| Chapitre 17    A
  - Z     (Littérature - Poésie) | 
  
17 A
| AGATHA CHRISTIE, QUI SUIS-JE ? | Camille Galic | Edition Pardès | 2013 | ||
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 Mais il replace aussi la reine Christie dans son époque et « l’âge d’or du roman policier anglais », évoque ses rivales et ses héritières littéraires et brosse aussi, surtout, le portrait souvent inattendu –par exemple, la fascination-répulsion pour le national-socialisme – d’une femme, grande voyageuse et d’esprit très curieux, qu’on ne saurait réduire à une grande bourgeoise peaufinant dans son salon Chippendale, des romans sur mesure pour un public conquis d’avance. Au sommaire de cet ouvrage : Première Dame du crime et premières en chiffre - une valeur refuge Jeunesse dorée – la maison du bonheur - Agatha et la France - les amourettes de la blonde – Guerre et paix du ménage - quand miss Marple devient Mrs Christie - scènes de la vie conjugale - la disparition de Christie - Avec Max Mallowan, à la recherche du temps retrouvé – Idylle en Mésopotamie - la dame et le chevalier - le tour de Christie dans quelques 80 pays - le Moyen-Orient et la Rhodésie – La cigüe pour les assassins - comment peut-on être féministe ? - Dilettante mais stakhanoviste - de Shakespeare aux Nursery Rhymes - « 43 erreurs grammaticales » dans un livre ! - comment l’amateur devint professionnel - les secrets des carnets - de l’édition à la scène - Dis-moi pourquoi tu tues… - L’argent qui corrompt, l’amour qui mène à la mort - Vengeance et respectabilité - La planète Poirot - Ridicule mais investit d’une mission divine - l’indispensable capitaine Hasting - Ariadne, double parodique d’Agatha - Miss Marple, les Beresford et Wodehouse - la justicière du cottage - espionnage, amour et fantaisie - l’ombre de la guerre - chiens fidèles et chat meurtrier - Les races supérieures et les autres - d’abord l’homo britanicus même dégénéré ! - Américains et Russes - Irlandais et latins - peut-on être arabe et démocrate ? - les juifs et l’amour exagéré de l’argent - Allemand et ambivalence - Face au néo-nazisme, une fascination-répulsion - son excellence August Hertzlein - Homosexualité, toxicomanie, inceste et compagnie - Rosalind gardienne du temple - Les grandes dames de l’Âge d’or - miss Marple, Joséphine Tey, les joyeux compères du Detection Club - intuition féminine et fantômes interdits - des héritières abusives - l’invasion des grosses américaines - le siècle d’Agatha - meurtres dormants : le crépuscule des « quarante Glorieuses » - plus dure sera la chute - un drôle de baron rouge - | |||||
| AMATEURS ET VOLEURS DE LIVRES | Albert Cim | Edition Ides et Calendes – Suisse | 1998 | 
| De tout temps, le livre a fasciné les gens, qu’ils soient Pape, Rois, collectionneur, amateur, ou simple quidam, le livre a été un objet de convoitise, et de ce fait a donné lieu à des comportements étonnants. Déjà pour la constitution de la célèbre bibliothèque d’Alexandrie, les différents responsables n’ont pas hésité à voler et à confisquer tous les manuscrits qui arrivaient à Alexandrie et cela s’est développé dans toutes les villes et bibliothèque du monde. Mais le plus curieux et le plus insolite, est le comportement des personnes qui, pour assouvir leurs fantasmes, ont eu recours à des stratagèmes astucieux. C’est ce que nous raconte l’auteur dans ce petit livre, rappelant ainsi un des plus anciens livres écrit sur ce sujet : le Philobiblion de Richard de Bury, écrit en 1340 et qui se veut le plus ancien livre de bibliomanie que l’on connaisse. Le même Richard de Bury, alors chancelier et trésorier de Richard III roi d’Angleterre, raconte que le roi usa et abusa de son autorité pour se faire remettre des livres précieux et des manuscrits par ses sujets, surtout moines et bibliothécaire afin d’assouvir sa passion des livres. Diderot s’était pris d’amitié pour un jeune homme, et presque tous les jours ce jeune homme, qu’il appelait le petit chose, lui amenait un livre de très bonne qualité, que l’on peut qualifier de précieux. Au bout d’un certain temps, Diderot demanda au jeune d’où provenaient ces livres, le’’ petit chose’’ lui répondit qu’ils provenaient de la bibliothèque d’un chanoine de Notre Dame, et qu’il était son secrétaire. Diderot se fâche et lui demande de restituer les livres, mais le’’ petit chose’’ lui répond que ce n’est pas possible car le chanoine est mort depuis 8 jours. Il contacte alors son héritier qui refuse de réintégrer les livres, Diderot sera alors malgré lui obliger de garder ces « emprunts ». A la mort de Diderot sa bibliothèque sera vendue à l’impératrice Catherine de Russie. Le marquis Tacconi de Naples, passionné de livres anciens, fabriquait de la fausse monnaie afin de s’offrir des livres, et bien sur les payait en monnaie de singe, il fut mis aux galères. Le Révérant Père Altieri, bibliothécaire au Vatican, vendit par paquet de 12 de très nombreux manuscrits, qui prirent ainsi le chemin des écoliers pour arriver dans des collections privées ou dans des BN. Il ne fut jamais inquiété. A Barcelone en 1830, le libraire Vincente, ne reculait devant rien, pas même devant le crime pour assouvir sa passion des livres, condamné à mort, il fut exécuté en 1836. Un
  des cas les plus connu et les plus célèbres est celui de Guillaume Libri
  Carrucci, né à Florence, il descend du poète della Sommaia, ami de
  Pétrarque et de Boccace. A cause de sa passion pour les livres, il se fit
  appeler Libri della Sommaia. Déjà son père avait été condamné à Lyon
  pour faux et usage de faux. Libri compromis dans des conspirations
  politiques en Italie, se réfugia en France où il publia dives ouvrages
  scientifiques, car il était réellement d’un haut niveau scientifique doublé
  d’un remarquable mathématicien. Protégé par Arago il obtint en 1832 la chaire
  de Biot au collège de France, naturalisé français en 1833 il est élu membre
  de l’institut. Va suivre durant quelques années une montée fulgurante dans
  les arcanes de la vie parisienne avec tous les honneurs, jusqu’aux fonctions
  d’inspecteur général de l’instruction publique. En 1841 il fut nommé secrétaire d’une commission, chargée de répertorier tous les manuscrits des bibliothèques publiques, ce qui lui donnait le droit d’entrer dans toutes les bibliothèques publiques et municipales de France, notamment la Mazarine, la royale, l’Arsenal, l’institut est beaucoup d’autres. Durant plusieurs années Libri pilla sans vergogne les bibliothèques de précieux manuscrits et livres, de plus il maquilla certains manuscrits, modifia des reliures, lui permettant de les voler plus aisément, afin de les revendre aux enchères ou à l’étranger avec moins de problèmes. En 1846 les premières plaintes arrivèrent, sans résultat devant la renommée du sieur Libri, mais c’est l’année suivante que des plaintes plus précises furent diligentées. Libri prit peur et se réfugia en Angleterre avec 18 caisses de livres et manuscrits. En France il fut condamné à 10 ans de prison, mais en Angleterre il se fit des amis. Il mourut en Italie en 1869 sans avoir été autrement inquiété mais dans une misère noire. D’autres faits, manières et stratagèmes sur ces voleurs de livres, émaillent cet ouvrage très intéressant et amusant. | |||
| anges & dÉmons | Dan brown | EDITION LATTES | 2005 | 
| Robert
  Langdon, le célèbre spécialiste de symbologie religieuse, est convoqué au
  CERN, en Suisse, pour déchiffrer un symbole gravé au fer rouge retrouvé sur
  le corps d’un éminent homme de science. Il s’agirait d’un crime commis par
  les Illuminati, une société secrète qui vient de resurgir après une éclipse
  de quatre siècles et a juré d’anéantir l’Église catholique. Langdon ne
  dispose que de quelques heures pour sauver le Vatican qu’une terrifiante
  bombe à retardement menace !  | |||
| aprÈs j.c. | Vassilis alexakis | EDITION STOCK | 2007 | 
| Sur
  le côté gauche de mon bureau se dresse une pile de livres consacrés au mont
  Athos, certains rédigés par des moines, d’autres par des historiens. Ce
  sont pour la plupart des ouvrages reliés, à couverture rigide, noire ou bleu
  sombre. Peut-être découvrirai-je en les lisant qui étaient Laurent, Eugène et
  Éphraïm. Je ne suis pas pressé de le savoir. J’ai déjà jeté un coup d’œil à
  deux ou trois volumes, mais je n’en ai étudié aucun avec application, comme
  me l’a demandé ma logeuse, Nausicaa Nicolaidis. 
 
 
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|  arcane 17  | André breton | EDITION J.J. PAUVERT | 1989 | |||
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 Arcane 17, écrit par André Breton pendant son exil en Amérique
  du nord pour fuir la seconde guerre mondiale et la répression de Vichy (qui
  le visait personnellement), dévoile ses réflexions, ses inquiétudes et ses
  espoirs sur le devenir du monde et de la civilisation occidentale. Ce livre
  fut rédigé au Québec et commence par la description de l’île Bonaventure, un
  sanctuaire d’oiseaux de mer battu par le vent et les vagues, dont la vision
  suscite une stupeur admirative mêlée de réminiscences. En ce lieu hors du
  temps, Breton se souvient de ses grandes émotions passées (exemple : le
  souvenir de drapeaux rouges et noirs brandis par la foule lors d’une
  manifestation, etc.) et s’ouvre aux grandes douleurs, incarnées par une femme
  qui a beaucoup souffert et que Breton a rencontrée en Amérique (Breton ne la
  nomme pas mais il s’agit sans aucun doute possible d’Elisa Claro, qu’il épousera
  après la guerre). André Breton, avec le recul que permet la distance, songe à
  l’Europe et aux conditions de son redressement : pour lui, il est essentiel
  de repenser notre manière de considérer et d’apprendre l’Histoire, et de
  remplacer les valeurs masculines qui ont précipité le monde dans le chaos de
  la guerre (Junger est cité par Breton comme le héraut lyrique de la violence
  et de la destruction) par les valeurs féminines, incarnées par l’innocence de
  la femme-enfant et la naïveté dans l’art (Arcane 17 contient un vibrant
  hommage au facteur Cheval) Je cite : "Cette crise est si aigue que je n'y découvre pour ma part qu'une solution : le temps serait venu de faire valoir les idées de la femme aux dépens de celles de l'homme, dont la faillite se consomme assez tumultueusement aujourd'hui". Néanmoins, même lorsque Breton disserte sur l'essence de la liberté (qui pour lui ne doit pas être confondue avec les enjeux de la libération du territoire national), ses réflexions diffèrent nettement de simples considérations philosophiques sur la civilisation écrites en temps de guerre : elles sont à chaque fois transcendées par de multiples évocations (invocations ?), parfois fort longues, de grands mythes fondateurs de la figure féminine (Isis, Mélusine -il est intéressant de souligner l'absence d'Eve et l'hostilité de Breton envers la mythologie et les prêtres chrétiens [exemple : évocation négative et méprisante des prêtres tentant d'approcher Elisa Claro pour l'aider à faire face à ses malheurs]) et des forces supérieures cachées derrière les apparences. On sent, en permanence, la volonté de Breton d’accéder à la dimension mythologique comme s’il voulait régénérer l’humanité à sa source même. Il ne cesse de chercher des correspondances (parfois de manière trop obsessionnelle et c'est sa seule faiblesse) et d’en signifier le sens, s’appuyant sur l'occultisme (via la magie et le mythe d'Osiris - la révélation de la formule "Osiris est un dieu noir" est fortement soulignée et constitue un pivot du livre) et sur les arcanes du tarot, dont certaines sont longuement décrites comme des paysages oniriques faisant sens. Breton confie également avoir foi dans les génies poétiques et dans les esprits inconnus supérieurs qui ont guidé ses pas (permettant des rencontres essentielles) et toujours l’ont rattrapé au moment où il allait trébucher et chuter. Il y a clairement, chez Breton, une quête de spiritualité et une exigence de vrai courage (André Breton cite Pierre Brossolette, en exemple d'homme qui a su faire face au danger et prendre le risque de résister) pour défendre (Breton évoque alors Hugo et La fin de Satan dans la conclusion d'Arcane 17) la Poésie, la Liberté et l'Amour. 
 La lecture d’Arcane 17 n’est pas aisée car la pensée de Breton
  se déploie en spirale, brassant les mêmes thèmes avec de nombreuses
  digressions qui ôtent toute linéarité au texte, et explicite peu ses
  références. Ainsi, la prose poétique de Breton, tout en étant d’une grande
  beauté car à la fois extrêmement précise et riche d’images, peut dérouter le lecteur
  qui ne serait pas déjà familier de l’œuvre et de la pensée de Breton,
  notamment dans sa dimension occulte. Il faut en fait accepter de se laisser
  emporter et de s’immerger dans ce texte sublime, que Breton a complété par un
  court appendice « Ajours » afin de préciser ou d’actualiser les éléments de
  sa réflexion à la lumière de la Libération, qui suscita l’inquiétude de
  Breton en raison des compromis acceptés par le peuple de Paris, en lequel
  Breton avait placé ses espoirs de révolution. Breton y déplore le retour du
  sentiment nationaliste (en citant Eluard et Aragon, tous deux contaminés !)
  et insiste sur la nécessité de redonner un sens à la vie (de la
  "repassionner") pour éviter de succomber à l'attrait de la fureur
  guerrière (dont Breton admet et déplore la grandeur, en évoquant Junger)  | ||||||
| au nom de la libertÉ  | Roger blandignères | EDITION PRESSES LITTERAIRES | 2008 | 
| Recueil
  de poésies par Roger Blandignère. Beaucoup de sensibilité et d’images fortes. Un mélange des sons et des rythmes du langage que Roger manie avec délices et dextérité. Il parle avec beaucoup d’affection, aussi bien de Gérard le fabricant de makilas, de Bayonne que de Bernard, capitaine emblématique de l’USAP et de son engagement dans la recherche pour vaincre la mucoviscidose. Il parle de la « Retirada » de la vieillesse et des femmes. | |||
| au pÈre-lachaise
  – son histoire, ses secrets, ses promenades  | Daniel dansel | EDITION FAYARD | 2007 | ||
| 
 
 En
  quoi est-il différent des cimetières antérieurs ? Répondant à une conception sécularisée des cimetières, le
  Père-Lachaise n’est plus un enclos paroissial. Sa taille également le
  distingue, et atteste d’une prise en compte des extensions futures de la
  ville. Les concessions à perpétuité, rapidement destinées à être célébrées
  par des monuments pérennes, furent également une nouveauté. Dernier point, et
  non des moindres, il fut conçu dès l’origine comme un lieu esthétique et
  éducatif, ce qu’il demeure aujourd’hui. Il fut ouvert le 21 Mai 1804 Qui
  sont les différents promoteurs du cimetière ? Napoléon, bien sûr, qui donna son aval au projet déjà
  ancien de fondation du cimetière. Le préfet Frochot
  ensuite, qui acheta le terrain et mit le projet en œuvre. L’architecte
  Alexandre-Théodore Brongniart enfin, qui en conçut les premiers plans. A ce
  triumvirat, ajoutons Louis Baron-Desfontaines, ancien propriétaire du lieu.
  N’oublions pas un certain nombre d’historiens (Viernet, Moiroux, Hillairet)
  qui par leurs œuvres ont contribué à sa notoriété. Il est intéressant de
  noter que tous sont inhumés au Père-Lachaise, à l’exception bien sûr de
  Napoléon qui en avait pourtant émit le souhait. En revanche, François d’Aix
  de la Chaise qui n’eut bien entendu aucun rôle dans la création du cimetière,
  n’y repose pas.  Qu’appelle-t-on
  le « secteur romantique » ? Il
  s’agit du secteur le plus ancien du cimetière, aménagé à flanc de colline. Il
  comprend les tombes les plus anciennes (en particulier celles des personnages
  liés au Premier Empire). Ce secteur fut classé en 1962.  A
  quoi ressemble le Père-Lachaise aujourd’hui ? Il comporte 97 divisions qui résultent d’agrandissements
  successifs. On peut le diviser en 4 parties bien distinctes :    Les divisions « du haut » (celles
  immédiatement accessibles par la Porte Gambetta) forment l’extension la plus
  moderne du cimetière : terrain plat, allées rectilignes, végétation
  clairsemée. Les dalles conformistes y côtoient les chapelles et les monuments
  parmi les plus originaux du cimetière.    Les divisions centrales du secteur romantique
  forment un ensemble harmonieux : végétation touffue, pentes parfois
  raides, chemins de terre, monuments plus ou moins ruinés...    Le quart Nord-Ouest, accessible par la Porte
  des Amandiers (la plus proche de la station de métro
  « Père-Lachaise »), s’étale en pente douce vers le boulevard :
  moins riche en célébrités, cette partie possède un grand nombre de chapelles
  imposantes de la fin du XIXème siècles édifiés à la place des anciennes
  fosses communes. Elles côtoient des dalles plus modestes. La septième division (à droite de la Porte du Repos) correspond à l’ancien cimetière juif (autrefois séparé du reste de la nécropole par un mur dont on aperçoit encore les fondations). Ses allées ombragées, ses tombeaux encore essentiellement israélites, lui donnent un caractère bien distinct. | |||||
17 B
| BALZAC  QUI SUIS-JE ? | ROGER PARISOT | EDITION PARDES | 2004 | ||
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 Elle lui dit enfin son nom, Éveline
  Hanska, avec un fort accent slave qui le séduisit prodigieusement. Née à Rzewuska,
  de noble souche polonaise, Éveline Hanska était l’épouse d’un riche
  propriétaire terrien, de vingt ans son aîné, et la mère d’une petite fille de
  quatre ans, la seule de ses enfants qui eut survécu. Elle vivait retirée dans
  son domaine de Wierzchownia, en Ukraine, et trompait son ennui en lisant des
  romans français. Elle était passablement portée sur le mysticisme. Elle avait
  trois sœurs et un frère romancier, Henri Rzewuski, promoteur du roman
  historique à la Walter Scott en Pologne. Elle trouva d’ailleurs que Balzac
  ressemblait à Scott, un peu physiquement, et beaucoup par sa gaieté et sa
  bonne humeur. Balzac, quant à lui, ne trouvait d’autre parangon à
  Mme Hanska que Laure, sa sœur bien-aimée. Après avoir cherché en vain
  pendant plusieurs jours à échapper à l’omniprésent mari, on échangea un
  premier baiser et un serment : l’on s’attendrait jusqu’à la mort du
  comte Hanska. Début octobre 1833, Balzac, rentra à Paris. Balzac vole à Genève, en décembre,
  retrouver les Hanska, avec dans ses bagages le manuscrit d’Eugénie Grandet en
  cadeau de Noël pour Mme Hanska. On fait des excursions littéraires, à
  Ferney sur les traces de Voltaire, à Coppet sur celles de Mme de Staël,
  à la villa Diodati sur celles de Byron. Et finalement, le 26 janvier 1834,
  « jour inoubliable », Balzac et Mme Hanska deviennent amants.  Mi-avril 1845, après avoir changé vingt
  fois de projets, Mme Hanska invita Balzac à venir la rejoindre à
  Dresde ; Balzac abandonna tout, épreuves, feuilletons et dettes, avec un
  soulagement immense. À Dresde, Balzac retrouve Mme Hanska, sa fille Anna
  et le fiancé de celle-ci, le jeune comte polonais George Mniszech, féru
  d’entomologie. On s’entendit à merveille, visitant ensemble les musées, la bibliothèque
  royale, on se surnomma même « les Saltimbanques », du nom d’un
  vaudeville à succès. Et, revenu discrètement en France, on excursionna
  joyeusement pendant deux mois, en Normandie, en Touraine et jusqu’en
  Hollande, où l’on fît maints achats chez les antiquaires. « Incapable de
  coudre deux idées ensemble », ne pensant qu’à Mme Hanska, Balzac
  retourna passer une semaine avec elle à Baden-Baden fin septembre, puis
  l’accompagna de nouveau, fin octobre, jusqu’à Naples, achetant encore maints objets
  d’art en chemin. Mme Hanska ayant exigé, en
  préalable à leur union, qu’il s’occupât sérieusement de liquider ses dettes,
  l’écrivain avait chargé un nouvel homme de confiance, Fessart, de débrouiller
  l’écheveau fort emmêlé de ses affaires et de négocier avec ses créanciers. Au
  retour de Naples, il se trouva donc plongé dans un « tourbillon de
  courses, d’affaires, de consultations, de significations, de
  corrections », à en perdre la tête. Mme Hanska lui proposa,
  mi-février 1846, de venir la rejoindre à Rome, il n’eut pas une seconde
  d’hésitation. Le 25 mars 1846, Balzac retrouvait
  Mme Hanska à Rome, où il n’était encore jamais allé, et qui l’éblouit. À
  Rome, puis à Civita-Vecchia, à Gênes et tout au long du chemin qui les ramena
  à Bâle, via le lac Majeur, le Simplon, Genève, on acheta des tableaux, des
  objets d’art, des meubles, Balzac poursuivant « avec acharnement l’œuvre
  de son mobilier » - qui menaçait de se substituer à l’œuvre littéraire.
  On se quitta à Heidelberg. Survolté, Balzac n’avait pas fermé l’œil de tout
  le voyage du retour, la tête pleine d’une immense espérance :
  Mme Hanska attendait un enfant. Balzac ne s’occupa plus que de trouver
  une maison (le bail de la rue Basse arrivait à expiration), et d’organiser
  son mariage avec Mme Hanska avant la naissance de l’enfant.  Après un intermède d’une dizaine de
  jours à Mayence, début septembre, dix jours passés à courir gaiement les
  marchands de bric-à-brac avec Mme Hanska, sa fille et son futur gendre,
  Balzac reprit La Cousine Bette et trouva enfin une maison à sa convenance.
  Sans consulter Mme Hanska (c’était pourtant son argent qu’il dépensait),
  il acheta, dans le quartier du faubourg du Roule, sur l’ancien domaine du
  financier Beaujon, un hôtel particulier. Mais Mme Hanska avait conçu
  d’autres projets, et lui reprocha son coup de tête. Elle ne souhaitait pas
  s’installer à Paris avant d’avoir réglé toutes ses affaires en Ukraine. Très
  déçu, Balzac eut bien du mal à se remettre à La Cousine Bette. Il ne reprit
  vie que lorsque Mme Hanska accepta finalement de venir s’installer dans
  les environs de Paris pour accoucher, après un voyage d’affaires à Dresde.
  L’écrivain assista le 13 octobre 1846, à Wiesbaden, au mariage d’Anna Hanska
  et de George Mniszech. Au terme de ces quatre jours de bonheur,
  Mme Hanska accepta de l’épouser dès son retour de Dresde. 
 Balzac décida de partir pour l’Ukraine
  sans plus attendre de permission, en empruntant, une fois encore, l’argent du
  voyage. Le 3 septembre, il brûla toutes les lettres de Mme Hanska, afin
  que personne ne pût en faire l’objet d’un chantage, comme cela était arrivé
  l’année précédente. Et, le dimanche 5 septembre, muni d’une petite malle,
  d’un sac de nuit et d’un panier de provisions, « héroïque » à sa
  manière, seul, sans domestique, ignorant « absolument les différents
  patois des pays » qu’il allait traverser, il prit gare du Nord le train
  à destination de Bruxelles. Sautant d’un train dans une diligence, puis dans
  un autre train, car les lignes de chemin de fer européennes n’étaient pas
  encore tout à fait achevées ni reliées entre elles, Balzac roula de jour
  comme de nuit. Le 13 septembre, il arrivait à « Berditcheff », en
  Ukraine, d’où une « bouda » juive, voiture à carcasse d’osier,
  l’emmena à travers les steppes, « les vraies steppes », « le
  désert, le royaume du blé, la prairie de Cooper et son silence », avec
  sa terre noire et grasse. Cinq heures et demie plus tard, épuisé, il apercevait
  « une espèce de Louvre, de temple grec, doré par le soleil couchant,
  dominant une vallée » : Wierzchownia, enfin. Mme Hanska et ses
  enfants furent surpris, car Balzac arrivait avant la lettre dans laquelle il
  annonçait sa venue. Lui fut stupéfait par l’étendue des terres de
  Wierzchownia, et comprit bien vite les difficultés d’intendance d’un tel
  domaine, et les difficultés d’exploitation des richesses naturelles d’un pays
  colossal où la question du transport arrêtait tout. Ainsi, pour chauffer la
  vaste demeure de Mme Hanska, on brûlait de la paille dans des
  poêles ! Gâchis sidérant pour un Français. Balzac visita Kiev ; mais
  « la Rome du Nord, la ville aux 300 églises » le déçut un peu.
  Puis, bien installé dans un des luxueux appartements d’amis du château, il
  s’efforça de travailler, rédigea notamment L’Initié (deuxième épisode de
  L’Envers de l’histoire contemporaine), ébaucha divers textes, comme Un
  caractère de femme, drame politique peuplé de personnages entièrement
  nouveaux. Balzac devait rester jusqu’en mars ou avril, et se réjouissait à
  l’idée d’un voyage prévu en Crimée et dans le Caucase. Mais ses affaires le
  rappelèrent à Paris plus tôt que prévu. Bien contre son gré, par un froid
  polaire, il dut repartir fin janvier 1848. Le voyage fut pénible, et Balzac
  n’avait plus la « force morale » qui lui avait fait tout supporter
  en venant. Il arriva à Paris le 15 février dans « une tristesse
  noire ». Mme Hanska l’avait prié de ne pas revenir tout de suite à
  Wierzchownia. Or, une lettre de Mme Hanska l’attendait rue Fortunée en
  juillet, une lettre qui lui demandait de revenir pour ne plus se quitter.
  Malgré de violents maux de tête, il sollicita immédiatement l’autorisation de
  séjourner en Russie. Il repartit pour l’Ukraine, sans consulter le docteur
  Nacquart, qui lui eût sans aucun doute interdit le voyage. Si les nouvelles conections
  ferroviaires facilitaient dorénavant les voyages, Balzac arriva néanmoins
  très éprouvé à Wierzchownia, où la situation financière, aggravée par un
  incendie qui avait détruit des récoltes, n’était guère favorable à la
  réalisation de ses projets de mariage. Mme Hanska lui reprochait
  toujours vivement les folles dépenses engagées pour la maison de la rue
  Fortunée, et l’écrivain tremblait que sa mère ne commît quelque maladresse
  lourde de conséquences dans l’exécution des consignes qu’il lui avait
  laissées. Les démarches entreprises au début de l’année 1849 auprès du tsar
  pour que Mme Hanska pût conserver des biens en Russie en cas de mariage
  avec un sujet étranger n’aboutirent pas non plus. Balzac conquit
  définitivement l’affection et l’estime de Mme Hanska et de ses enfants. Et il arriva ce qu’il avait depuis
  longtemps pressenti : il atteignit « au but en expirant, comme le
  coureur antique » (Albert Savarus). Le 14 mars 1850, Mme Hanska
  accepta finalement de l’épouser, renonçant à toutes ses terres en faveur de
  sa fille. Fou de bonheur, mais très affaibli, maigre, marqué au point d’en
  être méconnaissable et perdant la vue, Balzac prit début avril avec sa femme
  le chemin du retour à Paris, par les piètres pistes d’Ukraine, creusées de
  fondrières par le dégel. Lorsque la grosse berline de Mme Hanska se
  présenta rue Fortunée le 21 mai, lendemain du cinquante et unième
  anniversaire de l’écrivain, le domestique de Balzac, ne reconnaissant pas son
  maître, refusa d’ouvrir la porte cochère. Il fallut la faire forcer par un
  serrurier - et faire interner le domestique devenu fou. Les médecins aussitôt
  appelés au chevet de l’écrivain ordonnèrent des saignées, des purgatifs, des
  boissons diurétiques, des calmants, et exigèrent d’éviter tout mouvement un
  peu énergique, toute émotion, de parler très peu et seulement à voix basse. Début juillet, l’un de ses médecins dit à Hugo qu’il ne restait plus à Balzac que six semaines à vivre. Le corps terriblement enflé par un œdème généralisé, et trop tardivement soulagé par des ponctions, l’écrivain ne survécut quelques jours à une péritonite que pour succomber à la gangrène. Ainsi s’éteignit, à vingt-trois heures trente, le 18 août 1850, celui qui avait définitivement infléchi le cours de l’histoire littéraire du XIXe siècle, et avait, en quinze ans d’un travail acharné, élevé le roman au rang de grand genre moderne. | |||||
| BELLE 
  ROSE | Renée de Brimond | Ed. de la Tarente | Réed. 2016 | 
| Paru
  en 1931 aux éditions Les Cahiers Libres, ce roman de Mme de Brimont dépeint
  des tableaux de vie du milieu aristocratique bordelais au XVIIIe siècle et dans
  lesquels se promènent Louis-Claude de Saint-Martin et Martinès de Pasqually.
  C'est un rêve, un lien passionné entre le Philosophe inconnu et l'auteur qui
  se dessine tout le long de ce livre, par l'intermédiaire de Rose de Julley,
  son aïeule. Ici point de théorie, d'enseignement, mais une union spirituelle
  puissante qui traverse les siècles reliant deux âmes sœurs au-delà du temps.
  « Les notes vibraient, se perdaient dans l'infini... Claude de Saint-Martin
  l'aborda ; il tenait une rose à l'instant cueillie, il déposa la fleur sur
  ses genoux. Et du frôlement de leurs doigts elle gardait le souvenir
  sensible. » Devenu aujourd'hui rare, Belle Rose méritait de sortir de
  l'oubli. D'autant qu'il révèle des informations étonnantes sur des
  personnages ayant fortement marqué le microcosme initiatique : Martinès de
  Pasqually et Louis-Claude de Saint-Martin.  "Un livre
  délicieux", pour reprendre un terme en vogue dans les salons de la
  duchesse de Bourbon ! Son auteur (sans e, je ne plie pas à cette tendance
  ridicule) est la baronne Renée de Brimont (petite nièce de Lamartine), qui
  compte parmi ses amis Oscar-Wadislas de Lubicz, Jean-Julien
  Champagne,  mais aussi Gabriel Fauré (qui mit en musique plusieurs
  de ses poèmes).  
       Comment
  s'étonner, dès lors, de la mise en scène dans Belle Rose, d'une
  platonique liaison avec Louis-Claude de Saint-Martin ! Ce roman n'est
  évidemment pas un livre d'histoire, mais il peint remarquablement l'époque du
  siècle dit des lumières. Méfions-nous donc des faits et gestes, paroles et
  historique de tous ces personnages, faits réels et fiction étant adroitement
  liés. Qu'importe, Renée de Brimont témoigne d'une réelle connaissance des
  pratiques coëns (et en 1930, ce n'était pas aussi aisé qu'aujourd'hui), de la
  pensée du Philosophe Inconnu, et cela bien sûr, m'enchante. Le style est
  chaleureux, l'écriture soignée, dans ce très bon français qui hélas, de nos
  jours, fait défaut chez nombres d'auteurs et de journaleux. | |||
| bÉnares
  - kyÔto | Olivier germain-thomas | EDITION DU ROCHER | 2007 | ||
| 
 Il
  serait difficile de décrire la saleté qui règne dans les quartiers de Bénarès
  (Varanasi). Les mouches et autres insectes volants pullulent et se
  multiplient autour des déchets qui jonchent les rues. Les buffles, quant à
  eux, montent et descendent les escaliers des gaths, parcourent les routes et
  rendent le trafic dense. Les chèvres se poursuivent dans les dédales des
  ruelles, les singes se suspendent aux branches d’un vieil arbre. Une fine
  brume semble recouvrir la ville mystique où sadhus, yogis, babas et autres
  personnes en quête de spiritualité se côtoient sans trop se voir, sans trop
  savoir ce qu’ils sont venus chercher ici.  Lord
  Shiva sera célébré ce soir. Tant d’agitation dans cette cité dédiée à la
  spiritualité peut surprendre. Une incessante activité, une énergie
  particulière, une inquiétante atmosphère à la tombée du jour caractérise
  Bénarès, la plus ancienne ville du monde dit-on. Attirante et répugnante à la
  fois, la ville semble être le point culminant de toutes les extravagances de
  l’Inde. Peu faite pour y trouver la paix et le calme à priori, il se peut
  cependant qu’elle permette d’atteindre un certain sens des choses
  essentielles, comme elle peut tout aussi bien être l’objet d’une énorme
  imposture.  Plusieurs
  cérémonies sont célébrées chaque jour en l’honneur du Gange, du Dieu Shiva et
  de la nature. Mantras, psalmodies, runes et joyeux « Bom-bom » se font
  entendre inlassablement. Tant de personnages dits « spirituels » qui se
  tournent vers la multitude de touristes dans l’espoir de remplir leurs bols
  de quelque pièce ou d’un repas ; eh oui la spiritualité semble nourrir l’âme
  mais pas les estomacs. Que dire de ces hommes saints dénommés « holy men »
  dont les corps ne seront pas incinérés à leur mort mais qui flotteront à la
  surface du Gange à la vue de tout un chacun ? En effet, les enfants, les
  hommes saints ainsi que les personnes ayant succombées à la morsure d’un
  serpent (considéré comme un Dieu en Inde) rejoignent les eaux du Gange sans
  autre formalité à leur décès.  
 | |||||
| BORGES – QUI SUIS-JE ? | Roger Parisot | Edition Pardès |  2006 | 
| Borges (1899-1986): "Être une chose est
  inexorablement ne pas être toutes les choses; l'intuition confuse de cette
  vérité a induit les hommes à imaginer que ne pas être vaut mieux qu'être
  quelque chose et que, dans un sens, c'est être tout." Il y a, chez Jorge
  Luis Borges, auteur illustre d'une oeuvre renommée, un paradoxe et une
  contradiction dont l'homme et l'oeuvre eurent également à pâtir. Ce fut de
  n'avoir pu écrire, parce qu'il était Borges, le Livre qu'il aurait voulu
  écrire - parce qu'il était Borges. Il fallait, en effet, être Borges, Jorge
  Luis, homme de lettres argentin, épris de lecture et pétri de culture, pour
  former l'idée d'un Livre total, nécessaire et infini, Livre des livres ou
  Livre absolu, qui contiendrait tous les livres et qui serait le Monde. Et il
  suffisait d'être Jorge Luis Borges, individu, fini, accidentel et fortuit,
  pour être radicalement empêché d'écrire. C'est de cela qu'il souffrait
  lorsqu'il se plaignait du " malheur " d'être Borges, lorsqu'il
  disait sa lassitude d'être toujours celui qu'il était, lorsqu'il exprimait
  son espoir que, au moins, la mort mettrait un terme pour lui au fait d'être Borges.
  C'est la finitude et le négatif de son identité singulière qu'il déplorait,
  car c'est cela qui lui interdisait d'être, pour écrire l'oeuvre dont il
  rêvait, et devenir, en l'écrivant, le véritable et suprême Hacedor,
  l'impersonnel et intemporel auteur de l'impossible Livre absolu.  Ce " Qui suis-je " Borges montre que les
  ouvrages qu'il écrivit sont la solution fictive apportée par l'auteur à
  l'insoluble problème de l'homme. Non sans humour, toutefois, car le grand
  écrivain argentin, lucide et toujours clairvoyant, en dépit de sa cécité, se
  plaisait parfois à déconcerter, voire à mystifier, ses lecteurs. " Roger
  Parisot, avec un soin acribique, sans omettre d'en démontrer les intimes
  correspondances, passe en revue fondamentaux et symboles borgésiens dont il
  montre combien tous sont prescripteurs d'absolu voire, plus précisément, de
  L'Absolu. Une étude toute- à- fait complète, rigoureuse, fort référencée, qui
  creuse au plus profond des textes et de la personnalité de Borges, qui
  démontre comment les uns sont la mise en abîme de l'autre et réciproquement -
  et sans fin." (Réfléchir et Agir.) - "Roger Parisot nous propose
  une vision française de cet écrivain en se basant sur ses œuvres traduites et
  sur les entretiens parus en français." (Aventures et dossiers secrets de
  l'Histoire.) – Jorge Luis Borges est
  né le 24 août 1899 à Buenos Aires (Argentine). Issu d'une famille aisée et
  cultivée, il est élevé par une gouvernante anglaise et apprend l'anglais
  avant même de savoir parler l'espagnol. En 1914, on l'envoie faire ses études
  supérieures à Genève, où il apprend l'allemand et le français. De 1919 à
  1921, il réside en Espagne. De retour dans son pays, Jorge Luis Borges
  s'intègre à l'avant-garde littéraire argentine, le mouvement dit
  "ultraïste". Son grand maître à penser est l'écrivain Macedonio
  Fernandez. En 1955, il est nommé Directeur de la Bibliothèque Nationale de
  Buenos Aires, poste qu'il conservera jusqu'à ce qu'une cécité presque totale
  l'oblige à abandonner ses fonctions. Cette cécité n'empêche cependant pas l'écrivain
  de voyager et de donner des cours, tant dans son pays qu'en Europe et en
  Amérique. L'oeuvre de Jorge Luis Borges — l'une des plus connues d'Amérique
  latine en Europe et dans le monde — est multiple et déroutante. Borges est
  d'abord un poète; mais c'est aussi un conteur et un essayiste. Toutefois,
  aucun de ces noms ne lui convient vraiment, car il a une manière totalement à
  lui d'être poète, conteur ou essayiste. D'un côté, c'est un cosmopolite
  incorrigible; de l'autre, un amoureux de sa ville, Buenos Aires, et de son
  pays. Les premières œuvres de Jorge Luis Borges se signalent précisément par
  un lyrisme sentimental et nostalgique: Ferveur de Buenos Aires (1923), Lune
  d'en face (1925), La Dimension de mon espérance (1926), La Langue des
  Argentins (1928), Cahier San Martin (1929) et Evaristo Carrriego (1930).
  Cette veine sentimentale et nostalgique ne sera d'ailleurs jamais
  complètement absente du reste de son oeuvre, et particulièrement de ses
  poèmes ultérieurs. Mais dès 1925, Borges inaugurait le genre du conte-essai
  qui allait le rendre célèbre, avec ses Enquêtes. Énumérons ici la
  majeure partie de ces livres: Discussion (1932), Histoire universelle de
  l'infamie (1935), Histoire de l'éternité (1936), Le Jardin des sentiers qui
  bifurquent (1941), Fictions (1944), L'Aleph (1949), L'Auteur et autres textes
  (1960). Aucune de ces œuvres — composées d'histoires ou d'essais généralement
  très courts — ne peut être séparée des autres: l'ensemble constitue le
  "cosmos" propre de Jorge Luis Borges, un cosmos déroutant,
  sophistiqué et métaphysique qui n'a pas son pareil dans la littérature
  mondiale, à l'exception peut-être de celui d'Edgar Poe. L'un des contes les
  plus fameux de Borges s'appelle La Bibliothèque de Babel (dans Fictions).
  L'auteur imagine une bibliothèque infinie, contenant la totalité des livres
  possibles, y compris leurs innombrables variantes. Dans ce cauchemar
  spéculatif, une race d'hommes angoissés erre à travers les salles, cherchant
  le Livre des Livres, le livre qui répondrait à toutes les énigmes. Cette
  quête dure également depuis une éternité, et dans leur désespoir, les hommes
  ont parfois brûlé des livres: qui sait, demande Borges, si le fameux Livre
  des Livres existe encore ? Car, bien entendu, chaque livre est unique. Ce
  petit conte, l'un des plus parfaits de son oeuvre, est comme la métaphore de
  celle-ci. D'autres contes nous
  introduisent dans des labyrinthes, des espaces de miroirs, dans des mondes où
  les "moi" ne savent plus s'ils existent ou s'ils sont rêvés (comme
  dans Les Ruines circulaires, dans Fictions) par quelque "Dieu"
  inconnu. Dans Enquêtes, un personnage d'ailleurs réel, Pierre Ménard, passe
  sa vie à réécrire Don Quichotte en espagnol, au début du XXe siècle. Borges
  s'amuse à comparer les deux Don Quichotte, qui sont pourtant formellement
  identiques. Irineo Funes, dans Fictions, a une mémoire tellement développée
  qu'il met une journée à se rappeler la journée antérieure. L'oeuvre de Borges
  s'enfonce ainsi dans un labyrinthe de sophismes vertigineux, dont on ne sait
  s'ils sont purement verbaux ou métaphysiquement profonds. Les références —
  souvent distraites, malgré leur érudition — à des philosophes du solipsisme
  comme Georges Berkeley, David Hume, Arthur Schopenhauer, Emmanuel Kant ou
  Benedeto Croce ne doivent pas nous faire confondre ces "enquêtes"
  avec des "enquêtes" philosophiques: Jorge Luis Borges n'est ni
  essayiste ni philosophe, mais son jeu avec les notions et les êtres a quelque
  chose de grisant et de glacé. Un style élégant, froid et cérémonieux,
  paraissant d'une logique imperturbable, transmet au lecteur les plus folles
  spéculations, à une distance elle-même infinie de la vie
  "ordinaire". Mais à n'importe quel moment, dans le conte ou l'essai
  le plus étrange, l'autre Borges — celui de Buenos Aires, de ses rues, de ses
  maisons, de ses cours, de ses faubourgs qui se perdent dans l'immense pampa —
  réapparaît, perdu cette fois dans un autre vertige, celui de la nostalgie
  d'un passé personnel ou national qui, peut-être, n'a jamais existé. L'oeuvre peut donc
  emplir d'angoisse ou ravir l'intellect, ou angoisser et ravir à la fois,
  selon le lecteur. Il est évident qu'elle n'est pas "facile", pas
  "populaire". Parée des prestiges d'une érudition peut-être en
  partie feinte — Borges n'ayant pas lu tout "Babel" — elle semble
  éloignée du réel, du charnel, et également des sentiments: elle est en blanc
  et noir, polarité sur laquelle l'auteur — devenu aveugle comme le
  bibliothécaire de l'un de ses récits — a également écrit de belles pages. On
  a parlé à propos de Borges d'"esthétique de l'intelligence",
  d'hédonisme, mais cet esprit labyrinthique résiste à toutes les définitions
  et à toutes les classifications: semblable à quelque mollusque marin, il a
  créé un coquillage d'une complexité merveilleuse dont le plan, le projet
  initial resteront à jamais incompréhensibles. La poésie de Jorge Luis Borges
  — Poèmes 1923-1958, rassemblés dans les Œuvres complètes, publiées en 1964,
  et L'Or des tigres (1974) — ne peut pas être séparé du reste de son oeuvre.
  Les mêmes thèmes s'y retrouvent: le labyrinthe, le chaos du monde, les
  doubles, la transmigration des âmes, l'annulation du moi, la coïncidence de
  la biographie d'un homme avec celle de tous les autres hommes, le panthéisme,
  l'éternel retour, la mémoire; et la même oscillation entre un univers intellectualisé
  et pour ainsi dire bardé de citations, et un univers nostalgique ou Borges
  évoque soudain le Rio de la Plata, un faubourg de Buenos Aires, l'immensité
  déroutante de la pampa. Ici, naturellement, ces thèmes prennent la forme
  d'images qui sont obsessivement répétées de poème en poème, de recueil en
  recueil. L'auteur a longtemps écrit des sonnets extrêmement travaillés du
  point de vue formel. La cécité l'a obligé — en dictant ses poèmes et ses
  contes — à revenir à des formes plus simples, plus populaires et plus
  "orales". C'est ainsi que ses contes, qui étaient auparavant des
  merveilles de sophistication, se rapprochèrent de plus en plus des contes de
  la tradition littéraire argentine (comme ceux d'Horacio Quiroga). Jorge Luis Borges a
  eu une énorme influence sur la littérature de son pays, et notamment sur un
  écrivain plus jeune comme Julio Cortazar. Son unicité, naturellement,
  l'empêche d'avoir une postérité. Au milieu des romanciers argentins engagés
  dans la réalité sociale et politique convulsée de leur temps, il paraît comme
  figé dans l'éternité de ses obsessions et de ses fantasmes. Il est vrai que
  ses opinions notoirement conservatrices ne transparaissent aucunement dans
  ses livres. On a parfois accusé Borges d'être cosmopolite, d'être étranger à
  la réalité latino-américaine. Mais, bien qu'il soit fort peu intéressé, par
  exemple, par les mythologies préhispaniques — alors qu'il donne des cours à
  Buenos Aires sur les mythologies celtes et nordiques — il est encore
  latino-américain, paradoxalement, par son sens du cosmos, du fantastique, de
  l'immensité spatiale et temporelle, et il ne serait sans doute pas très
  difficile de retrouver dans l'oeuvre d'un Garcia Marquez, par ailleurs si
  différente, des obsessions analogues. Son cosmopolitisme lui-même n'est pas
  n'importe quel cosmopolitisme: c'est celui de Buenos Aires, la grande ville
  des immigrés, ouverte à la fois sur l'Europe et sur l'Amérique, et séparée de
  cette Europe et de cette Amérique par les deux immensités de la mer et de la
  pampa. Durant les dernières décennies de sa vie, Jorge Luis Borges avait
  multiplié les livres d'entretiens: avec Georges Charbonnier (1967), Jean de
  Milleret (1967), Richard Burgin (1972), Maria Esther Vasquez (1977), Willis
  Barnstone (1982), Osvaldo Ferrari (1984). Ses deux derniers recueils: Le
  Chiffre (1981) et Les Conjurés (1985) sont dédiés à Maria Kodama, qu'il
  épousa en avril 1986. Jorge Luis Borges est décédé à Genève deux mois plus
  tard, le 14 juin 1986, | |||
| BIBLIOTHÈQUE - CHEZ  BORGES | ALBERTO MANGUEL | ÉDITION BABEL ACTES-SUD | 2003 | 
| Est-il
  meilleur moyen de rencontrer un auteur, parmi les plus fameux et les plus
  fascinants du XXe siècle qu’en lui faisant la lecture ? Durant les
  dernières années de la vie de J.L. Borges,
  Alberto Manguel, alors étudiant à Buenos Aires, fut chargé par l’écrivain
  argentin de lire les pages auxquelles ce dernier, atteint de cécité
  progressive, n’avait plus accès par lui-même. Au
  fil de souvenirs, dont on sent l’importance qu’ils ont eue sur l’écriture et
  la réflexion de Manguel, se dessine un récit empreint de retenue et
  d’affection qui évoque les affinités littéraires en même temps que le simple
  quotidien d’un génie ordinaire. Il
  faut lire l’excellent livre de Borges « Fictions » dans lequel l’auteur
  décrit sa «  Bibliothèque de Babel », récit surréaliste et envoûtant.   Bibliothèques de Babel » : l’expression pourrait
  surprendre. Elle unit deux termes que tout oppose. D’un côté, la
  bibliothèque, lieu de conservation et de mise à disposition du patrimoine
  culturel, où règnent fiches, classements et règlements — le royaume de
  l’Ordre. De l’autre, « Babel », édifice inachevé évoquant la ruine
  et la confusion — symbole, s’il en est, du Chaos. La Bibliothèque de
  Babel : grâce à Borges, l’association des deux termes n’étonne plus
  personne. Le sort de l’un, désormais, est lié à celui de l’autre, et
  quiconque arpente les couloirs d’une bibliothèque songe à la tour mythique.
  Mais si le titre de cet article évoque plus particulièrement la célèbre « fiction »
  borgésienne, il existe d’autres « bibliothèques de Babel ». Celle,
  plus ancienne et moins connue, de Baudelaire. Et celles, fort nombreuses, qui
  s’inspirent de Borges, comme « l’Édifice » du Nom de la rose
  la prodigieuse coupole de La Grande Bibliothèque4 de Puységur, dont l’axe central
  est une « Babel inversée ».  Mais le propos n’est pas, bien
  sûr, de dresser un catalogue des versions inspirées, de près ou de loin, par
  les cauchemardesques « galeries hexagonales » de l’écrivain
  argentin. En prenant pour point d’ancrage La Bibliothèque de Babel, et
  en examinant ses prolongements dans les textes d’Umberto Eco et de Puységur,
  je voudrais examiner les enjeux de cette surprenante et féconde association —
  enjeux qui relèvent d’une tension entre les deux pôles
  antithétiques précédemment définis : l’ordre et le chaos. Le cas de
  l’oeuvre de Borges est particulièrement intéressant. C’est à la faveur d’un
  simple mot présent dans le titre 
  — « Babel » — que les « imaginaires de la
  tour » s’imposent au lecteur. Et puisqu’il s’agit d’imaginaire,
  imaginons, précisément, imaginons le texte de Borges amputé de cette
  référence biblique. Donnons-lui pour titre « La Bibliothèque », ou
  encore « La Bibliothèque totale6  », et lisons-le. Il n’est pas certain que nous pensions
  alors spontanément au onzième chapitre de la Genèse. Le récit biblique
  raconte ce qu’il advint aux hommes qui entreprirent de construire une tour en
  plaine de Shinéar. Le conte de Borges, lui, décrit une bibliothèque-univers,
  cauchemar d’un malheureux bibliothécaire contraint d’en arpenter les
  galeries : il n’est, on le voit, nul lien évident entre ces deux
  histoires. Ce qui est en jeu, ici, c’est le « pouvoir
  d’irradiation » des mythes mis au jour par Pierre Brunel :
  c’est bien le titre du conte, qui, seul, introduit l’univers biblique dans le
  texte, nous invitant à rechercher les éventuels points de convergence qui
  relient les imaginaires de Babel et ceux de la bibliothèque.  Parmi ces points, figure en
  premier lieu la symbolique de l’axis mundi, qui appartient à la strate
  la plus souterraine du texte de la Genèse. La tour que les hommes
  construisent en plaine de Shinéar — migdal en hébreu — renvoie
  aux ziggurats babyloniennes, et peut-être même à un édifice précis :
  l’Etemenanki. Mais la ziggurat, qui sert ici de contre-modèle,
  n’est nullement signe de démesure : pour les religions mésopotamiennes,
  au contraire, elle montre l’aspiration de l’homme à rejoindre la divinité.
  Et, comme tout lieu de culte, elle revêt de multiples fonctions. Une fonction
  astrologique tout d’abord : elle sert à observer les astres et à prédire
  le destin. Une fonction funéraire, ensuite, aux yeux de certains
  historiens.  Mais sa fonction principale est de représenter
  symboliquement le cosmos.  Alors que la tour de Babel est une
  construction architecturale s’érigeant dans le monde — un monde au sein du
  monde —, la ziggurat est le monde. Couronné d’un temple, cet
  édifice sacré destiné à figurer l’harmonie de l’univers est un axis mundi
  où enfer, terre et ciel communiquent. Or, si ce symbolisme de la tour-ziggurat
  a été rejeté dans l’ombre pendant deux millénaires, il resurgit au vingtième
  siècle, période où triomphe l’assyriologie. On sait désormais déchiffrer
  l’écriture cunéiforme, et Robert Koldewey dirige un chantier archéologique
  qui permet de mettre au jour les premiers « restes » de Babylone
  dès 1898. Un peu plus tard s’ouvre le débat dont Jean Bottéro s’est si bien
  fait l’écho : Juifs  et Chrétiens doivent accepter que
  « l’histoire commence à Sumer ». On comprend que Borges s’intéresse
  à cette civilisation, omniprésente dans les recueils L’Aleph et Fictions.
  « La Loterie à Babylone » ou « L’Histoire des deux rois et des
  deux labyrinthes » sont bien le témoignage de la fascination
  qu’exercent, tout particulièrement à cette époque, les prestigieuses cités
  assyro-babyloniennes. Ecrivain,
  traducteur, citoyen canadien né en argentine, Alberto Manguel a beaucoup
  voyagé et toujours avec une importante bibliothèque qu’il défaisait ou pas en
  fonction du temps. Il est l’auteur notamment d’Une
  histoire de la lecture et Une bibliothèque
  la nuit. | |||
| BIBLIOTHÈQUE D’ALEXANDRIE.       
  SA VÉRITABLE   HISTOIRE | LUCIANO CANFORA | ÉDITION DESJONQUERES | 1988 | ||
| 
 La bibliothèque d’Alexandrie
  renfermait notamment l’Histoire de Babylone du prêtre babylonien,
  historien et astronome Bérose (356-261 av. J.-C.). Il y décrivait notamment
  ses contacts avec des extraterrestres - des créatures qui ressemblent à des
  poissons, qui ont transmis aux gens les premières connaissances
  scientifiques. La bibliothèque compte également des œuvres complètes d'un
  prêtre égyptien et historien Manéthon, qui selon la légende, connaissait tous
  les secrets de l'Egypte ancienne. Il y avait aussi des œuvres d'historien
  phénicien Mockus, qui, selon certaines sources, aurait élaboré les prémices
  de la théorie atomique. La bibliothèque d’Alexandrie renfermait également une
  série de livres sur l'alchimie, expliquant les secrets de la fabrication de
  l’or et de l’argent, qui nous manquent tellement dans la vie moderne. En 48-47 avant J.-C., Jules César
  avait mené une campagne militaire en Egypte. En conséquence de l’intervention
  de ses troupes en Alexandrie, un énorme incendie s’est produit, suite auquel
  les livres de la bibliothèque ont brûlé. Par la suite, le bâtiment de la
  bibliothèque a été restauré et Marc-Antoine a décidé de remplacer la
  collection des écrits détruits par une autre collection de livres, la plus
  grande collection du monde hellénistique en provenance de Pergame.
  Malheureusement Alexandrie se retrouvait très souvent au cœur des divers
  conflits, et sa bibliothèque a brûlé à plusieurs reprises au cours de tout ce
  temps. Quant aux écrits qu’elle renfermait, ils disparaissaient à chaque fois
  sans laisser de trace. Mais certains chercheurs optimistes gardent l’espoir
  qu’ils mettront un jour la main sur la trace de ces parchemins anciens qui
  ont aujourd’hui un prix inestimable. Est expliqué les personnages, les symboles et les actes
  suivants : Ptolémée Sôter, Hécatée d’Abdère, le tombeau des pharaons, la
  bibliothèque sacrée et universelle, Cratès, Démétrius gouverneur d’Athènes,
  le legs de Théophraste à Nélée de Scepsis, Aristote et ses livres mythiques,
  Aristée et le symposium des savants, le musée de la bibliothèque
  appelle : la cage des muses, les catalogues de Callimaque, Vitruve et le
  sophiste Zoïle, les œuvres de Démosthène achetées par la bibliothèque de
  Pergame, Tyrannion, Cicéron et Atticus, Diodore, César, Marc Antoine et
  Cléopâtre, les guerres qui ont précédées l’incendie, les dialogues entre Jean
  Philopon et l’émir Amrou Ben Al-As, Plutarque, les 700.000 rouleaux
  rassemblés par les Ptolémées et qui furent brulés, Isidore de Séville,
  Sénèque et Tite-Live, Kadesh et sa célèbre bataille, Strabon, la vulgate des
  bibliothèques, les bûchers des livres. | |||||
| BIBLIOTHÈQUE - JOURNAL D’UN LECTEUR | Alberto Manguel | Edition Actes Sud | 2004 | 
| Ayant décidé de relire, une année durant, ses livres de prédilection tels qu’ils lui semblaient susceptibles de refléter le chaos contemporain ou d’enrichir et d’éclairer son rapport personnel au monde, Albert Manguel offre ici, entre carnet intime et recueil de citations, ce journal dont l’érudition à la fois sensible et subversive rend compte à merveille de l’infini du « dialogue » entre toute oeuvre et son lecteur. Il y a des livres que nous parcourons dans l’allégresse, oubliant chaque page lue sitôt tournée la suivante ; d’autres que nous lisons avec révérence, sans les oser ni approuver ni contester ; d’autres qui se bornent à nous renseigner et excluent d’avance nos commentaires ; d’autres encore que, parce que nous les aimons si fort et depuis si longtemps, nous ne pouvons que répéter, mot à mot, car nous les connaissons au sens propre par cœur. La lecture est une tâche confortable, solitaire, lente et sensuelle, elle est aussi une conversation entre le lecteur, le livre et les personnages du livre. Au sommaire de cet excellent livre : Les livres d’une année lus par l’auteur : L’invention de Morel d’Adolfo Bioy Casares - L’île du docteur Moreau de H.G. Wells - kim de Rudyard Kipling - Mémoires d’outre-tombe de François René de Chateaubriand - Le signe des quatre d’Arthur Conan Doyle - Les affinités électives de Johann Wolfgang Von Goethe - Le vent dans les saules de Kenneth Grahame - Don Quichotte de Miguel de Cervantes - Le désert des Tartares de Dino Buzzati - Notes de chevet de Sei Shônagon - Faire surface de Margaret Atwood - Mémoires posthumes de Braz Cubas de Joaquim Maria Machado de Assis - | |||
| bibliothÈque
  - la bibliothÈque la nuit | Alberto manguel | EDITION ACTES SUD | 2006 | ||
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| BIBLIOTHÈQUE - LE VOYAGEUR & LA TOUR – LE LECTEUR COMME MÉTAPHORE | Alberto Manguel | Edition Acte Sud | 2013 | 
| Si elle est indispensable au déchiffrement du monde, la lecture est également le lieu d’une grande solitude, constamment tiraillée entre ces deux pôles –élan vers le monde, mais nécessaire isolement – la représentation de la figure du lecteur se divise entre deux champs métaphoriques, tout aussi antagonistes que communément partagés. L’image du lecteur-voyageur, ce « Robinson en chambre » qui parcourt le livre du monde, cohabite sans trop de heurts dans nos esprits avec celle du « rat de bibliothèque », ou de l’ermite retranché en sa tour d’ivoire, soigneusement confiné dans une solitude studieuse. Pourtant, derrière ces images apparemment figées se cache tout un subtil réseau de significations, longuement tissé. En redonnant leur sens le plus profond à ces métaphores qui s’inscrivent dans une histoire universelle des plus anciennes, cet ouvrage nous convie à un passionnant voyage au sein de l’imaginaire collectif. Alberto Manguel livre ici une méditation sur la relation houleuse et complexe qu’entretient toute société avec l’univers de l’écrit, nous rappelant qu’aux sources de la vie, réside le langage. Au sommaire de cet ouvrage :  | |||
| BIBLIOTHÈQUES - PRESTIGIEUSES BIBLIOTHÈQUES DU MONDE | Jean-François Blondel | Edition Oxus | 2013 | ||
| 
 Si cela est toujours du domaine de l’utopie, on peut se demander si l’information et la numérisation des fonds de bibliothèque, qui est en marche et se généralise à grands pas, et qui fera indiscutablement des progrès dans les années à venir, ne transformeront pas cette utopie en réalité ; alors, ces nouvelles bibliothèques de Babel représenteront un pôle stratégique indéniable, les rendant inéluctablement vulnérables aux terroristes et envahisseurs de tout acabit. Créée par Ptolémée 1e, la grande bibliothèque d’Alexandrie, qui disparut dans les flammes, reste la grande bibliothèque mythique de l’Antiquité. Au Moyen Âge, les grandes bibliothèques se trouvaient dans les monastères bénédictins essentiellement, et l’on peut dire qu’à cette époque, la culture occidentale s’épanouissait à l’ombre des cloîtres. Là dans le scriptorium de leur monastère, des moines copistes transcrivaient inlassablement sur des parchemins les écrits des Pères de l’église, rédigés en grec et en latin. Bientôt le savoir passa des monastères dans les écoles cathédrales, puis dans les universités, dès l’an 1000, l’école de Chartres, créée par l’évêque Fulbert, rassembla en son sein tous les meilleurs penseurs du monde chrétien. Chaque grande église avait sa bibliothèque, il suffit de penser au fameux « portail des libraires » à la cathédrale de Rouen, qui était le portail menant à la librairie, c'est-à-dire à la bibliothèque des chanoines. Ce voyage au cœur du temple du savoir nous mènera de Paris à Tokyo, de Mexico à Pékin, de Coimbra à Tombouctou… Sans oublier les plus grandes bibliothèques disparues, comme Pergame, Alexandrie, Cordoue ou Celsus. Enfin sont présentés quelques manuscrits et incunables, rares et précieux, ainsi nous avons la possibilité de découvrir les premiers livres imprimés : la Bible de Gutenberg, le Psautier de Mayence, les Chroniques de Nuremberg, mais aussi les mappemondes anciennes ou encore les textes fondamentaux des religions orientales. Un magnifique ouvrage, unique en langue française, qui enchantera tous les passionnés du livre et des bibliothèques. | |||||
| BIBLIOTHÈQUE -  LA  SAGESSE  DU  BIBLIOTHÉCAIRE | MICHEL MELOT | EDITION L’ŒIL NEUF | 2008 | 
| Le
  bibliothécaire aime les livres comme le marin aime la mer. Il n’est
  pas nécessairement bon nageur mais il sait naviguer. L’océan du savoir qui
  grise tous les savants, rend modeste le bibliothécaire. La bibliothèque est ce lieu indispensable où le savoir
  décante. Regardez
  comme cet océan furieux se calme dans la bibliothèque. A la figure du savant
  fou s’oppose celle du sage bibliothécaire. On ne se recueillera pas sur leur
  tombe, mais des milliers de lecteurs fréquenteront leurs bibliothèques. S’ils
  n’avaient pas été aussi discrets, ils n’auraient peut-être pas été d’aussi
  bons bibliothécaires. C’est pour cela qu’on le dit sage, le bibliothécaire. Le
  bibliothécaire sait lire les livres sans les ouvrir. Son regard transperce
  les couvertures. Il visite la page de garde, l’auteur, les éditeurs, va
  directement au colophon, relève la date, le format, le nombre de pages,
  s’attarde sur la table des matières, vérifie s’il y a un index. Il évalue enfin sa robustesse et la qualité de son papier, celle de sa mise en page et de son impression. Il est l’architecte de sa bibliothèque. On peut retenir la phrase de Jorge Luis Borges, lors d’une conférence au centre Pompidou, et qui répondit lors d’entretien disait: « Je ne suis pas fier de ce que j’ai écrit, mais je suis fier de ce que j’ai lu » | |||
 
| BIBLIOTHÈQUE
  MONDE – LA VATICANE ET LES ARCHIVES SECRÈTES | Jean-Louis Bruguès | Edition du Cerf |  2019 | 
| Ancien patron de la Vaticane et de
  ses archives, Mgr Bruguès en livre tous les secrets dans cet ouvrage
  richement illustré où viennent se télescoper les âges et les mondes de
  l'humanité. Un album exceptionnel d'initiation à l'histoire en textes et en
  images. Entrez dans l'un des lieux les plus secrets au monde, conservatoire
  et mémorial de l'humanité. Des premiers manuscrits de la Bible à la dernière
  partition de Mozart, des premières relations épistolaires avec la Chine à la
  dernière lettre de Marie-Antoinette, mais aussi du procès de Galilée aux
  relations avec la République, relisez l'Histoire du monde grâce aux trésors
  de la Bibliothèque monde. Ancien Bibliothécaire de la Vaticane et de ses
  archives de 2012 à 2018, Mgr Jean-Louis Bruguès nous emmène avec lui dans ses
  promenades. Il nous invite à découvrir ces lieux d'exception et dévoile, en
  exclusivité, ses plus belles pièces : manuscrits rares, ouvrages
  remarquables, objets précieux. Tous ces documents racontent les événements et
  les personnages qui ont fait notre Histoire. Un album exceptionnel
  d'initiation à la chronique universelle en textes et en images. Entretien avec Mgr
  Bruguès, auteur de cet ouvrage : On peut dire
  que la Bibliothèque du Vatican est l'une des plus vieilles du monde. On ne
  connaît certes pas la date exacte de sa création, mais on sait qu’elle a été
  fondée peu d’années avant 1450. L’une des plus anciennes donc, mais surtout
  l’une des plus riches. Bien sûr, d’un point de vue purement quantitatif, les
  bibliothèques de Washington, Paris ou Londres sont supérieures, quoiqu’avec
  ses cinquante-quatre kilomètres de rayonnages et à peu près cent mille
  manuscrits, le moins que l’on puisse dire est qu’elle « présente bien ». Mais
  si je ne devais retenir qu’une seule caractéristique, c’est le mot
  "humaniste" qui me viendrait à l’esprit. Elle est humaniste bien
  sûr parce qu’elle a été créée à l’époque de l’essor de l’Humanisme, de la
  Renaissance. Elle est humaniste par ses fonds, puisqu’elle a eu très vite un
  fonds latin et grec, puis juif, puis arabe, puis au XVIIIe siècle des fonds
  asiatiques, de telle sorte que le meilleur de la culture du monde entier -
  d’où le titre de Bibliothèque monde - s’y trouve. Elle est humaniste aussi
  par sa destination, puisque le pape Nicolas V, qui a créé cette bibliothèque,
  voulait qu’elle s’adresse aux chercheurs du monde entier, et ce, quelles que
  soient leurs convictions personnelles. Un épisode est révélateur de cet état
  d’esprit particulier : au XVIIe et au XVIIIe siècles, les protestants
  n’avaient pas la possibilité d’acheter une maison à Rome. Mais le règlement
  de la Bibliothèque, à cette époque- là, est très explicite sur le fait que
  ces mêmes protestants étaient habilités à entrer chez nous et à y travailler
  exactement comme les autres. Nombre de pièces et œuvres présentées dans le livre sont
  de caractère profane. En quoi nous ramènent-elles, in fine, au sacré et à la
  foi ? Le fait
  précisément que ce soit une bibliothèque humaniste, puisque le pape Nicolas
  V, son fondateur, avait voulu qu’y soit réuni ce que les hommes avaient fait
  de plus beau, de plus juste, de plus précis. Elle compte bien sûr de très
  nombreux ouvrages à caractère religieux - philosophie, théologie, droit canon
  - mais ce n’est pas une bibliothèque comme on peut en trouver dans les séminaires
  ou les facultés de théologie. Pour être clair, son fonds profane est beaucoup
  plus important que son fonds religieux. À preuve, nous avons là sans doute la
  meilleure bibliothèque au monde pour l’histoire de la médecine. Nous avons
  aussi un fonds exceptionnel pour les mathématiques ou pour l’astronomie. Sans
  parler évidemment des arts, pour lesquels le fonds est plus que riche.
  Beaucoup de profane avec beaucoup de religieux, donc. Et finalement, pourquoi
  opposer les deux ? Selon une phrase de Térence, l’auteur latin, "tout ce
  qui parle de l’homme nous enrichit". Pour le scientifique, comme pour
  l’artiste ou le théologien, tout cela contribue à la richesse et à la beauté
  de l’esprit humain. J’insiste sur le mot « beauté » qui me paraît être une
  bonne clef d’entrée. En effet, Nicolas V, avant d’être élu pape, était vu
  comme un scientifique et un érudit. La famille Médicis avait fait appel à lui
  pour créer à Florence une bibliothèque moderne. On lui donne le couvent
  Saint-Marc pour réaliser cette oeuvre et il va travailler là en même temps
  qu’un dominicain connu sous le nom de Fra Angelico, chargé de décorer les
  austères cellules de ce couvent - qui allait être un couvent de la Réforme
  dominicaine - de fresques magnifiques que nous admirons encore aujourd’hui.
  Ils ont travaillé ensemble. Ils se sont - en tout cas j’aime à le supposer -
  compris et appréciés réciproquement. Et lorsque Nicolas V est élu à Rome, il
  fait venir Fra Angelico et lui confie la décoration d’une partie des
  appartements pontificaux. Il y a dans cette rencontre entre ces deux hommes
  ce que je crois être l’ADN même de notre Bibliothèque : la rigueur
  scientifique et la splendeur esthétique. Et ces deux approches
  complémentaires, en tout cas intimement unies, ne relèvent ni de la foi, ni
  du religieux Mais elles sont sacrées parce qu'elles permettent d’aller au
  cœur de l’Homme. S’il
  n’y avait qu’une pièce dont vous voudriez faire partager l’amour au public ? S’il m’était
  donné de prendre chez moi une seule pièce - rêve impossible bien sûr - je
  crois que j’en prendrais… deux. Oh ! ce ne sont peut-être pas les plus
  importantes, mais ce sont celles qui sont les plus chères à mon cœur.
  D’abord, il y a le manuscrit Bodemer, c’est-à-dire le texte le plus ancien du
  Nouveau Testament, puisqu’il contient à peu près la moitié de l’Évangile de
  Luc et la moitié de l’Évangile de Jean. Il y a dans ce manuscrit un lien
  extraordinaire avec la personne même du Christ, puisque quelques années à
  peine se sont écoulées entre sa disparition et sa rédaction. Alors évidemment,
  on peut aller au Christ de diverses manières, mais il y a là une approche
  tout à fait propre à une bibliothèque. On a encore dans ce manuscrit qui date
  de la fin du IIe siècle comme un écho direct du Christ. Pour le second
  manuscrit… j’ai toujours aimé le courant de la devotio moderna, qui
  représente un peu la matrice spirituelle de ma formation. Ce courant est
  illustré dans le domaine de l’art par les « Livres d’oeuvre », qui comportent
  les prières de la journée et qui sont magnifiquement illustrés. Pouvoir
  emporter la liturgie dans un livre de poche, cela me touche profondément. Et
  cela renvoie à la définition du livre que donnait Brigitte de Suède : un
  jardin que l’on mettrait dans sa poche. | |||
|  bibliothÈques | Denis Pallier | EDITION P.U.F. | 2006 | 
| Les
  bibliothèques sont à la fois un instrument de travail (et de loisir culturel)
  et un conservatoire du patrimoine intellectuel de l’humanité. Ces deux
  fonctions ne sont pas étrangères l’une à l’autre. Une phrase de Newton
  exprime fort bien leur complémentarité, en reprenant l’image médiévale, qui
  décrit le lettré comme un nain monté sur l’épaule d’un géant. « J’ai pu
  trouver ce que je cherchais, dit le savant britannique, parce que je suis
  monté sur les épaules de la génération qui m’avait précédé. » | |||
| BIBLIOTHÈQUES  -   LES 
  BIBLIOTHÈQUES     | Anne Marie BERTRAND | EDITION LA DECOUVERTE | 2007 | 
| Les
  bibliothèques sont de plus en plus présentes et visibles dans le paysage
  culturel et politique français, que ce soit par leur actualité (le renouveau
  des bibliothèques universitaires), par leur succès public- + de 7 millions de personnes inscrites dans les
  bibliothèques en 2007- ou par les
  interrogations que suscite la documentation électronique et internet. Cet
  ouvrage a pour ambition d’éclairer le mouvement d’expansion et de
  modernisation des bibliothèques, mais aussi leur fragilité et les enjeux dont
  elles sont porteuses. Le premier tiers du livre situe les bibliothèques dans
  une perspective historique. Sont ensuite abordés l’organisation
  administrative et fonctionnelle des bibliothèques, puis les différents rôles
  qu’elles jouent et leur public. La conclusion
  examine l’avenir des bibliothèques face au défi numérique du XXIe siècle. Il est de fait que
  jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, l’histoire des bibliothèques est pour
  l’essentiel celle de bibliothèques privées, qu’il s’agisse de bibliothèques
  individuelles ou de communautés. Ces bibliothèques donnent l’impression
  d’être bien connues… mais l’impression est peut-être trompeuse. Il n’est pas
  une des grandes thèses d’histoire sociale des années 1960-1970 qui ne
  sacrifie au chapitre incontournable sur les bibliothèques, en recourant à
  l’analyse des inventaires après décès. À les relire aujourd’hui à la lumière
  de la manière dont sont menés trop de mémoires de maîtrise, on est amené à
  s’interroger sur le degré de fiabilité de ces analyses effectuées, pour l’essentiel,
  par des chercheurs pleins de bonne volonté sous la direction de grands
  maîtres, les uns et les autres ne connaissant pas le livre ancien !
  Seules, à mon humble avis, les études portant exclusivement sur la
  bibliothèque privée paraissent aujourd’hui au-dessus du soupçon, telles
  celles conduites par Michel Marion sur le Paris des années 1750, et sur une
  plus vaste échelle par Jean Quéniart sur la France de l’Ouest). L’Ancien Régime demeure
  cependant la période pour laquelle on dispose de la plus riche palette de
  sources, même si toutes sont biaisées : catalogues domestiques,
  catalogues de ventes publiques, inventaires après décès, inventaires de
  saisies révolutionnaires. Les premiers ont été exhumés par Yann Sordet dans
  sa thèse sur Adamoli et dans un très bel article du Bulletin du
  bibliophile. Un repérage systématique de ce type de document dans les fonds
  publics autoriserait l’étude d’ensemble qui fait encore défaut. Les seconds,
  mis à l’honneur par Daniel Mornet  dès
  1910, font aujourd’hui l’objet d’un regain d’intérêt, de nouvelles approches
  méthodologiques, et de bases de données Pour leur part, les saisies
  révolutionnaires ont donné lieu à quelques études provinciales qui
  mériteraient d’être étendues. L’exposition organisée par la Bibliothèque
  nationale : 1789, Le Patrimoine libéré… a également constitué un
  jalon important de la redécouverte de cette source, et son catalogue demeure
  un instrument de référence. Dans un autre ordre d’idée, la thèse d’Anne
  Kupiec a judicieusement attiré l’attention sur le mythe révolutionnaire du
  « livre-sauveur » L’épisode constitue en effet tout à la fois une
  bonne photographie de ce qu’étaient les collections privées au début de la
  Révolution, et un excellent point d’observation pour l’étude de
  l’organisation des bibliothèques institutionnelles au tournant du XIXe
  siècle. Il est désormais
  patent que, pour l’Ancien Régime, nous disposons d’informations variées pour
  les différents types de bibliothèques et de détenteurs : de la
  collection bibliophilique de l’amateur huppé à la demi-douzaine de volumes de
  piété du laboureur. Un des plus récents et des plus beaux travaux de
  reconstitution de ces bibliothèques est sans contexte l’étude que Jérôme
  Delatour a consacrée aux livres de Claude Dupuy. Encore faut-il sans cesse
  interroger à nouveau les sources, et en découvrir de nouvelles. Le travail
  sur ces époques est loin d’être achevé. On ne peut en dire
  autant de la période récente qui demeure, pour l’essentiel, terra
  incognita. Cela tient d’abord au fait que les études ont jusqu’ici été
  peu nombreuses. Cela tient surtout à un problème de sources. Certes, on
  dispose toujours de catalogues de ventes, qui, comme pour la période
  antérieure, ne témoignent que du cas des collectionneurs, mais les catalogues
  domestiques se font plus rares ou demeurent bien cachés, et la pratique de
  l’inventaire après décès se perd progressivement. De fait, l’étude des
  bibliothèques privées des XIXe et XXe siècles devient extrêmement difficile…
  et exceptionnelle. L’une des rares et
  pertinentes investigations relatives au premier XIXe siècle me semble être
  celle de Claude-Isabelle Brelot consacrée à la noblesse comtoise. Elle n’a
  guère été imitée. Par ailleurs, il ne faudra pas compter sur certains fonds
  contemporains aujourd’hui déposés dans les bibliothèques publiques pour se
  faire une idée précise de ce qu’était la bibliothèque de l’honnête homme du XXe
  siècle. Qu’il s’agisse du fonds Chomarat de la Bibliothèque municipale de
  Lyon, du fonds Béla Eck de la Bibliothèque interuniversitaire de Lyon II-Lyon
  III ou d’autres, ces collections ne témoignent que pour ceux qui en furent
  les détenteurs. Il y a donc désormais une très réelle difficulté à étudier
  les bibliothèques particulières de l’époque contemporaine. Les études
  sociologiques, les autobiographies, les statistiques de la production, des
  ventes, et des pratiques culturelles ne remplaceront pas les inventaires,
  quelles qu’aient été leurs imperfections. Un autre obstacle
  réside dans la confusion trop souvent faite entre histoire des bibliothèques
  et histoire de la lecture. C’est une dérive à laquelle on assiste à travers
  de nombreux mémoires universitaires menés sous la direction de professeurs
  non spécialistes du domaine. Étudier les bibliothèques de telle ville à telle
  époque peut paraître démodé, long et aride. Faire la même chose en l’appelant
  improprement « histoire de la lecture » est davantage dans l’air du
  temps… et constitue trop souvent une habile façon de cacher son incompétence
  en matière d’identification des titres d’ouvrages rencontrés dans les
  sources. L’histoire de la lecture est un sujet très difficile, trop important
  et trop pertinent, nécessitant de vastes compétences extra-historiques, pour
  être abandonné sans garde-fou aux gros bataillons d’étudiants s’initiant pour
  la première fois à un travail d’investigation sur documents originaux. Bien qu’elle plonge
  ses origines fort loin dans le temps, la bibliothèque en tant qu’institution
  concerne surtout la période récente. La naissance de la « bibliothèque
  publique », et ses liens avec le pouvoir politique, ont été revisités de
  façon très stimulante par Robert Damien 
  dans sa thèse et dans ses ouvrages postérieurs. Complément
  indispensable de ce travail, le texte fondateur de Gabriel Naudé, jusqu’ici
  consultable sur les éditions du XVIIe siècle ou sur un reprint est-allemand,
  a été réédité, accompagné d’une longue et importante introduction par Claude
  Jolly. Mais une étude d’ensemble fait encore défaut sur d’autres grands
  textes fondateurs, tels le De bibliothecis syntagma (1602) de Juste
  Lipse ou le Musei sive bibliothecae… libri IV (1635) du jésuite Claude
  Clément. Par ailleurs, nous
  manquons cruellement d’une histoire comparée d’institutions cousines aux
  évolutions parallèles : bibliothèques, archives et musées. Les cabinets
  de curiosités suscitent aujourd’hui un regain d’intérêt, et de nombreuses
  publications. L’histoire des musées, tout spécialement à partir de l’épisode
  révolutionnaire, est magistralement menée par Dominique Poulot. En revanche,
  les archives font figure de parent pauvre, et le très récent volume consacré
  à l’histoire des Archives nationales par Lucie Favier (19) n’a pas un mot
  pour les bibliothèques, ni pour le rôle joué dans la formation des
  bibliothécaires par l’École des chartes, qui fut tout de même hébergée par la
  Bibliothèque royale avant de migrer vers l’hôtel de Rohan. Il faudra pourtant
  bien en arriver un jour à écrire cette histoire croisée ! Un premier
  essai en la matière mérite toutefois d’être signalé : le catalogue de
  l’exposition du tricentenaire des bibliothèques et musées de Besançon, nés du
  legs du chanoine Boisat. Les travaux consacrés
  à la Bibliothèque nationale, après avoir connu une réelle impulsion dans les
  années 1980-1990, paraissent aujourd’hui marquer le pas. Le second tome de
  l’œuvre de Simone Balayé, qui devait porter sur les XIXe et XXe siècles,
  pourtant annoncé dès le premier volume, n’a jamais vu le jour. La thèse
  d’École des chartes de Jean-François Foucaud 
  sur la monarchie de Juillet n’a pas fait d’émule. Seule la publication
  des conférences Léopold Delisle et celle de catalogues d’exposition sont venues
  préciser les connaissances relatives à certaines périodes de l’histoire de la
  vénérable maison : Le patrimoine libéré, déjà cité, ou Des
  livres et des rois, pour ne pas vouloir trop allonger la liste. Enfin,
  poursuivant de façon solitaire une investigation débutée à l’École des
  chartes, Françoise Bléchet a couronné par une habilitation à diriger des
  recherches ses travaux sur l’abbé Bignon. La polémique qui a accompagné la mue de la Bibliothèque nationale en Bibliothèque nationale de France est peut-être responsable, pour une part, de la stagnation des travaux d’historiens. La marée de publications qu’elle a suscitée, des plus sérieuses aux pamphlets en passant par la langue de bois administrative constitue aujourd’hui un ensemble documentaire sur lequel il faudra bien se pencher tôt ou tard. Le petit volume signé de Bruno Blasselle et Jacqueline Sanson dans la collection « Découvertes » de Gallimard est déjà en lui-même un document fort parlant pour l’historien, puisque le même texte, publié en 1990 avec une iconographie relative à la rue de Richelieu, est republié deux ans plus tard… avec cette fois une iconographie du nouveau bâtiment. | |||
| BIBLIOTHÈQUES -  LIVRES  EN 
  FEU | LUCIEN X. POLASTRON | EDITION DENOËL | 2004 | ||
| 
 Ce livre développe les sujets suivants : Le papyrus en Egypte, en Grèce, à Rome et à Constantinople, la
  destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, L’Islam médiéval, Al- Andalus,
  Le papier comme matériau pour le feu, l’Inde et son savoir, le sabre et le
  pinceau, l’Inquisition en Occident, l’Espagne catholique, les danses de mort
  de la Renaissance, les diverses révolutions, les nouveaux biblioclastes, le
  sort des livres sous le nazisme et l’Holocauste, les destructions de livres
  et de bibliothèques en URSS, en Chine, en France, au Cambodge, au Cachemire,
  au Sri Lanka, à Cuba, en Afrique, en Bosnie et dans les Balkans, en
  Afghanistan, en Irak, les vols de livres, les morts violentes dues au livre,
  la connaissance ignifugée, « delenda est bibliotheca », la
  bibliothèque cachée. Né en 1944, parlant arabe et chinois, Lucien X. Polastron est
  l’auteur de « Le papier 2000 ans d’histoire- 1999 » ainsi que
  plusieurs ouvrages sur la calligraphie. | |||||
| BIBLIOTHÈQUE - UNE  HISTOIRE  DE 
  LECTURE | ALBERTO MANGUEL | ÉDITION BABEL ACTE - SUD | 1998 | 
| Célébration
  heureuse de la plus civilisée des passions humaines, cette histoire écrite du
  côté du plaisir et e la gourmandise est un livre savant qui se lit comme un
  roman d’aventures. Parti à la recherche des raisons qui ont fait aimer le
  livre, Alberto Manguel propose un
  étonnant récit de voyage à travers le temps et l’espace, dont chaque étape
  lui est occasion de détours, de visites, de réflexions profondes et
  d’anecdotes réjouissantes. Passionnante,
  jubilatoire, cette histoire de la lecture, a reçu en France le prix Médicis
  1998. Alberto Manguel est un amoureux des livres et des bibliothèques, admirateur de son compatriote J. Luis Borges, il a notamment écrit : Dans la forêt du miroir. Le livre d’image. Chez Borges qui est un formidable livre d’entretien avec cet immense poète que fut Luis Borges. Kipling une brève biographie. Journal d’un lecteur. La bibliothèque la nuit | |||
| BRASILLACH. QUI SUIS-JE ? | PHILIPPE D’HUGUES | EDITION PARDES | 2005 | ||
| 
 | |||||
17 C
| CALLIRHOḖ      
               |  Maurice 
  Sand | Les ardents éditeurs | 2009 | 
| Château
  de Saint-Jean dans le lierre. Marc Valery, romantique et beau jeune homme,
  féru d'archéologie, est l'enjeu des intrigues amoureuses de Marguerite et de
  son amie Fanny. La découverte d'un mystérieux serment gravé sur une plaque de
  bronze antique, puis celle de Callirhoé statue incroyablement belle et
  énigmatique, bouleversent les relations de la bourgeoisie locale.
  Manifestations surnaturelles, visions prémonitoires plongent le jeune
  archéologue dans une aventure fantastique qui le propulse à l'époque
  gauloise. Un suspense haletant et d'une grande modernité. Callirhoé est, sans
  aucun doute, l'un des plus beaux et fascinants romans archéologiques du XIXe
  siècle. Une œuvre sur laquelle planent les ombres de George Sand et de Lina
  Calamatta, l'épouse de Maurice Sand.  D'un
  style alerte et séduisant, soutenu par une grande érudition, Callirhoé offre
  également une description du Berry digne des Légendes rustiques de George
  Sand en lui conférant un charme envoûtant, voire inquiétant. Ce premier roman
  de Maurice Sand, publié en 1864, fut enseveli dans le tumulus de l'histoire
  littéraire, mais telle la magnifique statue décrite dans cette œuvre,
  Callirhoé se devait d'être exhumé et redécouvert. Cette nouvelle édition
  annotée est accompagnée d'un essai biographique sur Maurice Sand et d'une
  présentation de l'œuvre intitulée Du roman archéologique à l'archéologie du
  roman par Claire Le Guillou, spécialiste de Maurice Rollinat et de George
  Sand. Le Dictionnaire celtique, manuscrit inédit de Maurice Sand (1862)
  complète cette édition. | |||
| CHARLES
  MAURRAS – QUI SUIS-JE ? | Tony Kunter | Edition Pardès |  2011 | 
| Issu d’une vieille
  famille provençale, atteint de surdité dès l’enfance, Charles Maurras grandit
  dans un milieu traditionaliste et fit ses études au collège catholique
  d’Aix-en-Provence. Venu adolescent à Paris, il se voua
  à l’étude des humanités gréco-latines ; à dix-sept ans il publiait son
  premier article dans les Annales de philosophie chrétienne. Il devait
  collaborer par la suite à différents journaux et revues : L’Événement, La
  Revue bleue, La Gazette de France, La Revue encyclopédique. Il s’y faisait le
  chantre d’une conception classique de la « véritable » pensée française,
  contre les excès irrationnels du romantisme, qu’il considérait comme une
  forme de décadence. Marquée par le même traditionalisme, sa pensée politique
  en fit le défenseur d’un patriotisme, que Maurras qualifiait lui-même de «
  nationalisme intégral » et qui repose sur la condamnation sans appel des
  erreurs commises depuis la Révolution, le rejet de tous les principes
  démocratiques, jugés contraires à l’inégalité naturelle, le retour enfin à
  une monarchie héréditaire. Son militantisme
  devait conduire Charles Maurras à créer le groupe des Néo-monarchistes et à fonder,
  en 1899, la revue de L’Action française. Militant en faveur du catholicisme
  comme principe d’ordre social, mais agnostique par convictions personnelles,
  Maurras allait s’attirer les foudres de l’Église, qui condamna L’Action
  française en 1926 et mit à l’index plusieurs des livres de l’écrivain, dans
  une œuvre qui comporte de nombreux titres : Le Chemin de Paradis (1895),
  Trois idées politiques (1898), Enquête sur la monarchie (1900-1909), Anthinéa
  (1901), Les Amants de Venise : George Sand et Musset (1902), L’Avenir de
  l’intelligence (1905), Le Dilemme de Marc Sangnier (1906), Kiel et Tanger
  (1910), La Politique religieuse (1912), Romantisme et Révolution (1922), Le
  Mystère d’Ulysse (1923), La Musique intérieure (1925), Barbarie et Poésie
  (1925), Un débat sur le romantisme (1928), Au signe de Flore (1931), L’Amitié
  de Platon (1936), La Dentelle du rempart (1937), Mes idées politiques (1937),
  Quatre poèmes d’Eurydice (1938), Louis XIV ou l’Homme-Roi (1939), La Sagesse
  de Mistral (1941), La Seule France. Chronique des jours d’épreuve (1941), De
  la colère à la justice (1942), etc. Il eut une grande
  influence sur une partie de la jeunesse, celle qui se groupa dans le
  mouvement des Camelots du roi. Charles Maurras, qui avait dénoncé dès après
  la Première Guerre mondiale l’insuffisance du traité de Versailles et
  condamné, par anti-germanisme, la politique de rapprochement avec l’Allemagne
  menée par Briand, devait cependant, par crainte de la menace communiste,
  approuver les accords de Munich et se faire le défenseur, à la veille de la
  Seconde Guerre mondiale, des thèses pacifistes. En 1940, il saluait comme une
  « divine surprise » l’arrivée du maréchal Pétain au pouvoir. Pendant
  l’Occupation, il se fit, avec toute sa vigueur polémique, l’apologiste du
  gouvernement de Vichy et l’inspirateur de la politique de Collaboration. Condamné en 1945 par
  la haute cour de justice de Lyon à la réclusion à perpétuité et à la
  dégradation nationale, il fut interné à Riom, puis à Clairvaux. En 1952, sa
  santé déclinante le fit admettre à la clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours,
  où il devait s’éteindre. Charles Maurras, après un premier échec contre
  Jonnart en 1924, avait été élu à l’Académie française le 9 juin 1938 au
  fauteuil d’Henri-Robert, par 20 voix contre 12 à Fernand Gregh ; il était
  reçu le 8 juin de l’année suivante par Henry Bordeaux. Sa condamnation
  entraînait automatiquement sa radiation de l’Académie (article 21 de
  l’ordonnance du 26 décembre 1944) ; il fut en fait décidé, lors de la séance
  du 1er février 1945, qu’on déclarerait vacant le fauteuil de
  Maurras, sans pour autant voter la radiation. Ainsi, Charles Maurras, comme
  le maréchal Pétain, mais à la différence d’Abel Hermant et Abel Bonnard, ne
  fut remplacé sous la Coupole qu’après sa mort. Il est mort le 16 novembre
  1952. | |||
| cÉline –
  qui suis-je ?  | Pierre lainé | EDITION PARDES | 2005 | ||
| 
 Agacement
  face à la volonté de certains – prétendus connaisseurs de Céline ou prétendus
  spécialistes – d’occulter l’essentiel de cette œuvre ou d’en gauchir la
  signification, agacement face au dessein de travestir une poétique et une
  pensée, même si depuis vingt ans ou un peu plus le style des romans est
  reconnu et distingué, la petite musique célinienne volontiers célébrée. Mais
  Céline, aujourd’hui encore, sent le soufre et demeure un écrivain maudit.
  J’ai écrit ces quelques chapitres pour dénoncer ce scandale. Ouvrage
  d’humeur. 
 
 
 | |||||
| CODREANU  CORNELIU 
  - QUI SUIS-JE ? | Yves Morel | Edition Pardès |  2019 | 
| Il y a 80 ans, dans
  la nuit du 29 au 30 novembre 1938, Corneliu Zelea Codreanu était assassiné par
  une escouade de gendarmes roumains, avec treize de ses camarades. Le chef de
  la Garde de Fer avait été arrêté au printemps précédent et condamné à 10 ans
  de travaux forcés après un jugement expéditif. Le gouvernement d’Armand
  Călinescu, incapable de gouverner et de redresser le pays, décidé à
  offrir le pouvoir aux nationalistes, ordonna à ses laquais de commettre ce
  terrible crime.  Corneliu Codreanu (1899-1938): "Nous tuons un
  monde pour en édifier un autre, plus haut, jusqu'aux cieux. La domination
  absolue de la matière est abattue, pour être remplacée par la domination de
  l'esprit, des valeurs morales." (Codreanu, cité par Horia Sima, Histoire
  du mouvement légionnaire.) Né à Husi le 13 septembre 1899, Corneliu Codreanu
  est sans doute le plus atypique des chefs politiques de l’entre-deux-guerres,
  et l’un des plus charismatiques. Il fonde la Légion de l'archange Michel (ou
  Garde de Fer) en 1927, et en sera le «Capitaine» (Capitanul) ;
  celle-ci a été tenue pour un avatar roumain du national-socialisme, ses
  Chemises vertes ont été identifiées aux SA allemands, mais la réalité est
  tout autre. Pour Codreanu, l'existence devait être ordonnée selon un ordre
  spirituel et surnaturel, d'où un ordre politique et social étayé par une
  morale chrétienne, animé par un esprit de justice et le sens du devoir envers
  Dieu, la patrie et ses semblables. Une telle entreprise visait à créer un
  homme nouveau (omul nou), réclamait une ascèse spirituelle, une
  rigueur morale et un dévouement allant jusqu’ au sacrifice personnel suprême.
  Il exhorta les Roumains à une existence supérieure, difficile, héroïque,
  ancrée dans une conscience de l’identité roumaine, à la fois dace et latine.
  Haï par le roi et la classe politique de son pays, populaire auprès de ses
  compatriotes, Codreanu fut le centre de la vie politique roumaine jusqu'à sa
  tragique exécution, sur ordre du gouvernement du roi Carol II, à l'âge de 39
  ans, dans la nuit du 29 au 30 novembre 1938. Ce «Qui suis-je?» Codreanu
  relate le destin hors du commun de ce croisé du XXe siècle. À l’âge de 16 ans, en
  1916, Corneliu Codreanu veut s’engager dans l’armée roumaine qui se lançait
  dans la Première Guerre mondiale. Il assiste impuissant à l’effondrement de
  l’armée roumaine. Il est dès lors confronté aux maux qui guideront son action
  politique jusqu’à sa mort : le sac de nombreux villages et villes roumains
  par l’armée russe déjà gagnée au bolchevisme, mue par la haine ; il perçoit
  l’horreur de la dictature communiste avec l’arrivée au pouvoir dans la
  Hongrie voisine du juif Béla Kun qui met à bas les structures sociales du
  pays qui bascule dans le chaos tandis que s’installe une tyrannie meurtrière. Entré à l’université,
  il constate l’action néfaste des démocrates, francs-maçons et d’une minorité
  juive particulièrement active et déplore, face à ces parasites, la faible
  réaction de la population roumaine, méprisée, manipulée par la presse du
  régime, maintenue loin de l’éducation et de la culture par l’élite corrompue
  du pays. Codreanu participe aux mouvements étudiants de protestation contre
  la déchristianisation de l’université, contre l’atmosphère antinationale qui
  y règne, réclamant des droits pour les étudiants roumains : des bourses pour
  les plus pauvres, des logements sociaux pour les fils de paysans qui doivent
  quitter leur terre pour étudier ou encore l’instauration du numerus
  clausus pour rétablir une certaine égalité envers les Roumains asservis.
  Le pouvoir parlementaire, qui s’instaure sous l’égide du roi, exerce contre
  les étudiants de violentes campagnes de répression ; les policiers n’hésitent
  pas à torturer les jeunes roumains, parfois à mort. Si la répression
  policière réjouit l’extrême gauche et la bourgeoisie, elle écœure de nombreux
  roumains, de plus en plus favorables aux étudiants. Dans ce contexte, en
  1923, Corneliu Codreanu fonde la Ligue de défense nationale chrétienne (LANC,
  Liga Apărării Național Creștine) avec le professeur
  Alexandru Cuza qui en prend la tête. Parallèlement, Codreanu lance des
  chantiers sociaux, incite les étudiants à aider les paysans pour les récoltes
  ou la réfection de routes et de ponts. Il est à l’origine du lancement d’un
  chantier pour la construction de bâtiments pour l’hébergement d’étudiants. En
  butte à l’hostilité du pouvoir en place, cette dernière initiative conduit
  particulièrement un préfet à utilise la police, également envoyée pour
  interdire des réunions politiques, pour mettre fin par la force à ces actions
  sociales. Constantin Manciu, le préfet criminel – au moins un étudiant décède
  sous les coups de la police – est tué par Codreanu en personne le 24 octobre
  1924, dans un tribunal. Après plusieurs semaines d’une détention extrêmement
  difficile, Codreanu est relâché, la justice ayant reconnu la légitime défense
  ! Corneliu Codreanu
  part ensuite étudier en France, à l’université de Grenoble, où il obtiendra
  une thèse de droit. Il revient en Roumanie, rappelé par ses camarades alors
  que la LANC est en proie à une grave crise. Il fonde en 1927 avec ses plus
  proches amis la Légion de l’archange Michel (Legiunea Arhanghelului Mihail).
  Elle est la base du mouvement nationaliste qui a régénéré la Roumanie durant
  les années trente et portait un grand espoir pour l’Europe. De ce petit
  groupe naît la plus vaste opposition roumaine au pouvoir, mouvement
  radicalement opposé au système. Le combat du Mouvement légionnaire (Mișcarea
  Legionară), autre nom de la Légion, n’est pas seulement en opposition au
  système, il lui est radicalement étranger. Pour Codreanu, le problème n’est
  pas que la Roumanie manque de programmes politiques, mais qu’elle manque
  d’Hommes. La mission que s’assigne la Légion est de créer un homme nouveau,
  qui ne soit pas l’électeur d’un parti défendant des intérêts classistes,
  politiques ou communautaires, mais un individu conduit par les plus nobles
  aspirations, désintéressé, courageux, honnête, travailleur, profondément
  spirituel, et prêt à tous les sacrifices pour son peuple et sa nation. Un
  homme à l’opposé du consommateur motivé par d’uniques besoins matériels,
  détaché de sa famille, de sa communauté, de sa nation, arraché au divin, dont
  rêve le système, mais aussi opposé aux profiteurs, aux lâches et serviles
  partisans du régime.  | |||
| C’EST UNE CHOSE ḖTRANGE A LA
  FIN QUE LE MONDE  | Jean
  D’Ormesson  | Edition
  Robert Laffont  |  2010 | ||
| 
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17 D
| DALI – L’ŒUVRE PEINT - L’ŒUVRE PAIN
  COMPLET -  | Œuvre de Salvador Dali | Edition Taschen | 2001 | ||
| 
 Il s’y lie d’amitié avec un groupe
  de jeunes qui, avec le temps, deviendront d’importantes personnalités
  intellectuelles et artistiques : Luis Buñuel, Federico García Lorca, Pedro
  Garfias, Eugenio Montes et Pepín Bello, entre autres. Il commence à écrire un
  cahier qu’il intitule Pantins. C’est probablement à cette époque qu’il reçoit
  les premières informations sur la peinture cubiste à travers le catalogue futuriste
  Peinture et sculpture futuriste (dynamisme plastique) que Pepito Pichot lui
  avait apporté de Paris et également à travers des revues étrangères comme
  Esprit nouveau ou Valori Plastici que lui procure son oncle Anselm Domènech,
  propriétaire d’une importante librairie à Barcelone 
 En 1926, Dalí participe à
  plusieurs expositions. En compagnie de sa tante et de sa sœur, il réalise son
  premier voyage à Paris, ville dans laquelle il fait la connaissance de
  Picasso et il visite le Musée du Louvre. Il est expulsé définitivement de
  l’École des beaux-arts de Madrid pour avoir déclaré incompétent le jury qui
  doit l’examiner. Il revient de nouveau à Figueres et se consacre intensément
  à peindre. En 1927, Dalí réalise sa deuxième exposition individuelle aux
  Galeries Dalmau de Barcelone et participe au 2e Salon d’automne de la Salle
  Parés de cette même ville. Dans les oeuvres présentées, les premières
  influences claires du surréalisme peuvent être observées, ainsi que
  l’anticipation de beaucoup de composants de l’esthétique future de Dalí : les
  mains et les têtes coupées, les corps amputés, les veines et les artères, le
  poisson, les figures coupées en morceaux, les ânes pourris, les animaux en
  état de décomposition..., autrement dit, les premiers pas dans une nouvelle
  esthétique qui recherche de nouveaux principes formels et qu’il ne fonde plus
  autant sur ce qui est classique et clairement défini. En 1928, Dalí participe à
  l’exposition collective Manifestation d’art d’avant-garde, aux Galeries
  Dalmau. La Gaceta Literaria publie son poème "À Lydia de Cadaqués"
  et son article "Réalité et surréalité". Il réalise l’emblème de
  Gallo, la revue de Grenade à inspiration super réaliste, ainsi que toutes les
  illustrations du premier numéro. Avec Lluís Montanyà et Sebastià Gasch, il
  publie le Manifeste jaune (manifeste antiartistique catalan). Il participe au
  3e Salon d’automne de la Salle Parés et à la XXVIIe Exposition internationale
  de peintures de Pittsburgh aux États-Unis. En 1929, Salvador Dalí participe à
  l’Exposition de peintures et sculptures d’Espagnols résidant à Paris, qui se
  tient au Jardin Botanique de Madrid. Le dernier numéro de « L’Amic de
  les Arts » est publié : la conception et la majeure partie des textes sont
  réalisés par Salvador Dalí, qui fait une profession de foi surréaliste. Il se
  rend de nouveau à Paris et, au travers de Joan Miro il entre en contact avec
  le groupe des surréalistes, dirigé par André Breton. Durant son séjour dans
  la capitale française, le journal La Publicitat de Barcelone publie sous le
  titre "Documentaire-Paris-1929" les sept articles qui recueillent
  ses impressions sur tout ce qui se passe dans cette ville. Le film Un chien
  andalou, fruit de sa collaboration avec Luis Buñuel, est projeté au cinéma
  Studio des Ursulines de Paris. Il passe l’été à Cadaqués, où il reçoit la
  visite du galeriste Camille Goemans et sa compagne, de René Magritte et son
  épouse, de Luis Buñuel, de Paul Eluard et Gala, avec la fille de ces
  derniers, Cécile. À partir de ce moment-là, Gala restera pour toujours à ses
  côtés. Il participe à l’exposition collective Abstrakte und surrealistische
  Malerei und Plastik à la Kunsthaus de Zurich. Sa première exposition
  individuelle a lieu à la Galerie Goemans de Paris. Au début de la décennie des années
  1930, Dalí trouve son propre style, son langage particulier et la forme
  d’expression qui l’accompagneront toujours et, bien qu’il change et qu’il
  évolue, ce seront, dans le fond, ceux que nous connaissons tous et qui le définissent
  si bien. Un mélange d’avant-garde et de tradition. Ses premières toiles
  impressionnistes restent en arrière, ainsi que ses oeuvres influencées, entre
  autres mouvements, par le cubisme, le purisme et le futurisme. Dalí est
  complètement intégré dans le surréalisme et c’est le début de sa consécration
  comme peintre. L’Âge d’or, le deuxième film réalisé en collaboration avec
  Buñuel, passe en exclusivité au Studio 28 de Paris. En 1931, Dalí réalise sa première
  exposition individuelle à la Galerie Pierre Colle de Paris où il expose son
  oeuvre La persistance de la mémoire. Il participe à la première exposition
  surréaliste aux États-Unis qui a lieu au Wadsworth Atheneum de Hartford. En
  1932, Dalí participe à l’exposition Surréalisme : peintures, dessins et
  photographies, de la Julien Levy Gallery de New York. Sa deuxième exposition
  individuelle a lieu à la Galerie Pierre Colle de Paris. Son livre Babaouo,
  dans lequel il expose sa conception du cinéma, est publié aux Éditions des
  Cahiers Libres. À la fin de cette année, Dalí annonce au vicomte de Noailles
  la création du "groupe du Zodiaque", un groupe d’amis qui
  s’unissent pour aider économiquement Salvador Dalí, en lui commandant des
  oeuvres qu’ils achètent régulièrement. En 1934, Dalí épouse civilement Gala
  (née Elena Ivanovna Diakonova), en présence des témoins Yves Tanguy et André
  Gaston. Il expose à l’Exposition du cinquantenaire au Salon des Indépendants
  du Grand Palais de Paris, sans prendre en compte l’opinion du reste des
  surréalistes qui avaient décidé de ne pas y participer, un fait qui suppose
  pratiquement son expulsion du groupe dirigé par Breton. La librairie Quatre
  Chemins de Paris expose les 42 eaux-fortes et les 30 dessins qu’il avait
  réalisés pour illustrer Les chants de Maldoror d’Isidore Ducasse, Comte de
  Lautréamont En 1935, Dalí réalise une série de
  dessins et de textes pour American Weekly où il décrit différents concepts de
  la vie moderne et urbaine américaine. Le couple rentre en Europe à bord du
  Normandie. Il illustre avec Arp Max Ernst, Marcel Duchamp, Alberto
  Giacometti, Valentine Hugo, Oscar Dominguez, Man Ray Marcel Jean et Yves
  Tanguy, le programme du Cycle systématique de conférences sur les plus
  récentes positions du surréalisme. Il participe à l’exposition surréaliste de
  la Salle d’exposition de la commune de La Louvière (Belgique) et à
  l’Exposition internationale de peintures de 1935 du Carnegie Institute de
  Pittsburgh. En mai 1936, il participe à l’Exposition surréaliste d’objets à
  la Galerie Charles Ratton de Paris, où il expose La veste aphrodisiaque et
  Monument à Kant. En juin, il participe à l’Exposition surréaliste
  internationale qui se tient aux New Burlington Galleries de Londres. Le 14
  décembre, la revue Time lui consacre sa couverture, la photo est de Man Ray.
  Il participe à l’exposition Surréalisme dadaïsme fantastique au MoMA de New
  York. C’est à la Julien Levy Gallery de New York que se tient sa troisième
  exposition individuelle. En février 1937, il fait la connaissance
  des frères Marx à Hollywood. Il commence à travailler avec Harpo sur le
  scénario d’un film, Salade de girafes à cheval (connu dans sa dernière
  version comme La femme surréaliste), qui n’arrivera jamais à être tourné.
  Dalí et Gala rentrent en Europe. À Paris, à la Galerie Renou et Colle, il
  présente son portrait de Harpo Marx et les dessins qu’ils avaient réalisés
  ensemble pour le film. Le 17 janvier 1938 a lieu l’inauguration à la Galerie
  Beaux-Arts de Paris de l’Exposition internationale du surréalisme, organisée
  par André Breton et Paul Eluard. À l’entrée de la galerie, le Taxi pluvieux
  de Salvador Dalí est exposé. Dalí rend visite à Sigmund Freud à Londres, en
  compagnie de Stefan Zweig et d’Edward James. En 1939, les grands-magasins
  Bonwit-Teller de New York chargent Salvador Dalí de la décoration de deux de
  ses vitrines. Le jour de la présentation, la direction change certains
  éléments sans en avertir Dalí. Lorsque celui-ci voit qu’une partie de sa
  création a été modifiée, une petite algarade se produit et Dalí passe même
  quelques heures en détention. Au mois de mai, Dalí signe un contrat pour
  participer à la World’s Fair de New York. Il dessine le pavillon Rêve de
  Vénus, qui est présenté dans la zone de divertissement de la Foire. Il publie
  la Déclaration de l’indépendance de l’imagination et des droits de l’homme à
  sa propre folie pour protester contre la décision du comité de la Foire
  mondiale de lui interdire d’exposer sur la façade une reproduction de la
  Vénus de Sandro Botticelli avec une tête de poisson. L’article de Breton
  "Des tendances les plus récentes de la peinture surréaliste"
  suppose l’expulsion de Dalí du groupe surréaliste. En septembre, le couple
  rentre de nouveau en Europe. En 1940, son article "Les
  idées lumineuses. Nous ne mangeons pas de cette lumière-là" paraît dans
  la revue L’usage de la parole. Avec l’incursion des troupes allemandes à
  Bordeaux, le ménage Dalí abandonne Arcachon, où ils habitent depuis un
  certain temps et ils s’en vont vivre aux États-Unis, où ils resteront
  jusqu’en 1948. À leur arrivée, ils s’installent chez Caresse Crosby, à
  Hampton Manor (Virginie).En 1941, l'intérêt de Dalí dans la création de
  bijoux s’éveille. Tout d’abord en collaboration avec le Duc de Verdura. Plus
  tard, associé à deux bijoutiers établis à New York, Alemany et Ertman. Dalí
  entame sa relation professionnelle avec le photographe Philippe Halsman qui
  continuera jusqu’à la mort de celui-ci en 1979. Il publie dans la revue Vogue
  "Le rêve de bijoux de Dalí". Le MoMA de New York inaugure le 18
  novembre une exposition anthologique de Dalí et Miró. En avril 1943, le
  couple Reynolds Morse achète le premier tableau de Dalí, Araignée du soir...
  Espoir. C’est le début d’une importante collection d’oeuvres du peintre. Au
  printemps, à New York, il réalise la décoration de l’appartement d’Helena
  Rubinstein. En mai, il conçoit un nouveau ballet, Café de Chinitas, sur la
  base d’une histoire réelle adaptée par Federico García Lorca, qui est
  représentée à Detroit et au Metropolitan Opera House de New York. En 1945, Dalí se rend à Hollywood
  pour travailler avec Alfred Hitchcock dans le film La maison du docteur
  Edwardes dont il réalise les séquences oniriques. L’exposition Peintures
  récentes de Salvador Dalí est inaugurée à la Bignou Gallery. En cette occasion,
  il présente le premier numéro du Dalí News, qu’il édite lui-même et où il ne
  parle que de son personnage et de son oeuvre. En 1946, Dalí participe aux
  expositions Quatre espagnols : Dalí, Gris, Miró, Picasso à l’Institute of
  Modern Art de Boston, Une sélection de peintures contemporaines à la Bignou
  Gallery et IIe Exposition d’été d’art contemporain qui se tient à
  l’Université d’Iowa. En 1947, se tient la deuxième exposition de Dalí à la
  Bignou Gallery dans laquelle le deuxième et le dernier numéro du Dalí News
  sont présentés.  En 1949, Dalí annonce qu’il a
  écrit un scénario pour un "film paranoïaque" intitulé La carretilla
  de carne, qui n’arrive jamais à être tourné. En décembre, Anna Maria Dalí
  publie le livre Salvador Dalí vu par sa sœur. À la fin de la décennie des
  années 40, il commence son étape mystique et nucléaire – dont il expose le
  corpus dans son Manifeste mystique – caractérisée par le traitement des
  thèmes religieux et de ceux rattachés aux avances scientifiques de l’époque.
  Il se montre particulièrement intéressé par les progrès relatifs à la fusion
  et à la fission nucléaires. Dans ses créations de cette période, nous pouvons
  observer comment le lancement de la bombe atomique et ses effets ont une
  influence sur sa création. En septembre 1950, le père de Dalí
  meurt. En 1951, Dalí participe à l’Exposition biennale hispano-américaine
  d’art créée par l’Institut de Culture Hispanique. Il présente à Paris le
  Manifeste mystique avec des oeuvres fondées sur celui-ci. Carlos de Beistegui
  organise un bal masqué au Palais Labia de Venise. Les Dalí y font leur
  apparition, dans des costumes créés par l’artiste et confectionnés par la
  maison Christian Dior. Il prononce la conférence "Picasso et moi"
  au Théâtre María Guerrero de Madrid. Il expose à Londres à la Lefevre
  Gallery. En 1953, la revue Connaissance des arts publie "Salvador Dalí
  explique sa propre peinture". Il participe à l’Exposition de la fiesta
  1953 : Picasso, Gris, Miró, Dalí au Santa Barbara Museum of Art de Santa
  Barbara. En 1954, Dalí expose ses dessins au Palais Pallavicini de Rome pour
  illustrer La divine comédie de Dante. À l’occasion de cette exposition, Dalí
  apparaît soudain sortant d’un "cube métaphysique" qui symbolise sa
  renaissance.  En 1955, Dalí réalise le Portrait
  de Laurence Olivier dans le rôle de Richard III, pour la promotion du film
  Richard III, d’après l’oeuvre de Shakespeare et mis en scène par Alexander
  Korda. Il peint au zoo de Vincennes, dans l’enceinte d’un rhinocéros, une
  interprétation paranoïaque-critique de l’oeuvre de Vermeer La dentellière et
  prépare un film sur ce sujet. Au cours de l'année 1958, Dalí reçoit
  différentes commandes : il dessine pour Hoechst Ibérica une carte de vœux
  pour Noël. La collaboration avec cette entreprise se prolongera durant 19 ans.
  Pour les laboratoires Wallace, il conçoit une exposition pour la promotion de
  la pilule tranquillisante Miltown. Pour la Foire de Paris, il commande un
  pain de douze mètres qui lui sert à illustrer la conférence qu’il prononce au
  Théâtre de l’Étoile. Le 8 août, Dalí et Gala se marient au sanctuaire des
  Àngels, à Sant Martí Vell, près de Gérone.  En 1964, la Grande Croix
  d’Isabelle la Catholique, la plus haute distinction espagnole, lui est
  concédée. Une grande rétrospective organisée par Mainichi Newspapers est
  inaugurée à Tokyo. L’exposition parcourt ensuite différentes villes
  japonaises. En 1968, Dalí participe à l’exposition Surréalisme et dadaïsme et
  leur héritage qui se tient au Museum of Modern Art de New York. A l’occasion
  des événements du mois de mai français, il publie Ma révolution culturelle,
  qui est distribué entre les étudiants de l’Université de La Sorbonne. En
  1969, Dalí achète le château de Púbol qu’il décore pour Gala. Dans les années
  1960 et 1970, l’intérêt du peintre s’accroît pour la science et
  l’holographie, qui lui offrent de nouvelles perspectives dans sa quête
  constante de la maîtrise des images tridimensionnelles. Dalí étudie et
  utilise les possibilités des nouvelles découvertes scientifiques, surtout
  celles relatives à la troisième dimension. Il s’intéresse à tous les procédés
  qui ont pour but d’offrir au spectateur l’impression de plasticité et
  d’espace. Avec la troisième dimension, il aspire à accéder à la quatrième,
  c’est à dire, à l’immortalité. En 1970, il tient une conférence
  de presse au Musée Gustave Moreau de Paris où il annonce la création du
  Théâtre-musée Dalí de Figueres. Le Musée Boijmans-van Beuningen de Rotterdam
  organise pour lui une grande rétrospective, qui pourra être admirée l’année
  suivante à la Staatliche Kunsthalle de Baden-Baden. En 1971, le Musée Dalí
  qui accueille la collection d’A. Reynolds Morse est inauguré à Cleveland.
  Dalí crée un jeu d’échecs, dédié à Marcel Duchamp, pour l’American Chess
  Foundation. Le 28 septembre 1974, le Théâtre-musée Dalí est inauguré. En
  1978, Dalí présente au Solomon R. Guggenheim Museum de New York sa première
  peinture hyper-stéréoscopique, Dalí soulevant la peau de la mer Méditerranée
  pour montrer à Gala la naissance de Vénus. Pendant les années 80, Dalí peint
  ses dernières oeuvres, fondamentalement inspirées dans Michel-Ange et
  Raphael, qu’il avait toujours admirés. Du 14 mai au 29 juin 1980, une
  rétrospective de Salvador Dalí est présentée à la Tate Gallery de Londres, où
  sont montrées un total de deux cent cinquante et une oeuvres. En 1982, The
  Salvador Dalí Museum, propriété du couple Reynolds Morse, est inauguré à St.
  Petersburg (Floride). Le 10 juin, Gala meurt à Portlligat. Le roi Juan Carlos
  I le nomme Marquis de Púbol. Salvador Dalí s’installe au château de Púbol. En
  1983, une grande exposition anthologique : "400 oeuvres de Salvador Dalí
  de 1914 à 1983", se tient à Madrid, Barcelone et Figueres. Ses dernières
  oeuvres picturales datent de cette période. En 1984, suite à un incendie au
  château de Púbol, Dalí transfère définitivement sa résidence à Torre Galatea,
  Figueres, où il vit jusqu’à sa mort. Salvador Dalí meurt à Torre Galatea le
  23 janvier 1989.  | |||||
| dali,
  un manifeste ultra local | Patrick gifreu | EDITION du Rocher | 2000 | ||
| 
 Celle qui devient sa muse sera toujours
  présente à ses côtés. Le père de Salvador n’apprécie pas Gala. La rupture
  entre père et fils est consommée. Salvador ne reverra son géniteur que des
  années plus tard, à son retour d’Amérique. Entre temps, Dalí fait la
  connaissance d’André Breton, le pape du surréalisme. Celui-ci est fasciné par
  le jeune peintre espagnol. Relation de séduction entre les deux hommes qui
  n’est pas sans rappeler la possessivité jalouse du père de Dalí. Le jeune
  peintre signe dès lors des oeuvres qui font date et s’inscrivent dans la
  mouvance surréaliste. En 1932, une exposition est organisée pour le public
  new-yorkais.  L’artiste catalan, avec les Montres
  molles, suscite une curiosité, un intérêt et un engouement qui ne se
  démentiront pas. Autre étape-clé du parcours de Dalí, il publie les bases de
  sa méthode paranoïaque-critique dans L’âne pourri. À l’inverse des
  surréalistes qui s’appuient sur des hallucinations recherchées de façon
  passive, Dalí poursuit une démarche active. Se fondant sur les écrits
  freudiens et sur la libre interprétation des associations, il organise de
  façon délibérée les possibilités d’associations illimitées et délirantes.
  Partant par exemple d’idées obsédantes, il les considère comme des
  sollicitations irrationnelles, véritables invitations et signaux qu’il
  mobilise. Ainsi un savoir irrationnel s’affirme-t-il sans qu’aucune
  intention, explicable ou pas, ne soit prévisible. De ces associations
  naissent des images hétéroclites, assemblées ou encore modifiées ou
  converties. Monde réel et monde imaginaire interagissent du fait d’un
  protocole intentionnel. De cette interdépendance émerge le sujet concret
  irrationnel. Cette approche paradoxale, Dalí l’applique quelques années plus
  tard à l’écriture aussi, associée à la peinture, dans la Métamorphose de
  Narcisse (1937) ou dans les Métamorphoses érotiques.  Mais Dalí est-il véritablement
  membre du mouvement surréaliste ? Si sa vie est ponctuée d’influences
  diverses, dont celle des surréalistes, le peintre construit son oeuvre sans
  notion aucune finalement de fidélité à qui que soit d’autre que lui-même.
  D’ailleurs, il est difficile d’imaginer qu’une telle personnalité puisse se
  fondre dans une mouvance collective avec constance ou humilité. Opportunisme,
  utilisation ou recherche insatiable d’identité ? La question se pose pour ce
  génial touche-à-tout. Tout au long des années, se succèdent des périodes
  diverses selon les rencontres qu’il fait. Les options politiques de Dalí et
  Breton divergent fondamentalement et, dès 1934, Salvatore est stigmatisé par
  André pour ses prises de position quant au fascisme hitlérien. En 1936, le
  peintre s’installe en Italie. Il fuit la guerre civile espagnole. Mettant à
  profit ce séjour, il s’imprégnera, à son habitude, de nouvelles influences et
  s’intéressera à la Renaissance et au Baroque. Mais il explore aussi d’autres
  champs qui n’en finissent pas de surprendre. Ainsi écrit-il un projet de
  scénario pour les Marx Brothers. Parallèlement, ses relations avec les
  surréalistes se détériorent encore plus. À l’instigation de Breton, Dalí, du
  fait de ses déclarations à propos d’Hitler, passe en jugement. Cette
  alternance d’attachements et de détachements se répète à plusieurs reprises
  dans la vie du peintre sans qu’il semble en pâtir, happé déjà par de nouveaux
  centres d’intérêt.  Autre rencontre notoire dans la
  vie du peintre, celle de Sigmund Freud, à Londres, en 1938. Dalí fait de lui
  deux portraits. Toujours en situation de se confronter à l’inconnu et à ce
  que l’on ne suppose pas de lui, Dalí participe au premier ballet paranoïaque
  au Metropolitan Opera House ; il en fait les décors. Puis éclate la seconde
  guerre mondiale. Une fois encore, Dalí fuit la guerre et s’installe avec Gala
  en Amérique. Cet évitement compulsif des conflits mortels est signe de la
  puissante angoisse de mort qui taraude Dalí tout au long de sa vie. Cette
  période américaine est aussi celle de sa rupture définitive d’avec Breton qui
  le surnomme Avida Dollars, dénonçant – par cet anagramme – un esprit à son
  goût trop commerçant. Se disant arriviste à tout casser, l’artiste n’en prend
  pas ombrage. Dalí rencontre alors un succès certain auprès des Américains. Au
  cours de cette période, il se consacre entre autres à l’opéra, au ballet, au
  théâtre, au cinéma mais, aussi, à la réalisation de bijoux. Il s’intéresse encore
  de façon féconde à la photographie, la décoration, la publicité. Il a même
  des projets avec Walt Disney. Comme toujours, sensible à des influences
  extérieures témoins de l’époque, Dalí traduit dans sa peinture, devenue
  atomique, l’explosion de la bombe à Hiroshima. À ce cycle, en succède un
  autre inspiré des grands thèmes de la tradition occidentale, intégrant aussi
  des thèmes religieux. Puis autre changement, en 1948, Dalí revient en
  Catalogne.  En perpétuelle recherche, il assimile
  par la suite à son art une thématique centrée sur la science et l’Histoire.
  Pour autant et de façon pour lui coutumière bien qu’inattendue, voire
  saugrenue au regard d’autres, il s’essaye à un autre domaine : une invention,
  l’Ovocipède, moyen de transport atypique. Faut-il y voir une référence à son
  illustre prédécesseur Léonard de Vinci et à sa légendaire inventivité ? Par
  ailleurs, gourmand de mondanités et honneurs divers, Dalí fait l’événement à
  Paris. Formidable metteur en scène de lui-même, il amplifie et détourne parfois
  l’actualité à son profit dont il fait matière artistique. Les événements de
  1968 lui donnent ainsi une occasion de prendre position en une affirmation
  batailleuse : Là où passe la révolution culturelle doit pousser le
  fantastique. Encore une fois la question se pose : opportunisme ou soif
  inextinguible d’être vu pour celui qui, au tout début de sa vie, a dû lutter
  pour exister au travers de l’image d’un frère mort ?  Nullement académique, Dalí est une fois
  encore novateur. Il participe à des campagnes publicitaires pour Perrier ou
  le chocolat Lanvin, restées dans les mémoires. Bousculant les conventions, il
  prend le risque de se voir vilipendé par un certain microcosme se voulant
  garant d’une éthique ou d’un savoir- vivre supposé. N’était-ce pas rechercher
  encore le rejet, ainsi qu’il l’avait fantasmé, pour avoir été nié au profit
  de son frère mort ? Là encore Dalí a, à sa manière, fait flèche de tout bois
  pour exister coûte que coûte dans le regard des autres. Le fameux slogan « Je
  suis fou du chocolat Lanvin » ne manque pas de ramener à une affirmation de
  Dalí disant de lui: La seule différence entre moi et un fou, c’est que je
  ne suis pas fou… L’artiste atypique se passionne encore pour d’autres moyens
  d’expression comme l’holographie, la peinture stéréoscopique. C’est
  d’ailleurs une des constantes du comportement dalinien que de toujours ouvrir
  des portes vers l’inconnu. Un autre de ses desseins, pourtant, lui demande
  constance et ténacité : après dix années de persévérance, le Teatro Museo
  Dalí, projet de musée, aboutit enfin.  Artiste reconnu et comblé d’honneurs,
  Dali est extrêmement affecté par le décès de sa muse le 10 juin 1982. Il se
  retire alors au Château de Púbol. Il peint la Queue d’Aronde, son
  dernier tableau, en 1983. L’année suivante, il subit de graves brûlures
  pendant l’incendie de sa chambre. Par la suite, plusieurs crises cardiaques
  rendent sa santé de plus en plus précaire. La dernière d’entre elles
  l’emporte le 23 janvier 1989. Selon sa volonté, il est enterré près du
  théâtre musé Dalí. Ainsi disparaît celui qui disait ne pas
  savoir quand il mentait et quand il disait la vérité. Faux-semblant
  provocateur de plus ou signe d’une confusion psychique extrême ? Se
  considérant comme peintre médiocre, Dalí, mégalomane narcissique à souhait,
  oeuvre par la transformation d’oeuvres à la réalisation des siennes.
  Inlassablement, Salvador Dalí reste en quête d’une figure paternelle jusque
  dans ses prises de position politiques assorties – là aussi – de déclarations
  fracassantes et provocatrices. Précurseur pour certains ou utilisateur pour
  d’autres, le débat demeure ouvert. Allant jusqu’à la caricature, il alimente
  toujours davantage le moulin de ses détracteurs. Lui qui maniait les mots avec
  une délectation anarchique et structurée reste l’auteur de formules
  paradoxales et ambivalentes, se présentant par exemple comme artiste ultra
  local et universel. Ainsi cherchait-il désespérément à concilier les
  contraires sans renoncer jamais à l’un ou à l’autre. Ne pouvant accepter le
  réel, celui qui se nommait Divin Dali, autre formule destinée à choquer,
  nourrissait sans cesse la confusion. Il n’en reste pas moins qu’il fait
  partie de ces artistes qui permettent à tout un chacun l’accès à l’art, en dehors
  même des milieux dits autorisés. Si d’aucuns s’interrogent sur la qualité de
  son oeuvre et la remettent en cause pour caractère inégal, changeant, voire
  versatile, le public lui est toujours fidèle. Il le lui témoigne de son
  vivant. Quelle plus belle sublimation ? Celui qui fut fait Marquis de Púbol
  par Juan Carlos 1er a fait de l’état espagnol son légataire universel.
  Manière certes de se pérenniser mais, aussi, affirmation implicite de son
  identité espagnole que jamais il ne trahira ni n’oubliera.  | |||||
 
| DANSE LES NOCES D’OR | Carole Aliya | Ed. A.l.t.e.s.s. | 2012 | 
| Inspiré par l'Amour, ce recueil de poèmes très intimes est une
  invitation à pénétrer le cœur de notre être, le Cœur de Dieu, à se laisser
  emporter par cet amour divin, par cet "amour-amoureux", porteur de
  toutes les promesses. L'amour est une substance indélébile. Elle s'unit en
  nous pour que nous ne fassions qu'Un. Laissons-nous transporter et découvrons
  les réalités du Royaume, de notre Divinité. Quelques photos de sculptures
  magnifiques de Rodin rythment ces textes empreints de tendresse, de passion
  et de Vie. « Dieu m'a prise tout entière... », témoigne Carole Aliya, qui
  depuis 2004 accompagne ceux qui souffrent Carole Aliya :
  "La mystique, rappelons-le, désigne l'authentique mode de
  connaissance de Dieu ou de l'absolu, connaissance issue de l'expérience,
  capable de transfigurer la condition humaine. Au cours de l'histoire, de
  nombreuses femmes - religieuses, laïques, visionnaires, prophétesses,
  stigmatisées, extatiques, recluses, fondatrices, philosophes, poètes,
  écrivains, musiciennes, danseuses, mère de famille, amantes... - ont témoigné
  de cette expérience avec le Tout Autre. Par leur vie, leurs écrits,
  elles n'ont cessé de nous rappeler que la mystique est un cheminement
  intérieur et extérieur tout à la fois, une voie de l'être en quête de
  transformation, appelé à la présence infinie. Elles ont posé un regard renouvelé
  sur le monde, prêt à être transfiguré à chaque instant. Elles ont appris à
  voir et à habiter la dimension du réel, où se découvrent l'humanité de Dieu
  et la divinité de l'homme’’ "Je" vous fais plonger et baigner dans cette dimension
  sacrée pour que votre conscience s'éveille, que votre être se redresse et
  manifeste la Réalité de ce qui est. Le vivant se déploie, s'anime. Une
  connaissance de l'être, des profondeurs, émerge, créant du mouvement et vous
  libérant. Ces enseignements sont alchimiques et très concrets.
  Ils abordent toutes les dimensions de la Vie et les mécanismes de vie.
  "Je" ne suis pas évidemment 
  Carole, mais cette dimension universelle et infinie. C'est un
  "Nous". Ce sont des temps pour se
  retrouver avec soi. Il s'agit d'avancer en humilité et savoir que nous
  pouvons y arriver. Etre en humilité permet de grandir et de conscientiser que
  plus nous avançons, plus nous avons un champ immense à découvrir et nous-même
  en premier : entrer en conscience avec soi, s'éveiller. Nous ne sommes pas
  seuls. Il existe constamment des mains tendues pour ces mises en lumière,
  pour éviter des scénarios trop souvent rencontrés dans le passé, pour
  avancer, pour continuer. Relevons-nous véritablement aidés par des éclairages
  de la vie ici et là. Le chemin, c'est de prendre le risque du deux, de la
  relation à l'autre, aux autres, dans la découverte complète : grandir
  ensemble car seul nous ne pouvons rien. Grandir ensemble tout en restant dans
  l'intimité de son cœur, se sentir accompagné, accueilli quoiqu'il arrive et
  accomplir le chemin à deux, à trois, à quatre, à dix... Ici, nous faisons
  chacun un pas, dans ces temps de partage, dans ces temps liés à l'âme, dans
  la relation avec son propre cœur | |||
| dans la forÊt des songes | Jacques Lacarrière | Edition du NIL | 2005 | 
| À
  proximité de la ville de Troyes, en Champagne, il existe une forêt, une vraie
  forêt qui s’étale, frissonne et murmure autour de trois grands lacs et qui se
  nomme Forêt d’Orient. C’est à l’orée de cette forêt qu’Ancelot – chevalier
  sans cheval, paladin sans armure, pèlerin sans équipage – rencontre Thoustra,
  un perroquet ara, curieux de tout et légèrement dyslexique, avec lequel il va
  cheminer et croiser des êtres, figures, fantômes ou personnages surgis de
  différentes époques : un stylite sur sa colonne, une grue cendrée et bègue,
  le Grand Veneur d’une chasse fantastique, une ondine nymphomane, un androgyne
  transsexuel, une mère porteuse et vierge, et bien d’autres encore. 
 | |||
 
| DRIEU  LA ROCHELLE -  QUI SUIS-JE ? | Thierry Bouclier | Edition Pardès |  2020 | 
| Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945): "Si on
  refuse un combat, on ne peut qu'en engager un autre. On ne peut se dérober à
  la loi du combat qui est la loi de la vie. [...] L’homme n'existe que dans le
  combat, l'homme ne vit que s'il risque la mort. Aucune pensée, aucun
  sentiment n'a de réalité que s'il est éprouvé par le risque de la mort."
  (Gilles.) Né en 1893 dans une famille bourgeoise, élevé entre un père
  et une mère qui se déchirent, étudiant malchanceux, soldat de la boue et des
  tranchées, suicidaire, amant constamment insatisfait, la vie de Pierre Drieu
  la Rochelle irrigue l'ensemble de son oeuvre littéraire. Ses poèmes, ses
  essais, ses nouvelles, ses pièces de théâtre et ses romans racontent toujours
  une part de lui-même.  Du Feu follet (1931) à Gilles (1939), en passant
  par La Comédie de Charleroi (1934) et Rêveuse Bourgeoisie (1937), le lecteur
  suit sa destinée à travers des pages magnifiques, mais souvent désespérées.
  Dans les années 1920, ses amis les plus proches se nomment Louis Aragon,
  Gaston Bergery, Emmanuel Berl et André Malraux. Mais, habité par le spectre
  de la décadence (décrit dans Mesure de la France), conscient de la nécessaire
  unité des patries européennes (développée dans L'Europe contre les patries)
  et chantre d'un socialisme viril, il n'hésite pas à se proclamer fasciste au
  lendemain des évènements du 6 février 1934. Une profession de foi (exposée
  dans Socialisme fasciste) qui le conduira, à se perdre dans les méandres de
  la Collaboration. Le 15 mars 1945, il met fin à ses jours. Ceux qui l'ont
  connu surent souligner sa sensibilité, son élégance, son courage et son sens
  de l'amitié. Au fil des années ayant suivi son suicide, sa figure de dandy,
  errant sur les quais de la Seine, a donné naissance à un véritable mythe. Longtemps Drieu a été
  caché derrière sa mythologie. Je ne plaide pas pour une lecture qui, comme le
  disait Baudelaire, soit "dépolimiquée" ; je ne crois pas
  souhaitable que la polémique cesse radicalement. Mais il faut une polémique
  informée. On doit prendre connaissance de la totalité de l'oeuvre, et
  maintenir que, même avec ses erreurs ou ses fautes politiques, Drieu n'est
  pas un écrivain qu'on puisse négliger ni qu'il nous soit interdit d'admirer
  dans certaines pages, certains livres. À partir de 1934,
  Drieu devient résolument fasciste, après avoir été un court moment proche du
  communisme. Paraissent alors Socialisme et fascisme, qui regroupe des
  textes politiques, et La comédie de Charleroi, où l'on trouve un éloge
  de la force, une condamnation de la guerre mécanique moderne, une apologie de
  la puissance virile déployée dans le combat. Drieu s'engage ensuite dans le
  PPF au côté de Jacques Doriot. Puis il y a la collaboration avec l'occupant,
  notamment dans la direction de la Nouvelle Revue française. C'est au fond
  ce qu'on ne lui pardonne guère : avoir fait reparaître la NRF sous la
  surveillance des services allemands, et d'Otto Abetz notamment, qui était
  l'un de ses amis. Mais il y a un autre basculement, au moment où Drieu se
  rend compte que les Allemands ont perdu la guerre, que la défaite n'est
  qu'une question de temps. On a là-dessus le témoignage de son journal, publié
  par Gallimard en 1992 : il se met à couvrir Staline de louanges, à dire que
  l'Europe est amenée à devenir slave... Il est extrêmement troublé, le texte
  est un peu fou. Cette façon de vouloir surplomber l'histoire comme si quelque
  chose le fondait à parler de l'avenir est l'un des aspects étonnants, et un
  peu désolants, de Drieu. Tout en vouant la politique aux gémonies, il ne peut
  s'empêcher d'y revenir, de se faire constamment prophète.  | |||
17 E
| ÉlisÉe reclus | H. CHARDAK | Edition STOCK | 1997 | ||
| 
 Dans
  l’œuvre immense de Reclus on ne peut dissocier le géographe du libertaire.
  Son projet n’est pas d’inventer une société idéale, mais de changer vraiment
  le monde, de faire sauter les multiples formes d’oppression qui entrave
  l’épanouissement de l’homme dans une société juste. Il lui faut donc
  comprendre et expliquer le monde tel qu’il est. Ce qui rend intéressante,
  aujourd’hui encore, la lecture des œuvres de Reclus, ce sont les passages où
  il aborde les rapports de pouvoirs et/ou de domination. Reclus croyait en
  l’existence possible d’une société universelle, juste, où chaque individu
  serait respecté et saurait respecter autrui une fois que les hommes se
  seraient débarrassés des oppresseurs, des accapareurs, entre autres de
  l’État, source de puissance et de pouvoirs, donc de domination. Cette
  position politique est a priori en totale opposition avec l’approche
  d’Hérodote puisque la nation et dans une moindre mesure l’État sont des
  concepts que nous estimons fondamentaux de l’analyse géopolitique. Mais ce
  qui nous rapproche d’Élisée Reclus, c’est la volonté de décrypter le monde
  avec honnêteté, de ne pas masquer, dans la mesure où l’on en est conscient,
  ce qui ne nous plaît pas. En ce début du XXIe siècle, ce sont les
  États-Unis qui l’ont emporté. On sait que leurs dirigeants actuels ainsi
  qu’une partie de l’opinion américaine sont convaincus d’être investis d’une
  mission, aider les peuples à se libérer de l’oppression dictatoriale de leurs
  dirigeants pour instaurer la démocratie partout dans le monde, ce qui ne
  pourrait conduire qu’à la paix puisque chacun serait libre. Voilà une vision
  du devenir du monde qui peut sembler proche de celle d’Élisée Reclus qui
  voyait dans l’oppression la source majeure des conflits et dans la liberté de
  chacun l’assurance de la paix pour tous, à ceci près que pour Reclus,
  anarchiste convaincu, l’oppression commençait dès l’existence de toute
  organisation administrative et politique. Ce n’est assurément pas la position
  d’Hérodote, loin de là. Néanmoins, malgré cette position de principe
  d’Élisée Reclus qui explique pour partie la faiblesse de certaines de ses
  analyses, nous pensons qu’il est encore utile de se reporter à l’œuvre de ce
  grand géographe. Œuvre immense, colossale il faut le redire.
  Un travail exceptionnel, trois grands ouvrages le premier La Terre
  description des phénomènes de la vie du globe, le second la Nouvelle
  Géographie universelle, 19 volumes écrits seul ou avec l’aide de quelques
  collaborateurs, une publication qui s’étire sur dix-huit ans de 1876 à
  1894, 17 873 pages de texte et 4 290 cartes et des milliers de
  gravures et enfin sa grande œuvre, L’Homme et la Terre, publiée après
  sa mort (1905-1908) sous le contrôle vigilant de son neveu Paul Reclus, une
  vaste fresque de l’histoire de l’humanité de ses luttes et de ses progrès,
  depuis la préhistoire jusqu’au début du XXe siècle. Reclus tenait
  énormément à cet ouvrage qu’il considère comme la conclusion de toute son
  œuvre et qu’il définit comme un « ouvrage de géographie sociale »
  où il aborde trois thèmes fondamentaux pour lui : la lutte des classes,
  la recherche de l’équilibre et le rôle primordial de l’individu, les deux
  derniers tomes étant l’équivalent d’un traité de géographie humaine générale
  dans lequel, à la différence des successeurs de Reclus, les questions
  politiques ne sont pas tues. Quelle ardeur au travail ! Pas un jour sans
  qu’il n’écrive quelques pages. On reste ébahi de la diversité et de l’ampleur
  de ses connaissances, c’est un grand lecteur de la presse, il connaît plus de
  six langues, il a énormément voyagé pour rédiger la Nouvelle Géographie
  Universelle et il avait des informateurs dans nombre de pays grâce au réseau
  du milieu anarchiste. Comment expliquer une telle puissance de travail, une
  telle constance dans l’effort ? Reclus est en vérité porté par son idéal
  politique. Son œuvre est non seulement l’œuvre d’un grand géographe mais
  c’est aussi l’œuvre d’un militant, car il faut bien comprendre que son
  travail de géographe n’est pas seulement au service de la
  « science », mais aussi au service de son idéal politique,
  l’anarchie telle que la conçoit Reclus : les hommes libres et égaux dans
  une société sans lois et sans autorité. Toute sa vie Reclus sera un militant
  de la cause anarchiste, or compte tenu de sa personnalité c’est un être
  absolu, totalement engagé dans ce combat pour une société juste et libre. Il
  se donne une mission, celle de travailler à son établissement même si ce ne
  peut être que dans un avenir très lointain et démontrer que c’est possible,
  et la géographie est un excellent outil pour cela. Cependant, la taille colossale de son œuvre
  servira d’arguments à certains pour la discréditer, laissant entendre que
  Reclus s’était laissé aller à remplir la page par des descriptions de
  paysages rapidement dépassées par les travaux « scientifiques » des
  géographes universitaires, Vidal écrivait ainsi en 1908 à Jean Brunhes :
  « Vous savez combien la Géographie universelle d’Élisée Reclus a
  cessé de correspondre à l’état de la science ». En vérité, l’oubli de
  Reclus repose sur d’autres raisons, beaucoup plus sérieuses et autrement
  importantes par l’influence qu’elles ont eue sur l’orientation prise par la
  géographie universitaire dont Vidal de La Blache fut le fondateur, ce qu’Yves
  Lacoste a clairement démontré dans son article « À bas Vidal ? Viva
  Vidal » [Lacoste, 1979]. Disons-le d’entrée de jeu, on ne peut
  dissocier le géographe du libertaire et c’est son appartenance au mouvement
  anarchiste qui lui a fermé les portes de la reconnaissance de l’institution
  universitaire française. Si la Belgique s’est montrée plus accueillante,
  c’était toutefois dans le cadre de l’Université libre de Bruxelles constituée
  de libres penseurs, et sa venue a néanmoins posé de sérieuses difficultés.
  Quand certains membres de l’université ont annoncé leur intention d’inviter
  Élisée Reclus pour y donner des cours de géographie, un conflit éclata entre
  les conservateurs et les progressistes, conflit qui, il est vrai, couvait
  depuis plusieurs années. Les conservateurs s’inquiétaient des positions
  anarchistes de ce géographe internationalement connu, d’autant plus que cette
  année-là, en 1893, eut lieu à Paris un attentat anarchiste à la Chambre des
  députés, et s’opposaient donc à sa venue. Les progressistes ont alors décidé
  de fonder une Nouvelle Université libre pour que le grand Élisée
  Reclus puisse enseigner en toute liberté et sérénité. Notons que sa notoriété
  était telle que plus de 1 000 personnes ont assisté à son premier cours,
  et précisons aussi, que jamais Reclus n’a été rémunéré pour son enseignement,
  assurance pour lui de protéger sa totale liberté de penser. Tout au long de sa vie, il a d’ailleurs fait
  preuve d’une exceptionnelle force de caractère, et quelles que furent les circonstances
  et les menaces qui ont pesé sur lui jamais il n’a jamais renié ses
  convictions, il était totalement inflexible quand il estimait que sa
  conscience était en jeu, attitude qui a suscité l’admiration sans borne de
  ses partisans et le rejet de ceux qui le qualifiaient de « fou »,
  voire d’irresponsable. Par exemple, alors qu’il est étudiant à Berlin sans le
  sou, on lui propose une place de précepteur chez un comte « à condition
  que je ne fusse pas républicain, je me suis incliné et j’ai refusé ». En
  vérité, par ce trait de caractère, il était le digne fils de son père,
  pasteur calviniste plus mystique qu’intégriste, ayant choisi de vivre de la
  générosité d’une petite communauté protestante d’Orthez et renonçant en 1831
  à ses fonctions officielles de pasteur de Sainte-Foy-la-Grande. Il est
  indéniable que l’éducation protestante familiale a influencé l’orientation
  politique des frères Reclus, car on ne peut dissocier la formation et
  l’engagement politique d’Élisée de ceux de son frère aîné Élie, ils ont toujours
  partagé les mêmes idéaux et ont été exceptionnellement proches toute leur
  vie.  Les caractères principaux du protestantisme
  sont l’autonomie de l’individu par rapport au dogme et l’importance de la
  morale. Deux traits que l’on retrouve dans l’idéologie libertaire de Reclus,
  pas de dogme à respecter, chaque anarchiste est libre de penser comme il
  l’entend et Reclus a par exemple été souvent en désaccord avec Bakounine (ils
  se sont rencontrés en 1864) et la condition essentielle de la moralité, c’est
  la liberté. Chez les anarchistes pas de référence au dogme d’un parti car ce
  serait déjà aliéner sa propre liberté, seule compte leur propre vision du
  monde et non pas celle que leur imposerait un parti. Rien entre l’individu et
  ce vaste ensemble que représente l’Humanité, de la même manière qu’à ses
  débuts quand il était encore croyant il ne devait rien y avoir entre
  l’individu et Dieu, en fait l’Humanité a en quelque sorte pris la place de
  Dieu dans l’idéal de Reclus. En 1851, Élisée Reclus - il a alors vingt et un ans - est déjà profondément républicain, la révolution de 1848 l’a enthousiasmé, socialiste et libre-penseur. Cette année-là, il suit à Berlin les cours du géographe allemand Carl Ritter. Dans une lettre à sa mère, il déclare renoncer à poursuivre ses études de théologie et affirme : « Je ne suis décidé à ne suivre que le cri de ma conscience. Pour moi qui accepte la théorie de la liberté en tout et pour tout, comment pourrais-je admettre la domination de l’homme dans un cœur qui n’appartient qu’à Dieu seul ? » . Cette année-là, après avoir en compagnie de son frère aîné Élie traversé la France à pied (il gardera toujours de ce voyage un souvenir ému), il rédige son premier texte politique, Développement de la liberté dans le monde, texte retrouvé après sa mort et publié en 1928 dans Le Libertaire. Selon Éric Leunis et Jean-Marie Neyts [1985] à cette époque Reclus n’est pas encore réellement anarchiste, comme le prouvent les nombreuses références chrétiennes de ce premier texte politique, néanmoins on y trouve déjà une référence à l’anarchie. | |||||
| ET DANS L’ḖTERNITḖ JE NE M’ENNUIRAIS PAS   - | Paul Veyne | Ed. Livre de poche | 2016 | ||
| 
 
 Mais Veyne ne sympathisera pas
  avec Aron car l'historien, il l'avoue, est un «ingrat»; plus par maladresse,
  confie-t-il, un brin coquet, que par méchanceté. «Il me manquait le sens le
  plus élémentaire des relations sociales.» En réalité, son indépendance forcenée
  l'empêche d'envisager d'être «aronien» ou même «sartrien». «Je ne prenais pas
  Sartre au sérieux; quant à Aron, son égoïsme social me réfrigérait.» Au fond,
  il n'a «jamais imaginé qu'on pût être disciple», même s'il a flirté avec le
  Parti communiste, tout en admirant le général de Gaulle (il fut selon lui le
  «plus grand réformateur de gauche de son siècle»). Veyne se lia surtout
  d'amitié avec des esprits libres, aussi divers que Michel Foucault, Michel
  Piccoli ou René Char. Mais il ne faudrait pas croire que cette existence
  passionnante fut linéaire; elle sera aussi marquée de nombreuses blessures.  Veyne médite sur ce qu'il appelle
  sa laideur, sur sa vie de famille plutôt tourmentée (marié trois fois «comme
  Cicéron, César et Ovide»), sur le désir et le plaisir, le «voussoiement de
  l'aimée», son rapport à l'athéisme, son fils disparu... Et sa leçon de vie se
  dévoile à chaque page. À l'encontre de tous les esprits
  courts qui triomphent aujourd'hui, en proclamant que l'argent, le sexe ou le
  pouvoir font seuls mouvoir nos semblables, il nous rappelle qu'une petite
  minorité d'esprits, sinon supérieurs, du moins différents, peuvent être mus
  par un autre idéal: satisfaire ce qui les intéresse. «Qu'est-ce que
  l'intéressant?», se demande Veyne. «L'intéressant ne s'explique par rien, il
  n'est pas utile, ni égoïste, ni altruiste (...): l'intéressant est
  désintéressé.» C'est en découvrant, un jour, alors qu'il avait huit ans, une
  amphore romaine sur une colline de son Vaucluse natal que Paul Veyne
  s'enflamma pour ce qui «l'intéressera» toute sa vie. «Méfions-nous de nos rêves
  d'enfant, disait François Mauriac, ils structurent toute notre vie.» Dans le
  cas de Veyne, ces rêves ont eu du bon. Ils ont engendré une vie d'honnête
  homme, cultivée, amoureuse, pétillante d'intelligence, une vie à la
  Montaigne. | |||||
| et les hommes deviendront des dieux | J. REDFIELS & M. MURPHY | EDITION R. Laffont | 2003 | 
| L’homme est à la veille de grands
  changements ; s’il s’ouvre enfin à sa nature divine, il aura la capacité
  d’améliorer radicalement sa vie. Partant de cette constatation, les auteurs
  commentent à chaque étape de notre vie nos ressources spirituelles et nous
  aident à participer à la création et à l’évolution du monde. Un livre de bonheur et de conseils pour
  trouver les clefs de l’éveil. Autant de leçons de sagesse, de conseils, et même d’exercices pour réaliser notre véritable potentiel. Au-delà de cette dimension, et les hommes deviendront des dieux établit le lien entre l’individuel et le planétaire et explique comment chaque étape du développement personnel de chacun fait partie intégrante de l’évolution du monde | |||
17 F
| FEDERICO
  GARCIA LORCA  - QUI
  SUIS-JE ? | Annick Le Scoezec masson | Edition Pardès |  2019 | ||
| 
 
 En 1932, nommé, avec Eduardo Ugarte, directeur de "La
  Barraca", théâtre universitaire ambulant dont la mission est de faire
  connaître dans les villes de province et les campagnes les plus reculées les
  oeuvres du théâtre classique espagnol, il se donne avec fougue à cette
  entreprise qui le met en contact direct avec son peuple. Figurent au
  programme des tournées: Font-aux-cabres, de Lope de Vega, dont il fait
  lui-même une adaptation moderne; La vie est un songe de Calderon de la
  Barca et Le Séducteur de Séville de Tirso de Molina, ainsi que les Entremeses
  (Huit comédies et huit intermèdes) de Miguel de Cervantes. Les dernières
  années de la vie de Federico Garcia Lorca sont consacrées à peu près
  exclusivement au théâtre. En effet, si l'on excepte l'admirable Chant
  funèbre pour Ignacio Sanchez Méfia, publié en août 1935 pour rendre un
  dernier hommage au courageux torero qui était l'ami de tous les jeunes
  poètes, les dernières oeuvres auxquelles il travaille sont écrites pour la
  scène: Noces de sang (1933), Yerma (1934), Rosita la
  célibataire, ou le Langage des fleurs (1935) et La Maison de Bernarda
  Alba, pièce achevée un mois jour pour jour avant sa mort, publiée fin
  1936 et créée en 1945 au Studio des Champs-Élysées de Paris. Directeur et conseiller artistique de la comédienne
  Margarita Xirgu, il se rend avec elle, en 1933-34, à Buenos Aires, pour une
  série de représentations triomphales des Noces de sang. Ce voyage en
  Amérique latine (Argentine, Brésil, Uruguay) est le dernier entrepris avant
  la Guerre civile espagnole. Quand celle-ci éclate, au début de juillet 1936,
  il se trouve à Madrid. Il rejoint néanmoins Grenade, comme il en a l'habitude
  chaque année à ce moment de l'été. Hélas ! c'est là que le "rossignol
  d'Andalousie", ainsi que l'appelaient ses amis, trouvera la mort: bien
  que n'ayant jamais participé à la moindre action politique, il est arrêté
  chez le poète Luis Rosales, où il a cherché un refuge clandestin. Federico
  Garcia Lorca est fusillé par les gardes civils dans les ravins de Viznar,
  près de Grenade, dix jours plus tard, le 19 août 1936, à l'âge de 38 ans. | |||||
| FRÉDÉRIC LENOIR - DU BONHEUR, UN VOYAGE PHILOSOPHIQUE | Frédéric Lenoir | Edition Fayard | 2013 | ||
| 
 Aimer la vie qu’on mène - Au jardin des plaisirs, avec Aristote et Epicure - Donner du sens à sa vie - Voltaire et l’imbécile heureux - Tour être humain souhaite-t-il être heureux ? - Le bonheur n’est pas de ce monde : Socrate, Jésus et Kant - De l’art d’être soi-même - Schopenhauer : Le bonheur est dans notre sensibilité - L’argent fait-il le bonheur ? - Le cerveau des émotions - De l’art d’être attentif … et de rêver - Nous sommes ce que nous pensons - Le temps d’une vie - Peut-on être heureux sans les autres ? - La contagion du bonheur - Bonheur individuel et bonheur collectif - La quête du bonheur peut-elle rendre malheureux ? - Du désir à l’ennui : le bonheur impossible - Le sourire du Bouddha et d’Epictète - Le rire de Montaigne et de Tchouang-Tseu - La joie de Spinoza et de Mâ Anandamayî | |||||
| FRḖDḖRIC
  LENOIR  - COMMENT 
  JÉSUS EST DEVENU DIEU | FRÉDÉRIC LENOIR | ÉDITION FAYARD | 2010 | 
| Pour vous qui suis-je ? Cette interrogation de Jésus à ses
  disciples n’a rien perdu de sa force. Les Evangiles laissent planer un doute
  sur l’identité de cet homme hors du commun : Est-
  il un prophète ? Le Messie
  attendu par les juifs ? Le
  fils de Dieu ? De
  nos jours, le christianisme est pourtant la seule religion qui affirme que
  son fondateur est à la fois homme et Dieu. Comment les chrétiens des premiers
  siècles ont-ils progressivement été amenés à affirmer la divinité de Jésus
  alors que lui-même ne s’est jamais identifié à Dieu ?  Alors
  comment, à l’issue de débats passionnés, furent élaborés les dogmes de la
  Sainte Trinité et de l’Incarnation ? Quels autres regards ont été
  rejetés comme « hérétiques » lors de ces virulentes joutes
  théologiques qui ont couté la vie à certains ? Quel a été le rôle du pouvoir politique dans l’élaboration du credo chrétien à partir du Ive siècle et de la conversion de l’empereur Constantin ? Ecrit comme un récit, cet ouvrage captivant permet de comprendre la naissance du christianisme ainsi que les fondements de la foi chrétienne et pose avec acuité la question centrale : Qui est Jésus ? | |||
| FRḖDḖRIC  LENOIR -  SOCRATE – JḖsus  -  BOUDDHA | Frédéric
  Lenoir | Edition 
  Fayard |  2009 | 
| La
  crise actuelle n’est pas simplement économique et financière, elle est aussi
  philosophique et spirituelle. Contre
  une vision purement matérialiste de l’homme et du monde, Socrate, Jésus
  et Bouddha sont trois Maîtres de
  vie qu’ils n’enferment jamais dans une conception étroite et dogmatique. Leur
  parole a traversé les siècles sans prendre une ride, et, par-delà leurs
  divergences, ils s’accordent sur l’essentiel : l’existence humaine est
  précieuse et chacun, d’où qu’il vienne, est appelé à chercher la vérité, à se
  connaitre dans sa profondeur, à devenir libre, à vivre en paix avec lui-même
  et avec les autres. Un
  message humaniste, qui répond sans détour à la question existentielle et
  essentielle du sens de la vie. | |||
| FRḖDḖRIC LENOIR - le livre des sagesses | F.
  LENOIR & Yse TARDAN  –  MASQUELIER | Edition
  BAYARD |  2002 | 
| Qui sont ces maîtres
  de vie, ces sages, ces mystiques qui ont façonné l’aventure spirituelle de
  l’humanité ? Quels sont les grands textes qu’ils ont écrits ou suscités, quelles
  sont les sources de leur inspiration ? Du Bouddha à Thérèse d’Avila. De
  Sénèque à Gandhi, d’Ibn’Arabi à Simone Weil, des sages égyptiens aux lamas
  tibétains contemporains, des maîtres du hassidisme aux gurus de l’Inde
  moderne… ce livre évoque d’abord l’expérience transformante des plus grandes
  figures spirituelles de l’histoire de l’humanité. S’ensuit une anthologie de
  textes du monde entier, le plus souvent dans des traductions originales, dont
  les thèmes scandent cette aventure singulière et universelle : le scandale de
  la souffrance et l’aspiration au bonheur, le chemin spirituel, la prière et
  la méditation, l’amour et la compassion, la liberté et la mort et l’au-delà…
  Une superbe fresque des quêtes spirituelles de l’humanité.  Cet
  ouvrage est une somme anthologique documentée et pédagogique sur tout ce que
  l’humanité a pu créer en matière de sagesses. Cette fresque embrasse cinq
  mille ans  d’histoire et dans toutes les contrées de notre planète  des sages égyptiens à Gandhi et Simone
  Weil, en passant par Homère, Moïse, Mahomet,  Bouddha, Jésus et Saint
  Paul… Un usage raisonnable et équilibré de l’éclectisme, Il fallait au moins
  2 000 pages de papier bible pour prétendre compiler de manière exhaustive
  l’ensemble des sagesses produites par l’humanité depuis l’invention de
  l’écriture.  Les codirecteurs de ce pavé ont tenu le pari…C’est un monument d’érudition auquel ont collaboré quelque cinquante spécialistes. Il privilégie la lisibilité des récits biographiques et l’accessibilité des textes avant de se clore sur une série de panoramas historiques, c’est un immense travail de mémoire qu’ont effectué les auteurs avec d’autres spécialistes. Voilà une œuvre magistrale qui répond aux aspirations bien actuelles de ceux qui cherchent un sens à leur vie | |||
| FRḖDḖRIC 
  LENOIR  -  PETIT  TRAITÉ DE
  VIE INTÉRIEURE | FRÉDÉRIC 
  LENOIR | ÉDITION 
  PLON   |  2010 | ||
| 
 Dire oui à la vie  -  Confiance et
  lâcher-prise  -  Responsable de sa vie  -  Agir et non
  agir  -  Silence et méditation  -  Connaissance et
  discernement  -  Connais-toi toi-même  -  L’acquisition
  des vertus  -  Devenir libre  -  Amour de soi et guérison
  intérieure  -  La règle d’or  -  L’amour et
  l’amitié  -  La non-violence et le pardon  -  Le
  partage  -  Attachement et non-attachement  - 
  L’adversité est un maître spirituel  -  Ici et maintenant 
  -  Apprivoiser la mort  -  L’humour  -  La
  beauté  -  Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Un dialogue inédit
  entre Socrate et Jacques Séguéla | |||||
| FRḖDḖRIC
  LENOIR – MḖDITER
  A CŒUR OUVERT | Frédéric Lenoir - musique
  de Logos | Edition Nil |  2018 | 
| " C'est
  bien là le but ultime de l'art de méditer : être pleinement humain en
  harmonisant notre esprit, notre corps et notre cœur. " Avec un CD de
  méditations guidées par Frédéric Lenoir et mises en musique par Logos. La méditation est une pratique millénaire utilisée tant
  en Orient par les bouddhistes qu'en Occident par les Grecs anciens, et
  aujourd'hui validée par la recherche scientifique. En développant notre
  attention, elle nous apprend non seulement à calmer les agitations de notre
  mental mais aussi à élargir nos perceptions sensorielles. Dans ce livre et ce
  CD de méditations guidées, Frédéric Lenoir s'attache à aller plus loin en
  introduisant dans cette pratique la notion de cœur. Méditant depuis plus
  trente ans, il nous aide à harmoniser notre esprit, notre cœur et notre corps
  afin que nous retrouvions le goût de la bienveillance, de la confiance, du
  pardon et de la gratitude. Méditer à cœur ouvert nous invite au plus beau
  des voyages, le voyage intérieur, un chemin vers la sérénité et la joie. Se concentrer n'est
  pas méditer. La méditation est détente, relaxation. Se détendre signifie
  accepter de ne rien faire du tout. Asseyez-vous en silence et observez
  simplement ce qui se passe. Mais, attention n'essayez pas d'observer ! Car
  sinon, il vous faut vous concentrer et faire un effort. Restez calme,
  détendu, réceptif, c'est tout. Pas de lutte, pas de conflit, pas d'effort. La
  méditation n'est pas spécifiquement orientale et c'est bien autre chose
  qu'une technique. C'est encore moins un mantra qu'il faut bêtement répéter !
  Nul ne peut l'apprendre : c'est une croissance intime. La méditation n'est
  pas de l'introspection. L'introspection est une réflexion à propos de ce que vous
  êtes ou faîtes. La psychologie occidentale met l'accent sur l'introspection.
  En quoi consiste l'introspection ? Prenons un exemple : la colère. Après un
  accès de rage, vous réfléchissez : qu'est-ce qui l'a provoqué, qu'est-ce qui
  s'est passé ? Vous vous livrez à une foule de suppositions, d'associations
  d'idées, mais elles sont toutes tournées vers la colère et détournées de
  vous. Vous scrutez le moindre détail de l’événement, vous disséquez, vous
  vous creusez la cervelle, vous voulez savoir comment vous auriez pu éviter
  cette crise, vous souhaitez ne plus récidiver. C'est un vaste processus
  intellectuel. L'approche occidentale est analytique, c'est une
  psycho-analyse.  L'attitude orientale
  se résume en quelques mots : soyez conscient. N'analysez pas votre colère, ce
  n'est pas nécessaire. Regardez-la avec une attention totale, neutre, vide de
  pensées. Demeurez dans le sentiment de rage qui est là, présent. Les
  explications sont sans intérêt comme vos désirs de renoncer à cette colère ou
  vos regrets. La seule chose à faire est d'observer. C'est cela se souvenir du
  soi. Ce CD comprend 10 méditations
  guidées : Détente
  du corps et de l'esprit - 
  Présence  -  Reliance 
  -  Confiance  - 
  Amour  -   Pardon 
  -   Consolation  - 
  Acceptation  -  Sérénité 
  -  Gratitude. | |||
| FRḖDḖRIC  LENOIR  -  tibet –
  moment de vÉritÉ  | Frédéric
  lenoir  | Edition
  PLON |  2008 | 
| « Je
  parle sans colère et sans haine contre ceux qui sont responsables de l’immense
  souffrance de notre peuple, et de la destruction de notre pays, de nos
  maisons et de notre culture. Eux aussi sont des créatures humaines luttant
  pour trouver le bonheur et méritent notre compassion. Je parle pour vous
  informer de la triste situation de mon pays aujourd’hui et des aspirations de
  mon peuple, car dans notre combat pour la liberté, la vérité est notre seule
  arme. » 
 
 | |||
| FRḖDḖRIC  LENOIR  -   LA
  PUISSANCE DE LA JOIE   -  | Frédéric
  lenoir  | Edition
  Fayard |  2015 | ||
| 
 Le bonheur
  (pseudo-émotion)  - Le bonheur n’est pas une émotion. C’est un état
  provenant de plusieurs émotions indicatrices de satisfaction, y compris de la
  joie et du plaisir. Le bonheur est la manifestation d’une grande satisfaction
  dans tous les secteurs névralgiques de notre vie. Bien qu’il suppose
  différentes émotions d’intensité variable, le bonheur est une expérience
  paisible. Il peut être de courte ou de longue durée. Il y a des instants de
  bonheur qui proviennent du fait de combler un manque criant. Plus rien ne
  compte que de dormir lorsque nous sommes épuisés: le bonheur c’est un bon lit
  chaud. Étancher une grande soif avec une eau fraîche fait vivre un instant de
  bonheur. Être enfin dans ses bras après une longue attente est la seule chose
  qui compte: c’est le comble du bonheur.  La béatitude (pseudo-émotion) est
  un état de parfait bonheur. La satisfaction est à son comble dans tous les
  secteurs importants de notre existence.  L’euphorie (émotion simple) est
  un contentement d’extrême intensité qui peut susciter de l’excitation et de
  l’agitation.  L’extase (pseudo-émotion) est
  un état d’ivresse provoqué par une joie extrême.  L’agrément (émotion simple) est
  un plaisir de peu d’intensité et de courte durée.  La délectation (émotion simple) est
  un plaisir que l’on savoure.  La jouissance (émotion simple) est
  un très grand plaisir dont on jouit pleinement. Habituellement il s’agit d’un
  plaisir d’ordre sensuel, intellectuel ou esthétique.  La volupté (émotion simple) est
  un vif plaisir des sens pleinement goûté.  Le ravissement (émotion simple) est
  une joie très forte. L’intensité de la satisfaction dépasse nos attentes et
  nous rend rayonnants.  L’enchantement (émotion simple) est
  le plaisir vif d’être charmé.  L’émerveillement (émotion simple) est un plaisir mêlé d’étonnement et d’admiration devant ce qui nous paraît extraordinaire. | |||||
| FRḖDḖRIC  LENOIR  -   PETIT TRAITḖ D’HISTOIRE DES
  RELIGIONS | Frédéric
  lenoir  | Edition
  PLON |  2008 | 
| Comment
  est né le sentiment religieux ? Quelles sont les toutes premières religions de
  l'humanité ? Comment sont apparues les notions de sacré, de sacrifice, de
  salut, de prière, de rites, de clergé ? Comment est-on passé de la croyance
  en plusieurs dieux à la foi en un Dieu unique ? Pourquoi la violence est-elle
  souvent liée au sacré ? Pourquoi y a-t-il plusieurs religions ? Qui sont les
  fondateurs des grandes traditions religieuses et quel est leur message ?
  Quelles sont les ressemblances et les différences fondamentales entre les
  religions ? Assiste-t-on aujourd'hui à un choc des religions ? 
 
 Zoroastrisme : Le Farvahar est sur tous les frontons des
  temples zoroastriens et sur certains monuments, comme le tombeau du grand
  poète persan, Firdoussi, dans l’ancienne ville de Sous. Il symbolise le
  progrès, l’évolution et la perfection qui élèvent l’homme et lui apportent le
  bonheur suprême. Il est basé sur les trois principes fondamentaux : « Les
  bonnes pensées, les bonnes paroles et les bonnes actions »,
  symbolisées par l’aile à trois branches de Farvahar et l’univers sans fin (le
  grand anneau central), associés aux deux idéaux essentiels que sont la
  sagesse (les traits de son visage) et l’amour (le plus petit anneau, symbole
  de dévouement entre ses mains), se déplaçant en avant pour conduire l’homme
  vers le progrès, la droiture, et vers un destin heureux (ses ailes étalées). Atteindre
  la plénitude spirituelle : « Le
  Farvahar est à la fois l’ange gardien, l’âme et l’esprit », explique la spécialiste du zoroastrisme, Niloufar
  Niknam. Guidé par une démarche éthique et une conscience claire, l’homme doit
  tendre vers la perfection pour atteindre la plénitude spirituelle. Farvahar
  symbolise cet idéal de la perfection. C’est à Persépolis, l’ancienne capitale
  de l’empire perse achéménide, que la représentation graphique du Farvahar est
  la plus aboutie. C’est celle qui a été adoptée comme symbole par les
  zoroastriens.   Si le Farvahar est l’ange gardien,
  Ahura Mazda est le Dieu suprême et unique pour les zoroastriens. Il n’a pas
  de traits physiques, mais c’est un ami authentique, un éternel compagnon de
  route pour l’homme, qui, toute sa vie, devra combattre le mal. Il incarne par
  ailleurs l’intelligence suprême, le créateur de l’univers et le maître de la
  vie et de la sagesse, ainsi que l’a décrit Firdoussi, dans l’épopée du Shahnameh,
  « Le Livre des Rois ». Le feu
  ne doit jamais s’éteindre Dans tous les temples zoroastriens, le
  feu brûle et ne doit jamais s’éteindre. Il est considéré comme la substance
  la plus pure qui soit sur la terre, il purifie et élime la saleté. Il apporte
  de l’énergie et de la chaleur. Avec la lumière, ils surmontent les ténèbres,
  et permettent à l’homme de voir. L’Avesta est le livre sacré. Il signifie la
  Sagesse et la Connaissance. Bien que d’autres textes relatant les pensées,
  les pratiques, les traditions et les coutumes élaborées plus tardivement,
  aient été consignés dans l’Avesta, les Gathas, nom donné aux chants de
  méditation de Zarathoustra, sont les seules paroles révélées par
  Zarathoustra.  Le zoroastrisme apparaît comme une
  philosophie de l’environnement avant l’heure puisque la propreté des éléments
  essentiels à la vie, à savoir l’air, l’eau, la terre et le feu, doit être
  assurée en tout temps. À propos du bonheur et de la félicité, il y est dit :
  « Le bonheur appartient à celui qui apporte le bonheur aux
  autres. » De même, la religion zoroastrienne considère tous les
  hommes et toutes les femmes sur un pied d’égalité, indépendamment de leurs
  opinions, appartenance ethnique, race, nationalité, croyances religieuses,
  positions politiques. C’est Cyrus le Grand, un roi zoroastrien de la dynastie
  des Achéménides en 538 avant notre ère, qui proclama la toute première
  déclaration des droits de l’homme de l’histoire, basée sur ce que
  Zarathoustra enseignait à propos de l’égalité entre les êtres humains :
  « Dieu a créé l’homme libre. »  Au sommaire de cet ouvrage : La religion originelle - Quand Dieu était une femme - Les dieux de la cité - Les dieux du monde - La période axiale de l’humanité - Les grandes voies du salut : Sagesses chinoises - Hindouisme - Bouddhisme - Sagesses grecques - Zoroastrisme - Judaïsme - Christianisme - Islam - Permanence de l’animisme - | |||
| FRḖDḖRIC LENOIR - LE
  MIRACLE SPINOZA – UNE PHILOSOPHIE POUR ḖCLAIRER
  NOTRE VIE |  Frédéric Lenoir |  Edition Fayard | 2017 | ||
| 
 Il répondit en ces termes : "
  Je me dis, d'abord, que je devrai renoncer à faire avancer la philosophie, si
  je veux m'occuper d'instruire la jeunesse. Je me dis, ensuite, que je ne sais
  pas quelles limites je devrai apporter à cette liberté de la pensée dont vous
  me parlez, si je ne veux pas paraître inquiéter la Religion établie ; car les
  schismes ne viennent pas tant d'un ardent amour pour la Religion que des
  diverses passions qui agitent les hommes et de leur goût pour la
  contradiction, qui leur font d'ordinaire déformer et tourner à mal les choses
  les plus nettement dites. Et, comme je l'ai déjà éprouvé, alors que je vis
  seul et à l'écart, j'aurais bien plus à le redouter si je m'élevais jusqu'à
  la dignité que vous m'offrez. " Il est probable qu'il refusa aussi, et
  sans doute pour des raisons du même ordre, une pension que Condé voulait lui
  faire donner par Louis XIV. On voit que sa vie retirée n'avait pas empêché sa
  réputation de s'étendre fort loin. Leibniz, revenant d'Angleterre, lui fit
  visite. Un des frères de Witt s'honora d'être son élève et son ami. Nous savons, par ses biographes,
  qu'il était simple et bon, qu'il vivait de fort peu de chose, et que, malgré
  sa mauvaise santé, il était heureux. Nous savons aussi, notamment par son
  Traité théologico-politique, qu'il était profondément attaché à la
  République hollandaise, et qu'il mettait la liberté de conscience et la
  liberté politique au nombre des biens les plus précieux. Comme il cherchait les principes
  de la véritable Religion, et qu'il prétendait remplacer la révélation par les
  lumières naturelles de la raison, il fut accusé d'athéisme. Le moyen de
  supporter un homme qui écrivait, en parlant des Turcs et des Gentils : "
  S'ils offrent en prière à Dieu
  le culte de la justice et l'amour de leur prochain, je crois qu'ils ont en
  eux l’esprit du Christ, et qu'ils sont sauvés, quoi qu'ils puissent croire de
  Mahomet et des oracles " ! À ces accusations il répondait simplement
  ceci : " Si l'on me connaissait, on ne croirait pas si facilement que
  j'enseigne l'athéisme. Car les athées ont coutume de rechercher par-dessus
  tout, les honneurs et l'argent, choses que je méprise, comme tous ceux qui me
  connaissent le savent. " On voit qu'il donnait lui-même, comme une
  preuve de sa Religion, une vie simple et frugale, détachée de tout ce qui
  n'était pas la Vérité. Et il faut avouer que, sans cette preuve-là, les
  autres ne valent rien. Comment croire qu'un homme connaît, comprend et aime Dieu
  lorsqu'il poursuit encore les honneurs et l'argent ? Nul ne peut servir deux
  maîtres. Il mourut à quarante-cinq ans, le
  23 février 1677, d'une maladie de poitrine qu'il avait supportée pendant de
  longues années avec égalité d'âme. Il avait publié les Principes de la
  Philosophie cartésienne suivis de Pensées métaphysiques, et un Traité
  théologico-politique, dans lequel il s'efforçait d'interpréter la Bible
  selon les lumières de la Raison. On devine aisément qu'il eut à regretter de
  s'être ainsi exposé à des critiques violentes et injustes; aussi ne
  donna-t-il au public aucun autre ouvrage. L'année même de sa mort, deux de
  ses amis firent paraître les ouvrages qu'il laissait. Ce sont un Traité
  politique inachevé, véritable manuel de politique rationnelle, où sont développés
  les principes posés dans le Traité théologico-politique. Il y est
  traité de la monarchie et de l'aristocratie; les conditions d'existence de
  ces deux formes de gouvernement sont analysées avec une précision et un souci
  du détail qui révèlent une profonde connaissance des hommes. Le chapitre XII
  et dernier n'est que l’introduction d'une étude sur la démocratie. Un autre
  traité, inachevé aussi, a pour titre : De la Réforme de l'intellect. C'est
  là, semble-t-il, qu'il faut chercher la clef du système tout entier : c'est
  comme une préface de l'Éthique, et il n'existe sans doute pas au monde
  un autre modèle aussi parfait de l'analyse philosophique.  Le lecteur pourra s'en faire
  quelque idée en lisant notre premier chapitre. Enfin l'Éthique
  elle-même, l'œuvre maîtresse dont tout le monde connaît la forme géométrique.
  L'Éthique est divisée en cinq parties qui portent les titres suivants
  : de Dieu,
  de l'âme, des passions, de l'esclavage humain, de la liberté humaine. Les
  deux premières correspondent à peu près à notre deuxième chapitre la
  troisième, à notre chapitre troisième la quatrième, à nos chapitres quatrième
  et cinquième, et la cinquième à notre chapitre sixième. Un Traité de Dieu
  et de l'homme, qui est comme une ébauche de l'Éthique, a été traduit du
  hollandais et publié en 1862 par Van Vloten. Un certain nombre de Lettres
  sont pour nous un précieux commentaire de l'Éthique. Les plus
  intéressantes sont la célèbre lettre XXIX, sur l'Infini ; la lettre XLII, sur
  la Distinction de l'essence et de l'existence ; la lettre XLV, sur la
  Démonstration de l'existence de Dieu
  ; la lettre XLIX sur Dieu,
  les destins et le salut, et la lettre LXXIV, contre la Religion catholique.
  Citons pour mémoire un Abrégé de la Grammaire hébraïque. Tous ces
  ouvrages, à l'exception du Traité de Dieu
  et de l'homme, sont écrits en latin. | |||||
| FRḖDḖRIC
  LENOIR – LE CHRIST PHILOSOPHE | Frédéric Lenoir | Edition Plon |  2007 | 
| Derrière le message religieux,
  Frédéric Lenoir appelle à redécouvrir le message fondamental du Christ : une
  philosophie universelle, porteuse de valeurs éthiques révolutionnaires. Pourquoi la démocratie et les droits de l'homme sont-ils
  nés en Occident plutôt qu'en Inde, en Chine, ou dans l'empire ottoman ? Parce
  que l'Occident était chrétien et que le christianisme n'est pas seulement une
  religion. Certes, le message des Evangiles s'enracine dans la foi en Dieu,
  mais le Christ enseigne aussi une éthique à portée universelle : égale
  dignité de tous, justice et partage, non-violence, émancipation de l'individu
  à l'égard du groupe et de la femme à l'égard de l'homme, liberté de choix,
  séparation du politique et du religieux, fraternité humaine. Quand, au IVe siècle,
  le christianisme devient religion officielle de l'Empire romain, la sagesse
  du Christ est en grande partie obscurcie par l'institution ecclésiale. Elle
  renaît mille ans plus tard, lorsque les penseurs de la Renaissance et des
  Lumières s'appuient sur " la philosophie du Christ ", selon
  l'expression d'Erasme, pour émanciper les sociétés européennes de l'emprise
  des pouvoirs religieux et fonder l'humanisme moderne. Frédéric Lenoir raconte
  ici le destin paradoxal du christianisme - du témoignage des apôtres à la
  naissance du monde moderne en passant par l'Inquisition - et nous fait relire
  les Evangiles d'un œil radicalement neuf. Comme l’affirme Lenoir, « le Christ a surtout initié
  une nouvelle voie spirituelle fondée sur la rencontre de sa propre personne. »
  Il a aussi transmis un enseignement
  éthique à portée universelle : non-violence, égale dignité de
  tous les êtres humains, justice et partage, primat de l’individu sur le
  groupe et importance de sa liberté de choix, séparation du politique et du
  religieux, amour du prochain allant jusqu’au pardon et à l’amour des ennemis.
  Cet enseignement est fondé sur la révélation d’un Dieu amour et s’inscrit
  donc dans une perspective transcendante. Il n’en demeure pas moins qu’il
  s’inscrit aussi dans une profonde rationalité. Ce message est une véritable sagesse, au sens où l’entendaient
  les philosophes grecs.  Lenoir reconnaît qu’il n’est pas le premier à considérer
  le Christ aussi comme un
  philosophe et à parler de son message le plus universel comme d’une véritable
  philosophie de vie. Il avait découvert cette formule « philosophie du
  Christ » sous la plume de l’humaniste et théologien néerlandais Érasme.  Dans sa recherche du « message éthique » du
  Christ, Lenoir sait s’appuyer sur les recherches les plus récentes des
  historiens et des exégètes. Son propos? « Comprendre le message des
  Évangiles et l’événement spirituel qui est à leur source. » Pour Lenoir,
  ce qui compte, c’est le message que livrent les Évangiles tels qu’ils existent présentement
  et l’influence qu’ils ont eu dans l’histoire humaine. La sagesse du Christ,
  telle que rapportée dans les Évangiles, apporte un bouleversement
  considérable. Un message tellement révolutionnaire qu’il a même pu être
  pervertie par ceux qui avaient la charge de le transmettre. Plusieurs
  chapitres sont consacrés dans l’œuvre de Lenoir afin de rendre compte des grandes lignes de l’histoire du
  christianisme et de son rôle incontournable dans l’avènement de la modernité
  occidentale. Au sommaire de cet excellent ouvrage : Jésus face au grand inquisiteur  - 
  chrétienté contre christianisme 
  -  le Christ philosophe  -  
  l’histoire de Jésus et le Jésus de l’histoire  - 
  Flavius Josèphe  -  Tacite et Pline le jeune  -  le
  Talmud de Babylone  -  les écrits canoniques  - 
  les écrits apocryphes  -  la vie de Jésus  -  la
  Palestine du temps de Jésus  -  un prédicateur itinérant  -  le
  Thaumaturge  -  la Passion 
  -  les apparitions du
  Ressuscité  -  la philosophie du Christ  - 
  Viens et suis-moi  -  donner un sens à la souffrance  - 
  l’égalité  -  la justice sociale  -  la
  séparation des pouvoirs  -  l’amour du prochain  - 
  Jésus et le judaïsme  -  de Jésus au Christ  - 
  Paul de Tarse  -  le Logos divin  -  les
  querelles christologiques  -  la religion officielle  - 
  l’Eglise Orthodoxe d’Orient 
  -  le monachisme  - 
  l’Europe chrétienne  -  les réformes de Cluny et de Grégoire  -  le
  Trêve de Dieu  -  réformes cisterciennes  - 
  naissance des ordres mendiants 
  -  l’Eglise bras armé du
  Christ  -  augustin 
  -  les croisades  - 
  lutte contre les hérésies 
  -  la controverse de
  Valladolid  -  de l’humanisme chrétien à l’humanisme
  athée  -  liberté et connaissance  -  le
  réforme protestante  -  l’humanisme des Lumières  -  
  monde moderne et Tradition 
  -  la morale kantienne  - 
  Comte  -  Feuerbach 
  -  Marx  - 
  Freud  -  la matrice du monde moderne  -  le
  mythe du progrès  -  le millénarisme  -  la
  Raison  -  Nietzsche et les meurtriers de Dieu  - 
  Max Weber et la rationalisation 
  -  l’Eglise catholique et le
  monde moderne  - le concile Vatican
  II  - 
  que reste-t-il de chrétien en nous ? – les chrétiens
  cultuels  - la religion aux USA  - 
  les fêtes chrétiennes  -  Jésus face à la femme samaritaine  - quel avenir pour le christianisme ?  -   | |||
|  FREDERIC
  LENOIR  - LES
  CHEMINS DU SACRÉ | Frédéric  LENOIR | Edition de l’Observatoire |  2020 | 
| Partout,
  à travers toutes les époques et les civilisations, l’être humain a questionné
  le mystère et l’énigme de sa vie, tentant de comprendre une réalité qui lui
  échappait. C’est ainsi qu’il a trouvé dans le sacré une manière de maintenir
  un lien avec l’invisible et qu’il a donné un nouveau souffle au monde, une
  nouvelle impulsion.  Dans cet ouvrage Frédéric Lenoir nous emmène
  en voyage aux quatre coins du monde. Il nous fait rencontrer en permanence le
  sacré, à travers des hommes, des femmes, et des lieux magiques et mystérieux. Ce sacré
  qui est à chaque page est ici pris dans son terme universel de crainte et
  d’émerveillement que Rudolf Otto appelle « numineux » Tout nous invite à la méditation positive qui
  nous apprend à développer en nous les énergies vibratoires, afin de trouver
  « l’équilibre », mot magique et mantra personnel, symbolisé par le
  pavé Mosaïque, car pour moi, dès que l’on trouve cet équilibre, le bonheur
  est là, ici et maintenant, bonheur fragile et fugace , mais finalement
  n’est-ce pas aussi le but de notre quête ? rechercher la Vérité, la
  Lumière ou Dieu à travers divers concepts que le R.E.A.A. nous propose ?
  Frédéric Lenoir avec ces rencontres, ces photos et ces textes de grande
  spiritualité, nous fait aller bien au-delà du rêve, ainsi on sait pourquoi
  nous continuons à marcher sur le chemin initiatique, avec ce
  « Génie » qui est en nous, et que certains grands spiritualistes
  tel que M.M. Davy ou Eckart Tolle ont appelé « La Présence » Aux
  quatre coins de la planète, à travers des lieux emblématiques et grâce à la
  rencontre de témoins qui racontent leur expérience, Frédéric Lenoir nous
  invite à emprunter les nombreux chemins de cette quête universelle. Des
  abysses de l’océan aux temples zen japonais, des volcans du Guatemala aux
  rives du Gange, des pitons rocheux des Météores aux montagnes sacrées du
  Tibet, des femmes et des hommes nous ouvrent la porte de leur voyage, tel
  Mathieu Ricard ou Hubert Reeves.  Un très
  beau livre de 350 pages de photos et de textes Au
  sommaire de cet ouvrage : L’Expérience
  de la nature : Guatemala et les volcans – Australie et les Aborigènes –
  Pérou et la liane sacrée L’Expérience
  de la Sagesse : Japon et le zazen – Le Kyodo et l’arc – Inde et les
  joutes philosophiques L’expérience
  de la marche : Ethiopie – Inde les Jaïns – Japon et Dewa Sanzan – France
  et les chemins de Compostelle L’expérience
  de la solitude : Népal et les ermites du Mustang -  Ethiopie et le vieux moine copte L’expérience
  de la Beauté : Jardin et le jardin Zen - 
  Turquie et les Derviches tourneurs Les
  rencontres : Hubert Reeves – André Comte-Sponville -  Jon Kabat-Zinn  - Mathieu Ricard -  Nicole Bordeleau  - Dawa Sherpa – Astrid Heyman  - Guillaume Néry  - Alexandra de Steiguer – Otto Sims - | |||
| FRḖDḖRIC LENOIR  -  OSER L’ḖMERVEILLEMENT | F.Lenoir et Leili Anvar | Edition Albin Michel | 2016 | 
| Les deux animateurs de l’émission « Les Racines du Ciel » de France
  Culture ont retenu de ces témoins venus en promotion entre 2012 et 2015 leur
  idée du bonheur. Ils ont sélectionné une partie de leurs échanges puis en ont
  fait la transcription dans le présent recueil.  
 
 
 
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| FRḖDḖRIC LENOIR -  L’ORACLE DELLA
  LUNA | Frédéric Lenoir | Ed. Albin michel | 2006 | 
| L'histoire se passe au XVIème
  siècle et commence en Italie. Après un prologue dévoilant juste les éléments
  nécessaires pour aiguiser la curiosité du lecteur, ce dernier se retrouve
  projeté en Calabre aux côtés d'un jeune paysan, Giovanni, qui s'éprend au
  premier regard pour une adolescente à la beauté exceptionnelle. À peine
  sait-il son prénom, Elena, et ses origines (elle est la petite fille du Doge
  de Venise). 
 
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| FRÉDÉRIC LENOIR - L’ÂME DU MONDE | Fréderic Lenoir | Edition NIL | 2013 | ||
| 
 2e partie : Premier jour : le port et la source, du sens de la vie - deuxième jour : le noble attelage, du corps et de l’âme - troisième jour : Va vers toi-même, de la vraie liberté - quatrième jour : Ouvre ton cœur, de l’amour - cinquième jour : Le jardin de l’âme, des qualités à cultiver et des poisons à rejeter - Sixième jour : Ici et maintenant, de l’art de vivre - septième jour : Le bonheur et le malheur sont en toi, de l’acceptation de ce qui est - 3e partie : La grotte - la colère - la désolation - la lettre et l’espoir - | |||||
17 G
| gândhi
  ou l’Éveil des humiliÉs  | Jacques attali | EDITION FAYARD | 2007 | 
| Jamais
  la violence n’a été plus présente et plus multiforme dans la vie des peuples.
  Jamais l’action et les idées de Mohandâs Gândhi,
  qui l’a combattue, sourire aux lèvres, jusqu’à en mourir, n’ont été plus
  actuelles. À suivre son incroyable destin, à raconter comment il conduisit un des plus grands peuples du monde, l’Inde, à l’indépendance, on comprendra qu’il n’y a rien de plus universel que cette vie si particulière, si intense, si mystique, et qu’elle permet même à chacun de nous de répondre à la seule question qui vaille : est-il possible de se trouver ? | |||
| GUSTAVE
  EFFEL  - QUI SUIS-JE ? | Sylvain Yeatman | Edition Pardès |  2017 | ||
| 
 
 Il se diversifie un peu en créant des ponts démontables
  qu'il fait envoyer en Indochine. En 1885 il fait un travail original qui
  change de ses habitudes. Il conçoit et construit la structure interne de la
  statue de la liberté qui est relativement complexe à faire. Les travaux de
  1887 à 1889 sont essentiellement consacrés à la construction d'une tour de
  300m en plein Paris, pour l'exposition universelle de 1889. C'est la fameuse
  "Tour Eiffel", mais c'est aussi l'une de ces toutes dernières
  réalisations. La soufflerie de Gustave Eiffel, rue Boileau, à Paris.
  Durant la construction de la tour qui portera son nom, Gustave Eiffel
  continue à faire fonctionner son entreprise. Ainsi en 1887 il signe un
  contrat important pour le canal de Panama, mais c'est justement ce contrat
  qui le perdra. Impliqué dans le scandale de Panama, il est condamné devant la
  Cour de Paris, ben que ce jugement ne soit cassé ultérieurement. Gustave
  Eiffel se recentre alors sur sa tour et les bienfaits qu'il peut en tirer. Il
  commence par exploiter, comme prévu, la tour sur les vingt ans pendant
  lesquels il a les droits. Il y monte en 1909 un laboratoire d'aérodynamique
  dont il se sert pour faire des expériences avec un appareil de chute
  spécialement conçu. Il en déduit des propriétés physiques sur la forme des
  ailes d'avion. Il installera également sur la tour un laboratoire
  météorologique. Toutes ces expériences scientifiques le pousse à construire
  une soufflerie (en 1912) qu'il installe rue Boileau, à Paris. Grâce à lui
  l'aérodynamique a fait de grands progrès pendant cette période. L'intérêt que
  Gustave Eiffel a porté aux expériences scientifiques est inversement
  proportionnel à la quantité de travail fourni par son entreprise, qui finit
  par cesser toute activité. Sa vie privée est marquée par son mariage le 8
  juillet 1860 avec Marie Gaudelet. Gustave Eiffel a eu cinq enfants, trois
  filles et deux garçons. L'ainée, Claire, est née en 1863, trois ans après son
  mariage. Son épouse décèdera malheureusement en 1877, peu avant sa propre
  mère. Gustave Eiffel est mort le 27 décembre 1923 à l'âge de 91 ans. | |||||
17 H
| histoires de frÈreS  | Luc nefontaine | EDITION DESCLÉE DE BROUWER | 2002 | 
| Si
  vous n’allez pas à la Franc-maçonnerie, la Franc-maçonnerie vient parfois à
  vous… Par des chemins détournés ou des circonstances inattendues, David,
  jeune informaticien branché, tiraillé entre sa vie professionnelle et son
  existence amoureuse, en fait la curieuse expérience. En recherche de sens,
  soucieux de ne pas consacrer sa vie à des causes superficielles, le voilà mis
  sur la piste d’une organisation discrète et intrigante, qui croise les
  milieux politiques, économiques ou culturels. Peu à peu, de questions en
  questions, de rencontres en rencontres, il va vivre une initiation
  progressive. Dans cette pratique étrange, presque d’un autre âge, il trouvera des raisons d’espérer, tout en partageant ses doutes et ses interrogations avec Sophie, sa compagne. Mais au fond, et c’est là tout le thème de ce roman où les interrogations sur la sagesse croisent l’approche psychologique, comment choisit-on la fraternité maçonnique ? Sans dévoiler la part du mystère, ce roman de Luc Néfontaine donne cependant quelques clés pour comprendre une recherche qui échappe à beaucoup. | |||
 
| HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC OU LES
  LABYRINTHES DU TEMPS | Gérard et Julie Conton | Edition Mémoires du Monde | 2015 | ||
| 
 De ce point de vue, la vie de Toulouse-Lautrec «
  répète celle d’autres peintres ». Toulouse-Lautrec meurt à presque 37 ans,
  comme Rosso dit maître Roux, Le Parmesan, Van Gogh, Raphaël, Watteau, et bien
  d’autres encore… Ce cycle mystérieux de 37 ans fut maintes fois observé et
  relevé, et pourtant nul n’a tenté de forcer les portes de cette singulière
  synchronicité temporelle. » Pour Julie et Gérard Conton, il existe un «
  inconscient pictural devenu patrimoine » que la géométrie des dates permet
  d’explorer : « Les grands peintres accèdent aux images fondamentales, les
  archétypes. Les figures géométriques temporelles structurent les archétypes
  picturaux. » « Dans ce livre, annoncent les auteurs, nous explorerons de
  multiples fréquences temporelles. Ces fréquences ou mandalas temporels, ou
  encore roues de mémoires, sont inscrites dans le cycle de l’année. Ces
  polygones réguliers ou isocèles (contenant un axe de symétrie) incluent la
  naissance et/ou la mort de Toulouse-Lautrec ; ils nous livrent un ordre caché
  temporel ». Pour conduire cette exploration complexe, il a
  fallu exploiter un grand nombre de documents relatifs aux événements qui
  jalonnent la vie du peintre. Ce travail commence par l’étude des relations
  familiales, notamment des arrière-grands-parents, grands-parents et parents,
  des maisons du Bosc, Tapié de Céleyran et Toulouse-Lautrec. Les dates des
  naissances et des morts sont révélatrices mais aussi les accidents comme les
  chutes, mortelles ou laissant de graves séquelles, ou encore les séparations.
  Mais ce sont aussi les relations dans le cercle d’amis ou professionnels qui
  peuvent être ainsi explorés : relations enseignant-enseigné, maître-élève,
  influences et imprégnations picturales, apparition des thèmes dans la
  peinture, etc. A travers la vie de Toulouse-Lautrec, c’est la manière subtile
  dont se répliquent ou se transforment des comportements, des mêmes, des symboles,
  des mythèmes dans le monde de la peinture qui est approché. Une autre manière
  d’observer le vivant et la culture. L’affiche
  connaît un large développement après la promulgation de la loi du
  29 juillet 1881 qui consacre la « liberté de la Presse » et proclame
  le libre affichage. Jules Chéret, peintre et affichiste introduit et
  développe l’usage de la couleur dans la lithographie. En 1889 il est
  l’auteur de l’affiche qui lance le bal du Moulin Rouge. La première affiche «
  Moulin-Rouge, la Goulue » commandée en 1891 à Lautrec par Zidler,
  directeur du célèbre cabaret, est un succès. Elle incite Lautrec à s’engager
  dans la création d’affiches et plus largement de lithographies. Entre
  1891 et 1900, Henri de Toulouse-Lautrec crée 31 affiches et près de
  325 lithographies qui lui permettent de se faire connaître d’un plus
  large public. 
 Dans
  ces ateliers, Toulouse-Lautrec a à sa disposition un personnel spécialisé. Il
  réalise lui-même la pierre de trait et les reports sur les pierres de couleur
  pour les petits formats à partir de ses dessins préparatoires au fusain et de
  ses cartons peints avec une peinture très diluée à l’essence. Les techniciens
  préparent les pierres, les encrent, reportent les dessins, veillent au calage
  et s’occupent du tirage pour les estampes de dimensions plus grandes. À
  partir de 1893, Lautrec renonce aux dessins préparatoires et compose
  directement sur la pierre. Il utilise le pinceau ou le crayon dans ses premières
  estampes et incorpore avec brio le crachis, projection d’encre produite au
  moyen d’une brosse à dents que l’on trempe dans l’encre lithographique.
  Chaque composition reflète son souci de lisibilité. Lautrec reprend les
  principes des estampes japonaises. Le dessin prime toujours : lignes
  ondoyantes ou tracés nerveux, premiers plans occupés par des silhouettes
  coupées arbitrairement et cernées d’un trait épais, figures planes et
  stylisées. Le traitement de la couleur transforme l’image en affiche : de
  larges aplats de couleurs pures et contrastées visant à attirer le regard des
  spectateurs. 
 | |||||
| histoires du bon dieu  | Rainer Maria rilke | EDITION GALLIMARD | 1993 | 
| C’est
  sans doute la crainte de la maturité virile qui explique en grande partie la
  spiritualité des Histoires du Bon Dieu et le privilège accordé à l’enfance.
  On le voit bien dans les réflexions de RILKE sur la prière, peut-être l’une
  des pages les plus saisissantes du livre, dans le « Conte sur la mort
  ». Elle explique aussi que la figure du Christ, exemple même de l’homme mûr
  parvenu à l’âge symbolique de trente-trois ans (que RILKE, en 1899, est
  encore loin d’avoir atteint), ne puisse que lui inspirer de la répulsion. Dans
  ce passage, Rilke oppose deux attitudes de prière : la prière antique, les
  bras grands ouverts, qui fait du corps une sorte de réceptacle où Dieu n’a
  plus qu’à se précipiter ; et la prière des temps nouveaux, liée au
  christianisme que d’avoir fait en sorte que l’ancienne attitude de la prière
  (juive, grecque ou égyptienne, peu importe, semble-t-il) devienne l’image
  d’un homme cloué en croix. Ces lignes, blasphématoires au regard de la
  culture d’où Rilke est issu, sont d’une violence peu courante dans son œuvre. | |||
| HUGO PRATT  
  LA TRAVERSḖE DU LABYRINTHE 
  -   | Jean Claude Guilbert | Edition de la Renaissance   - 
  Plon | 2006-2015 | ||
| 
 L’œuvre d’Hugo Pratt
  apparaît de plus en plus comme une œuvre pertinente dans laquelle Hugo Pratt
  a laissé bien des pistes pour qui veut s’aventurer sur les sentiers inconnus
  de l’esprit libre.  La lecture des
  B.D., des romans et des films qui en ont été tirés constitue une déambulation
  labyrinthique dont la seule finalité est le lecteur lui-même, Corto-Maltese
  de sa propre vie.  Le livre de Jean-Claude
  Guilbert, ami et compagnon d’aventure de Pratt, constitue à la fois une
  biographie originale du créateur mystérieux de Corto et un bel hommage à
  l’ami. Toujours, quand on parle de Pratt ou de Corto, le qualificatif
  d’initiatique apparaît. Jean-Claude Guilbert a construit son livre comme un
  « voyage initiatique en cinq étapes » où l’imaginaire se mêle au
  réel. Corto Maltese, l’alter ego d’Hugo Pratt, hante bien évidemment les
  pages de cette biographie riche et amoureuse dans laquelle, le jeu, le mythe,
  la poésie, l’histoire, la transgression respectueuse, l’élégance, l’amitié,
  plus que l’amour, s’imposent au premier plan d’une quête qui tantôt s’affirme
  comme telle, tantôt se nie, pour mieux se préserver.  Comme Corto, Pratt
  n’a eu de cesse que de défier la mort pour mieux l’apprivoiser et s’en faire
  une compagne, à la fois fille de joie, muse et initiatrice. Jean-Claude
  Guilbert rapporte dans ces pages nombre de propos d’Hugo Pratt, extraits de
  conversations dans lesquelles l’amitié ouvre les portes de la profondeur du
  cœur, qui placent son œuvre en perspective. Hugo Pratt fut totalement animé
  par l’esprit indéfectible de la quête. En cela, son personnage, Corto
  Maltese, tout comme le Don Quichotte de Cervantès, est un passeur. Au lecteur
  de savoir le suivre. « Je ne m’interroge pas sur Dieu, explique Hugo
  Pratt, mais sur les hommes. D’où mon intérêt pour les mythes, à travers
  lesquels les hommes essaient de comprendre, de donner un sens à leur
  situation dans l’univers. Ma passion pour les mythes sur nos origines traduit
  sans doute une préoccupation métaphysique, mais qui s’exprime à partir de
  l’homme. Je ne me pose pas le problème de Dieu, mais de l’homme, et je crois
  en l’Homme. »  « Je suis à la
  recherche de la vérité, mais je sais que je ne l’atteindrai jamais
  complètement. Si un jour je pensais y être parvenu, je devrais me dire que ce
  n’est pas possible, que quelque chose a dû m’échapper et que je dois partir à
  sa poursuite. Toute personne qui croit détenir la vérité est potentiellement
  dangereuse – et c’est la raison principale pour laquelle je me méfie de tous
  ceux qui professent une religion. En ce qui me concerne, je ne croirai jamais
  avoir atteint la vérité, ni même ma vérité. La vérité est insaisissable, on
  ne peut qu’espérer s’en approcher. Tel est mon propre dogme. Si j’ai une
  religion, c’est celle de la recherche, de la recherche qui tend vers la
  Vérité. » Hugo Pratt avait compris que ce n’est pas l’objet de la quête
  qui importe mais la quête elle-même qui est son propre objet, sa propre
  finalité, son propre sens.  Hugo
  Pratt (1927-1995) est considéré comme l’un des plus grands dessinateurs au
  monde. Ses bandes dessinées, ses œuvres graphiques et ses aquarelles sont
  exposées dans les plus grands musées, du Grand Palais à la Pinacothèque de
  Paris, sans compter le Vittoriano à Rome, Ca’ Pesaro à Venise, Santa Maria
  della Scala à Sienne. Ses histoires sont de la « littérature
  dessinée », ce terme a été spécialement créé pour définir son œuvre. Il
  est cité par des auteurs et des artistes tels que Tim Burton, Frank Miller,
  Woody Allen, Umberto Eco, Paolo Conte. Il a vécu en Italie, en Argentine, en
  Angleterre, en France et en Suisse et à voyager pratiquement dans tout le
  reste du monde. Hugo
  Pratt est né le 15 juin 1927, à Rimini, mais c’est à Venise qu’il a passé
  toute son enfance, dans un milieu familial cosmopolite. Son grand-père
  paternel, Joseph, est d’origine anglaise, son grand-père maternel est un juif
  marrane et sa grand-mère d’origine turque. C’est dans ce continuel mélange
  d’ethnies, de croyances et de cultures, que sa mère, Evelina Genero, se
  passionne d’ésotérisme, de la cabale à la cartomancie, tandis que son père,
  Rolando, est un homme de son temps. un militaire de carrière qui sera muté en
  1936 dans la colonie italienne de l’Abyssinie. Ainsi commence la jeunesse
  africaine d’Hugo Pratt. Enrôlé par son père dans la police coloniale à 14 ans
  seulement, il côtoie le monde militaire alors présent en Abyssinie, non
  seulement l’armée italienne, mais également l’armée anglaise, abyssine et
  sénégalienne. Le charme exercé par tous ces uniformes, ces armoiries, ces
  couleurs et ces visages demeurera présent tout au long sa vie et dans son
  œuvre.  Il
  se lie d’amitié avec les jeunes abyssins de son âge, grâce à qui il apprend
  la langue locale, parvenant ainsi à s’intégrer dans un milieu qui
  habituellement restait fermé aux colonisateurs. C’est durant cette période
  qu’il se passionne pour le roman d’aventure. Il lit avec avidité les livres
  de James Oliver Curwood, Zane Gray et Kenneth Roberts. Il découvre également
  les premières bandes dessinées d’aventure américaines. « Terry et les
  Pirates » de Milton Caniff le passionne particulièrement, à tel point
  que, depuis sa tendre enfance, il décide de devenir un dessinateur de BD. De
  retour en Italie en 1943, à la suite de la mort de son père, Hugo Pratt
  fréquente le collège militaire de Città di Castello et, grâce à sa maîtrise
  de l’anglais, devient interprète de l’armée alliée en 1944 jusqu’à la fin de
  la guerre. En 1945, à Venise, Hugo Pratt collabore avec un groupe d’amis à la
  réalisation de l’As de Pique, une revue de bandes dessinées. C’est à ce
  moment-là qu’il fait officiellement ses débuts en tant que dessinateur. Grâce
  à cette revue, le « Groupe de Venise » est contacté par une
  importante maison d’édition argentine et, en 1949, Hugo Pratt s’installe à
  Buenos Aires où il vivra environ 13 ans. En
  Argentine, il rencontre plusieurs dessinateurs tels que Salinas ou les frères
  Del Castillo, fréquente les endroits où l’on danse le tango, devient ami du
  jazzman Dizzy Gillespie, apprend l’espagnol et découvre les écrivains
  latino-américains Octavio Paz, Leopoldo Lugones, Jorge Luis Borges et Roberto
  Arlt, pour ne citer qu’eux. Sentimentalement, cette période de sa vie est
  marquée par la présence de trois femmes. La première, Gucky Wogerer, est une
  Yougoslave qu’il épouse en 1953 à Venise et avec qui il aura deux enfants,
  Lucas et Marina. Ensuite, Gisela Dester, d’origine allemande, qui devient son
  assistante et sa partenaire, et enfin Anne Frognier, d’origine belge, qui,
  jeune fille, l’avait inspiré pour créer le personnage d’ »Ann de la
  jungle ». De leur union naîtront Silvina et Jonas. En Argentine, Hugo Pratt
  dessine un grand nombre de BD. Il travaille pour l’éditeur Abril : tout
  d’abord, il publie la série « Junglemen », dessine, en 1953, le
  personnage « Sgt. Kirk » pour l’hebdomadaire Misterix, scénarisé
  par Hector Oesterheld qui fonde sa propre maison d’édition Frontera en 1957
  en lançant les revues Hora Cero et Frontera, dans lesquelles Pratt publiera
  respectivement « Ernie Pike » et « Ticonderoga ». En même
  temps, Pratt dispense des cours de dessin avec Alberto Breccia à l’Esquela
  Panamericana de Arte. Parmi leurs élèves figurent Walter Fahrer et José
  Muñoz. Quand cette école d’art ouvre au Brésil, Pratt séjourne six mois à São
  Paulo.  | |||||
17 I
| iacobus | Mathilde asensi | EDITION PLON | 2003 | 
| Il
  a excité l’imagination de ses contemporains, la convoitise des plus
  puissants… C’est l’un des secrets les mieux gardés, une énigme demeurée à
  jamais inexpliquée qui a fait couler tant d’encre, éveillé tant de fantasmes
  que l’on a peine à croire à son existence… Et pourtant, si le trésor des
  Templiers, dont les richesses excèdent encore tout ce que l’on a pu imaginer,
  était tout bonnement caché sur le célèbre chemin de Compostelle ? 
 
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17 J
| J’ai vu finir le monde ancien  | Alexandre adler | EDITION  Hachette | 2003 | 
| Le
  monde ancien, c'est celui d'avant le 11 septembre 2001. Alexandre Adler
  analyse l'événement et ses conséquences comme ouvrant une nouvelle étape dans
  les relations internationales, mais aussi dans les choix politiques des
  principales nations, dans leurs assises sociales, et dans les représentations
  de chacun d'entre nous. La triple révélation du 11 septembre, de la
  vulnérabilité des Etats-Unis, de l'émergence d'une irrationalité politique
  radicale, et d'une irruption de conflits culturels ou civilisationnels dans
  la sphère des relations interétatiques vient en effet brouiller le jeu et
  nous oblige à de nouvelles synthèses.   
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| JACQUES
  CARTIER - 
  QUI SUIS-JE ?? | Rémy Tremblay | Edition Pardès |  2020 | 
| Jacques Cartier
  (1491-1557): «Pareillement aussi voit-on, comme au contraire de ces enfants
  de Satan, les pauvres chrétiens et vrais piliers de l'Église catholique
  s'efforcent d'augmenter et accroître, ainsi que l'a fait le catholique Roy
  d’Espagne, des terres qui par son commandement ont été découvertes à l’ouest
  de ses pays et royaumes, lesquelles auparavant nous étaient inconnues,
  étranges, et hors de notre foi.» Né en 1491 dans la ville bretonne de
  Saint-Malo, Jacques Cartier se lance très jeune dans une carrière maritime.
  Capitaine reconnu pour ses diverses qualités, il devient un notable de la ville
  et épouse en 1520 Catherine des Granges, issue de la noblesse locale. En
  1532, il rencontre le roi François Ier et lui fait part de ses projets
  d’exploration vers l'ouest, à la recherche d’une nouvelle route vers les
  richesses de la Chine. Avec l'aval du souverain, il entame en 1534 un voyage
  qui le mène sur les côtes canadiennes, dont il prend possession au nom du roi
  de France. L'année suivante, il retourne sur ces terres et passe un premier
  hiver dans les environs de Stadaconé. Par ce périple, il démontre que cette
  Nouvelle-France est habitable. Bien qu'il n'ait pas trouvé la route vers
  l’Orient, il a pris possession d'un territoire encore inconnu de l'homme
  blanc. Cartier revient une dernière fois au Canada en 1541 avec comme projet
  d’établir une première colonie, qui doit être abandonnée l'année suivante. Il
  rentre en France avec du mica et du quartz, qu’ il croit être des diamants,
  ainsi que de la pyrite, qu'il croit être de l'or. Cette erreur le fait tomber
  en disgrâce et fait oublier durant quelques décennies le projet canadien.
  Jacques Cartier, découvreur du Canada et précurseur de l'aventure française
  en Amérique, se retire en son manoir de Limoëlou. Il y travaille sur ses
  relations et ses cartes jusqu'à ce qu’ une épidémie l'emporte le 1er septembre
  1557. Lorsqu’en 1532 Jean
  Le Veneur, évêque de Saint-Malo et abbé du Mont-Saint-Michel, propose à
  François Ier une expédition vers le Nouveau Monde, il fait valoir
  que Cartier est déjà allé au Brésil et à la « Terre Neuve ». De
  fait, les relations de Cartier comportent plusieurs allusions au Brésil qui
  ne sont pas que des souvenirs livresques ; quant à Terre-Neuve, Cartier
  en connaissait les parages : un mois avant son départ, il sait qu’il
  doit atteindre la baie des Châteaux (détroit de Belle-Isle) et il s’y rendra
  en droiture comme à une étape familière. La commission délivrée à Cartier en
  1534 n’a pas été retrouvée mais un ordre du roi, en mars de cette même année,
  nous éclaire sur l’objectif du voyage : « descouvrir certaines
  ysles et pays où l’on dit qu’il se doibt trouver grant quantité d’or et
  autres riches choses ». La relation de 1534 nous indique un second
  objectif : la route de l’Asie. À ceux qui prêtent à Cartier en ce
  premier voyage une préoccupation missionnaire, Lionel Groulx répond :
  « L’or, le passage à Cathay ! S’il y a une mystique en tout cela,
  pour employer un mot aujourd’hui tant profané, c’est une mystique de
  commerçants, derrière laquelle se profile une rivalité politique. » La
  relation de 1534 ne mentionne aucun prêtre faisant œuvre d’évangélisation
  auprès des indigènes ; c’eût d’ailleurs été peine perdue, à cause de la
  barrière linguistique. Faute d’avoir trouvé le rôle de l’équipage, on peut
  croire à la présence d’au moins un prêtre : en présentant Cartier,
  l’évêque Le Veneur s’était engagé à fournir les aumôniers et la relation du
  voyage fait allusion au chant de la messe.  Cartier part de
  Saint-Malo le 20 avril 1534, avec 2 navires et 61 hommes. Favorisé d’un
  « bon temps », il traverse l’Atlantique en 20 jours. Du cap de
  « Bonne Viste » à la baie des Châteaux, il visite des lieux déjà
  connus et nommés ; puis il entre dans la baie qu’on lui a désignée comme
  première étape. À dix lieues de là, à l’intérieur, le port de Brest est un
  lieu d’approvisionnement en eau et en bois pour les pêcheurs de morues. À 100
  milles à l’ouest de Belle-Isle, Cartier rencontre un navire de La
  Rochelle : il lui indique comment retrouver sa route. Cartier n’est pas
  encore dans un monde tout à fait inconnu, mais il coiffe de noms les
  accidents géographiques de la côte nord : île Sainte-Catherine,
  Toute-Îles, havre Saint-Antoine, havre Saint-Servan où il plante une première
  croix, rivière Saint-Jacques, havre Jacques-Cartier. Pour la terre qu’il
  voit, il n’a que le plus souverain mépris : « en toute ladite coste
  du nort, je n’y vy une charetée de terre », « c’est la terre que
  Dieu donna à Cayn ». Le 15 juin, il fait route « sur le su »
  et entre dans l’inconnu. Longeant la côte occidentale de Terre-Neuve et
  semant des noms français, il parvient à ce qui est aujourd’hui le détroit de
  Cabot, mais sans constater que c’est un passage, et il vire à l’Ouest.  | |||
|  JACK 
  LONDON.  Vagabondages entre Terre et Ciel
   |  Richard  
  KHAITZINE |  Edition
    EDITE |  2011  | 
|   Jack
  London,
  1876-1916, a publié une quarantaine de romans et d’essais sur une période de
  seize ans, traversant le ciel des lettres à la vitesse d’un météore. Ecrivain
  lucide, matérialiste et humaniste. Il
  prophétise l’avènement de la société ultralibérale, dès 1908, dans son roman
  pessimiste, Le Talon de fer. Mais
  l’auteur de cet ouvrage s’intéresse à l’autre Jack London, l’écrivain du Vagabond des étoiles – où le personnage
  principal s’évade vers des vies antérieures pour tromper le temps en prison.
  London s’attache alors à démontrer la
  suprématie de l’esprit sur la matière. A
  l’âge de quarante ans, alcoolique, alors qu’il est au sommet de la gloire, il
  absorbe une dose mortelle de morphine. Sa femme prétendra qu’il a succombé à
  une crise d’urémie ; un ami parlera de suicide. Mais pourquoi ce
  geste ? « La vie ment pour vivre, la vie est un mensonge
  perpétuel » lit-on dans «le cabaret
  de la dernière chance », roman autobiographique au sein
  duquel il expose une philosophie proche de Kant ou du bouddhisme. Au sommaire : Les temps difficiles – le temps des succès – Boire et déboires
  – Lettre d’un admirateur de Jack London – Un vagabondage dans les étoiles –
  Jack London rencontre Zorro, neuf ans avant sa naissance – Du cabaret de la
  dernière chance à la critique de la raison pure – Traité du Zen et de
  l’entretien des motocyclettes – Dialogue avec la raison pure – Lettre du
  docteur Purdon – Des nouvelles d’outre-tombe – Bibliographie de J. London. De
  très nombreuses photographies de London et de son entourage  | |||
| JULES VERNE
  – QUI SUIS-je ?  | s. vierne | EDITION PARDES | 2005 | ||
| 
 Tout
  roman d’aventures qui ne se limite pas à nous tenir en haleine par une bonne
  fabrication, même si ce n’est certes pas négligeable, entraîne le lecteur
  dans ce « dialogue de la mort et de la liberté » dont parle Yves Tadié dans
  sa remarquable étude sur Le Roman d’aventures. Pour que les récits
  d’explorations deviennent des voyages exemplaires, il faut que, à un niveau
  profond, ils soient des quêtes de l’Ailleurs. Dans un roman qui ne semble pas
  pourtant recéler tant de profondeur, un de ces romans amusants que Jules
  Verne insère à intervalles fixes entre les romans sérieux, Clovis Dardentor
  (1896), les héros doivent faire une simple traversée de la Méditerranée pour
  rejoindre l’Algérie à partir de Sète. Mais l’un d’eux rêve de partir pour
  l’Aventure, qu’il définit ainsi :  
 | |||||
17 L
| l’absurde et le mystÈre – ENTRETIEN
  AVEC FRANÇOIS MITTERAND | Jean guitton | EDITION DESCLEE DE BROUWER | 1997 | ||
| 
 La conversation dure une heure.
  "J'ai eu l'impression, confie Jean Guitton à La Vie, que le sujet de
  notre conversation était exceptionnel et pathétique." Mais, à la fin de
  l'entretien, le Président n'a pas fait part de ses réflexions au philosophe.  La réponse, confiera-t-il le 14 avril 1995 à
  Bernard Pivot, lors d'un spécial Bouillon de culture, il la cherche encore.
  Ajoutant, malicieux et pathétique à la fois : "Il serait temps que je
  parvienne à une conclusion." Le 31 décembre 1994, dans ses
  ultimes vœux aux Français, il étonne certains, en émeut ou en exaspère
  d'autres, en déclarant: "Je crois aux forces de l'esprit." Quelques
  jours plus tard, présentant pour la dernière fois ses vœux à la presse dans
  la grande salle des fêtes de l'Elysée, et alors que son état physique semble
  critique, que la douleur se lit sur son visage, il se laisse aller à cette
  autre confidence : "Les forces de l'esprit, c'est différent de la foi de
  ma jeunesse. Cela ne relève pas d'une spiritualité particulière et il
  m'arrive de le regretter. On vient et on part, on naît et on meurt. C'est
  vrai que je suis très intéressé par les problèmes spirituels que posent la
  vie et la mort. Il y a une réalité mystique entre la terre et moi, entre la
  France et moi. On dit que j'aime me promener dans les cimetières, mais ça
  n'est pas vrai. Les cimetières ne sont que poussière, rêves et souvenirs
  morts."  La messe séparait le bon grain de l'ivraie.
  Mais lorsqu'on allait à la messe et qu'on refusait de s'associer aux
  arrogances, aux injustices de la droite, on n'était de nulle part. Tel était
  le cas de mon père."  Des idées et des théories très intéressantes. | |||||
| la confrÉrie des ÉveillÉs | Jacques attali | EDITION FAYARD | 2005 | 
| Au
  XIIème siècle, à Cordoue où les trois monothéismes ont choisi de se
  respecter, de s’admirer, de se nourrir les uns les autres, un artisan
  énigmatique eut le temps, avant d’être torturé et pendu, de révéler à son
  neveu comment obtenir le livre le « plus important à avoir jamais été
  écrit par un être humain ». Lancé dans cette quête qui le mène à travers
  l’Europe et le Maroc, le jeune juif, Maimonide,
  croise un jeune musulman, Averroès,
  entraîné dans la même recherche. L’un comme l’autre, qui deviendront des
  géants de la pensée, sont poursuivis par un groupe mystérieux qui semble
  décidé à tout faire pour les empêcher d’aboutir : la « Confrérie des Éveillés ». 
 
 | |||
| la divine comÉdie de bernard buffet  | G. durand | EDITION DESCLEE DE BROUWER | 1986 | 
| L’œuvre
  immense de Bernard Buffet accompagne le drame de notre époque, bien plus elle
  lui donne visage. Cirque, corridas, épopée de Jeanne d’Arc, horreur de la
  guerre, folles, écorchées, Enfer de Dante, révolution, passion du Christ et
  Pietà… Dans
  toutes ses toiles, Bernard Buffet « insolemment figuratif » (François
  Mauriac) dessine d’un trait ferme les stigmates dont ce siècle lacère le
  visage de l’homme. Son œuvre compose l’opéra fabuleux, dérisoire et tragique,
  de notre époque.  De
  toute époque, peut-être. Impossible de ne pas être saisi par cette mise en
  scène, avec son étrange paradoxe d’opacité et de lumière, d’écrasement et
  d’espoir.  Qu’on crie au scandale, mais qu’on voie la passion de l’Homme de douleurs et la pitié de la Pietà se dessiner au milieu de cette déréliction. Comment ne pas être bouleversé par cette fresque grandiose qui est, comme l’œuvre de Dante, théologie en acte, cri de révolte devant le mas sans mesure, geste de la compassion qui met au monde l’espérance. | |||
| l’affaire marie-madeleine  | Gérard MESSADIÉ | EDITION J.C. LATTES | 2002 | 
| Qui était Marie-Madeleine ? Quel fut véritablement son rôle
  auprès de Jésus après la crucifixion ? C’est principalement à ces questions
  que Gérard Messadié tente de répondre à travers ce roman inspiré. D’après
  lui, Marie-Madeleine aurait été l’instigatrice d’un « complot » pour sauver
  Jésus de la mort. En soudoyant les soldats, en retardant sa mise en croix, en
  récupérant le corps seulement blessé, elle réussit son projet. Alors, quand
  un Saint homme resurgit du néant avec l’aura magique d’avoir triomphé de la
  mort, son pouvoir devient incommensurable. 
 
 | |||
| l’amazone
  – un gÉant blessḖ | Alain gheerbrant | EDITION GALLIMARD | 2005 | ||
| 
 Avec 6400 km il est un peu moins long que le Nil, mais le plus vaste
  pour son réseau hydraulique avec 6 150 000 km. Le débit à son embouchure est
  5 fois plus important que son successeur le Congo. L'Amazone prend sa source
  à 4840 m au Pérou. Sur son chemin, l'Amazone reçoit plus de 500 affluents
  dont 20 puissants fleuves, longs de plus de 1500 km !! Le rio Negro sur la
  rive gauche est aussi gros que le Congo. Le rio Xingu est lui aussi abondant
  que le Gange. Les différents affluents font passer la largeur de l'Amazone de
  quelques mètres à la source, à 6000 m à Manaus, puis 10 km dans son cours
  inférieur. La basse vallée est un véritable bras de mer qui remonte grâce aux
  marées sur plus de 1000 km, et dont la largeur entre rives est de 30 à 100
  km. La profondeur des eaux est de 20 m à la frontière péruvienne, 80 à
  Manaus, et 130 vers Obidos. Du fait de la très faible pente sur ses 3500
  derniers km, l'Amazone est très ramifiée et possède de nombreux lacs. Le fleuve est le premier par le volume des eaux qu'il charrie. Il doit
  cette abondance à la surface de son bassin, qui, avec 7 millions de
  kilomètres carrés, est le plus grand du monde. Son débit moyen à l'embouchure
  est estimé à 180 000 m3/s (quatre fois celui du Congo, deuxième fleuve par la
  puissance, et cent fois celui du Rhône), contre 160 000 m3/s à Óbidos, situé
  à 1 000 km des côtes atlantiques. Les alluvions sont à l'origine de la
  distinction opérée entre les affluents du fleuve: les rios negros (noirs)
  sont chargés de fer et de matière organique; les rios d'agua limpa sont
  limpides comme le Tapajós, et les rios brancos sont chargés d'alluvions
  claires et opaques (Madeira, Amazone). Les confluences entraînent parfois des
  phénomènes spectaculaires. Ainsi, à la rencontre de l'Amazone et du Negro, les
  eaux des deux fleuves ne se mélangent pas sur plusieurs kilomètres, tant
  elles sont abondantes et leurs caractéristiques différentes. Les eaux de
  l'Amazone sont si puissantes qu'elles forment un véritable barrage, faisant
  parfois refluer les eaux des affluents vers l'amont. Au sommaire : Les découvreurs : Pizzaro, Orellana, Raleigh… Les explorateurs scientifiques : Humboldt, La Condamine, Saint-Hilaire, Bates, Wallace… L’aventure du caoutchouc, la déforestation… 190 méandres de l’histoire d’un géant blessé. | |||||
 
| LA
  PASSION DU LIVRE AU MOYEN-ÂGE | Sophie Cassagnes - Brouquet | Edition Ouest- France | 2003 | 
| La passion du livre est bien un trait caractéristique
  du Moyen Age, un legs que cette période nous a transmis parmi tant d'autres.
  Les bibliothèques européennes renferment ainsi une grande part de notre
  patrimoine culturel et artistique, trop souvent méconnu. C'est cette relation
  passionnelle que les hommes et les femmes du Moyen Age ont entretenue avec le
  livre que cet ouvrage souhaite éclairer. Les livres ne sont pas seulement un
  texte mais aussi un fabuleux répertoire d'images, ce qui explique la
  fascination qu'exercent encore sur nous les manuscrits médiévaux. Depuis
  cette période, l'histoire du livre est indissociable de celle de notre
  civilisation occidentale Comme le souligne Sophie Cassagnes-Brouquet
  dans la conclusion de son livre, La passion du livre au Moyen Âge, « le
  prix astronomique atteint par les manuscrits les plus modestes au cours des
  dernières ventes publiques suffit à témoigner du maintien de cet engouement
  pour les manuscrits du Moyen Âge ». Si on peut ne pas être d’accord avec
  ses regrets que « bibliothèques ou collectionneurs privés conservent
  jalousement » de tels trésors, il faut saluer la qualité du travail
  de vulgarisation qu’elle propose dans son court et richement illustré
  ouvrage. Trois grands supports de l’écriture Le livre se découpe en quatre parties,
  consacrées respectivement à la production des livres, aux bibliothèques, aux
  lecteurs, et aux rapports plus que fructueux entre les livres et les
  artistes. Dans la première partie, l’auteur circonscrit son propos entre
  l’invention du codex au premier siècle après Jésus-Christ et l’invention de
  l’imprimerie vers 1460. Elle rappelle que, au Moyen Âge, « trois
  grands supports de l’écriture » cohabitent, ou plutôt se succèdent :
  le papyrus, le parchemin, le papier. Elle souligne l’importance du scribe, « grand
  spécialiste de l’écriture », et détaille sans érudition excessive ses
  pratiques et ses outils. Les scriptorium des monastères sont les lieux
  privilégiés de la production des livres avant que, au Xe siècle, le
  développement de la lecture silencieuse ne s’accompagne de celui des ateliers
  urbains, souvent liés aux grandes villes universitaires européennes. Au Moyen Âge, le livre est un objet rare, cher
  et précieux, qu’il est donc difficile de conserver pour soi. Les premières
  bibliothèques se développent dans les monastères, puis dans les universités.
  Quoique précieux, le livre n’est pas toujours bien traité par ses lecteurs,
  et Sophie Cassagnes-Brouquet propose quelques témoignages savoureux sur les
  déprédations commises par les étudiants… Le livre est aussi objet de
  collection, de prestige, dont témoignent entre autres les fameuses Grandes
  heures de Jean de Berry, manuscrit du XVe siècle. Quels livres, pour quels lecteurs ? La
  troisième partie, « Quels livres, pour quels lecteurs ? » est sans aucun
  doute la plus originale et la plus intéressante du livre. Rappelant la
  rupture que constitua le passage progressif de la lecture collective, à haute
  voix, à la lecture silencieuse, individuelle, l’auteur montre que, d’abord
  réservée aux moines, la lecture se répand bientôt dans d’autres classes de la
  société, et notamment chez les laïcs. Si les textes liturgiques en latin sont
  une part prépondérante des livres réalisés et lus, d’autres textes en «
  langue vulgaire » rencontrent bientôt un énorme succès, comme les
  « romans », notamment ceux tournant autour de la quête du Graal. Enfin, l’auteur  insiste sur l’une des principales
  caractéristiques des manuscrits médiévaux et ce pourquoi ils sont encore si
  prisés : la présence d’enluminures au rôle à la fois décoratif et pédagogique
  – même si, l’auteur le rappelle aussi, tous les manuscrits médiévaux ne sont
  pas enluminés. Les enlumineurs sont souvent anonymes, ce qui n’empêche pas
  leur travail d’égaler en beauté celui des plus grands peintres du temps.
  L’enluminure accompagne aussi le passage de l’art roman à l’art gothique, les
  Très riches heures du duc de Berry pouvant être considéré comme le
  point d’aboutissement d’un art qui, avec l’avènement de l’imprimerie, va peu
  à peu disparaître. Ouvrage de vulgarisation, La passion du
  livre au Moyen Âge vaut aussi pour la quantité et la qualité de ses
  illustrations. Des dizaines de reproductions de grande qualité, issues des
  plus grandes bibliothèques patrimoniales françaises, complètent et soulignent
  le texte. Pour une fois, le rapport qualité/prix est plus qu’en faveur d’un
  ouvrage si magnifiquement illustré qui, s’il n’apprendra rien à l’érudit,
  voire au bibliothécaire averti, sera une source inépuisable d’émerveillements
  pour le néophyte et pour l’amateur, décidément bien convaincus que le
  « moyen âge » porte bien mal son nom… | |||
| la rÉgle de quatre | caldwell & thomason | FRANCE – LOISIRS | 2004 | 
| Depuis
  1499, des savants tentent de décoder un chef-d’œuvre de la Renaissance, Le
  Songe de Poliphile. Écrit en cinq langues, orné de gravures érotiques et
  violentes, ce texte a résisté à tous les assauts, brisé des destins, des
  amitiés et des vies. Pourtant, deux étudiants de Princeton osent s’y mesurer
  et, au fil de messages cachés, découvrent l’histoire d’un prince du
  Quattrocento et l’existence d’une crypte secrète qui recèle des trésors
  inouïs. Ils croyaient échapper à la malédiction de cette énigme. Mais pour la défendre, certains sont prêts à mourir et à tuer. | |||
| le chevalier coËn & le mystÈre de
  la parole perdue | guimel & dalet | EDITION GALODE | 2007 | 
| Au
  cours de son initiation à Bourges, un anesthésiste meurt empoisonné.
  Ébranlée, l’Institution maçonnique déclare aussitôt « L’Union Sacrée » et
  mandate alors Jean Gibelain pour résoudre l’affaire. Un fou de Dieu, allié
  objectif de néonazis assoiffés de pouvoir, veut dominer un monde que seul
  Gibelain parviendra peut-être à sauver. 
 
 | |||
| le corbeau  | Erik sable | EDITION LE MERCURE DAUPHINOIS | 2006 | 
| Beaucoup
  de livres permettent d’identifier les oiseaux, mais peu s’intéressent à leurs
  façons de vivre. 
 
 | |||
 
| LE
  DERNIER TESTAMENT DU DIABLE | Gérard Raynal | Edition 
  T.D.O. |  2018 | 
| 1920 - Le cadavre d'un jésuite est retrouvé en position
  de gisant, sur le site dit « le Fauteuil du Diable » dans les environs de
  Rennes-les-Bains (Aude). Cet acte barbare intrigue d'autant plus les
  enquêteurs, qu'il reproduit, au détail près, l'assassinat de l’abbé Antoine
  Gélis, survenu plus de deux décennies auparavant à Coustaussa, un village des
  environs. Relevé près de la victime, un étrange graffiti portant les mots «
  Viva Angélina », ne fait que rajouter à la confusion. L'abbé Salvat dépêché
  malgré lui sur la scène du crime, va se laisser emporter par cette
  mystérieuse affaire sur laquelle plane inexorablement l'ombre de l'abbé
  Saunière, l'ancien curé de Rennes-le-château. C'est en visitant l'église de
  cette paroisse où trône une statue du Diable, que notre enquêteur parviendra
  à tirer les premiers fils d'un redoutable écheveau.  De Rennes-les-Bains, jusqu'en Bretagne, de Paris à
  son Roussillon natal, il se heurtera à d'impitoyables ennemis qui cherchent
  par tous les moyens à s'approprier un mystérieux manuscrit découvert par
  Saunière dans les entrailles de son église. Au fil de son enquête, il
  comprendra que la divulgation de ce terrible message risque de plonger le
  monde dans un inextricable chaos. De chasseur, il deviendra gibier. | |||
| LE DERNIER DES JUSTES | A. schwarz - bart | EDITION DU SEUIL | 1959 | 
| Dernier
  d’une lignée de Justes, Ernie Lévy oppose à la haine, à toutes les
  messes noires de l’humiliation (des persécutions du Moyen Âge à celles du
  nazisme), la vocation mystérieuse qui fut celle de ses ancêtres. Mort six
  millions de fois, à nouveau menacé, Ernie Lévy est toujours vivant. 
 | |||
| le fidÈle d’amour | Paul-Alexis ladame | EDITION Albin-Michel | 1984 | ||
| 
 Pic de la Mirandole mène un train de vie
  fastueux et possède une bibliothèque des plus réputées. Sa culture, son
  éloquence et son acuité de jugement lui valent d'être reçu par le roi de
  France Charles VIII comme par Laurent le Magnifique, le maître de Florence.
  Dans l'entourage de ce dernier, il se lie d'amitié avec le philosophe Marsile
  Ficin et tente avec lui de concilier la philosophie de Platon et la théologie
  chrétienne. La Grèce ne lui suffisant pas, il se jette aussi dans l'étude des
  textes hébraïques ainsi qu'arabes et chaldéens. À 23 ans, il publie 900
  thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et
  théologiques, et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre
  avec lui à Rome, quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement !
  L'initiative déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole
  doit renoncer à plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une
  commission papale. L'année suivante, il tente de fuir en France
  la vindicte du Saint-Siège. Mais il est arrêté à Lyon et brièvement interné
  au donjon de Vincennes. À sa libération, il s'empresse de répondre à
  l'invitation de Laurent le Magnifique et, mettant fin à ses voyages,
  s'établit à Florence. Mais le savant est fauché en pleine jeunesse par une
  fièvre maligne et meurt pieusement à Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la
  ville soumise à l'autorité impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de
  France Charles VIII à la tête de ses troupes. C'est le début des longues
  guerres d’Italie qui vont révéler la Renaissance aux Français...La curiosité
  universelle et les connaissances encyclopédiques de Pic de la Mirandole sont
  devenues proverbiales.  On y croise Savonarole, Dante, Marcile Ficin et toute la confrérie des Fidèles d’Amour. | |||||
| le faucon  | Erik sablḖ | EDITION Le Mercure Dauphinois | 2006 | 
| Beaucoup
  de livres permettent d’identifier les oiseaux, mais peu s’intéressent à leurs
  façons de vivre. 
 
 | |||
| le goÉland | Erik sablḖ | Edition Les Deux Océans | 2002 | ||
| 
 Et c'est alors qu'il revint au présent, à la plus grande joie
  de ses coéquipiers….  Il avait donc trouvé la porte d'entrée de la pierre, mais il n'avait pas la bonne clé pour l'ouvrir vraiment. Jonathan est une sorte de parangon de la liberté, de l'anticonformisme, du dépassement de soi pour s'élever au-dessus du niveau purement matériel de la vie. Au cours de ses aventures Jonathan, loin d'être seul, rencontrera de nombreux condisciples et des maîtres spirituels qui l'aideront à mener à bien sa quête d'absolu. Il est aussi, et ceci parlera sans doute un peu mieux à ceux qui ont suivi les "sacrées histoires" une sorte de prolongement du mythe antique de Prométhée qui défie les limites de sa race pour s'élever très nettement au-dessus de sa condition. Il est aussi celui qui ose sortir de la caverne des illusions platoniciennes pour vivre dans la connaissance de la vérité. | |||||
| le jour des fourmis | Bernard werber | EDITION ALBIN MICHEL | 1992 | 
| Sommes-nous
  des dieux ? Sommes-nous des monstres ? Pour le savoir, une fourmi va partir à
  la découverte de notre monde et connaître mille aventures dans notre
  civilisation de géants. 
 | |||
| le livre des sept portes | Yves namur | EDITION LETTRES VIVES | 1994 | 
| Livre de poésie sur les 7 portes que nous sommes appelés à franchir. La porte de la mort – La porte de la traversée – La porte de l’Autre – la porte de l’Imprononçable – La porte de l’Impossible – La porte de l’Effacement – La porte de la Lumière. | |||
| le livre du voyage  | Bernard werber | POCHE | 1997 | 
| Ce ne sont pas des aphorismes mais plutôt des réflexions poétiques littéraires, quelquefois symboliques, sur les moments de la vie. C’est un voyage qui nous entraîne dans le quotidien et nous ouvre les yeux et le cœur. | |||
 
| LE
  GRIMOIRE DU JOUR DE SATURNE | Jean-François Blondel | Edition Savary |  2019 | ||
| 
 
 On ne sait finalement que peu
  de choses sur les origines de l'antique
  église qui se dressait
  autrefois en lieu et place du square Saint-Jacques, si
  ce n'est que sa fondation remonterait
  au XIIe siècle et qu'elle
  aurait été démontée pour pierres après 1793. La
  construction du clocher toujours
  fièrement dressé est attribuée à Jean de Felin,
  Julien Ménart et Jean de Revier,
  et  remonterait à la période
  1509-1523. On raconte qu'un
  certain Blaise Pascal, qui y aurait réitéré
  ses expériences sur la pesanteur
  du Puy-de-Dôme, ne serait pas étranger à la survie du monument. Au rez-de-chaussée,
  une statue du penseur se tient
  d'ailleurs au centre des piliers. Même reposant sur pareil esprit géométrique, la bâtisse n'accueille pas plus de
  17 touristes à la fois
  pour des questions de sécurité.  Le lieu est parfois surnommé le Beffroi de Nicolas Flamel. Depuis les hauteurs on peut apprécier la
  rue des Ecrivains débouchant
  sur le square, celle dans laquelle le libraire du XIVe siècle débutait ses
  oeuvres de copiste et écrivain
  public bien avant que la légende ne lui attribue la création de la
  pierre philosophale et sa réputation
  d'alchimiste. Et, après tout au moins une forme de
  transformation de plomb en or s'avéra effectivement de mise au sein de la Tour. Rachetée par un industriel en
  1824, le clocher s'est mué intérieurement en fonderie de balles de plombs, commercialisées à destination des chasseurs. Différents calibres de grilles étaient installés au fil des
  étages, et il ne restait plus qu'à
  vider des baquets de
  plombs depuis la terrasse et laisser
  refroidir la matière au fil de sa chute. Une activité qui aura quelque peu esquinté l'intérieur du bâtiment et ses gargouilles.  Le roman met en
  perspective la tradition des bâtisseurs et l’alchimie. L’auteur montre
  comment des groupes occultes souvent éphémères font serpenter un savoir caché
  qui perdure ainsi, échappant au vulgaire.  Il dit, une fois encore,
  l’importance et l’actualité du savoir et de la sagesse du Compagnonnage. | |||||
| le moine et lE vÉnÉrable | Christian jacq | EDITION R. Laffont | 1985 | 
| Un
  Franc-maçon et un religieux sont emprisonnés dans une mystérieuse forteresse
  par des nazis qui veulent leur arracher des pseudos-secrets sur leurs rites
  et leurs pouvoirs. Alors que tout les sépare, ils
  trouvent des points communs qui vont les aider à supporter les tortures de
  leurs geôliers et à s’unir pour sortir du piège.  Un très bon roman ! | |||
| LE  MONDE  IGNORÉ  DES  INDIENS 
  PIRAHÂS | DANIEL L. EVERETT | ÉDITION FLAMMARION | 2010 | 
| Dans
  les années soixante-dix, le linguiste Daniel L. Everett part avec femme
  et enfants, à la découverte du monde des Pirahâs, petite tribu d’Indiens installée au cœur de l’Amazonie. Il passera au total plus de sept
  ans parmi eux : sa vie et sa conception du monde s’en trouveront
  bouleversées. Car au-delà des charmes et des dangers de la forêt amazonienne,
  la véritable aventure de ce séjour est celle de l’altérité radicale. Les
  Pirahâs vivent à l’écart de toute civilisation, sans rien connaître du
  confort ni de la technologie modernes. Ils dorment peu, passent leur temps à
  pêcher et communiquent avec les esprits invisibles. Quant à leur langue,
  qu’Everett est venu étudier, elle est absolument atypique : les Pirahâs
  n’ont pas de système de numérotation, aucun terme pour désigner les couleurs,
  ni les concepts de guerre ou de propriété privée. Ils ne savent pas conjuguer
  au passé (ils n’ont d’ailleurs pas de mythe des origines) ni combiner
  syntaxiquement deux ou plusieurs énoncés. A
  la fois récit d’une incroyable expérience humaine et journal d’un minutieux
  travail de terrain, cet ouvrage défie les théories dominantes en linguistique
  et rouvre les portes de la  réflexion sur le lien entre langage et
  culture. Daniel L. Everett linguiste et anthropologue enseigne à
  l’Université d’état de l’Illinois. | |||
| lÉon l’africain
  – samarcande – les
  jardins de lumiÈre | Amin maalouf | EDITION LATTES | 1997 | ||
| 
 Cette élection est une véritable consécration
  pour Amin Maalouf. Une consécration d’autant plus méritée que l’homme s’est
  imposé comme un écrivain populaire dont les livres figurent régulièrement
  parmi les best-sellers du moment, ce qui en fait l’un des poids lourds de
  l’édition parisienne. Ses romans historiques se sont vendus à plusieurs
  centaines de milliers d’exemplaires et ont été traduits en une vingtaine de
  langues. Rien ne prédisposait pourtant cet Arabe chrétien à la brillante
  carrière qu’il a faite en français. Fils d’un journaliste éditorialiste de
  langue arabe très connu au Liban, Maalouf était lui-même journaliste au
  principal quotidien de Beyrouth, An-Nahar. Il était programmé pour
  écrire en arabe, sa langue maternelle, ou en anglais, langue de communication
  du milieu dont il est issu. « Si l’on m’avait dit à l’époque que je
  vivrais ma vie d’adulte en France, que j’écrirais dans cette langue, et que
  j’en arriverais à me sentir français, j’aurais haussé les épaules avec
  incrédulité », déclare Maalouf dans son Autobiographie à deux voix
  *. Et d’ajouter : « Mais c’est très exactement ce qui s’est
  passé. » Le secret de la venue d’Amin Maalouf à la
  langue française est étroitement lié à ses origines « compliquées »
  et pluriculturelles. Les Maalouf, une vieille famille arabe d’origine
  yéménite, se sont christianisés dès le IIIe siècle de notre ère. À la
  fois Arabes et chrétiens, ils ont essaimé dans tout le Proche-Orient et le
  Moyen-Orient, voire dans la lointaine Amérique latine, comme l’a raconté
  Maalouf dans Origines (Grasset). Cette vaste tribu compte des poètes
  ratés, des prédicateurs et des éducateurs laïcs et francs-maçons, comme le
  grand-père de l’écrivain, Botros, qui a créé une école mixte et progressiste
  dans le Liban des années 1910. Un arrière-arrière-arrière-grand-oncle a
  traduit Molière en arabe. Le romancier australien David Malouf et le Rimbaud
  brésilien Fawzi Maalouf sont apparentés au clan. La branche libanaise de la
  famille dont Amin Maalouf est issu est anglophone et protestante.
  Traditionnellement, ils envoient leurs enfants se former à l’Université
  américaine de Beyrouth. Bio express : Amin Maalouf 1949
  Naissance à Beyrouth (Liban) 1976
  Départ pour Paris. Il entre alors à Jeune Afrique 1986
  Publication de son premier roman, Léon l’Africain 1993
  Obtention du prix Goncourt pour Le Rocher de Tanios 23 juin 2011 élection à l’Académie française C’est dans cette famille américanisée qu’a
  débarqué la mère d’Amin Maalouf, issue, elle, d’une famille catholique
  (melkite). Elle avait fait promettre à son futur mari qu’il ne s’opposerait
  pas à ce que leurs futurs enfants fréquentent des écoles catholiques. C’est
  ainsi que le jeune Amin s’est retrouvé chez les pères jésuites et ses trois
  sœurs à l’École des sœurs de Besançon, où ils suivirent un enseignement en
  français. Depuis, la langue de Molière a toujours accompagné Amin Maalouf,
  d’abord comme « une sorte de langue souterraine » qui cohabitait
  avec l’arabe, la langue de la socialisation. C’est en français que le jeune
  Maalouf tenait son journal intime, puis, au cours de l’adolescence, qu’il découvre
  les fonds littéraires du monde entier. Si le futur romancier s’est vite
  attaché à cette langue très peu parlée dans son milieu, c’est sans doute
  parce que la marginalité du français lui renvoyait en écho son propre statut
  de chrétien minoritaire, « irrémédiablement étranger », dans un
  monde arabe majoritairement musulman. C’est sans doute cette blessure secrète,
  exacerbée par l’éclatement de la guerre civile en 1975, qui poussera Amin
  Maalouf à quitter son pays natal un an plus tard. Peut-être aussi par instinct
  de survie. Une fusillade meurtrière éclate pratiquement sous les fenêtres de
  l’appartement du couple Maalouf le 13 avril 1975. C’est le commencement
  de la guerre civile. Dans un premier temps, Amin et son épouse Andrée se
  réfugient dans le village familial, à 1 200 mètres d’altitude.
  Puis, pressentant que cette guerre va traîner en longueur, Maalouf décide de
  partir. Le 16 juin 1976, il prend un bateau pour Chypre, avant de
  s’envoler pour la France. La destination aurait pu être le Canada, mais, pour
  une fois, les services de visa de l’ambassade de France sont plus rapides !
  Sa femme et ses enfants le rejoignent à Paris quelques mois plus tard. Fort de son expérience de journaliste à
  Beyrouth, le jeune homme finit par trouver à Paris un emploi à la mesure de
  ses compétences. Il intègre la rédaction de Jeune Afrique. Dans les
  interviews qu’il a accordées, Amin Maalouf a souvent évoqué l’expérience de
  sa collaboration enrichissante avec Béchir Ben Yahmed ainsi qu’avec les
  journalistes subsahariens et maghrébins qu’il fréquente : « Chacun
  d’entre nous portait son histoire, ainsi que celle de son pays… »,
  Explique-t-il. Parallèlement au journalisme, il se lance dans l’écriture, et
  publie en 1983 son premier essai, à mi-chemin entre le récit narratif et le
  document, portant sur un sujet éminemment historique : Les Croisades
  vues par les Arabes (Jean-Claude Lattès). Un ouvrage emblématique de la
  démarche d’Amin Maalouf, nourrie d’érudition et soucieuse de multiplier les
  perspectives. « Moi qui ai vécu successivement au Levant puis en
  Occident, aime-t-il à dire, j’observe depuis toujours à quel point les uns et
  les autres sont incapables de s’écarter de leurs visions partielles et
  partiales, les unes euro-centrées, les autres arabo-centrées ou
  judéo-centrées, sans jamais remettre en question leur propre perspective. Se
  mettre quelquefois à la place de l’autre est le premier pas vers la
  sagesse… » Trois ans plus tard, en 1986, Maalouf fait
  paraître son premier roman, Léon l’Africain. C’est un tournant dans sa
  carrière. Ce livre, qui raconte l’autobiographie imaginaire d’un diplomate
  maghrébin capturé par des pirates italiens et offert en cadeau à Léon X,
  le grand pape de la Renaissance, est un immense succès de librairie. Il se
  vend à près d’un demi-million d’exemplaires. Situé entre Orient et Occident,
  mettant en scène le Levant oublié, où les Grecs et les Italiens croisent les
  Arabes et les Turcs, où les Druzes cohabitent dans une paix armée avec les
  chrétiens, les juifs et les sunnites, ce roman donne le ton de la fiction à
  venir d’Amin Maalouf. Une fiction historique, politique et haute en couleur,
  sans jamais tomber dans l’exotisme facile ou sensationnel. La dizaine de
  romans et de récits familiaux que le romancier a publiés, outre ses deux
  essais et, plus récemment, des livrets d’opéra, s’inscrivent dans cette
  mouvance. Surnommé « Monsieur Shéhérazade » par ses fans, Maalouf
  narre ses récits en conteur moderne, tout en distillant avec brio sa grande
  érudition. | |||||
| le pape et l’empereur  | Georges SUFFERT | EDITION DE FALLOIS | 2003 | 
| Entre
  1160 et 1180, une lutte implacable entre un Pape et un Empereur, va changer
  les structures européennes de la religion et de la royauté. Partant d’un concept
  hérité de Charlemagne, l’Empereur se dit investi du droit divin, et pour lui,
  le Pape, en le sacrant ne fait que reconnaître ce droit, le Pape au contraire
  veut la primauté sur l’Empereur puisque c’est lui qui le sacre. C’est
  cette lutte hégémonique entre l’Empereur Frédéric
  1er Barberousse et le Pape Alexandre
  III qui nous est conté. De cette lutte de 20 ans l’Empereur en
  sortira moitié fou et abandonné de tous et le Pape très malade, verra ses
  structures affaiblies. 
 | |||
| le pendule de foucault  | Umberto eco | EDITION GRASSET | 1990 | ||
| 
 Mais un beau jour au fil des siècles en chair et en os les chevaliers de la vengeance… d’Europe en Afrique, du Brésil au Proche-Orient, des parchemins cryptés aux computers, de Voltaire aux Jésuites, de Descartes à Hitler, des druides aux Druses, l’histoire, la science, les religions, tout notre savoir passe, avec une fluidité géniale, dans ce roman d’initiation aux mille mystères, où ne manquent ni les rites sataniques et les meurtres rituels, ni les passions et les amours que font naître les inoubliables Lia, Amparo, Lorenza ; les amitiés fortes fondées sur la noblesse et la liesse de l’esprit… Immense livre où, sous une érudition universelle frappée au sceau final de la sagesse, bat le cœur de l’auteur qui accompagne, à travers l’espace et le temps, les fascinants mouvements du Pendule, quand la réalité dépasse et précède la fiction… | |||||
| le pion des dieux  | François BENETIN | EDITION IVOIRE CLAIR | 2003 | 
| Sur
  l’Olympe, Aphrodite et Ares s’affrontent aux échecs. D’un
  cataclysme dans l’univers des Dieux va naître l’univers des hommes. Un pion
  le dernier de leur jeu est projeté sur la terre. 
 | |||
| le principe de lucifer
  – tome 2 – le cerveau global | Howard bloom | EDITION LE JARDIN DES LIVRES | 2004 | 
| Dans
  le « Cerveau Global », tome 2 du « Principe de Lucifer », Howard BLOOM
  analyse le mécanisme de la sélection individuelle et démontre que l’évolution
  repose fondamentalement sur la notion de partage de l’information et ce, depuis
  nos origines ! 
 
 
 | |||
| le procÉs du 11 septembre 2001 | Victor thorn | EDITION DEMI-LUNE | 2006 | 
| Le
  Procès du 11 Septembre est le résultat de plus de trois ans d’enquêtes menées
  sans relâche de manière indépendante par de nombreux journalistes, chercheurs
  et organisations, pour savoir ce qui est survenu (et ce qui n’est jamais
  arrivé) à New York ce jour-là. 
 
 | |||
| le prophÉte | Khalil gibran | EDITION ACTES SUD | 1996 | ||
| 
 Son
  deuxième discours s’adresse à l’ensemble des personnes rassemblées, sous la
  forme de réponses aux interpellations et aux questions successives des
  anciens, puis des prêtres et prêtresses, puis d’autres, anonymes, puis d’une
  voyante du nom d’al-Mitra dans une mise en scène messianique : le
  Prophète est ainsi interpellé en marche, entouré et accompagné par la foule,
  jusqu’à la grande place, devant le temple, lieu symbolique de
  jonction entre le sacré (templum) et le profane (agora). Le choix du lieu de
  cette deuxième harangue et des échanges qui la suivent situe ainsi les propos
  du Prophète dans un contexte intermédiaire entre le religieux et le civil, ce
  qui confère à leur locuteur le double statut de messager (justifiant le
  titre) et de maître en philosophie à l’image des philosophes du Lycée
  d’Athènes ou de l’Ecole péripatétique… Avoir
  l’ambition d’être : Pour Khalil
  Gibran, nous sommes des pèlerins en chemin entre « la nuit de notre
  moi-pygmée » et « le jour de notre moi-divin ». Tel une flèche
  continuellement tendue vers une cible, l’homme doit vouloir aller au-delà de
  sa simple existence et ne jamais se contenter d’une étape acquise. Chaque
  désir satisfait doit être le point de départ d’un nouveau désir. S’arrêter,
  se replier sur soi, serait trahir le rythme même de la nature, de sa nature.
  On l’aura compris, la suffisance est notre pire ennemi.  Rêver
  sa vie : Il est absolument vital de rêver,
  de jour, consciemment et de façon constructive : rêver est un véritable arbre
  de vie. Rêver n’est pas s’évader du réel. Pour Gibran, celui qui ne rêve pas
  ne sait pas transcender son quotidien, il en devient esclave. Ce que Gibran
  appelle rêver, c’est aller chercher en soi, un à un, les désirs que l’on
  porte, et les mettre à jour. Les faire jaillir de notre nature profonde,
  c’est poser un acte de responsabilité par rapport à son destin. Le rêveur est
  alors celui qui se donne les moyens de construire son avenir. C’est dans ses
  rêves qu’il cherche et découvre les buts à atteindre. Khalil Gibran rêvait et
  travaillait sans cesse, s’autorisant un minimum de pause, dessinant le jour,
  écrivant la nuit : il en est mort jeune. : Appartenir
  au futur : Fidèle aux souvenirs et aux
  légendes transmis par sa mère, Gibran est toujours resté attaché à l’Orient.
  Néanmoins, l’homme ne peut s’attarder sur le passé, car il doit être en renouvellement
  perpétuel. Le « moi-divin» doit se débarrasser de ce qui est vieux pour
  laisser de l’espace à ce qui arrive de nouveau. Vivre dans l’hier, c’est
  donner une autorité aux morts sur les vivants, c’est se figer et nier sa
  liberté. Le moi-divin appelle toujours vers l’avenir. C’est en ce sens que
  Gibran recommande aux parents de ne jamais vouloir faire de leurs enfants des
  prolongements d’eux-mêmes, des copies qui leur ressemblent : « Vos enfants ne
  sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à
  elle-même. »  Être
  relié à l’univers : La beauté, les
  couleurs et les austérités de la terre du Liban imprimèrent dans le cœur de
  Gibran un amour profond pour la nature qui ne se démentit jamais. Pour lui,
  éternel amoureux des arbres, ces « poèmes que la terre écrit sur le ciel »,
  la destinée humaine est irrévocablement liée à celle du cosmos. « La loi veut
  que nous vivions l’un par l’autre », écrivait-il. Il considérait le monde
  naturel comme un être vivant : « Si vous chantez la beauté alors que vous
  êtes seul dans le désert, vous aurez un auditoire. » Le monde naturel est ce
  à quoi nous devons toujours nous relier.  S’aimer
  soi-même Gibran honore la confiance en
  soi, une vertu qui permet de ne jamais céder aux illusions du prestige ou des
  richesses. Pour lui, le bonheur naît aux confins du cœur, il n’est jamais le
  fruit des événements extérieurs. Tout part de soi. « Il est en moi un ami qui
  me console à chaque fois que les maux m’accablent et que les malheurs
  m’affligent. Celui qui n’éprouve pas d’amitié envers lui-même est un ennemi
  public et celui qui ne trouve pas de confident en lui-même mourra de
  désespoir. » 
  l’Amour – le Mariage – les Enfants – la Joie – la Tristesse
  – les Maisons – les Vêtements – la Liberté – la Raison – la Passion – la
  Douleur – la Connaissance de soi – l’Enseignement – l’Amitié – le Temps – le
  Bien – le Mal – la Prière – le Plaisir – la Beauté – la Religion – la Mort. | |||||
| les chemins de pharaon  | Serge férand | EDITION DU ROCHER | 1999 | 
| «
  Nebmer se sentait oppressé. Où ce couloir, transition entre deux mondes, le conduisait-il
  ? Autour de lui, les cobras dressés observaient, prêts à frapper celui qui se
  laisserait saisir par le doute. Le chaton le dépassa et poursuivit sa marche
  d’un pas lent et régulier. Nebmer sentit la vie reprendre. Au fond de
  lui-même, une profonde mutation commençait. » 
 Le
  grand intendant de la reine Tiyi, chargé par le pharaon de rapporter les
  textes des rituels de l’Ancien Empire, rejoindra le groupe de Nebmer. Or des
  bandits à la solde d’un potentat étranger, espérant découvrir le secret de
  l’immortalité, décident de dérober ces textes sacrés… 
 | |||
| LE
  SEIGNEUR DES ANNEAUX | JRR TOLKIEN | EDITION Ch. BOURGEOIS | 2001 | 
| Contes merveilleux avec toute une symbolique empruntée aux mythes nordiques et Moyenâgeux. | |||
| les enfants de rifaa | Guy sorman | EDITION Fayard | 2003 | 
| 2 Islam sont en lutte et propose chacun une
  solution à la mondialisation l’une prône la violence, l’autre un Islam
  éclairé et libéral. Dans la ligne de RIFAA-el-TAHTAWI, penseur et homme
  d’État qui modernisa son pays : l’Égypte, l’auteur a rencontré ces
  « enfants de RIFAA » et prône le dialogue et la main tendue. Un excellent livre de tolérance qui fait réfléchir. | |||
| les Étoiles de compostelle  | Henri vincenot | EDITION DENOËL | 1995 | 
| XIIIème
  siècle. Les « essarteurs » vous prenaient une forêt chenue et, en vingt ans,
  vous en faisaient un versant fertile. Jehan le Tonnerre était de ceux-là,
  sauvages et farouches comme des chevreuils, tenus en lisière par les gens des
  villages, quand la curiosité et la fatalité l’ont mené jusqu’au chantier de
  construction d’une abbaye cistercienne. Et
  le voilà bientôt enrôlé par les Compagnons constructeurs, ces « Enfants de
  Maître Jacques », mystérieux « Pédauques » dont il fera partie après une
  longue initiation.  Vincenot se fait plus que le chroniqueur de cette singulière aventure, à la fois mystique et quotidienne, des bâtisseurs de cathédrales : « Ces gens, ces pays, ces édifices, je les ai vraiment vus, touchés, respirés avec les yeux, les mains, les poumons de Jehan le Tonnerre, à sept cents ans de distance, dans le cercle d’Abred… » | |||
| les fourmis  | Bernard werber | Livre de Poche | 2000 | 
| La
  saga des fourmis selon WERBER.    Un livre fascinant. | |||
| les identitÉs meurtriÈres | Amin maalouf | EDITION GRASSET | 2004 | 
| Que
  signifie le besoin d’appartenance collective, qu’elle soit culturelle,
  religieuse ou nationale ? Pourquoi ce désir, en soi légitime, conduit-il si
  souvent à la peur de l’autre et à sa négation ? Nos sociétés sont-elles
  condamnées à la violence sous prétexte que tous les êtres n’ont pas la même
  langue, la même foi ou la même couleur ? 
 Il montre comment, loin d’être donnée une fois pour toute, l’identité est une construction qui peut varier. Il en dénonce les illusions, les pièges, les instrumentations. Il nous invite à un humanisme ouvert qui refuse à la fois l’uniformisation planétaire et le repli sur la « tribu ». | |||
| les jÉsuites | Jean lacouture | EDITION  Du Seuil | 1991 | ||
| 
 Supprimée
  en 1773 sous la pression de la cour d’Espagne par le pape Clément XIV, la
  Compagnie de Jésus renaît en 1814 dans une Europe bouleversée par la
  Révolution française, l’épopée napoléonienne, le triomphe des Lumières et
  l’émergence de la rationalité scientifique. C’est pourtant dans un climat de
  restauration monarchique et catholique que ressurgissent d’abord ces «
  revenants » qui prennent longtemps la tête de la contre-révolution. Si la tonalité de cette deuxième « époque » est différente – plus grave, moins épique, plus dérangeante –, on verra que les personnalités qu’elle met en scène sont largement à la hauteur des flamboyants pionniers des origines. Du père de SMET évangélisant les Indiens d’Amérique à Pierre TEILHARD DE CHARDIN, Pedro ARRUPE ou Michel de CERTEAU, les Jésuites continuent d’incarner cette avant-garde de l’Église, cette compagnie d’élite dont les audaces marquent encore, en profondeur, toute l’histoire de notre civilisation. | |||||
| les messes basses de nicolas flamel  | mathias | EDITION DU PRIEURÉ | 1994 | 
| Qui était Nicolas FLAMEL ? Le second mari de Dame Perrenelle était-il
  un alchimiste, un mage, un souffleur, un mystificateur voire un escroc ? 
 
 | |||
| les piliers de la terre | Ken follett | Edition Stock | 1990 | 
| Partant de l’Angleterre du 12ème siècle
  où règnent la guerre, la famine, la gloire et l’amour. Des êtres se déchirent
  pour le pouvoir, d’autres essaient de bâtir des Cathédrales à la gloire de
  Dieu. On va de l’Angleterre à l’Espagne en passant par la France et partout
  c’est le même schéma de guerre mais on y apprend pourquoi et comment se
  construisirent les Cathédrales, ces hauts lieux ésotériques et religieux. Un
  livre monumental de 1 000 pages mais passionnant. Le
  roman débute par les mésaventures d'une famille de bâtisseurs, soit Tom, ses
  enfants Martha et Alfred, et sa femme Agnès qui est enceinte. Tom est un
  maçon pauvre qui recherche du travail pour faire vivre sa famille. Un moment
  tragique, la mort, la souffrance, va déchirer cette famille déjà vers le
  début de l'histoire. Ce passage est épouvantable et va changer à jamais la
  vie de cette famille. D'ailleurs, une rencontre importante va suivre... Je
  n'en dis pas plus sur les circonstances, il faut le découvrir par soi-même.
  La recherche de travail va amener le maçon Tom et sa famille, ce qu'il en
  reste, vers le petit village de Kingsbridge. Ses talents de bâtisseur vont
  vite être remarqués et il va entreprendre, avec une puissante hargne, la
  chose la plus importante de sa vie, la construction de la cathédrale de
  Kingsbridge. Beaucoup
  de paramètres vont le ralentir dans la mission de sa vie. Soit la guerre, les
  finances, la politique, mais surtout la jalousie de certaines personnes
  influentes, notamment dans le milieu religieux. Le prieur du village, Philip,
  va tout faire pour aider Tom le bâtisseur dans la construction de cet
  ouvrage. En effet, il en va du prestige et de la prospérité considérable
  de ce petit village. Le courage, la persévérance et la grandeur de ce
  moine sont pour moi les éléments magnifiques de ce roman. Les
  travaux conduits par Tom le bâtisseur seront également fortement perturbés
  par les ambitions des membres d'une famille de petite noblesse, les Hamleigh,
  qui veulent à tout prix être en possession du comté. Leurs
  méthodes vont s'avérer tout simplement dégueulasses et sans scrupule. Ils
  vont sans cesse retourner leur veste pour être du côté du plus fort, du plus
  influent, et ceci sans état d'âme! Le fils de cette famille minable, William,
  va semer, par jalousie et pour la gloire, la haine, la guerre et la mort. La guerre
  est partout dans ce roman, dont une guerre civile qui survient entre les deux
  héritiers du trône d'Angleterre, Stephen et Maud, si je me souviens bien...
  Tout le long du roman, on espère, on espère encore, puis c'est déception sur
  déception. Les rebondissements sont impressionnants, frustrants, car on tient
  énormément à ce village de Kingsbridge et on espère tellement voir un jour en
  son centre la plus grande cathédrale d'Angleterre.  Quelques
  personnages attachants de ce livre :  Tom le bâtisseur, excellent architecte, qui rêve de construire une
  cathédrale. Après la mort de son épouse, et oui, c'est elle qui meurt au
  début de l'histoire, il va se lier à Ellen, et son fils Jack, également passionné
  d'architecture.  Ellen, mère de Jack,
  elle vit dans les bois et certaines personnes imaginent que c'est une
  sorcière. Comme je l'ai précisé plus haut, elle s'unira à Tom le
  bâtisseur.  Jack Jackson,
  fils d'Ellen, brillant architecte. Une grande histoire d'amour sera révélée
  entre lui et Aliena, fille du comte de Shiring. Il aura un rôle important
  dans l'élaboration de la cathédrale de Kingsbridge...  Aliena,
  très belle, j'ai vu le film adapté ;-), travaille dans le commerce de la
  laine pour gagner sa vie (après la mort de son père). Elle se mariera deux
  fois, une fois avec le fils de Tom le bâtisseur, Alfred, qui sera un échec,
  et avec Jack. Le prieur Philip,
  un moine dévoué, courageux et extrêmement juste, qui va beaucoup aider, par
  sa rigueur, à la construction de la fameuse cathédrale.  William Hamleigh,
  personnage que nous ne pouvons que profondément détester. Il va semer le mal,
  la mort, partout où il passe. Vengeance et pouvoir sont ses maîtres
  mots!  Il y a encore bien d'autres personnages, tous très bien décrits. Enfin, je dirais plutôt décrits à la perfection! On ne s'y perd jamais, on sait immédiatement à qui on a affaire. L'époque et l'ambiance sont également décrites d'une manière remarquable. Le côté historique de l'histoire est bien évidemment réel. | |||
 
| LES ROUTES
  DE LA SOIE – L’HISTOIRE DU CŒUR DU MONDE | Peter
  Frankopan | Edition
  Novicata |  2017 | ||
| 
 L’agriculture systématique s’est
  développée en Mésopotamie et dans tout le « Croissant fertile », bande de
  terre très productive aux riches ressources en eau, qui s’étend du golfe
  Persique au littoral de la Méditerranée. C’est là aussi que certaines des
  premières lois connues ont été publiées il y a près de 4 000 ans par
  Hammourabi, roi de Babylone, qui y détaille les devoirs de ses sujets et
  édicte de féroces châtiments en cas de transgression. La Route de la Soie était un réseau de routes commerciales
  entre l'Asie et l'Europe allant de Chang'an (actuelle Xian) en Chine jusqu'à
  Antioche en Syrie. Elle doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y
  transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de
  fabrication. Cette dénomination de 'route de la soie' est due à un géographe
  allemand du XIXe siècle. Les caravanes partaient de Xi'an, empruntaient le
  corridor du Gansu puis contournaient le désert de Taklamakan par le nord au
  pied des hautes montagnes des Tian Shan ou par le sud au pied des Kunlun; ces
  deux routes étaient jalonnées de villes et caravansérails : au nord, Turfan,
  Urumqi, Karachahr, Koutcha, Aksou, Kashgar et au sud Dunhuang, Miran,
  Cherchen, Niya, Khotan, Yarkand. À partir de Kashgar et Yarkand, les pistes
  rejoignaient la Perse ou l'Inde à travers les hautes montagnes de l'Asie
  centrale (Pamir et Karakoram), puis par la Sogdiane (Samarcande, Boukhara,
  Merv), la Bactriane ou le Cachemire. Peu de caravanes effectuaient
  l'intégralité du trajet et les marchandises étaient revendues le long de la
  route dans les oasis qui devinrent des centres de commerce très prospères. Historiquement, on considère que la Route de la Soie a été
  ouverte par le général chinois Zhang Qian au IIe siècle av JC; l’empereur
  l'avait envoyé sceller une alliance avec les tribus situées à l’ouest du
  désert de Taklamakan. Alexandre le Grand s’était arrêté bien avant
  d’atteindre le Turkestan chinois. Les Romains, qui n’étaient pas mieux
  renseignés, étaient convaincus que les Sérés ('peuple de la soie',
  c’est à dire les Chinois) récoltaient la soie sur les arbres. Les Parthes,
  les Sogdiens et les Indiens devinrent rapidement les principaux
  intermédiaires dans le commerce de la soie entre l’est et l’ouest, achetant
  le tissu aux marchands chinois qui l’acheminaient jusqu’à Dunhuang, et le
  revendant aux Syriens et aux Grecs. Chaque transaction augmentait
  considérablement le prix du produit qui aboutissait dans l’Empire romain par
  le biais d’intermédiaires grecs et juifs. La soie ne représentait qu’une
  petite partie du commerce effectué sur la Route de la Soie. Les caravanes qui
  partaient vers l’est emportaient de l’or, des pierres et des métaux précieux,
  des textiles, de l’ivoire et du corail, alors que celles qui allaient en
  Occident étaient chargées de fourrures, de céramiques, de cannelle et d’armes
  en bronze.  L’importance de ces nouveaux liens terrestres entre Orient
  et Occident se mesurent également aux idées et aux croyances véhiculées par
  les hommes qui accompagnaient ces caravanes. L'impact des pensées religieuses
  et philosophiques de l'Inde, de l'Asie centrale et du Moyen-Orient allait
  être immense tant en Chine que dans les autres pays de l'Asie; en
  particulier, le bouddhisme introduit au début de l'ère chrétienne connut une
  expansion rapide le long de la Route de la Soie et de nombreuses grottes et
  monastères furent construits dans les oasis; l'âge d'or du bouddhisme prendra
  fin en 845 lorsque l'empereur hostile aux religions étrangères les interdira.
  On a du mal à imaginer que des monastères bouddhiques dominaient autrefois la
  vie culturelle d'Asie Centrale.  Les apports de la Route de la Soie sont énormes : elle a
  permis de maintenir une culture internationale qui liait ensemble des peuples
  très divers; elle eut un fort impact d'intégration dans les régions
  traversées sur les tribus qui vivaient auparavant isolées; elle a amené le nestorianisme,
  le manichéisme, le bouddhisme et l'islam en Asie centrale et en Chine. A la
  religion et à l'art, il convient d'ajouter les technologies : des chinois,
  l'Asie centrale n'apprit pas seulement à couler le fer, mais aussi à
  fabriquer du papier. À la fin de sa gloire, la Route de la Soie a contribué à
  l'établissement du plus grand empire continental de tous les temps : L’empire
  des Mongols. Vers la fin du VIIIe siècle, les routes maritimes qui
  reliaient le port méridional de Canton au Moyen-Orient étaient bien établies.
  L’art de la sériciculture avait été maitrisé par les Perses et, même si la
  soie ne fut pas produite en Europe avant le XIIe siècle, l’apogée de la Route
  de la Soie tirait à sa fin. La chute de la dynastie Tang au Xe siècle conduisit
  la Chine au chaos; à la même époque, des communautés entières dans les oasis
  disparaissaient suite au tarissement des sources. Les turbulences
  occasionnées par Gengis Khan et Tamerlan minèrent l'économie de la région.
  L'Asie centrale restera longtemps en dehors des préoccupations de l'Orient et
  de l'Occident jusqu'à l'arrivée des explorateurs russes et anglais au XIXe
  siècle. Les premiers voyageurs chinois sur la Route
  de la Soie : - Zhang Qian :
  au IIIe siècle av JC, ses deux voyages en Asie centrale ouvrirent la Route et
  établirent le premier échange culturel entre l’Orient et l’Occident.  -  - Ban Chao : au Ier siècle de notre
  ère, il fut l’un des plus grands généraux de Chine et s’empara des royaumes
  de la Route de la Soie (Loulan, Khotan et Kashgar); il établit les premiers
  contacts avec les Parthes, les Babyloniens et les Syriens  -  - Fa Xian : au Ve siècle, fut le
  premier moine d’une longue série de bouddhistes chinois à faire le pèlerinage
  en Inde; il passa une grande partie de sa vie à traduire du sanscrit les
  soutras qu’il avait rapportés de ses longs périples. Le compte rendu de ses
  voyages au 5ème siècle "Un Mémoire sur les Royaumes bouddhistes"
  l’immortalisa aussi bien en Chine qu’en Occident.  -  - Xuan Zang : au VIIe siècle, le plus
  connu de tous les voyageurs de la Route de la Soie; deux récits de son voyage
  sont devenus des classiques chinois. 
  -  Marco Polo (1254-1324) Le
  vénitien Marco Polo est l'un des voyageurs les plus connus de la Route de la
  Soie. Parti pour ouvrir une route commerciale vers l'est, il alla plus loin
  encore que tout autre voyageur l'ayant précédé, jusqu'aux confins de l'Empire
  du Milieu. Proche de Kublai Khan, l'empereur mongol (et petit-fils de Gengis
  Khan), il devint un personnage important. De retour à Venise, vingt-quatre
  années plus tard, il dicta le récit de ses aventures dans un livre intitulé
  “Le devisement du monde”, également connu sous le titre “Le livre des
  merveilles”. | |||||
| les sept plumes de l’aigle | Henri gougaud | Edition DU SEUIL | 1995 | 
| Luis
  A. est né en Argentine. Avant de quitter ce monde, sa mère, une indienne
  Quechua, lui a légué un savoir millénaire. Est-ce pour la retrouver que Luis,
  très jeune, est parti sur les routes de l’aventure mystique ? 
 | |||
| les thanatonautes  | Bernard werber | EDITION ALBIN MICHEL | 1994 | 
| L’homme
  a tout exploré : le monde de l’espace, le monde sous-marin, le monde
  souterrain ; pourtant il lui manque la connaissance d’un monde : le continent
  des morts. 
 
 
 | |||
| l’Évangile selon PIlate | Éric E. schmitt | EDITION ALBIN MICHEL | 2000 | ||
| 
  «Qu'est-ce
  qu'on va faire de toi?» s'interroge le rabbin de Nazareth. Surtout, il
  professe une religion de l'amour qui subvertit les normes. Pour être un vrai messie,
  il faut avoir une stratégie, une ambition, un but. Lui n'a que de l'amour en
  partage. Et c'est insupportable. «Mon petit Yeshoua, lui dit sa mère, il ne
  faut pas trop aimer. Sinon tu vas beaucoup souffrir.» Elle n'avait pas tort.
  Jésus souffrira. Beaucoup.  «Mauvais
  charpentier», «mauvais juif», son avenir s'annonce plutôt sombre. En
  désespoir de cause, il rend visite à son cousin Jean-Baptiste, qui lui paraît
  franchement bidon avec ses pauses de prophète allumé. Mais voilà que
  Jean-Baptiste le reconnaît comme le Messie! Et les ennuis de Jésus ne font
  que commencer, avec toute cette série de miracles qu'on lui attribue chaque
  fois. Lui n'y croit pas trop, il soupçonne même ses disciples de monter des
  arnaques en son nom! D'ailleurs, ses fidèles se fichent pas mal de son
  enseignement; ils se contentent de ses conseils de bon sens qui leur
  simplifient la vie.  Jésus
  le provincial doit «monter» à Jérusalem Jésus, plus que jamais, doute.
  «Depuis trente ans, tout le monde avait un avis sur mon destin, sauf moi.» A
  ceux qui lui demandent: «Es-tu le fils de Dieu?», il répond seulement par un
  énigmatique: «C'est toi qui le dis!» A Judas, son disciple préféré, il
  confesse: «Je ne sais qui je suis.» Judas, en revanche, a compris. Jésus le
  provincial doit «monter» à Jérusalem pour accomplir les Ecritures. Il ne doit
  pas se livrer au Sanhédrin, ce qui reviendrait à reconnaître sa culpabilité,
  mais être trahi par ses proches. Judas est prêt à se sacrifier pour le succès
  de l'entreprise. Aussi, quand Jésus prévient: «L'un de nous doit me trahir»,
  il se dévoue.  Le
  problème de Pilate est tout autre. Garant de l'ordre romain, imperméable à la
  «folie juive», détestant ce trou perdu de Judée où on l'a envoyé, et,
  par-dessus tout, cette capitale du mensonge qu'est Jérusalem, il s'apprête à
  passer une Pâques plutôt plan-plan, avec quinze arrestations et trois
  crucifixions à peine. Sauf que, par la faute d'un rabbin contestataire, un
  bouseux galiléen nommé Jésus, dont tout le monde semble s'être entiché, et,
  en particulier, sa propre épouse, la très aristocratique Claudia, tout part à
  vau-l'eau. Pour sortir de ce guêpier, une seule solution: retrouver le corps
  du crucifié - mort ou vif! - afin d'étouffer la rumeur qui en fait déjà un
  ressuscité. Est-ce Hérode qui a fait le coup? Joseph d'Arimathie est-il
  complice de l'escamotage? Que cache l'association contre nature entre Caïphe
  et le Sanhédrin? Claudia est-elle la mystérieuse quatrième femme au pied de
  la Croix? Jésus est-il vraiment apparu à la fantasque Salomé? Bref, y a-t-il
  un «mystère Jésus» ou simplement une «affaire Jésus»? A mesure que Sherlock
  Pilate avance dans son enquête, le doute s'insinue dans son esprit. Et avec
  le doute, l'idée de foi.  Première partie : Dans le Jardin des oliviers, un homme
  attend que les soldats viennent l’arrêter pour le conduire au supplice.
  Quelle puissance surnaturelle a fait de lui, fils de menuisier, un agitateur,
  un faiseur de miracles prêchant l’amour et le pardon ? Deuxième partie : Trois jours plus tard, au matin de la Pâque, Pilate dirige la plus extravagante des enquêtes policières. Un cadavre a disparu et est réapparu vivant ! À mesure que Sherlock Pilate avance dans son enquête, le doute s’insinue dans son esprit. Et avec le doute, l’idée de foi. | |||||
| le veilleur de pierre | Marielle larriaga | EDITION DES TRABOULES |  2004 | 
|  «
  Le Veilleur de pierre » retrace les souvenirs d’une petite fille, puis
  d’une adolescente qui a vécu à Lyon le temps de l’occupation, époque
  bruissante d’événements. Elle a observé beaucoup, s’est posé des questions
  alors que bien des adultes s’en posaient si peu… 
 
 
 | |||
| l’HOMME de paroles | Claude HAGEGE | EDITION FAYARD | 1998 | 
| Cet
  ouvrage nous parle des rapports entre l’homme et le langage à travers la
  diversité des langues humaines.  Recherches
  sur le langage avec comme corollaire l’unicité à parler malgré la diversité
  des langues.où vient la parole et comment elle fut transmise. | |||
| l’homme qui voulait voir mahona | Henri gougaud | EDITION ALBIN MICHEL | 2008 | 
| En
  moins d’un demi-siècle, dans une folle croisade d’or et de sang, une poignée
  de soldats espagnols, dressant des croix sur des pyramides de cadavres, font
  la conquête d’un nouveau monde. Une civilisation s’effondre, une autre va
  naître. Assoiffés de trésors, de légendes et de territoires inexplorés, des
  hommes prennent la relève. 
 
 | |||
| L’ILE  ROUGE | GERAUD DE BARRAIL | EDITION ARQA | 2009 | ||
| 
 | |||||
17 M
|   MOI, HOWARD
  PHILLIPS LOVECRAFT | Jacky Ferjault | Ed. L’Oeil du Sphinx | 2018 | 
| Cette réédition de
  l’autobiographie imaginaire de Howard Phillips Lovecraft était très attendue.
  Le talent et l’érudition de Jacky Ferjault permettent au lecteur de vivre au
  côté de Lovecraft et d’approcher au plus près l’intimité psychologique de cet
  auteur exceptionnel. Reprenons la
  présentation très juste réalisée par Joseph Altairac en début
  d’ouvrage : « A la lecture de cette biographie imaginaire
  décidément plus vraie que nature, on s’apercevra que la conception
  lovecraftienne du bonheur s’avère beaucoup plus simple qu’on pourrait le
  penser, et je connais plus d’une personne de mon entourage qui partage les
  aspirations du prétendu solitaire de Providence : davantage d’argent,
  davantage de livres, davantage de crème glacée (ou de toute autre spécialité
  gourmande de votre choix, le sanglochon, par exemple), davantage de ballades
  et de discussions avec les copains. Davantage de femmes ? Sur ce sujet,
  la réponse sera un peu réservée, surtout lorsque ces dernières se mêlent de
  renouveler votre chère garde-robe. Chez Lovecraft, le grignotage de
  gaufrettes au gingembre se transforme en festin pantagruélique, l’achat d’une
  édition moderne du Moine de Lewis devient une formidable trouvaille
  bibliophilique, et la visite du Québec rivalise sans peine avec la découverte
  du Machu Picchu ou l’exploration clandestine de Tombouctou. Lovecraft était
  un grand rêveur, on le savait, mais certains de ses lecteurs ignoraient sans
  doute à quel point, sur ce sujet, il pouvait se montrer proche d’eux. Grâce à Jacky
  Ferjault, nous serons désormais plus nombreux à pouvoir dire : « Je
  suis un ami de Howard Phillips Lovecraft ». »Il est intéressant
  d’observer une certaine « normalité » chez celui qui, comme nous
  l’a rappelé Philippe Marlin, a conceptualisé la seule métaphysique totalement
  matérialiste. Il se dégage même du livre un certain « art de vivre
  lovecraftien » fait d’appréciation intense de choses simples et de
  songes extraordinaires nourris par la banalité. Jacky Ferjault puise dans une
  riche correspondance, souvent inédite en français, et les archives de
  Lovecraft pour récapituler les faits, petits et grands, qui fondent la
  personnalité de Lovecraft, la personne privée mais aussi la personne de
  l’écrivain. Il fait voler en éclat l’image habituelle, sombre et solitaire,
  de Lovecraft pour dresser le portrait d’un homme attachant, plein de joie de
  vivre, faisant face à ses contradictions personnelles comme professionnelles,
  soucieux de l’autre et capable d’une sociabilité soutenue. Son œuvre prend ainsi
  une perspective différente. Elle n’est pas le fruit amer d’un « cerveau
  malade » ou d’un « ésotériste décalé » comme on a pu
  l’entendre dire mais bien une création remarquable d’auteur qui explore
  lucidement des dimensions peu courantes de la psyché humaine. Ce livre est
  une opportunité d’approcher le « vrai Lovecraft » et d’établir avec
  l’oeuvre fantastique du maître de Providence une relation renouvelée. L’image
  est tenace: Howard Phillips Lovecraft aurait vécu en reclus à Providence,
  dans l’Etat de Rhode Island, ne mangeant que de la glace à la vanille, ou
  presque. Un homme torturé, inquiet, qui a construit une cosmogonie remplie
  d’êtres aux noms imprononçables, de dieux anciens – et même très anciens –
  extraterrestres, tellement puissants que leur simple connaissance rend les
  hommes fous. Ils ont pour nom Cthulhu, «celui qui attend en rêvant»,
  Nyarlathotep «le chaos rampant», Yog-Sothoth «le tout en un et un en tout» ou
  encore Shub-Niggurath «la chèvre noire des bois aux mille chevreaux»… 
 
 
 
 Peu de textes ont suscité autant
  de suiveurs et de pasticheurs, de plagiaires aussi. Ni autant de contresens, voire
  d’incompréhension. Dès sa mort, on a reconstruit l’œuvre de Lovecraft, mais
  aussi sa vie, au point qu’il est difficile, entre la légende et l’histoire,
  de retrouver à la fois le créateur et ses créations. Les mondes d’Howard
  Phillips Lovecraft (1890-1937) empruntent au fantastique, à l’horreur et à la
  science-fiction, alors que lui-même se définissait comme un réaliste
  mécaniste. Loin d’un anthropomorphisme classique, il rend l’homme à sa
  petitesse spatiale, soulignant ainsi l’absurdité de ses actions et celle du
  monde. Il existe ailleurs des êtres gigantesques, inimaginables et
  indicibles. Ils constituent la réalité, qui est là sous nos yeux, mais que
  personne n’arrive à lire correctement, à l’exception des personnages
  lovecraftiens, pour leur plus grand malheur. C’est la mise en commun de
  connaissances éparses, la lecture d’ouvrages maudits, qui les conduit à
  découvrir certains détails de cette vérité, voire à rencontrer une de ces
  créatures. Leur destin est alors scellé dans la dépression, la mort, la folie
  ou la fuite sans espoir. C’est ce positionnement pascalien qui façonne le
  désespoir et donne à ces textes d’insupportables vertiges cosmiques. Méconnu
  de ses compatriotes, Lovecraft n’a publié que dans des pulps, ces revues à
  bon marché d’avant-guerre, à la consommation aussi rapide que le prix était
  bas et à la durée de vie limitée. Il aurait très bien pu disparaître, comme
  la plupart de ses coreligionnaires du magazine Weird Tales. A peine
  décédé pourtant, son propre mythe se met en marche, notamment en France. Le
  pays est le premier à reconnaître l’importance de l’écrivain – comme elle
  l’avait fait pour son maître Edgar Allan Poe –, tout en adoptant de
  façon durable sa propre version de la légende. Pour ces premiers
  «découvreurs», il fallait que l’homme – «le plus grand artisan du récit
  classique d’horreur du XXe siècle» selon Stephen King – soit à l’image
  de ses créations, étrange, désespéré et cynique. Au
  cœur de cette reconnaissance hexagonale de l’après-guerre se trouve Jacques
  Bergier, chantre du réalisme fantastique mêlant science et paranormal et
  grand lecteur de Weird Tales. Sous sa plume, Lovecraft devient le
  «reclus de Providence», connaît plusieurs dialectes africains et ne mangerait
  que de la glace à la vanille (y a-t-il un sens mystique à cela?). Surtout, il
  est transformé en prophète, celui qui a compris les implications de
  l’univers, le tout sous-tendu par la publication de photos, toujours les
  mêmes, montrant le visage émacié de l’écrivain, sans émotion. En 1969, Les
  Cahiers de l’Herne proposent une première monographie sur Lovecraft, et
  entérinent en même temps son statut solitaire, sombre et torturé. L’image
  perdure dans une certaine vision toujours fantasmée de l’auteur. En
  faisant le point sur les travaux actuels, ce nouveau recueil d’études
  poursuit le travail de redéfinition initié notamment par Michel
  Houellebecq dans son étude H.P. Lovecraft, contre le monde, contre la vie
  et surtout ceux de S.T Soji, le nouveau gardien du temple, dont le travail
  d’étude et d’analyse est phénoménal outre-Atlantique. Elle présente un
  écrivain fan de science, plutôt pauvre, mais entouré d’amis, de
  correspondants fidèles notamment dans le monde effervescent du journalisme
  amateur. On évalue à quelque 100 000 le nombre de lettres qu’il a écrites,
  dont beaucoup constituent des éléments importants de son œuvre. Le livre
  propose d’ailleurs une série de missives échangées avec Robert E. Howard, le
  père de Conan. On y apprend aussi son mariage raté, son installation
  temporaire à New York, ses voyages à Montréal quand ses finances le
  permettaient. Au temps pour le «reclus de Providence», que le livre replace
  dans son contexte et dans la durée, notamment en ce qui concerne sa
  condition, son conservatisme – il votera pourtant démocrate sur la fin de sa
  vie – et son racisme ordinaire. En
  plus de sa personnalité, son œuvre aussi a été réinterprétée, organisée dès
  son décès. En créant les Editions Arkham House en 1939, August Derleth avait
  comme objectif la reconnaissance et la pérennité du travail de son ami, alors
  confiné à un cercle très restreint d’admirateurs. Sans lui, Lovecraft aurait
  peut-être disparu des salles de lecture. Mais il a aussi «façonné» ses écrits
  pour les formuler en une cosmogonie organisée, le fameux Mythe de Cthulhu,
  ce qui n’était de fait qu’un jeu littéraire. Censurant
  quelques textes, écrivant certaines nouvelles d’après quelques notes ou idées
  du maître, mais en y introduisant des concepts catholiques reformulés, comme
  le conflit entre le Bien et le Mal ou la chute des anges déchus, des idées
  très éloignés de celles d’un Lovecraft profondément athée et pour lequel
  l’homme est tellement insignifiant qu’il n’a aucune incidence sur l’univers.
  Ses divinités ne sont ni bonnes ni mauvaises: elles sont ce qu’elles sont et
  l’humanité qu’une fourmi qu’on écrase sans prendre garde. Derleth a ainsi
  embrumé les études sur l’écrivain, puisque c’est généralement cette
  construction qui est reprise par les multiples continuateurs et qui a été
  systématisée par le jeu de rôle L’Appel de Cthulhu, toujours bien vivant et
  flamboyant, qui constitue souvent la première porte d’entrée de l’univers
  lovecraftien. On
  a donc reformulé la vie et l’œuvre de Lovecraft, jusque dans les traductions
  en français. Parmi les premières, certaines ont modifié le sens du texte et
  retiré les caractéristiques principales du style de l’auteur, celle de la
  juxtaposition d’adjectifs, de sa capacité à créer l’impression de sentir et
  d’imaginer l’horreur sans jamais vraiment la décrire. Lovecraft est
  l’écrivain de l’indicible, d’où la difficulté inhérente d’adapter ses textes,
  que ce soit par le dessin ou par le film. | |||
| MONTMARTRE ENSORCELḖ | Boucaud
  Alexis | Edition
  Marivole |  201_ | ||
| 
 Joane Per, héroïne
  décalée, explore les recoins de la Butte, les lieux improbables et se rend au
  mystérieux Château des Brouillards qui a bien existé autrefois. Alexis Boucot
  fait revivre pour nous un Montmartre qui a vraiment existé et que
  manifestement il aime. Il fait référence aux « signes et prodiges apparus sur
  Montmartre le soir du dimanche douzième septembre 1621» qui alimentèrent les
  chroniques de l’époque et les légendes de la Butte. L’alliance entre les
  enfants de l’orphelinat et le magicien Valgar permet aux enfants d’échapper à
  l’enfermement et de se découvrir en même temps qu’un monde étrange s’offre à
  eux. «  Un courant
  d’air d’une grande force passa autour d’eux. Un champ magnétique saisissant
  traversa la crypte de part en part comme un fluide magique teinté de vert.
  Alors, le visage de Valgar leur apparut. Cette fois encore, l’image était
  toute vaporeuse et très incertaine, comme l’idée que l’on peut se faire d’un
  revenant. L’ensorcellement entravait cette manifestation surnaturelle ;
  à l’oeil nu, on voyait cette force contraire agir et se retranscrire dans le
  filet ligneux de ses veines qui bleuissaient fortement. Son esprit luttait.
  Toute son énergie était concentrée dans cette ultime intervention qui
  ressemblait fort à l’une de ces images projetées par le cinématographe.
  L’image du magicien n’avait pas d’ailleurs une expression démesurément sage
  et philosophique, si bien que sa contemplation provoqua un murmure admiratif.
  Puis, de sa voix vibrante et sonore, quasi désincarnée, il s’adressa aux
  enfants immobiles, saisis de respect. Le temps était compté, mais sa prise de
  parole s’entrecoupait malheureusement de silences :
         - Jeunes gens, vous vous êtes rendu de
  bon gré dans mon sanctuaire afin de me prêter la main et je vous en suis
  très… reconnaissant. Mais le temps presse et je ne peux vous enseigner
  les…choses occultes et les fondamentaux… de la magie des limbes pour me
  sortir de ce trépas. Les forces du mal sont à nos portes et menacent notre
  monde, gagnant jour après jour  Si la
  magie ancestrale dont je suis le gardien et digne représentant n’est point
  rétablie... » L’intrigue originale
  très réussie de ce troisième roman de l’auteur sert une évocation forte de
  l’esprit de Montmartre, de ses subtilités, de ses contradictions, de ses
  lumières et de ses ombres. L’appareil de notes, limité mais pertinent, permet
  au lecteur peu familier de la Butte et de ses mystères de plonger dans
  l’ambiance équivoque du lieu. Depuis la nuit des temps, Montmartre a été un
  lieu de culte : les Druides gaulois, les Romains avec les temples dédiés
  à Mars et Mercure, l’Église Saint-Pierre, la plus ancienne de Paris,
  reconstruite près de l’Abbaye Royale de Montmartre au XIIe siècle par le roi
  Louis VI et sa femme Adélaïde de Savoie… Enfin, le Sacré-Cœur, érigé à la fin
  du XIXe siècle. Aujourd’hui, ce haut-lieu de prière demeure fidèle à sa
  tradition : Dieu y est bien présent !  Par sainte Geneviève,
  qui vivait au Ve siècle, nous connaissons l’existence de saint
  Denis. C’est par elle que ce premier évêque de Paris entre dans
  l’histoire ; car il est raconté dans la vie de cette sainte écrite par
  un de ses contemporains que, vers 475, elle décida le peuple parisien à
  élever une chapelle sur le lieu où il fut martyrisé. Saint Denis, premier
  évêque et martyr de Paris, ainsi que sa légende, illustrent cette période où
  les disciples du Christ triomphèrent La chapelle primitive construite sur la
  Butte en l’honneur de saint Denis tombait en ruine au IXe siècle.
  Elle fut reconstruite à cette époque, la colline de Montmartre étant un lieu
  de pèlerinage extrêmement fréquenté. Outre saint Denis, on y vénérait les
  ossements d’un grand nombre de chrétiens anonymes martyrisés au cours des
  persécutions et qui ont contribué à faire appeler la colline :
  « mont des Martyrs » (Montmartre).En 1559, un incendie détruisit
  une grande partie de l’abbaye des Bénédictines de Montmartre qui se trouvait
  au sommet de la Butte et, depuis lors, le mal alla s’aggravant jusqu’en 1611,
  époque où Marie de Beauvillier qui, pendant près de soixante ans, gouverna
  l’abbaye, entreprit la restauration du Martyrium qui se trouvait au flanc de
  la colline.  Autour de cette chapelle fut construit une
  nouvelle abbaye dite « d’en bas » reliée à celle d’en haut par une
  galerie longue Au cours des travaux, le 11 juillet 1611, on mit à jour
  un escalier conduisant à l’ancienne crypte, sanctifiée, disait-on par saint
  Denis. Cette découverte fit grand bruit. Marie de Médicis et plus de soixante
  mille personnes se rendirent sur les lieux, créant un nouveau courant de
  dévotion.  
 En 1525, quand
  François Ier eut été fait prisonnier à la bataille de Pavie, le
  peuple de Paris en foule vint à Montmartre prier le patron du royaume pour
  que cesse la grande désolation. Le 15 août 1534, c’est à Montmartre que
  saint Ignace, saint François-Xavier et leurs compagnons fondèrent, en quelque
  sorte, la Compagnie de Jésus. L’Abbaye de Montmartre, durant des siècles, est
  un foyer intense de vie religieuse et un lieu fréquenté de pèlerinages. En
  1792, les Bénédictines sont dispersées par la Révolution française et le
  monastère détruit de fond en comble. La dernière abbesse, Marie-Louise de
  Montmorency-Laval, monte sur l’échafaud le 24 juillet 1794 et son sang
  permet la miraculeuse résurrection de vie religieuse qui s’opérera
  quatre-vingts ans plus tard sur la Butte sacrée. Il ne subsiste à l’heure
  actuelle de l’abbaye des Dames de Montmartre que l’église Saint-Pierre, dont
  le chœur servait de chapelle aux religieuses. A l’origine de la
  construction de la Basilique, un vœu national : Le
  contexte : 1870, la guerre éclate entre la France et l’Allemagne. Le
  Concile qui se tenait au Vatican est interrompu et le pape, qui n’est plus
  protégé par les troupes françaises, se considère prisonnier dans la cité du
  Vatican ! En France, c’est la défaite militaire et l’occupation d’une
  partie du pays par les troupes allemandes. La démarche de Messieurs Alexandre
  Le gentil et Hubert Rohault de Fleury est spirituelle. Ils font vœu de
  construire une Eglise consacrée au Cœur du Christ « en réparation »
  (c’est-à-dire en pénitence pour les infidélités et les péchés commis) car
  pour eux, les malheurs de la France proviennent de causes spirituelles plutôt
  que politiques. Fin 1872 : Le Cardinal Guibert, archevêque de Paris,
  approuve ce vœu et choisit Montmartre. Fin 1873 : Il obtient de
  l’Assemblée Nationale une loi qui déclare d’utilité publique la Basilique,
  permettant ainsi que le terrain soit affecté à la construction d’une église.
  A cette époque, la construction d’une Basilique dédiée au Cœur du Christ
  contraste avec la série de Basiliques dédiées à Marie construites durant la
  même période : Lourdes, Notre-Dame de Fourvière à Lyon, Notre-Dame de la
  Garde à Marseille…Les travaux sont financés par des collectes de dons dans la
  France entière – souvent des offrandes modestes - dont les noms des donateurs
  sont gravés dans la pierre. De nombreux guides touristiques présentent le
  projet de construction de la Basilique comme une réaction aux exactions
  commises pendant la Commune de Paris. Afin de corriger cette idée communément
  répandue, parcourons de plus près l’histoire du Vœu National… Fin novembre 1870,
  M. Beluze, membre du Conseil général des Conférences de
  Saint-Vincent-de-Paul à Lyon, écrit à Adolphe Baudon (1819-1888), président
  général de ces Conférences, pour l’informer du Vœu des Lyonnais et lui
  suggérer un Vœu semblable pour Paris. Ce dernier propose une campagne à
  l’Univers, le journal de Louis Veuillot (1813-1883), qui dès le
  13 décembre lance la suggestion d’une construction sur la butte
  Montmartre. Début décembre, M. Baudon écrit à son tour à son bras droit
  Alexandre Félix Le gentil (1821-1889), membre du Conseil général de cette
  même Société, et réfugié à Poitiers du fait de la guerre, pour lui en
  soumettre l’idée, proposant que la nouvelle église soit dédiée à la Vierge.
  Celui-ci accueille la proposition avec enthousiasme, mais suggère à son
  président que le sanctuaire soit dédié au Sacré-Cœur. Ce dernier, ainsi que
  les autres membres du Conseil général de la Société de Saint-Vincent-de-Paul,
  se montrent réticents à ce changement de vocable, craignant que - la dévotion
  au Sacré-Cœur n’étant pas encore assez répandue dans les habitudes de piété
  des Français - il soit difficile de réunir les fonds nécessaires à l’érection
  de ce nouveau sanctuaire.  Le 8 décembre
  1870, Alexandre Félix Le gentil, qui a pris entre-temps connaissance de
  l’opuscule du Père de Boylesve, fait part à ce dernier du courrier récemment
  reçu :« Mon Révérend Père, Il y a quelques jours, je reçus de
  M. Baudon, président général de la Société de Saint-Vincent de Paul, une
  lettre où je remarquais ce passage :"M. Beluze (fondateur du
  Cercle catholique du Luxembourg), en m’annonçant que Lyon avait fait le vœu
  de rebâtir Notre-Dame de Fourvière, dans le cas où la ville serait épargnée,
  proposerait un vœu analogue pour Paris. Qu’en pensez-vous ? Cela serait
  bien beau, mais bien difficile. Cependant, il ne manque pas d’églises à bâtir
  dans les quartiers annexés, et Notre-Dame de la Délivrance ne serait pas un
  titre vain, si on obtient cette délivrance. «Je répondis sur-le-champ à
  M. Baudon, que j’accueillais avec grand plaisir cette idée, et que je
  souscrirais certainement, dans la mesure de mes ressources, à l’érection
  d’une telle église,… ou d’une église dédiée au Sacré-Cœur. Monsieur Baudon
  insiste sur le vœu de bâtir une église à Paris, soit sous le vocable du
  Sacré-Cœur, soit sous celui de Notre-Dame de la Délivrance, et il fait
  observer, avec raison, qu’il serait utile de créer une paroisse dans un des
  quartiers qui en manquent le plus, parce qu’on serait, par-là, plus sûr de
  l’appui de l’Archevêché, lequel est indispensable. Quoi qu’il en soit,
  mon Révérend Père, l’idée, sauf les détails de réalisation, me paraît
  bonne : vu les circonstances présentes, il me semble urgent de la
  propager. J’y attache d’autant plus d’importance, qu’exilé moi-même de Paris,
  et désirant ardemment y rentrer, je soupire après la délivrance, et je dis
  bien haut qu’elle ne peut venir que d’un acte éclatant de la droite du
  Très-Haut. D’après les conseils de mon excellent ami, M. Bain, je
  m’adresse à vous, en vous demandant vos conseils et votre appui pour propager
  l’idée que je viens d’exposer, et que je ne prétends pas avoir inventée. Vous
  verrez par quels moyens il est possible de provoquer des adhésions ou des
  souscriptions, parmi les exilés de Paris que vous pouvez atteindre au Mans, à
  Poitiers ou ailleurs, et aussi parmi les habitants de la province, car, en ce
  moment plus que jamais, la cause de Paris est la cause de la France. » A
  la suite de ce courrier, Alexandre Félix Le gentil - qui promet devant son
  confesseur le Père Gustave Argand S.J.(recteur du collège St-Joseph de
  Poitiers) de se dévouer à ce qu’il considère comme une œuvre de réparation
  indispensable au salut de la France - rédige une première formule de Vœu au
  Sacré-Cœur (le "Vœu de Poitiers"), qui a en vue la délivrance de
  Paris. Il la montre à Mgr Pie, évêque de Poitiers, et lui demande
  l’autorisation de la propager. L’évêque refuse d’engager sa propre
  responsabilité sur ce projet destiné à la capitale, mais laisse libre
  M. Le gentil d’agir comme il le désire. Aussitôt, celui-ci fait imprimer
  le texte du Vœu - nous sommes alors fin décembre - Vœu qu’il diffuse
  largement en France, et jusqu’en Suisse. | |||||
17 O
| opus dei
  – les chemins de la gloire | Peter hertel | EDITION GOLIAS | 2002 | 
| Cette
  réédition réactualisée nous fait pénétrer cette organisation ultra catholique
  riche et puissante. Elle cultive le secret, la discrétion, le prosélytisme
  confessionnel et demande à ses membres l’obéissance aveugle. On en parle peu
  mais elle détient de nombreux pouvoirs. L’auteur enquête depuis 30 ans sur
  cette organisation, il en est le meilleur spécialiste et nous livre ici son
  organigramme, ses buts et ses manies, son endoctrinement et ses méthodes peu
  avouables. L’Opus Dei est une organisation fondée le 2 octobre 1928 à Madrid par un dénommé José maria Escriva de Balaguer, né
  en 1902 : un prêtre qui, lors d’une séance d’exercices spirituels, a une
  « révélation » et fonde l’organisation. Tout en poursuivant son ministère
  sacerdotal, il obtient en 1946 un doctorat en Théologie à l'Université du
  Latran et s’installe à Rome. Son travail de diffusion de la doctrine
  chrétienne s’exerce surtout en Amérique latine. José maria Escriva de
  Balaguer meurt en juin 1975 avant d’être, dix-sept ans plus tard, le 17 mai
  1992, « béatifié » par Jean-Paul II sur la foi (c’est le cas de le
  dire, ah ! ah !) de son principal miracle : la guérison, en 1976, d'une
  carmélite de la Charité, la sœur Concepción Boullón Rubio, qui, à l’agonie, recouvra
  la santé de façon inattendue après la visite de Balaguer. Rassemblant
  aujourd’hui 80 000 personnes à travers le monde (dont environ 1500 membres en
  France), disposant d’un site internet, l’Opus Dei invite ses membres à
  « vivre les enseignements de l’Evangile » en « sanctifiant
  leur travail ».Mais derrière la façade, certains reprochent à l’Opus
  Dei de mener un travail visant à promouvoir des idées particulièrement
  réactionnaires et autoritaires, au sein de l’Eglise elle-même aussi bien
  qu’au sein de la société civile : une secte dans l’église, un état dans
  l’Etat, un lobby occulte aux ramifications tentaculaires et à la puissance
  financière élevée et dont l’emprise sur les âmes comme sur les corps serait
  sous-estimée. Est-ce une réalité ? Rappelons que l’Opus Dei comporte quatre
  sortes de membres : les « clercs et laïcs numéraires »
  (s’engageant à la pauvreté, la chasteté, l’obéissance et la vie commune), les
  « agrégés » (même engagements sauf la vie commune), les « surnuméraires »
  (laïcs qui vivent dans la société civile mais contribuent financièrement) et
  les « coopérateurs » (simples sympathisants). A l’abri de la Loi de
  1901 sur les associations, l’Opus Dei est une organisation qui s’intègre dans
  la hiérarchie catholique mais qui se situe en même temps en marge de
  l’institution officielle. Elle dispose en effet du statut de « prélature
  personnelle » : un terme canonique abscons qui signifie que son
  chef (le cardinal Javier Echeverria) ne dépend que du pape et que les
  religieux et les fidèles sur lesquels il a autorité ne sont pas tenus de se
  faire connaître de l’évêque du diocèse où ils habitent !  Si ses membres ont une obligation de pauvreté
  personnelle (et reversent "spontanément" une partie de leur
  patrimoine à l'"Oeuvre" comme ils disent), l’Opus Dei, elle, nage
  dans l'opulence : centre du château de Couvrelles (appartenant à une
  association nommée l’ACUT) et nombreux locaux détenus par
  l’intermédiaire de diverses sociétés. Surtout, l’Opus Dei contrôle la
  « Société du Belvédère » à laquelle est reversée l’ensemble des
  droits audiovisuels que paient les télévisions du monde entier pour
  retransmettre les voyages du pape. C’est donc une organisation qui joue un
  rôle économique direct au sein du Vatican. Le nom de l’Opus Dei sera
  d’ailleurs mêlée à plusieurs reprises, directement ou indirectement, à divers
  scandales et notamment la faillite du Banco Ambrosiano (1982) dans laquelle
  le Vatican, principal actionnaire, versera 260 Millions de US Dollars de
  dédommagements mais soustraira le principal accusé (Mgr Marcinkus) aux
  poursuites judiciaires internationales. D’ailleurs, l’Opus Dei, c’est une de ses
  valeurs, promeut ouvertement la réussite matérielle et sociale de ses membres
  au sein de leur univers professionnel, grâce à la recherche par chacun de la
  « perfection ». Il s’agit objectivement d’un travail
  d’évangélisation « par le haut », très élitiste dans son
  recrutement : l’Opus Dei ne fait pas dans les pauvres et les malades mais
  plutôt dans les riches et les biens portants. Rien à voir avec Mère
  Térésa.   En France, nombreux sont les personnages en
  vue (Claude Bébéar, Michel Albert) qui sont venus donner des conférences à
  son invitation mais il est difficile de faire reconnaître aux orateurs qu’ils
  ont de la sympathie pour l’Opus Dei et encore moins qu’ils en sont
  officiellement membres. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le beau-père
  de José Aznar (Premier ministre espagnol) est membre de l’Oeuvre. C’est
  également le cas du beau-père d’Hervé Gaymard, ancien secrétaire d’Etat aux
  finances du gouvernement Juppé de 1997. Plus proche de l’Oeuvre encore était
  Raymond Barre, qui vint témoigner au… procès en béatification de José maria
  Escriva ( !) Quant à Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, il a commencé
  comme professeur d’histoire et d’allemand dans un collège privé de l’Opus Dei
  dans la ville de Valensole. Pour ce qui est des membres stricto sensu, on
  sait que ce fut le cas d’Antoine Pinay tout comme c’est le cas de l’actuel
  secrétaire du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (une référence en
  matière d’institution corrompue !) : Juan Antonio Samaranch.   Bref, l’Opus Dei, ça n’a pas une odeur… de
  sainteté… Elle est d’ailleurs loin de faire l’unanimité au sein des
  catholiques dont certains critiquèrent vivement la rapide béatification par
  Jean-Paul II de son fondateur (Balaguer
  ayant, peccadille, acheté le titre de noblesse de « marquis de
  Peralta » à la fin des années 60 après avoir été le directeur de conscience des époux… Franco et
  avoir placé un des membres de l’Opus Dei, Anael Lopez Amo comme précepteur du
  futur Juan Carlos) et protestèrent contre le rattachement direct de ses
  dirigeants au Vatican, sans contrôle par les évêques des diocèses.  Au final, il semble avéré que l’Opus Dei tente
  d’étendre son influence et que celle dont elle dispose au sein du Vatican
  soit loin d’être négligeable. Difficile cependant d’en mesurer l’étendue
  réelle. Elle est objectivement bien implantée dans les pays hispaniques et
  notamment sud-américains où elle s’oppose aux prêtres jugés trop « progressistes »
  mais son influence, en France, reste assez discrète. Quant aux résultats de
  son lobbying, notamment à l’échelle de la Communauté Européenne, ils ne sont
  pour l’instant pas convaincants, notamment sur le plan de l’interdiction de
  l’IVG et de la contraception contre lesquelles elle lutte inlassablement ou
  pour ce qui est de la mention spéciale de la religion dans la
  "constitution européenne" de 2005. Ce qui est certain, en revanche,
  c’est que l’Opus Dei recrute ou tente de le faire. Votre serviteur fut lui-même
  approché : je peux donc confirmer ici quelques rares informations sur la
  base de mon expérience personnelle…   A l’ombre du jardin de Science-Po, durant mes
  études, je fus ainsi entretenu par un de mes condisciples de sa qualité de
  membre laïc d’une association nommée « l’Oeuvre de Dieu » (il avait
  fini par lâcher : «  l’Opus Dei : on en dit beaucoup de
  choses… »). Au fil de nos rencontres (l’individu était sympathique)
  et même s’il comprit rapidement ma méfiance à l’endroit de la chose
  cléricale, il répondit néanmoins à toutes mes questions de béotien : par
  exemple que tous les membres de l’organisation « se considéraient
  comme de vrais frères » et agissaient en tant que tels les uns
  envers les autres (partage, solidarité, vie en communauté), qu’ils avaient
  tous une ambition de réussite sociale car celle-ci « était mise au
  service de Dieu » et le but de chacun était de « vivre
  saintement sa vie personnelle et professionnelle »… Pour sa
  part, il avait participé à la construction d’une école en Arménie (c’était à
  l’époque du terrible tremblement de terre dans cette région).   Sans but religieux direct, je fus invité à une
  réunion d’information sur le comportement spéculatif des marchés financiers,
  fort intéressante du reste. La réunion fut animée par un ancien agent de
  change (j’ai oublié son nom, désolé !) devant 5 ou 6 spectateurs
  attentifs (dont moi) et il y fut dit que, naturellement, « les
  marchés ne sont pas purs et parfaits : seul Dieu est parfait ».
  Puis on me fit visiter quelques pièces du vaste hôtel particulier où avait eu
  lieu la réunion : un hôtel situé dans le VIIème arrondissement parisien
  avec parquets, boiseries, tableaux, larges pièces et hauts plafonds. On me
  présenta une bibliothèque dont le fonds était dû essentiellement aux dons
  personnels des membres de l’association. Mon cicérone, suite à mes refus
  ultérieurs de participer à d’autres réunions, comprit toutefois que je
  n’avais pas une tête à me faire embrigader par ses phrases creuses et son
  prosélytisme ambigu. Je ne frayai donc pas plus avant avec cette organisation, manifestement fortunée,
  constituée de gens de très bon niveau intellectuel, travailleurs, solidaires
  et discrets. Voilà pour mes souvenirs personnels. Au plan général, rien ne vient donc aujourd’hui corroborer les élucubrations selon lesquelles l’Opus Dei éliminerait impitoyablement ceux qui se seraient mis, tels Jean-Paul 1er (si cela avait été le cas), en travers de sa route…Si l’ « Oeuvre », toutefois, excite la curiosité, c’est sans doute parce que son style et ses méthodes dissimulatrices, au final, laissent méfiant. Mon « sectateur » et moi avions abordé des thèmes de société et sur lesquels nos points de vue divergeaient, il avait conclu sur ce mot : « On peut parfois mentir, quand c’est pour la bonne cause… ». | |||
| OSCAR WILDE - QUI SUIS-JE ? | Danielle Guérin-Rose | Edition Pardès | 2014 | ||
| 
 « Ceux qui n’ont approché Wilde que dans les derniers temps de sa vie, imaginent mal, d’après l’être affaibli, défait, que nous avait rendu la prison, l’être prodigieux qu’il fut d’abord. Certains le comparaient à un Bacchus asiatique ; d’autres à quelques empereur romain ; d’autres à Apollon lui-même, et le fait est qu’il rayonnait » - (André Gide 1910) « Lisant et relisant Wilde à travers les années, j’ai noté quelque chose que ses panégyristes semblent n’avoir jamais suspecté : le fait probant et élémentaire que Wilde a presque toujours raison. Wilde, un homme qui, malgré l’habitude du mal et de l’infortune, garde une invulnérable innocence et une grande lucidité» - (Jorge Luis Borges 1952) - « Aujourd’hui hors d’atteinte du scandale, ses meilleures œuvres consacrées par le temps, il se dresse devant nous, imposant larmes et rires mêlés, débordant de paraboles, de paradoxes et d’allégories, si généreux si amusant et si vrai » - (Richard Ellmann 1994) - « Comme l’écrit Stephen Fry, qui a incarné Wilde au cinéma, dans son excellente préface à un choix d’aphorismes : Le courage de Wilde n’était pas d’avoir une sexualité parallèle, mais une parfaite liberté d’esprit. Ne voir en lui qu’un martyr, homosexuel avant la lettre, c’est, me semble-t-il, faire justement le jeu de ceux qui l’ont mis plus bas que terre voici un siècle » (Philippe Sollers 2008) – « Mais si l’œuvre de Wilde n’est pas toujours facile à percer, contrairement aux apparences, c’est qu’elle recèle, en profondeur, une dimension que seuls peu d’exégètes ont mis en évidence : celle-là même que Charles Baudelaire, autre dandy, évoque en son « Cœur mis à nu » -Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre ». (Daniel Salvatore Schiffer, discours devant la tombe de Wilde au Père Lachaise 2011) - | |||||
17 P
| POÉSIE -    LE  CHEMIN  DE 
  MONTAGNE  FROIDE | HAN SHAN | EDITION TERRE BLANCHE | 2009 | 
| Vie
  et poèmes d’un ermite bouddhiste libertaire de la Chine ancienne. Han Shan est un des plus grands poètes
  bouddhistes et un des plus intéressants. Il
  vivait en ermite dans les monts Tien Taï. On raconte qu’il écrivait ses
  poèmes sur les murs, les parois des cavernes, les feuilles des arbres. Dans
  sa poésie il parle de sa vie à Montagne Froide, qui est à la fois un lieu
  physique et mythique. Sa parole est toujours pure, lumineuse, elle exprime
  l’extrême fluidité du monde, la fragilité des êtres et des choses. La
  pratique de tchan (le Zen), lui a
  permis de réaliser une certaine transparence au monde, et il décrit l’univers
  où il vit, tel qu’il lui apparaît, dans sa simplicité originelle, en dehors
  des calculs de l’égo et des méandres du mental. Curieusement, il fut aussi un des principaux inspirateurs du mouvement « beatnik ». Ce sont le poète et sinologue Gary Snyder et son ami Jack Kérouac qui le firent connaître en occident. Kérouac lui a d’ailleurs dédié ses plus beaux écrits « Les clochards célestes ». | |||
| PIERRE
  NOTHOMB – QUI-SUIS-JE ? | Lionel Baland | Edition Pardès |  2019 | 
| Pierre Nothomb (1887-1966): «Une nation tranquille,
  endormie dans la paix et n'ayant d’autre orgueil, semblait-il, que sa
  richesse, sentit tout à coup peser sur elle la plus formidable menace. Cette
  guerre, qui devait l épargner  elle
  allait en être la première victime. L'odieux ultimatum allemand lui demanda
  l'Honneur ou la Vie. Elle répondit : la Vie. » (Les Barbares en Belgique.)
  Pierre Nothomb naît en Belgique en 1887. Il y étudie le droit et devient
  avocat. Démocrate-chrétien avant la Première Guerre mondiale, il combat au
  début du conflit dans la garde civique. Actif à partir de 1915 au sein des
  cercles gouvernementaux belges en exil en France, il est un des
  propagandistes du nationalisme belge et milite pour la réalisation, à l'issue
  de la guerre, d'une Grande Belgique résultant de l'annexion du Luxembourg,
  d'une partie des Pays-Bas et d'une partie de l'Allemagne. Au cours des années
  1920, ami et adepte de Benito Mussolini ses adversaires le surnomment
  Mussolinitje (« petit Mussolini») , Pierre Nothomb dirige les Jeunesses
  nationales, qui affrontent physiquement socialistes, communistes et
  nationalistes flamands.  Après avoir pris part aux débuts du rexisme aux
  côtés de Léon Degrelle, il rejoint le Parti catholique et, en 1936, devient
  sénateur. Auteur de nombreux ouvrages, il est, jusqu'à l’année précédant son
  décès survenu en 1966, sénateur du Parti Social-Chrétien. Son fils,
  Charles-Ferdinand, devient vice-Premier ministre, président de la Chambre des
  députés et président du Parti Social-Chrétien. Son arrière-petite-fille est
  la romancière Amélie Nothomb. Ce «Qui suis-je?» Pierre Nothomb présente
  l'écrivain et l'homme politique nationaliste et catholique dont la vie est
  liée de manière intime à celle de son pays, la Belgique, et à la terre de ses
  ancêtres. Pierre Nothomb
  apparait comme la figure de proue des mouvements nationalistes nés au
  lendemain de la Première Guerre mondiale. En 1919, Il fonde le Comité de
  Politique nationale (C.P.N.) : il regroupait des généraux, des hommes
  d'affaires, des juristes, des hommes de lettres, des politiciens (et même
  quelques socialistes). Mais l'engouement pour ce premier mouvement s'estompe
  rapidement après l'échec des plans d'annexion du Limbourg
  « hollandais » et du grand-duché de Luxembourg. Nothomb se tourne
  de plus en plus vers les problèmes de politique intérieure avec un discours
  résolument de droite. Son nationalisme perd alors la majorité de ses premiers
  adhérents, et il essaye de compenser cette perte d'influence par un discours
  de plus en plus violent. C'est dans cette optique que l'Action nationale sera
  créée.  C'est au début de
  1924 que Pierre Nothomb et ses amis fondent la fédération d'Action nationale
  avec pour objectif de fédérer les divers groupuscules nationalistes. Le
  premier numéro de l'Action nationale, qui succède au Politique comme organe
  du C.P.N., paraît le 12 avril 1924 et entend influer sur la vie politique
  intérieure belge. La tendance, elle, est au catholicisme autoritaire, teinté
  de maurrassisme et de nationalisme corradinien. L'hebdomadaire est
  caractérisé par une hostilité farouche envers la démocratie parlementaire.
  L'ennemi par excellence est le marxisme fondé par le « juif boche »
  Karl Marx. Le mouvement était avant tout antisocialiste et manifestait une
  grande admiration pour Mussolini. L'idéologie restait plutôt vague, le
  programme positif prévoyait un gouvernement fort, responsable devant le roi
  plutôt que devant le parlement et la création d'organes corporatistes à
  compétences législatives.  L'Action nationale
  s'appuyait sur une organisation créée en 1925, les « Jeunesses nationales »
  (1925-1932). Comptant quelque deux à trois milliers de membres,
  principalement des élèves des collèges catholiques âgés de seize à dix-neuf
  ans. Ils ne portaient pas d'uniforme mais un insigne. Ils étaient de service
  lors des meetings, vendaient le journal, paradaient aux cérémonies
  patriotiques et se querellaient avec les socialistes et les nationalistes
  flamands. Leur plus célèbre action fut le saccage d'une exposition soviétique
  en janvier 1928. Comme leader, P. Nothomb, « Napoléon de la marmaille »
  comme l'appelaient ses adversaires, n'a jamais bénéficié d'un réel prestige.
  De plus, cet adversaire du parlementarisme essaiera plusieurs fois d'entrer
  au parlement (1925 et 1929, sur les listes catholiques), ce qui créera une
  certaine confusion au sein des membres du mouvement et contribuera à sa
  disparition. C'est le 9 août 1930 que paraît le dernier numéro de l'Action
  nationale. Les troupes de Nothomb s'effritent alors rapidement. Lorsque
  Nothomb engage ses derniers fidèles, souvent d'origine libérale, à rejoindre
  le parti catholique et ses Jeunes Gardes, c'est la débandade. Il sera
  sénateur pour le Parti catholique de 1936 à 1946 et du Parti Social-Chrétien
  de 1946 à 1965.  | |||
| PABLO  CASAL,   UN
  MUSICIEN,  UNE CONSCIENCE  | Jean-Claude 
  Bedu  | Edition
  Gallimard |  2012 | 
| Né
  en Catalogne en 1876, Pablo Casals a vécu près d’un siècle. Il
  aura eu plusieurs vies. La vie d’un enfant fier et précoce, tombé amoureux de
  son violoncelle, qui très tôt subjugue par sa virtuosité. La
  vie d’un musicien adulé, réclamé dans le monde entier. Celle d’un chef
  d’orchestre « engagé » honoré dans son pays. Celle, après la guerre
  et la prise du pouvoir par Franco en Espagne, vie d’un exilé au cœur brisé
  qui n’a de cesse de venir en aide à ses compatriotes réfugiés. Celle
  d’un protestataire inflexible qui crie haut et fort son désaveu de toute
  forme de dictature en faisant taire son violoncelle. Celle d’un créateur de
  festival à Prades (66) dans ce Roussillon qu’il a tant aimé et auprès de qui
  les musiciens les plus prestigieux accourent. La
  vie enfin d’un presque centenaire respecté, œuvrant inlassablement pour la
  paix dans le monde. Pas à pas Jean Jacques Bedu nous entraine à la découverte
  de ce musicien humaniste qui a fait du violoncelle l’égal du piano ou du
  violon. Il y a un avant et un après Casals. Beaucoup d’images et un récit bien construit autour d’un génie de la musique et de son humanisme | |||
| pompÉi  | Pierre gusman | EDITION J. DE BONNOT | 2007 | ||
| 
 Les
  uns rentrent chez eux, d’autres s’abritent dans les auberges, dans le marché
  couvert, sous les auvents. Vers treize heures un gros nuage s’échappe du
  Vésuve, accompagné d’une pluie de pierres ponces, des cailloux noirs calcinés
  s’y mêlent rapidement. Ces projections s’intensifient et s’accumulent sur la
  ville à raison de quinze centimètres par heure. Certains habitants laissent
  tout derrière eux et s’enfuient, franchissant les portes qui gardent le mur
  d’enceinte. Bien leur en a pris. Ceux qui ont choisi de se réfugier dans leur
  maison sont bientôt prisonniers sous les toits qui commencent à s’écrouler dès dix-huit heures. Dans la soirée, le phénomène
  s’accélère, les habitants sont asphyxiés, ou écrasés sous les décombres.
  L’activité du volcan redouble dans la nuit du 24 au 25 août : nuées ardentes,
  gaz brûlants, débris incandescents. 
 
 | |||||
| pourquoi j’ai mangÉ mon pÈre ?  | Roy lewis | Pocket | 2004 | 
| Approchez Homo sapiens ! Ce livre vous fera hurler de rire ! Faites la connaissance
  d’une famille préhistorique : Édouard, le père, génial inventeur qui va
  changer la face du monde en ramenant le feu ; Vania, l’oncle réac, ennemi du
  progrès ; Ernest, le narrateur, un tantinet benêt ; Edwige, Griselda et
  autres ravissantes donzelles… 
 
 | |||
| pour retrouver la parole | dachez – Bruno étienne & maffesoli | EDITION LA TABLE RONDE |  2006 | 
| Un
  an après le choc du Crépuscule des Frères, Alain Bauer revient sur ses interrogations.
  Le temps de la reconstruction succède à celui de la critique. Il s’agit
  désormais de Retrouver la Parole. 
 
 | |||
| POUSSIḔRES  D’ḖTOILES
   | Hubert 
  Reeves  | Edition
  DU SEUIL  |  1984 | 
| C’est
  Galilée qui, le premier, a regardé le ciel avec une lunette astronomique. En
  quelques nuits, il découvre tour à tour, les montagnes de la lune, les
  satellites de Jupiter et les étoiles de la voie lactée. Cela
  se passe en 1609, il y a au moins 4 siècles. Depuis grâce à l’amélioration
  des instruments d’observation, les astronomes ont découvert un grand nombre
  d’astres nouveaux, comme les nébuleuses, les galaxies et plus récemment les
  pulsars et les quasars. L’humanité
  doit à l’astronomie une riche moisson d’images célestes, tout comme elle doit
  à la biologie le spectacle de la vie microscopique. L’homme
  d’il y a quelques siècles ignorait tout des
  galaxies et des microbes. C’est grâce à la technologie que ces réalités sont
  entré »es dans son champ de connaissance. Dans ce best-seller, Hubert Reeves nous explique la naissance de l’univers, la formation et la vie des étoiles et toute la vie planétaire qui se passe au-dessus de nos têtes. | |||
| PROUST     QUI  SUIS-
  JE ? | PASCAL IFRI | EDITION PARDES | 2008 | ||
| 
 Si
  Proust se trouve au pinacle du monde littéraire et culturel, il le doit
  essentiellement à la recherche du temps perdu, qui est le monument incontournable
  des lettres françaises modernes. Bien qu’il ait été toute sa vie
  imprégné par le roman du XIXe siècle, il a grandi à l’époque où le réalisme
  connaissait son dernier avatar : le
  naturalisme, et il a été l’un des premiers écrivains à comprendre
  que le nouveau siècle devait donner naissance à une nouvelle littérature
  romanesque, une littérature que son roman incarne à la perfection. Le
  principal but de ce livre est de présenter l’homme et son œuvre, et surtout
  démystifier celle-ci, de corriger les conceptions erronées qui s’y attachent
  trop souvent, certes le style de Proust est particulier mais on s’y accoutume
  et succombe à ses délices et à sa beauté après quelques dizaines de pages. 
 | |||||
17 Q
| qumran | Éliette abecassis | EDITION ALBIN MICHEL | 2001 | 
| Triller
  théologique qui met en scène les manuscrits de la Mer Morte, volés et
  recherchés par un jeune juif religieux. Un mystère jalonné de cadavres. | |||
| QUAND LE
  TIBET S’ÉVEILLERA | Alexandre Adler | Edition le Cerf |  2020 | ||
| 
 Région profondément marquée
  – comme la Mongolie ou la Bouriatie – par une forme particulière du
  bouddhisme, dit véhicule du diamant le Tibet reste entouré d’un halo de
  mystère. Qu’on le connaisse à travers les ouvrages de l’exploratrice
  Alexandra David-Neel qui a réussi à déjouer tous les interdits , les récits d’Ella Maillart ou de Tintin au Tibet,
  le «pays des Neiges» s’est retrouvé bien malgré lui à la une de l’actualité
  en 1951. En effet, dans le sillage de sa conquête de la Chine, Mao n’avait
  nullement l’intention de s’arrêter à une frontière qu’il ne reconnaissait
  pas, bien que le droit international relevait l’indépendance de fait de cette
  région d’Asie centrale. En juillet 1960, la Commission internationale des
  juristes publiait les conclusions de son Comité d’enquête sur la question du
  Tibet. Après examen approfondi, ce dernier a en effet constaté «que le Tibet
  était un Etat indépendant, tout au moins de facto, au moment où l’Accord dit
  ‘sur les mesures de libération pacifique du Tibet’ a été signé en 1951; de
  1913 à 1950, le Tibet réunissait les éléments constitutifs d’un Etat, au sens
  du droit international public. En 1950, il y avait là une population fixée
  sur un territoire et régie par un gouvernement qui administrait les affaires
  intérieures sans aucune immixtion étrangère. De 1913 à 1950, les relations
  extérieures du Tibet relevaient de son propre gouvernement; il ressort des
  documents officiels que les pays qui entretenaient alors avec le Tibet des
  relations diplomatiques l’ont toujours traité en fait comme un Etat
  souverain». Une lointaine suzeraineté de l’empereur de Chine en était
  la seule relativisation, mais dans la pratique, le Tibet se gouvernait bien
  lui-même. Prétextant la nécessité de «libérer» le peuple tibétain qui n’en
  était aucunement demandeur et d’éliminer «l’influence des forces agressives
  de l’impérialisme au Tibet» , l’Armée rouge
  entra dans Lhassa en 1950 et prit ses quartiers en face de la résidence du
  dalaï-lama, le Norbulingka. Le 14e dalaï-lama  , chef spirituel et temporel du peuple
  tibétain, avait alors tout juste 16 ans. Un temps, il sembla qu’une sorte de
  coexistence soit possible. En effet, si l’«accord» imposé en 1951 à la partie
  tibétaine consacrait la fin de toute indépendance nationale, il affirmait
  aussi que «les autorités centrales n’altèreront pas le système politique
  existant au Tibet, ne modifieront pas non plus le statut établi, les
  fonctions et les pouvoirs du dalaï-lama. Les responsables des divers rangs
  resteront à leur poste comme d’habitude. Pour ce qui est des différentes
  réformes au Tibet  le gouvernement
  local du Tibet pourra mettre en œuvre les réformes selon son propre gré . Les
  croyances religieuses, les traditions et les coutumes du peuple tibétain
  seront respectées, et les monastères lamaïques seront protégés. Les autorités
  centrales ne toucheront pas aux ressources des monastères.»  Puis fut mis en place un comité préparatoire
  pour définir le statut de la «Région autonome du Tibet», en réalité une
  tentative de piéger les notables tibétains, dilués dans une majorité de
  collaborateurs et de Chinois. Il apparut assez vite que l’«accord», malgré
  les efforts du gouvernement tibétain, n’était qu’une façade; dans le pays, le
  mécontentement face à l’envahisseur grandissait. En mars 1959, le
  commandement militaire de Lhassa invita le dalaï-lama à assister à un
  spectacle dans le cantonnement chinois, mais – contrairement au protocole –
  sans sa garde de vingt-cinq soldats tibétains et ses proches collaborateurs.
  Flairant le piège, craignant son enlèvement et son emprisonnement, la
  capitale se souleva. La répression qui s’ensuivit n’eut rien à envier à celle
  qui, trente ans plus tard, écrasera la révolte étudiante sur la place Tien An
  Men; un déluge d’artillerie s’abattit sur la ville et ses principaux
  monuments, laissant un large nombre de morts et de blessés. Le dalaï-lama dut
  s’exiler en Inde, suivi par des dizaines de milliers de ses compatriotes. Le
  gouvernement tibétain fut démis et une période d’implacable mise au pas
  commença. Depuis,
  il y a deux Tibet. Celui des communautés tibétaines en exil, environ
  130 000 personnes habitant principalement en Inde mais aussi dans
  d’autres parties du monde – Europe et Etats-Unis – et celui des
  actuellement six millions de Tibétaines et Tibétains vivant sur place. Le Tibet en exil choisit, sous la
  conduite du dalaï-lama, de se doter d’une gouvernance démocratique, avec un
  parlement élu par les communautés tibétaines du monde, un gouvernement
  responsable devant lui et une commission de justice; les Tibétain-e-s sont
  bien sûr soumis aux législations des Etats dans lesquels ils résident. Il
  développe une action soutenue pour rappeler la situation du peuple tibétain,
  et cherche en vain le dialogue avec le pouvoir chinois. En 2011, le
  dalaï-lama renonça à toute fonction politique, se concentrant sur son rôle de
  guide spirituel, et dispensant au monde son enseignement d’humanisme, de
  fraternité et de respect de la nature. La position du gouvernement en exil
  n’est pas, contrairement à ce que la propagande chinoise aime à faire croire,
  de retrouver une indépendance perdue, mais que la «Région autonome du Tibet»
  soit ce qu’elle prétend être.  Au Tibet, la révolution culturelle fut particulièrement dévastatrice. Temples, monastères, statues, enluminures, manuscrits précieux furent taillés en pièces, démantelés, jetés au feu ou anéantis d’une autre manière. Depuis 1959, 90% des biens et sites culturels, religieux et traditionnels tibétains ont été détruits et une petite partie seulement remise en état. Puis la région, devenue colonie de peuplement chinoise, a vu ses ressources naturelles saccagées et s’installer un mode de vie occidentalisé et consumériste à l’excès, si bien que le peuple tibétain se retrouve étranger dans son propre pays. La sédentarisation forcée de milliers de nomades a rendu leur mode de vie ancestral pratiquement impossible. Inutile de dire qu’il n’y existe – comme d’ailleurs partout en Chine – aucune liberté d’association ni d’expression. Si l’enseignement et la pratique de la médecine tibétaine semblent possibles, celles de la langue ou de la religion sont à la merci des humeurs des dirigeants chinois. Depuis quelque temps, des représentants du gouvernement et du parti ont pris le contrôle de la plupart des monastères et lieux de culte encore ouverts, veillant à ce qu’ils restent dans la ligne officielle. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 | |||||
17 R
| raspoutine le paria… | Ph.
  VIDAL | EDITION 
  Mémoires Apocryphes |  1983 | ||
| 
 Maurice
  Paléologue, ambassadeur de France en Russie écrivait : « Il les avait
  complètement subjugués comme sous l’effet d’un charme ». D’ailleurs, il y
  avait en plus de ce « charme », une raison plus importante qui expliquait
  l’attachement du tsar et de la tsarine pour Raspoutine : il soignait leur
  fils, l’héritier du trône Alexis. L’enfant souffrait d’hémophilie (trouble de
  coagulation sanguine) et la moindre égratignure pouvait lui devenir fatale.
  Les meilleurs médecins se déclaraient impuissants mais « le starets »
  parvenait curieusement à arrêter les saignements d’Alexis. « L’héritier vivra
  tant que je vivrai », suggéra Raspoutine au couple impérial, et il ajouta : «
  Ma mort sera aussi la vôtre ». L’influence de ce paysan inculte à la cour du
  tsar grandissait d’année en année.  Raspoutine prenait des pots-de-vin pour
  faire du lobbying en faveur des transactions commerciales ou pour aider les
  fonctionnaires à obtenir des postes convoités. Personne n’osait rien refuser
  au favori du tsar. Grigori menait cependant un grand train de vie et le tout
  Pétersbourg faisait des ragots sur ses beuveries et ses parties de débauche
  avec les femmes de la haute société. Des rumeurs sordides coururent sur les
  liaisons intimes du « starets » avec la tsarine et ses filles. Le prestige de
  la dynastie régnante se dégradait à vue d’œil. Grigori
  Raspoutine se mêla également de politique, en dissuadant Nicolas II de
  prendre part aux conflits armés. Ce paysan madré sentait que cela allait mal
  tourner pour la monarchie. La vie montra qu’il avait raison ! En effet, quand
  la Russie s’engagea finalement dans la Première guerre mondiale, Raspoutine
  convainquit le tsar de prendre le commandement de l’armée mais Nicolas II se
  révéla être un piètre chef militaire. La haine de Raspoutine ne tarda pas à
  embraser toute la société. Voulant sauver la famille du tsar de l’influence
  maléfique du « starets », plusieurs aristocrates décidèrent de tuer
  Raspoutine. Dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916, les conspirateurs l’invitèrent dans la maison du prince Félix Youssoupov. On lui servit des pâtés et du vin empoisonnés mais le puissant poison resta, curieusement, sans effet sur lui ! Alors Youssoupov lui tira dans le dos et Raspoutine s’effondra. Mais pendant que les conspirateurs se préparaient à se débarrasser du corps, « le cadavre » se ranima soudain, bouscula Youssoupov et se précipita dehors. Les conspirateurs lui fracassèrent le crâne et jetèrent le corps dans les eaux glacées de la Neva. L’expertise devait établir par la suite qu’empoisonné, criblé de balles et mutilé, Raspoutine était toujours vivant avant de plonger dans l’eau comme si un pouvoir inconnu tentait de le retenir en ce monde. La mort de « l’hypnotiseur » ne sauva pas la monarchie. Deux révolutions ébranlèrent la Russie en 1917, d’abord celle antimonarchique de février suivie de la révolution d’Octobre, qui fit table rase de l’ancien régime. Nicolas II et sa famille furent fusillés par les bolcheviks en 1918. Ainsi s’accomplit pleinement la prédiction de Raspoutine : « Ma mort sera aussi la vôtre »… | |||||
| REBATET. 
  QUI SUIS-JE ? | PASCAL IFRI | EDITION PARDES | 2004 | 
| Lucien
  Rebatet  
  constitue un cas à part dans l’histoire intellectuelle de la France du XXe
  siècle. Non seulement, il a fait preuve d’un éclectisme rare, en abordant
  tous les domaines ou presque, mais encore il s’est illustré en chacun d’entre
  eux. Il est d’abord et avant tout, l’auteur des deux étendards, un
  immense livre que nombres de critiques et d’écrivains ont salué comme un chef
  d’œuvre et qui,  tôt ou tard sera universellement reconnue  comme
  un des grands romans de la seconde moitié du siècle. Il  a, en outre
  écrit le pamphlet  les Décombres, le bestseller de l’occupation,
  qui se situe dans la lignée des œuvres d’Agrippa d’Aubigné et de Léon Bloy et
  qui est considéré comme un des meilleurs documents sur la France des années
  trente et de Vichy. Historien
  de l’art  également, il a composé une histoire de la musique qui s’est
  immédiatement imposée comme un ouvrage de référence sur le sujet et qui,
  plusieurs décennies après sa publication, continu à faire autorité et est
  régulièrement l’objet de nouvelles éditions. Qui plus est-il s’est distingué
  comme chroniqueur et journaliste. Critique d’art et de littérature, il a
  rédigé des milliers d’articles qui reflètent une vaste culture, une
  intelligence supérieure, une sensibilité et une sagacité  peu commune
  ainsi qu’une farouche indépendance d’esprit. Critique de cinéma et pionnier
  du genre sous le pseudonyme de François Vinneuil, il a montré, pendant plus
  de trente ans, une étonnante qualité de jugement qui lui a valu une énorme
  influence dans le milieu et la reconnaissance et l’amitié de nombreux
  réalisateurs, de Jacques Becker à François Truffaut. Journaliste politique,
  enfin notamment à l’Action Française et à  je suis partout
   il s’est fait un des champions de la droite et du fascisme et,
  par sa véhémence et son âpreté  a considérablement influencé le débat
  public dans la France des années trente et du début des années quarante. Toutefois ce côté monstrueux de la personnalité de Rebatet rend l’homme et son œuvre encore plus intrigant et soulève toutes sortes de questions. Le fait que l’intolérance , la haine , le fanatisme et la furie meurtrière puissent se conjuguer , chez le même homme , avec une intelligence , un talent , une culture et une sensibilité hors du commun , constitue un mystère ou du moins un paradoxe passionnant et ne peut qu’accroître l’intérêt d’une étude sur sa personne et sa production . | |||
 
| RIEFENSTAHL LENI -  QUI SUIS-JE ?   -   | Gérard Leroy | Edition Pardès | 2015 | ||
| 
 Sous
  l'égide d'Arnold Fanck…Assistant à la projection d'un “film de montagne”, «Der
  Berg des Schicksals/La montagne du destin» (1924), Leni est fascinée par
  la beauté des images. Ayant réussi à entrer en contact avec le réalisateur
  Arnold Fanck, elle parvient à se faire engager dans son prochain film, «Der
  Heilige Berg/La montagne sacrée» (1926). Ainsi commence une collaboration
  fructueuse entre le cinéaste et la jeune femme, qui se prolongera sur une
  demi-douzaine d’œuvres “montagnardes”. Dans la lignée de ces œuvres magnifiques,
  lorsque se présente à elle l'opportunité de réaliser un film, Leni
  Riefenstahl choisit naturellement les Dolomites comme décor de «Das Blaue
  Licht/La lumière bleue» (1932). A la fois réalisatrice, actrice,
  co-scénariste, monteuse et productrice, “la femme à la caméra” assure la
  maîtrise totale de son œuvre, qui connaît un succès international, remportant
  la médaille d'argent de la Biennale de Venise (1932). Remarquée par les
  dirigeants du NSDAP (le parti national socialiste allemand) qui ne tarde pas
  à prendre, par les urnes, le pouvoir en Allemagne, c'est sous son contrôle
  qu'elle réalise un reportage sur le congrès du parti, «Der Sieg des
  Glaubens/La victoire de la foi» (1933). Le film annonce une plus grande
  implication dans la propagande nazi, concrétisée par le tournage de «Triumph
  des Willens/Le triomphe de la volonté» (1934). Montrer "… cet Adolf
  Hitler divin percer avec son avion les lambeaux de nuages au-dessus de
  Nuremberg pour descendre vers le peuple au Congrès du Parti qui
  l'attend" (Klaus Kreimeier, «Une histoire du cinéma allemand: la
  UFA») ne peut être considéré comme une simple création artistique, mais
  bien comme le résultat de la fascination qu'un homme et les valeurs de son
  système politique exercent sur la jeune femme. Elle reconnaîtra plus tard
  avoir rencontré Hitler "… qui me fit de discrètes avances auxquelles
  je n'ai pas répondu. S'il l'avait vraiment voulu, j'aurais été sa maîtresse,
  c'était inévitable…". Certes, d'autres réalisateurs se firent les
  chantres de “la Peste Noire” pendant cette période de la même couleur. Mais
  Leni Riefenstahl le fit avec tant d'enthousiasme lyrique qu'il est difficile
  de croire qu'elle ne partageait pas certaines valeurs du nazisme naissant. Le
  Dr. Goebbels avait la haute main sur la presse et le cinéma et c'est bien le
  Ministère de la Culture qui finançait toutes ces œuvres. En 1936, Leni Riefenstahl
  se voit commanditer (mémoires d'Albert Speer) la réalisation d'un
  documentaire sur les Jeux Olympiques de Berlin. Selon elle, elle entreprend
  ce travail de sa propre initiative: "Malgré le peu d'enthousiasme du
  Führer pour les Jeux Olympiques, je préparai ce reportage que je voulais
  présenter comme un rejet de la théorie raciale de la supériorité
  aryenne". Les images de Jesse Owens, multiple vainqueur des sprints
  et du saut en longueur, plaident en faveur de cette affirmation. Cette oeuvre
  en deux volets, «Olympia/Les dieux du stade» (1936), fut toujours
  vantée pour son “esthétisme raffiné”. Les images chantent la victoire du
  corps et “le triomphe de la volonté”. Le succès du film (présenté le 30 avril
  1938, jour anniversaire du Führer) fut considérable: la réalisatrice est
  félicitée par Walt Disney lors d'une rencontre sur le sol américain, tandis
  que Staline, outre une invitation à Moscou à laquelle elle ne donne pas
  suite, lui aurait proposé de venir travailler en Union Soviétique !
  (Source: Encyclopédie Atlas du Cinéma, page 260). En juillet 2003, les droits
  du film seront rachetés par le Comité International Olympique. On peut lire que la protégée du Führer
  s'attira la haine de Goebbels et de nombreux dirigeants du parti nazi.
  Toujours est-il qu'elle ne put mener à bien ses projets suivants, dont une
  illustration de la vie de Vincent Van Gogh. Aux premiers mois de la guerre en
  Pologne, on la vit préparer des reportages qu'elle pensait tourner sur les
  lieux même des combats. L'affaire tourna court pour des raisons obscures.
  Qu'elle en fut consciente ou pas, qu'elle s'en défende ou non, Leni
  Riefenstahl (qui, il faut le dire, n'adhéra jamais au NSDAP) fut au cinéma
  nazi ce que Speer fut à son architecture ou, de manière posthume, Wagner à sa
  musique. Entre 1945 et 1948, la cinéaste fera plusieurs séjours en prison,
  entrecoupés d'assignation à résidence. Qualifiée par une commission d'enquête
  de "sympathisante du régime nazi", aucune condamnation ne
  sera toutefois prononcée contre elle. Son dernier film, «Tiefland/Le bas-pays»,
  entamé en 1940, ne fut achevé qu'en 1954. Jean Cocteau en réalisa les
  sous-titres français et tenta vainement de le faire projeter au Festival de
  Cannes. L'oeuvre fit, plus tard, l'objet de plusieurs procès. Le scénario
  exigeant des figurants espagnols, "… elle leur substitua des Tziganes
  sélectionnés dans un camp de concentration, à Maxglan, près de Salzbourg.
  Elle a toujours nié s'être rendue à Maxglan. Elle a intenté à ce sujet, après
  1945, deux procès en diffamation qu'elle a gagnés. Mais elle est loin d'avoir
  été lavée, pour autant, du soupçon d'infamie." écrit Lionel Richard
  dans un article du Monde Diplomatique. La carrière de
  réalisatrice de Leni Riefenstahl semblait s'achever, comme elle avait
  commencé, par un film de fiction dans lequel elle tenait le premier rôle. En
  1956, Leni Riefenstahl prépare un nouveau documentaire, «Schwarze Fracht»
  qui, s'il n'aboutira pas, lui permet de découvrir l'Afrique et de tourner un
  documentaire en 16 mm (inachevé) sur la peuplade soudanaise des Noubas. Se lançant alors avec passion dans l'art
  photographique, elle retournera à plusieurs reprises au Soudan et publiera de
  ces voyages les albums «Les Noubas»" et «Les Noubas de Kau».
  Plus tard, ses travaux africains furent parfois jugés comme fascisants parce
  qu'ils exaltaient, dans la lignée des «Dieux du stade», la force et la
  beauté des Indigènes noirs. Aurait-t-on tenu de tels propos si ces reportages
  n'avaient été l’oeuvre de Leni Riefenstahl ? Il est vrai que l'on ne prête
  qu'aux riches… A 71 ans, la
  désormais photographe, mentant sur son âge, parvient à obtenir son brevet de
  plongée sous-marine. Elle mettra ses dernières forces à profit pour publier
  un nouvel album, «Les jardins de corail». «Depuis toujours, je suis
  fascinée par la beauté, la force, la santé et la vie. J'ai trouvé tout cela
  sous l'eau. C'est un jardin de pure harmonie, une liberté absolue".
  Elle termine sa carrière en réalisant des reportages photographiques pour des
  magazines anglo-saxons, notamment sur les Jeux Olympiques de Munich et sur
  Mick et Bianca Jagger. Au cours des années 90, interrogée, la réalisatrice
  disait ne rien regretter de son passé. Aux derniers moments de sa vie
  toutefois, atteinte d'un cancer, elle déclarait: "Je regrette à cent
  pour cent d'avoir rencontré Hitler. Toute ma souffrance après la guerre est
  née de là". Ambiguë jusqu'aux derniers jours… En 2000, âgée de 98 ans, elle est victime d'un grave accident d'hélicoptère alors qu'elle se rendait encore une fois au Soudan. La vieille dame se remet de ses nombreuses fractures. En 2002, elle produit un documentaire, «Impressions sous-marines», basé sur ses années de plongée. C'est à l'occasion de son centenaire, en octobre de la même année, que Lionel Richard, déjà cité, lui consacre, dans Le Monde Diplomatique, un article sévère intitulé ‘’indécente réhabilitation’’. La «dame de fer» a fait preuve d'une vitalité admirable (ce document est censé nous la présenter en mars 2003, à près de 101 ans. Si c'est vrai, c 'est tout bonnement incroyable !). Rejetée par ses compatriotes, pour qui elle incarnera éternellement le nazisme triomphant, c'est pourtant dans son pays qu'elle s'était fixée. Elle y décèdera le 8 septembre 2003, à Pocking, en Bavière. Petit livre de réflexion sur la beauté et la joie de vivre. C’est un livre de vie plein de poésie et de profondeur. | |||||
| REDEVENIR SIMPLE | Michel BARBARIN | EDITION Les 2 Océans | 1998 | 
| Petit livre de réflexion sur la beauté et la joie de vivre. C’est un livre de vie plein de poésie et de profondeur. | |||
| rue du temple
  – TOME 1 | J. Paul martin | EDITION CAP BÉAR | 2005 | 
| Le
  Comte Ferdinand Salvadori descendant d’une riche famille patricienne de
  Venise est un personnage qui a bel et bien existé. Il est né dans la
  Sérénissime le 24.01.1802, fils du Comte Antonio SALVADORI et de Maria
  Magdalena Filiffi issue d’une famille de commerçants très aisés. Ferdinand
  est mort à Perpignan le 20.06.1860 et inhumé dans un caveau de l’église St
  Jacques. Marié à Fanny de Bruguère (08.03.1803 – 27.02.1890) d’une très
  ancienne famille perpignanaise, il laissera une descendance roussillonnaise de
  deux enfants :  
 
 
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| rue du temple
  – tome 2 – de minuit À minuit | Jean-Paul martin | EDITION LES PRESSES LITTERAIRES | 2007 | 
| Suite
  de la « Rue du Temple ».  
   
 
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17 S
| SALAN 
  QUI SUIS-JE ? |  J. P. Angelelli et Bernard Zeller | Edition  Pardès |  2016 | 
| Raoul Salan
  (1899-1984): «Je suis le chef de l’OAS. Ma responsabilité est donc entière.
  Je la revendique. Je n’ai de compte à rendre qu’à ceux qui souffrent et
  meurent pour avoir cru à une parole reniée et à des engagements
  trahis.» (Extraits de la déclaration de Raoul Salan à son procès, le
  16 mai 1962.) Un vers de Baudelaire ouvre les mémoires inachevés de
  celui qui incarnera le combat pour l’Algérie française: «J’ai plus de souvenirs
  que si j’avais mille ans.» Ce «Qui suis-je?» Salan permet de suivre son exceptionnel
  destin. Admis à Saint-Cyr en 1917, il choisit l’infanterie coloniale. Les
  combats de novembre 1918 marquent pour la vie ce jeune officier. Détaché dans
  l’administration coloniale en Extrême-Orient (1924-1937), il sort de la
  tourmente de 1940 avec trois citations.  En 1944-1945, du
  débarquement en Provence à l’Allemagne, il mène ses troupes jusqu’ à la
  victoire. En Indochine, aux côtés de Leclerc, en 1945, puis de De
  Lattre, en 1951, il défend ce pays qu’il a bien connu dans l’entre-deux
  guerres. Il y affronte un ennemi implacable: le Viet Minh. En Algérie, de
  1957 à 1958, il combat un autre ennemi: le FLN, et rétablit une situation
  compromise, non sans échapper à un attentat politique (affaire du bazooka).
  En mai 1958, il couvre une révolte patriotique contre l’IVe République,
  appelant le général de Gaulle au pouvoir pour sauver l’Algérie française.  Nommé gouverneur
  militaire de Paris en 1959, le général Salan s’inquiète des ambiguïtés
  algériennes de la politique gaullienne. En avril 1961, il s’associe à un
  coup d’État militaire qui échoue. Il plonge alors dans une résistance
  militaro-civile, l’OAS (Organisation de l’armée secrète), qu’il conduit
  jusqu’ à son arrestation en 1962. Condamné à la détention perpétuelle, il
  échappe à la peine de mort. Libéré en 1968, il se retire avec sa famille et
  recouvre tous ses droits. Jusque à sa mort, il n’oubliera ni ne pardonnera la
  liquidation tragique de l’Algérie française. Saint-Cyrien, Salan entame une brillante carrière dans les
  troupes coloniales dès la fin de la Première Guerre mondiale. Il sert en
  Indochine de 1924 à 1937, puis de 1945 à 1947, après avoir participé à la
  Libération. Sa promotion est rapide: général de brigade (1944), commandant
  des troupes françaises de Chine et du Tonkin (1945), général de division
  (1947), directeur des troupes coloniales (1949), inspecteur général de la
  Défense du Territoire (1953), enfin commandant en chef en Algérie (décembre
  1956).   Il occupe toujours ce poste lorsqu’éclatent les événements
  du 13 mai 1958. Il contribue, bien malgré lui, à la sortie du désert de de
  Gaulle. En effet, René Coty, président de la République, fait appel à Pierre
  Pflimlin pour être le nouveau président du conseil, un centriste favorable
  aux négociations avec le FLN. Les partisans de l’Algérie française
  manifestent violemment dans les rues d’Alger et improvisent des comités de
  salut public favorables au retour du chef de la France libre. Salan protège
  ces comités et, le 15 mai, fait acclamer de Gaulle par la foule algéroise.
    Contre la politique algérienne du gouvernement, Il se
  retire peu après, prenant officiellement sa retraite en juin 1960.
  Participant toujours activement aux débats sur l'Algérie, il publie, en
  septembre 1960, un manifeste très virulent contre la politique algérienne du
  gouvernement. C’est la première étape de la lutte qu’il engage avec de
  Gaulle, qu’il a pourtant, quelques années plus tôt, aidé à revenir sur le
  devant de la scène politique.  Interdit de séjour en Algérie, contraint à l’exil dans
  l’Espagne de Franco, il crée en 1961, à Madrid, la première OAS (Organisation
  de l’armée secrète) avec Lagaillarde. Le 11 avril de la même année, de Gaulle
  déclare, lors d’une conférence de presse: «La décolonisation est notre
  intérêt, et par conséquent notre politique». Salan et quelques-unes des plus
  hautes figures de l’armée française estiment que leur heure est enfin venue.
  Avec le concours des généraux Challe (à qui revient l? Autorité suprême),
  Jouaux et Zeller, Salan déclenche, le 21 avril, un coup d’Etat contre la
  République, le «Putsch des généraux». Sans réel soutien, ni des Français, ni
  de l’armée, il échoue rapidement.   Destitué, condamné à mort par contumace, Salan entre alors
  en clandestinité. Il prend la tête d’une OAS élargie à d’autres groupuscules
  terroristes, avec pour objectif avoué de faire capoter les accords d'Evian.
  Il lance alors son mouvement dans une série d’opérations sanglantes en
  Algérie et en métropole, dont l’attentat de septembre 1961 contre de Gaulle.
  En mars 1962, Salan et plusieurs milliers de partisans se retranchent à
  Bâb-el-Oued. L’armée, dont il espérait la neutralité, donne l’assaut et Salan
  est arrêté quelques semaines plus tard à Alger. Sa peine est commuée en
  réclusion perpétuelle. Il est gracié en 1968 et réhabilité en 1982.    | |||
| SHAMROCK OU LES TROIS
  PORTES DE LA MUSIQUE SACRḖE | Olivier
  Manaud et Cécile Barrandon | Edition
  Dervy |  2018 | 
|   Maître Oscar, luthier de renom, est terrassé par
  une maladie inexpliquée. Sur son lit de mort, il confie à son jeune disciple,
  Jérémie, une mission mystérieuse. Ce testament lui fera découvrir une
  tradition musicale remontant aux templiers. Ce jeune homme et son amie
  Constance vont être plongés dans une intrigue passionnante à propos de la
  puissance de la musique. Grâce aux cours et aux conseils de deux professeurs,
  Jacques Quintette et Aziliz Lecour, ils découvrent les trois portes de la
  musique sacrée. Cela leur donne les outils philosophiques nécessaires à leur
  enquête. Avec eux, le lecteur découvrira que les œuvres de musique sacrée
  contemporaines ne sont pas uniquement celles que l'on croit... Confrontés à
  l'antique confrérie des Batouros, ils seront amenés à risquer leur vie pour
  protéger la grande tradition du Salve Regina des templiers. Ce thriller
  philosophique et musical se présente comme une sorte d'enquête symphonique en
  trois mouvements, tous nécessaires pour saisir le mystère du chant sacré.
  Encore aujourd'hui, elle peut détruire ou construire. Les auteurs sont pour
  l’un, enseignant à l’université et chercheur au CNRS au laboratoire
  d’architecture et philosophie Gerphau, UMR 7218 à Paris-La-Villette ;
  pour l’autre, assistante de recherche et médiatrice du patrimoine. Tous deux
  musiciens et archéo-acousticiens, ils interviennent ensemble pour des cours
  et des conférences sur les rapports entre musique et architecture. Leur objectif
  étant de rendre accessible au grand public des connaissances sur la musique
  sacrée en particulier, ils ont tenté de distiller ces connaissances à travers
  un roman. Pour ce faire, l’un des personnages n’est autre qu’un professeur
  d’université qui, au fil du roman, donne des conférences mensuelles sur
  « les trois portes de la musique sacrée ». Pour les amateurs de
  musique, de chant, de compagnonnage et de roman intelligent, ce livre est un
  régal ! L’intrigue autour de la puissance de la musique - oubliée de nos
  jours mais bien connue des anciens - est bien menée et voit se confronter
  deux antiques confréries. De nombreux outils philosophiques seront
  nécessaires à la résolution de l’enquête menée par deux jeunes disciples qui
  se les verront transmis par leurs deux professeurs.    Le lecteur bénéficie
  ainsi de nombreuses références tant philosophiques que musicales et des liens
  sur le web pour écouter ces dernières, avec une belle bibliographie pour les
  lecteurs désirant aller au-delà de l’aventure du roman. Un vrai travail de
  professeurs mis au service de leurs élèves dont on ne peut que remercier les
  auteurs ! Le lecteur est donc invité à passer à travers trois
  portes :   1ère
  porte :
  la voie cosmologique (Logos-
  Nature- Esprit) De la fascination pour le tout à l’intégration dans
  l’un : « Baigne-toi dans la Matière, fils de l’Homme. Plonge-toi en
  elle, là où elle est la plus violente et la plus profonde ! Lutte dans
  son courant et bois son flot ! C’est elle qui a bercé jadis ton
  inconscience ; c’est elle qui te portera jusqu’à Dieu ! »
  (citation de Pierre Teilhard de Chardin dans Hymne de l’univers) « Une lecture cosmologique de la
  musique contemporaine peut tout à fait s’inscrire dans la pensée de Teilhard
  de Chardin. (…) Il pousse sa réflexion jusqu’au rite de la messe. (…) C’est
  là aussi, en régime chrétien, que la musique trouve son discernement et sa
  compréhension. Il soulève aussi la question du matériau. (…) Le matériau
  d’une œuvre musicale n’est pas uniquement constitué de notes de musique, mais
  d’un contexte de déploiement, d’un écho-système
  spécifique. Il faut y adjoindre la douceur ou la rugosité des voix humaines
  et la matérialité des phénomènes acoustiques des voûtes pour et avec
  lesquelles l’œuvre a été conçue. »   2ème
  porte :
  la voie anthropologique (Nature- Esprit-Logos) « Ainsi, l’homme est compris comme un être
  « sonnant », aussi bien comme réceptacle ou comme acteur d’une
  production musicale. (…)L’homme est donc le point de contact entre le ciel et
  la terre. Il est porteur du chant du monde, et tendu vers les réalités d’en
  haut. En lui, et de manière éminente dans le Christ, il accomplit le passage
  de la terre au ciel. La musique témoigne de ce passage et peut le
  favoriser. » « Dans cette approche anthropologique, l’acte de chant
  des hommes est magnifié. (…) Lorsqu’il est vécu dans la foi, il constitue une
  forme d’expérience spirituelle fondamentale permettant ou renouvelant la
  traversée pascale. Et même s’il n’est pas vécu dans la foi, le chant porte en
  lui-même une puissance (autrefois décrite dans les mythes) capable de toucher
  profondément et de susciter un ébranlement intérieur très fort. »   3ème
  porte :
  la voie métaphysique (Esprit-Logos-Nature) « 
  La musique est cette forme qui nous rapproche au plus près de l’esprit, elle
  est le voile le plus ténu qui nous en sépare (…). Elle est le point de
  délimitation de l’humain, à cette frontière commence le divin. Elle est un
  témoignage éternel de ce que les hommes sont capables de pressentir de Dieu
  éternellement simple, s’écoulant de manière multiple et de façon dynamique,
  en lui-même et dans le monde comme Logos. »
  (Citation de Hans Urs Von Balthasar) « La musique participe à la
  restitution rythmique, mélodique et harmonique du Logos. Elle est l’écho
  audible de la part visible de l’invisible…Elle constitue le voile sensible
  d’un dévoilement d’une réalité qui pénètre toutes choses. La musique se fait écho de l’image de
  Dieu en l’homme et au cœur de la création Elle est surgissement et
  déploiement du mystère. »«  Le fait de jouer (de la musique), de
  chanter ou de composer entraîne une sortie de soi pour tout musicien. L’enjeu
  est ici de se rendre attentif à ce qui se passe en nous lorsque nous vivons
  cette extase (…), le partager, accompagner son jaillissement pour que
  l’auditoire ou l’assemblée fasse une véritable rencontre : celle d’un
  absolu, et si possible celle de Dieu. Un musicien ou chanteur de musique sacrée
  est un « passeur d’âmes ». »Un concept théologique qui intègre
  le tissage des trois voies : l’écho-résonance Plusieurs églises sont
  citées dans cet ouvrage, notamment  la fameuse chapelle octogonale
  Sainte-Marie d’Eunate en Espagne, sur le Chemin de Saint-Jacques de
  Compostelle, si particulière avec sa triple enceinte.  Ici est développé le lien indissociable
  entre l’architecture des églises, la musique et le corps humain. « La
  musique liturgique  d’une part et l’église-bâtiment d’autre part portent donc, inscrit dans le son
  et dans la pierre, le mystère du corps du Christ. (…) On passe ainsi du corps
  du Christ, Temple véritable détruit par les hommes et relevé par Dieu en
  trois jours, au mystère de la pierre d’autel consacrée pour la célébration de
  la messe. Et de l’autel, pierre angulaire, on passe aux murs de
  l’édifice ; mais de l’autel, lieu où le Corps eucharistique est livré,
  on passe aussi à l’église-assemblée
  visible et invisible. (…) La musique liturgique est le jeu du Christ et de l’Eglise, expression du chant des
  corps, de cette communion d’amour du Christ et de l’Eglise. L’église-bâtiment joue aussi le rôle
  d’instrument de musique de l’Eglise-assemblée,
  lui permettant de retentir les harmoniques du salut. »Ce thriller
  philosophique et musical ouvre donc les portes du mystère du chant sacré… et
  une suite est annoncée : « Shibolet, ou les trois portes de
  l’architecture sacrée » ! On l’attend avec impatience ! | |||
| SOUVENIRS D’UN FANTÔME 
  - 
  CHRONIQUE D’UN CIMETIḔRE | E.L DE Lamothe- Langon | Edition Otrante | 2018 | ||
| 
 En 1824, il écrit avec un certain succès M. le Préfet,
  puis peu après les biographies des préfets du royaume. Au total, il a écrit
  soixante-cinq romans, seize mémoires et l’Histoire de l’inquisition
  qui n’est pas moins fausse que le reste. Dans son livre Romanciers et
  viveurs du XIXe siècle,
  publié en 1904, Philibert Audebrand écrit qu’il a rencontré Lamothe-Langon et
  que celui-ci lui a montré la liste de ses 150 volumes parmi lesquels des
  Mémoires de vingt morts illustres qu’il a tiré de leurs sépulcres pour leur
  raconter leurs vies dont le public crédule a dévoré la prose. En 1844, il se
  retire à Paris où il vécut pendant vingt ans. Il repose aujourd'hui au
  cimetière de Limeil-Brévannes. En 1838 Lamothe-Langon abandonne le gothique ou roman noir
  classique et offre à ses lecteurs une riche et complexe mosaïque de contes,
  récits traditionnels et nouvelles oscillant entre fantastique et merveilleux.
  Au fil de ces vingt-sept nouvelles l’auteur de La Vampire invite à une
  entraînante ronde de fantômes, chevaliers, magiciens, diables et lutins,
  tentations, pactes et usurpations, malédictions familiales, portraits animés,
  imitations de Lénore, spectres ou revenants ; réunissant parfois dans le
  même texte divers passages empruntés à Fantasmagoriana et d’autres recueils
  du temps, une main enchantée, le comte de Saint-Germain, quelques rondes des
  morts, et un très grand nombre de mortes amoureuses et autres nonnes
  sanglantes. « Trouvez-vous
  demain, à minuit précis, dans le cimetière de la paroisse (nous étions dans
  un endroit assez loin de Paris), là je vous remettrai le manuscrit qui
  renferme ces histoires merveilleuses, ces contes, comme il vous plaira de les
  appeler. Faites-les imprimer : elles profiteront à quelques-uns ;
  elles amuseront le plus grand nombre. »« Les lecteurs fidèles des
  Editions Otrante reconnaîtront peut-être certaines scènes familières des
  Fantaisies Hofmanniennes (L’Heure de la mort, La Cheminée Gothique), de
  Fantasmagoriana (Les Portraits de famille, L’heure fatale, Le Revenant, La
  Chambre grise) ou de notre volume Diableries ; quelques-unes des
  nouvelles ou ballades de Memento Mori ou Mains enchantées ainsi qu’un très
  grand nombre de mortes amoureuses ou nonnes sanglantes imitées de La Morte
  fiancée, La Fiancée de Corinthe et quelques autres légendes et contes
  traditionnels, transposés ou parfois transformés et habilement mêlés par
  Lamothe-Langon. »  Extrait de cet ouvrage : M. de Tavannes racontait
  chez moi la disparition bizarre de sa tante, la comtesse
  de Saulx, qui, une belle
  nuit, quitta son château, ou fut enlevée, sans qu’on n’en ait jamais retrouvé
  la trace, Une de ses pantoufles
  resta en témoignage. La chambre de cette dame n’avait
  qu’une issue, qui était gardée :
  les fenêtres en étaient solidement garnies d’énormes barres de fer ; tout, en un mot, se réunissait pour ajouter au mystère diabolique de cet envolement ;
  on lança des monitoires,
  on fouilla les lieux environnants, on étendit les
  recherches à l’étranger, elles
  furent vaines. J’écoutais ce récit avec une attention d’horreur qui me rendait très amusante. Je demandai si
  les perquisitions avaient été faites
  dans le château même,
  dans la chambre, sous le plancher. M. de Tavannes répondit affirmativement à tout ; j’en étais hébétée d’épouvante. Alors le comte de Lamothe-Houdancourt, prenant la parole, se mit à dire :« Je sais quelque chose à peu près
  de semblable. — Oh ! mon
  ami, » dis-je, « ne nous
  le taisez pas !—
  Mais je doublerai votre
  peur !— N’importe ! dites,
  dites toujours !
  Cela fait tant de plaisir de se sentir frissonner. » Ces messieurs se mirent à rire,
  et pourtant tombèrent d’accord
  que j’avais raison. Le comte
  de Lamothe-Houdancourt allait
  commencer lorsqu’on annonça M. de Fontenelle qui entra subito. La présence de celui-ci
  arrêta celui-là ; je
  souffrais de sa réserve, je lui faisais
  des signes, lui adressais des regards
  impérieux, il éludait ;
  et moi, ne pouvant rendormir ma curiosité éveillée :« Monsieur de Fontenelle, »
  dis-je, « M. le comte
  de Lamothe-Houdancourt allait
  nous faire part d’un récit merveilleux, et il craint maintenant votre haute sagesse.— Monsieur le comte est injuste ! « Répondit le vrai sage, « s’il me prive d’un divertissement auquel j’ai toujours
  été sensible. Ce qui est
  extraordinaire me charme.Si peau
  d’Âne m’était conté, ·J’y prendrais un plaisir extrême.Cette réplique, qui répondait tant à mon désir, me charma : la citation était
  heureuse. Le comte de Lamothe,
  ne pouvant pas se refuser
  à ce qui lui était demandé
  d’une manière si aimable,
  entra ainsi dans sa narration :« L’un de mes ancêtres, et l’aïeul de mon grand-oncle, le duc
  de Cardonne, maréchal de
  France, avait marié une de ses sœurs dans le midi de la France. Il y avait plusieurs
  années qu’il ne l’avait vue, lorsqu’elle
  lui envoya un exprès, porteur d’une lettre très pressante et conçue en tels termes que M. de Lamothe-Houdancourt, qui se titrait de chevalier Guillaume,
  ne put s’empêcher de condescendre
  à la fantaisie de sa sœur,
  qui ten Extrait dait à se retrouver avec lui avant de mourir ; il se détermina à
  traverser toute la France.
  En 580, ce n’était pas voyage facile.»
  À cette époque, les guerres civiles
  pour cause de religion désolaient le royaume ; et il convenait
  de marcher, ou bien déguisé,
  ou bien accompagné, si on voulait
  cheminer sans obstacle ou
  sans inquiétude. Notre aïeul
  prit ce dernier parti, il
  se fit suivre par une trentaine
  de soldats de son
  régiment, tous hommes de courage et de zèle. » Madame de Najac habitait
  quelquefois Toulouse, patrie
  de la famille de son mari ;
  mais la plupart du temps, elle restait
  dans un château sur le revers méridional des montagnes Noires. C’était de ce lieu que sa missive était datée,
  et elle prévenait son frère qu’elle l’attendrait au château de Ferrais. Le messager devait servir de guide dès que l’on approcherait du manoir.» Le chevalier
  Guillaume, après avoir entendu
  dévotement la messe dans son fief noble
  d’Houdancourt, près de Beaumont-sur-Oise, partit bien escorter, ai-je dit, ce qui l’autorisa à déployer sa bannière !» De Paris, mon aïeul se rendit à Bourges, de
  Bourges il gagna Clermont, Saint-Flour, Aurillac et
  Rodez, car il profitait de cette lointaine chevauchée pour visiter des amis dont les seigneuries étaient parsemées çà et là sur
  la route. Ses rapports agréables,
  sa haute réputation, sa nombreuse
  et vaillante escorte, le préservèrent de tout fâcheux accident. On lui fit partout
  la bienvenue, et catholiques et huguenots
  cherchèrent, par de bonnes
  façons, à se procurer son alliance.  | |||||
| STALINE  -  
  QUI SUIS-JE ? | Nicolas Tandler | Edition Pardès |  2007 | 
| Confidence
  de Staline à Kamenev et Dzerjinski: "Le plus grand plaisir consiste à
  guetter un ennemi, à tout préparer, à se venger, puis à aller dormir."
  Staline (1878-1953) ne participa jamais en personne à des tueries ou à des
  tortures ordonnées par lui, mais l'aspect vindicatif, le mépris de la vie
  humaine - pouvant aller jusqu'à une forme de sadisme - du " phare de
  l'humanité ", encensé durant un quart de siècle, est ce qui en subsiste
  pour l'essentiel au XXIe siècle. S'il n'avait été qu'un sectaire aux tendances
  de psychopathe, Staline n'aurait pas atteint les sommets. Lénine s'était déjà
  mépris sur les capacités de son subalterne, tout comme Trotski, qui estimait
  se heurter à un bureaucrate inculte. Servi par des concours de circonstances,
  le séminariste passé au vagabondage révolutionnariste sut conquérir les
  hautes fonctions par un mélange de ruse, de violence verbale, de séduction,
  d'exaltation de la conviction de sa supériorité, d'une méfiance maladive qui
  n'excluait pas la conscience des qualités d'autrui. Lecteur avide, réaliste
  et concepteur d'une société idéale inhumaine, ni les guerres extérieures ni
  les complots internes ne le renversèrent. Son régime lui a survécu près de
  quatre décennies. L'auteur de ce " Qui suis- je ? " Staline
  s'interroge sur la pertinence de l'appellation " tsar rouge "...
  Par son " socialisme dans un seul pays ", sans renier le marxisme,
  Staline s'est délibérément identifié aux tsars. Après plus d'un demi-siècle,
  son ambivalence se perçoit mieux, toute dissimulée qu'elle était derrière les
  monceaux de cadavres de ses victimes non communistes, méprisées par les
  historiens de renom du XXe siècle. "Les monceaux de victimes non
  communistes du pseudo Tsar rouge n'avaient pas trouvé avant Nicolas Tandler
  de défenseur aussi pertinent parmi les historiens consacrés."  Deux grandes
  actions engagées successivement en 1928 et 1930 illustrent la
  politique nouvelle que l'on nomme par la suite stalinisme : le premier plan
  quinquennal et la création du goulag. L'objectif des plans quinquennaux est
  de rattraper l'immense retard économique de l'URSS : l'industrialisation
  doit se faire à marche forcée. Ainsi, la NEP (Nouvelle politique économique)
  est supprimée et l'agriculture doit accepter une profonde réforme : la
  collectivisation de masse. En effet, pour permettre à l'industrie de fleurir,
  Staline veut s'appuyer sur un large effort du monde paysan. Mais ce dernier
  n'adhère pas avec enthousiasme à cette nouvelle économie. Les kolkhoses,
  immenses fermes d'Etat, sont perçus comme un nouveau servage. Joseph Staline
  démontre qu'il n'est pas surnommé "l'homme d'acier" sans raison, et
  qu'il n'a pas perdu la fermeté qui le caractérisait lors de la guerre civile.
  Les ennemis de la réforme sont immédiatement assimilés aux ennemis de la
  révolution et donc du peuple. Parmi eux, les "koulaks" sont
  particulièrement mal considérés. Une véritable guerre leur est livrée,
  donnant tout son sens au Goulag, lieu de déportation des ennemis du régime.
  Aux milliers d'exécutés et de déportés, s'ajoutent les millions de morts de
  la grande famine de 1932-1933. Staline, au courant de la situation, ne
  faiblit pas : la paysannerie se soumet. 
 Staline et la Seconde Guerre
  mondiale/ Pendant
  qu'il tient le pays d'une main de fer, Staline doit pourtant s'inquiéter du
  contexte international et notamment de la montée des fascismes, violemment
  anti-communistes. Il cherche tout d'abord un soutien du côté des démocraties
  européennes, notamment l'Angleterre et la France. Si la politique intérieure
  est à l'heure de la répression, les PC européens sont invités à collaborer
  avec les démocrates, tandis que l'URSS rentre dans la SDN en 1934. Mais URSS
  et démocraties occidentales sont animées de la même méfiance mutuelle. Chacun
  espère qu'Hitler enverra ses forces contre l'autre. Non convié à la
  conférence de Munich, Staline se tourne vers Hitler. Il envoie Molotov signer
  le Pacte germano -soviétique le 23 août 1939. Dès lors, Joseph Staline
  fait confiance à Hitler, ou tout du moins espère retarder l'échéance de la
  guerre, certainement conscient du retard technologique de l'URSS. Cela lui
  permet notamment d'annexer une partie de la Pologne et les Etats baltes, mais
  aussi de mesurer la faiblesse de son armée contre la Finlande. 
 Staline et la guerre froide : Ainsi affermi, Staline
  replonge le pays dans la terreur durant les dernières années de sa
  domination. Si la guerre a permis une certaine libéralisation du régime, le
  retour à la paix favorise le retour à l'ordre. De surcroît, la guerre froide
  justifie un durcissement de l'idéologie. "L'impérialisme", synonyme
  de capitalisme, redevient l'ennemi premier, tandis que Tito remplace
  Trotski dans le rôle du "déviationnisme". De nouvelles arrestations
  ont lieu, comme lors de l'affaire de Leningrad. Staline pousse la logique
  totalitaire jusque dans ses extrémités. La culture, cible traditionnelle, est
  à nouveau sommée de se plier aux dogmes du réalisme. Réhabilité pendant la
  guerre, Chostakovitch, comme de nombreux artistes, est à nouveau
  condamné pour des tendances "bourgeoises" et
  "cosmopolites". Même la science doit avoir des conclusions
  convenables et arrangeantes pour l'Etat. Ainsi, Joseph Staline donne son
  soutien aux thèses de Lyssenko qui affirment que les acquis sont
  héréditaires.  Staline est de plus en plus omniprésent dans toute la vie de l'URSS, mais le personnage est de moins en moins visible. Depuis que sa seconde femme s'est suicidée en 1932, il semble avoir renoncé à un nouveau mariage et à une vie sociale "classique". Il vit essentiellement entouré de ses très proches collaborateurs. Il faut attendre septembre 1952 pour que le vojd daigne organiser le XIXe Congrès du Parti. Il s'est écoulé treize ans avant que se réalise un Congrès qui, jusqu'à la fin des années 1920, était annuel. Joseph Staline y fait une apparition courte où il annonce des réformes des institutions et accuse ses plus proches collaborateurs, comme Molotov, de connivence avec l'ennemi impérialiste. Quelques mois plus tard, la Pravda annonce un nouveau scandale : c'est le complot dit "des blouses blanches". L'appel à la vigilance bolchevique et aux délations prédit de nouvelles purges massives. La nouvelle cible de Staline est le "cosmopolitisme", souvent synonyme de judéité. Nourrissant une paranoïa grandissante, Staline suit cette affaire de très près jusqu'au 5 mars 1953, jour où il meurt d'une attaque cérébrale. Les funérailles de Staline sont grandioses, à la hauteur du culte de la personnalité cultivé de son vivant. Les communistes du monde entier manifestent pour lui rendre hommage. Pourtant, en quelques mois seulement, les portraits de Staline disparaissent progressivement des murs soviétiques. En 1956, Krouchtchev fait un rapport secret sur les excès de l'ancien dirigeant lors du XXe Congrès du PCUS. C'est le début de la déstalinisation. 
 
 
 
 | |||
17 T
| TESLA  -  L’ḖCLAIR DU GḖNIE | Massimo 
  Teodorani  | Edition
  Macron  |  2006 | ||
| 
 Ce
  livre souhaite tirer sa vie et ses inventions de ce type d’oubli rassurant
  afin de les restituer fidèlement aux faits, en rendant honneur à ses
  recherches, à son intelligence et à son originalité qui le conduisirent à rencontrer
  des obstacles en tout genre. Cet ouvrage est structuré en deux parties : la première se penche sur l’homme et ses travaux, tandis que la seconde est plus strictement scientifique et plus technique. | |||||
| TCHEKHOV  QUI-SUIS-JE ? | Jacqueline Blancart-Cassou | Edition Pardès |  2020 | 
| Anton
  Tchekhov (1860-1904): «La médecine est ma femme légitime; la littérature ma maîtresse.
  Quand l'une d'elles m'embête, je passe la nuit avec l'autre. Cette conduite,
  bien que désordonnée, est en revanche moins ennuyeuse. De plus, ni l'une ni
  l'autre n'ont strictement rien à perdre à mes infidélités.» (Lettre à Alexeï
  Souvorine, Vivre de mes rêves, Robert Laffont, 2016.) Anton Tchekhov est né à
  Taganrog (Russie) le 17 janvier 1860. Fils d'un épicier issu du servage, il
  connaît une enfance très dure. Il a seize ans quand son père fait faillite;
  toute la famille part pour Moscou, le laissant seul à Taganrog, où il
  fréquente le lycée et doit vendre la maison. Bachelier en 1879, il rejoint
  les siens à Moscou et mène de front des études médicales et la publication de
  petits récits dans des journaux.  En 1884,
  il est reçu médecin, ouvre un cabinet; mais il commence à cracher du sang. Il
  écrit toujours des nouvelles, entre autres La Steppe, et des pièces de
  théâtre. Il obtient le prix Pouchkine. En 1890, il part pour l'île de
  Sakhaline, afin de faire une enquête et un rapport sur la vie des bagnards et
  des relégués. En 1898, il découvre le Théâtre d'Art de Moscou, qui reprend La
  Mouette avec succès et va créer Oncle Vania, et il rencontre l'actrice Olga
  Knipper, qu'il épousera en 1901. Mais il est obligé de vivre à Yalta pour
  raison de santé. Élu académicien, il écrit encore des nouvelles, notamment La
  Dame au petit chien et L'Évêque, et de grandes pièces, Les Trois Sœurs et La
  Cerisaie. Il meurt en Allemagne, à Badenweiler où il est allé soigner sa
  tuberculose, le 2 juillet 1904. | |||
| TRISTES TROPIQUES  | Claude
  Lévi-Strauss  | Edition
  Plon  |  1984 | 
| Pourquoi
  et comment devient-on ethnologue ? Comment les aventures de
  l’explorateur et les recherches du savant s’intègrent-elles et forment-elles
  l’expérience propre à l’ethnologue ? C’est à ces questions que l’auteur,
  philosophe et moraliste autant qu’ethnographe, s’est efforcé de répondre en
  confrontant ses souvenirs parfois anciens, et se rapportant aussi bien à
  l’Asie qu’à l’Amérique. Plus
  encore qu’un livre de voyage, il s’agit cette fois d’un livre sur le voyage.
  Sans renoncer aux détails pittoresques offerts par les sociétés indigènes du
  Brésil central, dont il a partagé l’existence et qui comptent parmi les plus
  primitives du globe, l’auteur entreprend, au cours d’une autobiographie intellectuelle,
  de situer celle-ci dans une perspective plus vaste : rapports entre
  l’ancien et le nouveau monde ; place de l’homme dans la nature ;
  sens de la civilisation et du progrès. Claude Lévi-Strauss souhaite ainsi renouer avec la tradition du
  «Voyage philosophique» illustrée par la littérature depuis le
  XVIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire avant qu’une
  austérité scientifique mal comprise d’une part, et le goût impudique du
  sensationnel de l’autre n’aient fait oublier qu’on court le monde d’abord, à
  la recherche de soi, avant celle des autres. | |||
17 U
| urgern
  – qui suis-je ? | Erik sablé | Edition PARDES | 2006 | ||
| 
 En
  fait, ce n’était pas le baron UNGERN qui était fou et sanglant, mais l’époque
  dans laquelle il vivait. Le baron apparaît, au contraire, comme un individu
  d’une rare droiture, dénué d’ambitions personnelles, sincère, modéré dans ses
  actions, cultivé et beaucoup plus humain qu’il ne semble, malgré ses discours
  enflammés. 
 | |||||
17 V
| VALENTINE
  DE SAINT-POINT – DES JEUX DE
  L’AVANT-GARDE ET L’APPEL DE L’ORIENT | P.A. Claudel et Elodie
  Gaden | Edition Presse Universitaire de Rennes |  2019 | 
| Morte au Caire en 1953,
  dans le dénuement le plus total, Valentine de Saint-Point a longtemps été
  reléguée dans l’ombre de l’histoire de l’art. Cette expérimentatrice hors du
  commun – qui fréquenta Rodin, Mucha, Marinetti et Canudo, écrivit coup sur
  coup le Manifeste de la Femme futuriste (1912) et le Manifeste Futuriste de
  la luxure (1913), révolutionna la chorégraphie en fondant une nouvelle danse
  sous le nom de Métachorie, se passionna pour la théosophie, puis finit par
  s’établir en Égypte et se rapprocher de l’Islam, tout en embrassant la cause
  anticolonialiste – avait littéralement disparu des mémoires. Qui était donc
  Valentine de Saint-Point ? On ne se souvenait d’elle, au mieux, que comme
  d’une arrière-petite nièce de Lamartine décidément bien excentrique… Après
  une éclipse d’un demi-siècle, cette expérience artistique au croisement des
  avant-gardes et des courants modernistes européens revient peu à peu à la
  lumière : Valentine de Saint-Point apparaît désormais comme une figure
  incontournable de la création artistique du début du XXe siècle. Le présent
  volume vise à prolonger le mouvement d’investigation entamé autour de cette
  artiste d’exception, en réunissant les spécialistes qui se sont, jusqu’à
  présent, intéressés à son parcours. Ce volume entend devenir une publication
  de référence pour celle qui est désormais considérée comme la principale
  femme d’avant-garde du panorama de la Belle Époque. Née en 1875 à Lyon, Valentine de Saint-Point
  est l’arrière-petite-nièce de Lamartine, à qui elle voue une véritable
  admiration. En 1904, libérée de plusieurs histoires conjugales compliquées,
  elle devient une figure artistique de la Belle Époque : elle s’initie à
  la peinture avec Micha, pose pour Rodin, avec qui elle entretient une
  correspondance suivie, côtoie Rachilde et Maurice Ravel, et devient la
  compagne de Ricciotto Canudo. Cet artiste italien installé en France,
  théoricien du cinéma (il est l’auteur de l’expression « septième
  art »), fonde la revue Montjoie !, « organe de
  l’impérialisme artistique français, gazette bimensuelle illustrée »
  défendant la conception d’un art « cérébriste ». C’est dans ce
  milieu intellectuel et artistique de l’avant-garde qu’évolue Valentine de
  Saint-Point. En 1912, dans son atelier gothique tapissé de vieux ornements
  sacrés, elle organise des soirées apolloniennes où elle présente des
  spectacles, entre autres des représentations de Rachilde, de la musique de
  Moussorgski, de Claude Debussy ou de Maurice Ravel. Son atelier est un foyer
  d’activités artistiques et draine le passage de personnalités de cercles
  littéraires connus : celui de l’Abbaye de Créteil ou celui de Paul Fort.
  On y voit Apollinaire, Jean Cocteau et Marinetti, qu’elle est l’une des
  premières à accueillir dans son atelier de la rue de Tourville après l’avoir
  rencontré chez son éditeur Albert Messein. Cette rencontre est décisive pour
  Valentine de Saint-Point, qui devient la « femme
  futuriste » : le 27 juin 1912, salle Gavaud, elle déclame son Manifeste
  en présence des futuristes et proclame le nécessaire avènement d’une femme
  nouvelle et virile : la « Surfemme ». Le déclenchement de la guerre en 1914 allait
  déstructurer le champ culturel parisien. Valentine de Saint-Point voit ses
  amis artistes partir dans les tranchées : elle décide d’entamer une
  série de voyages. Aux États-Unis d’abord, afin de diffuser ses idées sur la
  Métachorie, une danse idéiste et cérébrale qu’elle a créée quelques années
  auparavant ; en Espagne et au Maroc ensuite, où elle se convertit à
  l’islam (dans des circonstances qui restent relativement mystérieuses) ;
  en Égypte, enfin, où elle s’installe finalement de façon définitive et
  s’engage dans une lutte pour le nationalisme égyptien et syrien contre les
  intérêts de la Grande-Bretagne et de la France. Jusqu’à sa mort en 1953, elle
  ne publie que des textes politiques ou journalistiques (elle crée Le
  Phœnix, Revue de renaissance orientale qui paraît de 1925 à 1927, et
  publie La vérité sur la Syrie, un essai dénonçant le mandat français
  au Moyen-Orient. Le seul recueil poétique qu’elle publie en Égypte est La
  caravane des chimères en 1934). En mettant le pied sur le sol
  égyptien, Valentine de Saint-Point renonce donc à la fiction au profit d’une
  réflexion sur la renaissance de l’Orient et son apport spirituel à un
  Occident jugé trop rationnel. Elle avait compris ce que Samuel Huntington
  appela plus tard le « choc des civilisations ». Valentine de Saint-Point, romancière sulfureuse de l’amour ? Valentine de Saint-Point est l’auteure de la
  Trilogie de l’amour et de la mort, composée de trois
  romans parus entre 1906 et 1911, soit pendant sa période
  « parisienne », qu’Henri Le Bret qualifie
  d’« individualiste ». Chaque texte correspond en effet à un stade
  de prise de conscience de l’individualité : « le stade animal, où
  l’être est une simple force de la nature ; le stade humain, où il prend
  conscience de son orgueil ; le stade surhumain, où il se réalise jusqu’à
  se croire un Dieu. Cet individualisme est total : il a paru excessif. Ne
  dépasse-t-il pas toutes les normes ? Ne renverse-t-il pas toutes les
  morales et toutes les religions ? » Les romans de Valentine
  de Saint-Point mettent en effet en cause l’ordre établi et la morale
  bourgeoise et judéo-chrétienne en abordant plusieurs tabous. Ces trois textes
  en prose forment un ensemble cohérent, tant sur le plan de la forme que sur
  celui des problématiques abordées, particulièrement ancrées dans une
  réflexion genrée sur l’amour, les relations filiales et la féminité. Ces
  œuvres sont plutôt bien accueillies par la critique d’avant-garde et la
  critique la plus progressiste – comme celle d’Henri Duvernois qui
  appelait à cesser de considérer le sexe de l’auteure pour juger de la qualité
  d’un ouvrage. Elles renouvellent l’étude de la psychologie et des
  comportements féminins en fonction d’un idéal de « Surfemme » à
  l’allure nietzschéenne. Selon Valentine de Saint-Point, la femme doit avoir volonté,
  orgueil et énergie pour dépasser ce rôle auquel la société l’a assignée,
  celui de la bonne mère de famille mièvre et sentimentale. La femme que
  Valentine de Saint-Point célèbre doit être virile, capable de
  s’engager – fût-ce dans des batailles guerrières – et de déclarer à ses
  ennemis, à l’instar de Caterina Sforza à propos de son propre fils :
  « Tuez-le ! j’ai encore le moule pour en faire
  d’autres ! » Femme futuriste, elle va plus loin encore que
  Marinetti dans le rejet du sexe faible, comme l’indique une lettre qu’elle
  adresse au maître italien : « […] moi, femme que vous dépréciez
  tant, je suis d’accord avec vous, Futuristes, sur bien des points. Je suis
  aussi pour la guerre et les idées fortes qui tuent, je hais la morale et le
  féminisme socialisants. Les femmes ont mieux à faire que de s’échiner dans
  des usines ! Le problème, Marinetti, c’est que la société contraint les
  femmes à se transformer d’êtres supérieurs en personnages languissants et
  sentimentaux que je déteste autant que vous, tout comme je déteste ces rôles
  d’ouvrières anonymes que les féministes tiennent tant à promouvoir ». | |||
| voyage d’un europÉen À travers le xxÈme
  siÈcle | Geert mak | EDITION GALLIMARD | 2007 | 
| Au
  début de 1999, j’ai quitté Amsterdam pour entreprendre un périple d’un an à
  travers l’Europe. Un dernier état des lieux, en quelque sorte : où en était
  le continent à cette fin de XXème siècle ? Et en même temps un voyage dans
  l’histoire, dont j’ai suivi littéralement les traces, tout au long du siècle,
  d’un pays à l’autre, en commençant en janvier par les vestiges de
  l’Exposition universelle de Paris et le souvenir de l’effervescente Vienne,
  pour finir en décembre sur ruines de Sarajevo. 
 | |||
| VOYAGE EN ORIENT en 2 Volumes  | Gérard de NERVAL | Club des libraires de France | 1955 | ||
| 
 Dans la réalité, les commentateurs précisent que c’est le compagnon de voyage de Nerval qui fit cette acquisition : les souvenirs de Nerval ont été largement transposés et son ami a été effacé de tout son récit. Cette narration, en revanche, est l’occasion
  de faire voir le Caire dans sa vie quotidienne, par le regard d’un Européen à
  la découverte de l’Orient. Le récit de sa visite des pyramides vient en
  contrepoint de cette évocation populaire et mondaine à la fois, juste avant
  son départ d’Egypte, et prend la forme du compte rendu d’une initiation
  maçonnique.  Devant quitter le Caire pour Beyrouth, Nerval
  embarqua dans un bateau de sécurité douteuse, où il eut à subir quelques
  déboires : de navigation, dus à l’absence de vent pendant plusieurs
  jours ; d’approvisionnement, à cause du manque d’eau ; et relationnels,
  du fait de l’intérêt suscité par son esclave auprès de l’équipage. Ces
  mésaventures sont toujours racontées avec verve.  Les descriptions de la diversité de
  population et de croyance au Liban sont passionnantes. Elles nous permettent
  d’évaluer le chemin parcouru par ce pays et ses différentes communautés pour
  aboutir à la longue guerre civile des années 1970 et 1980 et à la situation
  toujours tendue que nous observons encore.  Par une notation curieuse, Nerval affirme que
  le Liban est l’héritage des croisades et qu’il «faut qu’il appartienne,
  sinon à la croix seule, du moins à ce que la croix symbolise, à la
  liberté ». Pouvait-on encore imaginer au XIXème siècle que la
  liberté était fille des croisades, surtout pour un libre penseur dans le
  genre de Nerval, modérément attaché à la religion catholique, mais plutôt
  versé dans un syncrétisme assez flou, sans jamais affirmer une foi
  profonde ? Il est vrai que toute la période de la décolonisation,
  largement postérieure à Nerval, nous a fait revoir les notions anciennes
  d’occident porteur de civilisation, mais déjà à l’époque, l’étude historique
  pouvait éclairer les croisades sous un jour plus sombre d’entreprises
  impérialistes menées sous couvert de la foi chrétienne pour « libérer
  les lieux saints ». Globalement cependant, Nerval ne porte pas de
  jugement politique sur les événements passés, y compris les campagnes de
  Bonaparte. Il constate seulement la ruine des villes libanaises, sans trop la
  déplorer, et marque un intérêt certain pour le foisonnement de peuples et de
  religions présent dans l’ensemble du Proche Orient.  Constantinople, où il séjourna après avoir
  quitté le Liban et laissé son esclave dans un monastère chrétien - qu’il dut
  payer pour assurer son entretien -, est déjà décrite par Nerval comme une
  ville moderne, foisonnante de diversité, avec sa population partagée entre
  quatre nations. Les quartiers de Pera et Galata étaient déjà à son époque à
  la mode européenne, alors que Stamboul, la ville turque et musulmane, avait
  acquis son caractère de longue date. Il insiste sur des éléments qui nous
  avaient déjà frappés lors de notre visite : les maisons en bois, les
  chiens errants, le pont de bateaux à l’entrée de la Corne d’Or. Parmi les
  caractères que Nerval ne mentionne pas, je suis surpris de retrouver les
  portefaix que nous rencontrions si communément dans la vieille ville
  d’Istanbul, aux abords des bazars, dans les ruelles pentues, où ils couraient
  recourbés sous la charge.  Au total, c’est un livre très étonnant que
  Nerval a écrit. Le décalage entre le voyage réel et le voyage raconté est
  sensible, à la lumière des quelques informations biographiques fournies. Il
  s’agit à la fois d’un document du type relation de voyage avec des visées
  ethnologiques, d’une analyse des sociétés traversées et, surtout, des
  religions, rapprochées dans une tentative de fusion des rites, des origines
  et des croyances. Deux grands textes incidents en éclairent la portée :
  les légendes du calife Hakem et de l’artiste Adoniram. Et au milieu de tous
  ces éléments, il y a les rêves, les fantasmes de Nerval, tels qu’il les a
  précisés dans Aurélia.  La documentation utilisée par Nerval était
  considérable, et ce côté académique est également flagrant dans de nombreux
  passages, en opposition fréquente aux impressions du voyageur Gérard, qui
  décrit le voyage fantasmé, et de Nerval lui-même, las parfois de la tristesse
  éprouvée lors de la découverte de la réalité de l’Orient réellement vu, de
  ses aspects sordides, de sa misère et de sa déchéance par rapport à la
  grandeur de son passé.  Ce qui rend son texte particulièrement
  attachant, c’est la suite de ces contrastes et l’animation produite par le
  goût manifesté pour la fête dans chacune des villes visitées. Il sait rendre
  cet enthousiasme dans son écriture très pure, qui offre par sa limpidité une
  lecture pleine d’attraits : le plaisir du texte analysé par Roland
  Barthes.  | |||||
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