Chapitre 7  A - Z   (Islam -  Soufisme)

 

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7 A

abd el – kader – le magnanime

Bruno ÉTIENNE & F. POUILLON

Edition GALLIMARD

 2003

L’extraordinaire et tumultueuse épopée de « l’émir au cheval noir », résistant héroïque à la colonisation française en Algérie, a longtemps occulté le parcours et l’œuvre d’Abd El-Kader.

 

Sur les deux rives de la Méditerranée, son personnage a suscité passions et fascinations.


Dès 1840, les Français ont magnifié cet adversaire redoutable dont l’ardeur rendait leur victoire d’autant plus méritoire. L’Algérie l’a consacré héros national et initiateur du long combat qui devait conduire à l’indépendance de 1962.

 

Bruno Étienne et François Pouillon restituent toute l’amplitude et la complexité d’un personnage hors du commun, chef de guerre inspiré mais aussi lettré, arabe mais avant tout musulman, mystique mais aussi moderniste, qui ne cessa d’œuvrer au rapprochement de l’Orient et de l’Occident.

 

Le sage d’hier, prônant un islam d’ouverture et de réforme, éclaire les préjugés et les intolérances d’aujourd’hui.
Avec une très belle iconographie couleur.

 

ABD EL KADER  & LA FRANC-maçonnerie SUIVI DE SOUFISME & FRANC-maçonnerie

bRUNO eTIENNE

Edition dERVY

 2008

En ce bicentenaire de la naissance de l’émir ‘Abd- al-Qâdir ibn Muhyi al-dîn al-Hassanî al-Jazâ’irî, il nous a paru opportun de faire le point sur certains aspects contestés de sa vie, si complexe, si dense, qu’elle a pu faire l’objet d’appropriations partisanes. En ces temps troublés où l’Histoire est revisitée des deux côtés de la Méditerranée, les chercheurs, et particulièrement les historiens, ne peuvent accepter que les États leur indiquent comment ils doivent écrire et enseigner l’Histoire, surtout quand elle est nationalisée.

Mais l’étude des relations entre la franc-maçonnerie et le soufisme, à travers l’exemple exceptionnel d’Abd el-Kader, n’est pas chose simple. En effet, celle-ci doit s’appuyer à la fois sur la documentation historique et sur le vécu, la sensibilité et la discrétion propres aux adeptes des vois spirituelles et initiatiques. C’est pourtant ce défi que tente de relever ici un auteur qui revendique le droit à une sorte de schizophrénie professionnelle : être rigoureux dans la documentation proposée mais en sachant que tout n’est pas accessible à la connaissance médiatisée par la seule science ou la raison. Ce pari est fondé sur la posture d’un chercheur talonné par le vécu du cherchant qu’il est aussi. Puisse cette expérience périlleuse être comprise comme elle est proposée, pour mieux approcher toute la complexité de l’aventure humaine.


La vision d’Abd el-Kader : Avant de répondre, Abd el-Kader s’était informé sur la maçonnerie auprès des Frères vivant à Damas comme Nâzif Meshaka et surtout Shahin Mâkariûs, un franc-maçon libanais auteur de plusieurs ouvrages sur l’Ordre. À cette époque, les différentes Obédiences maçonniques présentes dans l’Empire ottoman jouaient un rôle très particulier. En effet, contesté par différents partis (arabe, kurde, religieux, laïcs, nationalistes, etc.), l’État interdit de nombreuses réunions, y compris dans les clubs culturels (Nâdi) et même dans les cafés. Aussi, un des rares endroits où les opposants, surtout arabo-musulmans, pouvaient se retrouver et entrer en contact avec les élites européennes était la loge car ces obédiences dépendaient le plus souvent des consulats et des « nations » étrangères.

Les lettres et réponses d’Abd el-Kader traduisent l’idée qu’il se fait de la Franc-maçonnerie, de la France, et de la mission qu’il a choisie d’accomplir. L’Émir répondit à l’initiative de la loge Henri IV par une demande d’admission. Sa lettre est très claire sur ce point : « Mon désir est de m’associer […]. » Je formulerai des hypothèses plus loin sur les causes et les circonstances qui motivèrent cette requête, tout de même surprenante pour un homme de cette culture en cette fin du XIXème siècle. Nous sommes désormais plus éclairés sur les contacts que l’Émir a pu avoir avec des Francs-maçons, qui n’étaient pas rares à Damas, en particulier ceux qu’il côtoya pendant sa période algérienne et qui, à son insu, furent ses ennemis. Il est en effet peut-être utile de signaler que l’ironie de l’histoire a fait qu’Abd el-Kader eut affaire, au moment des événements les plus cruels de sa carrière politique en Algérie, essentiellement à des Francs-Maçons et non des moindres puisqu’il s’agit de Bugeaud lui-même et du baron Desmichels avec qui il signa le traité de 1834. De plus, deux personnages secondaires qui jouèrent un rôle précis étaient maçons : les interprètes-entremetteurs », l’équivoque (pour ne pas dire tortueux) Ben Duran et le Commandant Abdallah.

Et pourtant l’Émir ne se contente pas de remercier la loge pour son cadeau, il écrit : « J’ai le désir très réel. « Et Dieu vous bénira, car vous serez véritablement son apôtre ; et nous nous réjouirons en lui parce que, par vous, son œuvre croîtra et multipliera avec la majesté du cèdre du Liban, avec le parfum des roses de Sâron, et que grâce à vos glorieux efforts, les générations futures goûteront en paix les fruits de l’arbre de vie.

« Que le Très-Haut daigne nous exaucer en répandant sur vous toutes ses bénédictions, tel est, Très Illustre Émir, le vœu le plus ardent de vos FF
\dévoués.   « Les maçons de la loge Henri IV. »

 

anthologie du soufisme

vitray – meyerovich

Edition SINBAD

 1986

« De toutes les voix de l’Islam, celle-ci se veut la plus haute, la plus fidèle à l’esprit de cette religion pour qui le miracle premier est le verbe même de Dieu, inscrit dans un texte, le Coran, dont le mysticisme se veut exploration inassouvie. D’abord, il s’agit de reconnaître l’énigme essentielle : ce monde divers, éparpillé, riche d’une multitude de formes, de couleurs et de vies, ne relève que d’un être et un seul. Si l’unicité divine est le pivot de l’univers, la méditation qu’elle inspire sera donc la porte royale du soufisme. »


« Aussi beaux que méconnus, ces textes sont regroupés autour des thèmes fondamentaux qui sont au cœur de la pensée islamique : l’homme capable de Dieu, l’appel de Dieu, la Voie, la vie spirituelle, l’unicité divine et l’unité de l’être, le monde miroir de Dieu, l’homme parfait. Pour beaucoup de lecteurs, ces pages seront une découverte. »


« Traduit de l’arabe, du persan, mais aussi du malais-javanais, de l’ourdou, du peul ou du serbo-croate, voici un bouquet, incomparable dans notre langue, du feu intérieur des plus grands mystiques de l’Islam, un trésor du monde entier. »


De magnifiques textes soufis avec explication du chemin.

 

averroÈs – les ambitions d’un intellectuel musulman

Dominique urvoy

Edition FLAMMARION

 2001

Né à Cordoue en 1126, mort à Marrakech en 1198, Averroès (Ibn Rushd) fut l’un des penseurs les plus universels du Moyen Âge musulman : tout à la fois médecin, cadi, juriste, philosophe, il s’est intéressé à l’ensemble des savoirs profanes et religieux de son temps. Ce polygraphe dont le grand œuvre – le cycle des commentaires d’Aristote – fera découvrir la pensée du « premier maître » à l’Occident chrétien est aussi le témoin des bouleversements qui ébranlent alors l’Andalousie : Averroès n’a guère plus de vingt ans quand la révolution almohade fond sur le pays, emportant le fragile édifice almoravide, et il devient dès lors un homme public, habitué des cours royales. Il connaît la faveur et l’exil, mais écrit inlassablement.

L’immense postérité intellectuelle d’Averroès n’a d’égale que l’ampleur des entreprises de récupération dont il a fait l’objet. Les silences et les lacunes qui grèvent cette existence mythique ont en effet favorisé la floraison des représentations partisanes : incarnation de la rationalité philosophique selon les uns – parmi lesquels Ernest Renan –, Théologien éminent selon les autres, Averroès est devenu le fantoche de ses disciples et hagiographes. En faisant œuvre biographique, il s’agit de donner la mesure de celui qui fut, avant la lettre, un intellectuel musulman : un esprit curieux, cherchant à concilier sagesse et loi religieuse, en quête d’un statut qui restait à inventer.

En Occident, Averroès fut enseigné durant trois siècles à l’université de Paris – malgré les critiques de Saint Thomas d’Aquin – jusqu’au rejet de ses théories par le pape Léon X. Renan, au XIXème siècle, réhabilité ce grand penseur produit par la civilisation arabe et dont l’actualité est criante à l’aube du IIIème millénaire, où tout indique que l’Islam continuera d’occuper le devant de la scène. Mais s’agira-t-il de l’Islam de Khomeiny ou de celui d’Averroès ?

 

AVERROÈS, Un rationaliste  en Islam

Roger Arnaldez

Edition  BALLAND

 1998

Averroès fut le digne héritier d’Aristote dont il développa l’apport rationaliste. L’une des caractéristiques de ce penseur est que, pour lui, croire à la fois en Allah et en la raison, va de soi. Beaucoup de musulmans aujourd’hui comme hier, préfèrent surtout voir, en celui qu’ils nomment Ibn Rochd, le grand-Cadi de Séville et Cordoue, le voyageur curieux du Maghreb, le bon médecin corduan.

 

L’auteur fait ressortir la forme très particulière de pensées musulmanes incarnée par Averroès, notamment sa tolérance philosophique pour les autres croyances et son aristotélicisme  harmonieusement conjugué avec la religion de Mahomet. Les fondamentalistes passes ou contemporains ont obscurci ce qui fait la profonde originalité de leur coreligionnaire. En Occident, Averroès fut enseigné durant trois siècles à l’université de Paris –malgré les critiques de saint-Thomas d’Aquin – jusqu’au rejet de ses théories par le pape de l’époque : Léon X. Ernest Renan, au 19e siècle réhabilita ce grand penseur produit par la civilisation arabe, et dont l’actualité est criante à l’aube du 3e millénaire, où tout indique que l’islam continuera d’occuper le devant de la scène.

 

Ibn Rushd, Averroès de son nom latin, reste l'incarnation même de l'esprit philosophique en islam. Mort en 1198, il prolongea toute une lignée de falasifa, c'est-à-dire d'authentiques penseurs rationalistes qui assurèrent le développement d'un legs spirituel gréco-musulman. Il ne s'agit pas ici de tresser, sans discernement, des couronnes à je ne sais quel esprit ou tendance qui n'aurait existé que dans l'imaginaire de ses zélés concepteurs. Un islam des Lumières a bel et bien existé au Moyen Âge. Certes, il fut confiné à une religion des élites et n'a jamais pu gagner le cœur des gens simples. Mais il a existé et rien ne permet de dire qu'il est mort et enterré ad vitam aeternam. Des raisons politiques précises, inhérentes à l'ancienne cité musulmane, expliquent sa longue éclipse à travers l'histoire intellectuelle européenne et l'histoire des religions comparées.

L'intérêt d'Averroès pour la spéculation philosophique hellénique, donc païenne et polythéiste, ne s'est jamais démenti, même si ce grand inspirateur du legs intellectuel gréco-musulman a dû concilier deux impératifs contradictoires: la fidélité à une tradition religieuse révélée et un amour, parfois jugé immodéré ou déraisonnable, pour la philosophie d'Aristote. Cette situation ne fut pas unique en son genre puisqu'en chrétienté et dans le judaïsme, d'autres grands maîtres (Albert le Grand, Thomas d'Aquin) furent confrontés au même dilemme.

Voici une citation qui nous aide à bien comprendre l'intérêt majeur que la philosophie aristotélicienne, donc non-monothéiste et ignorant tout de la notion même de Révélation divine, revêtait aux yeux de ce philosophe arabo-andalou: "Nous adressons des louanges sans fin à celui (Dieu) qui a distingué cet homme (Aristote) par la perfection et qui l'a placé seul au plus haut degré de la supériorité humaine, auquel aucun homme dans aucun siècle n'a pu arriver. C'est à lui que Dieu a fait allusion en disant: cette supériorité, Dieu l'accorde à qui il veut."

Et voici Aristote promu, sur la foi d'un verset du Coran, au rang d'un élu de Dieu en personne, lui qui n'était qu'un Grec polythéiste. C'est dans un fameux traité intitulé Traité décisif que l'auteur va exposer sa théorie des relations entre la philosophie et la religion dans un esprit d'ouverture et de dialogue des cultures, déjà au XIIe siècle. Il faut dire qu'il avait de qui tenir puisque son mentor Ibn Tufayl, qui l'avait présenté au calife à Marrakech, était l'auteur de l'épître du Hayy ibn Yaqzan dont il fut question dans ces colonnes à la fin du mois de décembre. Cet accord entre la religion et la philosophie (d'essence occidentale) a donc préexisté dans l'islam médiéval, quelques générations avant qu'il ne s'installe en milieu chrétien. Les premiers à tenir un discours rationnel en matière religieuse furent donc deux adeptes de ce qu'on nommerait aujourd'hui l'islam des Lumières. Averroès divise le genre humain et la communauté des croyants en trois classes répondant à des arguments rationnels et philosophiques, aux arguments dialectiques (les théologiens) et aux arguments persuasifs (les prédicateurs religieux). Une telle hardiesse ne manqua pas d'attirer à Averroès quelques ennuis vers la fin de sa vie. Voici ce qu'il dit au sujet de son intention:

"Le but de ce traité est d'examiner du point de vue de la spéculation religieuse si l'étude de la philosophie et des sciences logiques est permise, défendue par la loi religieuse ou bien prescrite par elle, soit à titre méritoire, soit à titre obligatoire." Pour Averroès, la philosophie a pour but l'étude de l'univers afin de parvenir à la connaissance de son créateur, Dieu. Or la loi religieuse ordonne de s'instruire par la contemplation de l'univers. Partant de là, la loi religieuse ordonne aussi l'étude de la philosophie. Celle-ci est donc soit méritoire, soit obligatoire de par la loi divine. Averroès cite à cet effet deux versets du Coran (88;17-18).

Voici quelques textes faisant de l'étude de la philosophie une obligation, lorsque la loi religieuse ou divine nous ordonne d'appliquer la réflexion et la raison pour élucider les mystères de l'univers. Tacticien consommé, Averroès écrit:

"Ce qui sera conforme à la vérité, nous le recevrons d'eux (les Grecs) avec joie et reconnaissance. Ce qui ne sera pas conforme à la vérité, nous le signalerons pour qu'on s'en garde, tout en les excusant."

C'est le meilleur argument en faveur du dialogue des cultures, l'affirmation de l'universalité de la vérité, transcendant toutes les barrières de la langue, de la religion et des mentalités. Averroès souligne qu'on ne saurait interdire la spéculation philosophique au motif qu'elle provoque parfois des erreurs, pas plus qu'on est habilité à interdire à un homme assoiffé de se désaltérer pour la seule raison que d'autres se sont noyés dans de l'eau. Car, correctement interprétée, la religion n'est jamais en désaccord avec la philosophie puisque "la vérité ne saurait contredire à la vérité, elle s'accorde avec elle et témoigne en sa faveur". C'est ici qu'Averroès fait intervenir l'idée de la dualité du sens du Coran. Il y a un sens obvie ou apparent, et un sens caché ou profond, auquel on parvient par l'intermédiaire de l'exégèse spirituelle.

"Dieu a fait à ceux de ses serviteurs qui n'ont aucun accès à la démonstration la grâce de leur donner de ces choses trop abstruses des figures et des symboles, et il les a invités à donner leur assentiment à ces figures car ces figures peuvent obtenir l'assentiment au moyen des preuves accessibles à tous. Je veux dire les preuves dialectiques et les preuves oratoires. C'est la raison pour laquelle la loi divine se divise en ésotérique et en exotérique. L'exotérique, ce sont ces figures employées comme symboles des intelligibles, et l'ésotérique, ce sont ces intelligibles qui ne se révèlent qu'aux hommes de démonstration."

On le voit, l'islam des Lumières a existé et peut ressusciter. Gageons que dans son sillage naîtra aussi enfin un islam de paix.

Au sommaire de cet ouvrage :

Averroès, juge et juriste   -   Averroès médecin et philosophe   -    Averroès commentateur d’Aristote    -    Averroès théologien    -     Un penseur musulman personnel    -    biographie, glossaire et bibliographie    - 

 

AVICENNE OU LA ROUTE D’ISPAHAN

Gilbert Sinoué

Edition Gallimard

 2015

Moi, Abou Obeïd el-Jozjani, je te livre ces mots. Ils m'ont été confiés par celui qui fut mon maître, mon ami, mon regard, vingt-cinq années durant : Avicenne, prince des médecins, dont la sagesse et le savoir ont ébloui tous les hommes. De Samarkand à Chiraz, des portes de la Ville-Ronde à celles des soixante-douze nations, résonne encore la grandeur de son nom..." Ainsi commence le récit consacré à l'une des plus hautes figures de la pensée universelle. Né en 980 à Boukhara, Avicenne, ou Ibn Sina, est à dix-huit ans le médecin le plus renommé de son temps. Pris dans les remous et les guerres qui agitent les confins de la Turquie et de la Perse du XIe siècle, il est tour à tour nomade, exilé, vizir. Sa dernière étape le conduit à Ispahan, cité sublime, où il meurt à cinquante-sept ans après avoir bu, jusqu'à l'ivresse, à la coupe du savoir et de l'amour.

 

De son vrai nom Abu Ali al-Husayn ibn Abd-Allah Ibn Sina, Avicenne est un médecin et philosophe né en en 980 près de Boukhara (Ouzbékistan actuel) et mort en 1037 à Hamadan (ville d’Iran). Sa carrière et ses écrits s’inscrivent dans un âge d’or culturel de l’islam. Sa biographie est connue grâce au récit qu’a laissé son secrétaire, disciple et ami al-Djourdjani. Ibn Sina est né près de Boukhara, dans le Khorasan, dans une famille de hauts fonctionnaires proches des milieux du pouvoir samanide. Sa famille est chiite, de la branche ismaélienne ; quant à lui, il se convertira au chiisme duodécimain. Il fait des études brillantes, d’abord dans son village, puis à Boukhara. Il a notamment pour professeur Abu Mansur al-Hasan ibn Nuh al-Qumri, médecin à la cour du prince de Boukhara, qui lui dédie son traité de médecine. Doté d’une mémoire prodigieuse, il reçoit l’enseignement de grands maîtres, Boukhara étant à l’époque une grande métropole, riche et puissante, attirant artistes et intellectuels. Son père lui paye les meilleurs professeurs disponibles. Il étudie le droit religieux (le fiqh), la culture de cour (l’adab), le Coran, mais aussi la philosophie gréco-romaine que le monde arabe découvre et traduit à la même époque. Il aurait ainsi relu plus de quarante fois la Métaphysique d’Aristote, et il avoue qu’il a eu le plus grand mal à comprendre ce texte : il se serait aidé d’un traité d’Al-Farabi, célèbre philosophe arabe. Sa carrière est fulgurante : à 16 ans, il est déjà un médecin célèbre, et il rédige son premier traité de philosophie à 21 ans. Il n’a cependant pas le triomphe modeste : il écrit ainsi « la médecine n’étant pas une des sciences difficiles, j’y montrais donc promptement ma supériorité, si bien que des médecins éminents l’étudièrent bientôt sous ma direction ».

 

Il a la chance de guérir le prince samanide de Boukhara, Nuh ibn-Mansûr : celui-ci le récompense en le nommant médecin du palais, ce qui lui donne accès à la très riche bibliothèque du palais. Cette charge était généralement réservée à un chrétien, qu’on pensait moins susceptible de vouloir empoisonner le prince : le fait que Ibn Sina obtienne ce poste est révélateur de son talent. Quelques années plus tard, la mort du prince coïncide avec la mort du père de Ibn Sina, ce qui le pousse à quitter Boukhara et à se lancer dans une vie itinérante. Il voyage un peu partout autour de la mer d’Aral, et notamment dans le Kharezm, qui est à l’époque un petit Etat indépendant. A Hamadan, en Perse, il est nommé vizir par l’émir bouyide  Chams al-Dawla. Au plus proche du pouvoir, Ibn Sina est lié aux intrigues de cour : lorsque Chams meurt en 1021, et que les soldats de la ville se rebellent contre le nouveau prince, Ibn Sina est jeté en prison. Il réussit à s’enfuir, déguisé en derviche, et se réfugie à Ispahan, en Perse. Il y redevient vizir, et le restera jusqu’à la fin de sa vie. Véritable bourreau de travail, il réussit à concilier les devoirs des plus hautes charges de l’Etat et ses travaux littéraires, rédigeant des centaines d’œuvres, de logique, de médecine, de métaphysique. Sa réputation est très étendue : des princes de tout le Dar al-Islam le consultent, des élèves viennent suivre son enseignement. Sa réputation devient internationale : dès la fin du XIème siècle, Constantin l’Africain, un moine du monastère du Mont-Cassin (en Italie), traduit des textes de médecine arabe, et note « on parle beaucoup d’un nouveau prodige de la médecine, né parmi les païens, mais je n’ai pu me procurer ses écrits ». Ibn Sina meurt en 1037, alors qu’il mène une expédition militaire contre Hamadan, d’une crise intestinale – qu’il n’a pas su soigner –, épuisé par l’excès de travail, mais aussi de plaisirs. Sa sépulture devient très vite le lieu d’une vénération populaire, ce qui est toujours le cas aujourd’hui.

 

Avant même d’être un homme politique, Ibn Sina est un médecin, remarquablement doué. Il traduit lui-même certaines œuvres de Galien et d’Hippocrate, pratique la dissection pour « pénétrer les secrets du corps humain ». Son apport en médecine est fondé avant tout sur ses propres observations, sur son expérience directe, mais aussi sur une utilisation rigoureuse de la logique (il pose des prémisses dont il déduit ensuite les conséquences logiques). Son œuvre majeure reste le Canon de médecine (Kitâb al-Qanûn fi Al-Tibb, littéralement le Livre des lois médicales). Ce livre, ramené en Occident par les croisés, et traduit en latin entre 1150 et 1171 par Gérard de Crémone, aura une influence clé en Occident, remplaçant Galien, jusqu’à ce que les savants de la Renaissance le contestent (Léonard de Vinci notamment).

 

Ses travaux marquent de grandes avancées dans plusieurs domaines : en gynécologie, par exemple, ou encore en ophtalmologie, un domaine extrêmement investi par les savants arabes qui multiplient les recherches sur l’optique et la lumière. Ibn Sina expose avec précision le rôle du cœur dans la circulation du sang, pressent le rôle des rats dans la propagation de la peste, multiplie les expériences pharmacologiques : le livre IV de son canon énumère ainsi plus de 760 médicaments. Ibn Sina mène également de complexes recherches en mathématiques (notamment sur les corps infinitésimaux) ou en physique. Il porte une grande attention à la prophylaxie : « la médecine est l’art de conserver la santé, et éventuellement de guérir la maladie » écrit-il ainsi. Il rédige un « poème de médecine » (Urdjuza fi-tib) destiné aux princes, dans lequel il expose les meilleurs moyens de conserver la santé au sein du peuple. Par ces recherches, Ibn Sina est au plus près de l’actualité : le monde arabe a d’immenses villes (Bagdad est la plus grande ville du monde à l’époque) dans lesquels les maladies se multiplient. Ibn Sina est également l’un des premiers à s’intéresser aux maladies psychiatriques, dont il identifie rigoureusement les symptômes, et parmi lesquelles il classe l’amour, comparé à la mélancolie ou à l’amnésie.

 

Ses propos ne sont pas toujours très originaux, mais sa force réside surtout dans leur ordonnancement rigoureux, chaque partie étant subdivisée en plusieurs sous-parties et sous-sections. C’est ce qui va séduire les philosophes socratiques occidentaux : Roger Bacon le qualifie par exemple de « prince des philosophes », pas des médecins. Le monde arabe est à l’époque animé par un intense mouvement de traduction des textes grecs et latins, philosophiques ou scientifiques (voir l’ouvrage de D. Gutas). Les premiers califes, qui ont découvert le papier au milieu du VIIIème siècle, font traduire des centaines d’ouvrages, et attirent auprès d’eux scientifiques et intellectuels. Les différents princes, pour les imiter, se font eux aussi mécènes. C’est à cette époque, en particulier à Bagdad, que se forme la culture arabe classique, divisée entre adab (culture littéraire), ‘ilm (culture religieuse) et hikma (sciences profanes, dont la médecine et la philosophie). On a vu que Ibn Sina s’y inscrivait en plein : il traduit lui-même des textes, et est à la fois grand médecin et grand philosophe. Cet âge d’or culturel profite aussi de l’émulation entre culture arabe et culture persane : le persan est la langue vernaculaire d’Ibn Sina, mais il écrit le plus souvent en arabe classique. Enfin, le savoir est à l’époque extrêmement valorisé socialement : Ibn Sina accède à de hautes charges politiques grâce à ses qualités intellectuelles.

 

Dans cette redécouverte de la culture antique, Aristote occupe une place clé. Il est surnommé « le premier maître » : al-Farabi est le second maître, et Ibn Sina sera le troisième. Celui-ci écrit notamment une immense Philosophie orientale, composée de 28 000 réponses à autant de questions, qui disparait lors du sac d’Ispahan en 1034. Sa philosophie métaphysique est articulée autour de la distinction entre essence et existence, et il développe une complexe théorie faisant de Dieu, « l’Être nécessaire », la force première inspirant l’intelligence de l’homme. C’est notamment cette construction, qui interroge l’unicité divine et son rapport à l’humanité, que l’Occident découvrira avec intérêt, la croisant avec celle d’Averroès : on parle de l’avicennisme, un courant d’idées qui influence notamment Guillaume d’Auxerre. Ibn Sina reprend l’héritage d’Aristote, par exemple pour la philosophie politique : l’être humain est pensé comme un animal social. On pourrait dire qu’il passe l’aristotélisme au filtre du monothéisme : c’est grâce à de telles réflexions que le monde arabe intègre et s’approprie la philosophie antique. Ses propos se font aussi avis politique, lorsqu’il écrit par exemple que le successeur du prophète, le calife, doit être désigné par le Prophète lui-même, et régner avec l’accord du peuple : c’est là un problème qui a divisé l’Etat islamique depuis ses débuts. Ibn Sina est aussi un professeur, avec des élèves qui le suivent un peu partout. Dans ses écrits, il dit que former de nouveaux esprits est le devoir du scientifique : « ainsi, comme médecin, je soignais le corps de mes patients et, comme professeur, je préparais l’âme de mes élèves ». On reconnaît là l’influence de Platon. Il rédige de petites fables philosophiques pour développer ses idées d’une façon pédagogique, et développe également toute une réflexion sur l’éducation, sur les soins à apporter aux enfants, liant pédiatrie et pédagogie. Il construit une véritable paideia (réflexion sur la place de la musique et du sport dans l’éducation des jeunes enfants, sur les différents âges de la vie, sur l’équilibre entre le corps et l’esprit, ce qui donne au philosophe un rôle clé dans la cité.

 

Ibn Sina incarne l’âge d’or culturel de l’Islam, par ses qualités personnelles, l’ampleur de ses recherches, sa brillante carrière. Sa réflexion participe de l’intégration de l’héritage gréco-romain et de la formation de la culture arabe classique. Très vite, il est connu dans tout le monde arabe, voire même au-delà, et ses écrits médicaux et philosophiques auront une grande influence par la suite, notamment en Occident. « Quand je grandis, aucune cité ne fut à ma mesure » écrit-il lui-même.

7 B

B.A- BA     de   L’ISLAM

GERARD     CHAUVIN

Edition PARDES

 2000

Bien des Occidentaux éprouvent une sorte d’aversion à l’égard du monde musulman dont ils ignorent pourtant l’essentiel… Atavisme, dira- t- on, consécutif à une confrontation Orient- Occident qui perdure depuis presque treize siècle…

 

Après plusieurs croisades incertaines et ruineuses, l’Europe chrétienne ne faillit-elle pas succomber à la « guerre sainte » menée jusqu’au cœur de ses terres par les Ottomans ? Mais la principale raison est ailleurs.

 

Face aux préjugés laïco-progressistes qui dominent la pensée et façonnent les comportements, l’Islâm montre le visage d’une résistance théocratique que l’Eglise a, pour sa part, abandonnée, opposant avec opiniâtreté une loi sacrée qui subordonne les droits de l’homme au droit irréfragable de Dieu.

 

Sait-on seulement que le mot islâm, « soumission, obéissance », est de la même famille que Salam, la paix.

 

Comme toute religion, l’islâm est d’abord un message du Ciel à l’intention d’une communauté d’hommes et de femmes soucieux de se présenter, dignement et en paix, à leur créateur, fût-ce à l’heure du jugement…

 

Son messager en fut le Prophète Muhammad, orphelin illettré, lointain descendant du patriarche Abraham et de son fils Ismaël.

 

B.A. – BA du soufisme

Gérard chauvin

Edition PARDES

 2001

Selon un « dire » du Prophète Muhammad, la « soumission » à la Loi sacrée (islâm) est le premier degré de la Religion ; le deuxième est la « foi » (iman) ; le troisième, l’« excellence » ou l’exigence d’une parfaite conformité au Vouloir divin (ihsân). Cette perfection dans l’adoration préoccupe les gnostiques musulmans en quête de Dieu ; elle est aussi bien pur amour que vraie connaissance.


On considère les Compagnons du Prophète comme étant de fait – sinon historiquement – les premiers « soufis »… Mais, par le côté nécessairement élitiste et secret de ses enseignements, le soufisme (taçawwuf) devait paraître suspect aux plus littéralistes des docteurs de la Loi.


Souvent combattu, parfois toléré, il fallut attendre le XIIème siècle et toute l’autorité de Ghazalî pour que le soufisme bénéficie d’une certaines reconnaissance officielle ; ce que contestent encore aujourd’hui les fondamentalistes wahhabites.


Ce B.A. – BA du soufisme résume quelques-uns des aspects historiques et théologiques de la « voie », tout en insistant sur des considérations d’ordre doctrinal et méthodique. Les moyens requis pour progresser dans ce long travail intérieur de la vie à la Vie unifient les degrés de l’être par l’« extinction » graduelle de l’ego, jusqu’à la « subsistance » et la « présence », par Dieu et en Dieu. C’est la « voie droite », étroite et périlleuse, de ceux d’entre les musulmans dont il est dit dans le Coran : « Nul négoce ne les distrait du souvenir de Dieu. »


Y sont développés :


De l’exotérisme à l’ésotérisme – Exégèse coranique – La doctrine de l’unité – Les degrés de la Réalité – L’Esprit – Muhammad : l’Homme universel – Degrés du sacré et modes d’union au divin – Islâm, Imâm et Ihsân – Foi, Amour et Connaissance – Aux origines du soufisme – Califes et Imams « bien guidés » - Le foyer bastien – Les successeurs – Rabî’a – Ibn Adham – Bistâmî – Misrî – VIIIème et IXème siècles – Les Derviches Tourneurs – Reconnaissance du soufisme – Ghazalî – Jîlânî et la Qadiriya – Ibn’Arabî « sceau de la sainteté » – L’œuvre – La Poésie mystique – Attar – Rûmî – Maîtrise et sainteté – La grande guerre sainte (I) – Ivresse et sobriété spirituelles – La purification – Le sens de la prière – Jeûne et aumône – Pèlerinage intérieur – Les maladies de l’âme – Entre crainte et espoir – Repentir – Contentement – Pauvreté, générosité, sincérité – « Polir le cœur » et voir Dieu » – Convenances, conseils et méthodes – Samâ – Dhikr – Prière de la nuit – Retraite.

7 C

CHIISME  -  B.A-BA 

GERARD  CHAUVIN

Edition PARDES

 2005

Quelques 80 millions de musulmans de confession chiite, se préparent à la parousie du dernier de leurs Imans « occulté » depuis onze siècles. Figure hiéro-historique qui se confond avec celle du Mahdî : restaurateur du droit de Dieu face aux armées des ennemis de la religion, révélateur du sens universel du Coran, du secret des prophètes depuis Adam jusqu’à Muhammad et finalement, résurrecteur des âmes fidèles.


Ce livre sur le chiisme insiste sur les formes caractéristiques de la doctrine des Imans, en soulignant les implications de la querelle successorale qui opposa les partisans d’Ali, le gendre du Prophète, à ceux du premier calife de l’Islam. L’assassinat d’Ali par un sectateur, la mort « héroïcisée » de son fils Husayn, à Karbala, l’acharnement de Omeyyades de Damas, le dédain des Abbassides de Bagdad, les calomnies fratricides et les schismes endémiques, tout cela développa une dramaturgie religieuse, une mystique passionnelle, qui tempe le caractère des plus pieux….Morale « étrangère » qui inquiète facilement les occidentaux.


La force infaillible du chiisme est non moins d’ordre intellectuel. Dès l’occultation majeure du 12e Iman, au début du Xe siècle, se développa un immense corpus théologique autour des traditions et des enseignements légués, depuis Ali, par les Saints Amis de Dieu. Six siècles plus tard, la dynastie safavide établit et officialise le chiisme duodécimain en Iran. Avec l’école d’Ispahan, la philosophie et les arts atteignent leur pleine maturité…

 

La monumentale encyclopédie de Majlisî, les « océans des lumières » faisant toujours autorité. Les travaux magistraux d’Henri Corbin offriront de prendre la mesure d’une spiritualité qui confine à la gnose, parfois déconcertante, il est vrai, mais toute tendue dans l’espérance, renouvelée quotidiennement, du règne de Justice.

 

contes des sages juifs, chrÉtiens & musulmans

.J. fdida

Edition  SEUIL

 2006

Ce livre n’est pas fait pour être lu mais pour être fréquenté comme un ami proche, secret. Vous pouvez lui demander de vous nourrir, il vous nourrira, de vous éclairer, il vous éclairera, de vous émouvoir, de jouer, il jouera avec vous le jeu le plus mystérieux du monde, celui du hasard qui n’existe pas.


Posez-lui une question, inquiète ou espérante, en tout cas intime, une de ces questions d’au-delà de l’intelligence que d’ordinaire on pose à son cœur, les yeux fermés. Ouvrez-le au hasard. Quelqu’un est là, qui vous parle. Il ne vous dit pas seulement quelque chose de plus ou moins intéressant, non. Il répond à cette question que vous n’avez même pas dite à voix haute. Il y répond à sa manière, qui peut être déconcertante. Mais ne grimacez pas. Ce qui vous est dit là s’avère toujours étrangement sensé.


Petit livre de 170 pages avec des petits contes magnifiques.

Les trois diamants

Vérité et Parabole

L’heure dite

Le derviche à longue barbe

L’équilibre des chances

La voyante

Le passeur

Skotsl kumt

Les trois présents

Le chemin du paradis

Chelm et Varsovie

Le toupin blanc

Le voleur crucifié

Éveillé pour prier

Comment savoir

La foi

Salomon et le vautour

À Jérusalem

Et peut-être plus haut

La sainte sans nom

Nasr Eddin…

Saint Pierre battu deux fois

La mère de saint Pierre

L’âne et le renard

Les pantalons

Le cœur de la mère

Les harengs

Nemrod

Les trois frères et le chamelier

Nourriture de rêve

La chute

La cible

Cache-cache

 

contes des sages soufis

Henri gougaud

Edition SEUIL

 2004

Ce livre n’est pas fait pour être lu mais pour être fréquenté comme un ami proche, secret. Vous pouvez lui demander de vous nourrir, il vous nourrira, de vous éclairer, il vous éclairera, de vous émouvoir, de jouer, il jouera avec vous le jeu le plus mystérieux du monde, celui du hasard qui n’existe pas.


Posez-lui une question, inquiète ou espérante, en tout cas intime, une de ces questions d’au-delà de l’intelligence que d’ordinaire on pose à son cœur, les yeux fermés. Ouvrez-le au hasard. Quelqu’un est là, qui vous parle. Il ne vous dit pas seulement quelque chose de plus ou moins intéressant, non. Il répond à cette question que vous n’avez même pas dite à voix haute. Il y répond à sa manière, qui peut être déconcertante. Mais ne grimacez pas. Ce qui vous est dit là s’avère toujours étrangement sensé.


Ce petit livre (10 x 17 cm) est très pratique à transporter, il est orné de miniatures et de très belles illustrations. Sur 200 pages il nous raconte :

Yunus

Les savants et le lion

Majnun

Prier

L’extase

La tempête

Le pain

Les babouches d’Abou Kacem

La tache

Jayda

Un mot du diable

La fente

La fourmi amoureuse

La barbe

Nurudin le cordier

Le pacte de la taverne

L’ivrogne

Une idée du monde

L’esclave

Les deux rêveurs

Le royaume et l’esclave

Le secret

La porte

Deux réponses d’Ayaz

La caravane

Fahima aux quatre visages

La pierre de Salomon

La planche du géomancien

L’amant véritable

Parole de mendiant

Le voyou

La conférence des papillons

La voix des sables

 

contes initiatiques des soufis

Idries shah

Edition  Du Rocher

 1999

Les récits et histoires-enseignements présentés dans cet ouvrage « Contes initiatiques des soufis » illustrent de façon incisive les méthodes d’instruction des maîtres soufis. Il s’agit de faire ressortir par delà les apparences, la réalité des êtres et des situations.

 

Plus que toute autre caractéristique, la tendance à entretenir des idées arrêtées, à s’en tenir à des suppositions faciles, fait obstacle à la compréhension et, par là-même, à la maturation psychologique et spirituelle.

Idrisse Shah ne se contente pas de porter sur ce travers fondamental un regard grave et amusé, il offre encore une fois un remède, sous la forme d’un livre- exercice.

 

Ces contes s’adressent à l’esprit intérieur, ils sont interactifs, ouverts, ils réveillent chez celui qui les lit ou les entend, la faculté peu exercée de recevoir toujours au point de départ, l’aptitude à percevoir ce qui est là. Ils dessinent un chemin.

 

Cet ouvrage nous offre environ 120 contes soufis, courts mais de grande réflexion et amusants.

 

CORBIN - AVICENNE ET LE RÉCIT VISIONNAIRE

Henri CORBIN

Edition VERDIER

 1999

Philosophe, germaniste, iranologue, arabisant, Henry Corbin mena l’existence remplie d’un chercheur laborieux, d’un découvreur et d’un penseur aussi inspiré qu’érudit. Elaboré à l’occasion du millénaire d’Avicenne, cet ouvrage est d’abord l’édition et la traduction de trois récits avicenniens qui déploient la perspective mystique où se parachève l’œuvre du grand penseur iranien.

 

Henry Corbin (1903-1978) a procédé à cette édition en la soumettant à l’épreuve du commentaire, il met en lumière, pour la première fois, l’angélologie d’Avicenne, où se transmue en termes mystiques la doctrine des intelligences et des ames célestes.

 

Cette élucidation lui permet de montrer comment Avicenne procède à l’élaboration d’une doctrine du pèlerinage de l’âme humaine vers son ange personnel, doctrine par laquelle Avicenne entre en consonance avec diverses traditions gnostiques qui appartiennent au domaine de l’islam. Ces traditions à leur tour, renvient aux gnoses des religions du Livre, ou à la gnose manichéenne.

 

L’ouvrage d’Henry Corbin s’amplifie ainsi au point de traiter du problème plus vaste posé à la science des religions : quel est le sujet de l’expérience visionnaire ? Celle-ci passe par les voies du mode imaginal, thème cher à Corbin et dont le présent ouvrage offre une première thématisation et une explication.

Au sommaire de cet ouvrage édité ici dans son intégralité :

 

Première partie : Le cycle des récits Avicenniens :  Cosmos avicennien et situation philosophique  -  La crypte cosmique, l’étranger et le guide  -  Le cycle des récits ou le voyage vers l’Orient  -  Avicenne et l’angélologie  -  L’ange, l’esprit et l’intelligence  -  Les Archanges, chérubins ou intelligences  -  les anges ou ames célestes  -  Pédagogie angélique et individuation  -  Le nombre des sphères célestes  -  Le récit de Hayy ibn Yaqzan  -   Le récit de l’oiseau  -  L’ascension de l’oiseau et son symbole  -  Du récit d’Avicenne à l’épopée mystique d’Attar  -  Le récit de Salaman et Absal  -   Avicennisme et imâmisme  -

 

Deuxième partie : Le récit de Havy ibn Yaqzan :  Rencontre avec l’ange  -  la salutation  -  le nom et la personne de l’ange  -  La physiognomonie  -  les deux voies de l’âme  -  Les trois mauvais compagnons de l’âme  -  les conditions du voyage  -  L’Orient et l’Occident de l’univers  -  la source de vie  -  Les Ténèbres aux abords du pole  -  Le climat de la matière terrestre et céleste  -  Les sphères célestes  -  Le royaume de l’âme  -  Les démons de l’âme  -  les génies de l’âme  -  Les anges terrestres  - 

 

On retrouve Henry Corbin dans le Chapitre 10 C  avec plusieurs ouvrages

Dans le Chapitre 5 A (L’homme et son ange) et dans le Chapitre 10 L (le territoire du vide)

 

CORBIN - CORPS SPIRITUELS ET TERRES CÉLESTES - DE L’IRAN  MAZDÉEN à L’IRAN CHIITE

Henri CORBIN

Edition  BUCHET- CHASTEL

 1979

Dans cet ouvrage, l’auteur s’est attaché à montrer la voie menant, par un thème précis, de l’Iran mazdéen à l’Iran islamique. La méthode de l’auteur, attentif aux intentions et aux structures, est essentiellement phénoménologique, progresser d’un niveau de signification à un autre, c’est faire tout autre chose en effet que de passer simplement d’une date à une autre.

 

Dans une première partie, l’ouvrage commence par esquiver l’Imago Terrae mazdéenne : la géographie mythique et la géographie visionnaire, la lumière de Gloire (le Xvarah) et les anges de la Terre, les héros eschatologiques et la Transfiguration de la Terre.

 

L’œuvre de Sohrawardi qui au XIIe siècle, se proposa en sa « Théosophie orientale » de restaurer la sagesse de l’ancienne Perse, et où reparaissent tous les noms des hiérophanies mazdéennes, notamment celui de Spenta Armaiti, l’ange féminin de le terre, noue l’articulation avec l’Iran shiite et les penseurs de l’école d’Ispahan, au XVIe siècle, restés encore à peu prés ignorés en Occident.

 

La terre céleste de Hurqalya, la figure de Fatima l’Eclatante, le personnage de l’Imam caché, homologue du Saoshyant zoroastrien, la physiologie mystique du « corps de résurrection » développée en termes de symbolisme alchimique, autant de pages qui révèlent des aspects inconnus de la gnose shiite.

 

L’auteur a rassemblé, dans la seconde partie de ce livre, une riche collection de textes, traduits pour la première fois de l’arabe ou du persan, s’échelonnant depuis le XIIe siècle jusqu’aux maîtres de l’école shaykhie, c'est-à-dire jusqu’à nos jours. Ce livre donne ainsi un excellent aperçu de la cohésion de l’univers spirituel iranien.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Première partie : Corps spirituels et Terre céleste : Pour une charte de l’Imaginal  -  Imago terrae mazdéenne  -  La terre est un ange  -  La terre aux sept Keshvars  -  Géosophie et anges féminins  -  La terre mystique de Hurqalya  -  Fatima la fille du prophète et la terre céleste  -  Le 8e climat  -   Hurqalya, terre de visions et de résurrection  -

 

Deuxième partie : Choix de textes traditionnels :  Sohrawardi et le monde des formes imaginales de la perception imaginative   -  Ibn’Arabî et la terre qui fut créée du surplus de l’argile d’Adam  -  Dawud Qaysari et son Mundus imaginalis  -  Abdol Karim Gili  -  La terre  des veilleurs, le voyage de l’Etranger et l’entretien avec Khezr  -  Shamsoddin Mohammad Lahiji  -  Sadroddin Shirazi  -  Spissitudo spiritualis  -  Abdorrazzaq Lahiji, théosophes orientaux et philosophes péripatéticiens  - Mohsen Fayz Kashani, un monde où se corporalisent les Esprits et où se spiritualisent les corps  -  L’école Shhaykhie  -  Phtisiologie du corps de résurrection  -  Sur le sens ésotérique de la tombe  -  Les cieux et les éléments de Hurqalya  -  Alchimie et corps de résurrection  -  Imagination active   - Shaykh Mohammad Karim Khan Kermani, En quel sens le corps du croyant fidele est la terre de son paradis  -  Un monde en ascension, non en évolution  -  La terre céleste de Hurqalya et la foi shiite  - 

 

 

 

CORBIN - EN ISLAM  IRANIEN     -   Aspects spirituels et philosophiques

Henri CORBIN

Edition GALLIMARD

1971

A l’intérieur de la communauté islamique, le monde iranien a formé des l’origine un ensemble dont les caractères et la vocation ne s’élucident que si l’on considère l’univers spirituel iranien comme formant un tout, avant et depuis l’islam.

 

L’Iran islamique a été par excellence la patrie des plus grands philosophes et mystiques de l’Islam ; pour eux, la pensée spéculative ne s’isole jamais de sa fructification et de ses conséquences pratiques, non point quant au milieu social, mais quant à la totalité concrète que l’homme nourrit de sa propre substance, par delà les limites de cette vie, et qui est son monde spirituel.

 

Le monument qu’Henry Corbin présente ici en quatre volumes, est le résultat de plus de vingt ans de recherches menées en Iran même. Sa méthode se veut essentiellement phénoménologique, sans se rattacher à une école déterminée. Il s’agit pour lui de rencontrer le fait religieux en laissant se montrer l’objet religieux tel qu’il se montre à ceux à qui il se montre.

 

Le phénoménologue doit donc devenir l’hôte spirituel de ceux à qui se montre cet objet et en assumer avec eux la charge. Toute considération historique, restera donc ici immanente à cet objet, sans lui imposer du dehors quelque catégorie étrangère.

 

 

Collection en 4 Volumes :

 

Volume 1 : Le Chiisme duodécimain.  – Shiisme en Iran  -  Philosophie prophétique et religion initiatique  -  Le plérôme des 12 Imans  -  Les paradoxes affrontés par l’ismaélisme et par le shiisme duodécimain  -  Le combat spirituel su Shiisme  -  Les hiérarchies spirituelles invisibles  -  Le phénomène du Livre saint et son herméneutique spirituelle   - 

Conscience historique et gnostique  -  Esotérisme et exotérisme    -   L’herméneutique   -   Le secret des Imans  -  Les quatre niveaux de l’ésotérisme  -  Les descentes épiphaniques du livre saint  -

 

Volume 2 : Sohrawardi et les platoniciens de Perse  -  La vie et le martyre  -  L’ascendance des théosophes orientaux  -  La Théosophie orientale  -  La sagesse hiératique  -  La connaissance orientale  -  La lumière de gloire mazdéenne et l’angélologie  -  La source orientale  -  Les visions de Kay Khosraw et de Zoroastre  -   Les lumières archangéliques et les idées platoniciennes  -  Psaume à l’archange du soleil  et à la nature parfaite  -  La lumière de gloire et le saint Graal  -  Hermetica et mithriaca  -  Parsifal  -  L récit du Graal d’un mystique khosrawani  -  Le récit de l’archange empourpré et la geste mystique iranienne  -   De la naissance de Zal à la mort d’Esfandyar  -  Le récit de l’exil occidental et la geste gnostique  -  L’histoire des gnostiques  -  Le gnostique à la rencontre de l’ange  -  Qui est l’ange personnel ?  -  Evangiles et actes gnostiques  -  Gnose mandéenne  -  Liturgie mithriatique  -  Alchimie  -  Gnose manichéenne  et mazdéenne  -  Swedenborg  -  Le secret de la cité personnelle  -  La nature parfaite comme notion hermétique  -  Le leg spirituel sur la voie royale  -  La postérité orientale en Iran et en Inde  -  La religion de l’Eros transfiguré  -  La geste mystique iranienne  -

 

Volume 3 : Les Fidèles d’amour. Chiisme st soufisme. -  Ruzbehan et le soufisme des Fidèles d’amour  -  Soufisme et quiétude de l’âme  -  Ruzbehan de Shiraz  -  L’ennuagement du cœur et l’épreuve du voile  -  Diarium spirituale  -  Le jasmin des Fidèles d’amour  -  Le pèlerinage intérieur  -  La théosophie dans la beauté  -   L’histoire des Fidèles d’amour  -   Le Tawhid  -  shiisme et soufisme  -  Haydar Amoli, théologien shiite du soufisme  -   Visions dans le ciel nocturne de Bagdad et du Khorassan  -   Un traité anonyme sur les sept sens ésotériques di Qoran  -  Herméneutique et typologie  -  L’événement éternel du livre  -   Du sens ésotérique de l’éclatement de la lune  - les juristes et les traditionalistes  -  Les philosophes de l’islam  -   Les Péripatéticiens  -  Les théosophes de la lumière  -  Les Horoufis  -  Les sept organes subtils de l’homme  -  L’ange Gabriel  -  Les trois états ou corps de l’être humain  -  L’anthropologie mystique  -

 

Volume 4 : L’Ecole d’Ispahan et le douzième Imam  -  Confessions extatique de Mir Damad  -  Vision en la mosquée de Qomm  -  Exaltation dans la solitude  -  Cette immense clameur occulte  -  Molla Sadra Shirazi  -  Vers une métaphysique de la Résurrection  -   Le monde de l’imagination spirituelle et le corps de résurrection  -  L’imagination créatrice et sa fonction eschatologique  -  La triple croissance de l’être humain  -  Qasi Said Qommi  -  La ville sainte de Qomm  -   Théologie apophatique et imâmologie structurelle  -   Le récit du nuage blanc, comme récit initiatique  -  L’involution du temps chronologique et de l’espace sensible  -  En explorant la montagne du Qaf  -  Le prophète Salih  -  Le sceau de Salomon  -  La multitude des mondes  -   L’école shaykhie  -  La vie et l’œuvre de Shaykh Ahmad Ahsai  -   Le quatrième pilier  -  Le douzième Imam et la chevalerie spirituelle  -   L’hagiographie du douzième Imam  -  l’achèvement du Plérôme des douze  -   de Byzance à Samarra   -  Le sceau de la Walayat mohammadienne et son occultation  -   A temps de la grande occultation  -  Le sanctuaire de Jam- Karan  -  Le voyage à l’ile verte en mer blanche  -  Les iles aux cinq cités  -  rencontre avec le désert  -  la chevalerie spirituelle  -  Tradition abrahamique et chevalerie spirituelle  -  le douzième Imam et le règne du Paraclet  -  le guide personnel  -

 

 

 

CORBIN – SOHRAVARDI  -     LE LIVRE DE LA SAGESSE ORIENTALE

SOHRAWARDI  -  Traduit et annoté par Henri CORBIN

Edition Verdier

 1986

Le chef d’œuvre de Sohrawardi, ce grand philosophe Iranien mort à Alep en Syrie à 36 ans, victime de l’intolérance. Il exprime une expérience extatique de Dieu, « Lumière des lumières », dévoile dans l’univers sensible, les multiples miroirs des intelligences et des ames.

 

Il ressuscite la sagesse de l’Iran zoroastrien et, fidele au platonisme, fonde en métaphysique le sentiment gnostique de la vie : la Ténèbre, les substances qui « portent en elle, nuit et mort » s’opposent aux Lumières angéliques. Cette philosophie dramatique de l’existence s’achève en un magnifique chant de l’âme, en l’une des plus puissantes théories de la béatitude.

 

Ce livre est, sans conteste, un des monuments de la philosophie en terre d’islam. Le lecteur trouvera ici, en outre, les deux commentaires qu’en ont faits Qotboddin Shirazi et Molla Sadra Shirazi qui furent parmi les plus grands philosophes de l’Iran shiite.

 

Henry Corbin fut l’hôte ultime de la « sagesse illuminative » de Sohrawardi, sa traduction magistrale commentée est la reprise vivante d’une pensée mystique qui, selon lui, est au cœur de notre présent.

 

Au sommaire de cet important ouvrage de 700 pages :

 

Introduction : Lumières  -  Gnose  -  Liberté et vie  -  Vie de Sohrawardi  -  Son œuvre  - 

 

Première partie : La philosophie mystique de Sohrawardi  -  Sur les lumières divines, sur les lumières des lumières et sur les principes de l’être et leur hiérarchie  -  La lumière n’a pas besoin de définition  -  Sur la lumière et la Ténèbre  -  Pour exister, le corps a besoin de la lumière immatérielle  - Le système de l’être  -  Sur la constitution des corps  -  Le mouvement des sphères célestes  -  La lumière supérieure et la lumière inférieure  -  Les illuminations irradient l’être  -  Exposé sur les astres  -  La science divine et la doctrine de l’Ishraq  -  Les effets produits par les intelligences sont illimités  -  Sur le mode d’activité de la Lumière des Lumières et des Lumières archangéliques  -  Le monde existe ab arterno  -  Les cieux tendent, par leurs mouvements, à une chose sainte et délectable  - 

 

Deuxième partie : Sur les divisions des Barzakhs sur leur qualités, leurs compositions et quelques unes de leurs facultés  -  Le changement d’état est altération dans la modalité mais non dans les formes substantielles  -  Les cinq sens externes  -  Le microcosme et le macrocosme  -  Correspondance entre l’âme pensante et le pneuma vital  -  Les prophéties et les songes  -  Qu’est-ce que la transmigration ?  -  La délivrance des ames pures retournant au monde de la Lumière  -  Les états des ames humaines après la séparation du corps  -  Le mal et la misère  -  Les Parfaits  -  Ecrit sur la tablette du Mémorial céleste  -  Les états mystiques du pèlerin  -  Testament spirituel  -

 

Troisième partie : Commentaire de Qotboddin Shirazi  -  Commentaire de Molla Sadra Shirazi  -  Citations coraniques  -

  

 

CORBIN - L’HOMME DE LUMIÈRE DANS LE SOUFISME IRANIEN

Henri CORBIN

Edition VERDIER

 1999

L’instauration par Sohrawardi, au XIIe siècle, d’une « théosophie orientale » n’à point échappé aux fins limiers de la recherche fondamentale, on y retrouve des éléments matériellement identifiables : ils appartiennent à l’alchimie, à l’hermétisme, au zoroastrisme, au néoplatonisme et au soufisme de l’islam.

 

Son centre en est la nature parfaite, donné parfaitement par l’hermétisme arabe, qui explique que l’homme est prisonnier des Ténèbres, et son chemin et devoir sera de s’en arracher.

 

Toute l’idéologie et l’expérience qui ont pour centre la manifestation de la Nature Parfaite, présupposent donc cette notion de l’homme de lumière et de l’aventure cosmique vécue par lui, alors seulement on pourra comprendre comment se noue le couple, l’unité dialogique, de l’homme de lumière et de son guide dont nous parle abondamment la tradition hermétique de langue arabe.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : L’homme de Lumière et son guide  -  Pôle d’orientation et les symboles du nord  -  L’idée hermétiste de la Nature Parfaite  -  Le Noûs d’Hermès et le Pasteur d’Hermas  -  Fravarti et Walkyrie  -  Le jumeau céleste  -

 

Chapitre 2 : Soleil de minuit et pôle céleste  -  Le nord cosmique et la « théosophie orientale » de Sohrawardi  -  Visions du pôle chez Ruzbehan de Shiraz  -  Le pôle comme demeure de l’ange sraosha  -

 

Chapitre 3 : Visio Smaragdina  -  Najmoddin Kobra  -  Lumière et combat spirituel  -  La trilogie de l’âme  -  Le semblable avec le semblable  -  La fonction du dhikr  -  La fumière verte  -  Les sens du suprasensible  -  Les orbes de lumière  -  Le « témoin dans le ciel »  -  La Balance et l’ange  -

 

Chapitre 4 : Lumière noire  -  Lumière sans matière  -  Doctrine des photismes chez Najm Razi  -  La lumière noire dans la « roseraie de mystère »  -

 

Chapitre 5 : Les sept prophètes de ton être  -  Alaoddawleh Semmani  -  Le monde des couleurs et l’homme de lumière  -  Les couleurs « physiologiques » selon Goethe  -

 

CORBIN - l’imagination crÉatrice dans le soufisme d’Ibn’arabÎ

Henry corbin

 Edition AUBIER

 1987

Philosophe- orientaliste, historien des religions, Henry Corbin (1903-1978) a bouleversé par son œuvre magistrale notre connaissance de la philosophie islamique. Erudit, il a réussi à mettre le savoir le plus étendu au service de l’interprétation philosophique.

 

Chargé de mission en Turquie, puis en Iran, il a fondé le département d’Iranologie de l’Institut français de Téhéran, avant de succéder à Louis Massignon comme titulaire de la chaire d’islamisme à l’Ecole pratique des Hautes Etudes.

 

Par ses éditions de textes en arabe et en persan, il a révélé aux iraniens eux-mêmes les principaux auteurs de leur poésie mystique et de leur philosophie. Par des traductions de ces textes, il a permis aux lecteurs français de découvrir la richesse et la profondeur de cette pensée avec son hermétisme et son ésotérisme.

 

L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn’Arabî est une de ses trois études les plus importantes avec « Avicenne et le récit visionnaire » et le monumental « En Islam iranien ».

 

Ibn’Arabî est né à Murcie en 1135 et mort à Damas en 1240. Mystique et écrivain prolifique, il est une des figures les plus originales de l’ésotérisme soufique. Henry Corbin nous familiarise avec son époque et nous initie aux thèmes fondamentaux de sa philosophie, avec ce livre Henry Corbin nous introduit au cœur du soufisme et nous fait découvrir la topographie spirituelle de l’islam.

 

Au sommaire de cet ouvrage on y trouve :

 

Introduction et première partie : : Entre l’Andalousie et l’Iran  - Esquisse d’un topographie spirituelle  -  Aux funérailles d’Averroès  -  Le pèlerin de l’Orient  -  Le disciple de Khezr  -  Sympathie et théopathie  -  La prière de l’héliotrope  -  Le Dieu pathétique  -  Sophiologie et « devotio sympathetica »  -  Passion et compassion divine  -  le poème sophianique d’un Fidele d’amour  -  Le féminin-créateur  - 

 

Deuxième partie  -  Imagination créatrice et prière créatrice  -  La création comme théophanie  -  Le Dieu manifesté par l’imagination théophanique  -  La récurrence de la Création  -  la double dimension des êtres  -  Le champs de l’imagination  -  Le cœur comme organe subtil  -  La science du cœur  -  Prière de l’homme et prière de Dieu  -  La méthode d’oraison théophanique  -  Le hadith de la vision  -  Autour de la Kaaba mystique  -  Les homologations  -  La forme de Dieu  -

           

 

CORBIN - l’imam cachÉ

Henry corbin

Edition L’Herne

 2003

Henry Corbin est un philosophe d’une très grande importance qui, par delà les frontières géographiques, les langues, les systèmes, les institutions ecclésiales et les modes éphémères, par delà les séparations de toutes sortes, s’efforce d’aviver les lueurs qui surgissent dans le temps et dans l’espace pour montrer qu’une même lumière est à leur origine.

 

Philosophe qui ne réduit pas le savoir à la science, ni la vérité à une simple valeur d’usage, ni l’existence à un épiphénomène de réactions chimiques, Henry Corbin s’inscrit dans la tradition de ceux qui lisent à travers l’histoire des hommes, non la genèse d’un devenir créateur, mais les rayons multiples d’une unité vivante réfractée par le prisme du temps et de l’espace, et située bien au-dessus de lui.

 

Face à l’envahissement de la technologie de la communication, à une occidentalisation à outrance de la pensée, au pseudo-ésotérisme sans substance, la recherche d’Henry Corbin nous mène sur les traces du XIIe imam, dénommé l’Imam caché.

 

Dans le cycle d’occultation qui est le notre, le XIIe Imam demeure, bien qu’occulté à la vue de la plupart, comme pôle mystique de ce monde. Il est le guide intérieur de tout être humain éveillé, sa mission est de reconduire l’apparence littérale du Livre à sa vérité spirituelle et métaphysique.

 

L’ensemble des textes ici réunis - Transcendantal et Existential : Mystique et humour ; Manichéisme et religion de la beauté ; Théologie au bord du lac ; Le temps d’Eranos ; Ruzbehan Baqli de Shiraz - posent la question de savoir si nous sommes au bord d’un déluge spirituel ou à la veille d’une renaissance.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Prophétologie shiite Duodécimaine  -  Le « verus propheta » et la prophétologie shiite  -  L’idée fondamentale du shiisme  -  Prophétologie et imâmologie  -

 

La prophétologie ismaélienne  -  Shiisme duodécimain et shiisme ismaélien  -  Théologie apophatique dans le ciel  -  Le drame dans le ciel et la prophétologie  sur terre  -  Imâmologie et sotériologie  -  L’horizon paraclétique de la prophétologie ismaélienne  -

 

Ruzbehan Baqlî de Shiraz  -  Un monde que Dieu ne regarde pas  -  Cherche moi dans la demeure mystique de l’amour  -  Majnun le miroir de Dieu  - 

 

Manichéisme et religion  -  Du sens musical de la musique persane  -  Mystique et humour  -  De Heidegger à Sohrawardi  -  Post-scriptum biographique à un entretien philosophique  -  Théologie au bord du lac  -  Transcendantal et existentiel  -  Le temps d’Eranos  -  De l’Iran à Eranos  -  A Olga Frobe-Kapteyn  -

 

CORBIN - suhrawardi d’alep

Henri corBin

Collection HERMES fatamorgana

 2001

Lorsque l’esprit d’un chercheur se voue, à la philosophie, la synthèse de la quête mystique et de la quête métaphysique requiert au plus haut point la présence d’un guide intérieur, du démon socratique. Suhrawardi fut un tel maître pour les penseurs iraniens de l’Ecole d’Ispahan, il le fut aussi pour Henry Corbin, tout comme Halladj fut celui qui révéla à Louis Massignon, l’essence de l’attestation de l’Unique.

 

Le texte ici  réédité est une méditation sur la courbe de vie de Suhrawardi qui la compare étroitement à celle de Hallaj et aux destins de tous ceux qui, en islam, ont payé de leur sang le témoignage personnel de l’unicité divine, parce que ce témoignage transgressait l’interprétation littéraliste et légalitaire de la Révolution.

 

Cette méditation se veut herméneutique, et elle dévoile l’intention des Récits mystiques suhrawardiens et de sa métaphysique illuminative. Une des leçons majeures qu’elle propose, c’est qu’il est illusoire de lire un penseur « au passé », alors qu’il faut le mettre au présent, tant ces œuvres sont intemporelles et universelles.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le guide intérieur par Christian Jambet  -  Suhrawardi d’Alep par Henry Corbin  -  Sa vie et son œuvre  -  Discours métaphysique et discours en similitudes  -  L’attestation de l’unique  - 

7 D

DERVICHES  TOURNEURS   -   DOCTRINE, HISTOIRE, PRATIQUES

A. AMBROSIO -  E. FEUILLEBOIS – Th. ZARCONE

ÉDITION  DU  CERF

 2006

Ecrit à l’intention d’un public cultivé par des spécialistes du soufisme persan et turc, ce livre rassemble, pour la première fois dans une langue occidentale, l’essentiel de ce que l’on doit savoir sur la confrérie Mawlaviyya, aussi célèbre que méconnue, autrement appelée ordre des Derviches tourneurs.

 

Aucun des différents aspects littéraires, doctrinaux, historiques, anthropologiques et symboliques du phénomène n’a été négligé.

 

Le lecteur y trouvera ainsi des indications biographiques sur Jalâl al Rumi, l’inspirateur de l’ordre, qui tentent de reconstituer sa personnalité authentique et de synthétiser au mieux les points essentiels de sa pensée mystique et de sa poétique enracinées dans le soufisme et la littérature persane classique. Il y découvrira aussi l’évolution historique de la confrérie, des renseignements inédits sur son mode de fonctionnement- fondée sur une sociabilité mystique soufie-, ses développements doctrinaux et la codification progressive des rituels de noviciat et d’investiture.

Enfin, une large part de cette étude a été consacrée à la cérémonie de la danse mystique (samâ ou mukabele), où sont décrites les étapes de la ritualisation de ce qui fut au départ une danse extatique spontanée, les interprétations symboliques qui lui ont été données et la manière dont l’occident les a reçues.

 

Est développé :

 

Rumi, sa vie, son œuvre (le Mathnawî, poème universel), ses rencontres à Tabriz, son enfance, Konya et sa formation spirituelle, sa pensée avec les ses éléments de théologie mystique et d’anthropologie spirituelle, son cheminement mystique, sa poésie persane, Thierry Zarcone nous raconte l’histoire de l’ordre soufi, sa mystique, sa politique, son art, sa littérature, sa doctrine, son message, son rituel, son école du silence et de la mort volontaire, le rituel mevlevi, la danse des Derviches appelée sama, sa description, son but, ses éléments, ses significations symboliques et ésotériques, danse cosmique et voyage initiatique.

 

DERVICHES TOURNEURS    -      LA CONFRÉRIE DE LA DANSE SACRÉE

Alberto Fabio Ambrosio

Edition Albin Michel

 2014

Les célèbres « derviches tourneurs » sont l’image la plus visible du soufisme en Occident ; mais cette image masque une réalité méconnue, celle de la Mevleviyye, la voie spirituelle qui se rattache à Rûmî.

Alberto Fabio Ambrosio, l’un des plus grands spécialistes mondiaux de cette confrérie, nous livre ici toutes les clés pour découvrir cette spiritualité riche et complexe.

Entre symbole et histoire, il nous guide, tel un voyageur, à travers la danse, le zikr, les costumes et l’espace rituel qui caractérise ce soufisme anatolien, avant de remonter la silsile, cette « chaîne d’or » qui relie l’enseignement du fondateur et ses héritiers contemporains, sans omettre les relations ambiguës que la Mevleviyye a entretenues au fil de l’histoire avec le pouvoir politique, depuis l’époque ottomane jusqu’à la République kémalienne. Analysant le rapport entre le visible et l’invisible, au fondement de cette voie à bien des égards unique, il en exprime toute la force et la beauté.

Au sommaire de cet ouvrage :

La danse des derviches : Le Semâ et l’islam - les mystères d’une rencontre - La mukabele, entre rituel et ritualité - La mystique symbolique du Semâ - Spontanéité mystique et ritualisation -

La mémoire de Dieu ou château de l’âme : Du Semâ à la prière - la mémoire du zikr - Le château de Dieu : un espace spirituel - une histoire du zikr mevlevî - le culte de l’unité divine -

Symboles soufis : Soufisme et symboles - L’habit qui fait le derviche - Les instruments divins - De sacrés numéros - Hû diyelin (lui divin) -

L’espace sacré : Lieux d’Islam - L’architecture mevlevîe - les stations mystiques -

Le voyageur mystique : Du voyage exotique - Esotérisme nomade - Un chemin invisible - Les compagnons de route -

Le gouvernement de l’invisible : Le vocabulaire de l’obéissance - L’illustre représentant - Père te fils -

Rûmî, l’océan des derviches : Des rencontres qui transforment - Les séparations créatrices - Un testament en poésie -

Cours et recours historiques : Des sources cachées - L’histoire vivante - Une mort mystique -

L’invisible divin : La visibilité mevlevîe - Un enseignement sensible - L’origine divine -

Conclusion : Silsile de la confrérie Mevleviyye - les trois silsile - Silsile du tekke de Galata - mes œuvres de Rûmî - Sources de la confrérie -

 

DERVICHES  TOURNEURS  KONYA  ET  MEVLANA

P.  GROLIER

EDITION  MERT -  TURQUIE

 2002

Les touristes qui se décideraient à visiter la Turquie au mois de Décembre, et qui passeraient par la ville de Konya, auront la possibilité d’assister avec étonnement et émerveillement à une série de festivités suivies par des passionnés venus des 4 coins de la Turquie et du monde. Ce festival se termine le 17 Décembre par la célèbre cérémonie de « la nuit des réjouissances », à la mémoire de Mevlâna, personnage extraordinaire dont le rayonnement bien qu’il ne fut pas un prophète, influença intensément l’histoire des croyances de notre vieille planète. De son vrai nom Muhamed Celâleddin, il est plus connu sous le nom de Rumi, et il s’est si bien associé avec cette ville qu’en Turquie, lorsqu’on parle de Konya on pense à Rumi et lorsqu’on parle de Rumi on pense à Konya.

 

Ce passionné de Dieu et de l’Amour Divin, fut l’inventeur des célèbres Derviches Tourneurs. Philosophe, poète et théologien il structura le soufisme et en fit une référence ésotérique au cœur de l’islam.

 

Un très bel ouvrage en français où, à côté de magnifiques photos couleur de la ville et des principaux sites soufi, on y trouve des explications sur l’œuvre de Rumi, les Derviches tourneurs, et l’architecture de la ville de Konya.

 

DERVICHES  TOURNEURS - konya – la ville des derviches tourneurs

Michel balivet

Edition CNRS

 2001

Au centre d’une région où apparut l’une des toutes premières villes du monde, Konya est également située au cœur de l’histoire religieuse et mystique de l’Anatolie. Là en effet fleurirent cultes de la Déesse-Mère, religions à mystère et sectes gnostiques, là Saint Paul effectua ses premières prédications, là vécut le grand mystique andalou Ibn Arabî.


Mais Konya est surtout connue pour avoir été le cadre de vie du fondateur de la célèbre confrérie des derviches tourneurs, Mevlânâ Djelâleddîn Rûmî (1207 – 1273), qui y créa la maison-mère d’un Ordre religieux appelé à essaimer dans tout l’Empire ottoman, des Balkans à l’Égypte.

 

Mevlânâ, par son génie poétique et musical, par sa mystique centrée sur l’amour, par sa tolérance envers chacun sans distinction de religion et de culture, ne cesse de fasciner, tout comme le tournoiement des derviches lors de leur concert spirituel.

Michel Balivet, après avoir retracé les grandes étapes de l’histoire de la cité et de sa région, des origines à la période byzantine, consacre le cœur de l’ouvrage à l’aventure mystique de Mevlânâ, dont il raconte la vie, rappelle la doctrine, décrit les rituels et les lieux de culte.

 

Il nous guide également parmi les riches monuments de cette ville-musée, devenue capitale impériale des Turcs seldjoukides du XIème au XIIIème siècle, qui a su demeurer un important lieu de pèlerinage spirituel et artistique dans la Turquie contemporaine. Mais il est facile de lever le voile sur Konya : ici, au coeur de la vieille ville, dans sa tombe garnie de faïence turquoise, repose Djalal al-Din Rumi. Rumi est l'un des poètes les plus lus de la planète. Déjà de son vivant, on venait en pèlerinage à Konya, et cela s'est perpétué depuis sa mort en 1273.

 

Aujourd'hui, la tombe de Rumi (dit Mevlana, le “guide” ou le “sanctifié”) est le deuxième site touristique le plus visité de Turquie, juste derrière le palais de Topkapi, à Istanbul. Rumi était un mystique, un saint du soufisme qui aimait toutes les religions, et dont la religion était l’amour. Ses adeptes, hier comme aujourd'hui, se perdent dans la transe et la danse, tourbillonnant comme des toupies parfois pendant des heures.

Les derviches tourneurs sont devenus les vedettes des campagnes publicitaires pour le tourisme en Turquie, et nombre de pauvres gars coiffés d'un haut chapeau de feutre beige virevoltent ainsi dans tous les halls d'hôtel d'Istanbul. Pour un spectacle authentique, c'est à Konya qu'il faut aller. Aller à Konya, c'est partir à la découverte de l'âme turque. Comme l'écrit Rumi : “Qui que tu sois, viens, / Même si tu es, / Un infidèle, un païen voire, / Un adorateur du feu, viens, / Notre fraternité n'est pas celle, / Du désespoir, / Quand bien même aurais-tu brisé, / Tes vœux de repentir cent, / Fois, viens.” Tous les ans ou presque depuis 1983, c'est ce que je fais, comme les quelque deux millions de touristes qu'accueille Konya chaque année. Ils sont en majorité Turcs, mais un grand nombre d'Iraniens (qui revendiquent Rumi, car il écrivait en perse et naquit en Perse orientale) font également le pèlerinage.

 

Plutôt que de passer à Konya dans le cadre d'un circuit, mieux vaut séjourner ici quelques jours, pour s’imprégner de l'ambiance, déguster quelques plats d'agneau parmi les meilleurs de Turquie, Admirer le meilleur de l’architecture seldjoukide et – qui sait ? – tomber amoureux de Rumi. Quand Rumi y arrive, encore enfant, Konya est déjà une ville depuis deux millénaires. Elle fut fondée par les Hittites, qui cédèrent la place aux Phrygiens, puis aux Lydiens, aux Perses, aux Cappadociens, aux rois de Pergame et aux Romains, qui eux la rebaptisèrent Iconium. Saint-Paul et Saint-Barnabé y prêchèrent en leur temps, mais en 1071, ce sont les Seldjoukides, une tribu turcomane, qui règnent et offrent à la ville cette architecture parvenue jusqu'à nous.

 

Leur madrasa de Karatay, bâtie en 1251, est une merveille dotée de carreaux ornementaux et de dômes harmonieux. Elle abrite aujourd'hui le musée des Céramiques, dont les collections n'ont rien perdu, avec le temps, de leur vigueur et de leur beauté. Non loin, dans la madrasa Ince Minare, est installé le musée de la Sculpture sur bois et sur pierre, plus fascinant que son nom ne laisse présager.

 

DERVICHES  TOURNEURS  -   KONYA  OU  LA  DANSE  COSMIQUE

ÉVA  DE  VITRAY-MEYEROVITCH

ÉDITION  JACQUELINE  RENARD

 1989

Après le déclin de Byzance, Konya devint la capitale de l’empire seldjoukide qui, pendant 2 siècles va favoriser un extraordinaire œcuménisme religieux et culturel. C’est là que vécut l’un des plus grands poète mystique de tous les temps, Djalâl-od-Dîn Rumi, dont l’œuvre immortelle est de nos jours de plus en plus suivie et étudiée. Il fonda à Konya la confrérie des Derviches tourneurs, dont la célèbre danse symbolise le mouvement vertigineux des atomes et des planètes. Ce voyage spirituel dans le temps, se termine par l’évocation de l’âme de l’Anatolie, sa sagesse, ses légendes et sa poésie, accordées à un cosmos sacralisé.

 

Rumi considérait le samâ (concert spirituel) comme un office liturgique et c’est après ses entretiens avec son maître : Shams de Tabriz, que Rumi institua cette danse qui est commune aux différents ordres soufis mais qui, en tant que danse tournoyante est caractéristique de sa tarîqa.

 

L’auteur spécialiste du soufisme nous fait voyager dans Konya avec Rumi, mais avant, nous sommes avec les Hittites, puis sur les pas des apôtres, car la Turquie est un des berceaux des grands Patriarches , mais aussi du christianisme, nous pénétrons l’enseignement de Rumi, qui est le maître incontesté de Konya, son enseignement dont une des bases est le monde d’illusions dans lequel nous vivons, sa maïeutique des esprits, son œuvre monumentale le Mathnawî, nous approchons sa tarîqa et ses pratiques ascétiques, le samâ, ses légendes et visions.

 

Les Derviches entrent dans la salle de la takya vêtus de blanc (le linceul) revêtu d’un manteau noir (la tombe) et coiffés d’une haute toque de feutre (la pierre tombale). Après 3 tours de piste avec le rituel adéquat, ils abandonnent le manteau et se mettent à tourbillonner, c’est la ronde vertigineuse des planètes (Rumi bien avant d’autres savait qu’il y avait neuf planètes, bien que la 9e eut été découverte en 1930, ainsi le samâ comporte t-il neuf danseurs ou un multiple de neuf). La main droite tournée vers le haut pour recevoir la grâce divine  et la main gauche vers le bas pour la transmettre sur terre. Tout cela au son d’une flute en roseau, dont la symbolique nous est expliquée. Puis petit à petit les danseurs rentrent au centre de leur intériorité et par des techniques mentales ils dialoguent, d’abord avec des maîtres intérieurs, puis avec le divin, pour finalement se fondre en lui, car tous doutes ou certitudes ont disparu. C’est l’union totale avec Dieu.

 

DERVICHES  TOURNEURS - soufisme – sa sagesse – ses derviches tourneurs

Divers Auteurs

ARCADIA

 2007

Les derviches entrent dans la salle habillés d’un ample manteau noir qui représente la mort, la tombe, la lourdeur terrestre et l’enveloppe charnelle.

Ils sont coiffés d’une haute toque de feutre, qui est à l’image de la pierre tombale Leur habit blanc, symbole du linceul et de la résurrection, dépasse légèrement le bas de leur manteau. Cette discrète présence de la couleur blanche symbolise également la vie, la renaissance attendue.

Le maître, le shaykh, entre le dernier derrière les derviches. Son ordre d’entrée signifie que la quête de l’UN est toujours précédée par une recherche dans le multiple. Donc respectivement, le maître incarne l'unité, et les danseurs la multiplicité. Mais en tant que maître, le shaykh est aussi le premier, dont dépend la multitude. Ayant réalisé l’UN, il contient en lui toutes les vertus en perfection, dont la plus importante et la plus difficile à réaliser est l’humilité.

Son entrée derrière les danseurs indique qu’il a vaincu son ego et pacifié son âme. Il suit donc humblement les derviches qui sont ses disciples, donnant ainsi l’exemple de l’humilité. Le haut bonnet du maître est enroulé d’une écharpe noire (turban) indiquant sa dignité. L’enroulement du turban renvoie à l’image du cercle symbole de la totalité, de la perfection. Cela signifie que le shaykh a déjà parcouru la voie initiatique, l’arc de la remontée et a réintégré sa nature primordiale, exempte de toute imperfection. Ainsi, il a bouclé le cycle d'involution et d’évolution.


Le maître, après avoir salué les derviches, s’assied devant le tapis rouge en peau de mouton, dont la couleur évoque le soleil couchant, qui incendiait le ciel de Konya le soir du jour où mourut Mawlânâ, le 17 décembre 1273.

Le maître se trouve donc au point d’intersection du temporel et de l’intemporel, lieu où les oppositions sont dépassées, lieu où l’Unité est réalisée. C’est aussi l’endroit médian, le monde de l’entre-deux, l’isthme. Le maître est ainsi identifié à l’arbre du monde, reliant les mondes terrestre et céleste. Quant à la couleur rouge, image sensible du Cœur, elle indique la finalité de l’œuvre, de la quête spirituelle. Parallèlement à l'image du soleil couchant, le rouge indique l’œuvre parvenue à sa maturité.

 

En termes alchimiques, on dira "l’œuvre au rouge" dont les deux étapes précédentes sont indiquées par le manteau noir, "l’œuvre au noir", et par l’habit blanc caché sous la cape, "l’œuvre au blanc". La couleur rouge renvoie aussi à la rose, autre symbole alchimique, de laquelle un maître éminent dit : "Que celui qui désire contempler la gloire divine, regarde une rose rouge." Fulcanelli nous parle aussi des roses ornant le transept et le grand porche des cathédrales : "L’une n’est jamais éclairée par le soleil c’est la rose septentrionale... La seconde flamboie au soleil de midi c’est la rose méridionale... La dernière s’illumine aux rayons colorés du couchant ; c’est la grande rose, celle du portail, qui surpasse en surface et en éclat ses sœurs latérales. Ainsi se développent, au fronton des cathédrales gothiques, les couleurs de l’œuvre, selon un processus circulaire, allant des ténèbres, figurées par l’absence de lumière et la couleur noire, à la perfection de la lumière rubiconde, en passant par la couleur blanche, considérée comme étant moyenne entre le noir et le rouge".

 

On peut étendre l’analogie pour constater que l’œuvre au noir, début du travail alchimique, correspond à la voie exotérique destinée aux gens du commun et qui contient toute la vérité. L’œuvre au blanc sera le SEMÂ proprement dit où l‘on verra les derviches danser en habits blancs. Elle symbolisera la voie ésotérique menant à l’union. Enfin l’œuvre au rouge symbolisera la Vérité, l’union qui sera atteinte au terme du voyage initiatique de la danse alchimique. Mais la danse n’est pas encore commencée, le travail alchimique qu’est le SEMÂ n’est pas encore entrepris. Ce qui est donné, c'est le début et la fin, l’alpha et l’oméga, ou aussi l’extérieur et l’intérieur, comme le déclare un verset coranique "Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché". Tout le SEMÂ sera justement la recherche de ce paradoxe seul compréhensible et réalisable dans l’Union. Pour y arriver il faut entreprendre un voyage initiatique. La voie initiatique, la quête alchimique, seront ce moyen d’accès, cette lutte.

 

 

Important dossier fait d’articles de divers auteurs sur le soufisme en général et ses Derviches Tourneurs en particulier. Son explication avec la transe des soufis d’ALEP et leur musique animée par le Suisse Julien Weiss et le Cheikh Aboucha. Sagesse orientale de ce côté mystique de l’Islam, destiné et pratiqué par une élite (dans le sens d’élu).

 

Konya le berceau des Derviches et patrie de son fondateur Mevlana Roumi.

 

L’abandon des métaux en Franc-maçonnerie et dans le soufisme Ibn’Arabi philosophe et grand maître soufi. L’Émir Abdelkader maçon et soufi à la fois. Le symbolisme des Derviches Tourneurs.

 

Un très bel article de Bruno Etienne sur les rapports entre le soufisme et la Franc-maçonnerie.

Le livre de l’Épreuve de F. Attard.

 

Les rapports entre le soufisme et l’hindouisme par D. Shayegan.

 

Brahim Drici parle des soufis et des Francs-maçons, de cette fameuse voie ou tarîqa. Chaman incontournable de méditations et de transformations.

 

Le tabernacle des lumières de Ghazali (grand maître soufi).


Une étude passionnante sur cette voie soufie, peu connue et qui ressemble beaucoup à diverses sociétés initiatiques.

 

DJIHAD et Contemplation

Eric GEOFFROY 

Edition DERVY

 1997

C’est la vie de l’enseignement d’un Soufi au temps des croisades, le Cheikh Arslan, Saint patron de Damas, mort en 1160, tout en livrant combat aux croisés il a surtout réalisé le grand Djihad, c’est à dire la guerre Sainte en lui -même. C’est à partir de son écrit « Epître sur l’Unicité » qu’il nous dévoile sa démarche et son enseignement.

 

Toute civilisation traditionnelle a produit un discours sur la figure du guerrier, l’érigeant en haute représentation de l’héroïsme dans l’imaginaire des individus. Ainsi, dans la spiritualité hindoue, le Bhagavad-Gita, au cœur du livre sacré – Mahabharata -, est un long poème à destination de la caste des guerriers « les ksatriyas ». Au Japon, le Code du Samouraï, le Bushido, rappelle l’exigence morale et la discipline dont doivent faire preuve les candidats à la voie guerrière. Aussi, Sun Tsu dans son Art de la guerre, rappelle à quel point la Chine prospérait du génie de ses généraux et grands stratèges militaires qui alliaient sagesse, spiritualité, force et virilité. Enfin, en Islam, l’ordre de la futuwwa a longtemps incarné un lieu d’ascèse spirituelle pour ses chevaliers « fatas ». L'analyse de la notion de Jihâd permet de clarifier les liens philosophique et anthropologique qui existent entre la guerre et la civilisation en Islam.

 

Il est, de nos jours, devenu impossible de produire une réflexion sur la guerre et la notion de Jihad en Islam sans avoir à subir la tentation des extrêmes. Nous en avons-nous-même été victimes, lorsque, sans même avoir façonné une connaissance historique et historiographique de l’Islam, nous avons hissé l’étendard d’un islam de l’amour et de la paix face aux moujahidines violents et belliqueux ; dépouillant ainsi la notion de Jihâd de son principe actif, qui, certes, dans l’aphorisme prophétique est qualifié de « petit jihad ». Nos certitudes n’avaient d’égal que notre ignorance des faits historiques. A l’opposé, on trouve ces nouveaux ayatollahs de l’islam, qui après avoir goûté à l’ivresse suscitée par un discours revanchard, arpente le jihâd, limité cette fois au sens, emprunté aux croisés, de guerre sainte, stimulant ainsi leurs plus profonds et vils instincts. Ils sont alors victimes de ce qu’ils croient être leur salut : la guerre.

 

Trouvant son origine dans le terme « juhd », le jihad désigne étymologiquement une lutte endurante ou un effort prolongé. Un élève studieux et assidu pourra très bien, par exemple, être qualifié de « moujtahid » par son professeur. De cette brève analyse étymologique l’on tire, le premier sens islamique du Jihad : il désigne l’effort sanctifiant prolongé du croyant sur la voie de l’adoration de Dieu. Cette itinérance militante du croyant s’inscrit dans un double-mouvement : intérieur, qui le conduit à la souveraineté de soi, et extérieur, qui est sa contribution dans l’établissement de l’ordre divin sur Terre. Ce mouvement correspond, d’ailleurs, au récit paradigmatique de la vie du prophète de l’Islam, « la sîra », puisque son histoire commence à la Mecque par une réforme intérieure, autrement dit une conversion du cœur, pour prendre un tournent fondamental après l’Hégire, par l’instauration d’un État à Médine, suivant ainsi les commandements divins. Le jihad, dans le kérygme islamique, traduit alors, avant tout, une lutte intérieure conférant au croyant qui l’entreprend une liberté en soi, et donc la pureté des actes. Ce n’est que dans des contextes précis de maghazis (batailles menées par le prophète et ses successeurs), que le terme de Jihad est originellement associé à la guerre. Eric Geoffroy déduit ainsi dans son livre intitulé Jihad et contemplation, l’extensivité du Jihad à tous les aspects de l’existence, dont la guerre fait pleinement partie.

7 E 

Évocation de hallaj – martyr mystique de l’islam

Kéfir m. ammi

PRESSE DE LA RENAISSANCE

 2003

La vie de celui qui est considéré comme l’un des plus grands mystiques soufis que l’Islam ait connus est évoquée de manière émouvante et pertinente, avec la richesse de plume que l’on connaît à l’auteur. Kebir AMMI s’attarde sur la personnalité riche et complexe de ce mystique du Xème siècle qui ignorait toute forme de calcul et de compromission. Il ne voulait que s’approcher de Dieu, se fondre dans son souffle. La vision de Halladj est étonnamment moderne, car elle met en avant la notion d’individu et le concept de liberté, fondements de sa vie et de ses méditations. Il rencontre une grande écoute et nombreux sont ceux qui suivent ses prières. Mais ses propos dérangent et lorsqu’il proclame « Je suis la vérité », il est victime d’une fatwa. En 1922, il est exécuté et crucifié. Ses œuvres sont détruites et interdites.

 

Al-Husayn Mansûr Hallâj est né en 857, à Beïza, en Perse (aujourd’hui en Iran). Il naît dans une famille pauvre (son père travaille la laine, d’où le nom de al-Hallâj, « le cardeur de laine »), mais cela ne l’empêche pas de suivre des études assez poussées dans les sciences religieuses. Mais ces études le laissent insatisfait : il est attiré par une vie ascétique et souhaite prendre ses distances par rapport à l’enseignement traditionnel du Coran. D’où son entrée dans une confrérie soufie. Il effectue ensuite son pèlerinage à La Mecque et entame une carrière de prédicateur. Parcourant d’abord le Khôrassan, il s’installe ensuite avec sa famille à Bagdad. Il effectuera deux autres pèlerinages à La Mecque, et un long voyage jusqu’à l’Indus, voire peut-être même jusqu’aux frontières de la Chine, même s’il est difficile d’en être sûr. Vers 902, il commence à tenir des discours publics très hétérodoxes, qui le font suspecter d’hérésie – d’autant plus que sa famille a des accointances avec les milieux shiites extrémistes. Cela n’empêche pas d’ailleurs les shiites, alors très influents à Bagdad, de se méfier de Al Hallâj, dont on craint l’influence sur les foules. Une première fois dénoncé, par un poète qui avait fait partie de ses amis, il est ensuite accusé par le vizir Ibn al-Furât. Plusieurs de ses disciples sont arrêtés, mais al-Hallâj parvient à s’enfuir et se cache à Suse. Il est vite arrêté et ramené à Bagdad. On l’accuse notamment de comploter contre l’Etat, de s’être attribué des miracles, d’avoir organisé des réunions secrètes.

 

Commence alors un très long procès, on ne peut plus politique : en 913, Ibn Isâ, un vizir sensible à ses vues, le soustrait à l’autorité du cadi, le fait venir au palais, et le présente même au calife ; mais en 919, le vizir Hamâd fait rouvrir son procès. En 922, Al Hallâj est condamné à mort, le tribunal l’accusant notamment d’avoir voulu supprimer le pèlerinage à La Mecque (le hajj), un des piliers de l’islam. Il s’agit donc d’un crime d’hérésie (Zanfara, un terme d’origine persane qui désigne aussi le crime de celui qui conspire contre l’Etat, car Al Hallâj va contre le texte coranique, expression de la parole de Dieu. Al Hallâj refuse plusieurs fois de renier ses propos, à l’image d’un Socrate refusant de fuir Athènes : il aurait même aspiré au martyre, si on en croit ce fragment de poésie rapporté par ses disciples : « c’est dans mon meurtre qu’est ma vie, ma mort, c’est de survivre, et ma vie, c’est de mourir ». Le 27 mars 922, il est supplicié en place publique : crucifié (un héritage que les Arabes ont repris aux Sassanides, qui l’avaient eux-mêmes empruntés aux Romains), ses membres sont tranchés puis il est décapité. Ses disciples rapportent qu’il aurait ri en voyant le gibet. Son corps sera brûlé et ses cendres jetées dans le fleuve, en même temps que ses œuvres. C’est le premier martyr de l’islam. Même après la mort, Al Hallâj n’échappe pas aux tribulations politiques, puisque la mère du calife, favorable à ses théories, récupère sa tête et la fait conserver au Trésor des Têtes du palais califal.

 

Dès l’âge de 16 ans, Al Hallâj s’engage dans une confrérie soufie et devient le disciple du maître Sahl al-Tustarî. Mais il est attiré par le rayonnement intellectuel et religieux de Bagdad, et il va y rejoindre le maître soufi al-Junayd. Cependant, tout les oppose : al-Junayd, âgé, défend un soufisme méthodique, rigoureux, contrôlé, qui doit amener le mystique à approfondir sa relation à Dieu en passant par plusieurs étapes spirituelles bien définies (maqâm), alors que le jeune Al Hallâj penche pour une approche émotive et intuitive. Junayd, lucide, lui aurait déclaré alors : « qui sait si un jour ta tête n’ornera pas un gibet ! ». A l’âge de 20 ans, il reçoit du grand maître soufi ’Amr ibn ’Uthman al-Makki la robe de laine, sûf, dont les soufis tirent leur nom. C’est à la même époque qu’il se marie (avec la fille d’un autre maître soufi, Abu Ya’qub al-Aqta’, ce qui est une pratique fréquente dans les milieux soufis), et il aura plusieurs enfants : le mysticisme musulman, à la différence de ce qui se fait dans l’Europe médiévale, ne se pense pas en coupure avec le monde. Al-Makki lui remet aussi la licence d’enseigner, le nommant cheikh.

 

Rappelons que le soufisme est en lui-même une démarche mystique, qui doit mener à une meilleure connaissance de Dieu : il s’agit de passer du sens extérieur, visible (zâhir), au sens intérieur, caché (bâtin), le tout dans un parcours spirituel de plus en plus codifié. Al Hallâj joue d’ailleurs un rôle important dans la fixation de la terminologie du soufisme : il impose par exemple la notion de dévoilement (kashf), liée à l’idée d’un Dieu pensé comme Lumière. Paradoxalement, Al Hallâj contribue donc à la normalisation du soufisme ; il faudra cependant attendre le XIème et XIIème siècle, avec Ibn Arabi, pour que le soufisme s’affirme comme la science religieuse par excellence. L’itinérance de Al Hallâj est là aussi emblématique : entre l’Indus et Bagdad, la Perse et La Mecque, la mobilité géographique est pensée comme complémentaire à la progression spirituelle. Dès la fin du Xème siècle se mettent en place des institutions destinées à l’accueil de voyageurs en général et de soufis en particulier : ce sont les khânqâh, maisons d’accueil dirigées par un cheikh, ou encore les ribât, établissements à la fois défensifs et hospitaliers dont les Almoravides tireront leur nom.

 

Toute sa vie, Al Hallâj sera attiré par l’austérité qui s’attache au soufisme : lors de son dernier séjour à La Mecque, il réside plus d’un an dans la Ville Sainte, dans des conditions d’extrême pauvreté. Le disciple est d’ailleurs appelé faqîr (au pluriel fuqarâ’), ce qui veut dire « pauvre ». Il s’agit pour lui de multiplier les retraites, à l’image de Muhammad lui-même, pour retrouver les vertus (khulûq) du Prophète. De même, son origine humble ne fut jamais un obstacle : loin de la renier, il sut au contraire en jouer, se présentant comme un « cardeur d’âmes ». Il fut lui-même un maître, perpétuellement entouré de disciples, les faisant progresser sur leur voie spirituelle (leur tariqât). Jusqu’au jour de sa mort, il enseigna et se posa comme modèle.

 

Même si ses œuvres sont brûlées à sa mort, ses disciples récupèrent ses écrits et ses poèmes, comme par exemple des sentences détachées (riwâyât), des oraisons poétiques (les shatahât), ou encore un traité théologique sur Satan (Tâwsîn al-Azal). Sa pensée survit ainsi à son supplice. Al Hallâj a construit une complexe pensée mystique, qui va profondément influencer ensuite les mystiques en général, les soufis en particulier, et Rûmî surtout. Mêlant la prise rimée (sâj) et les vers, ses textes sont aussi des poèmes, souvent très beaux. Pour Al Hallâj, le but ultime est d’atteindre Dieu, de se fondre en lui, de ne faire plus qu’un avec lui. Cette fusion ne doit pas passer par la contemplation (c’est ce que théorise Junayd) mais au contraire par l’extase. D’où l’importance l’amour : il faut s’enivrer de l’amour de Dieu, de l’amour pour Dieu. « Je suis devenu celui que j’aime, et celui que j’aime est devenu moi. Nous sommes deux esprits fondus en un seul corps ! » peut-il ainsi écrire. Au final, cela mène à un anéantissement du soi, tout entier absorbé dans l’Etre divin : c’est la fanâ’, la disparition de l’âme en Dieu. D’où le fameux « Ana el-Haqq », « Je suis la Vérité », de Al Hallâj, qui choqua tellement ses contemporains, car « le Vrai » (el-Haqq) est l’un des noms secrets de Dieu dans l’islam. Al Hallâj affirmait ainsi non seulement avoir atteint la Vérité, but ultime de toute la démarche mystique, mais aussi être devenu semblable à Dieu, ce qui suffisait pour passer de l’hétérodoxie à l’hérésie.

 

 De même pour les miracles : si l’islam reconnaît que de saints hommes peuvent, par la grâce divine, accomplir des miracles (karamât), les interventions divines (mu’djizât) sont réservées aux Prophètes, tel Moïse invoquant la colonne de feu pour le guider dans le désert ; or Al Hallâj revendiquait pour ses propres miracles le second terme, et non le premier, se posant donc comme un prophète plus que comme un saint, ce qui pose évidemment problème dans la mesure où Muhammad est présenté comme le « sceau des Prophètes », donc comme le dernier prophète. D’ailleurs, Al Hallâj fut adoré par ses disciples comme un Prophète, voire comme une incarnation divine : « tu es le Créateur, l’Eternel, l’Illuminateur » commence une lettre de l’un de ses élèves. Or le cœur de la foi musulmane est la croyance en un Dieu unique, qui n’a pas d’associé car il transcende en tout point ses créatures (c’est ce qu’on appelle le tawhid, le dogme de l’unicité divine). Même si Al Hallâj prit tout au long de sa vie position contre toute forme d’associationnisme (« loin de moi, loin de moi l’idée d’affirmer “deux” ! » écrit-il), il n’en reste pas moins que cette union mystique à Dieu, dans laquelle le croyant devenait lui-même Dieu, dans laquelle Dieu s’incarnait en sa créature au point que « le voir, c’est me voir, et me voir, c’est le voir », s’éloignait violemment de l’orthodoxie.

 

De plus, dans cette lecture avant tout mystique de la religion, Al Hallâj faisait passer au second plan les rites et les usages religieux – d’où sa volonté de supprimer le pèlerinage à La Mecque, ou plutôt de le remplacer par un « pèlerinage votif », c’est-à-dire en esprit. « J’ai abandonné aux gens leur religion et leurs usages pour me dédier à Ton amour, Toi ma religion et mon usage » écrit-il. Le culte pourrait être un obstacle pour celui qui cherche l’amour de Dieu, à l’image des richesses du monde, que le soufi doit mépriser : « mon esprit a banni tout amour, car seul le tien m’est autorisé ». Une position qui là encore ne pouvait que fortement déplaire tant aux oulémas qu’aux élites politiques, étroitement liées aux précédents. Mais ce refus du culte permet aussi à Al Hallâj de voir toutes les religions comme les facettes d’un même tout : « j’ai longuement réfléchi aux diverses religions en tâchant de les assimiler, puis je les ai ramenées à un seul fondement ayant maintes ramifications ». Il est possible que, lors de son séjour en Orient, Al Hallâj ait été influencé par le bouddhisme, qui l’aurait poussé à considérer que les formes extérieures de religiosité comptent moins que le parcours intérieur du vrai croyant. Même s’il est difficile d’en faire un artisan du dialogue interreligieux sans forcer sa pensée, cette position globalement universaliste a poussé Louis Massignon à faire une lecture christique de son supplice : crucifié pour avoir affirmé qu’il entretenait une relation spéciale à Dieu, défendant une religion faite d’amour et non de culte, pardonnant à ses bourreaux au moment de son trépas, Al Hallâj devient, pour le savant français, un nouveau Christ.

7 F

film sur le soufisme d’afghanistan – DVD -

Arnaud DESJARDINS

Edition  ALIZÉ

 1973

Deux films d’une heure environ, sur les soufis et le soufisme en Afghanistan, avant l’arrivée des Talibans et du désastre qui en a découlé. 

 

On y découvre ce que fut la culture traditionnelle de l’Islam dans ce pays.

 

Les chefs (cheikhs) des confréries soufis ont accordé à Arnaud Desjardins leur confiance, lui ont ouvert les portes de leurs confréries et lui ont permis de filmer les aspects de l’enseignement et leur vie intérieure.


Deux films très émouvants et des documents uniques et exceptionnels pour tout le monde.

7 H

HINDOUISME ET SOUFISME

DARYUSH SHAYEGAN

Edition Albin Michel

 1996

C’est à une lecture du « Confluent des deux océans » qui nous est ici proposée. Œuvre que nous a laissé le prince DARA SHOKUH (1615-1659), héritier de l’Empire musulman des Indes, il continua l’école de son grand père et développa les traditions soufie et védantine, traduisit les UPANISHADS en persan et développa la métaphysique et la gnose du soufisme.


C’est un appel au dialogue inter-religieux ou la science des cultures et des spiritualités est toujours d’actualité.

 

HISTOIRE DE LA MECQUE DE LA NAISSANCE D’ABRAHAM AU XXIe SIÉCLE

Ziauddin  Sardar

Edition Payot

 2017

Ce livre exceptionnel retrace la véritable histoire de l'un des sites religieux majeurs de notre planète : La Mecque, coeur de l'Islam. Mêlant le récit de ses propres pèlerinages aux sources historiques, sans oublier les récits de voyage des plus célèbres orientalistes, Ziauddin Sardar nous en offre un aperçu unique. De la Kaaba des origines à la " Las Vegas saoudienne ", il raconte la vie du prophète Mahomet, l'autorité religieuse de ses descendants, les caravanes de chameaux et leurs précieux présents, la riche cité commerçante, ses étudiants, ses femmes fardées, ses esclaves, ses visiteurs occidentaux fascinés, les intrigues, les luttes de pouvoir et les batailles sanglantes, la domination ottomane, l'émergence du wahhabisme...

Selon la tradition musulmane, La Mecque est une cité choisie par Dieu comme « bénédiction et direction pour les mondes ». En cela, elle est la « mère des cités » et le « nombril de la terre ». Mais elle est aussi une création des hommes, qui ont fait d’elle, au fil des siècles, ce qu’elle est aujourd’hui. Restait à en écrire l’histoire. C’est à quoi s’est attaqué Ziauddin Sardar, intellectuel britannique, et musulman d’origine pakistanaise, dans son Histoire de la Mecque, de la naissance d’Abraham au XXIe siècle, publiée aux éditions Payot. Après La Vie quotidienne à la Mecque de Mahomet à nos jours de Slimane Zeghidour (Hachette, 1989), il s’agit du premier ouvrage d’une pareille ambition, dont la parution en français coïncide avec la période du pèlerinage (hadj) de 2015, prévue pour la seconde moitié de septembre.

Pour ériger ce « clinquant architectural », il aura fallu détruire quelque 400 édifices, soit 95% de l’héritage millénaire de la ville.

 

La Mecque est, depuis plus de 80 ans, la chasse gardée de la dynastie saoudienne qui en a fait l’instrument de sa légitimité politique et religieuse, et a choisi, écrit l’auteur, d’agir comme si cette ville « n’avait ni préhistoire ni histoire avant Mahomet, ni histoire après lui ». En 1973, cette volonté d’effacer toute trace du passé a conduit l’Etat saoudien à raser au bulldozer des quartiers entiers qui abritaient des sites historiques, anéantissant du coup un irremplaçable patrimoine culturel. Et ce n’était pas fini : en 2005, la mosquée Bilâl, probablement édifiée à l’époque du prophète Mahomet, est démolie sous un prétexte purement sécuritaire : elle jouxtait le palais du roi Fahd ; en 2010, la maison supposée de Khadija, première épouse du prophète, se voit recycler en un bloc sanitaire, au sein d’un luxueux complexe résidentiel, Makkah Clock Royal Tower, avec vue plongeante sur la mosquée sacrée et la Kaaba (bâtiment cubique recouvert de soie noire et abritant la fameuse pierre noire). D’après Sardar, pour ériger « ce clinquant architectural » démesuré, il aura fallu détruire quelque 400 édifices, soit 95% de l’héritage millénaire de la ville.

 

Comment retracer quand même l’histoire de La Mecque ? L’auteur a tenté de relever le défi. En 1975, il est nommé à Djeddah, au Centre de recherches sur le hadj. Là, cinq années durant, étant sur le terrain, il acquiert une connaissance intime de La Mecque, de ses quartiers traditionnels et de ses structures sociales ; participe à des projets de développement durable pour la ville, restés sans suite ; et s’attache à conserver, ne fût-ce que par l’image, des sites voués à disparaître, en les photographiant et les filmant. Il a également le privilège d’effectuer le hadj cinq années de suite : y prendre part, a fortiori cinq fois, est un privilège qu’il mesure bien. Quoiqu’étant le plus grand rassemblement humain au monde, le pèlerinage n’est accessible qu’à une minorité (en 2012, sur plus d’1,5 milliard de musulmans, 3 millions de pèlerins ont été recensés par les Saoudiens).En effet, si le hadj est le cinquième pilier de l’islam, il n’est obligatoire de l’accomplir, au moins une fois dans sa vie, qu’à condition d’en avoir la capacité financière et physique.

 

C’est parce que rares sont les croyants qui ont réalisé ce rêve que la Mecque est devenue, aux yeux de tout musulman, une cité idéale qui transcende le temps. D’où la construction progressive, par la tradition et la conscience collective musulmanes, d’une ville sainte quasi mythique. Sardar, bien que lui-même passionnément épris de cette ville, entreprend de démythifier une telle représentation : « Ce livre n’est donc pas consacré à La Mecque telle qu’elle a été idéalisée, même s’il s’intéresse aux mécanismes ayant conduit à cette idéalisation. Son propos est d’évoquer cette Mecque périphérique et négligée, ce lieu où des vies ont été vécues, où des héros mais aussi des gredins ont prospéré, ou des atrocités ont été commises, et où cupidité et intolérance étaient la norme. » Entreprise audacieuse à l’égard de ses coreligionnaires, dont il affirme que s’ils en savent peu sur cette histoire, c’est en raison d’une mémoire sélective et biaisée, quand elle n’en vient pas à tout excuser. Entreprise réussie jugeront en tout cas les non-musulmans, car – grâce à un talent de conteur aussi enjoué qu’érudit – l’auteur leur permet de pénétrer dans ce qui est, pour eux, la cité interdite.

 

Chemin faisant, le lecteur découvrira des pans entiers de l’histoire de l’islam, où abondent sectes rivales, règlements de compte fratricides, attentats meurtriers jusque dans le sanctuaire. Mais les périodes fastes ne manquent pas, durant lesquelles les pèlerins de toutes provenances, souvent chargés de marchandises précieuses, apportaient leurs savoirs et leurs courants de pensée divers, contribuant à faire de La Mecque un lieu d’échanges sur tous les plans, plaisirs sensuels compris. Cependant, à partir de la fin du IXe siècle, cette Mecque cosmopolite devient peu à peu un bastion du hanbalisme, l’école juridique la plus rigoriste de l’islam sunnite, source originelle dont se réclament toujours la doctrine wahhabite intransigeante prônée par l’Arabie saoudite actuelle. A cet enfermement dans un mode de pensée unique s’est ajoutée l’instauration par le pouvoir en place d’une hiérarchie raciale, pour ne pas dire raciste, au sein des musulmans, en fonction de leur origine ethnique ou nationale. A en croire Sardar, les plus mal lotis seraient les Africains. De nos jours encore, « il ne fait pas bon être noir dans la ville sainte ». Paradoxe surprenant s’agissant de ce lieu censé symboliser l’unité fraternelle de la Oumma et l’égalité de chacun de ses membres devant Dieu.

 

Ne parlons pas des juifs et des chrétiens : ils en sont carrément exclus, en dépit de leur filiation abrahamique revendiquée aussi par le Coran. La tradition islamique n’assure-t-elle pas qu’Abraham et son fils Ismaël ont construit la Kaaba, et que l’islam est la religion d’Abraham restaurée dans sa vérité ? Cette interdiction faite aux « gens du Livre » suscitera une curiosité mêlée de fascination chez nombre d’aventuriers occidentaux, parfois bons connaisseurs de l’islam et de la langue arabe, convertis pour la circonstance ou se faisant passer pour musulmans. Le plus célèbre est Sir Richard Francis Burton auteur d’un Voyage à La Mecque (1853), réédité ces jours-ci dans la Petite Bibliothèque Payot. Les spécialistes du domaine reprocheront peut-être à Sardar son traitement trop rapide de certains points de l’histoire de l’islam. Mais son but n’est pas de refaire cette histoire-là. Saluons plutôt l’art avec lequel il donne vie – pour un large public – à ce cœur de la spiritualité musulmane, qui pourtant n’a jamais constitué, même du vivant du prophète, une capitale politique et culturelle, comme le seront tour à tour Damas, Bagdad, Le Caire, Cordoue, Fès, Constantinople... Ce qui n’empêchera pas La Mecque d’être l’objet d’enjeux de pouvoir locaux et de rivalités avec l’autorité centrale de l’empire musulman.

 

La cité comptait un nouveau Dieu : l’argent La Mecque d’aujourd’hui est la quasi propriété privée de la monarchie saoudienne originaire du Najd (région centre de l’Arabie). A partir des années 1970, celle-ci livrera la « mère des cités » à des spéculateurs immobiliers et à des entrepreneurs avides, dont le fameux clan Ben Laden. Au grand dam de certaines des plus anciennes familles mecquoises qui, fières d’appartenir au Hedjaz (région de La Mecque), y ont vu une sorte d’usurpation. Gratte-ciel, échangeurs d’autoroutes, éclairages tapageurs sortent de terre. La mosquée sacrée elle-même est atteinte par ce gigantisme : « La cité comptait un nouveau Dieu : l’argent. La manne pétrolière semblait consumer La Mecque », déplore Sardar en comparant ce développement débridé à celui de Houston et de Las Vegas. En 1979, la mosquée sacrée sera occupée, durant deux semaines sanglantes, par des centaines de rebelles décidés à en finir avec « le culte de l’argent, la corruption et la déviance religieuse de la famille royale ». La Mecque connaîtra d’autres crises tout aussi déchirantes, dues notamment à l’hostilité entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite. Et rien n’exclut que Daech la prenne pour cible un jour. Ce qui amène l’auteur à conclure que les événements qui s’y produisent sont un concentré de la condition des musulmans du monde entier et des difficultés qui sont les leurs : « Quand la ville sainte, cœur de l’islam, est souillée, polluée, culturellement aride et envahie par la corruption, le reste du monde islamique ne s’en sort guère mieux ».

7 I

Ibn’arabÎ et le voyage sans retour

       Claude addas

Edition Du Seuil

 1996

« Je sus que ma parole atteindrait les deux horizons, celui d’Occident et celui d’Orient », déclare Ibn Arabî suite à une vision survenue dans sa jeunesse. L’histoire lui a donné raison.

Depuis plus de sept siècles, son œuvre n’a jamais cessé d’être lue, méditée, commentée dans toutes les langues, vernaculaires de l’islam ; il a exercé une influence majeure sur le soufisme, la dimension mystique de l’islam.
 
La vindicte persistance des oulémas à son égard, atteste la force de sa présence parmi les « hommes de la Voie ». Il est le grand Docteur mystique de l’islam. Pas de question intellectuelle et religieuse qu’il n’ait abordée dans son œuvre immense.
 
L’auteur de ce livre retrace ici la vie et l’œuvre de ce « grand voyageur » exceptionnel, « vivificateur de la religion » comme très souvent on le désigne dans la religion musulmane et dans le soufisme.
 
Au sommaire de cet ouvrage il est question de :


Faut-il bruler Ibn’Arabi ? – un procès toujours recommencé- La prière du prince - Une foudroyante métamorphose - Le sceau - Fuyez vers Dieu - Sur les pas du prophète - Le disciple de Jésus - Lorsque disparait ce qui n’a jamais été –

 

Le monde imaginal, terre de contemplation - La vision suprême - A la distance de deux arcs ou plus près - Le voyage nocturne - Les adieux à l’Occident - Les illuminations de la Mecque - Me voici Seigneur, tout à toi - Dieu est, et rien n’est avec lui - L’unicité de l’être - Les exemplaires éternels et la science divine - Où que vous vous tourniez, là est la face de Dieu - L’assemblée des noms divins - Le cœur de mon serviteur - Ma miséricorde - Les deux horizons - Errances - Les héritiers du Maître - Profitez de mon existence  - La lettre et la Loi -

 

IBN’arabÎ -  le dÉvoilement des effets du voyage -

 IBN’arabÎ

Edition  De l’Éclat

 1994

 « Tu es à jamais voyageur, de même que tu ne peux t’établir nulle part », s’écrit Ibn’Arabî dans les Illuminations de la Mecque. Ainsi, le dévoilement des effets du voyage repose sur l’affirmation selon laquelle tous les êtres, jusqu’à la divinité elle-même, participent d’un voyage universel sans fin, ni dans ce monde ni dans l’autre.

 

Mais ce livre, qui nous invite à suivre les voyages décrits par la Révélation et la tradition prophétique et à bénéficier de leurs effets, se double d’un traité d’herméneutique. L’interprétation constitue elle-même un voyage qui noue, entre le Livre, le monde et l’Homme, un lien de correspondance essentiel pour la compréhension du texte.

 

Ainsi les trois voyages : vers Dieu, en Dieu et provenant de Dieu, dont il est question ici, doivent aussi être compris comme autant de voyages vers, dans et provenant du Livre, qui est à la fois ce qui réunit les êtres, mais aussi les distingue.

 

Selon Ibn’Arabî, le propre du voyage est d’aboutir à un résultat ou effet, c'est-à-dire que ce voyage doit porter des fruits spirituels, tout en dévoilant le caractère des hommes.  Le voyage se distingue du simple cheminement initiatique, cat tout voyageur est cheminant, mais tout cheminant n’est pas voyageur.

 

Dans le Coran au chapitre de la station du voyage, ce voyage est assimilé à la pérégrination (siyaha) et le texte précise que tout pérégrin ou pérégrines doit parcourir la terre pour pratiquer la méditation et se rapprocher de Dieu. Le texte précise l’affirmation selon laquelle tous les êtres participent d’un voyage universel sans fin ni dans ce monde ni dans l’autre et à tous les degrés de l’être « Tu es à jamais voyageur, ni t’installer nulle part »

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Voyage seigneurial depuis la nuée jusqu’au trône de l’établissement dont prend possession la nom divin le tout miséricordieux   -   Le voyage de la création et de l’ordre ou le voyage de la création novatrice   -   Le voyage du Coran incomparable   -   Le voyage de la vision à travers les signes divins et la transposition symbolique   -   Le voyage de l’épreuve ou le voyage de la chute du haut vers le bas et d’une proximité vers un éloignement en apparence   -   Le voyage d’Enoch ou le voyage de la dignité et de l’élévation en lieu et degré   -   Le voyage du salut ou le voyage de Noé   -   Le voyage de la guidance ou le voyage d’Abraham   -   Le voyage où l’on avance sans se retourner ou le voyage de Loth vers Abraham   -   Le voyage du temps fixé par Dieu ou le voyage de Moïse   -   Le voyage de la satisfaction   -   Le voyage de la colère et du retour   -   Le voyage du dévouement pour les siens   -   Le voyage de la peur   -   Le voyage de la méfiance   -

 

IBN’arabÎ -  le livre de l’arbre & des quatre oiseaux

IBN ‘arabî’

Edition LES DEUX OCÉANS

 1984

Dans cette épître dont le destinataire n’est autre que lui-même, IBN ‘ARABÎ’ aborde l’une des questions les plus délicates du soufisme : l’union sans confusion entre l’humain et le divin.

L’Homme universel, qui a réalisé cette union, est symbolisé ici par l’Arbre essentiel, créé et incréé, lieu des contraires. Sur ses branches se tiennent quatre oiseaux, symboles des principes actif et passif, hylique et corporel, qui régissent tout être. Principe de la manifestation, l’Homme universel est aussi l’imam, par qui s’accomplit le retour à l’Origine.

 

Dans “Le Livre de l’Arbre et des Quatre Oiseaux” Ibn Arabi décrit l’Arbre en tant que symbole de l’Homme Universel, de l’être dans sa totalité et développe quatre principes à la base de sa manifestation. L’Arbre et les principes de sa manifestation concernent aussi bien la Manifestation universelle (macrocosme) que sa modalité individuelle (microcosme) comme le souligne le titre complet: “Épître où il est montré comment la créature retrouve son unité dont la rend témoin son être essentiel et comment elle est mise en présence de l’Arbre humain et des quatre Oiseaux spirituels”. L’ouvrage se présente sous la forme d’un discours où l’Arbre et les quatre Oiseaux exposent leurs symboles respectifs.

 

Il est essentiel de prendre ces symboles dans leur ensemble car ils représentent des aspects inter liés de la manifestation du Divin. Dans cette épître dont le destinataire n’est autre que lui-même, Ibn Arabî aborde l’une des questions les plus délicates du soufisme : l’union sans confusion entre l’humain et le divin. L’Homme universel, qui a réalisé cette union, est symbolisé ici par l’Arbre essentiel, créé et incréé, lieu des contraires. Sur ses branches se tiennent quatre oiseaux, symboles des principes actif et passif, hylique et corporel, qui régissent tout être. Principe de la manifestation, l’Homme universel, par qui s’accomplit le retour à l’Origine.

 

Représentatif de l’Homme dans sa totalité, l’Arbre s’exprime ainsi: “Je suis l’arbre universel de la totalité et de l’identité. Mes racines sont profondes et mes branches élevées. La main de l’Un m’a planté dans le jardin de l’éternité aussi suis-je protégé des vicissitudes du Temps.” L’universalité est transcendantale, au-delà de toute catégorie. La réalisation de l’Identité (Suprême) consiste à unir les éléments épars de l’être individuel en faisant appel à la puissance du Principe divin que chacun de nous porte en soi. En fait, la réalisation ne fait que révéler une union préexistant à l’état virtuel. Il ne s’agit pour l’être individuel que de prendre conscience de la réalité éternelle protégée des vicissitudes du Temps. Mes fruits n’ont pas à être cueillis ou défendus.”

 

Le fruit est un élément fondamental du symbolisme de l’arbre. La graine qu’il renferme évoque l’origine de l’arbre, le Principe de la Manifestation universelle. Le fruit, à la base de Connaissance du Principe divin, n’est pas cueilli, mais recueilli dans le cœur de l’être et il n’est pas défendu car tous les êtres le porte en eux. Mes branches s’abaissent et montent perpétuellement.” La perpétuelle descente et montée des branches traduit le mouvement alterné de la descente du Principe divin, de l’Unité vers sa manifestation et du retour du manifesté vers l’Unité. Ma constitution est sphérique telle la voûte céleste.” Les racines représentent l’aspect non manifesté du Principe, le tronc l’aspect unifié de la manifestation et la frondaison son aspect diversifié. La manifestation parvenue à son terme se traduit par un feuillage qui recouvre entièrement le tronc et les branches. C’est en quittant le feuillage extérieur pour pénétrer à l’intérieur de la frondaison que la réalité se révèle à l’être. “En mon centre se trouve l’équilibre et l’établissement Divin.” 

 

Si nous procédons à une projection de l’arbre vertical sur le plan horizontal, nous observons que toutes ses branches rayonnent également dans toutes les directions à partir du centre, image du Principe dans le plan. Il n’y a pas de direction privilégiée en dehors de la verticalité. Le centre, équidistant des points diamétralement opposés, symbolise l’équilibre entre les antagonismes. Leur union correspond aux points de l’axe vertical représentant l’Axe du Monde. “Mon temps est l’instant et ma demeure, l’axe de l’établissement divin sur le Trône.”

 

L’axe vertical symbolisé par le tronc représente l’ensemble des centres de la multitude des états de l’être, le lieu où les antagonismes disparaissent et où tous les états coexistent dans la parfaite simultanéité de l’éternel présent. Il symbolise le cheminement des influences divines jusqu’au Trône, siège de la Manifestation universelle…Le Principe Divin se manifeste en premier lieu sous la forme d’un couple de complémentaires: l’Intellect primordial représenté par un Aigle et L’Âme Universelle figurée par une Colombe…

 

IBN’ARABΠ - le livre des chÂtons des sagesses – 2 Tomes

    Ibn’Arabî – traduction et commentaires de Charles-André  Gilis

     Edition Al- Bouraq

 1997

« J’ai vu l’envoyé d’Allah au cours d’un rêve que j’eus pendant la dernière décade de Muharram en l’an 627, dans l’enceinte de Damas Il tenait dans ses mains un livre et me dit : Ceci est le livre des chatons des sagesses : prends-le pour les hommes, qu’ils puissent en tirer profit ! . Je réalisai ce désir, purifiai l’intention, concentrai l’effort et l’aspiration à la publication de ce livre dans les limites tracées pour moi par l’envoyé d’Allah, sans rien ajouter ni retrancher. »

 

C’est en ces termes qu’Ibn’Arabî présente l’ouvrage dont les éditions al-bouraq publient la première traduction intégrale en langue française, avec une traduction de Charles-André Gilis.

 

Le commentaire nouveau et inédit qui l’accompagne s’inspire des grands représentants de la tradition akbarienne, il prolonge et actualise aussi leur enseignement à la lumière de la Doctrine universelle d’une élévation métaphysique et d’une ampleur existentielle et cyclique formidable et exprimée en Occident par des Maîtres tel que René Guénon ou Michel Valsan.

 

La fonction du Livre des Chatons des sagesses dans l’enseignement ésotérique de l’islam, implique au plus haut degré, le principe d’une Réconciliation divine universelle. Chacun de ses chapitres exprime un aspect fondamental de la Sagesse éternelle identifié au « chaton », c'est-à-dire au cœur d’un prophète, et l’éclaire à la lumière d’une doctrine métaphysique suprême qui transcende de loin les trois religions monothéistes auxquelles appartiennent nominalement les Verbes prophétiques, tour à tour mentionnés et étudiés.

 

IBN’ARABÎ  - le livre des thÉophanies d’Ibn’arabÎ

    Stéphane ruspoli

Edition Du Cerf

 2000

Dans la vaste production philosophique d’Ibn’Arabî (1165-1240), l’illustre métaphysicien du soufisme ; Le Livre des théophanies, traduit ici pour la première fois, présente un intérêt exceptionnel. L’auteur y a condensé avec une rare profondeur, l’essentiel de sa doctrine de l’union mystique (le tawhid) en une centaine de brèves visions qui sont autant d’éclairages brillants sur les stations et les arcanes de la connaissance divine.

 

Ce texte exploite les ressources de la mystique spéculative sous forme axiomatique, l’intérêt en est rehaussé par la richesse des scénographies visionnaires. En effet, la substance de l’enseignement relève d’une pédagogie divine.

 

Le pèlerin des théophanies s’entretient cœur à cœur avec Dieu, l’interlocuteur invisible, et il évoque des confrontations secrètes avec les grandes figures du soufisme ancien : Jonayd, Misrî, Kharraz, Halladj, etc. Ainsi se dévoilent les facettes complexes de la voie unitive qu’Ibn’Arabî illustre par une dialectique subtile, car il critique sans complaisance certaines thèses métaphysiques attribuées aux compagnons qui l’ont précédé dans cette quête de la Vérité.

 

Le maître andalou ramène à la norme spirituelle de « l’homme parfait », qu’il estime personnifier, les conclusions de sa méditation. La connaissance salutaire de Dieu captée dans le prisme des théophanies se situe à égale distance de la transcendance et de l’immanence, elle exige d’harmoniser tous les paradoxes de la doctrine unitive par la double lumière de l’intellect et de la foi.

 

Se réclamant de la Sagesse prophétique, et par son herméneutique vivante du Coran, la doctrine d’Ibn’Arabî est à la fois traditionnelle et nouvelle, elle s’inscrit dans la tradition ésotérique du soufisme visant l’annihilation mystique dans l’océan des théophanies, où l’esprit retrouve son origine.

 

Elle est nouvelle par les percées messianiques découlant de sa vocation à guider, au nom de Dieu, tous les adeptes de la sagesse. Son message se ramène à la certitude que l’homme véridique est le miroir multiforme des théophanies qui le réinscrivent au cœur de l’harmonie universelle.

 

109 théophanies, donnent le mode d’emploi pour permettre au soufi de se réaliser.

 

IBN’ARABÎ   -  les illuminations de la mecque

Ibn arabî

Edition Albin Michel

 1997

La synthèse définitive de l’enseignement d’Ibn’Arabî dans sa forme définitive, est contenu dans « les illuminations de la Mecque », ouvrage dont la rédaction commença lorsque le Maître andalou arriva dans la ville sainte au terme de longues pérégrinations, et qu’il acheva peu de temps avant sa mort.

 

De ce monument de la sagesse soufie, seuls quelques chapitres sont ici traduits, ayant trait aux subtiles relations qu’établit Ibn’Arabî entre la Loi et l’Amour, ou à la science mystérieuse des lettres.

Eclairés par les commentaires de grands spécialistes du soufisme, et présentés pat Michel Chodkiewiez, directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales, ces extraits nous donnent quelques éclats du diamant le plus pur de la mystique soufie.

 

Au sommaire de cet ouvrage nous trouvons :

 

La Loi et la Voie    -    Le terme du voyage    -    La science des lettres    -

 

IBN’ARABÎ ou LA QUÊTE DU SOUFRE ROUGE

Claude ADDAS

Edition GALLIMARD

 1989

« Sceau des saints » « Sultan des gnostiques », Ibn Arabî est pour le soufisme depuis huit siècles une référence doctrinale majeure et la source d’un influx spirituel qui à ce jour, n’est pas encore épuisé.

 

Ce métaphysicien visionnaire qu’on a surnommé Al-Shaykh al Akbar, « le plus grand des Maîtres », n’est pas, cependant, un homme sans racine, sans histoire, sans patrie : son œuvre n’est pas séparable de sa vie, des étapes de son expérience intérieure mais aussi de la longue errance qui, d’Ouest en Est, lui fit traverser un monde musulman menacé, en Occident par la reconquista, en Orient par les croisades.

 

Ses compagnons ne sont pas des comparses, ni ses contemporains de simples figurants. Les lieux où il séjourna, les événements qu’il vécut sont beaucoup plus que les détails anecdotiques du décor de sa quête.

 

Le lecteur qui souhaitait avoir accès à sa biographie, n’avait le choix qu’entre les travaux occidentaux lacunaires et souvent inexacts et les notices assez fantaisistes de chroniqueurs arabes trop accueillantes aux mirabilis apocryphes ou aux pieuses calomnies selon leur partie pris.

Appuyé à la fois sur une minutieuse analyse des écrits de Shaykh-al-Akbar lui-même et sur le dépouillement d’une vaste documentation arabe, ou persane, le livre de Claude Addas est la meilleure tentative de reconstitution méthodique d’un double itinéraire : celui qui conduit Ibn Arabî de son Andalousie natale à Damas, où il finira sa vie ; et celui du voyage nocturne qui, par les chemins de l’ascèse et de la prière, le mène au point ultime où se révèle l’Un sans second.

 

Au sommaire de cet ouvrage important :

Au pays natal  -  A Dieu appartient l’Andalousie  -  Les descendants de Hatim al Taï   -   La vocation   -   Lorsque Dieu m’appela à lui   -   L’entrée dans la Voie et le compagnonnage   -   Le soufisme occidental à l’époque d’Ibn Arabi   -   Les Maîtres sévillans   -   L’élection   -   Cordoue, la grande vision   -   Séville, retraites et révélations    -  Ibn Arabi et les Ulémas andalous   -   Formation d’Ibn Arabi dans les disciplines religieuses et traditionnelles   -   formation littéraire, théologique et philosophique   -   La vaste terre de Dieu    -   Je suis le Coran et les sept redoublés   -   L’héritier d’Abraham   -   Fès   -   Fais- moi lumière et une face sans nuqye   -   Ascension   -   Les adieux   -    Le grand pèlerinage    -   L’orient Ayyubide   -   Voyage au centre de la terre    -     A l’ombre de la Ka’ba    -    Conseille mes serviteurs    -    Damas « refuge des prophètes »     -  Ibn’Arabi et les fuqaha syriens    -   Le rendez- vous des deux sceaux   -    Les maitres fréquentés par Ibn Arabi   -   Ibn Arabi et sa relation aux divers courants du tasawwuf en occident musulman    -   Divers tableaux chronologiques   -

 

introduction au monde du soufisme

a.m. schimmel

Edition DANGLES

 2004

Les Derviches tourneurs sont les représentants les plus visibles du soufisme, le courant mystique qui plonge ses racines directement dans l’islam et qui est né au VIIIème siècle. Le soufisme reste vivace, notamment à l’intérieur des ordres et des confréries qui, récemment, ont commencé à essaimer en Occident. Anne-Marie Schimmel, islamologue de réputation internationale, nous convie à pénétrer avec elle dans l’univers fascinant de ce grand courant mystique. Tout d’abord, elle définit les notions centrales autour desquelles il s’articule, puis elle nous fait parcourir les différentes stations conduisant l’adepte soufi vers l’amour et la connaissance de Dieu. Elle nous présente les saints soufis les plus remarquables à travers les siècles, ainsi que les classiques de la littérature soufie. Et tout au long elle nous fait découvrir des traits insoupçonnés du monde du soufisme.

Une des définitions possibles du soufisme est qu’il représente la dimension mystique de l’islam. Toutefois, nous nous empresserons d’ajouter qu’à l’image de tout autre courant mystique de grande religion, le soufisme a d’innombrables facettes. Quiconque cherche à le définir voit se déployer devant lui tantôt jardin où poussent des roses au parfum enivrant et où les rossignols font entendre leurs chants plaintifs – symboles de la beauté divine et du désir ardent de l’âme –, tantôt un paysage aride de traités abstraits, que le néophyte aura beaucoup de mal à comprendre car ils sont rédigés dans un arabe compliqué ; tantôt encore, il verra briller dans le lointain les cimes glacées de la sagesse théosophique, extrêmement difficile d’accès.

 

Le chercheur se perd dans un bazar bariolé d’usages et de coutumes, peuplé de figures singulières, dont les mouvements et les propos sont souvent influencés par la drogue, mais il rencontrera sans doute aussi le soufi pratiquant la prière du cœur dans un ermitage reculé, dans lequel règne un profond silence. Une autre fois, il rencontrera le soufi sous l’apparence d’un homme d’affaires opulent, puisant ses forces de travail dans ses méditations nocturnes, qui le transportent sur un plan d’être différent…Comment pourrait-on définir avec précision un phénomène aux aspects aussi divers ?


À ces différentes considérations, il faut ajouter qu’au début du XIXème siècle, lorsque les orientalistes venus d’Europe s’intéressèrent au soufisme, ils décrivirent les « soufis » les plus visibles – les derviches tourneurs, qui dansaient en tournant sur eux-mêmes et en poussant des cris. Aussi ont-ils cru comprendre que le soufisme avait peu en commun avec l’islam. Mais peut-être l’une des raisons rendant le soufisme si attractif au lecteur ou à l’observateur occidental est-elle précisément son apparent éloignement de l’islam de la Loi. Le fait que quelques soufis réputés, et très appréciés, du monde de l’Islam aient été exécutés dans les siècles passés a contribué à renforcer chez les observateurs extérieurs la conviction qu’il existait une dichotomie entre l’islam « officiel », lié à la Shari’a, et le soufisme ; l’on oubliait ainsi de voir que le soufisme authentique avait bel et bien ses racines dans l’islam des origines.

 

ITINḖRAIRE D’UN APPRENTI SOUFI

Thierry Brunet

Edition Erick Bonnier

 2017

Né d’une famille ouvrière, élevé loin de toute tradition religieuse, Thierry Brunet perçoit dès son plus jeune âge la beauté du divin en toute chose. Tour à tour chanteur, musicien, danseur, il suit les cours Florent avant de se lancer dans une quête spirituelle à la suite de la perte de sa fille.

 

Après avoir étudié la mythologie grecque, le christianisme et le bouddhisme, il finit par trouver sa famille de coeur : le soufisme. Non seulement l’oeuvre poétique de Rumî s’impose à lui comme une évidence, tellement sa vie en est bouleversée, mais encore il découvre l’art du Ney, la flûte sacrée des mystiques. Réputée unique, la subtilité de son jeu de Ney fait chavirer les cœurs, de Jérusalem à Damas. Pendant plus de quatre ans, il donne des concerts en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Aujourd’hui, il nous livre en toute humilité un témoignage d’une rare vérité sur ce chemin de vie qu’est le soufisme. Familier des Maîtres de Sagesse, il jette un regard d’amour sur ce qu’il a vécu, dans la belle tradition des grands mystiques.

 

Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tel, il a la particularité d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite. Décrire le soufisme est une tâche redoutable. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très différentes. D’autre part, par ses aspects ésotériques, il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi variables selon les maîtres qui l’enseignent. Bien que le soufisme se veuille rigoureusement musulman, l’Islam traditionnel, sunnite et chiite, considère le soufisme avec la plus grande méfiance.

 

En Iran, la grande majorité des mollâs y est vivement opposée et dans l’Islam sunnite, la plupart des Ulémas sont beaucoup plus intéressés par la lettre du Coran et ses interprétations juridiques que par les spéculations des soufis auxquelles ils trouvent une odeur de soufre. Cette opposition généralisée contribue à la discrétion du soufisme. En outre le soufisme n’a aucune unité. Chaque maître se constitue une cohorte de disciples attirés par la réputation de son enseignement. Tout au plus, ces maîtres déclarent se rattacher à une " confrérie ", elle-même fondée par un célèbre soufi des siècles passés ; personne ne vérifie une quelconque orthodoxie de l’enseignement donné, du moment qu’il se réfère à l’Islam. L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable. Historiquement, il a joué un rôle de premier plan dans la naissance des déviations du chiisme que sont l’Ismaélisme et la religion druze. En littérature, il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes les plus remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuits ou le poème d’amour de Leyla et Majnoun.

 

C’est cependant par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi du Coran, mais ce n’est qu’un préalable qui ne permet pas de comprendre la nature du monde. Les rites sont inefficaces si l’on ignore leur sens caché. Seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des choses. L’homme, par exemple, est un microcosme, c’est-à-dire un monde en réduction, où l’on trouve l’image de l’univers, le macrocosme. Il est donc naturel qu’en approfondissant la connaissance de l’homme, on arrive à une perception du monde qui est déjà une approche de Dieu.

 

Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, " l’univers est l’Ombre de l’Absolu ". percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu: " l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu ". Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour : " qui connaît Dieu, L’aime ; qui connaît le monde y renonce ". " Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour. "

 

Ce sont des accents que ne désavoueraient pas les mystiques chrétiens. Il est curieux de noter à cet égard les convergences du soufisme avec d’autres courants philosophiques ou religieux: à son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la religion zoroastrienne de la Perse ; l’initiation soufie, qui permet une re-naissance spirituelle, n’est pas sans rappeler le baptême chrétien et l’on pourrait même trouver quelques réminiscences bouddhistes dans la formule soufie " l’homme est non-existant devant Dieu ".

 

Même diversité et même imagination dans les techniques spirituelles du soufisme : la recherche de Dieu par le symbolisme passe, chez certains soufis, par la musique ou la danse qui, disent-ils transcende la pensée ; c’est ce que pratiquait Djalal ed dîn Roumi, dit Mevlana, le fondateur des derviche tourneurs ; chez d’autres soufis, le symbolisme est un exercice intellectuel où l’on spécule, comme le font les Juifs de la Kabbale, sur la valeur chiffrée des lettres ; parfois aussi, c’est par la répétition indéfinie de l’invocation des noms de Dieu que le soufi recherche son union avec Lui.

 

Le soufisme apporte ainsi à l’Islam une dimension poétique et mystique qu’on chercherait en vain chez les exégètes pointilleux du texte coranique. C’est pourquoi ces derniers, irrités par ce débordement de ferveur, cherchent à marginaliser le soufisme. C’est pourquoi aussi les soufis tiennent tant à leurs pratiques en les faisant remonter au prophète lui-même: Mahomet aurait reçu, en même temps que le Coran, des révélations ésotériques qu’il n’aurait communiquées qu’à certains de ses compagnons. Ainsi les maîtres soufis rattachent-ils tous leur enseignement à une longue chaîne de prédécesseurs qui les authentifie.

Cette légitimité par la référence au prophète n'entraîne cependant pas d'uniformisation du mouvement soufi : les écoles foisonnent et chacune a son style et ses pratiques. Ces écoles sont généralement désignées en français sous le nom de confréries. Avant de procéder à l'étude de quelques-unes d'entre elles, il faut toutefois garder à l'esprit que les confréries sont devenues, non pas une institution, mais au moins une manière de vivre l'Islam si généralement admise que toutes sortes de mouvements, mystiques ou non, se parent du titre de confrérie pour exercer leurs activités. Qu'on ne s'étonne donc pas de rencontrer parfois des confréries fort peu mystiques à la spiritualité rudimentaire, bien éloignée des spéculations élevées qui ont fait du soufisme l'une des composantes majeures de la spiritualité universelle.

 

La " mystique " au sens propre consiste à vivre le plus possible uni à Dieu. Par exemple Marie de l’incarnation, une religieuse française du XVIIème qui avait été mariée, mère de famille et veuve, qui avait dirigé une entreprise de transport avant d’entrer chez les sœurs Ursulines, fut envoyée au Canada où elle construisit un collège pour jeunes filles françaises et indiennes. Elle était tout le temps en union à Dieu que ce soit chez le notaire pour signer les actes ou avec les entrepreneurs pour suivre la construction. Et même lorsqu’un hiver le bâtiment prit feu, et qu’on ne pouvait éteindre l’incendie parce qu’il faisait moins vingt degrés et que l’eau était gelée, Marie de l’Incarnation tomba à genoux dans la neige et loua Dieu. Cette façon de tout vivre en union avec Dieu dans la vie quotidienne, que l’on soit religieux ou laïc, c’est la vie mystique. On vit d’une certaine façon caché en Dieu, on est déjà entré dans le mystère sans fin de la vie éternelle, la vie avec Dieu. Le Roi des Belges Beaudouin s’efforçait de vivre de cette façon sa vie publique comme sa vie privée sans que rien ne parut nuire aux devoirs de sa charge ni à son amour d’époux.

 

Ainsi comprise, la vie mystique est ouverte à tous, il s’agit de laisser Dieu, par amour, vivre en nous. Comme dit saint Paul, ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi. La mystique n’est pas une disparition de la personne qui garde son caractère, son histoire, son génie même, et tout ce qui fait qu’elle est unique et lui permet d’être aimée.



Toutes les religions proposent elles une mystique ? A l’évidence seulement celles qui ont rencontré Dieu comme personne et donateur de vie. Dans ce sens il n’est pas impossible à des Musulmans de vivre la mystique, soufistes ou non. Il est certain que le Soufisme met l’accent sur cette union à Dieu. Mais est-ce toujours dans des conditions dignes de Dieu et de l’homme ? C’est ici qu’il est nécessaire de voir la distinction radicale entre " mystique " et " ésotérisme ". Car l’Esotérisme tourne véritablement le dos à la Mystique. Alors que la mystique est accueil de Dieu, de sa révélation et de son amour, l’ésotérisme prétend donner le pouvoir d’acquérir Dieu, voire de devenir Dieu en franchissant par ses propres efforts des degrés de " connaissance " réservés à des " initiés " qui se réservent ces pouvoirs.



Il n’est sans doute pas difficile de comprendre que si Dieu existe véritablement il est encore plus " personne " que l’Homme. Il a donc aussi une liberté. Et s’il est libre de se donner comment pourrait-on mettre la main sur lui par des " connaissances " et des " initiations ". Dieu ne s’atteint que s’il se donne lui-même, et si on l’accueille.



L’Esotérisme c’est la volonté de puissance spirituelle par l’accession à des " secrets " ou des techniques. Loin de libérer l’homme ces secrets et ces techniques fabriquent un spiritualisme artificiel dans lequel le " connaissant " s’enferme. L’illusion de " connaître " empêche d’entendre Dieu qui se révèle en parlant à qui est assez humble pour désirer le connaître tel qu’il se dit. Ainsi certains s’enferment dans un théorie numérologique, d’autres dans les différents tiroirs d’une caractériologie déterministe, d’autres encore dans des rubriques d’horoscopes, d’autres dans des techniques de méditation .Le vrai Dieu c’est celui qui rend libre et qui propose son amitié à tout homme, non à quelques initiés : " Il s’attache à moi et moi je le rend libre , il m’appelle et moi je lui réponds "(Psaume 91,versets 14 et 15). Ce Dieu là est entré dans l’histoire des hommes par la porte des humbles, en se faisant petit enfant, à Bethléem il y a deux mille ans.

 

ISLAMISME B.A - BA

CHRISTIAN      BOUCHET

Edition PARDES

 2002

Si  le premier mouvement islamiste   fut  fondé en Egypte  en 1928    par un instituteur du nom d’Hassan Al Banna,  il faudra attendre  1978 pour que la révolution iranienne dirigée par l’ayatollah  Ruhollah  Khomeiney, donne à ce courant une grande visibilité médiatique.

 

Depuis, l’islamisme n’a cessé d’occuper le devant de la scène mondiale. Cela s’est fait souvent d’une manière dramatique, et l’on ne compte plus les journaux télévisés ouvrant sur un événement lié à la dissémination mondiale de l’islamisme : sursaut d’une guerre sans fin en Afghanistan, victoire électorale, puis guerre civile en Algérie, attentats anti- occidentaux culminant dans l’attaque des tours du World Trade Center le  11  septembre 2001, enlèvements d’Européens au Cachemire, au Liban, aux Philippines etc…


Cela s’est fait aussi , d’une manière anodine, mais tout aussi angoissante pour les occidentaux, qui découvrent soudain, sur leur sol et sous leurs yeux, la réalité de l’islamisme au quotidien : remise en cause de la laïcité dans l’enseignement, multiplication du nombre de mosquées financées avec des fonds
wahhâbites, femmes voilées dans les rues des cités  du  vieux continent, missionnaires musulmans convertissant des européens de souche etc….
Ce livre sur l’islamisme a pour but de faire le point sur la question et de répondre, de manière sereine et sans a priori, aux inquiétudes de  chacun.


Après avoir défini les  termes trop souvent utilisés de manière interchangeable (islamisme, radicalisme musulman, fondamentalisme islamique…) ce livre met en perspective l’histoire de ce mouvement politico-religieux et fait ressortir ses constances et ses divergences selon les états où il se développe. L’auteur y examine ensuite, ce qu’est la société voulue par les islamistes et comment elle est déjà en partie vécue, tant en Orient qu’en Occident. Puis il s’interroge sur l’avenir de ce phénomène, sur son éventuel échec, son essoufflement, et sur sa transformation en un nouveau concept : le post-islamisme.

7 J

JÉsus dans la tradition soufi

Faouzi skali

Edition ALBIN MICHEL

 2004

Des maîtres soufis aussi éminents que Rumî ou Ibn ‘Arabi ont vu en Jésus le « Sceau de la prophétie », tout comme Muhammad est le « Sceau de la prophétie ». Faouzi Skali, spécialiste reconnu du soufisme et membre d’une confrérie, avait amorcé une recherche sur ce thème au côté d’Éva de Vitray-Meyerovitch, qui a beaucoup contribué à faire connaître la mystique musulmane en Occident. Il rapproche ici Évangile, Coran et textes mystiques pour dresser le portrait d’un Jésus qui nous invite à la religion du cœur, par-delà les barrières confessionnelles. Le dialogue incessant des monothéismes y trouve l’une de ses expressions les plus belles et les plus actuelles.

 

Des penseurs musulmans ont médité sur Jésus : Ibn Arabi, Ghazali, Attar... En réalité, le regard des soufis sur Jésus s'inspire du Coran et des hadiths. Le Coran parle abondamment de Jésus. La mère de Jésus, Myriam est aussi vénérée par nous. Dès sa naissance, elle était donnée à Dieu. « Seigneur - avait dit la mère de Mariam - je te voue ce qui est en mon sein comme consacré à ton service.

 

Reçois le donc de moi ». Dès que Myriam fut mise au monde, elle fut placée sous la protection de son Seigneur (Sourate 3,35-36). C'était le début de la geste de Jésus dans le Coran.

Quand Marie s'est présentée avec Jésus, juste après son accouchement, devant sa tribu, on lui a dit : «Tu as fait une faute impardonnable et pourtant tes parents étaient respectables!» Alors elle a fait un signe au nouveau-né ; lui, à ce moment, à un âge où l'on n'a pas accès à la parole, a ouvert la bouche pour dire : «Je suis le serviteur de Dieu. Il m'a apporté le Livre et Il a fait de moi un prophète ; il m'a ordonné d'observer la prière et la zakat tant que je serai vivant...La paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, le jour où je serai ressuscité, vivant » (Sourate 19,27-33).

Le Coran a toujours parlé de Jésus avec beaucoup de respect. Il lui a donné la sagesse, l'Injil (en français, "l'Evangile"). Il a fait de lui un réformateur du judaïsme, rendant licites beaucoup de comportements que la Loi (tawrat) interdisait. Pour nous, soufis, comme pour tous les musulmans, Jésus est soutenu par l'Esprit. Il a reçu la Parole de Dieu. On dit de lui qu'il est «parole de Dieu» (kalimatou Allah!).

Cela signifie que se réalise en lui, ce que Dieu veut. Cela ne veut pas dire qu'il ressemble à Dieu et surtout pas qu'il est son fils. Chez nous, les musulmans, rien ne ressemble à Dieu. Le Coran rapporte l'histoire des prophètes pour que la foi de ceux qui l'écoutent soit renforcée et que le calme et la paix habitent les cœurs. La sourate 6 nomme dix-huit prophètes. La liste commence par Noé et s'achève par Jésus. On nous dit que Dieu les a guidés et qu'il faut se mettre dans leur mouvance. Quand le Coran cite ainsi les prophètes, il souligne leurs qualités, leur comportement, leur dévouement, leur volonté de transmettre le message ; tout cela dans le but de soutenir la foi du lecteur.

En parlant du prophète Jésus, les soufis soulignent qu'il est vraiment musulman, au sens étymologique du mot, c'est-à-dire «soumis» à Dieu. Il est l'âme de Dieu. Il fait la prière et la zakat pour qu'on l'imite. Incontestablement, dans le Coran le musulman découvre que Jésus est venu pour enseigner à l'humanité le détachement de ce qui est matériel. Il montre la nécessité de plonger en plein dans le spirituel, c'est-à-dire dans la prière, le partage de ses biens (zakat), l'entraide ou la solidarité. Nous devons garder les traits de la personnalité de Jésus et reconnaître comme lui la gloire de Notre Seigneur. Jésus a soigné les malades, ressuscité les morts.

 

Le Coran respecte les disciples de Jésus ; il dit aux musulmans que les chrétiens sont très proches d'eux : «Ceux qui sont les plus près d'aimer les musulmans sont ceux qui se disent chrétiens» (Sourate 5,82). Mais aujourd'hui, je suis étonné. Les soufis sont très sensibles à la pauvreté et au détachement de Jésus. Personnellement, lorsque j'entre dans une église je suis frappé. Comme tous les musulmans je suis opposé à toute représentation mais, malgré cela, lorsque je vois vos statues et vos crucifix, je me dis que vous comprenez la réalité de ce prophète. Vous le montrez dépouillé de tout, plongé dans une misère extrême. Si Jésus est votre prophète, si tout prophète de Dieu est un modèle, comment expliquer qu'on voie chez vous des trônes, des vêtements somptueux? Cette richesse absolument insolente n'est pas conforme à la doctrine de votre maître et de votre guide. Suivre Jésus, pour nous musulmans, c'est refuser d'étaler des richesses quand on prie.

Je suis étonné chaque fois que des personnalités chrétiennes accueillent un étranger. Ils se croient obligés d'être habillés comme les rois d'autrefois avec une couronne sur la tête et une sorte de grande canne en or à la main. Par ailleurs, j'admets que Jésus ait parlé au nom de Dieu ; à nos yeux, il est vraiment prophète. Mais pourquoi, lorsqu'il parle, le pape prétend qu'il faut lui obéir comme à Dieu lui-même ? Nous n'avons pas chez nous des «hommes de Dieu» comme le pape ou les évêques. Bien sûr, certains d'entre nous font des études. A partir de ce qu'ils ont appris, chaque savant parle avec compétence mais en son nom propre. Des musulmans peuvent exercer de hautes responsabilités mais ils ne peuvent jamais se présenter comme des saints. Comment peut-on dire à un homme «Très saint Père»? On peut le critiquer, le dénoncer, lui faire des reproches.

Enfin comment se fait-il que la colonisation et l'exploitation des pays pauvres, avec la violence qui les accompagnent, soient l'oeuvre de personnes qui se réclament de Jésus? A partir de ce que le Coran nous dit de celui-ci, le comportement de l'Eglise nous fait mal. Le massacre des Noirs s'élève à onze millions! Les chrétiens affirment qu'ils sont disciples de Jésus, mais comment peuvent-ils prétendre suivre son message lorsqu'ils considèrent les Croisades ou le système colonial ?

 

J'admire le portrait de Jésus que je trouve dans le Coran. J'adhère à son message et je m'interroge: comment se fait-il que les chrétiens aient trahi leur maître à ce point ? A mes yeux, tout s'explique lorsqu'on prend conscience que Jésus n'a jamais construit un Etat au sens précis du terme. Les chrétiens étaient opprimés par les Romains jusqu'au jour où un empereur s'est converti et a manipulé l'Eglise; celle-ci s'est laissée altérer par le paganisme ambiant et toutes les infidélités découlent de ce mariage avec le pouvoir. On a préféré s'incliner devant l'empereur plutôt que de suivre Jésus. On a imité les puissants plutôt que de rejoindre les pauvres.

L'Eglise est née de cette compromission des chrétiens avec un pouvoir abusif. Chez nous, les musulmans, il en va autrement. Nous ne pouvons séparer le message de l'islam du pouvoir de l'Etat et nous avons été préservés de l'altération du message par un pouvoir païen. Ainsi le message de l'islam est demeuré authentique. Reste qu'il faut se tenir à la hauteur de ce que fut la mission de chacun des prophètes.

7 L

 

la fille du dÉsert

Nicole valier

Edition Ramuel

 1999

Conte soufi qui au cœur de la vie a une résonance du soufisme. 

 

À travers ce conte on retrouve la magie de la vie dans le désert, là où vivent les animaux qui parlent aux hommes.

 

Il n’y a qu’à se laisser porter par l’énergie, sans effort.

 

LA  FRATERNITÉ   EN   HÉRITAGE

Cheikh  Khaled  BENTOUNES

Edition ALBIN  MICHEL

2009

Considéré aujourd’hui comme l’une des figures les plus éminentes du soufisme, le cheikh Bentounés est avant tout l’héritier d’un mouvement spirituel dont les racines remontent à la grande mystique de l’Islam médiéval. Il raconte ici, avec l’écrivain et spécialiste des religions Bruno Solt, la fabuleuse aventure humaine de ses pères.


Pour raviver et féconder le fond immémorial du soufisme, c’est son arrière- grand-père, le cheikh Ahmed al-Alâwï qui crée en 1909 à Mostaganem une nouvelle confrérie, caractérisée par son ouverture aux autres religions et à la modernité. Mais l’universalisme du fondateur ne l’empêche pas d’être mal vu par l’administration française, car il est aussi un patriote. Son fils et son petit-fils, ses successeurs, s’impliqueront activement pour la libération de l’Algérie, avant d’être persécuté par un FLN autoritaire et antireligieux.

 

Lorsque son père meurt d’épuisement avant d’avoir atteint 50 ans, Khaleb Bentounés mène une nouvelle vie en France. Or, contre toute attente, le conseil des sages de la confrérie Alâwiyya le nomme chef spirituel. Il saura donner à cette charge une dimension internationale, favorisant le dialogue interreligieux, l’écologie ou l’éducation, notamment avec les scouts  musulmans de France.


Cette passionnante saga familiale, bouleversée par les soubresauts de l’histoire algérienne, nous montre un islam d’amour universel incarné concrètement dans la vie sociale et la modernité.

 

la mÉthode spirituelle d’un maÎtre du soufisme iranien – nur ali-shah

Edition Michel de miras

Du Sirac

 1974

Préfacé par Henry Corbin, ce livre relate la vie de ce grand soufi Nur Ali-Shah, il fut le rénovateur du soufisme iranien. Ce livre expose l’enseignement du soufisme avec les jeux de libérations qui conduisent le mystique aux sommets de l’Union Divine.  Ce n’est pas facile à lire mais de temps en temps des lumières éclairent notre chemin.

Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, " l’univers est l’Ombre de l’Absolu ". percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu: " l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu ".

Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour : " qui connaît Dieu, L’aime ; qui connaît le monde y renonce ". " Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour. " C’est cependant par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi du Coran, mais ce n’est qu’un préalable qui ne permet pas de comprendre la nature du monde. Les rites sont inefficaces si l’on ignore leur sens caché. Seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des choses. L’homme, par exemple, est un microcosme, c’est-à-dire un monde en réduction, où l’on trouve l’image de l’univers, le macrocosme. Il est donc naturel qu’en approfondissant la connaissance de l’homme, on arrive à une perception du monde qui est déjà une approche de Dieu.

Ce sont des accents que ne désavoueraient pas les mystiques chrétiens. Il est curieux de noter à cet égard les convergences du soufisme avec d’autres courants philosophiques ou religieux: à son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la religion zoroastrienne de la Perse ; l’initiation soufie, qui permet une re-naissance spirituelle, n’est pas sans rappeler le baptême chrétien et l’on pourrait même trouver quelques réminiscences bouddhistes dans la formule soufie " l’homme est non-existant devant Dieu ".

Le vrai Dieu c’est celui qui rend libre et qui propose son amitié à tout homme, non à quelques initiés : " Il s’attache à moi et moi je le rend libre, il m’appelle et moi je lui réponds "(Psaume 91, versets 14 et 15). Ce Dieu là est entré dans l’histoire des hommes par la porte des humbles, en se faisant petit enfant, à Bethléem il y a deux mille ans.

 

L’ARBRE VOYAGEUR – UN ITINḖRAIRE DE VIE AVEC IBN ARABÎ

Erik Sablé

Edition Almora

 2018

Quelle histoire, celle d'Ibn Arabi, le plus grand des maîtres spirituels soufis ! Il a donné une dimension profonde à l'islam. Mais il fut aussi un grand voyageur, un poète inspiré et un amoureux. Né en Andalousie à la fin du XIIe siècle, faisant retraite adolescent plusieurs mois dans un cimetière pour y connaître de profonds états spirituels, troublant le philosophe Averroès par la maturité de son raisonnement, écrivant son expérience en même temps qu'il la vit et l'éprouve dans de longs voyages à travers toute la terre d'Islam.

 

Et avec cela, ne négligeant pas l'amour – le récit de sa relation avec Nizam, la jeune fille qui devint son inspiratrice, est d'une grande beauté, devenant célèbre par ses écrits autant que par sa sagesse, luttant contre les intégrismes de son époque, pour que la vie soit une célébration. Le livre d'Erik Sablé nous transporte dans un Orient de légende où ce qui manque à notre Occident devenu matériel était donné d'abondance. Il nous fait voyager en compagnie du plus visionnaire des mystiques, du plus secret des poètes. Une introduction imagée et passionnante à cet auteur complexe, dont l'oeuvre immense (plus de 400 ouvrages présumés) domine la spiritualité islamique.

 

En 1200, Ibn Arabî part pour l’Orient, d’abord pour faire le pèlerinage à La Mecque, où il arrive en 1201, puis pour aller de ville en ville chercher l’enseignement des grands maîtres soufis. Le soufisme, repensé en profondeur par Al-Ghazalî, est alors en train de se structurer comme science religieuse par excellence et comme mouvement organisé : Ibn Arabî peut ainsi loger dans des maisons d’accueil, les khanqâ, dirigées par des sheikhs qui surveillent les disciples. En 1204, au moment où les croisés prennent Constantinople, il est à Mossoul, où il reçoit l’enseignement du grand maître soufi Alî ibn Jamî. Ses convictions hétérodoxes lui valent également un bref séjour dans les prisons du Caire en 1206. On le retrouve ensuite à Konya, où il enseigne à un groupe de jeunes étudiants parmi lesquels Sadr al-Dîn al-Qûnawî, un jeune homme originaire de Tunis que Ibn Arabî a adopté, qu’il forme et avec lequel sa fille se mariera. Il sera lui aussi un grand imam et un grand maître soufi. Après l’Anatolie, Ibn Arabî vit en Arménie, à Bagdad, à Alep. Il est alors surnommé « le grand maître » (sheikh al-akbar), et c’est auprès de lui désormais que de jeunes étudiants viennent chercher des révélations et des conseils. Il participe ainsi puissamment de la structuration du soufisme et de son ouverture. Après plus de vingt ans d’errance, il s’établit à Damas où il passe les quinze dernières années de sa vie ; il y meurt en 1240, et sera enterré au pied du Mont Qassioun.

 

Un parcours spirituel : Son parcours géographique à travers le Dar al-Islam est aussi un parcours spirituel. En 1196, à Fès, Ibn Arabî reçoit une révélation de la part du prophète Muhammad : celui-ci lui apparaît en rêve pour lui remettre la « pierre de la sagesse ». Cette pierre, symbolisant la vérité atteinte à travers la Révélation, est le point de départ d’une réflexion mystique : seul le véritable croyant, ayant parcouru la voie mystique, pourra en embrasser simultanément toutes les facettes. Celui que Ibn Arabî surnomme « l’homme parfait » doit, par la méditation, parvenir à faire l’expérience de la Présence divine (hadarât), en se rapprochant le plus possible de la « Présence totale ». Cette métaphore permet également à Ibn Arabî de parler des autres religions du Livre : tous les Prophètes, d’Abraham à Muhammad en passant par Jésus, ont reçu la même pierre, mais ils la taillent tous différemment. Enfin, cette révélation lui permet de donner aux saints une place fondamentale dans l’islam : les saints (walis) reçoivent une partie de la lumière de Dieu, telle qu’elle est reflétée par la révélation muhammadienne, et ils peuvent ensuite refléter cette lumière vers les autres. Le rôle spirituel et social des saints trouve sa formulation théorique la plus accomplie chez Ibn Arabî : les saints se distinguent par la puissance spirituelle (baraka) dont ils rayonnent et qui se manifeste par des miracles (karamât). C’est là un point clairement hétérodoxe et auquel de nombreux docteurs de la loi s’opposeront (et s’opposent toujours). Pour Ibn Arabî, cette hiérarchie des saints est dominée par un « pôle », Alî, le neveu et gendre du Prophète, et close par un « sceau des saints » (tout comme Muhammad est le « sceau des Prophètes ») qui n’est autre que… lui-même.

 

Ibn Arabî aura de nombreuses autres visions et apparitions, qui le guideront dans son évolution spirituelle. Il reçoit ainsi la visite d’Ibn Rushd en 1199, un an après la mort de celui-ci, et est poussé par lui à quitter l’Espagne. A La Mecque en 1201, il a une véritable révélation théophanique et mystique auprès d’une jeune fille, Nizhâm. Celle-ci, comme le souligne H. Corbin dans son étude de référence sur Ibn Arabî, joue le même rôle pour lui que Béatrice pour Dante : elle est sa Sophia, l’incarnation même de la beauté du monde, de l’amour de Dieu et de la vérité que le mystique cherche à atteindre. Développant dans ses écrits un véritable parcours mystique, Ibn Arabî est influencé par Al Hallaj : il s’agit rien de moins que de se fondre en Dieu (c’est la fanâ’, la disparition de l’âme en Dieu). Le mystique doit accomplir un parcours spirituel qui passe par plusieurs étapes (maqâm), pour atteindre le Vrai et découvrir le sens caché (bâtin) des textes religieux. Pour cela, Ibn Arabî propose notamment une lecture mystique du Coran : son vrai sens résiderait dans les premières lettres qui ouvrent chaque sourate, et non dans le message en lui-même.

 

Il aura une grande influence : non seulement il fonde une école de spiritualité propre, qu’on appelle akbarienne, mais ses écrits sont repris par diverses autres confréries soufies. Il s’attache dans ses écrits à proposer une voie médiane apte à réconcilier les différentes confréries soufies, mais les forces centrifuges seront les plus fortes, et le soufisme ne se conjuguera qu’au pluriel.

 

L’ARCHANGE EMPOURPRÉ

SOHRAWARDI –traduction Henry Corbin

Edition Fayard

 1976

15 Traités et récits mystiques traduits du persan et de l’arabe par Henri Corbin. 

 

Trop longtemps, l’Occident a considéré qu’il y avait d’une part l’Ancien Iran préislamique et d’autre part l’Iran postérieur à l’islamisation. L’œuvre de Sohrawardi est là pour témoigner que l’univers spirituel iranien forme un tout et que la Perse islamique n’est pas à considérer comme une province de l’expansion arabe.

 

Jeune penseur génial qui mourut en martyr de sa cause à la fin du XIIe siècle, Sohrawardi est l’un des plus grands mystiques de l’Islam iranien. Les textes qui sont présenté ici, prouvent sa volonté délibérée de ressusciter la philosophie de la lumière proposée par les sages de l’ancienne Perse, non pas en historien de la philosophie, mais en tant que philosophe adhérent de toutes les puissances de son âme à la vision des mondes qu’il se sent la mission de transmettre.

 

Sa doctrine, couramment désignée sous le nom d’Ishraq, est considérable par sa fermeté et son ampleur. Elle pose comme indissociables, la recherche philosophique de la connaissance et la fructification de la Connaissance en métamorphose intérieure de l’homme.


Connaissance qui ne sera donc jamais théorique, mais par essence salvifique, ce qui depuis toujours a été le sens donné au mot gnose.

L’Archange empourpré est l’ange, le guide surnaturel, l’initiateur personnel du pèlerin, il est présent dans les deux parties qui composent ce corpus, traités doctrinaux et récits mystiques, complémentaires les uns des autres comme le démontre la lecture méditée d’Henry Corbin qui accompagne en permanence ces contes, récits, histoires et légendes.

La voie spirituelle tracée par Sohrawardi, demeure active en Iran. Elle eut une grande influence en Inde, et c’est avec certitude que le sens et la portée de cette philosophie débordent son cadre d’origine, qu’elle est une forme de l’aventure humaine et qu’il importe  au cherchant et au pérégrin de méditer les textes de ce penseur.

 

Au sommaire :

 

La doctrine du philosophe mystique  -  La procession des dix intelligences  -  La démonstration de l’être nécessaire  -  La création est éternelle  -  De l’immortalité de l’âme  -  Les trois règnes matériels  -  Les trois univers  -  La mission des prophètes  -  La Shekinah  -

Le livre des Temples de la lumière  -  Le 1e Temple  -  Le 2e Temple  -  L’âme sépare de la matière  -  Troisième Temple  -   Quatrième Temple  -   Le centre du Temple  -  La réalité métaphysique de la lumière  -  Clôture du Temple  -  La hiérarchie des Êtres de lumière et l’esprit saint  -  Le cinquième Temple  -  Le secret des mouvements célestes  -   Le sixième Temple  -   les joies et les souffrances terrestres  -   Le septième Temple  -  L’imagination visionnaire  -  Les thaumaturges  -

Le livre des tablettes  dédié à l’émir Imadoddin   -   Traité de l’âme  -  La connaissance des choses suprasensibles  -  La Résurrection  -  La Shekhina et la lumière  -  Les souverains extatiques de l’ancienne Perse  - 

Le livre du rayon de lumière  -  Les êtres immortels  -  Les perceptions visionnaires  -  La lumière de gloire  - 

Le livre du Verbe du soufisme  -  L’âme pensante comme Verbe  -  Le pneuma vital  -  Les Chérubins, verbes majeurs  -  Les verbes médians  -  L’esprit saint comme ange spécifique du Christ  -  Sur les Chrétiens et les Juifs  -  Les Mazdéens  - 

La doctrine devenant événement de l’âme  -  La rencontre avec l’ange  -  Le récit de l’archange empourpré  -  Le bruissement des ailes de Gabriel  -  Le récit de l’exil occidental  -  La chute dans la captivité et l’évasion  -  La navigation sur le vaisseau de Noé  -  Au Sinaï mystique  -  La conquête du château-fort de l’âme  -

Le Vade-mecum des Fidèles d’amour  -  La triade beauté, amour et nostalgie  -  L’intronisation d’Adam  -  Joseph  -  Nostalgie est accueilli par Jacob  -   De la connaissance à l’amour  -  Le sacrifice nécessaire  - L’épitre des hautes tours  -

Les dialogues intérieurs  -  Un jour avec un groupe de soufis  -  L’épitre sur l’état d’enfance  -  Symboles et paraboles  -  La langue des fourmies  -  Des tortues sur le rivage  -  Le rossignol absent à la cour de Salomon  -   Kay Khosraw possédait le Graal, miroir de l’univers  -  Les chauves-souris et le caméléon  -  La huppe tombé au milieu des hiboux  -  L’histoire du paon  -  Les questions posées à la lune par le prophète Idris  -  Maximes spirituelles  -  une lampe exposée en plein soleil  -

L’incantation de la Simorgh  -  L’appel de la simorgh  -  Plus un homme est connaissant, plus il est parfait  - Où l’on montre qu’il y a de la douceur dabs l’amour de l’homme pour Dieu  -   Sceau du livre  -  Le livre d’heures  -  Strophes liturgiques et offices divins  - Strophes du grand testament  - Strophes des êtres de lumière  -

 

la sagesse du soufisme – textes choisis de l. lewisohn

 Traduit par Dubant

Edition VÉGA

 2001

Le soufisme, la branche mystique de l’islam, possède un riche héritage artistique, poétique, musical, pictural et chorégraphique, pour refléter l’extase que ses disciples puisent dans la présence de l’amour divin.

 

Réunissant des fragments de textes d’un large éventail d’écrivains soufis, dont le légendaire Jalal al-Din Rumî, cette merveilleuse anthologie distille la profonde sagesse du soufisme, en un volume unique.

 

Saisissant l’essence même de la voie mystique, et véhiculant l’ivresse intense ressentie dans la proximité de Dieu, ces extraits présentent aussi de sages conseils sur la culture de vertus comme la patience, l’humilité et la bonne humeur.

 

Pour ceux qui recherchent l’illumination, un aperçu de la vérité divine, ou un simple refuge à l’abri du chaos matériel de la vie moderne, ce trésor de direction spirituelle sera leur bien à jamais.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Principe et définitions du soufisme  -  Derviches tourneurs et soufis  -  L’exemple du prophète Muhammad  -  Le Coran  -  Le Dieu du soufi  -  Les saints et la sainteté  -  Disciples et discipline  -  Le maître spirituel  -  L’habit ne fait pas le moine  - 

Ethique soufie et œcuménisme  -  Parents et amis  -  Humilité et indulgence  -  Bonne humeur, caractère moral et gaité  -  Chevalerie spirituelle  -  Le Mullah, le démon et l’âme basse  -  Pauvreté spirituelle  -  Soufis, chrétiens et christianisme  -  Au-delà de la foi et de l’infidélité  - L’éthique soufie, sa moralité et ses applications  - 

Pratiques et stations spirituelles, état mystiques, gnose et amour  -  Prière du cœur  -  Combat spirituel  -  Confiance en Dieu  -  Détachement de la louange et du blâme  -  Amour divin  -  Etats mystiques et stations spirituelles  -  Pratiques spirituelles, contemplation et prière  -  Musique et chant  -  La gnose et les gnostiques  -  Ciel et enfer  -

 

Un ami de Dieu se signale par trois points : Une générosité semblable à celle de l’Océan, une compassion comparable à celle du soleil, et une humilité égale à celle de la terre (terre=humus).  Bayazid in Attar -

 

la voie soufie naqshabandi

Djélâl SALIK

Edition DERVY

 2005

Le soufisme est l’aspect ésotérique de l’Islam. Mais il existe de nombreuses confréries très différentes les unes des autres à l’intérieur du soufisme.


La Naqshabandiyya est une des confréries les plus importantes et les plus intéressantes. Elle est née en Asie centrale, mais elle s’est rapidement répandue dans tout l’Orient, de New Delhi à Damas. Longtemps persécutée par les autorités soviétiques, elle participe actuellement à la renaissance culturelle et spirituelle des peuples Ouzbeks, Tadjiks, Turkmènes, etc.


Ce petit livre, rempli d’anecdotes, permet de comprendre de manière vivante, l’enseignement et les pratiques secrètes des maîtres de cette voie.


Y sont bien expliqués : l’humilité, la « mort » du Moi et le cœur.

 

l’Échiquier des gnostiques –

Traduction par Jean-Louis michon

Edition Arché

 1998

Cet échiquier est un diagramme des étapes et des dangers de l’itinéraire initiatique.

 

C’est un bien curieux « échiquier » que celui dont la paternité, incertaine mais non improbable, est attribué « au plus grand des Shaykhs » le grand Maître soufi : Ibn’Arabî. De fait, plutôt qu’à un échiquier, c’est au jeu de l’oie ou, mieux encore, à son homologue anglo-saxon, le jeu « des échelles et des serpents » que fait penser le diagramme dont les 100 cases correspondent aux étapes que doit parcourir le voyageur pour atteindre son but.

De quel voyageur s’agit-il, et vers quelle destination se dirige- t-il ? Quelles épreuves et tentations ou quelles faveurs et facilités l’attendent sur son chemin ? Ce sont là les questions auxquelles le commentateur de cet ouvrage se propose de répondre.

 

Ce commentateur, Muhammad, né à Tlemcen en 1881, mort à Damas en 1961, est bien qualifié pour exposer les prémisses de la quête spirituelle. Artisan tailleur, il s’est adonné depuis son plus jeune âge à l’étude de la théologie et il est devenu en soufisme, le disciple d’un maître affilié à l’ordre des Shadhiliyya Darqawa.

 

Ayant émigré à Damas avec son maître, il est devenu, après la mort de celui-ci, le guide spirituel d’un ordre qui s’est beaucoup étendu dans les pays du Proche-Orient, où il compte de très nombreux disciples.

Le commentaire de l’Echiquier des gnostiques qui est présenté ici en traduction française est donc, en même temps qu’un bréviaire intemporel du voyageur sur le sentier de Dieu, un témoignage de la vitalité de l’enseignement mystique dans l’Islam contemporain.

 

Au sommaire de cet ouvrage : Divers propos et commentaires et surtout 100 mots clefs du langage soufi, avec pour chaque mot une interprétation spirituelle.

 

LE CORAN

Traduit et présenté par André CHOURAQUI

Edition Robert LAFFONT

 1990

Traduction d’André Chouraqui qui impartialement donne une bonne traduction de ce livre sacré.

 

LE CORAN   B-A - BA

GERARD CHAUVIN

Edition PARDES

 2005

Les  musulmans sincères et pieux construisent leur vie présente et fondent leurs espoirs  posthumes sur une Révélation divine, totalement informée dans un livre: Le Coran «  al- qur’ân = la récitation ». Leur  foi est subordonnée à cette parole écrite qui résume la norme des choses, la volonté de Dieu dans l’œuvre de sa création. Le Coran est un corps de doctrines  théologiques, cosmologiques, et eschatologiques, une histoire des vicissitudes et du destin de l’âme, une direction pour les hommes, et une bénédiction.


Ses épithètes sont innombrables : glorieux, noble, précieux, sage, sublime, vénérable, vivant, véridique etc. Comment la très grande lecture que d’aucuns jugent décousue, rébarbative  et  obscure, s’est elle  facilement imposée à des populations aussi diverses que celles des Perses, des Turcs, des Indiens, des Mongols, des Berbères, ou, à celle des Négro- Africains,  qui ne comprenaient pas la langue dans laquelle elle leur fut donnée ? De quoi le Coran  parlant et silencieux tire -t-il sa force de conviction, sinon de la sacralité du Verbe dont il est tissé, avec la beauté sonore de sa prose allitérée ?  Inimitable, aussi bien qu’indubitable, il est le livre unique et universel.
Ce  B-A. BA  du Coran rappelle les conditions miraculeuses de sa révélation, «au  prophète illettré » Muhammad,  d’abord à  La Mecque,  ensuite, à  Médine.  Il retrace la formation  de  «  la vulgate coranique »  à l’époque du calife Othmân ;  il rapporte la polémique chiite.


L’exégèse spirituelle des «  sept profondeurs de l’Océan sans rivages » suivant un vers d’ Ibn’Arabi,  fait l’objet d’une synthèse aussi soignée que possible. Il s’attache encore à montrer la place de l’attestation de l’Unité divine, avec la litanie des Noms Excellents.


Lorsque l’on demanda au prophète de l’Islam, comment après sa mort, les générations à venir parviendraient à rester fidèles à la Loi Sacrée, il répondit simplement : en lisant le Coran. Nul doute que l’audition et la psalmodie du livre clair, son application bien comprise, ne  réconcilient, finalement,  l’âme humaine avec son Seigneur.

  

le jasmin des fidÈles d’amour ruzbeman

Traduction : Henri corbin

Edition verdier

 1991

Ruzbeman est un grand mystique iranien, il décrit ici le processus du fidèle d’Amour qui va des degrés de l’Amour humain à l’ascension de l’Amour divin, pour en finale faire que ces deux amours n’en fasse qu’un

 

Au sommaire de ce très beau livre, traduit par Henri Corbin :

 

Ruzbehan de Shiraz  -  Un monde que Dieu ne regarde pas  -   Cherche moi dans la demeure mystique de l’amour  -   Majnun, miroir de Dieu

D’un entretien où l’amant et l’Aimée se témoignèrent réciproquement courtoisie  -  De l’affection amoureuse comme prélude de l’Eros  -

Mémento des témoignages religieux et philosophiques concernant l’amour humain  -

De la précellence des Amants qui ont le culte de la Beauté et des êtres de beauté, et celle des Aimées en qui est contemplée la beauté  -

De la précellence de la Beauté, de l’être beau et du contemplateur de la Beauté  - 

De la modalité et de la quiddité de l’amour humain en sa substance  -  Où l’on rend compte de la pérennité de l’amour chez les Fideles d’Amour  - 

Sur ceux qui entrent dans la voir spirituelle sans expérimenter l’implication de l’amour humain dans l’amour divin  -

De la caractéristique des Fidèles d’Amour, lesquels entrent dans la voie spirituelle par l’expérience de l’amour humain  -

De l’éclosion de l’amour  -   Sur les prémisses et l’épreuve de l’amour   - 

Des implications et de l’influence de l’amour   -  De la pédagogie initiatique de l’amour   -

De la descente de l’amour  -  Sur la voie de l’amour dans le cœur du Fidèle d’amour   -

Exposé des étapes de l’amour humain et de son élévation aux étapes de l’amour divin   -

De la quintessence de l’amour humain  -  De l’erreur des prétentieux concernant l’amour humain   -

De l’éclosion de l’amour divin  -  De la première étape dans cet amour, laquelle est le vasselage d’amour   -

De la station de la Walayat en amour  -  De l’observation vigilante qui est une aile de l’oiseau de l’intimité dans la station de l’amour   -

De la crainte que les fidèles d’amour éprouvent dans l’amour   - De l’espérance des Fidèles d’amour  -

De l’expérience extatique chez les Fidèles d’amour  -  De la certitude chez les Fidèles d’amour  -

De la proximité chez les Fidèles d’amour   -   De la révélation intérieure et de l’amour chez les Fidèles d’amour   -

De l’expérience visionnaire, de l’ardent désir et de la perfection chez les Fidèles d’amour   -

 

le CROISSANT ET LE COMPAS – islam et franc –maçonnerie – de la fascination a la dḖtestation

Thierry  Zarcone

Edition Dervy

 2015

Les premières loges maçonniques en Orient musulman virent le jour à l'initiative de diplomates, de commerçants et de résidents étrangers. Du Maroc à l'Indonésie, elles furent nombreuses et prospères tant que le pouvoir en place - faible ou aux mains d'Européens - les tolérait ou les soutenait. Longtemps, l'initiation d'indigènes resta inenvisageable ou écartée pour cause de différences tenant à la religion, au niveau et au mode d'éducation ou au statut du pays. Cet obstacle fut franchi au début du XIXe siècle. La croyance en un Dieu unique, éventuellement désigné par l'expression œcuménique " Grand Architecte de l'Univers ", était partagée, le néophyte pouvant exiger la présence du livre saint de son choix lors de sa réception. Des notables et même des souverains (Turquie, Maroc, Inde) entrèrent ainsi dans l'Ordre. L'étonnante similitude de certaines entités doctrinales orientales (bektachisme), depuis toujours implantées et acceptées, avec les pratiques des loges, facilita cette expansion.

 

 Les rapports s'inversèrent avec l'irruption de trois facteurs conjugués : la suppression, par la principale obédience française, en 1877, de l'obligation de croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme - et la radicalisation extrême de régimes politiques orientaux hostiles à toute réunion ou organisme agissant sous le sceau du secret. Les rites et les mythes maçonniques étant largement inspirés, jusque dans les hauts grades, par l'Ancien et le Nouveau Testament, le soupçon, répandu par une abondante littérature antimaçonnique, selon lequel la franc-maçonnerie est un tentacule sioniste, fit le reste. Les loges ne subsistent plus, de nos jours, que dans quatre des pays où l'islam est prépondérant : la Turquie, le Liban, la Malaisie et le Maroc. Ce livre est l'histoire d'une relation qui fut féconde et fraternelle.

 

Franc-Maçonnerie en Terres d’Islam : aperçu historique

 

En Turquie : En effet, dès que le Sultan Rouge Abdel Hamid fut renversé en 1909, la maçonnerie en a profité pour créer le Grand Orient de l’Empire Ottoman. Ce dernier allait initier les grandes personnalités de l’Etat (Premiers ministres, ministres, hauts fonctionnaires comme Mehmet Talaat Pacha qui fut Grand Maître, Reza Tevfik, premier ministre et Cavit Bey, ministre des finances. En 1923, Atatürk fonde la République de Turquie. Il fut initié dans la loge italienne à Salonique Risorta Veritas. Ses amis les plus proches, dont son médecin personnel, étaient des francs-maçons. Il donna à la franc-maçonnerie turque une dimension internationale en favorisant la tenue à Istanbul du Congrès de l’Association Maçonnique Internationale avec la participation de maçons éminents tel Arthur Groussier, représentant le Grand Orient de France. Mais à l’aube de la seconde guerre mondiale, en Turquie à l’instar d’autres pays européens, la franc-maçonnerie fut interdite. On imposa au Grand Orient de Turquie de proclamer de lui-même qu’il cesserait toute activité maçonnique. Cette mise en sommeil forcée allait durer 13 ans, jusqu’en 1948. Mais quelques frères maçons continuèrent à se réunir dans la clandestinité sous forme d’une association composée de 5 loges, l’Association des Maçons de Turquie, qui adoptera en 1955 le nom de Grande Loge des Francs-Maçons anciens et Acceptés de Turquie. A la fin de la seconde guerre mondiale, le Suprême Conseil de Turquie demandera officiellement au gouvernement de l’époque de ré -autoriser la maçonnerie dans le pays. Ce dernier voulant prendre place dans un monde de liberté accorda son accord sans difficulté. Le Grand Orient de Turquie changea de nom pour devenir la Grande Loge de Turquie, avec de nombreuses nouvelles loges. Les années 1950-1960 furent l’âge d’or de la franc-maçonnerie turque où plusieurs ministres appartinrent à la Grande Loge.

 

Suleiman Demirel, franc-maçon qui deviendra le Président de la République de 1991 à 1999, voulait tenter sa chance en prenant la direction du puissant Parti de la Justice. Or ses adversaires politiques découvrirent son appartenance à la franc-maçonnerie, considérée comme un crime de lèse-majesté. Pour éviter cet obstacle, Demirel a pu obtenir par écrit de la Grande Loge qu’il n’a jamais été reçu franc-maçon. Cette affaire des « faux documents » divisera les frères. Beaucoup d’entre eux dénonçant le manque de respect des dignitaires de l’Ordre, à l’égard des principes d’honnêteté et de droiture sur lesquels reposent les traditions maçonniques. Devant l’ampleur du mouvement, le Suprême Conseil se sépare de la Grande Loge des Francs-Maçons Anciens Libres et Acceptés de Turquie et entraîne en 1966 la création d’une nouvelle Obédience la Grande Loge Libérale de Turquie, qui établit des relations avec le Grand Orient de France et de la Grande Loge de France, alors que l’Obédience d’origine obtient en 1970 la reconnaissance de la Grande Loge Unie d’Angleterre et deviendra ainsi « régulière ». En 1991, une  Grande Loge Féminine est constituée.

 

En Egypte : Une  première loge maçonnique voit le jour à Alexandrie en 1748, mais c’est avec l’expédition de Bonaparte que la franc-maçonnerie égyptienne va se développer. La loge Isis, qui travaillait au rite de Memphis a eu comme Vénérable le Général Kléber. En 1830, des francs-maçons italiens résidents à Alexandrie formeront la loge Carbonari, suivi d’une autre loge Ménès, qui a eu comme Vénérable un membre très actif, le frère Samuel Honis, qui introduisit par la suite le rite égyptien en France. Il avait fondé plusieurs loges à travers l’Égypte (Alexandrie, Port Saïd, Suez, le Caire…). Parmi ces loges on peut retenir la loge Al Ahram ou Les Pyramides à l’Orient d’Alexandrie et qui initia l’Émir Abdelkader ainsi que Salvatore Zola qui deviendra par la suite le Grand Maître du Grand Orient d’Égypte. En 1867 un Grand Orient d’Égypte au rite de Memphis fut fondé. Il était dirigé par le Marquis de Beauregard. Le prince Halim Pacha, fils de Mehmet Ali, Vice-Roi d’Egypte, considéré comme le vrai fondateur de l’Égypte moderne et qui succéda à son père à la tête du pays, devint le Grand Maître. Le 21 Mars 1873, les différentes loges fonctionnant en Égypte s’unissaient à Alexandrie pour former la Grande Loge Nationale d’Égypte et le 5 Mars 1878 son siège fut transféré au Caire, mettant fin à l’état d’anarchie existant dans la maçonnerie égyptienne. Le Vice-Roi (Khédive) Tawfiq Pacha fut élu Grand Maître en 1881 et un grand nombre de personnalités égyptiennes, tel que Jamal El Dinn el Afghani, le grand érudit islamique et réformateurs, rejoignirent les ateliers maçonniques qui se sont multipliés au point qu’on en comptait plus de 500 travaillant en anglais, français, grec, hébreu et italien, en plus de l’arabe. Al Afghani et son disciple Mohammed Abdou s’adressèrent à leurs camarades dans les cercles libéraux de l’Égypte comme « Ikhwan al Safa wa khullan al wafd » (sincères frères et fidèles compagnons).En 1890 Tawfik pacha démissionna de son poste et c’est Idris Bey Raghib qui fut élu Grand Maître.

 

Fils d’un ancien Premier Ministre d’Égypte, Idris Bey était très riche, il avait fondé le parti politique Al Fatah (Jeune Égypte), qui n’a aucun rapport avec le Fatah d’aujourd’hui. Idris Ragheb a consacré toute sa fortune pour faire avancer la cause de la franc-maçonnerie en Egypte. La franc-maçonnerie égyptienne fut florissante durant la période où il était Grand Maître. C’est le Prince Mohammed Ali, fils du Khédige Tawfik qui succèdera à Idriss Ragheb à la tête de la Grande Loge Nationale d’Egypte. Mais ce dernier contesta cette décision de la Grande Loge et fonda avec d’autres frères une Grande Loge concurrente. Ce conflit entre deux puissances maçonniques aboutit au retrait de la reconnaissance par les Grandes Loges d’Angleterre et d’Ecosse. Finalement une solution fut trouvée sous l’égide du Grand Orient de France et une nouvelle Grande loge Nationale d’Égypte fut fondée en 1932, avec Abdel Meguid Younis comme Grand Maître. Dans les années 1930 à 1952, sous le règne de Fouad 1er et du Roi Farouk, la Grande Loge d’Égypte était très active. A sa tête se trouvait le Grand Maître Ahmed Maher Pacha, Premier Ministre. Mohammed Rifaat Bey était Grand Secrétaire, il a œuvré sans cesse pour la cause maçonnique, aussi bien en Égypte que dans d’autres pays arabes, particulièrement la Syrie et le Liban. C’est ainsi que plusieurs loges régionales furent créées pour le 18ème degré, puis ces Loges ont réussi enfin à constituer une Autorité maçonnique indépendante baptisée Grande Loge de Syrie, en référence à la Grande Loge d’Égypte, sous l’égide de laquelle elle travaillait.

 

Suite au renversement de la monarchie en 1952, puis l’accession au pouvoir de Nasser qui aurait appartenu à la franc-maçonnerie en fondant une Obédience appelée Vallée du Nil et  membre de l’Ordre Ancien Mystique d’Égypte des Shriners, comme son successeur à la tête du pays le Président Sadate, les obédiences françaises et anglaises disparaissent au profit de la Grande Loge d’Egypte. A cause de l’état de guerre avec Israël, précédant les accords de Camp David, la Grande Loge d’Égypte a exclu tous les maçons de confession juive et il semble qu’elle diffuse une idéologie nationaliste en contradiction avec l’idéal maçonnique : pour cela, l’obédience égyptienne n’est pas reconnue par ses pairs aujourd’hui. La dissolution de la franc-maçonnerie a été prononcée par Nasser, seules des institutions considérées comme paramaçonniques, comme le Rotary et le Lion’s existent toujours. Aujourd’hui des témoignages montrent que d’une façon très discrète, la maçonnerie anglo-saxonne se reconstitue en Egypte.

 

Au Liban : Deux loges se sont disputées la paternité de la franc-maçonnerie libanaise : La Première est la Loge Palestine, fondée en 1861 par la Grande Loge d’Écosse qui comptait déjà 75 membres. Elle fut dirigée jusqu’en 1868 par le Consul Général d’Angleterre à Beyrouth et en Palestine, M. Aldrige. Elle a eu  aussi parmi ses membres des personnalités telles que les deux fils de l’Emir Abdelkader. La Seconde est la loge Le Liban, fondée en 1862 par le Grand Orient de France. Plusieurs frères musulmans se sont très vite associés à cette loge. Quand le Vénérable Maître Aldrige est rentré chez lui en 1868, plusieurs frères de la Loge Palestine ont rejoint la loge Le Liban, comme le Consul de France qui est devenu le Vénérable de la loge. De 1891 à 1913 elle a eu comme Vénérable une personnalité libanaise, Georges Sursock, qui était aussi le responsable au Liban des relations spéciales de l’organisation de la Haute Maçonnerie, qui avait pour Souverain Pontife le célèbre Albert Pike. Ces deux loges étaient en pourparlers pour travailler ensemble. On sait que 80 maçons de ces deux loges s’étaient réunis lors d’une séance commune et que tous les discours donnés en loge avaient été successivement traduits en arabe. En 1891, une tentative pour créer une loge à Beyrouth sous la juridiction égyptienne a échouée. La loge aurait été fermée sur ordre du gouvernement ottoman car suspectée de servir les intérêts britanniques.

 

A l’origine de cette opération se trouvait un franc-maçon libanais qui s’installa plus tard en Égypte, Chahine Makarios, auteur de plusieurs ouvrages sur la franc-maçonnerie orientale. En fait la franc-maçonnerie libanaise va être influencée par les franc-maçonneries turque, égyptienne et occidentale et l’une de ses caractéristiques est l’implication d’un grand nombre de ses membres dans le mouvement des idées et des sphères politiques. Sous l’Empire Ottoman un grand nombre de francs-maçons œuvrèrent pour la diffusion des idées, comme la libération du joug ottoman, l’instauration de la laïcité, une éducation pour tous les citoyens. Ils défendaient également les valeurs de tolérance, de solidarité et de fraternité. Ainsi Libanais, Français et mêmes Turcs se sont retrouvés en maçonnerie pour mener le même combat, celui de l’éveil des consciences politiques. C’est ainsi qu’ils jouèrent un rôle important dans l’émergence de divers nationalismes (arabe, panislamique, libanais) ainsi que dans le mouvement d’éveil littéraire et social connut sous le nom de Nahda. A côté des obédiences européennes, plusieurs obédiences nationales virent le jour entre 1900 et 1930, et près d’une trentaine d’ateliers furent créés. Ce foisonnement de loges dans les années 1920 est principalement dû à l’encouragement du développement de la franc-maçonnerie libanaise par le Haut-Commissaire français, le Général Michel Sarrail. Plusieurs hommes politiques, diplomates, écrivains, philosophes, journalistes, médecins ou avocat ont rejoint ces loges. La franc-maçonnerie libanaise représentait en ce début du 20ème siècle, avec ses 1500 membres, plus de 1% de la population masculine de plus de 25 ans,  du Liban ! 

 

Dans les années allant de 1920 à 1950, on voit apparaître le Grand Orient du Liban (1922).Sous les auspices du Grand Orient National d’Égypte il va demander son indépendance en 1930. Devenu Obédience Symbolique Indépendante en 1934, il aura comme membres plusieurs personnalités, dont le premier ministre musulman Rachid el Sulla Grande Loge Libanaise des Pays Arabes est créée en 1936. Elle a eu parmi ses membres l’Émir Saïd Al Jazaïri, petit-fils de l’Émir Abdelkader. Elle a aussi initié le Roi Hussein de Jordanie. Dans les années 50, après la création de l’État d’Israël, s’est créé le Grand Orient Arabe connue aussi sous le nom de Christian-Muslim Lodge. Cette obédience s’est illustrée durant la guerre civile de 1975 en prônant le rapprochement Islamo-Chrétien. Mixte, elle travaillait au Rite Écossais Ancien et Acceptée. Depuis sa fusion en 2010 avec le Grand Orient Arabe Œcuménique, Obédience Maçonnique Française d’Étude et de Recherche, elle travaille comme cette dernière, au nouveau Rite Judéo-Chrétien et Musulman, le Rite Œcuménique. De 1975 à 1990, une multitude d’obédiences voient le jour, issues de la guerre civile. On comptait 250 loges pour 2500 maçons !

 

En SYRIE : Une première loge voit le jour à Alep en 1738, soit 21 ans après la naissance de la franc-maçonnerie spéculative ! Et c’est dans cette même ville que la Grande Loge d’Écosse en ouvre une, en 1760.Cette période favorable à la franc-maçonnerie est due au vent de liberté qu’a connu la Syrie sous le mandat du Gouverneur Medhat Pacha. On retrouve d’ailleurs dans les tenues de loges, les consuls britanniques de Beyrouth et Damas, Messieurs Aldrige et Meshaka.On peut citer aussi que durant la période de 1878 jusqu’au début de la première guerre mondiale il existait à Damas une loge très active la loge Lumières de Damas, que fréquentait plusieurs personnalités de la ville. Au début de la première guerre mondiale, les loges maçonniques furent obligées de suspendre leurs travaux. Durant le mandat français, le Grand Orient de France et la Grande Loge de France vont profiter de la présence française pour se développer d’une manière remarquable. En 1922 fut fondée la Loge de Syrie, sous l’égide du Grand Orient de France. Plusieurs personnalités syriennes et françaises en faisaient partie. Parmi eux, on peut citer le Président Ata el Ayoubi, futur Grand Maître de la Grande Loge de Syrie, le Premier Ministre Lutfi Haffar et le Juge Hanna Malek qui deviendra plus tard le Grand Maître de la Grande Loge de Syrie, succédant ainsi au Président Ayoubi.

 

Une autre loge joua aussi un rôle très important dans le paysage maçonnique de l’époque, mais cette fois-ci sous l’égide de la Grande Loge de France : c’est la loge Qaysun, à l’Orient de Damas. Elle a eu parmi ses membres le Premier Ministre Jamil Mardam Beya l’annonce du Général Sarrail en 1924 et comme nous l’avons vu pour le Liban, la franc-maçonnerie syrienne atteindra son apogée. Beaucoup de frères qui avaient oublié leur serment, revinrent dans les temples. De plus le Haut-Commissaire Sarrail a nommé un franc-maçon, Léon Cayla, à la tête du gouvernement de Lattaquié et en 1926 le nouveau Haut-Commissaire de Jouvenel renforce la présence des francs-maçons dans l’administration en installant Ahmad Bey Nami, Grand Maître de la maçonnerie syro-libanaise, à la présidence du Conseil de la Fédération de Syrie. En 1947, Nami a été consacré Maître d’Honneur du Grand Orient de France. Comme nous l’avons vu, la Grande Loge d’Égypte sous la Grande Maîtrise de Ahmed Maher Pacha et surtout grâce à son Grand secrétaire Mohamed Rifaat Bey qui œuvrait sans cesse pour la cause maçonnique dans les pays arabes, s’est constituée la Grande Loge de Syrie. Elle était l’autorité maçonnique suprême en Syrie. Elle a exercé sa tutelle sur de nombreuses loges syriennes et libanaises. Le premier Président Grand Maître élu de cette Grande Loge fut le très vénérable frère Atta Bey Ayoubi, ancien Premier Ministre. Grâce à son dynamisme et à la qualité de ses membres, cette Grande Loge a attiré l’attention des Instances Maçonniques à travers le monde. Elle a également fondé une loge régionale à Beyrouth et a placé à sa tête le Grand Maître (régional) Georges Rizkallah, lors d’une grande cérémonie présidée par le Grand Maître Ayoubi. En 1941 un Conseil Suprême du 33ème degré fut créé. Le Grand Maître et ancien premier ministre de 1932 à 1934, Haqqi Bey Al-Azm fut élu au poste de Grand Pôle, de cette institution. Actuellement la franc-maçonnerie est interdite en Syrie. En effet en 1942, une loi de Vichy interdit la franc-maçonnerie et elle n’a pas été abrogée depuis, bien que de nombreux hommes politiques de cette époque furent maçons : le Président Choukri Kouatly a appartenu à la loge Al Fatat et le Président Hafez el Assad aurait appartenu à l’Ordre

 

En Palestine : La première loge en Palestine a été fondée à Jérusalem en 1895. Cette loge du nom de Salomon ou Sleiman, avait une patente de la Grande Loge Nationale d’Egypte. Une autre loge fut établie à Jérusalem par la Grande Loge du Canada, la Royal Salomon Mother Lodge. Cette loge a été créée par l’américain Robert Morris. Elle regroupait des Juifs et des Chrétiens dont un Libanais, Iskandar Awad ou Alexander Howard. Cette loge a eu une existence assez trouble. En effet, le manque d’expérience en procédure et protocoles maçonniques occasionna de fréquents écarts, et les rares contacts avec la Grande Loge du Canada se sont conjugués pour que la loge soit rayée de la liste de cette dernière. Certains des frères ont alors entrepris de travailler de façon régulière et décidèrent d’établir une autre loge à Jaffa. Ils soumirent pour cela une pétition à l’Ordre du Rite Oriental de Misraïm en Egypte et reçurent la patente en 1890.En 1906, un groupe d’entre eux décidèrent de fonder une nouvelle loge, la loge Barkaï ou Aurore. Le premier franc-maçon qui s’affilia à cette loge était César Araktingi, Vice-Consul de Grande Bretagne à Jaffa. Affilié au Grand Orient de France, cette loge initia avant la guerre de 1914, plus de 100 nouveaux membres appartenant aux meilleurs éléments des communautés juive, musulmane et chrétienne, dont deux consuls perses. César Araktingi fut son Vénérable Maître de 1906 à 1929, soit durant 23 ans !

 

Durant la guerre de 1914, les loges ont dû suspendre leurs travaux et un grand nombre de frères ont étés exilés par le Gouvernement Ottoman, par crainte d’une collaboration avec les Britanniques. Au cours de l’année 1932, la maçonnerie égyptienne subit une grave crise amenant l’apparition de deux Grandes Loges concurrentes. Les loges en Palestine sous juridiction égyptienne opéraient alors sous un Comité Permanent dirigé par un Prince perse, nommé par les autorités du Caire. Mais ce dernier agissait de façon arbitraire, ce qui amena plusieurs loges à s’unir pour former en 1932 la Grande Loge de Palestine. Cette dernière fut consacrée par la Grande Loge d’Égypte début 1933.Mais les loges anglophones fondées avec des patentes d’Angleterre et d’Écosse refusèrent de rejoindre cette nouvelle entité. Avant la création en 1953 de la Grande Loge de l’État d’Israël, la Grande Loge de Palestine attirait toutes les communautés : Juifs, Musulmans, Chrétiens, Druzes…

 

le langage ou confḖrence des oiseaux

ATTAR

Edition Albin Michel

 1996

Après avoir loué Dieu, son dernier Prophète et les quatre califes, ’Attâr entre de plain-pied dans l’histoire des oiseaux, qui se poursuit sans cassure jusqu’à la fin du 45e chapitre. Chaque partie de l’histoire est entrecoupée par d’autres récits illustrant le propos principal du chapitre.

 

A la fin du livre, les oiseaux rejoignent finalement la demeure du Simorgh et le cheminement se termine dans la paix. L’histoire des oiseaux ou l’histoire principale, est un récit symbolique qui met en scène la marche du pèlerin mystique à la recherche de Dieu sous la forme d’un voyage d’oiseaux tentant d’atteindre le Simorgh, leur souverain.

 

L’histoire commence ainsi : les oiseaux se rassemblèrent pour élire un roi mais la sage huppe les stoppa, leur disant qu’ils avaient déjà un souverain, Simorgh. Les oiseaux décidèrent alors de partir à sa recherche. La huppe les mit en garde : le voyage jusqu’au roi demandait d’immenses efforts et de grands sacrifices. Les oiseaux devaient traverser sept étapes, sept vallées périlleuses, avant d’arriver au but.

Les paroles de la huppe effrayèrent plusieurs des oiseaux qui se désistèrent, quant aux autres, ils se lancèrent avec passion dans le voyage. Ils commencèrent alors ainsi un cheminement difficile et dangereux qui les mena finalement jusqu’à la demeure du Simorgh, située sur le Mont Qâf de la Vérité.

Pour ce voyage, ils élirent la huppe, qui avait de longues années durant vécu et appris sous la coupe du roi-prophète Salomon, - qui symbolise l’âme -, pour être leur guide.

 

La première étape ou la première vallée est celle de la recherche, au cours de laquelle le pèlerin doit se purifier et se débarrasser de ses liens terrestres. La deuxième vallée est celle de l’amour. Le pèlerin y est si enflammé par l’amour divin qu’il en oublie sa propre existence. Lors de cette étape, l’oubli de soi conduit à la témérité. La troisième vallée est celle de la connaissance, dans laquelle tout est oublié, hormis Lui. Selon ’Attâr, dans cette vallée :

 

"Nécessairement le chemin spirituel ne se manifeste que dans les limites des forces respectives de chacun. Comment, en effet, dans ce chemin que parcourut Abraham, l’ami de Dieu, la faible araignée pourrait-elle suivre le pas de l’éléphant ? La marche de chaque individu sera relative à l’excellence qu’il aura pu acquérir et chacun ne s’approchera du but qu’en raison de sa disposition.

 

La quatrième vallée est celle de l’indépendance et c’est lors de cette étape que le pèlerin réussit finalement à se libérer de tous ses liens terrestres. La cinquième vallée est la terre de la pure unité, le pèlerin s’y rend compte que Dieu connaît tous les secrets. Il découvre alors le mystère de l’Unité. Dans la sixième vallée, celle de la stupéfaction, le pèlerin se perd et quitte soudainement son moi. La septième vallée et la dernière est celle de la pauvreté et de l’anéantissement, expérience demeurant à jamais indescriptible. C’est en atteignant cette vallée que le pèlerin peut finalement trouver le repos.

 

Nombre d’oiseaux qui commencèrent ce voyage disparurent ou moururent sans pouvoir atteindre la montagne du Qâf, et finalement seuls trente oiseaux (si morgh) réussirent à atteindre la demeure du Simorgh. Ils rejoignirent le palais et furent reçus en audience. Ils purent alors se reposer et se purifier et lorsque le soleil matinal les illumina, ils furent placés devant le miroir de la Vérité dans lequel, à leur grande stupéfaction, ils ne purent que se voir, les trente oiseaux qui avaient atteint leur but. Ils comprirent alors que le Simorgh ne faisait qu’un avec eux. Le Simorgh leur dit alors :

 

"Le soleil de ma majesté est un miroir ; celui qui vient s’y voit dedans, il y voit son âme et son corps, il s’y voit tout entier. Puisque vous êtes venus ici trente oiseaux, vous vous trouvez trente oiseaux (si morgh) dans ce miroir. S’il venait encore quarante ou cinquante oiseaux, le rideau qui cache le Simorgh serait également ouvert. Quoique vous soyez extrêmement changés, vous vous voyez vous-mêmes comme vous étiez auparavant

 

L’auteur, Attar, fut qualifié « d’âme du soufisme ».

   

le livre de l’Échelle de mahomet

Traduction par G. besson

Edition  les Lettres Gothiques

 1991

Le Livre de l’Échelle de Mahomet appartient à la littérature du Miraj, ensemble de récits en arabe relatant l’ascension jusqu’à Dieu du prophète Mahomet durant un voyage nocturne. L’original en est perdu, mais on en connaît une traduction latine du XIIIème siècle. C’est elle qui est éditée et traduite en français dans le présent volume. Ce beau texte étrange et envoûtant est d’un intérêt exceptionnel. Il illustre une tradition islamique à la fois importante et marginale. Il est riche d’un imaginaire foisonnant et témoigne des efforts du traducteur afin de captivé particulièrement ’attention du lecteur d’aujourd’hui.

 

Cett ouvrage illustre un récit à la fois discret et central de la Tradition musulmane : le voyage nocturne (al-isrâ’) et l’ascension céleste du prophète Muhammad (al-mi‘râj). Ce récit est discret, car il est mentionné de façon tellement furtive dans le Coran (XVII, 1) qu’on a pu douter de l’interprétation du verset ; les hadîths le concernant sont beaucoup plus diserts, mais contiennent des variantes considérables et divergentes. L’épisode est central cependant, car il fonde la légitimité de Muhammad comme interlocuteur privilégié et définitif de Dieu. En bref, la Tradition raconte que Muhammad dormait une nuit à proximité du temple de la Kaaba quand il fut réveillé par l’ange Gabriel, invité à enfourcher une monture fantastique à tête de femme (Burâq, que l’on voit ici portant Muhammad dans la mandorle de feu) et transporté en une seconde au temple de Jérusalem, où il accomplit la prière rituelle devant les autres prophètes. Puis commence l’ascension céleste à proprement parler : Muhammad monté sur Burâq et guidé par Gabriel est invité à traverser les sept cieux. A chaque ciel, il est salué par les anges qui l’habitent, et rencontre un prophète (Adam, Jésus, Moïse … et enfin Abraham). Au-delà du septième ciel, il est invité à rencontrer Dieu; là, même Gabriel n’est plus en mesure de l’accompagner. L’entretien eut lieu : selon la Tradition, c’est à ce moment précis que Dieu ordonna le nombre définitif des prières rituelles prescrites aux musulmans.

 

Ce récit est central dans le dispositif dogmatique de l’islam. Muhammad est intronisé comme le plus grand des prophètes ; il dépasse les envoyés précédents les uns après les autres, et est acclamé par les anges comme le plus parfait des humains. Il parle à Dieu de façon plus directe que Moïse ne le fit. Cette prééminence est à souligner quand on se souvient que d’autres prophètes sont censés avoir effectué une ascension céleste. Abraham en particulier aurait été emmené aux cieux d’après deux textes importants d’origine juive, et dont la Tradition musulmane a eu connaissance (Coran VI 75) : le Testament d’Abraham et l’Apocalypse d’Abraham. Quant à Jésus, il est monté aux cieux selon l’affirmation du Coran lui-même (Cor. III 48 et IV 158). Le récit du Voyage nocturne et de l’ascension céleste ont connu un succès immense, il a été publié sous ses diverses variantes en arabe, persan etc. Il fut même traduit en latin au XIIIe siècle par le médecin juif Abraham à la demande du roi de Castille Alphonse le Sage.

 

Le présent ouvrage nous montre Muhammad à cheval sur Burâq, salué par les anges qu’il rencontre lors de sa traversée et qui l’entourent en haut, en bas, à gauche et à droite, devant et derrière. On notera le visage masqué du Prophète : ce n’est pas toujours le cas, de nombreuses miniatures figurant le Mi‘râj le montrent visage découvert. Aucun dogme explicite n’interdit ou n’autorise la représentation du visage du Prophète : du coup les usages ont varié, des choix pour l’une ou l’autre possibilité ont été fait selon les artistes, les lieux, les époques. Notons enfin l’influence énorme du thème de l’ascension céleste dans la littérature mystique. La rencontre entre Muhammad et son Seigneur devint le modèle même de l’expérience par l’homme de la présence du divin.

 

le livre de l’homme parfait

    Azizoddin nasafi

Edition FAYARD

 1984

« Ô Derviche ! Le pèlerin sur la première voie est celui qui, chaque jour, découvre et retient une chose qu’il ignorait. Le pèlerin sur la seconde est celui qui, chaque jour, oublie une chose de ce qu’il savait. Sur le premier chemin, le devoir est, chaque jour, de noircir un morceau de la page blanche. Sur le second, tout l’emploi du temps est, chaque jour, de blanchir une partie du cœur noirci. »

Le Livre de l’Homme Parfait, recueil de traités de soufisme, est l’œuvre majeure d’Azizoddin Nasafi, penseur mystique iranien du XIIIème siècle. La présente version française, due à Isabelle de Gastrines, est la première qui soit donnée dans une langue occidentale.

 

Au sommaire de ce magnifique livre :

 

De la connaissance de l’homme  -  De l’unification  -  De la création des esprits et des corps  -  De l’origine et du retour selon les philosophes  -  De la pérégrination  -  Des règles de la retraite mystique  -  De l’amour  -  Du rituel chez les soufis  -

De la maturité et de la liberté  -  Le microcosme est la copie du macrocosme  -  Du Molk, le monde des phénomènes, du Malakut, le monde des âmes, de Jabarut, le monde des intelligences rubiniques  -   Molk, Malakut et Jabarut  -  La tablette, le calame et l’encrier  -

La table préservée, la Prédétermination, le libre arbitre, le secret, le destin  -  La création première  -  La Révélation, l’inspiration et le rêve  -   Ce que disent les témoins de l’Unicité  -   De l’essence, de l’âme de la face, de l’attribut, du nom, de l’acte  -  le paradis et l’enfer  -

Le livre des étapes des pèlerins  -  L’amitié divine  -  la mission prophétique, l’ange, la révélation, l’inspiration et le rêve véridique  -  Traité sur la pauvreté  -  La piété, le confiant abandon, l’amour de Dieu  - 

Traité sur l’origine première  -  Les trois univers  -   Traité sur la table réservée  -  Le livre de Dieu  -  Traité sur la doctrine des adeptes de la métempsychose  -  L’être vrai et l’être imaginaire  -  Traité sur la doctrine des gnostiques  - 

 

   

le maÎtre d’amour

NJA – mahdaoui

Edition ALBIN MICHEL

 2004

Nourri de spiritualité universelle et de culture arabe, Nja Mahdaoui, artiste tunisien dont les œuvres ornent musées et lieux publics du monde entier, rend ici un très bel hommage à Ibn ‘Arabî.


L’immensité océanique de l’œuvre d’Ibn ‘Arabî (1165 – 1240), surnommé dans la tradition soufie « le plus grand des maîtres », se concentre tout entière autour d’un mot, un seul mot qui habite chacun de ses poèmes et de ses traités mystiques : amour. Amour sensuel des amants tendus vers l’union parfaite ; amour universel des êtres, qui, au-delà de toutes leurs différences religieuses, culturelles ou sociales, se rejoignent dans l’Unité transcendante ; amour à la fois douloureux et lumineux de l’âme en quête de son Bien-aimé divin…


Avec la complicité de son ami écrivain Rodrigo de Zayas, qui évoque ici la vie du « Maître d’amour », Nja Mahdaoui nous fait revivre l’un des sommets de la culture méditerranéenne. Dans cet hymne pictural à l’Unité, la splendeur des ors le dispute à la maîtrise d’une géométrie sacrée, la puissance du trait contemporain bouleverse l’art traditionnel des arabesques, et la lettre, dépouillée de toute signification immédiate, nous livre son mystère à travers la forme pure.

 

LE PÈLERINAGE A LA MAISON SACRÉE D’ALLAH

DINET et HIBRAHIM BAAMER

Librairie HACHETTE

 1930

Les auteurs refont le parcours (en 1930) qu’a fait Mohamed entre Médine et la Mecque. Ils expriment dans cet ouvrage, leurs émotions, leurs ressenti et le bonheur qu’ils ont éprouvés tout au long de ce parcours. Un récit pittoresque dans les caravansérails et le désert brûlant d’Arabie. 

 

Depuis des temps immémoriaux, des pèlerins affluaient de toute la péninsule arabe à La Mecque. Ils venaient honorer les idoles conservées dans un temple de forme cubique, appelé pour cette raison Kaaba (ce mot arabe a même origine que le mot grec kubos, dé à jouer, qui a donné cube en français).

Mahomet fit savoir que la Kaaba aurait été initialement construite par des anges puis reconstruite par Adam, par son fils Seth, ensuite par Abraham et son fils Ismaël, ancêtre des Arabes. 

 

La Kaaba est aujourd'hui un édifice en pierres de granit local de 13 mètres de long, 12 de large et 17 de haut, au centre d'un enclos bordé de portiques, le Masjid al-Haram, ou mosquée sacrée.

Les idoles pré-islamiques ont bien entendu été expulsées du temple et c'est vers une pierre noire enclavée dans l'un des coins de l'édifice que se tournent désormais les fidèles. Sans surprise, le pèlerinage musulman reprend plusieurs rituels antérieurs, à commencer par la circumambulation autour de la Kaaba.

 

Un rituel immémorial : À tout moment, les musulmans peuvent se rendre à La Mecque pour prier. Ce petit pèlerinage, toutefois, n'a pas la même valeur religieuse que le grand pèlerinage rituel (« hajj » ou « hadj » en arabe), l'un des cinq piliers de l’Islam.

 

Il a lieu chaque année, du 7 au 13 du dernier mois de l'Hégire (le calendrier musulman), le dhû al-hijja (le « mois du pèlerinage »). À la fin du pèlerinage rituel, les pèlerins peuvent aller se recueillir sur le tombeau du Prophète, à Médine. De retour chez eux, ils s'honorent du titre de « Hadj ».

 

De 50.000 par an au début du XXe siècle, les pèlerins sont aujourd'hui plus de trois millions et demi (dont un tiers de femmes) et les travaux titanesques entrepris autour des lieux saints ont vocation à en augmenter le nombre bien au-delà. Pour l'heure, l'Arabie saoudite, qui gère les lieux saints de La Mecque et Médine, limite les visas d'entrée annuels à un millier par million d'habitants pour les pays musulmans. Mais, par souci de prosélytisme, elle ne fixe pas de limite pour les pays où les musulmans sont minoritaires, comme la France ou les États-Unis, ni non plus pour les pèlerins d'Arabie même, qui représentent plus de 40% du total.

 

La grande majorité des pèlerins étrangers vient aujourd'hui du sous-continent indien, de la Malaisie ou de l'Indonésie, témoignant du basculement démographique de l'islam vers l'Asie orientale. les lieux saints demeurent interdits aux non-musulmans sous peine de mort

 

Récit : De Bou Saada à Djedda     -      El Madina El Menouora    -     Mekka el Mekerrema     -     Le Mont Arafat     -     La vallée de Mina       -     Retour à Mekka      -     De Djedda à Beyrouth       -     Observations sur plusieurs récits de pèlerinage à Mekka      -     Le wahabisme et la famille de Saoud d’après Burckhardt      -

 

LES DEGRÉS DE L’ÂME. LES STATIONS SPIRITUELLES SUR  LA  VOIE  SOUFIE

S.A   AL- SHABRAWI 

Edition DERVY

 2007

Au cœur de l’islam se trouve le soufisme- on devrait plutôt dire les soufismes tant les pratiques varient à travers le monde islamique- ses maîtres anciens ont répété à l’envi que l’homme doit se changer, se purifier, se transformer pour tenter de lever le voile qui lui cache son Créateur, présent au fond de lui mais inaccessible parce que l’homme est lui-même son propre voile. Faire disparaître le voile, c’est donc disparaître soi-même, pour que se réalise la parole de Dieu dans « Je suis selon ce que Mon serviteur pense que Je suis. »

 

Probablement par prudence, les maîtres soufis préviennent qu’il y a une exigence préalable à toute démarche de type soufi : il faut d’abord être un bon musulman. Pourtant le nom même de l’islam se rapporte à l’attitude intérieure qui définit le fait d’être musulman, et les significations multiples de la racine arabe s-l-m du mot islam définissent cette attitude :

 

Perfection, intégrité, droiture;
Sécurité, paix, salutations ;
Paix, pacifisme ;
Pureté, absence de défauts, protection ;
Acceptation, reconnaissance ;
Soumission, capitulation, reddition.

 

On peut facilement comprendre que le musulman qui a réussi à installer en lui toutes ces qualités n’a plus besoin de soufisme, puisque ces qualités sont précisément celles que le soufisme cherche à développer chez le voyageur spirituel ! Alors ne faut- il pas inverser la proposition et dire que c’est au cœur du soufisme qu’on trouve l’islam, que le soufisme est en fait la voie qui peut mener à l’accomplissement en soi des attitudes qui définissent le musulman, et que c’est en parcourant la difficile voie des soufis que l’on a une chance de devenir intérieurement, authentiquement, un musulman ?

 

les dits de lalla & la quÊte mystique

M. bruno

Edition Les 2 Océans

 1999

Les quatrains de Lalla (XIV° siècle) constituent un témoignage de sa propre expérience spirituelle, celle de la progression sur une voie d’amour et de pratiques intériorisées qui s’achève sur la grande réalisation du « libéré vivant » lorsque, délivré d’un moi esclave de ses désirs et de ses vues faussées par « l’illusion », il a la révélation de l’Unité divine ici même.

 

Mais la yoginî était un Maître et ses dits – paroles prononcées à l’intention de disciples ou d’amis attentifs forment aussi un enseignement qui relève d’une branche élevée et fort ésotérique de l’hindouisme, le shivaïsme non dualiste du Cachemire, exprimé ici dans le style simple, vivant, imagé d’une poésie qui s’avère à l’analyse dense et concise.


Il faut ajouter que Lalla a été considérée par des musulmans, comme une grande sainte convertie à leur religion, et la conclusion de l’ouvrage fait entendre quelques échos de ses grands thèmes en islam et aussi dans le christianisme.

 

les dix rÉgles du soufisme

Al. ghazâlî

Edition Al. Bouraq

 1999

Le soufisme, cette voie mystique a ses règles. Savoir et pratiquer d’abord et surtout le détachement, mais il y a une différence entre le fait d’être détaché et celui de connaître le détachement, ses conditions et ses motifs.

Aucune voie n’avait semblé satisfaire Ghazali, le Maître se tourne alors vers la voie mystique, et ne tarde pas à s’apercevoir qu’elle est « savoir et pratique », et que le but de la pratique est le détachement de tout et l’attachement à Dieu.

 

Il ne lui fut pas difficile de se mettre au courant du soufisme en tant que savoir, il lut les œuvres de Makki et autres, il se rendit compte cependant, que l’essentiel ne peut s’acquérir par le savoir, mais par le goût, il s’agit alors pour lui de changer d’esprit, de revêtir par le dedans, l’état d’âme, car il y a en effet, une différence entre le fait d’être détaché et celui de connaitre la définition du détachement, ses conditions, ses motifs et toutes les conditions pour appliquer cet état.

 

Au sommaire de ces 10 règles du soufisme :

 

Naissance et enfance de Ghazali  -  La remise en cause intellectuelle : la sophistique, la scolastique, la philosophie, la théorie de l’enseignement et la voie mystique du soufisme  -  Dans la lignée du spiritualisme orthodoxe  -  Les 10 règles du soufisme  -

 

Commentaires de ces dix règles : L’intention véridique   -   L’intention sincère   -   Conformité à la Loi   -   Observer le modèle Muhammadien   -   L’aspiration ‘al-himmat’   -   Modestie et humilité envers Allah et ses créatures   -   Crainte  révérencielle et espérance   -   Continuité du devoir   -   La continuité de l’auto-surveillance   -   La connaissance du devoir de l’instant   -  

 


Ce court résumé des dix règles du soufisme résume le condensé du soufisme et de la vision de l’auteur sur cette spiritualité.

  

les jardiniers de dieu à la rencontre de 5 millions de bahÁ’is

C. gouvion & P. jouvion

Edition  BERG INTERNATIONAL

 1989

Le Bahâïsme, vous connaissez ? Il s’agit de la dernière-née des religions, la seule, sans doute, qui mérite l’épithète de « moderne ».

Elle naquit au XIXème siècle dans le berceau de l’Iran chi’ite. Elle eut son prophète, Bahá’u’lláh, un « révolutionnaire » aussi dangereux que le Christ en son temps. En plein fief de l’islam le plus traditionaliste, il osa – en le payant de sa liberté – délivrer un enseignement autre. Il déclara que quel que soit son nom : Yaweh, Allah ou Dieu le père, Dieu est unique, toujours le même, et envoie périodiquement sur terre des élus qui se sont nommés Abraham, Moïse, Jésus-Christ, Mahomet ou Bouddha, qui ont tous eu pour mission de délivrer une parole précise correspondant à un moment de l’histoire des hommes. Il affirma que, quelles que soient leur nationalité, leur race, leur degré de civilisation, tous les êtres humains ont même valeur et même capacité. Il jetait bas ainsi les fondements du racisme.

 

En assurant que les femmes sont les égales absolues des hommes, il mit le sexisme hors la loi. Il affirma que les hommes n’ont qu’une patrie, la terre, d’où son rejet des nationalismes ; que les ressources du globe doivent être mises en commun et gérées par une instance élue supranationale ; que les pays riches doivent partager avec les pays pauvres ; que chaque individu a droit aux moyens matériels et spirituels de son épanouissement ; que les salariés doivent participer aux bénéfices de leur entreprise.

Ce que prêchait Bahá’u’lláh au XIXème siècle a trouvé en cette proximité du deuxième millénaire une singulière résonance. Et il a été entendu. De quelques milliers au départ, les Bahá’is sont aujourd’hui cinq millions, de toutes les races, de toutes les nationalités, de tous les niveaux sociaux.


Ils sont représentés à l’ONU avec le statut d’organisme consultatif. Ils jouent un rôle aussi discret qu’efficace dans les projets de développement des pays défavorisés. Ils n’ont pas de prêtres, pas d’églises, pas de sacrements, pas d’autre hiérarchie que celle qu’ils élisent, démocratiquement, à intervalles réguliers. Mais que croient-ils, comment vivent-ils, comment agissent-ils, qu’espèrent-ils ?


Sans partis pris ni préjugés, deux journalistes, Colette Gouvion et Philippe Jouvion, ont mené une enquête rigoureuse. Ils nous emmènent à la rencontre de ces très modernes Jardiniers de Dieu.

 

les mille ET une nuits ET leur trÉsor de sagesse

Pascal bancourt

Edition  DANGLES

 2007

Il suffit d’énoncer ce titre de renommée universelle, les Mille et Une Nuits, pour évoquer un climat d’enchantement et de mystère lié à la vieille magie de l’Orient.

 

Mais a- t-on conscience que cette œuvre brillante et colorée, que la civilisation arabo-musulmane élabora à son époque glorieuse, n’était pas une fantaisie gratuite, et que sous leur style raffiné et sous leur aspect parfois ingénu ou libertin ces contes transcrivaient un enseignement que dispensaient autrefois d’authentiques maîtres spirituels ?


Les soufis, principaux inspirateurs des Mille et Une Nuits, avaient une profonde connaissance de l’être humain et de ses possibilités d’accomplissement ; les contes, même lorsqu’ils se parent d’un humour divertissant, se font l’écho de ce savoir.

Sous leur habillage récréatif, ils servent de support à une lumineuse sagesse héritée de l’ésotérisme musulman, afin que cette lumière pénètre l’âme par le biais de la féerie et du mystère.

Ces récits allégoriques, dont Pascal Bancourt s’emploie à éclairer le message, ont pour cadre réel l’être intérieur ; ils illustrent le parcours que suivirent des initiés engagés dans la voie de leur propre transmutation. À travers ces histoires, c’est notre réalité méconnue que la sagesse des Mille et Une Nuits nous convie à explorer.

À notre époque où le rapprochement entre l’Islam et l’Occident constitue un enjeu crucial, dévoiler la dimension cachée de cette œuvre qui a imprégné l’imaginaire du monde entier pourrait aider à promouvoir une approche commune de la spiritualité.

On y retrouve bien sûr les grands contes tel Simbad le marin, les nuits de Shéhérazade ou Ali Baba et les 40 voleurs et bien d’autres.

 

le soufisme

A.J. arberry

Edition  Le Mail

 1988

Dans ce livre, l’auteur montre comment le soufisme est né au sein de la religion officielle du Prophète, comment il a évolué et s’est propagé durant ses 1 000 ans d’histoire.

 

Les grands soufis : Rumî, Attar, Sohrawardi, Ibn Arabî sont présentés.

 

L’auteur explique les structures de la théorie soufie, les confréries existantes, et les pratiques des adeptes. Qui sont les ascètes, les mystiques et les poètes.

 

LE SOUFISME

HABIB SHARIFI

Edition GRANCHER

 2000

Connaître le soufisme, tel est le but de l’auteur, qui en mots simples nous dévoile les buts et les arcanes de cette discipline.Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tel, il a la particularité d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite. Décrire le soufisme est une tâche redoutable. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très différentes. D’autre part, par ses aspects ésotériques, il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi variables selon les maîtres qui l’enseignent.

Bien que le soufisme se veuille rigoureusement musulman, l’Islam traditionnel, sunnite et chiite, considère le soufisme avec la plus grande méfiance. En Iran, la grande majorité des mollâs y est vivement opposée et dans l’Islam sunnite, la plupart des Uléma sont beaucoup plus intéressés par la lettre du Coran et ses interprétations juridiques que par les spéculations des soufis auxquelles ils trouvent une odeur de soufre. Cette opposition généralisée contribue à la discrétion du soufisme.

En outre le soufisme n’a aucune unité. Chaque maître se constitue une cohorte de disciples attirés par la réputation de son enseignement. Tout au plus, ces maîtres déclarent se rattacher à une " confrérie ", elle-même fondée par un célèbre soufi des siècles passés ; personne ne vérifie une quelconque orthodoxie de l’enseignement donné, du moment qu’il se réfère à l’Islam.

L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable. Historiquement, il a joué un rôle de premier plan dans la naissance des déviations du chiisme que sont l’Ismaélisme et la religion druze. En littérature, il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes les plus remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuits ou le poème d’amour de Leyla et Majnoun.

C’est cependant par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi du Coran, mais ce n’est qu’un préalable qui ne permet pas de comprendre la nature du monde. Les rites sont inefficaces si l’on ignore leur sens caché. Seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des choses. L’homme, par exemple, est un microcosme, c’est-à-dire un monde en réduction, où l’on trouve l’image de l’univers, le macrocosme. Il est donc naturel qu’en approfondissant la connaissance de l’homme, on arrive à une perception du monde qui est déjà une approche de Dieu.

Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, " l’univers est l’Ombre de l’Absolu ". percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu: " l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu ". Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour : " qui connaît Dieu, L’aime ; qui connaît le monde y renonce ". " Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour. "

Ce sont des accents que ne désavoueraient pas les mystiques chrétiens. Il est curieux de noter à cet égard les convergences du soufisme avec d’autres courants philosophiques ou religieux: à son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la religion zoroastrienne de la Perse ; l’initiation soufie, qui permet une re-naissance spirituelle, n’est pas sans rappeler le baptême chrétien et l’on pourrait même trouver quelques réminiscences bouddhistes dans la formule soufie " l’homme est non-existant devant Dieu ".

Même diversité et même imagination dans les techniques spirituelles du soufisme : la recherche de Dieu par le symbolisme passe, chez certains soufis, par la musique ou la danse qui, disent-ils transcende la pensée ; c’est ce que pratiquait Djalal ed dîn Roumi, dit Mevlana, le fondateur des derviche tourneurs ; chez d’autres soufis, le symbolisme est un exercice intellectuel où l’on spécule, comme le font les Juifs de la Kabbale, sur la valeur chiffrée des lettres ; parfois aussi, c’est par la répétition indéfinie de l’invocation des noms de Dieu que le soufi recherche son union avec Lui.

Le soufisme apporte ainsi à l’Islam une dimension poétique et mystique qu’on chercherait en vain chez les exégètes pointilleux du texte coranique. C’est pourquoi ces derniers, irrités par ce débordement de ferveur, cherchent à marginaliser le soufisme. C’est pourquoi aussi les soufis tiennent tant à leurs pratiques en les faisant remonter au prophète lui-même: Mahomet aurait reçu, en même temps que le Coran, des révélations ésotériques qu’il n’aurait communiquées qu’à certains de ses compagnons. Ainsi les maîtres soufis rattachent-ils tous leur enseignement à une longue chaîne de prédécesseurs qui les authentifie.

Cette légitimité par la référence au prophète n'entraîne cependant pas d'uniformisation du mouvement soufi : les écoles foisonnent et chacune a son style et ses pratiques. Ces écoles sont généralement désignées en français sous le nom de confréries. Avant de procéder à l'étude de quelques-unes d'entre elles, il faut toutefois garder à l'esprit que les confréries sont devenues, non pas une institution, mais au moins une manière de vivre l'Islam si généralement admise que toutes sortes de mouvements, mystiques ou non, se parent du titre de confrérie pour exercer leurs activités. Qu'on ne s'étonne donc pas de rencontrer parfois des confréries fort peu mystiques à la spiritualité rudimentaire, bien éloignée des spéculations élevées qui ont fait du soufisme l'une des composantes majeures de la spiritualité universelle. 

 

LE SOUFISME

Jean CHEVALIER

PUF

 1996

"Que Sais-Je" nous donne en 120 pages une idée sur le soufisme et son histoire !

 

Le soufisme est né à peu près en même temps que l'Islam (8eme siècle). La différence, qui le sépare de l'orthodoxie pure et dure, est son aspect ésotérique basé essentiellement sur les interprétations du Coran. L'islam sunnite des théologiens était basé sur une application rigoriste des lois, une intransigeance, voire une froideur. Les soufis, ainsi que d'autres philosophes hellénisants, se regroupèrent pour contrer ce courant qui manquait cruellement d'amour. Le soufisme se base sur l'amour en dieu et le développement de la compassion. Le soufisme est un courant ésotérique qui professe une doctrine affirmant que toute réalité comporte un aspect extérieur apparent (exotérique ou zahir) et un aspect intérieur caché (ésotérique ou batin). Il se caractérise par une forme de renoncement aux biens matériels et une volonté de recherche de l'extase.

 

Les confréries soufies furent persécutées par le sunnisme car jugées alliées au chiisme. Aujourd'hui encore le Wahhabisme cherche à diminuer l'influence des confréries soufies dans le monde, le soufisme étant considéré comme un instrument pour sortir du sunnisme dominant. En Perse, la dynastie des Séfévides était issue d'une dynastie soufie.

 

Selon les sources le mot soufi s'apparente étymologiquement à la pureté (Assafaa : Safa yasfou en Arabe) c'est à dire celui qui aspire à purifier son âme de ses vices cachés, et son cœur des penchants et des attachements  matériels (Assiwa). La beauté ou la clarté de son cœur (Safaa Albatine) jaillira ainsi vers l'extérieur par la beauté de son comportement et ses bonnes actions. Mais, selon  l'habitude médiévale islamique, qui consiste à citer toutes les opinions jugées recevables sur une question, d'autres interprétations ont  été proposées par d'autres auteurs.

 

Les soufis appuient leur expérience sur deux versets coraniques :

III-31 «Dis-leur : Si vous aimez Dieu, suivez-moi, il vous aimera et vous pardonnera vos fautes»;

et V-54 «Oh vous qui croyez ! S'il en est parmi vous qui renient leur religion, certes Dieu suscitera d'autres hommes qu'il aimera et qui l'aimeront.»

 

Les soufis estiment que la clé du mystère divin est l'amour : aussi, contrairement aux tenants des doctrines rationalistes, les soufis se laissent guider par leur sentiment. Cherchant Dieu par un contact intérieur et mettant au centre de leur vie l'amour de Dieu et de l'homme, les soufis se heurtent à l'orthodoxie, qui proclame l'inaccessibilité de Dieu. Ils élaborèrent une mystique très complexe, où la recherche des états modifiés de conscience prend une place importante. Une recherche d'états extatiques par différentes ascèses ou techniques méditatives, comme celle des confréries de Derviche tourneurs.

 

Le Soufisme se démarque de l'Islam orthodoxe dans son rapport avec les autres religions. Pour le soufi, les religions du monde sont issues d'une même unité divine, tous les êtres sont des frères, car ils sont essence de Dieu. Un disciple soufi proclama un jour après une perception subite, une extase mystique : « Je suis Dieu ». Les mentalités rigoristes de l'époque ne pouvant comprendre le message profond, le condamnèrent et l'exécutèrent sur la place publique pour blasphème. Depuis ce jour les Soufis comprirent qu'il valait mieux cacher leurs pratiques, car le danger de l'incompréhension était bien réel. C'est pour cela que le soufisme devint hermétique un temps. Non pour empêcher les hommes d'accéder à la vérité foncière, mais pour protéger l'enseignement ésotérique et le perpétuer, en attendant un jour que l'humain soit assez sage pour comprendre. Les taoïstes agissaient aussi ainsi, comme tout enseignement ésotérique profond du monde.

 

Parmi les grands mystiques du soufisme, on retrouve Ibn El Arabi. La grande lumière du soufisme (la mystique de l'Islam). Il a vécu un état d'union à la source intérieure d'une extrême hauteur et d'une grande intensité. C'est ici en particulier qu'on voit combien une telle conscience n'est ni exprimable ni transmissible, surtout au moyen de textes.

 

« Lorsque tu te connais, ton ego illusoire est enlevé et tu n'es pas " autre qu'Allah! "…Autrement dit : " Connais-toi toi-même " ou " Connais ton être " signifie " sache que tu n'es pas " Toi " alors que tu l'ignorais. »

« Tu n'es qu'une bulle d'écume dans ce fleuve battu par la tempête; une fois que tes yeux seront ouverts le monde t'apparaîtra un rêve. »

 

« De l'amour nous sommes issus. Selon l'amour nous sommes faits. C'est vers l'amour que nous tendons. À l'amour nous nous adonnons. »

 

Un autre grand mystique, Rumî : Il vécut l'intériorisation, sous la direction d'un maître et au sein d'une confrérie, les Derviches tourneurs. Cet homme, qui connut tous les risques inhérents à son siècle, vivait cependant dans une sérénité inébranlable. C'était un homme universel, qui voyait toutes les traditions comme une seule. Sa vision, qui était d'une grandeur étonnante, pourrait éclairer notre propre compréhension du monde et de nous-mêmes.
En effet, ce contemplatif a devancé les recherches les plus récentes de la science. Il affirmait déjà que si on coupait un atome on y trouverait un système solaire en miniature, une sorte d'explosion nucléaire : Il est un soleil caché dans un atome : soudain cet atome ouvre la bouche. Les cieux et la terre s'effritent en poussière devant ce soleil lorsqu'il surgit de l'embuscade. "

 


Il parlait également de la pluralité des mondes avant les physiciens du 16e siècle, et savait que ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre mais l'inverse, ajoutant que chaque habitant de cette petite planète Terre est soumis aux influences des astres. Selon lui, le mystère de la nature est tout entier exprimé dans la forme humaine : elle surgit du plus lointain passé de la planète et porte en elle toute la destinée de l'Univers infini. Pour Rûmi, l'histoire entière du monde sommeille en chacun de nous. Il croyait du reste que l'évolution serait sans fin.

  « Nous sommes dans cet état [celui du fœtus]. L'autre dimension des choses, nous la connaissons soit par la mort, qui est une nouvelle naissance, soit par l'émerveillement qui est aussi une naissance, soit par l'ouverture mystique qui est peut-être la plus grande aventure humaine. »

  « Ici, l'entendement devient silencieux, sinon il induit en erreur; car le cœur est avec Dieu, ou plutôt, le cœur c'est Lui. »

  « L'homme est un œil ; la vision est en toi la seule chose qui compte; transforme ton corps tout entier en vision; deviens regard, deviens regard. […] L'oreille est une entremetteuse, seul l'œil connaît l'union. »

 

En conclusion, je dirai que le soufisme est une voie spirituelle de premier plan, qui donne à l'Islam sa véritable profondeur. Loin des abus et de l'intolérance dogmatique des courants dominants. Le soufisme a toujours combattu l'intégrisme religieux. Il a souffert de ce joug et il est temps de montrer la véritable nature de l'Islam : une religion du cœur, qui parle à l'humain, à tous les humains sans distinction. Comme le dit un proverbe soufi « Le soufisme c'est apprendre le sourire des roses ».

 

LE  SOUFISMEVOIE  MYSTIQUE  DE  L’ISLAM

THIERRY  ZARCONE

EDITION  GALLIMARD

 2009

Le soufisme, apparu peu après la mort du prophète Mahomet, repose sur deux idées essentielles : la conviction que le Coran possède un sens caché qui complète son message apparent, et la nécessité d’en faire une lecture intériorisée pour favoriser l’élévation spirituelle des musulmans.

 

Voie mystique de l’Islam, le soufisme encourage l’émergence de formes de dévotion nouvelles : Méditations, retraites, invocations, chants et danses extatiques. A partir du XIIIe siècle, les communautés soufies se structurent en grandes confréries dont l’influence s’exerce sur la vie religieuse mais aussi politique, sociale et culturelle.

 

Historien, spécialiste du soufisme, Thierry Zarcone retrace le cheminement de ce courant ésotérique, présent dans l’ensemble du monde musulman, de l’Afrique à l’Inde, de l’Asie centrale à la Chine et à l’Indonésie. Un voyage dans le temps et dans l’espace à la découverte des doctrines, rites et pratiques mystiques dont la diversité prouve la capacité de dialogue et d’échanges avec les autres traditions religieuses, et met en lumière la dimension universelle du soufisme.

 

Cet ouvrage est divisé en 3 chapitres :

 

1e Chapitre : Les premiers mystiques de l’Orient. Le soufisme, ou mystique musulmane, émerge au VIIIe siècle dans un milieu d’ascètes irakiens et persans. Ces derniers inaugurent une lecture originale du Coran, en quête du sens caché de ses versets. Le soufisme compte plusieurs courants antagonistes. Au XIIIe siècle, deux grandes figures emblématiques, l’Arabe Ibn Arabi et le persan Mawlana (Rumi), s’imposent et marquent ce mouvement jusqu’à nos jours. Les soufis pratiquent trois types d’exercices ascétiques : l’invocation répétitive (zikr), parfois associée à la danse extatique que pratiquent les Derviches Tourneurs, l’écoute de la musique (sama) et la retraite.

 

2e chapitre : Ordres et confréries. Le soufisme se diffuse lentement dans l’ensemble du monde musulman et parvient jusqu’en Afrique noire, en Chine et en Indonésie. Il se donne des règles de vie communautaire et ses rituels initiatiques deviennent de plus en plus complexes. Quelques soufis célèbres apportent une touche originale aux doctrines initiales et fondent de grandes confréries qui portent leur nom. Les femmes occupent une position délicate mais pas moins acceptée dans ces confréries. Les tombeaux de certains maîtres soufis deviennent de hauts lieux de pèlerinages fréquentés par des milliers de fidèles. C’est le cas de Konya, Médine, La Mecque ou encore Boukhara.

 

3e Chapitre : Du Maghreb à la Chine et à l’Indonésie. Dans les divers pays où il est introduit, le soufisme s’adapte aux modes de vie locaux. Il constitue fréquemment une passerelle entre l’Islam et les autres religions auxquelles il emprunte parfois des éléments doctrinaux et rituels : avec le judaïsme et le christianisme en Anatolie et au Moyen Orient, avec l’animisme et le chamanisme ai Maghreb, en Afrique, en Asie centrale et en Indonésie, avec l’hindouisme en Inde, et avec le taoïsme  en Chine. Fasciné par son dynamisme et ses richesses, plusieurs Européens vont puiser dans le soufisme, ici un renouveau, là un enrichissement de leur vie spirituelle. Le soufisme ne passe pas sans difficultés l’épreuve de la modernité mais parvient néanmoins à maintenir l’essentiel de ses enseignements dans des cénacles discrets.

 

Thierry Zarcone est directeur de recherche au CNRS, il a vécu 9 ans en Turquie et 2 ans en Asie centrale. C’est un spécialiste de l’histoire religieuse dans les mondes turcs et iraniens, il fut professeur durant 1 an à l’université de Kyoto au Japon. Il s’est particulièrement intéressé au soufisme et codirige à Paris une section soufisme chez Maisonneuve.

Il a écrit : Le journal d’histoire du soufisme. Mystiques, philosophes et francs-maçons. Secrets des sociétés secrètes en Islam. Les Derviches tourneurs, doctrines, histoire et pratiques.

  

les symboles de l’islam

Malek chebel

Edition ASSOULINE

 1999

Troisième religion du Livre, la plus récente, l’islam partage avec le judaïsme et le christianisme la glorification d’un Dieu unique.

 

Son messager, le prophète Mohamed, a reçu la révélation divine contenue dans le Coran et a fondé en Arabie centrale la première cité-État de l’Empire musulman, Médine. En treize siècles, l’islam est devenue une religion puissante dont les symboles, tant sur le plan de la doctrine, de l’architecture que du vêtement, trahissent l’originalité pour celui qui sait les lire.

 

Sa présence de plus en plus affirmée dans de nombreux pays est une invitation à en mieux comprendre les préceptes et les gestes, à en apprécier les aspirations et les objets.

Ce livre est une synthèse visuelle de la civilisation arabo-islamique à son apogée et, surtout, un rappel vivant de l’islam d’aujourd’hui.

Y sont traités : Allah, Mohamed, le Coran, la prière, la profession de foi, le jeûne, l’aumône, le pèlerinage, la Mecque, la Kaaba, le mihrab, les fêtes et rituels, et les couleurs.

 

le tabernacle des lumiÈres

AL - ghazâlî

Edition DU SEUIL

 1981

Abû Hâmid Muhammad Al-Ghazali naquit à Tûs, ancienne ville du Khorasan, province de l’Iran oriental, en 1058 – 505 de l’Hégire, laissant une œuvre considérable – plus de quatre cents titres – et honoré des noms prestigieux de « restaurateur de la Religion et de « preuve de l’Islam ». Tour à tour docteur de la Loi, théologien dogmatique et théoricien du soufisme, il avait en effet combattu inlassablement pour faire triompher la Sunna et la foi sunnite de tous ceux qui menaçaient l’unité, la paix et l’équilibre de la Communauté musulmane rassemblée derrière le calife abbâsside de Bagdad.

 

Résumer une telle vie ne serait point une tâche aisée, si Ghazali lui-même n’avait indiqué dans un ouvrage à caractère biographique sa propre évolution spirituelle, le but qu’il s’était assigné et les adversaires prioritaires contre qui il luttait.

 

Verset après verset, le Coran déploie une splendeur sans rivale, miracle de la Sainte Parole où la beauté d’une forme ciselée dans la perfection du Verbe n’a d’égale que la profondeur d’un sens inépuisable, horizon de vérité qui depuis le lointain pourtant si proche des sphères intelligibles, appellent l’homme à une permanente quête des essences.

 

Si cette alliance d’un style éblouissant et d’un contenu, non pas obscur, mais dérobé à nos yeux par la multiplicité des voiles, se manifeste assurément en mille occasions, l’exemple le plus emblématique de tous demeure sans doute le verset 35 de la sourate En-Nour (24), où comme l’annonce déjà le titre, la profusion, la superposition et l’imbrication de diverses "lumières", empruntées à notre monde, posent plus particulièrement la question de l’interprétation de ces symboles  :

 

« Dieu est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à un Tabernacle où se trouve une Lampe ; la Lampe est dans un Verre ; le Verre est comme un astre brillant ; elle est allumée, grâce à un Arbre béni, un olivier, ni d’orient ni d’occident, dont l’Huile éclairerait ou peu s’en faut, même si nul feu la touchait. Lumière sur lumière. Dieu guide vers Sa lumière qui Il veut. Dieu propose des paraboles aux hommes. Et Dieu est de toutes choses Savant. »

Avec Le Tabernacle des lumières, l’Imam Abu Hamid Al Ghazali s’inscrit dans la longue tradition exégétique fascinée depuis l’origine par ce verset sublime, apportant ainsi à l’édifice sa propre contribution, à la demande d’un ami, et sa démarche, refusant tout apparat ésotérique, se caractérise par le souci d’une grande rigueur intellectuelle appuyée sur le Coran et la Sunna et revient, à l’occasion de cette question particulière, sur certains thèmes déjà présentés dans le reste de son oeuvre.

Quiconque envisage d’accéder à la réelle signification de cette parabole se doit de s’abstraire peu à peu du cadre étroit des acceptions familières et quotidiennes du mot "lumière", et l’appréhender dans sa réalité spirituelle, découvrant ainsi que toute utilisation de ce terme pour un être autre que Dieu est pure métaphore. Cependant cette progression ne saurait signifier l’abandon et le mépris des strates "inférieures" de la réalité sensible et prenant refuge dans la région du pur esprit, rejeter la littéralité, car ce serait méconnaître le caractère essentiel de la relation symbolique qui se manifeste naturellement dans cette parabole, mais plus généralement encore lie le monde sensible au monde intelligible et permet le passage de l’un à l’autre. Or toute la mission de l’homme consiste bien à réaliser en lui cette harmonie entre les deux univers car il appartient à l’un comme à l’autre et en assure la jonction. Ce n’est qu’après un cheminement détaillé et rigoureux que l’on découvre la signification symboliques des lumières qui ne sont autres que les facultés présentes en l’homme, depuis la faculté sensible commune au règne animale jusqu’à l’esprit prophétique qui distingue l’élite spirituelle de l’humanité, les prophètes et les saints.

 

Sans doute, l’on peut dire que Dieu seul sait la signification de Sa sainte Parole, et mainte autre interprétation pourrait être avancée, mais l’intérêt particulier que l’on peut trouver dans celle de Ghazali réside peut-être en le fait qu’elle ne se fige pas telle un énoncé dogmatique, mais s’inscrit au contraire dans une dynamique de la recherche : le cheminement est résultat et le résultat est cheminement. En effet, sa réflexion réalise en soi l’effort qui incombe à l’homme dans cette vie, c’est à dire mettre en oeuvre ses facultés pour sinon accéder à la vérité du moins toujours s’en approcher davantage ; lorsqu’il nous amène à prendre conscience que ces lumières ne sont autres que nos diverses facultés, il s’agit de nous inviter à poursuivre toujours encore cet effort de mise en oeuvre dans notre quête de Dieu, il ne s’agit pas de se griser d’une fulgurance, abdiquant toute recherche et de se croire parvenu déjà au terme...

 

Après avoir évoqué la Lumière divine, il convenait de s’interroger sur ces voiles à la fois ténus et opaques, faits de ténèbres mais aussi de lumière, qui nous rendent si peu sensibles, voir aveugles à cette évidence maîtresse au cœur de l’univers : nouvelle analyse qui s’appuie cette fois sur une tradition prophétique célèbre : "Dieu a soixante-dix mille voiles de lumières et de ténèbres, s’Il les enlevait, les gloires fulgurantes consumeraient quiconque serait atteint par Son regard." Ce troisième et dernier chapitre dresse une intéressante typologie de diverses catégories d’hommes dans leur rapport, plus ou moins éloigné, à la Vérité.

 

A la lumière de ce texte clair concis, se trouve une de fois plus réaffirmée la nécessité, pour quiconque aspire à la connaissance, de s’appuyer sur les sources inépuisables, s’éclairant l’une l’autre, que sont le Coran et la Sunna, dont seul le déploiement constant et énergique de nos facultés intellectuelles et spirituelles peut espérer sonder les trésors de vérités, pour autant que Dieu nous octroie la guidée.

   

L’INSTANT SOUFI

Eric GEOFFROY

Edition Acte Sud

 2000

Que cherchez vous dans le soufisme ? Le soufisme, parfum de l’islam, saveur de la vie, éveil à l’univers, acuité de la conscience, vigilance qui ne quittera plus l’âme, qu’elle le veuille ou non : une fois engagé sur la Voie, tu lui appartiens.

 

Le soufisme attire, séduit, tandis que l’islam fait figure de repoussoir. Quel paradoxe ! Le soufisme, plénitude de l’islam, « voie d’excellence » évoquée par le prophète. Islam soumission exotérique à Dieu ; soufisme « soumission » ésotérique à Dieu, les deux faces d’une même pièce sont- elles d’une matière différente ?

 

Le soufisme est la Sagesse éternelle incarnée dans le corps de l’islam. Certes, la Sagesse se trouve également ailleurs, le soufi témoigne simplement que l’islam, dernier message révélé pour cette humanité, est un support privilégie pour la réalisation spirituelle.

 

Au sommaire : Que cherchez-vous ?   -  La porte étroite   -   Vivre l’Unicité   -   Maître et disciple   -   Le Fils de l’instant   -   Les montures spirituelles    -     Polir le cœur    -  

 

Une plaquette de 40 pages avec des paroles de sagesse extraordinaire.

 

L’ISLAM ET LE GRAAL

Pierre PONSOYE

Edition Arché MILAN

 1976

L’énigme du Graal est de celles qui ne cesseront jamais d’éveiller l’intérêt profond de l’homme qui médite, parce que son « lieu » est au-delà de tous les problèmes secondaires de l’esprit, dans la retraite très intérieure de ce mystère d’intellection qui, pour tous les grands spirituels, est une mémoire, la mémoire spontanée des choses divines. C’est au cœur de cette mémoire, de cette information essentielle de Dieu que son secret veut être cherché et découvert.

 

Encore n’est -ce là qu’un seuil de préscience, et ce qu’il y a entre cette prescience et la Vision ineffable, c’est toute la distance spirituelle, toute la longueur de la quête spirituelle qu’évoque la parole de Job s’adressant à Dieu : « Mes oreilles avaient entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t’a vu. »

 

La vérité et le but du Graal, est la « Vision de Dieu » à travers l’histoire de Galaad et la doctrine de l’imago Dei, cette doctrine sera reprise par Guillaume de Saint-Thierry et l’école cistercienne. Cette conception fut reprise également par le soufisme et l’islam qui inlassablement vont répéter que « voir et connaitre Dieu, c’est être semblable à Dieu », d’où l’union transformante de la créature avec son modèle divin.

 

L’islam, l’hébraïsme, la chrétienté s’engouffreront dans cet anthropologie mystique avec des noms différents ; En islam ce sera El Insan el-Kamil (l’homme universel) pour la cabale juive se sera l’Adam Kadmon, dans le taôisme Wang (roi), le Christ pour les chrétiens.

 

Chez Chrétien de Troyes et plus tard chez Wolfram Von Eschenbach avec son Parzifal, on va retrouver tous les ingrédients de cette quête spirituelle, avec ses mystères, ses valeurs, la plénitude de sa vertu céleste dont on n’accède que par qualification, et avec possibilité de mourir ou tout au moins de grands dangers.

 

Cette universalité du Graal avec ses nombreuses interprétations, dénotent surtout dans le Parzifal d’Eschenbach, une source non chrétienne et une influence islamique, d’où ce travail de recherche vers l’Orient.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Kyot    -     Le Baruk    -    Correspondances symboliques    -    Les Templiers    -    Le Temple et l’Islam    -    Coup d’œil sur les autres romans du Graal    -    La rencontre celtique    -    De l’empire d’Arthur à l’empire du Graal    -    La parole également valable     - 

7 M

MAHOMET  - LA PAROLE D’ALLAH

A. DELCAMBRE

Découvertes GALLIMARD

 1991

Au 6° siècle dans l’Arabie des déserts, naît, vit et meurt Mahomet. Dans la lignée d’Abraham, Moïse et Jésus, ils fondent une grande religion. 

Son histoire est ici restituée Fidèlement.

 

mulsulmans & soufis du tibet

jest & zarcone

Edition ARCHE – MILAN

2005

Cet ouvrage rassemble quatre études sur l’histoire de l’islam et du soufisme au Tibet et dans les régions himalayennes (Népal et Ladakh) par des spécialistes des mondes indien et himalayen, et de l’Asie centrale.

 

Vassili V. Barthol’d et Clifford E. Bosworth exposent la géographie et l’histoire médiévale du Tibet telles qu’elles apparaissent dans les sources musulmanes et Marc Gaborie aborde l’histoire moderne et l’ethnologie de l’islam tibétain.

 

Marc Gaborieau et Thierry Zarcone traitent ensuite la question des saints et des soufis originaires d’Inde et d’Asie centrale qui pénètrent au Tibet. Ils analysent les duels magiques de ces derniers avec le cinquième Dalaï-lama et leur rôle dans la diffusion de l’islam sur le toit du monde, et dans toute la chine.

 

L’étude de Corneille Jest aborde l’islam tibétain à travers l’histoire actuelle des communautés musulmane de Lhassa et de leurs lieux de culte, mosquées et cimetières.

Les historiens admettent, en règle générale, que l’islam a été introduit au Tibet depuis l’Inde, à travers le Cachemire et le « petit Tibet » (ou Ladakh) et le Népal. L’une des explications est l’existence, dans l’Himalaya, de routes commerciales qui ont lié Lhassa et les villes indiennes pendant des siècles.

Le soufisme accompagne souvent l’islam, tout particulièrement en Inde et en Asie centrale, et il n’est pas surprenant de le retrouver là où l’islam a été introduit. Plus encore, c’est souvent à travers le soufisme que l’islam a été introduit dans des régions non musulmanes.

 

C’est le cas, entre autres, au Turkestan oriental au Xe siècle ou au Cachemire au XIVe siècle, et même au Tibet, d’après certaines légendes, au XVIIe siècle. En ce qui concerne le Tibet, deux études précieuses de Marc Gaborieau nous apprennent quel est le rôle joué par des soufis d’origine indienne à Lhassa ainsi que leurs relations avec le Dalaï-Lama au moment de la constitution de la première communauté musulmane de cette ville, au XVIIe siècle. Comme nous allons le montrer, c’est aussi au XVIIe siècle que le soufisme centre-asiatique a été attiré par la capitale du toit du monde, et même dès le XVIe siècle. Autre détail qui mérite d’être mentionné en passant, ce serait la venue au Tibet, avant le XVIIe siècle, d’un derviche originaire de l’Iran safavide.

 

La question de l’introduction du soufisme au Tibet depuis l’Asie centrale n’a pas jusqu’ici attiré l’attention des spécialistes, si l’on excepte le cas des soufis originaires d’Asie centrale résidant au Cachemire sur lesquels nous possédons plusieurs travaux. L’un des plus connus est Sharaf al-Dîn (XIVe siècle), un derviche de l’ordre suhravardî à qui est attribuée la conversion à l’islam de Rinchana, fils d’un chef ladakhi, et d’un grand nombre de bouddhistes. À ce sujet, un spécialiste de l’histoire de l’islam au Cachemire, Muhammad Ishaq Khan, nous dit que « la tradition ladakhi, telle qu’elle a été préservée dans les chants de Bodro Masjid, décrit le soufi [Sharaf al-Dîn] comme un ami du prince bouddhiste [Rinchana] » et que « des marchands venus du Ladakh jusqu’au khânaqâ [monastère soufi] de Sharaf al-Dîn auraient conservé le souvenir de l’amitié ayant existé entre ces deux remarquables figures du Turkestan et du Ladakh ».

 

On peut citer aussi Khwâja Khâwan Mahmûd, un naqshbandî ayant étudié à Boukhara, qui se rendit au Cachemire, en 1606-1607, et envoya deux de ses disciples au « Tibet » pour qu’ils y propagent les doctrines de l’ordre auquel il appartenait. Notons enfin qu’un autre derviche, originaire d’Inde celui-ci, après avoir longtemps voyagé en Anatolie (Rûm), au Moyen-Orient et en Asie centrale, au XVIIIe siècle, se serait rendu en Chine (Chîn) et au Tibet (Tibbat). Mais on ne dispose pas dans son cas de détails supplémentaires, et on peut se demander quelles sont les zones géographiques exactes que recouvrent ici les termes de Chîn et Tibbat.

 

 

Renseignements sur la situation de l’islam au Tibet avant 1959, obtenus en Inde et au Népal, en 1973. Le cas de l’ordre mystique des naqshhandî est tout à fait intéressant pour notre sujet dans la mesure où ce dernier est bien implanté et influent dans toute l’Asie centrale depuis au moins le XVIe siècle. C’est à cette époque, en effet, que cet ordre soufi, sous la direction de Shaykh ‘Ubaydullâh Ahrar (1404-1490), s’est propagé depuis Boukhara et Samarcande dans tout le reste du monde musulman. Ainsi que nous le verrons, les membres de la naqshbandiyya – confrérie introduite en Kashgharie (Turkestan oriental), dès la fin du XVIe siècle, par les fils de Khwâjâ Ahmad Kâsânî (mort en 1571), connu sous le nom de Makhdûm-i A’zam – ont eu de nombreux disciples parmi les musulmans chinois et ont été en contact avec le Tibet.

 

Nous savons grâce à Marc Gaborieau que Bahâ’ al-Dîn Naqshband (718-791/1318-1389), l’éponyme de l’ordre, était encore vénéré par les musulmans de Lhassa au XXe siècle, vénération qui pourrait avoir au moins deux explications. Soit le culte de ce saint a été introduit au Tibet, au début du XVIIe siècle, par les envoyés de Khwâja Khâwan Mahmûd, soit il faut l’attribuer à un célèbre naqshbandî de Kashghar – auquel la principale partie de cette étude est consacrée – qui se serait rendu, soixante-dix ans plus tard, au nord-est du Tibet et à Lhassa

7 P

paroles d’un soufi

kharaqânî

Edition Du Seuil

 1998

Ce grand soufi nous a laissé un corpus littéraire qui fait partie des plus grands textes soufis plus de 600 paroles ou sentences sont ici exprimées.

 

Abul-Hassan Kharaqani (963- 1033), est l’un des premiers grands soufis d’origine iranienne sur lequel nous disposons d’un corpus littéraire. L’essentiel de ce corpus se compose de deux textes principaux : La Lumière des sciences et un texte d’Attar, qui fait partie du supplément à son célébrissime Mémorial des saints.

 

Kharaqani a été unanimement reconnu comme Maître suprême dans son époque. Par ses paroles d’éveil, il s’inscrit dans la généalogie spirituelle, mystique et historique, des porteurs de lumière. Aux anges qui lui demandent les raisons de sa vitesse, il répond : »Je suis un homme et je suis composé d’un mélange de lumière et de feu, la vitesse de ma course vient du feu du désir de Dieu ».

 

Génial analphabète, Kharaqani se distingue par l’intempérance et l’incontinence de son verbe. La plupart de ses paroles sont des énonces chocs où l’humilité du Maître entre en collision avec la gloire divine qu’il exprime.

 

Un siècle plus tard après Halladj, Kharaqani s’affirme vide toute connaissance héritée, comme le prophète Muhammad, il n’hésite pas à dire : »J’ai rencontré Dieu en fréquentant les ânes » mais aussi : « Le soufi est un corps mort, un cœur ravi, une âme brulée ».

 

Au sommaire de ce livre :

 

Première partie :  Autour de Kharaqani  -  Un portrait de Kharaqani  -  Les paroles de Kharaqani, un discours direct   -   La place de Kharaqani dans la vie spirituelle en Iran aux Xe et XIe siècle   -  Ni Maître, ni disciples  -  Une vocation spirituelle hors du commun  -

Deuxième partie : Les textes   -  La lumière des sciences  -   Munajat, invocations libres   -    Nafahat al-runs de Jamî   -     La notice d’Abu Abbas Qassab de Farid al-din Attar - 

 

 

paroles soufies

Textes recueillis par S. LIPA LACARRIERE

Edition ALBIN MICHEL

 2002

Quelques sentences et paroles soufies de Rumî, Emré & Bektas Véli.

 

Ces paroles soufies qui peuvent mener certains jusqu’à ce mystérieux rivage où « la mer chuchote le nom secret de Dieu » et où « âme et cœur contemplent les matins et les soirs ».

 

Les soufis dans leur diversité, avaient chacun leur façon de partie à la recherche de Dieu. Pour Yunus Emré, seule l’extase et la méditation lui convenait. Pour Rumî, l’anéantissement dans la grandeur divine exigeait la musique et la danse, seuls moyens pour l’homme, disait-il, de renaitre dans le mouvement du monde.

 

Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, " l’univers est l’Ombre de l’Absolu ". percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu: " l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu ".

Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour : " qui connaît Dieu, L’aime ; qui connaît le monde y renonce ". " Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour. " C’est cependant par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi du Coran, mais ce n’est qu’un préalable qui ne permet pas de comprendre la nature du monde.

Les rites sont inefficaces si l’on ignore leur sens caché. Seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des choses. L’homme, par exemple, est un microcosme, c’est-à-dire un monde en réduction, où l’on trouve l’image de l’univers, le macrocosme. Il est donc naturel qu’en approfondissant la connaissance de l’homme, on arrive à une perception du monde qui est déjà une approche de Dieu.

Ce sont des accents que ne désavoueraient pas les mystiques chrétiens. Il est curieux de noter à cet égard les convergences du soufisme avec d’autres courants philosophiques ou religieux: à son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la religion zoroastrienne de la Perse ; l’initiation soufie, qui permet une re-naissance spirituelle, n’est pas sans rappeler le baptême chrétien et l’on pourrait même trouver quelques réminiscences bouddhistes dans la formule soufie " l’homme est non-existant devant Dieu ".


Le vrai Dieu c’est celui qui rend libre et qui propose son amitié à tout homme, non à quelques initiés : " Il s’attache à moi et moi je le rend libre, il m’appelle et moi je lui réponds "(Psaume 91, versets 14 et 15). Ce Dieu-là est entré dans l’histoire des hommes par la porte des humbles, en se faisant petit enfant, à Bethléem il y a deux mille ans.

Cet ouvrage contient de superbes paroles, à méditer

 

POÉTESSES SOUFIES DE LA CONFRÉRIE BEKTACHIE

Thierry Zarcone

Edition Signatura

 2010

Dames illustres du soufisme et du Bektachie. Les femmes soufies bektachies bénéficièrent d’une liberté sociale, philosophique et spirituelle sans comparaison avec les autres mouvements mystiques en islam. Leurs poésies abordent librement de nombreux thèmes tels que la situation complexe de la femme musulmane, l’initiation et la symbolique soufie, la quête intérieure et la démarche ascétique, l’amour de Dieu et l’attachement au maître spirituel.

La confrérie bektachie est fondée en Anatolie centrale au XVe siècle par le Turc Balim Sultan que la tradition considère cependant comme son « second fondateur ». La première place revient en fait à l’éponyme Hadji Bektach Veli qui vécu à la fin du XIIIe siècle.

La confrérie se trouve au point de rencontre de plusieurs courants religieux : ordres mystiques, courants messianiques et gnoses diverses dont le soufisme n’est qu’une mouvance. Tous ces courants sont décrits comme hétérodoxes et hérétiques par les oulémas, docteurs de l’école sunnite de l’islam qui est dominante en Anatolie et dans le monde arabe.

Parmi les principales figures du soufisme féminin et des poétesses bektachies, on trouve Rabia al-Adawiyya, dont le célèbre poète persan Attard écrit « qu’elle est une bienvenue à la cour de Dieu, et qu’en vertu de son haut degré de sainteté, elle ne pouvait qu’être un homme »

Cette immense poétesse est le type de la femme ascète par excellence ; elle prône le détachement du monde et ne s’est jamais marié, ne se consacrant qu’à l’amour de Dieu. Par contre les autres poétesses soufies ne partagent pas cet idéal ascétique, elles préfèrent une autre voie, plus matérielle mais ne rejetant pas le monde et se consacrant à l’écriture de poèmes sur l’amour divin.

Cet ouvrage nous restitue de très beaux poèmes spirituels, de plus un historique nous explique ce courant soufi du 13e siècle qui voit éclore toute une école spiritualiste. De très nombreuses illustrations agrémentent ce livre.

Au sommaire de cet ouvrage :

Une cinquantaine de poésies de poétesses soufies

Histoire, doctrine et rituels du bektachisme,

Le missionnaire chiite, le soufi et le chamane

Le bektachisme comme religion tribale, et ses ennuis avec l’islam

Bektachisme et Alévisme, doctrines et rituels initiatiques

Dames soufies et poétesses bektachies

Expériences initiatiques soufies et la condition féminine

7 R

rûmÎ – la sagesse des derviches tourneurs

RUMÎ

Edition Véga

 2003

Ce Maître du Soufisme, nous a laissé des paroles de sagesse. Vénéré dans tout l’Orient, il a écrit le « Masnavî » poème mondialement reconnu comme étant le plus grand chef-d’œuvre spirituel jamais écrit. Ses paroles résonnent à travers les siècles, touchant le cœur des lecteurs de toutes les cultures.

 

Reconnu comme le plus grand poète mystique de l’islam, Rumî peut transmettre l’essence même de l’expérience religieuse, qui permet de voir le divin dans le quotidien et grise le lecteur avec sa forte passion pour Dieu, ce qui donne à ses poèmes une qualité universelle.Cette anthologie réunit des extraits des œuvres mystiques les plus célèbres de ce grand écrivain persan.

 

L’essence de sa mystique est offerte au lecteur, qu’il cherche l’illumination dans le voyage spirituel, ou simplement un aperçu de l’étonnante aptitude humaine à la vision spirituelle, divine ou métaphysique.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

A propos du divin : Devenir un aimant Dieu  -  Chercher Dieu  -  L’union avec l’Aimé  -

Le monde spirituel : Le miroir du divin  -  L’esprit humain  -  Le but de la Vie  -  Une Vie au-delà  -

La Voie soufi : Transcender le Moi  -  Purifier le cœur  -  Libre arbitre  -  Un œil qui voit  -

Vivre dans l’esprit : Une Vie de foi  -  Prière et souvenir de Dieu  -  Apprendre les vertus  -  Eviter les pièges  -  Epreuves et souffrances 

 

RUMÎ - LE MATHNAWÎ – LA QUÊTE DE L’ABSOLU

Djalâl – Od – Dîn Rûmî

Edition DU ROCHER

 2004

Il peut paraître paradoxal qu’une œuvre aussi importante que le Mathnawî, sans conteste l’un des sommets de la littérature universelle, soit traduite pour la première fois de la langue persane en français, plus de sept siècles après la mort de son auteur. Celui-ci, DJALÂL – OD – DÎN RÛMÎ (1207 – 1273), fondateur de la célèbre confrérie soufie, connue en Occident sous le nom de derviches tourneurs, est à la fois un grand maître spirituel – désigné dans tout l’Orient comme « Mawlânâ », le maître par excellence – un poète, un philosophe, et aussi un voyant : ne parle-t-il pas – au Moyen Âge ! Des dangers de la fission nucléaire et de la pluralité des mondes ?


Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Odes mystiques, Quatrains, Le Livre du dedans : tous reflètent son amour de la beauté, sa nostalgie du divin. Son œuvre principale, le Mathnawî, vaste théodicée, qui constitue le plus profond commentaire ésotérique du Qor’an, est encore lue et méditée dans tous les pays de l’Islam presque à l’instar du Livre saint lui-même.


Elle présente en même temps cette remarquable caractéristique d’être rédigée de façon très accessible, avec une admirable simplicité, permettant ainsi une lecture à plusieurs niveaux. Elle se veut avant tout, en effet, un itinéraire de l’âme vers Dieu, l’âme exilée de sa patrie spirituelle et qui, unie à l’univers tout entier, au sein d’un cosmos sacralisé, poursuit sa quête de l’Absolu.


Une œuvre monumentale de 1 700 pages.

 

rûmÎ – le miroir infini

Rachid koraichi & m. lostia

Edition alternatives

 2001

Les récits décrivant ou faisant l'apologie de maîtres mystiques sont souvent teintés de légendes, il est difficile de distinguer l’imaginaire de la réalité historique. C'est ce que rappelle l’auteur pour évoquer la vie de Rûmî, précisant en outre que les informations présentes dans cette étude émanent de sources contemporaines ou postérieures de peu à la mort du maître.

 

Muhammad Djalâl-od-Dîn est né en 1207 dans la ville de Balkh, dans la région du Khorossan (actuel Iran oriental), berceau de la civilisation persane mais également région célèbre, rappelle Eva de Vitray-Meyerovitch, pour avoir porté en son sein de grands penseurs de la civilisation islamique tels que Ferdowsî, Avicenne ou Al-Ghazalî. Pour expliquer le parcours et le cheminement spirituel de Rûmî, Eva de Vitray-Meyerovitch aborde les pérégrinations de sa famille et notamment celle de son père, Bahâ-od-Dîn Walad (m. 1231), qui fut aussi un éminent maître soufi ainsi qu’un grand théologien et prédicateur.

 

Balkh fut en proie à l'invasion mongole et c'est par crainte pour sa famille que Bahâ-od-Dîn Walad quitta précipitamment la ville en 1219 ; cette dernière fut détruite l'année suivante. Avec sa famille, ils migrèrent d'abord vers la Mecque pour accomplir le pèlerinage, puis de passage à Nishâpur, ils firent la rencontre de Farîd-od-Dîn ’Attâr (m. 1220), célèbre poète mystique persan. ‘Attâr sut percevoir la destinée prestigieuse de Djalâl-od-Dîn, et offrit au jeune homme son Livre des Secrets .Le jeune Rûmî a toujours conservé une admiration pour ‘Attâr : « Il a, disait-il, parcouru les sept cités de l’Amour, tandis que j’en suis toujours au tournant d’une ruelle. ».

 

Après à de multiples voyages, notamment à Arzanjân (Arménie), Lârenda puis Konya, le jeune Djalâl-od-Dîn épousa en 1226 la fille du Hodja Cherif-od-Dîn de Samarkand, qui était appelée Gauher-Khâtoun. De cette union naîtra Sultân Walad et ‘Alâ-od-Dîn Tchelebi. A la mort de son père, Rûmî le remplaça au poste de prédicateur et de professeur à Konya. L’année suivante, un ancien disciple de son père, Burhân-od-Dîn Muhaqqîq Tirmidhî (m. 1240), qui était venu voir Bahâ-od-Dîn Walad, resta près de Rûmî et l’initia à la doctrine mystique en devenant son maître spirituel durant neuf années.

 

Après avoir étudié quelque temps à Alep, Djalâl-od-Dîn se rendit à Damas où il retrouva le grand mystique andalou Muhyî-od-Dîn Ibn-ul’Arabî qui vivait les derniers jours de sa vie [3]. Eva de Vitray-Meyerovitch rapporte l’anecdote selon laquelle Ibn Arabî, en voyant Rûmî lorsqu’il était enfant, se serait écrié en disant : « Louange à Dieu ! Un océan marche derrière un lac ! ». A travers cette citation, Eva de Vitray-Meyerovitch montre, elle aussi, que l’idée d’une « filiation spirituelle » entre ces deux grands maîtres mystiques avait été avancée par plusieurs personnes dans les générations postérieures de soufis  

 

Ce miroir infini est un monument de la pensée soufi. Le mystère de l’Amour est omniprésent tout comme chez R. Lulle et les objectifs maçonniques de bonheur dans la vertu s’y retrouvent. Ce livre est magnifiquement calligraphié par R. Koraichi et c’est à une métaphysique de l’Art Sacré à laquelle nous sommes invités.

 

RUMÎ-  les quatrains de rûmÎ

Calligraphies d’Hassan MASSOUDY

Edition Albin Michel

 2003

Rumî, que le monde de l’islam désigne comme « Mawlana – notre Maître », n’est pas seulement l’un des plus grands penseurs mystiques de tous les temps, qui au XIIIe siècle, parlait déjà de la fission de l’atome et de la pluralité des systèmes solaires, il est aussi l’un des plus merveilleux poète de la littérature universelle.

 

Ses quatrains expriment toutes les nuances des états spirituels : désir, passion, nostalgie, rêve, mélancolie amour… Ils nous font saisir, par une sorte d’intuition fulgurante, un univers où tout se fonde sur la quête de l’Absolu.

L’interprétation que le calligraphe et peintre Hassan Massoudy, d’origine irakienne, donne des poèmes de Rumî, reflète admirablement l’enseignement soufi, à la fois tradition vivante et sagesse universelle.

 

rumΖ rubai’yat

od dîn rûmî

Edition ALBIN MICHEL

 1993

Djalâl-od-Dîn Rûmî que le monde de l’Islam désigne, par respect, comme « notre maître » (Mawlânâ, Mevlana en turc) n’est pas seulement l’un des plus hauts penseurs mystiques de tous les temps, un voyant qui (au XIIIème siècle !) parlait de la fission de l’atome et de la pluralité des systèmes solaires, il est aussi l’une des plus grandes figures de la littérature universelle, et le fondateur de l’ordre des derviches tourneurs.


La mise de l’homme au diapason du cosmos, l’oratorio spirituel des derviches qui symbolise la ronde des planètes autour du soleil et, à un second niveau, la recherche du Soi, sont longuement célébrés dans les Rubâi’yât : comme les atomes, le soufi danse, et la musique ne fait que « réveiller les mystères du cœur ».


Tous les quatrains de ce livre font référence aux thèmes suivants :
L’amour – La beauté – Le cœur – L’âme – La quête – La nuit – Le jour – L’ivresse – La joie – La douleur – La raison – La folie – La vision – Le chant du monde – La mort physique – La mort mystique.

 

rumΠ - union des regards – fusion des Âmes

Will johnson

Edition GANGE

 2005

Djalal al-Din Rumî, grand maître soufi, ne cessa de chercher la voie qui aboutirait à la fusion de l’âme en Dieu. En Novembre 1244, sa rencontre avec Shams de Tabriz est une révélation. Les deux hommes s’enferment en tête-à-tête.

 

Quatre-vingt-dix jours plus tard, Rumî réapparaît, transfiguré. Abandonnant fonctions, élèves et famille, il se consacre à la poésie et à la danse, fonde la confrérie des derviches tourneurs, et devient l’un des plus grands poètes mystiques universels.

 

Si aujourd’hui encore les soufis célèbrent cette rencontre, la nature exacte de leur relation demeure un mystère.


En se basant sur la poésie de Rumî, Will Johnson nous révèle la méthode contemplative pratiquée par Rumî et Shams : deux personnes assises face à face se regardent dans les yeux, véritables fenêtres de l’âme.

Peu à peu, le jugement s’estompe, la dualité disparaît, le cœur rayonne. plongé dans le regard de l’autre, le reflet de notre propre image cède enfin la place à notre essence spirituelle.

7 S

SAYD - RIRE AVEC DIEUAPHORISMES ET CONTES SOUFIS

Sayd Bahodine Majrouh 

Edition Albin Michel

 2015

Considéré comme le plus grand poète afghan, Sayd Bahodine Majrouh, réputé pour sa tolérance et son esprit visionnaire, n'a cessé de mettre en garde contre les hystéries de l'Histoire.

 

C'est en 1987, un an avant son assassinat, qu'il a rassemblé ces différents contes et aphorismes soufis traduits par Serge Sautreau. Aux côtés de Jâmî, Attâr, Rûmî ou Ibn'Arabî, une quarantaine de maîtres du XIème au XVème siècle, composent cette anthologie incisive et souriante qui donne un autre visage de l'Islam. –

Attâr, Jâmî, Ibn Arabî et une quarantaine d’autres illustres soufis sont les principales sources de cette anthologie établie par le grand poète et intellectuel afghan Sayd Bahodine Majrouh.

Les dévots, explique Majrouh, considèrent volontiers le rire comme une manifestation dangereuse, perverse et même diabolique. Pourtant, la plupart des grands soufis ont connu les vertus du rire. Leur humour possède une double fonction : à l’égard des hommes, il est un fluide spirituel, il fait « passer le courant »  de la sagesse et de l’humilité ; à l’égard du divin, il se révèle un canal supérieur de communication.

À l’heure où les rieurs sont haïs par certains musulmans qui ne connaissent pas leur tradition, cette anthologie est la preuve que le sourire, le décalage, voire la dérision sont partie intégrante de la civilisation islamique : dans le monde des soufis, le rire, le paradoxe qui bouscule le « religieusement correct », ont toujours été l’une des voies légitimes d’approche du divin. Il est conseillé, lors de la plus longue nuit, d'allumer une chandelle dans l'obscurité. Or nous sombrons dans l'obscurantisme. Voilà pourquoi il est aujourd'hui essentiel de célébrer Sayd Bahodine Majrouh, car à travers lui nous célébrons la Liberté de Rire Avec Dieu !

Sayd Bahodine Majrouh, considéré comme le plus grand poète afghan, a été assassiné à Peshawar le 11 février 1988,  par les talibans (les mêmes qui ont assassiné Massoud !), à la veille de son soixantième anniversaire. Ancien doyen de la Faculté de Kaboul, Sayd Bahodine Majrouh était un conteur inspiré, l'une des voix les plus rebelles d'Afghanistan. Il était un soufi d'islam. Il est l'auteur, entre autres, d'une immense épopée intitulée
"Ego-Monstre", chant épique, conte poétique décliné en mille paraboles.


C'est une œuvre visionnaire, faite d'émerveillement et de révolte, de chant et de critique sociale. Sayd Bahodine Majrouh, salué pour sa tolérance et son esprit visionnaire, n'a cessé d'alerter contre les hystéries de l'Histoire : dogmatismes, fanatismes, intégrismes en tous genres ne pouvaient être pour lui porteurs ni d'espoir, ni de vérité. Cela n'a pas empêché — au contraire ? — des fanatiques musulmans intégristes de l'assassiner d'une anonyme et lâche rafale de mitraillette. Son exigence de Liberté et d'universalisme lui a coûté la Vie !

Sans rien renier de ses héritages d'Orient et d'Occident, il était nourri aussi bien de Rumi et de Khayyâm que de Montaigne et de Diderot."Les forces de bêtise et de haine qui ont tué Majrouh n'ont cessé depuis de prospérer en Afghanistan et ailleurs. Ces forces dont il avait, revendiquant d'emblée le rôle désespéré de l'éveilleur qui chemine au plus noir de la nuit, annoncé la venue puis l'essor."

Il est mort parce qu'il avait refusé de se plier aux dogmes des talibans et de tous les adeptes de tyrannies qui décrètent la mort de tous ceux que ne pensent pas comme eux, musulmans ou non-musulmans.

 

secret et sociÉtÉs secrÉtes en islam Turquie, iran et asie centrale xix° & xx° siècles FRANC-MAÇONNERIE, carboneria et confrÉrie soufis

Thierry zarcone

Edition archE milan

 2002

Ecrire l’histoire de la Franc-maçonnerie, de la Carboneria ou des confréries moyennes orientales au 19 e et 20 e siècle en terre d’Islam, n’est pas chose facile, mais écrire l’histoire de la représentation que s’en sont fait les francs-maçons et les carbonari musulmans, en est une autre.

 

Outre le fait que ces deux sociétés secrètes européennes ont séduit les Turcs et les Persans et qu’elles ont enrichi leur réflexion sur le secret et sur le mode de sociabilité qui s’en inspire, les modèles maçonniques et carbonaro ont été interrogés, perfectionnés, simplifiés et adaptés à la mentalité islamique, dans le cadre de nouvelles sociétés secrètes.

 

Les  caractéristiques du secret –indicible ou accessoire, absolu ou relatif – et le cérémonial adopté par ces sociétés, ont, en partie, déterminé cet essai de description et de classification de ces sociétés secrètes.

 

Celles-ci sont réparties en deux groupes selon que leur cérémonial est simplifié voire supprimé ou qu’il est, au contraire, enrichi à travers une lecture approfondie qui cherche à reconnaitre les traditions islamiques dans la tradition initiatique occidentale, lecture qui s’inspire du soufisme, de la Futuwwa et du mode de sociabilité confrérique (tarîqa).

 

Au sommaire de cet ouvrage très riche :

 

Chapitre 1 : Franc-maçonnerie en terre d’islam : Les premiers francs-maçons  -  La franc-maçonnerie politique, et réformiste dans le monde iranien  -Une Franc-maçonnerie de musulmans  -

 

Chapitre 2 : Quel modèle pour une sociabilité secrète : En Turquie, le comité union et progrès  -  Du secret des bektachis au secret des fracs-maçons  -  Secrets de métier et secret indicible, Futuwwa et corporations musulmanes  -  Les divulgations maçonniques et bektachies  -

 

Chapitre 3 : Le secret : Le secret et les secrets  -  Du secret des bektachis au secret des Francs-maçons  -  Influences carbonari et sociétés secrètes russes  - 

 

Chapitre 4 : Le modèle Carbonaro-maçonnique : En Asie centrale, les épigones du comité Union et Progrès  -  En Iran, la ligue et la société de l’humanité  -  Serments, secret et hiérarchie  -

 

Chapitre 5 : La Voie du symbole : Lectures islamique de la Franc-maçonnerie  -  La maison de l’Oubli  -  La confrérie de la vertu  -  La société de la Fraternité  -   

 

secrets initiatiques en islam & rituels maçonniques – druzes - ismaÉliens – alaouites – confrÉries  soufies

J.M. aratingi & c. lochon

Edition L’Harmattan

2008

La situation dramatique, dans laquelle est plongée une grande partie du monde musulman pour des raisons d’instrumentalisation politique de la religion, est souvent analysée comme rendant impossible la mise en place de structures philosophiques, corporatives ou ésotériques qui exigent paix et discipline, reconnaissance de l’autre dans sa différence et fraternité, recherche spirituelle et cohésion sociale. Et pourtant ces structures se sont constituées dès les premiers temps de l’Islam.

 

Cet ouvrage permettra, souhaitent les auteurs, de replacer l’Islam dans la marche de l’humanité et de l’humanisme. Comme en Occident, où les structures des anciennes corporations avec leur initiation progressive, la chevalerie, les cercles d’intellectuels comme ceux d’Oxford, auront préparé l’éclosion, au XVIIIème siècle, siècle des lumières, de la franc-maçonnerie opérative, le monde musulman aura offert, dans ses différentes composantes socioculturelles, géographiques et même religieuses, par le rôle des confréries, des corporations, de l’esprit chevaleresque (Futuwwa), les mêmes possibilités d’ouverture sur une appartenance à des structures philosophiques et humanistes. Ce livre analyse la situation des confréries, des corporations, de la chevalerie d’Orient et d’Occident, le chiisme, les Ismaéliens, les Druzes, les alaouites, la situation de la Franc-maçonnerie au Proche Orient et au Maghreb, la tolérance, les Fatimides, l’équilibre entre le mystique et la politique chez les islamistes, des entretiens avec des Druzes Libanais, le triple baiser etc.

 

Qu’ont en commun le club hippique de Chantilly, un présumé milliardaire pakistanais adoubé par la Reine d’Angleterre et quinze millions de musulmans à travers la planète?

Un nom : Aga Khan. Et derrière ce nom, une branche méconnue de l’islam, l’ismaélisme nizârite, dont les valeurs clés basées sur l’inclusion, l’autosuffisance et la générosité ont mené à la création de la plus grande organisation d’aide humanitaire privée.

A chaque religion, son kaléidoscope, et l’islam, n’échappe pas à la règle de la diversité. Aux deux grandes branches principales, le chiisme et le sunnisme, s’ajoutent encore les écoles de pensées, les sous-branches, de même qu’une multitude de courants philosophiques. Si l’origine de l’ismaélisme est peu connue, c’est surtout parce qu’il s’agissait d’un groupe radical de ses partisans. Ce groupe, quoiqu’isolé, a tout de même marqué l’Histoire. Autrefois basés à la forteresse imprenable d’Alamut, les Hashīshiyyīn (aussi appelés « les Assassins ») ont fait de leurs croyances une campagne de résistance contre l’Empire perse. Ils deviendront ultimement ceux que l’on appelle maintenant les ismaéliens.

 

Aujourd’hui, les ismaéliens nizârites ont bien peu en commun avec la secte d’Alamut. Comptant plus de quinze millions d’habitants dans vingt-cinq pays d’Asie, la communauté se situe principalement autour de la région du Pamir, sur les hauts plateaux montagneux de l’Asie Centrale, mais on retrouve aussi des adeptes au Pakistan et dans le nord de l’Afghanistan. Bien qu’ils n’aient aucun État à eux, ils sont toutefois liés par un même père spirituel : l’Aga Khan. Ce n’est certes pas un hasard si ce courant réformateur apparaît à Kûfa, ville farouchement opposée au royaume abbasside de Bagdad. Les différents courants issus de l’ismaélisme, notamment la dynastie des fatimides en Égypte et la faction des Qarmates, sont deux mouvements d’opposition politique contre l’Empire perse. Marqué par le bâtin, lecture particulière du Coran qui cherche « le secret des choses », l’ismaélisme a évolué vers une compréhension à la fois plus personnelle et plus communautaire de l’islam. La lutte contre le pouvoir abbasside et le haut sentiment de loyauté envers l’imam qu’est l’Aga Khan ont mené la communauté à travers une multitude d’exodes et de dynasties.

 

L’origine de l’ismaélisme nizârite : Nous savons que le grand schisme entre sunnites et chiites remonte à la mort du prophète Mohammed en 632. Ses partisans se divisent en deux factions : l’une est dirigée par Abou Bakr, compagnon du prophète, et l’autre par Ali, gendre et fils spirituel du prophète. C’est une histoire similaire qui mènera au regroupement des partisans d’Isma’il (Ismaël).En 765, la mort de Dja‘far al-Sadik, que la majorité des chiites considèrent comme le cinquième successeur de Mohammed, laisse une communauté de croyants dans le doute. Une querelle de succession éclate, opposant ses deux fils, Isma‘il et Musa al-Kasim. Les partisans d’Isma‘ils se retrouvent ainsi fondateurs de l’ismaélisme, qui deviendra véritablement actif vers le IXe siècle à travers les courants qarmates et fatimide. Cette querelle aide par ailleurs à définir le mouvement chiite dans son ensemble, car elle distingue alors, pour les croyants, trois communautés spécifiques : le chiisme duodécimain, le chiisme ismaélien et le mubârakisme, chacune présentant ses divergences sur l’identité du dernier imam. Les adeptes de l’ismaélisme, par exemple, considèrent que le dernier héritier du prophète Mohammed n’est pas mort, mais qu’il est caché.

 

À l’aube du 10e siècle, le chiisme connaît, dans l’ensemble, une période d’effervescence intellectuelle marquée par l’essor de l’Empire abbasside, basé à Bagdad. Dirigés par un calife, les Abbassides dominent également le discours religieux qui en proie, lui aussi, à une activité foisonnante. La traduction de la philosophie, des sciences grecques, de la littérature et de la sagesse persane de même que la nouvelle école de théologie rationaliste contribuent à l’essor de la vie culturelle, politique et religieuse de la communauté chiite, mais la pluralité des interprétations et des philosophies accentue les désaccords théologiques et aiguise la question toujours épineuse des successeurs. Le nizârisme apparaît deux siècles plus tard, en 1094, précisément sur cette question, après la mort du huitième calife. Deux siècles plus tôt, un groupe d’ismaéliens fonde une dynastie en Égypte qui revitalise l’économie régionale. Résultat encore une fois d’une querelle sur la succession de leur imam, les nizârites refusent le candidat choisi et sont condamnés à l’exil. Cela marque le début d’une série de vagues d’émigration qui mèneront la communauté jusqu’au sous-continent indien.

 

Sous l’impulsion d’un nouveau chef particulièrement énergique, surnommé « le Vieux de la Montagne », un groupe de Nizârites s’installera à Alamut, près de la mer Noire, et règnera pendant près d’un siècle sur le nord de la Syrie. À l’époque des croisades, les fameux « Assassins » sont actifs de Bagdad à Jérusalem, mais n’auront jamais la portée stratégique que la légende leur attribue : en réalité, si l’État basé à la forteresse d’Alamut a pu se maintenir, ce n’est qu’au prix d’énormes tributs payés à l’Empire abbasside. Chassés d’Alamut par les Mongols en 1256, les nizârites prennent la route de l’Est, et les deux principales communautés nizârites, les Khojas et les Bohras, s’installent à Mumbai. Il ne s’agit aucunement d’un exode organisé. Dans la réalité, la communauté ismaélienne se dissipe et risque partout d’assister à sa propre assimilation. Les fidèles se rassemblent pourtant, au sein de leur diaspora, autour du concept de da’wa (ou « mission »). Missionnaires et prédicateurs nizârites entreprennent de ressouder les liens de la communauté et de convertir les castes hindoues dans le sous-continent indien. C’est à cette époque qu’on observe l’installation progressive des ismaéliens dans le nord de l’Afghanistan et du Pakistan, ainsi qu’au Tadjikistan. Quand l’imam nizârite Sha Khalil est assassiné à Yezd, en 1817, le souverain perse Qadjar Fath ‘Ali Shah donne à son fils la main de sa propre fille, de même que le titre honorifique d’Aga Khan. Pourquoi un tel revirement? C’est que l’Empire perse est désormais en déclin, et l’autorité spirituelle du chef des nizârites promet une alliance qui tombe à plat pour protéger le flanc est de l’Empire.

 

Aga Khan IV, actuel imam des ismaéliens nizârites : Karim Aga Khan IV n’a rien d’un chef spirituel typique : séducteur, amateur de voitures de luxes et de courses hippiques, il est pourtant l’une des autorités morales les plus respectées en Asie centrale. Pour preuve, lorsque des émeutes éclatent dans l’est du Tadjikistan, ex-république soviétique voisine de la Chine, c’est lui qui intervient directement pour négocier un cessez-le-feu avec les deux parties. Plusieurs chefs de communautés l’ont dit ouvertement : ils prêtent d’abord leur allégeance à l’imam Aga Khan, et le gouvernement tadjik passe après. C’est dire à quel point la communauté nizârite est encore bien vivante. L’imanat est aussi directement impliqué dans l’un des plus sanglants champs de bataille de l’heure : l’Afghanistan. En janvier 2002, à la Conférence de Tokyo sur la reconstruction de l’Afghanistan, Karim Aga Khan annonce une contribution de 75 millions de dollars, engagement scellé par un accord de coopération entre le gouvernement japonais et l’imanat d’Aga Khan. Difficile de séparer géopolitique et éthique religieuse. Depuis maintenant deux siècles, le chef de la communauté nizârite accumule les devoirs de guidance en multipliant les engagements internationaux. Par exemple, le grand-père de Karim Aga Khan IV fut Président de la Ligue des Nations et son père fut ambassadeur du Pakistan aux Nations Unies.

 

 Plusieurs proches de l’imam Aga Khan IV, de même que plusieurs autres imams, ont fait carrière dans les relations étrangères. Quant au frère de l’Aga Khan actuel, il fait partie du secrétariat des Nations Unies et il dirige le Réseau Aga Khan de développement, puissante fondation pourvue d’un budget annuel de 445 millions de dollars, fondée par Karim Aga Khan même. L’imanat, dont l’autorité morale s’étend du Pakistan à l’Asie centrale, a une influence politique indéniable dans certains pays ex-soviétiques. À cela s’ajoute aussi une dimension corporative : l’imam est un homme d’affaires, dont la fortune est évaluée à des centaines de millions, voire à plusieurs milliards de dollars. Au Canada, la communauté du chiisme ismaélien est surtout connue pour sa fondation humanitaire, le Réseau de Développement Aga Khan, regroupement de neuf agences internationales œuvrant dans plus de vingt pays dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Le siège social de la Délégation ismaélienne au Canada, fondée en 2005, est situé sur la prestigieuse promenade Sussex, à Ottawa. Le Canada compte d’ailleurs l’une des plus nombreuses communautés ismaéliennes au monde.

 

Diaspora, syncrétisme et adaptations : En somme, la diaspora ismaélienne compte pour beaucoup dans le syncrétisme et l’esprit de tolérance des nizârites. L’évolution même de l’ismaélisme est un long mouvement migratoire, au sein de cultures radicalement différentes. Au cœur de l’identité ismaélienne, on trouve la confiance personnelle envers les qualités de l’imam, une confiance placée au-dessus de tout dogme. C’est ce sentiment d’appartenance accru qui aidera les ismaéliens à bâtir une identité originale, en partie basée sur l’esprit de résistance à l’Empire perse, où l’interprétation du chiisme majoritaire allait de pair avec une centralisation accrue du régime établi à Bagdad. L’importance de la lecture personnelle – ou interprétative – du Coran, souligne également le désir de la communauté ismaélienne à trouver ses propres solutions à ses problématiques d’ordre théologique et séculaire. L’autorité des Khans ismaéliens s’est également distinguée grâce à leur capacité à s’adapter à la situation internationale, répondant à la mondialisation par l’internationalisation de la charge de l’imanat. La Fondation d’Aga Khan, vue sous cet angle, est moins un organisme de charité qu’un outil contemporain, pour un imam bien contemporain, mis à la disposition de ses fidèles. Et c’est là toute la leçon d’une communauté de croyants bien vivante.

 

Au sommaire : Arbre et Islam  -  Les structures ésotériques musulmanes  -  les confréries, les corporations   -  Chevalerie d’Orient et d’Occident  -   Branches initiatique du Chiisme   -   Arbre des Chiites et Batiniyyin   -   Les ismaéliens  -  les Druzes  -  Les Alaouites  -  les lettres arabes et leur équivalent en chiffre   -  Une lecture soufie du Coran  -  La tolérance selon les Frères de la pureté  -  Un calife fatimide, partisan de la monogamie  -  Mystique et politique, le Coran des Islamistes  -  Entretiens avec des personnalités Druzes libanaises  -

 

SKALILA VOIE SOUFIE

Faouzi Skali

Edition Albin Michel

 1996

Percevoir le soufisme du dedans, comprendre sa perception du monde, c’est ce que l’auteur essaie de rendre communicable dans une certaine mesure, cela répond à l’expérience vécue de la Voie qui en a nourri l’écriture.

C’est d’elle que nait cette vision intérieure-extérieure à partir de laquelle l’auteur a voulu esquisser dans cet ouvrage, certains aspects de l’initiation spirituelle en Islam. Voie métaphysique, essence et esprit de la tradition, voie d’amour et de connaissance.

Le soufisme se présente avant tout comme une expérience spirituelle vécue, intérieure, dont le domaine se trouve au-delà de ce qui peut être appréhendé par la raison ou les sens physiques. Ce n’est que dans une étape ultérieure faisant suite à une réalisation spirituelle, que certains soufis, se servant d’un langage symbolique et métaphorique, transcrivent leur expérience sous une forme verbale.

Etant donné la spécificité du soufisme, il serait évidemment vain de s’arrêter à une critique théorique classique de la doctrine soufie comme cela aurait pu avoir lieu pour n’importe quel système philosophique : l’élément essentiel su soufisme est, son aspect « expérientiel », qui a lieu à travers l’initiation, et non pas son expression théorique.

La voie de la réalisation spirituelle soufie, afin d’acquérir la sagesse et la connaissance, passe par la mort à lui-même, à sa propre subjectivité : « mourrez avant de mourir » dit une parole soufie, c’est ainsi que le soufisme mène à cette connaissance.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e partie : La science de l’unité : Et. Tawhid - les présences divines : El Hadarat El Ilahiyyah - Les types du moi - Qu’est-ce que la personnalité ? - La relation de servitude - De la relation entre le Nom et ce qui est nommé - de la caractérologie spirituelle - les facultés de l’âme - les formes et les degrés de l’âme parlante - La Grande et la petite intelligence - de la science - Shari A et Haqiqa - Les différents degrés de l’être, selon la terminologie coranique - Sur la poitrine : Es Sadr - sur le cœur : El Qalb - sur le fond du cœur : El Fu’Ad - sur la quintessence : El Lubb - L’Anthropos spirituel - Centres spirituels et création récurrente -

2e partie : Le Shaykh vivant - les degrés de la voie - le secret spirituel - la voie du Sirr et la voie du Tabarruk - la pédagogie initiatique - la progression initiatique - Typologie de la voie initiatique - la Fana et la Baqa - la dimension cosmique et spirituelle de l’Être -  

 

SKALI - LE FACE À FACE DES COEURS – LE SOUFISME AUJOURD’HUI

Faouzi Skali

Edition Le Relié

 1999

A la question : en quoi consiste le soufisme ? Abou Said Ibn Abi Ikair répondit : Ce que tu as en tête, abandonne-le ; ce que tu as en main, donne-le ; ce qui t’advient, ne l’esquive pas.

Le soufisme est la tradition mystique de l’Islam, religion révélée, porteuse d’humanisme et de paix. Parfois incompris par certaines autorités religieuses formalistes, les soufis ont de tout temps vécu leur foi avec humilité et discrétion, en respectant la pluralité de pensée et en affirmant la nécessité de la diversité des voies en fonction des aspirations de chacun.

Le soufisme n’est pas une école, ni une doctrine, c’est un état d’âme et un état d’être ; il est le cœur de l’islam ! Une grande tradition spirituelle, une invitation à l’hospitalité et à la tolérance, et si aujourd’hui le soufisme était la chance de l’islam ?

Le soufi cherche le dépassement de soi, l’ouverture intérieure, la dissipation des voiles successifs afin d’atteindre le but final. Le meilleur que l’on puisse demander à Dieu est ce qu’Il nous demande ; le chemin de ceux qui marchent en esprit et traversent cet espace intérieur aboutissant à l’expérience de la réalité spirituelle et divine, se distingue du simple chemin religieux.

Quand il s’agit d’un cheminement intérieur, le sens de la demande change : on ne situe plus dans la dualité du bien et du mal, du plaisir et de la souffrance, mais dans une relation directe, et l’on aspire à un retour à la source de toute réalité ; on ne se satisfait plus des dons eux-mêmes, on aspire à s’élever jusqu’au donateur.

Au sommaire de cet ouvrage :

La voie de transformation intérieure - Voie de rigueur, voie de beauté - le guide et le disciple - le secret et l’autorisation divine - la Loi Divine - confiance et Dieu et vigilance intérieure - la pratique spirituelle - les états spirituels à l’ouverture - la politesse spirituelle - le sens du don - la chevalerie spirituelle - la quête et le dévoilement - l’amour spirituel - le cœur -

 

SKALI - tracE de lumiÈre – paroles initiatiques soufies

Faouzi skali

Edition ALBIN MICHEL

 2004

Trésor des confréries soufies, les sapiences (Hikam) ont été enseignées dans les grandes universités islamiques, de la Qarawiyyîn à Al-Azhar. Jaillies des intuitions spirituelles de maîtres soufis tel Ibn ‘Atâ’ Allâh, ces joyaux de sagesse marient le paradoxe et l’évidence profonde pour mieux nous initier au mystère de l’amour divin. Renouant avec cette grande tradition spirituelle et littéraire, Faouzi Skali, l’auteur de La Voie soufie et membre d’une confrérie, relit ces Hikam comme autant de jalons sur le chemin de l’expérience spirituelle. Contes et poèmes initiatiques accompagnent le lecteur dans la découverte de cette sagesse universelle.

 

Il dit qu'il est un homme de deux cultures. Et il dit vrai. Né au Maroc, Faouzi Skali a grandi à Fès, une ville où tout commença par une prière : celle du sultan soufi Moulay Idriss qui, fondant la cité, pria pour que Dieu y soit adoré, que son livre y soit lu et sa loi appliquée «tant que durera le monde».

Lié de tout son être à sa ville natale, Faouzi Skali en chante à l'infini l'esprit de tolérance et d'ouverture, rappelant qu'autrefois des familles musulmanes et juives y trouvèrent refuge.

Sa double culture, c'est d'ailleurs à Fès qu'il l'a acquise. Élève de l'école puis du lycée français, il y découvrit toute la richesse de notre culture, mais sans rien perdre de la sienne. La religion, raconte-t-il, «imprégnait la vie», «lui donnait sa saveur», toute mêlée à celle des gâteaux au miel, des plateaux de dattes et des cruches de lait.

Il se souvient encore des jours où la famille se rassemblait dans la zaouïa, le sanctuaire de la confrérie soufie. Les hommes, vêtus de leur tunique blanche et de leur turban, chantaient des mélopées invoquant sans fin le nom de Dieu. Lui, l'enfant, contemplait sans se poser de questions leurs lèvres fatiguées, leurs corps qui se prosternaient, s'agenouillaient, s'inclinaient, dansaient parfois, les gouttes de sueur qui perlaient parfois sur les fronts, la sérénité lumineuse des visages Logiquement, c'est donc à Fès que Faouzi Skali a créé (en 1994) le Festival des musiques sacrées : gospels américains, complaintes de moines tibétains, chants de Myriam Makeba ou de sœur Marie Keyrouz, oratorios, chants sacrés orthodoxes, chœurs basques «Avec la guerre du Golfe, explique-t-il, il devenait évident que les relations entre cultures et religions constitueraient désormais les enjeux essentiels de guerre et de paix. Il fallait apporter une réponse, même modeste »

 

C'est à Fès aussi qu'il a lancé un colloque annuel (sur le thème «Une âme pour la mondialisation») qui, comme le festival de musique, a fait depuis des émules en Europe et au Canada, partout où «l'esprit de Fès» est à l'oeuvre. «La question de la spiritualité n'est pas une question subsidiaire, explique-t-il. Elle est centrale, à titre individuel mais aussi à titre collectif, au titre du monde et des orientations qu'il prend aujourd'hui. En tant que moteur de transformation de l'être, la spiritualité est de nature à jouer un rôle majeur dans la perspective d'amélioration de notre monde.» C'est à Fès, enfin, que Faouzi Skali rêve de créer ce qu'il appelle le «Sant ‘Egidio de l'islam» Pourtant, à 20 ans (il a aujourd'hui la cinquantaine bien sonnée), c'est sans regret qu'il avait quitté sa ville et tourné le dos à sa tradition. Persuadé que les sciences le rendraient «plus intelligent, plus compétent, plus performant», et que la pureté des mathématiques lui permettrait de comprendre la vie et le monde, il s'était inscrit à l'université de Jussieu, à Paris.

 

Après les mathématiques (jugées ennuyeuses et décevantes), il avait opté pour les sciences humaines : histoire, sans doute, de nourrir une quête spirituelle «encore diffuse». Chemin faisant, il était tombé sur Le Livre de la Voie et de la Vertu de Lao Tseu. «La limpidité de son expression et la profondeur de sa sagesse m'ont bouleversé, reconnaît-il. J'ai lu et relu ces phrases pour découvrir leur sens au-delà des mots.» Faouzi Skali a lu ensuite et pour la première fois le Coran («un océan !»), puis des ouvrages sur le soufisme. «Grâce à mes grands-parents, confie-t-il, mon enfance avait baigné dans une atmosphère soufie toute de bienveillance et de douceur. Mais j'ignorais tout de cette mystique musulmane, tant dans sa théorie que dans son expérience intime, au-delà de toute parole. à 23 ans, mystérieusement touché par la grâce divine, j'ai eu la révélation intérieure que cette voie m'était essentielle, qu'il me fallait renoncer à tout ce qui en moi était mort. Tout cela s'imposait à moi avec une force invraisemblable, mais me laissait aussi dans une perplexité infinie.»

 

En réalité, cette perplexité n'allait pas durer longtemps. Ses lectures lui avaient en effet appris une chose : rien ne sert de «s'escrimer à gratter les murs», on ne peut entrer dans la maison du mystère divin qu'en passant «par la porte» : c'est-à-dire par un maître grâce auquel le disciple va dépasser ses illusions et ses pseudo-connaissances pour accéder à la connaissance véritable, celle qui se fait «par Dieu et en Dieu». À 24 ans, Faouzi Skali part donc à la rencontre de celui qui deviendra son guide, Sidi Hamza Al Qâdiri Boudchich. «Tu veux ramener l'esprit à sa patrie originelle ? lui dit le cheikh. Alors attache bien ta ceinture.» Devenu librement son disciple, il suit depuis sa voie. «Lorsqu'un miroir est sale et brouillé, et qu'on désire qu'il reflète parfaitement le soleil, il faut mettre en oeuvre deux opérations, explique-t-il, paraphrasant son maître. Il faut polir le miroir, c'est le rôle du dhikr [invocation sans fin des Noms divins], et orienter le miroir vers le soleil afin qu'il s'y reflète. On peut faire des heures et des heures de dhikr. Si on ne s'oriente pas correctement, c'est du temps perdu. C'est comme si on désirait qu'un bol recueille l'eau du ciel et qu'on mette le bol à l'envers, il pourra pleuvoir des trombes d'eau, le bol ne recueillera pas la moindre gouttelette. En revanche, si le bol est orienté vers le ciel, même s'il ne tombe qu'une goutte, il pourra la recueillir.»

 

"La religion n'est pas un prêt-à-croire" «La religion, dit encore Faouzi Skali, n'est pas une sorte de prêt-à-penser ou à croire dont il suffit de se revêtir. Elle est un cheminement et un combat, une école d'humilité.» Tout entier à sa quête, il n'a pourtant jamais abandonné la recherche intellectuelle. Il s'est plongé dans les écrits des maîtres soufis comme Rûmi, Ibn Arabi, Al Hallaj, a préparé sa thèse de doctorat consacrée à la culture soufie au Maroc, l'a retravaillée pour toucher un large public (La voie soufie, Albin Michel). Peu à peu, l'intellectuel marocain a ainsi trouvé sa vocation : mettre sa connaissance des sources de la tradition musulmane et sa maîtrise de la langue et de la culture françaises au service de cet islam intérieur ; faire connaître - sans la dénaturer - la réalité originelle, le langage poétique, la richesse littéraire, spirituelle, humaine et artistique de cette tradition, la rendre accessible alors même qu'elle est souvent occultée en pays musulman.

 

«Mon souci fondamental est que le lecteur n'associe pas cet enseignement au passé, explique-t-il. Le soufi est le fils de l'instant, le fils de son temps.» Au cours de ce parcours, en 1976, Faouzi Skali a rencontré Eva de Vitray-Meyerovitch. Il connaissait son nom depuis qu'il avait lu Le Livre du dedans, écrit au XIIIe siècle par Dhalâl oud Dîn Rûmi, fondateur de la confrérie des derviches tourneurs, qu'elle avait traduit du persan. Il fait sa connaissance à l'occasion d'une conférence qu'elle donne aux côtés de Paul Seghers. "Le premier antidote à l'extrémisme est la connaissance"Dès lors leurs chemins se croiseront souvent. Pétrie de tradition chrétienne, formée à la théologie et au persan (afin de lire et de traduire les oeuvres des poètes et écrivains soufis), Eva se veut elle aussi «passerelle» entre deux cultures. Du dialogue entre ces deux spécialistes allait naître une première version de Jésus dans la tradition soufie, rapidement épuisée. Conformément au vœu d'Eva, morte en 1999, Faouzi Skali vient de retoucher le texte pour le rendre plus accessible.

 

À travers des versets du Coran, des hadiths du prophète Mohammed, des contes populaires soufis et des textes mystiques, mis en parallèle avec des passages de l'Évangile, il nous fait découvrir la place tenue par Jésus dans l'islam, et notamment dans la tradition soufie. Il nous apprend que des maîtres soufis comme Rûmi ou Ibn Arabi voyaient en Jésus le «Sceau de la sainteté», tout comme Mohammed est le «Sceau de la prophétie» ; que les paraboles et les actes de Jésus s'inscrivent dans une pédagogie initiatique qui rappelle les méthodes utilisées au sein des voies soufies ; et que les relations de Jésus avec ses disciples ont la même teneur que celles qu'entretenaient Mohammed avec ses compagnons, ou que celles que tisse le maître soufi avec chacun de ses disciples. «Le premier antidote à l'extrémisme est la connaissance de l'histoire et des textes, assure Faouzi Skali. Quelle que soit la religion, l'enjeu est le même : retrouver la dimension intérieure qui nous est voilée par le pouvoir de l'ego, faire naître en soi une dimension de l'amour.»

7 V

vivre l’islam le soufisme aujourd’hui

Cheikh khaled bentounes

Edition

 2003

Contrairement aux idées reçues et mensongères trop souvent répandues, il existe dans l’Islam une dimension de paix, de fraternité et d’humanisme, une dimension spirituelle universelle contenue dans le message du prophète Mohammed : le Coran.

 

Profondément inspiré par celui-ci, le Cheikh Khaled Bentounés, évoque les relations entre l’Islam et l’Occident, la place de la femme dans l’islam, les raisons de l’intégrisme, l’Algérie et son héritage religieux, l’islam et le soufisme, le rôle spirituel de l’homme, le sens de la prière, le cycle de la prophétie…

 

D’une parole sincère et libre, le Cheikh Bentounès montre comment le soufisme, la mystique musulmane, unit en la personne les aspects à la fois ésotériques et exotériques de l’islam : deux dimensions qui n’étaient jamais dissociées chez le prophète Mohammed. Il avait toujours une face tournée vers Dieu et une autre vers les hommes.

 

Ce livre s’adresse à tous ceux qui refusent de cataloguer l’islam et sa spiritualité, mais sentent l’urgence de les comprendre, pour retrouver cette identité originelle qui unit l’homme à Dieu.

 

Au sommaire de cet excellent livre :

 

L’islam   -   Le but et la voie du juste milieu   -   Le soufisme, fraternité universelle   -   L’alternative du soufisme   -   La place de l’homme   -    Le sens chez l’homme intérieur   -   Le sens de la prière et l’intériorité   -   Le ramadan, mois sacré   -   Le réel et l’illusoire   -   La multiplicité de l’unique   -   Le monde réel   -   Science et spiritualité   -   Jésus et l’islam   -   Pour un islam de paix   -   La médecine Mohammédienne   -   L’éducation d’éveil à la citoyenneté   -   Où va la France   -   Eau profane et eau sacrée   -   Islam et laïcité en Europe   -   Des raisons d’espérer pour le XXIe siècle   -

 

 

voyageurs arabes

anonyme

Edition GALLIMARD – PLÉIADE

 1995

Récits de 4 voyageurs arabes, traversant la Chine, l’Inde, l’Irak, la Turquie, l’Égypte, l’Espagne, la Syrie, la France, la Russie, l’Afrique, et bien d’autres pays.

 

«Corps, demeures, villes, pays..., l'homme n'habite le monde des choses qu'en passant, le court espace d'une vie. Aussi, avant que d'être itinéraire, le voyage est utopie, qui retarde l'échéance de l'horizon. Parce que, de tout jardin, le destin l'en chassa, du plus clos l'homme découvre la porte, substituant à la quiétude immobile l'inquiétante étrangeté du partir. Cette nostalgie de l'ailleurs, nul peuple ne la cultivera davantage que le peuple arabe.

 

Pour avoir vu s'évanouir au lointain du désert d'inconsistantes villes, des hommes sillonneront les routes caravanières, reconnaîtront la muraille de Gog et Magog, interrogeront marchands et marins, séjourneront auprès des princes, quêteront auprès des ascètes et des ermites le modèle d'une société idéale, et donc questionneront l'équivoque de l'apparence.

De retour en eux-mêmes, ces voyageurs déploieront les routes comme une mémoire, mesurant à sa juste mesure la parole de Muhammad Iqbal : "La réalité est essentiellement esprit."

Mais à vouloir anatomiser la terre, ils ne se résigneront pas toujours à la désenchanter ; à une figuration de justesse, ils préféreront parfois dire ce qu'ils ont cru voir. C'est pourquoi la géographie redevable de l'adab cède à la tentation de la merveille et tresse réalité et mémorable.

 

Comme s'ils avaient eu l'intuition que toute image est imaginée, Ibn Fadlân, Ibn Jubayr, Ibn Battûta – et cet autre sans autre identité que ses mots – livrent de l'Orient la première scénographie "orientaliste"».

 

Entre les Xème et XIIème siècles, ces voyageurs arabes parcourent le monde et nous livre leur impression et surtout nous décrivent le monde et les mœurs de l’époque.

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