sée clas­sique, l’a secouée, éprou­vée et orien­tée vers de nou­velles pers­pec­tives. Impos­sible ici, en quelques lignes, de rendre compte de la vita­lité de ces siècles romains. Cette vita­lité intel­lec­tuelle fas­cine et obsède Lucien Jer­pha­gnon, qui exulte à racon­ter la dyna­mique intel­lec­tuelle qui se per­met tout ; il donne ainsi autant de place aux pen­sées de « réfé­rence » qu’à celles qui n’ont pas eu de pos­té­rité. Toutes les pen­sées décrites sont fortes, réflé­chies et auto­nomes, appuyées mais affran­chies, et défi­ni­ti­ve­ment ins­crites dans la vie même c’est-à-dire dans leur temps.

Ce récit de ce temps long de la pen­sée ne masque ni les rup­tures ni les impasses : Tout un pan du passé humain s’est ainsi écroulé, cela atteste qu’on peut encore trou­ver du bon­heur à en inven­to­rier les ruines. Ter­ribles ont été les moments d’oublis. Ces périodes noires où l’on savait plus quoi faire de ce « cadastre cultu­rel » laissé par les anciens phi­lo­sophes. De l’avoir oublié, comme on peut mou­rir parce qu’on a oublié de res­pi­rer… Avec les grandes inva­sions, tout devint vieille­rie plu­tôt que ves­tige ». Ce fut le déluge, le grand cham­bar­de­ment, obsé­dant, car plus rien ne sera plus à sa place. On se rend compte que même les pen­sées les plus pro­fondes, les plus fon­da­trices, pou­vaient être éphé­mères et fra­giles, voire per­dues. Toute la pen­sée du Moyen– Age a consisté à don­ner vie et lec­ture, dans le cadre d’un cahier des charges doc­tri­naire et reli­gieux par­fois bien contrai­gnant — voire sclé­ro­sant — à ce bric à brac de pen­sées antiques. Alors retour à la ques­tion de départ : pour­quoi éprouve-t-on à la lec­ture de cet ouvrage un plai­sant ver­tige ? Parce que le sol se dérobe sous nos pieds, comme sur une falaise atta­quée par la mer et par les vents.

Vous avez oublié ? Désar­mer les vieilles légendes… Ce sol, il est consti­tué par des sys­tèmes de pen­sées, plus ou moins choi­sis, plus ou moins prêts à pen­ser, qui fondent nos cer­ti­tudes. Is ne dure­ront qu’un temps, for­cé­ment rem­pla­cés, modi­fiés par d’autres, plus abou­tis, mieux pen­sés, for­cé­ment… Alors, sai­sis par cet éphé­mère, pour éviter de tom­ber, on regarde vers le haut, vers le ciel, cet absolu. Lucien Jer­pha­gnon raconte cette quête de l’UN, de cette entité ras­su­rante qui pré­exis­te­rait et don­ne­rait donc à notre monde, à nous, à ce qui existe, un sem­blant d’ordre et de logique. Or de tous ces sys­tèmes, pon­dus et tra­vaillés sur deux mil­lé­naires, qui ont cher­ché à le dire, lequel est le bon ?

Devant ce foi­son­ne­ment de pen­sées mul­tiples, qui exi­geaient l’absolu et qui pour­tant s’annulent plus ou moins, on baisse la tête et on voit encore le vide. Troi­sième rai­son d’avoir le ver­tige. Il est impos­sible alors de ne pas se poser la ques­tion absurde : « et moi ? » « et moi ? » « et moi ? » Ne comp­tez pas sur l’auteur pour vous dire ce qu’il en est, car il vous dira — au mieux — ce qu’il en a été, et il vous lais­sera donc seul — et libre : Accueillons donc sans réti­cence l’envie d’être ceci, cela ou autre chose le temps d’une lec­ture. Au moins jusqu’à ce soir, car demain est un autre jour. Vous ver­rez bien.  Il n’y a pas de pen­sée défi­ni­tive, où l’univers serait donné en gloire, comme dans le para­dis de Dante. En fait, il n’y a de pen­sée défi­ni­tive que pour ceux qui ne pensent plus. On n’a jamais fini de mou­rir et de renaître à la pen­sée, et cela même ne va pas sans angoisse ni las­si­tude. Comme le Christ de Pas­cal, l’esprit des hommes est à l’agonie jusqu’à la fin du monde ; il ne faut pas dor­mir pen­dant ce temps-là. Même si par­fois l’envie nous en prend, et si le som­meil, dog­ma­tique ou pas, nous paraît une bonne solu­tion. Quelle invi­ta­tion, qui fait si bien la part des choses entre l’héritage, le savoir et la liberté…

Livrés à nous-mêmes, face à de grands ves­tiges et ce livre qui nous les raconte, dans une édition toute neuve, on se trouve comme ces petits bon­hommes de la cou­ver­ture, pris dans le décor immense de l’architecture fan­tas­tique de Monsu Désiderio. Cette archi­tec­ture qui nous éloigne, pour notre plus grand bon­heur, de ces quar­tiers d’affaires contem­po­rains aux super­fi­cies de verre accom­plies qui se contentent de se pro­je­ter dans le ciel sans gagner en pro­fon­deur, impo­santes et nar­cis­siques.
Ces tours sont nar­cis­siques parce que, comme le sou­ligne Lucien Jer­pha­gnon dans un article, publié dans un autre ouvrage (Au bon­heur des sages), Nar­cisse, c’est d’abord la déme­sure de qui a fait de soi la suprême valeur : il a cru se suf­fire et ainsi a dépassé sa condi­tion. En un temps où le pou­voir paraît bien vul­gaire, l’humilité, le long tra­vail tran­quille, patient et pas­sionné, conscient de sa fra­gi­lité, gagne en puis­sance ; cet ouvrage est là pour le dire.

 

JERPHAGNON  -  L’AU DELẴ DE TOUT

Lucien Jerphagnon

Edition Robert Laffont

2017

« Ces ouvrages n’ont jamais été réédités depuis plus de cinquante ans. Leur parution constitue un événement pour tous ceux qui apprécient ce grand historien et philosophe, souligne dans sa préface le cardinal Poupard, longtemps confident de Lucien Jerphagnon.

 

Ce sera pour beaucoup une révélation importante et inattendue sur l’engagement spirituel de l’auteur, comme sur l’histoire contrastée de la première partie de sa vie où s’enracine son parcours d’historien de la philosophie antique. » "L’Au-delà de tout" regroupe les ouvrages que Lucien Jerphagnon écrivit entre 1955 et 1962, dont le tout premier, "Le Mal et l’Existence". Ils reflètent ses interrogations métaphysiques sur ces grands thèmes philosophiques qui ne cesseront de nourrir ses travaux et ses réflexions : la liberté, la foi, la question du mal, l’immanence et la transcendance, l’émerveillement d’être au monde, le bonheur, le sens du divin.

 

Ordonné prêtre en juin 1950, Lucien Jerphagnon enseigne alors au grand séminaire de Meaux, et c’est tout naturellement qu’il s’intéresse à Pascal auquel il consacre trois livres, dont "Pascal et la souffrance" et "Le Caractère de Pascal". Contre la suprématie de la philosophie thomiste qui s’exerce encore au sein de l’Église, il démontre, à la lumière de la pensée de Pascal, que tout ne se résume pas au dogme scolastique ni à la raison, et témoigne déjà de sa liberté d’esprit.

Ses innombrables lecteurs et admirateurs retrouveront ici la sensibilité, l’humanité profonde, l’originalité de style de l’une des grandes figures intellectuelles de l’époque contemporaine, qui fut aussi l’une des plus attachantes. Ils découvriront dans le même temps un pan méconnu de son cheminement personnel, essentiel à la compréhension de l’ensemble de son œuvre et de ce qui fait son unité

Lucien Jerphagnon se définit comme un “aventurier, un détective” de la pensée antique et médiévale. Enfant, il a fait l’expérience de l’absolu. Depuis, il se sent habité… et toujours en quête.

Passionné par l’histoire de la philosophie, ce disciple de Jankélévitch entend la rendre accessible, avec humour si possible. Il parle de Platon, Plotin ou saint Augustin comme un conteur qui serait des leurs. « Barbouze » de la pensée antique, comme il le dit lui-même, Lucien Jerphagnon sait rendre accessible la plus érudite des sommes théologiques. Et avec lui, comme à l’époque du Jardin ou du Portique, les dieux ne sont jamais loin. Entre Pierre Dac et Maître Eckhart, l’humour affleure toujours derrière une profondeur.

 

Professeur émérite des Universités, membre de l’Académie d’Athènes, lauréat de l’Académie française et de l’Académie des sciences morales et politiques, il est un spécialiste incontesté de la pensée grecque et romaine, admiré aussi bien par Michel Onfray que par Luc Ferry. Sans doute en raison de son gai savoir mêlé à son insatiable quête de spiritualité. Après la Seconde Guerre mondiale, la mode était au marxisme, à l’existentialisme, au structuralisme ou au personnalisme. Mais, plutôt que de rejoindre un nouvel « -isme » ou d’inventer le sien, Lucien Jerphagnon, tel saint Augustin- devant les textes de Plotin, tomba sur les écrits de Vladimir Jankélévitch. Le choc fut immense. Dans un style haletant, celui que ses étudiants appelaient « Janké » attaquait « l’éclat des certitudes inoxydables ». Lucien Jerphagnon ne cesse depuis de se tenir à distance des « penseurs sachant penser », avec leurs systèmes impérieux et leur prétention à dire le Vrai, pour se consacrer à l’histoire de la pensée. L’absolu, il en a fait l’expérience à l’âge de 4 ans, lors d’un « Pompéi métaphysique » qui lui fit entrevoir l’étrangeté du monde, la présence du divin et la conviction de ne pouvoir rien en conclure de certain. Rencontre avec un joyeux promeneur érudit.

 

JERPHAGNON  - DE L’AMOUR, DE LA MORT, DE DIEU ET AUTRES BAGATELLES -

 Lucien jerphagnon

Edition  LGF

 2013

Dans De l'amour, de la mort, de Dieu et autres bagatelles, son ultime ouvrage, l'historien Lucien Jerphagnon évoque dans un entretien avec Christiane Rancé,  son itinéraire intellectuel tiraillé entre fascination païenne et tentation chrétienne. 

 

Historien de grande notoriété, notamment grâce à une Histoire de la Rome antique considérée comme un classique, Lucien ­Jerphagnon était aussi philosophe ou plutôt «historien de la philosophie». Ainsi se qualifiait-il dans un ouvrage d'entretiens publié quelques jours avant sa mort, réalisé avec Christiane Rancé et intitulé: De l'amour, de la mort, de Dieu et autres bagatelles.

 

C'est par une évocation de son enfance bordelaise, entre les deux guerres, que l'auteur entame ce livre. «J'ai grandi dans le Bordeaux des Mauriac, père et fils. La nuit tombée, l'air sentait les pins  Le fleuve maintenant que j'y songe était présent dans nos têtes et la fenêtre ouverte il m'arrivait d'entendre de mon lit le brame des grands vapeurs en partance.»

 

L'intérêt de ce récit provient de son ton de sincérité désarmée. Comme si la proximité de la mort nous rapprochait de la vérité. Jerphagnon, qui a vécu la guerre, et l'Occupation, livre ici quelques clés de son itinéraire. Il évoque les penseurs qui l'ont le plus marqué, depuis Paul Veyne, qui lui a enseigné le scepticisme dans le domaine de l'histoire et l'a vacciné de l'idéologie, à Vladimir Jankélévitch, qui va stimuler son goût pour le questionnement infini.

 

Il est aussi question de politique, mais surtout d'amour et de religion. La sensibilité de Jerphagnon, qui parle aussi bien de Julien l'Apostat, qui combattit le christianisme à Rome, que de saint Augustin, dont il a supervisé la publication des œuvres complètes, n'est pas sans évoquer ce que Montherlant nommait «l'alternance» : ce jeu de balancier entre deux tendances de notre personnalité que nous ne parvenons pas à sacrifier l'une à l'autre, parce qu'elles nous constituent. On sent chez ce grand érudit une tension entre ce que Péguy appelait «notre âme païenne» et «notre âme chrétienne», tension qui fait la teneur et le charme de ce livre. Pour autant cet éclectisme n'aboutit pas au neutralisme. Il y avait chez cet amoureux de saint Augustin un parti pris contre le néant qui faisait de lui un homme de foi. «Mais pour moi demeura toujours l'étonnement, qui conjure l'absurde par l'espérance.»

Au sommaire de cet ouvrage :

De l’entre-deux-guerres   -  Une vision du monde   -  Trois hommes   -  De la présence de la banalité   -  Des mythes   -  D’Athènes, de Rome et de saint Augustin   -   De Blaise Pascal   -   Deux figures paradoxales : Julien L’Apostat et le cardinal Baudrillard  -  Culture et philosophie   -   L’amour et le progrès   -   Du malheur et de la mort   -   L’éternité et Dieu   -

 

JERPHAGNON  - L’HOMME QUI RIAIT AVEC LES DIEUX  -

 Lucien Jerphagnon

Edition  Le livre de poche

 2015

Les lettres au mystérieux Lucilius de Lutèce qui ouvrent ce livre donnent le ton : intime, allègre et érudit. S’il évoque toujours ce qui lui tient à cœur, l’histoire et la philosophie chez les Grecs, les Romains et les Premiers chrétiens, ou les contre-vérités qui ont fait long feu, Lucien Jerphagnon nous parle aussi avec brio et profondeur de sujets plus personnels – ses amis, ses affections, et ses conversations avec les dieux.

 

Le Maître nous rappelle alors, avec son accent inimitable, que le présent doit se conjuguer avec la plus divine des obligations, dont les dieux d’Homère ont donné l’exemple : « rire ». L’ultime ouvrage d’un grand professeur qui avait la passion d’instruire et de plaire en livrant à ses lecteurs les clés d’un voyage à travers les siècles de la pensée antique.  

 

Ce recueil posthume (l’auteur est mort en septembre 2011) rassemble des écrits de ce grand enseignant-chercheur, qui, disciple de Vladimir Jankélévitch, se réclamait comme lui de Bergson, évitait pourtant  de se dire « philosophe » pour se déclarer plutôt « historien de la philosophie », modestie apparente de nature à donner confiance, tant le premier vocable est aujourd’hui galvaudé.

 

Le livre s’ouvre sur deux textes liminaires : en préface, l’évocation émouvante par son épouse Thérèse du personnage et de sa façon de travailler, et, en avant-propos, la présentation par Stéphane Barsacq de « Lucien Jerphagnon, le barbouze de l’Antiquité »

 

Il s’agit ici de quelques-uns des tapuscrits et/ou manuscrits inédits laissés par l’auteur, se rangeant tous dans les rubriques et orientations de ses intérêts et spécialités : une correspondance fictive dont le titre est le pastiche de Sénèque, « Lettres à Lucilius de Lutèce » , cinq essais « Sur le temps, l’histoire et l’éternité » , cinq autres « Sur les mythes, Rome et les chrétiens » , trois sur « Dieu, chemin faisant » , trois encore sur l’amitié : « De Amicitia », suivis d’un « Épilogue La sagesse… Quelle sagesse ? »

 

En tout cela, l’auteur nous fait partager sa profonde familiarité de la pensée antique, tout spécialement du néoplatonisme et de saint Augustin, avec tous leurs ascendants et leurs lignages, et, bien entendu, de ce qu’il y cherche et y trouve pour étoffer et questionner son propre catholicisme, dans les perspectives historiques qu’il suppose, comme dans sa situation à notre époque, le tout sans plus de timidité que de bigoterie : lecture décapante et démystifiante, aussi bien, par exemple, vis-à-vis des clichés sur « l’Antiquité »  ou sur « Rome », que de l’histoire du christianisme, sur les premiers chrétiens et les persécutions) et des querelles théologiques. Au long de ces parcours, comme l’annonçait le titre, et l’épigraphe tirée de Kierkegaard, faisant écho au fameux rire homérique, Lucien Jerphagnon ne cesse de pratiquer, dans un style étincelant, un humour aussi réjouissant que savant : voilà un livre qu’on peut avoir envie de lire, en s’amusant, en s’émouvant, pour s’instruire, et pour penser.

 

La Caverne de Platon : Dans une demeure souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n'ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. « Pourtant, ils nous ressemblent ». Que l'un d'entre eux soit libéré de ses chaînes et accompagné de force vers la sortie, il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, Ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? S'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire : « Ne le tueront ils pas ? ».

 

La caverne symbolise le monde sensible où les hommes vivent et pensent accéder à la vérité par leurs sens. Mais cette vie ne serait qu'illusion. Le philosophe vient en témoigner par une interrogation permanente, à laquelle Platon se livre tout au long de l'œuvre, ce qui lui permet d'accéder à l'acquisition des connaissances associées au monde des idées comme le prisonnier de la caverne accède à la réalité qui nous est inhabituelle. Mais lorsqu'il s'évertue à partager son expérience avec ses contemporains, il se heurte à leur incompréhension conjuguée à l'hostilité des personnes bousculées dans le confort (illusoire) de leurs habitudes.

 

L'allégorie de la caverne expose sa théorie de l'acquisition des connaissances. Platon montre que la connaissance des choses nécessite un travail, des efforts pour apprendre et comprendre. Il en vient à démontrer que les dirigeants de la cité doivent être formés pour ne venir au pouvoir que par nécessité non par l'attrait que peut représenter l'exercice de l'autorité : « Il ne faut pas que les amoureux du pouvoir lui fassent la cour, autrement il y aura des luttes entre prétendants rivaux. » La création d'une cité juste est la fin ultime de Platon dans  La République, laquelle est elle-même la condition de la justice dans les individus. Or, cela n'est possible que si les philosophes prennent le contrôle de l'État ou, selon la formule de Platon, uniquement si les rois se font philosophes ou les philosophes se font rois. Cette idée tient à ce que, selon Platon, seuls les philosophes disposent des compétences nécessaires pour diriger la Cité par leur connaissance des Idées, et plus particulièrement de l'Idée de Bien.

 

L'allégorie de la caverne est introduite par Socrate afin de faire comprendre à ses interlocuteurs la nature de l'Idée de Bien et, malgré sa portée ontologique et épistémologique, elle est inséparable du contexte politique et éthique de La République. Platon a recours à trois figures de rhétorique dont les deux premières ont un caractère introductif à la troisième, l'allégorie de la caverne. Il s'agit de l'analogie du soleil et le symbole de la ligne dans le livre VI, analogies qui expliquent la signification ontologique, épistémologique et métaphysique de l'allégorie de la caverne. La phrase introductive établit clairement la nature allégorique (c’est-à-dire métaphorique) du propos. Socrate dit à Glaucon : « Représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance ».

 

Néanmoins on découvre, dans d'autres dialogues, notamment dans le Phédon, que Socrate considère le monde sensible comme la prison de l'âme. Quant au monde intelligible, auquel peut accéder l'âme par la philosophie, il est la seule réalité authentique. L'allégorie de la caverne est pour Platon plus qu'une simple métaphore, mais en aucun cas un mythe[4]. Il s'agit d'une représentation de la réalité de ce que peut vivre une personne ayant fait son chemin de réflexion, d'élévation d'elle-même, c'est-à-dire son propre parcours initiatique qu'elle ne doit pas réserver pour elle-même mais qu'elle doit savoir offrir aux autres, jusque dans l'accomplissement d'un devoir auprès de ses semblables, devoir de prise de responsabilités publiques.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Avant-propos de Stéphane Barsacq  -   Lettres de Lucilius de Lutèce   -  La pensée grecque   -  le matin des tragédiens  -   D’une certaine perspective éternitaire  sur la philosophie antique     -   Du temps et de l’éternité   -   Sur les mythes, Rome et les chrétiens   -   Mystère et vérité   -  Le mythe démocratique  dans l’empire romain   -    Quelle Rome ?   -   Remarques sur Pline l’Ancien    -  Les premiers chrétiens, du cirque à la pourpre   -   Jésus et les paraboles   -  Commentaires sur Calvin   -   De la foi    -   De Amicitia    -   Sur Aurelius Augustinus   -   Sur Vladimir Jankélévitch   -   Sur Paul Poupard   -  La Sagesse et quelle sagesse ?    -     

 

JERPHAGNON -  les dieux ne sont jamais loin

Lucien JERPHAGNON

Edition Desclée de Brouwer

 2003

Ce livre traverse de façon plaisante les mythes de l’antiquité, pour lesquels il constitue déjà en soi une excellente introduction. Mais à travers cet inventaire c’est une approche de la pensée mythique qu’il propose, allant de pair avec le constat de sa cruelle absence aujourd’hui.

 

Les Anciens allaient et venaient, du mythe à la philosophie, de la légende à l’histoire, mais avec l’avènement du monothéisme, ce va et vient souple s’est durci en deux pôles contraires, prétendant chacun à la vérité : la religion et la science.

 

Partant, c’est l’intelligibilité même de la pensée antique, mais aussi de la nature humaine, qui nous a peu à peu échappé. L’accélération de l’histoire semble nous avoir fait naviguer entre deux écueils : celui d’une domestication de la raison par la foi et celui d’une exclusion du mythique et du religieux par la raison. Ce combat mortifère nous a finalement rendus exsangues, spectateurs impuissants d’une lutte entre les « fous de Dieu » et les apôtres du marché universel où tout se trouve.

 

L’auteur reprend donc, avec humour et érudition, le chemin des mythes, et nous invite à entendre autrement ces légendes qui, au détour d’une histoire de Déluge ou de métamorphoses, nous plongent au cœur de l’homme.

 

Au sommaire de ce livre :

 

C’est un mythe…  -  La nuit des temps et le temps de la nuit  -  Et les mots pour le dire…  -  L’aurore des dieux  -  La rançon de l’espérance  -  Des dieux et des hommes  -  « mors et vita »  -  Le matin des philosophes  -  L’intelligence des mythes  -   Les mythes au fil du temps  -   Quand parlent les dieux   -   Le merveilleux au jour le jour   -   Ce que parler veut dire   -   « Tenter d’apaiser l’impossible »   -   Le cru et le su    -    L’espérance du savoir et le savoir de l’espérance   -   Le chant d’Orphée   -

 

JERPHAGNON  -    LES MISCELLANḖES D’UN GALLO-ROMAIN   -

  Lucien jerphagnon

Edition Perrin

 2014

Le grand historien Lucien Jerphagnon (1921-2011) n'a cessé d'interroger l'histoire avec le savoir pénétré d'ironie et d'érudition du sage, et de questionner les philosophes, contemporains de Platon ou de nos républiques, qu'il a su replacer dans leurs époques, et dont il nous a donné à respirer " l'air du temps ".

 

Ce livre reprend tous les textes de critique, inédits en volume, qu'il publia entre 1962 et 2011 dans plusieurs grandes revues françaises et internationales : Historia, L'Histoire, La Nouvelle Revue d'Histoire, Latomus (Société d'études latines, Bruxelles), Les Études philosophiques, La Revue belge de philologie et d'histoire, La Revue de métaphysique et de morale, La Revue des Deux Mondes, La Revue philosophique de Louvain, etc. L'ensemble dessine un panorama de la recherche historique sur plus de cinquante ans, en même temps qu'il constitue un recueil aussi enrichissant que savoureux. On voit un grand historien au travail, guidé par le souci de la vérité, de la rigueur et de la justesse, et qui nous présente dès lors le plus passionnant des cabinets de lecture.

Ce qui est beau avec la passion c’est qu’elle peut s’incarner dans une intelligence lumineuse et devenir une source vive de connaissances, une succession de petits moments de pure grâce (vraie celle-là, pas marquetée par une politicarde véreuse) et le lecteur devient alors le témoin de l’expression de l’intelligence et du savoir.

Et en ces périodes de disette intellectuelle et de d’indigence éthique, se plonger dans le travail du spécialiste de l’Antiquité Lucien Jerphagnon représente une respiration salutaire.

Ces miscellanées rassemblent l’arsenal critique publié par l’auteur. Ces critiques permettent de se rendre compte de la formidable richesse des recherches sur l’Antiquité et donne envie d’aller découvrir les essais chroniqués pour y retrouver l’enthousiasme que partage avec nous le professeur Jerphagnon.

Dans ces courts textes, l’auteur nous laisse entrevoir les multiples facettes d’une recherche qui de la Grèce aux prémices du christianisme, en passant par les bases de l’Empire romain, semble en perpétuelle ébullition. On trouve également quelques incursions dans l’époque contemporaine, mais c’est vraiment dans l’Antiquité que le voyage se déroule. Quand la critique s’incarne dans des textes aussi subtils et passionnés, on se trouve en présence de l’essence même du travail critique.

 

JERPHAGNON   -  augustin & la sagesse

Lucien jerphagnon

Edition DESCLḖE DE BROUWER

 2006

À travers les livres, les mots et les siècles, saint Augustin continue de nous parler. À sa manière, il est bien cet éternel contemporain qui s'adresse au lecteur d'aujourd'hui. Car Augustin sait comme nul autre partager à la fois son parcours d'homme et de croyant, ses doutes et ses émerveillements, son angoisse devant la fin d'un monde et son espérance d'une cité nouvelle.
Mais plus encore sans doute, comme le révèle ici Lucien Jerphagnon avec une complicité pleine d'humour, Augustin nous touche par sa quête éperdue de la sagesse, aux confins de la culture antique et de l'apparition du christianisme. Encore et toujours présent aujourd'hui, il intrigue, il interpelle, il force à réfléchir. Et il indispose les gens très sûrs d'être dans le vrai. À lire Augustin,

Ce chemin de sagesse, tel que saint Augustin le conçoit comporte plusieurs étapes. Elles sont au nombre de sept. Il conviendrait peut-être même mieux de parler de sept degrés, car la vie spirituelle est conçue par saint Augustin comme l’ascension d’une montagne, dont la cime est constituée de la perfection de la sagesse et de l’assimilation au Christ. Nous trouvons une confirmation de ce schéma dans le psaume 11 qui parle d’une purification septénaire : eloquia Domini, eloquia casta, argentum igne probatum terrae purgatum septuplum : « les paroles du Seigneur son des paroles chastes, argent affiné avec le feu de la terre, purifié sept fois » Ces degrés sont perçus par saint Augustin comme les vertus et les dispositions que l’âme assume progressivement en vertu des sept dons de l’Esprit Saint et en s’inspirant des béatitudes de l’évangile (ramenées de huit à sept par Augustin) pour suivre et imiter le Christ

Il est probable que saint Augustin s’inspira ici de saint Ambroise. En effet, l’évêque de Milan, dans son commentaire à l’évangile de Luc, avait combiné les quatre béatitudes de cet évangile avec les quatre vertus cardinales, en les considérants comme autant d’échelons de l’ascèse morale. En outre, il avait ajouté que les huit béatitudes de l’évangile de Matthieu, outre le fait d’avoir le même sens d’échelle des vertus, étaient un nombre symbolique de perfection. Puis, le même évêque, dans son Commentaire au psaume 118, avait présenté les sept dons de l’Esprit comme les échelons pour s’élever de la crainte de Dieu à la sagesse, c’est-à-dire en inversant l’ordre des dons que le prophète Isaïe applique au rejeton, issu de la racine de Jessé : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, l’Esprit de Sagesse et d’Intelligence, l’Esprit de Conseil et de Force, l’Esprit de Science et de Piété ; et l’Esprit de Crainte du Seigneur le remplira » (Is 11, 2-3). La sagesse est ici présentée comme la plus haute des prérogatives à laquelle puisse être élevée l’âme humaine, tandis que la crainte de Dieu, selon l’Écriture, n’est que l’ébauche de cette divine qualité. « Le commencement de la sagesse c’est la crainte du Seigneur »

Augustin va montrer que si pour le Christ, il convient d’appliquer en premier lieu à son âme humaine le don de sagesse qui la maintient unie à la personne du Verbe, en ce qui nous concerne c’est l’inverse. Nous ne sommes pas établis dans la Sagesse mais nous avons à nous élever vers elle pour nous unir à Dieu. Et cela nous le pouvons au moyen des dons de l’Esprit-Saint conférés au Baptême, et que nous recevons à nouveau dans le sacrement de la réconciliation, lorsque nous avons perdu la grâce sanctifiante par un péché mortel. Dès lors, sur la base de ce nouveau schéma ascensionnel, saint Augustin va rapprocher les dons de l’Esprit Saint avec chacune des béatitudes. Ainsi, lisons-nous sous la plume du docteur d’Hippone : « La première béatitude est celle qui provient de l’humilité : « Bienheureux les pauvres d’esprit,» c’est-à-dire ceux qui ne sont point enflés, dont l’âme se soumet à l’autorité divine, et craint d’être livrée au supplice après la mort, bien qu’elle puisse peut-être s’estimer heureuse en cette vie. De là, elle arrive à la connaissance des saintes Écritures, où elle doit se montrer douce par esprit de piété, pour ne pas s’exposer à blâmer ce que des ignorants traitent d’absurde et devenir indocile par d’opiniâtres discussions. Dès lors elle commence à comprendre par quels nœuds elle est enchaînée à ce siècle au moyen de l’habitude et du péché; par conséquent, dans ce troisième degré, qui est celui de la science, elle pleure la perte du souverain bien, en se voyant retenue à l’autre extrémité.

Le quatrième degré est celui du travail, des violents efforts que l’âme fait pour s’arracher au plaisir empoisonné qui la captive. Là on a faim et soit de la justice, et le courage est grandement nécessaire, parce qu’on ne quitté pas sans douleur ce qu’on possède avec joie. Dans le cinquième degré, on donne à ceux qui ont persévéré dans le travail un conseil pour s’en délivrer; car, sans le secours d’une puissance supérieure, personne n’est capable de se débarrasser de misères si grandes et si compliquées ; et ce conseil si juste, c’est de venir en aide à la faiblesse d’un inférieur, si l’on veut recevoir du secours d’un supérieur ; par conséquent : « Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde. » Le sixième degré consiste dans la pureté du cœur qui, forte de la conscience des bonnes œuvres, est capable de contempler le souverain bien, qui n’est viable que pour l’intellect serein.

Le septième est la sagesse même, c’est-à-dire la contemplation de la vérité, qui pacifie l’homme tout entier, et le rend semblable à Dieu ; d’où cette conclusion: « Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu.  Nous trouvons une autre explication globale de l’ascension spirituelle en lien avec les dons de l’Esprit Saint dans le Discours 347 de saint Augustin.

En réalité, le chemin spirituel, basé sur les dons de l’Esprit Saint et sur les béatitudes de l’évangile permet à Augustin d’articuler de la meilleure manière possible les aspects principaux de la spiritualité chrétienne et de sa propre spiritualité. Il trouvait là le schéma le meilleur pour faire concorder l’action intérieure de l’Esprit Saint dans la sanctification et l’engagement personnel du croyant dans une vie selon les béatitudes évangéliques dans la sequela et l’imitation du Christ. Car si la grâce de Dieu, nous sanctifie à travers l’action de l’Esprit, elle ne le fait cependant pas sans nous, sans notre collaboration.

 

JERPHAGNON -  PORTRAITS DE L’ANTIQUITḖ – PLATON – PLOTIN – ST AUGUSTIN ET LES AUTRES -

  Lucien Jerphagnon

Edition Flammarion

 2015

D'une grande figure de la philosophie à une école de pensée, des maîtres aux disciples, d'un discours sur sa méthode à une leçon d'histoire, Lucien Jerphagnon nous plonge aux sources de notre temps et de notre culture. Avec son érudition savoureuse, et cet art fulgurant d'exhumer le passé et d'incarner les textes, le grand historien nous rappelle pourquoi les penseurs de l'Antiquité - Platon, Plotin et saint Augustin en tête - ont porté jusqu'à nos jours une irréfutable initiation à tout ce qui est la vie de l'esprit, et à tout ce qui rend vivant en général. En recréant, par-delà les siècles, la plus enthousiasmante des communautés d'esprit, Lucien Jerphagnon remplit tous les devoirs de la paideia, cet art d'enseigner et de transmettre qui, plus qu'un savoir, est une éducation de l'être.


L’art grec trouve sa source dans les civilisations du monde égéen, longtemps connues à travers les seules épopées homériques (une tradition orale du IIe millénaire, fixée dans les textes vers 750 av. J.-C.). Les premières formes artistiques de l’Antiquité grecque apparaissent très tôt.
 

Aux figurines en pierre des Cyclades (Néolithique), succèdent les fresques délicates et les arts précieux du palais de Cnossos (civilisation minoenne, du nom de Minos, roi mythique de Crête, 3500 - 1450 av. J.-C.), puis l’architecture puissante de l’appareillage cyclopéen (enceintes massives de l’époque mycénienne, 1600 - 1100 av. J.-C.). Bien que très éclaté, le monde grec, organisé en colonies puis en cités qui se développent tout autour du bassin méditerranéen, est uni par une seule et même koine (langage artistique), que l’on retrouve décliné à travers les siècles et les régions.

On distingue quatre grandes phases de l’art grec : les périodes géométrique, archaïque, classique et hellénistique.

La période géométrique


La phase géométrique (1050 - 680 av. J.-C.) correspond à une première période d’assimilation plus particulièrement tournée vers l’Orient. Essentiellement connue pour ses céramiques, cette époque est également marquée par l’adoption de l’alphabet phénicien, le travail du bronze et de l’orfèvrerie et la mise en place d’un répertoire ornemental décoratif et animalier. Mais surtout, le style géométrique introduit deux des valeurs fondamentales de l’art grec : la symétrie et l’harmonie des proportions.


Néanmoins, ce n’est qu’au cours de la période archaïque (680 - 483 av. J.-C.), que se constituent les formes privilégiées de l’art qui vont structurer durablement l’ensemble de la production grecque. C’est à cette époque que la représentation de la figure humaine se codifie : elle est articulée autour du fameux couple modèle composé du Kouros (homme nu) et de la Corée (femme habillée). Le sanctuaire est, par ailleurs, dès le VIIIe siècle av. J.-C., le lieu presque exclusif d’épanouissement de l’art. Tout entier tourné vers sa fonction religieuse, l’art grec est, en effet, profondément sacré : l’architecte, comme le sculpteur et le peintre, sont toujours au service de la vie votive (temples, frontons, portiques, trésors, monuments, offrandes etc.). Contraints par des règles strictes qui déterminent l’iconographie et la fonction des œuvres, les artisans font preuve d’une ingéniosité extraordinaire qui renouvelle sans cesse les formes et améliore les techniques. Conscients de leur acte créateur, ils sont d’ailleurs nombreux à signer leur production et bénéficient, au sein de la société, d’une position très respectable (les artisans et les bronziers sont placés sous le patronage divin d’Athéna et d’Héphaïstos).

 

La période classique On retient de la période classique (483 - 338 av. J.-C.) quelques grands noms, parmi lesquels : Phidias, Polyclète ou Praxitèle. Véritable âge d’or de la civilisation grecque, cette époque se caractérise par l’hégémonie d’Athènes et par un développement extraordinaire de la production artistique. De nombreux travaux sont entrepris sous Périclès, dont les plus fameux concernent la reconstruction de l’Acropole (saccagée par les Perses en 480 av. J.-C.). Formellement, deux tendances se développent de manière parallèle. D’une part, la recherche d’une harmonie parfaite se traduit notamment par la mise en place du canon de Polyclète qui règle les proportions idéales du corps humain (en adéquation avec les sujets représentés : dieux, héros et athlètes). D’autre part, le goût pour l’illusion et la mise en concurrence de la représentation et de la réalité se lit dans la pratique très poussée de l’imitation (mimesis). Les bases du débat entre idéalisme et réalisme sont ainsi posées, tandis que le style de la sculpture évolue vers de plus en plus de maniérisme (virtuosité technique du marbre au service d’une sensualité inédite des corps).


La période hellénistique (338 - 31 av. J.-C.) poursuit cette voie et développe un art particulièrement expressif : goût pour le mouvement ; attention portée au rendu de l’émotion ; mode du drapé mouillé. Parallèlement, le monde grec subit de profondes mutations économiques et politiques : la crise des cités favorise l’émergence de nouvelles monarchies, de la conquête d’Alexandre le Grand aux royaumes des Attalides à Pergame, des Séleucides à Antioche ou des Lagides à Alexandrie. Ces transformations achèvent de séculariser l’art en lui attribuant de nouvelles fonctions : faste et décoration des palais via la peinture et la mosaïque, culte des dirigeants à travers l’art du portrait.

 

En 31 av. J.-C., la bataille d’Actium marque la chute du monde grec et annonce la suprématie politique et économique de Rome. Pour autant, par-delà la civilisation qui l’a vu naître, l’art grec n’a cessé depuis lors de constituer une source d’inspiration pour les artistes. De son appropriation immédiate par les Romains jusqu’aux nombreux retours au classicisme qui ponctuent l’histoire de l’art, sans oublier la Renaissance italienne, le répertoire de formes de l’antiquité grecque s’est imposé comme une référence universelle de l’art occidental. S’il est injuste et erroné de considérer l’art romain comme un simple et pâle imitateur de l’art grec, force est de constater qu’il existe entre ces deux mondes antiques des liens de parenté évidents et revendiqués. Selon la légende, c’est Enée, fils d’Aphrodite et héros de la guerre de Troie, qui, au terme d’une longue errance en Méditerranée, s’installe dans le Latium (XIIe siècle av. J.-C.). L’un de ses descendants, Romulus, fondera Rome en 753 av. J.-C.


Plus historiquement, c’est au gré des échanges économiques, puis de l’expansion politique et militaire de l’empire en Méditerranée que s’est constituée l’identité romaine. Pour autant, l’art romain ne se limite pas à la seule appropriation des modèles grecs, mais puise aussi beaucoup de son inspiration dans l’histoire de son propre territoire (époque pré-romaine des cités italiques et du royaume étrusque), dont on conserve quelques merveilleux témoignages : sarcophages en terre cuite, orfèvrerie, peintures à fresque dans les tombes, etc….A proprement parler, l’art romain se développe au cours de deux grandes phases correspondant à deux régimes politiques distincts : la République (509 - 31 av. J.-C.) tout d’abord, puis l’Empire (31 av. J.-C. - 476 apr. J.-C.).

 

L’art de la République. Au cours de la République, c’est surtout à travers le défilé triomphal des butins de guerre pris aux cités grecques vaincues que se développe le goût pour les formes helléniques. Séduits par les peintures et les sculptures grecques, les Romains s’emparent aussi bien concrètement que symboliquement d’un patrimoine riche et luxueux : la prise de guerre vaut pour une appropriation de l’esprit de l’ennemi.
Ils travaillent également à glorifier leurs victoires dans les villes en confiant à des artisans et artistes étrangers (notamment venus d’Athènes) la réalisation entière de programmes architecturaux, d’ensembles statuaires et de cycles de peinture en leur honneur (autel de Paul-Émile à Delphes). Pour les généraux, il s’agit avant tout d’inscrire dans la pierre une marque durable de leurs exploits militaires. Parallèlement, l’art privé (peintures, mosaïques, sculptures), dont la production peut être locale comme lointaine, se développe dans les milieux aristocratiques. Il vient embellir les villas des riches familles (Villa des Papyri à Herculanum).


Avec l’avènement de l’Empire en 27 av. J.-C., la vocation politique de l’art se perpétue, notamment à travers les représentations héroïques de l’empereur (Auguste Prima Porta). Néanmoins, la stabilité relative qui succède aux guerres civiles de la fin de la République permet d’introduire des thématiques plus pacificatrices (Ara Pacis). A Rome, la construction permanente du forum continue de doter la ville des grands monuments qui organisent la vie publique : forum, théâtre, amphithéâtre, thermes publics, tandis que se développent d’autres grands centres urbains sur le modèle du quadrillage orienté. Au Ier siècle, une première période de troubles agite l’Empire. Au même moment, la tragique irruption du Vésuve détruit Pompéi et fige toute la ville en quelques heures seulement, offrant ainsi à la postérité un vestige archéologique tout à fait unique.


Plus tard, sous le règne d’Hadrien, l’Empire connaît une économie favorable, propice à l’épanouissement artistique (villa d’Hadrien à Tivoli) avant que les invasions barbares du IIIe siècle commencent à affaiblir progressivement la puissance romaine. La volonté impériale s’exprime alors surtout dans l’architecture des villes du monde méditerranéen jusqu’au IVe siècle, lorsque l’Empire romain est divisé en deux (Empire romain d’orient et Empire romain d’occident) et que sa conduite est confiée à quatre empereurs (c’est la tétrarchie). Rapidement pourtant, Constantin reprend seul le pouvoir en occident et instaure la liberté de culte pour les différentes religions. Le triomphe du christianisme achève de précipiter la chute de l’Empire romain et produit un art hybride, à la fois profondément chrétien et encore empreint de culture païenne (sarcophages mêlant mythologie gréco-romaine et références bibliques).

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les Maîtres : Héraclite   -   Empédocle   -   Socrate   -   Platon et le platonisme   -   Epicure te l’épicurisme   -   Les stoïciens   -   Le néoplatonisme   -  

Les disciples : Plotin, intellectuel et mystique   -   Le Parménide de Platon   -   Platonopolis ou Plotin entre le siècle et le rêve   -   Narcisse   -   Epiphanie du ‘’Noûs’’   -  

Sur Saint Augustin : Le religieux, le mystique et le rationnel   -   Le confessio laudis d’Augustin   -     Lettre à un ami historien    -

 

JERPHAGNON -  L’ASTRE  MORT

Julien Jerphagnon

Edition R. Laffont

 2017

Inédit pendant plus d'un demi-siècle, ce récit autobiographique révèle le secret intime de Lucien Jerphagnon, la mutation mystique et philosophique qui fut à la source de son oeuvre, et dévoile tout un pan de sa vie marqué par un engagement religieux qui a beaucoup compté pour lui. Ce roman relate le parcours initiatique d'un autre lui-même qui rapporte de ses errances autant d'expériences humaines immédiates et sensibles. Lucien Jerphagnon y livre, avec humour et mélancolie, ses pensées, ses humeurs, ses observations dans un cheminement sans but apparent, mais qui accompagne en réalité une métamorphose personnelle.

 

Hanté par le souvenir de sa mère, " l'astre mort ", disparue alors qu'il était encore enfant, le héros solitaire de ce périple intérieur est un anxieux, à l'image de Pascal. Ce qu'il recherche, lui que la grâce chrétienne héritée de son enfance et de son éducation semble avoir déserté, c'est une autre forme d'apaisement mystique. Il accédera peu à peu à une révélation qu'il compare à un rêve éveillé, au cœur de la vie même.

 

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