A - K

L

M - Z

 

Chapitre 23  M - Z     (Travaux divers)

 

Pour chercher dans la page, utilisez les touches "Ctrl + F" de votre clavier Windows !        Pour Mac = Cmd+F

23 M

renaissance traditionnelle

désaguliers – danchez – mollier

R.T.

1970

Revue maçonnique et métaphysique de très grande qualité. Elle fut fondée en 1970 par René DÉSAGULIERS. Complet de n° 1 (1970)  à aujourd’hui.

Pour voir la thématique des articles et auteurs parus depuis le n° 1clique ICI !        

 

                                                               LE RETOURNEMENT DU COMPAGNON

 

 

 2015

 

La cérémonie de l’Élévation commence par l'introduction du Compagnon, qui se présente à la porte du Temple de dos par rapport à l'Orient. Les quelques pas qu'il effectue alors en marche arrière, font  que cette déambulation spécifique et unique, soit appelée couramment  «  marche à reculons ».

Pour ne pas se laisser prendre au piège des mots ou à celui  d'une interprétation à résonance négative, il est préférable de parler du «  Retournement du Compagnon ».

Cette phase de la cérémonie se décompose donc en deux temps, qui ont chacun leur raison d'être et leur spécificité, mais qui sont indissociables : la marche à reculons et le retournement.

 

Pourquoi se présenter de dos à la Loge ?

La marche à reculons n'est absolument pas une régression, bien au contraire. Tourné vers l'extérieur du Temple, le Compagnon est appelé à passer à rebours sur le chemin déjà parcouru, pour mieux le voir ,mieux  l'assimiler, et en avoir un meilleur point de vue sous un éclairage différent. Loin de signifier une rétrogradation, la marche à reculons réveille la mémoire récapitulative et agissante du candidat, lui rappelant l'enseignement acquis au fil des deux premiers degrés, indispensable pour lui permettre d'aller au-delà : les lumières du passé éclairent notre avenir.

La marche à reculons est également d'une certaine manière, une descente en soi, vers son intériorité, pour faire un bilan des acquis : c'est la contemplation de l’œuvre accomplie. Il s'agit donc, non pas d'un recul, mais bien d'une prise de recul par rapport au passé, et aussi vis à vis de soi-même.

Cette réflexion assimilable à un examen de conscience,  est nécessaire pour effectuer un retournement complet et opérer un changement d'état irréversible.

On peut également voir dans cette déambulation en marche arrière une façon de préserver le candidat, en lui évitant une confrontation brutale et non préparée à la mort.

 

L’Étoile Flamboyante

En pénétrant ainsi dans le Loge, le Compagnon va être plongé dans une atmosphère de deuil, de désolation et de chaos total. Seule, une lumière brille, celle de l'Etoile Flamboyante située à l'occident, au-dessus de la porte. Sa brillance est voilée, elle n'est plus aussi lumineuse que lorsque le compagnon « l'a vu » pour la première fois à l'Orient, lors de son passage. Si la lumière qu'elle diffuse est plus faible, c'est qu'à ce stade, le compagnon est sensé l'avoir traversé et intégré.

 

D'ailleurs, cette E.F située au-dessus de la porte, est-elle vraiment à l'occident. On peut penser qu'elle n'y est que pour les besoins de la disposition de la Loge, mais qu'en réalité, elle est en nous,  que nous sommes en elle, que nous l'avons totalement intégrée à tout jamais. Sa brillance des premiers temps est physiquement réduite, mais elle est toujours aussi lumineuse dans notre intériorité. Cette faible lueur que contemple le compagnon doit l'interpeller sur l'assimilation qu'il  en a fait. Elle est désormais son guide intérieur et il est nécessaire de lui  donner le temps de la réflexion pour aller du passé vers son futur.

 

Il est donc important, lors de la cérémonie, que la contemplation de cette E.F se fasse dans un silence absolu, et soit suffisamment longue pour provoquer une réaction psychologique  du candidat à l'élévation. En effet, le pic de la cérémonie, l’endroit où le choc psychologique  prend racine, ne réside-t-il pas justement dans temps de contemplation de l’étoile, symbole paisible d’un itinéraire déjà pratiqué, rendant plus percutante, dès le retournement effectué, l’inquiétante vision du chaos de la Loge plongée dans les ténèbres ? Effet de chaud et froid garanti, amené par la mise en scène théâtrale et dramatique du rituel qui cherche à impressionner le Compagnon et dès lors, ne plus le préserver, bien au contraire !

 

 

Vient ensuite le temps du retournement proprement dit.

Au-delà de son aspect gestuel ou physique, ce Retournement est avant tout psychologique. Ce n'est pas encore un changement d’état de conscience, mais il y prépare le candidat. Il s'agit de tourner le dos à son ancienne condition pour faire face à une nouvelle. Comme le fœtus se retourne dans le ventre de sa mère pour se préparer à la naissance, le compagnon se retourne pour se préparer à une Re-naissance. En tournant le dos au passé, il abandonne ses valeurs et ses illusions pour aller vers davantage de Lumière, Lumière intérieure à découvrir en soi.

Il se prépare à un événement majeur qui est celui de la mort (symbolique) suivi d'une palingénésie.

 

«  Meurs et deviens » (Goethe)

Ce retournement intérieur est indispensable à l'expression du Maître intérieur qui va suivre lors du relèvement.  C'est d’ailleurs grâce à cette palingénésie que va s'opérer le retour à l'ordre. Le Maître reparaît, plus radieux que jamais, et ce changement d'état de conscience replace chaque chose à sa place, réunit ce qui est épars. Le retournement intérieur prépare le candidat à l'élévation au passage des «  Petits Mystères » aux «  Grands Mystères » des anciens grecs. Pour le Franc-Maçon cherchant et en quête, il permet le passage de la forme à l'essence.

 

ADDENDUM

Il est aussi intéressant de ne pas oublier dans cette désolation, ce deuil, la lumière principielle sur la colonne Sagesse. Elle est toujours là !

 Le compagnon se retourne, Hiram est mort mais cette Lumière (Divin, Esprit d’Hiram, A-venir de l’Etoile flamboyante) est ici, en quelque sorte « en attente ». Après que les neuf maitres aient tourné autour du cadavre d’Hiram, 9+1 (La Lumière), se réalise alors l’élévation (ou mieux l’assurection) du maître « plus radieux que jamais… » : la palingénésie, le  10…. N’est-ce pas ça aussi ce Retournement annoncé en début de la cérémonie.

 

 

mYTHES ET MYTHOLOGIE

    Arcadia

 

 2014

Il faut distinguer mythe et mythologie. Le mythe entend exprimer, souvent sous forme de récits, des vérités ou des réalités qui ne relèvent pas du savoir ordinaire. Il nous ouvre à des mystères qui à la fois nous touchent, nous atteignent et nous dépassent. Ainsi, les récits de la création, au début de la Genèse, sont mythiques. Personne ne le conteste sérieusement. Cela n'enlève rien à leur valeur. Il ne faut pas assimiler le mythique avec la fabulation ou la tromperie. Il traduit des convictions existentielles et des expériences spirituelles qu'on ne peut pas formuler autrement, parce qu'il s'agit d'autre chose que de connaissances proprement dites.

La mythologie constitue une déviation et une perversion du mythe. Elle tente de faire du mystère, exprimé par le mythe, un savoir. Elle le met sur le même plan que les connaissances ordinaires. Elle le ramène à des faits empiriques, au lieu d'y voir un langage pour transmettre un sens qui se situe sur un plan différent. Ainsi, elle fait des premiers chapitres de la création un rapport historique qui décrirait ce qui s'est passé autrefois, de la même manière que l'on pourrait raconter ce qu'on a vécu durant la journée d'hier, ou qu'un historien établirait la chronologie de la seconde guerre mondiale. Le mythe préserve le mystère tout en le dévoilant. La mythologie le supprime en le mettant au même niveau que les autres connaissances et expériences.

Alors que le mythe ouvre l'intelligence à ce qui le dépasse sans pour cela la supprimer, la mythologie conduit à des croyances aveugles et absurdes, et exige de l'intelligence qu'elle s'y soumette. Deux tentations menacent toujours la religion : la superstition et l'obscurantisme. Le mythe, bien compris, permet de leur échapper; la mythologie, au contraire, tombe dans ces deux erreurs et déviations. >>

 

                                                                                                LA  MḖLANCOLIE

 

Solange  Sudarskis

2014

La mélancolie est comme une nature infinie qui vous submerge jusqu’à la félicité. Lorsque le soir tombe, je suis souvent prise de mélancolie, un bonheur d’être triste comme dirait Victor Hugo, devant la beauté du monde ; moi qui voudrais mourir en regardant la mer. Est-ce une passion triste? Est-ce l’attente d’une compréhension du sens de la vie qui me procurerait la sérénité de notre finitude ? J’ai trouvé dans une gravure d’Albrecht Dürer l’expression vertigineuse de ces mêmes questionnements, une illustration qui ré enchante mes souvenirs imagés de contes de fée. Cette disposition d'âme a occupé l'Occident en touchant au cœur des problèmes auxquels l'homme est aujourd'hui sensible en passant de l'histoire à la philosophie, de la médecine à la psychiatrie, de la religion à la théologie, de la littérature à l'art. L'iconographie de la mélancolie est d'une infinie richesse et il n'est donc pas étonnant que ce soit l'histoire de l'art qui ait su la première fournir les bases de cette nouvelle approche de l'histoire culturelle du malaise saturnien.

 

La mélancolie a fait, tout d’abord, l'objet, sous son appellation de " dépression ", d'une approche médico-scientifique. Les médecins de l’antiquité n’y voyaient en général qu’une maladie. Ils considéraient la mélancolie comme l’une des quatre humeurs (sanguine, cholérique, mélancolique, lymphatique), tempéraments qui affectent tous les êtres humains. Mais si une d’entre elles domine trop, elle peut conduire au vice et même à la folie. Du grec pathos, puis du latin patior, souffrir, pâtir, les passions tristes sont des états affectifs qui sont excités dans l’âme sans le secours de la volonté (Descartes). Les passions se distribuent en sentiments positifs (affection, amour...) et négatifs (haine, envie ressentiment…). Passions tristes, cette expression est employée par Spinoza dans L’Éthique. Les passions tristes, par opposition aux passions joyeuses, diminuent le pouvoir d’agir. Ce sont toutes les passions associées à l’idée de quelque chose qui va à l’encontre du conatus, c’est-à-dire de l’effort physique, intellectuel ou moral, telle la haine, la crainte, l’envie, la colère, la honte, la pitié. Par nature mauvaises, elles diminuent la puissance d’agir et tendent à rendre les hommes ombrageux et inconséquents. Nous éprouvons de la tristesse lorsque nous rencontrons un corps qui ne convient pas avec le nôtre, tout se passe comme si la puissance de ce corps s'opposait au nôtre. Notre puissance d'agir c'est-à-dire notre conatus en est empêché. Nous éprouvons alors de la tristesse.

 

Cette « torpeur de l’esprit qui ne peut entreprendre le bien » n’était pas une simple paresse au sens de fainéantise, elle était considérée par les chrétiens comme un grave péché. Les passions tristes sont reprises par le christianisme sous la forme des 7 péchés capitaux identifiés par Thomas d'Aquin comme : l’acédie (l’ennui) ou paresse spirituelle, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l’envie). De l’ennui existentiel, Baudelaire poétisant le spleen, écrit : Dans la ménagerie infâme de nos vices, Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde ; C'est l'Ennui ! Nietzsche trouve un remède à la mélancolie en assignant à la musique, non pas la gaieté à tout prix, mais la perfection, l’achèvement des états du corps et du désir, surtout des affects, sentiments et passions, y compris par le jeu cathartique et reposant (ou apaisant) de la mélancolie. Les passions doivent ainsi se « spiritualiser » ou se « sublimer » par les rythmes, les mélodies et les harmonies de la musique. C’est ainsi que le corps et l’âme deviennent légers, « de belle humeur », autrement dit, la musique est non point un narcotique, un opium du peuple, mais le moyen du dépassement de soi, de l’accomplissement physique et moral sans négation de soi et sans négation de la vie ni du corps. Cette paix de l’accomplissement, Nietzsche l’appelle parfois aussi le bonheur. De même, Rousseau fait-il dire à l’un de ses personnages, à propos d’un autre : La musique remplira les vides du silence, le laissera rêver, et changera par degrés sa douleur en mélancolie.

 

Cependant, la mélancolie, par tradition cause de souffrance et de folie, est aussi considérée depuis l'Antiquité comme le tempérament des hommes marqués par la grandeur ; sa désignation comme " maladie sacrée " induit cette dualité. Marsile Ficin, humaniste de la Renaissance, décrivit la mélancolie comme faisant alterner, voire coexister, des états de détresse et d'ardeur enthousiaste qui métamorphosent l'individu en être supérieur inspiré, divin et sinistre à ses heures, à la fois angélique et démoniaque. La mélancolie, pour moi, n’est pas une pathologie, mais un sentiment à la fois intense et ambigu. Elle est une plénitude équivoque : il semble que coexistent, en elle, la tristesse et la joie. Un tel ressenti conduit à une tentative de saisir ce qui a lieu dans cette intensité et à expliquer pourquoi c’est à la fois saisissant et insaisissable comme une expérience initiatique. Ma mélancolie serait plutôt celle du romantisme, elle est douce mélancolie, vague mélancolie, ineffable mélancolie ; elle ne peut être dite qu’en disant : elle est un je-ne-sais-quoi.

 

Durer a transcrit ce « je-ne-sais-quoi» dans sa célèbre gravure sur cuivre. La scène se situe sur un lieu en hauteur, offrant une vue… sur la mer et une côte urbanisée. Un personnage ailé occupe une moitié diagonale de l’espace, captant le regard par l’importance spatiale de sa représentation ; la robe, dont il est vêtu, et son visage évoquent une femme, sa silhouette massive le rende étrangement masculin, ni homme, ni femme, forcément, parce que c’est un ange. Assis devant un bâtiment sans fenêtre, le coude gauche appuyé sur son genou, l’ange tient sa tête dans une pose triste ou pensive. Dans sa main droite il tient un compas, l’avant-bras prenant appui sur une tablette, l’esprit ailleurs, le regard perdu dans le lointain. Le regard sérieux, la créature a dû écrire quelque chose sur cette tablette avec la pointe du compas, maintenant le regard est pensif, peut-être même triste. A l’arrière-plan, le rivage au soleil couchant est couronné d’un arc-en-ciel blanc et sur un phylactère, présenté dans le ciel par une créature ailée, genre chauve-souris ou dragon volant, on peut lire : Melencolia § I

 

Aux pieds de l’ange un chien, un lévrier, est allongé, semblant s’ennuyer. A côté, traversant la gravure en diagonale, comme pour séparer le premier plan du second, une échelle repose contre le mur de la bâtisse. Et voici un second personnage, un angelot, un putto, assis sur une roue de meunier recouverte d’un tapis qui s’appuie à cette échelle et, par opposition à la rêverie de l’ange, lui, il est concentré car il est en train d’écrire. Fait-il des devoirs donnés par l’ange ? Écrit-il parce que plus inspiré, plus savant que l’ange qui s’est arrêté dans la perplexité, faute de savoir poursuivre ? L’ange lui a-t-il confié quelque chose qu’il serait en train d’enregistrer ? Parce qu’enfantin, le putto est-il disciple de l’ange adulte ? Et surtout, des objets posés au sol ou accrochés au bâtiment proposent un décor énigmatique. Aux pieds des personnages, oh les beaux outils ! : un soufflet, des clous, une scie, un rabot, un marteau, une règle, une sphère, des pots en étain, une tenaille dépassant à peine de dessous des plis de la robe de l’ange, tous objets de bois et métal.

 

Derrière l’ange, un énorme bloc, peut-être de marbre, d’une pierre taillée à 8 faces irrégulières, dont 4 visibles, empêche l’accès à l’échelle en étant levé contre elle. Si on tente de construire physiquement ce polyèdre, on a l’impression qu’il s’agit d’un volume « impossible », qui n’existe qu’à la limite d’un rhomboèdre partiellement tronqué avec un art consommé de stéréotomie. L’importance de ce volume vient de ce qu’on ne peut dire, de prime abord, si la direction du regard interrogatif et pensif du personnage central est orientée vers le phylactère ou vers cette énorme pierre. L’ange n’est pas dans un état de somnolence mais bien plutôt en état de super-éveil. Son visage sombre et son regard fixe expriment une interrogation intense. Il a suspendu son travail, non par indolence, mais parce qu’il est devenu en attente de sens. Comme le formule Panofsky : « Ce n’est pas le sommeil qui paralyse son énergie, c’est la pensée ».

 

Dans sa Septième lettre, Marsile Ficin reprend la métaphore de Platon où il conte que « notre âme, après avoir contemplé les idées (justice, beauté, sagesse, harmonie) à l’état pur dans les cieux, se retrouve dégradée par les désirs des choses terrestres. Pour y échapper, l’âme peut s’envoler grâce à deux ailes, deux vertus : la justice qu’on obtient grâce à un comportement moral actif représentée sur le mur de la gravure par une balance à fléau, et la sagesse, comportement contemplatif. Le fait que Dürer représente sa Mélancolie avec des ailes pourrait en être un écho. Sur le mur de la bâtisse, un sablier, une cloche, un cadran solaire et un carré magique de 4x4. Le carré magique est situé dans le coin supérieur droit de la gravure. Les numéros 15 et 14 apparaissent dans le milieu de la rangée du bas, indiquant la date de la gravure, 1514. Le 5, placé la tête en bas, peut s’expliquer par le fait que les chiffres arabes, d’abords utilisés dans l’abaque, n’étaient pas encore stabilisés, cela ne peut s’appliquer au 9, gravé à l’envers comme vu dans un miroir. D’autant qu’il existe un second état de la même gravure plus largement diffusé, où la position du 9 a été rectifiée.

 

Le carré chiffré n’est pas accroché au mur comme le sont la cloche, le sablier ou la balance, il en fait partie, construit comme une fenêtre selon les plans de l’architecte. Selon la remarque d’un proche de Dürer, qui traduisit en latin sa théorie de la proportion humaine. : il faut observer à la presque fenêtre la toile des araignées, ainsi les nombres, comme des araignées dont le rôle est de tisser un diagramme à l’aide d’un fil, vont de 1 à 16 structurant un gnomon carré magique ; les sommes dans chacune des lignes, colonnes et diagonales, ainsi que la somme des quatre nombres du milieu, sont toutes de 34. En outre, toute paire de nombres placés de façon symétrique par rapport au centre du carré conduit à la somme 17, une propriété qui rend le carré encore plus magique. Et je vous passe toutes les combinaisons possibles donnant une somme magique. Les astrologues de la Renaissance pensaient que le carré magique pouvait servir de traitement contre la mélancolie perçue comme état dépressif. Cet être ailé est donc entouré d’une collection d’objets et d’instruments ayant un rapport à la géométrie (un compas, une règle, une sphère, un polyèdre), au travail artisanal ou alchimique (un rabot, un gabarit pour moulures, un marteau, des clous, des tenailles, une scie, un creuset, une échelle, une balance, un sablier avec un cadran solaire), aux nombres (un carré magique), à la littérature (un encrier, un livre fermé, une tablette) et à la musique (une cloche), collection d’objets qui donnent à penser aux arts libéraux. Symboliquement, Dürer a réuni tout cela dans une image, symboliquement

 

Selon ses propres notes accompagnant un dessin préparatoire du putto, Durer nous apprend que, dans Melencolia I, les accessoires sont tous chargés d’un sens emblématique : «Schlüssel beteut Gewalt, Beutel beteut Reichtum ». Cette courte inscription, que l’on peut traduire par « la clef désigne le pouvoir, la bourse la fortune » est le seul commentaire qu’il fit. Cela est à déchiffrer dans la gravure avec le ruban, qui pend de la ceinture de l’ange, avec, à son bout, un trousseau de clefs et dans les replis de la robe, comme tombée, une bourse. Mais, aussi laconique qu’elle puisse paraître, cette note confère à chaque objet une signification symbolique et nous livre la formule qui commande à leur répartition. Dürer considère la richesse comme revenant de droit à l’artiste. Dans ses instructions à l’usage des peintres il affirme : « Si tu es pauvre tu peux atteindre à beaucoup de pouvoir par cet art », et : « Dieu donne un grand pouvoir aux hommes de talent ». Dürer dessine un ange qui est familier de l’esprit des mathématiques et de la géométrie ainsi que des possibilités techniques qui en découlent mais qui se fige dans la contemplation face à l’infini. Nous savons, aujourd’hui, que Dürer exprimait aussi sa propre résignation devant l’impossibilité de pouvoir trouver le secret de la beauté avec les seuls moyens de la rationalité, des mathématiques et des mesures. Dürer s’interroge sur les limites des actions et du savoir humains avec le doute d’un artiste, perpétuellement inquiet ; il écrivait : « il n’appartient qu’à Dieu de soumettre, à la mesure, la beauté absolue». Lucidité, scepticisme ou pessimisme de Dürer dans un temps qui affirme au contraire un humanisme triomphant.

 

Dans le dédale de ces interprétations, aucun commentateur n'a encore réussi à donner une explication qui fasse l'unanimité. Pourtant cette réponse existe. Elle correspond au génie plus géométrique que mathématique de Dürer dont le dessin suit toujours un plan précis. Ceci est vrai non seulement pour Melencolia §I mais aussi pour trois autres de ses gravures : Adam et Eve ; Le Chevalier, la Mort et le Diable et Saint Jérôme dans sa cellule. Ensembles, elles constituent une tétralogie fondée sur l’ancienne théorie des quatre humeurs comme l’atteste le titre inscrit par son auteur sur les ailes déployées du petit dragon volant : Melencolia §I, attribuée à Saturne parce que cet astre était alors considéré comme la première et la plus haute des planètes. L’anagramme de Melencolia, limen caelo, ou « porte vers le ciel », est l’image que l’on retrouve sur le blason familial de Dürer.

 

Alors j’ai tiré des traits, une échelle s’est dressée sur le corps du personnage principal, parallèle à celle contre le mur ; l’ange, qui est bien en train de lire le phylactère, a son regard pointant sur le O ; j’ai trouvé des contours de cercles de rayon identique à celui de la sphère, délimitant ainsi des régions d’importance, le visage de l’ange, sa main qui tient le compas, le visage du putto, le cœur de la pierre, le soleil ; j’ai articulé le carré pour qu’il devienne carrés longs. L’ensemble des symboles, ceux de la pierre, des outils, les références aux nombres, la présence d’un astre, les mystères font, pour moi, de cette gravure une hypostase d’un tableau de loge. Cela a enchanté ma rêverie, ma recherche m’a donné un peu plus d’intimité avec l’ange avec qui je me suis mise à dialoguer, il me dit : tu vois le dragon là-bas, il ricane dans la lumière, il croit que ma mélancolie est de n’avoir pu réaliser plus de beauté, de n’être que ce dont je suis capable, de n’être pas un ravissant et studieux putto, de n’être qu’un rêveur qui ne sait même pas guérir.

 

Mais non, lui dis-je, le dragon n’est qu’une chauve-souris, il nomme seulement ce que tu ressens, il ne sait pas ce qu’il en est. C’est vrai, poursuivit l’ange, dans le fond, pourquoi écouter le ciel, ici tout peut être sagesse, force et beauté. J’étais avec l’ange qui avait fait une pause dans son travail. Le regard au loin qui regardait sans voir, il n'était pas dans la vacuité, il vivait charnellement le temps présent qu’il avait saisi. Peu à peu, je devenais lui, mon âme-frère, j’étais au pays des enchantements, le temps s’est arrêté et j’ai vu la mer.

 

RÉFLEXIONS SUR  LES DEUX  COLONNES  ET LE TEMPLE                                                                                                                            Roland  Bermann

Parler des colonnes ne peut se dissocier de l’orientation du Temple et de son agencement. Pour une description complète un plan du Temple de Jérusalem et des vues “en situation”, voir le site :

La situation des colonnes découle de l'orientation du Temple. Pour les uns, selon les commentateurs de notre ère, le Temple était orienté le long d'un axe Est - Ouest et pour les autres Ouest - Est. Or si l’on se réfère à la Bible, il ne devrait pourtant pas y avoir d'ambiguïté sachant qu'en hébreu “droite” signifie toujours Sud et “gauche” Nord, de ce fait on a l’indication d'une orientation tournée vers l'est, ce qui se retrouve clairement dans les commentaires hébreux. Il est à noter que plusieurs termes sont utilisés pour exprimer Nord et Sud, mais cela nous conduirait à une recherche philologique qui n’est pas de mise ici. De plus, les Chroniques mentionnent: “quant à la Mer d’airain, il l'avait placée à distance du côté droit (sud-est), du côté de Jakin”.

En conséquence, le Temple était construit comme indiqué sur le schéma suivant :

 

Notons que dans les Rites Maçonniques la Loge se trouve être orientée selon l'axe Ouest – Est, le V\M\étant à l’Orient, cette orientation étant calquée sur celle des églises occidentales orientées vers Jérusalem, donc vers l’Est. C’est une orientation inverse de celle du Temple Jérusalem. C’est là un phénomène culturel absolument normal, mais il convient de se souvenir que Loge et Temple sont deux notions différentes, particulièrement au RER.

Pour ce qui est de la signification attribuée aux noms des deux colonnes nous avons :

·         Boaz [בעז] (dans la force, la puissance) traduit la force, mais autre que physique. Elle évoque une force supérieure, la force spirituelle de conscience de l'indestructibilité de l'être réel, l'Esprit.

·         Jakin [יכין] (Dieu le soutient) exprime la solidité, la stabilité; elle signifierait que l'initié a dépassé le stade des fluctuations humaines et atteint l'état de l'Être se tenant dans l'éternel présent.

La position des deux colonnes a souvent été mise en rapport avec les positions solsticiales des deux St Jean, positions qualifiées de Portes des dieux et de Porte des hommes. Voir à ce propos Jean Tourniac “Symbolisme maçonnique et tradition chrétienne” Dervy, chapitres traitant des deux Saint Jean.

Nous pouvons, à partir de là, trouver, dans l'identification de Jakin et Boaz faite respectivement à la porte des dieux et à la porte des hommes une confirmation de leur dénomination.

On peut alors établir le schéma suivant en considérant l’orientation du Temple, il est à inverser en prenant celle de la Loge :

 

L'angle formé par les deux directions associées au lever du soleil aux solstices d'hiver et d'été dépend de la latitude du lieu de l'observateur.

On a beaucoup glosé sur le symbolisme de la position des colonnes et de son inversion selon les Rites. La réalité historique de cette inversion résulte très simplement de ce qui s'est produit Grande-Bretagne lors du conflit entre Ancients et Moderns. Suite aux diverses divulgations, les Moderns ont inversé les colonnes et c'est ce qu'ont repris les rites continentaux dits modernes : RF et RER. Pour l'histoire de cet épisode voir René Désaguliers “Les deux grandes colonnes de la Franc-maçonnerie” Editions Dervy

En ce qui concerne le RER et le RF, Jakin et Boaz sont situées respectivement au nord-ouest et au sud-ouest. En conséquence, l’on peut envisager que Jakin est associée au solstice d'été et Boaz au solstice d'hiver. Cette inversion par rapport à la disposition du Temple de Jérusalem correspondrait à une vision exclusivement terrestre (au lieu de céleste) où la voie de la clarté est tournée vers la pleine lumière ou le sud terrestre (au lieu du Nord céleste) et la voie de l'obscurité orientée en direction des ténèbres ou du nord terrestre (au lieu du Sud céleste). En effet, cette inversion serait conforme à la “Table d'émeraude” qui stipule: “ce qui est en haut (dans l'ordre céleste) est comme ce qui est en bas (dans l'ordre terrestre)” et inversement. Ou encore selon les paroles de l'évangile, “les premiers (au Ciel) seront les derniers (sur Terre)”. Mais ces considérations ne sont que des stipulations modernes et ne sont très certainement jamais intervenues dans l’établissement originel des orientations dans nos rituels.



 

LA TOLÉRANCE                                                                   SAM  ECHED

 

SI TU DIFFÈRES DE MOI MON FRÈRE, LOIN DE ME LÉSER, TU M'ENRI­CHIS " (A.de St. Exupéry). 

Les Francs-maçons enseignent et proclament qu'ils doivent être tolé­rants. Comment devons nous introduire et pratiquer cette tolérance dans notre vie quotidienne ?

La tolérance pour les maçons, n'est  pas seulement une façon de vivre dans le cadre de notre ouverture sur le monde ainsi que nos réactions, visions et nos propres idées sur le Divin, sur l'humain, le social et de ce que devrait être la communication avec nos frères ou notre prochain en général. Ces visions et ces idées se confondent et sont généralement intégrées les unes aux autres.

 

Dés la prime enfance, nous commen­çons à réagir aux premières images que nous recevons de notre entourage, et aux signaux que nous perce­vons  à l'état brut, avec nos cinq sens, ... comme ils nous viennent de l'Autre et de la société qui nous entoure. A un stade plus avancé, arrivent les expériences, venues du monde non sensoriellement perceptible. Tout ceci est défini et formé à partir de nos gênes, notre personnalité innée, de nos capa­cités propres, de la qualité de notre éducation et de la première communication entre nous et nos parents.

Un homme sain et normal, est programmé par ses gênes, ses composan­ts de base et ses premières impressions, pour percevoir l'Être Suprême, ses prochains et la société dont il fait partie ; comme une totalité harmo­nieuse, lui donnant confiance, …  et en son entourage, … et en lui-même. Cet homme, sain d'esprit, ne se sentira jamais menacé. Chaque homme vivra des hauts et des bas et son mode de réaction sera une image dynamique et vivante, basée sur des impressions, des perceptions et des événements se renouvelants sans cesse.

 

Pour l'homme d'aujourd'hui, ce fardeau est devenu encore plus lourd que par le passé. Jamais de mémoire d'homme, il n'y eu un tel afflux d'informations, ... par la presse parlée ou écrite, la télévision, Internet ... e-mail … et j’en passe La majeure partie de cette information est ressentie comme agres­sive et menaçante. ... L'homme, parti de la vie en société, continue sa tâche et son devoir d'amour de sa famille et du prochain. Il réagit selon ses moyens, à tout ce qui lui arrive de cette société, et certainement à tout ce qui se passe dans son propre voisinage.

Certains osent appeler tolérance, une condescendance, un isolement délibéré, tant envers son entourage qu'’envers les autres, aussi bien par la parole et que par la conduite. Cette condescendance, cet  isolement ou cette inertie,...  cette lâcheté,... reçoit bien à tort une fausse connotation de haute moralité. La plupart d'entre nous accepteront, tout naturellement, que la tolérance est de rigueur, quand il s'agit de religion ou de philoso­phie. La tolérance raciale ou sociale par contre, a malheureuse­ment ses limites pour beaucoup d'entre nous. Elle s'arrête lâchement là où nous pensons que notre propre façon de penser et de vivre est menacée, scandant le slogan : Je ne touche pas à ton mode de réflexion ou à ton mode de vie, si tu ne touches pas au miens ".

 

Une société humaine, divisée en races, en castes, en rangs, en niveaux, ou en échelle sociale, peut sembler ordonnée, mais elle est vraiment inhumaine. Chaque barricade, conduit à des divisions et à des frontières Nord/Sud, à l'exemple du 38e parallèle Coréen, aux murs de Berlin ou de Jérusalem, et même ces derniers, ne se sont pas avérés imperméables, aux hommes, aux livres, aux images ou même aux idées. La tolérance active voit le jour, quand il y a en nous un espace actif d'écoute et d'interrogation et quand il y a une possibilité de communication entre humains, ou quand il existe la volonté de recher­cher ce qui unit les gens et non ce qui les sépare. ...

Nous devons être à écoutes de notre prochain et le voir, avec les oreil­les et les yeux du cœur, donc avec amour. Pour cela, il nous faut d'abord faire une toute petite place dans notre pensée et notre cœur, ... et ainsi pouvoir étudier la possibilité minimale, que cet homme, qui pense si différemment de nous, peut nous apporter quelque-chose qui nous est encore inconnu, mais qui vaut peut-être la peine, qu'on en prenne connaissance sans préjugé. C'est seulement a ce moment là, que peut s'épanouir et se dévelop­per; la vraie tolérance, parce que nous remettons en question, une partie de nous même et de nos propres convictions.

 

Alors seulement, peut germer l'idée, que notre soi-disant opposant a découvert, sur sa route, une petite fleur que nous n'avions pas remarquée. Peut-être a-t-il mieux perçu un phéno­mène ou l'a-t-il mieux inter­prété ?.... Cette interaction récip­roque s'avérera toujours enrichissante et fructueuse. Pour cela, nous devons laisser agir sur nous les valeurs, vérités et réalités de chacun, sans nous cabrer uniquement sur nos propres points de vue et valeurs. Car nous devons partir du principe, que personne ne possède la vérité absolue. À côté de notre façon de vivre et de penser, il existe une quantité innombrable de variations et de choix, et chacun, quel qu'il soit, a droit à sa propre réalisation, dans sa quête vers la maximalisati­on du bonheur humain.

Ceci est totalement différent de la tolérance passive actuel­le, qui dans la pratique quotidienne est beaucoup plus diffi­cile et compli­quée à exercer que la fameuse tolérance maçonni­que que nous exerçons dans l'intimité douillette d'une loge, avec un nombre restreint de frères qui sont passés par le même crible que nous, et qui ont donc le même modèle de pensée et de communicati­on que nous

 

 En résumé : la tolérance pour être enrichissante, ne peut-être qu’active. Nous devons accepter et défendre le droit de chacun à la différence et ne pas vouloir à tous prix, amener ou niveler l’Autre, à nos valeurs. Rappelez-vous, que d’après nos Sages, Sodome à été détruite par le GADLU, uniquement parce que son inhumanité consistait à niveler tous le monde à leur mesure. D’après le Talmud, ils  avaient un lit spécial sur la Grand-Place. Ceux qui à son aune étaient trop petits, étaient écartelés et ceux qui étaient trop grand, étaient découpés à ses mesures.

 

 DURKHEIM - DE  DURKHEIM  A  MAUSS -  L’INVENTION DU SYMBOLIQUE

 Camille Tarot

 Edition Au bord de l’eau

     2015

S'il fallait résumer d'un mot ce qui fait le propre de la pensée française vivante du XXe siècle, on devrait dire, à coup sûr, qu'elle a été, qu'elle est encore une pensée du symbolique. Qu'on pense simplement à l'analyse par Claude Lévi-Strauss de la " fonction symbolique ", ou à l'opposition établie par Jacques Lacan entre le réel, l'imaginaire et le symbolique. Or, montre ici de façon lumineuse Camille Tarot, c'est dans le creuset de l'Ecole sociologique française que l'acception moderne du terme a été forgée, et c'est grâce à la lente et subtile évolution que Marcel Mauss a fait subir aux analyses durkheimiennes du sacré, de la religion et des représentations collectives, qu'il en est venu à prendre toute sa portée.

 

C'est l'histoire passionnante de cette invention du concept de symbolique que nous livre le présent ouvrage, dans un style à la fois limpide et époustouflant. Au-delà d'une reconstitution sans précédent de la pensée des deux plus grands représentants de l'Ecole, Durkheim et Mauss, elle nous offre, en prime, une histoire de l'ethnologie, des sciences du langage et des sciences de la religion jusqu'au premier tiers du XXe siècle. Ainsi des liens intelligibles sont-ils à nouveau établis entre la pensée française des soixante dernières années et ce qui l'a précédé. Et peu à peu, on se prend à rêver d'une reprise du dialogue entre philosophes, ethnologues, psychanalystes, sociologues, spécialistes de la littérature ou de la religion, qui trouveront tous ici également matière à nourrir leurs réflexions. Car ce que C. Tarot nous restitue comme s'il y était, comme si nous y étions, c'est l'exceptionnel travail collectif de la pensée

.

 

                                                                                        CONTE SOUFI  A  MḖDITER

Arcadia

 

2014

Il était une fois un vieux sultan qui, pressentant la mort approcher, réclama son fils à son chevet afin de lui léguer ce qu’il avait de plus précieux : un bel anneau d’or surmonté d’une volumineuse pierre bleue sous laquelle on pouvait dissimuler une mèche de cheveux, le souvenir d’un être aimé ou du poison destiné à tuer un ennemi.

 

« Tu vois cette bague, dit le sultan, à l’intérieur tu trouveras la solution au pire des problèmes de l’existence. Passe-la à ton doigt et promets-moi de ne l’ouvrir qu’au moment où tu n’auras pas d’autre choix, car la solution magique qu’elle contient ne te servira qu’une seule fois ». A peine eut-il prononcé ces mots, le vieux sultan rendit son dernier soupir.

 

Quelques années plus tard, le nouveau sultan régnait sur un royaume prospère et en paix. La favorite de ses épouses s’apprêtait à donner naissance à un fils, un héritier pour le trône. Malheureusement, la jeune femme mourut en couches. Désespéré, le monarque resta prostré au fond de ses appartements durant de nombreuses semaines. Il refusait de s’alimenter et plusieurs fois il pensa à se donner la mort. La tentation de soulever la pierre bleue qu’il portait à son doigt était grande. Pourtant, il se rappela la promesse faite à son défunt père : il n’ouvrirait la bague qu’en cas d’extrême nécessité. Il décida donc de la garder close car, au fond de lui, il sentait qu’il pourrait se relever de la douloureuse épreuve qui l’accablait.

 

Les années passèrent. Jusqu’au jour où, soudainement, le petit prince héritier fut atteint d’un mal mystérieux et décéda. La douleur du sultan fut très grande. La perte de son enfant chéri raviva la blessure causée par la mort de son épouse bien aimée. La vie ne semblait avoir aucun sens. Qu’avait-il fait pour mériter un sort aussi cruel ? L’homme sombra dans une profonde dépression. Aucune de ses épouses n’arriva à le consoler. Aucun de ses amis ne trouva les mots capables de lui redonner l’envie de vivre. Aucun de ses ministres ne fut autorisé à l’approcher. Les affaires du royaume se dégradèrent dangereusement.

 

Le sultan tomba malade. Le médecin appelé à son chevet lui proposa d’ouvrir la belle bague bleue. Le sultan refusa. Il n’avait pas oublié sa promesse. « Laisse-moi du temps, dit-il à son médecin. Je sens que j’ai en moi la force de trouver le chemin qui me reconduira à la vie. »Le sultan renoua avec la vie. Certes, il n’était plus tout à fait le même. Son visage affichait un air grave. Cependant, au fond de lui, il se sentait plus solide. Deux fois, il était tombé ; deux fois, il s’était relevé. Un léger sourire trahissait la confiance qu’il avait gagnée au cours de ses épreuves.

 

Puis l’impensable se produisit : une révolution au palais. En quelques heures toute la famille du monarque fut décimée. Ses épouses égorgées, ses enfants empalés et, lui, jeté au fond d’un cachot. Anéanti, le sultan remarqua soudain l’éclat de sa bague dans l’obscurité. Quel espoir lui restait-il ? Sa mort était proche. Le temps était donc venu de soulever la belle pierre bleue. C’est ainsi que le sultan décida d’ouvrir la bague de son père. À l’intérieur, se trouvait une plaquette en ivoire. Sur celle-ci, il était gravé en lettres d’or : « Ne t’en fais pas. Cela aussi va passer ! »

 

                                                                    RḖFLEXION  SUR  LES  JḖSUITES

 ARCADIA

 

2016


La Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola, est la société secrète la plus structurée et sans doute la plus active sur la terre. C’est, en tout cas, le seul groupe qui ait réellement des pouvoirs occultes concentrés et efficaces. Cela est ignoré par la plupart des gens qui croient que les jésuites sont un ordre ecclésiastique dédié à l’éducation de la jeunesse issue de la bourgeoisie. Il est vrai que nos élites occidentales sont passées par ce moule, mais être un élève des jésuites ne fait pas de vous un jésuite. Cela vous marque tout au plus, comme une trace psychique. Les jésuites initiés, c’est tout autre chose.

 

« Les jésuites ont répandu dans l’Eglise les ténèbres les plus épaisses qui soient jamais sorties du puits de l’abîme. » (Blaise Pascal) 

« Les jésuites constituent la seule organisation occidentale disposant de pouvoirs occultes, à côté de laquelle les sociétés secrètes ne sont que des boy-scouts »  (Rudolf Steiner) 

« Je n'aime pas l'Institut des Jésuites. Élevé dans leur sein, je savais discerner, dès cette époque, l'esprit de séduction, d'orgueil et de domination qui se cache, ou qui se révèle dans leur politique, et qui, en immolant chaque membre au corps et en confondant ce corpus avec la religion, se substitue habilement à Dieu et aspire à donner à une secte surannée le gouvernement des consciences et la monarchie universelle de la conscience humaine. » (Alphonse de la Martine).

 

Sur le drapeau des jésuites il est écrit : « IUSTUM NECAR REGES IMPIOS » , juste est l’extermination des rois (des gouvernements et des dirigeants) impies. 

Le « crâne et les os » est un vieux symbole Templier qui a son origine en Egypte. En effet, chez les égyptiens,on enterre les morts en CROIX . On le retrouve en franc-maçonnerie.

C'est également l'insigne des Skull and Bones (littéralement Crâne et Os) société secrète de l'université de Yale aux Etats-Unis. Ce groupe est aussi connu par les anglophones sous les noms « Chapter 322 » et « Brotherhood of Death » (« Fraternité de la Mort »). Elle a des connexions avec la franc-maçonnerie, les Jésuites et les Illuminatis (Issus des Illuminées de Bavière).  On le retrouve sur le drapeau des pirates et plus sinistrement sur l'insigne des nazis.

 

Voila le décor planté, découvrons maintenant le serment secret des Jésuites.


On sait que les Jésuites forment l'une des armées secrètes du Pape. Leur devise est bien connue : « La fin justifie les moyens » , toujours « pour la plus grande gloire de Dieu ! » Voici le texte complet du serment secret que doivent prononcer les Jésuites de haut rang.

Ce serment a été inscrit dans le « United States Congressional Record » (Journal Officiel du Congrès Américain), Archives du 62e Congrès (House Calendar # 397, Report # 1523 du 15 février 1913, pages 3215-3216. Ce serment a également été cité par Charles Didier dans son ouvrage « Subterranean Rome » (La Rome souterraine), édité à New York en 1843, traduit de l'original Français.

Le Dr Alberto Rivera, ancien Jésuite lui-même, qui s'était échappé de l'Ordre des Jésuites en 1967, a pu confirmer que le texte du serment qu'il avait dû prononcer était exactement le même que celui que nous reproduisons ici.

Quand un Jésuite de rang mineur accède à un poste de commandement, on le conduit à la chapelle d'un couvent de l'Ordre, où il se retrouve devant trois autres personnes seulement, le Principal, ou Supérieur, se tenant devant l'autel. Celui-ci est encadré de deux moines. L'un d'eux tient une bannière aux couleurs jaune et blanche, les couleurs du Pape. L'autre porte une bannière noire, où figurent une dague et une croix rouge, au-dessus d'un crâne et de deux tibias croisés, avec les lettres INRI. Au-dessous de ces lettres, figurent ces mots écrits en Latin : IUSTUM NECAR REGES IMPIOS. Une croix rouge est posée au sol, sur laquelle le postulant s'agenouille.
Le Supérieur lui tend un petit crucifix noir, qu'il prend dans sa main gauche et presse contre son cœur. Le Supérieur lui présente en même temps une dague, que le postulant doit saisir par la lame, et dont il applique la pointe contre son cœur. Le Supérieur, qui continue à tenir la dague par le manche, s'adresse ensuite au postulant :«
Mon fils, jusqu'à présent on t'a enseigné à maîtriser l'art de la dissimulation : à être un Catholique Romain parmi les Catholiques Romains, et même à être un espion parmi tes propres frères ; à ne croire aucun homme, à ne faire confiance à aucun homme ; parmi les Réformés, à être un Réformé ; parmi les Huguenots, à être un Huguenot ; parmi les Calvinistes, à être un Calviniste ; parmi les autres Protestants, à être en général un autre Protestant ; à obtenir leur confiance, et même à t'efforcer de prêcher du haut de leurs pupitres ; à dénoncer avec toute la véhémence dont tu es capable notre Sainte Religion et le Pape ; et même à t'abaisser jusqu'à te faire Juif parmi les Juifs, afin de pouvoir rassembler toutes les informations nécessaires à ton Ordre, en tant que fidèle soldat du Pape

.
On t'a enseigné à planter insidieusement des semences de jalousie et de haine entre les communautés, les provinces, et les états qui étaient en paix ; à les inciter à commettre des actes sanglants ; à les provoquer à la guerre les uns avec les autres, et à déclencher des révolutions et des guerres civiles dans des pays qui étaient indépendants et prospères ; à cultiver les arts et les sciences et à jouir des bienfaits de la paix ; à te ranger aux côtés des combattants et à agir secrètement avec tes frères Jésuites qui pourraient être engagés dans la partie adverse, tout en étant ouvertement opposés à la cause que tu défends ; pour la seule raison que l'Eglise puisse toujours être du côté des vainqueurs, dans les conditions fixées dans les traités de paix, et parce que la fin justifie les moyens

.
On t'a enseigné à travailler comme un espion, à recueillir tous les faits, statistiques et informations qui sont en ton pouvoir, de toutes les sources possibles ; à gagner la confiance des Protestants et des hérétiques de toutes sortes, jusque dans leurs familles ; à gagner la confiance des commerçants, des banquiers, des avocats, de ceux qui travaillent dans les écoles et les universités, dans les Parlements et les législatures, dans les tribunaux et les Conseils d'état, et dans toutes les institutions des hommes, au profit du Pape, dont nous sommes les serviteurs jusqu'à la mort.

 

Jusqu'à présent, tu avais reçu tes instructions en tant que novice et néophyte, tu avais servi en tant que coadjuteur, confesseur et prêtre, mais tu n'avais pas été investi de tout ce qui est nécessaire pour commander dans l'armée de Loyola, au service du Pape. Tu dois servir la durée fixée, en tant qu'instrument et exécutant, sous la direction de tes supérieurs ; car personne ne peut commander ici sans avoir consacré ses œuvres par le sang des hérétiques ; "car sans effusion de sang, personne ne peut être sauvé.
En conséquence, pour t'équiper pour ton œuvre et pour assurer pleinement ton salut, outre le vœu d'obéissance à ton Ordre et au Pape, que tu as déjà prononcé, je te demande de répéter après moi.


TEXTE  DU  SERMENT/ « Moi, … , en présence maintenant du Dieu Tout-Puissant, de la Bienheureuse Vierge Marie, du Bienheureux Saint Jean-Baptiste, des Saints Apôtres, de Saint Pierre, de Saint Paul et de tous les saints, armée sacrée des Cieux, ainsi qu'en votre présence, mon Père Spirituel, Supérieur Général de la Société de Jésus, fondée par Saint Ignace de Loyola, sous le pontificat de Paul III, et qui a subsisté jusqu'à ce jour ; par le sein de la Vierge, la Mère de Dieu, et par la verge de Jésus-Christ, je déclare et jure que Sa Sainteté le Pape est le Vice-Régent de Christ, et le seul véritable Chef de l'Eglise Catholique et Universelle dans toute la terre ; et que, par la vertu des clefs lui permettant de lier et de délier, clefs qui ont été données à Sa Sainteté par mon Sauveur, Jésus-Christ, il possède le pouvoir de déposer les Rois, Princes, Chefs d'Etat et de Gouvernement hérétiques, afin qu'ils soient complètement annihilés.Par conséquent, je défendrai de toutes mes forces cette doctrine, et le droit de Sa Sainteté de détruire l'autorité de tous les usurpateurs et de tous les hérétiques, notamment les Protestants, en particulier ceux qui appartiennent aux églises Luthériennes d'Allemagne, de Hollande, du Danemark, de Suède et de Norvège, et qui sont sous l'autorité des prétendues églises d'Angleterre et d'Ecosse, ainsi que de leurs branches établies en Irlande, sur le continent américain et partout dans le monde, pour ce qui concerne toutes leurs croyances hérétiques, qui s'opposent à l'Eglise Mère sacrée de Rome. Je dénonce, et je renonce maintenant à toute allégeance à tout Roi, Prince ou état hérétique, qu'il soit Protestant ou Libéral ; je refuse toute obéissance à leurs lois, magistrats ou officiers. En outre, je déclare que les doctrines des églises d'Angleterre et d'Ecosse, des Calvinistes, des Huguenots, de tous les autres Protestants et de tous les Francs-Maçons, dont des doctrines dignes de damnation, comme sont dignes de damnation tous ceux qui ne renoncent pas à ces doctrines. Je déclare aussi que j'aiderai, assisterai et conseillerai tous les agents de Sa Sainteté, dans tous les endroits où ils pourraient se trouver, en particulier en Suisse, en Allemagne, en Hollande, en Irlande et en Amérique, ou dans tout autre pays ou territoire où je me trouverai ; que je consacrerai toutes mes énergies à extirper les doctrines Protestantes ou Maçonniques, et à détruire toute leur prétendue puissance, qu'elle soit légale ou autre. Je promets aussi et je déclare que toutes les religions sont hérétiques, pour la propagation des intérêts de notre Mère l'Eglise ; de garder secrets et privés tous les conseils de ses agents, lorsqu'ils se sont confiés à moi, et de n'en rien divulguer, ni en paroles, ni par écrit, ni de quelque manière que ce soit.mais d'exécuter tout ce qui m'a été confié, donné ou ordonné par vous, mon Père Spirituel, ou par tout autre membre de cet Ordre sacré.

Je déclare aussi et je promets que je n'aurai jamais aucune opinion ni volonté personnelles, aucune réserve mentale, même jusqu'à la mort (perinde ac cadaver), mais que j'obéirai sans hésiter à tous les commandements que je pourrai recevoir de mes supérieurs dans la milice du Pape et de Jésus-Christ ; que j'irai dans toutes les parties du monde où je serai envoyé, dans les régions glacées du Nord, dans les jungles de l'Inde, dans les centres de civilisation de l'Europe, ou dans les endroits sauvages où vivent les tribus barbares de l'Amérique, sans murmurer ni me plaindre, mais en étant soumis dans toutes les choses qui m'auront été communiquées.
Je déclare encore et je promets que, lorsque l'opportunité se présentera, je mènerai une guerre incessante, secrète ou ouverte, contre tous les hérétiques, Protestants ou Maçons, comme on me l'ordonnera, pour les extirper de la face de la terre ; que je ne tiendrai compte ni de l'âge, ni du sexe ni de la condition sociale, et que j'accepte de pendre, brûler, détruire, échauder, écorcher, étrangler et enterrer vivants ces infâmes hérétiques ; que je fendrai les entrailles et le ventre de leurs femmes ; que j'écraserai la tête de leurs enfants contre les murs, afin d'annihiler cette race exécrable ; que, si je ne peux pas le faire ouvertement, j'utiliserai en secret la coupe empoisonnée, la cordelette de strangulation, le poignard, ou la balle de plomb, quels que soient le rang, la position, la dignité ou l'autorité des personnes, leur condition de vie publique ou privée, et comme pourront me le demander à tout moment les agents du Pape, ou le Supérieur de la Fraternité du Saint Père, de la Société de Jésus

 


En confirmation de quoi, je consacre à présent ma vie, mon âme, et toute ma force corporelle à cette cause et, avec cette dague que je reçois maintenant, je signe de mon nom avec mon propre sang comme témoignage de mon engagement ; si, par la suite, je suis trouvé menteur, ou affaibli dans ma détermination, que mes frères et compagnons d'armes de la milice du Pape me coupent les mains et les pieds, me fendent la gorge d'une oreille à l'autre, m'ouvrent le ventre et y versent du soufre brûlant, avec tous les châtiments qui peuvent m'être infligés sur la terre, et que mon âme soit perpétuellement torturée par les démons dans l'enfer éternel.
Je m'engage à toujours voter pour un Chevalier de Colomb (NDE : Knight of Colombus, Ordre secret Catholique), de préférence à un Protestant, et surtout à un Franc-Maçon, même s'il faut quitter mon parti pour cela ; si deux Catholiques s'affrontent dans une élection, je voterai pour celui qui défendra le mieux notre Mère l'Eglise. Je ne conclurai aucun contrat, ni n'emploierai aucun Protestant, s'il est en mon pouvoir d'employer, ou de faire affaire avec un Catholique. Je m'efforcerai de placer des jeunes filles Catholiques dans des familles Protestantes, pour recevoir chaque semaine un rapport sur les activités privées de ces hérétiques. Je me fournirai les armes et les munitions nécessaires, pour pouvoir les utiliser quand on me le demandera, ou quand je recevrai l'ordre de défendre l'Eglise, soit en tant qu'individu, soit avec la milice du Pape.
Tout cela, moi, … , je jure, au nom de la Sainte Trinité, et du Saint sacrement que je vais maintenant prendre, de l'observer, selon le serment que je prononce. En témoignage de quoi, je prends ce très Saint sacrement de l'Eucharistie, et confirme mon témoignage par mon nom écrit à la pointe de cette dague, trempée dans mon propre sang, en le scellant en présence de ce Saint sacrement. »

 

(Il reçoit ensuite l'hostie du son Supérieur, et écrit son nom à la pointe de sa dague, trempée dans son propre sang, après l'avoir prélevé au-dessus de son cœur).

 

Le supérieur: « Tu te tiendras à présent sur tes pieds et je t’enseignerai le catéchisme nécessaire pour que tu te fasses connaître à tout membre de la Société de Jésus appartenant à ce grade.

 

En premier lieu, en tant que Frère Jésuite, tu feras avec un autre Frère, le signe ordinaire de la croix comme n’importe quel catholique romain le ferait ; ensuite l’un de vous croise ses poignets, paumes des mains ouvertes, l’autre croise ses pieds l’un par-dessus l’autre; le premier pointe de son index droit le centre de sa paume gauche, tandis que l’autre de son index gauche pointe le centre de sa paume droite, puis le premier de sa main droite fait un cercle autour de sa tête, en la touchant; ensuite l’autre de l’index de sa main gauche touche le côté gauche de son corps juste sous son cœur, puis le premier de sa main droite mime le geste de trancher la gorge de l’autre, puis l’autre de sa main droite fait le geste de couper à la dague l’estomac et l’abdomen du premier.

 

Le premier dit alors IUSTUM ; l’autre répond NECAR ; puis le premier dit REGES, et l’autre répond IMPIOS. Le premier va alors présenter un petit morceau de papier plié d’une façon particulière quatre fois, que l’autre va couper longitudinalement en l’ouvrant, on trouvera le nom IESU écrit sur la tête et sur les bras trois fois. Ensuite vous donnerez et recevrez les questions et réponses suivantes. »

 

 

Q : D’où venez-vous?

 R : Des rives du Jourdain, du calvaire, du Saint-Sépulcre et pour finir de Rome.

Q : Qui servez-vous?

R : Le saint Père de Rome, le Pape, et l’Église catholique Romaine universelle partout dans le monde.

Q : Qui vous commande?

R : Le successeur de saint Ignace de Loyola, le Fondateur de la Société de l’Église ou Soldats de Jésus-Christ.

Q : Qui vous a reçu?

R : Un vénérable homme aux cheveux blancs.

Q : Comment?

R : Avec une dague nue, et moi m’agenouillant sur une croix sous les drapeaux du Pape et de notre Ordre Sacré.Q : Avez-vous prêté serment?
R : Oui, de détruire les hérétiques ainsi que leurs gouvernements et dirigeants, et de n’épargner personne quel que soit l’âge, le sexe ou la condition. D’être comme un cadavre sans aucune opinion ou volonté par moi-même, mais d’obéir implicitement à mes supérieurs pour toutes choses sans hésitation ni murmure.
Q : Le ferez-vous?
R : Oui.
Q : Comment voyagez-vous?
R : Dans la barque de Pierre le pêcheur.
Q : Où voyagez-vous?
R : Aux quatre coins du globe.
Q : Dans quel but?
R : Pour obéir aux ordres de mon Général et de mes supérieurs, et exécuter la volonté du Pape, et accomplir fidèlement les conditions de mon serment.

 

Alors, va partout dans le monde, et prends possession de toutes les terres au nom du Pape. Celui qui ne l’acceptera pas en tant que Vicaire de Jésus et de son Vice-Régent sur Terre, qu’il soit maudit et exterminé.

***

Admettons que ce serment a de quoi nous interpeller, certains plus que d'autres.Les châtiments du renégat Jésuite sont comparables à ceux dont on menace l’initié dans certains ordres initiatiques, ce qui tendrait à confirmer à l’évidence l’origine réelle de la Franc-maçonnerie moderne dont on voit mal les adeptes, bourgeois, libre-penseurs, inventer de telles menaces pour eux-mêmes.Dans son texte « Les Jésuites chassés de la maçonnerie, et leur poignard brisé par les maçons » édité en 1788, Nicolas de Bonneville l'auteur, accuse ouvertement les Jésuites d'être les fameux Supérieurs Inconnus et ceci à grand renfort de preuves numérologiques et cryptographiques très curieuses. 

Au XVIIIème siècle, beaucoup de membres du clergé participaient aux travaux des loges. Ce n’est que vers 1738, avec la première condamnation papale, que les jésuites se mirent à combattre la Franc-Maçonnerie. Depuis la Première Guerre Mondiale, on assiste à un rapprochement entre les jésuites et les maçons. (Père Berteloot). Au cours de l’histoire, les contacts entre la FM et les jésuites furent, malgré tout, très nombreux. Selon certains, le 18éme degré de Rose-Croix de la FM serait inspiré par les jésuites qui introduisirent le mysticisme dans la FM. L'écrivain René Fulop-Miller soutient la thèse que les jésuites ont cherché à utiliser la FM en Angleterre pour remettre sur le trône les Stuarts catholiques. Il accuse également les jésuites d’avoir introduit par le chevalier Ramsay les Hauts degrés d’inspiration catholiques. Ramsay servit avec dévouement la cause des Stuarts et influencé par les jésuites, il tenta d'y rattacher le rétablissement du catholicisme en Angleterre, au moyen de la Franc-maçonnerie, sous le voile templier. Dans ce but, et en dehors de la véritable Maçonnerie, il créa, en 1728, son premier système, composé de ces trois grades :

 

1. L’Ecossais,

2. Le novice,

3. Le chevalier du Temple.

 

Ce nombre fut porté à sept en 1736, année de l'institution de la Franc-maçonnerie en Ecosse.

 

Ramsay donna à ses grades le nom de son pays et depuis lors, presque tous les grades qui furent inventés prirent le nom d'écossais, quoique inconnus en Ecosse. De là aussi la Maçonnerie dite écossaise et les loges, mères-loges, grandes-loges, prétendues écossaises.Ce système, composé sous une inspiration jésuitico-templière et qui avait de l'analogie avec la situation des Stuarts, fut rejeté parla Grande-Loge d'Angleterre, en 1728, peut-être parce que ses membres étaient en grande partie partisans de Charles Ier, mais sans doute aussi parce que alors le bon sens maçonnique se refusait à reconnaître pour vrais des grades étrangers au but primitif et général de l'institution.

 

Le 16 juillet 1782 a lieu la Réunion du Grand Convent Général de la Franc-Maçonnerie à Wilhemsbad, sous la direction du Duc de Brunswick. Ce convent avait pour objet de décider du sort des loges templières en opposition avec les loges martinistes. Les jésuites furent accusés de l’orientation des loges templaristes qui furent dès lors dissoutes. Pour l'anecdote, ce sont les jésuites qui poussèrent à l’arrestation de Cagliostro, Grand Cophte de la Maçonnerie Égyptienne.

 

Les jésuites tirent-ils les ficelles ?  Comment prennent-ils le contrôle ? Rien de plus simple. Ils entrent dans une organisation comme le ferait n’importe quelle personne intéressée, et une fois dans la place, ils deviennent les meilleurs et les plus dévoués, jusqu’à prendre naturellement les commandes de l’organisation qu’on leur livre les yeux fermés tellement ils sont devenus indispensables pour l’administration, les finances, etc. Cela devrait éveiller l’intérêt des membres de groupes qui ont pressenti que leur mouvement avait mystérieusement dévié depuis son origine. C’est souvent signé : « Beatus Ignatius » (« signé Ignace »). Selon certains sources, ce sont eux qui auraient rédigé en 1754, les 25 premiers degrés du Rite Ecossais de Franc-Maçonnerie, depuis le Collège de Clermont, qui devint le Collège Louis Le Grand, à Paris. Nous savons également qu' Adam Weishaupt, fondateur des « Illuminés de Bavière »  était jésuite et maçon. 

 

La France fut le berceau de la Société des Jésuites. En effet, celle-ci fut fondée le jour de l'Assomption 1534, dans la chapelle de Notre-Dame de Montmartre. On pourrait écrire simplement ceci : le 15 août 1534, sept individus se retrouvent dans une chapelle située au flanc de la colline de Montmartre et s'y engagent à une action commune qui débouchera sur l'approbation pontificale d'un nouvel institut religieux, la Compagnie de Jésus.

La France fut aussi la foyer d'une multitude de Sociétés Secrètes telles que les Rose-croix et la Franc-maçonnerie. Ces ordres sont-ils sous le contrôle invisible des Jésuites pour atteindre leur but d'une domination mondiale de la Papauté ? Ce fut dans le but de cet idéal que fut formé sous leur instigation en 1882, l'organisation des Chevaliers de Colomb, afin que tous puissent servir aux intérêts du Vatican et à la plus grande gloire du pape noir.

 

 

Depuis près d'un demi-millénaire, ils ont investis tous les pans de la société à l'échelle mondiale.Selon le Dr. Rivera, ancien jésuite, ils œuvrent secrètement et continuellement à atteindre deux objectifs majeurs pour l’Institution Catholique Romaine :Le Pouvoir Politique Universel et une Eglise universelle. Nous comprenons alors pourquoi l'évolution de la culture humaine, sa philosophie, sa religion et sa science, constitue un système de lavage de cerveau. On veut empêcher que les êtres incarnés découvrent que la porte de leur cage est grande ouverte. Cette porte, c’est celle du cœur. C’est le désir de liberté absolue. Celui qui la cherche sincèrement la trouve nécessairement. Le silence est la vertu par excellence. Le propre du sage est de se taire, tout en gardant : l’esprit, le cœur et les yeux ouverts..

 

 

 RḖFLEXION SUR LA  SOLITUDE

 

 Arcadia

 2014

La solitude a au moins deux sens. Elle implique souvent un isolement douloureux, certainement ressenti par beaucoup d’entre nous. Et comme chaque expérience personnelle a un intérêt pour tous, il serait bon que ceux qui l’ont éprouvée nous en fassent part. Trois sens connexes peuvent être donnés au mot solitude : 1° son aspect psychologique, émotionnel, 2° l’isolement dans le sens d’indépendance pouvant être ressenti agréablement lorsqu’on vit dans un cadre oppressant, fût-ce celui de la famille, 3° la solitude, manque de contact avec les autres, mais aussi le sentiment d’être un être en soi et à la limite l’absence de l’autre n’est plus éprouvée comme bonne ou mauvaise, parce que la différence entre les êtres et les choses est abolie.

. Voici quelques réflexions :

 On ressent la solitude quand on n’est pas sur le même plan que les autres. Elle n’est pas une souffrance pour tout le monde. Ma solitude n’est pas d’ordre humain, mais divin, il manque le contact que l’on pourrait avoir, mais comment l’atteindre ?

 Est-ce vraiment d’ordre spirituel ? N’est-ce pas l’angoisse éprouvée lorsqu’on fuit une zone de sécurité et qu’on est obligé, seul, d’affronter quelque chose de nouveau ?

 Pour un autre cette solitude n’est pas encore vraiment ressentie. La recherche se fait seul dans son coin. Dans la vie on est toujours seul quelles que soient la situation ou la famille. C’est une bonne chose qui oblige à se scruter soi-même et qui peut amener à Dieu, à son omniprésence. D’autre part on n’est jamais seul quand on peut rendre service à d’autres.

 Il ne devrait pas y avoir de solitude spirituelle, je ressentais la solitude lorsque j’étais dépendant de toute partie physique, émotionnelle, pulsionnelle en moi. Il était nécessaire que j’acquière une certaine indépendance et que je fasse une coupure brutale avec la notion du père et de la mère. Et alors cette solitude devenait satisfaisante, mais parfois angoissante. Ce qui me préoccupe, c’est la différence entre indépendance et autonomie, cette dernière ne m’obligerait pas à me couper des autres et m’apporterait un contact avec la Réalité, car je suis arrivé à cette conviction que « les autres » sont ce qui n’est pas encore moi, je ne les ai pas encore intégrés.

 N’est-ce pas le monde qui doit vous intégrer ?

 C’est précisément dans ces différentes nuances que se situe ma recherche. Il ne faut pas d’aliénation ni d’un côté ni d’un autre. C’est difficile à expliquer.

 Il y a deux niveaux de communication,  celle sur le plan humain, sur le plan moral, elle est rare, et peu de gens ont de vrais amis. L’autre est celle où l’on est à l’écoute de l’écho qui peut venir. On écoute le silence de l’autre.

Celui qui part dans une recherche est isolé, le comportement avec les autres en est souvent altéré, parce qu’on se croit nettement divergent. L’étude de la pensée traditionnelle opère un changement dans l’inconscient qui fait que c’est beaucoup moins soi qui pense. Il y a aussi une certaine implantation dans l’être qui pense autrement que ne pense le moi courant. On vit sur deux plans, celui de l’expérience avec l’ensemble des réactions psychiques que comprend ce sentiment d’isolement, et simultanément on est conscient que cela a un certain cachet d’irréalité et là alors il n’y a plus de solitude en tant que sentiment d’isolement, on se rend compte que ce n’est qu’un filet d’eau dans tout le torrent de l’existence sensorielle et psychique qui est alors vécue comme un provisoire. Il y a une certaine préhension du caractère non-essentiel du vécu au profit du non-vécu.

Dans la pratique de la méditation la solitude n’est pas ressentie, mais une certaine indépendance. C’est l’état sans penser qu’on appelle « dhyana ». A ce moment il n’y a plus ni moi, ni les autres. On sent bien que quand on a quitté cet état, le monde est toujours là et se repolarise en intensité et en exigence et que la présence du monde et son élimination sont jusqu’à un certain point, soumis à la volonté ; et on découvre que la pensée, la partie du monde la plus fugace, est la moins nécessaire. En résumé, on peut très bien être à la fois en état d’isolement et se rendre compte qu’il y a autre chose. A ce moment on travaille sur deux plans. Et, en troisième lieu il y a la méditation qui permet d’expérimenter ces choses.

 Il y a un premier sentiment d’isolement quand on rompt avec les sentiers battus des traditions et qu’on est obligé de se reconstruire intérieurement. Puis au fur et à mesure que se précise la recherche, il se produit un retournement des valeurs et on ne parle plus le même langage que le commun des autres. Finalement s’établit une communication avec les autres, quelle que soit leur attitude dans la vie, du fait que nous sommes tous d’une même essence et que malgré toutes ces divergences, il y a quelque chose qui joue, qui perçoit l’essence des êtres et alors il n’y a plus de solitude.

 Ne pourrait-on dire que la Réalité qui est inconsciente dans l’être, s’exprime à travers la manifestation qui n’est qu’un aspect de la Réalité. Et comme nous nous identifions à cette apparence, nous sommes frustrés. Mais à travers cette frustration et les avatars de l’existence se produit un déclenchement de la conscience qui se rend compte que tout cela n’est pas la Réalité.

 Nous ne voyons pas le Réel, nous ne voyons que la façon dont il se manifeste. Lorsque nous voyons un objet en bois, nous ne voyons que l’objet qu’il représente et non le bois. Or finalement c’est du bois et non un objet. Il y a une intuition qui nous permet de constater l’existence des choses et non du monde et de voir que celui-ci n’est pas aliénant, parce qu’il ne manifeste rien qu’un même inconnaissable, mais qui est tout ce qui est connu. La conscience individuelle est aussi un de ces objets. De quoi est-elle faite ? C’est une question qui s’impose quand on fait beaucoup de méditations, on se demande « qui est-ce qui voit ? » Il y a un être psychique qui voit, une conscience, et puis il y a quelque chose qui est vu. Dans le silence, les yeux fermés, le spectateur et ce qui est vu sont réduits à leur plus simple expression, c’est-à-dire une sensation confuse d’identification. Le monde nous ne savons pas ce qu’il est, nous l’expérimentons et cette expérimentation du monde est un certain type d’expérience de nous-mêmes en tant qu’expérience et non d’expérimenté. Ce sont des expériences différentes je parle ou j’entends. Dans la méditation le courant sensoriel qui nous irradie sans cesse est sensiblement ralenti, nous nous apercevons qu’il n’est pas essentiel et nous prenons simplement notre esprit comme un écran qui n’est pas seulement à trois dimensions, mais qui a toutes les dimensions qu’ont nos sens. Le monde c’est cela pour nous, nous l’absorbons, nous le possédons, le monde c’est nous.

  Le terme solitude spirituelle n’est-il pas un peu faux et ne pourrait-on pas parler de solitude sur le chemin ? On ne s’arrête pas pour contempler, la recherche continue, mais dans un sens assez déterminé. Certains, très rares, s’arrêtent comme ce fut le cas pour le Maharshi. Il y a là une ascèse. C’est un travail d’autodestruction qui ne peut aboutir qu’à la mort des instincts, des désirs. C’est la mort de soi-même et c’est dans cette mort qu’il y a la résurrection. Le Maharshi a dit « La solitude est une attitude mentale. L’homme attaché aux choses de ce monde ne peut l’obtenir où qu’il soit. » Après quelques années de recherche, il n’y a plus de solitude sur le chemin, car l’on rencontre des gens qui sont du même bord. Cela prend du temps

 

 

 

 

                                                           RÊVES  D’ABORIGḔNES  EN  AUSTRALIE

 Arcadia

 2015

Chez les Aborigènes d’Australie, le « temps du rêve » est le mythe fondateur de la société humaine et en même temps sa référence, son idéal. Le rêve, lui, est un contact établi entre les hommes et le monde divin, et l’interprétation des rêves une tâche noble et difficile qui permet de cheminer vers le divin.

Le monde est né d’un rêve :

« Chez les Aborigènes d’Australie, avec quelques variantes suivant le peuple concerné, l’activité onirique s’intègre dans le réel où elle joue un rôle actif. Comme elle l’a fait au début des temps. Car c’est d’un rêve que le monde est né. D’un rêve de Balamé, le Grand Esprit, l’Intelligence suprême, qui envoya sur terre une pluie de parcelles de cette intelligence afin qu’elles matérialisent les images reçues pendant son sommeil. Le rêve des humains est donc lui aussi important et, à sa manière, créateur. Il est l’un des liens qui relient les hommes avec le Temps du Rêve, référence à un monde parallèle exemplaire qui corrige et régularise sans cesse le monde des hommes. »

La Genèse aborigène : « Le rêve étant indissociable de ce Temps primordial, il nous faut définir ce dernier pour mieux faire comprendre le premier. Le Temps du Rêve représente un ordre cosmologique, l’Essence qui anime l’univers. C’est un passé qui n’a jamais commencé, qui est le présent et déjà le futur, un exemple de vie, et dont la perpétuelle mouvance doit se refléter sur terre. »

Les premiers écologistes : « Le devoir de maintenir vivant le Temps primordial par des rites menant d’un site sacré à un autre imposait aux Aborigènes une vie d’éternels pèlerins. Ils allaient, tout au long de l’année, séparés par petits groupes, certains de trouver leur nourriture en quelques heures grâce à la générosité de la Terre-mère. Leur origine commune avec les autres formes de vie, empreintes comme eux de l’Energie vitale sacrée des Entités premières, avait créé entre eux et ces dernières une parenté parfois plus forte qu’une parenté de sang. »

Un paradis accessible aux humains : « Ce passé fabuleux continue d’exister. Sans lui, le présent ne pourrait être puisque « le présent EST le passé latent qui existe toujours en puissance ». (7) C’est un Espace-temps exemplaire qui permet de critiquer la vie temporelle pour remédier à ses défaillances ; ceci en trouvant dans la succession des événements qui créèrent le monde, (événements répertoriés dans les mythes), la manière d’accorder la transformation du monde temporel à celle du Temps du Rêve. Il maintient les individus dans le droit chemin car, s’il sécurise, il punit aussi tout comportement contraire à ses règles morales. Il représente la Loi. Une loi souple quant à la forme, implacable quant au fond. (…)

Aujourd’hui, chaque homme est certain d’avoir séjourné, lors de sa préexistence, dans l’une des réserves d’esprits laissées sur son territoire par un Héros des Temps mythiques, son « Rêve » ou totem ; chaque homme est certain d’avoir été autrefois ce Héros. Pour le redevenir fugitivement, pour retrouver en partie Sa mémoire il lui faudra de longues années d’initiation. Il lui faut tout d’abord subir une deuxième naissance, celle de son corps spirituel, son yowie (8) invisible. Les Aborigènes pensent en effet que l’humain est formé de deux corps. »

PLACE ET FONCTIONS DU REVE/ Le rêve, assistant de la loi : « Les Aborigènes ignorent ou se moquent de nos hypothèses, de notre méconnaissance des expériences oniriques. Pour eux, le rêve représente « la mémoire du passé et la source des métamorphoses de la société ». » Le rêve, révélateur de l’inconscient collectif?

« Les rêves sont classés suivant les messages qu’ils transmettent. On peut citer les rêves anodins, oubliés dès le réveil, les rêves amusants, les rêves médiateurs, et les rêves révélateurs/innovateurs. Tous jouent un rôle dans de multiples domaines de la vie temporelle. »

« Les rêves-médiateurs interviennent lors de décisions politiques ou de toute autre action qui s’avère litigieuse. Par exemple, le changement de personnages importants, comme celui d’un maître de cérémonie, peut se faire lorsque un tel changement a été vécu en songe. Ne peut-on voir l’origine de ce rêve dans un désir collectif inconscient d’un tel changement ; désir tout aussi inconsciemment capté par un individu qui, un jour ou l’autre, l’extériorise par un songe. Quoi qu’il en soit, la « modification » se fait avec l’accord de tous, même de celui du dépossédé: on ne discute pas la Loi venue du monde des songes. »

L’art: le thème onirique le plus fréquent : « Quant aux rêves-révélateurs-innovateurs, ils font connaître un événement du passé, du présent ou de l’avenir. Certains de ces rêves sont très importants car ils concernent le maintien de la force d’action transcendante de toutes les formes d’art et d’objets sacrés qui participent aux rites ; ils concernent également le maintien du pouvoir des armes. C’est un songe qui révèlera à un homme ou à une femme quelle « technique » doit être utilisée. Le rêveur recevra l’image du nouveau symbole à graver sur le tjuringa (…) »

Le rêve, facteur d’immortalité d’une civilisation : « En imposant une perpétuelle transformation des formes du rite, le rêve est sans doute l’un des facteurs qui contribue à maintenir intacte la foi des Aborigènes depuis des dizaines de milliers d’années. En effet, en réactualisant leur liturgie, c’est-à-dire en « modernisant » les « techniques » de leurs parents, ces hommes surent éviter la lassitude pour des pratiques rituelles trop anciennes. Transformées un tant soit peu, elles deviennent autres ; ils les perçoivent alors comme leur Création. »

Le rêve, un monde où vivants et morts dialoguent ‘ : « C’est également pendant le séjour dans le monde du rêve que les vivants rencontrent les morts. »

L’assistant des poètes : « D’autres rêves, les rêves-totems, souvent rêves-poésie, sont perçus comme les assistants des « songmen » et des Grands Sages. En effet, ils leur apprennent de nouvelles chansons, de nouveaux vers, vers masculins ou féminins suivant le sexe du dormeur : ici, la poésie joue un rôle important et ses règles sont subtiles. »

L’INTERPRÉTATION DES REVES : Une clé des songes flexible : « Le rêveur interprète certains de ses songes lui-même. Par exemple, s’il rêve d’une dispute avec l’une de ses épouses, il traduit par une dispute à venir. S’il rêve de l’infidélité de sa femme, c’est une dénonciation venue du monde invisible. En ce cas l’expérience onirique joue deux rôles, celui de révélateur mais aussi de modérateur des pulsions humaines car, dans un couple, la possibilité d’un tel songe accusateur modère évidemment les aventures extra-conjugales. Notons que certains peuples aborigènes pensent que les évènements de la vie quotidienne ne peuvent exister avant d’avoir été vécus dans le monde des songes.

L’interprétation des rêves varie d’une région à l’autre. Partout elle est fort souple, tenant compte du lieu où s’est fait le songe, des évènements des jours précédents, de la cérémonie à venir, etc. De plus, elle peut être reconsidérée après quelques jours. Il ne semble donc pas exister de clés des songes définitives. »

L’homme des mondes invisibles : « Cet homme, à l’intelligence supérieure, est un personnage aux pouvoirs fabuleux, respecté de tous ; un médium entre le monde des vivants et des morts. Chez l’un des peuples du centre, son statut de Grand Sage, d’homme de Grand Savoir, lui vient d’un rêve, un rêve très particulier sur la mort, qui clôture de longues et difficiles années d’enseignement. Mieux que tous les autres, le Grand Sage a su retrouver sa mémoire du Temps du Commencement. »

 

                                                             CASTOR ET POLLUX  - 

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2010

De quoi je vous parle? Qui sont ces «moi»? Comment les voir? En quoi entrent-ils en résonance avec moi? Pourquoi le font-ils? Comment le font-ils? Comment et pourquoi les rassembler sous une même volute? Comment les pousser dans un égrégore unifié afin de ne plus pouvoir vous accrocher, de ne plus être en état de parler par vous et de faire porter leurs désirs sur vous? Voilà bien des questions à répondre pour activer, chez vous, une action volontaire et consciente vers la compréhension de l’arcane XIX, l’oeuvre solaire permettant votre descente vers l’Essence pour atteindre l’Être. Verrons-nous la différence avec le mythe de Castor et Pollux et celui de L’Arcane XIX ou celui de La Belle Et La Bête pour atteindre l’état Androgyne? Cet état unifie le haut et le bas de l’Arbre de Vie en vous, non pas le moi inférieur embrasé dans le Feu du Père mais l’essence logée dans le moi inférieur incarnant le Moi supérieur dans l’essence de l’Être. Je cite un rappel de cet arcane du Tarot du Sepher de Moïse.

 

«Dans la représentation hiéroglyphique de ce Nombre Dix-Neuf, dans la lame du livre de Thoth, nous voyons Le Soleil à son zénith au-dessus de deux enfants, l’un mâle et l’autre femelle et qui se réunissent par les bras, symbolisant ce mariage alchimique des contraires, et la réunion d’Adam et Ève, de l’époux et l’épouse du Cantique des cantiques de Salomon, ce retour à l’androgyne qui est l’état homogène de la Conscience. À leurs pieds un parterre fleuri en forme de cercle, indique la sortie possible du cycle des réincarnations par ce retour à l’homogène (l’Universel). La maîtrise des Dix-Huit premiers Nombres, et leur synthèse par l’analogie des contraires fait de ce Nombre Dix-Neuf, celui de la Sagesse, l’intelligence en action par la maîtrise des Puissances et des Vertus».

 

Quant au mythe de Castor et Pollux, il rétablit la même union : ils ne sont pas la représentation lunaire et solaire mais ils sont l’Homme, l’Adam d’avant la chute, à la fois Ange et Bête. Cet état survint lorsque Castor eut rejoint cet ancêtre divin Adam et la source suprême (Zeus), les deux dioscures n’en firent plus qu’un. C’est en souvenir de cette victoire mémorable, que Zeus fit la constellation des Gémeaux.» (R.Emmanuel, La Mythologie de la Grèce Antique, p.123)

 

Castor et Pollux Les enfants de Leda :   Voici un bref aperçu de l’histoire de Castor et Pollux. «À Sparte : Zeus s’unit à Leda et de cette union naîtra Castor et Pollux, les deux dioscures, et Hélène à l’éclatante beauté. Leda est donc la Mère Cosmique qui s’unit au Grand Architecte de l’univers et qui va couver le grand oeuf du monde, le Chaos. Du point de vue cosmogonique, Castor et Pollux représentent la Création sous le signe des Gémeaux. Mais cette création va descendre fort loin dans la manifestation. En effet, Castor et Pollux symbolisent la Dualité entre l’Esprit et la matière ; dans l’homme, le corps et les principes divins. Ce mythe représente donc un raccourci de la création. … Il fait descendre l’Esprit directement parmi les hommes, tout au moins parmi les héros.» (Idem, p.122). Ils vivent une dualité, des contraires : «ils s’entraînent au pugilat, montent le même cheval (le corps physique) et leurs javelots sont semblables. On les présentait également chacun sur un cheval mais, les chevaux vont dans une direction opposés (le corps va vers le monde matériel, l’Esprit lui, ne connait qu’une direction : le ciel. Pollux l’emportait sue son frère au pugilat (L’Esprit est plus fort que l’homme…)

 

Castor excellait dans l’art de dompter les cheveux (le cheval symbolise les passions astrales ou le corps physique)…. Lorsque Castor meurt, son frère demande à Zeus de le faire mourir lui aussi; Zeus répond qu’il ne peut mourir entièrement car il est de race divine, mais s’il tient absolument à partager tout avec son frère, il devra se contenter d’une demi-immortalité, il vivra donc comme son frère soit : moitié de son existence sur la terre, l’autre moitié dans les demeures dorées du ciel. Bien entendu, le corps physique se réincarne comme tous les corps physiques et la dualité Castor-Pollux reprend avec l’alternance du jour et de la nuit. Les dioscures vivront donc ainsi : Castor de jour et Pollux la nuit. » On sait que le corps physique et le corps éthérique se fatiguent dans le vécu de l’état de veille. Lorsque le corps dort, il y a une séparation du corps astral de ceux-ci. Alors, le corps éthérique, libéré du plan astral, peut réparer ou arriver à réparer le corps physique.

 

Ce qui est remarquable, c’est que ce mythe est humain et astrologique. D’abord ce mythe est humain par sa vie de désirs et par le mental qui les active. Il rappelle le mythe de Prométhée. Prométhée dont le corps physique (et le foie, organe du plan astral) se fatigue pendant le jour car il est soumis aux passions astrales qui lui rongent le foie. La différence entre Pollux et Prométhée, c’est que le divin Pollux va rejoindre sa famille divine, le Moi Supérieur, pendant la nuit, alors que Prométhée se fait détruire le foie sans pouvoir finalement se sortir de ce processus d’enfer. C’est le parfait exemple de celui qui ne se sort pas de ses croyances : il est mangé par ses passions et il ne peut plus se réparer car les autres corps sont aussi coincés par les croyances sous les passions et désirs. Alors que Prométhée renaissait pendant la nuit, le jour, le vautour des passions le dévorait. Pollux, lui, lorsque Castor dort, il va se retremper dans sa patrie.

 

Ce qui est remarquable aussi, c’est que le «divin» Pollux est prisonnier de son corps physique, donc de Castor qui vit de jour, nous donnant ainsi l’image parfaite de la descente du Moi vers l’essence dans le corps physique, là où l’Ange et la Bête se rencontrent. « La grande tradition nous l’explique : Castor vit de jour dans son corps physique et celui-ci est accompagné de tous ses corps subtils, soit l’astral, le mental et le moi; Pollux est donc le prisonnier du corps physique. Il est coupé de son monde à lui, le monde de l’Esprit. Castor fait ce qu’il lui plait avec son corps physique. Le pouvoir de son frère est réduit à peu de chose, il ne peut agir que par la voix de la conscience et Castor est libre d’écouter cette voix ou de l’ignorer. C’st pourquoi il est dit que Castor vit durant le jour. La nuit, il en va tout autrement, le corps physique dort. Autrement dit, il perd connaissance, la vie physique de Castor s’est éteinte. Pollux s’échappe du corps qui le retient prisonnier avec les corps subtils et va vivre dans sa céleste patrie. Il est le maître de la vie véritable à son tour, et tourne le dos à la vie terrestre (dioscures à cheval en direction opposée). Pollux est la vie divine incarnée dans l’homme. C’est pourquoi il se sacrifie pour le salut de son frère qui, lui, est maître dans l’art de dompter les chevaux. Nous avons vu que le cheval était le symbole de l’intelligence et qu’il représente le corps physique qui est le cheval de l’âme, que celle-ci utilise pour évoluer

 

  SYMBOLISME DE LA MEZOUZA  JUIVE

 ARCADIA

 2016

Et tu les écriras [les mots du Chema] sur les montants des portes de ta maison et à tes portails. - Deutéronome 6,9 ; 11,20

 

Le Judaïsme n’est pas une foi confinée dans les synagogues. Dans le confort et l’intimité de nos maisons, nous aspirons également au spirituel. Une Mézouza apposée au montant de la porte identifie la maison comme juive, nous rappelant notre lien avec Dieu et notre héritage.

 

Une Mézouza n’est pas, contrairement à une croyance populaire, l’étui extérieur. La Mézouza est en réalité le parchemin qui se trouve à l’intérieur, calligraphiée par un scribe expert que l’on appelle un sofer. Elle contient le « Chema », un passage biblique proclamant l’unicité de Dieu et la dévotion du peuple juif envers le Tout Puissant. La Mézouza est alors placée dans un étui ou un boîtier en verre, bois, métal ou tout autre matériau puis, après la récitation d’une bénédiction, est fixée au montant de la porte.

 

En plus de son rôle comme expression et rappel de notre foi, la Mézouza est aussi le symbole de la protection que Dieu accorde à cette maison et à ses habitants. Le nom de Dieu, Cha-daï, qui apparaît au verso du parchemin est l’acronyme des mots hébraïques signifiant « Gardien des portes d’Israël ». La présence d’une Mézouza aux portes d’une habitation ou d’un bureau en protège les habitants, qu’ils s’y trouvent ou non.

 

Nous témoignons de notre révérence envers la Mézouza en la touchant du bout des doigts et en embrassant ces derniers lorsque nous passons par une porte qui a une Mézouza. À travers l’observance de cette Mitsva (commandement divin), nous introduisons une mesure de spiritualité et de sécurité dans nos foyers. La Torah nous promet également que quiconque accomplit scrupuleusement la Mitsva de Mézouza vivre une vie plus longue et plus prospère, de même que ses descendants, comme le dit le verset Deutéronome 11, 21 : « De sorte que se multiplient vos jours et ceux de vos enfants... »

Une Mézouza désigne une maison ou une chambre comme "juive" marquant ainsi la dimension vraie du lieu auquel elle introduit. Elle doit être fixée sur le linteau droit de chaque porte de la demeure (à l'exception des sanitaires). Le Nom divin de Shaddaï-i qui apparaît à l'extérieur de chaque Mézouza, est expliqué par nos Sages : Dieu est "le gardien des portes d'Israël". La Mézouza protège la maison et ses occupants. Il faut veiller à ce qu'elle soit cachère : d'abord en en faisant l'acquisition auprès d'un sofer (un scribe) compétent, ensuite en la donnant régulièrement à vérifier, son écriture pouvant subir les dommages du temps.

La Mitsva de Mézouza nous indique clairement que la synagogue et la maison d'étude ne sont pas les seuls endroits saints. Bien au contraire, notre foyer peut et doit être un sanctuaire sacré. La Mézouza, c'est ce petit rouleau de parchemin, sur lequel les caractères manuscrits ont une forme particulière, et que l'on fixe au fronteau droit de chaque pièce de la maison. Elle symbolise la sainteté du foyer juif. Elle manifeste que Dieu veille sur cette maison et sur tous ceux qui s'y trouvent. Elle rappelle à celui qui entre que «cette demeure est un sanctuaire de Dieu».

La Mézouza contient deux passages de la Bible qui mentionnent ce commandement : «Chema» et Vé haya» (Deut. 6:4-9; 11:13-21). «Chema» affirme le principe de l'unité de Dieu et rappelle notre devoir éternel et sacré de ne servir nul autre que Lui. «Véhaya» exprime la promesse de Dieu de nous récompenser parce que nous aurons respecté les préceptes de la Torah, et de nous rétribuer selon nos actes si nous leur avons désobéi. Au verso du parchemin apparaît le nom de Dieu CHADAI. Ce nom correspond aux initiales de trois mots en hébreu : Chomer Daltot Israël, c'est-à-dire Gardien des portes d'Israël».

Comment la poser? Avant de fixer une Mézouza à sa porte, il faut dire la bénédiction suivante :

Barou'h Ata A-do-naï Elo-hénou Mélé'h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Likboa Mézouza.

Béni sois-Tu Eternel notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous as sanctifiés par Ses Commandements et nous as ordonné de fixer une Mézouza.

Si l'on pose plus d'une Mézouza en même temps, on ne dira qu'une bénédiction. La Mézouza doit être fixée :

·        En position inclinée la partie supérieure vers l'intérieur de la pièce.

·        A la droite de la porte, dans le sens de l'entrée.

·        En bas du tiers supérieur de la hauteur de la porte. (1)

·        Sur l'encadrement extérieur de la porte.

Quelques lois

·        La porte d'entrée n'est pas la seule porte de la maison où une Mézouza doit être posée. En effet, il faut fixer une Mézouza à la porte de chacune des pièces de la maison mesurant au moins quatre coudées sur quatre (une coudée correspond à environ 50 cm).

·        Si la superficie de la pièce dépasse 16 coudées carrées, alors que sa largeur est inférieure à quatre coudées, on posera une Mézouza sans dire de bénédiction.

·        On ne met pas de Mézouza à la porte d'une salle de bains.

·        Une maison, ou un appartement, que l'on prend en location ne réclame de Mézouza qu'au bout de 30 jours. Cependant, en Israël, il faut poser une Mézouza immédiatement, y compris dans ce cas.

·        S'il n'y a pas réellement de porte mais seulement une ouverture, il faut fixer une Mézouza mais sans dire la bénédiction.

·        On a l'habitude de poser la main sur la Mézouza en entrant et en sortant. Pour la prière avant d'aller dormir, juste avant de se mettre au lit, on a l'usage de faire de même.

·        La Mézouza peut être posée le jour ou la nuit tous les jours de la semaine sauf Chabbat et Yom Tov.

·        La Mézouza peut être posée par un homme ou bien par une femme.

·        Une Mézouza doit être vérifiée au moins deux fois en sept ans. Il vaut pourtant mieux le faire plus souvent.

De toutes les manières, cette vérification doit être effectuée par une personne qualifiée

Une double protection Le roi David dit dans les Psaumes :

«Dieu te gardera quand tu sortiras et tu entreras, aujourd'hui et pour toujours ».

Ainsi, Dieu protège l'homme qui se trouve dans la maison. Mais Il le protège aussi quand il sort de chez lui, par la Mézouza fixée à sa porte. Le Talmud nous rapporte l'histoire de Rabbi Yehoudah Hanassi (le «Prince»). Il nous raconte qu’Artaban, le roi des Parthes, voulut lui offrir un cadeau. Il lui envoya une perle magnifique. Rabbi Yéhouda, pour le remercier, lui fit porter également un cadeau : une Mézouza. Le roi pensa que Rabbi Yéhouda se moquait de lui; il lui dit : «Ton cadeau est une offense! Je t'ai envoyé un présent d'une valeur inestimable, et toi, tu me fais porter une babiole insignifiante!» 

Rabbi Yéhouda lui expliqua alors : «La perle que tu m'as envoyée est si précieuse que je dois la mettre sous bonne garde. Mais le cadeau que je t'ai offert, au contraire, te protège constamment, même pendant ton sommeil!»

Le Talmud nous raconte qu'un personnage important de l'Empire Romain, Onkélos, fils de Kalonimos, s'était converti au judaïsme. Cela avait tant soulevé la colère de César qu'il lui envoya une troupe de soldats chargés de le «ramener à la raison». Mais Onkélos parvint à les persuader de se convertir à leur tour. César décida d'envoyer un autre groupe. Mais il les mit soigneusement en garde, leur ordonnant de refuser toute discussion avec Onkélos. Les soldats arrêtèrent ce dernier et voulurent l'amener à César. Mais, Onkélos, à la porte de sa maison, mit la main sur la Mézouza et sourit. Les soldats demandèrent une explication. Onkélos leur dit :

«Habituellement, les rois restent au fond de leur palais et leurs serviteurs doivent, au-dehors, monter la garde. Mais notre Roi, le Roi de l'univers, laisse Ses serviteurs dans leur maison et c'est Lui Qui veille à l'extérieur»

 

JANUS DIEU  ROMAIN

ARCADIA

 2010

Janus est un dieu exclusivement romain, protecteur de la ville de Rome. Il est souvent associé à Vesta (déesse des foyers) et Saturne (Chronos dans la mythologie grecque).

 

Origines : Les origines de Janus sont troubles : différents auteurs se disputent l’endroit de sa naissance et son statut véritable, de prince grec à demi-dieu, mais il est certain qu’il venait de Grèce, et qu’il n’était pas un dieu du panthéon grec. Il prépara une flotte, se rendit en péninsule italique, alors occupée par différents peuples, et conquit entre autres le Latium (où vivaient les Latins, futurs Romains). Il y fonda la ville de Janicule. Lorsque Saturne fut déchu et que son fils Jupiter prit la tête du panthéon romain, il chercha refuge et le roi Janus l’accueillit avec hospitalité. Ils s’associèrent pour régner sur le Latium, apportant prospérité et richesse au pays. En mémoire de cet Age d’Or, on fêta longtemps les Saturnales, trois jours de Décembre où tous étaient égaux, sans rang d’esclave ou de maître, dans l’abondance.

Je n’ai trouvé aucune information sur comment il est devenu un dieu, mais je manque de sources sûres. Toujours est-il qu’à l’époque romaine, il était devenu un dieu puissant, de premier ordre dans la mythologie romaine, à l’égal de Saturne et de ses fils. L’étymologie la plus courante de Janus vient du latin ianua (portes) et ianitor (portier).

Les deux visages : En remerciement de son hospitalité, Saturne offrit à Janus un don précieux : celui de voir le passé comme l’avenir. C’est pour cela qu’il est représenté avec deux têtes regardant dans deux directions opposées. On l’appelle alors Janus bifrons (deux têtes, en latin). L’une de ces têtes était barbue et l’autre imberbe, représentant la dualité Soleil-Lune. Mais, avec le temps, les deux têtes devinrent barbues. Les devins qui en référaient à ce dieu, les janides, pouvaient lire l’avenir dans les entrailles d’animaux sacrificiels.

Il est également le dieu des portes et des fenêtres, qui s’ouvrent à la fois sur l’intérieur et sur l’extérieur, qui s’ouvrent et qui se ferment, et correspondent donc parfaitement à la dualité de Janus. En cela, il est avec les Heures le gardien des Portes Célestes, ses deux visages lui permettant de surveiller l’ensemble de l’univers sans bouger. D’ailleurs, à Rome, son temple principal avait la particularité d’ouvrir ou de fermer ses portes selon que Rome était en guerre ou non : en temps de guerre, ses prêtres ouvraient les portes pour signifier que Janus était parti au combat pour protéger son peuple, et en temps de paix, les portes étaient fermées, parce que le dieu était de retour chez lui. Par extension, il devint donc le dieu protecteur de la ville et un des dieux de la paix.

Janus quadrifrons : Plus tard, Janus fut parfois représenté avec quatre visages. Il était alors la représentation des quatre saisons, et donc du cycle de l’année, présent à son commencement et à sa fin. Par extension, il devint le dieu des commencements : il préside encore aujourd’hui au début de l’année, puisque Janvier porte son nom. Il présidait à chaque début temporel : premier mois de l’année, premier jour de chaque mois, première heure de chaque jour, et bien sûr le début de la vie ; il était souvent le dieu appelé en premier lors des cérémonies, même celles concernant d’autres dieux, plus importants ou non.

Représentations et interprétations de Janus : Protecteur de Rome, Janus était présent un peu partout dans la ville. En plus du temple principal qui lui était consacré (celui aux portes qui s’ouvrent en temps de guerre), on avait consacré, au-delà de la porte du Janicule, douze temples à Janus, un pour chaque mois de l’année. On trouve aussi certains temples consacrés spécifiquement à Janus quadrifrons, comme la célèbre Arche, à Rome.

Dans le domaine littéraire, Ovide a consacré le premier livre des Fastes, qui correspond au mois de Janvier, à ce dieu. Il y identifie Janus comme étant le Chaos originel des grecs. Lorsque ce chaos se sépara pour former les quatre éléments primitifs (terre, air, eau, feu), il en émergea un dieu, Janus, dont le double visage est la seule trace de la confusion qui régnait jusqu’alors.

Janus est un dieu pacifique, généralement classé hors du panthéon romain (c’est un dieu local et non cosmogonique), mais puissant et protecteur. Sa fonction de portier et de dieu des commencements en font un dieu essentiel de toute cérémonie, à commencer par celle qui ouvre l’année. C’est cet aspect du dieu qu’on retient le plus souvent, contrairement à sa capacité de voir le passé comme l’avenir. Mais dans tous les cas, il est lié au passage, du temps comme de l’espace.

Le nom de Janus est assimilable à un nom commun signifiant « passage ». L'irlandais a dérivé de la même racine le mot désignant le « gué » et la porte d'une maison se dit en latin janua ; inutile sans doute de recourir au dieu étrusque Ani pour expliquer le Janus latin. Il est le dieu qui préside à toute espèce de transition d'un état à un autre. Dans l'espace d'abord : il veille sur le seuil de la maison, protégeant le passage de l'intérieur à l'extérieur et inversement ; il préside au passage de la paix à la guerre et inversement, c'est-à-dire au départ de l'armée pour l'espace extérieur à la ville et à son retour vers l'espace intérieur de la même ville ; il assure enfin le passage du monde des hommes à celui des dieux et, à ce titre, est toujours invoqué au début de toute prière rituelle.

Dans le temps ensuite : il est le dieu du matin ; on l'honore le premier jour du mois, aux calendes, et il a donné son nom au mois qui devait devenir le premier de l'année, januarius (janvier). Il préside de même au passage à l'histoire, comme premier roi légendaire du Latium, ce qui a justifié son assimilation au Chaos des Grecs. Sa représentation iconographique traditionnelle résume ces deux aspects : les deux visages de la statue évoquent le présent comme transition du passé au futur et il est paré des emblèmes du portier, le bâton et la clé. Dans l'être enfin : il veille sur la naissance comme passage du néant à la vie. En fait, si la notion de passage reste partout sensible, elle se confond parfois avec celle de commencement, en particulier à l'occasion de la naissance et des calendes ; d'où des interférences avec d'autres divinités, Junon entre autres.

 

                                                                                                «  LE  RAPPEL  DE  SOI » 

   ARCADIA

 2014

 

         Souvenez-vous ce que disent les maitres soufi …

 

Le plus grave dans la vie est de s'oublier de soi-même. Donc il est nécessaire de transformer les impressions, et ceci est seulement possible en interposant l’Être entre les différentes vibrations du monde extérieur et le mental. Quand on interpose entre les impressions et le mental ce que nous appelons la Conscience, il est évident que les impressions se transforment en des Forces et des Pouvoirs d'Ordre Supérieur.

Il est très facile d'interposer la Conscience entre les impressions et le mental. Pour recevoir les impressions avec la Conscience, et non avec le mental, on a besoin seulement de ne pas s'oublier de nous-mêmes à un moment donné (…) Nous devons être concentrés sur l'Être, pour que soit l’Être, la Conscience Superlative de l'Être, celle qui reçoit les impressions et qui les digère correctement. On évite ainsi les réactions horripilantes que tous, les uns et les autres, avons devant les impacts provenant du monde extérieur. On transforme ainsi complètement les impressions, et transformées, elles nous développent merveilleusement.

Parce que si on s'oublie de son propre Être Intérieur en présence d'un insulteur, on termine en l’insultant ; si on s'oublie de soi-même, de son propre Être, en présence d'un verre de vin, on finit en ivrogne ; si on s'oublie de soi-même, de son Être propre en présence d'une personne du sexe opposé, on finit en fornicateur.

Quand on apprend à vivre en état d’Alerte Perception, d’Alerte Nouveauté, quand on se rappelle à soi-même d’instant en instant, (…), quand on ne s'oublie jamais de soi-même, il est indubitable que nous devenons conscients. Au moment d’une tentation rigoureuse, d’un découragement et d'une peine, on doit avoir recours au rappel intime de soi-même.

Quand soi-même, on se donne le choc du "Rappel de Soi", un changement miraculeux se produit réellement dans tout le travail du corps, de sorte que les cellules reçoivent un aliment différent. Dans le fond de chacun nous, la Tonantzin aztèque, la Stella Maris, l'Isis égyptienne, Déesse Mère, nous attend pour guérir notre coeur endolori.

Aucun homme n'est un véritable croyant, à moins qu'il ne désire pour son frère autant qu'il désire pour lui-même. Dieu ne donnera pas son affection à cet homme qui ne donne pas la sienne propre à ses créatures. Le préféré de Dieu est celui qui fait le bien à Ses créatures. Le meilleur parmi les hommes, c'est celui qui augmente le bien de l'humanité. Toutes les créatures de Dieu sont sa famille. Le plus aimé par Dieu est celui qui essaie de faire un bien plus grand à Ses créatures. Il nourrit l’affamé, visite le malade et libère le captif quand injustement il a été emprisonné. Il aide toute personne opprimée, qu'elle que soit sa religion, son origine.... Il aime avant tout son prochain.

Tout homme peut atteindre la libération au moyen de sa foi et de ses bonnes actions (…) Annihilez votre ego. Servez l'humanité souffrante. Sacrifiez votre argent, votre temps et votre énergie au service des pauvres et des opprimés. Ceci en effet vous fournira le salut ou la liberté.  Dans la vocation missionnaire, il y a du sacrifice, et que “si nous ne faisions rien pour porter la lumière de la connaissance à d'autres gens, à d’autres peuples et à d’autres langues, nous tomberions dans un égoïsme spirituel, très raffiné, qui nous empêcherait toute avance intérieure”. Aimer sans demander rien en échange, éliminer la rancœur, pardonner droitement les défauts d'autrui, donner sa vie pour le prochain, tout véritable sacrifice est récompensé par Dieu. 

 

RḖFLEXION SUR LE  PETIT PRINCE ET L’INITIATION PAR LE CONTE

Walter Boralis

 2005

Conte initiatique et humaniste, qui interroge notre être profond et notre civilisation. Texte littéraire reconnu dans le monde entier comme un joli conte pour enfant, il est aussi porteur d’une critique forte et engagée de l’homme contemporain et du monde qui l’entoure. Il réaffirme la nécessité de solidarité, d’amour, d’ouverture à l’autre. C’est aussi une invitation d’Antoine de Saint-Exupéry à retrouver l’enfant en soi, conte philosophique tout en tendresse et poésie. Le roi, le vaniteux, le buveur, le businessman, l’allumeur de réverbère, le géographe, le serpent, l’écho, le renard etc… tous seront sur la route du Petit Prince, petit bonhomme à l’écharpe dorée, au regard candide, neuf.

 

Le Petit Prince est sans aucun doute un des plus beaux plaidoyers jamais écrits contre le nihilisme et pour le réenchantement de la vie. C'est un chef-d'œuvre, une consolation, un puits dans le désert du monde, une promesse... "

Lorsqu’en 1942 Curtice Hitchcock, l’éditeur américain de Saint-Exupéry, lui demande de rédiger un « conte de Noël », il cherche à exploiter sa notoriété immense aux États-Unis pour réaliser une opération commerciale. Saint-Exupéry s’attelle à la tâche, mais, préoccupé par d’autres questions d’ordre existentiel, il va alors faire évoluer l’idée initiale vers un projet autrement plus ambitieux : Le Petit Prince dépasse le cadre du conte pour devenir un mythe. 

 

La reprise de la structure du conte philosophique : Le Petit Prince reprend le schéma du conte philosophique tel que Voltaire a pu l’inventer, avec « Candide » ou « Micromégas » par exemple : comment ne pas voir en effet dans le voyage intersidéral du petit prince une réécriture de la visite de la terre par un extraterrestre venu d’une planète proche de l’étoile Sirius, conte qui s’inspirait lui-même de la mode des voyages extraordinaires ? Les visites successives des six planètes puis de la terre par le petit prince, où chaque planète constitue une étape dans la formation du petit prince, donne ainsi au récit une dimension clairement initiatique qui l’enracine dans le genre du conte philosophique. 

 

La reprise des codes du conte philosophique : Mais surtout Le Petit Prince s’inscrit dans la dimension satirique propre au conte philosophique. En effet, Saint-Exupéry reprend également la technique du regard étranger, inaugurée par Montesquieu dans ses Lettres persanes, où le regard perçant des Persans rend soudain visible les bizarreries du mode de vie français que les Français, anesthésiés par l’habitude, n’arrivent plus à déceler : le regard étranger par sa naïveté feinte porte une critique de la société et Voltaire exploitera ce procédé du regard candide et ingénu dans… Candide et L’ingénu. Le point de vue naïf et innocent, typique du regard enfantin que porte le petit prince, se manifeste dans la conclusion de la visite de chaque planète : « Les grandes personnes sont décidément très bizarres » et permet de dénoncer aussi bien le comportement du roi que du vaniteux, du buveur, du businessman ou du géographe – personnages croqués qui ne sont pas sans rappeler les portraits de La Bruyère dans Les caractères (d’où leur absence de nom).

 

 

Une parodie de conte philosophique : Saint-Exupéry dépasse cependant le simple cadre du conte philosophique et le réécrit parfois de façon parodique : « [Un astronome turc] avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un congrès international d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement, pour la réputation de l’astéroïde B 612, un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s’habiller à l’européenne. L’astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis ». Cet épisode constitue une réécriture du célèbre « Comment peut-on être Persan ? » de Montesquieu, mais sur un mode dégradé : peut-être peut-on voir Mustapha Kemal Attatürk dans la figure du dictateur turc mais c’est surtout l’antiphrase “ heureusement ” qui donne tout son caractère ironique à ce passage… 

 

Un conte à la frontière du mythe : Mais à partir de la rencontre avec le renard le texte change de dimension et quitte le conte pour entrer dans le mythe. Le petit prince ne rencontre plus des personnages humains mais des animaux symboliques (le renard et le serpent), qui vont lui dévoiler des vérités éternelles – à la différence du conte où le parcours initiatique dévoile des vérités personnelles sur le héros : « l’essentiel est invisible pour les yeux » (qui reprend la théorie de Platon sur le monde des Idées qu’illustre l’éléphant caché dans le boa) et « on ne voit bien qu’avec le cœur » (qui reprend la distinction de Pascal sur les vérités sensibles au cœur, c’est-à-dire à l’intuition, par opposition aux vérités que l’on peut atteindre par la déduction et la raison). 

 

Paradoxalement, c’est ce petit livre, tant décrié à sa parution en 1943 et que l’on taxa de futilité en temps de guerre, qui assure aujourd’hui la notoriété de l’auteur ; peut-être parce que – plutôt que de chercher à être immédiatement utile – il s’est intéressé à ce que l’amitié, l’amour et la mort peuvent avoir d’universel. Évidemment Saint-Exupéry a bien choisi les titres de ses livres ! ...

"Vol de nuit", "Courrier sud"... Les mots et les images évoqués ainsi concourent tous à exprimer cette direction unique et essentielle de son message, la ligne de force de toute son œuvre : la découverte, le maintien conscient et le partage du Mouvement bien ordonné...

 

Quel message intégral, rappelant le symbole du "Serpent Ouroboros" de l'alchimie! Ne pouvons-nous pas résumer ainsi : la ligne de force de son œuvre, c'est le rappel des Lignes de Forces de la Vie...Le voici déjà, lui qui, pionnier de l'aéronautique ouvre des terrains et des lignes d'aviation, de l'aéropostal "la ligne" et autres itinéraires aériens à travers le monde..., comme si ses conceptions, ses intimes pulsions de vie s'incarnaient ainsi dans la matière. Préoccupation naturelle se "somatisant" pourrait-on dire, en occupation contraire: un couple intérieur-extérieur si souvent antagoniste chez les êtres qui n'ont pas su, ou accepté de, relier déjà leur cœur et leur tête... et dont le métier est douloureusement sans rapport avec leur idéal et leurs souhaits !

 

Saint-Exupéry a constaté cette nécessité d'incarnation; il l'explique très nettement ainsi : "Tu ne trouveras point la paix si tu ne te fais véhicule, voie et charroi". Mouvement vers... la "Terre des Hommes"; vers la découverte, le maintien conscient et le partage d'"un sens à la vie", comme ses autres ouvrages nous le font de nouveau découvrir par leurs titres.

 

Mais attention! "Vol de Nuit", "Pilote de Guerre": tant de difficultés dans ce cheminement obscur et violent de l'existence! Il faudra prendre ses distances, voir les choses "d'en haut" : Le cheminement devient alors épreuve initiatique, Cheminement initiatique; dans le cas contraire le résultat est terrible : "myope et le nez contre, je n'ai rien vu jamais que lâcheté, sottise et lucre. Mais de la montagne où je m'assieds, voici que j’aperçois l'ascension d'un temple dans la lumière".

 

Ayant pris ses distances vis-à-vis des relativités terrestres, grâce à son avion comme par l'intermédiaire du désert, Saint-Exupéry, comme tous les guides dignes de ce nom, les "voyants", les connaissant de quoi que ce soit, a "vu quelquefois ce que l'homme cru voir" (Rimbaud); il peut le révéler pour ses lecteurs, pour ses "amis" au sens phonétiquement cabalistique du mot, pour ceux dont l'âme est déjà proche de la sienne...

 

Qui n'a jamais connu, au lycée ou dans "les chemins de grand vagabondage", une telle rencontre, un tel lien intellectuel et affectif, de "cœur", avec un auteur qui expose pour lui les lignes de force de l'existence, est fort à plaindre! Qui n'a jamais perçu ainsi, comme Dante: Béatrice et Virgile, comme tant de troubadours: la "Dame" comme tant d'autres : des "stars"- modèles, "une étoile pour guider sa marche", aura beaucoup à peiner, à se fourvoyer pour redécouvrir, solitaire, "ce champ de force qui seul l'anime", qui est " direction et tendance vers". "tout le monde n'a pas eu un ami" constate Saint-Exupéry dans le "Petit Prince".

 

Lui, tout comme il lançait des lignes à travers le désert pour transporter les messages des hommes (l'Aéropostale), le voici qui lance, dans tous ses ouvrages, ces "lignes de force", ces "structures" essentielles pour aider dans la traversée d'un désert tant intérieur ("On ne voit rien. On entend rien" (P.P) "le désert c'est moi" (Terre des Hommes) qu'extérieur ("à mille milles de toute terre habitée"... "Où sont les hommes" (P.P). C'est bien là ce que tente de faire tout ouvrage initiatique, toute voie initiatique, diamétralement opposée en cela aux romans "à l'eau de rose", aux récits de cas psychanalytiques et autres ouvrages ("créations" ou conseils ) concluant à la faiblesse inhérente à l'être humain ou à l'ineptie, à l'absurdité de l'existence ; à l'aliénation (alien?)...

 

Saint-Exupéry affirme bien clairement, lui l'existence de liens : "Comptent pour l'homme d'abord et avant tout la tension des lignes de force dans lesquelles il trempe". Pas les impulsions des désirs personnels! Les pulsions sous-tendant celles-ci : il ne s'agit pas "de cultiver tes désirs. Car si rien ne s'y meut, il n'est point de lignes de force"...

 

Ainsi, comprenons-le bien, pas de mouvements vers "le repos du 7ème jour", les "diamants en vrac", "les femmes (qui) se vendent", "l'île heureuse" qui rendraient l'être semblable au "bétail morne"... Non! Le mouvement est en direction des hauteurs de soi-même, de l'origine de soi-même (sens véritable d'"initiation"), vers la "connaissance du nœud divin qui noue les choses", vers le Maître du champ des forces, ce point mystérieux que Saint-Exupéry nomme tout-à-tour "Seigneur", "Dieu", "Eau, Désert", etc...

 

Il s'explique plus catégoriquement à ce sujet : "Les lignes de force créées doivent te dominer de plus haut pour que tu y trouves tes pentes et tes tensions et tes démarches (...) et (pour te) rassembler à quelque chose qu'il n'est point de toi de comprendre". Heureux ceux qui le réalisent et vivent ainsi! Les autres sont en "exil" - et Saint-Exupéry, exilé en Angleterre, incompris de ses amis, calomnié par d'autres sait de quoi il parle! La terre est alors pour eux, comme pour le Petit Prince, un véritable désert... "les grandes personnes (elles), s'imaginent tenir beaucoup de place" (P.P); mais celui qui n'est ni mégalomane, comme le roi rencontré par le Petit Prince, ni un vaniteux schizoïde, ni un drogué s'auto-justifiant toujours, ni un "responsable" de futilités, ni un obsédé de travaux inutiles, ni un... "mouton", sera bien vite amené à "ne voir personne" (P.P passim) sur la terre...Il ne rencontrera que ce qu'il cherche véritablement, même si inconsciemment: un sage renard pour le guider, un Petit Prince qui "réveille" ou un Aviateur en quête, comme lui, de cet "essentiel (...) invisible pour les yeux" (P.P); le Maître n'arrive-t-il pas, comme le révèlent aussi bien le Bouddhisme que la théorie des champs morphogénétiques, lorsque l'élève est prêt ?

 

Les "lignes de force" qui sous-tendent l'existence ne sont-elles pas toujours présentes, actives et utilisables pour l'être qui ne s'enfourne pas, pour les éviter ou les contrer, dans les "trains" où il va "bailler", "dormir", pour l'être qui ne cherche pas à faire "des économies de temps" ? (P.P). Et ne sont-elles pas données à l'être dès sa naissance? Les familiers du "Petit Prince" ou des héros de " l'Oiseau Bleu" de Maeterlinck iront plus loin dans ce constat: ils réaliseront vraiment que l'on puisse "profiter d'une migration d'oiseaux sauvages", de lignes de forces naturelles pour changer de planète!

 

Ce sont de solides champs de forces que révèlent toutes les aventures- devenant ainsi épreuves-aides "initiatiques" - relatées par l'auteur, " des lignes de force dans lesquelles il trempe" lui, comme tous les êtres humains ou les animaux... Leur solidité de base, leur inné consciemment perçu! Voilà bien alors pourquoi le Pilote de ligne s'exclame : "J'ai toujours connu comme tristes les émigrés"... Aujourd'hui, ajoute-t-il, "les hommes manquent de racines" (P.P) car ils les ont quittées pour les "remous contradictoires" de leurs "pentes naturelles", c'est-à-dire de leurs désirs égotiques de leurs "fausses structures (qu'ils) inventent par jeu"..."Ils ont tout désaimanté" (Et le mot, ambigu dans son double-entendement, maintenu par la langue des Oiseaux sacrée, est fort parlant) "en défaisant ce nœud divin qui noue les choses".

 

Les retrouver, les maintenir, ces coutumes, ces traditions, ces fêtes, ces lois et ce langage de l'"empire" c'est sauver la "citadelle", la "demeure" et ses habitants "des projets de sable", de "l'effritement des choses", de l'existence ou l'on vit "seul, sans personne avec qui véritablement parler" et "tellement triste"  "Je t'ai dit qu'il fallait des objets reliés", lance Saint-Exupéry... 

 

Reliés avec le passé... liens, par là, avec ce que Saint-Exupéry nomme "Dieu", "Rose", "Renard", "Petit Prince", c'est-à-dire lien avec un état édénique que l'on a connu imagé par des êtres, des choses, des mots "imagerie", "symboles", "concepts", qui rappellent, comme "le blé qui est doré" fera "souvenir (...) des cheveux couleur d'or" du Petit Prince et ("Ce sera merveilleux" !) de lui, par conséquent, de son amitié...

 

L'existence est ainsi ritualisée... et Saint-Exupéry est formel : "il faut des rites. un rite c'est quelque chose de trop oublié". C'est un cérémonial "à la façon d'un conte de fées pour ceux qui comprennent la vie", ou, comme tous les "livres de l'enfance, (...) notant tout le long les prières, les concepts charriés par cette imagerie" réitération de légendes au sens étymologique de "liens", une ligne de force qui "charrie" partout et toujours des "vérités" symboliques", des " concepts strictement religieux" (étymologiquement encore : qui relient !), " l'amour, les trésors invisibles, le sacrifice, l'universel".

 

Nous trouvons ainsi : le Puits du Village, le Désert, le Serpent, le Baobab, la Rose, le Volcan, le Petit Prince, l'Avion, les Etoiles, la Maison, l'Eau, dans "le petit prince" et, ailleurs, la Sentinelle, la Jeune Femme criminelle, le Père, les Courtisanes, la Panne, le Berger, le Forgeron...Tous sont, dans le cheminement initiatique, "souvenirs d'étapes et d'efforts et de sacrifices", objets qui rayonnent, comme le "puits dans le désert" d'une "invisible (...) beauté", de cet "essentiel (...) invisible pour les yeux" mais qui touche "le cœur", "embellit", chante, révèle en fin de compte " le nœud" entre les choses. Il y a en effet, conclut Saint-Exupéry, "ta présence au travers qui me permet d'y déchiffrer" une construction future, car "les objets sont vides et morts s'ils ne sont point d'un royaume spirituel".

 

Ainsi, on l'aura compris par ces exemples, "les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l'espace" : des images éternelles qui, comme des fils invisibles, me relient éternellement à ma "vérité (qui) se creuse comme un puits", à ce qui "rassemble", à la "semence" qui fait espérer les moissons et "se réjouir de la croissance des moissons", aux "assises de la citadelle", à cette Terre que "la corde du puits accouche" et qui "redonne le goût des victoires"..

On demeure ainsi, par ces vecteurs, ces lignes de force entre la réalité profonde originelle et le présent, dans l'intimité et la plénitude, chez soi, dans la sérénité, dans la conscience cependant de la nécessité de maintenir et cette connaissance, et le processus de création pour les générations futures. Oui! "tout s'ouvre sur plus vaste que soi" : "la manivelle rouillée est cantique", "un puits porte loin... comme l'amour" (Terre des Hommes), et tout objet ainsi re-sacralisé, relié par cette conscience des Rites fera le même.

 

Mais ce sont là, bien entendu, des liens ainsi et aussi entre les hommes : liens entre le Pilote et le Petit Prince, entre le Petit Prince et le serpent ou le Renard (très humanisés !), entre Saint-Exupéry et ses lecteurs à qui il s'adresse personnellement, les priant de lui écrire...C'est ce qu'il veut établir car si les hommes "ne savent plus ce qu'ils cherchent", lui, Saint-Exupéry, sait que ce qu'ils cherchent "pourrait se trouver dans un peu d'eau ou dans une rose" : "soyez mes amis", crie le Petit Prince ! "Créez des liens" conseille le Renard, car "il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis" (P.P)! Il faut donc apprendre à "apprivoiser" : "cela signifie créer des liens"... mais cela peut-il se faire avec des "gens sérieux" qui ne parlent que de "bridge, de golfe, de politique et de cravates"?

 

Non! Il faut "organiser", "opposer son arbitraire à cet effritement des choses et n'écouter point ceux qui parlent des pentes naturelles" : " je les sollicite de m'aider" conclut Saint-Exupéry, comme le renard avait prié le Petit Prince de suivre le rituel de l'approche, des horaires..."Seuls sont frères les hommes qui collaborent" explique Saint-Exupéry ; aussi va-t-il inventer "un empire ou tout soit fervent", soutendu par les forces vives des êtres humains qui doivent s'en ressentir "dominés". Il les invite à la soumission, ainsi, à leurs intimes moteurs; non à la passivité! "les sédentaires de cœur (...) qui n'échangent rien ne deviennent rien" affirme-t-il, tout comme Nietzsche ("tout n'est que passages que Dieu emprunte") ou Teilhard de Chardin, un de ses auteurs favoris ("arrière les immobilistes! La vie n'est que perpétuelle découverte"!)...

 

Éternel message des enseignements initiatiques : Yin et Yang de l'androgynat, Détachement et "extinction de l'extinction": "Il faut se soumettre pour survivre" mais "il faut lutter pour continuer de vivre». Nous le constatons, si nous résumons ainsi son œuvre par cette phrase synthétique, Saint-Exupéry prône en fait le seul : 

 

LIEN AVEC SOI...Lien avec ses racines, car l'être "vaut, dans le désert, ce que valent (ses) divinités" Lien avec son monde extérieur auquel il confie des images utiles ("s'ils voyagent un jour ca pourra leur servir") (P.P) des mots d'ordre "urgents" "pour avertir ses amis d'un danger qu'ils frôlaient depuis longtemps sans le connaître", des conseils ("Ne vous pressez pas, attendez un peu sous l'étoile"), de justes catalyseurs ("ma maison cachait un secret au fond de son coeur") (P.P).Voilà bien une nourriture vitale sous forme d'aliments des sens physiques, émotionnels et mental pour qu'elle "se fasse aliment pour le coeur") (P.P). Lien avec le monde intérieur, avec ce "cœur" pour qui l'eau trouvée dans le désert, la Source de la Vie, est bonne; avec ce cœur pour qui cette "eau-là" doit être cherchée (P.P), cette eau merveilleuse, cette "bonne eau" de Byron, transfigurée par le don ("la différence réside dans le don (...) acte de baigner de son amour") : dans le lien d'amour au-delà des formes, cet "amour exprimé", seulement là... Car " quel serait ton bonheur si tu n’avais pas ceux que tu éclaires? ", questionne Nietzsche ; l'essentiel du cierge n'est point la cire qui laisse des traces mais la lumière" explique Saint-Exupéry.

 

LIEN AVEC L'ESSENTIEL... "Quiconque demeure logique tue en lui la vie"... et c'est pourquoi Saint-Exupéry nous avertit que ce lien d'Amour est "mystérieux" : il relie à l'unité ontologique de tout, dans la source initiale où l'Initiation est censée faire pénétrer; il est ligne de force entre l'homme et le terre-Mère ("Celui qui épouse le puits épouse la terre" ), entre la terre et "dieu" ("la marche vers Dieu"), Dieu étant dit également "Citadelle, Épanouissement, Mystérieux Rayonnement", le nœud divin qui noue les choses, le Centre des "liens avec le monde" : "je te conduirais à l'épanouissement de toi-même" à la "drôle de petite voix qui réveille et qui sait" (P.P) écrit l'auteur...Évidemment ce nœud octroie la toute conscience et la toute connaissance : Comment le Petit Prince connaîtrait-il autrement l'existence des moutons, absents de sa planète? Comment devinerait-il que la panne est réparée ("Comment sais-tu?" questionne le pilote) ou que l'heure de quitter la terre est arrivée? "On ne voit bien qu'avec les yeux du cœur" : mais ce "Cœur", Saint-Exupéry ne cesse de la rappeler, n'est pas le cœur des désirs! En cette source même la faim et la soif n'existent pas : le Pilote le remarque bien au sujet du Petit prince qui, de plus, " ne mesure pas le danger" et ne craint pas la mort.

 

Ainsi tout le cheminement de l'existence, consciemment vécu, donc en état de "bonheur" ("démarche d'obtenir") se perçoit comme une remontée par des filières, des lignes de force, des images, des symboles, des héros reliés entre eux par des mythes, des légendes, vers l'ouverture "sur plus vaste que soi", sur la délivrance qui permet la seule vraie création. Ces lignes, ces fils lumineux, ces "émanations" Don Juan les a évoqués pour Castaneda au cours du cheminement initiatique de ce dernier; n'est-ce pas une image similaire que le Christ, à ce que rapportent les Évangiles, utilise pour envoyer ses disciples pêcher les âmes? "Les Noces Chymiques" de Christian Rosencreutz ne parlent-elles pas de même d'une pêche à l'homme au moyen d'une corde lancée du sommet de la grotte où il attend ?...

 

Saint-Exupéry, en révélant aussi vigoureusement leur présence, réveille et révèle leur souvenir dans la pensée du lecteur, leur présence au coeur des choses les plus anodines ou dégénérées. En leur exposant les lignes de force dont sont issues les "pierres avec lesquelles ils bâtissent la haine", peut-être s'en serviront ils pour "bâtir l'amour", pour suivre les souhaits réels, les pulsions non égocentriques et non les impulsions individuelles; au-delà, donc, "des biens en grand nombre (où) il est offert aux hommes plus de chances de se tromper sur la nature de leurs joies" ? Car "il ne s'agit point de nous; nous sommes ensemble passage pour Dieu qui emprunte un instant notre génération et l'use"...Ils atteindront alors à la "perfection de l'état de l'homme", à cette créativité de la Nature naturante en eux; de même, "le cèdre se nourrit de la boue du sol, mais la change en épais feuillage qui se nourrit, lui de soleil"...

 

Ainsi replacé en sa juste filière originelle, "l'orgueil (des hommes) devient tour et temple et rempart" de la "citadelle"; "leur cruauté devient grandeur et rigueur dans sa discipline. Et voilà qu'ils servent une ville née d'eux-mêmes et contre laquelle ils se sont échangés dans leur cœur". La Voie initiatique, c'est donc faire "germer et croître" l'être humain, mais lui accorder, de plus, la conscience de son action: telle est la plénitude à laquelle l'homme peut atteindre si un maître du désert peut le nouer à ces lignes de vie, l'apprivoiser, le faire "collaborer" ("tous à travers tous et à travers chacun" à l'"œuvre" et le rendre "responsable d'un empire qui n'est pas des choses mais du sens des choses 

 

L'appel de ce maître : " Je suis la clé de voûte d'un certain goût des choses et je te noue. Et s'en est fini de ta solitude". C'en est fini alors du "Mozart assassiné", de la "belle promesse de la vie" en l'homme "marquée par la machine à emboutir de la civilisation"... C'en est fini alors "des fourmis pour la vie de la fourmilière", des feux "sans emploi ni règle" (toujours prêts à éclater comme des volcans longtemps réprimés). "Bien ramonés de leurs connaissances mortes", de leur ironie de cancre", de leurs liens avec les biens matériels, de leur mensonge et délation, de leur racornissement hors échange, les êtres humains brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions"... "grand miracle de la mue et du changement de soi-même". Ultime épreuve du Cheminement initiatique, si l'expression "soi-même" est justement comprise, non comme entité profonde mais comme entité globale! Ultime épreuve à laquelle Saint-Exupéry nous convie par chacune de ses lignes dont nous avons tenté de dégager, en quelques lignes, les grandes lignes! De là, tout commence alors de la vraie Vie où "tous les pas ont un sens" et qui se synthétise ainsi : "je protège celui qui de son aïeul le chanteur hérite le poème anonyme et, le redisant à son tour, y ajoute son suc, son usure, sa marque. Car je suis d'abord celui qui habite (...) et les sollicite (tous ses semblables) de m'aider"... 

 

Cheminement initiatique, pour Saint-Exupéry comme pour son lecteur, à travers les lignes qui sous-tendent et rassemblent les images-clefs de tout quotidien; lignes de parcours "aérien" pour lui comme pour le lecteur; seulement en densités différentes pour l'un et pour l'autre, suivant le degré d'incarnation ou de simple constat intellectuel de chacun... Voie opérative ou spéculative de l'Alchimie... Préhension ou compréhension pour la future conjonction des deux; respectivement volatilisation du fixe (solve) ou fixation du volatil (coagula)... réseau de lignes d'aviation ou immense réseau international de tous les passionnés, de tous ceux qui offrent à leurs amis leur livre de chevet, ce "Petit Prince" l'un des ouvrages les plus traduits au monde...

 

 

Nous le percevons bien: toute l'œuvre de Saint-Exupéry est ésotérique, c'est-à-dire qu'elle contient non un enseignement "caché" mais l'Enseignement de ce qui est caché sous les formes de la nature. Enseignement, donc, initiatique, c'est-à-dire aidant à la découverte, sous ces formes, de "l'essentiel invisible pour les yeux", de l'importance des choses au-delà de leurs beautés "vides", ce que les aveugles, les "sans-cœur" nient, ne l'ayant point perçu et qui, par conséquent, n'est pas un enseignement généralisé..."C'est pourquoi tu ne sauras point, si nul ne descend vers toi de sa montagne et ne t'éclaire, quelle route à suivre te sauvera. De même que tu ne croiras point aussi savamment que l'on te raisonne, quel homme naîtra de toi ou s'y éveillera puisqu'il n'y est point encore. C'est pourquoi ma contrainte est puissance de l'arbre et par elle, libération de la rocaille"...

 

En cette fin de XXème siècle, beaucoup préfèrent suivre la pente de leurs désirs personnels, refusant "le chef, le maître, le responsable" : et cela se comprend! Les jeunes, notamment éprouvent une immense soif de liberté individuelle, traumatisés, castrés, ou voyant les autres l'être, par de fausses structures" dont "faible et pitoyable est la joie que l'on tire, par la machine à emboutir...Observons : à ceux qui posent des questions sur les "énigmes", la réponse des "marchands de pilules perfectionnées", des "gens sérieux", des gens qui se disent "qualifiés", n'est jamais : "Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé", "On ne voit bien qu'avec le cœur", "les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent"

 

Non! Avec "opportunisme", créateurs de "faux litiges", de clans, de sectes, de partis, et de factions, comme des chiens qui tournent autour de l'auge" qu'ils convoitent, car "n'ayant point encore compris, ils s'indignent ; et ils exposent "leurs mauvaises raisons", les matériaux de leur vaine justice...Ne sont-ils pas, eux, "soumis aux illusions de leur langage", inconscients du "seul patrimoine à sauver", agglutinés qu'ils sont aux "temples auxquels ils tiennent" ? Ils condamnent alors l'attitude "élitiste", voire la "mégalomanie" de celui qui a des réponses simples à tout. D'autres que Saint-Exupéry avaient déjà transmis de telles réponses; d'autres de ces porteurs de lumière, de solutions aux questions humaines vitales; il fut suivi également d'autres personnages à fonction d'"ami «-qui-prend-par-la-main, "car le véritable enseignement n'est point de te parler mais de te conduire". Certains les nommeraient sans nul doute aujourd'hui, avec dédain, des "gourous", si un phénomène de mode... ou de conscience faisait redécouvrir "en grand" les Gide, les Rimbaud, Georges Sand, etc... qui avaient tenté de véhiculer certaines vérités de base... Et les calomnieraient, leur lançant des traits, des flèches -lignes de tir en contre-offensive de ceux à qui leurs lignes de conduite ou leurs lignes "inspirées" déplaisaient!

 

Les calomnies dont il est l'objet... Ses ennemis... notent les éditeurs de Citadelle : ce sont d'autres lignes de force, celles de "celui qui cherche à connaître"...Celles de Saint-Exupéry sont celles de celui qui "sait que l'esprit seul gouverne les hommes et qu'il les gouverne absolument" et voit "l'arrangement". Lui, il demeure serein, éternel, rappelant éternellement : "Je t'ai dit qu'il fallait des objets reliés ( ), pour te faire communiquer avec des trésors de plus en plus vastes". Les autres "s'écorchent aux ronces, luttent contre le fouet des rafales" ; "leur liberté, c'est la liberté de n'être point"; On n'est "plus que partage de provisions dans une réalité haineuse", "dans la hargne de son voisin, la jalousie de son égal, l'égalité avec la brute".

 

Non! Crie Saint-Exupéry à longueur de page, à toutes les lignes : "J'espère, moi, que l'on me donne le meilleur. Car, alors seulement, vous voilà grands". Que l'on crée le meilleur! "Il s'agit de la soumission, non de chacun à tous mais de chacun à l'œuvre et chacun force les autres de grandir". Pas pour paraître, pas pour gagner de l'argent, de la considération, du pouvoir; pas pour être mieux dans sa société "fourmilière"! Non! Pour la seule plénitude, la seule force manifestée pour "inventer un empire où tout simplement tout soit fervent", où tout soit lié par "le nœud divin qui noue les choses" : Au-delà du psychologique, du personnel, de la personnalité, de l'"humain"!  La perfection tout simplement! Et "la perfection", c'est l'échange en Dieu... et c'est l'initiation au sens véritable du mot et du concept

 

 

 LA LAME DE LA DAGUE DE TOUTANKHAMON EST EN MḖTAL EXTRATERRESTRE

  Divers

  Arcadia

     2015

Toutânkhamon, le 11e pharaon de la 18e dynastie, qui régnait sur l’Egypte il y a plus de 3000 ans, avait une dague très précieuse. Tellement précieuse qu’elle était enterrée avec lui. Imaginez un peu, la dague a un fourreau en or, la poignée se termine par un cristal de roche et la lame est en fer. Du moins c’est ce qu’on croyait jusqu’à ce qu’une étude prouve que le fer utilisé pour forger la lame est d’origine extraterrestre

 

En utilisant une technologie non-destructive (la spectrométrie de fluorescence des rayons X), une équipe de chercheurs italiens et égyptiens a confirmé que le fer de la dague qui se trouvait contre la cuisse du jeune pharaon avait des origines météoritiques.L’équipe qui inclut des chercheurs de l’école de Polytechniques de Milan, de l’Université de Pise et du Musée égyptien du Caire, a publié ses résultats dans la revue Meteoritics and Planetary Science.

 

L’arme est actuellement exposée au Musée du Caire. Elle est faite d’un métal homogène non rouillé. Le fourreau est orné d’un motif floral et d’un motif de plumes Daniela Comelli, du département de Physique de Milan Polytechnic, a déclaré a Discovery News que : « Le fer météoritique est clairement indiqué par la présence d’un haut pourcentage de nickel ». Puisqu’en effet, les météorites ferreuses sont principalement composées de fer et de nickel avec de faibles quantités de cobalt, de phosphore, de souffre et de carbone.

 

Les autres artefacts en fer affichaient 4% de nickel au mieux, alors que la dague du Pharaon en contenait près de 11%. Mais ce qui a permis de confirmer l’origine météoritique de la lame, c’est le cobalt. Les taux de cobalt et de  nickel dans la lame sont cohérents avec ceux trouvés dans les météorites de fer.

 

Comelli et son équipe ont même essayé de retrouver la source possible de la lame en fer. « Nous avons cherché toutes les météorites répertoriées dans un périmètre de 2000 km autour de la Mer Rouge, et nous avons fini avec 20 météorites de fer. Il n’y en a qu’une, nommée Kharga, qui est possiblement cohérente avec la composition de la lame. » Ce fragment de météorite a été retrouvé en 2000 sur un plateau de Marsa Matruh, un port maritime à plus de 250 km d’Alexandrie. L’étude montre que les Égyptiens apportaient une grande valeur au fer météoritique pour produire des objets précieux. Il pensaient peut-être que ces morceaux de fer qui tombaient du ciel étaient divins.Les plus anciens artefacts égyptiens en fer, neuf petites perles trouvées dans une tombe sur la rive droite du Nil et datant de 3200 avant JC, étaient aussi en fer de météorite. 

 

Et la dague n’est pas le seul élément d’origine céleste trouvé dans le tombeau de Toutankhâmon. Son pectoral présente une amulette en forme de scarabée qui est en verre. Ce verre n’a pas les caractéristiques verdâtre ou jaune de la calcédoine. Il proviendrait de verre de silice naturel que l’on ne trouve que dans les déserts lointains et inhospitaliers proches de la Libye. Ce verre était produit par l’impact sur le sable d’une météorite ou d’une comète. c’est toujours impressionnant de constater que 14 siècles avant JC, les météorites et l’espace fascinaient déjà les hommes.

 

S'il fallait résumer d'un mot ce qui fait le propre de la pensée française vivante du XXe siècle, on devrait dire, à coup sûr, qu'elle a été, qu'elle est encore une pensée du symbolique. Qu'on pense simplement à l'analyse par Claude Lévi-Strauss de la " fonction symbolique ", ou à l'opposition établie par Jacques Lacan entre le réel, l'imaginaire et le symbolique. Or, montre ici de façon lumineuse Camille Tarot, c'est dans le creuset de l'Ecole sociologique française que l'acception moderne du terme a été forgée, et c'est grâce à la lente et subtile évolution que Marcel Mauss a fait subir aux analyses durkheimiennes du sacré, de la religion et des représentations collectives, qu'il en est venu à prendre toute sa portée.

 

 

C'est l'histoire passionnante de cette invention du concept de symbolique que nous livre le présent ouvrage, dans un style à la fois limpide et époustouflant. Au-delà d'une reconstitution sans précédent de la pensée des deux plus grands représentants de l'Ecole, Durkheim et Mauss, elle nous offre, en prime, une histoire de l'ethnologie, des sciences du langage et des sciences de la religion jusqu'au premier tiers du XXe siècle. Ainsi des liens intelligibles sont-ils à nouveau établis entre la pensée française des soixante dernières années et ce qui l'a précédé. Et peu à peu, on se prend à rêver d'une reprise du dialogue entre philosophes, ethnologues, psychanalystes, sociologues, spécialistes de la littérature ou de la religion, qui trouveront tous ici également matière à nourrir leurs réflexions. Car ce que C. Tarot nous restitue comme s'il y était, comme si nous y étions, c'est l'exceptionnel travail collectif de la pensée

.

 

                                  Qu’est-ce que la parole perdue ?

 

Solange Sudarskis

2016

 

L'expression la parole perdue apparaît dans des rituels du 3e degré, où l'on parle aussi de la perte des secrets véritable du maître maçon. Il semble toutefois que les deux expressions soient relativement interchangeables ; ainsi le document Prichard de 1743 et l'instruction au 3e degré au rite écossais de la Mère Loge Écossaise de l'Orient d'Avignon de 1774 disent-ils. Un homme meurt, refusant de livrer un banal mot de passe pour se faire payer, connu de tous les maîtres, et un secret dont il était détenteur, par ailleurs, disparaît. Le secret n’est donc pas le mot de passe. Alors, est-ce un savoir que lui seul possède ? Est-ce une partie d’un mot à prononcer avec d’autres pour qu’il soit complet et efficient ? La parole d’Hiram serait-elle autre chose que celle d’un seul homme ? Que peut-être cette parole pour le franc-maçon d’aujourd’hui ? N’oublions pas que le mot Hiram porte en lui-même des mystères et parmi ses nombreuses traductions de l’hébreu, il peut aussi être lu comme HaReM qui désigne la chose cachée.

 

Le savoir personnel : Quel serait ce savoir ? Au Rite York, à la mort d’Hiram, il est dit : « Il n'y a pas de plans sur la planche à tracer pour permettre aux ouvriers de poursuivre leur travail, et le G :. M :. H :. A :.  a disparu ». Sur la planche, le maître d’œuvre modifie le plan selon lequel la construction du Temple devra s'effectuer. Cette planche sert en permanence de point de repère pour l’ouvrage qui va être réalisé au fur à mesure de l’avancée des travaux. Lorsque l’ouvrage est terminé, il doit se superposer exactement au tracé qui est sur la planche. La conception théologique de l'art de la construction peut se résumer en une recherche de méditation parfaite entre la beauté pure qui n'appartient qu'à Dieu et le miroir que doit lui offrir, par son œuvre, l’architecte afin qu'elle se révèle aux yeux des hommes. Concrètement, ce qui fut perdu serait-ce cette capacité architecturale de concevoir l’édifice et de terminer l’œuvre ?

 

·         Mais allons plus loin. Hiram, a été envoyé par le roi de Tyr à Salomon pour ses savoirs aussi particuliers que ceux que possédait Betsaleel, le constructeur de l’Arche d’alliance du désert : il était habile pour les ouvrages en or, en argent, en airain et en fer, en pierre et en bois, en étoffes teintes en pourpre et en bleu, en étoffes de byssus et de carmin, et pour toute espèce de sculptures et d'objets d'art qu'on lui donne à exécuter (II Chroniques, 2, 13 et 14).

C’est grâce à 3 vertus que le premier temple fut construit par Betsaleel car il est écrit en Exode 31,3 : «Je [dieu] l’ai rempli de l’esprit d’Élohim en sagesse, en intelligence et en savoir», " , vertus que l’on retrouve en Hiram dans I Roi 7, 14 « rempli de sagesse, d’intelligence et de savoir » Ces trois vertus, concepts, attributs divins, types de forces, ou niveaux de conscience, sont les processus à l'œuvre des structures vivantes, correspondant aux 3 Séphiroth  :     Hokhmah, la sagesse ; Tébouna, alias Binah, l’intelligence ; Daath, le savoir, la connaissance. La somme de leurs valeurs guématrique, après réduction, est équivalente à ce qui relie les 2 colonnes Yakin et Boaz [1] qu’Hiram a fondues. La parole perdue serait-elle l’esprit d’Elohim, cette capacité de création, comme celle du maharal de Prague avec son Golem dont aurait été doté Hiram ?

 

John Yarker qui, dans un article sur Le rite d’York et l’ancienne maçonnerie en général, remarque qu’«en vérité, des ouvriers complotèrent illégalement pour extorquer d’Hiram Abif un secret, celui de l’animal étonnant qui avait le pouvoir de couper les pierres.  Le secret qui a été perdu par les trois Grands Maîtres est celui de l'insecte shermah (shamir), qui a été employé pour donner un parfait polissage aux pierres. Considérant cette remarque de Yarker, le secret opératoire du shamir serait-il «ce qui a été perdu» ? De même, dans la présentation du rituel Wooler, qui ressemble au texte de Yarker, on lit dans un catéchisme du troisième degré : «Après la construction du Temple, les ouvriers du plus haut degré, connus sous le nom de« Most «Excellent», ont accepté les grands secrets concernant le noble In… Sh…, qui était ce qui constituait le secret des trois Grands Maîtres et [pour] lequel HAB fut tué » ; l'utilisation d'abréviations prouvant le caractère autrefois ésotérique, ou supposé tel, de l'information.

 

Dans son Miscellanae Latomorum, le Dr William Wynn Westcott propose un passage d'un vieux rituel qui parle précisément du secret de l’insecte shamir et des trois Grands Maîtres. Voilà notre intérêt maçonnique éveillé.

Cette tradition maçonnique est ignorée de nos jours, mais intéressons-nous à ce shamir ; essayons de trouver quelques sources à cette incroyable histoire. Ce shamir miraculeux aurait été spécialement créée au début du monde pour cette utilisation opératoire. Selon cette légende, quand Salomon demanda aux rabbins comment construire le Temple sans utiliser d'outil de fer, pour se conformer, bien sûr, à l'injonction du Deutéronome (Exode, 20,21 ; Si toutefois tu m'ériges un autel de pierres, ne le construis pas en pierres de taille; car, en les touchant avec le fer, tu les as rendues profanes), ils attirèrent son attention sur le shamir par lequel Moïse avait gravé le Nom des tribus sur le pectoral du grand prêtre.

 

Voyons cela de plus près. Ranulf Higden (1300-1363), dans son Polychronicon, cite la légende du ver de fendillement de pierre, qu'il nomme thamir. Dans l’Encyclopédie juive on trouve cette légende qui raconte que, sur la recommandation des rabbins et afin de ne pas utiliser le fer, Salomon taillait les pierres au moyen du shamir, un animal, un ver dont le seul contact fendait la pierre. On retrouve cette légende également dans la littérature arabe et même dans  le Coran. Dans la littérature talmudique, il existe de nombreuses références à Shamir. Des qualités inhabituelles lui ont été attribuées. Par exemple, il pourrait désintégrer quoi que ce soit, même dur comme des pierres. Parmi ses possessions, Salomon la considérait comme la plus merveilleuse. Le roi Salomon était désireux de posséder le Shamir parce qu'il en avait entendu parler. La connaissance du Shamir est en fait attribuée par des sources rabbiniques à Moïse. Après avoir beaucoup cherché le Shamir de la taille d'un grain d'orge, il a été trouvé dans un pays lointain, au fond d'un puits, rapporté à Salomon, mais étrangement, il perdra ses capacités et est deviendra inactif plusieurs siècles plus tard, à peu près au moment où le Temple de Salomon a été détruit par Nabuchodonosor.

 

Étonnant et curieux Shamir ? Qu’est-ce donc ? Selon les auteurs médiévaux, Rachi, Maimonide et d'autres, Shamir était une créature vivante, un ver ; soutenant que Shamir ne pouvait pas être un minéral parce qu'il était actif. Ce ver magique était doté du pouvoir de modifier la pierre, le fer et le diamant, par son simple regard. Par ailleurs, les sources rabbiniques ont transmis la description de la gravure des noms des douze tribus sur les douze pierres précieuses de la cuirasse du grand-prêtre (le pectoral) ; Moïse le fit non pas par sculpture, mais en écrivant avec un certain fluide et en les «montrant» à Shamir, ou en les exposant à son action. De l'avis des auteurs modernes, l'expression «montré à Shamir » indique clairement que c'était le regard d'un être vivant qui a effectué la division de bois et de pierres. On admet cependant que dans les sources talmudiques et midrashiques, on ne dit jamais explicitement que le Shamir était une créature vivante. 3 Alors Shamir/ schamir/ samur, comme on en trouve l’expression, un ver de la taille d’un grain, ou autre chose, une pierre selon les différentes sources littéraires ?

 

Une vieille source, La Légende de Soliman et testament de Salomon [2], ouvrage écrit en grec, probablement au début du troisième siècle de l'ère actuelle, se réfère à Shamir comme une «pierre verte», page 10 note 31 : le shamir serait une pierre de cristal vert de grande puissance. Le nom dérive probablement de samir/ épine ou tranchant. Un seul shamir est reconnu avoir existé. Il est sculpté en forme de coléoptère, scarabée de l’espèce sacer ateuchus. C’est la raison pour laquelle on a confondu le shamir avec un insecte.  Mais comment une pierre verdâtre aurait-t-elle pu couper le plus dur des diamants avec son seul regard ? Reprenons ce que raconte Louis Guinzberg, en 1909, dans Les légendes des juifs, qui, inspiré par l’exégèse rabbinique, rapporte l’histoire de manière très fantastique : le shamir fut créé au crépuscule du sixième jour avec d’autres choses extraordinaires. Il n’était pas plus grand qu’un grain d’orge et possédait le pouvoir remarquable de tailler les diamants les plus durs. C’est pour cette raison qu’il fut utilisé pour les pierres du pectoral porté par le grand prêtre. D’abord on traça à l’encre les noms des douze tribus sur les pierres qui devaient être serties dans le pectoral ensuite le shamir fut conduit sur les lignes tracées et celles-ci furent ainsi gravées. Circonstance miraculeuse, le tracé ne porta aucune particule de pierre. On avait également utilisé le shamir pour tailler les pierres dont fut construit le Temple, car la loi interdisait d’utiliser des ustensiles de fer pour tout ouvrage destiné au Temple. Pour le conserver, il ne faut placer le shamir dans aucun réceptacle de fer, ni d’aucun métal, il le ferait éclater. On le conserve enveloppé dans une couverture de laine qui à son est tour est placée dans une corbeille de plomb remplie de son d’orge. Le shamir fut gardé au Paradis jusqu’au jour où Salomon eut besoin de lui. Il envoya l’aigle pour y chercher le ver. Lors de la destruction du Temple, le shamir disparut [3].

 

La manière dont Shamir était gardé en sûreté peut nous donner un indice: «Le Shamir ne peut être mis dans un vase de fer pour la garde, ni dans aucun vaisseau métallique: il éclaterait un tel récipient. Il est gardé enveloppé dans de la laine à l'intérieur d'une boîte de plomb rempli de son d'orge. Cette phrase est tirée du chapitre 48b du Talmud de Babylone et contient un indice important ; car, avec la connaissance actuelle nous pouvons facilement deviner qui ou plutôt ce qu’était Shamir : c'était une substance radioactive ; les sels de radium, par exemple, agissant sur certaines autres substances chimiques, peuvent émettre une luminescence de couleur jaune-vert. Cela expliquerait comment le pectoral du grand-prêtre avait été gravé : les lettres étaient écrites à l'encre, et les pierres étaient exposées l'une après l'autre au «regard» ou au rayonnement du Shamir. Cette encre devait contenir du plomb en poudre ou des oxydes de plomb. Les parties des pierres qui n'étaient pas protégées par le plomb se désintégrèrent sans laisser de particules de poussière qui, selon ce Talmud, paraissaient particulièrement merveilleuses. Les parties protégées par de l'encre de plomb se dressaient en relief sur la surface des pierres précieuses [4].

 

La possession la plus précieuse de Salomon, son Shamir, n'a pas survécu avec le temps, il est devenu inactif. La version habituelle de l'histoire, « le Shamir disparu », ne correspond pas à la traduction exacte texte hébreu. Le mot batel utilisé pour décrire la fin, ou la disparition, de Shamir  n'a qu'une seule signification : "Pour devenir inactif.". Dans les quatre cents ans qui ont passé de la construction du premier Temple à sa destruction par Nabuchodonosor en -587, une substance radioactive aurait pu devenir inactive [5].  Le secret d’Hiram serait-il celui de l’utilisation d’une sorte de laser radioactif [6] ?

 

Et si la « parole » était un ensemble d’éléments répartis entre plusieurs détenteurs dont la méconnaissance d’un seul entraînerait l’inefficacité du tout ? Un morceau de code en somme, un morceau de symbole ! Dans la légende, de fait, trois personnes forment un triangle : Salomon, le roi de Tyr et Hiram, les trois grands maîtres, chacun assigné à un rôle particulier et indispensable dans la construction du Temple. La légende dit que le Roi Salomon, Hiram Abiff, Roi de Tyr (1 Rois: 7:13), et Hiram Abi de la tribu de Dan (2 Chr.: 2:13) se sont réunis pour concevoir les plans de la construction du Temple, Salomon conçut, Hiram de Tyr fournit les moyens et Hiram réalisa l’œuvre. Nous apprenons que le grand savoir devait être gardé par ces trois personnes jusqu'au parachèvement du Temple. La parole leur aurait-elle été confiée en trois parties. Chaque membre du ternaire serait détenteur du mot sacré ou d’une fraction de celui-ci. Il fallait le concours des « trois premiers Grands-Maîtres », de sorte que l’absence ou la disparition d’un seul d’entre eux rendait cette communication impossible, et cela aussi nécessairement qu’il faut trois côtés pour former un triangle. Cela veut dire que chaque membre du triangle constitue la pointe d’une figure doté d’un centre commun. Ce centre, c’est le point de concordance des trois sensibilités magique, spirituelle et rationnelle qu’ils incarnent. Ce centre est donc l’essence de l’homme et de la nature c’est-à-dire l’essence de la vie qui se traduit concrètement en force de vie ou élan vital.

 

Comment se fait-il que, sachant que la parole ne pouvait être que par la réunion du 3 (le roi Salomon, le roi de Tyr et Hiram), comment se fait-il qu'aucun d'entre eux n'ait pensé à transmettre sa propre connaissance à un disciple pour que la chaîne ne se brise pas en cas de disparition? Était-ce se croire immortel ? Les exégètes des rituels assimilent la prononciation du Tétragramme à la « parole perdue ». Elle devait être trisyllabique. La syllabe est l’élément réellement indécomposable de la parole prononcée, même si elle s’écrit naturellement en quatre lettres. En effet, quatre (4) se rapporte ici à l’aspect « substantiel » de la parole et 3 à son aspect « essentiel ». Il est d’ailleurs à remarquer que le mot substitué  lui-même, dans sa prononciation rituelle, sous ses différentes formes, est toujours composé de trois syllabes qui sont énoncées séparément. Considérant que chez les Hébreux, le grand prêtre, le Cohen Gadol, était seul détenteur de la prononciation recta dictio et totale du mot sacré qu'il vocalisait une fois par an dans le saint des saints, cela pourrait vouloir dire que la parole ne fut pas perdue et que si Salomon la substitua, c'est qu'il pensait que son Maître d'œuvre avait cédé à la pression de ses agresseurs en la dévoilant : il fallut donc changer cette parole.

 

Dans ce même registre, on remarquera que lors de la destruction du Temple de Jérusalem et de la dispersion du peuple juif, la véritable prononciation du Nom tétra grammatique fut perdue ; il y eut bien un nom substitué, celui d’Adonaï, mais il ne fut jamais regardé comme l’équivalent réel de celui qu’on ne savait plus prononcer. En effet, la transmission régulière de la prononciation exacte du principal nom divin, désigné comme ha-Shem ou le Nom par excellence, était essentiellement liée à la continuation du sacerdoce dont les fonctions ne pouvaient s’exercer que dans le seul Temple de Jérusalem ; serait-il le centre spirituel de la tradition qui fut perdu ? Les mystères des sociétés initiatiques de l'Antiquité perpétuaient les premières traditions du genre humain et les nouveaux acquits des corps savants pour élever, au-dessus de leurs semblables, des initiés jugés aptes à en faire un usage utile pour tous. Cet enseignement leur était donné de bouche à oreilles après avoir pris l'engagement, par un serment menaçant, de ne le transmettre à d'autres initiés que sous les mêmes formes et conditions. Il est raconté qu'ils étaient possesseurs de secrets scientifiques redoutables et bienfaisants, dont leur haute morale imposait le respect, mais susceptibles, étant détournés de leur action bénéfique, d'être transformés dans un but malfaisant. Les initiations furent interrompues ; des initiés s'éteignirent, emportant dans la mort les secrets qui leur avaient été confiés. Les secrets des rites initiatiques pour l'intromission des pharaons, véritables mystères de la lignée royale d’Égypte, furent définitivement perdus à la mort du roi Sekenenrê Taâ qui mourut sans les avoir dévoilés à son ennemi qui voulait les lui arracher.

 

Dans certains cas, au lieu de la perte d’une langue, il est parlé seulement de celle d’un mot, tel qu’un nom divin par exemple, caractérisant une certaine tradition et la représentant en quelque sorte synthétiquement ; et la substitution d’un nouveau nom remplaçant celui-là marquera alors le passage d’une tradition à une autre. Quelquefois aussi, il est fait mention de « pertes » partielles s’étant produites, à certaines époques critiques, dans le cours de l’existence d’une même forme traditionnelle : lorsqu’elles furent réparées par la substitution de quelque équivalent, elles signifient qu’une réadaptation de la tradition considérée fut alors nécessitée par les circonstances ; dans le cas contraire, elles indiquent un amoindrissement plus ou moins grave de cette tradition auquel il ne peut être remédié ultérieurement[7].

 

Que peut-être la parole perdue pour un F\M\ d’aujourd’hui ? Les remarques que nous venons de faire montrent que la parole perdue serait soit un savoir, soit une prononciation, soit une connaissance spirituelle ou magique soit encore la trace du passage d’une tradition à une autre. La parole perdue du F\M\ me paraît un peu différente. Nous ne pouvons faire l'erreur des mauvais compagnons qui croyaient que le secret du maître maçon relevait de la communication d'un savoir ; notre recherche est bien différente puisqu'elle se place sur le plan de la Connaissance, celui de l'être et du spirituel, de l'immanence et de la transcendance. Dans l’exotérisme judaïque, le mot qui est substitué au Tétragramme qu’on ne sait plus prononcer est un autre nom divin, Adonaï, qui est formé également de quatre lettres, mais qui est considéré comme moins essentiel ; il y a là quelque chose qui implique qu’on se résigne à une perte jugée irréparable, et qu’on cherche seulement à y remédier dans la mesure où les conditions présentes le permettent encore. Dans l’initiation maçonnique, au contraire, le « mot substitué » est une question qui ouvre la possibilité de retrouver la « parole perdue », donc de restaurer l’état antérieur à cette perte. La parole perdue met en relief la nécessité d’une nouvelle perception et d’un nouveau langage relatif à la notion d’essence et de présence au-delà de la forme. Elle n’est pas à comprendre comme uniquement une perte dans la transmission, mais comme le commencement d’un apprentissage d’autres éléments de langages. Il nous reste à nous interroger sur comment trouver cette parole  ou comment lui en substituer une autre de même puissance.

 

Notes de lecture : 

[1] Si, comme en guématrie simple on ne donne pas une valeur particulière aux lettres finales : Yakin s’écrit

«יָכִין» yod, kaph, yod, noun et a une valeur de 10+20+10+50 = 90 ; Bo’az s’écrit « בֹּעַז» beth, eïn, zaïn et a une valeur de 2+70+7 = 79.

Entre les deux il y a une différence, une présence de 11.

Hakhmah, « חָכְמָה», la sagesse , (heith, kaph, mem, hé) soit 8+20+40+5 = 73

Tébouna, alias Binah, «תְבוּנָה »l’intelligence (tav, beith, vav, noun, hé) soit 400+2+6+50+5 = 463

Daath, « דַעַת » le savoir, la connaissance (dalethh, eïn, tav) soit 4+70+400 = 474

L’ensemble des  3 vertus : 73+463+474 = 1010 soit en réduction 11

[2] D’après les chroniques de Tabari Me d Ibn Djarir, Sabine Baring-Gould, Ahimaaz bin Tsadok, Louis Ginzberg, John D. Seymour. https://books.google.fr/books?id=-oEaEmuYFPoC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

[3] À rapprocher de l’Ourim et le Thoummim qui sont généralement considérés comme des objets ayant trait à l'art de la divination. En hébreu, le mot ourim signifie lumières, et thoummim, perfections, parfois traduit par vérité. Les érudits juifs les décrivent comme un instrument qui servait à donner la révélation et à déclarer la vérité. Ils disparurent avec la destruction du 1er Temple, le shamir, quant  lui, disparut avec la destruction du second Temple. Ils sont tous en rapport avec le pectoral porté par le Grand prêtre d'Israël.

[4] La plupart des gemmes, tels que le diamant, le saphir, l’émeraude ou la topaze, sont décolorés par la radioactivité. D’autres pierres précieuses, comme l’opale, sont constituées de cristaux de silice hydratée. Le rayonnement alpha les désintègre en rompant la liaison avec l’eau ; celle-ci se volatilise sans laisser de résidu.

[5] Le radium perd environ un pour cent de sa radioactivité tous les 25 ans

[6] Pour compléter cet aspect : http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=1424&mode=print

[7] La mort d’Hiram et la Parole perdue de René Guénon

retour à l'index des chapitres