Chapitre11 L |
la cathÉdrale & le cloÎTre d’elne |
Roger
grau |
LE
PUBLICATEUR |
1996 |
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Le
cloître est une dépendance de la cathédrale à laquelle il est adossé. C’est
le promenoir des chanoines du chapitre qui vivaient en communauté. Il a la
forme d’un quadrilatère autour duquel se distribuent les salles capitulaires
et les sacristies.
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LA CATHÉDRALE D’OLORON SAINTE-MARIE ou LE BANQUET CÉLESTE |
Jean Sernin |
Edition Maison de Vie |
2012 |
La Cathédrale d’Oloron Sainte-Marie, en Béarn, offre des sculptures d’une exceptionnelle importance pour qui s’intéresse à la symbolique médiévale dont le message reste très actuel. Paroles de connaissance inscrites dans des pierres vivantes, ces sculptures nous invitent à découvrir les mystères du banquet céleste, la signification de l’Apocalypse, l’importance du feu secret et bien d’autres symboles, comme le taureau, le sanglier, le saumon, l’être aux trois visages… A l’aide des textes alchimiques, de la légende du Graal et de sources éclairantes, Jean Sernin nous invite à déchiffrer un passionnant livre de pierre crée par une communauté de bâtisseurs désirant célébrer le festin de Dieu. Le portail de la cathédrale d’Oloron Sainte-Marie raconte une histoire, celle du pèlerin en esprit qui part en quête des nourritures essentielles avec l’espoir de participer au banquet suprême, le festin de Dieu. N’est-ce pas une certaine sagesse, symbolisée par la pierre philosophale, qui est offerte à cette table, éternellement garnie de mets somptueux ? A condition d’avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, l’auteur nous entraine dans un tourbillon historique, alchimique, ésotérique, hermétique, chevaleresque, templier, gnostique, symbolique, qui nous révèle le socle de notre tradition chrétienne. L’univers animal, comme souvent au Moyen-Âge, occupe une place particulière, nous rencontrons l’agneau détenteur du feu secret, les griffons gardiens de la porte de la connaissance, les lions à trois têtes révélant les Nombres ; mais nous sommes également conviés à percevoir le message du parfum et de la musique, et à nous asseoir à la table du banquet céleste où s’accomplit l’Art Royal. Ce livre de pierre est exceptionnel, tant par la richesse de son contenu que par la rareté d’un certain nombre de thèmes symboliques ; la présentation de l’ouvrage permet au lecteur de consulter aisément chaque détail et de pouvoir ainsi prolonger l’interprétation proposée par l’auteur. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Le texte
de l’Apocalypse et les vieillards autour du trône céleste Chapitre 2 et 3 : Le
Parfum depuis les textes égyptiens et la musique qui accompagne le parfum Chapitre 4 : L’Agneau
ou le feu secret Chapitre 5 : La gueule monstrueuse, le gardien du seuil céleste. Chapitre 6 : La descente de la croix, la lumière révélée et la transmission de la Tradition. Chapitre 7 : Le
Chrisme, soleil cachée de la lumière incréée Chapitre 8 : Le taureau
tirant la langue, ou le gardien du message de l’œuvre. Chapitre 9 : Les scènes de la vie quotidienne : l’appel du Maître au banquet alchimique. Chapitre 10 et 11 : Le
sanglier, le porc et le saumon. Chapitre 12 : L’homme entre deux griffons ou la porte de la connaissance Chapitre 14 : Le Christ
dans la mandorle entouré de deux lions, ou la porte de la plénitude Chapitre 15 : Le lion dévorant l’homme ou le mystère de l’incarnation de la lumière divine. Chapitre 16 : Le
cavalier et son destrier, ou la royauté en esprit née du Ciel Chapitre 17 : Les hommes entravés se tirant la barbe ou la découverte du volatil dans la matière Chapitre 18 : Les hommes nus s’écartant la bouche de leur main, gardiens de la connaissance et de la transmission du Verbe. Chapitre 19 : Les
animaux hybrides, gardiens farouches du sanctuaire Chapitre 20 : La femme nue à la chevelure abondante ou l’énergie indifférenciée de l’œuvre Chapitre 21 : La face et les deux lionceaux ou la naissance de la Royauté du Verbe Chapitre 22 : Le sagittaire et l’oiseau ou la rencontre de l’initié avec l’âme du Grand Œuvre Chapitre 23 : Quatre lions à trois têtes ou un chemin par les Nombres Chapitre 24 : Les hommes enchainés ou comment devenir une pierre de l’édifice sacré Chapitre 25 et 26 : Le festin
de Dieu. De Sainte Marie à Sainte-Croix Chapitre 27 : Le serpent et l’arbre de la connaissance, ou la porte de l’initiation Chapitre 28 : l’être aux trois visages ou l’offrande de la Vie Chapitre 29 : Le Christ
Maître d’œuvre et les oeuvrants, ou la communauté éternelle des bâtisseurs Conclusion : La nourriture spirituelle sacralisée est puissance de vie sur cette terre afin de préparer l’éternité du ciel. Ecouter, entendre, voir et méditer sont des facteurs de préparation |
LA CATHḖDRALE – SA
CONSTRUCTION – SES LḖGENDES ET SES MYSTḔRES |
Jean-François Blondel |
Ed. J. Cyrille Godefroy |
2018 |
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La deuxième partie de l’ouvrage aborde la construction
elle-même : le chantier, les outils, les armatures de fer, les
financements mais aussi la nature et la fonction des fraternités initiatiques
de métier. La technique ne suffisait pas, il fallait aussi une connaissance
des symboles : « Pour être capable de sculpter des scènes
religieuses (une Vierge, un Christ, etc.) avec toute la spiritualité que cela
demande, en plus du talent dans l’exécution du chef-d’œuvre qui est réclamé,
il fallait nécessairement avoir été instruit d’histoire biblique. Pour
pouvoir exprimer dans la pierre le langage des symboles, qui était le mode
d’enseignement de l’Eglise aux XIIème et XIIIème siècles, il fallait avoir
été initié au monde des symboles. On peut donc penser qu’une initiation des
imagiers et des tailleurs de pierre s’avérait indispensable. Celle-ci n’a pu
se faire que sous l’influence des monastères par les religieux, qui ont
peut-être créé un ordre de travailleurs, avec une règle, à l’image de celle
des ordres monastiques. On peut donc dire que c’est la construction des
cathédrales qui a « fait » le Compagnonnage, ou du moins qui a
cristallisé en son sein des ouvriers venant de toutes parts, réunis là dans
une œuvre commune et aussi dans une assistance mutuelle commune. » La troisième partie aborde la cathédrale entre merveilleux
et fantastique, le très riche et étonnant merveilleux chrétien, anges,
démons, fous, chimères gargouilles et autres et les connaissances associées
au labyrinthe, au zodiaque, à la lumière, à l’alchimie. L’ouvrage
passionnant, très pédagogique et complet, permet au lecteur de saisir les
multiples dimensions que recouvre la construction des cathédrales, de la
technique à la mystique. Jean-François Blondel aspire à une renaissance des
cathédrales afin qu’un rapport vivant soit restauré à tout ce qu’elles
véhiculent et préservent. Le maçon a pour charge essentielle de monter les
murs, c’est-à-dire d’asseoir la pierre, de la poser, de la coucher et enfin
de la cimenter. Mais dans les textes du Moyen Âge, la confusion n'est pas
rare entre les termes désignant le maçon et le tailleur de pierre. Car leurs
tâches sont assez semblables et la polyvalence des bâtisseurs fréquente
sur les chantiers. En revanche, le maçon dit « supérieur », qui
sait tailler la pierre, est nettement différencié du « maçon de moindre
importance » dont les compétences se limitent à la pose des pierres sur
les chantiers. Parfois, les maçons les plus fortunés endossent le rôle
d’entrepreneur et dirigent à forfait de petits chantiers. L'organisation du chantier médiéval : Les chantiers médiévaux regroupent un grand nombre
d’artisans aux compétences diverses. Ainsi en 1253, sur le site de la
cathédrale de Westminster, on dénombre 39 tailleurs de pierre, 15 marbriers,
26 maçons poseurs, 32 charpentiers, 2 peintres, 13 polisseurs de marbre, 19
forgerons, 14 verriers, 4 plombiers, soit en tout 167 artisans auxquels
s’ajoutent plus de 200 manœuvres. En effet, les ouvriers spécialisés, les
professionnels s’attachent un certain nombre de manœuvres pour les aider dans
leur tâche ; on les appelle aides, serviteurs, compagnons, ou valets.
Par exemple, les manœuvres secondent les tailleurs de pierre en leur
apportant des pierres et aident les maçons en leur préparant le mortier. Les
ouvriers œuvrent davantage en été qu’en hiver. La journée de travail s’adapte
au rythme solaire, plus longue et mieux payée en été, plus courte en hiver.
Le 11 novembre, la Saint-Martin marque la fin des chantiers d’été et le début
d’une longue période de chômage pour de nombreux compagnons. Les travaux
exécutés par les artisans de la construction sont rétribués sous quatre
formes différentes : à la journée, à l’unité pour certaines fournitures
de matériaux (en particulier la pierre de taille), au prix fait ou forfait
pour de petits travaux. Techniques de maçonnerie médiévales : Une fois les fondations creusées, le maçon ajuste et pose
les murs de pierre brute et leurs parements en blocs taillés. Puis il scelle
ceux-ci avec du mortier et vérifie à l’aide du niveau et du fil à plomb la
verticalité et l’horizontalité des parois. Plusieurs procédés de montage des
murs coexistent au Moyen Âge : La construction par assises horizontales
se poursuivant sur tout le périmètre de l’édifice implique l’utilisation de
blocs de pierre ajustés au fur et à mesure de la pose, et qui formeront des
lits horizontaux nivelés pour obtenir des assises régulières. La construction
verticale. En France à partir de 1200, quelques décennies plus tard en
Angleterre, la construction horizontale est progressivement remplacée par une
construction verticale, par empilement ou entassement. Les éléments architecturaux
tels que les faisceaux de colonnes, les éléments de portail, les réseaux de
fenêtres, etc., constituent alors les assises du mur et les éléments
porteurs. Par exemple, lors de la construction de la cathédrale d’Amiens, les
colonnes engagées ont été montées avant les murs. On arrive ainsi à un
montage par travées et non plus par assises horizontales continues, et le
maçon doit veiller à obtenir une concordance des assises entre elles. Cette
technique de construction a pour atout de rendre progressivement utilisables
les différentes parties du bâtiment. Le maçon bénéficie de certains avantages ; on lui
fournit des gants pour qu’il puisse protéger ses mains contre les brûlures de
la chaux, et il reçoit parfois des gratifications à la fin d’un travail ou
lors de la pose de la clef de voûte. Le maçon ne travaille pas l’hiver car la
pose des pierres est arrêtée à cause du risque de la neige et du gel. Avant
d’abandonner le chantier, les maçons prennent soin de recouvrir le sommet des
murs de paille ou de fumier pour protéger les pierres et les joints des
infiltrations d’eau de pluie. Il n’est pas rare que les maçons les plus
habiles dans la taille de la pierre soient alors engagés pour préparer les
blocs qui serviront à la reprise du chantier, à moins qu’ils ne prennent la
route en quête de travail, ou encore exploitent l’exploitation rurale
familiale qui, le reste de l’année, est conduite par leur femme. Une loge par métier : La loge est un édicule généralement adossé à la cathédrale
ou au bâtiment en construction. Suivant l’importance du chantier, une ou
plusieurs loges pouvaient être édifiées. Ainsi en Angleterre, lors de la
construction de l’abbaye de Vale Royal, Walter de Hereford fait élever par
des charpentiers une première loge construite avec 1400 planches pour
accueillir les tailleurs de pierre, puis l’année suivante, il en fait élever
une seconde, plus petite, de 1000 planches. La loge est généralement en bois,
mais elle peut parfois être construite en pierre. Les ouvriers n’y habitent
point, mais, à l’heure du déjeuner, ils y prennent leur repas et, lors des
grandes chaleurs, ils y font la sieste à la mi-journée et s’y réchauffent en
hiver car il n’est pas rare qu’elle soit chauffée. Elle permet surtout de
travailler à l’abri des intempéries et de ranger les matériaux une fois
taillés ainsi que les outils. À York, un inventaire a permis de dresser une
liste des outils qui y sont entreposés : une scie à main, une pince, 96
ciseaux de fer, 24 massettes, une hachette, une pelle, une brouette, deux
seaux, un compas, deux planches à dessin, un grand et un petit chariot. À
partir du XIVe siècle, les loges deviennent en même temps qu’un
lieu de travail et de repos, un lieu où l’on discute des problèmes
intéressant le métier. Petit à petit, les chapitres réglementent la vie des
loges. La plus ancienne règle connue est celle dictée par le chapitre d’York
en 1352. Les outils du maçon : L’artisan peut posséder son outillage propre, mais tel
n’est pas toujours la règle. Une partie des outils peut être fournie par les
organisateurs du chantier. Ces derniers assuraient également l’entretien des
outils (aiguisage, changement de manche, ré aciérage…) apportés par les
tailleurs de pierre, les maçons ou les manœuvres. Il arrivait aussi à la
fabrique de remplacer l’outillage lorsqu’il était abîmé au cours des travaux. |
la chevalerie amoureuse,
troubadours, fÉlibres et rose-croix |
J.F.
GIBERT |
Edition
La Table d’émeraude |
1991 |
L’auteur
se dissimula toujours avec son ami Champagne sous un pseudonyme :
Fulcanelli. Il nous dévoile ici la volupté de la chevalerie amoureuse.
Volupté – volute qui est l’enroulement sur soi-même et l’art d’éluder,
illusion, maya, dérobement féerie, mais aussi Arcane majeur des mystères
D’Eleusis : la mystification.
Une plongée dans les mystères du Moyen Âge avec en filigrane l’observation du
secret. Jacques-Emile
Emerit et Henri Coton-Alvart, se rencontrèrent chez Pierre Dujols. Cet érudit
libraire, en qui certains auteurs contemporains ont cru reconnaître
Fulcanelli, leur enseigna les fondements de l'hermétisme. J : E. Emerit était
médecin, H. Coton-Alvart chimiste. Leur
amitié perdura jusqu'à la mort d'Emerit. Pierre Dujols confia à Jacques-Emile
Emerit un des deux manuscrits qu'il avait rédigés sur la chevalerie. Ce petit
chef-d’œuvre étudie les liens secrets qui, des troubadours aux constructeurs
de cathédrales et des Templiers aux Cathares, sont à l'origine d'un parler
sacré. Cette
langue, dite "des oiseaux" par les initiés, puise sa conceptuelle
aux sources les plus anciennes de la Grèce, de l'Egypte et, au-delà, de cet
Orient des mages qui assista à la naissance de la pure Lumière : le
Christ-Hermès, dont le pouvoir, clef de la gnose parfaite, rayonne au cœur
des trois mondes. |
la chevalerie initiatique ou la plaisante &
amoureuse histoire du chevalier dorÉ |
P.
Girard augry |
Edition
PARDES |
1989 |
«
Il était une fois un gentil chevalier et une gente pucelle… ». Ce roman pourrait
ainsi commencer comme tout conte de fées, mais que le lecteur ne s’y trompe
pas : Le Chevalier Doré et la pucelle surnommée Cœur d’Acier est bien un
conte initiatique dont Gérard de Sorval a su parfaitement, dans sa
préface, dévoiler les clefs qui en permettent une approche traditionnelle. Ce
n’est qu’après bien des épreuves et des errances que les deux amants seront
menés, avec l’aide de la déesse Vénus, du château de l’Étrange Marche à la
chambre nuptiale du Roi d’Écosse, et qu’ils se retrouveront, et retrouveront,
par le fait même, leur Soi immortel.
Et
quand le lecteur saura que ce roman n’est qu’un épisode de la « somme »
épique que constitue Perceforest, du XIVème siècle, il ne pourra qu’être
émerveillé par sa richesse symbolique et ésotérique et ainsi il comprendra
mieux pourquoi de telles œuvres médiévales peuvent encore guider la démarche
initiatique de celui qui veut retrouver la voie menant au Royaume, avec
l’aide d’Amour qui peut seul le conduire sur le chemin doré.
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la chevalerie maçonnique |
Pierre
mollier |
Edition
DERVY |
2005 |
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On va en effet découvrir comment a pu se constituer de toutes
pièces, au siècle de Voltaire et de la saine raison, une légende promise à
une grande rémanence dans l'imaginaire occidental moderne. Le mythe de la
survivance secrète des Templiers, d’origine exclusivement maçonnique, a connu
en trois siècles une diffusion dépassant largement l’univers des loges. Il
s’agit d’un exemple curieux où la Maçonnerie est la source directe d’une
figure devenue classique de l’imaginaire occidental. L’auteur retrace les
étapes de la formation du mythe en exploitant des fonds jusque-là inexplorés,
comme les fameuses « Archives russes » ces documents volés pendant la guerre
et restitués en 2001 à la bibliothèque du Grand Orient de France. Cette
étude se propose aussi d’explorer les origines et les premières années de la
Chevalerie maçonnique. Elle veut ainsi montrer combien les loges ont été
l’une des « sources occultes du romantisme ». Les loges du XVIIIe
siècle sont un phénomène complexe, polymorphe… et paradoxal. Leurs huis clos
abritent à la fois les échos des idées nouvelles et les vestiges de
traditions séculaires. Certains « hauts grades » ne peuvent se
comprendre que lorsqu’on les inscrit dans les idées, les rêves et les
spéculations que la chevalerie ne cessa de susciter depuis sa disparition à
la fin du Moyen Âge. Au cœur du siècle des Lumières, la Franc-maçonnerie
offrira un cadre accueillant à ceux qui voulaient redonner corps à une
tradition alliant action et spiritualité. Cette tentative de reconstruction
d’une voie chevaleresque utilisa d’ailleurs des éléments très anciens.
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la conjuration |
D.
baudis |
Edition
GRASSET |
2001 |
«
Je suis impatiente de te voir mort
» : telles sont les dernières paroles qu’entendra le roi Amaury 1er sur son
lit d’agonie, chuchotées à son oreille par la « Putain du royaume », Agnès,
sa première épouse répudiée. Nous sommes le 11 juillet 1174 et le royaume de
Jérusalem, fondé par les croisés en Terre Sainte, entre dans une décennie de
décadence qui prélude à sa chute. Il se décompose à l’image, de Baudouin,
fils d’Amaury et d’Agnès, enfant-roi lépreux qui accède au trône à quatorze
ans.
|
la franc-maçonnerie chrÉtienne et templiÈre des
prieurÉs Écossais rectifiÉs |
Johannes Eques A ROSA MYSTICA |
Edition Sepp |
1997 |
Dans le contexte de l’époque, la proposition d’opter pour
le plus petit dénominateur religieux ou spirituel commun, le Grand Architecte
de l’Univers, apparaît donc d’une éclatante modernité. Les défenseurs des
Églises établies et les détracteurs de la Franc-maçonnerie ne s’y sont pas
trompés. Figure de l’épiscopat français, l’évêque de Marseille, Mgr de
Belzunce condamne sans appel les conventicules maçonniques dans un mandement
de 1742. Il stigmatise des « assemblées où sont indifféremment reçus gens de
toute nation, de toute religion et de tout État. Et parmi lesquels ensuite
une union intime qui se démontre en faveur de tout inconnu et de tout
étranger dès lors que, par quelque signe concerté, il a fait connaître qu’il
est membre de cette mystérieuse société ». Les deux bulles d’excommunication
pontificales du XVIIIe siècle ne sont donc pas seules en cause.
Des francs-maçons protestants sont en outre directement victimes de
l’Inquisition. On pense notamment au lapidaire John Coustos, fondateur de
loge à Londres, Paris, ou encore Lisbonne, qui fait figure de véritable
martyr de l’Ordre. Mais les persécutions et interdictions de toutes
sortes – civiles et religieuses, catholiques et protestantes
– ne font que renforcer la curiosité et l’intérêt des contemporains pour
la Franc-maçonnerie. Si elle émerge du champ de la sociabilité confraternelle
d’Ancien Régime et conserve ses saints patrons, des liens étroits avec les
confréries – celles des Pénitents notamment –, elle s’inscrit
dans un espace social et public en cours d’autonomisation. La démarche qui
conduit l’impétrant à solliciter son adhésion est volontaire et individuelle,
en rupture avec l’organisation de la société en corps et communautés. La
référence au Grand Architecte de l’Univers – les francs-maçons
travaillent sous ses auspices et à sa gloire – est particulièrement
souple et permet toute une gamme d’interprétations, même si en réalité la
plupart des francs-maçons du XVIIIe siècle identifient le Grand
Architecte de l’Univers au dieu des chrétiens. Il n’empêche, les conditions d’un dialogue entre les
confessions chrétiennes sont permises dès la première moitié du XVIIIe
siècle. En cela la Franc-maçonnerie répond aux attentes d’une partie des
élites européennes et fait du temple un laboratoire. L’enjeu est d’autant
plus important qu’on a trop tendance à oublier que si les Lumières françaises
sont majoritairement déistes, elles sont le plus souvent chrétiennes à
l’échelle de l’Europe. L’essor des hauts grades maçonniques d’essence
chrétienne et chevaleresque à partir du mitan du siècle accentue le caractère
chrétien de cette Europe maçonnique et crée du coup des espaces de dialogue
interconfessionnel. On peut dans ces conditions s’intéresser aux relations
qui s’établissent au sein de ce cosmos chrétien entre francs-maçons
catholiques et protestants. Force est de constater en premier lieu que les efforts de
neutralisation de la sphère maçonnique sont manifestes, ce qu’atteste un
franc-maçon interrogé par le tribunal de l’Inquisition de Lisbonne :
« Il était défendu de parler de religion car il y avait des catholiques
et des hérétiques ; on évitait donc toute discussion qui aurait pu
altérer la bonne entente ». Éviter toute provocation, c’est entreprendre
le difficile apprentissage de la différence et de son respect, sans pour
autant renoncer à ses propres valeurs. Non seulement ouvrir le temple à tous
les chrétiens, mais ne pas blesser les uns et les autres par une
manifestation maladroite de sa foi qui puisse être mal interprétée, tels sont
les sentiments qui président également en décembre 1774 à la rédaction par l’Aimable Concorde, orient de
Rochefort, de son nouveau règlement intérieur : Nous avons affaire ici à une loge représentative du
conformisme social et politique des loges françaises de l’Ancien Régime. On
notera qu’elle voue à la malédiction, au bannissement et à l’oubli tout
membre coupable de félonie et de trahison à l’égard du prince ; en
revanche, elle manifeste clairement sa volonté, y compris en s’adressant à
l’obédience, de maintenir la concorde entre francs-maçons chrétiens. Les
dissensions du monde profane doivent être contenues hors du temple. Ce
faisant, la loge refuse de céder aux pressions qu’exercent localement les
représentants des autorités politiques et religieuses. En effet, les
protestants de Saintonge et d’Aunis sont en butte à la fin de l’Ancien Régime
à l’hostilité de l’évêque de La Rochelle, Mgr de Crussol d’Uzès, qui, par un
mandement épiscopal du 26 février 1788, dénonce l’Édit de
Tolérance – édit royal de 1787 – comme une « loi qui
semble confondre et associer toutes les religions et toutes les sectes, [qui]
est une suite des nouveaux principes politiques humains qui sont aujourd’hui
si communs suivant lesquels la population et le commerce font seuls la gloire
et la prospérité des empires ». Pour sa part, l’intendant de Guyenne se
montre défavorable à l’anoblissement par le roi du puissant négociant et
célèbre franc-maçon de La Rochelle, Jean-Baptiste Nairac, en raison de sa foi
réformée. En terre protestante également, les francs-maçons doivent
aussi se justifier auprès de leurs Églises. Dans ces conditions, certains
frères de la Stricte Observance Templière, système ou régime maçonnique qui
unit protestants et catholiques dans une conception résolument chrétienne et
chevaleresque de l’Art Royal, ont cherché à faire du temple un laboratoire où
catholiques et protestants prépareraient ensemble la « réunion des
sectes chrétiennes ». Joseph de Maistre l’affirme dans son Mémoire au duc de Brunswick en 1782 :
les francs-maçons ne doivent pas perdre l’occasion de sublimer leur Ordre
cosmopolite en un Ordre œcuménique, travaillant à la gloire du Grand
Architecte de l’Univers. On saisit par-là combien son projet de République
universelle, de passeport maçonnique universel se distingue du chaos d’une
« République universelle (avec) une liberté absolue des
consciences » que stigmatise Nicolas Bergasse, intime de Madame de
Krüdener, et on comprend mieux pourquoi l’Europe chrétienne de la Stricte
Observance Templière a inspiré les fondateurs de la Sainte-Alliance. Pour Joseph de Maistre, les sensibilités sont moins
exacerbées, et l’indifférence religieuse croissante a au moins permis de
désamorcer les tensions nées de la Réformation. Des tentatives de
rapprochement, autrefois vouées à l’échec, sont donc envisageables:
« Dans cet état de choses, ne serait-il pas digne de nous, Monseigneur,
de nous proposer l’avancement du christianisme, comme un des buts de notre
ordre ? Ce projet aurait deux parties, car il faut que chaque communion
travaille sur elle-même et travaille à se rapprocher des autres Le moment est
encore plus favorable, car les systèmes empoisonnés de notre siècle ont au
moins produit cela de bon que les esprits, à peu près indifférents sur la
controverse, peuvent se rapprocher sans se heurter. Il faut être de nos jours
versé dans l’histoire pour savoir ce que c’est que l’Antéchrist, et la
prostituée de Babylone. Les théologiens ne dissertent plus sur les cornes de la Bête. Toutes ces
injures apocalyptiques seraient mal reçues aujourd’hui : chaque chose
porte son nom. Rome même s’appelle Rome,
et le pape, Pie VII ». En affirmant que l’Ordre maçonnique est prédisposé par sa
nature cosmopolite et chrétienne à prendre en charge la réunion des Églises
chrétiennes, à s’investir dans le projet œcuménique qui s’affirme depuis la
fin du XVIIe siècle, l’auteur du Mémoire au duc de Brunswick fait écho aux discours de
plusieurs francs-maçons protestants de premier plan, parmi eux
Frédéric-Rodolphe Saltzmann correspondant assidu de Jean-Baptiste
Willermoz – négociant lyonnais et figure européenne de la
Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle –, et médiateur culturel
entre la France et l’Allemagne. De cette position de contact, il peut, en
relation avec ses frères Jean et Bernard-Frédéric de Türckheim prendre
conscience des enjeux d’un œcuménisme maçonnique et chrétien et des menaces
qu’une rupture entre catholiques et protestants ferait courir à leur Ordre.
« C’est le cœur plein de tristesse – écrit Saltzmann, fils de
pasteur – que nous avons considéré longuement les scissions qui
existent entre les différentes parties de l’Église chrétienne universelle...
l’humanité entière devrait s’unir pour écarter les obstacles qui empêchent
une réconciliation ». De son côté, Bernard-Frédéric de Türckheim, futur
président du Consistoire général de l’Église de la Confession d’Augsbourg,
appelait catholiques, calvinistes et luthériens à dépasser les affrontements
confessionnels, pour se retrouver dans la foi du Christ : « Mon
cœur ne connut point de différence de confession : je fus persuadé que
là où l’on adore le Seigneur J. Christ, il n’y a pas d’idolâtrie, que les
formes extérieures des confessions sont des instituts des hommes, plus ou
moins rapprochés du but essentiel ». Et d’adresser au Grand Maître de la
Stricte Observance une vibrante profession de foi universaliste :
« N’ayant jamais étudié les Dogmes religieux, ne connaissant pas même la
source de la Division des humains, j’eus
une tolérance maçonnique universelle, des principes religieux très universels ».
Pour ces Strasbourgeois, membres de loges qui voyaient affluer à chaque
assemblée – ou tenue – de nombreux étrangers, venus
d’Angleterre, d’Allemagne, de Pologne, de Russie, de Suède et des provinces
baltes, le cosmopolitisme maçonnique était une réalité tangible. |
LA JÉRUSALEM DÉLIVRÉE |
Le
tasse |
Edition
LEDENTU PARIS |
1840 |
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Mais
la grandeur première de la poésie du Tasse est d'être une poésie totale :
musique et lumière, spectacle et chant, artifice et passion, enthousiasme et géométrie,
délice et tourment, corps et âme, unité dans la variété, |
LA MISE EN DEMEURE |
Gérard
de sorval & j.c. marol |
Edition
L’ORIGINAL |
1994 |
Dans
la chevalerie on met en jeu sa vie, et c’est par ce jeu de vie et de mort que
l’on trouve la liberté. Cette culture médiévale de la chevalerie trouve son
exutoire dans le blason qui transcrit l’intention motrice de l’être et montre
sa face cachée. Voilà le "privilège" auquel ce livre nous invite:
être au monde de tout notre cœur ! Comme des enfants Page à page, ce
texte lumineux est conçu comme un face à face surprenant entre Marol et
Sorval, une sorte de "tournoi" fraternel entre deux chevaliers
modernes. "Nous assistons à un flamboyant tournoi de mots, de signes et
de symboles ! C'est passionnant et mène à des horizons insoupçonnés." Entretien avec Gérard
de Sorval :
En quoi le langage symbolique est-il la clé de la connaissance ? Une
formation aux doctrines traditionnelles est-elle encore possible ? Pour
en revenir à l’utilisation des symboles comme voie d’enseignement « doctrinal
», ou, si l’on veut, de moyen de communication d’une connaissance
sapientielle faisant appel à l’Intelligence supra-sensible, on peut
considérer, en un certain sens, toute la réalité créée (le cosmos, la nature,
les êtres vivants, etc.) comme un symbole, l’apparence d’un « chiffre » voilé
au-delà des choses, une « semblance » renvoyant à un modèle archétypal, une production
externe qui renvoie aux causes sous-jacentes des formes. On peut donc se
livrer à tout moment à une lecture symbolique de la réalité mais, si elle
n’est pas guidée par le sens commun de la Tradition, elle risque de conduire
à des impasses, à des contresens ou même à des inversions. Le monde du sens a
aussi sa géographie sacrée et n’utilise pas n’importe quel symbole pour aller
n’importe où ! Certains symboles « cardinaux » ont été sélectionnés par la
Tradition universelle comme des accès privilégiés au centre de soi-même et du
monde, comme des échelles aussi vers le Ciel. On ne « trafique » pas ces
symboles : on les étudie patiemment et humblement, en suivant le fil d’Ariane
de la Tradition primordiale – qui est le véritable langage commun de toute l’humanité. L’individu
n’invente rien ; s’il veut apprendre, il doit se mettre à l’écoute de ce
qu’enseigne la communauté traditionnelle, d’essence intemporelle et
universelle, à laquelle il peut avoir accès en fonction des conditions
propres à sa situation particulière en ce monde. Qu’il s’agisse de sa caste,
de son église, de sa confrérie religieuse ou de métier, etc., il n’y a pas
d’apprentissage sans une incorporation à une communauté traditionnelle
vivante qui diffuse et illustre l’enseignement de préceptes moraux et
doctrinaux et qui incarne aussi certains types de notions et de réalités
symboliques fondatrices de l’éveil spirituel. Dès lors, poser la
question de la possibilité de trouver ce type d’enseignement dans les
conditions actuelles du monde, c’est aussi d’une certaine manière y répondre,
si l’on a tant soit peu conscience des conditions épouvantables dans
lesquelles les « sociétés développées » enferment les hommes… L’atomisation
des sociétés modernes, le déracinement généralisé, l’ignorance de toutes les
bases de l’histoire sacrée et de la notion même de tradition, l’absence
d’horizon mental au-delà du plan du bien-être individuel ou collectif, la
course frénétique à la consommation, le matraquage médiatique incessant,
l’oppression totalitaire des instruments de « communication » ou d’«
information » qui asservissent le cerveau humain aux mécanismes binaires des
logiques marchandes, tous les carcans juridiques et administratifs du « règne
de la quantité » stigmatisé par René Guénon, et tant d’autres choses dignes
du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, rendent la perspective que vous
évoquez pour le moins irréaliste. Pour parler comme René Guénon, les données
de l’« ambiance » planétaire sont telles aujourd’hui qu’elles interdisent
(sauf de rarissimes exceptions) l’indispensable distance par rapport au monde
qui est le préalable sine qua non à tout travail de concentration, d’éveil
intellectuel et d’ouverture de cœur à l’influx de la grâce divine. Certes,
on n’a peut-être jamais autant parlé de « spiritualité », mais ce que nos
contemporains entendent par ce mot n’est le plus souvent qu’une aspiration au
mieux-être individuelle sous couvert d’une démarche de « réalisation
personnelle » qui, en fait, suit inévitablement tous les courants idéologiques
et mentaux à la mode. Il y a maintenant un véritable marché de la «
spiritualité » qui n’est rien d’autre qu’un produit de consommation parmi
d’autres et l’illusoire « supplément d’âme » qu’une société entièrement
dominée par l’esprit de rentabilité et de compétition, par l’impératif
totalitaire du plus grand profit individuel, propose à ses membres. Ainsi,
dans ce climat « néo spiritualiste », déjà annoncé et dénoncé par René Guénon
dans Le Règne de la quantité et le signe des temps, chacun cherche désespérément
à retrouver un sens à sa propre existence ou à retrouver la valeur
authentique des choses, alors même que seul le prix est l’ultime référent de
tout. Naturellement,
derrière cette apparente « liberté de pensée » où chacun peut avoir l’illusion
de se construire sa propre religion, il existe bien évidemment une religion
mondiale, qui ne dit pas son nom et dont le maître-mot pourrait être : «
Défense au Ciel d’intervenir dans la conscience et les affaires des hommes ».
Ce qui ne manque pas parfois d’avoir des conséquences réelles… Sans compter
que, du côté des religions instituées, le pourrissement des esprits n’est pas
moindre si l’on en juge par le développement des « fondamentalismes »
littéralistes et des fanatismes mystico-sentimentaux de tous ordres. Les
considérations générales sur l’ambiance de l’époque actuelle – et le
caractère à certains égards infernal de la « toile d’araignée » mondiale de
l’« information » qui emprisonne le pouvoir des mots dans une sphère
terriblement réductrice et totalitaire – ne seraient pas complètes si l’on ne
soulignait pas aussi un phénomène encore beaucoup plus préoccupant : je veux
parler de l’inversion des symboles. De
nos jours, on voit proliférer partout, dans la publicité, sur les écrans des
ordinateurs, des téléphones ou de n’importe quel autre support d’« annonce »,
des images qui se donnent comme des décalques ou des dérivés de signes
idéographiques qu’on employait autrefois dans le langage muet des anciennes
sociétés initiatiques traditionnelles. Les fantasmes occultistes qui
inspirent ces choix ne sont pas innocents. Ces signes « dynamisés » par des
effets de lumière et de couleur, ou des stylisations graphiques « modernes »,
deviennent des sortes de pentacles magiques à rebours, c’est-à-dire des instruments
de suggestion mentale et d’hypnose collective. Il est par exemple, assez
atroce de constater qu’on nomme maintenant « icônes » (par un abus du
charabia anglo-américain des machines) des signes utilisés en informatique
qui sont exactement l’inverse des supports de contemplation, d’intercession
spirituelle et de sanctification que sont, dans le langage chrétien, les
véritables icônes. La parodie du spirituel et l’utilisation à rebours des
mots et des signes ne s’arrête pas là, on pourrait en multiplier les
exemples.
Dès
lors qu’on ne s’entend pas à la base sur le sens des mots, comment peut-on
envisager de communiquer ou de diffuser une « information » d’une quelconque
valeur dans le domaine de la connaissance ? La Tour de Babel est là, et elle
est bien là ! Dans ces conditions ceux qui « savent », comme dirait Lao Tseu,
n’ont plus qu’à se taire, en attendant que le tumulte, effrayant de bêtise et
de grossièreté, se calme un peu – si cela est encore possible ! |
LA PASSION
DU LIVRE AU MOYEN-ÂGE
|
Sophie Cassagnes - Brouquet
|
Edition Ouest- France
|
2003
|
||
Au Moyen Âge, le livre est un objet rare, cher
et précieux, qu’il est donc difficile de conserver pour soi. Les premières
bibliothèques se développent dans les monastères, puis dans les universités.
Quoique précieux, le livre n’est pas toujours bien traité par ses lecteurs,
et Sophie Cassagnes-Brouquet propose quelques témoignages savoureux sur les
déprédations commises par les étudiants… Le livre est aussi objet de
collection, de prestige, dont témoignent entre autres les fameuses Grandes
heures de Jean de Berry, manuscrit du XVe siècle. Quels livres, pour quels lecteurs ? La
troisième partie, « Quels livres, pour quels lecteurs ? » est sans aucun
doute la plus originale et la plus intéressante du livre. Rappelant la
rupture que constitua le passage progressif de la lecture collective, à haute
voix, à la lecture silencieuse, individuelle, l’auteur montre que, d’abord
réservée aux moines, la lecture se répand bientôt dans d’autres classes de la
société, et notamment chez les laïcs. Si les textes liturgiques en latin sont
une part prépondérante des livres réalisés et lus, d’autres textes en «
langue vulgaire » rencontrent bientôt un énorme succès, comme les
« romans », notamment ceux tournant autour de la quête du Graal. Enfin, l’auteur insiste sur l’une des principales
caractéristiques des manuscrits médiévaux et ce pourquoi ils sont encore si
prisés : la présence d’enluminures au rôle à la fois décoratif et pédagogique
– même si, l’auteur le rappelle aussi, tous les manuscrits médiévaux ne sont
pas enluminés. Les enlumineurs sont souvent anonymes, ce qui n’empêche pas
leur travail d’égaler en beauté celui des plus grands peintres du temps.
L’enluminure accompagne aussi le passage de l’art roman à l’art gothique, les
Très riches heures du duc de Berry pouvant être considéré comme le
point d’aboutissement d’un art qui, avec l’avènement de l’imprimerie, va peu
à peu disparaître. Ouvrage de vulgarisation, La passion du
livre au Moyen Âge vaut aussi pour la quantité et la qualité de ses
illustrations. Des dizaines de reproductions de grande qualité, issues des
plus grandes bibliothèques patrimoniales françaises, complètent et soulignent
le texte. Pour une fois, le rapport qualité/prix est plus qu’en faveur d’un
ouvrage si magnifiquement illustré qui, s’il n’apprendra rien à l’érudit,
voire au bibliothécaire averti, sera une source inépuisable d’émerveillements
pour le néophyte et pour l’amateur, décidément bien convaincus que le
« moyen âge » porte bien mal son nom… |
LA PENDULE A SALOMON |
Raoul
VERGES |
Edition
JULLIARD |
1974 |
Le chrisme appelé Pendule à Salomon est le plus ancien emblème du
christianisme ; les Sait-on
que le monde mal connu - parce qu'il est volontairement clandestin - des
" compagnons du travail " existe toujours et qu'il n'a, en réalité,
jamais cessé d'exister ? Il
se trouve qu'aujourd'hui, en face de la dure organisation industrielle, cette
société secrète professionnelle autant que confessionnelle reprend toute sa
vivacité, toute son importance sociale. Et le roman de Raoul Vergez, habile
charpentier, constructeur de clocher, qui a toujours lutté pour sa foi et
pour son oeuvre, a la saveur authentique des récits vécus, étayé par une
érudition surprenante et animé par un élan généreux. L’auteur
compagnon du Tour de France, développe avec sa verve bien connue, les divers
événements liés à ce Chrisme. |
l’architecture sacrÉe |
C.
humphrey |
Edition
ALBIN MICHEL |
1998 |
L’architecture
sacrée est pour l’homme le moyen d’exprimer sa quête de spiritualité et de
liens avec le divin. Des cercles de pierres préhistoriques aux pyramides, des
temples bouddhistes aux cathédrales moyenâgeuses et aux minarets, la
symbolique et l’importance des formes sacrées nous montrent comment de tout
temps, les différentes civilisations ont cherché à traduire leur foi à
travers des œuvres d’architecture. Le
présent ouvrage offre un choix représentatif des édifices sacrés les plus
fascinants au monde. On visite tous les continents et l’auteur avec des
photos aux couleurs magnifiques, et des explications symboliques nous décrit
ces demeures de dieux et de rêves. On
est au Mexique avec les mayas en Inde, en Égypte à Karnak, dans les
sanctuaires Shinto, en Grèce avec le Parthénon et le Panthéon, St Pierre à
Rome et bien d’autres. Une
postface de M.M. Davy enrichit cet ouvrage. |
LA
RENAISSANCE |
Paul
FAURE |
Edition
PUF |
1949 |
||
Dès le Trecento, les hommes de lettres italiens Pétrarque et Boccace expriment une aspiration à la rénovation : cette reconquête trouve à Florence ses premières formes artistiques François 1er est sans doute le roi le plus
emblématique du 16e siècle français. Roi-guerrier, père de
Chambord, c’était aussi un homme avide de culture toujours prêt à combler sa
soif de découverte. Il succède au règne mémorable de Louis XII mais
son dynamisme lui permet de ne pas avoir à rougir de ce dernier,
même si les finances royales vont en pâtir. Le futur roi voit le jour en 1494
en Charente. Il ne connaîtra pas son père car ce dernier décède alors qu’il n’a que 2 ans. Sa mère, Louise de Savoie,
l’élève donc seul au château d’Amboise A 9 ans, François a un grave accident
d’équitation. Sa mère, malade, ne lutte pour sa survie que pour voir son fils
se rétablir et accomplir sa destinée royale. L’enfant se remet puis reçoit
une éducation approfondie sur les arts et lettres au moment où la culture
italienne est en pleine essor. Ses précepteurs découvrent quelqu’un de
curieux, courageux et ouvert. Louis XII, son beau-père après son mariage
avec Claude, n’a pas enfanté d’héritier et compte donc sur lui pour lui
succéder. En 1515, Louis XII s’éteint, François accède donc au trône et fait
une entrée triomphale dans Paris. La salamandre, symbole du pouvoir sur le
feu, devient alors l’emblème de la royauté. Homme lettré, parlant l’italien et débordant d’initiatives, il donnera
l’impulsion de la renaissance en France, là où ses prédécesseurs Charles VIII et Louis XII n’ont pas su saisir ce mouvement
venu entre autre de Florence. D’ailleurs, à sa demande, de nombreux artistes
italiens viennent diffuser leurs pensées et leurs œuvres, notamment le plus
célèbre d’entre eux, Léonard de Vinci. Cette collaboration entre les 2 hommes
va rapidement se transformer en amitié profonde. La demeure royale est
toujours à Amboise, et François 1er installe alors son ami à
proximité, au Clos Lucé. De Vinci s’occupe alors des festivités royales et
restera en France 3 ans avant de disparaître en 1519 dans le bras de sa
majesté. La collection d’œuvres d’art des rois de France exposée aujourd’hui au Louvre lui doit beaucoup, car François
fait importer des œuvres de Michel-Ange, Titien et Raphael. Le roi est également pour beaucoup dans l’essor et la mise
en valeur de l’éducation et des lettres dans le royaume. A l’heure ou
l’imprimerie se révèle au monde, il créé le collège royal, futur collège de
France, grand foyer humaniste. Et fonde ensuite l’imprimerie royale. Cette
initiative permet de multiplier les parutions de livres et des bibliothèques
privées voient alors le jour en nombre. Mais au-delà de subventionner les
arts et lettres, François 1er compose aussi plusieurs poèmes et
protège divers auteurs comme clément Marot. La renaissance, c’est aussi une
nouvelle forme d’architecture, et le
roi va mettre en chantier ou
rénover nombre d’édifices, comme Amboise et Blois avec son fameux escalier.
Mais il restera à la postérité avec la construction du château de Chambord et
ses 365 cheminées, dont on dit que certains plans sont l’œuvre de De Vinci.
Au total, se sont ainsi 7 châteaux qui doivent leur changement ou leur
naissance à François. François 1er est opposé à un
rival de poids en la personne de Charles Quint représentant les Habsbourg,
qui dirige le saint empire et le royaume d’Espagne. Charles Quint lorgne sur
le duché de Bourgogne ce qui n’est bien sûr pas du goût de François 1er qui
lui se verrait bien gouverner la
province Milanaise. Ainsi, profitant de son sacrement
en 1515, François fait mobiliser à Grenoble une armée de 30 000 hommes.
Les troupes commencent alors leur marche vers l’Italie et doivent d’abord
faire face à l’armée suisse. Mais certains, impressionnés par les moyens
français, changent leur hallebarde d’épaule et se mettent au service du
royaume de France. Toujours est-il que près du village de Melegnano, les
français se battent contre l’armée
suisse, mais ces derniers font retraite face à la puissance des canons
adverses. C’est la fameuse victoire de Marignan qui vaut un grand prestige au
roi après seulement quelques mois de règne. Ce succès lui permet aussi de
prendre le contrôle de la Lombardie, de faire la paix en 1516 à Fribourg avec les cantons suisses, de signer un
accord avec la papauté qui confère au roi un surplus d’autorité par la désignation des évêques, archevêques et
cardinaux. La même année, Charles reconnaît la possession française du
milanais par le traité de Noyon. Mais, les 2 hommes, même s’ils n’en font rien paraître en
public se détestent et François tente
en 1920 de rallier à sa cause Henri VIII, roi d’Angleterre. Malheureusement
l’entreprise échoue et Henri signe finalement l’accord secret de Bruges avec
Charles Quint. Pour conquérir la Bourgogne, les armées de l’empereur
s’avancent en 1521 par le Nord et au Sud. Les forces françaises tiennent bon
au Nord à Mézières, mais au Sud, la France perd milan en 1522. En 1524, Claude de France décède.
Pour effacer sa peine, François 1er
mène lui-même la contre-offensive et
fait marcher son armée vers le Sud, par-delà les Alpes, jusqu’à Pavie. La
bataille tourne à l’avantage de l’empereur et François est fait prisonnier
puis conduit à Madrid en 1525 pour être libéré un an plus tard. Il doit payer
la somme de 2 000 000 d’écus or et laisse ses 2 fils en
otages. Puis, grâce à la tante de
Charles et à la mère de François, les évènements s’apaisent et le traité à Cambrai est signé en 1529. Le roi de France épouse
l’année suivante la sœur de Charles,
Eléonore d'Habsbourg, et conserve également la Bourgogne. Eléonore succède à
Claude, fille d’Anne de Bretagne et première épouse du roi. Les 2 souverains
semblent chercher une certaine coopération, qui se traduit en 1537, lorsqu’un
droit de passage sur le royaume est accordé à l’empereur Charles pour
résorber une révolte à Gand. Ce dernier est reçu à Paris avec faste et
chacune des 2 cours joue de grandeur et de séduction. François 1er
propose d’ailleurs sa fille Louise en mariage à Charles mais celle-ci meurt
prématurément. Le roi aime le faste et accorde de
copieuses subventions pour la recherche et les arts. Cela met à mal les
finances du royaume et l’administration de ses 18 millions d’habitants.
François a installé la cour au Louvre, qui devient alors le cœur du pouvoir,
ou le protocole peut être parfois laxiste. Mais bien que conseillé par
plusieurs ministres avisés, le souverain a toujours le dernier mot et entend
bien tout contrôler. Son amour des châteaux et l’effort de guerre vident les
caisses du royaume, le souverain n’a alors pas d’autre choix que d’augmenter
les taxes. Il vend également des biens de la couronne et privatise des
territoires royaux. Il permet également aux nobles, moyennant finances,
d’accéder à de hautes fonctions administratives. Enfin le roi se permet
d’évincer définitivement certains de ses gros créanciers, comme le baron de
Semblançay, accusé à tort d’avoir détourné des fonds de l’État, et qui sera
exécuté à Montfaucon après un pseudo procès. De plus, bien que considéré comme humaniste,
François 1er n’hésite pas à réprimer dans le sang les divergents
religieux. Les protestants sont bien sûr visés et plusieurs massacres
s’exercent pendant la fin de son règne. Cela préfigure les guerres de
religion qui vont secouer le royaume plus tard. A la fin de son règne lorsque
l’on fait les comptes, les conquêtes françaises sont quasiment inexistantes
en Europe, mis à part la province Milanaise. La France possède une puissante flotte maritime mais concentre ses
explorations au bassin méditerranéen. François 1er change la donne
et affrète des navires qui partent naviguer sur les flots de l’Atlantique, et
accostent bientôt à Terre-Neuve, découvrent les côtes de Floride et de la
futur New-York, et enfin les Antilles. En 1535, c’est son envoyé Jacques
Cartier qui remonte le fleuve St-Laurent et pose le pied au Québec. Les
années suivantes voient la mise en place de colonies en Amérique du Nord, ce
qui constitue une épine dans le pied de la suprématie coloniale des
espagnols. François 1er s’éteint au château de Rambouillet en 1547, et est inhumé à la basilique St Denis aux côtés de sa femme Claude. Son second fils, Henry II, monte alors sur le trône de France. Il restera l’image d’un roi autoritaire et fastueux, homme à femmes, mais aussi d’un amoureux de la culture, généreux mécène, protecteur des artistes et écrivains. . A sa mort, les finances du royaume sont à l’agonie, plombées par les guerres et les copieuses subventions accordées aux artistes et aux architectes. Sa gestion parfois impulsive et son égoïsme l’ont desservi, mais son charisme et son courage sont restés dans les esprits. |
l’art des bÂtisseurs romans |
Cahier
de boscodon |
n° 4. |
1975 |
La
géométrie et les maîtres d’œuvre. La construction : les métiers et les
outils. Étude effectuée d’après les mesures et les tracés des abbayes de
Boscodon et Sénanque. On y parle du nombre 5 outils, de la nouvelle alliance,
de l’ésotérisme, du nombre d’or, de l’art médiéval, grec et romain, du mandala, et des symboles géométriques et symboliques. On qualifie de roman le style
architectural, pictural et décoratif de la période qui a cours, en Europe, de
l’avènement des Carolingiens (IXe siècle) jusqu’au XIe siècle (ou au XIIe
siècle selon les pays). Le terme de roman, forgé au XIXe siècle, aurait été
employé pour la première fois par l’archéologue normand Charles Duhérissier
de Gerville. Cet art s’exprime à travers le caractère monumental de son
architecture, mais aussi dans une riche sculpture et une peinture
particulièrement précieuse. L’art roman emprunte à des sources variées :
carolingienne, antique mais aussi byzantine, orientale et celtique. La
circulation plus grande des hommes et des objets favorise en effet le
renouvellement des visions et des images. La période romane voit l’émergence
des phénomènes politico-religieux (croisades, pèlerinage à Saint-Jacques de
Compostelle) qui relient les cités les plus importantes. Elle est aussi
caractérisée par le culte des reliques. En France, l’art roman brille ainsi
dès la seconde moitié du XIe siècle et se diffuse notamment depuis
l’abbatiale de Cluny. L’architecture : De multiples édifices, notamment
un grand nombre d’abbayes et de monastères, illustrent le développement de
l’architecture romane, presque exclusivement religieuse. C’est avant tout la
rigueur qui caractérise ce style, ainsi qu’une relative austérité : dans une
société toute entière tournée vers le divin, l’art se met au service du
recueillement, de la prière et de la méditation. Partout, les espaces sont
conçus en fonction de la liturgie. Le rôle de la lumière y est central : plus
importante à l'Est, où est célébrée l’eucharistie, la lumière sublime le sanctuaire
et fonctionne comme une émanation sacrée. L’art roman apparaît en Italie du
Nord autour de l’an mil, avec des églises en forme de navire renversé. Cette
image donnera le nom de nef au corps du bâtiment. Petit à petit, dès la fin
du XIe siècle, de nouvelles églises ou monastères sont partout bâtis dans ce
style. L’art roman suit également le développement des ordres mendiants (du
Carmel, dominicain et franciscain). Les artistes, appelés par les grands
abbés bâtisseurs comme ceux de Cluny (ordre bénédictin), par des évêques ou
des rois, empruntent à l’Antiquité le mur romain, les frontons triangulaires
et les colonnes supportant des entablements et à Byzance la construction des
coupoles. Les
nombreux incendies qui ravagent les édifices plus anciens sont l’occasion
d’une reconstruction mettant en pratique les progrès réalisés dans la
construction appareillée. Tous ces lieux se couvrent de voûtes, dont
l’ampleur et la hauteur sont alors conditionnées par le couvrement de
charpente, système hérité des basiliques antiques. C’est précisément pour
échapper aux incendies des charpentes que différentes voûtes en pierre
(voûtes d’arêtes, voûtes d’ogives, en berceau, coupoles) sont alors créées
avec leurs contrebutements. La surface murale tend à s’ouvrir de baies plus
larges et plus nombreuses, faisant entrer la lumière dans l’espace du culte
et réduisant l’aveuglement des façades. Qu’il s’agisse de grandes églises, de
cathédrales monastiques ou de sanctuaires, les plans sont très variés. Si le
plan basilical orienté (croix latine tournée vers l’Est) est le plus courant,
il connaît de multiples variations. Le plan en croix grecque est fréquent en
Italie, tandis que le Saint Empire romain germanique, dans les régions du
Rhin, préfère les églises halles à nef simple, souvent remarquablement
décorées, où les trésors d’ivoire et de bronze répondent à la richesse des
décors sculptés. La sculpture : La sculpture romane s’épanouit
dans une iconographie mêlant mystique et onirisme, pédagogie et imaginaire.
La vision des animaux étranges (dragons, griffons) qui l’envahit s’inspire de
l’Orient et du folklore européen. Très intimement liée à l’architecture, la
sculpture se développe essentiellement sur des éléments structurels du
bâtiment. Qu’elle décore les chapiteaux dans les cryptes, ou agrémente les
cloîtres et les églises, la sculpture romane cultive l’horreur du vide, c’est
à dire l’adéquation des scènes représentées aux contraintes du support,
également appelée la loi du cadre. Elle privilégie aussi la transmission des
savoirs grâce au symbolisme des sujets, ou aux parallèles entre l’ancien et
le nouveau testament. À la fin du XIe siècle, le décor sculpté prend place
sur la façade des églises, à la manière des arcs de triomphe antiques, et
marque symboliquement le passage du monde profane à l’enceinte sacrée. Chef
d’œuvre de l’art roman, la basilique Saint-Sernin de Toulouse (classée au
patrimoine mondial de l’UNESCO) conserve un remarquable ensemble de
chapiteaux historiés. Les
foyers les plus importants de l’art roman rayonnent à partir de Cluny
(Bourgogne, Auvergne, jusqu’à Compostelle en Espagne) ou depuis la Provence
(Arles, Saint-Gilles-du-Gard). En Italie, les artistes romans tirent les
leçons de l’Antiquité qu’ils connaissent bien grâce à la proximité des sites antiques
et à la possibilité d’admirer les pièces de fouilles. Ils développent leur
propre style figuré, en sculpture comme en peinture. S’affranchissant petit à
petit des modèles byzantins et de leurs canons hiératiques, ils puisent
directement à la source antique, créant ainsi les ferments d’une renaissance
artistique. La peinture ornementale : entre classicisme et imaginaire Le
succès de la peinture romane est attesté par la multiplicité des vestiges
conservés. Les fresques des cryptes de l’église de Saint-Germain à Auxerre,
inspirées par l’art paléochrétien, en sont un remarquable témoignage. Les
domaines de la fresque, du vitrail et des arts précieux sont également
particulièrement riches. Les artisans s’inspirent de l’Antiquité et de la
renaissance carolingienne, mais aussi de l’Orient et des traditions barbares.
L’enluminure est le terrain fertile de cette créativité nouvelle. Quelle que
soit la technique adoptée, on perçoit un sens du réalisme et du naturalisme,
notamment dans l’attention portée au détail. Les sujets, très souvent
inspirés de manuscrits (comme Moralia in Job de
Cîteaux, exécuté en 1100), sont souvent agrémentés de références tantôt
quotidiennes, tantôt fabuleuses. Parallèlement, les grands thèmes
iconographiques sacrés comme le Jugement dernier, la Pentecôte et
l’Apocalypse, se développent sur les façades des édifices romans.
L’épanouissement des arts
précieux : L’essor de l’émaillerie marque, vers 1100, la France
méridionale. L’autel d’albâtre du trésor de Conques en est un des exemples
les plus célèbres. Il est pourvu d’une large bordure de cuivre doré où sont
fixés des médaillons, avec un décor développant tout un bestiaire
fantastique. En raison de leur éclat et de leurs couleurs, les émaux, qui se
prêtent aussi bien à l’ornementation qu’à la narration, connaissent alors un
extraordinaire succès. Les plaques (exécutées vers 1189-1190) qui proviennent
de l’autel de Gramont, tout près de Limoges, constituent un des premiers
chefs-d’œuvre de l’émaillerie. L’art roman domine l’Occident pendant presque
deux siècles. Son exceptionnelle richesse créatrice fascine et étonne encore
aujourd’hui. |
L’ART
TEMPLIER DES CATHÉDRALES. CELTISME ET TRADITION UNIVERSELLE. |
Robert
GRAFFIN |
Edition
Jean Michel GARNIER |
1995 |
||
Ils
avaient constaté que l’activité cosmotellurique engendre des résidus nocifs,
un maillage qui nous englue dans la matière, véritable filet piégeur. Les
bâtisseurs du moyen-âge ont agrandi les mailles du filet. Si l’on en
croit l’auteur,Jacques Bonvin, Eglises romanes, lieux
d’énergie ils ont traité ces énergies de deux façons différentes,
qu’on appelle le style roman et le style gothique. Que le mot
« style » n’égare pas le lecteur : la différence entre roman et
gothique ne se limite pas à des particularités architecturales ou esthétiques
; c’est le traitement de la géo énergie qui est différent. Dans
les églises romanes, les réseaux Hou réseaux Hartmann
sont repoussés jusque dans l’épaisseur des murs; ainsi la nef en est-elle
purgée. Dans les cathédrales gothiques, les réseaux sont aspirés par la voûte
et émiettés par des éclateurs : rosaces, sculptures, chapiteaux ou
gargouilles. Dans les deux cas, les fidèles sont à l’abri de toute
nocivité. Bien souvent, les romans et les gothiques ont participé
ensemble à la réalisation de certains édifices majeurs. Les gothiques ont
inventé l’ogive et la croisée d’ogives qui leur a permis de monter la voûte
de la nef de plus en plus haute. Mais les gothiques n’ont pas étudié les
cavernes et les cryptes, voûtes sous la tension terrible des milliers de
tonnes de pierre qu’elles soutiennent. Ils ont laissé cette spécialité aux
romans. Ainsi, même dans les cathédrales gothiques, toutes les cryptes
sont-elles romanes ? La voûte, par la tension des pierres qu’elle
supporte, est le lieu magique par excellence. La langue courante en a
conservé la trace : quand quelqu’un est sous influence, ne dit-on pas qu’il
est envoûté ? Les
bâtisseurs des cathédrales, pour se débarrasser de la nocivité naturelle et créer
les conditions propices à l’élévation spirituelle, ont imaginé des cages de
Faraday, où les pierres vives captent les rayonnements nocifs. Dans la
construction sacrée, les pierres sont à polarité alternée pour transmettre le
Vril, ou à polarité continue pour le diluer. Chaque élément architectural a
sa fonction géobiologique. Rien n’est uniquement décoratif. Cet art s’est
manifesté brusquement sur notre terre occidentale à partir du 11ème siècle.
Comme nous l’avons dit, de très loin en arrière. Il venait des bâtisseurs
mégalithiques. Ceux qui ont élevé les dolmens, les pyramides et les murs
cyclopéens. Les dieux d’avant, les Atlantes… Les maçons médiévaux le savaient
si bien qu’ils ont soigneusement édifié églises et cathédrales sur des
hauts-lieux du mégalithisme. Ainsi, Notre-Dame du Puy ou Notre-Dame de
Chartres sont bâties sur des dolmens. Comme la plupart des cathédrales… Plus
que d’autres, ces lieux sont propices à l’élévation spirituelle. Et ceci en
dehors de toute considération religieuse, par l’action conjuguée de
l’architecture et des ondes cosmo-telluriques. Il est intéressant de noter que si les bâtisseurs romans, avec leur arc en plein cintre, sont les héritiers directs des bâtisseurs romains, ces derniers n’ont jamais réussi, comme je l’ai dit plus haut, à construire des temples fonctionnels, en terme de géobiologie, ou en terme de sacré, puisque les deux domaines se recoupent largement. Comment se fait-il que la construction sacrée apparaît soudain, au 11e siècle, sans origine visible ? Pourquoi, tout à coup, après des siècles de barbarie apparente, l’architecture renaît à la fois du sud avec l’art roman, et du nord avec l’art romain germanique ? Tout se passe comme si il y avait eu un trou dans le temps |
la tradition cachÉe des cathÉdrales |
J.P. bayard |
Edition
DANGLES |
1999 |
Majestueuses
et orgueilleuses, les cathédrales médiévales dressent depuis des siècles
leurs flèches audacieuses comme un hymne à toutes les forces de l’univers.
Défiant le temps et les lois de la pesanteur, dans leur silence séculaire
elles parlent à l’âme humaine. Au Moyen Âge, où le sacré se mêle intimement à
la vie quotidienne, l’Église est la gardienne des valeurs traditionnelles.
Il
nous fait revivre cet élan créateur à travers un texte abondamment documenté
(plus de 300 photos et schémas), nous invitant ainsi à retrouver nos racines. |
la voie chevaleresque et l’initiation
royale dans la tradition chrÉtienne |
Gérard
de sorval |
Edition Dervy |
1993 |
Ce
traité met en lumière la doctrine spirituelle de la chevalerie et son
ésotérisme. Il explique sa méthode initiatique permettant d’entrer activement
dans la voie de la perfection. Ses
3 règles majeures sont : la guerre sainte,
l’amour de la beauté et le service de Dieu. Très belle réflexion sur la chevalerie et la notion de Royauté
sacrée en France au Moyen-Âge. Le livre de Gérard de Sorval nous ouvre à une
manière de penser que nous avons oublié. Loin d'être la période obscure
décrite par la propagande laïco-athée des 19ième et 20ième siècle, le Moyen
Age est une période lumineuse où le rapport au monde s'inscrit dans une
recherche constante du sacré et du Créateur. Cette quête du lien entre le Ciel et la Terre s'exprime
constamment dans le langage symbolique présent à tous les niveaux de la
société de l'époque mais surtout au sein de la caste chevaleresque. En effet,
alors que l'adoubement est considéré comme un huitième sacrement de la Sainte
Église, le chevalier incarne réellement les forces de Lumière dissipant les
ténèbres et le mal. L'auteur nous présente ici, étape par étape, l'initiation
chevaleresque ou comment l'homme de simple guerrier fini par revêtir l'armure
de lumière qui en fera un véritable défenseur du Bien. Dans
une seconde partie, Gérard de Sorval évoque l'initiation royale, couronnement
de l'initiation chevaleresque. On découvre une conception de la royauté
médiévale bien éloignée de la caricature qu'on en fait habituellement.
Conception du Roi Très Chrétien, véritable médiateur entre Dieu et les hommes
et hissant son royaume vers les portes du Royaume. En conclusion, un livre auquel on se référera régulièrement
tant il est riche de réflexions et de pistes à approfondir. |
LE BAPHOMET – FIGURE DE L’ḖSOTḖRISME TEMPLIER
ET DE LA FRANC-MAÇONNERIE |
Spartakus Freemann et D. S. Soror |
Edition
Hermesia |
2015 |
||
Le
terme de Baphomet remonte au procès des Templiers, ce serait la fameuse «
tête magique », prétendue idole des pauvres chevaliers du Christ. Cet objet
du culte templier était tantôt une idole ayant une seule tête barbue et
tantôt une idole possédant trois têtes, mais il n’est jamais fait mention – à
notre connaissance – de son corps. Une de ces têtes sera d’ailleurs retrouvée
avec l’inscription « CAPUT LVIII ». Dans les comptes rendus du procès,
ces têtes étaient censées donner la richesse, le pouvoir et la santé aux
chevaliers. Selon Hugh Schonfield, dans son « The Essene Odyssey », on
ne peut qu’admettre, en considérant les implications de ces têtes et du
décodage du Baphomet comme étant la Sagesse qu’« il ne peut y avoir que peu
de doutes sur le fait que l’idole des Templiers représentait la Sophia en son
aspect féminin et isiaque et qu’elle était liée à Marie Madeleine dans son
aspect chrétien ». Baphomet n’en reste pas moins le champ psychique généré
par l’ensemble des êtres vivants sur cette planète. Depuis
l’Ère Shamanique, on l’a souvent représenté comme Pan, Pangenitor, Pamphage,
le Destructeur, Shiva-Kali – le phallus créateur et l’abominable et
destructrice mère – comme Abrasax comme le Démon du sexe et de la mort
à tête d’animal, comme l’Archonte démoniaque qui dirige ce monde, comme
Ishtar ou Astarté – déesse de l’amour et de la guerre – comme l’Anima Mundi
ou Monde des Âmes ou simplement comme la « Déesse ». D’autres
représentations comprennent l’Aigle, ou le Baron Samedi, ou Thanateros, ou
Cernunnos. Aucune image ne peut représenter la totalité de ce que cette force
est, mais on la montre conventionnellement comme un dieu hermaphrodite,
divinité sous la forme d’un homme qui comprend diverses caractéristiques
mammaires ou reptiliennes. L’image contient souvent des éléments floraux et
minéraux ainsi que des éléments ramenant au concept de la mort car cette
force comprend aussi la mort. Vie et Mort ne sont que de simples phénomènes
au travers desquels la force vitale se réincarne continuellement. Nier la
mort c’est nier la vie. Les aspects de la divinité mâle et femme qu’est
Baphomet sont toujours soulignés car c’est par le sexe que la vie est créée
et la sexualité mesure la force vitale ou la vitalité, quelle que soit la
manière dont elle est exprimée. Presque
toutes les mythologies gardent en mémoire des légendes relatives aux énergies
reptiliennes qui précédèrent les dieux eux-mêmes. Ainsi, dans de nombreuses
cosmologies, nous avons des serpents-Léviathans entourant l’univers, ou des
Tiamat-dragons d’où émergent toutes les existences. Les dieux sont souvent
décrits comme ayant emprisonné ces forces reptiliennes, ou cherchant à les
détruire. Il existe un ensemble de documents templiers sur lesquels on peut
examiner des symboles et des personnages dont l’essence remonterait aux
cultes de Priape ou du Serpent. Sur l’un de ces documents, l’on peut examiner
une figure nue portant une coiffure à la Cybèle qui tient une chaîne de
ses deux mains et qui est entourée de symboles divers, le soleil et la lune
au-dessus d’elle, en dessous, le Pentagramme et l’Hexagramme et sous ses
pieds un crâne humain. Cette chaîne est le symbole des anneaux du serpent et
donc de la fraternité des Ophites. On
trouve aussi un texte en langue arabe que l’on ne peut traduire directement,
mais toutefois, si l’on applique une grille de décodage, le sens est : « Que
Meté soit loué ! Il fait germer et fleurir toutes choses ! Il est notre
principe qui est un et sept ! Abjure ta foi et abandonne-toi à tous les
plaisirs ».Sur un autre document, on peut examiner deux personnages
androgynes : le premier est plutôt féminin mais pourvu d’un sexe masculin. Il
tient une chaîne dans chaque main. – le second est de type masculin portant
une barbe et ayant un sexe féminin. Il porte également une chaîne dans chaque
main. Sur les côtés sont disposées 12 étoiles, à gauche en bas, il y a un
Pentagramme et à droite un Hexagramme. Sous ses pieds, il y a un crâne
humain. Lisons
à présent un extrait de « Les demeures philosophales » de Fulcanelli :« Dans l’expression
hermétique pure, correspondant au travail de l’Oeuvre, Baphomet vient des
racines grecques Bapheus, teinturier, et mès, mis pour mètè, la lune, à moins
qu’on ne veuille s’adresser à mèter, génitif mètros, mère ou matrice, ce qui
revient au même sens lunaire, puisque la lune est véritablement la mère ou la
matrice mercurielle qui reçoit la teinture ou semence du soufre, représentant
le mâle, le teinturier, Bapheus – dans la génération métallique. Baphè a le
sens d’immersion et de teinture. Et l’on peut dire, sans trop divulguer, que
le soufre, père et teinturier de la pierre, féconde la lune mercurielle par
immersion, ce qui nous ramène au baptême symbolique de Mété exprimé encore
par le mot baphomet. Celui-ci apparaît donc bien comme le hiéroglyphe complet
de la science, figurée ailleurs dans la personnalité du dieu Pan, image
mythique de la nature en pleine activité. Le mot latin Bapheus, teinturier,
et le verbe meto, cueillir, recueillir, moissonner, signalent également cette
vertu spéciale que possède le mercure ou lune des sages, de capter, au fur et
à mesure de son émission, et cela pendant l’immersion ou le bain du roi, la
teinture qu’il abandonne et que la mère conservera dans son sein durant le
temps requis. C’est là le Graal, qui contient le vin eucharistique, liqueur
de feu spirituel, liqueur végétative, vivante et vivifiante introduite dans
les choses matérielles. Quant
à l’origine de l’Ordre, à sa filiation, aux connaissances et aux croyances
des Templiers, nous ne pouvons mieux faire que citer textuellement un
fragment de l’étude que Pierre Dujols, l’érudit et savant philosophe,
consacre aux frères chevaliers dans sa « Bibliographie générale des
Sciences occultes » . Les frères du Temple, dit l’auteur, – on ne saurait
plus soutenir la négative, furent vraiment affiliés au Manichéisme. Du reste,
la thèse du baron de Hammer est conforme à cette opinion. Pour lui, les
sectateurs de Mardeck, les Ismaéliens, les Albigeois, les Templiers, les
Francs-maçons, les Illuminés, etc., sont tributaires d’une même tradition
secrète émanée de cette Maison de la Sagesse (Dar-el-hickmet), fondée au
Caire vers le XIe siècle, par Hakem. L’académicien
allemand Nicolaï conclut dans un sens analogue et ajoute que le fameux
baphomet, qu’il fait venir du grec Baphomètos, était un symbole
pythagoricien. Nous ne nous attarderons point aux opinions divergentes
d’Anton, Herder, Munter, etc., mais nous nous arrêterons un instant à
l’étymologie du mot baphomet. L’idée de Nicolaï est recevable si l’on admet,
avec Hammer, cette légère variante : Baphè Mètèios, qu’on pourrait traduire
par baptême de Mété. On a constaté, justement, un rite de ce nom chez les
Ophites. En effet, Mété était une divinité androgyne figurant la Nature
naturante. Proclus dit textuellement que Métis, nommé encore Epikarpaios, ou
Natura germinans, était le dieu hermaphrodite des adorateurs du Serpent. On
sait aussi que les Hellènes désignaient, par le mot Métis, la Prudence
vénérée comme épouse de Jupiter. En somme, cette discussion philologique
avère de manière incontestable que le Baphomet était l’expression païenne de
Pan. Or, comme les Templiers, les Ophites avaient deux baptêmes : l’un, celui
de l’eau, ou exotérique ; l’autre, ésotérique, celui de l’esprit ou du feu.
Ce dernier s’appelait le baptême de Mété. Saint Justin et saint Irénée le
nomment l’illumination. C’est le baptême de la Lumière des Francs-maçons. |
LE MYSTḖRIEUX BAPHOMET - TÊTE MAGIQUE DES TEMPLIERS - |
J. Chopitel et C. Gobry |
Edition Mercure Dauphinois |
2016 |
Le nom de Baphomet
évoque le plus souvent une tête effrayante, cornue et barbue qui ressemble à
l'image populaire du Diable, et qui est entourée d'histoires et de mystère.
Baphomet est le nom donné par certains occultistes du XIXème siècle à l'idole
mystérieuse que les chevaliers de l'Ordre du Temple furent accusés, à tort ou
à raison, de vénérer et qui a été invoquée entre autres au procès arrangé
pour justifier leur condamnation. Pourtant, «l'idole» ou «la tête magique»
que les Frères ont été accusés d'adorer n'avait alors pas de nom. Qui plus
est, ceux qui avouèrent, sous la menace ou la torture, qu'ils l'avaient vue
et même touchée, l'ont dépeinte de manières très variées et souvent
fantasques. En outre, ces Frères
n'ont pas su témoigner plus clairement de ses pouvoirs et de sa fonction dans
les chapitres où ils ont affirmé qu'elle officiait. Et même, aucune sorte de
Baphomet n'a pu effectivement être présentée comme pièce à conviction. Plus
tard, on a bien trouvé dans les archives du Vatican, un rituel du Baphomet,
mais celui-ci semble avoir été ignoré par les inquisiteurs. Les figures
appelées de nos jours des Baphomets sont, en fait, des représentations
ultérieures au procès. Si les descriptions du Baphomet sont multiples et
énigmatiques, les hypothèses sur l'origine de son nom le sont tout autant.
Elles prennent les apparences d'une sorte de rébus pour nous éclairer sur
l'étendue de sa signification ésotérique et alchimique. Ainsi, le Baphomet
nous ramène à la recherche de la Connaissance suprême, à la quête du Graal ou
du secretum templi. Il se présente - selon l'expression de Fulcanelli - comme
«l'image synthétique où les initiés du Temple avaient groupé tous les
éléments de la Haute Science et de la Tradition». Il se montre comme la Face
de Dieu dont la vision provoque la mort initiatique. A
travers l’Histoire de l’occultisme occidental, le nom mystérieux de Baphomet
a souvent été invoqué. Même si ce nom devint connu du commun au treizième
siècle, on trouve des références à Baphomet dans des documents qui ne datent
pas moins du onzième siècle. Aujourd’hui, le symbole
est associé à tout ce qui a trait à l’occultisme, aux rituels de magie, à la
sorcellerie, au satanisme et à l’ésotérique. Baphomet surgit souvent dans la
culture populaire pour identifier quoi que ce soit d’occulte. Le
portrait le plus célèbre de Baphomet se trouve dans Dogmes et rituels de
la Haute Magie, d’Eliphas Lévi, un livre de 1897 qui devint une référence
classique de l’occultisme moderne. Que représente cette créature ? Quelle est
la signification des symboles qui l’entourent ? Pourquoi est-elle si
importante à l’occultisme ? Pour répondre à certaines de ces questions, nous
devons premièrement regarder ses origines. Nous examinerons en premier lieu
l’histoire de Baphomet et à plusieurs exemples de références à Baphomet dans
la culture populaire. Les Origines de son nom : Il y a plusieurs théories concernant les origines du nom «
Baphomet ». L’explication la plus répandue prétend que c’est une corruption du
vieux français désignant le prophète de l’Islam (Muhammad, latinisé en
« Mahomet »). Durant les croisades, les chevaliers Templiers restèrent pour
des périodes prolongées dans les pays du Moyen-Orient où ils ont eu
connaissance des enseignements du mysticisme arabe. Ce contact avec des
civilisations orientales leur a permis de ramener en Europe les bases de ce
qui deviendra plus tard l’occultisme occidental, ce qui inclut le
gnosticisme, l’alchimie, la Kabbale et l’Hermétisme. L’affinité des Templiers
avec les musulmans a conduit l’Eglise à les accuser de vénérer une idole
appelée Baphomet, donc il y a des liens possibles entre Baphomet et Mahomet.
Cependant, il existe d’autres théories à propos de l’origine de ce nom. Eliphas
Lévi, l’occultiste français qui a fait cette fameuse description de Baphomet,
avança l’argument que le nom dérivait d’un code cabalistique : « Le nom
Templier Baphomet, qui devrait être cabalistiquement écrit à l’envers, est
composé de trois abréviations : Tem. Ohp. AB. : templi omnium hominum pacts
abbas, « le père du temple de la paix entre les Hommes. » Arkon Daraul,
un auteur et professeur de tradition et de pratique magique soufie,
prétendait que Baphomet venait du mot arabe Abu fihama(t), ce qui
signifie « le père de la Compréhension ». Le
Dr. Hugh Schonfield, dont les travaux sur les parchemins de la mer Morte sont
bien connus, a développé une des théories les plus intéressantes. Schonfield,
qui a étudié un code secret juif appelé le code d’Atbash, qui était utilisé
lors de la traduction de certains des parchemins de la mer Morte, prétendait
que lorsqu’un s’appliquait au mot « Baphomet », il renvoyait au mot grec «
Sophia », qui signifie « sagesse, connaissance » et qui est aussi synonyme de
« déesse ». L’image
moderne de Baphomet semble prendre racines dans plusieurs sources antiques,
mais d’abord dans les dieux païens. Baphomet affiche une ressemblance à des
dieux présents tout autour du globe, dont l’Egypte, l’Europe du Nord et
l’Inde. En fait, un grand nombre de mythologies de civilisations anciennes
comprennent un genre de déité cornue. Selon la théorie jungienne, Baphomet
est la continuation de l’archétype du dieu cornu, étant donné que le
concept d’une déité surmontée de cornes est présente universellement dans le
psychisme de l’individu. Est-ce que Cernunnos, Pan, Hathor, le Diable
(représenté par les Chrétiens) et Baphomet ont une origine commune. Certain
de leurs attributs présentent une ressemblance frappante. Au sommaire de cet ouvrage est développé : Les chevaliers du Temple
- la chevalerie
universelle - les templiers et la Gnose -
L’ordre intérieur du Temple et la règle de Roncelin -
Contexte politico-religieux du procès des templiers -
Chefs d’accusation et témoignages
- D’où viendrait donc
« Baphomet » - Les représentations baphométiques et leur
localisation - Les saintes Faces du Christ non peintes
de main d’homme - A propos de quelques têtes
enchantées - L’Idole est une tête -
Personnages et animaux polycéphales et autres monstres -
Symbolisme des cornes - Les cornes du Cerf et la tradition
celtique - Il est barbu et Androgyne, le
Baphomet - Têtes sans corps et corps sans tête -
Quelques saints décapités
- Interprétation symbolique de
la tête coupée - le Baphomet des Alchimistes -
La Face de Dieu - la règle de Roncelin -
Aleister Crowley et son pseudonyme : « le Baphomet » -
Aperçus sur le Baphomet, roman de Tribulat Klossowski
- Aperçus sur Tribulat Bonhomet, roman de
Villiers de l’Isle Adam - |
LES YEUX DU BAPHOMET - LES TEMPLIERS ET LE BAPHOMET |
Divers auteurs |
Edition Rafael de Surtis |
2004 |
José
Anes
nous raconte les Templiers et leurs mythes ; les Templiers après leur disparition
ont engendrés et mélangés l’histoire, les mythes et les légendes ;
l’élaboration de ces mythes et légendes débuta donc après la tragique
destruction du Temple sous les coups portés par le roi Philippe le Bel et le
Pape, le point culminant étant le supplice de Jacques de Molay en 1314, qui
fut en quelque sorte le bouc émissaire de cette volonté politique et
religieuse d’éradiquer cet Ordre. Si l’on suit René Girard dans ses
hypothèses, la destruction de cette victime, qui est l’Ordre du Temple, est
essentielle à sa sacralisation, tout comme un roi n’est sacré qu’à sa mort. Cette sacralisation ad aeternam a rendu l’Ordre bon pour être mythifier. Tout comme l’histoire est respectable, le mythe l’est tout autant, le mythe étant une élaboration imaginaire, ayant une existence réelle dans le monde, que le matérialisme dialectique nomme superstructure, laquelle interagit avec le monde historique des infrastructures. « Le mythe est un opérateur logique qui résout des contradictions ». Dans le cas de l’Ordre du Temple, contradictions et paradoxes pourront trouver résolution dans les mythes templiers, ainsi : La contradiction qui se manifeste dans la splendeur et la
puissance de l’Ordre d’une part, sa fin sans gloire d’autre part La contradiction apparente entre un Ordre chrétien et catholique
reconnu et respecté et les accusations inquisitoriales d’hérésie Le paradoxe de caractère occidental de l’Ordre dans un
environnement oriental qui l’aurait finalement contaminé doctrinalement. Nombreux
furent ceux, comme Dante et sa Divine Comédie qui cherchèrent à innocenter
l’Ordre du Temple et accusèrent le Pape et le roi de France de mauvaise foi
et de calomnie, on trouvera avec lui la Stricte Observance et le baron Hund,
Willermoz et le R.E.R, les grades dit de vengeance en F.M. et d’autres. Marc
Petit
raconte le Chevalier Abner qui en 1310 attendait au fond d’un cachot, la
venue des gendarmes pour l’emmener à l’interrogatoire ; il était décider à tout nier compte rendu qu’il ne se sentait pas
coupable, mais l’inquisition est redoutable et le supplice insupportable pour
certain, alors que va-t-il dire ou avouer ? Remi
Boyer
nous fait pénétrer dans cette assemblée présidait par Asmodée lors d’une lune
noire fin de l’an 2003 et qui ouvre la séance par ces mots « Bienvenue à
vous, pèlerins et vagabonds des profondeurs obscures et des méandres de
l’Ombre, les travaux de la cour vont être ouvert pour le bien de
l’obscurité » Daniel
Walther
nous parle des yeux du Baphomet, et du supplice de Tristan de Pradines. Alain
Pierre Pillet,
raconte l’histoire des deux frères Hugues et Geoffroy, leur enfance et plus
tard ce sont eux fondèrent le Temple. Bernard Jurth nous entraine dans les dernières années de l’Ordre, avec les barons du régime, certains qui furent tortionnaires des templiers, pour le plaisir, la cupidité, ou la soumission au pouvoir religieux et politique. Anne
Letoré
nous parle de Gauthier d’Angoulême, chevalier apostat Paul
Sanda
décrit le bûcher et donne les noms des très nombreux chevaliers qui y
brulèrent. Sarane Alexandrian explique les aveux du Chevalier de Fravaux Jehan Van Langhenhoven nous entraine dans les touffeurs mortifères d’une Jérusalem exfoliée Pierre
Soletti
et les marchands du Temple. Georges-Olivier
Chateaureynaud
et les parfaits inconnus. Eric
Tessier
et le feu de Saint Antoine Anne Poiret nous raconte les légendes merveilleuses qui ont fleuries depuis 700 ans sur : le Baphomet, Sorgues et l’alphabet. |
LE BESTIAIRE DES CATHÉDRALES |
PIERRE
RIPERT |
EDITION
DE VECCHI |
2010 |
||
Est
développé : Les monstres dans l’art avec : la naissance des monstres,
le panthéon égyptien, les dragons grecs, les prodiges romains, les démons
chrétiens. L’homme médiéval et l’Eglise : Les premiers chrétiens, le
gouvernement de l’Eglise, les rites et les fêtes, le Grand Miroir du monde,
la grande encyclopédie de Chartres. L’art statuaire chrétien des catacombes aux cathédrales :
Les colombes des catacombes, les icônes brisées de Byzance, les livres de
pierre des moines de Cluny, les splendeurs de l’Orient sur les piliers
romans, les chimères du gothique. La cathédrale, livre d’images : Le langage
universel de l’image, les sources des imagiers, les imagiers, les
architectes, le spectacle est sur les murs, précis des figures animales
sculptées. Précis
d’architecture : Auréoles, amandes, gloire, mandorle, nimbe, baptistères
et fonts baptismaux. Les édifices avec les abbatiales, les basiliques, les
cathédrales, les chapelles, les cryptes, les églises. Les divers
styles : cistercien, clunisien, flamboyant, gothique, ogival, rayonnant,
roman de transition. Les diverses sortes de vitraux, barlotière, grisaille et
vitrail. |
LE CAVALIER BLEU ou LE DERNIER CHEVALIER DU GRAAL |
Henri
MONTAIGU |
Edition
DE NOEL |
1974 |
Une
très belle légende sur fond de Graal
et de recherche initiatique. Un
récit prenant qui nous amène à nous interroger sur notre propre cheminement
et nous donne une raison de nous mettre en route Le
combat métapolitique d’Henry Montaigu se sera accompagné aussi pendant vingt ans
de la publication d’une vingtaine de livres. Au beau milieu, en 1982 ce fut Le Cavalier bleu. « Ce
livre rêvé depuis l’enfance, l’héritage Aquitaine, ma principauté de rêve ».
Il apparaît comme la figure centrale et testamentaire de l’œuvre, en pleine coïncidence
avec l’être profond de son auteur. « C’est un livre étendard et un
livre labyrinthe … Il contient tout ce que je sais, tout ce qui m’est
possible de transmettre à toutes sortes de niveaux. C’est un poème, un roman,
une chronique et une doctrine … C’est une mise en action de la mythologie
française. Pour moi c’est l’aboutissement de ma longue marche intérieure,
entre l’Histoire et l’Apocalypse, toutes deux dépassées »,
confiait-il. » Henry
Montaigu (1936-1992) aura traversé un demi-siècle en navigateur solitaire
même si quelques Amis lui prêtèrent escorte. L’auteur du Cavalier bleu
était une des dernières grandes figures qui incarnaient l’idée royale en
France, sur les traces de Joseph de Maistre et de Georges Bernanos |
LE combat des templiers |
P.
girard augry |
Edition
BAUDRY |
2003. |
||
Il
suffit de lire la Règle du Temple pour en prendre la mesure. Le don de soi (oblatio)
est total, absolu. Dans le rituel de réception, la note est clairement
donnée : Vous trouvez beau l'Ordre du Temple avec ses manteaux
blancs, mais ce que vous voyez là, c'est l'écorce… Voyez-vous bien les
duretés qui sont au dedans ? Vous avez envie, vous, d'aller ici ?
on va vous envoyer ailleurs. Voulez-vous être en Europe ? on va vous
envoyer outremer. Voulez-vous aller outremer ? attendez-vous à être
affecté en Europe. Voulez-vous dormir ? vous allez veiller. Voulez-vous
veiller ? il vous faudra rester à dormir. On ne prend pas assez la
mesure de la rigueur de cette Règle. Les Templiers sont entrés dans l’Ordre
pour agir, pour aller défendre la chrétienté, et c’est à ces gens-là qu’on va
peut-être donner ordre de rester où ils sont. Quand
on parle du don de soi dans l'Ordre du Temple, il faut l’entendre au sens
plein du terme. Le Templier, en entrant dans l'Ordre, dépose réellement et
totalement toute volonté propre dans les mains de celui qui le reçoit au nom
de l'Ordre tout entier. Plus que la pauvreté matérielle, c'est là l’exercice
d’une pauvreté morale au sens le plus élevé, préfigurant la spiritualité
franciscaine qui verra le jour un peu plus tard. Car les fils du « Petit
Pauvre » sont pauvres de tout, pauvres de soi-même, pauvres de leur
volonté, ils s'abandonnent, ils sont disponibles sans réserve. Les
franciscains sont des pérégrins : ils vont sur les routes, ils vont
prêcher, et, lorsque leur action ne donne pas de résultat, ils ne s’acharnent
pas et s’en vont, comme disait Saint François, en secouant la semelle de
leurs souliers. Les Templiers avaient exactement la même façon de vivre la
spiritualité dans un esprit d’adaptation et donc dans une instabilité
continuels. Un Templier n’est rien. Il n’est que pour l'Ordre et tout ce que
demande l'Ordre, il doit l’accomplir du mieux qu’il peut. L’obéissance ainsi
comprise s’étend à tous les domaines de la vie car, tout étant axé sur la
mission de l’Ordre, les exigences sont aussi bien matérielles que sociales ou
même spirituelles. Un
frère peut être appelé un moment à vivre une extrême pauvreté dans un obscur
emploi, puis, quelque temps après, se trouver propulsé au premier rang. A
celui qui est élu pour assumer la Grande Maîtrise, par exemple, il sera
demandé de s’entourer d’un certain apparat, de fréquenter les seigneurs et
les rois, de donner des ordres, et cela même s’il est entré dans le Temple
pour vivre la pauvreté et l’obéissance. Travailler à vivre la pauvreté,
s’entraîner à renoncer à tout désir matériel, c’est le travail de toute une
vie. Il serait illusoire de penser que c’était plus facile au Moyen-Age
qu’aujourd’hui. Et tout d'un coup, parce que l'Ordre l’aura jugé nécessaire à
l’accomplissement de son œuvre, il va falloir faire le travail inverse,
s’accoutumer ou se réaccoutumer à vivre sur un certain pied, à être en
représentation, à manier de l'argent, à commander. Il faut savoir en outre
que les Templiers étaient extrêmement mobiles, géographiquement comme dans la
nature de leur service. Chacun d’entre eux était amené à s’affronter, au
cours de sa vie dans l’Ordre, à ce genre de dilemme. « Serf, et esclave
de la Maison », les mots du rituel de Réception ne sont pas des
allégories. Ils représentent l’exacte réalité du Temple, la réelle
« dureté » de la Règle. |
LE
COMPAGNON FRANC-MAÇON ET L’ART DU TRAIT |
Julien
BEHAEGHEL |
Edition
La Maison de Vie |
2001 |
L’art
du trait révèle la loi d’harmonie qui du carré long à l’étoile va faire
voyager l’initié à la recherche de la lumière. Second
degré de la hiérarchie initiatique masculine, ce grade n’est pas vraiment un
progrès après celui d’Apprenti. Comme il y a un âge ingrat entre l’enfant et
l’adulte, il est difficile à vivre. Il n’y a pas changement de tablier et le
Compagnon s’éloigne du centre qu’avait commencé à percevoir l’Apprenti. Il a
toutes les occasions de s’égarer dans l’étendue de la manifestation.
Cependant son existence change car il se met à cesser toutes les choses qui
ne le satisfont plus. Il
ne laisse jamais tranquille son Premier Surveillant et son parrain pour
accumuler beaucoup de savoir. Il est toujours étroitement uni à la Chambre du
Trait qui rassemble l’ensemble des Compagnons. Ils forment une sorte
d’association qui se met d’accord pour faire un coup dont l’objectif est
d’aller plus loin dans les sciences. Ce sont des chercheurs, des
explorateurs. C’est
un grade d’enseignement, qui donne un caractère abstrait à la pensée. Le plan
du Compagnon est de percevoir le monde des causes, le monde du concept, car
sans concept rien ne peut être fait. Mais cela s’accomplit sur le mode
opératif. Les activités spéculatives et opératives sont indissociables de
l’œuvre car ne peut être vrai que ce qui est manifesté sur tous les plans. Dans
la franc-maçonnerie conventionnelle, ce grade est mal compris car il s’appuie
sur un rituel très faible. Les points fondamentaux pour achever les Petits
Mystères sont notamment : le Nombre Cinq, les sens immatériels, le Quatrième
Pilier, le Nombre d’Or, l’Etoile Flamboyante, la Pierre Cubique et les corps
platoniciens, la spirale. Le
second degré comporte l’Art du Trait, la Magie et le don de la parole,
sciences qui donnent les moyens d’aller au bout des Petits Mystères.
L’Art du Trait rend apte à affronter la matière et permet de découvrir
l’intérieur de la Pierre Cubique qui contient les polyèdres. La pensée
polyédrique est abstraite, précise et rigoureuse ; c’est celle du Grand
Architecte de l’Univers. Le
Compagnon connaît les mesures et les proportions. Il vit l’abstrait grâce à
la Géométrie sacrée. Mais il se géométrise plus qu’il ne maîtrise cette
science. Celle-ci enseigne tous les stades de la vie, sans déviation
possible. Elle donne accès à la structure de la création et à ses lois. Elle
permet de jouer avec les formes en toute rigueur et de faire vivre la pierre.
Ainsi peut-on découvrir le secret du Nombre Cinq et suivre le chemin de
l’Etoile après en avoir percé le secret. Cela
permet d’accéder à la Magie créatrice, génératrice du vivant. Avoir une
vision magique du monde revient à reconnaître les énergies à l’œuvre dans
l’univers. Celles-ci se maîtrisent par l’Art du Trait. Le Compagnon
travaille sur la Pierre Cubique pour la rendre parlante. La parole est
l’ascèse du Compagnon. Au Moyen-Age, il taillait les chapiteaux pour les faire
s’exprimer. C’est un imagier qui donne un sens à la pierre et transmet un
enseignement intangible dans une forme originale, cependant il trace sous la
direction des Maîtres, étant incapable de le faire seul. Il lit et traduit le
plan des Maîtres en un langage perceptible, mais en abordant des domaines
inexplorés. Cette
évolution intérieure se concrétise par l’exécution d’un Chef-d’œuvre,
réalisation personnelle originale élaborée avec l’aide des Maîtres. Quelle
qu’en soit la forme, écrite sur un sujet en rapport avec les Petits Mystères,
construction, musique, peinture..., il laisse percevoir par les Maîtres que
la connaissance des lois causales et des fonctions créatrices est effective.
Si ce Chef- d’œuvre est accepté par la Chambre du Milieu, le frère
devient Compagnon Fini, en capacité de franchir la porte des Grands Mystères.
Un Maître qui n’est pas passé réellement par ce stade est frappé d’une sorte
d’infantilisme et n’a jamais accès aux Grands Mystères. Les
autres livres de Julien Behaeghel sont au chapitre 1 B
- |
LEGUAY -
ILLUMINATOR – LE septiEme PALAIS |
Jean-Luc
Leguay |
Edition
Dervy |
2014. |
Ne
pas tuer.» Enfant de Caïn, ces mots hantent mon âme. Mon
Maître m'a transmis de terribles secrets.
|
LEGUAY
- la divine comÉdie enluminÉe
PAR JEAN-LUC LEGUAY |
dante - LEGUAY |
Edition
Ipomée – Albin-Michel |
2003 |
||
Il
résulte aussi des données diverses de l'époque et des traditions antérieures.
La Bible, la Mythologie, Aristote. Ptolémée, les Pères de l'Eglise, les
écrivains de l'Antiquité et du Moyen Age, etc., ont
fourni au poète les principaux matériaux de sa vision. L'Enfer est divisé en neuf
Cercles concentriques superposés, sortes de galeries longeant les parois
cylindriques du cône. Dans ces galeries sont placés les damnés, classés
d'après leurs crimes. Ces Cercles, de plus en plus petits, comportent des
tourments appropriés, de plus en plus terribles à mesure que l'on descend.
Ils sont parfois subdivisés en autant de compartiments que le Vice général
qui y est châtié offre d'espèces différentes. Au fond de l'Enfer se trouve
l'entrée difficile (interdite et impossible aux damnés) d'un long souterrain,
qui fait suite à l'Enfer et conduit au côté de la Terre opposé à celui où se
trouve l'entrée de l'Enfer. Ce souterrain aboutit au pied d'une montagne
colossale, entièrement entourée d'eau et située au centre de l'hémisphère
désert de la Terre, aux antipodes de Jérusalem, qui occupe le centre de
l'hémisphère habité. Cette
montagne, c'est le Purgatoire. Arrivé là, Dante a donc parcouru en
entier le diamètre terrestre, dont le premier rayon est occupé par l'Enfer et
le second par le souterrain de sortie. La montagne purgatoriale a été formée,
d'un seul coup, par la masse terrestre chassée en dehors de la Terre par la
violente chute de Lucifer. Il est donc compréhensible que le Purgatoire
affecte la forme contraire à celle de l'Enfer: une montagne au lieu d'un cône
renversé et vide. Au lieu de descendre, comme dans l'Enfer, on monte. Le
Purgatoire est divisé aussi en sept Cercles ou girons (girone). Au
sommet est le Paradis terrestre ou jardin d'Éden. Une ligne droite partant
de l'Éden et tirée jusqu'à Jérusalem passerait donc au centre de tous les
Girons du Purgatoire et de tous les Cercles de l'Enfer, au centre de la Terre
et de l'Univers. Dans chaque Cercle du Purgatoire les pécheurs trouvent
successivement l'expiation de leurs fautes et la purification graduelle de
leur âme en contemplant, sous diverses apparences, des exemples de la vertu
opposée à leur vice. Le Paradis est divisé en neuf sphères dont la révolution
autour de la s'opère Terre. Plus on s'élève de sphère en sphère, plus les
Vertus qui s'y trouvent sont pures, plus leur félicité est grande, car ils
sont plus rapprochés de Dieu. Enfin, au plus haut des Cieux résident la
Trinité et les mystères chrétiens. C'est Béatrice qui vient, au seuil du
Paradis, remplacer Virgile pour guider le Poète. Arrivé au haut du Paradis,
Dante succombe à l'éclat d'une vision que ses regards humains sont
impuissants à contempler; et, de même qu'un sommeil pesant l'a empêché de
connaître la route qui l'a conduit dans l'Enfer, de même la splendeur divine
qui l'éblouit l'empêche de connaître le chemin qui le ramène du Paradis à la
Terre. Le titre donné par Dante à son poème n'est pas : La Divine Comédie, mais simplement : La Comédie. Par le mot Comédie, le poète entendait, suivant l'usage de son temps, une œuvre écrite en langue vulgaire moderne, par opposition à Tragédie, désignant une œuvre de l'Antiquité, écrite en une langue considérée comme plus savante et plus noble. De plus, la conclusion de son poème étant heureuse, justifiait aussi l'appellation de Comédie par opposition à celle qui se termine par une catastrophe. Ainsi quand il parle de l'Enéide (Enfer, XX, 113) il l'appelle Tragédie |
LEGUAY - Le livre de l’apocalypse – ENluminḖ
par j .l. leguay |
Jean-Luc
Leguay – Bible de Jérusalem |
Edition
IPOMÉE – ALBIN - MICHEL |
1999 |
Un
grand format et de somptueuses enluminures de Jean Luc Leguay pour cet écrit
mythique, mystérieux et ésotérique.
|
LEGUAY - LE MUTUS LIBER de
L’INITIATION - ENLUMINURES
DE JEAN-LUC LEGUAY |
JEAN
LUC LEGUAY |
ÉDITION
DERVY |
2010 |
A
l’heure où le progrès et la science moderne occupent les pensées de nos
contemporains, ce « livre muet »
nous permet d’établir un pont entre les profondeurs de notre Être et les
différentes métaphysiques. Nos sociétés opposent science moderne et
tradition, foi et raison, mais celles –ci sont complémentaires. Si la science
donne des réponses sur les phénomènes, la tradition nous en révèle le sens
caché. Depuis
des millénaires, l’homme crée des images de lumière pour se rapprocher de l’inexprimable,
donner une forme à l’inconcevable, appréhender les mystères de la vie, de la
mort et de l’au-delà. Le
« Livre muet de l’Initiation »
est un ouvrage sans discours ni explication. Les enluminures, d’une grande
richesse symbolique, cumulent plusieurs significations et ouvrent aux
lecteurs les chemins de la contemplation. Tous les personnages, paysages,
voûtes et dallages évoqués nous invitent au voyage, nous initient à voir
au-delà du réel selon nos croyances et aiguisent nos sens physiques et
spirituels. Ces représentations, construites selon la science ancestrale,
véhiculent le sacré et permettent au lecteur de pénétrer les secrets de son
origine et de sa tradition. Enlumineur
régulier, issu d’une chaîne de Maîtres italiens qui remonte au VIIIe siècle, Jean
Luc Leguay est le dernier représentant de cette filiation et peint toutes
ces enluminures comme à l’époque médiévale. Il
a été initié à l’Art de l’ornement traditionnel, véritable chemin qui mène à
la connaissance, par un moine ermite franciscain. Pendant 10 ans cet ermite
le guida progressivement, comme on élève un néophyte, semblable à un germe
qui tend vers la clarté avec fragilité, il lui transmit les gestes du métier
de sa filiation et lui enseigna tout le savoir des Anciens qui était en sa
possession, du symbolisme à l’étude des textes fondamentaux, de l’Art des
couleurs jusqu’à celui de la géométrie. Ainsi il lui donna les trois
initiations qui mènent à la maîtrise et fut consacré « Maître imaginiez ». Ce
Mutus Liber sommeillait depuis 25
ans dans la mémoire de J.L Leguay, comme un rêve scintillant lointain,
inaccessible, puis un jour les mystères de la vie lui ouvrirent les voies de
l’accomplissement de l’œuvre et l’inconcevable devint possible. La
réalisation de cet ouvrage et de ses enluminures lui demanda trois ans de
travail, humblement immergé en un vide contemplatif, les fresques naissaient
sous sa main, et l’enseignement de ses précurseurs et de son Maître l’ont
accompagné. Le
codex original, sur parchemin en peau d’agneau, est bâti selon la proportion
d’or et ses mesures sont aussi parfaites que celles d’une cathédrale. Les
différentes couleurs de terres, de végétaux, de coquillages…proviennent de
tous les continents de notre planète et lui donnent une dimension universelle. L’action
se déroule à l’intérieur d’un immense temple en construction. L’homme égaré
au milieu des ténèbres, cherche les chemins de la transcendance. Par cet
ouvrage, le lecteur, d’image en image, s’élèvera au sein de l’espace sacré
vers le cœur du Principe. Le Livre Muet,
ouvre des voies de lecture, de réflexions et de contemplation, et où le
silence grâce à l’enluminure redevient Parole Primordiale. Cet ouvrage de très grande qualité autant par ses enluminures,
que par sa finition et ses matériaux, en fait un livre incontournable pour
l’initié et un très beau livre de bibliophilie. 64 enluminures grand format (24 x 30) sur papier japon. Un tirage confidentiel à 1000 exemplaires et une très belle reliure. |
LEGUAY - le maÎtre de lumiÈre |
Jean-Luc leguay |
Edition
ALBIN-MICHEL |
2004 |
Quelle
folie peut bien pousser un chorégraphe reconnu, comblé de succès et de
conquêtes, à devenir le disciple d’un ermite italien ? Pourquoi l’artiste
mondain aspire-t-il à se transformer en artisan du divin ? Quel irrésistible
appel a-t-il entendu résonner dans cette bibliothèque de Turin, en ouvrant un
antique manuscrit enluminé ? Jean-Luc
Leguay
nous narre ici les étapes de sa métamorphose initiatique. Il nous décrit
comment, sous la tutelle de son Maître de lumière, il s’astreint pendant des
années à une discipline ascétique et à d’humbles travaux. Surmontant le
découragement et le doute, il n’accédera au savoir-faire traditionnel
qu’après trois grandes nuits d’initiation. |
LEGUAY - le tracÉ du maÎtre |
Jean-Luc
leguay |
EDITION
DERVY |
2008 |
«
Mon maître italien, ermite franciscain, est mort.
Le livre de géométrie métaphysique qui devait constituer mon héritage a
disparu. Dans ce manuscrit transmis de maître à disciple depuis des siècles,
est consignée une des plus grandes énigmes de tous les temps, qui a fait
rêver tant d’hommes en Occident, des constructeurs de cathédrales aux
enlumineurs. Sur une feuille de parchemin oubliée se trouve peut-être la
réponse… » |
LEGUAY - perceval le gallois |
Chrétien
de troyes – enluminḖ par J.L. LEGUAY |
Edition
IPOMÉÉ – ALBIN – MICHEL |
1997 |
Cette
nouvelle édition de Perceval en grand
format est illustrée par de somptueuses enluminures de Jean-Luc Leguay.
Me
reste alors la modeste mission non pas de dire ce que je sais, ni ce que j’ai
appris – je suis trop bien placée pour savoir que « ce qui s’apprend ne
mérite pas d’être su ! » -, mais de relater les événements. Initié par un
moine italien à l’art de l’enluminure selon la Grande Tradition, Jean-Luc
Leguay perpétue un art rare et méconnu qui nous ouvre les portes d’un monde
infini, celui de la Connaissance. Au
début du roman de Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal, Perceval
n'est pas encore prédestiné à de hautes aventures. Héros sans nom, il n'est
qu'un jeune garçon, naïf et fruste, élevé dans la forêt galloise et tenu par
sa mère dans l'ignorance de tout ce qui concerne la chevalerie. Initié par
Gornemant de Goort à la technique et aux règles du combat, il réussit dès sa
première aventure à s'emparer des armes d'un chevalier redoutable, ennemi de la
cour et, devenant ainsi le Chevalier Vermeil, il est intégré dans le monde
arthurien qui le fascinait. Puis, en combattant pour défendre Blanchefleur,
il découvre la dimension courtoise et morale de la chevalerie. Mais ce n'est
qu'après son passage au château du Roi-Pêcheur, lorsqu'il prend conscience
pour la première fois de sa conduite et de la faute qu'il a commise en
oubliant sa mère, qu'il a soudain la révélation de son nom, Perceval le
Gallois. Seul l'ermite rencontré le Vendredi Saint lui explique qu'il
appartient à un haut lignage et qu'il est le parent non seulement du roi
Arthur, mais aussi du Roi-Pêcheur. Le "saint homme" lui révèle
également que, s'il a échoué et omis de poser les questions attendues sur la
Lance et le Graal, c'est à cause du péché commis vis-à-vis de sa mère qu'il a
abandonnée. Perceval alors se confesse, apprend la charité et fait
pénitence... Quelles
questions aurait dû poser le jeune homme devant le Cortège au Château du
Roi-Pêcheur ? Il devait demander et apprendre qui il sert – c'est-à-dire le
roi –, et ce qu'il sert – une nourriture divine capable de préserver celui
qui l'absorbe. Le roi, en effet, est blessé et la souveraineté de son royaume
est anéantie. Perceval n'a pas compris qu'en ne posant pas de questions par timidité,
il n'a pas réussi l'épreuve qui lui était proposée. Les continuateurs de
Chrétien de Troyes – Gerbert de Montreuil en particulier – ont joué sur
l'étymologie du nom de Perceval, jeu courant pour les clercs du Moyen Age, et
Perceval devient pour eux celui qui "perce" le "val",
c'est-à-dire qui découvre le château caché du Roi-Pêcheur et perce ainsi le
secret de sa propre histoire en même temps que celui du cortège du
Graal.
Un livre merveilleux. |
LEGUAY - rituel de consÉcration d’une loge - enluminures de jean-luc leguay |
Jean-Luc
leguay |
Edition
LEGUAY |
2008 |
||
Dans
les mystères d’Eleusis, le grain de blé est symbole de vie et de mort, il
meurt en automne et renaît au printemps, c’est l’alternance des saisons, la
fécondité, un don de Dieu et les mystères de la vie. Le Pain : Aliment de base depuis que l’homme à découvert
l’agriculture. Les grecs furent les pionniers et les grands spécialistes dans
l’art d’inventer des diversités de pains, mais ce sont les hébreux qui
trouvèrent la recette du levain, bien que l’Eternel ordonna à Moïse pendant
la Pâque, de manger des azymes, pain sans levain, mince et léger. Autrefois,
dans le bassin méditerranéen, les pains avaient la forme d’une boule, appelée
boulens, par la suite au XVe siècle cette boulens donna le nom
de boulanger. Jésus développa la symbolique du pain, que ce soit avec
la multiplication des petits pains, ou avec la Cène. Bethléem signifie
« La maison du pain ». Le pain est symbole de fraternité,
d’amitié et de partage spirituel dans les voies initiatiques. Sur le plan
religieux, la communion avec l’hostie, représente le grand mystère de la
« transsubstantiation ». L’huile : 3e voyage des consacrants, le
2e GSC verse de l’huile en disant : Je donne à cette loge l’onction
d’huile, comme symbole de Paix et de Concorde. Cette symbolique nous
relie aux investitures et consécrations des Prêtres et des Rois. Cette huile
ou Saint- Chrême apportée par la colombe pour le baptême de Clovis, et qui
par la suite servira pour toutes les royautés et le clergé. Souvent les
huiles sont mélangées avec du miel, du poivre ou du lys. L’huile d’olive
étant presque divinisée dans tout le bassin méditerranéen, que ce soit pour
la cuisine, pour des onctions, ou des onguents. Les huiles essentielles font
un retour en force, dans diverses pratiques culinaires ou de pharmacopée. L’oint du Seigneur, vient du mot
hébreu : Messie, qui en grec
se dit Christos, et si Jésus n’a
pas reçu une onction d’huile matérielle, la descente du Saint-Esprit sur sa
tête fait office d’onction spirituelle. Le Vin : 2e voyage des consacrants. Le
1e GSC verse du vin et dit : Je verse du vin dans cette
loge, en signe de joie et d’allégresse, puisse le bonheur envahir le cœur de
tous les frères. Le vin nous ramène à Noé, qui eut quelques petits
problèmes avec la vigne, à Dionysos, dieu du vin et des fêtes, à Jésus qui
dit : je suis le cep, vous êtes les sarments, aux noces de cana, et la
transformation de l’eau en vin, il est représentatif de l’amour, de
l’immortalité, même le cantique des cantiques fait l’éloge du vin,
alors que l’islam interprète l’interdiction de boire du vin, les soufis au
contraire prônent sa boisson et disent être des échansons, à la recherche de
l’ivresse mystique. Le graal, et les mystères du moyen-âge encensaient le
vin. Le Sel : 4e voyage des consacrants. Le
GMC verse du sel en disant : Je répands du sel dans cette loge pour
symboliser l’hospitalité et l’amitié. Puissent la prospérité et le bonheur
régner dans cette loge. Symbole avec le pain de partage et d’hospitalité,
il est dit : tu mettras du sel sur toutes
tes offrandes, signe d’alliance de ton Dieu. Sel purificateur, il
chasse les démons ou énergies vibratoires néfastes et nuisibles, au Japon les
Sumo lancent du sel à l’intérieur du cercle sacré, en guise de protection
divine. Il a tout au long de l’histoire, servi de monnaie, il était
d’ailleurs assez lourdement taxé (gabelle).Comme tous les symboles, il a
aussi son contraire et le sel peut éroder et détruire les hommes, et
les éléments matériels. L’Encens : 5e voyage : Le Chapelain
ou l’Hospitalier consacrant, va alors entreprendre, sous la forme de 3
voyages, des encensements rituels comme action de purification.
L’encens symbolise le parfum céleste de la
sainteté et rappelle la fumée émanant des sacrifices accomplis sur
l’autel du Temple. Les cultures anciennes employaient l’encens comme moyen
d’entrer en contact avec les forces subtiles de la nature, d’en recevoir les
messages et de mieux comprendre les liens qui la régissent. Les asiatiques et
les animistes brulent de l’encens en permanence, c’est dans leur culture et
leur tradition, ce sont des marques de prières,
d’émanation de l’esprit divin, de purifications,
et une façon d’enlever les charges négatives
de son environnement.
|
le langage secret du blason |
Gérard
de sorval |
Edition
DERVY |
2003 |
Le
langage du blason est avant tout un langage symbolique et sacré dévoilant des
réalités secrètes. Parole aujourd’hui perdue pour beaucoup, et que ce livre
essaie de restituer dans sa vie originelle et toujours présente.
|
le livre des mystÈres et des
rÉvÉlations |
Alain
desgris |
Edition Trédaniel |
1998 |
L’Ésotérisme Templier :
L’auteur
nous entraîne sur les traces des Templiers avec toute sa symbolique. Leurs
sciences sacrées, leur architecture, leur gnose, la lecture des pierres, des
tableaux, et des graffitis nous est expliqué. Nous y trouvons leur origine,
les légendes chevaleresques : table ronde, Graal etc… La symbolique qu’ils véhiculaient objets,
peintures, couleurs, nombres etc… La gestuelle et le costume. Symbolique des
fleurs, plantes, pierres et de la nature en générale. Un bestiaire important
de toute leur architecture. Peu à peu, porté par la Parole et
le travail spirituel, le regard que le chevalier porte sur le monde change,
il se fait plus perçant, plus aigu jusqu’à ce qu’il se fasse adombrer par
l’Esprit. Cette adombrement est aussi un adoubement car l’intellect de celui
qui a été touché par l’Esprit est pareil à une épée. Prompt à
discerner, rempli d'une force qui n'est pas de ce monde, il tranche les illusions
et les faux semblants, il sait séparer l’erreur de la vérité, il peut
combattre l’ennemi, c'est-à-dire l’ombre en lui-même qui n’est ombre que
parce qu’elle s’est éloignée de la Lumière. Celui qui a reçu l’épée du
Seigneur peut construire le Temple du Christ en étant vigilant et en se
gardant des ignorants et de la barbarie toujours prête à submerger le monde.
L’épée est une arme car celui qui marche sur le sentier
doit toujours être vigilant afin de repousser les forces du mal extérieures (barbarie,
tyrannie, injustice, fanatisme) mais aussi l’ennemi intérieur (vices, pulsion
de mort, pulsion d’échec,…). Comme il est dit dans le Livre de Néhémie :
« Ceux qui bâtissaient la
muraille et ceux qui portaient et chargeaient les fardeaux travaillaient
d'une main et de l'autre tenaient une arme. Quant à ceux qui
bâtissaient, chacun bâtissait, une épée attachée à ses reins. » (Ne
4 ; 11-12) On bâtit le Temple, la truelle dans une main, l’épée dans
l’autre. L’épée est le symbole de l’action, de la protection des
plus faibles par les plus forts et de la justice. L’épée est comme la torche,
portée haut, elle reflète les rayons du soleil et fait reculer les ténèbres
qui ne peuvent résister. L’épée est l’arme du combat intérieur, celle qui
sert à terrasser nos démons, à faire rendre gorge à nos peurs, à nos
préjugés, à nos aveuglements. La quête de Dieu est le but de toute vie sur Terre. Quête
de la connaissance qui libère, elle se conquiert avec le cœur autant qu’avec
la clarté d’esprit. Quête de la transformation et de la transmutation,
elle élève l’individu autant qu’elle le relie à ses semblables. Quête
de la victoire de la Lumière, elle demande la force intérieure : force
d’être heureux, force de s’émerveiller, force de donner, force de servir son
prochain, force de se dépasser, force de faire éclore les graines plantées en
nous et surtout force de repousser les attaques de l’entropie, de la facilité
et de la stagnation. La quête spirituelle demande d’être bien armé.
Hommes de Bonne Volonté, adoubés par le Christ et ouvert à la Grâce, il
appartient aux chevaliers de cœur et d'esprit de porter les armes de la Vie
et de se battre pour le Royaume des Cieux, c’est-à-dire pour la
transformation de la mort en Vie et la sublimation du monde qui nous a été
confié. |
le livre sculptÉ de la cathÉdrale de
strasbourg |
Benoît
VAN DEN BOSSCHE |
Edition de la Petite Pierre |
2000 |
||
L’auteur
s’applique à livrer une étude méticuleuse sur l’authenticité
iconographique de l’ensemble des sculptures pour en identifier les éléments
originaux et les altérations successives, et en datant, autant que faire se
peut, les restaurations qui ont été entreprises. Il sollicite les archives de
la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, les dessins et les gravures, ainsi que
les différents fonds photographiques. Il attribue toutefois à tort les
clichés les plus anciens à Charles Winter autour des années 1860, alors
qu’une campagne photographique avait déjà été menée par Henri Le Secq
en 1855. Avec
prudence, Benoît Van den Bossche s’interroge sur les origines stylistiques de
la sculpture des portails occidentaux. Question complexe qu’il se garde bien
de trancher, tout en notant les similitudes déjà relevées par les historiens
de l’art et les rapprochements avec d’autres chantiers (Paris, Reims, Amiens,
Troyes, Naumburg, etc.). Faute de repères, il en résulte une datation des
sculptures relativement incertaine. Pour autant, l’auteur pense que
l’année 1300 resterait malgré tout le
terminus ad quem. Le
chapitre consacré à l’iconographie est particulièrement abondant, bien
documenté et richement illustré par des photos en noir et blanc de bonne
qualité. L’imagier strasbourgeois, qui réunit parfois plusieurs épisodes dans
une même séquence, livre une composition narrative très expressive. Le tympan
du portail septentrional, comme le relève l’auteur, met l’accent sur les rois
mages comme thème essentiel de l’enfance du Christ, en laissant de côté la
représentation traditionnelle de l’Annonciation, de la Visitation et d’autres
scènes du Nouveau Testament. Pourquoi ? Sans doute,
Benoît Van den Bossche aurait-il pu évoquer le sac de Milan
par les troupes de Frédéric Barberousse ainsi que le rapt des fameuses
reliques des rois mages de la basilique St-Eustorge ramenées à Cologne
en 1164 par l’archevêque Raynaud de Dassel, archichancelier de
l’empereur, en passant par Strasbourg. Cet
événement a certainement laissé des traces dans la mémoire collective locale
en favorisant une dévotion populaire pour ces premiers pèlerins de Palestine
venus jusqu’à Cologne. Cet épisode tiré de l’évangile de Matthieu participe
ainsi à la catéchèse des illettrés, tout comme la mise en scène du mystère Stella des rois mages.
L’auteur énumère les différentes identifications proposées par les nombreux
spécialistes. Il semble rejoindre N. Gramaccini qui avait identifié le
jeune homme de la niche centrale de l’ébrasement de gauche comme étant le
poète latin Virgile dont la tradition chrétienne a vanté les prophéties, et non
l’autoportrait « amusant » d’Erwin de Steinbach
comme le veut la tradition strasbourgeoise. Cette interprétation serait plus
cohérente avec l’ensemble des prophètes représentés. C’est
aussi une description systématique, méthodique et comparative qui est
réalisée à partir des différentes figurations. Il s’y ajoute une touche
d’érudition théologique pour donner tout son sens à la représentation de
l’histoire du salut. Lecture analytique en quelque sorte. « Si le
vocabulaire utilisé est bien connu, la syntaxe est, par contre,
nouvelle », note l’auteur. Faut-il pour autant suivre ce dernier
lorsqu’il distingue dans les représentations un cycle
« mariologique » voyant dans la Vierge l’héritière de
Salomon ? Ne serait-elle pas plutôt l’Epouse du Christ, c.-à-d. la
personnification de l’Église préfigurant au sommet du gable la réunion des
royaumes d’Israël et de Juda symbolisés par les deux grands lions se tenant
debout ? Bernard de Clairvaux, venu à la cathédrale de
Strasbourg en décembre 1146, avait déjà développé dans ses écrits un tel
symbolisme mystique. Il
faut à présent s’interroger sur l’auteur d’un programme iconographique aussi
élaboré. Alors que l’attribution du projet au célèbre dominicain Albert le
Grand a été communément retenue par de nombreux auteurs,
Benoît Van den Bossche considère que le contexte religieux
strasbourgeois et les conflits entre les ordres mendiants et l’évêque de
Strasbourg ne militent guère en faveur d’une telle hypothèse. L’auteur se
livre à une longue analyse de toute la littérature disponible sur la question
de la paternité spirituelle de l’iconographie. On ignore notamment quelle a
été la diffusion de son vivant des écrits d’Albert le Grand († 1280) et
si certaines singularités de ses œuvres ont été retenues par les imagiers.
Ainsi l’illustre docteur n’aurait jamais traité de la psychomachie de
Prudence, ce qui n’est pas en soi une preuve à contrario. Et l’auteur de
conclure qu’il n’est pas établi que Albert le Grand soit le concepteur du
projet iconographique, même si certaines sources d’inspiration pourraient le
laisser croire. L’auteur
termine sa monographie par un important catalogue raisonné de l’ensemble des
sculptures des portails occidentaux dont les sources d’inspiration et la
paternité n’ont pu être vraiment élucidées. En tout cas, le livre de
Benoît Van den Bossche, très documenté, fait le point sur
l’état actuel des connaissances en la matière et reste un jalon indispensable
pour de nouveaux travaux de recherche. |
LE CHEMIN DE LUMIÈRE - CATHḖDRALE
DE STRASBOURG |
Jean
jacques MEFROYD |
Edition
COPRUR |
1998 |
Millénaire
en 2015, Notre-Dame de Strasbourg est la plus vieille cathédrale gothique au
monde. Sa flèche culmine à 142 mètres, ce qui en a fait la plus haute de tour
du monde chrétien jusqu’en 1874. Les rares clochers qui l’ont surpassée en
Europe avant cette date ont tous fini par céder sous leur propre poids ou à
cause des intempéries et surtout de la foudre. Aujourd’hui, la cathédrale de
Rouen est la plus haute en France et quelques autres la dépassent aussi en
Allemagne. L’édifice
repose sur des fondations de 1015, uniques au monde : la cathédrale est posée
sur un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois enfoncés
dans la nappe phréatique. Au début du XXe siècle, quand la régularisation du
Rhin a fait baisser la nappe phréatique, le système a été renforcé par des
coulées de béton. Conçue sur
le modèle de Notre-Dame de Paris, avec deux tours carrées, plus tard le
beffroi a comblé le vide entre les deux tours, puis on a construit le clocher
et la flèche sur le tour nord. À la fin du XVe siècle, le projet
de la seconde tour à flèche n’a jamais abouti. Comme de
nombreuses églises catholiques de la ville, la cathédrale a été un lieu de
culte protestant durant plus de 150 ans. Dès le début de la Réforme en 1517,
Strasbourg a été l’une des premières villes à appeler au changement.
Logiquement la cathédrale a été une place forte de cette révolution
religieuse. Dès 1518, les thèses critiques de Luther ont été affichées sur
ses portes. L’imprimerie a ensuite permis de largement les diffuser dans la
région. La cathédrale a été utilisée par le culte protestant en 1529 et la
ville a adhéré au luthéranisme en 1532. Ces bouleversements se sont suivis
d’une véritable guerre entre les responsables protestants et les évêques
catholiques. C’est Louis
XIV qui a mis un terme à la domination protestante à Strasbourg, quand il
s’est emparé de la ville après la guerre de Trente Ans. Le Roi a rendu la
cathédrale aux catholiques en 1679, en même temps qu’une quarantaine
d’églises de la cité. Lors de la
Révolution française, la cathédrale a dû affronter les assauts des Jacobins.
Ses protecteurs ont rusé pour la préserver. En 1793, la flèche a été mise en
procès devant un tribunal révolutionnaire car sa hauteur faisait
« injure à l’égalité ». Pour la sauver de la destruction, le maître
serrurier Stultzer a finalement convaincu les républicains de coiffer le
clocher d’un bonnet phrygien géant, qui « vanterait les vertus de la
Révolution jusqu’en Allemagne ». La cathédrale a donc porté la coiffe
révolutionnaire de tôle rouge vif pendant neuf ans. Les Alsaciens l’on
surnommé le Kàffeewärmer – la chaufferette à café. L’objet insolite, conservé
par la suite à la bibliothèque municipale, a été détruit par les bombardements
allemands en 1870. Des
centaines de statues ont été détruites pendant la Révolution et la plupart
des cloches fondues pour faire des canons. En 1793, la cathédrale a été
transformée en temple du culte de la Raison. Elle a été rendue aux
catholiques en 1801 et les grands travaux de restauration ont débuté en 1813. L’horloge
astronomique est la grande attraction de la cathédrale. Son jeu d’automates
attire trois millions de curieux chaque année, d’après le Fondation de
l’oeuvre Notre-Dame. Il est visible tous les jours à 12h30. L’horloge indique
l’heure, les calendriers civils et religieux et des données astronomiques.
Elle a précisément relevé une éclipse de lune le 28 mars 2006. Elle est
installée dans un buffet du XVIe siècle, mais son mécanisme ne
date que de 1842. Deux fois
par an, la cathédrale est le théâtre d’un événement mystérieux : le rayon
vert. À 11h38 lors de l’équinoxe de printemps, fin mars, et à 12h24 lors de
l’équinoxe d’automne, fin septembre, le soleil traverse le pied de verre
d’une représentation du patriarche Juda et projette une lumière verte sur la
chaire, précisément au-dessus de la tête d’une statue du Christ. Il a fallu
attendre le nettoyage du vitrail en 1972 pour que l’ingénieur-géomètre
Maurice Rosart découvre le phénomène. Le vitrail miraculeux avait pourtant
été installé un siècle plus tôt. Aucune trace d’une intention des auteurs n’a
jamais été trouvée. Pour Maurice Rosart, le dessin de Juda, pointant du
doigt son pied gauche découvert en regardant le soleil traduit avec évidence
la volonté des auteurs d’attirer l’attention sur le rayon vert. À deux
exceptions près, les vitraux de la cathédrale sont d’origine, comme ceux de
la cathédrale de Chartres. La majorité d’entre eux a été réalisée en série de
l’époque gothique à la fin du Moyen-Âge. Ils suivent donc une logique
d’ensemble, alors qu’ailleurs les vitraux sont souvent disparates, offerts
individuellement. La rosace a été entièrement restaurée. Les bombardements
américains de 1945 ont détruit les vitraux de l’abside, au fond du cœur. Pour
les remplacer, le Conseil de l’Europe a offert en 1956 le vitrail de la
Vierge. La
cathédrale de Strasbourg recèle le plus riche ensemble de cloches de France.
Son système de double sonnerie est unique en Europe. À côté des quatre
cloches simples pour les heures, elle dispose de 16 cloches de volées, pour
les offices, les angélus et les glas, réparties entre le beffroi à l’avant et
la tour Klotz, octogonale, érigée à l’arrière de l’édifice en 1878.. |
le miroir de la chevalerie |
Pascal
GAMVIRASIO D’ASSEUX |
Edition Télètes |
1998 |
Préfacé
par le Prince Henri de France, cet ouvrage parle de l’esprit chevaleresque
qui doit habiter celui qui a une quête spirituelle et une tradition
chrétienne. Quelle
puissance d'âme caractérise la chevalerie pour qu'elle conserve intacte,
après la grande épopée médiévale, sa capacité d'émerveiller les cours à sa
simple évocation ? Il n'est personne, effectivement, en Occident et même
au-delà, qui n'ait le vivant souvenir, fut-ce à travers des images simplifiées
de ses prouesses, de son sens aigu du dévouement pour la défense des plus
humbles. Certainement,
au premier chef, la réponse tient en cette union du courage physique et moral
et de la courtoisie, qui fait du chevalier un combattant d'élite et un homme d'honneur
simple et vrai à l'élégance de vie qui est l'un des traits de caractère
naturel de la noblesse de la cour. La chevalerie, certes, est un état, non
une décoration ou un privilège car, de privilège, elle n'en confère qu'un
seul, redoutable, qui est de servir au plus dur des combats, ceux du
""siècle"", lorsqu'ils sont justes ou ceux de l'ascèse
spirituelle. Souvent, d'ailleurs, il s'agit de la même bataille. Ainsi,
en sa réalité la plus intérieure, la chevalerie répond à et assume une
vocation spirituelle, propre à la Tradition chrétienne et à laquelle certains
hommes sont appelés aujourd'hui comme hier. Elle est, à ce titre, une réelle
voie initiatique, ce terme devant s'entendre dans son double sens :
commencement dans la quête spirituelle par celui qui répond à sa vocation et
intériorité de la démarche car il s'agit de découvrir son âme en rencontrant
Dieu. Le
langage spécifique de la chevalerie, l'héraldique ou art du blason,
a déjà fait l'objet d'un précédent ouvrage : ""La voie du blason.
Lecture spirituelle des armoiries"". Ce nouveau livre entend
poursuivre le cheminement du précédent en évoquant, cette fois, les voies
spirituelles propres à l'âme chevaleresque. |
le parcival de wolfram d’eschenbach
& la lÉgende du st graal |
G.A.
HEINRICH |
Edition Pardès |
1990 |
||
|
LES ABBAYES DU SOLEIL – LES
SANCTUAIRES DU PEUPLE CATALAN |
Jean
CANTEINS |
Edition
PRIVAT |
1981 |
Les
4 Joyaux du pays catalans que sont : Serrabonne, Ste Marie
D’Ares, ST Michel de Cuxa et ST Martin du Canigou. Au pied du Canigou, Saint-Michel de Cuxa dresse son
clocher, son église et son cloître roman. L’abbaye, lieu de vie d’une communauté
monastique depuis plus de mille ans, est un monument insigne de l’histoire de
la Catalogne, En 1791, suite à la
suppression des ordres religieux, les derniers moines partirent et l’abbaye
vendue. La toiture de l’église s’effondra, le clocher nord s’écroula en 1838.
Les marbres furent démontés et vendus peu à peu. Beaucoup furent exportés aux
Etats-Unis : aujourd’hui un « cloître » de Cuxa est remonté aux
Cloisters de New York. En 1919, Cuxa
redevint une abbaye. Sa restauration tout au long du XXème siècle fut une
véritable renaissance : l’église retrouva un toit, le cloître fut
reconstitué sur plus de la moitié grâce aux chapiteaux retrouvés, les cryptes
furent dégagées. Dans les années 50, le célèbre violoncelliste catalan Pablo
Casals, exilé à Prades, y avait donné des concerts et fondé le festival qui
porte son nom. Depuis 1969, l’Association culturelle de Cuxa y fait vivre les
études sur l’art roman. Une communauté de moines bénédictins de Montserrat
poursuit dans ces lieux une vie monastique commencée il y a 11 siècles. Située dans la
vallée du Boulès au coeur des forêts de chênes verts, Sainte-Marie de Serrabona (Serra bona : la bonne montagne) est
une église fondée au Xe ou au XIe siècle dont la première mention apparaît
dans un document daté de 1069. En 1082, une communauté observant la règle
de Saint Augustin s'installe, sous le patronage de seigneurs locaux et du
vicomte de Conflent, qui lui accordent biens et revenus. Un désaccord surgit
alors entre les fondateurs et l'évêque d'Elne, révélateur des tensions
engendrées par la "réforme grégorienne", qui entendait soustraire
les nominations de clercs à l'autorité des laïques. L'évêque souhaite se
réserver la désignation du prieur, mais les riches fondateurs refusent. Un
compromis est trouvé, seuls les chanoines éliront leur supérieur. Les religieux
augustins, mènent à l'instar des moines, une vie communautaire mais assurent
également le service paroissial. Dans la première moitié du XIIe siècle, à
côté de l'église, ils construisent des lieux qui leur sont propres : cloître,
salle capitulaire, réfectoire, dortoir... et dotent le prieuré d'une parure
sculptée. Soixante-dix années s'écoulent avant que l'église rurale ne se
transforme en prieuré. En 1151 le nouvel édifice est consacré, en présence
d'évêques et d'abbés. L'évocation de cette cérémonie est matérialisée par des
croix gravées dans les murs de la nef et de l'abside. En 1592, tous les
prieurés augustins d'Espagne sont supprimés. Un an plus tard, le prieuré et
ses biens sont donnés au nouveau diocèse de Solsona, en Catalogne, qui le
conservera jusqu'en 1896. L'application de cette décision est effective en
1612 à la mort de Jaume Serra, dernier prieur de Serrabona. L'église Sainte
Marie reste pendant deux siècles la paroisse du petit village de Serrabona. On signale que
bergers et troupeaux se réfugient occasionnellement dans le cloître ou
l'église. En 1819 un effondrement partiel de la nef se produit. En 1822 la
commune de Serrabona, pauvre et dépeuplée, est supprimée. Remarquée par les
archéologues, elle est visitée par Mérimée en 1834 : elle devient l'un des
tout premiers "monuments historiques». A partir de 1836 les premiers
travaux de consolidation sont réalisés, complétés au XXe siècle par de
nombreuses campagnes de restauration qui vont assurer le sauvetage définitif
de l'édifice. Offert au Département des Pyrénées-Orientales par la famille
Jonquères d' Oriola en 1968, le Prieuré de Serrabona est depuis cette date
ouvert au public. La première église
de Serrabona était constituée d'une nef unique, voûtée en berceau brisé.
L'implantation de la communauté de chanoines entraîne au XIIe siècle un
important chantier de transformation. Le chevet primitif est remplacé par un
transept et trois absides. Une abside majeure, saillante à l'extérieur, est flanquée
de deux absidioles encloses dans les murs. Les bâtisseurs ont aussi élevé une
deuxième nef au nord et un clocher; au sud, une galerie cloître et un
bâtiment en angle comprenant trois salles superposées. Les murs épais de la
nef sont construits en schiste local débité en moellons allongés.
L'appareillage de la seconde construction est plus élaboré, constitué de gros
blocs de schiste taillés et ajustés avec soin. A Serrabona, les sculptures du
cloître, du portail, de la fenêtre absidiale et de la tribune sont
entièrement ouvragées en marbre rose du Conflent. Elles offrent un contraste
étonnant avec le vert - gris du schiste. |
LES ABBAYES DU SOLEIL – SERRABONA – Le
cloÎtre – la chapelle et la tribune - |
Divers auteurs |
Edition
Copylux |
2002 |
Le
Prieuré de Serrabona est un des hauts lieux de la statuaire romane
européenne. Les chanoines augustins le fondèrent au XIe siècle. Ce chef
d’œuvre d’architecture et de sculpture fut décoré dans la première moitié du
XIIe siècle d’une riche collection lapidaire. Son
cloître, sa fameuse tribune, ainsi que sa porte et sa fenêtre absidiale,
intégralement sculptés dans un superbe marbre rose, se découpent sur le gris
d’énormes blocs régulier de schiste. Leur représentation, témoin fidèle de
temps féodaux, s’inspire tout à la fois des riches formes animalières des
soieries de tradition sassanides et des récits apocalyptiques. A
ce bestiaire, exotique et fantastique, figé dans le marbre millénaire, répond
le même imaginaire né du monde végétal. Les lions, les aigles, les singes,
les griffons, un centaure et un sagittaire, s’abritent dans les champs
fleuris des centaines de fleurs de lotus, de feuilles d’acanthes et de
palmes. Un
Prieuré extraordinaire de par ses sculptures surtout sur l’Apocalypse, le
tout juché à 600 mètres de hauteurs, et dominant la vallée, un lieu de
tranquillité, de sérénité et de recueillement. |
LES ABBAYES MÉDIÉVALES EN FRANCE |
MARC
DÉCENEUX- PHOTOGRAPHIES HERVÉ CHAMPOLLION |
ÉDITION
OUEST- France |
2005 |
||
Des explications et des photos des Abbayes de : Obazine, du Thoronet, de Beauport, de Moyne Abbey
(Irlande) – Tournus, Royaumont – Grammont – L’Abbaye cistercienne de
Holycross – Ross – Saint Benoît s/ Loire – Lessay – Le rayonnement de Cluny
et des cisterciens –Saint Bernard – Abbaye de Fontenay – Abbaye de Clairvaux-
Abbatiale de Pontigny – Fontevrault – la Grande Chartreuse et les chartreux –
Grandmont – Le monastère de la Lucerne de l’ordre de Prémontré – Saint Michel
de Frigolet – les ordres mendiants des franciscains, des carmes et des
dominicains – Abbaye de Cîteaux – le Mont Saint Michel – l’Abbatiale de
Saint-Philbert de Grandlieu – Abbatiale de Saint Denis –
Flavigny-sur-Ozerain- Saint Martin du Canigou – Monastère de Lessay-
Saint Rémy de Reims- Abbaye de Font-Calvi- Abbaye de Longpont- Abbaye de
Fleury- L’Abbatiale du Vézelay (d’où St Bernard prêcha la 2e
croisade)- Charroux- Monastère des Hiéronymites (Portugal)- Rievaux et
Glastonbury (Angleterre)- Fontfroide – Noirlac- Fontenay- Aiguebelle- Epau-
Abbaye de la Chaise-Dieu- Abbaye de la Bussiére- Mortain- La chartreuse
de Villeneuve- lès- Avignon- Abbatiale de Murbach – Saint Honorat (Iles de
lérins)- Saint Michel de Cuxa – Le domaine monastique de
Clos-de-Vougeot – Abbaye de Fontaine-Guérard-
Hautecombe- Sénanque- Cerisy-la-forêt – Abbaye de
la Romieu – L’Abbatiale de Ottmarshein – Serrabonne- Bec-Hellouin – Saint
Philibert de Tournus- Abbaye de Jouarre- Noirmoutier- Moissac- Abbaye
de la Grasse- Saint Roman de l’Aiguille- Maubuisson- L’Abbaye de Meslay-
Chaalis- |
les aveux des templiers |
Giorgio
terrini |
Edition J. de Bonnot |
1992 |
Les
Templiers, Philippe Le Bel, un procès long et terrible, des aveux arrachés
par la torture, des révélations bizarres. Toutes les minutes du procès sont
là. Guillaume
de Nogaret (1260-1313), homme de loi, originaire du Languedoc est d’abords
professeur de droit romain à l’université de Montpellier, avant de rentrer au
service du roi vers 1292/1295. Son action politique est surtout d’étendre les
droits du roi à l’intérieur de son propre royaume. En tant que légiste du
roi, et garde du sceau, il est intransigeant et efficace, surtout lorsqu’il
déclenche l’enquête sur les Templiers. Nogaret
sait qu’il est important de donner au peuple une procédure régulière à
l’enquête. Celui-ci s’empresse alors de faire croire que c’est à la demande
de l’Eglise que la procédure est engagée. C’est ensuite qu’il fait appel à
l’Inquisition. L’Inquisition est un organisme judiciaire ecclésiastique
institué par la papauté et confié à l’ordre des Dominicains en vue de
réprimer et d’éradiquer dans toute la chrétienté, la sorcellerie et
l’hérésie. Le
roi dans l’affaire des Templiers, ne fait que céder aux supplications de
l’Eglise qui ne peut rester insensible à une attaque directe à la religion. Elle
se doit donc de réagir et de prendre des mesures. Pour faire éclater la
vérité quant aux accusations portées sur l’ordre, on propose aux Templiers,
soit de parler et de confesser leurs péchés, soit ne rien dire et mourir sur
le bûcher comme hérétiques. Les
inquisiteurs sont chargés d’interroger les templiers et d’utiliser la torture
si cela est nécessaire. L’ordre d’arrestation est scellé le 22 septembre 1307
par le roi qui séjourne à l’abbaye de Maubuisson à Pontoise qu’il aime
beaucoup. Cet ordre est gardé secret pendant un mois par les autorités
régionales jusqu’à l’arrestation des membres de l’ordre, le 13 octobre 1307. Le
13 octobre, à la même heure et dans tout le royaume de France, les Templiers
sont arrêtés et tous leurs biens sont confisqués par les officiers royaux au
nom de la Sainte et Infaillible Inquisition. En effet, l’ordre, ne relevant
que du Pape, n’a de comptes à rendre à personne, ni même au roi de France.
Ils vivent en vase clos, avec leurs supérieurs et leurs chapelains. Ni les
évêques, ni les baillis n’ont d’autorité sur eux. Cependant,
bien vite, ils sont informés des rumeurs dont le Temple fait l’objet, et
comprennent que la situation est bien plus grave qu’ils ne le croient. Le
Grand Inquisiteur, Guillaume de Paris, demande à tous les prieurs dominicains
de recevoir et d’interroger les Templiers qu’on leur amène. Guillaume de
Nogaret, quant à lui, décide d’aller lui-même arrêter le Grand Maître du
Temple : Jacques de Molay, qui se trouve dans le Temple de Paris. Le
garde du sceau (depuis 1307) demande la porte au nom du roi. Les membres de
l’ordre sont ensuite emprisonnés en attendant qu’ils passent en jugement.
Philippe Le Bel souhaite à présent, obtenir les aveux des Templiers,
principalement de leurs dignitaires et de les rendre publics. Au plus vite
car le roi ne parle pas de l’enquête au responsable principal de
l’ordre : le Pape. Clément
V est outré par l’attitude du roi à l’égard du Saint-Siège. Il se doit de
réagir. Il fait d’abord planer une éventuelle excommunication. Or le roi est
en position de force car le Pape ne peut sanctionner un roi qui défend les
principes de la religion catholique. Finalement, Clément V, et Philippe Le
Bel aboutissent à un accord. Clément est prêt à officialiser par l’Eglise,
l’arrestation des Templiers à condition de les placer, ainsi que leurs biens
sous sa protection. Le
22 Novembre, le Pape promulgue la bulle Pastoralis Praeeminentia. Celle-ci
ordonne l’arrestation des Templiers, mais elle prévoit aussi que les biens
sont restitués à l’ordre dans le cas où les Templiers sont jugés
non-coupables. En faisant cela, le Pape tente de soustraire les Templiers à
la justice du roi, ou tout au moins il le croyait. Après
l’arrestation des Templiers, le roi doit prouver qu’il a fait ce qu’il
fallait. Publier des aveux est primordial, mais c’est sans compter sur
l’intervention du Pape, qui après avoir été écarté de l’affaire, jusqu’ ‘ici,
souhaite que les interrogatoires soient mis sous l’autorité de l’Eglise
apostolique. Le roi doit prendre en compte ce fait, car il est lui-même le
serviteur de Dieu. L’annonce
de l’arrestation des Templiers provoque un véritable choc au sein de la
papauté. De plus, quelques Templiers éprouvés par la torture avouent
rapidement les crimes pour lesquels ils ont été arrêtés. Pour Clément, le
coup est terrible. L’Eglise toute entière est outragée. C’est pourquoi le
Pape décide de convoquer le roi de France à Poitiers. Le Pape veut des
explications. Le roi accepte cette réunion, mais il la repousse jusqu’en juin
1308. |
les cagots
– histoire d’un secret |
René
descazeaux |
Edition
PRINCI NEGUE |
2002 |
Voilà
un groupe humain qui va subir, pendant un millénaire, une mise à l’écart,
puis des vexations et des humiliations inouïes. Comment cela a-t-il été
possible dans ces pays pyrénéens, plutôt ouverts, tolérants et conviviaux? Le
mystère des origines des Cagots peut-il être sérieusement appréhendé ? Peu
d’érudits ont relevé que le « ménage » avait été fait… « Par le vide ! » Des
générations de chercheurs ont supputé, imaginé, fait des Cagots d’anciens
Goths, d’anciens Sarrasins etc., pour expliquer l’horrible ostracisme auquel
ils ont dû faire face au cours des âges. Et s’il y avait un secret des Cagots
? Un secret voulu, entretenu, puis quasiment perdu ? Mis à l'écart pendant un
millénaire, voilà un groupe humain qui subit vexations et humiliations à n'en
plus finir par une population basque ou gasconne qui n'est pas reconnue comme
particulièrement intolérante ou raciste. Et pourtant…Des hommes et des
femmes, que l'on encadre et refoule comme des pestiférés, sont parqués dans
des ghettos à l'extérieur des villages. Accusés de tous les maux de l'âme et
du corps, le qualificatif de « lépreux » les poursuit et obligation leur est
faite de porter sur l'épaule une patte d'oie de tissu rouge. Cela ne vous
rappelle pas quelque sinistre épisode de la dernière guerre ? Le péché
originel quoi… Ils sont nombreux à avoir
recherché les origines des chrestiaas, premier nom donné aux cagots. Anciens
Goths ou Sarrasins, vrais lépreux «blancs », Ibériens misérables ayant suivi
Charlemagne, Arabes « collaborationnistes », anciens Croisés revenus de Terre
Sainte, anciens protégés des Templiers, anciens Cathares échappés de
Montségur, descendants de juifs convertis ou de juifs marranes chassés par l'Inquisition,
ladres de Syrie, maudits par Élysée, celui de l'histoire sainte, et j'en
oublie. Parmi les auteurs sérieux, René
Descazeaux remarque que l'archevêque Pierre Marca explore largement
l'histoire supposée des cagots dans son « Histoire du Béarn », au
XVIIe siècle. Il aura fallu attendre 1640. Pour lui, les cagots-sarrasins
réprouvés furent assimilés aux ladres-lépreux. Observateur, il remarque que
les chrestiaas sont mentionnés, pour la première fois, dans le cartulaire de
Lucq de Béarn, dès l'an mille et pas avant. En 1847, Francisque Michel
présente toutes les races maudites de la France et de l'Espagne dont les
cagots pourraient être les descendants. Le premier chrestiaas -
Christianus - s'appelle Auriol Donat. Il est originaire d'Ogenne, à peu de
distance de Lucq. Il n'est pas serf, plutôt de famille aisée. C'est à Lucq de
Béarn que s'organise la plus puissante crestiantat - cagoterie - connue.
Peyroulet, son chef, signe avec Fébus des contrats de construction d'ouvrages
pour sa défense militaire. Ce chef cagot traite d'égal à égal avec le prince
flamboyant. Curieux pour un paria de la société… Bizarrement, la cour des miracles
de saint Vincent de Lucq parle une langue verte du compagnonnage. Le secret
de l'histoire de ces malheureux doit être recherché dans l'origine de cette
marque infamante du pied d'oie qui n'a rien d'ésotérique mais repose sur des
faits oubliés que l'auteur a su assembler en une cohérente perspective. |
LES CAGOTS |
Divers auteurs |
ARCADIA |
2005 |
||
Ces
cagots qui vivaient principalement dans les Pyrénées (Gascogne, Pays Basque
et Navarre) ont été objet de mépris et de ségrégation, ils ne pouvaient se
marier qu’entre eux, dans les églises une porte leur était attribuée ainsi
qu’un bénitier, l’hostie de la communion leur était donnée sur une palette de
bois, on les appelait lépreux ou Tzigane ou chien
de Goths en tant que descendant des Wisigoths. Ils
portaient sur l’épaule gauche une marque de drap rouge représentant une patte d’oie, ressemblant à la marque des
lépreux. Cette patte d’oie était aussi un signe des compagnons charpentiers
permettant de repérer les pièces de charpente à assembler entre-elles. Cette
marque trivium de l’oie ou de l’outarde
arctique figure aussi sur le manteau des chamans lorsqu’ils
entreprennent leur voyage extatique, cet oiseau leur permet de conduire l’âme
des morts. Cette marque infamante des cagots nous rappelle la reine Pédauque
et à la reine Austris épouse du roi Wisigoth de Toulouse, on songe
également à la reine de Saba venu rendre visite à Salomon et qui
aurait eu des jambes velues et des pieds palmés. Cette patte d’oie nous
permet de mieux comprendre les signes mais nous rappelle le cygne (Zeus) et
les chevaliers du Graal. Witold Zaniewicki nous explique dans un long article le pourquoi et le comment de cette mise à l’index. La qualification de lépreux ou de chiens goths (caa goth). Le nom de galeux était courant dans les Landes. Ces
cagots forment une caste d’intouchables mais un étrange rapport avec le reste
de la population va se faire au fil des ans, travaillant le bois ils vont
devenir presque un passage obligé dans le journalier mais aussi dans le
symbolisme, car ils règnent sur l’arbre et la forêt, comme des sorciers ou
des chamans, avec le feu et la transformation du bois en charbon de bois, ils
deviendront les charbonniers et les fendeurs, maîtres de leur art, mais
redouté et craint comme les forgerons. Ils sont tolérés au sein des vivants mais rejetés de la communauté des morts. Certains s’enrichissent, ce qui provoque des regains de jalousie. L’Eglise leur refuse toujours l’inhumation en terre sacrée et la communion, ce qui provoquera les révoltes de 1627 et 1724 et qui aboutira à des améliorations. Les cagots bénéficiaient d’énormes privilèges, ils sont exempts d’impôts et de service militaire et comme beaucoup s’étaient enrichi, l’Etat vers 1765 abolira toutes les lois et les interdits contre les cagots qui ainsi vont retrouver leur place au sein de la communauté mais devront payer des impôts et donner des recrues pour l’Armée. Le
mot cagot reste et restera lié à l’arbre et à la forêt par de multiples
rapports, professionnels, religieux, sociaux et communautaire. Pour approfondir cette communauté : L’Enigme des cagots par Gilbert Loubès Edition Sud Ouest 1998 Le noble et le lépreux par Witold Zaniewicki Edition L’Harmattan
2001 Les cagots. Histoire d’un secret. par René Descazeaux Edition Princi Negue 2002 |
LES CAGOTS - L’ÉNIGME DES CAGOTS |
Gilbert LOUBES |
Edition Sud Ouest |
1998 |
Qui
sont-ils ? d’où viennent-ils ? Ils sont exclus de la société ;
on leur prête la lèpre, le mauvais œil ; mais ils font des compagnons du
Tour de France exceptionnels. Ils seront réintégrés début du 19éme siècle. Les cagots : voilà un groupe
d'humains qui subira pendant près de dix siècles une mise à l'écart, du
Sud-ouest jusqu'en Navarre. "Leur origine reste mystérieuse, plusieurs
thèses sont évoquées, allant de wisigoths battus par Clovis à Poitiers, aux
Sarazins, juifs, cathares, lépreux…Il est cependant probable qu'ils soient
les descendants d'un peuple vaincu par les armes. Le nom même de " cagot
" est d'origine incertaine, il peut venir de " cangoth ": les
chiens de Ghoth. On retrouve aussi les termes de Gézitain, Chrestians,
Gahets, Capots, Agots…" L'approche
essentiellement anthropologique de l’auteur démontre comment l'accumulation
des croyances, des traditions et des mythes s'est superposée à la réalité
historique pour concourir au processus d'exclusion de ce groupe. Texte
essentiel, il ébauche une comparaison avec les "intouchables" du
continent indien. Il approfondie sa recherche sur l'histoire de cette
marginalité par une étude de l'organisation de l'espace de l'exclusion située
à la périphérie du village. Il tente alors de répondre à certaines
questions : Comment des procédés discriminatoires s'installent et évoluent
dans une société ouverte ? Comment se sont instaurés des critères de
séparation envers une communauté, signalée par une marque d'appartenance : la
patte de canard ou le tissu rouge cousu sur l'épaule ou le poitrail ? L'énigme des cagots aux éditions Sud-
Ouest est quant à lui un texte documentaire portant en particulier sur
le pays gersois. Une histoire de la lèpre peut conclure cette
recherche si l'on souhaite redécouvrir le processus de fabrication d'une
exclusion. Rejetés parce que contagieux, les lépreux étaient les "morts
vivants" du moyen âge. Leur calvaire, annoncé par le son des crécelles,
a traversé des décennies jusqu'à se confondre avec le destin des cagots. Mais, les cagots ont
toujours cherché à se soustraire avec détermination aux normes qui les
reléguaient en marge de la société. Ils n'y a pas si longtemps qu'ils y sont
parvenus. Il est enfin fini le temps où on les reconnaissait à leurs oreilles
dépourvues de lobes, à leur odeur, à leurs yeux bleus ou lorsqu'ils se
mouchaient car rien ne sortait de leur nez ! |
LES CAGOTS -LE
NOBLE ET LE LÉPREUX |
Witold
ZANIEWICKI |
Edition
l’HARMATTAN |
2001 |
||
D’où les croisades du XIIe
siècle, la formation d’états croisés, et d’incessantes luttes, d’où encore la
reprise des croisades pendant deux siècles... Pèlerinages, croisades,
commerce aussi, bien d’autres échanges encore… : la lèpre, qui allait
croissant partout ailleurs en terre musulmane, emboîta le pas sur cette
nouvelle route, celle de l’Occident.
Les Occidentaux ne manquèrent pas
de réagir face à cet adversaire imprévu, mais de manière plus complexe que
par le seul dégoût apeuré. Certes, l'éclosion d'une véritable endémie
lépreuse au XIIIe siècle en Europe, sur fond de pauvreté et
d'hygiène défectueuse alarma partout les populations. Mais, il faut bien
comprendre l'identité et le statut du lépreux à cette époque : il est
impur, il doit expier une faute (quelle faute ?), il transpire la mort,
une mort répugnante… mais si la lèpre est une punition, elle est aussi un
outil de la Providence divine : le lépreux est un de ces petits, marqués,
mais aussi remarqués, par le Christ dans les Béatitudes. Il est aussi, plus
qu’un autre, une image vivante du Christ souffrant. On le craint, il suscite
le dégoût, il est impur, mais c’est un frère, un frère souffrant. Le problème du secours aux lépreux
et même temps de leur subsistance va donc être un peu partout, et très tôt, à
l’ordre du jour dans l’Eglise, à l’occasion surtout divers conciles locaux
(assemblée des évêques d’une région). Dès 511, l’un d’entre eux fait
obligation aux évêques de fournir le nécessaire à ces malheureux. Un synode
(concile plus restreint) tenu à Orléans complète cette règle en 549. Puis un
concile à Tours impose cette obligation aux cités, ainsi qu’aux villages, à
leurs curés et à leurs habitants. Cette législation s’enrichit dans le temps,
du VIII au XI s. Quand les papes reprennent à leur compte la pratique des
Conciles généraux (en 1123, au Latran, etc.) ils n’oublient pas les lépreux,
mais leurs dispositions sont désormais étendues à l’ensemble du monde
chrétien : tel est le cas d’ un article de Latran III (1174) accordant
aux « ladres » (lépreux ) vivant en commun la possibilité d’avoir
une église, un cimetière et un prêtre particulier. Â partir du XIIe siècle
le mal redouble, se répand partout : des pays croisés, créés après 1099
autour de Jérusalem, jusqu’à toutes les régions de l’Europe, sans en épargner
aucune, et l’emprise du fléau ne cesse de s’y étendre, dans les villes, dans
les campagnes, et frappe indistinctement gens modestes et, dans une moindre
mesure, classes aisées, évêques, noblesse, et jusqu’aux monarques : rois
de Norvège (Magnus, XIe siècle), de Portugal (XIIIe
siècle), et, dès ses 12 ans, celui du royaume croisé de Jérusalem, Baudoin
IV, déjà lépreux au moment du Sacre, monarque d’une abnégation et d’un
courage exemplaires, et qui meurt exténué à 23 ans, en 1182. La haute
noblesse paie aussi largement son lot : une duchesse de Bretagne, un
comte de Chartres, un comte de Crépy et beaucoup d’autres. Vu la gravité et la diffusion
inexorables de la redoutable maladie, la préoccupation primordiale des
contemporains, sans pour autant balayer toute compassion secourable, est
désormais d‘éviter la contagion et pour cela, première précaution, d’éviter
les lépreux eux-mêmes et, quand ils se déplacent, de les obliger à se
signaler, et de le faire assez fort et assez tôt pour que chacun s’écarte.
Mais le moyen le plus absolument sûr de les éviter est de les isoler, et cela
de manière autant que possible permanente, en créant à cet effet des hospices
(les maladreries) destinés à recevoir les malades, et eux seuls, et à les y
cloîtrer. Cela étant, dans l’atmosphère ecclésiale et évangélique de
l’époque, l’entrée en maladrerie (ou en cellule isolée) ne tarda pas à
prendre un caractère religieux, au même titre que tous les grands actes de la
vie chrétienne: naissance, mariage, sacerdoce, vœux monastiques. Il était
normal pour l’Eglise, qui avait pris part à leur séparation du monde, que
celle-ci soit accompagnée de prières solennelles adaptées à leur cas, celui
de chrétiens malmenés par la Providence, mais qui s’en remettent totalement à
Elle. La nouvelle condition qui est la leur se trouve ainsi régie par une
règle de vie, conçue et spirituellement prise en charge par l’Eglise, comme
l’est, par exemple, la condition monastique. L’entrée en « clôture »
se faisait avec solennité. Un prêtre allait chercher le lépreux dans sa
demeure et le conduisait à l'église sur une civière et couvert d'un drap
noir, tout comme un mort. Un voile également noir était tendu devant l’autel.
Le ladre s’agenouillait, on le voilait, de noir toujours, et c’est là qu’il
entendait la messe, puis participait à la liturgie appropriée. L’officiant
versait sur lui trois pelletée de la terre du cimetière en prononçant en
latin, la formule « sois mort au monde, revis en Dieu ». On lui lisait
la nouvelle règle de vie qu’il aurait à suivre, on procédait à la vêture de
son habit de ladre, et on lui remettait la crécelle qui signalerait partout
sa présence lors de ses déplacements. Après quoi on sortait de l’église et
une procession se formait pour le conduire à la maladrerie, ou à sa cabane.
Une petite allocution du célébrant l’exhortait à la patience. S’il devait
vivre seul, on plantait une croix – signe de la protection de son Rédempteur
-, et un tronc était installé pour les aumônes. Une bénédiction couronnait le
tout. |
les chemins de compostelle en terre de france |
P. huchet |
Edition
OUEST FRANCE |
1997 |
L’an
950, Gotescale, évêque du Puy-en-Velay, franchit à cheval les montagnes et
les plaines jalonnant les mille six cents kilomètres séparant Le Puy de
Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est le premier pèlerin « officiel », ayant
foulé ces chemins qui vont conduire des millions d’hommes et de femmes, de
toute l’Europe, vers la lointaine Galice et le tombeau de l’apôtre Jacques.
|
les chemins de compostelle en terre d’espagne |
P. huchet |
Edition
OUEST FRANCE |
1999 |
«
Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule
à Puente la Reina, en territoire espagnol… Ces quelques lignes sont extraites
du « Guide du pèlerin de Saint-Jacques » (vers 1135 – 1140), œuvre du moine
poitevin Aimery Picaud, fort utile aux jacquets cheminant en nombre, au Moyen
Âge, vers le tombeau de l’apôtre Jacques, à Santiago.
S’aventurant
sur le Camino Primitivo, ils mettent en valeur les itinéraires méconnus des
plus anciennes voies du pèlerinage, au Pays basque, Cantabrie et Asturies.
Dans la même veine que leur précèdent ouvrage, c’est non seulement un livre
de culture mais c’est aussi une merveilleuse invitation à partir sur le
Chemin de l’étoile.
|
Les chemins de compostelle – GUIDE EUROPḖEN
- |
Jean
bourdarias |
Edition
FAYARD |
1996 |
Très
beau livre avec une iconographie importante et de belles images couleur sur
le pèlerinage de St Jacques de Compostelle et de tous les chemins européens
qui y mènent, avec le descriptif des villes, villages et site qu’ils
traversent. Depuis l'origine du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle (Santiago
de Compostela en espagnol), les pèlerins ont emprunté les voies de
communication de tous les autres voyageurs. Sauf à proximité immédiate des
sanctuaires, il n'y avait donc pas à proprement parler de chemins de
pèlerinages spécifiques. C'est
à partir de 1882 avec l'impression du dernier Livre du Codex Calixtinus,
recueil composé au XIIe siècle,
que s'est répandue la notion de chemins de pèlerinage. Ce livre
commence en effet par ces mots : « Quatre
chemins vont à Saint-Jacques ». Très
sommairement décrits, ces chemins sont désignés par les noms des villes
qu'ils traversent Comme l'ensemble du manuscrit, ils sont décrits et dénommés
en latin. L'habitude a ensuite été prise de donner des noms à consonance latine
aux chemins contemporains. Ceci peut être justifié quand ils suivent
d'anciennes voies romaines. C'est plus folklorique quand il s'agit de
créations contemporaines. Ce
n'est qu'après la définition des Chemins de Compostelle comme premier
itinéraire culturel européen, officialisé en 1987que de véritables
itinéraires et chemins ont été plus ou moins arbitrairement tracés et balisés
jusqu'aux confins de l’Europe. Paru
dans l'enthousiasme de cette décision européenne, un livre de référence leur
a donné une existence et une notoriété accrues. Ce « Guide européen
des chemins de Compostelle » est à la fois un guide sommaire pour
les randonneurs et un guide routier pour les automobilistes et autres
touristes contemporains. Son
titre de « Guide des chemins » est trompeur. C'est cependant de lui
que sont inspirées les descriptions pour les chemins européens. Elles
correspondent à une vision contemporaine, conforme aux projets culturels et
socio-économiques des institutions qui souhaitent à nouveau promouvoir les
chemins vers Saint-Jacques de Compostelle
Un livre de documentation superbe. |
les chemins de st jacques |
Divers auteurs |
Edition
ZODIAQUE |
1970 |
Les
chemins de St Jacques de Compostelle avec des photos de voyage superbes, de
deux pèlerins ayant suivi à pied la route de Vézelay à Compostelle. Les premières
questions qui viennent, lorsqu'on pense à partir sur les chemins de
St-Jacques-de-Compostelle, sont d'abord techniques : Où et quand
partir ? Quelle distance parcourir ? Que mettre dans son sac à
dos ? Rapidement, surgissent aussi toutes les interrogations
annexes : Comment identifier un ronfleur ? Puis-je rencontrer
l'amour malgré la sueur ? Le bronzage de nuque est-il cool ? À la
question la plus concrète ou la plus absurde, le guide Les Chemins de
Compostelle donne les réponses indispensables à l’apprenti-pèlerin. Avec des
quiz, des témoignages et des astuces, découvrez les dessous d'un chemin
mythique qui attire les marcheurs du monde entier… Préparez-vous à
l'aventure ! Pour se rendre au
sanctuaire, de nombreux pèlerins traversent la France. « Les besoins
spirituels et physiques des pèlerins furent satisfaits grâce à la création
d'un certain nombre d'édifices spécialisés, dont beaucoup furent créés ou
ultérieurement développés sur les sections françaises », selon le site
de l'Unesco. Les routes françaises
de pèlerinage, décrites dans son « guide du pèlerin » par
Aimeri Picaud, moine poitevin du XIIe siècle, sont celles de Paris, Vézelay,
Le Puy et Arles. Elles sont connues sous les appellations suivantes : la
Via Tolosana (ou voie toulousaine, qui part d'Arles), la Via
Podiensis (qui part du Puy et traverse notamment Cahors), la Via
Lemovicensis (ou voie limousine, qui passe par Vézelay, Périgueux…) et la
Via Turonensis aussi appelée le « Grand Chemin » (qui part
de Paris et passe par Tours, Les voies de Paris, de Vézelay et du Puy se
rejoignent au Pays Basque, au pied des Pyrénées, et, après avoir franchi la
frontière, forment le Chemin de Navarre. En Espagne, à Puente la Reina, la
voie d'Arles se greffe au Chemin de Navarre pour former le Chemin français. Ces chemins
permettent de découvrir des régions très riches, et des paysages magnifiques,
grandioses et méconnus de France, des villages profondément attachants. Des
quatre routes historiques, la plus ancienne et la plus riche en monuments
romans est celle du Puy-en-Velay, haut lieu du pèlerinage. De nombreux
établissements pour accueillir les pèlerins (hospices, aumôneries, auberges…)
et des monuments pour témoigner leur dévotion (basiliques, chapelles,
statues, fresques…) sont érigés le long des routes ; 71 d'entre eux sont
inscrits au patrimoine mondial. Entre autres sites
remarquables, l'église Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand, l'abbatiale
Sainte-Foy de Conques, le pont sur le Lot et l'église Saint-Fleuret à
Estaing, l'abbatiale Saint-Pierre et le cloître de Moissac, la cathédrale du
Puy-en-Velay, la cathédrale Saint-Front à Périgueux, l'église Saint-Sauveur
et la crypte Saint-Amadour à Rocamadour, la basilique Saint-Sernin de
Toulouse, l'ancienne cathédrale Notre-Dame à Saint-Bertrand-de-Comminges,
l'abbaye royale Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-d'Angély… |
les chemins de st jacques de compostelle |
Divers |
Edition MSM |
1999 |
||
Saint-Jacques
devint un centre religieux local avec l'installation du siège d'un évêché
vers 900, mais la renommée du site ne se répandit rapidement qu'après la
visite en 951, de Godescalc, évêque du Puy et l'un des premiers pèlerins
étrangers documentés. À partir du XIe siècle, le pèlerinage
de Compostelle connut son apogée. Des milliers de pèlerins, et parmi eux des
rois ou des évêques, marchaient sur de longues distances pour aller prier sur
la tombe de l'un des plus proches compagnons du Christ. Ce succès coïncida
avec l'affirmation de l'ordre de Cluny qui encouragea ce culte en publiant
les Vies des saints et
les Recueils de miracles.
Des églises se développèrent comme autant de relais le long de la route de
pèlerinage, notamment en France entre le XIe et le XIIIe
siècle. Les quatre
principales routes de pèlerinage pour Saint-Jacques-de-Compostelle commencent
à Paris, Vézelay, Le Puy et Arles, et chacune d'entre elles comportait
un certain nombre de routes secondaires. Ainsi, vers la route de Paris
convergeaient des routes provenant de Boulogne, de Tournai et des Pays-Bas,
tandis que les routes provenant de Caen, du Mont-Saint-Michel et de Bretagne
la rejoignaient à des points intermédiaires : Tours, Poitiers,
Saint-Jean-d'Angély et Bordeaux, qui était le port des pèlerins venant par
mer d'Angleterre ou des côtes de Bretagne et de Normandie. Le Puy assurait la
liaison avec la vallée du Rhône, tandis que les pèlerins venus d'Italie
passaient par Arles. Les trois routes occidentales convergeaient à Ostabat,
en traversant par le col d'Ibaneta, tandis que la route orientale, depuis
Arles, empruntait le col du Somport ; les deux routes se rejoignaient
ensuite en Espagne à Puente la Reina. Les lieux de
culte situés le long des routes de pèlerinage en France sont aussi bien de
grands édifices, comme Saint-Sernin à Toulouse ou la cathédrale d'Amiens, que
des églises paroissiales. Ils ont été inscrits sur la Liste du patrimoine
mondial soit parce qu'ils figurent sur le guide d'Aymeric Picaud (cathédrale
Saint-Front à Périgueux ou église Saint-Léonard de Noblat), soit parce qu'ils
renferment d'importantes reliques ou d'autres objets qui les rattachent
directement au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Certaines églises
présentent des caractéristiques architecturales qui permettent de les
désigner comme des « églises de pèlerinage ». Sainte-Foy à Conques,
Saint-Sernin à Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
elle-même, en particulier, ont en commun de larges transepts et des chapelles
absidiales ouvrant sur un spacieux déambulatoire, destinés à répondre aux
besoins liturgiques des pèlerins. Les
pèlerinages médiévaux étaient extrêmement durs pour les pèlerins, qui
nécessitaient souvent des soins médicaux. Les très rares centres de soin
conservés sur la partie française de la route d'origine ont été inscrits sur
la Liste. De nombreux ponts sont connus comme « ponts de pèlerins »;
celui qui franchit la Borade à Saint-Chély-d'Aubrac porte même une image
gravée de pèlerin. Le pont du Diable construit sur l'Hérault à Aniane, qui
est l'un des plus anciens ponts médiévaux de France, et le magnifique pont
fortifié construit au XIVe siècle sur le Lot à Cahors, le
pont Valentré, en sont les plus beaux exemples. Tandis que
le parcours des différentes routes est généralement connu, très rares sont
les tronçons qui ont conservé une partie de leur physionomie d'origine. Sept
d'entre eux ont été inscrits sur la Liste, tous sur la route du Puy dont ils
représentent environ 20 % de la longueur totale. Ce sont des routes
relativement secondaires, dont le tracé n'a pas changé de manière importante
depuis le Moyen Âge ; elles sont également jalonnées de monuments
associés au pèlerinage de Compostelle, comme des croix ou de modestes lieux
de culte. |
LES SECRETS DE SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE |
Philippe Martin |
Librairie Vuibert Paris |
2018 |
Le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle connaît un
renouveau significatif. Ceux qui vivent sur l’un des chemins de Compostelle
constatent l’augmentation du nombre de pèlerins qui se rendent en Galice,
moins aujourd’hui pour contempler les reliques supposées de l’apôtre saint
Jacques que pour vivre une expérience spirituelle profonde, celle du voyage
initiatique. Croyants et sportifs se mêlent sur les routes pour une aventure
à la fois individuelle et collective. Philippe Martin cherche pour nous les mythes
et les secrets, nombreux, qui constituent la trame de ce pèlerinage
exceptionnel qui attire des pèlerins du monde entier, solitaires ou en
groupe. « En marchant, suggère l’auteur, les membres de cette communauté
aspire à une conscience plus profonde de soi, de l’univers, du sacré… Les
quêtes sont innombrables. Chacun est concentré sur son objectif, mais les
moyens pour parvenir au but sont multiples. » De la méditation de pleine
conscience à la mystique en passant par l’amour du patrimoine, les motivations
sont multiples, comme les chemins. Philippe Martin nous rappelle qui est saint Jacques.
L’apôtre qui aurait évangélisé l’Espagne fut arrêté et décapité à Jérusalem
lors d’un retour en Palestine. Ses disciples auraient ramené le corps à
Compostelle. Cependant, rien ne permet d’affirmer que Jacques soit venu en
Espagne. C’est au 7ème siècle que le mythe prend forme mais c’est
avec Charlemagne et ses guerres espagnoles rendues célèbres par la geste de
Roland, que Compostelle prend de l’importance. La découverte sous
le règne de Charlemagne d’un tombeau entraîne « l’invention de saint
Jacques ». De nombreuses polémiques entourent les reliques, leur
authenticité, leur transfert, leur dispersion. C’est donc un « saint
bien politique » que nous présente l’auteur. Après l’invention du saint, vient l’invention du chemin,
du pèlerinage, ou plutôt des chemins, via tolosana, via podiensis, via
turonensis, via lemoviscensis : « Disons-le nettement, le
Chemin, cette route unique qui aurait drainé les foules européennes vers
l’apôtre, n’a jamais existé. Si, aujourd’hui, se développe une mystique du
chemin, la circulation réelle est plus complexe. Il y a des étapes
obligatoires, imposées par la topographie, comme le col de Roncevaux, pour
traverser les Pyrénées, ou par les capacités d’accueil, à l’image de
l’hôpital d’Aubrac. Entre ces points, chacun tente de trouver la route qui
lui convient : parce qu’elle est facile, parce qu’il y trouvera un gîte,
parce qu’il souhaite voir une relique, parce qu’il espère trouver un petit
travail capable de nourrir son pécule » C’est au XIXème siècle que se construit cette
mystique du chemin. L’Eglise romaine verra tout l’intérêt à entretenir cette
mystique et à l’organiser. L’interrogation des évidences opérée par l’auteur ne
nuit pas à la magie de Compostelle et du pèlerinage. En effet, les mythes
demeurent, indépendants des réalités. Reliques, miracles, symboles
enrichissent la dimension imaginale du voyage jusqu’au face à face, bref,
avec saint Jacques et l’obtention de la compostela, l’attestation
accordée par les autorités ecclésiastiques. Mais, davantage que ce bout de
papier, c’est le rapprochement avec soi-même, l’expérience de la
persévérance, du silence, de la méditation dans la marche, les belles
rencontres, qui font la valeur de ce voyage. Certains pousseront jusqu’au Cap
Finisterre qui porte, comme tous les finistères, d’autres mythes, d’autres
spiritualités anciennes à découvrir. Ce beau livre, de marcheur et
d’historien, restitue la force du chemin de Saint Jacques de Compostelle, si
vivant dans le temps et dans l’histoire, entre douleur et espérance. Le pèlerinage est né de la découverte, dite miraculeuse
d'un tombeau, faite en Galice vers l'an 800. Ce tombeau a été retrouvé par
l'ermite Pelayo (ou Pelagius) qui aurait eu une révélation dans son sommeil.
Il aurait été guidé par une étoile dans le ciel, d'où une des étymologies
avancées pour Compostelle : Campus Stellae ou champ de l'étoile.
Suite à cette révélation mystérieuse et après concertation, l'Église locale
déclara qu'il s'agissait du tombeau de l’apôtre Jacques, frère de Jean
l’évangéliste et premier apôtre martyr de la chrétienté. Les premiers écrits
mentionnant la prédication de Jacques en Espagne remontent au VIIe siècle.
Ils ont été repris au XIIe et incorporés au Codex Calixtinus. L'apôtre
Jacques aurait quitté le Proche Orient au 1er siècle avec pour
mission de prêcher la parole du Christ en Occident jusque dans la péninsule
ibérique. Rentré en Palestine, il fut décapité sur ordre du roi Hérode Agrippa.
Recueillie par ses compagnons, sa dépouille fut portée dans une embarcation.
Guidée par un ange, l'esquif franchit le détroit de Gibraltar avant de
s'échouer sur les côtes de Galice.Théodomire, évêque d'Iria-Flavia
(aujourd'hui Padron), reconnut ce tombeau comme étant celui de Saint Jacques
en 835 et le roi Alphonse II des Asturies y fit édifier une église. Il faudra
toutefois attendre l'année 1884 pour que le pape Léon XIII confirme de son
autorité, dans la lettre apostolique Deus Omnipotens, la
reconnaissance des reliques de saint Jacques faite par l'archevêque de
Compostelle. En 1121, en pleine période de croisade (dont la première
est lancée en 1095 par le Pape Urbain II à Clermont-Ferrand) et 3 ans après
la fondation de l’ordre des Templiers en 1118 à Jérusalem par le pape Pascal
II pour protéger le pèlerinage de Jérusalem, le pape Calixte II (dont le
frère Raymond de Bourgogne est roi de Léon et de Galice par mariage avec
Urraque de Castille, fille du roi de Castille Alphonse VI de Castille) fait
de Saint-Jacques de Compostelle un archevêché. Il suscite le rassemblement de
textes épars dans un manuscrit connu sous le nom de Codex Calixtinus pour
assurer la dévotion à l'Apôtre et assure la promotion de Saint-Jacques de
Compostelle. Au cours du Xe et XIe siècle, le culte de saint Jacques
étroitement lié en Espagne à la Reconquista commence à se répandre grâce à la
légende de Charlemagne qui mobilise la chevalerie européenne. Suivant les
routes commerciales de leur époque, des pèlerins de Saint Jacques, de tous
rangs, mais surtout nobles, ecclésiastiques et marchands se rendaient en
Galice de Paris, de Vézelay, du Puy en Velay et d’Arles. L'idée de
l'existence de voies précises et de lieux de rassemblement est une idée
contemporaine qui n'a pas encore trouvé son fondement historique. Les rois de
Navarre et de Léon améliorèrent de leur côté les routes et construisirent des
ponts afin de faciliter les échanges et le repeuplement du nord de l'Espagne
après que les Sarrasins en eurent été chassés. S'ils bénéficièrent aux
pèlerins, ces aménagements n'ont pas été faits que pour eux. Le dernier livre incorporé au Codex Calixtinus est
attribué à un moine poitevin, Aimery Picaud. Il y indique sommairement quatre
routes en France, les chemins de Paris, de Vézelay, du Puy et d'Arles qui
fusionnent pour trois d'entre eux à Ostabat dans les Pyrénées-Atlantiques,
puis à Puente la Reina en Espagne, pour former le camino francés. Il y
détaille les étapes, mais donne aussi des renseignements sur les régions traversées
et leurs populations. Ce Livre n'a pratiquement pas été connu en Europe avant
son impression (en latin) en 1882. C'est Jeanne Vielliard qui lui a donné le
titre de Guide du pèlerin dans sa traduction de 1938. Depuis il est
considéré, à tort, comme l'ancêtre des guides des pèlerins contemporains. Les pèlerins avaient pour coutume de rapporter comme
témoignage de leur voyage des coquilles de pectens, qu'ils fixaient à leur
manteau ou à leur chapeau, d'où le nom de coquilles Saint-Jacques donné par
la suite à ces mollusques. La coquille Saint-Jacques était le signe à l'issue
du voyage que c'était un homme nouveau qui rentrait au pays. Elle deviendra
l'un des attributs reconnaissables du pèlerin, avec le bourdon, la besace et
le chapeau à larges bords. La coquille fut parfois gravée dans la pierre sur
les frontons ou les chapiteaux des églises. Elle est le plus souvent un
ornement architectural sans lien avec Compostelle. Au tout début de son
histoire, la coquille Saint-Jacques n’a jamais été une preuve de l’arrivée à
Compostelle. Au commencement du Moyen Âge, les pèlerins étaient de
pauvres gens et partaient sans vêtement de rechange. Le retour était très
ardu, car les pénitences infligées à ces miséreux par les prélats de
Saint-Jacques, consistaient à effectuer sur ce chemin du retour plusieurs
fois par jour quelques centaines de mètres sur les genoux. Inutile de
préciser que les culottes se trouaient rapidement. Une idée vint à un
illustre inconnu d’utiliser les coquilles vides de "Pecten maximus"
comme genouillères. Ces coquillages étaient percés de chaque côté de deux
trous et maintenus par des cordelettes. Mais la dureté même de la coquille
était plus douloureuse pour les genoux que la terre. Cette pratique dura
quelques dizaines d’années et on la remplaça par une genouillère de cuir.
C’est à partir de cette époque que la coquille perdit de son utilité
vestimentaire pour un rôle plus noble, celui de preuve d'avoir été au bout de
son chemin. Au fil du temps, les carnets de route faisant leur apparition,
ils ne laissèrent à ce fameux coquillage qu'un rôle symbolique. |
les chevaliers teutoniques |
Laurent
DAILLIEZ |
Librairie Académique Perrin |
1979 |
L’histoire
tumultueuse de ces chevaliers au blanc manteau à Croix noire, qui furent les
chefs d’un véritable empire. Ils prirent corps durant les croisades avec les
Templiers et les Hospitaliers, quelques bastions perdurent encore. L'ordre
Teutonique de l'Hôpital Sainte-Marie de Jérusalem – dit Ordo Sanctae Mariae
Teutonicorum en latin et Deutscher Ritterorden en allemand – dont
les chevaliers portent un manteau blanc avec une croix noire, fut créé en
1180 en Palestine, mais œuvra très tôt en Prusse et dans les pays Baltiques.
S'il connut une puissance de premier rang du XIVe à la fin du XVIe, il surmonta
néanmoins les aléas de l'histoire et survit de nos jours. Pèlerins et
croisés allemands sont nombreux à Jérusalem et dans les États latins d'Orient
formés à l'occasion de la première croisade : vers 1120, un
établissement hospitalier est fondé spécifiquement à leur usage. Des fouilles
menées à Jérusalem en 1967 en ont révélé les structures ainsi que la belle
église de style roman dédiée à sainte Marie. Cet établissement disparaît
lorsque Saladin s'empare de la ville sainte en 1187. On sait que cet événement
provoque la mobilisation des chrétiens d'Occident et c'est la troisième
croisade. L'empereur Frédéric Ier Barberousse conduit les croisés allemands
lorsqu'il meurt accidentellement dans la traversée de l'Asie Mineure. Les
Allemands rejoignent les Latins qui avaient mis le siège devant Acre – elle
aussi reprise par Saladin – à la fin 1189. Sous les murs de cette ville, en
1190, deux marchands de Brême et de Lübeck fondent un hôpital de campagne
pour leurs compatriotes ; une fois Acre prise par les chrétiens, cet
hôpital reçoit une maison dans la ville. Quelques années plus tard, une autre
croisade allemande, conduite par Frédéric de Souabe, neveu de Barberousse,
arrive à Acre ; à l'instigation de Frédéric, l'hôpital des Allemands
devient l'ordre religieux-militaire de Sainte-Marie des Teutoniques. Le pape
Innocent III le reconnaît le 19 février 1199. La règle emprunte à celle
des Templiers pour ce qui concerne la vie conventuelle et les activités
militaires et à celle des Hospitaliers pour les activités de charité et
d'assistance. Doté de biens en Terre sainte, recevant de nombreuses donations
en Occident, le nouvel ordre connaît un essor décisif avec Herman de Salza,
son quatrième grand maître (1210-1239). En premier
lieu, Salza a l'habileté de lier son ordre à la dynastie des Hohenstaufen et
en particulier à Frédéric II, mais sans jamais rompre avec la papauté ;
ensuite il accepte de s'engager en Prusse et en Livonie, pour lutter contre
les païens des régions baltes que ni les missions, ni les croisades menées
depuis 1147, ni l'action d'ordres religieux-militaires spécifiques comme
l'ordre des Porte-glaive en Livonie, n'ont réussi à convertir au
christianisme. La Terre sainte n'est pas abandonnée ; le quartier
général de l'ordre y demeure jusqu'en 1291, au château de Montfort puis à
Acre. La conquête
de la Prusse est difficile ; ce n'est pas avant les années 1280 que ses
habitants sont soumis et convertis : villages de colonisation et
châteaux quadrillent alors le pays qui, en vertu de la bulle de Rimini
concédée par l'empereur Frédéric II en 1226, dépend entièrement des
Teutoniques. Leur situation est différente en Livonie : ayant absorbé en
1237 l'ordre des Porte-Glaive, ils partageront toujours le pouvoir avec les
évêques et les villes, principalement Riga. Ils doivent compter aussi avec
les voisins. Les
Polonais, catholiques, ont été des alliés dans la conquête de la Prusse, mais
la prise de la Poméranie occidentale (ou Pomérélie), avec le grand port de
Gdansk-Danzig, par l'ordre au début du XIVe siècle entraîne une rupture
définitive. En Livonie, ils ont affaire aux principautés russes de Pskov et
Novgorod ainsi qu'aux Danois. La bataille sur la glace remportée par le
prince de Novgorod, Alexandre Nevsky, en 1242 et rendue célèbre par le film
d'Eisenstein n'a en réalité pas été décisive ; du moins la frontière
est-elle stabilisée. Avec le Danemark, c'est le contrôle de l'Estonie qui est
en jeu et les Teutoniques finissent par l'emporter. Enfin, entre Prusse et
Livonie, la Lituanie constitue l'adversaire le plus redoutable. Après 1291
et la chute d'Acre, l'ordre Teutonique, comme les Templiers et les
Hospitaliers, reste présent à Chypre, en Arménie de Cilicie et dans le
Péloponnèse latin (la principauté d'Achaie) ; il détient un patrimoine important
en Sicile et Italie du Sud – l'empereur Frédéric II ayant été également roi
de Sicile. Les Teutoniques hésitent : la Terre sainte ou la
Baltique ? L'établissement de leur siège central à Venise, porte ouverte
vers l'Orient et débouché des routes venant d'Europe du Centre-Est, repousse
un choix délicat qui n'intervient, au prix d'une crise interne, qu'en
1309 : ce sera la Baltique et Marienburg devient leur nouveau quartier
général – décision qui a des conséquences sur l'organisation de l'ordre. Les années
1384-1386 marquent un tournant, de par l'union politique de la Lituanie et de
la Pologne sur la base de la conversion de la première au catholicisme :
le grand duc Jagellon devient roi de Pologne sous
le nom de Ladislas II (1386-1434). Cette conversion, que les Teutoniques ne
jugent pas sincère, enlève toute justification à leurs attaques contre la
Lituanie. Reste alors un conflit de puissance au terme duquel l'ordre
Teutonique disparaît de la région. C'est
d'abord, en 1410, l'écrasante défaite de Tannenberg face aux armées du roi
Ladislas ; les conséquences territoriales sont minimes mais, moralement,
l'ordre est touché : au concile de Constance, en 1415, il voit sa
politique missionnaire mise en cause et condamnée. Plus grave est la crise
financière, aggravée par la dépression économique qui frappe ces régions au
XVe siècle et combinée à une crise sociale et politique en Prusse. Les
villes et l'aristocratie s'unissent dans le Bund (1440) pour exiger
des réformes et revendiquer une part du pouvoir. L'alliance du Bund
avec la Pologne en 1354 entraîne la guerre de Treize Ans (1454-1466) qui
s'achève par la défaite de l'ordre : la paix de Torun (1466) lui enlève
toute la Poméranie, le réduisant à la seule Prusse orientale avec
Königsberg ; et encore les Teutoniques sont-ils désormais les vassaux du
roi de Pologne. Cette
évolution catastrophique amène les Teutoniques à faire appel à des
alliés : ils offrent la maîtrise de l'ordre à des princes d'empire comme
Albert de Brandenbourg (1510-1525), qui refuse de jurer hommage au roi de
Pologne ; mais les progrès de la réforme luthérienne en Allemagne
conduisent l'empereur Charles Quint à intervenir pour imposer le statu quo.
Albert tente une autre manœuvre : il passe au luthéranisme et, en 1525,
il sécularise l'ordre ; la Prusse devient un duché héréditaire. En 1562, une
évolution semblable se produit en Livonie où le maître Gotthard Keller
devient duc de Courlande ; mais, comme précédemment Albert de
Brandebourg, il doit jurer hommage au roi de Pologne. Situation paradoxale où
deux princes protestants, fossoyeurs de l'ordre Teutonique catholique en
Prusse et en Livonie, deviennent vassaux de la très catholique Pologne. C'est en
Allemagne, dans les États restés catholiques, qu'il va survivre. Protégé par
les Habsbourg qui s'approprient la dignité de grand maître, il devient un
ordre purement charitable. Ni la propagande soviétique – le film
d'Eisenstein, si beau soit-il, en est un exemple – ni l'action des nazis
qui, tout en se servant (en la déformant) de l'histoire des Teutoniques
quasiment devenus ancêtres de la SS, abolissent l'ordre et emprisonnent ses
dignitaires après l'Anschluss en 1938, ne le brise. |
les chevaliers teutoniques |
Henry bogdan |
Edition Perrin |
2002 |
||
S'il connut une puissance de premier rang du XIVe à la fin du XVIe, il surmonta néanmoins les aléas de l'histoire et survit de nos jours. Pèlerins et croisés
allemands sont nombreux à Jérusalem et dans les États latins d'Orient formés
à l'occasion de la première croisade : vers 1120, un établissement
hospitalier est fondé spécifiquement à leur usage. Des fouilles menées à
Jérusalem en 1967 en ont révélé les structures ainsi que la belle église de
style roman dédiée à sainte Marie. Cet établissement disparaît lorsque
Saladin s'empare de la ville sainte en 1187. On sait que cet événement
provoque la mobilisation des chrétiens d'Occident et c'est la troisième
croisade. L'empereur Frédéric Ier Barberousse conduit les croisés allemands
lorsqu'il meurt accidentellement dans la traversée de l'Asie Mineure. Les
Allemands rejoignent les Latins qui avaient mis le siège devant Acre – elle
aussi reprise par Saladin – à la fin 1189. Sous les murs de cette
ville, en 1190, deux marchands de Brême et de Lübeck fondent un hôpital de
campagne pour leurs compatriotes ; une fois Acre prise par les
chrétiens, cet hôpital reçoit une maison dans la ville. Quelques années plus
tard, une autre croisade allemande, conduite par Frédéric de Souabe, neveu de
Barberousse, arrive à Acre ; à l'instigation de Frédéric, l'hôpital des
Allemands devient l'ordre religieux-militaire de Sainte-Marie des
Teutoniques. Le pape Innocent III le reconnaît le 19 février 1199. La
règle emprunte à celle des Templiers pour ce qui concerne la vie conventuelle
et les activités militaires et à celle des Hospitaliers pour les activités de
charité et d'assistance. Doté de biens en Terre
sainte, recevant de nombreuses donations en Occident, le nouvel ordre connaît
un essor décisif avec Herman de Salza, son quatrième grand maître
(1210-1239). En premier lieu, Salza a l'habileté de lier son ordre à la
dynastie des Hohenstaufen et en particulier à Frédéric II, mais sans jamais
rompre avec la papauté ; ensuite il accepte de s'engager en Prusse et en
Livonie, pour lutter contre les païens des régions baltes que ni les
missions, ni les croisades menées depuis 1147, ni l'action d'ordres
religieux-militaires spécifiques comme l'ordre des Porte-glaive en Livonie,
n'ont réussi à convertir au christianisme. La Terre sainte n'est pas
abandonnée ; le quartier général de l'ordre y demeure jusqu'en 1291, au
château de Montfort puis à Acre. La conquête de la
Prusse est difficile ; ce n'est pas avant les années 1280 que ses
habitants sont soumis et convertis : villages de colonisation et
châteaux quadrillent alors le pays qui, en vertu de la bulle de Rimini
concédée par l'empereur Frédéric II en 1226, dépend entièrement des
Teutoniques. Leur situation est différente en Livonie : ayant absorbé en
1237 l'ordre des Porte-Glaive, ils partageront toujours le pouvoir avec les
évêques et les villes, principalement Riga. Ils doivent compter aussi avec
les voisins. Les Polonais, catholiques, ont été des alliés dans la conquête
de la Prusse, mais la prise de la Poméranie occidentale (ou Pomérélie), avec
le grand port de Gdansk-Danzig, par l'ordre au début du XIVe siècle
entraîne une rupture définitive. En Livonie, ils ont affaire aux principautés
russes de Pskov et Novgorod ainsi qu'aux Danois. La bataille sur la glace remportée
par le prince de Novgorod, Alexandre Nevsky, en 1242 et rendue célèbre par le
film d'Eisenstein n'a en réalité pas été décisive ; du moins la
frontière est-elle stabilisée. Avec le Danemark, c'est le contrôle de
l'Estonie qui est en jeu et les Teutoniques finissent par l'emporter. Enfin,
entre Prusse et Livonie, la Lituanie constitue l'adversaire le plus
redoutable. Après 1291 et la chute
d'Acre, l'ordre Teutonique, comme les Templiers et les Hospitaliers, reste
présent à Chypre, en Arménie de Cilicie et dans le Péloponnèse latin (la
principauté d'Achaie) ; il détient un patrimoine important en Sicile et
Italie du Sud – l'empereur Frédéric II ayant été également roi de Sicile. Les
Teutoniques hésitent : la Terre sainte ou la Baltique ? L'établissement
de leur siège central à Venise, porte ouverte vers l'Orient et débouché des
routes venant d'Europe du Centre-Est, repousse un choix délicat qui
n'intervient, au prix d'une crise interne, qu'en 1309 : ce sera la
Baltique et Marienburg devient leur nouveau quartier général – décision qui a
des conséquences sur l'organisation de l'ordre. |
les cloÎtres dÉmontÉS de
perpignan & du roussillon |
Géraldine
mallet |
ARCHIVES
COMMUNALES DE PERPIGNAN |
2000 |
||||||||||||||||||
L’ouvrage
de Géraldine Mallet, consacré aux cloîtres élevés à Perpignan et en
Roussillon entre les XIIème et XIVème siècles puis démontés, est un livre de
grande qualité qui conjugue plusieurs mérites. Le premier d’entre eux est de
recenser l’ensemble de ces monuments souvent mal connus et de nous permettre
d’en saisir toute la richesse.
|
LES COMPAGNONS EN FRANCE ET EN EUROPE. |
Garry |
Edition
Garry |
1973-1977 |
||
Au XVIe siècle, les condamnations
royales à l'encontre des devoirs se multiplient, sans parvenir à les faire
disparaître. En 1539, par l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, François Ier
reprend les interdictions de plusieurs de ses prédécesseurs : « Suivant nos
anciennes ordonnances et arrêts de nos cours souverains, seront abattues,
interdites et défendues toutes confréries de gens de métier et artisans par
tout le royaume8. [...] défense à tous compagnons et ouvriers de s'assembler
en corps sous prétexte de confréries ou autrement, de cabaler entre eux pour
se placer les uns les autres chez les maitres ou pour en sortir, ni
d'empêcher de quelque manière que ce soit lesdits maitres de choisir
eux-mêmes leurs ouvriers soit français soit étrangers. » Un procès-verbal judiciaire daté
de 1540 recueille le témoignage d'un compagnon cordonnier natif de Tours qui
reconnaît avoir mangé chez une femme nommée « la mère » à Dijon, et avoir
voyagé pendant quatre ans à travers la France. C’est peut-être de cette
époque que datent les dénominations au sein des compagnons de « Pays »
(ouvrier pratiquant son métier sur le sol en atelier) et « Coterie » (ouvrier
pratiquant son métier en hauteur, sur les échafaudages): Les gens du pays, ne
souhaitant pas prendre de risques, auraient fait venir des gens de la côte
pour réaliser les travaux dangereux sur les échafaudages. À partir du XVIIe siècle, l'Église
ajoute sa condamnation à celle du roi: En 1655, une résolution des docteurs
de la faculté de Paris atteste en les condamnant l'existence dans les devoirs
de pratiques rituelles non contrôlées par les autorités religieuses.
Simultanément, l'Église tente de mettre en place un contre-devoir avec la
création d’un ordre semi-religieux de frères cordonniers, qui se soldera
rapidement par un échec total. En 1685, la révocation de l'Édit de Nantes
aboutit à une scission du compagnonnage. Les protestants se regroupent dans
un autre devoir qui prendra, au moment de la Révolution française, le nom de
« devoir de liberté ». L'apogée du mouvement compagnonnique : À partir du début du xviiie siècle, le
compagnonnage présente deux fortes caractéristiques: Sa puissance en tant
qu'organisation ouvrière devient considérable. Il organise des grèves parfois
longues, contrôle les embauches dans une ville, établit des « interdictions
de boutiques » contre les maîtres récalcitrant, va même parfois jusqu'à
mettre l'interdit sur des villes entières, les privant de toute possibilité
d'embauche et les menaçant par là-même de faillite généralisée. Et dans le même
temps sa division est profonde et les rixes entre compagnons de devoirs
rivaux font de nombreuses victimes. Si la Révolution française
concrétise en avril 1791 une très ancienne revendication du compagnonnage en
mettant fin au système des corporations par le décret d'Allarde, deux mois
plus tard la loi Le Chapelier interdit les associations ouvrières.1804 voit
la fondation du « devoir de liberté » qui regroupe tous les compagnons qui ne
se reconnaissent pas dans le catholique « Saint devoir de Dieu »: loups,
étrangers, indiens, gavots. À cette même époque, le tout nouveau code pénal
punit l'organisation d'une grève d'une peine de deux à cinq ans
d'emprisonnement. Ceci n'empêche pas le compagnonnage de continuer à se
renforcer en tant qu'organisation de protection et de revendication, malgré
les luttes fratricides entre ses deux tendances. Les historiens évaluent à au
moins 200 000 le nombre de compagnons en France dans la première moitié du
xixe siècle. C'est l'époque où Agricol Perdiguier, dit « Avignonnais la Vertu
» le popularise par ses ouvrages et tente de l'unifier. Le déclin :
La seconde moitié du xixe siècle voit le déclin du compagnonnage sous l'effet
conjugué de la révolution industrielle qui met en place des procédés de
fabrication moins dépendants des tours de main et secrets de métiers, de
l'organisation de la formation par alternance, de l'échec de l'unification
des compagnonnages et du chemin de fer qui bouleverse la pratique séculaire
du Tour de France à pied. À partir de 1884, les syndicats, désormais
autorisés, montent rapidement en puissance dans le monde ouvrier et tournent
en dérision les pratiques ancestrales du compagnonnage, qui semble condamné à
disparaître rapidement. Lucien Blanc, dit « Provençal le Résolu », crée en
1889 l'« Union compagnonnique des devoirs unis », mais ce mouvement ne
parvient pas à rassembler tous les devoirs et à relancer le compagnonnage. Le renouveau :
Le compagnonnage survit cependant. Face à l'industrialisation, ses pratiques
et ses valeurs ancestrales, si elles sont moquées par les modernistes,
attirent entre les deux guerres l'attention des traditionalistes. Durant la
dernière guerre, le compagnonnage se réorganise et des compagnons, dont Jean
Bernard, créent l'« Association ouvrière des compagnons du devoir ». À la
libération, l'Union compagnonnique reprend ses activités et les deux rites de
charpentiers, indiens et soubise, fusionnent avant de donner naissance à la «
Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment ».Malheureusement l’idée
d’un compagnonnage des métiers unis ne tarde pas à se fissurer et pousser des
compagnons à se regrouper en dehors des grandes institutions pour sauver,
soit l’identité ou la tradition d’un rite, soit la spécificité d’un métier
face à l’évolution tout azimut de l’Association Ouvrière des Compagnons du
Devoir par exemple. |
LE COMPAGNONNAGE ET LA FRANC-MAÇONNERIE |
ÉTIENNE
MARTIN SAINT-LEON |
ÉDITION
MAISON DE VIE |
2010 |
Célèbre
pour avoir formé des générations d’artisans remarquables, le compagnonnage
est une confrérie qui présente des aspects initiatiques liés à la Franc-Maçonnerie.
L’historien Etienne Martin Saint-Léon a étudié les origines du compagnonnage,
son organisation ancienne, ses rites initiatiques et ses symboles. Les
résultats de ses recherches permettent de mieux percevoir l’insertion du
compagnonnage dans la tradition initiatique et la profondeur de sa
symbolique. Est étudié et expliqué : La
légende, les trois rites et leurs fondateurs (les
enfants de Salomon, les enfants de Maître Jacques et les enfants du Père
Soubise), l’histoire du compagnonnage, le compagnonnage des origines
jusqu’à sa condamnation en Sorbonne en 1655, comment on devenait compagnon
avec sa réception et son parrainage, sa hiérarchie (aspirant, compagnon et
capitaine), les pères et les mères, les archives, définition et rituel du
Tour de France, l’arrivée d’un compagnon, la boutique, le rouleur, le levage
d’acquit, le secours mutuel, les dettes des compagnons, les brûleurs, les
amendes, les croyances religieuses des compagnons, un rituel de réception
d’un compagnon du Devoir, le catéchisme compagnonnique comparé au rituel
maçonnique, rituels et devoirs des compagnons cordonniers, tanneurs et
boulangers, les écoles du trait, la vie en commun, fraternité et mutualité
entre compagnons, justice pour les délits fait par des compagnons, secours
aux malades, gratuité des soins et des médicaments, enterrement d’un
compagnon, le topage et les diplômes, les cannes, les couleurs, les boucles
d’oreilles, l’équerre et le compas, l’étoile, le livre et le maillet, les
fêtes patronales, les pèlerinages, comment sont choisis les Pères et
les Mères, les conventions etc. |
LES
COMPAGNONS OU L’AMOUR DE LA BELLE OUVRAGE |
FRANCOIS
ICHER |
Edition
GALLIMARD |
1995 |
Les compagnons du Tour de France sont la plus
ancienne institution et association ouvrière en activité. Issus des
corporations médiévales, les Compagnons ont mis en place des institutions qui
défient le temps : des règlements fondés sur l’honneur et la solidarité,
la pratique du voyage, la qualité du travail sanctionnée par le chef d’œuvre.
Des figures emblématiques et vigoureuses comme Agricol Perdiguier rehaussent
un message qui va bien au-delà de la haute technicité en s’adressant à
l’Homme dans sa globalité. François Icher retrace l’histoire d’un
compagnonnage qui a su préserver son identité et concerne aujourd’hui prés de 20.000 personnes en France. Est
expliqué et développé dans cet ouvrage : 1- Le temps des légendes : Le
Temple de Jérusalem, Maître Hiram, le spirituel et le temporel, la chevalerie
du travail, Maître Soubise le Charpentier, les enfants de Salomon, Maître
Jacques, Marie Madeleine à la Sainte Baume. 2-Le temps de l’émergence : Les
pierres sauvages, les premiers règlements, la main mise
des corporations, une femme nommée la Mère, le langage des signes, le
compagnonnage au ban de l’Eglise, Devoir et devoir de liberté. 3- Le temps des revendications : Le temps des cabales, des rixes voulues et entretenues,
Edits et Ordonnances contre les Compagnons, A l’assaut de la Bastille,
recevoir le Devoir, Liberté de choisir, sublimer les querelles. 4- Le temps du doute : Agricol
Perdiguier le pacificateur, le temps des réformes, parcourir la France, les haltes
avec leur solidarité, les vertus du voyage, les couleurs de l’honneur, visa
pour un voyage, le passeport compagnonnique, la guilbrette qui ressemble aux
5 points parfaits de la maîtrise maçonnique, le chef d’œuvre, les étapes, la
Cayenne, la Mère, serments et secrets, le bouleversement de l’ère
industrielle et le défi de la modernité. 5 – Le temps de la Rénovation : Les premiers syndicats ouvriers, les lieux de
rencontre, les nouveaux métiers, de fer de bois et d’osier, Périgord cœur
loyal, l’épreuve, l’homme dont la conscience est ouverte à l’homme, le chef
d’œuvre de métal, l’esprit Compagnon, un savoir faire
prestigieux. 5- Témoignages et documents : Les
inspirés du Tour de France, quand les compagnons prennent la plume, face aux
syndicats, la confusion qui se fait entre le Compagnonnage et la
Franc-Maçonnerie, la Règle du Devoir, être compagnon aujourd’hui. |
les croisades vues par les arabes |
Amin
maalouf |
Edition J. C. Lattes |
1983 |
||
Un
ouvrage de vulgarisation (au sens le plus noble du
terme), remarquablement documenté et bénéficiant, ô combien, des
indéniables talents de conteur de l'écrivain.Car
Amin Maalouf est un grand écrivain, doublé d'un érudit et d'un
humaniste, un auteur sensible à la plume inspirée. Lauréat d'un prix
Goncourt en 1993, pour son roman "le
rocher de Tainos". |
FRḖDḖRIC DE HOHENSTAUFEN |
Jacques Benoist- Méchin |
Edition Perrin |
1980 |
La destinée de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) a
inspiré deux maîtres livres : l'exceptionnel ouvrage d'Ernst Kantorowicz et
cette biographie, vite devenue un classique. Comme si Jacques Benoist-Méchin,
grand connaisseur de l'Islam et de l'Allemagne, avait trouvé un héros qui
incarnait ses rêves d'historien. Voilà un empereur couronné à Rome qui
déteste le pape, s'intéresse à l'Islam et n'envisage de croisade que
pacifique et diplomatique. Voilà aussi un souverain d'une immense culture,
parlant plusieurs langues, réunissant à Palerme, sa résidence favorite, des
savants juifs, musulmans et chrétiens, favorisant les arts et les sciences.
Au fond, un homme trop grand pour son temps, deux fois excommunié par Grégoire
IX, surnommé par ses contemporains l'Antéchrist et condamné à l'oubli après
sa mort, tant le Saint-Siège ne cessa de vouloir effacer son œuvre et son
nom. Frédéric II a été
moderne au XIIIème siècle et reste même aujourd'hui une personnalité exceptionnelle.
Il a été tout ensemble chef de guerre, poète, cultivé, parlant plusieurs
langues dont l’arabe ; rationalisateur de son État – principalement le
royaume de Sicile - et philosophe. Il a créé par
exemple, à Naples, une université formant des fonctionnaires où les élèves
étaient nourris et logés pendant leur scolarité. Innovation formidable pour
l’époque, on n’y enseignait pas le droit canon. (Résultat : « sous
l’impulsion de cette administration dynamique […] la Sicile connut avec le
temps un puissant essor économique et devint le premier état unitaire et
centralisé de l’Europe »). A Salerne, il crée une école de médecine
où l’on pratiquait les dissections, encore interdites ailleurs par l’église. C’est un pape,
Grégoire IX, qui lui adresse une injure qui, lue aujourd’hui, fait un beau
compliment : « ce roi de pestilence affirme ouvertement que
l’homme ne doit croire que ce qui peut être démontré par l’expérience et la
raison ». Cette ouverture d’esprit a amené Frédéric II à une
relation de proximité et de confiance avec l’Islam, peut-être parce qu’il se
serait bien vu, comme le Califat instauré par Mahomet, à la fois chef
spirituel et temporel. Peut-être, en sens inverse, parce que l’Islam de
l’époque est bien plus éclairé que le christianisme : « en
résumé, on pouvait dire que, pour l’église chrétienne, le développement des
connaissances n’aboutissait qu’à élargir le règne de Satan. Tandis que, pour
l’Islam, l’élargissement de la connaissance des lois qui gouvernent le monde
équivalait à un approfondissement de la connaissance de Dieu… » Cette vie remémore
aussi l’histoire complexe de l’Europe. Le Saint-Empire Romain germanique,
alliance, pour faire simple, de l’Italie ; de la France de Marseille à l’Alsace
en remontant le Rhône et de l’Allemagne, a été un objet politique étonnant
dont la nostalgie demeure – les pages Europe de The Economist s’appellent
Charlemagne, comme le prix de l’européen de l’année. Il est cependant
également méconnu et une annexe très bien faite sur l’histoire de l’empire,
permet de comprendre le processus complexe de désignation de
l’empereur : élection par la diète allemande, approbation du peuple
romain (principalement la curie, donc le pape, en réalité), couronnement en Allemagne
et sacre à Rome – l’approbation papale. On voit donc concrètement, à travers
les nombreuses démêlées entre Frédéric II et plusieurs papes successifs (avec
plusieurs excommunications de Frédéric), comment cette institution baroque
était une tentative d’articulation entre pouvoir temporel et spirituel :
disjoints dans leur exercice mais se rejoignant à chaque succession. On
constate aussi le rôle très temporel joué par l’Eglise, notamment à travers
la volonté papale de se conserver un territoire propre. Ces dissensions
internes n’empêchent pas que le couple papauté et empire forme l’armature de
la chrétienté de l’époque – l’Angleterre et la France constituant déjà des
entités particulières au sein de l’ensemble. L’unité se forme principalement
contre l’extérieur, à l’occasion des croisades tout d’abord. Il est assez
plaisant de voir comment Frédéric II prend Jérusalem en 1229 quasiment sans
combat, avec l’assentiment du Sultan d’Egypte et de Syrie, Al-Kâmil. Il a
fait patienter le pape huit années avant de consentir à partir en guerre, et
a dû faire semblant d’affronter le sultan, son ami de longue date, pour
donner à leur échange la face d’un honnête conflit religieux. On est effaré
par la bêtise de l’église de l’époque, qui fait interdire le Saint-Sépulcre
pour punir Frédéric, le jour même où le Sultan en personne fait visiter les
lieux saints musulmans à l’empereur… Le Castel del Monte : Situé près le de ville de
Bari, dans les Pouilles, à mi-chemin entre les Murge et l'Adriatique, le
Castel del Monte, puissant château solitaire à l'allure compacte et sévère,
se dresse au sommet d'une colline dominant la plaine environnante. Elevé vers
1240 par l'empereur du Saint Empire, Frédéric II de Hohenstaufen, ce château
est auréolé de légendes et de mystères relatifs à son histoire, sa
construction et sa fonction. Exemple unique dans l'architecture militaire du
Moyen Age, le Castel del Monte incarne la fusion harmonieuse d'éléments
culturels provenant de l'Antiquité classique, de l'Orient musulman et du gothique
cistercien d'Europe du Nord. Il est classé depuis 1996 au patrimoine mondial
de l'humanité.
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les deux corps du roi et l’empereur
frÉdÉric ii |
Ernst
kantorowicz |
Edition Gallimard |
2000 |
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Telle
est la fiction théologico-politique qui fonde le consentement à l'État :
elle ne tient nullement à la transcendance, mais à la certitude d'une continuité
souveraine de l'institution politique. Avec
un art gourmand de la mise en scène, Kantorowicz commence par exposer la
métaphore du double corps telle qu'elle fut formalisée par les juristes
d'Élisabeth Ire dans l'Angleterre du début du XVIIe siècle, et mise en
scène dans le Richard II de Shakespeare. Puis il part à la recherche
des fondements médiévaux de cette pensée. Dans la royauté des premiers
siècles du Moyen Age, "fondée sur le Christ», le roi est déjà "humain
par nature et divin par grâce». Mais cette royauté liturgique s'efface au
XIIe siècle, "pour laisser la place à une nouvelle structure de
royauté centrée sur la sphère du droit». Dans
un second temps, Kantorowicz analyse l'expression rituelle de cette
idée : quand apparaissent des effigies en cire flanquant le corps mortel
aux enterrements royaux cette pratique, attestée en Angleterre dès 1327,
passe en France en 1422, à la mort d'Henri V. Quant au fameux cri "le
roi est mort, vive le roi !" il n'apparaît que lors de
l'enterrement de Louis XII, en 1515. La
fiction de la double corporéité du roi peut se retourner contre la royauté
lors de la première révolution anglaise, on tue le roi Charles Ier au nom du
Roi, mais aussi se passer d'elle : d'où le dernier chapitre du livre,
consacré à la "souveraineté centrée sur l'homme». L'homme
périssable porte en lui la forme perpétuelle de l'humanité. Ce qui prépare
toutes les formes "républicaines" ou simplement parlementaires du
dualisme corporel. Qu'en
reste-t-il ? Ernst Kantorowicz avouait dans la préface de son ouvrage que
celui-ci avait sans doute dépassé son objet initial pour embrasser toute la
théologie politique médiévale. C'est d'abord ainsi qu'il fut reçu. Livre
d'une érudition étourdissante, Les Deux Corps du roi fut cité
longtemps avant d'avoir été lu - surtout en France, où l'on attendit plus de
trente ans sa traduction. Aussi croit-on souvent le connaître sans en
comprendre toutes les implications, et prend-on pour banale une
interprétation générale qui fut, en son temps, révolutionnaire. Les
recherches récentes ont pu y apporter quelques ajustements : on a
critiqué sa vision de la royauté christique du Haut Moyen Age, évoqué le
précédent des funérailles impériales romaines, affiné et nuancé la chronologie
des rituels princiers. Demeure l'idée centrale, intacte, qui fait écrire à
Alain Boureau dans son autobiographie intellectuelle de Kantorowicz
Gallimard, 1990 : il réalisa "le rêve de tout historien :
faire apparaître un phénomène qui était demeuré inaperçu tout en laissant des
traces observables par quiconque». On
y parle de Shakespeare, de Richard II, du Christ, du Phénix, des divers
corpus royaux, de Dante, des lignées royales et des divergences entre les
pouvoirs royal, politique, militaire et religieux. |
les deux st jean et la chevalerie
templiÈre |
J.
CHOPITEL & C. GOBRY |
Edition
LE MERCURE DAUPHINOIS |
2000 |
Au début du roman de
Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal, Perceval n'est pas encore
prédestiné à de hautes aventures. Héros sans nom, il n'est qu'un jeune
garçon, naïf et fruste, élevé dans la forêt galloise et tenu par sa mère dans
l'ignorance de tout ce qui concerne la chevalerie. Initié par Gornemant de
Goort à la technique et aux règles du combat, il réussit dès sa première
aventure à s'emparer des armes d'un chevalier redoutable, ennemi de la cour
et, devenant ainsi le Chevalier Vermeil, il est intégré dans le monde
arthurien qui le fascinait. Puis, en combattant pour défendre Blanchefleur,
il découvre la dimension courtoise et morale de la chevalerie. Mais ce n'est
qu'après son passage au château du Roi-Pêcheur, lorsqu'il prend conscience
pour la première fois de sa conduite et de la faute qu'il a commise en
oubliant sa mère, qu'il a soudain la révélation de son nom, Perceval le
Gallois. Seul l'ermite rencontré le Vendredi Saint lui explique qu'il
appartient à un haut lignage et qu'il est le parent non seulement du roi
Arthur, mais aussi du Roi-Pêcheur. Le "saint homme" lui révèle également
que, s'il a échoué et omis de poser les questions attendues Les
deux saint Jean et la Chevalerie templière de Jean Chopitel et Christiane
Gobry est une sorte de contre évangile ésotérique de Jean. Là où ce dernier
donnait à lire une version anti-judaïque de Jésus et opposait Eglise de
Pierre et Eglise de Jean, Chopitel et Gobry, loin d'opposer Pierre et Jean,
reconnaissent la nécessité de concilier les deux aspects – exotérisme et
ésotérisme ; rigueur et spiritualité – afin de toucher à la compréhension
parfaite du message du Christ. Ils démontrent aussi que les deux Jean (le
baptiste et l'évangéliste) sont des manifestations ésotériques qui ouvrent le
cœur et l'esprit à un autre niveau de conscience. Les
deux saint Jean sont descendants de David, premier chevalier du monde
judéo-chrétien et vainqueur de Goliath. Ils sont, à ce titre, chevaliers.
Dans son Apocalypse, l'Évangéliste apparaît d'ailleurs comme le chevalier
parfait, voué à la défense de la Vérité et de la Justice. L'idéal des
fondateurs de la chevalerie templière au Moyen Age reposait sur le principe
de la chevalerie immémoriale. Aussi se considéraient-ils comme responsables
de leur temple intérieur bien plus que gardiens du Temple et de la Terre
Sainte. Leur consécration aux deux saint Jean (que l'on retrouve d'ailleurs
chez les Compagnons du rite d'York) témoigne de la qualité de leur
aspiration, qu'une filiation de chevaliers d'origines et de noms divers
continue à transmettre et à défendre sans relâche. Écrit
avec le cœur, ce petit ouvrage – malgré quelques erreurs du à l'absence de
notes justifiant les citations ou certaines affirmations – se révèle beau et
ouvrira aux Chrétiens un espace poétique dans lequel ils pourront – et
devraient ! – s'engouffrer afin de faire place en eux pour le vol de l'Aigle
(animal symbolisant Jean) – c'est à dire pour que le Prologue de Jean puisse
se faire entendre en eux On y parle des deux St Jean, des Esséniens,
des solstices, du prologue et de l’Évangile de St Jean, du prêtre Jean, de
l’apocalypse, des icônes, du Solve et Coagula. |
le secret de la chevalerie |
V.
Émile michelet |
Edition Trédaniel |
1985 |
||
« La Société
médiévale, comme la société antique, est construite sur la connaissance
initiatique. Du haut en bas de la hiérarchie solide, elle aspire un souffle
venu d'une crypte cachée (le monde n'est stable que par le « secret » dit le
Zohar). « Toute chevalerie, toute corporation, toute cité, présente sa
personnalité symboliquement formulée dans son blason, établi sur un calcul
astrologique. » Aussi bien Gérard de Nerval a-t-il eu raison de dire que le
Blason est la Clef de l'Histoire de France. Si les Assacis,
plus éloignés de nous… touchent moins notre mémoire que les Templiers, en
revanche, ils pèsent sur nos imaginations de tout le poids de leur auréole
sanglante et de leurs secrets ensevelis. L'histoire a-t-elle connu un
personnage plus impénétrable que leur premier grand maître, le Vieux de la
Montagne, cet Hassan Sabah, qui, durant ses trente-cinq années de règne,
avait agi sur les destins d'une partie du monde sans quitter une seule fois
son château d'Alamont, n'étant sorti que deux fois de sa chambre pour aller
sur sa terrasse. L'Ordre musulman des
Chevaliers Ismaéliens, dits Assacis, et l'ordre chrétien des chevaliers
Johannites du Temple, sont constitués exactement sur le même modèle, et cela,
non parce que le second, créé après le premier, imite son prédécesseur, mais
parce que l'un et l'autre sont construits sur les mêmes doctrines secrètes ;
sur un ésotérisme unique et invariable qui sourd à travers le monde sous des
voiles différents, comme la lumière unique à travers le prisme se décompose
en rayons multicolores… » Les
renseignements que possède Michelet sur le Vieux de la Montagne, et l'intérêt
qu'il lui porte, sont sans doute dus à Villiers. Dans une note, il révèle que
: « Villiers de l'Isle-Adam se proposait d'écrire une œuvre sur le Vieux de
la Montagne » : « Il possédait à fond le sujet, dont il m'entretint plusieurs
fois en d'éclatantes causeries, malheureusement oubliées. Il me montra même
une malle pleine, disait-il, de documents concernant sa maison, dont certains
avaient trait à l'Ordre des Hospitaliers et que son ancêtre Philippe de
Villiers de l'Isle-Adam, Grand-Maître établit, avait consigné. Au
sommaire de cet ouvrage : La symbolique du cheval, le secret de la chevalerie
légendaire, le Graal, la chevalerie d’Orient et d’Occident, les assassins du
Vieux de la montagne, Dante, les fidèles d’amour et les chevaliers du
Paraclet sont quelques sujets étudiés. |
le secret des templiers du xivème
siÈcle |
Nicolas
de Bonneville |
Edition
du Prieuré |
1993 |
La
trame de ce volume est de démontrer que, dans la disparité des rites
chrétiens, un courant gnostique s’est de tout temps maintenu, reliant
vraisemblablement les chevaliers templiers au contact des rabbins de Tibériade.
Cette étude engagée, et parfois partiale tente de démêler les implications
templières dans la maçonnerie du XVIIIème siècle. Certains éléments sont
intéressants, d’autres inquiétants, d’autres encore critiques et
humoristiques. A leur tour, détenteurs de la
Tradition primordiale, les Templiers se devront, au Moyen-Age, de retourner
sur les lieux de la passion du Christ, afin, entre autres raisons, de
récupérer les dépôts de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, symboliquement
désignés par le terme un peu oublié de ‘Coupe du Savoir’. Selon les
directives de Saint Bernard, et sous les ordres d’Hugues de Champagne, ils
auraient retrouvé l’emplacement des sept dépôts sacrés de l’Ancienne
Alliance, à Jérusalem, dissimulés dans les sous-sols du Temple de Salomon. Ils auraient procédé à la récupération de
l’ensemble de ce dépôt sacré. A la suite de quoi ils auraient été en mesure
de rapporter en France, l’Arche d’Alliance, les deux Tables de la Loi, la
Verge d’Aaron, le Chandelier à Sept Branches, d’autres éléments précieux et
aussi les sept dépôts de la Nouvelle Alliance. Une tradition persiste, encore
aujourd’hui, affirmant que ces objets sacrés se trouveraient toujours en
sécurité aux endroits prévus alors … et où ils seraient occultement protégés…
Le temple, société de passage du médiéval, confirmerait, si besoin était, par
cette reconstitution du Trésor initiatique par excellence son rôle de
gardien, témoin, et de sa qualité d’héritier unique d’une connaissance sacrée
phénoménale. Ainsi l’Ordre apparaît-il comme
Centre Spirituel, couvrant lui-même un Centre initiatique avec son Cercle
Secret, ayant charge de garder et maintenir intact ce dépôt de la tradition
sacrée. Détenteur de celle-ci, son devoir était donc de transmettre, à son
époque, la sagesse primordiale à tous ceux se révélant aptes à la recevoir.
Cette ‘Sagesse Eternelle’, dissimulée sous le manteau initiatique entourant
l’ordre, était dispensée sous différentes formes. Elle supposait l’existence
d’un Centre Unique, source du double pouvoir : sacerdotal et royal. Cette
notion, logiquement, plaçait l’Ordre en position de cible désignée à la
monarchie et à l’appareil romain… Le symbolisme en vigueur au sein de
l’Ordre, outre différentes notions, évoque toujours le concept de Centres
spirituel et initiatique réunis en un Centre unique générateur du double
pouvoir. Trait d’union entre le spirituel et le matériel, le Temple exprime
sa médiation temporo-spirituelle au travers de ses institutions les moins
secrètes et quelques-uns des emblèmes les plus ostensibles. Ainsi le Collège
élisant le Grand Maître est-il composé de douze membres, à l’image du Cénacle
des Apôtres… de même que la règle prévoyait que le maître devait voir « deux
frères chevaliers comme compagnons » !
Ce
volume est un témoignage de première importance pour ceux qui veulent mieux
approfondir les fondements et l’ambiance de la Maçonnerie des Lumières. |
LES ENCLUMES DE CRISTAL |
Raoul
VERGEZ |
Edition
J.M. GARNIER |
1997 |
Ce
roman met en scène deux compagnons du Tour de France, Hyacinthe le chanceux et
Clovis le malchanceux, de 1914 à nos jours, ils vont traverser l’histoire de
France, les souvenirs et les mémoires, nos mémoires, en compagnie de nombreux
personnages tout aussi pittoresques qu’eux. Cette
véritable épopée, odyssée moderne des Compagnons du Tour de France, est
foisonnante en rebondissements et en intrigues. Une bien belle histoire. |
LES ENFANTS DE SALOMON - APPROCHES
HISTORIQUES ET RITUELLES SUR LES COMPAGNONNAGES ET LA FRANC-MAÇONNERIE |
Hugues Berton et Christelle
Imbert |
Edition
Dervy |
2015 |
||
Comprenant
de nouvelles perspectives sur les dimensions historiques, initiatiques et
symboliques, cet ouvrage propose des pistes de réflexion et de recherches qui
ne peuvent qu’enrichir le lecteur et l amener à l élévation morale, culturelle et spirituelle. Les
enquêtes de terrain qu’ils ont menées les ont conduits tout d abord sur le territoire français, puis leur champ
d’investigation s est progressivement élargi à l Éthiopie et au Moyen-Orient. Partisans d une ethnologie participative, ils s
impliquent dans la pratique des rites qu’ ils étudient, afin de
pouvoir accéder à certains aspects généralement considérés comme relevant du
« secret », tout en gardant la discrétion et la distance nécessaire afin de
restituer, le plus objectivement possible, les informations collectées. Il
leur tient à c ur que la Connaissance puisse être transmise de génération en
génération. Cette somme monumentale, tout à fait remarquable, de près de 1000
pages, sera rapidement un ouvrage de référence dans le domaine de la
recherche sur l’histoire, les mythes et les rites au sein du Compagnonnage et
de la Franc-maçonnerie. Soulignons d’emblée,
avec les auteurs de la préface, Pierre Mollier et Jean-Michel Mathonière,
spécialistes, le premier de la Franc-maçonnerie, le second du Compagnonnage,
que Hugues Berton et Christelle Imbert évite un premier écueil,
malheureusement encore trop rarement évité par nombre d’auteurs, celui de ne
pas séparer les deux courants traditionnels et d’entretenir une confusion qui
perdure aujourd’hui. En s’inscrivant dans la démarche de ce que les
historiens de Grande-Bretagne désigne comme « Ecole authentique », Hugues Berton
font preuve de la rigueur indispensable à une telle étude, rigueur qui
n’exclut ni l’originalité du propos ni les découvertes. Il s’agit donc d’une
étude parallèle de ces deux courants qui se déploient en multiples structures
à la recherche des racines et contextes religieux, politiques et sociétaux de
leur temps. L’enjeu est considérable puisqu’il s’agit de mettre en évidence
la matière des mythes qui peut servir l’opérativité des rites. Cette matière
s’inscrit dans ce que Gilbert Durand désigne comme mythèmes. En préliminaire, les
deux auteurs précisent la fonction du mythe : « Le mythe définit une origine,
point d’émergence du sacré, en relation avec un Principe. Le mythe a pour
fonction de narrer ce qui est dans le monde en tant qu’espace sacré. Il a pour
effet de préciser la manifestation et les modalités du passage du Non-Être à
l’Être, de l’émergence de l’Être juste avant l’émergence de l’Histoire, ou
encore du passage de l’Être au Non-Être, dans le cas de la mort et de la fin
dernière, de l’eschatologie. Le mythe est l’expression métaphorique et
dramaturgique des origines, récit fondateur et exemplaire d’un acte sacré, et
par là même, réservé, car qui connaît l’origine des choses et des êtres peut
agir à leur instar. Il met en jeu des dieux ou des héros représentatifs de la
communauté, sous des formes souvent tragiques rappelant la perte subie par la
collectivité lors du passage du temps des origines, paradis, âge d’or, à la
décadence vécue dans le monde contemporain. Unificateur, le
mythe est indissociable des rites et cérémonies qui constituent sa
réactivation ici et maintenant et qui canalisent la violence sociale, image
du chaos qui préexiste à l’émergence des êtres d’origine. Il transforme
l’individu qui va, par identification, assimiler la nature de la divinité ou
les capacités de l’ancêtre, du héros fondateur. Il fonde et justifie
comportements, fonctions, et activités humaines dans les sociétés
traditionnelles. Il est alors facteur d’ordre et de cohésion sociale,
maintenant un équilibre entre les différentes composantes collectives et
individuelles, dans l’espace et dans le temps. » Les auteurs
rappellent très justement le rôle dynamique essentiel des antinomies comme
vecteur de traversée de l’opacité dualiste. La première partie de l’ouvrage
est consacrée aux éléments historiques relatifs aux organisations de métiers,
aux compagnonnages et à la Franc-maçonnerie. La deuxième partie traite de la
pratique rituelle et de l’opérativité à travers les éléments symboliques et
les rituels de divers compagnonnages, les Anciens Devoirs anglais, l’art de
la mémoire et l’Ars notoria, les catéchismes et les rituels maçonniques
enfin. Les distinctions apportées, entre rites de passage, qui marquent une
appartenance, une adhésion, et rite initiatiques, qui libèrent, entre
transmission verticale, directe, d’origine non humaine et transmission
horizontale, temporelle, par un médiateur humain, entre mythes, légendes et
histoire, permettent à la fois de dissiper nombre de malentendus mais aussi
de restaurer « les possibilités d’accomplissement de l’être humain, dans
toutes ses dimensions ». L’ouvrage, étayé par
de très nombreux documents, est davantage qu’une vaste synthèse née de
l’alliance entre compétences d’historien et compétences d’ethnologue, la
dimension initiatique, marquée par l’exclusivité, est toujours présente dans
le propos : « Passant par des phases de construction, de destruction et de
reconstruction, les initiés sont conduits à expérimenter, à se perfectionner,
à s’élever sur le plan moral, intellectuel et spirituel au moyen des rites,
rituels et symboles. La démarche initiatique est une démarche volontaire,
libre et individuelle de l’homme en recherche de transcendance, de
spiritualité et permet la découverte de l’harmonie. La pratique se révèle comme
étant un élément essentiel. Donner et se donner, accepter de recevoir sans
être en mesure d’en évaluer pleinement les conséquences, prendre le risque de
se mesurer à l’inconnu, d’abandonner ses béquilles pour aller de l’avant :
voilà la gageure à laquelle le cherchant doit accepter de se prêter. » Au
sommaire de cet important ouvrage sur le compagnonnage et la
Franc-maçonnerie : Eléments
historiques relatifs aux organisations de métiers, aux compagnonnages et à la
Franc-maçonnerie - les confréries - les
communautés de métiers dans les pays européens -
Structure du compagnonnage en France - les compagnons du
Devoir - les Gavots - compagnons étrangers
- compagnons du Devoir e liberté - les enfants
de Salomon - Maître Jacques - Le Père Soubise
et le roi Salomon - maçons et tailleurs de
pierre - Pratique
rituelles et opérativité - les éléments rituels et
symboliques dans les compagnonnages - le depositio en
université et chez les imprimeurs - les éléments chrétiens dans
les rituels compagnonniques au 17e siècle - les
serments - baptême - communion -
enseignement - l’exemple des hérauts d’armes, des compagnies
d’archers, d’arbalétriers er d’arquebusiers - les emprunts
divers dans les rituels compagnonniques à partir du 18e
siècle - le cas spécifique des rituels de
Soubise - les charbonniers relèvent-ils d’un
devoir ? - Les anciens devoirs anglais (old charges)
et les développements mythiques - les différentes
prières - les arts libéraux - Histoire
mythique de l’origine de la Franc-maçonnerie -
Filiation mythique et influences spirituelles - l’antinomie
de la double lignée - de la Palestine à la France
- Naymus - Grecus - Charles Martel
- saint Alban - Athelstan - Edwin
- la légende d’York et l’organisation des loges - Le
serment dans les anciens Devoirs - William
Schaw - L’art de la mémoire - L’Ars
notoria - catéchismes et rituels
maçonniques - le mot de maçon - rituels et
catéchismes écossais - Réceptions en loge des
apprentis et des compagnons - la situation en
Irlande - les différents niveaux
d’exégèse - l’utilisation de la guématrie
comme méthode exégétique - Hiram et ses
prototypes - Noé - Betzeléel
- Hiram - 3 lumières - 3
colonnes - cinq points - 5 sens
- 5 ordres - sept rendent une loge juste
et parfaite - 7 et l’échelle de la connaissance
- - Sacrifice primordial - rites de
fondation et le meurtre d’Hiram - la légende
d’Hiram - la Parole perdue - signes et
serments - les diverses pénalités - la
Parole retrouvée - J et B - Jéhovah et
IHVH Auxilia - acacia -
Shaddaï - triple voix et règle de trois
- M. B. - la clef de la loge
- Ouverture vers d’autres pratiques rituelles
- Mythe et travail de mémoire - Pratiques de
l’invocation du Nom dans les trois religions du Livre
- |
LE SERPENT COMPATISSANT - COMPAGNONNAGE- |
J.
Michel Mathonière |
Edition
La Nef de Salomon |
2001 |
Iconographie
et symbolique du blason des compagnons tailleurs de pierre. Précédé des
compagnons du St Devoir des bâtisseurs de Cathédrales. Ce livre de
compagnonnage étudie les racines des tailleurs de pierre à travers
l’iconographie et la symbolique des blasons. C’est une quête historique
pleine de suspens ou l’art Royal est permanent. Ce
livre rassemble donc plusieurs études consacrées à cette exploration des
racines des tailleurs de pierres, compagnons du Tour de France. Si les
sources documentaires les concernant avec certitude ne remontent pas pour
l’instant, avant le début du XVIIe siècle, l’analyse de leurs emblèmes
symboliques permet d’entrevoir combien les Compagnons tailleurs de
pierres sont, ce qui pourrait sembler couler de source, les héritiers
direct des bâtisseurs de cathédrales du XIIIe siècle et, peut
être, comme le prétendent certaines de leurs légendes, d’un passé bien
plus lointain. Cette
quête historique, pleine de suspens, permet de mieux comprendre la dimension
spirituelle du Saint Devoir des Compagnons, la « véritable
chevalerie artisanale », selon la belle expression de Georges
Sand. Le
rôle prédominant de la géométrie, non seulement comme moyen technique mais
aussi comme support symbolique, est également mis en évidence, tant par
l’analyse des symboles du métier (équerre –
compas et règle) que par des tracés qui ne doivent rien à
l’imagination et à l’approximation. Au
fil des pages et des notes, très abondantes, le lecteur découvrira aussi
l’expression « Art Royal » souvent appliquée à la
tradition maçonnique, qui retrouve probablement par cette étude une nouvelle
source opérative : Le livre VIII des
Proverbes, attribué à Salomon et qui contient la majeure partie du
substrat symbolique de la tradition initiatique des bâtisseurs. Jean Michel Mathonière, compagnon tailleur de pierres,
s’intéresse depuis 25 ans à cet art de la taille des pierres, il y a consacré
des ouvrages et surtout collabore régulièrement avec des revues comme
Renaissance Traditionnelle et la presse compagnonnique. |
LES ḖTRANGES
SYMBOLES DES CATHḖDRALES,
BASILIQUES ET ḖGLISES DE LA FRANCE MḖDIEVALE
|
Christian Montésinos
|
Edition Dervy
|
2018
|
Christian Montésinos est historien, membre de
la Société française de mythologie. Il met à notre disposition un travail
considérable d’analyse symbolique des cathédrales. Il y a longtemps en effet
que nous ne savons plus lire ces « livres de pierre ». Cet ouvrage
nous propose de nous réapproprier le langage particulier, synthétique et
puissant des cathédrales, que peu connaissent aujourd’hui hors de certains
cercles du compagnonnage. En introduction, il précise le sens de sa démarche.
Il constata que la richesse des cathédrales était généralement ignorée
« au profit de l’anecdotique laïque, scolaire et républicain ». « Ces constats m’incitèrent à rédiger
un ouvrage, comme ceux que j’aurais voulu avoir en main alors que je
découvrais sans les comprendre voici de nombreuses années les cathédrales et basiliques
de France. La lecture du grand Emile Mâle fut pour moi une révélation. Ses
ouvrages m’incitèrent à me plonger au cœur des auteurs anciens, puis à
confronter les remarques du grand historien de l’art à d’autres ouvrages, en
particulier ésotériques. Je remarquai, après bien des années, que chaque
auteur, Mâle à part, avait surtout travaillé pour sa « boutique ».
Le Mystère des Cathédrales de Dujols, alias Fulcanelli, ne voyait dans les
quatre-feuilles d’Amiens, ou dans les écus de Notre-Dame de Paris, que des
symboles alchimiques. Or, ces images, pour reprendre l’expression consacrée
aux bas-reliefs médiévaux, ne sont pas exclusives. Elles sont à la fois
profanes, religieuses, alchimiques et apologétiques, parce qu’au temps où
elles furent créées, les clercs possédaient une telle vision. S’écarter de la
mentalité médiévale pour interpréter des ornementations lapidaires peut
conduire parfois à dire des banalités, ou pire, des sottises. » C’est la distinction de ces niveaux logiques
qui constitue la force de l’ouvrage et permet une lecture circonstanciée et
différenciée des ensembles symboliques inscrits sur les murs des cathédrales.
Christian Montésinos cherche à plonger dans les sources les plus anciennes
pour retracer les chemins, souvent de détour, qui ont conduit aux images qui
demeurent aujourd’hui sous nos yeux. Si les Lumières ont méprisé nos
cathédrales, elles font heureusement aujourd’hui parti du patrimoine mondial
de l’humanité. Edifiées en deux siècles seulement, elles témoignent d’une volonté
spirituelle exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité qu’il nous est
difficile de comprendre. Christian Montésinos évoque un art sacré. Les images
choisies, dont Emile Mâle a retrouvé le plus souvent l’origine
pré-chrétienne, s’adresse non à la vue mais à l’esprit à travers un
glissement temporel fascinant des mythèmes. Pour l’auteur, le plus grand mystère des
cathédrales c’est celui de la Résurrection du Christ, car tout l’ensemble
symbolique proposé concourt à la mise en œuvre de la « Vie Nouvelle »,
à l’édification du « Nouvel Homme » par une « Nouvelle
Alliance ». « Les cathédrales, confie l’auteur, sont les vaisseaux
de ce voyage fabuleux. Elles donnent véritablement les clés du royaume à ceux
qui savent les trouver. Elles offrent aux pénitents, aux repentis, aux
borgnes, aux aveugles, aux boiteux et à tous les infirmes de corps ou
d’esprit la possibilité de la guérison. Elles proposent à l’homme la
véritable transmutation, au sens propre, le changement au travers. Elles sont
encore porteuses d’autres mystères comme celui de la Trinité, de la
Communion, de la transmission de l’Esprit saint… » Christian Montésinos nous offre des repères
pour entreprendre le voyage : langue des oiseaux, orientation, marques,
zodiaques et calendriers, avant de développer les grands thèmes présents
comme les vices et les vertus, les arts libéraux, les Vierges allégoriques,
et le foisonnement d’étranges créatures du hérisson d’Amiens à l’ouroboros en
passant par les sirènes. Mais il traite aussi du labyrinthe, des emblèmes de
l’alchimie chrétienne, des jeux d’ombre et de lumière, des couleurs et des
matériaux… l’âme des cathédrales existe ; l’étude de la
symbolique le prouve. La symbolique, qui est la science d’employer une figure
ou une image comme signe d’une autre chose, a été la grande idée du moyen
âge, et, sans elle, rien de ces époques lointaines ne s’explique. Sachant
très bien qu’ici-bas tout est figuré, que les êtres et que les objets
visibles sont, suivant l’expression de Saint Denys l’Aréopagite, les images
lumineuses des invisibles, l’art du moyen âge s’assigna le but d’exprimer des
sentiments et des pensées avec les formes matérielles, variées, de la vitre
et de la pierre et il créa un alphabet à son usage. Une statue, une peinture,
purent être un mot et des groupes, des alinéas et des phrases ; la
difficulté est de les lire, mais le grimoire se déchiffre. Des livres tels
que le « Miroir du Monde » de Vincent de Beauvais, le « Speculum Ecclesiae » d’Honorius d’Autun, si bien mis en valeur par M.
Male, le Spicilège de Solesmes, les apocryphes, la Légende dorée, nous
donnent la clef des énigmes. L’on comprendra cette importance attribuée à la
symbolique, par le clergé, par les moines, par les imagiers, par le peuple
même au XIIIe siècle,
si l’on tient compte de ce fait que la symbolique provient d’une source
divine, qu’elle est la langue parlée par Dieu même. Elle a, en effet, jailli
comme un arbre touffu du sol même de la Bible. Le tronc est la Symbolique des
Écritures, les branches sont les allégories de l’architecture, des couleurs,
des pierreries, de la flore et de la faune, les hiéroglyphes des Nombres. Si
ces diverses branches peuvent donner lieu à des interprétations plus ou moins
sûres, il n’en est pas de même de la partie essentielle de la symbolique des
Écritures, qui, elle, est claire et tenue pour exacte par tous les temps. Qui
ne sait, en effet, nous déclare Saint Grégoire le Grand, que « l’Ancien
Testament est la prophétie du Nouveau et le Nouveau la manifestation de l’Ancien »,
que, par conséquent, la religion Mosaïque contient en emblèmes ce que la
religion catholique nous divulgue en réalité ? L’histoire sainte est une
somme d’images ; tout arrivait aux Hébreux en figures affirme Saint
Paul ; le Christ l’a rappelé maintes fois à ses disciples et lui-même
s’est presque toujours servi, lorsqu’il haranguait les foules, de paraboles
ou, si l’on aime mieux, de récits allégoriques qui lui permettaient, en
montrant une chose, d’en dévoiler une autre. Il n’est donc point surprenant que le moyen âge ait suivi
la tradition que lui avaient, après les enseignements du Messie, transmise
les Pères de l’Église et appliqué à la maison du Seigneur leurs procédés.
Cela dit, nous devons ajouter qu’en sus de cette précaution d’enclore, dans
une cathédrale, les vérités du dogme, sous les apparences des contours et les
espèces des signes, le moyen âge a voulu traduire, en des lignes sculptées ou
peintes, les Légendaires et les évangiles apocryphes, être en même temps
aussi qu’un cours d’hagiographie et de pieux fabliaux, un sermonnaire narrant
au peuple le combat des vertus et des vices, lui prêchant la sobriété, le
travail, la nécessité évoquée par la parabole des vierges sages et des
vierges folles, d’être toujours prêt à paraître devant Dieu, le menant, peu à
peu, tout en l’exhortant le long de la route, jusqu’au jour de la mort qu’il
lui découvrait brutalement, dès l’entrée même de la basilique, dans les
tableaux du Jugement dernier et du pesage des âmes. La cathédrale était donc un ensemble, une synthèse ;
elle embrassait tout ; elle était une bible, un catéchisme, une classe
de morale, un cours d’histoire et elle remplaçait le texte par l’image pour
les ignorants. Nous voici loin, avec ces données, de l’archéologie de cette
pauvre science de l’anatomie des édifices ! Voyons maintenant, en usant
de la doctrine des symboles, ce qu’est Notre-Dame de Paris, quel est le sens
de ses divers organes, quelles paroles elle profère, quelles idées elle
décèle. Ses conceptions et son langage ne diffèrent pas de ceux de ses
grandes sœurs de Chartres, d’Amiens, de Strasbourg, de Bourges, de Reims et
autres. Tout au plus cache-t-elle une arrière-pensée qui sent un tantinet le
fagot et que j’expliquerai plus loin ; — nous pouvons donc, pour
elle comme pour les autres, l’étudier, en lui appliquant les théories
générales du symbolisme Un petit chapitre est consacré au regard des
Francs-maçons sur les cathédrales afin de dissiper quelques illusions
courantes. Ce livre érudit, agréable à la lecture, très bien illustré, sera
un guide précieux pour explorer nos cathédrales et en extraire les
connaissances traditionnelles que ceux qui les ont conçues et édifiées ont
voulu transmettre à travers les temps.. |
les francs
– juges de la sainte vehme |
J.P.
bayard |
Edition
DUALPHA |
2004 |
||
Au
14e siècle la confrérie compte plus de 100.000 membres, ces
tribunaux sont placés sous l’autorité de l’archevêque de Cologne, et ils sont
reconnus par l’Empereur. Ce sera Charles Quint vers 1510 qui incarnant le
retour de l’autorité impériale interdira les activités de cette confrérie,
qui aura duré près de 250 ans officiellement, car durant la guerre de trente
ans, cette confrérie va ressurgir. Ce n’est qu’en 1811 que Jérôme Bonaparte,
éphémère roi de Westphalie va dissoudre définitivement cette confrérie. Les
histoires qui circulent n’ont fait qu’alimenter l’horreur et l’effroi dans la
littérature populaire. La justice était rendue dans des lieux assez reculés
et les jugements étaient signés par un poignard planté dans l’arbre du
supplicié, car la plupart des jugements étaient exécuté par pendaison. Ces
pendaisons avaient lieu en secret, la nuit de préférence et la signature d’un
couteau avertissait la population ce qu’il lui en couterait en cas de
désobéissance à sa loi. Au
début du 20ème siècle, certaines sociétés secrètes, ont repris à leur compte
ce nom pour en faire une machine de guerre et de terreur. L’auteur avec
passion, dépoussière ce tribunal et rend la vérité à l’histoire. |
les grands ordres militaires & religieux |
Dominique
lormier |
Edition
TRAJECTOIRE |
2006 |
L’affrontement
du christianisme et de l’Islam débute au VIIIème siècle. Il atteint son
paroxysme au XIème siècle avec la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon
en 1099. Le royaume latin qui se crée au Moyen Orient suscite le
développement de nombreux ordres à la fois militaires et religieux, dont la
vocation est de défendre les positions franques en Orient. Les
Templiers, officiellement reconnus par la papauté en 1129, sont de tous les
combats. Leur règle, rédigée par St Bernard, fait de ces chevaliers du Christ
un ordre tout puissant, dépendant directement du pape. Les Hospitaliers sont
souvent à leurs côtés, quoique plus marqués par leur vocation caritative.
Après la chute de Saint-Jean-D’acre en 1291, Templiers et Hospitaliers se
replient en Europe. Ils sont devenus les banquiers des rois de France.
Philippe IV le Bel est décidé à s’emparer de leur trésor.
|
LES LÉGENDES DE L’HÔPITAL DE ST JEAN DE JÉRUSALEM |
Antoine
CALVET |
Edition
P.U.F. |
2000 |
En
1070 un hospice se crée en terre sainte pour les pèlerins. En 1099 les
croisés prennent la Ville de Jérusalem et l’hôpital s’agrandit. En 1113 il
obtint la reconnaissance papale. C’est tout un tissu de légendes qui
entourent la création de l’hôpital, son histoire et sa survie. Les Légendes de l'Hôpital de Saint-Jean de
Jérusalem sont un récit qui narre comment l'Hôpital de Jérusalem fut fondé à
la suite de plusieurs apparitions du Christ. Ces apparitions ou Miracles sont
antérieures aux Croisades, à l'exception du dernier miracle qui, durant le
siège de Jérusalem, tire d'un bien mauvais pas le fondateur de l'Ordre de
Saint-Jean de Jérusalem, Gérard. Dans nombre de recueils de statuts des
XIIIème-XIVème siècles, les Légendes sont copiées ainsi que la Règle.
Cependant, dès les premiers temps,... des versions
latines des Légendes, ignorant la fondation miraculeuse de l'Ordre,
apparaissent dans certains recueils. Cette tradition, plus conforme à la
réalité, sera celle qui finalement sera reconnue par les officiels de
l'Ordre. Cet ouvrage, après
une introduction historique, consiste en l'édition et en la traduction,
précédée d'une analyse linguistique, de trois versions occitanes des Légendes
dont l'une, écourtée du dernier miracle relatif aux Croisades, correspond à
la version princeps des Légendes, dont nous avons perdu la trace. On pourra y
ajouter l'édition des versions française et latine des Légendes à partir de
deux manuscrits de la BnF. |
les lÉgendes des cathÉdrales |
J.F.
BLONDEL |
Edition J.C. Godefroy |
2002 |
||
Car si les cathédrales formaient une sorte de
Livre muet accessible à l'immense cohorte de ceux qui alors ne savaient
pas lire, leurs images reflètent avant tout la culture du Moyen Age. Au
XIIIe siècle, en même temps que les cathédrales, fleurissent les
encyclopédies : saint Thomas d'Aquin expose dans sa Somme théologique
toute la doctrine chrétienne ; Jacques de Voragine rassemble dans sa Légende
dorée toutes les légendes des saints ; Guillaume Durand explique
dans son Rational des divins offices toute la liturgie ; Vincent
de Beauvais embrasse et résume dans son Grand Miroir toute la science
de l'univers. En fait, tenant compte également des réminiscences de quelques
Évangiles apocryphes et des légendes populaires, quelquefois à substrat
païen, il n'est guère besoin d'aller chercher ailleurs qu'en ces ouvrages les
clefs de l'iconographie des cathédrales. Porteuses de telles significations
supérieures, les images obéissent à des règles où le figuratif s'estompe au
profit du symbole et de l'allégorie, d'où le sentiment de mystère qui peut
naître lorsque les règles qui régissent cette langue hiératique ne sont plus
connues. Pour prendre un exemple très simple et, au demeurant, fondamental,
la représentation d'une croix n'a pas pour objet final de figurer une
quelconque croix, un assemblage de pièces de bois qui évoquerait l'art de la
charpente : elle est l'image de la Croix par excellence, celle où
s'accomplit le mystère de la Passion. De même, un agneau portant une croix
est l'image de Jésus-Christ offert en sacrifice. Mais l'image est
polysémique : sans la croix, ce même agneau est une figuration du
chrétien, voire du pêcheur que le Bon Pasteur, sous la forme du berger,
viendra ramener vers le troupeau (l'Église en tant que communauté des
fidèles). Dans le contexte des calendriers, cet agneau pourra évoquer le
temps de Pâques, tandis que le bélier figurera le signe zodiacal du même nom,
moment de l'équinoxe de Printemps à partir duquel le jour l'emportera sur la
nuit… et la lumière du Christ sur les ténèbres du paganisme. Dans la cathédrale, les chapitres du Miroir
de la Nature sont inscrits partout. Il n'est en effet guère de parties de
l'édifice où ne se remarquent des plantes et des animaux. Le premier livre de
l'Ancien Testament raconte la Genèse, les six jours de la Création que Dieu
peupla de plantes et d'animaux avant d'y placer Adam. Toute cette végétation,
généralement représentée dans sa phase de croissance, de pleine vigueur,
représente également la puissance vitale du Verbe à l'œuvre dans le cœur des
fidèles, ce grain qui, jeté en bonne terre, croît et fructifie. Rien dans la
Création n'échappe au Moyen Age à cette vision mystique. Méditant sur une
simple noix, Hugues de Saint-Victor écrit : « Qu'est-ce qu'une noix
sinon l'image de Jésus-Christ. L'enveloppe verte et charnue qui la recouvre,
c'est sa chair, c'est son humanité. Le bois de la coquille, c'est le bois de
la croix où cette chair a souffert. Mais l'intérieur de la noix, qui est pour
l'homme une nourriture, c'est sa divinité cachée. » La rose est quant à
elle le symbole des martyrs ou du chœur des vierges. Pierre de Mora écrit à
son sujet : « Quand elle est rouge, elle est le sang de ceux qui
sont morts pour la foi, et quand elle est blanche, elle est la pureté
virginale. Elle naît au milieu des épines, comme les martyrs s'élèvent au
milieu des hérétiques et des persécuteurs, ou comme une vierge pure éclate au
milieu de l'iniquité. » C'est aussi un symbole de la Lumière, du
rayonnement du Verbe, et les grandes roses des cathédrales, constellées des
couleurs de l'arc-en-ciel et des épisodes de l'Histoire sainte, en offrent le
témoignage le plus éclatant. L'immense foule des animaux et des êtres
fantastiques qui peuple les cathédrales illustre tantôt des vices que doivent
combattre les vertus chrétiennes, tantôt des fables héritées de l'Antiquité
et décrivant des contrées lointaines que le résumé du monde qu'est la
cathédrale ne saurait ignorer, à défaut de les connaître réellement. Ainsi
des peuples fabuleux, tels les sciapodes qui n'ont qu'une jambe mais qui
cependant peuvent courir à une vitesse prodigieuse, se reposant ensuite à
l'ombre de leur pied immense. Ou encore du phénix, l'oiseau immortel qui se
régénère par le feu, symbole qui fut effectivement très prisé des
alchimistes. Mais si dans l'esprit du Moyen Age tout est
susceptible d'être symbole, il convient cependant de ne pas se laisser
entraîner à vouloir trouver une signification hautement symbolique à toutes
les représentations. Il n'est pas inutile de rappeler ici les termes très
durs avec lesquels, à cette époque, saint Bernard, pourtant familier de la
langue des symboles, traite le bestiaire fantastique : « Dans les
cloîtres, sous les yeux des frères qui lisent, que viennent faire ces
monstres ridicules […] De grâce, si on ne rougit pas de semblables inepties,
qu'on regrette au moins la dépense. » Cette réaction montre bien que
l'imagier, s'il obéissait pour l'essentiel à un programme iconographique
dicté par les autorités ecclésiastiques, n'en prenait pas moins la liberté de
laisser son imagination vagabonder chaque fois que cela lui était possible.
N'oublions pas non plus que, construite sous l'autorité de la cité, la
cathédrale n'était pas seulement la maison de Dieu où se déroulait la
liturgie, c'était aussi celle du peuple dans laquelle se tenaient des
réunions et des fêtes : le profane y avait donc aussi sa place et trop
critiquer certaines figurations grotesques voire pornographiques, ou
illustrant des fabliaux populaires, serait oublier les vertus spirituelles de
l'humour… |
LES MYSTÈRES TEMPLIERS |
Louis
CHARPENTIER |
Edition
Robert LAFFONT |
1967 |
Héritier
de la révélation christique, du savoir égyptien, grec et de la civilisation
celte, l’ordre du Temple a pendant deux siècles, déposé les germes de ce qui
aurait pu être la plus extraordinaire civilisation du monde moderne. Il
existe, entre Seine et Aube, un massif forestier au nom inattendu de « Forêt
d'Orient », qu'entoure une ceinture de fermes portant les marques des mêmes
constructeurs. C'est là que naquit, au début du XIIe siècle, le mystérieux,
puissant, orgueilleux Ordre du Temple, dont Michelet a dit que la chute fut
le plus grand cataclysme de l'Occident. Héritier de la révélation christique,
du savoir égyptien et grec, de la tradition celtique, cet Ordre allait, pendant
deux siècles, déposer les germes de ce qui aurait pu être la plus
extraordinaire civilisation du monde moderne.
|
les poÉmes Épiques du moyen-Âge |
|
Union Latine d’édition |
1972 |
4
volumes C’est dans les dernières années du XIe siècle qu’apparaissent
les chansons de geste, poèmes épiques traitant de hauts faits du passé, et
destinés à être chantés ; en effet, geste
vient du latin gesta,
signifiant « exploits ». La plus ancienne des chansons de geste connue à ce
jour est sans doute La
Chanson de Roland dans la version du manuscrit d’Oxford, daté de
1098 environ.
|
L’ESPRIT DU COMPAGNONNAGE. Histoire, traditions et valeurs morales |
J.
Pierre BAYARD |
Edition
DANGLES |
1994 |
||
Le
présent ouvrage est le résultat d'une expérience vécue dans un contexte
humaniste. L'auteur est donc particulièrement qualifié pour nous faire
découvrir ce monde de l'exception : historique, rites, enseignements,
formation ouvrière, éthique et valeurs morales... Il nous montre combien nos
lois actuelles sur l'apprentissage devraient s'inspirer de leurs méthodes, et
il rend un vibrant hommage au travail manuel, souhaitant sa réhabilitation
pleine et entière dans notre système économique. Il nous décrit les
structures contemporaines du compagnonnage en France et en Europe, nous
indiquant toutes les adresses et les spécificités de chaque groupement. Enfin
- et surtout - il nous propose de forts préceptes moraux, insistant sur la
valeur des devoirs tout aussi importants que les droits. A
l'encontre de l'esprit égalitaire et d'uniformité qui nivelle notre monde
actuel, l'étude du compagnonnage peut donner à chacun l'envie et la
possibilité de se dépasser, de libérer ses potentialités latentes dans
l'exercice d'un métier valorisant et reconnu. Le
système français du compagnonnage est un moyen unique de transmettre des
savoirs et savoir-faire liés aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du
cuir et des textiles ainsi qu’aux métiers de bouche. Son originalité tient à
la synthèse de méthodes et procédés de transmission des savoirs extrêmement
variés : itinérance éducative à l’échelle nationale (période dite du
« Tour de France ») voire internationale, rituels d’initiation,
enseignement scolaire, apprentissage coutumier et technique. Le mouvement du
compagnonnage concerne près de 45 000 personnes qui appartiennent à
l’un des trois groupes de compagnons. Les
jeunes à partir de 16 ans qui veulent apprendre et/ou développer leurs
compétences dans un métier donné peuvent demander à rejoindre une communauté
de compagnons. La formation dure en moyenne cinq ans pendant lesquels
l’apprenti change régulièrement de ville, en France et à l’étranger, pour
découvrir divers types de savoirs et diverses méthodes de transmission de ces
savoirs. Pour pouvoir transmettre son savoir, l’apprenti doit produire un
« chef-d’œuvre » qui est examiné et évalué par les compagnons. Le compagnonnage est généralement perçu comme étant le dernier mouvement à pratiquer et enseigner certaines techniques professionnelles anciennes, à assurer une formation à l’excellence dans le métier, à lier étroitement développement de l’individu et apprentissage du métier et à pratiquer des rites d’initiation propres au métier. |
les rites magiques de la royautÉ |
J.P.
BAYARD & P. de la PERRIERE |
Edition
BELISANE |
1998 |
||
Or, pour la majorité des hommes du Moyen
Age, qui ont une vision très matérielle de la religion, qui dit sacré dit
guérir. Robert le Pieux est le premier roi qui a passé pour guérir les
maladies. Sa réputation de piété l'a aidé. Ses successeurs ont ensuite
récupéré ce don et sa spécialisation dans les écrouelles. En Angleterre, plus
tard, c'est le roi Henri Beauclerc qui introduit la pratique thaumaturgique
du toucher, au début du XIIe siècle. La
pratique du toucher est très populaire jusqu'à la fin du XVe siècle. Les
malades viennent de différents pays d'Europe et le nombre important des
sujets scrofuleux venant se presser auprès du souverain sont une marque de
loyalisme. Surtout, le rite du toucher va triompher de l'opinion
ecclésiastique. Au XIe siècle, la réforme grégorienne, qui souhaitait contrer
l'importance du pouvoir politique, cherchait à dépouiller les princes de leur
empreinte surnaturelle et les réduire ainsi à de simples êtres humains.
Cependant, lorsque la France de Philippe le Bel devient une grande puissance,
les auteurs utilisent le don thaumaturgique comme arme pour renforcer la
popularité de la maison royale. En Angleterre aussi, le don est une arme pour
s'affirmer face à la papauté. Les déclarations des partisans du pape évoquant
des mensonges ou les rêveries de ceux qui croient au miracle royal restent
exceptionnelles. Et au début du XIVe siècle, les guérisons royales s'imposent
à tous, même à l'opinion ecclésiastique.
La
longévité de la pratique du toucher des écrouelles s'explique par
l'atmosphère religieuse dont étaient entourés les rois. Ces derniers avaient
un caractère presque sacré, d'abord par l'onction au moment du sacre.
Ensuite, des légendes renforcent le caractère quasi sacerdotal des
souverains, comme celle de la Sainte Ampoule, des fleurs de lys
en France ou la légende de l'huile d'origine céleste en Angleterre.
Enfin, des superstitions, en vogue dans l'opinion commune, nourrissent encore
la croyance en l'existence du miracle royal. Ainsi, la conception d'une
royauté sacrée a traversé tout le Moyen Age sans perdre sa vigueur.
Vers la fin du Moyen Age, Saint-Marcoul, un saint dont on sait
seulement qu'il a vécu au VIe siècle, est associé à la dynastie royale.
L'opinion commune en fait l'origine du pouvoir thaumaturgique des rois de
France : c'est de lui que recevraient les monarques le pouvoir de guérir les
écrouelles. La croyance est solidement établie dès le XVIe siècle. Une autre
croyance vient se greffer sur celle en l'existence du miracle royal : le
septième fils d'une famille serait un guérisseur-né. Ainsi, en France,
cohabitent trois sortes de guérisseurs des écrouelles : les rois, les
septénaires et Saint Marcoul. Chacun ont une origine distincte,
mais les croyances populaires les ont amalgamés et un phénomène de
contamination s'est produit. Du XVIe au XVIIIe siècle, la croyance au miracle
royal perdure et reste forte.
Mais
l'Eglise surveille et prend soin que le monarque ne devienne pas un saint. Un
miracle sur une maladie spécifique telle que les écrouelles, c'est très bien.
Mais il ne doit pas aller au-delà. |
LES
SITES TEMPLIERS ET HOSPITALIERS
DU LARZAC ET LES COMMANDERIES
DU ROUERGUE |
JACQUES
MIQUEL |
EDITION
DU BEFFROI |
2002 |
Le
Larzac demeure étroitement lié à une vocation militaire : Présence
templière du XIIe au XIVe siècle, puis des Hospitaliers se substituant aux
templiers de 1312 jusqu’à 1789. Depuis 1910 elle retrouve une fonction
militaire à la Cavalerie avec le camp militaire du Larzac. Le
Larzac occupe environ 1000 km², de plus il se trouve sur la route
naturelle Sud/Sud Est vers le Nord /Nord Ouest,
c’est pourquoi les Templiers s’y sont installés vers 1110, le Larzac
possédant de vastes plaines avec des troupeaux de brebis immenses, qui ont pu
approvisionner les soldats et les pèlerins de Terre Sainte, car toutes ces
commanderies n’avaient comme but que cet approvisionnement, par la suite
elles servirent de relais pour le courrier, la banque, les maisons de repos
et le commerce. La
première commanderie qui se crée est Sainte Eulalie, et toutes les
autres qui se créeront par la suite vont en dépendre. Cet ouvrage nous
fait voyager entre toutes ces commanderies et il nous explique la vie, les
repas, les idéaux de ces moines soldats. Est développé la flore du Larzac,
ses brebis, le pourquoi de ses constructions, la vie quotidienne des paysans.
On visite la Cavalerie, la Couvertoirade, la ferme de Mascourbe qui
était la plus grande exploitation agricole de la commanderie de Saint
Félix de Sorgues. Saint germain qui dépendait de Millau, La bastide de
La Clau, Bouloc, La commanderie des Canabières dépendant du Rouergue, Bégon
et La Selve, Saint Martin de Limouse, l’église romane de Aboul près
d’Espalion, l’église-château d’Anglars de Bedène, Villecomtal, Auzits
et son retable, Rulhe, Lugan et Nigreserre. Saint
Jean d’Alcas
mérite qu’on s’y arrête, car ce ne fut pas une commanderie mais plutôt une
Abbaye cistercienne avec une abbesse. Cette abbaye qui dépendait de Nonenque,
fut fortifiée et c’est à partir de 1356 qu’elle prit une réelle importance et
vers 1439 elle possédait une architecture fortifiée importante qui la
protégeait des bandes de routiers et de bandits, et malgré les guerres de
religion et le temps, ce petit village a gardé un charme qui mérite le
détour, car une excellente rénovation lui a fait garder son caractère
moyenâgeux, tout en le mariant avec un modernisme intelligent. On visite le
logis de l’abbesse de Nonenque, le donjon, le chemin de garde, les salles du
conseil, l’église et les fortifications, ses ruelles et ses maisons du 15e
siècle. Un merveilleux et intéressant voyage dans le temps |
LES TEMPLIERS. PROTECTEURS DES SECRETS DU GRAAL
ET DE L’ARCHE D’ALLIANCE |
Charly Samson |
Ed. L’Oeil du sphinx |
2017 |
||
L’idée du Temple persiste d’abord à travers les lieux.
Vrais vestiges templiers ou faux vestiges contribuent à la fois à l’histoire
et à la légende. Le templarisme survit à l’Ordre, il l’avait d’ailleurs
précédé comme l’a démontré Henri Corbin, notamment avec le cycle du Graal.
L’histoire de l’Ordre du Temple, et les légendes qui l’entourent, comme les
mystères du Graal, pointent vers une même réalité et finalité initiatiques. Un chapitre traite des néo-templarismes, depuis la fausse
résurgence de Fabré-Palaprat jusqu’aux « petites glorioles »
d’aujourd’hui. Pour Charly Samson, l’idéal templier et la spiritualité
templière perdurent, indépendamment de prétendues survivances historiques. Si
l’Ordre du Temple, entre histoire et mystères, nourrit aujourd’hui un
tourisme templier qui se porte bien, il continue aussi d’orienter certains
courants traditionnels, par exemple en Franc-maçonnerie. Dans le chaos de ce
début de millénaire, l’idéal chevaleresque porté par l’Ordre du Temple, ou
que nous lui faisons porter aujourd’hui, véhicule des valeurs et une
dynamique qui peuvent se révéler salutaires pour peu qu’on ne les laisse pas
s’enliser dans les considérations personnelles. Des tribunaux inquisitoriaux existaient dans toute
l’Europe depuis le Moyen Âge. L’Inquisition, le bras armé de l’Église
dans la répression de l’hérésie, avait été fondée au XIIIe siècle
pour éradiquer le catharisme dans le Sud de la France, à la suite de la
Croisade contre les Albigeois. Elle s’implanta dans le royaume d’Aragon, mais
pas en Castille ni au Portugal. Très active en sus débuts, cette Inquisition
médiévale perdit rapidement de son dynamisme, freinée par les États qui ne
voyaient pas d’un bon œil des juges pontificaux agir librement sur leur
territoire. Car elle était en droit un tribunal romain totalement soumis au
pouvoir pontifical. L’inquisition espagnole avait vu le jour en 1478 à
la demande des Rois catholiques eux-mêmes, qui souhaitaient réaliser ainsi
l’unité non seulement politique, mais aussi et surtout religieuse de leurs
États. Ils obtinrent des conditions qui sauvegardaient la juridiction royale
: si le Souverain Pontife restait le chef suprême de l’institution, il
déléguait la quasi-totalité de ses pouvoirs à un Inquisiteur général, choisi
par les souverains. Le système devait paraître satisfaisant à Ferdinand,
puisqu’il l’étendit aux territoires de la Couronne d’Aragon, où l’Inquisition
nouvelle remplaça le tribunal médiéval, faisant ainsi du Saint-Office l’une
des très rares institutions communes aux deux parties de la Monarchie. L’Inquisition espagnole avait pour objectifs essentiels la
défense de la foi catholique et la lutte contre toutes les hérésies. Le
premier tribunal fut installé à Séville, en 1480. Rapidement, une vingtaine
d’autres se créèrent qui couvraient l’ensemble du territoire de l’Espagne.
L’Inquisition consacra les premières années de son existence à poursuivre les
faux conversos. Il s’agissait de juifs qui, pour ne plus souffrir de
l’antisémitisme ou, quelques années plus tard, pour échapper au décret
d’expulsion qui les frappa en 1492, s’étaient apparemment convertis au
catholicisme, mais néanmoins continuaient à pratiquer leur religion
d’origine, à laquelle ils étaient restés. Ce fut une époque terrible.
Plusieurs centaines, plusieurs milliers de personnes peut-être, furent
brûlées en autodafé. Plusieurs dizaines de milliers furent « réconciliées »,
réintégrées dans le sein de L’Eglise, moyennant pénitence publique et
confiscation de leurs biens ou forte amende. Tout ceci, d’ailleurs, au profit
de l’État, qui encaissait les sommes ainsi perçues et se contentait de rétrocéder
aux inquisiteurs l’argent nécessaire à leur entretien. À partir de 1517, date du début de la Réforme, les
tribunaux inquisitoriaux se mirent à poursuivre les protestants, qui, il faut
le reconnaître, ne furent pas très nombreux en Espagne. À partir de 1525,
l’Inquisition espagnole s’en prit aux alumbrados (ainsi nommés car ils
se disaient directement éclairés par l’Esprit divin) qui niaient toute
médiation spirituelle entre Dieu et les hommes et refusaient bon nombre de
pratiques du catholicisme. L’Inquisition se tourna aussi vers les morisques,
qui furent pour elle la grande affaire entre 1530 et 1610. En 1501, l’islam
était donc presque intact et les morisques que l’on baptisait de force
restaient tout aussi musulmans qu’auparavant. L’assimilation ne se produisait
toujours pas. En 1609, la Monarchie décida une mesure radicale : l’expulsion.
À nouveau, l’Inquisition perdait une de ses raisons d’être, mais elle n’en
désarma pour autant. Elle fut utilisée pour surveiller des immigrants
portugais, marchands, industriels et banquiers, souvent d’origine juive. Depuis les années 1530, L’Inquisition consacrait une
grande partie de son énergie à la poursuite d’individus qui n’appartenaient à
aucune des minorités religieuses ci-dessus mentionnées, des « vieux-chrétiens
». Elle s’est attachée à lutter contre la sorcellerie, la sodomie, la
bigamie, le blasphème, certaines conduites des prêtres…L’Inquisition
fut abolie définitivement en Espagne le 15 juillet 1834.L’Inquisition
espagnole était une institution très hiérarchisée. Au sommet, l’organe
central de cette institution, le Conseil Suprême de l’Inquisition (Consejo
de la Suprema y General Inquisición –parfois appelé la Suprema)
était présidé par un Inquisiteur général. Il s’agissait en fait d’un conseil
de gouvernement, au même titre que les autres conseils administratifs. Au niveau local, chacune des principales villes possédait
un tribunal inquisitorial autonome, composé de deux inquisiteurs, un
assesseur, d’un officier de police (alguacil), et d’un procureur (le fiscal),
ainsi que de tout un personnel subalterne. Enfin, à la base de cette stricte
hiérarchie, se trouvaient les « familiers de l’Inquisition » : ces derniers
étaient de dénonciateurs bénévoles et laïques qui s’engageaient à traquer les
hérétiques et à les livrer aux tribunaux su Saint-Office. On estime qu’ils
étaient environ 20000 au XVIe siècle, ce qui représente un
effectif important Les revenus de l’Inquisition provenaient principalement
des confiscations des biens des condamnés, en effet, si un hérétique ne se
repentait pas de ses erreurs, il était remis au bras séculier (relajado al
brazo seglar) et brûlé à l’issue de l’autodafé. S’il se repentait,
il était reconciliado avec l’Eglise, il était soumis à une pénitence,
mais il ne retrouvait pas ses biens. La procédure inquisitoriale
comportait trois phases : le temps de grâce, le procès, la sentence. La
première phase, dite du temps de grâce, débutait lorsque les
inquisiteurs s’installaient dans une ville. Les hérétiques étaient invités,
dans un délai de trente à quarante jours, à se présenter devant eux pour se
dénoncer ou en dénoncer d’autres. Cette procédure entraînait d’innombrables
dénonciations, d’autant plus que les noms des délateurs restaient secrets.
Les accusés d’hérésie étaient emprisonnés dans les prisons secrètes de
l’Inquisition jusqu’au procès et on leur confisquait tous leurs biens afin de
payer leur pension quotidienne dans les geôles dites de miséricorde. L’accusé ne savait pas le motif de
son arrestation, il était présumé coupable et devait prouver son innocence.
Lorsque le procès s’ouvrait, le fiscal dressait un acte d’accusation
qui était lu, puis il invitait l’accusé à confesser ses erreurs. Si ce
dernier ne s’exécutait pas, il pouvait être torturé. Selon la gravité du
crime commis, la sentence débouchait sur des peines plus ou moins sévères.
Les moindres d’entre elles étaient le paiement d’une amende ou la
condamnation à porter un vêtement d’infamie, le sambenito. L’échelle
des peines se poursuivait par l’emprisonnement, ou l’assignation aux galères.
La peine maximale pour les condamnés qui persistaient dans leur hérésie était
la condamnation à mort sur le bûcher. Quelle que soit la sentence, le
jugement s’achevait sur une dénonciation publique et spectaculaire, entourée
d’un cérémonial rituel : l’autodafé |
les templiers
en amÉrique |
J.
de mahieu |
Edition
R. Lafond |
1980 |
Dans
ce livre passé Jacques Mahieu démontre que les Templiers connaissaient déjà
l’Amérique (du Sud en tout cas) et y sont probablement allés à plusieurs
reprises. C’est ainsi qu’ils ramenaient les tonnes d’argent qu’ils
utilisaient comme monnaie en Europe. Or à l’époque des Templiers, personne en
Europe (sauf peut-être quelques érudits, occultistes ou ésotéristes arabes ou
juifs) n’imaginait le continent américain. On
sait que lorsque les premiers Conquistadors arrivèrent en Amérique, ils
furent d’abord pris pour des « dieux », selon une légende annonçant que des
visiteurs grands roux et barbus reviendraient les voir dans le futur. Or pour
des raisons trop longues à expliquer ici, cette prophétie pouvait aussi bien
s’appliquer aux Templiers qu’aux Conquistadors, si l’on s’en tient aux seules
apparences. Mais les premiers « dieux » ayant fait cette prédiction étaient
venus du ciel, et non de la mer ! Les Templiers ont certainement eu
connaissance de la prophétie et peut-être même ont-ils réussi à entrer en
contact avec les « dieux ». Plus
encore, et, cette fois-ci, la preuve que les templiers connaissaient le
continent que nous appelons aujourd'hui Amérique est définitive. On a
récemment retrouvé, aux Archives nationales, les sceaux de l'Ordre, saisis
par les gens de Philippe le Bel en 1307. Sur l'un deux apposé sur un document
où un dignitaire inconnu donne des ordres au grand maître, on lit
l’inscription Secretum Templi,
"secret du Temple". Au
centre, on voit un personnage qui ne peut être qu'un Amérindien. Vêtu d'un
simple pagne, il porte une coiffure de plumes, telle qu'on la trouve chez les
indigènes de l'Amérique du Nord, du Mexique et du Brésil, ou du moins chez
certains d'entre eux, et tient dans la main droite un arc dont la forme n'est
pas très exacte sur le dessin que nous reproduisons. Il manque à ce dernier,
par ailleurs, deux symboles que l'on voit clairement, à l’œil nu, sur
l'original : à gauche, au-dessous de l'arc, un svastika aux branches
recourbées, dont la forme est exactement celle qui prédominait en Scandinavie
à l'époque des Vikings, et, à droite, à la même hauteur, un odala, ou
rune d'Odin. Il est
presque certain que les templiers connaissaient l'existence du "Nouveau
Monde". Ce qui constituait leur secret. Un secret si important que
l'Ordre s'était donné pour le garder et pour l'exploiter, une hiérarchie
supérieure, du moins dans ce domaine, à celle du grand maître. Un secret au
sein du secret dont la Règle, secrète au point que nous n'en avons qu'un seul
exemplaire, faisait l'obligation, même vis-à-vis des autres frères, aux
membres du chapitre. Un
secret dont l'origine nous est connu. Au Xe siècle, des vikings
germano-danois avaient déjà passés vingt-deux ans au Mexique avant d'aller
fonder, au Pérou, l'Empire de Tiahuanaco, et des Irlandais s'étaient déjà
solidement établis dans l'Est des actuels États-Unis. Aux débuts du XIe
siècle, des Vikings norvégiens avaient déjà fondé au Vinland, dans l'actuel
Massachussetts, des colonies prospères qui maintenaient le contact avec leur
mère patrie. Or, au XIe siècle, il n'y avait pas si longtemps que le jarl
Hrolf, dit Rollon, s'était vu donner en fief la Normandie, dont les relations
avec les terres du Nord n'avaient pas cessé par la suite. Le
service de renseignements du Temple avait dû entendre parler du continent
lointain d'outre-océan. Quelque docte chapelain de l'Ordre, d'autre part,
n'avait-il pas eu l'occasion, à Byzance, de consulter la Géographie de
Ptolémée, où l'on raconte le voyage fait en Amérique du Sud, au Ier siècle de
notre ère, par le capitaine grec Alexandre, parti, vers l'est, de la
Chersonèse d'Or, c'est-à-dire de l'Indonésie ? Il serait bien étrange qu'il
en eût été autrement. Reste à
savoir si c'était bien de mines américaines que les Templiers tiraient leur
argent. |
les templiers
– histoire & procÉs |
Jules
michelet & j.j. roy |
Edition J. de Bonnot |
1995 |
||
Par
son volume et les détails biographiques qu'il livre sur 138 templiers, le
rouleau des interrogatoires parisiens est un monument de l'histoire
templière. Les Archives nationales en donnent ici une reproduction de
qualité, qui permet de retrouver facilement les interrogatoires de chacun des
templiers questionnés par l'Inquisition, qu'il s'agisse des dignitaires, de
frères sergents ou d'un simple berger. |
les templiers
– une chevalerie chrÉtienne au moyen – Âge |
Alain
demurger |
Edition
du SEUIL |
2005 |
L’ordre
du Temple est le premier exemple d’une création originale de la chrétienté
médiévale occidentale : l’ordre religieux-militaire. Au XIIème siècle, dans le
vaste mouvement de la réforme grégorienne et de la croisade, le nouveau
chevalier du Christ, tel que saint Bernard l’a magnifié, prononce les vœux du
moine, vit selon une règle, mais agit dans le siècle. Et
de quelle manière ! Puisque, pour sa foi, il combat, il tue et il meurt. Créé
pour protéger les pèlerins de Jérusalem reconquise par les croisés, il étend
sa mission à la défense des États latins d’Orient, puis à l’Espagne de la
Reconquista. Sa
mise en accusation brutale, en 1307, par le roi de France Philippe le Bel,
fut suivie d’un procès inique et de sa suppression en 1312. L’ordre du Temple
est devenu le bouc émissaire d’un conflit qui le dépasse et qui fut exacerbé
en France par la personnalité du roi et de ses conseillers : le conflit entre
un pouvoir spirituel sur la défensive et l’État moderne qui s’affirme en
Occident depuis le milieu du XIIIème siècle. |
LES TOURS INACHEVÉS |
Raoul
VERGEZ |
Edition
J.M. GARNIER |
1959 |
Cette
saga montre comment cette corporation alliée aux Templiers fut à l’origine de
la Croisade de la classe laborieuse contre le pouvoir royal. Poursuivant
son œuvre de glorification du compagnonnage et des anciennes corporations,
Raoul Vergez ressuscite cette fois, dans Les Tours inachevées, la plus noble,
la plus vaste de ces corporations : celle des maçons, artistes et maîtres
d'œuvre qui ont bâti les cathédrales. Il
l'inscrit en même temps dans l'histoire générale et montre comment, alliée
aux Templiers dans sa lutte contre le pouvoir royal, elle est à l'origine de
la grande croisade de la classe laborieuse. Le talent robuste de l'auteur
transfigure une documentation remarquablement riche en y introduisant la vie
et les passions. Jusqu'au pied du bûcher où va périr Jacques
de Molay, grand maître de l'ordre du Temple, le géant celte, Anséric, tailleur de pierre "estranger",
bâtisseur de cathédrales, s'oppose aux sbires et aux baillis du roi de
France, Philippe IV le Bel, qui veulent détruire l'ordre. Anséric s'enfuit
à travers le pays, y organise l'abandon des cathédrales en construction, puis
conduit les maçons du sud de la Loire vers les églises d'Espagne dont ils
deviendront les réalisateurs, ceux du nord vers l'Allemagne et les pays
scandinaves. Puis,
dans la célèbre loge du Saint Empire germanique, à Strasbourg, Anséric prépare le premier couvent des bâtisseurs de
cathédrales, d'où sortira un jour la franc-maçonnerie spéculative. A travers
son aventure, Anséric le Celte, traqué par le roi
Philippe, a perdu sa fille, Minna, qu'a retrouvée Stéphanus, l'imagier. Le
couvent des tailleurs de pierre fait ressortir, cependant que les Tours
demeureront inachevées, la rigueur et le courage des bâtisseurs immortels de
cathédrales. Une éloquence parfois prophétique, parfois visionnaire, soulève certaines pages de cette puissante chronique ouvrière et médiévale. |
LE
TESTAMENT DES TEMPLIERS A CHINON |
Yvon
ROY |
Edition
ORIOL |
2002 |
L’auteur
après de patientes recherches à Chinon nous livre ses impressions sur le
mystère templier ; surtout lors de leur procès et leur captivité à
Chinon, où la pierre conserve la mémoire par des graffitis des derniers
templiers. Depuis la mort du roi de France (Philippe le Bel) et du
pape (Clément V) à la suite de celle du grand maître de l’ordre du Temple
(Jacques de Molay), les Templiers fascinent. La disparition du dernier maître
sur le bûcher en mars 1314 restera à jamais auréolée de mystère. C’est pourquoi,
au bout de sept siècles, leur pouvoir d’attraction et leur popularité
demeurent intacts dans l’imaginaire du public. Un épisode templier remarquable s’est déroulé à la forteresse de
Chinon où les dignitaires de l’ordre furent emprisonnés peu après leur
arrestation. La détention a duré plusieurs mois, de juin à août 1308. Dans la
tour du Coudray, de nombreux graffitis pourraient être attribué aux templiers
prisonniers. Les sujets des graffitis s’y prêtent : des personnages
stylisés, des croix et les instruments de la passion, ainsi que des figures
géométriques… Outre les graffitis, les templiers ont laissé d’autres témoins
matériels de leur passage à la forteresse. Auditionnés par les émissaires du
pape dans le cadre de leur procès, ils ont confessé leurs fautes dans un
parchemin resté inédit jusqu‘en 2001, le fameux parchemin de Chinon
rédigé à la forteresse. Une
énigme passionnante qui donne une solution, mais est-ce la bonne ? |
LE TOMBEAU DES DUCS DE BRETAGNE ET SON SYMBOLISME - (Cathédrale de Nantes) |
Thomas Grison |
Edition Rafael de Surtis |
2015 |
||
Placé
entièrement sous le signe combiné du Soufre et du Mercure, le tombeau semble
ainsi à même de nous livrer quelques-unes des clés fondamentales d'un Grand
Oeuvre alchimique qui, de par la nature toute christique de la quête qu'il
nous propose, nous porte clairement sur la voie du salut, et nous invite à
transformer notre plomb en or par l'exercice de la sagesse et de la vertu. Les
quatre angles du tombeau sont ornés de statues représentant les quatre vertus
cardinales, Force, Tempérance, justice et prudence. Thomas
Grison détaille ces quatre statues et explique les divers niveaux de lecture
que l’on peut avoir, il en détaille l’historique, la gestuelle, la
symbolique, le philosophique, le coté alchimique et l’anagogique. C’est un
vrai bonheur de lire et de vivre ce théâtre de pierre car il porte en lui non
seulement l’histoire de France mais également les mythes et les légendes de
la Tradition. Cet essai
traite du symbolisme du tombeau de François II, dernier duc de Bretagne et de
seconde épouse, Marguerite de Foix. Connu aussi sous le nom de « tombeau des
Carmes » quand il était dans l’église des Carmes de Nantes, réalisé par le
sculpteur Michel Colomb entre 1502 et 1507. Ce tombeau remarquable marque la
période transitoire entre tradition gothique finissante et Renaissance. Très
vite connu comme un chef d’œuvre de l’art sculptural, il intéressa également
pour son symbolisme et sa dimension hermétiste. Il n’est pas rare que des
tombeaux, à la demande du commanditaire ou à l’initiative du sculpteur, se
révèlent de véritables livres d’alchimie par leur symbolisme. Certains
spécialistes voient dans ce chef d’œuvre de la sculpture française l’influence
de Jean Perréal qui ramena d’Italie nombre d’idées nouvelles. Pour
Thomas Grison, si la symbolique du tombeau autorise des interprétations
variées selon le domaine choisi comme contexte, c’est dans le contexte
particulier de l’alchimie que fut conçu le tombeau qui « célèbre les noces
métalliques, et combien chrétiennes, du duc et de la duchesse, tels que ces
derniers renvoient à l’évidence à l’union des deux principes « mâle » et «
femelle » représentés par le Roi (le Soufre) et la Reine (le Mercure) : placée
à la fois sous le signe de l’union et, par voie de conséquence, de cette loi
de l’Amour dont témoigne les évangiles, l’image du couple sculpté dans la
pierre par Michel Colombe semble clairement bâtie, comme nous allons tâcher
de le montrer sur le modèle d’un Christ unificateur, totalisant et androgyne…
» L’une
des spécificités du tombeau réside dans les quatre Vertus présentes aux
quatre angles du tombeau, la Tempérance, la Force, la Justice, la Prudence
dont l’auteur détaille le symbolisme avant de développer le quaternaire
singulier qu’elles forment représentant les quatre essences divines issues de
l’Un immuable. Thomas Grison approche ensuite le symbolisme des arabesques,
souvent ignoré, avant de présenter celui, plus classique, des douze apôtres et
des angelots ou celui, plus politique, du lion et du lévrier, avant de
revenir sur le sens de ces gisants qui, malgré leur position couchée,
évoquent l’axialité à laquelle conduit l’alchimie. « Dans
une interprétation qui laisse ainsi libre cours à l’alchimie, le tombeau de
François II et de Marguerite de Foix, suggère l’auteur, semble en définitive
annoncer une glorification, ou une transfiguration, qui passe en premier lieu
par l’union des principes « mâle » (Soufre) et « femelle » (Mercure) qui ne
sont autres que ce duc et cette duchesse en lesquels nous retrouvons les
figures de l’Epoux (Sponsus) et de l’Epouse (Sponsa) tels qu’ils apparaissent
dans le Cantique des cantiques. Tout
ceci doit nous permettre de comprendre que la relation Epoux-Epouse se joue
ici sur deux niveaux bien distincts qui, loin de s’exclure l’un l’autre, nous
paraissent bien au contraire entièrement complémentaires l’un vis-à-vis de
l’autre. Si en effet, d’un point de vue qui nous paraît relever de
l’horizontalité, cette relation se propose de passer de la dualité à l’unité
en réunissant les principes « mâle » et « femelle » tels qu’ils sont associés
au Soufre et au Mercure, du point de vue de la verticalité, c’est cette fois
la relation entre l’homme et Dieu qu’il est question d’explorer. A travers la
relation Epoux-Epouse, nous retrouvons ainsi en quelque sorte, les deux axes
d’une croix dont il faut comprendre qu’elle relève d’un symbolisme qui va
bien au-delà de la souffrance et du martyre de Jésus. Cette médiation
entre le haut et le bas et entre la gauche et la droite n’est possible que
grâce à l’Amour, car c’est par l’Amour et par lui seul que pourra à nouveau
s’accomplir cette Unité perdue dont nous avons parlé précédemment. »
L’ouvrage, qui invite le lecteur à découvrir une œuvre somptueuse, propose
aussi d’approcher le langage particulier de l’alchimie tel qu’il s’inscrit
dans la statuaire de son époque
Arabesques
- Les douze apôtres - Sponsus et Sponsa - Le lion et le lévrier - Post face
de Paul Sanda - En
annexes on y trouve : Le cas de Michel Colombe dans l’histoire de l’Art
- Des extraits du Paradis de l’âme d’Albert le Grand - L’art religieux de la
fin du Moyen Âge par Emile Mâle - Léon Palustre - des illustrations
complètent cet ouvrage -
|
le zen
dans l’art chevaleresque du tir à l’arc |
E. herrigel |
Edition Dervy |
2003 |
Ce
philosophe allemand est allé au Japon pour y étudier la philosophie Zen. Il s’est
adonné au tir à l’arc – Art noble du Japon –. Pour le Japonais le tir à l’arc
n’est pas une priorité de jouissance esthétique et sportive mais un moyen de
former le mental et même de le mettre en contact avec la réalité ultime. Si
l’on veut réellement maitriser un art, les connaissances techniques ne
suffisent pas, il faut passer au-delà de la technique, de telle sorte que cet
art devienne « un art sans artifice » qui ait ses racines dans
l’inconscient, en dehors de son ego et de ses pulsions habituelles. Dans
le cas du tir à l’arc, celui qui lance et celui qui reçoit ne sont plus deux
entités opposés, mais une seule et même réalité. L’archer n’a pas
conscience de moi-même comme d’un être occupé à atteindre le centre de la
cible devant lui, et cet état de non-conscience ne s’obtient que lorsque
l’archer parfaitement vidé et débarrassé de son ego, ne fait plus qu’un avec
l’amélioration de son habilité technique. Cet état nouveau est appelé Satori, il fait ressortit l’intuition prajnique (sagesse transcendantale), ce
Satori consiste donc en un outrepassement des limites de l’ego, il permet de
voir la synthèse de l’affirmation et de négation, métaphysiquement, c’est
savoir par intuition que le devenir est l’être et l’être le devenir. Ce
sont les mêmes rapports que l’on trouve dans la préparation du thé, de
l’escrime, de la pratique du Zen de l’arrangement des fleurs, de la danse et
des beaux-arts en général. |
l’Île des veilleurs |
Alfred
WEYSEN |
Edition R. Laffont |
1986 |
||
Va
et cherche. Le Saint et Vérité te montreront le chemin." Son père, un
juge au service du Tsar, lui confirme l'authenticité de ce trésor et lui conseille
de suivre son destin.
Ce livre est le résultat des recherches de l’auteur, ingénieur
et archéologue et féru d’ésotérisme. |
l’Île des veilleurs
– contre-enquÊte sur le trÉsor du temple |
AMOROS
– BUARDÈS & GARNIER |
Edition
ARQA |
2007 |
Après
35 ans de silence et faisant suite aux découvertes d’Alfred Weysen qui en
1972 publie son best-seller l’Île des Veilleurs, trois chercheurs : Paul Amoros,
Richard Buadès et Thierry Emmanuel Garnier, sous l’égide de Tim Wallace
Murphy, l’auteur de Rex Deus et du Code Sacré, ont pour la première fois
décidé de reprendre à zéro le travail édité à cette époque, ouvrage qui
défraya la chronique de son temps.
Après
dix années d’études sur le terrain et en bibliothèque, assorties de très
nombreuses rencontres et de maints témoignages recueillis parmi les gens qui
connurent très bien les dessous de cette mystérieuse affaire, les auteurs
font profiter le lecteur de leur contre-enquête pour amener en un parcours
haletant, de chapitres en chapitres, à réviser entièrement ce que l’on
croyait savoir sur l’Île des Veilleurs, le mystère du Verdon et le Trésor des
Templiers. Une nouvelle donne qui non seulement reconduit totalement une lecture que l’on pensait acquise de l’œuvre d’Alfred Weysen mais de plus prolonge abondamment les pistes entrouvertes par de nombreuses révélations. Un
livre très attendu où les surprises ne manquent pas et où l’amour de ce lieu
enchanté qu’est le Verdon se respire à chaque page… |
livre de l’ordre de
chevalerie
-
Traduction
par Patrick Gifreu |
Raymond lulle |
Edition
La Différence |
1991 |
Le livre
de l'Ordre de la chevalerie est un opuscule rédigé dans le dernier quart du
XIIIe siècle par Raymond Lulle. Écrit par un vrai chevalier, il est le
premier code de chevalerie dont nous disposons. Les
sept chapitres qui le composent traitent de l'origine du chevalier, de son
rôle dans la société médiévale, des qualifications requises pour devenir un
vrai chevalier, de la cérémonie d'adoubement, de la symbolique des armes, des
règles de vie et de l'honneur... Au
XIIIe, Raymond Lulle vivait en plein âge d'or de la chevalerie. Cela
n'empêche nullement l'auteur de porter sur son institution un regard aussi
affûté que le fil d'une bonne épée et de dénoncer les abus commis par
certains hommes qui n'ont de chevaleresque que les armes et le nom. Partant de
là, l'auteur rappellera la grandeur spirituelle de l'ordre de la chevalerie
voué à combattre le mal sous toutes ses formes. Car si la chevalerie est
avant tout un métier de combat et d'action, il demande également une
disposition intérieure du cœur afin d'agir sous la direction de l'Esprit. Malgré un style
médiéval parfois un peu surfait, ce petit traité sera d'une grande utilité à
ceux qui veulent mener encore aujourd'hui une vie conforme aux nobles idéaux
de la chevalerie. Présenté
et traduit par Patrick Gifreu, ce petit livre de R. Lulle est un véritable
traité sur la chevalerie, son éthique et son rôle dans la société. La
chevalerie y apparaît comme institutions sacrale et symbolique, et sa
doctrine est dans l’Amour. |
L’OMBRE DES
TEMPLIERS. VOYAGE AU CŒUR
D’UNE HISTOIRE DE FRANCE SECRḔTE ET MYSTḖRIEUSE |
Christian Doumergue |
Edition de l’Opportun |
2015 |
||
Au Moyen- Âge, cette
double identité - moine et soldat - est nouvelle et fait grincer des dents.
Que des réguliers, pour ainsi dire des moines, se donnent pour mission de
tuer "l'infidèle", alors que le sang versé représente, pour un
homme d'Eglise, la souillure capitale, cause scandale. La chrétienté ne
serait pas unanime à l'idée de soutenir les Templiers. C'est l'analyse qu'en
fait en tout cas l'auteur, en démontrant combien, rapidement et durablement,
la milice fut attaquée. Il met ainsi en lumière le doute qui naît au sein de
l'ordre. De même que les critiques sévères émanant d'hommes d'Eglise
importants. Reste que ces reproches demeurent minoritaires, mais l'intérêt du
livre est de montrer cette pluralité des positions, trop souvent effacée par
une vision unanimiste de la société et de l'Eglise du Moyen Age. Comment
peut-on porter la croix et en même temps le glaive ? Etre moine et
privilégier l'action sur la contemplation ? L'ordre du Temple est le premier
à affronter cette contradiction : voilà le vrai mystère des Templiers. Qu'ils
aient pu se maintenir en constitue un autre. En 1139, la bulle Omne datum
optimum, du pape Innocent II, représente une étape essentielle dans
l'évolution de l'ordre alors en plein essor. Cette fois, le pas est franchi :
le Temple dépend directement du pape. L'ordre peut, là où il est en
possession de domaines, lever des taxes qui, jusque-là, relevaient de
l'épiscopat. Par ailleurs, aucun évêque ne peut excommunier un Templier, ni
placer ses biens et ses chapelles en interdit. Les successeurs d'Innocent II
ne cesseront de confirmer ou d'étendre les privilèges de l'ordre, jusqu'à la
veille de son effondrement. Ce faisant, on comprend le pouvoir que s'attribue
ainsi la papauté. A partir de la reconnaissance de
l'ordre à Troyes, on le sait, les donations des fidèles vont affluer.
Parcelles de terre, péages et tonlieux (taxes), droits seigneuriaux ou
féodaux, rentes de toutes sortes permettent rapidement aux Templiers de
constituer un patrimoine important, réparti en France, en Angleterre, en
Italie, en Espagne et, dans une moindre mesure, en Allemagne et en Europe
centrale. Par achats et échanges, ils regroupent des parcelles et remembrent
leurs domaines pour en rationaliser l'exploitation. Ils passent aussi pour
être durs en affaires. Sans doute l'ont-ils été envers ceux qui s'adressent à
eux pour obtenir un prêt d'argent et laissent en gage une terre ou un bien. Riches, les Templiers le sont, de
terres, de biens immobiliers. Mais pas plus que les Hospitaliers et autres
grands ordres religieux. Ni conservateurs ni systématiquement innovateurs,
ils exploitent leurs domaines avec rigueur et efficacité et s'adaptent au
terrain. L'accumulation n'est pas ce qui les motive : elle constitue un moyen
pour remplir leur mission. Pour faire face aux dépenses considérables en
Orient comme en Espagne, les Templiers doivent transférer en Terre sainte, à
partir des ports méditerranéens, hommes, armes, chevaux, vivres et argent.
Ils pratiquent le transfert d'argent, soit en espèces, soit en utilisant le
contrat de change. Si cela ne fait pas d'eux des banquiers, on les jalouse
pourtant. Dès 1170, à peine cinquante ans après la création de l'ordre, on
leur reproche leur puissance et leurs richesses, et on critique le pape qui,
en le privilégiant, lèse le pouvoir et les bénéfices censés revenir à
l'épiscopat. "Bien avant la procédure qu'intentât le roi de France
Philippe IV à l'encontre des Templiers en 1307, figurent déjà, en germe, les
griefs essentiels qui, à terme, les conduiront à leur perte : orgueil,
indépendance, richesse", prévient Arnaud de la Croix. Dès 1130, les Templiers prennent
part aux combats des armées latines contre les forces musulmanes. Ils sont de
toutes les batailles et leurs statuts détaillent leur organisation militaire
et leurs méthodes de combat. Rompus aux usages tactiques des Turcs, ils sont
de plus en plus chargés de défendre des forteresses et des villes fortes,
défense que les princes et les seigneurs latins ne peuvent plus assurer,
faute de moyens. Les Etats latins, quasiment
anéantis en 1187 par Saladin, reconstitués sur une base territoriale réduite
à la bande côtière, dans la première moitié du XIIIe siècle, limités à des
enclaves côtières éparses ensuite, furent tenus à bout de bras par les ordres
militaires. Jusqu'à la chute finale d'Acre, en mai 1291. Repliés à Chypre,
les Templiers et l'ensemble des forces latines de l'île tentent, en s'alliant
avec le khanat mongol de Perse, de reprendre pied en Terre sainte. En vain.
Ils n'ont pas abdiqué, mais dans ce contexte nouveau, l'ordre du Temple
a-t-il encore un sens ? Au fil des pages, Arnaud de la Croix expose qu'il n'a
pu durer que grâce aux croisades : " Le Temple n'est qu'un épiphénomène,
un surgeon né, ayant vécu et disparu avec les croisades. L'histoire du
Temple, de sa création, de son ascension, de sa chute s'explique
essentiellement par des facteurs environnementaux. Le procès lui-même ne se
comprend pas sur la base des griefs retenus, mais plutôt dans le contexte du
XIVe siècle." Ce n'est donc pas du côté du
Temple qu'il faut chercher les causes de sa disparition, mais du côté de
Philippe le Bel. Pour le roi, une institution indépendante et internationale
de 15 000 hommes échappant à sa tutelle est une menace. A un second niveau,
l'affaire du Temple est un bras de fer entre lui et Boniface VIII : ce pape,
agressé dans son palais d'Agnani par les troupes françaises, avait excommunié
Philippe le Bel. Ce dernier va alors se servir du Temple pour obtenir de
Clément V, successeur de Boniface VIII, un règlement à son avantage : un
procès en hérésie intenté à la mémoire de Boniface VIII, sans quoi il menace
de quitter l'Eglise de Rome. En d'autres termes, le deal est : soit sauver
l'unité de l'Eglise, soit sacrifier le Temple.
Clément V se résout à sacrifier le Temple - on apprendra qu'il le condamne
mais sans statuer sur sa culpabilité d'hérésie. |
l’ordre du temple en roussillon |
Robert vinas |
Edition
TRABUCAIRE |
2001 |
Dans
ce livre conçu en deux parties, l’histoire et les documents, Robert Vinas
poursuit un double but. Il veut montrer la naissance, la vie et la mort d’une
commanderie templière, celle du Mas Deu en Roussillon, en décrivant les
multiples activités de la communauté religieuse qui l’habite. Mais
il a aussi le souci constant de nous montrer les hommes qui composent cette
communauté, liés au siècle qui les entoure, à la vie de l’Ordre en général et
aux péripéties politiques et religieuses de leur temps. Il s’adresse au
chercheur passionné par l’histoire du Temple, mais également à tous les
catalans soucieux de retrouver dans chaque village les plus infimes traces du
passage de l’Ordre. |
l’ordre du temple en roussillon &
sa suppression |
B. alart |
Edition
SCHRAUBEN |
1988 |
L’année
1138 marque définitivement l’établissement des Templiers dans les vallées du
Roussillon ; C’est à cette époque en effet qu’ils fondent leur première
maison, le MAS DEU, en Territoire de Villemolaque, grâce à la donation qui
leur a été faite d’un champ où « … Jam edificatus et constructus mansus
supradicte militie… qui opellatur a multis Dei… »
Connu
malheureusement des seuls érudits en matière d’histoire médiévale, ce travail
constitue toutefois pour l’époque de sa parution et pour l’heure actuelle une
des bases fondamentales et incontournables de tout chercheur qui, de près ou
de loin désire se pencher sur le destin peu ordinaire de ces fameux
moines-soldats. |
l’ordre noir des templiers
|
J.
rolland |
Editions
TRADITIONNELLES |
1997 |
||
|
11 M
MAGIE ET MERVEILLE AU MOYEN - ÂGE ET
LEUR PORTḖE SYMBOLIQUE |
Xavier-Laurent
Salvador |
Edition
Signatura |
2015 |
La Magie au Moyen Âge
recouvre un ensemble de techniques considérées par tous comme naturelles. Elle
est à la fois une science et un artisanat, c’est-à-dire un savoir-faire. La
Merveille quant à elle, c’est notre fantastique tel qu’il est conçu
aujourd’hui : l’irruption dans le monde naturel d’un phénomène surnaturel
comme les spectres ou les manifestations démoniaques. Les
moyens de contrôler ces phénomènes relèvent en revanche de la magie qui tire
en partie la légitimité de sa persistance dans les récits bibliques et en
particulier dans leur grande traduction française : la Bible Historiale
(fin XIIIe siècle) dont Xavier-Laurent Salvador est l’éminent spécialiste. On
y trouve, entre autres, de nombreux récits légendaires qui s’appuient sur
l’idée d’un Moïse magicien, astronome et initié aux mystères. Parcourir le
champ actif de la merveille et de la magie en partant de ces récits,
c’est ouvrir une fenêtre sur un univers ancien beaucoup plus complexe que
nous pouvions le soupçonner. Le
merveilleux, la « merveille », c'est ce qui suscite l'étonnement. En
lui-même, le mot n'implique pas nécessairement le surnaturel, pour la simple
raison que la séparation entre naturel et surnaturel n'était pas alors aussi
claire que pour nous. Le Moyen Âge voit une sorte de continuum des lois de la
nature jusqu'à Dieu. Et Dieu fait ce qu'il veut des règles. Comme le dit Jean
de Meun dans Le Roman de la Rose : « Nature est la chambrière de Dieu
», elle est sa femme de sa chambre, elle est à son service. Pour
saint Augustin, Dieu a prévu dans la nature la possibilité de tous les effets
possibles de toutes les causes possibles, mais pratiquement - et pour ne pas
nous affoler ! - ce sont toujours les mêmes effets qui sont produits par les
mêmes causes. Cela n'empêche pourtant pas Dieu de produire un effet inédit,
que nous appelons « miracle ». Les formes que
prend le merveilleux au Moyen-Âge sont très variées, souvent issues de la
mythologie celtique et germanique. Il y a tout ce qui relève de la
métamorphose, quand un personnage change son apparence ou prend celle d'un
autre. Des objets magiques, comme l'anneau d'invisibilité d'Yvain, le cor
d'Huon de Bordeaux, la « corne à vin » dont le héros ne peut boire le contenu
sans le renverser que si sa femme lui est fidèle ou le « manteau mal taillé »
qui ne s'ajuste à sa taille qu'à la même condition. Des
prisons magiques, comme celle où Niniène « entombe » Merlin ou le « val sans
retour » dans lequel Morgain retient les amants volages. Il y a aussi tout le
domaine des illusions. Ainsi, lorsque Lancelot, le « chevalier de la
charrette », arrive au pont de l'épée, deux lions l'attendent sur l'autre
rive, mais ils disparaissent quand il trouve la force de s'avancer sur le
pont. Et puis les fées, les dragons, les bateaux sans pilote ou les animaux
fées - de couleur blanche - qui entraînent le héros vers son destin. Sans
parler du filtre d'amour et d'autres breuvages à la fois magiques et
médicinaux. Ce n'est pas une distinction très
facile à faire entre le merveilleux profane et le merveilleux religieux.
Souvent, un même fond de croyances est utilisé dans les deux cas. Tout un
merveilleux lié à la mythologie celtique a ensuite été christianisé. C'est le
cas du Graal qui, au départ, est probablement un vase de fécondité - comme la
corne d'abondance - et devient le calice de la Cène où Joseph d'Arimathie a
recueilli le sang du Christ. Si l'on
veut à tout prix raisonner selon notre séparation moderne entre profane et
religieux, on peut dire que le merveilleux religieux a la particularité de
proposer un sens. Il prête à leçon, à enseignement, à correction… Ce qui
n'est pas toujours le cas du merveilleux profane : on trouve dans certains
récits un empilement d'histoires merveilleuses dont le sens finit par se
diluer. Les médiévaux croyaient-ils à leur
merveilleux ? C'est une question délicate. Ce qui est certain c'est que le
merveilleux ne gênait pas leur foi, bien au contraire ! Plus il y a de
miracles, plus il y a de manifestations directes de Dieu dans le monde
visible à travers des phénomènes surprenants et déroutants, plus il leur est
facile de croire. Dans les sermons, les exempla sont remplis de merveilleux.
Et ce merveilleux-là, qu'il vienne de Dieu ou du diable, on y croit ! C'est
sans doute la grande différence avec les modernes qui trouvent qu'il est bien
difficile de croire, et que ça l'est plus encore s'il y a des miracles Quant au merveilleux romanesque, c'est une autre histoire. Les médiévaux n'en sont pas dupes et savent comme nous que la poésie est faite pour qu'on y croie sans y croire. Les légendes arthuriennes étaient considérées comme des fariboles, des sornettes, des nugae, disait-on en latin. Ainsi dans cet exemplum du cistercien allemand César de Heisterbach : un abbé prêche au chapitre devant ses moines qui somnolent. Il s'arrête, change de ton et commence : « Il y avait autrefois un roi très puissant, qui s'appelait Arthur… » Aussitôt, tous les moines se réveillent et écoutent. Alors l'abbé les admoneste : « Vous écoutez ces fariboles et quand je vous raconte les merveilles du Christ, vous dormez ! » Cet exemple montre la force de séduction mais aussi la critique dont le merveilleux profane pouvait faire l'objet. On voit aussi certains auteurs, comme Chrétien de Troyes, faire appel au merveilleux, mais avec discrétion ou avec un demi-sourire, en suggérant qu'il peut cacher une explication psychologique ou rationnelle. |
malte –
exposition de l’histoire de l’Ordre Souverain de Malte |
Le
Comte Michel de pierredon |
BIBLIOTHÈQUE
NATIONALE |
1929 |
Bien
que l’Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, dit de Rhodes, puis de Malte,
soit un Ordre international, la situation qu’il a occupée dans notre pays et
le rôle particulier qu’il y a joué lui donnent pour nous un intérêt de toute
première importance. Cet Ordre, en effet, a joui en France d’une organisation
spéciale et, indépendamment des biens considérables qu’il y possédait, il a
occupé dans notre histoire nationale une place importante que les faits
suivants permettent de constater.
|
malte
– histoire de l’ordre de malte |
B.
Galimard flavigny |
Edition
PERRIN |
2006 |
||
|
malte
– histoire des chevaliers de malte |
Abbé vertot |
Edition
ROLLIN |
1726 |
Édition
originale en 6 volumes et en vieux Français. Elle est la référence pour
l’étude de cet ordre. Les différentes nations infidèles qui avaient
successivement occupé Jérusalem avaient laissé exister les lieux saints, en
considération des tributs qu’ils tiraient des chrétiens qui venaient les
visiter. Ils avaient même autorisé auprès du Saint Sépulcre la construction
d’une chapelle qu’on appelait Sainte Marie de la Latine, pour la distinguer
des églises où l’on célébrait l’office divin suivant le rite des Grecs : des
religieux de St Benoît la desservaient. On
établit aussi, proche de leur couvent, deux hospices pour recevoir les
pèlerins de l’un et de l’autre sexe, sains et malades ; des personnes
séculières venues de l’Europe se dévouèrent dans cette maison au service des
pauvres et des pèlerins, et cette pieuse fondation doit être considérée comme
le berceau de l’ordre de St Jean.
|
malte –
histoire des chevaliers de malte |
Abbé vertot |
Edition
MAME |
1841 |
Édition
en bon Français et ornée de 4 gravures sur acier. L’Abbé Vertot est une
référence pour l’histoire de cet ordre et cette édition ramenée en un volume
est agréable à lire. L’ordre que nous appelons communément l’Ordre de Malte
s’appelle officiellement. L’Ordre Souverain Militaire Hospitalier de St Jean
de Jérusalem, de Rhodes et de Malte. L'Ordre participe en 1535 à la conquête de Tunis, mais subit en
1541 de lourdes pertes lors de la malheureuse expédition contre Alger et perd
Tripoli de Barbarie en 1551. L'archipel est très vite menacé par les galères
ottomanes et par les assauts des corsaires barbaresques. Élu Grand Maître en
1557, Jean Parisot de la Valette doit préparer méthodiquement sa défense car
la prise de Djerba, survenue en 1560, annonce à coup sûr un assaut de grande
envergure. Les remparts sont renforcés, on accumule des réserves d'eau et de
vivres, des chevaliers affluent des divers prieurés et commanderies d'Europe
pour venir affronter le Turc, et neuf mille hommes en âge de combattre sont mobilisés dans la population locale pour faire face au
péril. C'est en mai 1565 que Mustapha Pacha amène à pied d'œuvre trente
mille hommes, transportés par cent soixante galères, avec l'intention
d'emporter ce qui constitue alors l'un des avant-postes de la chrétienté,
indispensable à la défense des côtes italiennes et espagnoles. L'héroïque
résistance du fort Saint-Elme, qui ne tombe que le 23 juin, permet de
gagner les délais nécessaires et « d'user » les assaillants qui ont
dû consentir de très lourdes pertes. Rien ne parvient à briser la volonté des défenseurs des forts
Saint-Ange et Saint-Michel et quand, le 7 août, les Turcs parviennent à
pénétrer dans le Borgo, ils en sont finalement refoulés. Enfin, l'arrivée du
« grand secours » dépêché par le vice-roi de Sicile Don Garcia de
Toledo décide, au début de septembre, du sort de la bataille. L'apparition
des tercios de Don Alvaro de Bazan décourage les chefs turcs qui doivent renoncer, à
l'issue d'un siège de quatre mois très meurtrier pour leurs troupes. Célébrée
dans toute l'Europe, cette victoire contre le Turc – ce « Verdun du
XVIe siècle », pour reprendre la belle expression de Jacques Godechot – constitue une étape décisive dans la guerre
pour la Méditerranée. Elle sera confirmée six ans plus tard, en
octobre 1571, quand les flottes d'Espagne, de Venise, du Saint-Siège et
de la plupart des principautés italiennes placées sous le commandement de Don
Juan d'Autriche infligeront à Lépante un nouvel échec aux galères du
« Grand Seigneur ». L'Ordre engagera quatre galères dans la
bataille et soixante de ses chevaliers seront tués lors de cet affrontement
majeur. Entre-temps, à Malte, La Valette a rebaptisé le Borgo Citta Vittoriosa et créé une
ville nouvelle qui prendra son nom. C'est l'architecte italien Francesco Laparelli qui, entre 1566 et 1571, est chargé
de la réaliser en mobilisant dans ce but quatre-vingt mille ouvriers. Une
fois élevée cette forteresse imprenable, Malte sera hors de portée des
assauts ottomans et poursuivra pendant deux siècles une lutte efficace contre
la piraterie barbaresque. Jusqu'à la seconde moitié du XVIIIe, c'est sur les
galères de Malte, au cours des quatre « caravanes » – les campagnes
navales – que doivent accomplir les chevaliers que se forment les maîtres de
la guerre sur mer, tels d'Estrées, Tourville, Suffren ou de Grasse. Les
navires barbaresques ont alors tout à craindre des « galères de
religion », à l'époque où Jacques François de Chambray (1687-1756),
surnommé le « Rouge de Malte », l'un des meilleurs marins de son
temps, multiplie, au cours de ses vingt-quatre campagnes, prises et
destructions. Redoutable instrument militaire, l'Ordre demeure fidèle à sa
vocation hospitalière. Un premier hospice a été bâti à Malte entre 1530
et 1532 et un second, la « Sacrée Infirmerie », de 1575
à 1663. La capacité d'accueil des malades s'est accrue régulièrement, de
trois cents lits au XVIIe siècle à cinq cent cinquante en 1789. Trois
médecins, trois chirurgiens, un pharmacien y sont affectés, et les chevaliers
accomplissent toujours, régulièrement, leur mission d'assistance auprès des malades. Malte possède ainsi, au XVIIIe siècle, le plus grand
et le plus moderne des hôpitaux de toute l'Europe. Sous le Grand Maître Pinto
de Fonseca, c'est une université de médecine qui succède aux écoles
d'anatomie, de chirurgie et de pharmacie précédemment implantées et dotées,
depuis 1687, d'une bibliothèque spécialisée qui fait l'admiration des
contemporains. Le relâchement des mœurs, les progrès de l'irréligion, la
vogue de l'orientalisme et des « turqueries » qui fait jeter un
regard nouveau sur l'ennemi ottoman de la veille contribuent à la décadence
de l'Ordre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les chevaliers, fils
cadets des familles de la haute noblesse européenne, se consacrent désormais
davantage aux plaisirs qu'à l'assistance aux malades ou aux campagnes
navales. Alors que le royaume de France fournissait près des deux tiers
de l'effectif des chevaliers, la Révolution française porte un coup terrible
à l'Ordre vieux de plus de sept siècles. L'Assemblée nationale de 1789 refuse
de le considérer comme un État souverain possessionné en France où se
trouvaient alors 358 de ses 671 commanderies. L'abolition des privilèges, la
suppression des ordres de chevalerie et la mise en vente de leurs biens en
septembre 1792 réduisent dans des proportions catastrophiques les
revenus de l'ordre de Malte, au moment où le Grand Maître Emmanuel de Rohan-Polduc refuse de reconnaître le nouveau régime
républicain. Son successeur Ferdinand de Hompesch, Allemand élu en 1797,
tente d'intéresser au sort de l'Ordre le tsar Paul Ier de Russie mais aussi
l'Angleterre, devenue la puissance dominante en Méditerranée, alors que le
jeune général Bonaparte explique au Directoire « l'intérêt majeur »
que présente l'île de Malte pour la France. L'expédition d'Égypte est l'occasion d'un débarquement
français qui débouche le 12 juin 1798 sur la reddition signée par
Hompesch, bientôt réfugié à Trieste alors que les chevaliers – dont certains
ont rejoint l'armée d'Égypte – sont regroupés pendant plusieurs mois à Antibes
avant de recouvrer leur pleine liberté. Dès 1800, les Anglais se substituent
aux Français à Malte et, si le traité d'Amiens conclu en 1802 prévoit la
rétrocession de l'île aux chevaliers, le gouverneur nommé par Sa Gracieuse
Majesté ne veut rien entendre à ce propos. L'Angleterre se verra confirmer la
possession de l'île lors du traité de Paris de 1814 et à l'occasion des
congrès de Vienne et de Vérone en 1815 et 1822. Affaibli par les
disputes nées des prétentions sans lendemain du tsar Paul Ier, l'Ordre, privé
de territoire, est dirigé désormais par un « lieutenant du
magistère » à qui le pape Léon XII concède un couvent et une église de
Ferrare. Il revient pourtant s'installer à Rome en 1834, dans le palais de la
Via dei Condotti, et renaît au cours du
XIXe siècle, dans le cadre des associations nationales, jusqu'à la
restauration de la Grande Maîtrise en 1879. |
malte
– l’Ḗglise st jean de la valette de malte |
D. cutajar |
Edition
ARTE NUOVA |
Malte |
||
Quant
à sa position de dignitaire dans la hiérarchie il venait en troisième n’étant
précédé que par le Grand Maître et l’Évêque de Malte. Il convient de noter
que parmi le clergé local il y en avait beaucoup qui furent admis à titre de
membres de cette « Veneranda Assemblea » et qu’un nombre d’entre eux furent
élus prieurs de St Jean.
|
malte
– les chevaliers de malte – des hommes de fer & de foi |
Galimard
flavigny |
Edition
GALLIMARD |
1998 |
Issu
des croisades, l’ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, plus connu
aujourd’hui sous le nom d’ordre de Malte, est la plus ancienne association
d’aide humanitaire. Approuvé
en 1113 par le pape, cet ordre religieux assura également des fonctions militaires
pour protéger malades et pèlerins se rendant à Jérusalem. L’Ordre ne cessa de
participer à l’histoire tant sous ses aspects politiques – il fut le rempart
de la chrétienté contre les Ottomans –, diplomatiques, artistiques,
qu’humanitaires. Au début du XIVème siècle, il organisait un premier hôpital de Rhodes. En 1523, il mettait à flot un navire-hôpital. Puis à Malte, il instituait un service de chirurgie d’urgence. Chassé de Malte par Bonaparte, l’Ordre n’en meurt pas pour autant. Son Grand Maître, qui a rang de cardinal dans l’Église, est le souverain – élu – du plus petit État du monde qui échange des ambassadeurs avec 70 pays, émet timbre-poste et passeports, bat pavillon et monnaie. Bertrand
Galimard Flavigny nous fait connaître le passé et le présent de ces hommes de
fer et de foi. |
malte –
les chevaliers de malte & la marine de philippe ii - 2 Tomes - |
Jurien
de la gravière |
Edition
PLON |
1887 |
2
volumes pour raconter la vie de cet ordre et son apogée maritime.
Les
princes séculiers la dotèrent, en effet, à l’envie quand elle n’était encore
qu’une société laïque de bienfaisance consacrée tout entière au soin des
blessés et des malades. Après la prise de Jérusalem en 1099, la pieuse
infirmerie commence par devenir un couvent : les Hospitaliers prononcent
entre les mains du patriarche de Jérusalem les trois vœux de chasteté, d’obéissance
et de pauvreté. En l’année 1118, ils se décident, sans renier leur première
vocation, à prendre les armes pour défendre contre les soldats du Soudan
d’Égypte le tombeau du Sauveur. De cette époque date la constitution franche
qui s’intitule La Religion.
Les
chevaliers sont tenus de fournir les preuves de huit quartiers d’une noblesse
sans tache. |
malte
– l’ordre de malte en mḖditerranḖe |
c.e. engel |
Edition
DU ROCHER |
1957 |
Le
26 octobre 1530, Philippe de Villiers de l’Isle-Adam, Grand Maître de l’Ordre
de St Jean de Jérusalem, débarquait à Malte à la tête d’une petite flotte.
C’était la fin de la longue épopée des royaumes latins d’orient. C’était
aussi le début d’une autre, celle de l’Ordre en Occident.
L’Ordre
des Chevaliers Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, après avoir dû
abandonner Jérusalem même, puis Margat, le Krak des Chevaliers, St Jean
d’Acre, Chypre, reconquit Rhodes sur les Turcs et s’y installa. Peut-être
est-ce cette volonté opiniâtre de demeurer en orient, coûte que coûte, qui
lui épargna le sort des Templiers. L’Ordre,
poursuivait la tâche pour l’accomplissement de laquelle il avait été fondé :
il créait des hôpitaux à Rhodes et défendait ce qu’on pouvait encore défendre
du christianisme en Orient. Il était aussi moins riche que l’Ordre du Temple
ou, du moins, sa fortune était d’une composition différente. Les
Hospitaliers possédaient des commanderies dans toute l’Europe, surtout en
France. C’était un patrimoine considérable, mais qui n’avait pu les inciter
aux spéculations financières qui firent la fortune, puis la perte des
Templiers. Lorsque
ceux-ci finirent de façon terrible, une partie de leurs biens, en France et
en Angleterre, notamment, fut donnée aux Hospitaliers avec qui on avait
essayé, sans succès, de les fondre quelques années avant le début des
persécutions de Philippe-Le-Bel. |
MALTE - RHODES – LES
CHEVALIERS DE RHODES |
Annina
VALKANA |
EDITION
M. TOUBIS |
2008 |
||
La citadelle médiévale de Rhodes est l’un des rares ensembles
monumentaux de l’époque franque que la Grèce ait pu conservé
intacts.
Cette petite ville où la vie coule paisiblement, imperturbable depuis près de
six siècles a pu sauvegarder toute la beauté, la splendeur et le charme du
Moyen Âge. Rhodes, l’île illustre que vantait Horace, fut à travers son
histoire l’un des centres les plus importants de la civilisation égéenne.
Fille d’Aphrodite et épouse du dieu Hélios, Rhodes émergea de la mer pour
être donnée en partage à Hélios, c’est du moins ce qu’en dit la légende. |
montfort – le mythe
templier |
Marc mirault |
Edition
ARQA |
2007 |
Mais
quel est donc ce Haut-lien où coule l’Argens et auquel la mémoire des
Templiers de Provence est si attachée ? Quel est donc ce lieu où les Templiers
de Chypre accédaient, où l’Alchimie opérative venue d’Orient se pratiquait,
et l’on observa en 1968 un objet volant non identifié au-dessus du château de
Montfort… Un château extraordinaire en réalité que celui de
Montfort-sur-Argens auquel est attribué un nombre incalculable d’histoires
rêvées ou véritablement vécues. Entre
brumes et brouillards, entre cornues et magie des campagnes, entre Templiers
et Frères aînés, entre le XIIème et le XIVème siècle, la légende rattachée au
lieu voudrait que les murs du château vécussent l’Initiation des Maîtres
Secrets de l’Ordre du Temple… Et après ? Le
château de Montfort est bâti, en tous cas, sur une structure hors norme qui
sollicite des échanges cosmo-telluriques extrêmement actifs. Est-ce là une
des clés de l’énigme qui permet de décoder tous ces phénomènes surnaturels ?
Marc Mirault qui fut un des proches de Jimmy Guieu, et qui entra avec le
célèbre écrivain de Science-fiction, en 1969, dans le château de Montfort
pour essayer de comprendre quels étaient les phénomènes paranormaux qui s’y
produisaient, nous raconte savamment ici son témoignage et ses projets de
recherches avec le géobiologue Roger de Lafforest, entre autres, et relate de
façon précise nombre d’expériences vécues… |
mystÈres & secrets des templiers
du bÉzu |
M.
René maziḔres |
Edition
PÉGASE |
2005 |
||
Les documents et archives
concernant pratiquement la quasi-totalité des titres de propriété des
Templiers échouèrent tout naturellement chez ces nouveaux propriétaires. Ces manuscrits
sont relatifs à des actes notariés concernant les possessions, achats,
donations, échanges et autres. En plongeant dans les écrits se XIIème
et XIIIème siècles l’on y rencontre un certain notaire de Limoso (Limoux) qui
signe; Petrus Busanaps, notaire public en Limoux et la demeure de la milice
du temple en Razes, qui a cette charte écrit et signé. Ces textes sont rédigés en latin,
quelquefois en occitan. Parfois on y trouve des noms de lieux dans la langue
du pays d’Oc, tels: Vallis-Dei (La Val Dieu), Carlati (Carla ou Carlat) et
près de là, les roches de Laouzeto. Puis il y a Cadrona, qui était
anciennement uni au lieu de Campanha et où il y avait aussi un château.
Constantiano – Coustaussa, Albezuna, Le Bézu, Beate Marie de Reddis ou de
Reddas, Sainte Marie de Rennes-le-Château), sancti Sebastiani de Campanha,
Campagne sur Aude, Beate Marie de Kilhano, Quillan, Esperazano, etc. C’est
possible de faire un arbre généalogique pour les frères – les éléments se
trouvent dans les parchemins du XIIème et XIIIème siècle, 1133 – 1243.
A la première moitié du XIIème siècle, nous trouvons plusieurs actes faisant
précisément état de l’appartenance à l’Ordre du Temple de Petrus et Bonneti
de Redas, notamment à Esperaza. De l’étude de ces textes il ressort
également qu’apparemment Rennes et le Bézu se trouvent historiquement très
liés, autant par la proximité géographique que par les liens parentaux.
Nous pensons qu’il s’agit de la même famille. Et les deux frères de Redas?
Il semble que Bonnet de Redas a disparu, peut-être il est parti en terre
d’Orient, et qu'’il y est mort . . . mais on reconnait qu’il était Templier
entre 1140 et 1148. Pierre de Redas, sous le nom Pierre de St. Jean, était
Templier de 1140; 1156, Magister du temple de Douzens; 1159 Procurator
à Carcassonne et Reddensis jusqu’à 1169 et à Douzens jusqu’en 1172; Magister
honoris militie notamment à Saint Jean de Karreira autour des Années 1168 –
1172. Quant au fait que Pierre de Redas ait choisi le nom Pierre de St. Jean,
cela pourrait-être lié au lieu de St Jean de Karreira où ce personnage est
également responsable, administrateur pourrions-nous dire, puisque certains
actes où l’on trouve son nom est lié à ce site qui se situe sur la montagne d’Alaric,
dans les Corbières, au sud de Barbaira, lieu dont il subsiste d’intéressants
vestiges. Dans les documents Templiers du
pays Audois, on découvre un acte bien antérieur à la création de l’Ordre du
Temple, acte relatif au lieu de St. Jean Baptiste de Karreira. Il
s’agit d’une donation effectuée en mars 1113, destinée au prieur et à ses
clercs, qui résidaient en ces lieux et qui n’étaient pas Templiers, puisque
cet Ordre n’existait pas encore. Quelques 50 ans plus tard, alors que ce lieu
est propriété à part entière des Templiers, c’est bien Pierre de St. Jean, le
frère de Bonnet de Redas qui est présent pour les différentes transactions,
il est là en tant que magistri honoris militie . . . il est le Templier Petro
de Paderno commendatori domus Sancti Johanni de Karreira. Parfois les
documents donnent le vocable de Sancto Johanni Baptisti de Karreira. On
a l’impression qu’avec le temps, petit à petit, le terme de Baptisti s’est
perdu et seule la forme de St. Jean de Karreira aura subsiste. |
11 O
ordre militaire de notre-dame et de
saint-lazare |
|
Edition du PrieurÉ |
1992 |
||
L'ordre
de Saint-Lazare étant plus ancien que celui de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, on
prit l'habitude de parler du seul Saint-Lazare pour citer les deux ordres
réunis. Louis XIV, qui désirait l'extinction de l'institution, finit par
la laisser vivre : les conditions d'entrée des cent chevaliers varièrent
puis se stabilisèrent (1773) à huit degrés de noblesse paternelle et trente
ans d'âge. En 1757, on abolit les commanderies héréditaires puis on ne donna
que la seule croix de Notre-Dame-du-Mont-Carmel aux meilleurs élèves de
l'École militaire, ce qui était faire bon marché de la réunion des ordres,
que Monsieur, comte de Provence, grand maître en 1773, mena à la
faillite : le roi décida l'extinction par absence de nomination ;
la dernière promotion eut lieu en 1788. En exil, le comte de Provence, qui
était devenu Louis XVIII, conféra peu les ordres à des étrangers et,
lors de son retour en France, continua de porter la croix verte à huit
pointes ; mais il n'y eut plus de nomination. L'extinction
fut réaffirmée par une instruction du grand chancelier de la Légion d'honneur
du 5 mai 1824 : « Depuis l'année 1788, ce dernier ordre ne se
confère plus. » |
11 P
PARCOURS INITIATIQUE ET REGARD SYMBOLIQUE – LA BASILIQUE DE SAINT-JUST DE VALCABRḔRE |
Anne Laroche de
Rosa |
Edition les deux Océans |
2017 |
L’art des bâtisseurs constitue un fleuron de la
science traditionnelle des symboles. A travers la symbolique initiatique de
la basilique de Saint-Just de Valcabrère, Anne Laroche de Rosa nous introduit
à une culture initiatique singulière qui demeure tout en se renouvelant
depuis l’antiquité, celle du Temple de l’Homme inscrite dans les temples de
pierre. « Chaque partie de la basilique – nef, chœur,
transept, abside, absidioles, isoloir, tympans, etc. – résonne effectivement
en harmonie et cohérence avec tel ou tel organe de notre double de l’éternité,
si celui-ci ne souffre pas de dysfonctionnements fondamentaux. Le parcours
initiatique qu’elle décrit est donc une voie essentielle pour appréhender
l’état de notre couple duel, double de l’éternité/être direct, pendant que
notre double parcourt son chemin de connaissance spécifique et
que notre être direct tente d’appliquer les informations et les
énergies vibratoires ainsi recueillies en parcourant son chemin de vie. » Ce processus initiatique rappellera à juste
raison à certains les voies dites du corps de gloire. Il exige à la fois
l’appropriation d’une science des symboles multimillénaire et le dépassement
de celle-ci pour laisser les symboles prendre vie dans une dynamique
singulière. « Basilique, nous rappelle l’auteur, veut dire : La
Maison du Roi. La maison symbolise
le corps physique que nous empruntons dans cette vie, le roi devient cette
conscience reliée au divin régnant en ce corps. » Anne Laroche de Rosa nous invite à devenir «
acteurs dans la lecture des symboles » afin d’actualiser ou de conscientiser
l’invisible jusque dans la manifestation. La basilique, lieu d’initiation,
est propice à une alliance énergétique, à une réorientation dans une
verticalité d’où la grâce n’est pas absente. Le chemin énergétique,
serpentin, dans la basilique, est le plus court chemin de la terre au ciel.
Ce chemin passe par la décapitation car ce n’est que sans tête, c’est-à-dire,
sans mental, dans le silence, que la connaissance se déploie. Anne Laroche de Rosa fait la démonstration du
rapport intime au lieu sacré que nous pouvons instaurer si nous nous
affranchissons des présupposés et préjugés communs. Une basilique est d’abord
une expérience. Sa richesse symbolique porte les outils d’une alchimie à la
fois traditionnelle et originale dans la rencontre, chaque fois unique, du
voyageur qui sait se libérer des contraintes du temps. |
PERCEVAL, DE PEREDUR A
PARZIFAL – UNE
SOURCE DE LA SPIRITUALITḖ OCCIDENTALE |
Robert
Jacques THIBAUD |
Edition
DERVY |
1998 |
||
Ils
constituent une élite, qui est originaire des deux chevaleries profanes, de
la chevalerie orientale dans la personne de Feirefiz, demi-frère de Parzifal,
et de la chevalerie occidentale. Le fils de Feirefiz, Johann, fondera ensuite en Orient le pendant du monde du Graal. Sous le signe du Graal, Orient et Occident sont réunis. De la sorte, Wolfram ébauche, à destination de la noblesse de son époque, un modèle idéal - utopique - de société, l’idéal d’une société aristocratique et chevaleresque universelle, englobant l’Orient et l’Occident, et libérée du dogme de l’Eglise. Wolfram a ainsi réussi à faire du roman inachevé de Chrétien un poème réunissant trois, voire quatre mondes : il a fait éclater le cadre du roman arthurien pour créer une cosmologie, une sorte d’histoire universelle. |
prÉcis d’hÉraldique |
Théodore
veyrin – forrer |
Edition
LAROUSSE |
2004 |
L’héraldique
est la science des armoiries : ornements qui, à l’origine, permettaient aux
combattants, dissimulés sous leurs armures, de se distinguer les uns des autres,
au moyen de signes soigneusement codifiés – couleurs, formes, dessins. Les
règles de la présentation des armoiries se sont progressivement fixées, mais
avec d’importantes variantes, parfois justifiées, parfois fantaisistes.
|
principes & problÈmes spirituels du rite
Écossais rectifiÉ & de sa chevalerie templiÈre |
Jean tourniac |
Edition
DERVY |
1969 |
Principes
et problèmes spirituels du Rite Écossais Rectifié et de sa chevalerie templière
est un classique des études maçonniques. Cette nouvelle édition permet de
remettre en lumière certains aspects essentiels de l’ésotérisme chrétien.
|
11 R
RITES ET MYSTḔRES CHRḖTIENS DES
COMPAGNONNAGES |
Jean-François Ferraton |
Edition Glénat |
2016 |
||
Telles furent mes motivations
initiales, essentiellement pédagogiques donc. Fraternelles également car
c’est par le partage que les choses passent avec les plus jeunes. Je sais par
ailleurs que les Compagnonnages suscitent un intérêt bien au-delà de leurs
territoires car ils demeurent la dernière structure initiatique de métier. Il
fallait donc construire le contenu en l'étayant avec une abondante
illustration : lithographies, photos, dessins, tracés, manuscrits
originaux ; comme vous le verrez dans les quelques extraits de
présentation. J’ai donc travaillé plus de trois
ans sur le sujet et je me suis mis à la recherche d’un éditeur qui ne
recule pas devant l’abondance des images ou les difficultés de mise en
page et qui surtout accepte de faire un “beau livre“. Finalement c’est
un ami Compagnon Tailleur de pierre, Bourguignon la Liberté, qui me
mit en rapport avec les éditions Glénat. Le lien établi entre eux, suite à
la restauration du siège de l’éditeur situé dans un ancien couvent à
Grenoble, a permis la rencontre. Le courant avec Jacques Glénat passa
immédiatement. L’accompagnement iconographique, nécessaire à cet ouvrage, fut
estimé à sa juste valeur. Il n'en demeure pas moins que le contenu du livre,
en dehors de la ligne éditoriale des éditions Glénat, soulève la question de
sa commercialisation. Jacques Glénat m'a proposé d'expérimenter avec
Ulule les nouveaux vecteurs d'émergence de projet qui auront sans doute
une part importante dans l'avenir. J'ai donc accepté l'expérience avec le
soutien de cet éditeur connu pour la qualité de son
travail. Son savoir-faire me permettrait d’atteindre mes
objectifs au niveau de la maquette, de l’impression et de la distribution.
Reste à le persuader totalement par le recours à cette forme élargie et
renouvelée de la souscription portée par Ulule. Mais voyons de plus près l’histoire du
compagnonnage : La controverse autour de l'unification des compagnonnages
en 1848 est à la fois un débat indissociable des valeurs attachées aux
rituels et aux transformations du travail et un enjeu politique. Il apparaît,
alors, que nombre de compagnons, à Paris, souhaitaient donner à leurs
associations un caractère plus « moderne », plus proche des
organisations fraternelles de la classe ouvrière. Ceci ne devait pas
impliquer la disparition de l'énergie créative et du pouvoir de leurs rituels
et de leurs traditions corporatives qui, souvent, remontaient au moins à la
fin du seizième siècle. Les composantes et valeurs des compagnonnages
relèvent de leurs milieux originels : l'église catholique, les
confraternités et les pratiques artisanales des corps de métiers. Toutefois, pendant la Révolution, les compagnons ne purent
ni ne s'attachèrent à leurs habitudes et comportements traditionnels. Ils
intégrèrent, dans leurs associations, certains modèles politiques
d'organisations sociales révolutionnaires ou post-révolutionnaires. Tout en
se référant toujours à leurs propres valeurs, ils choisirent de plus en plus,
pour leurs associations, le nom de « sociétés » et adoptèrent des
terminologies bureaucratiques. Celles-ci renforcèrent leur modalité de
fonctionnement, d'organisation et de communication. Une transformation radicale
vers leur unification n'eut pas lieu quoique, pendant les premiers mois de
1848, une telle possibilité ait existé. Le 20 mars 1848, quelques huit à dix mille compagnons,
relevant d'une vingtaine de sociétés, se rassemblèrent place de la République
dans le but de réaliser une réconciliation historique entre les trois
principales organisations compagnonniques. Leurs habits et chapeaux étaient
richement ornés de rubans et d'écharpes colorés, autant de symboles de leurs
nombreux métiers et sociétés. Dépassant ces particularités, les compagnons
formèrent une longue colonne, bras joints, et s'avancèrent vers l'Hôtel de
Ville. La presse était enthousiaste. La Gazette des tribunaux, un
journal très critique vis-à-vis des rivalités et des querelles entre
compagnonnages, considéra cette réconciliation comme : « un des
grands actes de l'histoire du compagnonnage, l’ordre le plus parfait n'a pas
cessé une seconde d'être observé par cette belle légion de travailleurs. Ces
milliers de “frères” réconciliés par un saint et solennel serment ont voulu
rendre tout Paris témoin de ce grand acte. » Qui étaient ces compagnons,
ces « frères » organisés dans ce qu'ils appelaient des
« petites républiques » engagées dans la défense de la nouvelle
République nationale, qu’ils nommaient « la Mère commune » ?
Cette harmonie était un phénomène récent : moins de dix ans plus tôt,
l'opinion publique considérait toujours les compagnons comme relevant d'un
espace spécifique dans la société française, exotique et fascinant mais
également dangereux. Mais qu’en est-il des origines et des particularités
initiatiques du compagnonnage ? Elles dépendent d’au moins trois champs
spécifiques : de l'importance des textes et des pratiques (orales ou
écrites) pour l’individu ; de l'importance de la communauté du compagnonnage,
de ses liens et de ses oppositions et, finalement, de la nature
historiquement construite et changeante de ses pratiques et textes présentés
comme immuables. S'agissant de l'individu, l'expérience transformatrice de
l'initiation est étroitement liée aux phases séquentielles des processus
rituels. On ne peut la traiter à part, compte tenu de son rattachement aux
origines narratives du compagnonnage et de son insertion dans le processus
rituel. L'initiation n'a pas seulement pour but de transformer l'individu.
Elle crée des liens entre les nouveaux venus, entre ces derniers et tous les
autres membres et ce contre les sectes rivales et contre les travailleurs qui
ne sont pas compagnons. L'initiation, dans la plupart des sociétés compagnonniques,
commence par la phase de séparation. Celle-ci extrait les novices de leurs
habitudes sociales. La transition les prépare à leur future vie de compagnon.
L'intégration les transporte dans une nouvelle société et leur enseigne
pleinement les valeurs de celle-ci. Durant la phase liminale les traits du
rituel sont ambigus. Ils ne relèvent pas ou peu de traits appartenant à un
état antérieur ou futur. Ils ne peuvent être associés avec les rôles ou
positions habituelles de la société d'où ils proviennent ou vers lesquels ils
tendent. Dans le processus rituel, les novices perdent les liens normaux qui
les unissaient à leur famille et parenté. Le rituel implique qu'ils oublient
famille, pays, religion, en fait leur passé culturel et social. De plus, en
tant que personne liminale, le novice ne possède plus rien. Les compagnons
aspirants sont délestés en partie ou totalement de leurs biens ; leurs
poches sont vidées, une partie de leurs vêtements est mise de côté. Ils ne
doivent porter ni insigne ni titre pouvant être significatif. Les procédures
humiliantes de l'initiation laissent les novices passifs, humbles et prêts à
accepter les sanctions. De telles épreuves visent à effacer le statut
antérieur du novice. L'effet cumulatif de ce stade a pour but de rabaisser la
position des novices dans l'échelle sociale, leur retirant leurs anciens
attributs sans leur en donner de nouveaux. Il faut préciser que ce statut
infériorisant est passager, « un rabaissement pour aller plus
haut ». Réintégré dans une nouvelle société avec de nouveaux
droits et obligations, il est attendu du compagnon qu'il s'implique. Ceci
induit l'apprentissage des normes et des valeurs du compagnonnage telles
qu'elles étaient définies dans les récits originels. Théoriquement, le
nouveau compagnon est reconnu comme un égal dans cette puissante fraternité
masculine. Toutefois, on le prévient contre tout abus qu'il pourrait faire de
ses nouveaux privilèges et connaissances. Il peut s'élever hiérarchiquement
mais il doit apporter aide et « amour » à ses frères. Néanmoins, et
certainement au début du dix-neuvième siècle, cette fraternité a pris une
tournure plus hiérarchique que précédemment. Ceci est déjà visible, comme en
témoigne un des comptes rendus les plus complets d'une initiation au
dix-huitième siècle : celle des compagnons tourneurs du Devoir. Les
tourneurs accordent beaucoup plus d'importance aux aspects de rang, de
hiérarchie et de symbolique catholique que ne le font d'autres associations
compagnonniques du XVIIe ou XVIIIe
siècles. Toutefois quoiqu'ils demandent à ce que leurs membres soient
catholiques et récitent des prières, les compagnons tourneurs ne ressentent
pas le besoin, par exemple, de remplacer, dans leur interprétation du
catholicisme et de ses pratiques, la Trinité par Maître Jacques (« père
fondateur » des compagnons du Devoir). De fait les compagnons
s'approprient et transforment les pratiques et termes catholiques à leurs
propres fins. 1L'initiation des tourneurs peut permettre d'illustrer le
second et peut-être le plus fondamental but du processus rituel : la
création d'une communauté de compagnons ayant pour fin de servir le mieux
possible cette nouvelle société. Les récits de leurs origines et de leurs
valeurs renforcent la structure de la communauté. L'analyse de ce rituel permet
également d'étudier un troisième aspect : la nature historiquement
construite et diverse de l'initiation des compagnons. Ce récit, tel qu'il est
reproduit par Emile Coornaert, on le trouve dans les articles 41 et 42 du
« Livre de règles des jolis compagnons tourneurs.» (1731). Lors de la
fête de leur patron, saint Michel, tous les compagnons se réunissent pour la
réception (aucun lieu ni époque ne sont indiqués). Les compagnons se tiennent
suivant leur « tour (de rôle) et rang ». Toute personne ayant eu connaissance
de quelques éléments pouvant aller à l'encontre de l'aspirant doit en rendre
compte. Les candidats doivent être catholiques et en bonne santé. Le rôleur
fait entrer le premier aspirant. Celui-ci se tient à la porte et doit
demander, par trois fois, son entrée. A sa seconde demande, on lui met un
bandeau sur les yeux et il reste ainsi durant la suite de la cérémonie,
jusqu'à ce qu'il fasse son serment. L'aspirant a déjà retiré son chapeau et
donné ses objets personnels, dont armes à feu et couteaux ! Chaque
candidat est longuement interrogé sous la forme de questions et réponses
chantés d'abord par le rôleur puis par le premier compagnon. Le candidat a été prévenu que la cérémonie lui couterait
25 francs (sic) et qu'il serait exposé à de « grandes épreuves » et
de « grands dangers ». L'aspirant, agenouillé, fait le signe de la
croix, récite le « Notre Père » et le « Je vous salue
Marie », et se signe de nouveau. Après ces prières, l'aspirant doit
parcourir sur les genoux la salle d'initiation, guidé par le rôleur et le
« cottery » (ou coterie, terme proche de trésorier). Les épreuves
sont ensuite effectuées « dans la manière accoutumée » mais le
texte ne donne pas plus de détail. Puis le rôleur et le
coterie retirent l'habit de l'aspirant, le disposent sur une table et
allongent l'aspirant sur celle-ci. Tout ceci doit s'accomplir avec le plus
grand sérieux. Les compagnons qui assistent doivent garder le silence sous
peine d'amende, ce qui peut signifier que quelque relâchement puisse parfois
avoir lieu. Le Premier nomme tous les compagnons présents et l'aspirant
choisit un parrain. Vient alors le baptême : le Premier lève la main
gauche au-dessus du visage de l'aspirant tout en prononçant les phrases
suivantes : « Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et
devant les Compagnons, Enfant ! je te baptise au nom de Maître
Jacques ! au nom des Compagnons ! » Ayant reçu son nom,
l'aspirant boit de l'eau et du sel que lui donne son parrain. Lorsque, pour tous les aspirants, cette phase est
terminée, on les conduit dans une autre pièce où chaque nouvel initié jure
« serment de fidélité au Devoir ». La main sur un verre contenant
de l'eau et du pain, ils promettent de ne jamais révéler « le Devoir ni
à Père, ni à mère, ni à frères, ni à sœurs, ni parents, ni amis ou
confesseurs, ni à qui que ce soit dans le monde sous peine de péché mortel ou
damnation de mon âme !... » Les nouveaux compagnons répètent deux
fois le serment avant de boire le vin, manger le pain et payer leur dû, puis
tous les compagnons s'embrassent et se tutoient. Les plus anciens ont
intronisé les nouveaux mais sans leur donner d'indication en ce qui concerne
le statut de « compagnon fini », ce qui aura lieu dans une autre
« Ville de Devoir ». Puis des cérémonies élaborées ont lieu, en liaison
avec la fête de Saint Miche. Les pratiques des compagnons impliquent,
généralement, pragmatisme et mystère et plus particulièrement pour ce qui
touche aux serments et secrets. En cas de procédures judiciaires, les
compagnons abjurent souvent tout comme ils peuvent refuser de répondre aux
interrogatoires policiers et refuser de donner leurs vrais noms. Ils
préféreront souvent « battre aux champs » ou s'enrôler dans l'armée
plutôt que de se rendre aux autorités7. Ces éléments de mystère et de secret
devinrent un des éléments de l'identité du compagnonnage. Ils suscitèrent des
oppositions entre groupes rivaux, entre compagnons et maîtres et entre
compagnons, églises et autorités officielles. Cette situation n'était
cependant pas immuable. Des maîtres ont pu être compagnons, des religieux ont
pu protéger certains d'entre eux, des compagnons quitter leur confrérie. Un
usage même limité du secret n'en renforçait pas moins la solidarité endogène.
Le caractère mystérieux qui entourait l'initiation allait de pair avec la
perception d'un nouveau statut social partagé seulement avec des
« frères » choisis. Un sens plus large, politique, de la fraternité s'était
développé pendant et après la Révolution, et les compagnons ne pouvaient pas
y être insensibles. Par ailleurs, leur passage éventuel dans l'armée, à cette
époque, ainsi que la compétition croissante, après 1815, venant d'autres
associations de travailleurs telles que les sociétés d'aide mutuelle,
conduisirent les compagnons à être moins obnubilés par leurs propres valeurs.
Le rôle d'Agricol Perdiguier a été fondamental dans cette évolution. Ce
compagnon du Devoir de liberté devenu critique et écrivain révéla certains
secrets du compagnonnage. Son Livre du compagnonnage attira
l'attention du public sur divers sectes et devoirs. Fortement influencé par
les thèses sociales-démocrates et chrétiennes, Perdiguier s'attacha sans
relâche à lutter contre les divisions du compagnonnage et ceci dans le but de
susciter une association unifiée et puissante des travailleurs |
RITUELS
SECRETS DE LA F.M. TEMPLIÈRE ET CHEVALERESQUE |
Pierre
GIRARD- AUGRY |
Edition
DERVY |
1996 |
Les
17 rituels présents dans cet ouvrage témoignent d’un courant spiritualiste à
la fois templier et chevaleresque qui préside à l’édification de la
Franc-maçonnerie de tradition. La stricte observance templière
germanique et le régime écossais rectifié (R.E.R.) en sont les dépositaires y
compris les chevaliers de Malte, la Croix-Rouge de Constantin, l’ordre du St
Sépulcre et les chevaliers de Constantinople. Un
sens plus large, politique, de la fraternité s'était développé pendant et
après la Révolution, et les compagnons ne pouvaient pas y être insensibles.
Par ailleurs, leur passage éventuel dans l'armée, à cette époque, ainsi que
la compétition croissante, après 1815, venant d'autres associations de
travailleurs telles que les sociétés d'aide mutuelle, conduisirent les
compagnons à être moins obnubilés par leurs propres valeurs. Le rôle d'Agricol Perdiguier a été
fondamental dans cette évolution. Ce compagnon du Devoir de liberté devenu
critique et écrivain révéla certains secrets du compagnonnage. Son Livre
du compagnonnage attira l'attention du public sur divers sectes et
devoirs. Fortement influencé par les thèses sociales-démocrates et
chrétiennes, Perdiguier s'attacha sans relâche à lutter contre les divisions
du compagnonnage et ceci dans le but de susciter une association unifiée et
puissante des travailleurs Ce grade dont nous ignorons la
date exacte de composition – mais sans doute vers la fin des années 1740 –
est pour l’essentiel une variante du grade d’Élu des Neuf, un classique grade
de vengeance de la mort d’Hiram, l’un des plus anciens hauts grades, du
reste. Mais au terme de ce rituel une instruction très détaillée révèle au
candidat des secrets inédits. On lui enseigne trois choses : la première
est que les Chevaliers Élus – et donc les maçons dont ils forment l’élite –
descendent des Templiers ; la seconde est que ces derniers ne faisaient
que poursuivre une longue lignée d’initiés remontant notamment aux Esséniens
(« Esséens) ; la troisième est que la
jonction entre la maçonnerie et les Templiers s’était faite en Écosse où ces
derniers auraient trouvé refuge après la destruction de l’Ordre. Ce tableau est saisissant car on
voit que, dès cette époque, tous les éléments de la légende templière de la
maçonnerie sont posés. Les grades d’inspiration templière qui apparaitront
ensuite ne feront que broder sur ce thème, arranger les détails, lier
l’ensemble. On voit au passage que le thème,
déjà classique en 1750, de la vengeance de la mort d’Hiram – du reste déjà
polémique car les grades vengeance, dits « à poignard »,
suscitèrent de nombreuses controverses tout au long du XVIIIème
siècle – est ici simplement transposé au cas de Jacques de Molay – un autre
« juste » persécuté. En outre, en « récupérant » l’Ordre
du Temple, la maçonnerie, déjà convertie à l’idéal chevaleresque depuis
quelques années, adoptait ou prétendait faire revivre un ordre à la fois
glorieux et disparu – n’appartenant donc plus en propre à qui que ce soit, ce
qui n’était évidemment pas le cas de l’Ordre des Hospitaliers mis en avant
par Ramsay. L’idée que les Templiers
s’inscrivaient dans une longue chaine fut, quant à elle, peut-être inspirée
par les légendes relatives aux « Neuf Preux », classiques depuis le
Moyen Age, et qui faisaient même de certains héros de la Bible des
« chevaliers » : notamment David – celui qui avait reçu de
Dieu les plans du Temple de Jérusalem. Son bénéfice immédiat est
évident : elle établit une ingénieuse et opportune liaison entre la
Palestine antique et celle des croisades ! Enfin, troisième jonction,
troisième transposition : celle qui passe des « Écossais » – on nommait
ainsi depuis le milieu des années 1730, en France comme en Angleterre, les
plus anciens maçons de hauts grades – à l’Écosse elle-même, devenue le refuge
des Templiers. Le plus extraordinaire est que cette synthèse « templaro-écossaise » présente deux particularités, comme l’a brillamment montré l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire maçonnique écossaise : tout d’abord, la légende prête aux Templiers un rôle qu’ils n’ont jamais joué en Écosse, ensuite et surtout cette légende elle-même ne fut connue des Écossais qu’à l’extrême fin du XVIIIème siècle et surtout au début du XIXème, et adoptée tardivement dans leur pays lors de l’arrivée de certains hauts grades exploitant ce thème. En d’autres termes, les maçons d’Écosse ne découvrirent que cinq siècles environ après les faits présumés, et par des « informations » venues du Continent, leur long compagnonnage supposé avec l’Ordre du Temple, sur lequel reposait toute l’histoire ! Il va de soi qu’aucun historien écossais ne lui accorde aujourd’hui le moindre crédit. Mais l’essentiel, en la matière, n’est pas la vérité de l’histoire, mais la vérité d’un désir de rattachement à une origine mythique, à la fois prestigieuse et secrète. |
11 S
suger & la
monarchie française au xiième siÈcle (1108 – 1152) |
Alexandre huguenin |
Edition
SLATKINE |
1974 |
||
C'est grâce
à cet abbé bâtisseur charismatique, fin politique et un brin orgueilleux, que
Saint-Denis connut son âge d'or, notamment en livrant au monde la première
architecture gothique. Aujourd'hui, vous pouvez encore partir sur les pas du
célèbre abbé, en commençant bien sûr par son chef-d’œuvre : la
basilique. « La façade actuelle, on la lui doit, explique Serge Santos,
administrateur du monument. Avec ces trois travées (espaces entre les
colonnes), cet aspect massif, c'est plus qu'une façade. » Actuellement couverte
d'échafaudages, elle retrouvera bientôt sa blancheur. Le portail nord est
achevé, et le portail central, en phase de restauration, sera dévoilé cet
automne.
L'importance
de la lumière, avec des verrières beaucoup plus grandes, l'utilisation du
bleu de cobalt, ou de vitraux en nombre, pourtant une fois et demie plus
chers que la pierre, sont d'autres signes particuliers de l'oeuvre de Suger.
Et c'est aussi dans sa crypte que l'abbé fut enterré, aux côtés des rois de
France, à sa mort en 1151. Son nom, gravé dans le marbre de l'ossuaire des
rois, mais aussi son visage restent présents dans la basilique : l'abbé
s'y est représenté au pied du Christ, sur le tympan du portail central datant
de 1140, et au pied de la Vierge, sur un vitrail de 1144. Le style
gothique, qui naissait alors en ce milieu de XIIe, reçoit grâce à cette
magnifique réalisation une impulsion définitive : on peut ainsi affirmer que
la construction de la basilique de Saint Denis en 1144 marque le début du
style gothique. Cette Basilique, véritable nécropole accueillant les
sépultures des rois de France, restera le monument symbolique de la monarchie
française. |
SYMBOLES TEMPLIERS |
THIERRY
GARNIER |
Edition
ARQA |
2009 |
En
ce tour d’horizon consacré aux symboles du Temple, nous avons voulu porter
principalement notre attention au sein de l’odyssée templière, sur certains
replis de l’étendard Baussant, sur des zones d’ombres rôdant devant le
seuil de nos certitudes, afin de relever alentour contresens et demi mesures,
contrefaçons et contrevérités, points de détails sans doute, mais qui
permettent cependant de voir plus clairement une certaine lumière parfois enténébrée
de poncifs convenus et de litanies ressassées. Clarté qui ne demandait qu’à
se révéler et se dévoilée. A
partir de ces quelques aperçus symboliques, transperçant le médiéval, il nous
est apparu opportun de contempler le Temple » comme eut dit Henri
Corbin, d’arrimer au soc de la charrue labourant « l’objectivité »
de l’histoire, quelques ailes d’anges propices à nous convaincre qu’après
tout, le Temple est bien de sable et d’argent, vermeille aussi, mouvant et
réverbérant par delà l’histoire que les hommes se
racontent dans le chaos du monde, dans la raison, dans le cœur flamboyant de
l’étoile également, hors de nous et en nous et ce, tant que l’éternité se
moquera des grains de sable du sablier. En
quête de ces traces enchantées, nous avons désiré aussi bien aimer que savoir
et proposer à celui qui voudra emprunter avec nous ce sentier parfumé de
roses d’Ispahan, quelques récits venus d’un autre temps, où les croisés de
Palestine croyaient encore dans la poussière des routes menant à Jérusalem, à
la noblesse des âmes autant qu’à une chevalerie spirituelle, à l’architecture
sacrée comme à la magie du chiffre neuf. |
synopsis
sur la chronologie des ordres de chevalerie |
Maurice
GRIFFE |
|
1997 |
Superbe
dépliant grand format en couleur, sur les ordres de chevalerie, avec leurs
histoires et leur chronologie. On
y trouve les Templiers, les Hospitaliers appelés plus tard chevalier de Malte
et les chevaliers Teutoniques. Une
grande fresque avec les trois ordres qui firent l’histoire durant 250 ans |
11 T
TEMPLIERS - B.A-BA |
Bernard
MARILLIER |
Edition
PARDES |
1998 |
||
Mais
que sait-on réellement de cet Ordre ? Les conditions de sa création, sa
Règle, ses activités militaires, diplomatiques et économiques en Terre sainte
et en Europe, quelques témoignages architecturaux, restes de leur puissance,
la date et les causes de l’arrestation de ses frères, les chefs d’accusation,
les aveux, spontanés ou non, mais dont certains sont stupéfiants, et enfin la
date et les raisons officielles de son abolition. |
templiers
– chevaliers d’orient & d’occident |
René lachaud |
Edition
DANGLES |
1997 |
Fondé
en 1118 pour aider et protéger les pèlerins sur la route de Jérusalem,
l’Ordre du Temple développa une vocation ésotérique d’une inestimable dimension
initiatique, où les armes furent les outils de l’idéal mystique. Bien après
sa dissolution officielle par l’Église catholique romaine et le supplice de
son dernier maître, Jacques de Molay,
en 1314, son esprit n’a jamais cessé de se propager à travers l’Orient et
l’Occident.
|
TEMPLIERS - DES TEMPLIERS A
LA FRANC-MAÇONNERIE, Enquête sur une
filiation |
Jacques Rolland |
Edition Trajectoire |
2001 |
Peut-on établir une filiation directe ou indirecte entre l’Ordre du Temple et la Franc-maçonnerie ? Pourquoi la littérature maçonnique fait elle l’impasse sur cette transmission ? Certainement du fait de sa profonde complexité. Jacques
Rolland
nous propose dans ce remarquable livre, fruit de très longues recherches, une
étude sur la lente émergence de la maçonnerie à partir du phénomène templier.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, alors que l’on croyait l’Ordre du
Temple disparu dans les flammes des bûchers, il allait essaimer plus
largement encore qu’il ne l’avait fait de son vivant. Il
léguait en héritage pour les siècles à venir ses idéaux et ses valeurs. Si la
cathédrale des tailleurs de pierres est gothique, elle est encore plus
templière, pour avoir mis les hommes debout et en état de marche, car la
véritable mission que s’étaient donnés les templiers n’était-t-elle pas
justement de provoquer une révolution sociale et économique ?
L’héritage, telle une pierre précieuse, se retrouve entre les mains des
Francs-maçons. Et c’est pourquoi « son Nom fut autre et le même
pourtant ». Les
Templiers, ces moines hors clôture, après une ou plusieurs années de
noviciat, tout au moins aux premiers temps de l’Ordre, étaient mus par une
volonté supérieure de diriger un vaste mouvement de renversement des
mentalités par rapport au fondamentalisme de l’époque. La construction
de près de 80 cathédrales, s’inscrit donc tout naturellement dans ce
registre, car s’il faut des terrains, il faut aussi l’appui des Princes, de
l’argent mais également d’une immense armée de tailleurs de pierres et de
charpentiers. Ceux-ci
faisant partie d’une troisième armée qui suivait les 60.000 cisterciens et
les 30.000 Templiers. . Cette troisième armée de métier était en uniforme,
car portant des tabliers de couleurs différentes suivant les degrés
d’apprentissage. S’ils n’avaient pas l’épée, du moins avaient ils la truelle. Les
Templiers relevaient du Pape, les cisterciens du Pape par l’intermédiaire de
leur supérieur, et les compagnons du Devoir étaient soumis aux cisterciens
comme aux Templiers, mais en aucun cas, ils ne dépendaient du pouvoir civil
et religieux. Qui
peut mieux qu’un Franc-maçon s’exprimer sur le secret maçonnique, qui
n’appartient qu’à lui et ne peut de ce fait être communiqué ? Mais
l’étude approfondie du secret maçonnique à partir du XVIIIe siècle, peut
valablement éclairer la lanterne de ceux et celles que l’Ordre Au sommaire de cet excellent livre bien documenté nous y
trouvons : Les débuts de l’Ordre du Temple – L’importance de la Règle et
la réception des impétrants – le noviciat et la vie conventuelle des frères –
la réception dans l’Ordre du Temple – Les pauvres chevaliers du Christ et du
Temple de Salomon – Les croisades – les fotowatts et les premiers rituels –
Everard des Barres, un mystique plus qu’un soldat – spéculation financière et
industrielle – la chute du mur d’Acre – Guillaume de Beaujeu – fin de partie
pour les Templiers – le guêpier d’Orient – Une évolution profane du Temple –
un anticléricalisme – Jésus n’est il qu’un
prophète ? – l’arrestation controversée de Jacques de Molay – la bulle
financière du Temple – la Tradition et le futur de l’humanité – que sont
devenus les chevaliers du Temple ? – Des tailleurs de pierre à une
maçonnerie opérative – le Temple au Portugal - Des terres templières en
Ecosse – Passage du spirituel au temporel – le Compagnonnage – sans les
Templiers les cathédrales eussent été impossibles – Nul n’entre ici s’il
n’est géomètre _ Garin de Troyes, moine cistercien – vers les loges
spéculatives – compagnonnage et Graal – l’enfant de la Veuve – les Rose+
Croix – la loge maçonnique de métier – la maçonnerie écossaise – la rivalité
des clans – le Chevalier de Ramsay et son ami Fénelon – le système des hauts
grades – la Maçonnerie templière allemande – la Maçonnerie templière
lyonnaise – conséquence du convent de Wilhelmsbad – la Maçonnerie en Europe
et aux Etats-Unis de 1750 à la Révolution – le siècle des lumières – les
secrets de Maître Hiram – les premières loges féminines – L’Orient des
origines – une maçonnerie templière orientale – rapide étude des 18e
et 30e degrés par leur connotation templière – chevalier de
l’esprit _ Jacques Rolland est reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes français de l’Ordre du Temple. Il a publié une dizaine d’ouvrages sur les Templiers. |
TEMPLIERS ET ROSE+CROIX |
Robert AMBELAIN |
Edition SIGNATURA |
2010 Réédition de 1955 |
||
Templiers et Rose+Croix - la Stricte Observance – La Franc-maçonnerie – les Rose+Croix jacobites – l’énigme et le mystère d’Elie Artiste appelé Elias Artista – la Rose sur la croix ou le secret des symboles – Stanislas de Guaita – Sédir – Papus – Chronologie des Templiers et des Rose+Croix en partant de l’année 1013 avec la fondation à Jérusalem de l’Ordre des Chevaliers de St Jean de Jérusalem, qui deviendrons les Hospitaliers, à l’année 1888 avec la création de l’Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix - |
TEMPLIERS - LES MYSTÈRES DES TEMPLIERS |
J.H. Probst Biraben |
Edition de L’Omnium Littéraire |
1947- Réédition 1973 |
Dans
bien des provinces, jadis, le nom seul de Templiers évoquait non seulement la
fière allure des religieux soldats, Milice du Christ en Palestine, avec leur
grand manteau blanc orné sur la poitrine de la croix pattée de couleur
vermeille, mais toutes sortes de choses extraordinaires. Tel rocher
était réputé le siège du templier, tel ruisseau le lieu où il faisait boire
et baigner son cheval, tel bruissement de la forêt sa plainte, les paysans
attribuaient à l’Ordre toutes les anciennes ruines indistinctes, et bien sur de nos jours, certains affirmant avec force que de ci
de là, il y avait une commanderie, ou un trésor caché. Il
est certain qu’un peu partout ils eurent des commanderies,
résidences-forteresses pour certains et pour d’autres ce n’était que des fermes
templières qui approvisionnaient les autres centres templiers. Les églises
fortifiées frappaient les imaginations, certaines rappelant la forme
orientale rapportée de Jérusalem, mais chez tous il y eut toujours
l’intuition de mystères attachés au Temple et aux Templiers. Sans
doute, le souvenir de leur charité et de leur courage se perpétuait à travers
les âges dans les récits que se faisaient les campagnards le soir à la
veillée, en augmentant encore le mystère par cette énigme inviolée de leurs
travaux, de leurs pèlerinages à Jérusalem, de leurs exploits chevaleresque et
de leur éventuel trésor Tout
est mystérieux chez les hommes hermétiques du Temple. Le Moyen Âge que l’on a
pris l’habitude de considérer comme une époque obscure au point de vue de
l’esprit, fut au contraire, une époque brillante et féconde. Ses productions
scientifiques, alchimiques, littéraires et artistiques furent d’un très haut
niveau avec des hommes comme Dante, Bacon, Albert le Grand, Pic de la
Mirandole, Arnaud de Villeneuve, Raymond Lulle,… ainsi on est obligé de
recourir à nos intuitions, pour essayer de les décrypter. Les
débuts du Temple fut l’œuvre de 2 hommes : Hugues de Payns et
Geoffroy de Saint Omer en 1118 qui se vouèrent au service de Dieu sous la
règle de saint Augustin. Sous Baudouin roi de Jérusalem, ces deux
chevaliers venus en Terre Sainte dans l’intention d’y faire œuvres utiles,
décidèrent de se consacrer à la défense des routes et des pèlerins Avec
André de Montbard, Gondemare, Godefroy, Roral, Payen de Montdésir,
Geoffroy Bisol et Archambaud de saint Aignan, ils furent les neuf
premiers fondateurs de l’Ordre. Alors pourquoi ce chiffre 9 ? N’y a-t-il
pas là une coïncidence avec la règle Pythagoricienne, les kabbalistes et
l’Ennéade, l’ésotérisme chrétien ? Au sommaire de cet ouvrage très riche et bien documenté, l’auteur nous parle de : Les templiers et le Moyen- Âge La réception dans l’Ordre avec ses singularités Développement et Puissance de l’Ordre Le rôle de l’Ordre dans la chrétienté Hostilité royale et dessous du drame Cryptographie et croix des huit béatitudes Idoles et Baphomet Politique et Synarchie Contacts islamiques et Gardiens du Temple Associations ouvrières et Ordre du Temple Les graphitis de Chinon et l’Hermétisme Les successeurs et héritiers du Temple Probst-Biraben fut Docteur es-lettre et Professeur honoraire de l’Université. Il fut un excellent écrivain, passionné d’histoire et référent de l’Ordre du Temple |
TEMPLIERS - TABLEAU SYNOPTIQUE DE L’ORDRE DES TEMPLIERS |
F. X. Laurec |
Edité par F.X. Laurec |
2012 |
||
Les grands Maîtres du Temple avec origine et durées de leur gouvernance. Les Rois et Reines de Jérusalem et de Saint Jean d’Acre avec dates de règne. 9
croisades en terre sainte, 8 Rois, 37 Papes et 23 Grands Maîtres en 250 ans
ont fondés et fait l’histoire de cet Ordre prestigieux. Un très bel outil pédagogique pour ceux qui s’intéressent aux templiers et à l’histoire spirituelle de ce Moyen âge obscur et attirant car, tout cela fait parti de nos racines historiques, traditionnelles et spirituelles Pour des infos ou pour le commander : laurec.francois-xavier@wanadoo.fr |
11
U
UNE ḖNIGME TEMPLIḔRE – LA CROIX DE
BLANC SCOURCHET |
Pierre P. dit l’architecte |
Edition de la Hutte |
2017 |
C’est une histoire ahurissante. Et passionnante. Elle
commence au début des années 90, quand Rudy Cambier, philologue formé à
l’université de Liège, à l’intransigeante école de Rita Lejeune, se met en
devoir de dénoncer une imposture : Les Centuries n’ont en aucun cas pu
être rédigées par Michel de Nostre-Dame, dit Nostradamus, au milieu du XVIe
s. Tout au plus l’apothicaire de Salon-de-Provence s’est-il attribué la
paternité d’un manuscrit bien plus ancien – un long texte en vers rédigé au
futur – dont son travail de plagiaire n’a pu, dit Cambier, expurger «
toutes les scories » qui trahissent sa véritable origine. L’exégèse du texte livre ainsi une kyrielle de mots
picards, voire flamands, qui ne laissent pas d’étonner sous la plume d’un
auteur provençal. Elle révèle aussi nombre d’archaïsmes – dans l’accord des
adjectifs parisyllabiques du 2e groupe, notamment – que
Nostradamus a manifestement dû conserver pour respecter la scansion du texte
primitif. Son travail convainc Cambier que Les Centuries ne
constituent pas ce recueil de prophéties dont de Fontbrune livrera la lecture
fumeuse que l’on sait : elles sont l’œuvre d’un érudit picard qui les a
rédigées, deux bons siècles plus tôt, dans cet anonymat qui nimbe les écrits
de tant d’auteurs médiévaux. « Sacrifiant à un procédé en vogue au Moyen
Age, l’auteur livre toutefois, dès les deux premiers quatrains, quantité
d’indices qui permettront, à qui sait y voir, de l’identifier », explique
Rudy Cambier. Pour un philologue médiéviste, il y a là, paraît-il,
d’évidentes références à saint Bernard, à l’Ordre des Roseaux, à l’anneau
d’un prieur, à un certain « Yvin des Prés » qui permettent, à qui est
familier du rebours cher aux Cisterciens, de démasquer le véritable auteur
des Centuries : Yves de Lessines, 15e abbé de l’abbaye de
Cambron, entre Mons et Ath, dont les armes – un arbre dont les racines baignent
dans l’onde – seraient pareillement décrites dans ces quatrains liminaires. Puisque ces vers n’ont aucune vocation prophétique, quel
sens peuvent-ils avoir ? Cette question conduira Rudy Cambier à faire des
découvertes d’autant plus surprenantes qu’au bout d’un patient travail de
recherche, elles le ramèneront incroyablement au Blanc Scourchet, du nom de
ce lieu-dit de Wodecq (Ellezelles) où sa propre famille est établie depuis
près de sept siècles. Sitôt déjoué le piège grossier que constitue l’usage du
futur – un temps dont les énigmes médiévales usent volontiers pour évoquer
des événements passés –, le chercheur s’avise que le texte, rédigé entre 1323
et 1328, présente un triple niveau de lecture, également typique des œuvres
plus ambitieuses de l’époque. Les mêmes vers évoqueraient ainsi tout à la
fois des faits antérieurs (le plus ancien remonte à l’an 1071), des épisodes
contemporains de l’auteur (dont plusieurs allusions à la bataille de
Courtrai, en 1302) et, dit Cambier, un événement en filigrane duquel
s’inscrirait le véritable message de l’œuvre : l’éradication, en 1307, de
l’Ordre du Temple par le roi de France, Philippe le Bel, agissant pour des
motifs dont les historiens continuent de débattre. « Ce texte,
explique le philologue, raconte comment, prévenus des desseins du roi,
quatorze Templiers entreprennent, à l’insu de leur maître Jacques de Molay,
de soustraire à la vindicte royale tout ce qui, le moment venu, pourrait
servir la renaissance de l’Ordre : de l’argent, des objets cultuels, ces
reliques qui constituent le véritable trésor des Templiers et divers
documents, au nombre desquels la règle originelle et les précieuses archives
capitulaires, les chapitres détenant le seul vrai pouvoir au sein de cet
ordre organisé comme une république. »Selon Cambier, le texte décrit sept
itinéraires. Dont celui emprunté par les Templiers pour acheminer vers sa
cachette leur « trésor » contenu dans 21 tonneaux. Les six autres ? Ils
décriraient les chemins qui, d’où qu’il vienne, permettraient à «
l’Attendu » – du nom par lequel Yves de Lessines désigne celui qui serait
l’artisan de la renaissance de l’ordre – de découvrir la cachette. Ses travaux plongent rapidement Rudy Cambier dans la perplexité
quand il découvre que les références toponymiques des Centuries lui
sont étrangement familières : enfant de cette terre où le Hainaut fait
soudainement le gros dos, ce beau Pays des Collines dont la langue a si bien
su confire le passé, il reconnaît quantité de noms dont la mémoire des
anciens a conservé la souvenance. Il triture des archives, compulse des
documents, dont Le vieil rentier d’Audenarde dans lequel Jehan de
Pamele a fait recenser, en 1275, tous ses domaines de Flandre orientale et du
nord du Hainaut. Il y retrouve, selon la même graphie, les toponymes dont
Yves de Lessines a grêlé ses Centuries. Il tombe des nues quand, après
avoir couché tous ces noms sur une carte, il s’avise que les sept itinéraires
convergent vers un seul endroit : le lieu-dit « la Croix Philosophe », à
Wodecq, d’où le regard embrasse toute la campagne environnante. Et il croit
avoir la berlue quand, décryptant les ultimes indications livrées par le
texte, il comprend que l’auteur situe la cachette à peu de distance de là,
dans cette bâtisse du Blanc-Scourchet – (« L’abri blanc », en vieux français)
– que les Cambier habitent depuis le XIIIe siècle. Chez lui ! «
Là, sourit-il, vous vous dites : “J’ai dû faire fausse route quelque
part, je recommence. » Il recommencera cent fois. Pour finir par se rendre à ce
qui s’imposera, au fil des mois, comme une évidence : c’est sa maison que le
texte décrit avec un tel luxe de détails que le rôle de son auteur n’a pu
être celui d’un simple narrateur. Rudy Cambier est convaincu que l’abbé de
Cambron fut l’instigateur du plan mis en œuvre par les Templiers parmi
lesquels il avait de solides accointances. Qui d’autre que lui, homme du
pays, aurait eu l’idée d’enfouir le trésor ici, entre le comté d’Alost et
celui du Hainaut, dans cette bien nommée Terre des Débats : un no man’s
land qui n’appartenait à personne parce qu’il était revendiqué par tous
?Tout indique que l’abbé Yves de Lessines vint ici, en ce lieu, dont il livre
une description étonnamment précise, évoquant la couleur des différentes
strates de limon sous lesquelles serait enfoui « le trésor », cette croix du
chapitre du Temple que Cambier retrouvera, sculptée dans l’une des poutres de
sa cave, tout près de cette étrange frise de moellons pisciformes
scrupuleusement mentionnée dans Les Centuries, comme cette mare agitée
en tout temps par de curieuses résurgences laiteuses. La lecture que le philologue fait du texte fournirait
ainsi quantité d’autres détails dont Cambier veut voir les traces
irréfutables dans son environnement, comme autant de preuves asseyant la
pertinence de son analyse – il pense même avoir découvert, à l’aplomb de la
crypte secrète, les vestiges d’une cave équipée d’un drain que les Templiers
auraient ensuite brisé pour qu’elle soit en permanence envahie par les eaux :
l’une des chausse-trapes contre lesquelles Les Centuries mettent en
garde qui découvrirait la cachette.« Il est probable, dit Rudy
Cambier, qu’Yves de Lessines, après la suppression de l’Ordre du Temple, a
longtemps cru que celui qu’il nomme “l’Attendu” ne serait pas long à se
manifester – des inscriptions codées retrouvées dans les geôles du château de
Chinon où furent incarcérés des Templiers après l’éradication de leur ordre
donnent à penser qu’il se trouvait parmi eux des initiés qui n’ignoraient
rien de l’endroit où se trouvait la cachette. Au soir de sa vie, l’abbé de
Cambron, ne voyant venir personne, livre son secret dans le langage codé
d’une œuvre en vers, espérant sans doute qu’il serait compris, le moment
venu, de “l’Attendu” éclairé par l’Esprit Saint. » Propriété d’une commanderie du Temple, la maison du Blanc
Scourchet aurait été vendue, sitôt « le trésor » muré dans sa crypte, à un
brasseur (« cambier », en vieux français) dont les descendants en ligne
directe ont, chose inouïe, conservé le bien durant sept siècles. Vers la fin
des années 90, des examens tomographiques effectués sur place par l’expert
britannique Peter Fenning révélèrent, à l’endroit décrit par Les Centuries,
l’existence, à une profondeur de 2,5 mètres, d’une cavité voûtée de 9 x 4
mètres à l’intérieur de laquelle les prospections radiologiques révélèrent la
présence de 21 « masses métalliques ». A ce jour, les investigations ne sont pas allées plus loin
: en 2001, l’administration wallonne refusa à Rudy Cambier l’autorisation de
mener des fouilles. Le vent, depuis, a tourné. Sous l’impulsion, notamment,
de divers parlementaires régionaux. Récemment, le ministre wallon du
Patrimoine, Benoît Lutgen, a déclaré qu’« il y a des choses interpellantes
dans les recherches de Rudy Cambier ». Il attend désormais « un
rapport définitif » de son administration à laquelle il a d’ores et déjà
demandé de se tenir prête à effectuer des sondages archéologiques au Blanc
Scourchet. Des fouilles montreront-elles un jour que Rudy Cambier, 66
ans, était « l’Attendu » des Centuries ? L’homme hausse les épaules. «
Mon seul but, dit-il, aura été de rendre justice à la mémoire d’Yves
de Lessines dont un imposteur s’est arrogé l’œuvre magistrale. A dire vrai,
cette soudaine irruption des Templiers dans mon travail de recherche m’a
longtemps ennuyé. Moi qui ne déteste rien tant que la fumisterie, je
redoutais que la brume ésotérique qui entoure l’ordre du Temple depuis des
siècles ne vienne polluer la crédibilité scientifique de mes travaux. »
Mais le texte était là. Et il n’en était, après tout, que le serviteur. |
11 V
vues hÉrÉtiques sur l’hÉraldique – le
blason, son Écriture, son symbolisme & sa phonÉtique |
Gérard
de Sède |
Edition Dervy |
2003 |
||
Ce sont ces signes distinctifs de reconnaissance
que l’on appelle les blasons. Ils sont liés à
l’identité de leur possesseur au même titre que le patronyme. C’est en effet
à partir du Xe siècle que commencent à apparaître les noms de famille. Auparavant, les populations ne portent qu’un
seul nom (ce que nous appelons aujourd’hui le prénom) mais face à la
croissance démographique et au trop grand nombre d’homonymes, le nom est peu
à peu accompagné d’un surnom. Avec l'usage, ce surnom tend à devenir
héréditaire. Le blason est vu comme un nouveau symbole d’identité. L’époque de son apparition
correspond à une période de mutation sociale (qui dure de la fin du Xe siècle
au début du XIIIe siècle), les populations veulent s’identifier, se reconnaître, se proclamer. La dimension
identitaire et individuelle est donc primordiale dans la science des blasons.
Si, à l’origine, les armoiries
sont réservées aux chevaliers lors des combats, elles vont progressivement se
répandre au-delà de l’univers guerrier et s’étendre à la moyenne noblesse,
puis à l’ensemble de la société
féodale. Au milieu du XIVe siècle, l’usage du blason atteint son
apogée : les dames, les ecclésiastiques, les bourgeois, les artisans
possèdent des armoiries. Les corporations et les villes portent également
blasons. Le blason, comme le nom, étant une manière de désigner une personne, il est donc tout naturel de le
retrouver sur l’objet qui au Moyen Âge remplace la signature : le sceau, qui est une sorte de signature en
image. Bientôt, on retrouve les blasons reproduits sur la cotte d’arme
du chevalier, sur la housse des chevaux, à la clef de voûte des châteaux ou
des églises, sur les portes des demeures, sur les manuscrits appartenant à
une famille, sur les objets d’art ou de la vie quotidienne, sur les vitraux,
les pièces d’orfèvrerie, les tapisseries ou sur les tentures de deuil, etc.
Ils sont alors à la fois des ornements
décoratifs et les marques d’une propriété. En France, jusqu’à la fin de
l’Ancien Régime, l’usage des
armoiries est libre. Toute personne a le droit d’adopter les armoiries
de son choix à la condition exclusive de ne pas usurper celles d’un autre. Chaque blason doit être unique. Pour
prévenir toute contestation, il y a eu dès le XIVe siècle, plusieurs
tentatives de recensement des armoiries. Dans chaque province, des officiers
spécialisés, appelés héraut d’armes, sont chargés
d’enregistrer les armoiries. Dès le XIIe siècle, les hérauts d’armes, qui
sont à l’origine des messagers, deviennent avec le développement des
tournois, de véritables spécialistes
des armoiries. Ce sont eux qui organisent les combats, identifient les
chevaliers grâce à leurs écus, commentent les joutes et relatent les faits
d’armes des participants. Ils contrôlent,
recensent les blasons et veillent au respect des règles héraldiques. En temps de guerre, leurs bonnes
connaissances des blasons, font des hérauts d’armes des aides précieuses lors
des batailles. Ils accompagnent les seigneurs et ont pour mission
d’identifier rapidement et sans ambiguïté les adversaires ou les alliés.
Reconnaissables grâce à leur tabard (sorte de tunique armoriée), les hérauts
ne sont pas armés sur les champs de batailles et bénéficient d’une immunité absolue. Ils portent les messages,
négocient avec l’adversaire et dressent la liste des victimes à la fin du
combat. Un armorial est un recueil d’armoiries. Sorte
d’inventaire dans lequel le héraut reproduit des blasons appartenant à des
personnes, à des villes, à des communautés, l’armorial peut être géographique
ou thématique. Il présente une illustration et une description des armoiries.
En 1696, un édit de Louis XIV impose l’inscription, moyennant le paiement
d’une taxe, de tous les blasons du royaume. C’est Charles D’Hozier qui est
chargé de dresser l’Armorial
général de France. Contrairement aux idées reçues, les armoiries n’ont jamais été réservées
aux nobles. Elles vont
cependant être supprimées sous la
Révolution, les révolutionnaires voyant en elles des signes de
féodalité et des marques de noblesse. Leur abolition est décrétée le 19 juin
1790 et une campagne de destruction
systématique des armoiries est mise en place. À l’exception de celles
figurant sur des œuvres d’art conservées dans les musées, toutes les
armoiries ornant des objets ou des pièces architecturales sont détruites ou
effacées. Les révolutionnaires mettent alors en place une nouvelle
emblématique, inspirée de l’Antiquité, composée de bonnets phrygiens, de
faisceaux de licteur ou de fourches. En 1808, Napoléon crée une nouvelle noblesse et restaure
officiellement les armoiries. Les nouveaux nobles, ainsi que les
villages et les institutions, reçoivent leurs armoiries de l’Empereur
lui-même alors que les membres de l’ancienne noblesse, ralliés à l’Empire, se
voient restituées les leurs. À partir de 1815, tout le monde
est à nouveau libre de porter des armoiries. La Restauration rétablit le système héraldique de
l’Ancien Régime et les fleurs de lys, proscrites depuis la Révolution, sont à
nouveau admises. Actuellement, l’usage des blasons, qui ne sont plus
considérés comme des signes de noblesse, est libre et relève du domaine
privé. Toute personne peut créer ses armoiries. L’héraldique est une science auxiliaire de l’histoire, elle étudie les armoiries. C’est la science des blasons.
L’étude des blasons peut parfois apporter une aide précieuse aux généalogistes
en situant un personnage au sein de sa famille. Elle peut permettre de
distinguer deux familles homonymes, c'est-à-dire qui portent le même nom.
Elle permet aux historiens de l’art et aux archéologues de dater des objets
ou des monuments sur lesquels ont été apposées des armoiries et ainsi d’en
retrouver les premiers propriétaires ou d’identifier le nom de l’artiste.
L’héraldique permet aussi de comprendre
les règles de composition et de diffusion des armoiries. Deux éléments composent les armoiries
: les couleurs et les figures.
Les couleurs et les figures qui apparaissent sur les armoiries sont des
signes distinctifs qui permettent de reconnaître chaque personne, par un
caractère moral ou physique, la représentation de son métier, etc. La disposition
de ces éléments de reconnaissances suit des règles de composition très
codifiées. Un blason a une lecture particulière, tout d’abord il faut savoir
que nous le regardons de face, donc la droite et la gauche sont inversées. Le
côté droit devient le côté gauche (senestre)
et le côté gauche devient le droit (dextre).Le
blason se décrit grâce un lexique emprunté au vocabulaire du corps humain :
"chef" pour le haut,
c’est la tête du blason, "flanc"
pour les côtés et "cœur"
pour le centre. À la forme la plus simple du
blason composé d’une seule couleur (on dit alors qu’il est plain), s’ajoute un ensemble de
divisions et de formes géométriques (les partitions et les pièces). |
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