Chapitre 18    A - Z     (Mythologies - Légendes)

 

 

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18 A

aspects du mythe

Mircea eliade

Edition GALLIMARD

 1993

La fonction du mythe est de donner une signification au monde et à l’existence humaine. Grâce au mythe, le monde se laisse saisir en tant que cosmos parfaitement intelligible.


Mircea Eliade retrace l’histoire des grands mythes des peuples primitifs jusqu’au monde moderne en passant par les grandes civilisations du passé (Inde, Grèce, etc.). Son livre constitue à la fois un exposé historique, rempli d’exemples, et une synthèse philosophique du problème examiné.


Y sont expliqués :
La structure des mythes – Prestige magique des « origines ». Mythes et rites de renouvellement – Eschatologie et cosmogonie – Le temps peut être maîtrisé – Mythologie, ontologie, histoire - Mythologies de la Mémoire de l’Oubli – Grandeur et décadence des mythes – Survivances et camouflage des mythes – Les mythes et les contes de fées.

 

Les autres livres de Mircea Eliade sont au chapitre 10 M -

 

au commencement Était

Jacques delval

Edition Diabase

 2003

Au commencement, il n’y avait ni vie, ni mort. Le soleil, la lune et les étoiles dormaient puis il y eut le mystère du passage du désordre à l’ordre, du chaos à la forme, de la fusion à la distinction.

 

Lisons et réfléchissons sur ces histoires fondatrices venues de tous les coins de la terre, que nous raconte avec simplicité et poésie Jacques Delval.

 

Suivons les mots qui disent le mystère du passage du désordre à l’ordre, de la fusion à la distinction, du chaos à la forme. Relisons les à notre manière pour les faire nôtres, ne suggèrent-elles pas à l’envie que la création, plus que d’hier et de demain, est d’aujourd’hui et de maintenant.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Récits de la Création du monde d’après : la Bible  -  le Coran  -  un mythe chinois  -  un mythe polynésien  -  un Upanishad de l’Inde   -  le Popol Vuh    -    Hésiode  -  Ovide  -   le Reg Veda Samhita    -   un mythe Dogon  -  un mythe égyptien   -  le dao-di-jing   - 

Récit de la création de la voûte céleste et des astres d’après : un mythe égyptien   -  un mythe babylonien   -   un mythe aztèque   -  un mythe dogon   -  un mythe maori  -   L’Enuma Elish (Babylone)   -   Le mythe grec de Callisto   -   Le livre d’Edda   - 

Récits de la création de l’homme d’après : Une légende esquimau   -   le livre d’Edda  -  le mythe d’Atrahasis  -   Le mythe d’Huron-Wendat   -   la Bible   -   un mythe australien   -  Platon   -

Récits de l’apparition du mal, de la mort et l’annonce d’une Renaissance d’après : La Bible  (Genèse) et (l’Apocalypse)   -   une légende sud-américaine   -     Hésiode  -   un mythe Béti   -  l’épopée de Gilgamesh   -  la Bible (Déluge et Abel et Caïn)   -  le livre de Chilam Balam Maya  -   un mythe scandinave   -   Ezéchiel   - 

18 B

B.A – BA   de la TRADITION NORDIQUE

 Arnaud d’APREMONT

Edition PARDES

 1999

2 Tomes pour expliquer cette civilisation :

La tradition de l’Europe du Nord fut et demeure l’une des plus riches et des plus complexes de l’histoire du monde. Elle a profondément imprégné l’inconscient collectif de l’Europe, mais encore l’imaginaire des peuples (voir les contes de fées, les mythes comme celui du Père Noël) et l’expression moderne (comme chez Tolkien).

Ce livre entend proposer au public le premier panorama clair et complet de la tradition nordique. Celle-ci s’articule autour de la figure grandiose de l’Arbre de Vie/Axe du Monde : L’Yggdrasill, et de ses neuf mondes. Les runes, ces signes mystérieux, sont les clés menant au cœur de cette tradition.


Au sommet de la hiérarchie divine, trône l’une des plus formidables expressions du Destin dont la toile englobe toutes choses. Et, au centre des mondes se dresse l’homme, en Midgard, la « Terre du Milieu ».

 

D’essence chamanique, la tradition nordique est, avant tout, une voie. Elle permet la réalisation spirituelle par une communion entre nature intime et la grande Nature.

Architecture, fêtes et rites, symbolisme, science des plantes, des végétaux, éthique, arts des contes, datation, rapport à l’espace, etc… : la tradition nordique imprègne encore aujourd’hui l’ensemble de l’univers européen.

 

Pendant des siècles, en dépit d’une supposée conversion au christianisme monothéiste, l’ancienne foi traditionnelle des Européens, tolérante, non dogmatique et directement reliée à la nature, a perduré (à tel point que l’on a pu parler de « foi duale », notamment dans les pays anglo-saxons).

 

L’âme et l’esprit libres de la pensée traditionnelle ont continué de délivrer leur message, discrètement, subtilement, selon des codes, des usages, des comportements.

L’environnement se présente comme un grand livre ouvert dont il suffit de redécouvrir la langue, l’alphabet. En une époque où il devient vital de restaurer le lien perdu avec la nature et l’ancestralité, la tradition nordique offre une voie royale à tous ceux qui cherchent à retrouver leur essence, en un mot : l’écologie sacrée.

Elle propose d’explorer les voies pratiques (du symbolisme aux arts martiaux, à travers toutes les formes d’art et de rituel) ayant permis aux Anciens de vivre en harmonie avec la Nature, à leurs successeurs de conserver ce grand message, et à l’homme moderne de les redécouvrir pour rétablir d’urgence le rapport avec l’ordre naturel.

 

b.a. – ba  du   St graal

Patrick riviḔre

Edition  PARDḔS

 2003

Le mythe éternel du Graal a toujours exercé la plus vive fascination, car, conduisant aux portes de l’Absolu, il mène l’être à se dépasser et à entrevoir l’« illumination mystique ». C’est l’Archétype des archétypes menant à la Révélation suprême. Pour cette quête intemporelle, l’auteur emprunte les sentiers de la pensée traditionnelle, entre lesquels l’Histoire le dispute à la Légende tandis que s’y entremêlent les courants mystiques les plus divers : gnosticisme hermétique, druidisme, christianisme, etc., ne manquant jamais de prendre appui sur un symbolisme rigoureux pour procéder, enfin, à une synthèse de bon aloi.


Spécialiste en la matière, l’auteur nous invite à suivre les différents chemins spirituels ; ainsi, nous conduit-il en Palestine, en Grande Bretagne, jusqu’au mythique royaume du Prêtre Jean. Il se fonde sur les textes de la Table Ronde, de Chrétien de Troyes à Wolfram von Eschenbach, en passant par Robert de Boron et bien d’autres chantres du divin Vaissel. Dénonçant les récupérations sectaires du mythe ancestral à des fins éhontées, ce B.A. – BA du Graal ouvre des perspectives, insoupçonnées jusqu’alors, révélant le rayonnement de l’archétype de la Connaissance souveraine ; illuminé par l’Amour, le Graal apparaît ainsi paré de la vérité fondamentale d’universalité où la tolérance religieuse et spirituelle fait loi.

 

Le mot graal est un nom commun, employé, semble-t-il, dans l'Est de la France pour désigner des ustensiles domestiques : vase, mortier ou écuelle. Plusieurs étymologies ont été proposées : le gallois "griol" doit être éliminé et, sans doute, faut-il préférer le latin "cratalis", au sens de "plat". Au Moyen Âge, le graal semble être un plat large et creux, proche de l'écuelle où l'on mange à plusieurs. Des mots de la même famille sont attestés en Provence et dans les Alpes.

 

La première apparition du Graal se rencontre chez Chrétien de Troyes vers 1170-1180 : dans Perceval ou le conte du Graal, une jeune fille porte un graal dans une procession à l’occasion du repas chez le Roi Pêcheur. Il s’agit alors d’un objet courant, un plat ou un récipient, dont la nature merveilleuse n'est pas explicitée. Resté inachevé, le roman a donné lieu à d’immenses développements. Diverses versions donnent du Graal des descriptions radicalement différentes.


Chez Robert de Boron, c’est une coupe semblable au calice liturgique.


Chez Wolfram von Eschenbach, auteur du Parzifal que Wagner reprendra, c’est une sorte de pierre nommée lapsit exillis, liée à la chute des anges.


La Continuation Gauvain
le présente comme une corne d’abondance, flottant au milieu de la salle.


Elle sera de nouveau portée par une jeune fille dans la Troisième continuation de Manessier.


Dans le Peredur gallois, c’est un plateau d’argent porté par deux jeunes filles, sur lequel la tête d’un homme baigne dans le sang.

 

Avec Robert de Boron, au début du XIIIe siècle, le Graal devient la coupe qui a servi à l’Eucharistie, et qui a recueilli le sang du Christ sur la Croix : ce sera la version la plus largement diffusée en France et en Angleterre, notamment à travers les grandes compilations du cycle du Graal.

18 C

canteins – dÉdale & ses œuvres

Jean canteins

Edition  Maisonneuve

 1994

Ce livre est dérivé des deux précédentes publications présentées sous le titre générique de « Sauver le Mythe ». Troisième et dernier volet, il clôt la trilogie sur une figure de dêmiourgos célèbre, Dédale – artisan, artiste, architecte et davantage encore, comme nous allons le voir dans ces pages. Un tel démiurge ressortit tout autant au divin qu’à l’humain et dans les mythes qui le concernent aucune frontière tranchée n’est généralement tracée entre ces deux domaines. C’est donc de façon tout arbitraire qu’on rangerait une personnalité aussi ambivalente, sinon ambiguë, que la sienne d’un côté ou de l’autre d’une ligne de démarcation que la pensée mythique n’a jamais expressément tracée.

 

C’est ce qui nous justifie d’en avoir fait l’objet d’une étude séparée. Elle est effectuée à partir des données mythologiques dont nous disposons à son sujet et que nous tiendrons pour connues du lecteur au moins en leur grandes lignes.

Nous y trouvons :

La lignée crétoise – Femmes et taureaux divins – Vache et labyrinthe – Le taureau de Marathon – Thésée et le Minotaure – Dédale prisonnier – Dédale volant – La coquille de Minos – Les trois pénétrations – Mort de Minos – Glaukos – Égée – Mort de Thésée – Proscris – Mythe crétois et rite hindou – Le syndrome crétois – Dédale artifex – Mythe et art de fonderie – Dédale « démonique ».

 

canteins – le potier dÉmiurge

Jean canteins

Edition  MAISONNEUVE

 1994

Ce livre raconte une histoire : comment l’initiation vient aux hommes et comment elle s’inscrit sous forme de mythes dans la conscience collective. Le problème est urgent à résoudre, car dans notre société la chose ne va pas de soi ; nous ne sommes plus au temps où la distinction n’existait pas entre activité profane et activité sacrée. L’auteur le rappelle en citant Hocart (p. 29) qui soulignait que dans une société traditionnelle, ce que Guénon appelait une société normale, « toute occupation est un sacerdoce ».


On se souvient peut-être de l’hypothèse de Roger Caillois pour qui « pontife » vient de « pontifex » : le faiseur de pont, modifiant l’ordre naturel et revenant vivant de l’aventure, était supposé avoir l’oreille des dieux. Le pont n’était plus seulement d’ici-bas, il s’établissait, grâce au « pontifex », entre les hommes et le ciel.

Le projet est dans tous les cas de toucher à l’ordre naturel tel que la divinité l’a légué aux hommes et d’en modifier un fragment, qu’il s’agisse d’un paysage où l’on construit une ville, d’un minerai dont on tire le métal ou d’un bloc de glaise dont on fait un vase. Si pour certains Devoirs du Compagnonnage, l’admission d’un nouveau métier ne s’est jamais faite sans problème, le critère le plus important semble que le métier consiste à transformer une matière : comme vestige de l’époque traditionnelle, le Compagnonnage témoigne bien des préoccupations initiatiques les plus archaïques.


Tout métier était dès lors symbolique et s’appuyait sur des rapports avec le divin, métier vient de ministerium dit Jean Canteins, qui signifie à la fois « vocation » et « métier » tandis que pour Coomaraswamy le métier c’est le « ministère » au sens sacerdotal du terme.

 

Le potier échappe d’autant moins à la règle que l’auteur estime que son activité est encore plus primordiale que celle du forgeron : modeler une terre et la cuire n’exige pas que l’on ait au préalable découvert l’existence d’un minerai et extrait son métal. Comme le forgeron et l’alchimiste, mais bien avant eux, le potier vit une « expérience démiurgique » : s’il s’empare d’un fragment de l’œuvre divin et s’il le modifie à son gré, se situant ainsi dans une position analogue à celle de Dieu, c’est que celui-ci acquiesce aux actes de l’artisan.

Le succès de l’artisan constituant la preuve de cet acquiescement, si ce n’est même de cette alliance, la théorie s’élabore au fil de la pratique. On nous pardonnera de ne pas trop en dire sur ce rapport nourricier entre théorie et pratique, pratique et théorie, mais nous aimerions que ce livre soit lui pour les clés qu’il fournit à tous ceux qui s’adonnent à une tentative d’initiation. Disons seulement que l’auteur démontre, et avec quelle précision, que c’est à l’occasion des premiers travaux de l’homme sur de la matière première que s’applique, s’élabore, la théorie des quatre éléments et la technologie du solve-coagula.


L’analogie va au plus loin : créant à partir d’argile informe, le démiurge potier imite Dieu qui a créé l’homme à partir du même matériau. L’eau et la terre sont le chaos pré-génésique que l’artisan forme et informe. Il peut ensuite donner à la forme une pérennité qu’elle n’aurait pas eue sans lui, en la faisant cuire. Le feu permet au démiurge d’empêcher la matière modelée de retourner à l’état de potentialité : il fixe, ce qui jusque-là était volatile. La matière, dès lors, n’est plus la même ; elle a connu une transmutation. Le démiurge est cependant petit : ce que Dieu fait dans l’espace du cosmos et dans le temps de l’éternité, cuire lentement, se fait en miniature dans le four en quelques heures et sur quelques poignées de matière. Le feu permet donc de faire « plus vite » que la Nature, mais aussi de faire autre chose. Le secret de tout réside dans la connaissance de la Nature comme démontrant les voies de Dieu – comment fait-Il ? – pour imiter ces voies et modifier la matière au profit de l’homme.


Cet ouvrage, riche d’énigmes et de solutions, lève bien les confusions relatives à la question de savoir ce que c’est que soutenir une position initiatique. Le symbolisme du tour, symbolisme du haut et du bas, intéressera tout particulièrement les lecteurs parvenus au troisième grade de la Maçonnerie, mais aussi les débutants pour peu qu’ils se demandent ce qu’ils font là, ou les Compagnons qui « passent » d’un outil à un autre, d’une verticale à une combinatoire verticale-horizontale.


En résumé, un livre clé pour connaître la chose initiatique et la comprendre ; un livre qui fournira au lecteur maçon des éclaircissements sur la chose initiatique en elle-même au point d’autoriser la saisie des points essentiels de différentes formes d’initiations, Maçonnerie, Alchimie, etc. Le plus beau est que ce livre, qui accompagnera le lecteur pendant des années, respecte totalement la liberté de l’initiant dans le choix de son cheminement, voire même dans les détours de celui-ci.


Y sont développés :
L’expérience du potier : Materia prima et matière première – L’Eau et la Terre – l’Air. Couples mou-dur et cru-cuit – Le Feu – Le Four. Cuisson et réalisation.
Le mythe du potier
: Le Tour – Structures – Tour et exemplarisme – Tour « masculin » - Prêtre et potier – Les trois mondes – La coupure – Le travail au tour – Du modèle à la copie – Le tournage.

 

canteins – les barateurs divins

Jean canteins

Edition  MAISONNEUVE

 1987

Socrate, à la fin de la République, recommande à son interlocuteur de « sauver le mythe » car ce faisant il se sauverait lui-même. À considérer le monde actuel cette injonction n’a jamais été autant d’actualité et c’est en tenant compte des attendus platoniciens que seront considérés divers mythes, pour la plupart d’origine indo-européenne, traitant de l’activité créatrice sous toutes ses formes. Individuelles ou universelles, humaines ou divines, ces activités s’explicitent dans la notion de « démiurge » (dêmiourgos signifie artisan) et c’est autour de cette donnée centrale que tourne l’ensemble présenté sous le titre générique emprunté à Platon.

Le présent volume – le premier de la trilogie – concentre l’intérêt sur le potier dont l’activité, pourtant si significative, n’a paradoxalement jamais fait l’objet d’une étude approfondie.
Le second volume élargit l’examen à des protagonistes divins dont les « œuvres », obtenues par des processus analogues à ceux du potier, sont de toute autre nature.
Le troisième volume, enfin, concernera un « artisan » célèbre, Dédale, dont la personnalité mythique peut être considérée comme l’archétype du « démiurge ».

Y sont développés :
La production du feu : Les deux arani – Agni « né-du-lotus » - Le feu et la cendre – Ulysse et le Cyclope.
Le barattement de la mer : Les baratteurs – Vishnu – L’écume – Le barattement – Dhanvantari et la coupe – Dhanvantari et le double mouvement spatio-temporel – Dhanvantari et le stûpa – Le Moulin d’Amlodhi.
Le barattement de la cuisse : Tumescence et traite – Les « fluides » – La « cuisse » – Pratiques de la cuisse gauche – Symbolisme sexuel, symbolisme digestif – Femme dévoreuse et jument de feu – « Accouplement solitaire » ou androgynie – Du double à l’unique.
La « cuisse de Jupiter » : Le mythe des jambes soudées (selon Plutarque) – Genesis et Phthora – La « passion » d’Isis et Osiris – Dionysos et la tradition dionysiaque – Dionysos et Osiris – Le culte d’Osiris – Androgynies divines – Les avatârs de la cuisse – La légende de Batraz.

 

CE QUE DISAIENT LES VIKINGS IL Y A PLUS DE 1000 ans.

 

GUDRUN REYKJARIK, GOTEBORG OSLO

 1994

L’Authentique HAVAMAL, le célèbre savoir-vivre des anciens Vikings.

En 793, une expédition viking attaque une abbaye en Grande-Bretagne : cet événement a été retenu par les historiens pour marquer le début de l'aventure viking, qui marquera l'Europe sur plus de deux siècles. Comment expliquer cette expansion des « hommes du nord » à cette époque ? Vers 800, l'Europe de l'Ouest est dominée par l'empire carolingien. Seules les îles britanniques, la Scandinavie, la Bretagne et l'Espagne musulmane échappent au contrôle de Charlemagne. Mais au début des années 840, les petits-fils de Charlemagne se disputent l'héritage carolingien. Ils se livrent à des guerres fratricides qui les affaiblissent. Finalement, ils signent le traité de Verdun en 843 qui divise l'empire carolingien en trois royaumes. Au siècle suivant, le royaume de France se fractionne en principautés et en fiefs rivaux. Le roi n'a plus d'autorité sur les comtes qui deviennent indépendants et construisent les premiers châteaux forts.

L'Europe de l'Est est occupée par les peuples slaves. Enfin, le bassin méditerranéen est aux mains des Arabo-musulmans (Espagne, Afrique, Proche-Orient) et des Byzantins (Italie du Sud, Balkans, Grèce, Asie mineure). Les Vikings faisaient du négoce avec leurs voisins avant le VIIIe siècle, mais à partir de cette époque, ils commencent à établir leur domination sur les réseaux d'échanges commerciaux du Vieux Monde.

Les raisons de cette expansion sont diverses : sans doute qu'une augmentation de la population a provoqué une faim de terres et de richesses. Les Vikings ont aussi profité des faiblesses du monde carolingien pour s'imposer. Leur tactique de pillage était également efficace. À la fin du VIIIe siècle et dans la première moitié du IXe siècle, les Vikings attaquent les îles britanniques et s'installent en Angleterre. Ils explorent les voies maritimes et fluviales d'Europe de l'Est et atteignent les rives de la mer Noire.

L'empereur byzantin intègre des Scandinaves dans sa garde. Enfin, les Vikings mènent leurs premiers raids sur les côtes françaises et remontent les fleuves pour piller les villes et les monastères.

Dans la deuxième moitié du IXe siècle, Paris subit plusieurs attaques scandinaves : en 845, Ragnar Lodbrok pille la ville. En 886, le comte de Paris, Eudes, ancêtre des rois capétiens, résiste au siège imposé par les Scandinaves. Face à ces raids, les habitants s'enfuient ; les moines qui sont victimes de la violence, décrivent les Vikings comme des brutes assoiffées de sang. Ils abandonnent leur monastère et se réfugient à l'intérieur des terres avec leurs reliques. Les rois sont impuissants : certains paient des tributs pour que les Vikings s'en aillent. En 911, le chef Rollon obtient par un traité signé avec le roi des Francs Charles le Simple un territoire à l'embouchure de la Seine et qui deviendra le duché de Normandie. Il promet de protéger l'aval de Paris contre les Scandinaves.

Vers 860, le chef scandinave Riourik devient le souverain de Novgorod en Russie. Dans cette partie de l'Europe, les Scandinaves sont appelés « Varègues » ou « Rous », ce qui donne l'origine du mot « Russe ». Les Vikings s'aventurent de plus en plus loin vers l'ouest : en 875, ils débarquent en Islande ; au Xe siècle, ils atteignent le Groenland puis l'Amérique vers l'An 1000. Au XIe siècle, les Normands prennent pied en Italie du Sud et en Sicile. En 1066, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant s'empare de l'Angleterre.

Le « drakkar » est le nom donné à tort en français aux bateaux des Vikings. Ce mot signifie « dragon » en langue scandinave mais peu de navires portaient en réalité une tête de dragon à l'avant. Ces bateaux représentaient un atout pour les Vikings : ils pouvaient transporter plusieurs dizaines d'hommes, des chevaux et du matériel. Leur fond plat permettait de remonter les fleuves facilement. Les bateaux étaient mus par les voiles ou les rameurs. Le gouvernail était constitué par une sorte de rame courte à très large pale, fixée par des attaches de cuir à l'arrière. Il était possible de le relever très rapidement pour qu'il ne racle pas le fond. La coque était constituée de planches superposées qui contribuaient à leur souplesse et à leur solidité.

Les Vikings étaient à l'origine des polythéistes, c'est-à-dire qu'ils croyaient en plusieurs dieux. Les plus connus sont Thor, dieu de la foudre et du combat, Odin, maître de la connaissance et père de tous les dieux, et Loki, le traître fourbe et rusé. Freyr était la déesse de la fécondité et de la fertilité, elle tient aussi une place importante dans les légendes scandinaves. On a en revanche peu de renseignements sur le clergé, cependant on sait que les godar présidaient les fêtes saisonnières et les sacrifices. Les Scandinaves se sont ensuite convertis au christianisme. Des missionnaires francs tentent d'évangéliser l'Europe du Nord à partir du IXe siècle.

 

COSMOGONIES   -  B.A – BA 

ROGER   PARISOT

Edition  PARDES

 2000

Les  cosmogonies  sont des récits mythiques qui traitent de la création du monde, et qui racontent comment sont apparus le Ciel et la Terre, le Soleil et la Lune, les Montagnes et les Océans, les Animaux et les Hommes, qui disent ce que firent les Dieux au commencement pour qu’existent les choses visibles. Ces récits sont nombreux et divers , selon qu’il s’agit de création ex- nihilo , de création par la parole , de mise en forme cosmique , d’un chaos originel , ou de l’œuvre d’un démiurge , qui peut être  potier , tisserand , forgeron ou charpentier . Et selon que leur symbolisme est celui de l’œuf  du monde ou celui du géant dépecé, celui des nombres ou celui des quatre éléments.

 

On trouvera dans cet ouvrage, des exemples de ces différentes cosmogonies  qu’on s’est efforcé de mettre en ordre, et de les rendre le plus intelligible possible. Mais surtout, on a cherché à ramener la diversité de celles-ci à l’unité, en montrant quel schéma traditionnel, primordial et universel  sous- tend leurs  formulations symboliques.

 

Enfin, pour être aussi complet que possible, ce livre traite de la fin du monde, par le feu du ciel, ou l’eau du déluge, fin qui concerne directement les cosmogonies, puisque, traditionnellement, la fin du monde est toujours le commencement d’un nouveau monde.

 

Nombreuses et diverses, voire hétérogènes et incompatibles, apparaissent les manières dont les cosmologies rendent compte de la création du monde, ce qui a conduit les historiens des religions, dits comparatistes, à en proposer des classifications, aboutissant à recenser au moins quatre types de mythes cosmologiques aux différences  irréductibles. Furent ainsi distingués : les mythes créationnistes , comme celui de la Genèse , pour lesquels le monde est l’œuvre d’un Dieu suprême , créant ex-nihilo et par la parole ; les mythes  démiurgiques, qui font du monde le produit de l’activité d’un Dieu artisan , potier ou autre , comme on l’a vu , auxquels on peut rattacher les mythes qui font provenir du cosmos , du dépeçage d’un serpent ou d’un géant primordial ; puis les mythes émanationnistes , comme la kabbale ou les néoplatonismes , qui considèrent que le monde procède d’un principe , comme les nombres sortent de l’unité , desquels il faut rapprocher ceux pour qui il sort d’un œuf ; enfin les mythes physico-scientifiques , comme les hylozoïsmes pré socratiques , ou l’atomisme de Démocrite , d’Epicure et de Lucrèce , qui cherche une explication naturelle et matérielle du monde , et font le passage de la cosmogonie à la cosmologie .

 

De son côté Mircea Eliade pense pouvoir distinguer également quatre types de mythes de création, à ses yeux particulièrement attestés en Inde. Il écrit, dans son « Histoire des croyances et des idées religieuses »

 

 « On peut  les distinguer comme suit :

1/ création par la fécondation des Eaux originelles

 2/ création par les dépècements d’un géant primordial : Purusha

 3/ création à partir d’une unité-totalité, à la fois Être et non Être,

 4/ création par la séparation du Ciel et de la Terre 

  Mais les choses peuvent être comprises autrement, et les diverses cosmogonies,  au lieu de les renvoyer à des conceptions foncièrement et radicalement différentes, n’être que des fragments ou des moments d’une même cosmogonie primordiale, perdue de vue dans son unité, et mal comprise dans sa complexité. Et ceci d’autant plus que les  mythes qui sont toujours les scénarios de rites, étant de transmission orale, peuvent s’altérer au cours du temps, et mal refléter à la fin, la signification du rite. C’est ce que montrent à nos yeux ,  les nombreuses corrélations et analogies , ainsi que les interférences et télescopage  qu’un à pu observer entre tous ces mythes , comme celui de l’œuf du monde qui , formé sur le tour du potier , renvoie aux mythes du créateur démiurge et artisan , et qui , pondu par la bouche , renvoie au thème  de la création par la  parole . En fait une même structure cosmogonique se laisse apercevoir en filigrane derrière toutes ces mythologies. Toutes, en effet posent on l’a vu, à l’origine de tout, un principe suprême et absolu, ineffable et transcendant.

 

croyances et lÉgendes du cœur de la France

lainel de la salle

Edition Jean de Bonnot

 1994

Le 1er volume nous parle de la légende de Noël, des Rameaux, du Gui, des fêtes du soleil, de la St Jean et autres Michelets. Le 2ème volume nous parle des féeries, des diableries et des animaux fantastiques dans le Berry.

 

De surprenants habitants peuplent les forêtsChevreuils, pipistrelles, renards, chouettes... ne sont pas les seuls : d'autres habitants, moins classiques, sont aussi recensés en forêt, tels que fées, lutins, licorne mais aussi ogres et démons...A chaque période historique, à chaque région forestière son lot de contes, mythes et légendes. C'est ainsi que la forêt abrite une vaste population de figures bienveillantes ou malfaisantes, avenantes ou hideuses. Partons à leur rencontre...

 

Que seraient nos forêts sans leurs fées ? Aux dires des anciens, la plupart en étaient peuplées : la fée Viviane en forêt de Brocéliande, Morgane près d'Avallon, Mélusine dans les forêts du Poitou et en Vendée, les enchanteresses dans les Ardennes... Idéalement belles et jeunes la plupart du temps, elles pouvaient aussi être vieilles et laides. Elles pouvaient apparaître sous différents aspects : dryade, elfe, vieille mère, nymphe, biche-fée, dame blanche, dame verte... Paysans, bûcherons, chasseurs, marchands ou seigneurs, tous furent ensorcelés par ces créatures humanoïdes féminines aux pouvoirs surnaturels.

 

Elles apparaissent souvent dans les récits comme symbole de pureté et de sensualité, d'étrangeté et de sociabilité, et peuvent présider à la naissance des héros. Mais d'autres, malfaisantes, se jouent de leurs prétendants humains trop crédules et les emportent dans un tourbillon infernal, souvent mortel. Domaine de l'enchanteur Merlin, des fées Viviane et Morgane, la forêt de Brocéliande (à Paimpont, en Ille et Vilaine) accueille la geste arthurienne. La légende raconte que la forêt ensorcelée par Morgane engloutissait les guerriers infidèles qui osaient s'aventurer dans ses profondeurs. On prétend qu'elle faisait appel à la tourmentine : une créature ayant l'aspect d'une touffe d'herbe, qui lorsqu'un imprudent la foulait du pied, l'empêchait de marcher droit et l'emmenait à hue et à dia !

 

Korrigans ou poulpiquets en Bretagne, farfadets en Vendée, feltens en Champagne, lutons en Franche-Comté, sotrés dans les Vosges, sautereux en Lorraine... Chaque terroir était habité de ces petits êtres malicieux et excentriques, émanation de la nature, qui incarnaient l'esprit du lieu sur lequel ils exerçaient une invisible surveillance. Ils trahissaient toutefois leur présence par un insolite et inquiétant remue-ménage, par un rire aigrelet qui tombait des branches en cascade ou jaillissait des fourrés.

 

Ils expriment en général une joie exubérante contrastant avec le caractère sombre de la forêt et la peur qu'elle inspire. S'ils manifestent un esprit taquin en toute chose et si le désarroi des hommes les amuse, au final, ils leur prêtent une main amie et secourable. Seuls quelques-uns sont fort déplaisants et peuvent cacher un démon prêt à abuser les hommes. Ogres et sorcières trament de noirs desseins en forêt et se partagent le titre de créature la plus malfaisante de la forêt. Alors que les géants sont dociles, les ogres, autre créature d'une force redoutable, sont dangereux. Leur fâcheuse tendance à dévorer la chair fraîche en fait des figures incontournables de nos contes. Ce n'est pas le Petit Poucet qui nous contredira !

 

Quant aux sorcières, elles tirent leurs pouvoirs des forces du mal, rien de moins. Confectionner un philtre d'amour, jeter sorts et malédictions, prédire l'avenir, les sorcières sont capables de tout cela ! A l'origine de leur mythologie, on trouve la guérisseuse, qui connaît le secret des plantes et dispose donc d'un savoir redoutable. Les plus douées d'entre elles volent sur un balai et savent modifier leur apparence pour mieux berner les hommes.  Les sorcières retrouvent le diable au cours d'effrayantes cérémonies en forêt qu'on nomme sabbats. Elles ont pour cadre les rares clairières dont le sol sans végétation fait apparaître de larges cercles, qu'on appelle « ronds de sorcières ». Quatre fois par an, les nuits de plein lune, elles accomplissent par groupe de treize des rituels démoniaques : incantations à Satan, échange de procédés maléfiques, danses macabres, union avec le Grand Bouc...

 

Pauvre loup... Depuis le temps qu'il traîne sa mauvaise réputation, les légendes lui ont assurément réservé une place de choix. Nombre de toponymes révèlent l'intensité de l'effroi - et de la fascination - qu'il a provoqués : les « Chemins au loup », « Val au loup », « Carrefour du loup » sont pléthore en France. Noir, gris ou blanc, il ne serait rien moins qu'un féal du Diable quand il n'en est pas tout simplement l'incarnation. Ennemi de l'homme, dévoreur d'enfants, ses descriptions font de lui une Bête de l'Apocalypse plus qu'un animal de la Création. Tant et si bien qu'il fut traqué et exterminé.

 

Pourquoi les hommes lui ont-ils voué une telle haine ? Parce qu'ils en avaient peur. Si seuls quelques faits avérés révèlent des attaques de loups, sa mauvaise réputation s'explique peut-être aussi par la rude cohabitation de l'homme et de l'animal sauvage. Imaginez un village d'autrefois, à la lisière de la forêt. L'hiver est là, la nuit vient de tomber, chacun est calfeutré chez soi quand soudain retentit le hurlement du loup. Le bétail s'affole dans les granges, les adultes sont tendus, les enfants pleurent... Et un loup surgit dans le village, bientôt suivi d'un autre jusqu'à ce que la meute au grand complet vienne rôder et hurler tout autour des étables, affamés qu'ils sont par l'hiver. Toute une nuit que les villageois passeront à se signer et à prier jusqu'à ce que le petit matin renvoie les loups d'où ils étaient venus, la sombre et si proche forêt...

 

Corps dépecés, bête insaisissable... Quel animal a bien pu tuer et mutiler plus de 100 personnes entre juillet 1764 et juin 1767, dans la région du Gévaudan, au sud de l'Auvergne ? La bête semble insaisissable. Le roi Louis XV envoya même son louvetier sur place tant la peur était grande. Lorsqu'un loup de belle taille fut tué par un Cévenol, Jean Chastel, les crimes cessèrent. Mais le mystère n'est pas pour autant résolu. N'y avait-il vraiment qu'un seul coupable ? Ou étaient-ils plusieurs ? Et n'aurait-il pas pu être humain ? Après cette hypothèse, loin d'être invraisemblable, la dernière en date soupçonne... une hyène.

 

Cerfs et biches se taillent aussi une belle part dans les contes et légendes des forêts. Qu'ils soient la forme animale d'une divinité païenne ou messager envoyé par Dieu, plus d'un s'est laissé captiver ou convertir par l'animal, souvent blanc et de taille impressionnante. Il était une fois une jolie princesse appelée Marguerite. Gracieuse et bonne avec les petites gens, elle cachait un secret : la nuit venue, elle devenait biche et s'en allait rejoindre sa famille des bois. Mais son mari Renaud, chasseur émérite, un soir lui transperça le cœur d'une flèche. Lors du banquet de réjouissance qui s'en suivit, il se régala de sa pauvre femme...

 

Pour terminer le bestiaire des créatures de la forêt, n'oublions pas toutes ces créatures surnaturelles, souvent hybrides ou chimères. Le dragon cracheur de feu, couvert d'écailles, à la langue en forme de dard, aux serres d'aigles et aux ailes membraneuses apparaît dans toutes les cultures. La Tarasque qu'on craignait à Tarascon avant qu'elle ne fût soumise par Sainte-Marthe ou encore le dragon que Saint-Michel terrassa. La licorne, au corps de cheval et au front de cerf surmonté d'une longue corne symbolise quant à elle la puissance et la pureté. La vouivre, créature au buste de femme et au corps de serpent hante les rivières de la Franche-Comté. Sur son front, une escarboucle de grande valeur attisa les désirs de plus d'un imprudent dont on retrouva le cadavre aux os brisés.

18 D

des contes de fÉes à l’opÉra : une voie royale

Amélie André- Gedalge

Edition Dervy

 2003

Ce livre est un recueil d’études dont l’Axe est le symbolisme initiatique. Son auteur Amélie Gedalge  (1865-1931), nous conduit dans un domaine dont elle a essayé de saisir le sens : « Ce que j’ai pu apprendre a été pour moi un monde », a-t-elle écrit.

 

Il est intéressant de voir qu’elle a appliqué ses recherches aussi bien aux contes pour enfants qu’aux opéras.

 

On retrouve ces symboles dans moult religions, philosophies et mythes. Source inépuisable de réflexions personnelles ou collectives, toujours vivants, ils sont adaptés aux interrogations de la nature humaine.

 

Ils nous permettent de nous élever dans les hautes régions de la spiritualité, laissant apparentes les vérités sacrées pour ceux qui savent les lire. Ce livre donne la clé pour atteindre une connaissance sensible.

 

Tous les textes de cet ouvrages ont été rassemblés, sélectionnés et présentés par André Gedalge, petit- fils de l’auteur, il en a rédigé la préface, et par Irène Mainguy, bibliothécaire-documentaliste au GODF qui en a fait une introduction biographique.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Il était une fois…   -   Le symbolisme initiatique   -  Introduction à l’ésotérisme initiatique des contes de fées   -   L’ésotérisme des contes des mille et une nuits   -  Essai sur le pouvoir éducateur de la musique   -  Orphée   -  La flûte enchantée   -  Esotérisme d’Obéron   -  La Table d’Emeraude   - 

 

DE SPARTACUS A BATMAN - LE MYTHE DU HÉROS CHEVALERESQUE EN OCCIDENT CHRÉTIEN

Myriam Philibert

Edition Arqa

 2018

Suite  à la crise du monde moderne dénoncé en son temps par René Guénon, l’auteure reprend la formule de nos sociétés décadentes, elle démontre sans concession nos sociétés bafouées qui ont perdues l’honneur, l’amour de la Patrie, l’effort du travail, elle reprend l’histoire avec ses héros mythiques et nous fait revisiter notre généalogie magnifiée d’hommes libres et transcendants de lumière. Elle part des cirques romains avec Spartacus et passe par Matrix, Batman, les chevaliers aux grands cœurs et au courage magnifique, elle parle de Démiurge, d’anges solaires, de templiers, détendeur du Graal, des amazones farouches, l’Odyssée avec Ulysse, Jeanne d’Arc etc.  Elle met en parallèle ces mondes et ces civilisations en expliquant pourquoi et comment nous en sommes arriver dans ces marécages où l’homme n’a plus de dignité, d’honneur et se complait dans une paresse assistée devenant ainsi des zombis sans avenir.

 

Au sommaire de cet ouvrage :-

QUAND MOURIR EST UN ART - CHEVALERIE ET HÉROÏSME TRANSCENDÉ

I – SAINT MICHEL, SAINT GEORGES… ET LE DRAGON - Le dragon - Héros et monstres - Les saints pourfendeurs de dragons - Métaphysique du domptage du dragon - Lucifer, Satan (et les autres…) - Les armées célestes - Chevalerie terrestre et/ou quête célestielle ?

II - LE BOUILLANT ACHILLE - GLOIRE ET HONNEUR - L’initiation et l’armement du guerrier suprême - La mort : passage initiatique ? - La Grèce, terre de héros : Ulysse - Le troyen Énée - Du mythe à l’histoire - Le Mahâbhârata.

 

III – SPARTACUS - UN DIEU DE L’ARÈNE - Jeux funèbres et jeux en l’honneur des dieux - Les jeux à Rome - Les armes et les disciplines – Spartacus - La révolte des héros - L’apprentissage de la « cité » - Spartacus, dieu de l’arène - Le héros sacrifié.

IV - CUCHULAINN - L’ARCHÉTYPE DU HÉROS - La voie du héros – Oengus - Cuchulainn en butte aux forces involutives - Héros et hérôon - Seul contre tous - Vercingétorix - Cuchulainn et la science sacrée - Voyages aux pays féeriques - Combat contre la Mort - Cuchulainn et l’Autre monde - Cuchulainn, mythique héros solaire.

V - GALAAD - LE CHEVALIER IMMACULÉ - Prémices et projet de la quête initiatique - Mais auparavant ? – Galaad - La quête initiatique et l’engagement - La chevalerie errante - Insaisissable Graal.

VI - LES TEMPLIERS - PAUVRES CHEVALIERS DU CHRIST - La guerre « sainte » - Bernard de Clairvaux - Le Temple - Entre misère et faste, quelques repères - La secte des Assassins, miroir de l’ordre du Temple - Déclin et chute de l’Ordre du Temple - L’Ordre du Temple et sa double vie .

VII - JEANNE D’ARC - SAINTE ET MARTYR - Jehanne d’Arc - Grandeur et misère d’une héroïne - Transcendante destinée de la Pucelle - Les Amazones - La femme guerrière - Les femmes et les arts martiaux - Séductrices ou magiciennes - La chevalerie d’amour courtois - Le féminin sacré.

VIII - MIYAMOTO MUSASHI - LE SAMOURAÏ CALLIGRAPHE - Le Kalaripayatt - Les moines de Shaolin - Taoïsme et arts martiaux - L’art de la guerre de Sun Tzu - Les Samouraï - Miyamoto Musashi - Le Bushido ou « Voie du guerrier » - Le tir à l’arc, perfection solaire du guerrier.

IX – NÉO - LE RETOUR DANS LA MATRIX - Sources et références - L’intelligence artificielle - Neo l’Élu - The One - Les héros et les antihéros de la saga - Combat eschatologique - Zion, l’assiégée - Le Temps nouveau.

X - BATMAN - THE DARK KNIGHT - Le chevalier noir - The Dark Knight - L’ambivalence du héros - Forces noires et forces blanches - L’idéal héroïque ou chevaleresque - La voie du guerrier - L’archétype du Héros.

XI - PERFECTION DU GUERRIER - HÉROÏSME TRANSCENDÉ

18 E

ÉLÉMENTS de MYTHOLOGIE  SACRÉE  AUX  XIIe et XIIIe SIÈCLES EN FRANCE  

CHRISTIAN  MONTÉSINOS

ÉDITIONS DE LA HUTTE

 2011

Longtemps regardé comme obscur par les historiens et le public, le Moyen Âge de la chrétienté ne les a bien souvent intéressés qu’au travers de ses guerres, de ses dynasties féodales et d’une esthétique cléricale regardée superficiellement.

 

Depuis très peu d’années, alors que la redécouverte de ses prouesses techniques et artistiques commence à remettre dans la lumière cette ère considérée à tort comme sombre, les consciences semblent enfin s’ouvrir à l’idée que l’art hiératique et lumineux des lieux sacrés renferme bien plus que l’idolâtrie religieuse ou la chronique d’une société de castes imperméables.

 

En effet, derrière les images pittoresques de la cathédrale se cache un trésor qui transcende les limites du visible : un ensemble mythologique d’une extrême richesse et d’une grande cohérence. Ces statues, ces fresques ou ces vitraux nous racontent une histoire, et des histoires, par leurs symboles. Ainsi les saints martyrs portant leur propre tête, les griffons et les basilics, les vierges noires, les anges ou les gueux grimaçants et menaçants font émerger d’anciennes entités païennes, chtoniennes ou magiques qui parlent à notre conscience universelle et rattachent l’art sacré des bâtisseurs aux traditions primordiales de la civilisation

 

En outre, la nature et l’histoire des figures et des personnages eux- même apporteront à l’amateur des éclaircissements qui, trop souvent, manquent lors de la visite d’un lieu, laissant un sentiment de frustration. L’auteur, guide expérimenté et conférencier, nous fait bénéficier de ses connaissances et de ses recherches pour explorer deux grands siècles gothiques, le 12e et le 13e siècle.

 

L’auteur développe les sujets suivants :

 

La pensée médiévale, les divinités avant le christianisme, la cathédrale, le calendrier médiéval et l’alchimie, les croisades, Saint Nicolas, Saint Jean Baptiste et sa tête, Saint Laurent, les ordres hospitalier,  les voyageurs et les pèlerins, le retour du guerrier, le théâtre religieux, les traditions villageoises, Jacques de Voragine et la Légende Dorée, Vincent de Beauvais et le speculum Majus, Saint Ouen et Saint Eloi, la Nativité, l’Epiphanie et les Rois Mages, Melchior, Gaspard et Balthazar, la galette. La mythologie médiévale avec : le Christ Roi, le Père, le Fils et le Saint Esprit, la Vierge, les apôtres et les disciples, les vierges noires, les Saintes Maries de la mer, Marie-Magdeleine, Sarah l’égyptienne, Pélagie, les vierges folles et les vierges sages, Sainte Anne et Joachim,  Saint Joseph, les quatre évangélistes : Marc, Luc, Mathieu et Jean. Saint Pierre et Saint Paul, Saint André, Saint Jacques, Véronique, Joseph d’Arimathie, Barabbas, Ponce Pilate, les deux larrons et Judas l’Iscariote.

L’Archange Gabriel, Saint Georges et Saint Michel, les divers rois, Saint Marcoul et les écrouelles, longinus et sa lance brisée, Saint Sébastien, Saint Martin, Saint Mercure, Maurice, Maurin, Théodore. Le Saint Graal, Charlemagne, Roland, les chevaliers du temple, les saints martyrs : Saint Martial, Saint Vincent, Saint Quentin, Saint Laurent et Sainte Foy.  Saint Mitre, héritier de Mithra, Saint Christophe, Saint Denis, Saint Elophe, les céphalophores, Eros et la foi, Paul de Thèbes et Thècle, Sainte Afra et Sainte Agnès, les vierges d’Héliopolis, Sainte Tarbo, Sainte Catherine, philosophe et épouse mystique du Christ, moniales prostituées et martyrs.

Le diable, Saint Antoine, enfer, paradis, purgatoires, limbes, gargouilles, souffle-cul, sodomites et fornicateurs. Le jugement dernier, l’Apocalypse, le bestiaire mythologique médiéval : L’agneau jupitérien, Saint Hubert et les chasseurs, Eustache, Julien l’hospitalier, Œdipe, Saint Gilles le druide, Saint Patrocle, Saint Blaise, l’auroch de Saint Calais, le lion de Saint Jérôme, les oiseaux de Saint François, les bœufs de Laon, les dragons, les serpents et autres basilics, Sainte Marguerite, Sainte Julienne, Sainte Marthe, Sainte Perpétue, le bestiaire monstrueux. Borgnes et aveugles : la cécité rituelle, les bègues, les boiteux, les bossus, les miséreux, les comédiens et les saltimbanques, les acrobates, les géants, les naines, les fées ….

 

Superbe livre de documentations sur deux siècles mal connus, la richesse de cet ouvrage, à la lecture agréable en fait un ouvrage de références

 

ÉTHIOPIE DES VOYAGEURS

Gérard Bossolasco

Edition L’Harmattan

 2009

Ethiopie mystérieuse, berceau de l’humanité, empire du puissant prêtre Jean, Suisse africaine… Les épithètes et les étiquettes ne manquent pas pour qualifier cette lointaine Abyssinie, terre des Rois des Rois à la saveur exotique, terre fascinante, terre mythique avec la lointaine Reine de Saba.


Depuis des siècles, l’Ethiopie attire et fascine les Européens. Explorateurs, missionnaires, diplomates, scientifiques, négociants, aventuriers de tout poil ont parcouru ses massifs montagneux et couru ses déserts sans en épuiser les attraits ni la fascination.


Les secousses de l’histoire l’ont souvent mise à la une de l’actualité : expédition anglaise contre l’empereur Théodoros en 1868, défaite des troupes italiennes devant l’armée de l’empereur Ménélik II en 1896, guerre italo-abyssine en 1935, renversement de l’empereur Haïlé Sélassié en 1974, famine en 1984…

 

En marge des gros titres, il existe pourtant une autre Ethiopie, riche de peuples et de cultures, aux paysages infinis, à la fois réservée et chaleureuse. Cet ouvrage ressemble à des cartes postales d’avant la couleur avec des récits de voyageurs étonnés et qui nous dévoilent les multiples facettes de ce pays sauvage et magique.

Quelques noms qui ont traversé et voyagé sur ces terres : Henry de Monfreid – Arthur Rimbaud - Joseph Baeteman - Alfred Bardey - Henry Blanc - Alain Borer - James Bruce - Alain Cheneviere - Maxime Cleret - Pierre Dubois - Francis Falcetto - Patrick Forestier - Samuel Gobat - Marc de Gouvenain - Paul de Lauribar - Alessandro Llano - Jerôme Lobo - Jean de Mandeville - Georges Montandon - Louis Noir - Georges Remond - Théodore Ravier - Herbert Rittlinger - Rochet D’Héricourt - Jean Christophe Rufin - Haroun Tazieff - Gaston Vanderheym -

Au sommaire de cet ouvrage :

Cap sur l’Ethiopie - le train des grands espaces - Ethiopie la contrée mystérieuse - Ethiopie éternelle, et terre mystique - Dignité éthiopienne - Voyageurs et hospitalité - Femmes et hommes d’Ethiopie - Ethiopie, terre de musique et de danse - jour de marché - Le pays du miel et du beurre, les nourritures - Le jardin d’Eden - des animaux et des hommes - Petit lexique - index et chronologie des voyageurs cités -

 

ḖTHIOPIE - LES JUIFS D’ḖTHIOPIE – DE GONDAR A LA TERRE PROMISE

Lisa Anteby- Yemani

Rd. Albin Michel

 2018

Communauté aux origines obscures, qui revendique l’héritage du roi Salomon et de la reine de Saba, les juifs d’Éthiopie ne cessent de fasciner. L’épopée de leur « montée » en Israël au milieu des années 1980 les a brutalement fait passer d’un mode de vie archaïque à l’ultra-modernité. Dans cet ouvrage appelé à devenir la référence en français, l’auteur fait le point sur ce qu’on sait de leur histoire ancienne et met surtout l’accent sur leur installation en Israël, la difficile question de leur intégration et les défis actuels. Elle montre en particulier comment leur identité en tant que nouveaux Israéliens, juifs et noirs, les place  au carrefour de problématiques contemporaines : identité nationale ou religieuse, conscience de couleur et de genre, transnationalisme, re-diasporisation globalisation… Depuis une trentaine d’années, l’Etat hébreu a fait venir en Israël près de 80.000 Juifs d’Ethiopie, toute l’ethnie des Beta Israël – la maison d’Israël –, appelés également Falashas.

Cette population, qui vivait sur les côtes éthiopiennes depuis le début de l’ère chrétienne, s’était réfugiée dans les zones montagneuses de l’Ethiopie au IVème siècle pour échapper aux brimades et au prosélytisme chrétien de la dynastie Aksoum. C’est là, sur les plateaux de Gondar et dans le Tigré, aux confins du lac Tana, que les Beta Israël ont fondé un royaume florissant, resté indépendant jusqu’au XVIIème siècle. Durant plus de douze siècles, le royaume juif d’Ethiopie a connu un âge d’or et sa culture a essaimé dans tout le pays et même au-delà de ses frontières. Les Beta Israël se considèrent eux-mêmes comme les descendants des notables qui ont accompagné Ménélik, fils du roi Salomon et de la reine de Saba, en Ethiopie. Ils ont vécu en perpétuant leurs traditions ancestrales basées sur le Pentateuque - les cinq livres de Moïse - qui existaient à l’époque où ils ont quitté la Terre Sainte, et non sur l’ensemble de la Bible (par exemple, ils ignorent le livre d’Esther et la fête de Pourim) ; quant à la littérature rabbinique, aussi bien le Talmudique le Midrash, ils ignorent totalement. Ceci explique la particularité de leurs coutumes et de leurs préceptes religieux.

Il existe cependant d’autres hypothèses quant aux origines des Falashas : selon Eldad ha-Dani, un voyageur juif du IXème siècle, ils s’agirait des descendants des tribus perdues de Dan, Asher, Gad et Nephtali, qui ont fui Jérusalem lors de la destruction du royaume d’Israël en 722 avant l’ère commune. Leur existence est, en tous cas, attestée par de nombreux voyageurs juifs, arabes et chrétiens depuis le premier quart de l’ère courante. Une autre hypothèse, dite hypothèse chrétienne, affirme que les Beta Israël seraient une population autochtone éthiopienne, convertie par des groupes de marchands juifs qui avaient traversé la région au cours des premiers siècles du christianisme. Au début du XVème siècle, le roi éthiopien Yeshaq décréta que seul « celui qui est baptisé dans la religion chrétienne peut hériter de la terre de ses ancêtres, sinon, qu’il soit un falasi ». Ce terme, qui vient du guèz, l’une des 80 langues parlées en Ethiopie, signifie "émigré", "étranger", ou "exilé", et est considéré comme péjoratif par les Juifs éthiopiens. Dès la promulgation de ce décret, les Beta Israël perdent tout accès à la propriété terrienne et sont contraints de se tourner vers des petits métiers, devenant ainsi une minorité misérable et marginalisée.

Au XVIème siècle, la population juive d’Ethiopie comptait environ 500.000 individus. De nombreuses missions catholiques, puis protestantes, tentèrent, parfois avec succès, de convertir au christianisme les Beta Israël. Une tâche souvent facilitée par la misère et le dénuement le plus total dans lesquels ils avaient été réduits. Les Beta Israël prennent véritablement conscience de l’existence de Juifs en dehors de l’Ethiopie. au XIXème siècle, avec l’action de Jacques Faitlovich, orientaliste juif polonais, qui créa un comité de soutien aux Falashas et enjoignit l’Agence Juive de poursuivre son œuvre. Il faudra toutefois attendre jusqu’en 1973 pour que le grand Rabbin  sépharade d’Israël Rabbin sépharade  d’Israël, le Rabbin Ovadia Yossef, reconnaisse leur identité juive et une année supplémentaire au grand Rabbin ashkénaze Shlomo Goren pour qu’il lui emboîte le pas. Finalement, c’est en 1975 que le gouvernement israélien les reconnaît à son tour, leur permettant alors de bénéficier de la Loi du retour, qui offre à tout Juif reconnu comme tel la possibilité d’immigrer en Israël et d’obtenir automatiquement la nationalité israélienne.

En octobre 1973, au lendemain de la guerre du Kippour, l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié, considéré par la tradition chrétienne orthodoxe éthiopienne comme le descendant du roi Salomon et de la lignée davidique, rompt ses relations diplomatiques avec Israël. Un an plus tard, il est renversé par un jeune colonel communiste, Mengistu Haïlé Mariam, lors d’un coup d’Etat sanglant, qui impose une dictature militaro-marxiste. Mengistu fera assassiner l’empereur au mois d’août 1975, ainsi que des milliers d’opposants politiques à partir de 1977, jusqu’à ce qu’il soit renversé, à son tour, en 1991. Après un procès qui a duré dix ans, le colonel Mengistu, réfugié au Zimbabwe, vient d’être condamné par contumace, le 11 janvier dernier, à la prison à vie pour génocide. Les relations diplomatiques entre l’Ethiopie et Israël sont rétablies en 1989 ; mais dès 1977, les villages peuplés de Beta Israël commencent à se vider de leurs habitants.

Entre 1980 et 1984, des milliers de Beta Israël de la région du Tigré, fuyant la famine et la guerre civile, se réfugient au Soudan voisin, puis de là partent vers Israël, au cours d’opérations encadrées par le Mossad. Des milliers de Beta Israël meurent de faim, de soif et d’épuisement au cours de cet exode. Cet épisode tragique est celui qui est montré dans le très beau film « Vis, va, deviens ». Les deux plus importantes vagues d’immigration sont l’opération Moïse, qui se déroule de novembre 1984 à janvier 1985, et au cours de laquelle quelque 7.700 Beta Israël de la région de Gondar sont évacués, puis la spectaculaire opération Salomon, les 24 et 25 mai 1991, lorsque 14.300 Beta Israël sont amenés en Israël par un pont aérien, en 36 heures, au moment où le régime de Mengistu s’effondre.

En 1992, la quasi-totalité des Beta Israël a immigré en Israël, et, aujourd’hui, le rapatriement des Juifs éthiopiens est achevé. Mais une nouvelle population judaïsante arrive en masse du Nord vers la capitale éthiopienne. On les appelle les Falash Mura. Ils sont des milliers se réclamant d’ascendance Beta Israël, bien qu’ils ne fassent plus partie de cette communauté depuis deux ou trois générations, et qui demandent à émigrer en Israël.
L’Agence juive prend en charge l’organisation des camps de réfugiés à Addis-Abeba, met sur pied des cours d’hébreu et gère les conversions de confirmation au judaïsme. Certains de ces réfugiés attendent pendant des années, dans ces camps, de pouvoir partir en Israël, qu’ils considèrent comme leur nation. Se retrouvent pêle-mêle des Juifs qui ont abandonné la pratique de leur religion et se sont convertis au christianisme, et des chrétiens miséreux qui veulent quitter leur pays à la recherche d’un Eldorado. Les Falash Mura ne constituent pas un groupe homogène, leur seul dénominateur commun étant leur volonté d’aller en Israël.

Plus de 80.000 Juifs éthiopiens sont déjà arrivés en Israël, et chaque mois, environ 300 nouveaux immigrants d’Ethiopie atterrissent à Tel-Aviv. Un tel afflux nécessite évidemment la mise en place de structures d’accueil et d’intégration adaptées. En mars 2005, le gouvernement hébreu avait donné son accord pour doubler les quotas d’immigration, mais cette mesure n’a pas encore été mise en application pour des raisons budgétaires.
A l’heure actuelle, il est impossible de déterminer avec précision le nombre de Falash Mura restant en Ethiopie. Il faudrait effectuer un recensement des Juifs, village par village, afin de conserver un équilibre entre la vocation humanitaire d’Israël et la nécessité de privilégier la communauté juive pour laquelle une immigration vers l’Etat hébreu possède une réelle signification. Un tel recensement aiderait à créer des listes de familles complètes, en évitant des situations de déchirements familiaux. Le gouvernement israélien est très conscient que lorsqu’on transfère des gens de leur lieu d’origine, il faut mettre à disposition les moyens considérables nécessaires à les intégrer dans la vie de leur nouveau pays. Les Falash Mura, en plus des difficultés d’intégration dans la société moderne, doivent encore faire face aux brimades des Falashas qui les considéraient comme des esclaves en Ethiopie.

Pour l’establishment israélien, si les immigrés russes, arrivés après l’effondrement du bloc soviétique, débarquent munis de la culture occidentale industrialisée qui prévaut en Israël, les Juifs d’Ethiopie, eux, sont issus d’un environnement rural africain et possèdent un niveau d’éducation et des coutumes en net décalage avec la civilisation moderne. Cette considération objective rend leur intégration très difficile et coûteuse. Certains considèrent d’ailleurs que cette immigration est un échec. Le faible niveau scolaire relatif des Juifs d’origine éthiopienne empêche nombre d’entre eux d’accéder à des postes de travail qualifiés, et le taux de chômage est nettement plus élevé que la moyenne du pays. Cette situation engendre des cas de suicides et de la délinquance.

Il serait cependant trompeur de perdre de vue le fait que ce groupe de personnes est arrivé en Israël il y a une génération au plus, et avec un décalage de centaines d’années du point de vue du mode de vie. On peut également constater, qu’en une génération, un tiers des jeunes Juifs éthiopiens a réussi à passer le bac, en dépit du choc de civilisation que leur communauté a subi de plein fouet. Objectivement, des progrès énormes ont été réalisés dans la qualité de vie des Israéliens originaires d’Ethiopie : le sida, qui faisait des ravages dans leurs rangs en Afrique, est désormais pris en charge et traité. L’excision des femmes falashas, de règle en Ethiopie, a virtuellement disparu en Israël, et ce ne sont ici que deux exemples significatifs parmi un grand nombre.

Bien sûr, dans cette transformation rapide, les Juifs éthiopiens perdent des coutumes et même des connaissances précieuses existant dans leur tradition. Les traditions ancestrales cessent ainsi de gérer le quotidien de ces communautés et finissent par tomber en désuétude, vouées à un oubli certain dès que la génération des exilés aura disparu. Sur les 105.000 Juifs éthiopiens vivant en Israël, plus de 25.000 y sont nés. L’armée est le véritable creuset où tous les Israéliens, qu’ils soient de souche ou immigrés, se retrouvent égaux. Sans nul doute, dans une vingtaine d’années, la population éthiopienne sera entièrement intégrée à la société israélienne, comme le sont désormais les Russes ou les Yéménites. Des Yéménites qui sont arrivés avec un profil relativement semblable à celui des Beta Israël, et dont les fils et petits-fils sont aujourd’hui ministres ou généraux dans l’armée.

 

ÉTHIOPIE – LE LIVRE & L’ombrelle

Gérard macÉ

Edition LE TEMPS QU’IL FAIT

 2007

L’Éthiopie, pour les archéologues et les historiens, c’est le territoire de notre ancêtre Lucy. Pour le lecteur de poésie, c’est la dernière destination de Rimbaud.

Mais l’Éthiopie est aussi une civilisation au confluent du Nil et de la mer Rouge, dont l’histoire est écrite depuis l’Antiquité. Or la civilisation, en Éthiopie comme ailleurs, c’est ce qui a résisté aux invasions, aux massacres, aux politiques désastreuses, aux épidémies, aux famines et même à l’oubli.

 

La civilisation en Éthiopie, c’est l’invention d’une histoire, des croyances qui se complètent ou se contredisent, des manuscrits qu’on interprète, c’est aussi ce qu’il y a de plus précaire et de plus manifeste : une façon d’être ensemble, de marcher le long des routes, de porter un enfant, de mener un troupeau, de croiser un regard et de parler aux bêtes.

 

C’est la survivance de l’Antiquité dans les gestes et la démarche, alliée si souvent à la peur du lendemain…Pour l’essentiel, ce livre représente l’Ethiopie chrétienne, celle des hautes terres qui est présente dans ce livre.

 

Pour autant, il ne faut pas ignorer que l’Ethiopie est un pays multiconfessionnel, ainsi qu’en témoigne une salle du musée d’Addis-Abeba, où sont mis sur le même plan, le christianisme, l’islam, le judaïsme et l’animisme.

 

Mais c’est aussi le mouvement rastafarien : Marcus Garvey est un Jamaïcain installé à Harlem, il préconisait une doctrine nationaliste noire et radicale qui souhaitait unifier les Noirs du monde entier.  Le thème rasta du rapatriement en Afrique, considérée comme la vraie patrie des noirs, était une de ses théories.   Il prédit également qu’un roi noir serait couronné en Éthiopie.

En 1930, Ras Taffari fut couronné en Éthiopie de la couronne du Négus Negast (roi des rois) et  prit le titre de Haïlé Sélassié (qui signifie «puissance de la trinité»).    Selon des écrits anciens, il serait le descendant du roi Salomon, personnage biblique mythique.

 

Il existait à l’époque de nombreuses sectes éthiopianistes en Jamaïque  L’une d’elles, dirigée par un certain Leonard Howell (considéré comme le père du mouvement), vit dans le couronnement de Haïlé Sélassié la réalisation de la prophétie de Marcus Garvey.  Il fonda  alors la première communauté rasta.  Ces premiers rastas ne portaient pas encore de dreadlocks, ces nattes noueuses qui deviendront leur image de marque. Par contre, ils fumaient du chanvre, appelé ganja en Jamaïque.  Cette herbe fut introduite sur l’île par les colons britanniques qui la ramenèrent d’Inde. Les rastas la considéraient comme une herbe biblique, dont la consommation était un sacrement.

 

Dans les années 40, la communauté rasta de Howell avait pris de l’ampleur.   Elle s’installa alors  aux abords de Kingston et y construisit un bidonville qui prit le nom de Back-a-Wall.   Il fut rasé dans les années 60.  La plupart des rastas allèrent alors se réfugier dans le tout proche quartier de Trenchtown.

 

En avril 1966, Haïlé Sélassié, empereur d’Éthiopie, se rendit en Jamaïque pour une visite diplomatique. Celui que les rastafaris considéraient comme un dieu vivant et appelaient «Jah» fut accueilli à l’aéroport de Kingston par les percussions nyahbinghi de Ras Michael et par des milliers de rastas en transe.  Mais l’empereur ne connaissait pas les croyances des rastas et prit peur.  Il fut finalement emmené hors de l’avion par un leader rasta, Mortimer Planno. La foule l’acclama alors.  Sa visite marqua les esprits et fit décupler la ferveur  de la communauté rasta.  Beaucoup se convertirent à la suite de cette visite.

 

Le mouvement rasta finira par se scinder en plusieurs mouvements dont les plus connus sont les Twelve Tribes Of Israël dont fit partie Bob Marley, et les Bobo Shantis, qui croient en la divinité de leur leader, Prince Emmanuel, autoproclamé troisième branche de la sainte Trinité.  Les DJ’s modernes, Capelton,  Anthony B ou encore Sizzla, sont tous issus de cette communauté.  Mais l’immense majorité des rastas n’appartiennent à aucun mouvement et vivent leur foi comme ils l’entendent.

 

On peut tout de même relever des traits communs à la plupart.  Le régime  végétarien (parfois végétalien) et sans sel ajouté en est un.  Le refus de consommer de l’alcool, de se couper les cheveux et de se les peigner (d’où les dreadlocks), ou encore la consommation régulière de chanvre sont autant d’autres grandes lignes du dogme rasta.

 

Des photos magnifiques nous transportent dans un autre temps, le temps de la Reine de Saba, des temps bibliques et d’Hénoch.

18 F

fÊteS païennes & fÊtes chrÉtiennes – la liturgie universelle

M. laperruque

Edition DU PRIEURÉ

 1996

Depuis que l’homme est homme, il n’a cessé de chanter son mariage mystique avec l’univers par la définition de temps et de lieux sacrés.


Cet ouvrage est une vaste récapitulation des temps liturgiques – des fêtes – dans lesquels toutes les civilisations, toutes les religions, se sont immergées afin de trouver un « sens » au « temps qui passe ». Se situant en amont des dites religions, l’auteur tente ici de restituer les rythmes spirituels fondamentaux qui ont de tout temps permis la grande analogie entre l’Homme et l’Univers, tant en nature qu’en évolution.


Livre fêtant gaillardement l’immanence de la divinité – ou des divinités – en toutes choses, il peut être aussi utilisé comme un dictionnaire, un guide pratique, pour toute personne entendant retrouver ces rythmes sacrés au sein de notre modernité.

 

Au sommaire de cet ouvrage on y trouve :

 

l’Épiphanie, le baptême de Jésus, la chandeleur, les bacchanales, les Équinoxes, les vallées, les floralies, Walpurgis, Artémis, les solstices d’été et d’hiver, Isis et Osiris, la croix, Mithra, la Toussaint, Noël, la bûche, le sapin, Jupiter, carnaval, mardi gras, carême, les cendres, rameaux, le jeudi saint, le vendredi saint, les Pâques juive et chrétienne, la Fête-Dieu et la fête d’une cinquantaine de saints.

18 G

gÉants et dragons

Édouard brasey

Edition Pygmalion

 2000

Ces êtres primaires issus du chaos primordial ont hanté nos rêves d’enfants et suscité nos frayeurs. Leur puissance fait peur : géants de la taille des montagnes, dragons cracheurs de feu, ogres et ogresses dévoreurs d’enfants, titans et trolls, ils ont hanté nos rêves d’enfants et suscité nos frayeurs. Ces êtres primaires et redoutables issus du chaos primordial, sont détenteurs de trésors fabuleux qu’ils protègent avec férocité. Ils sont les adversaires dangereux des héros qui peuplent nos mythes et légendes.


Retrouvons le jeune David tuant Goliath au terme d’un haletant combat, Ulysse affrontant le Cyclope, l’Ogre convoitant le Petit Poucet, et puis encore les combats périlleux de saint Georges, de Siegfried, de Gargantua ; affrontons les dracs, tarasques et autres coulobres, découvrons les somptueux dragons d’Extrême-Orient : autant de récits hauts en couleur où l’homme finit par triompher grâce à son courage et à la sagacité de son esprit.

L’auteur  nous présente le monde des géants et des dragons au travers des mythes et légendes anciennes. Ces êtres monstrueux sont en effet apparus dans l'imaginaire de nos ancêtres dès leurs plus anciennes cosmogonies. Ils figurent aussi bien dans La Bible (le Léviathan, le serpent d'Ève, les Néphilim, Goliath) que dans les mythes méditerranéens, babyloniens, nordiques ou extrême-orientaux. On peut même dire que ces êtres, nés du chaos primordial (ayant même dans certaines légendes contribué à la création du monde) ont obsédé longtemps l'esprit humain. Constructrices ou destructrices, ces créatures avaient pour elle la puissance que les hommes n'avaient pas. Spontanément, nos ancêtres les ont considérés comme des divinités, ou des êtres à part, bénéfiques parfois, mais le plus souvent maléfiques. Ils sont les extériorisations de nos peurs, de nos violences, de notre part d'ombre. Les preux et les chevaliers qui les combattent incarnent, eux, notre part de lumière. C'est ce combat ancestral du bien contre le mal qui émouvait nos ancêtres, et continue, sous d'autres formes, à nous émouvoir dans les romans d'action, récits de féerie et fantastique notamment.

Bien souvent, dans les légendes, ils ont été associés à des éléments, ou à des lieux ou des objets dont ils étaient les gardiens et assuraient la défense. Car le dragon, gardien des seuils, a pour fonction d'éprouver la valeur de celui qui accomplit son parcours d'initiation, dont l'enjeu a longtemps été la princesse ou le royaume à conquérir. Le dragon n'est pas vraiment l'ennemi, mais l'adversaire, et vu comme tel, agent de transformation. Il stimule le courage, développe l'intelligence et suscite l'ingéniosité. En un sens, il est facteur de progrès. Les religions judéo-chrétiennes ont systématiquement rejeté idéologiquement géants et dragons, ce qui n'est pas le cas des religions asiatiques ou nordiques par exemple. Elles n'ont vu que survivances païennes dans ce qui était source de peur, mais aussi d'émerveillement. Le parcours des légendes est vécu par l'enfant - les adultes ne sont-ils pas de grands enfants? - avec l'enchantement qui rappelle quantité de souvenirs de notre enfance.

 Dans l'avant-propos de Danse Macabre, King signale ce que nous devons à ceux qui l'ont ravi jadis, parle, entre autres, de Beowulf et de la mère de Grendel, sur lesquels nous avons quantité de détails dans ce livre. Beowulf, qui a inspiré Tolkien (et d'une certaine manière le Pistolero de la Tour Sombre), Grendel, l'ogre noir incarnation de l'ombre et des ténèbres (entre autres précurseur de l'Homme Noir) défilent sous nos yeux avec, en vrac, St Michel, le Golem, les géants nordiques, dont le mythique Thor, ainsi que bien d'autres que l'on ne s'attendrait pas à trouver là, comme les trolls, certes des nains, mais qui ont une force de géant, ou les vers et les gargouilles.. C'est dire que l'étendue de cette étude suscitera d'heureuses surprises, et que nous passionnera ce parcours de ce qui représente une part significative de notre imaginaire (le mot «géant» ne continue-t-il pas à être utilisé, largement métaphorisé? L'auteur fait preuve de la même érudition que dans ses ouvrages précédents, et la lecture de ce vaste panorama, bien présenté, est agréable. Pour tous ceux qui s'intéressent au monde de la féerie ou au combat des hommes contre les forces qui les dépassent, cette somme importante sera une découverte.

Au sommaire de cet ouvrage :

 Les Divinités du Chaos - L'épopée de Beowulf - Géants, Dragons et Anges rebelles - Les Géants et les Dragons qui venaient du Nord - Les Géants des Montagnes - Jean de l'Ours - Gargantua, le Géant qui fit la France - De l'existence des Dragons - Les Gardiens du trésor - Princesse et Dragons - La Sainte et la Tarasque - Vers, Gargouilles et Serpents d'eau - Les Dragons d'Extrême Orient -;La Porte des Dragons - Le Jardin des Hespérides. Bibliographie.

 

grandeur & dÉcadence de la civilisation maya

E. thompson

Edition PAYOT

 1980

Les six siècles qui s’écoulèrent de l’an 300 à l’an 900 furent pour l’Europe une période sombre et sanglante, tandis que dans le Nouveau Monde, la civilisation maya atteignait son apogée. Tout au long de ces siècles, les grandes cités mayas et les centres religieux dressèrent leurs pyramides, leurs palais et leurs temples sous le soleil de l’Amérique Centrale.

 

Puis l’histoire tourna : l’Europe occidentale entra dans son ère médiévale alors que les cités mayas étaient abandonnées. Telle est l’épopée que fait revivre E. Thompson dans cet ouvrage où il reconstitue l’environnement et la vie quotidienne d’un peuple dont l’histoire demeure l’un des grands moments de l’humanité. Les Mayas  prévoient les éclipses mais ce ne sont pas pour autant de grands astronomes... Ainsi voient-ils la Terre plate et le Soleil tourner autour d'elle. Ils ne font pas non plus la différence entre planètes et étoiles.

 

Polythéistes, les Mayas révèrent de nombreuses divinités qui se retrouvent sous des noms quelque peu différents chez les autres peuples mésoaméricains (ainsi en allait-il aussi entre les Grecs et les Romains).

T

outes ces divinités participent à la répétition des fameux cycles naturels, tant terrestres que célestes. C'est en référence à l'un de ces cycles que les Aztèques verront en Cortès le retour du «Serpent à plumes» Quetzalcoalt, dieu de la résurrection (ils ne tarderont pas à déchanter) ; c'est un autre cycle qui a inspiré à un cinéaste américain astucieux l'idée de la fin du monde en 2012 ! Mais les religions mayas et plus généralement mésoaméricaines ont un côté moins innocent, à savoir la pratique des sacrifices humains. Ces sacrifices s'apparentent à une action de grâces : il s'agit de remercier les divinités pour tous leurs bienfaits, à commencer par le bienfait de la vie, et pour cela, au nom d'un juste équilibre des choses, on leur sacrifie quelques malchanceux : en premier lieu les prisonniers de guerre et les blessés mais aussi les vaincus des jeux de balle rituels !

 

Les sacrifices se pratiquent par arrachement du cœur à vif (!) ou par décapitation. Ils se déroulent sur la terrasse des fameux temples pyramidaux dont on a retrouvé des vestiges impressionnants dans la jungle, au cœur des anciennes cités. En fait de «pyramides», il s'agit d'escaliers monumentaux qui peuvent s'élever jusqu'à 60 mètres comme à Chichen Itza. Ils symbolisent le chemin qui mène de la terre au ciel. La guerre est un fait constant de la civilisation maya comme en témoignent les épigraphes et les découvertes de charniers. Meurtrières, les guerres sont l'apanage des nobles mais les classes populaires sont aussi contraintes de se mobiliser lorsque leur cité est menacée d'une destruction totale. L'un des buts de guerre est de pourvoir les prêtres en victimes sacrificielles.

 

Grandeur et décadence des cités mayas - - de 2000 avant JC à 292 après JC : la période préclassique. La période dite «préclassique» ou «formative» s'étire du deuxième millénaire avant notre ère jusqu'à la fin du IIIe siècle de notre ère, qui voit l'apparition des premières inscriptions sur les monuments mayas. Durant cette période protohistorique, lesdits Mayas ou leurs ancêtres établissent leurs premières cités dans les basses terres, à la périphérie de la région du lac Peten (Guatemala actuel) : El Mirador, Tikal... D'ores et déjà, l'art témoigne d'une remarquable maturité comme l'attestent les céramiques des musées guatémaltèques, à l'image de l'urne funéraire anthropomorphe. Rappelons que les céramiques, y compris les vases et pots, sont réalisées à la main et sans tour (on a vu que les populations mésoaméricaines ne maîtrisaient pas les usages de la roue).  De 292 à 909 après JC : la période classique. Les archéologues font débuter la période classique avec la première inscription relevée sur la cité de Tikla, au nord du Guatemala et la font terminer avec la dernière inscription relevée dans la même région, entre le Chiapas et le Honduras.

 

Cette période a été autrefois appelée de manière impropre «Ancien Empire» ! Les Mayas n'ont jamais constitué d'empire, loin s'en faut, à la différence des Toltèques, Aztèques et autres Incas. À l'image de nos Grecs, ils formaient des cités-États jalouses de leur indépendance et régulièrement en guerre les unes contre les autres.  Sont ainsi fondées les prestigieuses cités de Tikal, Uaxactun (vers 328) et Copàn (vers 369, dans le Honduras actuel), puis Palenqué (vers 638, au Chiapas). L'expansion se poursuit vers l'intérieur de la région et le lac Peten, par la création de nouvelles cités, au fur et à mesure de l'épuisement des sols. Ces cités témoignent de la splendeur de la civilisation maya, tant par leurs monuments que par leurs objets en céramique vernissée, en jade, en obsidienne, en alliage de cuivre et d'or... 

 

De 909 à la fin du XVIe siècle : la période postclassique. Au IXe siècle, une crise gravissime liée très certainement à la surpopulation, à l'épuisement des sols et à des jacqueries entraîne l'effondrement de la civilisation. Les villes sont désertées et une partie de la population va survivre dans la forêt et y préserver ses traditions jusqu'à nos jours.  Une autre partie des Mayas prend le chemin du nord et gagne la péninsule du Yucatan. Elle établit de nouvelles cités et, pour s'approvisionner en eau dans une région plus sèche et au relief karstique, creuse et aménage de nombreuses cuvettes de rétention. Ces nouvelles cités - en particulier Chichen Itza, Uxma et Mayapán - vont bénéficier de l'arrivée de lointains cousins, les Toltèques...

18 H

HḖLIOPOLIS  -   VILLE DU SOLEIL

Bruwui  et Vanloo

Edition Fonds Mercator

2010

Depuis la nuit des temps, Héliopolis évoque une ville mystérieuse de l'Egypte ancienne qui, en Orient comme en Occident ; nourrit l'imaginaire collectif. Cette cité d'au moins 4500 ans se situe à la pointe du delta du Nil, n'est pas seulement le fruit d'un rêve. Lieu de séjour pour les voyageurs de l'Antiquité, lieu de pèlerinage depuis le Moyen Age et berceau d'une ville nouvelle créée de toute nièce à l'aube du XXe siècle par le capitaine d'industrie Edouard Empain, Héliopolis fait désormais partie du Caire. Elle tire son originalité et son dynamisme actuels du dialogue entre les cultures dont elle est l'expression et qui la distingue, aujourd'hui encore, comme un des lieux les plus remarquables de cette métropole. Avec plus de 250 illustrations en couleur, cet ouvrage retrace l'histoire de la " Ville du Soleil " depuis Iounou - la cité antique du dieu Rê -, jusqu'à Masr al-Gadîda - quartier très prisé du Grand Caire actuel.

 

Héliopolis fut le centre du culte solaire de l'Égypte et la capitale religieuse du pays. Elle fut à l'origine consacrée au Dieu Atoum, Dieu qui dans la genèse des divinités Égyptiennes, occupe la place du créateur et qui sera plus tard la personnification du soleil couchant, sous une forme du Dieu Rê.

Atoum fut vénérée dans le temple principal qui était connu sous le nom Per-Ath "Grande Maison" et Per-Atoum "Temple [maison] d'Atoum".

On vénérait aussi à Héliopolis toutes les divinités liées au soleil : Le Dieu Khepri, représentant le soleil renaissant ; le Dieu Atoum-Rê, représentant le soleil couchant ; le Benou, oiseau représentant l'âme de Rê qui le précède dans la barque céleste etc...
 
On y adorait aussi le Dieu taureau Mnévis, animal sacré, incarnation terrestre vivante d'Atoum puis du Dieu Rê, choisi par les Prêtres selon des critères très stricts. Le taureau sacré était gardé dans le temple d'Héliopolis où il paissait dans un enclos sacré et à sa mort, il était enterré avec tous les honneurs. Plusieurs tombes de ces animaux furent mises au jour dans la cité au Nord de l'enceinte du temple de Rê. La ville était également le siège d'un culte de la Déesse Hathor, Dame du Sycomore. Selon la légende c'est à Héliopolis, au milieu d'un bois sacré, que se trouvait l'arbre-ished, un perséa sacré, sur les fruits duquel Thot inscrivait les noms de chaque souverain, héritier du trône d'Horus. Un autre arbre, l'acacia de la Déesse Ioûsas, était déifié dans la cité.

 

On y vénérait aussi Nebethetepet "La Dame de la satisfaction" Déesse coiffée de cornes de vache entourant un disque solaire, Elle fut créée tardivement en tant que contrepartie féminine d'Atoum, au même titre que la Déesse Ioûsas. À l'Ancien Empire (2647-2150) les cultes d'Atoum et de Rê entrèrent en concurrence avec celui du Dieu Ptah, adoré dans la ville voisine de Memphis et dont le culte est attesté dès la Période Thinite (v.3150-2647). La cité se développa surtout sous le Nouvel Empire (1549-1080), comme capitale religieuse, lorsque Rê, sous le nom d'Amon-Rê, devient le Dieu principal du panthéon Égyptien. Le mythe d'Atoum lui aussi fusionna à cette époque dans le Panthéon avec celui de Rê, qui était également le créateur et un Dieu solaire, sous le nom d'Atoum-Rê, sous l'aspect d'un vieillard courbé.

 
Héliopolis fut à cette période la seconde métropole après Thèbes. Ses deux principaux temples furent celui consacré à Atoum et un grand temple consacré à Rê, qui atteint son apogée sous le règne du Pharaon Ramsès II (1279-1213), il comptait alors près de 13 000 Prêtres à son service et servait de dépôt aux archives royales. La ville fut également la source d'origine du culte de l'Ennéade du panthéon. Au cours de la Période d'Amamienne, Le Pharaon Akhénaton (ou Amenhotep IV, 1353/52-1338) introduisit le monothéiste avec le culte d’Aton, Dieu du disque solaire.
 
Héliopolis se vit alors doter, pour diviniser ce dernier, d'un temple qui lui fut consacré nommé Ouetjes Aton  "En donnant au Disque solaire". Ahmose sera Grand Prêtre de Rê à Héliopolis sous le règne de son frère (ou Demi-frère) Thoutmôsis IV (1401/00-1390). Une stèle lui étant attribuée se trouve aujourd'hui au musée de Berlin et une statue brisée le représentant se trouve dans celui du Caire. Un des fils de la Reine Néfertari et de Ramsès II, Mériatoum sera lui aussi Grand Prêtre d’Héliopolis.

 

Pour la fraternité des frères d’Héliopolis, société mystérieuse, Héliopolis est le nom d’une cité sainte bâtie dans le delta du Nil environ 4.500 ans av JC par la race fondatrice de l’Egypte ancienne: les Shem-sou Hor soit littéralement ceux qui suivent Horus. Ce peuple n’était constitué ni de guerriers, ni de prêtres, ni de rois, ils étaient orfèvres et forgerons, et les derniers survivants d’un continent englouti. Le Maitre et Adepte Fulcanelli s’est employé à faire revivre cette fraternité mythique au travers de différents portraits de ceux qui insufflèrent par leur art et leur témoignage dans la pierre l’antique message qui autrement se serait effacé de la mémoire des hommes.

 

 Il appela ces legs et dépôts des demeures philosophales et l’ensemble de celles-ci forment la cité invisible d’Héliopolis. Ceux qui reprirent le flambeau se revendiquaient sous la bannière des frères en Héliopolis ou encore Rose Croix et le nom de leur cité devint Christianapolis. Nul doute que l’Adepte les a connu tant il les cite à longueur d’ouvrage : « Invisibles parce qu’inconnus ». C’était le sort qu’il s’était réservé mais le grand homme de science qu’il était a laissé assez de traces par l’œuvre accomplie sur ce plan pour que nous puissions aussi dresser le portait émouvant d’un homme de cœur et d’esprit dont la culture n’avait d’égale que sa probité et sa modestie. Au-delà de l’alchimie la filiation ininterrompue fut maintenue au travers de cet homme dont nous racontons l’histoire avec des éléments dévoilés pour la première fois.

 

histoire de l’utopie

Jean servier

FOLIO

 1991

Le terme d'utopie, inconnu du grec, a été forgé par Thomas Moore pour figurer dans le titre donné par lui à ce qui, de son propre aveu, ne devait être qu'une « bagatelle littéraire échappée presque à son insu de sa plume », c'est-à-dire ce petit libelle sur la « meilleure des Républiques » sise en la nouvelle île d'Utopie. Le texte, publié à Louvain en novembre 1516, allait rencontrer aussitôt une audience exceptionnelle dans l'intelligentsia européenne et caractériser non seulement un genre littéraire mais une littérature sociologique. Aujourd'hui, en effet, à la littérature d'expression utopique s'est adjointe une littérature de réflexion sur cette expression. Des textes se rééditent ; des nomenclatures se dessinent ; des typologies ou même des modèles s'esquissent ; des réhabilitations sont opérées : l'utopie prend une place notoire non seulement dans la sociologie de la connaissance rétrospective mais aussi dans celle de l'action prospective.

 

 « Utopie », selon Thomas More, signifie « nulle part » : un lieu qui n'est dans aucun lieu ; une présence absente, une réalité irréelle, un ailleurs nostalgique, une altérité sans identification. À ce nom s'attache une série de paradoxes : Amaurote, la capitale de l'île, est une ville fantôme ; son fleuve, Anhydris, un fleuve sans eau ; son chef, Ademus, un prince sans peuple ; ses habitants, les Alaopolites, des citoyens sans cité et leurs voisins, les Achoréens, des habitants sans pays. Cette prestidigitation philologique a pour dessein avoué d'annoncer la plausibilité d'un monde à l'envers et pour dessein latent de dénoncer la légitimité d'un monde soi-disant à l'endroit. C'est à partir de Thomas More et pendant trois siècles (xvie-xixe) que l'utopie atteindra en Occident son paroxysme. Mais elle aura eu son précédent dans les sociétés gréco-latines.

 

Abordant l’étude des utopies en préparant un cours de sociologie pour ses étudiants de Montpellier, J. Servier a découvert grâce à sa formation d’ethnologie, qu’il y avait autre chose qu’une anthologie des voyages imaginaires.

Pour lui, le thème de la Cité radieuse, repris à toutes les époques de l’histoire, exprime, en symboles à peine voilés, les rêves de l’Occident, ou plutôt un rêve unique, apaisant, de retour à la quiétude des origines, le refus d’un présent angoissant.

 

Dans l’ombre, les mouvements millénaristes, plus tard les révolutions, marquent par d’autres symboles l’espoir de ceux qui attendent de la violence la vraie cité des Egaux, enfin réalisée sur Terre. Mieux qu’une histoire, ce livre est une réflexion sur l’histoire, une clef pour comprendre le monde moderne et essayer de s’y insérer le mieux possible dans l’intérêt de chacun et de tous.

 

Au sommaire de ce livre :

 

L’aventure de l’Occident  -  Athènes et l’Atlantide  -  De la terre promise au règne du Messie  -  La cité de Dieu  -  Les temps de l’Apocalypse  -  Du Talmud à la Réforme  -  Thélème ou le rêve des humanistes  -  L’Utopie et la conquête du Nouveau Monde  -  De la Cité du Soleil au rêve du Grand Monarque  -  La fuite vers la lune  -   De l’ordre nouveau aux « bergeries » philosophiques des physiocrates   -   Lorsque les utopies se réalisent  -   A la recherche d’un ordre des temps modernes   -   Saint-Simon et les hommes faustiens  -   Du phalanstère à l’Icarie ou les rêves du XIXe siècle  -  Des philosophes de l’établi à Proudhon et Marx   -  Les semailles d’octobre   -  Le meilleur des mondes   -  Les symboles de l’utopie   -  Les thèmes du millénarisme  -  L’utopie des temps modernes  -

 

Les livres de Jean Servier sont au chapitre 9 M

 

histoire des lÉgendes

j.p. bayard

Edition  P.U.F

 1961

Le mot légende vient du bas latin legenda  et signifie « chose devant être lue ». Au début les légendes formèrent le recueil de la vie des saints et des martyrs (Voragine), elles étaient lues au réfectoire dans les couvents ; puis elles entrèrent dans la vie profane, et ne tardèrent pas à  s’embellir et à se développer.

 

Ces récits populaires basés sur des faits historiques précis furent un succès de grande ampleur car cette légende transformée par la tradition est le produit inconscient de l’imagination populaire, ses héros soumis à des données historiques, reflètent l’aspiration d’un groupe ou d’un peuple, sa conduite témoigne en faveur d’une action ou d’une idée qui désire entrainer d’autres individus dans cette voie.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Evolution des légendes  -  Propagation des contes  - Interprétation des légendes  -  Sens profane, sens sacré et sens initiatique  -

Etude des légendes  -  Faust  -  Don Juan  -  Les chansons de geste  -  Les quatre fils Aymon   -  Le Cid   -  Le cycle arthurien   -  La queste du Saint Graal  -  Merlin   -  Tristan et Yseult  -  

Le merveilleux de la légende   -   Gargantua  -   Le juif errant   -   Robert le diable  -  Pierre de Provence  - 

Formation des légendes récentes  -  Cartouche et Mandrin  -

Quelques contes de Perrault   -  Barbe bleu  -  La Belle au bois dormant  -   Cendrillon  -  Peau d’âne  -  L’oiseau de vérité  -  Le petit chaperon rouge   -   Le petit Poucet   -   Jean l’ours  -   Riquet à la houppe   -   Le chat botté   -

18 I 

INTRODUCTION A LA MYTHODOLOGIE.  MYTHES ET SOCIÉTÉS.

GILBERT  DURAND   

ÉDITION  ALBIN  MICHEL

1996

Fondateur en France des études sur l’imaginaire, Gilbert Durand agrégé de philosophie, professeur honoraire de l’université de Grenoble, est également membre de l’association internationale de recherche de l’imaginaire.

Son immense travail sur les mythes et les symboles, qui englobent l’anthropologie, la sociologie, la psychanalyse, la psychologie des profondeurs, lui vaut d’être reconnu comme l’un de ceux qui ont véritablement contribué à la révolution intellectuelle de notre fin de siècle.

Résumant l’ensemble de ses travaux depuis les structures anthropologiques de l’imaginaire qui, à l’époque de leur publication, s’imposa comme un manifeste de l’imaginaire réhabilité, ces textes sur la mythodologie, c'est-à-dire à la fois - sur la méthode et la fonction des mythes-, nous introduisent d’une façon simple et vivante au cœur d’une des problématiques les plus fortes de notre temps.

 

Loin de considérer l’imagination comme « la folle du logis » qui nous induirait en erreur, ils montrent au contraire qu’elle est une dimension constitutive de l’humanité, et que toute raison, quelle qu’elle soit, ne s’élabore jamais qu’à partir d’elle et de son terreau.

 

Au sommaire de cet ouvrage remarquable :

 

Le retour du mythe : 1860-2100  -  Psychanalyse et nouvelles critiques  -  l’héritage socratique  -  La démythologisation comme mythe  -  Les grands remythologisateurs : R. Wagner,  E. Zola, Th. Mann, G. Moreau, S. Freud  -  La couche prométhéenne de nos pédagogies  -  Le contrepoids dionysiaque des médias  -  La voie hermésienne de la Science  -  Les synthèses de M. Eliade et de C. G. Jung  -  G. Dumézil et la démystification de l’historicisme  -  Les mythes du XXe siècle  - 

Epistémologie du signifié  -  De la folle du logis à la reine des facultés  -  Bachelard et l’épistémologie du non  -  La physique paradoxale  -  Le réel voilé  -  Récurrences de très anciens savoirs  -  Le temps de la rose  -  Paracelse et hermetica ratio  -  Le réel sémantique  -  La non-agnosticité  -  M. Weler, M. Sceler et G. Simmel  -  La profondeur par C.G. Jung et Mircea Eliade  - 

La notion du bassin sémantique  - Les phases de l’histoire par O. Spengler  -  Le problème des baroques par E. D’Ors et G. Bazin  -  La question des générations  -  Les six phases du bassin sémantique  -  Le bassin sémantique franciscain  - 

Le concept de « topique » socioculturelle   -  Un concept inspiré par Freud  -  Les trois niveaux du modèle tropique  -  La néoténie et l’imprégnation par K. Lorenz  -  Rôles et hiérarchie du « moi » culturel  -  Les rôles dominants prométhéens  -  Les maudits : le ténébreux, le veuf, l’inconsolé  -  Bakounine  -  Assomption du mythe décadent  -  Le retour de Dionysos  -  Les nouveaux titans : Staline, Hitler, Mao  -   Hermès le contempteur  -  La vie des mythes : mort ou éclipses ?  -

Concepts auxiliaires du mythicien   -  H. R. Jauss  -  Exemple du mythe hérodien  -  Exemple du mythologème décadentiste  -  L’exemple de l’armée romaine  -  Les demi-soldes et le mythe de Napoléon  -  Le concept d’hérésie  -  Scotomisation volontaire d’une série de mythèmes  -  Projet de construction d’un « mythogramme »  -

L’imaginaire littéraire et les concepts opératoires de la mythocritique   -  Pluvirosité  -  Les ancêtres de la mythocritique : Victor Hugo, Zola, Wagner, Thomas Mann  -  Claude Lévi-Strauss et Mircea Eliade  -  Les contes de fées entre mythe et roman  -  L’aphasie rétrograde  -  Ribot et Bergson  -  Charles Mauron  -  L’école de Grenoble  -  Hugo lecteur de William Shakespeare  - 

La mythanalyse : vers une mythodologie   -  Du texte au contexte  -  La sociologie ou le meurtre sans cadavre  -  L’objet gigogne  -  Jean Servier et l’invisible  -  Le paradigme du »privilège brésilien »  -  G. Bosetti et le mythe de l’enfance en Italie  -  A. Frasson-Marin et l’œuvre d’Italo Calvino  -  Françoise Bonardel  -  L’imaginaire de la Renaissance  -  Sylvie Joubert et la critique de la raison impure  -  Urgence d’une mythodologie  -  Révélation (apocalypse) sans frontière  -

Gilbert Durand est l’auteur également de : Les mythes fondateurs de la Franc-maçonnerie 

18 L

la lÉgende de talhuic  ou les trois initiations d’un chamane

Marc de smedt

Edition ALBIN MICHEL

 2001

« À force de faire confiance à votre chance, celle-ci vous mord. Il ne s’agit pas de rejeter la fumée de ses rêves et ses souvenirs. Mais n’oublie pas la flamme de l’attention permanente au monde et le bois de la réalité du monde », dit le vieux chamane.


En recevant son enseignement, le jeune Talhuic, membre d’une tribu mythique d’un temps hors du temps, va traverser une série d’épreuves qui sont autant d’obstacles sur le chemin de la vie. Au cours d’une longue quête initiatique, vécue comme une chance donnée par l’existence, le jeune homme s’éveille lentement à une plus large vision des êtres et des choses de notre monde.


Trois âges  et trois initiations : l’homme poussière, l’homme plante, l’homme animal – Ces trois périodes de la vie d’un chamane rythment ce conte philosophique, comme autant d’étapes essentielles d’un parcours qui, symboliquement, se veut notre miroir.

 

la mythologie – ses dieux – ses hÉros – ses lÉgendes

E. hamilton

Edition MARABOUT

 2002

De l’avis unanime, voici sur la mythologie, l’ouvrage le plus clair et le plus complet sur ce thème.

 

E. Hamilton est sans doute le seul auteur à avoir saisi toute l’importance que gardent, à notre époque, les mythes et les légendes, qui sont le fondement même de notre culture, et où nous puisons encore une si large inspiration.

 

Remontant aux sources, c’est chez les poètes –Homère, Hésiode, Pindare, Ovide – que l’auteur retrouve la substance des grands thèmes mythologiques et nous les restitue, dans leur spontanéité, leur efficacité, sous forme de merveilleuses histoires : Orphée et Eurydice, Philémon et Baucis, Tantale et Niobé, les travaux d’Hercule, le défi d’Icare, la descente de Thésée aux enfers, Pénélope et Ulysse, Achille et Hélène de Troyes et bien d’autres

 

Un ouvrage de 440 pages de bonheur sur tous les mythes, de la mythologie nordique aux dieux de la Grèce antique en passant par la Toison d’or, les titans et les cyclopes. 

 

LA NOUVELLE ATLANTIDE  -   UTOPIE  - 

  Francis  Bacon

 Edition Flammarion

 1995

Il y a  25  siècles, le grand philosophe Platon, dans deux œuvres énigmatiques – Critias  et Timée -, décrivait une brillante civilisation, celle de l’Atlantide, et son engloutissement. Depuis, le problème ne cesse de hanter l’imagination des hommes : ce récit est-il une parabole philosophique ou recouvre-t-il une réalité concrète. A peu près toutes les branches du savoir ont été mobilisées pour tenter de trouver une réponse à cette question. Y avait-il vraiment, autrefois, une île située dans l’atlantique ? Quelle sorte de catastrophe a pu provoquer sa disparition ?  D’où venaient les Atlantes, si l’Atlantide est située ailleurs qu’au large de Gibraltar ?


Un document portant la date de 1875, et trouvé à Troie (actuelle Hissarlik, en Turquie) par l’archéologue allemand Schliemann, rend compte de la découverte par cet archéologue, d’un vase antique, portant l’inscription phénicienne suivante : « Du roi Chronos d’Atlantide »

L’auteur 1560- 1626 fait partie du mouvement Utopiste, il rêve d’une Atlantide ou l’état providence est à la croisée de l’ancien et du nouveau testament. Son île Bensalem est le centre d’une utopie, d’un fantasme, d’un rêve, là où les conflits n’existent pas et où tout va bien jusqu'’au moment où…

 

Cet ouvrage de Francis Bacon est une espèce d'utopie scientifique plus que politique; car, outre que les proportions de ce livre sont fort restreintes et qu'on peut à peine le considérer comme achevé, l'auteur, après avoir fait connaître quelques traits des institutions qui ont donné aux peuples de la Nouvelle Atlantide un bonheur idéal, se hâte d'arriver à celles qui sont destinées à étendre des connaissances de l'homme et son empire sur la nature entière. Voici le cadre dans lequel Bacon a enfermé son sujet : es navigateurs, écartés de leur route par les vents contraires, et sur le point de manquer d'eau et de provisions, se trouvent, dans une région inexplorée de l'Océan, en vue d'une terre inconnue où s'offrent à leurs regards une ville et un port. Après quelques pourparlers qui dénotent de la part des habitants un peu de cette défiance à l'égard des étrangers, qui est un caractère ordinaire des utopies, on admet les nouveaux venus dans l'île, et on les installe dans un hospice spécialement consacré aux étrangers.

C'est là qu'ils apprennent de quelques-uns des personnages du pays comment, tout éloigné qu'il est du berceau et du centre du christianisme, ses habitants y furent convertis dès la vingtième année qui suivit l'ascension du Sauveur, par un miracle qui leur apporta les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, même ceux qui à cette époque n'étaient pas encore écrits. Comment les habitants de Bensalem (est le véritable nom de la Nouvelle Atlantide), inconnus au reste des hommes, connaissent-ils leurs institutions, leurs sciences et même leurs langues? C'est ce qu'on explique plus ou moins clairement aux étrangers; et, à travers des réticences que l'auteur ne pouvait guère éviter, mais qui, dans son roman, sont mises sur le compte du secret à garder, on voit que presque tout ce qui se fait de bon et d'utile est l'oeuvre d'une Société ou Institut de Salomon, lumière et flambeau de l'Empire, consacrée à la contemplation et à l'étude des oeuvres de la divinité.

Le but de cette institution, ses merveilleux moyens d'action, les résultats non moins merveilleux qu'elle obtient sont énumérés par Bacon  avec  toute la complaisance que devait apporter dans un tel sujet l'auteur du Novum organum. La Nouvelle Atlantide est en quelque sorte le rêve des sciences physiques comme les autres utopies, la République de Platon, l'Utopie de Thomas Moore, etc., sont le rêve de la science sociale et politique. De ces dernières, Bacon a imité quelques institutions bizarres, le goût des cérémonies publiques, l'abus du costume, et cet enthousiasme du but qui dissimule à l'auteur, mais non au lecteur de sang-froid, le chimérique et la faiblesse des moyens.

 

L’ATLANTIDE -  Autopsie d’un mythe

Pierre CARNAC

Edition Du Rocher

 2001

Le mythe de l’Atlantide fait toujours rêver, mais, est- ce un mythe ? Les dernières en ovanologie, géologie, vulcanologie ouvrent des pistes pour les chercheurs. Des découvertes surprenantes ; on se prend à rêver.

Il faut lire les textes de Platon, le Timée et le Critias qui abordent la question de l’Atlantide.

Qu’indiquent ces textes ? Un législateur grec du VIe siècle av. J.-C., Solon, s’était rendu en Égypte, alors haut lieu du « tourisme » méditerranéen. Il avait visité les temples, comme le font aujourd’hui des millions de visiteurs. Dans l’un d’entre eux, un prêtre lui avait demandé, comme les Égyptiens d’aujourd’hui le font avec les étrangers, de quel pays il venait. « De Grèce » avait-il répondu fièrement. Le prêtre avait ricané en lui soutenant que les Grecs étaient ignares et qu’ils ne connaissaient même pas leur propre passé.

Solon, à juste titre indigné, avait vigoureusement protesté. Le prêtre lui avait rétorqué qu’il allait lui prouver cette ignorance. Il entreprit alors de lui raconter l’histoire de l’Atlantide, un continent gigantesque, d’une ancienneté prodigieuse, d’une richesse inconcevable, d’un degré de civilisation jamais atteint qui brillait sur terre comme un phare. Et puis, la nature s’en était mêlée.

Le continent, secoué de tremblements de terre et d’éruptions catastrophiques, avait été pulvérisé, puis englouti au fond de la mer. Il reste que cette terre mythique, dont le sort était lié aux compatriotes de Solon, appartenait forcément au monde et au passé grecs.

Autre détail, dans le récit du prêtre égyptien, l’Atlantide est une île entourée d’autres îles et de continents proches avec lesquels elle commerce. Si l’Atlantide s’était trouvée au milieu de l’océan Atlantique, on ne voit pas très bien avec quelles îles elle aurait pu commercer. Enfin, une catastrophe effrayante avait anéanti l’Atlantide tout comme l’éruption de Santorin avait supprimé l’empire crétois de la carte. Il demeure le problème des mesures : dans le texte de Platon, l’Atlantide est décrite comme une terre aux dimensions prodigieuses. Mais ces chiffres n’ont-ils pas pu être altérés par la traduction de l’égyptien en grec, puis par la relation qu’en fit Solon à ses successeurs ?

Bien que la Crète eût été rayée de la mémoire des hommes, il devait rester de son histoire quelques fragments perdus dans les textes postérieurs de la Grèce antique. Effectivement, je trouvai d’innombrables détails, épars sur la Crète minoenne, qui correspondaient exactement à la description de l’Atlantide dans les textes de Platon. Marinatos, comme son prédécesseur Schliemann, ancrait la légende dans l’Histoire. Étrangement, il devait mourir à Santorin au milieu de cette ville minoenne qu’il avait découverte, en tombant d’un mur de seulement dix centimètres de haut. Cependant, rien n’arrêtera la marche de l’Histoire, qui continue et continuera à rattraper la légende et à l’annexer.

 

la quÊte du graal – Comment la vivre aujourd’hui ?

John matthews

Edition Dangles

 1990

Un royaume  rendu désolé, stérile, à cause de son roi blessé, un royaume qu’il faut régénérer, faire reverdir ; le moyen étant la guérison du roi, l’objet le saint Graal.

 

Voilà pour l’essentiel, le mythe qui justifie les aventures ultimes du cycle arthurien, ou de la Table ronde.

 

Le mythe du Graal s’enracine au plus profonde l’âme ; c’est pourquoi il y a toujours une actualité de la Quête du Graal ; elle est intemporelle et, en notre époque de chaos, de troubles profonds, et de déstabilisation, sa pertinence devient on ne peut plus évidente.

 

John Matthews met au service du lecteur sa connaissance et son expérience du Graal, fruit de 20 années d’étude et de pratique, il nous introduit au monde graalien en le situant dans son contexte historique, le Moyen Âge, qui lui a donné la configuration que nous lui connaissons. Il nous présente les différents protagonistes, héros et héroïnes, chacun dans son rôle et les liens qui les unissent les uns aux autres, avec ses dangers, ses épreuves mais aussi ses réussites et ses échecs.

 

La fresque du Graal se constitue peu à peu ; au fil du livre, des exercices d’imagination de vaste envergure sont indiqués, nous permettant de recouvrer l’intuition du sacré et le sens éthique, de recréer notre vie intérieure en vue d’accomplir la « guérison », la nôtre en premier et par la suite essayer d’aider les autres à guérir.

Au sommaire de ce livre :

 

1e partie : Histoire et confluence  -  Le chaudron de Renaissance  -  Le Graal celtique  -  Le chaudron de Keridwen et de Bran  -  Les gardiens des objets trouvés  -  La Tête sacrée dans le Plat  -  La porte interdite  -  L’île des merveilles  -  Le Titan endormi  -  La coupe du Christ  -  La dimension chrétienne du Graal  -  Le nouveau corpus  -  La plus ancienne église  -  Les récompenses des justes  -  Les mystères du Graal  -  Le voyage de Seth  -  Voyage dans les terres du Graal  -  La Pierre de Sagesse  -  La coupe des croisés  - L’épouse de Dieu  -  Les parfaits cathares  -  La pierre verte et les chanteurs d’amour  -

 

2e partie : Les initiations  -  La famille du Graal  -  Le Saint Sang  -  Le Temple du Graal  -  Les Templiers, guerriers de Dieu  -  Les rois secrets  -  L’œuvre de la famille du Graal  -  Les tables du Graal  -  La terre Gaste et le Roi blessé  -  Guérison par le Graal  -  Le coup douloureux et les demoiselles des puits  -  Les temps aventureux  -  Les objets sacrés, symboles vivants et éternels  -  Une chevalerie pour aujourd’hui  -  Un mystère intemporel  -  Les 5 héros du Graal : Galaad, Perceval, Bohort, Lancelot, Gauvrain et Dandrane  -  L’expérience du Graal  -  La quête aujourd’hui  -  Travail intérieur sur le Graal  -    

 

la queste du saint graal & le graal en compagnie au xxème siḔcle

Robert amadou

Edition CARISCRIPT

 1988

La « queste » à laquelle ce livre nous invite – admirable aventure de la conquête de notre cœur spirituel – et dont l’expérience qu’il est possible d’en avoir fut pour moi la vie même de mon père…


Comment ne pas vouloir partager cette découverte avec les autres et se demander : « Que vais-je faire pour que le monde devienne plus juste et plus beau ? » Ainsi, la vocation de chaque homme est d’être sauveur du monde par la Pensée pure, la Parole pure, l’Action pure. De ce fait, se crée une sorte de Chevalerie mystique.


Que les lecteurs de ce livre puissent descendre dans « la crypte secrète de leur personnalité », où le Feu-Amour et la Lumière vivante qui la constituent se renvoient en une fusion qui anime le verbe, les éléments de leur Gloire, et puisse enfin augmenter le trop petit nombre des hommes qui connaissent le Sens de la vie, le Secret de la mort et la Liberté de l’esprit !

 

La Tradition méditerranéenne est une adaptation particulière de la religio perennis qui existe depuis le commencement du monde et se confond avec la Tradition primordiale. Préservée par les temples égyptiens, exposée par Platon et l’école néo-platonicienne, incarnée dans le Christianisme et développée par les Pères de l’Église, cette approche se caractérise par la doctrine du logos dont la révélation très pure est livrée par le Prologue de l’Évangile de saint Jean. Le Logos ou Verbe de Dieu est donné comme «La lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde».


C’est l’Intellect transcendant, Ce par quoi Dieu pense le monde et nous pense dans les raisons éternelles où se trouvent présents, à l’état d’archétypes, les modèles exemplaires de toutes les choses, y compris nous-mêmes. Dans le Logos se trouve donc toute la Connaissance de ce qui est et de ce qui peut être. On dit avec raison qu’Il est le lieu de tous les possibles. Sans Lui, la création est impossible et Dieu inconnaissable.

C’est dans et par le Verbe que se maintient l’harmonie de l’Univers qui, sans cela, retournerait au chaos. On peut donc dire que le Logos n’est pas seulement Connaissance mais Amour au sens fort et absolu puisqu’Il est le lien de toutes choses et de tous les êtres, leur substance et leur raison d’être.

 

La doctrine métaphysique du Logos connue depuis la plus haute Antiquité, a été rendue aux hommes par le christianisme grâce à l’incarnation et à la venue de l’Homme-Dieu. Le contenu traditionnel —et donc véritable— du Christianisme appartient en Occident à l’Église catholique, en Orient à l’orthodoxie. La Voie spirituelle correspondant à cette approche porte en Orient méditerranéen le nom d’hesychasme tandis qu’en Occident le Moyen-âge chrétien en a délivré le message dans le cycle du Saint-Graal.

 

 Ainsi, par exemple Wolfram von Eschenbach souligne l’origine méditerranéenne de ses sources lorsqu’il affirme détenir son récit de Kyot le Provençal qui en trouva le texte à Tolède en Espagne, texte dû au musulman Flege-Tanis. Celui-ci «lut clairement le nom du Graal dans les étoiles» manifestant très explicitement son origine céleste et le caractère non-humain de sa provenance. Les influences islamiques sont ici indéniables. Encore ne s’agit-il pas de n’importe quel Islam mais de l’aspect intérieur ou ésotérique propre à cette forme religieuse, ensemble de doctrines connues en Espagne du sud par les ordres Soufis.

 

L’énorme pierre précieuse (émeraude) ou «Lapsit exillis» du «Parzifal» dont Wolfram fait le Graal ne serait autre que le «Chaton de la Sagesse Christique» décrit par l’auteur soufi bien connu Ibn’Arabi dans son œuvre majeure, le Fuçûç al Hikam (les «Chatons de la Sagesse») rédigé vers 1230. Souvenons-nous que Kyot est un seigneur catalan qui dut être en contact avec la civilisation arabe et l’Islam ésotérique, nullement hostile au Christ et à la doctrine du Logos, connue à travers les influences byzantines présentes en Orient méditerranéen. On se souvient également de la communauté du destin ayant existé entre la Provence — y compris la Septimanie — et la Catalogne toute une partie du Moyen-âge. Toujours à propos du «Parzifal», c’est à juste titre, semble-t-il, que l’on a voulu voir dans le château de Mount-salvage, résidence du Graal gardée par les «Templistes», un lieu situé dans les Pyrénées, sur les «chemins de Saint-Jacques» où se trouvent des sommets tels que Montségur, Montserrat et Montjoie (ce dernier dans la forêt de Sauveterre, en pays basque).

 

Si l’on se penche maintenant sur les autres récits du cycle arthurien, on s’aperçoit qu’ils font également référence à une source antérieure, livres mystérieux auxquels n’avaient accès que de rares privilégiés. Sinon pourquoi le chroniqueur cistercien Helinand de Froidmont, écrivant en 1204 au plus tard, aurait-il affirmé l’existence d’un livre qu’il fait remonter à l’an 718 comme source unique de la quête du Graal. Pratiquement tous les conteurs font allusion à un récit unique typique dont ils s’inspirent. L’estoire apporte cette indication capitale qu’il s’agirait d’un livre écrit par le Christ lui-même après sa Résurrection et avant son Ascension, ce qui ferait du Graal une source inconnue de la Révélation, et nous ramène à la Tradition initiatique de la Primitive Église avec ses trois foyers méditerranéen de Jérusalem, d’Éphèse et d’Antioche.

 

L’influence byzantine  a pu s’exercer par l’intermédiaire des Croisés, en particulier par Philippe d’Alsace, Comte de Flandres, dont le père, Thierry d’Alsace apporta le Saint-Sang de Jérusalem à Bruges. Or on sait que Chrétien de Troyes, auteur de la légende du Graal, était le protégé dudit Philippe. Mais indépendamment de toute filiation historique, ce qui nous intéresse avant tout ici est la convergence de symboles «signifiants» par eux-mêmes qui prouvent ainsi l’unité fondamentale des doctrines métaphysiques surgissant d’une profondeur commune: celle du Logos. Et le «point commun révélateur» ou «signe» est constitué à cet égard, dans un cas comme dans l’autre, par la participation des puissances angéliques au «service», «car on sait que telle a toujours été l’antique croyance: concélébration des hommes avec les Incorporels, en tant que reflet de la Liturgie Céleste. Et c’est bien ce que nous voyons dans la queste comme dans l’Estoire».

 

La Lance est à la fois «couteau du sacrifice» ritualisé par l’Orient, berceau du «sacré liturgique» et objet vénéré comme instrument de la Passion qui cause à la fois la mort de la Victime et ouvre aux hommes la «fontaine de vie» par où s’écoulent avec l’eau et le sang, les sacrements et la grâce. Telle est également la signification de la lance celtique, symbole ambivalent qui tue et vivifie tour à tour. C’est ce qui nous amène à dire quelques mots des symboles proprement dits qui apparaissent dans les récits du Graal.

 

Pierre précieuse symbolisant la Connaissance primordiale perdue lors de la Chute (Wolfram von Eschenbach), «sanotissime Vaisseau» contenant l’Hostie consacrée (Chrétien de Troyes) ou «Calice de la Cène» portant le sang du Sauveur (Robert de Boron), le Graal revêt essentiellement une double signification. En tant que réceptacle ou que support (pierre tombée du Ciel ou coupe du Salut), il est symbole féminin de la puissance divine et se trouve en rapport avec l’Amour; en tant que contenu et que message, qu’il s’agisse de son pouvoir «fécondant», de son aspect «révélé» ou «lumineux» ou «aveuglant», il est symbole masculin de l’agir divin et se trouve lié au mystère de la Connaissance, ces deux aspects du Logos qui se retrouvent, à l’échelle du microcosme, dans l’être humain. C’est là,  que se trouve le cœur du Mystère du Graal. Et ce mystère est celui de la présence de Dieu dans l’homme et donc celui du Dieu-Homme révélé dans Jésus-Christ, celui en définitive de l’union hypostatique de deux natures en une seule Personne.

 

Les autres livres de Robert Amadou sont au chapitre  1 A -

 

la rose mystique des fidÈles d’amour

Gil alonso-mier

Edition ARQA

 2008

Sur le thème mythique de la Rose, l’auteur, Gil Alonso-Mier réunit ici pour la première fois, un florilège de citations, d’aphorismes et d’extraits de textes d’une beauté incomparable et d’une pureté exceptionnelle.


Des plus grands Initiés Soufis aux Rose-Croix du XVIIème siècle, Adeptes, Alchimistes, Maîtres de Sagesse se retrouvent tous dans ce livre envoûtant où la Rose Mystique des Fidèles d’Amour éternel et des Lettres de Noblesse, celles de l’antique Tradition pérenne.


Ce livre, comme un bouquet de roses déposé par l’auteur au pied de la Croix sur l’autel de la Connaissance, en hommage à la caverne des Anciens et aux Maîtres passés, ravira tous les chevaliers en quête de la puissance incarnée au sein de la fleur des Fleurs…

Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. L’aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s’élève et s’épanouit. Cet aspect n’est d’ailleurs pas étranger à l’Inde, où la rose cosmique Triparasundarî sert de référence à la beauté de la Mère divine.

Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut. Elle symbolise la coupe de vie, l’âme, le cœur, l’amour. On peut la contempler comme un mandala et la considérer comme un centre mystique.

Dans l’iconographie chrétienne, la rose est, soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies du Christ.  Un symbole rosicrucien figure cinq roses, une au centre et une sur chacun des bras de la Croix. Ces images évoquent, soit le Graal, soit la rosée céleste de la Rédemption. Cet emblème place la rose au centre de la Croix, c’est-à-dire à l’emplacement du cœur du Christ, du Sacré-Cœur.

Ce symbole est le même que la Rosa Candida de la Divine Comédie, laquelle ne peut manquer d’évoquer la Rose mystique des litanies chrétiennes, symbole de la Vierge Marie; le même peut-être aussi que celui du Roman de la Rose. Angelus Silesius fait de la rose l’image de l’âme, celle aussi du Christ, dont l’âme reçoit l’empreinte. La rose d’or, autrefois bénie par le Pape le quatrième dimanche de carême, était un symbole de puissance et d’instructions spirituelles mais aussi sans doute un symbole de résurrection et d’immortalité.

La rose est devenue un symbole de l’amour et plus encore du don de l’amour pur…  La rose comme fleur d’amour remplace le lotus égyptien et le narcisse grec; ce ne sont pas les roses frivoles de Catulle… mais les roses celtiques vivaces et fières, non dépourvues d’épines et lourdes d’un doux symbolisme : celle du Roman de la Rose, dont Guillaume de Lorris et Jean de Meung font le mystérieux tabernacle du Jardin d’Amour de la Chevalerie, rosa mystica des litanies de la Vierge, roses d’or que les Papes donneront aux princesses méritantes, enfin l’immense fleur symbolique que Béatrice montre à son amant fidèle parvenu au dernier cercle Paradis, rose et rosace à la fois

Marie est appelée, selon un terme laudateur, dans l’Église catholique Rose mystique (du grec mystos mystérieux, caché) dans les Litanies de Lorette depuis le XVIe siècle ; mais l’usage courant de ce nom de Fleur (Flos) ou de Rose (Rosa) pour la vénérer est en réalité bien plus ancien et remonte au moins au XIe siècle, si ce n’est bien avant puisque saint Bernard la prénommait déjà ainsi. « Fleur des fleurs, Rose mystique, Rose de Sharon, Rose sans épines, Rose de Jéricho, Jardin clos », sont autant de noms de la Très Sainte Vierge dans la liturgie catholique. En 1626, on dit l’appelle « Belle Rose », fleur dont l’odeur agréable ressuscite les morts2 En 1701, on l’appelle « Rose Mystérieuse », rose toujours épanouie, rose cachée, rose naissante, rose odoriférante, ayant fleuri en Égypte et en Judée, des rites juif et chrétien, à la fin de l’Ancien et au début du Nouveau Testament, rose sacrée, rose délicieuse.

 

LA  SYMBOLIQUE  DE  LA  TABLE  RONDE  DANS  LA  LÉGENDE  ARTHURIENNE  

GEORGES  A.D  MARTIN  

ÉDITION   ARQA 

 2010

Au-delà de la représentation des Chevaliers de la Table Ronde que l’on peut voir dans le grand hall de Winchester en Angleterre, l’auteur Georges A.D Martin nous propose une magnifique réflexion, puisée dans les légendes arthuriennes, le St Graal et les valeurs chevaleresques, sur un des symboles majeurs de l’Occident chrétien. Pour l’auteur, la Table ronde n’est pas seulement un objet imaginaire et mythique, mais aussi une représentation hautement symbolique de la métaphysique des formes cosmiques. De la sorte, n’oublions pas que pour René Guénon, le saint Graal est une image du ciel sur la terre, autrement dit- un zodiaque… Et la Table Ronde ? Un endroit privilégié ou s’assoit le chevalier errant ayant atteint le but ultime de sa queste…Mais à quel prix ?

 

La troisième Table, est la fameuse Table Ronde du Roi Arthur, symbole matériel et moral de souveraineté universelle. Autour de cette table, en présence du souverain Breton, Arthur, légitimé par la possession de la fameuse épée Excalibur retirée du perron magique s’y réunit, chaque année à la Pentecôte, le meilleur de la Chevalerie des deux Bretagnes lancée dans la "Quête" à la recherche du Graal perdu. Le rituel de la Table, ne pouvait commencer sans qu’une nouvelle étonnante soit apportée ou qu’une aventure ne se produise. A son origine, la Table Ronde possédait douze sièges plus un, qui devait rester vide, tout était de pierre, la Table comme les sièges où était gravé le nom du chevalier autorisé à y prendre place. Parmi les Chevaliers, le plus couramment nommés au côté d’Arthur, on peut citer : Kai, Gauvain, Urien, Bohors, Hector, Perceval, Bedurere, Tristan, Sagremor, Lancelot, Galaad.

 

Dans ce dispositif en cercle autour de la Table Ronde, nous venons de l’évoquer, il y avait une treizième place, place de Judas, dite "Siège périlleux" (ou éjectable !) destiné à éprouver la valeur de tout prétendant voulant conclure la quête par la possession du graal. L’acte lui -même de sa possession ne peut être de ce monde. Si le chevalier n’avait pas le mérite d’être pur et sincère, le siège se lézardait et le sol s’ouvrait pour précipiter dans les abîmes de la terre le prétentieux chevalier. Elle perpétue la place d’une trahison à celle, rectangulaire, de la Cène. Seul Galaad aura 1’honneur de pouvoir l’occuper et Perceval de l’essayer un instant, avant d’être l’élu de la quête à la Table Ronde, émanation par le Saint-Esprit, les trois Tables auront trois élus : Jésus, Joseph, Galaad.

 

Le cercle fut initialement composé de douze Chevaliers, mais probablement très vite élargi à l’admission de quarante-huit et même davantage, plus d’une centaine pour certains puisque entre autres, le Roi Ban de Bénoïc, père de Lancelot du lac, Bohort de Gaunes, seigneurs en Gaule, et le parricide Mordret (fils de Morgane, incestueux et parricide d’Arthur), en firent partie également. A l’allégorie ou aux multiples symboles que la rotondité de la Table (Comme le Monde !), et le cercle suggèrent, il faut mentionner l’image d’une couronne Solaire, une entité "Féminine" voire sexuelle du cercle et de l’anneau, un postulat à l’opposé du "Masculin", de l’épée, et du Guerrier, qui garde ici à priori plus que jamais ses grandes prérogatives ancestrales avec la Table Ronde de la Quête. Aux allégories de la Table Ronde, se greffe le "Cercle" fidèle des Chevaliers du Royaume d’Arthur, "l’Ordre" militaire indispensable au Roi pour ses entreprises. Une alliance de guerriers et de forces invisibles destinés à fournir l’énergie indispensable au Roi et à son entreprise peu commune.

 

Le Siège Périlleux de pierre de la Table Ronde qui "crie" et se "fend", fait appel à une situation primitive préceltique bien particulière, tout comme, la Lance, l’Epée, ou le Chaudron, qui seront récupérés par la culture Celtique avant d’être Christianisés plus tard. Avec les récits du Légendaire Arthurien et ses nombreuses correspondances symboliques d’un monde presque oublié pour nous, il ne faut pas négliger qu’à la fameuse bataille de Tailta près de Stonehenge, les Tuatha Dé Danann (Le peuple de la Déesse Dana), avaient été vaincus par les Gaëls c’est-à-dire les Celtes. A cette époque, il fut convenu que les Gaëls garderaient la surface de la terre et les Tuatha, le sous-sol de la terre, des lacs, et des tertres, ainsi que les îles lointaines sur la mer ! Dans ce changement brutal de civilisation probablement proche d’une réalité, où 1’ancienne ne disparaîtra pas complètement, un comportement chamaniste et druidique laissera entrevoir des accès entre ces deux mondes, véritables portes magiques sur des au-delà. C’est ainsi que la pierre de Fâl à Tarra, capitale religieuse et symbolique de l’Irlande primitive, servait aux cérémonies d’investiture de Souveraineté. La Pierre devait désigner le nouvel élu, le Roi Suprême, par un cri ! …, alors que la Pierre qui se fend s’ouvrait en deux ! La recherche d’un « Cor » qui prolonge le "Cri de la Pierre", annonçant cette élection, sera aussi le sujet d’une quête semblable à celle du Graal dans un récit ancien. A la Table Ronde, le cri de la pierre est remplacé par les noms des Chevaliers qui s’inscrivent spontanément dans la pierre de chaque siège.

 

La Pierre qui se fend dans le contexte cérémonial de la Table Ronde, est à l’image d’un vagin de la terre de la Déesse Mère, susceptible de "donner" son approbation à la naissance d’un Chevalier nécessaire à la quête, mais aussi de "reprendre" toute créature, une exigence en cas de non convenance à l’accès de la valeur suprême du Graal. La "Pierre" est donc à considérer, tel le fondement de la Table Ronde, comme le symbole de la "Terre", la Déesse Mère elle-même, qui attire ou rejette le prétendant au même titre suprême qu’un Roi, en l’occurrence, les Chevaliers de la Table Ronde, égaux du Roi Arthur dans la Légende.

 

Toute quête du Graal, est aussi une recherche de puissance supérieure. Avec pour objectif le Graal ou le Saint Graal, la Table Ronde du Roi Arthur est destinée à redonner (le Graal retrouvé !), puissance à un Royaume mais aussi une vie à un pays stérile, d’où une connexion permanente qui apparaît entre les éléments masculins et féminins. La quête accomplie marque certes l’apogée du Royaume, mais le manque de motivation et d’attrait sera finalement le déclin de cette chevalerie "au Masculin", et sa perte. Comme peut être "Féminin" la Table Ronde de pierre ou l’entité Graalienne qui motive cette "Masculine" Chevalerie dans l’action. Les femmes rencontrées dans la quête, sont des manifestations à peine déguisées d’une initiation sexuelle ou dispensatrice à "l’envie" par la femme d’une seconde naissance

 

LA   SYMBOLIQUE  DU  GRAAL

GIL  ALONSO-MIER

ÉDITION  ARQA

 2010

« Qu’il soit coupe de vie, chaudron d’éternité, vase de plénitude, cratère sacré, calice sans voix ni parole, arche sans temps, sans espace ni mesure, émeraude aux 144 facettes tombée de la couronne de l’archange de Lumière, pierre tombée du ciel, ou encore simple signe de pure initiation solaire…, baptême de feu, cœur immaculé, pentecôte céleste, effluve divine, vertige de l’Amour, Saint Esprit, Nuée sur le sanctuaire, centre invisible caché, inaccessible aux moindres profanes, Pôle sans retour, Rose vermeille… »

 

Qu’est vraiment le Graal, sans ces définitions de convenance ? Et surtout quelle en est, véritablement, sa dimension universelle au-delà des nuages circonscrits à notre monde sublunaire.

 

Un monde retors, empreint consubstantiellement aux matérialités absconses de l’incarnation humaine… Quel est le symbole du Graal. Un Graal porté par des anges de Lumière ?

 C’est ce à quoi s’attache à décrire minutieusement dans ce livre, l’auteur, Gil Alonso-Mier, à travers un nombre de références tourbillonnantes autour de la Table Ronde des Chevaliers en queste de Connaissance. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une connaissance perdue depuis la nuit des temps ; savoir illuminé qui ne demande qu’à être retrouvé par la magie compassionnelle d’un Graal d’Amour, propre à sceller dans les signes qui font des livres, la vertu naturelle d’un symbole métaphysique. Gil Alonso-Mier, membre du Centre d’Etude Normand d’Anthropologie, nous conte ici, tel un barde celtique, dans ce court texte ou la mystique chrétienne dispute à l’érudition sans faille ses lettres de noblesse, l’histoire d’un symbole, sans doute le plus mystérieux et le plus ésotérique de toute la Tradition occidentale…

 

Objet de la quête, une abondante littérature tente en vain de définir le Graal, c’est proprement impossible, même si pour les chrétiens, il est la coupe dans laquelle Joseph d’Arimathie recueillit le sang du Christ. Alors : est-il un don de la vie ? L’illumination spirituelle ? L’invincibilité ? Est-il le Christ mort pour les hommes, mais le Christ peut-il mourir ? Est-il le vase de la sainte Cène ? Le chaudron des Druides ? Une grâce divine ? Quoi qu’il en soit, la quête du Graal exige des conditions de vie intérieure rarement réunies.

 

Les activités extérieures détournent le désir, le Graal est tout près mais on ne le voit pas ; qui le voit doit quitter le monde et ses vanités…c’est le drame de l’aveuglement devant les réalités spirituelles, l’échec du Grand Œuvre, lequel n’est pas l’affaire des « souffleurs » ni des « faisans ». Il est certain que la perfection humaine ne se conquiert pas comme un trésor matériel, fut-ce l’or convoité, mais une transformation radicale de l’esprit et du cœur. Il faut dépasser Lancelot et Perceval pour atteindre à la transparence de Galaad, seul à pouvoir occuper le Siège Périlleux, à avoir atteint la perfection du Christ ou du Bouddha. Quand à Jung, il nous ramène sur Terre et définit le Graal comme étant la plénitude intérieure que les hommes ont toujours recherchée, il nous rappelle que le Graal est d’essence féminine.

 

LA TRIBU DU LÂCHER PRISE – MYTHES ET SYMBOLES SUR LE CHEMIN DE COMPOSTELLE

Georges Bertin

Edition du Cosmogone

 2019

Mettre ses pas dans ceux des pèlerins qui, depuis deux millénaires, suivent le chemin des étoiles pour se rendre en Galice au tombeau de l'Apôtre Jacques, l'auteur propose quelques clefs de lecture : lâcher prise, néo tribulisme, nouvel âge des pratiques pèlerines et tente dans une démarche transculturelle, d'explorer l'histoire, les mythes et symboles qui structurent l'imaginaire pèlerin. Car ce chemin est pour lui un lieu d'initiation et d'accès au Sacré, quête de la quintessence dans le "champ de L'Etoile que se crée chaque pèlerin de Compostelle.

 

L’ouvrage consacré par Georges Bertin aux multiples dimensions du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle est l’un des plus intéressants sur un sujet qui connaît un regain d’intérêt en ce début de millénaire, porteur d’angoisses mais aussi d’engagements créatifs. La première partie, historique, permet d’approcher la richesse et la complexité de la figure de saint Jacques dans laquelle Georges Bertin reconnaît trois fonctions : libérateur, auxiliateur  (conducteur de morts) et saint. Il identifie les mythèmes venus de traditions préchrétiennes à l’œuvre dans le mythe de saint Jacques comme le tonnerre, la barque, la canicule, le sel, le pouvoir de lier et délier…

 

Georges Bertin note le flou historique concernant saint Jacques et sa mission d’évangélisation dont on sait très peu. Il rappelle que le corps de saint Jacques n’est en aucune manière à Compostelle. En fait, le pèlerinage est étroitement lié à la Reconquista. Santiago de Compostela, nous dit-il, est « une invention de la chrétienté médiévale ». Il écarte le rôle prééminent parfois accordé à l’Ordre de Cluny, aux Templiers ou Hospitaliers, dans la constitution d’un réseau autour du pèlerinage. C’est surtout après 1300 que le pèlerinage s’installe dans la notoriété et que les différents chemins, celui du Nord en premier, se dessinent. « Les chemins de Compostelle, précise-t-il, seront d’abord un brasseur ethnique où se retrouveront des gens de toutes origines. Certains le prendront même avec l’idée de s’établir sur place en créant bastides ou hospices… C’est encore le cas de nos jours. Ils seront encore un brasseur transculturel, producteur de chansons de geste, de légendes, de contes, de récits, de diverses origines qui seront colportés à l’envie sur les routes et racontés aux étapes. L’art du chemin influencera de ce fait l’art clunisien et cistercien des deux côtés des Pyrénées. »

 

La seconde partie, intitulée très justement « la tribu du lâcher prise » aborde le chemin intérieur de Compostelle : « Sur le chemin de Santiago de Compostela, chaque cheminant peut faire l’expérience d’un vécu exceptionnel (pour moi ce fut durant cent treize jours en 2009). La première expérience que font les cheminant vers Compostelle interroge radicalement leur affectivité, leur psychologie, leur moi profond, les cuirasses caractérielles que nous passons souvent notre vie à constituer, c’est celle du lâcher prise, de certaines formes d’extase, de jouissance, sur fond de sortie du temps. » Le renversement entre l’effort ou le sur-effort demandé au corps et le lâcher prise permet de s’extraire de la gangue des conditionnements et de se rapprocher de sa véritable nature. Georges Bertin illustre par sa propre expérience, et celles de compagnons de route, ce procès libérateur qui fonde les pèlerins en une forme de communauté, de « tribu post-moderne » peut-être. Sarah, 43 ans, confie : Je pars pour me donner la chance de ne pas passer à côté de moi et des autres, pour ne pas rester anéantie dans le monde des morts vivants. » Le pèlerinage, à la fois géographique et intérieur, se constitue alors en parcours initiatique, en voie d’éveil, dont l’Enéide ou l’Odyssée sont des prototypes. Il n’est pas question seulement d’une expérience spirituelle individuelle profonde mais d’une « refondation de l’être ensemble ».

 

La troisième partie de l’ouvrage, « une quête de la quintessence », identifie le chemin au grand œuvre. Nous pouvons retrouver dans le pèlerinage et sa puissance de transformation ou de transmutation les étapes du grand œuvre alchimique. La confrontation avec les quatre éléments, confrontation parfois douloureuse, jusqu’à leur maîtrise, invite au dépassement. « Alors que le quaternaire (les quatre éléments) lui a révélé les limites du monde matériel dans les formes de la nature naturante, suggère Georges Bertin, le pèlerin aborde le cinquième point, le quinaire ou quintessence. L’aither lui enseigne l’adjonction d’un élément qui vient subsumer les quatre forces élémentaires en les reliant et en leur servant de point d’application, car la matière réduite aux quatre éléments ne constitue pas la réalité. Il leur faut une cinquième essence qui leur permette de s’agréger et de se former de se lier et de s’unir. » Cette magnifique « expérience du sacré » ne peut se réduire et se laisser prendre dans le filet des représentations. Georges Bertin, dans cet essai, démontre à quel point le principe premier du pèlerinage, du voyage initiatique, d’Ulysse à Pantagruel, est actuel. Il est non seulement nécessaire à la conquête de la citadelle de l’être mais constitue une « nouvelle chevalerie » qui cherche à reconstruire, individuellement et collectivement, le lien, aujourd’hui bafoué, avec la nature.

 

le cavalier bleu ou le dernier chevalier du graal

Henri montaigu

Edition  DENOËL

 1974

En 1622, lors de la guerre de Guyenne, le jeune roi Louis XIII, modestement accompagné de son écuyer Pontis et de son favori Baradas, se trouva fortuitement contraint de passer la nuit dans le château du chevalier d’Auberhodes.

 

Chargé par le roi d’une mission secrète liée au salut du royaume, le jeune gentilhomme habillé de bleu va dès lors apparaître dans les lieux et dans les temps les plus dissemblables. L’Histoire sous toutes ses forme lui fournit l’occasion de multiples aventures tant de cape et d’épée que magiques, ou mondaines, voire à la manière de Marco Polo.

 

Et du même coup, pour l’écrivain s’ouvre la carrière de fantaisies littéraires variées qui vont du roman historique au discours initiatique, de la poésie aux interventions ironiques d’Henry Montaigu soi-même, le tout nourri de connaissances érudites et servi par une exceptionnelle virtuosité narrative. Ce qui fait que cette nouvelle quête du Graal se lit avec une facilité et un plaisir toujours renouvelé sans que la signification profonde, pour qui veut la décrypter, en souffre.


En 1595, au printemps, alors que le roi Henry IV n’avait pas achevé la difficile conquête de son royaume, naquit au château d’Auberhodes, d’une lignée antique mais sans éclat, un garçon destiné à en être l’unique héritier, et qui reçut à sa naissance le triple prénom fabuleux de Jean Amadieu Phébus.

 

Des raisons de prestige avaient dicté ce choix : il rappelait la parenté des d’Auberhodes avec les maisons de Foix, de Béarn et d’Albret. Et, bien que le monarque soit censé n’avoir point de parents en dehors de la famille royale, pour ces disputeurs de généalogie, un tel cousinage comptait – je dirais plutôt deux fois qu’une.


Avec l’avènement de Henry IV, la noblesse gasconne surgit de ses forêts et de ses landes telle une horde de loups affamés. Elle n’allait pas tarder à se rendre insupportable et légendaire. Ces nobles campagnards qui montraient des dents longues à la mesure de leur valeur avaient la pauvreté aussi insolente que belliqueuse. La maison d’Auberhodes au contraire, favorisée d’une honnête aisance, se trouvait avant tout désireuse d’obtenir la gloire des fonctions, des honneurs et des titres.


La conjoncture était favorable. Aussi, M. d’Auberhodes le père qui avait l’ambition de servir et le goût des armes repartit, aussitôt après la cérémonie de baptême, pour la guerre que le roi faisait à l’Espagne et à M. le duc de Mayenne. Ce survivant de la famille de Guise – dont la fortune avait été si haute sous les derniers Valois mais dont le destin déclinait depuis la journée de Barricades où elle n’osa s’emparer d’un pouvoir qu’elle détenait en fait – n’était plus qu’un chef de parti vaincu à la solde de l’étranger et n’avait d’autre prudent souci que de vendre son ralliement à l’ex-roitelet de Navarre devenu roi de France.

 

le chevalier à l’armure rouillÉe

Robert fisher

Edition AMBRE

 2006

Il y a fort longtemps, un vaillant chevalier combattait les méchants, tuait des dragons et sauvait les demoiselles en détresse. Il se croyait bon, gentil et plein d’amour. Il était très fier de sa magnifique armure qui brillait de mille feux, et ne la quittait jamais, même pour dormir. Seulement, un beau jour, en voulant l’enlever, il se retrouva coincé…

 

Ainsi commença pour lui une quête initiatique, à la recherche de sa véritable identité, au gré de rencontres insolites et d’épreuves riches d’enseignement. En parvenant au « Sommet de la Vérité », il deviendra alors ce qu’il n’avait jamais cessé d’être, un homme au cœur pur, libre de toute illusion et de peur.

Cette nouvelle quête du Graal, d’un humour délicieux, fait partie de ces « grands petits livres » comme Le Petit Prince et Jonathan Livingston le goéland. La limpidité, la profondeur du Chevalier à l’armure rouillée, qui parle au cœur et à l’âme, en font un conte d’une portée universelle.

 

Son armure l'empêchait de trop ressentir les choses...[..] ..il la portait depuis si longtemps qu'il avait oublié comment on les ressentait sans elle"

" Tu as terriblement peur. Evidemment, c'est la principale raison qui t'a poussé à mettre ton armure au dessus de tout."

" je resterai ici le temps d'apprendre à sortir de cette armure, dit le chevalier. Lorsque tu auras appris cela, affirma Merlin, tu n'aura plus jamais besoin de monter sur ton cheval pour galoper dans toutes les directions"

"Un cadeau pour être un cadeau doit être accepté. Autrement, il devient un fardeau."

"Nous sommes presque tous prisonniers d'une armure ...[...] Nous dressons des barrières pour protéger ce que nous pensons être. Puis, un jour, nous nous retrouvons coincés derrière ces barrières et nous n'arrivons plus à en sortir..."

 

LE DESTIN BRISÉ DE L’EMPIRE AZTÈQUE

 

Découvertes GALLIMARD

 1988

Il y a plus de 5 siècles en Amérique centrale, régnaient les hommes Dieu. La civilisation aztèque était celle de la démesure : puissante, flamboyante et sanguinaire. Les espagnols arrivèrent et ce fut le choc des cultures, du glaive et du mythe. On sait qui gagna, mais des cendres aztèques, allait surgir l’histoire.

 

Comment une poignée d'Espagnols a-t-elle pu conquérir une contrée de 200 000 km², forte de plusieurs millions d'hommes, pour y imposer le christianisme et la soumission à la couronne d'Espagne? Quelle faiblesse minait cet immense empire que nous appelons aztèque? Quelle civilisation est née de ce choc politique et religieux?


Vers le milieu du XIVe siècle, la tribu des Mexicas, guidée par son dieu Huitzilopochtli, se fixe sur le plateau d'Anáhuac et fonde la ville de Tenochtitlán. Par un jeu d'alliances, la puissance aztèque se consolide en l'espace d'un siècle. L'arrivée en 1519 d'Hernán Cortés, qui coïncide avec le retour annoncé de Quetzalcóatl, le Serpent à plumes, jette le trouble dans l'empire.

 

Les Aztèques se sont installés dans la vallée centrale il y a environ 800 ans. À l'origine, ils faisaient office de mercenaires et étaient les vassaux des souverains locaux comme Cozcoxtli, maitres de la cité-Etat de culhuacan. Avec le temps, leur puissance s'accrut et ils fondèrent leur propre cité en un lieu choisi par Huitzilopochtli, leur dieu nourricier.

La capitale Aztèque fut fondée en accomplissement de la prophétie du dieu. Celui-ci désirait la construction de la ville à l'endroit où on apercevrait un aigle dévorant un serpent sur un cactus poussant sur un rocher, au milieu d'un lac. C'est ainsi qu'en 1345 Tenochtitlan vit le jour. La cité allait finir par devenir cette grande métropole formée aujourd'hui par Mexico. La capitale aztèque était à tout point de vue extraordinaire. Construite sur une île au milieu d'un grand lac, elle était reliée à la terre ferme par des chaussées. Fournissant de l'eau fraîche en abondance, le lac servait au transport de marchandises et représentait une excellente source de nourriture. Les Aztèques utilisaient celui-ci pour leur culture en disposant la terre fertile de son lit sur des charpentes en bois, formant ainsi des jardins flottants.

 

Les Aztèques régnaient par le biais d'une hiérarchie sévère. Le souverain n'avait de compte à rendre qu'à Huitzilopochtli. Sa parole avait valeur de loi et il était traité en demi-dieu. Pour le seconder, une classe de nobles en charge des affaires de l'Etat était dotée en récompense d'une richesse et d'un pouvoir considérables. La noblesse avait un statut équivalent à celui des prêtres, représentants des dieux et responsables des rituels religieux, de l'écriture, de la médecine et de l'astronomie. Puis venait les négociants, les commerçants, les artisans et autres simples sujets. Le niveau le plus bas était occupé par les esclaves, soit des prisonniers capturés à l'occasion d'une bataille et attendant leur mort sacrificielle, soit des personnes ayant pris l'état d'esclave de leur propre chef, en paiement d'une dette ou pour survivre à une mauvaise récolte. 

 

Les Aztèques prospérèrent et prirent le contrôle de toute la vallée centrale. Sous le règne de l'empereur Moctezuma Ier, l'empire s'élargit encore et même la barrière montagneuse de la vallée ne put contenir sa puissance. L'état guerrier des Aztèques s'engagea alors dans des campagnes militaires à longue distance pour s'étendre jusqu'à Oaxaca au sud et à Veracruz à l'est.

 

Au centre de Tenochtitlan se dressait la pyramide de Huitzilopochtli, où dans un sacrifice toujours recommencé, des cœurs humains étaient arrachés à des victimes vivantes avant d'être offerts au dieu. À l'image du monde maya, le sang était le ciment de l'univers Aztèques. Huitzilopochtli était à la fois le dieu de la Guerre et du Soleil-Levant, et les Aztèques croyaient que les sacrifices humains leur garantissaient la victoire ainsi que l'apparition quotidienne de l'astre solaire et le maintien de l'univers.

 

L'empire Aztèque connut une nouvelle extension spectaculaire sous le règne de Moctezuma ll. A son apogée, le territoire couvrait ainsi une superficie de 150 000 km². En 1519, une petite flotte conduite par Herman Cortes, capitaine aux ambitions hors du commun, allait changer pour toujours le visage du Mexique en sonnant le glas des civilisations précolombiennes.

 

Les Aztèques ne furent pas les seuls à être touchés par l'arrivée des espagnols. On estime à 25 millions le nombre d'Indiens vivant dans la région au début de la conquête. Au bout d'un siècle, il n'en restait plus que trois millions. Les autres avaient été tués dans les batailles ou décimés par l'introduction de maladies comme la variole contre lesquelles ils n'étaient pas immunisés. 

 

LÉGENDE ARTHURIENNE, LE GRAAL ET LA TABLE RONDE.

 

Edition Robert LAFONT

 1989

Les romans de la Table ronde sont de grands récits d’amour : autour d’Arthur, le roi légendaire, l’élite de la chevalerie s’adonne aux exploits qu’alimente la force du désir.

 

Lancelot, l’amant idéal, éprouve pour Guenièvre, l’épouse de son suzerain, une folle passion qui doit rester secrète ! Mais Gauvain, le neveu d’Arthur, peut faire état du prestige de sa séduction : beau et galant, ardent, il est disponible à la moindre invite des Dames, parfois au risque de sa vie – car une nuit auprès d’une jeune fille nue et consentante qu’un père livre à son hôte est bien périlleuse : une épée aux attaches d’argent, interdit la jouissance ! Gauvain se prête aux fantasmes les plus divers : sa force suit le cours du soleil.

 

Le fantastique aussi imprègne les récits. Merlin l’Enchanteur, né d’une copulation du diable avec une jeune fille, est à l’origine de la Table ronde. C’est grâce à lui qu’Underpendragon, passionnément épris d’Ygerne, prend les traits de l’époux absent et c’est dans l’illusion d’une nuit que sera conçu Arthur. Merlin établira la souveraineté du jeune homme, roi de la Table ronde.

 

Une femme peut-elle aussi accomplir un acte extraordinaire : pour sauver Caradoc, la belle Guinier accepte de se plonger dans une cuve de lait, une nuit de pleine lune, et de sacrifier l’extrémité de son sein blanc. Les quêtes des chevaliers de la Table ronde, mènent au Graal, qui garde le mystère de son nom et de son origine : objet magique, source de vie, il fait parti des talismans de l’autre monde. L’initiation du jeune Perceval et son échec dans cette quête imprégneront profondément la sensibilité occidentale.

 

Du XIIe siècle au XVe siècle, la légende arthurienne, en français et en langue d’oc, a essaimé dans toute l’Europe, témoin de la séduction de la « matière de Bretagne ».

 

Un livre de 1100 pages dont le sommaire contient des centaines de noms et symboles :

 

Historique et développement de la légende avec : Chrétien de Troyes, la Table ronde, les personnages et structures de parenté, les arbres généalogiques d’Arthur, de Gauvain, de Perceval, de Lancelot et de Tristan.   –

Perceval le Gallois ou le conte du Graal et le gué périlleux  -

Perlesvaus, le haut livre du Graal  -  Le roi Arthur chez l’ermite Calixte  -  Les demoiselles chauves  -  Le château de l’ermite noir  -  épopée de Gauvain  -  L’épée du géant  -  Lancelot au château des Barbes et à la cité du décapité  -  L’énigme de la bête blanche  -  le château tournoyant  -  La mort de Guenièvre  -  L’île d’abondance et le château aux quatre cors  -

Merlin et Arthur : le Graal et le royaume  -  le conseil des démons et la naissance d’Arthur  -épopée de Perceval  -  tournoi de Blanc Chastel  -  Perceval chez le roi Pêcheur  -  la trahison de Mordret  -

Le livre de Caradoc  - Le chevalier à l’épée  -  Hunbaut  -  La demoiselle à la mule  -  L’âtre périlleux  - Escanor le ravisseur  -  Victoire de Gauvain  -  Espinogre, le chevalier inconstant  -  Le chevalier à l’armure noire  -  Cadret  -

Gliglois  -  Méraugis de Portlesguez  -  Lidoine  -  L’écu de l’Outredouté  -  Méraugis  -

Le roman de Jaufré  -  Estout de Verfeil  -  Monbrun  -  Augier d’Eissart  -  Taulat de Rougemont  - Brunissen  -  Mélian de Monmelior  -  Fellon d’Aubérue  -  La fée de Gibel  -  Bladin de Cornouaille  -  Rigomer  -  Méliador  -

Le chevalier au papegau  -  Le chevalier de la mer  -  La forêt de Camaalot  -  Le chevalier poisson  -  le comte Doldois  -  la duchesse d’Estregales –La franche pucelle guérit Arthur de ses blessures  -  Epopée du roi Arthur  -   Le château de la roche sans peur  - 

 

 

LÉgende des derniers rois mages

Paul del perugia

Edition payot

 1993

L’histoire se passe au Rwanda où l’auteur a vécu 2 ans. Il nous conte la vie de cette ethnie avec son système politique qui est régie par un « code ésotérique » dont un collège de « mages » détient les clefs et gouverne avec sagesse, en harmonie avec la nature, le ciel et leurs immenses troupeaux.

 

Un voyage biblique chez un peuple oublié, qui a su conserver ses rois-mages.

 

Au sommaire :

 

Mille collines  -  Les trois races  -   Les rois tambourins   -   La souveraineté et la vie   -   Installation du royaume hamite   -   Une journée du roi   -   Les institutions patriarcales   -   La société secrète   -  Initiation et rite de passage pour les ados   -   Les Rois Mages   -   Le ballet de la vie et de la mort   -  20 ans après   - 

 

lÉgende des rois mages

Marianne ELISSAGARAY

Edition A Compte d’Auteur

 1995

Ces 3 mages venus d’Orient n’apparaissent que dans l’Évangile de Mathieu. D’où sortent-ils ? Qui sont-ils ? Comment cela se fait-il  que leurs tombeaux depuis 1164 est dans la Cathédrale gothique de Cologne ? Pourquoi ont-ils été tolérés par l’exégèse chrétienne ?  L’auteur a étudié les nombreux ouvrages écrits sur ce thème, et après enquête a essayé d’en dégager quelques explications. 

 

Les Rois Mages ne sont mentionnés que dans un seul Évangile, celui de Matthieu. Leur succès a été immense dans l'histoire de la peinture. De Jean Fouquet à Botticelli et de Dürer à Rubens ou à Poussin, le thème de l'adoration des Mages est presque devenu un exercice d'école. Rien de plus "pictural", il est vrai, que le contraste entre la pompe orientale des rois venus d'Arabie heureuse et le dénuement de la Sainte Famille, le prosternement du pouvoir temporel devant la faiblesse illuminée par l'Esprit. Cet épisode touchant et superbe de la nativité est porteur de deux leçons traditionnelles.

 

- La première leçon est œcuménique. L'écoumène, c'est l'ensemble des terres habitées, un beau et tendre mot qui mériterait d'entrer dans l'usage courant. Les Rois Mages sont des étrangers. Ils viennent d'horizons lointains. Il y a traditionnellement un nègre africain parmi eux. Dès la conquête du Nouveau Monde, on a vu des "adorations" américaines où figure un chef peau-rouge. Cela indique assez que le christianisme est ouvert à tous les hommes, quelle que soit leur race ou leur origine. Le baptême suffit pour faire un chrétien. Le christianisme s'oppose ainsi au judaïsme, comme une religion ouverte à une secte fermée*.

 

- La seconde leçon de l'adoration des Mages condamne le misérabilisme abusivement attribué au christianisme par une certaine tradition. Certes Jésus est né dans une étable et ses parents voyagent comme des vagabonds. Mais des princes orientaux accourent. "Ils ouvrirent leurs trésors et offrirent l'or, l'encens et la myrrhe." Les bergers avaient sans doute apporté des dons alimentaires ou utilitaires, lait, fromage, laine. Avec les Mages, c'est le luxe le plus pur qui arrive. Qu'a donc à faire la Sainte Famille d'or, d'encens et de myrrhe? Rien justement, mais un cadeau de Noël ne se doit-il pas d'être inutile? Y a-t-il plus triste disgrâce pour un enfant que de se voir offrir pour Noël des chaussettes, un cache-nez ou un cahier d'écolier? Jésus se gardera d'oublier cette leçon de luxe désintéressé que les Rois Mages lui avaient donnée à un âge si tendre. Lorsque dans la maison de Simonie-lépreux, Marie-Madeleine répand sur lui un parfum de grand prix, les disciples s'indignent de cette prodigalité. Ne vaudrait-il pas mieux faire l'aumône aux pauvres? Jésus les reprend durement. Ils ne manqueront jamais de pauvres à qui faire l'aumône, mais lui, Jésus, combien de temps sera-t-il encore parmi eux? Comme l'assure Matthieu, le vrai chrétien ne se soucie pas davantage de ses vêtements que le lis des champs, mais il n'en est pas moins que lui splendidement vêtu par la Providence (VI, 28).

 

A propos de cet œcuménisme chrétien, on songe nécessairement au cri poussé par l'ensemble des anges du ciel à l'an¬nonce de la naissance de Jésus: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté!" (Luc, II, 13). On ne saurait en effet formuler l'idéal chrétien de façon plus juste et en moins de mots. Ce qui est remarquable, c'est que cette formule paraît l'effet d'une lecture admirable de génie spirituel faite au cours des âges (et dès la Vulgate) d'un texte grec qui était loin pourtant de la suggérer. Le mot clef en effet est Eudokia, c'est-à-dire: opinion juste, admise, approuvée. Il serait donc plus exact de traduire: "Paix sur la terre aux hommes qui pensent bien." Ce qui signifie a contrario: "guerre aux hétérodoxes", soit exactement l'inverse de la "bonne volonté" invoquée par Kant dès les premières lignes de son Fondement de la Métaphysique des Mœurs (1785): "De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde et même en général hors du monde, il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pouf bon, si ce n'est seulement une bonne volonté." Or il va de soi que cette "bonne volonté" kantienne ne peut être qu'universelle, laïque, au-dessus de tous les conformismes sociaux, politiques ou religieux.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La tradition des Rois Mages dans la littérature jusqu’en 1164  -  Les premiers siècles de l’église  -   La personnalité des Mages   -  Les drames liturgiques des Mages   - 

La tradition des Mages dans la littérature après 1164  -  La translation des Rois à Cologne. Ses échos dans la littérature  -  L’Historia trium regum de Jean Hildesheim  -  L’histoire française des trois Mages  -

Edition de l’histoire des trois Rois  -   Description des manuscrits dont celui de la Haye  -

 

LÉGENDE DES ROIS  MAGES.  Enseignements Spirituels et Métaphysiques. 

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2005

Recueil ou plusieurs auteurs donnent leur version spirituelle et métaphysique sur ces trois Rois Mages qui un soir, vers l’an 0 et guidé par une étoile, apportèrent des présents_ Or, Encens et Myrrhe à un enfant qui venait de naître à Bethléem. Julien Behaeghel (de Pharaon à l’apprenti) explique comment dans sa vision métaphysique, il pense que cet enfant est une transmutation de la matière terrestre en Esprit divin et les cadeaux : Or, Encens et Myrrhe, sont les symboles de Beauté, Elévation et Lumière. Une explication est donnée sur l’étymologie des trois noms des Mages : Melchior, Gaspard et Balthazar.

 

Le 13e degré du R.E.A.A explique comment trois Mages firent une descente par un puits dans une  grotte, et ce qu’ils y trouvèrent, explications d’un tronc commun avec les légendes de  l’Arche Royale et du Christianisme de Noël. L’Epiphanie, qui fête les Rois, est un rappel et commémore cette visite des Rois Mages à l’enfant divin. La tradition de la fève du gâteau des rois, est un rappel des Saturnales romaines ou un roi était élu.

Jean Tourniac développe le thème de Melkitsédeq, personnage sans généalogie mais qui reste le fondateur et le socle de la Tradition Primordiale, en apportant  et en transmettant les trois fonctions- royale, sacerdotale et prophétique- à Abraham.

Il explique également sa vision de l’épiphanie qui marque pour lui la reconnaissance de la Nouvelle Religion parrainée par cette triple autorité symbolisée par les trois Rois Mages. Bien que démenti par l’Eglise, la légende veut que les corps des trois Mages soient enterrés dans la cathédrale de Cologne en Allemagne.

 

Robert Ambelain, après quelques considérations sur l’étymologie des trois noms, décortique l’ésotérisme de l’Or (Soleil), de l’Encens (Terre) et de la Myrrhe (Lune). Il explique pourquoi Melchior est le soufre alchimique, Balthazar avec sa racine bal/baal est le Soleil astrologique et Gaspard représente la magie avec la myrrhe lunaire. La revue « Vers La Tradition » explique comment il existe une « Mission des noirs ou Mission Africaine », il rend compte du livre de Perugia sur ces derniers Rois et Rois Mages du Ruanda et sa monarchie des Hamites, société puissante dont le Roi lui-même ignorait les codes ésotériques, mais dont les clé étaient détenu par un collège de mages, grâce à cela tout était harmonie et les hommes vivaient en intelligence avec les divinités et la nature

 

Lumière d’Orient nous entraine vers les steppes mongoles et les Nestoriens, sur les traces du Prêtre Jean. René Guénon développe très longuement ce thème des voyages des Rois Mages, en parlant des trois pouvoirs en Inde, et dans l’Agartha mythique. Version qu’il a décrite dans son ouvrage «Le Roi du Monde»

 

LÉGENDE DES ROIS MAGES - Légendes et enseignements

J. chopitel & C. gobry

Edition  Mercure Dauphinois

 2002

Depuis des temps immémoriaux, la tradition spirituelle se transmet sans faillir afin de rappeler aux êtres humains que leur royaume n’est pas de ce monde.
Les Rois Mages doivent être considérés comme des messagers de cette tradition et ils traversent le temps et l’espace avec leurs offrandes. Ils sont toujours là.


Il existe en fait très peu d’informations indiscutables concernant l’aventure des Rois Mages ; mais la plupart des données recueillies sur eux au fil des siècles sont chargées d’un enseignement spirituel inestimable donné par leur histoire, leur légende et les symboles qui les accompagnent.


Les auteurs font également le rapprochement entre les Rois Mages, Melchisédech et le Prêtre jean ; ils nous parlent aussi des centres sacrés et du Roi du Monde.

Au sommaire sont développés :

 

La mosaïque de l’adoration des mages  -  Pourquoi les Mages ?

Les sources de l’histoire des Rois Mages  -  Les écrits sacrés et religieux primordiaux  -  L’évangile de Mathieu  -  les évangiles apocryphes  -  Mathieu, la tradition juive et universelle  -  Le Protoévangile de Jacques  -  L’évangile arménien  -

Les écrits mythiques  -  Le livre de Seth  -  Le testament d’Adam et le livre de la caverne des trésors  -  La légende dorée de Voragine   -  Somme théologique d’Elenchus -

L’histoire de la légende des Mages  -  Le serpent vert de Goethe  -  Sainte Helene et Constantinople  -  de Milan à Cologne et leurs sanctuaires  -  Les Baux de Provence et la translation des corps  - 

Introduction aux caractéristiques des Rois Mages et à leurs symboles  -  Aperçus sur les centres sacrés et sur le Roi du Monde  -  L’Agarttha  -  St Yves d’Alveydre  -  Ossendowsky  -  Le prêtre Jean, descendant des Mages  -  Fonction cosmique du Roi du monde et des Rois mages  -  Le ternaire universel  -  les trois puissances et les trois princes  - 

Les rois Mages comme Rois, Prêtres et Prophètes  -  L’or, l’encens et la myrrhe  -  Des Mages venus d’Orient  -  Le solstice et l’équinoxe  -  Relation de l’Orient sur le pôle nord  -  L’étoile polaire  -  Un astre, une étoile à l’Orient  -  Les étoiles et l’Etoile des Mages  -  L’astronomie et l’astrologie  -  La naissance du Christ et la venue des Mages  -  L’Etoile-lumière   -

Melkitsédeq, Kohen-tsedeq, Adoni-tsedeq. Roi de justice, prêtre de justice, seigneur de justice   -  La tradition hébraïque  -  La Genèse  -  les Psaumes  -  Le Zohar  -  Les traditions chrétiennes et islamiques  - 

Epiphanie  -  Les rites solsticiaux  -  La fête des rois  -  Les feux de joie  -  Les processions et les représentations  -  La pompe à huile  -  Le gâteau des rois  -  Le Roi et la fève  -le conte initiatique des rois Mages  - 

 

l’Église & le graal

Manuel insolera

Edition ARCHÉ MILAN

 1997

Pour la première fois, cette étude essaie de prouver que, dans sa formulation chrétienne, la légende du Saint Graal ne recèle d’aucune façon des mystères sectaires ou hétérodoxes ; bien au contraire, elle exprime dans son essence ce qui est proprement le noyau initiatique de l’ésotérisme chrétien. Pour le prouver, l’auteur a étudié une quantité considérable de sources et de documents les mieux autorisés par le magistère chrétien, depuis les origines jusqu’au XVII° siècle, et ce tant dans le domaine de la patristique que dans les domaines de la liturgie, de l’hagiographie, de l’homilétique ou de la divulgation savante des mystères.


Il se compose ainsi peu à peu un tableau où l’on discerne de façon étonnante l’unité et la composition fondamentale des deux éléments de l’enseignement chrétien qui se sont transmis : « l’invisible » – l’ésotérique – et le « visible » – l’exotérique –, c’est-à-dire comment les éléments profonds contenus dans le symbolisme du Saint Graal furent toujours présents sous le voile, entre les lignes mêmes du magistère « officiel » de l’Église.

 

Dans une courte introduction, Manuel Insolera situe lui -même son propos:  " Une fois posé que la légende du Graal définit d'une manière privilégiée la forme la plus accomplie d'ésotérisme chrétien qui ait pu être transmise, notre étude entend principalement démontrer comment l'Eglise visible et l'Eglise invisible (celle dite exotérique de Pierre et de Paul et celle dite ésotérique de Jean et de Joseph d'Arimathie ) sont en réalité, et ne pourraient être, qu'une seule et même Eglise: intimement liées, de la même manière que la pulpe et le noyau constituent indissociablement un seul fruit "(p.9).

 

Il est vrai qu'après l'excellent livre de Pierre Ponsoye: L'Islam et le Graal, (Ed. Arché.), ce livre vient combler un vide, car les rapports entre le Christianisme et le Graal n'ont pas été beaucoup étudié, et surtout pas de cette manière à proprement parler orthodoxe, tant l'auteur se fonde sur l'étude de la patristique et de la liturgie. La première partie du livre tente de cerner les figures de Joseph d'Arimathie et de Nicodème dans les évangiles canoniques et apocryphes. La seconde, met le Graal en rapport avec le mystère de la transsubstantiation et rappelle les polémiques qui agitent les maîtres théologiens à la fin du XIIème siècle à propos du moment exact de la transsubstantiation des espèces eucharistiques. Ce n'est pas un point d'érudition historique gratuit, car pour l'auteur le Graal est en effet l'archétype de tous les calices liturgiques, et la liturgie du Graal est elle-même l'archétype de toute la liturgie chrétienne. Citons à ce sujet le point de vue de M. Insolera lui-même (p.110) : " La dispute théologique à propos de l'exact moment de la transsubstantiation, le mystère de la présence réelle sous les espèces du pain et du vin, le problème de la communion au calice de la part des fidèles, la mystique cistercienne de la vision directe, les rapports secrets, veinés d'une opposition peut être non radicale, entre certains aspects de la théologie d'Innocent III et certaines perspectives profondes cachées derrière le somptueux récit cistercien de la Queste del Saint Graal, tous ces éléments paraissent liés par une tresse d'affinités et d'oppositions, riches de nuances et d'implications sans doute presque totalement inexplorées. 

 

Enfin, signalons dans ce livre l'abondance des notes et leur pertinence, qui ouvrent de fait, à tous ceux qui s'intéressent au problème du Graal, de multiples champs d'investigations et donc la possibilité de continuer à explorer.

 

L’ḖGLISE DU GRAAL -  ḖGLISE DE TRAHARENTEUC

 E. Capelli et A. Gérardin

Edition les oiseaux de papier

2012

La forêt de Brocéliande abrite la seule église au monde consacrée à la légende du Graal. Simple et dépouillée, vêtue de schiste pourpre, elle réunit, par la volonté d’un prêtre hors du commun, la mémoire des Celtes, la religion chrétienne et les récits de chevalerie.

Au cœur du village de Tréhorenteuc, elle offre un ensemble mythique et mystique tout à fait exceptionnel…Lorsqu’il arrive à Tréhorenteuc, lors des Pâques de 1942, Henri Gillard pose le pied sur le bout du monde. Isolé à l’extrémité du département, enclavé dans la forêt de Paimpont, mal desservi, le village compte à peine 150 habitants. Population pauvre, un peu oublieuse du chemin de son église. Pour l’abbé Gillard, sa nomination comme recteur de Tréhorenteuc n’est autre chose qu’une promotion-sanction : « l’évêché m’a envoyé à Tréhorenteuc en pénitence » écrit-il. Peut-il imaginer qu’il y restera vingt ans ?

Il entreprend immédiatement de redonner une vie spirituelle à sa paroisse et, à ses yeux, la renaissance commence par la restauration de l’église. Le recteur est immédiatement sensible à ce que les lieux recèlent d’indicible : le souvenir inoublié des légendes de la Table Ronde, la présence immatérielle de l’esprit de Brocéliande.

 

Pour lui, il n’y a pas d’opposition foncière entre la Parole qu’il doit enseigner et les grands mythes dont il entend bruire la forêt. La légende christianisée du Graal devient le fil conducteur de sa propre Quête.

Dès l’été 1942, l’abbé entreprend des travaux qui dureront douze ans. Il veut faire pour Tréhorenteuc un sanctuaire, mais aussi un lieu d’art, de beauté, de réflexion intellectuelle. Il envisage même la construction d’un nouvel édifice (ce à quoi l’évêché s’oppose formellement). En 1943, le vitrail de la Table Ronde est posé, premier pas évident vers la légende.

Suivront les vitraux contant la vie de sainte Onenne, puis les statues du chœur (Onenne et Judicaël). Dans le même temps disparaissent les vieux tableaux, les statues par trop dégradées, les bannières qui tombent en poussière. Mais l’église s’enrichit, à la fin de la guerre, de nouveaux autels et d’un chemin de croix exceptionnels, œuvres de l’ébéniste Péter Wissdorf et du peintre Karl Rezabeck que l’abbé est allé chercher dans un camp de prisonniers de guerre allemands en 1945. Tous deux exécutent les œuvres voulues par l’abbé Gillard, sur ses indications. Karl Rezabeck écrit : « Monsieur Gillard était toujours mon modèle pour le Christ, même en croix. Il allait de soi que l’arrière-plan était constitué par le paysage de Tréhorenteuc ».

 

Après 1950, les transformations continuent : construction du mur qui sépare la nef de la « chambre du fond » (le narthex), chapitret (galerie extérieure) pour soutenir la façade. En 1951, le grand vitrail est mis en place. Suivent en 1953 et 1954 le pavement du chœur et la mosaïque du Cerf blanc au collier d’or. En même temps que son ministère et sa vocation de père bâtisseur, l’abbé Gillard assure le secrétariat de mairie, participe activement aux travaux de fondation de l’abbaye La Joie-Notre-Dame de Campénéac et crée dans son presbytère une cantine-auberge de jeunesse.

 

A ses travaux, le recteur consacre tous ses revenus, mais cela ne suffit pas : il doit solliciter ses paroissiens, faire appel à des donateurs de tous les horizons, aux collectivités - le Conseil général lui alloue plusieurs subventions. Il est homme à bousculer les montagnes. Poussé par le désir de faire rayonner le pays de son sanctuaire, n’entreprend-il pas, dès 1948, l’édition de guides consacrés à Brocéliande, à Tréhorenteuc, aux légendes de la Table Ronde ? Les années passant, il publie d’autres plaquettes sur la mystique des nombres, le symbolisme du zodiaque, Carnac... Les bénéfices sont affectés aux travaux de l’église.

 

Toute cette ardeur porte ses fruits et la renommée de Tréhorenteuc et de l’abbé Gillard s’étend. André Breton vient le visiter. Trop de vitalité sans doute ! L’évêché commence à s’émouvoir de tant d’activités hétérodoxes, et les médisances commencent à se répandre. Les ragots et les cagots font si bien qu’un jour de 1962, le recteur quitte son village. Il tente de trouver ailleurs une paroisse où servir, en vain : de sulfureuses rumeurs lui ont miné le chemin.

 

Quand en 1963, il se résout à revenir à Tréhorenteuc, sa hiérarchie le lui interdit, malgré pétitions et interventions de la population et des élus. Le désarroi est profond pour ce prêtre. hors du commun : « l’évêché me frappe en quelque sorte d’un interdit de séjour... J’ai arrangé à mes frais le presbytère et l’église. Je n’ai pas le droit d’y vivre ». Plusieurs années pénibles s’écoulent alors. Puis, à partir de 1968, il revient en Brocéliande. Grâce à l’abbé Rouxel, curé de Néant-sur-Yvel qui l’accueille avec amitié et qui continuera fidèlement son œuvre, il retrouve son église de Tréhorenteuc. Il y retourne régulièrement jusqu’au jour de sa mort, en juillet 1979. Il repose maintenant dans une des chapelles de la petite et célèbre église, recteur à jamais lié à sa paroisse.

 

L’église du Graal : Le principal attrait de l’église réside dans l’évocation des légendes de la Table Ronde et du mystère du Graal. Il semble que Tréhorenteuc soit le seul sanctuaire à avoir ainsi célébré la coupe mystérieuse. Bien que la société médiévale ait investi l’objet de ses plus hautes valeurs, l’institution religieuse a toujours montré circonspection et réserve sur le sujet. Douze stations du chemin de croix ont pour cadre Tréhorenteuc et le Val sans Retour. Les artistes eux-mêmes y sont représentés. Mais c’est la 9e station qui fit la célébrité du chemin : Jésus tombe pour la troisième fois aux pieds... de la fée Morgane, insolemment vêtue d’une très légère robe rouge. Ce tableau valut au père Gillard d’acerbes réactions des bien-pensants. Un quotidien régional titra : « À Tréhorenteuc, une pin-up dans un chemin de croix ».

 

A la 13e station, Joseph d’Arimathie recueille le sang du Christ dans le Graal. Ce même Graal que l’on retrouve sur trois vitraux du chœur. Calice taillé dans une émeraude, il figure sur la table de la Cène, et apparaît dans sa gloire aux chevaliers de la Table Ronde, il rayonne enfin au centre du grand vitrail du chœur, au-dessus de Joseph d’Arimathie agenouillé devant Jésus et des symboles traditionnels des évangélistes. Au bas du vitrail, deux personnages représentent la famille Thétiot ; l’abbé Gillard reçut d’eux un héritage qu’il consacra à la réalisation de ce vitrail. Toujours dans le chœur, un tableau inspiré de diverses enluminures des XIVe et XVe siècles dépeint l’apparition du Graal aux chevaliers réunis autour de la Table Ronde. Écho du vieux mythe celtique du chaudron de fécondité et de vie, il remplit les assiettes de grasses volailles.

 

Les deux autres tableaux du chœur rappellent les grands thèmes légendaires de Brocéliande. Autour de Barenton s’ordonnent Yvain et le bassin d’or, Viviane enchantant Merlin, Ponthus combattant pour la main de la belle Sidoine, et Éon de l’Étoile. Au Val sans Retour, Lancelot et Morgane se défient, entourés des chevaliers prisonniers qui vivent leur songe doré, hors du temps... et le ciel est plein des terrifiants prodiges de l’enchanteresse.

 

Dernière œuvre de l’église, la mosaïque du Cerf blanc au collier d’or, dessinée par Jean Delpech sur les indications de l’abbé Gillard, témoigne une ultime fois de la fusion entre la spiritualité chrétienne et l’esprit des vieux romans celtiques. Le Cerf blanc et les quatre lions rouges illustrent un épisode de la Quête du Graal où Galaad aperçoit ces animaux surnaturels qui se révèlent être Jésus et les évangélistes. Dans les textes arthuriens, le Cerf guide parfois les héros vers leur destin, comme il conduisait les âmes des défunts dans les anciennes religions. Et le décor nous ramène à Barenton, avec les arbres, le ruisseau, le perron de Merlin. On peut encore flâner dans l’église, chercher à retrouver les nombres et les symboles que l’abbé Gillard y a laissés. Mais il ne faut pas repartir sans avoir au cœur les quelques mots peints dans le chapitret, « la porte est en dedans ». Invitation à aller au-delà du visible, vers une réalité essentielle... à entamer sa propre Quête.

 

La croix de Jérusalem de la mosaïque va avoir tendance à entrainer l’imagination du visiteur vers les chevaliers de Jérusalem et les templiers par exemple, avec un regard médiéviste très en rapport avec notre écosystème local. Voilà ce que l’Abbé Gillard écrit dans son premier cahier, chapitre 36 :"Le Saint-Graal est le calice dont se servit Jésus le soir du Jeudi-Saint. Il produisait des miracles et tout spécialement il approvisionnait en toutes sortes de nourritures les Chevaliers de la Table Ronde. Et donc à la place du Saint Graal, il faut imaginer l’Eucharistie ; et au lieu de cette foison de nourritures corporelles qui n’a jamais existé, il faut se figurer la production vraie, mais spirituelle et invisible de la Sainte Eucharistie : la grâce sanctifiante et les grâces actuelles, les pensées et les sentiments religieux. Ainsi la légende de la Table Ronde présente, sous des apparences un peu folles, des vérités religieuses. Peut-être a-t-on tort de n’y pas réfléchir davantage. "

"Dans toute église, on représente eucharistiquement ce qui s’est passé à Jérusalem le Vendredi-Saint. Donc toute église est un petit Jérusalem. D’où le blason de la ville qu’on voit aux quatre coins et au milieu du chœur. Il est formé de cinq croix en souvenir des cinq plaies de Notre-Seigneur..."  Partant de là, la croix de Jérusalem au sol devient le reflet de celle du grand vitrail, illustrant ainsi que l’Église terrestre est le reflet de la Jérusalem Céleste. (Apocalypse de Jean chap. 21). Cette croix de Jérusalem composée de 5 croix rouges est aussi le reflet des 5 plaies du Christ, dont le corps ascensionné du vitrail porte les stigmates.  Le Pain et le Vin de la mosaïque sont alors tout naturellement le reflet terrestre du Christ Ascensionné, présent sur le vitrail-céleste juste à côté de la Jérusalem Céleste. En bref, pour qui cherche le Graal selon la voie chrétienne, c’est en ce lieu où à chaque messe le prêtre offre l’Eucharistie que nous le trouverons, vrai Sang et vrai Corps du Christ, moment sans pareil où le terrestre rencontre le Ciel...les 17 rayons semblent le confirmer.

 

On peut voir dans ce reflet ciel-terre une illustration d’un thème que l’Abbé Gillard à mise en œuvre dans toute sa composition, celui de l’Équilibre, illustré le plus souvent entre masculin et féminin, couleurs bleue et rouge, et représentant en final un thème récurrent de la bible, à savoir la Justesse. Le Christ ascensionné du vitrail est de couleur violette, mélange équilibré de bleu et de rouge montrant par là qu’Il a atteint la pleine perfection et que son Nom désormais "surpasse tous les noms" (Épître aux Philippiens 2-9) Et pour se convaincre qu’en cette église on approche vraiment au plus près la présence du Christ, particulièrement au moment de sa passion, il est touchant de lire dans le troisième cahier chapitre 67 : "A l’entrée du chœur, le mur de gauche est dévié vers la droite. Pourquoi faire ? Pour évoquer le moment précis où Jésus rendant le dernier soupir a achevé la Rédemption. A ce moment, Il laissa tomber sa tête. Est-ce à droite ? Est-ce à gauche ? On ne sait pas. Mais ici on la fait tomber à gauche donnant à entendre, ce qui est la vérité, que la dernière pensée de Jésus fut pour les pauvres pécheurs."

 

LE GRAAL, QUESTE CHRISTIQUE ET TEMPLIḔRE DE CHRḖTIEN DE TROYES A L’ḖVANGILE SELON SAINT JEAN

Jean Poyard

Edition Dervy

2016

Cette somme de Jean Poyard constitue une référence incontournable dans le domaine des études sur le Graal. A la croisée du templarisme, de l’enseignement de Rudolf Steiner dont on sait la pertinence sur le sujet, et des travaux de Boris Mouravieff, il explore les fondements et les nuances multiples du cycle du Graal pour en approcher les mystères et leur signification pour l’évolution de l’être humain vers un Troisième Temple.

 

Jean Poyard nous rappelle l’importance des contes du Graal : « Hormis le Nouveau Testament, aucun « corpus littéraire » n’a joué un rôle aussi déterminant que celui du Graal durant tout le Moyen Âge, dans la formation culturelle et spirituelle de ce qui deviendra un jour l’Europe. La légende du Graal avait acquis un rayonnement considérable, qui enflamma la noblesse et tous ceux qui comptaient dans la culture de ce temps. Son rayonnement fut tel que le « corpus du Graal » avait pratiquement acquis le statut d’Evangile apocryphe, parallèlement aux Evangiles canoniques qui faisaient l’objet de l’enseignement officiel de l’Eglise. Il convient de noter que jamais l’Eglise ne s’opposa à la tradition du Graal, sans doute en raison de l’influence de saint Bernard, qui fut également l’âme du Temple. Mais également pour des raisons plus profondes que nous analyserons. »

 

Jean Poyard détermine les liens riches et complexes entre traditions du Graal et chevalerie templière à partir d’un corpus délimité dans lequel il introduit « l’évangile apocryphe de Nicodème, encore appelé Actes de Pilate, comme l’une des sources du Graal », corpus qui véhicule l’essence de la tradition ésotérique chrétienne. Il invite, plutôt que de se contenter d’une approche érudite, à se mettre en marche au côté de Perceval, le deux-fois-né spirituellement. Haute symbolique, amour courtois, alphabet et grammaire sacrées, jeux de langues, arithmosophie … les matières traditionnelles auxquelles fait appel l’auteur avec maîtrise sont nombreuses pour découvrir les sources, les trames, les procès à l’œuvre.

 

« La première partie de notre ouvrage, nous confie Jean Poyard, constitue un paysage. Celui du Graal. Elle s’ouvre par une méditation sur la dimension cosmique du Graal envisagé à partir de l’arcane I du Tarot, Le Bateleur. Il s’agit d’une méditation sur le jeu cosmique divin dans lequel l’homme est plongé et où il est appelé à découvrir son propre « Je » afin de s’individualiser spirituellement. Le Bateleur qui s’offre et se refuse comme le Graal, est ici envisagé comme l’arcane par excellence du Questionnement

 

Les trois chapitres suivants, qui composent la seconde partie, sont intégralement dédiés à une analyse approfondie du Conte du Graal selon Chrétien de Troyes. Au chapitre IV, « le passage du Seuil », nous accompagnerons Perceval dans son évolution sur l’Echelle des Sages. Nous le suivrons dans son ascension progressive jusqu’au cœur du château du Graal. C’est au chapitre V, « le festin chevaleresque », que Perceval fera la rencontre de Celui qui bouleversera sa vie, le Roi Pêcheur. C’est là qu’il contemplera le Graal. Au chapitre VI, « L’homme de lumière », nous assisterons à la nécessité historique et cosmique de la Question qui ne fut point posée à l’époque de Chrétien de Troyes et de l’inachèvement délibéré du Comte du Graal lui-même.

 

La troisième partie, « Construire le Temple », constitue un élargissement de la problématique du Graal. Au chapitre VII, « Meurs et deviens », nous approfondirons les liens entre l’initiation de Perceval et l’initiation templière. Et nous envisagerons la mission du Temple dans sa dimension historique et métahistorique. Au chapitre VIII, « Le Graal selon saint Jean », nous approfondirons la place de la spiritualité johannique dans l’initiation de l’homme et la spiritualité templière. Le chapitre IX, « L’Espérance du Paraclet », ne sera plus consacré à l’évolution spirituelle de l’homme pris individuellement, mais à celle de l’humanité et de la terre dans la perspective d’un Troisième Testament. »

 

Il ne s’agit pas seulement d’un travail érudit, même si érudition il y a, et distant sur le sens du cycle du Graal. Il est question de la permanence du message du Graal, saisissable en l’Imaginal, et de son actualisation ici et maintenant.

« A bien des égards, suggère l’auteur, notre époque s’apparente à une fin de partie sur l’échiquier mondial. Et le roi y est bien exposé ! Mais sans doute sait-on, dans l’Horlogerie céleste, quand et comment le Mat aura lieu. »

Magnifique contribution, Le Graal de Jean Poyard est un ouvrage indispensable à l’exploration des traditions des familles du Graal comme au templarisme en général.

 

le graal – histoire & symboles

Patrick riviere

Edition DU ROCHER

2000

Vase qui, sur le Golgotha, servit à recueillir le sang du Christ, réceptacle de l’amour divin, voie vers la vérité transcendantale, royaume terrestre ou céleste… que d’attributs gravitent autour de cet « objet » mythique !

 

Patrick Rivière esquisse les différents chemins qui mènent au Graal, chemins géographiques, historiques, mais aussi chemins spirituels, de la Palestine à la Grande et à la petite Bretagne, en passant par l’Occitanie et l’Espagne jusqu’en Amérique et en Asie, au Royaume du prêtre Jean et à la mystérieuse Agartha.

 

Grâce aux différents textes de la « queste », ceux de Chrétien de Troyes et de ses continuateurs, Robert de Boron et Wolfram Von Eschenbach, comme par le biais de l’ésotérisme des diverses religions – Druidisme, christianisme, gnosticisme, bouddhisme, hindouisme tantrisme… - l’auteur montre que le mythe attaché au Graal opère la synthèse des religions traditionnelles en leur essence et présente ainsi un caractère de réelle universalité dans le respect de la Tradition.

Cette queste du Graal réalise une synthèse du mythe de l’Absolu et constitue un ouvrage de référence par son érudition qui va aux sources de notre littérature médiévale.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 300 pages :

 

Du chaudron de Keridwen à la queste du Graal  -  Le calice d’oblation divine  -  Lucifer et l’Emeraude tombée du ciel  -  Les porteuses du Graal ou les saintes femmes en Provence  -  Messagers ou porteurs du Graal  -  La chevalerie céleste et la quête du saint Graal  -  La trame du Graal et un bien curieux roman  -  Joseph d’Arimathie à Glastonbury ou la fin du périple en Celtide  -  La Chevalerie, gardienne du Graal  -   Du Graal pyrénéen à la récupération du mythe  -  De Gênes à Valence, au royaume du prêtre Jean   -  Pierre ou vase, le Graal incarne la connaissance  -  Le Temple intérieur et la coupe d’amour  -      

 

le graal – la vÉritÉ  derriÈre le mythe

John matthews

Edition LE PRE AUX CLERCS

 2005

S’agit-il de la coupe ayant recueilli le sang du Christ ? Du chaudron sacré des Celtes ? D’une pierre tombée du ciel ? Du « sang réal » de la lignée de Jésus ? D’un principe philosophique immatériel ? Cet ouvrage passionnant retrace l’évolution du mythe du Graal depuis les croyances religieuses de la Préhistoire et de l’Antiquité jusqu’aux différentes théories actuelles sur sa vraie nature.


Avec un luxe de détails fascinants, l’auteur explore la façon dont les légendes arthuriennes et la littérature chrétienne ont développé le mythe au Moyen Âge. On y découvre aussi l’étonnante évolution du Graal, qui semble revêtir un sens nouveau à chaque génération.

Quel fut le rôle exact du Graal dans la Passion du Christ ?

Quelles sociétés secrètes furent gardiennes de ses secrets ?

Que penser de la théorie du « sang réal » et de la lignée sainte de Jésus et Marie-Madeleine ?

Qu’est-ce que la pierre philosophale ?

Pourquoi le Graal continue-t-il d’exercer une telle fascination, aujourd’hui encore ?

 

Au sommaire de ce livre :

 

Ombres anciennes  -  Le chaudron et ses gardiens  -  La coupe de Christ  -  La coupe d’amour  -  La descendance du Gardien  -  Sociétés secrètes  -  Une nouvelle chevalerie du Graal  - 

 

LE MERVEILLEUX VOYAGE DE SAINT BRANDAN A LA RECHERCHE DU PARADIS

Légendes  irlandaises

Edition L’Artisan du Livre

 1925

Saint Brandan ou Brendan est le saint par excellence des vieux navigateurs bretons. Ses voyages sur l’océan Atlantique datent du sixième siècle. Il était né en Irlande vers la fin du cinquième siècle, et mourut le 16 mai 578.

 

Après avoir passé plusieurs années dans l’abbaye de Llan-Cawen, il avait fondé le monastère d’Allich en Angleterre, bâti une église dans les îles Shetland, établi plusieurs couvents et plusieurs écoles dans sa patrie, et contribué ainsi à la civilisation de l’Irlande. La relation des voyages de ce saint se trouve dans un recueil manuscrit de la Bibliothèque de Nuremberg, contenant les voyages de Marc-Paul et de quelques autres personnages. Sigebert de Gembloux, qui vivait au onzième siècle, peut être considéré comme le premier biographe qui nous ait transmis la tradition de saint Brandan, non pas dans son originalité primitive assurément,mais dégagée déjà de ce qu’y avaient ajouté de trop merveilleux les imaginations populaires. Au sixième siècle, en ce temps de confusion et de combats interminables, un moine nommé Térébinthe avait quitté l’Irlande pour chercher sur le vaste océan l’île des Saintes-Délices, où régnait une paix éternelle. Saint Brandan fut pris du désir de suivre son exemple, et d’atteindre comme lui la terre de la promission des saints, ou l’île des Bienheureux.

Pour accomplir ce voyage aventureux, il fit construire trois esquifs d’osier revêtus extérieurement par des cuirs de bœuf solidement façonnés, en ayant soin que ces carènes légères fassent à l’abri de l’humidité des flots, grâce à l’emploi du brai, du goudron, du suif même. Quelque fragiles que fussent de pareilles embarcations en apparence, elles ne l’étaient pas plus que celles dont on se servait fréquemment alors chez les Scandinaves et qui portèrent plus tard sur l’océan les fameux « rois de la mer. » Dix-sept religieux composaient l’équipage de cette flottille pacifique, et parmi eux était le grand Maclovius dont la tradition a fait plus tard saint Maclou ou, si on le préfère, saint Malo. Si nous suivons l’itinéraire quelque peu fantastique de la légende, nous voyons que le saint irlandais se dirige d’abord vers le tropique. Au bout de quarante jours, il atteint une île escarpée qu’arrosent de frais ruisseaux, et où le pieux équipage se met en devoir de renouveler ses provisions.

 

Brandan n’y fait qu’un bien rapide séjour, car il repart dès le lendemain, non sans avoir glorifié hautement le Seigneur qui avait ainsi pourvu à tous ses besoins. Dans une autre île placée à peu près à la même hauteur, le paysage n’est pas moins beau que dans la première île ; d’innombrables troupeaux de brebis grosses comme des génisses errent sans maîtres dans de charmants pâturages. On est au samedi saint ; le jour solennel de Pâques devra être célébré ; l’agneau sans tache est choisi par les moines dans ce troupeau divin, et l’on se remet joyeusement en mer. Il faut gagner un îlot voisin, où le festin pascal aura lieu ; or, on trouve une petite île nue et qui ne présente aucune plage sablonneuse. Saint Brandan, qui persiste dans le jeûne, reste dans son esquif en prière : on sent, en lisant le vieux poème, qu’il a le pressentiment qu’un grand événement va bientôt avoir lieu en sa présence.

 

La scène capitale de l’antique légende se passe devant l’archipel des Canaries. La petite île aride, que baignent des flots paisibles, est le théâtre d’une solennité mystérieuse dont Brandan a ordonné les apprêts, mais dont il reste seulement spectateur avec son compagnon saint Maclou. Le Christ est descendu des cieux ; sa face divine n’est visible que pour les yeux éblouis des deux saints. Un religieux bénédictin célèbre la messe ; les hôtes de l’océan sont accourus, les oiseaux du ciel ont jeté leur cri dans l’espace quelques minutes après l’accomplissement du saint sacrifice : l’apprêt du festin pascal va commencer. A la place où était l’autel, un feu ardent est allumé, les vases d’airain ont reçu l’agneau ; mais, ô prodige ! voilà l’île, jusqu’à ce moment immobile, qui tout à coup devient frémissante ; elle plonge, les flots la recouvrent ; les moines se hâtent de remonter dans leurs esquifs. Le festin est ajourné. N’allez pas croire, lecteur, que ce monstre marin, si docile jusqu’à la fin de la messe, soit précisément une baleine franche, ainsi que nous l’affirme Fr. Don Honoré Philopone, et comme l’appelle également un savant du dix-septième siècle : c’est un jaconius. Ce miracle, d’ailleurs, n’est pas plus grand, dit Philoponus, que celui dont furent témoins les habitants de la Misnie, lorsque saint Benoni, se trouvant incommodé par le coassement des grenouilles qui le fatiguaient durant le service divin, fut obéi par ces bestioles auxquelles il ordonna impérieusement de se taire. Sur ce point, notre moine bénédictin est certainement plus hardi que les bollandistes, qui restent pleins de révérence pour la mémoire du saint mais qui ne sauraient admettre son miracle.

La poésie à coup sûr n’y fait point défaut, et le monde dantesque des légendes de saint Patrice y apparaît parfois dans sa magnificence ou dans sa sombre horreur. Tantôt c’est une sagette ardente qui traverse l’espace pour illuminer splendidement une église, en allumant les cierges et les lampes des autels ; tantôt c’est un mort gigantesque qui sort de sa tombe pour raconter aux moines son histoire émouvante, et pour mourir de nouveau ; puis c’est le jaconius qui apparaît encore pour nourrir de ses monceaux de chair les voyageurs défaillants. Une autre fois, l’un de ces moines matelots s’est emparé d’un frein d’argent dans une demeure enchantée ; il se repent sans aucun doute de ce léger larcin, mais il doit mourir pour effacer sa faute et pour entrer en paradis.

 

La description de l’île aux Oiseaux chantant des hymnes est d’un caractère bien différent et repose la pensée par les joies de l’espérance, mais elle ne sort pas non plus du sentiment monacal qui a imaginé les premières pages. L’épisode le plus remarquable de cette espèce de poème est peut-être celui qui rappelle l’apparition du traître Judas, vêtu d’une sorte de linceul et se dressant sur un grand rocher isolé. Sous le double poids de son crime et de son repentir, il lève les mains au ciel devant les pieux voyageurs, et il leur rappelle d’une voix tremblante ce que la miséricorde divine a encore fait pour lui. Tous les dimanches et lors des fêtes solennelles reconnues par l’Église, à Pâques surtout, ses tourments corporels cessent.

 

Grâce à un apaisement divin, il lui semble pour quelques heures qu’il est dans un lieu de délices ; et s’il a le poignant souvenir de celui qu’il a trahi, il reconnaît aussi sa pitié qui restera éternelle et qui n’a point de bornes. Fort d’un droit qu’il tient du ciel (il est déjà considéré comme un saint), Brandan ne craint pas de combattre Satan, et lui ordonne de suspendre le supplice infligé à Judas ! C’est le Christ qui parle par sa bouche : le prince des ténèbres obéit et rentre dans l’abîme.

 

 

le monde du graal -

Francis ducluzeau

Edition DU ROCHER

 1996

À travers l’étude comparée des trois principales versions du récit du Graal. Perceval le Gallois de Chrétien de Troyes, Parzifal de Wolfram von Eschenbach et Le Chevalier Joseph d’Arimathie de Robert Boron, Francis Ducluzeau nous  offre une lecture symbolique du mythe qui bénéficie tant de l’éclairage des textes sacrés que de celui de la psychanalyse.

 

Ainsi, chacun des trois chevaliers, par la spécificité de sa « queste », figure une étape de la conscience humaine à travers son évolution spirituelle : Perceval incarne la voie de la lucidité (ou connaissance de soi par l’action). Parcival celle de la sagesse, qui conjugue action et méditation, et Joseph d’Arimathie celle des noces mystiques, où la relation entre l’humain et le divin mène à la plénitude par la foi. L’originalité de cet ouvrage réside dans un traitement résolument moderne du mythe.

 

Il démontre à quel point la conquête du Graal sacré marque finalement une volonté de conquérir l’unité profonde, un retour sur nous-mêmes qui ne peut s’accomplir qu’après avoir vaincu nos ennemis intérieurs.

Chacun y puisera à sa guise des réponses à un questionnement intime, le reflet de son cheminement personnel. Dans une démarche inédite et humaniste, le Monde du Graal ouvre la voie vers une plus grande clarté de conscience.

 

Au sommaire de cet excellent ouvrage sur le Graal de 400 pages :

 

Première partie : Le monde du Moyen Âge et l’imaginaire chevaleresque  -  Une noble aventure sur les chemins mystérieux de l’âme humaine :quête spirituelle, parcours initiatique, secret alchimique d’une transformation intérieure  -  La naissance d’un nouveau monde  -  1180, l’année du conte du Graal  -  Les châteaux, les seigneurs, les serfs, les moines, les clercs,  -  La courtoisie, l’amour courtois  -  La spiritualité de l’art roman  -  La force du symbolisme médiéval  -  Les chevaliers et l’esprit de la chevalerie  -  le harnois, le destrier, l’adoubement  -  Les chevaliers et les croisades  -  Les croisades vues par les musulmans et par les juifs  -  le triste sort des Templiers  -  Le Graal et la Bible  -  La quête du Graal et la spiritualité de l’homme roman  -

 

Deuxième partie : Perceval le Gallois ou le conte du Graal d’après le roman de Chrétien de Troyes : la quête de la lucidité et de la connaissance de soi par l’action  -  Au château du roi Arthur  -  Le manque de discernement de Perceval  -  Le chevalier rouge  -  Perceval sauve Blanchefleur la reine assiégée  -  Au château du roi Pêcheur  -  Les symboles de l’épée, de la lance, de la table et de la coupe  -  Rencontre de l’orgueil, de la compassion de la justice et du pardon  -  Perceval fasciné par 3 gouttes de sang dans la neige et se structure grâce à son anima  -  Perceval et l’ermite  -  L’humilité et l’éveil de la connaissance  - 

 

Troisième partie : Parcival d’après l’œuvre de Wolfram Von Eschenbach, où la quête de la sagesse conjugue l’action et la méditation  -  Les aventures du chevalier Gahmuret en Orient  -  Herzeloyde  -  Jeshute  -  Au château de Graharz  -  Les noces de Parcival et de la reine Condwiramurs  -  Sigune, cousine de Parcival  -  Orilus  -  Le pardon  -  Cundrie la sorcière maudit Parcival  -  Kingrimursel et Gawan  -  L’ermite Trevrizent, le trois fois sage  - La révélation de la pierre et du Graal  -  l’explication de la blessure du roi  -  Le combat entre Parcival et son frère Feirefiz  -  Le mont du salut et le roi du Graal : Anfortas  - 

 

Quatrième partie : Le chevalier Joseph d’Arimathie d’après l’estoire du Graal, l’œuvre de Robert de Boron : la quête de l’esprit et la relation intime entre l’humain et le divin, conduit à la plénitude  -  Le mythe sacralisé  ouvre le domaine de la spiritualité  -  Le combat de la Lumière contre les Ténèbres  -  Le sacrifice du Christ et la coupe mystérieuse  -  Vespasien le fils de l’empereur, guéri par le suaire de Véronique  -  La Création  -  la controverse entre Bible et Science  -  Le symbolisme di poisson  -  L’épreuve du siège périlleux  -  Le roi Pêcheur  -  La transmission du Graal en Occident  -  Naissance d’un rite  -

 

 

le mystÈre de tristan & iseult

Pierre ponsoye

Edition ARCHÉ MILAN

 1979

Peut-être y a-t-il, dans la littérature universelle, d’aussi belles histoires d’amour que celle de Tristan et Iseult. Mais il n’y en a guère, sans doute, qui par-delà le divertissement des fols, ai réservé, pour l’étonnement des sages, un si haut et déroutant secret.

 

Grâce à l’admirable travail de reconstruction et de critique accompli par les médiévistes depuis le début du siècle, notamment à la suite de Joseph Bedier, la grande histoire est bien connue aujourd’hui, au moins dans ses épisodes principaux : l’enfance orpheline, dépouillée et exilée de Tristan, la franchise de Cornouilles, la quête d’Iseult, l’heure fatale du breuvage d’amour, la longue épreuve de misère et de joie qui devait s’ensuivre, culminant dans la retraite du Morois pour s’achever dans la séparation et la mort.

 

Un breuvage secrètement préparé, bu par erreur, lie soudain deux êtres qui n’étaient pas promis l’un à l’autre, et dont, pourtant, la rencontre avait été décidée et amenée de loin par le jeu conjugué de la Prédestination et de la prouesse ; les lie d’un lien plus fort que la volonté, l’honneur, la foi jurée, les ramène constamment l’un vers l’autre malgré tout obstacle de droit ou de danger, par tout moyen de courage, de ruse ou de « folie », et dont seule la mort viendra accomplir et révéler la mystérieuse essence.

 Parti à l'aventure après avoir été élevé par Gorvenal, Tristan, alors âgé de quinze ans, arrive à la cour de son oncle le roi Marc, et fait l'admiration de tous, tant par sa bravoure que par ses dons de harpiste. Mais ayant tué le géant Morholt, beau-frère du roi d'Irlande, il est blessé par sa lance empoisonnée et on le laisse, seul, dans une barque à l'abandon, qui finit par aborder en Irlande, où Tristan se fait passer pour le jongleur Tantris. La reine, vient à son chevet, le guérit par enchantement et lui demande d'initier sa fille, Iseut-la-Blonde, à la musique. Quand il revient en Cornouailles, les barons l'accusent de vouloir empêcher le mariage de son oncle qui commence à se faire vieux. Alors Tristan offre d'aller chercher lui-même la seule jeune femme dont le roi parle tout le temps. Dans une autre version de la légende, il doit retrouver la jeune fille dont un cheveu d'or serait tombé aux pieds du roi, lâché par une hirondelle qui voulait en tapisser son nid. Tristan se rendit donc une nouvelle fois en Irlande où il tua le terrible dragon qui dévastait la région. Il lui trancha la langue empoisonnée mais se fit assommer d'un coup de queue du monstre agonisant.

Il fut découvert par des paysans qui l'amenèrent au château où il demanda Iseut en mariage pour le roi Marc. Or celle-ci s'aperçut qu'un éclat trouvé dans la tête du géant Morholt provenait de l'épée de Tristan, la jeune fille voulut le tuer. Sa mère obtint qu'elle pardonne et lui remit un philtre qui l'unira amoureusement au roi Marc pour toujours. Toutefois, au cours de la traversée, Tristan et Iseut, par une fatale erreur, boivent le philtre d'amour qui l'enchaînera jusqu'à la mort. ‘’Et Tristan l'offre à Iseut, en disant : « Belle Iseut, buvez ce breuvage.  Iseut boit une gorgée et tend la coupe à Tristan qui la vide à son tour d'un trait. Aussitôt il regarde Iseut d'un air égaré, et l'émoi et la frayeur se peignent sur la figure d'lseut.   Qu'ont-ils fait ? Hélas ! Ce n'est pas le vin de la réserve qu'ils ont bu, ce n'est cervoise ni piquette, mais le boire enchanté que la reine d'Irlande a brassé pour les noces du roi Marc ! Brangaine est saisie d'un terrible doute; elle s'enfuit éperdue. Dieu ! si elle s'était trompée ! Elle se hâte de descendre dans la soute : elle voit le tonneau de boire herbé à moitié vide : « Malheur, malheur à moi ! s'écrie-t-elle. Tristan, hélas ! Hélas ! Iseut ! Vous avez bu votre destruction et votre mort ! »


Cependant le poison d'amour se répand dans les veines du valet et de la pucelle. Hier ennemis, les voici aujourd'hui remplis de désir l'un pour l'autre. Le lien qui les attache l'un à l'autre leur entre profondément dans la chair, et jamais ils ne pourront s'en guérir. Vénus, la redoutable chasseresse, les a pris dans ses filets ; le dieu d'Amour leur a décoché sa flèche mortelle ; il a planté son drapeau dans leur cœur ; il les tient pour toujours à sa merci. Chacun se sent vide et las, comme étourdi par le breuvage. Ils n'osent encore échanger leurs pensées; mais quand leurs yeux qui se fuient se rencontrent dans un éclair, c'est un périlleux regard qui attise le feu qui déjà les consume. On célèbre bientôt les noces de Marc et d'Iseut  mais, la nuit venue, elle se fait remplacer dans le lit nuptial par sa fidèle Branguien (Brangaine). Tristan et Iseut continuent de s'aimer, et les ennemis de Tristan (spécialement Andret) le font bannir de la cour, bien que le roi ne parvienne pas à le croire coupable. Les deux amants, malgré tout, continuent de se voir: ils se donnent rendez-vous la nuit, dans le jardin, sous un arbre près de la fontaine et, pour convenir du rendez-vous avec la jeune fille, Tristan jette dans cette fontaine des morceaux de bois qui sont autant de signes convenus entre eux. Dénoncé de nouveau par le méchant nain Frocin, Ils sont condamnés au bûcher: mais, sauvés par miracle, ils se réfugient dans la forêt où ils mènent une vie misérable.

 

le mythe de l’Éternel retour

mircea eliade

Edition GALLIMARD

1969

Toutes les sociétés connaissent les conceptions fondamentales de leur histoire, mais elles s’évertueront à n’en pas tenir compte. L’auteur étudie la récolte des sociétés traditionnelles contre le temps historique et leur nostalgie d’un retour au temps mythique des origines.

 

Ce petit livre se propose d’étudier certains aspects de l’ontologie archaïque, plus exactement les conceptions de l’être et de la réalité qu’on peut dégager du comportement de l’homme des sociétés pré modernes.

 

Au sommaire de cet ouvrage, Mircea Eliade nous propose d’étudier :

 

1e partie : Archétypes et répétition  -  Le problème  -  Archétypes célestes des territoires, des temples et des villes  -  Le symbolisme du centre  -  Répétition de la cosmogonie  -  Modèles divins des rituels  -  Archétypes des activités « profanes »  -

 

2e partie : La régénération du temps  -  Année, nouvelle année  -  Cosmogonie et la périodicité de la Création  -  La régénération continu de temps  - Le cérémonial du nouvel an  -

 

3e partie : Malheur et Histoire  -  Normalité de la souffrance  -  L’histoire considérée comme théophanie  -  Les cycles cosmiques et l’histoire  -  Destin et histoire du monde  - 

 

4e partie : La terreur de l’histoire  -  La survivance du mythe de « l’éternel retour »  -  Les difficultés de l’historicisme  -  Liberté et histoire  -  Désespoir et foi  -  Gengis Khan  -  Gog et Magog  - 

 

LE MYTHE DE SISYPHE d’ALBERT CAMUS

 Albert CAMUS

Edition  GALLIMARD

 1942

Camus a mis le mythe antique dans une notion philosophique moderne. Il n’y a, dit il, qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas le coup d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie, le reste, si le monde a trois dimensions, si l’esprit a 9 ou 12  catégories, vient ensuite.

 

Ce sont des jeux ; il faut d’abord répondre, et s’il est vrai, comme le dit Nietzsche, qu’un philosophe, pour être estimable, doive prêcher l’exemple, on saisit l’importance de cette réponse puisqu’elle va précéder le geste définitif.

 

Achevé en février 1941, après une longue maturation, Le Mythe de Sisyphe paraît en octobre 1942, chez Gallimard dans la prestigieuse collection « Les Essais », prenant ainsi place à côté de trois titres de son maitre Jean Grenier.

 

Le livre sortit, en pleine guerre, six mois après L’Étranger. L’édition augmentée qui paraîtra après la guerre en 1945, comporte une étude sur Kafka : initialement prévue dans le volume, elle fut remplacée par un chapitre titré « Dostoïevski et le suicide ». Ce texte non-retenu avait préalablement été publié dans la revue « L’Arbalète » à Lyon en 1943. La lecture concomitante de ce texte écarté du volume est indispensable pour la compréhension du livre.

 

Concevant son cycle de l’absurde, Camus entendait lui donner trois figures ou trois expressions : roman, théâtre, essai et voulait – sans aucune hiérarchie ou priorité entre les genres – exprimer une idée générale sur des tons différents. Il aurait souhaité que les trois formes paraissent simultanément. Les contraintes éditoriales ne le permirent pas : Le Mythe... parut dès 1942 et deux ou trois ans avant les deux pièces de théâtre qui font partie de ce cycle de l’absurde : Caligula (qui sera d’ailleurs profondément remanié à plusieurs reprises) et Le Malentendu. Il n’est pas évident que cette proximité de parution n’ait pas étouffé Le Mythe de Sisyphe lui-même et le rapprochement fait par les critiques, notamment Sartre, entre les deux volumes parus en 1942, le roman et l’essai, n’en a probablement pas facilité la lecture comme une œuvre autonome. L’absurde autant que non-sens fait signe vers un ailleurs. C’est aussi pourquoi la question du suicide n’est pas abordée frontalement dans le livre et qu’on n’y trouve aucune donnée psychologique ou sociologique.

 

Du livre, qui tire son titre du nom d’un héros de la mythologie on cite souvent la première et la dernière phrase : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie » et « la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Le livre est tout entier dans cette tension : cette référence à la mort, que l’on retrouve aussi dans L’Étranger et dans Caligula et Le Malentendu. Traduisant plus qu’une crise existentielle, ce qu’il développe aussi et à quoi on l’a souvent réduit, Le Mythe de Sisyphe et la notion d’absurde qu’il développe est un point de départ intellectuel. L’absurdité de la vie est d’abord un donné – un es gibt – qu’il faut prendre en compte, un regard sur le monde, un monde qui présente un Envers et un Endroit qui coexistent ou plutôt ont à coexister. L’absurde est la limite de la logique, d’une logique trop rationnelle et systématique avant d’être l’expression d’un cogito et surtout d’une conscience malheureuse, la raison ne saurait tout expliquer. L’analyse de Camus marque « un défaut de notre condition qui est aussi un mal de l’esprit »).

 

Il faut rendre au terme d’absurde qu’emploie Camus toute la signification qu’il entend lui donner et le désengager d’une connotation trop existentielle : certes, Le Mythe de Sisyphe est nourri des expériences de la vie de l’auteur, de sa façon de vivre et de ses questions existentielles, mais il est aussi et d’abord une croyance en la vie et plus qu’un non-sens absolu contient une certaine dimension spirituelle. Les « hommes absurdes » sont en premier lieu capables de prendre à la fois conscience et mesure de l’absurde : Don Juan, le comédien, le conquérant, le créateur et plus spécialement l’écrivain qui apparaît dans la 3° section de l’ouvrage. On peut être tour à tour et simultanément, comme fut tenté de l’être peut être Camus, un Don Juan, un comédien, un créateur. Ce sont des modalités d’être au monde qui donnent une certaine distance par rapport au monde. Une mesure – je mesure aussi le monde – qui fait côtoyer la démesure. « Le bonheur et l’absurde sont deux fils de la même terre » : Sisyphe a porté au sommet de la montagne son fardeau : heureux, il peut avec un courage un peu désespéré redescendre le chercher pour le hisser à nouveau. Camus peut ainsi dire : « Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion. »

 

 « Quelle que soit la rigueur philosophique de l’ouvrage, ou bien son manque de rigueur, Camus ne travaille pas les concepts fondamentaux d’absurde, d’espoir, de suicide sur le seul plan strictement philosophique, mais aussi sur celui de la langue et du régime de la métaphore Le Mythe de Sisyphe gagne à être lu ou relu en considérant la dimension métaphorique de son essai comme une clé de lecture. » Le Mythe de Sisyphe est en quelque sorte Le Discours de la méthode de Camus : Camus y est à la recherche d’un point fixe et assuré qui lui permette de vivre, y compris avec sa morale provisoire et la notion d’absurde est bien synonyme d’un certain doute que l’expérience du Malin Génie vient conforter. Il faut donc prendre le livre comme un point de départ plus que comme un point d’arrivée et concevoir les trois cycles de Camus non pas comme une progression temporelle mais comme une recherche quasi ontologique ou métaphysique.

 

Dans cet ouvrage Albert Camus nous parle de :

 

Un raisonnement absurde : L’absurde et le suicide  -  Les murs absurdes  -  le suicide philosophique  -  la liberté absurde  -

L’homme absurde : Le don juanisme  -  La comédie  -  la conquête  -

La création absurde : Philosophie et roman  -  Kirilov  -  La création sans lendemain  - 

Le mythe de Sisyphe   -

L’espoir et l’absurde dans l’œuvre de Franz Kafka  -

 

le mythe et le mythique  -   Colloque de Cerisy -

Cahiers de l’Hermétisme

Edition Dervy

 1987

Ce n’est pas sans satisfaction que tous ceux qui, autour de Gilbert Durand et dans la mouvance de Gaston Bachelard, de Mircea Eliade et de Georges Dumézil entre autres, ont travaillé depuis 25 ans sur les problèmes de l’imaginaire, ont vu depuis quelques années, leur attention se porter sur le mythe.

 

L’inflation du terme est même devenue telle qu’elle appelait à tout le moins une mise au point : rien de plus dangereux que ces soudains succès de mode, surtout quand il s’agit de vocables à la fois chargés de fascination et d’ambigüité.

 

Le mythe n’est pas cette fable trompeuse que trop d’habitudes scolaires ont réduite à un ornement vide de sens.

 

Il n’est pas non plus seulement le témoin d’une mentalité archaïque, dont on peut, comme le fait brillamment Lévi-Strauss, étudier les variations signifiantes, de même, le mythique n’est nullement un rêve impossible et trompeur : c’est l’expression d’un schème dynamique et profond, qui peut prendre les formes les plus diverses, les plus masquées et les plus essentielles pour comprendre aussi bien les sociétés initiatiques que profanes ainsi que les œuvres d’art.

 

Ce colloque réunit à Cerisy en juillet 1985, autour de cette vaste problématique, n’a certes pas l’ambition de couvrir tout le champ des questions que posent le mythe et le mythique, la mythocritique et la mythanalyse, mais, s’est efforcé de faire le point dans le plus de domaines possible, de la sociologie à la mythanalyse, en passant par les arts plastiques.

Qu’il y ait, dans notre fascination à tous pour le mythe et le mythique, ce que Julien Gracq appelait en 1948 déjà,

 « Le besoin lancinant qu’éprouve notre époque de remagnétiser la vie » n’empêche nullement, comme on a trop souvent tendance à le croire, le sérieux scientifique qui est la marque de toutes ces communications.

 

Au sommaire de ce livre, on peut y lire les conférences suivantes :

 

Gilbert Durand : Permanence du mythe et changement de l’histoire

Monique Schneider : La maitrise et la temporalité : un combat mythique.

Jean-Jacques Wunenburger : Les fondements de la « fantastique transcendantale ».

Françoise Gaillard : Le réenchantement du monde.

Simone Vierne : Les chatoiements d’Iris et les éclipses de Diane.

Antoine Faivre : D’Hermès-Mercure à Hermès Trismégiste au confluent du mythe et du mythique.

Paul-Georges Sansonetti : Au commencement était le Graal.

Michel Maffesoli : Mythe, quotidien et épistémologie.

Pierre Sansot : La parole habitante et la pensée mythique.

Jacques Dournes : Entre histoire et rêve : le mythe épique. Un imaginaire indochinois étendu ailleurs.

Henriette Bessis : La bacchanale et sa représentation dans les arts plastiques.

Jean-louis Backès : Hélène entre Flaubert et Simon le magicien.

Claude-Gilbert Dubois : Carmen : du reportage au mythe.

Marie-Jacques Hoog : Le mythe de la Sibylle au temps du romantisme.

Michel Thérien : Le mythe de la courtisane dans la Comédie humaine de Balzac.

Pierrette Daly : Mythologie de l’amour : d’Héloïse et Abélard à Rousseau.

Max Bilen : Le comportement mythique de l’écriture.

Gilberte Aigrisse : Mythe et poésie : mythanalyse du chant de la quaternité de Pauline Roth-Mascagni.

  

 

L’ÉNIGME DU GRAALLES HÉRITIERS CACHÉS DE JÉSUS ET DE MARIE MADELEINE

Laurence Gardner  

Edition Dervy

 2013

L’énigme du Graal révèle des siècles d’archive et de documents restés longtemps et souvent sciemment inaccessibles Ils éclairent l’un des plus grands secrets des deux derniers millénaire : l’occultation de la descendance des trois enfants de Jésus et de Marie Madeleine, de leur héritage et de leur message.

Beaucoup de choses ont été écrites sur le mariage de Jésus et de Marie Madeleine mais elles relevaient plus souvent de supputations que de certitudes et d’éléments objectifs. Qui était vraiment Marie Madeleine ? Qui, même, était Jésus ? Quelles sont les circonstances de cette union savamment occultée ? Ce couple a-t-il eu des enfants ? et si oui, que sont ils devenus ?

L’énigme du Graal est le premier livre à répondre en détail à toutes ces questions en approfondissant notamment la dimension généalogique du sujet. Laurence Gardner est en mesure de révéler l’identité des « trois enfants messianiques » de Jésus. A l’aide de tableaux généalogiques récemment découverts ou reconstitués, l’auteur décline leurs descendances sur plus de six siècles, jusqu’à Arthur Pendragon, alias le « Roi Arthur ».

L’accès à des documents inédits confinés dans les archives vaticanes (certaines archives remontent jusqu’au 2e siècle), vient compléter un dossier aussi fourni qu’édifiant sur la survivance de Jésus. C’est ainsi que l’histoire tourmentée de la lignée royale du Christ contrainte de se voiler, de hanter les coulisses pour survivre, se retrouva cryptée dans les légendes du Graal et du roi Arthur.

Au gré des péripéties, nous suivons la destinée de l’Eglise chrétienne, de ses schismes, de ses affrontements entre partisans des descendants de Jésus et héritiers de Paul, et l’on découvre cette histoire religieuse sous un nouveau jour.

Cet ouvrage de 430 pages, écrit par un spécialiste des lignées souveraines, généalogiste et conférencier de dimension internationale, nous apporte des réponses aux très nombreuses questions que l’on peut se poser, il nous donne un fil d’Ariane ou fil rouge que nous ne quittons pas durant tout ce récit.

Au sommaire de cet ouvrage :

Première partie : Les textes proscrits et les héritiers de Jésus

La création du Testament : Le Jésus historique - le canon hybride - les premières années - une question de dates - les premiers textes - l’Evangile et le Graal –

Des guenilles aux Ors : Se tirer dans le pied - persécution - l’apôtre du Christ - Hélène de la Croix -

Querelles et fragments : Josèphe controversé - les Evangiles dans leur contexte - un Evangile secret - les papyrus de Madeleine -

Le mariage du Messie : L’énigme de Jean - l’auteur dévoilé - onction nuptiale - la règle des quatre

Un conflit d’intérêt : Les premiers Pères de l’Eglise - les apologistes - l’insondable Trinité - les voies se séparent -

Deuxième partie : La dénonciation des femmes et la succession pontificale

Les héritiers de la lignée : Virginité perpétuelle - une sainte distinction - la famille du Seigneur - Jésus le Nazaréen - la voie des esséniens - Rejet de la femme -

La Vierge et la Prostituée : Perspective successorales - contre la loi - le fils premier-né - selon la chair - les péchés de la mère -

Le mythe de la succession : Passion exaltée - la négation des femmes - le sexe et les Papes -

Le temps de la corruption : le mensonge des textes - le canon d’Athanase - les règles de la sélection - l’hérésie magdaléenne - sœurs diaconesses -

Troisième Partie. L’évolution de l’Eglise et la descendance de la lignée sacrée.

Origines païennes : Datation de la Nativité - l’émergence de Noël - la naissance de Jésus - l’origine de Pâques - le secret de Domesday -

L’île de cristal : La chapelle de la Pierre - les annales de Glastonia - les saintes familles - Divine altesse - la vigne du Seigneur -

La Sainte Relique : Erreur d’interprétation - la coupe de Vie - les chevaliers du Graal - un jeu de mot - la lignée du roi - le troisième jour -

Conquête et concession : Captifs à Rome - une stratégie de compromis - la mythologie paulinienne - les derniers testaments -

Une famille royale : Druides et chrétiens - Hostilité ou harmonie - un enfant est né - Découverte des fils -

L’héritage de l’épouse : La dernière réunion - les annales de Provence - les reliques de Madeleine - Lignage royal - Mère protectrice -

Quatrième Partie : L’héritage du Graal et la tradition Arthurienne

La quête suprême : Les différentes lignées - la descendance en Grande Bretagne - Accroitre la lumière - Voiler la vérité - De l’autre coté de la Méditerranée - L’arche du Graal - les rois pêcheurs -

La descendance du Graal : Prolongement de la lignée - La croix interdite - la maison du lion - les eaux vives - le roi ermite - Des noms dupliqués - le poisson et le déluge - le père manquant -

Les nouveaux royaumes : La connexion française - un double héritage - Rivalité - la maison de Mérovée - un âge monastique - la naissance de l’Angleterre - le terrible Pendragon -

L’Eglise et la Quête : Païens et sorciers - Merlin et les seigneurs de la guerre - Pendant ce temps à Rome… - les royaumes assiégés - un saint Empire -

Le royaume arthurien : Une tradition romantique - les histoires de l’Histoire - Détournements et mystifications - les batailles -

Le roi d’hier et de demain : Le livre de la descendance - la révélation du sangréal - la cour d’amour - Camelot - fin des règnes - les héritiers du Seigneur -

Laurence Gardner a écrit en 1999 – « Le Graal et la lignée royale du Christ, la descendance cachée du Christ enfin révélée » -  A cette date elle posait les repaires pour l’ouvrage décrit ci-dessus, lequel reprend et améliore celui de 1999.

 

LE RAGNAROK.   ÉVÈNEMENT HISTORIQUE ET PROCESSUS SUBTIL, suivi d’ODIN et la MORS TRIUMPHALIS

Emilio THEY

Edition ARCHÉ MILAN

 1980

C’est le crépuscule des Dieux des Vikings, vision eschatologique de la religion aryenne.

 

Le Ragnarök représente la fin des temps dans la mythologie nordique dans une gigantesque bataille entre dieux et géants. Une des particularités des mythes germaniques et scandinaves, concerne le fait que les géants et les dieux ne sont pas immortels. Ainsi le premier géant Ymir mourut et de sa dépouille le monde fut créé. Plus tard chez les dieux, c’est Balder qui fut tué par Loki. De ce fait, si les géants essayaient souvent de renverser les dieux, ces derniers se contentaient la plupart du temps de les repousser. Ils ne prenaient pas le risque d’y laisser leur vie, bien que les affrontements étaient de grande violence.

Il y avait également le fait qu’il était écrit qu’un jour, lorsque le loup géant Fenrir, enfant de géants, enchaîné par Odin se libérerait, alors géants et dieux s’affronteraient dans une ultime bataille. Ce jour est nommé le Ragnarök, Ragnarök ou Ragnarök signifiant le Crépuscule des puissants ou le Crépuscule des dieux.

Cet évènement est annoncé par le Fimbulvetr, le Grand Hiver où un froid hors- du- commun frappe les terres et un vent glacial soufflant des quatre coins du monde. Cet hiver perdure sur les quatre saisons, le soleil cesse de briller jusqu’à ce qu’un loup le dévore, puis un second dévore la lune. Ensuite les astres disparaissent du ciel, la terre tremble, les montagnes s’effondrent.

A ce moment- là, Fenrir est libéré déchainant sa fureur et rasant ciel et terre. Jörmugand le serpent de  Midgard se met également en colère et soulève les eaux, inondant la terre, puis avec son souffle empoisonne les eaux et l’air. Les géants se réunissent alors pour aller combattre les dieux qui eux aussi se préparent à les affronter. Odin poursuit Fenrir, Heimdall poursuit Loki, Thor combat Jörmugand.

Freyr affronte le géant Surtr et Tyr le loup Garmr. Dans leurs combats, les dieux sont aidés par les einjerhars, les mortels sélectionnés par les Val kyries. Ceux attribués à Odin combattent avec lui, ceux attribués à Freyja défendent leurs clans.

 

Dans ces combats, Thor tue Jörmugand, mais meurt à cause de son poison et Freyr est tué par Surtr après avoir perdu son épée. C’est la mort de ce dernier qui met fin au Ragnarök, Surtr libre de mettre le monde à feu. Il le détruit totalement et c’est la fin du monde. Cependant cette fin d’un monde est annonciatrice d’un renouveau du monde. Après le Ragnarök, la terre retrouve la vie, redevient verte et abondante. Un nouvel Âge d’or débute, les enfants des anciens dieux succèdent à leurs parents et Balder revient à la vie. Lif dit la vie et Liftrhasir dit la persistance de ce qui a survécu, étant le dernier couple humain, repeuplent la terre. Ainsi le Ragnarök met en avant qu’une fin du monde n’est intéressante que si elle amène une renaissance.

 

le roi et le cadavre

Heinrich zimmer

Edition Fayard

 1972

L’auteur nous offre ici un recueil de contes mythologiques, puisés dans les traditions hindoues et Irlandaises. La finalité est toujours la reconquête de l’intégrité perdue de l’homme et ses luttes avec les Dieux et les démons.

 

’Un soir, dans un cimetière, le roi Trivikramasena porte un bien étrange fardeau. C’est un cadavre qu’il porte sur son dos, et pas n’importe quel cadavre puisque celui-ci parle ! Non content de parler, le cadavre s’amuse à poser vingt-quatre énigmes au Roi, qui, s’il fait la moindre erreur, aura la tête qui explose… ‘’


Les personnages de ce livre sont éternels, comme les mythes immémoriaux dont ils sont les héros. Les aventures sans fin dans lesquelles ils sont entraînés illustrent les grands moments de l'existence humaine aux prises avec ses démons et ses dieux. Ainsi la légendaire histoire de ce roi indien condamné à porter un étrange fardeau _ un cadavre habité par un spectre, qui lui pose une longue série d'énigmes. Au fur et à mesure des épreuves, les enchantements se dissipent: le roi, prenant conscience de son insuffisance et des désordres de son royaume, devient réellement ce qu'il imaginait être, un roi.

Les récits mythologiques puisés dans les traductions orientales et occidentales que raconte ici Heinrich Zimmer sont d'une richesse infinie, à l'image de la destinée humaine. Leurs héros venus du fond des âges se laissent tous prendre aux pièges de la comédie du monde. Même les dieux, tel Narcisse, sont toujours en danger de s'identifier aux reflets de leur propre image. Mais cette puissance de l'illusion, symbole de la condition universelle, certains apprennent à s'en affranchir, comme dans le Roman de la déesse, très populaire dans l'Inde ancienne, surprenante version de la création sans cesse recommencée.

Les images des mythes sont inépuisables. C'est à leur exploration que nous convie Heinrich Zimmer, en laissant libre cours à notre intelligence imaginante, en les questionnant, par delà les siècles, " comme des oracles ".

Heinrich Zimmer (1890-1943), éminent indianiste allemand, est considéré par beaucoup comme un exégète génial de la pensée hindoue. Professeur à l'université de Heidelberg, il quitta l'Allemagne en 1938 pour les Etats-Unis où il donna des cours, en anglais, à Columbia University. C'est une partie de ceux-ci, ainsi que de nouvelles versions revues et complétées de textes primitivement parus en allemand, qui figurent dans Le Roi et le Cadavre.

 

le roi rebelle

j.c. bologne

Edition  M. DE MAULE

 2000

Le Roi rebelle n’a jamais régné, car il est toujours à naître. Dans ce peuple mythique qui rêvait d’atteindre l’infini en croissant et multipliant, c’est celui qui aurait rompu la loi des nombres et retrouvé l’Eden originel. Le Roi rebelle ne régnera jamais. Mais à chaque étape il rappellera l’horizon, à chaque recensement il évoquera l’unité surnuméraire qui ouvre la liste close. Aux neuf muses il préférera toujours la dixième, et aux sept merveilles, la huitième. Briseur de cadres et de certitudes, c’est l’éternel insatisfait qui, athée, n’accepterait que l’univers plus un, et qui, croyant, ne se vouerait qu’à Dieu plus un.


C’est lui qui se dessine, dans ces onze apologues (10 + 1), entre les lignes du premier néant, de la deuxième voie, du troisième Testament, du quatrième roi, de la cinquième couronne, du sixième sens, de la septième face, du huitième archange, de la neuvième béatitude, de la dixième légion et de la onzième plaie. Certains d’entre nous savent où il trouvera le dernier infini, lorsque la chaîne des mains se soudera à nouveau autour du monde.

 

L’auteur Bologne nous explique son regard : Pour un athée, l'ange représente ce qui n'existe pas, mais qui, par son histoire, sa charge émotionnelle, acquiert un certain degré d'existence. Un peu comme "Dieu", concept dont je n'hésite pas à me servir et qui représente pour moi -dans son expression la plus détachée de ses implications religieuses- les aspirations les plus pures de l'humanité. Mais Dieu est le concept le plus général, donc le plus proche de l'inexistence. L'ange, et en particulier l'ange gardien, ne demande qu'un peu d'imagination pour exister.

 

C'est cette frontière que j'ai tâché de tracer dans mon roman : Jean, le personnage central, a une compagne mystérieuse sur l'existence de laquelle on s'interrogera jusqu'à la fin, et j'espère même après la fin du livre. Sa présence va irradier et rendre heureux tout le bureau dans lequel Jean travaille. Chacun donne la forme qu'il veut à son ange gardien : un poupon emplumé, un match de rugby, un sourire, la sonate de Vinteuil ou deux vers de Mallarmé.

L'expression "roi rebelle" me traînait dans la tête depuis longtemps. C'est elle qui a engendré l'apologue où l'enfant toujours à naître sera seul appelé à régner, mais en reniant les valeurs de tous ceux qui l'ont précédé.

 

C'est une vieille idée que l'on retrouve aussi bien dans la tradition chrétienne (l'arbre de Jesse) que bouddhique (l'udumbara) et que je reprends ici dans un contexte athée. Tout le recueil est fondé sur cette unité surnuméraire qui fait éclater un système. Aux sept merveilles, j'ai toujours préféré la huitième -ici, j'ai consacré de courts textes au quatrième roi (mage), au sixième sens, à la septième face (du dé)... Il s'est élaboré autour des dix premiers nombres après les recherches que j'avais entreprises pour Les Sept Merveilles.


C'est un genre difficile à mi-chemin entre poésie et narration. Pour moi, c'est avant tout une forme narrative courte, qui ne débouche pas sur une morale obvie et unique. La nouvelle se suffit à elle-même, la fable demande une morale, l'apologue porte en lui son sens qui dépendra de l'interprétation du lecteur. En cela il se rapproche de la parabole, mais celle-ci, utilisée dans un contexte religieux, a une signification unique et masquée. D'où le danger d'incompréhension -Origène s'est châtré après avoir lu la parabole des eunuques. Ce danger n'existe pas pour l'apologue puisqu'il ne demande pas au lecteur de décrypter une signification précise voulue par l'auteur et cachée sous l'allégorie, mais plutôt, comme avec un symbole ou un mythe, d'utiliser le matériau narratif pour donner forme à ses propres questions et, s'il le souhaite, apporter ses propres réponses. C'est un genre ouvert, pas une énigme.

 

LES  BERGERS   D’ARCADIE, LE  MYTHE DE L’ÂGE  D’OR  DANS LA   LITTÉRATURE FRANCAISE DU  XVIII °  SIÈCLE

ANDRE   DELAPORTE 

Edition PARDES

 1988

« L’ÂGE d’OR » , A. Delaporte ne le cherchait pas , mais il l’a trouvé , presque par hasard , en épluchant les écrits des auteurs littéraires et philosophiques du 18e siècle ; sous la plume des auteurs de relations de voyages et de missionnaires de tous ordres ; dans les églogues des poètes , dans les pastorales des musiciens , dans les homélies des prédicateurs catholiques ou réformés , dans les utopies , dans les spéculations des philosophes , dans les traités juridiques , dans la lunette des astronomes , dans les opérations cabalistiques ou chymiques , pratiquées dans certaines loges « illuministes », dans les plaquettes , factums, libelles , advis , etc……qui se mirent à fleurir en France au cours des années quatre-vingt du 18e siècle .

 

Partout donc, et quelles qu’en fussent les variations ; le thème de l’âge d’or est apparu à l’auteur comme le point central des œuvres du 18e siècle ; et l’annonce de son prochain retour comme le lieu géométrique des espérances du siècle des lumières.

 

Dans cet essai sur le mythe et le thème de l’âge d’or , dans la littérature du 18e siècle , A. Delaporte remet en perspective ces espérances ,qu’il refuse de considérer , à l’instar de la plupart des commentateurs , comme plates redondances d’un lieu commun perpétuellement invoqué , mais bien plutôt comme réelle tension métaphysique et métapolitique du Siècle des Lumières .

L’âge d’or : mythe ou réalité ? Siècle d’or placé dans un passé toujours idéalisé, faisant fonction de modèle positif face au négatif, renvoyé par la « dégénération » des temps présents : telle était la fonction du thème de l’âge d’or lorsqu’il était utilisé par les prédicateurs et les moralistes du 18e siècle ; et, à ce niveau il y a parfaite concordance dans les termes utilisés, à défaut de communion religieuse ou idéologique, de Bossuet à l’Abbé Fleury en passant par Fénelon, Mably, et J.J Rousseau.


Le rêve a-t-il été, est- il, ou peut-il se faire réalité ? Ici les avis peuvent diverger. Que le rêve ait été jadis réalité , c’est ce que pensait sans doute , pour la plupart d’entre eux , écrivains et poètes du siècle : quand bien même considéraient ils comme fable des païens les descriptions classiques de l’âge d’or , les prédicateurs ou les régents de collège avaient convaincu leurs ouailles et leurs élèves qu’il ne s’agissait à tout prendre , que de « l’interprétatio graeca aut romana » , de l’état de nature incorrompue que connaissaient nos premiers parents dans le jardin d’Eden , les Hébreux au temps des patriarches , la primitive Eglise de Jérusalem , les ordres monastiques

 
Pour compléter l’illusion l’Abbé Fleury, et, à sa suite Fénelon, s’étaient employés avec talent à déguiser les Bédouins de l’Ancien Testament en bergers d’Arcadie.

 

LES CITÉS PERDUES DES MAYAS

 

Découvertes GALLIMARD

 1990

Depuis seulement quelques décennies le voile se lève sur cette civilisation, qui créa une architecture de géants. Petit à petit la forêt livre ses secrets. Dans la jungle d'Amérique centrale, les explorateurs qui découvrirent au hasard d'un voyage, le stupéfiant spectacle des temples et des palais mayas ignoraient tout des mains qui les avaient édifiés. Trois siècles durant, missionnaires et aventuriers visitent les vestiges des mystérieuses cités et tracent le portrait d'un peuple sans histoire, pacifique, ignorant des sacrifices sanglants et profondément religieux. Cette vision romantique sera réduite à néant par les découvertes archéologiques qui jalonnent notre siècle.


Claude Baudez et Sydney Picasso narrent cette lente redécouverte d'une civilisation brillante qui connut son apogée en plein Moyen Âge européen, et à laquelle les conquistadors espagnols portèrent le coup fatal. Des archéologues ont découvert une cité maya perdue dans la jungle de l'est du Mexique, grâce à des photos aériennes. Cette cité aurait connu une intense activité entre 600 et 900 après JC Une importante cité maya a été découverte dans la jungle de l'état mexicain de Campeche. Effectuée au début du mois de juin 2013, Baptisée "Chactun" ("Pierre grande" en maya) par les auteurs de la découverte, cette cité maya aurait connu son apogée entre l'an 600 et 900 après JC. S'étendant sur 22 hectares, la cité de Chactun abrite notamment au moins 15 pyramides, dont la plus haute culmine à 23 mètres de haut. Les archéologues y ont également découvert l'existence de plusieurs terrains de jeu de pelote, de monuments sculptés, ainsi que de nombreuses stèles et autels.

Selon Ivan Sprajc, la population de cette cité maya se comptait probablement en dizaines de milliers d'habitants. L'archéologue avance même le chiffre de 30 000 à 40 000 habitants, tout en soulignant la nécessité d'attendre qu'une exploration plus poussée de la ville soit menée. Comment la cité maya de Chactun a-t-elle été découverte ? Grâce à des photographies aériennes, ainsi que grâce à la technique de la stéréoscopie. La stéréoscopie ? Ce procédé d'imagerie consiste à recréer une sensation de relief à partir de deux images planes : cette technique s'appuie sur le fait que la perception humaine du relief provient du fait que le cerveau utilise les deux images planes provenant de chaque œil pour reconstituer une image unique.

Nombreuses photos.

 

LES GRANDES FIGURES DES MYTHOLOGIES

Fernand COMTE

Edition BORDAS

 1995

Cet ouvrage énumère et décrit toutes les grandes figures des panthéons et des mythologies.

 

On part de la Grèce antique avec la généalogie des Olympiens et leurs mythes, ainsi on démarre d’Ouranos et de Gaïa, suivi par les cyclopes, les titans, et suit tous les dieux et demi-dieux qui ont structurés cette merveilleuse mythologie : Prométhée, Atlas, Déméter, Poséidon, Hadès, Héra, Zeus, Apollon, Artémis, Hermès, Aphrodite, Héraclès, Héphaïstos et tant d’autres.

 

 

Les dieux du Moyen Orient avec  Ahura Mazda, Astarté, Baal, Enki, Enlil, Ishtar, Marduk, Mithra, Tammuz et d’autres.

 

L’Egypte  avec  Amon-Ré, Isis et Osiris, Thot, Maât, Anubis, Apis, Aton, Horus, Nout, Ptah, Sekhmet, Seth, L’Ogdoade hermopolitaine avec les 8 couples de forces élémentaires personnification du chaos primitif, - L’ennéade héliopolitainne et les divinités complémentaires, éléments des forces de la nature qui donnent naissance aux deux couples Isis et Osiris et Seth- Nephtys,  -

 

L’Inde et ses grands dieux : Le panthéon védique, les souverains : Mitra, Varuna, Indra, Rudra, Aditi, Agni, Purusha, soma, Vishnu, Yama, - Les Trimurti hindoue et les trois grands dieux de l’Hindouisme : Shiva-Rudra et son fils Ganesha  -  Vishnu, l’omniprésent avec ses nombreux avatars  -  Brahma, le créateur et son épouse Sarasvatî  -

 

Les dieux nordiques  avec : Balder, Bragi, Frigg, Idunn, Loki, Nornes,  Odin, Thor, Tyr, les Valkyries….

 

LES INCAS –  PEUPLE DU SOLEIL

Carmen BERNAND

Découvertes GALLIMARD

 1991

Ce peuple du soleil vaincu par Pizarro mettra 3 siècles à agoniser, et pourtant ils n’étaient pas les premiers à adorer le soleil.

 

En 1527, au sud de l'isthme de Panama, les conquistadores découvrent, éblouis, une contrée aux richesses inouïes. Persuadé d'avoir trouvé l'Eldorado, leur chef, Pizarro, convainc la Couronne espagnole de financer la conquête du Pérou. De retour en 1532, il met à profit la guerre fratricide qui déchire le pays.

 

La mort du souverain, Atahualpa, scelle le destin de l'Empire inca. Les Espagnols entrent dans Cuzco et saccagent le temple du Soleil. Pendant deux siècles, l'ordre espagnol va régner sans partage sur les Cordillères.


Usant tour à tour de la répression et de la persuasion, les colons s'acharnent à briser les rites et les croyances des Indiens. En 1780, encore, l'insurrection fomentée par Túpac Amaru est impitoyablement écrasée par le pouvoir colonial. Cet ouvrage fait revivre ce destin tourmenté et tragique du peuple du Soleil.

Il existe deux légendes sur la création de l’Empire inca, mais toutes les deux évoquent Manco Cápac, personnage dont l’existence est encore discutée par les historiens. La première légende raconte que, fils du dieu Soleil Inti, lui-même fils de Viracocha le Créateur, Manco Cápac serait né avec sa sœur-épouse Mama Ocllo dans l’écume du lac Titicaca. Ce messie fut envoyé pour fonder la cité de Cuzco et doter son peuple d’une grande civilisation. La seconde légende parle quant à elle de quatre frères venus avec leurs femmes. Seul l’un d’entre eux, Ayar Manco, survécut au voyage et fonda Cuzco. Il prit le nom de Manco Cápac et devint le premier empereur inca.

La constitution de l’Empire inca aurait commencé sous l’Empereur Pachacútec. Vers 1438, alors que l’empire se limitait aux alentours de la ville de Cuzco, ce dernier réussit à vaincre les Chancas. Cette victoire marqua le point de départ de la politique d’expansion de l’empire. Pachacútec s’appropria notamment tout le bassin du lac Titicaca, dotant son empire d’un territoire de plus en plus vaste. A noter que lorsqu’ils colonisaient de nouvelles ethnies, les Incas les obligeaient à se soumettre à leur autorité, mais laissaient les Indiens garder leurs mœurs et coutumes.

Le territoire inca s’étendit en un siècle environ au gré des gouvernances des souverains successifs, jusqu’au règne du onzième empereur Huayna Cápac qui consolida les territoires acquis. C’est à ce moment de l’histoire que la civilisation inca atteint son apogée territoriale, culturelle et technologique. Celle-ci était alors caractérisée par une capacité d’organisation régie par une discipline hors du commun, tout en prenant en compte les singularités culturelles de ses peuplades colonisées. Le déclin inca aurait pour origine principale la discorde entre Huáscar et Atahualpa, les deux fils de l’empereur Huayna Cápac qui se disputèrent le trône. Cette aporie dégénéra en guerre civile qui se termina en 1532 par la victoire d’Atahualpa. La fin de cette guerre qui scindait l’empire en deux fut immédiatement succédé par l’arrivée des conquistadors espagnols.

Francisco Pizarro, à leur tête, demanda à rencontrer l’empereur en paix et sans armes. Celui-ci se rendit alors dans la ville de Cajamarca, au nord de l’actuel Pérou, avec 30 000 personnes de sa suite non armées. Mais les Espagnols ne tinrent pas parole : une grande partie des Incas présents furent massacrés, Atahualpa capturé. Malgré la remise d’une rançon colossale (on parle de plusieurs tonnes d’or récoltées aux quatre coins de l’Empire inca), il fut tué un an plus tard en 1533, et c’est tout son empire qui s’écroula alors avec lui. La vice-royauté de la Nouvelle-Castille est alors créée, et Lima en devient la capitale. En 1572, enfin, le dernier fils de l’empereur inca Túpac Amaru est capturé dans la jungle après avoir mené une longue guérilla contre les Espagnols, puis est exécuté.

La civilisation inca était régie par un ordre social très défini, avec une discipline particulièrement stricte. L’organisation politique était de type monarchique, avec à sa tête le Sapa Inca (le Seul Inca), souverain absolu et d’origine divine. L’empereur accédait au pouvoir par succession et évoluait en compagnie d’une noblesse de sang qui constituait l’élite politique, militaire et religieuse de la société.

Par ailleurs, il existait chez les Incas une notion de caste. La majorité du peuple était constituée par les hatun-runas. Ces agriculteurs, marins, pasteurs ou artisans devaient du temps de travail à l’empire. Ils étaient organisés en ayllus, des communautés familiales qui se mariaient entre eux par intérêt foncier, participant ainsi à la prospérité de l’empire. Ces ensembles étaient contrôlés par l’empereur par l’intermédiaire du curaca, un représentant. Enfin, les yanas vivaient quant à eux en marge de l’empire, remplissant une tâche d’ordre servile, principalement au service de la noblesse. Les anciens dirigeants des civilisations conquises pouvaient garder leur autorité relative dans la mesure où ils se soumettaient entièrement à l’empereur.

Bien que cette civilisation soit clairement caractérisée par le polythéisme, Inti, dieu du Soleil et fondateur de la dynastie des empereurs, tient une place prépondérante dans le culte inca. De nombreuses représentations furent érigées dans l’empire, statues humaines en or dont la plus connue et la plus impressionnante est sans nul doute celle conservée dans le Temple du Soleil (Coricancha) à Cuzco. C’est d’ailleurs cet endroit, cette enceinte de l’or en quechua, qui fut le centre de l’empire et le lieu le plus sacré pour les Incas. Symbole de puissance avec ses 140 m d’envergure, il servait pour les cérémonies religieuses et la conservation des momies des empereurs. Couvert d’or et d’argent, il fut pillé par les colons espagnols qui en firent le couvent Santo Domingo.

Les Incas vénéraient des dieux immortels, tels que Inti, killa (divinité de la Lune, sœur et épouse du Soleil), ou la Pachamama (la Terre-Mère), dont le culte est aujourd’hui encore très vivant, mais aussi des dieux mortels à l’image de Tunupa, dieu des Volcans et de la Foudre, qui périt lors d’une expédition sur le lac Titicaca. Les Incas vouaient de plus un culte relatif à certains animaux tels que le serpent, les félins et les faucons sans toutefois les considérer comme des figures divines. Par ailleurs, les divinités des peuples conquis étaient la plupart du temps intégrées au Panthéon. Ils pouvaient également vénérer des endroits comme des grottes ou des rochers devenus sacrés par leur beauté ou leur histoire : les huacas.

Un nouveau culte, celui de Viracocha (le Créateur) fut créé par la suite par l’empereur Pachacutec (fils de l’empereur Viracocha Inca), sans doute pour contrer l’influence grandissante des prêtres du culte de l’Inti, ce dernier ne devenant plus qu’une créature de Viracocha. Les Incas, peuple extrêmement pieux, leur consacraient des offrandes et plus rarement des sacrifices, parfois humains comme lors de la montée sur le trône d’un nouvel empereur. Contrairement à la religion catholique qui fut imposée au peuple inca par les conquistadors et missionnaires espagnols, la vision conceptuelle religieuse des Incas ne considérait pas les dieux comme créateurs de toute chose. Ils apparaissent dans l’imaginaire et les légendes incas en même temps que les humains dans l’histoire, et leur force est surtout celle de donner à voir et à comprendre aux hommes le rôle qui est le leur sur terre. Ainsi, le dieu inca relève davantage du guide spirituel que de la substance créatrice.

 

LES INCAS - SYMBOLES DES INCAS, DES MAYAS ET DES AZTḔQUES

Heike Owusu

 Edition Trédaniel

2001

Civilisation précolombienne qui se développa dans les Andes à partir du XIIIe siècle, la civilisation inca avait pris naissance au XIe siècle, quand les importantes civilisations Huari et Tiwanaku connurent leur déclin. Les Incas, qui n’étaient qu’un peuple parmi d’autres de l’actuel Pérou, s’associèrent avec d’autres peuples alentour et créèrent la confédération de Cuzco.

 

Elle ne cessa dès lors de se développer : à son apogée, au XVe siècle, le territoire de l’Empire inca (Tahuantinsuyu ou Empire des Quatre Quartiers) couvrait une surface imposante de quelque 950 000 km2, s’étendant au nord sur une partie de l’actuelle Colombie et de l’Equateur, sur tout le Pérou, sur l’ouest de la Bolivie, le nord du Chili et le nord-ouest de l’Argentine. L’Empire inca prit fin lors de la conquête du nouveau continent par les Espagnols au XVIe siècle. Outre de nombreux dialectes parlés par les ethnies colonisées, les langues principales étaient le puquina, le yunga, l’aymara mais aussi et surtout le quechua.

 

Origines et légendes : Il existe deux légendes sur la création de l’Empire inca, mais toutes les deux évoquent Manco Cápac, personnage dont l’existence est encore discutée par les historiens. La première légende raconte que, fils du dieu Soleil Inti, lui-même fils de Viracocha le Créateur, Manco Cápac serait né avec sa sœur-épouse Mama Ocllo dans l’écume du lac Titicaca. Ce messie fut envoyé pour fonder la cité de Cuzco et doter son peuple d’une grande civilisation.

 

La seconde légende parle quant à elle de quatre frères venus avec leurs femmes. Seul l’un d’entre eux, Ayar Manco, survécut au voyage et fonda Cuzco. Il prit le nom de Manco Cápac et devint le premier empereur inca.

Expansion de l’empire : La constitution de l’Empire inca aurait commencé sous l’Empereur Pachacútec. Vers 1438, alors que l’empire se limitait aux alentours de la ville de Cuzco, ce dernier réussit à vaincre les Chancas. Cette victoire marqua le point de départ de la politique d’expansion de l’empire. Pachacútec s’appropria notamment tout le bassin du lac Titicaca, dotant son empire d’un territoire de plus en plus vaste. A noter que lorsqu’ils colonisaient de nouvelles ethnies, les Incas les obligeaient à se soumettre à leur autorité, mais laissaient les Indiens garder leurs mœurs et coutumes.

 

Le territoire inca s’étendit en un siècle environ au gré des gouvernances des souverains successifs, jusqu’au règne du onzième empereur Huayna Cápac qui consolida les territoires acquis. C’est à ce moment de l’histoire que la civilisation inca atteint son apogée territoriale, culturelle et technologique. Celle-ci était alors caractérisée par une capacité d’organisation régie par une discipline hors du commun, tout en prenant en compte les singularités culturelles de ses peuplades colonisées.

 

Déclin et colonisation : Le déclin inca aurait pour origine principale la discorde entre Huáscar et Atahualpa, les deux fils de l’empereur Huayna Cápac qui se disputèrent le trône. Cette aporie dégénéra en guerre civile qui se termina en 1532 par la victoire d’Atahualpa. La fin de cette guerre qui scindait l’empire en deux fut immédiatement succédé par l’arrivée des conquistadors espagnols.

 

les incas

Alfred metraux

Edition  DU SEUIL

 1962

L’histoire des Incas, leur religion, leur rite, légendes et mythes, leur caste, leur destruction par les Conquistadors espagnols, leurs pyramides, leur empire qui allait de l’équateur au Chili et le Machu Picchu.

Qu’en reste-t-il ? Les Incas étaient à l'origine une petite tribu guerrière qui résidait dans une région de plateaux au sud de la Cordillera Central au Pérou.

Inca (Quechua inka, "Fils du Soleil"), nom des souverains du peuple quechua, au Pérou (vallée de Cuzco), qui établirent un empire sur la cordillère des Andes (Amérique du Sud) du milieu du XVe siècle à la conquête espagnole en 1532. Le terme désigne également la population de ce royaume, ainsi que celles qui lui furent soumises. 

 

Au XIIe siècle, ils commencèrent à se déplacer dans la vallée de Cuzco, où ils soumirent les peuples voisins et leur imposèrent un tribut durant trois siècles. Il fallut attendre le milieu du XVe siècle pour que les Incas entreprennent de consolider et d'étendre leur domination sur la région. Avant cette date, leur plus grande avancée les avait amenés à environ 30 km au sud de la capitale Cuzco, sous le règne du sixième empereur Inca Roca, qui vécut au XIVe siècle. L'expansion commença véritablement sous le règne du huitième empereur, Viracocha, qui vécut au début du XVe siècle. Cependant, l'empire atteignit son étendue maximale sous le règne du fils de Túpac, Huayna Cápac (v. 1493-1525). En 1525, le territoire contrôlé par les Incas comprenait la partie la plus méridionale de la Colombie, l'Equateur et le Pérou, jusqu'à la Bolivie en incluant une partie de l'Argentine et du Chili du Nord. L'empire s'étendait sur près de 3 500 km du nord au sud et sur 800 km d'est en ouest. On estime que le nombre d'habitants de cette immense région, issus de peuplements très divers, était de l'ordre de 2,5 à 16 millions.

 

Huayna Cápac mourut en 1525 sans avoir désigné son successeur, ce qui entraîna la division de l'empire. C'est à ce moment critique que le conquistador espagnol Francisco Pizzaro débarqua sur la côte accompagné d'une troupe d'environ 180 hommes pourvus d'armes à feu. A l'apogée de leur puissance, les Incas avaient développé un système administratif et politique sans équivalent parmi les sociétés amérindiennes. L'État inca était une théocratie fondée sur l'agriculture, organisée selon un système rigide de castes et dominée par le tout-puissant Inca qui était vénéré à l'égal d'un dieu vivant. Au-dessous de l'Inca, dans l'ordre décroissant de rang et de pouvoir, se trouvaient la famille royale et l'aristocratie, les administrateurs impériaux et la petite noblesse, puis la grande masse des artisans et des fermiers.

 

Du point de vue administratif, l'empire était divisé en quatre grandes régions. Ces régions étaient subdivisées en provinces et en diverses autres unités socio-économiques de moindre importance, dont la plus petite était la propriété familiale étendue, connue sous le nom de ayllu. La mise en culture des "ayllus" - pratiquement autosuffisantes - était strictement contrôlée par l'État. Le contrôle rapproché qu'exerçaient les administrateurs impériaux sur l'empire, qui allait jusqu'à déplacer des populations entières pour les implanter dans une nouvelle région pour des raisons économiques ou politiques, fut en grande partie rendu possible par ce système de communications d'une efficacité remarquable. 

 

L'empire inca, l'une des civilisations les plus bureaucratisées ne possédait cependant pas d'écriture. Ses fonctionnaires utilisaient à la place un système basé sur les nœuds de différentes sortes de laines en des en plusieurs couleurs. Les messages qui en résultaient  servaient à enregistrer toutes les marchandises qui entraient ou sortaient des entrepôts de l’état. Ils ne pouvaient être établis ou décodés que par des administrateurs formés. La plupart des quipus étaient de simples rapports comptables, utilisant le système décimal. D'autres servaient apparemment d'aides pour se souvenir ou raconter des histoires et des formules religieuses, et sont de nos jours indéchiffrables.

 

Le gouvernement de Cuzco parvint néanmoins à garder un contact étroit avec la marche des affaires de l'empire grâce à une organisation très élaborée. Un réseau complexe de routes pavées qui reliaient toutes les régions de l'empire accéléraient les communications; des coureurs entraînés qui se relayaient pouvaient parcourir jusqu'à 400 km par jour en suivant ces routes. Les routes incas reliaient les terres de leur vaste royaume, les incas s'appuyaient sur un réseau routier exceptionnel. Plus de 25 000 kilomètres de voies royales, empruntées uniquement par les voyageurs officiels, permettaient une communication rapide et sûre avec le centre de Cuzco. Sans cette infrastructure, l'état inca, immense et complexe, se serait effondré. Les routes étaient conçues pour être utilisés par les piétons et des caravanes de lamas. Des auberges d'état de trouvaient tous les 20 kilomètres environ. Cette infrastructure est étonnante car les incas ne connaissaient pas la roue.

 

Les réalisations les plus impressionnantes de la civilisation inca furent les temples, les palais et les forteresses placées aux endroits stratégiques, comme Machu Picchu ; d'immenses édifices à la maçonnerie précisément ajustée, notamment le grand temple du Soleil à Cuzco, furent édifiés avec des techniques et des outils limités. Les édifices sont construits selon la technique " pirca " ; cela consiste à enchâssées des pierres dans un mortier de boue. Les incas battirent plusieurs résidences somptueuses non loin de Cuzco selon par un plan grandiose réalisé par le roi Pachacuctec.

 

Cuzco l'ancienne capitale de l'empire inca est en forme de puma symbolisant la force et la puissance. La cité de Machu Picchu qui fut découverte en 1911. Elle est située à 2000 m d'altitude, elle est environnée de terrasses agricoles ; les Andennes, patiemment édifiées par les paysans incas. Ils cultivaient la pomme de terre et le maïs. Parmi les autres réalisations d'exception, on peut citer la construction de ponts de corde suspendus (certain dépassant 100 m de long), des canaux d'irrigation et des aqueducs. Le bronze (un alliage de cuivre et d'étain) était très souvent utilisé pour les outils et les ornements.

 

Ces travaux étaient réalisés par la main d'œuvre illimitée de l'empire au titre de la " mita " ; travail obligatoire dû à l'état. Ce monarque ambitieux : le roi Pachacutec fait aménagé la campagne environnante de terrasses, avec des kilomètres de canaux d'irrigations pour la culture ce qui accroissait les richesses du roi.

 

Grâce aux énormes effectifs qu'ils pouvaient mobiliser, souvent plusieurs centaines milliers d'hommes, et à la qualité de leurs armes courte et longue portée ; les incas disposaient, avant l'arrivée des espagnoles, de la plus formidable armée de l'Amérique précolombienne. Elle est constituée uniquement d'appelés entre 20 à 25 ans. Cette force si bien organisée bénéficiait d'une infrastructure efficace de communication et de ravitaillement. Les déplacements s'effectuaient sur un réseau de routes de plusieurs milliers de kilomètres jalonnées de magasins remplis de vêtements, de vivres et d'armes de toutes sortes. 

 

LES MYTHES FONDATEURS  -  DE GILGAMESH A NOÉ

Nicole Vray

Edition Desclée de Brouwer

 2012

Le jardin d’Eden et le Paradis perdu, la pomme et le serpent tentateur, l’homme et la femme chassés par Dieu et couverts de honte, la catastrophe du Déluge… Comment faire la part, en lisant les premiers chapitres de la Genèse de l’Ancien Testament des Bibles chrétiennes, ou de Bereshit de la Bible hébraïque, de la présence des mythes mésopotamiens ?
Avec beaucoup de clarté, Nicole Vray plonge dans ce moment de l’histoire où se côtoient comme dans une mosaïque, toutes les populations, langues et cultures du Proche-Orient ancien.

On perçoit alors de manière lumineuse, combien textes mythiques et récits bibliques se trouvent entremêlés, en particulier à travers l’approche comparée des récits mésopotamiens touchant à la Création et des chapitres correspondants de la Genèse dans l’Ancien Testament.

Cette étude donne de vrais éléments de réponse à tous ceux qui se posent de légitimes questions sur ces textes et suit au plus près l’étude scientifique des faits, des écrits et des traductions. La traduction par l’auteur des récits de la Création (Gen 1-3 ; 6-9), au plus près de l’hébreu et sous forme de poème, offre un autre regard, voire une autre lecture, sur ces récits.

On parle communément de « mythes mésopotamiens », cependant, à la réflexion, cet adjectif s’avère insuffisant, et les questions se posent : Où les mythes sont-ils nés ? A quelle époque ? Comment et pourquoi ces légendes ancestrales ont-elles traversé pays et millénaire ? Quelle réalité, quelle religion se cachent derrière ces histoires fabuleuses. Et qu’on put apporter à la civilisation occidentale ces mythes appelés aussi « babyloniens » ?

Quel rapport y a-t-il entre eux et l’interprétation métaphysique qu’on put en faire René Guénon avec sa Tradition Primordiale, C.G. Jung avec ses archétypes ou Henry Corbin avec son monde imaginal, ou La Franc-maçonnerie avec la légende d’Hiram ?

De toute façon de monde des mythes fondateurs est un monde fascinant dans lequel chacun peut y puiser à volonté des réflexions, des pistes de méditation et des liens donnant accès à des mondes dont l’étude nous nourrit et nous ouvre en permanence de nouveaux horizons.

Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous parle de :

Première partie: La Mésopotamie - Son histoire - Babylone - La religion - Vivre avec les dieux - Le monde divin, animal et végétal - Le pays de Canaan - Le contexte géopolitique -

Deuxième partie : Les mythes mésopotamiens - Le mythe d’Enki et Ninhursag - Le mythe d’Atrahasis - L’Epopée de Gilgamesh avec ses personnages et le résumé de ces mythes - Enkidou -

Troisième partie : Les récits bibliques - Les récits cosmogoniques et anthropogoniques de la Création - Commentaires sur la Genèse - Le récit du Déluge et de Noé - L’épopée de la Création en cunéiforme -

 

LES MYTHES GRECS     -      2  Tomes   -

Robert GRAVES

Edition HACHETTE

 1999

Apollon, Dédale, Tantale, Hermès, Hercule, Dionysos, Œdipe, Antigone… Autant de noms qui font partie du langage courant mais dont on semble ignorer de plus en plus l’origine et la signification. Or l’essentiel de la littérature et de l’art occidental n’est intelligible qu’à la lumière de la mythologie grecque, d’où l’importance de ces deux tomes sur les mythes grecs dans lesquels Robert Graves nous présente près de 200 mythes, qui vont de la création de l’Olympe et la vie de ses dieux jusqu’aux aventures de l’Iliade et de l’Odyssée.

 

Il ne s’agit pas là d’une oeuvre d’érudition et encore moins d’un manuel scolaire, mais d’une récréation de la mythologie par un poète qui explique et interprète les légendes classiques à la lumière des connaissances archéologiques et anthropologiques actuelles.

 

Un livre aussi précieux à l’érudit qu’à tout lecteur soucieux de comprendre et de vivre notre culture occidentale.

 

Un véritable trésor où l’auteur décortique près des 200 mythes et légendes de la civilisation grecque, parmi les plus connu et les plus représentatifs de l’homme, notamment avec le dieu Dionysos et le mythe des centaures, mythes contradictoires auxquels s’attachent les notions de sagesse et de dépravations, mais aussi sur le nectar et l’ambroisie des dieux.

 

Robert Graves (1895-1985), poète, romancier historique, essayiste, critique et ésotériste profond, vécut une grande partie de sa vie à Majorque. Fasciné par la mythologie, il publie en 1955 « les mythes grecs » et en 1948 « la déesse blanche ». Il meurt en 1985.

 

 

LES MYTHES MAÇONNIQUES

Alec MELLOR

Edition PAYOT

 1974

L’histoire scientifique s’est constituée au XIXe siècle, mais il est de fait que notre l’histoire maçonnique, si elle s’est dégagée de l’ornière mythique en Angleterre et en Allemagne, est demeure trop souvent en France une sorte de légende dorée. Or la science historique se trouve aujourd’hui en pleine  mutation, surtout depuis la « révolution quantitative », et sort chaque jour davantage du stade artisanal. L’histoire de la Franc-maçonnerie doit bénéficier de ces progrès : elle n’est en effet qu’un chapitre de l’histoire du monde, de l’histoire des mouvements ésotériques qui ont structuré avec plus ou moins de bonheur les sociétés.

 

Il est apparu à Alec Mellor, spécialiste de l’histoire maçonnique, à laquelle il a consacré de nombreuses études, traduites en plusieurs langues, que le premier stade devait être celui de la démytification. Le respect des légendes n’a rien à y perdre, au contraire, à ne pas être confondu avec une œuvre scientifique. Les mythes maçonniques sont connus : Fabuleuse et chimérique Rose+Croix, prétendu maçonnisme de la triple devise républicaine « liberté, égalité, fraternité », invention de la pseudo règle du « Maçon libre dans une loge libre », etc.

 

Dans cet ouvrage l’auteur s’est limité à trois « mythes » particulièrement tenaces :

 

Le premier est l’imposture templière, vingt fois réfutée mais toujours présente

Le second est le nœud de complications volontairement tressé au XIXe siècle a propos des rapports entre la Franc-maçonnerie et le mouvement du compagnonnage.

Le troisième est le contresens issu des divagations de Barruel et qui touche la philosophie des Lumières

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Histoire maçonnique et le clivage entre toutes les histoires, générale, académique, philosophique ou universitaire  -  L’école mythique  -  La régression guénonienne  -  Deus lettres d’Oswald Wirth  -  Démythification  -

 

Le mythe templier  -  Les données historiques et la culpabilité des templiers  -  Les opinions de : Pasquier, Mézeray, Basnage, Roux, Vertot, Voltaire et Condorcet  -  Michelet  -  Le mythe de la survivance templière  -  L’hypothèse de Le Forestier, historien reconnu  -  Les templiers en Allemagne  -  Le convent de Wilhelmsbad  -   Les néo-temple templiers  -  Le mythe de la transmission templiers-opératifs   -   Les templiers, l’islam et les ismaélites  -  La folie templière  -

 

Le mythe du compagnonnage  -  Que veut dite « Franc-maçonnerie opérative ? »   -   La maçonnerie opérative médiévale  -  Quelles sont les origines authentiques du compagnonnage et quelle est son évolution ?    -   Condamnation par la Sorbonne  -  Sa disparition sous la Révolution  -  Sa renaissance sous le Consulat et l’Empire  -

 

Le mythe des Lumières  -   Le mythe  -  La diffusion des lumières par la Franc-maçonnerie au XVIIIe siècle  -  Les dénonciation de Barruel  -  Le concept de « Lumière »  -  L’influence américaine  -  La Fayette et Franklin  -   La guerre d’indépendance  -  Thomas Jefferson et la Déclaration d’indépendance  -  Les droits de l’homme et du citoyen  -  Les sociétés de pensées  -  La loge des neuf sœurs  -  Voltaire  -  La triple devise  -   La Franc-maçonnerie et la réaction contre les Lumières  -  Les loges à la veille de la Révolution  -  Les condamnations pontificales  -  Indifférence des « salons » à la maçonnerie d’adoption  -  

 

 

LES MYTHES PLATONICIENS

Geneviève DROZ

Edition  LE SEUIL

 1992

La Grèce, berceau de la raison scientifique  et philosophique, occidentale, a opposé fortement le Logos, la raison, le discours argumenté, au mythos, au récit et à la fiction.

 

Pourtant la Grèce qui se méfie des mythes en a créé parmi les plus magnifiques et les plus célèbres. Les dialogues de Platon en contiennent à eux seuls 16.

 

Certains sont très connus (la caverne, la réminiscence, Prométhée…), d’autres très peu. Geneviève Droz, avec beaucoup de soins, les a classés, répertoriés et commentés.

 

Elle montre comment ils éclairent toute l’œuvre de Platon, et, comment ils sont un condensé de toute la Sagesse grecque. « Le mythe a été sauvé de l’oubli et ne s’est point perdu, il peut, si nous y ajoutons foi, nous sauver nous- même » (La République de Platon).

 

Au sommaire de ce livre l’auteur commente les thèmes suivants :

 

La condition humaine  -  Le mythe d’Epiméthée et de Prométhée  -  Le mythe d’Aristophane ou de l’androgyne  -  Le mythe de la naissance de l’amour  -  Le mythe de l’attelage ailé  - 

Libération et ascension spirituelle  -  Le mythe de la réminiscence  -  Le mythe de la caverne  -  Le mystère de l’amour  -

La destinée des âmes  -  Le mythe de la sentence finale  -  Le mythe de la distribution des sanctions  -  Le mythe d’Er-le-Pamphylien  -

Le devenir du monde  -  Le mythe du démiurge  -  Le mythe des cycles inversés ou mythe du politique  -  Le mythe de l’Atlantide  -

Trois mythes annexes   -  Le mythe de Gygès  -  Le mythe des cigales  -  Le mythe de Theuth  - 

 

LE SYMBOLISME DES LÉGENDES

   Loeffler- Delachaux

  Compte d’auteur

 1997

L’homme a toujours classé ses sentiments en deux catégories :

 

Les sentiments négatifs qui s’associent à une idée de défaite, de punition, de capitulation, de honte, d’un manque, d’une blessure d’amour propre, d’une humiliation, d’une désillusion, d’un abaissement, d’un sacrifice, d’une privation, d’une déchéance, d’un renoncement douloureux, d’une incapacité, d’une insécurité ou d’une angoisse.

 

Les sentiments positifs, qui s’associent aux honneurs, à la plénitude, à l’élévation, à la considération, au fait d’avoir été donné en exemple, de s’être distingué par une action d’éclat, d’avoir été approuvé, de s’être montré fort, capable, compétant ou puissant.

 

Ces deux groupes de sentiments sont à la base de tout ce que nous pensons, faisons ou imaginons. L’histoire fourmille de crimes et de mauvais coups par lesquels un individu, un clan, une tribu, une famille (vendetta) ou un peuple, ont réagi contre un sentiment d’impuissance ou de moins- value.

 

La littérature religieuse abonde en guerrier violents, en héros rancuniers ou en divinités avides de représailles. Caïn tue Abel, Samson se venge des philistins en en tuant des milliers, en incendiant leurs oliviers et leurs récoltes ; Jéhovah est un dieu vengeur, mais aussi on y trouve Vénus inspirant une passion criminelle à la fille de Cenchris dont la beauté lui porte ombrage, Minerve brisant les fuseaux d’Arachné, Apollon et Diane tuant Chloris, les enfants d’Antiope répudiés et attachant à la queue d’un taureau la femme qui a supplantée leur mère.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Du sentiment d’infériorité à la fiction   -   Fictions collectives   -   La fiction et la vie sexuelle   -   Le thème de la durée   -   Le thème de l’espace   -   Les petits côtés de la fiction   -   De l’histoire à la légende   -   Mythes anciens et temps modernes   -

  

LES  TUATHA  dé  DANANN,  MYSTIQUE SOLAIRE ET ART DE LA GUERRE

MYRIAM   PHILIBERT

Edition ARQA

 2009

Un jour, les dieux sont venus sur la Terre… Y sont-ils restés immortels, ou ont-ils intégré la sphère des humains, des animaux-totems et des arbres griffés de signes oghamiques, dont il faut subir la loi ? Quelle est donc cette mystérieuse tribu, venue du fond des âges, acharnée à conquérir le monde par le fer comme par l’initiation solaire ? Les Tuatha dé Danann résidaient on ne sait vraiment où, peut- être dans les îles septentrionales, apprenant la Science, la Magie, le Druidisme et la Sagesse…

 

La lance de Lug et l’épée de Nuada étaient pour eux toujours victorieuses des soldats sanguinaires, des êtres évanescents et des monstres lunaires. La pierre de la destinée, elle, criait sous chaque roi qui gouvernait l’Irlande… et le chaudron de Dagda offrait, au héros vainqueur, la boisson de l’éternelle résurrection… Partie pour explorer en profondeur les mythes ancestraux tout autant que la vérité historique de cette énigmatique tribu celtique, Myriam Philibert fait revivre dans son livre, avec une verve à nulle autre pareille, les facettes les plus ignorées de la geste irlandaise, mêlant avec talent contes et légendes des Tuatha dé Danann et traces archéologiques démontrant assurément l’existence avérée de ces populations mal connues.

 

Au son de la harpe, les bardes chantent l’épopée de Cuchullainn et Myriam Philibert, docteur en Préhistoire, en guide averti des arcanes celtiques, nous initie savamment à la quête suprême, celle de la mystique solaire et de l’art de la guerre… Cet ouvrage exceptionnel, fait de braises ressurgies d’un lointain héritage traditionnel, calligraphié tel le livre de Kells, par des plumes de cygnes immaculés ; avec un glossaire en fin d’ouvrage de plus de 200 noms de dieux, de souverains des mondes, de héros de légendes oubliées, de fées, de magiciennes et de sirènes, de druides et de bardes, d’enchanteurs et de prêtres aux cents noms, ne pourra laisser indifférent le chercheur sincère en queste de vérité, désireux de rejoindre le Sidh jusqu’à l’infini des mégalithes, le continent englouti et le monde blanc, oublieux qu’il sera des champs de bataille et de la corneille des combats.


Edition  ARQA    29, Bd de la Lise    Marseille   11012

 

les visions de st nicolas de flue

M. Louise von frantz

Edition DERVY

 1988

Peu connu du public francophone, St Nicolas de Flue occupe une place importante dans l’histoire de la Suisse du XVème siècle. D’abord paysan, père de famille et homme public, il quitte les siens au milieu de sa vie, pour se bâtir un ermitage et s’y livrer à la contemplation. L’auteur nous introduit dans l’univers intérieur de ce personnage paradoxal et fascinant et fait apparaître le lien de ses visions avec les mythes et légendes de la Suisse primitive. Nous voyons ainsi revivre une figure immémoriale, celle du prêtre-médecin, du « chaman ».


Marie-Louise Von Frantz, continuatrice et héritière de C.G. Jung, déploie ici ses talents d’interprète de symboles et de rêves. Faisant suite à ses ouvrages consacrés aux contes de fées, ce livre ouvre une nouvelle série d’études traitant des rêves et visions de personnalités historiques.

 

Saint Nicolas de Flue naquit en Suisse, de parents pieux. Un jour, à la vue d’une flèche élancée, sur une montagne voisine, il fut épris du désir du Ciel et de l’amour de la solitude. Il se maria pour obéir à la volonté formelle de ses parents et eut dix enfants. Son mérite et sa vertu le firent choisir par ses concitoyens pour exercer des fonctions publiques fort honorables. Sa prière habituelle était celle-ci : "Mon Seigneur et mon Dieu, enlevez de moi tout ce qui m’empêche d’aller à Vous. Mon Seigneur et mon Dieu, donnez-moi tout ce qui peut m’attirer à Vous."

 

Il avait cinquante ans, quand une voix intérieure lui dit : "Quitte tout ce que tu aimes, et Dieu prendra soin de toi." Il eut à soutenir un pénible combat, mais se décida en effet à tout quitter, femme, enfants, maison, domaine, pour servir Dieu. Il s’éloigna, pieds nus, vêtu d’une longue robe de bure, un chapelet à la main, sans argent, sans provision, en jetant un dernier regard tendre et prolongé vers les siens.

 

Une nuit, Dieu le pénétra d’une lumière éclatante, et depuis ce temps, il n’éprouva jamais ni la faim, ni la soif, ni le froid. Ayant trouvé un lieu sauvage et solitaire, il s’y logea dans une hutte de feuillage, puis dans une cabane de pierre. La nouvelle de sa présence s’était répandue bientôt, et il se fit près de lui une grande affluence. Chose incroyable, le saint ermite ne vécut, pendant dix-neuf ans, que de la Sainte Eucharistie ; les autorités civiles et ecclésiastiques, saisies du fait, firent surveiller sa cabane et constatèrent la merveille d’une manière indubitable.

 

La Suisse, un moment divisée, était menacée dans son indépendance par l’Allemagne. Nicolas de Flue, vénéré de tous, fut choisi pour arbitre et parla si sagement, que l’union se fit, à la joie commune, et la Suisse fut sauvée. On mit les cloches en branle dans tout le pays, et le concert de jubilation se répercuta à travers les lacs, les montagnes et les vallées, depuis le plus humble hameau jusqu’aux plus grandes villes. Nicolas fut atteint, à l’âge de soixante-dix ans, d’une maladie très aiguë qui le tourmenta huit jours et huit nuits sans vaincre sa patience.

 

LES VOYAGES DE CYRUS, suivi d’un discours sur la mythologie

Le Chevalier Michel de RAMSAY

Edition H. Champion

 2002

Si Michel de Ramsay est plus connu par son discours fondateur de 1736 sur la Franc-maçonnerie et la chevalerie, son voyage de Cyrus fut un énorme succès de librairie inspiré de Télémaque de Fénelon et de Xenophon

 

L’auteur évoque les voyages que fit Cyrus en Égypte, en Grèce où il rencontre les plus grands philosophes de l’époque – entre autre Pythagore – et tout l’apprentissage d’un jeune roi en Perse. Ramsay explique son éducation et pourquoi il libéra les Juifs. La finalité de Ramsay était de démontrer la supériorité du christianisme sur les autres religions. 

 

Alors voyons ce discours proprement dit. Dès 1735 commence à circuler, sous le manteau, le Discours de Ramsay, qui est en quelque sorte la charte de la Maçonnerie moderne et dont on ne saurait trop estimer l'importance. Celui-ci eut une influence très forte sur la Maçonnerie du XVIII émet siècle, tant sur le plan spirituel qu'intellectuel. Il est à l'origine de l'enrichissement de l'Ordre de nombreux grades chevaleresques, essentiellement de 1743 à 1771 sous la Grande Maîtrise du Comte de Clermont.

Ce sont les raisons pour lesquelles nous les trouvons dans les textes fondamentaux du Rite Ecossais Anciens et Accepté. Le Discours de Ramsay comporte deux parties bien distinctes : la première partie traite « des qualités requises pour devenir Franc-maçon et des buts que propose l'Ordre », la deuxième partie conte « l'origine et l'histoire de l'Ordre ».

 

Avec son discours Ramsay pensait qu'il fallait proposer un programme plus intellectuel à l'aristocratie pour atteindre les buts de la Maçonnerie tels qu'il la concevait à savoir, « former des hommes, les unir par la théologie du cœur en une seule nation spirituelle, travailler au progrès des sciences utiles et des arts libéraux » on y trouve l'influence de Fénelon, ainsi que le projet de l'Encyclopédie. Ramsay par son discours prend tout naturellement la suite de la Tradition anglaise dont la plus ancienne trace d'un discours remonte à juin 1721, celui prononcé par Théophile Désaguliers. Ramsay a bâti son discours en deux parties bien distinctes :

 

La 1ère partie traite des qualités requises pour devenir un bon franc-maçon et des buts de l'Ordre. La 2ème partie nous instruit, quant à elle, sur l'origine et l'histoire de l'Ordre.

 

Quatre qualités sont demandées pour entrer dans l'Ordre :

La Philanthropie, ou L'Humanité.

La Morale pure

Le Secret inviolable

Le goût des beaux-arts

 

En citant ces quatre qualités nécessaires pour devenir un bon franc-maçon Ramsay les présente d'une manière plutôt flatteuse pour tous ces nobles de haut-rang qui composent en grande partie les Loges. « La noble ardeur que vous montrez, Messieurs, pour entrer dans le très ancien et très illustre ordre des Francs-maçons, est une preuve certaine que vous possédez déjà toutes les qualités requises pour en devenir membres ».De nos jours, rien n'est changé, lorsque l'on pré sent un profane apte à venir nous rejoindre sur nos colonnes, c'est bien que estimons qu'il a les qualités requises pour devenir Franc-maçon ou que nous jugeons qu'il est perfectible et qu'il travaillera à son amélioration.

 

Il s'attaque « à tous ces législateurs politiques qui n'ont pu rendre leur établissement durable, quelque sage qu'étaient leurs Lois ; elles n'ont pu s'étendre dans tous les pays et dans tous les siècles...ni convenir au goût, au génie et aux intérêts de toutes les nations ». Il met en cause dans ce passage le fait que l'absence de philanthropie de ces législateurs détruisait et malgré l'amour qu'ils avaient de leur Patrie. Les violences guerrières poussées à l'excès détruisent l'amour et l'humanité en général. Il nous parle, également, d'universalisme où le Franc-maçon serait citoyen du monde. « Le monde entier n'est qu'une République dont chaque nation est une famille, chaque particulier un enfant ».Puis suit deux paragraphes dans lesquels Ramsay justifie la Franc-Maçonnerie et son désir profond de voir s'ériger cette religion universelle qu'il prône depuis un certain temps celle de l'Amour, concepts qu'il tient de Fénelon son Maître qui écrivait dans Télémaque : « Tout le genre Humain n'est qu'une famille dispersée sur la face de la terre. Tous les Hommes sont frères et doivent s'aimer comme tels »et de Tolérance qu'il avait découvert auprès de Madame Guyon.

 

Concernant la deuxième qualité requise, La Sainte Morale, Ramsay écrit qu'il se devait d'exister « l'Ordre des francs-maçons pour former des Hommes aimables, de bons citoyens, de bons sujets inviolables dans leurs promesses, fidèles adorateurs du Dieu de l'Amitié, plus amateurs de vertus que de récompenses ». A l'instar des Ordres religieux ou militaires existants. Suit la formation de ces Hommes en trois étapes afin que « notre institution renferme toute la philosophie des sentiments et toute la théologie du cœur ». et de finir ce chapitre sur la Saine Morale en soulignant l'importance de l'agape fraternelle comme la continuité de nos travaux spirituels. « Nos festins ne sont pas ce que le monde profane et l'ignorant vulgaire s'imaginent. Tous les vices du cœur et de l'esprit en sont bannis et l'on a proscrit l'irréligion et le libertinage, l'incrédulité et la débauche. Nos repas ressemblent à ces vertueux soupers d'Horace où l'on s'entretenait de tout ce qui pouvait éclairer l'esprit et inspirer le goût du vrai, du bon et du beau ».

 

Troisième qualité, le secret. Il nous rappelle : « nous avons des secrets, ce sont des signes figuratifs et des paroles sacrées qui composent un langage tantôt muet, tantôt très éloquent pour le communiquer à la plus grande distance et pour reconnaître nos confrères de quelques langues qu'ils soient ». Il revient encore une fois sur l'universalité de ce que doit être pour lui la Franc-Maçonnerie. et d'insister : « Ce secret inviolable contribue puissamment à lier les sujets de toutes les nations et à rendre la communication des bienfaits facile et mutuelle entre nous ». Il n'oublie pas tout de même de nous rappeler qu'en cas de manquement à notre serment je cite : « que les peines que nous lui imposons sont les remords de sa conscience, la honte de sa perfidie et l'exclusion de notre société ». Dans ce chapitre sur le secret il prend également une position très nette sur la non admission des femmes. « Nous ne sommes pas assez injustes pour regarder le sexe comme incapable du secret, mais sa présence pourrait altérer insensiblement la pureté de nos maximes et de nos mœurs ».

 

Quatrième qualité, le goût de la Science et des Arts Libéraux. « L'Ordre exige de vous de contribuer par sa protection, par sa libéralité ou par son travail à un vaste ouvrage auquel nul Académie ne peut suffire, parce que toutes ces Sociétés étant composées d'un très petit nombre d'hommes, leur travail ne peut embrasser un objet aussi étendu ». Et de continuer : « Tous les Grands Maîtres, exhortent les Savants et tous les artisans de la Confraternité de s'unir pour fournir les matériaux d'un Dictionnaire Universel des Arts Libéraux et des Sciences utiles...par là on réunira les Lumières de toutes les Nations dans un seul ouvrage qui sera comme une Bibliothèque Universelle de tout ce qu'il y a de grand, de lumineux, de solide et d'utile dans tous les arts nobles ». Connaissances universelles, fraternité de connaissance par l'apport de sa pierre personnelle correctement taillée pour la construction de l'humanité, fraternité de comportement que chaque homme doit avoir envers ses semblables, fraternité de reconnaissance dans les différences de chacun voilà le message que Ramsay souhaitait faire passer auprès des postulants.

 

L’HISTOIRE:  MYTHE ET MANIPULATION

 Divers auteurs

EDIMAF

1996

Revue maçonnique qui dans ce N° d’Octobre 1996, revient sur divers cas de mythes avec leur manipulation.

 

Au sommaire :

 

Poky Rochard nous parle de : Portraits d’ancêtres

Daniel Ligou : Un cas d’espèce nommé Clovis ainsi que Voltaire et le mythe fondateur de la France  -

Jean louis Coy : La légende et la Vérité

Antoine de Blinger : Le silence d’Heidegger

Jean-Georges Samacoïtz : La clé des châteaux interdits

Edouard Boeglin : Au début était le mythe

Robert Chabot : Le soleil se lève à l’ouest

 

 

18 M

MYTHES ET DIEUX DE LA SCANDINAVIE ANCIENNE

Georges DUMEZIL

Edition GALLIMARD

 2000

De son premier ouvrage de mythologie comparée indo-européenne à l’ultime recueil d’esquisses auquel il travaillait encore à la veille de sa mort, survenue en Octobre 1986, Georges Dumézil a manifesté un intérêt constant pour la religion des anciens Scandinaves.

 

A côté de monographies célèbres comme mythes et dieux des Germains, Loki, la saga de Hadingus et autres travaux dur ces civilisations, ce grand historien rédigea toute une série d’études sur nombre de thèmes mythiques et de figures divines de la Scandinavie ancienne.

 

Elles concernaient en particulier le personnage féminin de Gullveig, qui fut comparée à la figure de Tarpeia dans la Rome archaïque, mais aussi des dieux tels que Baldr, Heimdall et Vidar, qui jouèrent un rôle de premier plan dans le drame eschatologique des anciens Scandinaves (le Ragnarök), ou encore plusieurs épisodes mythologiques ou légendaires connus tant de la littérature norroise que des Gesta Danorum de Saxo Grammmaticus et des récits folkloriques recueilles à l’époque moderne.

 

Comparable pour le domaine nordique aux volumes Idées romaines et Fêtes romaines d’été et d’automne publiés dans la même collection, Mythes et Dieux de la Scandinavie ancienne, rassemble une partie de ces études qui étaient jusqu’à présent disséminés dans des revues savantes. Le plan strictement chronologique qui a été adopté permet de suivre le cheminement des recherches de Dumézil, chaque étude étant précédée d’une notice bibliographique qui situe le sujet traité dans l’ensemble de l’œuvre.

Après avoir évoqué les liens qui unissaient Dumézil à l’Europe du Nord, en particulier avec la Suède, où il séjourna à de nombreuses reprises à partir de 1931, le préfacier de cet ouvrage – F. Dillmann – souligne l’ampleur et la diversité de la contribution de Dumézil à cette étude de la mythologie Scandinave

 

Au sommaire de cet important ouvrage :

 

Tarpeia   -  deux petits dieux scandinaves : Byggvir et Beyla   -  la gestatio de Frotho III et le folklore du Fridebjerg  -   le noyé et le pendu   -   Niord, Nerthus et les génies de la mer   -   les armes des dieux   -   Heimdall   -   Edda et le Rig Veda   -   Balderus et Hotherus   -   Balderiana minora   -   Vidar et Gram   -   Horwendillus   -   Attila entre deux trésors   -  les objets tridimentionnels dans les contes et les légendes scandinaves   -  les trois ruses de la fille de Billing  -  les trois fonctions entre homme et femme   -  la malédiction du scalde Egil   - 

 

MYTHES ET MÉTAPHYSIQUE

Georges GUSDORF

Edition FLAMMARION

 1984

La science a découvert que les primitifs, naguère méprisés pour leur manque de raison, possédaient dans leurs mythes, une sagesse d’un type particulier, qui a permis à leurs civilisations de subsister pendant des millénaires.

Sagesse à hauteur d’hommes, préservatrice du genre de vie et garantie de l’équilibre de chacun, exemple d’une philosophie qui a réussie dans sa mission de donner forme spirituelle et figure humaine à un petit monde unanime.

S’appuyant sur les travaux de Dumézil, Claude Levi Strauss et de M. Eliade, l’auteur nous propose d’écouter la leçon de ces mythes. Pour lui ces mythes furent une métaphysique avant d’être la métaphysique adaptée aux exigences d’un moment de la conscience humaine.

 

La philosophie d’aujourd’hui doit être une mythologie seconde, par opposition à une mythologie première et primitive. Elle ne doit pas être une architecture de concepts, mais une justification de l’existence réelle dans la plénitude de ses vécus.

 

Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous nous parle de :

 

1e partie : La conscience mythique : Conscience comme structure de l’être dans le monde  -  Annonce d’une ontologie spontanée  -  L’expérience mythique comme liturgie de répétition  -  Le mythe comme mode d’engagement dans le réel  -  Non pas allégorie mais tautégorie ou ontologie jouée  -  Les implications ontologiques de la répétition  -  La conscience mythique recouvre les domaines indissociés de la science et de l’histoire  -  Le mythe, principe de conservation  -  Le Mana comme sens d’univers  -  Le mana comme signifiant flottant  -  le sacré organisé  -  Le cosmos mythique  -  L’espace mythique et sacré, géographie existentielle du monde primitif  -  L’espace rituel, le lieu saint et l’objet sacré  -  Le temps mythique, champs temporel primitif  -  le temps communautaire  -  Sens et structure du calendrier comme liturgie  -  La fête qui débouche sur le Grand espace et le Grand temps  -  Kamo  -  Pas de notion du corps ni de la mort  - 

 

2e partie : La conscience intellectuelle : L’émancipation du règne humain  -  Le sommeil dogmatique du mythe  -  De la préhistoire à l’histoire  -  Anthropologie de la préhistoire  -  La découverte de l’universalité : l’Âge des empires et l’astrobiologie  -  La notion de loi et le sens de l’éternel retour  -  La découverte de la personnalité et la révolution socratique  -  Apparition des personnages historiques  -  Socrate, liquidateur de la conscience  mythique mais surtout fondateur de la raison  -  Naissance d’un savoir rationnel  -  Le Moi rationnel  -  La découverte de l’univers géographique  -  Triomphe de l’universalité  -  Le monde intelligible  -  Domestication rationnelle de l’espace et du temps  -  Le Dieu des philosophes  -  Le sacré  -  La religion et le révélation  -  Le Dieu Raison  -  La raison triomphante  - 

 

3e partie : La conscience existentielle : Le retour de la conscience mythique refoulée  -  L’itinéraire spirituel de Lévy-Brühl  -  L’anthropologie concrète  -  La redécouverte de l’incarnation  -  Le monde vécu  -  Cosmologie scientifique et cosmologie vécue  -  Bachelard  -  Le Dieu vivant  -  Persistance du sens de l’incarnation et de la révélation dans le christianisme contemporain  -  Le mystère  -  L’intelligibilité existentielle du mythe  -  Le mythe comme spécificité humaine  - 

 

 

mythologies

Collectif

Edition  l’olympe

1996

Ce très beau livre aux nombreuses photos couleur nous fait parcourir la planète et nous donne l’organigramme et les explications des civilisations suivantes : A l’époque archaïque, où la plupart des peuples de la Méditerranée n’avaient pas d’écriture, on racontait des histoires merveilleuses, répondant aux questions essentielles -qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ?, donnant des visages aux peurs et aux fléaux, aux puissances de la terre et du ciel, à la mort et aux plaisirs.

 

Dans ce creuset mouvant de langues, de peuples et de cultures que constituait le bassin méditerranéen, tous les peuples, symbolisés par leurs divinités tutélaires, se rencontraient, dans la paix ou dans la guerre et sublimaient leurs histoires en mythes et donnaient à leurs ancêtres des origines divines.

 

À l’époque classique, alors que la Grèce antique était à son apogée, la mythologie constituait un fond, réputé connu de tous, et dans lequel les auteurs, poètes et dramaturges, ainsi que les peintres, sculpteurs et céramistes, puisaient des thèmes qui allaient faire écho, toucher aussi bien les cœurs que les mémoires.

 

Mais ce fond nous est, pour une bonne part, inconnu : nous connaissons les oeuvres qui s’en sont inspirées (du moins, les oeuvres qui n’ont pas été perdues), mais non les sources originelles. En plusieurs siècles, ces mythes ont été colportés, déformés, voire intentionnellement modifiés par des clergés soucieux de protéger la réputation de leurs divinités tutélaires. Des éléments ont été mal copiés, oubliés ou perdus…

Le génie des Grecs n’a pas été celui d’inventer ces histoires, car chaque peuple possédait ses mythes propres, et la mythologie grecque est faite de tous les mythes de Méditerranée, des colonnes d’Hercule à la Mer Noire, des Alpes aux sources du Nil et à l’Atlas : le génie des Grecs a été de les avoir transcrits, non qu’ils furent les seuls à posséder l’écriture, mais parce qu’ils ont été parmi les rares à utiliser l’écriture pour autre chose que la comptabilité.

 

Poètes, dramaturges, philosophes, fabulistes, historiens, géographes… : ils ont tous fait appel aux mythes. La mythologie est presque partout dans les textes grecs anciens. Mais le « Grand Texte Originel », l’équivalent de la Bible, de la Légende dorée ou des Veda, et qui aurait rassemblé toute l’histoire de tous les dieux, de la création du monde aux derniers héros, n’existe ni n’a sans doute jamais existé. Tout ce que l’on apprend, au travers des textes, soit par les allusions qui les émaillent, soit que ces textes soient entièrement consacrés aux mythes, comme par exemple, la Théogonie d’Hésiode, forme un "corpus" plein de contradictions.

 

Par exemple, une contradiction de taille entre ces deux auteurs, à propos d’une des plus importantes déesses de l’Olympe, Aphrodite, déesse de l’amour est, pour l’un, fille de Zeus, et pour l’autre, d’Ouranos, le ciel. Les Romains possédaient leur propre mythologie avant de "croiser le chemin" des Grecs qu’ils admiraient et imitaient. Mais on estime en général que le caractère propre de la mythologie grecque est très différent de la romaine. Bien entendu, la période hellénistique (conquête de la Grèce par la Macédoine et constitution de l’empire d’Alexandre jusqu’à l’époque byzantine), où la culture grecque a été préservée et s’est étendue en Asie et en Egypte (création de la grande bibliothèque d’Alexandrie), nous intéresse, de même que l’époque byzantine, bien que la religion polythéiste grecque eut disparu, au profit du christianisme, car de nombreux mythes ont été sauvegardés par des auteurs chrétiens chargés de la combattre…

 18 N

nuada au bras d’argent

Jim FITZPATRICK

Edition COOP BREIZH

 1998

C’est une légende de la mythologie irlandaise.

 

Nuada, ou Nuadha connu aussi sous le nom de Nuada Airgetlamh (Nuada à la Main d’Argent) à cause du remplacement temporaire d'une main qu'il avait perdue à la première bataille de Mag Tured, était un roi / dieu irlandais important et le chef des Tuatha Dé Danann. Fils d'Eochaid, fils d'Ordan, fils d'Alloi, Nuada est la personnification de la royauté et de la souveraineté. En outre c'est un guerrier redoutable; lorsqu'il tire son "épée de lumière" invincible et infaillible de son fourreau, elle raconte ses exploits passés. Cette épée fut rapportée de l'île de Findias, située au nord du monde, au temps où le druide Uiscias y régnait. Sur son char tiré par quatre fougueux chevaux, il brandit aussi une lourde massue, entouré d'animaux marins, réels ou composites qui fait trembler tous ses ennemis.

 

 Il ne fait aucun doute que Nuada fut un grand chef. On le décrit assis sur son trône, « entouré d'une lumière blanche comme une toison d'argent, et autour de sa tête, une roue lumineuse palpitante et de couleurs changeantes ». Il avait épousé Nemain ou Ethniu.

 

Nuada au bras d'argent par Jim Fitzpatrick Les Tuatha constituent une génération de dieux plus jeunes que les Fomoires, les dieux marins qui allaient les provoquer à la seconde bataille de Magh Tuireadh. Entre les deux batailles, à cause de la perte de sa main qui était une infirmité discriminatoire pour l’exercice de la royauté, Nuada confia le pouvoir à Bress demi-Fomore dont le règne sera heureusement de courte durée.

 

 Au bout de sept ans Dian Cecht réussit à fabriquer une prothèse d'argent qui avait le mouvement et la force de toutes les mains, pour remplacer sa main coupée mais Nuada n'en fut pas satisfait car il ne pouvait toujours pas régner. Miach, fils de Dian Cecht, lui proposa de lui en faire une de chair et de sang. Miachprit la main coupée et fit une incantation sur elle : « Jointure contre jointure de cette main, » dit-il, « et nerf contre nerf » ; puis, en trois fois neuf jours, il guérit la main coupée.

 

Pendant les neuf premiers jours, il fixa la main coupée au côté de Nuadu, et cette main se couvrit d'une peau nouvelle ; pendant les neuf jours suivants, Nuadu put porter cette main sur la poitrine ; pendant les neuf derniers jours, cette main se couvrit de boutons blancs gros comme des haricots, et ces boutons noircissaient au feu. Miach réussit et son père le tua par jalousie. Le retour de Nuada sur le trône déclencha la seconde bataille de Magh Tuireadh, Bress, demi-Fomoire, s'étant plaint à son clan de mauvais traitements. A la seconde bataille, l'œil mortel de Balor tua Nuada et Nemain avant que Lugh, le dieu soleil, ne le détruisît avec son lance-pierres. Cette victoire sauva les Tuatha Dé Danann, mais ils furent plus tard vaincus par les fils de Milesius.

 

Nuada à la Main d'Argent devint Nodens en Irlande ou Nodons chez les gaulois, Il est l'équivalent du gallois Nudd Il est parfois appelé par les Britanniques Llud Llawereint (à la main d'argent). C'est un dieu guérisseur britannique dont ses chiens aussi étaient supposés soigner les malades. Ce dieu fut adoré pendant l'occupation romaine et les ruines d'un temple ont été découvertes au bord de la rivière Severn.

 

De somptueuses lithographies enjolivent cette épopée d’un autre âge.

18 P

 

PAYS LḖGENDAIRES  -  B.A BA

 Daniel Kircher

Edition Pardès

 2004

À toutes les époques, y compris la nôtre, l'humanité a cru à l'existence de pays qu'elle ne connaissait que par ouï-dire. Ces contrées lui ont paru si fascinantes que des aventuriers, des savants, et même des papes, se sont mis à leur recherche. Ce B.A.-BA des pays légendaires nous fait découvrir ces destinations fabuleuses l'Atlantide, bien sûr, recherchée par les Modernes plus encore que par les Anciens, le Pays d'Ophir, célèbre pour ses richesses, Thulé et l'Hyperborée. Mais aussi le royaume du Prêtre Jean, le Vinland et le fameux El Dorado. Ainsi que, plus près de nous, le continent Mu découvert par le colonel Churchward et l'extraordinaire royaume souterrain d'Agartha. L'auteur analyse strictement les débuts de leur légende, en décrit le développement et les conditions, parfois burlesques, souvent tragiques, qui ont présidé à la recherche de ces contrées considérées comme le Paradis perdu par toutes les générations

 

Qu'est- ce que l'Eldorado ? : El Dorado (« le doré »), aux Amériques, nom donné au XVIe siècle par les conquistadores espagnols au chef légendaire d'une tribu d'Indiens, qui aurait vécu dans le nord de l'Amérique amérindienne. Dans la mythologie, le cacique est un personnage richissime dont le corps est couvert de poudre d'or lors des fêtes célébrées chaque année. Par la suite, Eldorado désigna le royaume de ce cacique qui, selon la tradition, regorgeait d'or et de pierres précieuses: cette fabuleuse contrée fut parfois appelée Manoa ou Omoa dans la légende. Les conquérants, en quête de trésors, crurent en cette légende et partirent explorer le pays mais furent victimes, pour la plupart, de privations et de maladies. La plus célèbre expédition fut conduite par l'explorateur espagnol Francisco de Orellana qui, en 1540 et 1541, descendit le cours de l'Amazone jusqu'à l'Atlantique dans l'espoir vain de trouver la cité d'or.

 

En 1541, l'aventurier allemand Philipp von Hutten partit de Coro, colonie allemande du bord de mer au Venezuela, et poussa son exploration jusqu'à la région d'Omaguas, située près de l'Amazone. En 1595, l'explorateur anglais sir Walter Raleigh partit également à sa recherche et, de retour en Angleterre, publia un récit romancé de son voyage, dans lequel il décrivit Manoa comme une île du lac Parima, en Guyane. Pendant plus de deux siècles, le lac figura sur toutes les cartes, avant qu'on découvre que son existence était purement imaginaire. Le terme Eldorado est également employé aujourd'hui pour désigner un lieu fictif aux ressources inépuisables où chacun peut s'enrichir à sa guise. La littérature et en particulier la poésie ont fréquemment fait référence à cette légende.

 

Tous les hommes, à leur naissance, acquièrent un goût plutôt ardent pour la supériorité, l'argent et le bonheur, mais aussi pour la paresse. Par conséquent, il est alors impossible que l'égalité entre les hommes existe et qu'il n'y ait pas de jalousie. La société ne peut pas subvenir à ses besoins si tous les hommes sont égaux. Normalement, l'égalité est naturelle mais utopique. Le problème est que les hommes ont dépassé la limite où l'inégalité était acceptable. Tous les hommes ont raison de penser qu'ils sont égaux aux autres. Mais un employé ne doit pas commander un employeur. A l'égard d'un homme qui exerce une profession libérale, les monsignors qui n'ont pas plus de connaissances que lui le reçoive partout avec un air de protection et de mépris. Donc il doit prendre le parti de s'en aller.

 

PÈRE -  NOËL    -    B.A-BA

ARNAUD  D’APREMONT

Edition PARDES

1999

Croire au père Noël à son âge ? mais y à t-il un âge pour croire au père Noël, pour croire à l’archétype même de l’homme religieux, de l’homo religiosus, en somme du prêtre – chamane des origines ?

 

Derrière la figure débonnaire , à barbe blanche et longue cape rouge , que nous connaissons, c’est une longue lignée de personnages , de dieux , de héros , d’hommes sauvages , qui se déroule , tantôt rétributeurs, tantôt distributeurs , tantôt châtieurs , parfois fou, parfois sombres , mais toujours animés d’une époustouflante étincelle de vie.

Car c’est la vie qui anime le Père Noël, cette vie qui, à l’heure du solstice d’hiver, lorsque la lumière est au plus bas, attend de renaître et que la joie des êtres va aider à rejaillir.

Doit-on croire au Père Noël à l’aube du troisième millénaire ? Oui, plus que jamais. Car il est l’étincelle de l’espoir, l’annonce écologique d’une nature sommeillante prête à s’épanouir de nouveau à la lumière.


Le Père Noël est un vivant paradoxe ; il est la permanence de l’âme innocente de l’enfant au cœur de l’adulte. D’ailleurs, vous avez dit paradoxe ? Savez- vous que ce sympathique vieillard, dont les racines remontent à la nuit des temps, à la naissance des mondes, a été crée, dans sa forme présente, par l’un des plus grands fleurons de la société moderne. Coca Cola ? Comme si, perpétuellement, sous la cendre la plus incapacitante, la vie et l’amour attendaient toujours de se répandre.


Grâce à ce B.A. – BA du Père Noël, il est temps de retrouver le message d’espoir et d’amour du Père Noël. Noël, fête chrétienne ? le solstice d’hiver , la tradition , les cadeaux , la chasse sauvage , la naissance du Père Noël , Saint Nicolas ; le dieu Odin-Wodan , le druide chamane Merlin , les mères Noël ,les fonctions de Père Noël , les vêtements , la monture , le traineau , l’arbre de Noël , son symbolisme et son histoire , la fonction initiatique , l’éveil religieux , la vie et l’Amour , les 2 messages de ce mythe .

 

Au sommaire de ce livre :

 

La Fête de Noel  -   le solstice d’hiver  -   portrait du Père Noël  -  naissance  -  Saint Nicolas, Santa Claus  -    Qui a peur du Père Noel ?  -  les adversaires du mythe  -  le dieu Odin-Wodan  -  le druide chamane Merlin  -   le Seigneur du Désordre médiéval  -  les mères Noël  -  symbolisme du Père Noel  -  le Père Noel, homme sauvage et chamane  -   Noel et le père fouettard  -   la hotte du Père Noel  -  les cadeaux, la monture, les vêtements, le traineau et les demeures   -  l’arbre de feu  -   l’Eternel retour   -  fonction initiatique et de l’éveil religieux  -   retour à l’enfance, à l’âge d’or et à la mort   -  la vie et l’amour  -   ne jamais cesser de croire au Père Noel  -  oui, le Père Noel existe  -   rencontre et communication avec le Père Noel  -

18 R

REGARDS SUR LA SYMBOLIQUE DE LA TOISON D’OR

MAX  CÉLÉRIER

ÉDITION DU BIEN PUBLIC

 1990

Toison d’or. Si lointaine et, en même temps, si proche de la Bourgogne, pour lui donner le sens le plus élevé de sa vocation et étendre son rayonnement à tout l’Occident.

 

Passant de la légende à l’Histoire, elle ressurgit à la cour de Bourgogne avec l’Ordre de la Toison d’Or, fondé en 1430 par Philippe le Bon. La fondation de cet ordre chevaleresque prenait racine dans le mythe grec de Jason et les Argonautes dont les aventures ont été racontées par Appolonios de Rhodes, au 3e siècle avant J.C, et par Orphée, prince de Thrace, dans les « argonautiques orphiques ». Jason et ses compagnons sont emmenés par la nef Argo, en un voyage fabuleux vers un pays lointain, la Colchide, à la conquête de la Toison d’Or qui a été déposée sur un arbre, près des rives du fleuve Phase.

 

Le mythe a une portée universelle ; il affirma la suprématie de valeurs intemporelles. Le théologien Guillaume Filastre, deuxième chancelier de l’Ordre, l’avait bien compris en le réintégrant dans le dessein du christianisme. Le but de la quête n’est pas d’acquérir un pouvoir quelconque. Bien plus, le cheminement vers la Toison d’or, mène à l’éveil d’une conscience éclairée par l’esprit, inspiratrice de justice et de vérité. Ceci est particulièrement vrai pour la Toison de Gédéon, le héros biblique du livre des Juges qui conduisit Israël à la délivrance après avoir renversé les cultes idolâtres, et qui partagea le patronage de l’Ordre de la Toison d’or avec Jason.

 

Ce livre, illustré par un armorial manuscrit, inédit, de l’ordre de la Toison d’or, propose une approche de la signification symbolique de la Toison d’or.

 

Est proposé à notre réflexion :

Jason, Le langage symbolique, Hermès médiateur, Le principe des métamorphoses, Le centaure, Le Bélier, Le paon, La chouette, Le héron, La colombe, Le serpent, Les taureaux, Le faisan, Les enfants d’Athamas, La traversée du gué, La nef sacrée, La table du Roi Phineus, La passe des Symplégades, La science de Médée, Le dragon dévorateur, Le labour primordial, L’arbre de la Toison d’or, Gédéon, La prudence, La toison de Gédéon selon saint Bernard, La rosée, La croix de saint André, Les noces de l’Âme et du Verbe.

 

RÊVES ET LḖGENDES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

Olivier Rimbault

Presses universitaires

2016

Après Démons et merveilles du Canigou, Olivier Rimbault nous propose de nouvelles promenades commentées dans le monde de l'imaginaire collectif, depuis les temps préhistoriques jusqu'à nos jours, sur une aire géographique couvrant essentiellement le Pays catalan, les Pyrénées et toute l'Occitanie. Il réutilise dans ces quatorze « leçons de folklorisme » la méthode qui a fait ses preuves dans son précédent livre : croiser des disciplines variées comme l'archéologie, la philosophie, la psychologie, l'histoire et l'analyse des textes anciens et des discours d'aujourd'hui, afin de comprendre la logique à l'œuvre derrière les sortilèges de l'imagination populaire et savante. Le caractère exemplaire des sujets retenus fait de ce livre un véritable petit traité de folklorisme.

 

Avec la présence de la mythique montagne pyrénéenne, source inépuisable d’histoires extraordinaires, mais aussi parce que les bacchanales païennes du passé sont nées sur des terres rebelles sur lesquelles le Catharisme a pu naturellement s’épanouir, le mystère a régné pendant des siècles, en Midi-Pyrénées.

 

Créatures étranges, êtres diaboliques ou fantastiques peuplaient les nuits pyrénéennes : femmes lilliputiennes, génies des eaux, nains aux pieds palmés, chouettes de l’enfer…Ces personnages fantasmagoriques subsistent jusque dans le verbe populaire : « Lou Dat » désigne en Gascogne l’enfant adopté, en référence à une femme naine aux pieds d’oie, découverte dans une grotte au Sud de Saint-Gaudens.

 

Drac et bouc noir trouvent leur place dans ce fantastique bestiaire. Quant au Follet, génie responsable d’un vent de fécondité, il était en son temps la terreur des jeunes filles. D’une vallée à l’autre, les légendes continuent de s’entretenir. « Chez nous, dit un berger du Couserans, on ne croit pas. On craint.»

 

La Dame Blanche du château de Montségur : " Lorsque les nuages arrivent, lorsque le ciel s'assombrit, lorsque le tonnerre gronde, les habitants de la vallée, les bergers, et les montagnards savent qu'il faut quitter le pog de Montségur et vite rentrer. Une tempête en montagne, c'est terrible. Mais si vous faites partie des fous ou des téméraires, Il est possible que vous assistiez à un phénomène étrange !!!!

 

Au-dessus du village, près des murs du château en ruine, noircis par le carnage de 1244, apparaît une forme blanche qui marche lentement. C'est Esclarmonde, la dame blanche du château d’Esclarmonde est la fille du seigneur de Péreilhe, un des chefs de la résistance héroïque à Montségur. ECLAIR serait le synonyme d'Esclarmonde. De loin, curieusement, cette apparition semble danser sous la pluie, jouer avec le vent, tourner avec la foudre en levant ses longs bras vers le ciel. Il semble que tous les démons du ciel soient attirés par elle. Mais si vous vous approcher d'elle, vous entendrez au milieu du souffle du vent, des chants tristes, des mots de gémissements, et des pleurs à vous glacer le sang. Esclarmonde pleure les victimes de ce mois de mars encore dans nos mémoires, où ces 250 amis cathare périrent sous le joug des seigneurs du Nord. Lorsque la tempête s'éloigne, et que le soleil tente de se faire une place au milieu des denses nuages noirs, la Dame blanche disparaît, non sans avoir jeté un dernier regard vers sa ruine. Certains habitants affirment qu'elle est là pour nous prévenir d'une catastrophe, et nous protéger des flammes du ciel ..... mais ils ne le disent qu'avec les yeux plissés et à voix basse. "

 

rosslyn – gardien des secrets du saint graal

W. murphy & M. hopkins

Edition Trédaniel

 1999

Les auteurs sont partis sur les traces des plus grands mystiques de l’histoire spirituelle. Ils ont rencontré des néo-platoniciens, des templiers, des gnostiques, des Franc-maçons, des Cathares, des bâtisseurs de Cathédrales, tous membres de la confrérie du Saint Graal.

 

Ils ont visité les plus hauts lieux spirituels fonctionnant à la manière des Chakras. Ils sont allés des sanctuaires égyptiens à St Jacques de Compostelle, de Toulouse à Chartres et de Paris, à Rosslyn, cette petite chapelle qui a tant de secrets, ils vous la font découvrir à travers ce pèlerinage initiatique.

Tout au long de l'histoire, des artistes ont truffé leurs oeuvres de codes, de symboles et de références occultes : Mozart aurait intégré des références maçonniques dans certains de ses opéras et les tableaux de Léonard de Vinci semblent souvent remplis de symboles subtils et d'allusions sous-jacentes…Les architectes aussi ont glissé des messages cachés dans leurs édifices. À Roslin, en Écosse, se trouve l'énigmatique chapelle de Rosslyn, dont la première pierre fut posée le jour de la Saint-Matthieu en 1446. Elle foisonne de références cachées et codées qui fascinent les visiteurs depuis des siècles. L'une des principales curiosités de cette chapelle est le pilier de l'Apprenti, qui forme une magnifique hélice sculptée.

Rosslyn Chapel : l’endroit se situe à quelques dizaines de kilomètres d'Edimbourg, la capitale culturelle de l'Ecosse, dans un village sans intérêt particulier. Des inscriptions sacrées celtes ont été trouvées à proximité, et Rosslyn fait partie d'un complexe druidique dédié à Saturne, l'étape ultime de l'initiation celte.

Ecosse... Terre de légendes, qui vibre encore du massacre infligé par les Anglais à sa noblesse en 1746. Le pays ne s'en releva jamais. Terre où de nombreux voyageurs se pressèrent pourtant, souvent au péril de leur vie, dans une nature aussi grandiose qu'hostile. Justement, certains de ces errants furent des êtres d'une haute spiritualité. Ils trouvèrent là un refuge contre les persécutions de leur temps. Nombre de routes en Europe et en Orient furent empruntées pour conduire à ce lieu particulier, point focal qui ne doit rien au hasard, comme en témoigne le nom même de la famille qui fit édifier l'église : les Saint Clair. Un nom normand, lié à des ancêtres scandinaves. Nous verrons que cette origine explique certains symboles de Rosslyn. Mentionnons que l'un des Saint Clair fut présent lors de la chute de Jérusalem en 1099, et que le lien de cette famille avec les Templiers est avéré. On trouve d'ailleurs dans la chapelle une sculpture où deux cavaliers chevauchent le même cheval, une image bien connue des Templiers. Il est encore plus étrange de voir que l'un d'entre eux est une femme, celle que le chevalier Saint Clair escorta afin qu'elle épouse le roi d'Ecosse : en récompense, il devint le porteur de la Coupe de la Reine... une fonction qui le relie directement à la Quête du Graal !

Rosslyn Chapel fut fondée par William de St Clair au milieu du 15e siècle ; son titre de noblesse est révélateur : "Chevalier de la Coquille et de la Toison d'Or". La coquille pour St Jacques de Compostelle - certains pèlerins déposaient à Rosslyn leur coquille après leur voyage -, et la Toison d'Or pour l'Ordre ésotérique créé par les Ducs de Bourgogne alors alliés de l'Angleterre. William est décrit comme le protecteur des ouvrages d'art et Grand Maître Héréditaire des Maçons. Le blason de la famille traduit encore ce caractère initiatique : un phénix sur son bûcher, avec le message : "rené plus glorieux encore", un aigle portant les mots : "apprécie le soleil sous une lumière  pure".

La construction dura 38 ans. Sir William dirigea personnellement l'ouvrage puis son fils suivit ses instructions ; des maçons affluèrent de toute l'Europe. L'édifice de Rosslyn est une collégiale, c'est-à-dire un lieu habituellement consacré pour honorer par des prières la mémoire de son constructeur. Or ce ne fut jamais le cas, William n'ayant jamais ordonné pareil culte. La collégiale demeura cependant inachevée… et une terrible tragédie entacha le lieu.

La légende relate que le Maître Maçon reçut l'ordre d'exécuter un pilier selon un modèle exact. L'oeuvre à réaliser était si belle et si difficile que le Maître sentit qu'il devait partir se recueillir à l'étranger en un lieu saint avant d'entamer le travail. Durant son absence, un apprenti osa entreprendre l'ouvrage et signa ainsi son extraordinaire habileté. Le Maître revint... et devant le résultat, il fut prit d'une jalousie telle qu'il tua sur le champ l'apprenti d'un coup de maillet à la tête. Il fut à son tour châtié de manière exemplaire : pendu ! Depuis ce jour, la tête de l'apprenti figure sur un pilier face à celle de son Maître... Un autre récit ajoute que l'évêque des lieux se trouvait à Rome tandis que la construction de l'édifice s'achevait. Il obtint du Pape l'autorisation de "réconcilier Rosslyn", c'est-à-dire d'effacer symboliquement toute trace d'un acte de violence commis sur les lieux. Cependant cette affaire se révèle beaucoup plus troublante encore

Tout d'abord, aucune archive ne fait état d'une agression perpétrée à Rosslyn, et le Vatican ne conserve aucun avis du Pape de l'époque concernant la "Réconciliation". D'autre part, la sculpture de la tête de l'apprenti assassiné n'est pas située sur son propre pilier mais sur celui de son Maître ; et c'est celle du Maître qui couronne le pilier de l'apprenti...  Une observation rapprochée de la tête du Maître montre que celui-ci ne grimace pas de douleur mais... rit aux éclats. De plus, un signe gravé sur un mur de la crypte où les maçons façonnaient la pierre indique qu'un secret prodigieux est caché dans l'édifice ! De quelle nature est-il ? Retournons donc au pilier de l'Apprenti ...

Ce pilier surpasse en ornementation tous les autres de la collégiale. Son tronc se termine par les 12 constellations du zodiaque tandis que ses racines sont entourées par des dragons serpents. Pareille description renvoie immédiatement à la spiritualité scandinave. Ce pilier est en fait un arbre, et le plus fameux d'entre tous : Yggdrasill. Ses racines sont constamment rongées par un serpent qui se nourrit de sa sève : il s'élance en portant plusieurs mondes à différents niveaux, ce qui montre leur degré de spiritualité. Le monde des hommes figure au milieu ; par conséquent, les humains doivent effectuer un choix qui les conduira à une élévation vers la lumière ou à une descente vers les profondeurs des instincts. Le monde des Elfes culmine au sommet. Le zodiaque du pilier signifie que la création est couronnée par des forces qui œuvrent en unité au service de l'épanouissement de la conscience. Cet Arbre, c'est l'Arbre de Vie. Mais Yggdrasill est aussi ... l'Arbre du pendu ... ce qui nous renvoie au Maître du pilier !

Le dieu scandinave Odin avait à cœur de sauver les mondes de la destruction et de l'ignorance. Il descendit jusqu'aux racines de l'Arbre, où il se pendit. Cette épreuve dura neuf jours et neuf nuits ; elle lui apporta la révélation du Plan de la Vie sous forme de runes qu'il devint capable de déchiffrer. Lorsqu'il émergea de cette ultime méditation, il avait assimilé toute la sagesse de l'Arbre et il était capable de soigner les hommes auxquels il fit don du secret des runes. L'Arbre exigea d'Odin une compensation pour sa contribution, et le dieu se défit d'un de ses yeux. Odin, le dieu borgne, déambula dans les mondes, son œil restant lui procurant la vision unifiée du dessein de l'univers. Apprécie le soleil sous une lumière pure... Ainsi le Maître pendu n'est autre qu'Odin, qui offre encore bien des ressemblances avec le Christ ! René plus glorieux encore ... Il est donc logique que l'Apprenti, ayant mésusé de ses pouvoirs afin de satisfaire son orgueil, contemple maintenant au haut du pilier-Arbre le Maître qu'il a su devenir, et qui jubile du devoir accompli ! Par conséquent, la fameuse "Réconciliation" du Vatican revêt une autre signification

 

rosslyn – le glaive & le graal – les secrets de rosslyn chapel

Andrew sinclair

Edition Déméter

 2006

« J’étais allé à la chapelle et j’avais demandé s’il y avait un rapport avec les Templiers. Le conservateur semblait allergique aux confidences, car ces Templiers avaient été condamnés pour hérésie et leur Grand Maître avait été brûlé sur le bûcher alors que Rosslyn Chapel est de nos jours intégrée dans l’Église d’Écosse… Je tombai par hasard sur une obscure plaque oblongue abandonnée dans un coin sombre. C’était assez petit, assez même pour être une stèle de nain. Je ne pouvais pas bien la voir. En m’accroupissant dans la pénombre, je pus toutefois distinguer les contours d’un glaive sculpté dessus… »


C’est la découverte de cette pierre tombale dans une chapelle érigée par ses ancêtres qui mit Andrew Sinclair, écrivain et historien de renom sur une piste qui allait le mener à des réaffirmations majeures non seulement pour notre compréhension de la découverte de l’Amérique mais aussi pour notre compréhension des origines des Franc-maçons et du rôle qu’ils ont joué dans l’histoire du monde.

Basée sur une évidence archéologique récente et renversante, « Le Glaive et le Graal », tant en Grande Bretagne qu’aux États-Unis, décrit le rôle joué par l’Ordre des Chevaliers du Temple. On prouve là qu’ils sont bien les « ancêtres » des Franc-maçons. On évoque également une autre « découverte de l’Amérique ».

Alors qu’ils fuyaient des autorités qui avaient juré leur destruction, un groupe de Templiers devenu hors la loi, transporta le trésor jusqu’au château des St Clair où les reliques des Chevaliers sont encore inhumées.

La tombe de leur Grand Maître St Clair, avec un Graal sculpté dans la pierre, repose dans Rosslyn, chapelle emblématique du mouvement maçonnique. Grâce à ses compétences maritimes et à la fortune des Templiers, le Prince Henri St Clair, Grand Maître partit à la recherche d’une nouvelle Jérusalem dans le Nouveau Monde. Il prit pied avec trois cents colons en premier en Nova Scotia comme on l’appelle maintenant. Ce fut ensuite la Nouvelle Angleterre plus de 90 ans en avance sur Colomb.


Écrit par un descendant direct du Prince Henri St Clair, Andrew Sinclair, « Le Glaive et le Graal » a fasciné un nombre incalculable de lecteurs dont l’intérêt pour les Templiers fut stimulé par « Le Pendule de Foucault » et « The Holly Blood and the Holy Grail ». Toute cette recherche est originale et révélera finalement de profonds mystères datant du Moyen Âge.


Andrew SINCLAIR vit à Londres, c’est un historien, nouvelliste, critique, scénariste avec plus de vingt œuvres à son actif, entre autres : The Breaking of Bumbo, Gog and Magog, Dylan Thomas : Poet of his people, Jack : A biography of Jack London, Sir Walter Raleigh and the Age of Discovery, The Red and the Bleu : Intelligence, Treason and the Universities.

 

ROSSLYN – SPLENDEURS, MYTHES et RÈALITÉS  

Robert L.D. COOPER

ÉDITION DE LA HUTTE

 2011

Cela fait 20 ans que des livres toujours plus nombreux créent ou alimentent des légendes autour de Rosslyn Chapel, alors où est la vérité à propos de ce lieu et quelle est cette vérité ?  Depuis la publication du roman Da Vinci Code, l’intérêt pour le sujet a encore augmenté. Un grand nombre de passionnés se sont posés des questions et ont échafaudé leurs propres théories à propos de l’ensemble mythique Rosslyn – Sinclair – Templier – Graal – Franc-maçonnerie -.

 

Ce livre est le produit des recherches entreprises par Robert Cooper pour répondre aux milliers de questions qu’il a reçues depuis qu’il occupe le poste de conservateur du musée et de la bibliothèque de la Grande Loge d’Ecosse.

 

Sa stature de grand historien universitaire reconnu mondialement et la méthodologie très sérieuse qui va avec, permettent de répondre à bien des questions. Le public a-t-il été victime d’un canular massif ?

 

Les Franc-maçons eux-mêmes ont-ils été manipulés ? Est-il possible que la chapelle de Rosslyn ait été modifiée pour paraître maçonnique. Et tout ceci pourquoi, et au bénéfice de qui ?

 

Robert L.D. Cooper, dans le cadre de sa charge à Edinburgh à la Grande Loge d’Ecosse, est dépositaire de quelques- uns des plus anciens et des plus précieux documents maçonniques du monde, aussi il nous explique les faits documentés et prouvés au sujet de cette énigme de Rosslyn Chapel, un livre très documenté et passionnant. Un autre objectif de ce livre est de traiter l’histoire de la franc-maçonnerie écossaise de façon plus approfondie, car depuis le livre très documenté et magnifique de David Stevenson, rien n’a été fait.

 

D'aucuns pensent que ce pilier et son pendant, le pilier du Maître, représentent Boaz et Jachin, les piliers qui ornaient l'entrée du premier temple de Jérusalem. Sur l'architrave qui relie les deux piliers, on peut lire l'inscription latine Forte est vinum fortior est rex fortiores sunt mulieres super omnia vincit veritas, c'est-à-dire : « le vin est fort, le roi est plus fort, les femmes encore plus fortes, mais c'est la vérité qui domine tout. » Cette citation provient du troisième chapitre du livre d'Esdras, un livre apocryphe de la Bible. Cette chapelle a également un lien très ancien avec la franc-maçonnerie, et même, d'après la légende, avec les Templiers... On trouve dans l'église de multiples références à la clé d'Hiram, composante majeure de la légende maçonnique. À l'époque moderne, l'édifice a souvent été utilisé pour les cérémonies des francs-maçons.

 

À cause de son lien avec la franc-maçonnerie et des rumeurs selon lesquelles elle recèlerait des cryptes secrètes, la chapelle a parfois été évoquée comme le lieu où pourrait reposer le Saint-Graal : trois coffres médiévaux seraient enterrés dans les environs… Mais les recherches au scanner et des fouilles dans et autour de l'édifice n'ont jamais rien révélé. Une des explorations, cependant, donna d'intéressants résultats : en 2005, le compositeur écossais Stuart Mitchell a réussi à élucider une série complexe de codes cachés dans 213 cubes du plafond de la chapelle. Après avoir réfléchi au problème pendant 20 ans, Mitchell a découvert que les motifs des cubes formaient une partition de musique écrite pour 13 musiciens du Moyen Âge. Ces sons inhabituels auraient eu une signification spirituelle pour les constructeurs de la chapelle.

 

La clé du déchiffrement est apparue lorsqu'il a découvert que des pierres situées au pied de chacun des 12 piliers de la chapelle formaient une cadence (les trois accords finaux d'un morceau de musique) dont il n'existait que trois variantes connues ou jouées au XVe siècle. En octobre 2005, il déclarait dans le journal The Scotsman : « c'est un morceau en trois temps qui ressemble à une chanson d'enfant. Il est écrit en plain-chant, une forme de composition courante à l'époque. Dans les années 1400, il n'y avait pas vraiment d'indications concernant le tempo, donc j'ai choisi de le jouer en six minutes et demie. Mais avec un tempo différent, on pourrait très bien le faire durer sur huit minutes. » C'est la chapelle elle-même qui fournit les instructions concernant les musiciens qui doivent interpréter ce morceau : au sommet de chaque pilier est sculpté un musicien jouant d'un instrument médiéval différent - cornemuses, pipeaux, trompette, orgue à bouche médiévale, guitare - ou un chanteur. Mitchell a intitulé ce morceau The Rosslyn Canon of Proportions.

 

Les thèmes de cet ouvrage :

 

Le pouvoir du mythe – L’ère de la Grande Loge au XVIIIe siècle et avant – La période romantique du XIXe siècle – La famille Saint-Clair –Une description de Rosslyn Chapel, un monstre d’architecture absolument unique, avec les explications pour tous les symboles intérieurs et extérieurs – les différents piliers intérieurs avec explications – Le rouleau de Kirkwall sur lequel est peint des textes hébraïques et des images de la Genèse, ainsi que des symboles ésotériques et alchimiques, est en plusieurs panneaux. On y trouve également le Temple de Salomon et les 12 tribus d’Israël, sur le 7e panneau sont peint de très nombreux symboles maçonniques. Ce panneau après examen au carbone 14, daterait de 1750/1760 environ.- Excommunication de Bruce – La bataille de Bannockburn – Kilneuair church – Les documents templiers – La restauration actuelle de Rosslyn –

18 S

Symboles et mythes dans les mouvements initiatiques et Ésotériques du 17ème au 20ème siÈcles

Collection ARIES

Edition  Arché

 1999

La notion de « tradition ésotérique » qui sous-entend ou justifie tant de mouvements initiatiques modernes, se prête à des interprétations sans nombre. Le polysémisme inquiétant d’un terme devenu presque indéfinissable à force d’être entendu de façon si changeante et si contrastée, conduit même à se demander si cette exubérance traduit une réelle richesse, ou une authentique confusion.

 

Tout l’objet de ce colloque tourne donc autour d’explications sur le thème de la « tradition » qu’elle soit ésotérique, spirituelle, symbolique, alchimique, maçonnique, historique ou métaphysique.

 

Au sommaire de ces conférences :

 

Avant -propos de Roger Dachez  

Antoine Faivre : Histoire de la notion moderne de Tradition dans ses rapports avec les courants ésotéristes (XVe – XXe siècle)

Roger Dachez : Tradition du métier et sources historiques de la pensée symbolique dans la maçonnerie spéculative.

Jan Snoek : The évolution of the Hiramic legend from Prichard’s Masonry Dissected (conférence en anglais)

Pierre Mollier: Des Franc-maçons aux Templiers: Aperçus sur la constitution d’une légende au siècle des lumières.

Roland Edighoffer : La Rose+Croix : de la fabulation à la tradition maçonnique.

Lima de Freitas : Fernando Pesoa et le tombeau de Christian Rosenkreutz.

Wouter J. Hanegraaff : La fin de l’ésotérisme ? Le mouvement du Nouvel Âge et la question du symbolisme religieux.

Massimo Introvigne : De l’hypertrophie de la filiation : le milieu kremmerzien en Italie

18 T

TROIS MINUTES POUR COMPRENDRE 50 MYTHES ET LḖGENDES INITIATIQUES

Irène Mainguy

Le Courrier du Livre

 2018

50 mythes et légendes initiatiques décrits et expliqués de manière claire et accessible : mythes et légendes cosmiques (Noé, Thor, Janus...) ; sur la Connaissance (Prométhée, Orphée, Hermès...) ; sur l'immortalité (Psyché, Faust, Dracula...) ; héroïques (Casanova, Don Juan...) ; sur la construction (Salomon, Mélusine...) ; sur l'androgynie (Tristan et Iseult,...) ; sur la quête spirituelle (Thot, Galaad, Merlin...). Noé ou le rescapé du déluge, Don Quichotte ou le chevalier de l’utopie, Prométhée ou le transmetteur de la connaissance, Faust ou le pactiseur avec le diable… Les mythes et légendes initiatiques sont présents dans toutes les traditions. D’une portée universelle, nourris de symboles, ils nous interpellent sur l’origine du monde et donnent réponse aux questions essentielles : D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? À travers le parcours initiatique de personnages hors du commun, héros ou anti-héros, légendaires ou historiques, ils nous indiquent comment surmonter les épreuves qui jalonnent notre existence, et œuvrer, tel un alchimiste, à une transformation de soi en profondeur. Ainsi mythes et légendes sont-ils porteurs de messages vecteurs de sacré et de transcendance. Ils forment les racines d’un arbre unique, celui d’une culture millénaire, un patrimoine auquel l’esprit humain est dans la nécessité de se référer pour trouver sa Vérité.

Les écoles de mystère font prendre conscience de la présence de l’homme originel endormi au fond du cœur. Il est assoupi depuis si longtemps que nous avons oublié sa présence. Parfois cependant, une émotion l’éveille, ouvrant une voie permettant d’entendre un instant sa voix. Parmi toutes les formes de l’art des hommes, la poésie et la musique portent directement la parole de cet être mystérieux et secret, mais d’autres chemins mènent à lui. Depuis toujours, les enseignements ésotériques nous révèlent sa présence et sa nature véritable. Ils dévoilent progressivement aux initiés quel est le sens des vieux mythes et des antiques traditions, expliquant ce que signifient les fables et les légendes venues vers nous du fond des âges. Beaucoup des histoires et des contes traditionnels contiennent une même révélation adaptée au lieu du récit, à la civilisation du moment, ou à la qualité de l’auditeur.

On la trouve même dans les vieux contes de fées. Celui de la Belle au Bois Dormant, par exemple, raconte dans un langage pour enfants comment l’âme admirable, endormie depuis si longtemps dans le donjon d’orgueil, au cœur de la forêt d’épines de tous les dangers de la vie terrestre, peut-être un jour éveillée par le baiser d’amour du prince audacieux, le chercheur de vérité. Et l’histoire de Peau d’âne est construite sur le même schéma général. De tous temps, donc, le même message initiatique est délivré aux chercheurs spirituels en usant des moyens divers disponibles dans les conditions et possibilités de l’époque. On a utilisé des allégories littéraires (la caverne de Platon), des légendes (les Chevaliers de la Table ronde), des contes, (comme celui de la Belle au bois dormant), des fabliaux philosophiques (Contes soufis). Et certains films actuels, (Truman Show, Matrix, etc..), tentent de le faire. Beaucoup de ces récits ne sont pas inventés simplement pour distraire. Ils nous transmettent une image symbolique menant à la révélation initiatique enseignée par la sagesse traditionnelle. Ils représentent notre destin car nous recherchons tous notre double intérieur et secret. Et dans le château clos de notre cœur égoïste, une créature merveilleuse attend toujours le prince intrépide que nous pouvons être pour qu’enfin, d’un baiser, il l’éveille.

Avant de développer un peu plus des idées, il faut évoquer les travaux de Mircea Eliade. Ce chercheur, (1907 + 1986), est l'un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Au centre de l'expérience religieuse de l’homme, Eliade situe la notion du « sacré ». Il nous dit que la fonction du mythe est de donner une signification au monde et à l'existence humaine. Grâce au mythe, le monde se laisse enfin saisir en tant que cosmos parfaitement intelligible. Considéré comme littérature d’amusement, dit Eliade, le conte merveilleux contient un scénario d’initiation avec ses épreuves typiques, la lutte contre le monstre, les travaux impossibles, le mariage avec la princesse. Il implique une sorte de mort et de résurrection. L’initiation est renvoyée dans l’imaginaire. Cependant, dans la psyché profonde, les scénarios initiatiques conservent leur fonction et continuent d’opérer des mutations dans la conscience moderne.

Cette citation permet d’aborder les aspects un peu techniques de la structure habituelle d’un conte, sachant aussi qu’ils ne sont pas tous initiatiques. Ordinairement, le récit ou la fable pédagogique comporte quatre parties : un exposé de la situation, une montée de l’action, une chute surprenante, et une morale. C’est une structure rédactionnelle assez classique. Le conte, initiatique ou pas, ne comporte que trois phases, la morale en étant rarement exploitée.   L’enseignement qu’on tire d’une fable est immédiatement utilisable. Le conte est distrayant. Mais lorsqu’il est initiatique, son rôle est différent. Il prépare l’auditeur à l’initiation à venir. En cette attente, le récit doit être simplement mémorisé. Comme un conte ordinaire, il raconte l’aventure émouvante de personnages sympathiques dans des situations étonnantes. La mémoire est stimulée car le lecteur est ravi. Survient alors parfois l’instant de l’initiation.

Il est difficile de devenir adulte. Impliquant mort et résurrection, l’initiation peut être pénible. Le conte initiatique aussi, meurt et ressuscite. La révélation du sens anéantit la magie du récit féerique et ses aimables personnages. L’intelligence initiale du conte merveilleux est alors à jamais perdue, mais la contrepartie de la perte est l’annonce merveilleuse de la résurrection. La Belle devient l’Âme endormie et le Maître soufi est l’Homme Éternel des origines. Dans le passé, l’initiation revenait probablement à un mentor familier. Les temps ont changé, et les contenus ésotériques s’estompent. Quand manque l’initiateur, c’est aux chercheurs de redécouvrir, par eux-mêmes, le sens caché des récits merveilleux. Méditons donc aussi sur un micro conte initiatique, le superbe « logion 29 » de l’Évangile gnostique de Thomas. Comme chercheurs, il nous appartient d’en découvrir, de nous-mêmes,  la signification cachée.

Le conte par ailleurs développe notre intuition et notre réceptivité, et actualise nos potentialités encore inconscientes. Le travail sur les contes nous permet de réaliser la richesse inouïe et les ressources de notre inconscient et nous ouvre au Soi, à l’Unité, à notre nature spirituelle .Les contes, mythes, légendes, sont des passerelles entre conscient et inconscient et nous font véritablement aller de l’autre côté du miroir.

18 V

VILLES  DISPARUES    -  B.A- BA

DANIEL    KIRCHER

Edition PARDES

 2000

Atlantis,  Carthage, Pompéi …..Pour l’occidental, pour l’homme de notre temps, ces noms, parmi bien d’autres, restent chargés d’émotion et de nostalgie. Ils sont, comme le dit si bien Paul Valery, les symboles des civilisations mortelles. Détruites par des catastrophes naturelles, ou par la folie des hommes, ces villes continuent à nous hanter ç travers l’histoire, la légende, le roman ou le film.

Ce livre des villes disparues, fait découvrir leur sort tragique, après avoir décrit leur existence prestigieuse. Il nous mène depuis Alésia, le tombeau de l’indépendance gauloise, jusqu’à Copan et Tikal, les mystérieuses cités Mayas, abandonnées à la jungle, dans un fascinant tour du monde des cités et cultures englouties par le passé. Mieux, il donne de façon vivante, un aperçu de ce qu’était la vie quotidienne des Babyloniens à l’époque de Nabuchodonosor, de l’habitant d’Angkor à l’apogée de l’empire khmer, en passant par celui des citadins d’Antioche au temps des rois séleucides. Les controverses historiques et archéologiques, qui divisent, aujourd’hui encore, autour de l’emplacement d’Alésia, de l’existence de l’Atlantide, de la destruction de Sodome et Gomorrhe, y sont évoquées avec leurs solutions et explications les plus probables.

Grandeur et décadence comme les civilisations, les villes sont mortelles et peuvent disparaître de la carte du monde. La cité d'Epecuen en Argentine a fini engloutie par les eaux, Centralia en Pennsylvanie est consumée depuis des années par un feu souterrain, Colesbukta en Norvège ou Kadykchan en Russie, toutes deux villes minières ont été abandonnées dès les derniers gisements épuisés. Kantubeck en Ouzbékistan, centre de recherche d'armes biologiques durant la Guerre froide est aujourd'hui métamorphosé en dangereux no man's land. Prypiat en Ukraine est morte d'une explosion nucléaire tandis qu'au Japon, Hashima Island a été transformée en décor de films. Folie de la nature ou des hommes, déclin économique ou guerres, lentement ou brutalement, ces disparitions nous fascinent et nous interrogent. Cet ouvrage des cités perdues relate les destins merveilleux et pourtant bien réels de plus de 40 cités dont les vestiges antiques ou modernes hantent la planète,  tout comme des ville modernes devenues "fantômes" à cause de la guerre, ou pour des raisons industrielles. Une perle de curiosité

 

Le 24 août 79, une violente éruption du Vésuve provoque l'enfouissement de la riche cité romaine de Pompéi sous une pluie de cendres volcaniques. Le même jour, le port voisin d'Herculanum, à l'habitat plus populaire, est écrasé, lui, sous une coulée de roches et de laves. Pompéi disparaît sous 6 mètres de lapilli (fines particules de roches volcaniques) et Herculanum sous 16 mètres de boues. Sorties de l'oubli 1700 ans plus tard, ces deux cités nous ont permis, grâce à leur malheur soudain, de connaître la civilisation romaine à son apogée avec autant de précision que si elle s'était éteinte hier.

 

La précédente éruption du Vésuve remontait à 3.500 ans avant JC et n'avait laissé aucun souvenir dans la mémoire des hommes. Aussi les Romains ne savaient-ils même pas que la montagne fertile dominant la baie de Naples était un volcan ! Pourtant, une alerte avait eu lieu le 5 février de l'an 62, sous le règne de l'empereur Néron. Elle s'était traduite par un violent tremblement de terre qui avait détruit une première fois Pompéi. Sans attendre, les riches propriétaires avaient reconstruit les superbes demeures décorées de fresques, de statues, de mosaïques et de fontaines, où ils venaient se reposer des turbulences de la vie romaine.

 

La reconstruction était à peine terminée que le volcan se réveillait pour de bon en l'an 79, sous le règne de Titus, celui-là même qui écrasa avec son père une révolte juive. En une heure, le volcan propulse dans l'atmosphère un énorme nuage de cendres brûlantes en forme de pin parasol. À plusieurs kilomètres de hauteur, ces cendres d'un total de plusieurs millions de tonnes se refroidissent et retombent sous forme de poussières et de pierres ponce sur Pompéi. On parle de nuées ardentes. Sur les 10.000 à 15.000 habitants que devait compter Pompéi, on en a retrouvé à ce jour 2.000 qui ont succombé par asphyxie. Habitués aux tremblements de terre mais ignorant tout du volcanisme, ils avaient négligé de fuir quand il en était encore temps.

Quelques heures plus tard, une coulée composée de roches en fusion et de cendres, dite pyroclastique, dévale la pente du Vésuve et carbonise instantanément Herculanum et ses habitants. On retrouvera deux mille ans plus tard des débris de squelettes. Au total, en près de 24 heures, le Vésuve entraîne la mort de plusieurs milliers de personnes dans les villes et les campagnes du golfe de Naples.

 

À Misène, à la pointe nord du golfe de Naples, un jeune homme de 17 ans, Pline le Jeune, assiste à l'éruption et en rédige le compte-rendu détaillé dans deux lettres. Les vulcanologues donneront bien plus tard le qualificatif de plinéen à une éruption volcanique comme celle qu'il a décrite. L'oncle du jeune homme, Pline l'Ancien, est un savant connu pour une gigantesque Histoire naturelle en 37 volumes (on lui doit aussi cette critique des excès gastronomiques de ses concitoyens : «Un cuisinier coûte plus cher qu'un triomphe»). Au moment de la catastrophe, il commande la flotte romaine qui mouille à Misène. Mû par la curiosité scientifique et par un sentiment d'humanité, il meurt asphyxié sur la plage de Stabies après avoir tenté avec ses navires d'apporter de l'aide à des habitants.

 

La disparition de Pompéi et d'Herculanum est une tragédie humaine comme on en voit hélas à toutes les époques et sur tous les continents. Si elle a gardé une place à part dans l'Histoire, c'est qu'elle s'est avérée être une bénédiction pour les archéologues et les artistes des temps modernes.

 

L'éruption du Vésuve et les villes martyres sont tombées dans l'oubli pendant plusieurs siècles. Puis, au XVIIIe siècle, des paysans, en  poussant leur charrue, sortent de terre des vestiges antiques. Ceux-ci suscitent la curiosité du prince d'Elbeuf, un noble de la cour des Habsbourg. Il dirige en 1710 une campagne de fouilles sur ce qui s'avèrera être l'amphithéâtre d'Herculanum et extrait trois belles statues féminines de marbre. Il en fait don à son cousin, le prince Eugène de Savoie.  Ce premier acte de pillage va être de nombreux autres jusqu'à ce que les autorités napolitaines interdisent l'exportation des vestiges. 

 

À la fin du XVIIIe siècle, sous le règne du falot Ferdinand VII et de sa brillante épouse Marie-Caroline de Habsbourg, le site de Pompéi devient une destination à la mode pour les nobles de toute l'Europe comme pour les savants. Les trésors de l'empire romain recueillis à Pompéi deviennent une source d'inspiration pour les décorateurs et les artistes qui inaugurent en France les styles Directoire et Empire. Ainsi le sculpteur Canova a-t-il réalisé dans le style antique la statue de Pauline Bonaparte nue que l'on peut voir à la villa Borghèse, à Rome.

 

Villes mythiques  étudiées :   Alésia  ,  Atlantis ,  Carthage  ,  Pompéi  , Ys ,  Antioche,  Babylone , Troie , Sodome  et  Gomorrhe , Adama , Seboïa , et Zoar , Mohenjo-Daro ,  Angkor , les cités Mayas de Machu - Picchu , de Cancun et de Tikal .

 

VOYAGE AU CŒUR DES MYTHESLes mythes comme guide de notre vie

Liz Greene et J. Sharman-Burke 

Edition Dervy

 2013 

« L’une des grandes fonctions thérapeutiques du mythe est de nous montrer que nous ne sommes pas seuls à éprouver ces sentiments de peurs de conflits et d’aspirations ».

Les dieux grecs, les héros nordiques, les esprits malicieux polynésiens, les guerriers amérindiens et bien d’autres personnages des mythologies mondiales ont tous des leçons à nous enseigner. Depuis le commencement des temps, les êtres humains se sont reposés sur les mythes, les légendes, les contes de fées et les fables pour tenter d’expliquer les mystères de la vie et pour éclairer la nature humaine. Les auteurs examinent ces récits séculaires à la lumière du passé.

Plus de cinquante mythes sont ici merveilleusement racontés et chacun est suivi par une analyse psychologique expliquant l’application, très claire et très pratique, que l’on peut faire de ce mythe dans nos vies.

Les contes sont en outre illustrés avec force, sagesse et beauté par de fascinantes œuvres d’artistes tels que Rubens, Klimt, Renoir, Blake, les Préraphaélites et bien d’autres qui ont puisé leur inspiration dans ces histoires.

Voyage au cœur des mythes est un manuel pour comprendre la vie humaine, aider les lecteurs à traverser les conflits de famille ou les drames de l’enfance, à faire face aux problèmes de l’amour, du pouvoir et des ambitions… Nous découvrons que la vraie connaissance de soi procède de la capacité à répondre aux défis de la vie avec force et courage ; que la beauté, le talent, le pouvoir et la richesse apportent leurs propres formas de souffrance ; et que dans les ténèbres de la solitude, de l’échec et du deuil, nous avons toujours à découvrir une nouvelle lumière et un nouvel espoir.

Au sommaire de cet ouvrage :

Connais les mythes, l’univers et les dieux, et tu te connaitras toi-même –

Première partie : Au commencement - Parents et enfants - Thétis et Achille - Héra et Héphaïstos - Orion et Oenopion - Thésée et Hippolyte - Osiris, Isis et Horus - L’histoire de Poia -

Frère et sœurs : Caïn et Abel - Arès et Héphaïstos - Remus et Romulus - Antigone -

Héritage familial : Les enfants du vent - La maison de Thèbes - La maison des Atrides -

Deuxième partie : Devenir une personne - Quitter sa maison - Adam et Eve - Le départ de Bouddha - Peredur, fils d’Ebrauc -

Conquérir son autonomie : Siegfried - le bel inconnu - Gilgamesh et l’arbre de vie -

La quête de sens : Vainamoinen et le talisman - Parsifal et le Graal - Persée -

Troisième partie : Amour et relations - Passion et répulsion - Echo de Narcisse - Cybèle et Attis - Samson et Dalila - L’enchantement de Merlin -

Le triangle éternel - Le mariage de Zeus et Héra - Arthur et Guenièvre -

Mariage - Gerda et Fry - La transformation de Nyneve - Alceste et Admète - Ulysse et Pénélope -

Quatrième partie : Trouver sa vocation - Lug - Deus frères - Phaéton et le chariot du soleil -

Convoitise et ambition - Arachné - L’anneau de Polycrate - Le roi Midas - La corruption d’Andvari -

Responsabilité : Le roi Minos et le taureau - L’armée du roi Arthur en temps de paix - Le jugement de Salomon -

Cinquième partie : Séparation, perte et souffrance - Les épreuves de Job - Orphée et Eurydice - Chiron le centaure -

La quête spirituelle : Les fortunes du docteur Faust - L’illumination du Bouddha - Parsifal -

L’ultime voyage : Maui et la déesse de la mort - Et parmi les morts - Indra et la parade des fourmis

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wagner richard – qui suis-je ?

Jacques viret

Edition PARDES

 2006

L’œuvre wagnérien est un bloc impressionnant aux nombreuses facettes, dont les complexes ramifications idéologiques ont donné lieu à de multiples et contradictoires récupérations : traditionalistes et modernistes, croyants et incroyants y ont trouvé leur pâture.

Faut-il, pour autant, oublier le « wagnérisme » ? Non point, car les interprétations partielles et partiales résolvent leurs contradictions en une unité supérieure, de foisonnante richesse. Cette unité, ce « Qui suis-je ? »

 

Wagner la met en évidence à travers une analyse spectrale appuyée sur les sources, non sans avoir, au préalable, retracé les hauts et bas d’une vie romanesque entre toutes. Cœur du message wagnérien, le langage des sons suggère à la sensibilité intuitive ce que le discours verbal ne peut faire entendre à l’intelligence.

La belle Senta délivre le Hollandais d’une fatale malédiction ; par la prière d’Élisabeth, Tannhäuser obtient son pardon ; Tristan et Isolde vivent une extase d’amour et de mort ; à la mort aussi sont voués Siegfried et Brünnhilde, afin que d’un feu purificateur naisse un monde nouveau et que le saint calice du Graal, celui de la Cène christique, répande sa salvatrice clarté. D’un bout à l’autre de l’œuvre, résonne et rayonne – Son et Lumière – l’Amour rédempteur. Wagner en est, par son art, comme Lohengrin, le chevalier héroïque et, comme Hans Sachs, le chantre inspiré.


Quête du Graal, c’est-à-dire initiation : tel serait, selon d’aucuns, l’essence du message spirituel contenu dans les drames wagnériens. Le Graal de Lohengrin et Parsifal… Au Moyen Âge, la légende du Graal a greffé le salut christique, sur un héritage préchrétien, traditionnel. Wagner en tire, pour son œuvre ultime, sa plus haute évocation de la rédemption par l’amour (p. 70).

Au premier acte, un chœur d’enfants chante, lors de la cérémonie sacrée, les paroles évangéliques prononcées par Jésus le soir du Jeudi Saint, lors de l’institution de la Cène, qui paraît à Wagner et Cosima « ce qu’il y a de plus sublime de tout ce qu’a produit l’humanité, incomparable, divin ». Paroles de consécration selon le catholicisme, ou de commémoration selon le protestantisme.
«Prenez mon sang, prenez mon corps, en souvenir de moi (Parsifal, acte 1.).


Qu’est-ce que le Graal ? En langue occitane, un vase de pierre : graal ou gresal (à rapprocher du français « grès »). Au Moyen Âge, le Saint-Graal, coupe de la Cène, christianise un symbole universel, à partir de traditions celte et orientale qui se sont rencontrées en Provence. L’action de Parsifal se situe en Occitanie, à Montsalvat signifiant « Mont du Salut ».

 

Cependant, le nom originel de ce lieu serait le Mont Schalwadea d’un conte manichéen, narrant comment un jeune homme orphelin de père a récupéré une perle magique dans un château ainsi dénommé. Or, Manichée signifie « pierre vivante » ou « vase vivant »…Le confluent de l’Orient manichéen ou arabe et de l’Occident celtique nous ramène à leur origine commune, hyperboréenne, et à une religion cosmique où la Terre était vue comme une image du Ciel. Claude Lévi-Strauss a découvert, en effet, les plus anciennes traces de la tradition du Graal chez des tribus indiennes du grand nord- américain.


Seize écrits en poésie ou prose, appartenant au cycle arthurien de la Table Ronde, développent la légende chrétienne du Graal entre 1180 et 1230. Parmi eux, la principale source de Wagner : le Parsifal de Wolfram von Eschenbach. La concentration chronologique de ces écrits, et leurs éléments ésotériques, ont amené René Guénon à voir dans les poètes médiévaux du Graal les porte-parole d’une organisation initiatique, en rapport avec les symbolismes corrélés du Centre, du Cœur et du Roi du Monde. Selon une tradition remontant à l’Évangile de Nicodème (apocryphe), ils relatent que Joseph d’Arimathie, notable juif et disciple secret de Jésus, aurait, avant d’ensevelir le Crucifié (Mathieu 27, 57-60), recueilli dans le calice de la Cène le sang et l’eau que la lance du centurion Longin dit s’écouler de son flanc (Jean 19, 34). Avec Nicodème, autre disciple secret (Jean 3, 1-21 et 19, 39), il aurait apporté le calice en Grande-Bretagne à Glastonbury, le légendaire Avalon, où la tradition celtique situe le séjour des bienheureux. Le vase, symbole féminin, s’accompagne d’une lance saignante, symbole masculin, identifiée par le christianisme à celle du centurion.


Partout dans le monde, on a fait – et l’on fait encore – usage d’un vase sacré, réceptacle de nectar régénérateur associé au sang divin, tel le soma de l’Inde brahmanique. Le dieu végétal, qui chaque année meurt et renaît, s’offre à ses fidèles en un breuvage d’immortalité procurant une vision anticipée de l’au-delà. L’implication naturaliste, végétal, du symbole graalique existe, chez Wagner, dans la scène de l’Enchantement du Vendredi Saint. Le prélude de Lorengrin est un autre tableau puissamment évocateur, dont, au troisième acte, sur la même musique, le récit du héros explicitera la signification. Citons-en les termes : le Graal, « vase aux vertus de miraculeuse bénédiction », est transporté du ciel sur la terre par « une légion d’anges » : il répand « une foi bienheureusement pure », et « la nuit de la mort s’efface devant qui le voit ». La provenance céleste du Graal ressortit à la version orientale de la légende, recueillie par Wolfram von Eschenbach, un Templier probablement.

 

Cette tradition, Wolfram dit la tenir du troubadour provençal Kyot, lui-même l’ayant reçue d’un savant et astrologue païen (d’ascendance juive et arabe), Flagetanis. Il la donne comme la forme authentique de la légende et rejette explicitement l’assimilation – si important pour Wagner – du Graal à la coupe de la Cène. Flagetanis, rapporte Wolfram, a vu dans les étoiles un objet divin, le Graal, qu’une cohorte d’anges a déposé sur la terre avant de remonter au ciel, en le confiant à la garde d’hommes très purs et baptisés. Or, le nom Flagetanis est une déformation de Feleck Tani, désignation arabe de la seconde sphère planétaire, celle de Mercure, autrement dit Hermès. Comprenons qu’il nous renvoie à la doctrine hermétique. De fait, le Corpus Hermeticum contient un traité intitulé Le Cratère : vase de la divine Sagesse, Science de l’Intelligence que Dieu a fait descendre ici-bas à l’intention de qui voudra la recevoir. « Le Cratère » ou « la Coupe », enfin, c’est dans le ciel astronomique une constellation, mentionnée dès l’Antiquité par les atlas célestes.

On saisit par- là, derrière les faits matériels et données historiques, le sens spirituel du symbole, que Wagner a évidemment en vue. Il reconnaît en lui « l’inextinguible soif d’amour du cœur humain. Ce que contient la coupe du Graal – Pierre philosophale des alchimistes – est la Connaissance, Gnose, « la plénitude intérieure que les hommes ont toujours cherchée. Recouvrer cette Parole perdue est le but de toute initiation : recentrage, « conversion » (métanoïa). L’adepte se détourne du monde ; « de cette quête obstinée, l’Amour est le mobile, la Connaissance, le fruit ».


Au sein de la doctrine chrétienne, la Connaissance ésotérique appartient à l’Église intérieure et secrète de Jean, rattachée aux deux saints portant ce nom : le Baptiste et l’Évangéliste, fêtés aux deux pôles de l’année, les solstices d’hiver et d’été. C’est l’Église blanche de la Lumière, entre celle, plus secrète encore, de Jacques, patron des alchimistes, et celle, extérieure et exotérique, de Pierre. Les apôtres Pierre, Jean et Jacques contemplèrent la Transfiguration du Christ. Ils personnifient respectivement les trois étapes de la transmutation illuminatrice, selon l’alchimie spirituelle, initiatique : œuvre au noir saturnien de la Putréfaction (mort au monde, Pierre), Œuvre au blanc lunaire de la Solution (purification, Jean), Œuvre au rouge solaire de l’Illumination ; le rouge du vin et du sang… ces trois couleurs sont présentes dans le poème de Parsifal où, de surcroît, plusieurs allusions symboliques au cycle solaire jalonnent le parcours initiatique du héros : lever matinal de l’astre lors du « bain dans le ciel » quand « le roi rentre du bain » ; au troisième acte enfin, « midi, l’heure est venue », celle de l’accomplissement. La statuaire gothique contient au moins deux Vierges au Graal portant le vase sacré ; elles ornent les portails des transepts sud des cathédrales de Strasbourg et Reims. Cette dernière, détruite pendant la guerre de 14-18, tien une lance dans son autre main.

Au Moyen Âge, depuis le XIIème siècle, avait cours une légende relative à un mystérieux et lointain « Royaume du Prêtre Jean », sans doute lié, historiquement, à l’Église nestorienne de Perse et autres pays orientaux. D’après Wolfram, le Prêtre Jean était le fils, né en Inde, de Feirefis, frère de Parsifal. Wagner le mentionne dans un texte de 1848 relatif aux Nibelungen, à propos de l’empereur Frédéric Barberousse dont il projeta de faire le héros d’un drame. Ce monarque, explique-t-il, se tourna vers l’Orient, « foyer primitif des peuples », en participant aux Croisades ; il entendit alors parler du Prêtre Roi qui, en Inde, régnait sur peuple « pur et heureux, voué au culte d’une relique miraculeuse nommée le Saint Graal ». Dès lors, en Occident, « le désir de posséder le Graal remplaça la lutte pour le Trésor des Nibelungen : Parsifal est l’achèvement – ésotérique – du Ring.


Enfin, l’action des Maîtres Chanteur a lieu lors du Johannistag, fête solsticiale de la Saint-Jean d’été. Le martial motif « Maîtres », au début de l’ouverture, a une mélodie qui ressemble à celle du choral à Jean-Baptiste, première intervention chantée. Les quatre notes partout associées par Wagner à l’idée de Rédemption (tonique, quinte, tierce et sixte majeures) y figurent, et sont d’autre part, chantées sur le mot Johannis la première fois que, dans le poème, après le choral initial, est mentionnée la fête.

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YGGdrasill – l’arbre des origines

F. RACHMUHL & D. LOZACH

Edition Alternative

 2002

Pour les mythes nordiques, l’Yggdrasill est l’axe vertical, l’Axis mundi qui joint les enfers aux cieux. C’est l’arbre sacré des civilisations du Nord. Les runes sont indissociables de cette civilisation.

 

Ce livre mélange cette mythologie avec les cercles de Dieux, d’hommes et de géants. Une calligraphie originale est adaptée à cette mythologie.


Yggdrasil  possédait trois racines qui plongeaient dans trois mondes: La première racine naissait dans la source d'Hvergelmir dans Niflheim. Un serpent, appelé Nidhogg, gardait cette source mais il rongeait en même temps la racine pour la détruire. La deuxième racine prenait naissance dans la fontaine de Mimir (Mímisbrunnr) dans Midgard. L'eau de cette fontaine était la source de toute la sagesse. Elle est gardée jalousement par un géant et abrite la tête du dieu Mimir qui détient les secrets du monde.

 

La troisième racine atteignait le puits d'Urd, en Asgard, gardé par les Nornes qui étaient trois vieilles femmes très sages et qui décidaient du destin de chaque être. Même les dieux y étaient soumis.

Plusieurs animaux vivaient dans l'arbre. Quatre cerfs (Dain, Duneyr, Durathor et Dvalin) broutaient le feuillage des branches les plus basses. La chèvre Heidrun, qui vivait dans l'arbre, se nourrissait de ses feuilles. Les abeilles utilisaient la douce rosée qui dégouttait de ses feuilles pour faire du miel. C'est pourquoi le miel était considéré comme un produit céleste. L'aigle, Hræsvelg, et le faucon, Vedrfölnir étaient perchés sur les plus hautes branches d'Yggdrasil. L'écureuil, Ratatosk, parcourait sans cesse son tronc de bas en haut et de haut en bas, transmettant les insultes entre l'aigle et Nidhogg, le serpent-dragon. – Point central de la religion scandinave, Yggdrasil est l’arbre de vie par excellence. Il est l’arbre universel, le soutien de l’univers, lequel se résume en lui.

On ne saura jamais à quel point les forces de la nature détiennent une place prépondérante dans l’imaginaire nordique. Comment peut-on s’en étonner quand on connaît le caractère démesuré du monde scandinave et de tous ses excès climatiques ? Dans un tel contexte, l’homme a tout de suite eu le sentiment de son insignifiance et du peu de poids de son libre arbitre. Pour mieux se rendre accessible son univers, il a peuplé celui-ci d’une multitude de forces destinées à faciliter sa compréhension. Au sein de telles puissances, Yggdrasil apparaît comme un principe stabilisateur et sécurisant, le pilier du monde dont il assure l’équilibre. « Je sais que se dresse un frêne, qui s’appelle Yggdrasil, Dans toutes les religions, l’arbre a toujours proposé une riche symbolique destinée à enrichir la réflexion humaine. Avant toute chose, il représente la vie, exprimée dans son caractère le plus naturel.

En premier lieu, c’est la terre qu’il évoque, celle dans laquelle il plonge ses racines et qui assure sa solidité. A cet effet, le bois apparaît comme la matière naturelle par excellence.. 
L’importance que les Scandinaves accordaient à l’arbre ne saurait avoir de meilleure preuve que leur volonté de placer dans celui-ci l’origine de l’être humain. Effectivement, la Création entière apparaît sous son couvert. Tous les règnes, minéral, végétal et animal, y sont représentés. L’eau irrigue ses racines, les feuilles poussent sur ses branches. Quant aux animaux, les serpents les représentent d’abord au milieu des racines. Les cerfs sont présents à ses branches. Enfin, un grand aigle se dresse sur sa cime. Autant d’images symboliques par lesquelles se trouve étalée toute la diversité de la nature humaine. « Un aigle siège Sur les rameaux du frêne, On dit qu’il sait maintes choses Il y a plus de serpents Gisant sous le frêne Yggdrasil Que ne le soupçonnent les singes malavisés  Je crois qu’ils rogneront toujours les rameaux de l’arbre » 

Une activité débordante règne au sein du grand frêne. En effet, les serpents, et avec eux un dragon, rongent ses racines ; les cerfs broutent ses feuilles ; l’aigle provoque par ses battements d’aile les vents et les tempêtes connus par la Terre. Ainsi, la vie d’Yggdrasil est-elle sans cesse menacée, tout comme celle de l’homme, particulièrement dans la conception nordique, sans cesse tributaire des mouvements de la nature. Pourtant, solide et puissant, il résiste à toutes les épreuves et demeure stable éternellement. S’il parvient à triompher, c’est grâce à la sève qui coule en lui, cette essence première, ce liquide merveilleux qui lui donne sa force vitale. Cette vision fut collée par les Scandinaves sur Ratatöskr, l’écureuil qui, par ses constants va-et-vient du haut en bas d’Yggdrasil et inversement, assurait la relation entre l’aigle et le dragon. A chacun, il répétait ce qu’avait dit l’autre sur lui, attisant ainsi leur hostilité réciproque. Cette lutte n’est pas sans rappeler, dans la religion indienne, celle existant entre Garuda, l’oiseau de proie de Vichnu et les Naga, les serpents, représentations du chaos. C’est très justement l’image du conflit intérieur connu par chaque être humain, celui entre les valeurs sociales que nous imposent nos semblables et les pulsions profondes qui les battent en brèche, entre les aspirations les plus hautes qui nous portent vers le sublime et les nécessités premières qui nous ramènent au monde terrestre

Au-delà de ces tensions, Yggdrasil nous ramène toujours au sentiment de l’unité primordiale. La nature est une, et toujours l’homme se doit de se ressourcer à celle-ci pour trouver la sagesse éternelle, base de son épanouissement personnel. D’abord, à l’instar de tout arbre, il représente la longévité puisqu’il peut vivre longtemps, ce qui en fait le symbole de la maturité. Yggdrasil, lui, est carrément immortel. La forme élancée du frêne en général, son bois ferme et droit en fait un matériau idéal pour la fabrication des armes et des outils. La perfection pouvait être exprimée par d’autres moyens, notamment par un chiffre, le chiffre neuf. D’une valeur quasi-divine dans toutes les religions, celui-ci avait effectivement pour vocation d’exprimer le divin. Ainsi, ce fut après avoir été pendu pendant neuf jours aux branches d’Yggdrasil que le dieu Odin finit par acquérir la suprême connaissance. « Je sais que je pendis A l’arbre battu des vents Neuf nuits pleines, Navré d’une lance Et donné à Odinn, Moi-même à moi-même donné, A cet arbre Dont nul ne sait D’où viennent les racines » . Par ailleurs, le frêne universel mettait en relation neuf mondes, soit les règnes suivants : les dieux Ases, les dieux Vanes, les elfes de lumière, les elfes obscurs, les hommes, les géants, les glaces, le feu, les morts, les uns opposés aux autres,

Surtout, ce qui faisait la force d’Yggdrasil, c’est celle qu’il retirait de ses racines. Dans le règne végétal, ces dernières détiennent une importance primordiale. Plus les racines sont profondes, plus loin vont leurs ramifications, plus forte sera la résistance de l’arbre ou de la plante à leur environnement. Ainsi en va-t-il pour l’homme. Plus il sera enraciné dans son milieu, plus il rayonnera de son énergie et dispensera son amour autour de lui. .
Quel est le rapport entretenu par l’arbre de vie avec ce dernier ? Répondre à cette question nous amène à nous interroger sur le terme Yggdrasil, « le destrier d’Odin » (de Ygg, l’une des dénominations du maître des dieux, et drasil, destrier). On peut s’étonner du rapprochement que l’on vient de faire entre deux éléments naturels aussi différents que l’arbre et le cheval. Pourtant, il n’a pas manqué d’être exprimé par certains psychologues. « Yggdrasil nous a montré le rapport qui existe entre le cheval et la symbolique de l’arbre » disait Carl Gustav Jung.

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Le frêne universel demeure en effet intemporel, même s’il sera mis à rude épreuve quand viendra l’ultime combat, le jour du Ragnarök. « Yggdasil tremble, le grand frêne, gémit le vieux tronc ; Le géant s’est libéré, tout tremble sur le chemin de Hel, Avant qu’il soit avalé par le parent de Surt » [6]. En effet, même le jour du Ragnarök, le « destin des puissances », cette manière d’apocalypse scandinave qui verra la destruction du monde et le retour du chaos, Yggdrasil tremblera, sera mis à mal, mais ne mourra pas. Il devait pour cela s’appuyer sur le sacré présent en lui, utiliser l’aide divine pour exploiter au mieux ses capacités personnelles et ce n’est pas en vain qu’au centre du monde des hommes se dressait l’Asgard, le monde des dieux, l’un et l’autre situés dans la même racine d’Yggdrasil. L’influence des dieux était déterminante pour exprimer au mieux son énergie personnelle. C’est la vie manifestée par Yggdrasil qui résiste à toutes les épreuves, et à travers lui, celle de tout arbre qui parvient à résister aux éléments. Cette vie qui renaît trouve son image dans le couple du futur, dans l’homme et la femme, Lif (« Vie ») et Lifrasir (« Vivace ») abrités par l’arbre de vie, et qui, après le Ragnarök, permettront le repeuplement de la terre.

 

YGGDRASILL   -  LA RELIGION DES ANCIENS SCANDINAVES

Régis  Boyer 

Edition  Payot 

 2007 

Cette présentation de la religion des anciens Scandinaves, depuis les origines connues jusqu’à l’époque viking, respecte deux grands principes.

 

D’une part, elle adopte un mode diachronique : à partir des tout premiers documents que nous livre l’âge de pierre, en passant par les indications de l’âge du bronze, puis par les trouvailles de l’âge du fer, les « hommes des tourbières » danoises notamment, et les souvenirs de l’âge des grandes migrations, nous débouchons sur le grand corpus des Eddas, des poèmes scaldiques et des sagas, qui permettent une vaste synthèse d’une religion dominée par le culte des grandes forces naturelles, que le soleil (élément aérien), Baldr, Tyr, Thorr, l’élément liquide (Odinn) et l’élément tellurique (les Vanes) ont présidé à l’élaboration des mythes et des rites que sous-tendent les notions de Force (ou de Dynamisme) et de Savoir (juridique ou poétique et vitaliste), créatrices d’ordre opposé au chaos.

 

Il s’agit d’une vision consciente et active du monde, de la vie et de l’homme qui ne laisse aucune place ni au doute, ni au désespoir, ni à l’absurde. Elle est tout entière dominée par l’image éminemment prestigieuse du grand arbre Yggdrasill, source de tout savoir, de tout destin et de toute vie.

 

Au sommaire de cet excellent ouvrage :

La réalité nordique-germanique    -    Survol historique    -    Le problème des sources en Scandinavie et en dehors    -    Les Eddas    -    Les trois constantes : L’Eau, le Soleil et la Terre    -    Quelques repères historiques : De -10000 à -3000     -    autour de -2500    -    Les géants    -    Les nains    -    L’âge du bronze (-1500 à -400)    -    Le soleil, une cosmogonie solaire    -    Elément liquide : un rituel marqué par la magie    -    Elément chtonien : une éthique de la fertilité-fécondité -    L’âge du fer (-400 à +800)    -    Thématique des trois axes,  le héros solaire, les hommes des tourbières, thématique tellurique    -    L’âge Viking (+800 à 1100)    -

     les forces de l’ordre et du désordre    -    Aegir et Ran    -    Odinn et les morts    -    Odinn, dieu des scaldes, de la victoire et dieu chamane    -    Les Vanes    -    Cosmogonie et histoire mythique : le chaos initial   -   Ymir – Audumbla      –       Midgardr      –      Ask et Embla    –      Midgardsormr      –     Yggdrasill – Les corps célestes      –      L’âge d’or      –      La bataille des Ases er des Vanes     –      Le Ragnarök     -     Heimdalir  -    Yggdrasill, le tout puissant     -

 

YVAIN LE CHEVALIER AU LION

Chrétien de Troyes

Edition GALLIMARD

 1982

Après le Graal, Chrétien  De Troyes nous donne une histoire d’Yvain, chevalier du Roi Arthur, histoire proche du Graal.

 

Calogerant, le cousin d’Yvain, raconte qu’il a été hébergé dans un château, quand il parlé avec un  vilain  hideux qui lui indiqua le chemin vers une fontaine magique qui amène la pluie lorsque l'on renverse son eau sur son perron. Calogerant renversa alors de l'eau de la fontaine sur le perron, et Esclados le Roux, un chevalier, apparut, sortant du château d'où venait Calogerant. Ils combattirent jusqu'à ce qu'Esclados le vainque. Yvain décide de venger son cousin, et part dans la forêt de Brocéliande. Arrivé à la fontaine, il combat aussi le chevalier Esclados. Celui-ci, presque mort s'enfuit. Yvain le poursuit et se trouve bloqué dans le château. Grâce à une servante, Lunette, qui lui donne un anneau d'invisibilité, Yvain réussit à échapper aux serviteurs qui le cherchent. Quand Yvain est caché dans le château, il tombe amoureux de Laudine, la veuve d'Esclados. Ils se marient, car Yvain l’a convaincu qu’elle a besoin d’un chevalier comme lui pour protéger le château.

 

Mais les amis d'Yvain lui conseillent de partir guerroyer pour garantir son honneur. Laudine accepte à une seule condition : que dans un an, Yvain soit rentré. Elle lui donne aussi un anneau pour lui porter chance. Un an plus tard, Yvain n'est pas encore rentré. Laudine envoie alors un messager devant reprendre l'anneau et annoncer la haine de la reine pour le chevalier. Yvain devient fou de douleur et s'enfuit dans la forêt. Laudine le vit et lui donna un  médicament pour qu’il  se rétablisse. Se réveillant Yvain vit des vêtements, les mit. Reprenant sa route, il sauve un lion qui combattait contre un serpent cracheur de flammes.

 

Le lion devint son ami et le suivit désormais partout. Puis, il retrouve Lunette, enfermée dans une tour et condamnée parce qu'elle est accusée de trahison envers sa dame à tort. Yvain promet de la défendre. Mais, auparavant, il trouve refuge dans un château menacé par un géant qui voulait la main de la fille du propriétaire du château contre la vie de ses quatre autres fils. Yvain le combat et le blesse gravement. Il retourne au château de Laudine, où personne ne le reconnaît, et sauve Lunette. Une autre demoiselle vient alors lui demander son aide car sa sœur veut prendre tout son héritage. Il obtient donc l'honneur d'épouser la fille de Châtelain mais il refuse car il aime encore Laudine. Ils décident d'arrêter cette lutte. C'est finalement Arthur qui résout le différend sur l'héritage. Grace à Lunette, Yvain a pu revoir Laudine, qui lui a pardonne.

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