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Chapitre 1 A - K   ( Maçonnerie )

   

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ACACIA……L’ACACIA M’EST CONNU

Divers Auteurs

Edition   ARCADIA

 2006

En Egypte l’Acacia signifiait : Régénération, d’où son importance dans les rituels initiatiques. Suivant un récit de l’ancienne Egypte, « D’un sarcophage s’éleva un acacia, portant comme devise : Osiris s’élance ». Cet arbre annonce la vie jaillissant de la mort, à la façon de la nuit enfantant l’aurore. D’où sa qualité spécifique symbolisant l’immortalité. Arbre solaire, son bois était utilisé par les prêtres védiques afin de produire le feu.

 

Dans l’ancienne Chine, l’acacia correspondait au Yang, principe masculin. L’arche d’alliance en forme de pyramide était censée contenir une énergie phallique. Réputé pour sa grande solidité et son rôle dans la transformation humaine, il sera cité dans de nombreux textes plus légendaires qu’historiques. Par exemple la couronne d’épines entourant la tête du Christ, lors de sa crucifixion, désignait sa royauté spirituelle inaliénable et l’annonce de sa future résurrection. Déjà chez les Hébreux, il était d’usage de mettre en évidence que l’Arche avait été construite en bois d’acacia avant d’être recouverte d’or.

Evoquant un aspect juvénile résultant de l’acquisition d’une vie immortelle, le bois d’acacia symbolise une jeunesse impérissable, celle qui s’applique non à l’homme extérieur mais à l’homme intérieur devenu indépendant du temps et de la durée. On retrouve cette même signification dans le rituel maçonnique où l’acacia est associé à la mort d’Hiram, bâtisseur du Temple de Salomon. Suivant la légende, on planta sur sa tombe un acacia qui deviendra pour les francs-maçons le symbole de l’immortalité et de la renaissance de la lumière. En Inde et en Afrique, presque tous les objets ritueliques sont faits en bois d’acacia. Chez les Bambaras d’Afrique par exemple, un rituel spécial était fait durant la saison sèche, car c’est à ce moment-là que l’acacia refleurit après avoir perdu ses fruits et ses feuilles durant l’hiver, chez eux les vieillards en fin de vie dormaient sur un lit d’acacia, préfigurant une vie éternelle dans l’autre monde.

 

On dénote environ 500 espèces d’acacia à travers le monde, la plupart dans les régions tropicales. Les plus connus sont l’acacia, le robinier et le mimosa

 

Sam Eched explique que, selon la tradition salomonienne le terme hébreu qui désigne l’acacia est : Shita (shin-Teth-Hé), or ce mot vaut 314, qui n’est autre que la valeur guématrique de Shaddaï, le nom divin Tout Puissant. Ainsi par cette équivalence traditionnelle, la branche d’acacia, emblème et symbole du Maître Maçon, nous ramène par l’expression voilée vers l’un des Noms du G.A.D.L’U. et pas n’importe quel nom.

 

Alexandre Lederman nous parle de « L’acacia m’est connu », épreuve de la renaissance du Maître en recherche de la parole perdue, épreuve et chemin qui conduisent à la réalisation spirituelle. La signification du mythe de l’acacia est décrite comme fondement de la transmission, le V.M étant un constructeur de pont grâce à ce symbole qu’est une Arche imputrescible et éternelle.

 

J.D.C. dans sa relecture d’Hiram prend comme point de départ le décès de sa mère, pour nous amener à la mort et à la renaissance d’Hiram, il mène l’enquête de la mort d’Hiram et cherche à savoir pourquoi et comment Hiram a été tué et pourquoi fut planté une branche d’acacia sur le tertre où Hiram fut enterré. Il conclut n’être pas l’assassin et cette branche est une bouture qui espère-t-il un jour deviendra un arbre superbe.

 

Jacques Trescases développe cette chambre du milieu où le crime fut commis, il se demande qui sont les assassins de l’architecte et pourquoi Salomon n’a rien fait pour éviter ce crime. Il pose l’équation Hiram = Salomon = surconscient et donc le meurtre d’Hiram n’est rien d’autre que le suicide de l’âme.

 

Julien Behaeghel dans le Tertre et l’Acacia explique que le Tertre est cosmogonique, il correspond chez les anciens égyptiens au tertre initial, celui sortant de l’océan initial pour former la terre de la manifestation qui deviendra pour l’homme la terre de la montée de la conscience. Il est représenté sous la forme du serpent horizontal contenant la matière, et surmonté du disque solaire ailé, ce qui exprime l’émergence de l’esprit dans la matière, émergence qui permettra l’illumination et la verticalisation de l’homme dans la lumière de la pure conscience. Le disque solaire est ailé, la conscience monte.

 

H. Berges explique pourquoi cet acacia remplace Maître Hiram, pourquoi l’immanence est la clef de la vie, grâce à la Parole perdue et qu’alors la voie initiatique offre une possibilité de transcendance en reconstituant ce qui est épars ; l’auteur parle de l’Arbre de la Connaissance, de la branche d’acacia, de l’esprit du Maître et de la Parole perdue.

 

ACACIA…L’ACACIA M’EST CONNU

 Joël Jacques

Edition Maison de vie

 2016

L'Acacia m'est connu ", dit le Maître Franc-Maçon. De la même manière, il affirme avoir visité l'intérieur de la terre. Dans la Loge, il est celui qui plante le rameau d'acacia, le fanal qui lui a montré le chemin durant ses voyages. Cette petite lumière annonciatrice de l'avenir est celle qui permet de retrouver son chemin au cœur des ténèbres. Avec elle, le Maître poursuit son but, quelles que soient les embûches. Le rameau aux fleurs d'or affirme son niveau de conscience car l'acacia est un très ancien et très puissant symbole initiatique. Il affirme aussi que la mort est l'ultime et inséparable objet de la vie et non une damnation.

 

Plus que tout autre emblème maçonnique, l'acacia, couronne épineuse du Christ, est le signe de la connaissance des Maîtres. Il est le messager de la victoire spirituelle et l'esprit de la manifestation des cycles de mort et de renaissance. Depuis la plus haute antiquité, l'acacia et le Maître ne font qu'un. Ce rameau d'or sur une motte verte est ce qu'il nous reste des anciens dieux et nous allons ici tenter de retrouver sa trace.

 

Au 1er Degré symbolique, lorsqu’il est questionné sur sa qualité maçonnique, l’Apprenti répond : « mes FF me reconnaissent comme tel ». Il ne prend aucune responsabilité : ce n’est pas lui qui se déclare maçon, il est juste reconnu par d’autres.

 

Dans une deuxième réponse, alors parvenu au grade de Compagnon, il réplique : « j’ai vu l’Etoile Flamboyante », le Compagnon Maçon est toujours passif mais, cette fois-ci, il se place en tant que chercheur, comme un voyageur qui trouverait son chemin en scrutant les étoiles. Le Compagnon en déclarant qu’il a vu l’Etoile Flamboyante, indique qu’il est en train de frayer son chemin à travers les ténèbres afin d’aboutir à la lumière. Mais il n’est toujours pas maître de son voyage. Il doit suivre un guide qui lui indique la direction à suivre. Il ne peut voyager s’il n’a pas vu l’Etoile.

 

Dans une troisième réponse, « l’Acacia m’est connu », le Maître Maçon se place en tant que connaisseur. Il déclare connaître l’Acacia. Uni au symbole, il a la force de prendre en main son propre destin, sa propre vie. Déjà le Compagnon assurait son état mais on peut considérer que le Maître, lui, fait preuve dans sa réponse d’une très grande confiance en lui-même. Est-il pour autant arrivé au bout du chemin ? Non. Mais cette fois-ci, il possède suffisamment d’éléments pour pouvoir décider seul de la direction à prendre. L’Acacia sera pour lui plus qu’une Etoile qui montre le chemin. Grâce à l’Acacia, il trouvera l’endroit où gît Maître Hiram, même s’il n’y a aucun chemin qui y mène puisque cet endroit est enfoui dans la terre. Grâce à l’Acacia, il sera capable de « déterrer » du fond des abîmes, de l’obscurité totale, Maître Hiram, c’est-à-dire la connaissance, et de lui redonner la vie.

 

En choisissant un symbole fort comme l’acacia, la Franc-Maçonnerie tâche de faire prendre conscience à ses membres qu’ils se trouvent en possession d’un matériau sacré. La formule « l’Acacia m’est connu » ne signifie pas seulement que celui qui le dit est devenu Maître. Cette affirmation va bien au-delà du degré maçonnique. En prononçant ces mots, le Maître maçon se relie, par l’intermédiaire de ce symbole, à des milliers d’années d’histoire à travers le monde. En outre, par le choix de l’acacia, la maçonnerie vise à relier le Maître maçon d’aujourd’hui à l’histoire biblique, d’une part, et à la légende maçonnique d’autre part. Comme l’acacia qui fait le lien entre la matière et l’esprit, voire l’homme et le divin, le Maître maçon possesseur d’acacia est ainsi relié à l’Univers. Se plaçant sous le signe de l’acacia imputrescible, le nouveau Maître souligne le caractère incorruptible de son engagement et de sa recherche. Par l’épreuve de la mort, il a vaincu la mort ; connaissant le secret de la vie, il a pris conscience du sens de l’éternité mais attention, le Maître maçon ne doit pas se laisser arrêter, atteindre ou blesser par les piqûres d’épines de l’arbre qui correspondent à la continuité des épreuves traversées.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Minus greenatus alias green, l’homme vert du Temple   -   L’ombre et la tombe de Christian Rosencreutz   -   les étapes d’une progression   -   les palais de la mémoire   -   Rite anglo-saxon de type Emulation   -  Rite Français en 7 grades selon le Régulateur de 1801   -   Cahier du Président Edition de 1818   -   Rite Ecossais Ancien et Accepté selon le Régulateur des Maîtres Maçons Ecossais de 1803   -   Les pommiers d’Avallon   -  Acacia des mots, Acacia des morts   -  Si quelqu’un est déjà ressuscité, il est vivant comme Dieu est vivant   -   La mort de l’apprenti conduit à la résurrection du Maître   -  Délivrance et ressemblance   -   Sur le terroir de mon peuple, croîtra le Buisson de ronces   -  Mon nom est acacia  -   Les fleurs du pays de Moab   -   l’arbre le plus élégant de tous   -   le jeune homme est le cassiah   -  l’arbre du serpent, l’arbre de Sumer  -  Hiram Pantocrator  -  les baguettes royales posées sur l’Arche d’Alliance  -  Acacia memorialis   -   Acacia à la racine du secret  -  les ombrelles africaines et les reflets du monde   -  le souffle de l’acacia, les vibrations du silence et l’appel des esprits  -  les acacias du Déluge  -  Osiris, la mort et la projection des ames  -   Green men et Dryades, les déesses et les arbres   -  les deux frères  -  L’homme entre la mort et Dieu  -   V.I.T.R.I.O.L.  – les racines de l’acacia  -  L’acacia est fils de mon Père  -  Planter des Temples  -   ‘’Nous construisons des Temples à la vertu et creusons des tombeaux pour les vices’’   -  La Parole perdue ou oubliée   -  le Rameau d’or, clé d’or du pays des ombres    -   la canopée de l’Eden  -  les fleurs de St Jean  - le temple intérieur  -  la mort du vieil homme  -   un pont entre deux mondes  -  Renaissance et Résurrection  -  

 

AHIMAN REZON

Laurence DERMOT

EDITION SNES

 1997

Dermott fut grand secrétaire de la Grande Loge des Anciens de 1752 à 1771. A ce titre, il nous livre des indications précieuses et de premières mains sur les 40 premières années de la naissance de la maçonnerie spéculative.

 

Après la parution d’une traduction en 1995 sur les éditions de 1723 des Constitutions d’Anderson, il a semblé utile de mettre à la disposition des chercheurs cet ouvrage d’Ahiman Rezon, de l’Irlandais Laurence Dermott, et d’en donner une traduction française.

Non seulement le livre est intéressant parce qu’il donne une seconde version des règlements, mais il représente aussi une date importante dans l’histoire du développement de la Maçonnerie anglaise moderne.

 

Enfin derrière le texte on ne saurait oublier l’auteur et le rôle joué par ce maçon dans l’établissement d’une autre Grande Loge, rivale de celle résultant de la réunion de quatre loges de Londres en 1717. On sait peu de choses sur la vie de Laurence Dermott, d’origine irlandaise, il naquit en 1720 à Dublin. Il fut initié EN 1740 et fut élu Vénérable Maître de cette même loge  la même année. Après des petits boulots à Londres, il est connu comme marchand de vin et courtier. Il s’affilie à une loge « des modernes », puis passe à une loge « des anciens ».

 

La différence entre Moderne et Anciens est la suivante : Vers 1740 (23 ans après la création de la Grande Loge d’Angleterre), certains maçons qui n’appréciaient pas les innovations introduites depuis 1717, par rapport à ce qu’ils considéraient comme la tradition maçonnique antérieures, fondèrent  la «Grande Loge des anciens Maçons francs et acceptés »    dite des Anciens. Ils eurent de suite la sympathie des Grandes Loges d’Irlande et d’Ecosse.

Pour les modernes, les innovations, quelquefois en contradiction avec les rites des anciens métiers corporatismes, étaient nécessaires afin d’être en accord et en conformité avec  ce début du XVIIIe siècle. C’est cette guerre maçonnique entre les tenants d’une certaine orthodoxie et les spéculatifs progressistes qui les déchira durant 80 ans et ne trouva son épilogue qu’en 1802 avec la création d’un rite commun appelé : Le rite émulation. Dermott fut grand secrétaire de la Loge des Anciens de 1752 à 1771, puis accéda à Député Grand Maître jusqu’en 1783. Il mourut en 1791.

Dermott joua un rôle important dans l’établissement du Grand Chapitre de L’Arche Royale. En tant que secrétaire durant près de 20 ans il était donc bien placé, pour raconter les schismes, créations et autres tractations et compromis qui parsemèrent toute la Maçonnerie du XVIIIe siècle.

 

Georges Lamoine dans sa recherche et traduction de cet ouvrage a fait un remarquable travail de bénédictin, en allant chercher aux sources tous les éléments expliquant les différences entre modernes et anciens, entre les différentes Grandes Loges et sur cette consolidation de l’Arche Royale.

 

Il nous parle longuement de la vertu du secret et du silence, et avec quel soin il faut le conserver, il nous donne des exemple du secret à travers les diverses traditions et civilisations, en Egypte avec  Harpocrate, avec Alexandre le Grand et son ami Ephesion, Caton le Censeur, Anaxarque qui préféra se couper la langue plutôt que de dévoiler des secrets, Angerone déesse romaine du silence, Pythagore qui enseigné à ses disciples que la première vertu était le silence, Aristote pour qui le plus difficile était de garder le secret et le silence.

 

De très nombreuses paroles de chants maçonniques anglais sont traduites ainsi qu’un oratorio. Y est également traduit les anciens devoirs des maçons francs et acceptés, des exhortations et la façon de constituer une loge.

Excellent livre de références pour les chercheurs.

 

A LA DḖCOUVERTE DES TEMPLES MAÇONNIQUES DE FRANCE

Ludovic Marcos et ronan Loaëc

Edition Dervy

2017

Un événement ! Au terme de trois ans de travail qui ont scellé la rencontre de la recherche documentaire et de l’excellence photographique, de l’expérience et de la passion, les auteurs vous proposent une découverte des temples maçonniques de France. Un très beau livre, grand luxe avec de superbes photographies


Dans un premier temps, « Comment le temple vint aux maçons », l’ouvrage restitue le cheminement de près de trois siècles à travers lequel s’est affirmée une forme propre à notre pays. Il mène aux aménagements contemporains qui datent, dans la grande majorité des cas, de la seconde moitié du XXe siècle. Il vous propose ensuite « L’Art et la matière » de mieux faire connaître et comprendre ce qu est un temple maçonnique sous divers éclairages thématiques : éléments du décor, voûtes étoilées, objets rituels, cabinets de réflexion, etc. Enfin, la troisième et dernière partie, « D’un Orient à l’autre », présente près de 180 sites et plus de 220 temples, à travers un tour de France qui achève de dévoiler ce patrimoine méconnu, dans une qualité et une richesse photographiques qui ne se démentent pas tout au long des 1 100 illustrations choisies talentueusement et artistiquement mises en page par Claire Bertaut.

 

Le Temple maçonnique, semblable en cela à ceux de toutes les religions du monde, représente symboliquement l'univers. Il est, selon l'expression que l'on trouvait sur le fronton du Temple de Ramsès II, "semblable au ciel dans toutes ses parties". En effet, si nous entrons dans un Temple maçonnique, ce qui nous frappe au premier abord c'est qu'il figure la voûte étoilée, que le soleil et la lune sont symboliquement représentés à l'Orient, qu'il va de l'Orient à l'Occident et du Zénith au Nadir, et qu'est également symbolisée l'alternance du jour et de la nuit, ou si l'on préfère, des ténèbres et de la lumière. Et l'ouverture rituelle des travaux d'une Loge juste et régulière consiste justement à faire passer ce lieu des ténèbres à la lumière en l'illuminant progressivement. Le Temple maçonnique symbolise donc l'univers, c'est-à-dire une totalité, un ensemble, mais un ensemble qui a une structure, qui manifeste un ordre, c'est-à-dire un "cosmos".

 

Et les historiens nous rappellent que ce serait Pythagore qui aurait donné ce nom de "cosmos" à l'univers à cause de l'ordre qui y règne. Le Temple apparaît donc comme un ensemble structuré et ordonné. De plus, il circonscrit un espace qui est sacré. L'étymologiste nous indique que le mot "Temple" viendrait du mot grec "Temnô" qui veut dire "découper", "séparer", "couper en séparant", et que le "Temenos" est une portion sacrée de l'espace cosmique. Le Temple maçonnique est un carré long, nous disent nos vieux rituels. Or, nous savons que dans les anciennes cosmogonies, le carré représente la terre par rapport au ciel qui, lui, est représenté par le cercle. Et si l'on nous objecte que le ciel lui aussi fait partie de l'univers, ce qui est exact, il faut ajouter que le Temple visible symbolise l'univers créé par rapport à ce qui est incréé, le Temple invisible ou, en dernière limite, au créateur lui-même.

 

Ajoutons que dans les philosophies traditionnelles, il y a le plus souvent analogie entre le cosmos et l'homme qui est à son tour considéré comme un temple, car il y a relation étroite entre le macro­cosme (l'univers) et le microcosme (l'homme lui-même). Le poète grec Pindare remarque que "l'homme a quelque rapport avec le cos­mos et les dieux par son corps et par son esprit". Le Temple maçonnique, entre autres, nous présente l'image d'un carré surmonté par un cercle.

 

Cette superposition du cercle au carré montre la relation entre le ciel et la terre, le transcendant et l'immanent, elle est "l'image dialectique entre le terrestre où l'homme se situe et le céleste transcendant auquel il aspire".
Or, cet ensemble cosmique, structuré, ordonné, orienté, est, pour les anciens, un modèle, un archétype, que l'homme doit s'ef­forcer d'imiter.

 

Pour comprendre ces conceptions et ces idées, qui étaient cel­les des maçons opératifs et qui sont souvent celles des maçons spé­culatifs, il faut sans doute nous défaire de la conception du monde que la science moderne a façonnée en nous et selon laquelle l'univers n'est que la conséquence d'une nécessité causale et pure­ment matérielle. Pour beaucoup de grecs, en particulier pour les pythagoriciens et pour Platon, l'univers lui-même est le fruit d'une justice. Celle-ci, en effet, est placée au centre du monde comme une puissance qui le dirige et le maintient et à laquelle. tout doit obéissance. Paul Valéry, dans son poème "Le cimetière marin", retrouve, semble-t-il, cette idée quand il écrit : "Midi le juste y com­pose de feux..." ici le soleil immobile au milieu du ciel suggère l'idée de la Souveraine Puissance ordonnant l'univers tout entier et ses différents éléments.

 


Aussi l'ordre humain, dans la Cité comme chez l'individu, doit donc se calquer sans doute sur l'ordre cosmique, mais celui-ci n'est que la traduction d'un autre ordre : celui de la justice elle-même. De même qu'il y a une Loi qui règle l'ordre et les mouvements du ciel, de même il doit y avoir une Loi qui règle les rapports entre les hommes dans la Cité, et une Loi Morale, fruit de la sagesse qui doit ordonner l'individu lui-même.
Cette Loi est définie par les justes proportions entre les élé­ments constitutifs de chaque être, de chaque ensemble, que ce soit l'organisme vivant, l'homme, la Cité, ou même l'oeuvre d'art. Et ces justes proportions s'expriment par le nombre, le nombre d'or. Le nombre d'or, ou divine proportion, traduit l'idée selon laquelle il y a une "commensurabilité", c'est-à-dire qu'il y a commune mesure, une correspondance, une analogie entre les parties composant un Tout et entre les parties et le Tout lui-même.

 

Un très beau livre de 600 pages aves des photos superbes – Un livre émouvant, grandiose et de réflexions

 

Á la recherche du secret maçonnique

Louis Octave oresve

ALPHÉE

 2005

À la recherche du secret maçonnique est le fruit d’une lente et longue maturation, celle d’un homme parti à la connaissance de lui-même qui, comme se doit d’être un Franc-maçon, est dans le monde sans être du monde. Louis-Marie Oresve en explique la nuance, celle qui différencie l’homme éveillé de l’homme endormi.

 

Au hasard de rencontres avec des hommes d’aujourd’hui et de nombreuses lectures d’auteurs tels que Plotin, Maître Eckhart, Guénon, Jung, Corbin et Lilian Silburn, Louis-Marie Oresve a emprunté de nombreux sentiers au sein de la Franc-maçonnerie. Il y a engagé tout son être et en a franchi tous les degrés, pour tenter de découvrir le secret maçonnique, qui n’est pas seulement celui d’une organisation secrète, et qui devrait le rester, mais qui est surtout celui qui se trouve beaucoup plus près de soi qu’on ne pourrait le penser.


Pour mieux approfondir les richesses de ce trésor, tout en restant attaché à sa loge mère, Louis-Marie Oresve a choisi d’aller au-delà de la Franc-maçonnerie, sur des chemins plus « orientaux » capables d’éclairer celle-ci autrement qu’à la lumière des contingences de notre temps.

 

Il a pu ainsi être conforté dans l’idée que la Franc-maçonnerie, dans ce qu’elle conserve et transmet encore aujourd’hui, reste sub specie aeternaetatis une voie de réalisation spirituelle authentique, mais encore faut-il « avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ».

Cet ouvrage, qui relate une expérience humaine authentique, constitue un guide pour ceux qui sont sur le chemin de la découverte du secret de leur être. Il offre aussi des repères précieux pour aiguiser leur capacité de discernement sur eux-mêmes, sur leur environnement et sur les organisations, comme la Franc-maçonnerie, que les hommes, au fil des siècles, ont construites dans le but de favoriser l’épanouissement de ceux qui ont décidé de vivre pleinement leur vie, en lui donnant un sens.


L’auteur développe :

la notion du Saint Empire, le tantrisme, l’initiation, la Tradition, les mythes, la construction du temple de Salomon, le grade de maître, le chevalier Kadosh, les hauts grades.

 

ALLÉGORIE ALCHIMIQUE DANS LA LOGE SYMBOLIQUE DU R.E.A.A.

Viviane Starck

Edition de la Hutte  

 2013

L’alchimiste et le franc-maçon sont tous deux en quête de leur graal. Le premier le nomme «Pierre Philosophale », le second l’appelle « sens de la vie ». La franc-maçonnerie et l’alchimie puisent ainsi leur origine à la même source : celle de l’homme en quête de Lumière.

Le rêve alchimique est de réaliser la Pierre philosophale, métaphore culturelle caractérisant le mécanisme d’évolution psychique de l’être humain. Il s’agit d’harmoniser la faculté de s’ouvrir à la spiritualité, la possibilité d’agir sur la matière et le pouvoir de préserver la vie.

Ce rêve confine à la démarche du franc-maçon, car l’opus alchymicum est en réalité, comme l’a montré Jung, le processus d’individuation par lequel on devient Soi. La franc-maçonnerie reste en effet dépositaire de la maxime inscrite sur le fronton de Delphes : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux » ; cette devise nous invite à descendre en nous même pour y découvrir notre essence, notre psyché, nos limites, pour apprendre à accepter ce que l’on est et parvenir à déceler le divin qui est en nous.

A cette pensée, la franc-maçonnerie à ajouter la sentence hermétique d’Hermès Trismégiste transmise par les chevaliers Rose+Croix : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », affirmant ainsi la convergence de l’homme et du cosmos.

L’Alchimie est un des piliers de la franc-maçonnerie ; elle lui a même donné son nom : L’Art Royal. Le mot « Art » est utilisé dans son sens ancien « métier », un métier idéal, parfait, digne d’un roi. L’Alchimie imprègne tous les rituels maçonniques, elle n’est bien sûr pas le seul apport, mais elle en est un des ingrédients essentiels. Si les francs-maçons travaillent avec des outils, les alchimistes emploient des matériaux : quatre éléments, sept métaux, sept planètes et trois principes.

Un des aspects évocateurs du travail alchimique et maçonnique est de passer des Ténèbres à la Lumière. En ce sens, les mutations successives de l’œuvre sont symboliquement contenues dans les trois couleurs : Noir, blanc et rouge, le franc-maçon passe ainsi du Petit Œuvre au Grand Œuvre, car les initiations maçonniques sont une succession de dissolutions et de coagulation ou, si l’on préfère, une suite de déstructurations et de reconstructions qui permettent la transmutation, au sens alchimique du terme et invitent le franc-maçon à passer de l’œuvre au noir à l’œuvre au rouge. C’est le « solve et coagula », le « dissous et coagule » des alchimistes.

Au sommaire de cet ouvrage on y trouve :

Zozime de Panopolis - Marie la juive - Geber - Rhasès - Avicenne - Hermès Trismégiste - Albert le grand - Roger Bacon - Arnauld de Villeneuve - Raymond Lulle - Nicolas Flamel - Basile Valentin - Paracelce - John Dee - Jacob Böhme - Van Helmont - Les alchimistes - les souffleurs - Les philosophes hermétistes - Les théories alchimiques - L’unicité de la matière - Les deux voies et les trois principes - Les trois phases de l’œuvre - Les quatre qualités - Les quatre éléments - Les 7 métaux et les 7 planètes - Les opérations de l’œuvre et le laboratoire alchimique - Le langage alchimique - La franc-maçonnerie et l’Alchimie - Parallélisme et transmutation - Finalité initiatique - Le cabinet de réflexion et les voyages - Le sceau de Salomon - Le miroir - Les 5 voyages et les outils - Le G et l’étoile Flamboyante - Schibboleth - La légende d’Hiram - Mourir et renaitre - Les larmes d’argent - De l’œuvre au noir à l’œuvre au rouge -

 

AMADOU -  ANNALES  MAÇONNIQUES  ou  FASTA LATOMORUM,  des origines à 1975

ROBERT  AMADOU 

Annales présentées aux travaux de Villard de Honnecourt en 1973

1975

Un très gros travail d’historien présenté par Robert Amadou sur les dates maçonniques avec retour sur ses origines à partir de 1212. 16 pages où il détaille la chronologie de l’histoire qui a généré en 1717 la Franc-maçonnerie spéculative. Ce travail publié en 1975 a reçu l’aval de Jean Baylot, dignitaire de la G.L.N.F et de l’historien Alain Le Bihan.

 

La Franc-maçonnerie n’est pas née en 1717 ou en 1723 ; elle n’est pas non plus issue des druides ou de l’Ordre du Temple. Et ce n’est pas une société de pensée. Contrairement à des préjugés, les lignes majeures et les étapes principales de son histoire ancienne, contemporaine et moderne peuvent être déterminées avec certitude. Le malheur est qu’on ne s’en soucie guère. Malheur intellectuel, péché contre l’historiographie. Mais aussi malheur spirituel, car la Franc-maçonnerie n’est pas indéfinissable, ni susceptible de plusieurs définitions divergentes au fond, voire contradictoires. L’Ordre ou le Métier est une société traditionnelle, et il n’y a qu’une seule tradition maçonnique. Or, où trouver les références de la tradition et la trace de son sens, sinon dans l’histoire ? Aussi a-t-il paru utile, pour une vue juste, à étudier ou à vivre, de la Franc-maçonnerie, d’en publier des annales aussi rigoureusement vérifiées que possible au nom de Grand Architecte de l’Univers(Robert  Amadou)  

                                                                                                      Pour lire les Annales : Cliques ici 

  

AMADOU - cagliostro & le rituel de la maçonnerie Égyptienne

Robert amadou

Edition  SEEP

 1996

Cagliostro est le Grand Cophte, ou le Grand Copte. Le Grand Cophte c’est-à-dire à la fois l’indigène et le chrétien de Misraïm, chrétien à la mode de Misraïm et encore un degré éminent ; autrement l’initié par excellence, et même, renchérit l’épithète, un maître d’initiation avec ses disciples, son ordre, son rituel.


Quatre parties cernent ici le personnage et approfondissent son enseignement : le Grand Cophte – Théurgie et « voies internes » – L’Égypte – Une interrogation respectueuse.


L’ouvrage rend enfin les échos autour de Monsieur Philippe, de Cagliostro, Marc Haven et Sédir, le rite de Misraïm est expliqué –

 

Le rite est  le corpus global d’une transmission immémoriale, toujours d’actualité et sans finalité. Il est la résultante du Chemin emprunté par l’Humanité, et plus particulièrement dans le cas du Rite Oriental de Misraïm, d’une route jalonnée par tous les grands initiés qui, depuis la nuit des temps, nous rappellent la Tradition Primordiale.

 

Depuis des milliers d’années (certains parlent symboliquement de millions d’années.), des transmetteurs et des veilleurs, des « cherchants », des prêtres et des architectes, des pharaons et des philosophes se transmettent le dépôt qu’ils ont reçu. Cette route fut certainement chaotique, sinueuse, entrecoupée d’obstacles. On peut même imaginer que parfois elle se soit tout simplement perdue.  Mais la richesse du Rite Oriental de Misraïm est d’avoir su retrouver, réunir, voire substituer la secrète transmission des valeurs fondatrices de l’Initiation et du tracé de la voie lumineuse vers la Connaissance, et ce faisant vers la libération de l’Humanité, enténébrée suite à sa chute il y a fort longtemps.


Le  Rite de Misraïm est certainement le plus mystérieux de tous ceux apparus dans le courant du XVIIIe siècle, car conjointement aux autres Rites maçonniques en vogue, il se veut l’héritier des traditions égyptiennes et chaldéennes antiques, mais aussi des courant hermétiques et gnostiques, pythagoriciens, mithriaques, manichéens, platoniciens. . . Il s’appuie ensuite sur une transmission gréco-romaine, puis byzantine, druze, templière, cathare, alchimiste, kabbalistique, rosicrucienne et compagnonnique. Il a été reçu et peut-être codifié par Joseph Balsamo, universellement connu sous le nom de Comte de Cagliostro, qui initiera l’Europe à ses mystères en passant par Lyon et Paris mais avant Trieste et Venise qui étaient les portes de l’Orient au XVIIIe siècle. La filiation napolitaine reste à ce jour pur et la  Grande Loge de Misraïm en détient seule l’autorité légitime dans le monde, par sa Patente signée et timbrée des sceaux de l'Ordre.

Le Rite Oriental de Misraïm regroupe des corpus de symbolisme maçonnique classique, de philosophie, voire d’opérativité sociétale, mais aussi de gnose platonicienne ou christique, d’alchimie, de Kabbale, de morale et de mystique. C’est ainsi que lorsque d’autres rites se suffisent de 7 ou de 33 degrés, le Rite de Misraïm propose une pyramide de 90 marches incluant la plus grande diversité de tous les accès à la connaissance, tels qu’ils nous ont été légués par nos ancêtres, dont les fameux Arcana & l'Arcana arcanorum ou "Secreto secretorum" de Cagliostro.

Enfin, il est d’évidence que ce courant si spécifique peut être dénommé “spiritualiste”, aristocratique aussi. Mais en cela, il est important de pointer qu’il n’est ni religieux ni dogmatique. Il respecte toutes les religions et se situe sur un autre plan, celui de la Liberté de conscience et du refus de subir. Certains de nos membres se disent athées ou encore agnostiques, certains autres se réfèrent à l’une ou à l’autre de nos grandes religions, d’autres encore vivent une spiritualité adogmatique comme le bouddhisme.


Sur l’Arbre maçonnique, le Rite Oriental de Misraïm occupe une branche aux rameaux multiples et touffus (D’aucuns diraient qu’ils se confondent au tronc, et cette affirmation est loin d’être fausse). Il appartient à la grande famille d’une Franc-maçonnerie marginale qu’on dit illuministe ou mystique, voire occulte ou hermétique.

La Grande Loge mondiale de Misraïm se distingue des autres Obédiences maçonniques françaises avec au minimum trois spécificités :

  • C'est à Paris, au sein de son Grand Rite Egyptien, que la parité homme femme (mixité) a existé pour la première fois au monde, affirmant ainsi et déjà en 1785 l'égalité de l'homme et de la femme au regard de l'Initiation maçonnique.
  • Sa Pyramide ou son Echelle de 90 Degrés initiatiques.
  • L'accès fraternel dans ses Loges aux Maçons du monde entier qui recherchent d'abord une méthode spirituelle et des valeurs humanistes.
    Enfin, les principales spécificités du Rite Oriental de Misraïm résident dans les principes suivants :
  • Vivifier la Tradition transmise par l’ancienne Égypte.
  • Développer la valeur spirituelle de la Quête initiatique.
  • Inspirer une ouverture où intelligence du cœur et savoir ésotérique s’harmonisent dans notre temps.
  • Pratiquer un “Rituel” qui permette à l’Homme (au sens générique) de trouver la voie de sa propre réalisation intérieure. 
  •  

Le rituel est la partie dont il est le plus difficile de parler, puisque nous sommes désormais très proches du secret pour lequel un Maçon prête un Serment inaliénable. Le Rituel de Misraïm est tout d’abord, comme tous les autres Rituels maçonniques, un RIT (Rituel d’Introduction des Travaux). Il codifie les cérémonies qui rythment la vie du Maçon et il permet la bonne exécution des travaux requis par le Chemin Initiatique. Il plante le décor, fait vivre les mythes et les symboles correspondants à l’avancement de chacun. En cela il est déjà un outil irremplaçable, mais mieux encore il est une sorte de boîte à outils dans laquelle le Maçon trouvera toujours la réponse qu’il cherche sans qu’elle ne soit jamais écrite ni imposée. Sa juste exécution garantit la qualité et la sérénité des Travaux. Comparé à d’autres Rituels, Le Rite Oriental de Misraïm propose à ceux de ses membres qui le souhaitent une forme supérieure de sacralité et de spiritualité.

 

AMADOU  -  LA TRADITION MAÇONNIQUE  

Robert  Amadou

Edition Carisprit

 1986

L’auteur explique sa vision de la tradition maçonnique, ses sources et ses origines. L’auteur, grand connaisseur du Rectifié, du Martinézisme et plus généralement de la Maçonnerie, propose dans ce livre une lecture synthétique et spirituelle de la première période de l’histoire maçonnique.

 

La tradition occidentale,  s’est perfectionnée, Dieu l’a perfectionnée dans les trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme, islam. »  La gnose dont on parle est une connaissance, nullement exclusive de l’amour, bien au contraire, qui possède dans sa perfection – la gnose est une connaissance parfaite – quatre traits principaux pour la spécifier : elle est religieuse, traditionnelle, initiatique et universelle 

 

Mais  Robert Amadou est aussi un théosophe, spécialiste de Louis-Claude de Saint Martin, le Philosophe inconnu, à qui il a consacré une thèse, et vingt ans de recherches documentaires, c’est, enfin, un prêtre, de l’Église syrienne d’Antioche, qui n’hésite pas à désigner la Sainte Montagne, l’Athos, comme le lieu vivant des maîtres de l’ésotérisme chrétien ; « Le cœur de ma recherche, écrit-il, c’est Dieu. Ma vocation est celle de tout homme, j’essaie d’en prendre conscience : m’approcher – ou me rapprocher – de Dieu. »

 

 Mais la question est de savoir où s’origine sa vocation ? « Cette vocation mienne est située dans la tradition occidentale, dans l’expression occidentale de la Tradition. Là, je veux être très net : je suis tout à fait certain que la Tradition est universelle – la Tradition a une source non humaine, elle est révélée – et en même temps, et c’est ma certitude en même temps que ma conviction, ma connaissance en même temps que ma foi, que son expression occidentale en est la perfection, la forme achevée, pleinement et totalement authentique. Il y a des traditions parallèles, analogues, comme vous voudrez. Certains de leurs éléments peuvent, par comparaison, être utiles au tenant de la voie occidentale ; mais il n’y a pas de traditions, de religions équivalentes. C’est vrai aussi de la gnose, connaissance parfaite qui perfectionne elle-même la foi et dont il existe mainte manifestation à travers les pays et les époques, en mainte forme traditionnelle ; elle trouve sa perfection actuelle dans la tradition la plus riche et la plus pure qui est la tradition occidentale »

 

Alors qu’entend-t-il par « tradition occidentale », où faut-il la rechercher ? « Dans les trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme, islam. ». D’une certaine manière il y a, pour Robert Amadou, supériorité de la tradition occidentale sur les traditions extrême-orientales, autrement dit de « l’unité de la Conscience » sur « l’unicité de l’être ». C’est ce qui non seulement le distingue, mais l’oppose à René Guénon. « L’important, l’essentiel est le terme : Dieu connu, Dieu aimé. Or, la tradition occidentale a, parfaite, la lucidité de placer l’expérience de l’Absolu non manifesté, ontologiquement et chronologiquement, avant l’expérience de Dieu personnel.

 

 En Occident, le monisme mystique qui est une imperfection de la pensée extrême-orientale, procède souvent (et jusque dans l’adhésion qu’on y donne aux doctrines extrême-orientales ou aux déviations extrême-orientalisantes en Occident) du désir de faire mourir l’homme, corrélatif du désir de tuer Dieu; je l’ai montré précisément à propos de René Guénon. A Hallâj même, qui fut condamné pour avoir donné l’impression d’incarner Dieu, les maniaques de la non-dualité ont reproché d’avoir encore laissé subsister une dualité dans l’expérience de l’union. Il est vrai, et l’honneur exceptionnel, la perfection de la tradition occidentale – appelez-la gnostique, appelez-la mystique – est d’avoir exalté, au regard de l’illusoire unité ontologique, la « présence testimoniale ».

 

Une autre critique adressée à René Guénon concerne le guénonisme : « René Guénon fait du guénonisme la Tradition, et le guénonisme est un syncrétisme très moderne. Ce pourquoi il y a du bon et même du très bon si l’on s’autorise à des démontages, nonobstant les directives de l’auteur ».

 

 Quant à l’initiation, à la transmission de l’influence spirituelle, Robert Amadou s’écarte là aussi de René Guénon, tout en partageant avec lui son terrible constat sur la société occidentale moderne : « La société occidentale moderne, qui tend à devenir culture planétaire, est unique en son manque d’une initiation, d’initiations, de sociétés initiatiques, officiellement admises, officiellement profitables et utiles. S’initier n’en devient pour chaque déviant – déviant du mal – que plus malaisé, et peut-être aussi plus fécond : rien n’est jamais à inventer, tout est aujourd’hui à réinventer ».

 

On va de Noé à Anderson et du Chevalier de Ramsay, on navigue dans les annales maçonniques, des origines à nos jours. Y est développé la notion du grand  Architecte

 

AMADOU  -               OCCIDENT, ORIENT,            Parcours d’une tradition

Robert AMADOU 

Edition CARISCRIPT

 1987

L’auteur, au cours d’un entretien, explique sa vision de Dieu, ses axes de recherche, les traditions et la Tradition, la Sophia, les sciences occultes, la magie, l’initiation, le martinisme et Louis Claude de Saint Martin dont il est le spécialiste

 

Robert Amadou s’est éteint en mars 2006. Cet auteur inclassable et érudit a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après-guerre, et a participé, un temps, aux activités de l’Institut Métapsychique. Robert Amadou nait le 16 février 1924 à Bois-Colombes, il meurt le 14 mars 2006, à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise le 22 mars 2006, après la liturgie des défunts qui fut célébrée en l’église syrienne orthodoxe de Montfermeil (93), il a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après la guerre. Adolescent, il se passionne pour l’astrologie, tout en suivant l’enseignement des Jésuites, puis s’intéresse à Louis-Claude de Saint-Martin, le "Philosophe Inconnu", inspirateur du martinisme. Amadou est convié à l’Institut Métapsychique International en 1951 pour donner une conférence sur le thème "Occultisme et métapsychique". A partir de cette année-là, il collabore activement aux activités de l’IMI, en particulier à la Revue Métapsychique dont il devient le rédacteur en chef. Mais des divergences d’opinion vont bientôt le pousser à quitter l’Institut...

 

En 1954, il publie chez Denoël son livre La parapsychologie - essai historique et critique, un épais volume (370 pages bien tassées) qui brosse l’histoire des recherches en parapsychologie outre-Atlantique et présente au public français, entre autres travaux récents, les recherches du Laboratoire de parapsychologie de Joseph Rhine, à la Duke University de Durham. Amadou définit alors la parapsychologie "au sens strict" et "au sens large" : "Au sens large,  cette science est la discipline qui s’efforce d’expliquer des phénomènes apparemment aberrants par rapport à la science, soit par la fraude, soit par l’illusion, soit par l’exercice d’une fonction psychologique “classique” ou nouvelle. Au sens strict, la science est la mise en évidence et l’étude expérimentale des fonctions psychiques non encore incorporées dans le système de la psychologie scientifique, en vue de leur incorporation dans ce système, alors élargi et complété."

La même année, sous l’égide de l’IMI, il publie une compilation de textes, L’Art et l’Occultisme, sous la forme d’un numéro spécial de la Revue Métapsychique. En juillet et août 1953, il organise un premier "Colloque International de Parapsychologie" à l’université d’Utrecht, dont les comptes rendus seront publiés en 1954 sous la forme d’un numéro double de la RM (N°29-30, Mai-août 1954). On y trouve notamment des textes de René Warcollier, Hans Bender, G. Spencer Brown, Samuel G. Soal (qui sera convaincu de fraude bien plus tard, dans les années 1970), du philosophe Gabriel Marcel, du psychanalyste Jules Eisenbud, etc. La liste des nombreux participants montre assez la volonté d’ouverture et de mise en place de "ponts" qu’entendait réaliser Amadou, entre la parapsychologie et les autres disciplines.

 

Parallèlement à son investissement dans l’IMI, il lance La Tour Saint-Jacques en 1955, revue de bibliothèque qui traite de l’occultisme au sens large et au sens noble : alchimie, sociétés secrètes (la Golden Dawn par exemple), spiritualités, ésotérisme, art et mystique, insolite et bizarre. Assez rapidement semble-t-il, Amadou se fâche avec l’équipe de l’Institut Métapsychique, à cause de divergences sur ce qu’il faut penser de la "vieille" métapsychique par rapport à la nouvelle parapsychologie anglo-saxonne. Amadou défend alors un point de vue très exigeant, présentant la parapsychologie comme une évolution, plus adulte, rationnelle et scientifique, de la métapsychique d’avant-guerre, dont les animateurs de l’IMI seraient les héritiers parfois trop enthousiastes ou crispés sur quelques légendes dorées de l’ère métapsychique.

 

Ainsi, en 1956, c’est dans La Tour Saint-Jacques, et non plus dans la revue de l’IMI, qu’Amadou choisit de publier les comptes rendus du Colloque de Royaumont sur la parapsychologie, qu’il vient d’organiser avec notamment le psychanalyste Emilio Servadio, Ernesto de Martino, des parapsychologues comme G.W. Fisk et D.J. West, l’ethnologue Jean Servier. Dès les premiers numéros de la revue La Tour Saint-Jacques, on voit apparaître en fin de volume un "Bulletin de Parapsychologie", totalement indépendant des activités de l’IMI, dans lequel on retrouvera bientôt les signatures d’Aimé Michel ("Principes d’une expérience électronique de psychokinèse", n°2, jan-fév. 1956), ou de Jacques Bergier, grand ami de Robert Amadou, qui y tient une rubrique "Nouvelles de nulle part et d’ailleurs" qui préfigure ses articles de la célèbre revue Planète quelques années plus tard.

 

En 1957, Amadou publie, toujours chez Denoël, dans la collection "La Tour Saint-Jacques", son ouvrage Les Grands Médiums, qui présente quelques-uns des plus célèbres médiums à effets physiques de l’ère métapsychique (entre 1870 et 1930 environ). Un livre sans concession, qui conclut presque toujours au manque de preuves ou de certitudes bien établies, et qui lui vaudra sans doute quelques inimitiés du côté de l’IMI (Guzik, Kluski, Eva C., entre autres médiums, y sont présentés comme des médiums hautement douteux). En 1958, il publie La télépathie dans la petite collection Bilan du Mystère des éditions Grasset. Un ouvrage synthétique (160 pages), qui présente à la fois "les raisons de douter" et "les raisons de croire", illustré par de nombreuses photographies. A partir du début des années 1960, Robert Amadou abandonne le domaine de la parapsychologie pour se consacrer à des centres d’intérêts plus spirituels. Il devient gnostique, s’intéresse au soufisme et publie des ouvrages sur divers aspects de l’ésotérisme occidental et oriental.

 

 

Il obtient une thèse de philosophie sur les mystiques du XVIIIème siècle (plus précisément, sur le “Philosophe Inconnu” Louis-Claude de Saint-Martin), à la fin des années 1970, à Paris. Son ambivalence entre d’une part la défense d’une parapsychologie exigeante et proprement scientifique, et d’autre part son parcours spirituel (on l’a dit lui-même martiniste, et il était aussi docteur en théologie), lui a été reprochée par quelques auteurs. Notamment par Imbert-Nergal dans son ouvrage Les sciences occultes ne sont pas des sciences (Editions Rationalistes, 1959), dans lequel l’auteur veut montrer que la parapsychologie n’est pas une science, puisque son principal promoteur en France à l’époque, Amadou, était en réalité un occultiste...

 

AMADOU  - LE FEU DU SOLEIL - ENTRETIEN SUR L’ALCHIMIE AVEC EUGÈNE CANSELIET

Robert  AMADOU

ÉDITION  PAUVERT

 1978

Feu du soleil, c’est le sens du nom initiatique –Fulcanelli- qui dissimule et manifeste à la fois le plus grand et le plus célèbre alchimiste de notre temps. Eugène Canseliet est son seul disciple, qui a publié ses deux ouvrages devenus classiques, Le Mystère des cathédrales et Les Demeures Philosophales, avant de fournir sa propre contribution à la littérature alchimique, contribution dans laquelle, bien entendu, il conservait les règles habituelles du secret.

 

Au cours de cet entretien avec Robert Amadou (décédé en 2008), Eugène Canseliet apporte des éclaircissements sans précédent sur le personnage Fulcanelli et sur lui-même, enfin et surtout parle de cette science occulte entre toutes, sur l’art des sages, sur la philosophie de la nature, sur la science d’Hermès et sur l’Alchimie en général.

 

E. Canseliet affirme : « L’alchimie est obligatoirement contestataire, parce que c’est une route nouvelle dans notre monde et c’est pourquoi elle attire la jeunesse ». Cet entretien à bâtons rompus entre un alchimiste praticien et un occultiste-martiniste, donne des dialogues extrêmement enrichissent et révélateur, qui nous donne beaucoup d’indications non seulement sur la personnalité de Fulcanelli, de E. Canseliet et de R. Amadou, mais surtout sur les théories   et pratiques alchimiques, ésotériques et hermétistes.

 

Auteur anonyme de deux des plus grands ouvrages alchimiques de l'époque contemporaine, Fulcanelli intrigue, depuis près d'un siècle, alchimistes, apprentis et curieux. Si les hypothèses foisonnent, qui était-il vraiment ? L'énigme reste entière... Entre 1926 et 1930, deux ouvrages paraissent dans l'indifférence générale. Leur auteur : un certain Fulcanelli. Redécouverts par le public après la Seconde Guerre mondiale, Le Mystère des cathédrales et Les Demeures philosophales s'imposent comme deux livres alchimiques majeurs.

Au fil des pages, l'auteur invite à poser un regard neuf sur le patrimoine architectural français, qu'il décrypte comme autant de témoignages d'Adeptes parvenus au Grand Oeuvre. En revisitant des monuments religieux telles les cathédrales Notre-Dame de Paris et d'Amiens, mais aussi des bâtiments civils comme l'hôtel Lallemant à Bourges ou l'étrange croix cyclique d'Hendaye, Fulcanelli entraîne le lecteur vers une manière nouvelle de lire les signes dans la pierre.

 

S'appuyant sur son érudition dans les langues anciennes, les Écritures et la mythologie grecque, il présente une Europe habitée, de tous temps, par une pensée alchimique qui demeure au travers de son patrimoine. Mais l'auteur ne s'arrête pas là : la symbolique monumentale étudiée dans ces livres conduit à une réflexion générale sur la société moderne.

 

Un troisième ouvrage de Fulcanelli, intitulé Finis Gloriae Mundi (« La fin de la gloire du monde », en latin), devait paraître ; or, il reprit le seul exemplaire manuscrit à son secrétaire et disciple, Eugène Canseliet. Cette oeuvre aurait révélé de trop grands secrets, que le monde moderne ne serait pas prêt à entendre... Qui peut bien être cet Adepte inconnu ? Plusieurs hypothèses ont été défendues. Selon certains, il s'agirait d'Eugène Canseliet (1899-1982) : le prétendu disciple serait, en réalité, le maître lui-même. C'est notamment la thèse de Robert Amadou (1924-2006), qui a coécrit un ouvrage d'entretiens avec Canseliet,  Paul Le Cour (1871-954) en a cosigné la rédaction

 

AMADOU  -  DE LA LANGUE HÉBRAIQUE RESTITUÉE A L’ÉSOTÉRISME DE LA GENÈSE

Robert AMADOU

Edition CARISCRIPT

 1987

Fabre D’Olivet a, dans son livre « La langue hébraïque restituée » essayé d’en extraire un ésotérisme, mais il en fit un livre touffu et difficile à lire. Chauvet lui fit une analyse ésotérique et métaphysique de la genèse assez facile d’accès et selon Robert Amadou  en sorti « une révélation de la révélation ».

 

Un petit livre (40 pages) clair et concis qui explique les 2 positions.

 

AMADOU  - ANTHOLOGIE  LITTÉRAIRE  DE  L’OCCULTISME 

ROBERT  AMADOU et   ROBERT KANTERS

ÉDITION  SEGHERS

 1950

Cette anthologie s’adresse à la fois aux amateurs, aux étudiants et aux curieux d’occultisme. Elle permet de prendre connaissance de tous les grands thèmes de l’occultisme, non à travers des textes ardus, mais en lisant des pages de quelques-uns des plus grands écrivains.

 

En même temps, elle esquisse une histoire de la littérature universelle à la lumière de l’occultisme, à l’aide d’extraits caractéristiques de plus de quarante écrivains français et étrangers, de Platon à Rimbaud, de Jean de Meung à André Breton, de Dante à Strindberg.

 

Chacun de ces écrivains fait l’objet d’une notice et d’une bibliographie qui appliquent à l’interprétation de ses œuvres les principes généraux d’une exégèse occultiste de la littérature, exégèse que Robert Amadou et Robert Kanters exposent dans une importante introduction.

 

Il n’est pas facile de parler d’occultisme, ce terme ayant été diabolisé et utilisé également par des faux gourous, pseudo maître à penser, mais qui ont marqué leur époque. Heureusement de très nombreux occultistes ont relevé le défi de rendre à cette discipline ses lettres de noblesse. Cette anthologie remet à sa place les fausses idées sur l’occultisme, terme qui né vers 1850 avec Eliphas Lévi et qui explore l’ésotérisme caché.

 

Cette anthologie retrace les idées des grands penseurs suivants :

 

Hésiode, avec la naissance du monde, les races et les âges

Pythagore et ses vers d’o. Fragments d’Hiérocles et commentaire de Fabre d’Olivet

Platon. L’Atlantide et l’Âme du monde

Virgile. IVe Eglogue et la descente aux enfers : Anchise

Apulée et son initiation aux mystères

 Chrétien de Troyes et la liturgie de la Queste. La quête du Graal.

Jean de Meung. La fontaine de vie et l’Alchimie.

Dante Alighiéri, Béatrice, le nombre 9, l’influence des sphères célestes.

Léonard de Vinci et Rabelais avec l’oracle de la Dive Bouteille

Maurice Scève - Pierre de Ronsard-  Milton et ses enseignements de Raphael

Cyrano de Bergerac et son langage des oiseaux

Charles Perrault et sa Belle au Bois Dormant

Nicolas Montfaucon de Villars avec ses incubes et ses succubes.

Jacques Cazotte. Le diable, le hasard, et les dangers de l’occultisme.

Louis Claude de Saint Martin, la mythologie, catholicisme et christianisme

Goethe – Joseph de Maistre et William Blake. Mariage du ciel et de l’enfer

Fabre d’Olivet et ses Atlantes, le destin, la providence-

Novalis –Ballanche – les disciples de Saïs- Charles Nodier – de la palingénésie humaine

Balzac – son traité de la prière, le chemin pour aller au ciel, pensée de L. Lambert

Victor Hugo et ce que dit la bouche d’Ombre

Gérard de Nerval – El Desdichado, Artémis et Aurélia

Edgar Allan Poe – Richard Wagner avec Parsifal

Charles Baudelaire – Auguste de Villiers de l’Isle-Adam

Stéphane Mallarmé – Léon Bloy – Josephin Péladan

Joris-Karl Huysmans –une messe noire- le symbolisme

Arthur Rimbaud – Auguste Strindberg – la tête de mort

Maurice Maeterlinck et son jugement sur l’occultisme – notre moi

André Breton et Matta – Oscar V. Milosz et son cantique de la Connaissance

 

AMADOU  -  la queste du saint graal & le graal en compagnie au xxème siḔcle

Robert amadou

Edition CARISCRIPT

 1988

La « queste » à laquelle ce livre nous invite – admirable aventure de la conquête de notre cœur spirituel – et dont l’expérience qu’il est possible d’en avoir fut pour moi la vie même de mon père…
Comment ne pas vouloir partager cette découverte avec les autres et se demander : « Que vais-je faire pour que le monde devienne plus juste et plus beau ? » Ainsi, la vocation de chaque homme est d’être sauveur du monde par la Pensée pure, la Parole pure, l’Action pure. De ce fait, se crée une sorte de Chevalerie mystique.


Que les lecteurs de ce livre puissent descendre dans « la crypte secrète de leur personnalité », où le Feu-Amour et la Lumière vivante qui la constituent se renvoient en une fusion qui anime le verbe, les éléments de leur Gloire, et puisse enfin augmenter le trop petit nombre des hommes qui connaissent le Sens de la vie, le Secret de la mort et la Liberté de l’esprit !

 

La Tradition méditerranéenne est une adaptation particulière de la religio perennis qui existe depuis le commencement du monde et se confond avec la Tradition primordiale. Préservée par les temples égyptiens, exposée par Platon et l’école néo-platonicienne, incarnée dans le Christianisme et développée par les Pères de l’Église, cette approche se caractérise par la doctrine du logos dont la révélation très pure est livrée par le Prologue de l’Évangile de saint Jean. Le Logos ou Verbe de Dieu est donné comme «La lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde». C’est l’Intellect transcendant, Ce par quoi Dieu pense le monde et nous pense dans les raisons éternelles où se trouvent présents, à l’état d’archétypes, les modèles exemplaires de toutes les choses, y compris nous-mêmes. Dans le Logos se trouve donc toute la Connaissance de ce qui est et de ce qui peut être. On dit avec raison qu’Il est le lieu de tous les possibles. Sans Lui, la création est impossible et Dieu inconnaissable. C’est dans et par le Verbe que se maintient l’harmonie de l’Univers qui, sans cela, retournerait au chaos. On peut donc dire que le Logos n’est pas seulement Connaissance mais Amour au sens fort et absolu puisqu’Il est le lien de toutes choses et de tous les êtres, leur substance et leur raison d’être.

 

La doctrine métaphysique du Logos connue depuis la plus haute Antiquité, a été rendue aux hommes par le christianisme grâce à l’incarnation et à la venue de l’Homme-Dieu. Le contenu traditionnel —et donc véritable— du Christianisme appartient en Occident à l’Église catholique, en Orient à l’orthodoxie. La Voie spirituelle correspondant à cette approche porte en Orient méditerranéen le nom d’hesychasme tandis qu’en Occident le Moyen-âge chrétien en a délivré le message dans le cycle du Saint-Graal.

 

 Ainsi, par exemple Wolfram von Eschenbach souligne l’origine méditerranéenne de ses sources lorsqu’il affirme détenir son récit de Kyot le Provençal qui en trouva le texte à Tolède en Espagne, texte dû au musulman Flege-Tanis. Celui-ci «lut clairement le nom du Graal dans les étoiles» manifestant très explicitement son origine céleste et le caractère non-humain de sa provenance. Les influences islamiques sont ici indéniables. Encore ne s’agit-il pas de n’importe quel Islam mais de l’aspect intérieur ou ésotérique propre à cette forme religieuse, ensemble de doctrines connues en Espagne du sud par les ordres Soufis.

 

L’énorme pierre précieuse (émeraude) ou «Lapsit exillis» du «Parzifal» dont Wolfram fait le Graal ne serait autre que le «Chaton de la Sagesse Christique» décrit par l’auteur soufi bien connu Ibn’Arabi dans son œuvre majeure, le Fuçûç al Hikam (les «Chatons de la Sagesse») rédigé vers 1230. Souvenons-nous que Kyot est un seigneur catalan qui dut être en contact avec la civilisation arabe et l’Islam ésotérique, nullement hostile au Christ et à la doctrine du Logos, connue à travers les influences byzantines présentes en Orient méditerranéen. On se souvient également de la communauté du destin ayant existé entre la Provence — y compris la Septimanie — et la Catalogne toute une partie du Moyen-âge. Toujours à propos du «Parzifal», c’est à juste titre, semble-t-il, que l’on a voulu voir dans le château de Mount-salvage, résidence du Graal gardée par les «Templistes», un lieu situé dans les Pyrénées, sur les «chemins de Saint-Jacques» où se trouvent des sommets tels que Montségur, Montserrat et Montjoie (ce dernier dans la forêt de Sauveterre, en pays basque).

 

Si l’on se penche maintenant sur les autres récits du cycle arthurien, on s’aperçoit qu’ils font également référence à une source antérieure, livres mystérieux auxquels n’avaient accès que de rares privilégiés. Sinon pourquoi le chroniqueur cistercien Helinand de Froidmont, écrivant en 1204 au plus tard, aurait-il affirmé l’existence d’un livre qu’il fait remonter à l’an 718 comme source unique de la quête du Graal. Pratiquement tous les conteurs font allusion à un récit unique typique dont ils s’inspirent. L’estoire apporte cette indication capitale qu’il s’agirait d’un livre écrit par le Christ lui-même après sa Résurrection et avant son Ascension, ce qui ferait du Graal une source inconnue de la Révélation, et nous ramène à la Tradition initiatique de la Primitive Église avec ses trois foyers méditerranéen de Jérusalem, d’Éphèse et d’Antioche.

 

L’influence byzantine  a pu s’exercer par l’intermédiaire des Croisés, en particulier par Philippe d’Alsace, Comte de Flandres, dont le père, Thierry d’Alsace apporta le Saint-Sang de Jérusalem à Bruges. Or on sait que Chrétien de Troyes, auteur de la légende du Graal, était le protégé dudit Philippe. Mais indépendamment de toute filiation historique, ce qui nous intéresse avant tout ici est la convergence de symboles «signifiants» par eux-mêmes qui prouvent ainsi l’unité fondamentale des doctrines métaphysiques surgissant d’une profondeur commune: celle du Logos. Et le «point commun révélateur» ou «signe» est constitué à cet égard, dans un cas comme dans l’autre, par la participation des puissances angéliques au «service», «car on sait que telle a toujours été l’antique croyance: concélébration des hommes avec les Incorporels, en tant que reflet de la Liturgie Céleste. Et c’est bien ce que nous voyons dans la queste comme dans l’Estoire».

 

La Lance est à la fois «couteau du sacrifice» ritualisé par l’Orient, berceau du «sacré liturgique» et objet vénéré comme instrument de la Passion qui cause à la fois la mort de la Victime et ouvre aux hommes la «fontaine de vie» par où s’écoulent avec l’eau et le sang, les sacrements et la grâce. Telle est également la signification de la lance celtique, symbole ambivalent qui tue et vivifie tour à tour. C’est ce qui nous amène à dire quelques mots des symboles proprement dits qui apparaissent dans les récits du Graal.

 

Pierre précieuse symbolisant la Connaissance primordiale perdue lors de la Chute (Wolfram von Eschenbach), «sanotissime Vaisseau» contenant l’Hostie consacrée (Chrétien de Troyes) ou «Calice de la Cène» portant le sang du Sauveur (Robert de Boron), le Graal revêt essentiellement une double signification. En tant que réceptacle ou que support (pierre tombée du Ciel ou coupe du Salut), il est symbole féminin de la puissance divine et se trouve en rapport avec l’Amour; en tant que contenu et que message, qu’il s’agisse de son pouvoir «fécondant», de son aspect «révélé» ou «lumineux» ou «aveuglant», il est symbole masculin de l’agir divin et se trouve lié au mystère de la Connaissance, ces deux aspects du Logos qui se retrouvent, à l’échelle du microcosme, dans l’être humain. C’est là,  que se trouve le cœur du Mystère du Graal. Et ce mystère est celui de la présence de Dieu dans l’homme et donc celui du Dieu-Homme révélé dans Jésus-Christ, celui en définitive de l’union hypostatique de deux natures en une seule Personne.

 

AMADOU - les sociÉtÉs secrÈtes – Entretien avec robert amadou   -

Pierre barrucand

Edition Horay

 1978

Robert Amadou nait le 16 février 1924 à Bois-Colombes, il meurt le 14 mars 2006, à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise le 22 mars 2006, après la liturgie des défunts qui fut célébrée en l’église syrienne orthodoxe de Montfermeil (93).Robert Amadou a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après la guerre. Adolescent, il se passionne pour l’astrologie, tout en suivant l’enseignement des Jésuites, puis s’intéresse à Louis-Claude de Saint-Martin, le "Philosophe Inconnu", inspirateur du martinisme. Amadou est convié à l’Institut métaphysique International en 1951 pour donner une conférence sur le thème "Occultisme et métapsychique". A partir de cette année-là, il collabore activement aux activités de l’IMI, en particulier à la Revue Métaphysique dont il devient le rédacteur en chef. Mais des divergences d’opinion vont bientôt le pousser à quitter l’Institut.
Ces entretiens avec Robert Amadou nous expliquent :

Le secret, l’initiation et son rituel, les sociétés primitives, les triades chinoises, le taoïsme, la mafia italienne, la gnose, le christianisme et son secret, les chevaliers teutoniques, le paraclet, le satanisme, la sorcellerie, les sociétés occultes, le martinisme, l’affaire Léo Taxil, la maçonnerie et l’antimaçonnisme, la synarchie, la cagoule, le Ku Klux Klan, R. Guénon, et le secret des sociétés secrètes.

 

AMADOU  -  ILLUMINISME ET CONTRE-ILLUMINISME au 18ème Siècle

Robert AMADOU

Edition CARISCRIPT

 1989

L’épisode du couple infernal des lumières et des contre-lumières s’inscrit dans l’épopée d’un occident nostalgique de la sagesse (Sophia) et de la lumière (Connaissance).

 

L'illuminisme désigne un courant à la fois philosophique et religieux qui eut son apogée avec les théosophes du xviiie siècle. Il se rattache à la pensée de Plotin, du néo-platonisme, de Maître Eckhart, de Tauler, de la Theologia germanica et de Nicolas de Cues ; fidèle à l'esprit de l'évangile de Jean et de l'Apocalypse, il est lié aux kabbalistes juifs et chrétiens, aux quiétistes vaudois, aux piétistes allemands, à la gnose éternelle, aux thèses de Mme Guyon, aux mystiques et alchimistes allemands du xvie siècle. Paracelse, Valentin Weigel, Jacob Boehme surtout peuvent être considérés comme les maîtres des illuministes. Enfin, une certaine attitude d'esprit, procédant de la Réforme, n'est pas étrangère à la spiritualité de ce mouvement.

 

L'originalité de l'illuminisme tient à la façon dont il considère le problème de Dieu et celui de ses rapports avec l'homme. Elle apparaît, plus essentiellement encore, dans l'importance donnée à la dimension intérieure, au souci de se dégager de l'histoire, du temps et de l'espace. Rien de plus opposé aux méthodes d'autorité de la scolastique que l'illuminisme, dans lequel la personne est appelée à tenir le rôle que lui assigne sa vocation singulière. Chaque être possède sa propre lumière et ses propres ténèbres. Si la vérité est une, elle ne peut toutefois être reçue que selon la capacité de chacun.

 

Les illuministes s'intéressent volontiers aux sciences métapsychiques et à l'occultisme. Bien que les uns demeurent fidèles à l'enseignement des Églises officielles tandis que d'autres s'en détachent pour des options hétérodoxes, considérant les dogmes comme de simples revêtements de la vérité profonde impossible à exprimer, ils se rattachent le plus souvent à la Franc-maçonnerie et à la théosophie, et se situent dans la perspective eschatologique de la préparation du retour du Christ.

 

AMADOU  -   la magie des Élus coëns catÉchismes

Robert amadou

CARISCRIPT

1989

D. Combien de sortes de temples y a-t-il contenus dans l’univers ?
R. De trois sortes : le général, le particulier et l’universel.
D. Par qui nous sont-ils représentés ?
R. Par le cercle sensible, le cercle visuel et le cercle rationnel.
D. Connaissez-vous le travail qui se pratique dans chacun de ces temples ?
R. Je l’ignore encore, n’étant point consacré pour ces sortes d’opérations.
D. Par qui nous sont-ils encore figurés ?
R. Par le premier temple spirituel que le très puissant maître Énoch construisit parmi la postérité de Seth, par celui que Moïse construisit dans Israël, et celui de Salomon dans Jérusalem.

(Extrait du Catéchisme des maîtres coëns.)
Y est expliqué le catéchisme des maîtres Coëns, des grands maîtres Coëns, des grands élus de Zorobabel et des Commandeurs d’Orient apprentis réaux-croix.

 

ANATOMIE DE LA CROIX PHILOSOPHIQUE DU CHEVALIER ROSE+CROIX

Percy John Harvey

Edition Cépaduès

 2019

Cet ouvrage constitue une suite au précédent. En réalité, les deux études, véritables « autopsies », nous dit Percy John Harvey  se complètent. Au cœur du symbolisme de la Croix Philosophique se trouve le quaternaire : « 4 directions, 4 saisons, 4 Eléments, 4 phases lunaires, 4 tempéraments, 4 âges… ».

 

Selon le même principe que dans l’ouvrage précédent, le texte d’Antoine Chéreau est réparti en commentaires de l’iconographie détaillée. « Cette Croix Philosophique, explique Percy John Harvey, se veut aussi universelle sous une forme de représentation du Monde, en partageant un espace métaphorique en quatre domaines selon les quatre directions cardinales. Selon cette disposition, la Croix se compose de plusieurs « strates » de différentes natures : géographique, hermétique, alchimique, astrologique ou zodiacale, psychologique. Le cycle de la vie de l’homme, figuré en forme de croix, est aussi représenté en correspondance avec la « Roue de la vie » ou la « Roue de la Fortune ».

 

Les composés étudiés sont, entre autres, le Triple Tau, la Croix de l’orientation, les symboles élémentaires, INRI, la Croix ésotérique, la Croix et le Centre, la Roue du temps, le Troisième Temple d’Ezéchiel, le Temple Rose-Croix, la Croix philosophique et l’homme de Vitruve.

 

antimaçonnisme  -      B.A  BA

Jérôme rousse-lacordaire

Edition PARDES

 2003

Où l’on retrouve les antimaçonnismes révolutionnaires, communistes, fascistes, vichystes, chrétiens, l’affaire L. Taxil, les complots divers, et les Jésuites rouges.

 

Ce B.A.-BA de l'antimaçonnisme présente les principales thématiques sur lesquelles reposent les accusations contre la franc-maçonnerie : secret, complot, subversion... La franc-maçonnerie est comprise par ses adversaires comme une société secrète perverse et malignement occulte, ayant pour objectif la domination du monde, même si elle fut, peut-être, à l'origine, une institution saine avant d'être dénaturée et détournée de ses fins par des manœuvriers de tous ordres. Des exemples historiques particulièrement significatifs viennent illustrer et éclairer le large panorama de la question.

 

Deux grands courants alimentent l'antimaçonnisme : un courant politique et un courant doctrinal. Le premier développe surtout l'aspect de complot occulte; le second se dédouble en un antimaçonnisme religieux qui voit essentiellement dans la franc-maçonnerie une contre-religion satanique, et un antimaçonnisme "traditionnel" qui lui reproche son dévoiement des principes originels. Si bien que tous ceux qui font profession d'antimaçonnisme ne sont pas également opposés à la maçonnerie elle-même. Solidement étayée par des documents de diverses provenances, cette étude impartiale ne favorise aucun aspect au détriment des autres, elle ne milite aucunement en faveur de celui-ci ou de celui-là.

 

Elle présente des faits et invite à une lecture plus approfondie des données - seule manière de se faire une opinion sur ce phénomène discuté. excellente synthèse de la question particulièrement riche en illustrations et anecdotes." - une analyse très serrée des différents courants antimaçonniques."  l'auteur présente ici une typologie de l'antimaçonnisme claire et solidement argumentée à partir de nombreuses références textuelles." (Jean-Pierre Laurant, Archives de sciences sociales des religions.) - "Un livre précis, documenté, clair, écrit dans un esprit d'objectivité historique et de jugement sain." - " l'auteur est sérieux et érudit. Dominicain, il semble appartenir à la catégorie de ces prêtres qui  ont cherché à se placer à la jonction des mondes catholique et maçonnique."  Une étude solide qui donne à réfléchir sur certains courants pseudo-maçonniques.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le complot  -  typologie de l’antimaçonnisme  - l’ antimaçonnisme politique et la Maçonnerie contre le trône  -  le complot des illuminés  -  Augustin Barruel  -  John Robinson  -  Joseph de Maistre  -  la maçonnerie révolutionnaire  -  l’affaire Morgan  -  les jésuites rouges  -  les affairistes  -  les communistes  -  les fascistes  -  Vichy  -  antimaçonnisme religieux  -  , contre l’autel  -  les condamnations romaines  -   Satan grand Maitre  -  Catholiques et francs-maçons   -  antimaçonnisme protestant  -  la maçonnerie jésuitique   -   les Mormons   -  le Grand Orient vu de l’Orient  -   la maçonnerie anti-orthodoxe  -  la maçonnerie sioniste  -  la trahison d’Anderson  -  la maçonnerie chrétienne des anciens devoirs  -    les constitutions d’Anderson  -   les « Ancients et les Modernes »   -  le temple profané  -  au-dessus de tous les cultes et de toutes les religions  -  de la tolérance à l’exclusivisme   -  René  Guénon et la régularité initiatique  -  Julius Evola  -  initiation et contre-initiation  -  d’une tradition à une autre  -  le judéo-maçonnisme  -  la franc-maçonnerie : bouc émissaire ?   -

 

antimaçonnisme- FILM– au seuil de la loge – les secrets de la franc-maçonnerie

J.P. r…….

Production PRISME ÉDITION

 2004

DVD de 1h 20 couleur sur une initiation maçonnique au REAA tourné dans la région de Lyon. Un film qui sent l’antimaçonnisme, la vengeance et la rancœur d’un ex-initié. Une contre-initiation certaine.


Ce CD fut imaginé et créé par un ancien initié de Perpignan – Jean-Pierre R….. – qui fut exclu de la loge, puis déménagea à Lyon où il participa à la création d’une loge sauvage appelée Grande Loge indépendante européenne. C’est d’ailleurs lui qui préside en tant que VM cette cérémonie.

 

ANTIMAÇONNISME -film – forces occultes

J.M. rivière

Production Nova Films

 1943

Sous l’occupation, le cinéma français a connu un essor surprenant, dans les salles, mais aussi lors des manifestations charitables et de propagande. Les films de propagande politique sont des documentaires souvent reconstitués. Ils sont projetés en première partie des films de fiction. Ils sont réalisés à l’instigation des différents ministères du gouvernement de Vichy et aussi des services de propagande de l’ambassade d’Allemagne et de groupements antinationaux.

 

 Ainsi en va-t-il de « Forces occultes ». Jean Marquès-Rivière en est le scénariste. Il est l’auteur sous le pseudonyme de Jacques Leroy, d’une brochure intitulée : « La trahison sanglante de la Franc-maçonnerie », qui s’est vendue à trente mille exemplaires. C’est un pamphlet virulent, raciste et outrancier comme chacun de ses discours et de ses écrits.

 

Quant à Paul Riche, le réalisateur, il dénonce l’ordre maçonnique en ces termes : « Eh bien oui ! Nous attaquons, nous découvrons les saloperies, les méfaits et les crimes, nous nous en prenons aux arguments et aux personnes, nous montrons les dessous des initiations, les combines, les compromissions, les responsabilités».

 

En 1943, le film « Forces occultes » sort sur les écrans. Le scénario de ce moyen-métrage de cinquante minutes a été réalisé par deux ex-frère : Jean Marquès-Rivière et Jean Mamy (sous le pseudonyme de Paul Riche).

Ce film montre certaines facettes d’ordinaire obscurs de la franc maçonnerie dut à son statut de société secrète. Les réalisateurs seront à la fin de la guerre et du régime de vichy condamnés par la justice, mais Marquès-Rivière arrive à fuir la vengeance des alliés. Il sera condamné à mort par contumace.


Scénario : Un jeune député se fait remarquer par ses interventions fougueuses et patriotiques, par lesquelles il renvoie dos à dos communistes et capitalistes, tous exploiteurs du peuple. Ses collègues maçons lui proposent d’entrer dans leur obédience, il accepte. Mais il comprend vite que la franc-maçonnerie, alliée aux juifs, est un univers de combines obsédé par son pouvoir. Pacifiste et cosmopolite, elle a préparé la victoire de l’Allemagne. Il la quitte, mais la loge lui envoie deux tueurs qui le blessent. Sa femme le soigne et le sauve.

 

Sur cette trame, deux anciens maçons, Paul Riche, metteur en scène, et Jean Marquès-Rivière, scénariste, ont réalisé le seul film entièrement antimaçonnique de l’histoire. Commandité par Vichy, il connut un grand succès face au Tout-Paris, le 9 mars 1943. Des acteurs connus (Maurice Rémy, Boverio, Marcel Vibert) étaient à l’affiche, ainsi qu’une débutante prometteuse, Gisèle Party. La presse collaborationniste lui assura un retentissement national. Le film se veut réaliste. Il s’agissait de faire vrai en rendant le faux vraisemblable. Des scènes tournées au Palais-Bourbon (fermé) et prétendument au Grand Orient de France (interdit) lui donnent l’air de vérité que ses promoteurs recherchaient.

 

Au peuple humilié par la défaite, on désignait les vrais responsables de l’abaissement de la France. Il fallait les punir. Les physionomies caricaturales et antisémites, les lumières, une séance d’initiation, des parlementaires ridiculisés, font de cet ouvrage l’instrument que les pétainistes souhaitaient pour raviver la thèse du complot judéo-maçonnique, vieux cheval de bataille de l’extrême droite et des conservateurs religieux. Et liquider définitivement la République.

 

Regarder le film et le faire voir est une nécessité pour tout humaniste, même au prix du malaise et de l’indignation qu’il suscite encore. Avant le film, Jean-Louis Coy démonte les ressorts de la machination et, dans le bonus, Jean-Robert Ragache évoque avec lui cette période où le mensonge valait vérité. Le climat est donc édifiant. Ce film fut cependant peu diffusé et n’eut de succès qu’auprès des convaincus de la « race des seigneurs »

 

ANTIMAÇONNISME EN FRANCE A LA BELLE ḖPOQUE

Michel Jarrige

Edition Arché

2001

Dans les années 1880, Troisième République et franc-maçonnerie commencent à se confondre aux yeux de l’anti maçon, qui vont alors essayer de s'organiser afin d'enrayer ce processus. Cette anti maçonnerie naissante institutionnalise et structure l'antimaçonnisme, conception qui s'oppose à l'idée même de franc-maçonnerie. Avec la recrudescence du conflit entre l'État et l'Église catholique, qui fait suite à l'affaire Dreyfus, les groupements antimaçonniques connaissent leur âge d'or entre 1899 et 1914. Ces quinze années d'affrontements autour de la question laïque ont changé le visage de la France et accentué la coupure de la nation en deux camps irréductiblement opposés. Liées à des degrés divers au catholicisme et aux courants politiques conservateurs ou antirévolutionnaires, les organisations antimaçonniques ont pris toute leur part au combat pour la défense des valeurs religieuses et patriotiques selon l'idée que s'en faisaient leurs chefs.

 

Le dépouillement exhaustif des revues antimaçonniques (notamment La Franc-Maçonnerie démasquée, La France chrétienne, La Bastille, La Revue antimaçonnique, la Revue internationale des sociétés secrètes) et la consultation d'archives à la Bibliothèque nationale de France, au Centre historique des Archives nationales et aux Archives historiques de l’archevêché de Paris ont permis de mettre en lumière la grande vitalité et les rivalités des groupements impliqués. Ce faisant, Michel Jarrige a écrit la première histoire complète de l'anti maçonnerie en France à la Belle Époque. Cette étude constitue donc une contribution très appréciable à l'histoire des idées et des mouvements politiques pour la période concernée. Deux approches ont permis de retrouver les racines et les clefs du mouvement antimaçonnique : d'une part, l'exposé du fonctionnement et des activités des organisations antimaçonniques ; d'autre part, l'analyse des mentalités et des doctrines qui sous-tendaient l'action de ces formations. In fine, il est montré comment se fit le lien entre des formes de pensée antimaçonniques, antirévolutionnaires et antisémites selon le modèle du XIXe siècle et l'anti judéo-maçonnisme propre au XXe siècle.

 

L’un des premiers livres à condamner la franc-maçonnerie est celui d’un jésuite conservateur, antidémocrate et rejetant les idées des Lumières, Augustin de Barruel (1741-1820). En effet, le prêtre dénonce dans Mémoires pour servir l’histoire du jacobinisme, un ouvrage en 5 tomes paru à Hambourg entre 1797 et 1799, le rôle supposé des francs-maçons dans le déclenchement de la Révolution française. Toutefois, « il est précédé en cela par la brochure du comte Ferrand, publié à Turin en 1790, Les Conspirateurs démasqués. ». Cependant, Ferrand voit surtout dans ce complot l’action d’un protestant, Necker (1732-1804). Barruel va plus loin : il estime que le complot est à la fois antichrétien, antimonarchique et cherchant à détruire la société d’Ancien régime. Les acteurs changent aussi : il ne s’agit plus d’un complot protestant, mais maçonnique. Cette idée se cristallisera dans les milieux catholiques intégristes. Pour s’en convaincre, il suffit de garder à l’esprit la prégnance du « complot judéo-maçonnique » dans ces milieux, comme le montrent les catalogues des Éditions Barruel, des Éditions Saint Rémi, les Éditions de Chiré et, sur Internet, la Bibliothèque Saint-Libère. Récemment encore, le Vatican voyait dans la franc-maçonnerie une secte…

 

Cette idée de complot vient notamment de l’usage de l’expression « Supérieurs Inconnus », forgé initialement par des francs-maçons. En effet, en 1751, le baron Charles-Gotthelf von Hund (1722-1776) fonde une nouvelle forme de maçonnerie : la Stricte Observance ou plus exactement l’Ordre supérieur des chevaliers du Temple sacré de Jérusalem. L’idée était que la franc-maçonnerie serait une perpétuation des Templiers dirigée par des « Supérieurs Inconnus » dont Hund était, selon ses dires, le seul mandataire, s’étant lui-même fait initier par un mystérieux chevalier au « plumet rouge », en 1747. Cette légende va connaître un succès considérable au cours des XIXe et XXe siècles. Récupérés par les anti-maçons, les Supérieurs Inconnus vont devenir les vrais maîtres occultes de la franc-maçonnerie. Ils seront assimilés aux satanistes, aux Juifs, aux maîtres de l’Himalaya de la Société théosophique, etc., devenant le symbole de la sphère dirigeante du complot mondial, selon la vulgate conspirationniste.

 

Cette idée de complot maçonnique se retrouve également chez un auteur écossais, John Robison (1739-1805) qui publie, également en 1797, un ouvrage développant la même thèse, intitulé Preuve d’une conspiration contre toutes les religions et les gouvernements d’Europe fomentées les assemblées secrètes des francs-maçons et des illuminés [. Pour ce dernier, les Illuminés de Bavière auraient infiltré les loges françaises et auraient provoqué la révolution française dans le but de mettre en place un gouvernement mondial. À compter de ce moment, la franc-maçonnerie est assimilée à une société secrète, bien que ses rituels aient été divulgués dès 1730 par Pritchard, dans son Masonry Dissected. Malgré cette divulgation ancienne, la question du secret est restée capitale dans les milieux d’extrême droite, qui voient dans la franc-maçonnerie une société secrète.

 

Ces thèses se diffusèrent en Occident au XIXe siècle, donnant naissance à un antimaçonnisme à la fois virulent et banalisé auprès d’opinion publique. Ainsi, dès 1831, il existe un parti antimaçonnique aux États-Unis, dont le président américain John Quincy Adams fut membre. Cet antimaçonnisme fut encouragé dans les milieux catholiques par différentes bulles et encycliques papales, hostiles à son relativisme religieux. En 1917, tout catholique risquait l’excommunication en devenant franc-maçon, bien qu’initialement, il fût obligatoire d’être chrétien pour l’être.

 

Mais surtout le XIXe siècle voit la naissance d’une expression qui jouira d’une grande postérité dans les extrêmes droites occidentales : le complot judéo-maçonnique. Ainsi, différents partis et ligues antimaçonniques apparaissent entre 1830 et 1880 en Europe et aux États-Unis. En France cet antimaçonnisme fut développé entre la fin du XIXe siècle et la Seconde guerre mondiale par une foule de publication et de publicistes dont il serait fastidieux de faire l’inventaire. L’une des plus importantes fut la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (RISS) de monseigneur Jouin.

 

À compter de ce moment, l’idée d’un complot mondial d’une société secrète cherchant à renverser les gouvernements va se diffuser dans différents milieux et dans différents pays. Jusqu’à récemment, cette thèse était surtout mise en avant par des auteurs ou des groupes que l’on peut classer à l’extrême droite, principalement dans la mouvance catholique traditionaliste et contre-révolutionnaire. Encore aujourd’hui, des militants notoires de l’extrême droite, considèrent que la Révolution française est à chercher dans l’action de la franc-maçonnerie. C’est par exemple le cas de l’antisémite et ancien collaborateur Henry Coston qui diffusa cette idée des années 1930 à sa mort en 2001. C’est le cas également de Philippe Ploncard d’Assac. Nous pourrions multiplier les exemples…

 

Henry Coston et Jacques Ploncard (dit d’Assac), le père de Philippe Ploncard d’Assac, étaient des militants d’extrême droite dont l’amitié était soudée amis par un antisémitisme et un antimaçonnisme virulents. Conspirationnistes, ils participèrent durant la guerre au dépouillement des archives du Grand Orient de France et à la recherche d’une supposée subversion maçonnique. Ils étaient en outres des membres influents de la Commission d’études judéo-maçonniques (CEJM), qui siégeait dans les locaux du Grand Orient de France. Le financement de leurs activités provenait des occupants nazis, qu’ils fréquentaient dès 1934, mais également de l’État français. Leurs thèses furent reprises après-guerre par différents groupes extrémistes, allant des néonazis aux catholiques traditionalistes.

 

Dans les années 1930, l’idée fut endossée par Julius Evola dont nous déjà parlé dans Critica Masonica. Il voyait dans celle-ci une création moderne ex nihilo et non pas une persistance d’une tradition immémoriale et s’opposait par conséquent à René Guénon, qui considérait la franc-maçonnerie spéculative comme héritière, certes dégénérée, de la franc-maçonnerie médiévale. Il intégra dans sa pensée antimoderne des éléments conspirationnistes issus des thèses antisémites et contre-révolutionnaires d’auteurs comme Emmanuel Malynski et Léon de Poncins, en particulier au livre La Grande conspiration d’Emmanuel Malynski, dont Léon de Poncins cosigna une version abrégée sous le titre La Guerre occulte. Juifs et Francs-Maçons à la conquête du monde, qu’Evola traduisit et préfaça. Dans ses articles, il se penchait sur la notion de « guerre occulte », c’est-à-dire la guerre menée par les sociétés secrètes, notamment la franc-maçonnerie, et par les Juifs contre la tradition, et analysait l’action de ces dernières au prisme de la « contre-initiation ».

 

L’antimaçonnisme est réapparu quasiment à la fin du conflit, reprenant ses vieilles antiennes. Toutefois, il a également muté, en intégrant au vieil anti-judéo-maçonnisme d’avant-guerre des considérations antisionistes se nourrissant d’un anti-maçonnisme musulman, que nous trouvons par exemple chez Paul-Éric Blanrue, un publiciste négationniste contemporain. Outre celui-ci, l’un des principaux représentants de ce « nouvel » antimaçonnisme en France est Alain Soral. Celui-ci en fait régulièrement la promotion dans ses vidéos. Toutefois son antimaçonnisme se nourrit également de textes « classiques » parus au début du XXe siècle. Ainsi, il a réédité en 2012 la brochure du publiciste Maurice Talmeyr, La Franc-maçonnerie et la Révolution française, paru initialement en 1904. Il s’inspire également des ouvrages d’Henri Coston, et de son héritier intellectuel Emmanuel Ratier, récemment décédé, qui participait à des débats à Égalité & Réconciliation, l’association de Soral. Emmanuel Ratier est une figure intéressante de l’extrême droite : diplômé de Science Po, journaliste, éditeur, ancien membre du GRECE, militant néopaïen, pourfendeur des « lobbies » (juifs et francs-maçons), il est régulièrement accusé d’avoir été franc-maçon. Quoiqu’il en soit, sa feuille confidentielle Faits et Documents est très bien informé, dévoilant les noms d’hommes politiques appartenant ou soupçonnés d’appartenir à une loge. Il reprend la tradition d’un Henri Coston, mais sans son antisémitisme délirant.

 

anti-maçonnisme « les 33 documents maçonniques »

A. DOUZET & B. PROU

EDITION DU DRAGON

 1998

Série de documents antimaçonniques parus entre 1942 et 1944 sous la direction de J.M. RIVIÈRE & FAY. On y trouve l’intégralité des 33 revues parues. Énormément de photos, de noms, d’adresses et de faits maçonniques y sont présentés. Beaucoup sont falsifiés et dénaturés. C’était durant « la chasse aux Francs-maçons par les nazis et le gouvernement de Vichy ».


On pouvait espérer que la période noire de 1940 à 1944 ne reste qu’un moment de l’histoire, dramatique certes, mais révolue à jamais. Les propos actuels tenus par les dirigeants des partis d’extrême droite ressemblent à s’y méprendre aux harangues haineuses des nazis et de leurs émules. Comme toujours les vociférations antimaçonniques voisinent avec les professions de foi racistes. La haine que nous, anciens déportés des bagnes nazis, qui avons souffert de l’aveuglement et de la bestialité des hordes SS, ne connaissons pas, même vis-à-vis de nos anciens bourreaux, cette haine resurgit à nouveau avec force dans les discours extrémistes et les réparties de certains leaders, nostalgiques du gouvernement de Vichy. Soyons vigilants.

Responsable d’un grand nombre de victimes, la dernière offensive antimaçonnique sera de loin la plus violente. Elle se déroulera principalement en France sous les actions conjuguées des Allemands et du gouvernement de Vichy. D’autres pays européens subirent cette répression avec une agressivité moindre et peut-être mesurée.

Afin de préserver son intégralité, la série de 33 fascicules « Documents Maçonniques » est scrupuleusement reproduite dans sa présentation originelle. En agissant de la sorte, nous avons voulu conserver l’authenticité des documents en les replaçant dans leur contexte historique. Le contenu de ces documents, nous le savons, a suscité bien des convoitises mais aussi des polémiques. Les serviteurs du gouvernement de Vichy, en pillant les loges et en divulguant des informations tronquées sur les activités maçonniques, se sont livrés, avec une incroyable habilité, à une campagne de désinformation visant à discréditer et à détruire la Franc-maçonnerie. Ils n’y parviendront jamais.

Parfaitement structurée et entretenue par l’idéologie nazie, cette propagande antimaçonnique fait appel parfois à une terminologie toujours utilisée de nos jours dans les mouvements politiques d’extrême-droite. Le fait pour nous de restituer ces documents sans altération nous amène à déclarer solennellement que nous ne cautionnons en aucune manière les commentaires antimaçonniques écrits par les intellectuels fascistes de cette sombre période de l’histoire de la France. Notre but n’est pas de réécrire l’histoire ni de la commenter. Nous estimons que le lecteur averti pourra se forger lui-même sa propre opinion.

À la Libération, tous les Maçons durent demander leur réintégration et se soumettre à trois enquêtes. Ceux qui, de près ou de loin s’étaient compromis avec le régime de Vichy furent exclus. Pendant 5 ans le recrutement s’était tari, des frères étaient morts, d’autres trop âgés… Les obédiences reprendront leurs travaux. Le Grand Orient ne regroupait plus que 8 000 membres et la grande Loge, 5 000. Telle le Phénix, la Maçonnerie renaît de ses cendres, il lui faudra 30 ans pour retrouver ses effectifs d’avant-guerre.

 

anthologie de la poÉsie maçonnique & symbolique

par J.L. maxence & e. viel

EDITION  DERVY

 2007

Depuis les origines, le fait maçonnique, sa symbolique, ses rituels, ses idéaux sont une source d’inspiration inépuisable pour les poètes, tant issus de son sein qu’extérieurs aux obédiences. Si l’on peut dire que la Franc-maçonnerie est une « poétique en action » en ce qu’elle fait appel à l’inconscient et à l’imaginaire, il n’est donc pas étonnant que la puissance et la richesse de la symbolique maçonnique ait inspiré – et inspire encore – des milliers de « versificateurs ».


Jean-Luc Maxence et Élisabeth Viel ont sélectionné environ deux cents poètes et chansonniers, Francs-maçons ou proches de la Franc-maçonnerie et présentent un ensemble de près de quatre cents poèmes, sur près de trois siècles de la Franc-maçonnerie.


De Voltaire à Jean-Pierre Rosnay, de Gérard de Nerval à Pierre Dac, de Milosz à André Lebey, ce sont tous les arcanes de la création poétique et de la Franc-maçonnerie qui sont mises à jour.
«Les mots sont des oiseaux tués » a écrit Louis Aragon. Les Maîtres Maçons savent, eux, que la Parole a été perdue et qu’ils sont condamnés à utiliser des mots substitués en attendant de la retrouver.

La perte de la parole et sa substitution racontent le cycle de l’évolution : la mort du sens, la dégradation du symbole en signe… Le mot substitué est l’homme figé dans le signe, incapable d’imaginer, d’inventer, de créer, de produire du sens. E. Benveniste, en traitant de la symbolique a écrit : « Ce que Freud a demandé en vain au langage, il aurait pu en quelque sorte le demander au mythe ou à la poésie. »

 

Symbole, mythe, poésie ! Les Francs-maçons, à qui l’on répète, à longueur de rituel, qu’« ici, tout est symbole » et qui apprennent, au fur et à mesure de leur cheminement initiatique qu’en même temps que « les mythes sont fondateurs », ils « sont des mensonges qui disent la Vérité » seraient-ils, tous, des poètes qui s’ignorent ?

Acte créateur s’il en est, qui donne déjà une première interprétation du verset fameux de l’Évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe et… » ; car, pour le moins, c’est en nommant les choses qu’on les crée ! Et la langue est d’abord poétique.

Oui, évidemment, ils le sont, poètes, dans la mesure où, dans cet Occident qui a décrété depuis quelques siècles la suprématie de la pensée logique sur l’inconscient et l’imaginaire, les Francs-maçons sont, eux, par une fréquentation rituélique régulière d’un univers, le Temple, peuplé de symboles et de mythes, invités à appréhender, à comprendre, à apprivoiser la pensée analogique qui guide leur réflexion, leurs sentiments, leurs actes, souvent à leur insu, puis à se réconcilier avec elle, enfin à la canaliser.

Ce long cheminement est, en soi, déjà, un « acte poétique », où, sous la voûte azurée du Cosmos, entre l’équerre et le compas, prenant conscience de sa finitude, l’homme est amené, par un travail de réflexion et de conscientisation, une  « conversion du regard », à élaborer de nouvelles valeurs, à décider de donner un nouveau sens à sa vie, à œuvrer (Gloire au Travail) pour tenter de faire de celle-ci un « chef-d’œuvre ».

Ayant atteint la « maîtrise », c’est-à-dire, pour le moins, ayant compris que le but de la vie est la joie d’être et la jouissance du monde, le Franc-maçon peut envisager un « vivre autrement » et cultiver cet art de vivre.
Ainsi donc, les Francs-maçons pratiqueraient un art de « vivre poétiquement » entre « Force, Sagesse et Beauté » et la Franc-maçonnerie serait de la poésie en acte… !

Ne soyez donc pas étonnés du fait que, parfois, cette seule œuvre qu’est la vie d’un homme, ainsi conçue et vécue lucidement, laisse des traces écrites…

 

ARCHE   ROYALE 

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2003

Très important dossier  sur la Sainte Arche Royale de Jérusalem.

 

G. Gerd nous raconte les diverses péripéties de cette Arche avec sa naissance, son implantation en Amérique en 1753 dans la loge ou l’année précédente (1752) Georges Washington venait d’être initié. Apres ce côté historique, il nous raconte l’histoire biblique de la captivité des Hébreux à Babylone, la destruction du Temple de Jérusalem et sa reconstruction.

 

Edmond Mazet nous emmène aux sources bibliques du rite de l’Arche Royale avec les livres d’Esdras, de Néhémie et le livre des Chroniques.

 

J.P. Rollet nous entraîne dans notre intériorité, et nous demande de méditer tous les symboles de ce rite, tant sur le plan biblique que sur le plan personnel, en empruntant ce chemin comme un développement  de Soi, afin d’aller au centre de notre intériorité et d’y retrouver la Déité pour certains, Maître secret pour d’autres.

 

Pierre Noël nous raconte l’histoire du culte de Baal au XXe siècle et confirme les explications de Sam Eched sur Yah (Dieu), Bul (Dieu Maître, ou Baal), On (Dieu Soleil). Est développé le côté historique de l’Arche Royale et ses diverses explications  en Irlande et en Angleterre, également est expliqué les différents termes employés.

 

Harry Caar donne sa version anglaise sur les péripéties du rite, les approches du récit biblique, les origines des cérémonies de l’Arche, les temples d’Ezechiel et d’Hérode. Des explications pointues sont données sur les mots : Darius 1e, Cyrus, et Zorobabel. Des réponses sont apportées sur les différents noms de Dieu après les diverses attaques en Angleterre par l’Eglise anglicane au sujet du mot sacré de l’Arche, mot sacré qui condense le cœur même de ce suprême degré.

 

Philippe Laspougeas explique l’intérêt qu’a témoigné René Guénon pour l’Arche Royale et ses explications des mots sacrés et divin. Pour René Guénon, rassemblé ce qui est épars, revient à rechercher la Parole perdue.

David F. MacKee  explique la Franc-maçonnerie irlandaise et le conseil des chevaliers maçons. Georges Draffen nous parle des Hauts grades et de l’Arche Royale en Ecosse.

Claude Guérillot explique dans l’églantier anglais les diverses formes du Très Saint Royal Arch.

Roger Dachez nous offre une superbe étude sur les différents : Arch, Arc, Ark, Arche.

René Désaguliers nous soumet son étude sur quatre rituels français anciens de l’Arc Royal. Enfin nous lisons une remarquable conférence de J.M Hammil (bibliothécaire de la grande loge d’Angleterre) datant de 1982 sur les Manuscrits du Royal Arch.

La maçonnerie de la Sainte Arche Royale de Jérusalem, clef de voûte et temple de Zorobabel : C’est, en reprenant la terminologie de la maçonnerie (craft) opérative, « passer de l’équerre au compas. » (« From square to arch »), passage de l’initiation Royale (le roi Salomon et les petits mystères) à l’initiation sacerdotale (Melkitsédeq et les grands mystères), véritable passage de la terre au ciel, telle l’exaltation au sublime degré de la Sainte Arche Royale de Jérusalem. Dans la royauté sacrée, que nous allons étudier, le roi à un caractère sacerdotal, qui en fait un roi-prêtre, qu’il soit du type de la royauté divine (Egypte, Chine) ou de celui de la royauté par grâce divine. A titre d’exemple, cela se traduit chez le Pape par le port d’un vêtement composé d’une robe blanche et d’une cappa rouge. « Ce sont les rapports exacts entre pouvoir sacerdotal et pouvoir royal qui conditionnent la nature et l’état d’une société » C’est la doctrine du Moyen-Age dite des deux glaives, désignant les deux pouvoirs, le glaive spirituel et le glaive temporel, extraite de l’Evangile de Luc (Luc 22-36-38), texte sur lequel saint Bernard a vu le fondement de l’attribution des deux pouvoirs au prince des apôtres, Pierre.

En approfondissant cet enseignement, le Moyen-Age a précisé la nature des deux glaives, en distinguant les notions d’auctoritas et de potestas. L’auctoritas désigne le glaive spirituel, l’autorité spirituelle, la potestas, le glaive du pouvoir temporel. Le domaine de l’autorité spirituelle est celui de la puissance intellectuelle, de la sagesse intégrale et de la vérité divine. Le domaine du pouvoir temporel est celui de la force, de l’administration, de la justice et de la guerre, alors que le rôle de l’autorité spirituelle est de conserver et de transmettre la doctrine traditionnelle supra-humaine (transcendante) dans laquelle la société trouve son fondement. C’est le domaine du sacré, celui du sacerdoce, dont la fonction de la science sacrée, ensuite des rites, lesquels dépendent de la science sacrée Le sacerdoce ne comprend pas seulement les desservants et officiants du culte, mais d’abord et aussi, tous ceux qui ont pour rôle de connaître la doctrine orthodoxe, de la maintenir et d’en approfondir la connaissance.

Au Moyen-Age, c’était la mission des clercs, par opposition aux laïcs, ou encore l’Eglise enseignante par rapport à l’Eglise enseignée. Le domaine de l’autorité spirituelle est celui de la connaissance qu’elle doit transmettre à chacun selon un ordre hiérarchique (dixit Denys l’Aréopagite). Toute connaissance traditionnelle authentique, quelle qu’elle soit, a sa source dans l’enseignement du sacerdoce. Ce qui est personnellement réservé à celui-ci, c’est la science des principes et la métaphysique (et subsidiairement la théologie), dont les sciences dérivent, ainsi que les applications. A son tour, saint Thomas d’Aquin développera aussi, au Moyen-Age, la même doctrine selon laquelle toutes les fonctions humaines sont subordonnées à la contemplation comme à une fin supérieure. Le gouvernement de la vie civile ayant pour vraie raison d’être d’avoir à assurer la paix à cette contemplation (saint Thomas d’Aquin, « Du gouvernement »). Il y a ainsi clairement exposé le principe de la supériorité de la contemplation sur l’action. D’où il s’induit que la morale et les arts, au sens médiéval, c’est-à-dire les techniques traditionnelles propres aux différents métiers, dérivent de la pure science sacrée et ont pour but essentiel d’aider l’homme à y participer, dans la mesure des possibilités de chacun, et ainsi à accomplir sa destinée. Ce que le Christ a résumé ainsi : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné de surcroît. » (Luc 12, 31).

 

« Les formes supérieures contiennent éminemment les formes intérieures » (Aristote) : Autorité spirituelle et pouvoir temporel sont déterminés par leurs domaines respectifs, la contemplation ou la connaissance d’une part et l’action d’autre part. Sans jamais oublier que la contemplation doit précéder l’action car c’est la contemplation qui donne à l’action sa loi, d’où il résulte que l’autorité spirituelle est supérieure au pouvoir temporel. De même, la métaphysique est supérieure à la physique, comme le principe est supérieur à ce qui en dérive C’est ainsi qu’une société traditionnelle vit en harmonie, chacun faisant ce pour quoi il est qualifié. Hors de ce principe, la vie sociale ne peut être que confusion. Ainsi, le pouvoir temporel a besoin d’une consécration de l’autorité spirituelle, consécration qui fait sa légitimité, et que vise l’initiation royale (le roi Salomon). En franc-maçonnerie, le modèle du roi, plus particulièrement pour le Vénérable Maître installé, est le roi Salomon, dont le trône constitue le signe du pouvoir temporel, telle la chaire du Vénérable Maître (et non la chaise !).

 

Le premier livre des Chroniques (29.23) désigne le trône du roi d’Israël comme étant « le trône de Yahweh » et « le trône de la royauté de Yahweh » (I Chronique 28,5). Le roi gouverne son peuple en conformité avec la loi universelle, celle avec laquelle Dieu régit l’univers. Quant à la spiritualité chevaleresque, elle découle de la fonction royale comme étant le magis (magistère), le service dans l’armée du roi éternel, là où l’action est détachée de ses fruits, ce qui est le coeur de l’initiation active.

 

Le pouvoir sacerdotal, la prêtrise : Qu’était-ce que le prêtre en Israël ? Jusqu’à une certaine époque, après la sortie d’Egypte, les fonctions sacerdotales furent confiées aux premiers nés de chaque famille. D’après certains docteurs, il en fut ainsi jusqu’à l’érection du tabernacle. Dans la famille de Jacob, c’est à Ruben et à ses descendants qu’aurait dû échoir cette dignité, si le péché ne l’en avait rendu indigne. La tribu de Lévi prit alors sa place, et chaque premier né, la part consacrée à Dieu. Dans cette structure, le prêtre est l’envoyé, le représentant du peuple auprès de Dieu, plutôt que le représentant de Dieu auprès du peuple. Dans la société israélite, comme dans toute société, les fonctions et les pouvoirs, d’abord concentrés, tendent à se répartir ensuite en organes distincts. Tel fut le cas après que Moïse, le grand législateur, eut été à la fois le chef spirituel et temporel des Hébreux, tant que le sacerdoce ne fut pas encore constitué.

 

Les attributions du sacerdoce israélite consistaient dans le service intérieur du temple et la célébration du culte public. L’instruction qui est confiée aux prêtres concerne le culte, les rites religieux, la distinction entre le pur et l’impur, le saint et le profane, les lois alimentaires et cérémonielles. Ils avaient la garde du dépôt de la Thora. La seule partie de la loi où le prêtre avait une autorité légale reconnue était la législation lévitique représentée dans le Pentateuque par un livre spécial désigné, depuis la plus haute Antiquité, sous le nom de Thora cohanim ou loi sacerdotale (Lévitique).

 

Le sacerdoce : En Mésopotamie et en Egypte, la fonction sacerdotale est assurée par le roi, assisté par un clergé hiérarchisé. Les patriarches bibliques, Abraham, Isaac et Jacob, exercent un sacerdoce familial en construisant des autels et en offrant des sacrifices (Genèse 22, 32-54). Puis apparaissent des prêtres étrangers tels que Melkitsédeq (Genèse 14, 18), prêtre, roi de Jérusalem, et les prêtres de pharaon (Genèse 41, 45, et 47, 22). A partir de Moïse, lévite lui-même, la tribu de Lévi semble avoir des fonctions cultuelles. Elle est élue et consacrée par Dieu lui-même pour son service (Exode 32, 25-29). A côté du sacerdoce lévitique, le sacerdoce familial continue de s’exercer (Juges 6, 18-29-13, 19-17, 5-1 Samuel 7, 1). Sous la monarchie, le roi exerce plusieurs fonctions sacerdotales : il offre des sacrifices, bénit le peuple (I Rois 8, 14). Il ne reçoit le titre de prêtre que dans l’antique psaume 110, 4 qui le compare à Melkitsédeq. En réalité, il est plutôt le chef du sacerdoce qu’un membre de la caste sacerdotale.

 

La référence de Josias, en 621, supprime les sanctuaires locaux et consacre le monopole lévitique et la suprématie du sacerdoce de Jérusalem. La ruine simultanée du temple et de la monarchie (587), puis la disparition progressive du prophétisme, à partir du Ve siècle, accentue encore son autorité. Une hiérarchie sacerdotale rigoureuse s’instaure. Au sommet, est le grand prêtre, fils de Sadoq, qui est le successeur d’Aaron, le prêtre type et modèle. Il reçoit l’onction (Lévitique 8, 12). Au-dessous de lui sont les Chroniques 25, 26).

 

Les fonctions sacerdotales : Le sacerdoce exerce deux ministères fondamentaux :  le service du culte et  le service de la parole. Son acte essentiel est le sacrifice, où il apparaît comme médiateur entre le peuple et Dieu. Le sacerdoce est aussi chargé des rites de consécration (onction royale, I Rois 1, 39) et de purification. Jusqu’à David, le prêtre exerce aussi la divination en maniant l’éphod (I Samuel 30-78), l’urim et le tummim (Samuel 14, 36-42 et Deutéronome 33, 8). En dehors de la voie des prophètes, il y a aussi la forme traditionnelle de la parole, dont le prêtre est le médiateur sous la forme de I ’histoire sainte, de la loi de Moïse, et du Code de l’alliance. Il porte au peuple, la parole de DIEU au nom de la Tradition, et non de son propre chef. Il porte à Dieu la prière du peuple dans la liturgie et il répond à cette prière par la bénédiction divine-.

 

« Avec l’épitre aux Hébreux, Jésus est à la fois le grand prêtre de la nouvelle Alliance, le messie-roi et le verbe de Dieu. L’Ancien Testament avait distingué les médiations du roi et du prêtre (le temporel et le spirituel), du prêtre et du prophète (l’institution et l’événement) : distinctions nécessaires à l’intelligence des valeurs propres de la Révélation. Parce que sa transcendance le situe au-dessus des équivoques de l’histoire, Jésus réunit en sa personne ces médiations diverses : fils de Dieu, il est la parole éternelle qui achève et dépasse le message des prophètes ; fils de l’homme, il assume toute l’humanité, il en est le roi avec une autorité et un amour inconnus jusqu’à Lui, médiateur unique entre Dieu et son peuple, il est le prêtre parfait par qui les hommes sont sanctifiés. » (« Vocabulaire de théologie biblique », Le Cerf, Paris, 1988, colonne 1162, article intitulé Sacerdoce). La première épitre de Pierre et l’Apocalypse attribuent au peuple chrétien le sacerdoce royal d’Israël (I Pierre 2, 5-9 et Apocalypse 1, 6/ 5-10 et 20, 6). Ce sacerdoce du peuple de Dieu ne peut être exercé concrètement que par des ministres appelés de Dieu, qui assurent un service de médiation.

 

Le pouvoir prophétique, le prophète (le maître spirituel) : Ses origines dans la Bible : Le titre de prophète est donné à Abraham, mais c’est par un transfert tardif (Genèse 20, 7). Quant à Moïse, il est une des sources de la prophétie en Israël (Exode 7, 1-Nombres 11, 17-23), donc plus qu’un prophète (Nombres 12, 6-8). Seul le Deutéronome lui donne ce nom (Deutéronome 18, 15), en précisant que personne après lui ne l’a égalé. A la fin de la période des juges, le prophétisme prend des aspects variés sous les termes de nabi (appelé), (IS. 9, 9), visionnaire (Amos 7, 12), homme de Dieu (Isaïe 9, 78) attribué à Elie et à Elisée (II Rois 4, 9). Cependant, il a bien existé une véritable tradition prophétique qui se perpétua grâce aux disciples des prophètes. On est bien dans le cadre d’une tradition vivante où l’Ecriture joue son rôle (Isaïe 8, 16- Jérémie 36,4) de même que le rapport de prophète à disciple enseignant (Isaïe 50, 48 et 42, 2). C’est de Dieu que les prophètes tiennent la parole. Le charisme prophétique est un charisme de Révélation (Amos 3, 7-Jérémie 23, 18-II Rois 6, 12), qui fait connaître à l’homme ce qu’il ne pourrait découvrir par lui-même.

 

Le prophète dans la communauté : Il joue un rôle, avec le prêtre, dans le sacre du roi (I Rois 1). Roi, prêtre, prophète sont pendant longtemps comme les trois pôles de la société d’Israël. Ils éclairent les rois, tels Nathan, Gad, Elisée, Isaïe, Jérémie. Cependant, le prophétisme n’est pas une institution comme la royauté ou le sacerdoce. C’est un pur don de Dieu (Deutéronome 18, 14 ; 19). C’est la vocation qui constitue le prophète. Tel fut le cas le cas de Moïse, Samuel, Amos, Isaïe, Jérémie, Ezechiel. Elle conduit toujours à une mission dont l’instrument est la bouche du prophète qui dira la parole de Dieu (Jérémie 1, 9 et 15, 19. Isaïe 6, 6S ; Ezechiel 3, 1 S). La parole prophétique est d’ordre eschatologique et non pas immédiat ; c’est nous qu’elle concerne (I Pierre I, 10 S).

 

Le prophète, la tradition, la loi et le culte : Prophétisme et législation sont des fonctions distinctes à l’intérieur de la société traditionnelle. Le prophète dénonce les fautes contre la loi sans attendre d’être saisi d’un cas particulier, sans référence à un pouvoir acquis auprès de la société et sans un savoir appris d’autrui. Par son charisme, il atteint le point secret où chaque homme a à se déterminer en choisissant ou en repoussant la lumière-. Les prophètes vitupèrent plus violemment les prêtres et tous les responsables (Isaïe 3, 2 ; Jérémie 5, 45) qui détiennent les normes (Osée 5, 1 ; Isaïe 10, 1) et les faussent. Contre une telle situation, la loi est sans armes. Dans la perversion des signes, le seul recours est le discernement entre deux esprits, celui du mal et celui de Dieu : c’est la situation où l’on voit s’affronter prophète contre prophète (Jérémie, 28). (« Vocabulaire de théologie biblique », Les prophètes s’opposent au peuple d’Israël, qui reste fixé à une image heureuse du passé dont il désire s’assurer la reconduction indéfinie (Jérémie 21, 2 ; Isaïe 56, 12). Les prophètes ne cherchent pas le retour à un état antérieur, sans renier le passé (Osée Il, 1 5 et Jérémie 2, 28).

 

Le prophète et le culte : Ils ne confondent pas le passé avec ses survivances mortes et Jérémie annonce qu’il y aura une alliance nouvelle (Jérémie 31 ; 31, 34). La loi n’est pas supprimée, mais change de place. Les prophètes rappellent que les signes ont une valeur relative, en tant qu’ils n’ont pas toujours été et ne seront pas toujours tels qu’ils sont (Amos 5, 25 ; Jérémie 7, 22), et ne sont capables, par eux-mêmes, ni de purifier ni de sauver (He. 10, 1).Le prophète voit d’un seul regard les vérités éternelles et les faits où ils se manifestent. Ils lui sont révélés par la grâce de son charisme. Pour lui seul, l’avenir lointain est décisif. La fin de l’histoire est l’objet essentiel de la prophétie, l’avenir étant à l’oeuvre dans le présent dont il sera l’aujourd’hui. Saint Jean-l’Evangéliste, l’un de nos saints patrons en franc-maçonnerie, en est le modèle avec son Apocalypse, révélation par excellence, de l’événement absolu, centre et fin de l’histoire humaine.

 

Le prophète aujourd’hui : « Puisse tout le peuple être prophète ! », souhaitait déjà Moïse (Nombres 11, 29). Et Joël voyait ce souhait se réaliser aux derniers temps (Joël 3,1 ; 4). Le prophète n’a pas pour seule fonction de prédire l’avenir : il édifie, exhorte, console (1 Corinthiens14, 3), fonctions qui touchent de près à la prédication. Il ne saurait ramener à soi la communauté (1 Corinthiens 12, 4 ; Il). Quant au prophétisme authentique, il reste reconnaissable grâce aux règles du discernement des esprits. Dans l’Ancien Testament, le voyant est un précurseur du prophète et est comme la source légitime d’une révélation donnée par Dieu (ls. 28, 6). Le prophète isolé intervient sans qu’on le lui demande, à la différence du voyant, dans la vie de l’individu ou dans celle du peuple. On considère généralement Moïse comme le fondateur et le prototype du prophétisme israélite (Dt. 18, 18). On attribue aussi le titre de prophète à Abraham (psaume 105, 15) et à Miryam (Exode 15, 20) et à Debora (Juges 4, 4). Les prophètes classiques de I ’Ecriture, appelés directement par Yahweh apparaissent dès le milieu du VIIIe siècle (Amos, Osée, Isaïe, Michée). Leur tâche consiste en la prédication de la parole. Après l’exil, le judaïsme a vu tarir la prophétie, remplacée par les sages et les docteurs de la loi.

 

 Le prophétisme dans l’Ancien Testament : La naissance de Jésus est entourée de paroles prophétiques (Luc 1, 41 et 2, 25). Tous les chrétiens sont, par principe, favorisés du don prophétique (Actes 2, 17 et 1 Co. 14, 1 ; 39), mais seuls des individus isolés l’exercent comme un charisme particulier, parce qu’ils sont mandatés de façon spéciale. Ils sont placés à côté des apôtres (I Co. 12, 29 ; Eph. 3, 5 ; Luc Il, 49). Unis à eux, ils constituent le fondement de I ’Eglise (Eph. 2, 20). « Par prophétie, il ne s’agit pas d’entendre prédiction, mais bien plutôt prédication, proclamation des intentions de Dieu à l’égard de son peuple, et au-delà du peuple : du monde ! » (Jacques-Noël Pérès, « Les Trois Pouvoirs », La prophétie n’est ni vague, ni abstraite : elle implique un temps et un lieu déterminés.

 

Elle est le rappel au peuple de l’Alliance, vivant l’Alliance, de cette Alliance. Elle est anticipation du royaume de Dieu et des temps qui viennent : l’eschatologie. Le prophétisme est dans l ’Eglise. Il est dans notre époque. Il doit se traduire par : l’enseignement doctrinal et l’homélie ; la proposition claire de remèdes et de solutions aux crises actuelles des hommes et de la société ; la vision claire et précise de l’avenir proche et dernier. « L’idée d’inspiration est proche de celle de prophétie, qui comprend elle-même dans sa vaste extension tout le déploiement des figures. Or, celles-ci ne peuvent être pleinement comprises, souvent même elles ne peuvent être décelées qu’une fois venue la vérité qu’elles annoncent. »

 

Les trois pouvoirs à la Sainte Arche Royale de Jérusalem : En franc-maçonnerie de tradition, dans la direction des chapitres de la Sainte Arche Royale de Jérusalem, trois pouvoirs sont représentés par le premier principal, qui représente Zorobabel et le pouvoir royal, le deuxième principal qui représente Aggée et le pouvoir prophétique et le troisième principal qui représente Josué et le pouvoir sacerdotal. Les attributs de leurs sceptres et la couleur de leur robe dénotent les dignités royale, prophétique et sacerdotale. Il est à souligner qu’ils sont revêtus d’une dignité plus qu’ils n’exercent un pouvoir, lequel n’appartient qu’à Dieu, qui, de sa libre volonté, éclaire par le volume de la loi sacrée ceux auxquels quelque responsabilité est confiée. En effet, suivant la définition du Nouveau Larousse universel (Paris, 1949) le pouvoir est une faculté de faire, avoir la faculté, le moyen, l’autorité, de faire, alors que la dignité est une fonction ou une charge qu’on exerce parce qu’on en a reçu délégation (Petit Robert).

 

Aussi les trois pouvoirs, royal, prophétique et sacerdotal, sont issus de Dieu et c’est Lui qui constitue également ceux qui seront ses serviteurs de manière très spécifique. Ses serviteurs, c’est-à-dire ses ministres, car les fonctions royales, prophétique et sacerdotale sont des ministères. Ces trois ministères ne s’exercent pas de façon isolée, mais en harmonie (« Nous trois ici réunis, affectueux et unis », rituel d’ouverture). Qu’est-ce qu’un ministre et en quoi consiste un ministère dans le vocabulaire biblique ? Les mots ministre et ministère sont calqués sur le latin de la Vulgate et correspondent au grec diakonos et Diakonia.

 

Dès l’Ancien Testament, la réalité d’un ministère religieux accompli dans le peuple de Dieu par les titulaires de certaines fonctions sacrées est une chose attestée : les rois, les prophètes, les dépositaires du sacerdoce, sont des serviteurs de Dieu, qui exercent une médiation entre Lui et son peuple. Le mot diakonia s’applique tout d’abord à des services matériels nécessaires à la communauté. L’esprit diversifie ses charismes en vue de l’oeuvre du ministère (Ephésiens 4 ; 12). La fonction de parole est toujours en tête des charismes. Il s’agit alors d’anciens, qui ont le titre de presbytres (Tite 1, 5), dont le recrutement est soumis à des règles précises et qui sont établis dans leur fonction par l’imposition des mains (1 Timothée 5, .17 ; 22

 

ARCHE  ROYALE  -  La  Franc-maçonnerie de la Sainte Arche  Royale    Pourquoi et Comment

MICHEL  GORTCHAKOFF

Collection   Le  COMPAS

 1997

Cet ouvrage de M. Gortchakoff propose une réflexion sur le rite maçonnique  mal connu dit de l’Arche Royale. Il entend faire comprendre comment ce menu traditionnel est le complément parfait du degré de Maître Maçon.

 

Le lecteur y trouvera des éléments d’étude et de recherche sur l’archétype de la reconstruction du Temple et de la Parole perdue enfin retrouvée. Dans ce schéma initiatique, alliant tradition et modernité, Michel Gortchakoff fait une proposition nouvelle de la maçonnerie de l’Arche Royale, mais aussi adaptée aux temps présents.

 

Quelques thèmes développés par l’auteur, avec toujours la même question : Pourquoi et Comment ?


L’orientation du chapitre, l’historique, les rituels, l’histoire biblique, l’œcuménisme de l’Arche, le complément du Maître Maçon, l’autel, le pentalpha, l’hexagramme, le Tau et le triple Tau, les bannières, l’équerre, la voûte et la clé, qu’il ne nous quitte pas avec précipitation, les différentes voies de réalisation spirituelles, nous trois ici réunis, les trois Grandes Loges, les six lumières, la truelle à la main et le glaive au côté, les Noms et les pouvoirs, la dignité royale, la dignité prophétique et la dignité sacerdotale.

 

ARCHE  ROYALE  -  L’ARCHE ROYALE DES FRANCS-MAÇONS

BERNARD JONES

EDITION DE LA HUTTE

 2010

« The Freemasons’book of the royal arch » est une publication de toute première importance dans la littérature maçonnique anglo-saxonne. Somme historique considérable de Bernard E. Jones –connu pour la rigueur et l’intérêt de ses travaux dans le cadre de la loge Ars Quatuor Coronati No 2076 de Londres- complétée par son stupéfiant et non moins célèbre collègue Harry Carr, ce livre reprend et analyse toutes les sources anciennes de l’Ordre de l’Arche Royale, en le resituant dans l’ensemble des systèmes de recouvrement de  parole naissant au XVIIIe siècle, puis en traçant ses évolutions interprétatives particulières, depuis lors jusqu’aux formes actuellement fixées.

 

Unique en son genre, ce livre décrit et compare les structures rituelles et graduelles des concepts d’Arche anglais, américains, écossais et irlandais en puisant profondément dans les ressources symboliques de l’histoire de l’Ordre. Il s’en dégage un corpus ésotérique solidement enraciné dans les origines de cet ensemble de grades apparemment mystérieux, mais qui trouve sa place comme clé de voûte de la franc-maçonnerie universelle et symbolique pour quiconque travaille un tant soit peu le rituel de son propre chapitre et sa signification, ce que ce livre aidera grandement.

 

Ce livre en édition française est un indispensable de la bibliothèque de tous les maçons de l’Arche Royale qui souhaitent affiner leur culture de l’Arche et leur compréhension de la franc-maçonnerie de la parole perdue. La traduction a été faite par Georges Lamoine, la Préface et édition critique par Jean Solis, le tout avec l’aide d’André Bassou.

 

Est développé :

 

Les tableaux de l’Arche, les ateliers, les juridictions, l’histoire de l’Arche et ses développement à travers le monde, l’aspect chrétien des rituels anciens, les passerelles entre l’Arche et la Franc-maçonnerie, le chevalier Ramsay, John Coustos, la guerre entre les maçons anciens et modernes, Lord Blayney, la charte de compromis, Thomas Dunckerley, les diverses patentes, fondation des grands chapitres de l’Arche Royale, le grand chapitre d’York, explications des termes de compagnon, séjournants, exaltation, le portier, pure maçonnerie ancienne, le quorum, les légendes de l’Arche Royale, Philostorgius, la crypte, Calliste, l’Arche, l’Arche caténaire et triple, la double pierre cubique, le cercle, le point dans le cercle, le yod, le Tau et le triple Tau, la croix, les divers triangles, l’hexalpha, le pentalpha, l’étoile à 5 branches, la pierre d’autel, les lumières, les bannières, les planches à tracer, les décors, la coiffure, le tablier, le baudrier, les colliers et chaines, les bijoux.

 

ARCHE  ROYALE  -   LES  CAHIERS DE L’ARCHE  -   par     Le Grand Chapitre de l’Arche Royale

 

ARCHE  ROYALE   PARIS

 1988

5 volumes pour expliquer ce degré, complément du Maître Maçon.

 

Le premier volume nous parle de : Esdras et Néhémie, les bannières, les trois pouvoirs, le triple Tau, les trois loges, les cinq corps platoniciens, le tabernacle, le rituel « Domatic »

 

Le deuxième volume étudie le rite domatique de la Sainte Arche Royale de Jérusalem, Zorobabel prince du peuple, les vêtements du grand prêtre, son pectoral et son utilisation dans la Bible.  Le sanhédrin est expliqué.

 

Le troisième volume commente les manuscrits du Royal Arch (1780-1830), deux rituels oubliés du rite ancien : le Pass Master et Royal Arche, René Guénon et l’Arche Royale, les corps platoniciens et le fondement de la fraternité dans les sociétés initiatiques, les trois principaux, les personnages des bannières du rite domatique du Royal Arch et leur signification selon la tradition judéo-chrétienne transcrite par Richard de Saint Victor.

 

Le quatrième volume explique l’évolution du rite, sa naissance, comment les loges bleues par la voie hiramique préparent à ce degré. Les références des années 1720 et 1730, le cinquième ordre, le chevalier de Ramsay, la grande loge des Anciens, l’évolution du rite en Ecosse, Irlande, Angleterre et en Amérique. Divers chapitres d’Angleterre, la charte de fondation en 1766.

 

Le cinquième volume rappelle les règles et ordonnances, la Grande Loge d’York, et les premiers chapitres d’York, explications des termes de compagnons, Séjourneurs ou Séjournants, the Janitor, l’exaltation. L’expression  «Pure et ancienne maçonnerie », les titres et appellations, la légende de la crypte, le caveau, l’Arche, l’Arche caténiforme et triple, la double pierre cubique. Les origines bibliques, le sanhédrin, le nom ineffable, le tétragramme, ouverture et fermeture, les lectures des Principaux, leur installation, l’office de Principal et son passage dans la chaire de Zorobabel. 

 

ARCHE  ROYALE. l’Ésotérisme maçonnique du rite de l’arche royale

F.X. mafuta

Edition du Cosmogone

 2005

Le présent travail nous éclaire sur les mystères de l’Arche d’Alliance et de la réédification du Temple de Jérusalem par Zorobabel. L’auteur donne des informations essentielles à qui veut approcher la Franc-maçonnerie comme fait culturel et, à partir des mythes et des légendes, découvrir les grades de Maître-maçon et de Compagnon de l’Arche Royale de Jérusalem.


Le rite de l’Arche Royale serait-il à la fois la base et la clef de voûte de l’édifice maçonnique ? Arche Royale, disons-nous : Arche comme un vaisseau, arche comme ce berceau qui flotte sur les eaux et qui contient un enfant nommé Moïse à qui plus tard Dieu révélera Son Nom Sacré.

 

Arche comme ce vaisseau, arche qui unie dans leur principe tous les symboles qui vont de l’Arche de Noé aux Temples de Salomon et de Zorobabel.


Le rite de l’Arche Royale, arche mystérieuse qui vogue sans bruit, souvent désertée par les « appelés », ignorée par la plupart, doit se manifester ouvertement aux Maîtres Maçons de tous les rites de la Franc-maçonnerie.


Y sont expliqués : l’origine de l’Arche Royale, la parole perdue, la déportation à Babylone, le nom ineffable, la lumière, l’Arche d’Alliance, le triple TAU, les couleurs de l’Arche Royale et les bannières.

 

 

ART ROYAL DANS LA FRANC-MAÇONNERIEde la royauté à la construction du temple    -            N°  54   -

Jean Onofrio

Edition  Maison de Vie

 2013

La Franc-maçonnerie est-elle un art, et, plus précisément un art royal ? Cette étrange expression, loin d’être désuète, évoque la plus haute dimension initiatique de la Franc-maçonnerie originelle qui vise à bâtir le temple de l’homme en s’inspirant de la royauté en esprit et en pratiquant le rite adéquat, art royal par excellence.

 

Cet ouvrage nous invite à découvrir les secrets de l’art royal, sa nature alchimique et sa fonction primordiale : Transformer la nature en art et mettre l’harmonie à la place du chaos.

 

S’il y a tout un pan de la F.M. qui est devenu complètement profane et ne prétend plus être un art, demeure une F.M. héritière d’une longue tradition de bâtisseurs, dans laquelle l’art (en grec le mot art se dit tékné et signifie également œuvre de métier) joue un rôle tout à fait capital. La Maçonnerie est un art si elle est initiatique.

 

L’auteur tente d’établir que la F.M. initiatique (en grec le mot initiation s’écrit télétè la célébration des mystères, également il évoque la mise sur le chemin) a une fonction de transmission dans le domaine de la création, car elle s’attache à prolonger l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers afin de manifester la présence du Principe.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Franc-maçonnerie est-elle un art ?

Quels sont les secrets de l’Art royal ?

Existe-t-il un art initiatique communautaire et un temple intérieur ?

Quelles connaissances dispensent la F.M. Microcosme et macrocosme.

L’initiation est-elle un métier ? métier d’initié et métier immuable.

L’Art royal a-t-il une dimension alchimique ? Creuset et transmutation alchimique

Le rite est-il un art royal ? Perpétuer l’ordre universel

Qu’est-ce que la royauté en esprit ? L’esprit souffle de vie. Intégration au processus créateur

L’ultime fonction de l’Art royal. Renaissance. La Règle. Ordo ab chao

 

AUX SOURCES DU REAA – LE CAHIER DE LOGE DU VḖNḖRABLE TARADE. MANUSCRIT TḖMOIN DE LA VIE MAÇONNIQUE DE 1761 A 1776 -

Claude Gagne et Dominique Jardin

Edition Dervy

2017

La publication du manuscrit Tarade (1761-1776) offre au maçon du XXIe siècle un exceptionnel document de réflexion et d'étude pour découvrir et étudier les anciens rituels. Intégralement reproduit avec sa transcription et accompagné de commentaires, ce manuscrit inédit retrace la vie de la loge parisienne Saint Théodore de la Sincérité, probable loge de musiciens, et donne un tableau très complet des grades pratiqués au milieu du 18e siècle, période clef de l'histoire maçonnique où les différentes obédiences se mettent en place.

 

Succédant aux trois premiers grades, les rituels de la maçonnerie "pour les Dames" sont présentés et augmentés d'un quatrième grade d'Ecossaise "inventé par le Frère Lachaussée".

 

Huit rituels de hauts grades sont décrits dans une version souvent archaïsante, passionnants pour l'étude de leur mise en place et la construction du futur REAA dont ils constituent une source féconde. S'y ajoute le dévoilement de douze grades trinitaires, mouvance si particulière et surprenante pour nombre de maçons contemporains.

 

Ces rituels sont accompagnés de tableaux de loge, dessins croqués sur le vif et d'une grande fraicheur ou lavis exécutés soigneusement pour la maçonnerie féminine. Les tableaux de loge des grades trinitaires, particulièrement rares, permettent de mesurer l'influence des Trinitaires sur l'établissement des derniers grades du REAA. La recension des tenues et des initiations complète utilement le manuscrit. Ce travail de transcription et d'analyse associe les quatre mains de Claude Gagne et Dominique Jardin dans une démarche passionnée et de fructueuse amitié.

Voici donc un document exceptionnel pour servir à l’étude et à la compréhension des anciens rituels mais aussi, sans doute, du rapport que nous entretenons avec cet outil qu’est le rituel. Le manuscrit publié de belle manière dans ce livre, commenté avec soin et rigueur, restitue la vie d’une loge parisienne, Saint Théodore de la Sincérité, composée en grande partie semble-t-il de musiciens, à une période de mutation maçonnique, le milieu du  18e siècle, qui voit se constituer les différentes obédiences.

 

Nos deux auteurs allient leurs compétences pour servir à la compréhension du REAA. Ils confirment, comme le remarque Pierre Mollier dans sa préface à l’ouvrage que les hauts grades ne sont pas un ajout tardif et que leur élaboration a pu, pour les plus anciens, servir à la fixation des trois premiers grades. Cela introduit un tout autre regard sur la cohérence d’un rite.

 

Le manuscrit du Vénérable Tarade est composé des trois premiers grades puis des rituels de la maçonnerie « pour les Dames » augmentés d’un quatrième grade d’Ecossaise, dû au Frère Lachaussée et de huit rituels de hauts grades. A ceci s’ajoutent les dessins des tableaux de loge et les notes du Vénérable Tarade, compte-rendu des réunions de loge, permettant d’approcher la mise en œuvre des rituels dans le quotidien de la loge. Ainsi, au lieu d’un objet figé, sujet d’étude distante, le rituel peut être approché comme un processus dynamique. Ce n’est donc pas une froide analyse de manuscrits qui nous est proposée mais une participation à la vie maçonnique de l’époque, susceptible de nourrir nos propres pratiques.

 

L’ouvrage nous rappelle que les rituels sont inventés par des êtres humains, qui cherchent, tâtonnent, expérimentent, choisissent, dans un contexte donné, avec une intention plus ou moins claire. Des divisions apparaissent, parfois sociales, parfois structurelles, des désaccords s’affirment, des alliances et des réconciliations se font jour dans un temps de protoécossisme. L’influence des Trinitaires est de plus en plus marquée en avançant dans l’échelle de grades pour s’imposer dans les derniers grades du REAA. Si on se reporte aux comptes-rendus du Vénérable Tarade, il apparaît que la vie administrative de la loge est réduite au minimum, peut-être une leçon salutaire pour notre époque maçonnique cannibalisée par l’administration.

 

La richesse du contenu, la précision des commentaires, les questions ainsi posées font de ce livre, non seulement une contribution majeure à l’histoire du REAA ou de la Franc-maçonnerie en général mais une invitation à réfléchir à la nature du travail maçonnique. L’initiation n’obéit pas qu’à l’imitation, elle est aussi une invention. En rendant compte d’un véritable laboratoire maçonnique en plein XVIIIème siècle, Claude Gagne et Dominique Jardin nous appellent aussi à nous réapproprier le procès initiatique et à éviter l’enfermement par l’une des « machines réplicantes » de Gilles Deleuze. En effet, la dynamique qui conduit à la fixation, relative et sans cesse interrogeable, des rituels, ne devrait pas cesser quand les formes sont arrêtées, elle peut se poursuivre jusqu’à l’essence qui justifie la forme initiatique.

 

La « franche-maçonnerie » s'implante en France vers 1725 dans l'ambiance anglophile et libérale de la Régence. Elle apparaît dans le sillage de Britanniques exilés pour des raisons politiques ou religieuses. Accueillie comme une mode par l'aristocratie, elle s'étend rapidement à la bourgeoisie et s'enracine dans la société d'Ancien Régime. La maçonnerie française n'est pas une simple importation : elle intègre des formes de sociabilités anciennes (confréries de pénitents, compagnies d'archers) qui se fondent dans les nouvelles loges. Une dizaine de loges parisiennes voient ainsi le jour dans les années 1720. Elles reçoivent des patentes de la Grande Loge de Londres. Dans la décennie 1730, des loges se créent également en province. A partir de 1740, la maçonnerie s'étend dans toute la France. Rares sont les villes qui ne comptent pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où, dans l'esprit du siècle, les frères célèbrent la vertu et l'égalité. Des loges féminines d'adoption commencent même à se constituer dans les milieux aristocratiques.

 

La franc-maçonnerie française recrute au départ surtout dans la noblesse, puis s'ouvre peu à peu au monde des négociants, et marchands, fonctionnaires royaux, juristes, capitaines de navires et officiers militaires. Le gouvernement du cardinal de Fleury cherchera, vainement, à interdire la franc-maçonnerie, y voyant un repaire de jansénistes opposants à la monarchie absolue et partisans de la liberté conscience. Des ordonnances royales vont interdire les réunions maçonniques et la police interviendra plusieurs fois pour déloger des francs-maçons des tavernes où ils se réunissent. Mais les francs-maçons bénéficient d'une tolérance, renforcée par la nomination du duc d'Antin comme Grand Maître en 1738.

 

Cette même année, la bulle « in Eminenti » du pape Clément XII, qui reproche aux francs-maçons leur tolérance à l'égard des autres confessions, interdit aux catholiques de devenir francs-maçons sous peine d'excommunication. Mais la bulle n'est pas enregistrée par le Parlement de Paris, ce qui la rend inapplicable. Elle n'empêche pas non plus le recrutement d'ecclésiastiques, séculiers ou moines, dans les loges. C'est aussi l'époque ou « les secrets » des maçons sont révélés au public par des livres ou des gravures, et celle du discours d'André-Michel de Ramsay, texte fondateur, qui attribue à la maçonnerie la mission de répandre la philanthropie, une discrétion inviolable, le goût des beaux-arts et les devoirs de l'humanité. Ce programme, nullement politique et social, sera longtemps celui de la maçonnerie française.

 

L'essor de la pratique maçonnique favorise une mutation des mentalités et promeut un modèle de démocratie associative. Elle est pénétrée par les lumières et ses pratiques contribuent à l'émergence d'un esprit philosophique et d'une pensée rationaliste qui influencent toute la société à la fin de l'Ancien Régime. La franc-maçonnerie française connaît un développement important, mais parfois un peu anarchique, qui s'accompagne d'une difficulté à s'organiser. Des tendances s'affrontent, notamment l'une composée de membres de la noblesse, l'autre de maîtres parisiens issus de la petite bourgeoisie.

 

De 1728 à 1771, la première Grande Loge échoue à s'organiser durablement et à faire reconnaître son autorité. En 1771, à la mort du comte de Clermont, le duc de Chartres – futur Philippe Egalité – devient Grand Maître. Pour mettre fin au désordre qui règne, une assemblée générale de toutes les loges de France est organisée. Elle réunit 400 loges et décide fin 1772 à une large majorité de se constituer en Grand Orient de France (juin 1773), qui introduit deux nouveautés majeures : l'élection périodique des vénérables, jusqu'alors propriétaires à vie de leur patente, et une administration plus structurée

 

Cet ouvrage précède ou suit le livre de Jean-Luc Leguay « Rituels perdus », (Chapitre 1 R), ainsi ces deux ouvrages sont très complémentaire

 

AUX SOURCES DE L’ÉCOSSISME      LE PREMIER TUILEUR ILLUSTRÉ   -   80  TABLEAUX  DE LOGE ET BIJOUX MAÇONNIQUES

Dominique Jardin

Edition Dervy

 2019

Un tuileur est un document qui rassemble les connaissances indispensables au Maçon pour répondre aux questions posées puis être autorisé à entrer dans un temple maçonnique. Les premiers tuileurs édités datent du XIXe siècle et présentent, pour chaque grade, les mots, signes et attouchements demandés. Ils sont cependant en noir et blanc et peu illustrés.

 

Notre ouvrage dévoile et étudie le plus ancien tuileur maçonnique manuscrit et aquarellé connu : il date du XVIIIe siècle. L'ensemble présente une collection d'images, exceptionnelle par son ampleur et sa beauté, de tableaux de loge et de bijoux maçonniques parmi les plus rares parvenus jusqu'à nous qui en font un formidable outil initiatique. Il offre aussi des documents indispensables à la compréhension de l'évolution de la franc-maçonnerie. Le commentaire historique et symbolique présenté ici est essentiel pour les apprécier, comprendre leurs significations et les relier à la franc-maçonnerie contemporaine.

À partir de ces images authentiques et originales, le lecteur, sérieusement accompagné par un guide sûr, peut alors visiter et travailler les principaux grades, en particulier les Hauts grades et acquérir les clefs de compréhension pour s'aventurer dans les territoires méconnus de l'Ecossisme dont la connaissance se révèle indispensable à toute quête initiatique. Nos analyses s'appuient sur le manuscrit de la Bibliothèque de la Maison des Maçons - Grande Loge Nationale Française Bib.2007, auquel nous associons les planches aquarellées de la Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rites Ecossais du Grand Orient de France, tous deux inédits mais d'une origine commune.

Nous avons aussi retrouvé et publions les manuscrits-sources conservés à la Bibliothèque nationale de France et une version, elle aussi exceptionnelle, conservée à la bibliothèque de la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA).

 

Cette publication est remarquable. Dominique Jardin, agrégé et Docteur en histoire, auteurs de nombreux travaux, met pour la première fois à notre disposition le plus ancien tuileur maçonnique manuscrit, ce qu’il désigne comme un proto-tuileur : « Le manuscrit étudié est sans doute le premier tuileur de l’histoire maçonnique. Ce proto-tuileur est extrêmement rare puisque très haut en époque pour ce type de document manuscrit, très complet par le nombre de grades traités et très illustré puisque chaque grade est accompagné de l’iconographie du tableau et du bijou correspondants. De plus, contrairement aux manuscrits de la BnF qui en sont la source, son iconographie est complètement aquarellée. Tous les mots et mots de passe y figurent également en alphabet maçonnique, ainsi que les différents signes et attouchements. C’est-à-dire que nous avons affaire ici au « nucléus fondamental » de la maçonnerie et à un formidable outil initiatique. »

 

C’est non seulement un tuileur, sans doute le premier, mais c’est une œuvre d’art qui nous est proposée. Le manuscrit de la Maison des Maçons, de la Bibliothèque de la GLNF, Précis des huit premiers grades ornés de discours et d’histoires allégoriques relatifs au respectable ordre de la franc-maçonnerie, comporte quatre-vingts planches hors texte en couleur, de qualité, quand la plupart des tuileurs anciens proposent des illustrations en noir et blanc. Les grades, pour la plupart, feront partie du futur REAA mais certains correspondent aux grades du système du baron de Tschoudy. Par ailleurs, les textes permettent de préciser la nature des planches. Ce document est complété notamment par les planches de la Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rites Ecossais du Grand Orient de France. 

 

L’ensemble iconographique commenté constitue une matière de grande valeur pour la réflexion initiatique et l’exploration des grades. Il permet aussi d’envisager la mise en œuvre de grades inconnus ou encore considérés comme intermédiaires. Le foisonnement de grades et de rituels démontre, en ce XVIIIème siècle si surprenant, que le rituel est vivant, et non figé par quelque décret, construit et reconstruit à partir de matériaux divers, religieux ou mythiques. Repartir de l’iconographie, plutôt que de commentaires secondaires permet de reconquérir le sens et d’approcher peut-être le projet initiatique initial. Le travail considérable de l’auteur, Dominique Jardin, doit être salué à sa juste valeur. C’est tout simplement exceptionnel.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Un proto-tuileur du XVIIIe siècle

Les grades de la F.M. en France vers 1780 -  Comment les maçons se sont appropriés la Bible et que usage en font-ils ?  -  Un proto-tuileur, l’ancêtre des tuileurs -  Une iconographie exceptionnelle, présentation des séries d’images  -  Les étapes de l’élaboration du tuileur  -  Un texte très simplifié  -  Les types d’écritures  -  Une nécessaire interprétation  -  les grades du manuscrit  -  Un magnifique ensemble de bijoux maçonniques  -  Un recueil très complet de tableaux de loge  -

 

Chapitre 2 : commentaire du manuscrit

Les iconographies des trois premiers grades  - Maître  -  Maître parfait  -  Petit Elu  -  Elu de l’Inconnu  -  Elu des quinze  -  Chevalier du Lyon  -  Chevalier de l’Ancre   -  L’Illustre  -  Petit Maître anglais  -  Maître Irlandois  -  Ecossais de Clermont  -  Le Sublime Ecossois  -  Sublime Ecossois d’Angleterre  -  Le parfait Maître Anglois  -  Le Sublime Choix  - Ecossois de Saint André  -  Le Chevalier d’Orient  -   Chevalier d’Occident  -   Le Chevalier du Soleil  -  Souverain commandeur du Temple  -  Chevalier du Phénix  -  Elu Suprême  -  Maître de la loge  -  Royal Arche  -  Chevalier Architecte  -  Sublime philosophe  -  Souverain Prince de  Rose-Croix   -   L’Aigle noir  -  Le Grand Inspecteur  -  Grand Inquisiteur  -  Le Grand Elu  -  L’Initié dans les mystères  -  Le Vrai maçon  -  Les Antipodiens  -

 

Chapitre 3 : Le Manuscrit de la GLNF  -  Les planches de la bibliothèque André Doré  - 

 

En annexe les discours historiques et manuscrits de la GLUA  -  les mots de passe et grades du manuscrit GLNF

 

 

ART  ROYAL  ET  RÉGULARITÉ DANS LA TRADITION DE 1723-1730

PATRICK  NÉGRIER

ÉDITION  IVOIRE-CLAIR

 2009

Ce livre s’adresse aux amateurs intéressés par l’histoire de l’institution et de la pensée maçonnique mais aussi aux francs-maçons désireux de pratiquer la maçonnerie conformément à l’une des formes originelles du rite du Mot du Maçon (1637-1751) et à la religion naturelle (orthopraxies morale) prescrite par les constitutions d’Anderson et de Désaguliers de 1723. Lues dans une perspective critique qui en modernise le contenu en dépassant ce que leur conservatisme social avait de contraire à la raison : l’exclusion active des serfs et la non remise en question de la pratique du servage, l’antiféminisme, et l’homophobie.

 

Avec la publication de ce dernier ouvrage sur Art royal et régularité, l’œuvre maçonnique de Patrick Négrier se trouve désormais entièrement publiée, et il devient dès lors possible de comprendre la diversité et l’unité des contributions apportées par cet auteur à l’histoire de l’institution et surtout de la pensée maçonnique des origines depuis la création de la franc-maçonnerie au XIVe siècle jusqu’aux dernières années du XVIIIe siècle.

 

L’auteur développe les points suivants :

 

La reconstitution de l’histoire de la création en 171 de la Grande Loge de Londres, le Rite et le Mot du Maçon, les modifications des rituels, l’Ordre des Francs-Maçons trahi de l’Abbé Pérau, le Sceau rompu, le Maçon démasqué de Wolson, les trois coups distincts (1760),  l’évolution de l’allégorisme du Temple de Salomon, les constitutions de 1723 et leur postérité, James Anderson, le texte de Désaguliers, les constitutions retouchées de 1738, Catholicisme romain et homophobie chez La Tierce, Ahiman Rezon de Laurence Dermott (1756),  l’évolution de la pensée religieuse de la Grande Loge d’Angleterre, les déclarations du G.O de 1877, la religion naturelle, le contexte religieux de l’époque.

 

1 B

B.A-BA   de la FRANC- MAÇONNERIE

PHILIPPE  LESTIENNE

EDITION PARDES

 2004

Ce livre sur la Franc- Maçonnerie présente les principales problématiques de  cette voie initiatique moderne, en particulier les aspects historiques :


Pourquoi et comment est né l’Ordre maçonnique ?
Quelles étaient au 18e siècle, ses véritables options initiatiques, religieuses, idéologiques et politiques ?
La révolution française est-elle le produit de la Franc- Maçonnerie ?
Pourquoi la Franc- Maçonnerie continentale et, particulièrement, la Maçonnerie française a-t-elle été conduite à s’ancrer majoritairement à gauche au 19e siècle ?


Des éléments de réponse sont apportés, sans dogmatisme, en se fondant sur les plus récentes recherches.

 

Mais la Franc- Maçonnerie est surtout un phénomène social et culturel dont l’apparente unité planétaire, masque mal les profondes divergences : association basée sur la forte convivialité d’une société d’égaux qui se sont choisis, elle revêt des formes et des options très diverses pour satisfaire des sensibilités différentes, souvent en conflit les unes avec les autres. On ne peut donc pas traiter de la Franc- Maçonnerie sans aller à la rencontre des diverses Maçonneries nationales et des différents rites et systèmes pour s’interroger : faut-il parler de  «  la » ou « des » Franc- Maçonneries ?


Dans le même esprit, les différents courants maçonniques se trouvent confrontés aux grandes questions du monde contemporain et vont souvent y réagir de manière contrastée. Comment la Franc- Maçonnerie intègre t- elle, alors, le regain d’intérêt pour l’ésotérisme, le renouveau religieux, la question de la place des femmes en son sein, la contestation de son rôle dans les affaires politico-financières ?

 

L’auteur entend donner un aperçu synthétique de la complexité du phénomène maçonnique afin de dresser le portrait nuancé d’une institution qui n’a pas la toute-puissance diabolique que lui prête l’antimaçonnisme,  sans doute, mais dont l’influence, pour le bien comme pour le mal, est certainement plus importante qu’elle n’accepte de le reconnaître elle-même.

 

 

BEHAEGHELAPOCALYPSE -  UNE AUTRE GENÈSE

Julien behaeghel

Edition VIF

 1997

Par sa profonde connaissance du symbole, l'auteur nous initie à une autre lecture de l'Apocalypse de Jean. Le monde de la Genèse y est inexorablement remplacé par une terre nouvelle descendue du ciel par le miracle de l'ange initiateur dont la mesure est la lumière et l'outil essentiel le nombre. C'est par la force et la perfection du nombre sept que l'ange va transmuter les quatre éléments de la temporalité en les quatre éléments de l'intemporalité.

 

Les sept sceaux, les sept trompettes, les sept coupes et les sept tonnerres vont successivement remplacer la terre, l'eau, le feu et l'air par le Verbe caché, le son vibrateur, le sang de l'Agneau et l'éclair de lumière.

 

La nouvelle Terre sera quaternaire comme la précédente mais cette fois elle sera pétrie de lumineuse béatitude et de silence de connaissance...

Selon l’Écriture Sainte, l’homme et la femme, « à l’image comme la ressemblance » de Dieu créateur, constituent la relation fondamentale. Point de départ de l’anthropologie chrétienne, cette relation sert d’appui à une anthropologie universelle dans le dialogue interreligieux et le rapport entre les cultures.

 

L’Ancien Testament s’éclaire par le Nouveau et le Nouveau par l’Ancien. La Bible s’interprète selon les moments qu’elle occupe dans l’histoire de la Révélation. Des textes fondateurs servent ici de jalons au déploiement biblique de la relation homme-femme. Dès la Genèse, pour le Pentateuque, Dieu est relation. Homme et femme y figurent comme lieu de Dieu dans la création et les aléas de l’Alliance. Le livre des Proverbes, pour les écrits sapientiaux, distingue la Sagesse créatrice et Dieu, sans attenter au monothéisme, en valorisant l’éducation des enfants. Osée avec d’autres, pour les Prophètes, décrit la fidélité de Dieu à son Alliance dans l’infidélité du peuple par le recours à la symbolique nuptiale, gage d’une Alliance Nouvelle. Le Cantique des Cantiques conjoint l’un et l’autre Testament. L’Annonciation selon Luc, la noce à Cana et la croix, chez Jean, l’Agneau et son Épouse enfin, qui concluent l’Apocalypse, célèbrent l’Alliance accomplie.

 

La bonté de la créature découle donc bien de la bonté du Créateur. Le mal arrive plus tard : trop tard ! L’accomplissement dans le Christ se réalise sur le lieu de l’origine. Sans jamais supplanter la bonté originelle, le péché stimule la Sagesse qui en promeut l’Amour toujours plus grand.

 

BEHAEGHEL - cosmogonie et tableau de loge

Julien behaeghel

Edition La Maison de Vie

 2002

Le tableau de loge est un itinéraire symbolique qui permet au maçon de construire sa vie spirituelle avec les outils de l’architecte. Véritable cosmogramme qui trouve ses sources dans les symboles universels communs à toutes les grandes cosmogonies, il guide notre quête de recherche et de lumière. La cosmogonie nous fait rentrer dans le mythe de la création d’un monde invisible qui se situe à la frontière de deux éternités. Le tableau de la loge est cet itinéraire symbolique qui permet de nous y rendre.

 

Le tableau de loge est un carré long, il est le symbole du tracé du temple dans la loge. La loge que beaucoup de Maçons appelle erronément temple. Le Maçon travaille sur le parvis du temple et non dans le temple. Cela étant dit, nous renvoyons le lecteur à l’article que J. Tomaso consacre au temple dans le Dictionnaire thématique illustré de la franc-maçonnerie (Editions du Rocher, 1993).

 

Rappelons que le tracé symbolique du temple délimite dans la loge l’espace sacré par excellence. Il en est le centre d’illumination. Il contient donc les deux luminaires symboliques, soleil et lune, réunis dans une même fusion opérative. Fusion que l’on peut, suivant la tradition, évoquer par les deux serpents, tressés et se dévorant l’un l’autre, du caducée de l’insigne d’une loge bruxelloise ainsi que par les serpents de la croix irlandaise de Muiredach dans laquelle les serpents sont surmontés de la main de Justice et du Soleil...

 

Soulignons aussi que les proportions du porche (Oulam) et du sanctuaire (Hekhal) du temple de Salomon sont celles du carré long, 20 coudées X 10 pour le Oulam et 20 coudées X 40 pour le Hekhal, et que la proportion dorée est partout présente dans l’architecture sacrée du monde.

 

Le carré long est donc d’abord une symbolique du centre et, à ce titre, peut être représenté sous forme du cercle inscrit dans le carré, figurant ainsi de la façon la plus simple le temple dont le centre est le saint des saints, le cercle de la manifestation spiritualisée, conscientisée. Et cette représentation nous fait penser aussi au cercle et aux deux parallèles utilisés dans différents rituels pour symboliser la course du soleil et les deux portes de l’année : le solstice d’été et le solstice d’hiver.

 

On y trouve :

Le Centre, l’espace sacré, entre l’équerre et le compas, l’œil de l’architecte, les outils, les pierres brutes et taillées et les tableaux des trois degrés – le tracé – cosmogramme et circumambulation – les nombres et les couleurs – la Lumière

 

BEHAEGHEL - DE PHARAON À L’APPRENTI maçon – trois pas pour l’ÉternitÉ

Julien bEhaeghel

Edition ALPHEE

 2008

Julien Behaeghel nous conduit ici au cœur même du symbole et de sa force initiatique. Le symbole est la trace du divin dans la matière. Par-delà le temps et les civilisations il relie dans un éternel présent l’homme à son devenir, la terre au ciel.


Pour aller de la terre au ciel, nous devons, comme Pharaon, passer les trois portes des trois mondes, les enceintes successives qui nous permettent de changer d’état, de transmuter notre terre en étoiles. Pour trouver la lumière nous devons entrer dans le labyrinthe, à la recherche de ce paradis originel que nous avons perdu et qu’avec le temps nous retrouvons. Le temps est celui du mûrissement, de la montée de la conscience. Telle est la quête de l’homme.

C’est le symbole en action qui nous accompagne dans ce parcours, à travers le zodiaque, la croix celtique, la triple enceinte, le mandala, la quête du Graal, l’arbre de Vie, le Fou sur le chemin (du tarot)… De Pharaon, à l’apprenti maçon, il n’y a qu’un pas, celui du présent éternel, celui du symbole qui régénère et réunit.

Y sont expliqués :

L’eau primordiale

Le serpent vertical

La materia prima

Le soleil du Tarot

L’œuf cosmique

Le soleil-ciel

Le combat avec le dragon

L’ange-soleil

La descente aux enfers

L’étoile du pèlerin

Le paradis terrestre

L’étoile polaire

Le cabinet de réflexion

L’Orient

Le monde d’en-bas

Les cadeaux des Rois mages

Le tombeau du jugement

L’œuvre au rouge

La croix et la quaternité

L’étoile flamboyante

Le labyrinthe

L’étoile : trône de Dieu

L’arbre au trésor

La couronne des Séphiroth

La mort noire

L’étoile du Tarot

La barque de la lune

Le montage sacré

Saturne, le vieillard

L’œil-Dieu

Hiram assassiné

La couleur de l’étoile

L’œil solaire

L’air et l’éther

Le soleil-Mâyâ

La pierre philosophale

Mardouk et dualité solaire

Osiris ressuscité

Mithra et le taureau

Le zodiaque

Le char d’Hélios

La croix celtique

Le soleil invaincu

La triple enceinte

Le soleil noir

Le mandala

Hiérogamie céleste ou le nouvel androgyne

La marelle et le jeu de l’oie

Le soleil solsticial

La quête du Graal

Les animaux du feu zodiacal

L’arbre des Séphiroth

 

Le Fou sur le chemin (du Tarot)

 

BEHAEGHELhiram & la reine de saba

Julien behaeghel

EDITION MAISON DE VIE

 2005

Assez curieusement, le mythe d’Hiram, que l’on peut apparenter au mythe osirien, est dénaturé par l’absence de la vierge initiatrice (Isis dans le mythe égyptien).
Or dans l’histoire de Salomon, la vierge est présente en la personne de la reine de Saba.


L’auteur, dans cette étude, tente de rétablir le mythe dans son intégrité, c’est-à-dire dans sa quaternité fondamentale (Seth – Osiris – Horus – Isis). La cosmogonie ne peut se réaliser ni se vivre que si sa structure est quaternaire. La quaternité est l’espace de la Manifestation.

 

Ce qui veut dire, et ceci est important pour la Franc-maçonnerie, qu’il ne peut y avoir d’initiation véritable sans mort symbolique suivie d’une résurrection spirituelle par la «Sagesse» de la vierge de régénération.

 

Ce livre, tout en illustrant cette dérive mythologique, propose la solution «quaternaire» à même de reconstruire le mythe et d’en rétablir ainsi la force initiatique primordiale. Les événements qui ont amené la conspiration contre le Grand Maître Hiram Abiff, ainsi qu'il a été mentionné dans la leçon précédente, et qui ont abouti à son assassinat, ont eu pour origine l'arrivée de la Reine de Saba, attirée à la cour de Salomon par les récits de son admirable sagesse et de la splendeur du temple qu'il s'apprêtait à construire. Il est dit qu'elle était chargée de magnifiques présents et que, tout d'abord, elle fut fortement impressionnée par la sagesse de Salomon.

 

Mais même la Bible, écrite selon le point de vue des Hiérarchies Jéhovistes, laisse supposer qu'elle vit à la cour de Salomon un homme supérieur à lui, et là, le récit Biblique cesse de parler d'elle.

Son mariage avec Salomon n'a jamais été consommé, car autrement le nom de Maçon aurait disparu des mémoires longtemps avant l'époque actuelle, et les humains seraient maintenant les enfants dociles de l'église dominante, et n'auraient ni libre arbitre, ni choix, ni prérogatives. Mais il ne lui fut pas non plus permis d'épouser Hiram, qui représentait le pouvoir temporel, sans quoi la Religion aurait été étouffée. Elle doit donc attendre le fiancé qui incarnera en lui les qualités combinées de Salomon et d'Hiram, mais qui sera purifié de leurs faiblesses. En effet, la Reine de Saba est l'âme composite de l'Humanité, et lorsque le travail de notre ère d'évolution sera terminé, elle sera la fiancée, tandis que le Christ, que Paul nommait le Grand-Prêtre de l'ordre de Melchisédech, remplira le double office de chef spirituel et temporel, de roi et de prêtre, pour le bonheur éternel de toute l'humanité actuellement esclave de l'Eglise ou de l'Etat, mais attendant, qu'elle s'en rende compte ou non, le jour de l'émancipation symboliquement représenté par le "Millénium", durant lequel existera une cité merveilleuse, la Nouvelle Jérusalem, la cité de paix. Plus tôt cette union pourra être réalisée, mieux cela vaudra pour l'humanité.

 

En conséquence, une tentative fut faite, que la légende nous relate sous le symbolisme des deux prétendants, Salomon et Hiram, à la main de la Reine. Les deux Ordres Initiatiques s'étaient réunis pour accomplir un travail en commun, La Mer de Fonte, dont on tentait la réalisation pour la première fois. Il n'aurait pu être exécuté à une époque antérieure, car l'homme n'était pas encore suffisamment évolué. Mais à cette époque-là, il semblait que les efforts réunis des deux écoles pourraient accomplir cette tâche, et s'il n'y avait pas eu en chacune d'elles le désir de déposséder l'autre de l'affection de la symbolique Reine de Saba, l'âme de l'humanité, elles auraient pu réussir une union équitable entre l'Eglise et l'Etat, et l'évolution humaine aurait pu progresser grandement.

 

Mais l'Eglise et l'Etat étaient tous les deux jaloux de leurs prérogatives particulières; l'Eglise n'acceptait la fusion qu'à la condition de conserver son ancien pouvoir sur l'humanité et de prendre en plus le pouvoir temporel. L'Etat nourrissait la même ambition égoïste et la Reine de Saba, l'humanité dans son ensemble, est encore sans époux. La Légende Maçonnique raconte cette tentative et son échec de la manière suivante:

 

Lorsqu'on eut montré à la Reine de Saba le splendide palais de Salomon et qu'elle lui eut offert les magnifiques présents d'or et d'objets travaillés, elle demanda à voir le grand Temple presque achevé. Elle admira beaucoup l'importance du travail, mais s'étonna de l'absence apparente des ouvriers et du silence qui régnait. Elle demanda donc à Salomon d'appeler les ouvriers, afin de voir celui qui avait réalisé cette merveille. Mais alors que, dans le palais, les serviteurs de Salomon obéissaient au moindre souhait du monarque désigné par Jéhovah pour construire le temple, ces ouvriers n'étaient pas soumis à son autorité; ils n'obéissaient qu'à celui qui avait "Le Verbe" et "Le Signe". Aucun d'eux ne se présenta donc à l'appel de Salomon, et la Reine de Saba ne put s'empêcher de conclure que cette ouvre merveilleuse avait été exécutée par quelqu'un qui était plus grand que Salomon. Elle insista donc pour connaître ce Roi des Métiers et ses admirables ouvriers, au grand dépit de Salomon qui sentit qu'il avait baissé dans l'estime de la reine.

 

Le temple de Salomon est notre Univers Solaire, qui forme la grande école de la vie pour notre humanité en évolution. Les grandes lignes de son histoire passée, présente et future sont inscrites dans les astres, les points importants étant discernables par quiconque possède une intelligence moyenne. Dans le plan Microcosmique, le temple de Salomon est aussi le corps de l'homme dans lequel l'esprit individualisé ou Ego évolue comme le fait Dieu dans l'univers. Le travail sur le vrai temple, comme il nous est dit au chapitre cinq de la deuxième Epître aux Corinthiens, est accompli par des forces invisibles travaillant en silence, construisant le temple sans bruit de marteau. Tout comme le temple de Salomon était visible dans toute sa gloire pour la Reine de Saba, de même l'évidence du travail des forces invisibles est facilement perçue dans l'univers et dans l'homme, mais les forces elles-mêmes restent à l'arrière-plan; elles travaillent sans ostentation, elles se dissimulent aux yeux de ceux qui n'ont pas le droit de les voir ou de les commander. Le rapport de ces forces de la nature avec le travail qu'elles accomplissent dans l'univers sera peut-être mieux compris à l'aide d'une comparaison.

 

On y trouve : l’Arche d’alliance, Salomon, les Loges masculines et féminines, l’homme recréé, les rituels, l’art du trait, l’initiation, la reine de Sagesse, les outils.

 

bEhaeghel - la bible Á la lumiÈre du symbole

Julien bEhaeghel

Edition ALPHḖE

 2007

Julien Behaeghel présente ici une autre lecture, plus universelle, plus mythologique, de ce livre qui a influencé trois mille ans d’histoire humaine.  Il dévoile pas à pas, à travers le parcours de la quarantaine d’ouvrages bibliques, combien ces textes sacrés contiennent leur propre structure symbolique, plus ou moins cachée.

Les grands symboles communs à la plupart des traditions constituent la trame de l’ouvrage : le serpent, l’arbre, la montagne sacrée, l’axis mundi, la pierre, le nombre, l’ange, la beauté en sont quelques-uns des chapitres.

 

Le symbolisme chrétien investit des objets ou des actions avec un sens profond exprimant des idées Chrétiennes. Le Christianisme a emprunté à la réserve commune de symboles significatifs connus de la plupart des périodes et de toutes les régions du monde.

Le symbolisme religieux est efficace quand il en appelle à la fois à l'intellect et aux émotions. Le choix des actes et des objets appropriés pour le symbolisme est tellement étroit qu'il ne serait pas facile d'éviter l'apparition d'une imitation d'autres traditions, même s'il y avait eu une tentative délibérée d'inventer un rituel entièrement nouveau.

Les symboles élémentaux ont été largement utilisés par l'Église primitives. L'eau a une signification symbolique particulière pour les chrétiens. En dehors du baptême, l'eau peut représenter le nettoyage ou la pureté. Le feu, en particulier sous la forme d'une flamme de bougie, représente à la fois le Saint-Esprit et la lumière.


Les sources de ces symboles dérivent de la Bible, par exemple à partir des langues de feu qui symbolisent l'Esprit Saint à la Pentecôte, et à partir de la description de Jésus à propos de ses disciples comme étant la lumière du monde, ou Dieu est un feu consumant qu'on trouve dans Hébreux12. La croix, qui est aujourd'hui l'un des symboles les plus largement reconnus dans le monde, a été utilisée comme un symbole depuis les premiers temps.

Parmi les symboles employés par les premiers Chrétiens, celui du poisson semble avoir le premier rang en importance. En effet, à partir de sources monumentales telles que des tombes nous savons que le poisson symbolique était familier aux Chrétiens des premiers temps. On peut le voir dans des monuments romains tels que la Capella Greca et les Chapelles du Sacrement de la catacombe de St Callistus. Le poisson a été désigné comme un symbole Chrétien dans les premières décennies du 2ème siècle.

 

Les anciens croyaient que la chair d'un paon ne se décomposait pas après la mort, et il est ainsi devenu un symbole d'immortalité. Ce symbolisme a été adopté par les débuts de la Chrétienté, et ainsi de nombreuses peintures et mosaïques du début du Christianisme montrent le paon. Le paon est toujours utilisé lors de la saison de Pâques en particulier à l'Est.


Cette étude contribue non seulement à la connaissance du symbole mais débouche sur une véritable perspective philosophique, pour aider ceux qui cherchent à poursuivre leur chemin dans l’épaisseur du temps et de la matière, à la recherche de leur « lumière ».

 

BEHAEGHEL - l’apprenti franc-maçon & le monde des symboles   -    Tome  1

Julien behaeghel

Edition Maison de Vie

 1999

Dépositaire d’une partie de la tradition ésotérique, la Franc-maçonnerie Initiatique trouve sa raison d’être dans l’étude des symboles et dans la pratique rituelle.


Les symboles sont des outils dont l’homme a besoin pour construire le temple de la connaissance selon la loi d’harmonie que représente l’univers visible et invisible. Pour l’Apprenti Franc-maçon, entrer dans le monde des symboles c’est passer de l’ombre à la lumière, c’est vivre le mythe des commencements, c’est renaître à son âme et voyager dans un espace sacré qui sera le chemin de la réunification.


L’Apprenti Franc-maçon se construit à la lumière du symbole, sur la verticale de la perpendiculaire, entre l’équerre et le compas. Par le tracé du tableau de Loge il commence à rassembler ce qui est épars pour découvrir que la pensée symbolique est voie de connaissance.


Ce livre fait partie de la trilogie consacrée aux trois grades essentiels de la Franc-maçonnerie.

 

BEHAEGHEL - le compagnon franc-maçon & l’art du trait    -    Tome  2   -

 Julien behaeghel

Edition MAISON DE VIE

 2001

Après une première approche du monde des symboles en tant qu’Apprenti, le Compagnon découvre l’Art du Trait qui le fait entrer, jour après jour, dans la lumière de l’initiation. Du carré long à l’étoile, le chemin à parcourir est celui d’une spirale qui conduit au cœur de l’étoile.


Le Compagnon perçoit que c’est au centre du labyrinthe qu’il trouvera la lumière, que cette lumière est conscience et qu’elle germera au cœur de lui-même par la connaissance des nombres. L’Art du Trait révèle la loi d’harmonie qui reproduit la vision de l’acte créateur.


Ce livre est le second d’une trilogie consacrée aux trois grades essentiels de la Franc-maçonnerie initiatique.


L’étoile flamboyante, le mythe, le nombre 5, le tableau du Compagnon, les outils, le voyage, la voie royale, le temple, la clé de voûte.

Tout est expliqué.

 

BEHAEGHEL - le maÎtre maçon & la mort symbolique   -    Tome  3   - 

Julien behaeghel

Edition MAISON DE VIE

 2002

Avec ce livre s’achève la trilogie consacrée aux trois grades essentiels de la Franc-maçonnerie dans son aspect symbolique et initiatique qui est outil de construction conduisant à la maîtrise. L’initié est un passant qui trace son propre chemin, sans se laisser aveugler, ni par le matérialisme, ni par la pensée dogmatique, ni par l’illusion de certains obédiences ou des idéaux politiques. Son art consiste à retrouver l’âme du monde qui contient l’âme de l’homme en devenir dans le plan de l’Architecte.

 

La mort de Maître Hiram représente la mort initiatique, qui avec la renaissance à un autre niveau de conscience permet de continuer la quête vers la vérité et la liberté. Le mythe de Maître Hiram est donc l’histoire d’une quête pour poursuivre l’objectif du Maître qui est la construction du temple de Salomon. L’assassinat de Maître Hiram conduit donc à la question de la finition du Temple. Qui pourra le terminer car le savoir- faire du Maître est perdu ? Le mythe pose ainsi la question de la construction de notre temple intérieur.

 

Le mythe est le moyen d’avancer dans notre quête personnelle, car le mythe pour le mythe, aussi intéressant soit-il, n’a qu’un intérêt limité. Il faut aller au-delà des symboles et des mythes, qui ne sont que des supports qui par analogie sont des déclencheurs de conscience, des moyens, c.à.d. des outils indispensables pour avancer.

Au niveau individuel, le mythe nous guide dans la quête du MM dans sa démarche maçonnique. Cette quête n’est pas la recherche d’un résultat, mais la progression vers plus de connaissance, vers plus de conscience. Nous ne pouvons avancer sur ce chemin de la connaissance et de la conscience que par l’expérimentation, par l’action, car tout ce qui est en dehors de l’expérimentation n’est que possibilité.

 

Si nous avons tenté d’apporter des réponses à quelques questions du mythe, il en reste de nombreuses qui restent encore ouvertes : pourquoi a-t-on perdu ces secrets car d’autres maîtres devaient le posséder ? Qui va terminer le temple ? Que sont devenus les mauvais compagnons ? Où est la sépulture de Maître Hiram ? Etc. La recherche des réponses à ces questions en s’appuyant sur la transmission et l’expérience permettra de progresser dans la recherche personnelle.

 

Changer la pierre brute en pierre taillée, l’amener à recevoir et à diffuser la lumière n’est-il pas le travail que nous devons entreprendre sur nous avec nos Frères : seul et ensemble en même temps ? Car on ne peut prétendre améliorer le monde si l’on n’est pas soi-même construit et réalisé, c’est-à dire un Homme Véritable, qui a retrouvé les secrets véritables.

 

sommaire :


Gestuelle, mot du troisième degré, parole perdue, l’acacia, le tableau du troisième degré, les cinq points parfaits, le sacrifice, le voyage, tout est expliqué.

 

BEHAEGHEL  -  LE  NOMBRE  CRÉATEUR

Julien Behaeghel

Edition Maison de Vie

 2012

A l’origine de la création se trouve le Nombre ; c’est lui qui engendre la forme et le temps. Et c’est ce Nombre originel qui se décline en dix phases. L’auteur nous propose de parcourir ces dix phases en les éclairant à partir d’une philosophie du Nombre, élément essentiel de la Tradition.

 

1 : Le Dieu UN : Le cercle est le symbole universel de la Totalité Une. La couronne Kether est une autre expression du cercle, elle est Principe créateur d’où fusent toutes les potentialités de la création éternelle. C’est l’œuf cosmique, le centre d’union-émanation d’où l’éclair créateur a jailli pour illuminer les Ténèbres, ce point est Unique (R. Guénon). Cette porte, porte de la sortie du Temps, le passage vers l’invisible, elle est la porte de sortie du temps spiralé de l’éternel retour, l’ouverture par laquelle l’initié chaman sort du monde matériel pour gravir les échelons de l’échelle des 7 cieux et atteindre la sphère des étoiles fixes. C’est aussi la « porte » située entre le monde de la Manifestation et celui de l’Emanation, l’œil du Dieu créateur. Le monde est d’abord « vision de l’œil de Dieu » avant tout.

 

2 : l’eau double : L’une est la pluie spiritualisante et l’autre l’eau terrestre, l’eau du Baptême ou eau de transsubstantiation. Les eaux solaires et lunaires chez les Dogon les principes mêmes de la création des génies de l’eau, premiers enfants réussis des œuvres de Dieu. L’eau donne donc naissance aux jumeaux de la dualité première, jumeaux qui sont très présent dans le Tarot et le Zodiaque. On trouve cette dualité dans le blanc et le noir, la lumière et les ténèbres, et dans ce cas la dualité est manichéenne et passive, elle divise et sépare les deux aspects apparemment inconciliables d’une certaine réalité.

 

3 : La Divine Triade : Dans toutes les traditions, le nombre 3 a toujours été associé à la divinité parfaitement manifestée à elle-même ; le 3 procède à la véritable naissance de Dieu. L’homme est en quelque sorte crée trois fois suivant sa triple nature originelle : sa substance est à la fois divine, spirituelle et biologique. Le triangle étant la manifestation de la divinité trois en une. Le Trois est représenté par la planète Saturne et pas la Séphire Binah qui est la compréhension. En Egypte les trois pas du Pharaon symbolisaient L’Etoile, le Soleil et la Terre.

 

4 : Le carré Terre : Figure de base de l’espace, il est le symbole de l’univers crée et complémentaire de l’univers incréé. Le carré exprime l’instant et même l’arrêt ; il comporte l’idée de consolidation et de solidification. Le chiffre quatre, homologue du carré, est le nombre du développement complet de la Manifestation. Autrement dit, le carré rend visible les totalités, il est le fondement de toutes les cosmogonies.

 

5 : L’Homme-Etoile : L’Etoile Flamboyante a toujours été dans toutes les traditions, signe de lumière et de rayonnement, mais aussi d’Amour. Aussi bien dans l’Arbre séphirotique (Gevoura) que dans la Tarot (arcane 5-le Pape) ou dans la Tradition Judéo-chrétienne (l’étoile étant l’envoyé de Dieu symbolisé par un ange, et c’est pour cela que les Rois mages partirent à la recherche de Jésus) ; mais elle reste un mystère. Le pentagramme est le pentagone circonscrit contenant l’étoile en son centre. Cet androgyne-étoile est l’homme des temps nouveaux qui, comme le dit J. Servier « inscrit sur terre le nom divin en nombre d’homme »

 

6 : L’Androgyne Divin : Le nombre six, géométriquement traduit par l’hexagramme, nommé souvent sceau de Salomon ou bouclier de David, est celui du parfait équilibre, il réalise l’harmonie entre le processus de création et de réintégration, autrement dit, il réalise l’union du créateur et de sa créature. Dans la 6e Séphira (Tipheret) est appelée Beauté, elle est situé sur l’axe central de l’Arbre de Vie, elle est le reflet de Kether, la source divine. R. Abellio considère le sénaire(6) comme étant la structure absolue à la base de toute manifestation. La Genèse nous apprend que le mode fut créé en 6 jours.

 

7 : Le Septénaire triomphant : Netzach la 7e Séphira représente la force ascendante de l’éternité, la double triade concentrée en Tipheret, commence son ascension vers l’unité cosmique et éternelle. Elle formera avec Hod, le Réverbération, la 3e triade de l’Arbre. Le Septénaire est par-dessus tout, la naissance de l’homme nouveau, qui, marqué du sceau de Salomon, se sent irrésistiblement attiré vers le haut, vers le dôme de son éternité ; comme l’arcane 7 du Tarot avec le Chariot et son triomphateur qui est emporté vers le soleil.

 

8 : Le Trône octogonal : La 8e Séphira est Hod (Splendeur) ; cette splendeur est triple, la splendeur de la forme parfaite, celle du trône et la splendeur de l’étoile jumelle. L’octogone est la forme intermédiaire entre le carré (Terre) et le cercle (ciel), il est le symbole du Trône divin qui n’est autre que l’Esprit Universel. Le nombre 8 nous rappelle aussi la forme du caducée dont les deux serpents symbolisent les deux principes créateurs en parfait équilibre par rapport à l’axe central (axis mundi).

 

9 : La Rose crucifiée : Le nombre 9 réunit en lui tous les autres pour les projeter dissous dans l’Unité nouvelle : l’Unité cosmique. Hesed (9e Séphire est la fondation, elle est fin de cycle avant l’avènement du Royaume. Le monde en 9 est une merveilleuse représentation quaternaire du cosmos dont les deux croix conduisent au dix, nombre de l’unité amplifiée du Royaume. La rose à 5 pétales remplace ici l’étoile à 5 branches. L’Homme qui attache la Rose à la croix, relie temporellement la dialectique et la Gnose, le Temps et l’Eternité. Il faut transcender définitivement la temporalité pour permettre à la corporéité de quitter la pesanteur terrestre afin de communier pleinement avec l’Eternel.

 

10 : La Mandorle : On atteint la 10e Séphira : Malkut (royaume), terme du voyage. La dixième et dernière phase des métamorphoses successives du symbole nous révèle le cercle unificateur de la nouvelle unité, l’unité cosmique : l’Ouroboros se mord la queue ; la vision retourne rajeunie à l’œil de son créateur. La totalité de la Manifestation formelle retourne au Principe, la fin du cycle, la fin du Temps. La Roue cosmique induit immédiatement une série de symboles dont le plus évident est « la rue de fortune » du Tarot qui rappelle les divers cycles de la vie de l’homme sur terre et ses diverses réincarnations purificatrices (Samsara). Symboles du Sol Invictus, mandalas de Borobudur, chrisme chrétien, antimoine alchimique, diverses croix à plusieurs directions, swastika et sceau de Salomon, tous ces symboles nous invitent à une pérégrination vers le Centre, vers notre centre, vers notre labyrinthe pour atteindre le Centre vide de l’unité céleste et peut être se fondre et fusionné avec lui.

 

BEHAEGHEL - le tarot du fou

Julien BEHAEGHEL

EDITION LABOR

 1991

L’auteur Franc-maçon de Belgique qui a déjà signé des livres sur les symboles maçonniques, nous parle ici du tarot qu’il interprète comme un « mandala » de la spiritualité occidentale. Les Arcanes sont expliqués comme une épopée ou le MAT (le fou) dans ses pérégrinations rencontre successivement tous les personnages des arcanes majeurs et nous fait découvrir leur symbolique. Il nous entraîne ainsi jusqu’à l’arcane, 21 « Le Monde » terme du voyage.

 

Il est une majorité de Francs-Maçons qui ne voient aucun lien entre la Franc-Maçonnerie et le tarot (ou Tarot). D’autres se passionnent pour ses anciennes cartes (on dit « lames ») illustrées et le phénomène n’est pas nouveau puisqu’un Oswald Wirth a rédigé Le tarot des imagiers du moyen âge après s’être penché sur le symbolisme du tarot et la divination. Il s’est par ailleurs intéressé à l’astrologie. Il est d’autres auteurs qui ont marqué leur intérêt pour le tarot comme Julien Behaeghel avec Le tarot du fou. Livre et jeu de Tarot.

 

Voilà qui intéresse sans doute encore quelques Francs-Maçons qui naviguent dans les eaux du new age, de la voyance, du rejet de la médecine classique… Ils suivront sans doute aisément Imbert lorsqu’il considère que : Il faut considérer en premier lieu que le Tarot de Marseille forme un ensemble cohérent, au niveau macroscopique et au niveau microscopique

 

L’ouvrage de julien Behaeghel : Le tarot du fou attirera sans doute ces derniers. Est-ce à dire que les autres dédaigneront cet ouvrage ? Pas nécessairement car si l’on n’adopte pas les convictions de l’auteur et les rapprochements qu’il effectue (par exemple entre des représentations artistiques et certaines lames, comme aussi entre le signe de l’infini – lemniscate assimilé au Lac d’Amour -et le chapeau du Bateleur), on peut néanmoins être fasciné par ces images anciennes.

 

Par ailleurs, l’auteur, à partir de ces observations sur chacune de ces lames, livre des informations ou considérations qui ne manquent pas d’intérêt dans différents domaines comme le culte de Mithra, l’image comme valeur.

 

Un superbe livre sur le sujet.

 

BEHAEGHEL -  LE  ZODIAQUE  SYMBOLIQUE

Julien  BEHAEGHEL 

Edition  MOLLS – Belgique

 1999

Le Zodiaque est un des plus vieux symboles de l’humanité, les premiers ont été découvert en Mésopotamie, puis est passé en Egypte où on le retrouve au plafond de Dendérah, enfin les Grecs le développe et le transporte à Alexandrie où vers -300 ans, Ptolémée va le développer considérablement et en faire une science astrologique qui deviendra astronomique au siècle des Lumières, car, depuis toujours l’Homme croit que son devenir est inscrit dans les étoiles.

 

Dans cet essai, l’auteur n’analyse pas le Zodiaque comme le ferait un astrologue mais bien comme un chercheur à la recherche de son âme. C’est de ce Zodiaque intérieur dont il sera question. Le Zodiaque qui résume parfaitement notre quête terrestre, notre voyage dans le temps, depuis notre naissance jusqu’à notre re-naissance.

 

Les 12 signes du Zodiaque sont les 12 yeux de l’Homme qui veut voir l’autre côté du réel, ce réel qui nous cache l’apparence des choses et des êtres.

Les 12 signes du Zodiaque sont les 12 portes du royaume de l’esprit, ces 12 portes de notre maison de lumière.

 

Chaque signe est présenté avec ses mythes, ses éléments, ses symboles, son histoire et ses rapports avec les autres signes.

 

Au sommaire de cet ouvrage de Julien Behaeghel:

 

Les 4 éléments du Zodiaque et le Zodiaque cosmogonique. L’Homme Zodiaque et son anatomie en fonction des signes 

La spirale du Bélier  (21 Mars - 21 Avril)

Les cornes du Taureau  (21 Avril - 21 Mai)

Les Gémeaux-Jumeaux    (21 Mai - 21Juin)

La mort du Cancer      (21 Juin - 21 Juillet)

La force du Lion    (21 Juillet - 21 Août)

La Vierge oblative    (21 Août – 21 Septembre)

La Balance de justice      (21 Septembre - 21 Octobre)   

La mort du Scorpion       (21 Octobre - 21 Novembre)

La flèche du Sagittaire      (21 Novembre – 21 Décembre)

La chèvre-poisson du Capricorne     (21 Décembre – 21 Janvier)

L’onde de lumière du Verseau         (21 Janvier – 21 Février)

Le cordon ombilical des Poissons      (21 Février – 21 Mars)

 

BEHAEGHEL - LES  GRANDS  SYMBOLES  DE  L’HUMANITÉ

JULIEN  BEHAEGHEL 

ÉDITION  ALPHÉE

 2011

Les symboles sont les balises du voyage humain dans le labyrinthe du temps. Ils racontent à leur façon les principaux moments de l’éveil de la conscience.

L’auteur nous présente les principaux symboles, du point initial des commencements, à l’axe du monde en passant par la Roue de la Vie, la dualité, la Trinité, la Croix….et nous conduit au cœur de nous-mêmes, au cœur de l’Etoile.

Le symbole est infini et éternel, il contient en lui la totalité des devenirs, dans ce monde comme dans d’autres mondes possibles. Il contient toutes les réponses à toutes les questions que l’Homme se pose depuis toujours sur son avenir terrestre, mais voilà, pour avoir accès à ces réponses, il faut d’abord pouvoir poser les bonnes questions et ensuite être suffisamment éveillé pour être à même de déchiffrer les réponses. Or tout est là, tout est donné, depuis le commencement, dans l’universalité du mythe, dans l’intemporalité du symbole, encore faut-il pouvoir lire, voir et écouter.

Cet ouvrage est une tentative de lecture du symbole en insistant sur notre myopie et notre ignorance du plan. Nous savons que le plan existe mais son tracé ne nous est pas connu avec précision. C’est d’ailleurs pour quoi nous l’appelons labyrinthe, car nous ne pourrons connaître son tracé que lorsque le voyage sera terminé. Le symbole est donc un voyage, et il se présente à la fois, comme un nœud à démêler et une toile à tisser. Ce que nous devons chercher c’est le fil d’Ariane, car sans ce fil nous ne pouvons pas nous relier à notre ombilic, à notre centre de vie. Julien Behaeghel, qui nous a quitté en 2007, a beaucoup écrit sur le symbole.

Dans ce livre, il nous invite à « manger le symbole », faisant référence à Gilgamesh qui ne comprend pas qu’il doit manger la plante d’immortalité et l’eau de vie. Manger le symbole, l’ingérer, c’est être le symbole plutôt qu’avoir le symbole. Les trente symboles étudiés dans ce livre ont tous une fonction particulière dans le grand jeu initiatique œuf cosmique – œil-miroir, point-rien, Père-Ciel et Mère-Terre, arbre, serpent, soleil double, lune quaternité, cercle, croix, spirale, labyrinthe, montagne sacrée, trinité et triangle, arc-en-ciel, cercle-carré zodiacal, dieu cornu, axe du monde et pôle, ange et androgyne, équerre et compas, Janus ou la dualité, nœud, cœur, étoile, coquille et conque, phallus-linga, roue…Chaque étude, dense, précise et d’une grande richesse, révèle les possibilités de mouvement du symbole, sa potentialité opérative.

Plutôt que des longs et inutiles développements, Julien Behaeghel préfère condenser l’essentiel dans une écriture où se mêle poésie et connaissance. « Le symbole est « le dernier accès au sacré » selon Robert Triomphe, rappelle l’auteur. Et il développe : « Qu’est-ce que le sacré, sinon l’incompréhensible verbe qui a prononcé notre forme, au commencement, lorsque tout était noirceur et inconscience. Le sacré est la parole perdue, celle qui a tout créé, qui a tout dit, lorsque rien n’avait jamais été dit. C’est la parole de vie, la parole de sang, de sève, d’eau et de lumière. Le sacré, c’est ce qui nous a pensés de toute éternité afin qu’un jour, dans le temps, nous puissions voir sa beauté et petit à petit deviner la couleur de son regard et, plus tard, bien plus tard, partager sa sagesse. »

Après avoir abordé ces symboles fondamentaux, il rappelle les bases du symbolisme géométrique, du symbolisme des nombres, du symbolisme des couleurs, du symbolisme des animaux, du symbolisme des métaux et du symbolisme des fleurs, les fleurs qui sont « dieux et déesses et dans de nombreux cas symboles d’immortalité. ».Ce livre, dédié à C.G. Jung, ce qui n’est pas anodin, relève du tissage traditionnel. Il ne propose pas une juxtaposition de notices mais un voyage sur l’océan du symbole par des méditations imbriquées. Utile à l’instruction de base, il nourrit aussi l’esprit des questeurs qui ici et là trouveront matière à nouer ou dénouer.

Julien Behaeghel puise dans le superbe symbolisme Dogon : « La déesse nous tient en son nœud, giron cosmique dont le centre est chaleur solaire. Et c’est à sa chaleur que nous tisserons notre propre devenir en ajoutant quelques mailles à l’énorme grenier du monde, et lorsque notre travail d’amour sera terminé, la Nommo-déesse, Vierge du passage, nous donnera son fil, cordon ombilical de l’invisible, nous hissera dans le centre de conscience. Le fil de la Vierge deviendra alors l’axe du monde ; le nœud sera délié, le temps sera abrogé, la porte entre les deux mondes sera ouverte. L’homme alors n’aura plus qu’à tresser son âme au cœur même de l’âme universelle. »

L’auteur développe les symboles suivants :

L’œuf cosmique, l’œil-miroir, le Père-Ciel et la Mère-Terre, L’arbre, le serpent, le soleil-double, la lune, la quaternité, le cercle, la croix, la spirale, le labyrinthe, la montagne sacrée, la Trinité et le triangle, l’Arc-en-ciel, le cercle-carré zodiacal, le dieu cornu, l’Axe du monde et le Pôle, l’ange et l’androgyne, l’équerre et le compas, Janus et la dualité, le nœud, l’étoile, le cœur, la coquille et la conque, la phallus linga, la roue, le symbolisme géométrique des nombres, des couleurs, des animaux, des métaux et des fleurs.

 

BEHAEGHEL  - osiris, le dieu ressuscitÉ

Julien behaeghel

Edition BERG INTERNATIONAL

1995

L’Égypte est à l’origine de l’aventure spirituelle de l’humanité. L’histoire d’Isis et d’Osiris, son époux, le premier homme-dieu qui, par sa mort, devint terre, eau, feu et air pour sauver la matière et indiquer à l’homme la voie menant à la lumière, symbolise toute quête d’unicité et d’immortalité. Osiris, dont le corps démembré et le sang répandu susciteront les diverses péripéties de la manifestation terrestre, meurt dans le temps pour nous appeler à la conscience.

 

Isis, sa femme-sœur, est la première Vierge-Mère. Par une immaculée conception, elle donnera naissance à Horus, le Verbe-Fils, afin qu’il ressuscite son divin époux, image du monde. Après avoir au préalable lutté à mort avec son frère jumeau, Seth, le dieu du Mal, car dans ce mythe le Bien et le Mal agissent comme les aspects opposés et complémentaires d’une même réalité temporelle, Horus, le Fils-dieu, accomplira sa mission.

Osiris est le premier des dieux ressuscités. Il est le personnage central d’un des plus grands mythes fondateurs de l’humanité. Il préfigure le Christ, venu pour sauver les hommes, et annonce l’alchimie spirituelle dont le but est de sauver aussi la matière. Isis est la Mère divine, archétype de toutes les Vierges à l’enfant de notre histoire religieuse. Avec Horus, ils seront les initiateurs de toutes les trinités à venir.

 

Nout et Geb, la Déesse du Ciel et le Dieu de la Terre, mirent au monde Osiris, Seth, Isis et Nephtys. Osiris épousa sa sœur Isis et reçut de son père la riche vallée du Nil, tandis que Seth et Nephtys héritèrent des vastes déserts environnants. Devenu roi, Osiris apporta la civilisation aux Égyptiens : la culture, la justice, la religion... Osiris, qui au départ était un homme, fut appelé « Dieu » car il révéla le monde divin. Il avait le savoir divin et il ouvrit à son peuple le chemin vers la Lumière à travers les enseignements sacrés, les symboles, les rites. Osiris était un Fils du Soleil, un Envoyé du Père, mais il a rapidement constaté qu’il ne pouvait pas apporter la Lumière dans le monde des hommes car il y avait trop d’agitation, trop de conflits autour de lui et tout ce qu’il essayait de poser sur la e terre était sans arrêt détruit. Il faisait face à une incompatibilité absolue entre la vie matérielle et le monde de l’éternité.

 

La légende d’Osiris raconte que son frère Seth était jaloux de lui. Mais pourquoi était-il jaloux ? e Seth était un homme puissant dont le but était de réaliser le monde des hommes, de faire apparaître la matière et de la maîtriser. Il voulait se servir des lois de l’Esprit, des lois de l’Intelligence supérieure- pour maîtriser la vie sur terre et édifier une puissante civilisation. Osiris et Seth, c’est l’Esprit et la matière. Seth est la loi de la matière, la loi de ce qui est dur, ce qui se cristallise. C’est lui qui fait en sorte que l’Esprit se condense et devient matière. La contraction, le durcissement, le froid sont des lois de la matière, tandis que la dilatation, l’expansion, la chaleur sont des lois de l’Esprit. De la même manière, l’avidité est une loi de la matière, elle est contraction, durcissement, froid ; alors que la générosité est une loi de l’Esprit, elle est dilatation, expansion, chaleur. Seth et Osiris personnifiaient ces forces de la nature. Seth a engendré la matière, donc la mort, et Osiris a engendré l’Esprit, la vie. Osiris est partout, il est généreux et impersonnel, alors que Seth nous offre l’existence personnelle, la liberté, la capacité d’être des créateurs.

 

Dans la légende, Osiris et Isis étaient le couple sacré, des Dieux sur la terre. Osiris était le Père, Isis était la Mère et ils s’aimaient. Seth était jaloux de cet amour car Osiris et Isis vivaient dans l’immensité alors que lui était prisonnier dans les formes. La légende raconte qu’avec soixante-douze conspirateurs, il confectionna un sarcophage à la taille d’Osiris. À l’occasion d’un banquet, Seth lança qu’il offrirait le coffre à celui qui parviendrait à s’y allonger complètement. Aucun participant ne réussit à y entrer entièrement, alors Osiris lui-même essaya le sarcophage, qui lui allait comme un gant. Les compagnons de Seth refermèrent le couvercle et l’y emprisonnèrent. Puis ils jetèrent le cercueil dans le Nil. Apprenant ce qui était arrivé à son époux, Isis partit à la recherche du coffre. Après de longues recherches, elle le retrouva à Byblos, en Phénicie. Le sarcophage avait été pris dans le tronc d’un arbre pendant sa croissance, arbre que le roi de Byblos avait utilisé dans la construction de son palais. En se faisant passer pour une nourrice réussit à se faire engager au palais et à récupérer le sarcophage, qu’elle ramena en Égypte. Seth, frustré, réussit à s’emparer du corps d’Osiris et le découpa en plusieurs morceaux qu’il éparpilla dans toute l’Égypte.

 

 Isis et Nephthys naviguèrent alors sur toutes les eaux du pays à la recherche des morceaux du corps, qu’elles rassemblèrent peu à peu. À Philæ, elles retrouvèrent une jambe, à Letopolis, une épaule, à Busiris, la colonne vertébrale, et à Abydos, la tête. Elles retrouvèrent toutes les parties du corps d’Osiris, sauf son phallus, qui avait été jeté dans le Nil et avalé par un poisson oxyrhynque. Isis parcourut donc l’Égypte pour reconstituer le corps de son époux. Reconstituer le corps d’Osiris, c’est réunir toutes les parties du Tout, c’est donner du sens à tout ce que l’on voit, et voir que tout est relié dans une grande sagesse qui illumine le monde. Isis, c’est la femme qui aime son mari, qui est Dieu, et qui veut prendre soin du Divin sur la terre. Isis retrouva finalement tous les morceaux du corps d’Osiris. Sachant que tant que le corps de son mari ne serait pas complet il ne pourrait pas atteindre l’immortalité, elle lui confectionna un phallus et elle reforma tout son corps. Aidée de Thot et de sa sœur Nephtys, elle en fi t une momie, à laquelle elle réussit à donner le souffle e de vie par la magie de ses ailes. C’est ainsi qu’Osiris atteint l’immortalité et ouvrit ce chemin pour tous les êtres, à travers Isis et Horus.

 

On y parle : des Néter, du Nil, du soleil, de la pyramide, du temple, du livre des morts, Seth Typhon, des jumeaux, Orphée et Eurydice, Nephtys, du sacrifice, la lune, les 3 mondes, les 14 morceaux d’Osiris, la fontaine de Jouvence, Astarté, la trinité osirienne, la pesée des cœurs, la consubstantiation, la femme solaire,

 

BEHAEGHEL - quÊte symbolique d’un franc-maçon

Julien behaeghel

Edition MAISON DE VIE

 2007

Selon l’auteur, chaque Franc-maçon se doit de témoigner de son expérience initiatique. Depuis vingt ans, Julien BEHAEGHEL « pérégrine » de loge en loge pour transmettre le fruit de ses méditations, sachant cependant que le vécu est impossible à communiquer, même à ses meilleurs amis.

Dans ces 22 conférences, des « morceaux d’Architecture », il va de Saint Jean à l’alchimie en passant par l’étoile flamboyante et la symbolique des nombres, tout en évoquant des notions essentielles pour les Franc-maçons : le haut et le bas, la lumière et les ténèbres, la beauté…

Loin des sentiers battus, cet ultime ouvrage constitue donc le testament spirituel et philosophique de l’auteur.

On y trouve :

le sacré, St Jean l’initié, le verbe, la lumière, l’apocalypse, le nombre créateur, force, beauté, sagesse, l’étoile flamboyante, Yung et la quête de l’âme, initiation et alchimie, Osiris, les tailleurs de pierre, l’art du trait, l’endormissement, le tarot initiatique.

Julien Behaeghel né en 1936 nous a quittés en juillet 2007.

 

BEHAEGHEL - symbole & initiation maçonnique

Julien behaeghel

Edition Du Rocher

 1999

Tradition ésotérique, la Franc-maçonnerie est dépositaire et responsable d’un symbolisme qui fait sa profondeur.

 

Mais une juste compréhension de ces symboles est la condition pour que ses membres les plus éclairés puissent en appréhender la lumière initiatique.

L’auteur a choisi d’aborder ce symbolisme à travers l’image du labyrinthe chiffré, de un à neuf, qui renvoie au « monde en neuf » de la tradition chinoise.

 

Le labyrinthe est l’image d’une recherche : l’être de conscience recherche son centre et le centre du monde, symbolisé par la pierre. Ses instruments seront ainsi dans la tradition maçonnique le nombre du géomètre allié aux outils du tailleur de pierre.

Dans une pérégrination initiatique qui lui fera découvrir les grandes figures de la géométrie sacrée, le Maçon accomplit un parcours qui aboutit à la construction du Temple nouveau.

L’auteur déchiffre en outre la signification des principaux symboles associés aux grades de la maçonnerie écossaise : autre initiation chiffrée, qui trouve là aussi son sens dans le symbole régénérateur, par lequel l’homme réalise son véritable trajet vers l’unité.

Symboles et initiation maçonnique propose ainsi un voyage érudit et inspiré dans les arcanes de la tradition maçonnique.

 

1. Méditation symbolique
2. Le rituel
3. Le grand Architecte de l’Univers
4. L’équerre et le compas
5. Les trois grandes lumières
6. Les quatre voyages
7. Les cinq pointes de l’étoile flamboyante
8. Les six directions de l’espace sacré
9. Les sept marches de l’escalier à vis
10. Le carré long (ou le quaternaire sublimé)
11. La quête des neuf (HIRAM hors du labyrinthe)
12. La chaîne d’union
13. Les deux saints Jean

1. Les grades de perfection
La couronne de laurier et d’olivier
La clef du cœur
L’étoile et la balance
Le poignard et la caverne
Le puits
La caverne labyrinthique ou l’arbre inversé
Le pont du passage
La Jérusalem céleste
Le livre aux sept sceaux
La croix et la rose
2. Les grades philosophiques
Le serpent à trois têtes
La Tour de Babel
La hache couronnée
Le tabernacle
Le serpent d’airain
L’aile et la flèche
L’aigle noir et blanc

3. Les grades administratifs
L’échelle mystérieuse
L’étoile à neuf pointes
La tunique blanche

 

BEHAEGHEL - VAINCRE  LA MORT OU LA SPIRALE DE VIE

 Julien  BEHAEGHEL

 ÉDITION  MAISON DE VIE

  2011

 Comment un Franc-maçon, attaché à la symbolique et à la vision de Jung, aborde-t-il le problème de la mort, aujourd’hui tellement occulté ?

 

Julien Behaeghel qui nous a quitté en Juillet 2007, nous invite à méditer avec lui et à parcourir un chemin qui mène au-delà de la mort, notamment en empruntant la voie et le tracé de la spirale, qui permet de traverser les mondes « Tout spiraliser pour tout spiritualiser », écrit-il, alors la mort n’est plus une fin.

 

Au cours de leur longue histoire, les hommes ont souvent maltraité la nature ; aujourd’hui, c’est la planète qui est en cause. La gent humaine prépare inconsciemment mais avec certitude la mort de la terre qui nous porte et nourrit. La mort de la planète entraînera automatiquement la mort de l’homme. On peut se demander alors si nous n’avons pas en nous un instinct de mort aussi puissant que notre instinct de vie.

 

La faim de la mort semble supplanter la réalité physique de la fin de la vie, alors que, pour l’homme de la Tradition, la mort a été toujours un passage vers une autre vie. En Egypte ancienne, le décédé était appelé le « nouveau vivant », et c’est comme tel qu’il se présentait devant Anubis le dieu de la pesée des cœurs. La mort, ésotériquement, n’est ni une fin, ni une faim ; elle est la clé d’un devenir de l’esprit. La faim de la mort est en fait une maladie de l’esprit, une conséquence insidieuse de la dualité du créé ; elle manifeste la prépondérance de la dualité sur l’unité, du désordre sur l’ordre, du visible sur l’invisible.

 

Or vivre n’est pas œuvre de destruction mais, bien au contraire, vivre c’est créer, vivre c’est aimer. Et l’amour est la seule façon de préparer activement et consciemment un monde autre, le monde d’après.

Mais en réalité il ne sera pas question dans ce livre de la vie physique ou de la mort de l’homme mais bien de sa vie spirituelle.

 

Cette vie qui se déploie, au fil du temps et de la montée de la conscience, dans un espace et dans un temps qui sont au-delà de temps et de l’espace planétaire ou interplanétaire. Nous allons tenter comme bien d’autres avant nous, de pénétrer dans le dedans des choses, afin de voir dans quelle mesure l’esprit a un sens qui n’est pas celui de la mort et de la désintégration.

 

Nous allons entrer dans un monde du dessous et, comme Ishtar, y rencontrer la Reine du royaume d’En-Bas pour lui poser nos questions.

 

Pour ce faire, nous devons évidemment croire que l’esprit existe et qu’il est une dimension essentielle de nous-même et du vivant. Ce qui veut dire que sans cette dimension la vie ne peut avoir de sens et que l’esprit, comme un agent vital, peut transcender le temps et la matière pour nous conduire au-delà du réel apparent, c'est-à-dire au-delà de l’impermanence de la vie cyclique et organique.

 

BEHAEGHEL - voyage au cœur du symbole

Julien behaeghel

Edition DU ROCHER

 2004

Voyage au cœur du symbole nous propose de pénétrer graduellement dans la cosmographie symbolique. Cette dernière met en lumière les grandes sources du symbole et ses manifestations essentielles. Ces sources remontent dans le temps, depuis les révélations les plus anciennes des mythes, dont les « histoires » nous initient à la réalité intemporelle, jusqu’aux grands rêves de notre expérience personnelle.

 

Iconographies religieuses, mystiques et ésotériques d’une part, géométrie et nombres symboliques de l’autre sont à la base des grands symboles fondamentaux (carré, cercle, centre et croix) et de leurs combinaisons (cosmogrammes, labyrinthes et mandalas) : des systèmes dont le seul but est la réunification de l’être par la quête du centre. C’est ce que montre au final l’étude de deux grands cosmogrammes : Le tarot et sa quaternité et l’arbre des Sephiroth et sa cosmogonie lumineuse. Le symbole est un voyage initiatique ; le mérite de cet ouvrage occidentaux, est de nous rendre perceptibles les étapes essentielles et obligatoires de ce long périple dans les profondeurs de notre devenir spirituel.

 

Tout être incarné est appelé à recomposer son être, ce qui fera de lui un Androgyne divin.  L’androgynie a été tellement dépréciée, suite à la condamnation religieuse et sociale de certains comportements sexuels et de l’apparition de certains êtres hermaphrodites, ce qui n’a pourtant pas grand-chose à voir avec l’androgyne, que plusieurs, à tort, ne voudront pas que cela leur arrive.  

 

Mais ils ne pourront éviter que, un jour, dans l’Illumination, résultat de la Fusion du Ciel et de la Terre, cela leur arrive.  L’Enfant divin n’est-il pas la progéniture du Père-Mère, soit du Père-Essence et de la Mère-Matière?  Ce n’est que par nécessité qu’il n’a pas pu amener avec lui, dans l’incarnation, sa polarité complémentaire, restée dans le Cœur de l’Absolu.

L’Androgyne désigne une réalité spirituelle qui n’est ni masculine ni féminine, maie neutre.  Il symbolise à la fois l’être non encore manifesté où les polarités sont toujours fusionnées au sein de l’Unité ainsi que l’être manifesté qui a réalisé sa réintégration et a rejoint l’Unité primordiale. On peut considérer cette créature comme une entité exprimant en équilibre les deux aspects de la polarité, ce qui l ui fait contenir la plénitude de l’Unité fondamentale ou de l’Indistinction, ce qui en fait une totalité indivisible.

Il s’agit d’un état de complétude qui l’amène à tenir des deux sexes ou qui amène le masculin et le féminin à coexister en elle.  Il rappelle l’état primordial de l’être humain, le deux en un dans le Paradis originel, et son état futur, dans la perspective de la réintégration à opérer après le passage dans la désintégration, au moment de la fusion avec la Monade divine.  Il exprime la bipolarité de la Réalité, une fusion harmonieuse des contraires apparents, toujours compatibles et complémentaires, au-delà des apparences.

 

Dans ce contexte, on illustre l’Androgyne primordial par un cercle inscrit dans un carré.  Dans le cycle de l’Évolution, il évoque soit que la séparation n’ait pas encore eu lieu ou qu’elle ait pris fin (la redécouverte de la vertu première d’innocence ou l’Âge d’or reconquis).  Il symbolise la plénitude de l’Unité fondamentale, qui fusionne en équilibre les opposés apparents, telle qu’on la rencontre dans l’Alpha, en potentialité, ou dans l’Omega, dans leur intégration finale.  Globalement, cette créature mythique rappelle à l’être humain l’état primordial qu’il revêtait consciemment dans l’Alpha, au moment de l’Émission et qu’il doit aspirer à reconnaître consciemment, après une longue phase d’oubli, perdu dans la dualité de la Matière, afin de le réintégrer dans l’Omega, au terme de la Voie du Retour dans le Royaume du Père-Mère.  Dans la Mythologie grecque, il s’agit d’une race dont les sujets, à la fois homme et femme, partirent à l’assaut de l’Olympe, la résidence des Dieux suprêmes, et qui furent exterminés par Zeus.

 

Dans l’Alchimie, cet être homme-femme, debout dans l’œuf alchimique, entouré des signes planétaires (soufre et mercure).  Debout sur le Dragon, il révèle l’état de Réalisation suprême obtenu par la sage manipulation de l’Énergie vitale.  Alors, il couronne le Caducée hermétique, le Caducée de Mercure, pour désigner l’expiration-inspiration du Créateur et pour signifier que le Ciel n’a plus rien de caché pour l’être capable de le porter.  Cet être concilie en lui les contraires apparents, fusionnant le Ciel (les aspects du Père) et la Terre (les aspects de la Mère).  Il vibre dans l’extase du Un.   Comme le dit l’adage codé : Le mâle devient femelle et la femelle devient mâle pour former l’androgyne hermétique.   Dans ce cas, on parle davantage d’Androgyne hermétique pour identifier une réunion des principes féminin et masculin, avec renversement ou échange des aspects polarisés.

 

Dans la Cabale il donne l’image magique de Hod (Mercure), qu’on dit né de Hockmah (Uranus) et de Binah (Saturne).  Parfois, cette même expression sert à voiler Malkuth (la Terre, dite le Royaume).  Au début de son Cycle d’émanation, l’Homme ou l’Être humain primordial comprenait en lui-même tous les attributs de la polarité, les aspects mâle et femelle.  Mais après sa sortie prématurée du Paradis, au cours de sa descente progressive vers la Matière, pour avoir choisi de façon délibérée d’entrer dans l’Arbre de la Connaissance des Opposés apparents, ce qui le plongea vers les royaumes de la dualité, cette créature dut se diviser en deux entités afin de rester en mesure d’engendrer des enfants et de perpétuer son espèce.  Depuis ce jour, plus préoccupé par le monde extérieur, le Monde de la Matière, il n’a cessé de chercher sa complétude dans une entité extérieure plutôt qu’en lui-même.  Voilà ce qui, pour de motifs de supériorité apparente, a engendré la guerre des sexes, la source de tous les autres conflits, fondée sur l’incompréhension de l’égalité des aspects de la polarité.  En effet, ontologiquement, pendant son incarnation, tout être masculin porte une âme féminine (son âme-sœur véritable), tandis que tout être féminin porte une âme masculine (son esprit-frère véritable).  Ainsi, au terme de son évolution, l’être humain, qu’il soit homme ou femme, devra se réintégrer et se réunifier en lui-même, ce qui lui conférera l’aptitude d’engendrer ou d’émaner, de concert avec le Créateur suprême, ses propres réalités afin d’engendrer un univers à son image et à sa ressemblance.  Ce n’est que de cette manière qu’il accédera à la plénitude de son Pouvoir et qu’il assumera pleinement son rôle de co-créateur libre avec Dieu.

 

L’expression «Androgyne primordial» renvoie à l’Adam primordial qui apparaît au commencement comme à la fin des temps, donc au début comme à la fin d’un Cycle évolutif complet.  C’est un signe de totalité qui résume ou abroge la séparation des sexes.  Il explique que chaque être humain naît à la fois mâle et femelle dans son corps, dans ses aspects subtils et dans son Principe spirituel.  De ce fait, sa spécificité et son orientation sexuelle ne révèlent, dans ce monde que d’une nécessité de différencier, à divers degrés, les sexes, afin de mener une expérience particulière.  Il s’agit de l’état initial qui doit être reconnu au terme de l’expérience évolutive par la conciliation des contraires qu’on appelle la Réalisation de l’Unité première.  Pour le commun des mortels, l’Androgyne illustre l’Âge d’or à reconquérir, l’innocence, la vertu première, à retrouver.   Devenir un par la fusion en Dieu constitue le but de toute vie humaine.  Voilà l’une des caractéristiques de la Perfection spirituelle.  Ainsi, le pôle solaire, électrique, actif, émissif, pénétrant et le pôle lunaire, magnétique, passif, captatif, accueillant, ne désignent que des aspects d’une multiplicité d’opposés appelés à s’interpénétrer de nouveau.  Toute opposition apparente est appelée à s’abolir par l’union du céleste (subtil) et du terrestre (matériel), réalisée par l’être humain dont la puissance doit s’exercer sur le Cosmos dans sa totalité.

 

Normalement, l’expression «Androgyne principiel» désigne le Créateur en tant que Père-Mère, ce Deux dans lequel les principes masculin et féminin se contemplent, se reconnaissent et s’échangent à l’infini la félicité d’un amour sublime qui est à l’origine de toute création, soit de la Création sans cesse recommencée dans l’Éternel présent.

 

Y est développé:

l’androgyne, l’immortalité, les contes, les rêves, les légendes, les symboles fondateurs, cosmiques et figuratifs, les croix celtiques, swastika, potencée et autres, le zodiaque, les quatre éléments, 22 arcanes majeurs, l’arbre, les sephirot, et autre Tétraktys.

 

BEHAEGHEL  -   VOYAGE SYMBOLIQUE DANS LA MARQUE

Julien Behaeghel

Edition  VIF

 1994

Julien Behaeghel est peintre et écrivain. Spiritualiste convaincu, il est fasciné par les grands symboles de l'humanité qu'il a successivement analysés dans le Tarot, dans les quatre éléments de la tradition, dans les grandes marques commerciales de notre époque, dans le mythe des commencements, dans le récit visionnaire de l'Apocalypse de Jean (Apocalypse, une autre genèse, Mols, 1997) et dans les signes du Zodiaque (Le Zodiaque symbolique, Mols, 1999).

Julien Behaeghel est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages qui témoignent tous de l'extraordinaire pouvoir du symbole comme outil de la réunification de l'être. La peinture est aussi pour lui, depuis quarante ans, un mode d'expression pour rejoindre, à travers une géométrie symbolique, l'universel.

 

Au sommaire :

 

L'espace morphologique de la marque (parole et visage, langage symbolique, symboles fondamentaux)-espace symbolique de la marque (symboles cosmiques, mythologie et genèse, signes de la matière, magie du Nombre, personnalités de Marque, lettres de noblesse, nouveaux croisés, bestiaire remarquable, fleurs et musique, son et lumière)-l'espace créatif de la marque-la marque s'en va-t’en guerre

 

Extrait du livre : En 1933, la construction du nouvel Hôtel de Ville de Lille décide de l'expropriation de l'entreprise. Wattignies accueille ses installations et une nouvelle usine. Dans le même temps, l'affaire marseillaise est fermée. Un repli géographique qui ne signe pas, loin s'en faut, la mort de la marque, puisque La Pie qui Chante va désormais prendre sous son aile toute la gamme existante et les nombreux nouveaux produits. Et s'affranchir ainsi de la légende qui en fait un animal néfaste qu'il faut détruire. «Mais quel oiseau, mieux que La Pie qui Chante, la marque française de toute une gamme de bonbons, symbolise avec autant de bonheur l'oiseau chanteur ? Et même si la pie est reconnue comme bavarde, voleuse et futile (elle est attirée par tout ce qui brille), la légende grecque en fait la chanteuse par excellence, capable de rivaliser avec les Muses» nous dit Julien Behaeghel. Hasard ou proximité plus que temporelle, un autre animal va conquérir l'imaginaire des enfants selon la même syntaxe : La Vache qui Rit, née en 1921. 

 

BENZIMRA - CONTRIBUTION MAÇONNIQUE AU DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS DU LIVRE. LE GRAND SECRET DE RÉCONCILIATION

ANDRÉ  BENZIMRA

ÉDITION  DERVY

 2010

Pour André Benzimra, si les divergences entre les trois religions du Livre sont apparentes, c’est parce qu’elles ne se rapportent pas au même aspect du Divin alors qu’elles croient parler de la même chose. Pourtant il existe une source commune aux trois religions qui a vocation à dénouer ces conflits, l’ésotérisme. Dans ce travail de réconciliation, l’ésotérisme maçonnique doit sans doute jouer un rôle important, quoique non exclusif vis-à-vis des autres ésotérismes. Il est bien sur impossible d’envisager de résoudre tous les conflits, mais André Benzimra nous démontre que les plus importants d’entre eux n’ont pas lieu d’être.

 

Il montre ainsi qu’il n’y a aucune divergence entre juifs et chrétiens sur la question messianique, que la querelle du filioque origine du schisme entre les Eglises d’Orient et d’Occident n’a aucun lieu d’être dès lors qu’on admet que l’incarnation du Verbe s’inscrit dans la cadre d’une réalisation descendante ou bien encore que la Trinité est juive avant d’être chrétienne tout en étant présente dans la pensée islamique.

 

Surtout, il explique pour quelles raisons il est fondé de penser que la franc-maçonnerie doit jouer un rôle capital dans cette « réconciliation » entre les trois religions et comment les deux courants qui se partagent la franc-maçonnerie -le traditionalisme et l’esprit des Lumières- doivent dépasser leurs divergences et chercher les voies de leur union.

L’auteur explique les sujets suivants :

 

Le temps du dévoilement et la doctrine secrète- les noms divins- l’Infini (en-Soph)- le Très Haut (El Elyon)- L’Être Créateur (Elohim Lui-les-dieux)- Rattachement des cultes à leurs principes respectifs- signature du nom divin sur le culte qui lui est rattaché- le judaïsme – le christianisme- l’islam- la question du Messie- la querelle du filioque- le saint esprit sur l’arbre séphirotique- la trinité aux yeux des juifs et des musulmans- le Coran- l’Ange Gabriel- l’annonce de la venue de Mahomet- Place de la franc-maçonnerie parmi les cultes, sa mission dans l’œuvre de réconciliation- l’histoire traditionnelle, légendaire et véridique des religions d’Occident- Le Tout Puissant- El Schaddaï et le Grand Architecte de L’Univers-

 

André Benzimra, professeur de philosophie est membre de la Grande Loge de France

 

BENZIMRA - ENQUÊTE SUR L’EXISTENCE D’UNE THÉORIE DU TEMPS CYCLIQUE EN FRANC-MAÇONNERIE

André Benzimra 

Edition  Archè  Milan

 2012

Il y a un principe infini. L’idée d’une science purement déductive a été reprise par quelques philosophes, parmi lesquels Descartes et Spinoza. Le premier commence par établir sa propre existence en considérant qu’il ne saurait être rien, attendu qu’il pense. De cette première « vérité », il entend déduire tout le reste, à savoir qu’il existe un Dieu dont on peut connaître la nature et un monde dont on peut découvrir les lois en nous fondant sur quelques idées innées (discours de la méthode).

 

C’est là prendre les choses à rebours car on ne saurait faire de la créature le principe et du Créateur la conséquence. C’est selon l’enchaînement exactement inverse, c'est-à-dire du Créateur aux créatures, que les choses s’ordonnent dans la réalité et doivent du même coup s’ordonner dans la démarche déductive. Car il n’est dans la pensée aucun ordre véritable, hors celui qui s’inspire de l’ordre des choses.

 

Spinoza prend quant à lui les choses dans le bon ordre (quoiqu’on puisse émettre quelques bémols) car il part comme il faut de l’idée d’un Dieu infini. Mais son souci n’est point tant de connaître le monde, afin d’éclairer le chemin qui retourne à Dieu, que de tirer de cette connaissance du Principe suprême quelques règles d’éthique qui nous permettent de vivre aussi bien qu’il est possible à un être enfermé dans sa condition.

 

Trois conceptions fondamentales du temps sont envisageables. On peut les figurer l’une par une ligne droite orientée, l’autre par un cercle et la troisième par une spirale. Les données de la métaphysique permettent de déduire que seule la spirale est à retenir.

 

 L’auteur explique les différences fondamentales entre le temps cyclique et le temps linéaire et pourquoi cette spirale et double spirale est importante dans une étude spirituelle. La spirale dans laquelle nous sommes entraînés du fait de notre condition temporelle, prend son départ dans un point central qui est Dieu et effectue, en sens sinistrogyre, un déroulement progressif qui éloigne tous les passagers du temps de leur port d’origine, à savoir Dieu. Le temps véritable comporte une seconde spirale, reliée à la première et disposée vis-à-vis de la première en symétrie inversée, cette seconde spirale effectue donc un enroulement en sens dextrogyre autour d’un point central, qui est toujours Dieu. Si la première spirale est négative, la seconde est positive. Le symbole de cette double spirale est symbolisé sur le pilier Sagesse qui est ionique et où est bien marquée cette double spirale qui nous demande une descente suivie d’une remontée dans les profondeurs du temps, avoisinant ainsi l’Eternité.

 

Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous parle de :

 

 

De la doctrine des cycles cosmiques en général ; de son expression dans l’Hindouisme ; de sa présence dans les doctrines qui ont parrainé la Franc-maçonnerie. 

La double spirale et le temps cyclique

Enquête sur la manière de déterminer les dimensions du temps

La doctrine des  cycles cosmiques dans les traditions qui ont influencé la Franc-maçonnerie ; les cycles chez les Grecs et les Romains ; dans l’Hermétisme et l’Alchimie ; dans le Judaïsme et la Kabbale ; dans la tradition Johannique

L’Héritage pythagoricien, hermétique et Hébraïque.

Tubalcaïn; le retour d’Abel et Caïn; l’échelle de Jacob; Le roi du monde  une terre sacrée, la plus haute des montagnes, la plus basse des vallées : la vallée de Josaphat.

L’Etoile des Rois-Mages ; Métamorphose d’un symbole Pythagoricien ; la fin du manvantara et l’annonce de celui qui doit le suivre ; le livre scellé de sept sceaux.

 

BENZIMRA - EXPLORATION DU TEMPLE MAÇONNIQUE A LA LUMIÈRE DE LA KABBALE

ANDRE   BENZIMRA

EDITION DERVY

2008

La franc-maçonnerie est comparable à un livre muet. Ses objets symboliques gardent le silence sur leurs propres significations. A raison, les opérations maçonniques sont appelées des mystères. Chaque parole du rituel constitue une énigme. Les explications présentées par les instructions accroissent souvent la perplexité au lieu de la dissiper. On dirait que l’Ordre a omis de livrer la clef qui permettrait de déchiffrer le message qu’il nous adresse.

 

Certes, les Anciens ont sur tout cela leurs opinions. Et il est bon que chacun à son tour forme pour commencer, son avis personnel ? Mais Platon ne nous invite-t-il pas à dépasser le règne de l’opinion ? Or, on remarque en franc-maçonnerie des traces de pythagoricisme, d’ésotérisme johannique, de gnose, d’hermétisme, peut-être aussi d’un héritage templier, de kabbale etc. 

En abritant les vestiges de ces antiques traditions, l’Ordre manifeste la confiance qu’il leur accorde. Ainsi, chacune de ces traditions, si l’on veut bien la prendre pour flambeau, est de nature à nourrir une enquête exigeante et rigoureuse sur les symboles, les rituels et les rites maçonniques.

 

C’est à une enquête de ce genre que se livre André Benzimra en prenant la Kabbale comme guide de sa visite du temple maçonnique.

 

L’auteur développe les points suivants :


L’oreille, comme image et ressemblance du Temple, la caverne, VITRIOL, les arbres du Paradis, la légende des dormants d’Ephèse, géocentrisme et héliocentrisme, les étoiles de la loge, les figures de la Terre, histoire du Verbe, la femme depuis le jardin d’Eden, Babel et les langues, la reine de Saba, Lilith, la fiancée du Cantique des Cantiques, la légende du 9e degré  et sa caverne.

 

BENZIMRA - LA PAROLE CIRCULE  -  PROPOS D’UN FRANC-MAÇON   -

 André Benzimra

Edition Numérilivre

 2015

En fait, en ce livre, la Parole semble flâner plutôt que circuler tant le désordre y est grand. On passe sans logique apparente d'un sujet à un autre tout différent, du goût pour les idées fausses aux traditions réservées aux enfants, de la symétrie organique à l'étude des mœurs des insectes francs-maçons. Ici, l'on traite de la supériorité du baiser sur la bouche sur les actes amoureux plus avancés, ailleurs de ces autres moi-même que sont le singe, mon reflet dans le miroir et mon ombre sur le sol, plus loin d'une interprétation maçonnique du Cantique des Cantiques. Du Commentaire du Prologue de Saint Jean, on verse sans crier gare à un plaidoyer en faveur de la tortue. Etc. Etc. Et, pourtant, s'il est vrai que circuler, c'est suivre un chemin circulaire, les textes de ce livre sont liés les uns aux autres par un réseau de secrètes correspondances. A chacun de ces textes d'autres, déjà lus, répondent en écho en sorte qu'il faut revenir à ceux-ci pour mieux apprécier celui-là et peut-être mieux le comprendre. Cela fait au total bien des lectures en cercle ou en spirale. A l'image de la Parole qui y circule. André Benzimra est agrégé de philosophie et est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Kabbale et la Franc-maçonnerie.

 

Il est bon de dire ce qu'est la franc-maçonnerie, et ce qu’elle n’est pas; ce qu'elle devrait être, et ce qu'elle ne devrait pas être, tout en gardant à l’esprit que le dernier mot sur ce phénomène pluriel et hétérogène ne sera pas dit dans ces quelques lignes. Mais enfin, en guise de mise au point, on peut avancer les quelques données suivantes. En premier lieu, à ceux qui ne voudraient voir dans la maçonnerie qu'une secte parmi tant d'autres, on leur demandera de considérer si une institution fondée sur la tolérance et la liberté de pensée peut raisonnablement être assimilée à une secte.

 

Certes, chacun sait que cette tolérance si fièrement arborée peut souffrir de certaines limites et que la liberté de pensée constitue un idéal difficile à atteindre. Mais on ne voit nulle part dans la société maçonnique de dérives sectaires telles que la soumission à un leader, l'exploitation financière des membres (il faut tordre ici le cou à une légende qui voudrait faire croire que, «pour en être», il faut être riche et influent), l'endoctrinement, la manipulation des consciences. Ensuite, ce n'est pas faire œuvre apologétique que de poser que la maçonnerie n'est en rien une société secrète, mais seulement une société discrète. Les ateliers maçonniques sont, dans notre pays, créés sous forme d’assemblées et leurs statuts sont publiés en Préfecture. Une véritable société secrète est clandestine et elle parvient à faire oublier jusqu’à son existence. Les adresses des obédiences sont bien connues et dans chaque ville les lieux où les frères et les sœurs se réunissent attisent les curiosités locales. Que la maçonnerie soit une société discrète est en revanche une évidence, au vu de pratiques toujours actuelles qui ne laissent pas d'intriguer les profanes (ceux qui n'en font pas partie), comme le secret d'appartenance par exemple. Il est vrai que ce caractère discret suffit à alimenter les pires suspicions.

 

S'inspirant d'un passage des évangiles, le pape Clément XII (le premier à condamner la franc-maçonnerie) ne s'exclamait-il déjà pas en 1738 : « S'ils ne faisaient point le mal, ils ne haïraient pas ainsi la lumière ». De telles réactions prévalent aujourd'hui sur toutes les tentatives d'explication. Force est de constater que l’avalanche littéraire - et le présent article de même, sans doute... - ne parviennent qu'à grand peine à endiguer le mythe d'une société secrète et puissante, dont les membres, recrutés par cooptation, triés sur le volet, sont supposés tirer les ficelles de l'économie, de la politique, voire même des médias, quand leur solidarité ne passe pas pour être une gigantesque toile où se croisent affairisme, corruption et pratique de la courte échelle. Tout se passe comme si les démentis accentuaient cet état de fait, mais il est vrai que certains discours lénifiants sur la maçonnerie ne portent pas à croire qu'il s'agit d'une société dont tous les membres ont les mains propres...

 

A quoi bon répéter, en effet, que la maçonnerie ne recrute que des hommes de bien et de probité, que les griefs portés à son égard ne peuvent venir que d'anti maçons rabiques, quand certains de ses membres sont condamnés par la justice et emprisonnés pour diverses affaires de corruption et de détournement de biens publics? Soyons clair, le fait que quelques brebis galeuses fréquentent les colonnes du temple ne devrait pas ternir l’image de toute une société dont l’immense majorité des membres ne recherche que le perfectionnement individuel, la fraternité et l'ouverture vers l'autre, voire vers un absolu. Les raisonnements de certains paraissent bien simplistes. L'antimaçonnisme populaire dit qu'il n'y a pas de fumée sans feu; répondons alors que l'arbre ne doit pas cacher la forêt. L'idéalisation de la société maçonnique au travers de discours éthérés ne nous paraît pas être la meilleure façon de défendre une société qui doit être défendue contre les attaques récurrentes dont elle fait l'objet. En réalité, beaucoup de malentendus seraient dissipés si la maçonnerie de notre pays voulait se montrer plus ouverte, moins discrète, si les maçons prenaient publiquement position sur les grands sujets de société, si le secret d'appartenance était largement levé.

 

On objectera que l'appartenance à la maçonnerie doit demeurer cachée parce que les régimes totalitaires persécutent les maçons et qu’ils pourraient prendre à nouveau le pouvoir dans notre pays (?), qu'il ne fait pas bon se déclarer maçon dans certains milieux professionnels et qu'une déclaration d'appartenance équivaudrait, sinon à un licenciement, du moins à une mise sur une voie de garage. Etc. Précisément, de telles réactions sont, pour une part, le fruit de la discrétion maçonnique. L'extériorisation progressive constitue à nos yeux un rempart contre l'antimaçonnisme. Mais sans doute la pratique du secret fait-elle une bonne part du charme de la franc-maçonnerie et l’on ne peut exclure que certains y trouvent des compensations d'autant plus grandes que leur vie familiale ou professionnelle est morne et sans attrait.

 

Reste à comprendre ce qu’est la maçonnerie. Elle n'est ni une religion, ni une contre-religion (elle a pu l’être, lorsqu’elle était anticatholique et antireligieuse), elle ne saurait dès lors entrer en concurrence avec la pratique d’une religion dans le chef du maçon. Société initiatique et philanthropique, société adelphique, elle pourrait bien constituer un bel exemple de religiosité séculière. Aux États-Unis, les loges, si ouvertes sur le monde extérieur, ont pu jouer le rôle de religion civile. En Europe, la franc-maçonnerie est promise à un bel avenir parce qu'elle répond à des besoins inscrits dans le cœur de l'homme, transcendant les divisions confessionnelles et religieuses, sans pour autant revendiquer un rôle supra religieux et fédérateur de tous les universalismes.

 

 

Au sommaire de cet ouvrage : Du gout pour les idées fausses  -  Sur le mode d’exposition des textes initiatiques  -  Sur le beau style et sur la bonne odeur  -  Sur le symbole  -  Sur les sens contraires des mots hébreux  -  Sur la philosophie et la psychanalyse  -  Le conte de Blanche-neige  -  De la loi des oppositions  -  Pieuses pensées sur la lumière  -  Sur le singe  -  Au sujet d’un insecte franc-maçon  -  Sur les pas de danse d’Adam  -  De la symétrie organique  -  Dans quel sens souffle le vent  -  De la lutte pour la vie  -  Au sujet du Grand Architecte de l’Univers  -  Pourquoi je suis à la fois juif, chrétien et musulman  -  Du génie maçonnique de l’abeille  -   L’attrait du mystère et pourquoi demande-t-on l’entrée ?  -  Aperçu sur un avenir que j’espère imaginaire  -  A propos d’un ver de Virgile  -  Jouis du présent et présente lui tes devoirs  -   Sur la nostalgie  - D’autres jeux  -  Plaidoyer pour la tortue  -  Sur la croyance  -  Sur le moi, le je  -  Sur la circulation de la parole  -  Sur les lèvres de l’immortalité de ce qu'’elles disent parfois  -  Commentaire des 13 premiers versets de l’évangile de Jean  -  Sur la ressemblance avec Marie  -  Sur l’amour courtois  -  Sur le baiser  -  Sur l’amour et la connaissance  -  Sur l’humilité  -  Pour une interprétation maçonnique du Cantique  -  Pourquoi les Noms divins  -  Les signes  -  Sur une ânesse et son petit et sur un certain buisson  -  Sur le mandala  -  Du Paradis terrestre à la Jérusalem céleste  - 

 

BENZIMRA - LA VIE DE JḖSUS-CHRIST AU CIEL ET SUR LA TERRE   -   ḖNIGMES ET MYSTḔRES

André  Benzimra

Edition Archè Milan

2015

Comment expliquer la série de naissances miraculeuses qui se produisirent au temps de Jésus ? Comment comprendre la dureté avec laquelle celui-ci traite ses parents et particulièrement Marie ? Qu'est-ce donc qu'il écrit sur le sol au moment où le peuple se prépare à lapider la femme adultère ? Pourquoi, au moment d'entrer à Jérusalem, se choisit-il pour monture un ânon qu'il a fallu aller chercher très loin ?

 

Que signifie exactement Jésus lorsqu'il dit à sa mère, parlant de Jean : "Femme, voici ton fils" ? Pourquoi, sur le passage du Messie, les gens de Jérusalem agitent-ils des rameaux ? Etc. Ce sont là quelques-unes des énigmes que l'auteur tente de résoudre à partir de certains sous-entendus des Evangiles. Au passage, il s'efforce de montrer qu'il y a moins une divergence qu'un malentendu entre judaïsme et christianisme. Mais l'objet essentiel de son livre vise à percer le double Mystère du Christ dans l'éternité de sa résidence céleste et de Jésus dans son passage sur cette terre

 

Le Christ apporte cette révélation et ce salut. Comme on peut dire que toute l'action de Dieu dans l'humanité se réalise par une médiation, on peut dire pareillement que toute l'oeuvre du Christ dans l'histoire est une médiation. Jésus est le Médiateur parfait, si bien qu'au sens absolu ce titre lui appartient en propre. « Il y a, déclare les évangiles, un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. » La qualité du Christ comme médiateur unique est soulignée de manière absolue par sa comparaison avec la qualité de Dieu comme seul Dieu. Et la médiation du Christ est située dans le plan moral et religieux avec une indiscutable netteté. Jésus-Christ est médiateur entre ces deux parties : Dieu d'un côté, d'un autre côté les hommes.

Ceci ne diminue pas le rôle joué dans l'A. T, par les intermédiaires nommés et par les autres dont les noms auraient pu être ajouté. Paul lui-même, dans, parlant de l'utilité de la Loi, rappelle qu'elle fut promulguée par le moyen d'un médiateur ; il attribue à Moïse le même titre qu'à Jésus-Christ. Quelques exégètes ont allégué que Moïse était le représentant du peuple d'Israël devant Dieu, bien plus que le représentant de Dieu devant le peuple. L'erreur est manifeste ; l'apôtre l'a par avance réfutée en ajoutant, v. 20 : « un médiateur ne l'est pas d'un seul », c'est-à-dire un médiateur suppose toujours deux parties. La fin de ce verset a donné lieu à des centaines d'explications, explications ingénieuses mais compliquées ; le contexte permet, semble-t-il, de l'entendre simplement : « Dieu est un », rappelle l'apôtre, c'est-à-dire : Dieu est une partie. Paul entend établir, par la mention expresse de Dieu comme l'une des parties entre lesquelles s'opère la médiation, que Moïse était bien l'envoyé de Jéhovah et son mandataire ; l'autre partie, Israël, était connue de tous et Moïse était son chef indiscuté.

 

L'épître aux Hébreux admet, elle aussi, la réalité de l'action médiatrice des témoins de Dieu dans l'ancienne alliance ; c'est en le comparant à eux qu'elle démontre la préexcellence du Christ comme médiateur d'une meilleure alliance  d'une alliance nouvelle. Cette comparaison, ou plutôt cette opposition des deux alliances, thème fondamental de l'auteur, est la comparaison, l'opposition de la Loi et de l'Évangile. L'alliance ancienne est abolie, la loi mosaïque est dépassée ; elles n'étaient que pour un temps ; la nouvelle alliance est définitive, l'Évangile est éternel, et l'oeuvre de Jésus-Christ, fondant la nouvelle alliance et proclamant l'Évangile, corrobore le caractère surnaturel de sa personne de Fils unique. Toutefois, l'ancienne alliance et la loi mosaïque, malgré leur rôle temporaire, leur insuffisante valeur, sont d'origine divine ; leur mission a été providentielle ; l'opposition n'est pas une antinomie, car si le parfait n'a plus besoin de l'imparfait, l'imparfait a préparé le parfait.

 

Et désormais il n'y a plus qu'un seul médiateur, Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ seul tient d'assez près à Dieu pour être son représentant parmi les hommes et tient d'assez près aux hommes pour être leur représentant devant Dieu. Si bien que, quand Jésus-Christ vient vers les hommes c'est Dieu lui-même qui vient vers eux, et que, quand les hommes vont à Jésus-Christ c'est à Dieu lui-même qu'ils vont. Et si Dieu, « chez lequel il n'y a nul changement ni l'ombre d'une variation, continue, pour étendre son Royaume, à orienter les hommes par l'action de certains hommes, ceux-ci seront, en même temps, les intermédiaires du « Père des lumières » et du Fils qui est « la lumière du monde ». C'est au nom du seul médiateur comme au nom du seul Dieu que les hommes se convertiront, se sanctifieront, travailleront pour le salut de leurs frères ; ils seront ouvriers avec Dieu parce qu'ils seront, et dans la mesure où ils seront, les témoins de Jésus-Christ.

 

En ce qui concerne Dieu, Jésus s'attribue une si entière connaissance qu'elle atteint la connaissance divine elle-même et que lui seul possède. « Nul ne connaît ce qu'est le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît ce qu'est le Père si ce n'est le Fils »,. Surhumaine parole et parole historique dont un critique aussi indépendant que W. Heitmüller dit qu'elle « appartient à la source des Logia », à la plus ancienne source, et qu'elle possède « une authenticité substantielle », dont un critique aussi perspicace que W. Sanday dit que « celui qui la pénètre a trouvé sa voie pour aller jusqu'au coeur du christianisme » . De même que Dieu discerne non seulement la vie du Fils que les hommes peuvent aussi percevoir, mais l'être profond, ce qui constitue l'être propre, le moi réel du Fils, ainsi le Christ saisit non seulement l'action de Dieu manifestée par ses interventions dans le monde, la personne de Dieu révélée dans les desseins miséricordieux constituant l'histoire de l'A.T., mais, par-delà ces fragments de vérité accessibles aux hommes, il découvre la pensée inconnue, le sentiment insaisissable, la volonté impénétrable aux regards des créatures et qui forment l'être même de Dieu. Entre Dieu et le Christ il y a une communion réciproque et complète, qui n'est admissible et qui n'est compréhensible que parce que le premier est le Père et que le second est le Fils.

 

Si Jésus ne s'est pas désigné comme « le Fils de Dieu », il a accepté d'être ainsi appelé, et les textes sont en grand nombre où il se donne comme « le Fils » ; non un fils quelconque, ou supérieur en quelque manière aux autres fils, mais le Fils en un sens absolu. Il y a parité entre ces deux titres. Les notions de prophète, de témoin de Dieu, d'homme-type, de révélateur, de fondateur du Royaume de Dieu, de Sauveur, n'épuisent pas la plénitude de l'expression « le Fils » ou le « Fils de Dieu ». L'union personnelle ainsi marquée est le fondement de la conscience de Jésus. Ce n'est pas sa mission de révélateur, de rédempteur qui lui donne la conviction qu'il est le Fils de Dieu ; c'est parce qu'il est le Fils de Dieu qu'il entreprend sa mission de révélateur et de rédempteur ; le sentiment de sa filialité divine est en Jésus la cause, non la conséquence de son oeuvre.

 

Le 4e évangile, appuie fortement les déclarations des synoptiques. Aux pharisiens contestant la portée du témoignage qu'il se rend à lui-même, Jésus répond : « S'il m'arrive de juger, mon jugement est vrai car je ne suis pas seul mais le Père est avec moi ». Le médiateur ne parle pas de son propre chef ; représentant de Dieu, il sait assurément quel est le plan général, l'éternel dessein de Dieu, mais en outre il suit à toute heure la volonté de Dieu, il distingue en toute occasion la pensée de Dieu, et sa parole correspond d'autant mieux à la réalité vraie que, sur la réalité en question, il traduit ce que Dieu lui inspire. Jésus n'est pas une personnalité même exceptionnelle déléguée par un Dieu lointain ; à côté de lui se tient le Père qui l'a envoyé, et c'est le Juge souverain qui prononce avec Jésus l'arrêt que Jésus prononce. En vertu de cette assistance directe, de ce lien permanent, le Fils possède une pleine intuition de Dieu. Et ce savoir ne lui vient pas d'une sagesse lentement acquise, d'une réflexion longuement mûrie, il lui est donné parce qu'il est le Fils, le Fils que Dieu ne laisse jamais seul.

 

C'est pourquoi, et par inévitable conséquence, même quand les Juifs appellent Dieu : leur Dieu, cependant ils l'ignorent encore. Vis-à-vis de leur science traditionnelle si limitée, si rudimentaire qu'elle ne discerne pas dans le Christ celui par qui Dieu veut se révéler, et que sur le point culminant de l'action de Dieu leur science est aveugle, Jésus place son savoir personnel, un savoir qui, dans sa compréhension sans ombres, forme avec tout autre savoir humain un ineffaçable contraste : « Vous n'avez point connu Dieu, mais moi je le connais » . La particule adversative du texte original oppose les interlocuteurs, comme les verbes employés opposent les connaissances : l'une directe, immédiate, l'autre transmise, acquise. Le Dieu méconnu par les Juifs est pour Jésus son Père ; cette situation spéciale de Jésus explique sa pénétration spéciale et que Jésus seul sache véritablement ce qu'est Dieu et ce que Dieu veut. Plus loin, Jésus mettra sur le même plan la connaissance que Dieu a de lui et la connaissance que lui a de Dieu. Comme la connaissance de Jésus par Dieu est une connaissance intégrale, pareillement est intégrale la connaissance de Dieu par Jésus.

 

Au sommaire de cet ouvrage : Des naissances insolites  -  L’annonce faite à Marie  -  Aide et protection demandée au Baptiste  -  La naissance de Jésus  -  La visite des Rois mages  -  La circoncision  -  La fuite en Egypte  -  L’enfance de Jésus  -  Le baptême de Jésus et sa mise à l’épreuve  -  Notes sur le baptême  -  Commencement de la mission de Jésus  -  Les noces de Cana  -  les miracles  -  la calomnie  -  Donne nous un signe  -  L’ordre de la nature et la loi de Moïse  -  Ce que dit Jésus au nom de son père qui est dans les cieux  -  Ce que Jésus dit de lui-même  -  La mission des douze  -  la malédictions sur les villes du bord du lac  -  la demande de Jean le baptiste  -  la mort du Baptiste  -  les paraboles  -  retour sur Nazareth  -  La tristesse de Dieu  -  la Transfiguration  -  la notion de création et l’action des trois personnes de la Trinité sur les êtres crées  -  Paroles de sagesse  -  le pouvoir de lié et de délier  -  le désaccord entre les douze  -  le petit à l’ânesse  -  Avant et après l’entrée à Jérusalem  -  Dans Jérusalem  -  l’entretien avec Nicomède  -  les marchands du Temple  -  le concours d’énigmes  -  quand reviendra le printemps du monde  -  tu aimeras ton prochain comme toi-même  -  la colère contre les pharisiens et les scribes  -  les signes des temps  -  le jugement dernier  -  cette génération ne passera pas sans que vous ayez vu ces choses que je vous annonce  -  l’onction de Béthanie  -  la trahison de Judas  -  le repas pascal  -  l’Eucharistie  -  l’écœurement  -  le reniement  -  le sommeil de ceux qui devraient veiller  -  arrestation de Jésus  -  la condamnation à mort  -  ces violents qui forcent les portes du ciel  -  mort de Judas  -  Jésus devant Ponce Pilate  -  le sacre dérisoire  -  le chemin de croix  -  le Golgotha  -  la crucifixion  -  la consolation de Marie  -  la mort de Jésus  -  ce qui advint aussitôt après la mort de Jésus  -  le tombeau vide  -  les dernières apparitions de Jésus  -

 

BENZIMRALE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS OU COMMENT COLLABORER A SES PLANS

André Benzimra

Edition Archè Milan

 2016

Parce que  l’Oeil (Grand Architecte de l’Univers) tient une place essentielle dans notre Delta lumineux, il paraît intéressant d’élargir notre champ de réflexion en abordant d’autres cultures, là surtout où il relève aussi du ternaire. Sa symbolique y demeure celle de la perception intellectuelle. On considère successivement l’oeil physique dans sa fonction de réception de la lumière. Puis l’oeil frontal, le troisième oeil de Civa, enfin l’oeil du coeur, qui reçoivent l’un et l’autre la lumière spirituelle. Selon Platon et saint Clément d’Alexandrie, l’oeil de l’âme est non seulement unique, mais sans mobilité. Il n’est susceptible que d’une perception globale et synthétique. La même expression d’oeil du coeur ou de l’esprit est relevée chez Plotin, saint Paul et saint Augustin.

 

C’est aussi une constante de la spiritualité musulmane (ayn-el-Qalb). On la trouve chez la plupart des soufis, notamment chez Al-Hallâj. Mais, également, le mauvais oeil est une expression très répandue dans le monde islamique, symbolisant une prise de pouvoir sur quelqu’un ou quelque chose, par envie et avec une intention méchante. Le mauvais oeil, dit-on, est cause de la mort d’une moitié de l’humanité. Le mauvais oeil vide les maisons et remplit les tombes. Auraient des yeux particulièrement dangereux les vieilles femmes et les jeunes mariées. Y sont particulièrement sensibles les petits enfants, les accouchées, les chevaux, les chiens, le lait, le blé. Heureusement, il existe des moyens de défense contre le mauvais oeil: des dessins géométriques, des objets brillants, des fumigations odorantes, le fer rouge, le sel, l’alun, des cornes, le croissant, une main de Fatma. Le fer à cheval est aussi un talisman contre le mauvais oeil. Il semble réunir à cause de sa matière, de sa forme et de sa fonction les vertus magiques de plusieurs symboles: corne, croissant, main et cheval (animal domestique et primitivement sacré).

 

Chez les Egyptiens, l’oeil Oudjat (oeil fardé), était un symbole sacré, que l’on retrouve sur presque toutes les oeuvres d’art. Il était considéré comme une source de fluide magique, l’oeil-lumière purificateur. On connaît aussi la place du faucon dans l’art et la littérature religieuse de l’Egypte ancienne. Or, les Egyptiens avaient été frappés par la tache étrange qu’on observe sous l’oeil du faucon, oeil qui voit tout. Autour de l’oeil d’Horus se développe toute une symbolique de la fécondité universelle. Rê, le dieu soleil, était doté d’un oeil brûlant, symbole de la nature ignée; il était représenté par un cobra dressé, à l’oeil dilaté. Les sarcophages égyptiens sont souvent ornés d’un dessin de deux yeux censés permettre au mort de suivre sans se déplacer le spectacle du monde extérieur. Pour nous francs-maçons encore sur terre, l’oeil du Delta lumineux, dans le symbolisme constructif, devient l’oeil du dôme, au sommet de la voûte ou du temple. Il exprime la porte étroite située au zénith du cosmos, ou de la voûte étoilée qui ouvre sur l’inconnaissable. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. La voie parcourue passera de la porte étroite franchie par l’apprenti, à la porte étroite du maître maçon.

 

" Si tu veux comprendre la kabbale, tu dois manger le feu symbolisé par ses lettres, pénétrer l'esprit qui anime l'arbre des Sephirot pour t'en nourrir quotidiennement puis tu devras absorber son essence pour en séparer la substance nutritive et enfin, après en avoir rejeté les scories, tu distilleras cette connaissance dans tes pensées pour que ton âme puisse s'ouvrir à la puissance du Créateur. "

 

Bien qu'ayant perçu une vérité au travers de ses paroles obscures, je ne compris que bien plus tard le sens de ces paroles. C'est en effet par le texte hébraïque inscrit en lettre de feu que j'ai pu pénétrer l'esprit de la kabbale. Une lente méditation sur le symbolisme de l'arbre des Sephirot m'a permis de réunir ses sphères incandescentes dans une vision globale du monde de la Création. Au cœur de cet univers symbolique, l'homme occupe une position centrale à la croisée des chemins initiatiques de la vie. Toute l'essence de la kabbale se retrouve dans le principe de la Création, celle du Livre de la formation de l'univers, le Sépher Yetzirah, source primordiale de l'enseignement kabbalistique. La compréhension des voies du Grand Architecte de l'Univers représenté par l'arbre des Sephirot passe nécessairement par l'étude symbolique de son Oeuvre. L'obstacle principal de cette étude réside dans le fait que nous utilisons notre intellect, notre raison, nos sens pour concevoir ce qui n'est perceptible que par le pur esprit. Néanmoins, la possibilité qui est laissé à l'homme de réfléchir, méditer, transcender, évoluer, transformer sa propre nature, lui permet de se rapprocher du Divin et de lever partiellement le voile obscur qui entoure sa condition humaine.

 

L'arbre des Sephirot, qui prend racines dans les entrailles de la terre et dont la cime caresse la puissance divine, est à l'image de l'homme, le lien entre la terre et le Grand Architecte de l'Univers. Cet arbre représente le parcours de tout initié cherchant à pénétrer les voies de l'âme par la lumière de l'esprit. Toute initiation humaine passe par les chemins de la transformation de l'être. Celui qui cherche la Connaissance devra gravir une à une les branches de l'arbre de la kabbale pour découvrir progressivement le vaste paysage de la création terrestre. Il devra se nourrir des fruits de l'arbre pour découvrir la variété des saveurs de la vie. Un à un, il devra cueillir les symboles inscrits en lettres de feu.

 

Au sommaire de cet ouvrage : De l’unité divine et de la mission qui incombe aux francs-maçons de rassembler ce sui est épars  -  Ordo ab Chao  -  El Schadai et sa mission d’unir ciel et terre  -  Quel est le nom du Grand Architecte de l’Univers ?  -  le delta et sa lumière   - le tétragramme sacré  -  Yod  - l’Oeil du Delta  -   l’étoile flamboyante  -  la méthode des kabbalistes  - préceptes et obligations des Francs-maçons  -  Le travail des maçons ne s’arrête jamais  -   Vigilance et persévérance  -  Ici tout est symbole  -  les signes des Francs-maçons se font par équerre, niveau et perpendiculaire  -  Puisqu’il est l’heure, que nous avons l’âge et que tout est conforme, entrons dans les voies qui nous sont ouvertes  -  Elevons nos cœurs  en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière  -  usage des pléonasmes  -   Je vous crée, constitue et reçois apprenti franc-maçon   -  les trois points   -  le secret  -  le miroir   -   les mots sacrés et la circulation de la parole entre les frères  -   le silence  - le serment   -

 

BENZIMRA  - L’INTERDICTION DE L’INCESTE SELON LA KABBALE

André  Benzimra

ED. Archè Milan

 2007

Cela peut sembler saugrenu, mais tout le monde ne partage pas le même point de vue sur la question de l’inceste. Cela peut différer d’un individu à un autre et d’une société à une autre. Ainsi, dans certaines cultures, il n’a rien de choquant dans le fait d’épouser son cousin ou sa cousine tandis que dans d’autres c’est interdit. De plus, nous vivons à une époque où au nom de l’amour on se permet toutes sortes de transgressions.

 

 Chose impensable il y a encore une décennie, aujourd’hui on peut même voir des  personnes qui vont à la télévision pour afficher sans honte leur liaison avec leur cousin, cousine, oncle ou tante ou encore entre demi-frères et demi-sœurs. Dieu condamne l’inceste et il est clair que les païens et surtout les chrétiens ne doivent en aucun cas se retrouver dans cette situation

 

Certains croient qu'il y a peu d'épisodes incestueux dans la bible. Le moins qu'on puisse dire est qu'ils se trompent. Certains sont explicites : Loth, Reuven, Amnon (avec sa sœur Tamar), Absalon (qui couche avec les concubines de David, son père), Adonias (qui veut prendre la compagne de son père David pour épouse) (guerre inexpiable entre les fils rivaux de David). D'autres sont implicites comme Juda avec sa belle-fille Tamar (ne pas confondre avec la sœur d'Amnon) et l'atavisme supposé des Moabites et des Ammonites, descendants des filles de Loth.

 

 Cette liste est loin d'être complète. On pourrait y ajouter par exemple Jephté et sa fille (en la sacrifiant, il évite qu'elle épouse un autre homme), ainsi qu'Abraham (à cause de sa relation bizarre avec sa femme, qu'il considère comme sa sœur, et avec son fils Isaac, qu'il traite comme une Iphigénie) et les descendants des uns et/ou des autres, comme Ruth et David, et aussi Amon, roi de Juda (qui n'est pas un ammonite).

 

BENZIMRA - FRANCS-MAÇONS ET PHILOSOPHES  LA PHILOSOPHIE JUGḖE PAR LA TRADITION

 André Benzimra

Edition Numérilivre

 2014

La philosophie serait-elle, malgré son nom (qui signifie amour de la sagesse), tout autre chose que la recherche de la sagesse ?

C'est ce que tente d'établir l'auteur qui fut lui-même professeur de philosophie et se résolut à chercher la sagesse en Franc-Maçonnerie plutôt que dans cette discipline. La principale différence entre philosophie et pensée initiatique tient à ceci que la première se nourrit d'oppositions, chaque philosophe réfutant ceux qui l'ont précédé pour se poser lui-même comme détenteur de la vérité ;

tandis que la seconde s'enrichit sans cesse des pensées les plus diverses, s'attachant en toutes choses à concilier les opposés. Cet ouvrage expose les systèmes de plusieurs philosophes, parmi les plus réputés, et les juge à la lumière des traditions initiatiques en général et de la Franc-Maçonnerie en particulier. André Benzimra est agrégé de philosophie et est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Kabbale et la Franc-maçonnerie.

Les francs-maçons se situent en droite ligne dans la philosophie des Lumières, et ceci même en partant de deux points de vue différents. En premier lieu, nos rituels et nos symboles trouvent leur origine dans la maçonnerie opérative des tailleurs de pierre. Nombre d'entre eux étaient des constructeurs inspirés de cathédrales et d'autres édifices religieux. Ces constructeurs ont ainsi réalisé - essentiellement entre le XIe et le XIVe siècle - des ouvrages d'une valeur que l'on peut qualifier d'éternelle et d'un contenu symbolique impressionnant.

 

On ne peut pas se représenter la culture européenne en faisant abstraction de ces constructions à caractère religieux. Leurs concepteurs et leurs réalisateurs étaient profondément imprégnés d'un esprit ouvert et éclairé. Par ailleurs, nous représentons les successeurs des premiers maçons spéculatifs qui, par la suite, furent admis en nombre sans cesse croissant dans les ateliers des maçons opératifs, ceci spécialement aux XVIe et XVIIe siècles. La date exacte du passage des corporations de tailleurs de pierre à la maçonnerie spéculative ne peut être fixée de façon définitive. La fondation de la première Grande Loge anglaise – en 1717 - constitue cependant le début officiel de la maçonnerie spéculative. Les loges regroupées au sein de celle-ci ont contribué de manière essentielle à former le caractère de ce qui allait devenir le siècle des Lumières, et ceci en dehors de toute contrainte ou restriction de caractère étatique ou religieux. Et, inversement, la philosophie des Lumières a largement contribué à l'éclosion d'une pensée libre et responsable au sein de l'espace privé et discret des Loges. Nombreux sont les grands esprits se prévalant de la philosophie des Lumières qui étaient également francs-maçons.

 

Selon l'interprétation que Kant en a faite, «sapere aude» signifie «ait le courage d'utiliser ton propre entendement». Cette citation trouve sa source dans l'essai publié en 1784 par Emmanuel Kant (1724-1804) sous le titre Réponse à la question: Qu'est-ce que la philosophie des Lumières ? Dans cette contribution, publiée dans l'édition de décembre de cette année-là de la Berlinischen Monatsschrift, Kant répondait à la question posée par le pasteur Johann Friederich Zöllner Qu'est-ce que les Lumières ? publiée une année auparavant dans la même revue. Dans son essai, Kant fait figurer sa définition restée célèbre de la philosophie des Lumières : «La philosophie des Lumières représente la sortie de l'être humain de son état - dont il est le seul responsable - de mineur aux facultés limitées. Cette minorité réside dans son incapacité à utiliser son entendement de façon libre et indépendante, sans prendre l'avis de qui que ce soit. Il est seul responsable de cette minorité dès lors que la cause de celle-ci ne réside pas dans un entendement déficient, mais dans un manque d'esprit de décision et du courage de se servir de cet entendement sans s'en référer à autrui. Sapere aude ! - ait le courage de faire usage de ton propre entendement ! – doit être la devise de la philosophie des Lumières ».

 

Par la suite, Kant a donné dans un autre de ses ouvrages une autre définition de la philosophie des Lumières, encore plus condensée que la précédente : «La maxime enjoignant à chacun de raisonner en toute chose par lui-même». Lorsque Kant évoque cette minorité intellectuelle dont l'homme concerné est le seul responsable, il met l'accent sur le fait que la philosophie des Lumières n'est pas un état, mais un processus pour trouver une "voie de sortie" d'une situation qui n'est plus appropriée à un être adulte. Kant ne dit pas que l'homme est devenu majeur et responsable. Il constate simplement que l'irresponsabilité domine. Dans sa réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ? Kant explique sans prendre le moindre ménagement pourquoi la plus grande partie de l'humanité, bien que ses représentants soient depuis longtemps parvenus à l'âge adulte, et qu'ils seraient donc capables de raisonner de façon individuelle, restent cependant pour la durée de leur vie mineurs et irresponsables et, qu'en plus, ils apprécient cet état de fait. Les raisons de cet état seraient la paresse et la lâcheté. Car il serait confortable de se maintenir au stade d'un humain mineur. L'obligation contraignante de la pensée autonome peut en effet ainsi être transférée à d'autres. Qui fait appel à un médecin n'est pas obligé de décider par lui-même du régime qu'il doit suivre. Qui peut se payer un guide spirituel peut se dispenser d'avoir une conscience.

 

De ce fait, il n'est plus nécessaire de penser de manière autonome, et c'est bien de cette possibilité que la plus grande partie de l'humanité fait usage. Il est dès lors facile pour certains de jouer le rôle de "tuteur" de ces individus. Ces tuteurs veillent alors à ce que les êtres humains encore à l'état de mineurs considèrent le pas à franchir jusqu'à leur "majorité" non seulement comme pénible, mais encore comme dangereux. Kant ose ici une comparaison saisissante entre ces humains vivant dans l'obscurité de l'ignorance et le "bétail" que l'asservissement à l'homme a rendu stupide. Ces humains sont comme des enfants enfermés dans un youpala. Au XVIIIe siècle, cet engin consistait en un châssis en forme de corbeille, monté sur roues, avec lequel les enfants apprenaient à marcher. Ces personnes ainsi "mises en cage" se voient sans cesse rappeler par leurs "tuteurs" des dangers qui les menaceraient au cas où ils tenteraient d'agir de manière autonome. Cette situation rendrait évidemment difficile pour une personne agissant individuellement la tâche de se libérer de sa "minorité". Ceci premièrement parce qu'elle s'était "liée d'affection" avec cet état de minorité, car il lui paraissait confortable, et, secondement, parce qu'il lui était devenu pratiquement impossible d'utiliser son entendement, du fait qu'on ne l'aurait jamais laissé entreprendre la moindre tentative dans ce sens et qu'on l'aurait même fermement dissuadé de l'entreprendre.

 

Mais, selon les développements de Kant, on doit admettre que l'homme a malgré tout peu à peu compris qu'il était dans sa nature de conserver son intégrité et qu'il lui appartenait de penser par lui-même. La possibilité de réaliser quelque chose implique la connaissance de ce que l'on peut faire et du fait qu'on peut le faire. Mais cette connaissance ne constitue pas encore une certitude. Car ce n'est que lorsque l'on fait ce qu'on est capable de faire que l'on a la certitude d'avoir pu le faire. Mais, pour franchir ce pas, il y a une condition nécessaire et indispensable : le courage. En opposition avec le penchant - devenu une seconde nature - à la paresse, à la lâcheté et au confort à n'importe quel prix, Kant place l'esprit de décision et le courage. L'impératif est donc ici : oser quelque chose. «Sapere aude !». Aie le courage de penser ! Kant sait qu'il s'agit là de la maxime de l'un de ses auteurs préférés, qu'il n'a d'ailleurs pas hésité à citer à maintes reprises. C'est Horace (65-8 av J.-C.) qui, dans une lettre à Lullius Maximus, encourage ce jeune ami à ne jamais se laisser aller à l'oisiveté et à la paresse spirituelle, mais d'être au contraire actif et de bander ses forces spirituelles : «Sapere aude, incipe. Aie du courage, commence. Décide-toi pour la sagesse ! Ose entreprendre !». Car celui qui projette d'entamer une nouvelle vie, mais remet sans cesse le premier jour de son entreprise ne changera jamais rien à rien.

 

Kant fut l'un des philosophes les plus éminents du siècle des Lumières. Dans ses trois oeuvres principales Critique de la raison pure (1781), Critique de la raison pratique (1788) et Critique de la faculté de juger (1790), il s'attacha à définir les limites de la connaissance. L'éthique de Kant, guidée par la raison, est centrée sur la pensée, sur l'action et sur le sentiment de l'homme éclairé. «Agis de manière que les maximes de ta volonté puissent en tous temps servir également de principe fondateur d'une législation d'application universelle». Cet aphorisme célèbre de Kant (l'«impératif catégorique») précise son exigence d'une législation qui, loin de favoriser les intérêts des puissants, prend sa source dans le discernement et le comportement strictement éthique du citoyen. Avec sa Critique de la raison pure Kant explore systématiquement les limites de cette raison pure. En dépit de ces limites, il voit dans la raison l'attribut le plus important de l'être humain, ceci en particulier en relation avec la possibilité de concevoir un principe pratique de l'éthique.

 

L'époque connue sous le nom de siècle des Lumières correspond à celle de l'éclosion d'une vie spirituelle en Europe et en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle est marquée par un mouvement de sécularisation et par l'abandon progressif d'une vision absolutiste de la notion d'Etat, remplacée par une vision démocratique. C'est à ce moment que le libéralisme et sa conception des droits de l'homme et du citoyen ont vu le jour. Ce mouvement prônait une pensée conforme à la raison et s'opposait aux préjugés et aux superstitions religieuses, à la place desquelles il développait une «religion de la raison». La science et l'instruction devaient être encouragées et développées dans toutes les couches de la population. La Révolution française marque communément la fin du siècle des Lumières, selon le sens que l'on attribuait à l'époque à ce terme. Nous devons cependant constater que, malheureusement, cette «minorité spirituelle» de l'individu due - rappelons-le - à sa seule responsabilité est un phénomène encore très répandu de nos jours. C'est pourquoi nous ne pouvons en aucun cas parler de sa fin. Le projet consistant à faire de la philosophie des Lumières un modèle de pensée est encore loin d'être réalisé !

 

Erwin von Steinbach (1244-1318) était un tailleur de pierre et un architecte allemand et passe pour être l'architecte principal à qui l'on devrait la cathédrale de Strasbourg. Les plus anciens statuts d'une loge connus au monde qui nous aient été transmis sont ceux des tailleurs de pierre de Strasbourg. Ils datent de 1459. Comme ce fut le cas pour d'autres architectes de son temps, Erwin von Steinbach prit comme modèle de la cathédrale qu'il projetait le Temple de Salomon. De telles vénérables cathédrales sont imprégnées d'une puissance symbolique impressionnante. Ceux qui comprennent cette symbolique comprennent sans difficulté ce que nos anciens maîtres ont voulu nous dire. On pourrait résumer les principes ayant servi à configurer une cathédrale par la formule «deux colonnes et trois pas». Remodèle des deux colonnes du Temple de Salomon a atteint son apogée dans les deux tours d'une cathédrale. Ces deux colonnes représentent deux mondes différents. L'un d'eux est le monde visible et correspond aux connaissances limitées de l'homme. On le représente par le chiffre4oulafigure du carré. L'autre monde est invisible, c'est celui de l'ignorance, de l'incompréhensible et finalement celui du divin. On le représente par le chiffre 3 ou la figure du triangle. Pris ensemble, ces deux nombres donnent le chiffre 7, le nombre parfait.

 

Les exemples d'une symbolique remontant à l'origine des temps et se retrouvant systématiquement dans le Temple de Salomon puis, par suite, dans les cathédrales et, de là, dans les loges des tailleurs de pierre, puis dans les loges spéculatives, pourraient être multipliés à l'infini. À mon avis, le côté «philosophie des Lumières» se situe dans le caractère abstrait des symboles, sur lequel ne pèse pas le poids dogmatique des représentations de l'Église catholique. Ce que nous trouvons dans les symboles des tailleurs de pierre, c'est que ce monde non-matériel peut être bien sûr rendu visible par étapes successives à l'aide d'une pensée débarrassée de tout a priori et de la recherche scientifique mais, qu'en même temps, chacune de ces étapes fait apparaître de nouvelles questions se refusant à l'application de la science.

 

Les tailleurs de pierre de cette époque ne se sont pas laissé induire en erreur par les images à caractère trop concret que l'Église catholique cherchait à imposer, relatives à Dieu, aux saints et au Diable, mais ils se concentrèrent au contraire, dans leur représentation du monde invisible, sur des symboles abstraits. Et même le plus instruit des Maîtres parmi les tailleurs de pierre se faisait enterrer à l'angle nord-est de la cathédrale, au nord-est, à l'endroit donc où se tient l'Apprenti après son initiation. Ceci parce que, parvenu au terme de sa vie, au moment de son entrée dans l'Orient éternel, le Maître se présente avec le symbole de la règle, car il ne sait effectivement encore rien du monde non-visible.

 

Et, à partir de ce point, où nous trouvons l'homme éclairé qu'est le Maître Maçon, qui, au contraire du clergé figé sur ses dogmes, est conscient de ce qu'il ne peut pas savoir, nous parvenons directement au Maçon spéculatif qui, lui aussi, fait appel à sa raison et l'utilise de façon personnelle, tout en évitant lui aussi de se faire une image concrète du Divin. C'est pourquoi les francs-maçons, comme Kant l'exige de l'homme éclairé,  opposent à l'hétéronomie d'une raison fixée par d'autres l'autonomie d'une pensée indépendante. Ou, comme Kant l'exprime, «penser par soi-même signifie chercher en soi-même la vraie pierre de touche de la vérité (c'est-à-dire dans sa propre raison), et la maxime : En tout temps penser par soi-même, constitue la base de la philosophie des Lumières».

 

Conformément à la tradition des tailleurs de pierre, marqués par l'esprit de la philosophie des Lumières, les maçons d'aujourd'hui font également usage du symbole du Grand Architecte de l'Univers. Le chercheur Helmut Reinhalter écrit à ce propos : «Ce symbole repose sur la responsabilité éthique du Maçon. En Maçonnerie, la valeur de l'homme ne se mesure pas à l'aune de sa profession de foi d'une religion ou d'un dogme, mais à celle de sa loyauté intellectuelle. Le GADLU symbolise par son efficacité l'arrière- plan éternel et le cadre universel duquel la vie acquiert un sens et une responsabilité humaine».

 

À l'époque actuelle, qui a vu l'éclosion des sciences cognitives, éclaireront encore mieux nos loges à l'aide d'une nouvelle philosophie des Lumières, plus développée, qui soit à même d'écarter les obstacles qui parsèment notre chemin et empêchent la dissémination de la connaissance critique et de la raison, compte tenu des menaces de caractère global et des crises politico-sociales qui nous guettent. Ne nous bornons pas à faire briller la lumière de la raison à l'intérieur de nos loges. La «race humaine», pour employer l'expression de Kant, n'a aucune chance de survie si elle s'écarte de la raison. Utilisons donc notre chaîne fraternelle universelle pour répandre dans tous les types de société la lumière d'une nouvelle philosophie maçonnique ! Combattons, partout où nous avons de l'influence, la déraison universelle avec l'arme de la «raison aimable» postulée par Épicure (341-271 av. J.-C.). Car c'est à lui que l'on doit l'aphorisme : «Le savoir sans l'amour est un poison mortel ». C'est dans cet esprit que nous devons, guidés par notre solide expérience et appuyés par la «raison aimable», avancer tous ensemble et affronter avec courage les grands défis de l'avenir. «Sapere aude», mes très chers frères.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

 La Tradition  -  Les philosophes  -  Thalès de Milet  -  Pythagore de Samos  -  Parménide d’Elée  -  Héraclite d’Ephèse  -  Anaxagore de Clazomènes  -  Empédocle d’Agrigente  -  Socrate d’Athènes  -  Les épicuriens  -  Platon  -  Diogène de Sinope  -  Aristote de Stagire  -  les stoïciens  -  Guillaume d’Ockham  -  René Descartes  -  Blaise Pascal  -  Baruc de Spinoza  -  Nicolas Malebranche  -  Gottfried Wilhelm Leibniz  -  George Berkeley  -  David Hume  -  Emmanuel Kant  -  Les tenants du transformisme  -  Georg Wilhelm Friedrich Hegel  -  Arthur Schopenhauer  -  Auguste Comte  -  Karl Marx  -  Friedrich Nietzsche  -  Sigmund Freud  -  Edmund Husserl  -  Henri Bergson  -  Pierre Theillard de Chardin  -  Gaston Bachelard  -  Martin Heidegger  -  Ludwig Wittgenstein  -  Jean-Paul Sartre  -  Albert Camus  -  Karl Popper  -  Michel Foucault  -

 

BENZIMRA - PETITS ET GRANDS MYSTÈRES DANS LA KABBALE L’ŒUVRE DU COMMENCEMENT – L’ŒUVRE DU CHAR

André Benzimra

Edition de la Hutte 

 2013 

La Kabbale comporte deux études :


Celle du Maaseh Bereshit, l’œuvre du Commencement, qui consiste en un commentaire du premier chapitre de la Genèse
Celle du Maaseh Merkavah, l’œuvre du char, qui porte sur le premier chapitre du Livre d’Ezéchiel.

Le Maaseh Bereshit porte sur la cosmologie ; le Maaseh Merkavah sur la théologie, mais on aurait tort de ne voir dans ces deux parties que des études théoriques. L’idée d’œuvre désigne d’ailleurs une entreprise pratique. C’est que ces deux études comportent les secrets d’une certaine sagesse que le disciple doit s’efforcer d’acquérir.

De quoi s’agit-il ?

Le Maaseh Bereshit correspond à ce que les Grecs appelaient les petits mystères : ceux-ci visent à rétablir l’Homme dans l’état primordial, celui que les Hébreux nomment l’Adam paradisiaque, l’homme qui était un avec le monde, (de là vient que les traditions assignent à l’Adam du Paradis terrestre la taille du monde. « Il l’a créé remplissant le monde tout entier – Midrach Rabba VIII,1) », en sorte que tous les corps étaient comme autant de ses organes et que l’âme de chaque chose était une partie de son âme.

Le Maaseh Merkavah correspond quant à lui aux grands Mystères de la Tradition grecque, lesquels visaient premièrement à identifier l’homme avec l’Univers tout entier (de là vient que l’iconographie traditionnelle fait coïncider l’Adam Kadmon, l’Adam du Paradis céleste, avec l’ensemble de tous les mondes), c'est-à-dire avec l’ensemble des mondes, et secondement à rétablir l’union de l’homme avec la divinité.

Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous parle de :

L’œuvre du commencement - La Genèse I et II - L’œuvre du Char - Ezéchiel - Voie initiatique et voie religieuse - l’alphabet hébraïque - la science des lettres - la hiérarchie des principes - les Sephiroth - la Thora - le Nom divin Hou, Lui - les quatre mondes - le Nom divin Maqom, le Lieu - la science des nombres - la centralité de l’homme - le Nom divin YHVH - le yin et le yang - Schaddaï ou El Schaddaï - les sept mondes déjà créés - Nomadisme et sédentarité - le Golem - les quatre qui entrèrent au Pardès - les éléments - le genou -

 

BENZIMRA  -  LES LḖGENDES CACHḖES DANS LA BIBLE -  ḖTUDE DE KABBALE MAÇONNIQUE

 André Benzimra

Edition Archè Milan

 2006

Existent non seulement des kabbales,  juive et chrétienne, mais aussi une kabbale maçonnique dont l'auteur illustre les différents aspects, à partir des légendes cachées dans la Bible. Il montre les liens possibles entre celle-ci et les traditions et symboles maçonniques, ainsi que les personnages bibliques qui pourraient devenir des modèles ou des idéaux pour les francs-maçons

 

Lorsque l’on évoque une « légende », de quoi parle-t-on au juste ? Le terme se réfère à un récit qui raconte l’histoire d’une personne ou d’un événement d’une manière qui fait passer l’exactitude historique au second plan afin de mieux mettre en valeur une leçon morale ou un enseignement spirituel.

 

Les légendes ont souvent, à la base, un brin de vérité historique qui se trouve ensuite fortement mêlé de « merveilleux ». Un mythe, en revanche, est un récit qui tente d’expliquer nos origines et nos pratiques sociales. Dans le langage courant, « légende », « mythe », « conte » et « fable » sont souvent considérés comme synonymes.

 

La Bible s’ouvre sur le récit de la création : Dieu parle et l’univers est appelé du néant à l’existence. Plus tard, un déluge détruit l’humanité à l’exception de huit personnes qui trouvent le salut en se réfugiant dans un bateau, la célèbre arche de Noé. Puis, le récit se focalise sur un homme, Abraham, et sur sa famille.

Suivent les récits fondateurs de Moïse et de l’Exode. À travers des miracles étonnants, Dieu fait sortir son peuple d’Égypte où il était esclave. Beaucoup plus loin, nous trouvons le récit de la vie, de la mort et de la résurrection de l’homme appelé Jésus de Nazareth.

 

Comment le lecteur moderne doit-il donc aborder tous ces passages ? Est-il appelé à y voir des récits légendaires ou des métaphores qui ne véhiculent que des vérités spirituelles ? Doit-il plutôt considérer qu’ils relatent des événements tout à fait historiques ? Dans un premier temps, il peut être utile de savoir ce que la Bible dit d’elle-même, de son message et de son objectif. Elle se présente comme un livre qui raconte l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple. Son but ultime est d’inviter l’homme à connaître Dieu et à être réconcilié avec lui. L’histoire que la Bible raconte est, très clairement, d’ordre théologique dans le sens où ce qui est raconté explique qui est Dieu, sa nature, ses attentes, ses promesses et qui est l’homme. Les récits des auteurs bibliques ont été écrits pour parler de Dieu et de ses desseins.

 

La Bible se présente aussi comme la Parole d’un Dieu honnête, omniscient et fiable. Ses textes ont, certes, été rédigés par des auteurs humains ayant chacun leur style, leur vocabulaire et leur personnalité, mais la Bible affirme qu’ils ont été inspirés par l’Esprit de Dieu Lorsque des apôtres se réfèrent à des évènements tels que la création, le déluge et l’Exode, ils se montrent persuadés de leur nature historique. Si l’on croit à l’inspiration de la Bible, il n’y a donc pas lieu de lire ce qu’elle affirme être des faits historiques à la manière de textes symboliques. Le lecteur attentif doit cependant se garder d’une lecture anachronique du texte, qui s’attendrait à ce que les auteurs se conforment aux méthodes historiques modernes. Les textes bibliques racontent l’histoire à la manière de ceux de l’Antiquité. Ils ne cherchent pas à parler de manière dépassionnée et exhaustive, mais ils racontent des événements historiques dans le but de véhiculer un message théologique.

 

Comme toute œuvre littéraire la Bible utilise toute une variété de styles et de genres Devant chaque texte, il convient, autant que faire se peut, de discerner les intentions de l’auteur. Veut-il présenter une idée, une image ou un fait historique ? Certains passages sont explicitement présentés comme des paraboles ou des fables, qu’il convient de ne pas comprendre de manière littérale et historique. De même, tout le monde s’accorde pour dire qu’il serait absurde de comprendre la poésie de manière littérale.

 

À titre d’exemple, certains lecteurs de la Bible perçoivent un symbolisme voulu dans le récit de Genèse 2-3 quand il évoque par exemple l’arbre et le serpent. Pourquoi ? À cause de l’usage symbolique qui en est fait dans d’autres parties de la Bible. En même temps, le Nouveau Testament affirme la nature historique de l’homme Adam et de sa faute. Une bonne connaissance des conventions littéraires de l’époque aide à comprendre les textes. Ceci n’enlève rien au caractère historique des événements rapportés.

 

Pour mieux comprendre les textes difficiles, il est également possible de faire appel à des connaissances extrabibliques. Au cours des derniers siècles, l’archéologie a énormément progressé. Or les découvertes archéologiques ne contredisent pas le récit biblique ; elles ont plutôt tendance à le confirmer De plus, en comparant les récits bibliques à des récits similaires des mêmes époques, on découvre à quel point les auteurs bibliques usent d’un style extrêmement sobre. À titre d’exemple, un récit de la création issu de la Mésopotamie parle de luttes entre dieux différents qui naissent de l’union de deux êtres, Tiamat et Apsû. De son côté, le récit biblique de la création pose avec beaucoup de retenue le cadre d’un Dieu distinct de sa Création qui a créé toute chose de manière ordonnée. La foi chrétienne est née à l’entrée du tombeau vide de Jésus-Christ. Pour certains, sa résurrection est la légende par excellence, mais pour les chrétiens elle est l’exemple par excellence d’une foi raisonnable. On a là le récit d’un événement extraordinaire, miraculeux et merveilleux, mais les indices historiques et logiques qui plaident en faveur de sa réalité sont considérables).

 

Si Jésus a vraiment été ressuscité d’entre les morts, la logique veut qu’il ne soit pas un imposteur, mais véritablement le Fils de Dieu. Or il a accepté la nature historique de l’Ancien Testament et de ses récits de la Création, du déluge, de l’Exode. Ceux qui mettent leur foi en lui accepteront naturellement d’accepter la fiabilité de ses paroles. Toutes les questions concernant les passages les plus difficiles de la Bible n’en sont pas supprimées pour autant, mais elles se vivent dans la confiance.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Tubalcaïn    -    Hiram     -      Salomon     -    Noé    -     Schadaï     -          Jacob et Esaü    - 

 

bouddhisme & franc-maçonnerie

Divers Auteurs

EDITION ALBIN MICHEL

 1995

Conférence et réflexions sur ces deux philosophies. Un langage commun peut-il être trouvé entre la tradition bouddhiste venue du bout du monde, et la tradition maçonnique née en Europe, enracinée dans une symbolique très spécifique dans certains mythes bibliques, dans la philosophie grecque et l’esprit des lumières ?

 

Deux voies spirituelles qui chacune à sa façon aspirent à l’Universel et proposent une libération de l’Être et exaltent la sagesse. Le problème est dans la traduction du vocabulaire de chacun au sujet de la nature intime de l’homme, là est l’explication incompréhensible de l’un ou de l’autre.

 

Au sommaire de cette conférence on trouve :

 

Jacques Deperne : Philosophia humana

Lama Denys Teundroup : Des points communs et la démarche bouddhiste

Jean Pierre Schnetzler : De la démarche maçonnique

Bernard Besret, Alain Lorand, J. P. Pilorge, Luc Trinley : Orient Occident, convergences et divergences

Nicolle Vassel et Michel Barrat : De la réalisation spirituelle

Bernard Besret, Lama Denis Teundroup : Pratique maçonnique et « sadhana », symbole et méditation

Marie Madeleine David : Chronique

1 C

cambacÉrÈs, 1er surveillant de la franc-maçonnerie impÉriale

P.F. PINAUD

Edition Maçonnique de France

 1998

Jean Baptiste Régis Cambacérès (1753-1824) prince et archichancelier de l’Empire, duc de Parme est le second personnage civil de l’Empire. Sans en avoir le titre, il est le « premier ministre » de Napoléon. Savant jurisconsulte, il a pris une très grande part à la rédaction de nos codes. Comme homme politique, il fut constamment au milieu des partis de 1789 à 1814, et n’en affectionna peut être aucun.

 

En 1805, il devient second grand Maître adjoint du Grand Orient de France, il collectionne aussi toutes les présidences écossaises. A ce titre fut-il l’unificateur, le fédérateur ou le premier Surveillant de la Grande maçonnerie Impériale ? Peut-être mais rien n’est moins sûr.

Grâce à des documents inédits, l’auteur nous retrace la vie maçonnique de ce personnage qui fut un acteur et un témoin de l’histoire maçonnique de l’Empire.

 

Notre homme naît à Montpellier le 18 octobre 1753, dixième enfant de Jean –Antoine et de Rose Vassal, dans une famille qui avait dû abjurer le protestantisme au siècle précédent. Son grand-père, Jacques de Cambacérès, conseiller à la Cour des Aides de Montpellier, avait épousé Elisabeth Duvidal, sœur de Jean-Antoine Duvidal, seigneur de Montferrier et Baillarguet, syndic général des Etats du Languedoc, menant grand train tant à Paris qu’en Languedoc.

 

Ce dernier, avec son ami Joseph Bonnier, baron de La Mosson, passe une partie de l’année à Paris et y fréquente le milieu des philosophes des Lumières. Un ami commun leur a présenté Charles Radcliffe, comte Derwentwater, fondateur d’une loge de francs-maçons chez le traiteur anglais Hure, à l’enseigne du « Louis d’Argent ».

 

Tous deux sont reçus francs-maçons et, de retour à Montpellier, y fondent une loge qui recrute financiers et magistrats, et parmi eux, Jacques de Cambacérès, séduit par cette spiritualité humaniste et le côté frondeur d’une société qui s’est fait interdire par le cardinal de Fleury sur ordre de Louis XV. Jacques de Cambacérès mourra en 1752.

Cette ascendance familiale explique sans doute que, dès avant l’âge de 20 ans, il est initié. En 1772, on le trouve inscrit sur les tableaux de la loge anglaise Saint-Jean du Secret et de l’Harmonie à Montpellier, où il côtoie financiers, magistrats et entrepreneurs. Son entrée rapide dans l’ordre ne s’explique pas seulement par ses antécédents familiaux. En effet, en 1772, il est en opposition au système en vigueur et refuse d’intégrer la nouvelle magistrature proposée par le gouvernement. Il s’est agrégé à un groupe de magistrats réfractaires dont beaucoup sont maçons. Ses amis l’ont donc engagé à recevoir la Lumière. Par ailleurs, lui-même avait le désir d’échanger des opinions, de confronter des convictions, d’apprendre et de trouver des repères dans une société qui évolue. Par ses contacts avec le médecin et chimiste Chaptal, il pouvait appréhender un monde scientifique qui remettait en cause tant de croyances.

 

Enfin, l’expérience confessionnelle de sa famille l’incitait à rechercher des nourritures spirituelles alors que son métier le tournait vers le quotidien. Il plonge d’ailleurs à cette époque dans l’étude des diverses religions connues, se penche sur le problème du crime et du châtiment, de l’enfer et de l’au-delà pour conclure : « Il n’y a qu’une grande foi qui puisse faire croire à une autre vie. Et comment avoir de la foi ou une croyance aveugle pour ce qui peut être soumis aux lumières de la raison ? ». Comme la grande partie de l’élite intellectuelle de l’époque, il professe son mépris pour les usages antiques de l’Eglise, son obscurantisme et son exigence de pouvoir et de richesses ; il adhère à l’humanisme, au dévouement aux autres et aux sentiments de fraternité qu’il exprime par sa participation active dans la confrérie des Pénitents Blancs. C’est l’époque où l’opposition entre les Frères de l’aristocratie provinciale et ceux de la bourgeoisie parisienne allait conduire à la création du Grand Orient de France par des Frères expulsés de la Grande Loge. C’est l’époque aussi où Willermoz, à Lyon, prône la réforme mise sur pied en Allemagne, réforme qui prétend aller vers « la révélation d’une véritable connaissance ».

 

Il voyage également beaucoup par tout le royaume, à Paris, Marseille, Bordeaux, siège du directoire de Septimanie du rite écossais rectifié, où il fréquente de nombreuses connaissances tant familiales que maçonniques, nouant par sa participation aux activités maçonniques des relations avec un cercle étendu d’avocats et de financiers. Il mène ainsi une vie à la fois studieuse et mondaine, éclairée par la fenêtre spirituelle de la confrérie des Pénitents Blancs et celle, plus intellectuelle, des loges maçonniques, une vie toute imprégnée d’un fort sentiment de solidarité qu’il conservera malgré son ascension sociale. Joyeux célibataire, le plaisir des sens ne lui est pas inconnu ; probablement a-t-il rencontré à la loge La Candeur à Paris Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons Dangereuses. Jean écrira un jour : « Il y a peu de femmes qui se livrent par inclination. Il n’en est aucune qui ne soit insensible à l’hommage d’un homme distingué. L’aune de ce sentiment les décide à se livrer. Combien la femme qu’on croyait la plus relevée fait d’étranges révélations à son amant lorsqu’elle s’est abandonnée, etc., etc. »

 

A Paris, il visite la loge des Neuf Sœurs et fait la connaissance de Condorcet. Il fréquente aussi la loge des Amis Réunis qui « forme une société d’amis à peu près pareille aux clubs d’Angleterre mais qui doit à la maçonnerie, dont l’esprit de corps est la franchise, l’égalité, la bienfaisance et la pratique de toutes les vertus sociales, des liens d’autant plus étroits qu’ils seraient resserrés par une estime réciproque et une connaissance respective les uns des autres qui ne peut manquer d’être la suite du régime républicain d’une loge de francs-maçons ». Cet atelier a également pour caractéristique d’être peuplé pour l’essentiel de financiers tels le directeur de la compagnie des Indes, celui de la manufacture des Gobelins, le trésorier général de la Marine, des receveurs généraux etc.

 

Le système judiciaire ayant été réformé par l’Assemblée Législative, Jean Cambacérès est élu président du tribunal criminel de l’Hérault siégeant à Montpellier ; il est installé dans ses fonctions le 1 janvier 1792. Dans l’exercice de celles-ci, il exprimera son idéal maçonnique. S’il ne se prononce pas publiquement sur l’abolition de la peine de mort, il l’évitera toujours lorsque cela sera en son pouvoir et ne la fera appliquer – mais alors sans hésitation – que si l’ordre public est troublé. Cette présidence du tribunal criminel le marquera très profondément. Le pouvoir de vie ou de mort qu’il détient l’oblige à une perpétuelle remise en cause. Il écrira que « quand on juge les hommes, il ne faut jamais les séparer des événements » et aussi que « l’âme d’un fameux coupable ne diffère souvent de celle d’un grand homme que par l’objet vers lequel la fatalité l’a déterminé ». Le spectre de Voltaire le hantera pendant toute cette année, aiguillonnant sa quête de vérité.

 

Bientôt élu député à la Convention, il arrive le 18 août 1792 à Paris. Il y rencontre très vite Roëttiers de Montaleau, haut dignitaire de Grand orient qu’il connaît depuis longtemps. Celui-ci lui raconte les difficultés dues au combat passionné des opinions politiques au sein des loges. Comment les frères pourraient-ils respecter leurs serments de fraternité maçonnique ? Beaucoup d’entre eux ont émigré derrière les frères du roi, maçons eux-mêmes. Les loges se sont vidées. Le duc d’Orléans, grand maître du Grand Orient, joue son propre jeu. Certains le suivent, espérant qu’il réussira à prendre le pouvoir. Beaucoup se méfient, critiquent. Les soupçons s’installent avec la crainte du lendemain et ralentissent toutes les activités maçonniques dans l’attente de jours meilleurs. La franc-maçonnerie rentre dans l’ombre, sinon en léthargie. Après thermidor, à partir de l’automne 1794, Cambacérès est au gouvernement de la France ; il se fait investir de la présidence du comité de Salut Public. Ses qualités, comme ses qualifications en font un incontournable de la direction du pays. C’est ce qui bientôt fera de lui le deuxième consul après le coup d’état de brumaire, puis l’archichancelier de l’empire et maître d’œuvre de Napoléon, ainsi que l’appelle sa biographe Laurence Chatel de Brancion, après le couronnement de Bonaparte.

 

Mais laissons de côté sa carrière publique et revenons à ce qui nous occupe plus particulièrement, même si l’une et l’autre facettes de sa vie sont étroitement imbriquées, puisque, par exemple, lorsqu’il présente à la tribune, comme responsable de la politique extérieure de la France, le traité de paix signé avec la Toscane, c’est le franc-maçon qui parle ; il établit le fondement des organisations internationales actuelles, en rupture totale avec les mœurs de l’époque : « S’il existait en Europe, proclame-t-il, un droit des nations, des principes reconnus d’indépendance, de liberté de commerce et de navigation, s’il existait un plan contre l’ambition des puissances usurpatrices et une garantie pour la sûreté des états faibles, alors les conditions de la paix seraient facilement dictées et acceptées ; alors, nous n’aurions pas de guerre à soutenir. »

 

Dans le courant de l’année 1795, derrière sa volonté de protection de l’intimité et de la liberté individuelle, pour lui principes de base, Cambacérès exprime son désir de protéger les premiers pas des loges maçonniques qui renaissent après la tornade de la Terreur. Ces hommes éclairés et modérés doivent pouvoir se réunir chez l’un ou chez l’autre sans être inquiétés car la franc-maçonnerie peut être un ferment d’amélioration du climat politique et, si on lui en laisse le temps, un éducateur de l’opinion. Dans ce même esprit d’éduquer l’opinion, il pousse la Convention à mettre sur pied un ensemble d’écoles spécialisées, comme l’Ecole normale, l’Ecole des langues orientales, l’Ecole polytechnique, les écoles de santé et les écoles centrales, futurs lycées napoléoniens.

 

Le 24 juin 1795, la Grande Loge célèbre son réveil. Celui du Grand Orient interviendra l’année suivante. Cambacérès fréquente la loge du Vrai Zèle. Il rencontre au sein des ateliers des hommes qu’il ne côtoie pas habituellement : les militaires, tels Kellerman ou Masséna, titulaires comme lui de hauts grades maçonniques. Avec son ami et frère d’Aigrefeuille, qui, curieusement, a installé à Montpellier l’ancien grand maître de l’ordre de Malte, il assiste le 22 juin 1799 à la cérémonie marquant l’union entre le Grand Orient et la Grande Loge de France. A cette tenue solennelle assistaient 29 officiers des deux obédiences, 3 officiers honoraires, 29 vénérables ou leurs représentants et 28 frères visiteurs. Le mois suivant, il devient ministre de la Justice. A ce moment, peu d’hommes sont plus à même que lui de maîtriser l’arsenal légal français, si complexe à la fin de la Révolution. Le 12 décembre 1799, Cambacérès devient deuxième consul de la République, second personnage de l’Etat après Bonaparte.

 

Retourné, on l’a vu, très tôt vers les loges, il y a retrouvé la sociabilité des années pré-révolutionnaire. Pour sauvegarder cette liberté et cette tolérance, et aussi pour éviter une mainmise sur l’éducation, il reste fermement attaché à affirmer l’indépendance du pays vis-à-vis de Rome et rêve d’établir en France l’équivalent de l’Eglise d’Angleterre. Il prêche le rassemblement dans la tolérance et oriente le Premier Consul vers un gallicanisme moderne. Son rôle dans la négociation du Concordat est occulte ; il n’existe qu’à l’état d’influence par des discussions, des notes, des études. Ce descendant de protestants, ce défenseur des communautés juives suggère aussi que des accords soient passés avec les responsables de ces religions pour que chacun ait le droit de pratiquer le culte de son choix ; en contrepartie, ces religions se couleront dans le système politique. En effet, les églises, quelle qu’elles soient, ne peuvent prétendre exercer une action hors du contrôle de l’Etat ; le gouvernement doit rester seul maître à bord.

 

C'est à ce moment-là qu'il se préoccupe concrètement de la franc-maçonnerie. Les rapports de police ont signalé l'essor très important du nombre des loges depuis le début du Consulat : cent quatorze dont vingt-sept parisiennes en 1802, trois cents en 1804. Vénérable de la loge Saint-Jean de la Grande Maîtrise, quel rôle joue Cambacérès dans les conflits entre le Grand Orient et les obédiences de rite écossais en 1802-1804 ? Dans ses papiers se retrouvent de nombreux documents relatifs à des projets de traités d'union. Selon son habitude, il fait réaliser méthodiquement un historique de chacune des obédiences, et analyser les conflits. Considérant ceux-ci comme du détail, il veut arriver à un accord permettant à chacun de garder ses pratiques dans une unité d'ensemble harmonieuse. Du fait même du recrutement dans les milieux de hauts fonctionnaires et dans l'armée, leurs rivalités ou désaccords peuvent être facteurs de désunion. L'Empereur aurait envisagé de résoudre le problème en supprimant la franc-maçonnerie, et il fallut les protestations de Kellermann dont l'aide de camp, de Grasse-Tilly, fils du héros de Yorktown, venait d'être élu Premier Souverain Grand Commandeur du rite écossais, et celles de Cambacérès qui fit valoir qu'interdire la maçonnerie la ferait surgir de toutes parts, en coulisses et dans l'opposition, pour arrêter cette décision. Est-ce Cambacérès qui propose que Joseph Bonaparte soit nommé grand maître du Grand Orient et Louis Bonaparte de la Grande Loge Générale Ecossaise qui vient d'être fondée pour fédérer le rite ?

 

CAMILLE SAVOIRE - REGARDS SUR LES TEMPLES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

Présentation de Jean-Marc Vivenza

Edition La Pierre Philosophale

 2015 

« La connaissance ne s’obtient que par l’initiation, connaissance qui est une « communion » avec l’âme universelle et dont le nom n’est autre que Gnose.» 

Camille Savoire (1869-1951)

La réédition de son ouvrage publié en 1935 : « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie », précédé d’une longue Préface de Jean-Marc Vivenza, vient de porter une lumière pour le moins assez nouvelle sur la personnalité de Camille Savoire. On s’aperçoit en effet, à la lecture des 90 pages de présentation du livre, que l’on ignorait énormément de choses sur celui qui fut à l’origine, en 1935, l’année même où il faisait paraître son livre, du « réveil » du Régime Rectifié en France.

Jean-Marc Vivenza nous révèle ainsi bien des aspects méconnus du parcours de Camille Savoire, et surtout nous montre l’évolution de celui qui se disait agnostique en son jeune âge, vers un spiritualisme de plus en plus marqué : « Camille Savoire, de l’agnosticisme de son jeune âge va donc, peu à peu, sans doute de par l’exercice de sa charge et son contact avec les degrés élevés des différents Rites maçonniques, évoluer vers un spiritualisme qui, pour n’être point une adhésion pleine et entière à une « Révélation », participait néanmoins d’un refus du matérialisme. »

« Ce fut le désir de travailler dans le secret et le silence, qui attira vers la Franc-Maçonnerie les adeptes de certaines organisa­tions philosophiques, initiatiques ou occultistes, survi­vances des anciennes confréries… »

Camille Savoire s’explique lui-même sur ce changement de point de vue, après avoir découvert « le caractère « initiatique » de la franc-maçonnerie » : « Ce fut le désir de travailler dans le secret et le silence, à l’abri des regards indis­crets de la police et des autorités qui attira vers la Franc-Maçonnerie les adeptes de certaines organisa­tions philosophiques, initiatiques ou occultistes, survi­vances des anciennes confréries de Rose-Croix, Alchi­mistes, Illuminés d’Allemagne ou de Bavière, lesquelles vinrent s’agréger au sein de la Franc-Maçonnerie en y constituant des Loges d’un caractère spécial (…) l’étude approfondie des anciens rituels, en m’éclairant à la lumière des travaux d’occultistes ou d’initiés anciens ou modernes, me permit d’entrevoir nettement le caractère initia­tique de la Franc-Maçonnerie, tel que l’avaient conçu certains de ses adeptes, et de le comparer aux sociétés initiatiques de tous les temps, sinon par les moyens employés, mais par les buts poursuivis, la communauté des symboles, de certaines appellations, mots et signes de reconnaissance, formes rituelles, épreuves.»

Mais ce premier constant va aboutir à une décision qui transformera profondément la vie de Camille de Savoire : « à savoir la nécessité pour l’initié de devoir se livrer à un travail intérieur pour parvenir à la pleine compréhension de ce que signifie « l’Esprit », pour reprendre l’expression employée par Savoire :  « Des études poursuivies pendant plus de dix ans, con­frontées avec les découvertes et enseignements de la science contemporaine, j’acquis la notion que seul un travail intérieur effectué sur soi-même peut faire pro­gresser dans la voie de l’initiation, laquelle n’est qu’une éducation de ce sens intime qu’on désigne sous le nom d’intuition et qui n’est vraisemblablement qu’une com­munion ou une prise de contact avec l’Intelligence universelle. Cette notion est incompatible avec une pro­fession de foi matérialiste. Tout ceci me conduisit vers un spiritualisme s’élevant au-dessus des dogmes des religions, des diverses croyances philosophiques et métaphysiques qui m’a paru constituer le véritable fondement de la Franc-Maçonnerie… »

Et c’est bien ce qu’affirme positivement l’auteur des Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie : « s’était effectuée en moi une accession vers la conception d’un monde dans lequel la Matière qui, dans ses divers aspects, n’est qu’une transformation de l’Esprit, cherche à dominer ce dernier et à l’asservir, alors que l’homme sage que doit être le Franc-Maçon cherche à se libérer des emprises de la Matière

Cette « Gnose, Camille Savoire l’avait expérimentée par « l’étude de l’esprit » : « L’étude de l’esprit apprend à l’homme à connaître l’âme, c’est-à-dire la force et la vie intime des choses et des êtres, de l’inanimé comme de l’animé et cette connaissance ne s’acquiert que par l’initiation, c’est-à-dire par l’éducation d’un sens intime, « l’intuition », qui a pour effet d’établir entre le Maçon et la vie universelle une «véritable communion » alors que notre intelligence est souvent faussée par nos intérêts, nos passions et nos préjugés. Cette connaissance, véritable communion avec l’âme universelle, c’est la Gnose. Pour l’acquérir, le Franc-Maçon doit maîtriser ses passions, établir un juste équilibre entre ses diverses facultés : raison, intelli­gence, sensibilité, et les accorder avec le milieu uni­versel réalisant ainsi le « juste milieu » de chacun de nous, c’est-à-dire « la loi de notre être » en conformité avec la « loi universelle ». Cette loi n’est pas fixe, disait Confucius. Aussi, le Maçon, par un perpétuel effort et un éveil constant, doit conformer ses pensées et ses actes au principe changeant de l’Univers tout en s’efforçant de garantir son harmonie intérieure ! »


« L’étude de l’esprit apprend à l’homme à connaître l’âme, c’est-à-dire la force et la vie intime des choses et des êtres, de l’inanimé comme de l’animé et cette connaissance ne s’acquiert que par l’initiation… »

Ainsi donc, analyse Jean-Marc Vivenza : « On le constate, loin du portrait erroné que l’on présente encore parfois de lui, en quelques années, Camille Savoire, de par ses fonctions de Grand Commandeur des Rites et son cheminement maçonnique personnel, avait profondément évolué, puisque du matérialiste agnostique qu’il déclarait être dans sa période de jeunesse, il était devenu un spiritualiste qui, pour conserver son attachement à la liberté de penser – liberté non synonyme pour lui d’incroyance –, néanmoins, n’hésitait plus à se référer à la kabbale, aux Rose-Croix, refusant l’athéisme, appelant à un travail intérieur capable de faire accéder l’initié à la connaissance véritable de la « Gnose », entendue comme l’expression de « l’âme universelle ». On est donc très loin d’une attitude de rejet de la spiritualité, bien au contraire. »


« La route de l’initiation conduisant à la Gnose, est cette connaissance suprême qui ne connaît pas les limitations de connaissance. C’est l’acquisition de la Gnose qui constitue l’objet principal de l’institution. Car elle est indispensable à la recherche de la Vérité….»

Le témoignage le plus probant des convictions spiritualistes qui étaient devenues les siennes et sur lesquelles Jean-Marc Vivenza porte un éclairage tout à fait saisissant, allait être donné par Camille Savoire à la demande de son ami Constant Chevillon (1880-1944) qui : « s’il avait encore des objections à formuler à l’égard du dogmatisme ecclésial, n’en avait point à l’encontre du spiritualisme spéculatif qui pour lui était synonyme de « connaissance », c’est-à-dire de la « Gnose » qui constitue même, selon lui, « l’objet principal de l’institution initiatique » .


Voici donc ce que Camille Savoire allait déclarer, en 1939, dans la préface qu’il accorda à un opuscule publié par Constant Chevillon, alors Grand Maître de l’Ordre Martiniste : « la route de l’initiation conduisant à la Gnose, est cette connaissance suprême qui ne connaît pas les limitations de connaissance. C’est en effet l’acquisition de la Gnose qui constitue l’objet principal de l’institution. Car elle est indispensable à la recherche de la Vérité sans laquelle on ne saurait travailler au perfectionnement individuel et collectif des êtres

La réédition des « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie » à l’heureuse initiative des éditions la Pierre Philosophale, rend donc, par la Préface étendue de Jean-Marc Vivenza qui présente cette nouvelle édition – la première depuis 1935 – un hommage plus que mérité à une grande figure de la maçonnerie spiritualiste, qu’il importait, loin des caricatures que certains avaient édifiées sur Camille Savoire, de porter à la lumière…de la « connaissance ».

 

catalogue des manuscrits maçonniques des bibliothÈques publiques de france

Jacques leglise

SEPP

 1984

Ville après ville tous les documents sont répertoriés.

 

Un gros travail qui facilite le chercheur.

 

CATHOLIQUES  ET  FRANCS-MAÇONS.  ÉTERNELS  ADVERSAIRES ?

PAUL  PISTRE

ÉDITION  PRIVAT

 2011

Moins secrète que discrète, la franc-maçonnerie nourrit d’étonnants fantasmes. L’opinion française la connaît mal. Sait-on qu’aujourd’hui la maçonnerie comporte un nombre important de loges en activité avec un effectif record de frères et de sœurs, et ce dans toute la France ? Ou encore que le Grand Orient de France, longtemps largement majoritaire, n’accueille que le tiers des initiés, aux côtés d’autres obédiences plus confidentielles ?

 

La franc-maçonnerie est puissante, largement répandue et témoigne d’une capacité d’évolution surprenante. Si l’Eglise romaine et la maçonnerie ont longtemps été adversaire, plusieurs entretiens récents, oraux et écrits, très peu médiatisés, témoignent d’un évident rapprochement entre clercs et maçons… Paul Piste dévoile ces conversations inédites dans cet ouvrage et y livre une définition de ce qu’est la franc-maçonnerie au XXIe siècle.

 

L’auteur développe les sujets suivants :Le Temple, la loge et l’obédience – une Eglise mal connue – les années sombres qui pèsent encore – la première loge à Londres en 1717 – sous l’Ancien Régime avec Napoléon 1e – les persécutions sous Vichy – l’œuvre des chercheurs – les causes des condamnations pontificales – un antimaçonnisme vigoureux et fréquent – les antimaçonnismes politiques, religieux et populaires – une aurore prometteuse – le colloque de Toulouse de 1987 – Rosario Esposito : un pionnier méconnu de la réconciliation Eglise-maçonnerie – Quelques pionniers et prophètes – la famille spirituelle la mieux connue de France -  Aperçu sur les maçonneries voisines, en Espagne, en Belgique, en Italie et en Angleterre – les juifs et la franc-maçonnerie -  les protestants -  Catholiques et francs-maçons de la G.L.N.F, du Grand Orient , du Grand Prieuré des Gaules, du droit humain, et de la grande loge mixte universelle de Perpignan -  le théologien Jean Rigal – la libre pensée – effets pervers des condamnations – la Bible, trait d’union entre catholiques et francs-maçons – l’Inquisition – Mieux connaître les spiritualités maçonniques – vers un universalisme maçonnique –

 

Paul Pistre est historien. Enseignant dans l’école laïque catholique, il a été membre actif du service incroyance-foi. Il a déjà publié deux ouvrages, Francs-Maçons du Midi, maçonnerie biterroise et sociabilité urbaine, du XVIIIe siècle à nos jours, ainsi que Francs-Maçons à Toulouse, des origines à nos jours. Il dirige depuis plus de 22 ans la revue : Lettre aux catholiques amis des maçons.

 

ce « g » que dÉsigne-t-il ?

Jacques thomas

ARCHÉ MILAN

 2001

Cet ouvrage est consacré à l’étude de certains symboles courants du Métier des Tailleurs de pierre, tels que la « pierre angulaire », la « pierre de fondation », l’« œil du dôme »… et plus particulièrement la « lettre G » au milieu de l’« Étoile flamboyante ».


Ces symboles sont ici analysés et expliqués à la lumière des données traditionnelles du Pythagorisme et de l’herméneutique judéo-chrétienne, c’est-à-dire de la « Science des nombres » et de la « Science des lettres », dont il est certain que les Confréries de constructeurs du Moyen Âge avaient une connaissance non seulement « spéculative » ou rationnelle, mais aussi « opérative » ou proprement spirituelle.


Ce livre réserve une place importante à l’examen du symbolisme des notions de « Force » et de « Puissance ». En outre, un long chapitre s’attache à mettre en évidence la fonction cosmologique de « Monarque universel » assumée par Nemrod, le « Premier Puissant », à l’époque de la construction de la tour de Babel.

 

La lettre G est un symbole maçonnique qui n’apparaît jamais seul. Il est souvent situé entre une équerre et un compas entrelacés ou encore au centre d'une étoile à cinq branches. Sa signification n'est pas précise et donne lieu à plusieurs interprétations dont certaines sont fantaisistes. Ce qui est certain en revanche, c’est que dans aucun texte maçonnique, G est l'initiale de Grand.

 

La lettre G apparaît dans les rituels maçonniques anglais vers 1730 puis est adoptée par les loges françaises. Pour les Anglo-saxons, de tradition déiste, la lettre G est l'initiale de God (Dieu en anglais) et son interprétation est sans ambiguïté. Pour les Français, les rituels plus modernes associent G à Géométrie, Génération, Gravitation, Génie et Gnose. Ces cinq termes peuvent surprendre. Que viennent-ils faire dans les rituels maçonniques ?

 

Comme les autres symboles, ils sont proposés à la réflexion du franc-maçon et prennent un sens différent de leur signification convenue. La géométrie, l'art du trait et de la construction, imprègne fortement la symbolique maçonnique dont les outils : fil à plomb, équerre, compas… renvoient à la mesure et au métier de bâtisseur, sources d’inspiration de la franc-maçonnerie moderne. Le terme génération fait référence à la capacité de création que tout homme possède en lui et sur tous les plans qu'ils soient intellectuels, physiques ou psychiques. Gravitation fait référence au principe de gravitation universelle découvert et théorisé par Newton au 18e siècle. Transposée à l'Humanité, cette loi universelle s’appelle l'Amour et est indissociable de la fraternité humaine. Elle rappelle le message chrétien « aimez-vous les uns les autres » Par le terme génie, les maçons du 18e ne font pas référence à l'intelligence supérieure, mais à la capacité de l'esprit humain à s'élever et à se dépasser. Enfin, la Gnose renvoie à la connaissance sacrée ou encore à la compréhension entière de la vérité du Monde, but ultime de l'initiation.

 

Les cinq interprétations de la lettre G sont, pour le franc-maçon,  autant de voies à explorer, non pas seulement d’un point de vue intellectuel et objectif, mais suivant une méthode spirituelle et subjective. Au-delà des mots, les cinq significations de la lettre G renvoie à la place de l’homme dans la création, comme « l’homme de Vitruve » de Léonard de Vinci, représentation bien connue d’un homme harmonieusement placé au centre d’un cercle et d’un carré les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, tout comme la lettre G entre l'équerre symbole de la Terre et de la matière et le compas symbole du ciel et de l'esprit.

 

L’auteur décortique les sujets suivants :

La pierre angulaire cruciforme, le diamant, l’équerre, la tradition pythagoricienne, la triade, le nom de Dieu en Hébreu, le Gimel, le Gamma, Nemrod et la tour de Babel.

 

cÉlÉbration du bicentaire des grandes constitutions de 1786

 

Le Suprême Conseil pour la France

 1986

À cette occasion trois orateurs, Baranger, Lasalle, Briens, nous rappellent les grands axes de ces grandes constitutions qui sont la base de l’Ordre Ecossais Ancien et Accepté.

 

ces francs-maçons qui croient en dieu

J.M. merle & m. viot

EDITION DE LA PIERRE PHILOSOPHALE

 1995

Dieu… les Francs-maçons… les termes semblent s’opposer, en particulier dans nos pays latins. Les Français, dans leur majorité, n’ont peut-être pas l’exacte mémoire des péripéties des luttes anticléricales, voire simplement des menées antireligieuses de certains maçons qui ont conduit en 1905 à la Loi de séparation des Églises et de l’État. Quelques-uns se souviennent cependant de la querelle à propos de l’école libre de 1984 et du laïcisme militant de quelques dignitaires de la Franc-maçonnerie française.

 

Mais ce que le grand public ignore, c’est que de tels maçons sont en rupture de ban avec la Franc-maçonnerie universelle, forte de quatre millions de membres, qui ne reconnaissent comme obédience régulière en France que la seule Grande Loge Nationale Française. Or pour y entrer, il faut affirmer solennellement sa foi en un seul Dieu révélé.

Les auteurs – l’un historien des religions, l’autre pasteur – expliquent ce que furent réellement les débuts de l’ordre maçonnique et comment, au cours du XIXème siècle, il dévia de ses buts originels, en Europe principalement. Ils exposent l’hostilité que rencontra la Franc-maçonnerie de la part de divers courants religieux ainsi que les nouvelles oppositions, amorcées depuis plusieurs années.

 

Le travail en loge et les méthodes mises en œuvre sont clairement définies et, pour la première fois, les auteurs fournissent au public profane un exemple d’utilisation de la Bible en loge maçonnique.

 

chevaliers & rose-croix

g & r jamet

EDITION DU BORRAGO

 1994

Après « Le Maître Secret », 4ème degré de la Franc-maçonnerie écossaise, « Architectures Secrètes » qui est une étude par thèmes sur les degrés du 5ème au 14ème, voici aujourd’hui « Chevaliers et Rose-Croix » qui nous conduit, suivant la même méthode, du 15ème au 18ème degré, point de rencontre majeur au centre de la Croix, pour celles et ceux qui ont choisi l’Art Royal et le chemin le plus long vers les « grandes ouvertures ». La Franc-maçonnerie prend là tout son sens, la grande rosace éclaire l’œuvre du Maître et la Fraternité s’y transmute en Amour.


Officialisé en 1821 par le Suprême Conseil dans sa version chrétienne et pas dans sa version alchimique. Falsification donc (toilettage et modernisme oblige diront certains) les ajouts ou transformations ultérieures où certains rituels mêlent la cabale hébraïque et des éléments fabriqués de toutes pièces adultérant les rituels Rose-Croix au départ forcément chrétiens.
 

Que le même rituel soit transposé dans une version alchimique ou transformé par le symbolisme qu’il représente n’enlève rien au fait que cette rose mystique était au départ sur une croix entre deux autres croix, que la rose est environnée d’une couronne d’épines et que les premiers propagateurs voulaient que cela représente non seulement la passion du Christ, mais aussi entre les deux autres croix, la Rédemption. La Rédemption est rappelée par le tombeau vide du Christ.

Le signe de ce grade montre distinctement la voie du Ciel et de la Terre. Le mot sacré du grade est INRI qui peut être vidé de tous sens, tellement on pourrait en trouver. Il représente bien le mot formulé avec les initiales I.N.R.I, car le grade représente l’entrée dans la Loi nouvelle, passant de la loi juive à la mission évangélique.

Les trois colonnes du Temple sont constituées « au nom de la très sainte et très indivisible Trinité » (aussi bien dans le rite moderne que celui de Kilwinning) et les trente-trois bougies du premier appartement rappellent les 33 années du Christ. La Passion du Christ se trouve copiée et renvoyée à des images symboliques de la maçonnerie, à savoir la pierre cubique à pointe qui sue sang et eau et qui soufre, (d’où l’analogie alchimique, mais dans le rite de Kilwinning la rose est bien fanée), l’étoile flamboyante, la géométrie. La rose maçonnique se trouve alors sacrifiée sur une croix au sommet de la montagne, par les trois équerres, les trois triangles et les trois cercles. Le reste de l’histoire dans ce grade ancien est une version maçonnique de la passion du christ pour retrouver l’étoile flamboyante et la Parole fut aussi retrouvée. Le symbolisme chrétien est si évident que de le nier paraît incongru, et à peine plausible au niveau du symbolisme en général. Même les verres sont appelés calice et la table autel.

L’esprit de ce grade est qu’il s’agit d’un grade de chapitre ouvrant les grades philosophiques de la sixième classe. Les deux thèmes beauté et connaissance sont déjà depuis longtemps dépassés dans les grades précédents. L’image du Christ rédempteur est une image plus séduisante plus que le christ en croix qui n’inspire en fait qu’une image morbide d’un homme crucifié par ses semblables. Sortie de toute Eglise, la version alchimique où l’on trouve sur la même croix parfois un serpent, symbolise effectivement la matière, l’oeuvre en cours de réalisation par sublimation des éléments, mais il s’agit là d’un travail peu élaboré qui ne sied pas au grade en question. Soit, un athée peut utiliser le symbolisme alchimique et cabalistique. Mais l’essence initiale et originelle du grade est chrétien quoi qu’on en dise et quoique certains trafiquent. Le chevalier Rose Croix l’est par Jéhovah, le nom incommunicable qui, parmi les juifs, signifie l’immutabilité de Dieu. Tout dans ce grade rappelle l’essence chrétienne, évangélique. Il n’y a rien à tenter ; car c’est ainsi. Affirmer autre chose n’est que poudre aux yeux. Pour tous ceux qui cherchent vraiment à comprendre l’écossisme, il ne fait guère de doute qu’il s’agit d’un symbolisme

 

CHATOYANT  SONT LES 33 DEGRḖS DU R.E.A.A.

Serge van Khache et J. M. Cybart

Edition Dervy

2017

Dans sa préface, Jean-Pierre Cordier introduit le lecteur aux arcanes de ce livre indispensable : « C’est un inhabituel compagnon de voyage qu’ont choisi Jean-Marc Cybart et Serge Van Khache pour nous inviter à parcourir les 33 degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Si le bestiaire du rite comporte bien quelques animaux, notamment des oiseaux réels ou mythiques, le chat ne compte pas au nombre de ses représentations allégoriques ou symboliques, mais il est bien connu que le chat n’a guère besoin d’invitation pour s’introduire où bon lui semble !

 

Avant de revêtir les décors des divers degrés écossais et d’en dispenser l’enseignement, le doux félin s’est révélé le compagnon inséparable des écrivains et des poètes : du « chat botté » de Charles Perrault, jusqu’à Colette, en passant par Chateaubriand et Léautaud, qui en eut jusqu’à trois cents ! Tous ont été fascinés par son intelligence vive, sa souplesse et son élégance, et cette souveraine indépendance qui le rend rétif à toute autorité. Nul ne peut se prétendre le maître d’un chat, à l’instar du Franc-maçon refusant de mettre le genou à terre après avoir reçu la Lumière. »

 

Nos trente-trois chats, tous plus magnifiques les uns que les autres, en majesté vraiment avec leurs décors, entourés de quelque symboles particuliers aux grades concernés ont été créés par Serge Van Khache.

 

Chaque dessin est accompagné d’un texte court de Jean-Marc Cybart, synthétisant en une page les éléments significatifs du mythe associé au grade. Il faut dire que ces chats, dont le style rappellera à certain le chat botté de leur enfance, ont beaucoup plus de classe que nombre de Francs-maçons bedonnants. D’une grande expressivité, ils incarnent parfaitement le sentiment du grade, toujours avec une grande dignité.

Mais cet album magnifique n’est pas qu’une galerie de peintures talentueuses, l’enchaînement des images de Serge Van Khache et des textes courts de Jean-Marc Cybart rend compte de la dynamique de l’ensemble du rite, de sa profondeur, de sa cohérence également. Les « chats –maçons » nous enseignent quelque chose à propos de nous-mêmes et de la démarche initiatique.

 

Le chat était l'un des nombreux animaux dont les attributs furent vénérés dans l'Égypte antique. Le chat était le symbole de protection. En effet, le chat était un animal très bénéfique pour les égyptiens : en chassant les petits rongeurs, les chats protégeaient les silos à blé des Égyptiens, une ressource alimentaire vitale pour ce peuple. Les chats éliminaient aussi les rats, et les maladies propagées par ceux-ci (peste, …). Les chats chassaient également les serpents, rendant plus sûr les foyers situés dans le territoire du chat. Le chat deviendra également, par la suite, un animal de compagnie réputé, pour sa douceur, sa grâce, … Le culte du chat atteindra son apogée lorsque les chats seront perçus comme l'incarnation de la déesse Bastet.

 

Dès le IIIe millénaire av. J.-C., les Égyptiens ont apprivoisés le chat. Depuis, le chat est omniprésent dans l'Égypte antique, que ce soit dans la vie quotidienne (animal de compagnie et de protection), ou spirituelle : le chat est tout d'abord l'avatar du dieu Rê en tant que pourfendeur du serpent Apophis. Et, chaque temple possédait ses propres chats. Le chat, comme les autres animaux sacrés, avait un statut particulier dans la société égyptienne, et par conséquent ne pouvait ni être tué, ni maltraité, au risque de sanctions pouvant aller jusqu'à la condamnation à mort du contrevenant. Le chat, en tant qu'animal sacré, sera vénéré en tant qu'incarnation de Bastet, ce qui explique que les Égyptiens momifieront des milliers de chats, retrouvés dans des cimetières de chat. On trouve également le chat représenté sur de nombreux vases, bijoux et vaisselle, ainsi que dans les peintures. Et, en cas de décès d'un chat, selon Hérodote, la famille était en deuil -durant 70 jours -et se rasait les sourcils, en signe de tristesse.

 

Présent bien avant l'avènement du Nouvel Empire, vers -1500 avant JC, le culte du chat a pris de l'ampleur lorsque Sheshonq Ier, qui régna de -945 à -924 développa la ville de Bubastis, chef-lieu de la déesse Bastet, située à l'est du delta du Nil. Près du centre de la cité, on pouvait voir le temple de Bastet. Dans la cour se trouvait une allée d'arbres, qui exposait une statue massive de Bastet, ainsi qu'un nombre important de chats sacrés dont les prêtres s'occupaient grâce aux dons des pèlerins. Ces chats, s'ils étaient très respectés, n'en restaient pas moins nombreux, et un sacrifice périodique était organisé. Les chats sacrifiés, la plupart du temps des chatons, étaient ensuite bénis et momifiés, puis vendus comme reliques sacrées. Le culte de Bastet sera officiellement interdit par décret impérial, vers -390. Le chat en Égypte a donc vu un déclin progressif de son intérêt, bien que resté en tant qu'animal de compagnie, il n'était plus adoré dans les temples. Et, de nos jours, le chat n'a plus l'importance qu'il avait d'antan notamment à cause des maladies, comme la peste, qu'il véhicule.

 

chroniques maçonniques

Jacques normand

à L’Orient

 1999

Qui n’a cherché, au cours d’une lecture ou en préparant une planche – une date, un fait, une idée, un commentaire, bref l’un de ces mille éléments indispensables à la bonne fin d’un travail de réflexion ?
C’est ce qui a conduit Jacques Normand, avec ses Chroniques maçonniques, à créer cet outil indispensable à la réflexion.

 

Participant à des groupes de travail et des laboratoires de recherche historique sur la Franc-maçonnerie il a été amené à établir une liste, la plus complète et précise possible, d’événements, causes et effets, qui ont présidé à la lente et rude élaboration de l’Ordre. Les événements historiques marquants, qu’ils soient politiques, sociologiques, religieux ou initiatiques, ont donc été inclus dans ces Chroniques.

 

Des courants se sont développés ; des Obédiences différentes en ont résulté, en France, en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis. Elles fraternisent, se tolèrent, s’ignorent, ou sont parfois carrément hostiles !
Enfin la Franc-maçonnerie n’est pas née spontanément en 1723 avec les Constitutions d’Anderson – Desaguliers. Depuis la plus haute antiquité le phénomène initiatique coule comme un fleuve tranquille entre ombre et lumière. C’est aussi ce cheminement que l’auteur a cherché à préciser, sans interprétations merveilleuses ou déraisonnables. Les informations recueillies sont issues de documents anciens et récents, mais accessibles à tous.

L’année 1717 marque effectivement la création de la première Grande Loge à Londres, puis la mise en place du système maçonnique qui va se pérenniser jusqu’à aujourd’hui – avec certaines évolutions, bien sûr. L’origine de la maçonnerie se situe donc en Grande-Bretagne et tout l’enjeu est de comprendre de quelle manière une fraternité de métier – celle des maçons – s’y est transformée en une société de rencontres et de convivialité.

 

Ce phénomène est – il faut le redire – exclusivement britannique : en France, par exemple, les compagnonnages ne se sont pas transformés en franc-maçonnerie. L’Écosse est au cœur de cette mutation, à partir de l’extrême fin du XVIe siècle et tout au long du XVIIe. La date la plus ancienne dont nous puissions faire état pour ce qui va devenir la franc-maçonnerie est 1599. Cette année-là, William Schaw, maître des bâtiments du roi à Edimbourg donne de nouveaux règlements aux maçons. Ces « Statuts Schaw» présentent une conception nouvelle de la loge qui va devenir celle que nous connaissons encore aujourd’hui. Elle n’est plus liée à un chantier forcément temporaire, mais se voit dotée d’une personnalité morale et pérenne. C’est aussi de 1599 que date le premier procès-verbal dont nous disposons, en l’occurrence le compte rendu des travaux de la Loge d’Aitcheson’s Haven – un hameau sur la côte, à une dizaine de kilomètres à l’est d’Edimbourg – le 9 janvier 1599. À partir de cette date, toute une série de documents font la jonction avec la franc-maçonnerie actuelle.


Ceci dit, il est bien sûr très probable que tout n’ait pas été inventé en 1599. Ainsi, les statuts Schaw reprennent des éléments des « Anciens Devoirs», les règlements des maçons du Moyen Âge, ce qui signifie qu’il y a bien dû y avoir un lien entre les maçons médiévaux et ceux du XVIe siècle, même s’il n’est pas documenté. Il existe donc bien un lien réel entre les maçons de métier, dits opératifs, et les francs-maçons philosophes du XVIIIe siècle, dits « spéculatifs » ? C’est une des grandes controverses qui divisent les historiens de la franc-maçonnerie depuis quelques années. Pour certains, la maçonnerie est l’héritière d’une maçonnerie opérative qui s’est peu à peu transformée en une société plus symbolique. Pour d’autres, la franc-maçonnerie est un pur produit du XVIIIe siècle n’ayant fait que reprendre d’anciennes traditions pour se donner une légitimité.

 

Derrière ces débats se cachent aussi des présupposés idéologiques : les partisans de la continuité sont souvent influencés par le philosophe René Guénon, qui estime que la dimension initiatique de la maçonnerie vient de cette expérience de confrontation à la matière des maçons d’autrefois. Si ce lien n’existait plus, la dimension initiatique de la franc-maçonnerie disparaîtrait. Inversement, ceux qui considèrent que tout a été créé au XVIIIe siècle perçoivent la maçonnerie comme un produit de la philosophie des Lumières. L’historien que je suis estime que la vérité se situe entre les deux : s’il est clair que la première Grande Loge en 1717 correspond à un esprit et à un projet nouveau, les matériaux qu’elle utilise sont incontestablement directement tirés des traditions des maçons de métier, alors encore bien vivantes.

 

comment travaillent les francs-maçons ?             -         N°  22       -

Jean onofrio

LA MAISON DE VIE

 2007

Lorsque des Frères ou des Sœurs appartenant à la Franc-maçonnerie initiatique se réunissent, ils célèbrent une « Tenue ». Que signifie ce terme, à quelles réalités spirituelles et symboliques correspond-il, pourquoi garde-t-il toute sa valeur ?


À travers des questions spécifiques, « A quoi sert le Temple ? », « A quoi sert une Tenue maçonnique ? », l’auteur pose en réalité la question qui nous concerne tous : « A quoi tenons-nous vraiment ? », « Quel est le sens de la vie humaine ? »


Cet ouvrage permettra de comprendre comment et à quoi travaillent les Francs-maçons. Et tout en offrant des informations inédites sur les symboles et les rites, il aborde aussi des sujets très contemporains, comme la théorie scientifique du big-bang et l’origine de la création.

 

comprendre les francs-maçons

Jean saunier

EDITION Ivoire Clair

 1999

Ce livre présente un panorama historique de la Franc-maçonnerie moderne et de son rôle au fil des siècles.


Jean Saunier s’attache à la présentation et à l’analyse des mythes et des questions les plus fréquemment posées tant au sein de l’institution que dans le monde « profane », ainsi qu’à une étude poussée des rapports entre la Franc-maçonnerie française et l’Église Catholique. Son ambition n’est pas de décrire en détail ce qu’est la Franc-maçonnerie mais d’essayer de cerner ce qu’est, ou ce que devrait être, un Franc-maçon.

 

Sans prétendre à des « révélations » spectaculaires plus ou moins fondées, il aborde en détail la description et la signification symbolique profonde du serment maçonnique, de l’initiation ainsi que des grades les plus représentatifs.

 

Il se garde toutefois d’en tirer des conclusions figées, tentant au contraire de replacer chaque période dans son contexte historique, suivant le principe qui veut qu’un corps social quel qu’il soit, et encore plus un groupe qui revendique pour lui-même le secret, n’existe qu’au travers de ses membres, eux-mêmes vivant au sein d’une société dont ils forment un microcosme.

 

compte rendu de la 12ème confÉrence internationale des suprÊmes conseils du r.e.a.a.

 

Le Suprême Conseil pour la France

 1980

Lors de cette conférence des Suprêmes Conseils à Paris en 1980, des conférenciers de talent ont évoqué le R.E.A.A., son mysticisme, sa spécificité et ce qu’il peut apporter dans la vie de chacun.

 

Un excellent ouvrage qui explique la spécificité de ce rite et son merveilleux parcours initiatique et spirituel

 

confession d’un grand commandeur de la franc-maçonnerie

Charles riandey

EDITION DU ROCHER

 1989

Décédé en 1976, Charles Riandey, initié à la Grande Loge de France en 1917, membre du Suprême Conseil de France en 1930, Grand Secrétaire de la Grande Loge de France en 1931, Grand Chevalier du Suprême Conseil de France puis Souverain Grand Commandeur en 1961, nous a laissé ses mémoires.

Tout au long de sa vie, Charles Riandey s’est efforcé de ramener la Franc-maçonnerie française à sa spécificité originelle, de la détourner résolument du monde de la politique et de la finance, mais aussi, après 160 années de confusion, d’ambiguïté et d’errements, de soucher le Rite Écossais Ancien et Accepté sur la Franc-maçonnerie dite régulière.

Relatant notamment les circonstances exactes jusqu’ici occultées de la scission intervenue en 1964 –1965 au sein de la Grande Loge de France, les mémoires de Charles Riandey constituent un témoignage exceptionnel sur l’histoire et les vicissitudes de la Franc-maçonnerie depuis un siècle.

Des réponses et des précisions sur les milliers de Francs-Maçons qui en 1964 /1965 ont quitté la Grande Loge pour rallier la G.L.N.F.

 

considÉrations sur la maîtrise             3e DegrḖ

Marcel spaeth

Détrad

 1997

Sont expliqués, dans cet ouvrage destiné aux Maîtres :

 

Chapitre I – La sapience du Maitre – Les arts libéraux – l’escalier à vis et le retour en arrière – la rosace – Grammaire, arithmétique, musique, astronomie, géométrie, rhétorique et dialectique – l’arbre séphirotique adapté à la Franc-maçonnerie –

Chapitre 2 – La légende d’Hiram – Poème épique – Réception d’un profane –

Chapitre 3 – Les mors, leur sens, leur écriture et leur étymologie -  Thubal-Caïn – Moabon – Mac Benah – Giblim – Hiram – Gabaon –

Chapitre 4 – Les tapis de la chambre du milieu, en tenue de travail et en Tenue de réception – L’équerre et le Compas – le Tétragramme – le signe des chairs – le Tertre et l’acacia – Les Nombres en maîtrise, ceux du compagnonnage et ceux de l’apprentissage –

Chapitre 5 – La Maîtrise et la magie – ouverture des travaux – Effets de l’assiduité – la circumambulation – Passage du récipiendaire par la mort – Nécromancie – imposition de l’épée flamboyante – la putréfaction alchimique – le geste de détresse – la batterie d’allégresse – le port du chapeau –

Chapitre 6 – L’Etoile Flamboyante en Maîtrise – le « Yin-Yang » -L’Androgyne alchimique -

 

CONSTRUIRE  LE  TEMPLE  AUJOURD’HUI

. Behaeghel - Bruno Etienne - J. Fontaine - F. Figeac – I. Mainguy

Édition   MAISON DE VIE

2008

Pourquoi et comment les Francs-Maçons construisent-ils leur temple aujourd’hui ? De quels outils disposent-ils ? Que recouvre le terme initiation ?

A quoi servent les rituels ? Qu’est-ce qu’une société initiatique ? Existe-il un message maçonnique ? La Franc-maçonnerie a-t-elle un avenir ?

Réunis lors d’un colloque, des auteurs faisant autorité dans le monde maçonnique abordent ces sujets importants et répondent sans détour à des questions parfois délicates.

 

Aussi cet ouvrage très vivant ouvre-t-il de nombreuses perspectives dont certaines dépassent la cadre de la Franc-maçonnerie pour souligner un enjeu majeur : peut-on encore vivre une spiritualité d’ordre initiatique ?

 

En préface Christian Jacq insiste sur le parcours de l’initié, qui dépend fondamentalement de la nature de la loge qui l’accueille et le fera évoluer, mais souligne la nécessité et l’importance d’avoir une « loge de recherche initiatique », qu’il ne faut pas confondre avec une loge de recherche historique. Cette loge permettant à chacun d’approfondir les symboles en commun, de débattre de divers sujets maçonniques, d’aller vers d’autres traditions, et de se nourrir de complémentarité dans une fraternité conviviale mais studieuse.

Irène Mainguy, rappelle ce que veut dire « initiation », mot inconnu ou non pratiqué jusqu’en 1801, où ce mot apparaît dans le régulateur du maçon, et qui sera officialisé en 1826, avant cette date on parlait de recevoir ou faire un maçon. La finalité étant la même que de nos jours, à savoir « faire un nouvel homme », avec la mort du vieil homme, la renaissance, le passage de l’ombre à la lumière, le passage de la captivité à la libération ou du sommeil à l’éveil.

 

François Figeac pose la question « Qu’est-ce-que la Franc-maçonnerie initiatique » ? C’est évidemment la construction du Temple. Temple commun à tous les initiés, mais par la magie de la méthode cette œuvre provoque la transformation de chacun qui ainsi se construit son propre temple, à l’image de la perfection du Temple de Salomon.

 

Bruno Etienne donne sa version de la Maçonnerie : Société initiatique fondée sur des mythes, qui pratique des rites et qui utilise des symboles. Pour lui il y a société initiatique lorsque les 10 variables suivants sont réunis, après acceptation des mots, rites, symboles et mythes :

 

1/ Une légende de base justifiant le rite. 2/ Un dépouillement physique vestimentaire accompagné d’une réclusion. 3/ La présence d’époptie dévoilée pour la contemplation des symboles et des mytho-drames, c'est-à-dire le rite fondateur. 4/ La présence des éléments. 5/ Un ou plusieurs voyages unidirectionnels. 6/ Un rapport chute-élévation. 7/8 Une guidance, c'est-à-dire une utopie voire une eschatologie. 9/ Une uchronie  10/ Une eurythmie en rapport avec les types de temps et d’espace séparés donc sacrés. 11/ Des épreuves physiques réelles ou symboliques, liées au passage, à la mort et à la résurrection.

 

 Julien Behaeghel nous explique les outils et le message de la Franc-maçonnerie. Pour lui le message est simple « Refaire notre unité par le symbole initiateur », en refaisant cette unité nous reconstruisons le temple du monde qui est en réalité celui de l’Homme, le macrocosme n’étant que le reflet du microcosme. Hermès Trismégiste nous ayant transmis cette grande pensée, faut- il en prendre conscience et œuvrer dans ce sens.

 

Jacques Fontaine termine ce colloque en posant la question « Quel message et pour quel avenir ? » C’est un message pessimiste qu’il nous délivre, en arguant du fait que la Franc-maçonnerie est en perdition compte tenu de la qualité des initiés et de leur peu d’enthousiasme à étudier la symbolique et à s’interroger sur eux-mêmes. Il délivre son message, qui est le suivant : Si on veut changer, et ainsi sauver la Franc-maçonnerie, appliquons le principe ou l’adage, vieux comme le monde « Connais-toi toi-même », cet adage étudié par exemple par les bouddhistes et d’autres sociétés initiatiques.

 

CONVERSATIONS ÉCOSSAISES

Bernard GUILLEMAIN

Edition TREDANIEL

 1996

C’est une conversation continue sur la maçonnerie avec la fraternité, les mythes fondateurs de l’Ecossisme et du suprême conseil avec le St Empire, la symbolique profane et écossaise et son éthique.

Il parle longuement de la devise Ordo ab Chao et Deus Memque Jus, sur le Saint Empire qui lui tenait à cœur et sur cette transmission scalaire et alchimique.

 

Le REAA a pour but de développer et d’approfondir les enseignements de la Maçonnerie de Saint-Jean. En se référant aux traditions initiatiques et spiritualistes, il place ses travaux sous l’égide du Grand Architecte de l’Univers. Il engage ses membres à s’intéresser aux problèmes importants de l’humanité, et à s’investir pour la défense de la tradition culturelle et le bien constant des hommes. Les enseignements du REAA incitent ses membres à comprendre, mettre en oeuvre et établir l’amour du prochain, les droits et la dignité de l’homme. Ils doivent également s’engager pour la défense de la liberté de pensée et de croyance et combattre l’ignorance, la superstition et le despotisme. Le REAA n’impose aucune limite à la libre recherche de la vérité. Pour garantir à chacun cette liberté, il exige de tous ses membres une tolérance active. Le REAA attend de ses membres un engagement ferme et désintéressé pour l’amélioration de la société et de l’Etat et pour garantir à tous les hommes une existence dans la dignité, la paix et la liberté.

 

Bernard était membre du Suprême conseil pour la France depuis plus de 50 ans, il nous a quitté en 2002. Qu’il repose en paix.

 

crÉation et histoire du rite Écossais rectifiÉ

Jean urcin

Edition  Dervy

 1994

Cette recherche historico maçonnique nous conduit du début du christianisme à J. B. Willermoz et à l’écossisme contemporain. Ce nouvel éclairage apporte un complément aux ouvrages de Jean Tourniac.

 

A l'heure où la Franc-maçonnerie connaît un regain d'intérêt, Jean Ursin s'est livré à un minutieux travail de recherche sur le Rite Écossais Rectifié, afin de mieux en cerner les origines. Ses recherches nous conduisent des débuts du christianisme à Jean Baptiste Willermoz (1730-1824) et à l'écossisme contemporain. L'auteur, privilégiant la clarté et la simplicité, nous offre ici une histoire exhaustive du R.E.R qui complète les ouvrages de Jean Tourniac sur ce sujet et apporte les éléments indispensables à la compréhension de la franc-maçonnerie d'aujourd'hui

dÉcors & usages

 

GLNF

 2002

À l’intention des membres de la Grande Loge Nationale Française.
Cet album couleur très bien fait explique les tabliers, les médailles, les cordons et les superlatifs donnés aux officiers, et le rôle de chacun.

 

DE LA PORTE DES HOMMES A LA PORTE DES DIEUX Cérémonie solsticiale de la Saint-Jean d’été

Alain Pozarnik 

Edition Dervy

 2014

Le solstice d’été a un caractère particulier ; depuis la préhistoire, il frappe les esprits de tous ceux qui observent avec attention la renaissance de la nature après sa mort hivernale. Il attise les cœurs vers une espérance de vie et laisse entendre l’existence d’une éternité enfouie en l’homme, mais que les diverses traditions religieuses ou païennes entretiennent depuis le Moyen Âge.

Bien d’autres vérités se cachent dans les flammes des feux purificateurs du solstice d’été. En Mésopotamie, en Egypte, en Grèce ou encore à Rome, le lumières de la manifestation du cycle solaire ont été le support de nombreuses réjouissances et de mystérieuses initiations donnant, à ceux qui savent lire la nature, la conscience du destin humain sur terre.


Le christianisme reprendra les témoignages traditionnels de la vraie Lumière venant dans ce monde sous les paroles de saint Jean. La Franc-maçonnerie moderne a conservé un rituel pratiqué en juin à la saint Jean d’été et très peu d’ouvrages lui ont été consacrés. C’est ce rituel qu’Alain Pozarnik explicite, phrase par phrase, afin que les pèlerins puissent suivre le chemin naturel du devenir humain.

Les initiés qui ont compris la véritable nature humaine au sein de l’univers, et parce qu’ils sont en relation avec l’expansion infinie, parviennent immanquablement avec les certitudes de leurs expériences et de leurs observations à la notion de vie éternelle. Ils ont franchi la porte des dieux qui donne accès à la Vérité et à la Lumière, ils avancent maintenant dans l’énergie primordiale avec certitude, paix et amour.

Toute vie, même en ce monde terrestre, est replacée, par les initiés dans un mouvement perpétuel, ils vibrent dans une authentique relation avec la création, cette création est peut-être loin des idées que les hommes ordinaires s’en font mais grâce à leur nouvelle conscience, ils deviennent plus justement l’homme aboutit promis par la création.

Le grand secret de la vie que nous allons aborder dans la cérémonie solsticiale de Saint Jean, consiste, par l’observation de la nature à trouver cette porte qui donne accès à la mystérieuse réalité sous-jacente, ainsi nous passerons de la porte des hommes à la porte des dieux.

Au sommaire de cet ouvrage de 340 pages :

Cérémonie de Saint-Jean d’été au Rite Écossais Ancien et Accepté de la Grande Loge de France -

-Le V.M : Frère Maitre des cérémonies, veuillez donner l’entrée du Temple…

-LE V.M : Mesdames et Messieurs, mes sœurs et mes frères, veuillez prendre place  -    Mes sœurs et mes frères, nous allons maintenant célébrer la fête de saint j jean

-Le V.M : Frère second surveillant, quel est le but de notre rassemblement de ce jour ?

-Le V.M : Frère orateur, pourquoi les francs-maçons célèbrent –ils cette fête à cette époque de l’année ?

-L’orateur : En cela, nous perpétuons les traditions des corporations de métiers romaines…  Aujourd’hui, nous voici ensemble pour franchir la porte solsticiale d’été…

-Le V.M : Frère secrétaire, d’où venez-vous ?

-Le secrétaire : Cet Evangile est essentiellement l’évangile de la connaissance…

-Le V.M : Veuillez vous lever, mes sœurs et mes frères - : Frère second surveillant de quel présent symbolique disposez-vous ? - : Le blé recouvre t-il d’autre sens, mon frère second surveillant ?  - : Qu’en concluez-vous frère second surveillant ?   : Frère premier surveillant, de quel présent symbolique disposez-vous ?  -   : Peut-on considérer que le cycle soit complet, frère premier surveillant ?

-Le V.M  se saisit du parchemin qui est devant lui et le montre à l’assemblée tout en disant : Avant de nous séparer, je vous invite, mes sœurs et mes frères à entrer dans la chaîne d’union qui symbolise l’Amour entre tous les hommes de la Terre, puis Remerciements du V.M à tous les assistants d’avoir participé à cette cérémonie.

 

DE LONDRES A SAINT-PETERSBOURG : CARL FRIEDRICH TIEMAN (1743-1802)  AUX CARREFOURS DES COURANTS ILLUMINISTES ET MAÇONNIQUES

Antoine Faivre

Ed. Arché - Edidit

2018

Attachante figure de l´Illuminisme et de la Franc-Maçonnerie dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, Tieman est compagnon de route, colporteur de nouvelles, émissaire, intermédiaire, voyageur à la curiosité toujours en éveil, épistolier à la plume - tant française qu´allemande - élégante et féconde. Suivre cet itinérant à l´esprit cosmopolite nous fait parcourir une galerie de personnages, les uns peu connus, d´autres qui le sont davantage mais que nous retrouvons en retouchant du même coup l´image que nous nous étions faite d´eux et de leurs entours. Né non loin de Berlin dans une famille imprégnée de spiritualité piétiste, et dès l´adolescence sujet d´expériences visionnaires, il poursuit à l´université de Wittenberg des études historiques et philologiques poussées. Puis, très apprécié par l´Impératrice Catherine II, il exerce pendant de nombreuses années l´activité de ‘gouverneur´ - tuteur chargé d´accompagner de jeunes nobles russes dans leur ‘Grand Tour´ ou voyage de formation. Les longs déplacements que cela implique favorisent son insertion dans un espace de circulation et de sociabilité qui englobe la Franc-Maçonnerie proprement dite et ses satellites ou dérivés de type néo-rosicrucien ou swedenborgien, ainsi que certains lieux d´élection du magnétisme animal.

 

En phase avec la culture et la mobilité des élites d´alors, cet espace est structuré en réseaux que constituent tant les messages échangés entre membres dispersés aux quatre coins de l´Europe, que des instances institutionnelles (loges, Obédiences, Systèmes ou Ordres para- ou péri-maçonniques). Circuler, comme Tieman, d´une instance à l´autre - les ‘visiter´ - contribue à dynamiser une vaste nébuleuse qui se déploie de façon réticulaire. Comme placé d´emblée au sein de deux principaux ‘bureaux de correspondance´ rivaux (l´un, à Lyon, autour de loge La Bienfaisance ; l´autre, à Paris, autour de celle des Amis Réunis), cet ami intime de Louis-Claude de Saint-Martin sillonne l´Europe en tous sens - un de ses longs séjours en Russie étant, notamment, marqué par son rôle dans l´organisation du Régime Écossais Rectifié à Saint-Pétersbourg. Le présent travail repose, pour l´essentiel, sur des matériaux (principalement en français, allemand et russe) tirés de Fonds d´archives dispersés à travers le Continent.

 

On trouve donc ici, transcrits et commentés, jusqu´alors inédits dans leur grande majorité, tant ses riches échanges épistolaires - avec, en particulier, Jean-Baptiste Willermoz, Savalette de Langes, Johann Caspar Lavater, César de La Harpe, Frédérique Sophie Dorothée de Wurtemberg - que nombre de documents portant sur ses rapports avec des contemporains, dont Johann Georg Hamann et certaines des principales figures de l´IIluminisme russe. Se trouvent ainsi revisités divers aspects de la vie associative (sociétés initiatiques, courants ésotériques) et de la sensibilité préromantique dans les dernières décennies de l´ère des Lumières.

 

DE LA ROSE A L’ḖPḖE RḖFLEXIONS SUR LES HAUTS GRADES DU R.E.A.A.

André Moser

Edition Create space

2015

La société en ce début du vingt-et-unième siècle est en pleine mutation, remplie d’incertitudes, de violences sociales et profondément inégalitaires qui interrogent tout en chacun sur la destinée des peuples en général et sur le sens de la vie en particulier. La démarche maçonnique dans ce monde fracturé a-t-elle encore un rôle à jouer ?

 

Est-elle porteuse d’espoir lorsque les sociétés privilégient la guerre à la paix ? Face à la misère et à la richesse, à la violence et la gentillesse tout individu se retrouve souvent perdu et manque de repères. Cette situation n’est pourtant pas inéluctable, car dans la vie en soi se trouvent toutes les possibilités pour vivre une destinée avec joie et dans l’enthousiasme de sa naissance, quels qu’en soient les considérants familiaux et ethniques.

 

C’est ce que j’ai voulu décrire dans cet opuscule qui relate mes interventions en qualité de Chevalier d'éloquence et de Grand Orateur durant une douzaine d’années. Le propos, parfois, s’égare dans les méandres d’un imaginaire trop fertile ou quelque fois, donne-t-il trop d’importance à l’idéal qui sou tend la démarche initiatique maçonnique ? Mais, la foi en l’humanité et dans la capacité de tout individu à s’améliorer pour vivre et organiser son chemin de vie fut mon credo. J’ai conscience que la naissance sur terre est une chance extraordinaire ; chacun doit la saisir avec reconnaissance et entreprendre avec Force, Sagesse et Beauté toutes les actions qui mènent à vivre harmonieusement et d’une façon responsable avec soi-même et les autres.

 

A en croire l’instruction du grade, le 4ème degré serait donc une voie de libération où il serait permis d’appréhender la portée réelle de la maîtrise sur un plan traditionnel. Cela dit, comment concilier la revendication d’une libération de l’Etre avec l’exigence intérieure particulièrement forte qu’implique l’accomplissement total du Devoir ? En optant, nous pensons, pour une posture intellectuelle et spirituelle à même de résoudre le délicat problème de la signification et de l’efficacité de la Voie.  En inscrivant également, et ce non pas à demi-mot, la démarche à entreprendre dans le cadre d’une économie du métaphysique où les règles de compréhension du processus d’intériorisation nécessitent une redéfinition complète de notre intellectualité ; en somme, une refonte intégrale de tout notre mental !

 

En ce sens, la compréhension de l’argumentaire symbolique du Maître Secret serait l’étape obligée pour amorcer une véritable initiation sur soi, et pour soi : on n’ « est jamais initié que par soi-même » précise le rituel. Dans cette perspective, c’est toute la problématique Initiation/Liberté qui devient l’enjeu du raisonnement sur le Devoir et la Perfection, avec en point d’orgue la nécessité de se demander si seule une Franc-Maçonnerie de tradition n’opère pas dans le but de participer activement à la réalisation d’un plan métaphysique nécessairement préétabli, puisque s’inscrivant dans le canevas d’une cosmologie traditionnelle, et dont la formulation serait incompatible avec une prétendue autonomie ontologique de l’Homme croyant en son absolue liberté.

 

 Il convient également de se demander si le rituel du 4ème degré s’adresse à l’homme de manière totalement sécularisée, celui voyant dans les notions mises en avant la concrétisation de qualités humaines indéniables ou, au contraire, s’il interpelle l’homme dans ce qu’il a de plus mythique, de plus mémorial, bref dans ce qu’il a de plus supra-humain ? De sorte qu’il soit possible, là aussi, de se demander si l’initiation relève d’un phénomène culturel ou si, à l’inverse, elle s’inscrit dans une pensée du métaphysique dont les modalités contre-culturelles transporteraient et transposeraient le corpus référentiel initiatique dans un temps a-historique, en somme mythique et traditionnel, sans pour autant tomber dans le double travers d’une métaphysique exacerbée et hyper-théorique qui pourrait amener à négliger l’homme dans sa faculté d’acculturation métaphysique et, par voie de conséquence, lui ôter la possibilité de se penser et de s’intégrer dans le champ de ce possible métaphysique régénérateur et libérateur.

 

Le rituel du 4ème degré souligne la dimension équivoque de la vie et du destin de l’homme : comment articuler la signification et l’efficacité de notre existence si ce n’est en essayant de toucher, de sonder à la fois les limites du rationnel et l’infini de l’irrationnel ? Le Devoir propose une ouverture sur le mystère de l’Etre. Recherche d’une intériorité, d’une « lumière intérieure », il est une expérience vécue et inspirée qui ouvre la réflexion et libère la pensée. Si l’on admet même que l’initiation relève de l’ordre de la Grâce, on a alors le sentiment intime qu’avec la pleine compréhension du Devoir se profile une voie de salut ; qu’une perspective de libération est ainsi offerte à l’Homme. Le 4ème degré est l’étape probatoire qui doit faire retrouver la Parole qui fait vivre après le temps de l’oubli sclérosant de cette dernière. Hiram est mort mais l’Acacia restait, ainsi que les cinq points de la maîtrise qui sont les vestiges de cette mémoire enfouie. Il s’agit, pour l’heure, de renouer avec le dépôt sacré de la Tradition en rassemblant ce qui est épars, en interrogeant les indices laissés à la disposition du maître orphelin de ses origines. 

 

Rester humain, trop humain, ce serait, en fait, renoncer à emprunter le chemin vers la Vraie Lumière ; ce serait refuser d’entreprendre de sonder la relation complexe qui unit le Fini et l’Infini, le Visible et l’Invisible, le Créé et l’Incréé, le Relatif et l’Absolu, le Temporel et l’Eternel. On pressent très bien que le travail de sublimation opéré par le franc-maçon dans sa quête d’espoir d’une réappropriation de soi peut le dépasser à bien des égards. Mais c’est bien parce que la quête nous dépasse, qu’elle échappe même à tout entendement humain, -mais cela ne signifie pas que l’on doive se refuser à soi-même la portée symbolique des principes initiatiques exposés-, que naît chez le cherchant la conviction intime d’un principe ineffable. 

 

De ce fait, il paraît opportun de mettre en liaison étroite l’idéal de Perfection proposé aux francs-maçons avec la signification symbolique du Temple de Salomon en tant que support référentiel omniprésent en loge de Maître Secret. Temple qui, non seulement, est le symbole de l’univers dans son infinitude, mais dont l’une des restitutions symboliques tend à démontrer que l’Homme en est à la fois image et partie tentant d’en percer le mystère ! En ce sens, le Temple de Salomon devient le théâtre et la cristallisation d’un symbole figuré et transfiguré qui porte en germe la recherche d’une harmonie, en accord avec une vision de perfectibilité. Et l’on ne peut occulter de notre propos l’importance fondamentale des trois piliers constitutifs du projet architectural du Temple. Le soutien mystérieux qu’ils procurent à l’édifice s’assimile, du reste, aux trois piliers du Temple symbolique que représente l’Homme, à savoir Force, Beauté, Sagesse. Seulement, l’idée d’achèvement, donc de Perfection, est intrinsèquement liée au quaternaire. Quaternaire primordial en tant que principe de vie, mais également quaternaire géométrique dans l’élaboration d’une quadrature du cercle, c’est-à-dire d’une incorporation de l’esprit. 

 

Les notions de Devoir et de Perfection apparaissent donc au cours d’un processus initiatique où le corps est investi par l’Esprit, dans l’affirmation d’un Etre complètement unifié, devenu sens et conférant du sens. Mais ceci démontre que la Perfection, l’exigence de Perfection, dans cette quête d’un quaternaire obligé, devient le quatrième pilier du Temple ; quatrième pilier que l’on retrouve, au demeurant, dans nombre de traditions. Mais ce quatrième pilier, invisible et axial par nature, doit être regardé comme un symbole du soutien universel. Son axialité fait référence à l’existence d’un centre suprême par rapport au monde. Or, ces 3 + 1 piliers qui forment une matrice initiatique universelle, ont pour objet de relier le monde à un Absolu métaphysique. C’est pour cette raison que le quatrième pilier invite à une réflexion d’ordre métaphysique. C’est pourquoi il est difficilement envisageable de concevoir l’initiation sans une portée hautement spirituelle. De ce fait, le quaternaire qui donne corps à la notion de Devoir et qui concrétise celle de Perfection, semble orienter la démarche du franc-maçon vers une conception du Divin. En effet, la somme 1 + 2 + 3 + 4 qui totalise 10, la décade, symbolise la Perfection tout en étant regardée comme la Clé de l’univers. Le quaternaire devient chiffre sacré du monde puisque finitude de celui-ci. Mais, il est aussi à égale distance de l’unité impénétrable du Un et du Septénaire divin. On voit bien alors que l’idéal de Perfection à atteindre n’est pas une finalité mais bien une étape au sein d’un processus d’ordre ascensionnel. Par ailleurs, le quatrième pilier est invisible car d’inspiration transcendante, ce qui autorise un questionnement de dimension ontologique. 

 

La loge de Maître Secret, on le constate, expose toute la problématique de la Tradition Primordiale et de l’état primordial de l’Homme. Cela pose, en substance, la question de la réalité hypothétique de la véritable Maîtrise, en relation avec la Parole Perdue et la recherche de la Vérité, et l’émergence finale du Maître réalisé en tant que redécouvreur de la Parole. Dès lors, le Maître réalisé, d’intermédiaire initiatique entre Terre et Ciel, entre équerre et compas, s’identifie pleinement à ces différentes entités. Le Temple de Salomon se transforme en Temple universel métaphysique, tandis que le maître tend vers le Maître réalisé par le biais d’une transformation d’inspiration, là aussi, ontologique. 

 

A la lumière de ces éléments, on comprend que le Devoir du Maître Secret ne relève pas d’un simple état d’esprit, d’une manière d’être, encore moins d’une morale voire d’une éthique se nourrissant d’une pensée sécularisée et profane. Sa pleine compréhension tendrait plutôt à démontrer le contraire puisque le rejet de la chose métaphysique aurait pour conséquence directe la perte du sens de l’idée de Devoir dans ce qu’elle renferme de plus initiatique. Son refoulement interdirait même toute réflexion cohérente sur le devenir du maître. En effet, comment concrétiser l’union du plan corporel et du plan spirituel, envisager la possibilité d’un invisible intérieur à sonder, sans le langage et la connaissance appropriés ? L’argumentaire rituel de la loge de Maître Secret n’a pas pour objet de fabriquer une sorte de surhomme athée et nihiliste, déniant l’efficacité spirituelle des mythes fondateurs des cosmologies traditionnelles, croyant au simple progrès de l’homme par l’homme et pour l’homme. Que signifierait, dans ce contexte culturel particulier, celui de la modernité contemporaine, celui de l’humanisme athée, la notion de Tradition, et qu’aurait-elle à apprendre à l’Homme, à des hommes orphelins de leurs origines ? La voie de libération du Maître Secret ne repose pas sur l’idée d’une liberté absolue et sans concession, en somme d’un libre-arbitre exacerbé ! Le rituel du 4ème degré est là pour prouver que la prétendue autonomie ontologique de l’homme est un leurre. En terme philosophique, l’initiation stigmatiserait l’impasse existentialiste de notre monde moderne ; un monde, au demeurant, en panne de sens et en proie au désenchantement. 

 

De ce fait, l’incapacité à connaître spirituellement est un obstacle majeur de la voie libératoire du Devoir. D’où l’intérêt d’en appeler à un outil spéculatif intellectuellement original, en l’occurrence l’outil ésotérique, celui-là même qu’utilisent tous les systèmes traditionnels, pour tenter de réinvestir au mieux le champ du spirituel laissé vacant par les consciences et les intellectualités modernes. En effet, l’ésotérisme incite à la découverte d’un sens caché à toute chose en révélant les traces insoupçonnées d’une tradition originelle qui remémore en chaque homme l’idée d’une vérité absolue. Ne parle-t-on pas d’unité transcendante des religions, mais aussi d’unité transcendante des traditions ? Certes, il est difficile de penser initiatiquement du fait de la complexité des différents niveaux de signification du discours initiatique. Mais justement, par l’acquisition progressive et graduelle d’une intelligence ésotérique, et en s’imposant l’ascèse comme discipline intellectuelle et spirituelle, le Maître Secret peut s’attacher à intérioriser quelque chose qui échappe à l’entendement humain. Grâce à l’outil ésotérique, il peut entrevoir les principes d’une compréhension intérieure des messages traditionnels comme il peut prendre conscience que le nom Mac Benah, artificiellement composé par la science des hommes, ne pouvait restituer toute la Science de la véritable Parole.

 

Parole qui déborde du cadre hiramique, Parole qui, dans son sens le plus profond, ne serait autre que le véritable nom du Grand Architecte de l’Univers, les trois mots sacrés du grade, Iod, Adonaï et Jahvé, préparant incontestablement à cette éventualité, à cette découverte du Grand Nom. Omniprésent, même de manière voilée, son nom ne serait-il pas l’authentique mot sacré du grade de Maître ? La recherche de la Parole Perdue ne serait-elle donc pas la recherche du nom du Grand Architecte de l’Univers par lequel il peut être invoqué ? La Parole retrouvée ne serait-elle pas à rechercher, comme beaucoup d’éléments convergents le laissent à penser, dans le passage du Tétragramme, le nom ineffable de Dieu, Iod-Hé-Vau-Hé, au Pentagramme ineffable, c’est-à-dire dans le nom hébreu –ou dans le nom ésotérique- de Jésus, Yeshoua, Iod-Hé-Schin-Vau-Hé ? A la lecture ésotérique de cet ensemble de données, n’accédons-nous pas au cœur du véritable secret maçonnique ? Evidentes, alors, sont les correspondances que le rituel de Maître Secret entretient avec la Kabbale et une Kabbale chrétienne associée au néoplatonisme de la Renaissance, ou bien avec les ésotérismes traditionnels qui exaltent l’ascension spirituelle du Corps mystique et de l’Esprit régénéré, et la montée vers l’Un ou l’unité principielle. On pense, notamment, à cette vérité du soufisme qui voit dans la quête intérieure le chemin ascensionnel de la Lumière vers l’Unité, ou à la lettre Z du grade de Maître Secret qui est l’initiale de Ziza qui se traduit par Splendeur, mais également de Zohar qui se traduit, lui aussi, par Splendeur ?  

 

DEMANDER LA CLḖ AU CAFḖ DES INITIḖS

J. M. Pétillot

Edition du Midi

2016

Les personnages de ce recueil sont tous réels. Comme nous, ils ont fait leur temps, en leur temps, remplissant le mien de leur présence, pour toujours indissociables d’émotions passées ou futures. En plein soleil ou au coeur d’errances nocturnes, ils sont revenus, témoins par l’image, l’écrit ou d’autres formes du souvenir.

 

Paroles de l’auteur : « Je n’ai fait que croiser la plupart d’entre eux, mais ils m’ont laissé à jamais leur empreinte. La fillette africaine, le flamboyant clochard ou l’aimable dément, en me confiant un peu de leur existence, ont marqué la mienne, sans effraction.  Un soir, il y a bien longtemps, dans la brousse camerounaise, je projetai un film pour une population regroupée dans une léproserie. À la fin de la séance, un homme vint vers moi et me tendit les bras pour une accolade. Je saisis dans mes mains les moignons de ce qui lui restait de doigts et nous nous tînmes ainsi tandis qu’il me regardait longuement. Puis il me dit : « Merci ! »


Je pris d’abord sa gratitude pour une adresse à la présence exceptionnelle du cinéma, réaction fréquente dans ces occasions. Mais plus tard, la raison de son élan s’imposa de façon évidente : elle tenait au fait que je l’avais considéré comme un être humain. Nous étions au coeur d’une grande forêt, dans l’obscurité d’un crépuscule tropical. Du bout de ses poignets, le lépreux avait poussé le volet qui masquait la plus secrète des lueurs, accordant nos regards sur une aube à venir. Depuis, au cours ou au sortir de mes nuits, j’ai rencontré des gardiens du seuil ou des sentinelles à l’extérieur des murs. Dissimulés ou révélés, dans les lignes ou entre les lignes, leurs propos ont persisté en de belles résonances. Et parce qu’ils les avaient ouvertes, ces êtres m’ont guidé au-delà des portes du jour. »

L’auteur ancien GM de la GLTSO, nous offre ici un essai sous forme d’Ennéade de portes s’ouvrant sur son passé. 9 expériences vécues au cours de sa vie, nous fait découvrir son parcours maçonnique qu'’il nous raconte avec un symbolisme surréaliste, humoristique et réaliste. C’est à une lente et progressive découverte de l’Autre de soi-même que l’auteur nous livre à l’aide d’une écriture fulgurante et énigmatique.

 

Au sommaire : 1e porte : du passage sous le bandeau   -   2e porte du cabinet de réflexion    -    3e porte : de la mort    -     4e porte : du miroir  et du Temple     -    5e porte : Des droits et des devoirs. Il existe une communauté d’intention et de pensée entre  la Franc-maçonnerie et les Compagnons dits ‘’du Devoir’’    -      6e porte : des rencontres inopinées    -    7e porte : de la mémoire de l’événement     -   8e porte : du retour au passé   -       9e porte : la réalité dénaturée     -  

 

des origines du grade de maÎtre

Goblet d’alviella

EDITION TREDANIEL

 1984

L’histoire de ce grade est capital ; par lui, le franc-maçon acquiert la plénitude des droits et devoirs maçonniques. Mais à quelle période de l’histoire apparait-il ? Pourquoi a-t-il été créé ? Quel est son symbolisme ?

Pour répondre à ces questions, il suffit de lire cet excellent ouvrage de Goblet d’Alviella. D’où vient d’abord cette légende ? Paul Naudon autre historien en maçonnologie, nous précise que nous le devons au moine bénédictin Walafrid Strabon (IXe siècle) qui dans ses œuvres, l’aurait rédigé telle que nous la connaissons aujourd’hui, il fit du bronzier Hiram (Livre des rois 5), le Maître par excellence.

 

Dans les légendes opératives à partir du XIIIe siècle, nous ne trouvons pas grand-chose ; c’est à partir de 1680 qu’Hiram recommence à être mentionné dans le manuscrit « Tew » et le manuscrit « inigo Jones », mais c’est surtout en 1711, soit 6 ans avant la création de la Grande Loge d’Angleterre, que nous trouvons un 3e grade (Maître), il est rédigé sur une feuille d’un manuscrit du (Trinity Collège Dublin) et porte la mention « maçonnerie, Février 1711 ».

Pour les Franc-maçon du XXIe siècle, Hiram est un symbole moral ; c’est l’homme de bien persécuté, le penseur bâillonné, l’inventeur méconnu. C’est Job sur son tas de fumier, Prométhée sur son rocher, Jésus sur la croix, Molay sur son bûcher, ce sont les martyres chrétiens jetés aux lions du cirque à Rome, les hérétiques et les philosophes suppliciés par les bourreaux de l’inquisition, les intellectuels précipités dans les mines de Sibérie, c’est tout libérateur qui souffre et tombe pour une juste cause et comme le dit le grand Dieu Osiris en Egypte : « Depuis que j’ai reçu la grande blessure, je suis blessé dans toute blessure ».

 

Hiram tout en étant le juste, est également la justice, il est la liberté violée, la civilisation anéantie par les barbares, la culture morale et intellectuelle d’un peuple combattue par la superstition et le fanatisme.

Tel sont en substance les enseignements de ce grade, mais lisons ce que nous en dit l’auteur dans ce livre, qui nous révèle des trésors, quant à l’origine de la légende, du grade et de son enseignement.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Maîtrise dans la franc-maçonnerie de pratique   -   L’initiation maçonnique pendant la période de transition   -   Le troisième degré dans la maçonnerie spéculative, la légende et le rituel   -   Origine psychologique de la légende   -   Les antécédents historiques de la légende   -   Formation et introduction du rituel   -   Philosophie du troisième degré   -

 

DES PLUMES DANS L’ENCRIER MAÇONNIQUE

Divers Auteurs

Edité par l’Institut maçonnique de France

 2013

Les mythes, rites, symboles et légendes de la franc-maçonnerie et l’aura de mystère qui règne autour de son organisation, de son histoire, de son fonctionnement, constituent une véritable « malle aux trésors » de ce qu’il convient d’appeler l’imaginaire maçonnique ; cela fait près de deux cents ans que des romanciers, des poètes, des auteurs de théâtre et non des moindres, puisent dans cet encrier magique pour que leur propre imagination s’envole.

11 jeunes écrivains nous livrent dans cet ouvrage le fruit de leur imagination. La multiplicité des thèmes, la variété des intrigues, la diversité des formes d’écriture, disent par elles-mêmes que l’histoire de la confrérie, les histoires qui lui sont liées, les anecdotes qu’elle génère, sont un chatoyant kaléidoscope bariolé à moins que ce ne soit un labyrinthe initiatique…

Evidemment au fil des pages, vous allez découvrir que le temple avait trois portes, vous allez recevoir des nouvelles des templiers, vous allez croiser Elisabeth Saint-Léger chez les fils de la Lumière, un crime en trois points va être commis sous vos yeux,

La légende perdue d’Avaris va vous être contée, pour ainsi effectuer le Voyage dans un univers de fantasmagories et de mystères, accompagné d’une lumière fraternelle… où votre propre imagination sera sollicitée…

 

Au sommaire de ce voyage imaginaire :

Moi je crois en toi par Corynn Thymeur

Elisabeth Saint Léger chez les fils de la Lumière par Pierre Malter

A la croisée des chemins par Stan Karko

Le Temple avait trois portes par Philippe Behamou

Meurtre en trois points par Jean Nicolas Brassaud

Ker-Roin par Christian Dorsan

Le voyage par Nadroj Eilarras

Lumière fraternelle par Laurence Elem

Avaris : La légende perdue par Frédéric Godefroy

Petit Architecte de ma vie par Dominique Le Boedig

Des nouvelles des templiers par Virginie Muzart

 

deux siÈcles de maçonnerie en roussillon 1744 – 1945

Jacques mongay & p.R. baldie

EDITION Les Presses Littéraires

 2003

Ce sont deux siècles de maçonnerie dans les Pyrénées-Orientales avec les noms des loges, leurs histoires et les divers maçons qui s’y sont illustrés. Un très bon travail d’histoire.

Le Roussillon se distingue alors par une concentration maçonnique unique en France. Entre 1744 et 1789, on dénombre à Perpignan 317 frères pour 13 000 habitants: 1 Perpignanais sur 40 est franc-maçon! Les loges sont nombreuses: 12 civiles et 6 militaires. Ces dernières, grâce au caractère itinérant des régiments, contribuent fortement à la propagation de la franc-maçonnerie. La loge est un laboratoire des idées des Lumières. Les frères y présentent des discours et des planches. On parle philosophie, mais les discussions politiques et religieuses y sont interdites. Les ateliers ont un mode de fonctionnement unique pour l'époque: les maçons s'écoutent dans un respect mutuel et votent librement. Les travaux se terminent par des agapes, un moment de convivialité autour d'un banquet et de chansons. 

Certes, la fraternité roussillonnaise a ses limites. La Sociabilité, composée de tous les grands nobles catalans, recherche l'excellence sociale et ne fréquente pas la loge des Artistes. On met un point d'honneur à combattre la confusion des états. Le noble et le marchand sont frères, ils portent tous les deux l'épée de l'égalité, mais ils ne se réunissent pas dans la même loge. Il ne faut pas oublier que la maçonnerie est alors très élitiste, elle exclut les femmes, les analphabètes, les paysans, les comédiens, les juifs, les bègues, les borgnes et les boiteux. 

L'idée qu'il existe une influence maçonnique sur cette période est tenace, mais exagérée. C'est vrai que le fonctionnement des loges joue un rôle novateur. Il rend concret des idéaux abstraits: l'égalité, la fraternité, la raison, la tolérance. Les frères proposent un modèle de république universelle, fondé sur l'échange et le dépassement des différences. Mais le but est de façonner un comportement, pas de préparer une mobilisation politique. D'ailleurs, les maçons catalans reflètent fidèlement la société française: un tiers sont royalistes, un tiers, Jacobins, et un tiers, Montagnards! Pourtant, le gouvernement révolutionnaire voit dans ces ateliers des foyers potentiels d'opposition. Paradoxalement, la Révolution est donc l'un des moments noirs de l'histoire de la maçonnerie catalane. Les loges se mettent en sommeil jusqu'en 1795. 

Dès 1799, Napoléon relance la franc-maçonnerie, tout en la surveillant par l'intermédiaire de sa famille - il nomme son frère Joseph à la tête du mouvement. Il y voit un bon moyen de surveiller les élites. C'est l'âge d'or de la maçonnerie perpignanaise. Entre 1800 et 1813, plus de 1 000 frères fréquentent les ateliers de Perpignan, de Catalogne du Sud et du Nord! Les loges se développent surtout par l'intermédiaire des militaires qui affluent en 1808, pour la guerre d'Espagne. . Entre 1804 et 1815, sur les six maires nommés par le préfet, cinq sont francs-maçons. 

Quelles sont les idées des francs-maçons au XIXe siècle? Nous avons peu d'éléments pour Perpignan, mais, en France, ils sont de tous les combats progressistes. En 1848, les maçons Charles Bissette et Victor Schalcher abolissent l'esclavage dans les colonies. L'activité philanthropique est également très forte. Les frères s'engagent dans des comités de vaccination. Le recrutement est de plus en plus démocratique, les loges s'ouvrent aux ouvriers et aux boutiquiers. : On assiste, en effet, à une désertion des membres du clergé. Le combat contre l'Eglise, qui a commencé à la fin du second Empire, se radicalise sous la 3e  République. La franc-maçonnerie, particulièrement le Grand Orient de France, évolue vers la pensée positiviste et scientiste et s'oppose aux catholiques, alignés sur les positions du pape. Le débat prend une tournure très politique. Et cela quelques années avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qui aura lieu en 1905. Ces discussions renforcent la politisation des loges, ce qui explique la place de choix de la franc-maçonnerie dans les combats républicains.

Les trabucayres : En bons brigands, ils prennent leur nom du trabuc, court fusil à canon évasé. De 1837 à 1846, ces bandits de grand chemin sévissent dans la région frontalière du Vallespir. Ils y rançonnent, voire séquestrent, diligences et propriétaires fermiers. Surnommés aujourd'hui «les Robin des bois catalans», ils détroussent les riches pour donner aux pauvres. Ces célèbres malandrins anarchistes seraient-ils maçons? En 1846, l'un des chefs, Joseph Balme (Sagals de son nom de guerre), est condamné à mort. Avant l'exécution, le bourreau récupère le foulard que Sagals porte autour du cou. Il est orné de symboles maçonniques: compas, équerre, lune, soleil, etc. Pour certains, Joseph Balme aurait été initié dans une loge de Gérone. Pour d'autres, un protecteur maçon aurait pu lui offrir ce foulard. Difficile à dire aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, le foulard contribue à nourrir la légende...

 

deux siÈcles dU rite Écossais ancien et acceptÉ en France 1804 – 2004

par le grand Collège R.E.A.A. du G. O. de France

EDITION DERVY

 2004

Ce superbe livre nous entraîne à l’origine officielle du R.E.A.A. (1804) en France. Des photos splendides de divers tabliers, les blasons et emblèmes des degrés du 4ème au 33ème. Un historique bien charpenté et intéressant sur l’origine. La patente Morin, les légendes Templières, le Chevalier Rose-Croix et le Chevalier Kadosh en sont les grands chapitres. Un très beau livre agréable à lire et à regarder pour ses images.

 

En 1804, les "américains" reviennent des Îles (Saint Domingue, aujourd'hui Haïti). D'abord Germain Hacquet (1756-1835) (et le rite en 25 grades dit de perfection), ensuite le comte Auguste de Grasse-Tilly (1765-1845) (et le rite en 33 grades dit REAA, ainsi que le titre de GM du SC des "Îles de l'Amérique du vent et sous le vent"). Ils créent le 27 octobre 1804, le premier Suprême Conseil français qui s'appelle "Loge Générale Écossaise de France du Rit Ancien", plaçant à sa tête le prince Louis, frère de l'empereur (et Grasse-Tilly est son représentant officiel). 

 

La réaction est immédiate et fin 1804, sur ordre de Napoléon, la réunion de cette "Loge Générale Écossaise" au GOdF est réalisée à travers un Concordat, signé le 5 décembre 1804. "Le RF Grasse Tilly, représentant du GM, parvenu à l'orient, a manifesté, au nom de ses frères, le vœux d'une réunion absolue, franche et éternelle; ce vœux reçu par le Grand Vénérable et les officiers du GO a été accueilli avec l'enthousiasme de la joie et de la confiance." Un vote favorable à la création d'un "Grand Directoire des Rites" est acquis le 12 juillet 1805 au GOdF, dans le but de centraliser et de simplifier. La contre-réaction ne se fait pas attendre et le 6 septembre 1805, Grasse-Tilly et ses amis, avec le maréchal Kellermann, dénoncent le Concordat. Il est possible que Grasse-Tilly ait été placé à la tête de cet ancien-nouveau SC "indivis" lors de sa sortie du GOdF, toujours est-il qu'il écrit de Strasbourg le 10 juin 1806 au SC indivis qu'il se dessaisit de la "Grande Maîtrise" au profit de l'archichancelier Cambacérès (Livre d'Or de Grasse-Tilly. Cambacérès accepte le 1er juillet et est installé solennellement le 13 août 1806.

Donc oui l'ancien-nouveau SC forme en 1805, et choisit de placer à sa tête Cambacérès qui met deux conditions: - le GO gère directement jusqu'au XVIIIème - le SC indivis gère ensuite, mais au nom du GO. 

Le décret du 27 novembre 1806 pris par Cambacérès stipule en effet que les Frères promus doivent prêter "serment d'obéissance au GO comme unissant à lui le REAA, et au SC du 33ème degré, chacun en ce qui le concerne." Et ce qui semble établi, c'est que, si Grasse-Tilly a pris la tête du "SC indivis" en France, ce fut de courte durée, il l'a rapidement cédé à Cambacérès. Ensuite, il était hors-jeu pour recréer un SC français. Par contre il a gardé la Grande Maîtrise du SC des Îles de l'Amérique dont il a beaucoup usé. On peut se demander pourquoi Grasse-Tilly a cédé à Cambacérès cette "nouvelle" Grande Maîtrise en 1806. C'est simple: faire une fronde alors que la volonté de l'empereur est l'unité d'une franc-maçonnerie à sa dévotion, est osé, sinon dangereux.

 

Et pour Grasse-Tilly, nommé adjoint à l'état-major du prince Eugène de Beauharnais le 29 juin 1806 (soit 19 jours après s'être dessaisi en faveur de Cambacérès), manifestement s'asseoir dans le fauteuil de GM qui fut occupé par le prince Louis était encore plus délicat. Cambacérès, un génie politique, trouve la solution qui ne lèse personne. L'arrangement semble heureux: le GO garde la maîtrise sur le Rite français et les grades apparentés (dont celui de Rose-Croix). La fronde garde la maîtrise sur les grades au-delà, mais au nom du GO. Personne ne perd la face, et surtout l'unité de façade est maintenue. (la solution est d'ailleurs tellement bonne que Cambacérès refait le coup avec le RER en 1808.)

 

DICTIONNAIRE MAÇONNIQUE – TERMINOLOGIE DES RITUELS MAÇONNIQUES

Michaël Segall

Edition Dervy

 2014

25 ans se sont écoulés depuis la publication en 1988 de la première édition de ce dictionnaire, donnant la prononciation, la traduction, l’orthographe, l’étymologie, l’explication et, autant que possible, les références bibliques d’une grande partie des termes, notamment des hébraïsmes, utilisés au Rite Ecossais Ancien et Accepté tel qu’il se pratique en Europe continentale et dans d’autres pays du monde.

Suite aux demandes et aux questions, il a semblé à l’auteur, utile et nécessaire d’étendre cette étude à des mots oubliés ou négligés dans son premier dictionnaire et apparaissant surtout aux grades rouges écossais ainsi qu’à la terminologie générale des rites maçonniques majeurs encore pratiqués à notre époque.

Comme pour le précédent dictionnaire et afin que celui-ci puisse rester à la portée de tous, aucune indication précise n’y est donnée quant aux grades auxquels appartiennent les mots, les phrases et les acronymes expliqués ; la seule différence que le lecteur y trouvera dans ce domaine, par rapport au dictionnaire des hébraïsmes, est que des indications y seront données en ce qui concerne l’appartenance des mots à l’un ou à l’autre des rites étudies sauf bien sûr, pour des termes d’une utilisation tellement générale qu’une explication serait superflue.

Il reste la question du compagnonnage ; il ne s’agit certainement pas d’un rite maçonnique, mais les influences mutuelles entre compagnonnage et maçonnerie sont telles, et les points communs sont si nombreux, qu’il n’était pas possible de l’ignorer, tout en sachant qu’à ce jour, il n’existe aucune preuve d’une quelconque filiation, malgré cela ce dictionnaire comporte des mots et expressions utilisés dans les cayennes compagnonniques.

La maçonnerie américaine (souvent appelée maçonnerie d’Albert Pike), pose ici quelques problèmes dans sa formulation historique et sur des noms de personnages historiques qui n’ont peu ou pas de rapports avec la maçonnerie continentale, car ils ont été introduit récemment par Albert Pike, ainsi il était difficile de trier ceux qui pouvaient figurer dans ce dictionnaire et ceux qui devaient être occultés. L’auteur a pris sagement le parti de tout garder, tout en expliquant pour chacun son origine et sa filiation.

Lorsqu’on feuillette les rituels maçonniques des loges symboliques ou des hauts-grades, tous rites confondus, on s’aperçoit vite que 80% des mots de passe, des mots sacrés, des expressions, des devises, ont une origine hébraïque et araméenne, qui souvent ont été traduites en latin (Pax vobis). Presque tous ces mots et expressions ont été tirés du Livre des Rois, des Chroniques et des Nombres, mais aussi d’autres versets de la Bible. Ils font partie de la légende salomonienne. Le nouveau Testament n’est pas non plus oublié.

Le Zohar a fourni pas mal de termes et d’expressions avec les sephirot. La Kabala avec sa démonologie et son angélologie nous donne des noms difficiles à comprendre et à identifier. Puis il y a des mots et phrases fabriquées par des hébraïsants de mauvais choix et qui au fil des siècles, ne firent qu’obscurcir les textes.

On ne peut que remercier l’auteur pour cet excellent ouvrage, très utile pour ne pas dire indispensable dans notre recherche maçonnologique autant que spirituelle.

 

DICTIONNAIRE VAGABOND DE LA PENSḖE MAÇONNIQUE

Solange Sudarsky

Edition Dervy

2017

L’ouvrage restitue, dans un esprit vagabond, quelques 1000 référents de la franc-maçonnerie, symboles, rituels, gestuelle, outils, mythes, fondements philosophiques..., enrichis par leurs interférences avec d’autres cultures, spécialement celles des voies de la Connaissance (alchimie, gnose, kabbale...). Le choix de la présentation alphabétique rend légère sa consultation par tout franc-maçon des loges bleues, mais n’écarte ni la profondeur d’analyse ni la largeur de vue des expressions. La terminologie retenue aidera le lecteur dans son parcours de recherche des levains intellectuels et spirituels qui fermentent la pensée maçonnique. Il ne manquera pas de glisser d’un élément à l’autre dans cet ensemble rayonnant de vocables où, par le jeu des renvois, les affinités de sens réalisent un réseau de concepts concourant à montrer, dans la diversité des rites, la mêmeté ou plutôt l’ipséité de toutes les démarches  initiatiques. Ce dictionnaire, qui ne se veut que suggestif dans la transmission de ce qui fait sens pour l’auteur, a été conçu pour servir le perfectionnement individuel afin que chacun, par l’effort, tisse sa propre toile d’accès à une pensée maçonnique.

 

Propos de Solange Sudarsky : La pratique du symbolisme en Maçonnerie stimule la conscience par la recherche et la compréhension de la substitution des signes aux choses, du sens aux signes, du symbole au sens. Ainsi, le maillet, le fil à plomb, l’équerre, l’étoile, la lettre G, le blé, l’eau, le feu ne sont que l’expression matérielle d’une symbolique qui se substitue à la chose, cette substitution annonçant une substitution dans le monde des signes, dans l’ordre des concepts (droiture, volonté, équilibre, purification..). La substitution renvoie à un au-delà, à un invisible. Pour atteindre le sens, il faut en référer à un au-delà qui appartient à l’esprit ou qui n’est qu’esprit. Le sens est donc ce qui se substitue à une réalité invisible Avec la substitution, le sens est ce qui hante énigmatiquement un signe dont il est la substitution ; c’est ce qu’on appelle le symbolisme.   Mon travail sur le symbolisme a précisément été attentif à la façon dont les symboles se substituent les uns aux autres par tropes (mots, figures, analogie, métonymie, synecdoque, allégorie, parabole…) ouvrant des chemins infinis pour des quêtes en esprit.    C'est pourquoi j'ai cherché à rassembler ce qui était apparemment épars.

 

- Le premier temps a consisté à prélever sur mes expériences, sur les textes que j’ai pu aborder, les récents comme les anciens qu’il fallait vérifier à la source et sur les dialogues avec les frères et sœurs que je rencontrais, les éléments constitutifs de ma base de données des signes de ce que je considère comme une pensée maçonnique. Là intervient le vagabondage, parfois l’errance, ne me refusant aucun écart dans les domaines de toute connaissance connexe qu’un puriste maçonnique aurait peut-être délaissées.

 

- Un second temps s’est imposé. Entre ces données éparpillées s’est créé un réseau fluide en surface, plus souvent subreptice, qui faisait converger vers une unité, par analogie, congruence, correspondance, opposition, rapprochement, complémentarité, similitude, mêmeté, ipséité, un rassemblement de ce qui était en apparence épars. En ce point focal se trouve la source de ma compréhension. Cette compréhension approfondie et élargie par l’écriture de l’ouvrage est mon secret maçonnique, non parce qu’il y a interdit ou mauvaise volonté de ma part à le transmettre, mais parce que je ne le pourrai pas tant il est indicible : il est mon rapport personnel, au plus intime de moi, avec le Tout qui m’entoure.

 

Ce «Dictionnaire» a vocation à proposer au lecteur de constituer son propre réseau de compréhension. Je ne lui transmets que quelques cailloux blancs pour lui faciliter ce qui indique le commencement d’un chemin, en aucun cas sa voie que lui seul peut tracer. Comme le bas-relief de la Sagesse sculpté sur le pilier central de Notre-Dame de Paris l’indique en tenant dans sa main deux livres, l’un ouvert, l’autre fermé, la vraie connaissance ne saurait être livresque ; elle ne peut résulter que d’un travail intime mené en soi et sur soi.

 

Pour ma part, je ne veux qu’être un franc-maçon libre dans une loge libre pour poursuivre cette expérience personnelle existentielle avec le doute fécond et l’esprit agnostique. Je suis sur la voie qui veut s'affirmer par elle-même sans que rien ne lui soit imposé de l'extérieur, celle qui ne condamne pas le choix des autres, celle qui s'est même nourrie de la voie imposant le dogme de la croyance définie à l'anglo-saxonne comme de la voie opposée qui, elle, a rayé de ses constitutions la référence du Grand Architecte de l'Univers. Cette troisième voie choisie consiste à rassembler ce qui est épars en en faisant la synthèse dans la tolérance, en laissant à chacun sa liberté de pensée.

 

Avec Antoine Kervella, je dis que quels que soient les champs de leur extension, les savoirs se heurtent toujours à des limites et tout ce qui reste au-dehors de ces limites se maintient dans une sorte d’opacité. Pourtant, nous ne renonçons pas à vouloir parler de cet au-dehors ou au-delà. J’aimerais participer à la diminution de l’intensité de cette opacité, mais je sais il y a aussi et avant tout les mystères des émotions, des sentiments, des plaisirs et désirs, des affinités électives. Il y a l’énigme de la vie et de la mort. Il y a les dérives de l’irrationnel. L’initié est celui qui s’aventure dans ce qu’il ne sait pas pour y trouver quelques clairières de sens, qui aident à compenser son ignorance et à vivre en bonne intelligence avec autrui fut-il lui-même

 

DISCOURS et VIE du CHEVALIER André-MICHEL de RAMSAY  

Divers Auteurs

Edition   ARCADIA

 2005 

Ramsay serait ignoré des Francs-Maçons, s’il n’avait écrit un discours en 1736. Ce discours reliait la F.M à la chevalerie et au temps des croisades et lui assignait un rôle culturel international. Ce texte de Ramsay est certainement le texte le plus important de la première maçonnerie française, il se situe dans cette période charnière pour l’Ordre, qui est la fin des années 1730. Ce discours ou spéculations du Chevalier Ramsay enracine durablement dans les esprits, l’idée que la Franc-maçonnerie est l’héritière de la chevalerie médiévale.

 

Ramsay né en 1686 en Ecosse, il se prétend descendant de la famille des Ramsay, héros de l’indépendance écossaise, mais aucunes traces ne l’attestent. Aussi fera t-il toute sa vie le maximum, pour acquérir cette descendance. En 1709 Ramsay fait la découverte de sa vie en rencontrant Fénelon, dont il devient le disciple et sous son influence se convertit au catholicisme. A la mort de Fénelon en 1715, il va rejoindre le cercle des quiétistes animé par Mde Guyon, dont il devient le disciple, l’admirateur et le confident.


Durant sa vie Ramsay va publier 3 textes majeurs. 1/ Les voyages de Cyrus, qui est un roman initiatique. 2/ Les principes philosophiques de la religion naturelle et révélée, texte en grande partie écrit pour réfuter Spinoza et démontrer l’existence en l’homme de la croyance en Dieu. 3/ Son discours de 1736 amélioré en 1738.


Il est initié en 1727 à l’âge de 41 ans dans une loge maçonnique. El 1729 il est reçu dans la prestigieuse « Royal Society » et en 1730, il est fait « docteur honoris causa » à l’université d’Oxford. Toujours en 1730 le Régent de France lui décerne le titre de « Chevalier de St Lazare » qui le rattache ainsi à la haute noblesse écossaise, puisque cette distinction fut approuvée par le prétendant au trône d’Angleterre: Jacques III, exilé à Rome. Il se marie en 1736 à Lyon et cette même année il prononce son fameux discours.

En 1737 il modifie son discours et le donne à lire au cardinal André Hercule de Fleury alors ministre d’état de Louis XV, mal lui en prit puisque le cardinal non seulement lui interdit de le lire, mais l’envoie au Pape, lequel va pondre en 1738 une bulle d’excommunication (In Eminenti Apostolatus Specula), ce qui n’empêcha pas Ramsay de lire son discours  le mois suivant à Lunéville. Ramsay meurt en 1743 à Saint Germain en Laye, à l’âge de 57 ans.

 

Georges Lamoine explique pourquoi et comment Ramsay est au début de la propagation de l’écossisme à travers le monde. De par l’honorabilité de ses buts, sa noblesse et sa fraternité universelle, de son intérêt pour le savoir, son souci de la moralité, sa pratique de la charité, le discours de Ramsay est indiscutablement à la base de l’écossisme.

 

Christian Charlet évoque la vie du Chevalier de Ramsay surtout la période qu’il a vécu aux cotés de Fénelon à qui il voua une admiration sincère et qui fut son Père spirituel.

 

Francis Bardot nous transporte dans le monde des Arts et dans l’imaginaire à l’époque du discours du Chevalier Ramsay. 1685 est l’année de la révocation de l’édit de Nantes, elle est le point de départ d’une modification du rapport entre le sacré et le profane dans la conscience des européens. Cette même année né Bach, Haendel et Scarlatti, Ramsay naîtra l’année suivante.

 

J.P. Lassalle disserte sur le discours de Ramsay et essaie de savoir où ce discours a eu lieu, compte tenu que beaucoup de rues ont disparu, est-ce rue de Buci ? Rue des boucheries ? Rue du paon ? Difficile à dire. Il nous explique les différences entre les deux discours, différences assez importantes.

 

Pierre Mollier dans un long article développe l’imaginaire chevaleresque et la Franc-maçonnerie au XVIIIe siècle. Cette chevalerie qui devient spéculative est malgré tout issue du Moyen Âge avec ses règles et ses coutumes.

 

Eques a norma explique pourquoi le Discours de Ramsay est le texte le plus important de la première Maçonnerie française, car elle enracine durablement dans les esprits l’idée que la Franc-maçonnerie est l’héritière de la chevalerie médiévale. Ramsay s’efforça toute sa vie de démontrer cette origine chevaleresque qu’il revendiquait, hélas les preuves furent minces, néanmoins il laissa dans ses textes et surtout dans son discours des affirmations tellement convaincantes  sur les coutumes chevaleresques, les cérémonies féodales, son appartenance à l’ordre de St Lazare, que son affirmation d’une Franc-maçonnerie chevaleresque écossaise devint une vérité.

 

DISCOURS PRONONCÉ A LA RÉCEPTION DES FRANC MAÇONS PAR LE CHEVALIER André Michel de RAMSAY en 1737

 Traduction G Lamoine

SNES

 2000

Ce discours que le chevalier prononça en 1938 et en 1940 est donné comme le départ de l’écossisme avec la notion de spiritualité basée sur le métier des armes.      « La maçonnerie chevaleresque ». Il a exprimé et transposé un universalisme de la loi morale en un souffle spirituel à travers les métiers de bâtisseur et de chevalier.

 

Le « Discours  » de Ramsay fait partie, avec les Constitutions d’Anderson, de ces textes emblématiques, souvent qualifiés de « textes fondateurs de la Franc-maçonnerie  ». Beaucoup l’ont parcouru. L’a-t-on vraiment lu ? Pourquoi ce texte a-t-il joui d’une telle réputation, d’une telle aura, au point d’en faire le « point de départ » de la constitution des systèmes de hauts grades ? Et pourquoi, aujourd’hui, a-t-on tendance à renier ou tout au moins à limiter son influence historique ? Près de trois siècles après qu’il ait été écrit, sinon prononcé, le discours, ou plutôt les discours de Ramsay méritent une relecture attentive et critique. En effet, l’historiographie maçonnique considère généralement, sans en développer l’argumentation, que le fameux discours, prononcé en 1736 et publié en 1738, constitue la base historique du développement des Hauts Grades en France à partir de la fin des années 1730 et ce, tout au long du 18ème  siècle.

 

Pourtant, une relecture contemporaine un tant soit peu critique de ces fameux discours peut laisser dubitatif quant au caractère souvent péremptoire de cette affirmation. Le discours de Ramsay, comme les textes dits « fondateurs » qui l’on précédé (les Anciens Devoirs et les Constitutions d’Anderson en particulier), mêle indifféremment ce qui relève de l’histoire, au sens contemporain du terme, et ce qui relève du mythe. Et ce discours lui-même, et le contexte qui entoure sa rédaction et son éventuelle présentation à la Saint Jean d’Eté de 1736 finit, dans la littérature maçonnique, à relever lui aussi autant de la légende, sinon du mythe, que de l’histoire…

 

On  rappelle avec raison la nécessité de distinguer, même pour un Franc-Maçon attentif aux mythes fondateurs de son ordre, ce qui procède du mythe de ce qui procède de l’histoire, l’une n’étant pas moins « vraie », ni même « véridique » que l’autre, mais l’une et l’autre se plaçant sur deux plans différents de la pensée, et donc relevant de réalités différentes. Il convient donc ici de distinguer ce qui relève de la  connaissance, objet de recherche du « cherchant » qu’est le franc-maçon, de ce qui relève des  connaissances, objet de recherche du « chercheur » qu’est le scientifique - ici l’historien. Le « cherchant » fait appel à l’intuition, et trouve en lui-même, fût-ce à l’écoute de l’autre, la réponse à ses questions. C’est ce qu’on dénomme généralement la  connaissance, au sens ésotérique du terme. Comme on le sait, cette forme de vérité est par nature incommunicable en ce qu’elle repose sur l’expérience intime de chacun. Le « chercheur », de son côté, fait appel à l’observation, et c’est à travers elle (et à celle d’autrui, car pour être mesurable, les phénomènes doivent être reproductibles) qu’il développe  les  connaissances, ensemble de savoirs reconnaissables, reproductibles et donc… publiables. Le « cherchant » s’adresse à la réalité, sa réalité, qu’il essaye de comprendre (c'est-à-dire, au sens étymologique, de « prendre avec soi »), tandis que le « chercheur » au sens scientifique du terme s’adresse au réel, qu’il mesure et analyse davantage pour autrui que pour lui-même.

 

 Ces deux démarches, loin d’être inconciliables, sont complémentaires. Elles doivent cependant faire l’objet d’une distinction épistémologique claire, sans laquelle la vérité du mythe, érigée au rang de vérité historique, devient dogme. Cette attitude est contraire avec la démarche maçonnique, qui cherche à éloigner l’homme des préjugés en général, et des dogmes en particulier. Comme l’écrivait justement Bruno Etienne, le contraire dans la langue française du mot « dogmatique » n’est pas « adogmatique » mais « sceptique », attitude qui doit être, intrinsèquement, partagée entre le « cherchant » et le « chercheur », le doute constituant une attitude raisonnable et préalable à toute recherche. Cette distinction épistémologique claire doit permettre d’admettre en toute modestie que la vérité du mythe repose bien souvent sur ce qu’un historien appellerait « forgerie », c'est-à-dire la fabrication délibérée ou non d’une histoire erronée.

 

C’est, d’une certaine manière, le cas de la plupart des textes dits « fondateurs » de la Franc-Maçonnerie, et du discours de Ramsay lui-même. Pour autant, la légitimité d’une institution, fût-elle maçonnique, ne peut reposer autrement que sur une compréhension juste de l’imaginaire mythique, d’une part, et du réel historique, d’autre part. Dès lors, les « cherchants » doivent parfois savoir se muer en « chercheurs » afin qu’ils puissent distinguer ce qui relève de la tradition de ce qui relève de l’histoire. Il convient dès-lors de relire le Discours de Ramsay au crible de cette distinction épistémologique du mythe et de l’histoire. Cette relecture doit pouvoir revêtir plusieurs aspects, en référence à des questionnements mettant en lumière les différentes facettes du Discours lui-même et de son contexte : que dit le discours de Ramsay ? Dans quel contexte historique le discours a-t-il été pensé ? Dans quel contexte historique le discours a-t-il été prononcé et publié ?

 

Rappelons tout d’abord que le Discours de Ramsay fait partie, avec les Grandes Constitutions de Bordeaux de 1762 et celles de Berlin de 1786, des « Textes Fondamentaux » qui introduisent encore aujourd’hui les Règlements Généraux du Suprême Conseil pour la  France. On parle d’ailleurs « du » discours de Ramsay, mais on devrait dire « des » discours, surtout depuis que le manuscrit original de 1736 a été retrouvé à la bibliothèque municipale d’Epernay Ce manuscrit correspond de façon certaine au discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie d’initiation le 26 décembre 1736, dans la loge particulière de Lord Derwentwater, qui sera élu dès le lendemain Grand-Maître de ce qui n’est pas encore tout à fait la Grande Loge de France. Cette version diffère sur certains points de la version connue jusqu’à une période récente, dite de 1737, imprimée à Rouen en 1738, prétendument publiée à La Haye, pour des raisons de censure, dans un recueil de textes et d’auteurs divers intitulé « Lettres à M. de V. avec plusieurs pièces de différents auteurs ».

 

DISCOURS -  RAMSAY ET SES DEUX DISCOURS

Alain Bernheim

Edition Télètes 

 2012

Qui était Michel de Ramsay, dont la date de naissance est incertaine. Initié à Londres en 1730, il est enterré à Saint Germain au mois de Mai 1743. Ce jacobite convaincu et pauvre, dépendant du bon vouloir de groupes (exilés, stuartistes, aristocrates français, francs-maçons)  aux opinions diverses, apparaît dans la Franc-maçonnerie française le 26 Décembre 1736, date portée sur la manuscrit de son discours conservé à la médiathèque d’Epernay, dont le texte est fort différent de celui imprimées ultérieurement.

 

Après avoir retracé sa vie, rappelé ce que nous savons des débuts de la Franc-maçonnerie française et des premières loges parisiennes, Alain Bernheim analyse le Discours, son plan, ses versions successives dont il fait recension, ainsi que ses sources qu’il détermine en s’appuyant sur des documents qu’il cite et commente abondamment.

 

Un tableau met en regard la version manuscrite, ici transcrite intégralement pour la première fois, le texte de la lettre que Ramsay adressa au marquis de Caumont le 16 Avril 1737 et les versions imprimées – la lettre à M. de V… et l’histoire de la très vénérable confraternité des Francs-Maçons de la Tierce (1742 et 1745) – Il permet au lecteur de constater que le texte de 1736 n’était pas une version incomplète comme l’écrivit Lantoine, mais qu’il existe deux discours distincts dont Alain Bernheim suggère les clefs, après avoir répondu à deux questions : Ramsay prononça-t-il son discours en Mars 1737 ? A-t-il inventé les grades maçonniques ?

 

Ce que nous savons c’est que la version imprimée est tout à fait différente de la version manuscrite. Si différente même qu’il est permit de penser qu’elle a été rédigée comme une conséquence de l’élection du Grand Maître Derwentwater et sous son influence. Serait-ce aller trop loin que d’imaginer Ramsay, dans son second discours, rapportant les événements parisiens récents en les situant dans une maçonnerie écossaise légendaire qui prendrait ici naissance ?

 

Au sommaire de cet ouvrage :

La vie de Ramsay    -    Débuts de la Franc-maçonnerie française  -  Les premières loges à Paris  -  Le discours de Ramsay, version manuscrite et version imprimée  - Le plan du discours  -  L’histoire de La Tierce 1742 et 1745  -  Lettre de M. de V… 1744   -   La lettre au marquis de Caumont en 1737  -    Les versions imprimées, modifications et additions  -  Ramsay prononça t-il son discours en 1737.   -   Ramsay a-t-il inventé les grades maçonniques  -   divers tableaux comparatifs  - 

 

document sur la grande loge du vÉnÉzuela

g.l.r.v.

CARACAS

 1952

Ensemble de 7 documents édités en 1952 à Caracas par la Grande Loge des EE UU du Venezuela.

1. Le catéchisme au grade d’apprenti
2. Le Rituel au grade d’apprenti
3. La Constitution de la Grande Loge des États-Unis du Venezuela
4. Rituel pour les cérémonies d’adoption, de baptême maçonnique, de consécration, de remise de diplôme, de cérémonie funèbre, etc.
5. Les statuts de la GL du Venezuela
6. Programme maçonnique
7. Code moral maçonnique

Le tout écrit en Espagnol. À la disposition des chercheurs.

 

DU FḖMININ ET DE SA QUÊTE EN FRANC-MAÇONNERIE   -

Marie Dominique Massoni

Edition de la Tarente

 2015

Le mythe de l'androgyne a donné de bien belles images à l'amateur d'alchimie. Depuis Platon, au moins, la quête du féminin de l'être et le statut philosophique du sujet féminin ont été dissociés.

 

Les sociétés patriarcales qui n'imposaient que des devoirs aux descendantes d'Eve ou de Pandora ont dû néanmoins composer avec l'indéniable nécessité de préservation de l'espèce humaine. Le ventre de la femme était le four où se cuisaient les générations nouvelles et les seins une métonymie de la nourriture.

 

L'ignorance du processus de reproduction allait contribuer à reléguer les femmes dans un statut d'être en second, tandis que les hommes rêvaient le féminin. Comment réaliser l'androgyne, être accompli, si l'on étouffe ce qui relève du féminin et ce que vit une femme, sur le plan biologique comme sur le plan de l'organisation sociale, a fortiori dans les arts d'Hermès ou en franc-maçonnerie ? Les rituels de la franc-maçonnerie d'Adoption rendent directement compte du rôle du féminin dans nos archétypes.

 

Ceux des loges symboliques dévoilent le travail à mener en sa direction, pour peu qu'on accepte d'approcher tous les éléments qu'ils mettent en mouvement. L'exégèse n'en sera que plus fine. La déroute de la raison instrumentale est aujourd'hui avérée. Les maladies sociales que la toute-puissance de la raison a engendrées valent bien les épidémies de peste envoyées par Apollon ou par le dieu chrétien. Cette mise à mal risque cependant de nous faire oublier l'importance de la raison.

Marie-Dominique Massoni nous invite ici à associer sensation, raison, imagination et intuition pour suivre le féminin à la trace afin qu'il se déploie en chacun, tout au long de son chemin initiatique Mythes apparents, mythes cachés, quelles figures du féminin se dessinent dans les rituels ? Comment l'Art royal prépare-t-il à la conjonction des opposés, dès nos premiers pas et avant même nos premiers travaux ? Comment nous préparons-nous aux noces sacrées ?

 

Commentaire sur le féminin dans les loges : Homme et femme sont sans conteste égaux sur le plan de l’esprit. Les femmes peuvent accéder aux plus hautes vérités transcendantes, rayonner d’une profonde autorité morale ou spirituelle, et rien à cet égard ne justifie qu’elles soient privées du sacerdoce, dont les écartent pour d’autres raisons de nombreuses religions. La femme est donc indiscutablement initiable. Restent toutefois ouvertes les questions de savoir si la nature de l’initiation féminine est différente, si la franc-maçonnerie est une voie appropriée aux femmes ou encore si l’initiation et, partant, la maçonnerie peuvent être mixtes. Notre époque peine à distinguer égalité des sexes et confusion des genres. La pensée dominante récuse toute différentiation des rôles sociaux fondée sur le sexe et prône la mixité dans tous les domaines. Aussi, le caractère exclusivement masculin de la maçonnerie régulière et celui majoritairement non-mixte des autres obédiences suscitent-ils incompréhension et critiques allant jusqu’au grief d’archaïsme patriarcal ou de sexisme sectaire. La mise à l’écart des femmes ou le rejet de la mixité peuvent certes paraître opposés à l’universalisme de la maçonnerie, contraires à une fraternité exempte de ségrégation. Mais cette situation découle à la fois de la tradition, à laquelle sont foncièrement attachés les maçons, et de la volonté de ceux-ci, dans leur actuelle majorité.

 

Les explications profanes à cette attitude de la maçonnerie envers les femmes ne manquent pas. Des sociologues y verront une survivance de la division sexuelle des tâches sociales et du travail, un avatar de l’appropriation du savoir et du pouvoir par une classe. Des anthropologues diront que les rites initiatiques des tribus primitives ont en particulier pour but l’identification sexuelle et l’intégration communautaire, qu’historiquement l’initiation des hommes et des femmes a toujours été séparée. Des psychanalystes freudiens réduiront cette attitude à un tabou né du refoulement de la libido ou à une forme de résolution du complexe d’Œdipe. Des moralistes enfin y chercheront l’empreinte d’un idéal ascétique universel de dépassement des désirs et de chasteté, de délivrance des contingences terrestres.

 

Plus prosaïquement, nombre de francs-maçons, et des maçonnes aussi, considèrent la non-mixité en loge comme relevant de la sagesse pratique. Au regard notamment de la morale maçonnique, les risques de la fraternité entre sexes sont évidents. Légitime est donc le souci d’éviter le désordre des sentiments et les tentations de la chair; comme celui de rassurer son partenaire ou préserver sa famille. Les faiblesses des hommes étant ce qu’elles sont, et celles des femmes n’étant pas moindres, la présence de l’autre sexe perturbe souvent pensée et comportement; le travail maçonnique rituel, intellectuel ou spirituel peut s’en trouver parasité. Notre monde est de plus en plus mixte, mais hommes et femmes n’en restent pas moins prisonniers de leur image; au-delà des plaisirs conviviaux, le partage entre personnes du même sexe, sans le masque porté devant l’autre, a une valeur positive.

 

Ces critiques, explications profanes ou justifications pratiques ne permettent cependant pas de prendre la vraie mesure des rapports entre maçonnerie et femme. Elles suscitent des débats relevant d’ordinaire plus du politique que de l’initiatique, stériles car elles ignorent ce qui est pour nous essentiel: le sens du féminin dans les trois dimensions, symbolique, psychologique et spirituelle de la franc-maçonnerie. Or pour découvrir ce sens, propre à clarifier et relativiser le problème des relations entre hommes et femmes en maçonnerie, ce n’est pas dans quelque direction sociologique ou pragmatique qu’il faut chercher, mais dans la profondeur de l’âme humaine, dans les fondements et l’histoire de la pensée religieuse, dans la sagesse. Le symbolisme maçonnique, avec notamment ses nombreuses références opératives, ne présente apparemment rien de féminin. Cela tient certes à l’ origine typiquement masculine de notre tradition puisque nous disons être les descendants à la fois des bâtisseurs et des chevaliers. Mais cela tient aussi à nos racines religieuses, la tradition judéo-chrétienne qui laisse fort peu de place au féminin et dont l’image de la divinité est exclusivement masculine. Apparence seulement, car à y regarder de plus près le symbolisme maçonnique, comme celui de la religion, cache une dimension féminine qu’il importe de comprendre. On peut en donner quatre exemples.

 

Les trois petites lumières éclairant la loge, ses fondements qui nous viennent de l’Être éternel et infini, portent toutes des noms féminins. La première est la Sagesse. Or, on y reviendra, la sagesse divine occupe dans les derniers livres de l’Ancien Testament une place très importante et représente la face féminine de Dieu. Le Livre de la sagesse, dit de Salomon, la chante par exemple comme «le maître d’oeuvre» et «l’artisane de l’univers»; il dit notamment que «les vertus sont les fruits de ses travaux car elle enseigne tempérance et prudence, justice et fortitude» (Sg 7: 27-28, 8: 7). La basilique de Byzance, la Rome orthodoxe, était consacrée à Sainte Sophie, Sophia signifiant en grec la sagesse. La Légende dorée dit certes que Sophie était une vertueuse martyre, mais son texte montre clairement qu’il s’agit en réalité de la sagesse divine puisqu’il ajoute que Sainte Sophie avait «trois filles, la foi, l’espérance et la charité».

 

A l’Orient brillent le soleil et la lune, couple cosmique qui évoque le mariage divin, la hiérogamie chère aussi bien aux religions antiques qu’à la tradition alchimique. Ce couple fait également pendant aux deux colonnes de l’entrée du temple qui représentent notamment les deux pôles de la vie et de l’être. Dans de nombreuses représentations de la crucifixion par la peinture médiévale, le soleil et la lune figurent au ciel, de chaque côté de la tête du Christ. Souvent aussi ces deux astres sont au-dessus de Saint Jean et de Marie agenouillés au pied de la croix, nouveau couple spirituel par la bénédiction et l’adoption. Les bâtisseurs de cathédrales avaient du reste une prédilection pour la dédicace de leurs œuvres à Saint Jean ou à Notre Dame, tout comme les Templiers. Cela à l’époque même de l’amour courtois, où la dame était bien plus un idéal spirituel qu’une femme de chair.

 

Sur nos autels la Bible est ouverte au Prologue de Jean, texte consacré au Verbe, le Logos de Dieu. Or, même si selon la théologie le Verbe est assimilé au Christ, le Logos du Prologue s’identifie à plusieurs égards à la Parole comme Esprit-Saint, en particulier à l’esprit féminin de Dieu, la Sophia. En effet, le Verbe selon le Prologue présente des analogies extrêmement frappantes avec la Sagesse divine telle qu’elle est décrite dans l’Ancien Testament. La Sagesse y dit d’elle-même qu’elle fut «établie depuis l’éternité… dès le commencement… aux côtés» de l’Eternel (Pr 8: 22-23, 30), que sa «source est la Parole de Dieu dans les cieux» et qu’elle est «la mère du pur amour» (Si 1: 5; 24: 17). Salomon dit d’elle en s’adressant à Dieu: «Tu avais donné toi-même la Sagesse… envoyé d’en haut ton Saint Esprit…», et les hommes furent ainsi «instruits et sauvés par la Sagesse divine» (Sg 9: 10, 17).

 

Le temple de Salomon, figure emblématique de la maçonnerie, détruit puis reconstruit après l’exil, évoque bibliquement les noces entre Dieu et son peuple, peuple symbolisé par Jérusalem, féminine comme toute cité. Le prophète dit ainsi d’elle: «Resurgis, remets-toi debout Jérusalem… toi, stérile qui n’enfantais plus, explose et vibre… ton veuvage, tu ne t’en souviendras plus… car ton époux, le Seigneur tout-puissant, t’a rappelée» (Es 51: 17; 54: 1-8). Noces encore celles de la nouvelle Jérusalem céleste de l’Apocalypse, décrite par Jean «comme une épouse qui s’est parée pour son époux», vêtue «d’un lin resplendissant et pur», prête pour les «noces», «la fiancée, l’épouse de l’agneau» (Ap 19: 7-8; 21: 2, 9). Temple et cité sainte sont donc lieux de noces, d’union symbolique du masculin et du féminin.

 

Ainsi, l’aspect féminin du sacré est réellement présent dans la profondeur de notre symbolisme, et il apparaît même d’une importance qui n’est pas secondaire. Mais alors, pourquoi cet aspect féminin est-il si discret et pourquoi est-il largement écarté de nos réflexions symboliques? La prédominance masculine dans notre symbolisme n’a pas pour seules bases des distinctions découlant du travail artisanal ou du combat chevaleresque. Elle ne s’explique pas non plus comme un simple reflet de la condition féminine dans les sociétés patriarcales du temps biblique ou du Moyen Age. Elle plonge ses racines bien plus loin, dans la profondeur de la psyché humaine et dans les fondements de la pensée religieuse.

 

L’apparente mise à l’écart du féminin dans la tradition, puis sa résurgence épisodique, doit être comprise sur deux plans. D’une part celui du cheminement psychologique de l’âme individuelle vers sa complétude, d’autre part celui du développement de la conscience religieuse de l’humanité. Or, sur ces deux plans, le refoulement – temporaire - du féminin correspond à une réalité, à une phase naturelle. L’âme humaine, la psyché de l’homme comme de la femme, possède deux pôles, l’un correspondant à des qualités symboliquement féminines, comme l’intuition ou la sensibilité, l’autre à des qualités symboliquement masculines, comme la logique ou la construction. Cette dualité, qui recouvre en partie aussi celle de l’inconscient et du conscient, on la voit notamment exprimée dans la lune et le soleil qui brillent à l’Orient, ou dans les deux colonnes à l’Occident. L’équilibre entre ces deux pôles est le fondement de l’être, leur harmonie est son accomplissement.

 

Afin de parvenir à la complétude de son être, aboutissement de son destin terrestre, l’humain doit apprendre à découvrir et écouter, aimer et sublimer cette face voilée de lui-même. L’homme doit aller à la rencontre de son anima refoulée, pour la faire renaître de l’obscurité, pour en quelque sorte l’épouser. Il s’agit là d’un passage obligé, car c’est seulement quand l’être parvient à se réunifier, à marier les deux faces de lui-même, qu’il peut accéder à l’accomplissement du Soi, sens et but de sa vie terrestre. Cette union des deux pôles de la personnalité est l’une des étapes du chemin initiatique.

 

Le processus psychique et individuel qui précède est dans ses grandes lignes exactement le même que celui suivi par l’évolution spirituelle et collective des religions. Dans son état primitif, l’homme perçoit le divin de façon avant tout inconsciente et naturelle. A l’instar d’Adam et Eve au paradis, les pôles de sa psyché restent équilibrés et il perçoit également de manière harmonieuse les aspects symboliquement masculins et féminins de la divinité. Son univers est encore constellé de dieux et de déesses. Les grandes religions antiques et les traditions primitives de l’Occident faisaient une large place aux femmes dans les rites et accordaient de multiples aspects féminins à la divinité. Dans les religions archaïques, les déesses mères ou de la terre étaient prédominantes. Les panthéons de l’Egypte et de la Grèce comptaient autant de dieux que de déesses, et pratiquement chaque dieu avait pour pendant féminin une épouse ou une sœur, comme Jupiter et Junon, Apollon et Diane. Les triades divines comprenaient très souvent un élément féminin, comme Isis en Egypte, Ishtar à Babylone. Même le Yahvé archaïque des hébreux possédait une épouse, Ashéra.

 

Mais peu à peu la conscience de l’homme se développe; c’est la connaissance du bien et du mal, la chute allégorique. La psyché se dissocie tout comme la perception et la représentation du divin. À partir de cette conscience, de cette dissociation, le judaïsme évoluera vers le monothéisme, l’hellénisme vers la philosophie. Comme la conscience et la raison sont symboliquement masculines, l’inconscient et le spirituel féminins, au fur et à mesure que conscience et raison croissent, la perception du monde et de la divinité qui le gouverne prend des formes de plus en plus masculines. Se renforce ainsi, jusqu’à devenir unique dans le judaïsme, la figure masculine du Dieu père symbolisant l’ordre et la loi, du Dieu céleste qu’il faut craindre. À l’inverse s’estompe jusqu’à disparaître, l’image de la déesse terre protectrice et nourricière, de la déesse mère métaphore de l’amour et de la renaissance. Le christianisme suivra la même voie: le Christ rédempteur est Fils de Dieu le Père; la Trinité est dénuée d’expression féminine; Marie, pourtant «mère de Dieu», en est exclue, alors que le Saint Esprit procède du Père et du Fils. Le modèle divin est une relation père-fils sublimée, la mère et la fille en sont écartées.

 

Ainsi, psychisme et religion suivent le même chemin. Comme l’homme qui refoule son anima dans la profondeur de son inconscient, la religion évacue la figure féminine de Dieu. Mais dans les deux cas la moitié écartée n’est pas éliminée, elle est seulement occultée. Un certain déséquilibre, une incomplétude en résulte. Situation temporaire cependant, car ainsi que l’homme est voué par sa quête à retrouver son anima, la religion est amenée un jour à laisser transparaître ou à mettre en pleine lumière les éléments féminins qu’elle dissimulait. Tel fut le cas du judaïsme exaltant la Sagesse, puis du christianisme vénérant la Vierge ou idéalisant la Jérusalem céleste. En d’autres termes, la quête de l’homme face à lui-même et son essor vers la divinité ont le même passage obligé: la rencontre, les noces avec l’Eternel féminin. Pour l’homme psychique, le but sera l’union dans le Soi de sa conscience masculine et de son intériorité féminine, l’anima. Pour l’homme spirituel, le but sera le mariage mystique de l’esprit et de l’âme, ou de l’intelligence et de la sagesse divine, afin que de ces noces naisse l’enfant-dieu de l’amour, l’homme ressuscité à la vraie vie. Si la face féminine de Dieu se dissimule aujourd’hui à nos regards, sous le voile plus ou moins épais dont la recouvre la religion, la tradition et nos symboles, c’est parce qu’elle représente un des buts les plus secrets de la quête intérieure et spirituelle.

 

À travers ses multiples récits et anecdotes, souvent exploités à des fins mysogines, l’Ancien Testament donne à première vue de la femme l’image d’une mineure soumise à l’arbitraire d’une société patriarcale. Mais le féminin dans la Bible dépasse cette condition profane, pour peu que l’on aille à l’essentiel. Et cet essentiel commence par la Genèse qui nous révèle la double nature masculine et féminine à la fois de l’être humain et de la divinité, en même temps qu’elle nous révèle l’égalité de l’homme et de la femme face au salut et leur complémentarité essentielle.

 

Au sixième jour, «Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il le créa mâle et femelle». Ainsi, le tout premier livre de la Genèse déclare le masculin et le féminin simultanément incarnés dans l’humain, ce qui vise notamment la double nature psychique de l’homme. Plus, déclarant l’homme créé mâle et femelle à l’image de Dieu, le texte implique logiquement que Dieu lui-même possède ce double aspect masculin et féminin. Cette dualité dans l’unité est l’un des sens que l’on peut prêter au delta maçonnique. Puis, dans le second livre, Dieu crée l’Adam originel, tiré de la terre et animé de son souffle divin. Mais la solitude d’Adam appelle immédiatement la création d’Eve. Nullement pour que l’humanité puisse se perpétuer, car au paradis cela n’est pas nécessaire, mais afin qu’Adam ait un semblable, un vis-à-vis. Eve incarne donc non seulement l’autre, sans lequel la vie n’aurait pas de sens, mais aussi le miroir, qui renvoie à l’homme sa propre image profonde. Plus, l’anecdote de la création de la femme à partir de la côte ou du flanc de l’homme, indique, qu’Eve est symboliquement une partie d’Adam, la part féminine de celui-ci, son anima.

 

Au paradis, Adam et Eve vivent dans une parfaite harmonie. Mais la chute, avec ses malédictions différenciées pour chacun d’eux, remplacera cet état par des relations souffrantes de désir et de domination. C’est le symbole de la dissociation de la conscience et de la psyché. Dès lors, le but de l’être sera de retrouver cette harmonie perdue, de reformer le couple originel d’Adam et Eve. Car, comme le dit l’évangile apocryphe de Philippe, «Quand Eve était en Adam, il n’y avait pas de mort. Si à nouveau elle entre en lui et s’il la prend en lui-même, il n’y aura plus de mort». La renaissance de l’initié passe par cette réunion. Après la chute du couple primordial, le judaïsme de l’Ancien Testament connaîtra schématiquement deux périodes, dominées successivement par deux regards sur la divinité, et donc par deux images très différentes du féminin dans la relation entre l’