A - K

L

M - Z

 

Chapitre 23  L      (  Travaux divers  )

 

Pour chercher dans la page, utilisez les touches "Ctrl + F" de votre clavier Windows !        Pour Mac = Cmd+F

 

LE SIGNE ET CONTRE - SIGNE

Georges Flour

Arcadia

 2020

                                                                                                            LE SIGNE ET LE CONTRE - SIGNE

 

Le mot ‘’signe’’ vient du latin ‘’signum’’, il permet de connaître, de prévoir, de deviner, il est signe de ralliement, élément de langage, un geste qui permet de communiquer puisqu’il existe un langage par signes. Il est la représentation de quelque chose de culturel, de conventionnel, d’universel. Il est constitué d’un signifiant et d’un signifié, c’est à dire d’une forme et d’un sens. Dans les sociétés initiatiques de tradition, le geste évoque une gestuelle et un symbole (sumbolon) représentant l’espace et le temps, le visible et l’invisible.

 

Le contresigne est plus difficile à définir, il sera une notion d’opposition ou de complémentarité, il pourra être l’antidote, neutralisant le signe dans une action négative. Contre ou contra voulant dire ‘’face à moi’’ donc opposition, mais cette opposition n’est pas forcément négative, au contraire elle peut démontrer la complémentarité du signe. Ainsi au 18e degré, ce signe et contresigne déclenche et multiplie l’influence spirituelle et l’effet initiatique. Le symbole de ce signe  prend ici son origine dans son unicité. La loge est donc un ensemble unique, une totalité, une seule entité, ne pouvant être divisé.

 

La signification du  signe et contre signe trouve son origine dans les écrits d’Hermès Trismégiste qui dans sa Table d’Emeraude au verset 2 affirme que ‘’Il est vrai sans mensonge certain que :Tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas et, tout ce qui est en bas est comme tout ce qui est en haut, par ces choses se font les miracles d’une seule chose ‘’

 

Pour les hermétistes et alchimistes d’autrefois, seul l’Art d’Hermès à travers sa Table d’Emeraude, dans une gnose à la fois opérative et spirituelle était seul en mesure de réconcilier foi et savoir, intuition et raison, le Ciel et la Terre, le Haut et le Bas etc. La figuration de ce Haut, de ce Bas et de son milieu, peut être exprimé par l’Arbre Séphirotique, lequel arbre  doit se lire de bas en haut et de haut en bas, avec au sommet la représentation de l’En Soph, l’inconnaissable, ce voyage ascendant et descendant de la Kabbale mène l’initié vers l’illumination pure en lui donnant les clefs de sa transformation, clefs qu’il va acquérir en passant de Malkut (le royaume matériel) à Kether (couronne, pure lumière, intelligence) et de Kether à Malkut Cette lecture descendante et ascendante trace et accentue la voie du multiple vers l’Un. Dans une  interprétation alchimique  il nous est dit aussi que l’Homme dans son voyage alchimique, doit passer du Solve au Coagula et ainsi apprendre le secret du Grand Œuvre, processus de la manifestation universelle.

 

Ce voyage qui nous est proposé à travers ce signe et ce contre-signe, peut se poursuivre dans le monde imaginal, monde correspondant à l’ouverture de l’âme humaine sur la création. L’âme devient alors le moyen privilégié de découvrir ce monde intermédiaire en reconduisant les choses sensibles vers leur source intelligible et réciproquement. Ce monde imaginal assure ainsi le passage entre le matériel et le spirituel en les réunissant dans une même  unité structurante. Par ce signe, le chevalier témoigne de sa position d’intermédiaire entre Ciel et Terre, tout en reconnaissant une puissance supérieure à l’Homme qui est l’Inconnaissable. L’index pointé vers le sol, rappelle l’origine de l’Homme ; Homme poussière, Homme/Adam qui retournera à la terre après la libération de son âme et de son esprit.

 

Ce signe lorsque nous le faisons doit-être non seulement perçu par les autres comme un symbole de reconnaissance fraternel, mais surtout doit être intériorisé par celui qui le fait afin de bien se pénétrer de l’importance anagogique et méditative du geste, ainsi on peut en recevoir les bienfaits comme le jaillissement d’une source intérieure (immanence) recevant le dépôt d’une rosée céleste (transcendance) ; laquelle rosée céleste est bien décrite dans le ‘’Mutus Liber’’ . La Genèse nous explique également l’origine et la création des eaux terrestres et célestes, du ciel et de la terre, avec sa séparation, mais en réalité ne faisant qu’un dans le Grand Tout.

 

Beaucoup de Traditions et autres sociétés initiatiques ont ce signe et contre signe dans leur corpus et à travers divers symboles, comme par exemple l’échelle. Dans la Tradition hébraïque, Jacob dormant sur le mont Bethel, a un songe, il voit une échelle dressée vers le ciel et des anges montent et descendent, il en déduit que le Dieu invisible lui envoi des messages et lui demande d’être l’intercesseur entre Dieu et les hommes.

 

Ce puissant support imaginatif de cette ascension spirituelle vers le monde invisible va depuis lors être repris par toutes les autres traditions Dans la Divine comédie – Paradis chap. 21 – Dante dit : « Je vis une échelle de la couleur de l’or que frappe un rayon de soleil et qui s’élevait si haut que mes regards ne pouvaient le suivre. Je vis encore descendre par les degrés tant de splendeurs que je pensais que toutes les lumières que l’on voit dans le ciel étaient là.

 

Chez Mithra l’initiation passe par la montée et la redescente d’une échelle de 7 échelons, représentant l’ascension mystique vers l’Empyrée à travers les planètes. On pourrait ainsi multiplier les exemples de cette symbolique.

 

Tous les tableaux de loge nous renvoient aux archétypes de la Tradition Hermétique, représentant en permanence cette opposition/complémentaire du Haut et du Bas. La circulation des énergies terrestres et célestes, positives et négatives symbolisées par le Caducée, convergent et descendent, faisant coexister l’Un et le Multiple. Le bestiaire du 18e degré nous explique que le Phénix ou l’aigle s’élève vers le Ciel alors que le Pélican représente le terrestre et le sacrifice du chevalier Rose+Croix devant pratiquer le non-attachement pour pouvoir se libérer de ses pesanteurs.

 

Cette interprétation Esprit/Matière se retrouve dans l’adage des Tarots et dans la symbolique de l’Equerre/Compas : Matérialiser l’Esprit et Spiritualiser la Matière ; la descente de la Jérusalem Céleste dans l’Apocalypse en est une autre interprétation, au demeurant fort intéressante quant à cette descente/ascendante et également, donne une solution de la quadrature du cercle. Malgré tout, ce signe insiste sur la notion Esprit/Matière avec l’Homme en tant que médiateur ou intercesseur, Pontifex ou psychopompe, il est pâte à modeler, argile rouge (Adam), cette argile qu’il doit pétrir dans son Athanor jusqu’à une symbiose lumineuse et ainsi devenir un nouvel Adam, un corps de Lumière. Ce travail  alchimique est un des grands mystères de la vie.

 

Le mot sacré I.N.R.I qui suit ce signe, est à mon sens son expression orale et symbolique. Feu spirituel qui ne détruit pas la matière mais la glorifie et lui permet de retrouver son état de pureté en transmutant le plomb en or. Ce feu est également celui du Buisson ardent sur le Mont -Sinaï, feu qui brûle sans détruire, représentant également le Principe Créateur. Cette Nature qui se régénère par le feu,  c’est l’Homme spiritualisé, l’Homme du 8e jour comme l’explique  M. M. Davy, mais c’est aussi la Nature divine qui se matérialise permettant à l’Homme de se transmuter afin d’adhérer et de participer à la mise en place du Plan divin. Les mystères d’Eleusis ont mythifié et glorifié cette loi universelle dans laquelle le soleil du Printemps réveille la vie sur terre, vie qui dormait durant l’hiver ; ainsi les grains de blé (schiboleth) s’élèvent vers le ciel, symbole du signe et contre signe, dont Déméter et Perséphone en sont les déesses mythiques.

 

Ce signe et contre signe nous rappelle également que nous sommes dans un mouvement de Transcendance, ascendant et descendant, ce qui implique l’obligation de nous réaliser en nous identifiant avec le Principe Primordial, dont nous avons reçu l’influence spirituelle au 1e degré avec le Fiat lux et les quatre éléments. Cette réalisation ascendante s’effectuera par le principe d’Individuation et d’assurection ( assurection étant un mot inventé par Charles de Bovelles en 1500- Jean -Pierre Lassalle il y a quelques années a repris et développé ce concept), ce double état permet à l’initié de parcourir la distance Homme/Divin en traversant le monde imaginal (d’Henry Corbin) afin d’atteindre le Principe, cette individuation/assurection qui va pratiquer des analogies transformatrices, se fait échelon par échelon, avec le temps, l’expérience, la recherche, la pratique des vertus, la méditation et la volonté de pratiquer la spiritualité et ainsi acquérir de nouvelles dimensions ou divers états.  Ces nouveaux états vont nous permettre de dissoudre notre Moi dans le grand Soi universel, ainsi la mission de l’Homme sera après cette Réalisation descendante de répandre la Lumière qu’il a reçu, ce dernier voyage sera son droit et son devoir.

 

En conclusion, le Chevalier Rose+Croix se doit d’assumer cette double nature terrestre et divine, ainsi, cette gestuelle évoque l’idée d’équilibre qui se trouve dans le mouvement de descente de l’esprit dans la matière et inversement,  montée de la matière vers l’esprit, ceci nous enseigne l’étendue des connaissances, des significations et la richesse qui nous est offerte si nous savons interpréter et mettre en pratique la connaissance contenue dans cette gestuelle –

PAX TECUM

 

 

 

 

la SPIRALE ET LE CENTRE.

 

LA SPIRALE ET LE CENTRE

 

La Franc Maçonnerie Ecossaise est perçue comme un chemin qui monte suivant une spirale conique. En avançant, on revient au même endroit, mais à un niveau plus élevé et sur un cercle de rayon plus rétréci... On meurt à chaque fois à une ancienne vie pour se régénérer meilleur à une nouvelle vie , comme on l'a été à son initiation (cabinet de réflexion, la grotte, la ventre de la mère), à son élévation au 3è degré et à autres après. C'est la même image de régénération après une mort véhiculée par le déluge, l'apocalypse, etc...


                          

Être Musulman c'est se trouver sur le Cercle, la grande voie (shariyah) accessible à tous avec ses règles et ses lois de vie en société. Pour aller du Cercle au Centre (haqîqah), l'Unique et l'Immuable Vérité - en fait Allah -. il est nécessaire de suivre un chemin qui mène au Centre, le  tariqah, c'est à dire un des innombrables rayons ("les voies de la connaissance sont aussi nombreux que les enfants d'Adam") accessibles à ceux qui ont la capacité de comprendre. Le Soufisme, la voie ésotérique de l'Islam  est un de ces chemins.

 

Cercle et Centre

"Je ne suis ni de l'Est, ni de l'Ouest, ni de la mer, ni de la terre, je ne suis ni matériel, ni éthéré, ni composé d'éléments,

Je n'existe pas, je ne suis une part, ni de ce monde, ni d'un autre, je ne descends ni d'Adam, ni d'Eve, ni d'aucune origine.

Ma place n'a pas de place, une trace de ce qui n'a pas de trace, ni corps, ni âme.

J'appartiens au Bien-Aimé.

J'ai vu les deux mondes réunis en un seul, le premier, le dernier, celui du dehors, celui du dedans, simples comme le souffle d'un homme qui respire."

Rumi, Mathnawi, livre premier

Les Cercle et Centre évoqués dans la définition du  Soufisme  se retrouvent dans la Franc Maçonnerie ou le Cercle est la limite de la connaissance humaine, la Connaissance étant figurée par le cercle de rayon illimité, et le Centre, la Vérité, le Principe,  tout ( cercle de rayon infini) et rien ( cercle de rayon nul).

Le Bouddhiste , par la méditation et le travail sur soi même , poursuit le but de d'échapper à la roue de la vie et de revenir vers le non soi . Il nie qu'il y a un moi permanent et autonome càd qu'il y a une âme immortelle ou un principe vital, mais admet un "moi empirique" (le corps-esprit) qui est décomposé en cinq "agrégats d'attachement" :

1.      Le corps (rūpa

) ;

2.      les sensations (vedanā) ;

3.      les perceptions (samjñā) ;

4.      les "fabrications mentales" (samskāra) ;

5.      la conscience (vijñāna).

ll faut donc parvenir à séparer les cinq agrégats d'attachement, à briser l'attachement et la croyance qu'ils sont "soi" pour revenir à l'initial "non-soi".

Le but du bouddhisme( et aussi du taoïsme) n'est pas le même que celui des trois religions monothéistes.

roue bouddhiste de l'existence

Le Taoïste, lui, cherche à aller au- delà de la dualité qui est la caractéristique de la création, de l'existence, pour revenir vers l'Unité, le Principe .

Il ne s'agit pas de se mettre dans une des deux positions de la dualité pour combattre l'autre, de faire disparaître le Yin, le noir, pour ne garder que le Yang, le blanc. Car le noir Yin reviendrait comme le blanc Yang partirait, et le cycle perpétuel continuerait. Car cela correspondrait à rester dans les contradictions de ce qui a été Créé, sans vraiment chercher à s'en échapper pour entamer la route de retour vers l'Origine.

La Voie Taoïste consiste à chercher à arriver à ne plus différencier le mal du bien, à recevoir et accepter tranquillement amour et haine, blanc et noir, joie et peine, à ne pas sentir, ni voir, ni vivre des Yin et des Yang différenciés, de ce qui est Créé, pour accéder à la communion intime de soi même avec tout ce qui nous environne. C’est une Voie qui propose des pratiques, un style de vie, des exercices, qui permettent de relier, d'harmoniser le yin et le yang, la terre et le ciel, c'est-à-dire le visible et l'invisible.

Tai Ki

C’était au temps où Lie Tseu lui même cherchait encore à apprendre auprès du grand maître Lao Chan. :

Quand je suis devenu disciple de mon maître, dit- il, c'est seulement après trois ans passés à avoir peur de juger intérieurement et extérieurement et de qualifier quelconque par des paroles, qu'il m'honora pour la première fois d'un regard.

Au bout de cinq ans, quand j'arrive à juger au fond de moi même ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, et à distinguer par la parole entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, mon maître alors me sourit pour la première fois.

Au bout de sept ans, quand naturellement est effacée dans mon esprit la distinction entre le juste et le mauvais, et dans mes paroles celle entre l'avantage et l'inconvénient, mon maître, pour la première fois, me fit asseoir sur sa natte.

Au bout de neuf ans, quand j'eu perdu la notion du juste et de l'injuste, du bien et du mal, en moi aussi bien que vis à vis des autres, alors en moi s'établit la communion parfaite entre le monde extérieur et mon intimité foncière, je ne distinguai plus le Maître comme un Maître, ni un ami comme un ami.

Ne plus distinguer intérieur et extérieur, c'est sentir la vue comme l’ouïe, l'ouïe comme l'odorat, l'odorat comme le goût, tous intégrés en un seul tout. Mon coeur est comme ne battant plus, mon corps comme complètement délivré, ma chair et mes os comme dissolus, je ne sens plus que mon corps s'appuie sur quelque chose ou que mes pieds se reposent sur la terre. Je suis le vent passant de l'Est en Ouest, comme une feuille détachée de sa branche, comme un fruit sorti de son arbre, je ne sais plus si c'est le vent qui me porte ou c'est moi qui porte le vent. "

 

LA PLASTICITḖ POLYMORPHE DU CORPS MENTAL

Jean Chiarri

Réflexions perso de Jean Chiarri

2018

Plasticité : ce dit de ce qui est malléable, en particulier de la souplesse et de l’adaptabilité d’un caractère.

Polymorphe : qui a ou qui peut prendre des formes diverses.

 

Nous avons en permanence et en conformité avec la Tradition, dénoncé l’enfermement mental, de la même manière nous avons affirmé la prédominance de la Conscience, comme moyen de sortie, de libération de cet enfermement ; car cette Conscience est dans le mental, mais elle n’est pas de ce mental, elle est en relation avec l’Ame, principe universel de la Connaissance. La première phase est que ce déclenche, ou soit déclenché, le réveil ou l’éveil de cette Conscience, cette prise de Conscience est le constat que nous sommes totalement conditionné et cela dès notre naissance, en premier de manière innée, puis dès notre naissance par les ensembles qui vont se succéder dans le temps de notre formation humaine. Le mental est auto créateur en commençant et en partant de l’univers informationnel de notre propre manifestation ; sa première création en est l’EGO qui sera le poste de pilotage de cette auto création.

 

Nous savons que cet univers d’informations est totalement mensonger, nos sens sont les éléments qui nous trompent et cela par l’interprétation que fait notre cerveau de ces informations. Prendre conscience  de cet esclavage, nous libère seulement en partie, mais il met fin  aux absurdités du libre arbitre, d’une fausse liberté existentielle, du doute permanent qui est une déstabilisation, qui fragilise l’homme pour le rendre encore plus malléable au pouvoir mental. Cette prise de Conscience, commence à établir une distanciation avec l’ensemble des formes de conditionnement tel que les formes religieuses et politiques, puis de celles de l’histoire et des philosophies, enfin et cela est le plus difficile, la distance se fait aussi d’avec les composantes humaines, famille, race, pays…

 

Cet ensemble de détachement comporte une substitution qui se nomme LE DEVOIR, je n’ai plus de droits, je rentre dans la voie du Devoir, ce Devoir est la conséquence du changement d’état, les liens ne sont plus dans le domaine du relatif, mais dans une relation universelle ou ce n’est plus l’homme qui compte, mais l’humanité. En réalité, ce Devoir est le commencement de l’effacement de notre nature individuelle. La phase suivante sera la découverte que nous avons nommée « plasticité polymorphe »Ou le fait que notre mental central est capable de créer des centres secondaires de conditionnement. Ces centres, ne sont plus individuels, mais collectifs, pour cela il y a une nécessité absolue, c’est la répétitivité, la permanence  et la quantité d’informations délivrées et reçues. Le phénomène de l’information massive a commencé avec la naissance de la radio et sa première exploitation de masse est celle de la propagande créée par le nazisme ; La deuxième phase, est celle de l’apparition de la T.V. cette invention aura une action déstabilisatrice énorme sur le système social, détruisant le relationnel familial ainsi que l’ensemble des activités communes dans les villes et les villages, commençant la mise en place de l’esseulement collectif.

 

A l’information massive, se joint l’image, facteur émotionnel supplémentaire, mais surtout l’aspect hypnotique et subliminal véhiculé de manière organisée consciente ou inconsciente, mais dans tous les cas manipulée.

Ces formes avaient un inconvénient majeur, celui de la limite quantitative d’informations, qui dans notre démonstration est l’élément central. La dernière révolution informatique, va régler définitivement l’ensemble des difficultés, moyens de transmission devenant un environnement permanent et massif qui crée un réseau d’enfermement efficace, car accepté et volontaire. La quantité d’informations devient illimitée, saturant complètement les simples capacités de réflexion et mettant l’homme dans l’incapacité de déterminer quoi que ce soit, nous atteignons tout simplement le  « lavage de cerveau » tellement pratiqué par les dictatures du vingtième siècle.

Si nous insistons fortement sur cette notion d’information, c’est tout simplement qu’elle est devenue l’unité du scientisme technologique et notamment de l’I.A. Non seulement cette quantité est formatrice de cette I.A. mais elle est aussi l’élément formateur de l’univers mental ; la pression informative crée une imprégnation mentale, sous cette poussée informative le mental va s’adapter et se transformer ; un individu, pourra se modifier et s’adapter à une forme sociale ou asociale sans ressentir la moindre gène morale ou éthique Ce qui fut obtenu par la violence et la peur dans les régimes hitlérien et stalinien, sera  obtenu dans un délai très court par un assentiment libre de toutes contraintes.

Le processus que nous dénonçons est évidemment présent depuis l’origine humaine, citons St Augustin :

 

« A force de tout voir, on finit par tout supporter »

« A force de tout supporter, on finit par tout tolérer »

« A force de tout tolérer, on finit par tout accepter »

« A force de tout accepter on finit par tout approuver »

 

Dans le désastre humain qui s’annonce, la responsabilité des supports médiatiques est en première ligne, car, non seulement ils répondent à la quantité, mais en plus ils sont les supports des diverses propagandes, à commencer par la publicité, qui est l’exemple parfait de ce que nous dénonçons. L’amalgame est un des éléments structurant des présentations médiatiques, qui permet entre autre d’accélérer le processus de confusion mentale et par contre coup la déstabilisation, et des individus et des sociétés. L’enfermement mental collectif est d’une puissance insoupçonnée, car échappant dans un premier temps  à l’éveil de la Conscience individuelle.

 

DE L’AUTO CREATION A L’AUTO DESTRUCTION /  Dans le noir, il y a toujours une faible Lumière, car dans l’acte créateur, l’harmonie est présente, atteindre l’enfermement absolu, engage la destruction de la créativité mentale incontrôlée, la restitution par révolte des racines originales et originelles. L’écroulement du corps mental sous se retour est toujours d’une grande brutalité, il n’est que de constater la dégénérescence actuelle d’une partie de la population, en commençant par le problème des drogues, à l’écroulement psychique et psychologique des individus, et évidemment à une violence permanente et quotidienne qui se développe. L’égoïsme est le facteur de l’esseulement des individus, cet esseulement n’est pas dans l’extérieur, mais dans l’âme de l’homme, il est le facteur de l’épuisement et ensuite du suicide, par dégout de la vie proposée par un univers mental qui vit ses derniers instants, si nous prenions un langage ancien nous dirions : «  que Lucifer a gagné contre l’Esprit ».L’homme pense qu’il est un individu particulier et unique, cette présentation est celle de l’illusion mentale, en réalité il est multi faces, car sa malléabilité mentale, le prédispose à une multitude de personnages, qui tous par définition, servent le monde des désirs de ce corps mental et constituent ce que nous nommons l’infra humain. Un homme peut donc, en fonction des critères que nous avons énoncé devenir tout autre et le même pourtant, avoir un visage humain et une âme bestiale, être un bon père de famille et le tortionnaire d’un stalag. Un peuple peut donc dans les mêmes conditions se transformer, il n’est que de se poser la question, comment les allemands ont pu en trente ans devenir des nazis.

 

L’infra humain est la caractéristique par définition de ces et ses créations car elles ne peuvent servir que le monde de l’ego et de ses désirs. Cette création mentale, contient sa destruction, par épuisement de ses forces, qui produise la confusion et la folie.

 

 Cette confusion est caractérisée par une non différenciation des éléments qui constituent la Dignité humaine ; le bien et le mal la réussite et l’échec, Dieu et Lucifer, paix et guerre…tout cela fini par être regardé comme identique et n’ayant pas de réalité objective. L’interprétation du domaine spirituel et Religieux se concentre uniquement sur les facultés du corps mental et se justifie par l’athéisme matérialiste et scientiste. Dans cette situation tout devient flou, et les déracinements s’enchaînent les uns derrière les autres, non-respect du vivant dans toutes ses expressions, dilution sociale dans toutes ses formes et fondations, cela est vieux comme ce monde, nous citerons le Tao : « Plus il y a d’interdits, plus le peuple s’appauvrit.   Plus les hommes sont ingénieux et habiles, plus leurs inventions sont néfastes. Plus nombreux sont les décrets et les lois, plus les malfaiteurs et les bandits pullulent ».Cette solidification ou pétrification au sens Biblique de la femme de Loth, répond parfaitement au chant 9 de la cité de l’Enfer de la D.C. de la seconde mort ou mort spirituelle. Ce chant nous précise que les portes de cette cité furent fracassées par la puissance Christique, il est temps de maintenant d’indiquer la porte de sortie de cet enfermement, qu’il soit personnel ou collectif. La notion de guide est essentielle, Dante reçoit Virgile, mais celui-ci est nommé directement par Béatrice, via la Vierge et le Christ. Nous recevons ce guide dès notre initiation, son actualisation  dans l’évolution de la Conscience éveillée, se fait par la reconnaissance d’un représentant de la puissance Divine exprimée sur notre terre.

 

Pour notre cycle, cette puissance se nomme Christ-Jésus, nous avons inversé l’expression classique, car l’Avatar Christ était avant que soit l’homme Jésus, son enseignement, conforme par essence à la Tradition, représente le cheminement qui mène à cette sortie. Il est évident que nous ne faisons aucune références aux diverses confessions du Christianisme, mais au seul enseignement Christique ou « Dits de Jésus ».Cet enseignement est celui reçu par Moïse, développé par Christ et enseigné dans l’Ordre Ecossais, il concerne la Conscience de chaque humain et s’exprime par les deux commandements, suffisant en eux même :La  reconnaissance d’un Principe transcendant créateur, qui s’imprime dans la Conscience et déclenche ce que nous nommons : « la tension permanente vers l’Absolu ».Cette reconnaissance mène le cherchant vers la seconde Loi, la Loi d’Amour, celle qui : « Meut le soleil et les autres étoiles » dernier vers de la D.C. Ces deux Lois constituent les montants de l’échelle de Jacob, le passage au-delà de la limite mentale, pour laisser s’exprimer en nous l’Esprit Saint.

 

LE MONDE DE DEMAIN : Quelle image la plasticité polymorphique va donner de l’homme du vingt et unième  siècle, nous sommes pour l’instant dans une vision apocalyptique de la première phase de cette œuvre.

Mais il nous semble inéluctable que la direction prise est celle de l’œuvre infernale, d’une inversion des possibilités et capacités mises dans l’être humain et symbolisées par l’Adam premier, cette phase sera la victoire du vieil Adam, celle du monde relatif de la mort. (le symbolisme de la chute)Il est évident que le scientisme technologique, va être la base fondatrice de cette période, et que toutes les actions de ce scientisme impacteront directement la nature humaine. Malheureusement les impacts que nous voyons se préciser, le sont en particulier avec la nouvelle religion du bonheur le « Transhumanisme », cette doctrine engage et affirme la suprématie du scientisme et en phase finale la disparition de l’homme dans sa représentation actuelle. Notons que ce néologisme inventé par Dante, représente l’exacte opposition au nom moderne, en effet le premier est la libération de la forme humaine par métamorphose intérieure, alors que le second est une transformation technicienne extérieure.

 

Ce transhumanisme, ne tient aucun compte des qualités morales, philosophique et religieuse de l’homme, ni de ses racines terrestres. La phase principale est en voie d’accomplissement, c’est la rupture avec les filiations terrestres humaines et environnementales, par destruction de l’ensemble des formes de vie, dans l’intérêt unique de l’enrichissement d’une caste restreinte de cette humanité.(La symbolique du veau d’or)Puis vient la dissolution des liens humains, l’esseulement produit par l’exacerbation égotique, s’installe dans les populations et surtout dans les familles, ces familles lieu de force et d’unité, deviennent  celui de l’oppression de la dispute, de l’opposition et en final de l’explosion, cela sans aucun sens du devenir notamment des enfants. L’enfant qui est la finalité même de la vie humaine, devient un bien marchand, qui par PMA ou GPA n’est plus que la satisfaction affective de l’ego, sans soucis aucun de son avenir. La liberté devient le mot de ralliement central à toutes les contestations, liberté qui ne peut être qu’un esclavagisme consenti au monde de nos désirs illusoires. (la symbolique de Sodome et Gomorrhe)

Cette explosion familiale ouvre grande les portes à la disparition de la filiation humaine et de fait à toutes les manipulations génétiques, qui furent dénoncées sous le nom      « d’Eugénisme ».Le tout sera renforcé par la nouvelle philosophie du bonheur pour tous, ici ou sur une autre planète (un nouvel Eden), bonheur matérialiste, dont nous savons qu’il est l’antichambre de la mort par affadissement d’une vie sans obstacles et sans buts.

 

En conclusion, nous devons mener une lutte sans merci contre notre asservissement au corps mental et le contraindre à servir, Cette lutte est la voie de la Libération des contraintes de notre manifestation est ouvre les portes de la Lumière et fait de nous : « des Fils de la Lumière ».Nous ne devons rien céder au monde moderne de ce siècle, prendre le contrepied contre toutes les déviances de cette société, non conforme aux lois d’harmonie de cette création.

S’inclure dans le courant sociétal moderne, est le meilleur moyen de perdre son âme, les Eglises en payent aujourd’hui le prix fort.

 

CONTE DU  MOYEN ÂGE:  LE MOINE  ET  L’OISEAU.

 

 

 

 

Le moine et l'oiseau (extrait du livre Contes du Moyen-âge Aux éditions du Seuil.)

Il était une fois un moine. Selon l'usage de ce temps-là, ses parents l'avaient consacré à Dieu dès sa naissance et envoyé au monastère quand il était encore enfant. A présent, il était au seuil de la vieillesse. Il ne regrettait pas d'avoir passé toute sa vie dans le même cloître, entre le chœur et le dortoir, entre la salle du chapitre et le réfectoire, entre l'accueil des pèlerins à l'hôtellerie et la copie des manuscrits dans le scriptorium. Il avait été un moine heureux, et donc un bon moine. Sa foi était confiante, sa conscience nette. Il attendait dans la paix que Dieu qu'il avait servi en ce monde, l'accueillit dans l'autre. Une seule inquiétude le tourmentait. Un moine mène une vie régulière : une vie soumise à la règle et une vie où chaque journée, mesurée par les heures des offices de l'aube à la nuit, de matines à complies, est identique à celle qui la précède et à celle qui la suivra. Identique ? non, certes. L'année liturgique s'écoule, alternant le temps de la pénitence et le temps de la joie : au temps de l'Avent succède le temps de Noël, au temps du Carême le temps pascal. Elle déroule l'image de la vie du Christ et modèle celle du chrétien. Mais elle s'achève, et une autre commence qui est la même. Cette régularité, cette monotonie, ce retour des jours et des années ne pesaient pas à notre moine. Il n'avait jamais tien connu d'autre. Surtout, il savait que cette vie prendrait fin. Il la vivait dans l'attente de l'autre, la vraie. Et là était son inquiétude. Les élus au paradis chantent les louanges de Dieu comme le font les moines en ce monde. Mais ils n'attendent rien d'autre. Ils le font pour l'éternité. Le moine craignait que l'éternité lui pesât. Si heureux que l'on soit dans le sein de Dieu, il avait peur de s'y ennuyer.

 

Un matin, à l'heure de la récréation qui suit la réunion du chapitre, il alla, selon son habitude, faire quelques pas dans la forêt qui bordait le monastère. C'était le temps de Pâques. L'air était vif et léger, odorant sans être chargé d'aucun véritable parfum. Les jeunes feuilles des arbres, l'herbe, la mousse, tout était frais, clair et gai. Le moine s'assit au pied d'un frêne dont les petites feuilles allongées dessinaient sur le sol les entrecroisements d'une ombre légère. De minuscules violettes se cachent sous les brins d'herbe. Un peu plus loin, où l'herbe plus longue et plus sombre signalait un creux humide, peut-être une source, il y avait des anémones, et plus loin encore des jonquilles. Le moine s'adossa au tronc de l'arbre et pensa une fois de plus à la question qui le préoccupait. Il savait bien qu'il avait tort de se la poser. Il s'en faisait scrupule et reproche. Mais il aurait cependant aimé que Dieu le rassurât en lui donnant ne fût-ce qu'un indice de ce qui l'attendait au paradis. Comme il restait là parfaitement immobile, un oiseau, qui s'était tu à son approche, se remit à chanter. Son chant était si pur, si modulé, si mélodieux qu'il oublia ses pensées pour l'écouter.

 

 Il lui semblait n'avoir jamais rien entendu d'aussi beau. Toutes les mélodies de l'office et des heures monastiques, les hymnes et les psaumes, qu'il chantait dans le chœur avec ses frères depuis son enfance ; toutes ces mélodies qui, chacune selon son mode, chantaient de la note de base à la tierce ou à la quinte, enroulaient leurs mélismes autours de la teneur, redescendaient doucement jusqu'à la note initiale comme si elles suivaient les arcatures de la voûte de l’église ou celles du cloître ; toutes ces mélodies qui incarnaient pour lui la beauté et la paix ; toutes ces mélodies lui paraissaient soudain insipides en comparaison des quelques notes qui formaient le chant de cet oiseau. Au bout d'un instant, il se dit qu'il était temps de regagner le monastère s'il ne voulait pas être en retard pour l'office de tierce. Il se leva, et l'oiseau se tut. Quand il se trouva à l'entrée du monastère, quelle ne fut pas sa surprise de voir que le frère portier, qu'il avait salué au passage quelques instants plus tôt, avait laissé sa place à un autre moine, et à un moine qu'il ne connaissait pas. Ce nouveau portier ne connaissait pas non plus, car il le regarda avec étonnement et lui demanda ce qu'il voulait. Décontenancé, vaguement irrité, notre moine lui répondit qu'il voulait seulement entrer, et entrer bien vite afin de ne pas être en retard pour tierce. L'autre le regardait sans avoir l'air de comprendre. Mais, finit-il par dire, vous n'êtes pas un moine de cette abbaye.


Comment cela, je ne suis pas un moine de cette abbaye ! je suis... Et il se nomma. L'étonnement du portier se changea en suspicion. l n'y a personne ici de ce nom. Le moine commençait à trouver la plaisanterie un peu longue. Il tempêta et exigea qu'on fît venir l'abbé. L'autre fini par céder. Mais quand l'abbé arriva, le moine ne le reconnu pas non plus. Ce n'était pas son abbé. La peur le prenait. En bredouillant un peu, il répéta qu'il était sorti pour une courte promenade, que certes il s'était attardé un instant à écouter un oiseau, mais qu'il s'était hâté de rentrer pour n'être pas en retard à l'office - comme si de telles explications pouvaient éclairer cette situation incompréhensible. L'abbé inconnu le regardait et l'écoutait en silence.


Il y a cent ans, dit-il enfin, un moine de cette abbaye portait votre nom. Un jour, à peu près à cette heure-ci et en cette saison, il est sorti du monastère. Il n'est jamais revenu et personne ne l'a jamais revu. Alors le moine comprit que Dieu l'avait exaucé. Si cent ans lui avaient paru un instant dans le ravissement où l'avait plongé le chant de l'oiseau, l'éternité n'était qu'un instant dans le ravissement en Dieu. Il confessa à l'abbé l'inquiétude qui l'avait si longtemps habité et, rattrapé par les années, il mourut en paix entre ses bras. 

 

                                                                               LA  TOMBE  EST  UN  BERCEAU

      REFLEXION

Arcadia

2016

Il m'apparait impossible que la vie humaine

une fois commencée, se termine bêtement

et que l’âme, comme une splendeur éphémère

sombre dans le néant, après avoir inutilement été le lieu spirituel de si riches expériences, et de si douces affections ...

 

Pour moi, mourir ce n'est pas finir, mais continuer autrement ...

Un être humain qui s'éteint, ce n'est pas un mortel qui fini

mais un immortel qui commence ...

La tombe est un berceau.

 

La mort n'est pas une chute dans le vide, dans le néant

mais une montée dans la lumière.

Quand on a la vie, ce ne peut être que pour toujours

Mourir c'est aussi beau que naitre ...

Est-ce que le soleil levant n'est pas aussi beau que le soleil couchant ?

 

Si naitre est une façon douloureuse d'accéder à la vie.

Mourir ne serait-il pas une façon douloureuse

de retrouver sa totale liberté, et d'accéder à la véritable joie …

 

L’ÉPÉE  FLAMBOYANTE ET LE SENTIER DU SERPENT DANS L’ARBRE SḖPHIROTIQUE

 

 

 

 

L’Épée Flamboyante et le Sentier du Serpent dans l’Arbre de Vie 

On décompose ce rituel en deux parties distinctes : la descente de l’Épée Flamboyante (Kether-Malkuth

) et la Remontée (ou Voie) du Serpent (Malkuth-Kether).

KETHER-MALKHUTH (Épée Flamboyante)

Ce premier mouvement est considéré dans la tradition kabbalistique comme véhiculant les secrets de la Création. Ce mouvement se rapporte au macrocosme – à l’univers qui nous entoure. Sur l’Arbre de Vie lui-même, ce Sentier, ou cette Voie, démarre de Kether et aboutit à Malkuth dans une course en zigzag que l’on appelle « Épée Flamboyante ». Cette Voie est la course primordiale de l’énergie créatrice au travers des Sephiroth au travers des trois Piliers (Miséricorde, Rigueur et Milieu). Son voyage commence dans le Monde d’Atsilouth afin de se rendre dans le monde de Assiah au travers du Monde de Yetsirah et du Monde de Briah.

L’Épée Flamboyante a encore une autre signification dans la Kabbale : la Tradition veut que chaque Sephiroth prenne la forme d’un centre d’énergie déséquilibré et sans harmonie. Ce déséquilibre est personnifié en tant qu’entité démoniaque – ou « puissance négative » — que l’on met en parallèle avec les Klippoth ou « coques négatives ». L’harmonisation et l’équilibrage de chaque Sephirah par la descente de l’énergie de la création prennent la forme d’une image de la guerre contre les puissances du chaos. Ainsi, l’Épée, dans sa descente dans l’Arbre de Vie, devient un talisman pour vaincre les forces destructrices ; ainsi, en magie, la formule de l’Épée est une arme nécessaire pour le magicien afin d’équilibrer son être – en utilisant ainsi la formule dans le domaine du microcosme.

L’Épée et le Psaume 18

La tradition kabbalistique relie la descente de l’Épée dans ses phases successives avec les mots du Psaume 18, versets 8 à 16.

« 8 Il s’élevait de la fumée dans ses narines, Et un feu dévorant sortait de sa bouche : Il en jaillissait des charbons embrasés.

9 Il abaissa les cieux, et il descendit : Il y avait une épaisse nuée sous ses pieds.

10 Il était monté sur un chérubin, et il volait, Il planait sur les ailes du vent.

11 Il faisait des ténèbres sa retraite, sa tente autour de lui, Il était enveloppé des eaux obscures et de sombres nuages.

12 De la splendeur qui le précédait s’échappaient les nuées, Lançant de la grêle et des charbons de feu.

13 L’Éternel tonna dans les cieux, Le Très-Haut fit retentir sa voix, Avec la grêle et les charbons de feu.

14 Il lança ses flèches et dispersa mes ennemis, Il multiplia les coups de la foudre et les mit en déroute.

15 Le lit des eaux apparut, Les fondements du monde furent découverts, Par ta menace, ô Éternel ! Par le bruit du souffle de tes narines.

16 Il étendit sa main d’en haut, il me saisit, Il me retira des grandes eaux ; »

Les lettres hébraïques du diagramme 2 sont des aides mémoires pour ce texte, chaque paire comprenant la première et la dernière lettre du verset attribué à une phase spécifique de la course de l’Épée.

Celui qui médite suit le chemin de l’Épée à partir du sommet de l’Arbre (Kether), au travers des puissantes influences des sphères (les 8 Sephiroth), vers la région de la Terre (Malkhuth) – où il doit entreprendre le chemin de retour.

À la fin de la séquence de versets, ayant tracé le Sentier de l’Épée de Kether à Malkhuth, le méditant déclare : « Il me retira des grandes eaux ». Car il y a de nombreuses eaux, de nombreux aspects de l’eau. L’eau en tant que symbole de l’affliction et de la peine se retrouve dans de nombreux psaumes, mais dans d’autres, l’eau est un symbole de pureté et de santé, de vie préservée et renouvelée. Elle est aussi un symbole de naissance ; dans la Sphère de Malkhuth, elle rappelle le verset 1, 9 de la Genèse « Et Élohim dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi ».

Cette série de versets issue du Psaume 18 est pleine de significations kabbalistiques, et à divers niveaux. L’étudiant en magie devrait entreprendre l’étude de cette symbolique, c’est là un acte magique en lui-même.

Signification mystique de chaque verset :

1.Cette première phrase de l’Épée est émise en Kether et se propage vers Hokhmah.

2.Cette seconde phrase émise en Hokhmah se répand en Binah.

3.Cette troisième phrase émise en Binah se répand en Hessed.

4.Cette quatrième phrase émise en Hessed se répand en Guebourah.

5.Cette cinquième phrase émise en Guebourah se répand en Tiphereth.

6.Cette sixième phrase émise en Tiphereth se répand en Netzach.

7.Cette septième phrase émise en Netzach se répand en Hod.

8.Cette huitième phrase émise en Hod se répand en Yesod.

9.Cette neuvième phrase émise en Yesod se termine en Malkhuth.

MALKUTH – KETHER (Le Sentier du Serpent)

Ce second mouvement est associé avec le travail de la rédemption ; de la transformation et du soin de l’esprit humain. Ce mouvement est celui du microcosme – de l’univers en nous. La descente des énergies décrite dans l’Épée Flamboyante est équilibrée par un courant d’énergie remontant de Malkhuth à Kether. Ce courant suit un sentier sinueux complexe et dans l’imagerie traditionnelle de la Kabbale il est symbolisé par l’image du Sentier du Serpent.

Cette course qui peut paraître étrange de prime abord, n’est pas du tout due au hasard. Le Sentier du Serpent représente l’ouverture des sentiers entre les Sephiroth dans la conscience. Plus précisément, il représente l’ouverture de ces Sentiers dans un ordre équilibré, s’élevant de la base de l’Arbre vers la Couronne et ouvrant les niveaux les plus élevés de la conscience.

Le Sentier du Serpent est lié aux principes de la polarité. Tout d’abord, le mouvement d’un côté à l’autre de l’Arbre, d’un pilier à l’autre et ensuite en sens inverse fait écho à la route en zigzag de l’Épée Flamboyante. Ensuite, et plus important encore, chacun des sentiers entre les Sephiroth est lui-même un lien dans la polarité ; une force d’équilibre créé par le conflit entre deux Sephiroth en interaction. Chaque courbe du Serpent représente donc une polarité équilibrée. En terme de microcosme humain, le Sentier représente la jonction de deux aspects de la conscience dans une totalité plus élevée.

La très puissante conjuration du Serpent et de l’Épée

Le Rituel Kabbalistique de l’Étoile Flamboyante

Ce rituel est l’un des plus communs parmi les Kabbalistes et sa pratique peut être recommandée à la fois pour mieux appréhender les concepts de l’Arbre de Vie, pour la méditation ainsi que pour opérer une forme de la montée de la Kundalini. Les exercices qui suivent proviennent de plusieurs traditions différentes, mais leur efficacité est certaine, c’est pourquoi il nous paraît utile de les transmettre aujourd’hui.

L’Épée Flamboyante représente la descente de l’énergie divine lors de la Création et sa remontée vers la source sous la forme du Serpent Dressé. L’Épée Flamboyante et le Serpent forment ensemble le symbole du processus de la Création.

Lors de ce rituel, l’étudiant doit s’imaginer prendre la place du Créateur et de la Création. L’Épée Flamboyante traverse alors l’étudiant et lorsque l’énergie remonte, l’effet est une élévation de notre conscience et un éveil des centres psychiques correspondants aux différentes Sephiroth de l’Arbre de Vie qui sont harmonisées les unes avec les autres. L’étudiant devient alors l’Adam Kadmon ou Humain Originel précédant la Chute.

Les exercices doivent se pratiquer dans une pièce calme et lumineuse, il faut également veiller à ne pas être dérangé durant leur pratique. Il est bon d’allumer deux bougies blanches ou, préférablement, une Menora, ou chandelier à sept bougies. L’étudiant doit veiller à se laver préalablement et à se vêtir de vêtements amples, une robe de lin blanche est tout indiquée. Nous déconseillons l’utilisation d’encens ou de musique. En ce sens, ces exercices se distinguent des rituels magiques ou théurgiques habituels.

Préalablement à la pratique, il est conseillé également de pratiquer une méditation de quelques minutes, et de réguler sa respiration par une « respiration de quatre » (inspirez quatre secondes, retenez le souffle quatre secondes, expirez pendant quatre secondes et attendez quatre secondes avant de recommencer, et ainsi de suite).

 

TEXTE  D’ALAIN BAUER        -  LE SERMENT  -

Alain Bauer

Essai

 2020

Les maçons prêtent serment en promettant d’observer strictement le « secret maçonnique ». Pour la plupart d’entre eux, cette obligation est inhérente à l’appartenance à l’Ordre. Pourtant, les « Constitutions d’Anderson » de 1723, texte fondateur universel, n’utilisent jamais le terme. Elles recommandent seulement la prudence. Pour les anciennes confréries de métier (dites opératives), le seul secret résidait dans le « mot du maçon » qui permettait au manœuvre d’être reconnu sur les chantiers comme un apprenti, de trouver du travail, d’être payé en conséquence. Une sorte de diplôme oral préfigurant les conventions collectives. L’initiation elle-même semblait réduite à sa plus simple expression, parfois même tout entière concentrée dans la communication du mot . Les secrets étaient autant de savoir-faire, de techniques, de méthodes, de modes de calcul. Le manuscrit Regius de 1390, comme tous les textes du compagnonnage, explicite cette situation qui est une garantie d’emploi et de revenus. Pour la maçonnerie spéculative, qui ne semble définitivement pas être la continuatrice des opératifs, du moins pour l’Angleterre, il fut donc nécessaire de créer des symboles et des rituels, moins professionnels et plus initiatiques. Le secret des savoir-faire devenait alors le secret de l’initiation.

Tous les écrits du XVIIIe siècle, qu’ils défendent ou qu’ils dénigrent la maçonnerie, soulignent l’importance du secret dans les « mystères » proclamés de l’Ordre. Pourtant, dès 1738 (les premières loges anglaises datent de 1717, les premières loges écossaises apparaissent en France en 1649, la première Grande Loge de France, ancêtre du Grand Orient de France, se constitue en 1728), le rituel maçonnique, comprenant les diverses procédures d’initiation, est divulgué par le lieutenant de police de Paris René Hérault, dans Le Secret d’un frey-maçon. En 1744, l’abbé Pérault, qui publie un fameux Secret des francs-maçons indique : « Le secret des francs-maçons réside principalement dans la façon dont ils se reconnaissent. » En 1745, paraît L’Ordre des francs-maçons trahi et leurs secrets révélés puis, en 1751, Le Maçon démasqué. Et la divulgation par diffusion ne cessera plus jamais. Les obédiences elles-mêmes, pour assurer la cohérence de leur recrutement en fédérant les loges, doivent produire et faire imprimer les rituels. Durant l’occupation nazie, l’application des lois antimaçonniques (qui précédèrent les lois antijuives) permettra la publication au Journal officiel de Vichy de tous les francs-maçons, identifiés par un service des sociétés secrètes squattant le siège du Grand Orient de France à Paris. Le service publiera quatre années durant un bulletin (Les Documents maçonniques) et produira même un film (Forces occultes).

 En bref, tout ce qui pouvait être connu de la maçonnerie, de ses modes d’initiation, de ses procédures internes, a été publié moins de dix années après la constitution des obédiences françaises. Ainsi, en 1737, le chevalier de Raucour s’étonne : « On nous suit à présent dans toutes les rues de Paris, et il n’y a point de garçon de boutique qui ne nous salue en se vantant de nos signes ! » Son interlocuteur à Épernay lui confirmera qu’il en est de même en province . Opposée au secret et au serment maçonniques, l’Église catholique ne tardera pas à mettre la maçonnerie à l’index et à lutter par tous les moyens contre les francs-maçons. La bulle In eminenti publiée en 1738 par Clément XII ne sera que la première d’une longue série (1751 par Benoît XIV, 1865 par Pie IX et même une encyclique [4] en 1884 par Léon XIII). Diversement appliquée dans les pays européens, elle ne sera jamais enregistrée par le Parlement de Paris. En 1801, l’application du Concordat permettait (enfin !) d’excommunier les francs-maçons français.

Le Code de droit canon de 1917, révisé en 1983, oublie la franc-maçonnerie, ce qui n’empêche pas la Congrégation pour la doctrine de la foi (ex-Sainte Inquisition) de considérer l’adhésion comme un péché grave [5]. Il faut noter que la maçonnerie anglaise, malgré son quasi-statut officiel, n’est pas à l’abri et que l’Église anglicane l’obligea à rectifier ses rituels à la fin des années quatre-vingt. Voici donc plus d’un quart de millénaire que les rituels maçonniques ont été publiés, pourtant le secret supposé suscite toujours autant de fantasmes. Car derrière le secret maçonnique, ce qu’on cherche ou feint de découvrir, c’est la « société secrète ». Engagés dès la création des ateliers maçonniques dans des pratiques insupportables pour les intégrismes politiques et religieux, ouvrant l’espace de la loge aux débats tabous à l’extérieur, les francs-maçons apparaissent comme autant de comploteurs en puissance. Pourtant, cette maçonnerie des origines fut plus celle des tavernes que des cavernes. Dans une Angleterre déchirée par les guerres civiles, de religions, de conquêtes au nord et à l’ouest, où toute réunion de quelques personnes était interdite et qui fourmillait d’espions, comment inventer une société secrète ? Les amis de Newton, de la Royal Society, se réunissent justement dans des lieux publics. Le secret de la création de l’Ordre en Angleterre fut ce magistral courage d’interdire les débats religieux en loge, d’y accueillir chaque maçon pourvu qu’il ne soit ni « athée stupide, ni libertin irréligieux » sans exiger de croyance particulière, de demander au noble de partager le port du baudrier ou de l’épée, en tenue, pour écarter toute distinction de classe ou de niveau.

En France, ce fut l’imposition par les loges de province contre celles de Paris de la démocratie pour l’élection des Vénérables, et pour des mandats courts, qui constitue la marque de fabrique du Grand Orient de France. La maçonnerie traditionnelle, très engagée, pratiquera un secret très relatif. Souvent les loges défilaient derrière leurs bannières lors des fêtes des villes et villages. En 1848, les maçons du gouvernement révolutionnaire se réunissent avec leurs décors. Durant la Commune, ils défilent sur les barricades. Souvent les loges sont installées, en province, dans des rues au nom évocateur (rue de la Loge, du Maçon, de la Maçonnerie, de l’Acacia…). Avant-guerre, nombre de journaux de province publiaient même le programme d’activité des loges dans leurs colonnes. Bref, la maçonnerie ne fut jamais clandestine, à l’exception notable de la période de l’occupation nazie. Les « Constitutions d’Anderson » elles-mêmes imposent au maçon, dès l’article 2, de « … ne jamais s’engager dans des complots ou des conspirations contre la paix et le bien-être de la Nation, ni de se conduire de manière irrespectueuse devant les magistrats… ». Pourtant, il existe bien un secret maçonnique, et le seul identifiable. C’est le secret intime de ce qui est vécu durant l’initiation. Ne possédant pas de clergé et n’exerçant aucun sacrement, la maçonnerie, dans ses pratiques initiatiques, ne prépare pas à l’inéluctable. Elle permet de renaître en étant toujours vivant. La loge est d’abord une espérance. La maçonnerie n’est pas une Église. Elle ne proclame pas seulement aimer les hommes mais cherche à les améliorer. Dès lors, elle doit dévoiler immédiatement le contenu de ses promesses qui ne peuvent être renvoyées à l’attente du paradis, du purgatoire ou des enfers. Il faut immédiatement commencer à expliquer et à instruire sur des « secrets » qui ne peuvent être préservés au nom de la préparation à l’au-delà. La maçonnerie a créé elle-même les conditions de l’impossible préservation du secret maçonnique, du changement subi par le profane au moment de son initiation.

Souvent décrit par les nouveaux initiés, le sentiment vécu semble indescriptible et souvent non reproductible. En bref, ce secret est tellement puissant que même ceux qui le connaissent et qui doivent en parler ne peuvent l’exprimer. Et que ceux qui ont lu les expériences précédentes garantissent ne pas retrouver dans leur propre initiation ce que leurs aînés leur ont révélé. Une autre partie du secret maçonnique relève de la discrétion sur les appartenances. Le traumatisme de l’Occupation (29 000 maçons en 1939, 5 500 en 1945), les humiliations, les persécutions, les assassinats et les déportations, rendirent les francs-maçons particulièrement prudents. Pour autant, les traditions et les règlements n’interdisent pas de proclamer son appartenance personnelle à l’Ordre. Il est simplement interdit de dévoiler un frère ou une sœur qui ne l’aurait pas expressément souhaité. Comme les organisations syndicales ou les organisations politiques, les obédiences maçonniques ne diffusent pas la liste de leurs membres, mais diffusent les noms de leurs responsables élus. De même, le Conseil de l’Ordre ou les instances exécutives se rassemblent rarement à huis clos. La plupart des francs-maçons peuvent assister aux réunions. Elles sont donc aussi discrètes que n’importe quel conseil d’administration de grande entreprise ou conférence de rédaction de médias nationaux. La troisième partie du secret apparaît lorsque est posé le problème du dévoiement du principe de solidarité qui constitue une part essentielle de l’appartenance à la maçonnerie.

Ainsi, parce qu’il est exprimé en termes très généraux, ce principe fondateur a pu parfois servir à la création de réseaux affairistes, à la protection de corrupteurs ou de corrompus, à la défense de personnages douteux. Quantitativement, ils sont peu nombreux (moins d’une trentaine sur 43 000 au Grand Orient de France). Tous sont poursuivis, suspendus ou exclus, et depuis longtemps. Mais avec une discrétion qui pouvait sembler, pour l’extérieur, une sorte de complicité passive. Depuis plusieurs années, cette dimension du secret a été de fait supprimée, et les instances judiciaires de la maçonnerie assument le plus souvent leur mission « Tabliers propres » marquant ainsi la différence entre l’immense majorité de maçons intègres et honnêtes et ceux qui, comme dans toute société humaine, se servent plutôt qu’ils ne servent. Le plus souvent, les Fraternelles, qui regroupent directement des maçons par affinités idéologiques ou professionnelles, hors du contrôle des obédiences maçonniques [6], ont permis à ces réseaux de se constituer et font l’objet de l’attention suspicieuse de toutes les Obédiences. Une autre dimension, plus complexe, du secret maçonnique est avancée par Jean Mourgues [7]. Il rappelle que : « nul n’a droit qu’à la vérité qu’il a su découvrir ».

Le secret serait alors simplement un mode d’instruction, un outil progressif de compréhension de la connaissance. Ainsi, un schéma de circuit intégré ou un programme informatique, parfaitement publics, peuvent-ils apparaître comme autant de mystères insondables à qui n’est ni technicien ni informaticien. « Quelle différence alors entre un secret que personne ne connaît et un secret qui n’existe pas ? » Ainsi, le secret serait d’abord une discipline visant à déterminer les qualités du postulant. À la différence des sectes, il est difficile d’entrer dans la franc-maçonnerie, facile d’en sortir, et le coût est moins élevé que l’abonnement au câble ou au satellite. Il s’agit donc de créer une mise en condition, par une certaine théâtralité, au moment même de la demande, puis lors de l’initiation. Les enquêtes et le passage sous le bandeau sont des éléments qui renforcent l’idée de l’existence d’un secret. Le secret serait également un moyen de valider le niveau du candidat, y compris dans sa capacité à travailler pour comprendre à terme ce qu’il ne peut percevoir immédiatement. Les symboles apparaissent alors comme autant d’outils et doivent être intériorisés dans une démarche qui dépasse l’apprenti et qui l’oriente vers sa propre émancipation. L’initiation est alors une libération qui passe par des parcours complexes qui révèlent les modes d’emploi au fur et à mesure. Ce secret-là est tout de dévoilement progressif.

Ainsi, le secret maçonnique est un concept multiple, évolutif et souvent incompris par ceux-là mêmes qui en défendent le principe. L’histoire de la maçonnerie démontre à quel point le respect de cet engagement est fortement accepté par tous les maçons, alors même qu’il n’est pas facile d’en distinguer les contours. Mais il faut toujours se rappeler, en maçonnerie, que le serment sur le respect du secret est librement accepté par des hommes et des femmes qui savent que leur obligation est d’abord un contrat avec eux-mêmes. On peut toutefois s’interroger sur la surenchère actuelle à la transparence qui ressemble à un hygiénisme social appliqué aux autres, oublieux de ses propres secrets intimes, et forcément porteur d’une possible dérive totalitaire où la vie privée ne pourrait être que publique, niant ainsi la première des libertés. C’est Oswald Wirth, un des grands penseurs de la maçonnerie du siècle dernier, qui conclura probablement le mieux cet essai, lui qui expliquait à ses pairs, à propos du secret maçonnique : « Nous n’avons rien à redouter à révéler la vérité, personne ne la croit. »

 

LES CONTES DE FEES,  LES ALLḖGORIES,  LES PARABOLES ET LES MYTHES -

  Georges Flour

 

    2011

Les contes de fées, les mythes,  les allégories et les paraboles :    Il était une fois…                

----------------------------

Les contes de fées et les légendes, voilà un genre littéraire qui ne jouit plus d’une grande considération de nos jours, car les enfants, aujourd’hui, s’intéressent davantage aux contes et légendes de type mythologiques et, ainsi, terminer leur rêve du côté de la science-fiction.

    

Le conte a pourtant connu un regain de vogue et une certaine célébrité, grâce aux dessins animés dans les longs métrages de Walt Disney. Il y a 300 ans, Charles Perrault et plus tard les frères Grimm et Andersen, mirent en forme toute une littérature orale traditionnelle car le conte est avant tout ce que l’on raconte et non ce que l’on lit.

 

Le conte, c’est la veillée devant la cheminée, le feu des flammes, les ombres et les bruits de la nuit au dehors. Nous avons toujours peur du noir, nous frissonnons dans les forêts obscures et semons des petits cailloux blancs pour ne pas nous perdre. Le conte, c’est avant tout un conteur  dont la voix change avec les personnages, qui module ses effets, qui crée une atmosphère et un rêve collectif, alors que le lecteur d’un livre ne crée qu’un rêve individuel.

 

Le conte a une valeur initiatique fondamentale, car, à travers les aventures imagées, c’est tout le symbolisme de l’aventure humaine qui est décrit et, si le conte fait peur, c’est pour y laisser une marque, impressionner les imaginations, motiver les réflexions et pénétrer les mémoires (par exemple : le loup qui dévore la grand-mère, ou l’ogre qui met les enfants dans le saloir, Barbe bleue etc…..). On passe ainsi, par un coup de baguette magique, du mal absolu au bien absolu, établissant l’exemplarité du conte et sa distance vis-à-vis du réel, surtout lorsqu’on entend les enfants dire : « on dirait que c’est vrai, on dirait que je suis le prince, on dirait que je vole ou que je monte sur les oiseaux pour survoler le monde, tout comme dans le film Avatar… ».

 

Le conte est à eux, ils se le sont approprié et la vie leur offrira plus tard la possibilité  d’explorer plusieurs degrés ou niveaux d’interprétations, car le merveilleux ne meurt jamais. Il change seulement de forme avec son époque.

Le conte, le symbole, l’allégorie ou autre parabole, sont de puissant leviers de réflexions, ils nous font passer d’une rive à l’autre, d’un état de conscience à  un autre état de conscience, ils nous permettent d’y mettre notre propre coloration, notre marque, notre imagination, ils nous invitent à un voyage dans notre intériorité, endroit de tous les changements et lieux où se retrouvent l’homme face à la divinité, mais aussi face avec lui-même.

 

Le fil rouge ou dénominateur commun de presque tous les contes de fées, est l’attrait de l’interdit et sa transgression, laquelle devient obligatoire ou inévitable, si on veut qu’il y ait transformation et transmutation chez le héros ou l’héroïne. En général dans les contes et les légendes, 3 niveaux d’interprétation sont proposés.

 

 

1e niveau :  Pour Carl Gustav Jung, toute l’aventure relatée par le conte, reflète la lutte que mène l’inconscient pour accéder à la conscience, car, le conte, utilise les voies de l’émotivité, du vécu et de l’instinct, pour conduire de grandes pulsions et de grands enseignements jusqu’à la prise de conscience par un chemin non rationnel.

 

 M. Louise Von Franz assistante de Carl Jung, raconte l’histoire suivante : « chez les indiens Ojibwa d’Amérique du nord, lorsque le grand Dieu voulut transmettre aux hommes la connaissance de la médecine secrète, il ne put se faire comprendre d’eux. Alors, il instruisit une loutre qui, à son tour, instruisit les humains.» Le Dieu est donc passé par un  animal (qu’elle assimile à  notre instinct) et  qui est l’intermédiaire obligé pour se faire comprendre. C’est ainsi que l’homme s’est inventé des dieux, intermédiaires entre l’Absolu et lui-même et lui permet d’avoir un interlocuteur plus conciliant.

 

 

 Le 2ème niveau d’interprétation des contes, explore totalement la méthode et la culture maçonnique : c’est la voie symbolique. Les images contenues dans les contes de fées traduisent une communion étroite entre l’homme, la nature et les lois universelles. Ces images sont païennes et chamaniques car elles divinisent la terre en mettant en scène les actions des fées, des gnomes, des salamandres, des dragons, des enchanteurs et des chevaliers d’un autre monde avec leurs épées magiques.

 

Cette voie symbolique en Franc-maçonnerie nous aidera à prendre conscience non seulement de nos imperfections, mais d’essayer de maitriser notre égo et ainsi continuer cette chasse au trésor des contes de fées, mais qui s’appelle chez le maçon   l’individuation  ce qui veut dire « sa réalisation personnelle et intérieure » qui peut également se traduire par « donner du sens à sa vie ».

 

 

Le 3ème niveau se relie aux mythes spiritualistes les plus célèbres des traditions ésotériques et mystiques. Ce niveau anagogique dépend de chacun, en fonction de sa culture, de ses goûts et de sa tradition.

Je vous remercie

 

Georges     FLOUR

 

DOUTE  -  CERTITUDES   ET  QUESTIONNEMENT

 Georges  Flour

 2015

            

                                                              DOUTE, CHOIX ET CERTITUDE EN SPIRITUALITÉ

 

                                                                               -------------------------------------------------

 

Le doute dont la racine en latin est dubitare, signifie craindre, hésiter,  c’est une interrogation, un pressentiment qui peut donner l’impression d’une réalité différente. Il s’oppose souvent au sentiment de certitude, notion de ce  qui est sur et qui n’est pas discutable.

 

Le problème du doute comme celui de la certitude est le rejet ou refus du dialogue, de la réflexion et de la recherche spirituelle. L’un et l’autre mettent des œillères sur notre regard et notre esprit, ils sont réducteurs.

 

Il y a plusieurs sortes ou formes de doute et chacun de nous a ses propres particularités, c’est pour cela qu’il est assez difficile de définir cette notion du doute.  Malgré tout je discernerais 4 grands courants

 

1/ Le doute ordinaire, qui se traduit par un embarras et finalement peut conduire à une réflexion

2/ Le doute méthodique, c’est celui de Descartes qui préconise de reconsidérer les choses en faisant table rase de ses certitudes

3/ Le doute sceptique. Le sceptique pense que la vérité et la certitude sont impossibles à déterminer et, soit il arrête de juger, soit il refuse de penser, il est alors immobile. C’est Nicolas Berdiaev qui disait que le septique absolu est un point mort dans l’immobile.

4/ Le doute spirituel. Ce doute spirituel qui nous intéresse ici, peut également se retrouver à travers les 3 premiers groupes, malgré tout il a sa propre ambigüité car il y ajoute la notion d’un dogmatisme souvent lié au confessionnel.

Les déistes par exemple, croient dans un Principe créateur, mais réfutent, l’immortalité de l’âme, les hypostases, le livre sacré et la Révélation. Les agnostiques sont comme les Normands, Dieu existe t’il ? Peut être que oui, peut être que non. Il en va ainsi pour de nombreuses personnes dans de très nombreux courants de pensées qui doutent sur certains concepts. Cela rappelle également l’âne de Buridan qui mourut de faim et de soif pour avoir douté et ne pas avoir su choisir entre l’eau et l’avoine.

 

Entre donc dans cette notion de doute, la certitude mais aussi le fait que souvent nous devons choisir, notre voie, notre foi ou croyance, nos certitudes et tout cela dans l’équilibre. Ce choix  est imagé par la lame 6 du Tarot « l’amoureux » qui, à la croisée des chemins doit choisir entre le doute et la certitude, entre le spirituel et le matérialisme, entre le plaisir et la recherche du Divin par un travail sur soi-meme. Donc, l’homme à un certain moment de sa vie va être confronté à ce choix, il a  la possibilité entre plusieurs chemins : le chemin du matérialisme comprenant des voies sans issues, des impasses mortifères et des plaisirs passagers, ou alors le chemin initiatique spirituel, et là il faudra qu'il se fasse  funambule pour trouver l’équilibre entre les necessites matérielles et la recherche spirituelle qui passera par une transformation de son être, cette la difficulté est réelle mais c’est le prix à payer si l’on veut voyager dans des mondes invisibles tout  en assumant nos responsabilités terrestres.

 Malgré tout une grande porosité existe entre toutes les traditions et confessions et le doute est partout. Alors que penser du doute dans la spiritualité maçonnique ? Depuis Descartes le doute est valorisé comme vertu première, alors que, sur le plan spirituel, il est probablement le pire des obstacles à l’évolution humaine, car souvent il se substitue à la recherche de la vérité,

 

je citerais 2 formules qui me plaisent :

 

Maître Eckhart – sermon 1- « Quand la sagesse s’unit à l’âme, celle-ci se trouve d’un seul coup délivrée de tout doute, de toute erreur et de toute obscurité, elle est transférée dans une lumière pure et claire qui est Dieu lui-même »

 

Saint Bernard : « L’ignorance est la mère perverse de deux filles aussi perverses : l’erreur et le doute »

L’homme d’aujourd’hui pense que le doute est le refus d’un dogme, d’une croyance, de la certitude de détenir la vérité ; en fait, c’est une attitude négative, correspondant à la peur de se tromper, peur de l’échec, cela empêche d’essayer et oblige à critiquer pour ne voir que les inconvénients d’un point de vue, cela est la meilleure source de l’immobilisme (comme dit Berdiaev) et n’empêche même pas les erreurs.

 

Le doute est un arrêt (dans le doute abstient toi), donc une mort, et au mieux une perte de temps. La source du doute est dans son ego et son mental qui tentent désespérément de se défendre de la voie de la Sagesse. L’absence de conviction n’est pas un état d’innocence mais d’abêtissement et d’immobilisme  qui n’a jamais construit quoi que ce soit de stable et de durable, il est lié au désespoir et à la dualité binaire car il plonge l’homme dans la confusion et le désespoir.

 

Sur le plan initiatique, le jeune maçon peut et doit vivre le doute, l’apprentissage est en général enclin à se poser des questions, à douter de tel ou tel concept ou formule, ne pas être d’accord avec certains symboles car il faut savoir abandonner certaines certitudes, et comme l’ego dominant veut rester maitre du jeu, souvent les affrontements intérieurs, ego, mental, insatisfactions et nouveaux concepts perturbent l’initié. Le doute initial est une remise en cause génératrice de réflexion et de dépassement,  Son avancement sur le chemin doit lui permettre d’estomper ce doute et ces problèmes en se forgeant un nouveau mental et de nouvelles grilles de lecture qui vont l’amener à la foi, non pas celle du charbonnier mais celle d’être avec certitude sur la bonne voie et ainsi passer d’un processus binaire à une pensée ternaire, mais si le doute persiste alors l’initié risque de tomber dans le nihilisme et l’immobilisme.

 

Un Maître maçon est un guerrier, il ne croit rien et n’a pas de doute, il a confiance dans la vie, il a la foi, la certitude du cœur lui indique qu’il est sur un chemin communautaire de vie, à la recherche d’une vérité qu’il ne détiendra jamais, il tente de lever le voile, réfléchit, s’interroge, perçoit, agit, se remet en cause et est toujours en mouvement selon la Règle et les Landmarks.

Le maçon ne doit pas se laisser  contaminer ni détourner par ceux qui ne croient que ce qu’ils voient, attitude négative qu’il faut donc éviter, alors  il faut savoir suivre les voies qu’on ne peut ni expliquer ni comprendre mentalement, il faut continuer à pratiquer et à essayer de débroussailler son intériorité. Par rapport au chemin du doute cartésien  et au chemin du dogme des sectes et de certaines religions, il y a la voie du milieu, celle de la foi.

 

Cinq questions concluent ce petit travail

 

1/ Le doute est-il permis ?

2/ Y a-t-il une différence entre le doute et le questionnement ?

3/ Le doute peut-il mener à des certitudes ?

4/ Le doute confessionnel peut-il interférer avec le doute métaphysique

5/ Le doute doit-il être un processus de remise en question permanente ?

 

 

 

la psychologie  junguieNNe et ses symboles

  Groupe de recherche alpina

 Suisse

 2009

 Des symboles maçonniques  au cœur de la psychologie jungienne  

« Nous restreignons beaucoup trop les limites de notre personnalité. Nous lui attribuons seulement ce que nous discernons d’individuel, ce que nous trouvons différent. Mais chacun de nous contient l’univers tout entier et, de même que notre corps porte en lui tous les degrés de l’évolution, à partir du poisson et beaucoup plus loin encore, ainsi, dans notre âme revit tout ce qui a vécu dans toutes les âmes humaines. Tous les dieux, tous les démons qui ont été adorés une fois, que ce soit par les Grecs, les Chinois ou les Cafres, tous sont en nous, tous sont là, sous forme de possibilités, de désirs, de moyens ». p. 147

 « Il est toujours dur de naître. Vous savez que l’oiseau a de la peine à sortir de l'oeuf.  Questionnez votre mémoire et demandez-vous si le chemin était vraiment si dur. Etait-il seulement difficile, ou beau aussi ? En connaîtriez-vous de plus beau, de plus facile ? » (p. 190)     Hermann Hesse, Demian,1925

       Chers invités, chères Sœurs, chers Frères, ces propos n’ont nullement l'ambition de présenter une théorie psychanalytique, cette compétence revient à des personnes formées à cette approche et à des professionnels de cette science. Nous désirons simplement examiner si quelques références alchimiques de la psychologie jungienne ont un lien directe ou indirecte avec l'approche symbolique pratiquée en Franc-maçonnerie.

       Bien entendu, ce que nous dirons est incomplet, maladroit et insuffisant ; cela va de soi pour les personnes qui cherchent que nous sommes tous, mais cela va encore mieux en le disant, au début de cet exposé, nous citerons la source principale de cet exposé ; il s’agit l'ouvrage de J.-L. Maxence, intitulé Jung est l’avenir de la Franc-Maçonnerie, paru aux Editions Dervy, 2004.

       NE LE 26 JUILLET 1875, dans le village thurgovien de Kesswil situé au bord du lac de Constance, C.G. Jung accomplit ses premiers pas dans un milieu passionné par les phénomènes religieux. Une de ses biographes (1) en ce qui concerne cette période, parle plus du rôle de son grand-père que de celui de ses parents. Le grand-père C.G. Jung senior (1794-1864) serait le fils naturel de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) et il fut Grand-Maître de la Grande Loge suisse Alpina de 1850 à 1856.

Plus tard, un oncle de C.G. Jung, Ernest Jung, devint à son tour Grand Maître de la GLSA de 1884-1890.

Il importerait d’examiner attentivement le rôle qu’ont pu jouer ces hommes. Richard Noll (2) explique que dans la fameuse tour de Bollingen. Jung fait représenter un certain nombre « d'outils et de symboles maçonniques et alchimiques ».

       Du côté du grand-père maternel, on sait que le Révérend Samuel Preiswerk, chef du clergé protestant de Bâle possède la faculté de s’entretenir avec les esprits des morts Quant au père de Jung, Johann Paul Achille, théologien médiocre, il connaît bien les milieux des alchimistes et la mythologie mais sans vraiment trouver les mots pour en expliquer l’histoire et la symbolique.

On sait que Jung observa ce père plutôt désabusé ayant peut-être perdu son enthousiasme de pasteur. Il dit :

J’aurais voulu venir à son secours, mais je ne savais pas comment m’y prendre.

On dispose probablement ici d’une confidence précise et précieuse. Aujourd’hui on pourrait soutenir l’idée que Jung s’inspirant de l’histoire, de la symbolique et de l'origine des outils utilisés en Franc-Maçonnerie tente sa vie durant d’ouvrir une voie analytique pour venir apporter un peu de lumière en proposant une régénération inventant du même coup une psychologie analytique.

       Si vous le voulez bien retrouvons Jung à 25 ans ; il défend sa thèse en médecine intitulée : De la psychologie et de la pathologie des phénomènes dit occultes. Il commence ainsi une série impressionnante d’ouvrages. Au cours de ses études Jung semble pour ses camarades absorbé par ses découvertes intérieures ; en effet, l’archéologie, l’alchimie, les philosophies occultes deviennent ses domaines d’étude. Hermann Hesse (1877-1962) parlera de Jung en disant qu’il voyait en lui une montagne immense, un extraordinaire génie.

Il ajoute : Après Freud, aucun psychiatre de notre époque, n’a autant fait pour nous aider à pénétrer l’essence de la vie psychique. Jung ne se contente pas d’en étudier les mécanismes, il ne s’y intéresse pas comme le ferait un naturaliste mais en philosophe

Etienne Perrot écrit que Jung rapproche la psychologie et la Franc-Maçonnerie puisqu’il y a convergence entre l’aventure initiatique en loge et le processus d’individuation dans l’approche analytique. Et d’ajouter : Il est le témoin d’une réalisation intérieure dont sa méthode psychologique et son œuvre sont les fruits. Cette aventure fait rentrer dans le domaine scientifique l’antique quête du Graal et l'audacieuse descente aux enfers de Faust.  

Jung proposerait non pas une doctrine mais une voie associant la reconnaissance d’un inconscient collectif en quête d’un Moi sacré à travers une psychologie qu’il fonde et la symbolique de la Franc-Maçonnerie.         La voie de C.G. Jung s’apparenterait à la refondation d’un Temple ouvert. Dans ce Temple les rituels deviennent intégrateurs et nous familiarisent avec l’inconnu qu’il soit religieux, coutumier, racial, mythique.

Jung, cet explorateur du dedans, reprend à son compte la recommandation de Jean de la Croix (1542-1591) : «  Si tu veux arriver où tu ne sais pas, il te faut passer par où tu ne sais pas ».

Sa vision est purement dynamique. Deux concepts la résument : le devenir (Werden) et la transformation (Wandlung). L’homme est l’aboutissement de l'évolution des espèces.

Posons la question autrement, Jung aurait-il été entraîné au-delà de ses propres découvertes ? Ne dit-il pas « lorsque l’esprit entreprend l’exploration d’un symbole, il est amené à des idées qui se situent au-delà de ce que notre raison peut saisir ». Pour établir les bases de sa psychologie, donc pour mieux la comprendre, il importe de savoir que Jung « scrute les symboles collectifs et les représentations collectives religieuses » puisées dans l’univers des rêves.

Citation

Si un théologien croît vraiment en Dieu, à quel titre peut-il affirmer que Dieu est incapable de s’exprimer par le truchement des rêves ? (p. 179) (…) Les rêves sont le champ d’exploration le plus aisément et le plus fréquemment accessible pour qui veut étudier

la faculté de symbolisation de l’homme (p. 38)

Essai d’exploration de l’inconscient, C.G. Jung, Denoël, 1964

J’aime cette image donnée par Jung lui-même, auprès la petite psychothérapie qui tend à la guérison d’un symptôme (obsession, inhibition, etc.) existe une grande psychothérapie, une entreprise de longue haleine qui ne vise pas moins que la transformation de la personnalité.

L’Echelle de Jacob, beau symbole pour parler de l’ascension et de l’initiation offre aux initiés une vision du monde, une idée des voyages et une notion de l’approche analytique jungienne proposée aux analysants et aux analysés.

Françoise Giroud (dans Leçons particulières) parle de la psychanalyse : Par l’association des mots, l’analyse induit le patient à une remise en cause généralisée de ses choix, de ses idéaux, de ses valeurs. (…) Il est impossible d’expliquer ce qui se produit en cours d'’analyse par le seul effet de la parole, de l’association des mots et de leur interprétation. Mais à quoi bon le savoir. Non seulement c’est inutile, mais un tel savoir est nuisible à ceux qui demandent assistance à l’analyse. Informés, ils croient qu’ils ont tout compris alors qu’il ne s’agit pas de comprendre, mais de verbaliser. La théorie n’a jamais délivré personne de ses angoisses ni de ses névroses. (…) C’est quand on ne peut plus négocier avec soi-même, quand on souffre, qu’il ne reste plus qu’à s’étendre sur le divan en sachant que l’on y perd pour toujours son innocence vis-à-vis des pourquoi de ses propres conduites, y compris celles qui ont belle apparence. (5)

Jung ose parler de l’âme, de son approche, de sa reconnaissance qui sans doute oriente la démarche du cherchant dans le labyrinthe du monde conscient et inconscient ; tout comme en Franc-Maçonnerie, grâce à ses Sœurs et ou à grâce à ses Frères, l’initié(e) découvre le cheminement d’une existence liée aux autres, aux outils en un mot aux résurrections symboliques.

II   Le voyage intérieur

On doit ouvrir les yeux de l’esprit et de l’âme, et contempler et observer au moyen de cette lumière intérieure que Dieu a allumée depuis le commencement   dans la nature et dans notre cœur. C. G. Jung Psychologie et alchimie, Buchet, 1979, p. 349

  Puisant dans le savoir alchimique, (on parle de 10 ans de recherche) et son langage ancestral, Jung suppose que la psychologie analytique tout comme le processus franc-maçonnique constituent une avancée vers la connaissance. Mieux, Jung éclaire le monde de l’inconscient un peu comme l’œil situé derrière la Vénérable ; cet œil symbolise à la fois le Soleil d’où émane la vie et la lumière, le principe créateur et enfin, le divin ou le Grand Architecte de l’Univers.

       Pour Jung, les contenus de l’inconscient collectif, ses modes de manifestations sont les archétypes. Ils sont des virtualités formatrices qui modèlent la matière indifférenciée fournie par le flux de l’énergie psychique. Ce sont des purs dynamismes qui se présentent sous des formes extrêmement variées appelés images archétypiques.

Citation :

Ce n’était pas dans l’Eglise que j’étais prêt à être accueilli mais dans quelque chose de tout à fait différent ; dans un ordre de la pensée et de la personnalité, qui devait exister quelque part sur terre, et dont le représentant ou le messager était mon ami. P. 95. Demian H. Hesse

Démarche symbolique pour l’initié, dynamisation du Soi, ainsi commence le voyage intérieur guidant vers une conscience nouvelle. En un mot, individuation comme initiation maçonnique suivent une sorte de programme graduel avec des étapes, des outils, des rituels, des exercices, une méthode globale suivants des concepts précis à élucider, pas à pas, en chacun de nous.

       Dans l’aventure maçonnique, l’union entre la Terre et le Ciel remonte peut-être aux quêtes ésotériques, dans l’invention jungienne on parlera de prise de conscience de comportements pulsionnels, de sentiment de construction de soi, de déblocages relationnels, d’ouverture de « cadenas intérieurs » sous culpabilisant. Chacun connaît ces termes liés à des états d’âme conflictuels ou non. Jung parle de la construction de son Soi ou de la réalisation de soi-même. Il s’agit du concept d’individuation. L’individu en quête de Soi ne rejoint-il pas le travail maçonnique ?

L’individuation, la motivation analytique personnelle rejoint le travail de l’être humain, cet apprenti taillant sa pierre. En 1950, à 70 ans, Jung sculpta une pierre cubique et y grava le texte suivant :

Voici la pierre d’humble apparence. En ce qui concerne sa valeur, elle est bon marché. Les imbéciles la méprisent. Mais ceux qui savent ne l’en aiment que mieux. (p. 51)

En Franc-maçonnerie, nous avons appris que la pierre est cachée en chacun de nous. Et pourtant ce n’est point la matière qui signifie l’être suprême, c’est l’esprit qu’elle induit. Se prosterner devant une pierre comme signe de la Divinité participe à la démarche mystique. Dans cette démarche que l’on pourrait appelée accouchement de soi-même Jung devient guide spirituel, d’autres affirmeraient maçon sans tablier, à chacun de répondre. 

       En 1928, en lisant Le Mystère de la fleur d’or, Jung se décide de parler d’individuation et aborde la question de l’immortalité, démarche alchimique par excellence. En psychologie analytique, le décryptage de figures archétypiques, le repérage des attitudes projectives, le renforcement de l’indépendance constituent les éléments d’une autonomie personnelle. Cette individuation salvatrice par l’intermédiaire d’outils symboliques maçonniques ou selon le cheminement d’une vision jungienne suscite la rencontre ou l’éveil de soi-même ou l’accueil de la Lumière pour utiliser un terme maçonnique.

       Œuvrer toute sa vie à décrypter les archétypes du monde, mettre à portée de tous ses propres investigations, voilà l’entreprise épanouissante pour chacun menée par Jung. Est-elle identique à la démarche maçonnique ? Suit-elle dans une autre langue, celle de la psychologie des profondeurs, utilise-t-elle les mots de la Fraternité active, voilà qui nous ramène à notre sujet.

III   La filiation

       Chacun de vous se souvient que le Rite Ecossais Ancien et Accepté, (REAA) parle de cette lumière éclairant "l’esprit humain que lorsque rien ne s’oppose à son rayonnement"

       Le travail de reconquête de son propre moi,  exige la mise en place d’un processus ; celui-ci passe par une parole libératrice, la formulation du langage de l’inconscient acheminant petit à petit la personne à une transformation par de nouveaux liens relationnels avec la société et le milieu qu’elle choisit d’adopter.

Citation :

Je laissai aller mon pinceau ; sans modèle, des lignes étaient tracées, des surfaces remplies, toutes surgies de mon inconscient. (…) Je regardais la feuille, les épais cheveux bruns, la bouche à demi féminine, le front puissant d’une sérénité singulière. (…) Je sentais s’éveiller en moi la réminiscence, la connaissance. p. 119 Demian H. Hesse, 1925.

Initiation maçonnique et psychanalyse jungienne voici deux démarches qui visent à la conquête de sa richesse intérieure et à un supplément d’épanouissement. Le concept de persona, renvoie autre signification désigne au travail d’identité que chaque personne accomplit dès son plus jeune âge. Ici Jung face à son père, se mesure à son grand-père et face à l’image d’un Goethe symbolique se confronte à S. Freud.

       Ce travail d’arrachement accompli par Jung lui permet de décrire les fonctions que peuvent jouer les rôles de la persona pour grandir par délivrances successives vers une plus grande autonomie. La mort de son père coïncide avec le choix de la psychiatrie. Il écrit : en un éclair, comme par une illumination, j’avais compris qu’il ne pouvait y avoir pour moi d’autre but que la psychiatrie. (p. 76) Par cette orientation, très tôt, Jung refuse la non-dualité, il admet être un rêveur sans complexe et une pragmatique rigoureux. En cherchant, en étudiant, en scrutant les racines de la conscience, le contenu de travaux alchimiques, l’histoire des personnages bibliques, il rassemble ce qui est épars et opposé.

Pour lui : l’archétype est en réalité une tendance instinctive aussi marquée que l’l'impulsion qui pousse l’oiseau à construire un nid et les fourmis à s’organiser en colonie, (p. 118)

C. G. Jung, Essai d’exploration de l’inconscient, Denoël, 1964

Cette ouverture d’esprit lui apporte la notion centrale du processus d’individuation, concept forgé à partir de son histoire personnelle. Revenons à Goethe, son supposé arrière-grand-père comme expliqué plus haut.

       On sait que l’œuvre de Goethe, intitulée Faust, opéra sur Jung comme un baume miraculeux coulant sur son âme. (p. 82) ; nous parlerions d’un héritage symbolique. Peut-être que les questions que se posent Jung a cette époque, apparaissent primordiale pour Faust qui s’interroge sur la destinée de l’humanité et sur le rôle de Méphisto ombre de l’homme et de son évolution qui le contrecarre. Cette réalité, ce Faust, Pouchkine (1799-1837) la qualifie d’Iliade de la vie moderne. G. Lukacs (1855-1971) parle d’une œuvre qui traite de la destinée de l’humanité toute entière. En 1934, Jung écrit ce que l’on appelle exploration de l’inconscient dévoile en fait et en vérité l’antique et intemporelle voie initiatique. (p. 85)

       Goethe et Jung ouvrent tous les deux des espaces intérieurs pour que l’individu épanoui puisse vivre actif et libre de concert avec les autres individus, ses Sœurs, ses Frères, qui forment la société. Nous avons parlé plus haut de filiation parce que lorsque Jung dit : J’ai très fortement le sentiment d’être sous influence de choses et de problèmes qui furent laissés incomplets et sans réponse par mes parents, mes grands-parents, et mes autres ancêtres. (p. 92)

Peut-on parler, à ce propos de l’esprit maçonnique transgénérationnel ?

       Né dans un environnement familier des symboles, il en devint après une quête passionnée, un expert mondial. La symbolique maçonnique a-t-elle inspiré profondément Jung ? Son concept propre à sa psychologie des profondeurs à savoir le processus d’individuation, provient sans doute comme le laisse entendre Jean-Luc Maxence, déjà cité, en legs royal, un grand nombre d’outils maçonniques qu’il transpose afin d’explorer les profondeurs de la psyché.

      A partir de l’étude des traités alchimiques et de la lecture des œuvres de chercheurs parmi lesquels Bacon (1214-1294), Arnaud de Villeneuve. Saint Thomas D’Aquin (1228-1274), Isaac Newton (1642-1727), Jung comprend qu’il existe une « concordance entre les images de l’alchimie et celles de l’inconscient de l’homme moderne. Dans cette avancée la démonstration de l’existence des archétypes et de l’inconscient collectif va suivre. Mircea Eliade (1907-1986), Henry Corbin, Georges Dumézil (1898-1986) ont longuement évoqué cette patiente initiation destinée à transformer la condition humaine. (p. 102) Ici l’or de la recherche alchimique, c’est l’immortalité ou la spiritualisation du corps. L’Alchimie une des voies de l’ésotérisme deviendra le fil d’Ariane des recherches de Jung. Dès 1928, Jung concentre ses recherches sur l’alchimie et ses représentations pour fonder plusieurs éléments de la psychologie des profondeurs fondateurs de l’inconscient collectif. L’étude et l’observation des mythes et des contes, de la littérature universelle permet de signaler leur existence partout et toujours. (p. 108)

        A PARIS, JUNG se perfectionne et suit les cors au Collège de France, puis se tend en Angleterre. De retour en Suisse, il épouse Emma Rauschenbach. De cette union naîtront 5 enfants. A Zürich, Jung, chef de clinique de 1905 à 1909 travaille sur les associations de mots sous l’impulsion du professeur Eugen Bleuler (1857-1939)

       Dès 1909, il se fait construire une pittoresque demeure, il s’agit de la fameuse tour de Bollingen. Un de ses biographes signale que dans cette tour, Jung fait représenter un certain nombre d’outils et symboles alchimiques ; là commence son activité professionnelle, il reçoit une clientèle privée. La question de la religion, objet d’étude privilégié intéresse à cette époque Jung et son confrère aîné de 17 ans, Sigmund Freud (1856-1939).

       Rendons hommage à Sigmund Freud et à son courage qui dès 1900 publie des ouvrages, notamment L’interprétation des rêves qui bouleversent les connaissances acquises alors en psychologie et qui observe les travaux de Jung comme une continuité exploratoire de ses propres études.

       Prenons le seul exemple, celui de la libido. Freud définit ce concept en parlant d’une pulsion sexuelle, Jung décrit une énergie psychique capitale, une force vitale.

       Durant sept ans, leur relation passera de la fascination instaurant une relation maître-disciple à une scission théorique instaurant deux mouvements psychanalytiques. Freud lui demande de ne pas abandonner la théorie sexuelle. Il lui somme d’en établir un bastion inébranlable, un dogme. Jung le scientifique de l’alchimie inconsciente accepte l’hypothèse provisoire et réfute l’article de foi éternellement valable. Par cette attitude n’adopte-t-il un comportement maçonnique ouvert aux remises en question ?  

      Encore une fois on aperçoit dans la pensée de Jung, plusieurs âges au cours de l’existence, cette idée fait peut-être référence aux grades de la maçonnerie, donc à la symbolique ?

       Jung dans Les racines de la conscience, parle du travail accompli par les Frères : Si l’explication avec l’ombre est l’œuvre de l’apprenti et du compagnon, l’explication avec l’anima est l’œuvre du maître. (P. 44)

Définition

L’ombre : caractéristiques peu flatteuses ou déplaisantes de la personne, les façons de se comporter, de s’exprimer ou de penser que la personne n’aime pas reconnaître en elle-même. Ces caractéristiques semblent échapper à la volonté consciente de la personne. Une analyse permet de prendre conscience de cette façon dont agit l’inconscient.

       Jung en reliant la symbolique universelle et la démarche initiatique ne jette-t-il pas un pont entre la psychologie analytique et la Franc-Maçonnerie ?

       La maçonnerie à l’éclairage jungien construirait-elle son avenir puisque l’homme contemporain entreprend de plus en plus l’étude des symboles et leurs significations. Selon Jung la vie comporte 9 étapes : la naissance, l’enfance, le passage à l’adolescence, le lever de la maturité, le temps du milieu de la vie, la maturité, le passage vers la fin de la vie, la vieillesse, la mort.

      En construisant, une tour comme lorsqu’il était gosse, (p. 138), Jung accomplit un rite. En satisfaisant un besoin de ritualisation, en usant de pierres comme véhicules symboliques, Jung n’accepterait-il pas, pense J.-L. Maxence, une dette de reconnaissance à l’égard de son « héritage maçonnique » ? Sculptures, constructions deviennent rite d’entrée, ou socle de sanctuaire, vers de nouvelles découvertes (p. 139) marquant les étapes de son individuation, de sa posture individuelle, de son assise psychologique. Le silex transformerait la pierre comme outil travaillant l’inconscient un peu comme la franc-maçonne et le franc-maçon, sur le chemin de son initiation. Jung frappe la pierre, dessine les armoiries de sa famille, interroge les traités d’alchimie, force les portes de sa loge, de son inconscient, de son soi, interroge les religions.

L’écrivain Miguel Serrano, après plusieurs entretiens avec Jung et Hesse, écrit :

Plus je pénétrais dans l’œuvre de Jung, plus je devenais conscient du parallèle qui existait entre sa psychologie des profondeurs, par exemple, et un chemin initiatique ; j’avais l’impression qu’un langage au deuxième degré sous-tendait ses œuvres, dont il n’était peut-être pas lui-même conscient. (…) Jung cherchait à établir un dialogue entre l’individu et l’univers, sans pour autant écarter le concept de personnalité ou d’ego. (7)

Selon J.-L. Maxence, Jung transpose la symbolique maçonnique dans le champ de l’analyse de l’âme humaine (p. 144) et donne aux études consacrées à l’être humain une approche maçonnique, une pédagogie adaptée aux étapes du développement de la personnalité.

V Les symboles, voie de l’initiation

       Tout symbole est dynamique et permet de passer d’un sens à un autre, mu par un élan, une sorte de ricochet du raisonnement et de l’imaginaire. La démarche initiatique de type maçonnique et la psychologie des profondeurs livrent un même combat et raisonnent l’une comme l’autre par analogie. (p. 163). L’histoire de l’âme humain dévoile ses mystères et a recours aux symboles ; on connaît les fonctions de l’animus et de l’anima, du soleil, de la lune, de l’ombre, de l’alter ego, du double, concepts à caractère mythologique permettant d’apporter une explication dynamique

[la lune symbole de transformation et de croissance, l’ombre, image même des choses fugitives, changeantes, l’anima exerce une formation médiatrice entre le moi et le soi, ce dernier constituant le noyau de la psyché. Pour Jung l’anima comporte plusieurs stades de développement.]

       En maçonnerie évoluer en travaillant sur les outils symboliques, en passant progressivement de l’équerre au compas sans oublier la règle, le fil à plomb, le niveau et parfois même la hache qui fend et le maillet qui stimule ou écrase, c’est toujours se réconcilier avec soi-même, se rassembler, décanter sa personne véritable pour mieux engager son éclosion, selon une méthode de progression particulière ». (p. 164)

Chacun de ces outils renvoie à une signification symbolique, le compas, la juste mesure, l’équerre, concilie les contraires et est à l’image de ce que doit être le discours d’un(e) initié(e), parfaitement ordonné. La guérison de l’âme passe fréquemment par l’acceptation et l’appréhension intelligentes de l’ombre. Apprivoiser par une approche progressive la terre inconnue de son propre inconscient !

Jung explique que parmi ses patients ayant passé 35 ans, plus d’un s’interroge quant à la religion et aucun n’est guéri tant qu’il n’a pas trouvé une attitude religieuse, ce qui n’a d’évidence rien à voir avec une confession ou l’appartenance à une Eglise (p. 191). Jung insiste sur cette totalité psychique cohérente puisque « toute religion dit quelque chose de la nature cachée de l’homme et tend à dévoiler son fond ultime » (8) En écho s’impose le concept maçonnique du Grand Architecte de l’Univers incluant la symbolique du Soi et l’idée de transcendance. Loin d’apporter une preuve de l’existence de Dieu, Jung poursuit ses travaux confiant en une présence archétypique ou archétypale de la divinité. Pour lui la vie est sens et non-sens à la fois ou encore elle a du sens et elle a du non-sens. Dans cette  angoisse, je garde l’espoir, en fin de compte, c’est le sens qui l’emporte. (p. 193).

       En appliquant les leçons de Jung à son œuvre, on peut souligner son ardente volonté à comprendre le domaine de l’inconscient suivant en cela deux voies ; l’on pour découvrir les richesses individuelles guidant vers l’individuation, l’autre l’inconscient collectif structuré par des archétypes.

On peut également signaler une œuvre originale suscitant l’admiration et l’opposition ; la première permettant d’accroître le niveau de compréhension des personnes intéressées par leur fonctionnement psychique conscient et inconscient, les secondes offrent un champ d’explication passionnant.

       On peut aussi parler d’un intérêt transversal où la vie comme une énergie rassemble les forces qui concilient les contraires dans une dynamique identitaire.

P. Courthion, un Frère de notre Loge,  rapporte :

On sentait en Jung des idées remontant jusqu’au fond des âges, comme il lui en venait sans doute quand, au bord du lac, devant sa tour d’aspect médiéval, il se mettait à couper du bois et retrouvait la vieille simplicité de l’homme. Je l’imaginais, nouveau Jonas, rejeté des profondeurs de la mer. [Pierre Courthion, a parlé de sa rencontre avec Jung dans Pierre Couthiou D’une palette à l’autre,

       Après la guerre, Jung aimait répéter : "Je puis seulement espérer et souhaiter que personne ne devienne jungien… je ne peux pas de disciples aveugles." Cette belle invitation, nous renvoie aux maçons qui à l’époque de la construction des cathédrales, s'appelaient les maçons opératifs. Les mouvements de conscientisation du XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle ouvrent le chemin des cathédrales personnelles, à ce moment la maçonnerie devient un travail intériorisé, personnalisé, une spiritualisation active en Loge souvent secrète. Les outils des maçons opératifs deviennent patrimoine symbolique pour les loges masculines et féminines spéculatifs contemporains. Les loges féminines ont hérité d’outils identiques puisqu’à l'époque des loges dites opératifs, les femmes n’exerçaient pas les métiers des Frères maçons. Toutefois les outils utilisés symbolisaient les métiers qui aujourd’hui ce sont étendus dans le cadre de pratiques professionnelles non discriminatoires. Ainsi les outils animent les loges de tout ordre et font partie du patrimoine universel. Avant de laisser notre Vénérable dire les mots de la fin de cette tenue, H. Hesse aimerait nous parler en images des âges de notre vie :  

Au matin, le soleil émerge de l’océan nocturne de l’inconscient et contemple la vaste étendue étincelante qui s’offre à lui dans un mouvement d’expansion qui s’élargit à mesure qu’il monte en firmament. Dans l’extension de son champ d’action qu’entraîne son propre lever, le soleil va découvrir sa propre signification ; il va se voir atteindre son zénith et la plus ample dissémination de ses bienfaits où il reconnaît son véritable but. Au douzième coup de minuit, le soleil va amorcer sa descente, le soleil entre alors en contraction avec lui-même, on dirait qu’il absorbe ses rayons au lieu de les émettre. Lumière et chaleur déclinent pour finir par s’éteindre. Heureusement, nous ne sommes pas des soleils levants. Mais il y a en nous,  quelques chose qui ressemble au soleil, et parler du matin et du printemps de la vie, de son déclin et de son automne ne relève pas d’un simple jargon sentimental. »

 

lA VIEILLESSE  AUBE DE LA LIBÉRATION

 Jean Chiarri

 

 2010

LA VIEILLESSE AUBE DE LA LIBERATION

Approcher sereinement de notre fin, ne peut se faire qu'après avoir dépassé tous les éléments mortifères que produit notre univers mental, ce dépassement, lui-même, est en général acquis par un travail profond et permanent sur soi-même et en relation constante avec le Religieux, dans le sens de relié au monde invisible de l'Etre.

 

Ce que nous allons dire ne peut être reçu et accepté que par des hommes ou des femmes ayants engagés une véritable quête spirituelle, c.a.d. Un vécu intérieur et non une activité d'ordre mental intellectuel.

Ce travail consiste à résorber notre nature duelle homme/Etre, en rétablissant par la vie et dans la vie le Royaume de cet Etre, cette nature, qui est l'image du Principe en nous, cela de toute éternité, et dans toutes les composantes humaines sans aucunes exceptions.

 

De plus aborder la mort, n'est véritablement efficace qu'à partir du moment où nous avons quitté toutes les activités humaines classiques, ceci s'applique évidemment à notre seul monde moderne, qui exclue de ses structures toutes idées de mort, il n'est que de constater la disparition complète et totale de toute la symbolique mortuaire qui accompagnait les défunts il y a seulement une cinquantaine d'années.

 

Une vieillesse bien comprise doit être prise dans son sens religieux  de séparation et de détachement, le mot détachement est ici fondateur, il implique le détachement du corps, non pas dans une négation de ce corps, mais dans le fait qu'il n'est considéré que comme un véhicule dans lequel est enchâssé le vivant éternel.

 

L'âme en tant que principe animateur individuel, doit s'éteindre et laisser la place au principe de vie universel qui anime la Vie, dans cette réalisation, la conscience de l'Ame fait accepter la fin corporelle, quel que soit la déchéance du corps. Cette Ame/conscience perdure jusqu'au dernier instant, non seulement du souffle, mais de tout le processus neuronal, seule la dissolution est le signe du départ de cette Ame/conscience.

Le principe Ame/Conscience est le formateur créateur du corps et de l'âme, la formation est constituée par la mise en place de molécules, puis de cellules, qui toutes sont programmées pour une fonction ordonnatrice particulière des éléments constitutifs de notre corps.

 

Comment pouvons-nous envisager une harmonie universelle, cela ne peut être conçu mentalement que comme une totalité qui est en correspondance permanente avec l'ensemble des éléments qui la constitue, il y a donc simultanéité, synchronicité, superposition. le tout se faisant dans un enchevêtrement inaccessible à la dimension mentale. Cette vision présuppose, une intelligence organisatrice, ce que nos anciens nommaient : « l'Intellect Agent », qui n'est qu'une hypostase d'une puissance absolue.

 

Pour l'homme en quête de la Lumière, la vieillesse est une période de réalisation, qui s'appuie sur l'expérience de toute une vie ; à la question sommes-nous vieux, la réponse dépend du résultat de cette quête du vivant dans le vivant.

L'homme de la dimension intérieure connaît la réponse, la vieillesse n'est qu'un état particulier de la réalisation spirituelle, et les voies spirituelles sont par définition reliées à un hors temps/espace/matière.

Les divers états de la vie concourent tous à un accomplissement que nous nommons la Libération.

 

Les traditions initiatiques est en particulier la F.M commence par une Illumination, ou naissance dans ce qui est définie  comme le Royaume de l'Etre ou intériorité, et ces initiations finissent de la même manière, par la restauration du corps de Lumière, les initiations considèrent que notre incarnation, n'est qu'une transition entre deux moments de Lumière, qui commencent par Eros et se terminent par Thanatos, la création est par définition une expérience lumineuse.

L'incarnation est un processus totalement conditionné pour répondre à la vie, dans ce conditionnement, il est important de comprendre l'étape de la vieillesse, nous savons que nous sommes constitués d'un corps physique  et d'un corps mental, ces deux corps sont totalement intriqués, le corporel envoie une multitude d'informations au second, qui les transmet à notre conscience, cette conscience, qui siège au centre du mental, mais n'est pas du mental.

La fragilisation corporelle est donc transmise au corps mental, qui lui-même nous conditionne à faire ou ne pas faire, la conscience va appréhender en fonction de son évolution,  le type d'action à accomplir. La mission de ces corps est une protection de l'organisme vivant, mais il existe une partie négative, qui est liée au fait qu'ils subissent aussi le phénomène du vieillissement, devant cet état, ils déclenchent les processus négatifs du rejet de la vieillesse et engagent une pensée destructrice et déstabilisatrice de l'ensemble, seule la conscience éclairée par la relation constante avec une transcendance, permet de sortir de cette ultime illusion.

 

Pour l'initié c'est l'Etre qui compte, cet Etre de Lumière, qui réside dans chaque particule de l'univers, accéder à cette dimension, c'est être dans l'éternelle jeunesse, non pas celle du scientisme technologique, des pilules de jouvence, de la chirurgie esthétique ou des cellules souches du bon docteur Faust. La vieillesse doit donc être le moment le plus exaltant de notre vie, celui du véritable détachement, nous reprendrons l'idée de la transformation de la chenille, la vieillesse est le moment où nous construisons le cocon de notre nouvelle naissance, ou passant au-delà des limites nous recevrons nos ailes d'Ange.

 

C'est dans cette dernière étape que nous devons réaliser la séparation (C.K.H), cette séparation ne peut jamais être de la seule volonté de l'homme, mais le résultat de son alchimie intérieure, qui est-elle même le produit de l'intelligence Divine. Les modifications de cet ordre sont toujours d'une extrême rapidité, pour ne pas dire d'instantanéité, le mot qui résume le mieux ces changements est celui d'effacement, la chose devient un simple souvenir appartenant à un autre monde. (Tchouan Tseu).

 

Dans cet état, les ruptures se succèdes, et c'est elles qui vont constituer la trame du cocon intérieur, nous entrons dans l'avènement de l'Etre à l'intérieur de l'univers manifesté ( rétablissement du Royaume) ou encore la vision finale de Dante dans sa Divine Comédie. Dans cette expérience finale, c'est l'intérieur qui va absorber l'extérieur, les valeurs internes étant universelles, elles effaceront l'ensemble du fonctionnement relatif du corps mental, c'est ici le moment du véritable lâcher prise, le passage à la Sanctification.

 

L'ensemble des turpitudes du plan corporel et de ses souffrances, ainsi que les souffrances psychologiques du corps mental sont relativisées, ces dernières sont le véritable enfer de la fin d'une vie ; nous n'avons cessé de lire cette horreur dans les yeux des mourants que nous avons accompagnés, ce que nous avons lu dans ces regards ne peut être défini, mais l'enfer de Dante en est une aimable représentation.

 

Le moment de notre passage à l'Orient éternel, se prépare ici et maintenant, pour l'initié la Psychostasie n'est pas une expérience de l'au-delà, mais un jugement immédiat à l'instant de la séparation. La Psychostasie est la porte de passage par le tunnel de Lumière, cette vision est commune à toutes les traditions et émane de la Tradition, vision de Jérôme Bosch, de Salvador .Dali, textes des Bardos ou des livres Egyptiens, portails de nos églises, ou expériences des comas dépassés...

 

Revenons au Bardo Thödol, improprement appelé livre des morts, et qui est dans sa signification traditionnelle signifie : «  libération par reconnaissance de la grande Lumière Primordiale » et mettons ce texte en rapport avec notre rituel de Maître secret, qui commence par l'affirmation de l'ouverture des travaux : «   que la Grande Lumière commence à paraître », nous pouvons alors avoir une lecture très différente de la hiérarchie des hauts grades, lecture qui n'est plus de nature strictement individuelle, mais une représentation des divers états de la réalisation spirituelle en tant que résorption complète du Karma, ce qui confirme pleinement la réalité de l'élévation à la Maîtrise.

 

Nous avons toujours affirmé que notre Ordre constituait une voie avatarique, ce que nous venons de dire  et qui est l'aboutissement de la réalisation ascendante, peut se lire en sens descendant et confirmer notre vision. Les signes intérieurs évidents de cette transformation ultime, peuvent se résumer en deux étapes, elles sont des ressentis, des vibrations intérieures, qui nous propulsent sur une onde  magnifique qui porte le nom de Bonté, mot totalement oublié de notre époque, cela est indéfinissable, nous ajouterons à ce terme et en complément celui de compassion.

 

La seconde étape est inscrite  et imprègne la précédente, elle est symbolisée par l'ouverture du cœur, le jaillissement d'une puissante énergie qui se nomme Amour, cette énergie est la seule capable de procéder à l'effacement du corps mental, et de le remplacer par une vision, un regard, qui est une non séparation de la création, c'est la véritable mise en œuvre du principe d'identification, de retour à la Parole créatrice ou connaissance, si bien affirmée par la tradition de notre Rite. Là, est le paradoxe total, la séparation réalisée dans cet état, est en réalité l’absorption complète des puissances vitales animatrices, ce que la Tradition nomme l'Homme Primordial.

 

Nous devons dire et redire que cette expérience du vivant, libère l'homme et lui donne la maîtrise sur cette vie et sur sa destinée, mais qu'il reste toujours les attaches à cette manifestation, surtout dans sa représentation de beauté, il y aura toujours dans le regard de celui qui part pour l'ultime voyage, les sentiments de la séparation, le regret de quitter cette humanité, à la joie de la Libération, se joignent les larmes du départ. Dans tous les cas, nous devons être dans une tension permanente vers l'absolu, dans une disposition consciente qui affirme que sa volonté soit faîte, et suivant M.E. Non pas de ma volonté, mais de sa volonté.

 

 

 DAAT  ET LA GLANDE PINEALE

 

Arcadia

2014

 

l'emplacement de Da'hat dans le corps. son emplacement se situerait sur la trajectoire occiput-troisième oeil ....

"La Glande Pinéale, source de notre élévation".

 

La glande pinéale (ou Epiphyse), située au milieu du cerveau humain, est considérée comme étant le 3° œil (6° chakra) car elle dispose d’une membrane qui capte les images comme celle au fond de la rétine des yeux. Elle est aussi associée au 7° chakra (couronne).  A noter qu’elle gère les cycles d’éveil et de sommeil. La glande pinéale est creuse et remplie d’un liquide doté de cristaux. C’est la partie la plus magnétique du corps humain. Elle a une forme de pomme de pin (du latin pinea: pin). Pour certaines civilisations anciennes, la pinéale était le «siège de l’âme». Sa forme en pomme de pin a été souvent reprise comme symbole ésotérique depuis les temps les plus reculés. L’œil d’Horus est une image des glandes de la base du cerveau.

 

La glande pinéale, centre de notre spiritualité : La glande pinéale serait la partie la plus importante de notre système nerveux. Elle est d’une certaine manière notre «antenne spirituelle», l’équivalent physique d’un 3°œil.Elle joue un rôle essentiel pour atteindre des niveaux plus élevés de conscience tout en restant dans un corps physique. La glande pinéale est le centre de nos capacités extrasensorielles à l’exception du clair ressenti qui est lié à l’oreille interne. Elle a une influence déterminante sur notre harmonie: «La lampe du corps, c’est «l’œil». Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux. Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténèbres» 

 

L’intérieur de la glande pinéale contient des «cellules photosensibles» qui perçoivent la lumière. Les mini cristaux à l’intérieur de la glande ont une propriété de piézoluminescence. Ceci signifie que lorsqu’on applique une pression sur les cristaux, ils émettent de la lumière, d’où sa reliance avec le 3° œil. La glande pinéale est aussi un puissant récepteur: elle capte des vibrations du spectre électromagnétique traduisant nos émotions, nos pensées ou celles des esprits, voire celles d’autres personnes au moyen de la télépathie. Ces informations sont enregistrées par le Thalamus (zone du cerveau qui enregistre les activités sensorielles) puis d’autres zones du cerveau les décodent comme le cortex frontal cérébral.

  

Pour une glande pinéale active et efficace : Aujourd’hui, les hommes ont souvent leur glande pinéale entartrée du fait de nombreuses pollutions dont principalement les métaux lourds et le fluorure qui circulent dans notre sang. Ce dernier se trouve dans les pâtes à dents, l’eau du robinet et en bouteilles, les médicaments psychotropes,...Il est important de savoir que la glande pinéale ne fait pas partie du cerveau. Elle n’est donc pas protégée par la barrière hémato-encéphalique. Et en plus, elle reçoit plus de sang que tous les autres organes à l’exception des reins! Comme le sang qu’elle reçoit n’est pas filtré, il se forme une accumulation de dépôts minéraux, aussi appelée « sable cérébral ». Avec le temps, le sable s’accumule et produit la calcification rendant opaque et visqueux le fluide à l’intérieur de la glande.

 

Alors les cristaux ne peuvent plus exercer leur propriété de piézoluminescence. Les effets de la calcification sont la dépression, l’anxiété, la boulimie/anorexie, la schizophrénie et d’autres formes de maladies mentales,…La calcification vient aussi perturber la sécrétion de la mélatonine (hormone du sommeil). Il importe de prendre soin de sa pinéale en la décalcifiant: Zéolite, Argile bentonite, Chlorella, Coriandre, Magnésium, Boiron Borax 30 peuvent être pris sous des formes appropriées. Enfin, il est possible de développer le rayonnement de sa pinéale par la méditation, par des activations régulières en conscience et par la pratique de phosphènes (exercices de stimulation oculaire avec la lumière).

 

 

la reine de saba  -  GÉrard de nerval  et le voyage en orient

 

 

 

2 volumes pour ce voyage où Gérard de Nerval (dont le père était Franc-Maçon) y a mis beaucoup de symboles maçonniques et où la trame est un voyage initiatique.

 


De Chateaubriand à Gobineau, maints voyageurs, gascons ou véridiques, ont conté leur pèlerinage aux pays du Levant. Que restera-t-il de ces itinéraires, dont la seule nomenclature ferait un gros volume ? Quelques morceaux de bravoure pour anthologies, force documents propres à réjouir d’honnêtes géographes, et, intégralement sans doute, deux livres, bien différents par l’inspiration, l’éclairage et le style : Trois ans en Asie, de l’auteur des Pléiades, et de Gérard, le Voyage en Orient.

 


Ni carnet de route ingénu, ni reportage où se devinerait une investigation méthodique, moins encore « livre de poste des ruines » le Voyage en Orient est une œuvre d’art patiemment élaborée, un véritable roman, chatoyant tissu de mensonges : une « re-vie », eût dit Restif de la Bretonne. Nerval sait y fondre ce qu’il a vu lui-même – ou rêvé ! – et ce qu’ont vu les yeux des autres : dans une trame ingénieusement ourdie se mêlent les authentiques incidents de son voyage et les extraits de ses lectures, les images cueillies dans les albums d’estampes et les visions « super naturalistes » de la première « descente aux enfers ».

 


Serait bien naïf, qui, feuilletant le livre où d’ailleurs font défaut les dates et les « allusions aux choses du moment », se flatterait de reconstituer avec exactitude l’itinéraire du poète. Son récit nous conduit de Paris à Trieste, par l’Allemagne et Vienne ; et par l’Adriatique, de Trieste à Cerigo, – « Cerigo qui fut Cythère ». Après une escale imprévue à l’île de Vénus, voici le Caire où Zeynab la femme jaune va grouper toutes les impressions d’Égypte autour de sa pittoresque silhouette. Et c’est la Syrie, de Beyrouth à Balbek, – Saléma et sa tulipe rouge – Constantinople enfin.


Nul, quoi qu’on en ait dit, n’est mieux que Nerval rompu aux artifices littéraires. Ses protestations de sincérité ne l’empêchent pas de se jouer du lecteur : la route qu’il suivit pour gagner l’Orient n’est pas celle dont son livre nous énumère les étapes ; il raccorde avec adresse à son itinéraire d’Égypte – sa correspondance nous le révèle – les souvenirs du séjour qu’il fit à Vienne en 1839.

 


En réalité, c’est à Marseille qu’il s’embarqua, le 1er janvier 1843, pour arriver le 16 à Alexandrie, après avoir fait escale à Malte et à Syra, mais non à Cerigo. Du 7 février au 2 mai, il vécut au Caire, et tint pour une fantaisie de mauvais goût l’achat que son ami Fonfrède y fit d’une esclave javanaise.

 

Quel fut l’emploi de son temps pendant les trois mois qu’il passa en Syrie, nous l’ignorons ; mais il ne put visiter Balbek, et la blonde Salème ne fut sans doute qu’un gracieux fantôme. On sait qu’il se fixa à Constantinople du 25 juil.-08 au 28 octobre, avant de regagner la France ; le 5 décembre, Gérard débarquait à Marseille et un mois plus tard, le paysan de Paris retrouvait ses amis, et sa ville.

 

La légende force toujours un peu le trait, surtout lorsqu’elle est romantique. Gérard de Nerval n’a pas été cet écrivain maudit et ignoré comme pourraient le laisser supposer sa vie en marge et sa mort tragique. Au contraire, la disparition du poète dans des circonstances sordides a ému le Paris intellectuel des années 1850 où beaucoup avaient déjà reconnu son génie. Ses obsèques, le 30 janvier 1855, furent un événement et un hommage. Mais, bien loin des cénacles littéraires, on a la surprise d’en découvrir aussi un compte-rendu dans la revue Le Franc-maçon. En effet, comme le souligne le rédacteur de l’article, on pouvait y discerner une composante maçonnique.

 

Les liens entre Nerval et la Maçonnerie ont fait couler beaucoup d’encre. S’il n’a vraisemblablement jamais été reçu Maçon en bonne et due forme, il y a de grandes chances pour que Gérard ait été fait « Louveteau » dans sa jeunesse dans la Loge de son père, le docteur Etienne Labrunie, « Les Sept Écossais réunis » (GODF). « Fils de Maçons et simple Louveteau » comme il l’écrit lui-même dans une correspondance. Dans les années 1820, les cérémonies paramaçonniques, comme l’adoption d’un « Louveteau » par une Loge, connaissent une grande vogue. Elles donnent d’ailleurs lieu à un véritable rituel symbolique. Ce qui est sûr, c’est que le 14 novembre 1829, Gérard est invité par la Loge « Les Sept Écossais réunis » à présenter un discours en vers sur Les Bienfaits de l’enseignement mutuel. Le Vénérable est le docteur Vassal, un important dignitaire du Grand Orient et un ami de son père. Il est possible que le jeune Gérard ait aussi bénéficié de l’étonnante bibliothèque de cet ami de la famille, voisin et cousin par alliance.

 

L’article du Franc-maçon est intéressant à plus d’un titre. Poète lui aussi, Joseph Boulmier – l’auteur oublié de Rimes brutales – a connu Nerval. Il nous fait ainsi état du propos de Gérard sur l’attachement de son père à la franc-maçonnerie tenu « il y a quelques jours ». De plus, en raison de l’objet particulier de la revue, notre chroniqueur signale les Maçons illustres accompagnant le poète à sa dernière demeure. Certains sont des Frères bien connus, d’autres n’ont semble-t-il fait qu’un petit tour en Loge même s’ils y ont conservé des amitiés et se considèrent comme« faisant partie de la famille ». De fait, Joseph Boulmier identifie ainsi une sorte de « délégation maçonnique » dans le cortège. Parmi diverses célébrités, on a la surprise de trouver Paul Lacroix, alias « Le Bibliophile Jacob ».

 

Article paru dans Le Franc-maçon, année 1855,                                              

La froide journée du 30 janvier 1855 laissera dans plus d’un cœur de poignants et profonds souvenirs. Ce jour-là, une foule nombreuse accompagnait à sa dernière demeure le plus délicat, le plus rêveur, le plus allemand des écrivains de la France actuelle, l’auteur de Lorely et des Illuminés, l’héritier direct de Jean-Paul et d’Hoffmann, Gérard de Nerval !

 

Qui donc n’a pas lu les Illuminés où il passe en revue toutes les sectes ou sociétés secrètes qui, depuis l’Inde jusqu’à la France, ont enfanté Menou, Hermès, Cagliostro, né, a-t-on dit, sans souillure et sans péché du sein d’Abraham même. Sous la plume de Gérard, cette histoire des initiés, des illuminés, fait rêver avec un charme infini, une foi d’enfant, une terreur secrète ! Le cœur et l’âme sont prises à croire tout ce que le peintre, l’écrivain raconte de Saint-Germain, de Cazotte et de Mesmer avec cet art qui attire, qui plaît, séduit et magnétise, la clarté, la simplicité.

 

L’art, la littérature, l’amitié, avaient été fidèles au rendez-vous funèbre. Illustres et inconnus suivaient pêle-mêle le convoi ; car tous aimaient, admiraient, pleuraient ce noble et bon Gérard, qui disait il y a quelques jours : Mon père, digne vieillard, âgé de quatre-vingt-huit ans, n’a conservé d’amour, de foi et d’enthousiasme que pour la Franc-Maçonnerie.

 

Interprète de la douleur commune, M. Francis Wey a prononcé sur la tombe du mort un simple et touchant discours, que le devoir des grands journaux était de reproduire ; ce qu’ils n’ont pas fait. Louis Jourdan a eu plus de mémoire ; il a parlé du poète et de son enterrement. Nous y avons vu Louis Jourdan, Labédollière, Achille Jubinal et Théophile Gauthier, dont l’admirable feuilleton attira la foule des bons cœurs à la Morgue, à Notre-Dame, et au cimetière du Père-Lachaise,

 

Dechevaux-Dumesnil, nous faisait remarquer dans cette légion d’élite, dans ce monde de l’intelligence universelle, les frères Taylor, Alexandre Dumas, Cari Elshoëct, Louis Ulbacli, Ernest Legouvé, Fiorentino, Paul Bocage, Auguste Maquet, le bibliophile Jacob et l’auteur d’un nouveau livre, les Ressuscites, Henri Delaage, Auguste Luchet, Schœffer, Allyre Bureau, Nadar, Vallon, et vingt autres. Quelques femmes, nous disait-il, prient, et elles seules, avec un bien petit nombre d’hommes, ont l’air triste et grave. Néanmoins, ajoutait notre ami, parmi ce monde qui tient un peu de l’étudiant par la mise et la tenue excentriques, le baron Taylor était grave et digne, Henri Delaage profondément ému, et jusqu’au bord de la fosse Théophile Gautier a eu les yeux noyés de larmes.

 

Gérard de Nerval laisse un nom qui ne périra pas, une gloire sérieuse. C’est l’un des plus purs joyaux de la couronne littéraire du XIXe siècle. Est-ce lui qu’il faut plaindre, l’enfant naïf et mystique, qui se repose à présent dans le sein de sa mère, l’antique nature, l’éternelle providence ! Où ne faut-il pas plaindre plutôt ceux qui survivent, exposés à tous les hasards, à toutes les angoisses de la lutte quotidienne ? Telles étaient les pensées qui se présentaient à notre esprit à nous, obscur volontaire de la jeune littérature.

 

RASSEMBLER CE QUI EST  ḖPARS  EN SPIRITUALITḖ

 Arcadia

 2014

A la question de savoir dans quel but voyagent les Maîtres FM\ l'instruction du troisième degré nous apporte, dans ses tous derniers mots, une réponse complète et sibylline : "Pour rechercher ce qui a été perdu. Pour rassembler ce qui est épars et répandre partout la Lumière"

Si tout est dit dans cette ultime réponse il reste au nouveau Maître à donner un sens à ce qui semble devoir être la quête de tout FM\ , cet idéal dont la réalisation ne sera peut-être jamais achevée. C'est dans les Constitutions d'Anderson que l'on trouve cette phrase: "La Franc-Maçonnerie est destinée à rassembler ceux qui, sans elle, ne se seraient jamais rencontrés". Qu'entendre alors par "Rassembler ce qui est épars", au-delà de cette vocation première de la FM\ ?
On peut y voir trois aspects complémentaires et indissociables symbolisant les trois forces créatrices d'une utopie fondatrice.
"Rassembler ce qui est épars" est à la fois une valeur, un moyen et une finalité.

Issus d'une souche unique, que les scientifiques s'accordent à situer en Afrique de l'Est, les premiers Hommes ont ensuite migré pour finalement occuper la presque totalité de cet espace restreint qu'est notre planète Terre. Les conditions climatiques et géographiques ayant entrainé des adaptations morphologiques et culturelles importantes, l'Homme a créé des langues, des us et coutumes et des cultures spécifiques et différentes. Car ce qui est épars, en premier lieu, c'est l'espèce humaine et c'est cette particularité qui a créé les différences…qui font toute la différence ! C'est, par ailleurs, au nom de ces différences que l'Homme se déchire et se bat depuis la nuit des temps. Parfois pour l'imposer, d'autres fois pour la sauvegarder. Mission, projet ou utopie, qu'importe le mot, seule l'action nous permettra d'œuvrer dans ce sens pour finalement atteindre l'Unité dont nous sommes tous issus.

Certains pourraient voir, dans cette volonté de rassembler, une contradiction entre la liberté de penser, qui nous garde de tout dogmatisme et la réunion des diversités. Mais c'est sans compter sur la Fraternité, cette valeur humaniste qui nous anime et nous permet de nous réunir dans le respect de la différence, la tolérance de la diversité et nous encourage à construire l'œuvre autour d'un axe commun. Il nous vient alors à l'esprit cette maxime de Saint Exupéry si souvent reprise sur nos colonnes: "Si tu es différent de moi, loin de me léser, tu m'enrichis". Il nous faut donc rassembler et non assembler, car la pensée unique serait destructrice d'une démarche qui consiste à respecter chacun dans sa différence et à construire ensemble dans une dynamique où les esprits s'additionnent plus qu'ils ne s'opposent. Ce qui est épars c'est la diversité de l'Homme, cette diversité qui fait de chacun de nous un Être à part, unique et complexe. La démarche M\ doit donc permettre à chacun de travailler, de construire et de s'élever marche après marche, vers l'Unité en s'enrichissant de la complexité de l'Autre. Et c'est la Fraternité qui rend possible une telle démarche. Démarche qui, soulignons-le, tend à l'universalité dans l'unité sans jamais tomber dans l'uniformité. Alors notre chaîne d'union peut devenir une chaine de Fraternité qui nous invite à progresser tous ensemble vers notre idéal en associant la verticalité et l'horizontalité que sont la pensée et l'action.

"Rassembler ce qui est épars" est donc également un moyen, et c'est le symbolisme qui nous en donne la mesure. Car "faire symbole" c'est étymologiquement rapprocher les deux morceaux d'un même objet par deux individus différents afin de leur permettre de se rejoindre et de se reconnaître. "Faire symbole" c'est déjà poser un acte pour retrouver l'Unité. Ce qui présuppose que cette unité a existé, a été perdue, qu'elle est reconstructible et qu'il existe une démarche pour la retrouver.


Le symbolisme maçonnique est un moyen, une démarche unificatrice qui permet l'échange au-delà des différences de cultures, d'origines de religions ou d'opinions. Il nous conduit à ce que Jung appelait l'inconscient collectif et nous reconnecte au sens le plus secret des représentations archétypales auxquelles nous pouvons nous accéder par l'intermédiaire du symbole. C'est la voie royale de la connaissance mais également un puissant moyen de réconciliation avec soi-même et par conséquent avec les autres.


N'est-ce pas là une matérialisation du verbe "rassembler" ? C'est la démarche symbolique, en tant que moyen, qui nous conduit à l'Unité de l'Être en tant que finalité. Car elle nous plonge dans l'univers de la conscience en transcendant celui de notre mental et de notre moi. Ainsi l'Être et le Moi se trouvent rassemblés au plus intime de nous-mêmes. Le symbolisme est la voie qui permet l'émergence de l'Être et le silence de l'égo par les représentations intimes qu'il créé et l'espace sacré intemporel dans lequel il nous immerge. Moyen universel, le symbolisme maçonnique est un outil initiatique au sens premier du terme car il nous permet de progresser sur la voie de l'Unité fondamentale à laquelle nous aspirons et pour laquelle nous avons demandé la Lumière lors de notre première entrée dans le Temple.

"Rassembler ce qui est épars" est, en troisième lieu, une finalité. Comme dans le mythe d'Osiris dans lequel Isis l'épouse et veuve fidèle rassemble les morceaux épars de son mari puis insuffle une étincelle de vie pour être fécondée, nous avons, en tout premier lieu, pour contribuer à la réalisation de l'idéal maçonnique, à rassembler, en nous, ce qui est épars. Nos antinomies, nos contradictions semblent occuper notre espace mental et sont à l'origine de la plupart de nos décisions et actions. Lorsqu'ils deviennent conflits internes ils sont à l'origine de tous les désordres psychiques que nous connaissons, que nous avons connus ou que nous connaitrons. Une des principales caractéristiques de notre vision humaine consiste à considérer chaque élément de notre environnement comme étant différent des autres et surtout à donner à chaque élément plusieurs significations différentes et parfois opposées. Notre mental semble être comme un prisme qui décompose la réalité en plusieurs fragments de couleurs. Ce qui pourrait sembler être un chaos intérieur est en fait le résultat d'une pensée multiple due à des structures psychiques différentes et parfois opposées.


La réconciliation de ces différentes structures est un premier objectif que le symbolisme peut nous permettre d'atteindre. Elle exige cependant une connaissance approfondie du "soi" dont on ne peut faire l'économie. Pour Unifier notre Temple intérieur  et contribuer à la création du Temple extérieur nous devons faire nôtre la maxime socratique : "Connais-toi toi-même et tu connaitras l'Univers et les Dieux". Se connaître c'est tout d'abord apprendre à regarder les multiples aspects de notre personnalité et à reconnaître leurs différentes façons de voir le monde, leur perception subjective, leurs peurs et leurs attentes. Certaines de nos attentes peuvent alors être contradictoires et même conflictuelles. Nous sommes alors tiraillés et confrontés à des choix qui sont faits de renoncements et de sacrifices. Vivre en harmonie avec soi-même est une vaste entreprise de développement de soi, de conscientisation et de travail intérieur continuel. Cette harmonie intérieure nous conduit alors à distinguer l'Esprit de l'égo et de les unifier.


"Rassembler ce qui est épars" revient à passer du multiple à l'Unité, c'est atteindre la Sagesse par la Connaissance, la Tolérance et l'Amour Fraternel. C'est atteindre le centre de nous-mêmes où brille cette Lumière que nous pourrons alors répandre autour de nous. Dans un monde où la pensée scientifique semble régler en maitre, le profane en vient à croire qu'il est un grain de sable noyé dans un Univers dont on ne connaît pas les limites. Le FM sur le chemin de son initiation accède à la connaissance que l'Univers tout entier est contenu au plus profond de lui; car ce qui est épars n'est peut-être pas ce qui est perdu mais simplement ce qui est enfoui en lui-même.

 

L’homme fait l’expérience du multiple. D’abord dans sa relation au monde, où il ressent la multiplicité de l’émanation. Ensuite avec l’autre, lorsqu’il fait l’expérience du relatif, de la division et des contraires. Enfin, à l’intérieur de lui-même, lorsqu’il ressent la multiplicité de son être avec sa part d’ombre faite de pulsions et d’émotions. Selon C.G. Jung, la dispersion apparaît en effet comme fatale dès lors il y a eu séparation de la conscience individuelle avec le Tout. La conscience se crée comme séparation et différentiation. Le binaire induit la multiplicité et la dispersion est ainsi la condition existentielle même de l’homme. L’aspiration à retrouver l’Unité et la quête d’un ordre

 

L’être humain a pourtant, de tout temps, perçu une unité fondamentale dans la manifestation dont il se sent partie intégrante. Le parcours du soleil, le rythme des saisons et la chaîne même de la Vie, où toute mort est le germe d’un renouveau, donne l’intuition de régularité et de complétude, d’un rapport secret entre le rythme de l’âme et de celui de l’univers, de ce qu’on pourrait appeler un « ordre ». Cet ordre est intimement lié aux grands mystères de l’existence. Il n’appartient pas au rationnel, car placé au-delà de la raison, qu’il englobe. C’est le reflet d’un Principe primordial organisateur, sous le nom de Grand Architecte de l’Univers.

 

Rassembler ce qui est épars peut certes s’entendre sur le plan social, c’est à dire réunir des hommes qui sans la maçonnerie auraient continué de s’ignorer. Mais c’est aussi une démarche intérieure. En premier lieu chercher à réunifier toutes les parties de son être avec l’Un, en se reliant au Principe, ou plutôt à le Retrouver, s’il existait en potentialité dès le commencement.

 

Pour Mircea Eliade, c’est par une vision symbolique du monde que l’homme a de tout temps cherché à se relier. L’homme en quête de sens reconnaît un point fixe qui devient symboliquement Centre de l’univers, et autour duquel s’ordonne l’espace selon les deux directions cardinales. Ce centre est l’Axis Mundi, porte des cieux, liaison symbolique avec une réalité supérieure. A l’espace matériel fait d’une infinité éparse de lieux neutres, se superpose ainsi un espace sacré symboliquement ordonné.

 

En loge, nous récréant à chaque tenue un monde sacralisé, situé symboliquement hors du temps profane et reliant notre monde physique à une réalité principielle. La loge ordonnée par son aménagement symbolique et par le rituel est le reflet du monde organisé selon le Principe comme celui de l’esprit humain en fonctionnement harmonieux. C’est le creuset dans lequel le maçon peut se transformer par le travail conjoint de l’imagination et de la raison rassemblées.

 

Selon la tradition biblique, le monde naît d’un chaos originel par séparation. La Parole organise, in-forme l’univers, c’est à dire lui donne forme. Selon la tradition ésotérique, l’esprit se dissout en se multipliant dans la matière, puis se recentre, se conscientise, en refaisant son unité dans la « divinité - Un ». C’est du centre que tout émane et c’est dans le centre que tout se recrée. Ce double mouvement est celui du solve et coagula des alchimistes. Malgré une expression bien sûr toute autre, la vision scientifique d’aujourd’hui va dans ce sens. On admet que l’univers se serait formé à partir d’une énergie originelle, d’un chaos. Des fragments d’énergie se seraient condensés en particules, puis en noyaux, en atome, …, jusqu’en matière vivante porteuse de conscience. Il y a eu succession d’émergences, faisant apparaître à chaque étape un ordre organisateur à partir d’éléments multiples dispersés.

 

L’histoire de l’univers apparaît ainsi comme une sorte de cycle de dispersions puis de rassemblement d’éléments épars, du chaos jusqu’à la vie conscience. Le théologien Pierre Teilhard de Chardin y a vu une évolution créatrice orientée vers le divin. Peut-être pourrait-on dire : vers le retour au Principe, vers la spiritualisation. La vie consciente Etait à l’origine en potentialité dans la matière. Alors il doit exister, ou plutôt Etre un Principe, qui est le sens même de la vie. Qu’est-ce qu’aller dans le sens de la vie ? Un être vivant dans la satisfaction égocentrique ne lèguera vraisemblablement que peu de choses, et n’a je pense que peu de joie de vivre. A l’inverse, un être qui a eu à coeur de transcender sa condition d’homme matériel en recherchant vérité et justesse de ses actes deviendra maillon d’une chaîne de transmission. Je crois donc que se relier à l’ordre, c’est avant tout s’inscrire dans celui-ci en poursuivant son déploiement, en premier lieu à l’intérieur de soi-même.

 

Le rassemblement dans l’Un n’est pas la fusion, qui serait retour au chaos, mais la création d’ordre permettant de réintégrer l’image de l’ordre principiel en toute chose. Le maçon s’attache à chercher la Vérité. Pour cela il remet en cause ses vérités relatives en s’enrichissant de celles des autres, mais aussi en puisant aux mythes, aux traditions, aux philosophies. Convaincu que se tient en chacun et en chaque chose une part de la Vérité originelle, il cherche et rassemble en construisant. Le ternaire nous enseigne qu’il peut être possible de passer de deux points de vues relatifs et apparemment antagonistes à un nouveau point de vue transcendant les deux autres. Celui-ci sera probablement rassemblé dans une nouvelle vision se rapprochant plus prête de la vérité. C’est une construction. Nous nous approchons de la Vérité en reliant des éléments épars, et en reliant nous créons de l’ordre et construisons.

 

Mais pour être apte à construire, il faut d’abord établir l’ordre, c’est-à-dire l’harmonie, en soi-même. En proie à la dispersion, le profane est, selon les termes du psychologue Paul Diel, un homme « banal », centré sur ses désirs immédiats. Une avalanche de désirs contradictoires se renforcent et se multiplient sans jamais se satisfaire. L’imagination d’où naît les désirs et la raison qui conçoit leur réalisation fonctionnent alors sous le contrôle de ce que N\ F\ Jacques Trescases appelle un « faux maître », substitué au vrai Maître, qui serait, selon l’ordre rétabli, l’instanciation en nous de la Loi morale. Aller dans le sens de la vie, c’est retrouver un fonctionnement intérieur harmonieux où a été rétablie la loi « surconsciente » qui réagit l’Etre.

 

Ces pôles psychiques : action, sensation, raison - soleil, imagination - lune, et Loi surconsciente, au nombre de 5, sont en correspondance symboliques avec les 5 officiers éclairant la Loge, image de notre être intérieur harmonieux. Comme le remarque encore  Jacques Trescases, le fonctionnement juste de la psyché est donné par le tracé de l’étoile Flamboyante, image de l’homme ré harmonisé, qui a intégré en lui l’ordre de l’univers. Mais le compagnon n’a fait que voir l’étoile flamboyante. Pour intégrer pleinement en lui cet ordre, il lui faut encore rétablir le maître en lui tel qu’il existe en puissance. C’est l’un des sens même du psychodrame du meurtre d’Hiram, qui marque symboliquement à travers le vécu de la mort la restauration de l’élan spirituel. Hiram personnifie l’homme qui fait perdurer l’ordre éternel de construction, mort sous les coups de l’imagination, de la raison et du jugement moral déréglés, c'est-à-dire de la vanité humaine. Par l’effort unis des trois F\ F\ dirigeant la Loge, qui est au contraire la dynamique harmonieuse, et seulement par lui, le Maître peut être relevé.

 

L’accession à la maîtrise marque donc symboliquement la capacité acquise par l’initié à poursuivre la construction et à l’ordre du monde en rassemblant. C’est donc je pense le commencement du travail proprement spirituel. L’œuvre à venir du Maître maçon est résumée en conclusion de la cérémonie d’exaltation : « Chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la lumière ».

 

Retrouver la Parole perdue, c’est restaurer l’ordre principiel où toute chose se trouverait à sa juste place. C’est le but ultime. Mais, pour citer Oswald With, rien ne se détruit dans le monde des idées. A partir de ce que nous lèguent les traditions, il se trouve nécessairement dans l’univers des parcelles de cette parole perdue. Le maître maçon a donc le devoir d’explorer tous les points de vue, toutes les traditions, pour y puiser les traces de l’Esprit et les rassembler. Dans de nombreuses traditions, telles le mythe d’Osiris, il est nécessaire de rechercher ce qui a été perdu et dispersé par toute la terre pour ramener un mort à la vie. De même le maître doit-il voyager sans relâche de l’Orient à l’Occident. En passant par le septentrion et le midi, c'est-à-dire suivant le parcours juste de tout initié, il chemine donc symboliquement toute la surface de la terre, Ce parcours de l’horizon signifie plusieurs choses : d’abord qu’il n’y a pas de limite pour lui dans la recherche de la vérité autre que celles de ses capacités présentes.

 

Ensuite que ce parcours se fait en se conformant à des cycles. Il faut rassembler dans le monde des idées à l’Orient, mais, une connaissance est vaine si elle n’est agissante et retransmise dans le monde manifesté, c'est-à-dire à l’Occident. Le parcours est donc une alternance de lumière et d’ombre, d’intuition et de raison, d’élaboration et de mise en oeuvre, de conception et de retransmission. Enfin la surface de l’horizon est pour l’imagination un cercle. Le parcours suivant le carré est celle de l’initié, mais elle appartient encore à la manifestation. En passant de l’angle droit au cercle, forme parfaite et image de l’éternité, sans commencement ni fin, et dans lequel le carré s’inscrit, le maître accède à un autre plan à partir de son propre centre. Symboliquement devient médiateur entre le monde manifesté et le Principe. Il est « au milieu », entre l’équerre et le compas.

 

Certes l’homme spirituel que le maître aspire à devenir appartient encore à la matérialité, mais il se rapproche de l’image du Principe qu’il porte en lui. Rassembler ce qui est épars, c’est une tâche jamais achevée, un idéal dont au mieux on se rapproche de manière asymptotique. Si cet idéal était atteint, alors la parole perdue serait retrouvée et cela marquerait l’accession à un nouveau plan de conscience pour l’initié. Mais un nouveau cycle recommencerait car toute connaissance humaine est inaboutie. Tout achèvement ne saurait être que relatif et le travail se poursuit indéfiniment.

 

l’ÉGRÉGORE   -  qu'’Est-ce qu'’UN ÉGRÉGORE ?

 

 

 

Partager l'information est notre arme la plus puissante...Ceci est notre devoir de transmission. "La décision prise au plus profond de la conscience individuelle de faire partie de la solution est la clé pour mettre un terme à l'emprisonnement de l'humanité et apporter la vraie liberté aux habitants de cette planète. «seule, une véritable générosité lie à la transmission des connaisses  permettra au plus grand nombre de sortir de leur ignorance et des ténèbres qu'elle génère …   qu'est- ce qu'un égrégore?

Nous connaissons l'inconscient collectif, la mémoire collective ou encore les archétypes décrits par Jung. De bien des manières, nous nommons déjà ce phénomène mal connu et pourtant inscrit en nous : l'égrégore. Mais si nous sommes capables de générer ensemble cette conscience partagée, elle aussi a le pouvoir d'agir sur nous...
© Stephen Criscolo
Un égrégore est produit par un puissant courant de pensée collective. Lorsque plusieurs personnes se focalisent ensemble sur un même objet, avec une même intensité, ils développent une énergie commune. Nous connaissons tous cet effet stimulant, éprouvé lorsque l'on partage avec d'autres un projet passionnant ou un moment fort. L'activité concentrée rassemble les intentions de chacun en une conscience collective, qui semble porter le groupe. Mais derrière l'impression personnelle, un processus réglé se déroule entre nous.

Une émotion active les atomes de nos cellules, transformant le corps en une pile électrique, capable de fabriquer sa propre énergie. Ainsi, par la seule force d'une émotion mutuelle et sans même s'en rendre compte, nous connectons nos sources d'énergie et en créons une plus grande, globale. Comme branchés les uns sur les autres, nous vibrons sur la même longueur d'onde. La tension est alors assez haute pour qu'émerge un esprit de groupe. « Le biochimiste Rupert Sheldrake parle de champ morphogénétique. Le ressenti d'un individu exerce une force sur celui de l'autre. Ce mouvement, par résonance, va influencer leurs comportements et leurs pensées », explique Rosa Claire Detève, formatrice en psychologie quantique. Mais cet esprit de groupe n'est pas que la résultante passive d'un instinct grégaire.

Pierre Mabille, médecin et anthropologue, proche des artistes du surréalisme, considérait que l'égrégore possède « une personnalité différente de celles des individus qui le forment ». A l'échelle individuelle par exemple, nous savons qu'une pensée enracinée depuis longtemps finit parfois par nous dépasser. Elle est en quelque sorte devenue autonome et agira sur nous aussi longtemps que nous l'alimenterons par nos croyances. De la même manière, l'égrégore est une entité vitalisée. Il agit comme un accumulateur d'énergies, nourri par les sentiments, les désirs, les idéaux ou les peurs de ses membres. Plus ces derniers sont nombreux, plus l'égrégore se renforce jusqu'à influencer leurs existences.« Dès lors qu'au moins deux personnes partagent une vision, elles forment un égrégore. Certains auront une durée de vie courte, d'autres traverseront les siècles : une histoire d'amour peut durer quelques jours, l'égrégore de l'église catholique a plus de 2000 ans », nous dit Alain Brêthes qui a beaucoup écrit sur le phénomène. L'auteur a répertorié les égrégores en trois catégories. Les égrégores neutres sont les plus nombreux. Ce sont les amicales de quartiers, les cercles professionnels ou les groupes d'amis de longue date. Ces égrégores ne sont pas très inductifs sur le plan de la pensée. Les gens partagent des choses mais vivent leur quotidien sans que cela n'ait de réelle incidence sur leur psyché.

Ensuite, nous trouvons les égrégores dits « limitatifs » ; ce sont les égrégores de l'égo. L'individu se doit d'adopter les croyances et schémas comportementaux du groupe. C'est le cas des partis politiques, des religions. Ces dernières sont sans doute les égrégores les plus puissants car les plus longuement et largement partagés. L'égrégore s'appuie souvent sur une représentation. Et, de tous temps, les sociétés ont associé leur conviction à une symbolique forte. Or, le symbole c'est justement l'être humain qui projette sa pensée. Il est la manifestation formelle d'une énergie latente dirigée vers son accomplissement. Typiquement, l'étoile de David, la croix latine ou le yin et le yang servent de support de visualisation et de point de contact entre les membres, qui, célébrant leur foi, cultivent ainsi leur égrégore. A l’extrémité de cette catégorie, on trouve les radicaux, les gangs et les sectes. Enfin, les égrégores « féconds » sont ceux qui élèvent la conscience, qui s'efforcent d'unir et de rassembler, qui expriment des valeurs de justice, d'équité et de bienveillance. Ce sont des énergies utiles à la communauté mondiale, qui prennent la forme de courants de psychologie humaniste, d'associations humanitaires ou de mouvements spirituels contemporains. 

« Observez un dîner entre amis, il y a toujours celui qui fait rire, celui qui râle etc. Chacun joue un rôle qu'il quitte une fois rentré chez lui. Ils entretiennent leur égrégore. Un match de foot avec son équipe préférée, la rentrée des classes de son enfant ou un déjeuner dans la maison de famille... Nous évoluons en permanence parmi ces zones sociales invisibles, très conditionnantes. Même quelqu'un qui voudrait échapper à ce phénomène en partant vivre sur une île déserte, se relierait encore à l'égrégore des gens qui aspirent à s'isoler sur une île déserte », plaisante l'auteur. Parfois trop forte, l'empreinte peut néanmoins donner cette impression d'être englué dans l'existence d'un autre. « Pour autant, souligne Kaly, magnétiseur, il ne faut pas confondre égrégore et possession. On sort d'un égrégore en quittant les gens ou les idées qui nous y rattachent. Cela peut être difficile mais il n'y a que ça à faire ». Dans ce cas, la psychothérapie peut être un moyen pour prendre conscience du parasitage « énergétique » qu'exercent les valeurs de notre cercle ou de notre communauté.

Mais quitter un égrégore n'est jamais que l'occasion d'en intégrer un autre. Un cheminement de vie clairvoyant permettra simplement de choisir ses sources d'inspiration, toujours avec le cœur. « Car, insiste Alain Brêthes, on ne peut pas y échapper. Tout est égrégore, c'est l'archétype universel, ce qui vient conditionner nos représentations ». Lorsque l'enfant qui naît prend son premier inspire, il se relie déjà à l'égrégore de la famille dans laquelle il arrive, mais également à l'égrégore de son pays et de l'histoire de son pays. Il inhale une quantité d'énergie collective qui ne lui appartient pas en propre et qu'il va faire sienne. « L'égrégore est la contre-partie psychique d'un groupe humain », ajoute-t-il. Il vit donc à la fois sur un plan physique, au travers des êtres qui le portent et sur un plan astral. Celui-ci est un espace intermédiaire, une sorte de canal qui nous relie à notre dimension éthérique, ultra-pronfonde. C'est par lui que communiqueraient les énergies subtiles des uns et des autres qui, unifiées, forment l'égrégore. Nul besoin donc d'être physiquement ensemble ; l'égrégore est comme le négatif de notre expérience vécue, une réalité alternative dans laquelle nous sommes en présence les uns des autres.

Le rapport entre le caractère invisible, impalpable de cette énergie et son pouvoir bien tangible a très tôt fait sa dimension sacrée. Dans certains courants occultes, l'égrégore est un véritable support rituel. Les premiers à avoir exploré leur potentiel égrégorique furent les francs-maçons, reliés à travers le monde et les époques par leurs codes et initiations mystérieuses. Les écoles ésotériques utilisent l'égrégore comme un puissant outil divinatoire. Le chamanisme fait également de la transe et des cérémonies collectives une porte d'accès vers l'énergie universelle. Mais aujourd'hui, notre sacro-sainte science moderne tend elle aussi à s'emparer du phénomène.

 
Depuis un peu plus de quinze ans, une théorie discrète est en train de révolutionner toutes nos connaissances sur la conscience humaine. Le Global Consciousness Project (Projet de Conscience Globale) est une expérience parapsychologique débutée en 1998 au sein de la prestigieuse université de Princeton, aux États-Unis. L'initiative, qui réunit scientifiques et ingénieurs, cherche à établir l'existence d'une activité énergétique universelle, grâce à un générateur aléatoire de nombres, un petit boîtier conçu au départ pour détecter les mouvements de pensées d'un cobaye. Après en avoir éprouvé l'efficacité sur une seule personne à la fois, l'appareil, baptisé Egg, est testé sur un groupe. On réunit une trentaine de personnes et on les invite à parler et à bouger comme bon leur semble. L'appareil de mesure, placé dans un coin de la pièce, ne réagit pas. Mais quand on demande ensuite au groupe de s'asseoir et de méditer ensemble, l'appareil semble capter une synergie et amorce une courbe. La découverte fait l'effet d'une bombe dans la communauté scientifique. Bientôt, des dizaines d'autres boîtiers Egg sont envoyés aux quatre coins du globe, de l'Alaska aux Fidji, avec une question précise : est-il possible de détecter un émoi collectif à l'échelle planétaire ? Les premiers résultats sont étonnants : lors des funérailles de Lady Di, les boîtiers enregistrent jusqu'en Chine une variation du champ psychique.

A ce jour, 65 générateurs sont positionnés dans presque autant de pays, dont deux en France. Tous reliés en réseau, ils archivent en continu l'encéphalogramme terrestre. Chaque fois qu'un événement mondial se produit, des fluctuations sont enregistrées. Plus il est fort et médiatisé, plus elles sont importantes. L'informaticien Pierre Macias héberge l'un des deux Egg français à Toulouse : « Le flot de données des capteurs tend à s'éloigner des valeurs attendues lorsque se produit un événement public qui concentre les pensées et les émotions d'un grand nombre de gens. Le jour de l'attaque terroriste du 11 septembre 2001, la probabilité pour que les capteurs enregistrent une telle variation ''par hasard'' fut de l'ordre de 1 pour 1 million... Nous ne savons pas encore comment expliquer ces relations subtiles entre des événements d'importance pour les hommes et les données obtenues mathématiquement, mais elles sont indéniables aujourd'hui. Ces résultats montrent à l'évidence que le monde physique et le monde de l'esprit humain sont liés d'une relation encore inconnue ».

 

 

le panthéisme.

 

 

 

Ce n’est pas par une facile association d’idées que le concept de panthéisme évoque le nom de Giordano BRUNO.

 

 Celui-ci est effectivement l’un des plus marquants parmi les philosophes de la totalité, et la chaîne qui relie PLOTIN à SPINOZA passe nécessairement par lui. Mais cette association d’idées comporte une justification plus profonde encore, bien qu’elle n’apparaisse pas immédiatement : Giordano BRUNO, condamné par un tribunal d’inquisition, fut brûlé en 1600 à Rome.

 

Si l’on se souvient que, non plus au début, mais au milieu du XVIIème siècle, SPINOZA fut excommunié, lui aussi pour délit d’opinion, on ne peut manquer de saisir le vrai sens d’une telle affirmation : le panthéisme est une philosophie subversive, et les philosophes dits panthéistes mettent en cause tout le système dogmatique élaboré par la métaphysique d’origine aristotélicienne.

 

 

ZOROASTRE ET LE ZOROASTRISME

 

2013

 

Qu’est- ce que le zoroastrisme? Le Fondateur Zarathoustra (en grec, Zoroastre) était un prophète persan (les universitaires modernes suggèrent actuellement qu’il a vécu dans le nord ou à l’est de l’Iran ou à proximité, tout comme en Afghanistan au ou sud de la Russie).

La théologie zoroastrienne est fortement dualiste. Dans ses visions, Zarathoustra a été enlevé au ciel, où Ahura Mazda a révélé qu’il avait un adversaire, Aura Mainyu, l’esprit et le promoteur du mal. Ahura Mazda a chargé Zarathoustra de la tâche d’inviter tous les êtres humains à choisir entre lui (le bien) et Aura Mainyu (le mal).

Par conséquent, le zoroastrisme est une religion de l’éthique. Zarathoustra enseigne que les êtres humains sont libres de choisir entre le bien et le mal, la vérité et le mensonge, et la lumière et l’obscurité, et que leurs actes, paroles et pensées auraient une incidence sur leur vie après la mort.

Il fut ainsi le premier à promouvoir une croyance en deux bouts célestes: de l’âme individuelle juste après la mort et de l’humanité toute entière après une résurrection générale. Ses idées du ciel, l’enfer et la résurrection des corps ont profondément influencé le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Le principe éthique majeur du zoroastrisme est « bien penser, bien parler, bien agir. » La bonté d’une personne détermine son sort après la mort.

Ahura Mazda est fortement associé à la fois au feu et au Soleil. Les temples zoroastriens gardent un feu allumé en tout temps pour représenter le pouvoir éternel de Ahura Mazda. Le feu est également reconnu comme puissant purificateur et est respecté pour cette raison. Les feux des temples les plus saints mettent jusqu’à un an à être consommés, et beaucoup ont été rallumés pendant des années, voire des siècles.

Eschatologie

Les Zoroastriens croient que quand une personne meurt, l’âme est divinement jugée.
Le bien perdure et avance dans les « meilleures expériences », tandis que les mauvais sont punis et tourmentés.
Alors que la fin des mondes approche, les morts seront ressuscités dans de nouveaux corps.
Le monde va brûler, mais seulement le vilain subira la douleur.
Les feux purifieront la création et se débarrasseront de la méchanceté.
Angra Mainyu sera soit détruit ou rendu impuissant, et tout le monde vivra au paradis sauf peut-être les mauvaises âmes, qui selon certaines sources vont continuer à souffrir sans cesse.
La bonté et la pureté sont étroitement liées dans le zoroastrisme, et la pureté figure en bonne place dans le rituel zoroastrien.

Le feu est de loin le symbole central le plus souvent utilisé pour la pureté. Alors que Ahura Mazda est généralement considéré comme un dieu sans forme et un être d’énergie à tendance spirituelle plutôt que physique, il a parfois été assimilé avec le soleil, et certainement l’imagerie qui lui est associée est très centrée sur le feu.

Ahura Mazda est la lumière de la sagesse qui repousse les ténèbres du chaos. Il est le porteur de vie, tout comme le soleil donne la vie au monde.

Feu est un élément central dans l’eschatologie zoroastrienne, quand toutes les âmes seront soumises au feu et que le métal fondu les purifiera de leur méchanceté. Les âmes divines passeront à travers tout cela sans le remarquer, tandis que les âmes corrompues brûleront dans les feux de l’angoisse.

Le texte sacré principal: L' »Avesta » de Zoroastre (« Livre de la Loi ») est une collection partielle de textes sacrés divisée en œuvres liturgiques avec des hymnes attribués à Zarathoustra; des invocations et rituels pour être utilisés lors des festivals; hymnes de louange; et des sorts contre les démons et des prescriptions pour la purification.

Compilé pendant de nombreux siècles, l’Avesta n’a pas été terminé jusqu’à la dynastie sassanide de Perse (226-641 après JC). Centre principal: le zoroastrisme a pratiquement disparu en Perse après l’invasion musulmane de 637 après JC Seulement environ 10 000 survivèrent dans des villages reculés en Iran, mais au fil des siècles de nombreux ont été aspirés par la religion naturelle de l’Inde.

 

 

 REFLEXION SUR LES DEUX SAINT-JEAN      -

  Arcadia

 

 2015

L’une des deux fêtes les plus importantes de la Franc-Maçonnerie est la St Jean d’été. 

Cette cérémonie se situe au solstice d’été, le 21 juin, le jour le plus long de l’année, l'un des deux moments de l'année pendant lesquels le soleil atteint ses positions les plus méridionale et septentrionale, aux tropiques du Capricorne et du Cancer célestes. 

L’autre fête, c’est la St Jean d’hiver, au solstice d’hiver, le jour le plus court de l’année. Les Francs-Maçons fêtent le solstice (de "sol stare" pour marquer l'arrêt du soleil) d'hiver. Une fête païenne qui a été christianisée puisqu'on fête alors la Saint Jean d'hiver. 

La Saint Jean d'Eté est consacré à Saint Jean Baptiste tandis que la Saint Jean d'Hiver (27 décembre) honore Saint Jean l'Evangéliste dont l'attribut est l'aigle. Pour les Maçons, Saint Jean l'Evangéliste représenterait l'Initié. A noter qu'il fut aussi le saint patron des Templiers et d'autres ordres de chevalerie. Dans certaines Obédiences ou Loges qui utilisent la Bible, le Volume de la Loi Sacrée est ouvert sur le prologue de l'Evangile selon Saint Jean. 

Originaire du village de Bethsaïde, Jean était un pêcheur du lac de Tibériade comme son père Zébédée (qui aurait épousé Salomé, la fille d'un premier mariage de Joseph) et son frère Jacques. Ils furent des disciples de Jean le Baptiste qui déclara : "Celui qui vient derrière moi est plus grand que moi". C'est Saint Jean Baptiste qui leur montra Jésus de Nazareth en leur déclarant : "Voici l'agneau de Dieu". Jean et Jacques devinrent des pêcheurs d'hommes. 

Jean est considéré comme "le disciple que Jésus aimait". 
Il put le suivre sur la montagne du Thabor pour entendre une voix venue du ciel dire : "Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute ma complaisance : Ecoutez- Le". Le Christ le choisit pour s'asseoir à ses côtés lors de la dernière Cène. Et Jean le suivit jusque dans la cour du Grand Prêtre lorsqu'il fut arrêté. Fidèle d'entre les fidèles, il sera le seul parmi les apôtres, au pied de la croix. C'est lui également qui fut le premier au tombeau et découvrit les bandelettes sur le sol. 

Selon une tradition, Jean vécut ensuite à Ephèse avec Marie. C'est là qu'il écrivit le 4e évangile. Pendant son exil à Patmos, il eut la révélation de l'Apocalypse (le terme même d'apocalypse signifie révélation). 

Saint Jean aurait été amené d'Ephèse à Rome, chargé de fers, sous le règne de l'empereur Domitien. Il fut condamné par le sénat à être jeté dans l'huile bouillante devant l'actuelle Porte latine. Selon un site chrétien, il en serait sorti "plus frais et plus jeune" qu'il n'y était entré. Il serait décédé en 99 ou en 101. 

Certains voient dans les deux Jean la représentation des phases ascendantes et descendantes du soleil. Ils se retrouveraient dans le dieu romain bicéphale Janus. 

Pourquoi St Jean ? St Jean, car ce vocable symbolise pour les maçons la Gnose ; et cette Gnose est symbolisée par la lettre G inscrite dans l’Etoile à 5 branches que l'on retrouve dans les temples maçonniques. Les Templiers célébraient aussi leur fête la plus importante le jour de la St Jean d’été, et les francs-maçons perpétuent ainsi le souvenir et le rite, pour ne pas dire le mystère. 
St Jean, c’est Janus, le dieu au double visage des Romains. Il symbolise le passé et l’avenir, l’année qui finit et celle qui commence. 

Le solstice d’été, c’est une vieille fête païenne, que l’on célèbre encore chez nous avec les feux, et dans les pays Scandinaves, à la Ste Lucie, Sainte Lux, la fête de la Lumière. C’est de lumière qu’il s’agit. Et la lumière, c’est la Connaissance. Le jour de l’initiation, un franc-maçon reçoit la Lumière. Et l’on nomme les francs-maçons les fils de la Lumière, comme avant eux les Esséniens. 
 
Le jour de la St Jean d'été, cette lumière est symbolisée par le tracé au cordeau d'une étoile à cinq branches. Ce pentagramme a la pointe en haut, dirigée vers l’Orient. Car la Lumière vient de l’Orient, et c’est là que se trouve le Vénérable en loge. 

Il y aurait beaucoup trop à dire sur le pentagramme. 
Sachez pourtant que c’est grâce à lui que se calcule le Nombre d’or, 1,618. Le Nombre avec lequel on bâtit en harmonique, Ce Nombre est un rapport. Un rapport tel que la plus petite partie par rapport à la plus grande a le même rapport que la plus grande par rapport au tout. Pour savoir comment se calcule ce Nombre si particulier, reportez vous au livre page 191. Sachez cependant qu’il est symbolisé par le « carré long », un rectangle dont le plus petit coté est la moitié du plus grand, et qui se retrouve sur l’équerre du Vénérable, dont l’une des branches est le double de l’autre. 

 

Le pentagramme, c’est aussi l’Homme. Comme le disait Hildegarde de Bingen : « l’Homme se divise dans la longueur, du sommet de la tête aux pieds, en cinq parties égales ; dans la largeur, formée par les bras étendus d’une extrémité d’une main à l’autre, en cinq parties égales. » 

Les bras à l’horizontale s’inscrivent dans les branches supérieures, les jambes écartées dans les branches inférieures, et la tête dans la branche du haut. 2 + 2 + 1. L’union est réalisée, c’est d’ailleurs le symbolisme du 5. On joint par ce nombre le principe terrestre (2 –> les jambes) au principe céleste ou cosmique (3 –> la tête et les bras). Nous avons là les 5 extrémités. Deux fois un nombre pair, féminin, désignant la matrice, et une fois un nombre impair, mâle. L’Homme est donc androgyne. Le pentagramme désigne l’androgyne. On a bouclé la boucle. Le nombre 5 est donc le symbole de la structure de l’Homme. Trois éléments en haut (la tête et les bras) et deux éléments en bas (les jambes). Nous avons là l’accord du cosmique et du terrestre, et l’Homme est bien le Temple de l’univers. 

 

Voyons maintenant comment nous allons construire cette Etoile : De l’Orient, le 1, on va vers le 2 ; on va de l’Unité primordiale à la division, la chute. C’est la chute de l’esprit dans la matière, rapide, presque verticale. Elle est indispensable, comme le passage par la terre, par l’humus, pour être régénéré. 


Du 2, on va vers le 3. On remonte plus lentement. L’esprit organise la matière, en rencontrant de nombreuses difficultés. 
Du 3, on va vers le 4. De l’organisation naît la réflexion. 
Du 4, on va vers le 5. C’est une nouvelle chute, plus lente, où l’Homme va prendre pleinement conscience de son être, de son ego. Le tiers supérieur s’unit avec le binaire de la base. Ainsi se crée l’androgynat. Ainsi se crée l’Homme. 
Enfin, du 5 on remonte vers le 1, vers l’Orient, vers l’Unité. L’Homme est réalisé et tend maintenant vers l’Adam cosmique. Il est en état pour recevoir. L’Etoile est tracée. La Loge aussi. Le Naos est en place. Il peut désormais donner la Lumière, la Connaissance. 

De la Connaissance naît l’Amour, et de l’Amour naît le Don. Engageons-nous donc, tout simplement tels que nous sommes, dans un voyage, dont chacun sait ce qu’ils ont de formateur… et peut-être bien d’initiatique ! Depuis que l’Humanité a accédé à la conscience, elle s’est rendue compte de la régularité des cycles qui rythment sa vie. Parmi une multitude, le premier et le plus immédiat est sans doute celui de l’alternance régulière des jours et des nuits. Alors, par la pensée et l’imagination, essayons d’en remarquer les moments essentiels : 

C’est d’abord ce que les hindous appellent « l’heure de Brahmâ » : le soleil va se lever, un côté du ciel s’éclaircit. Le noir profond pâlit en bleu, une couronne claire annonce l’imminence de l’astre de la lumière. De l’autre côté du ciel, c’est encore la nuit semée d’étoiles. Depuis l’émergence dorée de l’astre du jour, la lumière ne va cesser d’augmenter, jusqu’à midi plein. Le soleil est alors à son zénith et l’ombre d’un bâton fiché en terre est la plus courte de la journée. Après cette apothéose, ce minuscule mais perceptible temps d’arrêt, l’ombre s’allonge et la course parabolique du char de Phébus tend à rejoindre l’occident pour y disparaître dans un flamboiement majestueux et mélancolique. La nuit alors envahit le ciel par l’est, où commencent de scintiller, après Vénus, les myriades galactiques. Nos ancêtres auraient pu s’en tenir là et aller se coucher… 

C’est d’ailleurs ce que beaucoup ont fait ! Mais quelques originaux, que la nuit fascine, ne peuvent aller aussi tôt essayer de trouver dans le sommeil l’oubli des questions qui les habitent. Ils observent, notent et pensent. Ils ont vu et compris que la nuit et le jour sont complémentaires, donc semblables et comparables. A l’instar de tout ce qui vit, la nuit, comme le jour, naît, croît, atteint une apogée pour ensuite diminuer, et mourir. Et de même que le milieu du jour inaugure la marche vers la nuit, le milieu de la nuit annonce l’arrivée de la lumière. De jours en jours et de nuits en nuits, l’observation s’est affinée. Une activité interprétative a suivi, elle a donné naissance à l’Astrologie. 

Mais revenons au cycle journalier. Les quatre temps forts : aurore, midi, crépuscule et minuit, marquent la structure de tous les cycles et permettent de s’orienter sur la Terre qui nous porte. Ils sont en somme le témoin de lois universelles. Et nos Temples, comme les Cathédrales et tous les Temples dignes de ce nom, sont orientés, au moins symboliquement : selon l’Orient d’abord, d’où vient la Lumière, puis le Midi, où brille le Soleil, et le Septentrion, domaine de la Lune, enfin l’Occident, où se trouve la porte qui conduit à l’extérieur de l’espace sacré. Un Temple est donc un condensé symbolique de l’Univers et de son harmonie. 


Un ancien texte dit d’ailleurs qu’il y a trois Temples : l’être humain, que nous sommes, le Temple terrestre, où nous avons pris place, et le Temple parfait de l’Univers. Kosmos, en grec, désignait à la fois une mise en ordre et un embellissement : c’est donc à une fête des lois cosmiques que nous convie la Saint-Jean d’Hiver. Il s’agit au fond, en vivant consciemment ce temps fort dans le Temple terrestre, de mettre le Temple de l’Homme en harmonie avec le Temple Universel. Car le cycle que nous venons d’évoquer permet aussi de rendre compte des saisons de l’année : l’aube de l’année, le passage de la nuit au jour, est l’équinoxe de printemps ; les feux de midi sont aussi ceux du Solstice et de la Saint-Jean d’Été ; l’automne est le soir de l’année et, en cette Saint-Jean d’Hiver, Minuit plein va sonner à l’horloge solsticiale. 

Ce qui a été dit du cycle journalier une fois transposé au cycle annuel va nous permettre de comprendre à la fois la dédicace de la Fête à l’Évangéliste et l’importance toute particulière que lui accordent les initiés. Au solstice d’été, la lumière est manifeste, c’est l’apothéose de la clarté. Nous avons tous peu ou prou en mémoire les feux de la Saint-Jean, le 24 juin. Pourtant, au milieu de la joie exubérante de ceux qui se fient aux apparences, ceux qui savent ne peuvent s’empêcher d’avoir un pincement au coeur car ils ont conscience de ce que, malgré la canicule et l’éclat des jours, la marche inexorable vers les longues nuits d’hiver est amorcée. 

Mais à la Saint-Jean d’Hiver, les mêmes sont dans la joie, au coeur de la plus longue nuit de l’année, car elle marque le début de l’ascension de la clarté, de la victoire de la Lumière sur les ténèbres. Pour eux, le Minuit de l’année devient le Midi des sages. Pour le comprendre, mettons à nouveau en relation ces deux temps forts, inséparables comme le sont les deux visages de Janus : Le solstice d’Été est dédié au Baptiste essentiellement pour deux raisons : c’est d’une part le point culminant et terminal de l’Ancienne Loi, qui voit poindre, selon les mots du Christ, son accomplissement. Or à fin juin, la lumière est à son maximum. En second lieu, le Baptiste a désigné le Christ au monde en disant « Il faut qu’il croisse et que je diminue ». Or dès le Solstice d’été, la lumière va diminuer, jusqu’à celui d’hiver. Si le Solstice d’été est donc le moment de la lumière manifestée, extérieure en somme, celui d’hiver est la fête d’une lumière plus subtile, que seule peut révéler une connaissance intérieure. 

Lumière des yeux ou lumière du cœur, clarté visible ou invisible, deux modes de relation au monde sont ainsi illustrés et, à l’image du cycle qui les rend explicites, révélés comme complémentaires. C’est ce que l’on appelle la connaissance ésotérique, qui se définit par rapport à la connaissance exotérique oppose le monde des sens à celui de l’intériorité, et les révèle, nous l’avons dit, comme complémentaires. Aussi, s’il peut être indiqué par les sens, c’est intérieurement que le grand mystère du Cosmos parle véritablement à l’homme en quête d’éveil. 

Alors, la dédicace à celui qui est venu annoncer le triomphe du Logos incarné n’est plus une énigme, mais revêt la clarté de l’évidence. « L’heure vient, et c’est maintenant, où les adorateurs de mon Père l’adoreront en esprit et en vérité. » Mais ce triomphe est avant tout celui, infiniment subtil, de l’intériorité, au-delà et même malgré le monde des évidences ou de l’apparence : « La Lumière luit dans les Ténèbres, les Ténèbres ne peuvent L’atteindre. » 

Nos prédécesseurs dans la voie, les constructeurs de Cathédrales, l’ont d’ailleurs illustré d’une façon inattendue mais très explicite dans le porche Sud de la Cathédrale de Lausanne. 
Il est constitué de quatre parties dessinant un rectangle, que les Anciens appelaient un carré long. Au sommet de chacun des côtés, en haut et au centre, figure un cartouche circulaire : à l’Orient il représente un jeune Soleil, au Midi un Soleil adulte et à l’Occident un Soleil âgé. Mais au Septentrion figure un cartouche où est sculpté un agneau portant une bannière, symbole christique s’il en est. 


Ainsi, la Lumière spirituelle, issue du Logos, prend naissance au Nord, au plus noir de la nuit comme au plus froid de l’année. Elle n’est perceptible qu’au sein du silence intérieur de qui a su faire un instant taire ses bavardages devant l’ineffable. Et c’est vers elle que convergent ce que Don Juan, le maître de Castaneda, appelle « les voies qui ont du coeur » et dont la clé nous est offerte par Saint-Exupéry, dans la bouche du Renard : « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le coeur. » Puisse cet essentiel, discret comme un mot d’amour, mais résonnant, à l’échelle du Cosmos, jusqu’aux confins de l’Univers, illuminer pour chacun l’année en cours.
 

 

 

Retour à l'index des chapitres